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PDF Text
Text
CAFÉS, CACAOS, THÉS, SUCRES
J A N V IE R - A V R IL
1913
MARSEILLE
TY PO G RA PH IE E T L ITH O G R A PH IE BARLATIER
17-19, Rue Venture, 17-19
1914
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�INSTITUT COLONIAL DE MARSEILLE
N O T IC E N ” 11
8352
CAFÉS, CACAOS, THÉS, SUCRES
«J A N V IE R - A V R I L
1913
TT
MARSEILLE
TY PO G RA PH IE E T L ITH O G R A PH IE BARLATIER
17-19, Rue Venture, 17-19
�---------
---
�Fidèle au programme qu'il s'efforce de remplir depuis sa fondation, l'Institut Colonial
de Marseille a consacré en 1913, sa cinquième Exposition spéciale à l'étude des cafés, ca
caos, thés et sucres des colonies françaises.
Les résultats pratiques de cette Exposition ont montré une fois de plus l'utilité de ces
manifestations qui seront cependant interrompues jusqu'en 1916 pour nous permettre de
reporter tous nos efforts sur la grande Exposition Coloniale qui aura lieu dans notre ville
à cette époque.
Nous avons réuni dans cette notice que nous publions à cette occasion le compte
rendu des séances d'inauguration et de clôture de notre cinquième Exposition spéciale
annuelle et les rapports du jury. Il nous a paru intéressant de les faire suivre d'études
consacrées à l'examen des principaux problèmes qui se posent actuellement pour l'exploi
tation de chacun des produits auxquels cette Exposition a été consacrée.
En ce qui concerne le café, nous avons pensé que nous devions nous attacher plus parti
culièrement à préciser les questions relatives à la culture et aux débouchés des nouvelles
variétés congolaises, et nous avons été heureux de pouvoir bénéficier de la haute expé
rience de M. Cramer, dont on connaît les beaux travaux à ce sujet. Nous avons recherché
en même temps le meilleur moyen de lutte contre l'Hémileia et M. Gastine, à qui l'on
doit un très grand nombre des formules qui ont été appliquées avec le plus de succès
dans la lutte soit contre les insectes, soit contre les cryptogames, a bien voulu rédiger
pour nous une étude approfondie des conditions d'application des bouillies dans les
cultures coloniales.
Pour le cacao, M. Harold Hamel Smith, le si actif éditeur du Tropical Life, a bien vou
lu nous autoriser à publier une traduction du mémoire couronné par la Commission qui
avait été réunie par ses soins pour provoquer la rédaction d'une étude dans laquelle se
trouveraient résumées le plus complètement possible, les meilleures solutions actuel
les données à la préparation du cacao. Pour le thé et pour le sucre, nous avons la bonne
fortune de pouvoir publier une traduction des deux conférences faites à l'Exposition de
Deventer par les éminents spécialistes holladais, MM. Nanninga et M. H. C. Prinsen
Geerligs, dans lesquelles ces savants praticiens ont exposé la situation actuelle de l'ex
ploitation du thé et du sucre dans ce pays des Indes néerlandaises où elle a atteint un si
haut degré de perfectionnement.
Nous ne saurions trop témoigner notre reconnaissance à M. H. Hamel Smith, au Comi
té de l'Exposition de Deventer et à MM. Nanninga et Prinsen Geerligs pour avoir bien
voulu ainsi nous permettre de faire bénéficier les planteurs de nos colonies de ces études
magistrales. Leur traduction est due à M. A. Stieltjes, chef du Service des Etudes Indus
trielles de notre Institut.
J'ai cru utile d'y joindre un exposé de la situation actuelle du marché des sucres ac
compagné d'un résumé rétrospectif de la législation si compliquée qui règle le marché
international de ce produit.
Emile Baillaud.
Secrétaire général de l'Institut Colonial de Marseille.
��V” EXPOSITION SPÉCIALE
DE
L’INSTITUT COLONIAL DE MARSEILLE
Cafés, Cacaos, Thés et S u cres
SÉANCE
D ’IN A U G U R A T IO N
L’inauguration de la cinquième Exposi
tion de l’Institut Colonial de Marseille, con
sacrée aux cafés, cacaos, thés et sucres a eu
lieu le 20 janvier 1913, en présence des prin
cipales notabilités commerciales et indus
trielles de la région sous la présidence de M.
F. Bohn, président de l’Institut Colonial, en
touré de MM. Adrien Artaud, président de la
Chambre de Commerce, et Lombard, viceprésident ; Outrey, chef du Service Colonial;
de Mesquita, consul du Brésil ; Martin-La
val, juge au Tribunal de Commerce ; Rastoin, adjoint au maire ; Velten, président du
Syndicat des Exportateurs ; Rastit, président
de la Fédération des groupements commer
ciaux du Sud-Est ; Magnier, président du
Syndicat des Négociants en cafés ; Arnaud,
président du Syndicat des Minotiers ; Dr
Heckel ,Fouque et Paul Cyprien-Fabre, viceprésidents, et Emile Baillaud, secrétaire gé
néral de l’Institut Colonial.
En déclarant ouverte la nouvelle Exposi
tion, M. le président Bohn a prononcé le dis
cours suivant :
Discours de M. F. BOHN, Président
Le Conseil d’Administration de l’Institut
Colonial a eu le grand plaisir de vous
convier à inaugurer aujourd’hui avec lui la
cinquième Exposition annuelle de notre
Institut.
Cette exposition aurait dû avoir lieu
l’année dernière, mais la grève des Inscrits
Maritimes qui a si profondément troublé
les relations de Marseille avec l’extérieur,
et notamment avec nos colonies, nous a
obligés à renvoyer l’inauguration à la date
d’aujourd’hui.
De ce fait, nous n’avons pas pu utiliser,
ainsi que nous en avions coutume, notre
salle des Cours et nous avons dû installer
dans la salle de notre Musée commercial
les collections qui nous ont été adressées.
Aussi bien nos visiteurs y gagneront de
pouvoir plus facilement nous-consulter sur
les échantillons qui leur paraîtraient parti
culièrement intéressants, ainsi que sur la
production et l’exploitation des produits
auxquels notre Exposition est consacrée.
En organisant cette Exposition, nous
avons poursuivi le plan que nous nous
sommes tracé dès la fondation de cet Insti
tut, c’est-à-dire l’étude régulière et métho
dique des principaux produits de nos
colonies et de ceux qui paraissent appelés
à prendre avant longtemps une grande
importance dans leur avenir économique.
Nos Expositions précédentes ont été
consacrées à l’étude des produits qui cons
tituent actuellement la principale richesse
d’une grande partie de notre domaine colo
nial. Nous avons successivement passé en
revue : les matières grasses dans la
production desquelles nos possessions de
l’Afrique occidentale et équatoriale sont
spécialisées : le caoutchouc, principale
richesse également de nos forêts africaines ;
les grains et graines féculentes : les blés de
nos possessions méditerranéennes, les riz,
les maïs de nos possessions asiatiques et les
sorghos qui, dans la plupart de nos colonies
tropicales, prennent la première place au
point de vue de l’alimentation indigène.
Aujourd’hui, nous entreprenons l’exa
men des produits, non moins intéressants,
qu’exploitent plus particulièrement nos
anciennes colonies et qui n’ont pas encore
pris dans nos autres possessions la place
qui peut et qui doit leur revenir.
Fidèles à ce programme, nous avons tout
d’abord choisi les sucres, le café, le cacao
et le thé.
�8
Si les matières grasses et féculentes, les
grains et, à un degré moindre, les caout
choucs constituent, avec les plantes textiles
que nous n’exportons pour ainsi dire pas
de nos colonies, les matières considérées
jusqu’ici comme essentielles plus que
toutes autres à l’humanité, les denrées aux
quelles nous consacrons l’Exposition que
nous inaugurons aujourd’hui sont au
contraire considérées généralement comme
des produits de luxe, et l’opinion du fisc,
qui, comme vous le savez, les frappe de
droits très lourds, est caractéristique à cet
égard.
Cette opinion est-elle bien exacte ? Et
ces produits ne doivent-ils pas être consi
dérés aujourd’hui, au point de vue de
l’alimentation, comme des denrées de toute
première nécessité ?
Si ces produits n’étaient pas devenus pour
ainsi dire indispensables à l’humanité,
leur consommation aurait-elle pris l’im
portance actuelle et les transactions
auxquelles elles donnent lieu seraient-elles
devenues comparables, par leur amplitude
et leur valeur marchande, à celles qui ont
fait l’objet de nos premières études ?
Pour préciser cette question, je citerai
quelques chiffres :
Si nous prenons le blé comme point de
comparaison, nous constaterons que la
quantité moyenne de blé produite par le
monde entier est actuellement d’environ 80
millions de tonnes, représentant, au prix
de 20 francs les 100 kilos, une valeur de
16 milliards de francs.
Or, la production moyenne du sucre est
actuellement d’environ 10 millions de ton
nes (dont un peu plus de la moitié en sucre
de canne) tandis que sa valeur est de
6 milliards et demi de francs, si nous
prenons pour base le prix de 40 centimes le
kilo. Le sucre représente donc à lui seul un
tonnage équivalent au cinquième de celui
du blé et une valeur représentant le tiers
de celle du blé.
Le café, de son côté, représente une
production moyenne de 1.000.000 de tonnes;
en 1909, il a même été, d’après le départe
ment de l’Agriculture des Etats-Unis, de
1.300.000 tonnes.
La production du thé est de 290.000
tonnes. Ce sont là également des chiffres
dignes d’être pris en considération.
Les produits que nous venons de citer
font aujourd’hui partie de l’alimentation
normale dans le monde entier ; il est
d’autant plus à remarquer que la part de
ces denrées dans la consommation de notre
pays n’est pas ce qu’elle devrait être. Les
droits élevés perçus à titre d’impôt par le
Gouvernement en sont la seule cause.
Tandis, par exemple, que la consomma
tion du sucre en France est d’environ
18 kilos par habitant, elle atteint en Angle
terre près de 50 kilos et ce chiffre de 18 kilos,
qui s’applique à l’année 1910, est bien
supérieur à celui de 1902, la consommation
ayant passée, en France, de 450.000 tonnes
en 1902 à 621.000 tonnes en 1910, par suite
de l’abaissement des prix résultant de
l’abrogation du système des primes.
Les proportions entre la consommation
française et celle des pays voisins sont
sensiblement les mêmes pour le café, et
surtout pour le cacao qui sont frappés de
droits extrêmement élevés :
Cacao. 136 francs les 100 kilos étranger ;
58 francs colonies. — Café, 136 francs les
100 kilos étranger ; 58 francs colonies. —
Thé, 400 francs tarif général ; 208 francs
tarif minimum ; 104 francs colonies.
Je n’ai point à insister pour montrer
combien il serait désirable que ces produits
puissent avoir dans l’alimentation de notre
pays la place qui leur revient, et je me
bornerai à indiquer que c’est en très grande
partie à leur large introduction en Suède et
en Norvège notamment que l’alcoolisme a à
peu près disparu dans ces deux pays, alors
que ce fléau fait en France les ravages que
l’on sait et qui ne paraissent pas à la veille
de prendre fin.
La consommation de notre pays en sucre,
café, cacao et thé, n’en est pas moins d’une
importance suffisante pour fournir à nos
colonies un débouché considérable.
Les importations de café en France aug
mentent d’une manière continuelle, elles
dépassent actuellement 100.000 tonnes. Sur
ce chiffre nos colonies n’en fournissent pas
2 . 000 .
Les importations de thé en France sont
d’environ 2.500 tonnes. Nous n’avons reçu
de notre Indochine, qui est la seule de nos
colonies qui nous en. ait envoyé en 1910,
que 500 tonnes. Sur une importation totale
de 27.000 tonnes de cacao, 1.364 tonnes
seulement provenaient de nos colonies.
Il importe que nous nous préoccupions
de remédier à cette situation et que nous
donnions à nos colonies les moyens et les
encouragements désirables pour qu’elles
prennent une plus grande part dans nos
importations de ces denrées.
C’est à ce résultat que contribueront dans
une certaine mesure, nous l’espérons, notre
Exposition actuelle et les travaux dont elle
sera l’origine.
Nous ne nous bornerons point, en effet,
au simple tableau que nous mettons sous
vos yeux des résultats obtenus dans nos
colonies, mais ainsi que nous l’avons fait à
l’occasion de nos Expositions précédentes,
nous nous efforcerons en faisant surtout
appel, Messieurs, à votre compétence, de
prêter notre concours le plus dévoué à ceux
qui se consacrent à la production de ces
denrées, et à ce sujet, il me reste à indiquer
très rapidement quels sont les principaux
�9
points qui nous paraissent devoir retenir
particulièrement notre attention.
En ce qui concerne le sucre, les préoccu
pations de nos planteurs doivent avoir
pour principal objet l’augmentation des
rendements en sucre de leurs cultures et de
leurs usines ; il semble bien que, désormais,
malgré la cessation probable de la Conven
tion de Bruxelles, la lutte entre la canne à
sucre et la betterave sera régie uniquement
par le prix de revient de la production et
non plus par les évolutions d’une politique
de protection fiscale. Toute l’histoire de
cette lutte paraît bien montrer en effet que
la betterave ne peut lutter contre la canne
à sucre qu’au moyen de ces artifices, et
puisqu’ils paraissent bien devoir être défi
nitivement abandonnés,
nos. colonies
auront à perfectionner leurs moyens de
culture et leur outillage d’extraction, afin
de les mettre à la hauteur de ceux qui sont
employés dans les autres pays producteurs
de canne à sucre.
Actuellement, les rendements moyens
obtenus à la Guadeloupe et à la Réunion
oscillent entre 8 et 9.65 % tandis que,
comme le fait remarquer la Chambre de
Commerce de la Réunion, ils atteignent
12,50 % aux îles Havaï. Pour la production
de l’année 1910, cette différence aurait
donné à la Réunion seulement une recette
supplémentaire de 2.350.000 francs.
La sélection des cannes, qui est la cause
principale de ces hauts rendements, la lutte
contre les maladies, doivent donc faire
l’objet des préoccupations primordiales des
planteurs et de leurs Gouvernements.
A ce sujet, nous signalons avec plaisir
que notre ministre des Colonies paraît enfin
décidé à organiser chez nous les services
officiels de l’Agriculture sur l’exemple des
pays étrangers qui nous servent de modèle.
En ce qui concerne le café, en même
temps que nous nous efforcerons de mon
trer à la consommation métropolitaine
l’excellente qualité de nos cafés coloniaux,
notre attention doit être malheureusement
retenue par la nécessité de renouveler les
cultures actuelles par suite des ravages de
l’Hémileia, qui semblent bien obliger nos
vaillants colons des Nouvelles-Hébrides et
de la Nouvelle-Calédonie à remplacer les
plaints qui leur avaient permis d’obtenir
les très beaux produits que vous pourrez
admirer dans notre Exposition, par des
variétés plus résistantes, comme le Robusta
ou le Congo.
La culture du café se développe de plus
en plus dans nos nouvelles colonies, en
particulier à Madagascar et en Indochine,
et nous rendrons certainement service à un
certain nombre de nos colons en recher
chant, quels sont les meilleurs systèmes
fi adopter pour la préparation de leurs cafés
qui paraissent défectueux à ce point de
vue.
Une colonie anglaise de l’Afrique occi
dentale, la Gold Goast, nous a montré toute
l’importance que l’exploitation du cacaoyer
peut prendre d’une manière très rapide
dans cette partie du monde. Alors que sa
production en cacao était à peu près nulle
en 1900, elle a atteint l’année dernière 40.000
tonnes représentant une valeur d’environ
50 millions de francs, et cette colonie tient
aujourd’hui le premier rang dans la pro
duction de cette denrée si précieuse.
Nous pouvons espérer arriver à un
résultat analogue dans notre Afrique occi
dentale, d’autant plus que c’est simple
ment en tirant parti de l’initiative indigène
que l’Angleterre l’a atteint, et je me per
mettrai à ce sujet d’indiquer toute l’impor
tance qu’il y a à ce qu’on laisse aux
indigènes la pleine propriété et la libre
disposition de leur sol. C’est à cette seule
condition qu’ils pourront donner à leurs
cultures le développement dont elles sont
susceptibles.
Aussi semble-t-il bien qu’un des devoirs
essentiels de notre Institut Colonial, fidèle
à sa politique libérale, sera de veiller avec
diligence à ce que l’on tienne le plus grand
compte dans toutes nos possessions des
droits et des intérêts de nos indigènes, qui
peuvent être pour nous de tels Collabora
teurs.
Pour le thé, nos planteurs d’Indochine
étant déjà arrivés à de très bons résultats,
notre rôle doit surtout consister à seconder
leurs efforts, afin de faire connaître l’excel
lence de leurs produits.
Pour tous ces produits, nous aurons aussi
à exercer notre influence et à consacrer nos
efforts en faveur d’une réduction importante
des droits fiscaux qui les frappent de
manière à développer leur culture et à
favoriser leur importation et leur consom
mation en France au grand profit de nos
colonies et de la métropole elle-même.
Je n’ai plus maintenant, Messieurs, qu’à
exprimer tous nos remerciements à tous
ceux q.ui ont apporté leur précieux concours
à l’organisation de notre Exposition : tout
d’abord les Gouvernements et les Chambres
d’Agriculture et de Commerce de nos
colonies, dont la bienveillance à notre égard
nous est la meilleure preuve qu’ils appré
cient l’utilité de ces manifestations priodiques, que nous ne pouvons organiser en
l’honneur de nos produits coloniaux que
grâce à eux ; puis tous les planteurs, amis
de l’Institut, qui nous ont envoyé les beaux
échantillons des produits qu’ils doivent à
leur labeur acharné, et je suis profondé
ment attristé à ce sujet d’avoir à adresser
un souvenir ému à la mémoire de celui qui
a tant fait pour le développement de l’ex
ploitation du thé en Indochine, M. Paul
�10
Ghaffanjon, qui est mort à la peine, il y a
quelques mois, après nous avoir expédié les
ravissantes boîtes de thé que vous pouvez
admirer dans cette salle.
Nous adressons aussi nos très vifs remer
ciements à nos collaborateurs marseillais :
M. Magnier, le dévoué président du Syndi
cat des caifés ; M. Mouren, le distingué
fabricant de chocolat ; M. Palais, le repré
sentant de la maison Gaston Menier, qui a
bien voulu enrichir notre Exposition de ses
belles collections personnelles ; et je ne
saurais manquer, en terminant, de signaler
la collaboration si assidue et si dévouée que
m’a prêtée notre secrétaire général, M. E.
Baillaud, pour les démarches préliminaires
qui ont été longues et minutieuses et pour
l’organisation pratique de cette nouvelle
manifestation coloniale.
MEMBRES DU JURY DE L’EXPOSITION
Henri Dufay (Président), des Comptoirs
Dufay, Gigandet et Cie.
Louis Imbert, Membre de la Chambre de
Commerce.
H. Jacquemet, Président honoraire du
Syndicat des Négociants en cafés.
Magnier, Président du Syndicat des Né
gociants en cafés.
Piollet, Brûleries du Sud-Est à Grenoble.
Robert Roques, (Chocolaterie du Prado).
A. Mouren, des fils de Marius Mouren.
L. Digonnet, de P.-L. Digonnet et Cie.
Reynaud de Mazan.
Leleu (de A. Leleu et Cie).
Victor Rouvier, Planteur à Nossi-Bé.
Nicelora (de Mabiens Morel).
LISTE DES ÉCHANTILLONS ESPÈCES
Cacaos
Cote d ’I voire
Direction de l'Agriculture
1. Une Cabosse cacao entière ;
2. Une cabosse coupée longitudinalement ;
3. » »
» transversalement.
Cercle de Lahou
4. Cacao San Thomé.
Poste de Tabou, Bas Cavally
5. Cacao San Thomé.
M. Neker. Société Agricole de M' Bato
6. Cacao San Thomé.
Compagnie Française Afrique Occidentale
7. Cacao Grand Lahou.
MM. Morga.nd & Dougan, Tiassalé
8. Cacao San Thomé.
A. Legourd. Plantation Noé, à Assinie
9. Cacao Forastero ;
10. Cacao San Thomé.
Gabon
Mission Catholique de Sainte-Anne
Fernan Vaz (Gabon)
11. Cacao Gabon.
Madagascar
Direction de VAgriculture
12. Cacao d’introduction, Cabosses Jaunes ;
13.
»
»
»
»
14.
»
»
Cabosses rouges ;
15. Cacao dit pays, Cabosses rouges.
M. A. Borgeaud, Propriété Constantine,
à Tamatave
16. Cacao des Antilles ;
17. Cacao créole.
M. Ch. Poumaroux, Antsasaka, Tamatave
18. Cacao Thebroma Caraque.
M. Victor Rouvier. Nossi-Bê
(3, rue des Récollettes, Marseille)
19. Cacao ;
20. Cacao préparé.
Martinique
M. Castelli, sous-inspecteur de l'Agriculture
à Fort-de-France
21. Cacao n. 1 ;
22. Cacao n. 2.
Guadeloupe
M. Edouard Clayssen, Gourbeyre
23. Cacao.
M. Hugonin, Basse-Terre
24. Cacao.
M. P. Guilhembordc, Propriété Saint-Léon
à Vieux Habitants
25. Cacao.
Collection de M. Palais
Représentant du Chocolat Menier à Marseille
26. Nicaragua ;
27. Para ;
28. Carapino ;
29. Saigon ;
30. Venezuela ;
31. Côte d’Or ;
32. Congo ;
33. Madagascar ;
34. Comore ;
35. Porto ;
36. Grenade ;
37. Martinique ;
38. Guadeloupe ;
39. Sainte-Lucie (Antilles) ;
40. Trinidad.
Collection de MM. les fils de Marius Mouren
11, rue République, Marseille
41. N° 1 Guadeloupe courant ;
))
42.
2
fin ;
))
43.
fermenté
3
))
44.
4
fermenté
))
45.
5
usiné ;
46.
6 Martinique courant ;
47.
7
»
usiné ;
48.
8 Madagascar ;
49.
9
»
50. 10 Nouvelles-Hébrides ;
51. 11
..
»
�11
52. 12 Grande-Comore ;
53. 13 Dahomey.
54. J. C. 1 Guadeloupe ;
55.
2 Martinique ;
56.
3 Congo ;
57.
4 Côte d’ivoire ;
58.
Beurre de Cacao ;
59.
Coques de cacao de Bahia torré
fiées ;
60.
Divers échantillons chocolat.
Cafés
Cote d ’I voire
Poste de Grabo, Bas Cavally
61. Café Libéria.
M. Neker, Société Agricole de M' Bato
62. Café Libéria.
Afrique équatoriale
M. A. Bourdillon, 67, rue Saint-Jacques,
Marseille
63. Café Congo.
Sultan Hetmann-Rafaï
(Oubanghi Chari Tchad)
64. Coffea Excelsea.
Mission Catholique Sainte-Anne
Fernan-Vaz
65. Café Libéria ;
66. » Gabon.
M artinique
M. Castelli, Sous-Inspecteur
de VAgriculture à Fort-de-France
67. Café Libéria ;
68. » Pays ;
69. » Robusta.
Guadeloupe
M. P. Guilhemborde, Domaine Gros Morne
70. Café Habitant ;
71. » Bonifieur.
M. A. Bourdillon, Marseille
72. Café Guadeloupe Bonifieur.
MM. Magnier et Beretta, 15 a , rue du Chapitre
Marseille
73. Café Guadeloupe Commercial.
M. T. Hugonin, Basse-Terre
74. Café Bonifieur ;
75. » Habitant.
M. E. Clayssen, Gourbeyre
76. Café B.
R éunion
77.
78.
79.
80.
M. G. Roussel, Saint-Pierre
Café Bourbon rond ;
»
»
pointu.
MM. Magnier et Beretta, Marseille
Café Libéria de Bourbon ;
» Bourbon pointu.
N ouvelle Calédonie
et
N ouvelles H ébrides
MM. Magnier et Beretta, Marseille
81. Café Gragé, Nouméa ;
82.
83.
84.
85.
86.
»
»
»
»
»
pointu Gragé, Nouméa ;
pointu blanc, Nouméa ;
livraison, Nouméa ;
livraison, Nouvelles Hébrides ;
commercial, Nouvelles Hébrides.
Madagascar
Direction de l'Agriculture
87. Café Canephora N° 1 ;
88.
))
»
»
2;
89. »
»>
» 3;
90. »
»
» 4.
M.Ch. Poumaroux, Antsasalca, Vatomandry
91. Café Libéria ;
92. Pulpes de Café Libéria ;
93. Pulpes de Café Libéria torréfiées et
moulues.
M. E. Bérard, propriété de l'Ivolina,
Tamatave
94. Café Libéria ;
95. » Congo.
M. A. Borgeaud, propriété Constantine
Tamatave
96. Café Libéria.
M. Victor Rouvier, Nossi-Bé et Marseille
97. Café Libéria.
MM. Magnier et Beretta, Marseille
98. Café livraison.
I ndochine
MM. Perrin Frères, Tuyen Quang, Tonkm
99. Café Caracoli ;
100. » Café Arabica.
M. Pivet, Dong Trieu, Tonkin
101. Café Arabica.
MM. Magnier et Beretta, Marseille
102. Café Tonkin.
M. Reynaud (de Reynaud, Blanc et Cte),
13i, rue Montaux, Marseille
103. Café Arabica.
MM.
104.
105.
106.
107.
108.
109.
110.
111.
112.
113.
114.
115.
116.
117.
118.
119.
120.
121.
122.
123.
Thés
P. Cliaffanjon & Cie, Cat-Tru par Phu-Tho
12 Paniers droits Pekoe Tonkin extra ;
))
))
))
»
))
12
6
»
» Pekoe Tonkinois ;
»
»
»
»
6
3
»
» Pekoe Supérieur ;
»
» Pekoe Supérieur ;
3
12 Boîtes à Chapeaux Pekoe Tonkin ex
tra ;
»
»
»
»
»
12
6 Coffrets bambou couleur, Pekoe Ton
kin extra ;
6 Coffrets bambou couleur, Pekoe Ton
kinois ;
3 Coffrets bambou couleur, Pekoe Supé
rieur ;
3 Coffrets bambou couleur, Pekoe Supé
rieur ;
6 Coffrets Bijoux Pekoe Supérieur ;
6.. Trèfles Pekoe Supérieur ;
6 Gamelles Pekoe Supérieur ;
12 Paquets rouges Pekoe Tonkinois extra;
6 Paquets rouges Pekoe Tonkinois extra;
6 Paquets rouges Pekoe Tonkinois ;
6 Paquets rouges Pekoe Tonkinois ;
3 Paquets rouges Pekoe Supérieur ;
3
�12
Sucres et dérivés
3 Paquets rouges Pekoe Supérieur ;
1 Coffret laque, fabrication locale Pekoe
Martinique
Tonkin extra ;
M. Castelli, Sous-Inspecteur de l'Agriculture
126. 1 Coffret laque fabrication locale fleurs
de thé ;
Fort-de-France
127. 12 Seaux fleurs de thé ;
167. Sucre 1er jet ;
128. 12 »
»
»»
168. Rhum industriel ;
129. 6 »
»
»»
169. Rhum grappe blanche vieille.
130. 6 »
»
»»
131. 3 »
»
»»
R éunion
132. 1 Caisse origine Pekoe Supérieur ;
M.
Roussel
(La
Convenance),
Saint-Pierre
133. 1 Caisse origine fleurs (boutons) de thé.
170.
Sucre
premier
jet
;
M. P. Lafeuille. Hanoï
Société Adam de Villers
134. 6 Boîtes Souchon Tonkin ;
171. Sucre premier jet ;
135. 7 Boîtes fleurs de thé.
172. Sucre deuxième jet.
Chambre de Commerce de Hanoï
MM. Issautier frères et Cie
136. Feuilles de Jambosier à thé ;
173. Crème vanille ;
137. Thé de Ché Man ;
174. Rhum ;
138. Feuilles de thé broyées Ché Bang ;
175. Rhum extra ;
139. Thé Ché Man ;
176. Rhum vieux ;
140. Fleurs de Thé Nu Ché ;
177. Eau-de-vie de cannes ;
141. Boutons de Fleurs de Thé Cay Voi.
,178. Curaçao ;
MM. Louis Reynaud (de Reynaud, Blanc et Cie) 179. Combava ;
Marseille
180. Vangassaye ;
181. Bibasse.
142. Thé Tonkin qualité moyennes feuilles ;
143. Thé Tonkin qualité fines feuilles ;
T onkin
144. Thé Tonkin qualité grosses feuilles.
Chambre de Commerce d'Hanoï
Chambre de Commerce de Ruftsque
182. Sucre candi Duong yhen ;
183. Cassonnade, Duongh mai hoa ;
145. Thé de Gambie.
184. Cassonnade, Duong dam ;
MM. C. A. Guigon et Cie, 1, rue Martin
185. Sucre brut, Duong bat ;
Marseille
186. » en forme, Duong Banh-choi ;
146. Thé avec sucre.
187. »
indigène.
Collection de MM. P. L. Bigonnet et Cie
Marseille
C É R É M O N IE D E C L O T U R E
147. Chine Souchong Ming Siang ;
de la l/me Exposition annuelle
148. Congou Ning Chow ;
149. Ceylan fleurs d’or (gold tips) ;
150. Assam Orange Pekoe (gold tips) ;
Le 19 avril 1913 a eu lieu, à l’Institut Colo
151. Darjeeling great flavour, hors choix ;
nial, la clôture de l’Exposition des Cafés,
152. Annam Souchong fin grosses feuilles ;
153. Annam Souchong extra moyennes feuil Cacaos, Thés, Vanilles, Sucres, qui a été
les ;
ouverte au public pendant ces trois derniers
154. Annam Pekoe. Souchong, fines feuilles ;
mois.
155. Ceylan Eléphant ;
Cette cérémonie a été présidée par M.
156. Ceylan paquets tressés ;
157. Eléphant blanc ;
Capus, délégué du Gouvernement général
158. Eléphant d’or ;
de l’Indochine, en la présence de M. F.
159. Baïkoff Busse ;
Bohn, président de l’Institut Colonial ; M.
160. Annam à l’Annamite ;
A. Artaud, Président de la Chambre de Com
161. Darjeeling Blend.
merce ; M. Outrey, Chef du Service colonial
de Marseille ; M. Bardon, Conseiller munici
Vanille
pal, représentant M. le Maire de Marseille ;
M. Victor Rouvier, Nossi-Bé, Madagascar
de MM. les Consuls généraux des Etats-Unis,
et Marseille
du Brésil, etc., des Membres du Conseil de
162. 3 échantillons.
l’Institut Colonial et des Présidents des
M. Hugonin, Basse-Terre (Guadeloupe)
principaux groupements commerciaux et
163. 9 échantillons.
syndicats professionnels de la ville .
Direction de l’Agriculture de Madagascar
DISCOURS DE M. BOHN
164. 1 échantillon de la province de Vohémar
Président de l’Institut Colonial
165. 3 échantillons de la province de AntaM. Bohn, en ouvrant la séance, a tout
lava.
166. 4 échantillons de la province de Vato- d’abord remercié les exposants pour les en
mandry.
vois qu’ils avaient bien voulu faire et parti-
124.
125.
�13
culièrement les Gouvernements de nos
colonies qui ont prêté leur bienveillant
concours pour l’organisation de l’Exposition;
puis le Président a remercié M. Grand-Dufay, qui a présidé les opérations du Jury, et
les rapporteurs des Commissions, qui ont
bien voulu se charger d’examiner les pro
duits et de faire un rapport pour établir
leur qualité et déterminer les améliorations
dont ils sont encore susceptibles.
Il a présenté ensuite à l’assistance M.
Capus, ancien Inspecteur-Conseil des Ser
vices agricoles de l’Indochine, actuellement
délégué du Gouvernement général de l’In
dochine à l’Office Colonial de Paris, dont il
a rappelé tous les éminents services rendus
à la cause de la mise en valeur de notre
grande possession indochinoise, et M.
Payen, rédacteur au Journal des Débats et
à l'Economiste Français, auquel le monde
colonial doit tant de reconnaissance pour la
science et le dévouement avec lesquels il
prend, dans ces deux grands organes, la
défense des intérêts économiques de nos
possessions.
M. Bohn a ensuite rappelé quelles avaient
été les principales préoccupations de l’Ins
titut Colonial en organisant cette cinquiè
me Exposition. Grâce aux travaux du Ju
ry, un certain nombre de points que l’on se
proposait d’éclaircir sont actuellement mis
en lumière et une fois l’exposition terminée,
l’Institut Colonial, comme il l’a fait pour
les autres Expositions qu’il a organisées jus
qu’ici, n’en continuera pas moins à se
préoccuper de l’examen des divers problè
mes que suscitent l’exploitation et le com
merce des produits auxquels ces expositions
ont consacrées. L’Institut Colonial a eu la
grande satisfaction de voir plusieurs Sociétés
de plantation se constituer à la suite de cette
exposition.
M. Capus, après avoir remercié le Con
seil d’Administration d’avoir bien voulu
l’appeler à présider cette intéressante mani
festation, a présenté les excuses de M. le
Général Commandant le XVe Corps d’Armée,
retenu en Corse par une tournée d’inspec
tion ; de M. le Préfet, absent de Marseille,
et de M. le Président du Conseil général,
empêché par la réunion de cette haute As
semblée de répondre à l’invitation qui lui a
été adressée par l’Institut Colonial.
La parole a été donnée ensuite à M.
Grand-Dufay, Président du Jury, qui a ex
posé de quelle manière ont été conduites les
opérations d’expertises auxquelles a procé
dé le Jury. Les rapporteurs des diverses sec
tions donnèrent ensuite lecture de leur rap
port.
M. Payen exposa ensuite dans une confé
rence très documentée, quelle était la « Si
tuation actuelle du marché des cafés, cacaos
et thés », et MM. Artaud et Capus clôturèrent
la séance par les discours suivants :
DISCOURS DE M. ARTAUD
Président de la Chambre de Commerce
de Marseille
Je tiens à vous exprimer au nom de la
Chambre de Commerce avec quelle satisfac
tion elle voit se développer par vos soins
l’œuvre qu’elle a fondée et dont elle suit les
progrès avec tant de sollicitude.
Nous voici à notre cinquième Exposition.
Or, dès l’année qui a suivi l’Exposition Co
loniale de 1906, ont été inaugurées les Ex
positions de l’Institut Colonial et il s’en suit
que chaque année a été mise à profit pour
mieux étudier un produit.
A l’époque où j’avais le grand honneur de
présider l’Institut Colonial, je me rappelle
avec quel intérêt les colons suivaient les
divers travaux auxquels ont donné lieu les
expositions que nous avons consacrées aux
caoutchoucs et aux blés. Je vois qu’il en est
ainsi de plus en plus et que l’Institut Colo
nial pousse dans nos possessions des raci
nes toujours plus nombreuses et plus viva
ces.
L’Exposition de cette année est consacrée
à des produits dont la Chambre de Com
merce a eu à s’occuper tout dernièrement.
Elle s’est en effet attachée d’une façon
particulière à la détaxe des droits dont sont
frappés les cafés, à leur entrée en France, et
lorsque M. Damour, qui a eu l’idée de la
détaxe des cafés nous a consulté nous
avons tenu à lui dire que le cacao méritait
également notre sollicitude et nous avons
fait valoir quelques-uns des arguments que
vient de développer M. Payen et qui sont
topiques.
Lorsque l’on constate dans les chiffres
que nous avons donnés à M. Damour, en
comparant ceux des dix années qui ont pré
cédé une première diminution des droits et
les chiffres des années qui ont suivi, lorsque
l’on constate, dis-je, une augmentation des
importations et des recettes, on est tout
acquis à une doctrine qui a pour but de
mettre à la disposition de nos populations
des produits sains et hygiéniques.
La Chambre de Commerce de Marseille
vous sait le plus grand gré de vous être
attachés à faire connaître la part que les
colonies peuvent prendre dans leur produc
tion, et je tiens à remercier en son nom M.
Capus d’avoir bien voulu représenter au
milieu de nous M. le Gouverneur général
de l’Indochine Sarraut, qui avait consenti
lui-même à clôturer notre précédente expo
sition au moment de son départ pour l’Ex
trême-Orient, et M. Payen d’être venu nous
�développer avec tant de clarté des idées si
justes et qui nous sont chères.
DISCOURS DE M. CAPUS
délégué du Gouvernement général
de l'Indochine
Vos applaudissements ont exprimé à M.
Payen, mieux que je ne saurais le faire,
combien vous avez apprécié sa conférence
si documentée et si précise, ainsi que l’auto
rité avec laquelle il a su vous exposer de la
façon la plus claire des questions si com
plexes. Je suis donc bien sûr d’être votre
interprète pour lui adresser tous vos remer
ciements les plus vifs.
Il y a quelques jours, j’ai lu dans un
journal colonial qu’une municipalité, je
crois que c’est celle de Paris, a émis le vœu
de faire apprendre aux élèves de nos Eco
les la géographie de nos colonies et de leur
donner des connaissances sur les possibili
tés économiques de celles-ci.
Un tel vœu pourrait paraître paradoxal à
tout autre qu’à nous qui nous occupons du
mouvement colonial. Mais il est bien cer
tain que nous ne connaissons pas assez nos
colonies. En dehors de la Tunisie et de l’Al
gérie, en dehors de nos vieilles possessions
qui ont été occupées ou étudiées depuis
deux ou trois cents ans, nous ne connaissons
pas nos autres domaines.
Nous ne connaissons "as, par exemple, no
tre Indochine. Vous pouvez vous en rappor
ter à moi à ce sujet et c’est pourquoi je
voudrais que pour toutes nos colonies, nous
puissions établir un inventaire de leurs pos
sibilités économiques. Je ne parle pas seule
ment d’une liste de leurs produits. Cette
liste il est facile de la dresser, il suffit
d’aligner l’un au dessous de l’autre les mots
de botanique en latin qui horripile quelque
fois le lecteur, mais qui constitue cependans l’état civil des plantes et des produits.
Mais je voudrais que l’on fasse figurer aussi
dans cet inventaire la nature de ces pro
duits, leur valeur, la possibilité de leur em
ploi, de leur introduction dans la métro
pole et de leurs rapports dans les colonies.
Ainsi, nous travaillerons à augmenter la
richesse de nos commerçants, de nos indus
triels et de nos indigènes, car la meilleure
politique coloniale est celle de l’enrichisse
ment des colons, des commerçants, des in
dustriels de nos colonies et aussi des indi
gènes. Vous pouvez être persuadés qu’en
pratiquant cette politique vis-à-vis d’eux,
ces derniers nous serviront loyalement.
Dans cet ordre d’idées, vous faites de très
bonne besogne. Je suis particulièrement
heureux de prendre la parole devant vous
pour vous le dire.
Parmi vos divers travaux, les expositions
spéciales que vous organisez périodique
ment contribuent puissamment à cet inven
taire dont je parle.
Les enseignements qu’elles comportent
sont toujours des plus précieux et, au sujet
de celle que nous clôturons, je n’ajouterai
aux appréciations si justes des experts qui
viennent de vous exposer les conclusions de
leur examen que quelques mots relatifs à
la production indochinoise qui m’est plus
particulièrement familière.
Nous exportons de l’Indochine 500 tonnes
de thé environ ; cette colonie en reçoit ellemême 1.500 tonnes pour la consommation
qui est supérieure à la production. Il reste
donc beaucoup à faire pour la développer.
Je n’ai cessé de dire à nos planteurs de thé :
« Réunissez-vous, mettez ensemble vos ef
forts, vos capitaux, constituez des syndicats,
des coopératives, pour la préparation de vos
thés, pour les faire connaître (rappelezvous ce pavillon de thé de Geylan de l’Expo
sition de 1900 dont M. Payen vous parlait
tout à l’heure), c’est très bien de présenter
vos thés dans de petites boîtes ou de jolis
paniers, mais faites de la meilleure mar
chandise, surveillez vos cultures, vos tailles,
votre outillage. »
Pour notre café, il n’y a pas très long
temps on en exportait de 20 à 30 tonnes,
nous sommes arrivés aujourd’hui à 300 ton
nes pour le Tonkin, et c’est déjà un bon
résultat, mais là aussi il faut améliorer la
préparation.
Tout à l’heure je vous parlais d’inventaire,
je ne veux pas me laisser entraîner par de
longues considérations mais j’avais surtout
en vue la culture d’une plante très riche qui
est le cacao. On ne le cultive en Indochine
nulle part, sauf dans les jardins botaniques.
Eh bien, le cacao peut donner dans ce
pays une récolte très appréciable, non seu
lement à en juger par comparaison, par
assimilation, les climats étant les mêmes
au Cambodge qu’en Annam, mais à en
juger aussi par une expérience faite à Sai
gon. On y avait autrefois créé des cacaoyères, et l’Administration avait promis une
prime de 4 cents, c’est-à-dire de 10 centi
mes par cabosse apportée au magasin de
l’Administration. Les indigènes ont cultivé
les cacaos et ils ont apporté leurs cabosses
au magasin du Résident ; on leur a payé la
prime promise, mais les commerçants ne
les ont pas achetées ; l’Administration et le
Résident se sont lassés. Il n’en a pas moins
été prouvé que la culture était possible et il
faut espérer que dans l’avenir planteurs et
négociants seront plus avisés.
La culture, la préparation et la vente de
ces produits donnent naissance à de nom
breux problèmes à résoudre. Vous contri
buez beaucoup à les éclaircir et les avis que
vous donnez à nos planteurs, à nos gouver
nements leur sont infiniment précieux. Con
tinuez à les aider dans l’établissement de
cet inventaire dont je vous parlai et vous
�recevrez de plus en plus les témoignages de
leur reconnaissance.
Bien que je ne sois qu’une modeste per
sonnalité du monde colonial, je suis heu
reux de vous dire combien cette reconnais
sance est déjà grande, quelle est l’estime et
la considération que particuliers et gouver
nements ont dans nos possessions pour vos
œuvres et pour les bons partisans qui les
ont fondées et les font prospérer. Au nom
de tous, je vous remercie.
CONFERENCE DE M. E. PAYEN
Le Marché des Cafés, Cacaos, Thés
Messieurs ,
Quand votre secrétaire général, M. E. Baillaud, mon vieux camarade de l’Ecole des Scien
ces Politiques, est venu me demander de vous
parler du marché des thés, cafés et cacaos,
j’ai été très touché de sa démarche, mais je
me suis dit, à part moi, que la camaraderie
se faisait quelquefois illusion et qu’il y avait
à Marseille beaucoup de gens plus qualifiés
que moi pour traiter ce sujet. Du reste, Mes
sieurs, ce que je vous apporterai aujourd'hui,
c’est, en très grande partie à des travaux mar
seillais que je l’emprunterai, car depuis une
quinzaine d’années j’étudie dans l'Economiste
Français les documents fournis par votre
Chambre de Commerce qui ont toujours un
intérêt tout particulier, et c’est à ces études
antérieures que je me reporterai aujourd’hui
en grande partie.
Des trois produits qu’on m’a donné la charge
d’étudier, je prendrai tout d’abord le thé et le
cacao, parce que le thé et le cacao, si on les
compare au café, sont de très sages personnes :
leurs cours ne connaissent pas les variations
profondes de ceux du café.
La production mondiale du thé, messieurs,
est très difficile à évaluer parce que la plupart
des pays producteurs sont en même temps
grands consommateurs. La Chine, par exem
ple, consomme énormément de thé, qu’elle pro
duit elle-même.
Cependant, le thé a trouvé en Europe une
vogue considérable surtout en Angleterre, qui
s’alimente en grande partie dans ses colonies,
et principalement dans celle de l’Inde dont,
d’après l'Economiste de Londres, les envois
onv été de 191.230.000 livres anglaises, en Gran
de Bretagne en 1912, et vous savez que la livre
anglaise est de 453 grammes. Ceylan vient
après, puis la Chine.
Ceylan est un pays assez particulier, qui
cultivait d'abord le café, puis il s’est mis à
cultiver le thé, et aujourd’hui, vous n ’ignorez
pas que le thé subit dans ce pays une concur
rence qui lui est faite par les plantations de
caoutchouc. Le caoutchouc de plantation est
d’une rémunération très grande, et alors, les
habitants de Ceylan qui ne sont pas, vous le
voyez, attachés d’une façon définitive à une
forme de culture, sont allés à ce qui rappor
tait le plus et sacrifient en ce moment les
plantations de thé aux plantations de caout
chouc. Clest là un exemple qu’on peut donner
à d’autres pays qui devraient être amenés à
se détacher de certaines cultures qui ont cessé
d’être rémunératrices.
Nous avons dit que l’Angleterre était le plus
grand consommateur des thés. En effet, au
milieu du 19e siècle, la consommation était de
2 livres-poids par personne et par an. Aujour
d’hui, c’est 6 livres qu’il faut compter.
En 1836, la consommation annuelle de l’An
gleterre était de 40 millions de livres ; elle était
de 54 millions en 1850 ; de 78 millions en 1860 ;
de 120 millions en 1870, et de 160 millions en
1880.
Enfin, l'année dernière, elle était de 295 mil
lions. Vous voyez quel est l’énorme progrès de
la consommationLa Russie est aussi un très grand consomma
teur de thé.
En France, le thé n’est pas très répandu ;
il y a à cela de tirés bonnes raisons, c’est que
le vin, le cidre, la bière et aussi le café lui font
une concurrence très considérable, et si nous
regardons l’allure de la consommation en
France, elle a progressé moins qu’en Angle
terre.
Cette consommation a été établie par 100
habitants, et on la trouve indiquée dans l’Annuaire statistique de la France ; comme le thé
consommé en France est tout entier importé,
les chiffres peuvent être considérés comme
assez exacts.
En 1831, les importations de thé représen
taient par 100 habitants 0 k. 300 ; en 1881, elles
représentaient 1 k. 200 ; en 1899, 2 k. 300, et la
consommation totale n’était que de 877.895 ki
los.
Mais il s’est produit à cette époque, mes
sieurs, un fait très curieux qui est spécial au
thé : c’est l’Exposition Universelle de 1900 à
Paris.
L’Exposition Universelle de 1900 a eu une
influence énorme sur l’essor de la consomma
tion du thé en France. Ceux d'entre vous qui
ont visité cette Exposition se rappellent cer
tainement qu'il existait, dans les jardins du
Trocadéro, un pavillon de Ceylan où l’on ser
vait du thé. Ce pavillon a eu un succès consi
dérable et il s’en est suivi une sorte d’engoue
ment sur le thé, car c’est à partir de cette
époque que les salons de thé se sont répandus
dans Paris où ils constituent une survivance de
l’Exposition de 1900.
Aussi, en 1900, noua sautons à une consom
mation de 1.079.000 kilos de thé, vous voyez
le progrès. Mais comme cela arrive presque
toujours, ce ne fut pas du terrain gagné défi
nitivement, et l’année suivante, la consomma
tion descendit au-dessous du chiffre de 850.000
kilos. On est arrivé, cependant, et rapidement,
à regagner le chiffre de l’année de l’Exposi
tion, et en 1904, la consommation atteignait
1.100.000 kilos de thé.
En 1911, la consommation atteignit 3 k. 300
par 100 habitants.
Vous voyez, en somme, que depuis 1831, soit
en quatre-vingts ans, la consommation a aug
menté de 3 kilos par 100 habitants.
Je ne vous parlerai pas de la part des colo
nies françaises dans la production du thé,
parce que vous êtes plus compétents que moi
sur cette question, qui vient d’ailleurs d’être
traitée par M. Bohn et vos rapporteurs spé
ciaux.
�16
Le cacao, à mon avis, est beaucoup plus inté
ressant que le thé parce qu’il constitue la ma
tière première d’un produit industriel impor
tant, le chocolat, et aussi parce que sa consom
mation en France est assez progressive depuis
un certain nombre d’années.
Voici, les chiffres empruntés à VAnnuaire
Statistique de la France, pour le cacao.
En 1831, la consommation de l’année par 100
habitants! fut de 2 kilos de cacao ; en 1861, elle
est de 12 k. 900 ; en 1881, de 32 k. 800 ; en 1899,
de 45 k. 500 ; en 1910 de 62 k. 700.
La France ne prétend pas être le plus grand
consommateur de cacao du monde, ce rang
appartient aux Etats-Unis, puis viennent l’Al
lemagne, la France (avec 130.993.000 livres an
glaises) puis l’Angleterre et la Hollande.
La valeur des importations du cacao était
évaluée il y a cinq à six ans à une quarantaine
de millions de francs, et, à cette époque, la
France ne tirait de ses colonies que pour
1.760.000 francs de cacao. C’était, vous le voyez,
très peu de choses.
C’est encore aujourd’hui une part très mini
me que nous recevons de nos colonies françai
ses, et, cependant, c’est peut-être l’un des pro
duits qu’il conviendrait de leur recommander
plus spécialement. M. le Président et M. le
rapporteur, tout à l’heure, vous ont dit qu’il
y aurait intérêt à cultiver le cacao, et je suis
de leur avis ; il y a ce magnifique exemple de
la Côte d’Or Anglaise qui, de 100 kilos de cacao
exporté en 1891, arrive aujourd’hui à plus de
40 millions de kilos, et je dois vous dire, vous
le savez, il est vrai, mieux que moi, que Mar
seille est l’un des ports de France qui profite
le plus de cet essor de la Côte d’Or anglaise.
La progression de la production, dans un
temps relativement court, a été, dans l’Afrique
Occidentale anglaise de 300 %, alors qu’elle
était seulement de 60 % dans l’Amérique cen
trale.
Le cacao a eu une consommation, en Euro
pe1et aux Etats-Unis, de 520 millions de livres
anglaises en 1912, alors que, d’après les statis
tiques les meilleures, la production n ’aurait été
que de 510 millions de livres. Vous voyez que,
en 1912, l’année qui vient de finir, la consom
mation est supérieure à la production, et il y a
là, encore, un argument en faveur de ce que
vous ont dit tout à l'heure M. Bohn et votre
rapporteur spécial.
Quant au prix du cacao, il n’a pas beaucoup
varié. En 1894, le cacao coûtait environ 172
francs les 100 kilos. Au 15 mars 1913, sur la
place du Havre, le cacao était coté de 78.50 à
81 francs les 50 kilos ; vous voyez que nous
sommes dans des cours assez voisins.
*
* *
Si nous arrivons au café, nous allons trouver
bien autre chose, et c’est sur le café que je me
permettrai d’insister le plus devant vous, parce
que nous allons trouver dans cette étude un
essai, qui a reçu le nom de Valorisation, essai
qui, au point de vue économique, est une chose
très intéressante et très instructive à examiner.
Le café, vous ne l’ignorez pas, est produit
dans de nombreux pays parmi lesquels on
compte certaines colonies françaises comme la
Guadeloupe et la Martinique, qui donnent des
cafés de très bonne qualité, mais en petite
quantité. Des essais ont été faits dans d’au
tres colonies, où ils ont été malheureux parce
qu’ils ont coïncidé avec la baisse du produit.
Ainsi, en Nouvelle-Calédonie, 1® gouverneur
M. Feillet s’était beaucoup intéressé à la
culture du café ; un certain nombre de Fran
çais avaient suivi ses conseils, mais les résul
tats n’ont pas répondu à l’attente de ce gouver
neur et de ces colons.
Seulement, il y a un pays dont la production
domine tous les autres, c’est le Brésil.
Le Brésil a une terre tout à fait spéciale,
une terre rouge qui convient parfaitement au
café, et c’est surtout dans l’Etat de Sao Paolo
que la production a pris un essor très considé
rable ; elle a crû au Brésil plus que dans tout
autre pays producteur, et, en somme la maîtri
se du marché appartient au Brésil. Voici le
chiffre de la production du Brésil.
Dès 1885-1886, la production était au Brésil
de 5-800-000 sacs contre 5.200.000 sacs récoltés
dans l’ensemble des autres pays ; mais bientôt
la production brésilienne montait à 11.200.000
sacs, tandis qu’à l’extérieur, c’est-à-dire dans
les autres pays producteurs, elle n’atteignait
que 4.800.000 sacs. Après quelques baisses, la
production brésilienne arrivait en 1906 à
20.200.000 sacs ; elle était donc à peu près le
double de ce qu’elle était une vingtaine d’an
nées auparavant.
C’est très bien de beaucoup produire, mais
encore faut-il que la consommation progresse
parallèlement. Or, il n ’en fut pas ainsi.
Jusqu’à environ 1895, la production et la
consommation s’étaient à peu près équilibrées :
1a, récolte mondiale en 1895 avait été de
10.900.000 sacs et la consommation de 10.000.000
et le stock visible était de 1.100.000 sacs. Mais,
dès l’année suivante le déséquilibre commence
et alors que la production atteint 17 millions
de sacs, la consommation n’arrive qu’à 11 mil
lions. Les stocks s’accumulent, et en 1907, ils
atteignent 17 millions. Le coût des 50 kilogram
mes, qui était de 87 francs en 1895, tombe à 58
francs en 1896, à 38 francs l’année suivante,
et continue jusqu’en 1904 à se tenir au-dessous
de 40 francs. C’étaient évidemment des prix de
famine car les producteurs brésiliens estiment
leur prix de revient à 60 francs environ pour le
sac de 60 kilos.
Si la panique n’a pas pris tout de suite au
Brésil cela est dû à ce que l’effet de la chute
des prix avait été masqué par les mouvements
du change.
Vous savez que le Brésil est, au point de vue
du change, le pays le plus maltraité. C’est un
pays à finances avariées, et vous allez voir la
répercussion de ces mouvements du change sur
la situation économique.
L’inflation monétaire a eu les effets suivants.
En 1889, le milreis était à peu près au pair,
(cours moyen en 1888-89, 26 d. 7/16), mais dès
le lendemain de la chute de l’Empire, les émis
sions commencèrent d’une façon désordonnée
et le change tomba à 7 pences. Cette chute du
change n’eut pas tout d’abord grande influen
ce sur les prix du café, cotés en reis, qui haus
sèrent extrêmement vite, mais à partir de 1897,
ils baissèrent sensiblement ; cependant, ils
restèrent jusqu’en 1899 et 1900 au-dessus de 7
mille reis, cours, qui n’était pas désastreux.
La dépréciation du change a produit ici ses
effets ordinaires, elle a eu pour conséquence
�17
immédiate un» hausse du café dont le marché
est au dehors. La répercussion de la moindre
valeur en or du papier monnaie ne se faisait
que très peu sentir sur la vie des indigènes.
Peu à peu cependant cet effet se fit sentir et
au-dessous de 5.000 reis. le prix du café fut, en
1904, insuffisant pour faire vivre les planteurs.
A la dépréciation de la monnaie avait coïncidé
une surproduction qui amena une chute des
cours d’autant plus fâcheuse que la cherté de
la vie avait accru les frais de la culture.
Il a été beaucoup écrit sur cette crise du café
au Brésil, et nous avons eu au Brésil même un
représentant, M. d’Anthouard, ministre de
France, qui a consacré au Brésil un livre inté
ressant dans lequel il n’a pas manqué de par
ler de cette crise du café, qui a été, pour ce
pays, une question de vie ou de mort.
M. d’Anthouard a indiqué qu’une autre cause
était venue se joindre à la baisse du change
pour pousser les Brésiliens à trop étendre leurs
plantations de café.
A la suite de la suppression de l’esclavage,
quelques grands planteurs eurent à s’assurer
de la nouvelle main-d’œuvre, soit de la maind’œuvre libre, et, pour réduire leurs débours,
ils imaginèrent un système qui consistait à
payer le travail partie en argent, et partie en
céréales et légumes que l’on cultivait entre les
plants de café, un peu comme en France, où,
dans certains vignobles, on cultive des asper
ges entre les ceps de vigneL’ouvrier ne demandait pas mieux : il se
nourrissait, et il vendait le surplus de sa pro
duction. Tous venaient s’engager sur les nou
velles plantations, et, même pour rien, ils se
chargeaient de créer de nouvelles plantations
de café. Le planteur y trouvait.son bénéfice, il
augmentait ses plantations, ce qu’il était
contraint d’ailleurs de faire à cause de
l’appauvrissement de sa terre par les cultures
intercalaires.
Devant cette surproduction du café, et de
vant cet effondrement des cours on se dit qu’il
fallait absolument chercher à réagir, et le
gouvernement de Sao Paulo, qui est le plus
grand producteur de café du Brésil (vous savez
que les divers Etats du Brésil ont une vie indé
pendante les uns des autres) a cherché à remé
dier à la baisse du café. Il s’entendit avec les
autres Etats producteurs, celui de Minas Geraes et celui de Rio de Janeiro, et fit avec eux
la convention de Taubaté en 1906. Seulement,
on devait faire un emprunt de 15 millions de
livres pour acheter les cafés qui étaient en sur
production et les mettre en réserve, car on se
disait qu’il n’y avait pas plusieurs années de
surproduction, cpie l’on aurait vraisemnlabie.
ment de mauvaises récoltes en 1907 et 1908, et
que l’on pourrait rétablir un niveau normal
dans les cours.
Les trois états de Sao Paulo, Minas Géraes et
Rio de Janeiro s’obligeaient à créer une sur
taxe de trois francs par sac de café exporté
de chacun de ces Etats et aussi à maintenir les
lois qui y combattent l’augmentation des su
perficies plantées en café, pendant deux ans,
au bout desquers la convention pourrait être
prolongée.
Art. 7. — Le produit de la surtaxe payée à
l’exportation sera perçu par l’Union et destiné
au paiement de l’intérêt et de l’amortissement
des capitaux nécessaires aux opérations.
Art. 8. — Pour l’exécution de cette conven
tion, l’Etat de Saint-Paul reste dès maintenant
autorisé à provoquer à l’intérieur ou à l’exté
rieur, avec la garantie de la surtaxe de 3 francs
et la responsabilité solidaire des trois Etats,
les opérations de crédit nécessaires jusqu’au
capital de 15 millions, de livres. Au cas où se
rait nécessaire l’endos ou la garantie de
l'Union pour ces opérations de crédit on obser
vera les dispositions de la loi fédérale du 30
décembre 1905.
C'est là que fut le point faible. L’Union refu
sa d’accorder sa garantie aux emprunts des
Etats brésiliens, et la convention tomba. L’Etat
de Sao Paulo fut seul, alors, à assumer les ris
ques de l’entreprise. Au lieu d’un emprunt de
15 millions de livres sterling indiqué par la
convention, l’Etat de Sao Paulo ne disposa que
de 3 millions de livres qui lui furent prêtés par
la maison Schrœder de Londres et la City
Bank de New-York. Pour étendre les achats
l’Etat s’entendit sur les marchés étrangers
avec des commerçants qui lui avancèrent jus
qu’à 80 % du prix des cafés achetés, à condi
tion que le café fût déposé dans leurs entrepôts.
Sao Paulo a payé pour chaque sac un cinquiè
me de son prix et le café a été engagé pour les
quatre cinquièmes de sa valeur. Quant à l'em
prunt de 3 millions de livres il fut garanti par
la surtaxe de 3 francs par sac, perçue à l’expor
tation. Les achats furent tels qu’en juin 1907,
l’Etat de Sao Paulo se trouvait propriétaire
d’environ 8 millions de sacs de 50 kilogrammes
et les cafés lui revenaient en moyenne à
42 fr. 50 c. les 50 kilogrammes ; c’est-à-dire que
cet Etat eut un moment sur les bras des cafés
pour une somme totale de plus de 400 millions
de francs. Pour soutenir cette opération qui
avait entraîné et entraînait de gros frais, l’Etat
de Sao Paulo revint vers le Gouvernement fé
déral et cette fois obtint sa garantie pour un
emprunt de 15 millions de livres sterling gagé
par les 7 millions environ de sacs de café entre
posés dans différents ports, 7 millions restant
sur les 8 millions achetés. Cet emprunt a été
fait pour une période de dix ans, pendant les
quels les cafés donnés en gage doivent être ven
dus graduellement.
Voici où nous en sommes aujourd’hui de
cette opération, qui a été considérable.
Chaque année, au mois de janvier, le Comité
de liquidation de la valorisation se réunit à
Londres. La dernière réunion a eu lieu dans
les derniers jours de janvier, et, des comptes
publiés il ressort que le Comité a vendu main
tenant tous les sacs déposés aux Etats-Unis,
soit 931.000 sacs, qui ont été répartis entre les
acheteurs du pays. Le trust a été dissous, ce
qui a permis de faire tomber les accusations
portées contre lui. Il y a, vous le savez, aux
Etats-Unis, un état d’esprit qu’on avait fait
partager au Président Taft, de sorte que plu
sieurs trusts ont été mis en demeure de changer
leur organisation. A un moment, on avait par
lé de sévir contre ce qu’on prétendait être le
trust du café, l’agent du Comité de valorisation
des cafés fut inquiété et il a été forcé de
liquider.
Au commencement de 1912, le Comité indi
quait qu’il restait encore en possession de
4.401.468 sacs déposés au Havre, New-York, An
vers, Rotterdam, Marseille, Trieste, et vous
�18
voyez comment on a été ohligé de répartir cette
grande quantité.
Les trois premières places, le Havre, NewYork et Anvers détenaient une énorme quanti
té, mais les Etats-Unis étaient dégrevés de
400.000 sacs en janvier 1912.
Le Comité possédera encore au mois de juil
let prochain 3.170-000 sacs, et, par une chance
extraordinaire, l'opération de valorisation a
en somme réussi parce que les récoltes n'ont
pas été considérables. Vous savez l’histoire de
ces commerçants qui disaient avec satisfac
tion : « Enfin, nous avons fait faillite ». Eh
bien, on a pu dire avec plaisir au Brésil : « En
fin, nous avons fait une mauvaise récolte » et
le succès de cette valorisation a été le fait du
hasard. Rien dans son plan ne pouvait la pré
server d’un échec. Sa réussite fut un fait indé
pendant de la volonté des hommes.
On s’est rendu compte au Brésil qu’on avait
bénéficié d’un hasard heureux, car certaines
personnes ayant eu l’idée de faire pour le
caoutchouc ce qui avait été fait pour le café
on y a renoncé. Le caoutchouc de plantation
qui est produit à des prix moins élevé que le
caoutchouc brésilien qu’on est obligé d’aller
chercher loin dans les forêts, et qui est recueilli
de façon onéreuse, fait à ce dernier une concur
rence de plus en plus vive.
On a voulu faire pour le caoutchouc une
expérience de valorisation mais le bon sens
a repris le dessus, on est devenu plus sage, on
a compris qu’on avait frôlé un grand danger
dans l’essai de valorisation du café, et on est
revenu à de meilleurs procédés. On recomman
de d’apporter des améliorations dans la prépa
ration du caoutchouc, tandis que pour le café
on s’était borné à mettre un impôt prohibitif
sur les plantations en 1902, et comme le café
met 5 à 6 ans pour produire, la loi n’avait
point d’effet en 1906. On avait ainsi cherché à
restreindre la production, mais on n’y avait
pas réussi, et c’est pour cela qu’on a fait l’essai
de valorisation qui s’est bien terminé, mais
qu’au point de vue économique il ne faudrait
pas recommander pour d’autres produits.
Mais, j’allais oublier un souvenir personnel
que j’ai sur la valorisation du café. Il m’a été
donné d’entendre, l’an dernier, M. Siekel,
agent du Comité de valorisation à New-York,
celui-là même qui a eu des démêlés avec le
gouvernement des Etats-Unis, et M. Da Silva,
délégué du gouvernement de San Paulo, et ces
deux messieurs, parlant à la Société d’Economie Politique de Paris après une communica
tion de M. d’Anthouard, se sont fait naturel
lement les défenseurs de la valorisation, mais
ils l’ont justifiée par des raisons d’opportunité
et de politique pure, et M. Da Silva a dit qu’il
s’agissait de trouver un moyen de ne pas mou
rir. Il a dit qu’il s’agissait d’éviter une révolu
tion dans l’Etat de Sao Paulo et qu’on a eu
ainsi recours à un essai désespéré. Le gouver
nement de l’Etat a été récompensé de son
énergie, et, au point de vue politique, la
sécurité est revenue avec la prospérité, mais
cela ne rend pas recommandable le procédé
pauliste ; ce n’est pas un remède, c’est un ex
pédient des plus aléatoiresEn France, la consommation du café est très
populaire, et reprenant les termes de compa
raison que nous avons employés pour les au
tres produits, nous voyons que la consomma
tion qui était, par 100 habitants, de 25 kilos
en 1831, est passée à 282 k. 800 en 1909. C’est là
un progrès considérable dû, non pas, cette
fois, à une exposition, mais à une mesure
gouvernementale, et cette mesure gouverne
mentale est intervenue en 1857. C’est à cette
époque que le Gouvernement Impérial décida
que le café serait une boisson dans l’armée, et
alors on a ainsi créé chez tous les hommes qui
passaient par l’armée un besoin, et, rentrés
chez eux, ils ont continué à boire du café ce
qui a décroché le mouvement de faveur dont
jouit le café en France.
Cette intervention on peut la blâmer parce
qu’au point de vue de la sagesse, on ne doit
pas créer de besoins nouveaux dans le peuple ;
mais c’est ainsi qu’on est arrivé à provoquer
une grande consommation du café ; elle s’est
élevée de 52 kilos par 100 habitants en 1851 à
100 kilos en 1861, c’est le progrès le plus fort en
registré en 10 ans. Il n’a pas agi de même et
avec le même succès pour le tabac.
Messieurs, nos colonies concourent à donner
un peu de café à la métropole, mais leur part
n’est pas très considérable, et d’ailleurs, M.
Bohn vous a dit ce qu’on pouvait espérer.
*
* *
Il y a, en ce moment, des propositions pour
favoriser l’extension de la consommation des
produits coloniaux en France, et cela se ratta
che à notre sujet.
Une proposition de loi a été déposée par M.
Damour, elle est assez intéressante car elle a
pour but de diminuer les droits sur le café
à son entrée en France. M. Damour remarque
que le droit qui était de 156 francs jusqu’en
1900, fut réduit à cette époque à 136 francs,
mais que le Trésor n ’y a rien perdu parce
que la consommation a augmenté, et il dit que
la consommation du café est en raison inverse
de l’importance des droits dont il est frappé à
l’entrée des pays. C’est ainsi que la consomma
tion du café est moins considérable en France
qu’en plusieurs autres pays parce que le droit
y est plus élevé que dans ces pays. Le droit
est très élevé en Espagne et en Italie, mais il
l’est très peu en Angleterre, en Belgique, et en
Hollande.
A partir de 1900, où le droit est tombé de 156
à 136 francs, la consommation du café a aug
menté, et il en est ainsi presque toujours. Dans
la région de la Haute Savoie où existe une zone
favorisée, il s’en consomme trois fois plus que
dans les autres départements.
La Chambre de Commerce de Marseille a été
consultée par M. Damour et elle lui a répondu
que non seulement elle était absolument de
son avis, mais qu’elle lui conseillait d’ajouter
au café le cacao,et je crois — ce n’est pas parce
que M. Artaud est là que je le dis — je crois
qu’elle a eu tout à fait raison- Si le café subit
une taxe de 136 francs par 100 kilos, celle du
cacao est de 104 francs et elle inflige aux fabri
cants de chocolat des pertes énormes en raison
des déchets de poids par évaporation, fcrage,
décortiquage, etc., pertes qu’on ne peut atté
nuer qu’en utilisant jusqu’aux" fèves avariées,
c’est-à-dire au détriment de la qualité du cho
colat.
La conséquence d’un pareil état de choses
est que nous sommes inondés de chocolat suis
se, car le cacao n’est passible chez nos voisins
�19
que d'un droit insignifiant de 1 franc par 100
kilos. Aussi l’exportation des chocolats suisses
est-elle plus de dix fois supérieure à celle des
chocolats français.
La prospérité des fabriques de chocolat en
Suisse est telle que c’est une industrie très
prospère du pays, comme celle du lait concen
tré. Je me rappelle qu’un avocat qui avait plai
dé une fois pour une société de lait concentré
pas très riche avait reçu, en paiement de ses
honoraires, deux actions de cette fabrique ; et
aujourd’hui, ces deux actions représentent une
petite fortune.
Je n ’ai plus à insister, car on vous l'a dit
tout à l’heure, le cacao est un aliment sain et
hygiénique, éminemment propre à réparer les
forces des travailleurs, et il me paraîtrait sage
de le comprendre dans une réduction doua
nière.
Je crois, messieurs, que c’est à une réduc
tion douanière qu’il faudrait s’attacher. Je
n’attaque pas ici la question de la détaxe des
produits coloniaux, mais je crois que tous ces
produits dont nous devons encourager la pro
duction, ne devraient pas être gênés à leur en
trée en France, et ce serait commencer par le
commencement que de diminuer de façon géné
rale les droits qui les frappent.
Vous n’ignorez pas que, ces temps derniers,
un vent de libre-échange souffle aux EtatsUnis. Le projet de réforme douanière améri
cain ne donne peut-être pas satisfaction à tout
le monde, mais c’est un fait considérable que
les Etats-Unis, qui étaient autrefois protec
tionnistes outranciers, ne veulent plus mainte
nant taxer les matières premières et les matiè
res d’alimentation.
Les démocrates pour s’emparer du pouvoir
se sont montrés des politiciens habiles ; ils ont
très bien senti que le problème de la vie chère
‘ it le plus cuisant de l’heure actuelle et qu’il
fallait pour essayer d’y remédier abaisser les
tarifs de douane. Peut-être que le vent qui
souffle de l’autre côté de l’Atlantique viendra
jusqu’à nous, mais vous savez que le vieux
continent est moins enclin à réparer ses erreurs
que le nouveau.
II y a eu, en Amérique, un fait très signifi
catif à ce sujet.
Il y a deux à trois ans, l’Etat de New-York
avait voté une loi sur les successions qui dé
passait encore ce que nous connaissons en
France où les droits sont cependant très élevés,
mais après un an de l’application de cette loi,
l’Etat de New-York a fait complètement machi
ne en arrière parce qu’il a vu qu’il avait fait
erreur.
Ces questions économiques sont très com
plexes et on ne sait pas toujours quelle sera
la conséquence précise des solutions qu’on pré
conise, mais celle de M. Damour complétée par
le vœu de la Chambre de Commerce de Mar
seille me paraît susceptible d’avoir des consé
quences favorables.
Il ne faut pas oublier non plus que lorsqu'un
produit est à un prix très élevé, il joue une
loi qu’on est enclin à négliger et qui est la loi
de la substitution et pour le café, notamment,
vous avez trois ou quatre produits qui peuvent
le remplacer quand on le juge trop cher.
Donc ce n'est qu’en diminuant les droits
qu’on pourra supprimer ou diminuer l’impor
tance de ces substitutions, le Trésor y gagnera
et cela contribuera à faciliter l’essor des pro
duits coloniaux plus qu’une mesure spéciale.
Je vous ai parlé tout à l’heure des magasins
de thé qui se sont ouverts si nombreux à Paris
depuis l’Exposition de 1900 et nous avons aper
çu que le thé et aussi le café et le cacao, car on
sert autant sinon plus de ces deux derniers
produits dans ces magasins si fort à la mode
d’aujourd’hui, évoquaient les moments les
plus agréables de l’existence : l’heure des visi
tes où la maîtresse de maison offre à ses hôtes
la tasse de thé ou de chocolat ; l’heure du café
où en face de leurs tasses fumantes les mes
sieurs fument un bon cigare et se livrent à des
conversations oiseuses.
Or, moi, par une malechance extraordinaire,
j’ai été obligé de vous parler de ces trois pro
duits de la façon la plus austère, la plus labo
rieuse ; aussi je vous remercie d’autant plus
vivement de l’attention que vous avqz bien vou
lu m’accorder. (Applaudissements).
RAPPORT DU JURY
Cafés
Rapport de M. Magnier, de la maison Magnier
et Boneta, Président du Syndicat des Négo
ciants en café de Marseille.
L’Institut Colonial de Marseille a eu la très
heureuse initiative de nous convier cette année
à une exposition de café, cacao, thé et vanille.
Nous avons eu personnellement à nous occuper
des cafés coloniaux exposés et nous devons à la
vérité de dire que nous avons été vivement inté
ressés à divers titres par les produits soumis
à notre appréciation.
Les membres du jury de la section des cafés
se sont réunis plusieurs fois. Si nous avons
quelque peu tardé à produire notre rapport dé
finitif, c’est qu’il importait de donner des avis
sérieusement motivés. Nous nous sommes tout
d’abord occupés de l'aspect de la fève et de son
apparence par rapport aux cafés des provenan
ces étrangères, des progrès faits par les plan
teurs dans l’amélioration de leurs produits
depuis quelques années, enfin et surtout du
proût. Il demeure évident que si nos colonies ne
produisaient que des cafés séduisants à l’œil,
ils concurrenceraient mal les provenances
étrangères. La consommation, en effet, recher
che plus l’arôme que la beauté de la fève et
c’est le goût du consommateur qui fait loi. Nous
devons tout de suite indiquer que la plupart des
cafés soumis à nos appréciations ont été consi
dérés comme trop faibles et quelques-uns ont
été jugés comme puants. A ce sujet, il nous
paraît important de signaler tout de suite que
le café dit « Libéria » est trop rarement franc
de goût et que de ce fait, il mécontente le con
sommateur. La fève est d’apparence grossière et
peu plaisante à l’œil. Nous nous empressons de
recommander aux planteurs des diverses colo
nies qui cultivent le « Libéria » de renoncer,
autant que possible, à cette sorte peu suscepti
ble de s’améliorer.
Les colonies représentées à l’Exposition de
l’Institut Colonial sont : la Côte d’ivoire,
l’Afrique Equatoriale, la Martinique, la Guade
loupe. la Réunion, la Nouvelle-Calédonie, Ma
dagascar et l’Indochine.
i
�20
Côte d'ivoire. — Le poste de Grabo (Bas Cavally) et M. Neker, Société Agricole de M’Bato,
nous ont présenté deux échantillons de Libéria,
oui sont très caractérisés au point de vue de
la fève et du goût.
Afrique Equatoriale. — M. A. Bourdillon nous
a présenté un échantillon de café Congo, tel
cru’il est importé à la Martinique. Ce café se
rapproche comme aspect général du caié « Ara
bica » du Tonkin. Il est cependant plus brisé,
de triage insuffisant et de goût faible.
Le Sultan Hetmann Rafaï nous a adressé des
calés de l’Oubangui-Chari-Tchad. Ce café, qui
pousse à l’état sauvage, est d’un goût trop spé
cial pour qu’on puisse songer à le livrer à la
consommation.
La Mission Catholique Sainte-Anne est repré
sentée par deux échantillons : l’un est de la
sorte « Libéria », café foncé, très gros de fève et
peu plaisant au goût ; l’autre est un café roulé,
très brun d’aspect, n’offrant en somme pas
grand intérêt pour le moment. Il se peut que la
Colonie arrive à un résultat plus satisfaisant
en donnant tous ses soins au traitement du
café après la cueillette. Un dépulpage à la ma
chine donnerait, sans doute, un bon résultat,
Martinique. — M. Castelli, sous-inspecteur de
l’Agriculture à Fort-de-France, a exposé trois
échantillons de valeurs diverses. Nous ne sau
rions assez faire l’éloge de son café « Pays »,
dont l’aspect et le goût sont supérieurs. Ce sont
des cafés malheureusement très rares, qui ne
peuvent être mis en comparaison avec les
« Libéria » et les « Robusta » également adres
sés par M. Castelli, lesquels sont cependant su
périeurs aux « Libéria » et « Robusta » des au
tres provenances.
Guadeloupe. — Est-il nécessaire de vanter ici
les qualités toutes spéciales du calé de cette
provenance ? L’aspect et le goût sont si remar
quables que cette provenance a une renommée
considérable et justifiée.
Les échantillons soumis par M. Guilhemborde, domaine Gros-Morne ; par M. A. Bourdil
lon, de Marseille ; par M. T. Hugonin, BasseTerre ; par M. E. Clayssen, Gourbeyre, sont
vraiment très beaux et nous ne pouvons que
féliciter et encourager ceux, qui par des soins
incessants, ont su faire de leurs plantations de
véritables « grands crus ».
Réunion. — M. G. Roussel, de Saint-Pierre,
nous a présenté des « Bourbons ronds » et des
« Bourbons pointus ». Le premier échantillon
est très vert, très régulier, très nerveux et
excellent. Le second est d’aspect spécial. Ce café
pointu jouit des mêmes qualités que le « Bour
bon rond ».
Nouvelle-Calédonie et Nouvelles-Hébrides. —
Une maison de Marseille a exposé des échan
tillons de café provenant de livraisons faites
par ces Colonies. Le café gragé et nature est
d’un aspect remarquable qui témoigne du souci
qu’ont eu les planteurs d’améliorer sans cesse
leurs produits. Il n’est pas douteux que, surtout
depuis quelques années, la Nouvelle-Calédonie
ait offert à la consommation des cafés remar
quables et toujours en progrès. Le grageage en
particulier est parfaitement réussi.
Il est à déplorer que ces deux Colonies se
voient envahies par « l’Hémileia Vastatrix »,
qui est une maladie d’origine cryptogamique
due aux champignons microscropiques appar
tenant au groupe des urédinies comme ceux qui
produisent la rouille de nos céréales. Le déve
loppement de l’Hémileia Vastatrix se produit
surtout pendant les mois chauds de la saison
des pluies. L’Hémileia s’attaque aux caféiers à
tous les âges et se propage avec une rapidité
foudroyante.
Divers procédés ont été employés pour ralen
tir le fléau ; on espère même avoir sauvé une
partie des plantations par l’application des re
mèdes destinés à tuer le champignon au mo
ment le plus propice. Le meilleur remède sem
ble être le sulfate de cuivre.
Il est certain que les planteurs les plus éprou
vés ont songé à remplacer les arbres détruits
par des nouvelles espèces de caféiei’s, résistant
naturellement aux atteintes de l’Hémileia
Vastatrix.
Le « Coffea Robusta » semble le plus désigné
pour jouer ce rôle de remplaçant, Il est prouvé,
comme son nom l’indique, que cette sorte est
très résistante aux atteintes des divers fléaux.
De plus, la production est rapide et dans le
temps le plus réduit le caféier dit « Robusta »
donne des résultats très considérables. Mais il
s’agit de savoir si la quantité rapidement pro
duite compensera l’excellence de la précédente
sorte et nous nous demandons s’il ne serait pas
aussi sage d’essayer de maintenir en NouvelleCalédonie une espèce de caféier qui a donné des
résultats si tangibles. Il ne semble pas que le
planteur soit de notre avis et il est probable que
le Robusta sera planté en grand dans la colo
nie. Souhaitons que les planteurs s’attachent,
par des soins expérimentés et incessants, à
améliorer cette sorte et à lui donner un peu de
cette nervosité qui lui fait défaut.
Madagascar. — La direction de l’Agriculture
nous a adressé quatre échantillons de « Canephora ; M. Ch. Poumaroux, d’Antsasaka, Vatomandry, des cafés « Libéria », des pulpes de
café Libéria et enfin des pulpes de café « Libé
ria » torréfiées et moulues ; M. E. Bérard, pro
priété de l’Ivolina, Tamatave, des cafés « Libé
ria )) et des cafés « Congo » ; M. A. Borgeaud,
propriété Constantine à Tamatave, des cafés
« Libéria » ; M. Victor Rouvier, Nossi-Bé, des
cafés « Libéria ». Nous tenons à signaler tout
particulièrement l’excellente présentation des
cafés « Congo » de M. Bérard. Ces cafés ont été
remarquablement préparés et nous souhaitons
que toutes les variations de Canephora offrent
le même aspect. Il est regrettable d’avoir cepen
dant à signaler que le goût de ces cafés est très
insuffisant.
Indochine. — Nous avons été très intéressés
par les envois de cette colonie. MM. Perrin
frères, de Villeroy, Pivet et Reynaud, nous ont
adressé des cafés intéressants à divers titres.
Les cafés de MM. Perrin frères sont d’un aspect
très régulier, trop régulier même, car ils ont été
traités à la machine, ce qui leur a fait perdre
du type. Nous oréférons de beaucoup le mode
de séchage de MM. Pivet et de Villeroy, qui per
met à la fève de conserver sa pellicule. Ces
cafés ont été dégustés et jugés généralement
faibles, mais suffisants. Etant donné le progrès
fait par ces planteurs depuis quelques années,
il ne semble pas douteux qu’ils soient à la veille
d’atteindre la perfection.
�21
Cacao Guadeloupe
Pendant le cours de notre minutieuse inspec
tion nous avons remarqué que ces cafés de
Collection P. Guilhemborde
l’Indochine, comme ceux d’ailleurs des Nouvel
Domaine du Gros-Morne (Guadeloupe)
les-Hébrides, sont tachés de points noirs dont
Fèves
très saines, régulières, de type bien dé
l’origine nous est actuellement inconnue. L’Ins
titut Colonial de Marseille a entrepris une terminé, très bien fermentées, maturité parfai
étude approfondie de ces taches et des échantil te, chair brune à saveur un peu acide mais vi
lons ont été soumis à MM. Jumelle et Raybaud, nassée. En somme, excellent produit.
ses distingués collaborateurs scientifiques.
Collection E. Clayssen et Goubeyre
Lorsque nous connaîtrons la nature exacte
(Guadeloupe)
du mal, nous pouvons espérer, avec l’aide des
Type particulier à fève plutôt arrondie, de
principaux intéressés, c’est-à-dire des plan
grosseur moyenne et en pellicule assez fine,
teurs, trouver le remède le plus efficace.
Pour terminer, nous ne pouvons que nous gris foncé, se rapprochant du type San-Thomé,
réjouir de la belle Exposition que vient de faire chair brun foncé ; très bien préparé, ce qui in
l’Institut Colonial de Marseille. Il est à sou dique une bonne fermentation ; maturité par
haiter que de pareilles manifestations aient faite.
lieu aussi fréquemment que possible et cela
Cacaos de Madagascar
dans l’intérêt des planteurs dont les sacrifices
Collection de M. Rouvier,
ont été grands jusqu’à ce jour. Les résultats
planteur à Nossi-Bé
atteints sont déjà très tangibles. Il n’est plus
Petit grain arrondi type Réunion, très sain,
douteux que, d’ici quelques années, la produc
tion de nos Colonies sera triplée et que le café, bien préparé, pellicule fine, chair rouge clair,
plus savamment travaillé, acquerra des quali d’un goût franc ; maturité un peu faible.
tés qu’il n'a pas encore. Nous jugerons en 1916,
Collection du Gouvernement de Madagascar
lors de notre prochaine grande Exposition Co
1° Cabosses jaunes (type Amarillo). Très
loniale, des résultats acquis. Nous ne doutons beau
cacao bien préparé, excellente maturité,
pas qu’ils soient considérables.
chair rouge brun assez grasse, saveur peu amè
re et agréable ; très bonne qualité pouvant être
Cacaos
employée pour les chocolats supérieurs ou au
lait.
Rapport1 de M. Mouren, de la maison « Les
2° Cabosses rouges (type Colorado ) dit pays.
Fils Mouren et Cie », fabricant de chocolats Fève bien typée, arrondie, à pellicule légère
jaunâtre, très bien préparé, maturité parfaite,
à Marseille.
chair rouge clair, genre Ceylan, d’un goût
Messieurs,
agréable. Qualité recherchée par la chocolate
L’initiative prise par l’Institut Colonial de rie pour les couvertures.
réserver une partie de sa cinquième exposition
Collection de M. Albert Borgeaud
aux cacaos a été des plus heureuses ; il y a lieu
à Tamatave
de l’en féliciter en raison de la difficulté à
1° Plants provenant des Antilles, donnant
grouper des variétés de cette précieuse graine
et pour l’importance toujours plus grande que néanmoins un type bien déterminé de Ceylan ;
tend à prendre cette denrée dans la consom bonne préparation, casse et maturité excellen
mation mondiale et en France particulière tes ; pellicule fine, chair rouge carmen, saveur
ment.
un peu fade mais franche.
L’ensemble de cette Exposition est très bien
2° Cacao indigène dit : Criollo.'Fève assez ré
réussi en tant que variétés de produits exposés, gulière, bien préparé, assez mûr, pellicule
groupant même des cacaos de toutes prove moyenne, chair brune, peut convenir pour cho
nances étrangères, que nous ne considérons colat de bonne qualité courante.
qu’au point de vue documentaire. Toutefois,
Collection Charles Poumaroux.
si nous avions un regret à formuler, ce serait
Plantation
d’Antsasaka, province de Vatod’avoir constaté un nombre plutôt restreint de
produits provenant de certaines de nos colo mandry. Plants provenant de Caracas, donnant
nies. Néanmoins la qualité suppléant à la une fève nourrie et arrondie à pellicule fine et
quantité, nous avons pu nous rendre compte ridée, chair rouge clair, très bien préparé,
qu’un effort très appréciable a été accompli ces d’une maturité parfaite, saveur peu amère et
dernières années dans nos colonies au point agréable. Très bon cacao pour couvertures.
de vue de la préparation et des soins apportés
Cacaos du Gabon
à la culture du cacao, ce qui nous permet d’in
Collection
diquer et d’affirmer, qu’en raison de la
envoyée
par
la Mission catholique
consommation toujours plus élevée des choco
de Fernan Vaz
lats, la culture du cacao devrait être encoura
gée au premier chef car elle deviendrait alors
Cacao petite fève, pellicule moyenne, bonne
un élément de richesse et de prospérité pour fermentation, maturité parfaite et régulière ;
chair brune, légèrement rougeâtre ; saveur
nos colonies et nos planteurs.
âpre assez prononcée. Bonne qualité cou
Cacaos des Antilles
rante.
Cacao Martinique
Cacaos de la Côte d'ivoire
Collection envoyée par M. Castelli (Martinique)
Collection
Cacao très bien préparé, d’une maturité
envoyée par la Compagnie Française
excellente, à chair légèrement violacée ; saveur
de l'Afrique Occidentale
vinassée. Très joli cacao qui trouvera un place
Cacao du Grand Lahou. Type Accra, bien dément très facile et rémunérateur,
�22
terminé, fèves très belles, plates, pellicule lisse,
couleur canelle claire et légère, chair brune,
bon goût, légèrement vinassée. L’importation
de ces cacaos, qui valent ceux de la Côte d’Or
(Gold Coast), devrait être fortement encoura
gée.
Collection envoyée par M. l’Administrateur
du Cercle de Lahou
Plantation indigène,plants provenant de SanThomé, joli fève saine, pellicule moyenne, ma
turité imparfaite, chair brune violacée, sa
veur âpre.
Collection
envoyée par MM. Morgand et Dougan
planteurs à Tiassalé.
Plants en provenance de San-Thomé. Grains
moyens, assez bien typés, genre Accra, matu
rité insuffisante, préparation élémentaire,
chair brune, assez foncée, saveur un peu fade.
Collection reçue de M. Legourd,
planteur à Noe, cercle d'Assinie
Cacao Forastero (Etranger). Beau cacao, fè
ves régulières provenant de plants du Vénézuéla, mais à pellicule fine, bonne préparation,
bonne maturité, chair brune rougeâtre assez
grasse, saveur bon goût. Très bon cacao pour
chocolat de bonne qualité.
Collection envoyée par la Société Agricole
de M'Bato,
Plants en provenance de San-Thomé. Fève
arrondie, assez mûre, chair brune, saveur fade,
assez bonne qualité courante.
Collection envoyée par M. VAdministrateur
du Bas Cavally, poste de Tabou
Plants de provenance de San-Thomé. Petites
fèves probablement dégénérées ; mal fermen
tées, maturité médiocre, chair brun clair, pel
licule moyenne, qualité plutôt ordinaire.
Cacao des Nouvelles-Hébrides
Joli cacao provenant de la Réunion, fève ar
rondie, bien prénaré, maturité bonne, chair gé
néralement brun rouge assez grasse, pellicule
moyenne, doit donner un bon rendement à
l’emploi.
Il manque les cacaos de la Réunion très ap
préciés par leurs couleurs et leur1 coque lé
gère, et ceux de Cayenne, généralement de
qualités ordinaires mais qui pourraient être
améliorés s’ils étaient cultivés avec plus de
méthode.
De l’ensemble de cet examen, il résulte que
nos planteurs coloniaux possèdent les éléments
et les connaissances nécessaires pour fournir
des cacaos pouvant rivaliser avec la plupart
des produits étrangers ; les uns, ceux de Mada
gascar par exemple, pour la belle couleur rou
geâtre de leur chair ; les autres, ceux des Antil
les et de la Côte d’ivoire, par leur qualité qui
peut lutter avantageusement avec les ca
caos d'Amérique (Trinidad et Brésil). Et à ce
sujet., il y a lieu de faire remarquer l’intérêt
qu’il y a pour notre colonie de la Côte d’ivoire
à s’appliquer à produire cette denrée puisque
sa voisine, la Côte d’Or (Gold Coast, possession
anglaise), située à peu près sous la même lati
tude et qui ne produisait, il y a dix ans, qu’une
quantité insignifiante de cacao, a livré en 1911
plus de 40.000 tonnes de cacao, dépassant de
près de 10.000 tonnes la production de SanThomé (possession portugaise), réputée jus
qu’ici comme la plus abondante de la produc
tion africaine.
Un pareil résultat pourrait être obtenu aisé
ment dans cette partie de nos possessions de la
Côte Occidentale de l’Afrique, puisqu’il est
prouvé que c’est surtout la méthode de la pe
tite culture faite par les indigènes qui a permis
aux Anglais de la Côte d’Or ce résultat que
l’on peut qualifier de formidable.
La même observation peut s’adapter à notre
colonie de Madagascar sur la partie Nord et
sur la Côte orientale où la culture du cacao pré
sente des caractères parfaits de stabilité.
Il ressort donc nettement de cette exposition
que le cacaoyer peut être une source importan
te de revenus pour certaines de nos colonies
africaines et des Antilles, dont la valeur com
merciale des produits peut être comparée avec
avantages à certains cacaos de provenance
étrangère, sous réserve d’appliquer des mé
thodes de culture d'ordre technique et écono
mique qui semblent avoir fait défaut jusqu’ici.
C’est un effort à faire mais qui donnera certai
nement de merveilleux résultats pour peu que
des méthodes plus rationnelles de culture
soient introduites, et que l’Etat français se dé
cide à abaisser ou même à supprimer les droits
sur les cacaos coloniaux ou encore à encoura
ger les fabricants de chocolats français, par un
système de primes, à n’employer de préférence
que des cacaos coloniaux.
Thés
Rapport de M. P.-L. Digonnet, de la maison
« L. Digonnet et Cie », Marseille.
Messieurs,
En vertu des fonctions que vous avez bien
voulu me confier, j’ai l’honneur de vous sou
mettre le rapport que j’ai dressé sur les thés
de l’Indochine (Annam et Tonkin), me basant,
dans mes appréciations, non seulement sur les
produits exposés que j’ai examinés et dégustés
avec soin, mais aussi sur les qualités des mar
chandises reçues en France depuis le début
jusqu’à ce jour.
L’arbre à thé n’était pas cultivé autrefois en
Indochine, il poussait à l’état sauvage et se
développait beaucoup trop ; les feuilles, gros
sières, donnaient une infusion sans saveur
agréable, néanmoins les indigènes les cueil
laient pour leur propre consommation et les
employaient sans leur faire subir d’autre pré
paration que le séchage. Actuellement du reste
les indigènes emploient toujours le thé brut.
Les premiers essais de culture de l'arbre à
thé et de préparation des feuilles à la chinoise
remontent à 1890, ils furent assez heureux et les
thés de l’Indochine firent leur apparition en
France en 1892, la production était alors insi
gnifiante et les envois se limitaient à quelques
centaines de kilogs. Mais les progrès furent
rapides et les exportations en France augmen
taient sensiblement chaque année.
On peut fixer approximativement, par pério
des de quatre années, les chiffres annuels
atteints, comme suit :
�23
En 1896 .................. 50.000 k. environ
1900 .................. 125.000 » »
1904 .................. 250.000 » »
1908 .................. 375.000 » »
1912 .................. 500.000 » »
Au début le feuillage était grossier et le goût
de l’infusion désagréable, mais grâce au régi
me de faveur dont jouissent les thés des colo
nies françaises à l’entrée en France, le prix de
revient (droits acquittés) étant sensiblement
inférieur à celui des thés ordinaires de la Chine
et des Indes, l’écoulement en fut facile. Le bas
prix seul fit donc tout d’abord le succès des
thés de l’Indochine.
Mais des améliorations appréciables étaient
réalisées d’une récolte à l’autre, surtout comme
aspect du feuillage, et actuellement les thés de
l’Indochine rivalisent avantageusement avec
les thés de qualité courante des autres prove
nances. Les feuilles sont bien roulées et l’âcreté du goût est très atténuée.
Les thés de l’Indochine et plus particulière
ment de l’Annam sont incontestablement les
plus riches en théine, ils en contiennent envi
ron 4 % alors que les thés de Ceylan et des
Indes n’arrivent qu’à 3 % et les thés de Chine
à 2 % environ. On doit par contre constater
avec regret qu’ils n’ont aucune finesse de goût
ni d’arome, ce qu’il faut attribuer à la nature
du sol et à l’influence du climat.
Dans ces conditions, il sera impossible d’at
teindre à la qualité des grands thés de Hankow
et de Darjeeling, ni même aux sortes fines de
Foochow, de Calcutta et de Colombo ; on peut
cependant espérer dans l’avenir de nouvelles
améliorations, de grands efforts sont faits dans
ce but.
L’Annam est favorisé dans la production
comme quantité, par contre le Tonkin marque
un avantage réel comme qualité, et les produits
exposés par MM. Chaffanjon, Lafeuille et Louis
Reynaud méritent une mention particulière.
La liqueur des thés du Tonkin se rapproche
de celle obtenue avec les thés du Sud de la
Chine, elle est plus ambrée et plus agréable
que celle des thés de l’Annam. Les moyens de
préparation sont cependant les mêmes et cette
constatation confirme l’opinion déjà émise sur
l’influence du climat et la nature du sol. On
doit en conclure que les efforts des producteurs
devraient se porter de préférence du côté du
Tonkin qui offre beaucoup plus de chances
d’amélioration de qualité que l’Annam.
Si l’on examine la situation du marché fran•ois, on voit que les importations de thés de
l’Indochine ont dépassé 500.000 kil. dans l’an
née écoulée, faisant un bond de près de 100.000
kilos sur l’année précédente ; mais le tout n’a
pu être absorbé par la consommation et il y a
encore des stocks importants dans les divers
entrepôts. Il faut donc prévoir une diminution
sensible dans les importations de la campagne
prochaine.
Les thés de l’Indochine entrent à peu près
pour le quart dans la consommation du thé en
France et cette proportion ne pourra augmen
ter que légèrement, petit à petit, les fervents du
« five o’clock tea » ayant une préférence mar
quée pour les thés de Chine et de Ceylan. Les
producteurs de l’Annam et du Tonkin de
vraient donc limiter leurs exportations en
France et chercher d’autres débouchés s’ils
veulent éviter une perturbation dans le marché.
Peut-être pourraient-ils utiliser une partie de
la production à la préparation des thés verts
(genre Foong-Mée et Sow-Mée) ; des essais
avaient été faits il y a quelques années par la
« Compagnie des Thés de l’Annam » — aujour
d’hui disparue. Ces essais avaient été satis
faisants et il est regrettable qu’ils n’aient pas
été continués.
La population arabe de l’Algérie, de la Tuni
sie et du. Maroc consomme de très grandes
quantités de thés verts Sow-Mée et Foong-Mée
et l’Indochine trouverait là un débouché
exceptionnel.
En résumé, je pense qu’il aurait intérêt pour
les producteurs :
Au Tonkin. — A développer la production et
à améliorer le plus possible la préparation du
thé noir.
En Annam. — A rechercher hors de France,
de nouveaux débouchés pour le thé noir, à
reprendre les essais de thé vert et à en activer
le plus possible la production.
Quoiqu’il en soit on peut dire que le chemin
parcouru depuis vingt ans est considérable, que
la situation actuelle est satisfaisante et que la
culture du thé contribue pour une large part
dans la prospérité de* notre belle colonie d’Ex
trême-Orient.
MM. Chaffanjon & Cle
1° Pekoe Tonkin extra, plutôt « Pekoe Sou
chong » comme type.
2° Pekoe Tonkinois. Répondrait plutôt à la
dénomination « Souchong petites feuil
les ».
3° Pekoe Supérieur. Plutôt « Souchong gros
ses feuilles ».
Ces trois types, bien préparés, ont une odeur
agréable et une coloration également. Les
dénominations sont inexactesAu goût, peu de différence entre eux, ce sont
des thés courants, ayant du corps
Ils sont bien préférables aux thés de l’Annam.
Il y a entre les trois une différence de valeur
à peu près négligeable, notamment dans le
mode de présentation.
M. L afeuille
N° 3 La meilleure apparence, genre « Pekoe
Souchong » petites feuilles.
N° 11 Souchong grosses feuilles.
N0" 10, 8, 9, 6, 4, Souchong, moyenne feuille.
Peu de différence entre eux comme goût. Lé
ger parfum agréable.
M. R eynaud
Belle apparence, grosses feuilles, moyennes
feuilles, petites feuilles.
Thé Bang, thé Mang (thés à bon marché, de
consommation locale). Thés curieux, mais au
cune vente possible.
LISTE DES RÉCOMPENSES
HORS CONCOURS
M. Henri Dufay (Président), des Comptoirs
Dufay, Gigandet et Cie.
Louis Imbert, Membre de la Chambre de
Commerce.
H. Jacquemet, Président honoraire du Syn
dicat des Négociants en cafés.
�24
DIPLOMES D’HONNEUR
Perrin Frères, Tuyen Quang (Tonkin).
Pivet, Dong-Trieu (Tonkin).
Reynaud (de Reynaud Blanc et Cie), Mar
seille.
MÉDAILLES D’OR
Chef de Poste de Grabo (Bas-Cavally).
M. Neker, Société Agricole de M’Bato.
Sultan Hetmann-Rafaï, Oubanghi Chari
Tchad.
Cacaos
Mission Catholique Sainte-Anne, FernanGRANDS PRIX
Vaz (Gabon).
Gh. Poumaroux, Antsasaka, Vatomandry.
Gouvernement général de Madagascar.
E. Bérard,propriété de l’Ivolina (Tamatave).
Gouvernement de la Côte d’ivoire.
M. Castelli, Sous-Inspecteur de l’Agricultu A. Borgeaud, Tamatave.
re à Fort-de-France (Martinique).
Thés
Edouard Clayssen, Gourbeyre (Guadeloupe).
P. Guilhemborde, propriété Saint-Léon à
GRANDS PRIX
Vieux-Habitants (Guadeloupe).
Chambre de Commerce de Hanoï.
Chaffanjon et Cie, Cat-Tru par Phu-Tho.
DIPLOMES D’HONNEUR
P.
Lafeuille, Hanoï.
Administrateur du Cercle de Lahou (Côte
d’ivoire).
MÉDAILLE D’OR
M. Neker, Société Agricole de M’Bato.
L.
Reynaud
(de Reynaud Blanc et Cie),
MM. Morgand et Dougan, Tiassalé.
Marseille.
M. A. Legourd, Assinie.
Mission Catholique de Sainte-Anne, Fernan
Vanille
Vaz (Gabon).
GRAND PRIX
A. Borgeaud, Tamatave.
Gouvernement général de Madagascar.
Gh. Poumaroux, Antsasaka, Tamatave.
Magnier, Président du Syndicat des Négo
ciants en cafés.
Piollet, Brûleries du Sud-Est à Grenoble.
Robert Roques, Chocolaterie du Prado.
A. Mouren, des Fils de Marius Mouren.
L. Digonnet, de P.-L. Digonnet et Cie.
Reynaud de Mazan.
Leleu, de A. Leleu et Cie.
Victor Rouvier, planteur à Nossi-Bé.
MEDAILLE D’OR
Chef de Poste de Tabou (Bas Cavally).
M. Hugonin, Basse-Terre (Guadeloupe).
Cafés
GRANDS PRIX
Gouvernement général de Madagascar.
M. Castelli, Sous-Inspecteur de l’Agriculture
à Fort-de-France (Martinique).
P. Guilhemborde, à Vieux-Habitants (Gua
deloupe).
M. Hugonin, Basse-Terre (Guadeloupe).
Edouard Clayssen, Gourbeyre (Guadeloupe)
G. Roussel, Saint-Pierre (Réunion).
MÉDAILLE D’OR
Hugonin, Basse-Terre (Guadeloupe).
S ucre et dérivés
GRANDS PRIX
Castelli, Sous-Inspecteur de l’Agriculture,
à Fort-de-France.
G. Roussel, Saint-Pierre (Réunion).
Société Adam de Villers, Saint-Pierre (Réu
nion).
Issautier Frères et Cie, Saint-Pierre (Réu
nion).
DIPLOME D’HONNEUR
Chambre de Commerce d’Hanoï.
�C A F E S
I
Les Cafés d'or-igiiie C ongolaise
Nous avons tout d’abord rencontré une
Parmi les questions que nous nous étions
proposés de résoudre en organisant cette assez forte prévention contre le Robusta
dernière Exposition, la plus importante chez tous les négociants que nous avons con
nous a paru devoir être celle de la détermi sultés ; ils lui reprochent d’être en général
nation de la valeur des nouveaux cafés d’o de qualité très inférieure comme goût et
rigine congolaise dont la culture est' préco d’être trop « typé » pour qu’il soit facile
nisée soit en raison de leur résistance à l’Hé- de le « lancer » malgré ses défauts. On peut
mileia, soit en raison de leurs rendements cependant se rendre compte que cette opi
nion provient de ce qu’il est arrivé surtout
très élevés.
Nous avons eu la bonne fortune de rece jusqu’ici sur nos marchés des cafés prove
voir successivement la visite de M. Cramer, nant de plantations indigènes de Java qui
chef du service botanique au Jardin de Bui- sont très mal préparés, les beaux lots étant
tenzorg ; de M. Bories, directeur du Jardin presque complètement dirigés sur la Hol
d’Essai de Libreville ; de M. Fauchère, chef lande.
du Service de l’Agriculture à Madagascar,
Les soins apportés pendant la cueillette et
qui ont tous trois étudié de très près la cul la préparation ont en effet une importance
ture des cafés d’origine congolaise, aux In capitale au point de vue de la vente de ce
des Néerlandaises, en Afrique Equatoriale, à café, justement à cause des modifications
Madagascar.
que la préparation peut apporter au goût et
Leurs avis nous ont permis de préciser les à l’aspect. Les envois faits par Java ont pris
estimations des négociants de notre région actuellement une importance assez considé
marseillaise qui ont bien voulu nous prêter rable pour que l’on sache parfaitement que
leur concours et il nous paraît que nous pou les « Robusta » bien préparés peuvent se
vons résumer la question de la manière sui vendre aussi facilement que des « Arabica »
vante :
de qualité moyenne.
Nos planteurs n’ont donc pas à se préoccu
Tout d’abord les avis paraissent différer
sur la détermination exacte des différentes per des difficultés que pourrait présenter l’é
variétés d’origine congolaise. Il semble que coulement de leurs « Robusta », à condition
suivant les régions où elles sont cultivées, qu’ils soient cueillis en pleine maturité, ce
les résultats obtenus ne sont pas complète qui semble particulièrement important pour
cette variété, et que le dépulpage, la fermen
ment identiques.
Nous réservons donc notre avis sur le tation et la décortication soient conduits
point de savoir quelles sont, parmi les dif avec le plus grand soin.
férentes variétés préconisées, « Robusta »,
Les distingués chefs de Services Agricoles
« Canephora », Quouillou », etc., celles qui dont nous avons cité plus haut les noms ont
doivent être adoptées de préférence.
tous été d’accord, ainsi que les planteurs
En ce qui concerne le point qui nous inté d’Indochine qui nous ont donné leur avis,
resse plus particulièrement, celui de la dé pour vanter les qualités de résistance aux
termination de leur valeur commerciale, maladies, de précocité et de très grands ren
nous pourrons être plus affirmatifs et dire dements de ces cafés nouveaux d’origine
que les différents échantillons de ces diver congolaise.
ses variétés qui ont été soumis au commerce
De l’avis général, même si dans les débuts
paraissent présenter de grandes similitudes l’écoulement de ces cafés rencontre en
qui font que celui-ci les classe toutes sous France quelques difficultés et s’ils ne pou
le nom de « Robusta ».
vaient se vendre qu’à un prix inférieur à
�26
ceux des cafés plus connus, ces qualités com
penseraient très largement les différences de
prix.
La visite de M. Cramer, chef des Services
Botaniques à Buitenzorg, qui est, comme on
le sait, le propagateur, si l’on peut s’expri
mer aipsi, du café « Robusta », nous a été
particulièrement précieuse. C’est lui qui a
préconisé et propagé la culture de cette va
riété aux Indes Néerlandaises, au moment
où les superbes plantations de café de ce
beau pays étaient détruites pour la seconde
fois par l’Hémileia.
On se rappelle que les Hollandais avaient
une première fois lutté contre le crypto
game en plantant intercalairement à l’Ara
bica, du Libéria. A son tour, le Libéria a été
atteint et M. Cramer a pensé que le Robusta
était tout désigné pour succéder au Libéria.
Jusqu’ici l’expérience lui a donné pleine
ment raison et les superbes rendements ob
tenus par cette variété sont venus accroître
encore l’intérêt de sa culture.
Nous ne saurions mieux indiquer toute
l’importance prise par cette introduction
qu’en donnant les quelques chiffres sui
vants :
De 1893 à 1903. la production du café d’A
rabie avait varié entre 11.000 à 31.000 ton
nes ; celle du Libéria de 1900 à 3.000 tonnes.
En 1908, le café d’Arabie était tombé à 8.500
tonnes ; celui du Libéria à 1.500 tonnes.
C’est, alors qu’apparaît le Robusta, et la pro
gression suivante s’établit :
1910 : 1.900 tonnes ; 1911 : 7.290 tonnes ;
1912 : 15.936 tonnes ; 1913 : 22.700 tonnes
(l’augmentation en 1913 n’a pas été plus forte
par suite de 1a. sécheresse) ; 1914 : 33.872
(prévisions).
L’apparition de l’Hémileia dans nos Colo
nies et en particulier en Nouvelle-Calédonie
et aux Nouvelles-Hébrides, donne un inté
rêt considérable pour nous à ces résultats.
Nous ne pouvions donc mieux faire que
de profiter du passagi de M. Cramer pour
lui demander le plus de précisions possibles
sur la culture du Robusta. Les questions que
nous avons posées ont été précisées par deux
des plus distingués planteurs de l’Indo
chine, M. de la Pommeraye et de M. de Villeroy, qui assistaient à l’entretien et dont M.
Cramer avait justement visité les planta
tions lors d’un voyage qu’il a accompli au
Tonkin, en mai 1909, sur la demande du
Gouvernement Général de l’Indochine, pour
rechercher les améliorations à apporter aux
cultures des cafés. (1)
Nos lecteurs apprécieront toute l’impor
tance des indications qu’a bien voulu nous
fournir M. Cramer, à qui nous adressons
tous nos remerciements pour ce nouveau
service rendu à nos colons.
E N T R E T IE N A V E C M. C R A M E R
sur la Culture du Café « Robusta »
en Indochine
Au moment où M. Cramer visita, en 1909, les
plantations d’Hévea, établies dansiles terres rou
ges de Gochinchine, aucun essai de Robusta n’y
avait été encore fait ; il ne sait donc pas com
ment cet arbre se comporte. Il croit cependant
que les planteurs devront obtenir une réussite
complète, étant donné l’analyse des terres rou
ges. si riches en acide phosphorique (6.70 %),
et leur grande perméabilité, condition indispen
sable pour cette culture.
Pépinières. — Bien que dans certaines plan
tations de Java le Robusta ait été semé direc
tement sur place et que les arbres ainsi obtenus
se soient assez bien développés, M. Cramer es
time que les résultats obtenus par l’établisse
ment de pépinières sont de beaucoup supérieurs,
mais celles-ci doivent être préparées avec le
plus grand soin.
Les graines bien sélectionnées sont semées
très rapprochées sur un terrain bien préparé et
bien ombragé, et à peine recouvertes de terre.
La durée de la germination est de six semai
nes environ, les feuilles ne s’ouvrent que deux
semaines après la sortie des fèves. Les jeunes
plants sont transportés en pépinières avant
l’apparition des feuilles et espacés de 0.20 centi
mètres. Les pépinières seront bien ombragées,
mais cet ombrage devra être atténué au fur et
à mesure de la croissance des jeunes plants ; il
sera même totalement supprimé quelques se
maines avant le repiquage. Les jeunes caféiers
s’habitueront ainsi au soleil et souffriront
beaucoup moins au moment de la transplanta
tion.
Repiquage. — Si, au moment du repiquage,
les jeunes plants avaient plus d’un an, il serait
bon de les recéper avant de les repiquer, dans
le but d’en faciliter la reprise. Plusieurs rejets
sortent alors sur l’arbre ainsi recépé. Il faut
conserver les deux plus beaux et couper les au
tres au fur et à mesure de leur apparition.
Les Robusta doivent être plantés à environ
3 m. 10 les uns des autres (environ mille pieds
à l'hectare).
L’arrosage des jeunes plants, après le repi
quage, n’est pas à recommander ; ce travail est
beaucoup trop onéreux, étant donnée la super
ficie de terrain qu’il faudrait arroser. Quelque
fois cependant, quand une sécheresse extrême
suit le repiquage, l’arrosage serait bon,à condi
tion toutefois qu’il pût être fait sans trop de
frais.
Quelques planteurs ont cru bien faire en met
tant leurs arbres à une faible distance les uns
des autres (1 m. 50, 1 m. 60), dans le but d’abat
tre un arbre sur deux après la cinquième année,
pensant bénéficier ainsi d’une récolte supplé
(1) Rapport sur les plantations de café du mentaire pendant deux ou trois ans. Cet exem
Tonkin, présenté à M. le Gouverneur Général ple n’est pas à suivre. Il est préférable de plan
de l’Indochine ,par le docteur P. J. S. Cramer ter les arbres tout de suite à la distance choi
CBulletin Economique de l’Indochine. n° 78 sie. d’abord parce que le sol s’épuise bien
N. S.)
moins, et aussi parce qu’il est très rare de voir
�27
un planteur consentir à abattre des arbres qui vent ; les espèces à bois dur et à croissance
lui rapportent ; cette opération est retardée plus lente soutiennent, pour ainsi dire, les espè
d’année en année et finalement tous les arbres ces à croissance rapide.
A Java, les planteurs ont essayé de planter
souffrent de cet état de choses.
comme arbre d’ombrage l’Hévea et le Ficus ;
Entretien du sol. — Le sol de la plantation on s’est vite aperçu qu’il fallait cultiver le ca
sera toujours tenu complètement propre, pen féier ou le caoutchouc, mais non associer long
dant les premières années, alors que les temps les deux. Pendant les premières années,
caféiers et les arbres-abri sont encore trop pe deux cultures peuvent se faire concurremment,
tits pour produire un ombrage suffisant pour mais dès que le caoutchouc atteint l’âge de cinq
le sol. Il est recommandé de semer dans les ou six ans son voisinage devient tellement nui
plantations des légumineuses qui seront fau sible au caféier qu’il vaut mieux arracher ce
chées à certaines époques et enfouies autour dernier. Ce système est maintenant employé
des arbres, çe qui donnera au sol une grande pour substituer aux plantations de café des
quantité d’azote. Il faut cependant laisser au plantations de caoutchouc.
tour de chaque arbre un espace qui sera tou
Il faut planter les arbres-abri en même
jours entretenu très proprement, afin d’éviter temps que les caféiers.
«ue de mauvaises herbes qui auraient poussé
Entretien du Robusta. — Le Robusta n'a
parmi les légumineuses ne puissent envahir les
jeunes plants. Quand les branches du Robusta pas besoin d’une taille annuelle. Il suffira d’en
commencent à se toucher, l’emploi des plantes enlever le bois mort et de l’éeimer à une hau
légumineuses devient inutile, l’épais ombrage teur de deux mètres à deux mètres cinquante
fourni par les rameaux suffisant pour empê pour faciliter la cueillette.
cher les érosions.
Graines. — On peut se procurer de bonnes
Les légumineuses recommandées par M. Cra
mer sont la Crotolaria, la Clitoria et le Tepho- graines de Robusta à l’adresse suivante :
sia.
Plantation Kedaton, Telok Betong, (directeur:
F. Van Blommestein), Lampongsche distriArbres-abri. — Les arbres-abri sont indispen M.
Sumatra.
sables pour la culture du Robusta. L’entretien ten,
Tant que les arbres n ’ont pas atteint leur
de la plantation devient plus facile ; l’arbre se cinquième
année, il est préférable de ne pas se
développe mieux et donne des récoltes plus éga servir de leurs
pour la reproduction, car
les. Dans la culture en plein soleil, il y aura avant cet âge ilfruits
est
impossible
de savoir si les
peut-être une année de récolte très forte, mais arbres sont sains.
qui sera suivie alors d’une perte énorme de
caféiers qui seront épuisés. En choisissant les
Maladies du Robusta. — Il n’y a pas lieu de
légumineuses comme arbres-abri on donne se préoccuper de l’Hémileia pour le moment dans
pour ainsi dire constamment un engrais au la culture du Robusta. Les plantations qui se
sol : aussi, à Java, on ne prend que des légu ront établies actuellement auront grandement
mineuses. On se sert quelquefois d’autres le temps de donner de beaux rapports avant
plantes pour combler les lacunes quand une que cette maladie se soit développée sur le Ro
invasion de parasites a tué beaucoup d’arbres- busta. Les plantations de caféiers Arabica du
abri, mais seulement à titre provisoire.
Tonkin n’ont jamais été éprouvées par l’HéIl y a un grand nombre de légumineuses em mileia, ceci est dû probablement à la durée de
ployées comme arbre-abri,mais seulement qua la. saison sèche qui détruit les spores ; il est
tre ou cinq espèces se sont montrées bien admissible que la saison sèche de Cochinchine
appropriées apres les expériences faites par M empêcherait également le développement de
Cramer. Pour la Cochinchine, M. Cramer re
cette maladie si elle venait à se mettre sur le
commande :
Robusta.
Il n’y a aucune autre maladie connue pour le
L'Albizzia. — Cet arbre se développe rapide moment
sur le Robusta.
ment, mais a l’inconvénient de n’offrir que
peu de résistance au vent.
Cause de la diminution de la récolte à Java
Le Leucoena Glauca, qui est celui qui a en 1913, sur les chiffres prévus. — La sécheresse
donné les meilleurs résultats dans les jardins extrême dont Java a eu à souffrir en 1013 est la
d’essai et qui est le plus répandu à l’heure ac seule cause de la diminution de la récolte sur
tuelle. Son bois est très flexible et tenace, on les chiffres prévus. Toutes les cultures en ont
en fait des timons de charrette. Sa croissance beaucoup souffert et le Gouvernement, dans le
est assez rapide, seulement il faut le tailler but de prévenir une famine, a dû interdire
pour qu’il ne se développe pas en arbrisseau et l’exportation du riz.
il ne devient jamais très grand.
Qualité du café Robusta. — Quand les lots de
Le Dequelia Microphyllia devient un grand ar
bre et s’est montré jusqu’ici un excellent arbre- café sont bien préparés, la qualité du Robusta
abri. Sa couronne a un peu la forme de celle de est excellente, seulement beaucoup d’indigènes
l’Albizzia. Malheureusement cet arbre ne ne savent pas le préparer. Il prend alors un
pousse pas aussi rapidement nue ce dernier et goût défectueux. Le goût du Robusta rappelle
on ne peut pas le multiplier par bouture.
celui de l’Arabica moyen.
Un ombrage mixte est d’une très stop do uti
Rendement du Robusta. — Le rendement du
lité. Quand on cultive comme arbre-abri trois
ou quatre espèces entremêlées il y a moins de Robusta est d’environ deux mille kilos à l’hec
danger que la plantation soit dénudée tout, d’un tare.
On peut trouver à Java les machines néces
coup et privée d’ombrage par un parasite des
arbres-abri. Il semble aussi qu’un massif com saires à sa préparation et spécialement adap
posé de différentes espèces résiste mieux au tées a cette qualité de café.
5
�28
M. Cramer nous a écrit de Java en
novembre 1913 pour nous indiquer que le
Robusta avait mal supporté la grande
sécheresse qui a eu lieu dans les Indes néer
landaises l’année dernière et que beaucoup
de fruits n’avaient pu se former. En revan
che d’autres variétés d’origine de l’Afrique
centrale ont paru supporter admirable
ment la sécheresse et il nous a prié de lui
prêter notre concours pour lui procurer des
semences des différentes variétés africaines
dont il se propose d’étudier l’introduction à
Java. Il nous a envoyé les instructions cidessous sur la manière dont devait être fait
les envois de semences. Nous nous sommes
mis aussitôt en rapport avec les Services de
l’Agriculture de l’Afrique occidentale, de
l’Afrique équatoriale et les planteurs du
Gabon à ce sujet.
1° Les graines doivent être cueillies sur des
arbres bien développés, sans maladie ; on ne
choisit que des fruits bien mûrs.
2° Les fruits provenant de chaque arbre for
ment un lot qui est traité séparément. Même
quand 1es arbres semblent appartenir à la
même espèce, la même variété, il vaut mieux de
ne pas mêler les graines. Chaque lot consiste
donc des graines d’un seul arbre.
3° Les fruits sont dépulpés à la main ; puis
on frotte les graines avec de la cendre pour en
lever la pulpe. Quand toute la pulpe est enlevée,
c’est-à-dire quand les graines sont plus lisses,
on les lave à grande eau4° Les graines sont séchées dans la parche
dans un endroit sec, mais ombragé. Le séchage
doit durer une quinzaine de jours.
5° Puis toutes les graines noires et celles dont
la parche s’est cassée ou qui sont détériorées
sont éliminées.
6° Pour emballer les graines, on prépare de
la poudre de charbon de bois. On pile ou on
écrase le charbon de bois, on le tamise et on
laisse la poudre pendant quelques jours expo
sée à l’air.
7° Les graines sont mises en boîtes, emballées
dans la poudre de charbon de bois, de sorte
qu’elles ne se touchent pas et que des couches
de charbon séparent les couches des graines. Il
est préférable d’employer une assez grande
quantité de charbon de bois.
8° Les boîtes sont fermées seulement avec un
couvercle (ne pas souder). Dans chaque boîte,
on ne met qu’un lot (provenant d’un seul arbremère). Des petites boîtes sont préférables, des
boîtes d’échantillons, de lait condensé, etc.,
peuvent très bien servir.
9° Chaque boîte est munie d’une étiquette à
l’intérieur et à l’extérieur ; elle est prête alors
pour être envoyée.
Nous publions ci-dessous deux lettres très
intéressantes qui nous ont été envoyées sur
cette même question de la valeur des Robus
ta, par l’Institut Colonial d’Amsterdam et
par M. H. C. Surie, de l’importante maison
Johs. Lingeman d’Amsterdam :
Haarlem, le 22 juillet 1913.
M. Dekker, directeur du Koloniaal Instituut,
à M. Emile Baillaud, secrétaire général de
l'Institut Colonial de Marseille.
M. le Secrétaire général de notre Institut
Colonial m’a envoyé votre lettre du 7 juillet au
sujet du Coffea Robusta. Je puis vous écrire que
ce café est de qualité inférieure au café de Java
(Coffea arabica), mais est toujours très mar
chand. Les prix des différents types de café
sont maintenant sur le marché d’Amsterdam.
Java ............................
48 icents.
33 ))
Santos supérieur........
33 ))
Santos .........................
34 ))
Robusta .......................
Java Libéria............... ...... 51 à 53 ))
Afrika ......................... ....... 31 à 42 ))
Le tout par 1/2 kg. (un cent vaut deux centi
mes).
Je vous enverrai des échantillons de Robusta
et si possible aussi des autres types de café,
cultivés à Java maintenant, mais il faut cons
tater que les autres espèces de café ne parais
sent pas beaucoup au marché. Vous nous feriez
grand plaisir si vous vouliez bien nous envoyer
les échantillons de café, que vous pourriez nous
procurer.
Votre dévoué : Dekker .
Amsterdam, le 22 Juillet 1913.
A M. le Secrétaire général de l'Institut Colo
nial de Marseille.
Après avoir lu les articles bien intéressants
sur le café Robusta dans « l’Expansion Colo
niale » je crois être plus à même de pouvoir
vous donner une réponse sur la question que
vous m’avez posée.
La plus grande difficulté qui sera à vaincre
pour que cette sorte puisse prendre une place
légitime entre les autres est le goût. Quoique
un certain nombre de planteurs sérieux soient
déjà parvenus à livrer un café très bien préparé
dont le goût est absolument pur, il y en a d’au
tres qui n ’ont pas pris assez de soins pour
atteindre ce résultat favorable et c’est à cause
d’eux qu’on se méfie aujourd’hui plus ou moins
de cette variété qui jouissait au commencement
et à bon titre, d’une assez grande sympathie ;
d’ailleurs ce n’était pas toujours leur faute.
Pour être juste, il faut dire que les circonstan
ces n’ont, en beaucoup de cas, pas aidé à pou
voir prendre les soins nécessaires. Après une
série de récoltes minimes dans nos Indes, il ne
payait plus d’avoir des installations selon les
exigences du temps et lorsqu’il survint tout
d’un coup une récolte pour ainsi dire monstre,
on se ne trouvait pas à même de pouvoir la
préparer d’une manière suffisante. En outre,
grâce à la grande hausse des prix, une très
grande quantité des récoltes était vendue
d’avance et comme dans les contrats la ques
tion du goût est toujours éludée, un certain
nombre de planteurs, qui ne voyaient pas plus
loin que le bout de leur nez, se demandaient
quelle qualité basse on pourrait livrer sur le
contrat, sans courir risque d’un refus ou
d’une chicane. En général, on peut dire que
ceux qui n’ont pas vendu mais consigné leur
produit, ont pris beaucoup plus de soin à la
préparation, que les autres.
�29
presque pas de fèves brisées ni noires ou sè
ches, on peut le mettre intégralement au torréficateur et puis ce qui est encore d’un inté
rêt beaucoup plus grand, la lève ne perd quoi
que torréfliée à fond, qu’environ 16 %, tandis
que la perte des autres sortes varie générale
ment entre les 18 % et 25 %, différence qui doit
être reconnue tôt au tard et qui ne restera pas
sans influence sur sa valeur intrinsèque.
Quant à la valeur, celle-là est trop déprimée
pour le moment : 31 et. le 1/2 kilo pour la qua
lité moyenne de bon goût, tandis que le Santos
supérieur se traite 33 et. et le Libéria 48 et. ;
mais probablement cette différence se resser
rera en faveur du Robusta, aussitôt qu’une
hausse ultérieure émanera d’un débouché plus
satisfaisant.
Dans l’espoir que ces informations vous suf
firont, veuillez agréer, etc.
D’après mon opinion, il n’est pas question
que le sol puisse donner un mauvais goût,
mais seulement la préparation, et j’ai toute
raison de croire que bientôt après les expérien
ces malheureuses et l’amélioration des instal
lations, le mauvais goût dispararaîtra princi
palement, le café Robusta reprendra la place
dont il jouissait aussitôt après son apparition.
En second lieu, il y a encore une difficulté,
c’est-à-dire son poids spécifique, le volume
d’un certain poids étant beaucoup plus petit
que celui de la plupart des autres sorte, ce
qui donne l’impression à l’acheteur que le détailleur ne lui donne pas le poids exact. Aussi
la fève déjà petite ne s’enfle presque pas en la
torréfiant ; d’autre part, le café Robusta a de
très bonnes qualités qu’il 11e faut pas perdre
de vue. D’abord sous-entendu que le goût soit
pur et le café bien trié, son traitement est très
facile ; comme il ne contient pas de pierres,
H.-C. S urie .
II
L e t r a i t e m e n t d e s M a la d ie s c r y p t o g a m i q u e s
Quels que soient les bons résultats que
pourra donner le Robusta, nous nous
demandons s’il y a lieu d’abandonner com
plètement la lutte en vue de conserver les
anciens plants d’Arabica.
Tous les négociants que nous avons entre
tenus jusqu’ici de cette question et à qui
nous avons montré les beaux échantillons
que nous avons réunis à l’occasion de notre
Exposition, nous déclarent qu’à leur avis il
serait lamentable de voir disparaître les
beaux types que nos planteurs sont arrivés
à créer après tant d’efforts et que s’il y a
quelques moyens de lutter contre l’Hémileia.
ils doivent être appliqués avec autant
d’énergie que l’on en mis à sauver la vigne
française contre les maladies cryptogami
ques qui ont failli la détruire dans ces der
nières années. La plus-value certaine qu’of
fre actuellement les cafés que beaucoup de
nos planteurs sont arrivés à produire doit
compenser les frais que leur occasionnera
cette lutte.
Depuis quelques années en effet, en Nou
velle-Calédonie, par exemple, on est arrivé
à améliorer à un tel point la culture et la
préparation des cafés, que les prix réalisés
actuellement par ces cafés atteignent ceux
des meilleures sortes, qu’atteindront peutêtre difficilement les nouveaux Robusta
d’ici plusieurs années.
Il nous a donc paru que nous devions
nous préoccuper d’une manière toute parti
culière des moyens de poursuivre cette
lutte. Indépendamment de la forte fumure
qui a donné d’excellents résultats, les pul
vérisations ont été appliquées avec succès.
Nous reproduisons ci-dessous, comme des
plus instructives, une lettre écrite à la date
du 20 juin dernier au Conseil général de la
Nouvelle-Calédonie, par un des plus distin
gués planteurs de cette colonie. Au cours de
la délibération à laquelle a donné lieu la
lecture de cette lettre, il a été décidé que la
colonie devrait faire les pins grands efforts
pour permettre aux colons de se procurer
les ingrédients nécessaires pour la lutte
contre l’hémileiai.
Nous nous sommes demandés si les for
mules employées à notre connaissance en
Nouvelle-Calédonie étaient bien celles qui
convenaient le mieux et si le plus simple en
la matière n’était pas de profiter de l’expé
rience acquise en France.
Nous avons pris conseil d’un des chimis
tes les plus qualifiés, MO. Gastine, délégué
général du Service Phylloxérique au Minis
tère de l’Agriculture, de nous renseigner et il
nous a adressé gracieusement la note que
nous publions plus loin et sur laquelle nous
ne saurions trop appeler l’attention de nos
planteurs.
Auparavant nous reproduirons ci-dessous
les documents que nous avons communiqués
à M. Gastine.
�Lettre de M. Thomas, Président de la Com
mission municipale de Sarraméa, à MM.
Brun et Leyraud, membres du Conseil gé
néral de la Nouvelle-Calédonie.
La Foa, le 20 juin 1912.
Ainsi que j ’ai eu le plaisir de vous l’expli
quer, seuls les caféiers qui seront méthodique
ment sulfatés, pourront être conservés, non pas
indéfiniment par la raison que les soins sont
ti’op onéreux à donner, mais au moins pendant
la période qui s’écoulera entre la plantation du
robusta et le moment de sa production, soit
quatre années.
A la marche de la maladie on peut prévoir
qu’une caféière, non défendue par un traite
ment rationnel sera ruinée à bref délai et sa
production de la deuxième année devenue si
faible que le mieux sera de ne plus s’en occu
per. Les caféiers atteints d’Hémiléia qui ne
sont pas soignés se dénudent complètement,
leur végétation faiblit, justement à cause de
la perturbation produite par la chute de ces
feuilles dont les fonctions chlorophyliennes
assimilatrices sont supprimées. Le caféier se
sert alors de ses réserves accumulées pour for
mer une nouvelle frondaison et ces nouvelles
feuilles contaminées à leur tour, subissent fa
talement le sort de leurs anciennes. Ceci peut
se renouveler, mais pas indéfinimentDonc, l’arbuste ayant besoin de toutes ses
ressources vitales pour conserver l’existence
ne peut produire des fleurs, d’où disparition de
la récolte. Cela est si vrai que dès maintenant
on voit sur les caféiers dont la floraison a
précédé la chute des feuilles, des baies petites
et mal venues qui auront du mal à mûrir, si
toutefois elles y parviennent.
C’est donc la ruine à brève échéance pour
tous les planteurs à qui les moyens pécuniai
res ne permettront pas de vivre pendant plu
sieurs années sans le secours du produit de
leur plantation, fruit de longues années de tra
vail et de persévérants efforts et sur lequel
pourtant, ils avaient le droit de compter.
Si dans la pénible situation dans laquelle ils
vont être on ne trouve pas moyen de les aider
à conserver au moins la partie de leur récolte
qui est nécessaire à les empêcher de mourir
de faim, nos colons, tout courageux qu’ils sont,
et qui la plupart ont des terres ne se prêtant
pas à d’autres cultures, seront forcés d’aban
donner les terres et ce sera un crève-cœur pour
eux. Pour faire quoi ? Ce mouvement des plus
regrettables est déjà fortement dessiné, il
serait grand temps de l’enrayer.
Je vous ai indiqué une des mesures qui pour
raient être prises et qui aurait pour effet de
conserver cinq mille pieds en rapport à cha
que planteur qui voudrait s’en contenter ; ce
serait de délivrer gratuitement les ingrédients
nécessaires à trois sulfatages consécutifs de
ces cinq mille caféiers.
L’expérience nous a démontré que le sulfata
ge à la bouillie bordelaise combat efficacement
l’Hémiléia et ferait disparaître cette maladie
si ce traitement pouvait être appliqué en mê
me temps dans toute la colonie, ce qui n’est pas
possible.
Donc, étant donné que l’on est obligé de dé
truire en les empêchant de germer, les spores
journellement charriées par l’air, il faut faire
les sulfatages répétés qui coûtent cher.
Pour vous donner une idée de cette dépense,
je vais prendre pour base le sulfatage de 5.00Ü
pieds indiqués.
Un homme habitué au maniement de l’appa
reil peut employer en moyenne, dans une
journée, trois cents litres de bouillie et sulfa
ter cent cinquante caféiers en rapport.
La plus efficace étant la bouillie à 2 %, il
faut l’employer :
6 kilog. de sulfate de cuivre à
0 fr. 75 le kilog............................... Fr. 4 50
6 kilog. de carbonate de soude à
0 fr. 25 le kilog.............................
1 50
3 kilog- de sucre à 0 fr. 50 ..............
1 50
Une journée d’homme à 2 fr. 50 ....
2 50
Soit pour 150 caféiers .................... Fr. 10 00
ou 66 francs 66 pour 1.000 pieds et 333 francs
pour les 5.000.
Les trois sulfatages nécessaires pour la con
servation de cette quantité de caféiers coûte
ront donc mille francs en chiffres ronds.
Quel est donc le petit planteur, dont l’escar
celle loge le diable, qui peut faire cette dé
pense et cela, pendant quatre ans employés
avec de nouveaux frais à créer une plantation
de robusta ?
Pour continuer contre les éléments et les
fléaux qui l’ont assiégé depuis son installation,
la lutte à laquelle il s’est habitué et qui a déve
loppé ses qualités d’endurance et d’énergie, le
petit planteur qui a dépensé tout son avoir et
prodigué sa sueur, est prêt à faire face au dan
ger et à essayer de surmonter cette nouvelle
épreuve démesurée, mais il désire être encou
ragé et soutenu, car il lui semble que le mo
ment est venu pour la colonie de reconnaître
les efforts qu’il a fait pour sa prospérité en en
faisant un à son tour. Il ne demande pas que
la colonie prenne entièrement à sa charge les
frais de dépense de sa plantation, mais qu’elle
y contribue pour une large part en lui four
nissant gratuitement les deux premiers ingré
dients que j’ai indiqués : le sulfate de cuivre
et le carbonate de soude ; il n’y aurait plus
ainsi qu'à faire face au 4/10° de la dépense. La
colonie achetant ces ingrédients en gros ver
rait son débours réduit de 15 à 20 %.
Voilà, mon cher Conseiller général, le vœu
qu’au nom des planteurs de la région et que
pour tous les autres, je vous ai demandé de
présenter au Conseil général et que vous
m’avez promis d’appuyer de votre plus chaude
insistance.
T homas.
N o te de M . G a s tin e
Délégué général du Service Phyloxérique
au Ministère de l’Agriculture
J’ai pris connaissance des pièces qui m’ont
été communiquées par l’Institut Colonial de
Marseille, au sujet des traitements cupriques
appliqués en Nouvelle-Calédonie contre l’Hémiléia, maladie cryptogamique attaquant les
caféiers et surtout la variété Arabica.
Les formules de bouillie bordelaise au savon
qui sont recommandées par M. P. Bladinières
Mélé (Bulletin de la Chambre d’Agriculture de
�31
Nouméa, mars 1911) (1), ne me paraissent pas
ni l’une ni l’autre rationnelles.
Tout d’abord elles sont d’un dosage trop fai
ble en sulfate de cuivre (0 k. 500 par hectolitre).
Il faut atteindre une teneur de au moins 1 k.
et plutôt 1 k. 500 et 2 k. de ce sel par hectolitre,
lorsqu’il s’agit du Peronospora viticola ou
mildew. Il y" a lieu de penser que ces mêmes
doses sont nécessaires aussi pour lutter con
tre d'autres cryptogames. Dans le rapport de
M. Thomas, la préparation signalée comme
efficace contre l’Hémiléia est à 2 % de çulfate
de cuivre. C’est une bouillie bourguignonne,
c’est-à-dire au carbonate de soude en grand
excès, par suite très alcaline, à laquelle on
ajoute du sucre en quantité abondante. Cette
formule non plus n’est pas recommandable et
son prix de revient est élevé.
Je reviens aux bouillies calciques mention
nées par M. Payet (Bulletin de la Chambre
d’Agriculture de Nouméa, avril 1911 (2). En
outre du défaut d’un trop minime dosage en cui
vre, elles comportent l’emploi du savon qui est
en fait impraticable dans ce genre de prépara
tion. Il se forme en effet soit un savon de cui
vre, soit un savon de chaux, suivant que la
chaux utilisée sera plus ou moins pure, c’està-dire que la chaux vraie qu’elle renferme
sera en proportion insuffisante ou en excès.
Or, les savons de cuivre et celui de chaux sont
des précipités insolubles de nature casèuse qui
engorgent les jets des pulvérisateurs. Sous
cette forme et dans ces proportions, l'emploi
du savon est nuisible. Le savon mou de la
deuxième formule est spécialement à condam
ner car ces produits sont si impurs qu’on ne
sait pas, avec eux, quelle proportion de savon
vrai on emploie. Avec ces dosages, le savon ne
peut procurer une bouillie mouillante, et c'est
à peine si l’on peut espérer qu’une telle bouil
lie manifestera un peu plus d’adhérence
qu’une bouillie bordelaise simple.
Au lieu de bouillie bordelaise (bouillie à la
chaux vive) ou de bouillie bourguignonne
(bouillie au carbonate), je recommanderais de
préférence une simple solution de verdet neu
tre de cuivre (diacéta.te de cuivre, cristaux de
vénus), à raison de 1 k. par hectolitre. Cette
quantité de verdet contient la même propor
tion de cuivre que 1 k. 268 grammes de sulfate
de cuivre. Voici quels sont ses avantages :
1° Nulle brûlure à redouter pour les feuilles :
2° Action immédiate très énergique sur les
spores du cryptogame à combattre. En effet,
l’acétate de cuivre est très soluble dans l’eau,
de sorte que l’effet est au moment de la pul
vérisation très énergique.
3° L’acétate de cuivre, exposé à l’air, perd de
l’acide acétique et donne des acétates basiques
de cuivre très neu solubles dans l’eau et de na
ture colloïdale. Il en résulte que les feuilles
conservent un enduit cuivreux que les pluies
ou les rosées n’attaquent que lentement en
maintenant ainsi la protection des feuilles
contre les spores du cryptogame, empêchées
(1) Sulfate de cuivre .........................
Chaux vive ...................................
Savon ..........................................
(2) Sulfate de cuivre ....................
Chaux ..........................................
Savon noir ..................................
0 k.
0 k.
0 k.
0 k.
0 k.
0 k.
500
200
060
500
500
500
de germer dans la solution cuprique très fai
ble qui se forme dans l’eau de la rosée ou de
la pluie.
Malgré sa grande solubilité initiale, le verdet
agit donc comme les bouillies calcaires ou
sodiques, en ce qui a trait à la réserve de cui
vre fixée sur les feuilles.
En ajoutant à la solution de verdet à 1 k. par
hectol. recommandée ci-dessus, une décoction
de 200 à 300 grammes de péricarpe de la graine
du Sapindus, préparée facilement comme il est
indiqué dans une notice que je vous remets, on
peut rendre bien mouillable la préparation cu
prique et, en même temps, lui conférer une plus
grande adhérence sur les feuilles.
Dans une communication que j ’ai faite à
l’Académie des Sciences, j ’ai attiré l’attention
sur l’emploi des Saponines et surtout de celle
qui existe en abondance (50 %) dans le péri
carpe des graines du Sapindus d’Algérie et sur
l’avantage qu’elle procure en rendant les
préparations cupriques mouillantes, ce qui
assure leur efficacité.
Le verdet neutre (diacétatë de cuivre) ren
ferme 31.7 % à 32 % de cuivre métal, tandis que
le sulfate de cuivre n’en renferme que 25 %.
On ne peut pas employer le sulfate de cui
vre seul, car il brûle les feuilles et, de plus, il
se dissoudrait abondamment dans l’eau des
pluies et serait rapidement enlevé de ces feuil
les. Mais en ajoutant à 1.270 de sulfate de cui
vre dissous dans un hectolitre d’eau une pro
portion convenable d’acétate de soude cristal
lisé, c’est-à-dire 1 k. 400, il se fait une réaction
d’échange entre les acides, une permutation de
ces derniers, et la liqueur renferme de l’acétate
neutre de cuivre et du sulfate de soude. Ce mé
lange donne ainsi le même résultat qu’une solu
tion de verdet et même il manifeste plus d’ad
hérence. Enfin, en ajoutant au liquide et par
hectolitre 0 k. 500 à i k. de kaolin, l’adhérence
est encore augmentée très notablement et la
préparation marque les feuilles, ce qui est un
avantage pour éviter les malfaçons du travail
des pulvérisations.
La formule que je puis ainsi recommander
se résume donc ainsi :
Avec verdet :
Acétate de cuivre .............................. 1 k.
Kaolin ................................................ 1 k.
Décoction de Sapindus faite, dans 10
litres d’eau avec 200 à 300 grammes
de péricarpe ....................................
Eau ...................................................... 90litres
Avec sulfate de cuivre en produisant le verdet
par conversion :
Sulfate decuivre .................................. 1
k. 270
Acétate desoude cristallisé ................. 1
k. 400
Kaolin ................................................. 1k. 000
Extrait ou décoction de 200 à 300 gr.
péricarpe de sapindus faite dans 10
litres d’eau ............•.........................
Eau ...................................................... 90 litres
Si cette préparation paraît trop compliquée
aux cultivateurs, on peut leur indiquer qu’il se
trouve dans le commerce du verdet de conver
sion additionné de kaolin (mais non de saponine) qu’il suffit de faire dissoudre dans l’eau
�32
pour obtenir instantanément une bouillie
cuprique au verdet.
Enfin, à défaut de saponine de sapindus, on
pourrait proposer, pour rendre la liqueur
mouillante, l’emploi de la gélatine ou colle for
te des menuisiers à raison de 50 grammes par
hectolitre. Il faut d’abord faire gonfler la géla
tine par séjour de quelques heures dans l’eau
froide, puis chauffer au bain-marie pour obte
nir sa dissolution et finalement ajouter cette
solution à celle du verdet. Cette formule à la
gélatine a été indiquée comme très mouillante
par MM. Vermorel et Dantony. Le prix de
revient en est insignifiant.
La formule appliquée par M. Thomas (comp
te rendu du Conseil général, juin 1912, Lettre
publiée plus haut), bouillie bourguignonne
sucrée, n’est pas recommandable parce que,
ainsi que je l’ai montré depuis longtemps, le
carbonate de cuivre des bouillies bourguignon
nes ou hydro-carbonate (couleur bleue), se
transforme en quelques heures, surtout lorsque
la température ambiante est élevée, en car
bonate de cuivre cristallin vert (Malachite), le
quel étant sableux et dense se dépose et n’offre
aucune adhérence.
Le sucre n’a aucunp action utile dans les
bouillies bordelaises ou bourguignonnes. La
bouillie dite au Sucre de Michel Perret, qui
offre une grande adhérence, était une bouillie
calcaire, c’est-à-dire une bouillie à la chaux
additionnée de 2 k. de mélasse par hectolitre.
Ce sont les impuretés de la mélasse et non le
sucre qu’elle renferme qui rendent cette
bouillie adhérente. Il faut donc employer la
formule même de Michel Perret et ne pas
substituer le sucre à la mélasse.
Formule de la bouillie cupro-calcaire mélassêe
de Michel Perret :
Sulfate de cuivre ...................................... 2 k.
Chaux (pesée vive, éteinte, et passée au
tamis) ..................................................... 2 k.
Mélasse ...................................................... 2 k.
Les sporesde l’Hémileia se montrent à la
face inférieure des feuilles, comme les conidies
du Mildew. On peut penser qu’il y a intérêt à
pulvériser les solutions cupriques tant sur la
face supérieure que sur la face inférieure des
dites feuilles. Les pulvérisateurs doivent don
ner une forte pression au liquide, afin que les
pulvérisations soient très fines, ce qui permet
d’obtenir, avec moins de liquide, une impré
gnation cuprique beaucoup plus complète. Les
solutions mouillantes, en s’étalant sur les
feuilles, assurent aussi une économie de liqui
de et une action plus efficace.
Gastine .
17 Février 1913.
M. H. Grassin, cultivateur de café en Nou
velle-Calédonie, ayant signalé, dans un rap
port de novembre 1913, à la Chambre d’Agriculture de Nouméa les observations pratiques
faites par lui relativement à l’emploi des
bouillies bourguignonnes, nous avons cru
utile de reproduire ci-dessous un extrait de
cette intéressante communication. De plus,
M. Gastine, auquel nous avons donné connais
sance du rapport de M. Grassin, nous a
adressé une notice sur les bouillies bourgui
gnonnes et les préparations cupriques en
général, qui, nous le croyons, sera fort utile
aux planteurs de café dans leur défense contre
l’Hémiléia. Cette notice complète en effet très
amplement sa première note ci-dessus et elle
comprend les derniers perfectionnements
apportés aux préparations anticryptogamiques.
C o m m u n ic a tio n de M . H . G r a s s in
Malgré ses grandes qualités d’efficacité (et
nous pouvons l’affirmer d’après les résultats
obtenus par nous), il est avéré que la bouillie
à la soude (bouillie bourguignonne) doit être
employée aussitôt sa préparation, sans délai.
Et en effet, ici à Tipindjé, nous sommes
arrivés (par expérience) à ne préparer à la
fois qu’un seul pulvérisateur, soit 15 litres, car
nous avons constaté que lorsqu’on en prépare
davantage, le deuxième bidon est déjà moins
adhérent et au troisième la bouillie commence
à se décomposer et change de couleur ; du
reste les résultats ont confirmé ce que j’avan
ce ; l’an dernier, je préparais ma bouillie par
45 litres, soit trois bidons, il me fallait environ
une heure et demie à deux heures pour l’em
ployer. Mon voisin Papin, qui la préparait
seulement pour un pulvérisateur, soit 15 litres,
a obtenu de meilleurs résultats.
La bouillie à la soude, une fois préparée,
peut, assure-t-on, se conserver encore une
journée entière.
Ne l’ayant pas expérimentée en France, il
si peut qu’il en soit ainsi sous un climat tem
péré ; mais sous un climat semi-tropical,
comme celui de la Nouvelle-Calédonie, les
choses se passent autrement. D’abord la tem
pérature ambiante n’est pas la même et
l’humidité atmosphérique non plus, surtout
de février à avril-mai, saison où l’Hémiléia
fait ses plus grands ravages.
L’adhérence d’une bouillie a également
moins d’importance en France qu’ici, où l’on
enregistre parfois des chutes de pluie de 25 à
30 centimètres en 24 heures (c’est-à-dire à peu
près ce qui tombe en six mois en France) ;
ajoutez à cela que la vigne en général ne
conserve ses feuilles que 5 à 6 mois, alors que
le caféier peut conserver ses feuilles 18 à 20
mois.
Je veux bien admettre que la bouillie prépa
rée en boîtes soudées, ne se transforme pas
sous l’action d’une haute température comme
celle qu’elle subit sur les paquebots venant de
Marseille à Nouméa, mais cela n ’a pas été
démontré.
Moi qui n’ai aucun intérêt commercial dans
la question, je conseille à ceux qui veulent
combattre l’Hémiléia avec succès, de traiter
une plantation avec une bouillie préparée en
boites, et une autre avec celle que je préconise,
c’est-à-dire surfate de cuivre et carbonate de
soude, et alors en toute sincérité ils pourront
juger et apprécier ces produits.
En terminant, je rappelle de ne préparer
que 15 litres à la fois et de sulfater le dessous
�33
de la feuille, car le mycélium (racines) des
spores, ne peut pénétrer la cuticule de la face
supérieure de la feuille, tandis qu’il s’intro
duit aisément par les stomates (trous) dont la
face intérieure de la feuille est garnie. C’est
par ces stomates, points vulnérables que sorti
ront aussi, plus tard, lorsque le champignon
aura envahi la feuille, de nouvelles spores qui
envahiront les feuilles voisines et le vent
aidant iront transporter le fléau dans d’autres
caféeries, à de grandes distances.
Les principaux agents favorisant le déve
loppement de l’Hémiléia sont : 1° Humidité
constante ; 2° Une température de 20 à 24 cen
tigrades ; 3° Un temps calme et couvert ; 4° Un
sol humide.
Les agents contraires au développement
sont : 1° Une température au-dessous de 18°
ainsi qu’une température dépassant 26 à 28° ;
2° Une forte insolation ; 3° Des vents violents
et surtout les vents secs, comme ceux de
l’Ouest et du Nord-Ouest en Calédonie.
H . G r a s s in .
Propriété des Bouillies Cupro-Sodiques
ET
précau tions n écessa ires à prendre pour en obtenir de bons résu lta ts
Emploi du Verdet et des préparations rendues mouillantes
G. GASTINE
D élégué g é n éra l d u Service P h y lo x é riq u e a u M in istère de l’A g ric u ltu re.
Dans le Bulletin de la Chambre d’Agriculture de la Nouvelle-Calédonie (de novembre
1913), figure une note de M. H. Grassin dans
laquelle cet auteur met avec raison les cultiva
teurs de caféiers en garde contre les défauts
d’adhérence que présentent les Bouillies
cupriques au carbonate de soude, lorsqu’elles
ne sont pas employées dans un court délai à
partir du moment de leur obtention.
M. H. Grassin a noté en effet de grandes
différences dans les résultats obtenus contre
l’Ilémiléia, par l’emploi de ces mixtures, sui
vant qu’elles avaient été pulvérisées immédia
tement, ou que leur application avait été
différée de quelques heures. La défense, dans
ce dernier cas, est resté imparfaite. Aussi,
sans chercher à expliquer la cause de ces
différences, M. H. Grassin conseille-t-il de ne
préparer les dites bouillies qu’à mesure des
besoins, en opérant le mélange dans le pulvé
risateur même, c’est-à-dire par 15 litres seule
ment à la fois.
Le conseil donné est excellent et il sera suivi
avec grand profit. Ce que nous allons exposer
en donnera, je crois, une complète démonstra
tion.
En 1894, j'ai été amené, en effet, à détermi
ner la cause essentielle de ces différences
d’action de la bouillie cupro-sodique et j’en
ai fait part aux viticulteurs (1). Plus tard, en
1905 et en 1906, dans deux rapports au Minis
tère de l’Agriculture, j’ai insisté à nouveau
sur les modifications chimiques qui intervien(1) B u lle tin d e l a S o c ié té d ’A g r ic u ltu r e d e s B o u
c h es -d u -R h ô n e 1894 p a g e 173. C o m m u n ic a tio n a u
s u je t d e l ’a n a ly s e d ’u n e b o u illie c o m m e rc ia le a u
c a rb o n a te d e S o u d e c o lo ré e a rtific ie lle m e n t e n
b leu .
nent avec le temps et la température dans la
préparation de ces bouillies, et sur les consé
quences très importantes qu’elles présentent
pour la pratique des traitements. (2)
Lorsqu’on décompose une solution de sulfate
de cuivre par la quantité exactement néces
saire de carbonate de soude, il se produit une
réaction d’échange ; l’acide sulfurique du
sulfate de cuivre se combine à la soude, tandis
que l'acide carbonique du carbonate de soude
passe en partie (moitié) sur l’oxyde de cuivre,
l’autre partie étant mise en liberté. (3)
On obtient un précipité d’une belle couleur
bleu clair extrêmement fin et léger, flocon
neux, de nature colloïdale qui est formé de
carbonate de cuivre bihxjdraté (C03, Cu, CuO,
2 aq.). Ce précipité flotte dans la liqueur,
grâce à sa ténuité, et aussi parce qu’il est
soutenu en suspension par le dégagement du
gaz carbonique libéré dans cette réaction.
Une grande partie de ce gaz se dissout toute(2) M on r a p p o r t de 1905 a v a i t t r a i t à l a c o m p o s i
tio n d e s b o u illie s e n p o u d re c o m m e rc ia le s . C e lu i
d e 1906 e6t u n e é tu d e s u r l’a d h é r e n c e c o m p a ré e d e s
p r é p a r a ti o n s c u p riq u e s . Il a é té p a r ti e l l e m e n t p u
b lié d a n s le B u lle tin N° 5 d e m a i 1906 d u M in is
tè r e d e l ’A g r ic u ltu r e p a g e 595. L e m é m o ire in .e x te n s o a é té in s é ré d a n s le s B u lle tin s , 7, 8, 9 d e j u i l
let, a o û t et s e p te m b re 1906 de l a S o c iété d ’A g ric u l
t u r e d e s B o u c h e s -d u -R h ô n e . L a d e s c rip tio n d e l a
m é th o d e e m p lo y é e p o u r d é te r m in e r le s c o e ffic ie n ts
c o m p a ré s d ’a d h é r e n c e e s t e x p o sé e d a n s ce r a p p o r t
c o m p le t.
(3) L ’é q u a tio n c i-d e sso u s r e p r é s e n te c e tte r é a c
tio n :
(S O ' Cu)2 + (Na2 C 0 3)2= C 0 3,C u ,C u 0 + (Na2 SO*)5+ C 0 2
S u lfate de
ca b re
C arbon ate
de Soude
C arbon ate
de en ivre
S u lfa te d e
soude
Gaz
ca rb on iqu e
�34
fois dans l’eau et ne s’en dégage que peu à
peu, par diffusion dans l’atmosphère. Dans la
liqueur, chargée de gaz carbonique, une petite
proportion de carbonate de cuivre se dissout.
Si, aussitôt après la préparation, on filtre une
part de la bouillie, on peut reconnaître l’exis
tence d’un peu de cuivre dans la solution lim
pide obtenue. Mais, en présence de l’atmos
phère libre, le gaz carbonique s’évapore,
s’échappe du liquide, et bientôt on voit une
mince pellicule bleuâtre apparaître à sa sur
face. Elle est formée de carbonate hydraté de
cuivre, devenu insoluble par le départ du gaz
carbonique.
L’hydrocarbonate de cuivre bleu, de nature
colloïdale, est très adhérent sur les feuilles de
végétaux, sur le verre, etc. Si la bouillie est
pulvérisée à ce moment, elle présente donc les
meilleures qualités pour la fixation du cuivre.
En outre, elle est parfaitement homogène, le
précipité étant bien réparti dans toute sa
masse. Enfin, elle contient une petite propor
tion de cuivre en dissolution, parce qu’elle est
chargée de gaz carbonique, et ce cuivre dis
sout exerce sur les cryptogames l’action la
plus énergique. Le cuivre qui devient insolu
ble par le départ de l’acide carbonique, se
dépose à l’état colloïdal et contribue à la
fixation plus solide du précipité ténu inso
luble.
Mais, bientôt, une modification se produit
dans la liqueur. Le carbonate bleu se
transforme peu à peu, à mesure que disparaît
le gaz carbonique libre, en carbonate d e cui
vre vert, carbonate monohydraté (C03, Cu,
Cuo, 1 aq.) qui présente la composition de la
Malachite naturelle. A l’inverse du carbonate
bleu, ce carbonate vert est très cristallin,
sableux, et par suite lourd. Il tombe et forme
sur le fond du récipient une couche verte
dense, que l’agitation la plus énergique ne
réussit pas à maintenir en suspension. Les
propriétaires qui ont préparé la bouillie
cuprosodique et qui ne l’ont pas employée
dans la journée même, connaissent bien ce
dépôt sableux, au-dessus duquel le liquide est
complètement limpide et inooljore. Cette
liqueur est exempte de cuivre soluble. Elle a
perdu, en effet, le gaz carbonique qu’elle
tenait primitivement en dissolution. A cet
état de transformation ultime, la préparation
n’offre plus d’efficacité contre les cryptogames,
parce que le carbonate de cuivre qu'elle ren
ferme est sans aucune qualité d’adhérence.
Non seulement l’agitation ne permet pas de
rendre la mixture homogène, et ainsi on n’est
plus assuré de répartir uniformément le sel
cuprique insoluble, mais surtout, ce sel se
détache des feuilles comme le ferait une pou
dre grossière, sableuse. L’action du vent suffit
pour le faire disparaître, dès que l’eau de
pulvérisation s’est évaporée.
Telle est la cause du défaut d’action des
bouillies cupro-sodiques qui ne sont pas em
ployées très peu de temps après leur obtention.
On voit qu’elle est purement chimique et
qu’elle tient à la m é t a m o r p h o s e m o l é c u l a i r e
d u p réc ip ité cu priau e.
La rapidité
cette transformation e s t
Avec de hautes
températures ambiantes, l’acide carbonique,
dont la présence retarde cette transformation
moléculaire, est beaucoup moins soluble dans
fo n ctio n
de
de la te m p é r a tu r e .
l’eau et s’en échappe plus rapidement. Par
suite, le carbonate vert se forme plus vite. En
été en France, la transformation de la bouillie
est complète en 36 heures environ. Mais déjà
au bout de 24 heures, elle a beaucoup perdu
de son activité anticryptogamique, c’est-à-dire
de sa faculté d’adhérence. On peut dire que
d’heure en heure, les bouillies cupro-sodiques
perdent graduellement quelque chose de leur
efficacité initiale. Sous un climat semi-tropi
cal, cette déchéance doit être très rapide et
c’est bien là ce que M. H. Grassin signale avec
beaucoup d’à-propos, d’après ses propres
observations.
Une autre cause influe, qui se ramène
encore à celle exposée ci-dessus. Lorsque la
formule de la bouillie comprend un excès de
carbonate de soude, quand, en d’autres termes,
cette bouillie est alcaline au lieu d’être neutre,
la transformation du carbonate bleu de cuivre
en carbonate vert est plus rapide et cela en
raison directe de l’excès d’alcalinité. Cela
tient à ce que le carbonate de soude en excès
absorbe l’acide carbonique en se transformant
en bicarbonate. La liqueur est donc dépouillée
dès le principe, d’une part du gaz carbonique
formé dans la réaction, et même elle peut
n’en renfermer que des traces si la quantité
de carbonate en excès est importante. Dans
ces conditions, la liqueur est exempte aussi de
cuivre en dissolution.
Pour tous ces motifs, on doit préférer la
bouillie neutre aux bouillies alcalines. On
verra plus loin que cette préférence est encore
justifiée par les coefficients d’adhérence cupri
que, plus élevés pour la bouillie neutre que
pour les bouillies alcalines ou acides.
PREPARATION DE LA BOUILLIE
CUPRO-SODIQUE NEUTRE
La bouillie cupro-sodique neutre est obtenue
en faisant réagir des quantités équimoléculaires de sulfate de cuivre et de carbonate de
soude. Cette condition est remplie lorsqu’on
emploie 426 grammes de carbonate de soude
desséché, pur, pour 1 kilo de sulfate de cuivre
cristallisé (1).
En pratique, on emploie le carbonate de sou
de commercial ou Soude Solvay, qui est du
carbonate anhydre de soude, vendu à la ri
chesse de 90-92 %. Ce carbonate doit être pul
vérulent. S’il est agrégé en morceaux plus ou
moins compacts, durcis, c’est qu’il a absorbé
de l’humidité dans l’atmosphère, ce qui dimi
nue sa richesse, sans d’ailleurs changer sa
qualité ; il faut seulement en employer davan
tage. Suivant la proportion plus haut men
tionnée, il faut pour 1 kilo de sulfate de cuivre
employer 474 grammes de sel à 90 %. En
pratique, avec le sel Solvay à 90°, on prend
la moitié du poids de sulfate de cuivre, c’està-dire 500 grammes, et on obtient en fait
une bouillie légèrement alcaline, neutre cepen
dant au papier de Tournesol (c’est-à-dire ne
modifiant pas le papier rouge ni le papier
bleu), parce que l’excès du carbonate est
transformé en bicarbonate sodique.
La meilleure méthode de préparation con(1) L e p o id s m o lé c u la ir e d u s u lf a te d e c u iv re
c r is ta l li s é (Cu SCH, 5 a q ) e st 249.
C e lu i d e c a r b o n a te d e so u d e a n h y d r e (N aî CQ3)
e6t 106.
�35
siste à faire dissoudre à part chacun des sels
dans un récipient particulier et avec le maxi
mum d’eau. Pour faire un hectolitre de bouillie
à 2 % de sulfate de cuivre on dissoudra donc :
1° 2 kilos de sulfate de cuivre dans 50 litres
d’eau ;
2° 1 kilo de carbonate Solvay dans 50 litres
d’eau.
La première solution, qui attaque les vases
en métal (en fer ou en zinc), doit être préparée
dans une baille en bois ou dans un vase en
grès. La deuxième peut-être faite dans un réci
pient en fer sans inconvénient.
En mélangeant à volumes égaux ces solu
tions, on obtiendra la bouillie neutre (ou plu
tôt légèrement alcaline), et le précipité de car
bonate de cuivre aura la ténuité la plus
grande si les deux solutions sont versées à la
fois, c’est-à-dire simultanément, dans le réci
pient du mélange, suivant le procédé dit
méthode américaine ou de Gallovay.
Etant donnée l’altération rapide que subit
la bouillie avec le temps, à l’égard de la nature
du carbonate de cuivre qu’elle renferme initia
lement, il y a grand intérêt à ne préparer ce
mélange qu’à mesure de l’emploi, c’est-à-dire
dans le pulvérisateur lui-même, ainsi que le
conseille M. H. Grassin.
Or, rien n’est plus facile avec ce dispositif
des deux solutions préparées d’avance à part
dans des récipients ditincts. Dans chaque pul
vérisateur à dos d’homme, d’une capacité de
15 litres, il suffit en effet de verser en même
temps 71/2 litres de solution de cuivre et au
tant de solution de carbonate de soude, opéra
tion aisée à faire avec l’emploi de deux mesu
res semblables. (1).
La durée d’emploi du contenu d’un pulvéri
sateur étant très courte, la bouillie distribuée
conservera le maximum de l’adhérence possi
ble pour ce genre de préparation. Par le cuivre
dissout qu’elle renfermera en petite proportion,
elle agira énergiquement pendant les premiers
moments de l’application sur les arbuscules
conidiens du cryptogame, faisant saillies au
revers des feuilles, et à fortiori sur les spores
et conidies.
On voit que le conseil de M. H. Grassin se
trouve entièrement justifié par des observa
tions de date déjà ancienne. C’est pour bien
marquer leur opportunité que j’ai cru devoir
relater avec détail les phases de cette réaction
du sulfate de cuivre sur le carbonate de soude.
Mais il n’est pas sans intérêt pour les culti
vateurs de café de connaître les propriétés des
préparations cupriques en général, car la lutte
contre l’Hemileia n’est pas bien différente de
(1) O n p o u r r a i t a u s s i a v o ir u n r é c ip ie n t e n cuic re à d e u x lo g e s, s é p a ré e s p a r u n d ia p h r a g m e i n
té r ie u r , e t m u n ie s e n b a s d e r o b in e ts c o n v e rg e n ts
d a n s u n s e u l c o n d u it, u n p e u l a r e, a b o u tis s a n t
n u p u lv é r is a te u r . C h a q u e lo g e a u r a i t l a c a p a c ité
d e 7 litr e s 500. E n o u v r a n t le s r o b in e ts s im u lta n é
m e n t a p r è s a v o ir g a r n i le s c o m p a rtim e n ts , le m é
la n g e d e s s o lu tio n s s’o p é r e r a it e x a c te m e n t v o lu m e
à v o lu m e . N’im p o rte q u e l c h a u d r o n n i e r d e c u iv re
p e u t c o n s tr u ir e à p e u d e f r a i s u n t e l a p p a r e il a u
q u e l d ’a ille u r s o n p o u r r a i t d o n n e r l a c a p a c ité c o n
v e n a b le p o u r le r e m p lis s a g e d e p lu s ie u r s p u lv é r i
s a te u rs . M a is a lo r s so n p r i x d e v ie n d r a i t éle v é,
t a n t p o u r l a q u a n tité d e c u iv re n é c e s s a ir e à l a
c o n s tr u c tio n , q u e p a r l a n é c e s s ité d ’u n e c o m m a n
d e u n i q u e p o u r le s d e u x r o b in e ts e t d 'u n d é b it
p a r f a i t e m e n t u n i f o r m e d e ces d e rn ie rs .
celle contre le Mildew de la vigne, contre le
Peronospora des pommes de terre et autres
cryptogames attaquant les feuilles. L’expérien
ce acquise en France dans l’usage des moyens
de défense contre ces maladies leur permettra
d’éviter des épreuves déjà faites et des tâton
nements onéreux.
La qualité essentielle que doivent réaliser les
préparations cupriques est celle d’une bonne
adhérence sur les parties du végétal traité. On
sait, par les travaux de Millardet, que de mini
mes proportions de sels cupriques en dissolu
tion dans l’eau des pluies et surtout des rosées,
suffit à empêcher la germination des. spores et
des conidies du Peronospora de la vigne. Le
dépôt cuprique opéré sur les feuilles par les
pulvérisations est chargé de fournir ces petites
quantités de cuivre aux eaux météoriques rete
nues sur les feuilles. Ainsi ces eaux devien
nent impropres au développement des semen
ces. C’est là une action principalement, sinon
exclusivement, préventive. Il est donc nécessaise que le dépôt cuivreux reste adhérent le plus
longtemps possible et qu’il soit de nature telle
que les pluies même violentes (1) ne puissent
l’en détacher aisément.
La répétition du traitement, un certain nom
bre de fois dans l'année, a pour but de renou
veler cette protection sur l’ensemble des parties
vertes de la plante, et de l’établir sur les feuil
les de nouvelle formation. Ces traitements
agissent aussi, sans aucun doute, sur les ar
buscules fructifères, porteurs de conidies, qui
à la faveur de l’humidité ambiante et de la
température, .naissent du mycélium interne,
au travers des stomates. Lorsque ces poussées
végétatives du champignon concordent avec
une pulvérisation cuprique renfermant un sel
soluble de cuivre et lorsque, surtout, la bouil
lie est mouillante, ces végétations extérieures
du champignon sont directement atteintes et
périssent. Quant au mycélium lui-même, la
cuticule imperméable des feuilles le met à l’a
bri de l’action du liquide cuprique. Et ainsi les
feuilles contaminées continuent à servir d’ali
ment au champignon, malgré les traitements.
Cette qualité des dépôts cupriques, l’adhé
rence, n’est pas la seule à considérérer,
quoique ce soit la principale. Il peut être
utile que la préparation cuprique renferme, au
moins temporairement, du cuivre sous forme
soluble, pour réaliser l’action directe et éner
gique indiquée ci-dessus, et mieux diffuser l’a
gent préservateur. Il est assurément très favo
rable que les préparations appliquées soient
rendues mouillantes, notion plus récemment
acquise, sur laquelle nous reviendrons plus
loin spécialement.
D’autres considérations encore méritent
attention.
Par exemple, la nécessité de laisser sur les
feuilles une trace visible du traitement. Les
erreurs et oublis, les malfaçons toujours à re
douter, sont ainsi perçus et peuvent être répa
rés.
L’adhérence comparative des préparations
cupriques a fait l’objet du travail que j’ai men
tionné au début de cette note. J’en rappellerai
ici les conclusions principales en décrivant
(1) L s p lu ie s d ’o ra g e v io le n te s o n t p lu s d ’a c tio n
p o u r d é s a g ré g e r le s d é p ô ts q u e le s p lu ie s fin e s e t
p ro lo n g é e s . L ’a c tio n m é c a n iq u e s’a jo u te , e n effet,
d a n s ce c as, à l ’e n tr a în e m e n t p a r d is s o lu tio n .
�36
d’abord brièvement la méthode employée pour
déterminer les coefficients d’adhérence.
Je dois expliquer d’abord ce qu’il faut enten
dre par coefficient d’adhérence.
Si on exprime par 100 la quantité de cuivre
métal déposé par les pulvérisations, le coeffi
cient d’adhérence représente le pourcentage de
cuivre qui a résisté à l’entraînement produit
par l’action d’un lavage énergique opéré sur
les parties traitées, après la dessication du dé
pôt cuprique.
Dans toutes les expériences, les pulvérisa
tions cupriques étaient faites par un distribu
teur mécanique sur des tableaux de feuille et
aussi sur des laines de verre présentant une
surface égale. Ce distributeur mécanique assu
rait une répartition parfaitement uniforme et
homogène de la pulvérisation sur toute l’éten
due des tableaux. Dans chaque essai, ceux-ci
étaient en nombre suffisant pour permettre en
double : 1° la détermination de la quantité de
cuivre pulvérisée ; 2° la proportion de cuivre
ayant résisté au lavage, toujours le même,
comme durée et importance, dans la série des
expériences.
Ledit lavage était équivalent à une pluie
d’orage déversant 3 millimètres 53 centièmes
de hauteur d’eau pendant une minute et ce la
vage était maintenu durant 10 minutes. (1). Il
était produit par un jet pulvérisateur agissant
perpendiculairement aux tableaux et fonc
tionnant sous deux atmosphères de pression,
donnant lieu, par suite à un choc énergique,
supérieur à celui de la pluie la plus battante.
Il est extrêmement rare que des pluies d'orage
atteignent une intensité de 2 millimètres de
hauteur d’eau par minute. Pour accuser des
différences suffisantes dans les résultats, c’està-dire dans la valeur des coefficients d’adhé
rence, il a été nécessaire cependant d’employer
un lavage aussi énergique, surpassant assuré
ment, comme action mécanique et volume
d’eau, les conditions qui se présentent dans la
nature .
COŒFF1CIENS D'ADHÉRENCE
DES PREPARATIONS
CUPRIQUES ANTICRYPTOGAMIQUES
I. Bouillies cupro-calcaires ou bordelaises
Les coefficients d’adhérence les plus élevés
ont été obtenus dans nos expériences avec les
bouillies suivantes :
Bouillie cupro-c aieaire alcaline préparée
suivant le procédé américain :
2 kilos de sulfate de cuivre dissous dans 50
litres d’eau ; 1 kilo de chaux vive que l’on
éteint pour faire un lait de chaux de volume
50 litres, les deux produits étant ensuite versés
simultanément dans un troisième récipient en
agitant le lait de chaux.
Bouillie cupro-calcaire mélassée de Michel
Perret :
2 kilos de sulfate de cuivre, 2 kilos de chaux
vive, 2 kilos de mélasse.
A la solution diluée de sulfate de cuivre, on
ajoute le lait de chaux, puis la mélasse.
(1) La quantité d’eau appliquée représente ainsi
la chute de plus de 35 litres d’eau par mètre carré
en 10 minutes.
Bouillie cupro-calcaire alcaline à l'huile de
lin de M. Condeminal :
2 kilos de sulfate de cuivre, 1 kilo de chaux
vive, 20 grammes huile de lin.
A la solution diluée de sulfate de cuivre, on
ajoute le lait de chaux. L’huile de lin est mêlée
à la chaux pendant son extinction par des
quantités ménagées d’eau, et malaxée avec la
chaux en pâte avant délayage.
Toutes ces bouillies marquent fortement les
feuilles et donnent des coefficients d’adhérence
élevés atteignant 90 et 95 % du cuivre déposé
par la pulvérisation.
Les bouillies calcaires neutres, obtenues en
ajoutant peu à peu à la solution du sulfate de
cuivre diluée un lait de chaux, jusqu’au mo
ment où le papier rouge de tournesol bleuit
légèrement, sont en réalité des bouillies fai
blement alcalines. Leurs coefficients d’adhé
rence atteignent 75 à 80 et même 85 %.
Les bouillies calcaires acides sont préparées
en faisant dissoudre les 9/10 de la quantité du
sulfate de cuivre, soit : 1 k. 800 dans 60 à 80 li
tres d’eau. On neutralise par addition ména
gée de lait de chaux jusqu'à bleuissement du
papier de tournesol. Ensuite on ajoute le com
plément de sulfate de cuivre, 200 grammes en
dissolution, et on complète l’hectolitre. Avec
ces bouillies acides, les coefficients d’adhéren
ce sont inférieurs : 50 à 55 %.
Le mode de préparation des bouillies cuprocalcaires a beaucoup d’influence sur leur adhé
rence. Celle-ci est très faible si le lait de chaux
est ajouté à une solution concentrée de sulfate
de cuivre, la bouillie n’étant qu’ensuite ame
née au volume d’emploi. On obtient alors 25 à
30 % seulement d’adhérence. Il convient d’opé
rer avec des solutions également étendues que
l’on mélange simultanément comme pour la
permière bouillie plus haut décrite. Si l’on pro
cède différemment, il faut verser dans la solu
tion diluée de sulfate de cuivre, occupant par
exemple 75 à 80 litres, le lait de chaux amené
au volume de 25 à 20 litres et agiter constam
ment et énergiquement en le versant peu à peu.
On évite ainsi l’emploi d’un troisième réci
pient.
Avec les bouillies calcaires bien préparées,
l’adhérence se conserve bonne pendant les pre
mier temps qui suivent l’obtention. La bouillie
à la mélasse maintient presque toute sa valeur
durant 48 heures. Pour les autres bouillies,
alcalines et neutres, la valeur des coefficients
d’adhérence diminue lentement, mais la réduc
tion est notable après 48 heures ; en pratique, il
convient donc de les utiliser toujours dans le
délai de 24 heures.
L’obtention des bouillies cupro - calcaires
exige l’emploi de chaux vive de la meilleure
qualité, s’éteignant avec vive production de
chaleur, et foisonnant abondamment. De telles
chaux ne peuvent être produites qu’avec des
calcaires très purs, qui ne se trouvent pas par
tout. L’importation de la chaux vive est diffi
cile, si le pays n’en produit pas, car il fau
drait pour éviter son altération des emballages
étanches, beaucoup trop dispendieux. La
chaux vive absorbe en effet très vite l’humidité
de l’atmosphère et l’acide carbonique. Dans
ces conditions, elle se délite, tombe en pous
sière, se transforme plus ou moins complète-
�87
ment en carbonate de chaux. Elle est impro
pre alors à fournir de bonnes bouillies.
H . B o u illie s c u p ro -so d iq u e s ou
B o u rg u ig n o n n es
Les bouillies cupro-sodiques présentent des
coefficients d’adhérence un peu inférieurs aux
précédents, mais leur préparation est beau
coup plus facile. Le coefficient le plus élevé
atteint 85 % pour la bouillie neutre préparée
avec solutions étendues de volume égal, mé
langées simultanément, suivant le système
américain. Ce que nous avons dit de ce genre
de préparation au début de cette note nous
dispense d’une description nouvelle.
Les bouillies cupro-sodiques alcalines faites
avec 2 kilos de sulfate de cuivre et 2 kilos de
carbonate de soude par hectolitre et préparées
dans les mêmes conditions que la précédente,
sont moins adhérentes. Coefficient 72 à 75 %.
Celles à réaction légèrement acide, compor
tant pour 2 kilos de sulfate de cuivre, 0 k. 880
de carbonate de soude, ont des coefficients
inférieurs, 50 à 55 %.
Le mode de préparation influe beaucoup sur
l'adhérence. Lorsque, au lieu de faire dissou
dre les sels séparément dans le maximum
d’eau, on mélange des solutions concentrées
pour n’étendre qu’ensuite au volume d’em
ploi, les coefficients sont inférieurs et très
variables suivant le temps où intervient la
délution. Ils peuvent varier entre 72 et 30 %.
Lorsque, pour préparer la bouillie au carbo
nate de soude, on emploie un mélange de
sulfate de cuivre pulvérisé et de carbonate de
soude sec, dans la proportion d’une bouillie
neutre avec un faible excès de carbonate,
l’adhérence peut être encore assez bonne, com
prise entre 70 et 75 %, si les poudres sont de
préparation récente ; il faut, pour obtenir ces
coefficients, répandre la poudre peu à peu
dans le liquide en l’agitant fortement, afin de
favoriser une dissolution rapide des deux sels
dans le maximum d’eau.
Si la date de fabrication des poudres est un
peu ancienne, le coefficient d’adhérence peut
être inférieur à 5Ô %. L’a.dbérence est très
faible, ou même nulle, lorsque ces poudres ont
subi l’action de l’humidité. Elles sont alors
plus ou moins aggrégées en blocs et donnent
d’emblée dans le liquide une poudre dense et
cristalline de carbonate de cuivre vert (Mala
chite). Leur emploi ne peut donner lieu dès
lors qu’à des échecs certains.
Maleré une conservation en boîtes métalli
ques bien agrafées ou soudées, qui les place
en dehors des atteintes directes de l’air humi
de, les bouillies en poudre sèche perdent avec
le temps, une part de leurs qualités d’adhéren
ce: L’eau de cristallisation de sulfate de cuivre
est la, cause de la lente réaction qui s’établit
entre les deux produits solides (1). La finesse
des poudres qui augmente les surfaces en
contact, leur agitation qui renouvelle ces
surfaces, favorisent encore cette réaction.
Aussi peut-on dire que les bouillies ainsi pré
parées d’avance en pondre ne donnent pas des
(11 L e s u lfa te d e c u iv re c r is ta llis é (S04 Cu, 5 aq)
c o n tie n t 36,14 % d ’e a u . P o u r q u e le s d e u x se ls
s o ie n t s a n s a c tio n l ’u n s u r l ’a u tr e , il f a u d r a i t
d u s u lf a te d e c u iv re a n h y d r e (SCM Cu) p o id s m o lé
c u la ire 159.
liqueurs de traitement aussi adhérentes que
celles que les propriétaires peuvent obtenir
eux-mêmes. L’observation de M. H. Grassin
est à ce sujet parfaitement juste et doit être
retenue.
Pour un instant, il nous faut revenir au
point capital déjà longuement traité dans la
première partie de cette note. Toutes les pré
parations cupriques à base de carbonate de
s o u d e perdent rapidement leurs adhérence.
Leur déchéance, sous ce rapport, est plus
prompte que celle des bouillies cupro-calcaires. Telle est la raison pour laquelle les bouil
lies dites Bordelaises ont accusé moins de
mécomptes que les bouillies Bourguignonnes,
dont l’adhérence peut, au bout de deux jours
de conservation en été, tomber à rien. Ce
défaut si grave est heureusement facile à évi
ter et nous reproduisons ici en propres termes
le conseil donné à cet effet dans notre rapport
de 1906 plus haut cité (page 602) : « Elles doi
vent donc être (les bouillies cupro-sodiques)
préparées à mesure des besoins et de préfé
rence par le mélange de solutions étendues et
séparées de sulfate de cuivre et de carbonate
de soude, dans les pulvérisateurs eux-mêmes,
au moment de l'emploi » Cette manière d’opé
rer n’est pas plus difficile qu’une autre et elle
assure des résultats sûrs et constants ; autant
du moins que peut l’être la lutte contre les
cryptogames, dans laquelle les conditions
climatériques jouent un rôle considérable, que
ne peuvent dominer parfois les opérations
défensives les plus suivies et les mieux condui
tes.
111. Préparations à base d'acétate de cuivre
Dans le numéro du 1er mars 1913 de l'Expan
s i o n Coloniale, j’ai déjà signalé le Verdet
neutre (ou diacétate de cuivre) comme l’un des
produits que l’on pouvait employer avec avan
tage dans la lutte contre VHémilêia.
Le Verdet neutre est, en ce qui concerne
l’adhérence, inférieur aux bouillies calciques
ou sodiques. Mais il rachète ce défaut par la
constance, par la stabilité, de ses solutions,
qui ne subissent avec le temps aucune modifi
cation préjudiciable à l'adhérence. C’est un
sel très soluble qu’il suffit d’ajouter à la dose
convenable, 1 kilo par hectolitre d’eau, sou
vent même seulement 800 grammes. La solution
agit au moment de son application avec la
plus grande énergie, puisqu’elle renferme tout
son cuivre à l’état soluble. Mais en présence
de l’air, étalée en couches minces, cette solu
tion abandonne de l’acide acétique et il se
forme des acétates basiques de cuivre de
nature colloïdale très peu solubles dans l’eau
et du carbonate hydraté de cuivre. Ce sont
ces derniers sels qui réalisent l’enduit cuivri
que adhérent, lentement attaquable par les
eaux météoriques et protégeant les parties
recouvertes du végétal.
La solution de Verdet neutre expérimentée
pour l’adhérence, contenait par hectolitre
1 k. 617 d’acétate de cuivre, c’est-à-dire 508
grammes de cuivre métal, quantité que renfer
me 2 kilos de sulfate de cuivre. Les coefficients
d’adhérence ont été de 50 à 52 %. On peut
admettre que les solutions moins concentrées
fournissent des dépôts plus adhérents. Mais
dans nos essais une même dose de cuivre
devait être appliquée nécessairement dans
�38
toute les expériences pour les rendre compa de cette préférence. En un mot, le Verdet de
cuivre a donné des résultats, sinon meilleurs,
rables.
Lorsque, au lieu du Verdet commercial, on tout au moins plus constants que les autres
prépare par une double décomposition, un modes de traitements cupriques, parce que son
Verdet en solution, l’adhérence augmente emploi est plus facile et surtout moins délicat.
notablement. C’est le Verdet de conversion
dont déjà nous avions indiqué la formule dans OBTENTION DES PREPARATIONS
l ' E x p a n s i o n C o lo n i a le et qui s’obtient en fai
CUPRIQUES MOUILLANTES
sant dissoudre dans un hectolitre d’eau, sans
aucune précaution spéciale :
L’eau et les solutions salines aqueuses mouil
Sulfate de cuivre ............................... 1 k. 270 lent en général assez mal les insectes et les
Acétate de soude cristallisé ............. 1 k. 400 fleurs. Les téguments gras des insectes, les
poils qui souvent les recouvrent, repoussent le
Ces dosages correspondent encore à la quan contact de l’eau. Il en est de même, à un moin
tité de 322 grammes de cuivre. L’adhérence, dre degré, pour les plantes dont la cuticule est
dans ces conditions de préparation, est aug seuvent cireuse et recouverte fréquemment de
mentée et atteint 58 à 65 % ; elle serait plus formations pubescentes.
grande aux doses normales employées pour
Or, le contact des mixtures insecticides et
l’acétate de cuivre (1).
anticryptogamiques avec les insectes à dé
Les solutions de Verdet ne laissent pas de truire, ou avec les parties de plantes à proté
traces apparentes sur les feuilles ; celles du ger, est la première condition de leur activité.
Verdet de Conversion marquent insuffisam Ce contact intime est réalisé lorsque la solu
ment (2). On peut obvier à ce défaut en ajou tion mouille. S’il s’agit des feuilles, il convient
tant aux dites solutions 0 k. 500 à 1 kilo de kao que la liqueur qui s’est étalée sur leur surface
lin par hectolitre. Il faut naturellement mettre s’y dessèche sans se rétracter en forme de
le kaolin en suspension lorsqu’on garnit les gouttelettes, en laissant des lacunes exemptes
pulvérisateurs et ces derniers, comme d’ail de préparation.
leurs pour l’usage de toutes les autres prépa
La notion de l’utilité du mouillage n’est pas
rations cupriques, doivent être munis d’agitateui's ou d’un dispositif de barbotage d’air. nouvelle. Depuis longtemps on applique dans
L’addition du kaolin a, en outre, l’avantage la lutte contre les insectes des émulsions sa
d’augmenter l’adhérence qui atteint 70 à 72 %. vonneuses bien mouillantes. Ce n ’est que de
d’années, toutefois, qu’on s’est vrai
Dans ces conditions, la bouillie kaolinique puis peu
attaché à perfectionner le mouillage
au Verdet n’est guère inférieure, comme taux ment
assurer un meilleur succès à tous les mo
d’adhérence, aux bouillies sodiques ordinaires. pour
Elle présente l’avantage d’une activité initiale des de traitement.
Les phénomènes de la capillarité des liqui
plus grande, tout le cuivre qu’elle renferme
étant, au moment de son application, sous des, leur viscosité, interviennent dans le mouil
forme soluble. La répartition du produit actif, lage. Mais il n’est pas facile d’en déduire d’im
le sel cuprique, est naturellement parfaite médiates applications à la pratique. C’est par
avec cette complète solubilité, tandis qu’elle des essais variés, par des tâtonnements, qu’on
peut être inégale avec les bouillies à! composés a procédé jusqu’ici. Quantité de. produits ont
cupriques insolubles, qui tendent à se déposer été expérimentés pour rendre mouillantes les
et à se séparer de la liqueur où ils sont en préparations cupriques que nous avons seule
suspension. Cette séparation du précipité n’est ment ici en vue : Savons alcalins, saponines,
pas à craindre toutefois en opérant comme sels biliaires, alcools supérieurs, puis divers
nous l’avons recommandé. A l’inverse des colloïdes tels que : albumines, gélatines, peppréparations calciques ou sodiques, qui exi tones, caseïnes, etc.
gent pour leur obtention des soins attentifs,
Une long article ne suffirait pas à résumer
un emploi rapide, aucune précaution n’est les préparations proposées, mais qui, jusqu’ici,
nécessaire pour préparer les solutions de ont été trop récemment et insuffisamment ap
Verdet, et celles-ci faites, ne subissent avec le pliquées pour qu’on connaisse bien leur véri
temps aucune déchéance.
table valeur.
Telles sont les causes gui, dans plusieurs ré
Nous ne mentionnerons ici que quelques for
gions, particulièrement dans celles où les mules
qne nous avons personnellement éprou
pluies sont fréquentes, ont amené les viticul
et qui peuvent être aisément mises en pra
teurs à choisir le Verdet. Nous pensons, quant vées
avec peu de dépense, celles à base de Saà nous, que la mauvaise préparation, des bouil tique
ponine et celle à base de colle de Gélatine.
lies a été pour beaucoup dans la détermination Elles
exigent des liqueurs neutres, ou mieux,
légèrement acides.
(1) Pour dosages normaux : les proportions de
Il faut se rappeler que ces préparations,
sels à employer sont les suivantes :
lorsqu’elles sont à base de chaux ou de carbo
Pour 1 kilo Pour 0 k. 800
nate de soude, sont moins adhérentes que cel
Par hectolitre
Verdet
Verdet
les neutres et moins que le Verdet. Cependant,
comme elles renferment un peu de cuivre en
Sulfate de cuivre cristallisé. 1 k. 270
1 k. 000
dissolution, leur activité fongicide est très
Acétate de soude cristallisé.
1 k. 400
1 k. 100
grande et ainsi elles peuvent donner en prati
(2) L’absence des traces du traitement effectué est que des résultats excellents. Avant de donner
nécessaire, au contraire, pour les cultures florales des formules de bouillies, nous décrirons le
et ornementales, ainsi que pour certaines plantes
maraîchères, les tomates, par exemple, les fruits moyen d’extraire la saponine des graines du
sapindus.
en général.
�39
Extraction de la Saponine
Du Sapindus (1)
La ou plutôt les saponines, car il existe de
nombreuses plantes qui renferment ces prin
cipes immédiats analogues, présentant entre
eux des différences, ne sont pas préparées
dans l’industrie. La graine du sapindus est
celle qui en renferme le plus. Ce glucoside est
localisé dans l’enveloppe de la graine ou péri
carpe qui en contient au moins 50 %.
Pour obtenir la saponine, on sépare d’abord
le péricarpe des graines, qui sont volumineu
ses, en les comprimant dans le sens de leur
partie carénée, avec un casse-noix ou une
pince de gazier. L’enveloppe se brise et l’on
peut en expulser la graine noire intérieure
qui n’est d’aucune utilité.
On prend 350 à 400 grammes de péricarpe
que l’on enferme dans un sac en toile. On
ferme le sac avec un nœud de ficelle et on l’in
troduit dans une casserolle de 4 litres de
capacité environ dans laquelle on met 2 litres
d’eau.
On porte à l’ébulition et on laisse macérer
un moment en écrasant le contenu du sac avec
un pilon. Lorsque l’eau est suffisamment
refroidie, on triture à la main le contenu du
sac ; quand la masse est devenue molle et
homogène, on exprime fortement le sac pour
en extraire la liqueur. On met à part le
liquide de cette première extraction et avec
un litre d’eau chaude on recommence le
malavage du sac à la main pour favoriser
la dissolution de la saponine. On exprime
encore et on réunit au premier liquide celui
de cette deuxième extraction. On recommence
encore deux fois cette opération, et les
liqueurs sont réunies aux deux premières. On
obtient ainsi 5 litres ou davantage de solution
de Saponine et il ne reste dans le sac qu’une
faible portion de produits insolubles, formée
de cellulose et de ligneux, qui représentent à
l’état sec 17 % environ du poids de péricarpe
employé ; on a ainsi réuni dans les liqueurs
successives toute la saponine de l’enveloppe
de la graine du sapindus. La saponine est
très soluble dans l’eau, mais elle ne peut être
dissoute qu’autant que, par la chaleur et le
malaxage, on a brisé toutes les cellules végé
tales où elle se trouve renfermée. Cet extractum est ajouté comme nous l’indiquerons ciaprès, soit à la bouillie constituée, soit à la
solution cuprique, suivant la nature de la pré
paration.
s’échauffant et en se fragmentant. On rajoute
ensuite de l’eau peu à peu de manière à pré
parer un lait d’un volume de 12 à 15 litres.
On verse peu à peu le lait de chaux, préala
blement passé au tamis, dans la solution cui
vrique en agitant fortement et on observe en
même temps avec le papier rouge de tournesol
la réaction de la liqueur rendue bien homo
gène. Dès que le papier bleuit, on arrête le
versage de la chaux.
On fait dissoudre 100 grammes de sulfate de
cuivre dans 2 litres d’eau et on verse en agi
tant dans la baille.
La liqueur, ainsi préparée doit rougir légè
rement le papier bleu de tournesol. Si ce
papier restait bleu, c’est qu’on aurait versé
trop de chaux. Il faudrait dès lors ajouter
encore un peu de sulfate de cuivre, par exem
ple, 50 grammes, dissous dans 1 litre d’eau.
C... La bouillie légèrement acide obtenue
ainsi est alors additionnée de l’extractum de
sapindus, obtenu comme il a été expliqué,
avec 350 ou 400 grammes de péricarpe ; on
complète, s’il y a lieu, le volume de 100 litres.
Bouillie Bourguignonne faiblement acide,
mouillante au Sapindus
A. .. Sulfate de cuivre 2 kilos dissous dans
45 litres d’eau.
B. .. Carbonate de soude, 0 k. 880 grammes
dans 45 litres.
On verse simultanément les deux solutions
dans une baille et on agite. On verse ensuite
l’extractum de sapindus, et on complète le
volume à 100 litres.
Il est préférable, si on prépare la bouillie
dans les pulvérisateurs eux-mêmes, comme
nous l’avons conseillé précédemment, d’ajou
ter à la solution A de sulfate de cuivre, l’ex
traction de sapindus pour faire du tout 50
litres. La solution B, est préparée alors au
même volume de 50 litres. On verse simulta
nément 7 lit. 1/2 de chaque solution dans le
pulvérisateur à l’aide de deux mesures d’éga
les capacités. La mesure qui sert pour la solu
tion cuprique doit être en cuivre rouge.
Cette bouillie est plus simple à préparer que
la bouillie calcaire correspondante ci-dessus.
L’addition de la Saponine dans la Bouillie
Bourguignonne retarde considérablement la
transformation moléculaire du Carbonate de
Cuivre bleu en Carbonate vert. A cause de la
teinte jaune de la solution de Sapindus la
bouillie est de couleur verte ; mais elle se
maintient longtemps homogène et floconneuse.
Bouillie Bordelaise faiblement acide,
Verdet mouillable au sapindus
mouillante au sapindus
Il
suffit
d’ajouter à la solution du Verdet
A. .. Sulfate de cuivre 1 k.90O dans 75 litres
l’extractum de sapindus.
d’eau.
B. .. Lait de chaux. On pèse 1 kilo de chaux
I. Formule au Verdet neutre :
grasse en pierre , on l’éteint avec de petites
Verdet
800 gr. à 1 k. dans 90 lit. d’eau
afflusions d’eau au début, afin qu’elle fuse en
Extractum obtenu de 400 gr. de péri
carpe de sapindus dans eau ......... 5 à 8 lit.
(1) L es s a p in d u s s o n t c u ltiv é s e n A lg é rie et, c’e s t là
Kaolin 1/2 à 1 kilo.
o ù l ’o n t r o u v e la g r a in e l a p lu s ric h e en p é r ic a r p e
6 7 à 6 8 % e t p a r s u ite en s a p o n in e . M a is a u T o n k in ,
Eau complémentaire pour faire l’hectolitre.
en A n n a m , o n r e n c o n tr e d a n s le s fo rê ts b e a u c o u p
d e s a p in d u s d o n t la v é g é ta tio n e st s p o n ta n é e . L e u r
II. Formules par conversion :
g r a in e , d ’a p r è s u n é c h a n tillo n e n v o y é à l ’I n s titu t
Pour 800 grammes de Verdet :
C o lo n ia l p a r M. le G o u v e rn e u r G é n é ra l d e l ’In d o
c h in e , n e p a r a î t d iflé re r de c elle d e l a v a r ié té a lg é
Sulfate de cuivre .............................. 1 k. 000
r ie n n e crue p a r u n e m o in d r e te n e u r en p é r ic a r n e ,
Acétate
de soude cristallisé ............. 1 k. 100
ce d e r n i e r é ta n t m o in s c h a r n u e t n e f o r m a n t q u e
Kaolin 1/2 à 1 kilo.
52 à 53 % d u p o id s d e la g ra in e e n tiè re .
�40
Pour 1 kilo de Verdet :
Sulfate de cuivre ........................ 1 k. 270
Acétate de soude cristallisé ........ 1 k. 400
Kaolin 1/2 à 1 kilo.
Extractum de sapindus comme ci-dessus, le
tout dans IDG litres d’eau.
L’addition de l’extrait de Sapindus ne modi
fie pas la stabilité des solutions de Verdet. Elle
augmente leur adhérence.
Pour la commodité du travail, dans une pro
priété un peu importante, on pourra préparer
d’avance l’extrait de sapindus en y ajoutant
un sel de cuivre. Il faut alors faire l’extractum
à une richesse déterminée de manière à pou
voir mesurer la quantité nécessaire pour cha
que hectolitre de bouillie ou de Verdet. On
ajoute, par litre de ladite solution, 5 grammes
de sel cuprique sulfate ou acétate de cuivre,
suivant le genre de préparation que cette solu
tion doit rendre mouillable.
Pour opérer plus en grand l'extraction de
la saponine on peut triturer le péricarpe sur
un tamis en toile de cuivre plongé dans un
chaudron garni d’eau. Le tamis doit être assez
fin pour que les débris capables de gêner
les pulvérisations soient retenus. Il est facile
d’ailleurs d’imaginer des dispositifs pour faire
cette extraction pratiquement.
La gélatine a été proposée par MM. Vermorel et IJantony pour provoquer le mouillage
dans les bouillies acides et le Verdet (lj. Elle
agirait, d’après ces expérimentateurs, en aug
mentant la viscosité des solutions, c’est-à-dire
par la résistance qu’elle conférerait aux min
ces pellicules de liquides qui recouvrent les
parties pulvérisées. Les solutions cupriques ou
bouillie à la gélatine ne mouillent pas par
trempage. Il faut la puissance mécanique du
jet pulvérisateur qui oblige le liquide à un
contact violent avec les feuilles. Une fois ce
contact obtenu, la résistance à la rupture de
la pellicule aqueuse le maintient (2).
Dans toutes les formules précédentes, on
peut remplacer la solution de saponine par
une dissolution de gélatine à raison de 50
grammes par hectolitre de bouillie ou de solu
tion cuprique.
Pour obtenir la solution de gélatine, on la
fait d’abord trenmer dans l’eau froide durant
24 heures pour obtenir son gonflement. Il suf
fit ensuite de chauffer au bain-marie jusqu'à
parfaite dissolution. On ajoute la solution
chaude suffisamment étendue pour être bien
fluide aux préparations cupriques. Ce moyen
est très simple et très économique. L’adhé
rence cuprique est augmentée notablement.
Mais toutes les gélatines ne sont pas également
convenables à cette application. Certaines sont
très efficaces, d’autres beaucoup moins, et rien
jusqu’ici n’a permis de les distinguer d’avance
et de pouvoir recommander celles qui convien
nent le mieux au mouillage. En attendant des
(1) C o m p te s r e n d u s A. D. S. V e rm o re l e t Danto n g , 13 m a r s 1912).
(2) O n d o it o b te n ir d e s o u v rie rs q u i p u lv é ris e n t,
q u ’ils n e p o m p e n t p a s m o lle m e n t c o m m e s’il s ’a
g is s a it d ’u n a rro s a g e . Il f a u t q u e l a p r e s s io n d o n
n é e a u j e t p u lv é r is a te u r s o it a sse z fo rte , 2 o u m ê m e
3 a tm o s p h è re s . O n o b tie n t a u s s i, d a n s ces c o n d i
tio n s , p a r la fin e sse d e la p u lv é r is a tio n , u n e n o t a
b le é c o n o m ie d e liq u id e .
indications plus précises à cet égard, on
pourra employer la gélatine des menuisiers
ou colle forte.
Nous engageons les cultivateurs de café de
la Nouvelle-Calédonie et les colons posses
seurs de plantations à appliquer attentive
ment les préparations mouillantes et à exa
miner si elles réussissent à garnir les feuilles
et les autres parties de la plante d’une couche
protectrice uniforme ; le mouillage est un des
éléments du succès qu’il convient de ne pas
négliger. Son utilité est de pleine évidence et
n’a guère besoin de démonstration. Toutes les
feuilles ne sont pas également mouillables.
Telle préparation qui réussit sur un végétal
donné, ne donne pas les mêmes résultats sur
une autre variété ou espèce de plante. Or,
nous ne savons rien sur la manière dont se
comportent les feuilles et organes du caféier
en ce qui a trait au mouillage.
Nous avons beaucoup insisté sur l’adhé
rence parce qu’elle joue un très grand rôle
dans l’efficacité des remèdes cupriques, en
tous lieux et climats, mais particulièrement
dans une région où les pluies sont fréquentes
et intenses et où la protection des feuilles doit
être assurée d’une manière permanente.
On nous excusera des détails donnés, qui
peut-être paraîtront surabondants et super
flus, surtout en ce qui concerne les bouillies
au carbonate de soude. Nous avons vu et
voyons encore ici si souvent ces bouillies mal
préparées et mal employées, qu’il nous a paru
nécessaire, dans un pays lointain où leurs
défauts sont moins connus, d’insister forte
ment sur les moyens de les éviter complète
ment et cela par des précautions faciles.
II nous semble qu’avec des soins dilligents
et éclairés, les cultivateurs de la NouvelleCalédonie peuvent réussir pleinement à défen
dre la variété Arabica qui a si bien réussi
sous leur climat et qui y dQnne des produits
supérieurs, qu’aucun autre ne saurait actuel
lement fournir. Sa susceptibilité vis-à-vis de
l’Hémiléia est certes un grand défaut. Mais
c’est une mesure de toute gravité que celle qui
aboutirait à remplacer une plante de haute
qualité, qui a fait la réputation des cafés ob
tenus dans la colonie, par des variétés infé
rieures. Avant de se résoudre à une nouvelle
révolution culturale, ne convient-il pas de
mettre tout en œuvre pour conserver le capi
tal que représentent les plantations, la situa
tion commerciale acquise ? Ne faut-il pas
généraliser la défense avec les moyens les plus
actifs et les plus rationnels ? Si tous le
savaient comprendre, la lutte contre le cryp
togame Hémileia ne serait sans doute pas
aussi difficile et aussi onéreuse qu’elle le
paraît actuellement, alors que les efforts
restent isolés et localisés. Combien ces efforts
seraient plus productifs de résultats s’ils
étaient généralisés et coordonnés.
(25 mars 1914).
G. Gastine ,
�C A C A O
Le T ra ite m e n t m é c a n iq u e
cTu Cacao
Geo S. HUDSON, Planteur à Sainte-Lucie
4.
M. Harold Hamel Smith, qui publie avec
tant de compétence la Revue spéciale
anglaise si intéressante consacrée à l’Agri
culture coloniale « Tropical Life », a eu
l’heureuse initiative de réunir en un volume
les études fondamentales qui ont été
publiées par les divers spécialistes anglais,
allemands et hollandais, sur la fermentation
du cacao. Grâce à cet ouvrage, les planteurs
vont pouvoir connaître facilement les diver
ses théories qui ont été énoncées au sujet de
cette opération et sur les procédés à appli
quer dans la pratique. M. H. Hamel Smith
a pensé en outre qu’il convenait de provo
quer la rédaction d’une sorte de guide
résumant les meilleures méthodes actuelles.
Avec le concours d’un certain nombre des
principaux négociants et fabricants traitant
le cacao, il a créé un prix pour récompenser
ce travail. Ce prix a été accordé à MM,
Geo. S. Hudson, planteur à Sainte-Lucie, et
au docteur Lucius Nicholls, du Service de
l’Agriculture de Sainte-Lucie.
M. Hamel Smith a eu l’amabilité de nous
communiquer les bonnes pages de son
ouvrage et il a bien voulu nous autoriser à
en publier des extraits avant son appari
tion. En lui adressant tous nos remercie
ments, nous en profitons pour reproduire
ici une traduction, due à l’obligeance de M.
de Villeroy, planteur en Indochine, de la
partie de l’étude de M. Hudson relative au
traitement du cacao après la fermentation.
Nos lecteurs y trouveront des indications
précieuses sur l’emploi des machines encore
peu répandues dans nos colonies. En ce qui
concerne la fermentation, nous ne pouvons
que les engager à se reporter à l’ouvrage
même de M. Hamel Smith, qui est d’un
intérêt fondamental pour eux (The Fermen
tation of Cacao, publié chez John Baie
Sons and Danielsson, Ltd, Londres W.,
11 sh. franco).
En dehors du travail de MM. Hudson et
Nicholls, les études publiées dans cet
ouvrage sont les mémoires des auteurs sui
vants : Dr Axel Preyer, Berlin ; Dr Oscar
Loew, Munich (anciennement à Tokyo et
Porto-Rico) ; Dr Fickendey, Cameroun ; Dr
Schulte im Hofe, Berlin ; Dr J. Sack, Hol
lande et Surinam. Elles sont complétées
par des notes et une introduction de M.
Harold-Hamel Smith, dont on connaît toute
la compétence particulière en matière de
cacao, sur les principales questions concer
nant la préparation et l’utilisation de ce
produit.
Appareils pour séchage artificiel
Séchoir à air chaud de « Whitfield Smith »
et ses modifications
Je désigne sous ce nom l’installation pour
le séchage du cacao, construite à la station bo
tanique de Dominica, par « l’Imperial Depart
ment of Agriculture for the West Indies ».
L’idée en fut conçue par M. Whitfield Smith,
actuellement inspecteur de Carriacon.
Tel qu’il est construit à Dominica, le bâti
ment consiste en un vaste hangar recouvrant
entièrement une construction en bois conte
nant six grands plateaux à cacao montés sur
roues et rails, et situés sur trois plans superpo
sés, contenant deux plateaux chacun. Les rails
ont une extension suffisante pour permettre de
tirer ces plateaux afin que leur contenu puisse
être enlevé ou remplacé avec facilité sans ris
quer d’être mouillé par les pluies. Il n’y a ce
pendant aucun agencement permettant d’utili
ser la chaleur des rayons solaires. Le bâtiment
intérieur, avec ses plateaux à fermeture, est
aussi étanche que possible ; l’air chaud est
amené à l’une des extrémités sur les deux pla
teaux du plan le plus bas ; cet air chaud est
produit par un poêle en fer « Cornet » N° 28
(construit par les usines de J. L. Mott, 84,
Beckmann Street, New York, d’une valeur
approximative de $40). Cet air chaud est main
tenu sur le plan inférieur par un plafond jus
qu’à 18 inches de l’extrémité du bâtiment ; à
cet endroit se trouve pratiquée dans le plafond
une ouverture permettant son introduction
sur les deux plateaux du second plan ou plan
du milieu. Le plafond de ce plan du milieu est
également ouvert à 18 inches de l’extrémité
opposée, obligeant ainsi l’air chaud à circuler
au-dessus et au-dessous des plateaux. La
�42
môme opération se renouvelle pour les pla-lS néraJeqrent on trouvera que 110° F sont suffi
teaux du plan supérieur à l’extrémité la plus JJ sants. Je ne veux pas démontrer que ce procédé
reculée duquel se trouve un ventilateur Black- ; soit absolument parfait, mais il est économi
man de 18 inches (dont le coût est de 5 dollars que, s’applique facilement aux « boucans » déjà
sans roue motrice) actionné à bras, et qui as existants, et ses résultats sont satisfaisants. Ceci
pire l’air chaud, l’aidant ainsi à passer à tra n’est pas pour détruire mes objections sur la
vers tous les compartiments. La roue motrice cherté relative du travail par les boucans con
devrait avoir un diamètre de 5 pieds, elle serait tenant une série de petits plateaux, mais il
en bois, mais du plomb serait ajouté à la jante montre comment tirer le meilleur résultat des
en 1er, au milieu se trouverait une poignée en appareils existant déjà pour le séchage par le
soleil.
pierre à meule.
Cet appareil n ’a cependant pas été très em
Séchoirs rotatifs a air chaud (1)
ployé dans les West Indies sous sa forme origi
nale, bien qu’il présentât beaucoup d'avanta
Pour
de grandes exploitations produisant
ges. Ses points faibles sont : la dépense en
de 500 sacs, le séchoir « Gordon » (MM.
main-d’œuvre, le combustible et la surveillan plus
Gordon and C°, 9 New Broad Street, Lon
ce, si l’on prend en considération, qu’il faudrait John
don
E.
C.) semble avoir le champ libre sans au
trois ou quatre journées de dix heures chacune cune concurrence
bien que beaucoup des plus in
pour sécher complètement une charge de ca telligents planteurs
se fier aux cham
cao. Deux hommes au moins seraient employés bres à air chaud de préfèrent
variées, mais
à cette opération et la quantité de combustible se rapprochant toutesconstructions
des principes de la chamnécessaire serait environ une corde de bois,
dont la valeur varie de 4 s. à 8 s.
J a n k e , c o n s t r u c t e u r à H a m b o u rg n o u s
L’auteur a apporté la modification suivante a a(1)d reM.s s éWà. ce
s u je t l a le ttr e s u i v a n te :
sur le plan précédent et il l’a adaptée à un
« Il y a p lu s ie u r s m a is o n s q u i c o n s t r u is e n t d e s
vieux « boucan » qui servait pour le séchage s é c h o irs r o t a t i f s a a i r c h a u d t r a v a i l l a n t à p e u
par le soleil. Le compartiment intérieur com p r è s d ’a p r è s le m ê m e p r in c ip e . T o u te s ces m a
posé de huit plateaux (c. à d. deux divisions) a c h in e s t r a v a il l e n t e n l a n ç a n t a u m o y e n d ’u n
d p a r le u r ax e c re u x e t des
été rendu étanche par la construction d’un dou é vbeenstarila ydoen ln’aainr t sc hpaeurfo
ré s à t r a v e r s la m a s s e de
ble mur dont l’interstice fut rempli avec du tu
r d e l a m a c h in e .
sable et garni de fermetures étanches et de Cc aetc aaoi rq uc ih aseu d trlaonucvée dàa n ls’i nlat é rmi e autiè
r e d o it n é c e s
rails à charnières, pour obvier à la nécessité de s a ir e m e n t c h e r c h e r u n e s o r t i e a p r è s a v o ir p a s s é
laisser des trous pour les rails dans les ferme la m a s s e d e c a c a o , ce q u i e st fa c ilité p a r d e s p o re s
tures, tout en permettant de sortir les plateaux p r é v u s p o u r ce b u t d a n s le c y lin d re . M a is il p a r a î t
au soleil quand les portes sont ouvertes et les q u e c es p o re s te n d e n t à ê tre b o u c h é s p a r le s im
rails mis dans leur véritable position. Il a été p u r e té s e t le s p a r tic u le s d e c a c a o q u i se d é ta c h e n t
le fr o tte m e n t d e s g r a in e s d e s o rte q u e l a c ir
remarqué qu’un seul plafond au centre, avec cpualar tio
m e n t d o it c a u s e r l ’effet séune ouverture de 18 inches à l’extrémité la plus c h e u r, ne std ’ar éird,u itq ue i djua ns ste la
m ê m e p r o p o r tio n q u e le s
éloignée du poêle agissait mieux qu’un plafond p o re s s o n t b o u c h é s .
au-dessus de chaque compartiment.
O r, p o u r p r é v e n i r c e t in c o n v é n ie n t, j ’a i c o n s tr u it
Cet arrangement ne doit être considéré que m o n s é c h o ir r o t a t i f « H a n s a » q u i jo in t à l ’a c tio n
comme un© aide apportée pour le séchage et d e l ’é v e n ta il à p r e s s io n d ’a i r c h a u d e n m ê m e
une garantie contre les changements de temps te m p s l ’a c tio n a s p ir a tiv e tr è s f o r te d ’u n se c o n d
v iv e
pouvant survenir au cours d’une récolte abon vmeenntit l pa taeru ru nq umi aans tpeiar eu ls’ap iérc ias aletumr ée ndt ’hpurémvidu ité
ce
dante de cacao. Il est inutile de s’en servir pen b u t à l ’e x té r ie u r d u c y lin d r e r o ta tif . P a pr o ucre tte
dant plus de deux ou trois mois tous les an», a c tio n d o u b le d e p r e s s a g e e t d ’a s p i r a t i o n d e l ’a i r
et, encore rarement pendant le jour, mais plu c h a u d , o n o b tie n t n é c e s s a ir e m e n t u n e c ir c u la tio n
tôt entre quatre heures et dix heures du soir. Le d ’a i r te lle m e n t r a p id e q u e n o n s e u le m e n t to u t
plancher des plateaux est fait d’un filet de fil b o u c h a g e d e la m a c h in e e st re n d u im p o s s ib le ,
de cuivre, avec des mailles de 1/4 d’inch, sup m a is q u e l ’a i r s a t u r é d ’h u m id ité e st e n le v é a u s s i
porté par des lattes en bois. La chambre à air v ite c ’e st-à -d ire , l ’effet s é c h e u r a u g m e n té à te l
v a n ta g e d e p o u v o ir b ie n
chaud est surtout employée pour sécher rapide spéocinh et r qauv’oe nc ua nr rei vtee mà p élr’aa tu
ment le cacao après le polissage, en lui conser o u m ê m e à f r o id si l ’o n vr ee ubt,e a uecno u apc cpélulésr abnats seen,
vant ainsi son éclat et sa belle apparence. Ce m ê m e te m p s l ’o p é r a tio n d u s é c h a g e s a n s q u e le s
qui recommande principalement cet appareil,
g r a in e s s o ie n t d é fo rm é e s p a r d e s r a in u r e s q u i a u
c’est que les deux divisions adaptées au sécha t r e m e n t se p r o d u is e n t p a r u n s é c h a g e tro p fo rcé .
A p a r t cela m a m a c h in e « H a n s a » e s t m u n ie à
ge à air chaud peuvent tout aussi bien être uti
lisées pour le séchage au soleil et l’évaporation l ’i n té r i e u r d ’u n d is p o s itif m é la n g e u r - r e le v e u r q u i
t
ie
a tiè r e à s é c h e r d a n s u n m o u v e m e n t de
par le vent que les autres quatre divisions du c h untet l ac omn tin
u e d e fa ç o n q u e le c o u r a n t d ’a i r d o it
« boucan ». De plus, la substitution du séchage p é n é t r e r la m
a s s e d e p a r to u t e n b a i g n a n t a in s i
à l’air chaud au séchage solaire s’effectue sans
c h a q u e g r a in e e n a i r c h a u d , q u i e s t d ’a il l e u r s é g a
avoir à toucher au contenu des huit plateaux.
le m e n t i n t r o d u i t d a n s l ’a p p a r e il p a r d e s a x e s
Cet avantage, ajouté à.la petite dépense entraî c re u x .
P o u r ce q u i c o n c e rn e le s o b je c tio n s q u e M.
née par l’organisation, constitue son côté prati
que et son économie. Chaque plateau mesure H u d s o n o p p o se ce g e n re d e s é c h o irs , n o ta m m e n t
la
q u a n tité d e b o is q u ’ils c o n s o m m e n t e t l a n é c e s
douze pieds sur six. Deux hommes sont em
d e r e m p l a c e r le tu b e to u s le s d e u x a n s , je tie n s
ployés le soir pour la surveillance du calorifère sité
à v o u s f a ir e r e m a r q u e r q u e p o u r t o u t s é c h a g e a r
et tourner la roue motrice du ventilateur, au tific
ie l d e n ’im p o rte q u e l g e n re , il fftu t n a tu r e ll e
prix de 6 d. chacun. Trois ou quatre cordes de m e n t c o m p te r a v e c le c o m b u s tib le e t le re m p la ç a g e
bois sont suffisantes pour traiter cent tonnes d e s p a r ts q u i s o n t e x p o s é e s à. l ’u s u r e : c e la e st a b
et plus d© cacao. Le matin, le cacao est encore s o lu m e n t le m ê m e a v e c 1s s é c h o irs r o ta tif s q u ’a v e c
tout à fait chaud, bien que le ventilateur et le le s m a is o n s d e s é c h a g e à f o u r sim p le .
n t é g a le m e n t b ie n
calorifère aient été arrêtés à dix heures. La a uLex csaéccahoos ,ir a u«x Hcaanfés s,a e» t caounxv ie
n o ix d e p a lm e ».
chaleur maxima peut être de 130° F, mais gé-
�43
i
bre « Whitfield Smith » ou à peu de chose près.
On peut se convaincre de la qualité du travail
accompli par ces machines dans le traitement
des grosses récoltes des vastes entreprises de
Grenada et de Trinidad quand on se rend comp
te du coût de leur achat et de leur installation.
Ces appareils, y compris la construction du bâ
timent, atteignent des prix qui varient de £ 350 à
plus de 1.000. Ils peuvent traiter de quatre à
trente sacs de cacao sec, par opération d’une
durée de trente-six heures de travail continu.
Le type que l’on obtient est très beau, car le
long mouvement continu de rotation lui donne
un très joli vernis. On prétend aussi qu’il y a
gain sur le poids quand on traite le cacao par
ce procédé au lieu de le sécher au soleil, et ceux
qui s’en servent confirment à peu près tous
cette opinion.
La machine peut facilement être décrite : elle
contient deux cylindres qu’une machine à va
peur fait tourner lentement en même temps
qu’elle actionne un puissant éventail à air
chaud .Ces cylindres ont un axe creux avec des
tubes rayonnants perforés, à travers lesquels
l’air chaud est lancé dans toutes les directions,
de l’intérieur à l’extérieur de la masse de ca
cao, qui se meut lentement. Il y a aussi des pro
tubérances spécialement destinées à faciliter le
mélange complet de la masse et son polissage.
J'ai vu travailler plusieurs de ces machines et
elles ont donné entière satisfaction, bien qu’el
les soient considérées comme dispendieuses.
Les. objections qu’on leur oppose sont : la grande
quantité de bois qu’elles consument, la possi
bilité pour les tubes de pouvoir se brûler et de
nécessiter d’être changés tous lès deux ans. Sur
beaucoup des exploitations complètement défri
chées et organisées de Grenada, la question de
chauffage devient un problème sérieux et diffi
cile à résoudre, mais sur les exploitations
moins dévelopnées le même problème ne se po
sera pas avant de nombreuses années. Il con
vient d’ajouter comme un trait saillant, que la
plupart des exploitations qui ont des appareils
Gordon, se contentent généralement de n’en
faire usage « qu’à l’occasion » : elles traitent la
plus grande partie de leur récolte par le sé
chage au soleil.
Pour des propriétés plus petites, le séchoir a
cacao rotatif « Hamel Smith » est une machine
récemment mise sur le marché et qui promet, de
bons résultats. Il est très difficile pour les plan
teurs de se rendre compte des qualités ou des
défauts d’une machine de ce genre, à moins
que quelques-uns d’entre eux ne se décident à
prendre le risque de commander quelque-unes
de ces inventions qui promettent mais qui n’ont
pas fait leur preuve. A l’appui de ceci nous
pouvons dire que les machines Gordon en
vente depuis vingt ans, ne sont réellement
appréciées dans les West Indies que depuis
cinq ans à peine. Le travail d’essai de machines
de ce genre devrait être fait par le corps des
agriculteurs tout entier pour le bien de toute
l’agriculture, et il ne semble pas juste qu’un in
venteur, un fabricant, ou un planteur soit
laissé seul à courir les risques d’essais qui doi
vent profiter à tous, si par hasard il est prouvé
après ces essais que la machine ne peut rendre
les services que l’on en attendait.
SÉ C H A G E D U CACAO PA R LE VIDE
Je crois fermement que la facilité, l’économie
et la certitude du séchage du cacao par le vide
Le feront considérer comme supérieur à toutes
les autres méthodes dans les exploitations pro
duisant cent sacs ou plus annuellement. Dans
Les factoreries de sucre du centre des West In
dies aucune autre méthode que le vide pour
faire bouillir le sucre n’a été employée durant
les quarante dernières années. Quoique la plu
part de ces factoreries ne puissent pas suppor
ter les frais élevés d’un ingénieur, la difficulté
d’obtenir un vide efficace (ce qui est la princi
pale objection faite contre ce système) n’a pas
été considérée comme un facteur prohibitif ou
même comme une difficulté dont il faille tenir
compte. On pourrait croire que ce procédé d’é
vaporation ou de concentration dans le vide est
nouveau et qu'il n’a pas fait ses preuves, en
réalité aucune factorerie de sucre n’est complè
te sans le séchage par le vide. J’ai devant moi
une liste des manufactures dans lesquelles le
procédé du vide est employé, mais je crains
qu’elle ne soit beaucoup trop longue pour l’im
poser à mes lecteurs. On peut dire qu’elle com
prend presque tous les produits végétaux du
monde, et aucun doute ne peut exister quant à
son économie en ce qui concerne le combustible,
la main-d’œuvre, le temps, l'espace et la sur
veillance ainsi que la dépense en comparaison
avec les autres méthodes de séchage et de con
centration.
En 1908, l’auteur s’organisa pour faire faire
en sa présence, une expérience de séchage de
cacao par le vide aux usines de MM. George
Scott & C° l-td, Londres. Deux barils de cabos
ses de cacao presque mûres furent envoyées en
Angleterre dans les frigorifiques d’un steamer
de la Royal Mail, et arrivèrent en bonne condi
tion. Les graines furent alors plongées dans
l’eau, égouttées et placées dans un séchoir nar
le vide, construit par cette maison. On y établit
un vide de 28 à 28 1/2, et la température inté
rieure fut réglée entre 95° et 100° F. Deux essais
furent faits, et à chacun d’eux le séchoir fut
ouvert après cinq heures ; on constata que le
cacao était légèrement trop sec. En considérant
que le cacao n’avait pas subi une fermenta
tion régulière, les échantillons obtenus étaient
entièrement satisfaisants. Les constructeurs fu
rent convaincus qu’avec un cacao fermenté et
un vide constant de 28. le séchage serait obtenu
entre trois heures 1/2 et i heures, et je partage
entièrement cette ouinion. Pendant que le ca
cao séchait, le seul travail qui incomba au sur
veillant fut de régler la température et de veil
ler à ce qu’un vide suffisant fut maintenu. Cet
essai m’a entièrement converti aux avantages
du séchage du cacao par le vide, et fit ressor
tir des possibilités et des avantages n’existant
pas avec les autres systèmes. Les fabricants
d’apuareil de séchage par le vide font remar
quer que vu la basse température, la rapi
dité du séchage et l’absence des courants
d’air chauds, les huiles essentielles et les sels
volatils formant l’arome et la saveur du cacao
sont retenus et que la grosseur du grain et son
apparence agréable sont conservées. Ces titres
sont suffisants pour recommander ce système.
De plus, avec T i n vide donné et une temnérature uniforme des résultats absolument identirrues peuvent être obtenus dans une période de
temns définie, et une règle fixe ueut être
établie uour les contremaître''- indigènes non
entraînés à ce genre de travail, tandis que
par ce procédé disparaîtra la difficulté de
�44
préparer des charges successives de cacao à
un même degré de couleur, de séchage,
et d’apparence. L’espace occupé par une
semblable installation est très réduit, parconséquent il y aurait économie en bâti
ments, aussi en combustible, en eau, en usure
de machines (car presque toutes les parties en
sont fixes), et un homme pourrait enlever les
plateaux de séchage, les remplacer, faire tout
le travail nécessaire pour remplir un jeu de
plateaux pour l’opération suivante, pendant
qu’une charge est au séchage ; il peut fermer
la porte étanche, mettre la pompe d’épuise
ment en mouvement, et régler la température.
A première vue on pourrait croire plus prati
que d’employer un appareil à cylindre rotatif
au lieu d’une chambre rectangulaire fixe, afin
que le polissage se fasse en même temps que
le séchage, mais si l’on prend en considéra
tions les difficultés qui viennent s’ajouter pour
maintenir un vide régulier dans un appareil
rotatif, et le fait que quatre heures de lente
rotation, ne polirait la graine que d’une façon
imperceptible, on est forcé d’admettre qu’avec
les haies placées en une épaisseur de trois ou
quatre inches sur les plateaux, il serait néces
saire de rompre le vide après une heure et
demie de séchage pour passer les baies à tra
vers un polisseur pendant dix minutes, afin de
leur donner la meilleure apparence et pour
empêcher au’elles n’adhèrent l’une à l’autre.
On les replacerait alors dans l’appareil pour en
compléter le séchage. Si le lavage du cacao
pouvait se faire d’une façon économique, le
polissage pourrait être évité et l’opération de
séchage par le vide pratiquée en une seule fois,
une légère manipulation à la main serait suffi
sante pour séparer les graines.
Avec la nécessité du polissage une journée
moyenne de travail serait à peine suffisante
pour obtenir deux opérations avec l’appareil,
mais cependant, pendant la récolte, on pour
rait arriver à trois opérations par jour. Ce
point est d’une très grande importance pour le
calcul des dimensions à donner au séchoir, et
une attention spéciale doit être donnée à ce
fait que toutes les opérations de séchage en_ gé
néral sont très lentes à moins qu’elles ne soient
faites directement sous la surveillance du pa
tron. En calculant la surface de séchage né
cessaire, il est juste d’admettre en principe
que, dans la plupart des exploitations, les deux
cinquièmes de la récolte mûrissent en deux
mois ou en cinquante journées de travail ;
donc une exploitation de 250 sacs devrait pou
voir sécher cent sacs en cinquante jours ; une
exploitation de cinq cents sacs devrait sécher
deux cents sacs en cinquante jours, et ainsi de
suite. En prenant deux sacs par jour comme
un minimum de récolte journalière, même sur
une exploitation de cent sacs (sacs de 200 lb.
chacun de cacao sec) nous aurions à traiter
environ 1.200 lb. de cacao mouillé par jour, ou
à peu près trois charges de 400 livres chacune
au moment le plus occupé. La machine n° 1
de MM. Scott, contiendrait 400 lb. de cacao
mouillé à chaque opération, avec une surface de
plateau de 56 pieds carrés et les baies étendues
sur une épaisseur de deux inches (1). Un sé(1) Il d o it s û r e m e n t y a v o ir u n e e r r e u r ici, m a is
b ie n q u e n o u s a y o n s a d re s s é le m a n u s c r i t à M.
H u d s o n p o u r ê tr e c o rrig é , il n ’a pas modifié ces
choir semblable coûterait environ L 140 com
plet en Angleterre (2). La dimension suivante
n° 2 peut prendre 600 lb. par opération,
et avec trois opérations par jour elle sécherait
trois sacs de 200 lb. chacun et coûterait envi
ron L. 210 en Angleterre. Il est compréhensible
que si nous pouvons tenir tête au moment d e
presse il sera facile de sauvegarder le reste de
la récolte de l’année. Les machines d e Emile
Passburg, de Berlin, sont plus chères, mais il
faut avouer que leur réputation est excellente.
Une machine Passburg, capable de prendre
3 ewt. de cacao mouillé à chaque opération coû
terait environ L. 300 à Berlin, sans chaudière
ni pompe, alors qu’un appareil Passburg,
pouvant contenir 13 cwt par opération est
coté L. 700 complet avec chaudière et pompe
et plateaux supplémentaires. Une pompe et un
condenseur peuvent cependant servir pour
trois ou quatre chambres de séchage dans les
moments de grosses récoltes. Cette dernière
machine préparerait six sacs et demi de deux
cents lb. de cacao sec par jour, et serait parconséquent à même de préparer une récolte de
800 sacs par an ; son prix, en comparaison
avec les appareils de Gordon, ne parait cepen
dant pas excessif. Les machines Passburg ont
eu certainement des ordres répétés d’exploita
tions de cacao du Cameroun et de l’Ouest Afri
cain, et elles servent également à sécher le
caoutchouc dans les Etats Malais. Il est cepen
dant possible que des difficultés s’élèvent au
début de la manipulation de ces apnareils, et
c’est la crainte qui retient les planteurs ayant
peu ou pas de connaissances en mécanique, de
jeter des centaines de livres dans l’acquisi
tion d’appareils nouveaux.
Je répète que c’est là l’affaire des différentes
chambres d’agriculture et sociétés analogues
de faire les expériences préliminaires avec ces
machines, et suivant les résultats obtenus d e
faire des rannorts favorables ou défavorables
sur ces appareils. Il paraît évident que les
constructeurs ne seraient que trop heureux d e
coopérer à ces essais dans le but d’en diminuer
le coût. La persnective de la possibilité d e
prendre du cacao le matin à 6 heures dans la
boîte de fermentation, de le sécher, de le polir,
de le mettre en sac et de l’expédier l’après-midi
même, apparaîtra certainement aux planteurs
comme une chose extrêmement désirable, que
nous souhaitons voir se réaliser bientût, puisqu’il semble que d’autres l’ont déjà réalisée dès
maintenant.
L avacp du cacao
Bien qu’il ne soit pas possible de douter que
les grands acheteurs de cacao d’Europe et des
Etats-Unis soient des experts compétents et
c h iffre s. Il e st c e p e n d a n t im p o s s ib le q u e 440 lb . de
caoaio m o u illé s o ie n t é te n d u e s s u r u n e s u rfa c e d e5 6
p ie d s c a r r é s , s u r u n e é p a is s e u r d e 2 in c h e s . (Note
d e M. H a m e l S m ith ).
(2) J e c ro is q u e ces c h iffre s n e s o n t p lu s ex acts,
m ê m e s ’ils é ta i e n t c o rrig é s e n te m p s v o u lu . « T he
P a s s b u r g D ry e rs c o û te a u jo u r d ’h u i (m a i 1913)
c o m m e s u i t : n* 9 a v e c u n e c a p a c ité d e 3 c w t de
c a c a o m o u illé L. 1.360 : n ° 12, a v e c u n e c a p a c ité de
5 cw t. L. 1.430 f. o. b. H a m b o u rg . P o u r c e s d im e n
s io n s ces a p p a r e il s c o n tie n n e n t e n v ir o n 1 lb. de
b a ie s f e rm e n té e s p a r p ie d c a r r é d e s u rfa c e d e
sé c h a g e , a in s i le p r i x d o n n e u n e id é e d e l a d i
m e n s io n d e c a p a c ité d e c h a q u e d im e n s io n d e poêle.
(Note d e M. H a m e l S m ith ).
,
»
�45
connaissant à fond le commerce du cacao, il
semble étrange aux planteurs qu’ils paient 2 s.
par cwt. de plus pour des cacaos « polis » ou
« terrés », ce qui n ’améliore que l’apparence
extérieure et en augmente le poids, sans en
améliorer la qualité à aucun degré apprécia
ble, et qu’ils n’accordent que difficilement les
mêmes avantages sur les prix ordinaires aux
cacaos « lavés », dont, suivant l’observation gé
nérale, les baies sont délivrées de la gomme et
des autres substances étrangères (qui ne se
raient d’aucune utilité aux fabricants), jusqu’à
la proportion de 4-15 % sur le poids sec. Ma
propre expérience me permet d’évaluer à 7 %
la perte du poids résultant du lavage. Seule,_la
supposition que la pulpe de cacao aussi bien
que les matières oui y adhèrent (supposition
que nous hésitons à accepter) sont indifférem
ment employées avec le contenu du fruit, peut
justifier cette estimation. En conséquence de
cette anomalie le lavage du cacao n’est prati
qué que dans les meilleures qualités de Ceylan,
de l’Amérique Centrale et dans les cacaos de
Samoa. Il n’est pas avantageux pour les
producteurs des West Indies, du Brésil, et de
l’Afrique, de perdre 7 % sur le poids du cacao
et de ne gagner que 2 s. par cwt., même avec
la baisse actuelle sur la valeur du cacao. Il est
regrettable pour les planteurs et les fabricants
qu’il en soit ainsi. Nous soutenons que si les
fabricants trouvent leur bénéfice en payant
disons, 55 s. par cwt. des échantillons de cacao
non lavés, mais polis de « Fine Estâtes », Grenada ou Bahia, ils devraient pouvoir offrir
au moins un équivalent de 7 % en plus pour
un bon échantillon de cacao lavé, ou, disons,
58 s. 6 d. par cwt, car ils ont 7 % de cacao en
plus, et 7 % de pulpe et autres matières inuti
lisables en moins. Il n’v a aucun doute qu’un
cacao lavé est un produit plus fin qu’un cacao
« terré » ou « poli ». La pulpe, les gommes et les
produits de fermentation étant enlevés très tôt
de la pulpe du fruit, il n’y a que très peu de
tendance aux tâches de moisissure dont les
causes se trouvent surtout dans ces substances
inutiles.
Le procédé d’aération du cacao « lavé » dif
fère un peu de celui décrit précédemment. Le
matin du jour précédant celui où la fermenta
tion doit être complète (c’est-à-dire vingt-qua
tre heures plus tôt), le cacao est enlevé du bas
sin de fermentation et lavé avec soin. On l’ex
pose alors au soleil pendant quelques heures et
alors qu’il est encore légèrement humide et
chaud il est replacé dans la boîte à fermenta
tion soigneusement tapissée de larges feuilles
et soigneusement recouvert jusqu’au matin
suivant ; on remarquera à ce moment, qu’une
nouvelle fermentation s’est produite. On le pla
ce alors sur les plateaux de séchage, où il ne
se tachera de rouilles que s’il se trouve dans
les plus mauvaises conditions (dans ce cas il
est lavé à nouveau) ; placé au grand soleil il
atteint le degré complet de dessiccation en
nnatre ou cinq jours. La baie a alors une cou
leur rouge, claire et attrayante, elle conserve
sa grosseur et peut, se casser facilement.
T errage n u cacao
Ce procédé consiste à saupoudrer les graines
avec une terre rouge excessivement fine, envi
ron le second ou troisième jour du séchage, et
en la faisant pénétrer dans le cacao en le fou
lant avec les pieds nus. Cette opération donne
au cacao une couleur d’un rouge terne caracté
ristique et de nuance toujours uniforme, l’ap
parence qu’il obtient ainsi est la caractéristi
que de certaines catégories de la Trinidad ou
du Vénézuela. Outre son effet nuisible au dé
veloppement des taches de moisissure, on ne
peut pas dire que cette opération constitue
une amélioration quelconque dans la prépara
tion, pas plus qu’elle ne contribue à l’augmenta
tion du poids car la quantité de terre employée
excède rarement 1 % du poids du cacao, cette
légère augmentation ne compense pas la dé
pense du matériel augmentée de la dépense de
main-d’œuvre nécessitée pour ce travail. Au
début, ce procédé n’était employé que par quel
ques rares exploitations qui produisaient des
cacaos de qualité supérieure, et les prix élevés
qu’elles obtenaient étaient dûs beaucoup plus
à la qualité de leurs produits qu’à l’addition de
cette terre colorée. Actuellement, beaucoup de
planteurs produisant des cacaos inférieurs em
ploient ce procédé et on ne peut plus dire dé
sormais qu’il soit un signe de bonne qualité ;
son usage n’est donc pas à recommander.
(A moins que ce ne soit pour cacher des dé
fauts extérieurs des baies, ce procédé n’est plus
souvent employé ; il y a une grande tendance
actuellement, à envoyer beaucoup moins de ca
caos terrés, sur le marché particulièrement du
Vénézuela. L’un des principaux fabricants
américains semble opposé à payer pour le
surpoids, même s’il n’est pas supérieur à 1 %,
comme l’affirme M. Hudson).
P oussage par les pieds ou « dancing »
Le cacao est généralement prêt à être poli le
matin du troisième ou quatrième jour de sé
chage. Si on essaie cette opération plus tôt, le
brillant obtenu sera pauvre et imperceptible,
par suite de la présence de trop d’humidité
dans les graines ; tandis que si on attend trop
longtemps, les graines deviennent trop cassan
tes et elles ont tendance à éclater pendant l’o
pération du polissage, qui consiste à briser les
cellules oléagineuses qui se trouvent juste à la
surface des graines, en faisant subir à la
masse du cacao une friction considérable. Pour
remédier à l’éclatement et pour permettre aux
graines de glisser aisément les unes sur les au
tres, on les humidifie légèrement en les asper
geant d’eau juste au moment de commencer
l’opération du polissage. Un demi litre d’eau
par hundredweight serait très suffisant. L’opé
ration de la « danse » est quelquefois exécutée
sur la surface plate des plateaux de séchage,
ou sur le plancher du séchoir. Il est nécessaire
d’adjoindre aux danseurs quelques aides qui
remettent continuellement le cacao sous leurs
pieds. Une façon plus économique est de se ser
vir d’un réceptacle avec des bords incurvés et
arrondis sur lesquels le cacao glisse automati
quement et retombe continuellement sous les
pieds des danseurs. Pour cet usage, le vieux
modèle de chaudière en fer pour le sucre de
Muscovado convient remarquablement et est
très en faveur. Le travail à fournir pour que
les graines atteignent un beau brillant est très
fatigant, chaque caisse de cacao, soit environ
2 cwt, nécessitera, le travail de deux hommes
Rendant, une demi-heure et plus pour être polie.
Dans beaucoup d’exploitations, ce travail se
fait à la tâche au prix de 3 d. ou 4 d. par sac
�46
de 180 lb. (poids sec) et alors le travail se lait
naturellement beaucoup plus vite, mais il y a
une forte tentation à ajouter une quantité
d’eau trop forte pour arriver plus tôt à un poli
factice qui n’est pas durable. Le brillant prove
nant des cellules rompues doit pénétrer la
pulpe de la graine et lui donner une apparence
plus sombre, plus brillante et plus agréable,
dont toute tache de moisissure aura disparu,
excepté cependant dans les cacaos très atteints
par ces taches, et sur lesquels on en retrouve
dans les plis les plus profonds de la pulpe.
Quand on procède par le séchage au soleil, il
est nécessaire que le polissage ne soit pas con
tinué beaucoup après midi, pour que les grai
nes puissent recevoir suffisamment de chaleur
solaire une fois replacées sur 1© séchoir, afin
de préserver leur brillant et d’éviter les chan
ces de moisissure pendant la nuit, ce qui né
cessiterait un nouveau « dancing » le lende
main. C’est une façon ennuyeuse, fatigante,
coûteuse, et arriérée de faire un travail qui
peut être fait en dix minutes par une machine,
tout en diminuant la dépense, en améliorant
le produit, en économisant la surveillance, et
en rendant libres de nombreux travailleurs
dont le temps peut être employé d’une façon
plus utile sur l’exploitation.
Machines poub le polissage
Durant les trois dernières années, deux ma
chines pour le polissage du cacao ont été mises
sur le marché, toutes les deux ont prouvé qu’el
les pouvaient polir de deux à deux sacs et demi
(de 200 lb poids sec) de cacao en dix minutes.
Il y a aussi des machines de même tvne mais
de dimension plus petite, dont l’utilité est en
core douteuse. Les deux machines ayant donné
des résultats satisfaisants sont actionnées par
des moteurs à pétrole, ou par toute autre force
motrice suffisante.
La machine « Malins-Smith Polisher » est
composé© d’un cylindre en bois auquel, par le
moyen d’un différentiel, deux actions distinc
tes sont communiquées, d’abord un mouve
ment rotatif à un cylindre tournant à la vi
tesse de cinquante tours à la minute, à l’inté
rieur de c© cylindre six palettes en bois sont
actionnées à la vitesse de 360 tours à la minute.
L'auteur a acheté une de ces machines aux
constructeurs, MM. ,T. Gordon et Son, London,
pour L. 40, mais par suite d’une main-d’œuvre
défectueuse et de l’insuffisance du matériel de
grandes difficultés furent d’abord éprouvées
avec cette machine, ce qui est malheureux, car
l’invention de M. Malins-Smith est très simple
et très bonne. Cependant, en employant un mo
teur plus fort (je crois que les difficultés étaient
dues à l’insuffisance de la force motrice. H. H.
S.), et en faisant constamment marcher la ma
chine, soit vide ou avec une faible charge de
cacao, le travail est devenu graduellement
plus facile et est maintenant satisfaisant. Une
seule machine à Diamond, Grenada, tra
vaille facilement une récolte d© 1.100 sacs. Le
choix d’un bon moteur à pétrole d’une force
suffisante assure le succès dans l’emploi de
ces machines, et il serait bon de prendre l’avis
de l’inventeur, M. W. M. Malins-Smith, Gre
nada. Contrairement à ce que l’on pourrait
croire par suite de la vitesse du travail, il y a
moins de brisures avec les machines à polir
qu’avec les anciennes méthodes.
La « Barnard Machine », inventée par M.
Barnard, de Sainte-Lucia, consiste en un cylin
dre en fer tournant lentement, sur la moitié in
férieure duquel quatre pieds en métal recou
verts de caoutchouc vont et viennent rapide
ment sur des excentriques. Je reçois les meil
leurs renseignements sur son efficacité et je
crois que le prix de revient de deux sacs et demi
préparés par la machine Barnard est un peu
meilleur marché que celui de la machine Ma
lins-Smith.
Nous avons ainsi deux machines, qui, lors
qu’elles seront réellement mises sur le marché,
seront entièrement capables de polir 500 lb. de
cacao (poids sec), en dix minutes, avec une dé
pense d’un demi penny pour le « gasolene » ou
le « kerosene ». En comprenant 1© temps pour
remplir et vider les machines, pour mettre le
moteur en mouvement, etc., vingt minutes ou
une demi-heure seraient nécessaires pour polir
une charge, et un seul homme pourrait assu
rer tout ce travail. Le principal avantage ce
pendant consiste en ce que chaque matin à 8
heures, tout le polissage est fini, et le cacao est
réexposé au soleil, diminuant ainsi les chances
d’une seconde attaque de l’humidité, et garan
tissant pratiquement le maintien d’un joli bril
lant sur les graines, ce qui a pour conséquence
d’obtenir des échantillons plus beaux, attei
gnant des prix plus élevés. Par leur usage, les
troupes de danseurs seraient supprimées. Le coût
complet d’un© semblable installation peut être
estimé (y compris le meilleur type de moteur à
pétrole) à L. 100, ce qui équivaudrait avec 6 %
d’intérêt et 6 % de dépréciation, à une dépense
annuelle de L. 12 par an sur le prix initial. En
prenant ces chiffres en considération, plus le
prix du pétrole et de l’huile lubréflante, etc.,
nous n’avons aucune hésitation à affirmer que
les exploitations produisant 200 sacs, ou plus,
trouveront économique et pratique de faire 1©
polissage à la machine.
�L a C u lt u r e et la P r é p a r a t i o n d u Th.é à J a v a
(Conférence faite à l’Exposition coloniale de üeventer de 1912)
Dr A. W. NANNINGA
Ancien chef de la Station du thé du Département de l’Agriculture de Buiteuzorg,
Professeur à l'jûcole d'Agriculture Coloniale de Derenter.
Il y a 20 à 30 ans, le thé de Java était encore
un article inconnu. Le thé qui était produit à
cette époque dans nos possessions de l’Inde
était envoyé aux marchés d’Amsterdam ou à
Londres ; il était mêlé à du thé de Chine et mis
sur le marché sous un nom étranger. Le thé
était un article qui, croyait-on, devait venir de
Chine ; aussi le thé de Java recevait-il une éti
quette chinoise.
Les temps sont bien changés ; actuellement,
les principaux pays d’exportation de thé ne
sont plus la Chine et le Japon, mais les Indes
anglaises, Ceylan et également Java.
La culture du thé à Java fut entreprise au dé
but du siècle dernier avec des espèces prove
nant de la Chine et du Japon. Egalement à la
même époque, la culture débutait dans l’Inde
anglaise avec les mêmes espèces ; mais bientôt
on trouva là-bas une nouvelle sorte de thé
dans les forêts vierges de l’Assam, que l'on
nomma tiré d’Assam.
On planta donc cette nouvelle espèce, et,
malgré beaucoup de difficultés, il ne s’écoula
pas beaucoup de temps avant que l’on apprit
à fabriquer avec les feuilles de cet arbrisseau
d’Assam un thé qui n’était pas inférieur à celui
de Chine. Ainsi l’on planta dans l’Inde an
glaise de plus en plus du thé d’Assam et celui
de Chine passa à l'arrière-plan. A Ceylan, la
culture du thé ne commença pas avant 1880 et
directement avec le thé d’Assam qui,à cette épo
que, était très répandu dans l’Inde anglaise,
qui envoya toutes les semences pour les cultu
res de Ceylan.A Java,il n’y avait jusqu’en 1880
que du thé de Chine et ce n’est qu'à cette
époque que la situation changea, se modifiant
de plus en plus. Dans la fabrication également
apparurent de grandes améliorations et ainsi
les planteurs de Java obtinrent petit à petit un
produit qui est actuellement très demandé sur
le marché mondial et n’est inférieur à aucun
produit étranger.
Nous allons examiner en quoi consistent
principalement ces améliorations de qualité
considérables.
Permettez-moi de commencer par expliquer
ce que j'entends par le mot « qualité » : toute
la valeur du thé dépend de son goût, de son
odeur et de son aspect extérieur ; un thé de
bonne qualité est donc un thé d’un goût et
d’une odeur agréables et d’une bonne apparen
ce. Pourtant qu’est-ce qu’un goût agréable ?
C’est difficile à dire: « des goûts et des couleurs,
on ne raisonne pas » dit le proverbe ; ce que
l’un trouve agréable, ne l’est pas du tout pour
un autre ; il est donc très difficile de s’entendre
ainsi sur le mot « qualité ».
Mais nous avons un meilleur moyen de com
parer la qualité des diverses espèces : c’est le
prix offert sur le marché mondial à Londres
ou à Amsterdam. J’appelle donc qualité d’un
thé le prix qu’il obtient sur le marché et qui
est taxé avec une précision suffisante, principa
lement par les « professional teatasters » qui
arrivent à goûter et à différencier les thés
d’une manière remarquable.
Si, il y a quelques années, le thé de Java
était encore d’une qualité bien inférieure à
celle du thé de l’Inde anglaise, la différence
diminue constamment, le thé de Java fait tou
jours des progrès et est de plus en plus deman
dé sur le marché. Sa qualité s’améliore aussi
constamment en comparaison de celui de
l’Inde, ainsi qu’on peut le voir clairement sur
le tableau suivant qui donne le prix moyen de
chaque année sur le marché de Londres par
livres anglaises :
Inde anglaise
Ceylan
Java
1905 7,30 Pence
6,99 Pence
5,70 Pence
6
1906 7,-48 »
7.19 »
1907 8,32 »
8.
7.37
7,86 »
6,98
1908 7,91 »
1909:8,30
6,41 »
7.53
7,59
1910 : 8,30
8.19 »
8,88
»
1911 : 8.91
8.38
Tandis qu’il y a 7 ans le prix moyen des
thés de l’Inde anglaise était encore de 1 1/2
penny supérieur à celui du thé de Java, cette
différence n’était plus l’année dernière que de
1/2 penny, ce qui fait une grosse différence et
il y aura égalité avant longtemps.
Si nous examinons d’où vient principalement
cet heureux changement, nous serons amenés
�48
alors à parler de quelques nouveaux procédés
et des machines mises en service ou essayées
dans les dernières 10 à 15 années.
En 1878, M. A. Holle, alors administrateur
des plantations de thé de Sinagar, reçut de
l’Inde anglaise une certaine quantité de se
mences de thé d’Assam dont il planta un
champ. C’était là le commencement d’une
nouvelle période dans la culture du thé à Java.
On reconnut vite dans le district de Preanger
le grand avantage de cette nouvelle espèce
sur le thé de Chine ; ce premier envoi fut suivi
de beaucoup d’autres. Les grands avantages
étaient un meilleur produit, plus estimé sur le
marché et des bénéfices bien plus grands sur la
culture. Aussi ne se passa-t-il pas bien long
temps avant qu’on ne plantât plus de nouveaux
champs de thé de Chine à Java, mais seule
ment du thé d’Assam, et peu à peu les champs
de thé de Chine qui existaient furent convertis
en champs d’Assam.
Vers 1900, il restait bien peu de ces anciennes
plantations de thé de Chine et actuellement il
reste bien peu de plantations qui aient conser
vé un petit reste de leur ancien champ chi
nois ; on ne conserva de ceux-ci que quelquesuns qui étaient dans un état remarquable et
nous estimons qu’aujourd’hui il n ’v a pas plus
de 3 à 5 % des terres consacrées au thé qui
soient plantées en thé de Chine. Il y a dix à
douze ans, j’ai vu, dans une visite à Sinagar,
ce vieux champ de thé d’Assam, le plus an
cien de Java. Ce qui frappait le plus était la
grande différence de variétés avec les .arbustes
actuels. Le type était très impur, un mélange
de toutes sortes d’hybrides de thé d’Assam et
de Chine. On voit beaucoup de telles hybrida
tions dans les anciens champs d’Assam à Java.
Cela s’explique parce que l’on a planté les deux
espèces à côté dans l’Inde anglaise, dans les
premières années où l’on essaya le thé d’As
sam ; d’où résultèrent des hybridations fatales.
Ainsi obtint-on dans l’Inde anglaise quantité
d’hybrides qui ont. été répandues partout, sur
tout à Ceylan, mais aussi dans l’Inde anglaise
elle-même et à Java.
Ce n’est que plus tard que l’on s’aperçut de
l’inconvénient de ces hybrides, principalement
parce que, dans les fabriques on avait à traiter
un mélange de feuilles très différentes ; un
autre ennui apparut, parce que ces hybrides
sont beaucoup plus sujets aux maladies que
le type pur de l’Assam. Cela amena les plan
teurs à développer la culture des espèces pures
de l’Assam alors qu’il leur était de plus en
plus difficile de se les procurer. On fut donc
forcé, aussi bien dans l’Inde anglaise qu’à
Java, d’isoler les champs de semence.
Les nouvelles plantations fondées actuelle
ment diffèrent beaucoup des premières (avant
1900). On voit maintenant partout des plantes
d’un type pur et régulier, qui donnent une
feuille bien plus apte à la préparation du thé
qu'il y a vingt ans ; il y a donc eu un grand
progrès dans l’amélioration de la qual’té
moyenne.
C’est justement dans les dix à cruinze derniè
res années que le thé a fait les plus grands
progrès, et l’on a pu profiter à Java des expé
riences faites dans les années précédentes.
Une deuxième question dans l’amélioration
de la qualité du thé de Java, dans les 10 à 15
dernières années, vient du fait que les vieilles
plantations sont établies sur un terrain moins
favorable et à une altitude moindre que celles
qui ont été fondées dans les 20 à 25 dernières
années.
Dans les premiers cinquante ans de la cultu
re du thé à Java, les plantations étaient géné
ralement à une hauteur de 1.000 à 2.000 pieds,
par exemple celles de Sinagar à 1.300, Parakan
Salak à environ 2.000. Boland à plus ou moins
1.500.
Cette règle est confirmée par quelques excep
tions comme Tjikadjang qui est située à envi
ron 4.500 pieds.
Plus tard, lorsqu’on développa beaucoup la
culture du thé, il arriva vite un moment où
l’on ne trouva plus de terrains à cette hauteur,
et l’on a dû aller à mie altitude plus grande.
Mais alors le terrain était occupé par des fo
rêts vierges, ce qui n’avait pas grand incon
vénient, et les terrains à cette hauteur étaient
bons, et même bien meilleure que plus bas où
la terre avait perdu beaucoup de son humus
par la culture du riz, etc., des indigènes, ce
qui avait diminué sa fertilité.
Ainsi l’altitude moyenne des plantations de
thé augmenta toujours, mais non aux dépens
de la qualité du produit, car on peut dire en
général que la qualité augmente avec l’alti
tude ; sans compter qu’un humus plus riche
a aussi une influence favorable sur cette qua
lité.
Les plantations existantes s’étendirent donc
et toujours vers le haut, car en bas et sur les
côtés, on était limité par d’autres champs. En
haut, il y avait la forêt vierge, et l’on demanda
et on obtint du Gouvernement l ’autorisation
de défricher.
Ainsi beaucoup des plantations existantes
s’agrandirent beaucoup et toujours en s’adjoi
gnant des terrains plus favorables pour la
qualité du produit.
Parmi les nouveaux terrains employés à la
culture du thé, je citerai ici les hauteurs de
Pengalengal, où fut fondé, il y a 15 ans, l’entre
prise de Malabar, celle de Wanasoeka, etc. ;
les flancs du volcan Gedeh, où l’on commença
la culture du thé il y a environ 25 ans et où
elle s’est développée depuis. Je nommerai en
core les flancs des volcans Papandayan et Patocha où un grand nombre d’entreprises vien
nent de s’établir à une altitude de plus de 3.000
pieds.
Quelle est la relation entre l’amélioration de
la qualité et l’altitude des cultures ?
Il est indubitable que le climat à ces hauteurs
très élevées a une influence favorable sur la
qualité du thé, mais il doit pourtant y avoir
encore une autre raison. Il est frappant que ce
soient justement les entreprises établies sur
les terrains les plus jeunes géologiquement qui
sont célèbres pour leurs thés de qualité supé
rieure, d’un goût très agréable et d’une riches
se de parfum particulière.
Ces terrains sont justement dans une situa
tion particulière par leurs positions ; ils sont
dans une période de changement important et
il faut mettre ce fait principalement sur le
compte du pourcentage important d’oxydes fer
reux qui, comme on le sait bien, se transfor
ment facilement par oxydation en composés
ferriques, de sorte que les pierres, très nom
breuses dans ces terrains, se délitent.
Ces modifications du sol décomposent beau-
�49
coup de silicates et des éléments nutritifs com
me la chaux, l’acide phosphorique sont mis en
liberté ; ils se mélangent intimement à l’humus
et sont absorbés par le théier ou enlevées par
l’eau de pluie. La teneur en humus de ces ter
rains est très élevée, de 10 à 15 %, parfois même
davantage dans des conditions particulières,
par exemple sur les hauteurs de Pengalengan
où il n’est pas rare qu’elle atteigne 20 %.
La propriété caractéristique de ces terrains,
c’est-à-dire ces modifications climatologiques,
a sur la qualité du thé une influence qu’il est
difficile d’expliquer, mais que l’on ne peut
nier ; en tous cas ces thés sont célèbres partoutEn plus de la culture du thé, il y a eu aussi
dans ces dernières années des progrès visibles
dans la fabrication qui ont permis aux thés de
Java d’être de plus en plus demandés sur le
marché mondial.
D’abord il faut parler du fiétrissage qui a
été complètement modifié, et cela pour la plus
grande amélioration de la qualité. Le flétrissage de la feuille est, comme vous le savez bien,
le premier traitement auquel est soumise la
feuille dans la fabrique. Elle a pour but de
rendre la feuille souple environ comme la peau
d’un gant glacé, pour lui permettre d’être
ensuite roulée et froissée sans qu’elle se brise.
Par ce traitement la feuille perd une cer
taine quantité de son humidité.
Autrefois (environ jusqu’à il y a 10 à 15 ans)
on y arrivait en étendant de la feuille fraîche
sur le sol de la fabrique sur une petite épais
seur, ou sur des « tampirs » (corbeilles plates
d’environ 1 mètre de diamètre avec un rebord
de 3 à 4 centimètres), ou bien dans des compar
timents spéciaux que l'on plaçait dans le gre
nier de la fabrique, réchauffé par les séchoirs
à thé placés au-dessous. ç
Mais comme la production augmentait tou
jours par l’extension des cultures, il fut vite
impossible de trouver assez d’espace pour pou
voir flétrir à point les feuilles de cette façon.
De plus les grosses pluies survenant juste
quand la production des feuilles est la plus
grande, on ne savait alors comment se tirer
d’affaire pour éviter la moisissure des feuilles.
Dans ces conditions, on exposait le^ feuilles au
soleil les jours de beau temps, ce qui permettait
un rapide fiétrissage, mais cela aux dépens de
la qualité du thé ; ou bien on les faisait passer
un instant à travers la machine à sécher sous
laquelle brûlait un feu peu intense. Mais ces
pratiques nuisaient beaucoup à la qualité du
thé, de sorte que souvent cette qualité devenait
médiocre juste à l’époque d’une grande produc
tion.
En résumé, la grande difficulté de la fabrica
tion du thé était le fiétrissage oui donnait
le plus d’ennui aux fabricants. Naturellement
on chercha les améliorations au moyen de
machines ou d’une autre disposition de la
fabrique.
On installa des ventilateurs dans les greniers
à flétrir, mais comme ces greniers étaient
ouverts de tous côtés, les ventilateurs n’avaient
pas grand effet.
On construisit dans l’Inde anglaise une ma
chine où la feuille passait dans un tambour
tournant traversé par un courant d’air chaud
saturé d'humidité. Dans cette machine la
feuille ne perdait pour ainsi dire pas d’eau,
mais devenait pourtant très vite souple, sim
plement parce qu’elle se flétrissait dans cet air
chaud et humide.
Le résultat était que les cellules devenaient
perméables, laissant échapper la sève, ce qui
provoquait la fermentation immédiate. Après
un séjour d’environ une demi-heure dans cette
machine, la feuille devenait brune ; elle était
alors assez souple mais contenait encore beau
coup trop d’eau pour pouvoir être roulée ; si
l’on faisait évaporer cette eau en soumettant
la feuille à une température élevée, cela tuait
en même temps le ferment, inconvénient qui
lit rejeter toute la méthode. Ces machines ont
été essayées çà et là dans l’Inde anglaise, mais
sans succès et n’ont jamais été introduites à
J ava.
Un autre tambour à flétrir est celui de Mala
bar, inventé par M. K.-A.-R. Bosscha, adminis
trateur de Malabar. En réalité ce tambour sert
principalement à un autre but qui est d’égliser
la teneur en eau de la f.euille préalablement
flétrie. La feuille y est introduite alors qu’el'e
a été flétrie déjà en grande partie ; par la
rotation du tambour et l’influence d’un courant
d’air chaud, mais non humide, la feuille est
dénudée et r air chaud lui enlève encore une
petite quantité d’eau. Le résultat principal est
de bien répartir l’eau contenue dans la feuille,
ce qui est un grand avantage pour le traite
ment postérieur. Comme égalisateur, ce tam
bour semble rendre de bons services, mais son
emploi est limité à quelques entreprises.
Ailleurs, lorsque le temps humide ne permet
pas de laisser la feuille dehors, on employait
un séchoir à thé, pas trop chaud, que l’on fai
sait tourner lentement.
J’ai vu appliquer une fois cette méthode, et
la température dans la machine, donnée par
un thermomètre, ne dépassait pas 60 degrés.
La feuille qui en sortait avait un bon aspect
pour ce qui est de la teneur en eau, mais sa
couleur avait terni et était devenue jaunâtre,
comme si on l’avait trempée dans l’eau bouil
lante. La feuille se laissa bien rouler, mais
lorsqu’on voulut la faire fermenter cela fut
tout à fait impossible parce que le ferment
avait été tué pendant le passage dans la ma
chine à flétrir. Elle garda sa couleur verte
après des heures, au lieu de devenir brune
comme il arrive par la fermentation. Cette
température de 60 degrés avait donc été trop
élevée.
Une machine établie à peu près sur le même
principe a été inventée récemment par M.
Stordenbeker, administrateur des plantations
de Soewama.
Cette machine diffère du séchoir à thé en ce
que l’espace à sécher était plus grand, de sorte
qu’on pouvait flétrir une bien plus grande
quantité de feuilles ; la température est main
tenue beaucoup plus basse que dans le séchoir.
Au reste cette machine n’a pas été assez em
ployée pour qu’on puisse la juger.
Quelques entreprises de Java ont bâti ce
qu’on appelle un « Chung » ; c’est un bâtiment
ouvert d’un côté qui contient au premier et
au second étage un grand nombre de compar
timents. La feuille est répandue dans ces com
partiments qui laissent circuler l’air extérieur,
la feuille se flétrissant ainsi tout naturellement.
Mais cela dure ainsi assez longtemps, de sorte
que l’on doit avoir un bâtiment de dimensions
assez considérables ; un inconvénient de cette
�méthode est que l’on dépend du temps et du
vent. La grosse difficulté est que l'air est juste
ment le moins apte à enlever l’humidité de la
feuille quand on a le plus de feuilles à trai
ter, c’est-à-dire, à l’époque de la mousson
pluvieuse. Les jours pluvieux ou humides, il
sera difficile d’obtenir des feuilles dans un
état convenable ; au reste cette méthode a le
grand avantage de laisser les feuilles dans
une très belle condition, au moins si la tempé
rature n’est pas trop défavorable.
Plutôt que de décrire des machines, je vais
indiquer comment on arrive à faner artificielle
ment les feuilles dans un courant d’air préala
blement chauffé, les feuilles disposées dans des
compartiments comme dans les « chung ».
Déjà aux environs de 1900, il existait quel
ques installations pour cela à Java, notam
ment dans l’entreprise de Boenga Meloer, où
l’administrateur Elzenaar avait installé un tel
dispositif.
Presque tout le grenier de la fabrique consis
te en une longue chambre, avec un corridor
en long. La chambre était fermée sur les
côtés ; et, à une extrémité sont installés deux
ventilateurs qui peuvent aspirer l’air de la
chambre ; à l’autre extrémité la chambre est
en relation avec le bas de la fabrique d’où elle
reçoit l’air chaud. Toute la chambre est
divisée en compartiments parallèles, perpendi
culaires à la longueur et occupant toute la
chambre d’un bout à l’autre. Ce compartiment
est séparé par un petit passage communi
quant avec le grand corridor par une petite
porte se fermant automatiquement. Il y a
donc ainsi autant de compartiments que de
passages et de portes.
Dans le grand corridor s’ouvre encore une
ouverture dans le plancher (du côté de la
chambre, où entre l’air chaud) pour laisser
passer l’air venant de la fabrique. Cet air
chaud est mêlé à de l’air froid venant de l’ex
térieur avant de pénétrer dans la chambre à
il étrir.
Toute cette installation était un peu provi
soire, étant bâtie en bambou, de sorte qu’il y
avait aussi un grand danger d’incendie.
Lorsque les compartiments étaient garnis de
feuilles et toutes les portes fermées, on mettait
en marche les ventilateurs aspirant l’air chaud.
Après 6 à 8 heures, la feuille était prête et
d’un très bel aspect. Du côté où pénétrait l’air,
il était le plus chaud et le moins humide, de
sorte que c'était là que l’opération marchait le
plus vite ; lorsque la feuille était prête en cet
endroit, on pouvait sans inconvénient la rem
placer par d’autres et continuer ainsi.
Cette installation marchait remarquablement
et paraissait la meilleure solution au problème
difficile du flétrissage, mais elle fut malheu
reusement détruite par un incendie quelques
années après.
Avec l’autorisation de l’administrateur, j’en
ai donné une description dans le « Tijdschrift
voor Nijverheid en Landbouw » de 1902.
En vérité il se passa encore assez de temps
avant que Ton fondât une telle installation
pour faner artificiellement ; mais après quel
ques années on commença à en construire avec
grand succès. Les premières fabriques pour
vues de cette installation étaient Sinagar, Taloen. Pasir Nanangka, Andja Sari, etc.
A l’heure actuelle il existe un grand nombre
de ces installations et l'on peut dire qu’il existe
bien peu de fabriques modernes qui en soient
dépourvues. Ces installations diffèrent par tel
ou tel détail, mais toutes reposent sur le même
principe.
Il faut calculer avec soin les dimensions et
aussi la manière dont l’air chaud pourra être
introduit et mélangé à l’air froid ; le « Technisch Bureau Soenda » s’occupe particulière
ment de cela, et dest bien lui qui, je crois, a
bâti la plupart des installations de Java.
Ainsi le problème du flétrissage a fait
un grand pas en avant, améliorant beaucoup
la qualité de nos thés de Java sur le marché
mondial.
Lorsque la feuille a été fanée, il faut la rou
ler et aussi la froisser de façon à briser chaque
cellule qui compose la feuille et à extraire le
jus.
Il y a longtemps, ces opérations se faisaient
à la main et c’est encore la méthode employée
en Chine et au Japon. Mais dans l’Inde anglai
se, à Ceylan et à Java, on emploie depuis long
temps des machines qui font ce travail mieux
et d’une manière plus rationnelle, sans comp
ter qu’une machine à rouler fait au moins le
travail de 60 personnes.
Dans les premières années, on avait trop de
feuilles brisées, ce qui est un inconvénient pour
la qualité du thé. On a remédié peu à peu à
cela, de sorte qu’on peut dire actuellement que
les meilleures machines à rouler remplissent
parfaitement leur but d’obtenir des feuilles
bien roulées ; on peut ensuite les presser for
tement pour extraire le jus sans avoir trop de
feuilles brisées.
Après avoir été roulée, la feuille est intro
duite dans un appareil qui a pour but de briser
les pelotes de feuilles qui se sont formés et de
rafraîchir la feuille.
Ensuite on fait fermenter la feuille, et j’ai
encore quelques mots à dire là-dessus.
Autrefois, la fermentation se faisait généra
lement de la manière suivante : la feuille rou
lée était pressée sur un baquet de fermentation
(ajakan) sur une épaisseur de 8 à 10 centimè
tres, et ces baquets étaient empilés l’un sur
l’autre, surtout pour occuper moins de place.
La feuille était parfois très chaude pendant la
fermentation, car il arrivait souvent qu’aussitôt après l’avoir fanée au soleil ou dans des
séchoirs à thé, on la roulait sans la refroidir,
ce qui la réchauffait encore, et on écrasait les
pelotes à la main. En agissant ainsi il n’était
pas rare d’avoir des températures de 30 à 40°.
A la longue, on se rendit bien compte que la
fermentation se faisait ainsi à une température
trop élevée ; je me rappelle une parole de M.
Mundt, alors administrateur bien connu des
plantations de thé de Parakan Salak, disant
qu’on ferait bien de construire des glacières
pour que la fermentation se fasse à une tem
pérature de 0°. Il avait acquis la conviction,
par un certain nombre d’essais effectués à Pa
rakan Salak que cette fermentation dans la
glace donnait un thé remarquable par la force
de son arôme.
Des recherches méthodiques furent entrepri
ses par la « Theeproef-Station ». Les premières
expériences de laboratoire se firent avec une
poudre de feuilles fraîches séchées rapidement,
à basse température (sur de la chaux) et où
le ferment était encore en activité.
�51
Ces expériences montrèrent qu’à 0° il n’y
a absolument aucune fermentation. Même
à 13° la fermentation est pour ainsi dire
nulle. Au-dessus, la feuille commence à fer
menter lentement, mais tant qu’on est audessous de 20°, la fermentation est si lente que
pendant qu’elle se poursuit presque tout le
parfum a disparu. Ces températures étaient
donc trop basses pour la fermentation à la fa
brique.
A plus haute température, la vitesse de la
fermentation semble proportionnée à la tempé
rature. Au-dessus de 30°, la fermentation donne
au thé un parfum moins pur et moins agréable,
de sorte qu’on peut dire en somme que la
meilleure température pour la fermentation est
entre 20 et 30°.
Ces recherches avaient été faites au labora
toire, il fallait les continuer dans les fabriques.
Plusieurs de celles-ci firent des essais et des
échantillons obtenus furent étudiés au point de
vue pratique dans la fabrique, mais aussi
scientifiquement au laboratoire. Les résultats
de ces expériences sont décrits dans la revue
« Teysmannia » de 1900.
On a trouvé que la température la plus favo
rable est comprise entre 24 et 26/27°. Pour les
feuilles fines, on prend la température la plus
basse, pour les grosses feuilles la plus haute,
jusqu’à un maximum de 27°.
Un autre résultat de ces recherches est que
la fermentation se fait d’autant plus vite que
la feuille contient plus d’eau. Si donc on veut
une fermentation rapide, il ne faut pas faner
fortement ; et comme le parfum du thé qui
apparaît pendant la fermentation a atteint son
maximum avant que la fermentation soit ter
minée, on appliquera cette méthode (faner peu
et fermenter rapidement) aux thés connus
pour leur arôme particulièrement fin.
Depuis une dizaine d’années il y a eu quel
ques changements dans la fermentation ; on
admet qu’il faut rafraîchir la feuille avant de
commencer la fermentation et ensuite la tenir
fraîche pendant la fermentation. Pour cela, il
y a différentes méthodes : d’abord on ne met
pas une épaisseur de plus de 4 à 5 centimètres.
Ensuite on n’empile plus les ajakans les uns
sur les autres, mais autant que possible on les
place les uns à côté des autres dans un local
séparé, plus frais que la fabrique. Il y a aussi
des fabriques qui ont des compartiments ci
mentés dans le plancher pour la fermentation
et où la feuille reste à une température de 24
à 26°. Ainsi, même dans les entreprises établies
dans des climats les plus chauds, on peut avoir
sans beaucoup de dépense la meilleure tempé
rature pour la fermentation, ce qui est d’une
grande importance pour la qualité du thé.
On voit ainsi que dans les dix à quinze der
nières années il y a eu beaucoup d’améliora
tions, mais les résultats ont été excellents.
Il y a pourtant toujours lieu à faire mieux
surtout dans la culture du thé ; il faut avoir
un personnel très au courant et se créer de
nouveaux points de vue à étudier et à critiquer.
�LA
T E C H N IQ U E
DE
L’INDUSTRIE DU SUCRE A JAVA
(Conférence faite à l’Exposition coloniale de Deventer de 1912)
H. C. PRINSEN GEERLIGS
Directeur de la Succursale métropolitaine de la Station d’essai pour l’Industrie du Sucre de Java.
Il n’y a pas bien longtemps que l’annonce
d’une conférence sur ce sujet « La technique
de l’industrie du sucre à Java » n’aurait ame
né dans le public hollandais qu’un haussement
d’épaules plein d’indifférence avec l’idée que
ce ne serait rien de bien remarquable, j_a ma
nière dont on se représentait en Hollande, il y a
environ 25 ans, cette industrie du sucre à Java
était à peu près un moulin tiré par des buffles
et une grande marmite sous un cocotier ; en
somme une manière de travailler très noncha
lante qui pouvait être améliorée sans beaucoup
de peine.
Je me souviens encore fort bien qu’aux en
virons de 1884 les compétences les plus en vue
sur ce sujet étaient obligées de prouver en
paroles et par écrits que cette industrie du
sucre pouvait avoir à Java un bel avenir, et
qu’elle était bien digne des sacrifices néces
saires pour lui faire passer les temps difficiles.
Depuis les sombres crises de 1883 et de 1884,
environ 30 années se sont passées dans les
quelles l’industrie du sucre à Java a eu bien
des difficultés à vaincre et dont elle est sortie
actuellement, et elle jouit d’une prospérité telle
qu’on n ’aurait jamais espéré. Le plus remar
quable dans cette prospérité est qu’elle n’a pas
été produite par des privilèges ou par des lois
de protection ; elle ne repose pas sur des bases
chancelantes, mais sur la coopération admira
ble du capital, du travail et de la science.
Par des méthodes rationnelles et à force
d’opiniâtreté, on a réussi, non seulement à
obtenir de grandes étendues de plantations et
de belles récoltes de canne à sucre, mais sur
tout on a appris à cultiver d’une manière
économique, sur une grande échelle, de façon
à obtenir la plus grande quantité possible de
produit de la plus belle qualité possible.
Un tel résultat n ’a pu être obtenu qu’après
beaucoup de déboires. Il y a eu bien des années
de difficultés avant d’atteindre le but, mais
maintenant qu’il est atteint nous pouvons dire
avec fierté que, pour ce qui est de la technique,
l’industrie sucrière de Java n’est inférieure à
celle d’aucun autre pays, et, à l’exception de
quelques détails, est en tête de celles des au
tres pays produisant la canne à sucre.
Nous devons pourtant avoir la modestie de
ne pas oublier que ces rapides améliorations
ne sont pas dues uniquement à nos propres
forces. Durant tout le temps qui s’écoula entre
1722, ou le Père Labat écrivit son livre sur
l’Industrie du sucre en Amérique, en indiquant
les nouvelles méthodes, et 1875 où l’on com
mença à faire des efforts pour trouver de nou
velles façons d’opérer, la technique n’avait pas
fait de grands progrès, et à quelques excep
tions près, on préparait encore le sucre de la
manière décrite dans le vieil ouvrage. Pendant
ce temps l’industrie du sucre de betterave était
née et un grand nombre d’inventeurs, de chi
mistes, d’ingénieurs, de constructeurs et de
fabricants travaillaient inlassablement à amé
liorer la technique de cette industrie. Tous les
efforts n ’étaient pas couronnés de succès et
bien des fois on put croire que toute la peine
que Ton s’était donnée avait été inutile ; ce
n’est qu’après bien des années d’essais et de
déboires que l’industrie du sucre de betterave
a atteint la belle position mi’elle occupe dans
l’industrie agricole. Lorsqu’on comprit à Java
qu’il n’était plus possible fie continuer avec
les vieilles méthodes et que de grandes amélio
rations étaient absolument indispensables,
l’industrie du sucre de canne put profiter sans
beaucoup de peine des essais et des progrès
de l’industrie sœur. Au début on se contenta
d’adopter sans modification les méthodes
appliquées en Europe, mais cela ne dura pas
bien longtemps, et après 1884 on se mit à cher
cher et 'à décrire une nouvelle méthode, ne
conservant de celles de l’industrie du sucre de
canne que ce qui semblait s’adapter parfaite
ment. Il s’est donc créé surtout dans les dix
dernières années pour le traitement du sucre
de canne une science nouvelle ; mais il est vrai
de dire que le fondement en a été les méthodes
appliquées en Europe, et toute personne qui
veut s’occuper de l’industrie du sucre à Java
commence par faire un stage dans une fabri
que de sucre de betterave. Pourtant il y a
actuellement un enseignement spécial pour
cette industrie du sucre de canne qui diffère
en bien des points de celle du sucre de bettera
ve et doit être étudiée à part. Si donc l’indus
trie du sucre de canne a pu adopter des mé-
�53
thodes de l’industrie du sucre de betterave,
cette dernière à son tour a pu profiter des
expériences faites à Java, car celles-ci se sont
occupées surtout des différences dans la ma
tière première qui nécessitait des change
ments. Etant données les circonstances, l’in
dustrie du sucre de betterave n’a pas à imiter
les méthodes par lesquelles on arrive à obtenir
le jus de la canne à sucre.
Je dépasserais certainement beaucoup le
temps qui m’est donné pour cette conférence
si je voulais expliquer tous les préparatifs né
cessaires avant que la canne à sucre puisse
être apportée à l’usine pour être traitée. Plu
sieurs années à l’avance on a dû tracer un plan
de travail et fixer quel terrain serait réservé
pour la récolte de telles ou telles années. Il faut
tenir compte de la nature du sol, des facilités
plus ou moins grandes d’irrigation et de
drainage, de la distance à la fabrique ; tous
ces points fixent si dans tels champs il faut
planter une espèce hâtive ou non. Il faut en
suite veiller à avoir en temps donné une quan
tité suffisante de boutures de chaque sorte, il
faut acheter les engrais nécessaires et les
préparer. Il est ensuite nécessaire de mettre en
état les travaux d’irrigation et de drainage,
les chemins et les rails, bref il faut que tout
soit prêt longtemps d’avance, de façon qu’à
l’époque de la récolte la fabrimie soit constam
ment pourvue d’une quantité suffisante de
cannes fraîches et mûres.
Supposons maintenant que tous ces soins
ont été pris et que pendant les mois d’avril
ou de mai les pluies aient été assez rares pour
que l’on ait un sol assez sec, de manière à
n’avoir pas trop d’ennuis pour le transport des
cannes. L’analyse chimique d’échantillons pris
dans différents champs indique dans quelle
partie la canne est mûre ; il faut tenir compte
en outre de l’état des chemins et de la distance
entre le champ et l’usine pour pouvoir décider
où l’on commencera la récolte. Dans le cou
rant de ces deux mois l’usine commence à
devenir active et de tous les côtés on voit les
chariots et les wagons qui circulent, chargés
très haut de cannes, le long des chemins et
sur les rails, au moyen de bétails et de loco
motives et apportant leurs chargements à
l’usine. A l’arrivée, chaque voiture nasse sur
une grande bascule et on note avec soin la
quantité de cannes apportées, car on paye le
transport au poids, et, de plus, le poids de la
récolte est indispensable pour la connaissance
de la récolte des différents champs et le
contrôle de la fabrication.
Généralement on ne transporte et on ne pèse
les cannes que pendant le jour, tandis que
l’usine travaille nuit et jour. On ne peut donc
broyer qu’une partie des cannes apportées. Le
reste est déchargé et mis en tas, ou bien l’on
range les wagons sur une voie auxiliaire et
on les décharge pendant la nuit. En général on
tâche, autant que possible, de couper et de
transporter chaque jour la quantité nécessaire
à l’usine jusqu’à la fin du jour1suivant, de façon
que les meules ne restent jamais sans travail
ler et que les cannes coupées n’aient pas trop à
attendre avant d’être broyées.
Le premier traitement des cannes consiste
dans l’extraction du jus, ce qui se fait en les
laminant 'entre deux cylindres très lourds, en
fer ou en acier. Comme on le sait, dans l’indus
trie du sucre de betterave on sépare générale
ment le jus par diffusion, et on a essayé bien
souvent d’appliquer cette méthode au sucre
de canne. Mais C’est là un des points qui sépa
re la technique des deux industries sœurs ;
beaucoup d’ouvrages européens parlent avec
dédain, comme d’un procédé barbare, de l’ex
traction de jus au moyen de meules en la
comparant aux méthodes de diffusion Les
usines de Java qui employaient la diffusion
n’ont jamais jusqu’à présent obtenu de bons
résultats, et après les périodes d’ennuis plus
ou moins longues, on est revenu aux meules.
D’ailleurs on a perfectionné ces dernières, on
les a faites plus solides et plus hautes, de sorte
que la quantité du jus extraite n’est guère infé
rieure à celle que l’on pourrait obtenir par la
diffusion dans les meilleures conditions ; on a
en outre l’avantage de pouvoir immédiatement,
sans autre traitement ou séchage, employer
le résidu comme combustible, tandis que dans
les méthodes de diffusion on a l’inconvénient
d’un séchage et l’on n’obtient ou’un combusti
ble inférieur à cause de sa finesse et que l’on ne
peut employer que mêlé à du bois ou à du
charbon.
Dans les débuts, la canne était broyée entre
deux cylindres sans fin, en bois ou en pierre,
qui tournaient en rond traînés par du bétail.
On plaçait les cannes entre eux et une partie
du jus était ainsi extraite et coulée dans un
baquet placé sous le cylindre ; on le transva
sait pour le traitement ultérieur. Plus tard on
fit les cylindres en fer, on les disposait hori
zontalement, la force motrice leur étant four
nie, au moyen de transmissions, par du bétail
ou des chutes d’eau, plus tard par la vapeur.
En bi-en des cas, la canne pressée une fois
passait encore dans le même moulin, mais plus
tard on s’efforça avec raison d’effectuer ce
second broyage dans un deuxième moulin, de
façon à ne pas interrompre l’arrivée continue
des cannes dans le premier moulin. Par suite
des avantages que donnait ce second broyage,
on en utilisa un troisième, de façon à extraire
autant de jus que possible des cannes. Le rési
du appelé « ampas » est de consistance spon
gieuse, et il est clair qu’on a avantage à le
broyer tant qu’il contient du jus. Pour dimi
nuer autant que possible les perles, on a
essayé de diminuer la richesse en sucre du jus
qui reste dans le résidu, et cela en l’arrosant
avec de l’eau à sa sortie du premier et du se
cond moulin. Le premier résidu est soumis à
une très forte pression entre les cylindres et
quand il en sorff il tend à reprendre son volume
primitif, aussi à ce moment-là on dirige sur lui
un jet d’eau dont il s’emparera avec avidité et
cette eau se mêlera au jus qui reste. Le mou
lin suivant exprime ce jus étendu et laisse
dans le second résidu un jus encore plus éten
du ; on recommence à la sortie du deuxième
moulin et l’on obtient ainsi une perte en sucre
pratiquement aussi petite que nossible. Je dis
pratiquement, car on pourrait ainsi naturel
lement extraire tout le sucre que contient la
canne, mais en pratique on ne va pas aussi
loin pour deux raisons. D’abord on obtiendrait
ainsi dans le jus extrait une grande quantité
d’eau qu’il faudrait ensuite vaporiser, ce qui
coûte du temps et de l’argent. De plus par tous
ces broyages on extrait de plus en plus de la
matière fibreuse des éléments visqueux qui se
�54
mêlent au jus, de sorte que le dernier sucre
contient une grande proportion d’impuretés
et l’on n’a pas gagné grand’chose. On exprime
cela en disant qu’à la fin on ne gagne plus
rien en sucre mais seulement en mélasse.
Pour ces deux raisons, on ne pousse pas l’ex
traction du sucre jusqu’au bout, mais on
s’arrête à une certaine limite qui est fixée dans
chaque fabrique par les circonstances. En gé
néral, on peut dire que sur 100 parties de rési
dus il y en a quatre à quatre et demi de sucre,
et comme en moyenne sur 100 parties de can
nes on en obtient 20 à 25 de résidus, on peut
dire que la perte moyenne est de 1 % du sucre
contenu dans la canne.
Pour arroser les résidus et augmenter ainsi
les rendements, on emploie la méthode sui
vante : entre la deuxième et la troisième meule
on arrose le résidu d’eau et on le fait passer
dans la troisième meule, ce qui donne un jus
assez étendu. On s’en sert pour étendre le
résidu sortant de la première meule et, pour
cela, on fait couler le dernier jus sur le résidu
entre la première et la deuxième meule et l’on
presse après le mélange dans la deuxième
meule. Le jus du premier et du second moulin,
c’est-à-dire le jus primitif, est celui qui a été
étendu une fois et porté à la fabrique à la
préparation du sucre, tandis que le jus de la
dernière meule sert à arroser la bagasse,
ainsi que je viens de le dire.
Cette méthode a apporté une nouvelle amé
lioration et introduit des nouvelles machines
dans le moulin.
Il est évident que l’imbibition et le mélange
d’eau et de jus résiduel n’ont d’effet que si la
canne est suffisamment broyée pour que les
cellules qui contiennent le jus sucré soient
ouvertes et le résidu assez spongieux pour pou
voir absorber l’eau, et cela est encore plus
nécessaire quand on imbibe avec le jus du
dernier moulin. Lorsque la canne à moitié
broyée n’absorbe pas le jus, mais le laisse
couler par côté, le jus sucré qu’on a déjà
obtenu se perd sans être utilisé. Dans beau
coup de cas le broyage laisse à désirer dans
la première meule, et, pour y remédier, on
place avant cette meule un dispositif quel
conque pour briser les cannes, et ensuite le
broyage se fait plus facilement dans la meule.
Dans les dernières années on a également
adapté au cylindre la force hydraulique, tout
cela pour assurer la régularité du pressage et
obtenir autant que possible la continuité du
travail.
Toutes les meules sont reliées ensemble et,
lorsqu’on les voit au travail, on aperçoit un
courant continu de cannes qui sont élevées sur
une plateforme glissante et disparaissent en
suite entre les cylindres. D’un côté le jus coule
du moulin et de l’autre glisse un résidu épais,
spongieux et jaunâtre, qui passe ensuite dans
un second, puis dans un troisième moulin, les
quels extraient un jus de plus en nlus étendu,
de sorte que le résidu est finalement aussi
pauvre que possible en sucre et disparaît enfin
dans la chaudière.
Tout cela va si vite que, si l’on se place près
de la plateforme où arrivent les cannes et si on
suit les cannes d’un pas ordinaire, on arrive
auprès des fours en même temps que le résidu.
Dans les installations qui marchent bien, on
sépare en quelques minutes tous les jus que
Ton peut extraire et tout le combustible dont
on a besoin pour la transformation du jus en
sucre.
Autrefois on était obligé de sécher au soleil
le résidu avant de pouvoir le faire brûler,
mais actuellement on a tellement perfectionné
les fours qu’ils peuvent brûler les résidus
humides contenant 45 à 48 % d’eau et donnent
la chaleur nécessaire pour la production de la
vapeur.
Le jus qui sort des moulins n’a pas un as
pect bien engageant et l’on comprend bien
qu’on n’a guère envie de goûter ce liquide vert,
trouble et plein d’écume. Pourtant, si on le
fait, on est récompensé de son courage par le
goût agréable et sucré du jus frais, si bien que
dans quelques pays de l’Amérique du Sud il
est vendu dans la rue par les marchands am
bulants. Quoi qu’il en soit, ce liquide ne peut
guère se vendre dans le commerce. A cause
de sa viscosité, de sa tendance à former de
l’écume, à cause des parties fibreuses des
feuilles, de la boue que l’on trouve dans le
jus, on ne peut guère le transformer en sucre
sans l’épurer, de sorte que le filtrage est la
première opération à laquelle il est soumis.
Le jus coule le long des cylindres et arrive
sur un plateau percé de trous au-dessus d’un
baquet peu profond. Les morceaux de cannes
et les feuilles restent sur le plateau, tandis que
le jus avec les impuretés plus fines arrivent
dans le baquet d’où il sort par un tuyau. De là
il tombe sur un tamis en cuivre rouge où il
laisse les morceaux plus petits, de sorte qu’à
la fin le jus des différents moulins est à peu
près purifié de tous les résidus et il arrive
dans un baquet mesureur qui permet de mesu
rer avec soin le volume du jus qui entre ; on
a ainsi l’élément essentiel pour juger la mar
che de la fabrique et pour calculer les pertes
de sucre pendant le traitement.
En général, l’épuration des jus présente de
grandes différences entre le sucre de canne
et le sucre de betterave, qui proviennent sur
tout de la différence des impuretés. Dans le
jus de betteraves, à part les cendres, on trouve
principalement des matières azotées qui ont
un goût désagréable et donnent de l’ammonia
que quand on les chauffe avec des alcalis, tan
dis que dans le sucre de canne la principale
impureté est le glucose dont le goût sucré ne
diffère pas de celui du sucre qu’il ne modifie
pas dans le traitement ultérieur.
Dans l’épuration des jus de canne, le seul
but qu’on se propose est de séparer autant que
possible les matières gluantes et colorées, de
façon à obtenir un jus qui se laisse facilement
vaporiser,puis cristalliser. Ces matières ne sont
pas en grande proportion et on les élimine
facilement. Si nous voulons exprimer en
chiffres cette épuration, nous trouverons
qu’elle n’apporte pas une grande améliora
tion : sur cent parties elle n’en élimine nas
plus de deux, mais cette légère diminut1on
suffit pour transformer le jus trouble, vert et
visqueux en un liquide jaune clair, transparent
et fluide, dont on sépare facilement les impu
retés et que Ton peut évaporer jusqu’à obte
nir un liquide sirupeux dont on sépare facile
ment le sucre par cristallisation ; cette remar
quable amélioration s’obtient en chauffant
avec un peu de chaux. Le jus est de réaction
acide, il comprend les phosphates acides et
�55
d’autres sels, en outre, sous forme colloïda parties des gommes insolubles, et ensuite en
le, de l’acide silicique, des gommes et de l’al neutralisant, toujours à froid,l’excès de chaux
bumine, en petites quantités de la cire, de par un acide, de sorte que lorsqu’on chauffe
l’argile et du sable. La chaux transforme les ensuite le glucose n’est pas attaqué et le jus
phosphates acides en phosphate de chaux tri- reste incolore.
Comme acide on prend un acide gazeux qui
basiques, la gomme se combine à la chaux pour
donner un composé insoluble et l’albumine se donne un sel de chaux insoluble que l’on peut
coagule par la chaleur, de sorte que l’on obtient extraire facilement et enlever du jus après la
dans le jus un précité qui entraîne toutes les réaction en même temps que l’excès de chaux.
matières en suspension et une partie des ma Ces acides (on emploie l’acide carbonique ou
tières colloïdales. Le jus est alors séparé en l’acide sulfureux ou tous les deux l’un après
une matière claire et fluide et en une petite l’autre) n’agissent donc pas eux-mêmes dans
quantité de résidus épais et de couleur sombre. la purification ; c’est la chaux qui purifie en
Parfois toutes ces impuretés sont tombées au donnant des éléments insolubles, et le gaz sert
fond, tantôt une légère partie reste sous forme seulement à transformer l’excès de chaux qui
aurait ensuite un effet nuisible.
d’écumes à la surface.
A l ’imitation de l'industrie du sucre de bet
Pour obtenir cette clarification il faut mêler
au jus une petite quantité de chaux (environ terave, quelques fabriques de Java ont appli
6 pour 10.000), ensuite on le pompe avec force qué il y a environ trente ans cette méthode
et on l’amène rapidement au point d’ébullition avec l’acide carbonique comme ~az réducteur,
au moyen de vapeur. Dans certains cas, on mais presque aussitôt on dût y apporter une
chauffe seulement le jus jusqu’au voisinage de modification. Dans le cas de la betterave, on
l’ébullition et on achève de chauffer dans les mêle la chaux au jus chaud, ce qui n’a pas
baquets purificateurs, mais la plupart du d’inconvénient, car on n’a pas à craindre une
temps on le chauffe suffisamment pour qu’il décomposition de glucose. Au contraire pour la
arrive bouillant dans le baquet. Dans le pre canne à sucre, la température ne doit pas dé
mier cas, les impuretés se séparent en deux, passer 50° si l’on ne veut pas avoir une colo
au fond et la surface, tandis que dans le ration foncée.
Dans notre cas, le jus est donc à peine
deuxième cas les impuretés ont bouilli dans le
jus et tombent ensuite au fond. Après que ces chauffé, mêlé avec un large excès de lait de
impuretés ont été bien séparées, de façon à chaux, et aussitôt soumis à un courant de gaz
faire environ un septième du tout, on les sé carbonique jusqu’à ce que l’excès de chaux
pare avec soin, ou bien on enlève le jus puri soit transformé en un carbonate de calcium
fié en le faisant couler et on laisse au fond le insoluble. On filtre le jus et on le débarrasse
dépôt. Ce jus est amené dans les évaporateurs, ainsi de ce dépôt volumineux qui, à côté d’une
tandis que les impuretés sont encore chauffées grande quantité de carbonate acide, comprend
et pressées à travers des filtres ; on extrait aussi une petite quantité d’impuretés du jus,
ainsi du jus clair que l’on mêle au premier. et on neutralise enfin la réaction alcaline avec
carbonique ou de l’acide sulfureux,
Généralement sur cent parties du jus il en de l’acide
bien avec le premier d’abord, puis, après
reste une de résidu humide qui contient envi ou
le second encore. Dans quelques
ron 10 % de sucre, ce qui fait qu’ainsi la-perte filtration,avec
usines on va un peu plus loin et l’on met du gaz
totale en sucre est de 1 pour 1.000.
sulfureux jusqu’à ce que le jus étendu présente
Lorsque le jus ainsi purifié doit servir pour une réaction franchement acide, chose qui
la préparation du sucre brut et brun, on ne aurait les plus grands inconvénients dans la
recherche pas essentiellement la transparence fabrication du sucre de betterave.
et cette méthode est suffisante. Mais lorsqu’on
Je disais donc que le résidu du filtrage avec
se propose de fabriquer du sucre blanc pour beaucoup
de carbonate de calcium contient
la consommation directe, il est nécessaire de relativement
d’impuretés du jus, de sorte
modifier la méthode. Pour préparer ce sucre que l’excès depeuchaux
nécessaire au raffinage
blanc, qui sans être raffiné pourra être livré est relativement peu important
en comparai
immédiatement à la consommation, il est son du grand excès que l’on emploie
en prati
nécessaire que le jus soit aussi peu coloré que que. En réalité, il y a donc gaspillage de
chaux
possible et exempt de toutes particules en sus et de gaz carbonique ; mais cela est nécessaire
pension, car celles-ci se déposeraient pendant à cause de la grande viscosité des composés
la cristallisation du sucre et lui donneraient de chaux et de gomme qui se laisseraient diffi
une teinte sombre. Maintenant il se présente cilement filtrer. Ce n ’est que lorsqu’ils sont
une difficulté. Les matières gommeuses qui
à une grande quantité de carbonate
se trouvent dans le jus entrent en combinaison mêlés
acide de calcium qu’une filtration rapide est
avec la chaux et ces composées n’étant pas possible.
Mais c’est un inconvénient que, à
absolument insolubles restent en partie dis basse température,
ces composés ne se laissent
sous. Plus on emploie de chaux, mieux ils se pas facilement filtrer,
le filtrage est abso
déposent et plus clair sera le jus. Pour obte lument nécessaire et ilcar
nécessite
une quantité
nir une clarification suffisante et rapide il considérable d’un produit assez coûteux.
faudra donc introduire beaucoup de chaux
Mais si l’on veut fabriquer du sucre de la
dans le jus, mais alors on court le risque
d’avoir en chauffant, une couleur sombre, car meilleure qualité, il faut filtrer le jus, car
la chaux vive agissant sur le glucose donne sans cela on ne serait pas assez sûr d’avoir
des composés de couleur foncée. Nous voyons éliminé toutes les particules en suspension.
donc qu’une adjonction de chaux en plus de En pratique on ne peut pas filtrer le jus sim
la quantité minimum présente l’inconvénient plement clarifié, car le filtre serait vite bouché
d’un effet destructif sur le glucose à haute et ne laisserait plus rien passer. Si l’on veut
température. On y remédie en mêlant l’excès donc une sécurité absolue par le filtrage, la
de chaux au jus à froid, ce qui rend une grande carbonisation est indispensable, et il est éga-
�56
lement indispensable d’éliminer le grand
excès de chaux par le gaz carbonique.
Plus tard, on a considéré qu’on atteindrait
suffisamment son but en n’employant pas
plus de chaux qu’il n ’est nécessaire pour la
purification et en neutralisant le léger excès
par le gaz sulfureux. Ce dernier forme avec la
chaux un composé insoluble que l’on sépare
très facilement ; la chaux précipite aisément
les gommes, on a également un sel de chaux
bien insoluble, de sorte que cette méthode qui
consiste à éliminer l’excès de chaux à froid
par un courant de gaz sulfureux est un bon
moyen pour aider la précipitation insuffisante
des gommes dans la purification ordinaire.
On met donc dans le jus plus de chaux, de
10 à 15 pour 1.000, on fait passer dans le jus
froid un courant de gaz sulfureux jusqu’à ce
que la réaction alcaline soit neutralisée, on
pompe ensuite le jus, on le réchauffe et on
l’amène dans les baquets où le jus pur est
isolé des impuretés. De là, il va dans les appa
reils d’évaporisation et les impuretés dans les
filtres-presses qui extrayent encore le jus
restant.
L’épuration n’a pas été suffisante pour que
le jus qu’elle donne ne puisse plus être filtré,
de sorte qu’on n’a pas la certitude de l’absence
de particule, ainsi qu’il arrive dans le traite
ment au gaz carbonique, mais la précipita
tion est tellement meilleure que l’on obtient,
dans le procédé au gaz sulfureux, un jus
beaucoup plus clair que lorsqu’on emploie
juste la quantité de chaux nécessaire.
Dans les dix dernières années on employait
dans beaucoup de fabriques le dernier procé
dé décrit avec un grand succès, et pourtant il
semble que le procédé à l’acide carbonique
donne à la longue de meilleurs résultats,
puisque quelques fabriques qui préconisaient
la méthode de sulfitation ont adopté très vite
la carbonatation.
Le jus ainsi purifié par l’une ou l’autre mé
thode doit être maintenant évaporé et il est
nécessaire de le faire aussi vite que possible,
car lorsqu’il est étendu il a de grandes
chances de devenir acide, de fermenter et de
se décomposer. Il faut donc transformer rapi
dement le jus en sirop plus épais et plus sta
ble. L’évaporation se faisait autrefois dans
les bassins ouverts au-dessus d’un foyer, mais
depuis longtemps on réchauffe le jus à la
vapeur et on aspire le gaz formé avec une
pompe, puis on le condense. A partir de ce
moment la fabrication est exactement la copie
des procédés d’industrie du sucre de betterave,
et toutes les améliorations qui ont été appor
tées à cette dernière peuvent être appliquées
avec peu de changement à l’industrie du sucre
de canne.
L'évaporation se fait en deux temps.
D’abord le jus est transformé en un liquide
visqueux contenant 50 % au moins de matiè
res solides ; on procède alors à un nouveau
raffinage en filtrant encore une fois et, par
fois en traitant encore au gaz sulfureux. En
fin on continue à épaissir ce sirop clair
jusqu’à ce que le sucre cristallise et se dépose
dans la masse.
Ces deux temps reposent sur le même prin
cipe, mais pourtant on les distingue et on
appelle le premier « évaporisation » et le
second « cuisson ».
Ces deux opérations se font dans le vide par
l’introduction de vapeur. Comme on est dans
le vide, le jus bout à basse température, tan
dis que si l’on opérait à la pression atmos
phérique on aurait une décomposition du
sucre ou du glucose, à cause de la tempéra
ture élevée.
Pour économiser autant que possible la
vapeur,on fait l’évaporation à effets multiples.
Chaque récipient est partagé en deux parties :
une pour le jus et une pour la vapeur. La
vapeur arrive dans le jus de la première et
le compartiment de vapeur de la première est
en communication avec le compartiment du
jus de la seconde ; en outre tous les compar
timents à jus sont réunis ensemble par un
tuyau étroit que l’on peut fermer à volonté.
Le dernier compartiment à jus est relié à une
pompe puissante, -cette pompe fait le vide dans
le dernier récipient et le jus qui s’y trouve
peut bouillir à basse température. La vapeur
qui vient du récipient précédent arrive contre
des parois, abandonne sa chaleur et se con
dense, ce qui diminue la pression dans l’avantdernier compartiment.
Cela continue ainsi et le jus bout à des tem
pératures différentes dans les différents com
partiments, la plus haute température étant
dans le premier compartiment qui a égale
ment la plus forte pression. La vapeur que
l’on fait entrer dans le premier récipient y fait
bouillir le jus ; la vapeur formée par cette
ébullition fait bouillir le jus dans le deuxiè
me compartiment et ainsi de suite, de sorte
que la vapeur que l’on introduit sert aussi
souvent qu’il y a de récipient dans l’installa
tion. En pratique il y a une limite et il faut
qu’il y ait une certaine différence entre les
températures du premier et du dernier réci
pient.
Pendant l’évaporation, le jus dont la con
centration augmente sans cesse, passe par
les tuyaux dont on a déjà parlé, le premier
compartiment dans le second et ainsi de suite ;
il arrive avec la plus grande concentration et
la plus basse température dans le dernier
compartiment d’où il est pompé. Comme nous
l’avons dit, le sirop épais ainsi obtenu est
soumis à une épuration et ensuite on le fait
cuire en masse compacte ; dans ce dernier
traitement, le sucre arrive enfin à sa forme
définitive qui permet de le séparer du liquide
sirupeux qui l’entoure. Jusqu’à présent toutes
les opérations avaient pour but de séparer du
sucre tous les autres corps, mais maintenant
on retourne la question, on amène le sucre à
sa forme définitive et on le sépare des impu
retés qui 1’accompagnent.
On amène le siron épais dans un grand réci
pient cylindrique fermé dans le haut par un
couvercle hémisphérique et relié par un large
tuyau à une pompe puissante. Les chaudières à
vide (vacuum) reçoivent de la vapeur prise
sur l’appareil d'évaporation. Tout le monde
sait qu’il est difficile de faire cristalliser rapi
dement une solution de sucre ; quant on fait
bouillir le sirop, on peut avec la vapeur, opé
rer la cristallisation continue; après un certain
temps on voit apparaître les cristaux et lors
qu’on laisse le liquide au repos, cela dure
encore assez de temps avant que tout le sucre
soit cristallisé.
Autrefois on chauffait fortement à la vapeur
le jus et on laissait refroidir ; on obtenait la
cristallisation du sucre après un temps très
�57
long. On a abandonné depuis longtemps ce
procédé interminable et l’on onère ia cristal
lisation dans la chaudière, de sorte que deux
heures après qu’on a commencé à cuire, le
sucre est entièrement cristallisé.
Voici donc comment on opère. On aspire
dans la chaudière le sirop épais et l’on fait
arriver la vapeur dans les serpentins entourés
par le jus, de sorte que ce dernier se met à
bouillir et sa concentration augmente. Lors
qu’on pense avoir dans la chaudière une
masse suffisante et presque solide, on diminue
la température en arrêtant l’arrivée de la
vapeur et en faisant travailler davantage la
pompe. Par suite de ce refroidissement du
liquide en mouvement, le sucre cristallise
brusquement en cristaux très fins. L’art du
chauffeur consiste maintenant à continuer
cette concentration par l’introduction de sirop
jusqu’à ce qu’après quelques heures la chau
dière soit remplie d’une masse de cristaux de
sucre réguliers et d’un sirop épais qui le cou
vre et l’entoure. Pour obtenir les cristaux purs
et réguliers, il est nécessaire que ces derniers
soient constamment en mouvement pendant
la durée de la cuisson et, pour cela, les surfa
ces chauffantes, la forme de la chaudière et
beaucoup d’autres éléments ont été l’objet de
beaucoup d’études et d’essais. L’habileté de
l’ouvrier a aussi une grande influence sur le
résultat.
On continue la cuisson jusqu’à ce que la
chaudière soit remplie et que la matière soit
assez concentrée pour que l’on distingue à
l’œil sa composition. Alors on ouvre le fond
de la chaudière à vide et son contenu tombe
dans un grand baquet pourvu généralement
d’un malaxeur.
Pendant la cuisson la matière est encore
assez chaude et tout le sucre qui aurait pu
cristalliser ne l’a pas fait, de sorte que la
cristallisation continue dans le baquet. Pen
dant la cuisson, nous avons à veiller à une
bonne circulation pour que chaque cristal
reste isolé et puisse se développer de tous les
côtés, et c’est pour continuer ces circonstan
ces favorables que l’on malaxe généralement
dans le baquet et on obtient des cristaux et du
sirop.
Pour obtenir toute la cristallisation possible,
on refroidit pendant plusieurs jours au
moyen d’un courant d’eau autour des baquets
et l’on maintient le contenu en mouvement
constant.
La séparation des cristaux et des sirops se
fait dans les centrifuges. Ce sont des tam
bours cylindriques ouverts dans le haut et
dont le bas est en métal perforé ou en toile
métallique. Ces tambours tournent rapide
ment autour d’un axe, puis quand la masse y
est introduite, la force centrifuge la projette
contre les parois. Les cristaux restent contre
les parois et le sirop passe à travers. Quand
les cristaux sont séparés du sirop autant que
possible on les arrose avec un peu d’eau, puis
on arrête les centrifuges, on enlève le sucre
et on le sèche dans un cylindre qui tourne et
â travers lequel on fait passer un courant
d’air chaud et sec.
Lorsqu’on veut fabriquer du sucre brun
cette méthode sufift, mais, pour obtenir le
sucre blanc, on mêle le sucre, à la sortie de
la centrifuge et sans le sécher, à un sirop
blanc, on le fait passer dans une deuxième
centrifuge, on lave avec une grande quantité
d’eau, puis on sèche les cristaux de sucre
blanc et pur qui restent avec un courant d’air
chaud et on le met dans des sacs.
Le sirop qui sort de la première centrifuge
peut être encore évaporé et cristallisé ; on
obtient ainsi une autre espèce de sucre appe
lé sucre de sirop, ou bien on mêle ce sirop
à celui qui est déjà dans une chaudière va
cuum qui transforme tout le sucre cristallisable.
Autrefois on concentrait beaucoup le sirop
et on le laissait cristalliser dans les baquets
mais actuellement, on fait généralement cuire
le sirop jusqu’à obtenir des grains, ou, s’il
est devenu trop impur pour cela, on l’ajoute
dans une chaudière contenant des grains, et
tout le sucre cristallisable se forme autour des
cristaux déjà existants. Ce n’est que rarement
que l’on fait cuire jusqu’à consistance fileuse
et que l’on laisse ensuite cristalliser lentement,
pour mettre ensuite la masse dans des sacs de
jonc tressé. Le sirop s’écoule et il reste les
cristaux de sucre. Après que celui-ci est devenu
aussi sec que possible, on coud les sacs et le
mélange qu’ils contiennent de cristaux de su
cre et de mélasses, est vendu sous le nom de
sucre de sac.
Le sirop qui reste et qui ne contient plus de
sucre cristallisable sert à la préparation de
l’arak, ou est employé comme tourteaux, ou
bien on le brûle et l’on extrait des cendres de la
potasse et d’autres engrais.
Avec les procéds acétuels, le sucre va d’un
mouvement presque continu à travers la fa
brique à partir du moment ou il est appor
té jusqu’à ce que les produits quittent l’usine.
Les seuls points où il y a un temps d’arrêt
sont les caisses à précipiter et les refroid'sseurs malaxeurs. A part cela, le jus est cons
tamment en mouvement. Dans une fabrique
bien organisée, on peut avoir du sucre en 12
heures, et en 3 jours on peut livrer à la
consommation, sous la forme de sucre blanc,
tout le sucre qu’il est possible d’extraire de la
canne.
Dans un traitement rapide on ne remarque
guère les pertes par acidification, par inver
sion et par décomposition du sucre. Il y aura
naturellement toujours un peu de décomposi
tion, on perdra quelque chose çà et là et dans
l’écume, de sorte que le sucre produit et celui
qui reste dans les sous-produits sera toujours
en quantité inférieure à ce que la canne con
tenait, mais la différence n’est pas grande.
Pendant tout le traitement on fait un
contrôle chimique minutieux à toutes les sta
tions, de façon à savoir partout ce qu’on perd.
Enfin on pourra inscrire quelques-uns des
chiffres obtenus dans le contrôle pour avoir
une bonne image de ce qui se passe.
En moyenne, sur cent parties de sucre
contenues dans la canne, quatre-vingts arri
vent sous forme de produit, 8,7 sont brûlées
dans les résidus ; 7,8 transformées en mélas
se ; 0,8, sont perdues par le filtrage et 0,7 for
ment les pertes non définies.
Java a livré l’année dernière 1.470.000 ton
nes, dont 35 % de sucre blanc pour la consom
mation directe, 33 % de sucre grisâtre avec
une polarisation de 98 % destiné au raffinage,
27 % consistait en sucre brun toujours pour le
raffinage, avec une teneur de 97 %, tandis que
le reste, environ 4 %, se composait de sousproduits bruns et de sucre de sac.
�LÀ PRODUCTION MONDIALE DU SUCRE
SA RÉGLEMENTATION ET SA CONSOMMATION
Émile BAILLAUD
S e c rétaire G énéral de l ’I n s t i tu t C olo n ial d e M arseille
Les questions relatives au développement de
la production du sucre sont des plus compli
quées parmi les problèmes économiques qui se
posent actuellement et le moment nous paraît
opportun d’essayer d’exposer rapidement,
d’après les documents que nous avons réunis à
l’Institut Colonial de Marseille, en quoi con
siste l’inextricable « question des sucres » et
quelles sont les modifications que va probable
ment subir le marché des sucres.
L é g is la tio n n a p o lé o n ie n n e
Sans remonter jusqu’à l’Ancien Régime où
dès 1664, à la suite de l’établissement par Col
bert d’un droit diiïérentiel sur les sucres de
cannes suivant qu’ils étaient importés des pos
sessions françaises ou de l’étranger, une lutte
très vive éclata entre l’industrie coloniale pro
ductrice du sucre et celle du raffinage qui était
interdit aux colonies et localisé en France,
nous arriverons tout de suite à la période où
tout une législation fut instituée pour favoriser
l’industrie naissante de la fabrication des su
cres de betteraves.
Cette industrie bénéficia non seulement des
encouragements que Napoléon, dans le but de
suppléer aux sucres des colonies anglaises
arrêtées par le blocus continental, lui accorda
sous forme de subventions et du soin qu’il prit
de former les ingénieurs nécessaires ainsi que
d’assurer la mise en culture de grandes super
ficies en betteraves, mais encore elle fut avan
tagée par ce fait qu’elle était exempte de toutes
taxes qui s’appliquaient aux sucres étrangers
et à partir de 1814 aux sucres coloniaux. Les
colonies ne purent manquer de s’en plaindre
en même temps que le Trésor public et la loi
sur les sucres indigènes du 10 juillet 1837 vint
établir, indépendamment d’un droit de licence,
un droit ‘principal de 15 francs par 100 kilos de
sucres bruts qui donna lieu pour sa percep
tion à la création de l'exercice qui était appelé
à jouer désormais un rôle célèbre dans toute
cette histoire.
Cet exercice consistait à charger le compte
du fabricant d’une quantité de sucre propor
tionnée aux quantités de jus déféqués (100 kilos
par 100 litres de jus marquant 10 décimètres) et
à assurer la vérification de cette production
des jus déféqués.
^
En 1838, la production indigène atteignait 50
millions de kilos et les colonies ainsi que les
raffineries des ports s’en émouvant obtinrent
que les sucres bruts coloniaux fussent dégrévés de 12 francs en principal et que le droit sur
les sucres étrangers soit ramené de 81 à 60
francs les 100 kilos. Dès l’année suivante, la
production métropolitaine tomba de ce fait à
23 millions, et à la suite d’une proposition du
Gouvernement de leur accorder une indemnité
de 40 millions de francs, les lois du 3 juin 1840
et 21 juin 1841 établit une parité d’impôts sur
les deux industries au moyen d’une modifica
tion de tarifs sur les rendements.
Nous ajouterons que la loi de 1837 avait éta
bli une restitution partielle des droits en cas
de réexportation, c’est-à-dire créait le système
des primes qui devait, plus tard, être l’origine
des contestations et des arrangements interna
tionaux qui ont illustré cette question des su
cres.
La lutte entre les sucres coloniaux et les
sucres métropolitains se manifeste ensuite
par une série de mesures sur lesquelles il
serait trop long d’insister et qui aboutirent à
la loi du 23 mai 1860, conçue dans un esprit
libéral. Cette loi dégreva les sucres dans une
grande proportion, simplifia le système de la
perception, permit l’exportation des sucres
bruts, jusque-là défendue et diminua les droits
de douane sur les sucres étrangers.
Il en résulta que les prix des sucres bruts
tomba de 71 francs en 1860 à 56 fr. 40 en 1863 et
que les exportations recevant des primes pas
sèrent de 68.000 tonnes à 102.000 tonnes.
Les intérêts du Trésor étant compromis, les
diverses taxes furent modifiées par les lois du
13 mai 1863 et 7 mai 1864 au moyen d’augmen
tation du taux de rendement et de diverses
autres mesures.
Les diverses puissances européennes, pro
ductrices de sucre avaient été amenées à éta
blir une tarification analogue et, à cette époque,
les industriels français prétendant qu’il y avait
dans ces pays de grandes différences entre les
droits inférieurs et les rendements au raffi
nage demandèrent que le Gouvernement s’en
tendît avec l’Angleterre, la Belgique et la Hol
lande pour fixer le taux des rendements à l’ex
portationC o n v e n tio n du 8 n o v e m b re 1 8 6 4
La première convention internationale à ce
sujet fut signée le 8 novembre 1864 par ces qua
tre puissances pour une durée de huit années.
Les sucres bruts furent divisés en quatre caté-
�59
gories pour l’exportation après raffinage, le
rendement légal pour chacune de ces catégo
ries étant fixé à 87, 85, 81 et 76 kilos de raffiné
pour cent de sucre brut, et les tarifs d’entrée
étant mis en harmonie avec les rendements
fixés par la convention pour les produits qui
accordaient les détaxes à l’exportation sur les
sucres raffinés.
P r e m iè r e c o n v e n tio n de B r u x e lle s 1 8 7 5
Il en résulta que notre production métropo
litaine atteignit jusqu’à 1870, 277 millions de
kilos. Cet arrangement ne satisfit pas les puis
sances qui l’avaient contracté et qui déclarè
rent que la situation n’en restait pas moins
différente principalement parce que l’exercice
ne fonctionnait pas dans chacune d’entre elles
et en particulier en France qui l’avait suppri
mé. Les pourparlers qui furent engagés à
nouveau à ce sujet aboutirent à la première
convention de Bruxelles, du 21 août 1875, qui
décida que l’exercice serait obligatoire en
France et dans les Pays-Bas, remplacé par des
garanties analogues en Belgique et qu’en
Angleterre il serait appliqué dans les cas où
les droits qui avaient été supprimés en 1874
seraient rétablis à nouveau. La convention ne
fut pas acceptée par les Etats Généraux des
Pays-Bas. Il en résulta donc que, tandis qu’en
France le système de perception des droits
révisés par la loi du 19 juillet 1880 et établi sur
le principe de l’exercice permanent et de l’em
ploi du saccharimètre empêchait toute fraude
à l’égard du fisc, il n’en était pas de même
dans les autres pays, en particulier en Autri
che et en Allemagne, où le taux des rendements
étant fixé trop bas, les drawbachs constituè
rent une véritable prime à l’exportation qui se
développa énormément tandis que l’exportation
française diminuait.
L’Allemagne avait, en outre, à établir son
impôt d’après le poids brut des betteraves trai
tées et, de ce fait, encourageait la culture des
variétés très saccharifères donnant dès cette
époque plus de 10 kilos de sucre brut par cent
kilos. La loi du 31 juillet 1884 établit en France
ce système de tarification sur la betterave, qui
avait comme avantage d’exciter au perfection
nement de la culture et de l’extraction indus
trielle. Vis-à-vis des sucres étrangers, l’équi
libre était rétabli par une surtaxe de 7 francs
non remboursable "à l’exportation ; de ce fait,
la production métropolitaine française arriva
en 1901 à 1 million de tonnes.
C’était là beaucoup plus que ne pouvait en
absorber la consommation intérieure. Le sur
plus se dirigea sur l’Angleterre qui n’avait pas
adopté la culture des betteraves, mais les
autres pays ayant créé des primes à l’expor
tation sous forme de détaxe comme la France,
il en résulta une concurrence acharnée, qui
abaissa de plus de moitié dans ce pays le prix
du sucre par rapport à celui payé en France
ou en Allemagne.
Ce prix était descendu à Londres jusqu’à 150
francs par tonne, soit environ 75 francs audessous du prix de revient. Le Gouvernement
anglais, qui considérait qu’il devait prendre la
défense des intérêts de ses colonies sucrières
s’en émut, bien que, en 1900, sur 1.624.155 ton
nes de sucre importées en Grande Bretagne,
41.574 seulement provenaient de Pile Maurice,
et des Indes occidentales anglaises. Pour s’ex
pliquer que l’intérêt des consommateurs
anglais ait été sacrifié à celui de ces pays, il
faut penser qu’à cette époque on était en Angle
terre en pleine crise d’impérialisme à outran
ce- Le développement de la « Greater Britain »
était la principale préoccupation de tous.
M. J. Chamberlain s’était opposé, en 1881, à
ce que l’on modifiât le régime libéral anglais
des sucres, estimant que c’était l’intérêt du
consommateur anglais qui devait être consi
déré et avait émis cette formule qui résume
bien la question : « l’intérêt des planteurs exige
que le sucre brut soit cher ; l’intérêt des raffineurs veut le bon marché du sucre brut et la
cherté du sucre raffiné ; l’intérêt du consom
mateur anglais est dans le bas prix du sucre
brut et du sucre raffiné » et il ajoutait : « impo
ser des droits compensateurs sur les sucres en
vue de neutraliser l’effet des primes serait un
premier pas dans la voie de l’abandon du libreéchange, c’est-à-dire d’une politique économi
que basée sur des principes très clairs et qui a
conféré d’immenses avantages aux clauses
industrielles de ce pays ».
Le 24 novembre 1902 il déclarait à la Cham
bre des Communes que, depuis 1881, les circons
tances avaient entièrement changé et que lors
que les circonstances changent, les opinions
doivent changer en même temps. C’est princi
palement en raison de son influence que le Gou
vernement de lord Salisbury décida de venir en
aide aux colonies et menaça les nations euro
péennes qui ne supprimeraient pas leur prime
de surtaxer leurs sucres d’un prix égal à la
prime qu’elles auraient versée.
Les très lourdes charges qu’entraînait pour
les Trésors de ces nations l’accroissement de
ces primes et les réclamations de leurs habi
tants qui payaient le sucre cher pour le plus
grand avantage des Anglais les poussèrent à
signer une entente qui mit fin à cet état de
choses.
D e u x iè m e C o n v e n tio n de B r u x e lle s 1 9 0 2
Le 5 mars 1902, la Convention de Bruxelles,
qui subsiste encore, était signée par les princi
paux Etats producteurs de sucre. Ceux-ci
convinrent d’abolir, à partir du 1er septembre
1903 toutes les primes à l’exportation du sucre
et de limiter l’écart entre les droits de douane
et les impôts intérieurs à 5 francs par 100.
Pour empêcher les cartels de modifier les
conditions de la concurrence internationale,
les puissances limitaient .au chiffre maximum
de 6 francs par 100 kilos pour le sucre raffiné
et les sucres assimilables au raffiné, et de
5 fr. 50 pour les autres sucres, leur surtaxe
douanière, c’est-à-dire l’écart entre le taux des
droits ou taxes dont sont passibles les sucres
étrangers et celui des droits ou taxes auxquels
sont soumis les sucres nationaux. Certaines
puissances, toutefois, étaient dispensées par
l’article 6 de la convention, soit de prendre les
mesures nécessaires pour supprimer leurs pri
mes, soit de limiter leurs surtaxes douanières,
mais à la condition de ne pas exporter.
Une clause pénale prévoyait que les Etats
signataires prohiberaient l’importation dans
leurs territoires, des sucres provenant des pays
soit sur la production soit sur l’exportation du
sucre ou imposer, fient une surtaxe équivalente.
�60
Il fut convenu que la convention aurait une
première durée de cinq ans et serait ensuite
renouvelée d’année en année, mais le droit fut
réservé à chacun des Etats signataires de se
retirer de la convention en manifestant l’in
tention douze mois avant son expiration.
L’Union sucrière se forma ainsi entre l’Alle
magne, l’Autriche-Hongrie, la Belgique, la
France, la Grande-Bretagne, l’Italie, les PaysBas et la Suède, auxquels vinrent se joindre
presque aussitôt le Luxembourg et le Pérou,
puis la Suisse un peu plus tard.
La plupart des Etats signataires adhérèrent
à l’ensemble des conditions de la convention,
seules, l’Italie et la Suède se réclamèrent du
régime exceptionnel de l’article 6 qui accordait
la triple dispense de la suppression des pri
mes de l’entrepôt et de la limitation de la sur
taxe douanière à condition de ne pas exporter ;
enfin, la Suisse reçut les deux dernières dispen
ses lors de son admission qui eut lieu le 26 juin
1906.
A son arrivée aux Pouvoirs, le parti libéral
ne put faire autrement que de déclarer qu’il
ne continuerait pas à participer à une conven
tion aussi contraire à ses principes de liberté
des échanges, et le 6 jum 1907, sir Edward
Grey annonça à la Chambre des Communes
qu’il avait fait connaître que le principe de
l’imposition de droits compensateurs était
contraire à ceux de son gouvernement, simple
ment que son gouvernement ne pourrait plus
consentir à imposer des droits compensateurs
sur les sucres primés. Il n’avait point le désir
de voir revivre les primes ni d’en donner luimême, mais il ne pourrait continuer à faire
partie de la convention que s’il était dégagé de
l’obligation d’imposer une pénalité aux sucres
primés.
A cette époque, la Kussie était le seul pays
grand producteur de sucre qui ne faisait pas
partie de la convention et, étant donnée la dé
claration de l’Angleterre, cette convention ne
pouvait subsister que si la Russie y adhérait,
de manière qu’en fait, l’Angleterre ne reçut pas
de sucre primé. On obtint l’adhésion de la Rus
sie et, le 19 décembre 1907, un protocole recon
naissant cette adhésion, portait que la Russie
serait autorisée à conserver son système fiscal
et douanier sur le sucre, mais qu’elle ne pour
rait augmenter les avantages des producteurs
sur le prix fixé pour la vente sur le marché
intérieur. Elle s’engageait à ne pas exporter
plus de 1 million de tonnes de sucre pendant
les six années de 1907 à 1913, à l’exception, tou
tefois, de la Finlande, de la Perse, par la mer
Caspienne et la frontière de terre et les autres
pays asiatiques limitrophes, à l’exception de
la Turquie d’Asie. Son contingent de chacune
des années à partir du 1er septembre 1909 jus
qu’à 1913 était ainsi fixé à 200.000 tonnes.
Nous indiquerons, dans un instant, comment
une hausse considérable de sucre s’est pro
duite pendant ces dernières années. Cette
hausse coïncidait avec la hausse générale des
denrées agricoles ; et, préoccupés de trouver
un remède aux effets de cette hausse sur le
coût général de la vie, la plupart des puissan
ces signataires furent d’avis, à la fin de 1911,
d’autoriser la Russie à augmenter son contin
gent d’exportations. En effet, la production
totale du sucre en Russie, qui avait été
exceptionnelle en 1910, fut presque aussi forte
en 1911 et s’éleva à environ 1.869.300 tonnes
auxquelles il fallait ajouter en fin 1911 un
stock de 433.460 tonnes. La consommation inté
rieure était d’environ 1.200.000 tonnes, l’expor
tation vers la Perse 81-900 tonnes, l’exportation
en Finlande 49.140 tonnes auxquelles il fallait
ajouter l’exportation sur les marchés conven
tionnels de 2 millions de tonnes ; ce qui laissait
donc un reliquat de 776.000 tonnes. Il devait
donc en résulter une crise très grave pour l’a
griculture et l’industrie sucrière russe qui
demanda à ce que son contingent fût porté
exceptionnellement à 500.000 tonnes.
Après des négociations très laborieuses dont
les difficultés provinrent de ce qu’en fait c’était
l’existence même de la convention qui était en
jeu, et de l’opposition de l’Allemagne, la Rus
sie accepta finalement de ne demander aucun
changement aux conditions qui lui avaient été
faites en 1907, sauf l’allocation d’un contingent
exceptionnel de 250.000 tonnes.
Ces 250.000 tonnes furent réparties comme
suit :
Exercice 1911-1912 ............ 150.000 tonnes
Exercice 1912-1913 ............ 50.000 tonnes
Exercice 1913-1914 ............. 50.000 tonnes
La Russie s’étant d’ailleurs engagée à dis
tribuer les deux contingents supplémentaires
de 50.000 tonnes attribués pour les exercices
1911-1913 et 1913-1914, de telle manière que la
quotité du contingent extraordinaire pour cha
cun des quatre semestres compris entre le 1er
septembre 1912 et le 31 août 1914 ne dépasse pas
25.000 tonnes.
Un protocole supplémentaire à la convention
fut ratifié en même temps qu’il renouvelait la
convention pour cinq ans dans ce sens à
Bruxelles, le 17 mars 1912 par les puissances
signataires à l’exception de l’Italie, qui a ré
servé sa liberté d’action et de la Grande-Bre
tagne.
Celle-ci, en effet, s’était dégagée, en 1907, de
l’obligation d’imposer les sucres primés et par
conséquent n’avait pas à restreindre l’exporta
tion russe. Le 7 août, le Ministère déclara à la
Chambre des Communes qu'il n’avait en outre
pas l’intention de continuer à adhérer à la
convention de Bruxelles et elle s’en retira en
effet définitivement à dater du 1er septembre de
cette année.
Les autres puissances restent liées pour cinq
ans encore, mais la décision de l’Angleterre,
créée une situation nouvelle dont il nous faut
maintenant rechercher les conséquences.
Conséquences
de la d e u x iè m e C o n v e n tio n de B r u x e lle s
s u r le s p r ix du s u c re
A la suite de la convention de 1902, la France
n’ayant plus à accorder de prime, ramena d’a
bord de 60 à 40 francs la taxe de consommation
sur les sucres et ensuite sous le ministère de M.
Rouvier, de 40 à 25 francs par 100 kilos. Il fut
en outre décidé que les sucres des colonies
françaises obtiendraient une détaxe de distance
représentant la moitié des frais de transport de
leur point d’origine au marché métropolitain.
Il fut en outre décidé qu’il serait établi deux
détaxes appelées de « distance »
1° pour les sucres de canne, la détaxe est de
2 fr. 50 les 100 kilos % pour les Antilles ; de
�61
2 fr. 50 % pour les colonies de l’Océan indien.
Le fret étant autrefois de 30 fr. environ et de
35 fr. aujourd’hui, pour l’Océan indien et de 26
francs environ pour les Antilles, la détaxe de
distance a couvert la presque totalité du fret,
et couvre aujourd’hui beaucoup plus de la moi
tié ; 2° la détaxe de distance pour les sucres de
betterave, qui était autrefois de 2 francs les
100 kilos, pour les raffineries situées à 250 kilo
mètres des fabriques et applicable aux sucres
dont on justifiait de l’exportation, a été ramenée
aux frais effectifs justifiés, mais jamais supé
rieure à 2 francs les 100 kilos. La France a été
la seule a avoir ce régime et cela a été une des
conditions à son entrée dans la Convention de
Bruxelles. Ce régime lui a été souvent reproché
à l’étranger, et les colonies françaises, de leur
côté, demandent de bénéficier de la détaxe en
tière. Dans les autres pays il fut pris égale
ment des mesures fiscales qui eurent pour
résultat une baisse des prix provoquant un
accroissement de 899.119 tonnes dans la con
sommation du continent- C’est ainsi qu’en
Autriche le prix des raffinés en entrepôt, qui
était resté réglé par l’administration du Cartel
à un prix uniforme de 46 couronnes 87 au cours
des deux campagnes 1900-01 et 1901-02 n’était
plus que de 25 couronnes 25 en 1905-06 et la
consommation autrichienne passait d’une
moyenne de 261.000 tonnes à 350.000 tonnes, ré
pondant ainsi par une augmentation de 34 %
à une diminution de prix de fait de 45 % déter
miné par le retour à la liberté de la concur
rence. Même effet en Hongrie, où la consom
mation passe, durant la même période, de
81.448 à 118.152 tonnes ; soit une augmentation
encore plus forte de 45 %.
En Angleterre, un phénomène inverse se pro
duisit puisque les sucres qui y étaient impor
tés en provenance de l’Europe ne bénéficiaient
plus d’une prime d’exportation. En outre, à la
suite de la guerre du Transwaal, un droit fut
établi par le gouvernement anglais sur le sucre
et la hausse qui résulta de ces deux circons
tances fut le motif principal qui poussa le
gouvernement libéral de 1907 à cesser de consi
dérer comme avantageux la convention que
l’Angleterre avait réclamée en 1902 dans un
véritable esprit d’abnégation impérialiste.
La consommation du sucre est considérable
en Angleterre ; elle est d’environ 50 kilos par
tête et toute augmentation qui se produit dans
le prix du sucre correspond à une dépense que
l’on a évalué à quinze millions de francs pour
une différence de 1 franc par 100 kilos. Or, il
faut remarquer qu’à l’encontre de ce qui se
passe sur le continent, cette somme est toute
entière payée à l’extérieur et, par conséquent,
perdue pour le consommateur anglais.
La conquête de ce marché anglais se fit après
la convention de Bruxelles de 1902, non plus
en quelque sorte par la concurrence de primes
accordées par les gouvernements du Continent
à leurs producteurs de sucre, mais par la
lutte véritable des prix demandés par ceux-ci.
Dans ces conditions les circonstances atmos
phériques qui ont influé sur les récoltes ont été
la cause déterminante des fluctuations des
cours agravés par l’intensité de la concurrence
et souvent faussés par la spéculation. D’après
The West India Committee Circular du 9 sep
tembre 1913 pendant les premières huit années
de la convention, le prix de vente du sucre a
été aux environs du coût de la production
pendant 59 mois sur 96 et souvent au-dessous ;
pendant les autres 37 mois il a été considéra
blement au-dessus à la suite d’un manque de
1.200.000 tonnes de sucre dans la récolte de
betterave en 1904 et 1905, un manque de 500.000
tonnes dans la récolte de Cuba de 1908, un
manque de 400.000 tonnes en Europe suivi par
un manque de 300.000 tonnes à Cuba en 1909
et 1910 et finalement un manque de 1.700.000
tonnes de sucre dans la récolte européenne en
1911.
La suppression des primes a eu pour résul
tat immédiat une diminution de la fabrication
métropolitaine française.
A la suite de la loi de 1903 qui avait rabaissé
la taxe sur le sucre, il y eut en France une
augmentation considérable dans la consomma
tion. De 450.000 tonnes en 1902, la consomma
tion intérieure passa en 1910 à 621.000 tonnes,
soit 15 k. 5 par habitant, mais d’après les chif
fres donné par M. Castelin à la Chambre des
Députés dans la séance du 10 avril 1911, alors
que nous exportions 700.000 tonnes en 1902,
nous n’en exportions plus en fin 1910 que 200.000
tonnes et la production totale passa de
1.051.930 en 1901-1902 à 725.000 tonnes en 19101911.
La discussion de la Chambre des Députés à
laquelle nous venons de nous rapporter a eu
justement pour but de rechercher quelles
étaient les causes de cette diminution et par
quels moyens on pouvait y remédier.
Le groupe des Députés du Nord de la France
présenta à cette époque un projet de loi ayant
pour but die réduire de 10 francs par 100 kilogs
l’impôt de consommation sur le sucre raffiné,
soit de le ramener à 15 francs. Les auteurs de
ce projet de loi avaient en vue, semblet-il, non
point tant le désir d’augmenter la consomma
tion intérieure que de favoriser l’exportation
nécessaire pour assurer la prospérité de l'ex
ploitation sucrière. Ils expliquèrent par l’orga
ne de M. Delpierre, que le nombre des sucre
ries allait en diminuant et qu’il était passé de
344 fabriques de sucre en activité en 1898-1899
à 231 en 1910-1911.
Il est vrai que l’on constate, en se rapportant
aux statistiques que cette diminution du nom
bre des fabriques a été continue depuis fort
longtemps ; nous n’avons pas pu nous procurer
de chiffres au delà de 1884, mais nous remar
quons qu’à cette époque, le nombre de fabri
ques était de 449 pour diminuer ensuite
progressivement jusqu’à 1909. Jusqu’à 19011902 cette diminution a été due à la création
de grandes centrales qui absorbaient les petites
fabriques et c’est ainsi que tandis que le nom
bre de celles-ci diminuait, le poids des bettera
ves employées est passé de 4-566.796 tonnes en
1884-1885 à 9.350.851 tonnes en 1901-1902.
A partir de cette date ce poids va en dimi
nuant à peu près dans la même proportion que
le nombre des usines et en 1908-1909, dernière
années dont nous avons les chiffres, il n’était
plus que de 5.949.301 tonnes. Pendant ce temps
le prix moyen de la tonne de betterave passait
de 19 fr. 08 en 1885, à 30 fr. 06 en 1889-1990,
pour retomber à 23 fr. 90 en 1908-1908 et la
superficie plantée en betteraves passait de
300.000 hectares avant la convention de Bruxel
les à 200.000 après. Nous ajouterons à titre
documentaire que tandis qu’en 1884-1885 le
�62
rendement moyen de betteraves à l’hectare était Russie ............................ 1.975.000 2.125.000 2.140.000
530.000
590.000 '
de 31.289 kilogs, produisant seulement par ton Autres pays .................. 620.000
ne de betteraves 59 kilogs de sucre raffiné, en Production totale .......... 8.935.000 6.336.000 8.105.126
1908-1909 ces rendements étaient seulement de
Ce déficit de la campagne 1911-1912 provoqua
27.698 kilos, mais que le poids de sucre raffiné
par tonne de betteraves passait pendant ce une hausse considérable de prix du sucre, liée
temps de 59 kilos 90 à 121 kilos 54. Cela prouve à la hausse des autres denrées qui caractérisa
bien que c’est le prix seul qui a été la cause cette période, d’autant que la grande produc
tion de la Russie ne pouvait avoir d’influence
de la diminution de la production.
La France était seule à subir cette crise sur les grands marchés consommateurs euro
parmi les grands pays exportateurs de sucre ; péens, puisque sa quantité d’exportation était
pendant les six dernières années en effet, la limitée.
Ainsi donc, on peut résumer la situation de
production de l’Allemagne est nassée de
2.400.000 tonnes à 2.602.000 tonnes en 1910-1911, la manière suivante :
celle de l’Autriche de 1.479.000 tonnes à 1 mil
A la suite de la convention de Rruxelles, les
lion 570.000 tonnes, celle de la Russie de prix du sucre montèrent sur le marché anglais
987.000 tonnes à 2.115.000 tonnes.
puisqu’ils n ’étaient plus favorisés par des pri
M. le Député André Castelin a, dans la séan mes à l'exportation. Au contraire ces prix
ce de la Chambre dont nous venons, de parler, diminuèrent dans les pays producteurs qui
assuré que cette déchéance de l’industrie su n’avaient plus à acquitter ces primes que sup
crière en France provenait uniquement de la portait finalement le consommateur. Une di
suppression de la prime à la fabrication et que minution de la production s’en suivit en France
cette prime était nécessaire pour rétablir l’éga tandis qu’il n’en était pas de même dans les
lité entre les conditions de la production en autres pays à betteraves. Mais, cette baisse fut
France et en Allemagne par exemple. Il a in arrêté par la hausse générale des prix et par
diqué qu’alors que la production à l’hectare la mauvaise récolte de 1911 ; cette hausse sup
était de 27 tonnes, elle était en Allemagne de plémentaire décida l’Angleterre à recouvrer
30 tonnes, soit 3 de plus et de la même manière sa liberté et il nous reste maintenant à recher
nos usines ne permettent d’extraire que 13 cher quelles peuvent être les conséquences de
kilogs alors que les Allemands obtiennent 15 cette décision en nous plaçant particulièrement
kilogs 25 en sucre brut. L’explication qu’il en au point de vue des pays producteurs de sucres
donne c’est que les capitaux sont plus coûteux de cannes qui nous intéressent plus spéciale
en France qu’en Allemagne et par conséquent ment.
l’industrie ne peut pas s’outiller à auss< bon
Nous examinerons tout d’abord l’état de
compte II indique que, si l’on calcule ce que l’opinion anglaise sur cette question et nous
coûte au fabricant de sucre allemand le étudierons ensuite séparément le cas de chacun
sucre qu’il va transformer, étant donnée la des groupes des pays producteurs de sucre de
productivité industrielle et la productivité canne, car ils sont plus ou moins favorisés par
agricole, on constate que ce fabricant bénéficie des mesures spéciales prises par les pays dont
d’une différence qui dépasse 6 fr. par 100 kilos ils dépendent.
de sucre
En outre il faut tenir compte de ce fait que L ’opin io n du G o u v e rn e m e n t a n g la is
la distillerie vient en France payer plus cher
s u r son r e t r a i t de la C o n v e n tio n
la betterave que ne pourrait normalement le
faire la sucrerie à cause des droits de douane
Dans la séance du 7 août 1912 de la Chambre
qui protègent la fabrication de l’alcool. L’al des Communes, dans laquelle le Gouvernement
cool est protégé par un droit de 70 francs les annonçant qu’il se retirait de la convention de
100 kilogs à l’entrée. Le sucre, par une taxe Bruxelles, M. Acland, sous-secrétaire d’Etat
de 6 francs. Actuellement, le cours de l’alcool, pour les Affaires Etrangères, indiqua qu’il ne
à Paris, est de 71 francs ; à ce prix rru’il trouve paraissait pas que la décision de l’Angleterre
rémunérateur, le distillateur est tout à fait dis dût conduire à un retour de l'ancien état des
posé à offrir un bon prix de la betterave qui choses. Les puissances étrangères ont actuelle
est également sa matière première ; mais le ment le sucre bon marché, il n’v a aucune
sucrier trouve au contraire tout intérêt à payer chance que leurs consommateurs admettent de
le moins cher possible une racine dont le prix nouveau de payer le sucre cher en raison de
influe de toute évidence sur celui de produit taxes qu’ils supporteraient, avant pour but
qu’il en retire et qu’il vend.
d’alimenter des primes à l’exportation. La
Cependant en 1911 et 1912, il v eut d’une ma conséquence en est donc que le sucre de canne
nière générale dans les pays producteurs de n’a point à craindre que la concurrence du
sucre de betteraves, à l’exception de la Russie, sucre de betterave soit de nouveau avantagée
une très mauvaise récolte due aux circonstan comme autrefois par les finances des pays pro
ces climatériques, et le tableau ci-dessous ducteurs de ce sucre. Au point de vue purement
établi par M. E. O. Licbt die Magdebourg indi métropolitain anglais, les intérêts considéra
que la production de ces trois dernières cam bles des fabricants de machineries nour le
pagnes.
traitement de cannes (exportées pour une va
1910-1911
leur de plus de 50 millions en 1911) ne sont
1911-1912
1912-1913
donc pas en péril, et il en est de même pour
les capitaux engagés dans la culture de la
2.606.122
1.500.000
Aüemagne ............... ..... 2.925.000
1.538.034
canne à sucre .
1.150.0011
Autriche-Hongrie .... ..... 1.900.000
520.000
724.897
France ..........................
925.000
Le premier Ministre ajouta que le fait pour
300.000
284.710
Belgique .................. .....
245.000
l’Angleterre d’avoir recouvré sa liberté lui
permettait d’encourager dans 1a, mesure où il
Ensemble ........... ..... 6.340.000
5.375.126
3.681.000
�63
le jugerait bon, la production du sucre de bet
terave en Grande-Bretagne. Il faut remarquer
que cette préoccupation est peut-être un des
motifs qui ont le plus poussé l’Angleterre a
abandonner la convention, car elle se rattache
au désir du Gouvernement libéral, de voir
renaître l’agriculture anglaise.
L e s c o lo n ie s a n g la is e s
Malgré ces assurances données par le Gou
vernement anglais que le retrait de l’Angle
terre de la convention, ne placerait pas ses
colonies dans une situation défavorable sur son
marché intérieur, celles-ci n’en manifestèrent
pas moins de très vives craintes et dès que
l’on apprit en janvier 1912 que l’Angleterre
pourrait abandonner la convention, tous les
corps constitués de l’Inde occidentale anglaise
adressèrent pétition sur pétition à leur Gouver
neur et aux Ministres, pour que ce projet soit
abandonné. (Voir : Correspondance With the
West Indian Colonies Relating to the Brussels
Sugar Convention Cd. 6.2821.
Leurs arguments se bornèrent du reste à in
diquer, qu’ainsi que cela c’était produit en
1902, il serait impossible aux producteurs de
sucre de cannes de lutter contre les sucres de
betteraves favorisés par les primes et que la
production du sucre était la seule qui leur
convenait complètement ainsi -que l’on avait pu
se rendre compte à la suite de nombreux essais
faits pour développer d’autres cultures.
La production du sucre des colonies anglai
ses ne dépend point toutefois uniquement du
marché métropolitain de l’Angleterre. Il faut
remarquer que Maurice alimente surtout l’In
de pour plus des 4/5 de sa production.
En ce qui concerne les Antilles, avant l’an
nexion de Porto-Rico et l’admission en fran
chise de ses exportations aux Etats-Unis en
1901, et l’application dans ce dernier pays d’un
régime de faveur aux sucres des Philippines
(en 1902) et de Cuba (en 1903), les sucres des
Indes occidentales britanniques trouvaient leur
débouché principal sur le marché américain.
Au moment où le marché des Etats-Unis se
restreignait ainsi la situation se trouvait mo
difiée par la décision de la conférence de
Bruxelles qui rendit la lutte possible contre les
sucres européens et par une surtaxe de 33 1/3 %
imposée la même année aux sucres de prove
nance allemande. Dès 1905, le sucre des Antilles
anglaises et de la Guyane britannique accapa
rent les achats du Canada, au moment où leur
exportation vers les Etats-Unis diminue consi
dérablement. En comparant les statistiques,
on s’aperçoit que les quantités n’ont point
augmenté, mais qu’il n’en était pas de même
des valeurs. La fermeture du marché des EtatsUnis n ’a point eu d’effets fâcheux pour ces
pays. Un accord passé avec le Canada le 3
juillet 1912, a renforcé cette situation pour la
plupart des Antilles et, en particulier pour la
Guyane qui, en 1908-1909, dernières années dont
nous avons les chiffres, importait au Canada
72.605 tonnes contre 25.563 seulement en Gran
de-Bretagne.
Le retrait de l’Angleterre de la convention
ne semble donc pas devoir avoir des conséquen
ces fâcheuses pour ces colonies (nous ne par
lons pas,des Indes orientales, qui malgré leur
production considérable sont importatrices).
L e s É ta ts -U n is e t le u rs possessions
Les Etats-Unis fidèles à leur politique géné
rale de protection, avaient réservé jusqu’ici,
leur marché à leur production intérieure et à
celles de leurs possessions.
Le sucre de Porto-Rico, d’Hawaï et des Phi
lippines était admis en franchise, tandis que le
sucre de Cuba bénéficiait d’un droit préférentiel
de 2U %. En ce qui concerne le sucre des
Philippines, le montant de la franchise est
limité à 300-000 tonnes. Mais ce chiffre n’est pas
encore détaxé.
Le « Journal des Fabricants de Sucre » du
28 janvier 1914 expose ains' la situation
actuelle d’après les statistiques publiées par
MM. Willett et Gray, de New-York :
En l’année 1913, les quantités de sucre livrées
à la consommation dans l’Union, ont atteint
le chiffre, sans précédent, de 3.743.139 tonnes
(de 15.016 kg.) C’est, par rapport à l’année 1912,
où la consommation avait été de 3.504.182 ton
nes, une augmentation de 238.957 tonnes ou de
6.819 pour 100, tandis que pour l’année 1912
elle-même, l’augmentation, comparativement à
l’année 1911, avait été de 152.791 tonnes ou de
4.559 pour 100. Si l’on considère la période de
1883 à 1913, on constate que durant ces trente
années, la consommation des Etats-Unis a
passé de 1.170.375 tonnes à 3.743.139 et s’est
accrue, pendant ce laps de temps, de 2.572.764
tonnes.
Passant en revue les évènements de l’année
1913, MM. Willett et Gray, observent que la
consommation de sucre au droit plein, n’a été
que de 17.558 tonnes, et celle de sucre, au tarif
réduit de 2.873.109 tonnes ; la consommation
de sacre indigène indemne de droit a été de
852.472 tonnes. Le sucre de Cuba est entré dans
la consommation totale pour 1.990.831 tonnes ;
celui des îles Hawaï, pour 506.555 tonnes ; celui
de Porto-Rico, pour 331.103 tonnes ; celui des
Philippines, pour 44.620 tonnes ; le sucre indi
gène de canne formait 207.708 tonnes, le sucre
indigène de betterave, 625.314 tonnes, le sucre
d’érable, 9.000 tonnes et le sucre de mélasse
10.450 tonnes. En sucre raffiné, il a été livré
par l’American Sugar Refining C", 1.333.908
tonnes, soit 36.27 % du total contre 36.48 % en
1912 ; par les raffineurs indépendants, 1.704.595
tonnes, soit 46.34 % du total, contre 46.09 % en
1912 ; par les fabriques de sucres indigènes de
betterave, 625.314 tonnes, soit 17.0 % du total,
contre 15.01 % en 1912 ; par les sucreries de
Hawaï, 13.496 tonnes, soit 0.37 % du total con
tre 0.37 % en 1912 ; par les raffineurs étrangers,
831 tonnes, soit 0.02 % contre 0.05 % en 1912.
Pratiquement, la concurrence du sucre étran
ger raffiné aux Etats-Unis a été nulle en 1913.
MM. Willett et Gray ajoutent que, en 1913,
tous les sucres bruts ont été vendus sur la
base du cours à New-York du centrifuge 96°
de Cuba, et non sur la base de la parité de
Hambourg, ce qui justifie pleinement une au
tre de leurs prévisions, selon laquelle les EtatsUnis, moyennant une production indigène
supérieure de 300 à 500 mille tonnes à leurs
besoins, deviendraient complètement indépen
dants du cours de Hambourg, c’est-à-dire du
marché universel.
Le « Journal des Fabricants de Sucre » conti
nue en indiquant que depuis l’année 1891, c’est-
�64
à-dire, en l’espace de 22 ans, le chiffre global production actuelle : en Louisiane, le coût de
de cette consommation a doublé. Au taux d’ac la production d’une livre anglaise de sucre de
croissement moyen de 5 % par an, la consom canne brut est de 3 fr.. 75 ; à Java il n’est que
mation de l’Union passerait, d’ici à 1923, à de 1 fr.5 ; aux Philippines, de 1 fr. 75 et à
7.400.000 tonnes, perspective qui semble de na Porto-Rioo, Hawaï, d’environ 2 centimes. D’a
ture à rassurer ceux que préoccupe la question près le West India Committee Circular du 23
des débouchés de l’industrie du sucre dans septembre 1913, le coût moyen de la produc
l’avenir. C’est apparemment en premier lieu tion à Cuba est plus près de 1 fr. 85 f. o. b- et à
Cuba qui bénéficierait de cette énorme exten Hawaï de 2 fr. 90.
sion du marché des Etats-Unis.
Au point de vue des rendements d’après le
Le consul général des Etats-Unis à Cuba. M. Crop Reporter du Service de l’Agriculture des
Steinhart, avait jadis formulé d’intéressantes Etats-Unis de février 1913, le rendement moyen
observations au sujet des possibilités de déve de cannes par acre à Hawaï pour 1910-11, a été
loppement de la sucrerie cubaine. Sous un de 41,3 tonnes anglaises, en 1911-12 de 42.3 ton
rapport en date du 18 août 1903, résumé nes à Cuba, le rendement moyen est de 25 à 30
dans notre numéro du 25 novembre, de la tonnes, la quantité de sucre contenue en
même année, M. Steinhart, en réponse à moyenne dans une tonne de cannes, est aux
la question qui lui était posée par son gouver Hawaï de 13.16 %, à Cuba de 11 %. Le taux
nement touchant la capacité probable de moyen d’extraction par tonne de canne à
production de l’île de Cuba, faisait remarquer Hawaï est de 238 livres pour 1910-1911 et de
qu’il y avait lieu pour se faire une opinion sur 248 livres pour 1911-1912 contre une moyenne
ce point, de tenir compte du problème de la à Cuba de 230 livres.
Le représentant de la Géorgie, M. Thomas
main d’œuvre. « Un des principaux facteurs
du développement de l’agriculture disait-il, est W. Hardwick, a fait remarquer au Parlement
évidemment la main d’œuvre ; or, comme on le que les conditions naturelles de Porto-Rico
sait, le personnel nécessaire fait défaut à Cuba, sont très semblables à celles de Cuba et que
et par suite les salaires sont fort élevés, ce qui dans le passé Porto-Rico avait produit du sucre
augmente le coût de la production du sucre. avec avantage, sans protection et qu’il pouvait
Avec une main d’œuvre suffisante et un outilla en être de même dans l’avenir si la culture de
ge approprié, il n’est pas exagéré d’admettre la canne était limitée aux terres qui y convien
que Cuba pourrait produire 6 millions de ton nent. Les tarifs élevés dont a bénéficié l’Ile,
l’ont poussée à cultiver la canne dans des terres
nes de sucre par an. »
D’ici à ce que les récoltes cubaines aient où elle se trouve dans de mauvaises condi
acquis cette importance, il s’écoulera sans tions : il n’y a donc pas lieu de maintenir oet
doute un bon nombre d’années. De 1907-08 à état de choses à la faveur de droits élevés
1912-13, la production de Cuba a passé de qu’auraient à supporter le peuple américain.
Il est probable que les fabriques de sucre de
969.175 tonnes à 2.428.537 formes ; c’est un
accroissement de 1.459.362 tonnes en 5 ans ou betterave des Etats-Unis seront en assez mau
de 291.872 tonnes par an, alors que la consom vaises postures à la suite de la rétorme. Elles
mation des Etats-Unis a augmenté de 1908 à sont actuellement au nombre de 76 avec une
1913, de 116.470 tonnes en moyenne par a.n. Si capacité de traitement de 63.000 tonnes de bet
Cuba livrait chaque année au marché une teraves.
Malgré le nouveau tarif, le marché des Etatsquantité supplémentaire de sucre de cent mille
tonnes, sa production atteindrait dans une Unis paraît être réservé à ses possessions, mais
vingtaine d’années, 3.400.000 tonnes et MM. la production de celles-ci n ’est pas encore ca
Willett et Gray estiment que les Etats-Unis con pable de l’alimenter complètement. Il en résulte
sommeront à ce moment-là environ 7.000.000 que son augmentation ne peut qu’avoir une
action indirecte sur le reste du marché montonnes.
D’après le nouveau tarif, le sucre doit être mé.
Les colonies anglaises, de leur côté, n’ont pas
admis en franchise à partir du 1er mai 1916 et
malgré la clause générale qui dispose que les à craindre, pendant une période de cinq ans,
droits compensateurs seront établis sur les une concurrence avantagée sur le marché
marchandises primées à l’exportation de leur anglais de sucre de betterave puisque en fait,
pays d’origine, l’Office du Trésor à Washing tous les pays producteurs de ce sucre sont liés
ton a déclaré que les droits compensateurs ne pour cette durée par la convention de Bruxel
pourraient être appliqués qu’aux produits et les. Elles ont du reste un nouveau marché
marchandises soumis à des droits d’entrée en avantagé qui est celui du Canada et, étant
conséquence, les sucres primés de Russie ou donné le grand développement que prend ce
d’autres pays seraient admis sur le marché pays, leur production n’augmentera certaine
américain dans les mêmes conditions que les ment pas dans la même mesure que la consom
sucres non primés. Les fabricants allemands mation de celui-ci ; l’expérience ayant prouvé
qui se préoccupent de cette situation ont émis que malgré la hausse dont il avait bénéficié sur
le vœu que les Etats-Unis adhèrent à la con le marché anglais depuis 1902, le sucre colo
vention de Bruxelles, dans ce cas, en effet, les nial anglais n’avait pas augmenté comme
sucres primés devraient être assujettis à un quantité.
Nous n’avons pas parlé de la production de
droit compensateur.
Dans tous les cas, le sucre de la Louisiane l’Australie qui est, du reste, stationnaire parce
sera très fortement affecté, et il ressort des qu’elle est absorbée par la consommation
débats qui ont eu lieu à la Chambre des Repré locale.
Il nous reste à examiner de quatre groupes
sentants aux Etats-Unis à l’occasion du nou
veau tarif, que la concurrence entre les pays de pays producteurs de sucre de cannes, l’Amé
qui ont comme marché les Etats-Unis s’établi rique du Sud et centrale, Formose, les colonies
ra de la manière suivante après le coût de la hollandaises et enfin les colonies françaises.
�65
L ’A m é r iq u e C e n t r a le e t du S u d
L e s c o lo n ie s h o lla n d a is e s
A l’exception des Guyanes en Amérique cen
trale, la production n’est intéressante qu’au
Mexique où les progrès accomplis sont très
sérieux, la production étant passée de 117.496
tonnes en 1906-7 à 152.600 tonnes en 1911-1912.
Dans l’Amérique du Sud, la production du Bré
sil se développe considérablement, "étant passée
de 194.000 tonnes en 1909-08 à 282-000 tonnes en
191T5-Î1. En Argentine et au Pérou, elle est sta
tionnaire aux environs de 150.000 tonnes pour
chacun de ces pays. Le développement de la
culture de la canne à sucre étant lié par l’ac
croissement de la main d’œuvre il ne semble
pas que d’ici quelque temps l’Amérique du Sud
puisse suffire à sa consommation et devenir
elle-même sérieusement exportatrice.
En ce qui concerne les colonies hollandaises,
les Indes orientales sont seules intéressantes,
la production de la Guyane hollandaise restant
très faible, 14.459 tonnes en 1911, alors qu’en
1835, elle était de 18.055. A Java, elle a atteint
au contraire un degré de prospérité qui n’a
certainement été dépassé nulle part. La pro
duction des sucres de Java a triplé pendant ces
quinze dernières années, tandis que les rende
ments augmentaient sans arrêt, grâce au per
fectionnement des procédés scientifiques appli
qués soit dans la culture soit dans l’industrie.
Nous extrayons d’une lettre de l’éminent pro
fesseur Prinsen Geerligs au Bulletin Agricole
de l’Ue Maurice les chiffres suivants :
F o rm o s e
La production du sucre à Formose a triplé
dans les cinq dernières années, étant passée de
81.448 tonnes à 200.000 tonnes. Mais elle se
maintient à ce chiffre depuis trois ans. Elle est
presque entièrement absorbée par le Japon ou
la consommation intérieure, le Japon en
absorbant plus de la moitié. Pour le dernier
exercice, l’exportation n’a été que d’environ
5.000 tonnes pour la Chine et 1.000 tonnes pour
les Etats-Unis en sucre raffiné et de environ
15.000 tonnes de sucre brun à destination de
Vancouver, Liverpool, Calcutta et Bombay.
Les usines avaient à fournir pour la dernière
saison 1.500.000 piculs aux raffineries du Japon,
mais elles n ’ont pu satisfaire à cet engage
ment. Le sucre de Java a dû être importé au
Japon au prix de 10 yen par picul (1 L. Lst. 5 d )
y compris le droit de 3 yen 50 sen (7 s. 2 d.) Le
prix du contrat du sucre de Formose pour
livraison aux raffineries du Japon était à la
même époque de 8 yen 50 cent (17 s. d.4) Il sem
ble donc que pour le moment, Formose ne soit
pas capable de lutter, simplement au point de
vue du prix de revient de la production, avec
Java. Jusqu’en 1912, une prime avait été
accordée à l’importation au Japon de sucre
de Formose sur la base de 1 yen 60 sen 3 s. 3 d.
par picul, pour une valeur totale de 269 L. st.
Une subvention de 1 yen (2 s.) par 1.000 kilos de
cannes coupées a également cessé pendant la
dernière saison ; cette subvention s’est montée
à 73.000 L. st. Il ne reste plus actuellement
qu’une participation donnée sous forme de
fournitures d’engrais et de jeunes plants qui,
pour l’année 1912-1913 est évaluée à 72 000 L. st.
Maigre ces encouragements, la superficie cul
tivée a diminué de 38.000 acres en 1911 par rap
port à 1910, et n’était que de 173.000 acres de
cannes améliorées et de 9.000 acres de cannes
ordinaires. Les journaux japonais indiquent
que pour 1913 elle aurait été,seulement de 157.300
acres. Les deux seules usines étrangères de
Formose ont été vendues en 1911 à une compa
gnie japonaise et cette concurrence n’est peutêtre plus à redouter, pour le moment du moins,
pour les autres pays.
Il semblerait donc que les efforts du gouver
nement du Japon n’auront pas porté les fruits
cherchés, les cultivateurs de Formose trouvant
plus avantageux d’autres cultures.
1908
1909
1910
177
182
182
Nombre des usines .....
115.458
122.111
127.261
Hectares plantés de cannes
Kilogrammes de cannes récol97.997
téspar hectare .
105.568 102.000
Kilogramm e de sucre récoltés par hectare
10.557
10.165
10.121
Pourcentage de sucre iourni par la canne
9.97
10.000
10.33
Java * ..............
1.241.885 11247.2(60 1.278.420
Il ajoute :
« La sorte de sucre fabriquée dans les usines,
« a subi de grands changements en ces derniè« res années. Entre 1894 et 1912, le sucre expor« té de Java n’était que du sucre brut à 96° de
« polarisation et des arrières produits de cou« leur foncée. Après l’année 1902, quand les
<( Etats-Unis trouvant assez de sucre près de
« leur porte, eurent cessé de se pourvoir aussi
« abondamment que dans le passé à Java, les
« fabricants de Java s’emparèrent des marchés
« de l’Inde britannique et de Chine et par con« séquent se mirent à faire du sucre blanc pour
« la consommation directe. La qualité du sucre
(( blanc exporté par Java a toujours grandi et
« a atteint en 1910 le chiffre de 34 % de l’expor« tation totale de sucre. »
En moyenne, le prix de revient du sucre brut
tout inclus, même amortissement et agrandis
sement, tantièmes pour directeur et personnel,
en somme tout, est de Fl. 5.50 le picul (1) livré
dans les magasins des acheteurs, tandis que le
prix du sucre payé par les acheteurs a été de
Fl. 6.76 en moyenne en 1908 ; de Fl. 6.75 en
1909 et de Fl. 7.12 en 1910.
« En 1911, 185 usines ont travaillé à Java ; il
« a été coupé 335.591 acres qui ont donné T.
« 14.288.178 de cannes, ou 42,3 tonnes métriques
« par acre. Le rendement a été de 10.26 de su« cre du poids de la canne, ce qui fait que
« l’acre a produit 4,34 tonnes de sucre en
« moyenne. Certaines propriétés ont eu une
« moyenne de plus T. 5.20 de sucre à l’acre. »
Ces précisions sont particulièrement intéres
santes, car on peut dire qu’elles montrent le
degré de perfection que peut atteindre dès
maintenant la culture de cannes. En les compa
rant au chiffre de la production française au
sucre de betterave, on constate en même temps
(1) 1 florin de Hollande 1 sh. Sd. 1 picul de
Java 61 76 kilo g.
�66
combien la canne à sucre l’emporte sur la bet
terave comme productrice de sucre. En 19081909, dernière année dont nous avons les chif
fres, le rendement moyen en betterave par hec
tare a été en France de 27-698 kilogs et le ren
dement de sucre raffiné obtenu par tonne de
betterave a été de 121 k. 540. Un hectare de
cannes aurait donc donné à Java 13.000 kilos de
sucre tandis gu’un hectare de betterave ne don
nerait en France que 3.366 kilogs.
Brut 88»
Entrep.
Blanc
n' 3
Belle
sorte
Bonne
sorte
1911 .. 35.85
42.48
74.35
73.85
1910. .. 35.89
39.98
72.10
71.60
62.57
1909.... 28.60
62.07
31.32
1909. .. 28.60
62.57
62.07
31.82
1907.... 23.97
57.64
57.14
26.68
57.76
1906. .. 22.62
25.78
57.26
1905. .. 28.53
32.44
66.23
65.73
1904. .. 26.24
61.77
29.47
61.27
L e s c o lo n ie s fr a n ç a is e s
82
1903. .. 22.21
25.47
81.50
Nous en arrivons enfin aux colonies françai
94.81
1902. .. 18.11
94.31
22.18
ses. Celles-ci, liées au marché métropolitain
1901.
26.08
100.33
99.83
22.52
français, avaient subi une crise très rude au
30.90
104,43
1900. .. 30.13
103.93
moment où, du fait de l’établissement générai
105.11
104.61
1899. .. 31.02
31.89
de primes les cours du sucre étaient descendus
1898. .. 29.62
31.17
103.79
103.29
très bas sur les marchés d’exportation. La con
96.69
1897. .. 25.66
96.19
26.79
vention de Bruxelles a eu pour effet de faiçe
1896. .. 28.65
100.88
100.31
30.45
renaître pour elles l’ère des bénéfices ; les prix
1895.
99.53
98.53
27.05
28.62
élevés que leur sucre réalisa n’eut point cepen
32.50
105.16
1894. .. 30.78
104.16
dant pour résultat de leur faire augmenter
113.84
42.62
112.84
1893.
40.51
leur production car elles avaient vu le danger
38.64
105.16
104.16
1892. .. 37.64
de la monoculture et elles se sont efforcées très
36.88
107.08
106.08
1891... 35.63
sagement de développer l’exploitation d’autres
sont
restés
aux
environs
En
1913
les
prix
denrées ; c’est ainsi qu’à la Guadeloupe l’ex
francs par suite de l’abonportation de sucre, qui était de 48.949 tonnes d’une trentaine de de
betteraves en Europe.
en 1903, n’a été que de 33.038 tonnes pour la dance des récoltes
La hausse des trois années précédentes avait
saison 1911-12 avec des variations allant de
25.000 à 42.000 tonnes suivant les conditions cli été due en très grande partie aux mauvaises
récoltes qui ont caractérisé ces années, le prix
matériques.
A la Martinique, la quantité de sucre la plus de 30 francs n’en reste pas moins d’un tiers
élevée a été obtenue en 1894, où elle était de plus élevé que ceux réalisés au moment de la
50.526 tonnes, mais elle est tombée ensuite aux Convention de Bruxelles.
La question que se posent actuellement ces
environs de 30.000 tonnes jusqu’en 1903, et elle
atteint en 1905, 42.233 tonnes pour retomber en colonies qui ont retrouvé, grâce à ces prix, leur
1911 à 35.472 tonnes, moyenne de ces dernières activité passée, consiste à se demander quelle
années. En 1912 elle a été de 39.458 tonnes- A la influence aura le retrait de l’Angleterre de la
Réunion elle était en 1901 de 41.500 tonnes et si, convention de Bruxelles et ultérieurement le
en 1911, l’exportation a été de 50.431 tonnes, non-renouvellement possible de cette conven
c’est qu’une partie de la récolte de 1910, qui tion.
La première partie du problème est facile à
avait été de 45.549 tonnes, avait dû être expor
tée pendant cette dernière année. En 1912, à la résoudre car depuis plusieurs années la
suite de cyclones très gTaves, l’exportation est France ne prend pour ainsi dire plus part à la
lutte sur le marché anglais et cependant les
tombée à 26.676 tonnes.
En somme, comme les colonies anglais.es des sucres de nos colonies ont trouvé à s’employer
Indes occidentales, les colonies françaises ont avec avantage soit dans la consommation
simplement tiré parti des hauts prix rétablis métropolitaine, soit à la réexportation.
par la convention de Bruxelles sans augmenter
Le tableau ci-dessous en est une preuve :
leur production. Ces prix sont simplement ceux
qui doivent jouer normalement lorsque la pro
Importation de sucres bruts à Marseille
duction et la consommation sont seules en jeu ANNÉES Colonies
KILOS
sans qu’il intervienne des mesures fiscales pour
Totaux
Etranger Indigènes
Françaises
les fausser.
112.544.337
83.112.070
29.041.087
391.180
1900 ....
La hausse dont bénéficient ainsi les colonies 1901 ..., 31.952.223
125.973.924
93.923.340
98-361
134.624.290
françaises ne saurait mieux être indiquée 1902 .... 37.214.756
97.384..580
24.954
144.085.563
93.693.900
121.445
qu'en prenant pour base les prix moyens réali 1903 .... 53.270.218
124.221.748
90-4 ....
8.435
83.201.350
41.011.963;
sés à Paris par le sucre usiné, tous droits défal 11905
118.408.575
8.7/17
....
39.318.61&
79.081.240
qués, les statistiques locales n’étant pas éta 1906 .... 57.995.703
130.643.243
8.735
72.638.795
blies avec assez de soin dans la fixation des 1907 .... 61.240.256
107.961.004
2.786
46.707.962
valeurs pour que l’on puisse en tenir compte. 1908 .... 64.134.186
121.217.291
623.478
56.459.627
113.440.502
64.067.252
2.200
Nous donnons ces prix dans le tableau ci-des 1909 .... 49.371.100
19010
....
63.658.600
104.020.800
5.002.900
35.359.300
sous établi, d’après le Journal des Fabricants 1911 .... 62.957.800 15.976.200
116.854.700
37.920.700
de Sucre.
1912 ....
66.694.SCO
141.970.900
47.073.100
28.203.000
Cours moyens mensuels des sucres sur la
En ce qui concerne l’influence de la cessa
place de Paris (les 100 kilos)
tion de la convention de Bruxelles, il paraît
(Raffiné en pains)
bien que la lutte restera normalement canton
acquitté
née désormais entre la betterave et la canne à
Blanc
Bonne
Brut 88°
Belle
sucre seulement sur le terrain du coût de la
sorte
Entrep.
n” 3
sorte
productionM. Prinsen Geerligs a indiqué par les chiffres
63.50
1913... 27.29
30.86
64
suivants les fluctuations depuis 1850 de la pro75.73
1912... 35.87
42.34
76.23
�67
duetion du sucre de canne par l'apport au sucre
de betterave.
Sucre de canne par rapport
Années
à la production totale
1852-1853 ......................................
86 %
1869-1870 .....................................
67,3 »
1880-1881 ......................................
53,7 »
1883- 1884 ...................................
47,0 ».
1884- 1885 ....................................
45,4 »
1889-1890 ......................................
37,7 »
1895-1896 ......................................
39,6 »
1901-1902 ......................................
37,5 »
1906-1907 ......................................
42,4 »
1910- 1911 ...................................
41,2 »
1911- 1912 ...................................
49,0 »
Ces chiffres et l’historique que nous venons
de résumer paraissent bien montrer que la
betterave ne peut triompher de la canne à
sucre qu’au moyen d’artifices lui donnant une
protection fiscale, et le tout est donc pour nos
colonies de faire tous leurs efforts pour perfec
tionner leurs moyens de culture et d’extraction
et les mettre à 1a. hauteur de ceux employés
dans les autres pays producteurs de cannes à
sucre. Actuellement, les rendements moyens
obtenus à la Guadeloupe et à 1a. Réunion,
osicillemii .entre: 8 'jet 9.65 %, Gomme le fait
remarquer la Chambre de. Commerce de la
Réunion, alors que les moulins de cette île n’extraieilt ordinairement que 700 kilos de vesou
de 1a. tonne de canne, aux îles Hawaï, on ob
tient 840 kilos et un rendemnt de 12.50 %. Pour
la production de l’année 1910, cette différence
aurait Jdonn.é une recette supplémentaire cto
2.350.000 francs. La sélection des cannes qui
est la cause principale de ces hauts rendements,
la lutte, contre les maladies, doivent faire l’ob
jet des préoccupations primordiales des plan
teurs et de leur Gouvernement, et les pays qui,
comme les Indes néerlandaises ou Hawaï
auront su ainsi tirer parti des bienfaits de la
concurrence de la betterave que si les pays qui
science me paraissent bien n’avoir à redouter
la concurrence de la betterave que si les pays
qui produisent celle-ci retournent à leur politi
que de protection fiscale.
C o n c lu s io n
En somme et ce sera la conclusion de cette
étude, il semble bien que les différents pays
producteurs de sucre de carme ont dès mainte
nant, chacun leurs débouchés- bien délimités
par suite des régimes fiscaux des métropoles
dont ils dépendent. La production des posses
sions des Etats-Unis est pour de longues an
nées absorbée entièrement par eux, les colo
nies anglaises fournissent celles d’entre elles
qui ne produisent pas de sucre. Formose dont
on avait pu craindre un instant la concurrence
paraît incapable de satisfaire aux seuls besoins
du Japon, et la conséquence en est que les In
des néerlandaises sont à peu près les seules
pour alimenter l’immense marché d,e l’ExtrêmeOrient Nos possessions françaises dont la pro
duction est pour le moment très limitée, auront
dans les pays plus -ou moins réservés à l’in
fluence du commerce français, des débouchés
suffisants et, la canne à sucre n’a rien à
redouter de la betterave tant que celle-ci ne
sera pas avantagée par une politique fiscale
exagérée, ainsi que le prouve l’historique que
nous venons de passer.
Ainsi que l’a -déclaré le premier Ministre
anglais. Il semble bien que les consommateurs
des pays à betteraves se refuseront désormais
à payer les frais de cette politique.
Le développement de la production russe
reste le seul gros inconnu.
L’on ne saurait trop enfin, en ce qui concerne
nos anciennes colonies, leur conseiller de ne
pas persister dans une monoculture dont elles
ont vu les dangers et dans tous les cas, il est
absolument nécessaire qu’elles fassent reposer
cette culture sur les procédés scientifiques les
plus perfectionnés.
�TABLE DES MATIÈRES
Pages
Inauguration de la cinquième Exposition ............................................................................
Liste des exposants .......................................................... >........... ••........................................
Clôture de la cinquième Exposition ................................................................. ...............
Conférence de M. Payen sur le Marché des cafés, cacaos, thés .......................................
Rapport de M. Magnier : Café............................................................................. >................
Rapport de M. Mouren : Cacaos ..........................................................................................
Rapport de M. Digonnet : Thés ..........................................................................».................
Liste des récompenses ...........................................................................................................
Les cafés d’origine congolaise .............................................................. «..............................
Le traitement des maladies cryptogamiques .......................................................................
Propriété des bouillies cupro-sodiques, par M. Gastine ...................................................
Traitement mécanique du cacao, par M. Hudson ...............................................................
La culture et la préparation du thé à Java, par AI. Nanninga ..........................................
La technique de l’industrie du sucre à Java, par M. H. C. Prinsen Geerligs .....................
La production mondiale du sucre, sa réglementation et sa consommation, par M.
Emile Baillaud ...................................................................... ...........................................
M arseille. -
Im prim erie du
S é m aphore,
B a e i a t i e r , rue Venture, 17 19
7
1Ü
12
15
10
21
22
23 '
25
29
33
41
47
52
58
��Im prim erie
du “ Sém aphore”
B arlatier
17- 19,
rue Venture
M arseille
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Ve Exposition spéciale. Cafés, cacaos, thés, sucres. Janvier-Avril 1913
Subject
The topic of the resource
Colonies françaises
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Institut colonial marseillais (Marseille). Éditeur scientifique
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille), cote 8352
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1914
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/240418808
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-8352_Cafes-cacaos-thes-sucres_1913_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol
68 p.
In-4°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/410
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Colonies françaises. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Appartient à la collection : (Institut Colonial de Marseille ; Notice N° 11)
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Description
An account of the resource
Etudes consacrées aux problèmes liés à ces cultures (insectes et champignons), complétées par une analyse de la production et du marché du sucre, entravés par une réglementation internationale jugée trop contraignante
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Ve Exposition spéciale. Cafés, cacaos, thés, sucres. Janvier-Avril 1913 <br />
<p>- Feuille <i>Bangalia</i> ; 35 ; 1892 ; Service géographique de l'Armée. Révisé et complété en 1892 ; mai 1892 - En couleur <br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=6458" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=6458</a></p>
Cacao -- France -- Colonies
Café -- France -- Colonies
Commerce -- France -- Colonies
Produits tropicaux -- France -- Colonies
Sucre -- France -- Colonies
Thé -- France -- Colonies