Économie]]> - Bibliogr. f. 526-531 (Annexes)

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Il est difficile de nos jours d'imaginer l'état réel de l'économie de l'Amérique Latine et de ses échanges au lendemain de la Seconde Guerre mondiale tant sa situation démographique a évolué (au début du 21e siècle, sa population avait déjà quadruplé par rapport à l'après-guerre). Il est d'autant plus difficile d'établir des comparaisons que dans les séries statistiques actuelles de l'OMC, l’Amérique latine comprend souvent l’Amérique du Sud et Centrale ainsi que les Caraïbes et le Mexique (à partir de 2020, l'Amérique du Sud regroupe l'Amérique du Sud, l'Amérique centrale et les Caraïbes !), alors que la présente thèse se limite à sa définition restreinte (1).

carte de l'Amérique du Sud (source : populationdata.net)

Par ailleurs, les données disponibles alors à l'époque sont encore plus anciennes, certaines séries s'arrêtent avant 1939, soit près de 10 ans avant la rédaction du mémoire. Mémoire qui aurait pu économiser quelques trivialités : est-il nécessaire de tant insister sur le fait que la distance est un facteur clé au niveau des transports ?  "si l'on compare seulement la situation respective des Etats-Unis et de l'Angleterre vis-à-vis de l'Amérique Latine, on voit que l'avantage de la distance joue toujours en faveur des premiers, mais de façon très variable selon les points d'Amérique considérés"  : planisphère en main, quiconque peut confirmer que le trajet Venezuéla-Floride semble plus court que celui de la Colombie à Seattle et plus encore que celui de l'Argentine au Royaume-Uni. Cette réalité ne vaut-elle tout autant pour tous les autres continents ?

Ce qui transparaît nettement dans cette étude est autant la fluctuation des échanges, dépendante du contexte local et parfois du contexte international qui a connu tant de soubresauts politiques, économiques et monétaires au cours de la première moitié du 20e siècle que le faible poids absolu de ce continent dans le commerce international.

Part relative de l'Amérique Latine dans le commerce mondial de 1900 à 1945 (là noter la décorrélation des courbes I/O avec le total)

Cette thèse a donc le mérite de souligner la faiblesse des échanges entre les pays de ce même continent et surtout d'isoler le déséquilibre fondamental au niveau commercial : l'Amérique Latine importe des produits fabriqués et exporte des produits de base. Ce déséquilibre structurel n'est-il pas précisément caractéristique de tous les pays en voie de développement : une faiblesse industrielle chronique qui aggrave le déficit de la balance commerciale et qui se conjugue à des fluctuations dues aux productions saisonnières. Pays que l'on appelait autrefois avec moins de pudeur "pays sous-développés", autrement dit tout pays qui n'est pas en mesure d'assurer un niveau de vie humainement décent à sa population. Déficit auquel s'ajoute en général et paradoxalement un Etat local très interventionniste mais qui abandonne une grande part de l'initiative à des intérêts privés étangers : au total, un bilan triplement déficitaire des échanges dans leur nature, dans leur structure et dans leur organisation !

Malgré le dynamisme évident de certains de ses membres (le Brésil depuis les années 2000), la part du commerce mondial des services commerciaux de l'Amérique Latine à la fin des années 2010, pour prendre ce seul poste en exemple, n'est pas très encourageante : 3% des exportations et 4% des importations, ce qui place l'Amérique Latine au même niveau que l'Afrique pour les importations et à un point de moins que le seul Moyen-Orient sur les exportations comme sur les importations. Alors que dans le même temps, elle représente plus de 8% de la population mondiale (plus importante à celle de l'Europe). Un continent au potentiel immense (deux fois la surface du Vieux-Contient) mais qui, malgré de grands espoirs nés dans les années 1960 (résumés dans la très symbolique nouvelle capitale Brasilia) a du mal à sortir de son isolement et à combattre ses vieux démons (héritage du premier colonialisme européen puis de l'interventionisme américain ?) : successions de pouvoirs autoritaires et de juntes militaires, violence civile et politique endémique, crises économiques et monétaires à répétition, systèmes de santé publique et scolaire problématiques, dégradation du patrimoine naturel, mépris des populations indiennes, ...

1. Organisation mondiale du commerce. - Examen statistique du commerce mondial 2019  (les statistiques 2020 et 2021 sont biaisées du fait de la pandémie, et les données sont encore plus mauvaises pour l'Amérique du Sud pour ces années là).]]>
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