Histoire de la colonisation]]> Ce qui distingue les colonisations anciennes de celles modernes, c'est d'abord la distance géographique : les Phéniciens, les Grecs, les Romains (l'auteur ne cite pas les Egyptiens) implantent des colonies dans le pourtour méditerranéen et rencontrent des peuples avec qui ils partagent de nombreux points communs. Avec l'évolution technique des bateaux et les progrès de la navigation, les nouvelles colonisations visent des territoires bien plus éloignés, là où les populations locales y sont très différentes des Européens et sur tous les plans : aspects, coutumes, mœurs, alimentation, langues, croyances, rites, systèmes politiques, organisations sociales, ...


Les empires coloniaux en 1898 : un appétit mondial sur fond de rivalité franco-britannique (Hérodote.net)

L'étude des récentes colonisations confirme ce phénomène et met en lumière une autre observation, la disproportion de taille entre les Etats colonisateurs, leur puissance réelle et leur emprise territoriale : c'est vrai de la Hollande, du Portugal et de la Belgique, par ex., mais n'est-ce pas vrai également de la Grande-Bretagne et de la France, dont les empires sont devenus si grands que leurs zones d'influence deviennent concurrentes et les conflits territoriaux inévitables : à leur apogée, ils couvriront 33 M de km² pour le premier et 10 M de km² pour le second (un tiers des surfaces terrestres habitables). Seules les colonisations russes et américaines (une colonie de colonies), plus atypiques, échappent à ce constat : un fossé sépare aujourd'hui colons et colonisés et la distance n'est plus physique mais culturelle. Avec comme conséquence qu'il faut prendre davantage en considération les populations indigènes, qu'il faut prendre son temps pour initier les peuples à la vie moderne (occidentale), qu'il faut passer d'une colonisation d'exploitation, brutale, sans discernement, pressée et uniformisatrice, à une colonisation d'éducation, qu'il faut abandonner les fers et les fers rouges, à long terme contreproductifs, et entreprendre une patiente assimilation, une acculturation raisonnée, ce que n'ont pas su faire les derniers états européens à se lancer, fin 19e, dans l'aventure coloniale, à savoir l'Allemagne et l'Italie.

Ecole pour les enfants de tirailleurs - éduquer mais avec prudence et modération (Soudan français, 1906)

Alors Albert Dubois humaniste ? Probablement pas. Convaincu des bienfaits de la culture occidentale ? certainement. Pragmatique : totalement. La question n'est pas de savoir s'il est moral ou pas de coloniser, c'est ça le dogmatisme, la question est de le faire intelligemment. Car en définitive, la spécificité de la colonisation moderne est qu'elle est le fait de pays européens qui ont bâti des systèmes éducatifs complets au cours du 19e siècle pour leur propre population, systèmes indispensables aux nouveaux de modes de production industrielle, créant un décalage irreversible avec les sociétés traditionnelles.

Mais si la France, et c'est tout à son honneur comme le pense l'auteur, emprunte cette voie modérée, on ose dire généreuse, elle ne peut oublier que la souffrance d'un pays qui a été anciennement colonisé n'efface pas celle qu'il inflige quand il devient à son tour pays colonisateur et impose sa culture et sa rationalité à d'autres sociétés.]]>
1895]]> fre]]> Colonies françaises]]> Colonies portugaises]]> Colonies belges]]> Colonies britanniques]]> Colonies néerlandaises]]>