Les 18 placards originaux sont complétés des 10 pièces manuscrites et imprimées de correspondance qui les accompagnaient lors de leurs échanges ou de leur dons à l'université, comme ceux de Me Bagarry.
Si une université annonce qu'elle a un poste de professeur à pourvoir, rien ne sert d'avertir toute la population car très peu de personnes lettrées ont les diplômes et les compétences requises pour y prétendre : il faut en informer ses propres étudiants et le faire savoir aux autres universités, "viviers naturels" où pouraient se trouver des candidats potentiels. Au 18e siècle (avant la Révolution française), l'usage du latin prévaut toujours dans la communication acacadémique.
Vacance de chaire (Université de Dijon, 1789)
Le moyen le plus sûr, plus fiable encore que le crieur public, est de l'afficher sur les murs de la faculté ou de la cité, comme cela est fait couramment pour les ordonnances et autres décrets officiels par le pouvoir royal, les parlements ou les commnautés depuis le 15e siècle. Mais l'analogie s'arrête là : l'affichage officiel des institutions politiques et l'affichage commercial ou séditieux fait illégalement par des particuliers visent tous deux à occuper l'espace public (1 & 2). Les annonces de chaire au contraire visent une cible bien identifiée, les universités qui proposent des enseignements dans la même discipline (le droit, la théologie, la chirurgie,...), à charge pour elles de les placarder publiquement.
Armoiries de l'Université de Besançon (1788)
Ces affiches ont un caractère officiel et sont pour la plupart ornées d'un fronstipice très solennel où figurent les armoiries de l'université, souvent chargées d'une sympbolique très codée et évocatrice des disciplines et des valeurs de la connaissance et de la sagesse.
Armoiries de l'Université de Douai (1788)
Pour être certains que l'avis a bien été reçu et sera diffusé, un double de l'affiche est joint à l'original (un simple récépissé ne semble pas suffire), le destinaire attestant de sa bonne réception en la signant et en la retournant à l'expéditeur tout en s'engageant à afficher l'autre exemplaire. Par ce canal institutionnel, un réseau d'échanges réciproques se met donc en place entre les universités françaises des quatre coins du royaume : en témoignent ces documents, l'université d'Aix adresse et reçoit des affiches des universités de Caen, Dijon, Bordeaux, Orléans, Douai, Reims, Besançon, ou encore Poitiers. Ce système, qui présuppose un accord commun (le double doit être
retourné certifié dans la forme ordinaire ou selon l'usage) a probablement contribué à sauvegarder un grand nombre de ces placards, support qualifié d'éphémère (sa valeur d'usage se dissout dès l'évènement passé), et que des personnels d'université ont eu l'intelligence de conserver précieusement et nous léguer.
Avis de l'Universite de Caen (1788)
Dix de ces annonces de postes vacants sont restés associés au courrier qui les accompagnait, lettres d'avis de l'expéditeur ou accusés de réception retournés par l'université destinataire ou encore mention de dons faits à la bibliothèque de l'université.
1. Les débuts de l’affiche de l’Ancien Régime à la Première Guerre mondiale -
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2. Nathalie Jakobowicz. - Les pratiques d’affichage dans l’espace public à Paris en 1830 - OpenEdition Journals