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https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf
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en ' ajournement & affignation d~ 28
li'Septembre .1'782,. en Rèquête de çommuatit>n de '
::lr(es fins- pf-i.n'dpa1es ~u 4 Septembre 1']83, ~n Re" .;quête t(;onrtaire dü 18 Se-ptéinbre 1783;& ,en Re~ 1quête' irl.cide-pte d'u 31 -}'àhvièr :1784, ten~:ante .-en
" ~ré\Tocatibn de l'Arrêt . du ·a.o Septembre '17-83 ', &,".
, Detnande'ur;'én"rééeption ~'expédient. ,
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,;!~i "
DéfendereJJe.
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le Sac & Pieces
d~
[ufdit
Proc~s.
~ L' A VIS eft. qu'il ne renferme que deux queftions;
é~lle ' de -' la provifion & celle ' de 'la rejonél:ion, & ces
d'eÜx ' queftions dépendent du point unique qui confifte
à' [avoir fi' dans Pétat où les deux èonjoints fe trQuvent,
là Dame de Lifle a le- droit de continuer à tenir une
maifot1 à MarfeiUe, maifon dans laquelle elle invite
fOli',mari à la. rejoindre, ou fi ce n'eft pas au con- '
tratre- fur la [ère de ' ce dernier que réfide le droit de
mer'. par-tout -ailleurs fon domicile, & par conféquent
célù'i de 'fon époufè & de fa fille.
:J Les : principes ~J'ij " Ijl. mâti.ere ne
petlvent être dbcetr)ment conteft~s ni dans l'ordre général, ni dans les
ctrconftances parriculieres du fait. Dans l'ordre des,
p'r incipes, qui peut méconnoître l'obligation étroite ,
A..
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~
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,
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Civil.,_eelui~~s
r~iu:: ,~\sa Re1igTo,-\;I~'~p'rf.nt ~ la, femme de fU'~t;,
J'f 1 " d ~tout domicile quelcpnque que ce derq.l~
(en man ~.
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elLbie~'
" e fe ch<n{i~::._ _ . .,
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' ation e~t+it-on, de- Molt CIvil & mêm
et
de droit Canonique. "
Les C
lOIl{ tant 'IVI'1es qu'Eccléfia!H des 'fe réuniffent pour tracer à la .femme ~e devoir ;{fenrid dont J'honneur & la conFclence lUI pre[crivent i'accomplilIem ent le plus ngoureux: Cet~e
obligation n'exi{tc. pas feulement [ur un ' premier ~hol,ç:
~ _d;roic;ile fait par le mari; mai~ elle eH abfolue ~
fans /fefir~aion pOJ1r ~OM$ les choll{ qUt;1~9nques q!:l Il
p.ouuaIJaiJ'e ' pen~an't ~~~ cours d~ fa vleo ; &, com~e
le .d:jt LÇov,a~ruvla?, 'part. 'J.,. çqap. 7 " n. S-, mu 11er
tI:nttllr ,mMi.t)L~ flqili 'IlLJocumque "ir 1}1igrar: e -voluerir ,
fi- domiàliuTTI: mutale, veltt; & ' pour 'prendre les termes
dé Boffius dan:> fon Traité de Matrimon. tom. l ,
cap. 6, §. r' tenetur fequi virum domicilium mutantem
quocumque ,vadat) ce que \ ceS deux Auteurs fondent
fur les ee~tes les plus précis & les doarines toutà-la-foi~ les plus refpe8:ables & les plus nombreu[es,
al! poynt que quoiqu'il fait vrai de dire, fuivant l'obfervation de Duperier, qu'il n'el! rien d'ab[urde [ur
tous les points de droit, qui n'ait été dit & avancé '
par quelque Interprete, néanmoins il n'en el! pas un
qui ai~ méconnu l'obligation où fe trouve la fe,mf!le
de (uivre fon mari pa,r-~çu.t où il vqudra fixer & tran.[- ,
porrer, fon domicile. Tous fe font acc'Ordés au contraire à ,reconnoître que cette obliO'ation effentielle ' qui '
fe trouve écrite dans _tous les tex~es connus d~ droit
P.ofitif & du droit C~nonique, tient à ' des bafes refpe&ables & même facrées; c'eft-à-dire, au droit na7' .
tureLprouvé par l'e~em~l~ de toutes les nations policées"
& _de plus ~ drOit Dl~ lO; c'eft-à-dire aux principes
de cOn1,?u,mon, ~ d'individuité qui fo~t du mariage J
un affOClatiOn mevocable que la puiifance humaine ne
peut rompre. '
o Delà vient que, flli~ant de Luca de Legat. dire.
n . ~ , cette obligation, ne peut êtrt;! détruite par la .
faveur que peuvent mériter les teftaments &. dernieres
fi '
'indif2enfable-~é te :d~Wt
. -....
69'
conl~tioti~
ditpid1itiJn!l ', &rlC 1é'
fdl'!r tènoes ponr 'noft
édites qU!H1d ' e-ll-es- contrarient l'6bligation que tou~
les t'droits" impoferill .à let , fèmnië' rde : fui\1re fan mar!dans, l~scontrées ~ù ' é~ l dërhier'~e!ft 1>iio · aife de réfi4er1 Cect«: obI igation' , djt BofiIiuS" a. ' l'éndroit déja'
élt~ :j n?;' 40 , - né peUt' 'pas ,non!"'pltlS ·'être ébtanlèe 'n-il
l
p':ü' ,',(d~s'J paéles ,tii ' ~ar une cOl;ltume controi'.re , , l$ê
la' 'r-œtft)fl' '' qu:il en don~e dl: tirée' de ' ce principe ' qui
nous. ?~t ~qu~ , ~œ~ d~liAatf~ ji'mul' hab'ithndi eJl ')dè-~'jur~'
naturdlz & dzvzno, prmelpe-egarement 'attené pal' S'urdenda:ns [o'n traité' (je Alimentis, tit. ' 7, queft. '2. ') ,0'0.., -r:êY
& " fuivants. .
"
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)
- Delà- Vient qùë.. Ii:, femme el! 'o bligée âe ' fuivre ' fait{
m~f~ bàÎln'~ , exilé~, ~légué ', & de venir : le ;joindr~\.
d'ans''''le ieu de ' [ori exit.' 'Cerce' obligation dt' ' ehco~è ,
r~traeéé' dins touS le~1. l-ivres.' E11; l fl'~à ;ien d~ pl~
q~\J.fi~ tl,é-pen'dance l'<lù' pfinèi~è ' qu10n ' vién tl Ge 'po[er!
cl-deffü9J • ,car on a manqué la queftiori , & Pon u rvatné-'
ment tent'e' d'écHapper à la regle, en difant ~ue rdhliga~
don où en 'l-a fèm me de Cuivre fon mari dans le lieu de
fon ~xi'l , ~bli~aridn qu!on a été forcé de reconnoître-,
deVOir' a-v olr 'beu', parce que dans ces cas la r.etraite
d1J _maTi l . >&: fori changeme-rlt de ,: domi~ile fe trouvent: '
f~rc és. On a éca,rté' le :vrai pri~cipè ~& décider. , pÔUf,
s at\achel' à une clrco'nnance qll1 ne fait. qu'en ' renforcer
l',llppl iè ation : car il Jaut convenir que l'obliO'ation eft
plui étroite ' quand~ il s'agir 'd'un mari co~damné
flétri- ,ou~ malheureu~ ,~ p~r~e que la fe rT,l me ' qui pirdg:
fad état -contraae d'e plus dans 'ce cas- l'ob-ligation dele . co.n~oler & d'adoucir [on infortune; mais le vrai
prmclpe qui foumet la femme à fuivre [on mari dans
lli' lie~ d~e' fon exil ; n'en autre que celui de l'obligation
que rdus les draies lui impofent de s'a1fujetir à toutes
{~s ; vQlonrés pour ce qui concerne le choix du domic Il~, 'aU ,poin~ , q~e Juivant le droit , la femme ne peut
même en aVOIr un autre que celui de fan mari.
• Er, pour rendre 'la chofe plus {enIible , on n'a qu}à
examlDer en point de droit ce qu'on penferoit dans '
les cas ordinaires d'une femme ' qui voudrait contener
à fQn ,~ari le droit ' de fixer le domicile. commun, &
•
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if
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dernier veut changer de domicile. Delà, dit pothier
à l'endroit déja cité, n~. 383, naît une aaion que le
.
recette voudtoit fe difpeo(er de le (~lvr,e
~ ~~scI.e p u' ce dernier veut réfider. Il faut même
".ans
.
i. ' 1..es
r leuX 0
moment que le man. n, ait
aucune
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.{\JppOier
pouc
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1 .,r.LI..: r aucun motlt ranon na e e c h anger
l'3.\Jon p awll(l,l« ,
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'f
fon domicil~ ~ le' mari veut parpr ,la em~e au con_.
fier Quell'ugement faudra-Hl porter de
t;~a\Ce veu t re
.
~e -débat! BolIius
va noUS· l'apprendre en p~~ant ,
, n la quefrion; fi maritus velit mutare
am
r. . l domzczlzum
Il .
qbfque càuf4 ar;,llx,!r ,~eTlea~ur ..ilIum ).equz .
.<:lte un
Au.tèut q~i a teny Jtl:,l\ég~tl;e: Il/aEPort~ , ~,!lf!!lt~ tOUte~ l~s a.utres doéhine~; d ou Il \r~fu~e la regl.e f?IVa-tlte
qui forme fur cette impo~tante manere le pnnclpe çes
principes. Vir eft caput , IPfj,usque eft guber!zare
con/ • .fj
0
J
&.
f~quenter eriam digue domicilium , np11:. autem 'uxons quœ
UM
gubernationi viri [Ilbeft; ac proindè QUOMODQc:
QU~ J'IR E.LlG;AT DOMIClL'IUM, modo non ob
turpem & inhonefta1JZ caufam uxor mariwm fequi tfebet.
L(!. fllffilJl e ne .peut donc fe refu(er . de fuivre fon mari
o que içrfque le nouve~u domicile, que ce .dernier, ,choi~~
-peut, mettre fon honneur en fouffrance ou en péril, ou
bien, comme ce même Auteur l'~vàit dit un peu auparavant " quand fa vie feroit en dan~r dans le nouveau
domi~ile; & è~efl: en force dù même principe que
Po~hler, 4é!,ns, 10n traité' du contrat de mariage, tom.
~, part. ~, chap. 1 , art. 1 , §. 'l., nO. 38,1., pag. 3.,
obfe~ve que la femme de fon côté contraél:e envers [011
mari L'OBLIGATION DE LE SUIVRE PAR-TOUT
OU IL JUGERA A PROPOS D'ÉTABÜR SA RÉSlDEN~E O~ SA DEMEURE, pourvu que ce ne [~it
P'ls neanmozns hors le Rovaume
- o? n'a pas
'
même à demander çOll1pte au mari Ms~otlfs d~ fon changement de 'domioile. Cçs- -motifs
tiennent a la liberté qu'a tout citoyen 'libre ae fe tranf~o[[er .par-tout où il trouve bon & de s'y fi xer avec
'
' bafes
la famille . Ces'f
motl s ont ou peuvent
avoir des
ref1dP71~able;, facrées, qu'il faut refpeaer, & fur lt:fquell e
a "\ejlCatene
& l'ho
i- .
Ir'
T nneur d' un man. ne' permettent pas
. & toures les ca~Gd équ 1, iOH,prene
. ' ous 1es d rolts
ratIOns
c
. ds unl!fem
'
' .donc pour impoc1er '1
a a lemme
0 b~'
,J\- gauon e s afi'uletlr ~. la volonté de fan mari quand ce .
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I
j
mari a 'droit de former en Juftice contre fa femme, lorF
qu'elle l'a quitté pour la faire condamner à retourner
avec lui. La femme ne peut rien oppofer pour fe défendre
de cette demande. Par exemple elle n'eft pas é,outée à
oppofer qué l'air du lieu où e{l [on mari eft contraire à
fa fanté, qu'il y regne des maladies contagieufes. Elle
ne l'ejl pas m~me à alléguer les mauvais traitemens
qu'elle prétendroit que fon mari auroit exercés fur elle,
à moins qu'elle n'eut donné une demande en féparation
d'habitation pour rai[on de[dits mauvais traitemens. Et
telle eil: encore la Jurifprudence de touS les Parlements.
Le mari auroit l'aétion' même criminelle contre ceuX
qui retiendraient fa femme, & qui l'empêcheraient de
le venir joindre, & de remplir par ce moyen le pluS
refpeétable & le plus faint de toUS les devoirs. C'eft
auffi ce qu' établit fort bien Bodin dans fa République,
liv. l , chap. i , pag. 28, où il atteil:e que fuivant le
droit de toUS les peuples, la femme tient la condition &
doit fuivre la qualité du mari ; encore que le mari fut
banni & vagabond, néanmoins la femme le doit foivre ,
& en cela tous les Juri[confultes & Canoniftes s'accordent. Au/fi toutes les loix & coutumes ont fait le mari
maître des aaions de la femme & de l'ufufruir de toUS
les biens qui lui échoient, & ne permértent pas que la
femme puiJfe être en jugement, foit en demandant ou
défendant fans l'autorité du mari, ou du Jugr; à [on
refus, qui [ont touS arguments indubitables, pour montrer l'àutorité puifJante & commandement que le. mari a
for la femme de droit divin & humain. Sur quoi l'on
doit obferver qu'aux termes de cet Auteur la femme
n'eil: pas feulement obligée de fu ivre fan mari b anni,
moiris encore fan mari 'V agabond , ce qui ne défigne
pas un homme fans confiU:ance, mais un mari changea nt fou vent de domicile, changemel1s auxquels la
fe mme d l tenue de fe conform er.
Mais, a':t-on dit, le fie ur de LiOe a failli à fes
créanciers. Tous les biens de la fortun e lui font
enlevés. Sa femme a fauvé fa do t , fes droits & fes b i~
B
�'!
&: des .perfonnes ; & même la repriie que ·fait ta fem-=
6L
'fon qu'elle occupe
•oux. Elle vit ~ Marfeille. a EmIl al offre d'y recevoir
1
e, ntrete01r
. cÇ>nvenalouée pour fi0 n compte. . &.
. d e l' y 10 ger , nournr
fon man,
r.
d eLine a éte, d'b
e out é
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U Le lIeur e
if l
blement a Ion reve~ •
bénéfice de cette 0 r~, e
de fes fins- en provdion au
1 fort que doit aVOIr fa
préjugé de cet ~rrêt. annf,nc~éee fur les mêmes princidemaode en re)ontbo n , on _
es que la provilioD •
à l'écart le préjugé
P
r.
cer par mettre
It IaUt commen
•
&. par conféquent
de cet Arrêt intervenu fur Requt~ ' 1de la Cour a été
fournis à la révocation, fi la lr,e ,g~onété fi elle- a jugé
r
·r 0
11 ne peut que aVOIr
,
11.
1 Dame de Line , forcée de
lurprue. r e .e
que dans les CJfCOOllanc~s a
d fa dot ). uf,qu'à
.
'fon man les revenus e
&. de fon entretien,
commuOlquer a
.
' la concurrence de fa nourriture
à ' 11
.
fa"re le prix de fon confel1tem e nt ce qu e e
pOUVOIt en 1
li d M fi lie Les raicontinu~t de réfider dans la VI e e ar
à
é
fons les plus fortes l'émpêchent de con entJ~ 1 y r:
fider & dès-lors il ne refie plus qu'à v~ir 1 e man
failli' prenant fa nourriture &. fon entretJe~ fur les re- .
venu; de la dot, peut, à raifon de cette clr.co~ftance,
être privé du droit qu'il av.o·t dans le , pnnclpe , d~
fixer fon domicile, &., par ralfon de. confequ ence , celUI
que fon époufe doit oc~uper .a~ec 1~1.
._
Le mari failli perd bd mlO1ftratlOn de la dot, ad~l
'
. . SI
'1 parvIent.
nifiration qu' il peut rcpren d re neanmolOs
à une meilleure fortune. Mais la perte de cette ad 011niUration fût-elle aMolue &. définitive (dans le cas ~e
billite , le mari n'en conferveroit pas moins ~a pUl~
fance maritale, &. par conféquent tOUS fes droits pn.mitifs fur la perfonne de fon époufe, &., par ~a,fon
de conféquence, encore le droit, peut-être le plus )alou x
de tous, & fouvent le plus ' effentie1, de changer de domicile, de fe fixer par-tout où il trouve bon, &. d'y
appeller lon épeufe.
. La preuve commence à s'en faire par l'évidence mê·
me. Autre chofe eU la dot &. le droit de l'adminilhation , autrechofe efi la communion individuelle de tout
ce qui peut inréreffer l'état &. l'honneur des con jointS.
La féparation des biens n'entraine pas ceUe des corps
en
t .'
y
me de -fa dot &. droits, n'eft pas une réfolution de la '
communIon. L'ap,plication de la dot n'eft pas changée. Elfe ~ft toujours affeél:ée au fupport des charges
communes du mariage. La différence qui fe, trouve
· ~ntre l:état primitif &; celui que la reprife de la, d~t
opere, ne confiHe que dans le changement du drOIt
d'ad m inif!:rer qui paffe de la tête du mari fur celle ?e
la femme. La collocation pour vergence, la repnfe
. pour caufe ,de faillite, donnent. à la femme le droit
d'adminiftrer ks revenus de la dot, dont les fonds font
mis en fûreté, attendu . la décadence ou la faillite du
mari. Mais la: deHi.nation .de la dot e.fi. toujours la" mê' me, & 'l 'uR a lùrieuf~ment erré fur les prinçipes dè la
.matiere, lorfqu'on a vQulu prendre drol[ de ce que la
Dame {je: L'iOe
devait fournir
à l.a nou.rritute'. & en,
.,
trerien de fQ-D .r:nar-i, .pour .en conclure qu'elle ,avoit par
· conféquen( le droi't ' de lui faire eni6indr~ àe venir
,prendre les alimens chez elle, comme on le prati.que
à l'égard des peres qui (ont fournis par la loi à la fourniture des alimens à' leurs enfans, & d ans les autres
•
1
cas de c e ttl~ efpece.
Car d' abord, la Dame de Lifle ne· fourn ît ic i rien
du fi en. T ant que le mariage fubfifl: è , les fruits de
_~a dot appartiennent au mari , jufqu'à la '" concurrence
de fon entretien &. de fa nourriture. L'excédant rn ê"ine, quand ii s'en trouve, appartient aux créanciers du
mari [uivant les anciens Arrêts. Aillfi lorfque ce 'dernier r~€~it
fon entretien '& fa nourrltu're fur les revenus
,
de la dm reprife par fa femme, ou pour caufe de vergence, ou pour caufe de faillite, ce n'ef!: pas fur les
l>iens de fa femme . qu'il prend cem; nourritu re &.
fon éntietieri: c'eft fur les fiens propres, c'eft fur ceux
~ Ollt la loi lui do nne la particip àrion dâns fon état
de d ~ [r~ lIe, Cauf le droie d'adminiftration que la loi
dans ce cas défere à fOI) époufe.
D ,aucre parr, ou\ pourra- t- on trouver d e quOI. autorirer, ou même colorer le fyfrême indécent &. même
atroce d'ajouter d ~ ns ce cas à l'infortune d u m ari,
l'injuUice de le Friver du droit per[ol1l1el que la loi .
�CJ
, "
cl
fixe~ fan
domicile & celui de
lui donne a' 1 effet e
dminifrrer les revenus d~
"fa famille? La ~emme peut tans l'autre; mais le ~an
e
fa dot dans. un heu com m b'
ne le ferait pas de
d
qui ne ferolt que fépa~! e :ens'de nxer le domicile.
corps. Delà' il e~ toU) urs m!utre 0 1
obferve avec
er
Raviot fur Pern , qude!t{c.; Sl 'C'~~ d~ biens le mari
.r
d s le cas e cpara J
'r.:
ranon que an fi fc me & qu'elle doit retourner 11
Pleluclrappudt'tfan: U~mgranJ péril. C'efr aufii ce qu'~be e e pe
.
0
A 'nli dit-ll
fi
Denifart vO • Séparation, n • 3'
l 'Jo ,
.'
on
ervefemme fép~rée de biens doit demeurer avec f
m~n;
•
&e fl elle le quitte, il eft en état .de ,d7man~er qu ~l~~
'Oit renfermée dans un Couvent;]~ 1al vu ]~ger am)'
J'ar deux Arrêts rendus {ur appolntemens a mettre,
~ais en grande connoijJance de caufe, au rapport de ~.
l'A bilé de Salabery, lm la Grand'Chambre, les 9 A,out
ft 11 Avril 17 S3, entreles fleurs ft , Dame Pdl~.
dnS'2.. devoit pas avoir be[oin d' ~rrêt~ , po~r .é~abhr
ne
cette' regle. On fent bien qu'un~ feparatlon hn;!teedau
bien de la femme & à la dot, ne peut, pas s eten ,re
d là de l'objet pour lequel elle a eté prononce~.
~ett: féparation a fans doute l'effet d'anéantir le dro~t
primitif qU'ilvoit le mari d'admini!her l~ dot; maiS
. comment &: par quels principes pourrOlt-elle porter
atteinte aux 'droits inaltérables qu'a le mari fur la perfonne de [a femme, & [ur-tout au droit pré.cieux ~e
fixer fon domicile, de le changer à [on gré fUIVant [o.n
intérêt ou [es Vues, & d'affurer par ce moyen la paix
& l'honneur d'une union qui ne doit nnir qu'avec la
vie- des deux . conjoints?
, Tels étoient les principes [ur le [quels la caufe du
fieur de Bellanger & de [on ép,oufe fut plaidée en
1780 . , La Darne de 'Bellanger étoit colloquée. Elle
i?uiffoit de fa dot & droits. Elle avoit conCenti au profit de fon mari, à qui il ne refroit plus rien que le
droit de vivre fur la dot, une penfion de 800 livre~.
Le fi~ur de Bellanger fit affigner [a femme ' pour venl,r
le rejoindre pour vivre avec lui dans une mai[on q 11
avoit loùée ou qui le [eroit. La caure fut plaidée. La
Darne de Bellanger alloit être condamnée tout d'une
u:
VOIX,
voix, 16rfqu'elle' 6c offrir un expéçliént par lequeLeltè
offrait de prouver les faits les plus atr?ces, q~i , avoient,
di[oit-dl'e , donné , lieu à la- 'Jépara~ion, & lqUoÏ pouvoient & devoient la faire .. difp.e.nfer à jamais de
rejoindre fon mari. Le neur de Bellanger étoit failli;
il vivoit fur la dot & fur les biens de fon épou[e qui
.(l'éluda l'obligation de rejoindre f~n mari que par le
parci d'extrêmité qu'elle prit, d'offrir la preuve des
excès & des attentats qu'elle prétendoit avoir été comnüs contre fa vie. Ici l'on préfurne trop. bien de deux
époux pour croire que le neur de Line ait jamais
donné lieu à l'offre d'une preuve pareille, & J_que la
Darr: e de ~ine voulut fe livrer au travers d~ l'allçguer
& d .en exciper.
'
.' '
Vainement a-t-on oppofé l'A.rrêt de la Dame Bouquier. Cet Arrêt a été cité mal-à-propos dans les
' défenfes de la Dame de LiOe. Cet Arrêt, fuivant le9
notes que nous en avons relevées dans les regifrres du
Procureur du Mari,; enjoignit à la fe'rome de fe retirer ,
auprès de lui après le délai de nx mois. Mais que
p~urra-t-og répondre fur l'Arrêt rapporté par Decor- .
mIs, tOm. l , col. 1193? Il s'agiffoit d'un mari failli
à qui la femme qui avoit repris fa dot devoit les alimens.' Cette derniere trouvoit le féjour de Marfeille
pl~s doux. que celui de la campagne où fon mari vou~Olt fe retirer. Le mari gagna fa caufe. Un mari peutIl la perdre en pareille circonfl:ance?
Qu'a-t-o~ dit? Quelle doéhine, quel texte du droie
a-t-on pu cirer au contraire? Aucun. On a voulu fe
prévalo~r d'un mot lâché dans un ouvrage portant des
tnHruébons fur la pratique & la procédure. On a cité
l'Auteur de la procédure civile du Chatelet tom. l ' '
pag. 176. Auroit-on jamais pu croire qu'on p6t trouve:
dans, cet ouvrage des reffources pour la difcuffion &
le developpeJIle:Dt du grand principe dont il s'agit dans
ce procès? MaiS encore qu'y a-t-on trouvé? Rien du
tout. La Da me de L.ine '. forcée de reconnoÎtre la puiff~nce mamale, voudrOlt la borner & la reiferrer en
dlfant en général que la pu.ijJance maritale efl établie,
non pas en faveu.r , du mari feulement , mais en faveur
C
�II
(fe
t
par confiquenr ' dis deu:c
pas dû fentir que ce, mot vague
,la [aciété conjugale,
époux. N'a-t- on
général n'effieuroit pas même la qudbon, &
le
mari eft tOujours celui fur la
duquel la 101 fe
r
: ..1 d '1 s'ag'lt d'un objet commun?
Son fuf'
'
repOle qU·.. R l
frage eft .toujours prépondérant, ou pour mIeux dIre,
le mari fc.èl dl: à confuiter dans les cas de cette efpece.
Les Tribunaux ne peuvent lui ravir les droits que ~es
loix & la religion ~j don~~nt à cet égard, & ce prtnurs
cipe fera refpeaé
qu Il 1- aU,ra
mc:x: ;
a
même ofé dire à l'AudIence qu Il n y aVOlt pot nt d Arret,
de Do8:rin es ni de Loi topiques pour la quefrion de
la caufe' on v.Quloit dire. fans doute qu'il n'y. avoit ni
loi ni do8:rine , ni préjugé qui put autorifer la répu"
gn;nce & les refus de la femme qui veut fixer ellemême le domièile au préjudice des droitS du mari
même failli qùi fait de fan chef un choix contraire.
En appliquant toUS ces principes au fait de la caufe,
on y trouve à fe convaincre toujours mieux du droit
du fieur de Line , & de la néceffité de l'appliquer au
cas préfent. Cette difcuffion de fait dl: m ême inutile.
Ce principe ea que rien ne peut difpenfer la femme
du mari, même failli,de l'obligation de fuivre la volonté
de ce dernier dans le choix du domicile , à moins que
1& choilè que fait ce dernier ne mette en péril fa vie,
fon honneur ou fa religion. Le plus ou moins d'utilité ,
les, convenances font des détails dans leCquels les Tri• bunaux ne doivent pas même encrer. L'honneur des'
maris, leur repoS , les droits que la loi leur donne
font des objets d'un ordre fupérieur à toutes les confi' dérations qu'on peut faire valoir en pareil cas. Qui
pe~t entrer en effet dans les motifs qui peuvent déterml,ner ~n époux e~ par~in;s ci~conH:aoces? Qui pourrOlt bl~mer un ch~)lx, qUI n aurOlt même qu'une opinion .
érronnee pour pn~clpd Une femme en pareil cas fe
prévaudrOlt en valU de ce que fon mari ne lui fait '
aucun ,rep,roche du côté des mœurs. On lui répondroit
. n" n a pas br
elOm
" Cucces que le ma
avec
' de toucher ceC
artlc~e ,Important pour 'ufer du droit qu' il a de fixe r le
domicIle de fan époufe, que le mence qu' il garde CUf
~oloncé
ta~
de~
qu~
O~
•
cet a:r ticle , dl: . fouvent une preuve de l'honn~teté ~
de la modération dç fes principes; qu'il s'agit fO\1'ven t de faire ceffer des maux . pr6fents ou de prévenjr dl!s maux futurs; que l~ ' choiX des moyèns
légitimes form~ fon bi~n & fan patrimoine;- qu'aucune plliffance ne peut le lui' faIre perdre tant que
fon mariage fubfio:e1,"a. Et qu.oi! même lorfque " les
é pouJj: font féparés par juftice, le mari conférve encore des droits pour inlpeaer le " domicile de fon
épouCe & fa conduite. Comment n"aura-t-il pas çelui
,de la rappeller auprès de fa perfo nne & dans le
domicile ~u'il choiGt, quand il n'exift,e & ne peut
exiHer aucune caufe de féparation! La femme même
féparée doit fé faire un devoir de refpe8:er l'opinion _
& les délicateffes de fon mari. Comment celle qui
n'eft Pé\s féparée pourra-t-elle fe difpenfer d'abandonner
le féjo\lf d' une VIlle que le mài'i juge trop dangereufe
pour elle?
.
Et quels miférables prétextes a-c-on donné pour difpenCer la D arne de Line de fe rétirer dans cette ville..
avec fon m ari, & pour l'autorifer à vivre à Marfeille
çn dépit de ce dernier? On a âit que h:s de'ux familles la deuroient à Marfeille; qu 'elles pouvoient fe
ré unir JDour lui faire du bien; qùe l~ fieur de Line
e,n Fe reürant à Marfeille avec elle, pouvoit devenir
10bJet du même fePtiment; qu'en venant à Aix, en
y ~pporrant fes meubles & fes bijoux, il feroit à
cramdre Clue le Geur de Line ne s'emparât de tout &
ne difiipât rout.
, Mettons à l'écart le, reproche de diffipation, plus
~n,core celui d'expilation & de déprédation. C'eft une
1IlJure, un affront qu'on a voulu faire gratuitement
au fieur ?e Lin~" qui ne veut s'en venger que par
les atrentl?ns qu 11 veut ~voir pour fon êpoufe, après
que la rejona\On aura eté ordonnée. La D ame de
Line oubl ie que dans le projet de réGder à Marfeille ,
elle con Cent à ce que fOll m ari vive avec elle da ns
la m~me ~aifon, & cela parce que les caures de fépara,tlon 1~1 manquent tout - à - fait : or, ce d ern ier
ferOlt expllateur & déprédateur à Aïx ~ tandis q~'il
�~e' le
1
•
I?.
feroit poipt à Mar(~ill,e. ' Comment tout ~e1a
peut-il fe concilier dans les Idees, de la Dame de Ldle
& dans l'ordre de fe~ exceptions?
Elle eft di'i:.ëUi à Màr[eille auprès des parents
communs. Mais ' un~ femme n'eH: à [a place que quand
'elle eft auprès 'd~ fon mari. Mais d'autre part comment ,la Dame de LiGe 'eH-elle auprès de (es parents?
Seroit-elle dans la mai[on & fous les yeux d'un pere
& d'une merc, ' de quelque parent ou ' parente refpectable? Plût à Dieu que cela fût. Le pere, la mere
'0\1 ~e parent refpeél:able fous les yeux de qui la Dame
de Liile fe trouveroit, ne, manqueroit pas de lui infpirer l'amour du premier de fes devoirs. Mais la Dame
de ~ille ea à Marfeille, dans une maifon louée, à la
tête d'une maifon montée, ayant cuifiniere , femmede-chambre & porteûrs. Trouvera-t-on dans ces circonaances des, m~tifs légitimes ou plaufibles pour
coloter au moiOS fon refus,' ou, pour mieux dire, n'y
trou,vera-t-on pas au, contraIre de nouvelles raifons pour
fortifier les fins pnfes par le fieur de Lifle ?
Elle ea, dit-elle, à portée des bienfaits depuis
deu~ ans. Rien ne peut engager la Jufiice à l'en
croIre. Des parents
,
b'len f:'
altellrs commenceroient par
le plus, effenuel de tous les bienfaits; c'efi-à-dire par
la remettre à fa place fous l'aurorité maritale. D~puis
deux ans elle ne voit
r
b eau- pere. .Suppofons
,,' p as lOn
cependan~, co~tre 1eVldence, qu'il exiae à Marfeille des
~are~ts b,lenfalteurs. lis font honnêtes fans doute les
fi artles n en on~ pas d'autres. La Dame de Lifle 'n'en
era rend
que plus
1
b'len f:'
été
e à fidIgne
d de,eurs,
alts, quand elle aura
duire d: la d~s bevOlrs. D'aIlleurs s'agit-il de la trad'A' ' 11.
ro er aux yeux de fa famille? La ville
IX eu: aux portes de M fi 11
parents de la Dame d L,ar el, e, & les plus proches
e Ille s y trouvent.
, d
L 010 e nous & de 1
fi
que quand il s' ' d' a cau e cet étrange principe,
conruiter la vol~~~~ &u~ do~icile ~e volonté, il faut
conjoints. La 10' 1 ,~ ratfon réCIproques des deuX
1) a rallon & 1
l"
d' r
I:
a re IglOn Ilen t rout
1e contraire. La lemme
f' '
nous d'
vant Franclfcus M "
lt-on encore, UIarc lUS , n'dl pas obligée de fuivre
, fon
,
fRlMn;fJ i. rJ~a4ooP
1
,}r3
'1
•
tAJa qO~ln~' ,h~,'tre po~r ~, mat
~ g,~!Hlfq4i sui n'a .,~ nif .veut avnr y.Hc~?e affiem:, au·
~He<li, qü'9!jure <tjxe~ ~!l\~. ' ~~ pp~t q.Ul. ~e ' v~uf pJu~
vmt\~J"~tarfe~~r!) ,, ff. :,Su~ p,feo.a -, Irr ,I?a~t1, ~e bJSY fon
~Om~f~\~ ~ ~1.x"" t?eYfïlf ê~r~ p~êf~n~e ~?mme tm' f~O~~
~~~IlJ' ~'lL , . , ; 'J ' I< :',.'
. "
l' ~ n ~/
,'~c" ,~"'S~QjJ qtfCl e(~wre" c'e~ \t,R ca~ p~~ttru.,Ie-L · ~
lit .fp,~jEe 'toit 4Jgre,r~ plus à 1a r,alfon qu a. i~ a~t9n(~.
r.r}R-fip.~J e!çgeè~f ~o~u.) i'qn a, dé?r~li~ ~n~ c?Lnfé~~ ,o~~
S'uJ l{~ll;l e9:c?fe aav..a.ttF~~Ç· ~n m~t~r,~ :Ge 4ptlll,~ll)~_,
F'~~l ra~t.p.qt~ d) ' ,-\\1,3'1'1, qU'li fauF confult.er. ~es , ra~:
f?,p? ': c\<?jv~At ~ fe l~gees q~e d~,?~ le!? cas g~a~e~ ~u~
_J.ljféJeJf~F-, !:r?p,~e"l1:, la ,"le ou. la re1I~~çl1r ~~
réP~u~
, • , Hors
de Cf;" as,;' c'çfl. l'futA ire feul~ du map
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•
,
q~
Ei s+il falloit "j,e(er leS motifs, fe Geur de Lille
n'ea a-t.il pas d'a4f? i~r~Ves dap~' la répugnance .ab~
folue qu'il a dé+'vivre ~ ' Marfeille? Forcé d'y vivre
pen,d~p,t ~fl~'J ans; , apr~s ' fa ,failli~e, pour la li9uidatIon de [es affaIres, Il n'a )2mals ofé fe prodUIre;
il ne l'oferoie pas davantage aujomdJhu i, Il a tropde délicatdlè pour vivre à Marftille après tout ce qui
s'eft paffé. Le mari failli, dont il dl: parlé dans Decormis, ne donnoit pas d'autres motifs. Et qui pourra
fou tenir dans l'état de la caufe, que le fieur de Lifle
n'en a pas d'autres infiniment plus graves, & s'il
peut eo avoir d'autres 'de toute autre efpece, qui
pourra blâmer fon aaion & l'intérêt qu'il y met? Ma ,
dot, ajoute la Dame de Lifle, ne rend pas 3 000 liv.
Comment pourrois- je me réfoudre à venir montrer
à Aix le fcandale de ma mifere? Le- fcandale confifte
à ne pas vivre avec fon mari, à lu i plonger le poignard dans le cœur, en voulan', le forcer d'opter
pour un féjmlr qu'il abhorre. S'il falloit juger d~s
revenus de la Dame de Lifle, pa r le train qu'elle
mene à Marfeille, il fe monteroit au moins au double
de Fe que la Dame de Lifle en accufe. Au furplus, 1
ce revenu quel qu'il foit peue plus à Aix 'qu'à Marfeille
fuffire àux deux conjoints & aux befoins de la famille. Il 'y aura bien moins de fcandale, moins de
D
1
�-r : d
14- ."
1 1lJl
le' "dorhicile d'Aix que' (fans cé U.l e',~~~~
m~ e.re ans
, 'euX dire tout fcandale dlfpfioma':
feille' ou, pour ml
,
. , 11
l ' d'
.'1'
' qu'un au procès, c eu: ce ul
une
lo. M t1el
r '11
car 1 n y en a
.' ::c" dans le fane & le
luxe il ii
qUi VI
•
d ,..e,
f&emme
qui refufe de (uivre (on man dans un onllclle
"te analogue auX circonftances,
' . . .à porrée Ides
honne ,
deux familles, & (ous les yeux des .pnnclpaux parepts.
Rien n\n donc plus jufte en drol~ & plus fav.oràble
en faic q~ le fyfiême du fieur, de LJ!le dans ce I?rocè~
incéretfant;& qui. ne peut qu ~\!~rmer tout Junfcon(ulte & tout Citoyen; tout Jun(con(ulre, parr l'atteinte
llue la Dame de , L'me, v?u~roit faire port.er au plus
i:~fpeél:a\"le de toUS les prtnClp~s , & tout Cltoyep, par
les tr~ubles qui ne pourraient que .s'en enfuivre 'dans
l'intérieur, l'ordre & le gouvernement des famill~s.
. ... :fe " d
•
MÉMOIRE
. ,, .,
",
\
POUR
GA S SIE R.
,
•
,
1
Noble LOUIS-AuGUSTE
-
DE
LIS L':E.
~
~
. C
0 N T R, E
,
r
~.
~
v
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'
La Dame A N GEL J Q U E-M ART H E
[on , Epoufe·
~
.-
,
,
DE G~B1ÜELY6
\
.
\.
N mari maltraÎté par la 'fortune & qui: ne fou
•
•
,
U
4
pire qu'après une r~unio'n néceffaire à fon bonheur
& ~onf~ntie par fon époufe ; a:t::il ; le 'choix du domi·
cile oÙ' il doit jouir d'une paix trop long-temps adirée!
Telle dl: la queftion qui a divifé nos Arbitres & qui
e~ (oumife aujourd'hui à la décilion de la Cour. Un
Défenfeur éloquent a établi les droits que j'invoque
aveé cette chaleur qu'infpire la vérité & que le fl!L1tÎment juHifie ,m,ais le fuccès de ma caufe n'eH pas le
feul triomphe qùe j'itmb'iti01\Oe ; il en eH un , j'ofe le
dire, plus délicat poo['" moi & qu' il ne m'dt, pas
permis de retarder. Madame de 'Lille, en me difputant uo droit ql1e~ je tiens de (on cœur, a fait foupçonoer la 6ncérité du ' 'm ien: 'cet oubli du premier
de fes devoirs ne peut être que l'ouvrage de 10n erreur.
A
L
�' 3
1
u1C du public toutes
. dois donc de ~e~tre f~us - eds ye is mon mari,age.
Je l U1
, U
'a écntes epU
1
' les lettres qu e, e ml' fe pour eUe, fera !pa P u,s
Cette )'uftilicatlon , g oneu
x que )"él'rouve. S'Il
"
'
dans
les
mau
douce coniol atlon
femme que 1 on alm~,
eft affreux de plaider, avec : : : d'autres armes que les
'1 ft flatte~r de n empl y
~é~oignaKçs de fa tendrefi'e.
1.
P'A l 'T S.
,
,
- , 6 la DUe. de Gabr~ely fut proEn Septembre 1'171: ' d T ifie' plus cette propor'
'age au lieur e.....
,
,
-é
1
pOlee- en man, l' tl' ~u'il avoit mfplr e , p us
fition annon~olt, e Im~ pureté 'de [es intentions;
il devoit la mériter par a Iles des Négocians, avait
c
comme toutes ce
r
'
f:a Iortune,
'l ' - d [on intérêt & de les pnn"
gérée & 1 etOlt e
'
Il
ete exa
fi ' t ce qu'on devait en crOlr.e.
cipes. de fixe.r à /e uJe Abb' d'Ainay l'état de fes
expo[a à ~. ,dée a:ente ~ , la e[omme de cent mille
b - s qUi s levolent a
1
f::~cs quoiqu'on eut fuppolé lui en refter ~?c?re P, us
de deu~ cent milLe: cette franchife augme,nta 1 ~dee q~ ~n
avoic concu de fa probité &' M. l'Abbe d'Amay, QIn
d'être réfl'oidi par la vérité, s'emprefi'a de ddli.~er
toutes lell \perplexité.S du fieur de L.l~e. Mon aUlee,
Orpheline lui dit-il ,_ n'a ,d'autre efpozr que mes pro-,
•
me.Dès & 'elle n'aura pas plus de defirs que pourra lu;
e
en per.mett~e yorre fortune ; Le fieur d~ Lille ? ch arm.
de ces pl\v'.ertures, demanda un délai de deux mo~s
pour s'aifurl!r de la conformité des c/ara~7res ; mais
il n'attendit pas ce temps pou~ être {t,dUIt pa~ la dpuce ur de la DUe. de Gabriely & pour en~ager fa
liberté avec tranfport.
. .
•
Le contrat civil de mariage fut dreifé le 4 Décerni'
bre i , li dot qui fut conftituée étoit moindre que, celle
qui avoit été annoncée ; mais la générofité d.e M.
l'Abbé _d'Ainay répara cette erreur & il prom tt au~
deux époux une penfrqn
file cent livre s jufqu'à u~e
époque .déterminée: le fieur de Lille - t a i~oit èes (qr'7
coottances , fi on ~) l:avoit forcé de d6mo ntr q':/1
droiture & [on défintereII'ement.
,( .
h
pe
.
~
.
,
:
f r
..
Les denic époux ilé ;ureor darÎs :Punion -Iâ plus touchante, dans la ~nfianc,e la plus inerme. Les lettres
q~e lia Dam.e cie Lille a écrites .dans touS les temps
en renferineru la preuv.e la pllJls fidele.
A ,LiOedu -Comtat le 2. Mai 1777, " Je te prie en
" gJ:ace de vçnir me ,ptendre le plutôt que tu pourras .: ..
. " ce dont je t'a1I'ulle. ., (~e.H:. que ce n'eft que l'envie
" d'être aye.c un 'man que ,'alm.è à la paffion & ,avec
" qui 1 je çefire de .vivre dans 'la plus grande jntel1i" gence ....... Ainfi, mon cher ami ais égard à ce .que
.." je te dis & fais ,en. forte de ,.venir me chercher
..
" plutôt que nous n aVIons compte; ...... pour mOl }e
" t'~J11braff'e mille ,& mille fois, adie,u .. ..
Le 7 ....... " Pourrois-tu me croire inciifférente pour
" (oi., mon cher ami? Ah! que _tu connois peu mon
" , c~ur! Les larmes que j'ai verrées à notre féparation
" p.olJrfoient een rendre témoiglilage ; dix puionnes
" en .out été les témoinli; j'e[pere pourtant que tu
" n'auras pas bl!{oin des affurances d'.un tiers pour
,, -être perfuadé ,de mon amitié pour toi ; fi quelque
" chD[e daus moi a p.u t'en faire~ dou.ter , je t'a1I'ure
" bien de n'être, ,jamais plus dans ce cas-là; de grace,
" mon bon ami,. rends pll:ls de juflice à mon ' cœur
" & crois que jamais il n'yen aura ,de. plus. tendre
" qee le mien pour toi. Depuis que tu eft parti, je
" n'ai pas eu on infrant de plaifir; touS les amufem,ens
_" me deviennent ennuyeux dès _que tu .ne les panagll rj
" tOut le monde m'ohfede, je ne fuis bien que quand
" je fuis feule à ne penfer qu'à toi ; il me fembJe te
" p.arler, m'entretenir avec un époux, un amant ~que
" j'aime plus que ma ~ie même.; , oui, mon rendre
" ami, çu eft adoré .p.ar ton époufe ; dans le momelle
" ,même où ru me orois la plus indjftiheote , c'eft -alors
lU' gue je t'aime le plus; •. •... . ne penfons plus qu'a-ux
u momens heureux qui aous font promis quand nous
" aurons le plailit ,de nous el,n hraITe r, je deure que
u ce [oit bienrôt. Jf! , m len,muie ici à la mort; ce .n'dl
" pas certainement que tout le monde .....• Embralffe
ta papa _un million de fois de m a part : be auco up
J
•
.J
,
,
�.S
4
,
.'
Adieu, cher anll, Je
', ;d'amitiés à ton frere .......
, b {li bien tendrement.
'l
'
" t em ra e
,
1 affion la plus vraIe,
a mIeux
Ces lettres refp~rent a Pf r
u plailir de répéter ,enr ' &'
pUIS
me
re
mer
a
"
h Ul'
je ne
ffif & qui forment aUjourd
'Ienne
core ces motS li , expre 1 s uis ue tU eft parti je n'ai
un contrafl:~ :jlli ~;za;:e. l~J~, t;US les amufements me
J
,eu un zn a
ue tU ne les partage; tout le
devunnent ennuye~x efts 9 b 'en l1ue quand je fuis feule
monde m'obfede , Je ~e (lIS 1 "I
à ne penrer
qu'à
r
'
à
J'
d LIOL.
'IGe eut bientôt d'autres lentlmens
. La, D ameIl efut mere & ce titre
.
ren d'It 1e fileur d e
eX?~lme:. ' e e lUS tendre du moins plus attentif à
L1lle Il non pl ' .
,
8 11
réve~ir toutes [es volontés. En Septembre 177 ,e e
P, '
le defir de faire un nou.veau voyage à 1 IGe
p(lS
t&emOlgdnar. fut accompli' ces prévenances continuelles
ce elH
'
{li
1 '114' 11
devoient exciter fa reconnoiffanc~; au 1 ne al ,Olt-e e
échapper aucune occalion d'éc~1fe à fon ~an.
.
" Rappelle-toi, mon b?n a~l, que tU m as ,pro,mls
" de venir me prendre, je ne t en tiens pas qUItte .....
ta fille fait mes délices, ...... mon bon, un enfant
',: ef\: qllelque chofe de bien agréable, il fait .l~ bon~
." heur d'un pere & d'une mere; pour mOl )e me
" crois la fe~me la plus heureufe, : ..... avec ,tOI nouS
l n vivrol,ls tOUjours d'accord, le rent/ment de l un efi le
" fentirawt de l'autre, c'ef\: ainli q,ue ~ous vI~rons
" toujours ....... ,Adieu, m?n bon amI, . a~me~~ol taU,n jours bien, je t'eh prie, pour mOI Je t aime de
" tout mon cœur.
Le lieur de LiGe goûtant le bonheur domefl:ique ,'
n'imaginait rien qui pût en troubler la fécurité ; m:I1S
l'inf\:ant de criee approchoit où il devoit perdre fes
biens & tout ce qui pouvoit l'en dédommager: des
pertes dans la liquidation des anciennes affaires, qu'Il
avait été impoffible de prévoir & d'autres non moins
confidéra~les depuis 1776 ju[qu'en Mars 1779 , av~ient
ab[orbé bIen au delà de la fomme de .c ent mine hvreS
à laquelle il avoit réduit fa fortune aux. yeux de M.
l'Abbé d'Ainay.
Le
,
\
"
-
' Le mal ét~nt · devenu fans remede ..~ la Rai[on , de
Louis de Li{le .& fils fut forcée de dUclarer l'état de
, fe~1 affaires ': l~' ca~fe de cet é~énement, dl: .purement
Fortuite, il Y aurait de l'injuf\:ice à l'lmppter au Sr.
9~ ,L ,ille. Sop ,ép~ufe , fut )a, plus ardente àpa~~.a]er
ram~rtume, de f.a .11iuation & quand eUe ofe. aUJourp'hui .lui ~n .faire un reproche, eUe dément. .Ir, 1a:ng~ge
fie , fo.n cœur & ,' outrage' la naEuœ. Le lie~lr de ~~Ge.
r~~oit , co~pable aux yeux de l'univers" que . fon
époufe ' ,n'en auroit pas plus de droit d'infultèr à f0 V!
malheur. Son époufe s'empre{fa , comme nous l'avons ,
,dit, d'adoucir les chagrins de fon mari; un voya~e
il, LiQe lui fut · proEofé & elle n'accepta ~ette offre
qu'à condition de ne le point quitter. Si des circonftanc~s, néceffiterent le fieur de L iGe d'aller à Avignon,
voici de quelle maniere elle luiécrivoit de . Lille où
elle, était.
.
. ~o Mars . 1779' " J'arrive, mon bon ami', & trouve
" ma tante ( Madame la Marquife du Baucet) dans
" les meilleures difpolitions ; elle m~a fait les amitiés
" ' accoutumées ', & deure beaucoup de te voir ; je lui
11 ai dit ce qu'il en était d~ nos affaires, ça n~ nouS
t ' rènd que plus intére1fans à fes yeux ' ainli, mon
l' bon, . . . . . viens au plutôt; adieu , je t'aime
v bien."
2 1 . "Au moment où j'allois t'écrire, il vient du
t. monde; je lui demande excu[e & me void. M . .de
tJ Varvarenne m'a donné de , tes nçuvell es ; . tù veux
n refler quinze jours à Avignon, ce temps me pau roh long & ~a tante me charge 'de te pre1fer de,
" venir; elle delire de te voir & de te faire oublier
" tes chagrins; il ~ fl fort m al, dit-elle, que tu ne fois
" pas venu tou ~ de fuite; je 't'ai excufé fur te s affai>, res ; ainli, mon bon, viens au moins paffer les .F êtes
" avec nous ; ma tante vouloit t'écrire ; fais- moi ce
" plaiftr..... .! Je penfe que tf.!. auras befoin d'argent;
.., dis-moi li tu el1't ve ux , je t'en envoyerai lorfque
" mon frere ira te voir; je fuis éconnée qu'if t'en
" coûte fi peu; je crains que tu ne te nou,rri1fes pas
" bien; tu as cependant befoin de te réparer; prends
B
1
�'6
. ("
d t i J'e t'en prie. AdIeu, mon tendre
,t bien lOin e a ,
& fi' à '
1
ami "Je t'aime tOUjours plus
UIS
tolo pout a
" "
Je prie ton Domefrique d'avoir bien foin
" . Vle. • • •
t
, h'1er,
. mon ,c her anll,
'
t'ai pas éc[\t
, 2. 3, ~':f)'e <
ne 'Tavois pas que le Porteur fût à
" parce
'lue
Je
" pour t engager à
' j
'
Ma tante t'écrit
venlT
" AVTgnon. . .
,
à 1e rewler
c (' . ' r .
'1
d' la mauvalfe grace
, amll, mon
"trae
'f,
" ami 1 je ' re conreilles de ventr; tu 1 eras . ~es d,a fIi
aires
"
omme là-bas & noUS aurons e pi a1l1r e nous
u ICI C
, c '
'd '
" voir' à la vérité-je fuis tout-a-ratt en -l'elOe e 'te
" [en~:r à Avignon tout feul ; rends-toi, au nom de
" Dieu, à noS infrancès'; mon fr~re & l~ Baron vou" loient aller demain te prendre; le veux te donner le
,
'à'
L
" temps -de t'arranger & tu n as qu v~OIr .•. , a
" 'confcience de me laiffer feule! ••.• 51 tu ne Viens
" m'aider, je ne fais que faire .... Adieu, mon bon
" ami, je t'aime ,bièn je tç jure, .•.•• ta fille t'em"braffe, Adieu,,,
JuCqu'à ce mom~nt l'union la plus parfaite a régné
entre les deux époux & l~infortune du fieur de Liile
n'avoit donné qu'une nouvelle énergie aux tendres fentimens de la Dame de Gabriely: mais cette fituation paifible devait bientôt être troublée & leur mutuelle affeétion alloit être altérée pa~r la haine & pàr l'artifice. SI l'honneur oblicre le fieur de LiDe de rerpeeter les al~teurs de fes 1>m<1Ux, il ne peut leur facri-,
ner le pl Ils doux témoignage de fon cœur. Les foup"
~ons ctuels, don,t ' la Dame de Gabriely a été agitée
ne font pOlOt--touvrage du fieur de Lifle on a vu que
l'adverllté avait refferré leurs chaînes & ;ugmenté leur
confiance.
Un~ ,pr.emiere lettre a produit une méfintellig ence
auffi IOJuneufe à la Dame de Gabriely, que doulo ureure pour fon époux: voici des fragments de cette
lettre qu'elle re~ut à Lille, lettre que le fieur de Liile
a, eu la générollté de rendre à l'Auteur en Juillet derOIer, fra~ments qu'il rupprimeroit avec plaiGr fi l'Au·
teur'blaVOir eu la g'enérOlue
r., de w.:. pas t:n éCrire
' d
e. iPs
u
tem es encore.
'1t
" de tOf:11);:'
n:
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•
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•
7
/1. A.•.. le 2'7 Avril 1799-' ~' .. re vous engage à'
" réfl.é,c,h ir, Mildame, ~' " .. que qui a pu vous rrom" per .... p'lr fon mfl~iage, peu,t vqus [ramper ençore~.. ;
" co~~dérez qui ~ous fomnle~ ,~ ' l,"e,gaI;dez, ro(~ inca" .Pillcit:é ••..• , fe~ ~ort,s .... ;ç'.eq: Jui <l~ nous f9"rc~ à ,
" dé\lo~le,r fes cr,un(e~ " • r •• lç fll'arrêçe , ,les' ..~t;t~1.1s •
" VOllS._ feroient frérn,ir ; je vous en djs affef lWllI que
,'t VC\~I ,fefi{be~d u qlo,in!\ aux !llenfQ~ges d'un '~om ~e
" qUI l '\P~'ès ~voir fait votre malhellr fcù:mmc,1J. f , · vo~
" draie encore vàus priver de l: il:\t~rêt que votre .'ho'n" nêçeJé infpire; a:eft le plu~ gran~ ,d~ [es torts. ;~ " "
Gette le~tre devOIle le projet artifiCIeux que 1'01'\ ~v9it '
. fornH~ de feparer les deux époux; le fieur de Liile avec
Ir ~œ!lr de fan épot,lfe ne pouvoit être .malheyreux ; avec
.1~ revenus ' de fa dot jl ne pouvait connoj~re ' l'indige.nce ; ~ais la haine, mais l'intérêt perfonn~l vouJ~ten~ lUI ravir ces biens précieux & rien n'çi:oit plus
'L<;,hffic~le fi on ne lui enlevoit l'eflime de la parne de
_Gabrielly ; voilà le motif de cette affectation crüelle
,à. }ui j}[~rer des torts, des rufes', même de~ ' c'ricies ;
voIlà enfin ra p.re miere lueur de ce complot cériébreux dont il ne peut expliquer la caufe & dont il
.: ~
.gémit d'ê tre la victime.
". Dep.uis cette fq.tale lett~e, ~e fieur fl1e_LiD<; ne r!!fra
pas long-temps avec fon époufe ; elle fèhâtâ q'q.rrive~ à Ma~feille tan~is que fan m ~ ri allait à :Ro~ue
vaire: mais c~t élOIgnement ne d,evoit point alilrmer
Je ~eur de LIDe; fon époufe allait puirer "ans:! !ès
fentlme.ns t9J.lt ce qUI pouvoi.t détruire d.es. iinpref~
fions facheufes_ & clle réitéroit le ferment inviolable
de eréférer la mort à l'o ubli de fan mari. On va_ entendre de fa propre b~uche le récit
ce qui fe pa{fa ft
Marfeille.
,
12 Juin 1779. "J'ai. été on nc peut pas plus mal
J, re<r~e;; .•. tu fel)~ combien cela me fait de pei ne ....
,n mais n ImpOrte, Je reilerai ... ' mon ami; je ne te
J' c~nfellle pas ge v,en i,r " tu ferois même très- maL .....
" lal{fe-Ies faire & tranquillife-toi ...... Il faut çonven ir
" ~ue notre fort eft bien trilte; lJlais, mon ami, je '
" t en prie, ne viens pas ici; fais-~e par égard p Ç>ur
de
�•
,
,
9
s
'
'ce qui peuft'être nécefl"aire pour
Laiffe.;lesfaire , tranquillife-toi. On tentoit ' donc ~'af.
faiblir le zele & la conftance de la Datr'e de Gabnely.
On te défefpere; on t' a~cable; elle eu~ dit plus vrai
fi elle eut ajouté: on diffame ta réputauon, on outrage
tes mœurs on s'efforce de t'avilir dans mon cfprit. Je
- .• • Je t envoleenCaot fe porte b'len • • ••• Ad leu,
'
. ' t' notre li
D,
.
. t'embraiTe bien tendrement."
D bon ami, le
r
• J
ft cache pas que mes parens IOnt
Du
, e ne
. &
fi'
l
ro . -~ indifpofés cont~e . t?l. t c.e erOlt m~b~s
tourol:r à dos ft tÙ venolS ~Cl.; Je ~IS m~~fft~ 1 e
r tes faire revenir, mais Je ,~,~OlS ~a l, CI e.. •• ..•
.
'11
1
On. te deJeJpere, on tacca ble,
Sois rranquJ e.. • . .
.
d'
. fi
r..
dre cela en pauence; Is-mol 1 tu as
n il Nut pren
befoio de quelque 'chofe.".
.
·remler
. Iu'llet"
Tu me lalfl"es bien long-temps,
1
•
.
P
ami
en peine fur ton compte; vOilà
b on . '
.,
. recu. detes nouve11es,.
" mon
.
•
hUI't
lours
que
le
n
al
n b lentot
' . ,. é .
" je ne fais que pen fer de ~on -fi-lence ; le t al C~lt
" [auvent depuis; écris-mOl dope pour me tranqUll" luer...... "
. , '
13, " Je puis bien te prot~.fie~ que le R.éco~t~ mn
" de toUt ce qu'on peut me dire · contre tOI ; d ailleurs
" tout le monde rend juftice à ton honn2te~é; on te
" blâme de t'être marié; à cela dès que Je n.e ~'en
'" plains pas ..... que l'on dife ..... Mon projet efi toujours
" d'avoir ton pere avec moi; j'efpere qu'il ne s'y refu" fera pas; c'ea la conrolation que je lui demande;
" toi, fais-moi le plaifir d' écrire qu'on me re~ette teS
" haôits; je les ai demandés & on m'a ~It. qu;o.n
• " les gardait •.... . . Adieu, mon bon ami, Je t al" me toujours bien' , fois-en perfuadé. "
'la. (, Je fuis étonnée de n'avoir pas des lettres d.e
" ta part; fi c'ea par rancune, tu as tort; je ~e diS
" les choCes comme elles font ,· mais cela ne dOit pas
Il t'affeaer à un certain point; tu es dans un mome~t
" li. avoir befoin de beaucoup de patience •••• éc[\~
" m~i deux mots touS les jours; tu fens bien que le
" dOlS être en peine quand je ne re~ois pas de tes 1et" tres .. : • Je me fuis chargée de la part de ta ~lle
" de te dm: qu'elle t'aime beaucoup : mon frere VIen" dra te vOir quand tu voudras .... ne te laiffes pas abat" tre par le malheur & mets-toi un peL! au defJùs de '
» ra.ut ; ce n'eft que par ce moyen qu'on vicmt à bout de
" bIen deI chofes •••• • Adieu. ~,
.
t;
puis -vien procefler,que je n'4coute· rien de tout ce qu'.on
me die contre coi : voudroit-on une preuve plus trap-
pame de to'lt ce que l'on fe permettoit aup~ès de la
D ame de Gabriely pour l'éloigne r de [on man?
Quelle que fut la fermeté de cette Dame, elle devoit céder à tant d'efforts réunis, à . tant d'artifices
préparés & voici ce qu'elle écrivit au fieur de Liilea
" Mon oncle s'eft expliqué clair.ement fur votre.
" compte à touS; ...... j1 oe veut plus entendre parler
" 'de vous, ...... 4 fi tu veux que .je te dife tout, il
" 'n'a conCenti que je refie à MarCeille, qu'à condition
" qu'aucun de vous ne ..viendroit refler avec moi; là·
" deffus je lui répondis que mon mari faifoit 4 ne •
" exception, mais qu'il fe tranquilliCât, PARCE QUE
" TU NE VOUDROIS PAS y I\ESTER, QUE
" TU , T 'EN ÉTOIS EXPLIQUE AVEC MOI;
" alors il me dit: à la bonn.e heure. Voilà, mon bon
" ami, quelle dl la ta<;on de pen[er ge mon oncle &
" des fiens; il faut prendre p<l.tience & ne pas fopger
" à leur écrire ....... Comme je t'ai ' dit, je ne veux faire
l, ni plus haut ni plus bas que ce qu'il voudr 4_; .rien au
,; monde ne me fera cha[lgedà-deJJlls ...... Je t'·emb.liaffe •
12.•
,
,Adieu.
.
\ La Dame de , Gabriely . efi · donc déterminée à ne
faire ni plus haut ni. plus bas que ce que fan Qnc!e voudr~, rien nu monde ne la fera changer là-dejJu,f. Eft-ce
là! même femme qui écrivait auparavant? Je puis bierz
u 'pro'tefter .que je n'écoute rien de tout ce qu'on me dit
Co!!!re ·coi. Mon b,on ami., je l'aime toujours bien, (oisélJ .perfuadé...... E(1:-ce la même.. femme qui écriv.oit
apfès 1'.iGfor[uQef. d~ [on mari ,? p:rerz.ds bien foin de toi,
je t'en prie; je e1aùne,1tj)JJjoU/'s plus.:... Tu n'as qu'à venir...... La confc.ience 'Ue me laiffir feule! ... ". Si tu ne
viens m'aider , je .ne fais que fair; ........ Il n'eft perfonne
qui .ae fente .la:"'fai.fof\ \"de ·cettç, c\i{férel1ce & qui ne
C"
�,
•
1-1
10
s'indigne de cette foible-ffe honteufe' à adopter un reffentiment étranger.
Le fieur de LiGe, fenfible à un changement auffi
bru[que , ffilffi blizarre, s'en plaignit avec une forte de
fierté & vafti 'quelle fut la réponfe de fon époufe.
" Il mè pàroît , mon cher mari, 'que
ton fec q~e
" tu pren!; avec moi te fied fort mal, Je ne croyOls
" point que ta mauvaife h?meur s'étendît jufqu'à t~
" fem~e; je t'ai fouvent ,dIt 9ue da?s le malheur Il
" faUoit être doux & tu n dl: rien molOS que ça : tout
" ce que je t'ai dit d'e Mrs. de Jarente eft vra~ ~ il ~~
" eft ft cheux que tü le prennes comme tu fais; malS
" ce qu'il y a de bien' sûr c'eft. que n'attend.a m du
" bien ' & mon bien-être & celOl de ma famille que
"d'eux je dois les ménager & ne-' faire ni plu.s haut
" nï plu~ basque ce .'lu'ils voudront, c'eft bien .fur
1)
qùoi tu peux compter; ......•. du refte tu ~s ~altre
,., de ' faire ce que tu voudras, le me garderai ble~ de
" t e dbnner des confeils, tu les prends trop mal pouru que je m'en avife; ...... ménage un peu tpn mon~e
" & ne me dis pas fi féchement que tu es mon man,
" parée que je le , [çais.
.
" J'ai recU ce matin une lettre de ton pere., Je te
" l'e~voie ~vec une autrl! que j'ai reçue il y a plufieurs
" jours & '<lue j'avois oubliée, tu re~eY'ras auffi celles
1:
", du ' C. V:, je te prie de n'en pas fmre ufage dans ce
r
" moment-ci ,~fais attention que tll n'as abfolument pe " fonne pour toi & que tu feras blâmé de tout è~ 1~e
fùas ; eh! mon Dieu ~ Dit!U te préferve de ventr lCl.'
" tu ferai! dérolé du matin au fou; tu . ne veux :as.
" tu
1
" l'entendre, fais ce que tu voud·ras. Adieu. St. AN . .
;, DRÉ TE DIRA MILLE CHOSES QUE JE M~
;, ' DISPENSE DE T'ECRIRE; je t'embra!fe & fUIS
" ta femme ". E~ le 28 Août elle lui marquait eocQr.e:
., ••..• Tu as recommandé à mon frere de me dU;
" que fi je n'avois rien d'agréable à te marquer, !
" étoit inutile que je t'écrive; cela étant je ne le fa'ls
" que pour te donner des nouvelles de, ton enfant q~e
" je vas févrer •...... J'aurois bien d'a~tres ch~fes à
" dire, mais elles te déplairaient & Je me tazJ'.......J.
t:
" fuis toujO\lI:S avec !le.s fe.ntimens :qw~. tu, me cQfl.nois;
,. ta femme ...... .
j
çeJte jei,tir!! fut· J;l d~rnie..r~ qu\!, . re~uÇ le fie ur de
~iae "un~ plus longue c;;orr~fpqnQé(nGe , de.venpit p,énible .& (upçrJll,le .~ l'époufe ne. témqig69jt plQs.le m1m~
empreffement . à ~ partage'r les . B.I!ines de fon, mat;~,
l:épou~ ' ne lifQic plus qu?ayee d.Ol:!.leur des lettres fi
différente.s , d~& , prem~tres &. ceJt~. crift.e. c;;olJ.1paraiJo~
ne Pfodujfoi..t. qut\ des fo,uyenirs affiig-ean t.s• Pour; qUOl
cqiodroit-on de le déguifer? Le cœur de la _Damç de
(fabrre}y n'é~oit poinç chang6, mais il n'avoit plus
cette fenftbilité cQPlpâtiffaJ).te pour fOJ;l mari-: ell,«;. av,oi..c
(i.!];I(litpç! cie5, g<;>ûts. ffi'{()h;s à l'ilmOP.r dç fes .devoirs
&c, des pe-fides lui j~LbfiQieQt fap~ c~!fç cette_ coupable
in~ifférenœ.
i
Si la, Da,lP e de LiRe " dans le calme de!l paflions
h,ainetife,s qu'Qn lut) fajfoi~ partàg~r, eut confult~. [es.
nlus (eerets .IPQ"vem~ps , fi e.llç , eut rappeJlé à fon
erp,rit ces l~t~l'e~ f( tpqchantes que fon arne. 'lvoit djc~es" elle , eut yo.1~ y~s Un époux 1T!a1~e\l.reux ,_~lle. 'Cu~
PtY féré le p-hüfirr dç vivre avec lu.i à la - vain~e g!oire
d.'êtte· flatt.ée: mais dOllée pe~ chllrmes de la beauté &
des g~ac::e.s, plus féduifaqtes encor!1, , . t.o\lt l'ipvitoi,t ~
jouir des délices de la foéiété : des;; pt;rfqn9-e.s. .JP.al:-.
intentionnées ne cr~ignjrent point d'emrerenir ce g~l;lr~
de vie, el\es lui faifoien~ aimer un domicile' pl~in dç
f~fte qu~elle eut qQitt,é fans, e{I:orts & ,qu'elle !l~ f~cji7,
fi!:r~ plllJ' qu'avec r~.gr!!c. Voi~ ce qui .~ PfÇ>fqndèm~n~.
é:IJilu.. 1~ fj:eur de LiPe.; voi\~ u~e de~ grandes raifqn~
qui l'ui rendra toujour~ QdieQx le féjop,r de Ma,rfeille.
\ .I,.e fi!!ur de J;,iQe ., Qhligé <ie faire 4iverfioo ~ [es
ll1au~ 1> voyag.e_oit de Roquev,\ire en Languedoc & de
Lflngue~oe à Roquevaire: fans celfe il fe livroiF II
l~efp',!ir 0 fans cçffe lHl,e fâcheufe expérience renverCoii:
f/!s chirn-er-es. Des procès l'çxpofçnt-ils à de~ dépenfes
~onûdérables (Sc ,vlmt.... il 'lJIplorer quelqùes fecours, 0 ,0
Ifi offre. ironiql1emeM::j:J,;Q I:yenj.r pa,r:tage~ à M~r!éille,
la table & la maifol1 de fOll époufe ou plutôt de fes
e~nnemis. Ofe-t-il pe.i~dn, par écrit fon affreufe fit~a
qon à. M. l~Abbé d' 4iQ,~y, ). il ne reç9it qu r. des ré??,n~
C
1
.
~
.
�,
13
.
" . vptre lett!C? avef <pr'rere de .me fair~-dont~et' fa. réponte ~
1" rJ~ lenderp~inM,. ,Lavabre me . fit dir~ qu'elle n'en
" avoit aucun/!
à, donner & c::lue
....., ·J'aO'i.s
comme "J avife~J
,
r ~
t
~
12.
fes feches' rébutantes. Defire-t-it de prendre quelque
arrangeme~t provifoire, toute fa famille eO: déja à
Lifie dans le Comtat pour réparer la fanté de fOll
époufe-, ~ai~ dans la vérité p.our fuir fa prHence; enfin
prelfé par <!le befoin , ~ontralOt par la .décence , tyrannifé par ' lel défefpoir , le fieur de Llfie préfenta une
requête le l.S Septembre pour demander des alimens,
& comme auparavant il ~avoit engagé M. de Varvarenne
de faire encore quelques tentatives, voici quelle fut
•
fa réponfe. .
..
A Lifie du Co-mtat lé' l 4 Oé\:obre l']S2. " J'ai reçu
" le même fair du départ de Madame de Lifie pour
" 'MarfeiUe ..... : là lettre que vous m'avez fait l'hon" ne ur de m'écrire le 4 du courant , par conféquent
" il ne m'a pas .été poffible de)a lui. communiquer,
" & qui aurait peut-être fait plus d'effet que tout ce.
" que je puis lui avoir .dit ,pour fe. rap'pr~~her effica:'
" cement & pour la vie d un man qUI 1 aIme & qUI
,, - la chérie, v~us ~ver rairon de dire. qU,e c~ ' Tt' efl. pas
" fan cœur qw agit, car on ne fauroLt lavoIr mezlleur
" qu'_elle l'a toute la Ville l'a vue partir à regret, &
\
\
\
,, ~ nous en p~rticu'ier n'étant pas 'dans les difpoGtions
n
bù toute la famille aurait deGré qu'elle fut .•.. ' . Je
" rû.j a-i 'Communiqué · votre lettre
d' ~ois; 'îe.lrc:wi~ . ~l,IfiitÔ~ !'-' fyiva,nt vos or~res; ~.e~pJoit
o!, ~'évoc:.~ti~.n ,qut fu~ fignifjé .....ù
~,
'
~. "p'lut au\.q~\.quej~ lit \fieu.~\.d.el Line 11 eut :à , rçl'rq~her
~~ [es epneJtni!;J61}-l~ Je l:éfroj~iq-eN~Çlt ,de: fon, ~PQufe
~
uée
f~Wis , p'a;-t~on FilS vu 1" D~m!1 d~ qabriely fubj4g
~.u , point ,d~ fe \~igH~r avec· ,(on be.au-frer~. ç,ontre fan
mari ? ~'tl,t"91\. P!l~ . lu un ' Mémoire ou les ,p.er[on.nes
les plus ch~res l'~ct:ufoient indignement d'avoir violé
.cF qu'~l. Y: ~i èe ' plus facré? N~a:t-on pas été. les té:moins ... ~~: ~ !: QI,I~,efi-il ~efoin de fixer les yeux du
ppblic fUI: .dçs obje~ fi ,.alHigeants ? Ne fent·~.n. pas que
le fieur de LiGe trOUve dans le rein de fa famille fes
j~placable~ epnemis? N'appréci~-t-:on- pas ce qu'il lui ,
~ n ~oit c,?ûp;;r P9.ur . l~ilfer dans l'obfcuriré cet odieux
mynere?
.
'
'" A.vant .de;t.~iJt:juger · un procès important le fieur
~:~ Lifie du:t p~vo~r ,en prévenir fon époufe; ce. procédé
!iof.lnê,te o',eut :d'au~re ~éponfe que la lettre fuiyante.
• '!l Vous (~ve:z , . MonGeur. , quelle , eft ~a façon de
{ ' r penfer ,. je.: vous. dirai ce que je JlOUS ai déja dit, c't;ft-·
1.' là t9ut ê~ que je puis répondre.
'\ ~. ,
,J
1 t
J
• ..
\
~..
~ ,à M~
Lieutard fan
" . neveu) il m'a promis d'éérire' à M. de Gabriely
" pour quiil engage Madame fa' fc;ur à fe .rappro~her
" de vous & c'efl: bien tout ce qu eHe aurOlt de ,mieux
" à faire ........ D'abord après ' la' Touffainr je 'in.
" rendrai à Marfeille , quel plainr pour méi fi je' pou- '
" .vbis vous trouvèr enfemble! " .- ! '
• Le fou hait de M. de Varvarenne ·ne fut point eltauèé,
la Dame de Gabriely'marquoit t0uj6urs le ~êm~ éloi- ,
gnement pour le Geur de Lifie & elle ne dalgnOlt plus
répondre à fes lettres : il fe vit forcé d'évoq~er fa ~aufe
en vertu du privi\ege des pauvres apr.è~ avoir offert un
premier arbitrage à fan époufe -& VOICI ce que l~ fieur,
Efielle fan Procureur à Marfeille ,chargé de . là'l,~rrre, } ;
lui répondit.
' .J~~"
" N'ayant pas trouvé Madame de Lifie chez 'eUe &u n'ayant pu y paffer raprès dinée , je lui fis , remettre'
" votre
1
De Lifle de Gabri~ly.
Cette lettr~ cruelle fut pour Ïe fieur de Lifie comme
un préfage · fi;~ii!r.e ,qui lui annonçoit la deftinée de fan
procès. En effet il le perdit le 19 Juillet dernier & le
' 2.0 arrivé à MarfeiHe, il écrivit en ces termes à la
Dame de LiSe.
" Madame, l'improbation que dans vos dernieres dé'? fenfes vous avez donnée au procès de mon commerce
'1 avec mon frere me fait juger que vous ferez moins
., touchée de fa ,perte; je me dois néanmoins de vous
,. en faire part &... qu.e c~t{c perte m'acheve,. ce font
" de nouveaux avantages fur moi ; pas de cœurs fen.!' fi~I~~J je penfe , q~i les envient! PuiŒe le vôtre les
.....h:Jetter ! Je dçfir~ r §c. j'ai, befolll de me concilier
•
1
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:o~re
"
~I'ét"àt
, "
venez lavée
fille, autrement,
~ , avec vous,
" {i 1',( d
dh
, ' fi' fi: fi cruel que la vue 1 ce e m
" ,ou Je UIS e
' . J doute ~uion 'art jamais' en4
" enfant 'm~aceablerOit , J,e
.~
' 1. 'b' {4' d'
" core' iOnrttré & marque , l'Jus vI~e~ent e e"OI? e
" conrolation & qu'J;lne époufe flL~ 1amals '~u pI~: d~
;r;. ;;J ! 1,',1 I.. 'ous (leJ. venir' dans lu br'as' du mar~, qu,
" raLjUll '1 t: ' Y
, . '
,
' r.
l
ême
J -fI.. "d
. _ f' Coneinudez-v.OUs lur e m
" l a ae,nun e-. .. . . • • .
r
,
,
lb ' ~'
" tO~) RIen alors ne m~nquera plus a ~eS ma eu~, '
né fera pas pour moi
tErre
n'employer
" ma..!~ :.eto!l~ ,atttres hon~~tes m9yens , à ttôflS enten'dié':
" encore
' -. 1C't'
.
liratfe1.u, p6urt1'mo1 "ma fi\le. H e'l as
\J etolt lpOU'r
" ,elml & le repos de fes 'peres qûe' j'étois a là ppur" e e
'
f: lflé~ch'Ir. " .
" Jfuite " de mes ' drortsq, "mais il aut
" Jè fuîs, Mâdame, avec le.s fent!nl'è,~fs ~qe Je v~us
"
~Lr n ' , é man i, '!' , G..
' T
" dois
vb" tre aneclIonn
,
,
La Dame, dé', Gabriely ne ~ép~ridi( pas. à. ~ette lettre;
quinze jours apres le Geur de Ltf1e "en écrIVIt pne a~t~e
qui n'eut pas le même [orto ' .
: ,"' . ' ;
cc Il feroit à1I'ez diffiCIle que Je réponddfe, Monfteur,
" à tbus ies anicles de votre lettre, : fa 'longueur ncr
" me '1e permet pas ; je me bornerai à vous dire te
" , que j'{li (fit à Madame votre Tant~ .f;:, à M. le
" D;.. ,; 'il'Y a long-tems qu'e ma façon 'de penfer V<JUS
" eft connue, rien ne peut la 'change/ , je vous en prén viens. ~l .e{l: fort inu çile que vous vous concilie,z avec
" moi'ftir vos nguveaux projets, je les approuve toUS
" f~ns vouloir en êtn iqil:ruite ".
.:
°
un
1
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~!.
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li;':) .... ··
l
J
, . '. ' l ' De Lif!ede 'Gabriely. ' "
l.,
\
,
•
·1
Si l'on VeUt favoir ce que 'la Daine ' de 'Gabriely
avoit dit à la Dame de P .... née D .... , qu'on life
ces mots terribles ..... Qu'elle & [es parents exigeoient
une Jepararion de corps {ans laquelle point d'arrangement.
Q uel efi: donc le motif d'un arrangement auffi ex~
traord,inaire dans l'ordre des chores? auffi violent pour
le fieur de LHle? .. .. A- t-il attenté à la vie de fon
époure ! Son ,caraaere féroce ~{l:.-il incompatible, avee
le repo~ de la Da~e. de Gabnely? A-c"-jl ç~ff;"'. ~'être: .
un man tendre, ralf~nnabte! Non, mais- il efi: l'ot>j1t
,))
.... ."
.
..
1)
a'uné ' ,haine ïnv~"térée , mais ' il' li ir~ité toutes _ces peJ
tites paffions qui craignent de paroître, mais il eft
niaIheurtuJC 1& 6n 'lle péut le hl'Î ' pardo'flGe1'.\ Sa femme
. eil le -feul bien, 'qui lu i ref1:e', il faut igte.retferJon.amaur
, pI'0,pAe .' à." ~éj'(frre-r un f nral'i 'qùi, 14> déihonore, il faut
étouffen œs; reprod,e's ' de . la canfc.ie~è\ par.. les\ appas
d'une.granâe ville, ii faut éloig'aeli u'n . objet . dé{àgr~able
- pour. rie JJlü i offrir , qu'e 'des tabl ~a l,lx ' féduiIànts'.;_ voilà
, lé , p-la:n naI'tificieux que 1'on colore 'Par de vaines d é_ .dainatiol1s fundées fu.r .ta décence ~ ,la bonne foi, la
' .lcanqJ.JillUé de la Dam:e.:de Gabr.iely- ~ & : d'o nt orr'va
voir, 'l'exéeuti0n par une lettre artifi:ement imaginée.i ~
: Ille ~fil!'U ' de LilJ.e pôÙr s'affurer un. , fort 'trop long~ .tems incertain, slé rôü, .encore adrdfé. à [a refpe&alJ,le
Jparenre pour prendre ; One voie:.de " conciliation, &
'VIilici ta lettte qll'e1k~recut de fon :a'urre:\neveu. ,
'
" J'ai ,lu la li longue épître . qûc ,M. :Auguflc' "bus
' " a ,écvit" , mille trairs de caraaue Jorn èonnottce l.ou, ;, jours plus fho:mme & réfroidiro ient l~ intér~ t le plus
., ,c'haud, fi ce fehtimenr pouvoient .exifl:n , je ne puis
,., 'en ' auc une ma'n iere accepter le titre d ~a rbitre .. ;,. Nous
;, ne vo'yons de poffible que les d uX ', pr.apoliti<5-n s. fui. ;, v'a ntes que vous voudrez bien ,e:Xlprimer à M~ Au,; guflé.. .. • Primo, celle de partir: ;: ';1 ;.& .AtflJ"cce
" cas, ,600 Liv, de pe[lfion qU? - Ma'dame de Lifle de
" Gabriely offre, [ous ' la condition d'une 4,éclartl.!ion.
" fignée far [on mari, dpnt nous difcuterqns la telÏèll'1' ..::,
,,,, m'Umm M. A ugujfe' én~ état d'{lller vivre en paix dans
" ·'un petit -endroit. , ' ,
"
,
" 2°. Si ce premier parti ne convient pas à M. Au..
" gufle , nous ne voyons que l'Inde qui puilfe lui .. :.
n fGI:lroir quelqu'es moyens raifonnables; dans ce cas,
" on pourra lui fournir une p ite pacotille dans la
" fa,,:, llle qui, à ~ ue de pays , ne pourra pas palfer
." m ~lIe éc u~ f .. .. .z! ny a donc à arranger qu'un des
'~, del,lx, p ar;tlS que Je pr0p,0fe, que M. Augufie choififfè j ... .
Il voLla le réfult dt 'iJe m'eS confére nCes avec . .... , a Ye~
rJaaa,me de
".
a été écrite avec le fa
id de
eft pil",jiUq
1
\
1
�•
17
16
r'
_
ens
t1u'elle a dû faire
,
. de peindre touS les lenum
naître..
maniere' accepter le titre d'ArbiJe ne p~s e~ ~cunevous montrer un Juge inexorable
_.cre; .... POU$qU~l one t:
aere re:jiroidiroit L'intérêt
uand v.aQs ~dlte, que Jon cara . '
' fi'
0"
~ plus. clraud fi ce fentimentpOuvolt exifter?~; ;ru~e~~
. , iiftadans l'ame de ce parent, pUllqu 1 almo~
-'feep~~:.anlee Lille, puifqu'il l'eftimoic '. puifqu'i~ r~ndOl~
'uftice à fa droiture & à fa franchlfe: aUIOlt".ll fubl
é l . s de fa fortune? Le fleur de Llile fe
les r va uuon
f 'd' 1
. aTdera de le .p~ér., de craiILte de re rOI Ir a conLnce ue lui infpire le cara8:ere de ce parent. .
J
.' '. Nou; ne voyons, de poffible que les deux propofttLons
,. .
Que fignifie ce nous ? Vous ne voulez
U/vantes
•
•
•
•
. lOt
. érenc::e.
ff"J.).
•
Arbitre & vous devenez. Parue
1.
{t
pas
,r;
Celleerre
de partir; dans ce cas 600 l'Ivres, de 'pen)lon
que
_Madàme ae LiJlé , . &c.... Avez-voUs efpér\! 'lu une fo"!~e
t~utes
À
: d'âra:enc le dédommagerait dè la privation de ce qu l\~
de plus précieux dans le ~onde? Avez-v~us cru. q,u Il
. pourroit vi~re en J'ai~ apres a~01r co~fentl au. traite le
plus humihand l. • SI.ce premier parti. ne conv"nt pas.,
&c. Ainu efclave feIVIle de vos momdres de~r~, ~1
_ira traîner dans l'Inde fa honte & fan ignoml~le, .11
fera même forcé de louer votre barbare générofice, puir-
,
que v(Jils aurer pu lui affigner une petite pacotille qui ne pourra pas 'paffer mifle écus... Etces conditions révoltantes que
l'on ferait à peine ' entendre par la confufion, par le
'trouble, par l'embarras, vous les appeUez froidement,
le réfultac de vos conférences avec la Dame de Lifte.
Le moyen de continuer une pareille analyfe fans
épouver l'indignation & la fureur ! Que M. Augu~e
choififfe. Oui, MONSIEUR, il choiGra , mais il chOl{ira le parti de l'honneur: ce n'eft point dans l'Inde
qu'il ira s'affliger fur fes maux, qu'il ira faire entendre
fes phintes, c'eft en France, c'e{\: dans les Tribunaux de la Juftic~ qu'il viendra demander fi une femme peut contraindre fon mari, [on matere, DE SE
FIXER DANS UN LIEU D'OU SONT PARTIS
DES TRAITS SI DECHIRANS. ~
.. ...-,....,
~
C'en
, C'en eft trop ; le fieur de LiGe franchit le temp~
qui s'eft écoulé pour arriver au temps préfent. Mais
quelle eH: la bizarrerie de fa deftinée de ne voir par~
I
tout que des images douloureufes ? Son cœur revole
malgré lui vers \,époque fortunée où il y retrouve une
époufe chérie, c'eft-là qu'il va fixer [es regards & il
ofe efpérer que le public lui pardonnera cette foi-,
bleŒe.
.
, La correfpondance de la Dame' de LiGe a dû con·
vaincre touS les efprits qu'elle s'eft montrée fous les
traits les ' plus aimables tout le temps qu'elle a été
fidelle à fes. dev?irs ; époufe fenfible, mere tendre,
elle commuOlquOlt à ce qui l'enrouroit la douceur de
fon caraétere, l'infortune de fon mari lui infpira une
paillon plus fublime , elle ofa braver les _malheurs elle
fupporta l'adverfité avec courage & elle épuifa
les reŒources pour faire oublier à fon mari les revers
qu'il, éprouvoit.. Û ne lettre oblige les deux époux d~
fe feparer, malS leurs cœurs ne craignent rien de
l'élo~gnement; la Dame de Gabriely va diffiper des pré..
/ ventlons funeftes, elle va combattre pour l'hol1l1eur de
fon époux.
, Arrivée à Marfeille fon ame fe livre à des impreffions
etranger~s par une gradation infenfible ; on lui peint
fon .man coupable, elle n' ?fe , déja plus aŒurer qu'il
eft mnocent; les doutes nalŒent & fi la rufe n'étouffe
pas fon amour elle commence à le rendre défiant. On
. a ~oin de lui faire perdre de vue celui qui mérite des
fOlOS , des confolations; les intérêts de fon mari
font d'autres intérêts que les fiens' la flatterie la diffiIpatlOn
. , ca~ment de v~ins murmures
" & elle eft par\Tenue au pOlOt de facnfier le bonheur de fon mari à
,des plaifirs bruyans.
Dès ~e moment tout 5'arrange, tout fe devine,
[on m~n fera trop heurwx, lui dit-on, fi on lui laijJe
un p,am ; la décence s'oppofe à avouer plu5 long-tems
c~hll ,que le malheur, pour[uit ; & voilà des projet5
d, élOlgnement, des Idées de réparation des propoutIons
, révo 1tantes. C' eu:
fl. amft
!
que par un' progrès lent
malS aŒuré, la Dame de Gabriely a été entrainée &
,
.
,
E
•
�,
"iS
,.
.'"
qu'eUe e~cufe aujourd'hui d~s procedés, qUI Jadis n auroÎent excité que fan mépns.
Ce contrafte trop frappant eft affez marqué par l~
féjour de la Dame de Gabriely en la vine d~ Mar..
1t
feille : loin delà elle était tout ce qu'elle devo être;
ufe
elle aimoit fan mari fan enfant, eUe étoit jalo
de
iempfii' l~s !bins que' ce double titre lui pre~criv?it; à
peine elle y a établi fan dom~cile, qu'on lUI fa1,t oues
blier [es principes, pour la dlftralre par de fnvol
amufements.
Que la Dame de Line lè rappel~e l~s lettr~~ o~
élle calmait les aUarmes de fon man, ou elle lUI exprîmoit la conftance de fes fentiments & qu'el~e dé':'
i>1ore la cruelle illulion qui l'a féduite. Pourrolt-elle
expliquer autrement que par une dangereufe facilité,
lé changement de {a conduite? Le fieur de Line n'a~
voie 'point ceffé de mériter fa tendreffe & , fa con'"
fiance n"étoit qu'un nouveau droit à la générolité de
fon , époufe; mais enrourée par des ennemis fecrets,
elle ne fuivoit que leurs malignes infpirations, &
dans ce moment elle n'écoute que leurs paflions
quand elle croit n'obéir qu'aux loix de la néceflité:
Îl'en eft-ce pas affez pour lui faire quitter un domicile
où fa liberté en fubjuguée, & où elle ne peut confulter ni la voix de la raifon, ni celle du devoir?
'
Ma ,plum~ fe ref~fe " à juHifier mon averfion pour
une Ville. qUi enc,hal~e la Dame de Gabriely, il eft
trop affltgeant d avoir une volonté qui contral'ie le
~efir de fon ~p,oufe; mais ' fi des difcours empoifonn s ont altere la ?ouceur de fon caraB:ere', qu'elle
7 pas du mOInS à l'intérêt de fon bonheur:
ne reline
peut-elle être heureufe dans une ville où elle vit loin
du fie~r de ~ine & où elle eft privée de cette conTidé~a)t1on qu une femme tire de la préfence de fon
m~n , Peut-elle être heureufe dans un lieu où tout
lUl retrace, un' éclat qui s'eft évanoUl. & ' ou\ 1eS
regards qu a:ure fa beauté font troublés par les re~:ets, q~'exclte fa parure? Peut-elle être heureufe avec
de fan b'lenlalteUr,
c'
1es reproches de fon
b Indifference
.
eau- pere 6r le blâme des gens de bien ( Qu'elle
19
compare cet état à cette fituation l'aifible que lui
offre la félicité domeftique, elle verra fe réalifer cette
chimere qu'elle décrivait dans unè de fes lettres, elle
aura la gloire de réparer les malheurs de fan mari,
elle jouira du plaiûr d'élever fa fille avec décence, &
elle ne forcera point ce jeune cœur à une préférence
in;ufte; enfin, elle édifiera fon fexe par fon exemple,
& elle ' ne facrifiera fon goût que pour faire triompher
les bonnes mœurs.
U ne main plus habile développera les loix inviola1 bles qui obligent la femme à fuivre le domicile de
fon mari: auffi bien cette tâche eut attrifré mon ame:
ce n'eft point la raifoq de mon époufe que je veux
, ,convaincre, c'eft mon attendriffement ,que je veuX lui
faire partager. Eh! puis-je m'abufer en croyant à la
fidélité de fon cœur? Ses lettres atreH:ent l'hommage
•
qu'elle rendoit à mes intentions & fon zele à me
confoler dans mon infortune; depuis cette époque rien
n'a changé que fon domicile, qu'elle le quitte & elle
fe livrera à fes premiers fendments.
Si l'Arrêt que j'attends aveC refpeB: pouvoit me
~ontra!ndre d' aller ,à Marfeille, ce. Mém,oire, compofé
a la hate, atcdterolt à mes concitoyens, que je n'ai
réclamé les droits d'époux que pour l'honneur de la
Dame de Gabriely & l'intérêt même de la fociété.
LOUIS-AUGUSTE DE LISLE.
AILHAUD fils, Avocat.
J
SIM 0 N, Procureur.
M. l'Ayocat-Général DE MONTMEYAN portant
la parole.
l
/
�-
.
!
...
.
.
J
.)'.;
,
•
,.
.,
•
..
PRE CIS
1
J
POUR la Dame de Gabrielis de l'IDe
CONTRE Le fieur AUfjufle de l'Ifle, [on mari.
L
E fieur de l'IDe réclame fa femme. L'a·
t-elle quitté? C'efi lui qui la quitte., & qui
vient en[uüe demander que [a femme [oit tenue
de le joindre.
Dans quelles circonflances & comment cette
demande efi-elle formée? Le fieur de l'Ille efi
failli. Sa femme efi féparée de biens. Il declare
vouloir établir [on domicile à Aix. II dit à fa
femme: je n'ai rien. Apportez vos meubles &
vos revenus. Venez concoùrir au choix d'un,
logement. Rendez-vous, avec notre enfant commun, auprès de moi) ou retirez-vous dans un
?
A
\
�2
Couvent. Les in jonaions , que, je follicite con·
tre vous, doivent m'être accordees avec la daufe
etiam manu militari.
Nous foutenol1S que ces fios vr~i~ent ~xtraor.
dinflÏres, font in ju{les &. ahfurdes, fOl,t qu'on
les cOIlGdére dans l'ordre général des, pnl1cl ~es ~
foit qu'on les confronte avec le~ faIts paruculiers de ta caufe.
La femme efi obligée de fuivre fon mari.
Voilà le grand principe invoqué p~r le fieur
de
l'IDe.
Mais l'obligation de la femme e{l-elle fans
refiriétion , fans limitation aucune? En-dIe ab·
folue dans toUS les cas!
Pour décider cette quefiion " importante, il
faut remonter aux véritables principes des ,hofes.
- '
Le mariage impofe aux- époux le devoir de
cohabiter enfemble, &. ce devoir dl fondé fur
le droit naturel &. Divin. Il eft intrinféque à
l'e{fence même du mariage qui établit entre les
épÇ>ux individuam virœ conJuetudinem.
Il faut convenir que, toutes les fois que l'obligation, impofée à la femme de fuivre [01\
mari, fera une fuite du devoir de la cohabitati,on ,cette obligat~on, fera abfolue comme le prinCipe duquel elle dénve.
De-l,à !es Aure.urs en feignent que la femme
efi obligee de fUlvre fon mari dans l'exil dans
le lieu ~u bànni{fement, pourvu qu'il ne' faille
pas [ortlr du Royaume &. oénéralement dans
tout domicile forcé.
'
b
En effet, dans toutes ces différentes hypo•
the~es , ou
3
il faut dire que le mariage eil: di1fous,
ou Il faut avouer que les époux doivent faire tout
ce qui eft en eux pour fe rendre ce que l'on appelle en morale &. en Juriîprudence debùum conjllgale.
Or " le bannifièment &. l'exil ne rompent pas
le map~ge : d?n~ la femme doit accompagner
fan man dans 1 exll &. le banniLfement. Car fauril bien qu'elle fe rapproche de lui, puifqu'il ne
peut fe raprocher d'elle? Sans cela le mariaO'e
re~onnu fubfifiant de droit, feroie rompu pa~
1:
faIt.
Et nous devons faire obîerver, que d~os, ' les
hypotheîes fur lefquelles nous raifonnons' &
qui touchent à l'efiènce du mariag,e , l'oblig:tion
de la femme &. celle du mari font égaléS. Le
mari eft obligé de fuivre fa femme dans un domiIcj1e forcé, [out comme la femme, dans ~n cas
(~mblable ~ eH obligée de fuivre fan mari : ~ir
tenet~r u:x:orem fequ~ ,e~ jufiâ " & neceffariâ
cau.fa deferentem, domlcl~LUm, & in aliud migran.
t~m (1). La raifon qu ell donnent les Juriîco-n·
flll,tes ell:" que dans tout ce qui tient aux ,de- Vairs, fans ~e(quels le mariage ne pourrait [\.lbfi,ll:er, !es ep.ou:, font dans une é.galité entiere
~ parfaite , quza quoad debiti conjugalis redditLOnem , é{ mutua obfeguia, ambo conjuges fone
pares (2).
.
([) Boffius,
de matrimonii contra(~u tom Nernier
. 5
~l,
cap.
h
6 , y, 2.
(2) Ibid.
,
.
'
.'
�5
1 as d'ûn do~
Mais eut-on raifonrier, ans e c
,
,
"
Ph'
d'un domicile fpontane, d un
IDlclle de ~ OlX,
l'on raifoIlIle dans le cas
domicile lIbre, c;omme
, '1e cJorce' 1,
d'un ' domiCl
d . ' '1
S'a it-il d'un domicile libre, d'un O~lCi e
hg, 1 Tous les rapports entre les epoux
d
e c OlX 'Alors les Jurifconfultes nous dirent
.
r. .
r
c hangen t '
ue fi la femme peut être obbgée de lUl:re Ion
q , 1 mari n'dl: plus obligé de [Ulvre fa
mar1 ~ e
' r. ' fi br;
fi mme : non ramen tenetur Vlr Jequ~, z a '} que
4
,e,fl A
cl
,fia" & viri licenciâ decejJent uxor (1).
.,
1 D"
.
JUJ.a cau)' ,
D'où vient donc cette dlffer~~ce .
o~ VleIlt
l'hypothefe d'un domIcIle de ChOIX, les
,
, ,
'
que da ns
époux ne font plus reputes, eg~ux p~r. rapport a
leurs droits, & à leurs obhgauons, reclpr~ques ?
Il n'dl: pas difficile d'appercevolf la ralfon de
/
cette différence.
Dans le cas d'un domicile forcé de la part de
l'un des deux époux, l'époux, qui demeure li,bre de' fc tranfporter où il veut, ne pourrOlt
refufer d'accompagner l'autre époux, fans rendre la co-habitati-on impofIible, & conféquemment fans attenter à la fubfiance du contrat de
manage.
Et dans tout ce qui eft de l'effence, & de la
fllbftance du mariage, la condition des époux
eft néce,ilàirement égale , quoad debira conju-
galia ambo flint pares.
Dans le cas au contraire d'un domicile de
chàix~ 'un domicilié fpontané , les deux épouX
(1) Bolllus) Ibid.
peuvent
peuvent s'entendre & fe concilier, & s'ils ne fe
concilient pas, il faut donner la prépondérance
à l'un d'eux, parce que, dans une fociété de
deux perfonnes , il faut donner à l'une d'elles le
pouvoir de décider, pour conferver le bon ordre
de cette fociété.
On comprend donc que, dans le cas d'un
domicile de choix, d'un domicile [pomané , l'o bligation , impofée à la femme de fuivre fon
mari, tie!lt plutôt à une loi de Police qu'à une
loi de néceffité. Cette obligation n'appartient plus
alors à l'e{fence du mariage qui n'en filb-fif!:eroit
p~s moins, foit que la femme f~t plus ou moins
dép:.ndante de la, volonté du mari, fait' que le
man eut un empIre plus ou moins étendu fur la
femme.
On a cru à la vérité qu'il étoit utile pour
le gouvernement domef!:ique, que·, dans l~ c·hoix
-du domicile, comme dans toutes les autres affair.es du menage ! le mari eut la prépondérance,
& Il faut convemr que ce pouvoir du mari eft
fondé fur les indications de la ' nature fur la
différence morale & phyfique des deux fexes.
Mais ilu'efl: pas moins vrai que la diffërence
entre l'hypothefe d'un domicile forcé & cel'e
d'un domicile libre, ef!: entiere.
'
;
Dans l'hypothefe d'un domicile forcé l'oblig~t5.on impofée à. la femm.e, de fil ivre [o~ mari,
der~ve du deVOIr e{fentlel de la cohabitation
conjugale -' devoir qui eft même commun par fa
nat~re aux deux époux. Conféquemment l'obligatIOn de la femme ef!: dans ce cas abfolue. Elle
B
�rte
p~>urtoit
.,
()
ceifer ', fans qùe lé' mal'iago même
fut àiifous.
'
Il en dl: autr~me.nt dans Thypothefe
d'unJdomicile libre. L'obligation, impQfét\l à la femme
de Güvre fon mati, ne dérive p1u5' ators clet. ,la
néceffité des chofes. Elle dépend d'allt(es pnncipes. EUe tient U1iÏ-q\:lement cl l'a\tl01'lté ,d'admini!lration & de gouverae ment .,. q\l~ lon a
crû devoir donner aU mari ,. comme chef de la
[ociété ~onjugale: vit eft . e~Fl.l ,. ,ipJiUSq"f .~~
gûbe
& con{equenter euam dl~-ere d(jfNL01>
m4Fe
lium. (1)
"
"' ,
Cela étant ,_ il eft aifé de nxer les regl(tE; qui
doivent nous diriger.
~ .,
1 0. Le choix du domicile n'étant qu'u:ne bran.
che de' l'autorité d'adminiftration & de gouver"
nement reconnue dans la perfûllnè du , mari, la
liberté de ce choix ne fauroit appartenir- plénié.
rement au mari qui eft judiciairement '& légalement dépouillé en tout, ou en partie du poùvoir dont cette liberté n'eft qu'une dérivation.
20. Le mari même, qui copferve toute [on
autorité, ne peut raifonnableme nt prétendre que
cette autorité foit ;.lrbitraire ,& _puiife devenir
tyranmque.
.
S'il eO: donc vrâi que le mari ait le cholx
du domicile, il eO: également vrai que le Inari
ne peut abufer de la liberté de ce choîx.
On objefre inutilement que la terre dt' le
(1) 2olIiu!»
ibid.
partage des e~fans des· h0111mes, que chacun
peut, fe traq[p.?rt~ où il veut , & que c~~~e facul~e ea le pnqcLfilal tO(lde~l1~llit d~ la hbefr~ humame..
.
I;objefiion ~eroi.t con·cluq.nt~ ' , fi elle '-é_~oit
pr.opqfèe . p~r un· .êtrtil i[olé :1 maître abfolu de fa
defii.p.ée , au fort , d.~quel' ne.lt~;it Slttaçhé le raRt
de p.ed~one autre.
'
_! !\tais le chef _
d'upe fa.l11ille n~ : Be~t r~~[(}.Qner
ai,n:~.. 11 dt co~p.taQle d(}: [~ ~9.!p.ç1uit.e à,-~eux
qU} Y:lVent ~,s- Fo.Q.l t t'0uv~z;.Qen,~J1t. Son 4.l!tQrit.é
ne, ~u~ ~ pa;s e:te ~n~e urMq~e!neqt PP!\fl.t: _Jon
lltljlte parqçuhefe i mal~ . pOtt( l'~utilité C€lnu.nune
de la famille dont il eil le cb.ef.
,
~ .]) , Ce~x qui) ont,-d.~~ , ; s'~cie W'} J~lii[i~.fulte
)) ?Io.?er~~ (1) i CJtlJ~~ l,a pui&ànce QumaFi était
)) mftltuee en faveur du mari, [ont tqmQés dans
» une gr~d~ ~rr!4F: Car Gprtal-l1ent: co.rtcevoi~
) une admtnlftraÇlQn . qui 'tourne ~oute à ta vanp tag~ dé l' Aqmin~ft(atetm? »
,
» ,Ce qui a p'eut--êt~e d~nné li~u à c'etce' I..né» rr:.lfe , efi Imcapacité 'où etr la femme; de
)• .falr~ auc~ .a~e [an~ l'au.wrifatÏon :d~ [on
!!, (Dan: , MalS q~~ ne V.Olt que ce pouvoir-,o'eil
) donne ~u t"?,~n que parç,e qu\l lui eft ~.pfolu·
) i~ent n~cefi~lrel ~our exercer la .proteélion. que
» l,on e.xl.g: ~ - Ul envers, [a fè'mme, & gérer
)) ,a d mmlnratlon
de la [ociéfé con}' "gale'
"fi
.. . ., que
) c eut ete ,une ab urdité de lui !~pofer une
(1) Pige au procédure civile du Chatelet de Paris , :
tom. 2.. pag. 176. & Cuiv.
�9-
.
n
»
»
)}
)}
obligation ~ fans lui fournir les înôyens nécef..
faires pour la remplir; .en un mot, de le
charger de conferver le bien de fa femme &
de la Communauté, & la~Œ:!r à celle-ci la faèulté de le diffiper à fon gré; aiofi la Elne
ou
femme, ~ l'autorÏte confiée ,au mari,
)} doivetu être ·coiifidérées comme établies ~en fa» lieur de la femme .,& de la fociecé conj!tgale',
)) eft la
» de même que les impôtS' &.. l'obéi-fiàllce el1» vers la puifiànee politiqué~ ,;font établis pÇlur
» la mettre en' état:- de rempl~i le ,but de fo# ,inf~
» titution, & fonf par cûnféquent fn faveur
» des peuples, &: non en faveur de celui qui
» les gouverne. »
\
•
Mais-' qu'avons - nouS ' befùin d'autorifer des
maximes ql!li font fondées fur la' nature & fur
la raifnn ?
{
Si le- mariage donne des droits au mari, il
lui impo[e des obJigations~ 'Lë plus faÎné
des contrats [eroit-il le feul -à n'être pas recir
proque ?
'
La reg}.~ eft €lue: les droits du mari , ce {fept ,
toute-s 'les fois quë l'ufage , 'qu-'il "v,eut en faire,
feroit" iriconciliàble avec fes oMigations. Voila
la véritable limite de l'autorité maritale.
Ce que nouS dirons de l'au't orité maritale en
général, s'applique par nécdIité de conféquence, à la liberté de choifir le domicile, liberté
qui n'eft qù'une branche de cette autorité. '
Auffi le choix du domicile n'a jamais été réputé eotierement ârbitraire.
On 'a bien ,dit en thé[e que la femme elt
obligée de Cuivre fon mari quelque part qu'il
aille) [ans que celui-,ci [oit obligé de prollv;,r1
qu 1
•
qu'il' a' juA:e ckufe de chang-er fon dOlui:cile
~
teneeur uxor fequi lIirum, licèc ! riuUa dewr 'jufla
caura mùtandi , fld arbùralll tantùm [uo ' lIir
mutile (1).
~
"J
M,ais les' mêmes Auteurs ont- dit' également
que fi le ma~i " enJ changeant de clomicilè' ~ e~
difpenfé de' prouver que ce changement efi'.falt
pour ju~e cau[e, la femn~e !le fon oôté eIl:' il1coat.dlablement difpenfée de l"'ôMlgaÜon~de' fuivre ~ quand eUe_-prouvé que la lC~ufe du · c~an-.
gement e!l: n~al~ànriête & dat'lger~l'if~l: ,ux,Qr non
tetz~éw.r feqUL
,voZ,en,iem 'mutare. ~do
mïdlitlnf " quanclà " lf,zum - fequehdo exp(}~~€tl-l-~
rilO~ali" periculgf\ virœ-i'el- iltt-èr'ius IJ gr!avi's 0 de'tfii'
menti corporizlis t vel 'ani~œ-1('i.,;) ~rD' :', 01 ('~lr_,~
,: Et , il ne faut l pas abu,fe:r; _de~' tnats J,pericttl'à
l'uœ lIel, ammœ J 'peu,r 1 en- .~ndu~re qu 1dc ii~y a
l'lrüm' /ùum
qU'e le dan:ge-r Ide- la é: ~ie oùA lù falut de bl'a:rnè
qui puiife autorifel":.u.lJeI fëfufil'è-( à~ Ï1e ' pas' fŒlVll0
,j1 ~
••
,r-'" • ~
~' ,~1 .1 ' ....L- ~, r
i
Ion' ma-rl.
' ~.:.-,
,iJ_' "
Car , -dctns- ,cett€f' matier'e' , ',è'eft " lm '-'pl'i'lcipe
Gé'l'.taÏ'n 'que Ile~ ':J dàngè1"s: ~ (1~sLr~fques "doiyerit
êtrè pèfés relafivetnen~ i~à' !Pécat -& ;,à l~ edh~'
tioJ~ dès perfo'nneS:.'"
;- . ,i "0'; ,;-' j:: ,k '" ,r, ~ ~>
, En" ~!fet, qu1à'n'd ;1-1': s~agit~iir~~ ','de la ~fé'pa:.
tion ,'des! -épbu.xi \ ,\ <?~n';), n exige, l.pds '9..u'é-'td :v,<ie-'âe
la femme foit en l datiger.' l',)~ Ile \.D(oit G'àd.OÀ11
» .qué ; -:dif ,Dlcon1be:
-(
~)
~
iparoiffoit
'l,e~' déiiter.
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(1) ':S61nus
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[ ~ ;,. 551UCI•
.~ Lr'f -)
E '') ;:
(2) Boffius, i'bid.. "l"
! '
'Jb !i.!~,cr
(3) Matieres Civiles, au mot fepara .im, part. 1 -n:'9'
:r:
C
�.
10-
no~ tnϝ"rs,~ ceJ~ v~ea PJlS, te.
» qùis. Il- (uJ\iit· que le~ faits [oient , graves. Il
» faùt avoil! égarcl. aux perfbnnes. C~r ce q\,li ne
» feroit pas un moyen de féparation entre g'ens.
» Mais" fu-ivant
n dl!] t~mmu'n ,e~ p,eue r~rvÎ:.1\ ~1ttr~ per[opnes
)) d'u'[]~ ClOHditiQIl-' plu-s relev.éc«(. ·,:,
' .. ,
E~ droit, la cÔ:9f.éQu_~nce dL\. p.tlslS' au,' 1'J1oins
eil: ~alable. Obn.Ç-, Ji- 10r[qu'iL '~~\t , d,t: la 'fé.
paration des épo~! " il, n'è,Q pas ~éçelfaite ~ -p-~~r,
autor-ife-è cette. [épar~tJ,on- " <t~e IR f€fl!lme~ CPllre
le d'que de .fa. vie _, fi on m~fur.e *s f,i.i ~ Jur
b fI4,alité d~s , p~r.f0.nnes,' ~ . pl'~ JQrre . ~aiJoq
faut""iJ-adm~tt1:~ J~~ 'm111les iegl~~ ,,' qljaQQ , il' n'e~
q_uefiio~l. que- de pef~rl les , cÎ.1sço..nfiâf)(~.es dari~, l~["i
quelles u?e fem~~ peu:t' êt.,r~P,U :dl'êtt;re . pas' olüil
gée . à'...\ful-v("~i fon' ma:l i domlczl~u..m. mutl:mte~. .
, Da {acl\lte :,de )chOll1r ie ' dOI1HÇl1~ appartlen~
fans !dQyt~~ ~J.l. mari. ') Mais ;- !, uf~ge d~__ce~çe 1a'"1
cuIté ,d9.it êJ.~e :'piSJ.1 ~§:H1Qnaé'1 ' , , . "
.. '
Il
dès Auteurs, & ~ entr'autres, AleJ<;an4~r
de N(E,'fIrO 'f! c:jt~l 15ar J3"o.jJius, <}:4i .,gnrc :foi!t~nu que
la f~mme , n~é~pjt 'pC}ipc ~blig§e G de fl:livré .JQ!J
ll1a,ci, ~ ij).J3;l1Q _cel1.lj ~uj ~h'!tl~~9jt :~~. dOl11'ivi}~ [<\n~
néceŒté & fans raifon légit.im.e :'] 20n l~JJ§ri- ~i
qt~ )r ili L!. m .n ~fz:.,t:-'Jfn n ~ç~ji/ q~e ln f.fp j-f1 q' ~cO:lIfL!f1~
la~él]1 ~4oml~zl~wp j quo 4 d..lJ.{)UlJ1xfit: -p:bligan r.9;d
ici c/ùrc.J CJ1-4fâ juftâ (mUfat.b9,n.is {1 J ' • L! ~ __ .
_~ t~~ l\.9tePJ.s ..llj~ qplljsl rl~~cWfu .&~ le~ ': p!us ~llfteres ont au moins' av'ou"é que l'obligation, im·
pofée à 1a rem-me-de- fu,~vi~ full mar' , celfe J
quand il y a grave preJudlc~,iRouLi!le (,d~~s
le changement de domicile ,.\;, lvqve 1 Pr.œl uflt.
. t'J\ t'\"~I.~~' 1~
Pli: ,.2~' ..; ,....,;. '"- ....
• '"
( ~
, (lJil1J
.'il 1 (~ HU,
ea
ft
4
,
.
,
,.
'I I
C'efi un au'tre principe, que la femme; da'os
les conventions matrimoniales, peut fiipuler que
fan "mari demeurera avec elle dans un certain
lieu" daos ' une 'certaine Ville. C'efl ce qui nous
cfi! en[eigné par 130ffius ( 1). - Dicendum, dit-il,
paJum habùandi in certo loGO, aut aliquâ Ci1lùate, aut domicilia llxorÎs, inter conjlfges appofitum ab inùiô matrimonii, effe validum &
obligare -prœcisè ad commorandum in illo , loco.
Et q.uoique, continue le mên:e Auteur, la
'femme fait renee en.. général ,de fuivre [on mari
par-tpllt, où ,celui-fi; trouv..c bon d'aller; Il efi
pourtant certain que le patte ~ par leql:lel -Ie mari
s'enigage. 'à ne pas changer de d6micÏlIe &. à -demeurer avec [a femme dans un certàÎ'n lieu, :'o'a
rièn de ,~ontraire aux ' bonnes mœurs ~ parGe que
Ge patte peut ,être . fiipulé pour junc cau[e" p'ar
e}Cemple, pour motif de fanté, & 'p our qu'e la
femme , ne quitre pas des parents "qui lui ' fone
~hers. .& _qui p.euvent être utiles~ à. fa famille:
& ,licèc uxo.r tenealllr obedii-e ,~ tnan'to in-alill'rrf
loeum ft. transflrenci, nulla tamen. apparet tur-pitudo
,bonos mores natuU1le~ in hOG' ql,Jod
il~efe paao ob}iget 'od habit:anallm.:,cum Je& ' in
cerI~ ,l?co,., quia.. lalis Qoligat!'o ','e,:Jc 'juflâ ~aufâ
apponz poteft & fllet : quaiz s . effet, fi ijm-uliet
effit, vale1udinaria , & aliud cœl~,m (aIubriùs ' eo
quotL Jlafcifehs , elil5'lt, non teperiatur ~ vd ne
pape~Ie:rl.l & ,confa~gllineos defèrer:e cogatur-, - &
l'm:cul ' ah ers ,V:ll!ere • • . • ,: hoc paaum';l non
contro.
f~-
~~
,
T'
1~~..!._
~
~ .,...
. ....---:'.-:,~
, - - -'-:-:, ----.--;-O--.....,..---r--:.'
(1) I}e matrimonii cO'ntraBu, ch. 6. §. 3.
..... ! . '
l
,
'
/
�q
d' , ,
11
aditnit lihertatèm fld folùrri rejlringit & unzj
. quœ
.
diminutio honeftarur
quo,
mut,
" ex bone
,
. d' xor imà uterque conJllx acclpll,
.
zn F
e
u
,
.
l'b
fc
gne
ont;nella, de ,paais nuptw l us , en e l .,
1
A
chofe 11 penfe comme Boffius qUl
~ mlet"?eme
cIte
UI- Ame ~ne foule de.' textes & de doctrines pour appuyer [on aVIs. .
. ï .
Or fi la liberté dans le 'chOIx du doml~l e ,
11. d ' volue au mari, peut êtl e modlfiee &
qUl• en
e
,
1
refirei~te par la convention. des padrt1~,s ': a' p u,s,
e
'
.r
cet' te liberté peut & olt'fc erre' re.
Jorte
rallon
gIée .oq .d~rjgée par la loi ." par la raI ~~ ') . par
la jufiiCé. ,
.
,
, '1'- 'r ~.
Car enfin l'office. de la loi efi d~ reg ~r:r Q- ,
fi .. de tout droit, de toute autonté quelcon- '
age ( L,'office d..c la loi en de nip.uler pour ' le
que.
.
r'
d
foibl~ contre le ', fort. On n'a, pas .belOIn · e con-'
vention pour . fe . ménag~r les ' ava?ta,ges qu~ ',la
' l1.ice' naturelle' &. ciVIle 'g arantit a wu t, I€H~.
)UI1
• il '
..,
1
[enfible' & raifonnable. Là où la Jt:l:UIC~ . . p~r e.,
c'eft· i~ lui [ans . lé minifiere des partIes, 'qu.~
~ , 'c~~tr,aae' PQW' la per[opne ~ qui .ea mena~ée
ou .. Qffe.nH~ ; 'pout', l~ . perfonne " quI , fQU~rB~...'. \
If .en dans le', drent , comml;m.; dans la. natute
m~l~~ des choies. , qU'tIn mari ,-',qui :veut cha,n:..
';'pr fon , do'm icile, ait les mqyens de l'établir•.
~.., Car ~n particulier, qui en fans fuite,'" peut
avec'-p lus ou moirs, ,de re{fo'u_rèe,s îe tianf~6rte:,
par-.t our fan s ~~nfequenc~; ,' ~IS ,un ~ar;I- \.qUl~
quitte·fon d-orn.lcde., & q.lll a. ,la, :pretentlon d'ap,peÜer femme, & enf~ns dan~ ~ nou~.::u dom Icile -qtrrl chOlfrr,-'11@ pouvoIr, Gans ce nouveau
femme. & : ' fe.s
domicile, offrir ~ Qa~an~i.r0.jl
fm ans,
fans, ce qu'il leur doit en force des obligations
1
la.
,
1
•
que lui impofe le mariage.
'
,
Les droits d'un mari fo'n t inféparables de [es /
obligations. Con[équ~ml~eqt p~ur pouvoir ~orc~r
fa femme & fes enfans a le fUIvre, un man d'Olt
pouvoir être dans le cas d~ remplir à leur égard
[es obligations -dans le lieu où il les' appelle.
. Le [eul déplacement phylique de la perfonne
ne conn.itue pas, pour un mari, qui eft tenu '
de pouvoir au bien être d'pne famille entière,
veram mUlationem domicilii: Un pareil déplace- ~
ment., f.ait [ans moyens & ,fans r~ilources :", n'ell
que ~e 9u~ les 'Nuteurs, a~pe1Ie?t v~lJ,ar~o: : Or.,
cerdune-ment la f~mme n €fl ' 'p~ ~ 'oblIgee d~ fUIvre , ifon lmar.i- qui 'vaglje, . fi lé 'dépticem:eht ' de
ce mari :n'ell: qu'~n €hangern ~nt ' t~h;éraire, fondé
fur alJCUne rai!On'-légi'f1 mÇ: ~'eft dè 'qùi nous
eft attefié par ç~~arruv!as ,~ ( i ). : Cumux-;ribus
€dmpdat', dit ce- Jurifcanfulte, .'obremperare mariris Ji marÏtus vagari velit; :!Lon temer..è, fed
jufte; tenetur "& tunè' lIxor je. mprÏto ' flkiam
exTziheT'c :--{zn vero , vâgatlo' ii:rriùprla Jit" nul .
lâque juflâ ratio ne fiat, 'ux oFrvirum fiq u.i' non
tenetllr. '
~.,
r:
r
,:
~1"(l'
Or certainement" il n'y a rpas ~de déplacement
plus téméraire de la part d'un ' Plari, que celui qui dt fait -[a'us "que le m~rï:ait les moyens de
l'exécuter convenablement· pour fa famille.
Pothier, dans fon traité du contrat de ma.
(1) Tom. premier, parr. 2, Chap. 7, n. 7, pag.
23 S.
p
�(2.) dit
14avec la Loi & avec les JuriC-
J'
.
l'
d
.
confultes , que le man eft , o.b Ige ': recev9~r
che,lui fa femm~, de l'y. (t auer marll~lemen:, '
c' efl-à-dire, de lui J;;.urmr ,lPut c,: qlll eft ne,,!"
ceffaire pour le~ bejoms de la vu, filon.. fis.
facultés & [on ét,a t. .
.
Ce -que dit Pothler, en Journellement JCon~
facré ~ fuppofé par les Anê,t$ de la C?llr qm
ne font injQnaion à une f~m,[l1e de CUIvre OU
de rejoindre fon mari, qu' 4 ,la (;/Ja-rge · ·p,a.r hli
de la traiter marÎ!alem,e nt" c' ~œ·à-dire " à la
charge 'p ar lui de rempli,r toutes l~s 9'J;):1igati<m.s
inhérentes à fa qualité de m(!ri.
, , ' .. '.
Dpq.c , l!! ppt,lvQir, qu'à , le Inari de., ,j:haru
ger ~ J<?n domi~le J & cry .~ppeUer fa fe8Jme',
efi: n~ceJfaireme..~t .f\lbordç>nne ~u~ moy~us t & , aux
relfource,s qp'iJ ~ d:y entr~te:njr décemtn.è-nt ,&
convenablement
~ ..'
. "
,
.'fa famille.
- - .. ~.
Tels ~on,t le~' principes;. Fat[ons-ep' l'aEPl.i~
cation à~ la caufe.
,
_ î ,":
Le -fi~4r..d~ rIDe veut établir fon, ~do rrricj~
à ' Aix. Qu~ls (o.Qt~ l~s I~oyen§ ..qu'jl : a' (:Fétablin
ce nouy:eau domicile? '"' ,'-'.
\',
.~
De fon propre aveù, il efi fans fortune ;.
puifque le proc~s .a ,débuté de- fa part _par Nne
dema!ld~" "en alirlfents contre (i{- f~m.U1e.
,l't,"
Il e~ f<;lns état , fans pf(~feiliOR,. fans =:in du{:
trie. Cela ~fi notoire.
~ _ . . . - -~ ,...) ~:
•
0;0
n aD"'"
1
J
(rJ Tom.
2.,
tions du mari. rr
parr:
~
.
S , chap.
_
premier , §. l , obliga_' ,
.
15 ,
~
" 'Sa" femme efi féparée de biens. Gela efi encore COHvenu.
D'où il faut néce{fair~ment conclure que le
ftel!l~ <le l'HIe ne peut pas trop' réclamer fon
droit cl' Adminifiration & de Gouvernement.
' L'adminiltnition du fieurde l'IDe ne peut
porter fur aucun objet pécuniair.e ~" car, ce mari
ne poiIëclant rien par lui-même, fon adminifira~
tion fur fes propres biens manque par défaut
de- matiere. D'autre part, y ayant une réparation de biens entre. les deux .époux, fon acfmi~
tration fur les biens de fa femme , manque par;
défaut cfe pouvoir. ,
II :{ (a'plus: non-feulement le fIeur de l'file n'di:
plus Adminifiratear des biens de fa femme' mais
Gel1e:;ci a. vérit~blement fur fes propr~s bie;s tout
le pau'vO'l-r qU'il faut ' pour les adminifirër "av.êt::
libe(té & avec indépendance:
~ La fel?,me ' ,{éparée de bIen;' , "ne peut' fans
dQu_~e 'ahener les fonds de fa dot , tant qüê le
manage· fu'hfifie. Cela efi p ~ohibé aux deux conjoints. Mais· elle peut adminifirer les fruits ' lX.
i~t~riêts ' . com~~. ~on .l.ui femble , p'ourvu qu.'çn~
aIt le CO!" de pourvoIr à l' obli àa'éion ou ' eUé -efi
d'€?t-r,etenir f~n. rll~ri .-& fe~ e~fal1s, fld fufl~n~
tP.tLO~~m manu & jillOrllm fi "quos hahët. C'di:
la ~eclfion de la Lü Il.bi adhuc au code de-J'ure
dOtlum.
l
'-
",
~a femme, fép~rée de -nieils- , '-a toutes les
açhons de .ra dot. Son mari ne peut plus exercer ces aéhons. Elle feule peut agir. Elle n'eil:
plus quant à ce, alieni jllr~s, fe d fo i. Delà
�16
vient dit Decormis (1), que la prefcription
courc', 'au profit des tiers, contre la femme
féparée.
Le mari, qui par le dé[ordre ou par la dé.
cadence de [es affaires, force une femme ' à r:é.
péter [a dot, eil donc entie~e~e?t dép~uillé de
fon pouvoir & de [a quahre d AdmlOlilrateur
fur les biens qui compofent cette dot. Il peut
feulement prétendre des àlimens.
Or, plufieurs con[équencen~iflènt de ce prin.
clpe.
. D'abord les alimens, qui [ont dus ex Lege,
ne ·font communément dus que dans la mai[QIl
de celui. qui eil obligé par la 'Loi à les f.ournir :
ljui a-limenta renetur prœflare , non alibi cogitar
da,re, qu.àm in ,domo ~rop"riâ, & Ibi C()girur
alrmeritarzus habuare. C eil la DoB:rme de~Sur.
dus (2.). La -regle eil fi certaine, que, d'ap·res.
le I?ême Auteur, le, p;re ll!i-même. ne peut ré.
guherement & fans caufe forcer fon fils ~ ,lui
fournir des alimens hors de fa maifon: eodem.
modo parer non porefl à filio petere alimenta
exrrà domum (3).
....,
:, ,.
, Nous he ' voulons certainem~nt pas ind~i;e,
delà qu'apres ra féparation ·de ' biéns ' la 'femme
fait al1torifée à fortir de la maifon d: fon -m~ri,
f
"
(1) Tom. 2. col. 1 S17.
('1.) De alim,ntis titre 4- quefiion
2,SI.
(3) Ibid.
14. n.
1.
page
Il. II.
1
pout
..
17
'
.
pour obliger celui-ci à venir chez elle . .Mais' ,
nouS voulons & nous fommes fondés à vouloir
en induire qu'un mari, qui eil dans la cas ' de
demander des alimens contre fa femme, ne peut
arbitrairement quitter un domic'ile établi, & .
dire à fa femme: venez me nourrir où il me
plaira d'aller, Un pareil fyfiême feroit cqnçraire
à tous les principes , à toutes les idées, à tbutes
les regles connues.
.
En fecond lieu, le choix du domicile tient
effentiellement au pouvoir d'a~minifirei & ' de
gouverner les biens. Car ce choix ne peut fe
faire fans les dépenfes néceflàires pour l'exécu- '
ter. Il faut des frais de tranfport, de voyage .
d'achat , de déplacement. Il faut · combiner c~
qu'il en c~ûtera dans le nouveau domicile élu.
Il faut balancer les charges avec les' revenus.,
Or , de bonne foi, le mari 3 qtli n'a rien par
lui-même, & qui efi dépouillé par la Loi de
toute adminifiration fur les biens de fa femme
peut-il fe permettre .des aétes 'qui continu~roien~
à le fuppofèr Adminifirateur libre & abfoI'u?
A quoi ferviroit donc la féparation des biens, fi '
nonobfiant c~tte féparation . le mari pouvoit conferver le drOIt de ' ~~riger les opérations du menage? Que deviendroit même l'adminiilration
que les Loix confient exclufivement à la femme
féparée? Le .pouvoir d'adminifirer efi inféparable du pouvo~r de regler les dépenfes. C'efi mê~ne le pOUVOIr de regler les dépenfes , les proJets, ,& autres ~hof~s ,cemblables , qui conilitue
effentiellement 1adlmmfirateur. Si la femme féparée étoit obligée de fournir & de ' payer, ,&
E
�'tS
<tue; l~ droit de dée..enfer demeura.. à l'arbitrane
du mari, c'eft vraiment celui-(;:i, qui demeu~ergit
nanti _du pouvoir d"adtrunifiJ'"tio,n , & la femme
ne ferait plus qU'UR Tréfori~ ou un ,caiffier pu~
remenç paffif, obligé d'ouvrirJa- caifiè à, lave>.
lonté de l'Adminifirateur. Or, cela n'dt pas
poffible ~ ~n droit." puifque la femme fépafée a
l'adminifiratieln ' pl~niere & proprement dite, à
l'excluGon,du mari qui n'a plus la Gonfial1ce
de la Loi,. Donc ' tout maTi, qui a perdu l?ad·
minififat~on . des bien: ' a necefiaÎl:ement pe·rdu
le pouvOIr lIbre de faIre des aétes efièntÏellement
liés -à -cette adminifiration.
.
Et que ron ne dife pas que, la féparation des
h.iens ne détrui(ant pas le mariage, elle né détruit pas le pouvoir du mari.
, ~e ~na~i ~ deux pouvoirs difiinéts : le pouvoir
de JunfdIéb0!1 rur les mœurs de la perfonne, '
& le pouvoir d'Adminifiration fur les biens.
~~ fé~:~ati.on des biens ne détruit pas le POll~ o~r J~n.èl.Ia~onne~ du mari, parce que ce pouVOIr, 111tnnfeque a la n,a ture du mariage, dure
autant que le mariage même.
'
Ma"is la féparation des bien détruit ou fu[~
p~nd '. d,ans la perfonne du mari , le pouvoir
~ adm1t1lfi~er les chofes , puifque l'effet légal de
la féparatlon ne conGfte même qu'à faire paOèr
fur la t~te _de la femme l'AclminifiratÏon qui appar~_et.101t auparavant au mari. ,
Or le choix, du domicile eft~il ude branche du
pou~oir JurifdiCtionnel , ou appartient - il au
pouvoir 9'Adminiftratioll?
Le chofX dL} damic;il~ appartient réguliére~
19
ment au pouvoir cl' Adminifiration. En effet quel
eil: communement l'objet d'un changement cfe
domicile? Dans un pareil changc: ment ? on [e
propoCe ,d'ordinaire de porter ,[on lOdU~f1e dans
un lieu plus favorable, de mieux a(feolc fa for·
tune ou [on commerce, de cho~Gr un afyle plus
conforme à l'état que l'on a embra(fé, de mul·
tiplier {es re{fourc~s par. un dép~la,cement bien
combiné. Ce font-la les ral[ons uhtees. Donc le
choix du domicile, à le conGdérer par fon objet,
eft une dépendance du pouvoir d'Adminill:ra-
..
tlon.
GonGdere-t-on le choix du domicile dans fes
effets &. dans [es fuites inévitables ? on trou v e
de ,noluvelles raifQns pour fe convaincre que ce
choix eO: e(fentiellement lié au pouvoir d'Adminifiration , puiCque nous avons déja etabli qu' il
fuppoCe & qu'il entraîne des dépenCes & des
projets qui ne peuvent être dirigés que par celui des .époux à qui l'AdminifiratÏon des biens &
des revenus cft confiée par la Loi.
Ce n'eft pas que le choix du domicile ne puilfe
devenir, dans certaines circonfiances &. par oc,'{Gon, un aCte ,du pouvoir Jurifdiaionnel. AinG
un mari peut condamner Ca .femme à un dOlni ,île de peine ' ~ de cor~eaion. Mais ce n'eH-l à
qu'une cho[e ~'accident.
'
Et quand on f~ ~rouve dans une hypothefe
~uffi Gnguliere &. auffi émergente du cours 01' Cilinaire des choCes, le mari doit motiver & prou ver. Il s'agit alors ,de l'honneur de fa femme
qu'il ne peut compromettre fans preuv~.
Ce qui eft vrai dans tous les cas, le Ceroie
�21
Z.d
bien davantage vis· à- vis d'une femme féparée.'
Car le choix du domicile, lors même qu'il de.
vient par accident un aéte du pouvoir J urifdic_l
tionnel, enrraÎnant toujours dans ce cas ,~om
me dans les autres, des dépenfes & des projets
qui ne peuvent s'exécuter fans le vœu, & tans
le concours libre de l'Adminifirareu'r des biens;'
un mari, qui feroit dépouillé de l'Adn1inifira_
tion des biens, &. qui voudrait par forme, de
peine &. de correétion arracher fa femme à fon
domicile, {eroit dans une obligation plus fpé.
ciale & plus rigoureufe de jufiifier les motifS de
fa conduire, avanr que de pouvoir compromet_
tre l'honneur de fa femme & de pouvoir la gêner
dans une Adminifiration qui lui eft contée à
l'exclufion de fon mari.
Au furplus nous ne fommes & nous ' ne pouvons pas être dans ce cas fingulier.
'
En effet comment a comme,ncé le procès? par
une demande en alimenrs forméé pâr le fleur
de l'Hle contre fa femme. Les pàrties n'agitoient
dQnc pas entr'elles une quefiion de mœurs.
Qu'efi-il arrivé? la femme a dit à fon mari :
je n'ai qu'une dot de cinquante mille li-vres. ' Je
perçois des revenus très-bornés.' Il me' feroit im,::
P?Œb!e de fourn,ie à l'en~retien d~ deux ménages
fepares. V,e~e'l a Marf~llIe, ~UI 'a été jufqu'ici
votre -dolllicIle, & l~ mien; je vous y offre le
logement & 1 entreuen convènable à vetre état.
Cette défenfe parut fi raifonnable que la Cour .
fiatuant [ur une demande en provifio~ formé~'
pendant procès à ,la Requête du .fieur de l'Ifle ~
débouta
débouta celui-ci de cette demande, & fit ' droit
aux offres de fa femme.
C'eil en haine de ce déboutement, que le
c.
de l'Ifle qui pendant plus d'une année
neur
", ,
,
/1'
d'
entiere avoit pourfulvl une fimple queulOn aliments , çlemanda , pour éluder l.'effet ,des 0f!r~s
c. '
ar fa femme que celle-cl feroIt obJlg~e
laIt es p
"
"
l ' r 'd
de le fuivre & de venIr etabhr ,avec 1Il lOn q,.
micile à Aix.
" r "
Il eil donc évident que ce, dern,ier fyfiême n'~
'nt eu les mœurs pour obJet; Il a été propofe
pOl
"1 e, & dans
ar forme d'exception. purement CIVI
but unique de repouire,r I;s ?ffres de la femme,'
ui prétendoit ne 'pOUVOIr etre tenue de fourmr
~es alimens hors du vrai domicile des, deux
époux. Car d'aiileurs le mari étoit li peu en peine
des mœurs de fa femm~, qu'il la l<ùiroit à Ma~
feille , pourvu qu'elle lui, donna des alimens
par-t0ut où il auroit la ~antallie de fe ,t~anfp~rter.
Il ne s'agiffoit donc pOInt ,alors de dellcatefie.
Il eft vrai que le fieur de ,l'Hle, d~ns le co~rs
des Audiences a voulu laiirer entrevoir des craw,·
tes qu'il n'a p~s ofé développer. Mais ce réavi~é
tardif imaginé pour colorer une demande delabrée', ne change pas la queftion .fixée 'par les
Requêtes, par les coné1u~ons ?e,s ~artles, &
par toutes les procédures qUI ont ete faites.
Tout ce qui réfulte de la nouvelle t~,u~nu~e
donnée au fyltême adverfe, c'elt que 1 ~nJonc
tion, demandée après coup , pour oblIger la
femme à Cuivre fon mari, n'efi qu'une aél:ion
fufpeéte d'animolité & de haine., une ~ét~on
ménagée pour fe venger des premIers fucces JU-
fe
~
�1,.'2.
ni:cilaicès " oh:tefiu~ , pa,p la· D~I!~e ete- l'Jflè, ; J éètt~
dfipèJlfes
quemment une aébo.n. 9ui fil!! .fau rQit hre a~u.eil
-lie, . pat:ce qU-è malm'Ls lfommtlfti non efl -lMul, ---1-.,
t:Jenwu
17fit
•
)
- •
1
emtfaÎrIJl.-efOlti:Jit. infuiH1blemen~ 1<
L~ fiquf d~ EHJe·,mt fœ! œ'lleloppe Ras.. .J ne
dit pas ce qu'il veut faire. Il a même ,hLprét~ql:4Pfl r de : n€i Pj6lu:y~.rr\ être i.t)te;Hogé~ Th fa; i€mme,
fan~ ritln (Wroll~~ , _ fanS rieR! e«aminep, 'fer.a
tmue-! d~ · C.QUrlll -après W1. lIlhd qUi fi1nit. .tmi~ue
.Ja'l€Qt ~ur ftL fa~~ .fuivro , .& ,..dpntl les l1bro.jets
,pouj'rQm: eomprQl:1lfttre, la:.. .dcilt )( -&. le, '~Uhpà-
,t:}i~n}QiJl~' . qui pe.ur garant:w la. 'J fubfifiaooe . ' d~s
:.deu.J épata, .& d~ .. l:'~nfaflt' rué àë lemr union!
~el~ n!,ett ni 'jpfté ,_ ni laifonnahle, -ni )poUihl@.
QU:a~d QJIl. {aiu [ur-tout ..qu.e. la fen~il16 a i.6[~
trompée da.ns, fes dPérances ~ q1l: 'elle a èpn-: en.
Jr~r~ êl~llS une ma.ifrr1il '()'purenne , lqu}~n le. lt.ll jJer[uadoit, ,lX. qu'il rélllite pourtant ) dü COliCotdat de fon Ola.ri .que le ~érangel11ept dËs affaires étoie ,abfolu, à l'époque du l11ariag~;1 'on
.c.a., encore m<D:iDs~ cli[PQfé à forcer cette. fiIiune
fi fuiwre d~s pJ~:OL([étaWifiè'pent ' qu'elle pe' connoît pas, & qui la mettroient de nouveau en .d<fugel'\.JJans l;In~ : pareille' hypot>he[c) le6 ~oix qui
onr opéré en faveur de la fèmme la ftfpttl'q,tion
,de $, bieus, n~ v:pudra1~nt pas, 'par ' ul1tl iltC6n·
[équence inexplicable., pnv-fl1 cette femme .du 00néfiG:e de cette féparation.
_ _1 • ,_
Les Loix ,.pe!Jv.ent d'alUtant rN{i)ins le vouioü·
.que le P<ltâl~QiJle de tla ·feml111e , eia: en l'état le
feul patrimoine de la famille, & .que fi elle dmt
fiu" ce patrim6iné, fQl1rni rf des alimens à fo~
l~afi, il n~ faut pa,s COllllll€nCf:!r .par compromey~re & 'p~r ,m~ttr~ en -danger la foutCé qtli
) 10at prQdUlre ces ahuleris. , ,_
1
--
& dans tautés [.es Rt't'lu-êttis.,
.qŒ'lG v0l110it: t1aMh
fQg dOHffÔI€ if A~x: ';
rar€e
cpül'ihefpéroi:r !"iH.)"V@ir y th~~Vgf plus', dt> ItlAo1erl-s
de fonune & d'établifièment. C'ell: - doii · ail
àae' dl àllmini!hatl'où q\.lr)l'~ <Î ' éYîteGflUJ d-erEer.
S'il vouloit ufte~ ~ù POYVoif d~ G01'u!~ho~ '; il
d-eVt'dlt érlonce,l dêS faits' grâ-ye-s '.& hfs pr"ou-
ver. .
, Or, comme Afhûiniltràteut
i
'
lé heur de ' l'Ule
elt cléflMillé de fes droits 1 & il e~ efi dépouillé
par la l.Q~. U he peut dORé éxercer un pouvoir
qu'il. tf'a plus, .N~ fetoü-il.pa~ €uasge & ,a-bfur,de
que lt -fieut de o.l HIe, qm n 4: q\H~ le neee'ffalrè
à 'demander {kit !les b΀-ds de ft fèmine .~ p-Ut, fous
prétexte ~h. tlrgit qû il à dg (zhângèr le dOlhicik
de fa fanlil~'è , faIre CC:Unloffiéf ces biens. en ciépenfes fuperfll!lés? Ne fel'êlr·i-l' pas étrafigè & abfurde qu'une femme, qui à l'âdminifira"isn des
biens ', à l'~'j(clufIoI1' de fên Infifi ,. pat être arbitrhireltlel1t féparee de 'ceHé adrniniftràtÎQn, &. 'a'rrachée aU lie'u où les biens [ont fituës &. nû ils
doivent être r-égis & fucvèillés?
'
e0'mmént po'l!lnoit-en GOtlGilier l'adminifhat.len ,. qUI appar-tlent a la femme, & qtû, dnit
~tre ~g.e_. &, 'éclaùée ",avet l'ob'ligati<H'l 'que l'on
lmrpofetûlt a cette m€lh'ë f€-Inme t1e [e livrer
aV~Blelne.nt aùx projets de fon 'mari, -&' a~X
•
j
..
-
'".
<>es. ptQjets poucr.owat entrainer,
~
- ' Lefrear de l'.ffle a <llir, l\)l .. tnê.n1e ~ claA - t~Ut~
{'es' 60nfuhatiohS,
-~tl~
' 43
,
l
_1
/
i
]
'
,
�24
Si du moins le fie ur de l'I~e a~oiç que1que
raifon apparente. d'éleve: la pretentl?n ,ext.raor~
dinaire qu'il a mIfe au Jour, la chofe f\;; rolc to~
lerable.
.
"
.
Mais il veut que fa femme qUItte un blenêtre certain, fans lui rien donner en échange.
Il dl: mari. A la bonne heure. Nous refptctons fa toute puillànce. Mais; comme nous l'avons déja dit, li le mari a des. droits à' exer,ce~, il a des ,devoirs à remplir'; & fes rdèv.oirs
naiiIènt de fes droits eux-mêmes. Le manage
eft un contrat. C'eft même le plus facré. & le
plu!! religieux de~ c?ntrats,'. Il foumet donc les
parties à des obhgatlO.ns reêlproques.
Par':'tout où un man 'appelle fa femme & ,. fes
enfans, il doit avoir les moyens de ~emplir, 'à
leur égard, les obligations que lui i~pofe le
.
manage.
Quand donc un mari parle du choix du domicile, il doit indiquer les reifources qu'il a pour
établir ce domicile.
La préfomption eft pour lui, quand il eft
integri f/atûs. Mais c'eft autre chofe, quand il
eft failli, quand il ne poiIède rien, quand il
eft dans l'extrême détrellè.
Si le heur de l'HIe difoit à fa femme: venez me trouver' , voilà mes reifources; je vous
promets bonheur, proteéhon & décence. Il poutrOIt etre ecoute.
Mais le heur de l'HIe, qui n'a rien, ne peut
rien pr~m~ttr~, ni rien garan:ir. Son langage
eft CelUI-Cl: Je veux aller où bon me femble.
Apportez-moi vos meubles & vos revenus. N'importé
,
•
A I
l
.
.
,
porte que je dévore vos meubles en fraÎs de
tranfport, & vos revenus en projets abrur~~s.
Je fuis maître. Plutôt que de ne pas m obeIr,
vous devez être condamnée à la faim, à la foif,
à la mifere.
.
Ce langage n'~ft-il 'pas affr~ux.? N'e~-il pas
contraire à la faIntete des pnnclpes qUl fixent
les rapports mutuels des deu~ époux ? . " _
On trouve des Arrêts qUI o~t enjoInt a la
femme qui demandait des alimen's , d'aller les
prendre dans la maifon. d,e fon mari" & qui, l~i
ont dit: vous êtes oblIgee de le fUIvre, ou Il
n'eft pas obligé de vous nourrir.
. , Mais aucun Arrêt n'a encore dit à une femme,
& fUF-toUt à une femme féparée ' de- biens: prenez votre fortune & vos meubles, facrifiez vàs
enfans, & votre propre exiftence, pour être à
la fuite d'un mari qui veut aller où il lui plaît,
& dont~la - volonté, même injufte ,. eft fupérieure
à toute Loi divine & humaine.
La Dame de l'Hle dit avec jufte raifon à fon
mari ! vous voulez h,!biter à Aix. Soit. Mais
pourquoi ne ferais-je pas · autorifée à demeùrer
à Marfeille ?
Marfeitle elt notre domicile matrim'
oniaI. Mar.,
[eille a été ju[qu'ici votre propre domicile. Marfèille elt le domicile commuri de votre famille
& de la mienne: Marfeille -eft le lieu de la fituation de mes 'biens, & ces biens doivent être
adminiltrés par moi exclulivement à vous.
Inutilement prétendez,vous que le féjour de
cette Ville vous eft Infupportable, depuis que
.vous y avez donné le fcandale de votre faillite.
G
�16
Apr~ cette cé~éb~e faillite, n~..v6~-VOUS ·lWs _~<)n.';
tioué à demeurer à MarfeJIl;p? Unç fou~e de
citoyens honnêtes', ne fayent-ils . p~s ." a près de
malheurs répétés t fupporterr le iéJ-our q~ letlr
ancï"enne opulence? Que vous dl-il ar i\lé qui
ne f~~t arl'i~é. à ce~t autre:.?, ])e~ez-v,~us me
rendre' la vICtIme d Une faune déhcqt~e.? .la
feule perfoone dont les rega-rd;s , Q.evrpien~ téeUe ..
ment reveil1e~ pans votre <,lme des . il1,lp-rl'!(liollS
importunes? ë~e~ moi; parce ; qtte j'aj{l ~t é: trouipée" P31rce q,ue . de fall-lres jpfitué;tjqjl~ m'ont
été données fur votre fortu-ne lors de { l1tOIlJ 1mb
riage, parce que vous devez vous repl: o~:.ll;~r} d'4
voir conc,quru à ces fa4lfes in firu~ions' 1(1)rf~
que yot~e devoir eut"é~é de tn~ .9é(rom~er. C'ell
ma· préfence que vou~ devr~êz .Cr,~ind're" &: ,tQuroe
autt:~ appréhen-fion de yo~r~ ipar,t efi fjdiculè &
même fimulée. , ' .
..' '
~
PourqU?l , rr'app'elle'l-vou'~ à· Aix .?, Comme.Jlt
y figurez-vous ~ Comme pla-i-deur .mfllheure,ux.
Quel ~t:at y p!ofe{fe'l-vdus? .Au~l1JIi Qu 'y poffede.z-y~us? ,Riet}. '1 Qu'y., f~jj~s~vous? ,Vo.i.lLY
contraaez dc~s ~et.te_s. (.
'J ' 'Et ' c'efi-là où vous voudriez inhumaÎ'tlfment
me donne~ e~freB!àcle ! c'efi,..lfci où, ap rès avoir
fca~d~ljfé les , Tr..ibijnaux par 'n~s querelles , do.:mefijqu~s , VOllS }1QlJdrie~ ei1.ç,0q~ )q ~-e. no us
,.fi,oo~ ~un .objet ,de pitié par :pOJJ~ miCere & IT00
tre CQmmune ~étre.ffe! & . ç~dl ~là . fnfin1 où ' Val$
voud:ie'l,. loin de n1es pa~ep.s & des vôrres, ine
eo~qamDer à la home & aU" défefpoir ! ,
C~~Jloi{fe'l mieux · vos imérêts; ma Call[e eft
~a vô~re, elle efi cene de notre enfant cOQlnlUn,
1-7-
,~~fil !'~ f~qt' ~at é.J~gl1~F- cl~ , ~'.' qui ~etÎ1.v~nt
~ }i. :qlll~ ~~t1 aJ.,Olflr.a. t6ltl~ours
FIM~ rl(ar.J'~9,t\ld~ q11Ç. 10..$ "JMf"'?e le :V~IP ~
d e(1 I ~,qr~ ~IIJHl., V.9tlgne~-;i1CàUj), lm , fermer. &. a
14 1•fr:!JJV
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.sQu;~~ . Je~ } lt;(f9 rçes ' qiJ'A.i ($QJ.lS fommes .en
d~?iç Id'~ t~pd\edf ~Qt.J;~ (llLIUUQ'? N'e ..fçaVlell:y\>,l)~ Ii'~t qu~ l'p.~ s'Rtq~cl:ter.p;jlf'JqS propJOOs. ~jeR
f~4s ~ ~ q1ile, 1'9fJRi-Çl.}qe li. pr~[AYf1 ' aurant llê-y.ar-t
~ l'"ffç~iq-ÇI. q~t..~ç .feOtj~~p~ 1.lglJol1e'l~ v.ou-i--que
mlJ . f<?.I\\'W1! : ~e (u~L V;:\.$ :po Ill. Il0'U~ 6ntredn:ir
felqil\ tlQfre l é~~t ? JgpQrej.,vQUS qJJe ,tfi L tlOU~'
fomHH:sJ'J\l~lp;eW.~!:H: 1 ~qll~ chlv..OJ]~. fair~ nOs. 'efr q1.l~ ~pr.r.e e9fanUHdeftiJl~ pas { -Vous:
fQrt ,pq1J
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~[~s) Il r~ .,~ ,~P-9.~q :~P ' ~.~ H94.b!e · üe,re, q~~ ,I~
~<\~lj1r J ~ flw~e'~ë 9!f~ I .n?S il r~l't\phr i Je ne .v(,)g.s
Qep1~pdq; B0\},rtjlPt . q~ ,d' ~tfe }u{te ~ hùmraÏ-n .."..
fi" vôus êtes peu touché de Iijo,o >[ort " .lpe.nfe.'l
au JP,QWll. i311 ygffe lJ~ ta~ fqy(r~J pasl in juft'i!LGln-
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de l'équité.&
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' QJ~e) ppelfenû ,tOUf.~
l'g~J'U!,9,itt ~e ; f~ d~milqqp . .S.~chant qu lil ,t1'â ~î
toit}. .AiJt qtle~ ~<11~!1lÇ plf\icW~l\~ 'fçacham q,u 'il '
y I!~S)1r~ [an~ , cr. î .~:;, fgos rte,lfc~lVlc~S; fç~ôhant
qy'iL ;avQif psrc!q t0:,lue adin~9'ill'r:atjon, ' il Sl~ '
toit llli=\l:l~m~ jtJgé. , Il a\1Qi~ , Ü~l1!lli . que, 'dans
cettf" t 4iHioQ .Q~pior.apl~ ,. f~$ GJI.p.ric.es ne' pouvoieQ~ ~tn: des · pç,dr~s. li :, f~t<,j~t mode,fiemrn~
réQ\li~ , .Yp~ , fitp.:ple dejmande Jf;!liiuftnts. Il avoit
vu qu'il ne pouv~it f,!ire le préjl.Hlice du tiers,
& qu~ ~:ay~nt ' pas de quoi ét;lblir un domicile
4
e
.-
~
,
,.
�:tg
fa mi l-ier' , 'il ne p6uvoit exiger cjuè' fa famille fût
forcée. à. changer avec lui de domicile,' Voilà ll!
jugement porté par le fieur de l'IDe iui-mêlb~ :
Les Loix feroient":elles moins juftes que lui -?
Le nouveau fyftême du fieur dé l'lile n'a .' ~té
qu'une nouvelle tournure pour tracaffer; 11 fèiilt
de demander [a femme. Il ne ve~r que l'Yp qui,é ter. L'aher~ative , qu'il lui doqne de k joincre,
ou de fe retIrer dans un COl.}venr , .'prou ve' qli'il
ne la veut pas. La claufe eîiam ma'nu ïFzl'itarl
qu'il a eu l'imprudence d'iÏl{ér~r- a~llls - fes fiins'
annonce la difp0Îltion où il feroit d'a6ufèr à mai~
ar~ée, & a~e~ fcan?ale du plus pe_tit 'a\,'ântage
qu Il rourrOlt obtemr-: Une' pa teille clau [el e!te~f: faIte po~r rapproch.er deux ~pôux d'-une -con(ll~lOn honnete, & qUI appartlennent ,à des famIl~es honorables?
'
- ' ..
Dans quel moment le fieur de l'IDe 'v ient-il
s'armer d'une rigueur auili ho!lile &. àüŒ in{olice? Dans ùn moment où fa femm'e l ui offre un'
d0m.icile décent qu'il n'a
& -qu'il. . ne p'e ut
. aVOIr fans elle, dans un moment où elfe ' oublie
eUe . . même les t6rts de fon ma; i &. où' elle éher,he à fui faire oublier fes ma-lhe'urs ; en lui" pré:1
[entant ~e.s ~e,ffou rces qu'il n',eût pas dû efpé;er~ ( ,
En vente, toutes les circonftances de la C31J{e
font telfe.s, qu'elles doivent faire rejetter la-cieman~e ,du fieur de l'Ille avec indignation', '
. SI nous avons propofé fubÎldiairement à' I':A.udlence de prendre le vœu des deux familles ce
n:eft pas certainement pour fûbordonner ' Iii décIÎlon ,de la Cour à ce vœù.
. ' . ,
,
MalS l~ famille eH toujours le premier ~tri- '
pas, '
nunal
~9
des mœurs-. Elle d l J f<i>~v~n t cO)lfultée
par les Tribunàux pour l' éd uc atIon & l'é t~ bli f
\[eme'nt des, enfans. S'il s'agit de donner ~ùli tu teur ou de le jllg~r ,_ s'il faut modérer l'autori~ .J
d'un pere qui abtlfe de [on pouvoir, ou qui re'fufe injuftement un con{ente.ment nécefiàire,
Elans mille autres occaÎlOIJS {emblables, ,on aflemble les parens pour les entend œ. Pourquoi deux
époux ne s'en remerrroient.,.ils pas à leur .arbitrage ?
. ,
L'aŒernblée préalable des familles refpeéhves,
pourroit.devenir un Tl,ibunal de pacification. Le
vœu. de cette affemblée pou rroit donner des v.ues
capables d'arrêter le fcandale . Que favons.-uous ?
Les époux pourraient être éclai rés par ce v œ u 2
& Y tl'Ouver la fin de leurs difiènti6ns domelliques.
On dira peut- être que cela eft extraordinaire
que des parens , n'ont jamais été aiI'emblés po ur
juger deux époux, & que la Cour eft fuffi [amlnent inftruite.
Oui, [ans doute-, la Cour n 'a be[oi n que de
fes propres lumieres pour prononcer; mais la
Cour peut indiquer aIJ X P a rties des Juges de
paix, avant que de ju ger elle-même. Elle p eut
épuifer tous les moy ens q.i.J i s'offrent pou r caI -:l'11er l'aigreur inévitable de ,deux épo ux qui plaident , ava nt que de prononcer ces oracles,
Le Îleur de l'Ille craint-il [a propre fa mille &
la mienne? E t que faut-il alors penfer de cette ef.
pece de récufation qui eft auŒ co ntra ire à la na tu re
qu'à la r ai{on? Le Île ur de l'We prévoit donc
qu e le vœ u des de ux familles lui ferai t contraire.
bUQltl
. H
�t
•
3°
•
C'eft donc déja un terrible préjugé contre
lui. •
l\llirs nous n'avions pas be[oin de ce préjugé.
~:. SI principes, invoqués par la Dame de l' HIe,
ont évidens. Nous les avons établis. Les faits
de la caure parlent d'eux-mêmes. La fituation
du fieur de l'IDe eft évidemment incompatible
avec fa demande. S'il vient en meilleure for.
(Une ~ on verra ce qu'il peut ou ce qu'il ne peut
pas. Mais dans les circonfiances, fa prétention
ne peut être accueillie. Au bénéfice des offres
de fa femme, il doit être débouté en l'état, à
moins que la Cour oe veuille préalablement con·
fulter les deux familles, & ménager encore aux
deux époux ce moyen de s'éclairer eux-mêmes,
avant que la juftice prononce [ur leurs contefiations.
•
CONCLUD comme en plaidant •
POR TALIS , Avocat.
MAR TIN, Procureur.
M. l'Avocat-G&zéral DE MONTMEYAN,
porrant la parole.
,
�t
•
3°
•
C'eft donc déja un terrible préjugé contre
lui. •
l\llirs nous n'avions pas be[oin de ce préjugé.
~:. SI principes, invoqués par la Dame de l' HIe,
ont évidens. Nous les avons établis. Les faits
de la caure parlent d'eux-mêmes. La fituation
du fieur de l'IDe eft évidemment incompatible
avec fa demande. S'il vient en meilleure for.
(Une ~ on verra ce qu'il peut ou ce qu'il ne peut
pas. Mais dans les circonfiances, fa prétention
ne peut être accueillie. Au bénéfice des offres
de fa femme, il doit être débouté en l'état, à
moins que la Cour oe veuille préalablement con·
fulter les deux familles, & ménager encore aux
deux époux ce moyen de s'éclairer eux-mêmes,
avant que la juftice prononce [ur leurs contefiations.
•
CONCLUD comme en plaidant •
POR TALIS , Avocat.
MAR TIN, Procureur.
M. l'Avocat-G&zéral DE MONTMEYAN,
porrant la parole.
,
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.-,
~.
'POUR~ '6etir: El!!ar ~Ambrbrri ~oche, ré6d<i t
a~' :~:eu " d'A.~'[o~is én ~Oàl!té \ de -ihari &
,.lmaître de ' la dot .& droits } Ue Dame Margù'e-ritè- de - Rlpùé ~ o défendèur' ~ eâ exploit lr' betl'e du 14 A'o\Ît 118 4' ' ~ : '/ .
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Jeanne 'II.n.nn'e:{ltz
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•
'E S T appâr'emment, - parà . que Jeanne
-1· Annezin ell alfez difcrete 'pour ne demarr-
J.
•der que .~~o 1. à qUèlqu'un qui 1 ne lui doit rien,
qû'elle trouve que - ce procès e(l- minime &
~ qu'eile le traite fort -Gavaliérémeqt. Il JI efi
pourtant ' quefiion d'one entreprife d'autant plus
"importante & d'autant plus hardié qu'elle brave
1
•
__
,
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,
les loix fondal!lfnta'les de la fociété & du repos
des famille.s...
.
P~r des a....udes pnvés ,de mar~ag,e dlJ z6
O'ét~bre 1778,\ &O]ltrôlés &r enréglfhés lq z8
Noveljlble 1'781 " entre. ie ~e~r Roohe ~ la
DIIe. de Rip~;J1t, p:II~-cl~fJii!ee d~ lM Rer!,
fe contlitua tous fes .ble~~ prefens & à , v~n!r,
not Ql.ment ?X fpécialeme~: Ja, fo~me d,e. J f?7 6
livrt s en coIrres ~ rue!Jb~~ J ' capitaux & l~ns
fcinçs y m~Q-t~oJl~~. Cette fo!ll-me ~e ~ 3°76 lt v.
formoit toute la confrfiance "des biens pr~fens :
le fieur Rocqe ..n'en a -pas .HÇ-U, 8( n a pas
rnêlijt! Jieu d'eu .attendr,e ,d'autres.
- ..
Jeanne Anneûn a pYérendû dans la (une etre
créanf.}er e d~ ~o<v,Jjy! .?e la Plie. -de; R~pe-r~
' en ~enu d'un b~ll.el pnl/e portant ,la date 9u 17
fto'ût 1'77 8 , a1t'é:i~(Jre de r/ei. ,Ix mois ~~ i fufdic
mariagç,. Ce billet ~n c?nçy e~l; fe~ t~rr!l~~: .
cc Jé promets p~yer 9 ~JIe. ~eann~ ~nn'eZlrI
» veuve Martin , Lorfqu elle manera Tulle
)) Martin fa fille-, la fOI1J:me de fix cent livres
» valeur reçuë êii a-rgeilt "comptant à Anfouis
))).e 1 7 Ao,ût , } 7·7B , llppée.: M.Q~gr:erùe de
» de Ripert. Bon p'0ur ,~.c;o lIv. '
Ce billet qui n'exprime autre chofe qu'une
ç!onlJ/niQP eQ,tfl! vifs fUfJ?J:i(~ ep fr'a,u:de- qe- la
loi 1 à l'état lle foiblell.è ~ d'iofirmité- de la
Darpc: Jl,e,. /ÂiFfrf? ~ ,Qemeui~ foU,s, .'jign1dl1lre
EriJ!~ ".&...par ;~of)fégyeEt' Iilrçep~!~Je d~une
dp[tj! qr:b~l'i(llr~ , ;Jufqu f'u ~ ré,,:"ne.r .1779 ,
époqlle ~ ~aq~llS il q . ~té ~s;>ntrôl)é: à' cene
épô,qlJ~ le'~ él1Qu(a.jlJ~s ,q ui- fi~ent l'h:y'porheque
des
COI;lVedtio~s 'matrimonialès
dU' heur Roche ~
,
~
étoient célébrés depuis long-rems, moyennant
quoi celui-ci devait fe ~roire paifi!>le poffe,~eur
de, la dot effeétive de 13°76 lIvres qu 11 a
reçue.
- Oelt pourtant en vertu ' d'un rel titre que
J'eahn€! 'Annezin s'eil: pourvue pardevant la
Codr en qualité de pauvré pour demander
contr: le fieur R<;>che e~ fa q<llali[~ de mari &
roa$cre de la dot , & d.rolCs de Jadue Dame de
R.ipe~ J le paye~nent qefdits 60.0 liv. , en. préfuppofant ' qu'elle eil fur le pOint de marIer fa
fille . . Ses moyens lui paroiffent fan fimples :
eIte ::tffimile le mari, portep-r d'une conltitu'rion
géItérale ~ à ,UI1 héritier. pur & ~m'ple ,= d'~ e,lIe
,0nclu~, .qu'jI n'y a pOInt de dlft.lnétlOll' ~ faIre
â .CgiI êgarq , :eri~ré~ les det,t,eS' 'c!ttr'~gr~folre~ ~
les deces' hypoth'eames : qu Il eft oblige de 'payer
i6cfefinimet1t 'les unes & lès ' autres;- toen de
lI1~lrtè ~ùe l'hér-itiet , fuivam la,'regle boriq non
di'CCiHiür ;-/l'fi dë'tl"ao œre tllieno.
-.
-
- '. QuC(nd on lu~ a oppofé -que ,le mari el! Dn
'tiers; que ç'et'i ' à tirre onéreux & non ·à ti'tre 'gratûiê 'qu'il ~fl poffetfeër d~ la do! de la
, femme, foit en -vertu cl'tlne éo-nfHttltion générale,
foic' en vertu d'une confi-Ïttlfioh-parriculiere , &
que pil r cQnféquel,lt les detteS c!t[rogrtlfaù:!s'peuveri.t encor~ mo'ins .préjudicier: ~ ~fon hyP6theque qu'à celle' de -tops autres' riers acquére~rs ;
~is-a, v'is defquels les ~illet'S· p;iv~s n'ent point
d'autre date que celle du -Contrôle & de l''-avération; Jean,ne' Annezin a fr:anchi cavaIiéremerit
cet obllacle -, en oiifrant de prouver par temoÎns
..
•
,
_
l
.
�4
.
que fon billet a exiflé a~ant le manage de- la
Dlle. de Ripert avec le ,heur Roch,e.
s'agit donc de favolr fi . a~ , benéfice dF la
preuve offert~ & en ~uppofan~ qu'e~le. ~o~t ren,lo
plie, ,ce qUI ne ferolt pas, ble,n dtflicl,le, - pes
qu'elle feroit livrée à l,a fOI de. deux ,t qnolns,
quoiqu'il foit très-~,~rtal~ &. tres-pofit1~ qY,e le
fufdit billet, tel qu Il eXlfie , a. été fabrIque environ un mois après les épou[.allles dans l'Etude
d'un Notaire de Cucuron, où.1a Dame de Ripert fut tranfmarchée; ~l s'agit de, favoir "difons-nous, fi le fieur Roche, en fado CJ-ualité ,
doit être condamné au paiement de la fomme
énoneée dans ce billet privé, [oufcnt par fa
femme.
_
On ne feroit paJ étonné qu'une pareille ,queftian fut élevée dans les pays çal!lUmiers" 0\1 la
-communauté de biens entre mari ~ femme opere
une identité de perfonoes ,&. une confufion de
patrimoines, tellement que les dettes mobiliaires
&. immobilliaire..s, contratlées pendant la corn:
muoauté, doiyent être payées .fur les biens qui
la compofent, ' comme l'obferve Denizart, vo.
,
communauté de biens n°. 40, & SQ.
Cependant cet Auteur, au . même endroit 'no.
s't;xplique fur, cette' quefEooen ces termes:
n Il ne faut pas croire qq'un mari qui auroit
» négligé de faire--.faire un inventaire des biens
» de fa -femme ~n. fi: mariant, pût être pou r» fl,livi indifiintlemen~ pour ~outes les dettes
» que fa femme pouvait avoir concratlées avant
)) : l,e mariage. Sa négligence p e u~ bien l'a(fuje'nir
)) à payer les dette5 fondées fur des titres au)) lhentiques,
n
S4
S
» thentiques, mais non pas celles qui réfultent
» d'atles fous fiBnarure privée, autrement ce
» feroit ouvrir une VOIE TRÉS-FACILE
» auX femmes pour RUINER LES MAl)
RIS.
)l
Ce même Auteur rapporre tout de fuite qu atre Arrêts; rendus en 171.9, en 17~ 5 , en 174)
& en 1744 en faveur du Marqui s d 'Harbon ville, du Marquis de Melun & autres, contre
des porteurs de pareils billets quoique dat és
AV ANT le mariage, filUf a ceux-ci de fe pourvoir fur les biens de la femme apres la diffaLucian de la Communawé.
Le Brun en fon traité de la Communauté, liv .
2. chap. 1.
n°. 17 & 18 va encore pl us
loin. 11 foutiene que pareils billets privés fo nt
nuls, néln feulement vi s-à-vis du mari, ma is
encore à l'égard de la femme, & c'efi pour o bvier aux fralldes allxql1el~es on feroit journellem ent expofés dans le fein des familles. ,Mais fi une pareille q!Jefiion a pu ê tre élevée dans les pay s coutumiers, il n'dl pa s pardonnable de l'élever dans les pays de droit
écrit : auffi ne trouve-t-on nulle part qu' elle y
ait jamais été propofée. Il étoit refervé à Jeanne
Annezin de donner le premier exemple d'u ne
,encreprife qui parmi nous ne peut ê rre en vi fagée que comme féditieufe.
N ous tenons, d'une part, pour ma xime qu e
t~us\ le~ billet~ privés ne ~rennent leur exiftence
VIs-a-VlS du tzers que du Jour du contrô le & de
l'avération ; &. d'autre part, que la femme n e
peut avoir dans aucun [ens la difpofirion de fa
9. s·
B
�6
dot pendant le mariage, foit qu'elle dériv-e d'une
confiitution génénie, ou d'u'R~ confiitution par.
ticuliere : que jamais la femme ne peUL porter
la moindre atteinte par fon propre faie à la
jouiifance & à l'adminifiration qui en font dé-volues au mari, pas même par les condamnations qui feroient prononcées contr'elle pour
caufe de délit. Nous ne [ouffrons même pas que
le pere, ni tous ceux qui onr concouru à une
confiitution générale, puiffem prendre après coup
des mefures poùr en empêcher l'effet par rapport
aux bien.J venir: que doit-il en être des biens
préfents? Et l'on voudra que dans un clein ,d'œil
une' femme fufceptible de foiblefiè, d'ignorance
ou de caprice, puiffe, à l'aide de deux témoins
en antidatant des billets , confumer fa dot
ruiner fon mari & fes en fans ? En vérité il y
a trop à fouffrir pour l'honneur des loi x & de
la Jufiice d'avoir de pareilles quefiions à Combattre.
.
,
N'échappe-t-il pas à Jeanne Annezin de fe
confondre elle-même? Sous prétexte de la diftinfriou imaginaire qlu 'elle fait entre la confii.
turion générale & la coofiitueion particuliere
elle convient que li la dot de la Darne de Ri:
pert éroie certaùze & partiCtJliere fon mari au,r~it raifon de .f'lire valoir la p,i~rùé & le pri-
&.
1
J!l~ege e .(o~ lltre contr~ un créancier qui n'au'rolt .qu
un ture PRIVE, une créance chirogra_
p,hazre. Efi-ce donc que l~ confiittltion de 13°7 6
h~. que ,la Dame de Rlpert s'eft fpécialement
faIte" n efl: pas' cerraine> ? Le fiel!lr Roche
poiféde-r-il d:autpes hiens de fon époufé' en \leltu
7
.
de la c(jnllitution générale qu'elle y a aJoutée? .
Dans aucun cas pourrait-il être troublé pour le
tout, ou pour la partie de cette dot certaine fur laquelle il a dû co~~ter, ,par tous autres qU
des créanciers anterleurs a [on hypotheque , a
moins de l'en priver de voie de fait?
A quoi {erviroit dovc cette p~euv~ extravagante
qu'on offre , qui ayant po~r ~bJet, d a.1furer la dat.e
d'un billet privé au préjudice ~u ners, aboutl~
à faire dépendre toute [on eXl11ence de la [01
de deux témoins? Les regles du Droit public
quî ne veulent pas compromettre à une pareille
preuve, une chétive fomme de 100 liv., voudront-elles lui fubordonner la fortune & le fore
des familles?
,
_
uoiqu'il ne foit pas poŒble de fe former
le moindre doute fur la qllefiion que nous ve
odos de traÎter, fans manquer de refpeét à la
Jullice ~ il doit néanmoins nous être permis d'ajouter que le billet qui forme le citre de Jeanne
Annezin, ell également profcrit fous un autre
point de vue. Il n'y a qu'à le lire pour [e convaincre qu'il renferme une ç1onation entre - vifs
pW,e & fimpie , extorqu'ée à une femme foible
& infirme qui n'a pu réliller aux prefiiges pratiqués comr'elle. Le fait eIt tellement notoire,
que peut-être le re[peét humain mettroit l'Adver(aire en conlidération, fi elle était obligée
de Jurer qu'eHe a réellement compté les deniers.
Comment pourrait - on le fuppofer en conl!déraot que ce n'ell que conditionnellement
~ en cas ~e mar.iage de la fille que le fu[die
billet devraIt aVOIr fon effet? Ell-il tolérable
7
�8
qu'on efcamote des donations à la foiblelfe , à
l'impéritie, ou même au caprice de qui que ce
foit, en croyant fe former un titre invulnérable au moyen de la clau(e, valeur reçue comptant qu'on y aura fait inférer? Cet artifice groffier qui ne trompe jamais la loi, parce qu'elle
tient pour regle que plus valet quod agit ur , quàm
qllod fimulate conc;ipùur, peut-il fubjugu er &
alfervir fes Minifire s ) au point de leur faire
fermer les yeux à l'é vidence même? N'eft~ce
pas pour obvier à de telles f upercheries que
l'Ordonnance déclare radicalement nulles toutes
les donations qui ne font pas faites pardevant
Notaire) &. que nos Loix Municipales plus at-'
tentives encore à prolcrire la fraude, exigent
l'intervention du Juge &. la préfence d'un Confui?
Peut:-on douter que ce ne -fait par filrprife
&. par fraude que Jeanne Annezin s'eft procurée
cette donnati~n gratuite fous la forme d'un prêt,
quand on VOlt que la 'Dame de Ripert qui a
été affifiée de fan pere dans {on contrat de màriage) ne l'a pas éte dans cette prétendue obligation privée qu'elle érait incapable de contraLter par toute forte de raifon s.
CONCLUD au déboutement de la demande
de .Jeanne Annezin avec dépens & autremen t
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POCHET , Avocat.
D'ARBAUD, Procureu r.
Mr. le Confez'ller DE BALLON ~ Comm if
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l'impéritie, ou même au caprice de qui que ce
foit, en croyant fe former un titre invulnérable au moyen de la clau(e, valeur reçue comptant qu'on y aura fait inférer? Cet artifice groffier qui ne trompe jamais la loi, parce qu'elle
tient pour regle que plus valet quod agit ur , quàm
qllod fimulate conc;ipùur, peut-il fubjugu er &
alfervir fes Minifire s ) au point de leur faire
fermer les yeux à l'é vidence même? N'eft~ce
pas pour obvier à de telles f upercheries que
l'Ordonnance déclare radicalement nulles toutes
les donations qui ne font pas faites pardevant
Notaire) &. que nos Loix Municipales plus at-'
tentives encore à prolcrire la fraude, exigent
l'intervention du Juge &. la préfence d'un Confui?
Peut:-on douter que ce ne -fait par filrprife
&. par fraude que Jeanne Annezin s'eft procurée
cette donnati~n gratuite fous la forme d'un prêt,
quand on VOlt que la 'Dame de Ripert qui a
été affifiée de fan pere dans {on contrat de màriage) ne l'a pas éte dans cette prétendue obligation privée qu'elle érait incapable de contraLter par toute forte de raifon s.
CONCLUD au déboutement de la demande
de .Jeanne Annezin avec dépens & autremen t
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l .....,a .. ~- ~,'- 1l0"- ,·.ov aGI0 7J: l .....t O"<1 .....:"' <.LJ I\tJ~-''<''<;) '-'
POCHET , Avocat.
D'ARBAUD, Procureu r.
Mr. le Confez'ller DE BALLON ~ Comm if
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1
MEMOIRE'
V
A
eU'1"-_l\\...O...J'-O- .
CONSULTER
ET CONSULTATION
POUR Dame Anne-Rofe-Jacqueline de Peiffonnel de Fuveau) époufe du fieur Barthelemy.
CONTRE
Sieur Pierre-Mathieu Barthelemy.
L eO: affreux pour une femme délicate, pour
une mere fen1ible, d'être réduite à la néceJIité
de peindre de cOllleurs odieufes fon mari , le
pere de fes enfans . La Dame de Fuveau) voudrait pouvoir fe cacher à elle - même le détail
I
A
,
'"
�2
de 'fes, malheurs
clomefiiques: elle fi'
. cl" etre
cl
remit
'
o" bl Igee ,e1 [oulever le voile dont ils cl evrolent
err,e en ve oppés. C'efi l'excès de [es dou!
u1 la f(or~e a" e1ever l a VOIX,
'
contre un t eu rs
q ,
qUI, depUIS 7 années, difiille [ur [es jOllrs g~ran
à goune l,e poifon dont il corrompt habitue~~te
ment fa vie.
eSi [on ép aux n"aVOIt compromis que fan 'f.
phy!ique, peut-être auroit-elle eu la
f( e uyer 1es perféClltions dans le filence M ~e
on ~onneur , qu'il a voulu flétrir ar ie~ ais
lommes
les
C
p qu'ilcal
' plus atroces ' fies enrans
Val! u meconnoître ~ lui impofent 1 cl
. ,a
goureux d'implorer contre lUI' 1 ~ eVOlr rI. U
1
e lecours des
.
L OIX. ne p liS lon a
lâcheté . la D
"due FPatience ?e f-::roit que
"
ame e uveau
fi'fi
.
Il
J~ l, eron les
calomnies de [on mari
fans.
' e e trahuoIt fes en-
~~n~e
f~:1
.
Que le fleur BartheI~m n"
lui-même une dé
h
Y Impute donc qu'a
marc e que [es e '
, d'
10 Ifpenfable: puifc u'il
,xces ont rendu
frein des bjenféance~ con ~ bnfé ~ans refpeét le
enchaîner [a malheu ) g::~s, Il ne peut plus
reUle VlI..llme.
La nailfance & l'état . .
.
Dame de Fuveau & 11
a~OIent mis entre la
le lieur Barthelemy ~n m~n,' une difl:ance que
r
'fi
n auraIt Jam a1S
. pu firanchir,
lil , laCrl am à la fois & le
les avantages brillans
v~u de fa famille &
que lUI offraient les par-
3
tis les plus di!tingués , la Dame de, Fuvea~
n'av oit cédé à l'illufion trOp flatteufe d ennoblir
.
"
l'objet de fa tendreffe.
Mais en élevant le fieur Ba(thelemy )uCqu a
elle, Ia'Oame de Fuveau ne pu lui infpirer les
fentin1ens qui l'animoient. Il n'ea l?alh:ureuCement . que trop vrai, 9ue les premiers )OUt:s de
leur union furent des Jours de trouble, prefage
trOp certain des tourmens qu'elle auroit à endurf:r. Elle ne tarda pas à découvrir dans le
caraétere de fan épouX cette humeur a.lriere &
farouche ~ ce tempérament violent dont elle a
été fi long~tems la viétime.
Livré à toUS les excès, abfolu dans fes volontés ., tyran juCques dans [es caprices, jaloux
par politique, [oupçonneux [ans méfiance, Ce plai[ant dans les débats domeaiques, les excitant
pour fatisfaire cette humeur inquiéte qui s'irrite
dans le re~os & ne fe calme que dans l'orage,
paffant avec une égale rapidité de la fureur auX
carefiès & des carefiès à la fureur, le fieur Barthelemy ne fembloit avoir quelque énergie dans
le caraétere , que pour faire trembler la Dame
de Fuveau fur Ces jours.
Qu'on fe figure ~ s'il ea pofIible , l'impreffion
que dû faire fur une femme délicate & fenlible
le développement d'un caraétere auffi compliqué. Livrée à l'afcendant impérieux de fOll
époux, n'orant invoquer l'appui de fa famille
Al.
�4
qui l'auroit accablée par le fouvenir défolant,
d'uné volonté trop confiante, la Dame de Fu.
veau n'oppora d'abord aux emportemens de fon
mari, que [es larmes & un fond de douceur
inépuifable.
Un parti que l'honnellr confeilloit à la vertu
malheureufe, lui offroit une re{fource ; il exi.
geoit à la vérité une réfignation ab(olue ; mais
tel en le courage qll"in[pire à une ame noble
le defir de [ortir de l'humiliarion, qu'il n'ell au .
çun ' effort dont elle ne [oit capable.
. Déja la Dame de Fuveau, n'oroit plus fe
flatter de ramener fon époux à des felHimens
de t~ndre~è' ; elle ,~v0.it la trifie certitude qlle
[a feInte Jaloufie n etOit que le prétexte de [es
dégoûts & de fes dédains; mais elle [e flattoit
encore ' de forcer du moins fon ellime & de
conjurer les orages qui troubloient [a tranqui lité. Cet erpoir enflamma foncourage : on l'a vît
re,noncer à tOllS l~s amufémens de fon âge ~ [e
devouer toute entIere aux aufiéres devoirs de
[on état & deyenir étrangere à tout ce qui étoit
~?rs de [a maifon. On l'a vue, & per[onne ne
1 Ignore , perfiller dans ce généreux dévouement.
Une vie auai rétirée auroit encore eu quelque ?o.uce.ur " fi 1: fieur Barthelemy avoit borné
fo? InJll~lce a ~n~er fa femme de l'amour qu'il
lUI devoIt: malS Incapable de [eotir le 'prix de
5
ia con cl u •l te
.
.
r
mépris . ne , fut pas
mOl11S' mar·
,11on
r.
ué ' il ne chercha qu'à Ju{hfie~ la :yranOl e aux
q 'cl
u bll' c ré volté
& blentat la Dame
eU X
u p
,
d'I r '
1
Y
evint rob)' et de la Illamatlon a
d
de F u ve au
"
d r.
'
[on
mari
infeél:a
du
venm
e les
p1us cru elle .
l ' , 'fi
. le Il'eu de fa naiffance , ce UI ou re Ica 1otnnIes
d0it fa familleA
,
. Il n'efi aUCUNe efpece d'outrages ,qu on ne
doive attendre. d'un mari qui fe. porte a ce ge~re
d'excès. Livré à la paŒon du Jeu, fou vent :voré de fes fureurs, le fieur Barthelemy rent,rOlt
chez lui les yeux étincél.ans de r~g~ & menaçoit tout ce qui l'enlourolt. Pr~nOlt-11 quelquefois un ton modéré ? C'étOI~ po~r enleve~
à fa femme des bijoux dopt le pnx. était ~n;plore
à fatisfail e fes créanciers. Cette lOfo,rtunee. VIC;
time fe permettait-elle quelque repre,fentauon .
Le fieur Barthelemy s'abandonnOlt a la ,fougue
de fon caraétere , faiCoit des menaces ternbl~s Be
fin.i,ffoÎt par ordonner à fon épo,uCe de fO:,tlr de
chez lui , 6. elle ne voulait en etre c~fiee par
[es valets.
Après tant d'hu,mil~tions ~l [e~ble que la
Dame de Fuveau n avolt plus a ~ralnclr,e q~e de
les voir renouveller: mais, qu'ü efi diffiCile de
s'arrêtù quand on a franchi le~ bo~n:s d~s mœurs
conjugales! elle eut encore a gemlr d"un, no.u:
vel outrage: le Sr. Barthe!~my , ~orta .1 mdlgnu,e
jufqu'à la menacer de la redUlre a fervlr [es Mal-
r.
,
�-6
trefiès. Et, comme s'il avait voulu fe laver de
l'infarnie de [a conduite, par une infamie plus
grande encore, il difoit à [es domelliques que fes
déreglemens avaient moins pour objet de fatif..
faire [es goûts que de marquer [on mépris pour
[a femme.
Livrée au defpotifme le plus cruel, elle était
le jouet de toUS les caprices de [on époux; il
[e faifoit un jeu barbaré de la tenir dans un état
continuel de terreur. Ses difeours toujours mé.
naçalls n'annonçoient que Gnillres évéoemens ~
les mots de tuer & d'ajJaffiner, étaient perpé.
tuellem~nt [ur [es lévres; toujours déplorant
la fatalité
du dellin qui l'unilfoit à elle .J il ne
•
pOUVOl.t être h~ureux, difoit - il, que quand
leurs lIens feraIent brifés : pour éviter un événement. tragique il. a~nonçoit une féparation
volontalre & en dIél:olt les conditions devant
[es valets.
La
nuit
loin de ramener le calme ' ne lC
r er_
•
,\
VOlt qu a redoubler l'orage. Par un raffinement
?e ;ruau!~ qui n'a peut-être polnt d'exemple,
11 s amuraI: dans cette partie du jour à épouven~er fan epou[e par les repré[entations les plus
ternbles,
Q~elquefois il de[cendoit dans [on J'ardin
lachc)lt
1
. . . un coup , d e rru l'I
l , remontait avec préClpltatlO~, [e préfentoit à la Dame de Fuveau
en chenllfe, un fabre dégouttant de fang à la
A
7
tnain J' & fe promenoit des heUl'es entieres dans
[on appartement avec l'égarement de l~ fureur.
D'autres-fois il [e levait dans la Olllt, prenoit foo épée, [ort?it furieux, de. fa . mai fan &
revenait pre[qu'auill-tôt daos 1 ag~tatlon la plus
.violente. Quel était donc le motif d,e,s ~ou-v..e~
mens qu'il venoit de [e ~onner ~ C etaIt C~IUl
.de tenir [a femme dans un etat habltuel de cralnte
& de lui inculquer cette terrible vérité qu'il
.avait eu la barbarie de lui apprendre, que fa
vie ne tenoit qu'à un fil.
C'efi ainG qu'à de trilles ,journées, il [ai[oit
[uccéder des nuits plus trifles encore.
_ Il ne faudrait pas croire que le fieur Bar_thelemy ne Ce livra à fa brutalité que dans l'intérieur de [on domeftique. Il avoit bien l'attention d'écarter les témoins autant qu'il le pou",:
;voit, mais l'impétuoGté de [on caraaere -r endoit
{ollvent inutile cette perfide précaution.
. Il avait amené à Fuveau quelques-uns de {es
amis, & ce fut pour les rendre témoins d'une
[céne aulli affiigeante pour [on époufe ~ qu'humiliante .pour lui, Une promenade publique fut
le thé<ltre des excès auxquels il [e livra,
La patience la plus ab[urde a encore [es bornes, La Dame -de Fuveau réfolut de fuir le
tyran qui l'opprimait, & de [e jetter dans les
bras de [a fami.lle ; mais, gardée à vue par [on
mari .J elle ne pû qu'implorer la proteaiQn de
�S
.fott
. Ilpere' '€0Dtre
C' 'c.
, . _ ,la tyrannie & l'oppreŒIon. "4
latnl. e s ae p prevenue, par la rume u r pu bl'Ique
. r de)
.c;ob Hnt, Ull ordre pour 1 arracher de 1a mailon
00 epoux & la réintégrer dans celle d
f(
pere.
Quatre
, e tlOIil
.on
"
" àCavaliers chargés de l' execu
etoient pret
rempli-r leur commiaion' d "Ja
~a I?ame de Fuveau rendue à elle-même " . lle .
J~U1r dans la maifc:o patemeJle, de cette' li~e~t~
.dccente
dont le lIeur Barthelemy l' avolt
. auffi
te
. d'
10 19nement privée depuis fon mariacre'
. JI
' _ . l'
d'
b , mais
. é comme
'
,.
celUI, CI le voyant enoncé à l' autont
un epoux barbare:> contre lequel les L .
s'arm
'
, er d
e eur l
pouvoir,
joue le défefiOl X .VOnt
n1en.ace fa
d'aller poignarder
<IV oient f01hwé cet ordre
fi 11 fi'
qUI
pour l'exécuter.
)
e e aIt un pas
~et?-me
.
~es
)} Monfieur & très-cher Beau-Pere.
c!u~r ~
têtes que ceHe ménace avait
·
.
pour objet
etOlent
, 11 trop cheres à 1a D ame cle Fuvea
qu e e balança: la piété filial l'
u pour
fentimem de fes malheu
1. e emporta fur la
encore fous l'empire d rsr' e le confentÏt à refler
e Ion tyran
L e fieur Barthelemy ne
'"
que l'autorité n'eut 1"
pOUVOIt plus douter
échapper à fa vigilan~: y~uxfi ~ur lui. Il crut
en les couv rant d'
aire
excufer
fes
outrages,
.
e cette
f4 •bl
fl'
,
attrIbue
1 r communément'a l' amou r &al q eue
' ,qu11 on
1
III n ell e
p us Jouvent que l' effi t . d"
exalté, d'un fentiment d: fu ~~ a.mour propre
que toute comparaifon bl le~lOImé 'pe~fonnellCi:
.
e e . l feIgnIt d'êtrCi:
jaloux
r
9
-jàlo ux : comme fi cette foibldfe pou voit jamais
lui aflùrer l'impunité; comme fi un vice pou:'
voit jamais en faire excufer un aut re.
Aux tranfpons dont il paru faifi quand fa
.viaime alloit lui être ravie, on croirait que
-le fieur Barthelemy, abandonnant tout · projet
de féparation, n'avoit d'autre défir que de la
conferver auprès de lui. Mais bientôt, par llne
de ces inconféquences qui lui font familieres,
il écrivit à fOll beau-pere qu'il était prêt à lui
81
rendre [a fille: la lettre eH du z.) Avril 17 .
» Un motif d'amitié pour ma femme me fait
avoir recours à vous, pour vous prier de
vouloir bitn la recevoir chez vous. Ennuyée
de vivre avec moi par des raifons qui fon t
à fa connoiflàhce & que j'ignore, elle eft
très-décidée à ce que j'ai l'honneur de vous
écrire. Il
fûr que la tendre ire d'Lln pere
& d'une famille, dont les généreux foins
ju[ques à aujourd'hui lui font efpérer un ave» nir pl us heureux que celui qu'elle attend de
)) fon mari, l'invitent à cette réfolLJtion. Quant
)} ~ moi, Monfieur, autre raifon que celle que
»
})
»
»
»
»
»
»
ea
» Je V allS expofe au commencement de ma lettre
. » me décide à prêter les main s à [es défirs j'ef» pére que vous voudrés bien acquiefcer à ja
B
�10
,» demande, que j'appuye par la priere que je
1)
VOIU
en fais & me croire avec un lin cere atta_
» chernent, &c. »
Cette lettre ipfultante par les motifs qu'il
Nête à la Dame de Fuveau, par le ton d'indifférence & de mépris dont le lieur Barthele_
'my appuye h. ptlé~endue demalJd~ ?e fon époufe,
plu-s infultante encore par [es reucences, ne f\lt
point rendue au lieur de Fuveau pere. Son fils
·qui l'a reçu~ eut la prudence de la lui cacher,
pour ne pas affliger d'avantage le cœur paternel
dans [es- derniers memens'. ,
La Dame de Fuveau eut bientôt le malheur
de te perdre; & fan frere , qu'une fanté trop
délPcate renetoit habituellement malade, faifoit
craindre que ta mai[an de Peilfon'nel ne s'éteignit
avec lui.
L'afpeét riant d'ulle [occeBiarr importante,
une terre dom le: nom flattG!t la vanité du fieur
~anhelemy, pouvaiient ?pparter quelque ad()l.lo
clirement au fort de f().FJl épou[.e. Mais, telle: était
la ha~ne q.u'il a- co.n5oe,p.@l!J1r eUe. , que' fes prll)o
pres Interets ne, 1ll1f In(pm~tent Ipeme pas le défir
de clla'nlgu.
Se f.lanant' de reGueillir, la ftll<ï:ceffion du fieur
de Fuveau qui d~péri{f()ù à vue' d'œil il ne
fongea même pas à avoir pour fo'n épo~fe ces
'q.uelques égal ès qui amoient fLlffi pour lui ra-
Il
, mener l'affeétion de fan beau-frere J jeune~ham
me dont le caraétere doux & le cœur allnan~
ne connut la haine que par l'averfion que lUI
. r .
t les procédés du fieur Barthelemy.
111lptreren
cl
Par fon teflament, fait pe~ ,e tems avant
fi mort le fieur de Fuveau lOfiltua pour fan
:éritier 'un coufin au quatriem~ degré,
ne
laiffa à fa ' fœur , pour qui il avoit ,~oUJours'
confervé l'affeétion la ' plus tendre " qù un legs
d'u[ufcuit. Il , défendit au fieur Bat~helemy de
s'immiCcer dans la pofièfIion de fes ble~s & vou1 t que dans Fe cas où il s'en mêlerolt, l'.u[uf~uit fut - par ,c ela feul confoliBé à la propnété,
rédui[ant alors fa fœur\ à une penfiort de 17 00
livres qui ne pourroit être comptée qu'~- ~lle
même. Enfin, le fieur de Fu'v eau permu a la
Dame fa' fœur de difpofer d'une fomme, de 30000,
livres en faveut de qui ell!! 'youdroiç-, t?ùJ()'u~S'
fous la -candition que fon mari rie totTcnèrolt
point à l'admin!firation de l'tifufru,it., J a?éanü~
tànt cette p'e rmlffion dans le' ças 'ou' II s ~n me.,
J
1 . 1 . • j~ • }(,
,,-' .' .
1-erolt.
Les motifs de ces difpofitions ne peuvent être
mécot1~l:ls. te fieu~ BarrlleYemy
)~~ at.tribue'r qu'à lui-n1ême.r Son beau-fIere
. da1~01t
J _L .L1
qu~une [llcceffiQÎùlp leln e ;' le <
dél'ol.1r'n,nHl.,e-route-
l?'
#
nél'd1ii-t
accu p~tid~ utHe , ';:nXèihpi-ra'l 1a 'i0nûi~OW d~~.Y é ~
B0tlfê ; ,; ttn JbiurnifTh tfth un'°hotiY'el -.a~~en)~Jlau x:
paffi61h's fd ù~ mari :
t ,;
~'
~
1
l"
B z
�J2
La mort du lieur de Fuveau & Ces difpofi~
tians, devinrent le fignal de nouveaux outra_
ges. Furieux de la privation de cet héritage
plus furieux encore ~e ne pouvoir porter u~
nom & jouir des droits honorifiques qui flattoient fon amour propre, le fieur Barthelemy
annonça à fan époure qu'il falloit abfolument
que les diCpo{itions prohibitives du teftament devinfIènt inutiles, ou que l'événement le plus ter·
rible ferait la fuite d'un refus. .
Il étoit cependant indiCpenfable, à moins
qu'on n'eut ' voulu manquer à la mémoire du
fieur de Pei{fonnel; Dès l'inf1:ant qu'il l'eut effuyé , le lieur Bart,~elemy ne mit plus de bor~e à. ~a fure~r: l,es étrangers que le féjour de
1 hérmer atmolt a Fuveau furent plus d'une fois
~émoins des propos inCultans, du ton ironique dont
l_e fieur Barthelemy, mortifiait fan époufe. La
Dam: de Fuveau n'avait pas même la liberté
de. lUI répondre & pour prévenir toute plainte
d~ fa part autant que pour l'humilier d'avantage encore, il lui écrivit la lettre que voici.
•
»
»
»
»
»
-
fI"
.
~
» N'étant: point a~coutumé ,Madame à lcout~r de, rang froi~ les. cor;nplimens que ~ous me
f~te~ 3: tab\e ( '1_ Je _p~end fagement la [éfolu~
lil0 n rl
.. - Vou:;
' -auriez tné. ) 'tr )fIl "1'
e
o~J)~~r~ 'cl'C rE 0us.
rlté
. Ir.
J
,
" ...
'
,qP!1 n JeU>l\eOl~outJ dfr fu te r.éprimé votrel
audace: rendez grace à je.' ne Içàis quoi fi;,
l-)
»
'e ne l'ai pas fait.1kais c'eft rec.ul.er pour
~ielLx fauter. Je ne dois pas vous ladler Igno-
avez élevé ~ans m?n at?e d~s
r;'
s d'indignation qtll ne fimront jamazs.
), j'enumen
.
f &
)) Je fi ais heureu[ement apprécler~ les cha es
vou; jugez bien ce que vous etes & ce que
».
l
Il ne VOliS fied plus après cette
)} VOliS va q:.
e
» déclaration de vou.S obftiner a
~Hvre,
}) vous engage beaucollp à refler LCl & a ne plu
}) penfer à moi. Je prendrai l~s arrangetnens que
» 1'011 voudra & je ne faurol s trOp payer cher
~ ma tranquillité. Joulfi"ez à votre tour de votre
:> liberté, je connais trop l'.ufage que vo~s en
» faire~ pour ne pas vo~s fazr~ ,!,on come.lzment.
) Adieu dattez bien le Jour d hIer &. 'lu Il vous
l)
fer que
VOliS
'.'f
r: i .
J:.
).) en fouvienne. »
Cette lettre renferme autant d'injures que de
mots. C'eft l'expreŒol1 du mép~is le, ~lus ca_raEtérifé, de la haine la plus lDveteree. El~e
ne contient qu'une vérité: c'eO: qu'après l'a~o1C
reçue, il ne convenait plus à l'époufe de f~lvre
le mari qui l'av oit écrite. Tout en rendait les
traits poignans jufqu'à l'état où étoit la Dame
de Fuveau quand elle la reçut.
C'eft effeEtivement à cette époque que parurent les premiers figues d~ fa gro{fefiè. Elle fe
flattoit que fan mari inO:ruit de fon é~at rendrQit la férénité à des jours qui lyi devenoient plus
�14
précieux. Inutile erpoir qui l'le fut que trop.t~t
di Œpé ! La groffelTe de la Dame de Fuveau , f~t
po.ur elle la fource de la perfécution la plus dé~
(;hll·~nte . ~e fi ur B~rthel em y o fa dire ( pour_
qUOI faut-Il que nQUS foyons obligé de le réfléter-~ ) il ofa Pllblier- que l'enfant de fa ,femme
Ile lUl appartenoit pas, qu'il le défavoueroit
f1\l'il était cenain de fQn infidelité flour en avoi;
été te témoin occulaire-. Calomnie infernale-, qui
~è p~UE pas même être excufée par le délire d'une
}magtnauon [o~pçonneuîe. L e fieur Barthelemy
Ile peut p~s reJetter cette atroci-ré ftir la- jaloufie. ~l la )o.ua qudqueJots; mais, il I~e la con ..
Dl:l'~ pmals. Sa c-onviétion intime démentoit fa
langue. Il éwit affuré de l'honnêteté de fl'
compagne ;. mais la haine qu'i-l a conçU' pou:
elle, la haIne feule, le pouffait à fe flétrir lui
& [es, e~fans_ , pour imprimer la honte du crime
ftll' Yon 11180cenle v itlime.
PI>
X u on ne· eroye pas qtl''il' y ~l1t ici d"en-lumi..
n~re, c"efi le trait llll1ple· exa8-ement de-Œné
L ef1quê:e- a été prife: fe fixIeme témoin dé:
po~ ~om'!le- plufi.e\:lrs am-res ftlr la di~aJUation-,
maIS' Il ajou~e que ». ayant demandé· atl fieur
» B~rthelemy fi. c'étoi:t à la i-al Ifi. .
":1 r. -l
» lolt aftri-buff fc cl
'
r ~u le qu l la». fi j , • , . _\ e~ .'U·retes perpetuelles ' envers:
a remme
, Il lu·t. cflt qu.''i& n "etau'
. pas "Ja l aux
',
~)- mat~ ~~e' fan- ~ntér-êt étoù de parôf{r~ tel :
J
}) q.Uot:/u zl· fot bien convaincu de la- fageffe &
!~
,honnheté de fan éprJlJfe » & il réd e.
" de l
.
d ·Îron
mande fa femme! ..: ... zl ~tol~ :on~al~cu e ,
honnêteté & il dirolt avoIr e{~ temdln de fo~
• c. . ,
& la Dame de Fuveau pourraIt
lnla1111e ........
.
.
être obligée de fouffrir à fes côtés ce man qUl
a tenté de lui · enlever la plus chere des pro" , ,
Mais retenons les mOl:lvemens
prleteS ............
.
.
d'une indignation trOp Jufte & pourfulvons
l'hiftoriqwe du fait.
.'
,
, <
Après avoir auili cruellemênt dIffame fon epou·
fe , le fieur Barthelemy anno nc.e C'lu'il ~7u~ l'a·
bandonner qu'il part pour Pans afiq d evlter ,
<lifoit-il, u~ malheur. 11 exécuté en effet ce projet; mais, en s'éloignant de la Dame de Fuveau f il ne ce!fe pas de la tourmenter. Les
outrages [{! multiplient avec leS lettres, elle
n'en reçoit aucune qlli n'ouvre de nouvelles bIef·
l'
•
fures.
Nous ne falirons' pas notre plt:lme par la
tranfcriptio n de toute cette (!orr,efpond~n,ce ,
c'e{} bien affez que nouS ayons elé oblIge de
la lire. Le fieuf Barthelemy 5 confirme toUjours d'avantage le de!fein qu'il avait al~rs d 7
vivre réparé d~ fon époufe. Dès fon arnvée a
Paris il lui écrivit )) enfin je fuis où vous dé1) !iriez' , Madame, deux cent lieues nous
fén parent. Cet efpace dl trop court encore pour
) votre indifférence, je dirai plus pour votre
,., haine , &. elle n' dt pas a!fez 'diHante pOUf
�16
17
~ ) mes proj ets. Felicitez-voUS flie" de m'avoi'f
- l -
.'
»
»
»
»
»
»
))
»
•
~
'i'
rendu l'être du monde le plus malheureux.
C'en eJl fait je VOllS abandonne, flOUS & tous
mes parens. Je vais porter dans d~s pays· bar_
bares ma mélancol.ie & mon défefpoir. Vous
n'avez pas voulu co.nnoÎtre en moi un homme qui VOliS adoroit & qui accroit fOll lDa~.
heur par l'amour :qu'j.l ne ceffera d'avoir pOUF
vous. Des plaintes, des foupçons dénaturés,
J) des méfiances, des brutalités, des préfél'en) ces, des perfidies ....... defi tout ce qué j'ai
» reçu en échange de mon amour extrême. .
» Refièrrez les nœuds qui vous ont porté à
» ma p~rte. Faites triompher celui qui me cha·{fe
» éternellement d'auprès de vous, aimez-le au...
. )L tant que je le hais: commencez· avec lui votre
).) carriere d~, ?on.he~r, & moi je vais remplir
» celle que J al gemt , que vous m'avez prédM:
.» au moment me me ou J aU'rors voulu mounr
) & renaître pour vous. J'efpére que vous ne
)) rendrez pas le .fort auffi funefi~ aux petits
.» malheureux qm refient avec vous. Si vous
~) leur a;rach~'l leur pere, ayez- au moins pour
.,» eux d entrailles de mere. Qu'u,ne perfonne en
» vous rendant perfide ne vous rende poim bar» bare. & dénaturée. Voilà la derniere plainte
» que Je '?le 'permets ( fi les fanglots & les lar·
» mes qUI 1 accompag nent pou voient fe mon··
» trer, vous en verriez ma lettre remplie ) je
, .
.
n eXCiteraI
1\
\ ., .
•
'exciteraiplu-s: votre pitié, je vou~ deman~
» ~erai feulement quelquefois de nouvelles de
» mes en fans, &c. (1).
.
La féparation n'dt qu'annoncée da.ns cette
lettre; mais elle va biet~tôt. être. cO,nfolldée.
. Le 16 du mois de Mal, Il éCrIt a [a femme.:
:~) Vos démarches & vos procédés m ayant falt
» prendre la réfolutÏon de v~us abandopner &
)} de m'éloigner de vous, alnfi 9ue . ma pre» miere lettre vous le marque, Je viens. vous
» faire part de mes intentions pour ce qUI vous
» . regarde. Vous retirerez vous-même les pen» fions des maga.fins, lXc. « Le fieur Barthelemy
regl e ici l'article de l'intérêt & il le regle en defpote, qui, ne conn~ifi"ant d'autre loi .que fa v~lODte , fait tout plier fous fan empIre. Apres
• ')J
( 1) Nota 'cette perfonne que le. fieur Ba~thelemy
indique fans la nommer, celle dont Il eft queftlOn daus
toutes fes lettres, eil: l'héritier foncier du fieur de Fu~ t'eau. C'eft un Citoyen refpeaable, âg~ de S6 ans, un
..J ancien Militaire
qui -; mérité la récompenfe nationale
( tiont il ' eft décoré. Il n'a eu avec la Dame de Fuveau
que les' rélations indifpenfables entre l'héritier foncier &
l'ufufruicier, 'pendânt la confeaion de l'inventaire, liaifons qui n'ont pas duré plus d'un mois., ·Mais i~ . a eu
, vis-à-viS) dl[' fieu!' Barthelemy le tort grave & vraiment '
irrémiffib1e' , de moins refpeaer fes volontés que celles
du tdhiteur &. de refufer de fe départir en fa faveur de
l'inHitution d'héritier.
c
�18
19
ces arrangemens, il ajoute; » A préfent re:e
» vet mes adieux, nous ne nous re.ve:rons J~ "
» mais . ..• Ce mot me coute, mais. 11 çfi né"
A
) ceffaire. J'arracherais mon caur, fi Je foupçon» nais qui'l pût l'emporter. "y 0us m'a~ez rendu
J) la vie aftreu[e. Je IedoutOlS ce derOlet: cpup :
)) le Ciel me punit: je 1/0US ai tr~~ aimée; j~
).) ''JOus aime encore· , cft\;ldle, voIla tout t:110~1
-n Ilnalheu-r. Mais du{[ois, j~ périr, du{fo.i$ - je
» . traîner 'rna v.ie Iangl!liffante ,de perte ,en pçHt,e
» pour la Joutenir, je ferai con:fi.an,t dans ~~
.» réfolution . .Les miferes de la ·vie font moz l,U
)) affreufs pour moi. q u.,e .vos p:;fi:di~s. J ~ vous
.)) ai facnfié mon ,nefientlm.ent; J al devore dans
.» 'mon arne les IHan[porcsque la jaloufie donne;
)) j'ai [ouri à votre :ad~iateur ; ;j'ai comb~ttu ma
» rage, & je l'ai laiffé vivre. Ce triomphe n'dl:
)) point l'éflet dU '[ang -froil1 ;-fl n'en' circule point
' » d~.tns 'mes 'veines .; n1:·ais le , mépris, l,e p~c!ail1
» .& totit ee que ll>a lnature ·a de pills ,v il. 'efi la
) jufie ' vale.ur 'des auteu1'stle 'lJwn -in'tQrtune; ;
u j'érois r'éfervëà :ces coups', 'du ' (art ; :-fafiè le
» Ciel queje les, endl-H'e. ':Eill 'l'ne, Qé~v o.~ Qt 1~,ul '
» j~aurai 'fini l'na . ca(rt~er-e d!.ual,he HeU[~~ent . ;
- » ' mais ' clou nmQj,ns ili~ <l!UIl:a,i-je J'r.ien ~jl ·me: 'repfO1 »
cher: i\dieu-;«
,'.
JII
Cette lettre ne reria pas' r~ns répo.rl Ce : 'a', Datue
, de Fuveau, y eft tf9P ,iodignemeut 9 ut t il$ ée':pour
n'en avoir pas témoigné fa (enfibilité. ~llé rapC
.
. ,
pella à fo'n inaî'i les principes. qUi ont t?u}ours
ciri é fa conduite. Eh ~ qu'avait-elle be~Ol? de les
, ,gap' peller? Le fieur Barthelemy etolt con. d' A
l Ulr
.
de fan hormêteté , & ne fi'
elgnolt etre
vazncu
J'
.
If'
•
•
u , lï
jaloux que parce que [on lntuel, eXlf!,feOLl ,1
1 fi
parût tel. V oyo~s ~~pendant la repon e qu 1 t
à la lettre de [on epoufe.
'
.
.
, » Je n'ai rien à me re~rocher qUI ne fort vo» tre ouvrage. Le vil objet dont vous .~~ p~r
)) lez l'a tOùjours été à mes yeux, '& fi J al feint
l) de lui en vouloir, c'était pour me venger d,:
» l'indifférence que vous me~~e~ aux cho~es qU,l
» me déplairoiént. Vous p~efene7. me ':voir mal
» content & aller votre tralO, pourquQ1 -ne vous
» l'aurais-je pas rendu? . . . . . . •
» VOliS parie"{principes dans 'J.'olr~ lettre, VOLIS
» vous en accordet. Ofe'{~VOllS aVOlr le front de
1
)
»
»
~)
vous croire ' honnhe femme? Qui, vallS ~ ..•
un monftre eJl moin~ farouche à l~humanùé ,
que VOliS à vos devozrs. Sur quel ture.fonde'{VallS votre vertu? Efi - ce pour -avoir voulu
» mon malheur ' éternel? efi-ce pour ' vous être
~) afiociée d'intérêt & d'intrigue avec un malheu» reux qui ne refpire qu'intérêt & ba!feife ?
» Vous me reprochez de vous aVQir voulu
» mettre hors de ' chez moi. On voit bien que
» le fonds de votre cœur dément votre main :
» vous' me cherche'{ des défauts pOlir pallier vos
» CRIMES; mais vous - même ' vous ne vou s
C
2.
�20
zr
» abufez pas. Vous fçavc'Z qu'·il n'en eft rien.
» Vous avez connu le fonds de mon ame ; vous
. L'honneur diaoit fa réclamation J la bien
féance devait préfider à fes démar,ches. Sa gro~
felfe ne lui permettant pag de chercher un afyl7
dans des MaiCons Religieufes , elle voulut attendre .le lnament où elle paurroit y entrer.
Cependant le fieur Barthelemy ret~u:na de
Paris. Il marqua le moment ~e fan arnve: dall~
la mai Con par l'annonce publique du motif qUl
déterminait fo-n retour. Sa femme vole au-devan,t
de lui pour l'embralfer ; i,l l~ repoc~IJ;" la fau
)) fçavez qu'on peut l~ mettre à. des épreuves ~
» fi vous en étle'L mOinS convalOcue,
, vous ne
» VOllS y joueriez pas..
.
)) Quant à mes enfans, zls fi reffenurom d~
)) la fat~te
leur 17;ere. }e. n~ .~anqu:rai 'pas
» leur bien a coup·sur ; IlDlmlt1e que Je m at» tire de mon pere dans cette circonftance , &
» dont vous êres la caufe.J le leur a{fure. Ils
1e
)1
ne connoîtront jamais à qui ils doivent le jour.
» S'ils héritent de vos fentimens.J ils s'en fOll» cieront fort peu. Adieu, voilà la derniere
» lettre que je vous écris de Paris. Vous avez
l)
dû en recevoir qllatre avant celle-ci; elles te
» prouvent touS mes fentimens. Je confirme dans
» cette derniere tout ce qu'elles contiennent ) ~
)) tu n'en recevras plus de moi) fi ce n'eft la
» nouvelle de la fin de mes tourmens, &c.
A ce tiŒu d'horreur on s'attend fans doute
à voir la ' Dame de Fuveau brifer le lien fous
lequel elle a fi long-tems gémi; & prendre Ull
parti que confeilloit l'honneur à ·la vertu ourragée. Une demande en féparation devoit être
l'unique réponfe aux lettres de fon époux; il
n'en aurait pas reçu d'autre) fi la Dame de Fuveau n'avoit conCulté que fes droies, mais une
délicateilè, peut-être exceffive, lui en fit fufpelldre l'exercice.
r"
rewler plufieurs pas.& IUl decl~re qu d ep v~nr:
pour faire un mauvalS coup ; q~ elle ,verrou penr
1OUS {es enfans ; qu'on trouveroct un Jour des bras
.& /es .têtes qu'il auroit féparé.
Ces menaces répandirent le deuil &. l'épouvante dans la maifon; les dameftiques n'o[aient
' plus' C.e livrer au [a.mmeil: cha;u? tremblait ,d'apprendre à (on revell quelque evenement fi01llre :
tous voulaient fuir une mai[on orageu[e, où leur
vie &. leur réputâtion pou.voient être à chaque
inllant campramifes: ils n'y furent retenus que
par ce Centiment de cammifération que les malheurs
&. les dangers de la Dame de Fuveau ne pouvaient qu'infpirer.
Le fieur Barthelemy s'était trop permis d'indignités, pour ne pas prévoir qu'il n'étoit pas
éloigné ce te ms où , les forces de la nature {uccombant fous le poids de la douleur, la Dame
de Fuveau iroit ,hercher ailleurs la paix & la
�z,~
.
.
22
'sûreté qu'elle n'e po-u'véit 'plus r~trouver aupr~
"de fan tyran. Soit qu'il voulût fe ménâger de~
armes pour repouifer une demande en fèpara:
tion, foiç qu'il voulût appvyer par des preuves
l'horriole diffamation qu'il s~étoii: "permife , 11 en.
tre dans l'appartement de fon époufe, vers la fin
de fa grofiè~è , dans le filenëe de la nu'it , il fe
préfente à elle armé d'un papier, d"un çcritoire
.&. d'une plume, la fait afi"èàir fur ron lit &Iil
force d'écrire fous fa diélée une lettre déshono.
rante, Ce dernier trait iI)anquoit :a ux exéès dl!
.fieur Baphdemy &. àux douleu'rs de fon infor'tu née vinime.
Le moment de fa délrvrance arriva. Cë mû' ment trop reculé pour f~p repos faillit à être le
~ der?ier .de fa 'vie : k~ ~fforts qu'ehe avoit fait
"pour. furl110nter les chagrins c"uifans qui la dé·
vor~le~t,' la terreur habituelle dans laqu"eHe :elle
,aVaIt ,ete pendant fa grofièffe, avoient "épuifé fa
Janté; On ~éfeCpéra l.ong-tems 'de [es jours; mais
fon et~t ne to~cha . pas le cœur de fon miui,
. f~s acc,es de fur~ur ne fu .r em ni 'moins frequens
nI mOInS redoutables. La Daille de Fuveau en
_fut ,la ~iaime tant que fa Caneé ne lui 'larifa pàs
' d
i elUite;
'
d'es que fes . forées lui. pero
, l'ef
,~olr
,~a
mlr~nt cl echapper aux "mains de fon tyran elle
f~rtlt d'une maifon où fes jours' é~oient c~inp·
tes par fes larmes, & fe jetta dans ùn Cou.·
ven.t.
. Le lendeq1atn, c'eO:-â~dire, le 6 Mai de l'an·
née derniere' , 'elle" préfe.pta ffi Reqûêt en fépaprovifion qui lui' fût acfat'ion & d.ema·nCla
cordée par Ordpnoanèe du ' 13 du \nêine mois.
Le 22, le Geur Barthelemy donna fa Requêt~
en réint~granpe; & le ' procès s'engagea lur la
.fép,araFÏ°~' , . - "
.
.
'
Pour l'obt,~pir j la parne de Fuveau n'au,roit eu 'be(?i? qu~è de) ~, o, mmut;li~û:e.r ' 'l~s let~
Hes de fOin m~!i. M\lÎ~ elle p<?~fia la ' délicatefiè jruCqu'à ,vpuloir démontrer oue [es démar"-
une
~~es ,ér~i"e'pt l~i'~'es .pa~ ~~. p\~SI i~p~é/ie'~re d~'s
)~~x? .p~r np:~r~t
d.e f~~ ~onn~ur, & de .fa prc.:;.~re cqpfery~~l~r' E;lle ~l:'lfa Ça d~fen,fe ~n troÏs
.l}loyeqs. : . ~,-~P~fs _~?~lfapt ~ ôiffaniatÎ?n publî.que ,' y;l'3Wp'ces 1 ~~~~lf1yes. Elle offrit en conq. ~uence l~n _exp~~~e~t ' .Ellr ,leqllel elle Je foull}'t
~ a prouver 1°. q~e le fi,e~r Barthelemy a fouu ,ve~t ~~.Olfe~é . a Jon ;epouCe , dans les termès
,u les Elllq.pJ~ieu.x & les .plu,s ou~rageànts po~r
~> fon hQnn~~r, tant .p~~devant témoins que par
,>? fe,s le!tF~s, qnteq~ion de ne plus vivre avëc
;" ,e.1 I: ,, . 1~i ..0tfra~t. ~è ,~ollfcrire un .aéte de fépa.,n rat.l~n . v<:>~pn.taJ~e, & qlJe fi elle s'obflinoir 'à
, » dr~l1eurer .. ~he~ ~ui ~ q;uelque malheur en f~
: ».L~Ol.t , !a/~l~e) .lt?te;qtlO;n &. menace qu'il a r/f.» . n,o.uv.ellees avec plus (racharnemen~ pendant
.;)} fa ~er.~Î.ere ,groifeKe. ,,'
,» lo°. Qu'il ' l'a toujours tenue dans un ét~t
»:
1_
�24
)} habituel d'dfroÏ' pour la fureté de fes Jours
)} par la terreur q.u'infpiroient fes fé roces
» naces; lui difant, tant avant qu e pendant fa
)) derniere grofièflè, qu'il était t rop malheureux
)) de voir fon fort atraché au fieu, pour ne
}) pas chercher ' à en brifer Je lien ~ qu'il fallait
)~ des viétimes à fa fu reur; qu'un jour on trou',
)) veroit des têtes & des bras qu'ïl aurait fé.
)) parés~ & qu'enfin il la tueroit : menaces atro',
)) ces devenues fi allarmantes pour la famille da
» fieur Barth.elemy ~ que fa mere avertit la fem.
» me - de - chambre de la Dame Barthelemy de
}) ne plus laifièr fa maÎtreife feule avec fan
» mari!. pour pr~ve~ir un malheur. Qu'un jour
» entre autres elle unt cachée la Dame Barthe,
l}
lemy fa belte-fille dans la chambre de la Dame
» Efpina([y, pour foufiraire fes jours à la fU"}) reur de fan époux.
" 3.° Qu"apr,es
\ cette1 lUIte
r.'
cl'-o~trages, crarl7
» gnant une demarche' en réparation ~ dans un
» tems où elle. ne conv~noit plus à fè"s intérêts,.
)J 11 - rut deVOIr fe. ~nénager des armes' 'pour ra
» repouffer. Dans cette idée vers ta fin du mOTS
» d~ !~.il1et dernier, il entra dans' ]a chambre
• » . de. fa ~~m~e r~,rles ' deux C h(!tl n~s apres " mi.
» nUIt ~ 1 eveIlta , ~n fur(a~~ " ',& . Faya~t faÏre
).) a~eoIr fur ron ht " &. luI' preféntaIlt"
pa'.
pler & de l':ncre, 'lui- dic , du . tO'n le plus,
effrayant, eallle'{, Madam e, ce que-je vais vous
» diaer :
me:
i:
un
1
25
" diJer: elle s'y étant refufée, il prIt .un ton
» fi allarmant qu'elle fllt forcée d'écrire une
» lettre désho~orante pour elle ~ & qu'il lui
» diéta.
» 4 0. Qu'à la fuite d'une rixe élevé~ entre
» eux à peu près dans le ~êl~e t~ms, 11 vou~
.» lut qu'on lui dre{fa un ht a pilant dans la
:» chambre de fa femme, à qui il réieera penn dant la nuit fes menaces ordinaires, & étant
» fo~ti de grand matin, on trouva un piaole!:
» fous fan chevet.
» 50. Que tant avant que pendant fa der» niere graifeffe, il n'a ceifé de lui reprocher
» que les eofans qu'elle avoit ne lui apparte.» noient pas, que celui dont elle était enceinte,
,» n'étaient pas de fes œuvres. Cet odieux prol) pos fut réitéré dans le mois cl' Août dernier,
» en préfence de témoins. Sur quoi la Dame
~) ayant répondu à fon mari que ce genre d'ou"
.» trage n'était pa5 nouveau pour elle, qu'il du » rait depuis fon mariage ~ fan mari faifi de
» fureur, prenant une chaife en l'élevant po u r
» la frapptr, fut retenu par le tiers préfent à
» ces difcours .
» 6°. Que dans toutes les occauons, il l'a
» diffamée par les imputations les plus outra» geantes & les plus calomnieufes, pour ca» raétérifer par-là le mépris qu'il en fai[oit ;
)) mépris dont il la humiliée tant en face, que
D
�z6
» dans fes lettres & pardevant témoins n.
Le heur Barthelemy, femblable à tous les
maris qui ont à fe défendre d'une demande en
Iëparation, fuppofa que les. démarches de ~on
époufe n'étaient que le fruIt de la fuggefhon
& de l'obfeŒon: mais, plus hardi que les au·
tres, il demanda qu'elle fut perfonnellemellt, interrogée. Elle le fur, en effet, le neuf, JUillet
de l'année deruiere , fes réponfes contlennent
les motifs qui ont déterminé fa demande en lé·
paration, & avec eux le détail des indignités
qu'elle a eu à foutfrir pendant [ept an.nées.
Ces préalables remplis, il n'y avoit plus à
balancer: il fallait fe réfoudre à recevoir l'expédient & ordonner la preuve, ou dépouiller
tout femiment d'humanité, & rejetter dans- les
mains de fon oppre{fem la viéhme qui fe dérobait au péril. Un Tribunal hum'ait} & jufle
ne pouvait pas héfiter: l'expédient fut reçu,
& la preuve- ordonnée par Sentence du 15 Juil·
let dernier
Le .délai pour faire la preuve, n~éroit que
de huit jours. L'éloignement des témoins qui
devo,ie~t dépoCer, était trop grand pour que
ce delal pu fuffire. La Dame de Fuveau en demanda Ira,mplÎatio~ :- f-e lieur B:arthelemy la contefla, mars elle fut accordée par Ordonnance
rendue le 5' Août, en contradiél:oire défe-nfe.
Les mêmes motifs qui déte-rmil'lere-nt l'amplia-
2.7
tion de délai, autoriCoient une nouvelle provifion. Le fieur Barthelemy la contefia encore;
mais elle fut également ordonnée par Sentence
contradiél:oire du 26 Août.
Enfin, la Dame Barthelemy fit procéder à
Con enquête; elle fut parachevée le I l Septembre dernier.
.
. Nous ne rapporterons pas touS I~s excès qu'~lle
renferme il faudroit la tranfcnre en entier.
.
Nous ne prendrons que les pnnclpaux tralts .
, L'enquête prouve que le fieur Barthelemy
avait journellement des querelles avec fan
époufe; (1) que le ...(ems de fa derniere. cou~
che ne fut , pas moins orageux que celUl qUi
l'av~it précédé; (1.) qu'il lui donnoit les épithetes les plus. groffieres & les plus falle.s (3);
qu'il la méprifoit fans ceifc de la maOlere la '
plus cruelle (4) ; qu'il lui difoit que fes beaux
jours étaient paifés; (5) que
fan. cœur le
portait à lui faire une bonne manzere, zl le percerait plutôt; (6) qu'ill'obligeroit d'aller dans
un jardin fervir les maÎtre{fes qu'il diCoit Y
,
'
'
Ji.
(1)
'( 2.)
(3)
(4)
(s)
(6)
1er. 3, 4. 7. 10 & onZleme témoins.
6e. témoin.
1er. 4· )' & 7 e. témoins.
1er. 4. '). & Ile. témoins.
). & Ile. témoins.
') e. témoin.
'
D
2
�28
%.9
avoir; (1) qu'il répé.toic prefgue continuellement qu'il ne pou volt pl~.s V,l vre ,ave~ elle;
qu'il falloit abfolument qu Il. s ed~ !e~arlat pour
éviter un malheur; (2) qu'Il Il,,lOIt e~ conditions du divorce devant fes ~ol11e!hque~, .
chargeant [a femme de les por~er a ~11 Not~.lre
pour les rédiger; (~) qu'un Jo~r, Il eut 1 Indignité de la chafièr de [a ma1fon de grand
matin ~ &
demi vêrue; (4) que la Dame de
Fuveau n'oppofoit que la plus grande douceur
à [es outrages, qu'elle portoit mên~e la, g~né
roUté jurqu'à obliger les perfonnes qUl en etol,ent
témoins, de garder le filel1~e, & de parOltre
.
prendre le parti de fan marI (S)·
Peu [atisfait d'outrager [on époufe dans 1'10-tirieur de fondomeflique, le fieur Barthelemy
la diffamait au dehors par les calom'oies les
plus atroces. L'enquête jufti6e qu'il lui reprochait des fréquentations fufpeaes; (6) qu'il
ofoit dire ne pas être le' pere de fes enfans;
(7) que fa femme étoit une p ...... (8) qu'il
a
(1) 7e. témoin.
(2) ter. 4. S· & '7e. témoins.
(3) 1er. témoin.
(4) 4e. témoin.
(')) 7e. témoin.
(6) 1er. & se. témoins.
(7) 1er. 4- & 7e. témoins.
(9) 4e. témoin.
l'avait furprife en flagrant délit. Cl) Il faut
le dire: le fieur Barthelemy eft l'homme du
monde le plus malheureux, ou le plus noir,
puifque le même témoin, à qui il avait fait
cette horrible confidence, dépofe que dans une
époque poftérieure, il lui dit n'être pas jalaux"
mais que /on intérêt était de paraître , tel ~ quOLqu'il fut bien convaincu de la fagejJe &, de l' han ..
nêteté de fan époufe·
L'enquête prouve encore des menaces & des
excès à faire bondir d'horreur le cœur le plus
infenfible. Il efi jultifié par la dépoGtion des
témoins qu~ le fieur Barthelemy répétait [auvent qu'il fallait des viaimes à fa fureur; (2)
que les mots de tuer & d'affaffiner étaient con·
tinuellement dans [a b&>uche; (~) qu'à fan arrivée d,e Paris, fon ép'oufe ayant accouru dans
le veltibule pour l'embraffer, il la pouffa &
rudoya fortement, qui la fit reculer de plufie!-lfS pas, & lui dit q~'il était venu pour faire
un mauvais co'up, qu'elle verrait périr toùs fes
enfans; (4) qu'il avoit menacé- fa femme d'un
coup de chaife, qll'un tiers préfent à la que-
oe.
. ,
témoin.
1 er. & 3e. témoins.
, .
1er. temOIn.
, .
1er. temOlD.
l
,-
,. ..., (" fi
.
,
m'
,
r
'C
�p -
~o
relle l'empêcha de lancer; (~) que fur fa Ill!
de fa derniere gro{fdfe, 11 1 avolt .forcée pen.
dant la nuit d'écrire une lettre déshonorante t
(2.) que pl~s d\lOe fois, il avoit l.nenacé fon •
époufe de coups de .coût~au & .de pl~ol,et; (3)
er 1epee co~~
qu'il avoit eu la lac,hete de
tre c: Ue ; (4) qu'apres une nUlt orageufe, s é·
tant levé.de grand matin, la domeHique qui
défit le lit à pliant que le {ieur Barthelemy avoit
fait dref1èr dans la chambre de ta Dame de Fuveau, trouva un piO:olet qu'il avait oublié fousfOB chev-et; (S) que [es menaces allarmant les
domefriques, qui craignoient pour les jaurs de
leur maîtreUe , (6) tantôt ils prenoient la précalluion d'enlever les armes du {ieur Barthelemy J
(1) &. tantôt ils pa{faient les nuits entieres
fans Ce coucher, pour prév.enir un malheur;(g) que la propre famille du fieur Barthelemy
éooit fi effrayoo, qu'elle s'étoit crue obli-gée de
chaJ!ger l Ies domefiique-s , de ne jainais laiilèr la
u.r
'.
J
r
;
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a
fi
d
;
r i '
- (1) ' fer. &: i e. témoins.
(2.) 1er. 3. & loe. témoins.
. (3) e. témoin.
( 4) 7 e• témoin.
( )) 3e. témoin.
(6) 1er. & 3e. témoins ': . 'r
(?) 1er. témoin.
(8) 3. & 4e. témoins.
4
,
')1
.!
t
.1
j
.
•
excès, qu'il l'avoit mis hors de chez lui pour
ne pas en être le témoin; (2.) enfin, que même
pendant procès, il s'étoit permis de faire dire
à Afo~ époufe par ~a femme de chambre, qu'elle
eut a ne pas forur du Ca.uvent où elle étoit,
que {i elle contrevenoit à fa défenfe elle ou
lui périroient. ()) .
'
,
Le verbal d'en.qu ête avoir été" {ignifié au S r.
Barthelemy depUIS le 2. I Août· l'enquête lui
fut également lignifiée le 1 I S:ptembre,
A la ~eél:ure de cette piece, le {ieur Barthel,emy ~llgea fon procès: il vit que tous feS'
exces ~~01en~ prouvés, & qu.'il n'el1: pas poilîble ,qu 11 ~xJl1:e ~n T:ibunal au monde, qui,
apres avoIr lu 1 enquete, condamne la Dame
de Fuveau à, ret?urner avec fan mari. Ne pouvallt plus detrulre la preuve direB:eUlenr foit
pa~ des. rep~och~s " foit par une preuve' contraIre, Il a ImagIne de l'attaquer indireétement
en .appellanr de la Sentence interlocutoire L'ap~el .n'a été d.éclaré qUé le 23 Septembre', c'el1:a-d.lre, 12 Jours après la fignification de l'enquete •
\
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.
Dame de Fuveau feule avec fon mari; (1) que
Je pere de celui~ci avoit été fi affeB:é de fes
1
.
(I) 1er. ~. & 4e. témoins.
( 2. ) 4e. temoin.
( 3) 1er. & 3e. témoins•
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On ignore encore quels ~~t eSfg~: s: ma,~sl
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dml' s ni afie'L clrconftancles pour etre
erre a ,
,
prouves.
' d
La Dame de Fuveau peut~elle ~ratn re, qu~
es évaGons en impofent? eXlfte-t-ll de LOl qUI
. ~Lli faire un crime de la fuite à l'approche du
danger? Sa réputation déch~rée, fes enfans , méconnus, ne lui impo[oient-lls pas le devOlr, de
fe plaindre? Peut·on refufer de prêt,er attention
au récit de [es maux, d'en exammer la réa, , '1
,
l ne ,
Aujourd'hui que l'enquête eft achevee, peuton lui oppofer le défaut de vraifem?lance? Des
faits dont l'exiflence eH démontree, peuve~t·
ils être regardés comme impoffibles; o~ fero,lt:
elle plus malheureufe, à raifon de l acro·Clte
des procédés qu'elle dénonce?
A
Anne-Roft-Jacqueline de Pey/Jamzel de FuveauBarthelemy.
CONSULTATION
Vu
' le Mémoire, ci-de,{fus ~ toutes les ,Pieces du procès, après aV.Qlr OUI Me. ~[ouhers,
Procureur au Parlement,
LE CONSEIL SOUSSIGNÉ ESTIME que
l'appel du fieur Barthelemy n'a rien qui doive
allarmer la Dame de Fuveau. Elle peut lui
oppo[er les prin~ipes les plus certains, les maximes les plus facrées. Il n'eft point ' de Tribunal qui condamne une démarche que fa sûreté a confeillé, que fon honneur a ordonné.
L'appel du ' fieur J3arthelemy n'eft ni recevable ni fondé. On peut renfermer la défenfe
de la Dame de Fuveau dans ces deux propofitions: elles [ont également vraies, il ne s'agit
que de les démontrer.
La fin de ' non recevoir fe tire des acquiefce mens donnés à la Sentence interlocutoire &
de l'époque de la déclaration d'appel.
En p~incipe : l'appel n'eft pas recevable quand
les partIes ont formellement acquiefcé au jugement qu'elles voudraient faire reformer. (1)
, -~:
(1) Art, S.
tIt.
27, Ordonn. de 1667.
A
�2,
Il ne faudroit pas croire, dit R~diç~, que
pour opérer la fi? de non recevOir? Il fadle
ùn acquiCcement {ormel, tel que [eroIt. un aRe
par lequel la partie condamnée ,~éclar~~olt qu'elle
renonce à l'appel; il [uffit qu Il y al.t de la part
de la partie elle-même, JqlJel~[Je fa~t " quelque
démareh qui (uppofe nçeejJalrement l approba_
tion donnée au jUB'ement. Ç'e~ e~ effet ce que
décide la loi 5. cod. de re .JudIe. quan~ elle
dit: Ji q/loliQet modo fentemlœ acquleverze . .
AinG, par ex~mple , qu'on app.elle de la t~xe
des 9ép~n~; set ,\ppel ~{t un veritable acq~le~
c,ement , parce qu'on ne peut ap~ell:r de 1 exe·
c4 tion [ans approu'(er la cho[e Jugee ..
- AinG, par ç~,ernple encore, qu'un Jugement
ordonQe l'ex~cution Wovi[oi~e d'une Se1lten~e
Ërécédente , en dqnnant callt~on ; . que la partie
condamnéf:! conteHe [ur la recepuon de la cau-,
~ion , tlcette coptefiat~op vaup'ra acquie[cemen~
&. renpra l'appel npn recevable. C'ea l'hypo.
the[e de l'Arrêt rendu le 15 Mars 1749'
La Dame de Fuveau p~u~ oppo[er ' à [on
mari quelque choCe de plus déciGf encore ,
qu'un appel de taxe ou une cOI)tefiation Ctlr
la validité d'un cautionnement.
Le fieur Bar~
.
,
~helemy a phlÎçl~ [ur l'ampliaçion du délai pour'
faire l'enquête, il a nlaidé [qr la nouvelle pro~
vifion d~n.!and ~e ~ ç,au[e de l'éloignement des
témoins: il , au rl.0l!S p!fÙslé (u~ e}Çéc!-Hipn ~e
r
3
la Sentence;- mais il ne pou voit conteaer ~lIr
[on exécution {ans approuver la cho[e J~
gée, & par con[équent [ans [e ferm er la VOle
de l'appel.
.
'
J
Toute démarche qur jilPPOfe neeeffazrement
[' approbation donné~ al,l jUB"emem r,end l'appel
irrécevable. Or , Il n dt pas pofbble que la
contefiation [ur l'ampliation de délai du [ur
l'augmentation de p'rovilion ait eu d'autre principe.
L'es moyens [ur le[quels ]a Dame de Fuveau
appuYDit j'une & l'~ut~e demande, .f~nt. confignés dans [es réqUlGtlons. Elle [olbcttolt une
ampliation de délai , parce que l'éloignement
des témoins ne lui permettoit pas de parachever [on
enquête dans la huitaine -' elle demandoit une
augmentation de provifion , parce que ce même
éloignement l'expofoit à des dépen[es auxquèlles
la premiere proviGon ne pouvoit [uflire.
Si le Sr. Barthelemy n'avoit point reconnu
la jufiice de la Sentence interlocutoire, s'il
n'y avoit point acquie[cé , il auroit po'n é la
coignée à la racine, il auroit dit à fon époufe:
» vous ne fondez vos demandes que [ur l'é» loignemeDt des témoins, mais cette circonf») tance ea indifférente,
it ne peut pas être
)} queaion d'ouir des témoins, la Sentence qui
» l'ordonne ea injufle, & j'en appelle.
Qu'a-t-il fait au con't raire' ? Il a contefié [ur
l'inutilité de .l'ampliation de délai, [ur l'iuju[.
A
•
•
2
�4
tice de l'augmentation ?e pr?viGon •. M,ais il ~e
pou voit (ou tenir que 1enquete devolt etre faite
dans la huitaine, (ans avouer qu'elle devait
l'être au moins dans ce délai, & par canfé_
quent (ans approuver la Sentence. En plaidant
fur cet objet, il requéroit. l'exécu~io? fi~iae
de l'Ordonnance interlocutoIre: or Il Implique
contradiCtion de demander l'exécution d'un ri.
tre qu'on n'approuve pa~ , d'appelle~ d'une
Sentence qu'on a voulu faire exécuter a la lettre.
Le filence induit (ouvent la rénonciation à
un droit acquis: qui prefens eft f~ non contradicÏt, juri [110 renuncÏare cenjetur. Le Sr. Bar·
thelemy a reçu copie de la Semence interlocutoire, & il n'a pas appellé : il a reçu copie
de l'Ordonnance porrant ampliation de délai,
& il n'a pas appellé: il a reçu copie de l'Or·
donnance portant augmentation de proviGon J
& il n'a pas appellé: il a été aiIigné pour voir
prêter ferment aux témoins J & il n'a pas appellé: enfin il a reçu copie du verbal d'enquête,
& il n'a pas appellé: ce filence obainé induit
rénonciation au droit qu'il avoit dans le prin.
,cipe. Juri {ua renunciare cenfetur.
Quelle ea l'époque où il a émis (on appel?
Le 23 Septembre, quand il avait l'enquête en
fan pouvoir depuis 12 jours; après l'avoir mé·
ditée , après s'ètre convaincu que la preuve
S
émit plus que remplie. Si, elle. ne l'avo~t pas
été, le Geur Barthelemy n aurait appelle; on
ne peut en douter, pui[qu'il a attendu de l'avoir
examinée pour s'expliquer. Son appel ea donc
doublement frauduleux; d'abord, en ce qu'il
ne l'aurait pas émis fi l'évenement de la preuve
ne lui avoit pas été funeae (1). Puis, en ce
qu'il a pour objet de faire crouler indireCtement
une preuve qu'il ne lui ea plus permis d'attaquer
direCtement.
Il ell: en effet de maxime que la partie qui a
reçu communication de l'enquête faite contre
elle, ne peut plus faire ouir aucun témoin à fa
Requête, ni donner aucun moyen de reproches
contre les témoins ouis en l'enquête de la partie
(2). Tout dl confommé par la communication:
l'enquête devient la feule piece qu'il faille confuIter pour le jugement du procès. Mais fi l'on
ne peut pas détruire les preuves qu'elle contient en objeCtant les témoins, ou en rapportant
une preuve contraire J on peut bien moins en·
core parvenir au même objet, par l'appel tardif de l'Ordonnance interlocutoire. S'il entroit
--== (1) La regle nous apprend que non eJl audi,ndus is
qui ill contrarillm eventum non fllilfèt contrarium poJlulaturus.
(2) Art. 34. tit. 22. Ordonnance de 1667.
•
�7
6
dàns o
le [y{lêlne des L?ix de rendr~ l'~nquête
chancelante même apres la commUnication, ce
,
\ l'
rr
ferait fans doute dans le cas ou on oure d'é ..
clairer la Ju{lice par une nouvelle preuve, plutôt que dans celui où l'on s'oppofe à tout éclair.
ciflèment par un appel.
Une raifon auffi déciuve, ne peut manquer
d'avoir fait impreffion. Le Parlement de Touloufe l'adopta le l ~ Avril 17~o, lorfqu'il jugea
contre Mre. Boutonnet, (( que c'e{l un acquiefu cement que de lai{fer procéder à une enquête
» ordonnée' par une Sentence » , l'auteur qui
ra'pporfe cet Arrêt (1) obferve fon judicieufe.
ment que le p'rincip'e «( a été folidement établi,
)0) pour prévenir la réticence & le dol des par)') ties, qui, laiffant exécU'ter par malice les Sen»), tences , expoferoient lei pourfuivans en de
)')' longues proeédllres & de frais confidérables.
») Il faut convenir, contintte-t-il, que ces ré» flexions font f@lides & fondées fur les vrais
» principes. Ce font ces principes qui ont dé» terminé l'Arrêt de Boutonner & lorfque les
» Juges s'err écareent, il faut croire qu'il
» décident par des drconfiances extraordinaλ res, .qui forcent d'oublier les regles les plus
Je
)} cerlatne ».
Auai ne fOllt-eUes III c lluues ~:JI' :WClll1 Au· le Pré{jdent Faber (1) eOrCI Il que ql1 nd
t eu r .
les cho[es ne fOllt plus daos leur nncr, l'appel
n'dl plus recevable fOlls aucun pr texte. F 1'tiere (2) qu'on peut oppo[e: fin de 110n-1' ccvoir ( à celui qui après aV01r ex' cu té ou fo1lf
n firt l'exécution d'une Sentence vaude It el1
°
appeller ».
C'ef1: encore ce qui fut expre{fement décidé
par l'Arrêt, du 20 Mai 1769, rendu au rapport de M. de Ballon, qui déclara non-recevable l'appel d'une Sent~nce de dé~aut, é.mis
après le procès ex écu tonal. Les parues étOlent
les hoirs de Me. Bergera & la Dlle. Rua de
l~ ville de GraŒe. Pour obtenir gain de caufe
le {jeur Bergera n'eut befoiu que de rappeller
la' maxime que nous invoquons; «( n'elt_-il pas
» de principe, difoit fan défenfeur (3) , que
» quand une fois la procédure ea confornmée,
)} tout ell fini & que le citoyen, qui ne peut
, » exécuter qu'en force de la Senténce de défaut
)) dont il n'y a point d'appel, ne doit pas être
)} expo[é pendant 30 années, à une inaance
» d'appel qu'il ne peut pas prévenir? L'acH
(1) DefI". 7. cod. quor appel!. non recip.
(2) Diaionnaire de droit & de pratique va. acquiefcer.
(3) Me. Pafcalis , l'un des fouffignés.
(1) Nouveau Brillon va. acquiefcement avant l'appel.
,
�8
» quiefcement que 1'011 donne auX e~écutions,
» vaut alors acquie[cement formel a la Sen» tence. Il faut que les chofes ayent un terme
,
\.
» dans la vie ».
Le Geur Bergera, ne difoit rien que la Dame
de Fuveau, ne puifiè oppofer à fon époux. Il
a acquieCcé à l'exécution de la Sentence, puif.
qu'il ne s' y eft pas oppofé. Il a. plus fa~t encore, il a demandé cette exécutIOn, pUlfqu'il
a contdlé l'ampliation de délai. Comme le fleur
Bergera, la Dame de Fuveau peut donc dire
que tout dl: aujourd'hui confommé & que l'appel eft irrécevable. .
Cette conféquence eft jufte; on ne l'affoibli.
rait pas en excipant de ce que dit M. Janety
dans fon Commentaire fur le Réglement de la
Cour. l Q • Cet Auteur n'examine pas la queftioo , & quelque confiance qu'on lui donne,
on ne le mettra peut-être pas en paraUele , avec
Faber, avec Ferriere & avec le judicieux Auteur du nouveau Brillon. 2,0. Il ne fe fonde
que fllr un Arrêt également rendu au rapport
de M. de Ballon. Or , il n'eft pas poffible que
~t Arrêt ait jugé la quefiion in punao juris,
Il ferait contradiB:oire avec celui du Geur Bergera que nOLIs venons de citer: car, G l'exé~lltion confommée rend l'appel non recevable,
l~ ne p~ut pas être accueilli quand l'enquête a
été communiquée" L'exécution d'une Sentence
interlocutoire
9
interlocutoire eft confommée par la communication de l'enquête, comme l'exécution d'un jugement définüif l'dl: par la coll.ocat.ion. 3°' Cet
Arrêt, dont Me. Jancty voudroIt faIre une tegl e
générale, a été rendu fur la circonftance particuliere &. décîG ve d'une Sentence des Intendans
de Police de GraŒe. Or, les Sentences des Officiers de Police étant exécutoires noaobftant
appel, & celle dont il s'agiŒoit en portant une
claufe expreŒe, il eft tout Gmple qu'on n'étoit
point fondé à imputer à la panie d'avoir attendu la Ggnification d'une enquête dont fan
appel ne pouvoit empêcher la confeétion. Ce
moyen érait la bafe de la défenfe de l'appellant, c'cil: celui qui détermina la Cour, fuppofé qu'elle ne le fut déja par l'abfurdité de
l'interlocution ordonnée par les Officiers de Police, & l'injuftice évidente de la condamnation
qu'ils avoient prononcée. Que ce foit ce motif
ou le premier qui aye déterminé l'Arrêt il n'eft
. '
pas m01l1S
certaIn qu'il ne peut pas être 'préCenté
co~me formant la Jurifprudence , & qu'il faut
crozre que la C~llr. s'eft d~cidée par des circonftances extraordmazres quz forcent d'oublier les
regles les plus certaines, ou {oit qui en écartent
l'application.
Mais ~ n'inGfions pas plus long-tems fur des
fins de non-recevoir; fuppofons que l'appel du
fieur Barthelemy puiife être reçu : quel fruie
B
,
�10
retirera-t-il de cet avantage s'il n'ell: pas fondé?
Or , il n'dl pas poilible qu'il le [oit.
"
Ici les principes ne doivent pas être méconnus: ils dérivent de la nature des chofes.
Le mariage, conGdéré dans [on ra'pport avec
la Loi naturelle &. la Loi civile, e!t alitant
l'union des efpries que celle des corps. Sa fin
eil bien moins encore la propagation de . l'ef~ce , que le bonheur commun des individus qui
le cootraEtent.
Il eft quelque chofe de plus r.elevé, quand
on le conGdére dans [on rapport avec la Réli.
gion. C'et1 un figne myilique, c'eft un Sacrement, qui imprime [ur ceux qui le reçoivent un
caraEtere ineffaçable, qui les unit par un lien
indiiroluble.
La religion influant néceffairement fur les ma·
riages. La Loi civile, en joignant [00 autorité
à. celle de la Loi réligieufe , a dû s'abflenir d'y
ajouter des caraéte,es contradiétoires. Elle a
donné fa [anaion au principe de l'iodiffolubilicé
du lien.
Mais, les hommes. font tro'p foibles
pour
que. les Loix qui les gouvernent confervent
touJours une égale inflexibillité. L'unio.n indif(oluble de, de,ux perfonnes eft le plus haut point
de la perfelbQD naturelle: & c' cft préciIement
~ett; même
II
perfeEtion qui oblige la Loi de fe
relâcher de fa rigueur &. de [ouffrir lès tempéramens &. les exceptions.
Le mariage unit deux êtres effentiellement inégaux : l'un a la force &. l'autorité, dont il peut
abufer contre la foihleife de l'autre. Il ferait barbare de rejetter la plainte de la partie opprimée,
&. de la forcer de vivre éternellement avec un
tyran dont les emportemens ménacent fan exiL:
tance, ou dont la cruauté lui fait de la vie un
long fllppltce plus affreux que la mort. Delà le
remede de la féparation; ce demi bienfait, qui,
conciliant la rigueur du précepte avec l'indulgence due à la foibleffe humaine, épargne à la
[aciété des Jcandales, & aux époux des tourmens.
Les ~aufe: q,ui doivent y conduire ne peuvent
A
etre determmees par aucune Loi: elles [ont
rélatives aux mœurs (1): elles varient avec
elles.
La premiere déciGon qu'on trollve dans le
droit eft celle que donn'l le Pape Innocent III.
dans le, commence.nt du 1) e. Gécle. Elle porte
que, (! ~ les. [ervlces du mari font tels, qu'il
)) n y aIt pOIDt de sûreté à refler auprès de lui,
(1) Efprit des Loix liv. 19. àap. 26.
B
2
�12
» il faut plutôt éloigner fon époufe tremblante)
» que la lui rendre (1) ».
.
On dl étonné de trouver dans les LOIX Ca.
noniques , les premiers exemples des féparatio ns
légales: mais il ne .faut pas en conclure, comn:e
on a fait en prelmere Inftanc~, que ces LOIX
foient les feules que nous devlOns conlulter, &
que, puiîqu'elles. ne parlent q:Ie d~ danger de
la vie, il ne dOIve pas y aVOIr d autre caufe
de féparation.
A l'époque où la Décrétale d'Innocent fut
faite , les Loix Canoniques étaient pre[que les
feules Loix de l'Europe; l~s Tribunaux Ecclé.
fiafl:iques étaient ceux qui avoient la confiance
des peu pIes) &. , fous le prétexte que la fépara.
tian difpenfoit de la Loi impofée par le Sacrement) ils connoiilaient exclufivement à tous
autres de ces fortes de caufes. Il était couféquent qu'on recourut à . eux, &. que) jugeant
[ur les principes qui leur [ont propres, ils con·
fidérafi'ent le mariage dans [on rapport avec la
religion , plus que dans fan rapport avec la
fociéré.
Que dans ces tems de barbarie &. d'ignorance,
ont ait affimilé la femme à l'eCclave quî , def·
tiné à Catisfaire tous les caprices de fon maître,
CI) Cap. litteras 13 extra de reflit. [poliat.
'13
n'a point à Ce plaindre tant qu'il ne ~net, p.as
fa vie en danger, quelque ,dur. que ~o~t d aIlleurs [on empire, la chaCe na nen qUI et.onne :
ces temps font voifins de -ceux où les mans s'arrogeoient le _droit de mort fur leurs femmes
quand ils n'en étaient 'pas contents.
,
Des fiecles plus éclaIrés &. plus doux fuc~e
oerent à ces fiecles d'ignorance & de barb~r1e:
les bornes de la Jurifdittion Eccléfia(bque
furent connues &. fixées: on fentit qu'il était
ab[urde de regler par les principes du droit
Canonique, les chofes reglées par les principes
du droit civil: (1) on reconnu que le remede de la
réparation était un bienfait de la Loi civile; bienfait déterminé pour le bonheur général de la
fociété ,toujours dépendant ou bonheur privé,
de la paix intérieure, des familles qui la compo[ent; &., lai(fant aux Officialités, ou, mieux
encore, au Tribunal de la Pénitence ~ la fpiri~
tualité qui eft de fon re(fort, on ne confidéra
dans l'engagem.ent du mariage, que le lien civil, que ce contrat inventé., (2) pour que le
fexe aimable & foible trouvât de la protettion
dans la fociété du fexe à qui la nature a dé-
-:------:-----------_
Cl) Efprit des Loix, liv. 26, ch. 8.
C2) Boniface tom. 4, pag. 303.
..,
�,
14
parti la force:» car, dit pothier, (1) felon
» les regl es de l'ordre politique, on doit, nOn
» pas faire, mais permettre un l110ind~e mal
» pour en éviter un plus grand : or, 11 n'eft
» pas douteux que la difc~rde & les querel_
» les qui arrivent tGUS les Jours entre le mari
» 6( la femme, fi on les laifiè enfemble, font
» un bien plus grand mal que leur féparation:
)) on doit donc pour l'éviter permettre à la
» femme de fe féparer d'habitation de fon mari,
J) lorfqu'il
y a pour cela de jufies cau» fes. »
C'efl: de cette ma.xime que découle le principe général qui admet la féparation, toutes les
fois que la femme, au lieu de trouver un proteaeur, un ami dans fon époux, n'y trouve
qu'un caraaere infociable qui lui rend infupportable la néc~(Jùé d'habiter avec lui : toutes
les fois qu'elle a confidérablement à fouffrir de
l'averfion que [on mari a conçue pour elle. ( 2 )
Principe immuable, parce qu'il tient à la cature & à la fin de la fociété que le mariage
forme & dont l'application feule peut varier
avec les mœurs &. l'état des pefonnes.
» H faut, fuivant_ le droit canonique , dit
15
» Lacombe, (1) que les févices & mauvais train teroens, aient été capables de faire craindre
» pour la vie de la femme 6( qu'ils aient mis
~) fa vie en danger. Mais fuivant nos mœurs,
)) cela n'eft pas requis; il fuffit que les faits
» [oient graves, qu'ils rendent la 'J,'ie infop)) portable & infiniment trifte & diftracieufe,
)) & qu'ils foient d'une nature à pouvoir être
» admis. ))
» La féparation efl: admife, dit Boniface ,
» (1) lor[que les femmes prollvent des outra» ges & févices qu'une compagne ne doit pas
» follffrir. »
Et en effet les Dames de Pomereu, de Montendre &. de, Ste: Maure,. n'accllferent point
leur man cl aVOlr attenté a leur vie; elles fe
bornerent à prouver qu'ils la leur avoient rendu infupportable, & on n'hélita point à prononcer la féparation.
Mais quel degré de fouffrance la femme doitelle ~voir effuyé, pour qu'on puifi"e dire qu'elle
a , ral~9~ ~e r~garder comme infupportabl€ la
necefilte d habiter avec fon mari? Pour le déterminer, il faut confulter les mœurs générales, le rang & l'état des perfonnes.
1
c -
(1) Jurifprudence civile vu.
(1) Traité du contrat de mariage tom.
,ho 3, art. 1, §. l " pag. 179·
(2) Pothier loc. cie.
2.,
part. 6,
(2) Tom. l, liv• ."
féparation.
tit.4, ch.3, n.S
�16
aient leur fource
Q UOI'que les droits des époux
. c
1 f "
dans la nature des êtres qUl lorment a OC)~té
du mariage ils font cependant plus ou mOins
étendus, plu~ ou moins rapr.o~h.és ?e_ l'épa,lité ,
à raifon des progrès de la cIVlhfatlon gen er~le.
Dans une fociété naiffaote les mœurs peuvent etre
plus pures, mais elles foot p~us gr?ffieres ; les p~f:
f ons ont eocore toute leur eoergle ; la fenGbillte
~orale eil pre[que nulle; i~ faut les procédés l~s
plus violens, pour rendre m[upportable la malCoq conjugale.
.,,'
\
Mais dans une foclete pohçée, ou des mœurs
douces 8< une éducation [oignée ont modifié
les pallions, corrigé leur aprété , d~ fi~é des
regles de bienféance, une femme Olt. S attendre à des éga rds: fes orgaoe~., ,Plus fOlble~ &.
plus délicats, ont une fenGbdne plus .atbve.;
ils exigent plus de ménagement : ce q.Ul ne falrait aucune feofatÎon dans les premiers tems,
ou {ur une femme du peuple, peut, dans nos
mœurs aB:uelles, laiffer dans le cœur d'une femme
fenGble, des bleffures qui, ne cicatrifant jamais,
formènt ces haines irréconciliables qui rendent
la fociété des époux in[upportable , 8< leur féparation néceffaire.
)) La qual ité des per[onnes efi une circonf.
» tance Importante, dit Cochin (1) d'apres
Ba[oage ,
-----------~--,--
(1)
Tom. 4, · pag.
III.
17
» Barnage, parce 'que dans des per[o nnes [ans
) éducation, 00 doit attendre moins d'atten» tion de la part du mari, moins de [en{ibi» lité de la part de la femme. On tolere donc
» bien plutôt de leur part quelques emporte» mens, quelques violences, quelques excès:
J)
mais entre des per[onnes d'une condition ho» norable, les preuves de mépris & de haine,
» les infultes, les injures atroces, la perflcu» tion habituelle, fuffifent pour opérer la [é» paration. » (1)
Combien d'exemples ne pourrions-nous pas
citer de [eparations prononcées entre des perfennes d'une nailfance rélevée , pour des caufes bien moins graves que celles que la _Dame
de Fuveau articule? 11 [eroit inutile de les rapporter: ce~ exemples [ont encore pré[ents à la
mémoire de tout le monde. Qu'on les compare, on ne trouvera point d'e[pece qui ne le
cede à celle-ci.
Il n'eil malheureu[ement que trop vrai que la
Dame de Fuveau a raffemblé dans [on expédient
toutes les cau [es qui peuvent opérer la féparation : il n'y auroit qu'à copier la piece, G 011
\
---------------------------~
, , (r) ~a maxime eft encore atceftée par Lacombe va.
fep~rauon, par Dareau traité des injures pag. 24 5 ; par
le Journal des Caufes Célebres tom. 6 , pag. r 3 5 , &c.
C
�18
voulait les retracer taures', pour en former.un
traité complet.
A la leau re de cet expédient, il n'dl: perfonne qui ne foupçonne la Dal?e de Fuveau
d'une exagération coupable; malS quand on fe
rappelle qu'il n'dl: aucun excès dont le; l~rtres
ne prouvent que le fieur Barthelemy erolt ca·
pable ; quand on fçait que y~oquêt,e a re,l1chéri
[ur l'expédient; que les de~ads 9u dIe fourmt
prouvent que, même en veillant a fan honneur
& à fa fureté ., la Dame de Fuveau a eu pour
fan mari plus de ménagemens qu'elle n'étoit
obligée d'en avoir: on fe demande comment il
dl: poaible que la nature aye produit tlne femme
capable de fupporte\' pendant fept années un ty·
r.an auai farouche.
Les faits articulés dans l'expédient fe c1affent
naturellement dans les trois diviGoos annoncées
dans le Mémoire. Mépris confiant, diffamation
publiqlle ~ ' violences exceJ]i.ves.
Si ces moyens peuvent opérer la féparation
en les fuppofant prouvés, il eO: incontefiable
que le Lieutenant ne pouvoit fe difpenfer de
les admettre. Il faut donc démontrer qu'il n'en
eO: aucun dont la preuve ne doive conduire a
prononcer la féparatioq.
Les principes que nous venons d'étabrir nOliS
difpenferoient d'entrer dans des détails: il [ufli·
roit de les rapprocher de l'expédient offert. Mais
19
donnons le dernier dégré cl' év idellce à la dé_Olonfiraeion, en dilcutant chaque moyen fép~rément.
La Dame de Fuveau demandoit de prouver
que dans toutes les occaGons fon mari témoignait
.du mépris pour elle, tant en face & dans fes lettres, que pardevant ténJoins.
Pouvait-on fe difpenfer de l'admettre à cette
preuve? Il faudrait, pour le f~utenir, méconnoître la nature de la fociété que le mariage forme , & dégrader le citre honorable d'époufe.
Nous l'avons dit en commençant: fuppofé
que le bonheur commun des conjoints ne fait
pas la feule fin du mariage, il en eO: au moins
la principale. Si éet engagement donue des draies
au mari, il lui impofe auffi des devoirs. Il doit
fe refpeaer dans la perfonne de fa femme; il
doit concourir à fan bonheur avec la même attention , -avec lé même 'leIe ~ qui le porte cl faire
le fien propre. Sa femme n'eO: pas fon efclave,
mais fa compagne, mais fon égale, aux différences près que la nature a marquées. 11 lui eO:
comptable, de tous les fentimens qu'il manifefie
fur fan, compte, de tout ce qui peut altérer [on
bonheur ou [a tranquilité.
.
» Le mariage a pour fa part, dit Montagne,
» l'utilité, la juO:ice ~ l'honneur & la confi:an» ce. C'eO: une douce fociécé de vie, pleine de
» fiance, & d'un nombre infini de vie, pleine de
C
2
�20
» lides offices & obligations mutuelles.« Le
mari qui témoigne du 1l~ €pr is .à ~a feml~e, dé.
clare par cela même la Juger llldlgne d egards ,
d'efl:ime & d'attentions. Il rompt, autant qu'il ef!:
en lui les liens qui l'attachent à elle; il viole
le prel~1ier de {es engagemens , celui de rendre
fa compagne heureuie : il les vio~e tOl~S , puif.
qu'il voue au mépris, celle d?nt 11 dOl_t proté.
ger l'honneur autant que la VIe.
De tOllS les chagrins qui peuvent affliger tlne
femme dans {on domeftique, le mépris de fon
mari eO: fans doute le plus cuifant. Perdre tout
le fcuit d'une vie retirée & auftere ; être privée
de l'e!Till1e de l'homme dont on attend ' tout,
pour qui on a tout {acrifié; ne lir'e dans les
regards d'un époux que l',inquiétude de la mé.
fiance; fubir la peine du crime quand on a
l'innocence de la vertu; ne pouvoir promettre
à fes enfans la tendrefiè de leur pere; être ré·
duite à rougir devant fes propres domcftiques;
fans celfe expofée à de nouveaux outrages ~ ne
pas o[er fe plaindre , ne pas attendre de con·
folation; être humiliée, avilie, par celui qui a
juré de vous aimer ~ de vous hunorer toute fa
vie . . . . une telle exiftence fait frémir la na·
ture qui. nous a donné !lne ame pour {entir:
elle eft znfupporrable à tout être qui conferve
encore gu~Ique !èntiment de (a dignité.
Une lllJure, une vivacité) une brutalité mê·
2.1
me, une femme peut la fupporter : fan ame peut
réuniŒant toutes fes forces, en fe contraaant ~
~:pouŒer la douleur ~ ~éfifte~ à la violence du
moment. Mais un mepns habituel ab bat .les forces que la douleur inftantanée réunit; Il ôte à
l'ame tout [00 refiàrt; il ouvre un champ fans
borne ' aux égaremens de la douleur ;. elle ne
s'évapore plus, elle ne coule plus avec les la~
mes elle ne diminue pas avec le tems ; les r-efl.exi~ns loin de calmer l'inquiétude, l'irritent;
elles ne' fervent qu'à dévoiler toujour~ da~an
tage les difpofitions de l'ame de ~el~l qUI. les
fait naître : c'ea une blelfure qUi 5 envelllme
toujours plus 1 parce qu'elle eft toujours plus
déchirée.
AuŒ a-t-on toujours regarâé le mépris habituel comme une caufe de réparation. » L'ef)} pece fe préfenta il y a 4:nviron une vingtaine
)} d'années, dit Pothier (1), dans une caufe
» fur une demande en féparation d'habitation,
» que la femme d'un Tréforier de France avait
li donnée contre fan mari: le mari n'avait ja)) mais frappé fa femme, ni tenté de la frapper;
) mais, dès la premiere année de leur mariage
» _ & pendant toutes celles qui avoient fui vi ,
» il n'avoit celfé de lui témoigner le plus grand
--
"
( 1) Loc. cil. Tl.
)I O.
�,
23
JE SOUPÇONNOIS qu'il pm l'emporter. (1)
Sur quel titre fonde'{-vous votre vertu? VOLIS
vou fe'{ pallier vos crimes ... mes enfans Je reffentiront de :a faufe de lel~r mere. (2) Efl:-ce
2Z,
)) mépris clatu toutes les occafiolls, devant les
» perfonnes qui fréquentaient la maifon, devant
» les domefl:iques & même devant leurs eofans
» communs, que le pere excitait à fe moquer
» de leur mere. La preuve de ces faits ayant
» été faite par l'enquête de la femme ., intervint
» Sentence du Bailliage d'Orléans, qui la fépara
» d'habitation, & cette Sentence a été depuis
» confirmée par Arrêt contradiétoire. ((
Comment en effet un mari peut-il fe plaindre de voir fortir de fa maifon , une époure
qu'il n'y retenait que pour l'accabler de [es
~ép~'is? La jufiice peu't-eHe le croire ~ quand
Il declare dhmer fa femme , ou faut-il que
fourde à [es plaintes, elle lui préfenteelle~
même la coupe de l'humiliation mille fois plus
amere q~e ~elle de la douleur phyfique?
Le mepns du fie ll.i Barthelemy ne fçauroit
êt:e' ,pl~s ~~r.qué: je fais apprécier les chofes,
I,UI een,volt-Il dans une lettre, (1) & VOlIS
j UfY, bzen ce que vous êtes, & ce que vous Jlal~,. ~e connais l'ufage que vous fllier.. de votre
l7.~erte:. .. ; En ,de,v.er:an,t perfide, ne _.devene'{ , pas
enam r.ee; Hu ecnvOlt-il dans une autre, (2.)
Je vous àbandonne, J'arracherais mon cœur, Ji
4
(1) Sous cor. O. dans le fac de
(2.) Let. fous cot. N.
ainu qu'on eent a une epouCe? Une femme
qui a de la naiŒance & des,fenti.me?s,.e~-elle
faite pour fupporter de pareilles lOdlgmtes ?
Ces mépris , ces outrages ne peuv~ent pas
même être excuCés' par l'impétuofité du caractere . Ils font eonfignés dans des lettres écrites
à différentes époqlles , & par conféquent avec
le fang froid de la réflexion. Ils annoncent le
fond des d.ifpofitÏons de rame: difpofitions trop
fOLlvent manifefl:ées,pour qu'on put héfiterd'ajouter foi auX témoins qui devoient dépoferque le S,.
Barthelemy méprifoit (on épOl~(e de la maniere la
plus cruelle, lui donnant les épithetes les plus groffieres & les plus fales. l
.
,
Ce n'efl: pas feulement par des propo,s que
, le mépris du fieur Barthelemy s'efl: manifefl:é;
il a éclaté bien davantage encore par le défir
qu'il a fi fou vent témoigné de fe féparer de
fon époufe. Défir conugné dans une lettre écrite
au Sr. de Peyfonnel , perpétué dans une correfpondanee humiliante , annoncé aveë tout le
(t) Let. cot. M.
(2.) Let. cot. K.
l~ Da~e 'de Fuveau;
,
�24
fang froid de la réflexion, exécuté autant qu'!
était en lui, par des arrangemens propo[és 1
& pour comble d'humiliation , défir manifefi!
devant les domefiiques.
e
Or quelle elt la regle ? Elle fera invaria.
ble tant que les hommes ne regarderollt pas
leurs compagnes comme des 'êtres privés de dé.
lic~te{fe & de fenlibilité. Propofer une féparatIon, c'ea annoncer n'avoir ni affeaion ni
efiime, c'ell la mériter.
Le Marquis DefIiat, dans un moment d'humeur ~ écrivit à fan époufe qu'il ne voulait
~lu~ VIvre avec elle. Ce procédé parut fi inJuneux pour une femme de qualité
qu'elle
n'eut qu'à s'en plaindre pour obtenir 'fa fépa.
ration. L'Arr~t ea. ~u 1er. Mars 1664. (1)
On pourraIt y JOIndre encore les Arrêts de
162 7 & 1644 , ~ors defq~~ls ,le~ MagiJlrats
p~nJe~ent , avec raifon , qu d etau impoffible
d ob!lger. u~e femme d'aller demeurer avec un
man qUl IUl avoit fait l'injure de l'éloigner de
fa préfence. ("2) '
Combien cette injure dl-elle plus grave, quand
(1) Il ell: rapporté dans Brillon VO t:/
•
l '
con' ,
& d
'
• Jeparatzon ueS
JOlnts,
ans le Journal des Cau[es Ce'le'b
17. pag. 7 1 •
res, tom.
(2)
.
. Journal des Caufes Célébres '' l oc. cu.
elle
25
elle ea faite devant des domefiiques? A l'abnégation de toute affeél:i~n & de toute e~ime,
elle joint un caraél:ere qUI la r~.nd pl~s od~eu.f~,
s'il dl: pofIible; elle prouve llOtentlOn cl aVIlIr
à leurs yeux, de rendre méprifable, celle que
le Sr. Barthelemy devoit leur faire honorer &
refpeél:er. Si elle opére la féparation quand elle
eft conGgnée dans des lettres qui ne font & ne
doivent être lues que par l'époufe, quand elle
n'ea connue que des conjoints, à combien plus
forte raifon doit-elle l'opérer, quand elle efl:
faite devant des tiers, & fur·tollt devant des
tiers qui violent bientôt le devoir de l'obéiffance & du refpeél:, quand le mari, quand le
chef de la fociéré ~ leur manifelte l'indifférence
& le mépris qu'il a pour fa femme?
Puifque Je- mépris habituel efi un moyen de
féparation, la Dame de Fuveau l'oppofant , il
érait indifpenfable de l'admettre à le prouver,
ou plmôt, à ajouter à la preuve que les lettres
fournifiàient déja ; à juftifier qu'il avait été
P?rté à ,f0n d.ernier 'période, par la propofition
dune feparauon faIte devant des domeftiques.
~l en efi. de mê.me du fecond 'chef qui a pour
"obJet la dtffamatlOn publique.
La Dame de Fuveau a articulé que lant
llva~t que pendant fa derniere groffeffe
(on
m~n n'9 c~JJé de ~t.Ji reprocher que les e'njarzs
qu elle al/olt ne luz appartenaient pas .. que ce-
D'
�2.6
1.7
lui dont elle étoit enceinte n'étoit pas de (er
œuvres. (1) Que dans toutes les occaftons il l'a
diffamée par les impucations les plus OUtraB"eances & les plus calomnieufes. (2.)
Ou les idées que nous avons fur les droits
&. les devoirs du fexe font bien fa u fies , ou
de cous les griefs celui-ci eft ,le. plus faigna~t,
le feul qu'une époufe ne pUlfIe, ne dOIve jamais pardonner.
Les traitemens les plus barbares ont encore
une excuie dans les paflions dont on n'dl: pas
toujours maltre de réprimer les mouvemells;
-les violences les plus exctilives ont un effet •
borné par notre organifarion phyfique: il peut
fe trouver des femmes qui aient la force de les
fupporcer , & le courage de s'y expofer. Mais
la diffamation ôte plus que la vie. Malheur cl.
la femme qui a la lâcheté de la fouffrir: [on
filence l'accufe & fullie pour la convaincre:
infenfible à la perte de fon honneur, elle ell:
au.deflàus de fon fexe, elle ne peut plus que
ramper dans l'ignominie.
Exclues des charges &. des dignités, les fem·
mes ne peuvent prétendre qu'à l'eftime & à la
confidération publique. L'opinion de leurs con-
(J) Arr. 'i. de l'expédie nt.
(2.) Art. 6.
'coyens eft la recompenfe &. l'objet de toute
.
b
\
d
le~r conduite : c'eft l'unlq~e ut ou ten ent
toutes les aaions de leur VIe. La leur enlever
par des imputations calomni~u[es, c'eft, leur ravir le fcul bien qu'elles plldfent poffeder , le
feul qui les flatte, le ~eul qui foit capable d~ les dé·
dommager des devolfs qu~ la nature &: ,la [0ciété leur impo[ent ; deVOIrS aufteres , plllfque ,
felon l'exprefIlon d'un ,Phylo~ophe moderne,
l'apparence même en falt parIZe.
Les coups que la d!ffamation leur po~te f?nt
mortels quand ils Vlennent de la maIn d un
époux, parce qu'on ne foupço?ne, m~,me \ pas
la calomnie dans une bouche 11lterefiee a repouffer la médifance. L'.honneur eft f?li?aire
parmi les époux : .le l~an, ne p~ut f1~tr~r fa
femme fans [e flétrIr lUl-meme , !ans flernr fes
eofans ; on ne préfum e pas que des intérêts
auffi chers foient facrifiés fans les plus fortes
rairons. Quand il accufe fa compagne, la moitié de lui-même, on eft plutôt tenté de la
croire plus coupable, que de la fuppofer parfaitement innocente.
La diffamation qui dans la bouche d'un étranger foumet aux peines les plus graves, doit
dans celle d'un époux opérer la féparation. Elle
le doit, parce que l'injure eft plus atroce ,
parce qu'elle fait une bleŒure plus profonde :
elle le doit encore, parce que le mari étant
Cl
D
2
�z8
o bligé de ven ger l'injure faite à fa femme, de
protéger fo n honneur, viole, quand il aUeote
à là réputation, les droits attachés à la qualité
d'épou[e, les devoirs impofés à celle de mari,
& la fainteté de leur union. Elle le doit enfin
parce qu'il n'dl: ni décent, ni honnête, ni
ju{te d'obliger une femme à foutenir pendant
toute fa vie la préiènce de fan calomniateur,
& de les expofer l'un & l'autre aux fuites
d'une faciéré qui feroit le fupplice de l'innocent, bien plus encore que du coupable.
D'aiUeurs de deux cha [es l'une: ou le lieur
Barthelemy croit aux imputations dont il s'ea
[ouillé, ou il n'y croie pas.
S'il penfe que [es enfans ne font point à lui,
s'il a été témoin de l'infidélité de {on épou[e,
pourquoi la réclamer? Il ne peut ni l'aimer,
ni l'efiimer; pourquoi donc la rappelle-t-il dans
la mai fan conjugale? E{t-ce pour l'y faire expier [es prétendues fautes? Mais les loix ne
peuvent permettre des expiations qu'elles ne
prononcent pas, qu'elles ne peuvent pas {urveiller. E(t-ce pour lui rendre [on amour,
pour la traiter maritalement, comme il dit dans
[~ Requête : .Quel~e idée veut-il donc qu'on
a,a ~e [~ dehc~te{Je? Dans cette [uppofltion ,
loffre d un traitement marital eft trop illdéceme pour qu'on y croye. Par honneur il faut
penCef qu'elle n'eft pas flucere.
2. 9
' 0'
1
Mais, cette fuppoli ti 11
bll t: : t ' !t'tll
Barthelemy qui n'a p s m ' 111 l' ~ d 0 11l ,~(lli
eil convainC/! de la /a Ot~O'· d , .( 1 j '1Ilf7~~' ,. 1)1 '!I
.
1110lOS
encore la cet·titll de ph)' fJ."nu
1 . flLl
'! tl . IlIUll
donner au public. D ~s -l r la dtfb~n. fol Il .Il
plus criminelle &< la fi p:u:uioll plll lt1dl[p nfable ? Comment obliger ulle fe mmc de r c. llrt.l c r
auprès d'un hOlllme qui ~ con vaincu .dc {on II~
nocence , a eu la noirceur de fe dU'e télll Olll
de fan infamie & d'imaginer la plus étrange ,de
[uppoutions pOUf donner plus ~e force & cl a~
tlvité au venin de [es calomnIes? En faut-Il
d'avantage pour rendre infi'Pportable la néc~ffité
d'habiter avec Lui?
Les coups les plus terribles qu'une femme
pui{Jè e{fuyer, le fleur Barthelemy les a,portés.
Il a fait à [a compagne tout le mal qu Il pouvait lui faire. Réalifa-t-il [es ménaces effrayantes, lui ôta-t-il la vie ~ il [eroit moins cruel,
moins odieux, que lor[que, méditant de fang
froid fes calomnies, il avi[oit aux moyens de
les rendre croyables, Il n'y a fans doute pas
d'excès plus grands à craindre; mais c'eft précifémeot parce que fa haine eft parvenue au
dernier période, que la réparation eft plus néce{faire. Plus la Darne de Fuveau a [oufferr ,
moins elle avait ci appréhender que la juflice
ferma l'oreille à [es plaintes; plus un Tribunal,
qui. connoÎt les reg les & le prix de l'honneur,
�3°
•
devait s'empre{fer de l'admettre à achever Une
preuve déja commencée par les lettres.
Les difpofitions de la Sentence rélatives à ce
fecond moyen, ne font donc pas plus fu[cep~
tibles. de critique que celles qui fe rapportent au
premier.
Quant au troifieme, qui concerne les vio.
lences, il ne faut que lire les fecond, troifie.
me & .quatrieme articles de l'expédient, pour [e
convamcre que la preuve ne pouvait en être
refufée.
On ea faifi d'horreur, quand on entend une
femme ~rticuler, & demander à prouver, que
fan man la tenoIt dans un état habituel d'effroi
qu'il ne la ménaçoit de rien moins que de 1:
tuer, qu'on trouvait fous fan chevet des armes
dont la vue feule fait trembler un fexe timide
q~e la famifle, eotiere ,dll fieur Barthelemy s'é~
tOit cru obltgee de lUI donner fes domelhques
~our furveillans, de la cacher pour la dérober
a Ces fureurs. Quels feraient déformais les faits
do.nt l.a Julbce admettrait la preuve, fi elle
reJettolt ceux-ci? La Dame de Fuveau n'eft·
elle ~as cette ép~lI:(e tremblante pour qui il n'y
A
'!
pOint de surete a refler dans la maifon conJugale?
Q,ue fig,nîfie ce piJlolet trouvé fous le chevet
du ~lt. ap,res u?e nuit orageufe? A quelle fin y
av OIt-Il ete mIS? Pourquoi l'y avait-on laiifé?
F
Efi:-ce oubli? Eft-ce affetlation ? L'énigme n'a
pas été expliquée, ne ch~rchons .ras à la deviller. Affeé.latian , ou oubli, peu llnporte, fi le
fait dl vrai, ( & il ea trop grave pour qu'on
ne dût pas l'éclaircir) fi le pifiolet a été tro.uvé
fous le chevet J il faut arracher au man un
'autorité dont il abu[e. Il le faut de néceffité ab[olue, c'eO: le cas ou jamais de dire, qu'une
rigveur ~rop inflexible., ir:fulceroit" 1'1lllmanité,'
écrafero.lt à for,ce de Jufhce la fOLO~efJe ~pprL
mée , changerolt les douleurs en déjefpolr J &
Je rendroit complice des crimes en les néceffitant
(1).
La famille du fieur Barthelemy inquihe [ur
le [art de [on époufe , inquiéte par pitié, fi elle
ne l'était pas par intérêt, a d'avance jugé le
procès. Ses craintes, [es précautions) [es allarmes, dont on offrait la preuve & que l'enquête
conltate , [ont ici décifives. Quand elle était
obligée de prendre des précautions, quand elle
croyait qu'il n'y avait pas sûreté à abandonner
l'époufe ~u mari, la jufi:ice la lui livrerait!
Elle De daignerait pas prêter l'oreille à [es plaintes! Elle aurait plus de confiance dans le fieur
Barthelemy que [a propre mere, que fa Cœur !
Il s'en flatte inutilement.
•
(1) Journal des Caufes célebres tom. 6. pag. 7 8•
�~2
Mais, croyons que ;e ,fieur Bart~elemy n'a_
' t pas intention de reahrer fes menaces: ou.
VOl
l'
"
blions , s'il eO: poffible J que enquete 'prouve
qu'il a tiré l'épée contre fa femm e. Il D eO: pas
moins certain que les ménaces les plus a:rocei
'té faites qu'il a levé le bras pour lUi por.
on t e
,
d'r
1 f"
ter un coup de chaire. Nous 110ns que e ,ait
efi certain parce que la Dame de Fuv eau s, eil
,
engagée à ,le prouver & que 1" evenem.e~t
a,J,u,[.
tiflé [es promelTes, Le calme de la !l~lt , .1 etat
cl g ro{fefiè cet état périlleux qUI lOrpae la
e,
t'
'1
tendrefiè
& imprime le, rerpe é
~ ceE etat ou a
moindre frayeur pouvait deveOlr funefie , tout
aggravoit les ménaces du fieur Barth~lel~y, ~es
préfentera-t-on comme n'ayant qu.e 1 objet ef·
frayer fon époure J elles ne ceŒerOlent pas d err.e
un moyen de féparation..
.
Une femme n'dt pas faae pour paffer fes JOurs
dans les tfanfes de la frayeur. L'effroi compro'
met fan exifience: il peut avoir des fuites te~.
ribles. La tranquillité &. le bonheur fon~ banms
des lieux où régne l'épouvante. Leur féJour eil:
infupportable à tout être fenfible ; il l'dl plus
encore à ce fexe à qu-i la nature n'a donné d'autre défenfe que fon irréfifiible afcendant, fur
celui qu'elle a doué de force. Quand au heu,
de protéger la foihleffe d'une époufe , de caltne~
fes allarmes, de diHiper fes craintes, un mari
les augmente chaque jour par de nouvelles
fcelle s ,
?
H
,
'1 d .
fcenes , par des frayeurs foudal~es , l" eVle~t
le tyran de fa compagne :. la . haIne. qu Il manlfefie , les dangers qu'il lUI fait counr, font. ~ne
infraétion des Loix de la nature & de la [ocleté.
Il a banni la sûreté & la tranquillité de la mai[on conjugale, il doit être permis à fa viétil11e
d'aller les chercher ailleurs.
Il efi donc démontré que les trois moyens
dans lerquels la Dame de Fuveau a réduit fa
défei1[e doivent opérer la féparation, s'ils font
fondés en faie, c'efi-à-dire , s'ils font prouvés.
Il efi donc démontré, par raifon de conféquence,
que fi le Lieutenant d.e Marfei!le ,n'avait point
ordonné la preuve, Il faudrolt lardonner en
caure d'appel.
Celui qu'a déclaré le fieur Barthelemy eft donc
évidemment mal fondé. Son fyilême de défenfe,
. juilement profcrit par le premier Juge, peut
bien moins encore avoir de fuccès pardevaot
la Cour, aujourd'hui que l'enquête eil achevée
& connue, aujourd'hui qu'il efi confiant qu'il
n'y a eu que de la modération dans les plaintes
de la Daine de Fuveau, qu'elle n'a rien avancé
qui ne fait exaaement vrai & jufiiflé ; en un
mot, aujourd'hui qu'il efi prouvé qu'elle a plutôt d!minué qu'exageré fes fouffrances.
Dtra-t-on encore que les faits articulés dans
l'expédient ne font pas vrai[emblables? Cette
reifource ordinaire & impuiifante de tou s les
E
�.
34
maris qui s'oppofent à la preuve de leurs excès
feroit ici ridicule. Efi-il tems de s'agiter fur l~
vraifemblance, quand on · a fous l'es yeux la
preuve de la réalité? Il ne s'agit pas de rai.
fonner ftlr la pofIibiliré , il ne faut que lire la
preuve de l'exifience. De l'atte à la poffibilité,
la conféquence efi infaillible.
Les fàics que renferme l'expédient, ferollt
invraifemblables tallt qu'on voudra. QlI'impor.
te? Ils fOllt prouvés par l'enquête. Parce que
la Dame de Fuveau a plus fouffert que les
femmes les plus infortunées, falloit-il que toute
pitié lui fut refu[ée 1- Pour avoir gémi plus
Jong-tems de la barbarie d~ (on époux ~ fa1l0Îc.
il qu'elle eut à gémir de l'injufiice des Tribu·
naux ? Parce que le fieur Barthelemy a excellé
dans l'art cruel de tQunne.mer fa · compagne,
parce qu'il aura, fi l'on veut , reculé dans ce
genre le~ bornes d\!b puffible &.. cha vrai{emb1a·
ble, faUoit-iL qu'il trouva l'impunité dans le
raffinement de fa barbarie 1
D'aillellrs' fes lettl'es étoient au procès, e-Ues
commemçoient la pre-uve, ~l n'y manquait plus
que le derruer trait~
Répéte.ra+om encore qut' les faÏ1es de l'expf'
dient n'éc(i)iem paIS. cÎ.rc01.)fianûés? Eh! pou'
vOlent-iill$ l'êtr~ d'a'lanrCllge? La frame de Fuveau. offro~t la preuve de l!liabiw'dre & paf
c'
'
çonl:œqueat
de:: ka C'Ol1illuinu~té.
C'é~"it aux ' tém,~jns
3)
. 1" d .
à rapportér les .faits dont on, pourrol~ ln Ult~ ,
à donner les détails &. les c111confiances; & Ils
l'ont fait. Le prétendu vague de l'expédient eft
'dérerrRlné" fixé par l'enquête : on y voit des
outrages journaliers, un mépris conftan~ , une
propolitio n de {épa~ation rép~~ée , une ~lffama
tian [ourenue &. ' clrconfianClee. Les VIOlences
[ont détailléeB dans l'expédient, elles le font
encore dans l'enquête. Le vague ne feroit donc
que dans l'objettion, fi on la répétoit en caufe
d'appel.
.
Enfin, dira-t-on que les faits n'étoient pas
f.écens? Comment pouvoient-ils l'être d'avantage? Ils ·da-rent de la derniere groifeife, ils fefOllt prorogés même pendant les couches ~ &. la
Dame de Fuveau efi {ortie de la maifon de {on
mari des que fes forces rétablies lui ont permiS
la fuire.
L'appel du heur Barthelemy ne peut donc
avoir aucun fondement folide. Tout eft aujourd'hui confommé. L'enquête efi connue: {es mé·
pris, fes calomnies, fes ménaces , fes accès
de fureur, tout efi confiaté. Il n'efi pas poffibIe que tant d'excès demeurent impunis ~ &.
que la jufEce fait fourde aux cris d'une épou.
fe , dont l'exifience malheureufe a été aifaillie
dans fan moral ~ par des chagrins infurmontahles, par une- diffamation horrible' , & dans
, ,
�~6
[on phyfique, par les excès les plus révor.
tans.
Délibéré à Aix le 5 Janvier 17 8 5-
1J ;,,-,.JT{U"1'- c;)'" (~_ \,.;~
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A AIX, chez J. B.
MOURET
fils
17 8).
, Imprimeur du Roi;
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BARTHELEMt~ FifVEAd~:;
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PEISSONE;L DE.FUl!fAU;IW! lJ;;j;fflflse ~<~
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E m'écois
{jnguJîére~entlab9f.é : ti'!lyois cr.\j l~\le ,Îa~a~m.rm:
JP't~, 5'(~mit-iotin ~a.Ύe ld~
pll:9cluir (oUJ;. te nbm de m()n
,a ttachée depuis long-tems . -à mes
mc pourfuiv;e •. qn jib.e.J~ç "ffre.uoc
Epoufe , vient de dimBer mon erreur. Toue - cel qUI1 j-a[ haine:
& l'impoil:ur:e peuvent .imaginer.de plus. atrqce ;. tout cç .quc
l'adre,~ç p~ut p-réfe!J~er , de ,plus :fé.dul(àiit ,~ .re .trouve (téq:Di
~ans ce libelle. )l,_en~ ieL que )' fLjé liiétoiS ,xie!cendu .q-ans' J e
A
�· ( 2) ,
"
fonds de mon ame; & n'y avois MeConnu la pureté de mes
fentimens & de mes aéhons, j'aurPis peut - être craint de
n'êcre- ,c9 u pable des
,
abominatio~s
'
qu'on m'a imputées, & me
J
ferois fait h-orreur, à moi-mêm~.
, Ce n'~it i pas que cette ' dern{ere attaque ait droit de me
furprendr~, route f,wglante qu'eHe puî!fe être. Je connois la
cabale ~énébreufe & intéreŒ\e qui me pourfuit depuis près
d'un an: je fais à' quel excès de rage elle eit capable de [e
porçe.r .dans fan dé<:haînem.enr.
Non, ce 1n'eH poin..- une
\
\" '
Epo(~e}éli~at~ & Je:1}ble ; oe n'eO: 'po~lJ1t la mm: vertueufe de
mes enfans qui m'outrage & me calomnie. Non, il n'dl pas
r~ tIlle !'h~n'1éuI ~~ X~n~
&
~e J'intérêt des autres
d me oeindre, ~e- couleurs ~uffi odieufes,
c'\'j
l""~,,)'
"'
1- - ,
~...
1
•
-.I.J.
•
v
les forcent
& de me préCenter
l'
.....
comme le p\llS monitrueux des , nommes.
. . 1
Si \a [ûreté de l'exiflencep'hyfque dè mon Epôt& ; &: le
foin de venger Jan honneur; fi l'état & le fort de mes enfans
~eia de créer 'lln
( 3)
roman ê\lomnieux, de le préfenter au Public
avec une affeél:ation fcandaleu[e, & de paroître triompher en
proportion d~ l'éclat & dt: l'atrocité de l'ouvrage.
Mais il faHoit à mes ennemis cette douce &
cruelle
fatisfaél:ion. Que fais-je : peut-être ont ils voulu provoquer eu
moi un juite reffentiment, me faire oublier ce que je devois
à ma femme, à mes cnfans, à moi-m ême, & m'expo(er
enfin à mériter par une vive & imprudente ripoite
lln
jugeme"nt
'qu'e ma conduite' & leurs calomnies même ne peuvent me faire
-craindre.
Je fuis bien éloigné [ans doute de tomber dans ce piege
odieux: cela ' [eul annonce qlle je parlerai [ans paffion comme
fans impoiture. Mais on doiç [e. galder de croire ' qu'une
crainte ' puGllanime me force all lllence. Mes ennemis ont
affcz abufé de ma retenue & de ma modération. Il eft te ms
que je parle avec cerre liberté qui appartient à rout innocent
avaient [euls dirigé l'aél:ion -fur lâquelle je fuis obligé de me
calomnié.
Tant ' que ' les démarches de mon Epoufe , tallt que fes
défenGre, r urojt-tln eu béloin ~e. m'outrager aaffi cruelLe.(rJent
'plaintes & [es imputations ont rdlé enfevelies dans le faoc-
&
tuaire de
~e. donner _à l'outrage aut~l.1t -à'é,clat
erifans lont
& de publicité?
Me~
av~c moi; 'je les ai7n~ ,- je 'les idolâ. tre. li eft
affreux de les faire fervir de prétexte à une calomnie atroce,
:Cot'lnn!c1ellr :pFré·. ~é'arit':à'
b:e[oi~pcrOvoi't~elle
mo~
Epoure
avpir dè püb!'iei- fa
'qllel idtérêt
~d~fenfe ? J'ai
h<}Uteofœntfa ver.tù~ j'aij fvaA'té. [es ·b\;Hl~'es quaiirés
pu
d'u~e'
épargner au
Public
l'hi{l:oire de Qotre diviiion domefl:ique ; pén étré de mon
innocence, convaincu de l' impoffibilité dans laquelle on feroit
quel
'de rien prouver qui m'il'lcriminât , j'ai bravé tranquillement
r:fpcaé
1es pou duites & les éa~omnies ; j'ai méprifé fans emportem'en't
~eS déclama'ttons' & fe ' déclamateurs' ; heureux de poitv<;>'ir
,
& s'il étoit
v.olUble' qulelle . eüt
avoÎ"t beroin
jllftific:'tion aothentique
'
, déchirant qu'elle devoir tâcher
, . '~ ce ~ ' e,i t
polO~
eq me
d '}',I -, pUveolu. ill.~ "[-6paratior1'
q'tl'efl
~ 1ame. :r:c;talt
"
l' uOlque
' 1
_
•
1- t: .' ..
rc;C
obJ~jj 'qu'J:llJ: eiUbdâ .c:henche ~ à; [atipf'a.ire, J Il {était inutile Vour
A
la junice, j'ai cru devoir
1
~ppofer à ce déchaînement de mes ennemis la paix de mon
ame & 'l'opinion ,de mes' concitoyens.
' Mais' aùt0'urd'hllÎ qùe la haine, la calomnie & l'aüdace,
�{.4 )
fe {ont portées conn~ mpi, jufqu'au
du.qie r ~xç~s; allipl,l('d'h~j
que leurs trillts ont percé dans l'ua Province, peut-être mêru;
~ )
ne doit jamais rougir de la Genne , quand elle n'dl: qu'obfcure
(
dans la France entiere, & que les hommes qui ne me Con.
& qu'elle n'a rien de déshonorant.
Mais loin d' àvoir à rougir de ma naiffance, j'ofe croire que
noiffeot que par mon nom, & n.e font inHruits d~ pos
je fuis fondé à m'en énorgueillir. II dl: glorieux de devoir Fe
Ep0ufe, doivent rue
jour à un Né~o ciant indufhieux, franc & loyal,. qui depui5
juHe titre comme un homme féroce : j.e {ui~
quara[1te ans fait le bonheur de toUS ceux qui l't!ntourent ,
forcé de déchirer le voile dont j'avais enveloppé le tableau
qui, s'il n'a créé une des branches des plus importantes- de
de nos diffentions. Ma modération à préfent üwit une lâchet~
.norre commerce, l'a du moins étendue & animée ,par ' fa:
& mon filence un crime. Je dois à mes cnfans , à ma fan)ille
à moi·même de repouffer la calomnie, & d'embellir l'h iftQire
de ma vie li horriblement défigurée.
Cepen.dalilt .que .de circonHances effeotielles ne ferai-je pas
,
fabrication la plus aét·ive & la plus éclairée, qu i al ouvé-rt les
voies de la fortune à une foule de gens qui n'avQiént d'autre
patrimoine que I~ur indufirie, qui journellement emplore
forcé dl! p.a{[er fous ftJence '! Que de tra;ts frappans n~ fefai~
favorife tout-à-la-fois & l'induil:de & le commerce & l'agri-
je J'as obligé d'affoiblir ! Il .eil: des vérités,. il dl: même
.iiUl;Pl~ ,expreffions q.u'on.ne permet pas aux maris d'employer
culture elle-même.
•
Certes, un tel homme vaut bien un noble obfcur qtiî n ~a
.c.optre leu.rs .femm~s. Tel eH Leur avantage dans ces fortes de
jamais rien fait pour {es Concitoyens, ni en le-s défe ndant
combat. Elles fe font un plaifir, elles triomphent à publier
contre les attaques de l'ennemi, ni en les garantiffa-nt des
..o1;'s moi.n.dx:es. défauts, tandis que nous efclaves d'un préjugé
encreprifes du fcélérat. Je refpeéterai tant qu'on
~pérLeux, nous attachons notre honn.e ur· à cacher leurs
nobleffe de la famille Peiifonel. Mais
J.llrpitudes & leurs v.ices, de peur d' en partager la honte avec
peine, que c'eil: faire un fingulier écart, que de [uppofer en tre
,dks , <Qu ,plutôt d'en effiryer {euls le ridicule •
l T.
es. .,ennemis n'euŒ:nt ~té facisfaÎts qu'imparfait(~ent '
mon Époure & moi une difiance qu'il m'é toit impollible cfe
divifions que par le libelle de mon
regarder
à
de
., 14
.li
'
.
h
'
• .ap!c:rf 'J,êv ~!r d~c iré ma t,~\ltation, ils n'avoient cru poumon amo ur propre. Is lpretendent
'
.que la
..v.rur
. ': hUD;J.wer
'
..llai1fan.ce
,/1., l' ~tat
.
. entre mon époltCe & moi une
,,~, ,(
:r
J
aVOlent
mis
Aiflanoe Clue l' ,
".
.
'
••
•
Jl
. ,e n aurOJs :,Jamals pu franchIr faDs les circonr.;.
tances ex~raordinaires . qui ~orcer.ent Dotre Mariage. Je fais
~ja
Ilaiffance ·dl n ~eu
t!\l 'hafard &
ql1'e l'homme honnête
ne
& fait vivre un nombre infini de mercenaires, qui enfin
0-0
voudra Fa
doit convenir fans
franchir, dans un Bec1e où la fortune rapp,r oche ~e's diil:ances
les plus immenfe5'; &, puifqu'il faut tOtl·t dire, Jorfq'ue Fa
DlIe. Peiffooel m'avoit donné avant notre Mariage les marques
les moins équj.voq~s d'un fentiment qui fuppofe & admet
l'égalité, lorfqu'enfin par fa· fituati0n & notre fuite, eUe
avoit mis à ma difcrétion fa rép utation & fon é tat .
L'hiil:oire de Dotœ Mariage &
les circ,onfiances J qui
B
fe,
�( 6)
.p(é"éderen~
[OElt en effet conl~ues de I~ Province eoticre. La
Dlle. de Pei!Ionel vivoit preCque route l'ant1ée à Fuv eau,
qQoÇ r~ flmille po{r,~.,ioic en partie la Seiglleurie. Mo n pere
'ln;
également co _ Seigneur de cette tene. C'dl - là que
j'e~s oc~afion de .voir lX de connoîtr~ la Dllc. de P eiffooel.
elle éraie dé}3 à. un âge où le cœur a [enti [es premiers
beCoins
,
& où il convient au '{ filles de fe ma rier. J'étais
conrrai(~ de I~ ' plus. gran..d jeune!lè; une ame vive &
fenCible ~ ~ne con!titurion vigo\lreufe pouvoifint avoir dévaocé
(;hez nlpi le~ premieres imprd'6 ons de t' amour ~ mais j'eus
lIU
été inc;apab.\e de féduire une fille, quelque fimple & quelque
novice qu'~n~ eût été., J'étois loin dé connoîtl'e cet art clatir
. ger~l/x qlle l'exp.érience feule P~qt nous. d0.riner, de faire
patfer dans l'lme d'une fille noS propres [enrÎŒnenlS, de
y,!vellgl er [ur l'~tat de fOEl cœl!llr & d-e puofiter cie ce p,rettige
pour l'amenet; ~ liIDtre but. II me faUait au moins 'J & paur
Ile rien ,dire de t:r.op ,. une fiLI.e dj,[pofée à me- voir &. à m'en,.
,cend~e ~,!ec plalftr 'J à paftage~ mon a·mou!' & à. le fa-cisfalÎllle.
Ce n'eft . pa? qU;e je v~uille fai,re un uime à mon ÉF~,u{-é de
fan penchano pour mo-i & des,'fuiteS d€ ce- penchant, qllelqpe
a.m~Keantes qp'e)'les, [oi~-nt aujourd'hui pour mon, repos. Je
~,,,!R~Ü'is q~,e d~UK ~e-rConl1;!ls, d'ua. [exe diHere~1t, jeunes. &
{e!.lLi.ble~l , , ~i oat o",ca~o.ljJ de' ~ voj-r , [-ou\leni: & fe voifnt
(.~v.e~ pl<pi.fir" tClimjn~)ie,AJt tli)ujo~H.;s . le~.r, Rema,Q' pa", l'e même
déno'l(!lnent
qil ~ QO~S .~ al!.~~·
lE
" I.e rekv.~ €lïS €iccoü!taO(!6S
"
,
_
la' al
C!HJ,e par~,Cl ql-1'o~ a, voutu ~~l-adrQi;liel11en~ f~àaie' enten:dre q\le
c'e~ camtt}q- par une ef'PIt~~ <\-:enl:lhatWementt que; la Dlhè\- d'f
.Jret{.fqn!!1 rn'~ Ja{t!?Àr~tl«o. Il. ~C~t p~\bé:cdrruœ p0l11l1a. dtf.è.n[e
•
( 7)
~e
vouloir défigurer ainG la caufe & les circonGances de
notre Mariage. Tour le monde [ait qu'apr ès une longue frés
Auentation no.us diC urûmes & nOliS en fuîmes dans le. P ays
étrangers. C'éto it une faute, fa.ns d,out e ; mais cecte faute
avoit été pré cédé e par une autre qui la rend olt n€ceffaire; &
dans cene faute qui nous dl: au moins commune, il ne
faut cherchel' d'autre caufe que le penchant naturel & irr éfi!iibIc des deux fe xe s.
Je jeu e un voile [ur tout le ,eGe; je laifle dans l'oubli
toutes< les autres c)rconfiances de notrt inrrigue,. de notre
_tuite .& de notre retour. Je m'arrête à notre Mariage, qui
,cut 1ieu. verS la fin de Janvier 1171' 11 dt inutile dé dire
de queUe l1l<l'nJÎere nous vécûmes dans les premiers infians de
notre' umion. Toms les mar'iages fe reffembleot atfez par les
comrtYfnCCffilellls. Ils De préfentent en général que des fatisfaétions &. des doucel!lrs. Le nôtre devoit avoir néceffairement
nO\!lv,ea'\!1 €harme ,. puifqu'il étoit l'ouvrage du penc13'.a~t & que' des olY!tades de divers genres de\l0tent avoir
donné à la paffTOIIl nOlllte la force dont eU~ dl: fufceptible.
l Qula'nd
0 :111\ dit dans le libelle de mon Époufe, que les
Fr~miers j liJ urs de notre union furent des jours de trovblf! " on
a~aC€4 la pll\iJ S gt:l:nde eTes impofiures , une impGfiure démentie
'pal! le-s fai ~ les; p'lo!S (!ertaillls & que mes ennemis n'ont pas
l'lIn
• <Jtlbne: ofé offrir' en pleuve,
0ll' me ®elvna<t'lde ~ll , f aims tlh!)1nlte '1 dYQ>lr vrent que la Danle
Ba:r.1!he:lKlTUIÎl ooo dren1 ent:l aim ée; de foo. maTi" oomme }'e le
. pllémelll!d'i l' demande. aU}GucalJhùi à s"én féparer "après ~euf anS
, elle d:Gl1Iaubliiaif~1. JllI tëmbie eJil 4.eç 'q u\me l pat'e.itle d8marche
�(s)
ne peut qu'avoir pour motif ou le delir d'une indépendan'ce
fufpe5\:e ou la néceŒcé de [e [ouO:raire ~ des perfécurions
con flances. Màis pour peu qu'on étudie le cœur humain &
( 9 )
rare; il efi peu de monO:res dans l'ordre moral, comme dans
les nl'I:urs de notre fiecle , il dt facile d'appucevoi.r d'autre~
l'ordre phyGque.
.
C'eO: ailleurs, c'eO: dans des fl'urces différe ntes qU'Il fallt
caufes dans les réclamations de cette nature.
chercher la caure de pre{qne toutes les diffeotions domef-
Ce n'dl pas, toujours de l'abus des devoirs conjugaux ~
des vio\.ations graves que nai-ffenc la méfintell,i gence & les
défordr~ domd1:iques. Ces inconvéniens. ré{ultent bien plutôt
des. incon{équences d-u caraél:ere, ete la. diverfi.r:é d'humeurs
& de goûtS, &
fur-tout du défaut
d'indulgence que hs
Époux apportent dans \a [ociété conjugale. Il efi peu de
maris cruels; il dt également peu, croyons -le du moins,;
de femmes vicieu{es & déréglées; mais, fi: p'Our le malheur, de
l~ordTe Public, il en.
dt qui portent des atteintes fecretes aux
tiques. Une fille qu'on defiine au mariage, {e permet ' ordi,
d
' n s & des délices
nairemenc de ce nouvel etat, es agreme
dont elle fe fait un tableau exagéré. Dans les commence mens ,
r é ' n' . le !ToÎlt
elle rrouve prefque toujours fes erp rances rea 1 ce s ,
"
réciproque de la nouveauté, les amuremens '& 'ài{ance qUI
accompagnent ces premieres rems, font doubler les m~yells
en tout genre. Le mari fait des {acrifices qui alors ne parodI, nt
lui rien coûter. Une femme fur-tout qui cft parvenue au
mariage par 1~ r~ol1te p~ife par la Dame Barthelemi , ("j[ige
qui font éclater la dircorde dans. leurs ménages , ni qui.
davantage & l'obtient dans le principe.
Mais rour, comme 00 fait, a fes périodes & fa fin. Le
vte.nnent demander à la juO:ic.e le remede douloureux de lill
moment vient où les illufions ceirent, 0(1 le charme cit levé ,Ott
!epararion·.. On voit au contraire que p-ar leurs attentions &.
l'on ne trOUVl! plus dans le mariage que deux êtres de différent
l'e.o.rs prévenances. elles tâ'c hent ' de couvrir d' illufions & de.
fe xe, faits pour {upporter patiemment leurs défautS' mutuel s /de f-
charmes celui qu'elles Ont intérêt de tromper;. & qu'enfin,
tinés à partager en[emble la petite fomme de plaifi.rs & la grande
fentant le be{oin de. l'indulgence pour ekle!>-mêmes, elles fost
fomme de peines diO:;ibuées à l'humani té par la nature avare.
volo.ntiers indulgentes {ur les défaurs de leurs maris •. J'excepte
C'efi-Ià l'inO:ant de crife pour le mariage: fi une femme
<ct'pen.daoe: cette claire pa.r~iculier,e de femmes qui;, ayant perdu
a des priocipes de vertu, ' fi elle refpeél:e les ' devoirs de fon
toure idée de leur fe xe & de leur état, bravent effrontément
état; fi ene eO: jaloufe d'une bonne réputation, elle cherchera
I-es. loix. ,. lcs·rnceurs &.l'opioiotl publique, & qui après avoir
à remplir le vuide qu'elle éprouve par les douces occupations
tracaffé & per[écuté leurs maris, ne. craignent même. pas de
& d'Epoufe & de Mere.
devoirs du maria3e, ce ne [ont pas 0rd.inairement celles-là·
"les L.en-J re. témoinS{ de .leurs déportemens '. muis heureufemenc'
'P" rhooneu.r .de l'humanité.
l'ernece:'d
c
Il
'.
"Ir:
. e c.es remmes
eu;
rare.;
Mais fi peu ferme daos les principes qu'elle a reçus; fi
plus fidelle à fes plaifirs qu'à fes devoirs, elle cherche d ans
le tourbillon de la fociété des difiraél:ions & des amu[emens
C
�(
( 10 )
1t
)
que fa maifon ne lui préfente plus, la vanité, l'amour du. luxe j
aélions; qui, enfin; croyant avoir rempli tous leurs devoirs
la contagion de l'exemple, l'habitude dangereufe de fatlsfaire
par cela feul qu'elles n'en ont pas violé le premier, n'ont ni
fes g0ÛCS, tout lui fera bientôt oublier [es engagem~ns , tOUt
indulgence pour les
contribuera à l'aveugler fur fes écarts; elle fe crOIra même
d'autant moins coupable en cela, qu'en comparant les amorces
l'infortune.
Je ne crois pas de me tl'Dmper; voilà quelle eG: dans nos
mœurs la caufe la plus commune des divifions domeaiques.
flacteufes d'un monde corrupteur, avec les froides exhortations
d'un mari, qui exige, qui commande & qui accorde peu; elle
fe fera accoutumée à ne plus voir en' lui qu'un tyran ennemi
de fon bonheur, ,qu'un hOIl}me inju(l:e & ingrat, qui, le
premier, a violé f-es promdfes & [es engagemens.
Ces inconvéniens font bien malheureux, fans doute, pour
la foci été; ils/ont, terribles Eour l~ mari qu. i le.s conapît
ou qui feulement les foupçonne : mais oferai-je dire qu'il ~11
eil: d'auffi grands qui naifl"ent d'un excès de vertu, ou plutôt
dë ce que la plupart des femmes appellent improprement de
ce nom.
FamG:e ic-i taUS ceux qu'llne Cfi~e expérience a mis à portée
~'en juger. C'eG:, (ans doute, un préfent du Ciel, qu'une
femme qui, joint à la pratique exaéte de fes devoirs, un caraco
tere doux, un efprit indulgent, une confiance heureufe pour
les per[onnes avec qui ~Jle vit. Mais combien ce prMent dl:il rare? .C ombien de femmes voyons-nous dans la fociété,
qui, fou~ pr.étexte d'une vertu pénible, tyrannifent & croient
pouvoir tyrannifer tout ce qui les entoure, qui femblent
défauts d'autrui,
ni humanité pour
Dois-je attribuer à une pareille caufe la réclamation de mon
Epoufe? Je fuis, fans doute, bien 1 éloigné de lui prê ter un
caraél:ere auffi outré; je ne f\livrai pas dans ma défenfe l'exemple
perfide de mes calomniateurs; je ne me permettrai jamais de
dire que la vérité, & encore tâcherai-je fouvent de l'affaiblir.
Mâis pourquoi dois-je diffimuler qu'un efprit ombrageux
IX défiant, une difpo!ition habituelle à croire facilement les
rapports méchans, cette incotl~ance malheureufe de l'ame
'lui nous fait tout de!irer & ne nous laifl"e prefque jouir
de rien, devaient rendre mon Époufe néceffairement inquiette
IX par la même inquiétante: fi l'on fe peint en mêmetems une femme d'un tempérament vaporeux qui la rend
plus fufceptible de toute forte d'impreffions, livrée d' un côté
à des per[onRes faibles, complai[antes ou mal intent ionnées
qui flattaient [es idées ou aigriifoient fon cœur, livrée d' un
autre côté à un prétendu parent, homme inréreffé & vindicatif, qui, après l'avoir dépouillée du patrimoine de fa
mai fan , cherche encore fous le prétexte artificieux de la [ervir ,
d evoir fe dédomm ager par-là des efforts & des facrifices quç
11 lui enlever [on repos, [on mari, . fes eofans, en un mot
tout ce qui pouvoit contribuer à fo'n bonheur, (e'ra-t-on
leur vertu leur coûte; qui, toujours ombrageu[es
étonné alors gu' avec un tel caraél:ere, avec les iufpirations
défiantes
& jaloufes, font toujours aigres dans leurs prop:s, ména-
çantes dans leurs geG:es, & défefpérantes par to ut es leurs
perfides qui l'ont invefiie, elle
ait cru d'abord avoir à fe
�'( fI~ )
'( 12 )
plaindre de moi, & (e (oit en(uite laiffée entraîner dans la
démarche inconfidérée qu'elle a faice & dont elle méconnaît
encore les conféquences cruelles. Neuf ans de Mariage,
une cohabitation confiance & non interrompue, ux grofTeIfes t
l'amour le plus paflionr.wé, pendant long-rems, tau jours les
{oins les plus tendres, & les témoignages les plus unceres
de mon atlachemenr & de mon efiime, [embloient devoÎr
me garantir d'une entrepd[e auffi injurieu[e & auffi horriblement conduir.e. Mais que ne peut la féduél:ion (ur un efprÎt
faible & un cœur agité? Jamais on n'en fit une plus cruelle
épreuve que moi. Doublement malheureux? je [ouffre & de
mes maux & de ceUx que des mains ennemies préparent
peut-être pour toujours à une femme que j'aime tendre ment,
malgré toutes fes iojuHices.
Je n'ai pas befoin de faire mon apologie, queTque droit
que la calomnie m'en donnât. Mais je ne puis m'empêcher
de dire qu'il n'eft aucune marque d'atrachement & d'amour
que je n'a1e donné à monÉpoufe, ni aucun r..,crifice que
je n' aie fait pour elle & pour les liens, toutes les fois que
l'occa(lOn s'efi préfencée. JI dl connu de pluueurs de mes
Concitoyens que j'ai fait pour mon Époure, ce qu'un amant
paffionné auroir à pei'ne. la -génêrofité & 1e courage d1 entreprendre. Mais ce qu'ils ignoren·. fans dout~
f i q u'e d"
", c , en
IverS,
de [es pa,rens, hommes & femmes fur-tout réduits à un
état de détrc{fe & d'humiliation Ont imploré ~on fecours &
1
l'ont pa,> Imploré
.
ne
en VJIO.
. D e tout tems je me fuis fait
'
'cl e r é-pandre mes
'
un, plaifir encore plus qu'un d eVOlf
bien- ,
faIts [ur tOUt ce qui lui appartenoir.
Je
de Pei«"~n~l fH~,
mon tJeau-frere ; mo11' ami d~ abord, même avant- que d't%tre
mon allié, & mon enm:m~ ennn , comme il l'a été de tout
1e n'eXCf11te
_pâS même le feu fièur
fan farrg. Je fuis bien éloigné
de
dire qu'il a1HU a15folum~nl:(
befoin de mes fecours & de mes biehfaits. Sa fortune ~
fon eXtrême économie le mettoient à l'abri. de pareines rtffotf.rces. Mais certes dans mille occafions, dans toutes les circonfiances poflibles, je n?ai ménagé ni ma bO'l1rfe ni mes
d'émarclles: pour complaire à mon Époufe, je m~étoi~ f.ait
une loi de complaire à tOUS les Gens, & fi après avoir été
d'abord intimement lié avec [on frere, je n~ai pu maintenir
cette union jufqu'à fa mort, c'ef\: qu'une petite & infupporrable vanité des goîICS extraordinaires & des liaifoRs ind'ignes
,
,
de lui m'avoient forcé de le veil' plus rarement.
On me fart \!ln -crime d'ans , le l'ilherte de ce' qHe -je ' n~avois
pu conferver l'affeél:ion de ée beau-.frere. On [uf'pofe qu'em~
brafé de l'ardeur de fa fuccefl10n & avide de la poffeffion
d'une terre dont le nom Battoit ma vanité, je n'avois cependant . pas fangé à avoir 'pour mon' Époufe quelque~ égard9
qui auraienr [uffi pour -ramener PafFeél:ion du-Défunf. Mais
fans vOilloir oucrager ici fa mémoire, je fu'is forcé d'e èire'
que ce j':l1ne-hommc qu'on ~ous peint d'un cal'a&ere. doux>
ff d'un cœur aimant, qui, fuivant le liBelle ' , ne' connut 1
haine que par' l'averfion que mes procédés lui inJpiruent,
fut ~ependant Jingrar & dénaturé envers fa mere, ibjufre.envers fa Cœur & toute fa famille, & qu'il n'aima que fes
Laquais & quelques per[onnes de la plus vile condition.
le. n.~ chen;he nullement à me iufrifier [ur l'averfion qu'il!
D,
�(l'f'~ '
l\voit pu concevoir contre moi i ni fur les prétendus' motifs
qu'on lui attribue. Mais fans prétendre à cette ju!tification
qui ne me tient pas plus à' cœur que la fucceffion du Défunt,
( 1)
,
qui lui avoit été tranfmis par fan pere & qui étoit le patrimoine de la famille? On lui eût pardonné de m'en avoir
prohibé l'admini!tration & la jouiffance, d'avoir pris enfin
de fa petite vaaité, encore plus que celui d~ mes préte.ndus
à cet égard toutes les précautions q~e fan ~effentime~t jufie
ou injufre pouvait. ,lui infp!r~r_ ; , ~ais /éd uire Ua. légi~i~e .ra
meré en~ore v~val1te & . une me~e r~fpe~a?le, ôt~r le pat,ri-
torts.
Le lieur de Peiffonel pere était mort inte!tat & n'avait laiffé
moine de fes peres ' à fa fœur ~ aux _ enfans de fa Cœur , ..
pour le donner à qui, à un Étrang~r, oui, ~ un Étranger- , .
~ pi:ouverai faci;lement par quelques ,obfervations que Je .tefia~
ment de; ce ie,une-homm~ fut youvrage de fon ingratitude &:
conf1:ituées en dor. J'aurois pu fans crainte dema~jdtr un
qu'on a dit être .parent du Défunt au qu~t,~iem e del?r~ ':.1 ~ui
fl', 'e{l: pas même . de la famille & qui n'en a que le . n,?m
& l'héritage: n'efi-ce pas la une preuve b 'ien frappante
fupplément & inquiéter l'héritier; je le laiffe cependant jouir
peu de fageffe, de l'inju!tice & des fentï'mens odieux qui
de tout tranquillement & tâche de bien vivre avec lui, tant
qu'il n'eH que!tion que de [acrifices d'intérêt. Mais il m'étoit
animaient le Défunt? Ah! fi en laiffant [a fucceffion à cet
impoffibl~
reffentiment , que [es manes [e r ~j ouiŒlOt; l'h éri tier a rempli
que ce garçon & une Époufe. La légitime devoi!, comme
on imagine bien, excéder de beaucoup les trente mille livres
de [upporter plus . long-te ms les petiteffes de [on
,ru'
.
É tranger, le lieur de Peiifonel a youlu le faire hériter de fan
.
E!t-c!! donc là un tort qui me rende i!)digne de la [ociété
tes intentions 'a u-delà de tout ~e qu'il pouvoit exiger.
,
'
Mais je m'arrête & ne veux point fonir des bornes de ma
de mon Époufe? Qu'importe que le fieur de Peiffond fils
défenfe. Je Cens d'autant plus le be[oin de me contenir, que
~it fait un tef1:amenc qui manife!te fan éloignement pour
c'e1l: ici la partie la plus délicate de ma caure. Voici en effet
le moment où mes ennemis ont jetté les premiers fonde-
caratl:ere, les écart~ de fan orgueil & la vileté de [es goûts.
.moi? .ELl::'ce contre moi ou ,:obtre lui que cet aél:e dépofe ?
Que dis-je. ? un te!tament qui fe reffent autant de l'injufiice ,
d.e l)iogratitude & de la [otte vanité, ne dépofe-t-il pas contre
~Qn.feul. auçelJr? & ferait-ce jamai? à mon Époufe qu'il appart1eQqrOlt de 's'en faire un titre pour me calomnier?
Je [upp<?fe en ~ffet que ce- jeune-homme ~ût eu à f~ plaindre
d,e ~oi, & que Paverlion qu'on lui attribue eilt eu un principe
leglpme. É tait-ce donc là une raifon pour priver fa Cœur &
ll':s enfans de fa fœur d' un b'len. qu "1
.pOInt
, acqUIS,
.
1 "n aVolt
mens de
la [ource
Je me
entre le
l'entrepri[e calomnieùfe, dirigée contre m~i. Voici
où ils. en ont pui[é les in!trumens & les matériaux·
garderai bien de rappeller rout ce qui a pu fe paffer
fieur Peiifonel héritier & moi. Nos démêlés font en
eux-mêmes étrangers à la caure; ils ne l'intéreffent du moins
que par le motif qui taifoic agir le lieur Peiffooel' & par celui
qui me donnait lieu de me plaindre. Je le demande avec
confianct. Quel homme, à ma place)
elU pu voir de fang froid
J
�•
( 16
r
.
.
daus fa maÎCon le fpoliateur de fa famille, l~uîul'pateurl dU,·
bien de fa femme & oe fes et.fans, & quand on di t de plus '
qùe cet ufurpateur ne paraît que pour indifpofer la femme
contre le mari,. pOUl' lui donner
dt: dangereufes
infpil'ations'
•
l,
& de perfide.s confcils? pourra-t-on 1 me bHi?1er d~avojr voul'u
f~rmer à un tel homme la porte' ~e ma mai Con ? Pourra-t-on.
me faire le moindre reproche d'avoir témoigné de la fenfibiq
lité & de l'humeur contre celUi qui, après avoir dépouillé
mes enfans d'un patiimoine que ta natùre leur dellinoit , veno~t
enco're jetter dans le fein de la famille le trouble & le
déCordre? Pourra-t-on enfin me faire un crime d'avoir cherch~
toUS les moyens, & employé même des décours pour ronipre
toutes liaifons entre ma femme & lui?
Qu'on ne s'y_tromp-e pas; Ies fairs vagues contenus dans
l'expédîent, qui femblen~ laiffer appe,rcevoir de ma parto
quelques emportemens, font abfofument étrangers à mon
Epoufè. Ils n'ont trait qu'à des dt: mêlés entre le fleur de
Peilfonel héritier & moi. On verra bientôt que c'eH: par une
confuuon affe&ée des objets, des circonHances & des
per[onnes, qu.e mes ennemis font parvenus à préfenter non,
~as certainement un corps de preuves, mais quelques fairs
, .
.
equlvoques qUI ont pu en impofer au premier ai"pe&.. Ces
lettres elles-mêmes dont on a fait tant de bruit & qui
d
' .
cepen am ne peuvent former ni tort, ni preuves' ces lettres
'6"ecnteS par rnoi, que dans la vue d'écarter
'
n ,ont et
le fieur
de Peiffonel de ma maifon., & d' efi raIre
C •
' 'à ma
un d
eVOIr
~emme que je connoilfois verr~eufe, en lui témoignan t de la
)!!J.~l.lfie çontre_ 'le I?réteAdu p.ut;;nt ; il efi:. - impoffibl e de [e
méprendr~
.."
- - 1"" "t".
~ 17)
méprendre fur le motif & l'objet de ces lettres: tout y laiffe
éclater l'amour & l'ellime que j'avais pour mon Epoufe, en
~lême-terns que l'envie d'éloigner d'elle un perfonnage défagréable & dangere-ux pour moi.
Cependant c'efr dans ces démêlés étrangers que mes
ennemis ont plliCé les moyens de m'attaquer en jllfiice &
de me calomnier. Eh, dans quel rcms ont-ils con~u, prépaJ'é
& exécuté leur projet de féparation ! Dans le moment cù ,
non pas plLls tendre époux (car je n'ai jamais celfé de l'être)
mais plus affidu auprès de ma femme, enriérement livré aux
plaifirs domelliques & aux occ upations de mon état, je
donnois à mon Epoufe les téme>i gnages les plus conHans de
mon attachement, de mon amour & de mon ellime; c'eH
~ans le _moment où , ma femme rétab lie d'une maladie
grave [urvenue à la fuite de fon dernie r accouchement, la
tranquilhté, l'u.nion & l'amitié paroilfo ient plus 'lue jamais
fi xée s dans notre ménage; c'eil: dans l'inllant même cù elle
ven oit de recevoir & de provoquer même les preuves les plus
extraordinaires de mon amour & de ma fidélité, qu'eUe
difparoÎt & va fe refugie: dans un Couvent.
Tout étoit préparé, fans doute, par f-es perfides infpirateurs , par mes ennemis. Une requête fllivi t de près ~ette
démarche. On y expofoit que, pour metCl"e [es -jours en
fÎll'eré, la Dame Barrhelemi avoit été forcée de cherchçf un
~fyle dans le Couvent de Sainte - Claire; on n'y .allégu oit
d'ailleurs aucun févice, aucun danger; tout -s'y réd.tlifoit .à
des mots. Cependant on demandoit qu'elle feroit fépa rée de
[on mari de corps & de biens, ju[qu'à ·c.e lJu~autr,ment il fût.
E
�~(
( 18 )
'9 )
dit & ordonné,. comme fi l'on eût craint de fixer un terme à
la fépar:ltion. Je ne m'arrête pas à la difcuŒon de la provifio n
f' lui offrant de [oufcrire un aél:e de féparation volontaire ;
., & que fi elle s'obfiinoit à demeurer chez lui, quelque
demandée dans cette requête. Je laiffe même
à l'écllrt les
" malheur .en ferait la fuite, intentions & menaces q\.1'il a
diverfes demandes en
lors contre
" renouvellées avec plus d'acharnement pendant)a
proviuon faites depuis
moi, quoique chacune d'elles ait été un fujet particulier de
vexation, & une preuve frappante d'injufiice. Ces intérêts
pécuniairès doivent [e confondre & [e perdre ici dans la
d~rniere
" gro1fdfe.
i
,
.
,. ' _
~ 0 Ou'il l'a toul' ours tenue dans un état habItuel d effrOi
"
J,
.. .
~
pour la fûreté' de fes jours, par la terreur qu'infpiroient
di[cuŒon des grands intérêts d'état & d'honneur que nous
" fes féroces menaces, lui difant, tant' avant que pendant fa
avons à traiter.
1\ eft viflble qu' en décidant mon Epoufe à une demande
" derniere groffe1fe qu'il étoit trop malheureux dè voir fan
" fort attach~ 1
fien pour ne pas chercher à en brifer lej;
" liens; qu'il falloit des viél:imes à [a fureur; qu'un jour
en féparation, mes ennemis crurent m'épouvanter par cette
démarche brufque &
hardie. Mais la réfifiance ferme &
tranquille que j'oppofai à leur Olttaque, la réclamation que
je fis de ma femme, déconcerterent leurs me[ures. Ce fu c
avec peine, & après des délais fans fin qu'on me communiqua les prétendues preuves, c'eft-à-dire, l'expédient & les
lettres. Bien éloigné d'affoiblir ce que la cabale ennemie
regarde comme le fondement de la demande en [éparation,
je vais rapporter & l'expédient & les lettres dans tout leur
contenu. On verra d'un [eul coup d'œil & l'on jugera facilement
fi ces preuves [one auŒ redoutables pour moi qu'on l'a annoncé
dans le libelle.
Commençons d'abord par l'expédient. La Dame Barthelemi y offre de prouver:
CI
1°. Que le fieur Barthelemi a Couvent manifefié à fan
" ~poufe dans les termes les plus injurieux & les plus
" outrageans pour fon honneur, tant pardevant Témoins,
)1
que . par fes Lettres, 1'1' "'teotl'on
d e ne pas vivre avec eIl e,
....
ail
" on' trouveroie desltêtes & des bras qu:il auroie féparés; &
" qu'enfin' il la t-ueroie, menaces atroces devenues fi allar" , mantes pour ' la famiHe même du fieur ' Barthelemi, que
" fa mérè avertit la Femme-de-chambre de la Dame Bar" ehe1eroi, de ne plus laiffer [a maîtrelfe feule avec fon
" mari pour prévenir un malheur; 'qu'un jour entr'autres elle
" tint cachée la Dame Barthelemi fa . belle - fille dans la
" chambre de la Dame Efpinalfy , pour [oufiraire fes jours
" à la fureur de fan Epoux.
., 30. Qu'après cette fuite d'outrages, craignant une dé" marche en féparation dans un tems où elle ne convenoit
" plus à fes intétêts, il crut devoir fe ménager des armes
" pour la repoulfer. Dans cette idee, vers la fin du mois de
" Juillet dernier, il entra dans la chambre de fa femme ;
r"
fur les deux heures après minuit, l'éveilla en furfaut, &
" l'ayant fait a!feoir fur fon lit en lui pt éfentant du papier
" & de l'encre, lui dit, du ton le plus effrayant : écril'e{
�~
io )
(
~I )
r,.
Mtrdimt ,ce que jt! 'tItJÎs .vous dic1el. Ella s'y étant r\!fûlh,
il prie un ton fi aUarmanc , qu'elle fut for~ée d'écrire
'Violences t!xcdfi'Vt!s ; ~ 0. mépris tonjlant ; diffamations
publiques; & c'eft pour con[olider ce dernier genre de
.!P,
16te;e_ cl1lslwnuranr~ pour elle, r & 'qu'il lui diaa.
preuves
f"
un:
ra fi'·1>
ulte u une
'J
n'.J.. e tl'1 eve"
eette , eux, l.
ioI- peu-pres
" dans le même eems, il voulut qu'on lui dreifâ~ -\ln lit a
.t' .pLiant dans la chambre de fa femme, à qui il réîtéra pendant
~,.. la nuÏt [es menaces Qrdinaires' , ' & t6arlt forci. de granQ
~; mitin r on trouva cn pifroki: fo~s fort -chevet • ..
( : .. , (. Que tamu aYant que ' pendant fa petfliere- gtoŒ!ffe,
• it . n'a cdfé de. \{ri reproC'hev que les eafilns -qu'elle âVait
•• ne lui apf>artenoient pas; que celui dont elle était- enceinte
~.
" . 4o.•
.()
X u,-a
,
" n'était pas de, fus œDvres~ Cet odieux , prop~s fûc. r~tér6
." .d~ns le mais .a' A0Îtt clex:ote-r,
~, q\loi
1!fl
préfe,ace de témpitls; fllt
la lDl\me ayant répondu à fOQ mari qlle~ ce . g{nr,e
ct
... cil' ()lU ~ <loes
• n'é'
tait pas nouveau pour eHe ,
qu'il dllroit
" depuis fon mariage, [on mari faifi de fureur ' , prenant
-ul'1è ohdife en l'élevant ' pour la-frapper, tuc retenu par le
.... eit:rs préfet1t à ce àifcours.
l.
10.
qu'on
a communiqué quelques lettres que j'avais
écrites à mon Époufe dans des tems différens. J'ai promis
de rapporter moi-même tout ce qui fait preUVe & moyens
contre moi & je tiendrai parole. En rempliifant ma promeife ,
j'y trouverai peut-être l'avantage de [aire conno-Ître les véritables difpoGtions de mon ame qu'on a cru.e11e.ment altérées,
en morcelant mes lettres & en les détachant des motifs & des
circonil:aoces qui les ont diaées. Il dl: curicux d'entendre
dire à l'Auteur du lib.elle qu'il ne veut point jalir fa plume par
la tranfcription dl: tou te la correjjJOndance , candis qi/il ~n r~?T
porte précifément tout .c.e qu'jl y a d~ reproi:'he1> & qu'il en
omet tout ce qui peut les tempérer,. &. laMÏts [liIf-tPP-t q~
fa plume trempée -dans le &el ne diftill.e fur .moi ijl3~ l'iniUt'
& la calomnie.
V-O~ci la premJÎer.e lettre que j'ai 6cr~t,e rehitive~M
démêlés domd!iques ; elLe étoit à la vé~it.é adre~e...à
11
nos
mQR
n, 6°. Que dans tomes les occafions ,11 l'a ditfamée par les
beau-pere. Mais on doit ohfeEVcr qià?-elle ne lui a jaR\ajs ét~
" imputations les plus outrageantes & les plus calomnieu(es
envoyée, que je la remis moi-même à mon Époufe , & qtJ'elle
t
pour caraétériCer", l'ar-là,
dMt il l'a h Uttll'l'é
1 e., mnu
Tel eil:, dl\l1s fon e ntt'·el:
le mépris qu'il en faifoir • mépris
c
'
en rac.e,
que da,ns ft:s lettres
n.
,
l' expl;.UJeqt
/..J '
~
- dont mon Epoufe
a
~mal1dé l'adfüi!li n. Il ferâ bientôt démontré qu'on a h~{ardé
ulle foule de fa-ils , défigure' & exagere
' , 1es autres
c · d6S
rait
applications & des aIl u{jlotis trtaoger:es
,
'
pour pliéfenter
un
Il
torp? de preuves gui en j'm pofât 'à la Jûllic'e . c't H delll
né
'
,
anrnÔlI1S, qu'on a 'l'oulu ' i:bJ"l'~e
l"'s tr01's moyens [uivans:
.. ' "
o
l •
a toujours refté en fon pouvoir, telleOilelilt j'y attaçl1<lis peu
d'intérêt.
" MonGeur & très..cher beau-pere, tin motif d'amir-ié po~r
" ma femme me fait .avojr re:œu.rs à vous
pOtlF
VOllS prier
" de vOilloir bien la recevoir chez vous , ennuyée di! v-ivu
&. qu~
à ce que j'ai l"honneur di
" avec moi pOllr des raiCons qui font à fa connoilfance
" j'ignore: elle eH très~décidée
al
vous écrire. Il dl: iûr que la te\ldrdfe d'un .p.e-re & d'jJ~
1';
�(
( 2.3 )
2/2, )
" famille dont les généreux foins jufqu'aujourd'hui lui font
A travers quelques expreffions inconfidbrées; on voit faci,
" efpérer un avenir plus heureux que celui qu'elle attend de
lement qu'un mari qui écrit une pareille lettre à une femme
" fon mari, l'incitent à cette réfolurion. Quant à moi Mr.,
qui vit dans fa mai[on , n'eil gueres dange'reux ni dans l'in-
" d'autres raifons que celles que je vous expofe au comm'en_
tention, ni par les effets, & que les reproches qu'il fait font
" cement de ma lettre, me décident à p'rêter les mains à
le pur ouvrage d'une ame honnête trop fenub!ement agitée • .
à fa
Voici la premiere lettre que j'écrivis de Paris. Elle '.dt
" demande que j'appuye par la priere que je vous en fais, &
datée du commencement de Mai 1783. Le voyage que je
" me croire avec un ûncere attachement & un profond
fis à la ' capitale. n'eut d'autre motif, je l'avoue, que de fuir
" refpea " .....
J'examinerai tantôt quelle preùve & quelle induaion il ell
ma maiCon que . je voyois fréquentée, ' malgré moi, p.ar ; un
perConnage qui. m'éfoic odieux. Un mari qui fuit ainfi , & qui
fe contente de faire quelques légers reproches, n'dl: cer-
" fes defirs. J'efpere que vous voudrez bién acqlliefcer
pe~mis de tirer d'uae pareille lettre. Je continue de rapporter
les. aunes . .
" . N'étant- point accbutumé, ~adame,
à écouter de fang
" froid tès1complimens que v.ous me fîtes à table, je prends
,; <fagement 'la réfolution de' m'éloigner de vous. Vous auriez
" mérité que j'euffe tout de fuite
réprimé votre audace.
". Rendez ~race, à je ne fais' quoi, û je ne l'ai pas fait. Mais
... c'ell:. peti' reculer pour mieux fauter. Je rie dois pas vous
" biffer ignor.er que vous avez élevé dans mon ame des fen" timens d'indignation qui ne finiront jamais. ' Je fais heureu.
'\
" fement apprécier les choCes, & vous jugez bien ce que
" vou,s ête~ & ce que vous valez; il ne vous ûed plus, d'aprè?
'" cette déclaration, de 'Vous obiliner à me Cuivre. Je vous
" engage beaucoup à reiter ici, & ne plus penfer à moi. Je
" pre'ndrai les arrange mens que l'on voudra, & je ne faurois
" trop payer cher ma tranquillité: jouiffez à votre tour de
;>,J ~otre
liberté. Je connois trop l'ufage que vous en ferez pour
•• n~ pas- vous faire l'non .compliment
't.
tainement, pa? un tyran féroce, un homme avide de fang.
" Enfin,! je fuis où vous defirq , Madame: deux c,e qt lieues
" nous réparent.
Cet efpace eft trop ,court 'encore pour
li:
votre ill'différence. Je dirai plus pour . votre haine,
çJ1e
" n'eft pas a1fe1. diilante pour mes projets. Félicite'{ - vous
i. '
~, bien de m'avoir rendu l'être du monde le plus malheureux;
" <;'en eft fait, je vous abandonne, vous & touS m....:s parens;
" je vais parter dans des pays barbares ma méla.nc.olie . & mon
" défèfPoir; vous n'avez pas voulu connoître en moi un
" homme qui vous adoroit & qui a4JdJit jan malheur par
" l'amour qu'il ne ceffira d'avoir pour vous: .des plaintes,
" des Coupçons dénaturés, des m éfiances, des brutalités,
" des préférences, des perfidies .... C'eft tout ce que j'ai re<;u
" en échange de mOIl amour extrême ".
" Re1ferrez les nœuds qui vous ont portée à ma perte.
t)
Faites triompher celui qui me chaire éternel.1em ent. d'aùprès
" de vous. Aimez-le autant que je le hais. Comme,m:ez ave~
�<2.4 )
( !2.) )
D' mi vot!'e carriere de bonheur, & moi je vals remplir cel1~
»
" de gémir, celle que vous m'avez prédit au moment même,
"
"
"
"
où j'aurois voulu mourir & renaître pour VOIlS. J'efpere
que vous ne rendrez pas le jort aujfi funejle aux petit~
malheureux qui reflent avec vous. Si VOliS leur arracher
l~ur pere, ayez au moins pour eux ' des entrailles de mere,
" Qu'une perfonne en vous rendant perfide , ne vous rende
" poine barbare & dénaturée. Voil~ la derniere plainte que
" je me permets
(Ji les Janglots & les lal'fTlcs qui l'es accam_
" pagnent pouvoient Je montrer, vous en verrier ma lcttr@
u remplie; je n'ex citerai plus votre pitié ;je vous demanderai
» flulement quelq,uefois des nouvelles de mes en/ans; vous
n m'en fèrez donner, s'il vous dérangeoit trop de m'en
donner vQus-même.
;~ Ad1eu, nous n.ous revenons
tIu moment aù la vérit~
A
" para ltra. •
;
1
S'il eft poffible de voir quelquefois dans cet'te lett're le
langage du -défefpoir, dl-ce un -défefpoïr qUf doive dFrayer
pour ma femme? Ecrivois-je comme un homme affliO'é
ou
1>
cemme un mari dange'reux ? Annonçois-je u,n profcnd mépris
, ..
Le 16 Mai 17 8 3,
Vos démarches & vos procédé~ m'ayant fait p~endre la
" réfolution de vous abandonner & de '(l'éloigner de vous,
" ainfi que ma premiere lettre v~us le mar_que, je viens vous
" faire part de mes intentions pour ce qui vo,us .rega.rde. Vous
" retirerez vous· même les penfions des magafins de toulon.
" M. Jean-Marie Brun recevra ma procuration à cetr effet.
" Le produit de l'augmentation qui provient des 1 épara,tjons
" que j'y ai.faites, m.ontant à quatre çent cinq.uante livre,s d.e
n rente, ferviront , pour , l'~nlretien de mes enfans, &. .comn;:e
" cette fomme n'dl pas fuffifante , mon pere vous c,o.~').~tera
<," encore deux .cent livres p.o ur y pouryoir , q.ui~ ferone priees
.~
fur
les
"uime
cent
livres.
qu'il
dl.
obligé
,
de
'
me
faire.
. "
~
"'i
J
.1.
(.
•
C
.1
n
J'aurai à moi, franc tf,eize cent livres p~ur-n:~J~~r:!l:ilnq"
" Cette fomme fera 'pl~s qu'~b?nda!1J.e '., P9~, 1. ~o Jrvo.ir à
" mes bcfoias. Le genre de vie que je me prop,o{e t e rpener
& qu.'il ne ~era plus~ er, .mpn l:'0,uvoir qe1 réformer). a,p,r,ès
,
'
.
l' un certaJl1 te.ms, m ~ fa.it efpéreJ. q~e Je P?U ~roIS encpr e
" avoir à vous remettre pour le foin de votre famille. ",
" A préfent, recevez (l'les adieux. Nous I,le nous reverrons
'! ,
& une haine terrible pour ene , ou bien n'y parlois~je pas
" jamais; ce mot me cotue; mais il dt aéce1faire. J'arca-
le langage, de l'amour le plus tendre & de l'e-Hime la mieux
{entle?' Je laiffe à m es Juges,
if
aux h ommes honnêtes &
impartiaux
à prou' 0lOcer entr'e ces deux extrêmes.
"
" V qus m'ave z rendu' la vie affre,~fe: ~e redoutois
VOici une fe conde lettre date'e
d e P ans"
.
.'
.
que J."ecmlS
à mon É poufe peu d '
, : elle préfente les
e Jours apres
mêmes réflexions &
'C Il
. m,aQI;.elLe
les mêmes fencimens que la
'1 , cherois mon cœur, fi je foupçon~JOis qu'il pPt l?er:np orte,r.
Cf, d,ernier
" coup. Le' Ciel . me punit. Je VOliS ai ,trop aimé~. !e :'Ol~S
" aime encore, cmelle. Voilà tout(l'lon malheur; mais dulfoisl'
je périr ... dulfoi s- je traîner ma vie languimnte de porte
" en porte pour la foutenir, je ferai conhant dans , ~a
Il réfohuion, Les miferes de la vie font moins affreufes pou~
~
�" moi que vos
( 16 )
perfidies. le vous ai facriJU mon reJ!èntiment.
" J'ai dévoré dans mort ame les traniports que la jaloufie
" donne. J'ai fouri à votre adorateur; j'ai combatru ma rage
" &
je l'ai lailfé vivre. Ce triomphe n'dl: point l'effet du
" fang froid. Il n'en circule ' point dans meS veines; mais
'" le mépris, le dedain & tout ce que la nature a de plus
" vil, efi la jufie valeur des auteurs de mon infortune. J'étois
" réfervé à ces coups du fort. Faffe-Ie Ciel que je les endure
" en me dévorant feul! J'aurai
fini ma carriere malheureù_
.
"fement. Mais dll moins n'aùrai-je rien à me reprocher.
•
Voit-on dans cette lettre les prétendues marques de haine
.
& ~e mépris? N'y voit-on pas -au contraire les témoignages
' les Il'fus certains de la t~ndrelfè & du refpeé1: que j'avais pour
1
,mC?Îl
Que les fou'pçons de jaloud~ q~e je Jlai!re éclater
dlb'sl' qJè-lq1i~s rriom'ens fUfIeflt
. ' vrais ou' feints dl-ce un
ÉpC;llfe:
,
- crime 'qu'on doit m'en 'faire? Que dis-je? n'dl-ce pas
un
,
-hommage que je rendais à la. vertU de ma femme
en té moi·
gnant :des foupçons ) toujours -accompagnés & d'amour &
d'efl:fm1e;
,
"
Vo'iéi enfin - la derniére lettre que je lui ai écrite de Paris.
Mes ennemis la rapportent avec- triomphe dans le libelle. Ils
' la ~eg:rde,nt .comme la , preuve :convaihcante de leur fyfl:êm~.
LoItl d en c~a\Qdre le moindre effet, j'y cr~is pouvoir puirer
la réfutàtion des horr_eurs qu'on
imputées. Mais il faut
m'a
pour ~ela la lire en entier & oe pas en détacher quelques
n
1ques expre ffiIons qui ifolées peuvent avoir un
._phrafes
"ou
. :t~e
[ens lU)Uneux.
,, - Je n'ai rien à me reprocher qui ne foit votre ouvrage;
( 17)
le 'vit objet dont vous me pa~lez ', l'a tonjoIlCS été
IJ
aImeS
" 'yeux , & fi j'ai feint de lui .en \'ou;oir, ~'étoit pour m~
" venger de l'indifférence que vous rl1etèie~ at/x ) c~6f~s <1 Ell
d1!-plaifoÛnc. V~u~ pr'éférrez "me-.-v~tr m~\)(' ~dntent ,&
?l lf 'f n \.- ? .u ..! dd" ' )
u aïr~t' ('~otre rrairt ; pourq1.rI:ii' ne vous aorox:-jc; raS're .... .
" Àu refle fi réellement j'avais' du goùt pour ~lIe , Ile n'ën
" ml!
•
-
•
C
•
1":5
' " au rois
agi comme j'ai ' f"jt , &, ée 9ue i ,e vouS ai a-{furé
,,. d~ns' un t'e'ifis à cduj'è t ;' ' efi ct l qùè Te'v6uilaffilrëraf rotite
ma vie. - Il n'étolt pas d~urèux que ie~ !objet devint'f6ùr
" ' moi le p-Ius méprifable. J'ai ï:ohjoffi~ .accord6 . ée ' tirre
r"
" à ceux qui fervent à la v'è ngeante. \
. (
l t Vous parlJz principes dans ( ~otre lettré; -vo'~S' v~us 'in
' l'dez " ofez~vousr• li oir le' front
'a-e vouS'
:'Cr()j~
honhêt'eac "'o
"
...
.
.,
r
,
" femme ? .. " qui; vous~,.. ' un monfké eft moins ·farouche à
" l'humanité que' vous ' à ~osj devoirs. Sûr quel titre fondé-z" vous votre vertu? efi"ce pour ~vofr voulu- mon malheur
" éternel? efi-ce pour vous iêttl:' aff'oc1é (l'i~Lérêts ~ d'in&i"
"
"
"
"
"
"
gues avec un- malhéu'reux ~ qul .né.! ~efpite qÛ'ln,térêt' &
bâlfeffe? Vous me reprochez d~1 vous avoir .voulu · mettre
hors de chez moi; on voit ' bien que le fon';! de votre
cœur démentvotre rnain; VOI1S- me cherchez des défa uts
pour paHier vos crimes; mais vous-même vous ne vous
abufez pas; vous favez qu'il n'en eft rien; v6us avez cunnu
le food de ' mon ame; voUs favez 'qu'on' peut la mettre à
" des épreuves ; fi vous en étier moins convaincue, vuus
" ne vous y jouetier pas. Quant A MES ENF ANS, ils
" le re./Jentiront de la faute de leur Mere. Je ne' mgngerai
" pas leur bien à coup fûr; i 1inimitié- que je m'attire- de
�,,-
( '2.9 )
" 2&) )
,i ~on pere 'd.ans cette circonO:anc e & donc ' vous êtee la
" caufe,. le leur affun; • .Ils n~ connoîtront ja(l1ais à qui ils
~, doiv~ nt le,iour. S'ils hé,ritent d.e vos fentimeqs, il~ s'en
. " loucie50~t fort .peu; aclieu, .vo}là la dern~ere let,tr,e ,qu.e je
" vous écris de Paris "Jv.ous
avez
dû en( rec~voir quatre avec,
,
1
\? celle-ci; elles te-prouvent touS mes f6ntimens ; je confirl1)e
i
'1
."
"
"
qans 'fette de~nierc; t~u~ ce qu'elles contiennent & tu n'~n
rccevr~' p}~s de rppG. fi . ce n.'pfi la . no!ryell~ de la fin.
de mes tourrnms J~ l'attends avec impatience pour ton
bonheur & pq\.U .le mien .. ~a fonté qui s'affoiblit to~s
les jours me donne. çet eJpe{r, c'eflle fou.,! qui puiJJè me
•
.
J
.
. " confoZz{< , ~e . ~~écris )pl~s à ~aris' j~ paIts pour i7 ne
"Jais q~ t feul ~ fap~ acg e!1.t 3 tant ~ieul(..., je viais avqir
, I! bien de~ i c~ag~ins ~ bien. pc:;s .. peipeG
i ' ~an~ .~ie~l(... i'y
_ ,~ . fucco.mber'li, t<!llt mieux ,: t~nt mieux ...
Il paU)Ît d'<jbord à, la premier~ leél:ur~ de cette lettre, j'~n
: clj>nvjeos r9uei'ai
[ouncoQ.né
la vertu,le
mon Epoufe. - M~is
)
oU" ~
11 1!"'
.J , .. J
qu'on,
apr• écie 1 bien 1les I }JfOl~DC.oDS
qljê
je
cQncois,.
& les
~
~ J, .1
• J
I[
;
H')
;J
......
J
rept;pc!JeJo que je lu~ ff!i.
.hi im p ~ te d'S1Y,eif vou-Iu';mon
malh.~ur &; de s'être a~o~iée ' d'inrér êrs & d'illtri~u e~ avec un
homm~ qui ne refpir,e qu'in.,térêt & bajjèilè,.
Métis y 1a-t-il en
•
•
cela un mot q.~i déiignç l'i l'lfidél\t~ C<1njugale , ,&, la violation
des ~(v o irs du m~{iage? Eh.! qu.a.nd même j':lUNis con~U
de.s [oupçQns , & que je lui e,n eutie fait part, par n1a tertre,
{eroir-.ce là une. diffamation; , un outrage? J'examinerai bientôt
'jufqu'üù peuvent :;'é-tendre ~ doivent !l'arr êter à cet égard;
les droits d'un mari. Mais, pu.ifqu ' il
qu(;' fri~n', à p(éfent,
!!
en
}k ~~t(e (krni~rt: l~~ti"e l ofl dqit
". c:n cÇln!id,
,.. érer lll,
" fin & jugerfi
.~. ~
{i l'an
y trouve, ainCi que dans les précédentes, des menaceS
féroces, le plan d'une calomnie concertée, d'un mépris froid
& co.nftant, l'annonce de traitemens cruels, la perfpeél:ive
éun danger quelconque pour mon Epoufe. J'en appelle même
lci à la premiere réflexion qui naît de la leéture de ces
lettres .& de l'expédient. Que fera-ce donc, lorfque j'aurai
écarté ceS lettres, éclairci certains faits de l'exp édient, démontré l'invraifemblance de plufieurs autres & l'infu ffi fance
de toUS , lorfqu'enfin, j'aurai donné les preuves les plus
fenübles de l'amour, de l'eftime & des égards que je n'ai
,eHe d'avoir pour mon Époufe ?
Tel était l'état des chofes, tels éroient les moyens &
les titres que l'on produifoit contre moi, lorfque ma caufe
fut plaidée en premiere infiance. Jamai~ la calomnie ne
s'exprima avec plus de hardieffe & plus de groffién!té ., que
par l'organe du défenfeur de mon Époufe. L'indignation
générale, le cri de toutes les ames honnêtes me fervirent
de vengeance: ce fut pour moi une bien grande fatisfaétion
de voir le Public entier s'iatéreffer au fuccès de ma défen(e
dans une caufe, où un fentiment naturel & une pr€vention
involontaire ~ devaient l'entraîner de préférence dans une
opinion & des vœux oppofés. Je devois m'attendre avec:.
raifon au rejet de l'expédient & de la de.mande de mon
Épou re. Cependant l'expédient fut admis ; on m'a affuré
qu'après une longue difcuffion & des opin ions long - tems
divifées, des circonfiances alarmantes, qu i m~é toient abfolu ment étrangeres, déciderent le Tribunal à ce Jugement.
~agiHrats humains l hommes fenfibles , devez - vous ê tr~
H
�( 30
)
( fi)
-
étonnés que fral'pé de ce premier coup; anéanti par Un
Jugement que mon ame & la conviél:ion de mon innocence démentoient, je cherchafle à me dérober, pour quelque tems
à des lieux qui me retraçoient fans cefTe mes malheurs & la
fatalité des chofes? Je voyageai, en effet, pendant quelques
mois, & cherchai à me di{haire fur les horreurs que je venois
d'éprouver. J'ignorois que dans ce tems, on fit procéder à
l'enquête ordonnée. J'ignorois encore mieux qu'il fallût ap-
,
peller de la Sentence quand on ne vouloit pas l'exécuter.
Mais tout ce que ie fais, c'etl que j'ai été bien éloigné
d'acquiefcer à un Jugement qui admettoit la preuve la plus
calomnieuf~. Retourné dans ma Patrie, j'2i appellé de cette
Sentence pardevant la Cour, où j'efpere que le fort de mavie & de ma réputation fera plus fcrupuléüfement difcuté.
Mais on a dit pour mon Épeufe , & on a répéré dans le libelle
que j'étois aujourd'hui non-recevable à appeller de la Sentene;
interlocutoire, en même-tems que j'étois mal fondé dans
mon appel.
Voilà donc une queO:ion de. plus qU'I'1 m
etraiter.
·
Ce
e raut
n'eO: pas affez pour moi que de prouver que je n'ai été ni
hO,m~e cruel, ni lâche calomniateur, il faut que je prouve,
en meme rems, que je ne fuis pas non-recevable dans mon
appe l, & que les voies de la J u0:'Ice me fcont encore ouvertes
~ou,r att~quer la, ~entence interlocutoire. Je fens que fi ma
J~O:JficatlOn eO: alf~e, la dircuffion des moyens & des objectIOns eG: alfez difficile pour
l'
"
'
,
à fi b ' ,
que qu un qUI n 1:0: pas accourum e
u t1hfer & à fophifl:iquer.
En parcourant les livres du droit, ' j'ai vu que l'appel d'Lln
Ju"ement étoit re~u pendant trente ans, tant qu'il n'étoit p~s
o . r é Or entre la Sentence intetlocutoire qui admet l~'
acqUlelc •
,
. 'ft
preuve & l'appel que j'ai relevé de cette Senten~e, Il s ,~
écoulé à peine deux mois: je ne fuis donc, pas non-recevable
fous ce premier point de vue.
Je conviens avec la loi, que l'appel n'eO: plus recevable,
quand les Parties ont formellement acquiefcé au Jugement
u'elles voudroient faire réformer. Mais où eo: donc l'ac,q
d
'
quiefcement formel que j'ai donné au Jugement on t Je me
plains? Cert.ainement, on ne peut m'en" oppofer aucun. Je
conviens également qu'il eO: divers acquiefcemens tacites qui
opèrent la même hn de non-recevoir, qu'un acquiefce,ment
formel; & c'dl: ici l'exception à laquelli: on a recours pour
me {uppofer non-recevable dans mon appel.
On a prétendu dans le libelle de mon Époufe que j'étais
non-recevable; 1°. parce que j'avois laiffé procéder à l'enquête
fans en appeller ; '1.°. parce que j'avois conteO:é une nouvelle
provifion demandée après la Sentence interlocutoire.
Je m'arrête d'abord à cette derniere exception, & je la
combats par une réponre bien fimple, c'dl: que je n'ai ni
conte fié réellement cette nouvelle provifion, ni pu la conteO:er, puifque j'étois abfent & que je n'avais lailfé aucun ordre
relatif à l'exécution ou à l'appel de la Sentence. Voilà donc la
premiere ex.ception détruite par le fait.
J'en viens à la feconde. Eh ! depuis quand le filence abfolu
d'une partie, pendaoç deux mois, devient-il UHe approb,uioD,
�...
r'~'
•
( 12.- },
( H )
ou du moins un empêchement à appeller d'une Sentence
,
tan4is q\\e ~a loi ~ la ' juriCpI'\,Jd.ençe ~c:;cQrdem ~ln délé\i de
•
trente ~(ls? Dans quel livre a..t-Qn trouvé, & quI:! hOlll ll1Q
raifqnnahle pourroi~ .. il croire
qUI;
ft
~aire & parlu fu[ent'
fyn.o.nymes, ?
Je fuis hien éloigné d~ fuivre le défenfeur de mon Épouredans ce déd ale de fubtilités, de paradol(~ s & de fophifm~s
qu'il a c;~éé pqur me fuppofer non-~·e cevable. J~ me bornerai
à.1 e combactre par l'objeél:ioo qu'il a vQulu prévenir, & qu'il
li. çraint avec raifon. Sans examiner fi ME;. ]snety mérite plus
ou moins de confiance que Faher, Ferriere & le Récréateuf
dt: Bül10n qui, en fa,ic de (~gle judiciaire, en fave-nt peut-être
moins qu« le moindre Pratiçien du Royaume, je crois du
mains que l'Arrêt rapporté pa.r Me. Jane~y, avec fes vériràbles.
mQ(~fs & circonll:ançes} dQit; aV-Q~r bien plus de poids que les
autorités écrangeres & les raifonnemens {ophiftiqlles qtl'Ol'\
~OIJS a oppofés. Or , l'Arrêt en qu~Hioll jugea bien topiquement qu'après la lignification. de l'enquf te on pou\l'o~r encoreappeller du Jugement qui l'ordonnoit, pourvu ql,1e Fappe1tant.
n'eût fait aucun aélie approbaüf, & que le Jugement eût été
exéctlté vis~à-vis de lui d'~tl.e man iere purement paflive.
Je veux trancher d'a~l.leurs toutt: difficulté. Loin d.:: récllI«
J'enquête
.,
.
l J' e l' ~ dopte, illatS
ce ft pour établi~ que ta preuve ~
t;lle qu'elle a éf~ fel)1phe pa r J'1!nq uête ,dl: inconclllaOle &
c,onféquemm~or inadmiffible. o( , fi je lai{fe fubfifter dans
l'état
des chofes &, malg re, l' appe 11' enquete
• pnre
. par le rremlep
.
~ .
~uo.e, quel mOCl f, quel intérêt légitime peut avoi r mon
~poufe po~r me cQl\cdtet la, façll.lté d'appelle.r d.u. Jugemenc
tt\terloçutoue ~
.
Ç'eft
C'd1: en dire alfez fur une eXc'iption qui me tient peu à
'cœur & qui dl: étrangere à ma juil:ification. Il eil: rems que
j'érabli{fe enfin que je fuis fondé dans mon appel, & que
les moyens de féparation invoqués par mon Époufe font
infuffi(ans ou .faux, abfurd és ou cal0!:1nieux.
, J~ ne'-' me natte pas ' de préfenter 'à mes J~ges & , au public
des vues auŒ neuves & un fyil: ême auŒ relevé qu'on l'a
fait dans le li'b ell~ de mon É;poufe. Mes idées & Ipes obfer~vâtio\ls re /ol{é i fimple'~ Je les p.uiferai, fi non dan ; la nature
des :chofos , du ~~oins dans la nature d~s hommes, dans nos
mœurs & dans que lques prîncipes qui dirige'nt aujourd'hui
les Tribu'naux & les JurifconfLlltes.
1
l'
~
t1
:J
r
~
Jl
1 _.
.1
...
•
l
. Le Mariacre
confidéré
[oit com01e
Sacrement,
fait comme
b.
1
"
.
contrat civil forme dans nos ma;urs un engagement
indif, t
fol uble. Toute
féparatio.n entre mari & femme ell:.l doncL.con,~
~
;J
_
.....
_
....
.;.
r
traire aux Loix divIn€s & J1ûmaines,
'\
Cepe.ndant, il faut convenir que dans une i.\1il:itûtion qui
' ~onrrarie la nat~re à quelques tgards, il a éc'é , abfolur,nent
.J
J
... •
.,
néce{fJire d'apporter des. tempéramens. Les hommes font
trop imparfaits, trop foible~, trop i,nconflans p~ur q.ue l<;s
, Loix qui !es gOt)vernent, pui'ffent r~~er i~~~xibl~s .& fa~s
el\cep[[Qn.
!.Je
De tOUt tems le torrent des' mœurs entraîna le.s L.oix; il
fàut néce{fairemenr qu'clles fuivent l'homme de loin, qu.' elles
J e " prêten c un peu à fes égards. Or quelle Loi dQÎ.t plus fe
,{elâcher de la rigueur & (ouffrir les tempéramens que celle
~-
.
,
_..
"
-
-
!1
1
�( H )
'( 34 )
qui impde un joug éternel à deux êtres auffi variables &
,
auffi imparfaits que l'homme & la femme, à deux êtres
dont l'un a pour lui la force & l'autorité & dont l'autre
•etl: préfume du moins être foible & facile à opprimer. CO!l]~
ment pourroit-on ne pas recourir l'Epollfe malheureufe ~- qui
l
' au lieu de trouver un ami & un protetteur dans fon Epoux
n'y rencontre qu'un tyran odieux dont les emportern,ens
menacent ' fa vie à chaqut; innant ,ou qui par une cruauté
lente & ménagée lùi fait de la vIe un long fupplic~ mille fQis
plu,s affreux 'que la mort? Tant que.1'homme pourra fe tromper
,
& fe corrompre, tant que des intérêts étrangers au bonheur
de l'individu pourront déterminer les unions, tant que l'autorité
defpotique des parens pourra traverfer le penchant, enchaîner
la laide~r à la beauté, la décrépitl!de à ~a jeuneflè , le ,vice
"]t 1_l.. ve'ku '& lier' enfemble, des hume~rs, des caraélères
& des goûts -infociables, il fera juGe & indifpenfable d'accueillir -la plainte de la paitîe "opprImée & d'en1.ever la victime
a
à [on oppreifeur.
Mais, fans conrulter même la religion combien de ména"
'
'geme'ns &~ de précaurions n'exige pas l'application d'un remede
~Iont le but à la vérité en ~e prévenir de plus grands mal· ,
11e~rs"
mais qui, même lorfq,u'il eG June, entraîne toujours
~es maux · graves & certains. D'un côté une rigueur trop
mflexible infulteroit l'humanité ~ écraferoit par un faux prin.
cipe de jufiice la foibleffe opprimée changeroit les douleurs
en défefip Olr
, & !e
rren
d fOlt
" complice des crimes en les nécef.
1
Deant.
De l'amre co' t'e, trop <P'lOuU
..:1- l '
' &
,.
gence pour le capnce
Imconfidnce des l
cemm
tr:
1"
' 1 a ~hglOn
"
' ' à
' e s Orren!erolt
, nUlrolt
1
J
r
1
j
1'ordre de la fociéré, encourageroit le vice & précipiteroit
la corruption des mœurs.
,
Le remede de- la féparation eft néceIraire dans ~ep~,~ns
• c'eft , une chofe convenue. -Mais 'quels font ces cas?
l ~
cas ,
,Quelles font , le.s caufes .qui doiv~nt l'autori~er .? ,c;'ça ,ffr
quoi les .Philofophes, les Canonifi~s, les J urif.confultes &
les Tribunaux ont fouvent varié & varient e~core ~ _comrpe
entraînés par c,eue innab~l,ité de principes, _de " préjug~ ,
de goûtS & de mœurs qui cara.étériCe la légeretê nat~QnaJe.
,
'
Pendant long-tems on a raifonné [ur notre Mar,iage CQlllrpe
fur celui des Romains; 'on a traité la féparation" cette efpèce
d'e divorce -, adoptée dans n05 mœuJ:s, comme
fi qn
~_I
J!Jl tfau
.. J i·Ltoit
.
,
>
.J
le divorce _p~ op~e~el1t ~jt. JQuelqu~>s ~l~ilofo:ph(es .on: , ~ême
deGré cette,. défunion eotiere du Ma.riage, comme le~mPl-en
LI ~,'') 1 {
~
J
le plus propre au bonheur des hommes & au ,b ien r?~ la
fociété. Ont-ils raifon? ont-ils tort? Sans vou,loir proqoDcer
à cet égard, nouS l~s renvoyons à :ce, qui efl ,établi ~ aux
Loix, fous lefquelles nouS vivons. il e~ cepe~danç vra! que
les Loix Romaines fur le divorce adoptées _en ,grande. pa~-tie
par nos Loix canoniqués, ont fervi de regle dans noS mœurs
.& de principe à notre Jurifprudence dans la matiere . ~-es
féparations " quoiqu'il y ait entre ces deux eff.ets un~ diffé~e~ce
<-
l
'
..)l"r r.
bien effentielle.
Dans le droit ,Romain, le divorce était une ,défunÎon
réelle, entiere & parfaite qui remettoit les deux parties dans
leur premier état, leur rendoit toute l'étendue de leul liberté
& en faifoit deux individus abfolument étrangers l'un pour
l'autre. Dans le Chrifiianifmc & d'après les Loix canonique~
~
�( 36 )
à (es préceptes, le divorce n'en qu'u.e défu.
{ubordonnées
!lion fJtlive, imparfaite, qui relâche la chaîne (ans la brifer,
De cetFe dif(éce!)ce, il s'c;nfuit que rçCpèce de ?Î.vorce
~aoptée pà~mi nous, ~enferme une forte de c o otradic1ion
, eo fép~ra!lt de fût
1
ce qui refle pourtant réellement uni &
,
, înféparable, & que. ce n'eH là qu'un remede viqle nt i.ntroâ~i~
( 37 )
" Ces caufes du 'd ivorce éraient bornées à trois différente~
fi rtes d'excès
1:
comme par exemple, fi le mari avait profane
couche nu.p'tiale fous les yeux de {on Époufe &
in~roduit le
libertinage dans {a maifon, s'il avoit attenté à {es Jo~rs p ~r
le poifoa ou le fel', &. fi par fes {évices & Ces mauvais rraltemens
il avait mis la vie de fa femme en danger; enfin
- deù'x. m~JUx, celui qui dl: le Il)oinqre. Mais telI~ eJl: 1\1 c\ell:inée
s'il l'av~it diffamée publiquement & dans les Tribunaux de
la J uUice, en formant contre elle une accufatiun d'adultere
• ~d",Lojx & des t~lé~anc~s rénpues riéceIfdires par l,a déera.
don.~
p~r néceflité & par l'obligation naturelle de choifir en~re
vàtÎôn Ides mœurs, que chaque remeae particulier accroît le
- -m~i' public, &
il n'avait pu remplir les preuves.
ill faut avoue!' que ces caufes ,éroient bien dignes d'alla~mer
que \a Loi ~our avoir une fois fléchi çll: bientôt
la fociété & d'intéreffer la Loi au feconrs de la femme
forcée de , fléchir encore davanrage & de fe corrompre en
, q~êl~lÎ~ forre" avec J'homn\e~ J,, ;: , - .1
~. 1 • "
qui {e plaignoit de pareils ourrages. Auffi n{)s Loix cano-
~ " ..' Lies
'FI J R omaln~
' ' l' eprouv~re!lr
,
à l'.occallO(1
~ . d',u d
' !vorce.,"Ap[è~
'
'dés ·ftecl~s ' ~coulés fans ,clu'u,n felul mal'i ' ~ùt
,J
-
url,
'du privilege
niques qui , fixerent long-rems la Jurifprudence en matiere de
féparation adopterent-elles ces trois caufes fixées par la Lor
Se. au Code de Répudié:s & par les NoveHes
2.2.
& 111',
qu Il avoit feul de répudier (a femme, il s'en trouva enfi.n
pendant long-tems même la Jurifprud.ence s'eU rigoureufemolt
un qui ora II( premier ~a{arder ce 'dangereux exemple. Bientôt
affujettie à une de ces trois caufes & pre[que tQus les Arrêts
' l~s l~itateursJ {è multipliereJl)t & J'abus fe p_~o'page~ au' point
~,què pour établir une balance; , on fut~ obligé d'accQrd~r a~x
qu'on trOLlve dans Les Recueils de nos coinpilateurs, on r_
~ 'f~mm-es"la liberré réci,proq~e de quitte,r leurs maris. Au lieu.
C'eU eR effet la caufe qui ti\lnt de plus pr ès à l'homme,
-'d'arrêter le torrent, c'étoit lui ouvrir deux paffages .. Les
qui le ferre davantage, fi je puis me Cervir de ce terme,
~ ~mnies abutèrent à l~ur tour de leur nouveau droit ;, bien~ôt
qui agit {ur les C~ns d'une ' maniere plus imm édiate & qui
~ çb'mme ' l'a obfervé un grand homme, eHes cOmpt.erent I~s
aonées p~r le nombre de s maris qu'elles avaient eus, plutôt
affcél:ant généralement
>
que par celui de s Confulats. La dillp lution fit des progrès
Ct
fap!des qu'il fallut que les Empereurs TheodoCe & Vatentioien.
fh~. {fent
t
i'. liS'
& rpécifiallènt dans une Loi'
'
,
les {eules caufes &;.
.
cas ~artl~uli~rs où L~ d.il'o~c~ ~ourrqit être a,uto!iCé.
ç~~
ils eu
pOuf moti fs les féviçes & les, m aùva is traite l'l.lcns ?
toUS
les hommes , _ doit être .plus g.é né- .
ralement accueillie •.
Je conviens cependant que liotre derniere juri{prudence plus
conforme à n05 mœurs, & mieux proportionnée à l'é tat &
~ l'éducation d es perfo nnes , n'a pas toujours exigé un d anger '
immiQent PQ~~ !~ Vle. M~is, enfin, les Arrêts quj ont le;:
K
�G -"s J.
plus favorifé l'es d"l!mandes en (éplll"ation ,uiflnt Ï!l;s' èlGÏg~ du
mains que les févices fufTent graves , {auvent' réitérés, &
capables, en un mot, de rendre la vie infupportable ? Une
circonŒance efTentiel!e qlle les Tribunaux ont ,toujours exigée.,
& fur . laquelle ils ne [e font jamais relâchés, c'eft que les
féviceS fuirent récens, & que la plainte eCit été portée imrné.
dia~ement après les [évices; autrement ils {oppofent avèc
raifon la réconciliatian & le.pardon de l'outrage.
La délicatefTe , ou phrtôt Je: relâchemenç de nos mœurSlj
l'intéllêt natme.\\e.rnent vif que Uon dDit prendre à un [m
qui patOît foible, quoiqu'au fonds, il [oit bien plus notre
. tyran que notre efclave , la connoiffance particuJiere des
parties, diverfes conûdérations érrangereS' à la ioi ,"pot quel.
quefois introduit des exceptions à la regle dont n,OU5 devons
être étonnés. Telle dl: l'hypotlleCè.· de quelques Arrêts épars
dans une colle8:ion immen{e de préjugés de cette nature. Mais
qu'on y prenne garde. Ce ne font pas là des principes. Quand
on vient nous dire , par exemple, que de fimlJles 'menaces
non fuivies d'exécuticrn pendant neuf ans, des pr;pos en l'air j
~uelques expreffions peu mefurées, des foupçons éclatans de
Jalou~e , [uffiCent pour autorifer la féparation, on avance
CertaIDement le plus abf.orde des parodoxes ; on parle ouver.
tement contre les loix', on out~age
.
1es T'
flb~lllaux . on choque
tous les principes de re rIgLOn
' , d e morale & d'ordre
'
public.
Eh ,fi un pareil paradoxe p.ouvoit être adopté l'idée feule
du mariag e auraIt
. d e quoi faire trembler! Cette
' [aciété la
dans f,
"
' 1'plus refpe8:able
,
on prmclpe, la plus douce dans (es
lens ou qUI , du 1110'IDS, d evroit l'être, la plus intéreffanrej
<-19)
enfin; darub fus_' efl!ets , D~;. Fnifcmlle.tojt: plus qu~uJle affteufe
• quifition où ks m(j)uvemens, les geftes, l~s démarche~ ;
w
,
,
é~
&. les oloindres _CenCations J'euve~t ~tre à tout moment . p S
. avec malignité , interprêtés avec ~igueur, dénoocé~ avec&:m.é.
c: anceté. La confiance, ce cbéLIme dIL cœur ~umain ., S'lut
bien tôt bannie. de l'I!lrllon à qui ,~Ile eft la prus n6eeffaire • ..Au
, lieJ de trouver un véritable ami. dans le fein d·uque!- il puifTe
. épancher [on cœur, ver[er fes [oupçon- & [es c.r.àlnte~L,
_ exhaler, en un mot, les imp.reŒ:ons agréahl-es ou do.u}Qt:lreu,fes
de fan ame, l'homme ne trouv_eroit pl.us dans fa, femme: que
'le pIus prévélilu de tOUS les cém-oins, & le plus févere de touS
les Juges. Afl'ez de [aucis , 'afTez de peines , affez d'inconvé,niens éloignent_l'homme du mariage:; faudra-t-il eocore l' en
éloigner par la défian.ce & la crainte les mieux fandées ?
J'in,terrage ici volontiers touS les Époux? Quel ea celui
qui, dan!; le cours d'une longue cohabitation, n'ait eu le droit
de fair~ des plaintes à [a femme, de lui témoigner quelques
foupçons, de [e permettre même quelques vivacités. Falloit-il
pour cela qu'il fût trainé aux pieds de la J uftice, préfenté
, comme un jaloux dangereux, dénoncé comme un furieux qui
médite un affaffinat? falloit - il pour cela qu'il fôt deshonoré
par une réparation juridique? ou je me trompe fort, ou ce
n'eH: point là le vœu· des Loix.& des Tribunaux.
-En inUiruant-le mariage, ou plutôt en établi;fTant des prin..:
cipes relatif.g à cette infl:itution, les Legiflateurs n'ont pas
H>u-jours con[ult.é l'homme de la nature porté par le feul
irtfl:in8: à la- liberté & à l'i.ndépendance. Mais, du moins,
-ont-ils eu foin cl'accommoder leurs principes, autant qu'il
,
�(- ,41')
étoÏt poffible, aux diverfes qualités des deux fexes. L'hOlbtlle
plus franc, parce qu'il a moins de befoin de tromper, phls
rmporré, parce qu'il d\: plus fort, avoit intér êt de trouver
un correél:if dans la di1fimulation des femmes qui leur faie
c;acher à nos yeux, une grande partie de leurs défauts & dans
leur douceur qui leur fa.it [upporter les nôtres.
Je ne crains pas de le dire: ce n'ea prefque jamais que par
1~ faute des femmes que la méfintelligence & la difcorde [e
glifTent dans le mariage. Qu'une femme foit douce, complai_
faRte & attentive env.ers fon mari, qu'elle potfede ,les qualités
de fon [exe , & rempli!fe les devoirs de fon état, elle adoucira.
tot au tard l'homme le plus emporté ou le plus farouche ,
elle ~ ferà efrimer. & reffieél:er lors même qu'elle ne pourra
pas afpirer à un fentiment plus tendre,
Mais quelle que foit la ,c<fufe d)une méfinte1ligence momen~aDée , dl-ce donc là une raifon pOLlf féparer deux Époux,
& pour. déshonorer fur-tout le mari, quand d'ailleurs, cwe
méGntelligence n'entraîne ni féviees , ni mauvais traÎ.temens ,
ni dang~r? Que les loix rendent juaice à cous les hommes
indiainél:ement, qu'elles accordent proteél:ion aux femmes
qu'elles les accompagnent par leur· vigilance & leurs folli:
citud<;s j~Jques dans les foyers dome.{liques., c:efi un avantage
que la fOlbleue de leur fexe femble folliciter pour elles, Mais
qlJe tes loi" aC,cueillent leur réclamation. & fatisfa.lfent leur
Jènfibiliré jufqu'au point où la (Dame Barr'helemi l'exige,.. c'dl
de proc.he en proche , & . d' un pas a\ l' autr~ tran[mettre aux
femmes 1 d . .
,
e rOlt ngoureulf de quitter- leurs maris & de s'en
{efa.rer. à. l~ur. fa.ntaifIe.• Car d\! févice. à. la menace , de .. Ia,
menaC.9.>
menace au mépris; du mépris à la plainte ~ de la plainte au
'défaut d'égards, bientôt toutes les gradations feroient franchies, toutes les nuances [eroient confondues. Il y. auroit
u>u;ours lieu à la féparation toutes les fois qu'une femme
fer~it mécontente de fon mari ., . & trouverqit à p.ropos ge Ce
plaindre.,
'
J'admets volontiers la d~Uinél:ion des per[onnes , ,& la différence des qualités, en fait de féparations. Mais on a fin- '
guliérement abufé de cette confidération dans le libelle de
mon Époufè. Jé conviens qu'il 'ne fàut- pas léS mêmes outrages
peur une femme de qualité que pour une perfonne du peuple.
Je fais qu'il eÜ u.ne certaine c1atfe d'êtres. qu?il faut prefque
éeorcher pour les rendre fenGbles. Je conviens que plus de ·
délicateife & de fenfib-lité préfumé, dans' une femme bien
née, doit ol:lvrir plus facilement" fon ame , à la. honte , -à
la ,douleur & au déferpoir, Ce qui, par conféquent ·, ne feroie '
pas la . plus légere caure de féparation pour des ' gens du
peuple, peut en fournir une caufe décifive. à des citoyens .
d'une najffance plus relevée. Les uns nés dans Ia.baffeife,
.
,
ont contraél:é des mœ\jrs .& un genr'e .de vie ' conformes li letl't'
état ; accoutumés dès l'enfance à un langage> groffier, le-s ·
.propos les plus outrageans les trouvenc prefque infenfibles. ,; ·
les emporte mens d'un mari brutal , .. ne laiR'ec'lt. a.ucunes tra~e&
\ de reffenrimens dans 1e cœur d'une femme, .& ' le 1 calme. lie .
pJus profond fLlccede toujours . à ceS' orages .paifagers; les ;
autres, au .çontraire, élevés · avec tendreffi: & douceur au fein ,
de l'opulençe , font. délicats . lX fenUbles · à l'excès . . Pouc. e.u.!', :
~len a' eU janocene.; u!) gçfre , . un. re.gard [one des olltr.ag~s ': :
L, .
�(J 1\-1. )
'( 43 )
fai~e & (ur le champ rlmiél:ée;
opérât ~n- nle-y en de féparat·i on juridique: en vérité, il n'e~
~l mtlt 'ï'hllp.riR,e . & feJ .perpI!ro'é
-&t'I~- l)elÎh
,
'"
-penfées. M~is, enfin ~ 'faut - il tO\1jours des féviC1!s-, des
Jinrple prbpoûtion' legérement
-outrages, des in[ultes, des rraitemens , tels qUe par lenr
rien de plus aDfurde & de plus injurieux même pour, les 100x
I.4blltJM\ft 'UA·
\
nat~re ou leur puMiciré, ils rendent à une fe111me la fociété
de- fon mari juGement odieufe, la vie infuportable, & la
réduifent, enfin, 1l ne pouvoir plus vivre avec lui fa.ns danger
1
fans douleur, ou fans ignominie.
qu'tm pareil moyen.
_
, Pour lui donner plus de force, on a àjouté que des menaces
- 'terribles acc9mpagnoient ces propofitions, qu'elles avoient
été même faites avec plus d'acharnement que jamai,s pepdant
la derniere groffeffe. Ah, c'eft ici que le ridicule, l'in.vrai-
Ces principes ainu. poCés ,. j' entre dans le détail des preuves
qu'on a offertes & de celles qu'on a remplies par l'enquête
J'examin~ [Qut
•
femblable & le _faux de la plainte fe manifefient dans tout
. leur jour. Quoi donc, j'aur:li fait & continué des menaces
terribles pout obliger ma femme à foufcrire un aae de fépa-
à la fois fi les premieres font aGmiffible s
'r ation volontaire, & elle qui aujourd'hui veut fe faire féparer
i)()mme pertinentes & concluantes en droit, & fi les feconde s
làtisfont, du moins, à l'offre de mon Époufe , & au vœu
'fans fujet, fans droit, & contre toute jufiice aura refufé
alors de l'obtenir, & fe fera expofée volontairement par [on
1flême de la Sentence interlocutoire que j'attaque.
,r efus à des dangers terribles, même pendant fa groffeffe. Il
On a fuppofé en premier lieu que j'avais témoigné fouvent
faut avouer que ceS faitS font bien difficiles à croire, quand
l'intention de ne plus vivre avec ma femme. On a rapporté
,on ne trouve fur-tout n,i violences, ni févices, ni coups qui
en preuve de cerce intention, la . premiere lettre que j'ai
rapportée. Mais j'ai déjà dit que cette lettre n'a jamais été
.en aient été la fuite.
Le fecond chef de l'expédient contient-il quelque 'chofe de
.envoyée, qu'elle fût retra&ée auŒ - tôt qu'écrire. Eh, quand
plus grave & de plus v.raifemblable? Ce font encore des rue-:-
-elle eut été envoyéè & re~ue, une pareille propofition faite
naces effrayantes, à la vérité, par l'épithete dont on les a
dans un moment de vivacité par un jeune homme de vingt.
accompagnées. On dit que j'ai toujours tenu ma femme dans
-ans qui la Mfavoue tout.de fuite, peut-elle ttre regardée, ou
. un état habituel d'effroi pour la fûreté de fes jours par la
.comme uD ' outrage , ou comme u·ne intention décidée qui deie
-terreur qu'infpiroient mes féroces menaces. A ce mot,
équivaloir, à la réalité? Eh quoi la féparation confentie par
. m'arrête. Il me femble voir un homme farouche pouffé au
les deux Epoux dans un a&e libre & volontaire
dernièr degré de ft;reur, qui va exercer quelque a&e de cruauté,
_y~x ~es loi~
eil nulle auX
qui , ne veulent pas que les ma:iés puiffent fe
!cpudler, amli au gré de leur caprice, & l'on vou droit qu'une
je
fur la petfonne qu'il a menacée d'un mafliere auffi féroce.
Raffurons-nous. Mon Époufe a toujours vécu dans la fécuricé-;
�, ( 4;1- )
f 41 ) ,
jamais elle n'a été attaquée par fan mari; jamais elle n'a r
ni mauvais traitemens , ni outrages; que dis-je: loin de v'~
lYre
dans un état habituel d'effroi, ellt: a porté pendant fi,· f, .
" OIS
les marques d'une union bien tranquille, & bien douq , en
II
a re~u les preuves les plus multipliées de ma tenoreffe; elle
était mêwe bien éloignée d~ I~s rejetter, ces preuves, pui[.
qu'elle témoignait quelquefois de la jaloufie . fur ce . qu'elle
Cl aigooÎt que d'autres ne les partageaffenr avec elle.
]p[ques-Ià, comme on voit, il n'y a , rien de bien dan.
gereux j il n'y a. aucune. marque de !ùocùé de ma pan. Mais
ces. menaces, nous dit-on, ont été expliq~es'" on m'J'rn pUte
en effet d'a'loir dit tapt avant que pendant la derni.ere grof•.
fdfe de ma . femme "que j'étais trop malheureux de vo.ir
't mon [art attaché au uen, pour ne paJi <;hercher à en
" b,rifer les liens, qu'il fallait des viétimes à ma fureur'
,
, .
" qu un J~ur on trouverait . des têtes &, des bra~ que j'au rois
" [éparés, & qu'enfin je la tueroi~. ,
.
R~{Lrez-vou~ encore hommes fenuble,s, qu:une, pareille
roenac;e pourrait allarmer. Je . [llis bien . éloigné de l'avoir
réalIfée. JUfClU'à
préfe
t'
,. c·
.'
']
, J I Je fl.al laIt aucune vlél:ime. Je s'ai
féNré aucul)e tête , n'l, aucun b ras. T o.us le.s objets
.
de ma
prétendue fureur refpirent. Mais -comment mon Époufe ofef-elle prétendre à nou f'
.
S. aIre adopte!: c/!s .abfurdes invrairC ~l1blances ? comment
Il
f' ,
d '
.
. veut-e . e nous aIre c(Cire que cette
eqllere m,enace eft vér'rabl &
'
r
~
\
e
quoel)/! , a fait. quelque im- ·
pre IIiIOn ~ur fan aijle) Ju
.
TI.
'
. ge,ons en par fan propre
cXRédient,
ouces 4.,es menaces prét d
r
1 1.
'
~n lles IOnt an~iennes &: l'époq~ e la :
l'. Ils r'iç~!\te .eU ce.l1e d [; d .
,
- e.. a .• eJ.,11l.ere gr~:dfef(e. , J;:ù qUQI li
Dam~.;
.-
pante Bartbc:h:mi ~ en~~d
çeJ m«1na~e~; en ~ crain~ , s
-fers ï a v.u l'apPllreil qui deVQ-i~ le.s fu;vre, & elle qui ~
:Q!rré. m~p1ai[on 'Iong~telt?s aprè~ aIlI> ,fyj.e~, du moins r~cçl,lr
d'1lp-rès, e~lermême t Cilqs ra-inte, fans ~apger, a bravé IIlors
~~[\; ,Pl} ; te~s , de 1t~o~effe_ ~ .pendanr dçs 4n[)ée~ cntieres
la fùocité de :ces menaces, le danger d'être tu ée, la perfpc;'~ive Cangl'\nte de. têt~s & de bras féP\lrés.
.ç~ rr'reH .p~s la tQut, ; par quel prodige f~ faif9iç-i l qlJ e
~'ayant ' jamais ~fç. p,Ortl;r la main f'llt ma f~rp01e, l'ayan):
;oujoU(s refpe&ée , m~me dans les mome~~ où r)Ous ~tioP$
filns témoin & où il m'eût été facile d'affÇ>uvi~ ml! prétendue
férpc~té, j'a-vqis cep~ndant l~ tnal-é!~fefJe ~'at.t~n.dre l~~
momens où il. y avoi~ d~s rém9ip$ pOYf P1~ bprner encpre:
à faire des menaces? çornmel1t fe ~ f~~fQit-il 4Ir-Jollt qu'un
homme dont .les menace? feule? f~ifQient trembler, .~ui ne
parlait q.ue pe vi&imes ~ de f110ns .. 9ui t~lljours éroit fi
fil~ieux, qui [Oujo~:rs çetlpit fl!- fel1une .Q~ns un ,éc;lt habitIJ.el
d'effroi, Je . fait c,ep~nd<!-nt p9JJé,4é ~ ç,pnttOll ptIldant nt!uf
~nfl jufq.lj'au poin.t de I)e ,pas ponf1,~r le ~ mojndr,e cQuP, de
n.e pas 'fair\; la moinnre égratignure, !je ne jflma-is porter lac
1J1ain fur fa femme dans les ,gl(jlJD~f1S d.e fureur Q~ J'h,o!l1'lij.1 ~ ·
fe méco nnaît & s'oublie fi fa~ilefll~'t'?
.,Ai-je befoin de le dir~? Le.s ,PJ.emj~r,cs qpahté.s A,ue les ·
Loix exig,etlt dll'ns l'admiflion de:; preuves , !-='~fl: qu'e lles foient
p.récifes .& vr,aifEmblables. Il ef:l: trop çl'jlO:gereu:x d'adme~trl: '
en preuve des faits vagl,le~ {$( d,é·nu~s <lI! vraifentbl ançe. Id '
la p-reuv-e qu~ je 'lie,ns de difcuter. d~vrbit chre. ,rejettée à
~aufe de ces fculs défauts, q~and mênu: ed~e- IjJC ,(erQic. p'3.~
M.
�( 46. )'.
évidemment inconcIuanre. Car !enfin jè 1u~po~ ies rhl!nîiètt
Ii!S plus graves. Ces menaces pourront-elles jamais don ntt
lieu ~ une féparation , lorfqu-'elle's n'au'root jamais été fui1);es
d'aucun effet? On voudroit en v·ain en induirê quelque da~ger;
y attacher quelques crarntes. Ce' feroit en cela bien peu
connoÎtre le cœur humain. L'homme vif & impétùeux 'qui
exhale fon retrentiment en propos, qui fans ménagement ISe
fans réferve fait éclater fes menaces-devant té'moins ; l'ho'tnme
qui a fait ainli fes doùbles ' preuves dé vivacité & de foibleffè ,.
ne fera jamais à redouter. Craignons tout de l'homme froid
& en apparence tranquille, qui concentre en lui-même fes
paflions. Il ne menace pas, mais il frappe; il n'annonce
pas, mais il exécute; il ne fe permet pas une -vivacité avec
imprudence , mais il cemmet uo attentat avec toutes les
précautions qui peuvent en dérober les traces.
Elle ne s'y méprenoit pas, la Dame Barthelemi. Elle
connoitroit mon ame; elle Cavoit bien qu'elle n'avoit rien à
en craindre. Sa cohabitation ,conHante & tranquille avec moi,
dans les momens les plus critiques de fa vie, pendant Ces
diverCes groffeffes, prouve bien que les pn!tendues menaces
ne l'alFeél:oient pas, que fi je pouvois en faire quelquesunes, elle étoit loin de fe les appliquer à elle-même; qu'enfin
elle en connoiffoit le motif & l'objet, Quand,dans fes réponCes
c,athé~oriques, elle n'a pas craint de foutenir qu'elle a dll
s app!Jquer ces menaces, puifque je les lui adretrai directement , elle a parlé ouvertellient contre fes connoitfances
~ fa, ' prop re convl'él:'Ion, elle a cherché à en impofer à la
lu{hce & au public.
t r41 ,} ,
"
,
, ~ 'M:ii's p'ou quol~ nbûS fit-t-b'n :lair,'" fi ces menaCes ri1avëîëne
ltas été au-ffi -effrayanr'es ~L la Dame Barthelemi ,-Belle-Mere,'
-l'auroit .. elh: fair' -ça'ch'et dans les appam:mens de la D~me
:Efpinatry? J'admets pbur uri moment' ~ fa,it' càlomnj,eufeme~t
l'
\
' 1 r- 1
f
l
~ivan'cé ; ' t'nais ièl! ~ehlan'd'e a tnan t~ur, ,q,ue ID,Ott, ' t qu_e
,levit-e ,-quel oO
utràge aU'roit}'u fo~cer cette~fl1tre &. ce,s p,ré-ca~
tions? On 'nous, parl~ èncore' de menaces; mais qnui,d'es m.enà:e's
-q ui, fuivant l'expédient, n'éroient pas nouvelles o~t déte mIné
feùles fa' fu'itb & -êxc1té ' re~ daint~s 1 'Qu'al-je dOlIC fal~ ~ in~i
~omme féroce & 'fa~gui~aire, quand mon 'ÉpOl~e ai?fi I?éc~
'a reparu chez moi? l'ai-je maltraitée l' l'ai-je battue? l'ai~e
punie de fa dé~arche ? Et quel homme éronna~t fuis je d~nc ?
terrible dans mes appartemens ,féroce dans mes' m-enacC\S , le ne
touche jamais, je ne bats jamais, je tle montre pas même l'e
moindre reffentini~nt ..... Dites moi, raifonncurs tnal-~-droits ,
autant que calomniateurs, quels 'font les hotnmes bons &
humains, fi je ne 'le f111S pas? Voyez quelle dt votre inconfé~
quence. En voulant me calomnier, en voulant peindre l)hotnme
féroce & dangereux, vtius peignez, malgré vous, lë mari le
plus débonnaire, quoique le plus indignement outragé.
Ici je VOllS vois revenir à votre enquête. Vous m'oppoCerez
l~s dépofitions vagues de quelques témoins ; mais d'abord
j'annonce, non à 'mes Juges qui ont l'Enquête fous les yeux,
mais au Public qu~ VOllS avez trompé, que 'les témoins, tout
méprifables; tout indignes de foi qu'ils peuvent être, n'oilt pas
dit ce qu'an leur rrêt~ , dans le hbeHe. Leur dépéfirions
n'énoncent elFeél:ive'ment que des propos hgues, de fimple~
'oui-dires, des faits équivoqu~s. Qu'eft-ce' d'ailleurs que cc:t~~
l
'
�(- 4>9 )
car il en plus facile d'inventer que de prouver.
Me voici à la difcufUon d'un fait (ur lequel mes ennemis
'iéponfe ;
fI! font appéfantis avec tranfport. Que fignific , difent - ils,
ce Pijlolet trouvé fous le ch~vef. du lit, après une nuit ora..
geufe? A quelle fin
y avait - il été mis? Pourquoi l'y avoit-
on l'liffé? ' Efl:-ce oubli? efl:-ce affeél:ation ? L'énig!l1 e , ajoutent-ils, n'a pas été expliquée. Ne cherchons pas à la deviner.
Il faut avou~r qu'il y. a dans ce l'eu de mots beaucoup
de méchanceté & de noirceur. L'idée de parler ~'UD pi!l:QJer,
efl:-elle feuJe- une calomnie
?_ Le
doute. ou l'énigme qu'on pro-·
p.ofe , efl: une atrocjté fans exemple_
D'abord, qUaJId pour. donner quelque- apparence à un
méchant deffein, on commence de dire qUI! je fis drelIer
un lit à pliant dans la chambre de ma. femme, on cherche
à en impof!:r à la Ju!l:ice & au Public, en défigurant & en
ebfcurciffant un fait {impIe & exc1ufif de toute machination .
de ma part. On s'eft bien gardé , .. en effet, de dire que
il!
couchais dans le même lit que ma femme, avant de faue
dreffer un lit à pliant dans le même. appartement.
Mais ra-ffutons-nous un moment , & fixons nos idées :-que dire d'une rixe Gui entraîne, fuivant mes ennemis, la ,
machination d'un attentat, d'une. rixe à la fuite de la ql,lelle
on fait
paraître un pifl:olet ? QueJ1e incohérenoe d'idées !..
Quoi donc!. un homme: emporté qui dans fes pl~s grand~s
viyacités , & pour des motifs iotéreffans , n'a . jamais l'ien ,
ofç fe permettre contre (a femme, n1éditera une vengeance
terrible, & recourra à un pi!l:olet pour
UDe
fimple ri.xe ?;'
Gett.e . accufatiou a. vraiement de qUQi boule.verfer oos idées .
4ç. cho~.er
le.s notions.. cômmunes,.
N,.
�(,!) ~
Voyon5 ' dramcufs, quel!! effets ont ' 1àlfti ceue
tion, & quelles en ont é~é les circon{bnces.
machin..
Peof.:-t-o~ que fi. j'eufl'e pu former qu elq l!le coupable der.
fei n , com'rt1e OUl a la' noi-rceur dè le faire f0Uf-' l nner, Cahs
y cro:re, j'eu-11e eu Oe-f011l de cacher l!In' pifrolet fous tt
ch( ne i ,e mon-lit N~av<>is-je pas d,afl·g la rnaj-f(l)n d'·autres ~ n.
r
~roits plus fûr.s pour Pe- récéler ? AUfois-je eu cnfifl la mal~
a . reffe de fI!' 'larHer fous- les yeu'X ide ma femme & de mes
dc meffjque~.
~t ),
qè rèlr é;i'lalèti':'1 coit' chargé.. Non. ;~ .oe2: n~eft pas 'c\'a,,~s
eUe-même qu'elle parle : elle n'a en effet rlen vu; mais ell e
ort que c'dLfa Femme-de-chambl)e qui lu i.. a fait part , quel.
qUles j(l)U:f~ 3!1'rès " de, cette' clécou verte ,~ ~oe -101 ayant ,'p as
Ial ême. dit. fi elle: aVQlit , vécifié Jqu.ê 1~ pifl::oler .fût morcé ,&,
élJ:3iog6 , ne.. l.u.i_ayant pas.même falÎ r:vmnI;. :~nemis cette armè
Sir.lt6nihle; c1d \-à-dire , "'lue. ma éhaàtab~e épou.fe m'imp ..
ou? me llagffe 1impu ier le;p [;(!lj e.ti ~un a,ctemlt at .noriril>l-e "d!a.p~èSJ
les idées calomnieufes.,- e:rr.on&s b\1/p~ül'laJn i lWl!s d?utle no~
mé!hiqlre'. ~pœs :cela, croyàrrs à:de 111m'e.its faits; axhnre.ttooS:les err preu'le ; établiffons fur- eux. des féparations cnn:1:1es
par leurs effets t & déshom.orantes. pat leurs. motifs.
• ,dVhJ..fi ce pitiole:tnqu'om. préfeoce comme- de:ll:iné au rneUilltre ;
i u:mt IUl p,itotec, démont é , qui n"en aV'.oic plus ÇIue la forme ,
/Si! ~éfervé-.?a fàire ïouer un e.nfan1i : ~ fi ce ·p'ifrolet. avait été jetté
qêJms' le. I~t par un enfant fans fl1alice, ou par tout autre
Flyec intention,. quelle conféquence pourrait-on en cirer contre
moi, fi, ce n'dl. q.ue je fuis indignement calomnié ? Je' fu~
bien éloigné de pr.ê rer à ma fetnmft une imp uta tion auBi
ca'omnieufe, & des vues a",ffi abominables. Mais elle cA: fi
mal entourée, elle eil: fi injull:.e. a.ujourd'hui à mon égard que
j'ai droi~ de ta foupc;:onner. On Iu.i fait dire_qu?il y a de qUOi
trembler, &,'êne faifi d'horr.eu 1) Ic'r r fon.geant au fa.it du pifiolet.
E h " qu~' mieux. qüe moi ..doit frém ir ., - & d~ indignatiQn & de
i age, en me . 'voyant accufé. fans . pr,eove , . & contre toute
(
)
Si ~on: fupp'Of-e, peut ttn' m'Oment, ce f<tit véri-table , · c~m·
ment croira-t-on que mon époufe, après un app-areil auffi
terrible, ap-rès des menaces auRi féroces, ait tranguiHement
.continué de vivre dans ma mai{on, de comcher à côté dt
moi & aveC mOT, qu'die ait expofé fon état è-e gr-offelfe
&. ta vie de fes enfans à- des dangers aufifi irnminefls?
Mais veut-on favoir co-mme- l'impofitlre de cette ac;cura~
tian s'eft MCOlWerte, comme le feeret du Roman a été
trahi? re n'ai befoin pour cela que de parcourir les propres
réponfes cathégoriques de mon époufe.
)
Je demandois , en plaid-ant pardevant le premier Juge;
quel était l'état de ce piil:olct, lorfqu'il fut trouvé fous le
chevet du lit, s'il étoit dans un état à faire craindre ou à
ralfurer? J'obfer vo is, avec raifon, que fi ce piil:olet av~it
é ~ é chargé, mon é~oU'fe & fes gens s'en fuiTent appercus;
qu'il.s l'euffent dit dans le- tems ; que mou époufe & ' (eS
parnfans euffenr agi cOI1[(-quemment à cette découverte .il
.
.
'
Imp o:.tolt donc cfe la faire interroger fur un fait auffi effentiet.
On 1 Interroge : que répond-elle? qu'elle a vu le pi·Holet ;
v-raifemblance de .la plus.. affreu fe machination.
" }!ai menal>-é ~â fé.mnle.- ,. me dit-ollole'n€OI''e , d'.un coup de
(;haife après quelques reproches od ill ux, & je l'en C!U~
�".
Cs-1. ),
':.
frappée, fi je n'avois été reteou par un tier.s. Mais
je
le rép6te.:
Quel homme bifarre fuis~je donc ? ou plutôt quels raifo n_.
nenrs pitoyables font mes ennemis? Je menace fans. frapper"
lorfque je fuis feul, avec ma femme, & lorfque Je· rnenac~
devant des Liers, on fuppofe que Favois l'intention de frappel:
& que j'aur.o is frappé, fi je n'avoisété retenu ~ que' d'abfl)rdités~
que de minuties? que de fauifetés ne faut-il pas dévorer dans
une caufe où. il femble que l'on, ne 'devroit voir ' fjgur.er· que
•
des moyens majeurs, .-& des fait psécis.? J'
Yoilà, cependant, tout ce qui .compoCe l'expétlieat offer~
& l'enquête, ho~s. \a pi'é tendue diffamation que je vais bieAtôt
difcuter. Voilà ce qui a. fflit dire aux défenfeurs de mon Épouf;
qu'elle avoit toujours vécu>da.ns un a&e continuel ·d'e.ffroi pour
[es jours, &que ,ë'étoit pouimettre fa vje en fûr.eté'qu'elleavoil
été,forcée, de cherche.r un afyle & de deman~er la fé.paratioD~
Les preuves qu:elle offre & qu'elle a rapporrét;s , font-elles
c'onféquenres à fa réclamation & à,[atl. fyfl:ê.ml: {, Que voyons.
nous Qans fon expédient & dans fon el!quê;te !?-.'des, menms,
toujours des menaces, & jamais rien de plus. Efi..,il vrai, du
.tl1ojos , que ces menaces loient p.récj[es, graves, indicatives
de quelque délit. Wa-t-on vu former qu.e lque
proje~, préparer
.des . moyeas, f~duire des complices, m*ioe.r ennn un
.attentaç? A,,~oo vu le; moment o.ù .j'eulTe commis un outrage,
exerçé quelques {é.v ices" farisfaiè · un . e.mpo~ten~e.nt fi , la ,prévoya.nc. e de ma; femme ,. fa , rérJfl:.anc.e,. , fes cr·is : ne m'euifent
c.ontenu? Non , . jamais on n'a rien. vu.~ riel} e-ntepdu de pareih
Les >em,portf:Ju~ns, Ce fQot exhalés, en:. propos; les. menaces. Ce·
{\l9,t ('\if{ip.êes .~.J\l.lr\é~
..
,
~."('i'
' ~'
J. ~
.
~.
"
•
( H)
Dans quet co'd e; dans quel livre a+on puifé un principe
ui fondât la féparation fur de pareils moyens? Dira-t-on que
~ les menaces ne préfentent pas un crime réel, e!le.s en offr,eot
le danger & la crainte? Mais ~ pour cela, du moips, faudroit- ·
,il rapporter des menaces précifes, d,étep1;lfpées .& voifines de
la réalité ·? Ilfau,droit , ce femble,. au défaut de coup'>' donnés
.dire au moins, qu'armé d'un bâton, d'un c.outeau , d'un infcrument quel~onqu.e ~. j'ai menac.é & pourfui'li . ma .feFlme •
. Enfin , quand·. on ne. peut dénoncer à la jufiice de~ Qutrages &
des févices. réels " il faut au. moins lui démontrer l!l c.rain.~e
imminente de ces févices & de. ces Qutrag~s.
Mais raffurons-nous pour toujours •. La crainte & le dang&r
ont été & . (ont encore bien loin de , mon Époufe. Nel,!f aos
de Mariage font une' épre~)ve affez fûre 'pour ca;l.mer fes inquié- .
tudes & . di1liper fes craintes. Que dans la foug.ue, de l'âge,.
dans ces momens. critiques o~ . des befoins réels pouvoieot me
"eodre mée.o ntent, dans ces circonll:anc.es. où. I~ t~ll:ame.~t ·
bifarre du Geur de Peiifpne1 fils & la. conduice, pe ~on Jigue
. héritier avoie.nt droit d'exciter mon,reuenriment; q~e ' d~os
. oes momens orageux ., je ne me fois jamais~permis la moindre ·
violence c.o ntre ma femme; que je l'aie tou.jours . tlfiimée, .
r,efpeél:ée & c.hérie ;_ il feroi.t ridicule de témoigner la R1aigdr e :
inquiétude..; il fer-oit barbare de faire ent~evoir le moindJe.:
, danget, aujourd'hll-i qu'une: plu~ , lang\le exp:~ r \e nce de s ,
Qçcupations folides, une firuation r-iante & des e;.n.fans que ·
_ j!idolâtre ont écarté tOllt çe qui pouvoit affeél:er douloure.ufe-..
ment 019\.1 . ame , & ne me Ia.iffl!nt , plu~ q,~e _ èes. dQQceurS';
~ai(ihtes. ~ Ql:S (ati~faéhQIls p,ure.s à K<?û,ter •.
�, ( 'H )
,
.~ . )
. da~ i)!wl11.me itout ,germe de fenfib~lité & d'énergie; 'brjfons
le moule de l'.homme véritable & formo.ns un automate
qp'un dangt'r irnrni:
Eaço.nné au gr-é des femmes & ,difpofé à fuivre touS leurs
-t1e!'l~ a forcé fa fuite'" fa retraite. On croiroit que ce n'eQ
-.que par l>e-ffit de ·fA ' ~r~oya{lèe~ & de fon cmlrage qu'elie
mOllvemens.
Non-, ~l (l'd~ pas pomb1e d'entendre farts frémir qu'9 n
m~nà.ço:t. DMabufons.
<{).fe .dem,\nder la Iép.arat'ion pOlir des fuiees atlffi rtdiGules que
nous: les fai-t-S les plus récens dont parlent 'l ·eaquête & l'expé.
faux, qu'on vienne rravdhr en hOOJ·me féroce, en époux
. di-i:ncJrem6ntent ail reCHS -de (a ' iF(}1fe1Iè) & p<H ~onféquent
barbare, en Citoyen dangereux, un homme franc & bon,
qui dans les emporremens même qU'OD lui arcribue, tout
.
.. qu " epoux 'te n dre
.exagerés ou -ca1OffiOieux
qu "\
1 S rlo.~lt, ne ~par(),1r
. D 1aî1leùrs
~~ quelles menaces, de quels tml'0rtemens "
.de quels dan'gers nous parle-t-on? A entendre mon Époufe
- 011
croiroit· que quelque menace
~e{trlbJe,
<a pu ' écba-ppe1" au cou.p 'fuaette qu.i Ja
à tome epeqlte de plus 'de ·fix: mois. Depais lors .eUe dt tt'an.
.ql'li\\~Yent accouchée '; depuis 1or'> , eUe a vêcu avec moi dans
(:~t état d'union, de tranquillité & de fatisfaélioo (;}ui cma...
. & refpt'aueux, pere {enfible & Citoyen bievfaifag,t. Eh quel
té.rife ks Mariages les mieux a1f()ftis. Si en(uite elle a été
mari, je le .demande, quel homme, s'il écoit ceof\lré &
11!3111de
pèridant quelques mois, elle a été par moi f0i"née
.
0
- & ~endrement . foignù.
n
R'efl: prefque auCun {nome,nt où
je m: lui aie donné Its marques les plus certaines de mon
atta'c hement & de mon amour. Pa[fer les nuits auprès ~'elle,
iui rendre les fervices les plus dégoÎltans & 1e·s plus dan·
gereux , le~ fervices dont l'amour feul peut -infpirer le facrificej
... o~à ce qne j?ai faie pour ma fe-mme confiamment & furtout d-ans les dernrers tems. EUe n'a pu s'empêcher d'avouer
dte.-même que je Pavois têtée plufieurs fois pour la (oulager
J
l
d'uh hit !!~anché dans (on corps & que le pus afffeux qui
- en fortoit ~~avolt jama:is découragé mon zele & 'mon amour.
Ah ·! fi c~efl: un tel épéùx qu'il faut craindre
PMei~ -homn:e dont '1a
fi c'eH un
cohabitation foit dangereu;e pour une
femme, fi c dl: un pere a'uffi,t-endre que moi qui doive apporter-l'effroi & la eerreur,
'
..J' 'r
"
.
-uIVllOflS
à lamals
touS les manages.
Il n'y a P1us de"surete, pour all:,;une femme ou plutôt détruifons,
fcruté dans toutes les aaions de fa vie ap(li. .matigQ.ement que
je ,l'ai été , offriroit fi peu de tratits ~ la critique & à la
>méchanceté! y a-t-il beaucoup de maris qui pu[feoc dire comtpe
moi .? " J'ai été cruellement pro.voqué & ne me fuis point
,., vengé. Ma femme m'a tourmenté par fa jaloufie ~ & tout ce
., que je ,me fuis perm~s,
c'dl: de lui en témoigner quel-
" quefois à mon rour .; elle a écouté mes ennemis & je
. " me fuis contenté de les éloign.er de I1;Ia mairon; pou4fé
~ ~ à des vivé).cités . par des horre\:lrs de touteS les efpeces "
" j'ai fait quelques légeres menaces & n'.ai jamais frapp.é ;
CI
."
l'Na femm.e enfin m'a traîné aux pi.eds de la J uftice , ca'l omnié
& 0\1tragé de tmaes 1.es manieres; loin de .fu~vre cet
" exemple dàogereu,x , je l'ai refpe&ée & la refpe&e, je l'ai
u
a.imée & . l'aime encore plus que jamais.
Je {ais 'lue mon Époufe dl: b.ien éloignée de convenir de
_ c~~e v~ricé, qui e-fi empreinte qaps le fond -de mon aIDe; elle,
�( S6' )
prétend au contraire que je l'ai con!l:amment méprifée & dif.
f.amée. Mais prouver, comme je l'ai fait, que je ne l'ai point
maltraitée, c'eil prouver que je nc: l'ai pas méprifée par des
a&ions. Il me reile à préfent à prouver que je ne l'ai pas mé.
prifée par des propos, c'eil établir par*là que' je ne l'ai point
qiffamée , & combattre tout à la fois les deux moy.ens .fondés.
(QI.' le mépri.s & la diff4m atirm.,
•
D'abord je.demande quelle dt cette efpece de diffamation
QU de mépris qui peut donner droit à la femme de demander
laJéparation. Regardera-t-on comme moyen de ce genre quel.
ques propos échappés à, l'emportement· , tenus dans un moment de vjv"a cit6, prononcés enfin fans intenr~on & défavouls
par une conduite fubféquente? J'en àpppelle aux hommes
jufit:s & fenfibles qui n'apportent dans leurs ' Yugemé.ns que
les lumieres de la faine raifon. Sans doute ils re.jetterOllt
- tous une pareille idée. Efi~e donc par les principes du droie
" . qu'on . voudroit établir cet étrange fyfiême? Je ne trouve alJ: cune loi,' aucun préjugé, aucune autorité. qui pui1fe l'étayer,
lI: ne VOlS au contraire pa.r-tou.C qlJe. de.s princ.ipe.s &. des jlJ.
gernens qui le combattent..,
Que le Mari acçufe fa Femme. d'adlltcere & qu'il fuccombe
àans fon accufation, Voilà une caufe fuffifance , 'fuiva.nt tOUS les
A..vtew s , pour ~.J torife,r la demande en féparation. Le motif
. 11'
d u" pnnclpe,
"
. en eH
' fenGble
, , " & la' J~llllce
eft frappante. Un
• Maq
D
'
.
, ' ~ dOlt~d r~... clam ef Ulle ~:
emme, d:ont 11
a. voulù détrUIre
1'eJ'.~J~e!lce
fI\orale
& '"1
"
.
",
. .
. ".... Ç~Vl e, ~u II a voulQ. déyouer. à l'ignom\!)le
'cl'un jugement Géf{iffa~t r&
( ,7 )
au défefpoir ' d'june fervjtud~ ~t~r
.tlle ? ,Ull.4: _F-emme. pourroit~elle v.ivte fan~ ~rémir d'h(:meu~.
/l'leI< celui ql:li la.$~gard~ comme une inJ.a me 'jréature , . q\li p~
lnoi$l1 1'auPjréfe-ll'tci.e. CQmme t elle à la jl:laic~ & ' éI:J.I~ p~blic "
qui lU'tl0tl 1u .dé:ttuJr~l t~us J~s fll:pport~ &, ' \>-Ji!c!r lpu~ )~ ' J )it1l)~
qui ~ 'l).(tt1f~e11tJ~~tn.bte, qU:Î j!ojj.~n~H~éA.qf11jW,vai':. fHSf,è?,
'ç1C1 rQà. •. tarrep~ife:" ft.iliff~roit , c.~aindrc::, a,VC;Ç.; rajft.qfl· " ,q~;.l ne '
çWerçhâ.t }}OFS,)~li .L!;)Jx~& Qe }~ouv~} enJu.kwj,rn51 ,d~,q o~ Ja~
6s~ire , f'l C' Y!Uigell~'C~€!1 C\!.s JO:!'l{i.qér.fltj09mIJ~p'nçl,J?f$,· 'J p Cpit\
d'êue,'d.;YJ!:l9flF é O&l djOl}v~[aglt ... l~'N~i* ' ~e,ib\~ai[pt;J . l , ~< de
1'hu.m~ni~,. tbus ·l~s"· {éPt.ill\çnS P9Q,iv~~s juftiji~ : ,~n: p~eil.
prÎ:ncipe.:l{- 1 _r J~' \ ' iJ ""
~- ~"'-J
0
~J
. I Le uA re~ ~(m~ bé;:):l'"e1!l"~if9j~(· n ifl~u ' i?;tl-t'i JPÏ#'rfI ue S~ '
l'~i:n;cÜ),tI.I , ~5 _ s'éç;a:1'.ttt tlèAnro9ins:, qe c (~SdHO~i.fF· ~ On ep'
tiBllWe, ~uir onlI.J~ügéf ~lto l ll. , ~e; , mAr4 I:a~~j) ,R# d §Il-\>itil%i ~~lj~
..
(.1
llo ,proc;:è!i civlidtvcll:8 i...pJaiÎ!lilJ~CI3 ) &g 'l tm,q,u4;<,p ,(g;r Ja-~t.p gra.'4e ,~
~,omm<lacWlteIl!O(, huci'nH·k . ~lJ~§r.faitl!;s1e! -c..e;~.e fHlt-Ufg l,Ja.rr .
pGllY.oir lt6~ ~onNajplJT~ f f i~J ,~v~1J ~ : ~cm:·,tjfj,+ ~;d~Jép'r
"don. Le>::rlJolif,ft:i-..deifusl ûiH~u~ ,,< ~o~t teB ~~!)p ljl1êmq·
cetU :derDi~œ. · .h}!p0cllHe : ",,~ét9ic j[fI1~~ dfts.~°ll:.t;I:~u
'
,
pourn~ femme." mêr&e, I0plntoll:JtlIl:)l'lllaf' "'i l,Jlê~e ~a~g:':1j ~(L
w'vre èllf.ernwfe .,_..enfin nbe.s , C:AA!j(é'q~JtPçç;> .A~ S9 U~_ les{i1)$J & imr!i ~tQus: ! les r<l!~t~ pAl{fWle~.}.
r'!
, )"J, ,
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4'onme.l'. de , l'l!~rei!llftDD à .cette ca>~~ de ~ép-aratio,[l. ,0n )3. prt.....
~du ..qu~ocre . pMai!Rœ.. tpcmée Il ljau't0l\'it€' " pp~r foUi.ci~q~ 'un
~llofe Iuphie;III:"" , ~vni~ .J1VOU:- ~ ' ij'\~fl11!) ,~.fef qu'pne· acccfa..--
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.E. on t'e\1t 8ire d'~n' C1'&ré ~'il . tniltÎque-· tJan! ~ ~ ·!U '~ l:te ..
deux circon'fia~ces les ~l'Ius 'effentielles , 1a- ~~bhè.lf~ .&. lat
('~9 \)
mmqyiHe qlli' {uivoit
~..
hal;îjeaticm
pfOp(l~.
Auffi,
ç~
der-
eier (yHêtne qlJ.i n'a ' pour .bafe Slue des 'raifonoen1'e ps fophif.
calomnie de ·Ia plainte. Mais la femme pelH düe.~ , de 1 aucre;<rVe~c{tlècès à -fon -mari: l ' Si vou's :youléil me .f:Ure .p.unir parAa'
prj.y~(i()nde - ma ~berté. &_13 p~l'te- der: ItÎÔCll1 00r)ndr t'rr; ~~
,, _renfermàôt[ dll'ns qll~qlle Co\îVe11t ,'<iJ!le, t1Iî l'()rCeZl..~OirS un~
" p'1~iQ" eejüridlque qui me lai{[e' !àl ~ èl.lhi "'~~ · me ;ru.H,ifier ~'
,es
~iqllts '; quj n'érQi'c 'écab!i
~o'nt:rairt;
a-f.il été
'par -aucun prioêipt;, -qui étoie 1111
cotnbattu ~ par' 'tous ·les
.Ô(.
1
p,rincipes
'ce
la matiçre
,!
doit-il é·trl: cOClfiamf!1t;nt r~jegépal' ,ltS r·rib:U~
Qa\lx ,?
Quelle l
dt .
d'aifl·eurs
la ,p.rtteC)d-ue diffa'malion do~rt fç piain(r
.
..
•
~
<I~ v lieu !.<fu recourir, i!Omme : VOUS " hI Jflift'~S: ~ nel'M ..
,, ; ~oilctàêiorÎn ~8rete , qui' teiJ~ à fllrprel\drtl! >-al'f{Q;j é:;, :LQc ~
,, ) ~"~n1bvePl~ cardit .. rlégifli'ne[ &: ' at\f.~·é=F, de' l~ &fe'[lfu .~ (El
';':Ie'tif àin,. fqne ; d'l~d1'&IPri' en iind\léHoh ~I! & ,de ' fyfrê.me
'mon Époufe? elle me reprochç d'avoir, dic gue J'les ' enfqn ~
-en fyfiême, on a pouffé les chores jllfqu'au po'i nt, <té fOI!l
E~ ce donc !~ . unJait préc},s lrpY-a"'\t-il el'l cela ,diffamation .~
renrr tfe 'l~ ' mari Uqffi rl'tpF~lt" à;fa:' f~ffl'me ~~rti4u . fi8élifé à · f~g ah~ib -; qùi' }Nt ,t-éll'loîgno:i't~'quelqtl es( foçpyoms
V.çilà. peux ;p~in.[s :au.~qu~ls
réJ~tifs à i fan hôhne~~J ,~obéiGi( ég31f>rtlen~;;lj~u rà) lacck:ma:l'llde
femme? Ai-je ci~c.s)1~flancié le:ur,s liaifons ? Ai-je fait les .pré-
-n'a ' pas vù' qu'ü~ép.enda'mptlent des <motifs
~ndu..s reproches ,avsc un con tpe RerfuaG~n, av~c deffei n :d'y,
;,
en féparati'o'n. :On
~'ctJ\e.avoit ,!le _tn~a-PRârtepoie-p~ pal!, & que ce.lui !dont !Jle
c;toit ençeime ,n'.6toic pas' de mes œuvres. Ge reproche ell
Ç.aloplpieax fans dout~; mais je i'adlT!ets pour un mOl]1ent.
•
~ùe ~rqir~,
tJx. d;aîlS l'inçemio~ .de diffanler mo~' Ep,?J.lfe?
Ai-je "gr con(4Huerpenc à ce~ idée,s & à 'ces repro<;hesJ ? Mon
3'OCU..
fation l d;adulcère, une impura'Jiv(f Jfaire ' dans dt! _èol1itefl:a~
tions juHidaifes' , une -{i~ntHtci
fio-o " portée 'à l'autorité' étoient
les unes & les 'autfes J'.olivrage le,m..de 1a réfle.xioo , le réJ
fultat 'comtMné (de rdél~béI'3l~ohs rrck>mefUqu:ei ,; q'u'e-lJ'
foient, en un mot· ~ <5u~
50
fuppo..:
n. éal4m'f.l-ie
'laI plus a[(roé);: " olf'du
~àins w l.a r perfuaifon tromp:euie d~) aél\égle'llens r im'pu~és lia
J
s~arr~ter. A.j-,j If" di c , d;rbQrd
que ,ces el)fans ~H)ie!lF,ld.uFoAfrperq: d'un tel homm,e aveC"h1a
cl-deJus TappOr[~ , :qUi. mânquoiêflrdÎ - ce. nOlolvaw r;fyitêmq
tF'j1 ~avhir e"tore t~trt tlj.ffér~-I}cê: rem'3l'qùabll!~ qu'ûné
il. faut
époure s'eH-elle comportée comme une femme, & comme
1
une mere qui en craignoit l'effet! Rien de tout cela ne fe
l'encontre dans nos circonnances.
,
..
Il faut avoue(" que. mes. ennemis font bien mal-adroits dans
le ch9ix des moyen.s & d~s preuves. Comment n'ont-ils pas
vu que m'imputer d'avoir fait fans ceffe les mêmes reprQches
fetnrrte " taniirS -que, des propos échappés dàns la chaletl1~ rde
à ma femme, c'étoie ne me ' rien i~7pllter) c'écoit ne m'artf}b,uer
fa ' àJfput~
~ la ,fuire dé -rerroches mutuels" n'éfoi'Cnt ja..
que des plOpOS en l'air, ,. d: ,s propos fans i(')tention de la .pa,ct
ni~is que l'effet- involoRtaire' de l'en)p.or.tementlcou.joùrs .dé ..
_
t··
.
menti par la 'réfkx?on & co!l'tre'-dit; êonftalllmenc par' -la co~
de cdui qui les ti,e l} t & fd9s effet pour celle qui les eif~ie'
lx
ça! enfin, fi J'aYQis cru à ~a v~ rité des imputations qu'con me
J
•
�( 61 )
( 6Q )
fuppofe, aurais - je continué de vivre avec ft10n ÊpOufe
,~
Aurois-je vécu avec elle dans cettl:- u,nioo intime que la grotrelto
fuit de ~rès? Me ferais-je ex!,ofé ~ en avoir des co.faos dàn~,
? AUFo)t-~lle enfùÏ{e
pluûelirs aon~es 'qui Ofl~
la rta-iffance flIt douteuf.e dans mon etprit
vécu ttanquille:ment avec ' moi pendant
féparé un acc;,ouchement de J'autre? Auroit.. elle voulu couri L',
lèlrifque d'une groffelfe qui pOuvoit dopper prife à la prétendue
calomnie qU'OD me reproche?:
'
réflexions (ont feafibIes & puilfanteS. El1es le fOnt hic!n"
. ceS
~avantage
quand Qn faiç que je r\'ai ce~ de vivre avec ma.
femtne comme un mari tendre ' & pallionné, que j'ai idolâtré
,
.
.
.
&. <fue ridolâtt'e' rild.iellfans ; . quand 'oh fllit que malg,re" que;
~.
la -drfparution fût
.
~
çOhèenée", /.l1on Epoufe
n~a 'pas cr~~t d;
tailf& (es ' enf~Î1s chtns m'eg l'n'ains, & tllJmon'P euVcin OO.,t~db
p~nler, ore-t~on dire, -3l'rb ~el;,' qu'ell~ a cru
inflant à l~"
uo'
vl~icé ;de ces i~putat-ions~ Faut-illlli faire çet outrage de-croire:
~u'eHe ~ ût inbumai~ln.e'~t livrê1 les ' ~.èfaits à ,~Ù;~ 'qui è~,
Mfavouoic 'hl pa.rernité , &0 qoi 1ts ngatdoit c,o mme -,Üs {'tl~f~,
éremek d'opprobre pour Itli? k ~eods ici m~n Epoufe pill'
un endroit' b-ien fenGble. C'ej} {on cœur que j'interroge. C'd~. '
à une mere, ~ à unI: mere tendre ql1e: je parle. Si, dIe eû",
àj-oti-t~
foi
au~ pIOp~S qo'en~ m~atrribue ;
fi e-He eût
CfU
que:
~~ri()is perfu'adé de leur véJiré; li plu,tôt elle ne 1~s eùt p~"
tegardé~ comme d,es propos , vagtre-s lSç, éch'appés à l',e mpor-'
t'e'ffi-ehr, eÎlr-eHe cohabité fans crainte" ~ fi iong-tem; avec,
un_mari rotrrmenré ,d'trot ldée, allffi <;Fudlj , & a.'..ec un 11)ari
qd'Ht-e' peint fi: f~roce ~. r~ d'lngeJeux f _ eûh elle abandonné,
t c,~t hgmme . rt~outable J ~s enfal}s , , cçs êtres malheureux ,
qui a fon défaut, devoient nécelfairement fervir de viél:ime à
[a rage.
II dl: difficile d'entendre & de difcuLer de pareilles pre\lves
fans en reconnoitre l'invrai[emblance & l'abfurdité. Mais
dans
,
tou t cela même, eo les apprécial\E- avec uQ' efprit débonaire ,
dl-il pofIible de tFouver la dJffal'Vation , cette publicité de
D'ap~ês
l'injure qui doit forcer la féparation?
l'expédient &
l'enquête, c'ell à elle-même que, je parlois. On dit que
je lui
faiJoj s des rep!~ches. II n'y a ~onc pas diffamation, Eh, quand
même, il Y aUfoit eu quelques témoins de ces' r~proches, tels
que des domelFiques de la maifon ou de la famille, pourroiton j~mais en jnduii~ diffamation & injure. La diffamation
fuppofe la publicité ', & ici [Out fe ' palfoit dans l'intérieur de la
•
maifon iJ L'injure fuppofe l'intention d'injurier 1 & quelle in•
(
v '
•
r
,
tenngo d~ ce 'penre pouvoit avoir un mari qui a fait conflamment preuve d'eflime p~ur fa fem~e
enfans..
/'
&. d'e
tendr.effe pour fes
. '
On fe r"jette .e.n~or~ e~ vain fU,r~ la qualité des. per[onnes :
J'adm~J s vol~ntiers ~ne difiinél:ion , &. je l'admets dans toute
. [on
étend~: qlta~d
i!
~'agi;a,-de [évi.'~s
,
d'_Quitrag~s ~orporels.
Je veux crOIre qu'une femme d'une condition ' diUinguée pe ut
réGfier plus difficilement à des out,rages . qui portent fur [a
;erfQl:pe. ~ai~ qu~~t à ~a, fidéPté aux devoirs. conjugaux, quan c
a la feputatlOn qUI Dalt de la conduite d'une femme
je
dUavoue cette clifi inél:i,o n.
~~- femme
d'une ArriCan"
Marchand, d'un Bourgeois, accu(ée d'adultere
.
'
~"un
fera tout au
'
rnoll1s. al~ffi fenfible à l'outrage qu'une femme de qualité •
.Que .dls le ? elle en ~era peut-être encore plus affeél:ée, p .u:
Q
�' 6 631)
( S2. )
cela (eol que le pr~jugé frappe for elle avlSC' plus d empire..
AinG en accordant à mon Époufe la rupériorit.é de condition
~raîfonné fur âtte· quefl:' n, fe" font toUS aCè6rdés à dire que
qu'elle veut fe dorrner, elle ne pourra : jamais échapper -il la
jrtJure.
J'en' 'Viens aux 1ettfeS écrites par un Mari à fa Femme. Je
fage riaueur des principts
acune~~ilhll~Hon
'161,
,i'e quatité~ '
:
~
'elt-fait d'àccofation , ne
.J
;t,
_
~
:
c
font
Mes ennert'lls
J
;
ceslè~tres ! p'r:olWent tout '~ ' élle~ 'rei\f~rnt.eih~ fa pktivti. d~s
ôuc'rages ; . dù mêp'ris ', iIë l ta ditfatn-atîotl; En· u.n' mOt, :i1 ' n'y
a pas moyen d~ fe ,coutl:rafre( à la ldrJ &: .à- Ià' darce ' de- ces
1~tt'res ....~'C'e{falnJ1 que jug~nt' :t<>~jrd6rs- la' prévention' & la
l
'1
d
' ,,,
. l·or
' .J
l ' ,
r
'b
' hain·e. Mâis q~'il s'en faut de .oe'llucoop qoe' n'n:s etetes ,p r uvent le mOÎndré
? Que- dis j ~ ?t e11 s
,
. des
. faits qu'on m'im'pute
.
prou.vent tout le contraire ;dles C?ll!batr-ent le ,Roman calomnieux ~ ~ : publié cont'r~ moi; eJ1e's juftifléHt e ti~t'ement
ma conduite. Ii dl facf1~ dè s':ên~ c'onvain'tre eo~les 'l'ifanr!av~c
~.,
"~l
,1'.
f,~.
"ff.l'fI
l mpartiafité.
.
Avant tout, je demande:Ç1 en droit', des lettres écrÎtés :panB
Mari à fa Femme, ' pe~v~nt
for~le~
n'i délit ni preuvè. Cet,te
"lu~Hion roût réce~~~n't: ragit~~~ n'k par~ît 'pàs av6\~' b-etIJîh ici
- - , •a J ~ne autre11" quelJlOn
Ji, 10p.pement. EII
d'un grand deve
' l e tIent
J
dont le principe avoué "par la plus faine' moralt: ,& l lès' r'egtes
r
..
les plus pures, n'ell plûs aujou,ra'hui' [u{ceptible d'e' dîfficullé.
Qui dou"te à préCent qu'une lê~tr~ é~ri[e I. en co.nfitle~~e· ~ bn
(li rs ) 'ne peut_pas être oPRofee à celui' qui l'a 'é~;'ite" &Jf~;m:er
,
feul fclifoi t
"ftJppofe- qu'elles tefnferment les imputations les plus forres .
",").
r -M'ais ' qJe df(e) dt tb~S"~ttrd; ~:(1 j'~iH:~6rs
c'éco-ic celui qui violoit l'a confidence " qui
A-tLon bonne grace d-e prétendre qu'elles font diffamant'es &
-'qu'elles outragent 'la réputation de c.ette Femme? Il n'Y a
qÙ'lln mot à d,i re pour répouffer ce fyfl:ême. Que la Fenime
ne b'~lilbitLellè .ces lettres, ' ou ne leS cachoiF-elle foigneuCementl ? 'D~~lors '"où feroic-Ia diffamation, où feroit l'outragè?
. C'eft tout comme fi un ' Mari renferrT1a'nt fa Femme
un
'Cabinet, dans un appartement bien fermé, lui ouvroit fon
,Jans
cœur; épan'c hoit 'dans foh fein , fes foupçons , fa jàloufie &
[es craintesA Dans c.e cas, je le demande; où feroit l'outrage?
.où fero'iëla âiffamation ? Or, lés lettres écrires-' p'.a
un Mari
qui efr abfe.nt ou qm veu-t' éviter les daogers ' ~d'un -édai,rcilferoenc· trop anîmé , ne font autre chofe qu.e ·Ia: cdmmlinica1ii~n
·verbale de fes .i dées & de [es feniimens. .
<.
t"
"
, Je dis
plus. Je loue l}Jén' davantage le mari pf-tIdèjlt, qui
,croyant avoir 'à fe plaindre de fa' femme, ,Iu,i rén1oign'e pa.r éàit
{es plaintes, que celui qu.i cherchant un tê~e . à 'tê'tè r , rs'expofe
jmprudemment à un é.clairciffement dangereux, ,à une" difpiHe
vive dont lés fuir-es - peuveht entralne-r qLiefqué' .[cerfe'· a.Hlil?eanre.. Mais dans touS ces cas " je le répér:e ' , ' quel ~tl: Irou-
délit ni preuve c~~tre lui~ [oi~ que 'Îa' lettre' ait' 'éte in'Œrceptée
tl-a~e"', qÎ:lelle eLl la ' diffamation qui pell\7enr:e'n" iéfuftei. Un
C:)it qû3 ç1!e ait été rémiCe par le tiers perfide qui viol.é:la con-
mari écrira ' ou témoignera verbalement -
~dence'. On 'trouve ~dans IJs' Compilateurs divèts Arr'ê ts qui
•
•.
)
l
""
~.
W\I$ p'l}t relette 'l'arell1~s preuves, & les ' Aute'ur~ 'qui ~nt
'll.l'C' çe qu'il -peut ~.c;e qu'il doit fairi: ' G!~fr"lnà- fémm~
a' fa
fe'm'me' des
lOupçons & .d es -idées ' qui ' -le t0urm'enteût~ 'Il De -fair eh fcèla
�'( 64 )
à drŒper ceS foupçons; Il fe jull:' erdes imputations ~ à
,.
éclaircir ce qu'il peut y avoir de louche dans fa conduite. '
à donner enfin à fon mari toutes les (atisfaélions qui peuvent
calmer fa talouli-e & cranquillifer fon efprit. Je fuppofe ,..
j'admets les foupçans les plus violens, les imputations les
plus graves, les reproches les plus fanglans, les expre'ffions
les plus o.utrageantes dans ces leures? Ne [croit-il p.as tou_
~urs abfurde de prétendre qu'il y a diffamation dans ce qp i
fe palfe du mari à la femme, dans cette communication
fecrete de leurs affeélions & de leurs idées. Si la femme
produit de pareilles lettres, fi elle les montre, c'eil: elle
qui fe calomnie, c'dl: elle qui fe diffame, c'eil: elle feule qu i
s'outrage. Le mari n'a fait qu' ufer du droit le plus légitime
& le plus refpeélable.
'
Voudroit-on faire un. crime au mari d'être jalou,x de 'fa;
- femme. C'eil:, à ce point qu'il faut néceffairemeat réduire la
quefiion ~ fi l'on perG1l:e à me trou.ver coupable. Mais. je·
ne puis croire qu'lin fyHême auffi étrange , . (oÏE le vœu,&
le langage d'une femme quekonq,ue. La ialoufu! eU de
les ftotimens celui qui flacte le plus les
C~llS
femm.~s ~n ce~ qu'il'
prouve notre amour pour elle. Les femmes les plus froides.
& les moins amoureufes de teurs maris font coujou vs fumées.
de. ce fentiment. Elles en font préfent à leur amour· pr,opr.e ,.
. q4:nd .n~ême leur amou.r n'en v.oudroif pas. Mais il ' s'agit
moJUs KI de lClurs plaifirs que de leu·cs de\loirs. Je n;examine
pa~ dans
cene. caufe. , fi la jaloufie dojt t~ujOUtS leur plaire "
mais fi elles ont droit de s'en plaindre en J ufl:ice . u2.!ld
n,leotraÛle
'" traltemens nl. outrag.es,' qu'die:
q
"~ _ _ _ _ tÙ Ina l.i,\(alS
~e.
•
s'exhale
'(' 6'~ )
s'exhale ..en ': propos ~ .que fes éhuJs fe .dHIip~lU ',pour ~~{i
d-iore ,. dans le xuyau de l'oreille _
.où (e perdent d'tlts te fe:e:tj:t'
d',un, lett.re. Eh fi. les femmes p.ouv.oienc pOfler jllfqy!:s-là
leu.rs ppéuentioo?, que. de~.iençl!;O.it ·.dare[oavamt.la tfo.ciété pqn~
jugale , cette fociété defiinée à l:Qnfonare IiOUS
bs jruérç~ "
li.oU5 'les penchans; JDollteS .:lies Jlffeai~os i ELl:e ..ne fe-r<9'Ît plus
qu"une ~peufe .'~mqu,jJition. ,.où .le mari . ret~mi pAf;la ç ra..Î ote'
Ile 'P0urroi-t plus lil'rel'd fon ame aux, dou.ces impre.1JiQos gç
f-a joi-e , >ni lai{fe1:' ,é~~ate'r fes .doul~U1's- fa.ns c.raindr.e:Jlne QffiQ1,l-,
èiat'ion ju.l'idiQùe .; un . examen _ccalamn.iellx ,dé tolit~s • Je~
àél:ieU's de fa vie, un jugement .peut-être déshonorant. \Quëll~
contradiétion ·n)'y aurait·il pas eI,lt1'e les Loix .& I~Qpinion
publique, entre' ,res JLoix :ell~sJ'U}-lê.més • .L'Qpinion p~lJJi.wtCf'
imprime un déshoneur
..aU t
mari., le& Laix dui JonHlU .çi'im.c:-
de .l-ailfer .vivr:e fa femme dans Je défordre' ;
où
,moins ..J'opi
Dion publique le \cou.vre-t-elle de r.idicule, quand. même eJlç.
l'le fo,up~onne. en 'lui. qu?u.n époux .cqnfiant :& ct:édule .; __cepe.odant l'on voudrort ioi lui (wrueil:er l'e .droi-t: de p,ré",e,nir des
liaifons trop fréquentes,. d'écarter des h-ommes qui tui.font
t>mb-rage, d'élcigner les
occauons qui pe.uvent f~jl'e Juc-
comber tôt ou tard la femme la plus verrueufe. Comm~nt
donc concilie-r ces· idées ?, Comm.ent accorder des fy.fiêrnes.
aufIi cootradi:aoires ~
Mais c'-e'fi alfez s'égal'er dans cet abîmede conféqw:nces.qu ï
-naiffent du fyfl:ême de mon Époufe. Je m'arrête au pFincipe..
·Les -lettres ·écrrtes 'par le mari à fa femme' ne peuyenr renferm-e·r ni délit ni preuve; -elles ne peuvent figure!' ni comme
cflljet de 'plainte ni comme preuve · de cette plaint. N,on Leut'
R.
�(( 6:JJ
( 6-6 )'
ment elles doivent &!tre regardées :Domme non produites,. mais
encore elles doivent être tirées du procès parce que leur Communication viole la loi facrée de la confidence, outtage la ·
digtliré. du mariage & .le 'droie précieux d~iqfpeél:ion ' Ql1e les
l!objet de la tir\l.~e e-f1:J·p~nnu. C'eil: l'i térê~; s'eil: la bafFeff.
maris' ont fur lellrs fem'mes-.
J'
J~
1
" Voyons «pendant ce que contiennent les Lettres , Je;Jes ai,
raporcées en .enrier; je me contenterai deJes parcourir .àpr6fen,t,
Sera ce la premiere de mes lettres .à< ma' femme qLÜ .cQotic{lt
mépris &, ùijfarnatioll ? J 1aurai êliecant qu'oh. Noudrll'!. Vous
a~er ilevé dans mon arné .des folltirneos d'indign dtion qui n,e
finiront jamais? ,Etl-ce là le langage de 1<1 réflexion ou celui d'un
moment de vivacité? Que prouvent ils ces reproches & d'autres équivalens fi ce n'ell que je refpeél:ois & craignois alfez
ma femme pour n'ofer lui dire en face ce que j'avois le cou·
raie de fui dire par écrit? Qu:importe que je parle dans ma
lettre cl'une indignation qui ne finira jamais, lorfqu'après cette
lettre & long-tems après j'ai cohabité. avec ma femme, je l'ai
chérie, je l'ai foignée tendrement & en ai eu des' enfans que
fé,~~il'~_ Far l,!,nC..l\a~nçe ; 4e.., fa . r~p,utac~o}il ,. ~!'\;~foi~-'i ~a~, là, un..
h0llmi1a.ge & r qO;~ù n: outr?gF ,B~~ ie. .l~! . (a.\fpi..s· ? , ' , ,, . ,_.'.
Mai~. ~g!in XRy'pns ce qy' , (yl.t dans se,tt r l~ttre , ~ ,recon-
J
_
'
,
4re ~igfi.
Eh 151ua~d j'aur-9is. vo.ul~ le ~orper .PRur tel, quaD~
j'~urais cherch(~< ~n imppJef. ~)a. Ve(Cll 4e ,I;na f~mme , à ~a,
.
j'idolâtre?
- C'ef! ici qu'on a cru m'accabler dans le lîbelle. J'ai ' dit
â la vérité dans une autre letrre à ma femme: Vous parler prin.
" ['hucipes. , • fJUi , vous?. , un monjùe efi moin$ forouchea
manité que vous a vos devoirs", Jiu quoi fonder VOU] votre
vertu? , , , Efi-ce pour vous être afficié d'intérêts & d'ill trigues
avec un malheureux qui nè reJpire qu'intérêt G' baJlelfes ? ,, /
Iv1.ais a·c-on pu prendre .le change fur le fe-ns de la rir.ade, •••
officié ' iJlintùêts & d'intl'iglles avec lm ma/hellreux ' qui ne rcI-
Rue qu'intlrù & baJJ~? •• L'interpréiilcion
qu'on)ui ~cproche ; ce n',cft point un amant ' 'lll~on veut pein-
.,
dt façi le 4faire').
ll oilfons-y, s'il eft poffible cet Époux djjfamateur & féro~e,~
T{~us ,al! lr' ~Pfl fllf le [q'!d ~-e. r.n:~~ a.pa.e; . vOUf ve{; qu'on (peut
lè
Za..p'eçtre 1I.da; p..r.eulles1 Si vo~s e'l ,é(;e{ ,moins ~?T{1',ai[l(l.t! VPU{
ne vous y jou~"ie{ Po/ ,', .' Je ne p'arle P?i,nt d'outrage & de
diffamation, Il ne p~ut y en , avoir, .comme je l'ai dit" dans
des L~fF~ : ~c;içe~ .par, un mari à [~.femme; ~,ais le ~ty'~e de
mes !eJtr , ~, le~le~timeGs /51ui y .foPt · e~WÏfPé ayec ,exagéraj'
ti~~, I,e Aé[9rdre. q,:i ,y regn~ p.eign~nt ils .un 'Pari qlli (ait de~
prçjets férs>c,e) ? Lailfent ils craindre le ~oil?drç ,d angù pour
la, vie & ,p~9r l'qoJlqfi u~ d~ mon ,flpou[f· ~:: , ,
'1
L
D'Ins lç~ 'lfltres \t;ttres ,:-~'eil: !e mém~ déf9r~~~ ; , ~eA?p.t
les Arêr;nf!~. [enti'1le,n-..
s ; . qu'y,'- voit-on conltamnJenr
1n.liun fi aci
• - ""
amOl1reux de [a femme, un pere idolâtre\) de [es enfans,
· Si
~,
je témoigne d~ foupçons, fi je fais des reproches; fi je
,JI.
.
prends <l.u~l.q~~,foi:; u,q ton jron~que , c'eft;to~jou,r:J pou
1
écal'~!rJ l'hér~tiu , int ~ u5 deJa fa~l1ills . Peilfonel, mon Pfpp.re
-c;qne.mi fr. le perrp'r:b ~teur de mOl) rpé,na.g: , ,~'e~ pour ,Tt]et,tre
en jeu}a vertu de ma femme & l'obliger de rompre toures
liaifons avec ce perfollnage qui m'étoit, odiellx,
i'
(.
)
lil
, M-ai~ , qu'o~
, life la .fill jde n1es leures : ç'e !1:2là qu'çn p ut
u...;
l
, J
• ,_ !~ ..
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1l
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'liser
.J
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,
1.
pe- me~
vrais
f~ntimens....
Commencel E.,,,..'
votre c.arriere
,
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...
J~
J
...
1
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......
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i!e ~()nizhtlf, ~ , ntoz' je 'vira ' allpli; 'e'II~ ~ui 'VI:nIS" :n~-a*t
prMite, OH moment 'm,êm~ ?lt i'a.urois wJldu ":t1urzr." ~
IIIl1tre pctIr 1'oas.. PtfPère tj~ 'Volis' Ize renlfu{ pas 'le fort'
;t-.
4àj JflnéJ~
'tt/J'x
~e1tt.> 'rrr;lh~uyillXj ij'llÎ'1 refl~ ,tî~CC ~ous:'
vous kat ùiiacllt{ 'l~u;" 'jJtre :, ayè:(') dtt rrroin'S' pM:;' e~x
des entrailles ~ck4;re: :.:1 Je _nlticiterai f'plus votre pitié. !le'
voûs ilemanderai feulemint gu:elq~eJois des, -nmivelfffs de mes
St
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III c
A11tebrs je lin~" par
Le
-CiU' I,nè:
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1Ibâi irf 'uop dÏf'l1le. "Jt vôùf Jiriii èncure ~ 'crJûle:; 'Vo;}à rcut"
.
trton:1TfalheÎJr•. ,. Pdurai 'fini ~1n11 ca"iere nutlheureufetrtent;;
tnl1i~ du. m~irls Il'a/Jfai
'ràn
me reproèlzer.
-'.. ;~
. . '
" ' .
. ,
Eh,'b'iéO ! ·l'épOhdez-·tnoi i holnmes impartiaux. &: êfi:rlfrbh:s::
froo-v~z~voùs 8ahs be làhgag.e ' [dl:- més. ~ettre,s rôtit : ~utTe "
cJîre: ...
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ljuTil ' p~bt ~tr~, Ile lang:tge Hl un.dlOlTime J fe~o'Ce & -fêlngui-
naire, -4'uo El10UX 'më~haht qui :veur càlûmnie. ~ èllffa~et
fa. femme? Efr·ce afdfi qu'agilT'ent la m~'éhanceté '&.' la 'Ca,
=lômni'e' ? l:!t - c~ p'û -de"s hYenices qui 'né pdrtoi~nt &: ne
tomboién~
que ' l'Ur 'mcrl , . ,?à~ "'des:'pPcüntes
mal -àrt.i:cul~é.i; :&
"'")
î
.
ijtlÏ dtcel~nÎ: toôjours l'amouI 1kplus teildte & ~l~ plu's 'pafqtorfé 1-. Eft-ce 80nc <te teue 'nianieÈe 'q)re s'exprrme le mar,i
ëtue! 'lX m'échallt jqui veUt détnlhê la vj'e "& la r.éputation,
~e fa fefunie ? 1\h! ihtdrprete~ tn';I~aàroîts, éefr vOu sfeul$;
~urc%),tnrliéz l'e cœu~ :huhiàin:'; c'e'tl::'v'ol1s [euls qu'i , en
()Utrâg~anr un m1ri honnête, 'Outragez &: dHfame,'L 'la fe'mme.'
au nom de qui ' v'ous parlez.. '
.,
Ecartons, en6d ,. ces Iehrès 'q uija'mais ri'àurore'~t. ôfr' lfurtir,
~
'
~~ r~~f~u:l~~ ~ laquelle èlles' étoient. -deftinée's , éèS 'letrtes qui
loin,
( 69"1)
l~n de cléRofe( cont{e moj, ~ j afbifir.n.tc;. J au cont1'~i~ " :}11)-aj tefl~'
dreffe pOll;' ma femme & pour ' mès c.'tIfams ; 1& ftrvent paj\.l~'
même' à combamc c~s preum~us févkè:s ' ~ é'es o\llt!a,es [uppofés qui . compOfcljI~ile)ihell'Cl fomane1qptt ..dQ, milp E~~{e :
écartdns. enc0~e~ 6l1lpMLeQt1œt6.r:rni.cUD(. ac 1lÎCkt1le. ,:.~~' ~9fP$
b ifàrre~de pr,eavè~ a:~oe s.,;,;l1V't a:il"emffia.1HeSi ~ h~a.:C!§ I';~\jr*~~
v,lcieulC de, quelques mi[érab~cs œmoros ,. '~Qrrp~p1ls'; , el1à~.x
tr.inés &' impofleurs.~ Gal'Jjes J le.tncs.,. rex,é~ienl.,c~ld'~Jl.q~~te"
nie préfCllUl!Or. rieinq.u~ pmJffe fooale~ M Jfé.pàr:aJiell 0 l ,r i ... r
C'.effi emrain :. qu:<ia a. eruaHe, les ~rnpoaures fN 'lJs- fl~iQ~5' ~,
les. ('Ilb[ili&~ &l1es (ophifmes., Dr.uoc gralidt:S c~n'-iMFatiotls ' ,
d(!\l>x cJCcepcions invincllilesi-repoolle:r.oD1 I~ détriljrtUH tO-\J.j~(US
ce va.i.n .& .mon'ftru(!ux . .écalagê On. ~ me..l)ep(oçh,t :ÀJ}~ji P'l§llj!~~ '
fé~ocês ., ,' d~ ~r~s ,;,~e ~iu.(liffa~tiOinj , pJr!è~lft§!ligf?~ ~eF~l)(
tdantl . ail " m rh e lI! des', ~nlpKiXrte:m;ens ~ i,dt.s 'J~~~,Ç~~:. q~ra 'ljl
iùppotés ;i ~as 'un Céu! ·coup>,. pa' ume -égra:d gn,ure ' , t'~s 1J-I1
aé!:e ?voifin .' même. 'd'url rniuvais ' rr.aite.m~n.r. ' QUé ,dis. ~ je ?'
wl-rnbttati~nu pai1ihle ~c;\,eŒe.llf. ,alll'S ~
:6x..>.grPi1I~1JitSn:SX .. ,le~ ~~~ '
moigra,ge d, ',iPa:môU.n.l le. p1m~ scoidilran.t.~... ·l~JlQrte!J1eqs ~
rne nn es , 'fi" l'allJ v.e\iUtl; J.o€lqor e (. HC!s b cie~') ~lJrSi r tgu.jÇ!"lliS àe '
l',unour pour
'fe~J!l'llfe & , pour' rnq-s enfa:ns r; ! taJ-<tuGe ' ~ ' ,1:'--
ma.
-pro6hes faoglàrrs: ; fI ' l'on. v.eut! en~QJ'e" .ro~SJ p ~pl.i ~clolrs ,de '
~'efiim.e & même du refpeé!: ; ennn , propos inconfidé.r.éfij ~
raé!:àttctsqrèrprl!ct!ëS, l'lùel lès:...e1il!fàns' hé fonr: -ns ià:::Iilll~_" c.;1i~e nd~n:t : oe( la'.4:end~eH'e; ~c crlr~ ll'ido.lâruie ~ P:Otlll" ),Q:~ 'rnpme~ é,nfa~ •.
QLJ'O~ fe rap.palle mes: lettres~ Jly pardé ~qsf c~fftl ' d'elix; je::
ne fi, oC4:L1ppe
qu.e de leur fun "\ wlIltnui.d'hui': {ur rou'
ce fon.,j c
.
•
lès ' fe.ub o~Jets qui lltl.e--:çonf61leac·ttms mes- ioq iéHlld\j$l; (;'~~ :
1~
~ , ~
s.,
�'( ;0 )
(~ .!1~
)
pouche \lnJa!lgage déme~i par foo oœ~r ~ par fa .bouche
elle-même. Qui mieux que moi doit ·Ia · connoÎtre? Elle
'peut étre crédule & tàcile ·à tromper; mais elle eft vert~e u[e ~ -f~n1ibk; ene , aim~ . r~s enfa9s ~ .(on r T ari ; _eU y
en oeux .fepls qo.e je recc;ouve ma Jemme. ; & que j'eistrevoîs
l'efpérancè d~ne heateùf~ rélilnian.
~
Te dis plus, & c'eft ici le grand moyen de ma caure. Ma
femn-ie fe rp1âint de- (}lwaces-" de Jmt€piîS; , de diffarrll~tion &:
â~olltràge$; LiiOns -Con , exptdreot:l, (UD enquête & [es . lettres
qlJi lresf~l'ffient.~Ol1c. àJlh.fois,Î& fes. plaintes .& fes pr:euves. ',Ves
derniers ·fair~, les dernieres époqu.es,·iemont.ent à prus de' llX
mOIs . avaRe: fa! difp.arution. Pas uw[euDfait récenc.l Tout dl:
ancien i toUe III ité oublié; tou't a"'1éué liffacé',pan un:e iéconciliàtlon iuàtlif~ne ; enfin ~ <.ceue ~ dconcilianon i a été: féèIJée
d es a'aes 'rerpea~fs: l'es' lJ1oil'l' équivoques c , & les plus' Ilefpectables du mariage. Que craint donc la ' Delme Ballthelemi '? Que
-doÛ'crairi'dr'e lal loi p<llff elLe? Eh.. quoi:! cette fenlme qiui , le
;oÎlI" dè .1à1metiace ,-qui leiJenderi~ain " qui ~ lès rjollJ'S [uivans ,
-n'a
craÎnt pdLir fa vie -, quioa cohabité paiffib.lerrilltlt 'aveo fon
mari; qui a vu les emportemenSr ceffer "le calme renaÎtr.e 4
le plaiûr fuccéder à la ' crainte dans les' douces étre1 n es · 'âe
• j1amour :coojugan.Qudi 1 ~etté femme àinG con(0Ié~, aioû
ratruréè, viendra, fix' mois _après, ffa.ns nO,uyeau Cu jet " fans
-nouvel1~ craint-e, eJemander:la fépa-ration , & l'on;'veut qu'cHe
l'obtienne! Ah !', jnléfie qu'onrrouve un préjugé, un exemple,
\lne raifon quelconque qui>aurorlife- Ulle prétention, auffi révol'-tant-e.-' 'uo/.i 2 '. '1 ~ .. rh r f )1·1:)1 .) '" rr ?J "f. l i
- Mais ,ce 'l'l't'eil: , PÇlindcr rIa. Dà111.e.: BmflelelTll ~uhpark ~ J ç~
fOPlt ·des infpirate~rs fo~cénés, érnoeniis_de fon' repos ', enclins
à faire du l'nal, acharnés' r me nuire, heureux fans doute
par le malheur d'aurrui; oui, ce [ont eux qui Ont dirigé les
j l'a~ ' d~ ( m tez)femm-e ë ~ téç' " féduite ,. quj, 'p'rêt.eh ·.à f~
aime & refipe&e
fes ,devoirs. El,ie ciL
abfGlum·ent.
I,' ncapablre
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joper. d.ep~u ·s ft long-te,m~.
Lui ,accord,er par conféqu ~ Llt la féparation q~',elle !le-ma l1 de ,
c'cULlui
el1lever iuCc.u'à l'dipoir
du bonheur
.; .c'eO:1la
dé.vouer
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à _ùne m9rt
le1nte__ ; l(Jla ,fa
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t'lrécieux J des Im ,O, ! rs ~ , i[ur r. les dro-its 11 plusoyrécieux
t'leur-être
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de .~la nature?
Qu~lle ju.{tiq: y , ~-\,]ro'f_i,l , saU:lolO_m-ar~ tendre,
t.
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,u n pere fen(jbl~, . un citoyen honnête" fût aifligé d'une
féparation outrageante ,p ar fes mo.tifs ' . & . défe[f ~ ~aote par
{es effets?
Quelle juftice\, qu'il ftlt féparé (ans , fuiet
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befoio de cel1f,!que- Dieu, les hommes & N·a/Piouf lui. allt
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.donné.
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Si .les femmes [ag.es & vercueuf.es, ûceI1es qui ont · droit
de fervir de modeles à leLlrs femblables afpirent à J'indé1.'
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v narv Î.eLlpen.t par la calomnie, qud ex ~ mp e
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moins. ~e , r.et,enu e, o ne plu ~ ,à 'ior érêr de .parvenir ,à l'inMIJJI
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end ~ nce l, Q uel exe mple effrayant [ur-tout pour.1es llOmmes
4e!1:î.o.és au mariage ! Qui d ' en [ r'~ u J( , Ilprès dt' ~ f~ enes a~l(fi
(caudaleufes , - a\lra ' ie courage &; la haràieife èI;y fo nger ~
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'AlT'ez d'embarras & ' de peInes tntouretrr certe doucé & rerriblè·
union. Pourquoi ' faut - ~l 'qu'un ' mari- craigne . &ncbr'e dans! fâ·
CONSULTATION.
Compagne le cenfeut le plus rigoure\Jx, le juge lê plus fé-
fL's aérions ·?·Un h~rnttiè .
né honê~e:e.eut répondre de ta dtoifore de fc!s' fetlrlmen!l; /hais
vere
,
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le tém;ih le plos calomnieux de
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p'e,uc":il r~p6~d.re .d>'un lnomenr,'d'e ' jalbuGe & de y.j aCicé:
Nd_
& ouï Me. MARTIN, Procureur au Parlement.
LE SOUSSIGNÉ, penfe que le fieur BarthelemÎ paroit avoir
bien démontré l'injufiice de la demande en féparation formée
contre lui, en établiifant, comme illja fait, l'infuffifance.,
l'invraifemblance & l'abfurdité des préuves dont on a voulu
l'étayer. S'il efi vrai que fa défenfe laiffe quelque chofe à
defirer du côté de la difcuffion des points de droit, il faut
convenir qu'elle efi convaincante par les faits & les raifons,.
& l'on peut ajouter que fur une matiere auffi fouvent difcutée
& auffi arbitraire que celle des féparations, ce font les faits
& les circonfiances qui doivent fixer la difcuffion. Ici tout fe ,
réunit pour obtenir au lieur Barthelemy le fuccès de fa caufe ;
{cn-t-il fans trembler qu'à propos d'un gc~e & de quelques. .
pa'rol~s. ;
il
pui~e
trâd'u'~t c.omme h10i auX: pieds dè 'la j'u(_.
tes c&i'lcitoJehs,,;r~r'étlinté"ébA,tn ~ dn~~5rTI:,.
,
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me féroce & ' fanguinahe' qùi Rê trérplr~
'tièe & d'evàn'c tbu$
uè " drn~gè ..& J
f'~bd , conda~ nl peut-~tre \.pat'u~ fùgem~n[ qui
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If{-m d-iAun tabfea'u ' ~0f!i' Hri~y.anr. ,
_. ,Mais je' dét?urne loid
~J'6ùblie1 metne
que
1\Ji' enl~\re' t OUt:
:à' lffois, fa femme, ' fJh 'honneur' & fa vIe'?
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~u~ Î des lJoudh~~ '
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éttangéte'S
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' oin pl'od~Hes ' & que ina femme â fahs dbll-fe méconnues: J~
_. t eux.. plüs v6irquè - 'dës objets bien 'lntéreffaris
nrré
,
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~
pour
,
~of
&
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-dignes de l'àttenrion' de mes Juges, Ce font' deux e.nfans
~b~ureux
~
qui {ollft itent
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ra
réunion -dé
~e'u~
•
~
mat-,
jufqu'aux efforts qu'on a faits pour le calomnier.
dbnt-11s bb't ';ècu te,
le Mémoire cÎ-detfus & les diverfes Pieces du Procès;
...
-rour. QüeUe teçon crueltè pour ' eu'x , fi, pou'vanc:d'ittinguer
~ie.ntôt & I:ur Eere & leur rnere, i}s ne voyaient entr~~u~ que
d,e l'éroi,gnemem , de la haine- & un~ diviGon perpétu ~lie' qu i,
VILLECROSE, Avocàt.
~es ferolt ceffer ,d'êr re ce qu'ils furent autrefois quand ils leur
donnt'ren~ la vie t M'ais quel fpwkcle_(ublime fi' , (réJ,~is to~s
e.n~embrè ~ nous pouvons nous confondre dan;Jles tra~rports dé1
d e :concert
' , un
hCleux de la tendreiTe & de t'amo"r
" , & b emr
Juge~ent qui rend au x uns un Époux tendre ou une É'poùfe-
~;uloree, & aux autres les auteurs bienfaifans de leur exiHence. ,
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OBSERVA'
. T IONS
POUR LE COMTE DE MIRABEAUr
) Dieu veuille nous rejoindre bientôt; car nous ,
» ne fommes pas faits pour être féparés.
Letlre de M adame la Comleffé de Mirabedu ' a Jon M-tri>
qui ne ra jamais revue depuis fa date. ( 15 août 1774)'
,
.
M
! ADEMOISELLE de Marignane épou[a-Ie n ·de juin
177 2 le Comte de Mirabeau; & tout le monde
[ait éans cette Province fi "et époux n'é toit pas de [on
!
t
choix.
Ell~ donna le jDur le 8 oétobre I773'. à klll fil~ 'g-ù'elre
nourrit.
'
.
. 1 • , •
l
En 1774 les [ymptômes â'urre Jlouvelle gr~ireffe diEparurent au milieu d'un rhume violent'.
Le 23 oétobre de la même année 1774, Madame là
Comteffe dé Mirabeau partit pOUf Paris à la priel'e de
A
--
,
•
•
�z
{on Jl!ari é\1in d'y prévenir fon beau-pere l>< fa famille -'
fur les fuites d'une affaire bifarre & ~alheureufe, tOUtà-fait etrangere à Madame de Mirabea.u , dans laquelle
fOI1 mari fe trouva engagé par un fenument honnête Be
une démarche impruqenteDepuis cette ép?que !'1adame 'de ~irabeau ne. l'a ja~ais revu. (Le fa~t.eft lDcontenable &. de notorlété puMique ). Or, VOlél de nombreux fragmens des lettres
qu'elle lui écrivoit , & de fa route, & de la maifon de
fon beau-pere, où, pendant dix-huit mOls, elle a reçu les
marques d'amitié les plus foutenues, où toujours elle téInoiana p ur foru ma:ri un vive tendreire. On tranfcrÎt ces
Ie.Hr~s <IVe!> d1aatanr. p us.'· de confiance ., qu'elles fOnt
honorables aux deux époux, chofe au moins infiniment
rare.- au milieu de tels déba"ts.
r
•
Mardi 23,
)) Je pars enfin, mon ami ;. ne me gronde pas; car
»' j'airêF.affé hier ' la pkls tdft~ journée q\)è j'ai.e jamais eue.
.' » M . d€ , *~t }l1'a EU !)le prêter [a chaife: ie n'avois plus
» que cette reirource; car j'ai demandé à tout Je monde,
)-) de ma connqi{fance ou non. J'ai écrit aux uns, fait
» parler aux autres. Enfin j'ai été réduite à en louer une ....
), "7\~teu~ ar~. Je volis regrette tous, tous les jours
» davantage. Mille complimens. Je t'embraire, mon bon
) ami. J'ai écrit à t.a Cœur i écris moi vite.
3-
.,.' a {li'
rette bien à prt!fent tous les ,~omens q~e, ~ al"p es
)) reg ). d
'Si J"en ' avois un a l'réCent" Je J:empIOY,e-
aupn:;s e tOl.
•
'ai fait
'
,
)) rois mieux que Je Il IRAB;AU N'A JAMAIS. ,REvu SON.
ET MADAME DE M
l
li.
MARI DEPUIS QU'ELLE ÉCRIVOIT CETT.t: LE.TT ~.
»
.
De ' Lyon '25, aO\Jt 1774
~
» Je viens d'écrire 'à ton pe:e ,(a~ .mle~ Il~ ~:~ser~~
» à préfent c'eft ton toUl: - •••• » , ulv~n (
Bi non
voyage). » Tu aurois du penfer ~ m y
?u '1 g!Ii 1~
e Marquis de Mlrabeau ou 1 pa e a
1 M. l
terre (e
ç', aur~lt. é'te un gr~n d
belle faifon ) adreffe: une lett~e..»
» confortatif pout mon üne. Je [UlS tflne ,mo~ o,n
. Je Cuis déJ'a l'aire d~ -ne voir que rdes. gens que J~
» amI.
'
1 ' té ' , 01
» ne connois pas, & qui ne prennent nu lnre~ a ~ •
)) Je touche' quafi encore à la Proven;:e, &..Je la ,re~
dé'a
du ,moÎ-ns les. -üeux. 'lu/tu . llabues. DIeu
» grell e • ' : J ' , ,
1·
C
» vèuille nous rejoll1dre bumtot--, car- nouS ne omme.s pas
)} faits pOUt être' fép,~.~és. <)A1dieu , ln-0n. tendre amI. Je
» t'embrafl'e de tout mOÀ' cœijr.
'".~
\ l
"
ET MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DE~
PUIS QU'ELLE ÉCRIVOiT CET'tE LÈTTRE , CE MARI DONT
ELLE N'EST PAS FAITE P.()tJR -~ El'RE- SÉPARÉE; E~ PONT
ON ASSURE ' QU'ELI,~ ' VEUT 'lt;mE -SÉ.PARÉlE.'
-~ ,
,A
Que Ji hm préten~f,) ê6fiill1ie '~~' fJttérëifés le r~~ndent,
D'Aix le Lundi matin.
» Tu n'auras rien compris à ma lettre d'hier, mon
» ~n ,ami, .J'étais fi troublée que je ne [~vois ce que je
» fauois •• _.. (détails relatifs au dépàrt & à l'affaire du
Comfê de Mirabeau, au milieu defquels elle l'ap,pelle
mon bon Allge). » J'embraire ces Dames de tout mon
») vœur, & te recommande, ainfi qu'à toi, mon pauvre
) gogo., CfoJ1fils),_ Aq.ie~" mon ,bon lX ~el!dre ami. Je
,
flue ·les expfeffioAS' de laé.tendl'efi'e de- ~adame de Mml~eau
n'étoiet1t que l'aéle de généFOfité , d urre femme qm ne
n ll~mafquèra
veut · ~as -})'ldfer un 'ép~~x ' =t.nat~~l'eüx
qlie ' cette ' ~ettre -du 25 ' arn1t,; é~n~e tllO'l? Joo~~piè le
départ: de · Ma-dame:tde . Miiahe-àù,J& FJu5 '~n nfiU)]SlaV~rlI
la détention de [on mari, n'eft pas ütfO'eptib1é de r cctte
explication of;E.cieufe ..do~t au r~fte o~ appréciera la va~
leur en. lifant les letfl'es. fuivàntes. - ~
:.: _
~
11 _',
Iii" arr '-' .l\~ii:·' ~~
J c:
- -"
�•
4
5
'Tu n'as pas befoin que je te dire, que
rabeau ) )~ .. ~ . .'
e fera J'amais rien auprès du tien,
on necellaue ne m
,
cl
» m
"ai & aurai t'appartient comme e
» & q,ue' todut ;~ que J Mon beau _pere me cita l'autre
droit & e laIt... . .
,
fi
)} ,
'
1
'[ons
qu'il
me
donnolt
pour
re
er
arm 1
l . es lralnéceffité d'être ton Avocate. Celle,JI Jour,' Pd
) aupres e U1, a
'fai
'
il
ne
fe
plaint
de
ta
tete
qu
en
•
'
e
plut
J') Ja m · · · · · · ·
.
,
bl
ur
[ant l'élo e de ton cœur. Enfin, il ,m a~ca ,e. po
;; mon cQl!pte d'amitiés; & il efi fûr qu on, ne tr~lte pas
Il ainu la femme d'un fils dont on ne veut nen faire .• is'
}) Je ne fçais quels ar~angeme~~ prendr~ pourr. ~on L~ ~
» Vois, mon bon amI, ce .qu Il t; plaIra ' de aire;
In
» tention de mon beau-pere efi cl envoyer q~elqu un de
) confiance d'ici pour ie prendre • . • . SaVOIr. . . .. ft
Il tu veux le confier à quelqu'un pour l'amene~ , ou ft
tu veux attendre qu'il [oit fevré ,& nous Je fenons alors
:: venir; car, à te dire vrai, je crois que fi nous nous,
)) conduifons bien l'un & l'autre,,' la Provence n.e nous
" fera plus grand chofe." " Apres ~ela,. mo~ amI, ,pour
) peu que LU penfes qu, J' te puijfe ure nec1Jal,re,' uttle ou
Il agréa61e, écris.- moi. & je YOler~L avec ,gla,nde J0Le , quelqu. e
» part que LU folS. Je IZe te jerat pas ',Je t affure, .de facr~
)) fieu ; car malgré tO\:lS les bons ~raltemen~ qu; Je r;çols
)) ici je ne m'accoutume pas; Je ne pUIS m empecher
» de 'penfer que je fuis ici étrangere, & ne tenant à rieR
)) par le cœur. De forte que je cherche toujours fans
» jamais trouver.
•
•
)
" De Montargis 30 ' aoCrt.
'}) !Je luis (arrivée 1 hier grand matin, mon bon ami .. , .
(Détails des attentions de la faniille du Comte de Mira.
beau qui 'avoit été au devant d'eUe.) » Adieu , Mon
» ami; je t'embra{fe.
Du Bignon JI.
( Détails DOOlell::iqtles, - il1utJles à communiquer au public ,.& quLprouveront, fi !lon s'obfiirte ,à cOhtinuer ce
trifie procès, que le plus vif deur de Madame de Mi.
rabeau étoit de revenir en Provence auprès de fon mari,
& de lui' ramener fon exceIIent oncle. )
(
A
.
Du Bignon ,3 feptembre 1774.
, : )) J'ai enfin vu mon Beau-pere j mon bon ami; ) ( Il
étoit aux eaux lor[que Madame de Mirabeau arriva chez
lui.) )) ..• Il ,m 'a propofé de refier auprès de lui le tems
]) que, tout ceci durera'. Sachant tes intentiol}s fur cet arti» , cle, je n'ai POto.t r.efu[é: mais tu ' [çais, mon bon a!l1 i ,
» qùe je fii. 1(iU}(l.YlS tds,.·i;lifPoJée, q te. fuivTe, ou , 4 l'allu'
» trouver en queLque lieu J fj~e. c~ {'où, & avec un, grande
» joie. je l'affure. »
l
'
ET MADAME DE . M;lItABEAU N'A lAMAIS REVU, DEEUIS QU'ELLE tCRIVPIT, CE,' Tl;E LETTRE, CE MARI D9NT
ON PRÉTEND" QU':ELL.E 'YJWT ~ETRE Sf;P .AR~E.
__ ,
» Il-m'a edit <ly'il n'y aYQit pas d'autre parti à prendre
que de -te foufiraire à la Jufiice. (C'étoiten 1774). J,
lui ai Plop~fé de te févr" & il m:a dit que cela ne
Jeroitnpas ' déc~!1t. II .!1e çe{fe ,de .nlf! répéter ;, lui 8ç
t,QI4~ le$! aùtr~~) que' ,je fl!is içi çhll,z ~oi • , . " Adi~~ ,
» 0101} bttn r <uni:; . j~ ;t3a!me .g~ ' tout f;mon: çœur, &_t'ef11» lbraife de;1même.
,
,
•
»
»
»
)
0
' .
,
, ET MADAME DE MIRABEAU .N'A. . 1AMAIS REY'U, DEPUIS QU'ELLE ÉCRIVOIT .CE'I:1lE LET1'RE , CE MARI
DONT ON PRÉTEND QU'ELi~ VEUT ETRE sÉP 4-RÉÉ.
'\
,
t'
[
.• Mercredi au foir ,,6, fçpte~bre Ii774.
(Détails ~itfès - honorables fur l'affaire de M. de Mi~
,
,
-
,
•
.
~
•
..
-
J
Du Bignon Il Septembre 1774. _
'f) Tous mes efforts ont été inutiles, mon tendre amI"
li &je n'ai pu te fauver le coup qui m'accable,» (l'ordre du Roi qui envoyoit le Comte de l)1irabeau au .
,
....
•
1
{
�7
les ordres que tu me donneras. Adieu mon tendr~
» ami, je t'en:braife d~ tout mon cœur. Eçris moi,
» car je fuis bien en pellle &. j'ai bien befoin de- ce fou-
lJ
6
Château-d'11f j; » ton ' onc'l e & (on pere m'ont afii
» qu'il n'eût pas été en leur pouvoir d'empêcher le Gouvuré
» nement de te punir de la rupture de ton ban 8{ ~rl.
» n, ont r.'
laIt, d u mOllls
ton pere, que s"approprier pIS
}) leur demande, plus de droit de t'en tirer_ To~ oar
'aIallure
r . ' qu "1
fi'
l
Il·
» cern
1 s en erment , es. plaltres dans tres.
l
» peu de tems. T,on., pere .a ffefre tOtlJ?UfS. beaucoup de
» colere contre tOI; Je crors, pour prevemr mes impor_
» tunités. Tu penfe. bien qne cela ne l'en foulagera pa~
» davantag.e. Je fUIS dans la plus profonde trifieife de» puis qu'on m'a apris que les Minifires avoient expe») dié l'ordre; car il n'a pas paITé par ici; &. ils *
» étaient infiruits même du décret quand mon beau» pere a écrit. TI:! ne me fors * pas un il1fl:ant de l'i.
n déc,. dans l'état affreux où te mettra cet ordre. Les
» larmes' couleI;1t de mes yeux dès que je fuis feule ou
» qu'on parle de toi. Tes lettres font encore pour moi
» un fujet d'atte~ldriifement ••~ • • Au refte, mOIl bon
)) ami" j,e fuis ici parce que .tu, m'y tiens. Du momen~
» ou LU n;e ,defzreras, lU Il' as qll ~ èi farler & je vo'~/ai . , , '.
)) On f i a' dit que la regle étoIt, que les pnfonniers,
») d'Etat ne
recevoient point de lettres ; mais 'qu'on
» avoir ~emandé per~iffion poel" que tu puiifes être
» en comm~tce de' lettres avec. moi. Mon bea~-perè élI
» vo~Iu eXiger ma parole que je ne me' char.gerois
» .polllr d'aucune lettre. Je l'ai,' refufé net, difant que
» Je ~e, pou vois pas la tenir, ne' pouvant ni ne vou» la nt nen fe fefufer • -.•. Adieu, mon bon ami, Or·
» dO,nné'. de moi. Quand- j'aurai : de l'argent il fera ~
)<)
to~ ~ alnÎ! que t01:!te ma perfonne. Conferve ta fanté,
» fOlgl1e-la, &. c.ompte fur mon zele pour exécuter tous.
l>
lagement.
ET
MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU SON
MARI DHUIS QU'ELLE ÉCRIVOIT CETTE LETTRE.
A
, ,
{~) Ce,s mots ont' été enl~vés par un éclat de cire; mais il ea im·
pofEble d -en fublbnrer cr.ui intmer!iifent le fens de la l'hra{e.
•
Au Bignon 22 feptembre 1774·
» Tu me dis ., .. que je t' annonce avec l'air. le plus
l> tranquille que tu feras enfermé . .J~ t'aifur~, mO,n
II tendre ami, qu'une pareille tranqUllhté efi bien lom
)) de moi. Mais fouviens-toi combien tu m'as recommar:·
» dé dans ta premiere lettre de ne pas m'effrayer dt:
» quelques mois de Citadelle. J'ai cru devoir te diffimu~
» 1er tout ce qu'il m'en coûtoit; mais tous ceux qUl
» font ici, &. qui oM vu mes pleurs &. mes inquietu» des continuelles, pourroient t'affurer que je n'ai pas
» été fi brave que tu fembles le croire, . . .. Je t'em») braife mille &. mille fois, mon bon ami.
Au Bignon le 26 feptembr e 1774·
» On m'en apporta une (lettre) de ma mere, &. point
» de toi. Le courrier d'auparavant une de mon pere,
» &. point de toi non plùs. Serois-tu malade, m on bon
» ami? Voilà ce qui me tourmente. Je me fais fans
» ceife des images plus ailligeantes les unes que les
)) autre~' ; &. mon imagination me les perfuade au point
» que J'en fuis tourmentée à l'excès. Mon bon ami,
» la fe~le efpérance de te tirer promtement de la trifie
.» firu?'tlon _où tu ' te trouves _, ple la fait fupporter.
» MaiS éCrIS moi exaétement fi tu veux me rendre un
» pev de tranquiI1ité. Mànde moi comme tu es ce
,
'
» que tu veux que Je faife &. que je' dife .•••• La bile
,» me fuffoque à un point furprenant. Mais c'efi là ce
» qui m'.occupe le moins. Je ne puis _que fonger à toi
�-8
» Be à mon pauvre enfant dont je fens rudement la '
» vation. Eft-il poffible que nous foyions ainG fép~~'
» les trois. Cette idée me, navre le cœur & remplit ~ S
» yeux de larmes. Mon tendre ami, prends Courage ~
D. efpere que nOlis I1'OUS rejoindrons bientôt & que nOliS
» j èl)tirons mieux le bonheur d'être enfemble. Adieu m el!
» bon & tendre ami .... Je t'embraffe mille & . milI~ fo~:
ET MADAME DE MIRAB[AU, N'A JAMAIS ' REVU'
DEPUIS QU'ELLE ÉCIHVOIT CETTE LETTRE, CE M
'ARr
DONT ON PRÉTEND QU'ELLE VEUT ETRE SÉPARÉE.
»
))
l>
»
Au Bignon le' 29 Septembre.
» Que ne RUls'Je mêler mes larmes avec les tiennes
mon pauvre tendre ami! Je n'ai pas befoin de te dir~
combien ta lettre m'en a fart verfer. Tu connCùis afi'ez
mon cœur & mon tendre attachement pour toi pour
juger de l'effet qu'elle a produit fur moi. Tu as été
trifte en paffant à Peyrolles. , Il femble que ce foit
un effet ,de la fympathie qui nous unit; car le tems
que j'y paffai en allant à Aix, fut auffi bien cruel
pour moi. Efl' tout, jama'is féparation ne m'a tanr
coûté q.ue celle -là. A prUent, 1110n bon ami, ne .
J" al·11 e, &
J';
m'y
' rendrai tout de fuite,
,
.»,
d' tre volonté que les tIennes.
; ~) n aYM:D:~E DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DE4
ET U'ELLE ECRIVOIT CETTE LETTRE, LE MARI
PUIS Q
TEND QU'ELLE VEUT ETRE SEP ARÉE.
DONT ON PRE
1 tt une
. fi l'on veut trouver dans cette m~me e, re
- Que 1
d la douce familiarité qUl regnolt entre
autre preuve e
,
ces deux époux, qu'on life ce badl~age..
.
» . . . . Quant aux autres polIffonner~es,,Je, vou~
~) rie de croire, Monfleur le Comte, que Je fUIS a pré
,» ~ent une Demoifelle trop chafie pou,r les entendre.
» J'ignore abfolument , ce langage. AdIeu, mon bO,n
» Ange. Je t'aime toujours de tout mon cœur, & Je
u voudrois bien te le prouver.
tu "eux que
A
»
» penfons p lus qu'aux moyens de nous rejo indre •• •. Il eft
» effentiel de faire dire du bien de toi par le Comman.
» dant. AinG., 1110n bon ange, ufe de cette magie qUte
» tu pofféde fi bien quand tu veux enchallter qu.elqu'un.
Le COl11te de Mirabeau eft trop bien payé pour ne
pas fe croire bien favant dans cette magie; m ais nOlis
ne pouvons que répéter·: Voilà ce que M adame de Mi.
. rabeau écrivoit en 1774, A SON MARI QU'ELLE N'A JA.
~AlS REVU DEPUIS •.
Du Bignon 10 oLtobre 1774·
. Je ne f,çais fi l'e t'ai mandé que mon pere m'a
» • ••
. . d
-1> fair offr,ir fi je voulois aller le J0In re au cas que ce
» féjour m'ennuyât. J',ai f~i~ rép?,fldre que dans ce , mo:
» ment-ci tu me VOUIOlS 'CI Jufqu a ce que tu fuffes hbr~,
» ce qlle j'efpérois qui feroit bien~ôt ~ qu'apr~s- cela Je
» ne favois quelle feroit notre hal>1tatlon. AdIeu, mon
).) bon Ange, penfe quelquefois à ton Emilie. Je t'affure
» que je n'ai d'occupation agréa~le que, celle de. penfer
» à toi. Une circonfiance finguhere, c eft que Je mets
» une grande affiduité à mon ouvrage pour pouvoir rê» ver en repos Be fans en avoir l'air.
ET MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DEPUIS QU'ELLE ÉCRIVOIT CETTE LETTRE, LE MARI DONT
ON PRÉTEND QU'ELLE VEUT ET RE SÉPARÉE.
Du Bignon' te 7 Ofrobre.
» .-.••
à mon féjour à 'Paris, tu fçais , man
~ cher amI, que c'eft toi qui m'y as envoyé. Du ma·
l> me!J(, où. je t'y dé plairai tu· n~as- qu'à me mander GU
tlX
Au Bignon le 13 oLtohre- 1774.
)') Je n'ai reçu ce courrier ci , mon ami, que ta lettre
» du 18. Le délai dont tu te plains eH jufiement celni
' }) que je t'ai expliqué dans ma derniere lettre. Tu es bien
)1
»
»
»
9
l1.ant
B
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»
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(J.
jj
.,
" ment que
lU
me demanderas.
ET MADAME nE MIRABEAU N'A JAMAIS VU , DEPUIS
QU'ELLE ÉCRIVOIT CETTE LETTRE, LE MARI DONT ON
PRÉTEND QU'ELLE VEUT ETRE SÉPARÉE.
_
.,)
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»
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'»
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»
"
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b
tendre am.oUf, je t'embrà1re <Te t..out mon
"nion on ~
1
œur. Quand fera.c,e tout de bon.
,
J) c.r:
"
de
farce
d'
.J.prit que tO~ dans le malh~UI"
P e'J onne Il a pJUs
<Jf,
l l'h
Cette phra[e efi très-remarquable. C efi ,( ~
~mme, qu~
'nt fi fougueux, que la femme q~l Jufqu alors avo}t
l 'on p
ell A
dIt que perÎonne n a
été la compagne de fon ~a etre,
!'
LIIS de force d'eJprit gue lm dans le malhfllr. SeroIt-c~ da~_!i
PI b
h r que l'homme qui a tant de force d efpnt
e on eu
1 "[; fi
c tt-fi
au milieu de l'infortune , auroit ma ,traIte, La, e~me ., e
Co
q i ne l'a J'amais revu depuiS qu e e eCflVOlt ceue
~cmme u
! '
'
f. '
i 1
lwre, fi que l' Oll prétend vou Olr , en ure J epar e .
'bon
mol1 doux ami, de t'inquiéter au fujet de '!ll<l
fant/: elle efi bonne à préfent. Mais comme je touf.
(ois fort au commencement , mon beau-pere fit venir
un· Méde<;in de Montargis, nommé Trzofon, qui m'ordonna des bains pendant trois femaines, des veffica_
toires pendant ce tems-là St des médeci,nes. J n'ai rien
7
f ..it. de tout cela, & me porte affez bien, a un peu
de bile près, que je c:ompte diffiper. avec un ,peu de
firop de chicorée à la rhubarbe, & une petite mé.
decine. _ •.• Pour " qui efl de mon fijour ici, je te
répete ce qiU je t'ai déja ,dit: j e Juis Il us ordres au mo-
Au Bignon 18 oélobre 1774.
(Détails .domefiiques & pécuniaire~.))"", ~on pau·
"re petit goo-o ,( [on fils) comme 11 ~Olt aVOIr pns de
1:)
,
•
' me
la conhoiifance
depuis que Je
ne l" al vu.1 A u ffi1 Je
,promets ut;1e bien grande joie la premiere fois que je
[erai aifez heureu[e pour l'embraffer•. En tout, outre
les .raÎfo.ns plus .que fuffifantes que j'ai pour [ouhaiter
de revoir la Provence, je fens que je l'aime miel)x
que ce pays-.ci i & ce qui ,te par?îtra, fil1guli~r, je
n'ai nuIJe . curiofité pour Pans, mm qUl en aVOIS tant
autrefois .••. Adieu, je t'embraife de tout mon cœur.
Du Bignon le 24 ofrobre 1774..
) .... Je veux te tenir au fil de -toutes mes aéhoDs
» pour n'en faire aucune qui te déplaife. Ainfi, du ~10'
» ment gue je ferai à Paris, je te manderai rout ce qUI fe
~» paitera. J'ai été frappée ~ mon ami, de la patience avec
. » laquelle tu prends ta trifie {ituation. Perfonne n'a p!us
.1)..,de.. t;olce d'efp~ü_ .gue t9i dans 4e mal.heur...•. Adieu
L..
Du Bignon le 25 oélobre I77~.
Mon cher ami j'avois bien penfé que tu fero~s · fou» ~)a(1é en apprel1a~t qu'on ne lai{foit pas le. public clans
l 'I,bdée que tu euifes mérité un décret de prIfe de corps.
»
'
» Ton pere m'a pro~is pofitiv:ment qu "
1 ln' en re fi ero.a
)) pas ' traee. Je 11~ fms encore rIen de plus que ~e qU,e Je
» t'ai 'mandé dans mes précédentes lettres. Tu Imagines
» bien que je ferai à l'afftlt des prerilieres nouvelles pour
» te les mander. Quant à ce qui -eft de retourner en Pro" vence, je l'ai dit. mon. amï, & je te répele que je Juis
i, a lU ordres, & que du mommt où je te déplairai ici,
» j'irai où lU voudras • •• '. Pour répondre à l'article de
» la Citadelle , je te dirai , mon ami, que quoique tu
» me manda{fes dans ta- pr~i~re lettre que tu t"y at» tendois, je n'en ai- pas m0iri·s f-ait mon poffible de tou» tes les m-anieres pour l'empêcher. Jete jure, mon
» ami, que cette ti,gu~\:Ir m'a coûté, 85. me coûte certaine» ment bien plus qu'à toi. Airrfi , mon bon ami, je me
)l flatte que tu' me èOlmois trop bien pour mé croire ca» pable d'avoir pris mon parci fU'r ce que tu paroi{fois
)l . voir cet- événement avec fermeté-.
Je fuis encore bien
») perfuadée que tu ne me fais pas le tort d'imag-iner qtle
l) tes charmes de Paris, comme ' me mande )I->t}t aient quel-:
B ij
-"•
-'--
�1'2
}} que pouvoi'r (ur moi. Pr~miéren:,ent ; .rien n'eil moins
» felon mon .goût que la VI~ que J'y vais ~ener; car tu
J) fais bien que je veux avoir
la hb~rté daller par· tout
» pour jouir voluptueufement du plalur d~ n'aller nulle
J) ' part, que je tr.ouve. délici.eux par la
ra.lfon que. c'ell:
» mon goût que Je fUIs. Mais tu penCes bien. que Je ne
» trouve pas ma fituation fort agréable à traîner à Paris.....
» Je n'ai point de nouvelles de mon pauvre enfant. Hé» las! mail ami, depuis que tu ne m'cn donnes plus, elles
» font bien rares; mais patience: il faut, comme tu dis,
» attendre le bon te ms , quand on efl dans le mauvais.
» Adieu, mon tendre ami, je t'embra{[e mille fois de
» tout mon cœur.
t
»
»
»
»
»
»
13
net froncl. Mais on ne s'en croit .pas moins le
~~~it ~e dire: c'efi bien l~i qui, efi le
mart de .Mad~me
alU ne l a pas revu depulS .qu elfe
7..
d 'l'
, . 't cette lettre' & ,'e fi bun lUI aollt on preten
qu e le
ecrLVOI
,:r
• . dl'
'Veut être /éparée. Que fi l'on trouve encore l~l e a genéroJùé qui ne veut pas écrafor ~n malheureu;; Il faut co.nvenir que cette génér?fité ferOlt un chef-d œuvre de dlCumulatioll bien gratuIte.
tefTè de Mirabeau
la C0 m 'JI'
j
,
De Paris 3 Novembre 1774·
» •••• ( Détail du voya~e du Bignon à Paris ) .• : •
l) J'eCpere que dans peu de Jours mo? papa,. ( fon. beaul) pere qui était incommodé), f~rtlra, & J'aurai alors
» mon tems à moi. Tu peux bien penfer, mon bon
» ami ~ que j'en emploirai une bonne partie à m'entre» tenir avec toi, & par ce moyen me tromper, au
» moins pour quelques momens , fur la diflance qui
» nous fépare.
ET MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DEPU IS QU'ELLE ECRIVOIT CETTE LETTRE, LE MARI DONT
ON PRETEND QU'ELLE VEUT ETRE SEPARÉE.
»
»
»
»
»
»
»
»
»
fi ft
Au Bignon 28 oétobr e 1774.
» Je reçois ta lettre du 1 5 oétobre, mon bon ami.
Il ferait inutile de te dire le plaifir qu'elle m'a fait. Tu
Juges bien que je n'en ai pas qui approche de celui
de voir ton amitié pour moi fe retracer dans tes lettres, étant malheureufement privée d'en jouir autrement pour ce moment-ci. J'irai à Paris avec moins
de repugnance, mon ami, puiCque tu es bien aiCe que
j'y aille. . . .. Les *** m'ont écrit; elles prétendent
qu~ c'efl la feconde fois. Je n'ai pourtant reçu que
cette lettre d'elles. Mon fils fe porte à merveille, à
ce qu'elles me difent. Il rit tout le jour & appelle
èontinuellement papo & marno. Je brûle véritablement
du defll" de le voir. Quand pourrai -je joindre fon
pauvre petit mufeau avec le nez froncé du papa, &
baifer tout cela en même te ms ? Mon ami, cette
image me tranCporte.
Le Comte de Mirabeau fçait depuis long-tems ce que
»
»
l)
»
»
»
l)
))
))
»
»
l)
»
»
,
•
A Paris 8 Novembre 1774·
)) Je vais reprendre mon train ordinaire, mon cher
ami, & répondre à tes lettres par ordre. J'en ai reçu
quatre depuis que je fuis ici, deux chaque courrier.
1°. Celle du 18. Tu te moques de ma cbafteté; à
la bonne heure: Je t'a{[ure que tout. le monde me
prend pour une Demoifelle. Donc. j{ faut que ma
chafteté foit bien étendue, puiCqu'elle perce en dehors. Voilà u ne preuve f:lns réplique. Je ne répondrai pas auffi gaiement au fecond article où tu te
'plains ,de ta fanté. :Ayes en fain , ,au nom -de Dièu,
mon tendre ami. Tache de brider ton imagination
qui eft chez toi ùne lame uCant fans cerre le fourreau
par tous les bouts, comme on dit. Quant à tes yeux,
point de conferves, je t'en prie: C'eft le moyen de
ruiner ta vue. Quant aux reproches, mon ami, je
�I4
• c:ol1viel1s que cemi que tu mè fais font hiell doux '
) .st proùvent ta ten~reffe non ton humeur.
'
Nous- ne ' favons pas (il l'on rendra, bien clair aux Ju~
ges & aux leéteurs que la gél'léroGte fa-lfe écrire de c
lhle par \me femme maltraitée au mari maltraitant:
. nous ne pouvons, que r épeter;
'
)
maLS
ET MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DRPUIS QU'ELLE ÉCRIVOIT CETTE LETTRE, LE MARI
DONT ON PRÉTEND QU'ELLE VEUT ETRE SÉPARÉE.
A Paris le 15 Novembre 1774.
» Th te plains certainement dans ce moment ci, mon
., cher ami (*); mais il faut ahfol~ment ql'le tu m'el("
) cufes pour ces commencemens ' Il dt exafrement vrai
}) que je n'ai pas le telns de me retourrner )) . . . . ( Les
nouvelles pl:Ù>liques ). . • • ) POlIr mOl, mOll bon ami
»- je t'av.oue que fi je c!.Oyois t'être ptus ' utjle al!! Châ~
»--teau-d'Hf qu'ici, certainement ce feroit avec ~r:and
» plaifir que je t'y joindrois. . . . Mon bon ami, tou.
» tes les fuis qû'il [e préf.etlte quelque amufement, l'idée
» de ta fJ,tlllatiofl m'empêche bieri d'en jouir. le œ
» 'pus: jamais m'a couper d'autre cho[e tOl!lt le tems de
» Ja Comé.qie; & j'éprol!lv.e bieo que je me goûterai
» de plaifirs.-que Jorfque :tn ies partageras avec moi. ~ ..
» Je ne répandrai à t014 para11ele de l':amitié que j'm pom:
» 'toi à celfe dj.ue.. fai pout lui, ( fan fi.ls ). autre chofe
» (inun ~qtl'il, eli' après toi ce que j'aime le mieux au
» mond:e. Adieu, mon ami; je ['embra:!re cle to.ut mon
l). cœur. . J '.
1..
.
•
. ~dteùl' ne 'V(D,li)S .froonez pas. !es yeux~ vous avez bien
m:' cli# rhielill-du mâri. de, Madame le Co:mteffe clie Mi·
.... ;,j"H;r
1
l"
\
("') Et en' effet, on prie d'e remarquer que res dates des ICI~es cl,
Mad:ame la C"'ffileife de Mirabeau commencent à s'éloigner.
•
15
. l'
, II •
rabeau dont il et1: ,q~en:ion: c'efllmn Ul, qu .e, e n a paz
ci ,"uis qu'elle eeTlYOle ceue lettre: & c eJ/ oml lui dont
revit e,
•
r.' '
on prétend qu'elle veut elre Jeparu.
De Paris 17 novembre 1774·
» •.•• Je t'ai répondu d'avance auiIi d~ns ~a p,re:" miere lettre [ur l'article de mon retour a AUI:. J at:
» tends ce que tu me ~iras fur .c.el~ •. :. ' P,,?ur ce q~a
1) eil: de la peine que Je me faIS d être a PariS [ans tOI,
il me [emble que c'eft une cho[e toute fimple, &
:: qu'une femme eft une efpece d'être amphibie 4 u.al\d
» elle eft fans [on mari, fans parens proches ?ans ce
» pays.ci, & avec des créanciers qui. vont m'arnver, ~
» qui ne me pefent pas peu .••. ' AdIeu, mon bon amI,
1) ménage toi; je t'embralfe de tout mon cœur.
De Paris ' 17 novemm-e 1774. (erreur de date~.
» •.•• A propos de ,dents, j'ai fait limer la mienne
, ) l ce matin; je l'ai fait à ton intention; car il me fembie
» que tu m'en avais (ouvent parlé; on prétend qu'elle n'eft
}) pas alfez limée: mais comme elle commençoit à me
» faire mal, je n'ai plus voulu qu'on y touchât, parce
» que je fçai bien des gens _qui 's'en font ' mal tro.uvés.
» J'ai fait auffi nétoyer mes dents. AinG, M. le Comte,
» vous n'avez qu'à revenir pour trouver une bouche
» bien ornée, c'eft-à-dire, moins mal qu'elle ne l'était.
» .... Adieu, mon bon & tendre ami, je t'aime &
) t'embralfe de tout mon cœur.
Seroit-ce encore là l'expreffio'l' d'une gén.éroGté qui
épargne les malheureux? Quoiqu'il en foit, MADAME
DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DE,PUIS QU'ELLE
ECRIVaIT CETTE LETTRE, CE MARI DONT ON PRETEND
QU'ELLE VEUT ETRE SEPARÉE.
�17
tr6
De Paris 1.1. novembre
"
4
, ffi '
( Cette . lettre répond d'ahord à quelques
qui décéloient de la jaloufie ).... » M ais !TIpre IOns
, Je
. liUlS
' b'len liure que ton bon cœur ' te fait
On ·cher
» amI,
d'
» des reproches du trouble que ,ta lettre a J'etté cl éJa
. . &
d
an~ le
» mien,
que ans un moment plus tranquille
» tendu plus de juftice à ton Emilie qui t'eH 1 tu as
d
c.hé··
P us tell\» re;nt a;ta fie que J,a~als" & dont les [entimens
» ~~~ ent
me ~re qu e e eprouve les rigueurs de
»
en~e . . . . f; ,anges ~Lle c~ux qui [ont affez tes
» tnnenus p~~r al~e fides .1Ovel?~lOnS , telles que tu me
» es as clm~n (i~es, . e ouoent tres-peu de l'effet que cela
» a pro Ult ur tOI, & que leur vrai but eft de
).) donner du chagrin; & ,à cela ils ont très-bien r fin::
','
eu l ,
» car a fIi' u~ém~nt, Je n en. aValS pas éprouyé de plus .vi~
» &. ne !TI y eto~s pas livrée d'auŒ bon cœur depuis ce~
(c lm. de notr~ [eparation ...•. , Mais non,
mon bon &
» ul1lque
amI
r _ n l'
.
.
f i ' ne veut pOInt me' chagriner'' lJJ
• magl'
» natIOn e ' vl\~e, elle l'egare :quelque fois & il en eft
)} la dllpe. CroIS, mon cher ami, qu'il s'en faut de
» beaucoup ~p:le tu defires autant ta liberté & ton ho » heu~ que J~ I.e fai.s moi·même. Cela feul m'occup~,
» & Je ne faIS Jamals un pas que je n'aie cet ohje~ en
» vue. Ton pere ~ft bien difp0[é. en ta fave ur. Il eft tems
» que tu. fOlS traité com:me [on enfant: encore un peu
» de. p~tIen~e &. cela arnvera .. ~e crois, mon bon amr,
» q.ue Je gaterots tout en te Jorgnant dans ce moment» Cl., parce que nous aurions l'air de nous méfier de
» lut & de vouloü:' donner des [cenes au public ' au lieu
» que tout le monde fait que' je fuis ici par ton ord~e & en
» attendant que tu ayes fubi la peine ' de la rupt~re de
~ ton ban • . ~ .• Si ... , (des détai.ls fur la [anté dll
o;.te de. MIrabeau qui était fort d~angée alors.) .• ·.
» ais ,écnre ,un mot par M. d'Allegre (le Commandant
d u Chateau-cl If) » pour que cela n'ait pas l'air d'un, jeu,
1:1
»
JO\le
'oué entre nouS, & tu me verras, comme de raHon;.
~ ~mpreffée à aller te prodiguer mes foins. Mais j'efpére
Ue mon tendre ami con[ervera fa fan ré, & fe fervira·
q
»
r.
r
'd ans tant
» dans cette occaJ!On
du courage qUI'1' a lerVl
» d'autres, & ne fera pas naufrage fi près du port.
Et c'eft cet homme dont le courage, au rapport de
[on époufe, l'a [ervi dans tant. d',occaû?ns, qui au~oit
maltraité cette épou[e! Ce [erOlt la le re[uIrat de fa jorce
J'efrit, de
courage, & la noble épreuve qui en auroit convaincu CETTE EPOUSE QU'ON PRETEND vOULOIR
EN ET RE SEPARÉE, QUOIQU'ELLE NE L'AIT JAMAIS RE~
VU DEPUIS QU'ELLE ECRIVOIT CETTE LETTRE.
Ion
De Paris %4 rrovemhre.
JI Un premier mouvement -de ' ta pa-rt 'ne m'a pas étoIT'» né, mon cher ami ; mais j'avoue que j'étois hien per) [uadée que ta juftice vien droit auffitôt à mon recours,
)) & que tu ne [erois pas long-tems à voir que je ne
) mérit~. pas un pareil traitement .. En_ effet t mon ami,
»exa.mI?e UA ~om~nt avec ~OI fi ' f quand .même je
) crOIraIS que c eil bIen te [enm que de t'aller ioindre
)). j'en aurais le pouvoir.
'
On n'examine point ici fi Madame Ja Comteffe de
Mirabeau avoit ou n'av oit pas Je pouvoir, ou s'il étoit
ou l:'étoit ~.as de fan devoir de fe rapprocher (*) de [on
man .lor[qu II la de~afl{:I~it ~ mais on. ob[erve, 10~ que l~
premIer germe de dlffentlment entre le mari & la femme
naît à l'occauon de la demande que l'époux fait de [on
époufe. 2,0. Que celui-là ne devoit pas prévoir les difficultés
. ('1- J Nou~ .dirons fo Tapp,rocher, parce q,u'auffi long-rems que le
Com'te de Mirabeau a rené au Chateau-d'If, il ne demandoit ~ fa
~ernm~ que de: leveni~ à Ai x. 'Yne foj~ en Franche· Comté , le Comte
';illMIf~beau (e. Ct.oyolt le dum de faue habiter il. [a femme la même
, • e ou 11 habltQIt.
•
,C
�18
de celle-ci, ' puifque dans vingt lettres -qu'il avoIt reçuei
d'elle rreuf -lui témoignoient formel1ement lit fans pro.
vocation le defir de le rejoindre, lit · la ferme réfolutioll
de le faire- à ton p'remier mot; réfolution qui n'a varié
qy'au moment ' où 1~ m~ri a c~u de~oir - accepter des
offres tant réitérées. Contmuons cl extraIre la lettre du 24
novembre.
» Je puis t'affur.er qye ta! feul· régies mes plaifirs ' Ou
)l mes peines de l'endroit où . tu es .. Ce . n'e~ . que feloll
» ce que contiennent tes lettres q~e Je fUIS tnfle ou gaie.
» Adieu, mon bon & tendre amI; ayes un peu plus de
» confiance en ton Emilie, lit fois [ur qu'il lIle feroit
" bien i~poffible de ~im~nuer rien des tendres [entimens
» que 'je te. dois, &: qui ne finiront qu'avec ma vi~.
~
~)
"
»
1>
»
»
i,
»
;,
1 -
•
De Paris 1 er • Décembre 1774.
n Je n'ai plus , reçu aucune de tes lettres, mon cher
ami, depùis celles qui m'ont cau[é tarit de chagrin;
Je t'avoue que ' je fuis en peine de ta fanté; & là
feule è+J.Ofe qui me raffure un peu, efl le Glence dé
Mo' d'Allegre qui ne manqueroit certainement pas de
no,us écrire fi tu érois malade. C'efi donc pour me
défeîperer que tu agis ainG, mon ami. Mais réfléchis
Uh, moment, & tu Verras fi je mérite ce ttaitement.
Je' ne .trains pas de m'en remettre à ton propre Tri~
buna!; rI ~' toujours été jufte pour moi.
JÈ N~ CRAINS PAS DE M'EN RE:METTItE A 'l'o'N' PRO~
PitE TRIBUNAL; IL A TOUJOURS, ÉTÉ JUSTE POUR MOI.
Que Cès paroles retentî!tent danS --l'oreifle des calomniat@ur.s, &. gla"en~ la voix dans les houGhes téméraires!
DIEU VEUILLE NOUS REJOINDRE ~I:E;NTOT, _CAR NQUS
NE SOMMES PAS FAITS POTJR ETR": SEPARÉS • • • • JE
NE CRAINS PAS DE M'EN REMETT'RE A TON PROPRE
,TRIBUNAL; IL A . T.OUJOURS ÉTÉ.. JUSTE POUR MOI.
Epoufe ~fiimable, mais timide, tendrè mai~ captive,
1'9
.
vous même avez tracés, Jugent le procks
ces ' mots
quer
us contraindre. L'ob[effion n'étouffera
el on Ole vo
.
,
auqu
.
oIes qui retentiront par - tout aux
point ces douces ~r urfuivrortt [ans ceife vos cruels
oreilles fen fibVIes , li po envoyée au tribunal que VOliS
. a' teurs ' ous erez r
,
. fi
III 19a
'.
q
é que toUJ' ours vous trouv-ates jU e,
même avez mvO u ,
é
& que toujout'S 'v ous trouvere.z gén reu~. ,
A Paris le 3 Décembre 17.74·
.
.
'
.
on
ami
que
tu
puŒes
foutemr
Je ne croyols pas, m
. ,
.
:uffi Ion ·tems le ton injufte que .tu :pren?s ave~ mOI,
t) Me conl~oilfant Comme tu ,le fais, tu, DOIS [.aVOIr q~e
..
, ft 'ni Paris ni les prétendllS plaüirs que " tu m y
)l ce n e ,
, l" m oilihilité pJo, fi
'fi s qyi ,m'y retiennent ~ mal? 1 P . "" ~ - .
" uppo e '1
'ttel' 1 0. Pa-l'ce qué ce 'ferOIç, ( crOIS.
1
œ .
., raie de e qUI.
'fi
cet
article)
qUIller
i1bfo
utnenf
tes
-allalres.
., mOl ur
,
'Jr"
r.
d lieu toH pere ne me 1ç.IHerolt certall1e» E. n '.... e c
on'
r
c
l'
dO'Jt
., ment pa s partir fans le conlentement
. .' d
.li ,mren,' - • .
"~l' '-"eçu un. ordre' de refie.r ;el"
ont J ~ , t~nvOl~ ~co~'J"" • .
.
•
• 1·
.. ,
(
'" pIe.
,.'
. fi'
" » D'ailleut s, ~ mon bOlh<;L~Thi ,) je me de[efpéfer~ls ' 1 Je
" ;royois qué tu euffes encore aITez de. tems a ~efier
" au Château·d'Iff, pour que ce fût la pell1e de faIre le
n voyage de deux cent li.eue,s., A.•pelpe mes ~ardes
» font-ellès arrivées. Ton ll1te·ntIPlJ, fbJ me les envoyan t n'étoit [urement has, Gùe je. repartiffe Gtôt. Aies
))
"
r
'd'
» ·un peu d~ pitié de mo.i oZ mon b~>n ami; oe ~e e.» chire pas le cœur à pIanu', & dalgne te fouvemr que
1) je n'ai jamais agi dans tes <Jff~ir:s qtle pour. c~ ~lIe
») j'ai cru être ) ton avantage: .SI Je · de man doIS ,a t ,al») lér J'oindre on cornmencetolt par fe pourvolr d un
~
• herolt.
' . • •
» ordre qui m'en
empec
"
Aujourd'hùi même, on menace de, ce,t ord~e, d~t-~J],
& fi le Comte de MIrabeau eft force d y crOIre , Il s .en
applaudira ~ car on ne profererait pas cette , menace 111·
décente fi l'on pouvoit compter fur un Arret: & nO\;l~
C ij
,
\'..
•
•
.
-
':110-
'
_ _ ."
�10
le difons hautement: Quiconque invoque l'arbitraire '
n'eft pas plus digne de la faveur des Tribunaux, qU~
d'y prendre place.
' .
" ••. Et enfuite cela retomberOit (ur mOl &. m'ôte_
,) rait tous les moyens d'abréger le tems de ton exil
~, Au refte ·, fi c'eft Paris qui te déplaît, tu ~l'as qu'à
" me dire quel eft le Couvent que tu veux que J'occupe
" &. je m'y rendrai, en demandant. feulement la permif:
" fion à mon pere comme de mOl.
Ainfi Madame la ComteiTe de Mirabeau méditait dans tous les tems, de {e (acrifier au défefpoir de n~
pouvoir altrer fes devoirs divers_
. » Je n'avois pas voulu te parler de cet ordre, de
) peur de te faire de la peine; mais je ne puis endu» rer tous les foupçons dont tu me charges, &. je te
" prie de croire que tu n'es pas celui des deux qui fent le
n plus viv,ment notre féparatioll.
Et voilà la femme à qui l'on ofe prêter le defir d'être fépar~e de (on. m~ri !
.
. " Ton pere a ajoute quelques mots au bout de l'or~
" dre, dont le feus eft que tu ne peux qu'approuver que
" je fois chez lui. Adieu mon ami i ne fois pas fâché
" contre moi. Je te jure, mon bon 8mi, que je ne t'ai" .mai jamais plus tendrement, &. que je n'eus jamais
" ta ni d'en·vie de te voir; mais l'impoŒbilité &. la rai.,. fon feules me retiennent. Je t'embraiTe de tout mon
" cœur.
II
(:onrulter que lui-même. Voici ce qu'il penfoit alors des
devoirs d'une époufe.
2.8 oél:obre 1714·
» Mon intention, ma fille ,eft que vous profitiez des
») offres obligeantes de M. votre heau - pere. Vous ne
1> pouvez être plus décemment nulle part que dans fa
maifon. Dans la facheufe circonftance où vo~s vous
")) trouvez vous devez ,au delaut
. c.
d e votre mar l , être
» fous la ~utele &. l'infpeél:ion de M. votre beau-pere.
» Vous me déplairiez fi vous imaginiez de cherch~r u~
» autre aCyle. Méritez les bontés que l'on vous y te~Ol
» gne, &. payez pour le moment à vous feule le trIbut
" de foin &. de devoir filial que vous devez en commun
» avec votre man.
..
.
. Eh bien! peut-on dire que M. le MarquIs de Mangnane prévît ou defirât alors la féparation de {on gendre
8< de fa fille? Son billet {enfé, noble &. décent, ne fuppofe-t-il pas leur c.onco~de? leur unité d'intérêts.&. de devoirs, leur prochatne reumon ? Par quel finguher hafard
M-le Marquis de Marignane, qui n'ignore pas que depuis
ce billet écrit, fa fille n'a jamais revu fon gendre, auroitil fi complétement changé de fentiment &. d'avis? Nous ne
le croyons point encore; nous le croyons au moins neu'"
tre: &. s'il (e trouvoit que nous nous fuffions trompés ,
nous mous garderions bien de lu.i imputer une <:ontradic-.
tion fi manifefie &. fi trifte.
ET MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DE'PlTIS <:!U'ELLE. ECRIV-OIT CETTE LETTRE, LE MARI
-DON'!' -O/Il PRETEND QU'ELLE VEUT ETRE SEP ARÉE.
Ma.is tra!lfcrivons cet ordre prétendu de M. le Mar<Guis de Marignane, qui peut avoir des préventions, de
. .j'humeur, parce qu'il n'eft pas donné à l'homme d'être
infaillible hi parfait; mais qu'on ne recufera jamais pour
it1ge en matiere . d'honneur &. de procédés, s'il ne veut
J
•
»
))
}}
»
l)
Paris 6 décembre 1774.
» Ta lettre m'a comblé de joie, mon bon &. tendre
ami, tu n'es donc plus mché contre moi, &. tu reconnois que je ne refpire jamais que je ne t'aye en vue •
Oui, mon ami, je n'ai pas à me revrother d'avoir
jamais fait la plus petite démarche depuis que je fuis
ici, que je n'aye pe'nfé à tes intérêt). Tu m'as rendu
�%J
u
•
• •
II.
'la VJl!~ , 'mon ange; car Je ne pou.vOIs ·etre .un ·moment
» en repos dans l'idée que tu étols faché contre moi
» en vérité fani que je l'euffe mérité. Comment as-tu p~
» me . foupçomler de ' faire quelque chofe pour mon plai» 'fir ? Tu me ,connois aiIt:z pour favoir que même par
'
» te,mpérament, je me r
lQUCle
peu d. e ce qu "on appelle
» s'amu.fer. D'ailleurs, mon bon ami,. comment as-tu
» pu croire q~le pareille raifon pût entrer en balance a\'ec
~) , to,i ? •••• Adieu, je t'embraffe mille fois, mOIl bon 8t
)J tendre ami.
.
J}
ET MADAME DE MIRABEAU N'A JAMAIS REVU, DEFUIS QU' ELLE ECIUVOIT CETTE LETTRE, LE MARI DONT
(l N PRET END QU ' ELL E VEUT ET RE SE-P ARÉE.
»
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II
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De Paris 15 décembre 1774.
» Je reçois en mê me tems, mon cher ami, ta lettre
du {J'rem rer décembre &. celle du 6. La premiere m'af·
flig,e ; j'y vois que tu te creu[es l'imagination pour te
donner du tourment &. me trouver des torts. Tu prétends ql1e j'élude; que je te dis des mots; que je me
fais fifler; du moins tu me le fais entendre, &c. '&e.
~fftlrémelJt, mon ami, fi j'étais capable de tout cela,
Je ne vau{:\rois guere la peine que tu t'en inq uiétaHes.
Mais non, mon bon &. tendre ami, je vais ' to ut droi~
mon chemin; je ' te rellds compte de ce q ue je [ais i,
j'examine toute la j O llrn~e quelle ef1: la co nd ui te qui
peut le plus te tourner à profit ; &. qua n-d je l'di cl ecouverte, je la fuis. Je ménage t out le mond e pour
t'en faire des Avocats, &. ju[qu'icî je dOlS leur rendre
la jufri~e qoe je n'ai pas be[oin de les preiTer. Au
tefte , Je te prie de croire très-fort .... q ue perfo nne
ne m'a jamais dié1é d'expreffio ns, parce que perfonne
~e s.'eft jamais douté de ce que je voulois t'écrire; S<
Je t'affure que j'ai été bien étonnée d'un pareil foup'
ç~n ,,: M.ais j'e[pere " mon bon ange, qu'a u moment
ou J aural le bonheur de t'envifager , ils feront t o US
•
» détruits; 8<. j'Qfe même t'affurer que li tu pouvois lire
" dans mon cœur, tu te reprocherais d'en pouvoir for» mer fur ma conduite & fur mon attachement pour toi.
» Crois-moi , mon ami ; comme je ne t'ai jamais perdu
)j de vue fi long-tems ,je' n'ai j~mais fi bien fenti le be ~
» foin indifpenfable que mon cœur il du tien. Jete vois
» d'ici rire de mali expreffion, & faire de mauvaife,s
" plaifanteries; mais je t'affure que tu as tort; c'eft pré)) cifém'e nt cela; mes fens font comme enfévelis ; il n'en
» eil pas queilion ; mais mon cœur me tourmente, 8<.
» je tombe malgré moi de temps en temps dans une efpece
» de langueur mélancolique qui me porte infenfibJement
» les larm'es aux yeux, [ans que je puiffe m'en emp ~:
) cher. Cela ne vient d'autre chofe que de la folitude
"., de mon cœur. J'étois accoutum ée à dire de temps en
) temps ce qui fe pafIoit dans mon ame; j'étois rore de
» trouver quelqu'un pour m'écouter dont les intérêt!,
» étoient les mêmes que les miens , & qui me témoil) g~oi~
q~elquefois de la tendreffe (pas toujours )'. J~
» fUIS Ifolee à préfent ; perfonne ne m'aime; car . qu'eil» ce que l'amitié raifonnée d'un beau-pere , belle-fœur,
» &c. q~and on eil accoutumée à des fentimens plus vifs?
» Je fUIS toute feule de ma bande, au'tre chofe fort
» défag:éabre; enfin, je fuis ici fans rien qui ait rapport
» à mOI, ni parens ni amis, pas même de connoiffance.
» Crois-tu que cette pofition n'ait pas fon amertume ?
» Je puis t'affu.rer que fi , mon ami, &. peut-ê tre plu~
» q,ue tu ne C~OIS. Cependant tous les gens raifonnables m è
t> di~ent , &. Je fens que c'eft la feule où je puiffe t'être
»utlle. . . • .
. .• . . .
..
Nous affefrons de donner ' prefque en entier les lettres
où l'o~ al'.perçoit quelques germes de divifion, afin qu'on.
ne putiTe, pas n?us imphlter de rien atténuer, &. que rOll
cherche a fon alfe dans les diffentimens du moment les traces des griefs anGiens, fi jamais Madame de Mirabeau eut à
.
1
.
�2.'5
-l4
eG articuler. Il efi évident ici que le mari était mécon;
lent, & fans examiner s'il avait ou n'avait pas ton d
l'être (examen dont nous. ne connoiffons le droit à per~
tonne quand le mari ne fe plaint pas,. & pour lequel
nous manquons de données); nous trouvons plus évident
encore que le fiyle doux & pénétrant de Madame de Mi.
rabeau annonce ici, comme dans toutes fes autres lettres.
plutôt une amante qu'une (pouf~, ET CEPENDANT ELL~
N'A JAMAIS REVU, DEPUIS QU ELLE ECRIVOIT AINSI
LE MARI DONT ON PRETEND QU'ELLE VEUT ETRE SE.~
J'ARÉE.
Paris 3 janvier 1775.
» Je ne reçois point dè lettre de toi, mon ami; je
}) ne pourrais t'exprimer à quel point tu m'affliges, de.
» puis que je ne reçois plus de tes nouvelles ,. il me
» femble que l'univers m'a abandonnée. Je ne vois plus
» pel fonne qui prenne un véritable intérêt à moi; celui
» qui fait partie d"e moi-même n'yen prend plus. Il ne
» fe foucie plus de la compagne de fes malheur.s, de la
}) mere de fan enfant, de celle qui tie trouve de plaillr
)-) qu'à s'entretenir de fui & de fan fils; qui ne foupire
» qu'a pres le moment ou elfe les verra l'un & l'autre.
» Tu es injufte envers moi, mon ami, je te le répéte;
») tu ne devrais pas me favoir mauvais
gré de ce que
» je ne fais pas ce qui n'eft pas en ma puiffance, ce
» qui te nuirait certainement, & de ce. que je m'attache
» feulement à tacher que tu re.c ouvres la liberté, après
» quoi tu difpoferas de fa mienne à. ton gré.
Eft-ce une amante, dl·ce une époufe qui tient ce
la~age? > C'eft ,une époufe QUI N'A J~MAIS REVU, DF.~
puIs
QU ELLE ECRIVOIT CETTE LETTRE. , LE MARL
DONT O~" PRETEND QU'ELLE VEUT ET RE SEPARÉE.
Le 25 janvier 1775,
(On voit que les dates s'éloig;nent beaucoup, & que
le:
•
le mari qu'on réftlfoit ?e re~oind~e, & qoi d'aillèurs n'b
toit pas dans une pOlluon bIen rIante., ne pouvait guere
en être efficacement confolé).
» Je commence par répondre à ton dernrer article
» de ta lettre du 14. Tu es fans doute fort étonné qu'a
}) ton imitation je ne' prenne pas le ,haut ton avec tor;
» Mais pour moi je penCe que cela n'eft boil' gue vis» à·vis tes indifférens, &. que- quand même on fuppofe
}) des torts à un autre (ai-même, comme on €ft toujours
» à peu pres fûr de l'intentÏ'on, ' & qu'il n'y auroit tout
» au p'lus ' que de la foibleffe à reprocher: or en ce ccrs
}) celut qui 'a tort eft le. plus à plaindr.e ;- l'autre doit
» donc chercher à le confaler. Ce n'eft pas le ca. où tu
» t'es trouvé envers moi, tes reproche8 n'ayant nul
» fondement, mais bi~n celui dans lequel je me trou» ve à ton égard; car je crois que tu c~>nviendras
}) avec moi que c'efi un tO&t de céder à un pre mie!;
» .[otlpçon qui nous vient fans rien appmfotJdir. Je
» te donne ma 'parole d'honneur que je n'ai. montré
». à . ton pere que les artiCles ofiemiibles que tu m'avais
» écrit à cette intention, & il Y a long-tems que je
» n'en ai reçu de pareils: Quand je dis à ton pere c'efin à-di-re, à qui que ce foit dans le monde'. Je ~e fuis
» informée quel était le contenu' de~ la lettre de tOQ
» pere à M. d' Alfe~re. J'ar vu. qe'il y parlait de ton
» frere. Il eft vrai que j'ai dit dans le tems à Madame
» du ~aiI1ant . ( la f~ur d~ Comte de Mrrabeau) que
» tu 1attendOls; malS non feulement tu: ne me l'avais
» pas, défendu' , mais tu Fas écrit toi· même à ton peré.
» D'atlleurs me voi}à c'orrigée~ Pour l'h:iftoi:e de ...... *
» s'il.la fai·t, ~e que j'ignore err vérité;' n'ayant pas
» e?,ne de le 1.u1 d.emand~l'· , comme tu penfes bien; ce
» neft ~as mOI qUi la. lUI aurai apprife , "puifque je l'j.
P. gijorOlS, le me fOUVlens encore d~avoir par.lé tout a
D
/
�'1.7
z6
n fait dans 'lés commehcemens des lettres de Mada
.,. >t >t. ;. malS
' (ce1a ne pOUVOIt
'~ ,
l) d e
te laIœ aucun to lUe
, pas empec
. h
'
rt,
» pUI'lique tu ne pOUVOIS
er qu on t'écriv'
»
~il~ ma confeffion la pl,us ~xaéte, & to,ut ce q~t~
) J ~I a me rep~o.clrer. Je te 'pr~e, mon aml, de me
l) dire fi cela merHe les d:Ure:tes dont tu m'accables im
~) pitoyablement; car je délie d'ell renfermer davantag'
)) dans fept lignes , . &. quij,fQient plus outrageantes fall~
,,_ me âonner la petite fatisfaéti.on de moti'V'er tes ~riefs
» Mais, mon bon ami, je fuis bien perC~adée que tu m~
) ren?s juftic~ da.ns ce moment. Je t'avoue même, mon
» aUll, que J étolS l fi l perIuadée que la premiere réfle.
1) xion fetoit en ma faveur, que j'ai attendu le courrier
» de Dimanche pour t'écrire, & que je- n'ai pas été peu
l) furpriCe de ne recevoir aucune de tes lettres. Affuré.
» ment je ne m'attendois pas que tu puifes jllmais me
) Coupçonner de trahiCon. Je n'ai voulu, en te faiCant
» part de l'ordre de mon pere, que te prouver l'im.
» p~iffance phyuque où je fuis dans ce moment - ci
)t d'aller te joindre, en te faifant voir la difpofition des
)) efprits. à cet égard. Je fuis fûre, mon ami, que je
.) gât~rols beauéonp tes affaires & les miennes fi je les
» obligeois d'uCer de.. violence à mOf! égard. Il me fem.
» ble qu'il vaut bien mieux travailler à te retirer d'où
l) tu .es , que de faire encore des éclats facheux qui ri'o·
» _péreroient rien du côté qui m'inréreffe véritablement.
» La lettre du 9 décelllbre m'avoit fait trop de plaifir'
. avec III confiance qui convient &'
» car tu m ,y par1OIS
» qUI: j'ofe dire que je mérite. Tu m'y 90nnois des nou·
l) velles détaillées cie notre pauvre enfunt. Il me fallait
» un rabat-joie comme ton dernier articte de la lettre
t) dy 14. Affurément je m'en ferais bien paffée" car je
p t'a{fu(e que l'effet qu'il a fait fur moi n'a été rien
n mOÎI~s qu:a~réable. Il y a à parier que telle était
!) tqn IntentIon; en ce cas elle a été bien remplie ••• ~
y
•
)) Adieu; mon cher ami,. je t'embra{fe d~ tout mon
Jt cœur.
'
.
On voit que Madame la Comt'e1lé de Mirabeat~ fe
plaignoit vivement de l'humeu~ ql:le lui témoign.oit fan
mari,. & que toute forte de clrconfiances excufOlent, fi
elles ne la juftifioient pas. N'étoit-çe pas le cas d'articuler
'lueIques .t:eproches à fo,n tOUf, ou du moins d'en appel1er -a1J~ anciennes injuftices de l'époux, & à la patience.
de l'époufe , s'il 'eût été poffible de le faire avec vérité?
Eh ' bien! nous trouvons au pojl fcriptum de cette même
lettre ces proFres mots :.
_,
,
Du 09;
'" Ma lettre n'a pas été à' tems à la pofle mardi : J~
" la rQuvre pOUf te faire mes plaintes fur tes procédés;.
" point de lettres de to.i ; tu comptes ' done ,. tout de
'" bon,. rolflpre avec moi fur un fi~.ple foupçon. Au:
" moins faut-il être fûr de quelque chofe pOUf penfer
' l à en punir; mtlis tu n'en feras pas quitte à fI.. boit
" marché. , Com.me tu · ne peux pas m'e.mpêcher de t'é,) crire, je nverti~ qlje 'tu feras aiTommé de mes lettres
" juCqu'à ce que tu teconnoHfes' ton erreu.1'.
_ ah 1 fi c'eft là la colere d'un: agneau, n'eft ce paseelle de J'agneau chéri & [Nr ~e l:être du -Ber~er quO
i
le boude. Au refu!, 1'!1adame de ,MIrabeau ne tint ma1he~~~u~e~ent- p',!s}a p~role; lk ~'" pti:miere "lettre- qu'elle.
écnvlt 3 . fort man, ap.fles celle-Cl 'eil à un mois de date..
J
.
, ' . I?e Paris u F évrier
: " .Ie ((,Jas au dtfe[poIr, mon am). Votre
»
"
»
"
"
~
1775.
pere a reçU!
DHnancb7 lJ~~ _ l.~t~~·e de ~arfeil1~ très - volumineufe~
~o~me rI .il)
eto.~, pas ~1.'1:and ~n l'aFporta f &; que
J~ VlS lC! tI~b~e ,.- j'efperai: q~' c'é.~it de .M. d'Ale;
gre, &. que Je. fau.rois ,par là de vos nouvelles. Mais:
~er~onne ne m a nen tlIt; au contraire,. on fe cache de
IllO J",. on chllch;otte;. lIlQn _onçl~ & . lllon beau-pere Ce-
r
Dij
,
�2g
;; parlent à l'o'reille &. Ce montrent !,eCpeélivement des 'let.
" tres. Je tremble qu~ vous ne fOylez. malade, mon cher
" ami. Au nom de Dieu, donnez - mOl de vos nouvelles.
t' vous ne favez pas les peines que. vous me caufez. J e m~
" fuis informée de Madame du Saillant ce que c'étoit que
" cette lettre; mais elle m'a répondu qu'elle n'en favoit
" rien non plus que, &.c, &.c. &.c. Ecrivez-moi au plutôt.
" je vous en conjure ies larmes aux yeux, s'il eft vrai
" que vous ayiez jamais eu la moindre amitié pour
"moi. V ous m'avez traitée bien durement, mon cher
" ami; vous avez eu le courage de m'adreffer troi~
" lettres fans un feul mot pour moi, qui, nonobfiant
" la défenfe que vous me faifiez de VOliS écrire, &. les
" chofes dures que vous me difiez" &. affurément bien
" injufiement, n'avois pas ceffé de vous écrire - &. de
" me juftifier ". ( C'eft efcamoter un peu leftement la
lacune d'un mois; mais nous fommes bien loin de chercher des . torts à Madame de Mirabeau qui depuis le 23
eél:obre 1774, eft beaucoup plutôt digne de commiféra~
tion que de . reproches ). » Adieu, mon bon . ami; je
" vous le demande à genoux; donnez - moi des nou" velles de mon fils, je vous en fupplie. Je vous em-,
" braffe de tout mon cœur.
On ne trouve plus ici les douces iàmiliarités de l'amour; mais c'en en toujours l'accent, la trifteffe &. les
uproches. Et l'on prétend que Madame de Mirabeau
veut être féparée du mari qu'elle aimoit ainfi au temps
où le l1:talheur &. les circonftances pouvoient le rendre
un peu trop févere; pour ne plus l'aimer lorfque fa
jeuneffe éprouvée &. - mûrie par tant de revers l'auroit
montré plus folide &. plus eftimable, fans lui ôter les
qualités qui le rendoient autrefois aimable aux yeux de
fon époufe?
A Paris 27 Avril 1775,
». Le ton de votre avant derni~l'e lettre, mon ,h~
2.9
ami m'avoit attérrée; fur-tout cette lettre; étan~ une
» ré ;n(e â une lettre à moi, ~ù tous les fentlme~s
)) p ,'e conferverai toute ma vie pour vous fe peI)) que 'ellt J'avoue que J'e fus embarraffée à y répon» <1nOI .
.
' d'
.
)) dre. J'avois pourtant pTiS le parti. a,:"Olr re~ours
laintes &. de tacher d'émOUVOIr votre anCIenne
)1 aux p ,
.
1t
)) tendreae pour moi, lorfque Je reçus enc?re une eon ~o.urage, m aband,onna ~J
)) tre de vous. Pour lors,
)) en voyant combien vou~ ~tes ~nJufte a mon egard,
1) &. je crois que je n'aurols Jamais eu la for,ce d.e vous
) écrire fi les çirconftances pré{entes ne m aVOlent Ull
l ,
.
C'
é
u
)) peu raffurée, &. ne m'avol~nt ~alt . prouver l:n mo .» vement de confolation que Je n aV?,I~ ~as f~ntI depUl,s
» long-tems à votre fujet. Co~me J etOIS . hI~r a~res ,a
» follicirer votre pere, comme a mon ordl11é\ue, Il ma
» .dit qu'enfin je; ferois fatisfaite, &. .qu'en attend.mt que
» la tournure de ,nos affaires permit davantage, vous.
» alliez être dans un endroit beaucoup plus convenable
» que le Château-d'Iff; &. que de plus il n'avoit donné
» aucun ordre contre votre îiberté , finon au Comman" da nt de répondre de vous jufqu'â nou . .'C1 ordre. En-'
» vain lui ai-je demandé le lieu que vous alliez han biter; il m'a feulement répondu que vous feriez plus
» à portée de moi, &. que vous m'en inftruiriez vous» même, ayant déformais pleine liberté d'écrire. Dai» gnez me donner bien vîte de vos nouvelles, mon
)) cher ami, &. croyez qu'il m'eft impoffible de refter
r; plus long - tems privée de votre -amitié &. de votre
» confiance qui · font ce qui m'intéreffe le plus au monde:
)) Dans l'état préfent, je ne puis m'empêcher de me
)') regarder comme une créature ifolée qui ne tient plusil à rien, &. que tout le monde abandonne: A peine
)) reçois-Je quelque fois des nouvelles de ma famille ...•'
» Ah! mon amI, croyez que je fuis plus à plaindre
» que ,vous ne le penfez, &. .q ue mon ame eft plus-
n:
- ---,
..
•
-;
�3'0
~ rem'plie de tri{l~{fe qu~ de to~te autre cholè. : : :
~) Adieu mon (eui & unt~ue a~l . .Rendez - moi VOtre
.) confiance; croyez, qu~ J:n . [UIS. dIgne: & fi vous nI!.
~) m'ayez pas tout a faIt oté votre tendreffe ~ daigne~
» renouer avec moi un commerce de lettres q1;li fai~
» toute ma con[ola-tion, en attendant un bonheur plus
l> grand.
'.
_.
On ne trouve point encore ici le plus léger germe dll.
deur d'une réparation ; on en démêle bien plutôt , Ce110US [emMe, la crainte dans cette renre. Cependant un~.
correfpondance tou~ours plus. ra,re, ~ne ig~o~an~e plus
profonde de ce qUI [e 'paffOlt a ParIS, algnffOlent le:
Comte de Mirabeau loin de le raffure!" ; mais qU'aIl.
iuge des difpoutions de Madame de Mira.beau par la
lettre [uivante,. l'anti-pénultieme de celles qu'elle ecrivit
alors à [on mari, & où le mécontentement paraît aU:
iomble des deux. parts..
.
.f.i
.
..
\.
PaflS 2 Jurn J775 ~
(
» Il ferait trop dur pour ~oi , Monyeur, de répon~:
» dre à tous les articles de votrË le,ure ,. comme vou~
» avez· fait . de la , mienne. Il "ft affell malheureux pou ..
ri moi· de les lire tracés de vot~e ItJain , [ans . Ies recopier:
" pour aioli dire, pour vous en faire [entit; l'injaftice. Vou~:
») n'ig/)orez pas gu'apres la ter.rible lettre ~qtÜ a commencé.
» la. djviuon: qui regne entre nous , }~. vous en ai écrit.
» au moins deux. [ans aucune réponfe de votre part. Il:
» eft· vrai que j'ai. ~efté. en[uite quelque tems de vous:
» écrire ,. voyant que je n'avançois r.ien. Je vous écrivis:
» ~pres cela ulle autre lettre, ~y~nt appris par Madam~,
)~ *** que vous vaus' plaigniez de moi .. Vous [avez queJl~~
>1 répoq[e. ,mortifiante je me fuis attir.ée. IJ en a élé .,deo
)' f!1ême toutes lt!s fois que depuis Jars j'ai ofé vous'
». écrire; ,,& je m'att ~nds bien cette fois-·ci que je ne,
III fel:a_
i..FiJI) mie.ux tJait~ :: mais n'im,Eorte, j;e .fuis ré.,:!
-
,
.
11
l> (olue à faIre 1110n dev.oir du mieux qu'il me.fera pom" hie, non feulement en veillant de t outes mes fO;C L'
» à vos intérêts, mais encore en vous en inftrui[ant réguliérement , quelques duretés que cela puifft: m'atti}) rer de votre part, jufqu'au moment ou vous vous
» déciderez ab[olum::nt à n'avoir plus rien de commun
,) avec moi, & que vous me défendrez de ~ous écrire; fi
» te He eft votre intention, je m'y réfignerai , quoiqu'il
»)' "m'en coûte. Je vous prierai feulement de m'avertir
t> d'avan<:e .....• pour que je tâche de Ille ménager un
" a[yle chez mon pere. . . . . •
.
1>
N'IGNOREZ PAS QU'A PRÉS LA TE'RRIBLE LETTR~
'QUI A COMMENCÉ LA DIVISION QUI REGNE ENTRE
NOUS ••••• C'eft donc une iettre , & une lettre du Comte
Vous
de 'M irabeau qui a commencé cette divifion. Aucun pro't:édé du mari au tems de la cohabitation n'a donc con"
tribué à cett? divifion. Je vous en ai écrit au moins deux
Jans allCftne répon(e de votre parr. Cette phra[e fournit au
Comte de Mirabeau la modification de la lettre du Z 2
février, où fOIl époure prerend n'avoir pas ceiP d'écrire Gde
Je j uJlifier.
• Encore ~ne fois, ,1OUS n'examin~ns point lequel de.s deux
epoux av Olt tort au tems dont nous extrayons la corre[pon~ance; fi tous de~x ne l'avoient pas; fi la pareffe l'il1~rtle, & de mauvaIS con[eils d'un côté
une fituation
vl,olen~e "& une imagination ardente de l?autre , ne cont~lbuo~ent pa,s par égale panie à ces mal-entendus qui
Il aurOlent eVldemment été qu'éphémeres, li l'ôn eût laiffé
les époux fe, rapprocher: mais nous demandons fi Madame . de ~Irabeau dans ces lettres où [on mécontentement. eft vIVement empreint , loin de provoquer la réparatIOn , ne la redoute pas. Or, Madame de Mirabeau
D,EPUIS ,QU'ELLE ECRIVOIT AINSI, N'A JAMAIS REV~
'L ÉPOUX DONT, ON PRÉTEND QU'ELLE
l'AStE.
VEUT ETRE sÉ
�Paris du 1 z juillet. .
Je n'-aurois pas, tardé un illftant à vous répondre '
.» MonGeur, fi j'avo~ été, airez heurelld[e pour ayoir, quel:
» que ch.o[e d'inté~ell~,n~ ~ vous man er ;, malS n aY,ant
" pas ce bonheur la, J al Jugé que vous ne vous [OUcliel
) guere de recevoir de mes leures ,. quand elles ne Con,
~>' tenoient rien qui pût vous taucher ( .: .. >. ( Maè·: IU~
!de Mirabeau ne fairoit qu'augurer , que JUGER. ; elI~
,
't dooc pas reçu ce qu'e1le appellolt dans la. précén aVOI
'
J" fi
.
dente une DEFENSE D'ECRIRE) .•, ••• » 0 e vous pner,
. M ' fie ur de rl1-e- Gonner de vos nouvelles un peu plus
n
on,
.
M' b
.
» en détail
(A bon drOit , M. de l~a eau auron pu
'r épliquer :, Je juge que vous lU VOlIS foUCU{ 9uer.e de rece,.
voir de mes lel/res ~ PUifqU8 VOliS n f} me ,;ep~nde{ pas).
» Vous ne fâvez pas à quel point elle.s ru mte.reirent. Je
. TOUS prie , de. me marquer auffi fi mes .lettres vous'
» ,
rh'
l
" ,
» [ont agréables ' " & , fi vous 10U altez' que. )e es renere
, plus Couvent ((. La pare{fe provoque éVIdemment ici
~e qu'on appelloit Elus haut la défe.n[e d~écrire. que . l'on
D'a iamais reçue.
«.
Alf Bigrron }-I- oel:obre· 1775.
) Je commence, Monfieur, par- vous faire des el..";
» cures de ne vous. avoir 'pas , plutôt donné de mes nuu» velles .. _ . Je vois q,ue. vous gilrde2 le filence ., & ja
}), con\!iens que c'étoit à moi de le ro~pre. J~ ~ous
» avoue,. MonGeur, quelles , [ont les,. 1'éIifons,.qUl ru ont
)') retenue:. j'e[pere trouver en vou-s' air~z d iOd~J gence
D pour pe pardonner cetre faute " q~e Jft COllv'lens en
) être une.
, Ici finiirent les lettres, EppTES AU 'FEM'S PASSÉ PAR
MADAME LA COMTESSE DE MIRABEAU . A SON MARI
QUI NE L'A JAMAIS REVUE. Cette répétition' peut-être f~,
ûgante ,. n'dt du moins. p~s., [uperflue,; ' ,car il. eft trop ~I
zane, foit en morale, [Olt en procedes 1 folt en . mOl t ,
'lue.
.B
que l'on prétende faire prono~cer ~nff:e [épar,arion bet re
deux époux, dont la cohabitatIOn n ~ re qu un ta eau
'de tendreire conjugale & d'eftime récIproque, telles que
la femme ne CRAINT PAS D'EN APPELLER AU TRIBUN AL
DE SON MARI QU'ELLE TROUVA TOUJOURS JUSTE POUR
ELLE. .
.
E n 1776 Madame de Mirabeau retourne en Provence
avec M. [on pere. Le Comte de Mirabeau commence · à
traîner dans les Pays étrangers la vie malheureu{e qui
. tant agité; & dans le m ême période un Tribunal [ub alt erne le condamne à perdre la tête [ur une accu[ati on
de rapt de '[éduétion {uppo[é commis envers une femme
mariée, & un prétendu crime d'adultere dont le mari ne fe
plaignit jamais.
Le 17 mai 1777 le Comte de Mirabeau eft arrêté en
Hollande, & Je 7 juin de la même année il eft enfermé ,
par ordre du Roi au Donjon de Vincennes, où il refte
'ju[qu'au 17 décembre 1780.
Au commencement de 1781 il rentre clans la mai[a n
paternelle, & Y [ubit une épreuve d'une année qui a fuffifamment convaincu [on pere & [a famille qu'un homme
de trente ans n'a ni les mêmes idées ni la même conduite qu'un homme de vingt.
Le 12 février 1782, le Comte de Mirabeau va ré remettre pour anéantir l'attroce Sen tence de Pontarlier & faire
revoi~ [on ab[urde procès . Là il pour[uit avec un~ c!nergre
peut-etre [ans ' exempPe , l'accu fa teur, les con[eils les
tém~ins? les pr?cédés, l~ procédure, les premiers J;ges.
Aprescmq mOIS dt.: la défen{e la plus opiniâtre, l'accu[ateur eft force de reconn oÎtre la non exiftence du prétel:du délit qu'il avoit déféré ' à la J uftice ; le Comte de
Muabeau remet les dommages & intérêts & l'on écrit
à la priere de l'accu[ateur l'aéte [uivant. '
ra
ART. r. Madame de Monnler, en exécution de
E
,
fa
feu-,
�34
miffion a~x ordres, du Roi, reflua pendant, la vie de M.
de Monnier, Jan epoux, fi encore ItIZ an apres la mort d"
celui, dans le Couvelll où elle ejl aéluellement depuis l:J:Jt
& il demeure convenu 'lue la révocation deJdits ordres
Roi ne pourra être demandée avant ceue époque fans l' a~
grémelZt refpec1if & par écrit du familles de M. & de Madame de Monnier.
ART. 2. M. & Madame de Monnier rejleront comme ils
rejlent par les préfontes , /éparés de corps & de biens. En
conJé'luence Madame de Monnier renonce dès'o"préfont cl tour
les dons & avantages qui lui ont éd faits par fon contrat de
mariage, même au douaire & 4 La Communaute; & s'oblige a
donner, après la mon de Jan mari, taUleS quittances, dé.
charges & ratifications nùeffaires à ce Jujet.
'
ART. 3. M. de Ruffey, & de [on autorité Madame de
RuJJèy, s'obligent principalement & folidairement à procum
l'exécution des engagements ci-deffus contraélés par Madame
l~ur fille, pour Laquelle ils Je font fort & Je portent expro·
miffours jafitu' à concurrence de 4:' 000 liv., & non au·dela.
. ART. 4. E1l confidération des articles précédens , M. de
Monnier céde & abandonne, toutejôis Jans garantie, cl Ma,dame [on époufe tous intérêts non payés & à échoir de La dot
'lui Lui a été conjlituée par fon contrat de mariage, & lui
,donne par les préfonces toutes proèurations fs' autorifations ni·
ceffaires pour Les lOuchu & en faire quittance. Mondit fieur
de Monnier a de plus remis cl ladite Dame Jan épouJe, comme
elle compare , . les effets, nipes & hardes Jervant à Ja ptT-.
fonne; dont Jécharge.
. Enfi~, mondit fieur de Monnitr s'oUige de faire payer par
-Jes hérmers cl ladue D~me Jan époufe, ' en la ville Je Dijon,
la (omme annuelle & vzagere de 12.00 Liv. par moitié en deux:
, urmes égaux, dlmt le premier fera échu fix mois apres Ü
déces de M. de Monnier.
ART. 5. Mdyennant l'accomplifJement des conventions ci~
,leffus, M. le C0m.te de Mirabeau fe défzjle de l'appell.lliorr
l
35
r:
.
qu'il a inurjmle pa~ Lettres
,Explo~t ~u 8 mRi 1:;~'1.;
de la procédure injlruue au B ~zlüage cT7.m~ml de PO~larlur,
a la requête de M. le Marqua de Monnar & de l Homme
du Roi, & tOll/es les difficultés nées & à naître au Jujet tant
de la plaintt portée par M. de Monnier, 'lue de la Sentence
par lui obtenue, demeureront éteints & terminés fans que les
parties puijJent (e reclzercher à cet égard, lous quelque prétexte & de quelque maniere 'Ille ce Joit. M. de Monnier con(entant 'lue ladite Sentence [oit comme non avmue en lOUS Jes
points, moyennant, ainfi qu'il ejl dit ci~d1fuJ) L'accompliffement du préfont lraùé.
ART. 6. Mais en cas d'inexécution d'aucune des conYWlions ci·devant jlipulées de quelque part 'lue vienne ceue
inexécution, tOUles les parties rentreront dans !turs droits re[pealj;. M. de Monnier ou fes héritiers pourront, Li Leur ckoix,
ou donner Juite au proces de la méme maniere 'lue Ji la préfente uan/aaion !J'eût pas été faite, ou exercer contre M. &Madame de Ruffey, & leurs héritiers l'aaion réJultante des
obl;gauons far fltX jlipulées dans ,l'art. 3 •. ci-deffus. Si l'intxecutLon "'lent de M. de Monnur, Madame de Monnier
pourra ohtenir toutes leuns, nécejJaires pour purger la contumace; {.> M. le Comte de Mlrabeau çonJer1lera audit cas le droit
de po~rJuivre l'appellation dom il Je défrfle par le prirent traité ~
ou d appe~ler de nouveau de La, p,rocédure , pOflr l'ropoJer-&
faIre valOIr Jes moyen.s de nulfue, ,/tf'luels, ainJr 'lue les déftnfesde M. de Morm~er~ refleront lntaéls de part I:i d'autre.
, ART. 7" Les p~r~lts &m~ll~eront de conurt l'hoF.lologal;on du p:éfont, (ralle au Bad!cage de Pontarlier, ainJi 'lue
l a~torifallon d office d~ Madame de Monnùr. Les frais de
ladlle homologauon, arnJi 'lue' C(lIX de la préfeTtte tflmJacUon feront Jitppor~és ~n ',ommun par fes parties.
Et pour parvenzr à ladue h~mologation, le/dites partÏu ;
,cmme e~/es cO";p'arent ~ conjluuent Le For/eur d'une expédilion deJdues préJentes leur procuuur géniTaL & fp~ciaL , aux
fins de dreffer, jigner & préJmrer la "quête en homOlogation ~
]; ij
.
�36
& Je faire pour l'obtention d'icelle toutes JémarclLes & diûrre!lces néceffaires. Dont aBe.
b Cet aae eft homologué par les Juges qui avaient con.
damné le Comte de Mirabeau, homologué fur les con.
cluÎlons de la partie publique, qui, au refte , n'étoit pas
partie pourfuivante & agifIante fur l'accufation d'un délit
privé· & le Juo-ement qui fu it intervient.
: VI/par nous CLaude.Prançois-B alhilde Maire, Lieuunant
g é:z.ùaL du Bailliage de Pol2tarLier, La requête préfenrJe de
lfl pan de .A1,e. Claude. FrançoLS, MarqlUs de M.0nnier,
Premier Pré/ident en la Chambre des Comptes, cl-devant
Jéante à DoLe, Dame Marie-Tlzerefe-Soplzie Richard de Ruff.ey, Jan époufe, Mre. Gilles-Germain Richard de Ruffey,
.Prifident honoraire à la C/zumbre des Comptes de-Bourgogne,
& Dame Anne-Claude de La Foret, [on époufe , Mre. ViBor
de R iqueti, Marquis de Mirabeau, Comte de Beaumont-, &c.;
& Mr~. Honoré-Gabriel de Riqueti, Comte de Mirabeau,
undanu à ce 'lu' il nous plât , autorijant d'office où beJoin
ferait ladùe Dame de A1cnnier, homologuCT la tranJaBlon
T1!fue de Poulet & Chery, &c.; les conc/uftons de l'Avocat
Micholud de Doubs, du même jour, au.iJi ~n marge de ladite
u'luête pour l'abfence des Gens du Roi, par LeJquelLes il
n ·empêche qu'il Joit fait comme il efi requis, &c.
Autorifam où bejoin feroit d'office ladùe Dame de M onnier, nous homologuons La tranJaalon du I l aoât courant,
pour être exécutée feloll Ja larme & teneur. En conféquen.
ce ordopnons 'lU 'elle fera enrégijlrée au Greffe de ce Siege,
pour y avoir ruours au beJain; & que ledit Comte de Mi.
wheau fora élargi des priJons de ce Siege, le Giotier à ce
contraint, même par corps; quoi faifant il en demeurera va-.
la6!ement déchargé.
Fpit à la Chamhre le 14 Aoât 1:7.8 2, &c.
37
de contuma<:e, recouvre fon exil1:ence civife, &.
tence
.•
t
ace ·
dl: légalement abCoute fans aVOir purge c~tt~ con um
~
, ccufation était abfurde &. le pro ces mCoutenable.
tant l a
M· b
.
h
!ra e~u VlIl,t I~ou: éeI:
Le 19 oaobre, le Comte de
au Château de Mirabeau; & ce meme Jour, a arr~v e
de Ces gens, M. fan. onde. aV,ertit, Ma dame fa me:e.
'il attendait fon man ce fOlr-la meme : Nouvelle qu zf
~: vouloit pas lui la1fer apprendr~ par fe p~blic . .La let1r~
de M. le Bailli de Mirabeau dont Il na pOlllt garde
de copie, vu la fimplicité du ton & des ch o[~s, ne
contena it précirérne nt que cela. Mada me de M irabeau
a répondu à cette lettre Bar ~a. ~uivante., en da;e dl,l
29 oaohre, mais que M. le BaIllI de Mirabeau n a reç le que plus d'un mois après, comme l'enveloppe fur-.
ch~rgée de timbres différens le prouve alTez.
»
»
»
l>
Il
1)
»
)l
Il
Il
Il
li
»
Il
II
De forte qlle la co-accuféé du Comte de Mirabeau;
déchue de fon état civil, &. auth::ntiquée par une Sçn:
,
»
Il
A Marignane le 29 Oaobre 1782.
)} J'ai reçu, mon très· cher oncle, la lettre que vous
m'avez fait l'honneur de m'écrire. J'ai fait part à mon.
pere de l'arrivée de M. de Mirabeau; il vous prie,
ainÎl que moi, de vouloir bien vous rappeller de la prameffe que vous avez bien voulu nous faire cet ét~. Mon
pere el1: très-déterminé à ne jamais vivre avec M: de
Mirabeau. Cette rai fan feroit fuffiCallte p o ur me tenir
auffi éloignée de lui, étal1~ dans la ferme réfolution
de ne jamais me féparer de mon pere. Je fLlis fûre,
mon très· cher oncle, que vous m'approuverez au
moins fur ce point. D'aille.urs les événemens qui ont
eu lieu depuis que M. de Mirabeau & moi v,i vons
éloignés l'un de l'autre, fero!}t toujours un_ obftac1e
infurmontable à tout projet de réunion. Vous favez,
mon cher oncle, que j'ai toujours deftré le bonheur
de M. de Mirabeau. Je puis peut-être me fla tter
d'avoir contribLlé à fa liberté. Il en jouit. Il [eroit
bien extraordinaire qu'il e,u fît ufage P9ur atrenter à
�38
)) la mienne. Dans ce cas, mon cher oncle, j'oCe
» flatter que vous ne trouverez pas mauvais que
39
111
e
)) pere & moi la défendions par les voies que moùll'
. fi'
d e. ma can fte. M . de MIrabeau
'
no fis
» 0 ffi e }a Juntce
» heureux dans fa famille comme moi dans la mien e
'r
"1
Il.
' de vous. M es vœux pour fine '
» pUl1qu
1 eft
aupres
)) bonheur Cont remp-lis; je penfe que mes devoirs 01}
» vers- lui le font auili.
en·
« Je fuis bien fâchée, Inon cher oncle, que la feu
.
,
éJ
r'
ete
» ne vous alt
pas epargn.
e ne .çaurOlS trop va
D prier de ménager une fanté avili chere à tous ce Us
» qui ont le bonheur
de vous connoître, & fUr-toul Udl(e
.
» vous appartenIr.
» J'ofe efpérer, mon cher onde, que les circonf.
)') tances préfentes ne me priveront pas de l'amitié que'
>>. vous avez eu la bonté de m'accorder. Daignez être
» perfuadé qtle jamais rien dans le monde ne pourra
,) diminuer le refpett & le tendre attachement qlle vos
D vertus & vos bontés pour moi m'ont infp'Ïrés
& avecJO lefquels j'ai l'honneur d'être,
,
Mon très-cher onde, &c.
. Cepe~dant le 22 ottobre, crelt:-à-àire ,- le forlendemain
de l'arrIvée du Comte de Mirabeau, il avoit écrit 1t
f~n épou(e dont affUl'ément j:} ne pouvoit pas prévoir lareponfe a M.. fan oncle, la lettre fuivante.
"
"
"
"
-"
"
"
•
A Mirabeau le n Ottobre J7th.
:" ~e vous dois, Madame, de vous annoncer mam
arnvée ~ans ,cette P~ovinc~ où, fous les aufpi5es &'
la cundurte- d un' onde, qU1 elt: en tout fens mon fe·
cQnd. pere,' (e!pére conquérir l'eft-ime dt! public, &
~,e~etller 1 amltlé des perfonnes ql:li m'aimoient & que'
J" aIme. Vous .. êtez affurément ,.. comlne vous devezetre, ~u: pr~mler rang, de celle-ci; & fai d'autant pIuS
de plaIfie- a me reVOIr en Provence} que ie ferai en-
- fin à portée de Cavoir plus rouvent des nouvelles de
" votre fanté & de tout ce qui vous intére{[e. Je vous
" prie avec confiance de vouloir bien préfenter à M.
" votre pere mon hommage refpeétueux, c'eft le moyen
" que je crois le plus fûr pour le lui rendre agréable .
" Affurez-le bien, s'il vous plaît, que fi je ne lui écris
" pas direttement, c'eft par une fuite de ce même ref·
:: peét que je lui dois à tant de . titres. Recevez, Ma·
" dame avec bienveillance, l'affurance de mon très"tendre attachement, & de mes vœux finceres pour
" votre bonheur.
Quinze jours après, c'eil:-à-dire le 3 novembre ; le
Comte de Mirabeau n'ayant point de réponfe à fa let·
tre, n'en voyant point arriver à M. fon oncle, &. juftement inquiet de ce filence, fe décide à envoyer un
exprès à Marignane. Cet exprès ~toit porteur des lettres
!uivantes.
A M. le Marquis de Marignane 3 novem6re.
» Monfieur le Marquis,
» En prevenant le 2Z du mois palfé Madame de Mil>
n
)
n
1)
"
1)
))
»
)
»
»
1)
rabeau de mon arrivée en Provence, dont mon on·
cle ~'avoit avertie déja , je l'ai priée de vous préfent~~ l.hommage de. mon refpett } & de vous dite _que
C erOit ,p~r ~ne fUIte. de ce même refpeét que je ne
vous ecnVOiS pas .dlreétement. Quinze jours fe font
écoulés fans que III n'lon oncle ni moi nous ayions
reçu d'~lle un mot, pas même l'affurance qu'elle fe
porte .blen: Vous pard.onnerez, M. le Marqui-s , à ma
Jult:e 1n~ulétude, fi Je prends la liberté de vous la
c?mmumquer ; il eil: fi naturel qu'un mari qui chérit
cl a,~tant pl~s fon époufe qu'il la connoÎt davantage, &
qu Il a mIeux éprouvé qu'il n'eil: point de bonheur
fans le bonheuI domeil:ique; il eil: fi naturel qu'il fait
�_ 40
-
,
effray~ d'êtrè quinte iours à quelques lieues d'~l1e r
fi '
" ,
lans
favoir fi elle re pire , que J al cru que vous Ile tr
,
., d !Ii {li h
ou·
veriez p as mauvais que J a re a e c ez vous, foit '
Aix fait à Marignane, tin exprès chargé de me p a
, de fes not:lvè Il es. J
'Is apprendre par ell
QP'
porter
e compta
' » des vôtres : puiffellt-elles être allffi b onnes que je ~
)} deGre! & vous ferez long-tems tain & heureux.
,
» J'ai l'honneur d~être avec un tendre & profoHd
' »- refpeét, &c.
,r
»
)}
)}
)}
)}
A Jl{adame la Con,ue.fJe d~ Mirabea u.
Au Château de M irabeau le 3 novembre 178z.
» Je vous ai écrit avecempreffem ent le zz du mois
) paffé, M adame, & mon o~c1e vous avait. écrit dès le
»- 19; l-ui , pour vous préye-mr de mon arrIvée, moi,
» po ur vous demander de vos nou velles, v9uS expri.
» mer mes fe ntim ~ns , & ,vous prier d e pon er mon homo
}}' ma-g e aux pieds. de M. votre pere. Je ne fais par quelle
)} fatalité nous n'avons pas mê l,n e la certitude que vous
» ay' iez reçu nos lettres; & il ne m e fa ut pas moins
» que ce doute pour me ra-irurer un p eu fur v otre fante
» qui m'inquiete cependant airez p our m'enhardi r à
» en dema-hder, l'llême par Uf! exprès , des nou vel!es à
» M . v otre pere. ' Mon projet était de ne lui écri re ru.
» reétement qu '~u-tant que VOt:l S m'ef! obtien driez la pero
» million de lui· même. Mais on ne do it pas ê tre furpris
» fi, quand j'aurai quelque doute fur un intérêt auffi
" cher qoo 'vOliS & votre fanté, je f-ors des mefmes que
» m'irhpàfe le de(jr de ne déplaire à qui que ce foit,
» & de ne pas faire ' une démarche qui ne fait de l'aveu
) - de vous & de M. v-otre pere.
" Je fentirois bien peu ce que vous v alez , M adame,
" fj j'oubliais qu e vous EI'êtés unie p ar des liens indn' ,.> folubles ; &. j'jgn on~ ' quel fentime-nt fecret- me perfuade
» que
•
•
~I
que VOUS ne me Cavez [:as z;tàu~ais ~rë d~ ne V.as roublier. J'avoue donc, &. meme Je m en faIS glO1re, que
:: vous êtes à mes yeux la p.ropriété .la plus précieu~e, &. la
feule qui pui1re déformaIS embelhr ma vie empOlfonnée
" par trop d'erreurs &. de revers. Qu'on ne s"étonne donc
.:: pas que je veille de près fur ~ que j'ai. d~ plus cher,
. fur l'wnique fource de "onfolatwn &. de JOie perfonnel"les nue le fort & mes falJlteS m'aient lai1ré.
"
''1me laiffez nlus en doute lUr
l'
r.
é , Je
.
Ne
votre . Lant
"
r
" vous en fuppli~, Mada~e. Mon pere, mon on.~le vous
feraient vbl.onuers la meme demande. Quand J entends
)',
d'un c6té Fexpreffion de leur fenGbilité ftlr vous, fur
tout ce qui vous intére1re' , fyr tout li:e -que vous mé"" ritez ; &. que je me rappelle de l'autre les qualités
que je vous connais, votre amatir pour vos devoirs,
" votre airnabl'i! de ur de plaire :-j'ai peine à m'expliquer
" que ~outes: leurs, lettres reftclll fans réponfe ~ &. je rêve
.", " trillernen~.
: " Vive~ heureufe, Madame ,~ croyez que votre bon..
" heur eft l'objet de mes vœux les plus chers, puifque
'" je ne puis plus être' heureux que par vous &. de Votre
' " bonheur.
, Uexprès rapporta les réponfes 'qui fuivent , &. une
lettre -de Madame de Mirabeàu à M. de Bailli fan oncle.
Oh en prié de ne pas perdre de vue .que celle de Madame
'la Comte{fe à M. le Bailli, en date du 29 oétobre , était
-loin encore d'être reçue~
ç;
"
.
De M. le MarqJ'Î.s de Marignane;"
;;. Je fuis d'autant plus"étohné", Monfieur, de l'Înqu ié;; tude que vous me témoignez pour la fanté de ma fille ,
" que j'ai vu la réponfe qu'eHe a faite à la lettre que M.
" votr~ oncle lui a fait l'honneur "de lui écrire p o ur la
1t prévenir. de votre arrivée ell> Prov.ence. Je la laiilè
F
�,
4Z
;'; s':expliqtter. vis-à,vis , .d~ vou_s. !e ~lll1ois : ; ~IÛl qUI!
toute la France " les natfons JIU 1 lUJ ,donnent luite lieu
., Ide fe croire fond~e à être foulhaoÏ1te pat" tPIlS les Tri" bwnaux du Royaume à ce dro}t de propriélé que vous
:: femblez ,réclamer aujouJX'i'hui , ~. auquel v,om , a.ye~
." pa>ru .fi fe~eJIll1eUemej1lt ~ ,fi publiquement ,ren(j)&ce~. Je
ne puis nI 'n'e/ilu:epreJ)œa l de ddlip~r fes luites , cralotes
." pour une réunjQtl lQ<ilJut f.épreuve patrée ne Ùli promet
" pas un grand bon1leur pour J" avelllr. Sur t Dut 1e reUe
." je Jais des vœux 'Pour votre bonneur. C'eit d.ans ce;
" [ootime.rns qlil j'a], l'honne.ur d'êtl!e, M011fi~ur , vQtre, &ç.
'"
.
'\ JJ 1
?
~ l "'*
=
~
/Je .MJul.a11!e Ju ii.omteifo pe. .MÙ:a&eaf{~ ' .t
l
"
lit
,
A Macig'l3ane le 4 novembre 178z.
'" ' ~e -reçois .ûa?S le moment v_otr~, l~ttœ 1 ,Monfu:ur ,,i.e
. .fuis fort furpn[e cql!le celle: ijue pl eu 1 honneur d e,." crire à mon oncle, ne l 1.11' IOlt
r '
'pas parvenue. .J,e.n'eu
." cançois :Pil> -la .raifon, &. je fuis p.erfuaclé.e qu~elle (era
" .enfin . rendue .à fa defiination.
:'"
Recevez mes remerciemens., ManGeur, 'fur l'in.térêt
.-,,' ~ue vous avez la' bonté de prendre à ma fanté; je
.fais auŒ des :vœux pour votre bonh:eur ; perfOntle ne
~' l'a plus . vivèmènt .defiré que moi. Mais , Monfieur .,
" il ne m'eil Flus 1 poulble
a:
d' y contrl'b uer ,: t-rop de clr'
."
V
d
r
·
,
_" _conftances nous féparent. ous evez lentlr vops-~eme
" que les ·événemens qui ont eu lieu.., ferpnt ~ouJours
" une barriere infurmontable entreyous & mOl. Vo~s
" jo uiffez, Ma nGeur, des mêmes ~vantages que mal ,;
J, vous êtes dans le fein de votre famille ; 'puiffiez'vous
-" Y trouVler autant (ie b.onheur _que ~.e Je èleGre ! le mien
" confifte à vivre atlprès de mon pere. :Je me J latte que
." vous ne chercherez pas à ,I.e ' troubler en.me forçant ~
." défendr.e .ma liberté par le fecours cres_Loix. Soy.ez per:"
" fuadé , M onlJ.eur, -que fur tout autre .fujet , je, ne f'llS,
~3
-", aes vœux qué 'pôur ce qui peut contribuer i! Votre fa-J:'. .n'
"" tislal.LlOn,
L-mre de Madame 1(: ComtejJe de -Mirabeau li M , le B ailli
,
_
de Mirabeau •
A Marignan~ l~ 4 rovembre 17 82 :
» . J'efpére' , mon cher oncle" que vous ne me fanes
» ' pas le tort de· croire que je ,né . m~, fois pa~ e~ preiTée
» à · rep€lndre à la tettre, que vous ru avez (~lt 1 honneur
) ;" âe m"fècrire-: la mienne a peut-être pris une fauCre route;
» . m qis eUe vous ' parviendr,a certaine~e et; ç'eft la raifon
» qulf~it que- je ne ~'éteqds p'!.s d~v~n~age. (u ~ ce qu'~Il~
»' cun.tenoit, qui q eft qu'une .fuite ~e la promefIe que
» vous avez eu ' la bonté de n9ûs ~ire , 8<. dans 1aguelle
» nous avons la prus intime conhance,
» J'efpére que votre fanté eft l'aFfaitement rétablie;
»' métla~ez-~a 1 mon cher OI~cle, I:0tp' le honheur' de tout
)) ce qUI. vous ,appartient.
.'
•
_ -» Re~v~,z avc~ ' hO/Hé Paff~ranc!e "de mon . retpeéf 8{
». de mon tendre. attachement .
J) J'ai 1'hOf>lneur ·d'être., mon tr~s·cher oncle, &.c_
'
Le Comte . de Mira~eau s"a»percevant au langage de
~. 'le M<1rqurs de Mangn~ne ,. qu'fI '.ignoroit abfo.lum~ni
1)i[u~ ?U ,PSQcès de ~~h tar~(e r, poifque la- prt/endlieJ ré:'
l1onClau07z du Comte de -Mirab'eau à: fa n épou(e ne pbuvoit 's'entendre ('que de cette -affaire il crut -devoir les
éclaircjffeménts fu.ivans à M. -fan pe;e & à- Madame hi
Co~teili: de Mirabeau.
~
..
.. • t'
J.,
c_
. . ') _
~. 'A M.~ le JfÙrquis; de Man~(ini: '
,
.
•
•
;J
,
l
De Mirabeau 6 novembre-,
- )} M. le Marquis ,) . J e~n'ai l1~Ue ènvie -de vous engager dans un polémique
F ij
•
�44
)) trè,-déîagréable ' qui vous enn~yeroit. Mon premier in~
» térêt ell de ne plus vous déplaIre; & en celar mon defil'
» eft parfaitement d'accord avec mon intérêt.
)) Mais, -M. 'le Marqilis, vous ête~ · homme fage autant
» que je le fus peu; & moi je fuis homme d'honneur au» tant que vous l'.êtes; ainfi nQUs (entons également toUt
.) 'deux que la ·circonllance aétueUe, c'eft-à-dire, mOn
»' arrivée en Prpvence , & ce 'qui vou_s a fembU une rén clama,rion de me$ droits de mari, 'eft Couverainement
» importante" pour la maîCon dont vous êtes le clief
) pour celle dont je dois l'être un jour, pour le bonheu:
)) de Madame votre fille, pour le mien, pour la répu» tation & la tranquiIJité de nous tous· Vous me par» donn.erez conc dt;: m'expliquer encore une fois avec
» vous, & 1de foumettre à votre excellente judiciaire &
» .à votre équité de courtes obCervations CJue vous pefe·
» rez d'autànt plus (crupuleufemt;:nt, que c'eft dans le
)) procès dont on a engagé Madame votre fille à me
" menacer, que je vous prends pOl,lr arbitre.
» V-Otre : lettre, M. le Marquis, contient deux ob.:
» jeét!ons. Vous motivez d'abord le refus de Madame
» votre fille de fe réunir à celui que Dieu
les hommes
) lui ont · inçliifolublement uni, fur la renonciation fi fo·
» lemneLle .& fi publi-que que j'en ai faite, & q\cli ~fi connu~
» ete toute la Franee ainû que de ypus.
» Ceci .porte & ne p~ut porter que fur le procès cri.:
») minel, yraîment inf~nfé & ridicule, .s'iln'.eût été atroce;
n ql,le l'on m'ayoit "fait ~ POl}tarlier fur un prétendu ~n'
» levement de femme. Mais ignoreriez - vous , M. le
» Marquis, que ce procès eft fini, parfaitement fini; que
) j'ai été completemen~ abfou5. Que dis-je abfous? ' 111 es
» partjçs ont imploré un accommodement; j'ai ' diété la
» Loi; St les mêmes Juges qui m'avoient condamné à
» perdre la tête, ont homologué /Jotre tranfaétion il I~
» fequÎûtion de l'Homme public, . fOL,S la di{tée de Mo'
f't
45
)} le Procureur Général Sc. de M. le Premier Prélident du
» Parlement de B:efançon.
.
'
» Defirez - vous, M. le MarquIs, que )e vous ~a{fe
» pa1fer une expédition en regle{'d~e c,e tte TranMfaétdlOn ,
" de ce Jugement? C'eft par con 1 eratlon po~r a ame
» votre fille, & par refpefr pO~,r vous que Je, ne vous
» l'ai pas envoyée. J'ai cru qu Il ~le conv,enoa pas de
» vous rappeller ces t~ift~s fo.uvemrs .. MaIS vous avez
» droit à connoître ma )uftlficatlon 1 daIgnez-la demander.
» Exigez-vous davantage? Demain touS les papiers pu» blics de l'Europe feront remplis de ce Jugement, .&
» attefteront que je fuis loin d'avoir renoncé à la femme.,
) dont j'ai dit dans ce proces même, que le CIel m'avolt
» donné ceue aimable époufe, indulgente, & tendre autant que
» chérie. dans un ums Olt j'en étois peu digne. fans dOUle
» pour m'encourager. ci ripare~ les trop lon.gues erreurs de '!la.
" jeun(ffe, en me laijJàn.t, LOU)?UrS la perfpec'llv.e du h~nh~ur.
J)
)) Je crois, M. le MarquIs, votre premlere obJeéhon
bien inconteftablement levée : paifons à la feconde.
» Elle porte fur les ju{les craintes de Madam e de Mira-.
» heau, pour une réunion dont l'épreuve pafJle ne lui promet
JO
D
»
)
»
»
))
)
»
»
»
n
~)
pas un grand bonheur pour L'avenir.
» D'abord, M. le Marquis, vous me permettrez de
douter beaucoup des juftes craintes de Madame de
Mirabeau. Mon cœur y eft trop intéreifé, pour y
croire légérement; & je connois trop ma femme; fa
douceur qui la rend aimable aux yeux de tous; fa
fenfibilité qui lui feroit pardonner à un mari même
très-coupable, s'il étoit fincerement repentant, quand
il n'auroit pas été très-puni; fon attachement aux de-.
voirs du mariage, avec lefquels une honnête femme
ne compofe jamais; je connois trop enfin fon cœur &
fa raifou , pour lui attribuer la lettre que je reçois
d'elle, &. dans laquelle, outre l'annonce la plus franche
d'un divorce non ~otivé, on me menace des Loix,
�»)
»
•
),
»
»
»
»
»
»
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»
»
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»
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»)
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»
»
»
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»
J)
»
»
»
»
4~
qui ëep~nâant ll·~nt . j~mais, quI! je (ache; ref'uCé une
femme a un man qUl la redemande avec toute fOrt '
d'inftances .& de tendrelfe.
e
» Mais en fuppofant même c~s . crai~tes ,--que la pré• .
fence de mon oncle, chez qUl Je fUIS, devroit appa.
tamment atténuer, j'ofe vous demander 1°. quel en '
eft l'objet. Il eft. très ·vrai que j'ai été fort dérangé '
& qu~ ce .dérangement à a~tiré beaucoup de .défagté: ·
mens a mor & qUl!!lques uns a ma femme. MaiS ce clé- .
rangement n'eft plus, & tout ce qui refte de l'ancien
va difparoÎrre. D'ailleurs quel jeune homme n'a pas '
cOlltraaé de dettes? Quelle femme s'eft jamaIS crue
autoriCée au divorce, patce que [on mari" à des créan.
CÎ'ers? V ('us obCerverez que le revenu per[onnel deMadame de Mirabeau n'a pas fupporté la plus legere
atteinte; qu'il a même quadruplé depuiS" que les cir'
conftances nous ont éloigné l'un de l'autre.
» 2°. J'orerai vous demander encore fi la théorIe des
devoirs du mariage fe ' réduirait donc à ceci, qu'il 'el('
annullé de droit fitôt qU'O:1 n'y trOuve pas en pere.
peaive un grand bonheur? Eh! M. le Marqui~, vou.
le [ave~ miellx que ,moi, e~ fait de ~onheur il n'y a:
de vraI ql1e ce qu on crOit. Madame de Mirabeau
ne croit point; on lui fait croire. Il eft airé de me'
trouver des torrs; il eft plus l1ifé encore de les exagé"'
rer: mais j'efpére qu'il fera difficile de donner (éri'eu[em~nt à Madame votre fille Une idée fi légere da
m;mage & de fes devoirs, que la perfpeébve d'un
bonheur plus ou moins grand eri doive être à fes yeux
le fceau ou la diifolution. Jetais du moins qu'i l n'eft
pas poffible de faire condamner aux honn'êtes gens ma
réfolution de réclamer nia fem'lle avec refpeét pOut
vom~ &. tendreife pour eUe; mâis avec tln'e .férmeté pro·
portIOn née à l'eftime que j'en fais & à l'honneur que
Je mets à votre alliance.
.
.
•
, 47
') Voilà, M. le 1\farquis, ce ' que' j'ai cru devoir i:e~
~) . 'préfenter à l'hom~e d~n~, j:ai l'honn eur d'~tre l,e ~eau
)) fils de [on choiK, a qlll J al connu un efpnt tres-Jufte,
. l) des principes très-nobles, beaucoup de générofité, &
. 1) toute forte de , vertus privées.
11 Yous ajouterai-je que le ton de la menace, fi peu
r» convenable. d'une femme.à fan mari, ne peut que rel> doubler la fermeté de mes réfolutions (que je fuis bien
Jl loin de défavouer , puifqu'elles ne me portent qu'à re» fufer de renoncer au titre de votre fils), en intére{[aut
.» mon hOJ1neUr à la pourfuite de mes droits? Ah ! M.
» le Marquis, des menaces que la décence reprouve &
J) dont le bon fens [ourit, ne doiv.e~t pas être les arm es
, l) de Madame votre fille; elle en .a de bien plus puif;» fantes, fes qualités aimables, fes titres à l'eftime pu» blique 8< à la mienne, [es droits d'époufe & de mere.
,» ,.Q u'elle me rende avec fa perfonne [on cœur & {a
-» raifon, votre bienveillancç 8< vos bontés; & je vous
.» jl!re que je croirai moins avoir recouvré mes droits
,)) [ur elle, qu'en avoir reçu un bienfait.
,» J'ai l'honneur d'être avec un tendre refpea, &c.
'A Madame la Comteffi de Mirabeau.
Au Château. de Mirabeau le '6 Novembre 178z:
' ~~Je. v?us enVOle, Madame, la copie de la lettre que
,~) J eens .a M. votre pere, où vous "Verrez que je me
» reprocherois de vous attribuer celle que vous m'avez
.) adreifée le 4 oaobre.
» .Non, Madame, je ne croirai jamais qu'il ne vous
.» fOlt plus poffible de remplir vos devoirs; & vous n'ê.
,)) t~s pas, capable de vous diffimuler C(;!UX que votre
;.» tItre d épc;mfe vous impofe.
». Je ne eroi.rai pas que vous 'ayiez eu l'idée d'atte[-'
! )~ ter pour barnere mjurtllomaMe elltre votre mari & vous;
�48
" des tvénemeni chimériques dont j'ai ' démontré la fa f.
» feté comme un Jugement authentique l'a déclaré~'
» J~ ne croirai pas fur-tout
que vous
, ayiez" pu III.
.
" me fOl'lpçonner d e , POffiuvb~lr attenlter ~ votrç hberté que
» ma famille entiere au 1 len qlil~ a V0tre défendroit fi
;) j'étais capable de l'attaquer; ~I ue vous ayiez me,» nacé de vous-même votIe man d'illvoqwer COntre: Itti
» le fecours des Loix.
.
.
)) C'eft fous lelilr garantie, Madame, que Je fuis Votre
_» époux; /3( ce 1l0~ m'e1l: bien cher. Je fuis réfolu d'en
» réclamer les droits & de les défendre, fi, ce qu'il
» m'ell encore impoffible de croire" quelqu'un préten» doit me les difputer, parce que j?y vois vott e bon» heur arnfi que le mien. Huit années ont mûri ma
» jeunelTe' , depuis, qu~ nous vivons loin. l'un de l'au. " tre. Je croirai diffiCilement que ces huit années, dé·
» vouées au malheur, titre tœs-facfé fur les bons CŒur9
» m'aient chaifé du vôtre. Interrogez-le ~ Madame; Con» fultez vos vrais amis ~ ceux de vatre ~ifon, ceUDt
» de votre perfonne, ceux qui ' n'ont- pOillt d'intcrêt il
» . nous défunir, à nous brouiller, à. nous animer l'un
» contre l'autre: Je doute qu'ils contrarient mes VŒuX.
» Mais ce dont je ne doute pas, c'eft qu'en de[\;en» dant en vous-même, c'eft qu'en écoutant le cri de),)' votre' confcieilce., de votre équité, de ' votre généro» fité naturelle, vous' n'ayiez hon'el1r de- plaider 'que
»- l'homme que vous avez choifi, avec qui. vous aVM
» vécu . deux années, à qui vous avez écrit. quelques
» lettres très - dignes de vous, & qui ne vous a pas
» revu deplilis que ces ' lettres" 'témoins de votre ten'» dre{fe, : ont été écrites; que ce.t homme, le per-e
, !)
d'un fils _que v.ous avez pleuré 18, mois avec des lap·
, :0'",
mes dont votre époux peur feul tarir la fource en
- n- \(OUS- donnant d'autres gages de fon am our·; que l cet
» homme.. n'dt plus, ne doit plus être "-otr.e époux.,
9.
,
:,»
-
>
» Eh !
49 . . ,
oJ-- Eh! Pourquoi, Madame? Parce qu'il a des dettesf
~ " u'i! n'auroit plos fi leur arrangement n'é'
toit pas a" ~aint à de lentes formalités? Parce qu'il a été très,.,
, , malheureux
€
, très- calomnié, &. qu'il plaît à je ne fais'
q uels confei-ts de regarder comme un outra ge per" fonnel
' une accufation qu ,un J ugement auà vous,
" thentique a repou{fé? Ah!' Md
. vous cona ame, Je
'.' nais ,bien' votre cœur s'indrgne de ces [ophifmes bar,
,'
bares,& défavoue votre plume. V ous n)-Ignorez pasIl.
'r
'
"" que l'époux que vous avez ,~h 01'fil , n' eIl
. III HlI1S gen'érofité, ni fans nobleife, III fans entrailles. V ous:: mêqre avez dit mille fois' <pIe fa fougue naturelle
" amortie par l'âge, feroit place à des qualités efti" mables qu-'el1e obfcurci{foit. Vous en parliez avec
" plus d 'é loge~, Madame, qu'il ne me convient d'efT
répéter id. • •. Mais je ne dois pas les oublier; ils
': me font tin gage précieux de ,:,otre affeétion, de vo:.. tre efiime; & daignez vous fouvenir à votre tour,
" ql1e fi la menace même férieufè &. non dérifoire,
,,' comme eil: celle qu'oll vous a cunfeill ée, n'obtint ja" mais rien de moi-, votre tendre{fe, votre raifon, vo~, tre douceur eH furent rarement refufées, & fur-tour
,1 ne le feronç jamais. ,
Le même exprès qui portoit ces lettres, étoit chargé'
de I~ part de M. le Bailli de Mirabeau, pour Madame'
fa mece, de ce qui fuit ..
;,
"
"
"
,
"
_
.'
Mirabeau fe 6 Novembre '1782.
" Quoique' vqus refufiez, Madame ma chere niece, ~e réa1i(er le titre d'oncle; puifque vous vou lez bien me le' donner encore, j'aurai l'h'onneur devous dire mon' avis en onde qui vous chérit à l'é rra l' , ~;
des ntief'l! d'e mon fang.
t>
", Vous ,~le rappeliez la parole que je vous donnai ,
a111Ji ·qu a- M. votre pere, que mOI'- neveu ne fe pré'";
/,1/< e
G
Cc 1
:J
�so
51
;; renterait à lui, chez lui, que ,de fon aveu, Votre mar' .
__ car enfin vous ne pouvez lUI refu[er ce titre ac ' .1,
-)J tera ma
. paro 1e. M'
Arr
,quitais vous etes la lemme & n II
. ' rlOUS 1e C'le 1 nt' laurOIt
r
'd'Ir
" autonte
1110U dre le' lien U e'
" l'attache à vous & vous à lui. Le Souverain Iui- q~l
fi
d'
me,
,., me ne l e pourrait que par un a\,.le t'1 urannie ino .
,'
L
lIl.
" V ous 1e menacez d aVOIr recours aux oix Cont
" lui. Je fuis également témoin de fa douleur & de ~e.
" juftice qu'il rend à votre cœur que le fien lui a([u a
" n'être pas d'accord avec votre plume.
re
" On vous trompe, Madame ma chere niece fi l'on
~, vous perfuade qu~ les loix peuvent vous fép;rer d
" lui. Il faut pour cela des [évices bien caraétérifés e
" réitérés, & qui n'aient été fuivis d'aucune marque d~
" retour vers des fentimens d'amitié.
" Vous ne l'a".ez pas vu depuis l~ mois de feptembre
" 1774; & depUIS ce temps vous lUI avez écrit plufieurs
" lettres bien dignes de vous & pleines de marques de
" votre tendr.eife. Qu'oppofera - t - on aux droits facrés
)J du mariage? Sera-ce un adultere peut-être nul dans le
)J fait , devenu nul dans le droit,
& reconnu pour tel
'-' p~r les .per~onnes intéreifées à l~ fou tenir , quoique
" bien 101ll d amadouer (es adverfalres , votre mari leur
" ait diLté la loi? L'on a · envénimé auprès de vous les
" te~m~s de deux Mémoires. Le premier n'eft pas de
" hl!; Il en offre les preuves, mais feulement par ten.
" dreife pour vous; car ces termes même fuifenr, ils
" avoués de lui, ne fignifieroient rien. ~
". Quant à ceux du deuxieme Mémoire,. l'interpréta,., tl?1l qu'o~ ~eur a donné, efl fi forcée qu'elle en
ri.
'.' dlcule. D atlleurs, plufieurs phrafes 'de ce Mémoire
'7 marq,uent de fa part une tendreife qui démellt l'idée
" qu'on a cherché à vous en donner & celle même
,
'r
'
" qu on ~ous ~ empolionnée, la voici; jugez-en. Le voila
" ce proces qUi m'a ôté cinq" annù:s en/ieres mon exifl'""
ea
". . '
ui m'a fi ad d'une tpoufe indulgente & ttnJrc
" clvde ,tj
h" 'P nui m'a privé des dermers embraffiUlant ljue C eTle , 1
.ff: 1 l
" a
1
fil dont J'e n" ai ,pas prej)
e es evres ago·
mens al! mon s,
.
fi ' L' ,rr.
";r,
& qui peut· être refpireroll encore 1 Je eu.JJc
flIJ a·ntts ,
" gard'e.
& h
nl'ece. Il s'a~,
Réfléchi{fez-y bien, Madame, cere
.
. "jt du bonheur de toute votre vie. Renoncez·vo~s au
" gl'fi d,A tre mere
de relever deux races qUI ont
al If e
-,
., '
d
t
P
" toujours
.
b'len lerVI
r
. l'Etat 1 Ce que J al vu
e vo re
.
, Ir.
" douleur fur la perte de votre fils, m allure que non.
"J
s le répete nulle autorité fous le Clel ne peut
" e vou
,
d r ~
M . tre
em êcher un mari de redeman er la .lemme.
. vo
"
Pe ne fauroit défaprouver le fenument le plus na" turel.
per Votre mari aura pour 1UI. 1a 101,
·
l'h onneur &
" le fuffrage de tout ce qui fait penfer..
.
•
"
Il connoÎt votre cœur; il ofe, ainfi que mOl, fe
'fl' tter que fa chere &. très-chere Emilie, n'efl pas ca" _ able
a
' 1es T'b
- d es er-de faire retentir inuulement
fi unaux
"p
'IT.
" reurs de fa Jeunelle.
Avant de répendre , Madame de Mirabeau, qui était
à Marignane , part pour .A ix & y vient, accompagnée
de Madame la Comteife de Gra.lfe , confulter des Avocats.
A la lettre amicale, noble & touchante de M. le Bailli
de Mirabeau, Madame fa niece répondit.
"
"
"
;1
;,
"
•
.
De Marignane le 10 novembre 17 82 .
La lettre que vous m'avez' fait l'honneur de m'écrire,
'Mon très-cher oncle, efl faite pour me caurer de l'étonnement: auffi a-t·elle produit fur moi cet effet, J'avois lieu de me flatter, d'après l'efllme & l'amitié que
vous avez eu la bonté de me témoigner , que vous
accorderiez plus de poids aux raifons qui me (éparent
de M. de Mirabeau .
;; Perm1:ttez , Mon c;her oncle-, que je conferve l'ef~
G ij
�5~
;;
,.
"
"
"
"
"
"
"
"
"
"
"
::
"
"
"
»
pérance qu'au fond de votre ca;ur Vous me l'ellde~
plus de jull:ice. Mon malheur ferQIt trop grand, fi en
perdant mon repos pour ?éfendre . un~, ca~fe fi jUfie ,
je perdois encore l~s f~ntlme~s que: J ~VOIS été airez
heureufe de vous Infplrer. J oferal meme vous dire
que votre façon de penfer jufqu'à préfent Il:e donnait
lieu de croire que vous ne défaprouvertez pas la
mienne, Les lettres de mon beau~pere me donnaient la
même efpérance à fon égard.
, J'él0is loin de penfer , mon très-cher oncle, quand,
"
c.'
r lij'ai
travaillé a, lalre
~en d
re 'a M . d e M'Ira beau la
berté, qu'il n'~n ferOit uf~ge ,Cf,ue pou~ tâ~her ,de ~e
priver de la mienne. QUOI qu Il en {Olt, Je fUIS tres,:
déterminée à la défendre avec le fecours 8< l'approba_
tion de mon pere. Il m'ell impoffible de penfer que je'
me conduis mal, quand j'agis d'après fon aveu. La
jull:ice de ma caufe me rafT~re, con~re tous les événe_,
mens: il n'en eil aucun qUI put faire changer ma ré~
. folution.
" Daignez recevoir l'afTurance du refpeét 8< de l'atta~
chement avec lequel j'ai l'honneur (l'~tre , txc.
Sa réponfe à fon man portoit.
De Marignane le 10 novembre 1782;
" J'ai peine' à' concevoir, Monfieur, les raifons qui
;, v.ous empêchetlf de croire que la lettre que vous avez
, reçue de moi, conti~nt mes véritables femimens . .Je
" croi.s ,ne vous les avoir pas l'lifTé ignorer les dernieres
" fois que j'ai' ét~ , dans le cas de vous , écrire ; & ma.
" réfolution n'a pas paru alors vous furprendre. Je ne pré" tends vous faire aucune menace. Je me crois en droit.
~, de ne plus vivre avec vous, Monfieur ~ & je vous ai inf-.
" truÎt de l'intention dans laquelle je fuis de m'.appuye~
,~ du feco).lrs d.es loilt pO~lr '~ainteni~ ma ~~er!é~ J~fIl
-
,
53
.
,. ' ' de' m'On pere MonGenr,
îl
ne m ,ab an cl onnera
pas
-" laveu
,
1
d
'a
" d
erte circonll:ance; & rien dans e mon e ne m r-,
" rachera
ans c ,jamais d" aupres d
e l UI.'
.
.
.
",
Et la réponfe de M. le Marquis de Marignane étoit
conçue en ces termes:
A Marignane le 10 novembre, 178z:'
Il n'y ~ point de menace, Monfieur, dan!> la declarauon
» )~ue vous a fait ma fille de recourir a,u,x n:oy~ns de
» défenfe que votre conduite lui a .donnes pour fe fouCn traire à , une réunion qui ne peut qu'op érer v?t~e
)J malheur commun; le fien, en redevenant v?tre .vléh-) me' le vôtre en vous donnant occafion d avoir de
): nou~eaux tor;s dont la récidive dans un âge plus mÛl"
acheveroit de vous perdre. L'impétuoGté de vos dé: marches la même fougue & le même ton tranchant
» & affirm~tif dans votre ll:yle épill:blaire , fuffiroient pour
» me tenir en, méfiance fur la réalité de votre change» ment, fi tout ne me prefcrivoit d'a illeurs la plus.
J) grande circonfpeétion fllr cela. C'ell donc avec mon
n aveu que ma fille va fautenir le procès dont vous la
)) menacez. Je n'épargnerai ni ma perfonne ni ma for:
» tune pour le [{)utien d'une caufe que je crois jull:e.
}) J'ai l'honneur d'être, &c,
A ces afTurances holl:iles, à ce ton menaçant que la
famille de Madame de Mirabeau crut devoir en réponfe
aux lettres de M .' le Cpmte . d~ Mirabeau (lettres que
M,le Marquis de Marignane trouva fougueufes, tranchantes
& affirmatives, mais dont les Juges & le pùbl1c penfe.rO:nt
différemment peut-être) ; le "Comte de Mirabeau n'oppola que ie fiIence & l'interceillon des amis de M. le
Marquis de Marignane, qu'il put engager à lui parler;
& quarame-fix jours fe paJTerent a'infi de fa part. Mais
�54
avoit alfembIé le 28 novembre; au dom de Madame
~~ Mirabeau, MM. Simeon pere, Pazery, Pafcalis,.
Barlet, Portalis &. Simeon fils..
",
Le 2 2 décembre le Comte de ,Mlrabe~u mfirult qu On
attribuoit fon Iéjour à Mirabeau a la. crainte que M. fo~
it de le montrer au publlc, fe tranfporte a
one1e av O
'1 é .
l'
· L premier J'anvier 178" 1 cnt ce comp lmellt
A IX.
e
. cl M'
Q.
'
M
fimple &. nud à M. le MarqUIS e... angnane '-'" a adame la Comteife de Mirabeau.
M. le Marquis,
,
» rafe efpérer que vous n~ défaprouverez ,pas qu ail'
» renouvellement de l'année, Je vous apporte 1 homma.ge
»d
es vœux &. de rtU!S fOllhaits pour vons. 11 ne
e m eroit rien à votre bonheur s'ils étaient exhauffes;
» manqu
. fi" . . fii h
) il ne manqueroit rien au mien 1 J etols a ez eureux
») pO\!lr pou\'oir y contribuer, &. vous donner les preuv~s
J) les plus efficaces &. les plus touchantes de mes fe nt.l
» men~ &. du tendre &. profond refpeét avec lequel Je
» fuis, &c.
• J)
<
A Madame la ComlejJe de Mirabeau.
-n Il ne peut pas yous ;trriver , Mad,ame, de vtai bon,..
» hem que je ne le partage. Vous n aurez, pas un cha» grin que je ne le reifente. Toutes mes annees fe reffem)} bleront à cet égard. Puiffent les vôtres être longues
» &. fortunées! Puilfai-je les embellir, &. être long-rems.
» heureux de vous &. par vous!
.11 n'en reçoit pOi~lt de r~pon[es • .
M. le Marquis. de Mar'ignane & Madame fa fil.le re·
viennent à Aix. M. le Bailli de Mirabeau va les vditer ~
~ M. le MilrqtJis de Marignane llii protefte que fon beau~
•
55
GIs SEROIT IRRÉPROCHABLE DEUX ET TROIS ANNÉES -;
QU'IL N'EN CROIROIT PAS DAVANTAGE A SA SAGESSE.
-
. Le 27 janvier 178, le Comte de Mirabeau éCrit à M.
le Marquis de Marignane la lettre fuivante.
1\ Aix le 27 janvier ]78,.
» M. le Marquis,
J) Le filence que je garde
depuis plus de deux mois
» envers vous &. ma femme, me paroiiToit une preuve
» non i.quivoque de ma dtférence pour vos defirs , & d'une
» ferme réfolution d'eiTayer ce que pourroient fur vou~
» des procédés refpeétueux &. une conduite irréprocha» ble. Refufé avant d'avoir rien demandé, repouifé
» avant de m'être montré, j'ai dévoré mon jufie cha" grin; &. ménageant d'un côté votre répugnance à cor.
» refpondre avec moi; dégageant de l'autre la parole
» de mon oncle qui, bien qu'à mon in[u, vous avoit
)) promis que je ne me préfenterois p'as chez vous fans
tl votre aveu; j'ai ceiTé de vous écrire (l'occafion de la
» nouvelle année exceptée), & [u[pendu toute démar» che , pour vous donner le tems d'apprécier ma con" duite, &. d'éprouver celui pour qui des circonfiances
» malheureufes vous ont infpiré -des préventions & de la
» méfiance.
)~ Je ne croyoi~ pas qu'une telle conduite fût fufcep» tlble. de d.eux Int.erprétations; & j'en attendois avec
» une Impatience bIen vive, mais renfermée au fond
» d~ mon, cœur, l.'effet &. le fruit. Mais j'apprends qu'on at... -,
» tnbue a l~ cralOte ~e q~'on ne devroit imputer qu'au
» refpeét; a un parti pm par Réceffité de renoncer à
» vot.re fille, ce qui n'appartient qu'au defir de vous
» pl~lre, &. de recevoir de vous une époufe que je fe» rOIS profondement affiigé d'être forcé de redemander
}) malgré vous, mais à laquelle auffi nulle confidéra-
�,l'
: 56
rIon hunr.rirre ne Cau1'Oit me fdire re.noncer fur-tout cl _
)J
puis qu'.u1l )lruit s'dt ~épandl,l qlle ~e m'en étois rel)~
J) indiane par ma conduite envers elle.
. » . Jg lU! Cawrois, M. le Marquis, accréditer 'plus long_
" temps la maniere injufle dOIH or:. explù:jue. mes pro.
» cédés &. ma déférence. Elle. eft telle ~ette déférence
» Hal!, ri~o : ~ dey'tΧ les . 1)Lus .'petltes attentl~n~ . d~ fociéré
)} jllfqu'aux plus grands facnfices '. Jl1! 'lne c.outeroit pour
); vous eil convaincre; &. que lmn de chercher il. gên er.
» Madame votre fille par une rencontre, qui l'embar_
» l'aŒeroit aurri long-t~ms que vous perfifterez dans les
». fentimens d'éloignement- Ique vous me témoign·ez ·
» j'ai évité, j'évite &. j'~viterai tout ce qui: pourroi;
» vous inquiéter. Mais daignez me faire favoir' fi. vou~
» n'impofefez pas un terme à ceue condLlÏte d'un fils
». difgracié, timide &. docile. Vous êtes tfQp june &1
» trop fag~ pour ne pas fentir q4e li je défefperois que
) vous vouluffiez en fixer un, des délais qui me fe~
» raient C0nfurner en pure perte le temps. le ph:ls prél> cieuiX de ma vie, pourraient. me paraître fuperflllS;
» Je le répéte, M. le Marquis" rien- ne me coûcera
» pour vous fléchir; mais daignez' m'apprendre fi je puis
~) en conferve,r l'eCpoir; car je ne dois ni' n2 veux re» fiancer à ma femme.
» J'ai l'honne'ur d'être "avec un tendre &. ptOfond ref.
» petr, lXc. .,
M. le Marquis de Marignane juge- à propos de répondre verbalement au.' Domellique porte.ur de cette leItre; JE N'AI POI.NT' DE REPONSE A DONNER: M. DB
MmAB·EAU FERA CE QU'IL VOUDRA •.
,{,es interceffeurs les plus. refpeétables s'épuifent en vailles tentatives.
. Le Comte de Mirabeau réfolu de· combler la ' mdure
des procédés, écrit à. Madame de Mirabeau la lettre
fuivanre •.
d'Ai&:
1
1
57
cl' Aix 29 Jan",ier i7S.3·
;, Vous verrez, Madame, par la copie que je vous
,, ' adreire, &. à laquelle je n'ai reçu d'autre réponCe,
" que cette phrafe verbale, M. de Mirabeau fera ce
" qu'il voudra; vous verrez, dis-je, que je n'ai rien
" épargné pour fléchir M. votre pere, & que s'il m'en
" eût lai{fé feulement l'eCpoir, je n'aurois pas balancé
" à n'attendre que du tems notre réunion &. le retour
" de (es bontés. Mais il n'a pas voulu me permettre
" la moindre confolation; &. l'inflexible jamais dont il
,,_ a accueilli, tous les conciliateurs que j'ai chargé au" près de lui de mes intérêts, fans me faire renoncer
,~ à la' dou~e ambition d'être toujours [on fils, fêmble
" ne me lalffer d'autre moyen de le convaincre que je
" n'en ai pas démérité le titre, qu'en le démontrant au
" pu~lic. Je vois ,donc avec un bien vif regret, mais trop
" c1am;men.c , qu II me faudra recourir aux voies de
" droit ap,r~s . avoir vainement épuifé tous les moyens
" de col1clhatIon.
.' " Mais avant d'en venir à cette trille extrêmité ' "
t
t
,.
d ' é"
qu a
" ou pnx Je vou rOIs vIter, Je YOUS demande une
", conférence.
.
, Je ne ferai pas le - tort a' ma fie mme d e
" croIre quo elle redou.te le moins du monde cette entre" Vl1e. MaIS comme Je ne veux pas ' inquiéter M. votre
" pere, &. que d'un autre côté il me paraît .ufte
" perConne n'intervienne dans les explications en/re é o~~~
". Je propo:e que cette çonférence où un tiers quJcon~
" que [eroIt plus qu'inutile, ait lieu dans un a . arte". men,t attenant ou feraient mon beau-pere &. pp
cle'
d
mon on"
,ou e toute autre maniere qu'il vous plaira fixer
" pO~,rvu ,que perfonne n'entende notre converfation '
" a~te~ds vocr~ réponfe avec l'impatience natur~l1e
" aux entlI~ens VIfs &. tendres qui m'attachent à vous
". pour la vIe.
Madame de Mirabeau demande 24 heures pour - f.e-
H
�)8
{;onfulter. :Le lèndemaia la conférence efi: refufée ver.
balement camme IM~~SSlBLE ET fNt.TTfLE. •
.
Le 5 février, M. le Bailli,. de ~irabe.u, fe G:roit .
obligé d'expliquer l~ pamle cru il alVOl1r c:fontlée <fue LOll
neVell n'ent11eroit palot cilez M. Ion beau-pelie fans [on
élveu•. Il pN:vient Madame l~ . ' COl~ltd~ de Mitra~eau,
en h'~nœ œ M le ~ar:tq'U'1S de MalHgnane~ qu Il n'a
j1lill1lais" n~ pu ui> ~~u; ',"OIlt1 p!a~alre daI11Is ~e~e patl~l(! t
dOlllil~e' d'ailrellll's a l'infçu dt.l Corn'te de Mlrabtau, l-ap. ,
pruremenr- de Madame' fOR é"po,u(ie', dann pertonn~ n'a le.
dro$t de Lui difp:tJter l?entl!& 'T tanC' que' les Trrbunaux ,
n'eoccpas prolloncre ,la; {6p6l1:a«:Îon (*)
Le inême jour, le [WlI1' @retiIiftn 1 Avocat au Parle.'
ment & charaé des affaitfes de M: le Marquis de Mi~
b
•
d
rabeau, à la veille de parNr pour renourner ans le~
terres qu'il. t:égit, va. pIlend~e les ord:es de ,Madame
de Mirabeau. M. le MarqUIS de Mangnane s avance,
St lui dit:. Monjieur , Je vou.r prùt de fortir ; fe Juù le
maÎtre che{ moi. M. le Marquis, lui répond le Sr. Grèffien,
à Dœu ne
plaifo que je
Madame la. Comreffe que je prenois ta Merd de ~maJlder de
YOl/oS
l-e conœ;te; mais
0 'étoit
La p(m cU M. le Bailli & de M. le Comte' de M'zrabeau. Et
il· {Ott.
Le fix le Gomte de - Mirabeau. (e pré'(ente> à l'Hôtel de'
Marignane. Madaf7te de ' Mùab:au, yefl-el!e, dît-il: au P~r.
tier engag.é par M. le MarquIs de MarIgnane, Immédia-'
temenr aprês la déclaration de M. le BaiIIi de Mirabeau.
Non, MCllfiilUt', ûle efl' jà,ûe, répond. le PQrrier. Faite~.
lui. m~ complimen~ , répond le Comte ,. & dft'es~lui 1Jue j e'
Til/'afJÙ.ai. .
Des~ pr~cMtion
reu;oup,>· fufpeae~, mais4 aUlC.qu'eIfèS · da'
C"") Certainement r~ lettre du G novembre 178+ l i MhdarM la
CJ)\I;(C.!l:. d.e .Mi.r.ab:nu, eag!, 4:9-&' 5)-> "portnit 'ùéja cette explioatiol)
J ~!lS les t ~ ll]leS les plùs PI CC!S & les plus flirrnds.
59'
'clonn-e toojours trop de créance, a.Œtrent' que le f"on ier
rappor~a ainli la , réponfe du Comte <le .Mü·.a~eaLl: Eh
hiell ! Je rttYundra.. fi joltY<nt que Je ta trom,era.{.
Nous ne faurions croire qu'o.n attribue un propos fi
inepte ab! CGmte de Mirabeau; mai.s comme .à l'inHant l~
jJruLt {e r~pan9it qlle M. le MarqUiS de MarJgnane aVQJt
donné ordre à fon Portier de crier MAiN-FORTE fi fa n
~el1dre repareiifoit, ,le Comte .de Mirabeau" {ans vouloir le moills du monde croire à un tel ordre; d'autalaJ
qu'il fut énonoé, dit-on, en termes dOfll un homme tel
que M. le Marquis de Marignane ne fe krt pas; réfoJ ut'
.de s'abfiènir de fe préfenter à fa .p0cte d'une maifon où
fans dou-ne fon beau-pere efl: le maître-~ le feul maître;
où le Com,.te de Micaae;1U ne -prétend réclamer . que (a
femme ~ où. dans tous les tems il [e.roit défefpéré d'être
l'occalion ou le prétexte d'uge fcene également défa.gréable à tous les aéteurs.. .
,
De là jufqu'au 28 février le Comte de Mirabeau a
,gardé les mêmes mefures ~ le même filence .
.- Mais les. conjett1.lres injudeufes &. les propos caJom,l11eux contl/luants, le Comte de Mirabeau s'eft décidé
.enfin le 28 à écrire la, lettre fuivante à Madame de Mil'abeau~
. _
A Aix 28 fé yrier 17 8 3» !e me· (UlS . ~jl~té IO,n.g-:~ems , Madame, que. toutes
)J VOI~S de -concIliatIOn n eJo.!eO~ . pas l fermées entre nous ;
2' ~laI~. vous me devez la, Juihce que je les. ai touteS.
» epUlfées.
» Je ~us al déja. fait part du. clia.éiil . très· vif -que j'~i
.» r~ffe[HI d'entend~e attrihu~r à ,la ",onviétion de mes, prê~) . ~endus t1~(ts. la Qr~onf~eéhon ~ de J11fll cpnduÏte. CQmme
?> J~ ne pu~s Ignoret. ni J~ cfiRtinuanon de ce bruit inju» neux ~ ni les calomnies qu'on répand fur moi, &. que
» mon 1~lence .fembleroit .autorifer fi je tardois plus .long» lems a manife1l:er ma )ufiification ; c'efi profondément
Hii
�60
." affligé, mais néceŒté par l'ho'n neur, que je vais em" ployer les moyens judiciaires auxq~els mon caraEtere
" &. ma tendreffe pour vous répugnOient égalemenr. All
"refte il ne tiendroit qu'à vous
d'empêcher encore
,
. . tout
" éclat, en vous rendant a mes vœux; mais Je ferai
j) forcé de prendre votre filence pour un refus que je ne
" puis tolérer plus long-te,ms. •
.
"Recevez , Madame,, 1 affurance des, vœux que Je fais
.,) pour votre bonheur &. p~ur ~ouvolr y contribuer.
Nous ne tenterons pas d explIquer par quelle fatalité
:l'aigreur augment~ dans la m~ifon de ~. le Marquis de
Marianane en ralfon de la clrconfpeéhon de fon beaufils' o&. nous nous contenterons d'expofer les faits.
Le Domeftique du Comte de Mirabeau, chargé de
remettre la lettre, demande au Portier : Mad.lme ta
ComcefJe y efl-ûle ~ -~-- De quelle part? -,- -- Vous me connoiffe{ bien : je fuis d M. le Comte de Mirabeau. -'-- Non)
Madame la ComtefJe ny efl pas.
Le Domeftique vient reprendre de nouveaux ordres ~
lX. reçoit celui de laiffer la lettre dont il eft porteur. Le
Portier la refufe, &. dit qu'il va demander autorifation.
Il tom boit une pluie froide &. forte. Le Domeftique demande il être admis dans le veftibule ou renvoyé à l'in[tant. Alors un Domeftique de M. le Marquis de Marignane fe charge de la lettre, &. celui du Comte de
Mirabeau reto'urne chez fon Maître. Cinq minutes après
le Domeftique de M. le Marquis de Marignane rapporte
la lettre intaél:e &. cachetée.
, A ce 'procédé inoui le Comte de Mirabeau a cru qu'il
'é toit tems enfin de montrer que la modération n'étoit
pas infenfIbilité, la patience ftupeur, ni le titre &. les
dr.oits de mari un vain nom; lX. ila préfenté à M. ~e
Lieutenant, ce même jour 18 février , la requête {UI-,
vante :
,
•
~I
A M. LE LIEVTENANT GÉNÉRAL.
Upplie humblement Mre. Honoré-Gabriel de Riqueti,
Comte de Mirabeau.
,
Remontre qu'en vertu des ordres de Sa MaJefté, &
pour fes affaires particulieres, il eft demeuré plufieurs
années abrent de cette Province. Lorfque cette abfence
forcée a commencé, il vivoit dans la plus parfaite unio.n
avec la D ame Marie-Marguerite-Emilie Covet de Man"na ne fon époufe, retirée alors avec lui à Manofque où
le Suppliant, par ordre du Roi, avoit établi fon do~i.
cile. La Dame fon épou[e fe rendit peu de temps apres,
de l'aveu du Suppliant ou plutôt à fa priere , auprès du
fieur Marquis de Mirabeau fOll beau-pere, domicilié à
'Paris où elle fut reçue &. traitée en fille chérie. Dixhuit ~ois après, ramenée par le fieur Marquis de Marignane fan pere , elle vint demeurer en Provence.
A [on retour dans cette Province, le Suppliant écrivit
de Mirabeau à la Dame fon époufe pour lui en donner
'connoiffance. Il reçut en réponfe des lettres qui lui annone
çoient q\le la Dame de Mirabeau ne fe propofoit pas de
fe rendre auprès de fon mari.
Le Suppliant ne pouvant reconnoÎtre dans un tel projet le véritable vœu d'une époufe attachée à fes devairs, s'eft efforcé de la rappeller aux inCpirations de
fan propre cœur. Mais tous les moyens employés par
lui , puiŒlmment traverfés par des intérêts contr aires,
ont été jufqu'à préfent inutiles. Les Médiateurs les plus
reCpeél:ables n'ont pu rendre Madame de Mirabeau à
l'époux auquel elle s'eft donnée irrévocablement. Il n'a
pas même été permis au Suppliant de parvenir juCqu'à
eUe: La p~rte de l'Hôtel de fon beau-pere che z qui elle
Àablte, lUI a été fermée. On a éconduit, [ans vouloir
l'entendre, un homme d'affaire envoyé de fa part lX. de
S
�.
62
~ne' ~e r?l1 oncle , à la Dame fon époufe. On elt . . '
venu a faIre refu[er par elle au Supplicmt une ent
dans tel lieu, à telles conditiom, & avec teUes pr~~vue
t.jons qu'il plairoit à la famille de la Dame de Mirobcau.
·
cl e Ion
r
u eali
d,eXIger
marI.. A'
UJOUrcI"1"
1111 meme le SuppLiant a
aIJt
écrit à [OH tpou[e une. lettre où il faifoi,t tlne .dernier/t
.
r
r I '
tatIve
pour liC· d'llpenler
ce r.eCOlJnr aux voies. de dro'en·
le Domelliqm; du Suppliant d'abord refu[é s'eft r1;,
fenté de nouveau fans pouv{)ir parvenir.à rem~lir fe/ •
dres; là lettre remi[e au Portier du fieur Marquis de Mao~.
'
, par un de fes ge' n·
gnane a é t é ,a'l'lleure meme,
renvoyt:c
cl
.
'
liS,
·
L e Supp 1Iant, avant Cette ermere d emarche
av'
. fT' palLer.
Ir.
1 .d
.
f'
, Olt
1a~ne
p us e ql1atre ,mOlS., e perant' que [a patience
demontrerolt une ferme n:[olutIon de plake à [on pe
adoptif, & que le temps fourniroit à la Dame de Mir~~'
beau le moyen de Cuivre fon inclination plutôt que des
i,nfpiratjons étrangeres & ~téreffées. Mais ce temps n'a pas
eté perdu pour cellx qUI mettent ohfiacle à la réu~ion
.des deux époux. Sans doute on n'a d'au.tre deffein qu~.
.de néceffiter une rupture eou'eux,_ Mais les auteurs d'un
~el pr~jet feron~ troDlpés da,lls leur ,atteote~ Le Suppliant
Gonn.oa t~op bIen [011 efhm~ble epou[e , pour ne pas
favoIr qu en ne [e rendant ,pOlnt auprès de IHi elle ne"
f~it tl,ï [on .incl~hation ni [es principes. Il con~oÎt trop
~len 10b(:Œon a laq!!:lIe elle ~ft en proie, pour ne pas~tre aiTure que les [entJmens qu on lui fuppo[~ ne fqnt pa~
les fiens,. & que tout ce q).li paron émané d'elle efl
lancé & dirigé par des mains étrangeres. Rien ne
nuera la tendreiIe qu'il a pour [on époufe; & il ne met
V,as en ~o:tJte qu'il ne <lui [oit aifé de diffiper les , préven~
UWlS ~efavora,bles qu'on vondroit lui )n[plrer.
UI pourrolt dGnc mettre obftacle à ce. que deux cœurs
~UI ~e fo~t ~vol{)~taircme~t d~llnés l'un à l'autre foient il
Jamais. UIllS.• ,QUI pourrolt brIfer des liens ~0llfacré5 l'a!
les LOIX dIV mes ~ humaines?
pal.
d!mi.
9
•
.~
(5~
Afra 8< trop long-temps fe Suppliant a iou1tert qtre
fan époufe ftt comme étrangere à la famille de fon max;i.
La telldrelfe qu'elle a , 8{ qu'efIe doit a'Q'oir pour [on
pere, dt un {enfiment rerpefrafJle que le Suppliant partage. Mais ce [entiment dont 011 abufe pour rarrurer le
iœur hbnnête de Madame de Mirabeau {ur les démarches étranges auxquetres on la contraint , He [auroit être
un obftactè à ce qu'dIe vive avec fOIl mari.
Pour -éoncilier, autant qu'il étoit en [on pouvoir, ce
qu'tl doit à la tendreiTe de [on époufe, à ta refpeétueufe
inclination pour [on beau-pere, & à lui-même, le Suppliant a fufpendu jufqu'à pré{ent fes juftes réclélmations.
n auroit même encore différé. Mais il [eHt , & c'ell avec
lè plus vif regret, que les circonftances ne lui permettent
pas de pouiTer plus loin d'es ménagemens dont on abu[e
comre lui. C'eff peu de le braver, on l'outrage. Les calomntes qu'on répand contre le Suppliant, à raifon defqueUes ft prote[{e de fe pourvoir, font l'le nature à ne
pas lui perm'ettre de laiiTer plus long-tems fon époufe
-éloignée oe fui.
Le Suppliant eft bien affuré que cette digne époufe
~ [on pere qu'il v?udr~ toujours refpeéter, ne [ont en ,
aucune faç,on complIces de ces. calomnies dont ils igna- '
rent peut-etre la fc}Urce; dont ds connoi[fent [ans doute
l'ab[urdité, & que le cœur de Madame de Mirabeau
<Ié.ment :ururément. Mais il ne convient pas au Supp1la~t ?aband.c>nner pl.us I~ng- temps (on épou{e à des
lIlfpIraUOns qUI pourrolent a la· longue diminuer la- ten~œiTe qu:elle a confervee pour lui.
ne lui ,convient
pas de félIre ~uppofer au puoliG par- un plus long û'Jence
$( u~ plus long abandon de fes droits-, q~'il a mérité
cfe les ,pereire, & que [a conduite envers fon époufe
affra~~hIt . .ce.lIe-ci.. dès devoir.s st des obligations que cette
qualtre -lUI lmpofe.
Sa tendreiTe juftement allarm~e lX l'h o nneur compra-
n
�64
mis ne permettent plus de délais. Il y va de (on b .
lieur &. de celui ~de {on époufe. Il y ~a ?e la pero~:
tuiré de deux famIlles notables. Pour fatlsfaue à des ~
térêts fi facrés~ il ne s'agit pour le Suppliant que d'ex ln·
èer des droits certains &. inconteftables.
et·
. C'eft au mépris des Loix &. des Magifirats que 1
Dame [on époufe eft retenue loin de lui, malgré lui. ~
fans doute malgré elle. ,II eft temps ~ue. la voix du n:ari
puiife [e faire ente~ldre a .la femme. S il Im~lore l'autorité
du Magifirat, ce n eft pOlllt contre elle, malS pour elle.
Le cœur d~ Suppliant étoit autre~ois le [eul . juge de
fon époufe. C eft devam ce tribunal qu dl~ appelloLl de 10
.
>
.
d'Il
I/S
ÜS ]ugemens ~I~ on pouvait. porte~
e e. C'e.ft a' [on pro.
IHe cœur ql1 tl ra renVOIe mall1tenant. C eft par elie.
m ême que· [on mari voudroit être jugé. Mais il faut
pour ce1'a qu'elte [oit parfaitement libre ~ il faut qu'elle
plliife v.oir &. entendre le mari qu'on lui peint fous de
noi'res couleurs : il faut qu'eHe demeure dans [es engagemens d'époufe que nu l ne peut diifoudre, que les Tri.
b'unau-x feuls peuvent [u(pendre. A cet effet, &. dans ces
circonftances, le Suppliant a recours à votre jufiice.
Aux fins qu'il vous plaife, Monfieur, ordonner qu 'inj onc~
tion [era faite à la Dame Marie-Marguerite·Emilie de
Covet de Marignane, Comteife de Mirabeau, époufe du
Suppliant, de fe rendre auprès de lui dans trois jours
à compter de celui de la fignification de votre décret, &
demeurer en fon état d'époufe du Suppliant; à la charge
par lui de la traiter maritalement, comme il a toujours
fait. Qu'inhibitions &. défen(es (eront faites à toutes pero
fonnes d'y mettre obftac1e ou empêchement, direél:ement
ni indireél:ement, à peine d'en êrre informé de votre autorité, &. fera jufiice. Signé, Honoré·Gabriel de Riqueti,
Comte de Mirabeau, fils, &. Sicard.
.
D écret. Soit montré à partie. A Aix Îe premier Mar!
1783.. SifJ!1é, Audier •.
Sut
d';
.
65
.
. . .
..
. Sur la fignification faité à fa pedonne ,Mada~e de Mirabeau a répondu: qu'elle Je 'rap,porte d une requête contraire
qu'elle aura L'lu:mneur de préfonter ci M. le Lieutenant. Cette annonce n'a point encore été réalifée, &. ne le
fera peut-être jamais (*). Elle indique feulement que les
.
.
(*) En effet elle ne l'a poim été; car on ne (e (eroit jamais douté
que la REQ..USTE CONTRAIR~ annoncée pût être autre . chJ[e qU'IUle regu.!te ~n répar ati on. Or voici ce qu'oll _a lïg~fié le 8 mars au nom
de Madame de Mirabeau à (on mari.
A M. le D emenant G énéral.
SUpplie. humblemem Dame Marie.Emi!i~ de Covet de Marianane '
_
b
"
Comreffe de Mira!lea u.
: ".Remontre. qu'elle a été "(urpri(e 'de la lïgtlification qui lai a été
" faite d'une Requ ête préfemée par M. le Comte de Mirabea u, aux
" fins de fair~ ordonner à la Suppleante de fe rendre auprès de lui
" d,IIIS trors Jours, &: d'y demeu~er dans ·[011 élat d 'opou (e; à la
~' ch~rge, ~ar !tll de la Ir~lter marItalemeut, La 'Suppliante n'e(ltre ra
" pOllH ICI dans tous les det~ds que cette reql1ête re nferme; mais elle
." _a~ra l'ho~lIleur de vpus faire . cbferver qoe M. le Comre de Mi".' rabeau n'~gnore pa~ It:s rai(oÎ1S qu i a\1roiel1t dû empêche r une 'd~
" marche à I~guelle Ii érait difficile de s'anend l e.
. ' " La, Supplia'He vit dans la mai(on ' de (on pere, &. etle y vit (OIIS
" la fOI du vœu commun des deux familles. M. le Comle de Mira •
.:: ' ~,~a\l con ?oÎt.. ce v~u ; il s'dl engagé à le rerpeaer; & il co nnoÎt
"
COre les faas qUI ,O nt d ~ (erminé ceue (one de jugement domdliqtl:
. que ,Id Sup pJran(~ reclame.
'
, "E. rIle red ' fera 10 uJours
.
d
.
.
'
. tOUt éclar J amais la
un e~OIr d e prevel1lr
"mall on e fon pe
" é f,
,
•
" Bailli d
.
re Il a. et
errn ee aux parens de (on mari. M. le
e MI.rabeau y dl venu hbrement qu an d it l' a J' ugé COll.
""
vcn,
a bl e'
,
' & tl ' n'a t e fTj'e d' y parome
que , depcis le jour où il vine
'" retra Cter pe((onnellement là parole d'honneur qu'il avoit donnée '
" d~e ~;ele dComte. ron ~eveu n'approc\J.eroit la Suppliante, ni la mai{o~
'" étoit ·cr. ~ lia Suppllal1[e, fans l'agrément de ce dernier. Tout
" 1
Il q ~ a Qrs dans le cours ales procédés les plus décens & les
pus 1onnctes. La suppr~
f
•
r: ,
" Comt d M' b
1 nre 0 e meme erperer encore gce M. le
'
(( d ' e e. Ira eau renonce ra a' toute d'emarc h
e l
u téneure
& qu'il
" e ; panrra des fins de [a reqU~te.
'
., C ell dans ce juO:e erpoir qu'elle fi: crOIt dirpen(~e de motiver- le
l)
l
�66
intéreffés à l~ dé[union- des d:ux épo~x, veulent pOUrrer
Madame la Comteffe de Mirabeau a, une de~ande el
féparation. Il ne refte qu un moyen à fon man de pré.,
67
venir cette démarche funefte; c'eft de démontrer ~t fori
épou(e qu'on la trompe, en fuppofant cette féparation
légalement poffible. Et comme le Comte de Mirabeau
----~--~~--~----------., refus de rejoindre [on mari, Elle ne voudroit pas avair ~ re reprocaraél:ere & res
l ' d e c ommencer des procédures auxq ueUes1 (on
., Clet
C te
d
'
., rincipes ont toujours répugllé , & que M, e ,
e Mirabeau
p
évenir hli-même en abandonnant une pretention que le vœu
.,
peut
pr
' d u' l'empec
• het de
" commun & manifefte de [a propre Crattu'Ile aurait
0n:
.. former.
'
b ' 1 d 'b
d fi
" Daus as circonnances. pour a telllr e ~ oultement l' es ilS de
., la requc'te du "Comte de Mirabeau [on man, a Supp lante are.
>,
cours à votre luftlce.
,
,
" Aux fins qu'il vous -plal[e, MonGe ur • ordonner ~ue (ans s arrêter
, l
'te du lieur Comte de Mirabeau du premier du courant.
" a a reque
l'
r.
'r. r
' II
. d
'1 r a démis & débouté, la Supp lante ,era ml,e ,ur Ice e
., Ol\t l ,er
,
S ' - M'
d '
., hors de Cour & de procès; & fera juftlce, 19n. •
arlgnane e
'" Mirabeau, Pa!fot.
" Soit montre
a partie
&> au Procureur du
., IJ 8 3- Signé, Au~ier.
_'
_ A certe requête qUI veut due en fra~çals:
QUE JE VEUX L'ETRE ,
, A
ROL.
A '
nLX
le 7 mars
,
JE SUIS SEI'ARE E PARCI
ET JE VEUX L ETRE PARCE IQU1 J~ L~ ,SUIS.
le Comte de Mirabeau a répondu [ur le champ par a requele ,UIVantr,
Upplie humblement le Comte de Mirabeau.
"
, ,
Remontre qu'une requ~te en date de ce jour, lUI a eté GgOlfi~e
~u nom de Madame de Mirabeau. ,
',' ,
Qu'oa ne [auroit avouer plus clairement par le fait, ~u Il n y a
,nul moyen de (épara,tion el,me e1~e ~ le , Comt; de MlCabeau (on
_époux. puirq ue affurement il eft 1110UI q U une c:pou[e refu~e de (e
fendre ~ une réclamation judiciaire de (on man, & s'ablbennc "c,n
même tems de pré(enter une requête en [éparation; une femme ma~lee
' n'ayant ~ ne pouvant avoir" d'exi!teDce ~égale que la, co~abllal1on
""vec [on mari, quand les Tnbunaux ne 1en ont pas [eparee ..
Qu'~n général il eft ab(urde de prétendre que le ~œu de deux fa·
milles pui!fe opérer la (éparation de deux ~poux, pUl(q ue las LOIX Il<
les Tribunaux ne reconnoi!fent de réparation que celle qu'ds ont ~ro
nonGée; & que dans l'c(pece il dl flUX que le veeu des deux fallllll es
autorili: \a {épar.tion.
S
Qu'il dl: étrange qu'on attelle ce vœu, taudis que Madame la
Comte!fe de Mirabeau a reçu ré,emmenc plulieurs lertr~s de [on beaupere. & notamrr,ent deax du mois pa!fé , qui non (euleOlenr maniferlent le plus vif delir (l' une réul1ion, elllre [on fils & [a belle-fille,;
mais encore qui IcpréCentent à celle-Cl ron ref~s de (e rendre aupres
de {ail mati, comme (gaiement Imprudeilt & mdlgne ll'elle•
Que ces lettres Ile lai llbu > en langage de procéd(/, aucun prétexte
aux conréquences qu'on voud.roir ti.rer des opinion~ que 1.:: pere dn
Sup pliant put a ' r autrefuis de la conduite de [on fi l.; puifque ce
qu'on veut appel!or le 'Vœll do-flù!,,, rur l'événement aaue! , ne d oit
apparemment pas être cherché dans d~s lenres écriTes, il Y a plulieurs
années, plulÔt que dans celles écrite, il y a peu de mois, & même l'ru
de jours.
Que ces lettres ,'le toutes autres qui ne [croient pas des deux époux.
font abfolumelll étrangeres à la demanae flte laf{uefle il s'.cit de prononcer , puirf'Jue nul n'a pu légitimément engager le droit" du ti ers
pui.(que le Suppliant a formé [a demande devant un Tribunal lé'7al:
& non devant le Tribunal domerlique. (ans l'aveu duquel, au ~elle
il ne re reroit point permis de démarche j.udiciaire,
Que M, le Bailli de Mùabeau n'<1voit point donné (a parole d'hon_
neur que le Suppliant , n'ap'pr?c~eroit, pas de (on, époure, parce qU'il
cft trop (~- -pour ..troue avou Jamil~ ell ce ciral! ; qu'il a.,oit {eulement prOfilS que le, CORne ron neveu ne [e pré(t:oteroir point à M.
le MarqUiS de Mangnane. & que le Comte de Mirabeau a religieufement acquilté certe parole.
Que ces promelfes ne rauroient d'ailleurs avoir aucune inRuence
da'ns lln!:: dem'lIlde Judici-aire, nécellilée par des procédlis qu.'on. n'dfacera pas en les pafrallt (ous fi[ellcc.
, Que (j les perron nes q ai agilfc:llt (ous le nom de Madame de Milabeau, s'étoienr fait un devoir de preytm"r roUI t'clat dies n'aoroient
pas, eu le procédé rans exemple de renvoyer à un m:ri la leme qu'il
rCnt, à (a femme, Cans permeme à Gelle-,i de la lir~. Mais qu'cmpon~es, hors ~e leurs propres me(ures par leur reule paŒon, elles
vo~drOlent, valJ~emen~ aujourd'h!li imputer à modéralion une requcte IIl folllc, l11{.igOifiante , de nulle vakur dans la quellion . dont i}
l ij
�68
ne peut ni parler' ni écrire à fa femme; comme il
peut fe faire entendre d'elle que par l'organe du pn~
hlic, il livre à l'impreffion le lettres aimabl~s &. to~_
chantes de Madame cie Mirabeau, &. laiffe à fon CŒL
&. à fa raifon le foin cI'en tirer les conféquellces.
Ir
Voilà le tableau fuccint, exaét &. ficlele des procédts
&. des moyens refpeétifs. On invite les citoyens de tout
état à fe demander , qui pourra fe croire à l'abri d'un
procès en féparation , fi un mari choifi par fon epou[e
deux fois pere en deux ans , riche des lettres les plu;
tendres, écrites par fa ' femme éloignée de lui de deux cent
lieues, &. qui ne l'a jamais revu depuis ces lettres écrites'
peut voir brifer les n(,1!uds les plus chers &. les plus [a~
crés, parce qu'on affure, au nom de fon époufe, qu'elle
ne veut pas le rejoindre: affection fi téméraire &. fi peu
vrai[emblable, que ceux-là même qui l'ont entendue de
la bouche de Madame de Mirabeau, mais qui favent de
quelle maniere 1 cette femme douce &. timide e!l entourée
obfédée, confeillée, captivée, la croient, autant qu~
fan mari même, pénétrée du defir de la réunion.
' HONORÊ· GABRIEL DE RIQUET! "
COMTE DE MIRABEAU, fils.
J
SICARD, Pmcureur.
s' agit. & une lenteur qui n'dl: précifémenr que difete de moyens &
• de pretextes,
'
meme
Celte requête>â été 'répondue d'un flit d abondant montre li partie;
& le çomte d!= . Mirabeau, qui fent ell effet que la futilité des rairons
employées pour Madame de Mirabeau a dû étonner un Juge, fup'
porte ce délai dans le mËme efprit qu'il en a [upporté tant d'autres;
c'efè,à-dire dans l'efpoir que les erprits fe calmeront par l'attente, ou
du moin! [e convaincronr que ce n' efè point avec des réticences qu'on
daigne à peioe colorer. loin de les motiver; qu'on parviendra à re
foufèraire à !lne demande avouée de toutes les Loix divines & humailles.
•
•
.
CON SUL T A T ION'
V
~ les Obf~rvatiolls ci-deffus; la Requête préfentée
a M. le Lieutenant Général le 28 février dernier ,
par Mre. Honoré· Gabriel de Riqueti, Comte de Mira'·
beau; copie de la Requête contraire de Madame de Mirabeau, fignifiée le 8 mars; feconde Requête de M. de
Mirabea u du même jour; les concluGons de M. l'Avocat
du Roi, & les décrets de M. le Lieutenant fur ces di·
verfes Requêtes: Oui M. le Comte de Mirabeau.
~~ C<?NSEIL SOUSSIGNÉ ESTIME, qu'on ne fauroIt Imagmer fur quel prétexte Madame de Mirabe
peu,t refufer de fati~faire à l'injonétion demandée. C':~
,accI~entellement qu elle habite chez M. le Marquis de
Marignane fon p~re. Elle n'e!l pas légalement féparée
du Comte. de Mirabeau. Le retour de ce dernier dans
cette Province, de voit donc la ramener auprès de l '
Les Lo.ix .& les bienféances difent également qu'~~e
femme dou ~Ivre auprès de fon mari. Pour qu'elle en puiffe
demeurer'feparée, ri faut des faits', 1'1 liCa ut qu "1
r·
d
1 S ~oIent
1 e finature. a. rendre la cohabitation très·dangereufe pour
a é ~mme ~ rI faut encore que ces faits [oient énoncés
pr CIS, recens, perfonnels à la femme
rOll é
'
{!lIe
p
~ s p~r
, é : II faut enfin que la légitimité de l" exception
aIt
{!t reconnue, par un Jugement authentique.
.
,Il ne pa~olt pas poŒble que Madame de Mirabeau
al~ de ~arells moyens de réparation. De plus il e!l certam équ aucun&. J~gement ne l'autorife à viv~'e loin de
[,on poux;
Il ne 1'!l
' b
la fi
• n e et, es lettres élevent de grands doutes [ur
~~aiée~eme;,t
volont~ d~a~a~e ;:l~~~~~ ferèl~e;lI~~~~
�7°
cette volonté qu'on lui fuppofe; t~ndis qu'~lles n'en laiC.
fent aucun fur la véFité des fentunens ,qu
,on
· y trouv e
e-xprimés avec autant cle ,gra~e ,qwe d ener~le.
Madame de Mirabeau s eft pelllte elle-meme clans c
qu'elle a écr,it au Comte de Mirabeau. Son ame s';
'voit toute entiere ~ Et, ces lettres -toucha.ntes fuffiroient
.pour juflifler l'emprefiement Ade fon, man.
. Il eft peint atlffi de la melne mam; Et certes, il ne
perdra ricll à Aêtre jugé d'après, ce tableat;, à l'être par
fan époufe meme fur ces témOIgnages qu elle ne fauroir
.ni {u{peél"er ni récufer.
On trouve dans cette partie intéretfante de la correfpondance de Madame de Mîrabeau, fl0n feulement les
tendres épanchemens d't1l1 cœur pénétré de l'amour con·
-jugal, mais encore t'opinion jufte qy'eHeavoit de fes
devoirs envers l'époux qu'elle n'a pas revu depuis cei
lettres.
Ce qu'elle lwi écrit, ce q\<l'elle dit de fui, ne permet
'Pas qu'on éleve le moindr~ doute, ni ~ur. fa bonne Con4luite envers Idle, ni [ur leur ·limon tnurne pendant ~ la
cohabitation.
..
Nous- ne ra.ppellerons point ici tout çe qye ces let.
tres contiennent de tendre &. de touchant. On ne peut ou·
blier, après les avoir. lues, combien Madame de Mi'
rabeau defiroi:t de [e trouver auprès de {on mari~ On.
la voit trifle de leur ffparalion : Elle ~n gémit, eUe regf// I
les lieux habités par lui. Son amour croît à me/ure qu'tlle
Jprouye les rigueurs de L'abfence .-- SA féparaLion .flli fait
yerfer des larmes qui ne Jont arrilée'9 'lJue par L'efpùana
d'une pr().f11pte_ dunion après laql:1elle ' eik f'013piroit fans
ceKe. C'ejl toi qui m~as :nyoyée .:à Paris, lui écrivoit-ellfl
Du moment
je
deplairai, lU n'as qu'à me mandlr
où tu yeux · que j'attLe fi ;e m'y rendrai lout de fUÎle. pOlir
]leu que . lU penfes que je puijJe t'être utile Olt agréable,
icru mai, & je 'Volerai <1Y~ /Ille grande joie- -quelque pari
eu
,
<y
71
Je ne te ·ferai P9 s ; je t'affill·e', Je Jacrifices.'
t:~fi de ce ton qu'elAIe !ui ~Iemandoit [es ordres q~'eI1<;
aroi{foit toujours prete a fLuvre aveuglement. T<>uJours
~Jle regardoit [a Coumi{fion al~l;C volontés, de fon, mari,
-comme un devoir [acré & bien d~ux a ~emp~lr;. les
malheurs de celui-ci, comme des tItres qUI obhgeolent
plus particuliérement [on épou[e il ne s'occuper que de
lui, à le dédommager par [a tendrelTe de ce qu'il avoit
alors à [ouffrir. ,
Le portrait qu'elle fait de [on mari, d'après un corn"
merce continu de plus de deux années, & le temoignage
même de [on pere; dans un tems où le fils, par [es diffipations, avoit encourll [a difgrace; ne lailTe pas la plu$
légere vrailTemblance aux calomnies qu'on [e permet
contre lui. Madame la Comtelfe de Mirabeau attefie l~
générojité de [on mari: elle - ne craint pas de s'en remettre
Jon propre Tribunal" que toujours elfe trouva jufle pou.,.
elle. Lor[qu'elle dit de lui que Jon imagination. ardente l,Ji
jàit e;cagérer fes maux, elle ajoute qu?il a le courage ~
la fo1'ce néce./Jaire pour en [urmonter la violence, de la par
tience pour en fupporter la durée. Elle avoue que le Juge
le 'plus [évere ([on pere) ne [e plaignait de la téte du Comte
de Mirabeau ( alors bien jeune) qu'en faifant l'éloge d~
foh cœur. Elle reconnoît enfin que perJonlle n'a pius de
jorce d'e[prit que lui dans le malAeur.
[
C'eft elle qui fe jufiifie. C'ell: eUe qui femble redouter
-que [on mari ne [oit mécontent. Sa tendrelTe n'eft a11ar ..
méc que des injufies [oupçons qu'elle tremble qu'on ne
lui ait in[pirés. Dans les débats auxquels [on filence -<;lU
celui de fon mari donne lieu, rien n'indique qu'elle pût
avoir d'autres craintes, &. bien moins encore d'autres fujets per[onnels de plainte.
-,
Elle gémit fur [a polltion. Une femme féparù de Jol}.
,mari ejl une e[pece d'être ampAibie, dit-elle; &. c'efi d'une
féparatio.n de fait qu'eUe parle. '€Y;
2)l pour.rpit-elle
tu fois.
a
�(
72
fe diilimuler aujourd'hui que l'état d'ut e femme féparée
de droit dl: bien plus fâcheux e~core '. ,.
.
Nous ne le croyons pas. Mals gUO!qu Il. en, fOlt, un
rocès une fois engagé , ne .caurOIt etre Juge que fur
fes principes. Or il n'en eil: ~Olnt de plus connus, de plus
.
. bles , de moins fu[ceptlbles de controver[e
que ceUl{
lI1vana
T .
d'après lefquels ?n prononce dans les nbunaux fur les
procès en féparauon de corps. . .
.
u'une
telle
féparatlon
fOlt
ordonnée , il faut
P our q
r
.
cl '
,
1"
qu'une cohabitatiQn oragellie aIt emontte que. umon
deux époux était impoffible. Il faut du mOIns que
en tre
'd '
d
1
[' ,
cette impoilibilité réfulte éVI emment ~ que que lait re.
1 t" f à la èohabitat;oil ' ou dont les confequences tombent
f~: elle. Tout autre J~oyen peut faire diil:inguer les intérêts , féparer les biens, jamais les eer[onnes. ,
Ces prineipes [ont tous pour M.1e,Co~te ~e ~Irabeau~
1apphcatlOncl Jufques a
1es lettres de fa femme en ponent
,
.,
l'évidence; & l'on n'échapera pmals a ce co:ps ~ ~reuves
au-deuus de tome fufpiEion, Comment arrIveroIt'11 cl?nc,
e des' époux fi. tendrement unÏs pendant la cohabita·
~~n & qui ne fe font pas revus depuis que les !et:res,
tém~ins de leur tendreiTe réciproque , ont été eentes,
fuUent féparés judiciairement?
'
.,
Une lettre fut .la premiere caufe de le~rs ,dl·uen;lOns do·
meil:iques' caufe légere qui ne peut aVOir etoufl'e dans le
?
Ir.
" Al a V~~Jt
&' é,
cœur cre l'époufe
fa tendrelle
pour 1e mari.
d'autres griefs font incliql:lés vagliemen-t dans les dernter~s
lettres de Madame de Mirabeau & de M. fan pere. MaIS
les réponfes inférées dans le~ Obfervation~ p,aroiffent fa·
tisfaifantes. Auffi ont-elles demeuré fàns rephque. On ne
.
., ' . .
peut pas dire ~ue l'affaire de PontarlIer qm n etolt nen
en eUe·même, Ile foit pas finie. La plainte de M, de
Monnier eft anéantie par fon dé{iil:ement; & comme el,le
n'annonçoit' pas un ' délit public,' il n'y" ' a 'aucun m~yefl
l'oUr la faire· revivre, &. nul prétexte - pOlU' en exclpeli
,
•
73
11 y en a d'autant moins, que le délit de.
M. de Mi-
rabeau étoit accufé n'a rien d'infamant, ne }Jorte pas fur
le rems de la cohabitation, ne peut pas la rendre dangéreufe, & ne fauroit faire perdre au mari les droits
qu'il a fU,r [a femme.
On dOIt donc efpérer que Madame de Mirabeau ne
fe refufera pas plus long-temps à la demande d'un homme
au fort duquel elle s'eft unie irrévocablement, & qui
l'appelle avec autant d'empreirement qu'elle en montroit
autrefois à le rejoindre. Madame la Comte{[e de Mirabeau retrouvera [ans doute dans [on cœur les [enrimens
qu'elle peignoit fi bien , & ne confulrant qu'eux , elle
n'attendra pas que les Loix qu'elle invoque la rendent
à un époux dont elle ne doit point être réparée.
Délibéré à Aix le 9 mars 178 3.
JAUBERt,
AAIX, chez 10SEPH DAVID, Imprimeur du Roi.
1783.
�•
•
�PLAIDOYER
Prononcé par le COMTE.DE MIR~B,EAU àr Audience de Mr. le Lzeutenant · General ~ le
20 Mars 1]83-
MESSI~URS~
- 1
•
Lor[qu'en 1772 je béni·frois le Ciel de m'avoir accordé
l'épo\l(e que mon cœur avoit choilie, . & que fan'
cœur m'avoit donFlée; lOl'fqu',::n 1773 je paign.ois de l.a-r~
mes le fruit de fa tendretTe, 'dout j~étQis defiiné à pleu~er,
la mort prématurée; je ne m'attendo.j~ pas que dans- peu
d'années celle que l'amour avoit conduite aw pÎed des
Autels, viendroit demander aux Tribunaux de nous defunir: & fi quelque Prophete finiftre m'eût anrHHlcé.jde
tels malheurs, faurais repouifé la main, cruelle ql.li m'eût
o'uvert ce trine avenir.
Le voile eft \evé ~ il dl trop nai qu'on a forcé Mada.me· de Mirabeau. à refu[er fon. époux, à rejetter le vœu
de fon propre cœur. Envain j'ai mis en ufage les- procédés jes plus modérés,. les motifs les plus facrés, les fup~
A
-,
•
j
�2-
p.~ication~
le~ plut tendres: on n'a pas même daign'
' é
' ;~n n'a pas dai
ell\e'
' pas daJgn
répon dre; on na.
me VOIr
m'entendre. Séparé de fait par une , vo~onté qui s'eft l·gn,~
'"
,
r fié ."
rr(Ù
tée e
d tout ce, que J al tente pour a . chlr, on a ' né.
gligé. de ..dema.n?er un A.rr~~. Et 19ffquff~~n j'ai VOlÙu
que ,c~tt....e_ fitu~tlon, am p1uble, éga~eme\1t l1~fultante pout'
les 100X, pour le!) Tnbunaux &. pour. le~ ,mœurs, ~ût un
tefme; on m'a forcé d'exprimer mon vœu par un Huif.
fier en refufanL tolite efpece d'explication &. de confé·
re-nce avec moi, en refufant, en renvoyant jufqu'à mes
lettres.
r •
Il fau~ 4?n,c, . .,ME~SIEURS J • qu~ vous ,décidie~ en·
tre nous. Helas! Je ne m'en cache point, j'ai rèpugné
\onftte~s-. ~ cette ""extrêmité . dolllo~re~fe (on verra bien·
\ 6t fi favois ' lleù de la red~uter). Mais quelle ' ame
hÔ11liête condamnerait cette répugnance &. n'y compati.
rait pas! Ah! fi j'eufI'e douté du c~ur .de Madame de
Mirabeau; fi ceux qui captivent fes defirs &. gênent
jufqu'à fa penfée, n'eufI'ent pas compromis mon honneur
par d'in[ultantes calomnies, je n'~urois jamàis Co~t~(!U ce
~rifle proc.ès. ~l eil loi11 ~e moi l'efpoir &. le deGr de
rechaùffer urt -cœur par Arrêt, d'attendre d'un 'o rare des
~~ibuna.tl>:Ju'lIne .femme redeyienne ~endre époufe, fidele
tompag~e-t bonne niere, &. que le .doux commerce d'une
amitié, a'af1t! · oort:li~nce ' récipr-Oque, onourrHfe-de fe9 illu.
600s -des plaifirs"'empruntés de l'amour.
Mais .quand j'au rois ie malheur de croire aux fentih1~~S qtl'Da pr~~e 4 Madan:e ,de Mirabeau, que
dirda.on pas ' fi Je · me refufOis a cet étl.>ange procès ?" Que
n!a+on 'pûS - èéja ·dit 't ·que n:a-t·on pas teAte '1 On il
voulu. faire de l~ réclamation la . plus fimple un procès
·d~. parti? a~eLite~.le 'public, me fèrme~ toutes les portes,
in lflterdIt'e JuCqu a la vue de mes plus anciens amis,
âe mes -amis les· plus chers: .on · a · voulu m'ôter [Out
fecours; tout, GénfeiJ., tout ·organe. Lei plus . célébres
ne
H
Oratèurs- db Baàéau ont "été précipmmment <:otl(ùlte~
contre moi; tandis que rafI'uré par la fimplicité: de mil.
caufe, ' &. mon efiime pour Madame de Mirabeau, je ne,cherchais qu'à toucher fa famille par l'excès de ma dé.férence " on a cru que je fuccomberois faute de défenfeuI"_
Mais vous me ' refiez, ME.SSIEURS. Vous 'allez m'enteu·
dre. Vous ne fongerez point à l'homme qui VOliS parle ::
· Vous n'examinerez pas s'il. a bien ' ou ' mal dit:, vous
examinerez feulement fi fa , caufe eft bonne. Il eil un
orateUr inviGble qui plaide au fonds des cœurs; c'eil
l.ui, que le~ Juges & les ~peél:a~eurs. ~couteront; c'eil lui
' CiJUI parle ll1térleuremel1t a' celUI qU1 parle au dehors ; &
: c:eil. lui que ~oi-vent . ef1~e~dre ' ta.us ceux qui prêtent
1 oreIlle aux dlfcours qUI tnrérefI'ent la fuci été & les.
mœurs.
Sans doute il eil de ce genre le pr.ocès qu'on ofe m 'iIf:tenter ' aunom de Madame ' dé Mirabeau; &.1000 cf Offrir
;a.ucùne de (ies difcuillons litigiéures, où les fubtilités 'lX.
· l'a~ré{fe.l ~es Défenfoors peuvent 'induire ' en erreur l'éqllité
mem~ .; il eil .du nombre des caufes ql1C tous ' les hommes
. honnetes p@uvent & doivent juger••
· . C'efl: leur A.rrê~ que j'inv@~Ye, MESSIEURS, p4lr votre.
,organe. En 'Va1l1 m~s Adver{'~lItes cherchent a'S1env elo,pper
· dé préve.nti~ns; en l'ain ~es nombrèufes erreurs 'de
je!l.n~fI'e pla,ldent. eh leur faveur; èlIes font toutes étrangeres
au proces ~Ul nous ra1Temble. Et fi,. ce qui pourroit ê tre
plutôt une Illufion. qu'u?e ;érité, l'opinion publique fe.4W?~~ en, effet ceux qUI m attaque.nt ~ leurs procédés en·
:dO'weil: lê.tre pl\1s fcrupuleufemenr examinés. .
, -:rout m'annonce qu'ils ·ne me comba troBt &. ~e pour-110?t en effet me combattre dans un procès fi défefpér é.,
€lu avec des ,calomnies pû'bliques &. [ecretes. Je v ais être
co~vert d.e ce bOUlbi~ ~ ÏJ)feél:; j'aurai à: exprim er f éponge
,qUI en)e~era cert~ fOthlluré, poNr reCORlmencer [ouvem
· ce dégolitant office ;' S( fi, '1a fI'é', •affoibli par de contim.elS,
ma
.
A
ii
�4
foulevemens de cœur, j'en laiffe Cubfil1:er la trace la plu
.Iégere; l'attentio~, du .public fixée fur nous.~ per~ant
vue tout ce que J aura1 réfuté, tout ce que J aura1 dédai_
gné de renvoyer à m~s Accufa.teurs, ne m~tt,ra d'impor_
tance qu!à cette trace lnvOlo?-:a1rement négltgee . . . . . .
-Telle eft la déplorable condmon de' ce~~ que la calomnie
l'0urfuit! Telle eft la déplorable cOI~dlt1on , de l'homme!
Mais n'dt-il do rie aucun , moyen d honorer, d'ennoblir
çette fituation cruelle? . . • . Je I:eiTayerai, MESSIEURS.
Loin de moi çe miférable ergotage, qui veut tirer parti
.de tout· 'qui ne craint pas d'aifocier . à une lumiere éclatante &.' pure, la foible lueur qu'on obtient à force de
frotte mens. Loin de moi fur-tout cet amour propre ira[.
cible _qui veut n'avoir jamais tort ~ 8( qui me, conviendroit
moins qu'à tout autre. ~ans, doute, MESSIEl!RS, la veritable févérité envers fOl-me me eft le prem1er &. le plus
ncble des devoirs. Sans doute l'homme .moral fe connaît
mieux en cenfure que les plus forcénés calomniare~rs. Je
'le' dis donc hautement; j'ai eifuyé tous les malheurs que
Ijl fougue de l'âge 8(, des paillons p~u.vent . attirer, fur un
jeune-homme. Mais c .ea parce que Jal fub1 cette epreuve
cruelle, q).le ma femme 8( fa famille me doivent plus d'in·
dulgence. Mais de toutes ces pallions, d.e toute. cette fou~
'gue, il n'a pas réfulté un fUJet de pla1nte perfonnelle a
Madame de Mirabeau: 8( tout le monde peut - être eut
droit de me condamner, elle feule exéeptée.
Pour moi, MESSIEURS, qui viens vous démontrer cette
.vérité, je me préfente aulli pour abfoudre Madame de
Mirabeau, 'dans votre opinion 8( dans celle du public,
de la conduite qu'on lui fait tenir aujourd'hui &. depuis
trop long te ms.
Madame de Mirabeau eft capable de tous les fentimens
&. de toutes les aétions honnêtes. Livrée à elle-même,
elle n'eft capable que de cellx-là,. C'~ft . moi qui la connoÎs
bien, c'eft moi qui . femble aVQir qwelq\le droit de m'en
d!
..
•
• dre , c'ell: moi qui vous
; j'en jure eUe-même
l'1am
, ~'aifure
.
fi
.
&. l'honneur: 8( j'ai tant d efhme pour ma emme que je
lui confie ma défenfe.
.
En effet MESSIEURS, pour tout ralfon~ement, pour
_t;lJIt art, pdl:lr toute éloquence, j'ai fait impnmer les feules
lettres qu'elle m'ai~ écrites, depuis que les orages d: m ~
vie nous ont -éloignés l'un de l'autre. Vous avez pu Juger
jilar 'Ces temoignages au-deiT~s ~e t~ut Commentaire 8( de
tout foupçon, de l'union qU1 regnolt entr~ !lOUS au temps
de mon bonheur_, au temps où nous habmons enfemble •
Il -s'agit marntenant d'examiner s'il eft poillble de con·
.cilier tout ce qu'elle a dit à moi, tout ce qu'elle a dit de
moi dans reffufion la plus ardente d'un cœur fenfible,
noble, tendre 8( pénétré, a'vec la conduite 8( le langage
auquel on la contraint aujourd'hui; s'il eft pofiihle d'ap,préciet' mieux l'obfeilion qui me ravit ma femme, que par
les inconféquences auxquelles elle ea pouffée.
J'entreprends cette difcullion, MESSIEURS, 8( j'ofera'i
vous demander enfuite, j'oferai demander au Public, à
,'ce T~ibunal qui juge tous les Juges de la terre, quel eft
le procès qui nous amene ici? S'il Y a un procès dans
.çette caufe? Si l'on y voit autre chofe que le defir forcéné de s'oppofer à une réuniQn jufte 8( nécefraire, mais
qui n'eft pas de l'intérêt de tous ceux qui obfédent mon
époufe? J'oferai vous demander, s'il eft permis d' abufer
ainfi de vos momens, 8( fi vous ne devez pas, par ref·
peét pour vos fonétions augufies, vous hâter de rendre
Madame de Mirabeau à mes vœux, 8( je le dis avec af-,
Curance aux Gens mêmes?
O! toi qui m'aimas toujours 8( qui ne fortis jamais de
mon cœur! toi qu'un regard m'eût ramenée! ah ! n'accufe
que nos ,ennemis communs du trifie rôle que tu me forces
à jouer ici! je gé~is de celui qu'ils t'impofent, 8( jamais
!Ii ne me fus plus chere .•• Je vais parler de toi comme
Je t'ai vue, comme je te vois, comme je te verrai tou,:
�.,
'6• . " ïnal'grè' les ' fil agëllions (le" 'ceux qui veutent nous
'jOtllii"S 7' 0
lutôt J' ~ va,js te' faire parler le langage qui
dé lIOIr.
u p
, .
fi
l'
1
'
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'
le
langage
qui
fut
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tien,
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te propre,
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&
cœur
q ue 'tu n.'é cou t 0 I~S que ta cO'llfClence é ton
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VI' .o.oire· elle eft Il .ceualre
te d oute paIn . ID
1...
,
•
Il' r ton bon:.
r
heur lans
quo l' J-e ne Id voudrOis pas. E 1e lera
'b ton ou.
vra ~" les ex.preffions de t~, tendre{fe. ,. e t.r~ ut de ta·
. Il:~Ice. V a il'a. m
es armes
valla mes for·
JU
, voüa. ma magie,
.
tileges.
1.
· -·Je pré venu:.
'?A
. par o·u commencer? Que·'d1
OIS
, .
M aIS
'
l' .
UOl me faut-il répondre? Le pro ces que' on me lait :n·
TI.
ft de telle nature que ma caufe & mes drOits
ce
Jour
".
e
.
,
d ' éléb .
d'
rlont expoles
r'
p ar la, leéture de 1aae e c . ranon r e
.
& qu'il eft impoffible de devlOer Ut] leul
mon manage"
l'
cl M d
des moyens dont ont p~.ét.end appuyer le relUS e l a ame
de M.~rabeau de me reJolOdre.
,
On nous annonce des griefs de la, nature la r:lus grave;.
~ais on n'en déduit auc~o, & je n'en f4is 'palOt étpnné.
Les défenfeurs de Madame de Mirabeau ont, plac.é cl~ns.
les Loix & les chicanes de forme, tout 1 efpO\: cl u~
procès qu'on voudrait . nous, faire a~a.n~onner. ~Ials . mOl
qui ne veuX' point . de proces; mal .qul' y:oudrolS .effacer
jufqu'à la plus légere trace d.e 1.1OS dlifenuon.s,', mal pOlJr
qui le plus court débat dame/tique eft ~n ver.t,at;te ~a~
neur , je me Mterai , n'e.n do~tez pas; J,e me hâterai dei<,
1e pre,!Uier moment où Je p~IS parler a m~s Juges, de
'démontrer à"Madame de Mirabeau" par l écho du p~
hlie., qu'<::)n la trompe, qu'il ,11e fauroit. êtr~ ,: de l'races
-entre nous. çette difcuffion au refte. cft 10)0 cl elre étrangere à l'incident qui vous cft fournis , . 1'y1:E'SSfEURS ; car
'la décifion de cet incident tient à la. na!ur.e. du fond"
. dont l'efpece ell: abfolument nouvelle.,
,
. En effet ~ je. Iai{ferai la plus libre-, c,arriere aux. qécla'
!mItrons, la pIus grande latitude à la' lrcence de- P?lloiopner" d'inltituer, de flé.truire i & fans attell:er la famte-
•
tè d'un Sacrement augufie; la fainteté M(}n mOi ns 15l'ahde d'yn contrat fous la foi duquel nous refpirons tous ,
fans examin er encore toutes ·les belles chofes que VOU$
ne manquerez pàs ' de répandre fur la néceffité du divor, -ce que les Anglais vont s'interdire au moment où vous
i'inv,oquez.; [ans vous dire ,que fût,il en effet néce{faire,
les convent!ons [ecretes faites entre les .citoyens pour
abroger une loi quin'eft pas ' encore effacée [ur le Code, n'en feraient que plus fùneftes : je vous demanderai
à quel titre, da ns les fuppofitions les plus favorables,
,danS' tous les fyltêmes ,p 0ffibles, vous prétendez m'arra.cher ma femme?
.
, Alléguerez,vous en [on nom ces antipathies inexplica.
<hIes qui rep(}u{fent -des êtres ·que leur malheur unit?
Mais Madame de Mirabeau ne le cache point de m'a:.
~ oir époufé, parce qu'elle m'aimait! Qu'une jeune per;
Conne qui ne connoit encore ni le monde & fes dangers,
nI (amour & fes tourments, ni la féduétion & fes pieges,;
qui n'a d'aut.re guide que fan inexpérience, d'autre appui
que fa foib!e{fe, d'autres confeils que des pareos dont elle
te cache; qui fent [on cœur gonflé par des dffirs dont
elle cherche avec inquiétude à démêler l'objet; aux yeux
de qui fa trompeufe ' imagir.lation repréfente l'hymen con~
-duit par l'amour, couronné de fleurs, ia férénité fur le
front, la tendre{f~ d,ans le.s yeux, les ris fut' les levres ,
àpportant la félicité d'une main ,& la liberté de l'a.\:Itre;
qu'elle [e lai{fe aIler au defir d'échapper à tout prix à
'l'état de 1fille, & décevoir par un [éduéteur adroit: art
'le conçoit fans peine.
, . Mais Madame de Mirabeau, que tout appelloit à chaiiir, pouvait nommer parmi plufieurs rivaux; elle avait
même choio avant de me connaître. C'efl: pour moi qu'elle
-a rétraété [on choix, & je m'en trouve honoré. Elle m'a
vu habituellement pendant fix mois avant de prendre mo'n
nom. Ce n'eft donc p oint à nos préjugés, à nos cqn.ve ~
�8
nances, à oos inftitutions faciales qu'elle a été facrifiée •
c'eft à fan defir, à Ion choix, à fes v;œux que [es pareo;
ont déféré.
. Mais fi fes parens ont été trop complaifans? Si Madame
de Mirabeau fut trop crédule aux mouvemens de fon cœur 1
Si l'union qui lui promettoit tant de charmes, ne fut pour
elle qu'un eCclavage trifle & cruel? • . . .
. Ah! de grace, n: vous ép.uife21, ~Qi~t en, co~jeau~es, ar.
ficulez-nous de! faits. Je vous 1 al dit; c eft a Madame de
Mirabeau que j.' ai confié ma défen~e. Cherchez dans Ces
leares. ce qu'elle perue de notre umon. Sans doute vous
ne la récuferez pas dans fa propre caufe . . . . . • Quels
regrets plus touchants! quelles invocations plus tendres!
quels ~émoignages plus honorables! quel amour, quelle
enime mieux prouvée!. Qui n'a pas été attendri ~ à la lecture des lettres de ma femme? C'ea Fanniil, cette Fannia
que l'amour conjugal a rendue celebre, & qui duoit à [011
époux: ton fOrl f era le mùn;. comme je n~ ai de plaijir qu'en
toi ~ je ne Pblis avoir dl peine qble de ue pas Vlvre & rnourir a.ve/i
toi. (*) Eh! qui ne gémiroit pas qu'une union, fi l'are dans
.une certaine daITe de citoxens~ fût brifée! Qui mêm e ,parmi
ceux qui veulent: croi·re que Madame de Mirabeau ga,
.gne.r a fon prods, ne la plaindroit pas d'être obligée d~
renverfer l'Autel de l'boy menée , . elll! q~i l'ay oit ·tant _dé~
, 1
core .Deux années entiere.s, tes deux feules anRées- de bon~
heur domeftique que le ,fo rt m'ait aocordées, notre uniolt
a , fait. notre: félicité _commune.,. de ' quelques traver[es que
des circonftances malheureufes, & mes fautes euITent d~
ja. [emé ma. carriere" no.us éprouv,ions _des conu.'arietés;,
no·us avions de.s dettes; mais Madame de Mirabeau f<il'\loit mieux qU:Ull autre, que. fi. véritab-lement il m'eût été
Roffible'
:
9'
poŒ61e . cren avoir 'beaùcoup moins '; rI m'avoit été a-bfoJument lInpoffible de n'en point contraéter. Nous avions:
des d~ttes; mais que!que raifonnable que fût Madame
de ;.Mlra'b eau (ur fa depenfe perfonnelle, eUe ne pouvoit
q~ etr.e t~uchée d~ . ce. qu'une grande partie de ces dettes.
n aVOlt d autre mouf que le defir a'aif & fans celfe renaif~ant . d'orner l'idole de mon cœur. J 'avais des dettes, &
J ét~ls tourmenté pour ces dettes: mais jamais la tendreITe
conJugale, fi ce n'eft la tr-anqtlillité domeftique, n'en fut
troublée. On a vu mes preuves ; elles [ont publiques on
n'elfayera pas de les détruire.
'
: On . eft, donc ~bligé ' de .m'abandoO\~er le temps de la
~ohab.Jtatlon. MaiS a,t-on bien apprécié cette viétoire .que
Je dOlS aux lettres de Madame de- Mirabeau? Non fans .
doute, M'ESSIEURS, puifqu'on 'la lailTe plaider.
,.
En ef!et, parlcms aux. Tribunaux le [elIl langage vraiment dlgn.e €le lé!' MagIfl:rature, & tra'ç om fous la dictée des tOl'X les vrais principes qui doivent juger cette
caufe.
, Les liens d~ mariage, indilfolubles de droit & de- fait 1
rendent les biens & les maux communs entre ceux q ")
'lT
,r; '
UIS
ul1Iuent,. CO?Jorllum om.nis vitte. Tel en le mariage & tel
eft le
c
' d
. .
, L . 1 • If.
pnn Ipe, qm. ans no~re rehglOn r notre- légifJatiol'1 de Rii ..
&. nos mœ~rs, a fait profcnre le divorce. La réparation ""t"~r.
de corps n,eft pas un divorce; elle n'en a l'effe t ni pour
Je ,temps, Dl pour l;s conféquences :. elle n'dt précifément
qu une, feparallon d Ju:bllal/~n. C'eft a.infi que les JurifconfuItes 1 appellent :- touJours IL<; la regard ent comme momentanée; & tous, Ils conv iennent qu'elle lailfe. fubfifter dans
toute leur force les liens du mariage_
~ !ls font égalem~nt unanimes fur la nature des moyens
q~l pe.u~ent aut?nfe.r u~e demande en féparation. Il faut,
dl\enHls '. que 1 habitatIOn commune ait de tels. dangers ,.
'lu elle [Olt, devenue odieufe & impoffible par l'iniquité:
& la tyranme du ch~f de la [aciéré çonjugale.
B
•
�10
.
L eç
'dens rans nombre, dont. no'tre
faible Vue -&; no;
acel
d l'
1 l'
e, lOrtune,
l' I l'1 "ompo[ent le domame
tre la
orgue ...
, e raveug
r
r
'
Ir. '1111' r un homme.
Ses
biens,
la
lante,
la
rah
euvent alla
, . '
.
P
fon, [on état même peuvent dl[parOltre; malS tOUjours [a
compagne lui refl:e.
é '1' . d
l"
dml's
au
bonheur
attach
a umon esd'deux
U ne lOIS a
r'
,
UX
[on!
~gaj.ement
lOumlS
aux
con
ltlons
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fiexes, 1es p0
1 r '"
l'un à l':autre , &'a ce 11 es que
"l"
r
l 'r. a &IOClete'
q u 1 s s Impolient
•
r
Ces conditions font que leurs p allirs
leurs
leur Impole.
1
.
1eu rs accidens & ,leurs avantages; en un mot, eur
pell1es,
defl:inée deviennent communs.
.
'
qui
le
voulurent
ainfi
font
priees
dans
la
·
L es L OlX
,
fl: 1 .
d
·r
la perpétuité des umons e
e pivot e
J:lature, pUlIique
"cl
' .
r
'été Auffi n'efl: - ce qu en mvoquant es prulc.pes
I a 10,Cl
.
A'
cl
d .
tirés du droit naturel me me , qu une fem,me peut erpan er
la féparation de corps. On n'écoute yomt fes convenances
momentanées; on dédaigne [es capnces;, on ,[e m~fi: des
l' 'bles & incertaines qui changent d un Jour a 1 autre
•
d'h' d
1 d r.
ames 101
de Îltuation 8< de [entiment; aUJour, Ul ans es ellrs
& les enchantemens de l'amour; demam dans les ~angueurs
d l'indifférence & même dans les querelles dune rup'
t~re; on [e garde de I~ur accorder .un ~ivorce fur lequel
de tels êtres auroient bien de la peine a prononce.r ~ux.
Ames peu d'heures après l'avoir demandé. La focl.éte fe~~t boulever[ée chaque jour, ou bientôt deffechée, fi le
Légiaateur n'avoit pas prévu un~ telle mobilité; fi la fe~me
pouvoit demander une fép~rat~on . de corps, fans qu 11 y
eût à 'craindre pour elle, c e!l:-a-dlre, pour [a propre vie
qu'elle n'a pu donner. Il faut qu'elle paroiffe ré~lamer 8<
défendre la con[ervation de [on être. Cette premlere pro.
priété, ce premier droit de tout individu efl: le feul qu'une
femme n'ait pas mis en communau,té dans ~e 'p~a:e. du mariage. Ainfi nul motif légal pour ~epa,rer d ha~)ltatlon ~ qu~
la preuve. certaine que la co-habltatlon [erOlt contralr~ a
la premiere Loi de la .natllre " à celle de la conft:rva,uoll
des êtres.
•
'~
Il
Eh ! quelle efi la femme qui défavouera ce vœu de' lét
Loi? Quelle efi celle qui niera que [on plus grand in ~
térêt ne [oit d·appartenir toute fa vie à l'homme auquel
elle 's'efl:' donnée une fois? II elt dans l'amour que nous.
accordent les femmes, un facrifice que l'orgueil ou la dé:
}icate1I'e met au-delTus de tOU,t. Elles ne peuvent le faire
qu'une fois à un feul homme. L'a rapidité même de leur
jeuneffe; la fragilité de leurs attrait. les obiigeroü à la
confiance: plus elles ont VlCU aveC un homme, plus elle~
ont intérêt de vivre avec lui. Certainement elles feront
r
'
p Ius louvent
ma Ih eureu fies par l eur legéreté
que par leur le
confiance. Et Îl, comme elles- le prétendent, Comme les
homme~ fe,nfible5 aiment à le croire, elles l'emportent fur
nous par le don d'aimer; ,:e 'don: p~ut-êt~e le plus grand
de .tous les charmes, & qUI ' devait a ce titre, leur appartemr; ne le\:lr al éte donné que pour le fuIre fervir an
1
bonheur ' des deux fexes.
Je vi~~s de tracer les principes, la rigueur des prin~
"ipes. EXlgera·t-on que je les applique à la caufe ? O[erat - on fuppofer. que la cohabitation que je deÎlre , 'que
Madame de MIrabeau abfente & gémiffant de mon 'abCence
a tant invoquée,. o[era-t-on fupp 0[er qu.'elle contrarierait
le premier droit de mon épou[e & menacerait [a vie 1 .. :.
"Ah !' je [Çlis ce que la calomnie peur ofer. _ Je [ais ce
-qu'elle ore ; &. mon cœur bondit d'horreur à l'idée de fes
'excès .•• ~ Mais nous Commes' ici dans le Temple de la
Jufl:ic~. Peut - on m'y inve~ter d~s. crimes ? Peut-on
foutem-r que Madame de MIrabeau a tout à craindre de
moi? Peut'on' ~uppo[er entre nous cet effroyable ordre de'
'ch,o~es J' fans, dire, fans prouvér que ma .femme n'a pas
-éte en Curete auprès de moi?
-:
Comment jugera-t-on notrecohabitàtion ? Sera· ce fur
des clilmeurs confu[es,. répétées par une foule de bouches
~méraires &. avouées d'aucune? Sera-ce -fur des imputaMIlS va~es & des faits inaftÎçulés? Tandis qu'ils font lit
y
B ij
Garat, rut
Div,
�I!
les témoignages chéris de la tendrell'e; de la confiance;
de l'efiime, de la reconnoiffance d~ Ma~a,~e de Mirabeau;
J'en appelle à ton Trihunal; El a tOUjOUrS ere fuJle, pour m Ol •.'~
' l' Univers efl un deÎert
pour ton r;Em lùe • •• Duu
J'
r: '
S ans tOt,
hientôt , car n.ous
veut'lle flOUS re;'o;ndre
•
.
POur être J éparés !
lU
Jommes pas Jaus
.
entre nous ell:
E t 1,on~,nCeroit dire que la cohabitation
.
'
é ? Qu,e11 e
d
f, ? Qu'elle ne doit pas etre cont111u e .
an~ereuffieb'le 7 Tandis que pour qu'elle foit poffible , il
e Impo 1 •
,
fi'
è
fuffiroit qu'il ne parût pas que , m~n ~podu e eut co~u
s
de moi des riCques auxq~els .11 lerolt anfigjereux b~ ~xr
car 1 a co h a !taUon
pOler
en core', &. tout ferOlt dit aé ors:
Ir.'
'ell: pas impoffible , elle eft n ceualre.
. .
n D es rlli
' rques , bon Dieu! des riCques!
111Jure je
. ' quelle
. [;.,
.
fais à Madame de Mirabeau! quelle Idnl~re Jée raids a mal;
•
'Et quel monftre n'aurOlt pas. elarm
la ouceur.
meme.
'
r
.
Quel homme de courage éprouva Jamais un autre lenUment auprès du fexe foible, que le defir ~e le ,déf~ndre
&. de le rendre heureux de fon bonheur. Ah. latifons
aux méchans le cruel plaiÎlr de chercher, .de trouver partout des coupables! Lailfons-leur cet odieux rafinement
de calomnie d'empoifonner ju~qu'aux. ex~reffions ~e In:a
tendrelfe , jufqu'au fentiment qUI me fait m honorer d avo~r
été choiÎl par ma femme: renfermons-nous d~ns fon temoignage ; elle en appelloit à mon Tribunal; J'en ~ppelle
au fien; dIe a prononcé; fes lettr~s f?nt un Arret que
vous confirmerez MESSIEURS: &. pUlfqu aux MlIllftres des
JJoix il ne faut que le langage des Loix, je ~ous le dis
avec alfurance : il fuffiroit que Madame de Mirabeau ne
prouvât point de févices, pour qu'on me .Iai,ff~~ dans mes
droits d'.poux. Mais fes lettres excluent Jufqu a la pombilité des févices. Il faudroit autant d'abfurdité que de
mauvaife foi pour ofer en fuppofer déformais.
Ceft de l'habitation, MESSIEURS, qu'il s'agit dans ce
procès, &. de rien de plus; ( ne le perdons jamais d~
ll:
r
q
vue.) On ne peut donc le juger que Cur' la cohahitationJ
Tout ce qui eft étranger à la cohabitation, eft donc étranger à la caufe. Il ne fuffit pas qu'on dife, au nom de Ma.
~ame de Mirabeau: elle ne veut pas hahiter avec Jon mari.
NObls débattrons ailleurs cette affertion ; contentons-nous
.d'obferver ici que cette volonté même prouvée ne feroit
.d'aucun poids dans la caufe. Moi - même MESSIEURS
qua.nd je ~oudrois confentir à la féparation ; quand je vou:
:cirais déchirer mon cœur &. partager mon être mon vœu
Ier.oit impuiffant. L'accord des volontés qui 'fuffit pour
umr, ne fuŒt pas pour réparer. Quand mon honneur nt>
[ero!t p~int engagé ~ans le procès que je fou tiens , ce
ferOlt vail1ement que Je partagerois les defirs prétendus de
mon époufe. La fanétion du Magiftrat feroit refufée à cet
accord ~nfo~ial: Et puifqu'il n'exifte d'autre moyen de féparer .d h.abltat~on deux époux que l'impoffibilité de leur
cohabitatIon; Il faut, pour donner à Madame de Mirabeau ~ne ~~tr~ habitation ~ue la mienne, il faut qu'on l'e.con.n0lffe 1,1.ndlfpenfa~le neceffité de cette féparation; c'eil:à-dire, qu Il faut qu on a1Ture, qu'il faut qu'on admete
non pas l'improbable, non pas l'invraifemblable mais
'
l'impoffible moral, mais l'abfurde.
, Cependant nous fommes en caufe; &. l'on annonce 1 I~
,?e toute part qu.e mon procès eft déteil:ab!e, &. que
Je porterai la pell1e de ma témérité. Cherchons les
raifons ou du moins les prétextes d'une telle confiance.; &. pui[que l'examen de la 'caufe ne nous a' pas
découvert le ,.pl~s léger moyen de féparation, difcu~
tons ceux qu Indique la requête de Madame de Mira.
beau.
Le prc:mier motif de réparation qu'on aIIégue 'en fon
nom, c'eil une interdiétion de biens qui fut autrefois
prononcée contre moi par le Châtelet de Paris. • • • •
�,
' r4
.
Né roùs:regarcfei' point aveC ~éfônI1erri.ent;· MESsrEuRS'
~ :vous pa{ferez dans" ce 'p r.oœs .de furpnfe en ~urprife. Il
.--,
eft bien vrai que J étolS InterdIt (autant que Je poUvais
l'être), lorfque Madame de ~i.rabeaù no~rri{foit auprès.
de moi notre enfant;, lorfqu elle devenOlt une feconde
fuis mere; lorfque noUs habitions enFemble à Manofque.
Gont j'attefterois volontiers tous les cItoyens pour garants
de ,notre t-endreffe mutuelle. J'étais inte~dj.t lorfque Ma'
dame de Mirabeau m'écrivoit de Pans des lettres fi,
tendres fi touchantes. N'importe; je fuis interdit: donc
. je dois "être féparé de cGrps d'avec ma femme. Telle eft
bien la, logique des pallions!. . • . .
.
~ Vous me permettrez cepend,a nt" MEs~IEURS" ~e ne_répondre à. ce grave' argument '. qu en mant l~, .fal,t fur
. lequel il repaCe. Le chef du Tnbuna~ auquel Jal 1han' neur de parler a légalifé lui-même, Il Y a quelques femaines l~s procurations des parens dont meIl pere a,
-demancJé l'aveu pour lever cette interdiétion: &. nous
attendons tous les jours la Sentence du Châteltt de Paris.
Efui certainement n'a pas pu m'Î'nterdire, mais qui peut
hien détruire fa propre Sentence.,
'
On allégue au nom de Madame .de Mirabeau pOUt
Fecond morif de féparation, les procédures dans lefquelles j'ai été impliqué, &. qui ne [ont pas purgées.
J'ai dans mà vie' effuyé deux-' pr.océdüré~. L'objet' ~~
la premiere eft, une affaire dev:enue tres- férieufe par l'eclat 'que j'nomme dont on dt:voit le moins le redouter,
jugea à propos d'y donner;; &. fur laquelle, fi je pou'·
vois jamais être preil'é de me jufl:ifier,. je ne ' faurais.
-rapporter d'apologie plus h.0norahle que les lettres d'e:
.M. le ..Marq~is de Marignane lui-même. Cette affaire fi
connue dans la Province que, même en l'exagérant, o~ '
n'a pu' -la. dé-naturer, dl: jugée .. 'Elle eft · donc hnîe. St
ma partie n'a. pas cru dev.:0ir me faire fighifier 'ma Sen
4
l~,
'tence:; ra~s doute .il vous parottra dur, MESSI'rU'R:S '
qu'on. excipe contr'e moi de l'atrocité de la plain~e.
;
MaIs, MESSIEURS, ne VOllS femble+~l Fas bien étrange. que l'honneur de deux époux étant folidaire, on rel'
veille au ~om de. ma femme des accufations criminelle~
cont-re mOl, tandiS que l'immoralité d'Hne telle conduite
.~'a pas. mêrt?e pour prétexte l'utilité de fa ' c~uf~? Car
Je ferols vénta?lement ?écreté de, prife de corps, qu~
Madame de Mirabeau n en feroit pas moins indiffolublement ma fe~me., Ma mort civile elle-même ne pourroiç
donner atteinte a notre union . . Madame de Mirabeau;
affe~ géné~eufe, affez tendre pour m'aimer d'autant plus
que Je ferols ,Plus malheureux, joignan~ à l'amour conjugal
une f?rte d amour de compallion 1une des plus vive,
affeétlOns des ames nobles &. des· cœurs élevés; fe croiroit. d'autan.t plus. obligée à remplir fes devoirs enver$
m,ol, que Je ferolS plus out~agé, plus opprimé, plu~
.cfe(lué; que fon pere" fa faml.lIe, la famille même de
illOn. accufateu,r &. la Province e.ntiere auroient plus
n:ilmfeftement reco?nu que fi l'imprudenoe étoit de mOij
coté dans cette affaIre, tous les tons des procédés étoienJ
_ à mon adverfaire.
Mais que parlé-je de procédés ? Ici du moins on n'en
yeut <Jl!I'à. mon caraétere ; car perfonne n'aura l'audace
de foutemr que la procédure dont il eft quefiion, intérelfe mon hpnneur. Mais on en rappelle une autre au
nom de Madame de Mirabeau, qui n'inréreffe pas moins
que ma vie.
En effet, M~SSI~UR.S, la feconde procédure que j'ai
effuyée, que Ion . IndIque vaguement dans la Requêt~
de . ma femme, maiS dont on tàit ·retentir oetre Ville depuis plus d'une année , eft celle prife à Pontarlier à
la ~equête d'un mari, fur un prétendu rapt de féduétio ll
qu'Il m'accufoit d'avoir commis envers fa femme, ~
•
�16
pOlir Iequel- j'avois été' condamné par contumace 'à per..,
dre -la tête..
.
Avant qu"on engage Madame d'e ~Irabe;u dan~ cette
étrange difcuffion hâtons-nous de dn'e qu"Il ferOlt. bien
odieux qu'on relevât ell fon nom, contre Ion man, wne
accufatioll criminelle dont l'acc\:lfateur, dont .te . prêt.endu
'offenfê a é~é obligé de fe défifter. Que dIs-Je? Il ne
forma jamais l'accufatron d'adultere : & l'on ofe foutenir
pour Madame 'de Mirabeau, que cette procédure dégénm
en injure grave C012lre elle, & en abdlcallon pubh9ue de la
qualité d'époux :. ce qui ne peut s'entendre :rue d'un ad~ltere authentique & folemnel, ,tel qHe celm dont on mavoit déc1a'\'é aHeint & convmnc\:l par une Sentence ijue
les Juges qui l'aviJient prononcée on~ été obl'i~és ?'anéantir après m'avoir entendu. Et que ?e~t-on !maglller
en effet de plus inique qu'une - prononCIatiOn cl adultere
dont l'e mari n'avoit pas proféré l'acCH[;nion!
Un mari s'eO: pl'ain~ de- ce· que j'avois fac.ilité Févafion de- fon époufe. EnAammé de l'animofité des èn
nemis de fa femme, il a, par un renverfement de
tout idiôme, de tal.H prtllcipe, appellé rapt de féduction le délit d'avoir facilité l'évafi.o n d'une femme mariée' délit a la- preuve duquel il a fu<:combé. Après
cinq' années de, recherches inf~uaue\:lfes; après fix f!1ois
de chicanes & de fubtilités , i1 s'en défifté d~ fa plainte:
~ J'ai rendu ce défi{l:ell'1ent' public. -) Et l'bn v oudroit
la faire- revivre· aujourd'hui ! Et - c'eft- ma compagne 1
mon époufe, la moitié de moi - même qu~on tente de
·flétrir par ce ' procédé auffi infame que le moyen eft rh-·
furde !
II l'dl: ,fans doute, cal' quelle accufation préteodi'oit"
t'ln' relever? En - ce Cf~lle du rapt de féduébon? eO:· ce
celle d'adulrere? Si c'eft la premiere, je demande à M'aè'dme- de Mirabeau, à-fes défenfeurs, s'ils font les gardiens
cie for.dre pubJic ? le demande_ comment ils pourroi:nt
croIre'
,
Termes de
l'a. RC'lu<te.
,
,•
' 17
;croire avoir droit de ne pas fe tenir ' pour , fiHisfairs ..
quand la partie publique a conclu pour mon abfolution;
Quand les Ju.ges on,t d~claré -par.le fait que ma conduite
,en ~et~e affaIre ' étolt Legalement . irrépréhenfible ?
~I C eft la feco~de ? Si, c'eft l'accufation d'adultere que
.vows prétendez f.ure revIvre ?- Par une jurifpru dence tou.te nOll.velle, & que les bonnes mŒurs repouiferoient de
-la, malll des Juges, fi les loix la leur préfentoient; une
fen: me ~eI:a donc recevable déformais à intenter J'accuf~t\on d adultere. Contre fon mari! [on mari bouilJonant
.cl ardeur & de }euneffe, fût - il à cent lieues de cette
lemme, ~ ~ette femme eût-elle refufé de le rejoindre! ..
,Morale f[,Jbhme ! Merveilleufe décence! Raifon profonde 1
tOUt ~e tro.uve da:ls ce beau fyfiême de défenfe.
.
- Mais, dItes-mOI. Madame de Mirabeau va donc changer la ·nature. de fon procès; ce n~eft plus en fép'a ration
que \Jous plaIderons, ou du -moins elle commencera
par
de
. man der a" erre a·d'fi'
ml 'e a 1a preuve qu'il a été commis
un aclulter·e entre ma co-accufée & moi, & 1
' &
fi
é
.
'
e man,
. on poufe" & teurs famIlles refpeétives trouveront ce
~rocédé auffi régulier que noble... .• En vérité vous
etes ~eureux en expédients !
: ~~IS vous avez tranfigé. Oui, [alls doute, & il VOLIS
:ét,clIt réfervé de, me reprocher ce procédé noble & gé:~ereux. Eh quoI! parce qu'un vieillard déja trop mal, ~urcux; & plutot l'efclave & la viétime de mes enn/!~llS ·que ,mo~ ennemi perfonnel; avoit été égaré par
,des. confeJ1s vlOl~~s & r~mérair~s; je me ferois ohftiné à
"lfijJger fa caduCHe débIle, apres avoir été l'occafiOR &
le prétex~e des haines furieufes & des agitations pénibles
~Iont on a tourmenté fa vieilleife ? Ah ! loin de moi
ce,tte J,âcheté coupable! J'ai tranfigé, quand mes ennemIs m ont ,demandé grace. Et fi vous en doutez, lifex
les ~émOlres alors trop célebres que je fus forcé ' de
p.u hher pou~ ma déf~n(e~ ,Çherchez dans les regiftres dej
-.
c;
,
�-, '
18
Greffes ; coÏtipulCez l~ recu~ils les plus nombreux; Sè
ré qui fe fOlt défendu avec cette éner~
trouvez \:In accu l'
, r
1 r.
l' ,
,
1 L'fez
& dites fi vous 1 Olez, que es lUpp lCatlons;
l
fIe "f é ont arraché fon déGftemeot à mon accufateur.
J~ ,pli G é ' & pourquoi ne l'aurois-je pas fait? Qu'aa~ t,ra~ Igdem' ander à ma partie? Rien que des domma:'
vOIs-Je ' a é ' ts Et c'eft pour cette CUpl'd'ne, l'"o r d'd
1 e que
ges & lOt re .
. l
'
1 U
'
"
'
oloogé fes tourmens & es miens,
n pl'Oces
~aUfirolsd Plerux un éclat fi déplorable! Hélas ! po~r-qui
Il can a ,
" ,
'/ Q ,
me hâtais-je ? Qui fomentoit mo~ ImMPat~ence 'd ~~,me
rendoit intolérab1es tous les 'délaiS ? a ~me e l:-nra-me' me cette époufe trop chéne dont Je ne
he au eIle
,
, M'
fi" '
r. ,
,
'pas
le
cruel
accueil.
ais
en
n
J
al
tranuge.
preVOyaIS
d
&' , .
'S J'ai tranGgé pour les ommages
-tnterets;
01
d
J e 1e ev .
'
h 'G
&
d'
c'eft,à-dire , que je les ai remIS fan~ ~ l~er d av~c au·
tant {'lus de plaiGr , que j'en pouvais e r,erer, e p ués céo~
'fidérables pour expier une erreur qUI m aVOIt, t Il
,c.
long-tems de ma hlIberté,
lune ft e, qUI' m'avait privé G
, r .n. '
1
..l
xiftence civile. MaiS cette trallla ...llOn, omo o·
ue mon e
è
• 1
• d
guée par les Juges faiGs du proc s, a a req~ete . e
l'accufateur même" & fur les concluGons de ,1 homme
chargé de la vengeance publique; ~ettetranfaétlOn po;te
mon abfolution pure & Gmple. Et c eft mon époufe qu o,n
voudrait charger de me la di,~puter! 0 honte ! ô délire-!
. Mais cette tranfaétion que J attefte comme le monument
tle mon innocence, porte qu'en cas . d'in~xécUli0n. d'aucune
des conventions jlipulées, de quelqu~ part que . vunne c~m
inexécution , /es farties rentruont dans leurs droits refpe8ifs·
Tout n'ell dOllc pas fini. Cette procédure n'eft que fufpendue; chaque jour elle peut revivre.,
'
, Voilà l'objeétion , ·dont on fatigue le p~bhc depUls que
la Tranfalfrion & le Jugemenc-de ·Pontarlter font connus,
préfentée dans toute fa fo~ce. ,Je, demanderai d'ab~rd;
<lui 'peu~ dire qu'il y aura mexecutlon de quel,~ue ,coté,
lI'outes les parties . ne font-elles donc pas a!fez lte~sa leqt.
,~
19
parole Fiar leur pr.opre intérêt? Ce-pèhdal'lt dévor{)ns Cette·
a.b(urdi.té ; j'y .coR(ens. Toujours renera-t-il que je n'ai'
oontraété qu'avec le mari ( il eft impoŒhle de le nier en '
dr~it ); & que fom déGfiement contient un ' aveu qu'il ne
peut rétraéter. D'ailleurs on lui · feroit injure de fuppofer
qu'il ait exigé que je me {ois remdu envers lui ca·u-rion de'
fon époufe.
Mais quand il auroit deGré ce cautionnement; q·uancF
je l:a.urois foufcrit, qui pourrait dire que j'ai eurore de
répondre de la foumiffion d'un tiers -? Qui pourrait- dire
que ce tiers trompera mon efpérance ? Ma co-accufée ne
fauroit la tromper, puifq'ue , foumife ·à des ordres du Roi
qui ne feront révoqués que du confentement de fa famiHé
& de f~n mari, l'auto·rité concourt avec fan intérêt pour
me g.arantir fa fidélité â des engagemens volontaires. .
. Et quand elle parvierid·r oit à brifer à la · fois les liens
de l'autorité royale, ceux de l'autorité domeftique, ceux
dlune con.v ention juridique qu'affure la {anétion des Tribunaux , ceux r.nfin de fan intérêt & de fa parole, à quoi'
s'e!t-ètle~ engagée? à confentir â la perte de fes gains nu'p uaux. C'cft. une pu-re fpéculat·i on d'argent, un flmple intérêt
pécuniair.e pour lequel fan per.e & fa mere font garans
avant moi; & qui , dût - on recourir.à mon ca·wtionnement, ne feroit après 'tout qu~u-n objet de peu d'importance;
. C'efi d-0llc " en derniere analyfe, un cautionnement
pécuniaire <ïue j'ai foufcrir ~ & jamais conudérat'ion dli
cette nature ne fauroir influe.r fur un procès en féparation ~
1Ij'u! d'ailleurs ne gagtle'r oir rien à ce qu'on établît que
facoufa.t.ion p()~rr{)it renaître. Car enfin une accufa-tion de
rapt ,de féduét.ion e·nvers u·ne femme màriée ne fera jamais I!flluFl'e ab[.urdité que j'ai tellement d é ~oilée, qu'il
me 'faut pa-s craindre -de l'entendre articuler de nouveau
par .des 'nGmmes -de Lot Et dans tous les cas, ofera· t - on avouer au nom de
ldadame 4.~ Mirabeau, qu'ell~ pourroit JamaIs fe - ré~
C ij
•
�10
.
(eS refus les ioupçons d'une accu:
foudre à renfor~~r par r
. 7 Enfin
MES SIE URS
. 1
ntre Ion m a n . ,
)
ration caplta e co
étence
cette
accufation
qu'il
vous
p
elt-elle. de
votre
codm
'
r 7 Ma ame de Mirabeau n'a pas le droit
, de
d
. fau rolt Juge
. T'b
1 Sous aucun afpeét vous
ri una.
Ii n avez
'
tre
la porter a vo
& l'on n'a pas fans doute e péré de
celui d'en COnn?ltre, dans une telle ·quefiion" des tiers
vous faire oublier q~e
rocès avec Madame de Mitout à fait étr~ngers ~ mO~rfïennent à la haute Magifira_
rabeau , d.es tle;: q~llla~ent (;ompromis &. profondément
ture , 11rerolent euentle e
A
•
intérelfés.
vous débattre, s'écrient. les défen.feurs
V ous aurez b~,u abeau' le Minifiere pubhc efi toujours
de Madame de Ir
e' accufation qu'une Cour fouvel~ maît;e de ~ele~er ~~us pouvez donc à tous les inllans.
rai~e n a pas Jugee. le laive de la Loi; & l'on n'orvous retrouver fous
gé oure rentre dans la couche
q ue votre P l i ,
donnera
pas la cralOte
,
uptiale avec
co ntinuellé
, de vous en vOir arran
1 M' 'Il es de la J ufilce.
cher pa~ es lnl r
mme tout autre , être accufé
Je PU,IS fans !oau~i~ c~r le Minifiere public qui veille
ns' PC & l'on n'exigera pas pour me
chaque Jour de ,
pour tous les cltoye ,; donne caution, pour le refie de ma
rendre ma femme que J ,
uis l'être que pour un
' . ) Mais comme eux Je ne P
, .
li 1
~~~" ublic Or celui fur lequel j'ai tranfige ,non eu ee It p ,
.
d ce enre mais plus qu'aucun autre
e des 3élits
ne peuvent être déférés
Ii ell u,
l' ffenfé La procédure dont on
à la Jufilce r que ~ar n?a J'am' ais offert aux Tribunaux
e1le le louvemr,
fi
ra
pp
r '
de
apt
de
féduétion
envers
une
emme
qu'une aCClllatlon
r
,
ïli nt
" ,( délit chimérique que nos LOIX ne connOi e
;a:r:)e quelques prétendus indices
adu!tere
~ent ~ efin;~bre
~ui
(f~n
dépou~vu
de t~ute preuve" dont and ?fi'.?ut j~maI~s dr~t ::n~ol~n~:~:
arce que le man ne le e c;;ra Jamai ,
. u'en
~ureut: Général ne pour~oit po~rf~ivre la vengeance q
&.
•
•
II
accuCant ce m'a ri de la plus lâche des complicités. Qu'on '
celfe donc de vouloir ' dénaturer des erreurs judiciaires,
qui ne porterent en aucun temps que fur des -délits privés.
Celui qu'on prétend offenfé ne fe plaint pas. Lorfque perfûnne ne fe plaint, le Miniil:ere public revêtu de l'autorité tutélaire &. non des fonétions ' d'!nquifiteur , ne 'p eut
être excité. Lors même qu'il intervient dans des débats '
entre particuli ers, c'efi plutô t pour tenir la bala nce entre
l'accufateur &. l'accufé ; c'eil: plutôt pour qu'on n'abufê
pas COntre celui·ci de la rigueur des forme~ , que pour .
aiguifer & diriger Contre lui le glaive vengeur de la
JlIfiice.
Puifque la procédure dont il s'agit eO: muète Rour le
Mjnifiere public, dites-nous> je , volls prie, èla~s la Cup-,
pofirion que vous faites, quel feroie fan infiigateut? De
quel dénonciateur le crayon cenforial enrégiO:rera _ t. il le
nom? Le livre de la cenfure va-t-il donc devenir une
table de profcriptions, un fignal de guerre in'tefiine > chargé
de réveiller la vengeance> l'anlmofité, la haine entre les
citoyens? Non fans doute. Malheur "à qui ne .voit d.art'~ .le'
Magifirat des mœurs & dé forare p.ubnc, que le veügeùr
facial. II eil: auffi le pacificateur des , citoyehs; & la branche d'olivier doit plus fou vent encore orner fa main, que.
le fceptre de fer de Dracon la furcharger.
Lorfqu'une querelle privée a di'Vif~' trois f~miJIes, lorf-,
qu'elles fe font accordées' pour l'étouffer, lotfqu'elles ont
obtenu une fanétion légale à cet accord; fi quelque bouche incendiaire effaye de rallumer quelque étincelle des
reffentimens amortis, le devoir de l'homme public- eO: de
diffiper ce foume infeét par un- foume . de paix', fan de-,
voir efi de repouffer tous ' ce.ux qui fe préfenteroient pour
réveiller des procès fcandaleux (ur lefquels 'Id' intérelfés
font appaifés.
, Et voilà comme Ce renverfe de mille manieres cet argue
ment odieux, qu'oll préfentoit Comme un géant, & qui
�~z.
n:ea. ffU\N1 ' pigmée. Voilà Cô~me. ;on ~ouclr?ït rend,re:
Madame de :Mirabeau! complice, cl unie InfamIe &ra~uJte
jfo.tir l'âvilir s'il étoit poffible ~ ~ mes yeux., MaIS Je la,
con'h~is tro/, pour lui attribuer, r!en de mépnfable, rien
de perfide :"& je jure de ne lUI ,Imputer aucun des ou.
qu'on accumulera fur ma tete, au1ft )ong·temps que·
trages
.
,
" li
,.
te
ront cap-,
fies volo .."'tés , Ies aai~ns &. Jl1fqu da esEopmtons
T
fi d
m
tives. Cefl ,mon E\l1j1ie, I,lla ten r.Je
~e, ,1 ou~e, CL
fi fiBle CL pénéfr~e de l'al1).ou! ne es · evOIrs; ~ eft la
cC:~p~g~~ &. I~ confolatrice. d~ me~ malheurs, qU,e Je vois.
toujours; que l,e ne ce1Ièral .lamalS de reconnoItre dans.
Madame de MIrabeau.
. ,.'
.
'
• o.t;l, a~t\r.e. cepe,f\d~nt que Je 1al dIffamée, &. c dl: le dernier, mdtif'c\ii fé p,ar,aUOJl q~' on al1eg~ au ,nom de )1adallle
de Mir'aÉeau. '
.
, Sans doute;: pour qui conn,? Ît le cœur hUliIl~ln " le fenl ,a~e
Je réc1illner ma femme, prouve aiTez que,le Il attentaI Jamais à [on h0nneu~. Mais T'honneur eF] gé~eral, &. fur-tOt'lt
~eIuïc1'u'n [e'fe ,p'o ur qUl1a -<!télicateffe fut H1Vem~ e, comnJe
lA' compagn'e _ né,cFfJ:aire de. la beauté;, fGlf.! ' hop~etlr. elli
J.Ili~ùx ! .Cervi par:Je filenc~ : q\!le ,pa,r .les elol:';~s. mçme. J~
me coorcnterlli donc d:obrerver ICI que J at défavoue
dan.~ mes lettr,es à ' mon beau - pere, à ,ma femm,e, ,tous
M'émoires dônt .~~l~ a~roit à fe p,la.i~dre ~ çomme lfldlgnel
de moi" Gomme JII)ll[ :eUK po.ur mOl. Ce ,d é [ave~ efl refié
{ails 'rèponfe; /?t.. j'en de~0fs 5fllldure que, ma famIlle ado.p,
tîve en étoit' fatisfaite. J?<youte, q:!Xam aux lettres lilue1~
ëonques que j'ai pu é.crire aux gens en ~la.ce , &. f;lu'{i)n
~t-!e!t~ ~9.lj .e j~ n'.t;.n dqis. au.oun oOty)pte, fo~t par~e qu~ de,s
febtrÇ.s ëIll~vCf JOl1t\ tOJ.1~ 1\1 gar.de ..de la [<Dl p1ubll<,!ue , fo~t
iia~ce
"'âe~ ;plaintes, même "ma,Îs dépofée.$- dans le f~!1}
d~~: ~i6~ft;,e~ ~ RQi " ne ,Iaurcie/1t p"ait'er pour des dif.
famatlons.
.
.
D es diffamations contr~ ma femme! moi dont le dé·
refp~r dfns les ,eX5ès de ma févéri~é la plus chagrine, de
t
.
,
°iué
•
• 1 li 1
1 ..
'2~~ '
s.
.
ma Ja ou le a p uS In112fie, fut ~e pemer que je ne poti\l'ofJ
plus la rendre heureu[e! Des dIffamations! eh! n'aur'ois-je
pas ~té, la p,rer,niere viétime de ma vengeance? Qu~l mal
alllOls-Je faH a ma femme que je n'euffe pas feori? Ah '!
:fi les hommes,. dont le fentiment efl droit &. la tête faine'
font bons par 'fageffe, il's [o'nt auffi cIémens par ;ven:
geance ; c',efi la. feule "qui foit à , leur u[age. Mais_ aucun
homme, a mOlliS d erre un furieux [ans ame & [ails
t:(prir, n'a diffamé la mere de [on fils. Les enfans forment
un nœud vraî ment indiifoluble entre les deux fexes e~tre '
'cel!X 5ui leur ont ,donn~ j'ê tre. C'éïl là ' l'invincible'rai[on
'G'll s oppofe au dlvorce;' &. mon -fil s vivoit au temp's
-où l'on prétend ,que je ~.~ffamois fa mere ; fa mere que je
ne redemanderolS pas fi J avois ceiTé de l'efiimer .. Ca 'mere
dont i; n'aurois I:a~ été jaloux fi j'avois ceffé
l'aimer"!
Arretons-nous, ICI, MES SIEURS. Voilà donc la requête dé
Madame ~e MI~ab~au , ép~i[ée . Voilà ce qu'une multitude de conférences de célebres Avocats dtAix ' a p _
'
c.,
d [ ,
,
ro
d ult
en laveur
u yfieme de ~eux qui veulent m" .
ter. ma femme! J:ai ~é}a 'parc~uru une longue çarrier~;
&. Il ~emble que Je n al nen dit fur' l'incident que vous
'alIez Juger.
'
, ~ais,. MESSIEURS; vous laifferez c~tte erreur à ceux
qUI Ol!t Intérêt à l'ac,~réditer, à ceux qui ne ~voulant
1Jue m enlacer dans cl eternelles longueurs, 's'efforcent dé:
g~gner leurs fins provifoires, indépendamment de toute
dIfcu~on de la. cau[e, parce qu'ils n'ignorent pas qu'il
efi,.legale~ent Imp,offib!e q~'ils , gagnent davantage, &
qu. II leur faut VOIler Ju[qu au dernier inftant 'la futilité
de leurs mQyens dè fond. Ils [e font renfermés dans des
~gén~ralités i~définies" dan~ d~s én?nciations vagues; co~
~e fi leur aemande provl[OIre n'etoit 'pas même fufcep ...
lible de controverfe. Je le crois 'c omme eux Meffieurs
'II
l'
. '
,
,
-qu e e ne efi ,P.~s : Je troIs que dans la thefe généraie, &, . fur-tout- dans' feCpece '1 particuliere; iil eft impo{-
cl;
�2.4
fiblq de J'li!fe~ Madame de Mirabeau ch'ez M., f?n' pet~s
& i e vais' établir ' en peu de ' mots mon 0'p1l110n déJa
très-éclaircie par les lettres de M. de Mangnan~, par
la difcuffion du fond, par les lettres & les requet~s, de
Madame de Mirabeau, & fur-tol!t pa~ la ,contrad;éholl
Jna'nifefie' qui {e trouve, .entre fes écrits ,& les demar~
che's que l'o,1l fait ,e n fon nom.
III. . Les fins provifoires & l,a dem~nd·e. en, féparation ~e
-'
de '.Mirabeau , dOivent , etre Jugees
me;
M aHame
d furA les C'
" C;.I)
es " parce qu?elles dependent r u meme ,rait.
mes prm
'.r
S s fins. provifoires comme la 1 deman~e en féparatlon,
~ t ur bafe que la fuppoGtion d~ la volonté
de Ma.
n on po
b b'!"
,
dame de Mirabeau. Or, de quelques, pro a 1 Hes qu ou
veuille étayer cette fuppoGtion, touJours ne fera-t·elle
qu:une fuppolltion.
f
.. ,
l i ,
. Je ' vous le demande, MESSIEURS ,. l'.e ut - ~~~ ~~garder
:comme de même nature les mOy~!1S .qL'! , J oppofe .
il mes adverfaires? Les doutes., que J éleve ,!ur la . volonté de Madame de Mirabeau ., fon,t ~ondés, non 'pas
fur des fuppolltions, mais fur des témolgnages,certalOs.., .
irréjJroGhables, dé~i~fs.de fa ten:lr~ffe pOlU ~Ol, Ses l~t:
tres, le- .v œu de me rejo~l1dre qu'ell~
expnme : VOila
mon titre. J'ai donc dans cette lutte IIDco~~enfu~ abl.e
avàntage d'oppo[er la certirude à. des fUppo{ltIOns.; Je dIs
à des, (uppolltions, parce que t?US les moyens de, Ma,dame de Mirabeau re.pofent, aJl1fi que . fa volonte pré;
'ten'due fur , d~s [U.ppolltjons, On fuppofe 4es grjefs qu'o\1
fe iéfe;ve '~e p;ouver. On [uppo{e gue ces, griefs qu'on
n'ore pas dédllir~ & . que j'a.profo?dis mO.I, on, fuppore que ces griefs do~t aucun n efi perwn.n~l a Madame .de Mirabeau que Je n'ai pas .revue depUIS. [es le~
tres écrites, ont fait naître [a v~lonté de [e [~parer de
moi~ cette volonté fi conttaire 4 fon ancienne tendre{f~.
r;.
1
, .
Et
' 2.-)
E~ ~oi je ne {uppo(e rien. Je dis·: Mada.me de' Mirabeatr '
m almOlt avec ~rdeur, lX. [es lettres en font la preuve:
Madame ' de 'Mlraheau éto.It heureu[e auprès de moi, 8(
fe~ . l~ttres en [ont la preuve. ~adame de Mirabeau 'gé'
7
nll{fo!t de m~n ,abfen~e; elle Invoquoit l'amour conjuga l ; eHe fouplrolt apres notre réunion; & [es lettres en.
fon~ , la preuve~. RéunilTez-oo.us donc, rapprochez-nous dL1
mOIns.
Dans cet état de chofes pouvez-vous balancer MESSIEURS, à m'accorder la vue de mon épou[e à m~accor
der le provi[oire q.u.e ··j'-ai- l'honneur de vou; demander 1
m'efi dû,- MESSIEURS, parce que le Magifirat ne fau.
raIt refufer . de confiate~ mon titre. Il m'eIl dû , parce
que le Maglfirat ne dOit pas autorifer le trouble qU'OR
apporte à l'exercice de mon droit; il m'efi dû parce
que m~ quali:é n'étant p.as comefiée" mon nom d'époux
lie dOIt pas etre un vaIn nom.
Les L.oi x prononcent, & les J uri[con[ultes conviennent
que la féparati.on. de corps même ordonnée, ne faie
perdre au ' man nI [on autorité, ni [es droits: & dans
notre. légiflation" il efi hors de doute que. la femme même [épar~e, e~ to~jo~rs [o,us ,la ~ui{fance du mari: que
,l a [éparau,on d ha,hltauon n aneantlt ni les devoirs de la
femme, nI la pUI{fance du mari.
Quoi! D~ns un état de réparation 'jugée, j'aurais en,.
co:e: l~ droIt de pre[crire à mon époufe tout ce qui [e.rolt de~e~t & convenable! J'aurois le droit d'infpeéter
~ de dlnger [a c.o·nduire ! Et l'on [uppofera & l'on [ou.
tJen~ra q4.e quelqu'un pofféde aujourd'hui celui de m'in.
terd~e [~ vue? Quoi! J'aurais incontefiablemem le droit
d~ dIre ' a Madame de Mirabeau .: Ne re,cevez pas des
vI~fes de telle & telle perfonne ! Je pourrois lui dire: ne
freque~tez .pas telle & .telle fociété! Je ne [erais re[ponfable , a qUI que ce [OIt de mes motifs? Et il ne me
fe~ l'as permis de la. voir, de lui é.crire! De me
faire:
,
,P
D
�2.6
•
. _
.
~7
ente~dre -cl' ~l1e ! .. : ., .Tel reroit cependant l'effet infaillible
I~oté de Madame de Mir~eau .d'obtellit Sa féparatiolT ;
de fa demande provifoire,
Depuis long - temps toute avenue m'd! fermée. auprè~
de ma femme ; cela eft avoué au procès, p.Ulfque je
in'en fuis plaint, d'abord dans toutes ml;s bttres; enruite
dans deux requêtes judiciaires, & que les requêtes de
Madame ·de Miralieau ne l'ont pas nié. Cela eft avoué
puifqu'un des griefs de f~s req~êtes c'eft que j'ai deGré
de la voir & d'être entendu cl elle,
. Or, pourroit-on établir un. éta,t provi~oire plus ~éci(if
dans la caufe, plus attentatOire a mon titre, que 1 adjudication entiere des demandes formées au nom de Madame de Mirabeau? Voudroit - on établir un état provi~
Foire rendant lequel on m'interdiroit tout moyen d'étouffér ce malheureux procès, d'empêcher qu'il n' ait des
ruites funelles pour les deux épo~x, po~r la Société.
pour les Mœurs; qu~il ne néceffite un dIvorce éternel?
On ne manquera pas de me dire que M. de Marignane eft le maître chez lui; qu'il peut y recevoir tous
ceux qu)il lui plaît d'admettre; que je n'ai nul droit
d'exig.er qu'il renonce à fa fociété, ni qu'il fouffre mes
vifites. Et je ne l'ai jamais contefté. Mais '. MESSIEURS,
c'eft- parce que mon beau-pere eft le maltre chez lui,
& q4'il ne peut y avoir qu'un ~aître d~ns fa maifon;
que fa fille, jadis fous fa pui{fance, aujourd'hui fous
~elle de fon mari à qui feul elle eft comptable de fa
·conduite ; ne doit pas demeurer dans une maifon, où
non feulement la volonté de ce mari ne peut être écou·
tée, mais où fa voix même ne fauroit fe faire. entendre,
. Je ne fais, MESSIEURS, combien de fois on me redu ira . dans cetté caufé . à prouver ce .qui ell évident;
mais je fais que j'aî honte de déduire de telles trivialités.
Eh ! com.bien plus doivent-elles vous paroître inutiles St
faft~dieufes, fi· vpus nloubliez pas le point e{fentiel de
cette -caufe? Si vous n'oubliez pas que' la prétendue VO~
n ell (ondée que fur un PEUT-ETRE! tandis que l'a~ou~ .qu'elle. eut pour moi, le bDnheur de notre cohablta~·lon , Ie de{.i-r de n·otre réunion, fori,t établis for des
o.errttudes, fur ~~s prewves inattaquables! & qu'ainli
ro,ures les probabl'htés fon~ .eu faveur .de l'opinion que·
ID Qnt é.gal.emel\lt fuggéré les apparences & ma t,endre{f€.1
Je. ve~ dIre que la condu,ite contradiétoire de Madame
de ,Mlrabeas:t & . fe,s ~rocédé~ négatifs, appartiennent touS'
à 1 ~h1i:iIion qUI.1 agite, qUI la captlve. Eh! lequel des.
pa~tl.can~, des ar;us de ma femme oe doit pas chérir cette
opInIOn. Eft-ce a Madame de Mirabeau ·époufe dévouée
bonne mere, tendre amante, peintr.e-.éloquent des: fenti~
ments les plus ?OllX, les pIus honnêtes,. les pills faerés
d~ ~œur humain;. ell:-.ce à dIe qu'on s'~ntéreffer~? ou
lu.I ~éférera-,t-on la femme qui foulant' aux pieds des.
affeLhons ~ cher.es, aux [up~licaJtioL1s les .plus tendres ~
.HJX (OU.V.eflll'S les plus attendnŒlnts, aux invitations les:
pl~~ fimple~, nt; répond . que. par des refus ipjurieux?
QIJIl , • ';' n~ Z J~ ne feral p{)'lOt .un leI parahlele; mon
~o.t!r 1 a~oi:bhrOlt &. m0néquité m~me m'arrête: car je
~IS ~cQnva+n.cu que rien de. ce q-N' o.n me montre a~liour
d hw .de. ma, femm~ ne lUI appar.tlent. Mais ch0ifi,f fez,
-vous qUI v.ou'lez faIre renoncer au bonheur domefiique
~e1le :que ~ous préte~dez. aimer, comme fi vo.us pouviez
p:~aIs lUI I.endre rien qui l'égale .: choitifièz, & dites
I!J:W hOllO~ :le plus ~~dame. de Mira'b eau, de moi qui
ve~x t0U]OlllrS la vmr lOvefhe de toutes fes ,qualités ~ de
~out7s Je,s venJ,Js, de ~ous fes charmes? ON de vo~s, qui,.
~:oes .d .a~ouer com~en elle étoit tOl!lchante lorfqu'elle
p::Ignolt ld a~res feUU.Iuenrs, d'aNtres opillions, d'autres
"~~, n-e lua en .attribuez pas .moins des fentimens, des.
~.p--ll1llons , Jdes >
v œux Cos-tralres?
~ :Ma'is? M,E;SSlEU~S, j'abandonne pour un inRant tou~
Jes avantages que le .viens de .déve!oper. Je fuppofe qu~
D ii
�18
la quellion de Pobfeffion ~~ telIettie.nt problématique;
la balance refte en équlhbre; & Je demande fi dans
~:e cas (le plus favorable de tous au fyftême de mes
adverfaires; car ils ne rangent apparemment p~s, la poffibilite de l'obfeffion dans la c1affe des abfurdltes : On
a beaucoup appelle le XVIIIe, fiec~e le fie,cle de la phir
hl·e· on ne s'eft pas encore aVlfé de . l appeller celui
I OIOp
,
d '·1 ft d
. Il·
du defintérelTement). Je deman e sie
e votr.e JUill'
'ffer, pendant le procès,
Madame
la l
.
1·
d de Mirabeau
.
ce de
expofée à l'obfeffion dont Je m~ftP ainsI' an~ une malfon où: cette obfefIion, fi elle eXI e, a a carnere la.plus
libre & la moins difputée? où entouré~ de gens lIlté, lT ' S à notre diffention,
ma femme n entend que des
rewe
.
1
. ' ? '
'x
ennemies
qui
m'accufent,
qUI
me ca omment.
ou.
VOl
•
d .r
je ne puis ni par ma préfence, nt p~r mes. ,l1co~rs, nt
même par mes lettres diffiper le preftlge qUI 1 environne.
Ce n'eft pas tout. Les cruels ~ffets de cette obf~ffio~
peuvent & doivent s'aggraver. ~ amour ,propre ~ lhab~.
rude fecondent à l'envi la mechancete lorfqu une fOIS
elle eft nJe dans le cœur de l'homm.~ .. L~ malheur que
j'éprouve n'eft donc pas le feul que J ale a redouter. Je
dois en prévenir de plus grands. On peut, on veut
même (& j'en attefte fa requête), on veut pouffer
Madame de Mirabeau de fauffes démarches en fauffes
démarches, jufqu'à jetter le f~urreau du glaive que fa
main timide tremble encore a toucher. On veut, en
accumulant fes torts envers' moi, faire naître une vraie
répugnance dans fon ame pou~ celui qui }ui f~t fi cher:
on veut lui infpirer des craintes fu~ 1111~p~lffan,e du
cœur humain à pardonner de certames lJlJures;. . elle
en viendra jufqu'à redouter mes implacables fouvemrs ....
MESSIEURS, prévenez un tel complot. Ils ne me pourront rien tant qu'ils n'aliéneront pas le cœur de , mon
époufe. Mon ame, j'ofe le dire, mon ame pla.ne a une
trop 'grande hauteur au-deffJls de leur ,am~. M!11S fi leurs
..
,
2.9
ca10mnies perfuadoient enfin ma femme! fi eHe en ve';
noit jufqu'à me craindre, jufqu'à me haïr! Ah? MES-'
SIEURS, je fens que je ne pardonnerois jamais à ceux
qui m'auroient attin! [a haine!
Certainement, MESSIEURS, ce n'eft pas [e leurrer d'un
efpoir trop improbable que de croire qu'une voix qui
fut le chemin de [on cœur; que des procédés qu'elle ne
mécon?oîtra pas long,temps, lor[qu'ils ne feront point
traveihs ; que la vue d'un mari qui lui fut cher réveilJeroient en e~le d.es fentimens {ur le[que1s on 'ne peut
élev~r le momdre doute, qui tout au plus ne [ont qu'amortls, & que tous les gens honnêtes voudroient voir'
r-enaître. Madame de Mirabeau m'a aimt! ; elle m'a beau<:oup aimé: & le premier homme qu'une femme a aimé
n'eft jamais ~ndifférent à fort c~ur. Une premiere impreffion a6ili ,Vive qu~ celle de '1 ~mour , a de long~ effets,
dont {)n n. appe~çolt pas la c~al~e ~ans le progrès des aa-.
nées, malS qUI ne ceffent d agir Jufqu'à la mort,. Mad~m~ de Mirabeau' m'a ~imé ; elle m'aime encore: j'en
al mille preuves de détaIls. ' Ses vœux , fes prieres, fes
efforts fe font fait entendre jufqu'à moi. Je connois les
obftac1es , les perfécutions, les confidérations même refpeét~bles qui .l'en~haînent; la trifteife, l'inquiétude qui
la devore : Je faiS tout; & mille lettres comme celles
qu'elle m'a écrites depuis que je fuis de retour en Pro~e?ce, ne me per!"uaderoient p~s , p~rce qu'elles, ont été
eVIdemment combInées, fi ce n eft dlétées. Elle m'arme'
cependant elle m'écrit des lettres dures , des lettres ou~
trageantes: elle a,pelle le divorce.
Chere Emilie, écoute un homme qui t'aime dont les
intérêts font les tiens, & le [eul dans l'Univer~ dont les
intérêts foient les tiens. Le divorce! Eh! quels moyens
as-tu de l'obtenir? Des lettres dures que je t'ai écrites ~
t~ ne les montreras point. Eh que.! wari jaloux n'en écri_Vit. pas de pareilles! Des févices? Ceux qui ,'obfédent
,
!
�-j0
füborn~roient une fOlire de témoins pour" me chargerque toujours renera-t:-il ceci ~ depuis 1774 je ne t'ai
vue ~ 'depuis 1774 tt! m'as écrit les lettres les plus tendres; &. c'eft toi qUI craignois Je divorce, loin de le defirec-. Ces lettres effaceroient tout: toi-même as écrit ton
~rêt. Qu'articuleras-tu donc? L'enlévement prétendu d'u·
ne femme? Non: Emilie ne feta pas ~{;fez lad\e pOUl'
m'accurer q.uand toUS mes accurateurs mont abfous. Elle.
ne [aurait être .recevable à m'acclll.[er. L'erpoir du div or'ù eIl: donc une aMurdité dont te leur:rent les intéreffés
à notre fépara.rion. , Dn r;'y réufftra jamûs. Mais voici à
quoi on tentera de' réuffii. On te compromettra par une
défenCe forcénée ; on m'olltragera; on s'efforcera de me
ienc're impofrtble de vlvIe déformais avec .t oi....
'0 ! tOI que j'ai vue fi honnête, fi décente, fi fenfib :e
à l'opinion pub1i'que ! quoi!' cet <éclat &. tout ce qui en
.{~,eut r.éfu1ter ne ' te Tait Fas frémir!' Quoi! Viétor l ce
ma1heureux Viéto.r , 6J:u·i ,. s'il vivoit, me redemanderait fa.
tPcre" ne crie ,pàs au fond de ton ame : C:EST MON PERE;
~T VOUS LE REPOUSSEZ! .•• Non,. tu ne pla-ideras pas ~.
ou je t'ai mal co:nnue.
_ MESSIEURS, je puis rue trom,per.; mai~ hela~! il reroit
affreux que je me tI'om'parr~ : &. Je pui~ bien auffi ne pas
me tromper. C'eft dans ,cette alternative gue VOHS allez
j,!l,ger ; '&vous ne pr0nont:etez certainement Fas 'lue to,u~
~0yens de ramener mDn époufe à des Centimens pluS.
aoux, à fes vrais .fent.imens ~ doivent .m'être interdits ;
yous ne prononcerez .pas qw'un débat ~G .trifte "qtlÎ p.eu-t
n'etre . encore qu' un mal-entendu facile .à ctermioer 1 ,ru:viendra , un, px:oœs à oUtrance ,; 'il rendRoit à jamais enne·
imes deux TarriiJles que' les Minifues ,des .Autels. croyoient
unit 10rfqu"ils in,vo6J:uoient Iur 'nous St les .nôtres les-héI1édlfrions célefies ,. lo.rfquWs ferroient les ·nœuds indift"e!ubles que Dieu même a voulu cimen:ter,~
pa:' .
: Mais ~l1# 'aemfu~d<ti-:j.er Hùniairui & fcnLibles pa~ i(l~
.
fI , ·
clination, les !uges font inflexibles St rigides par 'devoir~
Leur vertu meme ne fen qu'à les endurcir. Jamais ils ne
co~b~ttron[ la Jufiice fous Je. v~i1e fpécieux de l'équité.
Rehgl~ux adorateurs. de la 'L OI, tourds , inexorables
co~me e~le , la LOI feule, ou la Jurifprudence , fi 1<1
L,OI fe taIt ' . p.euven~ leur ~iéter leurs Jugemens. Loin
d eux les é~otlOns, Ils rédulfent tout à la regle.
'
Je foufcns à ces.,!l1aximes. J 'invoque les Loix, j'in.
voque les formes, J lt1voque la J urifprudence ; &. je vais
chercher avec vous, ME SSIEURS fi elles ont défendu
~ue ma femme me fût donnée pe;dant l'inftance ' fi elles
permettent qu'elle refie dans la maifon parernell~.
On affure qu'elle ne fauroit être ni plus ' décemment
ni plu~ natu.reIl:~ent ~equefirée que chez fon pere; 8{
que c eft faIre ll1Jure a ce pere refpeétable q1.le de le
mC!ttre en doute •
_Je, me vois ,fo~cé d'examiner {j l'affertion eIl: exaLte en
pr!IlCIpeS; mais Je protefierai du moins que mon refpeét
Jne~e , mon ~efJ:e~ profo,nd pour M. le Marquis de
~arIgnane, m enjoInt de 1écarter entiérement de cette
dlfcuHio~: car c'efi la caufe &. non les perfonnes que
?O~s plal?om. , A Dieu ne plaife que dans mon refus d'acgUlefcer a l~ de,mande provifoire j'aie eu l'intention d'offen~er ou d affliger mon beau-pere. Le Ciel m\:fi tén:?ll1 que, mon ,vœu le plus cher feroit d'embellir fa ·vie.
S ~l ne ,m y ~VOlt forcé, j'aurois tout facrifié au de{jr de
lUl p~alre.: Je dis tout; hors ma femme. Mais fi après
m: l.avOIr. d,onnée, il veut - me la ravir, je dois à
lUL, , Je d~:llS a. elle de la réclamer de lui-même.
• N oubh?ns J~mais dans ce procès, MESSIEURS, que
Je me .plam~ cl obfeffion; que. l'obreffion peut &. doit
meme lt1Vefilr le pere plus naturellement St plus affidû-'
ment encore que la fille. N'oublions pas que ma femme _ ( ~ê~e ~ans le fyfi,ê~e .qu'on lui prête) n'eft lJitS
mOinS IntereiTee que mOl a faIre ceiTer les plaintes d'ob~
A
•
---
--
�,p
{effion: . qu'iL · lui convient à eJl~ ,om.me .à · moi 'de -fe
:montrer libre; ,&. qu'o.n ne faurOit la due hbr~. dans une
maifon teUe qu elle fOlt, où. les obfef!eurs, s 11 en eft ,
font admis, tandis que la VOlX du man ne peut s'y faire!
entendre.
.
Après des confidérations d'une tell,: nature? Je n'a~roiS'
pas h;foin fans doute de confulter ,. fil les L~lx pofitJves 2
IÙ les formes ni la J urilprudence. La premlere de toutes
les Loix eft c~lle qui accorde à ma femme la· liberté que
je demande po~r elle. La f?rme l~ plus fac.ré'e
ce~le
qui r~fpeéte le titre ~ ,l~ drOIt étahlI. La meilleure,. JU,n!.
pruaen~e pour la Foclete, p.our les mœurs, pour llOt~ret
de la paix domeft flue, eft l~lconteftahle.ment celle qUI ~e
laiffe à la femme que le c1101X de la malfon de fon man.,
ou tônt au plus. l'hofpice ~.oll[acré ~ar le~ Autel~.
Je pourrois donc me. dlfpen~er d o~lvn: des . lIvres de
Droit,. qui. devojent tOUjours m être b~en etrang;rs., pour
{avoir c.e que. d'autn:s o~t p,:nfé ou )u,gé fur l éVldc?ce
mêtne. Mais voyons ,. pUl[q,U Il ne refte a mes Ad~er~al.res
que ce foible retranchement; v0yon~ queUe .eft IOPlnlO1l
des J.urifconfultes, &. qu~lle. eft la Junfprudence fur la fé,
paration provifoire.,
'
..
B,illon ' .!'.
Les. Auteurs de Droit Iépe;:tent comme un. aXIOme, dl.
paration. Luc. vortii. causâ f endente, & UXOfem & r.es . apud viruln eiJe de,
li b. S. t it. +. c. bère~ Pendant l'infiarice de divorce, la femme. &. tout ce
1..CY l ..
qui lui appartient doivel!t. être c~e~ I.e mari ..
Brillon, qui a recue!ll! la Junfprudence de tout le
Royaume. , établit que ». lor.fqpe la femme demande ~
» ê~re féparé.e d'habitation,. elle doit être ·mife dans 1lI~
». COlLvent., ou maifon bourg!,!oife n011 fufpeéte , <?lI le mari
» pouua la voir, & obtenir le moyen de proc.u rer la réu~
». ni on des.e[prits. Ain.Îi fut. jug~ à Paris le- I7 · Août 17II,
1) par Arrêt de.k cinquieme Chambre des Er:quéres, C'eft
l). la. Jurifpru.dence établie. &.. courante,, » aj9ute cet Au,.
te.ur ~
ea
.
.
B.
teur; &. cette Jur!fprudence ell- ancienne. En elfet, voici
ce que nous tl'ouvons dans Papon,
.
» Pa.r . Arrêt du Parlement de Paris du 15 Février 149 z, :rr~" èf p,_
» fut dit contre une femme pourfuivanr divorce &. lie' _ p n, liv. '1 .
tic. 3. dt di't ,C'"
» paration contre fon mari, que [ans préjwdice de [es ce & fépara.
» )uftes. moyens au principal, &. de lui faire droit , elle tion, u•••
» lierolt tenue , .par p!ovifion , S'en retourner à la compagnie
". d~ /on ,man, & lUI obéIr & entendre tout ninJi qu'aupara.
» vant; &. autant en fut jugé le 18 Août 153 6 par
» Arrêt de ladite Cour. »
,
oilà donc tr.ois Arrêts qui auter ifent l'injonétion que
l al. d~mandée : Ils ne font pas les [euls à beaucoup pres:
malS Ils Fuffifent p01!r prouver que dans notre jurifprudence
les drOIts du man fubfiftem dans toute leur intégrité
pendant l'inftance -en 'féparation, & qu'ainfi ils doiven;
être refpeétés.
On tr~uve/ il eft vrai, (&. je fuis loin de le déguifer)
d'a~tres ,Arrets par lefquels l~ fe.mme a été [e~ueftrée.
MaiS .qu on y prenne garde: Jamais la- fequefiratlon pro.
vi[oire n'a été ordonnée fans un commencement de
preuve de {évices. Je défie mes Adverfaires de trouver
un [eul exemple, je dis un feul, ql'li contrarie cette
affertion. Il n'en eft point, il ne fauroit y en avoir la
nature des clao[es s'y; oppofe. On ne peut [ans prou~er
.les orages de l.a cohabitation pal1ée, &. fans être ain6
prefque affuré que la cohabitation demandée fer oit dan.
geretlf:e, dépOtJiller de fait le mari de [on droit, On ne
peut commencer par éloigner l'un de l'autre deux époux
dont la réunion eft le vœu de la [ociété des mœurs &.
des loix; dont on doit en tout temps fa~iliter la recon.
ciliation.
Auffi lorfque nOtIS trouvons des Arrêts qui 0nt ' or- Plaidoxc"
donné la fequeftration provifoire; nous trouvons en XIV.
même temps qu'elle n'a été ordonnée que fur des preuV(S. Tel eft l'Arrêt rendu le 10 février 1663 dans une
caure plaidée par Le MiÙftre. .C et Arrêt eft rapporté
"y
E
,
•
�34
â la Cuite dll' plaidoyer .: » La Cour; fur le~ cori..
du lions de feu M. Omer Talon ,Avocat Général
» qui déclara que les [altS aliegués 1~lls le. plaidoyer:
)) ùoiellt vérifiés far les lIlformauons ''lu d avolt ,vues; or!
".donna par fan Arrêt que la Dame de Mailly ferait
)l féquefirée ell la maifon &
près. la p.erfonne de Ma~
" dame la Duchelfe de Longueville ; . que le fieur de
) Mailly lui donneroit 600 liv. de. penlion, & qu'il
» n 'aurore autre liberté que celle de la vijiter.
,
La Dame de Mailly avoit , prouvé par les informa~
tions les févlces dont eHe fe plaignoit? -elle fut fequef.
trée. Elle avoit .pere & mere; fon man ne foupçonnoit
pas qu'elle fût obfédée : & cependant, elle fu~ féq~eflrée
en ma1fon tierce; ' elle fut 'mlfe aupl'es cl une PrlOcefi"e
d.e la maifon royale' , fi recoanue de Joute li France, dit
Le Maiftre, pour 'être par fa vertu. l' om~m e~ t de fon fex(.
Cepelldant 'le . mari ' dont les féN'lCeS etolent prouvés,
.eût la liberté de la vruter dans cette mmon. Et l'on
_v(}udroü que ma, femme fût ' Iaiifée dalJs untel état qu'il
~Jle me fût pas poffible de la . .voir! Le mari qui avait
-abufé de fes droits, eut celui de [e , fàire entendre de
,fa femme; on lui Iaiffa le pouvoir & les moyens de
lI'appel1er., de r.eve~ller fa tendretfe. Et l'onI?e ~efufe:
-roit à moi ce droit, ~e moyen, ce pouvOlr! a mOl
Icontre -qui on ne prouv:e rien, ,contre qui on n'allé gue
rien!
'
Car qu'eR-oe q.ue cette locution fi légere, fi cruélle;
·fi' coupable, fi calomnieufe~ dont on a chargé la R.equêt,e
:de- ma femme? Sans parfer de jévices. €! de mauvais t,at- :
-tetneos dpl!J Madame de Mirabeau peut ft plaindr~. Quoi!
vous intentez un procès en féparation, [ans parler ,de fé-vices &..de mauv.ais traitemens ! Quoi! 'vous les indiquez,
&. vous n'en parlez pas! Quoi! vous lan.cez [ur un homme
-le {Q)upçom d'une lâcheté .telle -que des Iévices & de mau'v ,ais 1rai'emens , envers d'a compagne, envers la mere ile
)l
J:5'
fOrl -6ti, st vans ; fie ' dàigoe~ pas
l'a;pr(}r~ndù
? Vous ma:
fiuppofez apparemmeO't fi c.oupa!Jle, que ce délit n'ajoute
rien à mes attelUars ~ .
'
Mais ftW qUI nerombe cetre inj1.lrieu[e rét:Ï:<.lence,. quand
deux joms après celui où vous voes l'êtes permife, trente,
QÏnq lettres paroiifem " dont chaque ligne '\lo~ nomme
4i:alomnia-teur r .... Dieu j\lfle r auquel .00' m'2Clcufe de'
flÇ • pas. croire". comme .fi tout. aU,tre q~'un aveugle 'pouVOit lller la r,uLàn [ubhme. qUJ prefide a la Nature r Dieu
jufte! à qu.oi tient la réputation d'un homme !' Il Y a huit
mois que je ne potfédoi-s pas une de ces lettres. En{evelies
flans des papiers mille: fois abandonnés. dams. mes courres
infortunées, la vigilance fidelle d'un ami me les a conftrvées. C'efi: après huit années de malheur & d'oubli que
je les retrouve. Et fi je ne les euffe' pas rapportées, il
me falloit ployer la tête fous le poids d''une invincible
calomnie. Une Ville, une Pt:ovince entÏere l'eût.répétée,
l'eût accréditée! Les intéreifés à perfuader les bruits. inju.rieux, ardents à les répandre, en font prefque toujours
-les auteltrs; n'importe: ils triomphoient, St moi je fuyais
ma patrie, mes amis ,. ma famille ~ je fliyois . les regardl
des vivans . • • • . Mais calmons~nous" car ils empoiforr.l'lent jufqulà ma fenfibilité la plus jufie. H eft difficile d'ex...
pofer froidement des fentimens qui déchirent l'ame j cependant la ch<tleur nuit, dit-on, à la vérité; difons d"nc.
la vérité toute nue.
. Si nous parcourons encore le recueil des difièntions.
tlomeftiques &' civiles, nous verrons dans ces mêmes Plaidoyers de Le Maiftre, une autre femme, qui,. fe ptaignant PI.idoy.w
de févices, & foutenue par fon pere chez qui elle s'était, Vlll.
1!éfugiée, fut condamnée à· retourner fans delai auprès de:
fon mari qui la: réclamoit. Et peut.êtl'e il ne [er:a pas inu.tile de répéter ici· un patfage de l'Ecr,iture , vraiment ,remarquable, que Le Maifire, fuivant -J.'efprit du temps."
mais: plus .ençOl'e par · fexceUenw de l'à-propo~, cite à:
"
"'
~
E, Il
..
�36
.cette occaûon. Je vais le rapporter,' Be. ~e ln'abfiiendrai
d le traduire. Fuit quidam Vlr LevItes qUI acc~fll Uxomn
d: B eth.lu m Juda: quœ reliquit eum ft reverfa efllll do mum
•
Judi" 11 · 1.
, J.
,Amh. 1• 6 .
c, H ·
, ' fi ' , Beth/eem
manÎztaue apud eum quatuor menf/hus.
patres Ul ln
''J'' 1
'f' ' .
J"
s.r:
./1
eam vir fuus volens reconCI larl el, atque Man.
ecutuJ que 1)'
J"
.
ft ' d. ' ,
diri ft fecum reducue; qute JuJcqnt eu,",
~ntro uxu li! do.
,
fiul'
Quad
dm
audifTèt
Jocu,
9
vi.
mum patres.
.
'.li '
, us , eumaue
1
diffa occurrù llftus, ft amplexatus eJl h.omzne'}7. A quoi le
, aJoute : OCCUNÙ
P ere d e l'Eglife qui commente dce paifage
'
fi
l'
'/ ' ,
pro Ort'hus j acu , generum, intro uxu,
'
.lUm
r. reéonCl lavu;' &
ut lœciores dimiueret, trtduo tenult, qua)1 reparare,t nupuas.
fi
Les temps, les mœurs &. jufqu'à la morale font hie Il
changés!
li'J. d d'fr
Des Dotteurs étrangers fe font propo t:S es Imcultés
fur la queftion que nous agitons •. S~r une . deman~e en ré.
atl' on la féqueftration provlfolre dOIt· elle etre or.
p' a
r,
,
d d'apres
, 1a nature des
d néè ? Ils diftinguent d ahor
on
. ils diftinguent ~n liulte
' d'
'1".age .d es fiemmes
moyens;
, apres
Dt, L uu, Jt maltraitées par leurs mans. ~t dlfent : Cum, ag~cur de mu.
mar,,"'.""to • l '
' /veni in auâ urpoeat pertcufum h.oneJlatls vtdendo extra
fpcnf·l .bus (9'
u re JI
,.
1
0
l . fi 1
l' d
Ii '!;orti• • Rift,
X I , ,. .. '
Tom. ~. 1. 1,
tit.
Il,
,b. 1.
Mmum VIn. • ••• Low honœflœ matronœ egr. . 0 el . a IqUO
monaflerium : Et C!lm agatur . de multer~ p'rol<eBce. œtau~ , pro.
Jencer de mandato fequeJlro zn g enere ~/üus foc«,s remijJ~s eft
ar6ùrio judicis. De forte que ces fophlftes fubtl.ls ne lal{fen~
eux· mêmes à une jeune femme no~ maltralt~e, . &. qUl
cependant demande à être féparée , cl autre habItation que
celle de fon mari ou celle du Couvent.
Les Jurifconfultes y font unanimes. Il n'y a lie:r à, la
féqueftration que lorfq~e. les d~ngers de la cohabItatlO~
font évidens' c'eft l'oplmon umverfelle: &. cela fut attelle
• rayport é ~ar
par Mrs. les, Gens du Ro.i !ors. de 1'A rret.
Boniface. » C'ell auffi, dlfolent·Ils, ce qUI a donné heu
» à tant d'Arrêts qui ont établi cette Jurifprudence tri.
l '
cl 1 fi
e
» viale au Palais, que la premlere
p aInte e a emm
» n'eft jamais écouté.e , & qu'elle. eft ~oujours ,con4~mné~
<J
,'
~7
» à retourner avec fon mari, avec injonaion à lui de
~) la traiter maritalement; &.à moins de récidive, la
t, féparation .n'eft jamais ordonnée.
Celle qu'on demande provifoirement pour Madame de
Mirabeau ne fauroit l'être, pari:e qu'il n'y a point de.
preuve de févices, parce qu'il n'en eft pas quefiion
parce qu'il ne peut en être quellion, parce que l'in~
vraifemblance même de la fuppofition, en feroit rejetter
la preuve fi elle etoit demandée. Ainfi fut jugé dans le
proces de la Dame Rapaly , plaidé par Cochin. Ainfi fut
jugé le premier février 1745 par Arrêt rapporté dans De.
nifan. Ainfi fut jugé le 4 mai 1750 contre la Dame de
Melun, qui articuloit des faits de févices. Ainfi fut jugé
le 7 avril 1756 en la Grand Chambre du Parlement de
Paris, Contre la Comteife de Montboiffier·Canillac. On
le jugea de même enfin le 4 feptembre 1768 contre la
Dame de Falé.
Ma caufe eft fans' doute infiniment plus favorable que
celles des pro ces en , féparation provifoire dont j'ai rap-=
porté les décifions. Non ' feulement il n'y a point de
preuve de févices; non feulement on ne PARLE PAS d'un
tel moyen, quoiqu'on ait l'indicible méchanceté de déclarer qu'on en pourrait parler; non feulement on n'en
parle pas; mais la fuppofition ·même eft inadmiffible.
Ce n'eft pas, gardez-vous de le çroire , M ESSIEURS,.
que je prétende exciper d'une fin de non recevoir ré.
fultante d'une réconcili;ltion. Ce moyen, tout puiifant fur
l'efprit des Juges inviolablement attachés à la regle, eft
au-de/l'ous de mon carattere moral. Je n'en ai pas betoin.
Ce n'eft pas fous cet afpeél: que je vous ai préfenté- ,
MESSIEURS, les lettres touchantes de Madame de Mira.
beau. J'ai voulu vous démontrer, j'ai voulu démontrer
au public (&. véritablemenl la preuve étoit fa cile),
qu'il étoit impoŒble de fuppofer que notre habitation
eût été .orageufe. J 'ai voulu démontrer qu'une leJtre ,
�38
fb't:tnt teHre~ jalbUre,~ Be par conféquent ~iélée ~requ\\>
tltke{fail'e-ment. par 1 aluour ~ fu,c la p re I1?Jel'e., l ,unIqueca.utë de nos di.ffentiol18 ; qu 11 11 Y en em j'amals d autre;
~ qu'uh' regard' n<HIS eût rendus à notre te.ndretr'e, . il
I;!otre ~ol1fiançe lliluw.eIJe.
'. .
Aü refie , la néceillté de , la coh~bl~atlOn' penda~t l'in[-I1è
ftli~ pour etouifel' des le pnnclpe_ un pro ces .clont
ta e,.
. r'
fi
. ne PQuvez qu~ génHt , J'Olf pour coq arer par cette.
;~suv'e la v'ol<>l1té 8< la ~ifl~o!itiol1 rédie des deux ~po.ux j;
la néceffité <te ht &ohabl'tatlon eft tell~m.ent de, prlnC.lpe ,.
'Ille- l'exception pour le fe ul cas des fevlces, n ell venue
'lue du te1.âckemeflt de. n0S mœ~rs. On. ne la t.rouve;
. (';uj.J.d CA.p- daus aucun des J utifcollfult~s anclen~. .CuJas e~~m~ne . en·
liltms de reJht_ ...lus d'un endroit la queftlOn pro;vJfolre. » S II s agit "
[p,I •• t. &.d r
d- éud
' ..,. o~ . que. rund es
",p. '- , in lit, » dit·il, de la. vala lt
m.anage
f,"d .. " nihil " deux époux en demande la dJ·f [olutlon ,:i1s dOIvent ~tre:
m"''lJ.<t,
» féparés. S'il ne s'a ?i~ ~De de fufpe?dre la ~oliablta •.
".. tion ,. attendu 'li!s fevlces ,: les deux epoux dOIvent ha,·
» bite.r enfemhle pendant procès.
.
Le Barreau. de cette Vi-lle n'lm doutOit pas du temps,
de feu Me. ' Julien , ' dans les notes manufcrites duqud
_ ' aous trouvons ptécifément la même déeiGo~. Il ~emande ::
\C, Marrimo- dn, lite p6ndente, juper di1Jolulionem m.al~lmonll, ddeqnt·
nium 4" ~ B. conju<Yu /zmul cohabùare ? Non debent, dte-ll , . ut , Ille pen4Ifnle.~. nlh'il innOV8LUrr•. SEl:J SI AGATUR TANTUM DE SIE·
YITIA, DEBE N T
•
COHABITARII.
-
. '
.
- De forte que dans la, rigueur dès prirte~pes, e~vi~agés,
dans leur relation avec les. mœurs" adoptes par 1 UI1lver·
filEté des Jurifconfultes. anciens, & par ceux-même d~
c;e Pàys, tine demaride en fépàratiOll> pout fé~ices n'e~·
pêcheroit- pas la cohabitation, pend~nt ~é prbces. On VOlt
il quel IUJSe ' de 0chefi'es · & d,a1:ltontés Je renOBce;
,
Je ne croirai pas aifément que· des. tnénagemens puiflent porter -les Magifirats à permettre ","o,nue lou·te regle. "
la. ftEaration provifoir.e...
.
•
.
~9
..,., L~ premier objet. d~ LégifIateur ; dépolitaire de foit
" -efpnt?- co~p:gne lllfep~ra~le de ,la Loi; l'équité, ne
peut JamaIs etr: cont:a~re a la LOI même. Tout ce qu:i
- t) b!effe ' cet·te équité, verttable fource de toutes les Loix'
" ne. réGfie pas .mo,~ns ,à .l~ Juftice. Le Légillateur l'au~
}) rolt con9amne, SIl 1 avoit pu préVQir; & fi le Magif:.
-.) trat, qUi eft la. ~oi viv~nte, peut fuppléer alors a\1
)) fiIence de la 'LOI morte ', ce n'eft pas pour combattre
» la. regle, c'eR au contraire pour l'accompli, plus par.:'
) faltement. "
_
Ces par~ les aogu.fles , proférées' par le premier Magit.
-trat de ce fiec1e, VIvent fans doute au cœur de tous lis '
.
·Juges_
~a!s ~,nfin quel qu~ foit l'o:ac1e q~e la :Tufiice va retÎd~e ICI, 1 en re~peaeral .l~s motIfs; ~ J élaguerai une foule
~ exemples ~Ul n~ f~rOlent m~iritenant que des. répétitions
fu~~rflues. en al ?It alTez. > J'en ai trop dit peut - être , _
qu 11 me -[Olt permIs feulement de chercher en fiQilTant
~omment , fi la féparation 'p rovifoire pouvoit être oi~
'"<fonnée, elle devroit l'être.
' "
, Dans cette fup~ofit·ion même, elle deyroit l'êtte en ref'pe6tanr mes drOl.ts. Elle dev~oit ,l'être de maniere gU'e
ma .f emme n~ ~t, 'pas foufir~llte .a la . puilTance .de fon
'man. Elle àevr01t 1 etre de, mal'1iere à ~ donner les moyeqs
d~ rappeller m~1l époufe a [es premIers devoirs, à [es inclInations. premIeres. Cette réparation provifoire devroit
' fur-tout etre ordonnée, en garantiifant Madame ' de MIrab~au. des obfeffions qui captivent [a volonté. El'le devr,01t etre ordonn.ée" en me donnant tous les moyens de
'm alTurer par m<!l-meme ·decette volonté. C'eft aux pieds
' des 'Autels que ;Je reçu~ [a foi: c'eft aux pjeds des Aùte~s q~~ l~s Iilufions qUI la tro.ublent , peuvent fe diffiper.
. Là delIvree dl:! ·totlrbiHon nui l'entraîne Be dont on s' eff,
d"
4
,
·orce· ,augmenter '!'~gitation;. là rendue à elle· même, fqn
cœur 'volera 'vers,J époux que Ion. cœur a choiG. , Là mes
t)
!
D'AguelT'oaa..
�J
4°
fOins
mes attentions, mes gémiffemens fur le {entiment
,Cfùel' qui lui feroit préférer un tel aCyle à la cO,uche nup_
:tiale , aurônt bientôt Céduit .fan1 ame
Jenfible •&. tendre.
r
,
'Eh! que redoute-t-~n de mal,. onqu on veut a tout prix,
:m'éloigner d'eHe! C ~fi la v~nté de ~on accen~, de mon
langage, <eft l'énergie que. Je félur?,~s d?nlle~ a J?a mo'dération même' c'eft l'émotion' que J lIlfplrerOls facllemen-t
là' ma femme :11" lui parla\1t' d'elle, comme j'aimai tau.
jours à en p~!le! ~ ce' f?nt !OUS ces fe~tin:ens que, je raI.
lumerois dans le cœur dune époufe qUI mIeux ~u une aU:'
tre ' connaît mon cœur, quoiqu 'il ne lui fait pas m~me pero
mis de t'avouer. Et c'efi là, MESS,IE~.RS, ce qui m'adjug~
'mes fin's proviCôires en cette cauCe, que nous voudrio!1s tou,S
'Voir étouffer dans de mutuels 'embralfemens. Malheur à
qui ne defire ' pas que Madame de ~irab~au ai,t tort, év~.
demment tort au proces, ou du mOl11S qu on ait tort pour
elle! car ie ne cerrerai jamais de l'en écarter. Malheur à
qui pénétré de cet eCpoir, qu'un fi tr!fte débat n'a com:mencé que parce qu'on ~'a pas perm!s .aux d~Hx .époux
de fe voir &. de s'entendre, ne deyre pas que Je fOlS au/lî
{avant dan5 la magie de pla.ire, que mon aimable Emilie
' l'écrivait aùtrefois, &. qu'elle fuccQmpe aux doux efforts
(le cette magie t
,
Mais pourquoi préféré-je un Couvent à, la maiCon de
{on pe·re '{
,
, Moi je ne prefere den, je ne deman.de rien que ~
regle~ Je demande que ma femme me fOlt rendue. MaiS
, fi 'le's Juges ne. cmient pas devoir ' l'ordonner ~ s'ils trou·
ven-t quelque obfiaëIe à la 'coha~itation ~ je dis, Q.ll
plutôt ua célehre Av,?cat Général dit av~c moi,. que fa
r
--
1
ml!ifon d'où ta.' paix do.me(liCfue $' é./oign'e.,. doit être u~e
maifon de deuil. Je n'ai pas le _dro-Ït d?exiger q.ue eeH,:
de mon pere, àdoptif en foit attrifiée. Je ne faurois lUI
demander qu'il renonce pOI!r moi à fes amis, à leur
focié.tê,- il leurs plaifirs q~e tr~l? lonK - temps peut- ê.,t~:
,. .
.
,
Jal
_
4r·
rai fufpendus. Mais j'obferve avec regret ' avec {yn-cf _
l'elfe, qu'il eil de mon intérêt, q\:l'il efi {ur-tout de cel~î
d,e ma femme .ql:l'elle ~e' {oit point di,firaite dans une
·E:lrconfiance. qU1 va déCider du bonheur de notre vie. Il
.efi de not!e plus grand intérêt; il ea de la déeence que
dans cer mfianr elle foit fel!lle avec elle-meAme Il r.
, Il
.I r d
'
.
laut
~u e· e, pUllle .,e~cen~re ait fônd de {on propre cœur, de
c:e cœur que Jal pns po~r Juge . . N'admettez plus, MESSIEURS, entre .elle 8( mOi que le Ciel qui' l'eçlH {es fer.
mens &. fIes mIens,.
~. voix s'épuife "je rav,o ue; 8( je vous ai trop
fatlg~, ,MESSIEURS: ~. ~oil11el:lr &. la caufe appe1l0ient
d~~ , dét~t!s .•• .' . les lI?~ra~s!: .. combien ne leur' en
al-J~ pOInt épargné:. MalS' Jamais, non jamais je ne porteraI à- des ennemiS fi chers des COHP!; que a .
Ir
' I r 'bl' Jr.
'
•
m
VIV~ _
ten d~eue n ,a l i 0 ,1 . ll~e pas. ,SI Je voU§ l'acontois, MES:"
SIEl:1~S., fi Je .vous raC~ntol,S, même , avec la ptus grande
fImph~tté ,_ fi Je deffinol's fans ra moindre enluminure le
_!a~le~w êtes p~o~édés, ~galè!TIent inouis &. i.njurieux dont
J~ [UIS pourflHvl depUiS fix mo:is; VOUS eroiriez que " .
'dfi
li'
d d e'l'HS atroces Madame de Mirabeau J31
· 1 pen ~ par es
de
!<>ute. déférefu;;e-, de 'tOIH égard" de tOlHe p01iteire (fi
}a~aIS ~n~ femm~ peut en être di~pe,nfée envers fan mari);
ou q~e. Ces comelIs font frapés cl aveuglement. Les 'lettres
que.1 al. re?du~s pUbli,ques, &. dont chaq·ue ligne attefiê
ma conduIte a Con egard, ent aifez ' manifefté ce que
tou~ homme q~i a ~uelque candeur dans l'ame 8( quelque
loglq~e dans 1 eCpne '. peut &. doit penCer de notre union ~
~~l!es ont airez mamfe~é que la hauteur qu,'on a tour'~ur's affeétée avec mOl, ' &. qu'on' a couronnée par l'in-,
:J~re ,d,e me renvoye~ m,es lettres, fans les Iailfer parve,ll1r a mon épouCe; etait deftinée à cbuvrir le vuide de
moyens, &. de raifons, &. fur· tout il denner il entendre ,au PU~I,lC J 9~'o~, lui , cachait d~s ,feerets ,effroyables qu~;
:là fciulc ,g",nëroÛte de mes, adverfalres m'epargnoit•.
F
•
�~lent
\.
Tls .circulo
nd;!~
ces Cecrets; Sc.
'Me
~~
~l1ii ,pour des Avo~ats que çelui de- la toi l , ~ec.onIlÔw.
voIci il
et pe der enfin qu'on les dévoile. C'eO:
deman -c'eft avec une ame ln
our
'd'19n ée "1R..
S
MEsslEUl\ , P
d'wle voix ~e Sten.,tor, élevera mon génie, que j'llppel14;
'
qUI peut-etre
br ul ante,
1 niateurs. • • • •
.
dans la lice les ca do.rn ,
répétoit jufqu'à 1'0utrag~ lej
, Mais, non .. Tan, 15 ~u o:u cabalait po~r reculi!r la clé.
refus les plus 11lfle2Uble , 'interdire ma défenfe RatUi\ell~
mande judiciaire, podur, m as "U}' ourd'hui, MES~J.EURS.
tn'en~en nez oP
,.
.
St VOUS ne_
J eS vulgaires ) ~ po~ .e~gager rn~
fi j'eu{fe trouvé des ug i0~S pour Pleure le QtfQrdre
famille à lop~e(<< ~~tl~:aires ': p 0 1J1' me qécoura.ger.
dans mes affatres P
'ôter de? d~(e!1feprs •..•. Et
Cilur ·me c\é%ol1ter, PdP\l\ ~r<>s décéloiem-t lWOi crai~tes~
P
, G
mei a vertatavo~
'"
. Ma~ame
.J
d M'
c'efi am
1 que .
f<ilrcé
, e, . uant
Fln dfet , vameme ~o~ ava~t mêm~ que ie r~u:ff~
bealll. à oonfu1.tel cont(.(:n ' me prGd.i.guoit l~s hoftiH~és le~
t'écl~mée.; 'vamemeDt (}
DE MIRAB~AU . CON-SULTE •
. déc uifées' MADAME
. 1E
AN"
malUS . g.
. fficielilx -donneurs d'aVIS;. 1#-E '" ~Y. "
Tepondols-}e aUX 0
. BIEN A PLAIN.p.RE. rPOOR <MOI
r
."
•
ELL·
E
EST
r. .
J e me
"t'
JJN PB:oc.J O.'Q'
E NE ,CO~SUL TE; PAS.
OlS
Q-VI N'EN Al _POINT ~é 1 ~ muette ,fi l',on 'peut padet
~nferm.é dans c:et:te r pon e
'). .. '
<-
ainG. . , mes ge~s ni m0n écriture ~
Le jOl:lr , où ni, mOl t >1)1 M le Ma'rquis de l\îladgnane
1
enetl1er cuez .
'
. '.J'
peuvent P us -p . ~ . ' f, ێ de recourir ~u~ MOteS , JUJ;'l~
ar,rive ,enfin: Sc. ~e UlsA'Or cais alors &. je ,m'applaudirrQls.;
ciaires. I.e ch~réhe des dVP , n ~voi; cherché q.u'al(m. J\:
.
,
lau1ils encore e n e
J"
d
J
~e ~m app d .d C0nfeils au bien petit nOt!1pre .e ~!ll
"'aiS deman er es.
'. ·.de· ett~r les I)'e\llt ,p"-lfq}le 11
e
fur quHe:JJl croy.o~ ~m~au )ne les avoir pCis ·çQnfultés •
famille de Madame e Ir furent fans autlies ~aifoR~ , fans
l'luGeurs d~nt:r'~uX m.~ re ·
~F; ,s '..t:llfGAG,f;R PA'~S u~
,tlt~ motif~ que LA CRAlN;:J;'E,·
~t' .\lR-E <DE PARl';" .
' . , , t:'1l :1 d. 1.W \iO ;~\lt~
\Jne. .affltiJI-e- ~~ l.PMt~ . .p}i!,1) :J).~I;l.. ""'J'~ l 0,
'
<
•
'fent-Hs .uo autr,e Empite?- Une affaire de p.a.rtU Et.,qu'à
$Io.nc Qette lOoble pro{effion ,.qe plus. fa:cré, 'Ique de (lOI]llo
battre ce. monfue aux cent Noi(lt, qui Dourû d'illufions:
~ menfonges .tX. de .ç alomnies, me v(j)mit qu'iüWi0ns, .ca·
", 1
•
:., T
iomaies ~&. menfonges?
·,une >aff«ire de parti! oui, [ans doute, mpo qncqcès, ed
ell Wle, ,(!JU ' clu moins il i d.~1vrpit ,ea, êtrct iU.e.; b r- tous
les honnêtes 1gens, tous .cel>liX 'liJ:l.Ii aoient J'ordre ,publie
jntéreifé aux bonnes mœurs, -& taus ,les .citoyens jntdreffé~
il l'.ordre public, doivent trembler · p,our les .engagemem
que l'on contraéte au fieele, où la feule convenance Iilf
l~égoïfme ,; où 1a fe:ule rép.ugnance ·vraie ou f~, seiJ at ..
'eltée pac autant de témoins .cufpe~s, (bÙJ dc:;s scule arme)
:d'un ,abful'de rerfIflage, au d'lun IDon run pnéteqdu" 'ilà
aoit dominer dans les ceroles, parce «qu' oh Jtft · atru
pufiIlanime pour ,en redouter les ,r idicules v.engeauces ~
peuveut donrner >créance à ,des bruits ilJjurieu,x, 11'&5 di&
famations atroces, il des' caLQI~mies ahfw;Ms, peu.v.ell élever, fouteuir , màintenlr ,.prCi>wnger, étenlÎCer le l'lus .tcall.
<ialeux, le plus défefpét:é des-Froces, en tràmpant -les f?ir
hies, en recondant ~es méchaas, A gla\lant la voi.x dans
ies bouches honnêtes, mals pufillanio;tes, & roLl}OUrserochaînées par des clameurs qui étourdiifen,t les .-hommes fri,
!Voles & p21Ïfwle~ ', & mettent 'en méfiance jufqn:aux rages.
Sans doute un tel ordre de cho[es devroit effl!ayer taus
nos concitoy.ens, &. je pournris les fu,pplier au nom : deI>
Loix, au nom de la Jullice,..at;! nom ,de -le:urs iatét:êts,
;& d'eux-même, .d'ou'V.r ir les y:(WX, de _voir dans mes PfQ,
cédés un ami, de la paÏtx, & .daas ·ma .caufe, ,èelié de .tbuœs
'~- .\
les familles.
'
Oui., . MESSIEURS, c'~ft 'une choIe éié,p-Ioiable & .:N'J 'mi'
,ment <honteufe pOIll' le .fie cie , pour la ' Nation, .poûr -loes
manda-t aites de .l'autorité , pour les Ma~ÏJfi[ats, que ~t:$
:fortes d'arra.li!g~men$ qui mfllltent aux àoix:, .aux mœurs '1
--
--•
�~4
.
~ larre:ligion '" r la mora'le, & au moyen d'efquels ' unI!
:fdIDme vit dans' le monde libre , indépendante ', ne te:
DaOn plus::> LfQl1 mari,que . p<1rI .fOIl nom, & trop fouvent
paT fe riaicule ou la honte do~t el'Ie le couvre.
. l\1ais malht:~r à l'épDu~, qUl dégotité de cette phil o~
fophie fi commode, mais fi funeHe , & , par eonféql!lent
fi. cOupable par r t-errdieffe pou'r fa femme, ou "par une
roule- rde fentiml:!ns. &. de principes ' honnêtes! Malheur à
lui s'ij fe ndiuœ a " I\:es i compotitions, amiables! Rien ne
peut le' inetrre à:couvert+d'une demande en ' féparation .
&. cette'. demande' trouvel'a de la faveur, n'en douton;
Fas~
~.
J
!
;-UJîe ~ remme· jlltèreffan~e par elle·même,J plus intéreli
filnte e11èotlè <par. Fapp.arence . de Finfonuue .qu'on fait lui
iiol1ner , . ~alq rfllll'lJlir, .Je Royaume de fes plaintes. Elle
fédllira~ ~'abord le cel'cle ' qui lienvironno; fes parens, fes
amis, ' [es' connoiJTances fen:>nt entraînées. & deviendront
les , échos de. fes'l plaintes, ~Un mande .entier qui n1a,pro.
fondit ',rien, t dGfltl. la ... malignité ne l v.e ut l~ plus [auvent
trouver' gue des ' torts, n'éco,ut~r · qn:e . de:s anecdotes ., ne
,répéter que. des épi~ramm.es:; fera -'d:un ' procès. en féparation ', une affaire de- pani; & les plus fages, 'les plus
-équitables. des Magifirats ,. ver.ront la balance trébucher
.dans: leurs mains.,
' J
,
. ' L'intérêt .dei la morale, & des mœNrs ,~ celui même de
ce fae. fi féàuifarit, mais q.tIe. na.us avons :rendu fi foible ;, fon intérêt, dis-je., car toute fociété a befoin d'un
chef; le rerpet! dû au plus augufie àes . C€lntrats-, à l'eIl;
gagement;,Iur lequel repo[e la_ faciété enriere.; les· fuites
,Ul:ribles de- la ( profanation de . ce, liefl\ facrt~ ~ }:'Ol;dre ' public en un mot, ce motif fublime devant qui to uS les
.à atres, fe ' iâifent ,. iIl'voq'uent . à : grands !>ris la rlÎgueur des
maximes en ' matieie de fépar.ation .. Et- s'il eil tr.op vrai"
comme· une foule de· divorces, fans divorce l~ariefie, que
Je.s Tribu.naux..Ùn : font, f.ouY..ent. r.élâchés ;~ ie. .me. trouve
.
heureux
.
45
heureux de pouvoir ta'ns imprudencé le dire devant voûs '
& vouS in~iter l,ar cda même à plus de févérité. O~
attend, de . voo~ ~e gra'nds exeinples; MESSIEURS;
MaiS que dis-Je? Il ne filUroit être qùetHbn iti de fé~
vérité. Il ne s'agit qùe de bienfaifance. Madame de Mi~
tabeau n'a: pas cëffé 6'0 infiant d'être l'épou[e de l'non
c.œur; el!e n'a pas ceifé un infiant de délirer d'én réal~~er le tltre. ~our être, heu,r,etJfe 1 elle. n'a qu'à vouloir
1 etre, ou plutot elle n a qu a fe reifembfér & prévenir
,v otre 1ug.ement, ou lui obéir.
,
Signé, HONORÉ· GABRIEL DE iUQUETI '
COMTE DE MIRABEAU, fils.
'
JAUBERT i Avocat.
SICA RD , Protureur..
,
A A 1 X, chez Jo SEP H
DA VI D ,
Imprimeur ~
, ' .' . Ro'1.
;~
17 8 3.
'.:
�MÉMOIRE
A
CONSULTER
ET CONSULTATION
LA
Dame de Mirabeau vivoit depuis plutleurs
années dans la maifon paternelle, & "elle y vivoit'
féparée de fon mari.
Un jugement domefiique, bien motivé, prononcé par les peres refpeB:ifs des deux époux 1
juges naturels de leurs enfans , avoit détt';rminé
cette féparation , devenue néceflàire.
Mr. le Comte de Mirabeau qui devoit refpecter ce jugement auquel il avoit lui-même fouf'rit t
er
a pré[enté le 1 • du préfent moi~ de Mars , une_~
R
~ .<,t~~..,..._
equete a M
r. IeL 'lel,ltenant en l a S"enechaUp:":~::
)~dR.;tl
A
\
A
.
•
" .: !<. !:J!~ 1 r.~';.~·
�. 2
i1le d'Aix, pour qu'injonéHon (oit faite
de cette v d M' beau de Je rendre aupres de
à la Dame ,e, lra & d'y demeu ,.er en fan état
lui dans tro,ls l JOu~s . e par lui de la traiter mad'Epoujè '~OM~EîL A TOUJOURS FAIT.
riralement,
t le font pas rafiùrans.
Ces derlllers ma ~ 1
d' bord témoigné
Dame
de
MIrabeau
a
a
, '
La
'ntraire
co
, toute fa furpnfe.
cl ans une Requete
l
u' porté par les deux f:at111'Ues.
Elle a réclame, le ~~fi qu'eUe avoit de prévenir
Elle a marque e e lt
1
0
un éclat.
de Mirabeau, qui pouvait mieux
Mr. le Comte
, ndu que le vœu
'cier ces ménage mens , a repo
,
'
fi 'Il ne pouvait opérer la feparatLOTJ.
appre
de deux ~ml es
e la Dame de Mirabeau ne
de deux ~poux ; qu
u candis qu'elle 'avait
ce vœ ,
deVOlt po 1I1t alterif1. er
,r; r' lettres de Îon beau-pere
, mment p uJleu
~
J',
'
ref.u receifift
t le plus VIif defir d'une rellmon;
,
d"
qw manz e Olen
d'
' ement imputer a ma eratLOn
que l'on ~ou, ~~11t, val~ r.gnihante de nulle valeur,
'r;,
d
Requele znJo lte ,lnJl, 'J"
.&
uneune l emeur <lU! n erf1. précliflément que dl, elle e
moyens & même de pretextes.
, l
La Dame de Mirabeau . a cédé poour lors a a
"fl 'ffité de pourfuivre fes drOIts & fes act~'1 e nece fil'ce en témoignant qu~elle eut bien
tlOns en J u ,
,
d 'l & de
défiré de poul/air s'abftemr, de tout etaz T
.
cl
n>eAtre pas forcée à s'txpllquer.
U
d'
ct
une'
er.
» PluCteurs nufons, a-t-e e lt ans r
de
» niere Requête , empêchent la Supp lante
» confentÎ:r à une réUnIon.
o
0
0
,
1
l
'
0
J
»
La premiere de ces raifons eit l'état aaueI
de Mr. le Comte de Mirabeau, qui fe trouve
au Civil fous une interdiélion de biens, & qui
d'autre part
, a elIùyé des procédures qui ne font
pas purgees.
» En fecond lieu, la Suppliante a perfonnel» lement à fe plaindre de plu fie urs faits , dont
» la plûpart ont donné lieu à ces procédures ,
» & qui dégénérent en injures graves wntr'elle,
. » & en abdication publique, de la part de Mr.
» le Comte de Mirabeau, de fa qualité d'Epoux.
» En troiiieme lieu, Mr. le Comte de Mira» beau, s'dl: rendu coupable à l'égard de la
» Suppliante d'une diffamation cruelle, confiatée
» par des Mémoires imprimés & par des lettres
» écrites à des hommes en place.
» En quatrieme lieu, fans parler des févices
» & des mauvais traitemens dont la Suppliante
» peut fe plaindre , Mr. le Comte de Mirabeau
» s'efi permis contr'elle des excès qui [ont conf» tatés par écrit, & qui avoient principalement
» déterminé le jugement domefiique en fépara» tIOn.
» Dans ces circonfiances, la Suppliante attend
. » de l'équité des Tribunaux, la même jufiice
" qui n'a pu lui être refufée par la propre fa) mille de M. le Comte de Mirabeau.
Cet .expofé eH terminé par des fins en fépa ..
ration.
Après la fignification de cette R equête, M. le
A z.
»
»
»
»
�4
cl M ·Ira b eau a publié des
0 blervatlOns
r.
•
•
lmD
cl
')
C omte e, r. l
"
divenes ettre~' écrites par ,la
ame &e
pnmees ,
d
1 cours des annees 1774
I\1irabeau ~ ans e r. a' une demande en fépa.
,
l'on oppole
177 S, quI'! ,
8
& qui ne peu~ent aVOIr
r3.tion formee el~/ 7ue~ 'que pour précipiter un
été rendues pu lq .
éclat. ' 1 pu bl"lcatIOn de ces lettres & des Ob·
DepUIs
a,
M. le Comte
'
UI l es accom paO"l1ent
b
,
fervat1:)Jls q
demandé que fans prejudzce du.
de MIrabeau ~
, rribucion d'auClIn nouveau
l "
droit des partl,e[s, nI, ar I)'oint à la Dame de Mids l Jfèroze er
, ,
fiIIr le Jf.:on
~
d
'
's
de
lui
dans
crOIS jours,
I r. l'en re aupre
rabeau le Je
(;
t d'époufè à la char{5e
ç d'
demeurer en J on eca
')' ,
'l
t5 Yl ' d l a recevOir
' & trairer manta ement ,
par ,Ul : '
ladite Dame,
retirer dans l!n
Ji mzeux n arme, 'll d'Aix dont les panzes
Couvent de celte VZ, et: . fixi par le Supérieur
' d nt ou qlll J el a .
"
convzen r~ ,
1
ladite Dame demeurera jllfqu a
EccléJiaJhque, o~
"
' l i d'y recevoir les
.
d t/: 'if enjoLnt a e e
J~gement eJ.nw,~ & 'icelui de la enter & frévziJices · de fOn man,
a
, h 'b' ,
&
J'
d
l
d't
tems
avec
Ln
1 rtlons
p
ter pen an! e l ,
,fi. l
qli_n
d'y
mettre
obJ.ac
, e 'ou
défenfes a toute perjonne
l
t ~ . direaement ou indireaemenc, a pezne
empecl1emen
d'en être informé.
.
"
Il a fallu plaider fur ces fins :,r~l1nent, et;A~1
Je
1
1
,
. (;
A
ges, qUI, on t e'te' la matieFe
, , d'un 111cIdent a 1 'dience prêt à receVOIr Jugement. "
'
M l'e Comte de Mirabeau, autonfe lUI-meme
•
'r.
à plaider
fa caufe , a de nouveau prelente
, COIume
A
1
difette de moyens, la modération avec laquelle ,
on pourhlÎt Ul}e inaance malheureufe; · & on an- '
nonce que fa défenfe va être rendue publique
par l'impreiIion.
Il n'ea donc plus poŒble à la Dame de Mirabeau de fe taire fur les caufes qui juaifient
fa demande en féparation. Tout lui impofe la néceŒté de fe défendre; 'elle va expofer les faits
& les preuves. On jugera bientôt fi l'on doit
attribuer à ménagement ou à directe de moyens,
le filence qu'on la force de rompre.
Mlle. de Marignane époufa le 2.2. de Juin 1772. ;
. M. le Comte de Mirabeau.
On peut fixer l'époque des févices & des mauvais traitemells, au moment même du mariage.
Il ne fe pàfiàit pas ' une feule journée qui ne
fut marquée par quelque fcene. Au milieu même
des emprefièmens le plus affeB:ueux, M. de M irabeau avait l'art de faire paître quelque difcuilion qui était ordinairement terminée par des
procédés indignes.
Quelques jours après les nôces, la famille s'était rendue à Marignane. On fut à Berre pour
voir les falins. On retourna le fair. Dans la journée, M. de Mirabeau s'était porté contre un tiers
à des violences dont on fupprime les détails. En
arrivant, il feignit d'être malade. Il annon ça qu'il'
pafièroit la foirée dans fan appartement. La Dame
de Mirabeau l'y fui vit, elle lui fit apporter à fou~,
•
�6
& ' ne te q~it.ta pas. Le repas fut ' ~ient~t
troublé par des lllJures ~ par des mauval~ traltemens. La Dame de Mlrabea~ut trahIe par
fes cris. M. le Marquis de Mangnane, averti
par des Payfans qui avoient accour~ au bruit,
a~pella pluGeurs fois ~a fille, en lUi ordonnal~t
d'ouvrir la porte de l appartement ..M. de M~
l'abeau, à qui la voix d: M. de Mangna~e aV?lt
rendu le faflG' froid, pna fa femme de n en nen
faire, & de ~épondre que ~out fe paflüit e? plaifanterie; La Dame de MIrabeau fe rendIt aux
prieres de [on mari, & diffimula to~t.
Peu de tems après , M. de Mangnane C011duifit les deux époux à Tourves chez M. le Comte
de Valbelle. Il feroit difficile de rappeller tous
les excès que M. de Mirabeau fe permit à cette
époque contre fa femme, & qui font connus de
totis ceux qui habitoient le Château.
Par-tout où les deux époux fe trouvoient, des
tiers étaient témoins de quelques fcenes affligeantes. Lq. Dame de Mirabeau étoit habituellement
expofée à des reproches injurieux, à des coups,
à des outrages, à des foufflers, à des violences
de toute efpece. ,Le tems de fa groflèfiè ne fut
pas même refpe8:é.
Sur ces entrefaites , le dérangement de M. le
Comte de Mirabeau détermina M. le Marquis de
Mirabeau pere, à obtenir un~ lettre de cachet
pour fixer fon fils au Château de Mirabeau. Mais
iilr les plaintes des Agens& des Fermiers ' de 1a
pèÎ',
7
terre, M. le Marqùis de Mirabeau pere delllahda
.une feconde lettre de 'cachet pour transf~rer la
de~neure de fon fils à Manofque. La Dame cl
Mlrab.ea~ qui. n'avait point quitté fan mari pendan~
[on eXIl a MIrabeau , le fuivit dans fa nouvelle
retraite.
M. de ,~irab:au rompit fon exil. Il fut à
Graffe , . ou .11 efluya Urie procédure criminelle &
un premier Jugement qui fubfiite encore.
11 craignait les iùites de cette affaire · il envoya
fa femme à Paris pour les prévenir. '
Les effo~rs de la Dame de Mirabeau n'eurent
aucun fucces.
Mr. de Mirabeau fut enfermé au Château-d'If
par. un ordre du Roi que fan pere follicica &
obtlllt.
C'eit dans cet intervalle que l'on place la Cor.
refp?ndance de la Dame de Mirabeau avec fon
man, correfpond.ance. qui a été rendue publique
avec une affettatlOn Imprudente & plus qu'indifcrete.
M., de Mira~eau pere , qui connoiffoit tous
les fUJets de pla1l1te de la Dame de Mirabeau ne
s'eft pas mépris fur les motifs fages & raifol~]a .
bl~s qui diétoient les lettres de fa belle-fille. Il écri.
VOlt à M. de Marignane à la date du 1 l Oérobre 1774: « Qu'on ait jugé Madame votre
» fille, aveugle fur le compte de fan mari ...... On
) s'eit fottement trompé. J'ai trop d'intérêt à con~) noître lé fond. des chofes pour m'y méprendre.
.,
�-8
) Cette jeune felTInle voit dair ~en toùf & .trèS'.
. « clair, & fi j'avais .quelque Vice à cacher ou
quelque défaut cher à mon amour propre, je
.:: me tiendrais fort ferré devant ell~. Encore un
» coup elle voit tout, & elle a d'ailleurs l'~l~e fi
» fenfible fi délicate & fi noble., que ce qu elle
» ne fçiw:6it voir ni com~iner, faute expérie~c~,
) dIe le fentiroit. Ce n dt donc pomt un matl11
» ébourriŒ:! qui en impoferoit à des organes auŒ
j) fins & à une tête aufii droituriere que l':ft cellel) là·
mais cette jeune femme eft finguheremellt
) at;achée à toute idée du de'i.Pir, & en nous met)) tant à fa place, nouS [entirons que tou~e~ ~es
)) circonftances ont été telles par leur rap1d1te ,
» leur bi[arrerie & leur nature que fans encourir
» de juftes blâmes, qui d'ailleurs coutent fi peu
J) aux fpeélateurs,
elle n~ pouvoi~ faire q~e ce
) qu'elle a fait. Quoique Je n~ lUl. cache nen ~e
» mes deflèins & de mes mottfs, Je ne fç aurols
.» exiger d'elle la même confiance. Mais j'ai plus
» qu'elle près de 40 ans d'expérience & c'eft eL!
» ce aenre un avantage pour qui fçait s'en [ervir.
)} To~tes fois comme fa miffion eft aujourd'hui
n (on re~l objet, c'eft contr'elle-même. qu'il. fa~t
n la fervir, c'eft fur quoi, Monfieur, Il eft mdlfJ) penfable que nous confultions enfemble, puifJ)
que je ne veux ni ne dois agir que de concert
) avec vous.
» Son mari eft fol, vous le fçavez. II eft retomhé
)) dans mes mains au moyen de patience & . ete
» longeurs
?'
'9
» lonpueurs dont :,ous avez"vu les motifs & la ftlite
» & Il eft de .mamere que je fui s derriere l'autorité
» R~yale, q~I ~ en fuppofant que dans les partis
» pns, 1 Opl11IOn d,u tler~ ne me faflè pas grand
») cho~e, comn:e c eft aflez ina mét'h ode, me ga» rantlra. du mOI11S d'importunité. Mon deflèin donc
» ~ft mal11t~nant de l'éprouver tout de bon &
» a ma ~11amere. Il e~ ou il doit être & il Y fera.
) En ftlppo fa nt un mm'}cle & . qu'il fe contint' af» fez pour q~e le Commandant ci la fin réponde
» d~ f~ fage~e & de fa répentance, alors je le
» falrols
dans quelque Citadelle ou' 1'1 . au. , pafler
.
» raIt a vI~re avec. quelqu'un ~ pOur l'éprouver.
» Autre miracle qUl le fit fortir à bien de cett
» fecol~de épreu~e, yen ,tiendrais d'autres prête~
» & al11fi par deg.res~ C ,ea tout ce que je puis
» de nouvelle patIence a fa qualité de mari &
» de pe:e, c'ea l~ tout. Mais [uppo[ant que
» ce qUI fut & qlll ea, fa courfe en fera plus
» abrégée, c'ea un parti pris. Madame votre fille
)J
VO~IS a donné un fils; . j'ai bien réfléchi mes de)J
VOlrs envers elle & envers lui. Mais euffions» nous perdu cet enfant, ma confcience ne fe
)J . repaît ~as de chimeres,
& je ne mettrai pas
» ?eux fOIS entre les mains d'un fol furieux, une
» Jeune perfonne pleine de mérite & toute la for» tune de ma ma~fon. Ce n'ea pas [ur ce point,
) Monfieur, que Je vous demande votre avis. Ou) trè que ma pen[ée ne fçauroit en ceci contraéle.r
» avec la vôtre, c'ea un point fur lequ~l je n'ad-
B
�10
» . me t s pa s d'alternative (i l'ort .ne vouloit
' me..réduire
.
» à ne jamais m'en mêle.r en nen. Mals VOlcll~alll_
» tenant celui filr lequel Je vous demande vos 01 dres.
Il En demandant la clôture de cet .?~mme ~
, lui ôtât toute correfpondance , J al excepte
» qu on .
. , 'r
d'E
~) celle de fa femme, quoI'9 u en ~fl1on
tat,
Il elle fait fupprimée de droIt, maLS pou~ n~ pas
n par~ître trop tranchant:; & pout favoIr .a peu
)) près quelque chofe de l'effet que feraIt filr
» cette tête la prifou de fan honneur, de fa v~nde fes manifefies . & de .tout
1) gean ce ,
, fon, train.
. l
ne
[ais
fi
J"ai
bien
faIt,
malS
Je
preVOIS
e
Je
Il
.
'
,
d'
h
.
ffi
. S
Il ca
fi e ets
, où nouS fenons oblIges a. vier aux
1 notre
de cette corrdipondance. Certal11elnent
Il
'n"
fi 6
Il homme faÎt quelque folie, cett~ lil~e
er~ er» mée comme tout autre. J'en al dep prevenu
» le Commandant , mais avant 'Cela il pourrait
» lui écrire telle chofe qui nouS dérangeat tout.
',) Elle me dit l'autre jour que fi . fan mari lui
» mandait de fe retirer ( &
fws par ailleurs
1) qu'il avoit touché c.ette corde) eUe (e.roi~ obli» gée de [e mettre dans un C~uve~t; .que. ,~ ... &
)1 M .. difaient qu'elle était bIen atfe deJa prl(on de
" fon mari pour être à Paris. Je répond.is à cela
'n que bien fol eft cel<r:â qui prétend -content'er tout
Il le monde & fon pere.
1) Que fan mari étant in reClCId civil & .royal,
» .oell~ n~avoit d'autres confeils & d'autres or dres
Il à fuivre que ceux de Mi". fOll petre; que quand
» à moi, elle ne pouvoit me rien devoir que par
;e
II
Il
»
»
Il
Il
II
»
Il
»
»
))
égard pour f~n ma:i & par tendreffe pour
f~~ fils. !e derournai la converfation , mais je
refolus d~s-lors de . vous en écrire. Je ne crois
pas que pmais enfant ait tant aimé fan pere
qu~eI1e aime le fien. Je fuis perfua,dé que vou;
fenez f~rt faché de la voir à fon âge prendre
un parti auquel elle mettrait enfuite fon han
neur, qui n'dt point fait pour elle, ne [!Jt-c;
que parce que c'eft retrecir une tête dans l'âge
~ la pofition ou il eft le plus nécefIàire de
l etendre....•
.Quelques mois après la . détention de Mr. de
MIrabeau, & le l l Février 1775 , le Cantinier
du Château-d'If, écrivit à la Dame de Mirabeau
la lettre fui vante :
')
»
)1
)1
»
»
»
)1
»
,)
)
Madame,
Il Je n'au~ois jamais cru qu'un projet auffi fcan-daleux qu'mfâme, .concerté d'un commun accord
par Mr. le ~omte de Mirabeau votre époux
& par. mon ~poufe perfide,. eut opéré un jour
ma. rume entlere. En effet ~ Je ne me ferais jamalS perfuadé qu'un homme de probité & pui,["
fan~ exerça à mon égard, fans aucun fujet de
plamt~ , les outr~ges les plus fanglans & la
perfid~~ la plus nOIre pour ternir ma réputation
& qu Il fut capable de fufciter des confeils à
une i.eune femme pour me ravir le peu de bien
qu~ Je pofIëdois , pour enfuÎte m'abandonner
B z,
•
�Il.
I3
enfant de troIS ans , & nous laiifer
» avec
Ut
r.'
L e cl'etaI'1
. , . de rl'en , ainu qu'elle
» Vls-a-vIS
. , a raIt.
.
d
» des faits que je vais aV?lr l honneur e vous
» retracer vous ell conval11cront; & nul Cdoute
» qu ,.111 d'Ignee des démarches de Mr. le . omte
d .
'
& de ma femme,
vou rez
» votre epoux
. . ,vousd·.
rr·
l'r
a'
faire
pU1ur
une
con
.
UlLe
aUIll
» blen concour
.
bl
'horrible
&
me
fiure
rentrer
une
'
» bl a ma e qu
'.
.
.
r.
d e quatre mille hvres qUi formOlent
» lomme
. tout
» mon patrimoine. Vous êtes trop humal11e &
» vous a vez le Cœur trop 110ble pour que vous.
» n'ayiez commi[ératiO.11 d'un pau&vre h~:n1l1e . q~I
» a été imni.olé par l'oppreffion
que on a rel)
duit à la derniere indigence.
» L'année derniere je .pris en fociété la ~ e'rme
» de la cantine du Château-d'If, pour faIre la
» débite du vin & autres fournitures aux prifo~
» niers. Ma femme me fervoir d'aide pour le d~blt
» des denrées dans ladite Ferme. Les affaIres
» n'étoient pas des plus malheureufes & nous v~.
» vions d'aflèz bonne intelligwce enfemble.· MalS
,
.
» il fallut que Mr. le Comte votre epoux vInt
» troubler cette tranquillité. Pour réufli~ dans le
» projet qu'il avoit enfanté , des confells clan» clefiins & illicites furent fouillés par Mr. le
» Comte à mon époufe. celle-ci fe prêta à [es in~
» pirations vicieufes , quoique cependa?t elle l!folt
» de ména crement, vû ma préfence Journahere.
» Mais m~heureufement pour moi, indépendam)) . ment que j'avois toute confiance à lI?on époufe )
1
» il fallut que troi.s mois après l'expiration du bail
» de lad. Ferme) Je fus atteint d'une maladie dan» pereufe q~i me t~nt pendant une vingtaioe de
» Jours monbon audIt Château-d'If pour les favori» fer. Ce fut dans cet intervalle que Ml': le Comte
» par fes vfves inaances, gagna en entier l'efpri~
» de. mOn epoufe & la fit donner dans le vuide;
» PUIfqu'elle fe livra fans ' crainte à fes avis &
» fes promeiIès flatteufes. Tout cela ne fati snt
» cèpenclant point tous les defirs ni de l'un ni
» de .l'autre. Quoique malade, j'étois à charge,
» & Ils ne pouvaient agir felon leurs Vues c'ea» à-dire, . en pleine liber~é. Mais pour fe ia pro)l curer, Ils trouv.e~ent. bIentôt un moyen qui filt
J) que par .les folIICltat!Ons & les prieres les plus
.» for.tes., ;ls engap-erOlent le Chirurgien qui me
)) traltUlt a me faIre entendre que le climat du
» Château-d'If m'étoit nuiGble, & qu'il falloit .
» pour le bien de ma fanté, me rendre en ' cett;
~) Vill~; ~ù le c~im~t étoit p!us ~oux & où je
.n feroI~ mIeux fOlgne. Le CllIrurglen fans doute
» tout pour eux, s'acquitta divinement bien' de
.)) la commifiion à laquelle je foufcrivis fans peine,
» dans. la pe~fu~uon que mon bien être s'y trou» verolt. MalS Je n'eus pas plutôt quitté le Châ». teau-d'Ir., que Ml'. le Comte Votre époux &
» ~n~ femme pouflèrent des ris par l'excès de la
» JOIe, & fe mirent en état de s'arranger enfem») ble &
de projetter ma perte.
» Arrivé en cette Vjlle, je l'eaa encore deux
1
•
�r4
1" dan.
1
J" ours cloué dans un lt
mois & que quels d Les fecours de ma femme
"
fement ma a e.
.
.
d 1
" gereu."
. l' fi"' la direébon entlere e a•
Ul J'avOls
al e
" ~. q fi ne & les fonds de 4 000 IV · .lTll e.o~el;t
"
lte en
" {fi , Cependant mon bal expire,
" d'abfolue neFce It~. prit pofièffion. Néanmoil1&
eau ermler
"r.
[.
1
" e nouV
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t
point.
Huit
Jours
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pa
' oufe ne p a l u .
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" mon ep
f< 1 voir arnver, encore m010S
ferent ellcore alns arrets dont elle s'étoit nan"l
lts & es ew
"
fi
d
" es al/:Jel
d
. t de qUOI me urpren re.
"tie. Ce ret.ar ~VOI mal préfumer, de maniere
" Il me faifOlt. me~~e mes fonds & le fecours de
que les befOll1S ,
U les effets m'étant d'une
"
fi me de meme q
'" ma em
,
, {fit' furent caufe que Je pna
" indi[penFa?~e nece 1 e 'de mes amis de fe poraJIocle avec un
"', mon
Ch" ~" tl-d'If pour en favOlr. le re'fili1_
ter au
atea
Ch '
d'If ma
"tat Ceux-ci paroifiànt au
ateau"
h l ' fi trouv.at encore, ne put
" .'
" femme 'c oùpa e qm e ,fi
Elle fe déroba
point réfifier en le ut pte ence.
d
" avec précipitation aux yeux de ~es eux pelr". fonnes bienfaltnces,
. .
es
Four s'aller
" , Jetter {(entrePro"b
de M .Je C@>mte, votre epoux, on
"ter;;eur q~i' eût la [age précaution de ~a~c~"
LL,
.
cl f< h bre c en-a" cher 'da:ms l'inténeur e a ~ aM l~ Comte
dire dans l'alcove de (on h t . .
fi
" reçu~ fans le -1l101ndre fujet, ces, deux p~r o~
"
d .
,
rler a mon epou
" Des qui àeman Glent a pa
fi ds & effets
Gulf le recouvrement de mes on
, 1
" P
avec une cruau t e & une indifférence fans, ega
ufee,.
;: ·en leur difant qu'il n'avoit point v~ mon epo
,
r"T .
'0'
D
\>
1
•
•
•
:ts
» que d'ailleurs ils pouvoient me figni6er que ja» mais elle ne vivroit plus avec moi, que je ne
la toucherois pills, que j'étois Un coquin & un
)) frippon. Ce rapport me fut fait par mon aila» cié & mon ami. Tout malade que j'étois, je"
» me fis porter chez M. . . . . . .. pour qu'il me
» rendit jufiice; mais il fit le (ourd à ma
» priere, pour colorer non feulement Une vie
» licentieu{e , mais encore pour favorifer ma
» femme, & M. le Comte à me rendre plus
J) que
viéJ:ime, ce qui eit odieux & fouverai_
n nement injuRe. Me voyant joué de cette [orte,
e» & mon bien à la voirie, j'allois porter ma
» plainte lorfque M. le Comte, votre époux,
» fit expatrier ma femme avec les 4000 Ev. qui
» étoient les fonds de -la caiife de ladite ferme,
» & qui formoient ce que j'avois de vaillant,
» avec la plus grande partie de mes effets, [ur
)} quoi, je n'avois cependant qu'une moitié, l'au_
» tre appa1"tenante à mon affocié. Quelques jours
» après, j'appris que ma femme s'étoit réfugiée
)} à Grailè chez M. • • . . . . •. dans la perfuafion
» où j'étols, qu'elle avoit porté avec elle les
» 4000 liv., & les effets qu'elle m'a enlevé, je
» fis préfenter en mon nom une R<€q-uête en réin.
» téz,crramle par M. le Liewtenant de cette Ville,
H pour être autorifé à me faire mettre en pof-.
)) feilion de ladit:e fomme & effets, & la pern miŒon de la faifir au corps, ce ,qui me fut
u accordé. Je donnai cette commiilion à un Huif~
»
�16
)
»
»
»
»
»
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»
"
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»
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»
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»
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})
»
n'avec Une perfonne fon-,
' fut - a, Gralle
fi~r ~Ul a procuration pour ~a l~ett:efien. ex;dee. lie m
' x fut blentot 111 {(rult
M votre epou
. lie
cutron. • .
. fi s Emifiàires, ou Olt par
cette démarche p;~ e oit entrepofé & mis en
les perf-onnes qu l av ce il dépêcha fur le
. fi r cette annon ' . .
G n'
garde, u
.
traOrdl11aIre pour taue,
champ un Courner.
e~ M•.•••• .. qui enfuite
.. aVIS a
pour en donner
d mier reçut, fe prépara à
d es que ce e
des or r
.
& il vint arme, a'd eux l'Ieues
un coup tragIque, .
tre de l'Huiilier & de
n'
'la rencon
de Grane, a
f, cl'. 11ais heureufement fa
P cureur on e, 1
. , , G ffi
mont fut
ro trompee
'L'Huifiier
arnve
.
Ma ra e,
rou ,ed d ns la maifon qu'occupe, &" 'l;H' . :f.'
acce
. bruta l'Ile
f".' & menace,
. a , aVOIr
, UI _
qUI apres a1 Procureur,
fiOl1dé il leur pretexta
.
&
fier
m~l.
. t 11a femme encore mOIns
qu'ils ne faI6roI.ent po~n !'l en fut' des perquiles effets. MalS qUOlbqU l
,
al:re' chez lui
fi .t s on are m b ,
6tions furent al e,
b
Où l'on ne trouva
en préfence de M ...• '1' . [~l n'lais fèulement
malheureufeme~t pas uee l'01~ fai6t, de mêll1e
quelque peu d effets q
.
e l'on tra'
f".
i
s'y
trouvolt,
qu
que mon epoUle qu
1
. Il efi vraI.
duifitavec lefdits effets c lez mOl. r
qu'elle
, 1 fomme de 4000 IV.
.
q~e q~a~t, a it n'étoit pas pofiible de la faIm a UfUl pe ,
..
.
de tous les In6r puifq·ue l'oplmon unamme
fi qu'elle
~d
d
Château-d'If
&
autres,
e
.
l
va l es u
. d M le Comte, vola laifIà entre les ma111S e
'. fi . bl bie ftlrtre époux, ce qui eit très-vraI em a ): tout
17
» tout étaht dans la crainte que je 'ne la fis ar" rêter dans la route: ce qui fait préftlmer que
») M. le Comte efi le dépofitaire de cette fom» me, ce font les dépenfes extraordinaires qu'il
» a faites, & qu'il fait journellement de toutes
» les façons; mais ce qui m'outrage, c'efi qUe ma
n femme conduit chez moi deux jours après, elle
)) eut encore la témérité de me quitter fans [u» jet pour aller voir M. le Comte, Votre époux,
» au Châte.a u-d'If ~ qui, par des nouveaux conn feils qu'il lui donna toujours à mon préjudice,.
}) elle a trouvé bon de décamper èncore pour
») fe
rendre derechef chez M....... ou fait
» chez M .......
où elle fe trouve. Ce qu'il
» y a de plus étonnant encore & de remarqua_
» ble, c'efi qu'ayant été au Château-d'If pOur
» prendre le refie de mes eflèts ~ M. Votre époux,
» comme un furieux, ne m'eut pas plutôt ap» perçu, qu'il venoit fe faifir de ma perfon
ne
) pour me facrifier à fa · colere, que je n'ai en
» aUcune façon ençourue, & je fus aŒez heu:.
)} reux que des perfonnes , ou foit les Invalides
» le retinrent. Je pafIè fous filence les menaces
» violentes qu'il me fit, & les confeils qu'il infpira
» aux patrons qui m'y avoient conduit qui ten» doient à m'enfévelir dans les entrailles de la
» mer, en me retournant à Marfeille, pour rail) [on de quoi il leur offrit dix louis.
» Vous voyez, Madame, de quelle façon j'ai
,> été çourrol-lçé. Jugés maintenant s'il eit de fi.
r
••
C
�#
'r8
lh
'
qUI
tuation plus . crue ut eil: au comble. Trahi
, 1 au n11en. T 0
l' à l'
Ir.
ega e .
erfidie. Immo e
opprelllon.
par une 111figne p.
'nation échauffée. Réduit
. fi ' ar une lI11agl
. .
A fi'
Sacn e p . ., ar des con[eils VICIeux. ccu e
à la mendlClte ~
,
le poids de la ca. .
Afiomme par
. .
111lufiement.
Et enfin vlaulle des
. 1 lus atroce.
&
lomme a P
. 'ont ravi une femme
. e les qUl. m'étois acquis par 1a lorce
1.:
deurs 111 an
tout le bi.en que le m livrer à la proie de la
d u trava 11 pour me t' t enfant. VOl'1 a\ au vraI.
.
ec mon pe 1
, \
fialm,
.av
M votre époux a exerce a mon
les tralts que 1 i< Is je gémis. C'eil: dans ce
égard & fo~se . que·'o[e implorer votre clédéplorable etat dque l ter ma plainte au SupéPor
mence, avant e d
azile aupres de la
.
& de pren re un
neur
fi d'
e vous vengerez mon honJufiice. Per ,ua e q~e votre cœur animé' par
neur o~t~age , u~hl de commifération me fourl'humamte & ta d
fi bfianter pendant le
. 1 s moyens e me u
1.: •
mra
e
r.
.
U
1
s
voyes
pour
me
lalre
tems que vous laI Irez e
11e & s'il efi de ma eUr
»)
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
» rendre jufiice.
r cl refipea , Madame,
J fi ' s avec un pralon
\ b el
,. fiànt ferviteur,
e Ul
» )Votre
très-humble & tres-o
r:
Muret à l'original.
.
»
dJnoncées à la famille
faites pour re firOI'd'Ir 1e 'le1e de la Dame
,
" e Ira
oublié,•
Ju[qu'à cette époque, elle n aVOIt ne.n
~~;~lai:res
1
'détMoi~ntb~~:n
dans l'objet d'adoucir le l~~r~ dfi: fO~;l1t~;~eaer
- Il avait eu pourtant 111JU lce
fe~
J9
démarches , & de l'accu[er de perfidie. Il n'avoit pas 'craint de lui écrire, à la date du
14 Septembre 1774 ~ une lettre qui finiilàit par
cette cruelle apoilrophe: » Vous êtes Un monf.
» tre. Vous avez montré mes lettres à mon pere.
» Je ne veux pas vous perdre, & je le devrois;
» mais mon coeur [aigne de l'idée de facritier ce
» qu'il a tant aimé, mais je ne. veux plus être
» & je ne ferai plus votre dupe. Traînez Votre
» opprobre où vous voudrez. Portez plus loin
» que vous n'avez fait, s'il efr poffible, votre
)J
perfide duplicité. Adieu pour jamais. »
M. de Mirabeau fut enfuite transféré au Château de Joux. Là commence [on commerce avec
la Damé de M ..... Il fe brouilla avec M. le
Comte de St. Maurice Commandant du Château
& il fe fauva.
La Dame de Mirabeau qui était alors à Paris
avec fon pere, retourna avec lui en Provence.
L'affaire de la Dame de M ...... faifoit du
bruit. Cette Dame avoit pris la fuite. Elle s'était
retirée dans les Pays étrangers avec M. de Mirabeau.
Les détails de cette malheureufe affaire furent
écrits le 9 Septembre 1776, à M. de Marignane
'par M. de Mirabeau pere.
Voici la lettre de ce dernier: )) Ce ferait s'en
» avifer un peu tard , Monueur le Marquis ~ li
» le principe de tout ce qu'on voudroit qui nou~
--' .- .
C
2.
�»
»
»
»
»
»
»
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))
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»
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)}
»
»
»
»
»
'»
»
»
))
»
'))
n
»
20
fut fait, ne l'eut emporté 'chez moi [ur des
confidérations peut - être flus , nat~!:lles. l Mes
amis même les plus timores ne ce Oient ~ e me
dire que j'allois m'engager dans une depenfe
a:.
able (comme elle
le "
fera en effet) .&
ellroy,
.~ l
ment inutile , & nUlIlb e meme pour mOI;
pure
intérêt étoit que ce miférable fe fit
que mon
.,
b
. ,.
Co
r. ' t par quelque cnllle qUI le
Ion
lor
l anmt a' Ja-.
. du Royaume '
afin.
de ne p us aVOIr. nt
malS
la peine de le tenirr, ni le nfque de le .vOIr ~
dans quelques annees, trol:v~r des ap!,u~s qUl
transformeraient tous [es. de~lt~ w fredaz~e de
jeuneffe; que j'avois fatlsfalt a mon deVOir en
demandant & obtenant des ordres de tomes
parts, &c.
» Dans ces circonfiances, MOl'lfieur, & celle de
votre réponfe qui n'éto.it pas enco~Fageant:,
il parvint jufques à. mOl des. le~tres Interceptees
par la famille dont zl pourfiavou la fille ~ ~ans
laquelle- j'ai trouvé un cOflcor.Jr~ plus (uWE. Je
vù dans ces lettres que ces rniferables fols ne
parlent que de leur unio? ; qu'ils.fimblem ny
flair , d'autre obflacle q1l lI'n man de 7 ~ . ans ,
la minorité de la femme, &c. Untel dehre &
la- connoiifance des têtes quoi en f041t pFévenues & du confeil fenaeUe qui s~eft tranfPO'rté
à Lyon pour lier 1 éChau.wer & meH€r à fin ~€ s
cri1ne-s qtli en réfuhene , toutes ees- dlOfès reu·
nies, à l'avis cfe quelques clîfcou1"s a.na.l0g~es !
ceme. qui vous font parvenus) lEC' firent araendre
»
»)
»
))
»
»
»
»
»
zr
~ue ma . belle-fille ne fût en' pt!ril ou ny pût
eere un Jour ou l'autre. Les fentimem s qu .
.
.
e Je
l Ul. cl OIS,
ceux que Je me dois cl moi.
me me
, 'd
me deICl erent. Ne voulant pas troubler vot ,
repos & d'ailleurs préparé à VOLIS croire :::.
A
garde contre ce qui vous viendroit de moi je
n~ cr~s pas de~oir répéte~ des ouvertures 'qui
zn ~voI~nt mal re~fIi. Je pns donc mOn parti de
mOl-m: me , au. nfque de m'écrafer feu!. Je de» n:and,n & ObtIns Un Infpefieur de Police
» a.ur.fi que tous les ordres néceilàires &
t.
'
,
M'
m~me
» ceu~ a tous
Inl~reS & gens chargés d'affaires
» de l appuyer de :-edama;tion dans les pays.
'
me
J) II: eU partI llll. r
• le 6. Jtlillet. Il a hlivi
» la plfie en SavoIe , en Dauphiné ci Lyon
'r.
.)) en P :ovel'lce ,1u~ques
a'L
. ?rgues où ' ils étoient,
» en JUlllet ~ ?U ~s f~ laIflerent détourner pOur
-3)
aller a~x Iffues a NIce, auJ,f petits Ports, &c.
» & r.e vrnrent à Lyon. Là fur nouveaux avis
·n du lIeu de fa retraite ~ ils retournerent à Lo r
) g.~s & le. trrouverent parti avec un conrreban.
,» d.Ler au faIt des p~dlàges des montao-nes & un
,» nommé Cab:rifulit. Le fieur <?1iyier de Lorgues
Jl al leurs paP:-ers fdon des aVIS Interceptés ....•
»' V:0OWS pUlUi"ne.z en les fuivant, faifir ~ y t.rouver
,»)
blem., ches rumreres par fes lettres.
)1' Qllo,iqu'i-! en foÏt" ce Fecond Frocès verbal
!» e~ alu 13 AQût., fur avis qu'il gagl'loit les
) f Echeides, de: SaVOIe & les Venrieres de SuiiIè
,
~ 1 y: C<i>ururent. Le mi.{êrable retourna par Tu~
0
0
.•
�2.~
22
'n OU' il etait tant fignalé : il avait fait le
» rI
r:
.
1
» coup le 24, & ils ne lOnt arnves. que e 26)
» à la vérité l'enleve1l1ent ne. d~VOIt fe~on les
Il Jettres avoir lieu que le 30, 11s lont hate. Mes
cretIS fe font mis après & courent encore, fans
»
b
. r:
'r:
» qu'-on fache même )tllques
a' prelent
ou'1es ar.
Il rêter.
.
)1 Le refte de ces détails vous Importe peu)
uand au préfent. Je ne vois pour le moment
» q
fi
.
.
» rien à craindre pour votre Ile, malS quoIque
Il la fpoliation foit immenfe, comme tous leurs
» Agents les pillent & que leurs troupes leur
)} coutent cher, quand l'argent man~uera,' c'~a:
» alors que nouvelles irruptions ferOIent a cram» cire. »
» Au refte harraffé, diffamé par la mere , poi.
)1 gnardé chaque
jour par les enfans, acca?l~
» d'affaires, de lettres, de correfpondances, rume
Il de fanté, dérangé par tant de dépenfes.
Je
» lutte & lutterai jufques au bout pour 1110n de~
» voir que je fois feul ou aidé, jufques au bout
» fi M~dame votre belle-fille fe croit expofée en
)1 Provence, je lui oili'irai comme à un enfant cheri,
» un azile où l'on ne viendra fûrenient pas la
II chercher
à préfent, quand -le compte dl1
)) fieur Maron arrivera & fera foldé, je vous en
II donnerai part, Monfieur le Marquis" & vous,
Il ferez filr cela tout ce que vous jugerez b.on
)1 être.
Dans tous les cas je n'en ferai pas mOInS
)1 votre ferviteur & votre ami, toujours dévoué i
1
» ~ou; J'our vous fer,:ir, & regardant tous vos
Intere:s & tout ce qUI vous touche, Comme étant
1) dans 1 o~dre de n;es devoirs les plus prochains.
" figne MIrabeau a l'original.
L'on. fupprime toute reflexion. Mais dirat-on tOl;Jours qu'un projet de mariage avec Une
femme etrangere , découvert dans des lettres interceptées .. & auquel on ne trouvait d'autre obfta~le, que la vfe d'un Vieillard oaogenaire, eft un
nut etranger a la Dame de Mirabeau?
n
1
Les événemens fe fuccédent avec rapidit
Dl'
e.
ans a meme annee 1776 , il parut fous le nom
de M. le Comte de Mirabeau un Mémoire'
prit~é , di~ig~ contre. M. de Mir~~e~u pe~e au f~;~
de 1InterdltllOn de bIens que celUI-cl aVaIt fait prononcer contre fan fils. Dans ce Mémoire
1
Dame de Mirabeau eft outragée d'une ma~ier:
affreufe.
1
1
On ~, l~t ~ la page 20: )) Ici je me rappelle
» que J al du vous parler de Madame de Mira» beau, & un refte de fenfibilité, peut.être bien
» p1ac~, ~n:a fait éloigner de ce moment autant
)) que Je 1 al pu . . . . . . . . . Hélas! Monfieur,.
II elle .eft !a mer: de mon fils, il eft des cha lès
1) que ~e depoferolS dans votre fein il eft des cllOfes
» q.ue Je ne craindrais pas de dire vous, pere des
) cltoyen~, & le plus vertueux de mes compatrio)} tes: malS qu'oferois-je écrire? Ce qu'effaceraient
)) les larmes de la honte & du défefpoir••..••
l
�1.4
' MOI1Œeur' vous en verferiez vous-même
,
. ., fi
» d'attendrifièment & de pItie., 1 vous connol_
» filez t ou te l'e'tendue de mon Infortune
&.......•
l
.
» Celle qui me doit to~t, l'honneur
a Vie . ..
t rien pour mOL, parce que' mon pere le
» niIII
e.peud/i'.
)}
a eJcf). du • • • • • • p'uiife-t-illa
, . défendre aufii
»)
d es remo rds qUl' la doivent dechlrer n
Et à la page 40: » mon beau-pere ...... .
h ' . le refipeé1e trop pour IUl plonger Un
» a . Je
M' fi' d' r .
.
d dam le fein . .....
aISfi 1 il.
Je 1101S
» pOlgnar
1
t
A
h
t
mes
J
uges
~
re
pel.leZ
es
» un ma .....
"
» fecrets domefiiques, & croyez que vous ne
. Irez que les moindres de, mes , malheurs.
)) COll1101111
Mon beau-pere efi trompé. Ce n eit pas par
» )~oi qu'il fera détrompé. Je préférerais ma perte
lt
une telle extrémité; mais que
de
» Mirabeau ofe paro1tre , qu'~l1e profer~ ~ne
» plainte, que cette plainte me fOlt commu111quee,
) ma réponfe eit prête. »
:
M. de Mirabeau a voulu défavouer cette hornbie diffamation. Mais fi elle n'était pas fan ouvrage, que rren pourfuivoit-il l~s a;tteurs ~
C'eit 1\11. d.e Mirabeau pere IUI·meme qUl, dan~
une lettr.e du 4 Nov. 1776., écri.te à fa belle-fille,~IUl
mandoit, en imputant à une tIerce per~onn,e ~ uupreffwn du Mémoire, que ce MémoIre. etott un
r-ecueil de trois qu'il ( M . le Comte de Mirabeau)
fit pour ieMinifire, dans le te';1s de la b~lle flal~
doirie .que vous fçave'{, 6/ pUIS d'un MemOire a
wnfidter for fin interdiJion & de deux Con[ultauons
Ah.
»
~
·c
Ma,d~me
tatfo. mendi~es
ns
z)
dans
,lems pour donner quel.
qu Ql~ de )i~aijémblance a cette affaire qu'il prétendoir aVOir.
Ce
, Dans une autre lettre écrite le 13 Décembre
même année, M. de Mirabeau pere ajoutoit: » man
)-) enfant,' fi. €e fol. d~ns un moment de. f~ugue~ en
» un MemOIre eXcIte par fa mere, delhne au men» fange & qui eit farci de contradiétions extra).) vagantes, n'avait pas dit du mal de vous, il vous
» aurait mife à côté de ..... , & mieux vaut encore
)) être injuriée avec moi. Laifions tous ces gens» là filer leur corde. Voyons-les en pitié. Tenons» nous à 110S devoirs. Songeons que nous [om/ » mes à préfent fort en vue. La patience le tems
)) & les circonitauces ameneront tout. '
, Enfin, daus une lettre du I I Juin 177 8 , M. de
Mirabeau pere difoit encore eXprefièment: ) ce
) Mémoire n'eit que le recueil de trois Mémoires
)) par lui envoyés au Miniitre dans le tems où il
)) était arrêté & plaidait fa caufe. II y a menti)
» infulté, Ca'folunié. C'eit fan métier.
.
Cependant M. le Comte de Mirabeau continuait
[es courfes ; & dans le moment où la Dame de
M ..... était fou s fan empire, il 'avoit formé le
projet d'enlever la Dame de Miubeau elle-même.
CeHe-ci en fut avertie par 'des avis fecrets & non
[ufpeéfs, confirmés par les craintes annoncées dans
les lettres de M. de Mirabeau pere.
D
'""'-~.."
-~~~~
- ~~~~~"~·~~~7
~
•
•
�Du 29 'Mars 1777»
»
»
»
»
»
»
»
- . . . • \) J'ai encore quelques
chofes
.
fi petites
1
cl
••.
.' ma1l1tenan.
.
t 1° . TermIner na ement
, & ans
' faIre
a
d
ois prochain mon proces
pourle ~o~rant uh m eur & à celui de mon nom afièz
VOIr a mon onn
"1
r.
fc 1'5 aux pieds à ce qu 1 me lemlong-tems o~ ~e ea la racine de tout, & j'ai
ble. Cet artlc
.
l"
0
A " fi &
d
tience
Jufques
a.
2. . VI er
du pren re pa
fi~ t'
\
,
fi
lement
,
à
ma
propre
ure
e
,
a
pourvOIr na
.f.',
~
&
à
celle
de
votre
en)
am.
la votre
A
19 Avril 1777.
confenti & propofé
» V ous avez
, & qu'une
' r. '
... .'.', de s frais indifipenfables fcfaIts
a raIre
mOItie
'
" our parvel11r
. a'nous mettre
une OIS pour toutes
.
d
P
" & fizna leman t en jiûreté tous ùfur-tollt
ame
,
' Ma
d
d
" votre fill e qu z' ejf hurriblement menacee ans
. fil es
" 1eures lfltercep
.
te'es & à l'avenir notre -petlt- s ,
" fut pris filr ces fonds-là.
, . ,
" La premiere de ces deux lettres fut ~cnte a la
Dame de Mirabeau, & la feconçle a Mr. de
Marignane.
Le Tribunal de Pontalier inaruifoit la procédure
prife au fujet de l' enleveme~t de la Dame de M
Il intervint un décret de pnfe de corps contre .
de Mirabeau & il fut condamné par contumace
à perdre la vie.
Après le [candale de cette procédure, la D ame
rYi
1.7
de Mir<J beau & fa famille exigeaient une fépara :
tian de corps. On en écrivit au fieur de Mirabeau pere.
Le 13 Janvier 1778 il répondit à fa belle-fille :
Je ne me fuis pas fait prier pour
" pr:n.dre à tout prix les me[ures néceifaires pour
" chatler mon fils, pour le contenir, pour pré[er" ver à jamais de [es fureurs , & [a femme & [on
" fils. A cet égard j'ai tout fait, & per[onne ne
" m'a [ollicité. Mais s'agit-il d'accroître & d'ag,~ graver [on opprobre? on n'a pas ' befoin de
" moi pour cela. Mais quels font donc ces avis
" & confeils qui prennent le plus long inutile" ment dans l'affaire la plus fimple? S'ils vou" laient demande~' la féparation de ' corps, elle
" entr~îne d~ drOIt l'autre, & ils n'auraient pas
" befol11 de cette autre form alité. C'était l'année
" panee qu'ils pouvaient craindre, mais à pré" fent la fituation légale & perfonnelle .de cet
" homme, ne peut être fufceptible d'aucun chan" gement; à moins que les faux pas d'autrui ne
" le remettent en un~ forte de niveau, ce qui
" en tout cas ne peut fe parer ~ puifque tout .
" te qu'on fait [e fait par défaut. Voilà nion
" avis , ma chere fille, pui[que vous me le deman" dés. Au reae, mon intention n'ea pas de vous
" contraindre. Vous êtes en droit de tout.
• • • • • • •
J)
•
-•
Dl.
.
.
�z8
Du 1) Janvier 177 8•
ès-chere fille, votre lettre
» Je reçols, ma r la copie qui y efi jointe
d courant avec
, d
)} du 3 clu' cacaetee.
, . . . . . . 1' e vous remerCle
" .e
u toute
. bl le
" ctete comlllUmcatlOn
'
. epoint ou
l qUI
» n aVOIr
. . pou r completter d'autant es.ar.
'
, efialre
u eR tres-nec
d fi fils & de votre propre repos.
" chives du [alut le fi. on enir s'efface, les impreOiolls
u Le tems coule, e ouv
là ont de l'e[pt'it & des
d ' lli t & ces t;ensV'
) eCfOl en ,
fiede efi: pour les aurr,lens.
" tournures, ~ iecl.
t op rafièmbler de pleces
n Je ne filurols onc, r oi & donner force à
fa' re face apres m ,
&
,., pour l, fi
chargés d'aauœr la mere ,
~, ceux qUI ero~t
eut me flatter, Dn me dit
)) l'enfant. ~uan 0111 v le marier jeune, chofe
u .que faural l~ t.ems d,e c . '
maifoll alIèx
'
iàit bien que Je rerOlS en
,
,
,) qu on
'ain forte après mOl; malS
t) puill.à.rn:e pour temr 111
fi'
l' C'efi à
" ie ne donne pas da?S ces pre tges ,ai l' fIè.
J ,
, ft
111\11lle encore que le e al
n decouverr '. cep r
't l.a confidération
) rai & qUOIque M~ votre pere al
,
.e fe" & fermeté néce:ffàire po~ ~e p~Clteger ! cd'
)') rait un poids pou.!' .ià. V!el,ue~ ~ue J.e [~~
)) ,aHéger du mollis de ce cote-.cl .. C eit ,U;;e dès
rur Ifll'fu.el mes mefures (ont pra[e.s me~ ;._
»). '
E.ll e, VOl us avez mU a:ns
. -'1d'huâ Vous ma 11
» .a:uJO~
.
&" cie l'h:Ol!l!Iileur dans le [en?
,) dams l oonneur ,
our votr.~
j~ l'ai toujours connu. Vott'e am0ur p
' ,jJ,
c
ell "",, · votre wniidératio-Jl .pour le .nom qlU,
»
[....,.'~, .
cl
'fi. t les um·
» porte & que vous avez a opte, on
.
t
la
~)
•
•
•
29
"
.qiU~S rolO.feils :que voaws deo/iez firhwre. Ici eQ
) /Votre mai[o!i. Tr:ois jours plus tard vous n'eq
,) feriez i-amais [ortie, à mo>ÏllS q<1lte :M. 'v-Otre
" pene aue V(j)U& eut demanclé fp>éd.aIeI.llleI1Jt, ce
u . q1Jl'iI ne 6.ifoit pas, péllr.ce ,que law'ois appri~
)) ,que .ce foJ étoit in r.eotu J & :h0.rS d'état de
» C01lllil>l!le.a cer Un pr(j)ce's [candaleèlx qu'il amlilon~
» <ÇoiÏrt' par la :deman.ole de (à fèmme . Daf.ls tous
n les .cas, je 'Penfe <qU'D11 :v.ous dOQne Un malqvais
» confeil ell v.ous vou1ant i[oier de 1a famille.
» Une femme inébranlable dans to.utes !Vos cir_
» conftan.ces el! bien Iorte a\Jl futur à tous. les
;) titres. Vne fel1~me ifolée un jour, n'a finale~.) men! pour dIe que des con!èi1s hien peu Ca» pables de la garantir.du p.o.ur & du .contre,
» &• ,d'lm fou .défordonné•
Du
2
JuLLlet 177 8.
• . ~ .... '" " La féparation de droit ne fera
" rien & par ia nature des perfoHaes & par
" fa pmpre défeé.tuofité; il s'agit de la fépara_
" tian de fait. C'efi .celle·là qu'il faut qui tienne
" & tout ce qui s'intérefiè · à vous, qui a droit
" de s'y i:tûéreilèr, -qui le doit, qui le veut, qui
" le v,01Jlcll'a, .à me[ure q\U'.o1'1 vous.connoÎtra da.
" vantage, feront auta.nt de partifans de la Ch0fe;
" .qui, vo.us fépaf'ée, dir0ntau cont-raire, à -qui
" donc auj.ourcfhui peut-il foire du mal? Chaque
" jOIl!lif' pouiI~ celui ,où j'.on dira que la pélùtence
'.
�30
" efl: bien longue fi ' l'on vous croit hors d'iuté.
" rêt. Dans le cas contraire, c~acuri s'employe.
rait & dirait: cette pauvre Jeune femme que
" va-t-elle devenir? Et enfin en fuppofant que
" 'e vienne à manquer avant le complement de
"" Jmes mefures qu'on devrOlt
' pourtant commen" cer à s'appercevoir que j'embrafiè & mene de
" loin, jufques au haut, dans ce cas, dis-je,
tout ferait pour vous & votre enfant. Elle a
"" faigné fan pere & fan beall~pere ,& tous fis
" devoirs, il faut la garantzr de ce furieux ,
" & l'on feroit certainement vos conditions alors,
" & tous s'y intéreflèroient. Au lieu qu'avec les
" meftlres efiropiées qu'on vous confeille aujour" d'hui, patemment défavouées de tou s les miens,
" au cas que vous ne hâtiez pas de mon tems
" même fa fortie, ce fera bataille à ma fin; ·
" & Dieu fait ce que fera it l'efcadron de vos
" confeils, contre l'audace & l'impofiure & la
" turbulenèe & l'intrigue & les moyens..... , .
" alors réunis pour vous défoler & vous oppri" mer. Le mieux qui vous en put arriver, (e·
" rait d'être tympanifée par le côté le plus in.n jufie, & que vous auriez le moins mérité ......
" Vou~ ne méritez pas, ma fille, que je vous
» en dife enr;ore auai long fur cet article, apres
" la déférence que vous me témoignez ftlr cela. »
D'après ces aflùrances, la Dame de Mirabeau
ne réclama qu'une féparation de biens, & ne
voulut faire aucune démarche .qui pût Ïtlquiéter
la famille de fan mari.
'
3I
Ori parut lui [avoir gré cl'
une détermination.
généreufe.
M. de Mirabeau ·avait ' , fl'
avec la Dame de M
ete ~lfi en, Hollande
fermé, par ordre du R.'o·j·,'
Il ~vo~t été enP?rter les lettres que M. de
efienuel de ,rap.
VIt fur cet objet a M
d Mlr~beau pere ecri. e
angnane.
li ..
M!t
Du 5 Septembre
.
" Vos lettres M le M
'
1777·
arquls ont cl
' '
"
"
" rcums: celui de la
'& '
eux mentes
,
'r.'
rare te
celui cl 1
" IntnnlCque.
Je
va
"
, ,
us remerCIe de 1 e Ca valeur
" mcatiOn que vous
b'
a ommu_
" ner de celle que avez ien voulu me don_
.
vous avez écrit
M' ,
" e ,au
HU!:
" tre a l'appui des trifies
" me[ures que je vie
d
malS Indl[penfables '
" déplorable fils J n: , ~ pr~ndre Contre mon
" s'approcher de' m:i DTai -jamais cr~int qu'il ofât
. ous mes aWis '
" tazntllent con[eillé de 1 1 'fi'
,m ont conf" à lui-même m' fi"
e al er [e faIre fan fort
, a urant que tau 1 l'
" fiIbles [e re1âchoI'e t
'
s es lens pafn un Jour a l'
" ce pays-ci. Malgré cela " , ,u autre dans
" neur & 1110n devoir C' ~ en ,ai cru , mon hon_
" d'objet que Madame ~ t e fi enuer pOl11t n'avoit
"petit-fils J'ai p '1,0 re, lIe, & notre commun
. 1"
aye annee pafiee au E
"qUi avaient manqué fur
' ' x, x~mpts
." la Police, 6600 liv cl t ,I~~mol.re regle par
"année-ci l 00 1 .' 011 J al qUIttance; cette
'
OUIS pour [on
t d"
" H ollande & M cl 1
ex ra ItlOn de
,
. e a Vauguyon) notre Am"
�32.
il
.
...
.
é défenfes de r;na part de te.
oa1Iideur, malgr
a payé pour 95 0 6 liv.
" Ieyer aucune dette, en . a er. C'efi ' r8600 liv.
" qu'il a fallu
p
j-e paye 2.4 0 liv.
0
" que me coûte fa
0}1 , t en lieu fûr, & dont
"
{'
our qu 1 10 1
,
" de pen
' Iond p tan d'19 que J" acquitte d autre part
.
on repon e, " {' t r_ ifis & tout ce que Je
"
.
. qUI aIl ~
~.
1 r. 'fi
fes revenus '\ Ml . M arquis, es J,aCn ces
"" lui dois.f". 'VOIlà, nu
!'l:leu e de t ,ant d'autres motifs
q
ue je raIs au "
'tenant l'obj et. Quand
"
' E n VOICI mall1
'cl
de
rlllne.
,
f". ' r. it plaIder
...... \.
"
' { f" Il nous rauo
\ evant
Î.
.
l'annee pa ee,
'1 demandoit a j er V li:' , a
" M. de Malesherb,e 'd l
de l'arrêter pour
n
& ' 'toU ommage
[.
réparer ~
c (; , fl
u'il fit de la conde" des frédaines. L u adge
fis que lui valurent
"
& forre e ... r
d
cendance ,
fi ' t d'enlever Madame e
" fes belles phrafefis "1' u r. nailon II demande
" M
& de po 1er la l
,
"
&
.......
r.
'.
cl1ez
l'etranger,
"
'h ' d' 11er ierVlI
.
'-'
" aujourd Ul
ah ' de bataille. Il n'a plus
" mourir_en:
c am:x édition à faire que d'ens';n faire un ôtage~
dans le falt cl autre p
" lever fa propre femme po.ur '1 pourra de vos
" & tirer par elle le
folle . plu s elle
"
Pl
une expe ltIon I l
,
il
"biens.
us
'1
nd cela pour de l'éclat,
" lui rit,
qu
quelconques? ayant
. ' ands 11 en avolt rafen aura touJ?-urs
" l'art de rallIer les
H '11 d Or qu and
"
,
pagme en a an e.
,
" fem.bIe,
fi' t' de 1\1 adal1le votre fille ,
" les ll1terets & a ure e ,
des liens du depas [acres pa~
'L.aI'te de
." ne ,Ill e feraient
.
'ai ni le cœur, 111 la
. tete 1.
, _
" ma111el e
" VOIr; Je n
"
"
"
finaleme?~ ~ù
P~?l
ft~,
Ut;
fd~r:l qUe~
par~e ~e!:~oyells
~ne co~
~ng
~r
maniere à être infenfible, 1)i à fes malheurs,-
qu~lités,
qu'~lle
ni .a lés bOllnes
ni à j'amitié
m'a témoignée. Voilâ, Monfieur, 1110n unique
motif; vous avez trop de juiteilè ~]'~fprit pOur
" ne pas concevoir qu'a çela près, je n'q.urois
" en perfpeétive que le prompt déno~ement de
mes peines à cet égard, & la ceilàtio de
" mes dépenfes, que les lIJle,S ceflèroient du nmo" ment que je l'aurais relâché.J que le$ autres
" auraient Un terme bien prochaiI). en le livrant
" ci [es propres folies; car enfin, une telle ma" niere ne peut aller loin. Au lieu de cela, vous
" avez vu un échantillon des peines & des dé,..
" marçhes . fi étrangeres à mon caraétere & à mes
" mœurs habituelles que me COlÎte la marche con_
" traire. Rien au fonds, ne réfifte ci l'idée du
" devoir, & ce devoir a pour objet uniquement
la jùre.té de Votre famille .
"
"
•
"
M. de Mirabeau écrivit enfuite plufieurs lettres
à [a femme & à [on beau-pere pOur les inviter
ci [olliciter [a liberté. La Dame de Mirabeau ne
crut pas devoir [e refu[er ci des démarches qui
pou voient adoucir le [art de [on mari, [ans compromettre [a propre tranquilité. Son beau-pere
lui écrivit ci ce [ujet le Z2 Juin r 779, la lettre [uivante..... '. » Mon parti fixe & calme efi pris
}) d'apâ~s le s idées du devoir, je n'ai déformais
» ni intérêt, ni [entiment qui m'engage & m'o» blige ci me mêler de cette affaire. Je n'ai ré) pondu ni ne répondrai. Ainfi prenez que je n'y
"E
�34
'.
- vous avez un pere,
-'
ma fill e ,& dans l' efi'
. . lus' malS,
pnt tau t
» fUls p
dans le
& connaître vos den vous 'il faut pour fenur vous ordonne d'en
ce qu
r.' S . tout
d:f.: d
)») VOlrs
. & vosf belolU,
r. il
tollt vous e en
J
. come
.)) ,
. . le che de votre
» falle
d vous en [e'parer jamQls.
IIi
ma fille , J"envois
votre ' penm l@n, & celle de mon
» eA
»
vec
tre lettre
'1' .
'M
Lenoir
,
va
.
Quand
l
» a.
1 lus courte.
" a ecnt
&
ui efi a p .
mon partI pns
» frere, q "1 e fçavolt pas
fff. Il a tout
» l'autre , ln. 'vocable ment pa 1 •
.
urement & .ure
de moi en toute, Occa») pdrOIt
. a'fe faIre fort pas qu "1
l s'en prefente,
'"
) ) fion, &)'e ne
veux
,
il
pUlfie
VOIr
.
.
aucune ou
.
) dans ma pé11lble
, Il ne doit pas
mal)
:: les bornes de ce
ociation. D'ailleurs -' ma
r. mêler de cette neg
. avait l'ame lache )
» le
fi votre man
.. ' & tout
» chere fi!le,
a es de contntIon, .
il écrirOlt douze'p g la ne luicoute nen. ,~l
»
» ce qu'on
. " voudraIt
. . . .Ce
& toutes les bafièffes qu 11
» a tout le contraue fc r s & folies gauche" par
» a fait font pures a le ueufes par le fang. Ses
» l'efprit autant que,~ougr.: nt vis-à-vis de VOll~.
lus grandes bafJe.1.Jes J.~ er l/'lin autre. MalS
' en pouve'{rmieux)
g d
& d'autre 'ne
»» I;I
1/ OliS
. ' lence 1une
.
» ma malheurel\,le exper 'là S'il était contnt.,
'
. & J'fèrolt
» le grevent
p as. de ce 'cote.
n'écrirait pOlUt
» il en penferolt p.lu~ 'fi tre fûreté poffible que
» mort dans peu. ~l c e vaac uerir par-là, ~lle
vos confeils pretend~nt 'c~ffaire & négauf,
»
d'
fan etat ne
.
us
» efi plutôt ans
. . 1 i ni eux, m va ,
» je ne vois p'!s fur qUO! mu,
ave~
cœu~
Vl~
dr01~.
f~lon
A
~I
H
ni moi, qUlll1d . nous ferions tous d'accord 8è
» également délireux de le r~tab1ir dans (es droits,
» nous en fonderions l'efpérance. Cet homme eH
» in reatu de droit & de fait. Deux familles
» appuyées & puifIàntes fur les lieux, & ' un
J) ,homme fur-tout qui a le plus grand intérêt à
» tenir fraîche & marquée la trace de fo crin
n me, veilleront foigneufement à rendre précaire
» fon exiftence. Vous , feule ma fille, vous pou» vez quelque cllOfe pour lui, & je doute qll'il
» fut jamais en votre POuvoir de l'arracher a la
» plus a1freu[e dépendance. 1)
li Au refte, ma chere fille, je ne me permets
» 'de raifon ner fur ceci que pour excufer la liberté
» que je prends pour contrarier vos délirs. A
»cela pres, je ferai toujours Votre correfpondant
n
» a1feéhon é. Vous pouvez me regarder Com'me
» teJ & je le dois bien , être. A cela pres: je n'y
» ftlÎs plus. ))
Cette lettre conftate des démarches queM. de
Mirabeau n'eut jamais dû oublier.
: Son pere perfiftoit toujours dans l'idée de ne
pas lui rendre fa liberté. Il écrivoit encore à_M.
de Marignane le 24 Avril I780. )) Il eft vrai,
» M. le Marquis, que M. de Rougemont (a) vint
'» me voir, quoique fous Un autre nom, qu'après
» tous les détails de ' maladie & autres dont j'ai
» rebattu, & auxquels je répondis en conféquen_
interce~er
Ez
-
l'Ou~
(a) Cet ho mm e, ' qui vient fi généreufement
pour fan
prifonnier, méritait-il l'épifode que l'on trouve COotre lUI dans
yrage récen t & anonyme dCf prijimf d'Etat, '
�36
)} ce , il me mit dans le cas de lui faite la prc.~
» feffion de foi dont je me fuis armé depuis qU'ail
» me tournlente fur cet article & qui me Coute
» d'autant moins que felon ma méthode qui m'a
» beaucoup fervi contre toutes, qui eU de n'en
» point avoir, je l~i difois & ell~ cOl~tient pleine
» vérité. Je lui diS donc que ]' avaLS pardonné
» tout ce qui m'était perfannel & par caraaere,
» & parce que je regardais le délinquant comme
» fol & finale.ment p'ar;e que j'étais fan juge &
» comme tel, Je devols elre fans paffion ; que cela .
» fait, je l'avais jugé par droit naturel & focial,
» & comme tel, JUGE INCURABLE & propre
» uniquement à troubler la fociété , & déshonorer
» mon nom, que tout étoit die à cet égard; que
» je ne donnerais donc jamais les mains à [on
» élaréffement ~ qu'on pouvait me la forcer en
)) deux manieres : l'une de fait, l'autre de droit,
» la premiere était l'autorité qui m'en avait me» nacé, & à laquelle j'avais répondu qu'elle était
» bien la maîtreffe ~ mais que mon défaveu ferait
» notoire & que fes dépoJùaires feraient garans
» de ce qui en réfulteroit ; la feconde étoif fa
» femme qui aurait tou;ours droit à la demander,
» mais que je ferais le premier à juger digne
» d'être interdite ~ fi elle le faifoit fans l'aveu de
» fonpere. Sur cela cet homme qui me parlait
» en véritable Agent de fan prifonnier , me de ..
» manda fi .c'était à elle qu'il falloit qu'on s'a ..
» dr~ffât de ce côté là, & fi je ne trouverais
l) pomt mauvaIS qu'on tachat d'mtéreflèr, &c.
--
.
" Sur quoi, .comme il
37
1
heure fous différentes l;!e aJlter~oit depuis Une
.
rormes J I ·
» avec vIvacité: Eh ! M b
,e UI répondis
)} net-VOUS pOUf' un b or. Monfieur, me pré
\ C.
ourreau? J.
.
» a onfians que Vos tours . e ne PULS aller
" tourner
à dé-'
, la tête du Cote cf.l'Olt. ne me.forcent
.
" tme d" honneur & d e cony,ance
, h ' maLS
& . Je fois hom ~
" eraz Jamais aVec le ei
' je 'le me gra~
" apparemment ces par~e gne . d autrUI. Ce font
" homme lui ont fait d· s qUI. rapportées à cet
" ~nuble , &c. Dans l:re que Je n'étais pas in" tIOn, M. de Rougem COurant de la converfa
" der le Château pou ont.;?e demanda d'accor:
.
r pnlOn &
"1
" pan dOlt également J I ' . qu l m'en réG
. e UI dIS ql
".
"
ouverneur qu'il de . ,
le c etaIt au
\
'.
VOlt repondre
'
'" a mal, Je ne connoiIrois d
' que quant
" ?uatre murs & que .e ne e bOll s . garaus que
" a aucun adouciflème J
ldounerols les mains
n t que conque
1)
A'
."
Q.u~lques mois après M
.
fe lalfler fléchir fur 1
r. de MIrabeau parut:
vit à Mr de M . e compte de fan fils II e'c . .
.
angnane & à I D '
n~eau des lettres qui l'anno
a ame de Mira~ rappelle les infiances O"n~e?t. ans ces lettres,
e. .Mlrabeau pour obteni~~~e~eu es, de la Dame
& Il donne les paroles les ltberte d~ fO ll mari,
fan fils efi rendu \ 1·
plus p.outlves , que li
'.
a Ul-meme
l '
,I 11 approchera
Pou~tant pmalS de fa f(
.ceLUI de Mr. de lVI . emme faus fan aveu &
angnau€.
r
A
�38
Du
10
39
Décembre I7 80
li s qui font entre tious , Mf.
» M'
Quand,
les,
e,n raient pas que
je vous tinfiè
UlS n eXIge
,
l
» e ~l q , t ce ui peut impliquer votre repos
" averti de
Mddame votre fille , le concours
" & la furete:
., ' t uJours trouvé en vous à toutes les
" que J al a
malheurs m'ont forcé de
'fi s que Ines
Il. :
,
L'.
" me ure .
ffaires domenlques m en re" prendre dans, mMes a fils depuis le tems où l'on
'
ne LOI
on,
d fi"
,
" raItl ' fi"'
u porter
. l'b
ent
fes
lettres
a
re
ees
a
1 rem
, 'r.
,
"a al ~
'cefi"é de vouloir vemr JUlques a
" la famüle ',n, a ,
core répondu à res lettres.
' Je n'al JamaIS en
, , , Md '
f i ' Iles avaient ete a
a ame
" mOl.
Vous avez u qu el
l' 'te' pafle la pé.
"
fill & u'el e ellt, e
'.0
. '"' v~tre , ee m' Jcrire en faveur de fo~ man &
" nerofite d d d relâcher lès fers Jufques au
d me deman er e
J',
"1
.
" e 'nt du mOllls
. ou\ l'on peut Juger
s
1
y
avolt
,.
cl
" qpal
.
L'.
d
.j faire ·fur les ' temolgnages
uelque ron s ..
. J
'e
romeifes pour l'avemr. e re"
. & fi
" reped~tlr 1 s ~~o~ ma penfée. Une pareille épreuve
pan IS a or 11
fi .
" mes
"
.flait pouvoir être alte qu a .
;, n.e me ~rolérils. Depuis le ' Prifonnier s:e~
"
, fi PfœUli & â fan
celUlfl
" a re)le a a
& 1
aratUItement 111" jadis
uS' tque~te9 .d'autant plus.
. ., puqliquem&ent
. cl ant
qUI, PaVal
'"' ~ur~ebl~l-q'~;iÎ eft moins dans le cas de ' s'.attirer III
"lenIl ,
.
d qUl que ce
d'endurer un pareil traltel~ent e
hl fiè
"" Pul.fi'e e' tre ~ prit la chofe avec tant de no e
t?d
ndfqu~,:
beau~frer~;
, .
;; que - c'était ' trop, & li je l'en avais cru ; je
" le lui aurais donné tout de fuite pour le me- .
", ner au Saillant où il va paffer l'hyver. Cette ,
" généralité me força cependant de fouffrir fa
" correfpondance; vous jugez qu'elle a été fré"quente entre un Prifonnier qui cherche une
" ifIùt! & une fœur une fois libre de s'appuyer
,,~ur lin frere, tantôt aveugle, ' tantôt néphré" tIque, tantôt fébricitan "' je vis d'abord qu'il avait
" pour la premiere fois de fa vie, pris le bon
" parti, car fur la lettre de fa femme, il pa" rut touché, attendri, humilié, contrit, met" tant fort haut cette bonté inefpérée & fe ra" baiflànt lui-même d'autant, foit qu'il . ait vu
n que cela lui avait réuili, car il voit fin, fait
" qu'un commencement
d'efpoir l'ait radouci , il
.
" a toujours été fur ce ton depuis, dans des
" lettres même quelquefois vives & même gaies.
" Ona trouvé moyen de lui dire toutes fes vé.
"ri rés. 11 a tout fuppo~té fans écart & fans
" baffeflè, & je . me fuis trouvé obligé de dire
" qu'il commençait à avoir de l'efprit à luit
" car jufques-là, je ne lui avois vu dans tous
"les tems que du pathos, de l'enflure, du pla~
" giat & des bouffées fans fuite & fans natucel.
" cependant mes · enfans n'ont pas perdu de vue
" le deffein d'obtenir ce qui m'avait d'abord été
"demandé. Leur frere s'eU fait des partifans
" très-chauds, & précifément dans le détail par
" où paflènt les lettres pour arriver à lui. Les
�40'
'
1
.
s de b onne conduite n'ont pas p us
1
témoIgnage
,
'qui l'a l'endu comme e
"
'que 1 appUi
,
" manque.,
lieu où il n'étoit ent&re lqupe 1';>ut
maître en un, ' T s enfemble
e r11011" demeurer enfetreh. d ou ndé à l'autorité un or"
, ' t ont ema
j'
nier y )0111 ,
tems & en tous leux
"
' 1
et en tous
'" '
" dre qUl e m 'té abfolue; de mamere qu a
fous mon autan '1 fi t arrêté par-tout & par"
"fi ' 1 1 U
'r.
ma reqUl lt101 , fi ' t dans les prllolls roya"
& re re111
1
tout reçu
" t arrangement toute a
,.,
0
donne a ce
fi'
Ar
les.
n
a
r. l
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formes
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ltees.
"
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offible le on
, '..J _
fan<-Llon p
.,' l '
eux-ci m'ont conjure ue
" furés de ce . cote- a, c
r garant vis-à-vis les
"
'b'
ne norter pou
len,l r IJ. f: 't dans tous les genres,
" voulou'
,
, 1 s eu al r.
.
& er_
ennemIS gu I
le guider
"
'
quelque IIorte ,
"
l
le couvnr en
're ou s'li faut e
"
fi
'il peut revlV ,
,
en
11 s
':f:'
T
s
fe
portent
cautIOIl
fayer
."
.
t ut a ait.
ou
Q cl
"condamner a
d folies marquées.
ua~
q
.p us eune p leine foi à cet effet,
' ~ .ajouter
" , u'il ne fera
" Je pourrai:>
,
'eft oint affez pour mal.
P, Ile tâche & quel
de leur zele, ce nfi
"
•
au len, que
, 11
ï-
mo~ ag~
~
paternelle à recommencer, qu e
"g~nre e vie
el entafièment d'affair~s,'
circonfiances, qu
M fi
les Muufires
."
'? Cependant,
on leur,
,
~, pour qUl 'fi' ' I l falloit bailIer la mal11 ou
'1 ap' t qu lOnne.
prononcer la l:lOrt, ou ce qu I s
" a
'"
fUls rendu.
. pellent la VIe, Je me
d' '1 bien long pour
" . Voici, Monfieur, un etaI,
reds à ce
""
,
, d mande ou )e co nu
' vous dIre que Je e
. 'f(
1 Château de
"que mon fils ait pour pn on e Vincennes,
" A
".~n ~~leve;
P
"
"
4I
;; Vincennes, jufques. à nouvel ordre, qu'il;r
" [oit inco15nito, & fous le nom de M. Honoré,
" qu'on fafIè le moins d'éclat poffible de [a [01'" tie. En effet, j'ai des me[ures de tous les gen" res à garder. Je vous le devai s ce détail, mais
" j' ofi vous demander plus d'attention à ce que
"je fiais avoir l'honneur de vous dire.
" Je vous donne ma parole, Monfieur, que
" de mon aveu, il n'approchera jamais de Ma" dame Votre fille, que vous ne l'ayq ordonné
" ou permis. J~ puis VOliS promettre mIme. de
" l'empêcher, pu{(que filon le pouvoir qui m'a'
" été confié, ' il ne doit aller qu'aux lieux où
" je l'enverrai. Parvenu à ma foix ante _fixieme
,-' année fons avoir encore jamais trompé perjànne-,
" ayant dédaigné d'être fin, je ne commence_
" rai pas à mon âge à être parjure. Nos inté" rêts d'ailleurs en ceci font COlllllluns, Je ne fou " rois être flupçonné de la plate manie de lIOU,,' loir tirer en tOute maniere lin enj'ant d'un fou.
" Si mon fils eft ce qu'il filt, il retrouvera
" bien - tôt ce qu'il quitte. S'il eft changé,
" il faut qu'il le (oit du toUt au toUt. 4 2 mois
" d'une exaéte prifon, .s'ils n'achevent point Ulle
"tête [ont, dit-on, capables de la r etourn er.
" Dans tous les cas -' c'eft à moi à en [ubi r
" & fui vre l'épreuve. Et je puis vo us ê tre cau tion
" qu'elle ne troublera point Vo tre tranqu illité .
" Je puis manquer, il eft vrai, mais en ce Cas
" vous l'auriez également eu [ur les, épaules ) ~
F
�.~,
"
"
n
"
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."
"
"
'41.
. au l'leu qu
. "1
.
fans. dou. t e qu'il ne fera,
.
d 'l
pIre
, r. r. t pour tOUjours en cas e refixe 1011 lor
.
',.
aura
'1 ' M le MarquIs, ce que J aVaiS
cidive. Vo~ a, &' l s aaùrances que j'avais à
'
s dire
.e
'Il
a vou
'Permettez-moi d'y ajouter ce es
vous .donner.
fi aueux attachement avec le..
du Gnc~re & le ped'être ManGeur, votre trhl " il'honneur,
S' , M'
que
J
a
'
b
''(fant
ferviteur.
Igne,
1humble & tres-o el
rabeau.
A La Dame de Mirabeau.
Du même jour .. ......•
, . . ma penfée quand
Je vous ecnVlS
'd vous eutes
l . .
"
, & l'honnêteté d'interce er p~ur ~l.
" la bonte . Z. conclure delà que je l'ai pafia" Vous pO,uv,e & dites à tous autres. Mes enfans
" b:~ment e~nt;s d'un ordre du Roi qui le mettent
" s etant a~ure~ifipoGtion m'ont demandé en grace
" àd mon
en~ler~
d'fi! r & en répondre, aux
voulOIr
bIen en 1 po e
d
'" e
bre qui pourraient crall1 te
.n perfolldlles r. eln'b n.~~n La charge efi plus que forte
l'abus e la 1 el .
, 'aye
" our un homme de mon âge, non que Je n, ' .
" lP oignet
,
encore . bon pour le. remettre ou
d' te
,
" 1; P, , u premier Ggnal d'incommo tt,e,
auraI pns a
, cl'
fan Geo" mais ce ne ferait pas la peIne' etre ' & de
" r ,& condUire
' un ham Ille de ~, 2. ans fi '
,,1er,
'fi as chofe fage. Toute OIS
" cette trempe, ne
D'
& le s ho mmes
" je l'entreprens J pUI que
leu
A
,t
4~
~-, le \l'eUleRt, & je réponds d'ahord à VOUs qu~
votre tranquillité ne fora point troublée. Je fais
que vous ne méritez pas ces précautions de ma
part, que vous ne m avez pmalS parle que
pour lui, & que dernierement encore, quand la
~, bienféance de votre état, vous, obligeoit de lui
), écrire avec mefure, la lettre que vous m'a-:
" dreiliez à ce fujet " était toute pleine de bonté.
." Mais je mérite moi de foire mon devoir ju.f
." ques au bout, & une partie très-précieufè de
,H
ce devoir, c'eft Votre fi2reté, Vot.re dignité,
" votre repos. Votre cœur efi bon, & votre ame
" noble & élevée. Si mon fils peut devenir ce
." qu'il promet d'être, il faura vous refpeaer
" avant tout ~ connaîtra que ce fentiment l'éleve 1
" & peut feul le porter jufques à vous, & vous
" nous aiderez alors à le rétablir dans fan état
" & dans le monde. Mais Ji voUs defcendie1. à
'" lui, vous pourrie'{ .pour lui peu de chofè, &
" riiquerie'{ de Jaire tOUt Contre VOllS. La meil" leure précaution COntre cet écueil, c'eft de nè
" rùn Jaire que de l'aveu & fans le confeil de
" M. Votre pere. . . . • . . .. nous ferons toujours
.n parfaitement d'accord fur les chofes efièntiel" les, M. votre pere & moi, il cotivient peu
'" de donner des confeils entre mari & f~mme,
'" mais ce font mes enfans, & je le dois au
,; moins une fois, attendu les circonfiances. Si
" Votre mari m'en croit, s'il m'obéit même, il
,." ne fera l'empreiIë auprès de vous que de. la
"
"
"
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'C"
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F
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2.
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r.
. Tenable à44un homme
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h ' r du tout au tout, c'eft-à" maniere
"
el'co&"' cange
" regener.
our vous montrer que revenu
dire umquement p '1 fent le prix dont vous de"d r. écraremens l
ft'
" e les,;O & veut mériter votre e une avant
etre ,creaIt
' da
vantage
le
" vez lUIS"l
, vous êtes dans
,
"tout. l eXI/) 1 d voir même de lui dire :
d ' & dans e e
':1 .. /', d
" rOltJ
fi
os
guides
rerpeccIJ
sonnes
peres ont n
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" nos ueux
& de uis confirmes par notre pro'J par la nature d l'~bus des enf5agemens contrac,,, pre aveu quan,
volonté perfannelle en eut
n tés par not,re prof~e & l'alltre font d'accord
" dilaté les lIens.
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& font convenus que la
nous
concerne,
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qm l' n ne Jr;.erul°t rl'en 1Îans celle de ' autre.
" vo ante e li
\ ce qUI efl de décider de notre fort fOJ
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M 1 Comte de Mirabeau lui-même connoiffoit
' . e
&'u eoit mieux de celle des aualors fa pofitlOn
J p ,
ett'e époque
1
'11 ecnvolt a c
tres .. Les.JamaiS
ett~es diuceffer d'être préfentes à fan
n'eufIent
4)
" avec autant de confiance qu'aujourd'hui. J'ailieu
" de croire que l'adoucifIèmellt de mes maux & le
" foulagement de mes peines ne dépend que de
" vous feule & des fentimens qui vous pOrteraient
" à le demander .. :......... Votre famille ne
" veut pas notre réunion & VOliS deve'{ de L'obéi)"fonce & du refpea , aux volontés du ' chef de
" vorre famille. Je Lui dois, moi litr-tollt.J dans
' J , ma pojùioll, de chercher à détourner cette Vo" lomé ell ma foveur & de ne pas luter comr'el!e.
" Ce fora donc vous, ce fora Lui, qui marquere'{
" la diJlance où je dois être. Ne vaut-il pas
" mieux que je fois fous vos Loix que dans un
" donjon? Il m'en Coutera peu de me conformer
» aux defirs d'une ' femme aimable à laquelle je
» devrai le peu que j'aurai de liberté & les mo» yens de conferver mes yeux & peut-être ma
" VIe.
A Mr. le Marquis de Marignane
Du même jour.
0
0
0
\
efprit.
A la Dame de Mirabeau
2J
28 Mai 1780
Je ne vous ai point encore écrit, Madame 1
•
" J'ai recçu un peu tard, Monfieur, (ce que
" j'attribue à la pofition ou je fuis) Votre lettre
" du 17 Avril qui m'apprend que vous avez eu
"la bonté de ' faire pafièr à mon pere celle que
" j'avais eu l'honneur de vous écrire: que vous
" défii'e'{ qu'il trouve le terme de ma punition
" affi't Tong & qu'il prenne affi'{ de confiance en
,., moi pour rifquer l'épreulIe que j'ai propofte.
�46
.
. d ' . d s remerèimens de ce defir &:
" Je tvou~
e de votre part. Ils font
dlfipoolfis,
1tlOn
" ' d'au-,
de cet e
fc
à l'opinion que J al tou" tant plus con ormes
humanité & de Votre:
;, ,
e de votre
, ,
'1
JOurs
eu
d]
'e
n'aurols
pmaiS
e
"
q ue q~lan
d
, Il'
" pru ence ,
me rendifiiez JUluce »
h
q ue vous
' de l' ex'douter ~ouJours
" bon eur
d
us pourrIez
,
"quan vo,
ue "ai de réparer autant que J,e
. trême enVIe ~
]
fiëes quand vous crOl"
,
es rautes p a ,
,r;'
le
pUIS,
lU
Il
t vous onpOJ er a tolite
" , d 'étane emen
J:
,
l'
ne, eVOlr
&
moi
la
demIe
1,
n re ma femme
" reunwn
e : r. Il'' ne pourroit aucunement
b
e Je 10 lClte
r. "1 ' '
;, e~te ~u
es' deforte que lonqu 1 s agIt
" nUIre a ' vos vUl ' , fans déranger vos plans,
" de rn 7 rendre ~ ~:~~.feulement fur votre tolé" je dOlS co~npte:me ftlr vos fécours~ Tel efi le
rance, malS me .
fi
"
n..
de votre genero Ite.
" caraLlere,
J dOlS attendre encore plus de Madame
1
\de
" ,e
ue 'e lui tiens de p 'us pres.
Mmth~au, ~arce!i q J ération pour me fouf.
Je dOlS efperer a c~op
& J'e l'efpere.
"
. \ 1 prifon & a la mort,
, '
" tri\lre a a
elle efi ma femme . J a~Elle eft votre fille "
" '
' \ lui temr
"
" l u i deVOlr' J almerOlS a
" merors a
"
, 11 m'auroit rendus.
" compte ,de~ [ervlCes qu e e
vec fincénté ,
Je le IUl dIS avec confiance , a I l
ble de
,.,
ffi fi
de cœur. Elle en capa
" avec
,
' t e du elOn& J','unagme
.qu'elle m'entendra.
,
','
l
' s de refléchlr mu" m en en r
Sans do me , ] al eu e. tem
' & d' e l'u"
1
. de la palx
" rement for es avantaB~s
' r; uhaùeroù de
(lion domeflique;. fans LlOUle ~ le JO '
"
,
47
;; me rapprocher d'elle & de flous; mais vous ne l~
" vouler. ni l'un !Ji l'autre, & je ne le demande
'" pas aujourd'hui.
.
" Je demande la guérifon de mes maux phyflques
" & une épreuve {llr mes di{pofitions morales.
" SaLIs le double lien d'un ordrB du Roi & de
", ma parole d'honneur, je demeurerai aufli loin
" de vous que je jùis , la place qu'on voudrait
'" m'indiquer, dans une égale impoflibilité de me
-" réunir à Mme. de Mirabeau fins fin aveu &
"fins le Vôtre avec QlI/]i peu de liberté civile
" que ;" en di maintenant, mais avec un peu plus
." de liberté perfonnelle & de moyens de conferver
mOn exifience.
a
l'
1
1
1
"
1
A la Dame de Mirabeau.
)t
"
"
\
"
},
"
16 Juillet 17 8 0 .
" J'ai reçu, Madame, avec une bien vive re~
con no illànce; la lettre dont vous avez adouci
mes peines & dans laquelle j'ai reconnu Votre
cœur.
" C'efi Un grand foulagement pour le mien
" d'efperer que je ne vous fuis pas odieux. Vous
" defirez 1110n bonheur. Croyez qu'un des plus
" amers tourmens de ma vie efi d'avoir troublé
" la Vôtre. Je n'ai pas oublié que le ferment de
" vous rendre heureufe efi celui que j'ai prononcé
" avec la fati sfatho n la plus pure, avec le plus
ardent deflr cl' en remplir tous les engage mens.
"
�8
4
.
'tuofité de la jeuneŒe, l' aIgreur
que
L ,'Impe
d'l'
d
" ma lh eUI. l' nfipire même quan Z Vient. e notre
le
,
" fiaure une fiU1\r.ceptibilité , une hauteur
1 qUI
h'tenolent
" a\ l' exces
" d e 1na 11Fenfibilité , un fata enc aine ment
"
,
Il
es ont accumule
mes
de Clrconnanc
"
, torts envers
" VOliS; malS
, Ja
'mais ils n'ont ete entlerement
fi vo"lontaires. Mes égaremens el,w ers vous u~ent
" toujours empoifonnés & pUnIS par votre ou"
, • • .
.
"vemr.
1
. . ...
•
•
"
"
"
::
"
::
"
"
"""
•
•
•
•
•
•
. C·royez
. 'qu~ J'e fens bien, les" droits que vous
,
donnent vos. bontés, & n'lmagl11eZ pas ,que Je
veUI'Ue a b Ullr.er de celle-ci. Je refpeaeral
, votre
1
,
t
t
que
J"
efiime
le
cœur
qUI
me
empIre au an
"
, , , , l" es
d & que J'e connoillàis, pUlfque J al ete 111un
'"
voquer. Marque'{ la dijf~nce ou vous . ~rozre\
d evozr
, me renz'r de vous " Ce refie de pelI1e ,me
fera très-fenfible, car plus Je vous verrai &
plus il me feroit doux d'employer t.o~s mes m~mens à vous prouver ma reconnol11ance, malS
je ne me permettrai point de I11Urt:1Urer & le
defir de voir effacer jufqu'aux der11leres trac~s
de vos J'ufies mécontentemens , ne fera qu'un alguillon pour les mériter.
A M. de Marignane
Le i Oaobre 1780.
J'ai eu l'honneur de vous remercier, Monfieur,
"
avec
49
'" avec ùne recoruloiilànce bien vraie de' la' démar• .
'" che que vous avez.. tolérée que ma femme Et en
" ma faveur. ' Je ne fçais point encore quel en '
" fera le fucces ; mais je ne puis pas avoir tort en
" efpérant quelque chofe de l'impreifion que fa '
"générofité & la votre peuvent & doivent
" faire fur ceUe de mon pere. "
.
" Dans le cas où la bienfaifance de ma ' fem" me, la clemence de mon pere & votre magn-a" nimité ameneroient l'accompliŒemellt d'une par" tie de mes ' vœux, je dois me hâter de 'mettre
" à vos pieds ma profiffion de foi. & l'enBage" ment de mon honneur. n .
.
" Non, ce n'eft pas pour faire le tourment de
" . ceux qui me font chers & qui m'auront fauvé
" que je defire de fortir de prifon où je péris •.
" C'eft au contraire pour meriter leurs bontés .
" par ma conduite, fi je peux les efpérer encore ,
" ou du moins pOlir leur faire oublier tous les
" égaremens dont je [5lmis plus qu'ils n'ont pû en
" être oDen(és. "
" Que puis-je faire pOur cela, Monfieur? C'eff:
,; de m'abandonner entierement à la conduite de
" tous ceux qui ont des droits & de l'autorité
" fur moi. Vous êtes un de ' ceux qui en avez .le
" plus. Vous êtes mon fecond · pere. Vous êtes
'" le proteé1:eur de la femme qu e j'ai promis de
" rendreheureufe, & aux follicitations de la" quelle je devrai peut-être le retour à q:uelque
" félicité ou dumoins à un état [upportable. Ce
G
•
�50.-
VD~ o"d~e~ qr'è j~ r~glera,i & mOrt ,
" fljou-r
Je delllem ltbre , & la mamere dont :
,; je "devrai my comporter. 1V!0n cœur ~endra fans ;
,,' cefiè à m'approcher de . vous; malS ma jllfte ,
~;~ .foIi1Jlijfù:m ne me permettraI pas un pas qui ne ;'
,; foit de votrt! aveu. "
" On m'a fait craindre que vous ne vouluffiez
,i _mettre un obfiade infunnontable à toute réu.
"nion future entre Madame de Mirabeau & ,
p
moi; mais fi vous ne l'avez pas fait, lorfque
" j'écoù fort coupable, il ne feroit ni de votre
" générofité ~ ni -de votre jufiice de le faire ,
" lorfque je fuis fort repentant, lorfque je fuis
" le plus loin pofiible d'avoir aucune difpofition
" qui puifiè vous offen[er , qui puiilè déplaire ni
" à votre fécourable fille, ni à vous. Vous avez
" trop d'élevation pour vouloir donner en fpec" tacle votre nom & le mien. Je n'ai que trop
" eû ce malheur & j'en fuis pénétré. Ce ferait
" un foin bien fuperflu quand je fuis à vos ordres
" ~ à votre merci; recevq: ma parole de Gefl" tzlhomme & de fils .de me conformer à taU" !es les intentions que vous dail5nq me mani.
,i
,Ji
"fefler.
"
"
"
"
"
SI
f:ra -doirc-p,ar
n
-
» Le plus cher de mes vœux feroit de reconquerir un jour avec l'atfeétion de mon pere,
celle de ma femme & la votre , & la premiëre
regle de ma conduite fera de ne rien faire DÙ
vous 'ne puilliez trouver une preuve de l'anache ment & du refpeét, &c. ·"
•
..
A la Dame d e M'Ira beau.
~
-....
\
7 -Oaobre I7 80.
" L~s témo'ignages direéts d "
" néreufe n'arrivent pas 'ufc u"e Vot.re - ba~té g~7'
" app:ends ailèz pour êtr~ q ; ~nOI; malS j'en
" qUOIque rien ne me fi ' pro on ement touché,
." noble & fenfible cœur ud~PEre~nl,e de la parc du
' , ,
.
lnl le
. " P enetre de reconnoiil' h
'"
" l'époufe que le Ciel
a cde pour l'amie & .
. ,
, me ren au
.
," tle, Je la fupplie de
mOIns en par.
d'
me mettre aux . d d
'
"pere on~ Je connais la é '
~le s e fon
" promettre ( elle a d ' gdnerofite & de lui
raIt e tout
.
" pour mOl, elle a drol't d'A
promettre
" '
etre
" . J aune l'honneur & - co '
,
uree comme
f: .
.
- mme Je cheris fl b'
" a1t~ que Jamais je ne la d d"
es, lell, e IraI fur nen. )
" OUI, Madan~e ma
,
, n amIe ma fi
"proteétnce qûe fi -' d '
emme, ma
,
,
mes eux pere d'
" llvrer à quelqu'indul
. SaIgnent fe
" corder un pard"n '"' gelllce pour moi, & m'a~~
'" \..omp et 'ou p . l '
." entIerement foumis à I l ' artla, Je -ferai
' r. .
eurs OIX & au
" & Je leI7,lI plus dans leu
.
x Votres;
" pQ{ition que J'e ne le- fi~s }~a!n~ & à leur diC, r. '
ms ICI. , Car
r.'
~, pourral .lalre tout c~ _u'ils eoci
,enn~ Je
." tes" je ne ferai .'J· a ~
geront ., & cermalS, autre chofe M' "
,
'" Je ne ; puis que foufli '
"
.
aIS IC!
emu
." qui ,n'le 1 devore- & .l'èn~?
nVle gd ~'' & ~eJ repeptir
..
'" conf4iue 'font- éga'l - ' .
:{fP~rer: qUI r ~~
'. ~ .
e,ment 1mOlllnOl"S
.
am '
,
•
4'/ .
~ ••
Gi :
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j
�'~1
A M. de
Marign~rte.
'B
13 Décembre 1780•
"
H
"
M . '.s je viens de franch: r
. Mo.nfieur le & a!<I);1 a' 'vous 'que je r'~ois le
"
'1 c. t I c eu
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reconnoifiànce
,
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9
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pmaiS
pu
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r.
ous 1110n ·
,
cl ,
q ue lans
' r IOn
.
1 v de
n oble cœur, m accor er . ,
maIgre e, vœ~ 'Ordre da Roi qui change mon
la difipofition abfolue
le bienfaIt. SI l ,
,
ettolt pas a " ,
fort ne . me m comme le
. l" al demande , J aude 'mon p;re, l'on me mit à la votre. Groye:,
rois fupphe que
,
daigl\és croire que Je
Monfieur le Marq~l~ " neriter déformais vos
mettrai autant de J,Ole a/hl r de nlettre de fuite
û e ma eu
J:
hontes que j oz e .
. ne me permettraz de
à les perdre ,
ce qui vous appartient
vous demander,
propos de m'accorder
que ce ~lle vous jugere'{ a
J/ous-meme. "
1
"
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"
"
"
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"
::
"
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"
1
l
"
,
t t~:jte
1
. 'd
M de Mirabeau rentré da~s une
VoIla onc.
Il C premIer pas
R' .
. d fc liberté perfonne e. e .
partIe e a
A {( rtir des mams du 01 .,
n'étoit rien encore. . ~ - 0 d tomber dans celles
il ne falloi.t pas cra/l11. ~e ~é:efiàire de terminer
ur er .la contümace.
de . l~ Ju/hce. Il. etolt d
l '~' rifons:.
l'affaire -de Pontarher ou e . p g
Mr. " dè Mirabeau f~ remet d~n.s ~~e'~a ' ro...
Son iclébut- 'efi de dèmaCnder .1~ .~t~~t~ft folem~ifé.
.cédure co~nme nulle. et lOCI e
.
On publie de part & d'autre des Mémoires ilnprimés: On communique dans le procès une Ieare
,écrite par M. le Comte de Mirabeau ,cl Madame
de M ....... la veille même .de la difparutio;l
de cette femme.
, . .. ,
Le 14 Mai I779 , On avoit drefIë à Pontarlier
un procè's verbal , tendant a faire nommer un ', tutellr à un enfaut dont la Dame de M ......• '.
avoit accouché à Paris en Janvier I77 , dix8
huit mois après S'être éloignée de fon mari & dix
mois après fan évafion en HoUande.
"
Après la publication des défenfes refpeétives des
parties, l'atfàire eft terminée, nOn par Un jugement,
mais par Une tranfaébon. Dans cette tranfaétio ,
toutes les parties comparoifIènt par Procureur; n&
voici les difpofiti.o ns de l'aéle : " Lefquelles parties
" Comme eUes comparent, defirant terminer les
" difficultés énoncées daRs 1eUFS Pf0(;urations ci~
" devant réIatées &de la maniere reglée & ar" rêtée par lefdites procurations, s'étant certio_
" rées d'ailleurs de l'exécution préalable de l'art.
" 7-, du projet d'arrangement rélaté & tranfcrit
" dans lefdites procurations par la repré[entation
" qui a été faite des Ordres du Roi manifeftés
." par deux lettres de Mr. Amelot Minifire &
" Secretaire d'Etat, adrefIëes, l'une. à M. I.e
" 'Préfidènt de Ruffey & l'autre à M. le Mar" quis de M ...... enfemble , de la foumiŒon de
" Madame
de M •••.•••. de sy conformer, le
.,
""
"
•
.
�-& l '
lefq~:ls
ordres & foumiffio ns
'" tout v!l
U, les mains des fondés de pou.
entre Inés ont lefdites
parties
COll'" font
' refies
'd~vant nom,
1
.
-" VOIr
CI.
gement en. a mamere
1'. nmé ledIt arran
.. que
' " 101
.
s'enfUlt: "
s~ ·
,; ge'mens c1-deffus contraél-és pour 'Mada111e leùr .
,, -fille, pour laquelle ils fe font fort & fe por- .
" tent expromifièurs ju[qu'à concurence de 45000 .
"liv. & non au-delà.
1
"
exécution ' de
d e de M .... en
1
A
Ma~n
'd
RT. . "
rdres du ROI ont mentIon
" fa foumiŒonfla~lxo dane la vie de Monfieur de
.d
t ren.ela pen
, 1
" Cl- evan ,
,
&
encore un an apres a
M
fon .epoux
, eIle en
Il.
-' , ••• d. • •CelUi-Cl
, cl an s le Couvent
ou
.
mort e
. 1 8 & Il demeure con':. aauellement depUis , 7 7 defdits ordres du Roi
la revocatlon
"
'
,,,venu que être demandée avant c;e.tte epoq~e,
"ne
- re'"fipe a-1f & par écnt
[; spourr~
l'agrement
M des famIlles
an M. . . .. &. de Madame de ..•.•
_,,,
." de
ART.
M
.~ &. Madame de M .... .
II.,,
...
'
1
"
fleut par les préfentes
t comme ·1 s rell
fl
f'.'
." 1'.'
relleron
&
cl
biens.
En
conlequence
rés de corps e
"
'r.
" lep a
M
renonce
desa
-prelent
e
d d •.
qui luÎ ont été
"
' " a tous es ons
d l~aria e , même au
faits par [on contrat e ,
g, bl'
de don."
' & à la communaute, & s 0 19~
~adal11~
::
"
&' ;~antaO'es
~~~:;;ès
la mort de fon ma~i, ~mes ~Ul~~~~~j:t:
décharges , ratificatIOns llece aIres a
ART.
III
."
M . de Ruffey &
. ,
r.
auronte
d e Ion
.' .
" . leinent &
M dame de Ruffey s'pbligent pl'lUClpa. .
,
."" la
r. 1 all'emen
'.
t à procurer l'exécution des enga-
l~d
, ,
IV. " En confidération des articles pré- .
" cédens. M. de M. . . . . . céde & abandonne,
, ART.
" toutefoIs' [ans garantie, ci Madame [on époufe
" tous interêts non payés & ci écheoir de la dot
') qui lui a été confiituée par [on Contrat de ma-~
" riage, & lui donne par les pré[entes toutes
" procurations & autori[arion néceffaires pour les .
" toucher & en faire quittance. Mond. Sr. de .
" M.. . . . . . a de plus remis à ladite Dame [on
" époufe, comme elle compare, les effets, nippes
" & hardes [ervans à [a per[onne dont décharge.
n
" Enn mond. Sr. de M .. ... " s'oblige de
-" faire payer par [es héritiers à ladite Dame [011
" épou"fe en la ville de Dijon la [omme annuelle & .
" viagere de 1200 liv. par moitié en deux termes
" égaux dont le premier fera échu fix mois après
" le décès de ManGeur de M .....•
V. " Moyennant . l'accompliffement des
conventions ci-deffus , M. le Comte de Mira-
ART.
J)
,; beau [e défifie de l'appellation qu'il a inteljettée
" par lettres & exploit du 8 Mai 17 82 , de la
-procédure infiruite au Bailliage Criminel de .
" Pontarlier à la Requête de M. le Marquis de
M. . . . . • & de l'homme du Roi $ & toutes
)t
l'
•
•
�56"
.. les d1'ffi-ct 1Ite/s nées ' & à na1tre'
M d M fujet, tant
cl
" de la. p l'
ortée
par
.
e
•
~
.
.
•.
eamte P
.
r.
1
" meureront e't el!
. 1S & termme~ ", lans qued es parr. .
'" ties. . pm. fi'en t 11re 'rechercher a cet egar
,
IOUS
,
",
, t & de quelque maOlere que ce
,; . qu.elquMe
prdete~Me
{( It
e
...• . . confenrant 'que ladite
" o.
. r.· comme non advenue en tOlUS fes
Sentence lOI t
"1 Il. d' . d fi'
,,"
1ant , ainfi
qu_ 1 ealt C1- e us
01l1ts
,
moyen!
,
P
" l'accomp l"fi'
l el.nent du prefent traite.
au.
1
"1
"
ART.
d'auc~ne
VI'• " Mais en cas d'.inexécutioll
11. '
l'
d
[!t.
des conventions ci, devant H~pU ~es, e que 'lue
" Part que VLenne
.
cette inexecutLOn "
, f
toutes
les
i ét"C.
"
. rentreron t dans leurs .droits
re pe lIS.,
.
PartIes
" M
. d eM. . . . . . . ou [es héntlers pourront
\
cl a
" leurs
• c1"
101X , ou donner ft,ite au proces r.ou
a" e
'J la même màniere que fi la préfente tr~nla Ion
" II,eut pas ,e'té faite , ou exercer,. contIe
"
l'M.
U"&
',' ~1adame de Ruffey & leurs hentl~rs" al.llon
" réfultante des obligations par eux ~Ipu}e~s da~s
:: l'artide3. ci-ddlus. Si l'inexécutIOn vient . e
M' de M ...... Madame de M ...... pourra
" obtenir
.
, fi'"
toutes lettres nece
aires po,ur "purger
.
" fa contumace & M
. de .Mu'abeau
' . Ie e ornte
,
," ~onfervera audit cas le droit de pourftllvre 1ay:
" pelIation dont il [e defifte par le préfent traite
" où d'appeller
.
'd ure Il"
pour
de nouveau de l
a proce
" procéder & faire valoir [es moyens de m~zte 1
" lefiquels ainli que les défenfes de M. de
.,•
'" reileront intaéts de part & d' autre ~
VII
1
"
AH .
.
•
•
57
, »" Art. VII. Les parties demanderont de COllcere
» l'homologation du préfent traité au bailliage
~) de Pontarlier, ainli que l'autoiifation d'office
,
» de Madame de M ........ les frais de ladite
») homologation, . ainli que ceux de la préfente
») t,ranfaéhon feront
fupportés en commun par
» les parties.
.
),) Et pour parvenir à ladite homologation,
» lefdites parties , comme elles comparent, conf» tjtuent le porteur ' d'une expéditiondefdites
», pr~fentes, leur Procureur Général & fpécja~
») aux fins de drefTer, ugner &
préfe"nter la ReJ)
quête en homologation, de faire pOur l'obten~
» tion d'icelle toutes démarches & diligences
» néceilàires, dont aéte.
II réfulte de cette tranfaétion que la procé.
dure continue du fublifier, que M . le Comte
de ' Mirabeau n'eft qu'élargi, & que fes parties
n'ont confentià l'arrangement qu'après S'être certiorées de la foumiŒon de la Dame de M .......
cl fe conformer aux ordres du R oi.
II en réfulte encore que la Dame de M .....
efi traitée comme coupable, qu'elle efi privée de
fa liberté, qu'elle perd tous les avantages de fou
contrat de mariage; & li la Dame de M ....... .
eH coupable du crime dont elle était accufée ,
il faut néceilàirement par la nature de ce crime)
lui fuppofer un complice.
Il en réfulte enfin que M. de Mirabeau n~
con[el've qu 'un état précaire, fubordollné à l'exéH
�58
.
aéles convenus avec des tiers,
éütîort des dl~e~s p cune faélisfaétion perfonnelle;
& qu'il n'obtient a~ rivant cet aéte que M. de
Et c'eft en, trdan cres Obfervations imprimées,
1
M ' b u s'écne ans 11
Ira ea
, 'forcé de reconnozlre a non
que l' Accl~(ateu; adeted 'lit dé"éré à. la JlIftiee, &
' if! du rI1reten
u e:1'
br;
fians
ex ence
{e'
'té
léo-alement
,
a
1
oute,
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,
avozr pu
1
roeès infowenable!
llbJurde, & ~ PM' beau convient que la tran~
La Dame, he
11roaO'uée Mais on trouve à la
r n.'
a éte omo b '
'l'
lal.LIQ11
R
At
en
homologatlOn
empeJ.
cl la eque e
, , l '
marge
ede M R 0 bel 0 t , Lieutenant CnmTne, J
h
r emen~ ,
. l'vI Par :lés, Lieutenant pamcu.
la [ufplcwn de
. A.h mqçnt de M. R oulJel, Conlier, & autre empe, e
.
'
-
A
A
feil/er
AfficlejJeuJr.
concouru au jues ut!O'es qui avoient
.
Aucun
A
nt de la procédure, ne paroIt.
,'
geme Re uête en homologatlOn eft -, eH: pl ef<
& qdécrétée d'un foit commumquee
entee cl
R ' ? Les Concluuons font donnees
Gens u
01,
D l
n empêou x , e
G
l'Avocat ftlichaut de
L~
~;;m'nt d, l'Avocat
a~x
Collin, ,n abfena d" . 'o~
J s plus anciens Avaocacs d?1
Szeb 1 ~
du' R 01' & ae
,
't
. L'Ordonnance d'homologation l?tervlen {]'~J,;
fuite
& on déclare que ceux qUl on~ aB! e
r
M rs. Jean - Francors
à ce ,jugement, IOnt
,
Pevar.
l et, . & J,Tean-Antoine Bocards,l' Avocats (J'Il a
l
de meurants à Pontar zer.
d
ement,
I l b'
'
1
'
née
La Dame de Mirabeau eIL . len e Olg
", :
59
vouloir juger fon mari. Mais elle ne peut s'em_
pêcher de fair: e obferver qu;il n'ell- pas jugé. Et
que l'on ne dife paf que l'affaire de Pontarlier
dl- étrangere _à Ja caufe! M . 'de Mirabeau ne le
penfoit point ainfi, lorfqu'il chercllOit dans un tems
non fufpea à fléchir Je cœur de M. de Marignane, lorfqu'il le conjuroit. d'oublier poyr Un
moment qu'il étoit le pere de la Dame de M i.
rabeau, & lorfqu'il lui difoit: Je j'ais, M. le
Marquis, ' que voUs qui ne. m'avet j amais perje_
C~t~ ~ êtes 'l~ flul de .ma famille, qui oye, de
ventables ft/ets de plQlnte conJre moi. Je -ne me
les déquift point. ... ~ •.. un homr:ze moins fimfible
f$ mOins ,ufte que vous ~ trouveraIt des railons de
fi c~oire dégagé. en,vers ,moi des , liens de la pa.
rente, & me dlroLt ~ll ayant vecu fi publique_
ment avee une autre jemn;e que Jà fiLle, je l'ai,
en quelque forte, renonce pour beau-pere.
Il eft donc permis à la Dame de Mirabeau
.d'être fenfible. On feroit autorifé à lui faife un
r eproche de ne l'être pas.
. Après la tranfaétion pailee à Pontarlier le 14
82
Août 17 , M. de Mirabeau vint en Provence.
Sa femme vivoir fous la foi des conventio~s
domefiiques, & des pl10meilès les plus facrées
les plu s inviolables, & les plus foleznnelles.
"
Il n'étoit pas croyable qu'après tout ce qui
s'étolt paffé dans le Cours de huit années, le
pr~~ier ufage, que M. de Mirabeau feroit de
Hz
�60
.
'
~aqUlohber~té
a~01
,
fèroit dè compromettre une famille
'fi généreufement
à la lui faire
_
conco~ru
-
A
.
\
0
0
0
-,
ee _
0
0
•
,
. 61'
quillité d'une époufe dont les craintes étoient jufti6ées par tant d'événements?
obtenIr.
'1
Oaobre 1782, c'efi-àe It9des prifons de _Ponta~lier,
o Cependant
fi 'ende~lortan
.
dIre, pre qu cl MOr beau fait annoncer fan arM le Comte e
la
r. ·relnme
L"
.
'1
'
-t
IUl-meme
a
l,
Il
...
a
0' Le 22 1 eCrI
. r. c _,
uvee. .
' i l ' t encore à la _lemme pour
·3 Novembre,
:elcn liens qui l'uniflènt à elle"
1
eller que es
-1 ' - \ M
Ul r~ppo .
L même jour,. 1 . eent a
,
font 1U~dlolublet 6e N ovemb~'e, il lui écrit eul
<le Mangnane,' e
fes droits d'époux, & il
'Core (J'pour
reèfilamer copl'e- de la lettre. Le z.t
,
femme
adrene a ao
Aix Les premier, z. 7 &
Décembre,. Il VIent ,a 1
. \ M de Marignane,
.
J o , euvelles ettres a .
'29 anvler, n d M' beau. Le ·1.8 Février~ M~
& ' la Dame e Ira
, . fa
a
de Mirabeau écrit de nouvea~ . a, .
le
Comte
Il.
r
La lettre en
renvoy , parce qu Il, etolt
lemme.
,
e correfponclance fatlgante. tems de tenmner un
"n.
de- rel' oin"
C
ême JO our Requête en lO]Onl.'tlOn M· ' b . "
'\ ce 'que M . 1e _Comte _de
Ira e.,atl
d e mValla
re. _'
dans fes Obfervations i~npnm~es,
ofe pl ef~!1ter, .
d f - déférence refpeaueufe,
comme les prel1Ves ~ a
"
& de fà longl}e - patH:nce.
-' -, les d'honneur
~ -Que font pourtant de..venues les pat, 0 _ \ 1 Damè
& de Gentilhomme fi fouv~nt donnees, a e~ de [ad
de Mirabeau, de ne 1la vOlrr. qUteded~e. ~l~:s ces afilt- & cl fi propre Que Ion
_,
pere
u len
,_ ,0,
u'il fallait des é.preuves
rances fi fouvent repetees, 9 .
. &. la tl-ano{
longues & efficaces pOlI'r afll:lrer le repos .
0
,
,
Dès l'année 17 81 & après que la Dame de
Mirabeau avoit eu le malheur. de perdre fOll fils,
Mr. de Mirabeau, pere paroi (foi t confeiller une
réunion. Il préfentoit à fa belle-fille le peu d'attachement des collatéraux & les doux avantages
d'être mere, il ajoutait ellfuite:" Ces chofes
~, confidérées, il faudrait maintenant débattre les
'" 'tifques que vous aviez à courir de ce côté-ci'.
" , 1°. Un fol déja , C~)finu. 2°. Décanceller tous
" les moyens ci-devant accumulés, d'obtenir une
" féparation propre à vous garantir d'un tel homme
" quand nous n'y ferons plus. ~o. L'abandon ac" tue! de M. votre pere, & de toute l'utilité dont
'" -vous lui pouvéz ,être. Oh! voici ce qu'on peut
" 'oppofer ( à ces difficultés-là. Car dans tOUtes
." chofes il faut partir de fa fituatiOll.
Il Quant à lapremiere " il faut que vous VOliS
'Il met-riez en' tête que ceux qui Ont penfé à la déIl livrance d'Honoré, car mes e-nfans n'y ont été
1) 1nis que quand on a cru la ~ho[e mûre J
que
'» ceux-là -' dis-je, n'avaient d'idée principale que
'l) de perpétuer la, race d'un pauvre homme qu'ils
~) · voyoient fi pauvrement paternel. Ils [e difoient ~
:,1 la jeune femme n'a rien à craindre, car s'il efl
'Il toujours crâne, elle n'en fera
plus honorée &
-n mieux garamie à jamais: tout le monde s'armera.
il pour elle- & elle jèrà foule à la tête de la mai)) [on . . " ..........•. ' . Quant au fecond _
que
�6~
n
»
»
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)
. 1e , -ce 1a n)eft pas vrai. r
La- '
co-habitation
aruc
d b' n~
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' t du tout la leparauoo es lens
ca~ceil.
'1re qui eft faite, qui VOLIS rend
q u 1 ell en éPolfin,
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quant
a
1
autre
ans
tat
pI-emaHre e ,
l' b
ï f
Cent vous ne l'obtiendrez pas,;- as 'Ill d' ;~~
,
'domo dans la"
mauon.
l'a d u'[ cerzum
zn
c
.ilOtt,
que quan cl l'1 eut la femme d autruI,
"1 éIOrce
' l'ma'
1e leparo
r'
it de la fienne;
Jeure
& "l'SI ' CtOIt lage
SI etaIt rou "1vous
vous ne l ,ane ndriez pas
, ,
'
voyant
n ' en aunez
p as la peine; , car
C
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b' qu 1 - n~
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pe~t touc her a ux biens , Il lerolt
A
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artIcle,
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Il:
cl e ce la . Honore IUI-meme qUI eu
n quelllon
b Ilraaux ec es
H Cl'1 e comme UDe catin , & (ur-tout
,
f.
"
» _.l' !l1aglDatlons
, fenciroit la néceffice que vous rLlr _
devoirs de fille, & autant que les
» fileZ a'·os
v
e ffùtons auxquelles je ne prete pas, Ont p~ me
"
'a pas d' envIe cl,u
))» faire connaître (es Idees,
1•l n
J) tout de s'aller [(otter à la Prove9ce;
car Il
» Cent [es dé{avantages, & fi ce n'eft par fougue,
) il n'ell: pas facile à décourager.
J) Maintenant donc que vous avez un beau-pere
» & un oncle (ur qui la rnaifon eft toute. en), tiere, vous feriez fort à l'abri de tou.tes Vlva-cl
.» cités & vexations & vous retournertez qua.n :
» vous voudriez avec mon frere, & vous aune:
» réuni les deux maifons. Moi de m~ part qUI
» n'ai plus de famille, je n'aurois que vous ~
» Votre enfant quelconque fi vous en avez. un J
l)
1
•
A
A
•
63
t)
& je difpolèrois de maniere qu'après avoir affuré
» le forr de ceux qui ont eu la confiance en moi
» vous demeurerez à la tête du relle. . ...•. :
s'ap~er~oit que cetre ~errre m?tivoit le proJet cl une reUlllOn par des ral[ons qUI Ile pouvaient
que confirmer la Dame de Mirabeau dans la ré[orurion d'être féparée. -
, O?
Le Darne de Mirabeau n'avoir pas oublié d'ailleurs que M. de Mirabeau pere lui écr~voit à la
date du 2 Septembre 1777.
.
)) Vo.us avez trop ,?e p:incipes & de trop bOll
S
») con[ells pour que J y ajoute les_ miens. Quand
1) un forcené dont le caraél:ere a été tâté
tant de
» fois, feroit '{u[ceptible d'amandement, chofe ab.
)) folumenc impofIible, il s'eft fermé routes les
» portes à une réintégration quelconque par les
) libelles infâmes & repétés qu'il a publiés Contre
) [on. pere avec une fureur qui ne pouvait avoir
» d'objet que la fureur même & le rot orgueil .
») de faire du bruit en faifant détourner tOLIt le
» monde. Le pire pour un tel homme [eroit de
i) devenir honnête homme, il [e pendrait de honte
)) de lui-même, mais il n'en ell pas là. Mourir
» en un champ de bataille, n'eft pas du tout [a
» pen fée ~ il n'aime pas la bataille, & il n'y ea
» a pas. Au relte, fi l'on ne me tient pas mieux
» les premieres parolès données, certainement j~
» le lâcherai., aimant mieux qu'il [e faflè fOIl
i) fort quelconqu~ que de nourrir auprès de moi
» mon fléau & celui de ma. famille. Mais en ce
�»
»
))
»
»
»
n
::
"
{
. r .r '
"
1 fi le64fort qu "1
1 çaura le raire.
cas je fçals que de uis plus long-tems que qui
Je le co~nOls ~p e ferai que trop juftifié ,
que ce folt, ~ )eDn moins vaudrait-il mieux
mais trOp t~rl' ue j'avertirai, & à laquelle
pour fa f~lnJl eer~ fert de quelque chafe qye ce
l'Clmb~e cl un Pms u'après. Sur toutes ces cho-,
foit de mon te 611 q, je dois faire la guerre à
fes, ma chere
e , ue . e fois averti de tout ,
l'œil. JI
q mi à mâcher les ,i nconvé-,
étant plus qu accoutu
jm~orte
',nients.
.
.
blié que dans le moment
'voit palOt ou
,
. l' II'
e na
. . ' ar humanité deVOir 10 1même où .elle , c~o:o~~/ mari, Mr. le Bailli de
citer la hbe.rte, . . t le 18 Septembre 1777:
Mirabeau hu, eCrlMvol
'& ma très-chere niece,
" .
hIer
a d ame
c. '
» J al reçu.
' la lettre que vous m'avez ~al~
» par MartIn, , , . & dont je ne vous dual
» rhonneur de me~nre la multitude des lettres
» pas la date, ~tte~ u, q~e
vous a fait oublier
vous aVIez a ecnre,
» que
' '1 Cela n'efi pas étonQant.
d e dater ce Il e-c.
vez
»
"
la iece d'éloquence que vous a
,
» J al lu
p
"
'entiensau proverbe
» J' oint à votre lettre. MalS Je m
fi . 'en fia
. d'
, me trompe une OLS, ç J.
» Turc qUI, It: .qUl
e deux c?efi l~ mienne.
» faute. MalS qUI me tramp. .
. te trompe
)) L'Italien le traduit en dl~ant: qUI d ux [oit
» une fois fait maudit, qUI te trompe e
'Ell
» bénit.
.
» Je ne fçals fi
M
1 Mar uis de Marignane
. e . ,q .
• bes OU
» aura la même foi q~e mal a ces proyer »' s'il
•
65
» s'il prendr" argent comptant les phrafes ronn flantes de cette épître où l'on croiroit voir un
» homme tyranni[é par tout le monde. Ce n'eft
» pas a moi a lui donner des confeils. Mais ceH lui que je prendrais pour moi, [eroit d'ajou») ter trois ferrures & double verroul.
» Comme j'ai ,toute ma vie, ma bonne & chere
~) Iliece, voulu \ faire de mon mieux, ce que je
i..> fais, je tiens pied à boule ici pour des atfai» res de Votre beau-pere, encore ai-je bien pe.ur
» que ma malhabileté ne me fa[fe Commettre q LIelllque balourdife, & je conviens auŒ facilement
II de ma faculté pour faire des [Ottifes, que de
» celle d'un prunier pour porter des prunes. Mais
» vous [avez que l'on 111et des ngüres d'hom-me
II dans les chenevieres pour écarter les oi[eaux,
» il pourrait bien être que je figuras très _ bien
» comme épouvantail à chenevieres.
Elle n'avait point oublié enfin que M. de Mi, rabeau pere lui écrivoit encore en 1780, qu'il
regardait comme un devoir de pourvoir à [a /ûreté, à fa dignité, & a [011 repos.
, T~nt de fois avertie & éclairée par la propre famille de [on mari ~ comment la Dalpe de
Mirabeau pourroit - elle [e réunir à Un époux
donc elle eft réparée par des . raifons toujours
fubfiftantes, & l'on peut dire, invincibles? [ans
doute le langage de la famille de Mirabeau dt
bien changé. Mais les faits ne font-ils pas toujours les mêmes? Mais des paroles d'honneur qai
.
1
..
�66
des faits avérés & confiatés',
.
.
ont
ours des engagemens lnVIO_
ne font-elles pas t~uJ l'honnêteté, & même de la
labl~s, aux 'ye~x :fe les retraéter?
.
\ r
J {lice qUOlqu on
U
,
d
M'
beau
n'a
pOlOt
a
L Dame e
Ira
d rle repro_• .
. d'1fI'lmll lé à la famille e &100(; man
1 a d'avoir
cler.
. ' fiti ot [es répognaoces
à cooles moufs qUI JU . 1 e · fut d'en .écrire à M. de
duite. SOli premier G010
rd'ees
été ron
r r
lU
Mirabeau 'pere.
r la répon[e ~ ce qu'elle pou.On va Juger, p~
voit efp.érer . & cralUdre.
la Janvier 1783.
. ~ Madame ma très-chere
fille,
» Je reçoIs
1
I I ' vo» tre lettre de bonn e année ' dans
. aquc1 e Je ne
fi'
»))
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
' )J
1 s que cher pere, au heu de c 1er papa
UIS JP, etolS
~. CI-. devant.Or, .il y a de l'alJac.roque
nill11e dans ce choix; car Je. vous ~(fu~e que
fi l'on me prioit d'être pere, Je ferols b~end,u,n.
allfre bruit que VOUS:I qu.and on vous p.lle e. défieraiS pour
le coup
tous
tre mere, & Je
.
b
a na
les Arrês du monde, au lIeu9ue on p •
ri'.
& c'efi ce dont dl quelhon.
paU€,
.
pa r
» POUf marcher par ordre, J~ commence
vous remercier de vos [ouhal:s de b?llne an, Si le calendrier rebrou{fo-lt chemw, peurnee.
. , que 1queJOl,
[' 's
ou du
être aurOls-]e
. moins efil
pérance aux bonnes années. MaiS co mm:
va toujours, je ne [aurois [lir ce p OI nt e tre.
67 .
» dll nombl:e de ces Provençaux qui prennent
» les complllnens pour des paroles, comme di[oit
» le Cardinal Grimaldy. Quant à vous, ma chere
)) & e(piegl e fille, vous avez encore de belles
» & bonnes années devant vous, & beaucoup
,
fi vous le voulez, ail pour mieux dire,
v.ous .ne (avez encore ce que c'eft que la vie;
alnfi Je vous la [ol/haite tres-beureufe, au nom
du pere, j'cn réponds, du fils, c'eft Votre af» faire, mais [ur-tout du St. Efprie, & nous y
» Commes.
.
»
»
»
»
» Quoique les reticences euirent pu m'être per-
» mires à mon tour, je puis vous afi ùrer que j'ai
» répondu à Votre premiere lettre le 26 de No» vembr'e dernier, & je ne ments pas.
» Venons. maintenant au grand article qui COn» filte en ce que ma fille fàit aujourd 'hui le
» contraire du rôle de la Marion de la chari» [on: Marùm pleure ~ il1arion crie, Marion
» veut qu'on la marie. Elle veut que je lui [erve
» de [econd dalls ce per[onnage. M ai s , ma belle
» & bonne fille, je viens de VOllS faire ma Con)) feaion [ur l'article de la paternité, quand on
» en efi là, l'on n'eft plus propre, dirent les
» Grivois, qu'à tenir la chandelle. Mais pour ce
)) qui eft du rôle du chien du Jardinier, on en
» eft di(pen[é.
" Mais, dites-volis, j'en ai donn é par ole à VallS
» & à M. Votre pere. Eh! je les ai maintenant
» devant les yeux, ces deux farneu[es lettres dtl
1
2
�68
))
)}
»
»
»
»
»
»
)}
»
,)
»
»
»
»
»
»
»
»
»
))
))
»
»
»
»
»
»
»
,
80 pour le[quelles on Ille
Décen:bre 17 't " devant les Maréchaux
dit on Cl el
,, ' l
l ,
vou Olt,
-" ' ,
du à cela que c etolt p uF
e J al repon
'r "1
de ranc.
M'chaux ferrans, pUllqU 1
tôt devant
les
~,rde,
mulet. Les voilà
'n"
de b II
el "n
..
s'y agluolf
, ' M. v utre pere, que
J'
'd f:
.
promets a .
donc.
y
1
pas
de
lui
01
e
a
mal,
.
fil ' proc 1era
mon [;s n sap[a perml'Iron
Je
n'entendais
pas
1
•
.
cl
[on, an
fils n'approcheraIt pas e
[ans doute que ?1~n S à préfent, il n'en eft
la mienne, & JU que bjeEtcr que M. votre
que là. J e pOllrro~s 0 du & que parole non
'a pas repon ,
fil
pere ne' m
I
n
donnée.
Ce
1 ence
ft para e no
acceptee, e.
as du peu d'importance de la
ne prOVen?ltJ
pere a fagement voulu
chofe., MaiS, . d· ~~tr;e la chofe, & s'en eft
l1~e lallfer 1 en. a
. , cl t
Porté à mal.
rap , . , fait 7 . e l'ai tenu 'treize mOIS, o~
» Qu al-Je.
. \
& à la campagne ~ & Je
huit fur mel?ell·tol, '1 n'a mangé perfon.ne.
lui dois la ) UllIC~ qu 1
bécari'e au rez-deDelà ~ il a été, c anter en chan tiez en bémol
if'
r ndis que vous
,
chau 1ee 'h a r Il ne m'appartient pas de due
au · p LIS au.
fi
De tous les tons,
mon avis fur la ~nu lql~;·le lus c'eft le concelui qui me. c~nvI~nbd~f:ns d'~pin~r. Refte que
cordant. MalS Je ma
r
l
& J'e VOliS
' . l"
voyé à lon onc e ,
dela, Je al en
h . firiez à tout prendemande ma fille fi vo~s c. O~t & un t émoin
dre un arbitre plLls equna e,
.
plus fûr • .
10
69
) Dans ta premiere (tatiOll , il a redem andé
» fa tête. Dans la feconde, il redemande fa
» femme. Ces deux 'chofes Ont par fois plus d'ha» dhérence qu'il ne faut.. Que puis-je cl cela ma
» fille? Penfez-vous que le pouvoir que me donne.
» fur lui l'ordre du · Roi, aille jufqu'à lui pro...
» hiber ce draie? VOliS ne le croyez pas. Mais
l) il ne fallait pas le mettre à panée. Oh Dame!
» on le met où . l'on peut . . Refte que je vous
» ai confeillé dans ma fameufe lettre -de ne le
» rejoindre que quand M. Votre pere & moi
» nous ferions d'accord fur ce point. Et prenez
» garde que c'eft-Ià le chef-d'œuvre de ma pro- .
» fonde iàgelfe & prévoyance.
,
• . » En effet, fans cela, vous feriez aujourd'hui,
)) ma fillè, entre l'enclume & le martea u. D'une
» part, M. Votre pere, fi aimable & fi bon,
» & qui ne veut pas. De l'autre, la Loi qui
» veut & vous force d'offen[er l'un, & de fubir
» l'autre; car on a beau dire, toutes les fois que
» la volonté confulte, elle trouvera toujours des
» Avocats. Mais dans le vrai, ni ici ni ailleurs,
» aucun ne peut vous dire que la Loi puilfe être
~) éludée en ceci. Or, je vous ai fait Une loi
» dome(lique par ma dire lettre qui vous juf» rifle. M. votre pere, dit n on. Et moi qui
)) ne veux pas de difcordance, & moins avec
») lui certainement, qll'avec rout autre, je dirai
)} non at!!]i. Ainfi il en -,réfulrera que vous ferez.
•
•
�0
CIl e,
• bonne il
JLlri[con[u!te,7 maIs
.r
» mauvaue
» vaut bien mieux.
»
»
»
""
"
ce
qUI•
'" à un pere de médire de M. fOIl 61s. Mais nOIl
» Malheureu[ement, ma chere fille ~ .nos deux
Is ne valent pas le cum fpzruu tua de
non
p;.
t
erne
cétte I l mme qui [ervoit la . Me!fe. Nous. pouvions
vous d onner LI n mari 'malS
. ne pOUV011S pas
, vous
l'ô'er La Loi veut des citoyens ,&veut, aes en~
f:ans qUI rec onnoil1ènt un pere,
.
I lqu
' lin man
une fois pris, le [oit pour touJours. 1 n Y ~p;uth
etre pRs un des J u vcres 'qui ne trou
1 ve a Cale
"1rart
.
d e, & c'~ ft. pour ce
qu 1 1a
mcommo
1\ a fmeme
t'
fallu des. Loix. Ma~s celle- a . e ? Je vous :
,
r epete
, & . J'e vous Jure que Je 11 y prends m
n'y mets.
.
r. .
,
r
Mais, d'ires-vous, M. papa H11C. qu on le" re 7. Oui' ma fifle , quan-d le1 man au fond s
pa
n'en veut pas. Mais laiHons ce a.
Vous me parlez en[uite de toutes mes lettres.
Oh! oui, elles manifefteront que mon fils en
tel tems tilt un brù;onne. Belle
..."un fait cel-a. Mais outre que ce 11 eft
. pas a [a
1
femme à te dire, cela ne prouve rIen pour e
tems prérent; & il vous dira .que dans le tems
de fes folies vous le trollVlez encore .....•
bon pour vous.
. de cet aXIOme
.
Mieux vaut le [ouventr
gr ec ,
q dit qu'il fa-ut être ennemi, comme
r
.r
être ami. A. plus IOrte
ralIon,
entre ge ns qUl
.
ne peuvent être aurre cho[e. Il dl permIs
L
71
"
"
"
."
" lébres.
A
"
"
"
"
"
"
::
-"
::
"
"
"
""
110~vetle. ~ha.
,
'~i
pouvan~
•
,
~ais perr à. peu !l paraîtr~it
que je plaide, &
" Il s en faut blen, Je vous dJS feulement, quant
" aux lettres, que c'eft un dépôt de c onfiance.
" qui ne doit jamais fortir du bureau ~'une per~, fanne honnête. On a dii1equé bien de mes let"tres. J'en avais dont je pouvois me fervir
" utile.ment. Je ne l'ai pas Voulu. Encore les paf~, fe.rOlt-oll , 9uand elles font décifrves pour une
~, caufe ? MaI3 les lettres d'un p~re ne fOnt rien
" à la réparation de [on fils. Au l'efte j'ai écrie
" Çelon l~s tems & les cho[es, & toujours aïnli
"Je feraI.
?'
'.
A
a
pas
une femme de fan mari. Vous ne ferez
aucune de ces cholès. Mais on le fera en votre nom, & peu à peu l'on vous conduira à
venir prendre \fotre cafe: dans les Cau[es Cé-.
" Mais , ma belle & bonne fille, ceci devien_
" droit d'un féri eux: mourir. Daignez Madame
' Flere fille, erre mon truchem em auprès
" ma tres-c
" de M. Votre pere, lui dire d'attend re pour être
" étonné, ~e voir I?On ii}s Marignane, mais que
~, de le VOIr aupres de mon frere & en tout lieu
" ou ~~'!ui-c~ le lTleoe:ra, je. l~en lailfe le juge,
" & 511 aVa it un fils pOJ.ll'folt-Jlle placer mieux?
" que quand il' a bren voulu . choilir mon fils &
" m'engager par une adoption alLai honorable
n à 'mettl'e & à doubler même fllr fa tête les
." [ubfi itutions de ma maj[on , ce n'a pas été fans
a
A
"
a
�.
2
n' i 7feulement.
doute pour u~, e l~honneur de
,
as rait
Que quan d' 1'1
répondre à la
"
'cl
ne 111 a p
I l ' lui rendaIs compte es
,., lettre par laque, e ):doient l'épreuve que vous
d
",
I l nces qll1
'f.
" ClrCOl1na'
" eCI'ai compris qu "1'1 m' en l al_
m'avez demande:, J b ut de deux ans en con",
Cc'· qu au a
&
" fOlt Je al?,
Ïs autorifé & comme pere
,., féquence Je rfera
& comme chef de famille, de . réde_
r.
lue"" comme
d ·tureu
ur mon fil s,. mon pupille & mon
,
r.
. man er po
'il lui avait donnee, lUr" celIèur, la femme qu dérateur refpettable en
" tout en offrant un fi11:0 e que J' e n'en fais rien
"
fi
de mon 1er ,
h
"1
la per onne
,
'ne puis empêc er qu 1
" cependant, malS que Jde s fes droits, les miens
d
de à rentrer an
Q , . r
"
"ne eman
'allant pas jufques là.
u am 1
" d'aucu~ genre n.. d la bataille êc qu'on le
cl
' & ' r.
Je me retll e e
"" olle
'11 lui conVIent
a lon
connaît mal ou qu e.e
ou'à moi. Qu'apres
"
tt
encore mOIns ~
l' l ' , ,
" ca r a er,e
,
,
onfulté , dépenfé, 10 lIcIte,
'"' avoir bien rem~e , c, Ix il en adviendra que
& amufé les Olfifs cl A ,
. b' fé baiiera &
" qui a confulté payera " que qUi ad' al au boU! du
-"
' M d MarJO"oane, Ira
,b
"ls ne m'en rompent
)) que ltu, J • e
comme c' eflleur affaire, 9ll l ' E t que
"
r
'Il & e lazfJent en 1 epos.
plus les orel es
~ , , x voudrait peut,.
"
nme dirait feu Clneas: ml eu
»
COI
l'
.
être commence: par- a..
cl prendre le con.
V
. direz peut-eere e
»
ous . me
, ,
b lIe & bonne
» Ceil pour moi. Auili feral~Je
. ~ ite bonheur
7 A
le dez Je vous lOU a
» fille,
vous
~. ,
ous mettiez entre
)1 & fauté. Du fefte IOlt que v
de lIX
"
ru;
n
» deux la grille qui e{l: plus péremptoire que
» to utes les prohibjtions paternelles, fait qu'il
)) eu advienne fina lement qu'on vous gâte la
» raille, &c. Je m'eu lave les mains. Je ne puis
)) en ceci que recommander aux miens d'épuifèr
» toutes' les voies con venables , honnêtes . &
}) honnorables, avant d'en venir à celles de
}) droit. MJ.is aprè~ cela je n'ai ni le droit ni
l) par conféquellt la volonré d'agir Contre
mOQ
~ fils ~ pa.rce qu'il aura refufé de vous laiaèr,
» comme une praline embaumée) briller à la chan.
» delle pendant quelques heures, & le relle du
)) tems femblable au figuier ltérile de l'Evan_
}) giIe, donc-on guette la place pOur y l'lamer
» du fruit étr;llJger.
PuiŒez-~ous
voir en ceci ma filIe que Je
» ne fuis. pas incorrigible & que quand on me
)) menace de publier mes lettres , j'en écris de
») très-prudentes, Comme auŒ la vérité & èffi» cacité des fentimens d'attachement que je vous
.)). ai voué & avec lefquels je VOllS embra[fe
» très-tendremeot, /igné, Mirabeau.
Cerre le ttre ~ dont le tOll était bien peu a[foni
aux circonfiances, fut fuivie d'une aorre, da ns.
laq uelle on feignait de foupçonner la Dame de
Mirabeau, de céder à des impreŒo ns érrangeres ,
& à laque ll e elle crut devoir répondre avec toute
la fermeté & toute l'aaùralJce que la ju{lice de
fa caufe lui infpiroir.
»
K
•
�"
r.
tnon très-cher l?ere.
» Monlleur
l'honneur de vous
Permettez que J"aie
.
d .repré.
(l"
nCc ter que vous ne m'avez pas ren U ',"
JUulce,
» en
la derniere lettre que J al eu
» en croyant que 'écrire m'étoit diEtée & que
») l'honneu.r de vous véritables fentimens qu'elle
'étolt pas mes
c .
1.
» ce ntenOIt
" J e me fu is touJ' ou rs laite
une
, 1 c 01
» con
•.
les décrui[er,
a p us rone
b
cl
POint vous
» e. fi ne l' blerveral
r
. - J'e d'Jns
l'occafion la plus
"
» rai.
on. a d e ma vie. Vous devez d'autant
"
eiIentielle
».
douter Illon tres-cher pere, q'l e Je
» 1110lOS en
,
. l
J" cl fi '
. vane
., (ur cet artlc e. . alb e He&,
n'al".Jamais
» "
. 1 l'bercé de M. de MIra eau,
» Il','eft 'l'honneur
vrai, a Id ev ous obCcerver, dans le Lems
l
» J.al eu
pourriez juger de fon changement
» que vous ne
cl
OIlS prouver
» u'en lui donnant les mo y ens e ~ - ,
q '" ' " h· cr' J'ai . crÎt
preter
» qu Il erolt c anoe.
, . . deVOir
,
pourmes
le
» fecours à l'homme que J av ols ,epo u " 'M' "
.
d la poGrioll la plus fach etlle.
~JS Je
» tirer e
.
. cl
'acre lY r
n'ai J'amais crû. lui deVOir avan·.tJ " ~d '
» m'en fuis toujou
. rs c 1aue
. men t expl
ans
. whl
t e.e ' .'.
l'honne ur de vous eCI lie
" les lettres que J al eu ,
fi 'M de Miraà ce fUJ'et, dans . mes l'epon es a .;" . : ave c
,t beau & dans les converla
r t"
t ns
aque
. J al eu'our
" M. le Bailli de M irabeau. Fllt-ü change p
J)
ré
-"
•
•
','
A
7)
tout le monde, il ne fçauroit l'être pour moi, il
ne pourra jamais effacer l'imprefIion qu'a dû
me faire le libelle publié fous [Oll nom & nOnt
on pourroit prouver qu'il eft l'auteur. Je mériterois que le public ajouta foi aux calomnies
qu'il renferme, fi j'étais capable de les oublier.
-'J Voila Un des
gri efs donc je me plains .depuis
" que llOUS vivons éloignés l'un de l'autre. La
" lettre injurieufe qu'il m'a écrit au f~jet de fan
" affaire avec le Cantinier du Château-d'If par
;, laquelle ilm'accufoit de l'avoir trahi auprès
" de vous & qui a terminé tout commerce entre
" M. de Mirabeau & moi; fon ordre de me
" rendre auprès de M. Lenoir pour me j uftifier
,~ du prétendu propos tenu contre Madame fa
-', mere, tous fes procédés, tandis que j e n'é" tois plus fous fa pui fiàNc e, peuvt:"nt faire j uge r
" de la l1laniere dont il [e condui[oit avec moi
" quand je dépendois ab[olumenr de lui. Au refte
" illol1 très-cher pere .... Quand la jufiice que
" vous avez daig.né me ren dre publi-quemeot Ile
" m'en mettroit pas à l'abri, j'oferai encore camp.
» ter fur la réputation que j'ai travaillé cl a'querir
» en tachant de remplir de mon mieux tous mes
» devoirs. Je doute même que M. de Mirabeau
» ore jamais me réprocher d'autre tort que celui
» de ne vouloir pas le réjoindre & j'e[pére m'en
» jultifier aux yeux du public.
1)
On aurait torr de préjuger de ce que juf"
"
"
"
"
"
K
2.
�76
"
.
me fuis pas plainte. Je
qU'aujourd'hll,i Je ne laindre
je n'ai pas crCt
'
's pas a me p
" ,
"
[.
naval
.
,
'ai
pas
ete
attaquee,
ln.
'
tant que Je n
, ,
,
devoir,
,
'JI:.'
des
chofes
qlll
n
aVOlellt
' 1 lOdwerens
,
trUlre es
' & qui ne pOUVaient que
u'à mal ~
'
. 1
rapport
q
dont
Je
porte
.
\ l'homme
, e nom.
"
faire tort a
ontrainte & forcee que J ex» Ce ne fera ,qu~ c n us par des témoins J &
'd faItS lOure
,
,
poferai es r
'efl: LlO fupplice pOllt mal.
r 1 louvemr
l 'C
dont le leu"
n très· cher pere, les al-:
uls-Je ma
,
"
Que ne
1:5 le filence! mais
Il Ignofer enfevehs da
M de MIrabeau a
, ment pas que.
"h '
rez certame
' . "ai répondu aUJourd UI
i l ' fa Req'lete. J
",
plé ente
,
è'efl: bien malgré mOI que J en.
par une autle.
'iens fi f! urer avec quell'
& que Je
V
0
"
tre, en lee,
,
à
ce
genre
d
excnme.
lus fàlt que mal
d .
qu
~Il,IlPy va d e 1a fîtreté & du bonheur e ma
MaiS
~,
vie.C
»)
»
»
»
»
»
»
»
"
"
"
"
"
n
"
))
»
»
»
»
»
»
»
»
»
~"
vo~s
, hpr
mon tres-c
_ pere , qu 'i l ne Ille
» •rayez, ,
e des rairons aul1i fortes p,our
faut pas mO,lns q~ r
t r toutes 1.;s pelues
d'
Iner a lUppor e
lX •
me et~rm, fi"
t me cau [el' une au3Ire
dolt nece alremen
,
'f:fl , \
que
11 J'
layerai pour reUllel a.
aul1i tnalheureu e.
el1~p
'e nce u'il m'a
M d Mirabeau la 111e111e patl
q
. e.
«u er la violence de [on
ere,
fallu pour e y
" , vécu avec luI.
pendant le tems que J, al h
que malmon tres-c er pere J
» Permettez J
c. .
l'h nneur de me man.
'
voU" me laiteS
gre ce que:,
'le 1110n manage
.
flatte encore q.
, '1
der,
Je
me
,fil
vous
a
été
agreao
CJ
avec JVlonfieur VOtl e s
car~
°
a
.
77
» & n'a même 'é té qu'une fuite de vos projets.
» Je n'ai conçu cette idée que d'apres une lettre
» que j'ai reçu de vous à ce fujet pendant mon
j) féjour à Mirabeau, & plufieurs autres écrites
» à Monfieur Votre fils. Quand je n'en au roi s
) pas eLÎ ces preuves, la maniere dont j'ai été
)) traitée par voùs , me l'aurait perfuadé. Je
) fuis loin ,de perdre le fou venir de vos bontés,
) mon très-cher pere, elles Ollt ~té telles que
) j'avais l!eu d'efpérer que je trouverais en vous
)) un appuJ.
» Mon efpérance deçue dans cette occafion,
» ne diminuera pas le relpeét & l'attachement que
» je vous ai voué & avec lequel j'ai l'honneur
» d'être, &c.
_
}Walgré des déclarations auai affirmatives J ou
COntinue à répandre dans le public que ce n'e!1
point la Dame de Mirabeau qui demande d'être
féparée, que ce n'e!1 pas elle qui fe plaint. Mais
il f~lUdroit do nc pouvoir dire auai , que ce n'e!1
pas elle qui a fouffert ; que ce n'efl: pas elle dont
011 croioit nécefTaire de protéger la fûreté , la
dignité & le repos ~' que ce n'e!1 pas elIe qui areçu
des lettres outrageantes; que ce n'eft pas elle qui a
é té calomni ée & diffal1Jée dans des Mémoires rendus
publics & dans des lettres écrites à des hommes
en p lace; que ce n'e!1 pas elle qui a été ofl'enfée,
aux yeux de la France entiere, par la difparution &
par le comm erce fcandaleux de M. de Mirabeau
avec Ulle fèm me étrangere; que ce. n'efl: pas elle
�8
7
'
. 1 cl Mirabeau lUl-meme
a cl.oC
on nI;
enfin à qUI 1\. e & de Gentilhomme les plus
1
d'honneur
'.
d r
les pa ro"es
l'
rocher pmals que e IOn
folemnelles de ne app
_
A
aveu & de [on ordre. "t 'e ju/te , il fam q ll e 1'011
Si l'on ne veut pas el. M de Mirabeau ne
r'
-PourqlJOl.
foi t COl1leq,lent. cl r inrér,êt perfonnel ? Pour, e 100
.
,.
s'occure-t-~ 1 que
_
fition avec cet Inte re t, que
q uoi ne volt-Il, en op~o leS qu'il ne déGgne mê. d
Iques penom
_
r
celuI ,e q~~ 'rêt & la Dame de MHa?eaU leme. pas?
L Hlte
pour nen dans
-1 d ne
le feu l 'a ne cOlnoter
l
rOlt-! 0
Ce affaire?
toute cette malheurMe~ b u n'a point difiimulé
11 de
Ira ea
La faml
e
•
.
L' n a vu qu 'en 17 81 , lorfque M.
0
ençoit à J'etter les prefou objet.
1'11' b • pere comm
"Ir '
de i't 1ra eau
. cl éunion Il parolllolt
'cl' cl' 1 projet e r
~. f.
mieres 1 ees u!. l'
'en tremblant. Sans JU _
ne prO-pofer ces, 1C ees qu, , perfuader la fèmme.
'
-' il r.herc hOlt a
cl
ofier le malI,
'Ir
lors à la Dame e
1 u'il ad relia pour
,
'd '
etr1 e q
' a dé' a été ra pportee, fe re UlMIrabeau &, qUI
1 Jfe à lui dire: donnez-nous,
foit en dermere ~na ~fi'
s afi'urer vos biens
qUI pUI e nou
un ftJcc~lIeur.
& maintenant que ~OllS
& perpetuer nOlre nom,
I r ; ' la maifàn
•
un one e jU r qlll
';C
avq lin . bea~'-f'ere & ferie fort à l'abri de tolites
ell tollte entlere ~ l/.~llS
&\ vous retourneriq ,
J.'
& xatlons
VlV-Qcltes
ve
,
fi
& VOLIS
'
quand VQUS 'lIouel ne,\,
av,ec mon rere,
,
, . les deux· mai rans .
, 1
a-une\ reZllZl'
.
,
'Je,
langage a a
Ce [('l'fit ceux, -quI tenolent ce
ra re
Dame cie Mirabeau uniquement pour leur p p
L~
(J'
'1
•
,
79
intérêt qui lui refufent aujoiird'hul le droit de
confulte~ le fien. Seroit-eIle le feul être da-ns la
nature, à qui il ne fut pas permis de fuir le
malheur, & de travailler à fan repos, à fa tran'quillité ,- cl fa fûreté?
On répete fans ceilè qu'une fëparation ne peut
être autorifée que pour caufe de févices, & que
la Dame de Mirabea u n'a point de févices à
alléguer.
Mais on n'aura point oublié que l'époque
des févices, remonte cl l'inltant même du mariage.
Ces févices étaient Connus des deux familles.
Car M. de Mirabeau pere écrivoit cl fa bell _
e
fille le 21 Mai 1774: » Je fais que vous ap_
» partenez à lin farouche fol, à qui tOute atfec_
u tio n de votre part fait ombrage. Les coTites
» qu'on en fait à cet égard, font at~ffi ridicu.
) les qu'extravagans. Mais comme toutes les fa..:
~) lies Fe tiennent par la main, la foi aux ré.
» cipifcences doit efpérer qu'elles en feront de
» même, Ii dl: vrai, ma fille, que ma puiflànce
)) paternelle & m0n autorité ont fait de belles
») chofes, &
0nt empêché la ruine de ma mai» fon. Si mon fils deit -devenir /aBc, ce n'ea
» pas felon les autres, c'eH: felon moi qui m'y
1)
cannois, du moins en ce qui m'appartient,
n ce fora affurément revenir de biol loill ; mais
)1 J premier pas de ce retour & le plus indifpcn _
)1 fable , fera d~ defircr ft peine très-méritée, plus
�80
» méritée qu'elle ne fia jamais, & la jitbir ;"
» eft un commencemeflt de Jolde du compte. Au
11.
vous parle7' \
comme
» rene,
. vous le . devei,
d . ma
» .fille, & je tâcherai d'agIr comme le OLS.
On peut juge r encore. d~ ce qu~ la Dame
de Mirabea u devoit foufl:'nr a cette ep~q~le,. par
la lettre que M. de Mll:abeau pere ecnvolt à
M. de Marignane:
Le 9 Septembre 17n
» Comme je fais,
Monfieur, que les . lettres
)} vous importunent, j'ai à cet égard refpeété votre
repos IJerhIadé d'ailleurs que vous me rendez
»
~ de penfer qu.e les lentH1~en~
r.'
d' ellll11e
n'
» la juflice
» & de confiance que Je vous dOls · a tant de
» tir-res font ni plus ni moins vivans dans mon
)l cœur.' Toutefois,
il eft des circonftances où
); le concert eft nécefiàire entre les chefs de fa-,
» mille, & je crois que nous nous trouvons dans>
» ces circonftances -Ia.
» Quelque bonté naturelle qui domine dans va» tre cœur, elle a quelquefois befoin de s'éten» dre à des vues plus éloignées, & c'eft ftlf
» ce genre de prévoyance que mes engag.emens
» avec vous, l\10nfieur, 111' obligent à vous Conl> fuIter. De tOlite part ~ je reçois des lettres de
» créanciers, de leures de change proteftées, des
}) dettes les plus baffes & les plus folles, d'en» gagemens oubliés, méprifts " ne daignant jeun lement
•
»
»
»
»
»
»
81
lement pas faire de répon[e ~ enfin de notices'
de. dé/ordres accumulés qlli ne peuvent mene;
lom la catafirophe. Je mets a part les viol _
en
ces, les. aff,ai:-es! & t?lIt~S les folies for lefquelles Je n Ql ni pu m du me réfirller du rer-
fort ~ d'autant que les mefures de -refpeét vis-
» à:vis de. moi .font, perdues, & quant à ce der) mer artIcle, Je m en mets peu en fouci.
» Je ferais tout auf1i tranquille fur celui des '
» dettes fur lequel je n'ai ni n'aurai jamais qu'une
» réponfe, à favoir . que mon fils a fon revenu
. ) qu'on peut le faifir, & que je ne lne mêl;
» aucune,ment ?e fes ,.affaires : mais je prévois le
» terme a favolr, qu 11 fera dans peu arrêté pOur
» dettes, & finalement mis en prifon ........ .
Cette lettre fut bientôt fuivie d'une autre écrite
le 9 Janvier 1774, & dans laquelle M. de Mi_ ra.beau pere annonçoit le parti qu'il avoit pris de
faIre procéder Contre fan fils à une interdiaio n abfllue pour cal/ft de · diffipation. Dans la même
lettre,,il ajout~it , en parlant de fa belle-fille: c'eff à
nous a fol/temr cette chere enfant, tandis que le
malhew la formera.
Et M. le Comte de Mirabeau ofe dire con-"
tre le témoignage de fa famille, & cont;; celui
de fa propre confcience, que c'étaient_là les années du bonheur domeflique pour deux époux dont
l'union faiflù la félicité commune, & que l'on
L
�8z.
efi. obii!!,é de l ut. abandonner. Ir: 'tems de la coha.
bitario? Ca)
arlant de res dettes. qu.e .fo n
Et 11 ofe, en P & folles ' & qUI fa IfOIent
,
Cb) a\ les
r.
pere appe Hoit baffes
{ ( ' oufe annoncer
le malheur de 0 .11 ep e q~elque raifonnable que
&
ub 1IC J qu
, ,r;
P
JugesM d au
M'
beau fi,r fa depenJe perlon.
le de
lra
, d
'
futli a an
. qu'être touchee e ce qu une
II ne pal/volt
. d'
nerane,d e e . d
d fttes n' QVOlt autre mo.
,
:fr:
d'
8: e pa rlLe ale ifces & fans
c~fJc renaz)Jan.t . Oftif que
le defir af(on cœllr.
,
1 En vérité, c'cfi JOIndre
J le de
11er l ,'luO
.
, 'fi
'
. \ la den lOn.
'"
.'
la calomme a
M', 1 eau qui a dep parle des
L Dame de 1 l l a ) ,
"cl'
a
.
1
détails
8,qUI
VIent , ,en
ro"
avec que q u e s ,
~eVlces
ve par eCflt,cl
'f( ter les commenc emens de' preu
'.
pre en
uitte de toute vexatlOn, qU3n
ne
fut an
p~s fut
m€me
r. q, 'au Château-d'If vers la fin
r.
ellIet
me
.
\
Ion
m
,
11. \ d'
deux
années
enVIrOn
apres
d l774 c en-a- Ife ,
'
. ' Ell e ep
' rouva alors un genre
l e nanage
p nouveau
, \ l
e l . . Elle était partie pOlir
ans, a a
de tyrartme.
. C) ahn d'y prévemr fan
'ere de [on man, C
'JL
"
,
,a: '
prz
&fa famillejitr les (imes d lIne o))azre
bealt/h-pere r; Elle fut récompenfée de fan zele
ma cureuJe.
.""
& par des lettres
par des foupçons 1111 Llfleux "
A
~
.
.,
Ca) Pag. 8 & 9 du Plaidoyer Impnme.
. (b) ibid. pag. 9.
. .
"
,
(c) Pag~ 1 & 2 des ,Obfervatwns ImprImees
de M. le Comte· de Mu-abeau.
83
menaçantes. M. de Mirabeau [e porta ju[qu'à
l'extrêmité · de lui annoncer qu'il ne la reconnaî_
trait plus pour [a femme, fi elle ne partoit brufquement de Paris pour aller s'enfermer avec lui
. dans la même Citadelle.
Le 24 Novembre 1774.
. . . . . . . .. » Je ne ' vous dirai pas que vous
)) pouviez facilement croire 111' être utile dans Un
)J
lieu tel que celui-ci, dans une fai[on telle que
)) l'hivçr, [oit pour me donner quelqu'aifance de
)) plus, flit pOlir me tenir compagnie .. ... c'eft
» un lan[5a[5e que le cœur fouI peut entendre,
) & j'ai. per·du le vtJtre jàns retour....... ce
J)
n'eft pas tout-à-foit ma fouee ,. car fi j'ai pu
)) l'aliéner, vous conviendrez de vous à moi que
» j'ai beaucoup fait pour le reconquérir..... ..
n Quoiqu'il en foit, je vais Valls parler po/ici» q.ue, puifqu'il jèroit inutile de Valls parler jèn» tlment.
intérêts [ont les Vôtres. Vous êtes
) la mere de man fils. Vous n'aurez d'aÏ» rance que la mienne, & fi le [éjour de Pa) ris vous plaît, vous ne pouvez y avoir une
» exifience ftable & décente qu'avec moi. Il faut
» donc me tirer d'ici & ma meilleure arme pour y
» parvenir, eft & a toujours été Votre réunion
) brufque avec moi> parce que de deux cho[es
) l'une: où ils ne vous ' laiiIèront pas partIr,
» c'efi-à-dire, qu'ils me retireront d'ici, où ils
» Mes
L
•
•
2
�84
. "
,» craindront le coup d'œil de vous retemr ICI
» en m'y rete?a~t.
lan doit vous par'oître
» La jufiefie ~dcet p que mon pere a plui
t plus eVI en e,
.
d,
»
autan
vous retemr.
» fait d' effor~s. pour
j~ vous ai déja tant fait
» Ajouterai-Je ce que
. .
ce que vo us auriez dû, vous dire,
» prefientlr,
d
. fi long-tems, que vous
P
» à vous-même el ~lS mplice de mes parens~ &
[' . d'être a co •
l
Al
» ave,
azr
.
'
un
plus
p
at
ra
e que
'
làurolt Jouer
,
,
» qllT on
ne /"vous remp l:IJJ'
1Tè7'\ a pre[ent
........ .
•
.,
» ce.Ul que
fi np 1 que de dIre a mon pere 1
» Quoi de plus lld e., deux mois dans la plus
» mon mari e.fr d e11PUlds France trois [e feront
1< CIta e e . e raye rejoint.
,
fi
» mauvai e
Cela e
» écou.lés avant (ue Je our mon cœur, peut-être
» infinunent trop ong p . ma réputation. Perp
» auai beaucot:p. tllro d~~l~~r fOll fort qui empire
tt z que J al e a
.
.
}) me e
. fi
.e pars demaIn...... Je ne
» à .chaque 111 an~ 't J u'un autre à refrer court;
» fUlS pas plus fUJe.,. q _ qu'elle forte de bonne
» mais j'avoue que J I~nOI(~
l'
'fi
-p eut faIre a ce a.
» repon e on .
ui font afiùrément plus que
)) A ces ra~fo~s q. oint d'infiniment plus fortes
» fuŒfantes, Il s en ) .
d'
mot.
. & VOICI mon ermer
» pour mOl,
dans les grandes occ~fions
» Vous fçavez quel
d' tion & que Je me
. fçais trouver de a mo era.
.
our
» Jde,
tout feuI. AinJi ne cralgne't nen p
-» evore
.
r ; " " [ fiaut oU me cam.
)i votre réputatlOn. Je J çals qll l M ' " ai opté
) promettre ou vous compromettre..
au J
1
s)
~) &j'endurerai mon fort jufqu'au bout. Quelque
» chofl donc qu'il m'en puiJJè arriver,
fi
le pre» mier Janvier vous voit à Paris, je fois forment
» que jam(2Îs de ma vJe VOlIS ne me reverre, loger
» en meme mm,:r;on que vous. . . . . . . . . . . .. J' al.
» pour vous ici lin appartement propre & décent.
» Vous n'irez à Aix que pour un infiant avant le
» jugement de mon affaire. Vous pafferez à Mar» feille tant que vous voudrez , au premier mot
» je vous ferai palIèr vingt-cinq louis, & fi vous
)) vouliez y mettre plus de célérité, empruntez_
)) les, ils font tous prêts pour être envoyés fur
» votre lettre.
A
» Tout cela eit dans la filPpofition où mon
pere tienne aux apprêts de Votre départ ,
ce que je ne crois pas; quand ils feront faits
de bonne foi, & fur-tout quand cela paroÎtra
venir de vous, car l'humeur pourrait très-bien
s'en mêler, s'il me flupçonne de l'avoir ordonné.
)} Je fçais que la crainte d'une bouderie vous coal) tera beaucoup à vous charger de ce r~le. Mais
l) en vérité ce font de biens petits motifs en pa» reille circdnflance. Quoiqu'il en flit, que mon
») pere boude ou ne boude pa.s, qu'il me fçache
» bon ou mauvais gré ~ peu m'inporre, & je ne
» veux pas que vous paffie, le mOlS de Décembre
» il Paris. SI VOUS MÉCONNESSIEZ VOS
)) DEVOIRS AU POINT DE Balancer, JE
»
»
»
»
»
») REGARDEROIS VOTRE INDÉCISION
» COMME UNE DISSOLUTION DE VOS
�,
86
.
. , GEMENS DE FEMME ;ET VOUS '
» ENGA
S
JE VOUS JURE -'
)~ NE SE~JN~tUNI'DE MA 13RÉSENCE
» IMPOR
S LETTRES.
» T
NI 1 DE
fi 1" ME.
pIre ql.le M .. de Mirabeau même
e e' em
oit contre fa ferùme.
dans lés fe~s -' .eX~~ble qui rendoit toùjours préCet empI~e ll1~tn~o-es du pafle, 8{ qui étoit la
. Otes
pour l'avenir, doit donfentes les tn~es
l
fource de lTI111 je cra;lt s & fenfibles l'idée du plus
ames 10nne e
.
ner aux
ft ifine qui fut jamais.
effrayant de pot 11' point ici des faits qui ont
On ne rappe era
l D
cl
'" "
. ulés des outrages dont a
al~e e
c1e1a ete artlc droit pouvoir écarter le fouvemr.
toute
MHabeau vo~
M' on dIra que -M . de Mirabeau, pour &.
l
e
cl 'r ~s eft réduit à renvoyer fes Juges.
ci " de fon manao-e ,
eren
e
,
.
,b .
blic à ces premIeres annce:> .
pu
fi ce defquelles Il eft force lUldans le court e pa
. r;,
des circon fiances
d'avouer des trave') es ,
J"
-' des contrariétés, des
& des
il. a' -dire
fautes, ( a'J) c en, tous les
. procedes
lh & tous
d'un
les, événémens qui peuvent faIre le ma eur
::~:urel/fès
~et;es
A
C
87
dans la {ociété. Menac~s, injures, calomnies .,
diffamation affreufe C0ntre la Dame de Mirabeau,
cOmmerce fcandaleux avec Une femme éttangere,
& alors même, projet odieux d'enlevement Contre
fa propre femme -' fuite dans les Pays étrangers,
ptocédures éclatantes, décrets, Sentençes, lettres
de cachet accumulées ........... &c . .
Et M. de Mirabeau ofera s'écrier que fa femme
n'a point de févices à alléguer!
Quelle étrange idée auroit-o u conçu de l'opinion des hommes? Quelle idée fe fonneroit_on
de la Jullice!
Eh! quoi? un . mOUvement involontaire, Ull
difcours fouvent ha[ardé deviendroit lin motif légal de féparation ~ & la réunion de tous les gen~es de févices " & la réunion de .tous les procédés
les plus. affreux, & une longue fUite de faits graves
& majeurs qui [e font fuccédés fans intervalle &
qui e!nbraffent la vie entiere de l'époux, ne le
feroit pas!
,
menage.
,
r des épo~
Les tems poftérieurs font marques pa
'fi
es bien ' plus affligeantes encore. Il: ne pre den.
qu
d
bles inténeurs ou es
tent p.as uniquem.ent es tr~u des défordres publics
vexatIOns domeftlques, malS
Ca) Pag. 8. ' dl,l Plaidoyer J!flpnme.
•
.
0
,
. ..
Si dans cette caufe il eft quelque chofe de plus
effrayant que les faits dont la Dame de Mirabeau fe plaint, c'eft la morale avec laquelle on
prétend les jufiifier.
M; de Mirabeau, écrivant lui-même à M. de
Ma.rignane fur fa di[patution & fOn commerce
folemneI avec Une femme étrangere, réclamoit
Contre les oracles des Tribunaux ce qu'il ofoit appeller la morale ,du monde. Il avouoit fes intri-
�88
[; CO -h bitation en Pays étranger avec
gueDs ~ a d ~onnier & t::>ut l'éclat de cette
,
'r.' 1
l
la ame e ·
cr:.
•
Mais
il
ne
prelentOlt
es
eXCt:S
effraya hl e a'lalre.
cl
comme
dont 1'1 s.,etol't rendu coupable 1que
.
l
1es
.
d ences accumulées. Il par Olt avec
lmpru
. . a .p u;s
1
.,
l' , té d'un événement qUi Jetton a
l11decel~te
familles
entieres, & qui faifoit
défolatlOn deger~es
ans
.
fcandale pour le public.
" d'
il. d
auans le même fens qu Il l' lt encore
,
C , en
.
"
['alf.'aire de Pontar
ter n erou
rzen
•
r.
.
Jourd hUi que 'JJ'
le Juger par les pnnen eII e-meme. Qu'on daicrne
b
Cl'pes &. par. fes œuvres.
1
•
•
A
L a D ame de MI'rabeau , affreufement. calomniée
& cl
& diffâmée dans des Mémoires publIcs
ans
d s lettres écrites à des hommes en place, a cru
d:voir encore fe
hautement
ces calom. &. de ces diffamatiOns. 1On M"
lUi oppofe pour
nIes
r... J'ai dej~
!Qvoue es
emOlres
. .... .
toute reponle
','
quant aux leures quelconques que J a~ p~ e7r.e
aux gens en place.~ (5 qu'on mtefle, Je n e~ OlS
a u ccompte
u n , fo u parce que' des . lettres
fi mij]ives
.
(ont fous la garde de la foi pubhque, Olt 'pa~ce
ue des plaintes, mais dépof!es dans le fozn es
A-tinzjlres du Roi, ne !faurolent pajJer pour des
diffamations. (a)
.
Comme fi le fimple défaveu d'un ouvrag~ ~on.
tre la publication duquel on n'a pas réclame Jun-
plaindr~
?e
1
1
1
(a) Page
l'
22
.
.,
du Plaidoyer Impnme.
diquement
89
diquement, qui a été répandu dans toute la France
& même dans les Pays étrangers, ne devenait pas;'
lui-même un nouvel outrage!
.
Comme fi des lettres écrites à des hommes publi~s & qui auroient [ervi de matériaux à un ou.
vrage que l'on fuppofe publié par des tiers, pou.'
voient être regardées comme fecretes !
Commè fi les lettres même' les plus [ecretes &
les plus intimes ne cOllfiatoient pas toujours l'opinion faufiè, injufie & affreu[e du mari!
Commè s'il falloit autre cho[e que cette opinion~
de quelque maniere qu'elle éclate, pour autori[er
une femme honnêt!! & fenfible à ne jamais rejoindre l'époux qui lui refufe fon efiime, qui
compromet [on honneur & ne croit point à fa
vertu!
La DaIne de Mirabeau en appeUe à la [ociété
entiere. Quel eft i'homme de bien qui ne la COndamnerait pas, fi elle pouvoit être indifférente à
la diffamation & à ·la calomnie, fi elle pouvait
[outenir les regards d'un époux qui a voulu l'abreuver d'ignominie & d'opprobre? (1)
(1) La famille de Mirabeau avoit reconnu elle-même
tous les droits de l'Epoufe qui réclame aujourd'hui [a
féparation d'avec [on mari. Voici . ce que M. d'e Mirabeau pere écrivoit à [a belle-fille Le II Juin 1 77 8 ~
lor[qu'il cherchoit à la détourner du projet qu'elte avoit
alors formé pour demander d'être . réparée : Je vous propqjè dehons & forts Co-Adjuteurs " & avant que.,. le cas:
.
~1
�0
"
' .
'hui &9 Cous J'es yeux
ln,'ê~e cle
Encore aUJourd
M
'
loires li moderes en
cl
l
ces
ell
"
a Jufiice, ans C t de Mirabeau n a pas
M . le , am1 ennier le pnnclpe
"
,
apparence ,
mell1e
h her a ca 01
'
dOnt'
craint de c erc.
r.
'lamer les d
rOlts,
. d on t Il"ndifiolubilté
Ole rec
' cl' , _
oe l'union
& qu "1
1 pren a tei) ofe invoquer II
. fiice de fa caufe., (lJ)
moin de la préte~~e ~:au ne peut croire que l'on,
La Dame de 1 Ira .11 obligation où elle efi de
fur la tnne
'lh
fe méprenne
Elle foutient un proces m.a eufe faire entendre. . .
QUA n'a~t-elle p3S faIt pour
reux mais néceilalre 1 ; Elle vivait fous la
en
;'rév~nlr le
fcan
d~e~i· ue.
9I
eUe s'eR lùéme réiignée à s'expofer aux reproche$
momentanés du public qu'elle refufoit encore d'il1G
truire. ,Pendant long-tems elle n'a répondu que
par fon filence , à cette foule de Requêtes , . de
Mémoires, de Plaidoyers dont 011 a déja Ïnuondé
la Ville, la Province, le Royaume.
PouVoit-elle pen[erque ce fijence feroit indi~
gnement calomnié, & .qu'il fero it préfenté comme
le défefpoir de la plus jufie des caufes ?
.
On objetl:era peut-être aujourd'hui qu'elle en a
trop dit pour fa défenfe, que rhonneur de deux
époux eft fllidaire , & qu'elle auroit dû.refpeéter
le fecret des lettres qu'elle communique, & qui
'ont été écrites fous la foi de la confiance la plus
intime!
au~
Elle a reculé
foi d'un Jugement d0r.
~uvoir le moment
"l ' '·é en Ion p
,
'b
1
tant r.qu 1. . aforcee
eL , cl d' oncer aux Tn una~x es
e en
. ,
e
elle lerolt . avoient motIve ce Jug .
' & l s preuves qUI
. . . _ ,l t
faIts
e
"
de
'
ne'
précIpIter
un ec a, ,
ment. Dans la craInte
.
ou
.
Si M. de Mirabeau Vouloir- que l'on refpecra
,
'
champs,
cli
e des
fious":la
uarde1I0US
des aU~lei
fOlx ,
y e'clze'am, il eut ~o6tenu lame'tre
b
,
10U 'ours le tems ae 1I0~S
~
• càr ce Mémoire ne pe,u
en q,tt'v ,,, ul", '"
nppui de plu, vui
f'P'''t~'; ~n
~
ftro~
'me pas Mais alors 1I0US aUlI,e
,
d . ma ' fiamille , r:I
Tl.
l p arue [allie
', fi
d 'c précédef/(e que ce n ~J'
dJ'Ùre d'accord avec a
'avoir montré par votre con UI I! 'e n~ fo 'lt pas vos d~volr~
Pas elle 'lue vous repu
, d'·
,. ' 7il '.1 e cfl~ret~
~ oui 1I011S fiorce la
l~l
'
t , maLS votre "U
l
fui 1I0US repugnen
. '
mam.
. l'on compare c~ Tangage avec c. r'Ul qu e tient all-'
Que
,
famille.
J• our d'h Ul' la même
. ,
( a) Page 1. cl es Obfervations -impnmees.
•
•
Ah! que l'on ne Fe hâte pas de prononcer fur
ces objets.
,
k [ecret des leures, il dev€>it refpetter lui-même
les engagemens qu'elles. renfermoÎent.
,
En Jurifprudellce, en morale & en procedé ,
on a, pu oppo[er ces engage mens à ceux qui fe
faifoient un jeu de les retratter. .
'
Si le fecret des lettres efi de drOit naturel, le
droit facré de la défenfe, n'dt-il pas également
fondé [ur la nature ?
Eh ! quoi? ferait-ce à ceux qui les premiers
ont donné fans' néceilité l'exemple d'une .commu~
nication de lettres , qui manquent Publiquement
.à des paroles d'h.ùnneur & de Gentilhomme , q.ùl
-
Ml.
�2
9
, , . .d 1
'
'cle réclamer7 les ' prInCIpeS e ' a
apparuenclrOlt
,fi' & de l' honneur ,
dehcate , ~
., eft de la fubftance de tout
La reclproclte
'n t la Dame de 'Mirabeau
t
En attaqu:l
r .
. r.
gagemen ,
épris de la 101 prom1!e, 011
& .en
l'at~.
aquant.~au
Ce
,
1
la cnue n e~cellité de fe défendie.
r.
lUI lITIpOle
mpt le fçeau des leCrets do'fi: as elle qUI r a .
' 1 ' '1
ne p
'Il.
1 i qUl la force a es reve er,
Il.'
S C en ce u
d"
d"
menlq.ue ,
t donc prouver, It-on ep,
fl
M
que peuven
aIS
"
ar
un
pere
peut-etre
l11]Ulle
ou
des lettres ecntes p
r.
fil 7
.
. . . , contre Ion s ' .
.
du moms IrrIte
feraIt affreux,
C qu'elles peuven t prouver! qu'Il ,
. r. .
e
'
.
ft
ppofition
que
1
on
VInt laIref.
•
dans cette u
,
dl"
lneme roche a' 1ia D al ne de Mirabeau, e Impre.
P
un re f( de u'elles ont fait dans fan ame; qU,e
p~o and e qM'Ira beau devrait. refpeaer des re-&
lfionfé mIlle
:a a
. '. Lferoiënt dès-lors fan ouvrage,
pugnances qu~
.
du' le droit de forcer
tte falmlle aurOlt per
.
fi '
que CIe t' d'une époufe dont elle auraIt, par es
la va on e .
. & fl' . 1 œur
~
fi'd it l'efpnt
etrI e c
.
manœu~Tre:> ~ . e uffet après avoir peint .un fils,
res
SerOlt-ce, en e
,
.
fous les couleurs les plus nOlres, ap
.Un neveu
11
fles & les ' plus .tet'ribles
,
&.
. d 'pofé
les p1us fiuneH
aVOIr e
cl
1
fi' d'une époùfe wmde
confidences ans e .em.
.
. . , _ r urie
r. fible que l'on pourraIt fubttement opere
\
.len
l
,
.
'11'
fi
1
.
g
_
tems
a
' .
que 'l'on . aurOIt traval e 1 on
reUl1lon
en articulant des faits graves, c'eft en indiquant la
preuve de ces faits !fi le pere accufe fon fils, s'il le
juge, des procédures légales & publiques n'avoientelles pas déja préparé & dévancé le jugement pafernel? le fils ne s'eft-il pas démafqué lui-même
dans ces lettres outrageantes qui font fortit;s de fa
main, dans. ces M ~moires calomnieux & diifamans
qui ont été publiés fous fon nom?
Qu'il ·dife tant qu'il voudra que toutes lettres
qui ne feraient pas des deux époux ,font abfolument
étrangeres à la demande fur 'laquelle il 's'agit de
prononc.er , puifque nul n'a pu légitimement engager le droit du tiers. (a) Qu'a-t _il donc à répondre aux lettres qu'il a lui-même écrites, qu'il
ne peut recufer, dans lefqueHes il convient de fes
torts, de [es. dettes, de . fa conduite fcandaleufe ,
de fa difparitioll & de fon commerce public ~ en
HoII<;lnde, avec une ,femme étrangere, de fes violences & de fes excès? Qu'a-t-il donç à répondre
aux profeffions de foi & d'honneur, qu'il a fi fouvent répetées de ne jamais approcher de fa femme,
que de fon aveu & de l'ordre de fon beau-pere?
rendre impoŒble?
.
l'
" , ~ifiànt de
Non ' dans.ce cas, les OIX, en gel
. '1
1
.
pronOJ ~
l'in'ullice des peres, ne fe haterolent P?S (e. . . a~
cer] fur le fort des enfaIis. Elles ne hvrerOIent p
. .,
(a) Seconde requête de M. de Mirabeau). l1l1pnmee
la page 67 des obfervatioos.
.
~u malheur & au défefpoir, une époufe trop au. tarifée à tout redouter & à tout craindre.
. Mais il s'en faut bien que l'on fait dalls une
lilppofition pareille! fi le pere accufe fon fils, c'eft
en . .
A
•
'
-
.
• ••
9;
A'
1
�.94 qUi. pa~Ie?t co~ t re ,l'
Ce ne [ont plus .des tiers
~.
r.
OU en lOn.nom
, c'dl lui-même qUI
l ' saccule, c eu:
r. de/nonce , c'efi UI-meme qUI re.
h.u meme' qUI le
gle- f011 fort & qui ditte [es. propres .enp~geDens.
Pourquoi d'ailleurs voudrolt-on ra~lrla • a cl a~lle
· beau 1e ,droit légal de
de M Ira
r. feillpreva
? l olr U JU.
r. n. ble des deux ram es.
g ement relpel-La
1 Jes peres ne:
1
l premiers Juges, es uges natu ..
·[Qnt-l sI pas esc. ns ? dl-il aux yeux de la nature,
tels de eurs enra.
,
.
1 1 r. .
. & delnœurs
taInt 1,
des 10lx
s , un T nbuna 1p us
T'b
.
r. fr n. & nlus religieux, que e
Cl una .
m~SIU~l-Lr
domefiique? . .
1 n. .
. Il eft fans doute malhe~reux que .es acres lU.
/.
d e ce Tribunal. fOlent prodUIts
grand
teneurs
' 1 r. au
a'
d
J.our. M aIS' r,C.al10I· t·il bIen reclamer a tan 10n. de
l'autorité civile, quand on a· voulu foul~ aux ~le, s
des conventions arrêtées par l€s .éP.ou~
protegees
ar l'autorittf paternelle? fallolt-Il ble~ ?ans une
pqueluon
. I l ' de mœurs ', fe .préfenter. aux
. Mlmfires
'1
' l des
loix avec tout . l"avantage qu'affurolt a a reC<lama.
tion de la Dame de Mirabeau, le vœu c?nnu de
la famille, le témoignage des parens, vrals Juges
'des mœurs?
A
•
A
•
•
•
1
Que veut-on, dire, ' ~uan~ Q~ a~ance que l'hon~
mur de deux cpoux ejl fllzdalre '
.
. ..
N'a-t-on pas craim, en invoquant ce pnncl}Je ,
d'y trouver un. nouveau. motif, pour la Dam~ d~
Mirabeal.J). de pourfulVfe" fa demande en fepa.
ration?
\
9>
. ' C'e!l parce que ['honnèur de 'deux eprrox cft
fllidaire pendant leur union, qu'ils font forcés de
la r~mpre ~ quand l'honneur ne permet plus de la
COntInuer.
. Et quel cft l'homme qui 'vient réclamer les
égards , les ménagemens , les convenances ?
C'eft celui qui n'a pas craint de compromettre [on
propre honneur par lès travers , & d'attenter à
celui de . [a femme par fel calomnies.
C'e{l après avoir outragé, ménacé, injurié, diffamé fan époufe dans des lettres & dans des Mé.
moires publics, qu'il oCe réclamer pOur lui &
pour lui feul, les prétendues reglesde la -décence!
il s'eft pertnis l'outrage, & il voudrait interdire la
'p lainte! tout· feroit licite, quand il diffame ou
quand il attaque. Alors il annonce hautement
qu'il ne doit aucun compte de fes lew'es miffives;,
de celles même qui renferment les plus cruelles
diffamations COntre [a femme; & l'on ne pourrait
fe défendre Contre lui fans indécence & fans crime! .
& la Dame de Mirabeau [eroit affreufement ré ..
duite à plier en filence fous le poids du malheur,
fous le joug de l'oppreffio n & de la tyrannie !
Quel étrange .l}ftême? Et quelle monfirueufe pré.
tention !
. Pouvoit-on pen[er qu'au fortir des pEifons de
Pontarlier, Ma de Mirabeau viendrait infulter à
J'ho1]neur de [il femme , & attent er J ' fa fûreté?
, Igrroroit-il que s'il n'e.xiftoit pas déja un juge-
�96
re'paration c'était uniquement par égard
d'fi'
ment en l i ,
our une famille malheureufe 7 &, par , e erence pour
~n pere dont on avoit cru deVOlf me1.lager la dou~
7
.
leur.
" " , rt
· D . de Mirabeau s etOlt ouve etnent ex1.a
ame
, ffi 1 d'
r.1
.
cl · le · tems filr la nece lte c ,erre Iepa_
'
l
pIquee ans
, d' "
bl'
d'
.' dont les défor res etolent pu les,
ree U11 malI
1 T 'b
't
't
pourfuivi
&
Hetn
par.
es n unaux.
.
& qUl e 01
,
l'
l'
.' r.
'
'pal' nt dlffimule ' ies. p al11tes penonnel.
EII enavolt
; & aucun Juge
1es , eIle a' voit propofé fes gnefs
fi r. ,. 1 . I l ' d'
\ m 011cle n'eut pu fe re Uier, a1,a JUIuce une
cl ans le
, 1
t'on
qlle la décence, , que a mrete,
rec~ama
l
. 1 que
1'\lOnneur , que toutes les., 10lX"&
f itoutes
' r. hl 'es con' · ations enfemble rendQ.1ent
ficl
1 er
. r Indl r.penia e.
La famille .de M,irabe",u le prelell~e . pour pre..
venir un éclat. Elle prie, elle in;ercede, eUe prûles
Ille t , 'elle conJ' ure , elle cherche
" il,'a remuer tous
r.
fentimens & à fe rendre intere~rante par les ma ..
'1heurs. Les chefs de cette famIlle f~ placent en:
tre la Dame de Mirabeau ' & les 100X, pour lut
offrir la jufiice . qu'elle e.ut pu Çe promettre, des
loix eUes-mêmes 7 pour lUI garantIr les effets cl une
féparation étenielle.
,
On céde, parce qu'il eut été malhonnête de refifier. On fe ' rend par générofité à des paroles.
fceIlées par la reconnorflànce & par l'honn,e~r;
" Que s~efi-il pafle. depùis lors? quel efi l evenemeut connu qui peut avoir changé l'état des c~o.
fes , & que l'on puifiè ' raifonnab}er.nent citer
.p our autorifer l'i!ilraétion des engagemens les plus
r.
i.,
M.
lacres
f
A
•
1
1
l'
rA
1
1
1
•
•
•
97
M. de Mirabeau efi enlevé au milieu de lès
défordres, pour être enfermé dans le Donjon de
Vince,nnes. On ne relâche enfuire fes fers que
pour lui ménager le moyen de terminer la procé- .
dure de Pontarlier. Il fe tranfp orte fur les lieux:
il ne fe jufiifie pas, il reconnoit l'impoffibilité légale de fe jul1ifier; il foufcrit une tranfactîôh flétriffante qui écarte cl. jamais toute idée poilible
d'abfolution.
Cette tranfaction efi palIee dans le mois d'Août
82
17 , & dès le mois d'Octobre ftlÎVâIlt, il
vient en Provence braver le public &: les Loix.
El1·ce donc ainfi qu'il prétend [e réintégrer dans
l'opinion publique? Quoi? depuis les excès qui
avaient déterminé fa clôture, il a toujours été ou
dans une maifon de fOr'ce, . ou fous la main de
la Jufiice! Aujourd'hui même il efi encore fou s
la main du Roi -' ou, par ordre du Roi, à la dir.
pofi,tion de fon pere! on n'ofe le livrer cl. lui-m ême!
& il ofe ' exiger qu'on fe livre à lui fans réferve !
il ne fait retentir les Tribunaux que du bruit de
fan autorité maritale! il attaque) il perfécute, i1
provoque!
Quel efi donc le Citoyen honnête qui ' peut
envifager toute cette conduite fans indignation ?
Avant que de parler de fon autorité, M. de'
Mirabeau devait jufiifier de fan amendement. Le
tableau effrayant de fa vie pafiëe infpiro it des
craintes qu'il devoit diffiper; avant que de former des prétentions, il devait au moins fe ména.ger des titres.
N
�8
" mIte" dune
1
. Il avoit reconnu lui - 9même,la' ,ne,ce,
,
longue & folide. II aVaIt
epreuve
d;necnt a ' la1 Dame .
de Mirabeau de marquer!a ,0,an,ce, a aquelle
il devait fe tenir; il s'étol~ refigne a tout; &
, fans aUCUn
Val'1a\ qu e fiubl' tement ~ fans 11ltervalle
, '1
c. ' nouvea u , fans aucune
raIt
, , garantIe,
d 1 veut,
' , avec
,
.111 d'ecence , donner la. 101 a ceux c. e qUi Il aVaIt
,
. d e la receVOIr.
II .veutd
rorcer
promIS
,
l " une reu.
L
.
r.
F.e mettre en pe111e
e
a
menter.
e
1110n , ~ans H
d d'
d
' pas qu'il. fait pour fe l'en re Igne e, fan
premIer
,
F.
les l
paroles
epOUle
, eft de fe J'ouer de toutes
'
I
'd ho n..
donnees.
meconnolt
neur qu "11 lUI' avoir
.
, tous
fes devoirs , &. ne parIe que de , fes pretendus
droits. Il infulre hardiment aux LOIX & aux per..'
fonne s.
.
M. de Mirabeau ne s'eft-ll don c pas ~pperçU',
que fes Requêtes précipitées, ~es MémOIres accumulés . fes provocations hofttles, fO,n t autant
de traits' d'audace qui l'accufent & qUI le c?ndamnent?
. ,
Que peut· on ef~érer d'un ~o,m,me qui ne fçalt
point refpeél:er la June ~enfiblIIte des perf~nnes
qu'il a publiquement , offe~fée s p,a r , fe s exces ~
par fe s fcandales, qUI 'crOIt en unpo fe r par fe ~,
jaél:ances à ceux qu'il n'a que t~'op long-tems allanné par fe,s égaremens , & qUi peut penfer que
l'autorité confacrera des démarches que l'honneur
& la Loi défavouent?
S'il fallait 'de nouveaux motif" pour jufijfier'
les répugnances de la D~ilne de Mirabea u ; elle'
. 99
les trouverait donc, ces motifs , dans l'aétion
que fan mari a ofé porter en Jufiice, & qui,
par le concours de toutes les cÏrconfiances , devient elle-même le plus cruel outrage & la plus
criante perfidie.
.
Cette aél:ion eft formée par un homme qui
Croit pouvoir s'armer de toute l'auto rité de la
Loi, 10rfqu'iI ne peut efpérer d'en obtenir la Con.
fiance, qui commande Iorfqu'il devrait [e faire
pardonner, qui pourfuit ceux qu 'il n'aurait dû
que flé chir, qui ofe invoquer la foi conjugale
apr(~S l'avoir fi indignement trahie, & qui imagine
de réclamer des droits) avant que d'avoir fait
oublier fes défordres . .
Et contre qui l'aél:ion dt-elle dirigée ? Contre
une époufe à qui le même homm ~ doit [a liberté
& même (on exiftence ~ qui [èroit plus tranquille
fi elle eut été moins généreu[e , & qui n'dt
payée de [es facrificcs & de [es bienfaits que par
l'ingratitude, par les manquemens de parole, par
la perfidie, par le fcandale d'une infiance forcée
en féparation.
M. le Comte de Mirabeau cherche inutilement
à s'envélopper dans des Mémoires étudiés qui,
à travers les exprefIions empruntées d'une fauilè
modération, ne refpirent que la dureté, la méchanceté, & le defpotifine. Le public éclairé a
déja percé le v oile. Il a reconnu l'homme dont
M. de Mirabeau pere lui-tnême difoit en 177 8 :
dans le fonds, ma chere fille" vous connoiJJe'{
N2
•
�roo
le fol à qui nous allons à faire: Faut - il ~t,.è
finfje , loup, ou renard, ,tOllt IUl eft égal, rien
ne lui coûte.
b'
cl fi its com b'len d'intrigues, C0I11_
Cam
e a , ont déja vérifié ces trifres
bien
de len
manœuvres
annonces
!
d l'illufi~n eft: pallë.L Les griefs
M .s le tems e
al
Mirabeau font connus. es preuves
de la Dal?e, de -ées Elle propofe, pour moyen de
en font developp. . tiere de fan mari.
1'.'
t'on la Vie en
. ,
lepara
l,
. fils , mauvaIS
. clepoux, mau11- été mauvais
" C
toyen
angereux.
' a
mauvaIS
l , fUJet
& fi'
vaisMpere ~ fil'
l'a vû par tès folles
ba es
auvaIs s. on
'
cl 1'.
'
d'evorer le patrimoIne , ed' wn pere,
d' Œ tlO11S
f
t Ipa,
des procès 111 Ignes , atroubler fon ~~pos/ar, 11 llè par le fpeB:acle de
& humIlIer la viel e
fi ,
à fan honneur par
{èsIgertravers ~ & atten ter 'uême
,
d'infâmes, lib,elles. . ï ., refipeB:é dans [es fuMauvaIS cpoux, 1 n a . , 'd [, fi
'1 fi 'blefiè ni la fenfiblhte e a emreurs , ni a 0 1 ,
'fi été le tems de fa grofme il n'a pas meme re pe,
, - barbare
r. ffi" 1 [e faifoit une habitude, un Jeu
le e, l
, ,
cl fi pçons de menaces
',s de brude l'accabler d'InJures , e, o,u l
& de coups; il s'eft: porte a (es e~ce a ulace
talité & de jalo~f~e que la pl~;s ~1!~X p f~nilles
défavoueroit, qUl lont connNus
'"
II a per'1'.
t atteft:és par la otonete.,
,
&
qUl Ion
C· Il '
t donnee ,
fécuté la Compagne que le le ut ~V~l outraO"es ,
ar des excès en tout genre, par (e, fc . D
.
des diflàmations atr?ces. Il a profane la alIl teté
du mariage par des CrImes.
~ar
-•
•
101
, Mauvais p'ere : quel fort, quel avenir, préparoit- il à cet être innocent dont il ofe invoquer
les mânes, comme pour infulter encore à la douleur maternelle! des exemples funefres & humilians,
Une fortune ruinée, un nom avili & dégradé,
le malheur entier de deux familles: voilà les
bienfaits qu'il lui deftinoit.
Mauvais citoyen & fujet dangereux: toute fa
vie ne préfente qu'un tiilù de dettes baffiment
contraaées , d'enfjagemens oubliés & mépriJés , de
folies, de violences, de défordres accumulés. Il
a attenté à la propriété d'autrui; il a porté la
ruine & la défolation dans des familles étrangeres ; .
il a déchiré & diffamé des citoyens honnêtes. II
a été flétri par des décrets, par des procédures.
par des Sentences infamantes.
Voilà l'homme dont la Dame de Mirabeau
demande d' être féparée. Voilà l'homme qui ofe
, attefter le principe que l'honneur de deux époux
efl fllidaire, pour forcer fon époufe à partager
fon infam ie. Voilà l'homme qui, fous les yeux
même de la Juftice & au nom des Loix,
vient avec audace demander fa femme, la menacer même pendant procès de la" plus aufrere
clôture, & réclamer ce qu'il appelle fes droits
(J' epoux.
1
Ses droits! . Et quels droits peut donc avoir,
c;elui qui n'a jamais connu de devoirs, qui s'eft
joué de l'honneur ', de la bonne foi, de la, vertu?
qui n'a refpeété ni les liens de convention ~ ru
�rol,
r. a ou de la nature " & dont le
ux du lan
'r caraC4
ce fi1 connu/:) & tant de fois éprouve prClente
U11
tere
7
.
ble a' t0 ute. reumon
.Ir
r.
.
'b'
obftacle l11[unnonta
f1
d
l
J
uO"e
qUI
Oieroit
auez
al
Q ue l elL onc e b
Il
r . . 1.
d'UpOIe!
r r, du fort d'une ma r
leureule
VIC..
tralrement
',
,
ume
pOUt l a l'IV rer à Ull caraB:ere reroce qUI a:
7
menacé la [oClete .
d' Il d'
one
La D ame de.Mirabeau ne Olt·ee d
l 'pa~il .
fe promettre ave c confiance le ,[écours es OIX.
' dre que les Tnbunaux protegent
Peut-e il e Cl'am
1 d'
preŒon
e erep , l'abus d autonte,
1"
l 'cl
au ace, l'o
l'hoIlneur,
contre '
Innocence,
glemenc~ , con"re
L
M
f1
'
contre les mœur s publlques ? Les
" • aglurats qUI:
, t ga rautir la ffireté du mOllldre
citoyen,
cl OlVen
"
, ne
1
(e [ont - ils pas également engages a garantir a
1
,
r
10 1
•
'1
1
" 1
fiœnlle ?.
.
'
.
r'.
On la menace, pendant l'mftance en lepar~tlOn,
de la forcer à [ouffrir les regards & la pre[euce
d'un époux' dont elle dévore les manqu~lUens &
les outrages, de la réunir ~ême ~vec lUI, .ou de
l'en[evelir dans une retraite qlll ne ferolt ouverte qu'à [on perfécuteur ~ à fon tyran: Peut.
elle donc craindre que le }ugement meme .du
fonds en précéde l'infiruB:iOl1? Pe~t - e,lle cr~m
dre d'être condamnée, avant que d avoIr pu legaIemel1t être entendue &: jugée?
A
MARIGNANE DE MIRABEAU.
CONSULTATION
Vu
le i\1émoire ci - deftus.
LES S'OUSS'I GNÉS ESTIMENT qu~avant
d'examiner quels fo~t, ou quels peuvent. être les.
--droits de la Dam~ de Mirabeau, pendant l'inf_
tance en féparation, il faut pefer les principes,
les faits & les preuves qui doivent fix'er la dé-.
ci fion des Tribunaux fur la néceŒté même de la
féparation demandée.
.
Dans nos mœurs, no,us n'admettons pas le
divorce. Notre Jurifprudence a con[acré le principe de l'indifIàIubiIité du mariage.
» Mais les Loix, dit un Ecrivain de ce fiecIe,
» qui dirigent les aB:ions des hommes, ne chan» g.e nt pas leurs çœurs : en 'prbnonçant que deux
)) époux feruient liés<en[emble ju[qu'à la mort de
» l'un des deux, elles n'ont pû prévenir la né» 'ceŒté de rélâcher quelquefois ce lien, quoique
n fans le rompre, & d'écarter l'un de l'autre,
» 'deux êtres qu'une proximité immédia te rendoit.
n réciproquement malheureux. C'efi ce qu'on ap-
�rol,
r. a ou de la nature " & dont le
ux du lan
'r caraC4
ce fi1 connu/:) & tant de fois éprouve prClente
U11
tere
7
.
ble a' t0 ute. reumon
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obftacle l11[unnonta
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uO"e
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Q ue l elL onc e b
Il
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d'UpOIe!
r r, du fort d'une ma r
leureule
VIC..
tralrement
',
,
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pOUt l a l'IV rer à Ull caraB:ere reroce qUI a:
7
menacé la [oClete .
d' Il d'
one
La D ame de.Mirabeau ne Olt·ee d
l 'pa~il .
fe promettre ave c confiance le ,[écours es OIX.
' dre que les Tnbunaux protegent
Peut-e il e Cl'am
1 d'
preŒon
e erep , l'abus d autonte,
1"
l 'cl
au ace, l'o
l'hoIlneur,
contre '
Innocence,
glemenc~ , con"re
L
M
f1
'
contre les mœur s publlques ? Les
" • aglurats qUI:
, t ga rautir la ffireté du mOllldre
citoyen,
cl OlVen
"
, ne
1
(e [ont - ils pas également engages a garantir a
1
,
r
10 1
•
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1
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fiœnlle ?.
.
'
.
r'.
On la menace, pendant l'mftance en lepar~tlOn,
de la forcer à [ouffrir les regards & la pre[euce
d'un époux' dont elle dévore les manqu~lUens &
les outrages, de la réunir ~ême ~vec lUI, .ou de
l'en[evelir dans une retraite qlll ne ferolt ouverte qu'à [on perfécuteur ~ à fon tyran: Peut.
elle donc craindre que le }ugement meme .du
fonds en précéde l'infiruB:iOl1? Pe~t - e,lle cr~m
dre d'être condamnée, avant que d avoIr pu legaIemel1t être entendue &: jugée?
A
MARIGNANE DE MIRABEAU.
CONSULTATION
Vu
le i\1émoire ci - deftus.
LES S'OUSS'I GNÉS ESTIMENT qu~avant
d'examiner quels fo~t, ou quels peuvent. être les.
--droits de la Dam~ de Mirabeau, pendant l'inf_
tance en féparation, il faut pefer les principes,
les faits & les preuves qui doivent fix'er la dé-.
ci fion des Tribunaux fur la néceŒté même de la
féparation demandée.
.
Dans nos mœurs, no,us n'admettons pas le
divorce. Notre Jurifprudence a con[acré le principe de l'indifIàIubiIité du mariage.
» Mais les Loix, dit un Ecrivain de ce fiecIe,
» qui dirigent les aB:ions des hommes, ne chan» g.e nt pas leurs çœurs : en 'prbnonçant que deux
)) époux feruient liés<en[emble ju[qu'à la mort de
» l'un des deux, elles n'ont pû prévenir la né» 'ceŒté de rélâcher quelquefois ce lien, quoique
n fans le rompre, & d'écarter l'un de l'autre,
» 'deux êtres qu'une proximité immédia te rendoit.
n réciproquement malheureux. C'efi ce qu'on ap-
�104
" pelle réparation de corps. C'eH un moyen de
») concilier à la fois la rigueur du précepte 8(
» l'indulgence due à la foiblefiè humaine. C'eft
» un demi bienfait qui épargne au moins à la
)~ {aciéré , des fcandales , & aux époux, des tour:.
» mens. ))
Aucune Loi précife n'a determiné les caufes. de'
réparation.
Nous fçavons feulement que la dignité du
mariage) la tranquillité des familles & les bonnes
mœurs ne comportent pa& qu'une féparation
foit prononcée fans caufes ou même fans canfes
graves.
, Quand il s'agit enfuite de raifonner fur une
hypothefe donnée,. on difcute les circonfiances &
les faits artic;ulés' ;' on combine ces faits avec la
qualité des p:erfonnes i on ' cherche & on indique.
les réfulrats; on fe décide fur.l'enfemble de toutes
chofes.
Dire en général qu'une féparation ne peut~
être demandée qué pour fiviees & mauvais rraitemens , c'efi ne rien dire du tour. Sous les mots,
flviees & mauvais traitemens, on comprend in··
définiment tout ce qui peut juflifier la répugna;;u;e invincible d'une femme à rentrer dans le
lit conjugd.
'
Il efi- ges faits qui font de nature à attaquer
l;exi.fience phyfique. 1,1 en ea: d'autres qui camprpmettent l'exillence. ' morale. Tous font ou,
peuvent.
r05
peuvent être matiere à féparation s'l'ls r:ont g ,
J1.'
,Il
raves
·
& blen
conllates.
» Il faut filÏvant le Droit Canonique, dit La» combe, (I) que les févices & mauvais trai» temens , pour
opérer la féparation de corps,
,
~) ayent ete capables de faire crail1drepour la
» VIe de la. fel~me " & qu'ils ayel1t mis fa vie en
)) danger; malS fllvant nos mœurs cela ':fi
» pas, requis, il./ùflù que les faits foi;nt gra~e:
» qu'ds
& z'zfi'
,on rendent
' la .'vie infùpportable
/~
n nzment'
)) tn),e & difgracleufe. »
Cet Auteur ajoute qu,'il faut m'air égard aux
perfonnes
, & que ce qUi ne J.Îerolt pas un moyen
d ('/'
e J eparatzon entre gens du commun
'entre
f per
ionnes d'une cOl1diez'on ' plen peut
fierVlr
us re1evee.
)! Entre, perfonnes d'une condition difi:inguée
» dlt COChlll, (2)
on n'exige pas q ue l es VlQ"
,
)) l ences du man ayent été portées ]'llfcqll'à fi _
» per fi fi
l ' ,
rap
a emme; es lllJures atroces, les procédés
» durs ~ barbares, les menaces, les OlJ,traaes
» ont toujours été des motifs filflifants pour fé» parer une ,femme qui n'e{t pas née pour ianguir
» dans un etat fi cruel. . . . . .
.
» La qualité des perfonnes , continue le même
» Auteur, efi une clrconfiance importante, parce
1
(r:)J
,patieres Civiles 'au mot SéparatiPn, part.
omo 4. pag. 1°9. & II 1.
o
1.
1,).9__
�'106
)') 'que dans -des p-erfonnes ~ans education, On ,d~it
)} attendre moins d'attentIOn de la part -du man,
Oins de fenGbilité de la part de la femme.
,» m
, d' '1
l
» On tolére donc bien plutot e .' eUT part que.
ortemens ' ' 1
'f'tueIques
vIOlences,
n ques em P ,
ft
cl'
d'quel.
,
) ques excès, mais entre per onn~s " u&11e dCOl1h' ~.tlOn
bie les preuves de meprlS 1 ef taIne,
» honora,
'
)} les infultes , les injures atroces ~ a 1 p~: 'ecu·
H tion habituellè fu$fent pour operer a lepa.ra..
» tlOn. »
.
. .
Argou, (a) attelle pare1'l1eme~~ le prInCIpe,
qu'il faut apprécier la n~t~re & l Importance des
.r 'ts etl épaid à la qua lue des perfonnes, & que
laI,
0
d fil
.
,
ce qui ne fera pas une calife eh .,r:f.aratiJJLO? l'm·
fonnabie entre des peTfonne'S de • ajJ e 7141 , ~nce ,
pourra l'être e{1tre des perfonnes dune qua Ille plus
r-élevée.
,
De-là Pothier (h) obferve: qu'o~ per-tt dire en
général qu'on doit ftparer d'habitatlO,n une f~mn:,e
torfqu'ell~ a confidérabl;men~ à (al/if:zr ~ 'qUOiqU Il
ne foit pas faCIle d~ determmer le degre '~e ce qU,e
la fem!11 e doit a~oir à fluff,rir pour 'qu'd :JI ~zt
lieu à la [éparatIon, nt d applzquer -ce p-rwczpe
aux différenTes citconftarrc;s d~ns lefqueUes (e
donnent les dem'Qlfdes en [eparatzon.
•
(a) Infiit. au Droit François. tom. 2. liv. 3. chap.
ç~g. Q..16 ~ fuü,v~
20.
•
( b) Traité du contr.at de m~ciage,
chap. 3. ~t. I. §. I. pag. 179.
tOl1il.
'2. -Pait.t•. 6.
1°7
Ce ferait doncméconnoître évidemnaent la figl1Îfication légale des mots jévices & ma.uYals tmitemens que de lrmiter cette fignificat!(:>n aux coups
ou aux voyes de fait d-ire8eluent dirigées Contre
l'exiilence phyfique de la perfonne qui [e_plaint.
Le vrai principe de la matiere eft ql!l'il faut
péfer chaque hypothefe, que ce ne font pas précifément tels faits déterminés qui peuvent [euls
opérer une féparation, mais que c'eil toujours à
f équité & à la prudence du Juge à prononcer
convenable~nent ,dans chaque cas particulier, feloIl'
les circonilances ,- & les perfolli1eS , fur les faits
préfentés comme caufes de féparation.
Il en eil des (eparations entre conjoints" comme
de tous les objets qui tiennent principalement ~ux
mœurs. Il efi impoaIble que de pareils objets, [oienr
précifément réglés par des Loix. Elles ne pourroient
entrer dans des détails qui compromettroient leur
augufie fimplicité. Elles ne pourroient marquer
des nuances qui fOllt différentes dans chaque con.
dition. Elles ne powrroient enchaîner, fous des
points de Vue fixes & généraux, des circonfi:ances
qui ne font jamais les mêmes & qui varient dans
chaque hypothefe particuliere. Il a- donc faUü
abandonner tous ces objets à la fagenè & à la
jufrice des Tribunaux.
On fe tromperoit pourtant " fi on alloit croire'
q:ue la matiere des réparations eil -purement ar-bitraire. Rien ne doit l'être dans tout ce qui in. '
téreŒe le bon ordre & l'honnêteté publique. A
02
�108
défaut de loix J nous avons des ,OpInIOnS autoriLees, des exem'ples reçus, des deCIfio?s refpeéh.
bles, des regles cO!lfacr~es par la J unfp~·udence ,
des principes avoués 9Ul ont f~rce . de 10 IX.
L'objet des féparatIOns ~ft IIlcon:efta?lement J
comme nous Favons obferve, de prevel11r le malheur de celui des deux ép~~x qui fouffre. ~ qui
fe plaint. Des raifons pol,ltIques ou. rehgleuf~s
ont pu faire ordonner qu~ 1 Union conJ~ga l~ fe~Oit
indiilûluble. Mais le drOit naturel, qUi veille a la
con[ervatioll de tout être fenfible, & que les loix
politiques, religieufes & civil~s ?e ~euvent jamais entierement étouffer, a faIt etabhr, pour le
foulagement de deux époux malheureux l'un par
l'autre, une forte de divorce fi éhf qui allége le
lien du mariage, ·quand les circonftances r endent
ce lien encore plus infupportable qu'il n'eft folide.
D'où il réfulte évidemment que toute queftion
de ftparation emre conjoints, eft une véritable quef.
tion de mœurs, qui peut influer fur l'état civil des
perfonnes, mais qui eft principalement fubor:c1onnée à leur bonheur moral. Conféquemment, en pareille matiere, le vrai principe de c1écifion eft
dans le cœur des gens de bien , dans la fenfibilité
bien ordonnée . des hommes juftes & raifonnables,
dans cette eftimation commune qui ne trompe pas
& qui ne peùt tromper, qui préfente la plus fûre,
la plus impartiale de toutes les regles, & qui eft
comme le réfultat indélibéré de. ce que chacun
éprouve, quand on met fous.. fes yeux le malheur
,
1°9
•
ou la trifte fituation de fon ~mblable. Le Magiftrat à cet égard n'eft que l'interprête des affèétions ou de la fenfibilité générale. Il eft, au nom
de la loi, l'organe refpeétable de l'honneur, de
la délicatelfe & de l'humanité.
C'eft ce qui a fait dire à nos meilleurs Auteurs,
donc nous avons déja rapporté les doétrines , que
lorfqu'il s'agit de prononcer fur une dem ande en
féparation J il faut elIèntiellement ex miner les faits
qui fervent de bafe à cette demande, & . fur-tout
QI/oir égard à la condition des parties, parce que
chaque condition a des principes qui peuvent modiner diverfement la maniere de voir & de fentir,
& tout ce qui contribue au bonheur ou au malheur de la vie.
Ainfi pour nous r'éfumer fur les principes June
féparation llepeut être ordonnée fans caufes &
fans caufes importantes. Mais ces caufes ne font
exclufivement & par forme de limitation, déterminées pa.r aucune loi. Elles peuvent fe diverfiner à l'innni, comme les pallions même qui le,
produifent. Il fuffit, fous quelque forme qu'elles
fe foient manifeftées, que rélativement à l'état des
perfOll11eS & à toutes les circonfiances, le M agiltrat fage, honnête & fenfible, puilIè fe croire
autorifé à venir au fecours de l'époux qui réclame
fon autorité.
Cela pofé, parcourons les faits principaux de
la caufè.
La Dame de Mirâbeau fe plaint d'une diffama-
�III
IIO
tian cruelle; & elle produit e.~ preuve de cette
diffamation, un Mémoire publie {?us le .n~m &.
pour la défen{e de fan lliJa:ri contre 11nt~l'"d}éhon de
biens qui avait été prononcée contre ltu. Elle pro-,
duit encore pluiieurs lettres de {0~1 beau-pere, d;{quelles il réfulre que le.s cal~l~n!eS ;", renfermees
dans le Mémoire, aVOlent ete 1l1ferees dans· des
plaintes manufcrites adreBees au Minifue par Mr.
de Mirabeau~
Quoi . de plus grave qu'un pareil fait ?
M. de Mirabeau répond: rai défavoué dans,
mes lettres à mon beau-pere, à ma femme tOIlS Mé.
moires dont elle aurait à (c pfaidre, comme indignes de moi, comme ~njurieux .p~,ur moi; (a) C~
défaveu eft rejIé ,fa:zs repon/:: 7' 1:"5 ) ,en. devo:s c~n
dure que ma famd[e adoptive en elOU .(au.sfà.zte.
J 'ajoure quant aux lettres q.udc~nqlles qlle ) al p.lI
écrire aux gens en place, & qu on attefle, que Je
n'en dois aucun compte, (oit parce. que des lettres
mi[Jives font fous la garde de la. foi pub! ique ,
fait pa r.ee que tles plaintes m~me, mais dépof!es
dans le foin... des Miniflres du Roi " ne fçaurolent
pajJer pour des diffamations.
Mais que ferait-ce donc qu'un' défaveu. fecret
auprès d'une calomnie publique ?
Un MémoiFe diffamant était difiribué dans la
fo ciété, il était répandu dans tout le Royaume & .
même dans les Pays étrangers, & on {e contentait de le dé{avouer dans des lettres écrites à la
fa~ille que ce Mémoire outrageait! & on ne faifaIt aucune démarche publique & légale pour arrêter la diffamation! & on laifIait le poiron de la
calomnie {e diltribuer & fe répandre par-tout! &
on ne travaillait point à détromper le public la
fociété!
'
Le défaveu, ajoute-t-on, a demeuré fans réponfe; d'où l'on devait . condure que la famille
en était {atisfaite.
?n ,eut bien .mieux ,~ait d'en conclure qu'elle
ne 1 etaIt pas. SI le deiaveu a demeuré [ans réponfe, c'efi qu'il ne préfentoit qu'un aél:e {ans
effet; qu'y avait-il donc à répondre à Ull dé{aveu
{ecret qui laiifoit {ubiifrer toute la publicité de
l'outrage?
Un mari n'efi-il pas le protetteur -' le défenfeur né de {a femme? ne doit-il pas par deyoir .&
par état venger l'injure qui lui efi faite? S'il
diiIimule cette injUl'e, il la partage. Les lou tonnent, contre un époux qui ne s'arme pas de toutes
{es forces & de toute fa puiifance po.ur protéger
ou pour ,"enger la compagne .que la Providence
lui a donnée. Elles le punifiènt, par la perte de
la dot, d'un lâche iilence : ei qui mortem lIxoris
Mn .deffer.zdit., lU indigno dosattfertur. (a) .
•
(a) Page
•
•
22
du Plaidoyer.,
(a) Leg.
20.
ff. de his qua: ut indignis.
�Il2
rq
fi vrai
qui
Ce texte, 1'1 e
, ne parle qu'e' du
r .mariM'
, pour fiU1VI
' , la mort de fon epoule.
aIS
n'a pOInt
U'
, ne dOlment -elles pas également
a\..LlOn au
les 10IX
c
'c dre l'honneur
de la lemme,
pour
man, pour deren
"
l '
'Il
'r.
éputation bien toujours p us pre.
vel er a la r
'"
7 ( )
,
elle que la Vie meme. a
CleuLX pour, ' I l il pas même le premier offenfé
e man n eH, fi '1
dans la perfonne de Jà femme, (b) ? e -1 pas ,apllxons ?
pe Il e' par l e droit arbuer
' (amœ,
.
, r.Vindex
' fl'
a la pUluance , ne
N e renonce- t - il pas IUl-meme
.
" ' 1 ' li
cl
'1
s
toute
communaute,
s
1 neg ge
rompt-l pa
cl r.
l"
&e
Ite ,
remp 1·lI' un devoir inféparable de la
1 qua
r. " ,
qUl' d"enve de l'efiènce même e a lOclete coujugale?
"
. Le Mémoire public, qu on ne défavouoit ,qu,e
fecretement, fe trouve foutenu par des lettr~s ecn tes à des hommes en place qu'on ne defavoue
• e pas. Je ne dois aucun compte de ces lettres
mem
:rr. ,
dit M. de Mirabeau, parce que des lettres mZJJt-
à des hommes en place ne font pas une diffama":
ves font fous la garde de la foi publique ~ ''par ce
que des plaintes même dépoJé.es dans le few. des
M iniftres du Roi, ne /faurolent paffer pour des
diffamations.
, .
Eh! quoi? des lettres ou des plaintes portees
(a) Lacombe, Matieres criminelles ,pag. 160. Serp. ,
Code criminel, tom. 1. pag. 37 ~.
(h) Brillon, au mot injures a. femmes & à filles.
des
,
•
tion? Quelle plus cruelle & plus dangéreufe diffamation que celle qui tend à perdre une femme,
un citoyen quelconque, dans l'opinion de ,ceux qui
font à la tête du Gouvernement, dans l'opinion
du Souverain lui-même! des lettres adreifées aux
Minifires , donnent aétion en Jufiice à ceux
qu'elles offenfent. Elles autorifent la réclamation
aupn~s des Tribunaux. Combien de procédures
criminelles confirmées par des Arrêts de la Cour,
prifes à la Requête de ceU2\: qui fe trouvoient
injuriés dans de pareilles lettres?
Peut-on d'ailleurs regarder comme pieces fé, cretes, des lettres qui ont été divulguées, des
lettres qui ont fervi de matériaux à un Mémoire
public, des lettres qui auroient été il la difpofi _.
tion du tiers., des lettres qu'une main indi[èrete
pouvoit fi facilement rendre publiques?
. En elles-mêmes, les calomnies .dent la Dame
de Mirabeau fe plaint, font affreufes. Elles font
aggravées par des réticences atroces.
Ici je me rappelle que j'ai dû VOlIS parler de
Madame de Mirabeau, & lin refte de fènfibilùé ;
peut-être bien placé, m'a fait éloigner ce moment
autant que je 1'ai pu . ...•. Hélas! Monfieur,
elle eft la mere de mon fils, il eft des chofes
que je dépoferois dans votre fein , il eft des
chofes que je ne craindrois pas de dire à VOllS., pere
des citoyens & le plus vertueux de mes compatriotes: mais qu'oferais-je écrire? Ce qu'efface-
p
�,-
Il4
-
.
, "
-- cl l honte & aù rléfèfpOlr. ... :
. -'
i:oient
les n(lI~mes
e a 'v Jf;rerie"'l vOlis-même
d'at_
'
,
leur VOlIS en
•
_ .
:Ahd. ;m
Mo tflnt &' de puze
" , Z VOlIS connoij]ie'{ toUte
.
urt rI» - e m e .
Celle qUl me
1
l'étendue de mon m!0&rw :<1·vie·.:::: ••. . Ne peut
1
d .
1 lIII' a d'eolt W..l I .l', .honneur. ue mon peree
rien pOCl~ mal , PP:ifJe~l-il la défendre al!!Ji des
"endu . ...•. " .
dl h'
J'
,
. [ dOIvent t:C lrer . ....•
remords 'Juz ailleurs' Mail beau'pere . ....•
'.
.
O ft encore a
n. l[ oh:ie trop pour lw plonger un POIAh! Je e r Pec. ,
Mais
je diJois lin
gnard dans , rifpeae'{ {ecrets
mot . . '.' " . •
ue vous ne connoiffe'{ que
domeft.lqdues d& Cf;;alheurs. Mon beau - pere eft
le mOin re e me .
.z t:. d '
~,fi
pas
par
moi
qU'l
jera
etrompe.
tromn é Ce· n eJ >
II
_ .
r
.
perte
à
rwe
te
e
extremlte;'
Je pré'lèl erOtS ma
. que
:J'
lIlT d
aH
lYla
ame de Mirabeau 0 e pamure,
l .
m , lie prbPére lme plaime, que cette /lP aznte me
'J'
ft:.,(J. prete
qu e
[Oit communiquée , m~ reponje eJ> . " . as
Rapporter de pareilles horreurs , n dr-ce p
. prouve, qu'ell..,s
offrent
aVOlr
'"
. le plus cruel de tou.s
f'J'
, & le plus ternble de tous les mauvais
l es leVIces
fi
1~1F'M;s' j~!!;es
Ze~
1
l
>fi-
'
1
1
tràitemens ?
.
<1'e:;
On n'~ jamais douté en drolt q,ue la. 1 a~l~~
tion ne foit un moyen légal de [eparatlOn.
.
concompro'met l' honneur, la reputatlO.
7'l ~ cette J uriffidéraliotn fiâr-enfe (ans Zaq'œlle, dirent .}e.s. &
tOl1[ultes une fie'mme 110 n n êee ne petit
. VlVI e , 1 l.
dom Za p~rte ~fl ~enfl.e ,lui ren~r~ lI'ljùppenave
. à jamais, ie nlnn quz l en a pn ;ree.
1
•
Il)
hrutalit~ fanguinaire qui Compromet la
» vie, di[oit un défen[eur célébre, on ~ joint
» A la
) la groŒéreté injurieufe qui attaque l'honneur;
» on a jugé que dans les Cla1fes élevée~ de la
» fociété, ce fentiment délicat qui parQit en être
» l'ame, devoit fuivre les mêmes Loix que le foin '
» de la confervation qui anime lX vivifie les
» autres; On a pen[é qu'un mari capable, dans
» un certain rang, de flétrir la gloire de fa com_
» pagne, l'auroit été dans un rang plus vil,
» d'en attaquer les jours & qu'il méritoit par
» con[équent d'encourir le même chatiment. n
Le langage des Jurifconfultes efi uniforme fur
1)
cet objet. » Un mari, dit M. TerraiIon
» ne mérite pas de demeurer avec une femme
» qu'il a déshonorée. II s'exclut lui-même de fa
» compagnie, en attaquant fon honneur, parce
» qu'une femme n'ayant rien de plus cher que
» la réputation, c' eil: l'attaquer par l'endroit le
}' plus fenfible que de vQUloir rendre fa vertu
» fufpeéte. »
,e
Le même Orateur, qui dévéloppoit ces principes pour une femme qui [e plaignait des outrages
de fon mari & qui obtint g,ün -de .caufe, ajoutoit: » Quelle é!utre réparation une femme peut-:» elle efpérer contre fon marÏ, què d'en être
» féparée ? Elle feroit très-certainement en droit
» de pour[uivre par la voie extraordinaire, un
(1) Pap.
29') •
p z
•
�Ii6
» étranO'er qui lui aurait fait une tèlle' i;lfttlte.
s bienféances du mariage ne permettent pas
» Le
, . Il
.
urfuivre ' Un mari cnlllllle eme~t; malS
po
d
» e
'r.
& a\ q~elle
» du moins l'aétion civile eft permae ;
» fin le ferait-elle ~ fi ce n'eftpour parvel11r à
» la féparation ? 1) ,
,
Les mêmes prinCIpes furent atteftes par M.
(1) dans une caufe Oll
la femme
d 'Ao'bUefreau
IH
,
.
"..
de nandoit d'être féparée pour aVOIr ete InJufieel t accufée par fan mari. » Pourra~t-0fi refufer
111 n
. , r. Ir.
d'
.
)) à une femme accufee lauuement . un cnme
» capital, diroit ce grand Magifirat? la jd~fie
)) ratisfaétion de re réparer pour tolllours .un
)) mari qllÎ a voulu la déshonorer par tl.ne ca» lomnie atroce ' ? L'obligera-t-on à 'foutel11r pen» dant toute fa vie , la . vue & la: préfence de fon
» accufateur? Et les expofera-t-on l'un & l'autre
» à toutes les ftlÎtes funefies d'une fociété maIn heureufe qui ferait le fupplice de l'innocent
» encore plus que du coupable? »
A la vérité, la Dame de Mirabeau ne fe plaint
point d'une accufatio? p'o~tée contr' eI~e en J 1I~
tice. Mais elle fe pla1l1t dune accufatlOn portee
aux Minifire~ dû Roi; elle fe plaint d'une diffa- .
·mation publique & conféquemment d'un aéte bien
plus illégal, bien plus üljufie, bi~n p~us, ~ruel
que ne pourrait l'être une accufatlOn Jundlque
•
(1) Tom. 3. plaidoyer 34. pag. 178•
•
II7
qui du moins laiiIè toujours les Loix entre l'accufateur & l'accufé.
, Mais 'qu'a-t-on befoin d'invoquer des textes '
& des doéhines pour établir que la diffamation
contre la femme eft un moyen de féparation ? tJ ne
femme pourrait-elle fans fe compromettre & fans .
s'avüi~ elle-même, rejoindre un mari qui la calomnie & qui la déshonore ?
. Le mariage dans l'homme eft bien moins l'union des cO/ps que celle des eJPrits & des cœllrs~
(1) C'(ft de l'accord des volontés, c'eft de l'honneur, c'eft de l'affe8:ioll maritale, que ce contrat tire toute fa force & .toute fa dignité,
trimonÎum facil deflinatio animi, quam mox fequùur IlOnor & maritalis affeaio. Ce ne font
point les cérémonies, ou les conventions écrites,
c'eft la foi qui fait le !nariage ; & la compagne
qu'un homme s'aiIocie, a des droits facrés à
l'attachement, au refpeét, à tous les fentimens
honnêtes de celui qu'elle . confent d'avoir pour
époux, honore pleno uxor diligùur. (2) La qualité d'époufe eft fi honorable, fi fainte, fi reverée par les Loix, que, fuivant leurs expreiIions ,
ce n'eft point la volupté, màis la vertu, mais
l'honneur même qui fait appeller une femme de
ma-
( 1) Raviot fur Perier ,Arrêts notables, tom.
pag. 92.
( 2) Cujas ad leg. J'l. 1f. de donationious.
1•
�118
noIn uxoris nO/pen, honoris non volaplatis
ce'men Donc tout attentat à l'honneur de la femnu
.
.
h ' '1
eft une violation des drOlts attac es a . a
me ,
'1 F:'
, & '
qualité d'épou,fe , . un attentat a a lamtete
a
la dignité du manage, un renverfelUent abfolu de
l'ordre & de l'e!lènce même des chofes.
Faut-il raifonner dans l'hypothefe où l'on ne '
rencontreroit pas les caraaeres d'une diffamation
publique? On n'en fera pas plu~ a~ancé. ~~1 mari
eft comptable à fa femme de lopl.non qu Il manifelle fur elle. De quelque mamere que cette
opinion f?it connue, & fous quelque forme .qu'elle
fe produire au dehors , dans des lettres mlilives ,
dans des confidences fécretes à des tiers , ou autrement, elle n'en fait pas moins une plaie profonde dans rame de l'époufe qu'elle jette dans la
plus trifte méfiance & dans la plus affreufe humiliation. Comment cette époufe pourroit - elle
déformais foutenir la préfence d'un Mari qui
la méfellime , & qui n'a pas craint de le déclarer?
Sans doute la diffamation eft un crime qui
ble!lè la Police & le bon ordre. Maison n'auroit pas befoin d' n crime aufii atroce pour faire
prononcer une féparation. Car on ne juge pas
des caufes de fépar'a tion entre COTljoincs par le
l'apport que ces caufes peuvent avoir avec l'ordre
général de la fociété, mais par celui qu'elles ont
avec le . bonheur ou avec le malheur particulier
des époux ~ ce n'eft point pour l'exemple ni pour
CI 19-
.
l'é~ification du rublic que l'on féparé deUx époux
qUl ne peuvent VIvre enfemb1e; c'efi: pour les fouf;
~rai~e au~ ~angers d'une cohabitation forcée, que la
)uftlce relache les nœuds de l'union. conjug;Û e .
» La Loi de ~race.' ~it. Bafnage, (1) ayant
) rendu le manage ll1dliloluble parmi les Chré» tiens & la licence du divorce étant abolie
) il était jufte de donner quelque fécours au~
n femmes malheureufes & de les délivrer en quel~
» que forte de la captivité de leurs maris, lorf» que leur mauvaife conduite ', leur violence, ou
» leur humeur fâcheufe - & bifarre rendaient leur
» c,onditio? mi[é~able -, &; c'eft. pll,. ce motif que
» l on (.l Introdull les feparatwns de corps & de
» biens. »
C'eft donc l'intérêt des époux qu'il faut confuIter, c'eft leur fituation perfonnelle, c'eft leur
condition plus ou moins malheureufe.
' ~n outrage n'auroit pas été j~fqu'à la diffamatlOn. On n'auroit pas eu intention, fi l'on veut.
de le rendre public. II le ferait devenu par hafard, ~ar l'indifcrétion d~un tiers, par quelquç
.autre clrconijance. Qu'importe? En aurait - il
moins déchiré l'ame & le cœur d'une femme verrueufe & honnête? En aurait-il moins eu l'effet
.de révéler à cette femme, l'injufte & crueHe opinion de fan mari , .cd' établir entre les deux époux
-des rapports conftans de méf.i.ance, de haine , de
(1) Coutume de N<ormandie tom. 2. pag. 93.
�•
12.0
mépris & d'infociabilité, cOllféq ue t?h1ent d'élever
entr'eux un mur éternel de féparatiOn ?
Indépendamment des calomnies débitées à .des
tiers ou rendues publiques, la Dame de MIrabeau fe pl~in~ enco:e, de pl~?eu~s lettres, Outrageantes qUI lUI ont ete adreiIees a ell~-meme par
fon mari. On lit dans une de ces, lettres: VOl/~
êtes un monftre. JIous ave:r montre mes lettres a
mon pere. Je .ne lieux pas ~ous per~re, JI & je
le devrais. MalS mon cœur fazgne de lzdee de facrifier ce qu'il a tant aimé. Mais je ne veux plus
être & ne ferai plus votre dupe. Traîne:r. 'Yotre
opprobre où v~us ~~udre:r. Portq plus lom que
vous n'ave:r [au, s d , eft po./fible, votre perfide
duplicité. A dieu 'pour jamais.
,."
En faudroit-il davantage pour autonfer une
femme à demander d'être féparée?
Des faits capables d'aliéner les efprits & les
caraéteres , de fimples procédés injurieux, ,des actes de mépris afièz marqués pour agir fortement
filr ui! cœUr noble & fenfible, font en général des
,motifs légitimes de féparation entre perfonnes d'un
état honorable.
)) Ce qui pour les gens du peuple, difoient les
1) défenfeurs d'une femme dont la réclamation fut
» accueillie par la Cour Souveraine de Nancy,
» (1) ne feroit pas la plus légere caufe de fé(r) Journal des -caure Célébres, tom. 6; pag. 2~9.
)) paratlOn ,
•
121
)} paration, peut en· fournIr ùné raifon férieufè
» ci des citoyens d'une naiffatlce plus relevée. Les
)) uns, nés dans la baflèlIè, ont contraété des
» mœurs, un genre de vie, conformes à leur
» état. Accoutumés dès l'enfance ci un langage grof-.
» fier ,. les propos les plus c>tltrageans les trou» ven~ prefque ll1fe~lfibles. Les emportemens d;uft
» man brutal ne lalffent aucunes traces de reffen.
.) timent dans le cœur d'une femme;' & le calme le
t> plus profond fuccéde toujours à ces orages paf" fagers. Les autres au contraire élevés avec
» te~?refiè & douceur au fein de l'o~ulence, fOl'lt
'» ddrcats & fenfibles. Pour eux, rien n'dl inno» cent; un gefte, un ré~ard ~ font des Outrages.
» Souvent un mot feul s unpnme & fe perpéwe
» dans ,I.e urs pen[ée~. Ce font moins les paroles
» que IIntentlOn qlq les offenfe; & les, difcours
) en apparence les I?o,ins outrage ans , ont' pou;
» ,leur cœur". des. p01l1tes. déchirantes; elles y hif» (ent ,des Gicatnces <JUl. ne fe ferment jamais:.
» De-la ces longs refientimens, ces haines irrê ...
)) conciliables qui plus d'une fois c1ht rendu la
» fociété de deux époux infupportable, & leu~
» féparation néceffain~.
., "
. Pothier, (a) rapporte un Arrêt qui prononç~
llne féparation, pour fimple mépris témoigné à là.
•
.-
(a) Traité du contrat' d~ ma'riage, tom ~
1. §. 1 . pag. 181.,
3· art.
2.
part. 6. c h.,
..
Q
�•
'lU.
fufeinê'. " L'efpece [e préfenta,. dit-il,. il" Y a en.
)) viron une vingtaine 'd'années, d~ns ,un~ caufe
» fur une demande en féparation d habltatl.on que
» la femme d'un Tré[orier de Franc~ aVOlt don» née contre [on mari: le mari n'avolt p~s fr~ppé
.» [a femme ni tenté de la frapper; malS des la
» premiere ~nnée de leur m,ar,ia~e ~ pe,ndant ~ou
» tes celles qui avoient fmvI, Il, n ,avolt ceile de
» lui témoigner le plus grand mepnl\ da,ns ;outes
» les occauons devant les perfonnes .qUI freque?
» toient la maiîon, devant les domeihques & me.
» me devant leurs enfans communs, que le pere
)) excitoit à fe mocquer de leur mere. La preuve
» de ces faits avant été faite par l'enquête de la
» femme intervi~t Sentenèe du Baillage d'Orleans,.
» qui le: fépara d'habitatfon; & ce.tte Sentel:ce
» a été depuis,. confirmee par Arret contradlc.
» toire. l,)
On remarquera que, dans cette hypothefe, il
,n'y avoit ni lettres injurieu[es,. ni calomnies quî
pufiènt compromettre l'honneur de la femlbe.
Tout k monde connoit le célébre Arrêt du
Padement de Paris, rendu le 1er. Mars 1664,
contre le ueur Marquis !Jeffi.at en faveur de la
Dame !Jeffiat. n Sur' une Requête verbale,. la
) féparation de corps & de biens fut ordonnée
)) par cet Arrêt...... dans le fait, le Marquis
» . Beffiat ayant quelque tems' aptè"s finnila"riage, •
» témoigné grande,. aver60n pour la . !Jarne [~
li femme, s'étoit retiré en ~lwer~n~, d'où il lUI
,
.
» écrivoit qu'eUe eut cl fortir de la maif6n &
'il
\ l'
,.
" qu ,ne y trouva , pas lor[qu'il demeuroit à
» Pans ~ qu'elle n'étoit point fa femme, qu'il en'
» vouloit ~tre fép~ré . pour toujours.. La femme
» demandolt permIiIion d'informer,. cette lettre.
)) & aut~es de femblahle thle,,- tinrent lieu d'in.'
» formatloh. l) (a)
.
Nous pourrions citer encqre les Arrêts de 1621,.
16,27 ~ 1644, rendus en faveur des Dames de.
MIrepoIx, de ~ofny '& de ·Qu'efnél,. & lors defquels les. Mag,iftrats penferèm avec raiJOn qu'oru
ne pOUVOit oblzg:r u,!e,fomme diJli n8 uée à :demt;u.,
Ter avec ,un man :quz loutrageou. Cb)
Et qUI pourraIt, dout~r, en effet que des outrages, qes provocatIOns IhJurieufes des r.oupço
fI'·ffi
.
'
'J.l
ns
~t~l ans, annonces' & répétés. dans des. lettres;
m.lfilVes , perp~tués dans une correfpondance affllgeante, ne fOlent aux yeUx de toutes les Loi
~ de, ~ous les , Tribunaux, des caufes ' valables d~
~ep~ratIOn ! fi. Jo.cius , . ,dit ~a . Loi, (c) ira. fit. i.n-.
,~lrlOJ!,s ut non expedlat eum pàti, renunciatur /0czetatr. F evret, (d) raifonnant [ur cette Loi qui
ne frappe
que fur
une ftmple fociétécontraétée.
'
,
pou,r n~goce . , aJoute: }) Cela dait bien lavoir
l' , heu a plus forte t:aI[on .au mariag~'1 »
': -.
n,,~
,
•
(a) Brillon., ÂI,j.X fllotAS4par..atiofJ d. .crJ.r.U2.ints
(b) Journal des Caufes Célébres, tom. 17' pag.
(c) Leg. 14' ff. pro [ocio.
Cd) Traité de l'Abus J) tom.
pag: S.2.8~ coL
I:
Q
'1;.
JI: ' .
'l.;. .
•
•
�•
'124 ·
•
•
; " SerD1t~i1 prùdfht, ' feiDi~~il fag~ ,. fer-oit'·il :~u!ie ,:
, " :Ql"daruier:: une f~naratIQtl: , cl at~ndt:e que des .
pOUl'
r'"
'al fi'
cl
paroles ' ménaçante.s ,eufiènt , ete re 1 ees par , es
1:'. •
'& q'ue des 1DJure.s graves, atroces, eufient
raits,
'/l.
& l fi d
été fuivies 'd~ fceues ,plus tnf~es
p us can à ..
leufes? La .j.uftice .au èontraire n'eJt-ell.~ pas ita ...
blie pour prévenil' ces défordr~s 'hpot~r ~e.~~:e U&ll
frein aux pâffions, '& pour en arreter es al les:
les excès ?
'
,
"
"
.
, 1) LOllfqüe l'aliémi~i~n des ' caraéteres ~ 'dlt, }~au ...
" teur ,du traité des lOJures,' 'Ca) eil: ~arqu~e ~U'
)) point.de. .ne po'ùvoit oblIger ,deux epoux a VIn vre en[emt(le. , -.f~s ~es exp?Fer à t~us ,les dan» 'gers d\me !SOh~blt~t!On ,fQTce.e , ,la Julhee alors
n, nerp'eut ~ue::e;s ernp~cp.e!· ~cle rel.ichAe; ies, !1~ucls!
l~ ,de 'leUr , unrdn,.'llan.r ie dQute memt ,,\1 d Y a '
)} ahfoiummt lieu à une féparàtion , le piUf pru») dent 'eft de la 'permettre: fouvent un Intervalle
» efl: propre à récohcilier les', ,Qœurs ,& les, e[•\
.
•
r
n pnl!s. l)
"""". •
. 1
•
Cet ' Auteur lavoit l déja dit précédeminent, (b)
que les injures atroces, les calomr:it:s & (lutres
exces" font des moyens de fép.aratlon, .fur-cout
quand hs faits: & les prapos jÙTrJ.t ~affè({ 'gp'p;ves pour
rendre infuppgriab.le n unelfimme. la TJ6<;ef1ùé-d' habù~r I1V,Ç folI· mari J & q~lu{es .récidives fréquentes ,
!ullùluent
une férocité de caraaere od une 'haine
donc ,le~ effets dégénerent en perflc;u:ion confiante
~.. .!lIlVle.
.
,
•
>
QU
: ,Bafuage, Ca) dans le 11ile énergique de fan
tems ', obfe;ve très~bien qu'il n'efl pas néce.Daire
que l~ patl~nce de 'la femme flit mUWe jujqu'à
. ce 'l'u elle au un bras rompu QU un œil crévé
CQm.me voulolt l'ancienne COutume, qu'ellq peut
plaLnd~e pOl/,r des flvices moins ~randes , que les
mauvaIS. lr:auemens du mari (ont plus ou moins
jùpporta,kle.r felon .la qualité des petflnnes, ou
J:lo!J qu ,l retombe fouV,nt dans dçs .emportemens
flchellx & atroces.
Enfin, le réCumé de tous les Jurifconfultes efi'
que felon le$ reglcs de. 1'ordre ' Politique on doit'
"
, ~',
~on l,as fi(l{t-e, mali permettre ~n moindre mal pour
en eYlfer .un plus grand, qu'zl n'efl pas doulell:X;
que .la dijéorde & les querelles qui arrivent tous
les Jours en.tre le. mari & la femme, Ji on le~ laiffi
fo(emb~e , font ,un ~i~n. plus grand mal que leur
efpar4t.l~(l'; , qu On dOL] dQ~' ~ pour l'éviter, permettre a, la femme de fi fiparer d'habitation de
~In, man, que le Jüge n~ dolt ~tre ni trop facile
a. l 4c~or,4:r pour d~s diffenfions. pa1Tggeres, ni
trop difJ!czle" lorfqiJ>zl apperçoit, dans les parties,
lme a.ntlpathze J & une haine invétérée, que lt].
fi
~.
1 ~1
r 'z, 5'
•
(a) Coutumes de Normandie, tom.
d
:2..
pag. 94>
•
�126
coahabitation ne pourroit qu'allgmmur ;
Ji on
IZ7
les-
IfliffO ir ~nflmble. (a)
. 'pes que la jufiice'
C'eft d'après ces fages p~l~CI JI
bl
d
d'
condItIon onora e, en
entre perfonnes une
de l'époux qui déno _
.
ue au fecours
,
n
toujours ."~n
des foupçons revoltans,
ç oit des In]ures g~avesou' des calomnies caraétéri_
"
ques
'
des mepns mar . 'qu'il falloit refpeéter ~ ven-,
r.'
On a compns
" , d
r.
lees.
,.
lIè & la fenfibI11te es penonnes
ger la. deltcate ft frer elles-mêm'e s, qui ont
qui dOIvent fe :e pedl'J1:nguée & qui font faites
& d
e éducatIon l U ,
reçu
un
d
la
noblefiè,
du
caraaere
l
e
pour ~ontrer e
•
l'énergl~'/1A
traire abfiration faite des déLe lyneme c o n ,
d
r.
'11 '
"1
oÎt amener entre es Laml es
fordres q~ Pou7eroit aviliffant pelUr nhs mœurs;
d'un certam rang,
.
, \ fi' "
r.' _
1
. ne ten d"
'en n
mOlQS l'lu
etnr dtout1 lentl
If
raIt a
,a \ d'
ef.
ment délicat dans les ames , qu~' egra ~r ' es ,
-, \ 't frer l'inftinB: me me de 1honneur,
pnts
~ q:u a al.lle::,.uf d,e tant de vertus
& de. tant de
ce
pnnClpe
.
' ,
qualités généreufes pour des cltoyens d'un certain,
état.
"
voir
D'aill-eurs Ie,s Loix n'ont pmais cru pou .
s"arroger le pouvoir ~noui de, comn:~nder au fenâ
timent ou de faire VIOlence a la dehcat~lfe,' ,& .
cette liberté du cœUF, ,~u~ dans chaque lt;ldl":ldufi
fait partie de la propnete perfonnelle & qUl e
•
1
le droit le plus jaloux de l'humanité. Nos Tribullaux ne connoifiènt point ce genre de defpotifrne ,
~u plutpt, ils ne pourroient le connoître. Etablis
pour modérer les e·ffets des paffions, ils fçavent
qu'ils n'en peuvent guérir les caufes, que chacun
dt gouverné ou. entraîné par des principes inflexihIes d'état & de iituation qui modifient diverfeIDent la [eniibilité, & qu'il [eroit trop dangereux
& même impoffible, dans des queftions de mœurs,
de choquer ouvertement les mœurs elles-mêmes.
Il ea dOllC évident que les feuls outrages J
'1"enfermés dans les lettres miffives adreilëes à la
Dame de Mirabeau , feraient par eux-mêmes des
moyens très légitimes de féparation, quand même
jls ne feroient pas fOtltenus par les calomnies &
par la diffamation publique dont elle fe plain.t. (a)
-Mais de plus elle dénonce, dans [on Mémoire
1
( )
"
Caufe entre le fleur & Dame M. .. ..... fèparation
de corps. La diffamation ea dans tous les états un
" moyen de féparation pour la femme. Nous en avons
" rapporté plufieurs exemples: cette caufe en offre un
" nouveau. Un Arrêt du mois de Décembre 17 81 , avoit
~ admis la femme à la preuve des faits par elle articulés,
" fauf au mil ri la preuve contraire. Arrêt du 12. Février
,. 17 83, fur les conclufion's de M. l'Avocat Génél'al d'AH gueffeau, qui prononce la féparation de corps & de
" biens, condamne le mari à rendre la dot, les effets
" de fa femme, & aux dépens. " Mercure de France
du 2.9 Mars 17 83.
lt
(a) Pothier, {oco ciiato.
•
--
•
�11..8 .
ci con[ulter, l'~dultere public de [on mari, [a
difparition publique avec une femme étrangere ~
fa co-habitation fcandaleufe avec cette femme
en Hollande' elle expofe le projet
que fon mari
"
avoit de l'enlever elle-même, a cette epoque;
elle rend comptè des procédures, qui ont fuivi
le crime du terrible jugement qUI a clôturé 'ces,
procédur:s & de la tranfaéhon flétrifiànte qui en
a été le terme.
,
, Quel nouveau point de vue po'ur la Caufe !
On ne manquera pas de réclamer le ,pr!ncipe
que la femme ne peut, accufer fo~ l~an d adul,tére' &. il faut convemr que ce pnnClpe eft vraI'.
Nou~ ne [uivons point à cet égard le droit Canonique qui autorife é,galet?ent les deu~ ép~ux
à fe plaindre de la vlOlatlon de la fOl conJugale.
)} Nos Loix politiques & civiles ont demandé
» des femmes, un dégré de retenue & de con~ tinence , qu'elles n'exigent point des hommes.,.
» parce que la violation de la pudeur fuppofe
).) dans les femmes , un renoncement à toutes les
1) vertus; parce que la femme en violant les Loix
», du mariage, fort de l'état de fa dépendance
-il naturelle, parce que la nature a marqué l'in)J
fidelité des femmes par des lignes certains &
» que les enfans adultérins de la femme font né» cefiàirement au mari & à la charge du mari ,,'
» au lieu que les enfans adUltérins du mari ne
'font
12 9
,
•
,
» font pas à la femme, ni à la charge de la
» femme. (1)
Mai. , » s'il n'ell: pas permis à une femme
» dit Cochin (2) d'intenter contre fon mari l'ac:
» tian d'adultére ~ c'eft-à-dire , .de lui' faire fâire
») f~n proces pour raifon de ce crime, il Y a des
» clrconftances dans le[quelles elle peut s'en faire
» un moyen de [éparatioJ1, »
La même chofe eft en[eignée par BretoJ1uier
(~) » en France, dit-il, nous [uivons la dif:» polition du Droit Civil qui ne permet pas à la
'}) femme ~'a:cufer fon mari d'adultére. Elle peut
» néanmollls exciper de la débauche de fon mari
» pour fe faire féparer de . lui de corps &: de
)) biens. »
Ferriere (4) dit également que la féparation
peut-être ordonnée, en conflquence des mauvais
traÎtemens faits par le mari à fa femme ou de
[es débauches..
'
(1) Efprit des Loix.
(2) Tom, 4. pag. 116.
(3) Dans fa differtation fur l'adultere rapportée dans
le tom. 3. des œuvres d'Henrys. pag. 747.
(4) Diél:ionn. de Droit aux mots jèparation de corps
. .& d'habitation.
R
•
�•
3: ~~
d'H .
Defpeiflès-, 1) Pere7.lUS, (2.)
éncou.rt ,
(~) Decormis, (4) Morna~,. (5) tous
Au.
teuts établilIènt le même lJnncipe.
. ,
A la vérité tout adultére
m~n n eil: pas
-de fa rtature urt mbyen de feparatlon pour la
fel1une. Il faut que le ct"Ï!t1e foit tel ,~u'i1 dégénére el1 injure IX en bifenfe contre l epoufe qui
s'en plaint.
Car qu'un mari préfére dan,s fon cœu~ une
"étrangere à fa propre fetnme , .c eil: Un~ f~:ble~e
-qu'è l''On p;n-donne à l'humamté. MalS s il faIt
tro}\lhéè ùe [a Pàllion , s'i~ ~t1fulte à ]a femm~ par
Lln commerce publit: & " fU1\tI ùe fcartclale : 'VoÛa le
'Ctime qwe les Loix rega.rdent CD111me une caufe
trop légitime de d~vorce.
. Auffi toùs -1es t'extes tlOt'lnétlt , pOUl" ~xemple )
i'aéHotl eh divorce t::'ontre le mari qtü fait habiter
Ù~r1S fa propre maifon l'objet de !ès criminelles
complaifances , Ji quis in eâ dotn(J in YJuâ Œ~
t
qr
;éS
1«
fuâ conju,ge commanet • contemnens eam , cl~m a~ta
Înlleniatur in eâ domo manens; & la ralfon en
eft expliquée dans le droit, cSeft qu'il rt'y a
nen qui fait plus capabl~ d\r.[ite~ une femme
'",, '
Il
.
,
'
1 'llt.,
,
,, 1 ,
[
""
lb
rH,
"
S'
" S:C "
(1) Tom. r. ,pag. 2. 87:
(2.) '! '6fu. '1. Uv. '~. tir. t7. h. J. pâg. jll.6.
(3) Loix EccIef. pag. 109.
(4) Tom. 1. col. 1194.
(s) Sut le liv. 24. tit. 2. du digefie.
f
•
,
d'honneur, quod maximè caftas uxoru exa.rperat.
La même raifon, tirée de la julle fenfibi-lité
d'une femme honnête, a fait appliquer à tout
adultére public & fcandaleux du mari , le même
principe de décifion en faveur de répoufe qui demande d'être féparée.
Sans doute la co-habitation du mari avèc une
femme étrangere, dans la maifon où demeure ra
propre femme, eft une circonftance fuffi[ante, pour
donner l'aél:ion en féparation contre le mari. Mais
cette circonftance n'eft pas la feule. Elle n'eft pas
nécelfaire. Il en eft une foule d'autres qui opérent
le même effet.
D'après la Loi 8. de repudiis., l'adultere du
mari, s'il a été fuivi d'une condamnation, eft par
lui - même & indépendamment de toute autre
circonftance, un moyen légal de divorce , fi quœ
ÎI5Îtur. maritUTn jùum adulterum condemnatum inveneru.. .
En général tout adultere avec éclat & fcan. claie, donne aB:ion à la femme pour demander
d'être féparée d'un mari qui méconnoît tous [es
devoirs & tous res engagemens. C'cft la maxime
q ui fut atreftée par M. l'A vocat Général Seguier dans la caufe de la Dame Heraut qui proporoit ~ entr'autres moyens de féparation, -l'adultere de fan mari ., & qui fut admife à faire
la preuve de ce cl'Îme par Arrêt du 26 Avril
R
2
,,
�rp'
1769, Ce Magifirat obferva que quoiqu~ l~ fern. ,
me ne. fut pas reçue à accufor fan man d adul_
tere néanmoins il ne dOl/toit pas qu'elle-ne dut
avoit ~e<s
être ~dmi(è a ft plain~re, lorf(Jlt' il
drconfiances qui rendolent la mauvaife condlllt~
du mari une infulte & un outraf!;e accablant pOlir
la femme. (1)
Paron rapporte un A.rret du ,3 Avnl, l 54~ ,
qui ordonne une feparatlon fondee fur l adultere
du mari. (2)
.
'
Raviot (~) en rapporte un a~tre du Parlement de Dijon, rendu le 28 F évner 17°7, qui
re~voie une femme de la demande fonnée par
fàn mari ', à ce qu'elle fut tenue d è retourner
dans fa -maifon. Elle fe défendüit contre ' (on mari
en lui reprochant · uri adultere public,. des menaces, & elle l'accufoit d'être un diŒpateur.
. Certainement d'après les circonfianees expofées
dans le Mémoire à confulter, il feroit impoŒble de rencontrer un adultere accompagné .de plus
de circonfiances graves & "fcandaleufes que celui
que la DaIne de Mirabeau dénonce, puifqu'elle
préfente un mari qui difj1aroit, aux yeux de toute
la France, avec une femme étrangere , qui co-ha-
.r
A
•
_
1
(1) Code matrimonial au mot aduliere n. 12.
(2) Liv. 22. arr: 3. pag. 1292 __
(3) T.om. 2. ·pag. 297. on. _26 ' •
•
lB·
bite publiquement en Hollande avec l'objet de.
fa paŒon, qui avant fa difparition veut enlever .
fa propre femme, comme pour la rendre témoin
& viétime de ce fpeétacle , & qui efi pourfuivi ,
décrété & condamné pour fan crime. Quelle dl:
donc l'injure, quel dl l'outrage dont une fem- ,
me honnête pourroit fe plaindre, fi la Dame
de Mirabeau n'était pas reçue à préfenter un
Rareil crime comme une caufe de féparation? .
Lors d'un Arrêt du Parlement de Paris du .
16 Mars 1751, rendu en faveur de la Dame
de Chables contre le fieur de M ~li[onrouge fon _
mâri, voici ce que l'on difoit pour la défenfe
de 'cette femme: » Eh! Quoi de pl ' propre
» à révolter les efprits, qu'un homme qui ca» lomnie
e époufe dont les mœurs font pures,
» & qui dans le même infiant feprofiitue à des
)) objets étrangers, & fait même, dans un de
» fes voyages , porter publiquement à une com» pagne de fes plaifirs, le nom de fa femme ?
) C'efi une vérité reconnue qu'un mari ne
» peut faire de plus grand outrage à fa femme
» que de fe livrer à des affeétions étrangeres. Si
» les Romains, qui nous ont laiffé dans leurs'
» Loix le plus précieux monument de leur [a)) gelfe, 'e~ faifoient une caufelégitime de divorce,
» pourquoi ferio'ns-nous mqins délicats fur un
)) point . qui intéreiIè eiIèntiellement la Religion
)) & l'ordr~ PJfplic ,& pourquoi ne feroit-ce pas
)) ' uÎle ' cauf'e de fépa.ration parmi nous? 1)
1
,
�134
'
» Les femmes, il eft vrai, ne peuvent en France
» exercer l'aB:ion des mœurs contre leurs maris
» par la voie de l'accufation, mais quand la de» mande en féparation eft devenue nécellàire,
» quel moyen plus fort peut-on el?ployer que
» la notoriété d'un commerce publIc avec Une
» femme étrangere? ..... Il eft de la fageife &
)J de la prévoyan.c: des Loix ~'ouvrir ~ quicon.
)} que reçoit UI~e InJure, ~ne ~OIe pour ,s en plain.
» dre. Le man a le droIt d Intenter l accufation
» d'adultere, la femme ne l'a pas; clIc n'a que» celui de demander fa féparation. Il cft jufte
)} de lui laifi'er du moins cette rell"ource. Auffi
» pourr -on cIter plufieurs jugemens de fépa») ration qui n'ont
été fQndés que ' r ce feul
) moyen. (a)
Les mêmes principes ont été réclamés avec
fuccès lors d'un autre Arrêt du Parlement de
Paris, rendu dans le mois de Mai 1775,!LIr les
Conclufio ns de M. l'Avocat Général d'Agueffeau ,.
& qui prononce la féparation de corps & d'ha.
bitation en faveur de la Dame Hàsbrouck. Les
moyens de féparation étaient des outrages, la diffamation, le départ du mari avéc une fille nom.
'rnée Limoufin, ql/'il avoù eu l'audace de recon.
naître pour fa légitime époufe, ave( laquelle il
t
(a) Journal des Caufes Célébres,. tom.
• •
7, pag. 14.9-
rH
•
av.oit pajJé un an, & dont il al/où eu un en~
fant. (a)
~
L'on feroi~ infini, fi 1'011 voulait rapporter toutes. les doB:nnes, tous les Arrêts qui atte1tent &
qUI conf~crent le même point de Jurifprudence .
;1 Dupe~ler, (b) Auteur célebre du Pays; n'a-t• pas dIt en propres termes? » Il e1t certain
» que Ife con.cubinage du mari eft une jufte caufe
u de feparatlOn pour la femme. Cela eft fi claï» rement décidé par la Loi confènfo des Em» pereurs !,héod~re & Valens, ~'il eft impoili.
» ble, apres aVOIr lu <:ette LOI, de mettre en
» doute cette -quefiion. Parmi les caufes pour leC» quelles la femme peut intenter l'aétion du di» vorce J celle de l'adultere du mari eft énoncée
» la prenftere. Cela a été confinné par Juftinien
» , dans la Novelle 22-, chap. 15, & dans la N 0-"
» vel~e 1I7? <:h. 9··· ... On pourra oppofer If!
» LOI prelmere, au Code ad lecrem ,J,uliam de
» aduheriis ~ ou il , eft ,dit que la °femme ne peut
» pas acculèr ~{j)n mari d'adt.Ùtere; mais outre
)) que .cette LOI {.è trouve abr9gée par la N-O» ~el1e q ~, el1~ ~e doit. être ençendue que d,e
» 1 accufatlOn crllmnelle llltentee contre le mari
» pour ie. taire punir, ma1'S n~Tl pas 'quand la
)) femme J.lltente fan attion, pour iè faire [épa~
1
'------------------------------(a) Journal des Caufes Célébres, tom.
(bJ Torn. 3) pag. soo & [uiv.
12,
pag. 167_
�q6
..
» rer par une pro~édure purement Clv~e ....••
» Si le mari peut accufer fa fel:1111e cl adultere
» & la faire enfermer, pour9uol la. femme, ne
» pourroit-elle pas pour le meme. fUJet fe ~epa_
» rer de fon mari? Il n'y a p0111t de ralfons
» de différence ».
La caufe dans laquelle Duperier réclamoit ces
principes, fut jugée, il eft vrai, contre la felTI1~e
par un Arrêt de la C~lIr r~n~u en l 7 ~ S. Ma~s
cette décifion ne fut detenmnee que par le defaut d'application des principes aux circonfial:ces
particulieres; car l'Auteur dans [es ObfervatlOns
fur l'Arrêt attefia toujours la même maxime :
» quant au' concubinag,e ~ ?it-il,
croi~ que. c'eft
» lacaufe la plus legltlme dune feparatlOn,
» parce qu'il viole la foi conjugale. Ca)
L'adultere . attaque fi direaement la fubftance
& l'e{[ence du Mariage que l'on a même douté ,
s'il n'étoit pas une caufe légitime de difloudre
entiérement le lien conjugal. Cb) Mais on n'a
jamais révoqué en doute que l'adultere, tant du
mari que de la femme, ne fut un moyen légal
de féparation. (c)
je
(a) La Touloùbre, fur l'article cité de Duperier.
(0) Gibert dans [es notes fur Fev~et) tom.
pag. 52.7~
(c) Giben, ioid.
.
l,
Cette
•
q7
Cette maxime h'eft pas no~eUe dans nos mœurs.
Elle efi fondée fur les plus anciens Arrêts. Elle eft
avouée par nos J urifcon[ultes les plus aufieres.
Elle ne nous eft pas non, plus particuliere. Elle.
(dt admife chez toutes les Nations policées de
l'E urope. Nous en prenons à témoins Voët, Ca).
Covarruvias, (b) & tous les Auteurs étrangers"
dont ces deux Jurifconfultes invoquent le témoignage ..
On objeéte inutilement que l'adultere eft un
trime privé, que la femme n'efi pas recevable
à pourfuivre fon mari" &. que la tranfaB:ion de
Pontarlier tennine. tout.
L'adultete ea un crime- privé, quand il n'eft
point accompagné de l'enlevement ou de la difparition publique de la perfonne ,_ quand il n'efi
pas fuivi de fcaudale. Car fi de pareilles circonftances fe vérifient, l'adultere efi alors authentique & folemnel. Le Minifiere public auroit action pour le pourfuivre & pour le faire punir.
(c) Il en auroit la vindiéte. au nom des Loix
& des mœurs.
Qu'importe d'ailleurs que radultere foit en gé.néral un crime privé de fa nature? S'agit-il ici
(a) Comment. adpandea. tem. 2., pag.. 8ry2., n.
(0) Par$ 2., cap. 7, §. S, n. 8.
.
l H
(c) Voy. tous les Criminalifres, Lacombe, Serpillon ;
~ouglans, &c.
�I~8
de venger l'ordre puàic? Il s'agit de venger une
époufe honnêt~ que l'ad~ltere, offenfe. Elle ne,
pourroit fe plalOdre pellt-etre, cl un aclultere clan~
deilin fugitif, pafiàger. MalS un adultere qUI
a été' l'objet d'une pro:édu:e éclatante ~ d'un
jugement public, ne devlent-I; pas pour 1epou[ele plus fanalant des outrages.
Nous {à~ons que ia femme n'a point l'aétion
des mœurs contre fon mari. Mais tous les Auteurs mais tous les Arrêts, mais toutes les Loix
ne lui donnent-elles pas l'aEtion en féparation?
Mais [ur les ConcluGons de M. l'Avocat Général S~guier, la Dame Heraut, qui demandoit d'être féparée, ne fût-e~le pas reçue p~r Arrêt du ,
26 Avril 1769, à fazre preuve de l adultere de
{on mari? Mais l'Arrêt de l 54~, rapporté par
Papon, mais celui de 17°7, rapporté par Raviot, mais les Arrêts de 17S l & de 1775,
que nous avons déja cités, & qui font rapportés
dans le Journal des. Caufes Célébres, n'ont-ils
pas prononcé des féparations fondées fur l'adulteie du mari? Pourquoi vouloir donc s'élever
contre l'évidence, contre un point de Jurifpru, dence établi par les Arrêts de tous les Tribunaux du Royaume?
Que veut-on dire quand on avance que les Tribunaux de- la Province ne feroient point com}Dé
tens pour connoÎtre de l"adultere qui a fait la matiere de la procédure de Pontarlier? Et nOll ce r~
tainement, ils ne le feroient pas pour connoître
139'
de cet adultere par voie d'accufatibn, & dah?
l'objet d'infliger au coupable la peine méritée pa.
.[on crime. Mais ce n'efi pas ce dont il s'agit.
l.a Dame de Mirabeaun'accufe pas, ne pour.
fuit pas criminellement (on mari. Elle vient fim-plement, par exception, lui oppofer comme caufe
légale de féparation, un crime confiaté par une
procédure publique, par un décret exécuté, par
un jugement folemnel prononcé par des Juges légitimes. Elle n'a pas befoin defàire juger de nou~
veau fan mari. Aux termes de la Loi, il fu$t
qu'elle le trouve procéduré & jugé ~ Ji. marùum,
adulterum condemnatum invenerit. (a)
Il lui fuffiroit même d'invoquer la CC5mmune
renommée, adlJlterÎum probatur per folam famam
quoad feparationem thori; (b) & il lui fuflit certainement de communiquer des procédures léga'.
les qui n'ont jamais été purgées" & des décrets
qui fubfifient dans toute leur force.
,Ma1.à-propos, veut-on donner à entendre que
la tranfaEtion de Pontarlier termine tout. Cette
tranfaEtion qui ne fauroit avoir l'effet d'abfoudre le coupable, devient eUe-même une nouvelle
preuve du crime. Elle n'a point éteint les pro:"
cédures. Elle les laifiè exifier en leur entier. Elle
A
-•
(a) L. 2 S, de repudiis.
(b) Mafcardus de probat. vol.
&
l,
Concluf. 63, n.
2.
S
2
1
�140
n'empêcherait pas la partie publique ' de pour{ui.
'vre un adultere public & folemnel.
Que l'on donne d'aillc:urs toute la ~orce que
l'on voudra à la tranfaébon de Pontarhec cette
'tranfaB:ion peut-elle effacer l'outrage fait à une
époufe fenfible & vertueufe? ~lJe pourra mettre l'Accufé à l'abri des pourfUltes de l'Accufa_
te ur. Mais l'Accufateur en crime d'ad~lltere ',
a-t-il pu remettre cette autre injur~ qui
le
regardoit pas, & que la Dame de Mll'abeau etoit
obligée de dévorer en filence?
C'eft un principe conftant dans nos mœurs &
dans notre Jurifprudence, que le divorce, la répudiation arbitraire eft pour la femme un moyen
de féparation des plus puiffans. On a 'compris '
qu'il feroit barbare qu'une femme demeurât fous
la dépendance d'un mari qui l'a publiquement
méprifée, .& qui l'a notoirement traitée comme
étrangere. Or, quelle répudiation plus arbitraire,
quel divorce plus criminel ' & plus infultaht que
celui dont la Dame de Mirabeau fe plaint au'x
loix & à 1a J uilice ?
Elle expofe que fon mari a indignement trahi
la foi conjugale; qu'il a difparu aux yeux de
toute la France, avec une femme étrangere; qu'il
a publiquement cohabité pendant 18 mois en Hollande avec cette fet1lme; qu'ils parloient entr'eux
,de mariage, & qu'ils ne trouvaient d'autre obf.
tacle à leur union- que la 'vie d'un vieillard o c~
togenaire .
11;
•
,
14 1
Et des faits auffi graves, qui portent le mépris & l'oubli des devoirs jufqu'à l'excès le plus
inoui, ne feroient pas l'injure la plus fenfible,
la plus terrible pour urreépoufe honnête ! Une femme
difiinguée & vertueufe ' pourrait donc être arbitrairement méconnue, délaiifée, reprife, abandonnée de nouveau, avilie & dégradée aux yeux de
la fociété entiere! Elle deviendroit le vil jouet
des caprices, des panions, des emportemens de
fan mari!
Sans doute le mariage eft le contrat le plus
faint & le plus refpeéhble. Sans doute il faut
craindre de n'en relâcher trop facilement les nœuds.
Mais ce font ces principes mêmes que la Dame
de Mirabeau peut réclamer avec force contre l'époux, accufé d'avoir voulu la flétrir par une
forte de répudiation publique, & de s'être féparé
d'elle par une voie de fait inouie, par un crime!
. ~Je divorce que les Loix reprouvent, que les
Tnbunaux condamnent, que les mœurs puhliq~es -défavouent, eft celui qu'un mari opere de
fan autorité privée par un commerce criminel,
& par fes fcandales.
. Mais, après une profanation auffi honteufe du
mariage, tous les liens font rompus. L'union de
de~x époux ne peut plus fubfifter aux yeux des
LOlX, que par le facrement. Il faut néceflàirement rompre d'ailleurs une fociété qui n'aurait
plus ,pour objet que la domination arbitraire d~
mari ~ & l'elèlavage avilifiànt de la femme, &
�142-
qui feroit dégénérer le lien conjugal en fuppHce.
Enfin la Dame de Mirabeau expofe dans fon
Mémoire à confulter, les diilipations de fon mari
terminées par une Sentence d'i?terdiétion '. le$
plaintes graves por~ées, ~o~tre lUl par des tIers;
les violences dont Il s etoit rendu coupable, &
qui ont été fuivies de procédures, de d~crets
& des Sentences ,les divers . ordres du ROi ob~ '
tenus contre lui par fon pere, les lettres que ce
dernier écrivoit {lIr la néceilité- de pourvoir à la
jûrecé, à la dign.ité, au. repos. de fa b:lle-fille ~
les [évices & les' . mauvaIS traitemens d un man
dont on fait remonter les excès jufqu'au premier
moment du mariage; & de plus, le vœu des deux
familles, qui ' fur la connoiflànce de tout ce qui
s'érait paffé, avaient elles-mêmes pour la fûreté & la dignité de la Dame de Mirabeau, prononcé une féparation devenue nécefiàire & indif~
penfable.
Efi-il donc poilible de réiifier à l'évidence qui
naît de cet effrayant enfemble?
Il ne faut pas ici fe borner à difcuter chaque fait
féparément. Il faut péfer la réunion de tous les faits.
La feule interdiB:ion de biens ne ferait point
par exemple, une caufe de féparation.. Mais cette
interdiB:ion prouve des diflipations hors de toute
mefure; elle confiate un défaut de conduite, capable de jetter la mifére & tous les défordres qui
l'accompagnent, dans l'intérieur du ménage. Les
•
143 .
faits, qui ont dû fervir de ba[è à cette interdictian, accufent le caraétere de l'homme légalement
interdit. Ils font un trop funefie préfage de ce
qui peut arriver encore.
Quant aux violences commifes contre des tiers,
<juant aux procédures & aux jugemens intervenus
(ur ces violences, comment peut-on dire qu'elles
font étrangeres à la caufe & à la défenfe de la
Dame de Mirabeau ? Eh! Quoi ? tout ce qui
confiate le caraétere confiant & fuivi du mari, peutil être êtranger à la femme qui demande d'en être
féparée. » La renommée du mari, difent les Au» reurs, ( a) peut être encore un grand motif
» pour procurer à la femme le bénéfice de la fé» paration. S'il paflè dans le public pour un hom»me d'un caraéte~e violent, acariâtre, plein d'hun me ur & de fauflè jaloufie, ayant des liaifons
» fufpeB:es ou de s'oublier envers tout le monde,
» ces confidératÎons peuvent influer pour beau» COUD fur la réclamation de la femme.
D'autre part, n'efi-il pas naturel qu'une femme
fe montre humiliée de réjoindre un mari qu'elle
préfente comme flétri par des lettres de cachet
accumulées:, par des procédures d'éclat, par des
décrets, par des jugemens qui ont prononcé des
peines affiiétives ? Les Loix n'avaient-elles pas
prévu, que tels événemens pourraient faire une im1
4
(a) Traité des Injures, par M. Dareau, pag.
2')0
&
2)1,'
�.
1:44 ·
ilion afièz forte fur une femme d'honneur ,
pre
"
1 d'
? N'
pourl la détermIner
a demand~z; e Ivorce,
~.
, t- Iles pas ,. dans une pareIlle hypothefe
VOlen e
d: r. fi' ,. remIS
,
la liberté du divorce à la. feule ,tipO ,ltlOn., ,a la
feule volonté de la femme, matrzmo,nzum qUldem
de ortatione. non jolvitur , fi ~afus zn que,!, ma.
.P , 'dl't , .· non mutet"
affeazonem
uxarzs? Ca)
rllUS Inez
" '
, ..
M 's c'efl de .l' habuatwn ,. s ecne-t-on" qu Il
, ".'ta~ans ce proces, & de ri-en de plus, (b) & oui,
s aBI
' '&
' fi: d '1?habitation qu "1"-1 s, agIt.
c 'fi
e parce qu "1
1
~':git de l'habitation., qu'il faut ~ien pefer l'état, le
cara8:ere, les fentimens du man avec lequ'el cette
habitation doit être commune..
.
Lors d'un Arrêt du Parlement de Pans du
mois de Mai 177 5 , qui, ordonna la féparation de,mandée par la Dame de L *.** , cette femme propofoit ,. pour moyens, les p~l!les & les .conda~~a
tion encourues par fan man;. la nature des dellts
qui avaient mérité ces co~damnations & ces peines,
& qui lui faifoient cramdre pour elle-même les
plus grands dangers, les mauvais traitemens d'un
époux qui n~ l'avoi,t point ~énagé~ lors mêm,e
qu'il la fçavolt grolIe, & qUi, au heu de proteger l'honneur de fa col~pal?ne, ra,voit diff~;né,e
publiquement ,. &: elle fimifolt. par dlfe que: c etolt
ea
p
(a) L. I. Cod. d~ repudiis.
(b) Pag. 12. du Plaidoyer iinpriiné de Mr. de
heau.
Mira~
d'un
145
d'un tel homme qu'elle demandait d'être réparée,
que née d'une ftmille diJlinguée dans la Province,
.elle ne pouvait être forcée à paffir ft vie avec
un homme qui raffimble tollS les vices, qui ne
refpeae rien, qui enfin couvert d'opprobre, &
d'infamie, la ferait partager à ft femme. Ca}Il
donc efièntiel dans des caufes femblables
à celles-ci, de préfenter l'homme en entier &. de
ne rien diiIimuler de ce qui peut infiruire ' la religion du Magifi:rat fur l'intérêt majeur & efièllciel de la femme qui réclame.
C' cJl de ·l' habitation· qu'il s'agie dans ce procès
& de rien de plus! Mais la Dame de Mirabeau ne
; révéle-t.elle pas'ce qui s'efi paifé dans le tems de cette
habitation que l'on invoque avec tant d'afiùrance ?
Elle fe plaint d'avoir été excédée & outragée dès
les premiers jours après fes nôces, de maniere
qu'elle efi peut-être la feule pour qui les premie~s
.rems du mariage ayent été des tems d'amertume,
de trifiefiè & de douleur. Elle expofe que ce ne
fut plus dès ce tems-là, qu'une fuite d'emportelTIens & de fureurs · contr'elle. Journellement elle
était expofée à des propos offenfans, à des inju. res groiIieres. Les foufflets, les coups accompagnaient & frIivoient de près ce langage, parce qu'ils
partaient du même principe qui était , fuivant
l'exprefiion de Mr. de Mirabeau pere, un fonds
,
(a) Journal des Caufes Célébres, tom.
10.
pag.
T
214,.
�146
·147
cl:
de jaloufie &:.
btutalité~
On ajoute que l'état m~me de ,gr,oUe~e n.e met~
toit pas la Dame de Mirabeau a 1abn des fcenes
les plus révoltantes. On atte1te en .~r~uve ~e ces
faits les lettres du pere,
publIque,
. '" la notonete
.,
.
Mr. de Mirabeau lUl-meme qUi n a pu taIre en_
rierement les excès dr: fa flvérité cha~-rine & de fa
jaloufie injufte, (a) & qui da.ns Ces obfe~vat~ons ~
veut fe faire un rampart des lettres qUI lUi 011-1;
été adreUees, dans le .cours de l'année 1774, par
fa femme.
. Ces lettres exi!bent, il dt vrai, mais que peuTerlt.- elles prouver? Dans quel moment etoient ..
elles écrÎlte.s? M. de M1rabeau étoit alws enfenll~
au Château-d'If, oùla juilice parerne-l1e le detenoir.
Sa femme étoit partie pour Paris à fa priere ,
dans l'objet cie 1ui épargner les · f.iûtes Icl'un~
affaire fâccheiulre. Pouvoir-eLle ,de bonne foi choiT
fiT cet inftant pDUl' accabler celui ,qui récJanlOic
{ès foms ~ là :bie.mfaifance , [on hum.aruté? Pou. .
vort.-eile ne pas prendre le langage de la pitié o~
même de l'intérêt, qUle le malheur feul de l'être
qrii mons iferort le ,plus étranger 1nfpirewit? Cea:
-a'UX.ames clcllicate.-s & [eraibJe5.à bien ilp.préçier une
pareille irtuarion.
QruiÏ .pourmit cd'ailleurs {aire -un l1eproche à la
Dame :de . Mirahea.u d';av,oa- é.té généJ.1eufe, ,d'a..
qe ·carciaere farOuche
,
•
voir rendu des fervices , quand eUe . étoit flutorifée
à former des plaintes? Eh! Quoi ? U ne fim~
aura tâché par fa douceur, p.ar fis bienfaits,
par fa ·pat.ience de vaincre les emporterJl,en:r &- le;
fttreun de [on mari ~ &- -on lui oppofera que
ces procédés honnêtes ont couverl tous les faits de
plainte qui ont précédé? Efl-ce donc fur {es premiers empartemens " ,d it Cochin ~ (J) -qu'une femme de vertu abandonne la maiJon ,de fin mari ?
Quand elle ejl forcée à ce parû extrême" ce n'efl
.ordinairement qu'apres une fuite d'excè.r &- de
mauvais traÏtemens" lui dira-t-on alors -qu'elle
efl non recevable à demander fa ftpatation ? Si
cela était, -i l
auroit jamais de femme dans le
cas de pauvoir fe faire jèparer, & ce feroit faire
triompher la cruauté des maris.
. .
Que prouvent donc les lettres de Madame de
MIrabeau? Elles prouvent fa patience, fa conf.tance, fa dou.ceur. Elles prouveront même, fi
J'on veut, qu'elle el:lt pû .parLlonner de fimples
'[évices, qu'elle confentoit à dévorer en fecret les
.vexations, les procédés cruels, le~ traitemens
barbares. Elles prouveront qu'elle repugnoit à une
féparation , tant qu'elle a cru pouvoir la différer
:dans l'efpérance d'un changement que1conque,
:dans l'erpoir d'un avenir moins trifle " tant qu'elle
-n:y
(1) Tom. 4. pag. 103.
=
-
T2
�14S
3voit plutôt à fouffrir qu'à rougir d'une union
malheureufe. '
\ ' Mais coinment peut-on s'arrêter. à ce tems
intermédlaire de miféricorde & de pat.lence , quand
on pefe les événemens p~ltérieurs qUI l'~mt effacé,
& dont la Dame de Mirabeau fe plal~t.? !?ouvoit-elle être infenfible à des foupçons InJuneux, ,
à des lettres outrageantes , à une diffamation publique ? Pouvoit-elle voir ~e fang fro,id l~ fcandale de l'affaire de PontarlIer, la vIOlatIOn folemnelle de la foi conjugale, & tous les défordres qui ont accompagné cette ' violation?
Alors, nous dit-on, les deux époux étoient
éloignés l'un de l'autre. Et qu'i,mporte cet éloigne_
ment? Il a pû être une barnere aux coups, à
certaines voies de fait contre , la perfonne; aux
exces d'un certain genre. Mais quelque part
que , foit , la l11ai~ qui dift:ibue le . poif~n de la
calomnie -, ce pOiron en clrcule-t-II mOlliS dans
la [ociéré , -en eft-il moins perfide & moins dangereux? La prérence du diffamateur eft-elle néceflàire, pour que la perfonne diffamée reçoive
ces bleffures intelleauelles & profondes qui ne fe
ferment , jamais?
'
M. de Mirabeau étoit abfent! Mais fa qualité
d'épQUX le fuivoit par-tout. Mais l'abfence ne le
delioit pas des engagemens & des obligations attachées à cette qualité. Mais ces devoirs & ces
engage mens continuoient d'être inviolables. S'il
a pû les fouler aux pieds, s'il a pÎt aux yeux de
•
, 149
toute la France abjurer & méconnoître tous {ès
devoirs, qu'importe le lieu où fe paflaient toutes
cesfcenes aillizeantes qui ont révolté le public
& déchiré l'ame d'une époufe vertueufe & fen fible? Le fcandale en eft-il !nains arrivé? La
Dame de Mirabeau en a-t-elle moins reçu la plus
cruelle injure, le plu s fanglant de tous les outrages ? Si elle n'a plus fouffert dans fa perfon ne
des févices barbares, n'a -t-elle pas été expofée
dans fon honneur à des dangers plus affreux que
tous les févices ?
Et qui ne voit qu'après une pareille conduite,
qu'après les attentats que la Dame de Mirabeau
'dénonce, tous les févices, tous les premiers
excès de fon mari, s'ils avoient pû être affoiblis:
par la patience de l'époufe qui avait à s'en plaindre , revivent dans toute leur force, & viennent
faire corps avec tous les événemens fcalldaleux
qui fe (ont fuccédés pendant huit années confé.
cutives, qui attaquent l'honneur & la fûreté de
la femme , & qui envéloppent la vie entiere de
l'époux? Qui ne voit que tous les défordres expofés dans le Mémoire, embrafiènt tous les tems ,
qu'ils font liés par le même principe, qu'ils forment un (out indiviGble & qu'ils autorifent ~ par
,le tableau effrayant du paflë , la jufte réclamation
de la Dame de Mirabeau qui dem ande à êtrerafillrée fur le moment pn!fent , & a écarter d'elle
les rriftes & funei1:es préfages de l'avenir?
�rSb
Les deux familles , a\1erties pnr tnnt de faits ;
infiruites & affligées par tant de (candales, ont
porté leur vœù fi.Ir la néceffité d'une féparatiOh
abfOlue. On voit par toutes ies lettres communiquées ·, que c~ vœu a été. lllbtivé fu~ l'obligaûon, re<:ünnue pa~ ~ fal~Ille ~ de Ml:ab~~u
elle-même de houtVOlt a la furete ~ à la d1gnue ,
t'
' que
l 'on a acau repos de, l~
femme; l' on v~lt
compacrué le Jugement domefilque de toutes les
parolef d'honneur & de" Gentilhomme les, plus
précifes, de tout ce qu Il Y, a de plus falnt &
de plus facré aux .Y~~x de ~leu ~ des homm,es;
rien ne reflèmble ICI a ces feparatlOns volontaIres
'que le caprice ou l'intérêt ~eul opérent, &, qui
font reprouvées par les LOIX. . Tout porte l empreinte d'un att,e ~eflé~~i & raifo,nné " d'un atle
diaé pat les LOIX Impeneufes de la decence, de
l'honneur & du devoir. Qooi donc de plus impofant & de plus inviolable qu'on pareil jugement ?
Depuis que la vettbl ·n'a plus, ~omtne autrefois, un for ~'(térie.ur, <:onnu fous le nom de Tribunal des mœurs, les .:peres, les parens ne font-ils
pas les premiers & vrais <:enfe.urs de leurs familles?
n'exerœnt·ils pas une forte de Magifirature privée, refpeétée & protégée par les Loix publiques?
La Jufiice ne confulte-t-elle pas tous les jours
les familles, quand il s'agit du mariage des enfans, ou de tout ce qui peut influer fur leur fort,
•
'ln
•
fur leur 'çoÏ1clüit~ , fur leyr honheyr? (a) N'<!vfim,..
l1QUS pas une fQuie d' Arr~t~ qui oqt confirmé dep
féparations arrêtées PiJr des délibérqtions qomef.
tiques ? Brode~1U fur LOllet, (b) en rapporte plIJfi~urs des années I('ü4, 16zI, I(jz6, 16z~ 8ç.
I644, &. il Qpf~fVt; que ce Arrêts font intçr-"
venus el'ltpe perfonnes ' qualifiies, qui qn{ intérêt
que les caprices, fribllfcules & divifions qui furJI ieruzçT/t en ICILr mari(jge ne [oient point divl!lguées par une hmg[,ç contfjfqtien & u!,!e enquêle.
La Dame d~ Mirabt;~u q. donc l'avantage de.
fe montrer 4U~ LQi)Ç avec tl!l jugement domefiique qui fi reç\1 la fanaion ge l'honn~ur, qui
e1l foutenu, par la grayit~ des faits , tx P<J.F la
force des prt;u-ves, &. qui lil'4 PQur cOlltr?diaeur,
que l'époux ql;li s'e{l engagé hû-tpême p~r pq._ .
raIe d'honneur & de Gentilho'71mç ~ à l~ refpecter. Ne doit-eUe dons:; pas Ce prOl1'leH}:'('! que 19J ultice fcderfl 'p,e fOI} ;imtorÏté tlne fépag.t:iO!1 malheurefement trop nécefIàire, une féparation, qui)
d'apr~~ les fait$ exp.of~s &. comJlaté?, ei}: fQIliciliée par la déc~I}ce ,Pl1r l'hOIJne\lf) par la fÛr,eté
de ,14 feJIl1P~, p.ar ki mœws pHbliqu~? ~Ues-mê
mes?
P~tJda,tlt rill,i taaceen fépantioll, on demande
,
(a) Code matl'imonial.
(b) Leme.s, pag. 536.
,
�1)2
quels font les droits de la Dame ,de J.Wira?eau.
Son mari veut que, pendant proce.s, 11 lUI fait
enjoint de le rejoindre, o~ ?e f~ ret~rer da~s une
Maifon Relicrieufe avec lnjOnalOn a elle d y recevoir les v/fites d; (o~ m.ar:i., & à. icel~i de la
ndnter & fréquenter, 1l1hlbltlOnS faItes a toutes
perfolmes d'y porter empêchement, ou obfiacle
direaement ou indireaement.
En vérité, ces fins ne font pas concevables.
S'il faut en croire le fyfiême adverfe, les fins
proviflires & la den:ande en. f?paration. doivent
être JUBées fur les memes pnm/pes. Mals ou ces
paroles ne fignifient rien, ou eUes n'annoncent
qu'une erreur. Car que veut-on dire par-là? Veuton ·donner à entendre qu'il faut pour les fins provifaires , les mêmes preuves, & une iùfiruB:ion
auŒ approfondie que pour le fonds? Mais deslors qu'aurait-on befoin de fiatuer fur des fins
provifoires, puifque le fonds lui-même ferait in!.'-
IH
truit?
L'état provifoire efi ,un état qui n'a de vie
que pendant l'infiruB:ion, & jufqu'au jugement du
fonds. Donc il doit nécefiàirement être réglé pa~
des principes qui lui font propres.
Quels [ont ces principes en matiere de féparation? . La liberté de la défenfe qu'il faut conferver à la femme qui demande d'être féparée, &
la fùreté de fa perfonne.
Comment . une femme qui continuerait d'être
fous la puiilànce immédiate de fan mari, auroitelle
,
elle la liberté nécefraire pour dénoncer & pOUl'
pourfuivre les abus de cette puilfance? Combien
de fois ne ferait-elle pas gênée, arrêtée, perfé-.
cutée par l'époux contre lequel elle aurait porté
fa plainte? Toutes fes démarches feraient épiées).
toutes fes mefures déconcertées, tous fes confeih.
écartés, tous fes efforts traverfés.
. D'autre part, comment les Loix pourroient_
elles obliger deux époux qui demandent d'être
féparés, à vivre en[emble pendant l'infiruéhon
du proces, & les expofer ainfi aux vivacités,
aux aigreurs, aux reproches, aux [cenes amigeantes que peut entraîner, & qu'entraîne nécefrairement une contefiation ouverte?
. De plus, une femme qui fe plaint doit être
en [ûreté, fi l'on ne veut entiérement lui fermer '
le recours aux Loix. La pré[omptioil efi pour elle,'
parce qlle les Loix pn![wnent toujours en [aveu\;
de l'être le plu9 foible contre le plus fort. Les
Tribunaux ne voudraient point, dans le doute,
expofer une femme qui dénonce les excès de [on
mari, à des exces plus grands encore, & à un
préjudice que le Magifuat peut prévenir , mais
qu'il
ne ferait pas toujours en fan pouvoir de
,
reparer.
'_
Delà c'efi une maxime confiante que, pendant l'infiance en [éparation, la femme ne peut .
être obligée de rejoindre [on mari. Nous en avons
un Arrêt précis 'de la Cour; qui eit rapporté
V
�.
1).4
.
.
d V· . ' cl.'
par Bennet. (a)) La Dame e lanl , I t Cet
)J Autetlr
felnme du flellr M-art611y, de 'la ville
» d'Hyer;s, pourfuivoit fa fépara:ion d"avec fOI1
)} mari & la Cour, par fon Arret du 10 ·Sep.
» temb;e 1729 ,prononcé par M: -le Pré.ûdent
" de Bandel, lui adjugea une provIhon de 400 ~.,
» & caffa un~ Ordonnance, de l' Avocat. plll~ an.
" den, rempliffant . le- Tnbunal, qZ:l luz -or.
}) donn~itde Je retlre~ vers [on man, pendant
) l'inflam:e en (eparatzon.
Lacombe Cb), en parlant de la . réparation,
obferve' que la femme pelLt r:endr~ plainte, ft
retirer -t>n la maifon de [es pare.ns, ou Maifon
rélif;ie~ifè, [e fair.e amorife.r pour pOllrfuivre ft
féparation., demander provifion -en attendant le
jugement.
, .
. , .
..
.
La femme n~fi donc 'pas oblIgee de reJomdrefon
mari, & elle .peut à fon choîx fe retirer dans
fa famille, ou clans un ,Couvent.
.
Et qu'avons-nous befoin d'autoiifer un . prin~
cipe, qui eft de pratique univerfelte, &.. qui eH
fuppofé même par toutes 'les formùleS âe ·Requêtes en réparation, qui font tr-acées dans tou~
nos livres.. ? Cc)
Le fils qui plaide avec fon pere, n'-t!fi pas
i
E
(a) Lettre S, Arr. .'i , .pag. 34).
-Ch) Matieres ' civiles au -mot foparation.
(c) Procédure du Châtelet, tom. 2.; pag.
r5~
'obligé d~aJIer prendre les alimens chez lui. Le
Religieux qui plaide avec f-on Monaftere eft autorifé à 'chercher un afyle daFlS une m;ifon. religieufe d'une autre Ordre .. Pourquoi donc les Loix
n'auroient-elles pas eu la même prévoyance pour
la femme qui demande d'être féparée de fan:
•
mati?
. Lors même qu'une inftancè en féparation ea:
Jugée, lors même que la femme a été déboutée de (es moyens reconnus faux & invalables ,.
les Loix .n.'ontgarde d'ordonner fa réunion
fubite des époux )J. ' Il cft de la prudence
)~ des J u-ges, dit Brillon' , (a) de donner à la
- H femme quelque tems à demeul7er dans un Cou)} ven.t avant de retourner avec fan mari. La
)} même chofe e.fi atiefiée par tous les Auteurs ,.
) & con{àcrée par une foule d'Arrêts. Cumrnent
)-) donc -ferbit-iJ. pofiible que, pendant l'inftance mê..
) ·me en -réparation, on obligea les deux: <époux à vi) vre enfemble, c'e1l:-à-dire, à fe déchirer & ~
) te défàler journellement l ' Mais, .ajoute-t-on, fi la Dame de Mirabeau
veüt -ufer du droit qu'elle a de pas ne rejoindre
fan mad, eUe doit Jèretirer càans un Couvent..
Quel1~ cft donc cette crueHe alternative? Pourquoi celte aultet-e dôture?:
2
. (a) Au mot: féparation ' des conjoints~
2. l ').
Vz
•
�1)6
Le Couvent ne peut, être
. ordonné que COl11me
peine, ou comme precautIOn. .
\. .
. Comme peine il n'en dl: p01l1t a InflIger à
l'innocence & a~ malheur. Pourquoi punir une
.
époufe qu'il ne faut que venger?
. !
Comme précaut~on., on ne t:0u:rolt ordonner
le Couvent fans inJu!hce, .fans Indecence & fans
.'
?
1l1Jure ' .
, .
Inutilement l11voque-t-on le temoI.gnage des Aute urs , qui ont examiné ~, pe?d.ant 1'1l1fianc: en féparation, la femme. dOIt r~J?1l1dre le man ou fe
retirer dans une malfon rehgIeufe.
. Il ne faut que péfer les doéhines qui font citées
pour renverfer le. fyfiême que l'on prétend autori.fer par ces dottnnes.
.
Le Cardinal de Luca ~ (a) que l'on nous oppofe ne dit-il pas que la décifion de ce point dé'pend' de la nature des moyens propofés par la fem,me & de la confiance que peut mériter le mari ,
ex [aai qualilate ex quâ pendet an cautioni Jit
fidendllm, necne? Ne di:-i,l pas que la décifioll
. dépend encore de la quahte des perfonnes ? . Ne
dit-il pas que l'alternative de réjoindre le mari ou
.de fe retirer dans lin Monafiere , peut être propo. fée à des perfonnes du bas , peuple qui n'ont pas
certaine élevation d'ame, dont les principes &
l'éducation
ne fçauroient fuffifamment garantir la
,
•
conduite, & que l'on peut d'aiHeurs expofer avec
moins de danger à des rixes auxquelles ces perfOlmes ne font que trop habituées & qui font fa, cilement fuivies de réconciliation. Mais qu'il en
efi ;lutrement qûand il s'agit de perfonnes d'une
certpine confidération qui ne font jamais préfumées
fe Plaindre, que lorfqu'elles y font forcées par les
rairons les plus fOrtes, & qui méritent par leur
état ' tou5--1es égards, & toute la confiance due à
la délicatelfe' & à l'honneur? Vel [cilicet cugendi
lIxorem ad cohabitandum ,vel illam fiqlleflrandi
apud hOlleflam matronam, Jive in Monafterio ;
id nimium pendet à qualitate perfonarum, quoniam Ji agatur inter magnates inter quos Contractœ Jint indignaciones ob quas ad judici1/m 'IIenÎatur, Cl/m id argua! magnam caufom ~ idcircà non
de facili cautlollis remedium adhibitllr, dùm lis
duratura eft, ob inconvenientia quœ relultare paffum; fecùs aIJtem lIbi agatur de perfonnis privatœ
fortunœ qllœ jllxtà mores regionllm de facili rixantllr ~ GC feparamur ,fed de facili conciliant ur ,
quoniam tunc hujufmodi provifzones proficllo eJJc
(oient ad lites omninà componendas.
Le même Jurifconfulte (a) ne retrace-t~il pas
ailleurs les mêmes principes? Ne répete-t-il: pas
qu'il faut faire une grande différence inter popu-
•
.
(a) De matrimonio, difcurf. XI. n. 13 •
•
I57
(a) Difcurf. 17.
,
.
�. 1)8'
lares vèl mediocrés, & MagniueJ & Nobil€s, &
flue ces def/liers d?ivent ê~re gouvernés ,par d'au_
tres regle:s Db majoreTtl fllmu~um honohJ & exif
rimacionis? Ne rut.:.if. pas qu'il faut fur-toat é(jt1-,
fuIter [ur cette matiel'e les opinions reçu€'S &. l'è§.
mœurs du pays moreS. refjionù? Or, y g .. t ...il dàn~
fiOS Lnœur's un feul exemPle d'unie fenlln~ Qttachée
à l:i maifou Vàremeltfe }10ur être enfè.velie diins Ult:
Monafrete pendant l'inlbnce ·eil [éparilÜ(}u ?Y à ...
t-il un Tribunal dans h~ inondé qui ait jâl11:lts faie
tet uutragè <i la làlnœté, à la màjefté GQ pere ?
Sans 'rloute les Monafte-res f~nt des afyles. tef.:..
pe&ablespour la vertu. Mais la ffiaifor1 pnretneHe
l"eft· bien d'avantage •. Elle eft i~ prel1'liet afyle de
YillllOcence .. Elle èfr re vrai [ahcftuàire ' des filœurs •.
Bien avant dees etah1i1fem'e'ns qui Me doivelit leur
vrigine 'qu'à des '1N{~itutions pat'ticuli~r€s' de pî€té 1ià [tJatul'è , . la reHgi0/t & l'état avaient défigné'
fa lllaifoll du pere, i:!tHflllfe 'UN tillflple fucté dans
1-e1lI~1 l~s 'eIffatts dûivefit tt!c~Vè>ir l-es principes
d~ 'tous ies devoirs,. 1~~ femMces & les exemples.
'cle ro I!lre s le s Vêttus ~
l.!ne femme '&Ï'a fuus l'infp'€B:ion, fous la pro
tetti0n 'd-'uli pete vérèuéux & refpe8:âble '; & les
LoiX ~l.ii IChét'chètbient lm â'utre 'afyle .! Et dan-s
-qu~l li'e'de 'VivtfQ1is MU~ â6trè , -pùifqûe hous.
ferions réduits à la trifle extrêmité de ne pou- _
'fê5Ir, plik comij"fer iur, es tiens âÜ Tang, fur les
fentllnens les plus réhgieux,. fur les infpira6ons.
les plus fortes de la nature ?
.
a .
-•
I ).~
.
.
Mais il faut faU\~er, s~écrie-t",on, la Dame de
Mirabeau de l'QhfejJion. Et qu'a-t-elle donc befoin d'être abfédée, pour réfufer de fe livrer à
ll11 épo'ux qui l'a outragée, q~i l'a . dia:an:.ée !
~ui a menacé fon honneur,. qUi a attente a fa
{ûreté, qui. ne! s'ett rendu fameux q4e par [es
iléfordres & par fes fcandales 2
Quels feroient . les obfeiJèurs ? Un pere ver'tueu~ & [enfib:le, des parens honora,~les 9ui
voudvo\ent éca'l'ter la hunte , Poutrage , llI1fanue ,
flui [e préfenter?ie~t pour PfQtég~ une femme
malheur~ufe & mdIgnement attaquee!
.
- La Dame de Mirabeau obfédée ! D'après les
faits expofés & con(l:atés, elle n'a hefoi\1 que ~e
fe replier fur elle-même, de confulter les fent1'mens ne f0m cœur , d'interrog~r fon alne, de
céder à l'infiintft #licat de l'honneur 1 pour répoufier avec fo{ce . & ayec énergie des, t~aits
d'audace ,q\li ,feroient [euls .capables de Ju{hfier
{ès repugnances , {ès crainçes , fa ,réfifianc.e frrme
& inN"incible.
La Dame de Mirabeau obfédée ! Et oui elle
raIl: , & elle doit l'être; mais par la voix cl,; fa
c01lfcience , mais par celle de tous ~s gens de ~)1en,
mais par.la ,rociété entiere J
. :La ,llame de Mirabeau . obfédé.e ! LEt n1efr,.,ce
donc pa-s la propre famille if [on mari qui la
pllel~i(}re .il v-t:rre ,dans fOUI anoe les femences
dont ,on ,v'ÜÎt ,aujourd1hui l: _ ?éve1op~ement ]
N'e!1;.,cep3s cette famille qUl ta .4!v.el'ue .de fe
<
�r60" "
renir en garde contre un époux peint fous les
couleurs les plus affreufes, & aux etnpreilè_
mens duquel on ne pou voit .ce rendre fans cam.
promettre [a fureté, [a dignité, [on ·r epos? N'dlce pas la même famille qui a dévoilé tous les
complots, qui a révélé COliS les myfieres do.
rndliques, qui a infpiré toutes les craintes, qUl
a démarqué J'homme en entier?
La Dame de Mirabeau abCédée r Et c'efi pour
la [ou (haire à cette ob[effioll prétendue , qu'on ·
voudrait l'enfévélir toute vivante dans un tombeau, pour ne lui laifièr communication, dans ce
fomb.re reduit, qu'av!::c celui qu'elle dénonce C0111me [on perfécuttur & fan tyran!
La Dame de Mirabeau abfédée !" Et fous ce
perfide prétexte, il faut l'arracher à la proteétion
parernelIe , à toure fa famille, à la nature eurie.
re ! Et fous ce perfide prétexte, il faut lui ravir
Je droit [acré de la défenfe naturelle lui ferme v
d
,
l"
·acces
. es T·
nbunaux, lui interdire tout
recours
à la J ufiice, lui ôter la refpirationde l'a me
l'abandlmner au m~fheur & au défefpoir!
'
1rab.e au obfédée ! Et avec ce
La ~arne de
il faut
mot ~lelU de malIce & vuide de feDs
la pover du. bén.éfice de toutes les pron:effes f0JemneIIes , qlU lUI ont été faites ,. de toutes les
~Jaroles d. honneur qui lui ont été données ! E t
li fau.t lUI ravir t.ous ~es grands avantages, pour
fav~n\er un man qUI s'eft fait un jeu d'attenter a 1 honneur de ~a femme, de violer la foi
1\1
conjugale "
16r
conjugale , touS tell devoirs & tous les engél'-
semens!
La Dame de Mirabeau obfédée! Et fur cette
allégation calomnieufe, il faut attenter à fa tranquilité , faire"injure à un pere vertueux, accufer
& traîner dans la boue toute une famille honorable ! .•...
Non: les Loix ne fçauroient fe prêter à- de pareilles manœuvres.
La Dame Je Mirabeau n'elt pas dans la c1a{fe
de ces femmes qui quittent fubitement la maifon
de leur mari, pour venir former une demande en
féparation. Elle efi, depuis huit ans, en poffeffion de
l'état qu'elle demande de con[erver. Elle jouIt de
cet état, de l'aveu de fa famille, de l'aveu même
de l'époux qui vient indignement troubler fon
repos. ErIe en jouit fous la foi des conventions
IfS plus facrées & les plus inviolables, fous la
foi d'un jugement domefiique , dont eUe invoque la fainreté & la jufiice. Pourrait-on lui ravir
provifoirernent des droits certains & reconnus?
Elle n'a jamais refufé demanifefier elle-même
fes iptentÏons il fan mari. Elle a accueilli [es émi{faires; elle a reçu fes lettres, qu'elle n'a renvoyés
qu~ quand il · a fa.Jlu rompre une correfpondance
inutile & fatiguante. Elle lui a offert des entrevues, avec les précautions qu'elle a cru devoir
f indiquer pour fa fûreté & pour fa dignité. Mais
el~e a déclaré qu'elle ne pou voit faire le facritice
de fa [enfibilÜé ) de fan honneur outragé, &
X
\
\
�161:
~'el1e était comptable à fa famiJIe, .au public ~
à la fociété , de tout ce qui pouvoit inréreiièr f~
é.tat & fa délicatefiè.
"
Les Loix pourroient-elles donc défa1"Doliver 'Ult
langage qui n'ell que celui du fenciment? Pour ..
,"oient-elles ne pas p'r otéger une épo.ufe malhe1.l ...
reu[e qui réclame leur autoriré ? Quel ea même
J'homm.e raifonnable. qui.., ? l~ lVue de t0ut ce qui:
a éré écrit par la famille de Mlr.abeau.., ne s'étonne
pas de la confiance audacieufe, avec laquelle le
lllari accourt de fa prifon , pour r.edemander fa,
femme, & qui ne l'accuferoitpas elle-même
fi elle pou voit fe déterminer à rejoindre {o~
mari?
à Aix, le
DÉLIBÉRÉ
2.,
RE. Q U -E TE ;
D ' U , C 0 M T EDE
Mars r78~.
PORTAlJIS ..
SIMEON.
,PAZERY.
PASCALIS.
BARLET.
SIME.ON, fils,
" -
)
Pl'éfenréé ' à. No«eigneu~s ..du Padement, &
fignifiée le ~ .A vrit -)
1
J
. En réponfe à la Requête de la Dame Comteffi
DE. MIRABEAU, fignifiée la v~iUe.
e um de p 0.J1e/liolle , & t]lI.S momm to caufo dicitur , '!Ji appel/alio
illterpojùa fuerù, l am'" lala S ententia flrt itur effic1um. La Sentence
rendue fur la poffeffion du mo ment doit avoir fo n effet malg ré
l1apf el. L. lm;'. cod. fi de mommtanea polfdJione fo en' f appûlatu nl.
BERNARD ,. Proltureur.
.A
j
-
A A I.x , .chez JEAN-BALTliAZARD MOUR fil
l mpnmeur
'
,
ET
S".
.
du ROI. 17,83'
MIR ABE A .U..-
•
IN 'OSSF:IGNEURS
.Du
PARLEMENT.
Upp1ie humblement Mre. Honoré-Gabl'iel de Riquetr."
. Comte de Mirabeau.
. Remontre qu'on vient de lui fignifier, au nom de la~
S
Dame ComtdTe. de Miraheau ,_ üne requête tellement:
.
A..
�.
.... ~. .. I ~r.
t
nutrageante; qu'il tl~exHle peut-être pas un autre éxem 1
d'un tel excès el~tre époux; & qu'au bas de cette ,requëi e
il a été furpris à la religion de la Cour, fur un fa e,
expofé, & fur des autorités tronquées, un Décret é Il.''
demment contraire à la loi; lequel, s'il étoit maÎtltenVl,
rendroit vains & iIlufoires les titres les plus ' faérés.
u,
C'eft devant un Tribunal; c'eft devant des Juges ii
verains; c'eft à la Cour même où réfide la majefté
Roi & de la Nation; c'ea aux confervateurs des la' U
aux gardiens des mœurs, aux protetteurs de tous
droits, qu'on ofe dire au nom d 'une époufe que es
" citoyen nota bl e & qua l'fié
,
marI,
l ,a éte' détenu des
ann 'on
entieres dans des mai/ons de force, defquelles on ne ees
fortir fans flétriffure , & que les coups de l'autorité la pelut
L:
'
"
p us
"
ar bltral~ ne .urent JamaIs ~onnoItre à un homme de fa
claffe; a mOins que le donJon_de Vincennes, la Baftille
&c. {)ù .furent détenus, par 0rdre du R{)i, les Condé:
les Conti, les Luxembonrg, & plus récemment en co
des' fils de Ro'is, ne {oient DES MAISQNS D.E ·IOR~
CE : c'eft devant des Magjftrats qu'on ofe dire
l' honn~urA & la déLicat,effi. de.'~ Dame Comteifè de Mi:a6~~~
pourrou ,ure compromlS, a re;ozndre un époux-dont elle déclare
ne voulOIr & ne pOlIVOI~ approcher Jans s'avilir & Je camprameure aux yeux des fozx. & de la fociité enriere.
- C'eft à des Magiftrats qui connoilfent toutes les circonfiances du procès, qui favent ce qu'on fuppofe au
nom ~e la d~m.ander~ffe ; ce qu'on dit, ce qu'on tait,
~e qu on ~ccredlte meme en feIgnant de le taire: c'eft
~ ~es Maglftrats qui connoiffent leurs concitoyens & leurs
llalfons de fociéré-, leurs int~rêts cachés & leurs pallions
fe~retes; qu'on ofe foutenir pour la Dame Co~teffe de
Mlrabeg u , qlie l'obligation de fouffrir au moins le, vifi.
tes de fon man,
. 1"urou avec. lUI
1 un commerce que la décence
que l'Izo(2neur & I:s confidératÙJns lu p lus fo".~es doivenz écar~
, ( r; qu~ <1e f~rolt Ull eXCfs' de tyTannie que d'ordonner
J
°t
It
'f i
r
ces "vi{îtes, puifqu'oh démolltrer qu'il Ile peur plus y avoi,..
aucune forte de fi!Jcù té entre elle . & Jan mari.
C'ef!: potlr une femme qui ne fe plaint d'aucuns févi~es, ( & qui ne fç auroit s'en plaindre, ptlifqu'indépendammeot de ce qu'eHe n'en effuia jamais" les lettres
d'elle qu'a fatt imprimer fan mari, démmJtJeflt invinciblement que leur tlil'ion fut intime', fic leur cohabitation
fans m age!» ; c'eft pour la Danle de mirabeau,. qui, dans
UDJ temps depu is lequel elle n'a pas revu le Suppliant ,.lui
a écrit du {tyle d'une amante paillonnée; c'eft en fon
nom qu'on t,ient ce lang<!ge.
Et c'eft d'un ton fi décent) fi noble, fi impo[ant ~
qu'on repréfente le Suppliant comm~ Joulam aux pieds
Jes propres rngage'71.ens ; parce qu'il redemande fa femme aUlQ
Tribunaux, après l'avoir tant & fi vamement Iéc1alltée
d'eUe-même &. de fon pere.
n'etl: point ici le lieu de mont1'er qble celles deS'
lettres cdu Supplia.nt qu'on attelite, /Te prollvem év idemment rien, finon qu'il demandott a.Io.r!>, &. dans la fitua..
rion la plus cruelle qni fut jamais, un élal'giffement cEl nU
ditiortnel &. partiel qui ne lui fut p{,)~l<lt accordé. Or,
du moment où i-I n.e l'obtint pas, n'dt-ce point bine
truauté dér-ifoile que de ra-ppdler comme des. engagtmens.
les conditions qu'il pwpofoit de. s'i-mpofer pour W'l prix:
qu'il l'l.'a pas reçu?
/
11 l1le s'agit p as non p.lus de débattre iCI les lettres dfi
fan pere, qtli r co mme tou tes autres lettres m ifiiV6s de
ciers, devQlient re(l;er fo us la foi du fecrer. On prouverait aiféme nt qUI'une pa-role qui ne f-ut J AMAIS l'Ii- demanolée , P}f reçue, ne fa-ufQ i.t être réclamée" &, n'exi'fie
pas- Oll > p »ol.l-V~ r,o.rt qN~ cene pal'o.le eût-eHe exifté , eUe
Ile pouvait être donnée qu e p our un temps , & pour lin
temps d'épreuve ~ que. le JAMAIIS ne Cauroit {e fwppofer i.
pw.[qu'if feToit également abfur de & barbare: qu'un pere:
~ûit condamné [pu, fils à. n'avoir JAMAtS ·fiJli d'expier. fe~
ee
,.
)
Aii
-
"
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erreurs; à ne pouvoir les répare'r JAMAIS' 8<
"1
d
'
l"
.
,
qu
IlIt con amlle ul-meme ,a ne JAMAIS voir perpét l ft:
f:imille, On prouveroit enfin que ces lettres ll'étab~% fa
rIen que les exagérations & la crédulité d'un pere ,1 ,e,nt
'fi
'
trnte
pli! que la plus grande partie de leurs déta.ils & de l '
alferrions eft démeotie par les événemens poftérieurs ~U[s
propre conduite du {jeur Marquis de Mirabeau T'
a
'r
'Il
'
OUtes
d
ces IICUI1l0nS trouveront al eurs l:eur place: car {j 1 S
pliant fe doit de ne point demander Compte à fa e up.
de ce qu'il a pu écrire contre lui> il fe dOl't n pere
encore
p1us de demander compte du procédé d'employer
lui les. lettres de fon pere.
cantre
Mais il fuffit · au Suppliant d'obferver en ce
'
C: ' r
mOment
que tous ces laitS .lont étrangers au procès' qu"l '
.
'd'
,
1 n eut
J<1mals
autres engagemens avec fon épouf.e
. fi
r ,
, que ceux
qUI urent conlacrés au pied des Autels' qu'il
r
'
.
'd'
, n e laUrOlt
en avoir "Pr,ls e con;ralres' ; que s'il en eût Contraété de
tels, les TrIbunaux s empre{[eroient de di{[oudre
.
'r' 1
une Con·
VelltlOn IllWCla, e & fcandaleufe' que les engage
d
cl eul' époux fiont reclproques,
' . '& qu'Olt ne peutments
es
r
"
fi 1
•
lans Ill'
u ,ter, a toute morale, fans fouler aux pieds tous les
pnnclpcs, fuppofer que La décence La dé/ica.tefT:e & L"
d'C: d
•
':11'
/lonneur , ~len ent a une femme , de recevoir les vifites d
r,n .man . . L'HONNE,UR d'!lne époufe eft de refpeéter & d:
aIre refpeéter celUI de fon mari, dont elle ne pourrait
que partager : a honte auill long-tems qu'elle porte fan
nom . . SA D~LICATESSE eft de ne pas fe permettre
~.afim~lOdr,e, demarche qui pui{[e caufer à fan mari une
J~ e I?qll!e~~de. Enfin LA DÉCENCE repou{[e avec in?lgnatlOn ,1 Idée ? 'une époufe fans cerre entourée de la
Jiieun elfe d une VIlle elltiere, & illacceillble à fan mari
eu l,
• C'eft le refus obWlOe' d' une con fierence entre les deux
eM?? ubx, auill long-temps qu'on a craint que la Dame de
fi"
,
Ira eau
~ ne ut pomt a{[ez fL{b)uguée . l'al' l'ohfeffion ;.
rA
=
'5
'C"eft le procédé inO'1.li d'avoir renvoyé au Suppfiant, fans
les décacheter, les lettre~ qu'il écrivoit à fa femme;
c'efi la violation du dépt t dt.s It:ttres d'un tiers; c'eft la
diffamation publiCiue d'un mari par fa femme qui efi contraire à toute décence, à toute déLicateffe, ~ tout !lOn~eur.
Les confeils de la Dame de Mirabeau & fes obfe!feurs
reconlloi{[ent apparemment uIJe partie de ces vérités 5
}Juifqu'ils offrent maintenant de lnontrer leur captive,
fans doute a{[ez bien infiruÏte, à fon époux. Mais comment l'offrent-ils? Ils ne veulent la lui montrer qu'une
feule fois, \:In feul infiant, entourée, invefiie, Ils ne le
veulent qu'avec des précautions injurieufes au titre d'é~
pO'JX, & fur-tout au Suppliant dont on attaque fi cruelkmeta le caraétere, & qui réclame principalement pour
fa femme la liberté dont elle eft privée! Peut-on mieux:
.:iivou'er l 'u'elle n'eft pas libre que par cette ridicule antitheCe 6.dellement tranfcrite de la Requête de la Damede Mirabeau? On jiiim de craindre pour La. Suppliante, une.
ohfeffioll gui n'exifle pas, & on voudrait LA LIVRER A UNE
OBSESSION
QUE
TOUT
DOIT LUI FAIRE CRAINDRE ET,
REDOUTER. Etrange terreur que dévoilent fi naïvement
les obfe{[eurs ! Etrange terreur que celle de voir UNE
J~UNE FEMME OBSÉDÉE PI lit SON MARI qu'elle ado ~o it
autrefojs , & contre lequel on n'efpére pas lui avoir encore infpiré a{[ez de haine ! Etrange terreur ctue celle
de la voir rendue à fes fentimens premiers, à fes plus
grands intérêts, à fes devoirs les plus facrés ! Cette indifcrétion fans nom & fans pudeur démontre invinciblement qu'il eft des obfe{[eurs qui ne veulent point de ri~
vauJC; & le langage odieux qu'on fait tenir à la Dame
de Mirabeau fuffiroit pour le prouver. Sans <iqute fi elle
était libre, elle ne diffameroit pas [on mari: Sans doute
elle ne divulguerait pas les lettre~ de fOft beau - pere :
fans doute elle ne fuppoferoit pas contre toute vérité
qu'il exiftoit un vœu domefiique contraire à la réclama-,
�6-
ri~rr dit Suppliant, Sc qu'un' jugement de {; . ,
'7
fOlt la Dame ~ Mirabeau' a' d
famdle
é ' autor'r·
éPQ~. Sans dou~e elle n'auroit emeurer
pas dîi1imPa~ee de fan.
demrcres lettres qu'cUe a rprues d r
ule les deult
"
-,..
e IOn beau
qu,c 1·e~ Supp:l'rant JOint
ici; eHe aurait fenci
- pere, Be
felgnO'lt de prendre- pour regle d r
qlle, des qu'elle
'"
fi'
,.'
e fa condulte l
e vœu
Pieu"-iu}- ",o~e lqt-l~ ~ eue devOIt le chercher dans l
Pl01S
defnrer
&.
non
dans
celles
à
trois
d
es
lettres
da
,ijjcat, Tl, 1
& 2.
n'auroit pas ?iffimulé les infi:ances touc~;~tese date. Elle
traoces énergiques de l'onele de r
"
les cernon_
IOn man du B ' ,
' he
M Ira
au, dont on connoÎt ré-roIt'
"
aJlh de
..1'
r.'
...
e unIOn avec f. c
UÇpWS JQlxante années, &. dont le S
'
"on aerePiuu jll}- demiere lettre à fa niece écrite '1
UPplI~lt JOint ici la'
,
1 Y a trOIs JOc '
,
llftcat, n, 3 que l.'étrange repoofe
évidemment
·d'été
rs, amfi'
&""
complaifaos, incendiaires & p"~ll ~ e par des Confeils.
M '
. lUI ammeSL
ais le· vœu de la fàmille exifi:a-t-il en
'
ab[olwnent étranger à une infrance r' d eiTer-, 1·1 eft
bunaI légal, 'devant Hne Co
[,
le~evant un Tri.
lin Trib4na.l domefiiqne r:r ouveraIne ~ non devant
Dame de Mirabeau l'a îr
bien reconnu' elle a- ft - b'
chez- M {';o l '
lien reconnu qll'elle n'hahito'~
• JI j:} pere
que p l , r
h·
Suppliant ou par u' . li' ar e COluentement tacite dt!
~ demandé provi[o::m~~te a~e {~ conde[cen~ance; qulelle
a. demeurer chez le Sr 1\ ,.
,~tenant: d etre· autorifée
Il.
•• lY.l arqu.ls ue Ma
r
C ' eH
fur cette demand 'd'fi
ngnane 10n pereL
plaidé au Siege' & ,~In 1 p~n[aWe & forcée qu'on a
iimulé dans la Re c. e ~e qUI a. été infidieQ[ement di:fpar une déc1amafquete e la- Dame de Mirabeau, ott.
kils, on ore a 1~7 auffi repréhenfrhle qme vl:Iide de~
USURPATION qtJp-kr~r p~{!ejfi01/; jàcrée & inviolable UNE'
Mœurs,. a~ L~x, ~erOlt egal,ement à la: Religion:, auX'
conciuuer
auX. Tribunaux, fi elle pouvair
Le Suppliant joint . {;
•
.
.Pieces ilif- ten ce du Siea-e 0
a a requete un extrait de la Sennficflt, n, 5,
M. le Lie~teha~t q~t ~er;,~ qu'j.l n'av~ it tien demandé il
put aue la matlere d'un litige. Il
L
'
•
-<lemandoit une ÎlmpIe injoné.tion de droit, à tappui de Ia:~
'qu.elle il n'invo~uoit aùcune force coa8:ive.
Mr. le Lieutenant, par un excès d'égards pour la Dame
de Mirabeau, & par une [enfibilité peut-être jufte pour
.les bruits calomnieux qu'on répandoit au nom de cette
Dame, & pour- l'éclatante annonce d'une répugnance in~
vincible, Mr. le Lieutenant crut devoir décréter d'un foùmon/ré à partie la requête du Suppliant. Le refus de [on
épou[e fut fuivi d'une demande en féparation qui eft ertcore pendante au Siege, & d'une demande provifoire, aux
fins d'être aù'corifée à demeurer chez le Sr, Marquis d~
.Marignane. Mr, le Lieutenant ne ftatua point en'core [ur
l'injonétion, & fe contenta de renvoyer en Jugement; de
force que la demande en injonétion du Suppliant devint
une dépandance des fins provifoires de Madame de Mirabeau.
Les Parties étant i\ l'Audience de M. le Lieutenant, le Sup:
pliant, pour accorder à fon épo.ufe t?ut ce qu'il pouv?it , fans
préjùdlcier à fes droits, préfenta un expédient, par lequel
il laiifoit à la Dame de Mirabeau la liberté de fe retirer
provifoirement pendant le procès dans un Couvent, où les
deux époux [eroient également obligés de fe voir, c'étoit
demander purement & fimplement le déboutement des fin§
provifoires de la Dame de Mirabeau; &. la Sentence a
prononcé conformément à l'expédient du Suppl~ant. . .
Nous ne Cuivrons point l'Auteur de la requête dans fes
excurfions auai inutiles qu'indécentes ,fur la Sentence du
Siege, fur les conclufions tant vantées qui la précéderent,
&. fur L'ÉTONNEMENT du public qUÎ en entendit la prononciation . . Nous croyon·s le caraétere de Juge toujours
& par· tout également refpeétable; & nous n'imaginons pas
que N ofi'eigneurs ignorent les applaudiifemens urtiverfeJs·
qu'excita cette Semence, qui n'affiiger-oit pas tant les
obfeifeurs , s'ils la regardoient comme le vœu folitaire de
quelques Juges.
..
Ceux.j qui ont lu la voifieme partie du Plaidoyer du
�pe',j"~nt 'aH~ment ~,
Suppliant;
•
Autorités & les pr\ncipes.
de 19 uel cô'té
;J1ne,r, fi, enfuite de l'appel de 1 ar; mallJtenant d' elt
[uno
e Lieutenant étoit devenLl incom a ame de J\1i r abe il·
llOno6jlant appel, comme on le [~é:~nt pOUl' ordonne all ,
pouCe du Suppliant; mais il eft à ll' lent au nOm
les vrais principes [ur la de
d propos ,. Pour réli e·
la quellion incidentell~ den~al: e en [ur[éance qu'i [,umer.
la p é d '
, a I r e avant 1 d'r
orille
" : teCl ue Illcompétence quel
a Ilcuffio n d
lllinilires.
ques obfel"vations '
,e
10' Il s
préÜ.
fi . !if 9 'flle la Sent~nce du S'
,
orme de 1il prononciation' & q I€ge n ell, quant à 1
ment, qu'un d.tboutement Or' ua~t au fond' du J~ a
la nature de tout déboute:nent 14 ~,~/nconteRablement ù~~;
e
appel; car il fe roit abfurde d' _ ' d: exécuté nonohfi
t e m,.ecenqu
t ' Oll ne poiféd ' e sa Juoel"
0
apres le déb ant
le demandoit.
Olt pas auparavant pu'r ?u.
° S' M
'
lIquon
2.
1
adame
de
M'
b
.
'
. Ira eau
.
leutenant
[es
fins
prov'r
'
avolt
obtenu
de
M
1
L
mett
' llOlres [ans d
'1
r, e
re en quefuon. fi la S '
oute 1 auroit [; Il
exécutée malgré l'appel dent21ce provifoire pouvoit :treli
'Iue cette Sentence auwit é !:l'd ' omte de Mirabeau' parc
d'épou'
VI emment p " d' ,
,
e
,
. ~, tJt~e non colltellé M' M reJu IClé à [on titra
;:if~l,c\~~e con:~ildiÇtoire à, c'eluia~~ ç adame de ~irabeali
l' u e ~ ~e lUI Contefte,pas.[a
r omte ,de Mirabeau.,
~gale, pUlfqu'elle dem~nd ' ~ua né de man, ni poffeŒon
fe' [on Pere, (où elle n? olt ~ r,efte! provifoirement chez
elftem~n; exprès ou tacit:v~~t ;té Ju[q~es.là que du con,
e a ete déboutée. Madam d on· man) demande dont
E~s pu prétendre, dans le cas
e e Mirabeau n'auroit donli:
Olres. lui. e.uifent été adj' ugé
~ême où [es fins provi~
autorIté e "
,
es, a donne
d r.
Comb - ' Xe,GutlO n provifoire à I r , e la propre
, len mOins p'eul _ elle
, a Sentence fuppofée
&
époux
[on déboutement qui
.E Ifs, rretendre.. d'
at naturel de leurs titres
.
eroger proviCoiremenc a' ces, titres !
)e~
;t~~e:.
de~' ~e
;;~~~~l1e
~on
a.
da~ta);éets
~
9
tees! prétendre -à- s'arroger le droit de demeurer chez-'(on
pere malgré fan mari!
. 30' Les SeJltences des :Z4 &. 31 du mois ne font que
donner l'exécution à un titre non contefté; mais dans l'ef~
}Jece, ce titre eft exécutoire, indépendamment de la Sentence, puifqu'il n'eft pas contredit. C'ell donc en vertu
de ce titre, plutôt encore que par foumiffion à une Sen·
tence provifoire, que Madame cfe Mirabeau doit demeurer
en fon état d'époufe. La Sentence a feulement refufé de
fufpendre l'exécution d'un titre non contellé.
40. Si l'on conGdere la Sentence relativement à la demande du Comte de Mirabeau, on ne peut nier qu'elle
ne lui adjuge une RÉINTÉGRANDE. ,Or toute réintégrande,
fuivant L'ar/icle !J du titre lJ de l'Ordonnance, & même
fuivant tout le titre 18, eft exécutoire nonobfiant appel.
.11 eft défendu aux Cours, titre I7, art. 16, de donner déftnJes ou Juiféances en ce cas; & Ji aucunes étoÈetrt
intervenues, elle les déclare nulles ~ & veUl que fans y avoir
égara, & fans qu'il Joit befoin d'en demander main levée,
les Sentences foielll exécutées l'!onobflant tous Jugemens,. Ordonnances ou Arrêts contraires.
50. Si l'on conGdere la Sentence relativement à l'alter·
native prop~fée du Couvent, il faudra convenir que c'dl
une forte de fequefiration qui a été ordonnée: Or toute
fequeftration eft exécutoire nono-bflant appel, fuivant le
même article 5 du· tit-re 17 de l'Ordonnance.
60. L'exécution provifoire de la Sentence du Siege rre
fauroit préjudicier au droit de Madame de Mirabeau, ni
à fes moyens, quels qu'ils pui/Tent être; tandis que la
:non. exécution de cette Sentence peut dans les circonfiarrces de la caufe, porter un préjudice irréparable' au Comte de Mirabeau, q.ui n'a pas ceifé d'attribuer à l'obCeffion les dt:marches hofliles de fa femme, &. de prédire:
fiu'e11es ne feroient Clue s'aggraver, tant que Madame de:
B
�M'Irabe~ ne reroit'
pàS
I~
libre de
· 11
ne conrulte
.
de [a ral[on &: de [on cœur.
r que le VŒll
On, ~o~prend que, clans Je cas d'
.oà~on peCUnl<lIre avec contrainte pa
une Condam.
dll~ par elle-même, &: fouvent a r r ,corps, ( loi il
diétlons incompétentes) la faveur ~~:~u~e l~r des Jurif.
nellf, &: la certitude de faire répare 1a 1 e~té perfon.
en ,réfultoit quelqu'un, ayent décidé 1r ~ préJudice, s'il
ne( à accorder des Arrêts de défenfe es&: durs [ouverai_
J\1~{S combi~ri n'y a-t-il pas de diftan~e de es [urféances.
homme vexe par une Sentence des J
la caure d'un
(e~e,ilRle" à la prétention d'une femm~gesUI- Con[uls, par
lt. dune Senténce
du premier Trl'b unaqt veut,
en dé.:.
..
•fc01 exprefre, refter . féparée de r
.' &: Contre unê
.
l'
d
'
IOn
man
m ne enten re, )ufqu'à ce qu'eH ~.
' 8< ne 1e voir
le peut y parvenir) par la Cour ;ou~~ a.utori[ée, ( fi elféparée d'habitation! Certes il ne ' ~alOe ~ a demeuret
fomme plus ou moins importante' i~ alpt . po~nt ici d'unè
venu; il s'agit du premier d '1 s/glt d un titre concelui fur lequel la focieté e~t" u p us acré. des titr~s, de
pouiller par le fait le Comt ' ~ererJ~pofe; li s'agit de dé·
d'un tel titre qui ne lui e ft e
Irabeau de l'exécLitiorl
puiffance fous le Ciel n'a ~ li pas contefté, que nulle
U
fan!=e fous le Ciel ne peut d pten?u ~ 8< que nulle puif80 . Enfi n,leu
'1 Il.
e rUlre.
tellement
.
donné .par fa Sentence d S· vraI fique l'état prov{foire orpendant le pro ces . qu'il u leg~ eh le feul qui puilfe exilter
d
d'une féparation a'éfinit . evrOlt etre tel même dans le cas
Juges. C'eft l'obfervati:;~en} or~onnée par les premiers
J7 de l'Ordonnance » A ~, ou e, fur l'art. 17 du tir.
» ration, dit-il foi; d b,l egard des Sentenc~s de fépa~
» d'habitation 'eUes ne, le~s [euleme~t, foit de biens St
» l'appel. On ~rdon'le ;. s,ex cutent pOInt au préJ'udice de
,
Jeu ement p ,
;1:
t.
»
»
DE SÉPARATION'
ar prOVlylOn DANS LE CAS
D HABI7'ATIbN Ii
'
emme re}lëra dans un M
RONONCEE, que la
fi
e
ifion
al
ou Couvent indifj.ué par
•
)} . fOI!
»
mari ou par (es parms,
JU$Qu':A C.E QVE L'A PP EL
SOIT JUGÉ DÉFI NIT IPEMENT. " .
Tels (ont les prinçipes inconteftables que le Suppliant
a déja eu l'honneur de mettre au moil)s en grande partie
fous les yeux de la Cour, au premier avis de la demande
en [urféance. Il avoit différé jufqulicj de difcuter le moyen
particulier d'Î:l)com'pé~ence propofé contre la Sentence d~
nonobfian t appel, parce que les principes une fois connus, &: Ja matiere avouée provifoire, il lui [embloit que
la compétence ne po,u voit pas être mife en quefiion·.
En effet, toute ~ ENTE)'IICE PROVI SOIRE doit être EXÉCUTÉE NONOBSTANT APPEL. C'eft le mot de la Loi, qui
ne dit pas que les Juges POURRONT PERMETTRE l'exécution 'provifoire; mai~ gue les Sentences provifoires SERONT EXÉCUTtES NONOBSTANT APPEL.
Donc l'appel de la Sentence provjfoire n'eft pas fufpenfif.
.
Il EST DÉFENDU aux Cours D'ORDONNER DES SUR'
SÉAN.CES · A L'EXÉCUTION
DES .SENTENeES
PROVISOI-
RES.
Donc' les Tribunaux d'appt;l eux-mêmes ne pourroient:
pas donner un effet fufpenfif à ,l'appel.
Ro~"c.le J ~ge qui ordonne le oonobfiant appel, ne fait
,'lu ecnre dans (a Sentence le mot de la Loi.
.
Donc ce Juge n'attente pas à l'appel qtÙ n'eft pas.fuG
l'enfif.
- Donc it n'att.ente pas à l'autorité du Juge d'appel qui
n'a pas (upendu,. qui ne pourroit plus même fllfpendre ,.
.I:'_ul~q.ue,}'Ordonnance _~utorife l'exécution des Jugemens
provlfOlres, NONOBSTANT TOUS ARRETS CONTRAIRES.
ÇOI'Dll}enl l'appel pourroit-il fufpendre, Iorfque , fuivan t
la ri~l).e~~r de l'a Loi, l'Arrêt même de fufpenfion ne·
fufpendrOlt pas -? S.ans doute la Loi n'autorife 'pas des
attentats contre les Jugesfouverains; &: pui.fqu'i{ n'y auroitt
g~s d'a~t~tat à exéÇj;lter uo Jugement provifoire maluê:
, . ' B ii
�Il.
leur Arrêt de défenfe , il n'yen a point à exécuter a è
un relief d'appel.
pr s
Si la déduétion évidente & fimple que nous
d,e tracer, ne rend pas abfolument inutile un ét l venons
cItations & d'autorités, dont on cherche trop lia age d7
, 1 déC.1aut d
l'
,
ouvent a
~ouvnr e
,e ogIque, nous ajouterons que l'ufa
de s'adreffer au Juge qui a prononcé pour faire 0 d ge
'
r onner
LE NONOBSTANT APPEL, e ft umverfellement établi L'
aut:ur d e l a requete, qUI, comme on le verra bientôt
n eft pas plus heureux que fcrupuleux en citatI'o
'
l
"
ns a
lie, att&eft1er Sa
: Pl:auqu; undIverfelle de tous les Tribu.
naux;
e ' upp Iant repon par une notice de ~
U"-4~çinq exemples , comp~lfés dans. les regiftres de"'~l!if:alfl~oH~:-Ioo.
/1
néchauffée dans un penode de dIX années. Il en aJ'
'1 fi ' if;' d e paretlles
"
Outera
SI, e . ~e,ce aue
pnfes dans les Greffes des
JunfdlétlOns de la Province.
Au 'refie cet ufage eft attefié par la plus grande 'partie
des Auteurs. Il l'eft
dans .le Commentaire du R egtement
'J
,
d ont M. 1e P rocureur
Général aétuel a agréé là déd'
UA ' d R ' 1
lcace.
n rret e .eg ement, celui-là même que l'infidele
~u[eur d~ la requete de la Dame de Mirabeau a ofé mu.
tller & cIter, un Arrêt de Réglement légitime cet ufage:
En effet l'Arrêt de Réglement du z 5 février 1699'
r~pporté dans le recueil de M. de RegulI'e , défend au~
~Ieutenans de t?ucher aux matieres après la déclaration
d appel des parues; & c'eft tout ce qu'on a cité de cet
~rre~ d~ns la . req~ê~e de la Dame de Mirabeau; mais
l Arret ajoute ImmedIatement EXCE.PTÉ AUX CAS PORTÉS
PAR L'ORDONNANCE; & c'eft ce que l'Auteur de la
requête a i~fidieufement palI'é fous filence.
cl Le S~pphan~ !"e fait pas Comment on qualifie au Palais
e pareIl!es reucences ; mais il fait que dans l'idiôme
d.es ~lOnnetes gens, elles s'appellent de criminelles préva-.
ncaUons.
A '
•
°
Il eft
•
don~
fâux que, fuivant l'Arrêt de Réglement
13
6dellement rapporté, l'appel dépouille toujours les pre';
miers Juges. C'eft le contr'aire qui efi vrai, l'Arrêt EX-'
CEPTE LES CAS PORTÉS PAR L'ORDONNANCE ; & quand
. on a prouvé que celui dont il s'agit efi un de ceux portés
par l'Ordonnance, la compétence du premier Juge ell:
fuffifamment juftifiée.
JoulTe que le Suppliant a déja cité ' plufieurs fois, dit
exprelI'ément fur l'article 17 du titre 17, QUE C'EST AU
JUGE QUI A RENDU LA SE~TENCE, A' CONNOITRE DE
L'INCID EN T ET NO:O;OBST ANT APPEL MEME, DANS LE
tAS OU IL Y AUROIT APP EL DE LA SENTENCE.
Serpillon rappelle l'autorité de JoulI'e , & parce qu'il
s'eft permis d'ajouter : Il fe roù à fouhaùer que M. JOIIJ!e
eût apporté quelque autorité pour fonder fon fentùnent: l'Auteur de la requête foutient que Serpillon, qui ne dit pas
un mot de plus, déclare le premier Juge incompétent ...
Et c'efi donc là ce refpeét religieux pour la vérité & la
jufl:ice, que des hommes qui s'appellent fes Minifires
apportent dans l'exercice de leurs fonétions, auxquels ils
donnent tant d'importance! qu'ils prétendent exclufives!
qu'ils voudroient interdire à ceux aux droits defquels i1~
ne font que fuhrogés ! (*) Ecoutez-les! Eux feuls peuvent plaider, AFIN QUE LA VÉRITÉ S'ÉPl[RE EN PASSANT '
PAR LEUR ORGANE, ET DEVIENNE DIGNE D'ETRE PRÉSENTÉE AUX MAGISTRATS...... Voilà comme ILS
ÉPURENT LA VÉRITÉ!
Quand on peut attefier la difpofition littérale de l'Ordonnance, un Arrêt de Réglement de la Cour, l'ufage
confiant des SénechaulI'ées, on peut fe confoler qu'un
C") Une ~ffemblée de quelques Avocats a, voulu que tou,t l'Ordre
intervînt pour empêcher le Comte de Mirabeau de plaider IUImême ; , & tout le galimatias qui fuit appartient à l:un des Membres de cette Affemblée. Heureu[cment l'Ordre a mIeux connu fa
véritable gloire,
\
'\
"
�14
,
manvais PratrcÎen de TOllloll[e • appellé Rodf~
,
~ne autre opinion. Eh! faudra-t-il confacrer :é~ aIt e.lt
rou t es 1es reverles de eeux qUI. pré tendent au d 10rmalS
'
clufif D'ÉP1:1RER LA V~RITÉ? C'eft à Rodie r~1t exr.redit .les principes, l'analogie, la Jurifprud~nqul ~on
Loi; c'eft à lui &. non à }ouf[e qui s'accorde ce
la
droit naturel lX: le droit pofitif, qu'il faudroit davec;dl~
. '.il Je~ fionaeJ ,. ou pourquoi -ce 10 eman
erfiflr que/'.~ au/orue
ud
pilateur [e mêle une foi5 d'inventer pour déb: cam···
fi r
".
It,er une·
·
erreur. M aIs en n lOn oplOlon ifolée &. difcrédité
.
vaudra-t-elle contre la dilipofition littérale d' e 'LPr~.
, é
'
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une
01
dont l·ex
CutlOfI con ante dans c.e Pays a .!.te' ID .
';
d s
R
.
,,,,
alOtenue
tout le 'Jolra~me Pl~ré une fotùe d'Ar.rêts du Confeil
d Etat, reeuel IS '" pub 1 s par ordre du Gouve
.
,.
,
rnement.
en Inte.r pre tauon de 1 Ordonnance de ,t L6 7 7 On l
, 1 fi '
.
.."
es trouve
a a ulte . du CommentaJre de Bornier [ur cette 0 d
on·
n a nce
,,&.J
.,.ans l'Otd
re des '
Utres de cette LOI' , ~n
" r pe~t
,
VOl! tou~ ceux qui ont ét~ rendus [ur les matieres rom.
m~lres.
o~.r la confirmauon des ·principes que le Su _
plIant' ,a eu 1 ?~nneur d'ex,pofer à.1a ,Coy,r ; ~l en rapportla:
u!1 qUJ; ne laIife aucun· prét.e xte ~. ,l a. clùcane,. & dont les.
cJr~~nfrances [ont telles gu~Il déi:lde feul la quefiion . Je.
VOIC!'.
, .
A
•
:w
~f1 r66,. faifies faites par les Maîtres ,Epéroniers de'
Pafl~ [ur deux p,a,rti~uliers de la même Ville; » fur- c,es;
» ~alqes les partIes ayant procédé en la Prévôté de
•
» 1Hotel
·
. de Sa Mal'efté ; fiulvaot
les <.Iffign<.ltions donnéeS.
» par .les. Jurés Epérooiers ,. il imerviht Semence conn tr~dlaOIre_, ordonnant main-le:v.ée provifoire des eif~ts,
» r..[alfis'
malS au
rleu par '}elid'HS J urés EpéroOlers
. de·
'r',
.
» J'a tlSlaue
auxdnes Se n t ences , . 1'!s. J.e
Î. f"
"
jerOUnl le meme Jour
t) p<JUTYUS au Grand (;on roI'! &' ./','
" fi d"
'Z
- 'J~
DaL .e re'luele a n ·etre recus
" appe., ans def'dites S
"
'.
/"
entences,. en· ce· que l'celle maIn,
l
» NAN
evee auro 1 é ' r.'
1
te Jalte par pr-ovifion;' ET PAR ,ORDON.
)J .
GE APPOSÉE AU BAS, DE LADITE REQUETE, LES-
1)
') DITS JURÉS AUROIENT ÉTÉ REÇUS ApPELLÀNS DESD·~
j) SENTENCÉS Dt PROVISION, AVEC DtFENSE DE RIEN
"» FAIRE AU PRÉJUDICE DUDIT APPEL ET DE LA JURIS';) DICTION DU GRAND CONSEIL. ( (Il Y avoit plus
que l'appel, plus qu'un relief CI'appel; il Y avoit une
'Ordonnance fur requête qui recevoit appellant des Sentences cie provifion, &. même des défenfes de rien faire
·au préjudice de l'appel &. de la jurifdiétion du Grand
~onfei1. L'Ordonnance étoit femblable au Décret [urpris
hier à la religon de la Cour par Madame de Mirabeau. ) » Cependant les intimés fe pourvurent en ladite
i) Prévôté de l'Hôtel contre lefdits Jurés, & demanderent
» l'exécution de[dites Sentences de provifions; & par
i) deux autres Sentences contradiétoires rendues en ladite
» Prévôté de l'Hôtel, il fut ordonné que les Sentences
» provifoires feroient exécutées nonohftant l'appel defd.
) Jurés; ceux·ci s'adre{ferent .de nouveau au Grand
» Confeil, excipant de leur appel, & ils y furprirent un
» Arrêt le 1 1 oétobre, portant défenfe de faire exécuter
» lefdites Sentences de provifion. Demande en caiTation
~) de cet Arrêt. « Les défenfeurs excipoient [ur - tout
» de ce que ledit Grand Confeil, Juge compétent, étoit
»faifi de l'appel: par Arrêt rendu au rapport du fie ur
» Pulfort, le Roi étant en [on Confeil, faifant droit fut
» lefd. requêtes refpeaives, a caffé & annullé ledit Arrêt
n du Grand Confeil du I I oétobre, & tout ce qui s'en
» eft enfui vi , comme contraire à fan Ordol/nan ce QU mois
" d'avril 1667, fait DÉFENSE AUDIT GRAND CON,SÉIL
) ET A :rOUTES SES AUTRES COURS ET JUGES, D' y
» , PLUS CONTREVENIR, NI PLUS DONNÈR DES DÉFEN» SES OU SURSÉANCES D'EXÉCUTER LES SENTENCES ET
» JUGEMËNS RENDUS PAR 'PROVISION 'ET MATIERES
» SOMMAIRES, aux peines contenues en ladite Ordon» nance.
Il n'eft donc aucun moyen d'éluder la difpoGtion ' de
�1.6
l'Ordonnance fous le prétexte que le Siege était inco
nt
pétent, pour ordonner après l'appel relevé, l'exécut. 'r .
1
IOn
provllolre
nono bfi ant l' appe.
. De plus fi le reli~f d'appel donnoit à la Dame de lW
rabeau le plus léger avantage, on ne devroit pas en exci 1er
pour elle, parce que les manœuvres employées pendant
heures pour que la requête en nonobfiant appel ne fût p24
décretée le jou,r même d'un fimple rmvoi en Jugenzelll ~
fignifiée, font rres-connues; &. fi connues qu'après la lecture d'un chiffon qu'un Procureur lût pour Madame d
Mirabeau à l'Audience du Lieutenant, ( le.q uel chiffo~
l'Auteur de la requête appelle une DÉMONSTR ATION) •
le Procureur d~ Suppliant a.ttefia le. Commiiraire , qui
e.n abfence du Lieutenant av Olt décrete la requête, qu'elle
lui avoit été préfentée vingt~quatre heures avant le décret.
Mais
circonfiance du relief d""appel efi totalement
Indifférente. Il n'obligeoit pas le Suppliant à fe départir
de fa requête pré.cédemment préfemée. Car on ne doit
point oublier q.ue rappel" des Jugemens prov.ifoires n'eft
pas &. ne peut être fufpenfif ' fuivant l'Ordonnance 8è
l'Arrêt de. Réglement ci·devan.t cités &. qui nous difpenfent d'invoquer l'Ordonnance de. Provence d'e 153-5, les
Ordonnances de CharJ"es VIII, toutes celles qui ont pre.
cédé l'Ordonnance de 1667 &. la LOl RomaIne elle-même .•
S'il efi certain. que rappel n'eft" pas fufpenfif, il
faut, fous peihe de la plus révoltante abfurdité, convenir
q:u.e les lettres de relief prifes à Ta Chancellerie ne Cauro~ent don?er cet effet à l'appel. Des lettres d'e relief,
pr!fes en Cl1ancell.erie , ne. fauroient faire. ce q}J'ùn Arrê~
IUI-meme ne ferolt pas ;. or, feron la rIgueur de la 101
un Arrêt ne peut pas fuCpendre l'exécution d'un Jugement·;
ra
1
1
A
17
nient provifoire, St les Jugemens ont à cet é~ard le
m ême privilege que ceu~ qU,i fon~ rend~s en manere. de '
difcipline par les Juges d Eghfe. Ceux-cI Cont exécutoues
nonobfiant l'appel comme d'abus des parties.
. Sur le tout, la Sentence du Siege dont l'exécu tion
provifoire a été· ordonnée, ne conrenoit qu'une injonction. Le nonobfiant ~; pe1 ne doit être wnCdéré que
comme un e itérari ve injoné'tion à la Dame de Mirabeau
de demeurer en [on état d'épouCe du Supplianr. S'il eft
de reale confiante que les Sentences s'exécutent de l'autorit/' des Juges qui les ont rendues, fi les Cours ellesmêmes renvoyent au premier Juge cette exécution, a pres
avoir prononcé [ur le bien ou mal jugé; à plus forte
raiCon cette exécution . doit-elle être laiirée à ces premiers
luges, 10rCque l'Ordonnance,. prive les Juges. Cupérieurs
du droit de la fufpendre. S Ils ne peuvent 111 la fufpenclre ni l'arrêter, il efl: évident qu'ils ne peuvent en con. noît~e, &. que l'appel n'en dépouille pas le Juge inférieur. Cette vérité a é.té incontefiablement reconnue lors
de l'Arrêt de Réglement de 1699 t &. con~bien l'ap~li~a
tian n'en devient - elle pas plus néceiralre lor[qu a1l1f1
que dans le cas préCent, le Juge qui a prononcé LE
NONOBSTANT APPEL n'a pas ceffé d'être le Juge des
per[onnes, de la matiere, ni du litige.
.
Eh! de bonne foi, qu'efi-ce aU fond que cette, ~hlcane de Procureur à laquelle le Suppliant oppoCera d atlleurs.
.
.
,
l'
r
f f
Pu;cu Ill{ourre le tableau des., exemp es qUI appuY,ent Ion
tificat. n. 1.
tême l'aéte de notorieté de leur Corps? Qu on dépOUIlle
1~ q~efiion de tout cet ergotage barbare qui C:tll lui
donne une apparence de difficulré ; que ~efiera.t~ü ? La
demande d'ull mari (&. ce titre de man ne lalffe pas.
que d'être quelque chofe encore dans l'ordre légal, quoi-·
q.u'en puiffent penfer les oracles des foupers &. des ruelles ) la deman ~Ie d'un mari qui dit à une Cour fouve:
ralile :
r-
�18
""
» On me' ferme dès lo~g-t~ms fout accès auptlès dei
\19
)). ma femme. Sa fequeftratIOn Illégale doit-elle être
)1 lon~e? L'obfeffion qui me l'arrache doit-elle êt prr
)} vorifée, fecondée, protégée parce qu 'elle a décid~e a
)1 femme à former une
demande en f'éparation 7 Il rnéll
r.
ér
.
'
ne
)l laudra donc d lormalS pour etre féparée que voul _
)l l'être? Et d'avides collatéraux,
ou de perfides nO ur -1
- l'
at ...
)l. teurs, OIL d es, conlel s VIO ens pourront jetter impu é
» ment la divifion dans toutes les familles, avec la en ~)
» titude, d'opérer autant de féparations qu'ils en exci~;.,
» ront de demandes? Ces demandes, ainfi que celle d
» Madame de Mirabeau, ne. repofaŒmt-elles fur auc el
. • 1li 1
'
un
)) moy:en qUI. p Ût llltere
er a coh
amtation
Be faire crain.
» dre fes dangers. ? , La Dame de Mirabeau, demande àt
» deme~rer proVlfOlreme?t chez fo? pe,re oû je ne puis<
)l la vOir. €ette' prétentIon contraire a mon titre nonl
» ~on~efié, contraire à notre commun' -intérêt, a éré re.
)l Jettee; Be cependant mon époufe a Continué de fe foufn traire à l'ordre légal; à l'ordre des. Tribunaux. Jlai
» invoqué une fe~onde' fois le Magiftrat, Be maintenant
)l la Dame de Mirabeau s'adre{fe, pour arrêter le COUrs
» de ' la ,Juftice', au) Magifitat fuprême qui veille fans
Il ce{ft: pour qu'il ne fait pas fufpendu. Elle a cru qu'il :
» fuffiroit de s'écrier: ON ATTENTE A VOTRE JURIS»' DICTION. ; Be- qu'à ce mot tout devait être interverti,
- » comme fi toutes . les Jurifdiétions n'étaient pas égale~
» ment fous llempire de la Loi; comme . fi tout ordre
» ju~icia.ire, tout .or.dre _facial ne feroit pas bouleverfé,
» aneantI, fi la magie de ce mot APPEL fufpendoit dans
)1 to~s les cas !.'e~écution d'un Jugement; qui, de quelque
» Tnbunal qu 11 emane, eft fouvera.in s'il eft conforme à
)1 ' la Loi; puif~ue les Magiftrats
fu;rêmes ne font tels
» que parce qu tls font confidérés comme la loi vivante •
. Oui
. faQs doute, il eLl:des. attentats dans- cette caufe .
m:l1S ce [ont ceux que le Suppliant déféré à la Jultice~
/
,
,
~
,
,
J,J'eft un attentat, .51: des ' p'lus gra'VeS, dans une féparation
de faü prolongée après LIe refus d'une autnrifation légale.
Il eft un attentat dans le mépris de la Loi qui ordonne
l'exécution provifoire de tout Jugement rendu dans les
cas qui requiérent, ou .dans ceux qui .ma~nti eoneo t l'exé-cution d'un tinne (&. quel titr.e ! ) lOU dans .ceox qui mettent l'objet en 'liti-ge dans un dépôtlfûr, où iLne .peut être
préjulilicié à' aUCtilll dt:0lt. li eft fur-tout un .attentat infiniment od~eux, 'infiniment criminèl .dans le délit, de profaner le 'Sanétuaire de la Juftice 'pa.r des calomnies atroces., :par <l!les confeilspe1liférés qJli arment l'épc}U[e c<Drrtn!
l'époux du glaive de la diffamatioQ' , pOOf .élever -entr'eux
des barrieres' éter'nelles , au gré de la cupidité .& .de la
haine; qui tentent d'immoler le- lfils de liJ main du .peré-:;
de mettre .en contradîétion la piéte filiale &. l'intérêt perfonnel; d'allumer des guerres étern-ell~s ~ntr.e des familles
qu'un même .efproit devo~ un.ir, dev:~It Inco~porer.
Sans doute une telle lIcence, .·de ters exces.,.de teUes
fureurs font des attentats que le cœur pur des Magiftrats
J'epourre aiv.ec une {ainie horreur'; que Je ur-1Ïlr-is lmpartial
faura pour[urvre, lorCque' la . venigeance ' leur ~n fera
tlemandée; &. ce mOment ne tardera pas. La pwifanc.e,
le .crédit, Be l'acharn-ç.ment ,de~ .ennemis'" dIL Supp1i:ant peuvent .tout lui .enlever fors l'honneùr. Ce tréror., fans le·
quel il n'en eU point d'autre, & qui aes- reriIplace toos -; ce
tréforefi fous la garde des Magi-ftrals ., qUI veiHent pour
"a Iûreté commune, pour la fûreté publique, qui ne font
P lus fi l'honneur des citoyens .p eut être ,impunément- -at~
taqué.
Dans' Ces circonftances , le Suppliant a recon.rs à votre
juUice.
Aux fi'ns .qu'il vous pla~fe, NOSSEIGNEURS, en €o~cé.
dant aile au Suppliant de ce qu'il {~ réferve de l''O~rfUlVr,e
les ConCei.ls Auteurs & RédatteutS de la Reqllete prei'~lqtée hier ~u nom de la Dame de Mirabeau, & ce pat;
.
C ij
�zo
toute voie de droit, 8< même crimineIIement, tant à ra 'f,
des atrocités & des outrages qui y font contenus 1 011
de la violation de toUS droits humains & divins la'q Qlule
fi'
'
ne •
,
Ue e
confifle en la fédul..LIOn neceualrement pratiquée ell
,
1 . f;'
fi
vers
une f~mme honn;,te, pou.r. ul aire 19~.~r une pareille
Requete contre . 0fin m~rll. or d o.nner q&u l , fera pOurfuivi
neanmoins r
fur les appels, am 1 qUI apparuent;
·
R
'
, lans
1
s'arrêter aux fi ns cl e a dHe equete, dont ladite Da
de Mirabeau fera démife & déboutée, le Suppliant ~rne
mis hors de <?our & ~e p~ocès; & fera juflice. Sig:~~
Honoré - GabrIel de Rlqueu, Comte de Mirabeau , fil s.
1 Procureur.
C arbonne,
Mr. de Beauval. Soit montré à partie. Fait à Aix ell
Parlement, le 3 Avril '1783.
Le 3 Avril 17 8 3, fignifié & donné copie à Me. Bernard, parlant à lui, lequel a dit fe rapporter à une Re.
quête contraire qu'il aura fhonneur de préfenter à la Cour.
Signé, Graffan, HuilIier.
•
, Pojl fcript~m. Cette .Requê,te n'étoit pas finie d'impri~er? lorfqu O? a publIé & repandu, avec une prodigalité Illconnue . dans nos ProvInces, un Libelle diffamatoire contre ma famille & moi, figné, Marignane DE
1VfIRABEAU: C~ ~i~elle dépourvu, de tout~ fignature
d Avocat; mais fUI VI dune ConfultatlOn du meme genre
& du même flyle, ell apparemment la réponfe qu'on a
c:ro devoir à la propofition de mon oncle, qui fit ~
J!8fer hier un arbitrage de quatre Gentilhommes de
robbe ou d'épée •
.Je déno.nce cet Ecrit aux honnêtes gens, avant qu'il me
folt permis de le dénoncer aux Tribunaux. Je fupplie mes
concItoyens, au nom de la vérjté, au nom de la juflice,
au nom du grand Juge, de celuI qui voit les cœurs, 8<
conn?Ît nos aél:io?s & nos intentwns les plus fecretes; je
fupphe mes concitoyens de lire attentivement cet Ecrit,
2.1
'd'examiner s'il a répondu à un feul de mes moyens, st
s"il a par conféquent un autre but \lue celui de me déshonorer . Je fupplie fur - tout mes concitoyens de s'abfteni.r de prononcer fur les ' faits avant ma réponfe, qui
ne tardera point à paroîtrt'. . . .. 0 vous! qui m'avez
lu ! qui m'avez entendu! il ne me relle plus fur la terre
qu'un feul efpoir; -c'eft de conquerir votre efiime pour
adoucir mes malheurs ! Vous avez fous les yeux deux
époux ' qu'on a forcés à plaider. L'un d'eux parle
un langage qui a fait couler v'Os larmes. On abufe, au
nom de l'autre, de ce qu'il y a de plus facré fous le
Ciel, pour couvrir d'ignominie, s'il étoit p oŒble , celui
qui a tant vanté fa compagne, qui lui a donné l'exrmple
d'une honnêteté qui ne s'eft pas démentie. 0 mes concitoyens ! interrogez votre rairon-&' votre conrcience! Elles
vous diront lequel de ces deux époux doit avoir raHon ,
pour que l'humanité n'ait pas à rougir.
MIRABEAU, fils.
LETTRE de M. le Marquis de Miraheau à Madame la
•
ConZlejJe de Miraheau fa helle-fille.
•
"
Paris, le
'J' E
10
Janvier 1783,
reçois, Madame, 8< très·chere fille, votre lettre de
, bonne année, dans laquelle je ne fuis plus que cher
pere, au lieu de cher papa que j'étois ci-devant. Or il y
a de l'anacronifme dans ce choix; car je vous affure que
fi l'on me prioit d'être pere, je ferois bien un autre bruit
,
•
l' "
1
�2-1>
lJltC vous, :quand 0't1 IVOUS prie. d'être' mere; St je défie~
rois pour le coup touS les Arrets du mo.nde, au lieu q
bon papa paffe; &. c'eil: ce ~ont eil: ÇJueftion.
Ile
. Pour ·ma,r cher par. ordre, Je commence par vous re.
:Qlerc;ier de vos fouhalts
de. •bonne année.
. . Si le Ca,lendri er
.
reprouffoit chemlll, peut - etre aUIiOls'-Je quelquefoi... , IOU
~u moins e~pérance éj,u?, bonnes ~nr\é~s. Mais il va;
tou.jo,urs, &. ~e ne fauro!s (ur ce pp-mt ~tre du nombre
de -ces Proven.ÇilUX,. qUI. prennent . l~s c0!llplimens pour'
des paroles, comme dI[O.l't le Cardmal Gnmaldy. Quant
à vous, ma cher.e &. efpIegle fiUe, vous avez encore çl.e
belles &. bonnes années devant YOUS, .&· Àeauco ~p, fi vOliS
le vouIez; ou pour mieux dire", VQUS tne [avez -encore ceque c'eft que la vie: ainfi je vous la [ouhaite tres - heu-,
r.eufe, au nom du Pere, j'en réponels-; QU Fils, c'eft Votreaffaire; mais fur-tout du Saint - E[prit, &. nous y (ommes.
Quo.ique Jes réticences euffènt pu m'être permifes à mon
tour, . je puis vous affurer que j'ai rép.ondu à votte premiere lettre le 26 Novembre dernier; &. je ne ments.
pas.
Venons maintenant au grand' article, qui confifte en,
ce que ma fille fait al!ljourd'hui le contraire du rôle «le
Marion de la chanfon ,. MariolZ pleure, MariolZ crù,. Marion'
'Y~ut qu.'on Ja marie. Elle veut que je lui. [erve de [econâ
d~ns ce perfonnage. Mais, ma belle &. bonne fille, je
VIens de vous faire ma confeffion fur l ~articJe de la paumité• . • • . • Mais, dit~s.-vous , j'ai donné ma parole ft.
vous, .& -à- Mr. ·yotre pere, &. je les ai maintenant devant
les yeux ces deux fameu[es lettres du 10 Décembre 1780 ,
par Je[queJles on me v,ouloit~ ,mit-on" ,citer devant les Ma:
ré.chaux de Franc:e. J'ai rép.andu· que c'étoit pLutôt devant
lt:s JMaréchaux:f:r.rams, pU'ifqu'i-1 s'y agiffoit de brider un·
mulet. Les VOIlà donc. J.e promets à M. votre pere que
_0>11 fil~ n:appruch.era pas de ~ui, ni ,de [a maifoll,. fans,
!Ao
.
'/li
,.
cl 23 .
)
la perml Ion. Je Il enten ois pas fans doute que mon fils
n'approcherait pas de la mienne; &. juîques à préfent il
n'en eft que là. Je pourrais objeaer ,que M. votre pere
ne m'a pas répondu, &. que parole non acceptée, eft parole/ donnée. Ce fi/mee ne provenoù pas du peu d'importanc,"
.de la ehofe; mais M. votre pere a f tl'jement voulu me lai.fJer
l'endoUe de la chofe, ET S'EN EST RAPPORTÉ A
MO!.
~u'ai -je fait? Je l'ai tenu treize mois, dont huit fous
même toit &. à la campagne; &. je lui dois la juftice de
dire qu'il n'a mangé perfonne. De là il a é té chanter eri
bécarre au raiz- de chauffée, tan-dis que vous chantiez en
!Jimol un peu plus haut. II ne m'appartit>nt pas de dire mon
avis fur la mufique. De tous les tons, celui qui me con-'
viendrait le plus, c'eft le concordaht. Mais je m'abfiiens
d'opiner. Refie que de là je' l'ai envoyé à fan oncle; &
je vo us demande, ma fille, fi vous choifiriez, à tout:
prendre, ut1 arbitre- plus équitable, un témoin plus ' [û'r.
Dans [a premiere il:ation, Il a redemandé fa tête. Dans
la feconde, il redemande [a femme. Ces deux chofes ont
par fois plus d'adhérènce qu'il ne faut. Que puis. je à.
c-ela , ma fille? Pen[ez-vous que le pOLivoir que me donne
aujourd'hui l'ordre du Roi, aille ju[qu'à lui prohiber ce
droit? Vous ne le croyez pas: mais il ne faut pas le mettre à portée. Oh dame! . . . . Refte que je vous ai confeillé dans ma fameufe lettre, de ne le reprendre, que
quand M. votre pere &. moi ferions d'accord fur ce point; '
8{ prenez garde que c'eil: là le chef-d'oeuvre de ma pro- '
fende fageffe & prévoyance.
En effet, [ans cela vous feriez aujourd'hui, ma fille; '
entre' l'enclome &. le marteau. D'une part, M. votre pere, '
fi aimable, fi bon pere, &. qui ne veut pas; de l'autre, la~
loi qui veut, &. vous forcée d'offenfer l'un &. de [ubir,
l'autre. Car on a beau dire, toutes les fois que la v.~-J
lenté confulte, elk trouvera toùjouts dës Avocats. MalS
J f[d IA..J
1
•
�2.4
dans le vrai, ni id ni ailleurs aucun
.
· 'Jr'
'
ne peut Vo
que 1à. dL 01 pUlue
etre éludée en cecI' . O
.
r 'Je Vou us . dire
1
01
ome111que
par
ma
derniere
lett
une
.c
M
.
ie, qUI. Vs al .fait
tlI1e.
. votre Pere dit non' & moi'
OUs Juf'li d
.
'
qUI ne veux
d 1 cor ance, & mOll1S avec lui qu'avec t
'pas de
out autre Je d'
- fi '1
nOI~ au ffi1. A In lien ré[ultera que vo s li
'
Irai,
J un[conCulte, mais b01111e fille; ce qui vaUut ~!ez m~uvaife
Malheureu{ement, ma chere fille no ' en. mIe ux.
'
s (jeux non
.pe1s ne va lent pas l e cum fpùùu tuo de
r
pater_
r.ervOlt. 1a M eue.
Ir
N
r
cette lcmm
.
ous pouvions vous d onner un e qUI
.
'
~als nous ne pouvons pas vous l'ôter. La Loi v man;,
cItoyens, veut des en fans qui reconnoiJr
elJt des
,
.
r .
.
Hent un pere &.
qu un. man une lOIS prIS, le [oit pour tou' our 1 :
l'eut·etre pas un des Juges qui ne trouve
c~· li lfi n Y. a
commode, & c'eil pour cela même q' "1
c. II 0 e art 10,·
.
Il 1'"
u 1 a la u des L '
mais ce e, a cil:, Je vous le répete &.
.
OIX;
je ;l'y prends ni n'y mets. Mais dir~z-voJ:s vous Jure que
pa
qu on Je /épa re: oui, ma fille quand le m ~ m0i,pa lau
veut pas., Mais lailrons cela:
an all onds n'en.
2.;
bureau d'une perfonne honnête. On a- -difi'équé bien de
mes lettres. J'en avois dont je pouvois me [ervir utilement; je ne l'ai pas voulu; encore les pafTeroit- on quand
'elIes [Ollt décifives pour une caufe. Mais tes lettres d'un
pere ne font rien à la réparation de [on fils. Au refte, j'ai
'écrit felon le temps &. les chofes ; &. toujours ainG j~ ferai.
Mais, ma belle & bonne fille, ceci deviendroit d'lm
fériellx à mourir. Daignez, ma chere fille, être mon
truchement llupres de M. votre · pere; lui dire d'attendre
J'our être étonné de voir mon fils à Marignane; mais
que de Je voir au pres de mon frere, & en tout lieu où
celui-ci le menera , je l'en laifTerai le Juge. Eh..! s'il avoit
un fils, pourroit,il le placer mieux? Que qu;wd il a bien
voulu choifir mon fils, &. , m~engager par ~ne adoption
auffi honorable à mettre &. à doubler même [ur fa tête
les fubfl:itutions de ma maifoll , ce n'a pas été fans doute
,pour un effai feulement. Q ue quand il ne m'a pas fait
l'honne\!lr de répO-ndre à ' la lettre par laql:lelle- je lui renclois compte des cinwmftances qui 'dé~idojent· l~épreuve
'€lue VOlilS m'aviez demandée, j'ai compris, GIu'il m'en
laifToit le foin : :qu'au bout de deux ans, en con[équence
i e [erois autorifé &. comme pere, &. comm~ t({teur, &.
-eomme chef de familJ.e, de redemander pour mon fils,
mon pupillo &. , mon. JuccdTeur , la femme qu:il lui ayC!.i~
donnée, [ur-tout en offrant un modératr,ur r~[peaable
dans la per[onne de mon frere: que Le n'en fais rien cependant, mais que je ne puis empêcher qu'il ne demande
à rent!er dans fes droits; les miens d'aucun genre' n'allant
pas jufque!!~là: Qu'ainfi donc je" me retire â~; l!l bataiIlc,;
& qu'on le connoÎt màl, ou qu'elle" lui convient &. à
fon caraétere mieux qu',à moi. Qu'après avoir bien ré[ulné , . confulté , - 'dépenfé, fonicité &. amuré les oififs
~'Aix, il en adviendra. que qui a con[ulté, payera,
que qui a ...• &. que lui, M. de Marignagne , dira au,
~out. du, compte : ,'efl Lm! affaire. , fJ.u'iLs ne m' en rompen~
.D , . .
la
elI~o~a~~te~:e~ue~l[:~~l ~~
toutes mes lettres. Oh! oui,
Belle nouvelIe! ChaCLIn [ait s fn ~ !emps fut un bricone•.
pas à [a femme à Je d'
ce éiI.
ais outre que ce n'eft
temps pré Cent . & 1'1 Ire 'di~ela ne . prouve rien pour le.
.
.
vous
ra que da 1
foltes vous le t
.
'
ns e temps de Ces
,
rOUVIez. encore Dr
b
M'
[ouvenir cfe cet ~Xl' O
r ou on.
leux vaut [e
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grec ' ql:ll. d'It qu"1
r
nemi Comme u
1 laut être en,
p o uvant etre am' .' 1 r
.
gens qui Ile peuvent •
l , a .p us IOrte ral[on entre
ere de é'd'
d'
etre autre cho[e. Il eil permis à un·
mire e [on fils"
,
P
de [on marI' V
' maiS non pas a Ulle femme
•
OUS NE FE RE
MAIS ON LEe
1
Z AUCUNE DE C.ES CH OSES'
• FERA. EN VOTRE N
&
'
,
'
conduira à venir
OM;
peu a peu l on vous'
Mais peu à p::e.~dre v~tre caze dans les Cau[es célebres.
faut b··
J
. 1 paroltroit que je plaide & il s'en
len. e vous diS li l
'
ùil un diépo' t cl
fi eu ement, quant aux lettres que
d"
, [orm
" du,.
e C,on ance nu'
4 l ne.
Olt lamaiS
bureau.
•
..
1
�2.6
'pluJ' les oreiOes & me. laifJent en ~epos; ~ que; COlt1nl-é
difoit , feu Cyneas , mIeux vaudrait peut-etre commence{
par l a.
Vous me direz peut-être de prendre ces confeils pour
moi; auffi ferai .je , ma belle & bonne fille. A vous 1
dé. Je vous fO,uhaite bonheur & f~lJté. Au relle, foi~
que vous mettIez entre deux I~ ,gnlle, ce qui eft plus
p~remptoire .que toutes les prohlbmons paternelles; folt
qu'il advienne finalement qu'on vous gâte la taille &c.
je m'en lave les mains. Je ne puis en ceci que récom:
mander aux miens d"épuifer toutes les voies con~enables
honnêtes & honorables' avant d'en venir à celles de dr0it~
Mais "a~rès cela, je n'.ai ni Je droit , ni par conféquent
t'a volo[H~ d'agi:r_contre mail fils, parce qu'il aUra refufé
~e , vous laiffer conime une praline embaumée, btiller
à la chandelle pendant quelques heures, & le relle du
-temps fe,?blable ,au figuier fiériJe de J'Evangile, dont
on ' guete la pla'ce pour y placer du fruit étranger.
, P'uiffiez-vou~ voir en ceci, ma fille, que je ne fuis pas
lincorrigib>le , Sc que quand on me menàce de publier
mes lettres, j'en ecris de très-prudentes: çomme auffi là
vérité & efficacité des - fentimens .<l'attachement que jè
<'Vous ai voués, & avec lefquels ~e vous embraffe trèsr
t~hdrement. M.adame de Mirabeau a fait imprimer celte letlf~
{tins parler il, la fùivante.
Lettre de M. le -Mar~uis de Mirabeau à Mada{1Ze la COlnlejJe
de Mirabeau fa belle-fiLle.
De Paris le 25 Février 17 8 3,
M
Adame & chere fille, je répondis en badinage à
votre derniere lettre , qui me parut avoir été
diaie pour 'mettre en ~re nous un genre - de Jérieux que,
if ,
'
,
mon cœur n"adoptera 'jamais. -Je dchal cependant à travers,
des plaifanteries, de vous préfenter des vérités qu'il me
paroÎt qu'on vous déguife fur votre lituation Efruelle,
d'après les récits qu'on me fait de ce qui fe paffe à Aix.
Je crois devoir vous parler avec la ftatlchife '& la ten-drdre dont- j'ai toujours uf~ avec vous, ma chere enfant.
€ar vous le fil.!es & voulûtes l'être. Je ne vous con='
noiffois ' pas, je ne vou~ cherchais pas ; je ne ch1!rcITois
pas à mar ier mon fi ls : & ce ne fut que d'après votre'
choix & celui de M. votre pere, que je me déponillai
& que je mis toutes meS efpérances fur votre tête. VOLIS,
favez fi : je vous ai été .bon pere dépuis ce ' temps là ";
mais ce n'eft pas de moi dont il dt queftion:' Vous pouvez'
ne pas me faire entrer dans vos cè>l'lfidérations ; & vou1
êtes en droit de ne vous occuper que de votre proprel
fatisfaétion : du moins n'efi-ce que de vous ~ue je veu~
vous entretenir.
Il eft ai{é, ma tres-chere fille, 'de commenGer Une
affaire; mais il faudrait en bien connaître la rtature; il'
en faudro1t -prévoir là fin. Etiez-~ous n€e pour deve ni r'
par votre volonté l'héroïne d'un fcandale -? Etait-ce làvotre attrait? J'entends la réponfe : il faut donc fuppofer
de grands motifs: V ~ Avocçns vous en trouveront; mais
jls vous font illttf10 n ,. 'Croyez moi. L'on a 'tout éorrfult~
ici, Pays, où l'on fépare fort aifémenr. o.n a tout énoncé,
établi, eXil géré , fllppofé comme démontré; & tOlites ces
chofes ont été rejettées comme étrangeres à la quefiion~
Il n'a point commis de délit légal envers fa jenlnle depuis
elle a été la compa!}/Ze dè fa déroute, de fon exil,. de fes
privations, depuis qu'elle a couru el! pofle jour & nuit pour
venir l'excufer. Ma chere fille, je ne répo nds de perfonne
iu'
que de moi; mai s je puis vo us répondre que votre mari'
eft beaucoup mieux à tous égards que quand vous le.
prîtes. Le paffé relevé par des Adverfaires , fera bruit:
fans doute'. Mais quel bruit! . • VouS' fur qui je comptoii,
, D ij
/
�28
pour rendre à mon nom le lullre en ce genr
fieurs très _ refpeétables Dames confécutives el" que ~Iu
procuré ; que craignez·vous en cédant aux i ~l aVOlent
votre mari & de fa famille? Vous êtes fépar~ ~nc~s. de
Mon frere vous offre une maifon convenabl e e, Jens.
oUS
ferez la maÎtreffe. Lui & moi nous travaillons c. ou IVâ
à réparer les ravages de la défunion.
ans re che
Il ne relle donc que l'éloignement de M
t
t'ell bcaucoup fans doute. Mais ne voyeJ.z ~~o re pere.
ce fentiment porte fur fon rebut pour le t~a us &pas que
1 t
bl
&
1.
cas
pour
e :.~u l eS~l
que. vous UI ?pportez ce mal en voulant
l e IUlr. 1 pOUVOlt vous faire laiffer en diC. . ' r;
lien~rai ma fi!f~, paffe. Mais il ell trop' éviden~n~l;/e JOUma~l eft trop avancé: qu'il faut qu'il prenne
vdotre
t
't
l'
Ît .
con amé
na lOn a out ce que oppo mon peut femer &
de bruits contre lui, en renonçant à fon état exag r~.rl
vous obtienne. Eh! font-ils de bonne foi ce ,o~
qu 1
U
. difent que tout ce qu'ils entaffent de reproc~~ 1t 1 vous
à la
ft·
li r. •
e rangers
que I~n ur la tete, opérera la féparation ? S"I ft
q~eJque ralfon cachée, je l'ignore: car tout ce ~e e'e;
faiS ( ~ peu font .plus in~ruits .que moi, je penfe q) nla
nul pOids e? cecI ; ou s tls aglffent comme mercenaires
o~ ~affionnes, vo~s avez. affez d'efprit, ma fille
our
demeler les vues etrangeres à VOliS. Ayez donc alre~ de
coufIirage pour ne pas fouffrir d'être compromife pour de
f au es apparences.
Les. mœ~r~, les exemples, les propos répétés feront
~n .véa~n Ides tllufions paffageres. Tant que la fociété fera
ldOCI cl'·
te e nœud que v ous avez contra~l
!'l.é le
r ra le premier
lees eV~lrs dans .l'opinon générale raffife, parce qu'il dl:
cl premier. de~. lIens. Le devoir filial 11e perd rien fans
oute, pUlfqu 11 eft le germe du devoir paternel Mais
ma ~Ile? les fabines fe jetterent entre leurs peres '& leur;
mans
àL
s'égoraer
'
. renommées pour cet aéte
d'hé prets
ïi
b ' A Jamais
rOI me. e terme fut qu'Albe fe réunit & fe confon·
2.9
-dit dans Rome. Je 'Vous renvoie loin, dirons les moc':
queurs ; mais c'eft à la racine de nos Loix. Les Magiftrats en font les gardiens obligés. Et fongez, ma fill e ,
contre qui vous allez les réclamer : contre le pere de
votre enfant, contre un homme dont vous avez enchaînél.'état & la parole, tandis que vous allez demander l'in·'
dépendance & la liberté: un homme qui s'eft bien fait
du mal fans doute, mais qui ne vous en a point fi.lit à
'Vous, qui, s'il étoit foufl'rant & malheureux auroit droit
à réclamer votre affiftance, & qu'aujourd'hui l'appareil
de vos répugnances entoure d'hoftilités.
Mais il me femble que ce foit pour lui que j'ai pris
la plume. En vérité, ma fille, en honneur, ce fut pour
vous. Je crois devoir vous dire néanmoins, pour n'avoir
pas à me reprocher d'avoir rien néglige pour empêcher
l'éclat, que depuis plus de deux ans que votre mari eft
en liberté, j'ai défiré votre réunion; mais je l'ai défirée
par les douces voies de la perfuafion. Vous êtes témoin
que je ne vous ai jamais trompée fur fon compte. Ma
fenfibilité fur fes torts s'eft même quelquefois peut· être
exprimée d'une maniere exagérée dans le fecm d~ ma
correfpond.ance de famille. Qu'importe? Le paffé eft paffé
pour tout le monde devant Dieu & les hommes. Il a
vécu neuf mois dans ma maifon. Je l'ai envoyé en Provence où -eft fon domicile -naturel, chez fon oncle qui
eft un fecond pere pour mes enfans. J'ai efpéré que fa
bonne conduite feroit renaître les bontés que M. votre
pere eut autrefois pour lui. Je cannois votre cœur, ma
fille, votre amour pour vos devoirs, votre refpeét pour
vous-même; & je m'étais flatté que vous rappelleriez
aifément les fentimen~_ premiers que vous m'aviez témoigné avoir pour lui. J'ai exigé qu'il ne cherchât aucun
moyen de vous raflprocher de lui, qui pût ne pas vous
être agréable & à M. votre pere.
On m'affure qu'il m'a tenu parole; & tout me dit en
�"
jO'
Jrt~-temps que je n'ai pas le droit d>-exi
'
,.
~crIfie plus long-temps [es [entimens dans l' g~r. qu If memtérelfame de [a vie. Il eft queftion d li a aire la plUSl
dit ~ue fOIl honneur y eft comprom~s ~~~onheur. On:
~OInnIes dont on cherche à l'accabl
J 1 par .les caa p t ' d'
.
er. ,e ne li
or ee en Juger, & je ne veux pas lui f i ~I~ point
a },4 ans. Je [ui~ colltent de [on obéiffia re IHJufiice.,
}.u[qu a préfent, & Je ne puis lui refufer la ~,I~ce ,en ceci!
plo~er les moye:Js qu'on jugera les lus 1 erte d'em-'
~orttr de. la liruation pénible où il eft. tra t eefficace5 pour'
Je ne [UIS pas heureux. Il ne tiendroit
,; s-chere fille,
donner
un
bon
J'our
en
ma
vl'e
V
qu
vous c..
de me
l
•
ous me al'a'
perer; car pourquoi me demand'lez - vous e VI f'' Z,' lait ef·1
mari à porte'e d'"'erre eprou'
,
n JUInfi 1780
d e mettre votre
.
ne ' vous étiez .pas confervée des d rolts
. liur lve,
' d1 vous
v~lrs envers lUI ? Cette lettre dont il fu
UI,. es de~Ul une révolution .q~i me parut fubite &t averti, fit eœ
Ce CŒur fier & qUI paroilfoit endurci
de bon genre.'
j & par conCéquent
ég.aré, parut [e fondre tout à
dn, repentant huml'll'é' &
coup:.l Ce montra atten·)
.
" c o m m e Ii 'ft
.
a ~es fortes de démonftrations
fi n e POI?t flexible
qUI me donna quelque eli é
" ceOhut la premlere chafe
l'
"
p rance.
'm fill
.
.i.e cepete, il n'y a pas d d
. a
e, Je vous
dans les fuppofitions les ~us ~nger ~our vous: & fut, il'
mon frere !1.
•
&
P
nnemles , nous y Commes
.,., m01,
vous da
"
ceux [ans pair que
'
ns tous vos droits, & avec
confiance Ce J:our d vous dronneroit un nouvel aae rlp'
.
one ne 1.
•
vous, mais au comra'
b' auraIt etre malheureux pour'
vos jours..
Ire len honorable pour le refte de
!l
A
~e
refilr
vous
vous
'
prends, ma fiUe une
"
,
cette lettre pa'
,vI~le ~etournee pour vous faire '
à mal' ~ SI·'l a VOIX
rc~ qu e e n Importe qu'à vous Fiezd'
. .
.
.
ébranle d'
un VieIllard qUI vous chérit '
r
'
ltes un mot· & fi
'
,
.i.eule votre parti a"" ' d '
1 vous n ofez prendre
"J. d
' Hure e vous " •
.
,.
n... e. mon fr.ere &. r béiffi
' J arrereral, par 1 aml,
a
ance de mon fils, tout aae
5l
"
.JY. •
Judiciaire. : : ~ S'il Je falloit, fi cela vous était nécc;-nalre;
j'irois vous tendre ulle main qui ne fît jamais de mal à
,perfonne ni ne le voulût. J'irais faire au nom de mon
fils toUres les fatisfaaions dûes à M. votre pere, & j'en
porte loin l'idée en fait de devoir filial, vous donner le
baifer de paix, ma fille; qui ne s'éloignera jamais de
'Vous. Mais en fuppofant vot,re volonté, vous pouvez
'm'éviter cette peine &. cette dépenfe. Sinon je détournerai. déformais mes regards de la carriere ou vous voulez
entrer, &. je m'envelopperai dans le triae & con[olant
fouvenir du defir que j'eus toute ma vie d'être juae &.
bon envers ceux même qui ont titru les amertumes de
'ma vie. Je vous ai dû comme à mon enfant les confeils
de mon expérience &. les témoignages de tout l'intérêt
que vous m'infpirez. Ces fentimens ne peuvent vous offenfer, ainfi que le témoignage de mon ancienne tendreife. A dieu ma très·chere fille.
Lettre J.e M. le Bailli de Miral>eau à
de Miral>eau•
Mada~
la
ComteJJ~
Du Z9 Mars 178 3.
'Apprends, Madame, que l'on veut faire paroître ea
votre nom un Mémoire; que ce qu'il contient, s'il
tel que l'on me l'a dit, me force à m'abfienir de le
qualifier. vis-à-vis de vous.
.
. Avez _ vous bien réfléchi, Madame .• fur cette démarche, & fur les fuites? Si les faits qu'on y expofe étaient
vrais, ils feraient tort à vot1"e mari; mais je vous de ..
mande fi vous ne partageriez pas la honte; ils font {aux.,
&. il fera aifé de le démontrer; vous fourniifez vous~
même la preuve de leur faulfeté.
J
-ca
\
�,-H
P-
, L~on m'affure, mai!; je ne le croIs pa!;, que vous lesappuyez fur des lettr~s de mon frere. ,D'abord je ne faurois me perfuader qu un quelqu un qUI a quelques fentimens d'h-onneuf, abufe de la confiance d'un pere irrité'
'lue cette man-iere d'être rend très - fufceptible de croir~
aveuglément tout ce qwe l'o,n lui dit fur un fils qu'il
aimoit, & qui verfe dans. le [e1l1 de fa belle-fille ou même
de fon beau-pere ~es- pl~intes fur/es cha~rins domefiiques,
au feeret defquels d a du les erOlre auai I11téreffés que lui.
Obfervez, Madame, que mon frere a été d'autant plus
fondé à confier fes pe-ines à M. le Marguis de Mal'ignane
que M. votre pere n,ayant que VOliS, & ne pouvant, fe-'
Ion les apparences, Ce voir-revivre que par vous, la liaifon des deux familles devenoit> encore plus réelle. Si 1'011
pourre les chofes à un tel excès, que l'h-onneur défende
à jamais teute r.econciliation, avez - vous bien examiné
jufques où cela peut aller?' Je vous le rerete, Madame,
réfléchiffez -y bien, & vous verrez que tous les faits étrangers- à vous que vous pourrez citer> ne Caliroient fervif
fi votre caufe, & ne ferolent que montrer que la paillon
vous a_fait franchir toutes les bornes de l'honnêteté: car
i.1 faut prouver" & vous ne les prouverez pas.
Ces faits ont été' exagéré's, & plufieuri même des plus
graves fon~ abfolument faux. Vous attell:erez les lettres
de mon fiere. Je n'ofe croire que vous vous permettiez
cet abus de confiance; & je vous répete que dans le l'10ment de la colere, un pere peut €roire tout, écrire tout
dans fa famille, & que cela ne prouvera rien, fur-tout
contre des preuves contraires. Il n'en reIl: e-r a: que l'abus
d'e confiance, & l'horreur' d'avoir cherché à diffamer
l'homme dont, vdus portez' le nom.
J
Enfin, M-adame" fongez à'votre' état de fi-I1e , & que vous
€ompromettez très -errefltiellement M .. votre Pere. Je vous
demandè- fi VOliS croyez, que ~ui Ge f.oit pui{fe approuver
une
une manœuvre qui _vife à déshonorer votre mari & à
cômpromettre votre pere.
,
,
n'ignorez
pas
tout
ce
que
votre
man
a
faIt
pom
V ous
•
r cl ' l '
vous voir, & favoir par vous· me,me vos lU)tt& e p alIlIe ;
vous n'ignorez pas non plus la haut~ur avec laquelle tuus
yens de conciliation ont été re}ettés en votre nom.
.V~us favez avec queiIe honnêteté il a parlé d.e votrs dans
fa défenfe. Jugez vous-même de quel côt~ font ,les tort,~'
_ CTell: probablemem, Madame, la dermere fOIS que ]e
il ell: celui d'un homme
oo rrai vous donner mon avis;
P
.
dfi
•
"qui s'int~reffe encore à voos'; Je e Ire, pou~ vous-me~e,
-que vous veuilliez bien en prqfiter. Je fUIS, &c.
,
.
"
- LE lYAILLl dE MIRABEP.fJ.
1 r
,
..
.
.•
,
1
N°. 4-
a
Mr. le Bailli
Lettre de Madame la Comte.fJe de Miraheau
,
_de Mirah,au.
',
.
À Aix, l~ 30 MatS IÎ83~ .
,
Ou, pouvez, M; le Bailli, vous en rapporter à m~i
fur le [oln de mon honneur. Les Juges & le Publtc
'décideront fi les lettres de ,M. votre frere, foit ji. mon
pere; foit à moi, ne (ont pas 'utiles 'à !a"défenfe de nia
caufe . & le mall'-luement des engagemen~ qU'ql1 ya contratté; , ne me mét pas dans la néceffité indir~eI1[ab~e d~
les publier dans mon Mémoire, en ' réponfe a celuI ou
l'on a publié les miennes.
J'offre toujours à Mon{j'eur votre NeVetL la c.onférence
. qu'il a paru detirer. Je fuis pr~te à, le rec~voJf deva,n:
, d'es témains refpeétables, quand Il. l~ Jugera a p,ropos. Jal
l'honneur d'être, Monlle'uT le BaIllI, votre tres - numble
&.. très-obéiffante fervante,
.
r
•
V
MARIGNANE DE MIRABEAU ;'
E
�)~ ~
'\
Extrait
,
du Greffe du Sénéchal d'Aix.
,
N la
caqCe. de parne L\;larie · 'Marguerite • Emiliè cie
Covet Je. MarIgnane, Comteffe de Mirabeau de.
'mandereife au.~ fins HroviCQi.nes de fa Requête du
courant ~ défendereffe aux fiQ.S .d es Requ,êtes du Sr. Co.mte
~t: ~1irabe~~ des premier &. 8. dudit mois, &. en récep~
'tlon d:expedIt;l'\t , ~u IS ,du, ~pur.ant, 1. Ear .{?a{fot, ioint
M. le Pr.ocu,,~r ~ dl' ,R ,o.I d:.,u.!1 e part; &. Mre. Honorë~
Gabriel de Riqueti , Comte de Mirabeau, défendeur &.
-&' demandeur par Sicara', d~autrë. Ouï la Plaidoirie de Me. Portalis pour la Dame Com~
telfe de Mirabeau, &. la Réplique du Comte de Miraveau, en propre., &. les conc1uftotls d'e \ Me. Fabry-,
Avocat du Roi, nous., eu ,avis d'Il: Mes. Aubert &. Lange
St. Suffren , ConCe~llers, &. pris avis con[ultatif de Me.
Trolle ', 'Lieutenant' partieûlier, avons ordonné que fur
les fins prinçip"les de .la· Requête- de la Dame Comtde
' de Mirabeau, du 13 du courant, il fera"- pourfuivi ainli
que ?'a~p~rti [lt ; ~ cependéjnt fans; préjudice du droit
des {'anies ' ni ùlriblil:t~on d'a.uclln Qouveau" fans oous
arrêter ell l"état a).l;K fins pIovûoites r de. )adite. requê.t;e
de la Dame , COlUteffe e:le Mirabeau dont raYOnS dé~
mife &. déboutée, ayant tel _égard que de raifon a~x
fins dè" là requête du Comte de Mirabeau du premIer
du courant mois, ,\'Vans ordonné qu'il fera eojoiat à l~
dite Dame Comtdre de Mirabeau de fe rendre provI~
' foirement auprès, de fa (;1. mari dans trois j0urS', à compter
' de celui de la fignifieation de notre préfente Sentence
&. d'y demeurer ' en fon état d'ép.o.ufe du dit Comte , de
M.irabeall.., à
charge par' fui de la recevoir &. traiter
E
;3 du
1<:.
,
. 1
t fi mieux n' aime ladite Dame de Mlrabeaa
rnantél emejll , un Couvent de cette ville d'Aix dont les
fe reurer (ans
C
d'
, conviendront 'pardevant nous, &. laute en conpart!~Sfe retireront pardevant le fi~ur, A~chevêque ou fes
Veil~~ires généraux p04r leur être rndrque un ~ouvent en:
. V'lIe Il ladite Dame C01nle(fe de Mirabeau decettec;\!te ,, ~ ~ il J llgement définJtif: enjéint fi ene d' y
~~~~~ \:s~:~fit~s de, fon mati, 8!. àl celui ~e la hantér'
~ fr équenter; fajCons inh~bitions lX ,défenfe-s a t?U~S perd' mettre obnacle ou empeohemenF dire ement
~ni~l~ireJement à peine d'en- être informé de notre
'é Fal' t à Aix en Jugement 1,: 24 mars 17,83' Slgn
torlt .
. 'ETTENNE
AUDIER. Collationné. SIgne
f
,
,, E~ploit ,de figl!iQ.cj\tiQIi du 26 dudil..
au:
, J '
. ~
,~
lij
-
�37
N°, 6.
Sentences en
nonobftant
Sentences.
appel
RELEVÉ des Sentences de nonohfiant appel ~ rendues
après les Sentencès, par les mêmes Juges qui avaient
[el{te~cië ' ,- tant au. Sénéchal", S?umiŒons ~ qu'au
Juge Roy~l, extraJtes des . Reglfires appellatoires
dans lefqùels fe trouvent les aB:es de cautionne_
ment, en remontant jufgues à dix ans, expédié par
le Greffier en ,chef foufIigné.
\
•
•
Sentertçes en
Semences.
nonobftam
nppel.
1
•
Nom des parties.
15 decem. 17 82 2+ janvier 17 8 3 Au nom de Fredelic Hugues, contre Bel,
•
liard .
12 decem. 1780
Au nom du lieur Lange, ColTeigneur de
Tourtour, contre Boure.
9 mars 178z J 1 août 178 1 Fabre, contre Sambouis.
16 février 1781 27 avri l 1781
Lanoir, contre Martin.
13 avril 17 80 'J avril 178 1
Roure, fermier, Cantre les hoirs Roux.
3 janvier 178 l 17 {ept. 178 l Vachier,
c. Michel
1 février 1782 '5 mars 17112
Blanc, c. RoInmd,
14 juillet 1779 7 août ' 780 Viton, c. Roux.
12 février 178 0 24 juillet 17 80
BarilTon, c. F vugue
30 mal 1780
{
7 août 1780 Bourguiguon, c. Cavaillon
31 août 1780 20 fepr. '780 Augier, c. Augier.
20 decem. l799 9 mars 1780
Les créanciers de David Beaucaire, c.
St. Donar.
28 avril 1780 JO mars 1781
ROll x, c. Roure.
13 decem. '779 10 jan vier 1780 Billard, c. Pourrer.
J 1 fe pt. 1779
21 oél:ob. 1 77 9 Noël, c. Gaubert.
27 mal 1779
9 fept. 1779 Panurel , c. Millard.
1 3 clecem. 1779
22 avril 1780 Durbec, c. Pigno!.
14 novem. 1778 7 mal 1779
D'Ollivary, c. Honnorat.
13 mars 1779 2i,.mars 1779
Roux, c. B~rtralld.
•
Noms des parues.
.
"Gerard, c. Daumas.
27 J'uillet 1776 12 . aVIl i 177 8 De Meynier, c. Ba(\ac.
8 1 J oaob. 177S Ma;>:e t , c . de Simiane.
1.0 mars 177.,.
8 24 fept. ] 77 . 0 ano
1 n ,.
c Reymonenc.
. F fi'
7 feptem. 177 6
1 oél:obre 177 12 fept. ] 77~ ~1auril1, c. les hom dore •
5
.
7 8 L 3 mars 177
'A 1
II c Bremon.
5 févner 176
. '11er 1776 1 ame e, 'b· "
c Decani~.
l.L avril 177
Roman Tn utuS, .
. 7 jU~
]0 mai '777
9 )U1Il1 1777
Vion, c. Burle. B
.
1 et 17 77 M
'5
JUI
'er
contre
onnm.
.
.
7
17 JUill 177
.'
77 6
anm,
.
10 JUill 1
PIf c Mme.
mal. 76
l.} ,
17 ' '.775 27 août 177 6 Hey;s 'contre Brignal.
2.4 nove.m. '77 19 juillet 177 6 Mug~ r' c Bonnin .
' 5 Janvier 1 6
. .
6
ome,·
cl
1
.
6
10 jUll1 177
J ffray, -co Bertran .
2.j mal 177 6
24 mai 177 6 GU 'mard, c. Terry.
]7 m ~1 177
,8 mars 177 6
a~ nd c. Ode.
2.6 aout ]775 5 16 janvier 177'6 GCUlra rt' c D eporler.
decem. 17'J
4 ouve "
. d
15
,
11 novem. 177 B
'0 c GUlran .
,p aout 1774
G oél:ob. 177 5 ernar, c' Croux.
~8 avn l 1775
fep r. '77 5 Jaubert, . Depofier.
aVfll 1775
7
Cou verr, c.
.
4:,
A.
11 nov'em. ] 77 4. S'
n c Barlaner.
o aout 177-,:
.
7'
Imo , "
B
d c. Comtes;
} . illet 1774 1G m~l 17 J
Audlffret & ertran,
4 J~
4 16 JUillet 1775 1>' • r .c. Meyfren.
16 declelm. 17~5 10 juillet '775 nclqU~t ' c Manen.
13 jUi ~t 17
16 mai 1775
r o ! , · Blanc.
III féVrier 1775,
r'il 1775 Menre, c. B' c'hord .
• . ' II
4 av
L fb os c ou
G .
1 t\:I~. \ 7;741 4 mars 177 5 Dee dier' P~yron, c. holfS ",rcIO·
3 ep
75 20 mars 1775 M Ytin c. Chambe.
6 mars 17
ars 1775
ar . '
A bert.
~ 6 décem. 1774 10 mars 17 75 Gabnel, c. u c de RoITe!.
r' .
, 75 10 m
B er & autres, .
-] 7 1ev ner 17
1
oaob. 1.774 oy
Blanc.
4
2~ août 177'+ Unard, c~. Peuin.
1 7 ~e~r. 177
4 1 . uillet '774 Brunet, C. ' lITerÎs.
1 3 J.UI.lIet '77
,0 JUin 1774
9 luin 1774 Mandllle,
c Villache.
2.6 avril 177 4
27 1..
1774 Bonhomm. e , . Boulle Reymond.
"
74 '4 JUill
D Ma\Jpy, c.
7 ~~vr~~: :~74 28 février 1774 E:rrar, c. Sil11ian.
7 le vr
2 aVril ]773
'
u mars 177}
. , ETIENNE.
'd'"
Aix
le 4 avril 17 83' Signe,
Expe le a
Q
•
1
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�•
-
P
Ardevant NOlIs, •
Chauvet 8t
. . . . . DoubI~, Syndi;s de la Commu_
nauté des Procureurs au SIege gêneraI de cette Ville
d'Aix eft comparu Mre. Honoré-Gabriel de Riqueti .
Comt; de Mirabeau, fils, affifté de Me. Sicard,
reur audit Siege, lequel nous a expofe qu'au procès qu'il
a pardevant la Cour., c~ntreA la Dan:e Comteife de Mirabeau fan époufe, 11 a Intéret de faIre confia ter que par
l'qfJge obfervé aux Jurifdiétiol?s .de cette Sénécha u1Tée"
10rfqu'i1 y a un Jugement provIfoIre dans Un des cas exprimé~ au titre des Matieres fommaires dans l'Ordonnance
166
de
7, dont la partie condamnée a déclaré & relevé
appel, on s'adrefTe au Tribunal qui a rendu le premier
Jugement, pour faire ordonner qu'en c.onformité de l'Ordonnance il fera. exécuté nonobfiant appel. Au m0yen
de quoi, ledit lieur Comparoiifant nous a requis de vouloir bien lui fournir, par notre réponfe au bas du pr{. fent Comparant, une attefiaüon conforme à l'tlfage conf•.
tamment ohfervé en ladite SélJéchaufTée fur ce point; St
a figné. Honoré - Gabrid de Riqueti, Comte de. Mira.beau, fils.; & Sica rd.
39 .
s'adreffe au Tribunal
rage généraleme~t rd~br~~Vg~~: ~npour faire ordonner, ~~
. a rendu le lU li It
'il fera exécuté nono
.qUI Cormité de l'Ordonnance, 'fiqu
Avril mil fept cent
coml
A'
le trOl le me
. D
E
tant l'appel. A.
és
CHAVVET, SyndIc.
OVBL,
quatre-vingt.trolS. 19n ,
Syndic.
r'
Procu~
Nourdîts Syndics. de la Communauté des Procureurs au
Siege de cette Ville, ayant reçu communication du Comparanr ci--deffùs, & l'ayant référe à ladite Communay té ,
atteftons, enfuite de la délibération prire ?! cet.effe.t , qu!aux
Jurirdiétions de cette Sénéchauffée ,. lorfqu'il 'Y a un lugemeut provifoire,. dans un des cas exprimés au titre. des
Matier~sc fommaires da~s l'01:'donnance de 1667, dont
la pame condamnée.. a de,laré & relevé appel, il eft d'l!-
- - ------:- JOSEPH DAVID, Imprimeur du Roi.
. A AIX, chez
17 3,
8
�!
.'
R E fQ U E T 'E
A . NOSS EIGNE U ~l{.S
D E
,
PAR LEM E N T.
r
L
1•
hUJ;bI~ment
.. ........
~~~iie
.:SUPPLIE
Daille! Marie":..
de Covet de Marignane, Comteife de Mir-abeau , '
d~ ' cette . ViLle.
'
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,
, RéMojnk~
l,
L
_
~fi forcê~
..
(f
.. :,
~1
reco~rtt ~à
qu'eUe
de .
votre autorité pour faire réparer deux injuftices
~tri n'am jam~is e'u d'exemples "&,'qui, yraifem",
hlabJerq~'nt" n'en' f~rviront jamais. . c_"_
, L~ 'S4Ppliant~ vivait .dans " la, ~aifot1 '~e fon
per.e ; 'elle 'y v.ivait fous la pr.oteétioq des . Loix
-
" _ . .l_
t A -
�z
3
& fous la fa! des enga-gemens dOl11eJEques les
plus facrés. Le fieur Comte de Mirabeau fO.11
mari, jufqu'à ce moment ~ det.enu dans de.s maifans de force, ou à la fuite de procédu~res (candaleufes dOllt la France enriere cannait l'objet"
arrive fubitement en Provence, au tarti,. des Pri.
fOl1s de Pontarlier; & au préj udice des paroles
d'honneur & de Gentilhomme, qu'il avait lui-même données à une famille j uft ement offenfée des'
putFages S{. des fcandales dont il :.'ét<;lit rendH
coupable à fan égard , il ofe demander à la
Jufiice des in joné.1îons Contre la Su pplia'nte qU'TI
veut obljaer -de venii' le rejoindre.
On eft d'abord-- étonné de l'audace de cette
démarche. Mais on :veut préve.nÎr un éclat affli.
geant. On fait une réponfe moderée à la Requête. On cherche à faire rentrer le fieur Comte
de Mirabeau en lui - même & à le rappeller à
tous fes devoirs. Il s' obf1ine dans une demande
que, tan~ de raifons auroient. çlu écarter. 4Suppliante ,fe voit alors forcée à former uo'e d_~~a~{j~
juridique en féparation: le fieur Cotpte de
rabeau pourfuit fon objet. Il cOlic'lût à ce ) q-ue
penqant praces, il, [qit er joint ~ la . S~up'pliante
de l~ rejaï'ndre, fi mieux elle n"aime fe retirer
'dans une Maifon .Réligieufe, qu~ fera choifie paF
les parties ou fix~e p~r, le S-vpfrieur Eccl~fi'lf
ti.que. ~ ,avec . irijpn~Ï?n _,à . eVè r ' p'y: r;;c~voîr 'Ié~
vlfi-tes de fon mari & a lcelu! ,de la nanter &
fréquenter ~ '& -inhibitions' & défénfes â 'tdtiCes
J\2i-
.
,
perfalll1es d'y porter trouble & emp&chemenr.
L'a.bCurdiré de ces fins étoit frappante. Elle
forme pardevant le Lieutenant la matiere d'un
incident à l'Audience; on plaide. Le mil1if1ere
'public rappelle les vrais principes. Il pmuve
combien la prétention du fie ur Comte de Mirabeau
eft infoutenable & contraire à toutes les regles
connues. Il concluc au déboutement. Mais au
grand étonnement de tous ceux qui connorlfent
les Loix & les principes de la matiere; il fort
à la pluraliré des voix ~ une Sentence 'qui adopre
à plein les fins du fieur Comte de Mirabeau. La
Suppliante ne tatde pas à vous dénoncer cette
premiere injufiice. Elle prend taot de foite Uh
relief d'appel, l'e fait fignifier, & met le même
jour fa préfentation au Greffe. Le fieur Comte
de Mirabeau n'eft point arrêté par ce rewurs
légal à votre autorité; il Va de nouveau au
Lieutenant & lui pré fente une- Requête en nonobftant appel. Cette Requête eft renvoyée en
j ugement. La Suppliante donne des défenfes,
dans lefquelles on démontre que le Lieutenant
n'étoit plus compétent & elle demande d'être
renvoyée ainli & pardevant qui , il appartient.
. La premiere chofe à faire dt, donc de légitimer le Tribunal, & de décider fi le Lieutenant
était encore compétent ou non. Point du tout:
le Lieutenant ne prononce pas même fur les fins
de la Suppliante, & il ordonne l'exécution de
la premiere Seorence- nonobftant l'appel. Cette
'
A
2
�4
feconde Sentence efl: fignifiée à la Suppliante,
une heure après quelle a été rendue; il lui érait
re{ervé deflùyer tant d'injufiices & tant d'irrégularités dans un genre : de procédure donr. la
marche. efi fi ~mple & fi clairement fixée par
la pratIque uDlver{elle de tous les Tribunaux.
Dans la forme, nul doute, qu'après l'appel
relevé, le premier Juge dl: entierement dépouillé
~e la matiere ; & alors fi la matiere eft lù[ceptlble du nonobfiant appel, c'eft au Juge d'apT
pel 'lui-même qu'il faut s'adreflèr pour Je demander. C'efi la doéhine de tous les praticiens
& notamment de Serpillon {ur l'art . .17' du rit,
t7' de l'Ordonnance de 1667. De Rhodier dans
{es queftions [ur, rOrdoruJance pag.. 24Z,. , Voic~
com.ment . s'e~prime cet Auteur: fi le Juge qui
aJ)~lt O~llS d'LTifè~er dans fan jugement 9u.'il ferait
execute par provifzon , fou que la partie eut . omis
.:zu.(Ji de la ,dem~nder '. ou non,. cela, n' ~11lpêche.
rOl: p~s qu ap're~ _ le Jugement on. n obtzm ' cell~
exe~ltlon provifozre, foppofl que ce fia le cas :;
malS pour cela . il faudrait SE RETIRE~
DEVANT LE JUGE DE L'APPEL &,' NON
DEVANT LE JUGE ' QUI A . REN0Q LA
-SENTENCE. Nou's aVons même un Â.J~r~f· d~
·R~gle~ent de la .Cour du 25 Février ' 16
qza ~éfind. aux Lzelilenans & à tOllS les Juges
<~e Tlen fG!r~ apr,es l;a tféclaratio,? d'appel;T &511 eft fi vra~, qu apre~ b~pel rélevé le pre/nier
Juge e1t entleremenr depoLvllé, que 101.-(qu'on i~
99 ,
)'
départ de 'cet appel, ' il faût 1 ver de 'J1o,uvélle~
lettres pour l'invefiir. Le Li~utenant a ,donc prononcé Je nOPQb!t<\.nt app_el ,filr _Uf) JQbjet doqt ,H
ne pou voit plus COEl nqître :~p.lÎJme.Jlljge. '11 a prQ":J
nonçé [an's pouv,?i,r, lX Jans, .ëaraétere., _, .:.:
- III p·eq &udpoiç c~rtaine11)ent ,PqS davantage
pour, prouver l'injufii;e ~e la Sentence, &. pour
y i f9 ire Jurféoir. Car- le ,d~f?~~ . d,~ pOUYdtr &
finçe>mpéte,nçe; JoDt l, d(:? , ll}9y~nL atfui'és- 'ide. furféa.:ll0e:
'
d Jt( r
"'0... ~H 0
J~
?
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~ M~ajs ~IJ fà~:d~" l~', l11atl~r~ éçojt~elle don~ :fui;
ceptible du , n~nobfi<fnt; ·apilei h L~ ,Tpg~:I]t .do.IJv
>
le Ljeotepaqt :..oJcl~n.e l l' e,~é(jltiQ9 i P@r1§01H. tllQOPC~
~9n :::~ .Ja.~ SLtPpli~·nt~. ~1~iI~e-,j9i'PPr:~.~oq ..;1nar! 1.03l; de
f~ , r~jr~t" - ç,anls :,uQ.~ r'M~l{oJi )t.eVgtey[e, .CifJu~, I(fèré!
thr;>ifie par l~s p~tties 0ll fi~~~ p«t:k SupenJ!u!i
Ecclé{,iafiique, 'ay'~ç joJ1~jj)'l_&jgn iLàI eJle t,d'y ~ecS!~
VOÜi l~~ .vj(i~e.s de fop: ~jJu~i-· ~jâ.Ji~hl((h:} Ij{thaDt eS
J
~.ff~q~ell~téf, ,;lv ·C.J inhjRitiqQs.. ~ d~(ep~s~ t~~
te$,-.p.erfO(1ne~ d'y: p[jr,(e l!; tf~1àbl~ u~~§l:JJf~.o.1J~91~!l~
A là~ frt'npl.e )eB:uçe'J qe r ce' Juge.rIJél!t :;;: qu1 .ine•• 'tP}1:
cOIHpTen il étoit peu fuCceptible _(fexécut1Ç>o pra ~
vk[elre & nonobfiapt .rappel? '
, -,
': ~;)
-' Ù'.ne, s'agilfoit ~i ~:ut].e P1atier~ , fblTImait~, nj
~'ulj~~ I~ati~re qui p~t ,req~érir c~.léI;"ité & : à r,a~.
fon 9~ laquelle l'on t'ut dIre qu Il y aV~lt penl
dans la dem~llre. Ici le danger ne peqt etre que
dans la précipitation: la Suppliante pré{en~~ d~s
cij,Ljfes graves de ,{éparation & des cau~es q,Ul men'a çeut [0I! honnellr, fon repos, fa fur~te;. elle
�6'
l'réfente -dés Mufes j'u(tj6ées par êc~it, conCacrée~ par 'un -jugem~nt d0tHefiique auquel le fieur
Oomte de l\~rQbeau a · fçru[crit lui-même. Dans
de part'i11e'3 ~cifc6nll:ances, C0mÜJept la jufiiée
pourroit-~Ue donè tiv'rel' la Supplia::nte à des dangers qu'elle annonce & qu'elle prouve, &. l'expofer à un pré-jtldi.ce qui -pourroit devenir irréparabl.e .? Cpt11ment fur-teut pourrElit-0o la forcer;
avant- 'EIne <1'àVO~f e~àmitï;é fi·
h:Onnèllr & Ca
dél~cate~è ~,e (on~ pas comp~omi.s, ,_à rejoindre
ml epoux clofi!1 e-~le de(;}aré ne ' vou'ICim & ne pouvôir . àpÎ"r(j~her fans s'avitif ' & .fe compromettre
àti~ ''èu>xOéléSl !olx & ' de ' l'a fo'€iéré entiere ?. ' 3J' . lè ïrfiè'ut' Comte <te !Mirab€àu 'ne veut, .comfu~H al tP1e.I@ dirJ·" qu'être phfonnéllemeflt éclair€i '{lès _ vé-ri1~}jté$ difp0Îlt10lijS dé la ,$upplîante, il
ne. tiecilt ql/à- lui ' de l'è-tre. Là' Suppliante lUI a
ê~j'a:fkFtl êifitt: pÏttfiiart 'fois:,ufle :entrevue chez
~~J & 2~"e~h~ èès=lé-ln04~s .ré:(peétaoles. II .a ré':'
ili1·ê~~t{~:-fëtt&.... uè: ' On a1 <iri6fié à la l!t1i offJtir.
Ii'h'a~ f-ieh répéndw'. On la IUl- offFe e-ncore & iÏ 'ell:
lé IijaÎtre àe~ l'aGte-Pte'r, mais ' que le fieur Comte
~e M~rabeal! veuille pendant procès, retenir la
SUPfJ.~ia:nte l f0U-S fa puiilànce, qu'il veuille ·:l'0blig-€l' pa.i-..J itnpreai0n ,d'al:Jtotriré, à lier avec ' lui 'un
commerce q.ue la décence, que l'honneur que
les confidéraliens les plus fortes doivent éc~rter,
c'eil un excès de riramnie auquel les loix ne fe
.
preteront certaf'ne1nent pas. On ftûnt de craindre pour la Suppliante une obfelIion qlli n'exilte
nm
o
.
q
pas J.
Sc: on .vo~dr.oir- ~a livrer à tlne o!Jfe"Œon qùe
deJlt hl1 fatr,e' GJ'all~dre & redouttlr. ; La .suFl': pltant~ f'e lla'tte , de;; délb~ntr~:t1 q).l ~ikn~ p:eùt -J)lus
_y . a~Qu: aU.Pll1:ei COfte lèe fodé~j! .~çr:elk-. & ' fQil
· mac; ; . poorr<Oirt -on:,. ava..ut -qu~ : d~ J'ent~ndr~ IX
de la' JlJger" faà1'~ violeoce à [es [~ntiJJ1~ns, &
, à fes répugmance " [$( confonitner ,.1e , ma~,Ln de
~a , vie. dans un ltJ0ment , o.il till1! .vient dem.anQer
-à! la j:ulitioc de la lpioté!;et' & dé I.a défendre?
- _ S:il : s';i~oiu ~ci: et une. deJTIànde en féparauop ,q.ue nen ,n'eût p:ié~édé, fi là Suppliante
fortoit . PQ).Jf la prcmiere- fois de la maifon de
Ü>a.. 411a;ri. dans l' o~jet de former ,Ile.t.t~ dema,nde,
-Qll.JfÎbur oitJ p~~-ê.tÂe (ègqrder f-a dén~arche COLU-1~J~ èllHl'!os./av0rable--. . Mais . depuis ~ huit ,années
eUe vit dans un état dé' féparation; depuis huit
qonée.s . elle .gémit des e}$.cè.s, des égare mens &
des travers de fan mari; 'depu,is .huit années eUr.
vit, de l'aveu des deux familles, dans la mai~1J; de ' fon pere,i -:: dep~is' ht<IÏt artQéesr eUe vit
,~ 1'~lJlbre des pare-!ei d'honneur qu'on lui a
q01\pés de garantir .à . jamais jon honneur, [on
;n ;pqs; [cl rligil ù 6, ,fa JlLtflté" & l'on . viendra
d~upitemelli~ JfPllblù: oet ~ét@,i co'gA:ant & . avoué.,
"~tte pqflè$-on fa~rée ~, inviolable! Non, la
Suppliante ne peut le croire. Elle fçait que penqant p~9cès , les Loix ne permettent pas d'in.
iI!-o;ver txl d'entr~pren.dre rfur des droits reconnus
.& -pi·Rapts. ) Nos: ,ayti!UrS rapportent ,une foule
d',Ar1iêts qu.i, [~ns préuve juridique ' . ont confO?1i
0
�'~F
Mirabeau el.l: l penfonne, ::.~ttetùliJ' qu'il LtJla p:aintl
8
nrmé des ' fépàrations pr011onc6es -darts les famiI- les, ~ui . 'ont re{petté les .attes de cette jufiice
domefiique -<Ili! \f~ille fùt: le.s mœurs & le bonheur
[!d€S~ enfaRsJ , ~& ~ùi épargne dés éclats Jcai1daletfx
, ~ t1ds:i fa~'lles') !1o.qorablës: L..r' $o'p-plialllve
del
; m~nde è~'rtain:ernent ' pas qU'e ·tout Ge què l'on a
prOlfloncé 1 pour ëlle dan's les .deux .familles 'ait la
•fotce , d'uil Arrêt: i.trétiFaatablél) elle n~ (demande
rien'. tant- qu'e de :P"OI.11VQir )iqfrrLire ~votrë reH' gion & 'l\tot-r·e 1ufiit:e: Mais' pou'rro,i~-élle s'emp ê~he,r d)ob~erver que les )ugelnéns domearq:\lés
qUi fervent ii Couvent de b~[e au.x v&t~es, .doivent au' moins régler. l'état , prov-ifoire. ? ' POUlf,roit-on balancer entre le St'.... Comte de' (Mii1a~ beau qùi "vient fouler aux pieds . fe;J propres' efl';"
gagemen~ ', & la Suppliante -qui tés 'invoque ?
La P(Ovl{~n n'efi-elle pas dûê à la bonne foi
à l'inn.ocence & ~u -ma:lheur ?
,,-, )'
ne
,
,
:..
"
,
...
f J,
1
,
. Ce,
confidété
; iV'.ouS"hlalI'a
NOSSEIGNEURS.,
,
r
t'"
en c~n~ê_dan~ ';atte a la ~lI~p'pliante de ce qu'elle
.ampJ.le C~n ~.p~~,l ~nve~s ' la .Sen,tence ·du p Mars
dermer, ordonner" qu èH~ 'r.e<ip':l€1'fà 'en plâidant
[ur l~Erel , de,:l,a, Sel1t~n~; .du i4 du melne mois ,'là
calfat'lon ou refàr-matl<ln"'É1e -celle 'dù ~ 1 dùdit' mois
cOlUnie mdl~', Incompétente & injufie & que
tant fur ladite amplja~ioe d'appel que fU'r c~lu- i
d.e la ~~rttence ~H ' 2'4 .Mars ~ .i:l lfera peLirfu'Îvi
alnh qu 1-1 appar.tren~, à ·l'effet dé qilOi: l~ pié~
fente Rrequete fera. ~ fign~~ée ·au ~ Sr. Comte ' de
Mirabeau
encore con(htué de Procureur, pour venir défèndre. fur -làdite .arupliàliiôu tYappil dans le tems
& aux formes de droit.
Vous plaira cependant .1NtiS.s~~uIDs." or;'
donn,er e~l o,u~~~ que provifoirement & pendant
ptoces If'"mhlbltlorls '1& ' déf.èrifes · ferôh Ifaitê.s · au
Sn. Hemte! de .MiraJjeauE, lKi:à ' 01J& a~tl!es h .d
mettfel.!lrfditeà SenŒ:p~S di ~~tid.b of ~Httcine .
lIob<l; d'alp1np~ç; l:ilépenS I,odol.ll.Jm~&~ .jinté-:-'l
rets; &- en! cas<; d~,! c:.ontra\~enti011 ~ die.fil: être ,in:
for.m~ de l'autorité de la Cour, & que le dé~ei'
qtlll.dètHvJeddtj' e8J,l ru:él,1U gôk@fiant & "fans
p~éjudice ?e l'oppofition, & fera jufiice.
G:
;J ..
',;.,
")l J-~~l! i ;-!l' ~!: U.) :ln :<:> 1(1~1 Iim
l1.1i'.1
MARI GNAN~.. \Qf4 M.l~A8E~Alh
BERNARD, Procureur.
M. DE BEAUVAL
Soit montré au Procureur Général du Roi .
Fait à Aix en Parlement le 2 Avril I7 8 3'';
Je n'empêche l'atte, le renvoi en Jugement;
que {~r les appels ~l fa,it pour{uivi aiofi qu'il
appartient, la figmficatlon de la Requête au
Comte de Mirabeau en per{onne, & pour le
~urplus, que ladite Requête {oit montrée à par,
ue ~ demeurant cependant tout en état ju{qu'à
B
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larinfpoM'e i<Jil.élilimf:l!ie ( t- (t ~.ni:lq I!7~ )/Js::,cl
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pIaiparw ~E &" ( figni5è t3w:;')Ss' iMe 3 ~inrbeià .cil
ctinrphI~ ? fotto nbntr:é , à
pàt~
~rnn()ltoue nef! ~ ~t~ gufqu.és obd.Lré
ponti:: . Fâili à ~iit ' ëtt ·, prall~'l~no 1:, t ,' Avri~
(",
t7 8' 3. ::J ' 5Up. '" , i v,", , 3 ,)
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on l ;6 l rtdlclIi>ES UlA'I!;~j:8 ~nt9 l lI.cA: ' iOOU.Rol
.:l:ifbr lm) ;& (rlOilil oqri o'l !l!. ii:s ~ '1
p'eifuprie ,. r&illp:mr.tJ fi:
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L'an mil_ /~p~. ~nt !juat!";-ving;-.trois & le Fe.
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IOl'tre
s faTfatheme ~fërC1>n{el
d~ biens , l~ foéété enticre.
!)",
rous-l"eS"" gens
l
,
. Que le fieur .Comte ' de Mifa~eliu fe défab,ufe :
le e'ms des mé'mlgemens ell: pan . ~aLgttpp~aln-e
ooit-avc:;.: confiance prék oter aux; lOl)(-fe~ cra1lltes,
fes mâlheur~- & . tout ce- qu'elle' â~{otiffert". Peuton lui faire u~ crime .d'invvquer la proteétion
des Magilhats étàblis pour fau ve--gatder l'h~
neur, la propr,iété & Ja rûreté d TtO.llS les citoyens? A 'luI s'adn~~hoi~.: ;!le dbri~" l ,fi 1'aceès
de' votre ju(tièe pouvoît 'lÜl ~tre ferm~- " & fi
le recours légal à votre autonté _ pOUVOlt etre regardé comme un ~ttenta~?~ _. _
,,:
.
Le lieur ' Comte de Mmibeau a-t-l1 pu fe, permetirk de " dire ,que' l~ Suppliante
te pliJignolt
d'aucuns févice1, tandis qu'elle' fait remonter les
févices & -les' mauvais traiternens jufqu'au premi~r infl:ant du mariage, tandis qu>~lle prefente
le' rènls de fa ' cohabita't ion avec fon 'époux ; ' comme un tems d'oppreilià ~ d'an,~eriu~e, de triff un' tems ll1ilI'qué par
teffe & de douleur; comme
les procédés les plus inouis & les mauvais trai·.
temens les plus barbares? Il efl: vrai qu'elle n'a
pas cru d'abo~d ' ~ev.oir fà~re un obje..t ' de plainte
des févices qu'elle dévoroft dans le filence. Elle
il oppofé la patience aux premiers emportemens
de [on époux, elle a même confenei à lui être
utile, lorfqu'il n'a-:'oit été que cruel '; & jamais
elle n'eut' déchiré le voile qui couvroir' tant d'in~nités, fi le -Cc"mte 'de Mirabeau lui-mêrtl~ ne
'oe,
fe fut porté aux outrages les plus fanglans & à
l'oubli entier de fes devoirs. C'efl: quand l'honneur de la Suppliante a été menac~ par des calomnies atroces; c'eft quand [a fenfibilité a été
provoquée par des 1ettres infames ; c'efl: quand
des Mémoires diffamans ont été répandus contre
elle fous le nom 9u fieur Comte de Mirabeau;
c'efl: quand ce dernier a indignement foulé aux
pieds' h "foi :conjugflle par fa difparition publique
avec ul1e ,femtne 'étrangere, par fa cohabitation
en RoUande avec cette femme & par tous les
dé[ordres qui ont accompagné ce crime, que la
Su-ppliante cru qu'il falloit rompre une union
que la décence, que la dignité d'époufe, que
l'honneur & la' fûreté ne permettoient pas de continuer.
La propre famille du fieur Comte de Mirabeau
fçavoit , dans un tems non fufpeét, apprécier la
lltuation affligeante' & forcée de la ' Suppliante.
Elle regardoit comme un de [es plus ' précieux
devoirs de veiller à la ji1reté & au repos d'une
époufe dont elle ne pouvoit fe di!Iil11uler les
malheurs. Pourquoi n'oppoferoit-on pas aujourd'hui à cette famille les paroles d'honneur qu.'elle
av oit donnée & qu'elle fe fait un jeu de retraéter ?
On avoit pris des engagemens [acrés avec la
Suppliante. On ofe les méconnoÎtre, pourquoi ne
préfenteroit-elle pas fon titre? que l'on ceflè de
parler de violation du droit naturel, d'indifcré.
tio~, de perfidie: la perfidie efl: pour ceux qui ne
a
�tç
-~ 'lla: ~~ifpc:d1çÎ<~1'l ~ abrolué da: mOn, pèré' -é~ffifuè:)
)l --Je, l ~1 demandé, j'aurois Jupplié que l'oh .mé .
» lU,tt fi ,la ~ôc:e., Ctoy~z, MOl1~euf le Ma t qu is, '
)>- ~l~aigl1e~1!CfQlre l ;qu:e '1er;( m e,~ tr:W a-tflart~ ' {je :j~ ie
. » -:.;<'1>. ln,~t1J,tetd 'dé[()rm~Χ . vQS.·/jorJrM 1qub j'lai ~hI
» .l~=-~m.alhe&r" dé: flf~tr~ dJ fuite p ·l:ts perdr.J J ~ &1
»)- qUf! le ne hil·q permiettrai -de vous demflnder & J:
J
r~
tra1gnent pas -de fe rendre parjure.• :
' ' •
Et comment le fieur Comte de MIrabeau n at-il pas craint,d'avanceli ,que 19r[qp'il avo,i,t , fou_~
crit -au vreu deda ' famille, .)q~<:: lor[qull ' a~Olt
lai -même 'donné per(QnneUemenil d~s lParol~~ ,d,!1O
neur & de èentilhomme, ces parolès' ~,Ji~Olent
été qùe conditionnelles de fa ' part, qu Il , be les
avoit idonnées ' que . pour ach.et~r: [a 1~~el'.t~ 'A ~
qu,e rie l'ayant pas onteou.-e", ll lnc :>poJ1v,Qlt' ~tre
lii pa( .des ' engagem~l1s, ~ui ' ,l~ès!'a~r' " ~: av~Ien~
jamais été réels? En venté? Il fa~t erre blén llia!'?!
pour croire ou pour voulol~ ' en lln~,o[er aux l~lx
& 'à la Juftice' par des a{[ertlOOS .qu Il, ~ft fi Ifa Ile
de dévoiler.: .Le fi~ur Comte çle , MIrabeau , ,de
mand'a1Lfa , liberté, le fait è.fi_vrai •. II réclama>i-t
les bons offices du fieur Marquis· de Marionane
& de la Suppliante, le fait eft' éncore. vr~j. , Mais
pourquoi v:eut-il piffimuler , Fourquoi meme ofc:"
t-il' nier que des démarches & . ;du fieur Marq~ls
de Marignane & dé la ' SupplIante eurent to~.t
le fuccès qu'il pou voit s'en , promettre ? A.-t-I1
oublié la lettre qu'il écrivit au .iieur MarqUIS
Mario-nane' le 13 Décembre mil fept cens qua ..
tre-vingr- l ,, » M. le MarIJuis, difoit-il dans cette
» lettre, je') viens de: franchîr' le 'feuil fatàl, &
» c'eft à vous que je dois le premier hommage
» de ma reco~noiifance,. puifque fans vous, !U 0n
» pete n'eùt jamais pu, rnalg.ré le. vœ~ ~e fon
» noble creurJ'
,
, m'accorder le bleofalt. Sl lorldre
.
» du Roi qui change mon fort ne me Jnett'oI~ paS!
qe
•
) . tOli,t.c:, qui WJus. ,~pp'af~ie,nt
) 1 9&.:qt. lhp't~P()S
~u'e ce
que : vott~ /11':
Ide nfJà:ccoflder:Vot s-inGtne,jf t~Sr
G"o.tn.'lle . ~7J Mi-r~beàu" reéoRorufiolt ' e1olic- 'i'l dfè'':'"
v.o,tr: ~pr.es lel., !ecouvrel,?em, de fa libertë J ' pr6W
fen,rer ,~e ,prémzet . ha~mage de. fa reconno.ijJanèé
auL tiew Mâftqo:~s ~' de . ', M'ar-IgrHtne. rDGnc ' fi.
qû
j
le recouvrement de Jt..l J}ibdté- )éroi~ J è nime- il
?,':é}l~ J:olire , l te 'ptix : ide - {ès i'àr9I~s' d'hérine ifr
ü doù: être fiq~J<: , pui.(q'u'il eh <f.Qr-éé ' de Ir-ec6n~
n~ît~e qu :à fon' égard 'oro a ~té ' gén'é reùx.', Mais
qUel l eff dO,n è J è(j~ lang~ge'··üoli,~a_u en: "mat.iél'ë
dlhonnèlîlr? . Cf.t1el elb:e (yfiême ~t ange' ~Ge 6Llibir
préfen.ier cbmm~ ment.alèfi1~nt ~<lâdi:~io1fnt'lle9 ' bld
pàrol~s_ de Ge'fftilhiJmmq' )es plus- a:ffirmati ~e? : . de
v:DulOlt Ce délier .dé l'Qfuligatf.oh la plu ~ '(acrée ) etl'
ex«ripant â'ut1: ·prét'èl1du. d€fàtitl rrd~ J'ilhetté ~. COlnm~
fi ;':~{UJ.[]
1? L. .!.t_
'
,
'
•
Deulud'l1A' , G.entilhrQ'tl'll1 e _l}.'éto:lt paUlbrë
m~m€ "dlans les ~ fers ~'? \. ..\!':l ~,\ ',1\' r' 11';" ,
'l~;M'ais: pD; r4m<?-i hous~ ru;rêt'ei davÎPntagè '~. çIes
raits ,\q,éJ" ,1îufliTa,tnmént .'édàircrs & 'ôi'fé'utés d'ans
Je ~émàir~'J.Jn'P~im~~.det..la. Sy pp1faHtt: ?J '~ll~ . va
f~ l:ib ~~er.l ,~\ 1pl\0pofu. ~ 9tlelqûe.s obferv-a~on '; 'fur
c~ ' 'qÙl -fillt ". la r'1!latlere ,des ' Requêtes •. ' Ella
:1 •
�16·
de.mande la furféance fur di~ers moyens. Le premler de ces moyens porte [ur l'incompétence du,
Tribunal qui a ordonné le nonobltanc appet
~e principe de la matiere eO: J qu'ap-rès H<ip-,c
pel relevé, le premier J lige eO: entierement <té-< c
pouillé ~ & ne peut plus prononéer fur l'clICécuJ '
ti,on de fon jugel?ent. Nous avons étayé ce prinCIpe de la doétnne de Rhodier, & de cellCJ de I
Serpil1on. On dit des injures au premier & on :
tronque Je fecoud. Rhodier: a ~noDcé '. cI3{rem~nt .
la ma~ime, & cet Auteur eO: eO:imé. ' Ge t. llldi:
point en traitant fon fuffrage avec-· une légéreté
pe,u. décente, .que l'on peut fe promettre d~en di ..
tt.lmuer le pOIds & l'autorité..
Il • . /).
'" l A
. ~erpillon ~ut dû être · cjté ayecl plt;JS J de ',fidl.(}
lite. Il rapporte fur plufieurs objets, le .lèrltÎ- '
ment. de Joulfe dont le fieur Com~e de . Mira,b eau
veut ~ant.Je . pré;Vflloir., & il aj.€lUje ,: luiv:anLle)
mêm.e Auteur: r )) Si ,ul\e p'lrtie àVQit . 0~hlié db'
» .dem~ndero;~l'le J.~ Sen~en~e .;fu:r;. C!X..~ou!tée' 'p.a.q
» provlfion, elle pOUUOlt le.. demander. <après ' ~
)J SeDte~ce rend~~;. C
I: r fexplt ·au :mê.me Juge cà.
») ;~~nIlo1tre ...de. l,~)1Ç!.d~ijt~1 mê~l ~ansï le1 ~asl' ow
») . 11, Y aurOl~~âppel ,rpour'gl« ,Jiianmalslfjcte 'l"alppe~
» ne fot 'pOint .relevé; autremém d foudro.it r f1:t
» 1'.ourvozr. devqn~ -k ', J,t/fJe -d?appel, &: ifflfbit
» a fouhauer q~~ . Monfieur Jouffi cm, 'apporta
Ï }~elq.ue auto.rz{.e. Four[fonder ji9n,jeJliimèJi.
»r
~ reful~e deux çhp{eSj:de ,'ce.t.te: -dô.étrÎne,.de Ser':l
Plllon: la ,,PreUliere, flu.'H :penféit : que ~Jpullè:
,
.
n avolt
:,
,
il"âqOit pas éré.j fqu ~a r dir~' que Ie 'premi~r lugr:
put --0~~onber dre ~0t1Qb.Il~ ij~12P~h,. (iIH~n~ lfi.t
'P~inav~t.1t! T1e~er l~ ff~P-n?~ ~d14.. o~ ,c ~y, t
•. 1W:lfie l plls' ~U'C) IIQQifj::; eY,c:..!rft!G::HJ ::> q~ lwqf'rm q e
-I!â'I?p'ê~ )ar~e } 000 tld~~b fl~ f~jP<l.§ W1 • qn·
cIe à ce Œ{ue ae ' prém~r )' l!JQ~ lP1.3t p.r.\jn<?nq!f' ~e
fioMbVl:atu r '!Wel · . n~p<l)~S ~rE1ülQflw 1 ~ eûr
~O~te ' ~e<Mirab<r.l.u n~l sFW1rr~O{l,c rf~::, ~1ê~~
"~ev!Üdll( ldu (o.ffnage r ~ J9i-lff~ rf'oBUjjfsHJ,~ ~d§~s
j.Ililhe !J~poŒefé ..,~rlt.aJl.'pej:. dttpi 1 ~qlf,~orqP4 ~,Ae
· JloMb'lta'ut appe,1
été Q~qpgç. ;;,6')
'"
,
- .l0n ~ l ,b~au, di~e - q\l~ lq ~oll<j~~r}:hfw.Re!;~
- ~I drolt~~: llaJi1re cl:je1i?p.as.o.; ~,5.3!\) A ~~OH}dr~tf5 ~ffi'-
9H-
' ë0~~rf.é 1 ~h h ~aut..lCp~\rl ~ flra~~~~,m u~~
poL'luon -pa .t1chlirêre, !'oi,! i par ~e (tl10!l v:f!:Île ~ep
..rem:.e... Or oeil: cette , nou'vell~ ~ .t,e~ce . RI,Ü ,,!?e
p6ut., plus êtr.e . p.r01ldru:ée:nar J$! ;~,ugh aH'lM\.,ap' pel 'r~leV'él -dépG>ullle.. ' ; , ~i. :;~;.h -2 "J
.:;! . . "Noos œmanHoo ' Ji !:tP(~§ ' il'f\fQRe~, ~c~Ûe. ,, 4Fs
·1:pârti~s :'qoi ') eiXéèu'téroi-t i ~.r'0v,iIoire111ent Ai'~~
. téfute. fans ry j êrre- autor~{ée ., rn'atten!erois .p~sl à
}1atltbr~té de da', (3ouc. ;QQ. l~O~ L~APo ~r~~q ~il
. -y â~rôlt attentat. Dopçdar çop~ (!!jjt. l!lViIi(l.e r9?Pc
eI-le .... {eule ' peut prono>ocef'
le,'· b, ,~:; ~ .
Mais ~ ajoute-n-oil le) pr'emrer. Juge peut; FU
'. certaines matieres, ordonroer :;Je : PQ!1Qbfia.~t fl.prpel.. Qu'i~porte '{, IIIIe--pellJt ,;' tallt quc~J'a~e :e-f!O:
pas rélevé. Il ne faut pas donnêr en pr~,*V.~ l ce
qui eft e111 q'ueIhon.. :' -" ~
;, Ji
. Mais quoi )' dit-on encore, .eft-cf q~e le.. preC
�'l:S
1uief Ju~e D',a ' p,as. l~~xécutioli':~e ..fès 'S~nténc~s ?
"Eil.:ce que 1 txec.utlo'n ne hu en ,dt même pas
:réri oréé! p~r Jes: l~flet) âe laJ(1jur ~ l Dui ', mai~
lBmd Pàfipéi eft CY(filIélsn &{f\é ett ce 'p!nvqi !'111.ê.m~
-qUI prouvé 1Jûre, l'on atft'o.rhé ath [o~:en:d-u
iu[r
qu'à ce que le J~g,é rd'appeh~jt pr..ononcé. . ~ r
'" - ~ux moyens -de c:fOlfdle T [e l jojgn~nt: desl mo:ye1fi ~ bi~fJ:tpIi1s otmp~alf8: lnld uatu're!JiclLt fon..ds
' rie,powôiiJeolDp ~:c:è &) né'i~l>mporlloit ;: ifdtJs ~au.
~bu'n 'fapPoTi'~Itè ~iHiba~f~1 'pp.eP ~ IDârboid il {atit
mettre de côté toùt- l.'o qui r.ega~qe l~s'_ :matieres
~~~n,~~eY}~"t{~ CP~rt l ~P~l:I~e.. tous .ïes RégIe,rRen --; tbUS}e A J1eùJ1, "iutl~cll!n t de1~OClSJ 1~1l.i: i~5ëgl 7. :ce1ta~élli@~:tl ~1 "J r~rt.>\.tt,erad pasl'cclle
\Iut fa1l: ' 'l'ObJet-Udur: jltlge t a'ét:uikb -Il: ',était Idanc
~ mutile -de !faiWor~ér.J deSl rA UêCSl du Confeil.~ une
''f6tifé- lli? t1eéifi?rls êtfei'l~i:e:lhmreqt inappliCiibles.c
. Le , Sr . .Comt~ d~ Mira/Jdu fej~réplie l lllt j [es
~~foltl~r:c?s. :?~v~r~if.eg., (~~l ,prétenau;qu 'il lleo~~aglf
ron 1~ que -(le 1 eXWtftlé'>rrJdelJ foD') contrat, :d~ :Illa.
, rl~ge ',.1 &. .<tué 'la, -provifiml> dt tŒ<ljours' p.Q,l:J~ ;Ie
1r
;1 t1t:l 'llo~lôu~;
.)~~éJ qà -Sentèncé .du
l
nrr
LieuJ"a~nt
-qtl' un aébèUtem:eht ,0& .qu ll ,efr :cle rJa nao
ture de to~t déboutemètl tl~ ê.rre °exécut'é l1onb15[•
• tant ~âppel i attenôu] qu\l r[efoit ab[~rde ie i;d.
~' jU~fet- -_aerè§ te déhoutemei'1t, ce que l'on 'deman.
: i:l31t (~ r. cé' 'ijûe •l'tHll l:ltle' :polfUoit ,pas âup~faooIJ van t?"1 . lJ
~ ~"'~r)
/f .. ....
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, ,E;Il. v~rité,
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ce n'efr ici Iqu1un. tas. d',erre4fs,
d equlVoques
&. d'abus de mots. Rie,o 'n'efr plus
,
��,
•
22
•
fOJrement c0ntr'elle une clôture ou p'énaI~ ou in:
jurieufe. Enfin il feroit impolIible de la dép oU'ft...
le ~ provi[oir.ement d ~un rep?s qui lui 'eff garan ri
Ear~t~nt de tItres & par les- faiton ~ les ptàs ' Fortês
& 'les plus viélorie"ufes. '.
"
~ [ . ~..
Que l~ Sr. Co.l~ ~e 'Ide Mî; aheau' né fe , !gl~orifie
pas d' un triomphe momenrané, furpris à la religion des prem~ers .Juges ;. ta' Suppliante ofe fe
l
promettre de la Julhce de ' fa caufe un trfompn
plus d-urable & p ~us ,comp~ec. Elle réclame ' des
principes certains & con~lls ; e'lle expo[e de~ faits.
.& .d~s l?r~ uves ;. en faut. il ,davantage pour lui ga:rantlr la proteéllOn .des LOIX ~ dont vous Jêtes l~
.auguftesdép,ofitaires ?
' l "
l.,'
1
~.'
_ fJ
Ce ' coniidéré ,. vous p!air-a" N OSSEIGN'BURS ',
,fans ,s'arrêter à la R.equête contraire & ! echarge
< d~ ~" , Comte c; de MIrabeau, accorder à la- SIl,E. pha~te ~ ~s. ~ns_ de fa prerrtler~ Requête,' ci..jointe ,
& fera, jufiice.
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- MA~IG~ANE DE MIRABEAU-~
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Al!' Pà'Jl: Scr iptum 'i/nprimé à la
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âe Mr. de Mirabeau.
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N ~eft.. inflrui~ de,'tü.ut ce que j'ai fait pour
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1'préyenir u~ éclat. Des per[onnes refpecta,bl~s, pe.uye.l!t ,en rendre témoignage.
'
,1 L~ lendemain de la premiere Sentence, rendue
.par la S~n§cq,âuffée, ' je reçus un billet de Mr.
.d~ 1\1ir~keau~ " c;on~u en ces termes:
• J ,H _'L;éch~,ç, qU t .l ~ c~u[e de la Dame 'de Mi» ra,beau vient de ·recevoir, doit lui prouver
monde ~e penfe pas comme [es
.) ,qge. tOllt
)J
Coo[çils~, ~ ~ qu'ils p\!uvent Je l t~omper .,- Elle
» fera bienA t; ne: .pap fuiy~~ 17 chasrin 'de) 'a)) ~lour propre. Pour moi, qUl o'ài d~autre objet
. » que celui de finir, voici ce que je prbpofe :
» Si c'eft de bonne foi que l'on a des doutes
» ·fur ma conduite, j'au'rai Fëxtrêine ~ondeJceJ, » dt}nce de [ubir une épreu~e jufciu" ~ la (in de
» l'année, à con~ition que toutes les 'hofl,ilirés
» judiciaires cefferont. Je permets que Madame
» de Mirabeau refte chez Mr. le Marquis de
, » Marignane. ,Elle y 'recevra mes ' vifites ', qui
» feront. to'ù t-à-fait étrangeres à Mr. de Marin gnalle, tant qu'il ne voudra pas m'admettre.
te
�.-
Z4
» Si g~ boUl.É: ta,:n~~L of!. n.efl pas Content if.e
l)
l)
»
»
»
»
l'épreuve, nous rentrerons dans nos arôùs re[peaifs, q cOfldz' ion (lûe ltfadàp1eak Mirabeau
ne pow/a pfzls obJ'eaer ql1~ le~-.raltS qui (e font
p,aiJésr- çl1!~l:} '{1~~,f("~il!é~ ,e~, Pr.~~~nc~ ,..,&/l.l~'on
ne jè"a paroure li autres ecnts que ceux ~UL 0 1
déja été imprimés.
' 1
Ç'~toit, _\!? me renda.n.t e,n ~pp~re,nce I~ )iberté
cfe plaider ', m'ôrer "celle' d~ ,me 'lléfen"dr~~
me
réduire à renoncer à tous les fnoyéii's de 'fé aration, fi j~ ' perfia'?ls ,à del~ana~r d'être fêfarée.
" On remarquera encore qu'à, l'époqu~ ',tle ce ' bil.
let, Wn' y' aVaIt que les"MéiilOires & !ptaiâ~yef
_de Mf,' < d+e : Mi:~6èau ' qui euIrent é't é ftli'priinés~;
& ce font-là les fel,lls écrits 'dônt: on!'confeluoie
'la public"arion, 'fi ' le lproèès étoit continué •
. Je fis répondre 'à ' Mr. de MiraBeau ' qu'il rn'é'•
•toit àpparêmlnél1t =pas :~ccout~ù1é ;~, avJir des fué.
J~:~" J;~Xfqu'J~~.f~ 1ai~o~t ~'lfqrt ..,é.~o~~u~if-li:.i par
le. pr~~ll~r qu 11 ob el.lolt' ; ql,le J efperols, "'avarie
. !~ §? de .l',ànpé.e '. -:n ~voi!. ?e ,Plus dfeiuie1s, &
Jlue Je,;t~l .f!ro~ver~l~ qu"e Je ' f9avok en" uferfplus
mddéremt;~t. .
.
"
i/~ o~s ~1bfo~;: à' ~~. :,~e . ~i~abe,au i~ne- e;~trë-
"
vue, en 'p!e(~?ce ,,~e .temolns.
. . .(
" L'entrevue rut refu'fée. Je
reçus le nillet fui.
r
, van't: » ) {e cOlife.n.s,_que "Madame rte -Mi[abeâu
' »~ rel1e c~lq 1\1r: de Malilgnân~ juJqii'à nouveau
l)-fait, à' condition' que ''je ~er~i' adlIl!S a l'y vdir.
' Il Autrement clle petit Je retirer dans un Couvent
,
» a
,
1
1.
. .
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~
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acéepté- ;~ qu!ltOtal1\';qu~i' lle- feroit, qurUM formet<
moins <!fl1igean\~ . P.o u l". M ~.- ,de Mirab.eau _drus le;
€onfeittem~1t>, IqU!an! létalE : eI\ :.d~~oit 9Yei~gH ,de:
lui, à une 5fléparati:&lJnéçeililirélq,u:ibtà1Jbit :.&;ire.
au!ol'Oer roi JafiOOe. 2~) J l ' ~ 0'1'3 1 rOl e l
Ce parti fut ·ref~[é. Je fus .ÂIors forcée à pU'""
~iier. mon 'Mémoi.re; Mr., de Mirabeau prétend
quel jl!l rn'ai ~(~u Rqu~ le bui /':de '. .Ir! dé.shon:.m.rer,~
tout 'œ-qui ,s:'.eil:pailllë méJjimi1ie frUffifimmentde çe
Fèproche~ J nIai: youltà tiLle: 111e_ d~Jiendre. Mais Ji,
les ' faits J & .les preuves le déshonorent , fi les
uifs & Jes pœuves le CQllyrent~' igpominie. .,. pe.ü..trur:m.e : cpUdalllllel1 , io·r[q~~rje. de:manc;I. '6.li'êJ:v
.
e -le:
parée de lui?
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j-·ï~r·!i no MARIGNANE 1)E MfRAREAÙ.
J
4 ,.
1
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,
. , :.1 . . _ .......... I_~
.
•
-...
..
Su R la t!emande dè . Madame l~ Comteffe de.
MIR ABE AU, en Surflance..
.
Adame de Mirabeau' demandoit d'être autor.i{ée à
demeurer , provifoirement chez Monfieur le Maruis de Marianane. fon pere.
q Elle a éfé déboutée de fes fins provifoires. par Sentence
GU 24 Mars.
S
Madame de Mirabeau dé.cIaré appel de cette entence
M
a
le Elle
26. prétendoit ., au bénéfice de l~
r. cl' 1
.
d' ap pel ,
• ec aratl~n
• d'
le provifoire dont elle a ete déboutee. ,
s ar!~g~~mte de Mirabeau a préfenté le 26 r~quete en
nonobjlallt app el ; & le nonohfiant appel a éte ordonné
3
lè M I·a cl am e de Mirabeau demande
qu'il foit furfis à' l'exé.,
.
cuti9n . d.!! •cette Sentence.
Le Comte de Mirabeau fomient que cela ne fe peut
. ' ].,0., Parc.e , q~e la. ,Sentence du Siege n'eft, l.uant a. a.
pa:_
~he~ hAN-B.A. THA?-Ap"P. .MPU-Rr;T I.fil~ ,
'
Imprimèur du ROI. 17tf3~ _ '
j
•
')
�z.
'forme de fa prononciation &. qua~t au fond du Juge.;
ent qu'un déboutement. Or Il ell Incontellablement dans
na:ure de tout déboutement, d'être exécuté nonobllant
appel: car il [eroit abfurde de s'adjuger après le ~ébou
tement, ce <tu'on ne poiTédoit pas auparavant, plufqu'on
le demandoit.
zoo Si Madame de Mirabeau avoit obt~nu de .Mr. le
Lieutenant [es fins provi[oires, [ans d~ut~ Il aurol~ f~llu
mettre 'e n quellion fi la Sentence provl[ulr~ POUVOlt etre
exécutée malgré l'appe1 du Comte de ~I~a~e~u; p~rce
que cette Sentence auroit évidem~ent préJudlcl~ a f?n tItre
d'époux, titre non c~IJte~é. lV!als Madame de ~Irabeau
n'a ni titre contradiélOlre a celuI d~ Comte .de .Mlrabeau,
puifqll'elle ne lui contelle pas ~a ~uahté de m~1 '. Dl poiTeffion
l ' craIe puifqll'elle demandolt a reller provlfOlrement chez
Pere, où elle n'avoit été
que du Confentement exprès ou tacite de fon ~lan, de,mall~e dont
elle a été déboutée, Madame de Mt-raheau n aurOlt donc
pas pu prétendre, dans .le cas I?ême où fes fins provifoires lui euiTent été adJugées, a don ner, de [a propre
autorité exécution provifoire à la Sentence. fuppofée.
Combie~ moins . peut - elle, ap:~s fon déboutement q~i a
remis elle & fon époux dant 1 etat naturel de leurs titres
rerpeétifs, prétendre à déroger ~rovifoirement à' ces titres! prétendre.à s'arroger le droit de demeurer chez [on
pere malgré [on mari!
3°· Les Semences des z4 ' & 3 l du mois ne font que
donner l'exécution à un titre non contellé; mais dans l'ef.,
pece, ce titre eil: exécutoire, in~épendamment de la Sentence, puifqu'il n'ell pas ContredIt. C'e~, don~ en vertu,
de ce titre, pllltôt encore que par foumlfI1on. a une Sentence provifoire, que Madame de Mirabea~l doit demeurer
en fon état d'ép oufe. La Sentence a feulement -refufé' de
i:ufpendre l'exécution d'un titre Il on",c 0
fié.
,
4 °, Si l'on confidere la Sentenc~ ~1'elatlve.ment à la o .de-
~
~t fo~
jufqu~s.là
llt:
J
3
mllnd~ d~ Comte de Mirabeau, on ne peut nier qu'eIle
ne. lUI ad}ug~ une RÉI~TÉGRANDE. Or toute réintégrande,
fUlvant L arade .7 du lltre 1:J de l'Ordonnance & même
fuivant tO,ut le titre 18, eft exécutoire nonobftilnt appel.
Il eft defendu aux Cours, titre 17, art. 16 de donner définfes ou fu//iances en ce cas; & fi aucu';es étaient
inreTl1enues, elle les déc/are nulles, & veut Ijue fans y aVOHégard, & fans Iju'i! fait 6efoil'l d'en dem ander main levée
les S entenceJ fiient exéClllées nono6jlant tous Jugemens, Or~
donnances ou Arrêts COlltraires.
.
5°, Si l'on conÎldere la Sentence relativement à l'alternative propofée du Couvent, il faudra Convenir que c'en:
une forte de fequen:ration qui a été ordonnée: Or toute
[equefiration ell: exécutoire nonobftant appel fuiva!1t le
même article 5 du titre 17 de l'Ordonnance.'
. 6°., L'ex,~cu:i~n provifo~re de la Sentence du Siege ne
[aurOlt prejUdICIer au drOIt de Madame de Mirabeau ni
à fes mOy~lJS, quels qu'ils puiiTent être; tandis que' la
non exécutIOn de cette Sentence peut dans les circonll:an_
ces de la, caufe, porter ,un préjudice irréparable au Comte de MIrabeau, qui n'a pas ceiTé d'attribuer à l'ob[ef_
lion les
e démarches holl:iles de [a femme, & de prédire
-qu.'e.11 s ne feroie I,1t que s'aggraver; tant que Madame de
MIrabeau ne ferolt pas libre de ne confulter -'Iue le vœu
de [a raifon & de [on cœur.
7°· Enfin, on Comprend que 10rfqu'iI s'acrir d'une Condamnation pécuniaire ave'c contrainte par gorps, (loi fi
d,ur~ llSpa: elle'n;ê
me, & fouvent appliquée par des Jurifm
dIétlO Il1co pet 7nt es ) la faveur due à la liberté perfonnelle, & .la certitude de faire réparer le préjudice, s'il
en réfultolt quelqu'un, ayent dé,cidé les Cours [ouveraines. à acco>rd~~es Arrêts de défenfe, & . dës furféances ..
rvtals.
n'y' a· t-il
de dill:ance ge la caufe d'un
h6mme vexe par une Sellt'ence des Juges Conful~;, par
exemple, à la prétention 'c rune femme qui veut, en dé -
combI~~
~~
----~
j
1
1
1
1
�4
pit d'une' Sentence du p~emier Tribunal, &. contre une'
loi expreffe, refler féparée de fon mari, & ne le voir '
ni ne l'entendre, jufqu'à ce qu'elle fair- autorifée, ( fi elle peut y parvenir) par' la Cour .fouveraine, à demeurer
réparée d'habitation! . Certes il ne s'agit point îci d'une
Comme plus ou moins importante; il s·' agit d'un titre con·v enu; i~ s'agit du premier, du plus facré des titres, de
celui fur lequel la focieté entiere repQfe;. il s'agit de dépouiller pat le fait le CQmte de Mirabeau de. l'exécutiolL
d'un tel titre qui ne lui efl pas conteflé, que nulle
puiifance fous le Ciel n'a fufpendu, & que nulle puiffan ce fous le Ciel ne peUL détruire~
OBSERVATIONS
SUR
)
UN LJB-ELLE DIFFAMATOIRE,
INTITULÉ:
MÉ:M-OIRE A C·ONSUL TER
HONORÉ-GABRlEt DE IUQUETI,. COMTE DE
MIRABEA U, fils.
'ET
POUR MADAME LA COMTESSE l>E . MIRABEàU~
JAUBERT, Avocat.
. a..,.,.J...
tL.("-'-.V·..-, S ).
('.''<l'q;:~ i.."
cI<...'" t; •..;J
t.'_C o.,' f
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'l. .
':u v~e 17 y~ . J,...
t...._ ...u.....~.s.... ·""Ù
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c. lt.. . &_6~v-u..L J~: ~· 8<n.\""\..A..
l' ~ t,J~·- ...t..
e,..{ L.
s.......
tLl L
.fm;x-
u,-
f.fJ.:t: jU.'l~'
!
""-7 u.L1t::
dcn.:-'--
Je ne coanois le Droit ni la Coûtume,
Je n'ai pas "lu Cujas; mais je pré[ume
Que ce [ont tO\ls de mal-honnêtes gens •
V rais ennemis du cœur & du bon [em ~
Si dans Jeur Code une ftmme en çolere
•
""&L<""':? "dL ""[,<ro<.
Uo. l \", ••
~.
r
I HUlLP
L
CONS'U 'LTATION
CJ..-.-/
Pçut diffamer fin · mari l'arJ jiHJ pere;
"'-' ~ ~.tu.u<... S-...>
Et la nature & Yhonneur ont leurs droitt
Qui v.aJent. mieux que Cujas & vos lou,
,
lh....& a..-6LCo-W.
Voltaire, .
/
J
,.~~
:V&.l.l..~!!1
_-w- .
.
~
..
A AIX ~ chez
J
,
"
. du.
RQ1 __
JOSEPH DAVID, Imprimeur
1783.
A AI X.;
Chez
JOSEPH DAVID,
Imprimeur du Rot
M. DCC. LXXXI.q,
•
�A VIS.
J
'A vois promis dans le P of! (criplUm de ma Requête;
que ma réponfe au Libelle publié fous le nom de
Madame de Mirabeau, ne tarderait point à paraître.
J'efpérois alors que les lettres inférées par lambeaux dans
'Ce Libelle, feroient promptement déppfées au Greffe; j'en
ai attendu, follicité, requis pendant plus d'un mois la rémiŒon; & quand elle a été faite, Madame de Mirabeau
a "'annoncé des prGoès verbaux & des opérations qui ,ont
retardé la communication de ces lettres, & qui pouvoient la retarder plùs long-tems. C'~!l: Ce qui m'a fa't
livrer à la preffe, le 3 mai, ces ObCervations tout incom,plettes qu'elles fom, vû le défaut des communications
tant attendues. Depuis lors on a renouvellé & confidéTablement aggravé pendant deux audiences les diffama'tions c'omenues dans le Libelle. Le public preffent que lIes
,doive tH être & quelles font mes difpofitions à l'égard dè
.M adame de Mirabeau. Je les ai annoncées dans ma
Plaidoirie du 23, dont une partie fera bientôt donnée
:par fu,pplémem à ces obfervacions , : fupplément où l'on
,trou'l7era aoffi les fuppoÎrrions & les 'falfifications qu'on
's'ell perml[~s en lifant ou citant les lettres de mon pere,
lequel, ainli que le Bailli de Mirabeau mon oncle, eft
intervenu dans ce procès pour demander raifon & ven-geance de l'abus de confiance qu'on s'ell permis en di-.
:vulguant les confidences domelliques.
,
.
.. .
OBSERVATIONS
SUR UN LIBELLE DIFFAMATOIRE ~
INTITULÉ:
MÉMOIRE A CONSULTER ET CONSULTATION
POUR MADAME LA. COMTESSE DE MIRABEAU.
A
,.
'T etiam liueras quas me fihi mifiiJe diceret, ruùavit
homo & humanitatis expers & vitœ communis ignarus.
Qui.. enim unquàm Cj.ui paulùm modo honorum confue'tudinem
nofcet, tilleras ad Je ah , amico mifJas, offinfione aiiCfuâ ' interpofz.â, in medium protuLù palamCfue recùavù? Quid hot e(l
(JlIud quàm tollere t vùa vùœ focietatem? Tollere amicorum
colloqlll:a ahJentium? Quàm multa joca folent effe in epijlo!is
qf/œ prola'ta fint, .inepta efJe videantur? Quàm multa fella,
& ' tame{Z nullo modo divulganda! Su hoc lIlhumallltatrs tliœ;
jiultùiam incredibilem videte, ( Cie. Philip. II. 4°· 9· )
Ji
) , Quel homme qui n'étant pas dépourvu de toute
"'I?' honn"êr~té, Qe; toute hJ.tmanité , -de tn.ut refpea: vaut
~
r
J\r
ij
�5
4
poignarder; & la Nature a frémi. Mais je ne fais li l'on
a jamais vu le beau - pere fe rendre le délateur de fon
beau - fils par l'organe de fa fille, & fur les précendues
preuves acquifes par les lettres miffives du pere de fon beaufils. . • .. Que le lâc he qui ne préféreroit pas l'atteinte
d'u n poignard à celle de la calomnie lancée du fein de fa
pro pre famille; que celui qui ne fe fent pas plû tô t c"p.lble
de pardonner à l'alfaffin qui atttnteroit à fa vie, qu'au lib ellifte qui attaque [on honll eur, trouve ce paraUele
exagéré! je le lui pardollne. . . . . Pour moi la plume
me tomb e des mains & me refufe de l'achever.
Un M émoire a paru. Ce Mémoire figné Marignane DE
M [ RA. B EA. U , & viÎ1blement deftiné à flttrir ce dernier
nom; ce M émoire, fouillé des imputations les plus atroces, & cependant dépourvu cle faits; ce M émoire, où
l'on n'a pas même daigné annoncer une preuve; ce Mémoire eft un vrai libelle. Compofé de cent deux pages , il
en offre foixante une confumées en copit:s de let tres, au
nombre defquelles on en compte quinze de mon pere ,
imprimées non feulement fans fon aveu, mais malgré fon
cléfaveu formel (1). Ces quinze lettres, évidemment dic ..
tées par la colere d'un pere juftement irrité de l'inconduite de fon fils; mais qui, comme tous les peres, s'exagéroit & cette inconduite & fa propre indignation; ces
lettres renferment les dénonciations les plus cruelles, les
))
»
))
»
les hienféances" quel homme fe croira difpenfé , par une
méGntelligence imprévue, de teni r fecretes les lettres
qu'il a reçues? U Il procedé fi fauvage bannit de la yie
toute union, toute douceur, interdit tout commerce aux
» abfens, t oute confiance aux amis; c'eft le comble de
)) l'ln umanité; c'eft une incroyable extravagance. »
Voilà ce qu'adrelfoit l'Orateur Philofophe de l'ancienne
R ome au Triumvir implacable qui avoit divulgué fes lettres, & qui depuis le fit aifafliner. M J is Antoine les avoit
divulguées pour fa défellfe perfo nnelle, pour repoulfer les
attaques de [on redoutable a.dverfaire, de fon ennemi déclare; pour répondre aux Philipiques, à ces ha rangues enflammées dO Rt le -nom feul-efl:. devenu le fignal de la plus
terrible véhémence.
Il ne s'agilfoit pas d'appuyer fur ces lettres des accuCations capitales; il ne s'agilfoit pas de reveiller des procès
criminels, d'o utrager un ami, de déshonorer un parent.
Ce n'étoit pas un beau·pere, ce n'étoit pas une époufe qui
'S'armât du glaive de la diffamation Contre fon mari, contre fon gendre, contre le mari de fa fille unique. Antoine
ne produifoit pas les lettres d' un tiers; il ne s'efforçoit pas
de faire fervir les lettres d'un pere à la perte de fon fils.
L a Loi Romaine appelle [rues le pere & le beau· pere.
La Loi Romaine n'a point alfez dit. Les enfans des freres
ne leur font que neveux. Les enfans iifus du mariage [ont
des enfans communs au pere & au beau · pere; ils le [ont
bien plus, s'il eft poffible, quand le beau - pere ne peut
placer que fur une tête l'amour & l'orgueil paternel; quand
fa fille unique, quand le [eul être par lequel il puiife rev ivre, a fait de fa famille adoptive [a véritable, fon unique famille. Il eft peut-être inoui qu'un beau-pere ait, [ans
provocation perfonnelle, cherché à déshonorer fon beaufils. Dans notre climat brûlant, où coutes les affeétions de
l'a me tiennent de l'emportement, où les paflions s'exaltent
jufqu'à l'atrocité, on a vu le beau·pere & le gendre [~
( 1) O n n'a pas même daigné le di!Timuler. La leme de mon pere,
en date du 10 la nvier 178j à fa b. lle-fille, & imprimée par elle. porte:
Je 'Vous dis feulement. quant aux lettres, 'lue c'eft VN DEPOT DE
CONFIANCE Q.V ! NE DOIT JAMAIS SORTIR DV BVREAU
D'VlVE PERSONNE flONNETE. Et dans (a lettre du 15 Février, que
l'on a perfidement, mais mal-adroitemcm paffée (ous lilence : ma fenft/'i/ité jî" fes torts s·eft même quelquefoÎJ peut-être exprimée d'une manie"
'''''gérle DANS LE SECRET DE MA CORRESPONDANCE DE
FAMILLE.
J
�6
tpithetes les plus outrageantes, les faits les plus contraires
à la vérité; parce que mon pere était loin, en les écrivant, de la liberté d'efprit néce{faire pour la difcerner .
parce qu'il débitait tous les ON DIT dont on affiigeoi~
fan cœur paternel, les ON DIT dont tant de bouches téméraires ont dans cette Province été les échos· les ON
DIT, qui to,us peut·être y étoient nés, &. de ~uelques
lins defqu~ls J'y trouverai certainement la fource : de forte
que mes diffamateurs, en attefiant les lettres de mon
pere, n'attefient le plus [auvent que leur propre témoignage.
Mais enfin ces lettres [eroient véritablement la profeffion
de foi ferieufe &. réflechie de mon pere; elles ne feroient
pas d~menties ,par fon défaveu, par fes démarches, par
les faItS pofiéneurs ; elles contiendraient autant de vérités
qu'elles contiennent de faulTetés démontrables jufqu'à l'évidence , qu~ ce fer~it encore le plus lâche des outrages
que de les hure publIee par la femme qui porte mon nom .,
~ malgré mon pere, qui auroit eu horreur de foupçonne:
d'un fi criminel abus de confiance, un homme d'honneur
lln ,homme qui n'étoü pas moins que lui le pere de fo;
pem-fi15. Ces lettres feroient tout ce qu'elles ne font pas·
elles [eroient appuyées de preuves utiles, ou même néce/faire~ à la caufe; ,de nature à être légitimément employées : que ce 1èrOl!. encore ~Il procédé fon odieux, que
de, repo?dre par une telle dlffamatio~ auX- défenCes plus.
qu honnetes, plus que meCurées, que J'ai fait paroître.
Eh! qu'ai-je fait, qu'ai-je dit, depuis qu 'il ea quefiion
d,e ,ce ~~tal"p:ocès, ,~on,~ ~n ne, doi~e ,pa,s me favoir gré?
J al prIe, J al ~upphe" J al patiente; J al reçu les injures ,
avec calme, Je les al redre{[ée.s ayec modération' j'ai
loué mon beau·pere; j'ai vanté ma femme . • . .
l'ai
fe~emandée à la vérité! Mais ne le devois-je pil S devant,
Vleq &. les hOJ1JalC;~? L'ai-je fajtavec hru[querie ~avec hau;,
J:
7
teur (1), ave~ précipitation? Où vouloit-on que je vinlfe
montrer ma régénération, fi ce n'était dans ma patrie?
A quels témoins devais-je mes premieres fatisfaétions, fi
(1) Il
Mi, .bea"
.pparence
on trou ve
n'en pas encore une {eule des écritures pour Madame de
où la véri ,é ne (oie outragée, même dalls les détails Cil
les plus indifFérens. Dans le puft fcriptum de {es requêres
ces mots: le lendemain de la premiere Smtençe rendue p..r
/a S'nicha1llfèt, JE RE('~US UN BILLET DE M, DE MIRABEAV.
Cela n'en pas vrai, Voici le fait. V n parent commun voulut bien
{e charger de pro poli tians de paix; & pour être plus religieu(ement
fidele à (a mifIion, il demanda qu'elles fuffent rédigées par écrir.
Mon papier n'a pas dû rener chez Madame de Mirabeau; aufIi l'a[-on défiguré.
Voici mer prupojilium Ic/les 'lue je
Lu ai écrites.
Le.! 'Voici telles qu'olt /es Il r..pporrées.
Je n'ai jamais deliré & je ne delirerai jamais que de finir à l'amiable l'étrange procès auqu el on a
pouffé Mada me de , Mirabeau. Elle
ne (aurai, :e difIimuler que le premier échec que "'i0it (a caufe ,
L'échec que la caure de la
Dame de Mirabeau vient de recevoir, doit lui prouver que tout
le monde ne penCe pas comme
{es Con(eils & qu'ils peuvent {e
tromper. Elle fera , bien de ne
pas Cuivre le con{eil de l'amour
propre. Pour moi qui n'ai d'autre objet que celui de finir :
voici ce q lie je propo{e.
Si c'd! de bonne foi que l'on
a des doutes {ur ma conduite.
j'aurai l'extrême condefcendttnce
de (ubir une épreuve ju{qu'à la
fin de l'année, à condition q ue
toutes les hofii lirés judiciaires ccC{eront. Je permets que Madame
de Mirabeau refie cbez M. le
Marquis de Marignane. Elle y
recevra mes ",/ites 'lui feront
tout - à -,fait étr~ngeres à M. de
Marignane. tant qu'jl ne voudr~ ,
prouve qu"'on peut ê(re d'une autre
opinion que (cs Con (cils. Il eft temps
enCOre de finir un éclat trifte &
{cand.leux; & il ne {eroit pas (age
de n'écouter en certe occalion que
le chag rin de l'arr.our propre. Pour
moi qui n'en metc(aÎ jam ailii d'autre
11. ceci q uecelui rie finir: voici ce
que je propo(e,
Si c'en de bonne foi qu'on a des
crainr-:s · (ur ma coudùÎ(e , j'aurai
cet excès de déférence de me (oumettre à l'ép,eu,'e du rclle de l'année; (ous la condition que toute
nofiilité. judiciaire cerrer~ de part &
d:aut<C j que toUte publication ~'é.
�s-
ce ~~ét?it. à mes compatriotes? Quelle contrée a plus de
drOIts a 1 ho mmage de mon repentir, au redrelfemenr de
mes erreurs St de mes torts, que celle qui fut le berceau
d~
crits qui n'one point ~l1 co re p2ru,
fera lùfpend u ~; qll~ li après le terme conven u je n'ai donné Ilul fu jet de plaime . ma ~mme me (era
tendue ;. ~ <j'le da"s [Qus les c as
per(onne ne poorra oppo(er que des
faits qui Ont ou q.ui auront eu lieu
depuis mon retour en Provence.
A ce prix je confens que Madame de Mirabeau refte chez Mon1i~llr fon pere, -pourvu que je fois,
admis ;\. l'y voir durant tOUt le
temps de cetre épreuve do mdhq ue
(bIen enrendù qae je ne prétends
voir qU'file , aulli IOl1g .. emps que
M. de Marignane refu(era de me
recevoir ). & que mes engagemens,
rell:enr daos les mains de M. le Mar_
qois de . M arign~ne. pourvu q ue (00
acceptatIon lignee & ga rantie de Ca;
p arole d'honne ur refie entre les mains,
d u ~cteur .des paroles re(peéOves.
A AIX ce vingt· cinq Mars mil (ept
cent 'luatre-vingt.trois. Le C omle de.
Mirabeau fils,
(.) P
~~.
Jl«juê".
.
A" bOlif d6
1'''11111. on n'tjf pas conlent d6
"rprCRve , nfJN.I rmtrerHlJ
dAn! nos
droits rtfpeaifs , à condition 'flte
MAdou de Mirabt"" .nt pOltrr..
plNs obleatr 'fltt lu flf1ts 'Iii; ft
[om paf{és d.puis mon IIrr;vù en
P~01Jmct, & '1":on. ne ftra P'"
rO"re d'aulru ecrIts '1H' cu/",
'fui Qm dlja éd imprimis..
~. (e~~d ~crit q u'oll appelle aulli Wu (j. reçuI ft billt'~
t",ant~ , ItAIi~hté e~ plus.grave . . Il ell: li peu vrai que j'aie tracé
fi
le 11
-pas m 'admettre. s i
\! de
.Quant
he
p~u
mots que I on a un pn mé (") comme- un billet à Madame
e. Ira ~~ '
ce ne fat que par complairance pour la per(onne'
qUI VInt
. S ~ AR! demander à mon oncl~ des propolitÎons nou~e~es , q ue dJ~d r~dJgral celles q ue j'ol1 rappone; 1erq ue/les fu rem re_
u es avec e a1l1, ·Mon oode n'en fu t point .découta ~ . &
urmettre le comble aux procédés il ACCE nT A l' b' g 'd
po
(;<!nülsho
d
.. '
,".
ar mage e q uatre:
m~es e rabbe ou <1 epée , qu ",n Ilers ami commun l ui co,.
pofa , '" qU1 ne fut refufé que lor(qu'il l'eut acÇ~pté.
p
lue
•
9
de mes peres, où tant d'affaires m'appelloient d'ailleurs l
Où j'étois le gage néceffaire de mes créanciers trop nom.
breux? Comment étoit·il pomble que j'y vinlfe, que j'y
'd emeuralfe fi voifin de ma femme, fans lui offrir le tribut
de mes premiel's fentimens? Ai-je fait autre chofe? Loin
d'attenter à fa liberté, je n'ai demandé que celle de la
voir, On me l'a refufée; on me l'a refufée avec outrage;
on a repoulfé tous mes VŒUX; on m'a déclaré fans détour
qu e j'étois POUR JAMAIS profcrit du fein de ma famille
adoptive; que mà femme m'étoit POUR JAMAIS ravi~ . . . , . Et ce font eux qui fe jaétent DE LEUR MODERA TION! Ce font eux qui fe plaignent d'être forcés de rompre le filence !- . , . Ils font f orcés ! • • , Eh !
qui les a forcés de refufer toute conférence, toute conciliat.i on; d'accumuler outrages fur outrages, de publier pour
premiere produétion un tilfu d'horreurs &. de calomnies,
Ce ne font pas :es feules fa u!Tètés à relever dans ce pojf fcripmm
donc tou s leS" failS font inventés ou d énaturés.
Madame de Mirab ea u n'a fait aucune propolitÎon qui ne fût p récédée de cette cond ilion ; M. de Mirabeau prendra lm expédiem de
condamnation. Mada me de Mirabeau n 'a offe rt a ucune entrev ue fan s
fpécifier q ue Cet expédient en feroit le réfu lrat. Mad ame de Mira bea u
a envoyé à m idi fOIl Mémoire à m on onde, & l'a fait reJemander
à trois he ures. Je ci,erois des témoins, li je pouvoi s fuppo(er que
mO Il oncle en eût beCoill. Il fit rendre ce M émoire fa ns allCline réponfe.
Je le crois vraiemen t. Eh ! qu'auroit.i1 pu dire de celui q ui livroie
les Iw res d' un tiers , qui re ndoit un pere délate ur d e (0 11 fils , qui
:ar moie (a fi lle con tre fon gendre? Qu'auroit.i1 p u d ire d ' une femme
q ui tra hilfoi, les fecrers de fo n bea u. pere pour d iffamer (0 11 m ari ? ...
Mon oncle ne répondit r;m. Et ce Mémoire n '~,oi t-il pas déja imprimé ? Et la moitié de la Ville ne l'avoit· elle pas v u ? Qu oi! j'allrOls
eompoCé par la crainee d'un infame libelle ! Ah ! pui fq ue la paix était
impotTtble, je n'avois qu' un d d ir à for mer , c 'dl: qu'il fùt p ub lic enlin ce Mémoi re tal![ a nnoncé. que je puffe le débattre. & faire retomber (ur la tête de mes diffama teurs tOUC le poids de leurs calom.
nIes.
B
�10
de m~ poignarder de la main d'un pere irrité? .- ; ;
font forcés! • • . • L'honneur peut-il [e croire forcé à des
moyens odieox! . . . . Ils [ont forcés! • . • • Ah! que
ne fe croyent-ils auffi forcés de me donner la mort! de
m;;trracher cette miférable vie qu'ils me font haïr! Ils Ce.
roient au comble de leurs vœux, [ans doute - & moi je
ne fouffrirois plus.
'
.
. ~is hél~s ! je vis, & mon honneur en attaqué. Que
dl-Je? CeluI de mon pere l'en peutê-tre davantage : car
r'l(. 60 du on le montre tout à la fois Comme le délateur de [on
L,b,lIe.
fils, comme infidele à fa parole, comme parjure à [es
aveuglément entraîné qu'il en par la foif de
Pag. 7 8. [ermens,
l'
C
or. 'eft la fortune de [a belle-fille qu'il convoite - c'eft
P.~. ,t. [on Itonneur, c'eft fa fo i de Gmtilhomm e qu'il a ~iolés
pOl~r al\0uv!r fa cup.idité. (1) 0 vous qui n'avez 'pas
craInt d afflIger la vlellelfe & le génie! vous qui rou.
nez dans le cœur d'un pere des blelfures fi profondes! ..•
voyez-vous ce chêne antique & fuperbe. Il ne tient à la
terre que par de foibles racines. Son poids [euI l'y atta.
che encore. Il n'étend plus dans les airs que des branches
dépouillées; mais quoiqu'il vous paroilfe prêt à tomber
fous le premier effort des vents; quoiqu'il s'éleve autour
de lui des forêts d'arbres verdoyans & robuftes, c'ell:
ns
II
encore lui qu'on révére ••••. (1) Ah! c~oY,~z-moi: le
énit: dédaigne long-tems de Ce venger; maIs sIl fe réCout
lancer un trait, il tombe de toute fa hauteur & retentit fur la terre.
Mon honneur eft hle1fé; celui de ma famille eft atta·
qué; & je garde le fiIence ! Et déja les hommes honnêtes
m'on dit: TU DORS, BRUTUS; TU DORS.
Pardonnez ô mes concitoyens ! mon foib~e talent eft
& n'eft que dans mon ame; & mon ame ~rOl1fée, .meurtrie déchirée mon ame a ployé peut-etre un lOftant
fous' le poids d~ la douleur. Mais à la voix de l'honneur
elle fe relevera, n'en doutez pas; elle reprend toute [a
vigueur.
f
Je vais démontrer que l'emploi des lettres de mon pere
eft on crime, que rien ne peut atténue~, & q1jle l'attrocité de leur révélation doit les faire reJetter du procès.
1.
Je vais démontrer que la produétion des lettres de
mon pere ne peut avoir d'autre objet que de me désho·
norer par lui , (ans utilité pour fa belle - fille. Que ces
lettres ne prouvent rien de ce qu'on a prétendu prou~er
par elles, & que leur _infuffifa~ce, ~utant que 1 atrocité
de leur révélation, dOIt les faIre reJetter du procès.
(t) " Que (one devenues les paro les d'honneur & de Gentilhomme
" li (ouvenr données ~ Madame de Miraboau ? ,. pag. 60 du Libelle.
"
..
.,
"
"
..
>,
"
" La fam,lle de. Mtrabeau Il'a poinr diŒmulé (on objer. Lor(qu'en
1781 M. do Mirabeau pere commenyoir à jerrer les premieres idées
d'un projer .de réunion, •.•. la letere qu·tl adreITa pour lors à la
Dame ae Mirabeau . . . '. (e rédui(oir en derniere analy(e il lui dire:
donnez-nous un (ucce[[eur qui puiITe nous aITurer vos biens.... Ce
(ont ceux qui renoienr ce langage à la Dame de Mirabeau uni.
queme~t pour leur pr~pre intérêt, qui &c., pag. 7i du Libelle.
" Serolt-ce à ce~x qUI manquent publiquement à des paroles d'hon~
~IU Ile de Ge?ulhom me , qu'il appartiendroit de réclamer les prin..
elpes de la déliC3tc/lè Ile de l'honneur ? Pag. 9 1 du Libelle.
Je .vais enfin rétahlir les faits perfidement altérés ou
(J) Qualis frugifero quercus (ublimis in agro,
Exuvias veteres populi, (acrataque gdlall< ;
Dona ducum; nec jarn validis radicibus IlXrens ,
Pondete lixa (uo ell; nudorque per aëra ramos
Elfulldens, trunco, Ilon frondibus eiIicit umbram.
At quamvis primo nutet ca(ura (ub ellro.
Tot ci,c~m iilv% lirmo fe lobole 101le11l;
Sula lamen colilur.
B ij
JI 1.
Lucan.
l,
�q
' 1 2-
calomnieuCement inventés, qu'oA il ofé publier pour m~
déshonorer. Je vais répondre aux futiles ohjefrions qu'on
m 'oppofe.
PUMt!1U
PAl\TU.
Demandez à tous les hommes ce qu:ils penfent du procédé de la divulgation des lettres: tous frémiront à l'idée
d'un pareil abus de confiance, parce que tous y verront
leur fûreté compromlfe; &. ceux même qui ne compteroient pour rien la probité, la morale, la foi publique ~
privée, calculeront du moins leur intérêt.
Quel eft donc le principe de cette opinion indélibérée,de cette opinion univerfelle que le feul inftinét de l'homme
éveille? Cherchons - la pour nous affurer fi l'indignation
générale qu'excite un procédé de ce genre, ne feroit pilS
l'effet de l'erreur ou d'un vain préjugé?
.
_ T oute chofe confiée dans l'intention qu'elle ne foit p'as
révélée, eft un SECRET. Cette intention doit toujours
être refpefrée, parce que recevoir une confidence, c'eft
conrraéter les engagemens qu'elle fuppofe (1).
Si cette définition ne refte pas intaéte, fi fa conféque-nce
~'eft pas un axiome inattaquable, tous les engagemens qui
hent les hommes font diffous. Car fi je dis à mon voifin:
J'APPORTE LA pAIX, &. qu'il entende ou feigne d'entendre: JE TE DECLARE LA GUERRE; fi je lui dis:
JE ME LIVRE A TA FOI, &. qu'il veuille traduire, JE
TE PERMETS DE ME MANQUER DE FOI : nous
ne parlons plus le même langage. C'eft la confufion de
(,) " Quand le {er~ent en (du (ecret) {eroÎt retranché, j'ore avan.
" c.e r que nous n'aunons pas la liberté de violer le {ecret. Nous fenons un
.
L · ·
.
" .
. '. parJu~e uc mOI,ns; ~~lS nous commettrtons toujours une
" tnfidéht~, & ~ dl: ce qu un verHable homme d'honneur ne [e per.
" met point, meme pour [auver [a vi: l'. Traüé de l'amitié, liv. ~.
pag. '57.
.
.
.
la Tour de Babel; c'eft le fignal de la difperfion des hom!.
mes.
.
Lès Roinaindirent une Divinité du fecret (1), &. nouS
en faifons du moins un devoir facré; non feulement parce
que le fecret eft le premier reffort en affaires, parce qu'il
eft le fondement de tOute bonne conduite, de tout fuccès,
de toute confiance; mais parce qu'il eft indifpenfable à
tout honnête homme, parce .qu'il eft la bafe de la probité
la plus commune; puifque dire imprudemment fon fecret
c'eft SOTTISE; mais révéler celui d'autrui, c'eft PE~~
FIDIE, c'eft CRIME.
.
Qu'eft-ce qu'une lettre miffive? C'eft le dépôt . çl~s fen~
timens, des penfées, des fecrets de ,~elui qui l'écri.t. -C'e!l:
UN SECRET ET LEPLUS ·SACREDES SECRETS (z);
car celui que ma bouche feule a confié, n'a laiffé dans
la mémoire qu'une trace invifible &. fugitive. Si la perfidie
vient à le décéler, je puis défavouer le perfide. Mais
'Iorfque l'écriture a donné la vie à mon fecret, lorfque le
papier qui le contient eft forci de mes mains, ma confidence eft fans retour; ma confiance eft dônnée toute
~ntiere; je me fuis livré fans précaution &. fans délenfe à la
perfidie; je me fuis interdit à moi-même jufqu'au défaveu
du perfide.
. '
.
U ne lettre, à moins qu'elle n'énonce la permiffion d'être
divulguée, eft donc un dépôt facré. C'eft un dépôt dont
la fufcription indique le dépofitaire. Ma fignature &. le
nom de la perfonne à qui j'écris, forment entre nous deux
(,) Tacita.
(1) " On ne peut douter que le {ecret ne Coit un dépôt; car le:
..
"
,;
"
•
,
dépôt n'dl: autre cho{e que ce qui dl: confié à la foi d'aunui'. St
le Cecret ell: un dépôt, je doü le garder. {ans pouvoir en f.ire au.
cun ufage. Je viole le dépôt fi j'en ufe. Nulle occ.lion, nul. prét~xte ne peut m'en donner le droit; jufques.là que ceux qUI ont
fait toute lellr étu l e du fond de la juflice naturelle, four ce de tou.
�·
14
un triuté qu'e é é 1'1
fieindre (1). n g n ra 1 ne fauroit nous être permis d'enUne lettre eff un dé ôt d
écrite. Et Comme perfotne n'e~ penfée11de celui qui l'a
on ne peut, en violant ce dé c.ompta e de fes penfées,
mettre un homme dans le cas ~~t p.ar. l~ur .publication,
a pu penfer dans tel ou tel
voU" a J~{hfier ce qu'il
~et afpeét eil donc un délie ~~~er' ~a dl~uJ~ation fous
Une lettre eil un dé ôt
. , nut!.e qu odieux.
celui il qui il eff Confié .~l e~~l nAappa~tlent ~ucunement à
Cette lettre n'eil com~un~
me~e n y avoir aucun droit.
~ qui elle eff adreffée, que ~~~~ u?~tuteffur & ~a perfonne.
q e, e. e defflnée à renIermer la preuve d'un en
partient à celui à qui el1rg~~en~ reclproque. Elle n'apcnte. que lorfqu'elle ne
e
------
" tes les loix , ne feignent point d
.
,. du dépôt: il fa Ît, dirent· ils un veoltrdaltel~ ~e voleur. celui qui ufe
a f
(1) " Le d epo
' liKaire doit polTéde
'
-d. 1-b-d
à 1 e U.3_'" e· • (Ib1
1 .).
" ollice di de renh:rmer JI ne d - r. a manter. du cotfre. Tout fOI1
l"
Olt • ou"nrf. flue
.. C1lcE.• Il faut
que tout• autre qui
0' _ pour ce /UI- qUI. a la
" mot, il n'y a qu'une bon
veur y OUIller, le bri~. En UI1
d' bli
ne mantere de polTéd 1 d
>'
ou cr q U'OD J'air pour ne '
fc
_
cr e épot; c'ell
;, le rendre.
s eD Ouvenu que lor(qu'il s" gir de
" Le fecret dl un dépôt dao.
•
li bérer que ce1UI• qui Yous l' • vous
'
1 ne
- peut vous
,.
-1 CICS chargé ,nu
" le {(cret t'Il feale en droit d:
;. d~~e peto;lne de qui vous tenea
" Une rupcure même (urvenue entt e
r . a a~lgu:.
.. rre qui éloigne J'oblj acion d lë
deux amIs n
point UI1 ci.
S
» deues en fe brouilJant avec (0 u e~ret·o 01) n 'dl pas quine de {(s
o d Olot , .pour ainli dire , nla creancIer
•
.. _ III
le-,
.
., caIO de la mémoire où l'on ne get"_
_(ecret d autruI dans un re.
" lible, (e le cacher à lë
ê fodulHe JamaIS. Il (aut, s'il dl pof01· CD me
ans la
d'é
.. tH"~ 'lucl"1ye avaneage. S'cn
.' 1 c~~lI1t_e . Ire tenté d'en
" on le lient, ou pour (a [Opreva ou ~u prrJudlce de celui de qui
.. dont on JI'di pas pro - , p. pre UU/He, ce (eroir urer d 'un biel1
A
7:
en
0
0
,. DE LA VENGEANdn;;~~;À g~yRPATION QUE LE DESIR.
" N'_EST PAS CAPABLE D'EXCUSERM~.NEL PAR LUI. MÊME .>
&
v.).
f U1
. ( Des Mœurs> pag.
Jn
t)
contient rien que celui qui l'a écrite ait eU intention ou
intérêt de cacher; ou lorfqu'elle ne renferme que de~
chofes indifférentes à celui qui écrit, à celui auquel il
écrit, & parfaitement étrangeres à tout autre.
Si le viol d'un tel dépôt pouvoit être excufé, la foi-bleffe ne rélifferoit plus à la tentation fi ordinaire de J'amour propre qui afpire à montrer tout ce qu'il fait 8(
que les autres ignorent , tout ce qu'il poffede exc1ufive~
ment, ou tout ce qu'il poffede aulIi bien que fes rivaux
de vanité. La perfidie trouveroit fous fa main l'arme la
plus facile, la plus irrélillible , la plus fûre contre les
CŒur!> fenfibles, naïfs , confians ; celle qui lui garantiroit
à la fois, le fuccès 8( l'impunité.
_
Ull fecret confié par écrit doit donc être d'autant plus
facré qu'i! feroit plus facile de le violer. Le délit de di..
vulguer un fecret écrit doit paroÎtre d'autant plus odieux,
d'autant plus vil, que la lâcheté Cuffit pour le commettre.
Mais plufieurs circonffanoes peuvent le rendre plus infarne,
plus atroce, plus monffrueux.
Il n'eff> en général, qu'une manlcre de juger fainement
de nos devoirs 8( de nos afrions : c'eff de les conlidérer
fous les rapports de la deffination de notre être, 8( .dans
leur relation à l'utilité générale &. particuliere. En tout
genre, en toute chofe, L'ufage contraire à la .dejlinaûlJn eft
ahus. Plus l'uCage eff -éloigné de la defiination d'une choCe y
plus grand eff l'abus. Un délit eff grave , eff repréhenfihie, eff puniffable en raifon de ce qu'il eff plus ou moing
contraire à l'ordre, à l'utilité, -à la deffj'nation des êtres•
Mais ce qui rend ATROCE un délit, c'eft la qualité
des perfonnes, c'eff·à·dire, le rapport qui nille entre ceo:
lui qui abuCe, & celui contre qui il abuCei
Que l'on divulgue fans fcrupule des lettres qui ne contiennent que de petits faits, que de petites nouvelles, que
des complimens frivoles; cette liberté feroit au Ploins ap~
�1'7
16
l'ag. , . du
Llh<JJc.
'peIlée manque d'uCage du monde, ignorance groffiere des
bienféances > qui apres les Loix régiŒent la fociété.
Détourner des lettres plus Cérieufes de leur ufage ; les
employer, contre leur dellination, à diffamer un tiers
ou celui qui les écrit, c'eft toute autre choCe fans doute,
c'eft un délit très-grave.
Mais que des lettres qui roulent fur de grands intérêts;
fur de véritables fentimens , fur des fentimens profonds,
fur des épanchements de confiance; que des lettres d'amis
ou de pareils qui ne fe déguifent rien, qui fe difent tout,
& tout avec [urabondance; que des lettres qui [ont de
nature à diffamer les tiers les plus proches, à compromettre leur réputation, leur fûreté , leur honneur, puiCfent être divulguées, imprimées, répandues malgré celui
qui les a écrites; que les lettres du pere [oient employées à outrager le fils de la maniere la plus cruelle, à
le diffamer par d'affreu[es calomnies, à reveiller contre
lui des accu[ations capitales! .. l • • L'imagination glacée
d'horreur croit errer dans le champ de la fable à la
lueur du flambeau des furies.
On publie> malgré mon pere, des lettres écrites par
lui à mon beau-pere, qu'il regardait comme [on frere ,
auquel il tenait même par des liens encore plus étroits.
On publie, malgré mon pere, des lettres écrites par lui
à fa fille, à ma femme; des lettres qui, de [on av.eu ,
contiennent Its plus FUNESTES ET LE~ PLl!S TERRIBLES CONFIDa-{CES; des lettres DEPOSEES DANS
LE SEIN D'UNE EPOUSE TIMIDE. Mon pere devoitil, pouvait-il fe méfier d'eUe en lui parlant de l'homme
qu'il _croyoit le plus chen à [011 cœur ? Pouvait-il fe
méfier de mon beau-pere, qui, Celon toutes les probabilités humaines, ne fauroit revivre que par moi ju[qu'au
moment où, retranché dans la tOmbe & gardé par la mort,
je n'aurai plus rien à craindre des djffamateurs 8{ de leurs
calomnies ~
calomnies? Mon Fere pouvoit-il en écrivant à fa familfe
fe méfier <le lui-même? Il a dit qu'i l épanchait fOll ame
dans celIe d'un ami, d'un frere , d'un ellfant ; qu'il parloit de moi fuivallt les craintes qu'on lui avoit infpirées,
8{ qui lui fai[oient ajouter foi aux moindres bruits qu'on
répandoit, que tant d'int·éreŒés répandoient fur mon
compte .. , . Il a flit ccla. Mais qui ne comprendra pas,
(ans qu'il le dife , que [on cœur profondement bleffé,
faign ant, ulc~ré , ét oit bien plus féduit encore que [on'
imagination, quelque ~ xaltée qu'elle pla 8{ dôt être:
par toute forte de malheurs & par des circonftances qu'une
invincible deftin ee [embloit avoir ourdies pour 1l1'en~
traîner à ma perte ? Ne [ait-on pas que la fiévre la plus
violente, produit moins de délire que la colere d'un pere
irr ité? Plus il aime, 8{ plus il eO: furieux de voir Ces
eCpérances trompées ,. reculées, perdues. Plus il aime,
8{ plus [a cré~ulüé cft avide. Plus il aime, & plus il eft
inacceffible à toute obCervatio n, à toute réflexion, à.
toute modération. D ans un e fituation fi violente tous les.
oc je ts fe défigurent à [es yeux. Les vrai[emblances s'al-,
térent, les ab[urdit":s. difparo iiTent, les nuances [e confonè.:nt, les couleurs s'exagér.ent..... Non, mon pere ·
n'eft pas l'auteur des écrits qu'on lui attribue. La colere
feule les a dittés ; & 1'0 11 ne peut fans une maLlvai[e foi
i,nfigne 8{ cruelle, choifir lX citer ces emportements de'
la paffion , ces délires t.rap excufables du co ur vo ux pa ..
ternel , pour les monumens où feroi ent confi gnés les o pinions durables> les vrais fentimeni d'un pere connu par
(es lumieres ,. connu par [on génie, connu par fà termeté ; 8{ dont la· conduite pofté-deure 8{ des lettres fup é~
rieurement penfées, des lettres également nobles & w u-,
chantes, ont démenti dans touS les points les rê ves de!
f p colere.
Si ces fatales lettres contenaient véritablement les api.,
n,IOns de mon pere, les divulguer feroit rrahifo n> pu-·
C
.
•
�19
18
fi die, attentat envers lui. Mais li ces lettres ne font que
répéter des calomnies qu'on lui a écrites ou ~ébitées; li
l'on fait, fi l'on prouve que tous les faits que renferment
ces lettres font faux ou exagérés , comme mon pere l'a
reconnu lui - même, implicitement par les faits , ex pli citement dans des lettres qu'on fe garde bien d'atterter ,
parce que ce font des calomnies & non des vérités que
l'on ch erche; je. le demande aux ho mmes qui ont quelqu e
candeur dans l'ame : exagérai-je un tel procédé quand je
!'appell'e une ATROCITÉ INOVlE ?
Quelles [ubtilités , qu ell es dillinéti o ns , qu els foph iîmes
déguiferont cette in fam it: ? Qu elle plume venale fe cha rgera de la colorer?
Sans doute celui qui n'a pas eu . h onte de n'o fer ligne r
le M émoire qu'il Droit éc ri re , va [e préfem er dans la
lice, ou du moim il y j t(cra fes produétio lls avortées ,
& fes fr oides antith efes , & [es dillinétions vuid s de fens
& [es déclamations glacées,
Ah! n'envions point à nos Adver[aires un te! écrivain,
& montrons-leur une fois dans tOUte {a dignité le défen,
feur que la nature & l'honneur me donnent,
Voulez-vous connaître le véritable vœu de mon pere?
Voulez-vous entendre par (on organe la voix de tous les
honnêtes gens fur la divulgation des lettres ? Lifez la
derniere lettre qu'il a écrire à M, de Marignane, lorfqu 'il
ft pu croire qu'on fe propo[oÎt d'abufer de fa confiilnce,
•
»
»
»
»
»
»
»
De Paris le 12 avril 17 8 3
» J'ai voulu douter jufqu'à préfent, Monfieur, de la
vérité des avis qu'on me donnait, que je devais être
compromis d,ms les moyens qu'on employeroit pour
appuyer la caufe de Madame votre fille, & fan refu~
de fe réunir avec fan mari. Je trouve aujourd'hui dans
une réponfe qu'elle a faite à mon frere, de quoi confirmer cet avis; & j'ai peine encore à croire ce que
j'ai lu.
• l
» QUOI. c
.
'ell vous , M 'o n fileur , q lOd croyez pOUVOIr
é <1.
'1
confeffions d'un pere allarm
"'"
» révéler au pubhc es f; , un titre contre fon fils cou» irrité, pour vous den ;~fi~s dont il pouvoit être, alors
» pable, ou non, es
1 eut faire à la quelllOn de
ac cufé? Qu'ell-ce que ce a dP "a fiemme 7 Et n'ell _ce
))
l ' 1 fé pare e l,
'
» fçavoir fi la al
1
té & de prudence que vous
1) pas en pure pe.rt~
~ ~Y~oi une aétion fi peN digne
» commettriez vls-a.-vls ~'m
lé & évité touS fujets de
}) de vous? J'ai tO~Joursl 1 ull u
la mefure des procé'd
"vou u corn b ler
,
,
d e cordialité. Je ne vous al
» me plam re: Jal
l> dés d'honnêteté ~ mee~ee de nos enfans communs, J'ai
Il v~ que comme \, e P es droits pour ne vous par~e~
b
Il bIen voulu, ou
l~ ~e m'occuper que de vous f~Ire
)) que des votres, ,
d'h i répondre à tant de deféIl refpeéter. Ell-ce aUJour
u
,
.
& d'éO'al'ds 7
,
» rence
0
'M
depuis le jour fatal ou vous
» o~s le favezfil ;;ur votre gendre, en rompant
» preferares mon ,s 1 c un autre ( & ce ne fut pas
1) un engage,m,em, pns aV~e n'ai- 'e pas fait
pour écarn- à ma folhcltatlon ) , ,q d
J bi 7 Quels avam30'es
d
ous tout ftqer e trou e,
, ~,
» ter e v "
h ché dam v o tre alliance? Qu al-Je
» perfonnels al- Je7 CA er s des droits Clue me d onnaient
' é de vous
L1cun
, l '{ré
'[; s de Provence. Je vous al al
» eXlg ,
» n?s 100X &. le~ u d1g~ des revenus de Madame vorre
» dlfpo~er des °r~ s Quand elle ell venue à moi, ma
» fill~ a v~tr: ïté' ouverte fans réferve, fans payer (~e
)) mal~on 1Q 11 dife fi elle y fut traitée en fille che» p,en IOn.
ue e~e a voulu aller vivre avec vous,
)) ne.
qU,and
l ' a l Je empec hé e,7 Quand elle a defiré de garder--"
,
1) ~ en fil~ au res d'elle, malgré 'les ,me,fu,res que ) a,vOls
â
y
A
~: p~~es
~:C~~l I~l-~e :é~i ~a~~e !e~
pou!. fan é,ducation,
» fils le feul efpOlr de ma
'
'l' des fêtes'
'cl
al' r on é~rangere au ml leu
,
}) mains, . ans une m l'
.
,,'
' lailTé échapef
1) &: loin que ma profonde affi~lOl1 ait C i j
•
�20
11
» la moindre plaInte, je n'ai fong é qu'à confoler la
) mon gendre, Be aux témoignages du repentir de mon
" fils accompagné de bonnes réfolutions pour l'avenir.
)1 Je ~ous promis alors que, de mon aveu. il n'aprochera
» mere. dans fa jull:e douleur. Elle voulut alors (& les
» premiers mouve~ens .font équitables ) fe venir jetter
l) dans mes bras: ils lUI furent ouvert, toujours & dans
» tous les tems , & en toute occaCi on. J'ai veillé à Ct:
» que rien ne troublât [a vie; & tou t li:: m onde ell tél) ma in, que tandis q~le j'étais a cca blé fous l e poids
» des malheurs domelhques, elle vivait en paix & en
» allégre{fe.
1) J 'ai puni mon fils quand
j'ai o!"u que ' je le devais.
l) Je l'ai pardonné quand j'ai cru qu 'il [eotoit [es to rts
» à la priere ardente de [a Cœur & de [on beal.l-fre r ~
) qu'il avait offenfé , qui pouvo it cro ire le remettre [ur
» fan. chemin; en [li pp ofa n ~ de vile. idées, qui prefqu e
» touJo~r~ e.ntrent dans toutes. les défu nions ; qui enfi!1
» ne lUI etolt pas auffi proc hain que fa femme , & q ui
» me demanda it à l'i nll:ant mê me de vivrE ave c lui &
» de l'emmener chez lui. J'ai voulu le reme tt re à portée
II de réparer [es torrs: il n'en avait pas de direéts enve rs
» vous ni envers [a femme. Je l'ai enfia envoyé à fan
) oncle, dans ma maifon, à portée, il eft vrai, d'em» ployer les moyens de regag ner l'affe étion de fa fem» me & de méri ter le reto ur de v os b ontés paternell es
» par une conduite fans reproche, fous vos y eux.
» Pendant les temps malheureux de fes écarts , je VOLIS
» avais confié en tou te [écurité tous ~ es rapports qui
Il m'en vena ient. On [ait qu'il en ell qui fe font t ro uvés
» faux, d'autres exagerés. Mais en vorre qu alité de pere
» de Aotre cnfant qui exiftoit alors, vous deviez tout fan voir paur tOUt parer, pour tout couvrir. D'ailleurs
» MonCieur, moi qui étais grievement & per[onnelle~
» meot offenfé, je vous donnais l'exemple de cacher
» ~utant ,qu'il était en mon pouvoir, nos playes dome[:
» tlques a tout le refte du monde. Je vous ai rendu un
» compte exaét de ce qui s'ell: pa{fé. Je vous ai dit
Il. comme,nt j'ai cédé aux foIlicitation-s de ma · fille & de
-
.
)) jamais de M adam e votre fille 9ue VOliS ne l"ayie{ ordo nné
» ou permis. Vous ne répondites rien à cette lettre. Je
» dus croire que fan contenu , vous était indifférent. C el> pendant je lis dans la lettre de, Madame votre fille il
» mon frere, qu'vil a ma n9ué de p arole , &ç. Et qui fom1) mes-nons donc vous & moi, MonCieur, pour qu'un
)) tel langage pui{fe [e trouver entre nous? Des paroles
1)
données? & qu'ell:-ce que je vous devais? Quelles
» conventions à cet égard avions-nous faites en[emble?
)) Si par un excès d'égard pour vous & par une fuite
Il des fentimens qui doivent toujours être entre des perl) [onnes qui ont des rapports
indeltruétibles entr'elles;
1) j'ai exigé de mon fils qu'il n'employât que la foumif» fion' & le re.[peél: vis-à-vis de vous, les [oins, l'em() pre{fement & la tendre{fe auprès de [a femme, êtesIl vous en droit de vous faire un titre de mon honnêteté
1) qui [ousentendoit de votre part
des difpofitions pa» te ruelles ? Vous avez évité prudemment de vous en
» expliquer en ne répondant pas à mes lettres; & il
)-) vous a plu de me regarder comme lié fans aucune
» réciprocité d'engagement de votre part.
» Mon fils n'en a pas moins tenu fa prome{fe. Vous
» avez dit à mon frere, que fi Madame votre fille vou1) lait
rejoind,re [on mari, vous ne vous y oppofiez
» point, quoique prêt à la défendre Ci elle refufoit. Voilà
» {ionc votre permiffion donnée; & lui libre de témoil) gner fan empre{fement. Je n'ai été témoin de rien;
" mais tOIlS les rapports. s'accordent à dire qu'il n'a reçu
n de votre part que des rebuts & des in fuItes. Tout fe
) tolére d'un pere à un fils; mais il n'en eft pas de
» même entre des hommes de niveau dans la fociété:
» & votre défouci de toute affaire épineufe ne [auroit
» vous juftifier de manquer gratuitement à .un homme
�22
» qui ne fut inférieur à perfonne quant aux procédés. Si
» je parlais à un autre que vous, je lui dirais que c'ea
» être trop peuple auffi que de s'expofer à marcher fur
» les traces des infenfés qui ont ofé imprimer des libelle,
)} contre moi. Si je crus alors indigne de moi de def» cendre dans la boue pour les y repoufTer, &. fi je les
» abandonnai à leur J?ropre délire qui les a conduits à
» l'opprobre; qui vous dit que je dois obferver la même
» conduite avec un homme qui s'ea mantlué pour la pre» miere fois à lui-même, &. qui me chai fit , moi, pour» fecvir d'exemple du danger de fe fier à fa foi? »
» Mon fils a 34 ans. Il m'a repréfenté que je ne pou» vois plus long-temps captiver fa volonté &. fes fenti» mens vis-à-vis de fa femme, quand rien de votre part
» n'équivalait à la gêne que je lui impofois; quand fes
» égards ne lui attiroient que des mépris publics ; quand
» on fe refufoit à toute conciliation, à toute offre, à toute
» épreuve. Je lui ai rendu fa liberté entiere. Je ne fuis
» point à portée d'en diriger l'ufage, ni d'en répondre.
» Mais je répete avec toutes les perfonnes impartiales.
» que tout ce que j'ai pu dire, écrire &. penfer ,de mon
» fils, tout ce que j'en penferois même encole, fuppofé
» que je fufTe dans le cas, quoique pouvant -niluer fur
» l'opinion de fa femme &. même du Pl,blic (fi devenus
») des délations ces témoignages ne co:maétoient dès-lors
» une forte d'impuifTaoce) étoit abfolument étranger à la
» caufe préfente, de laquelle la Loi ftriéte &. rigoureufe
» écarte tout objet étranger. »
» Si vous perfifiez donc, Monfieur, à révéler les co n.
» feffions domeftiques d'un pere livré alors aux plus vives
» allarmes, à riclamer des paroles que je ne vous devo is
» point, que vous n'aviez pas acceptées, qui ne pouvaient
» s'entendre que comme l'expreffion d'un efprit concilia» teur, qui ~ous ~afTuroit fur les entreprifes d'un jeune
» homme qUI aVal! montré de la fougue, qui vous pron mettoit enfin ce ~ui vous a été tenu pendant deux ans
2~
» &. demi écoulés depuis cette é.poque,
1
do~t fix
moJs fe
» font pafTés dans les mêmes lIeux que vous hab.ne z ;
») (&. cette fa'ge conduite durerait encore, fi on tl'avolt pas
he rché à le mettre au pied du mur par des procédés.)
»
c
' l'Ivrer a,
» Si vous perfifiez , dis-je, Mon fileur, a' vou l Olr
» l'impreŒon les tri fies dépôt~ de ma confi~nc~, fachez
ue les Loix m'autorifent à en demander Juftlce : &. fi
» q
.
1
'e
fais vous n'en aurez pas molOS paru pour a
J ne le ,
»
br
» premiere fois, mais bien décifive, en pu lC, pour ap)) prendre il tous les hommes il fe tenir en garde contre
» leurs propres vertus, &. ~ontre la ~onfiance aveugle
» en celles qui ne furent palOt éprouvees. )~
» Eh! Monfieur, où donc allons-nous par cette funeft~
» voie? Quel avenir efi-ce donc que nous préparons a
» nos enfans? Efl·ce à nous il fomenter leur~ paffion~ &
leurs averfions en faifant de nos préventIOns le meme
:: bruit que l'âge' fougueux ferait de fes illufions les plus
» ardentes? Où allons-nous, encore un coup !. Tous les
» ménages que nous avons fous les yeux fo~t.Jls fans al» tercations? Furent-ils toujours fans orages. Supp~fo~s
» Madame votre fille féparée ( ce qui n'eft pas lopl» nion de ceux qui y voient fans paffio~) fi mon ~Is c~n
» tinue il fe. bien conduire, chaque Jour rét~bhra 1 un
» &. gatlchira l'autre; ce qui n'eft pas égal. SI mon fils
» retombe dans des écarts, elle aurait & la gloire, &. la
» liberté &. le concours. Quelle différence! Efi.~e à nous
» il voir cet avenir avec indifférence &. à nous lalfTer égal) rer par les échos du jour? Vo~s ne .v~ulez pas mes conn feils; mais je fuis d'âge & d acquit a vous en donner
» fur le point qui me concerne, &. fort au-~eirus du .tort
» 'que vous pouvez me faire, en vous en falfant un Irré·
» médiable il vous-même. »
» J'ai l'honneur d'être; Monfieur, votre très-humble, &.c.
» Signé pour copie, MIRABEAU.
A Dieu ne plaife que je dépare une telle lettre par me'
•
�25
24
foibles commentaires. Et quel plus noble Playdoyer pourrois-je tracer! Quel langage fera mieux entendu des honnêtes gens?
M ais fi le droit nat'urel, la morale, la convenance des
procédés qui conilitue l'honneur, nombrent jufqu'aux IlUanc~s les .plus légeres qui difiinguent le jufl:e de l'injufl:e, la
(eparauon marquée par les Loix ne l'cil & , ne doit l'être
qu'à ~rands t.raits. ~Iles auroient été inintelligibles pour le
~ulgalre, fi ell~s n eufTe~t parlé que le langage des am'es
timorées & déhcate~, Alnfi les Légillateurs ont d6 pofer
des bor~es qu~ tous les yeux pufTent ap'percevoir de loin
& de bien lOIn, afin que chacun fût averti.
L'homme qui fe contente de refl:er en dé ça de ces bornes de peur de fe ~riÇer contr'ell~s. échappe aux peines.
pr,ono~cées par l,e Legillateur; mais 11 peut être encore à.
mille lteues de: 1 ho.nneu r.: & ce n 'eft pas la feule délicatefTe des ~ens de ,bien qUI l'a décidé ainli. Les Loix même
en ont fait un aXIOme. NO/1 omne 'luod prohi6itunz tielt/lin
ejl. TOUT CE QUI N'EST PAS DEFENDU N'E'iT
PAS POUR CELA PERM IS.
L ~ur(' ç
T!5,
&
miffi.
n' , 3. 4
fui.,.
Le procédé de la divulgation des lettres pourrait donc
ne pas encourir une punition dans les Tribunaux & cependa~t être fort mal honn ête., Mais nous ne failo~s point.
U? traité de morale. Nous plaIdons; & l'opinion des hOIl~etes gens ne nous fuffit pas. Invoquons donc celle des
liv~es de Droit; & montrons que la divulgation & l 'empl?1 des lettres d'un tiers non c.ol-lfentant, eil un crime
meme aux Y,e~x des J urifCOllfultes & des Tribunaux.
Les Aut~rJtes s'offrent en fO,ule. Denifart dit formellement, ». q~'ll eil des cas où celui à qui des lettres miilives
» font eCrltes , ne peut les meure au jour jans crim e fur » tout lor/tU 'elles ont clé écrites avec myJlere & 'lu 'elfes REN-
FERMENT DES CONFIDENCES. LE CRIME EST
» EN/ORE PLUS GRAND ,ajoute-t,il, LORSQU'ON
)J, D.:.VOlLE LE SECRET D 'UNE LETTR E, DANS
» L'UNIQl!E
J)
." EUNIQUE BlIT DE FAIRf. INJURE. A L'AU» TE UR , J)
•
L'injure dl: double dans l'efpece: car elle p(me à la
,fois fur mon pere & (ur moi. L'injure cil double & gra.tuite: car les lettres divulguées feront d~molltrées entié,rement étraIlgeres au procès en (éparatioll. r
,
» Dans ces fortes d'oocafions, continue ,DeniCart, la
, )J .J.ufiic~ a JPlIjOllfs ordonné que les leuJ'es mij]ive.s j~,o iefz~
» rendues, 'luelrJue J'elalion 'lu'ef/cs pr~lJe!l1 aV<J ir à l'pJ/tjir;e.
." S Of!. matif a été 'lue le dépô./ du fierez o:Ya,!r été vioLé<, ~'l
.» ne de vait y avoir aucun égatd.
Catelan rapporte un Arrêt de 1666, qui l'a ainfi jugé
~eo matiere l;>énéficiale. David oppo(oit ~ Buffer.al)t deux
lettres que ce dernier avoit écrites avant le procès com~
'mencé au Procureur CabroJ, &. quel 1i>ayid avçu 'trouvées
parmi des papiers que Cabrol lui avait remis. Ces- lettr'es
étaient décifives ; elles prouvoient clairement que Bufferant étoit coupable de fjmonie, &. aifuroient par là le
'(uccès d'un dévolut jetté (ur (on bénéfice. Le Parlement
-de Touloure, au lieu d'y avoir éI}ard, ordonna qu',eIles
feroient rendues à Cabrol. Et voici la raifon que dorne
'de cet Arrêt l'Auteur récent du répertoire univerfel dè
·Jurifprudence, qui confirme la doéhine de ceux qui l'ont
précédé, & qui atteile comme eux l'unanimité de la
.Juri(pru.dence (ur ce point: ?' IL LUI (au Parlement de
.) Touloufe) PARUT TROP DANGEREUX , D'AS» SEOIR UN JUGEMENT SUR UNE LETTRE QUI
» N'AV OIT PAS ÉT~ ADRESSÉE A CELUI QUI
» VOULOIT S'EN PREVALOIR.
Ou M. de Marignane a remis celles des lettres de
mori pere qui lui {ont adrefTées, & qui font imprimées
..dans le Libelle, 011 il les a LaifJé trouver. Si c'eil le ha·
fard qui les a fait tomber dans les mains de Madame
,Mirabeau ' , comme il envoia les letu"es de Bufferant
..tians les mains de David ; qu'elles (oIent rejettéés de
'le
- .
1)
Voy, part, Il.
Tom. 1., liv •
9 , chap, 4·
Au mor LET-
TRE S, p. '5'"
�16
m~me
St. fans héfiter , puifque l'emploi de lettres ou.'
trageantei ou délatrices eft mille fois plus odieux dallS
un procès entre deux époux, que dans tout autre débat
judiciaire. Si M. de Marignane les a remifes • . . . .. je
m'abfiiens de qualifier fan procedé, mais je n'ai rien a
changer à mes principes l & tout le monde fentira quels
avantages j'ai de plus que ceux de Bufferant contre fan
rival: cruels avantages que mon cœur détefte quand ma
-plume les invoque!
, Jnmnal des
Une déc/fIOn femblable 3 celle du Parlement de Tou.:
tom. loufe a été portée en matiere criminelle par un Arrêt du'
1 • • , . , C,lI, 9 Mars 1645. Les lieurs Davoux, Doiffeau & Guibert
{e prévaloient contre rA vocat le Mazier , d'une lettre
écrite de fa part aü' l1eur Jouhye qui la leur avait remife.
L'Arrêt ordonna QU'ELLE StROIT PRÉSENTEMENT
RENDUE ET RESTITUÉE A LE MAZIER.
1
Denifart cite un autre Arrêt du 14 juillet 1717 par
lequel J) la Cour a renvoyé de l'accufation un Curé d 'Or» léans, Cinquel fan Evêque avoit fait faire le procès fur
» le fondement d'une lettre qu'il lui .avoit écrite conte» Dant des difficultés (ur la Bulle Unigenitus.
,'
S'il étoÎt vrai que celui à qui une lettre eft écrite, en
pût être regardé comme propriétaire, & n011 comme dépoûtaire; s'il pouvait lui être libre d'en ufer à fan gré
10rfqu'eUe compromet celui qui l'a écrite, affurément
fEvêque pouvait former cette prétention. Et qu'on ne
dife pas que c'était ici matiere de confeillon. )) Le Curé,
» ajoute Denifart , difoit qu'une lettre n'étant qu'une
,» efpece de converfation écrite, dans laquelle , felon les
» maximes de la 16i naturelle , il doit être permis de
» s'exp~ique~ avec une certaiAe liberté, on n'avait pu
Arr~t de Ca- » fans InJUfilce abufer de la confiance & de la lincérité
«
1.0
r.
11es 1'1 s'é
' exp l'lqU é. «
chap,' \.11V, , ' J ) avec 1elque
tmt
_ Ce font donc mes frin;ipes que l'Arrêt de 1717 ii
confactés. Cependant 1 Eveque n'~mployoit qu'une lettr~
A·t,m"
"
1.7
ecrite à luÎ-mi!me; 'Sc ton emploie, a\1 'nom de Madame de Mirabeau de! lettres produites par ' un tiers!
L 'Evêque pouvait dire, oomme un ancien , (1) AMI
JUSQU'AUX AUTELS i & l'on ne fauroit nlleguer ell
faveur de Madame de Mirabeau, je He dis pas le devoir,
la décence, l'honneur ( il a fallu lés fouler aux pieds t
pour former le' feul ' projet èle divulguer )es 1ettrés de) d~~{~1~~~ir~~
mon pere) , je' dis l'utilité dé fa caufe.
'1
Un Arrêt plus remarqnable encore .a été rendu le I I
Ao{\t 1760 au rappert de, M. Pafquier. !JSelon Denifart l
cet Arr@t jugea : » que quoique les preuves réfu1taHtes
» des lettres écrites par un fieur Everat à 'fan fils, fufI'-ent
» très-concluantes contre eux, on !le pouvoit cependant
» les leur oppofer; parce qu'il étoit évident que ces
» lettres avaient été interceptées par les lieurs Boifleve
») qui les produifoient, & qu'il n'eft pas permis d'em:}) ployer de pareilles voies pour fe pr6cur.er ses ~itres ' &
» les oppofer. »
,
'
Il eft vrai ' qu'i~ èft', quefiion ici d'intereeption. -Mais
outre que je ne fais par quelle voie les lettres de mon
pere, écrites à des tiers, font tombées dans les m'ains de
Madame de Mirabeau ; outre qu'une libre carriere eft
ouverte à mes foupçons , puifque ' Madame de Mira,beau
s?eft refufée à m'apprendre quelle eft la fource de ces communications -immorales; aucun honnête homme n'ofera
d~ci,der lequel , eft le ' plus odieux d'une interception de
léctres., ou de l'abus de confiance qui fait livrer par le beauper~ l~s révélations domefiiques du pere CÔ'1tre fan ~ls. Code crimi o.
~ . Serpillon.a dit qU!! dans un 'procès - crimfnet même, [o m. 1., p. 9 1'
les , p,apiers ftcreu
d'u'n acwJé ne pOl/Truient Jaire preuve.
Quels papiers plus Jecrets que des lettres ' miffives ?
~
..
__------_________~o~~.~~~,~,~
. -~ç~'~il~'~'~l-_iS~'-'~O~"~
-
( 1)
Pçriclés,
~.
J
. "r
1
!
•
.11-
'1. ' 2
'D 1'}
•
& ') 17,
�~hr, «im io.
rom, J, P 6 t1.
zS
Selon Joufl"e enfin, » il n'dl pas permis de Ce' Cervir
iffi
)) de lettres m Ives pour établir une preuve , lor/que
)) a lui auquel el!. s f01l 1 éc,ites , ne peul les mettre au jour
Il fa ns mail qua li la bonne foi.
V oi' les principes, v oilà la (a inteté des principes
réfumés en un mot: car c'ell une loi du droit des gens,
c'eft une loi facrée parmi toutes les Nations, que celle
qui a rendu le fecret inviolable; & c'eft à cette loi que
s'applique la J urifpludence univer(elle en cette matiere;
Chaque Arrêt de ce genre crie : l'homme qui abufe
de 1. confiance qu'on llli témoigne, qui divulgue le (ecret dépofé dans fon (ein , cet homme eft très-co upable;
& quand on veut qu'un fecret trahi devienne une preuve
contre celui qui l'avoit confié, on veut donc que la
J uftice autorife la perfidie !
_
Chaque Arrêt en cette matiere répéte : de tous les
fecrets le plus rcfpettable ell celui des lettres miffives. Il
ell de l'intérêt du -genre humain que leur fceau foit :
inviolable. Une convention tacite: des peuples ne permet de les ouvrir qu'à ceux à qui elles s'adrelfent.
Publier celles que nous avons reçues, les publier pour
nuire à celui qui les a écrites, ou à quelque tiers qui_
lui foit cher &. facré, c'e(l l'abus de confiance le plus
criminel; & les Tribunaux le repoulfent avec horreur,
parce qu'ils ne pourroient tirer des preuves d'uDe attion
criminelle fans applaudir au crime!
Chaque Arrêt confacre cette regle que l'intérêt -public
auroit diél:ée à tous les Légiflateurs, fi la droite raifon
ne l'eût iDfpirée à tous les hommes. Cette regle eft également facrée , foit que la lettre ait. été produite par celui,
à qui elle étoit adrelfée , foit que le dépôt t1u (ecret ait été
violé par un tiers. D'où il fuit que pour admettre ou rejetter la preuve qui réfulte d'une lettre miffive, il ne
faut pas feulement demander à qui cette lettre étoit
adretTée, mais par quel moyen & dans quelle vile elle;
1
19
.
a été produite afin que fi c'eft par une ~rahifo~ ; par
la violation du fecret, ou dans des proJets haweux.
on la rejette. Car il vaut mieux, il vaut mille fois mieux
s'expofer en quelque matiere que ce (oit à manquer de
preuves contre un accuré qui peut n'être pas coupable,
que d'autorifer au fcandale de l'honnêteté, au détriment
de la fûreté publique, une p,erfidie manifefte. L'intérêt
public & l'intérêt particulier ne demandent jamais, ne
peuvent jamais demander que les prt:uves acquifes I;>ar
des voies honnêtes, parce que la fûreté publique eXIge
avant tout que la trahifon foit bannie de la fociété; parce
que l'honnêteté, ce fentiment qui ell l'ame de la Jùftice
& l'Interprete de la Loi, l'honnêteté ne veut pas que'
pour découvrir des preuves contre un accufé on autorife
la perfidie parmi les hommes! •... Voilà ce que Joulf~ ,
a renfermé dans ce feul mot: IL N'EST PAS PERMIS
DE SE SERVIR DE LETTRES MISSIVES POUR
ÉTAaLIR UNE PREUV~, LORSQUE CELUI AUQUEL ELLES SONT ECRITES NE PEUT LES
METTRE AU JOUR SANS MANQUER A LA BONNE
FOI.
Ce même JoulI'e, le plus eftimé des Commentateurs; Tom , l"pm;
regarde la révél~tion d'un fecret 'comme UNE ESPECE dd i~u~ rcetà
DE FAUX TRES-PUNISSABLE; & c'eft avec raifon, du fa ux, pat
puifque abufer d'une lettre , détourner un écrit de fa parité 6l"' 1\.
,·
-J ft
.
filOon aux yeux, d u molOS
' a. pag, 1 •
d eft lOatlOn;
",-e
mentir,
l'efprit. Suppofer , donner à pen fer , donner à croire quele contenu d'une lettre dittée par une intime confiance,
eft une profeffion de foi defiinée au public; que les
épanchemens d'un cœur agité qui déborde, font une opi~
Bion avouée & invariable; c'eH une véritable falfication:
& c'eft fous ce point de vue fans doute, que les crimi-.
naliftes confidérent l'atte de divulguer une ' lettre miffive,
lorfqu'ils le traitent de délit, lorfqu'ils le déférent à la
vengeance des Loix. Mais, qu'on parcoure les ouvrages
'. :!
�31
3°
de -tous teux qui ont décrit & cIaffé les crimes; qu'on
çxamine toutes les hypothefes fur leCquelles ils differtent;
que l'on compare les exemples qu'ils rapportent avec
çelui que mon procès otTre aux yeux du public; & que
les fe[tateurs les plus tQlérans ou même les plus prévenus
dlJ fyfiême de défenfe de Madame de Mirabeau, fe demandent s'il efi un feul de ces exemples dans lequel la
divulgation des lettres ne fait pas infiniment moins coupable que dans les circonfiances du procès.
Voyons donc comment on a effayé de colorer un procédé prefque inoui, même dans les Recueils des Criminalifies.
Au premier bruit que l'on devait fe fervir pour Madame de Mirabeau d'un tel moyen ,_mille voix fe font
élevées, & l'on a entendu s'écrier de toutes parts: QUE
Pag. 31 du
Libdlt. PEUVENT DONC PROUVER DES LETTRES ÉCRITES PAR UN PERE PEUT -ÊTRE INJUSTE ET DU
MOINS IRRITÉ CONTRE SON FILS? C'efi là le
propre aveu du LIbelle. Mais comment effaie-t-il de répondre à cette quefiion foudroyante?
(tic!.
)} Elles peuvent prouver , dit-il, qu'il (eroit affreux
» que l'on vînt faire un reproche à la Dame de Miral) beau de l'impreffion profonde qu'elles ont faite dans
l) fan ame: que la famille de Mirabeau devroit refpeEter
JO des répugnances qui feraient dès lors fan ouvrage; &
» que cette famille auroit perdu le droit de forcer la
l) volonté d'une époufe dont elle auroit par fes manœul) vres féduit l'efprit & flétri le cœur.
Quel j:U'gon! quel prétexte! Be quelle jufiification!
On demande : qUI! pwvent prouver les leuns de mon pere?
Et le Libellifie répond gravement: elLes prouvent que l'ef
prit de Madame de Mirabeau a été féduÎl & (on cœur flétri
briferont touS fes liens! Ainfi tout mari qui aura été cà'
lomnié devra être féparé de droit, fi fon épou[e fut cré<lule! Si même elle jouait une fauffe crédulité pour de!>
calomnies répandues p<1r fes émiffaires qui auraient abufé
la famille de fon mari!
Si Madame de Mirabeau reconnoît la féduélion, pour",
quoi ne fe fouftrait -ell,e point à fon empire? Si, de fan
aveu, fan cœur fut FLETRI PAR DES MANOEUVRES.,
comment ne fe fouleve-t-il pas d'indignation à la feule
idée des calomnies qu 'on s'eft permifes, contre l'homme
dont elle porte le nom, & qui lui fut cher? Sans doute le
mari eft le défenfeur naturel de la femme; mais fans doute
auffi la femme eft le premier témoin, l'éternelle caution
de l'honneur du mari. Le cœur d'une époufe doit en
-être le fanétuaire; il doit une invincible réfiftance aux
calomnies, aux délations, aux MANOEUVRES. A L'Univers Jéduit, Madame de Mirabeau devoit oppofer Jon eflime ,
fan efiime, tant & fi tendrement exprimée. Elle le devoit,
Ji eHe m'a aimé, comme on n'en fauroit douter, à moins
de l'accu[er de la plus effrayante duplicité; elle le devait
par amou'r propre, puifqu'elle m'avoit juré un amour éternel, puifque je lui appartenois, puifqu'elle M'A VOIT,
CHOISI. Oui elle m'AVOIT CHOISI; 8( fi l'on ne
cherchait pas à fauver à tout prix l'inexplicable , la
révoltante contradiEtion qui fe trouve entre les Centimen~ que peignent les lettres de Madame de Mirabeau ,
-& ceux qu'ofe lui prêter une plume, qui ne fait que
difiiller le menfonge & le fiel; on n'aurait pas effar.é
d'empoifonner aux yeux des LeEteurs inattentifs & malins
le fentiment noble & jufie qui me rendoit glorieux de ce
choix (1). Je cherche à calomnier, felon le Libellifie, juf Li~:ff~:O d,
par Les marueulIres de la fa miLLe dl! Jan mari.
Aioli déformais une époufe aura le droit d'imputer à crime
les infortunes de fan époux! ainfi les manœuvre1 qu'on aura
pu tramer contre lui, la dégageront de tous fes devojrs,
(1) " ERcore aujourd'hui, & (ous les yeux meme de la jullice, dans
" les Mémoires li modérés en appar.cnce, M. le Comte de Mirabeall
�32
principe mIme d~ l'union dont je réclame les droits ...";
Femmes, qui r gardiez comme le plu grand des bo nheurs
celui d'aimer les époux qu'une délicieuCe fympathie vous
;n-oit unis ; fen:mes, qui juCqu'ici vous êtIez applaudies
de n'avoir juré tendreJTe & fidélité qu'à ceux qui avaient
fu mériter votre cœur, gardez-vous bien d'avouer déformais des fentimens fi chers! Vantez-vous il préfent d'avoir
choifi pour épol'x l'objet de votre haine, ou vous calomnierez vos maris & vous-mêmes! . . . D e quels délires
la paffion n'dl-elle pas capable? De quel!es imputations
]a mauvaiCe foi (ait-elle r ougir? Mais laiiTons-la s'agiter;
ne conCpirons pas avec les méchans, contre notre propre '
tranquillité; n'obéilfons qu'à notre conCcience; ne parlons
qu'aux honnêtes gens. Je leur dirai toujours: C'EST
CO TRE L'ÉPOUX QU'ELLE A CHOISI QU 'ON VOMIT EN SON NOM DE TELS OUTRAGES! C'EST
L'EPOUX QU 'ELLE A CHOISI QU'ON CALOMNIE, QU'ON DIFFAME DANS UN MEMOIRE SIGNÉ D 'ELLE! & toujours ils répondront par un mouvement d'horreur & d'effroi . . . . .
Ah ! fi j'avois été auffi injulle, auffi crédule, auffi cruel,
que ne m'aurait-on pas perfuadé? Que ne m'a-t-on pas
dit? Que n'ai-je pas réfuté? Que n'ai-je pas repouffé?
PuiCque je redemandais ma femme, je n'avais pas ceiTé
de l'eflimer. Eh! combien ne m'aurait-il pas été facile de
m'en croire difpen(é, fi mon ame, au - deiTus de roule
méfiance, n'eût pas été de trempe à défier les calomniateurs & leurs diffamations!
Mais les calomnies auxquelles votre époufe prêta, feIon
<]
1',lll
" n'a pas craint de chercher à cal omnier le prlnCl pe même de l'u" nion dom il aCe r~c1amer les droies, dont il ore invoqu er l'i ndiC" (olubilieé, & qu'il prend à eémoin de la préeendue jllilicc de Ca
» caure ". Et l'on cite la page 1 de mes O blervations Imprim~es.
Ion
?3
" 1
une oreille tl'Op credule. Ces col"lI1l11es 0111 etc 1'erJies d"ns jan j;'III de /" m,'ùl d'un pCle! ... Et quand ce pere
déplore (on erreur; quand il rec o,nlJ~ît 9ue Con amou r p~
ternel d'autant plus a!larmé qu JI etaIt plus tend re, na
que tI~OP réaliCé à, [es )'e ll~ des ch;mer;s, & qu'il exagéra juCqu'aux véTltés dont JI a prodigue .la .confidence ,
l'oipouCe que ces calomni es, flue ces exageratlons ?nt SÉD UITE, dira: JE NE VEUX POINT ETRE DESA~U
SÉE? Cerre formule (uffira pour lui obtenir une féparatlon
d'habitation, pour l'ab[oudre du procédé de réveiller, de publier tous les [ecrets de [on beau-pere, & de donner l'air
de la vérité à [es craintes & il (es erreurs? Quelle bonne
foi trouvez-vous do nc à lui faire tenir ce lan gage: J'AI
CRU LE MAL UNIQUEMENT., PARCE QUE LE
PERE DE MON MARI ME L'A ECRIT. JE NE CROIS
PAS LE BIEN QU'IL M'ÉCRIT, QU 'I L M'ATTESTE
AUJOURD'HUI, PAR\; E QU'IL CONTRARIER OIT
MES PROJETS D'INDE PENDANCE, MES EFFORTS
EN DIFFAMATIONS? Avez - vous dalle eCpéré qu'il
exiftoit un Tribunal f[ui pût accueillir un tel C}'ftême?
Remarquez qu e lorCque mon pere écrivait contre moi 2
il ne me voyait pas; remarquez qu'i! écrivait [ur la foi
d'autrui: mais que le moment où il parle honorablement
de mo i, le mom ent où il attefie ma bonne conduite, fuit
un long période, où d'abord retenu pres de lui, toujours
obfervé, furveillé, mis enfuite aux pri(es avec la fortune
& les affaires & les hommes, j'ai fubi tous les genres d'épreuves. . . . Et mon pere devait refpec7er des répugnance!>
qu'on veut appeller fon ouvrage! Si véritablement elles
étoient fan ouvrage, mon pere fe devrait, non de re!pe8u
ces répugnances, mais de les détruire; mais de prouver,
en aurorifant mes réclamations, qu'il eit loin de me juger aujourd'hui, comme il faifoit autrefois dan s ce lle.s de
[es lettres qu'on ore imprimer. S'il avait fait une promelTe
qui nuisît à la fodété , à fa famille, il fan fils, il aurait
YOUS
E
--
�~4
Lt':t~/' do
35
fait une promelTe qu'il ne devroit pas tenir. S'il en avait
.juré l'honneur, il faudroit détruire l'honneur par l'h onneur
même; il faudrait rétraéter un engagement tém éraire
1,( coupable; & l'honneur ne ferait plus que dans le jufte
déCaveu d'une crédulité trop excufable. Voilà ce que mon
pere Ce devroit; voilà, fi j'ofe le dire, ce qu'il m'a dû ,
& s'il l'a fait, on ne fauroit l'accuCer de contradition. IL
A PARLÉ, comme il le dit lui - même, SELON LES
TEMPS.
Il lU forait donc point affreux 'lue L'on f'eproclzâl à l'vIaJarne de Miraheau L'impr1fion 'lue les calomnùs dOIll ail
m'a déclr.iri, ont faite fur [on ame. Cela ferait au contra ire
tres-naturel. On lui reprocherait avec jufiice d'avoir cru
trop aiCément qu'ull mari qu'elle avoit aimé, & que de
cruel~ malheurs devaient lui rendre facré (1), était un
homme vil & infame. On ne lui pardonnerait pas furtout de fermer l'oreille aux éclairciITemens qui pourraient
dilIiper fa fatale erreur, & de ne croire avec facilite!
que les bruits & les témoignages injurieux à fan mari.
Mais, dit-on pour elle, » ferait-ce après avait- peint
" un fils, ·un neveu f~us le5 couleurs les plus noires,
Il après avoir DÉPOSE les plus FUNESTES ET LE')
» PLUS TERRIBLES CONFIDENCES DANS LE
» SEIN D'UNE EPOUSE timide & fenfible que l'on
.» pourrait fubitement opérer une réunion que l'on au" roit travaillé fi long-temps à rendre impolIib!e ?
N'oubliom pas que c'efi pour répondre à cette 'q ueftian: doÏl-il être permis, peut-il être ulile à Madame de
Miraheau Je puhlier les lmres Je fan. beau-pere, qu'on' la
fait parler ainfi! St not-om précieufement cet aveu que
11
-----------~-- --_. " ._.
(J l. HtmU mifer flcmimll rtS; combien cela n'ell. il pas plu~ vrai
cutte époax.
ces lettres éotitienr-lent LES PLUS TERRIBLES CON- Pag. 9' d"
Libdle.
FIDENCES DÉPOSEES dans le foin d'/lne époufe timide•
De forte qu'il fe trouve tout à la fo,is qu'on avoue LE
MYST1:.RE, la CONFIDENCE, le DEPOT; & qu'on met
en qucfiion fi Madame de Mirabeau peut en abuCer, ou
plutôt qu'on le décide ainfi. Ah! fi l'on donne à ma
femme de te rrible~ conCeils, fi on l'entraîne à de funeftes démarches, on lui fournit auffi d'étranges moyens de
les jufiifier !
.
.'
Mais vous avez le premier donné SANS NECESSITE.
l'exemple d'une communication de l.:ures •..• , Ce n'eJl point
ra ~, 91 da
votre femme 'lui rompt l~ fceau des Jecr(lS domeJli'luti, Libelle.
c'
vous 'lui la force t à les rivéler.
Qu i croiroit que cette bifarre objeétion m'a été fait~
fi on ne la lifoit page 9 J du Libelle ? Eh quoi! vous
poufTtZ une infortunée à la guerre, fans avoir une rai{on fpécieuCe à lui donner! VouS exig.ez d"eUe ,un pro-.
cédé infame, & vous ne pouvez pas .,même effayer de
le défendre fans que vos principes re~<;>mbent fur votr~·
tête! J'ai. commu ni'l,ué fans néc1fité tes lettres de ma fëmme.
SANS NECESSITE ! Eh pourquoi m'accufiez - vous ell
fon nom d'avoir étouffé dans fon fei·n l'amour conjugal ~
Il m'a bi!:!n falltt Je montrer vivant- à l'époque où nous
nous fommes quinés? Vous prétendiez qu'il n'était pas
polIibJe que mon épouCe pÎlt fupporrer ma vue; & j'ai
répondu par les regrets qu'e lle témoignoit de not·re féparation. Vous foutenie21 que je l'avais maltraitée; & j'ai
~ontré par [on propre témoignage que j'avais lDujours
été jufie & tendre pour elle. On la calomnioi.t dans tOute,
la ~roviuce ;. &. ie l'ai fait v.oin teU~ que. j'aimois à la.
croire.
Efi-ce ainfi que J'AI ROMPU LE SCEAU DES ~
CRETS DOMESTIQUES? La tendreife que mon épouu .
avait pour moi devoit-elle être un SECRET, un MYS..
TERE.? De.vQis-ie !ailIer. croÏlre. que je. l'avais démérité.e
.
E ij
'.
�~
~6
que j'en étai,; dépouillé 1 Qu'ai-je dit qui l'ait pu faire
rougir, au moins [ur [a conduite paffée ? Ne la rendais.
je pas plus intéreffante en montrant au public abuCé par
les contes &. lt's conjeél:ures de la malignité, peut· être
auffi par le manége de ceux qui formaient alors le
plan qu'ils ont preCque réali[é aujourd'hui, qu'elle n' é t o~t
point parjure à [es [ermens, étrangere à [es affeél:ions
premieres, &. qu'elle [avait exprimer avec grace les [çn.
tirnens honnêtes dont je croyais [on cœur fortement pénétré. Ah! li elle prétend avoir à [e plaindre, qu'elle regarde
autour d'elle; qu'elle accu Ce ceux qui CuppoCent qu'elle
poffédoit l'art de [e contrefaire au point de peindre avec cet
air de vérité que le public a tant accueilli, des [entimens
qu'elIe n'avait pas . .Qu'elle accuCe ceux qui Coutiennent que
fan cœur démentai t fa bouche &. fa plume! Qu'elle ne m'ai·
moit pas, qu'eIle me regardait avec terreur au moment
même où elle me diCoit, JE T'ADORE. Que ceux qui
lui ont fait ligner ces étranges affertions lui [oient en
horreur! Eux feuls l'ont calomniée, l'ont diffamée cn lui
imputant la plus lâche duplicité, e'l l'accufant d'avoir
pu fe dégrader jufqu'à tracer dans fes lettres les fermens
d'un amour éternel pour l'indigne époux qu'elle avait
tant de fujets de haïr ~ De quel délit pourrais-je aujourd'hui noircir Madame de Mirabeau qui parût auffi odieux
que la fauffeté, le men[onge, l'impoll:ure dont [es défenCeurs compo[ent fan caraél:ere ?
Mais enfin, &. quoiqu'il en puiife être , j'ai imprimé
des lettres de Madame de Mirabeau qui m'appartenaient,
exc\ufivement même, parce qu'elles m'étaient adre!fées,
&. qu'elles contenaient la preuve de ma fidélité aux engagemens réciproques qu'on m'accuCoit d'avoir enfreints;
tandis que je ne formais aucune accuCation, moi. Ces
lettres qui contiennent des moyens de défenCe &. pas un
d'attaque; &. quelle défenCe! Ces lettres qui honorent celle
qui les a écrites, bien loin de la diffamer; ces lettres'
qui ne renferment que la confidence de [entim eli ~ dont
~7
on cloit faire gloire; ces lettres {ont décifives au proces;
elles pouvoient &. devoient l'empêcher. Je les ai publiées.
J'ai fait ce que j'avois le droit de faire, ce que je devais
faire.
.
On imprime, au . nom de Madame de Mirabeau, des
lettres qui ne lui font point adreifées, des lettres qui
n'appartenoient pas même à leur dépolitaire, parce qu'elles contenoient des CONFIDENCES , des SECRETS
domell:iques. Ces lettres n'offrent que des diffamations
étrangeres au pro ces : car je l'ai dit, &. cela eIl inconteIlable : je (erois criminel envers toute la Nature, qu'il {uffi·
roit que je ne le fuffe pas à l'égard de Madame de Mirabeau, pour qu'elle n'obtînt pas la (éparation qu'elle invo·
que. Ces lettres qui me déchirent, qui m'outragent, qui
m'accu Cent de tous les crimes, paroiffent malgré leur auteur. . • • . • Comparez 110S procédés fi vous en avez le
courage.
» Mais pourquoi . . .• voudroit·on ravir à la Dame L ~aTI' H
)) de Mirabeau le droit légal de fe prévaloir du jugement 1 C <.
" re[peél:able des deux familles? Les peres ne font-ils pas
)) les premiers Juges, les Juges naturels de leurs enfand
» EIl:·il aux yeux de)a Nature, des Loix &. des mœurs
» un Tribunal plus [aint, moins [uCpeél: &. plus religieux
» que le Tribunal d.omefiique ?
» Il ell: [ans doute malheureux que les aél:es intérieurs
» de ce Tribunal foient produits au grand jour. Mais falloit·
» il bien réclamer la fantl:ion de l'Autorité civile, quand
» on a voulu fouler aux pieds des conventions arrêtées
» par les époux, &. protégées par l'autorité paternelle ~
» Falloit-il bien, dans une queIlion de mœurs, [e pré[enter
» aux Minill:res des Loix, avec tout l'avantage qu'affuroit
» à la réclamation de la Dame de Mirabeau, le vœu
» connu de la famille, le témoignage des parens, vrais
» Juges des mœurs. »
Il Y auroit beaucoup de cho(es à répondre ici; j'aurois
beaucoup à débattre [ur la théorie qu'on y trace, fi je
d.
�38
pouvois me réfoudre à traduire cette inintelligiblè ferie de
grands mots vu ides de fens; & fi je croyois devoir ménager mon fiec1e & mon pays, je pourrois dire du moins
que le Tribunal domefiique fuppofe une CommÏmauté d'honneur, & que la Communauté d'h.onneur entre parens divifés par mille intérêts) [ouvent coupables & vils) eft un~
chimere, lors même qu'elle n'ell pas une [ource d'iniquités.
Mais je fuis loin du malheur d'être obligé de récurer
le jugemenr de ma famille. Et [ans demander à l'Auteur
du Libelle où [ont les cam "entions arrêtées par les époux?
[ans lui demauder où [e trouve le droit légaL de [e _prévaloir de ce Jugement, je fuis prêt de [ouCcrire à celui
qu'elle prononcera fur les faits, après m'avoir entendu; &
je ne craindrois pas même d'y a{focier la famille de Madame de Mi rabeau. Mais ne conviendroit-il pas d'examiner
d'abord s'il a réellement exifié ja.mais ce jugement domeftique qu'attelle le Libelle?
IL EST UN JUGEMENT DOMESTIQUE. Ce mot
ell Je premier qu'on ait mis au jour pour la déftnCe de
Madame de Mirabeau. Où efi ce jugement? On le demande,
on Je cherche; on ne [ait où le trouver.
IL EST UN JUGEMENT DOMESTIQUE". Eh! qui l'a
r.endu? Où voit-on. le concours ~ le concert des dcux familles? dans les lettres divulguées! Mûn pere écrit, Oll
he lui répona pas; mon pere a une volonté.,.. [a belle-fille
une autre; les d -ux peres ne paroiLfenr -d'accord que parce_
que l'un lailfe toLU faire à l'autre.
Eh! que [eroit - ce donc qu'un jügement domefiique ,
lors duquel la perfon ne jugée n'auroit pas été entendue?
Que [erl~ it un jugement rendu contre moi, en mon ab(ence & fans qu'on m'eût communiqué les chefs d'accufation ? Quelle horrible Inquiîuion! Que dis - je? quelle.
Cour d 'iniquité plus. infame que l'Inquifition même , faitezvous du Tribunal domefiique!
Quoi !. il exille un Jugement qui me prive de tous mes
droits de citoyen, qui fait plus encaœ, qui m 'ôte tous
39
les droits que fna mort civile n'éteindroit pas, [ans que
je puiffe le faire annuller! Et c'ell aux Tribunaux Ugaux,
c'ell aux Magifirats, Juges des. familles, comme des Membres qui les compo[ent, qu'on vient propofer de confirmer un Jugement qu'on ne montre pas; qui ne [auroit
exifier tel qu'on le [uppo[e , fans une abominable iniquité;
qui, dans tous les cas, moins encore qu'aucun autre
jugement, pourroit difpofer à jamais de mon état & de
mes droits d'époux.
Mais, encore une fois, où voit-on ce jllgement ? Dans
les lettres de mon pere. Mon pere compo[oit donc à lui
feulle Tribunal domefiique ! Les lettres d 'un pere trompé
& irrité font - elles des Sentences? Ces lettres [ont - elles
écrites avec le fang froid, l 'impartialité, le calme, [ans
lefquels on [eroit coupable de [e préfenter pour être Jugd
Il ne faut que les lire pour en décider. Et s'il eft vrai que
-l'on fe peigne dans [es lettres, on comprendra aifément
combien, au temps où mon pere écrivoit celles-ci, la co..
lere avoit défiguré J'homme refpefrable dont elles offrent
une image fi infidele.
Si dans de telles lettres mon pere a"oit difpofé de (es
biens; fi dans ces momens d'emportement du courroux
paternel il. avoi~ voulu dOl1ne~ à [es enfans ~es Loix ql.li
dutrent lUi [urvlvre, les Maglt1rats refu[erOlent de VOIr
dans cet aUe paffionné la volonté d'un pere. Et l'on voudroit fai-re regarder, comme un jugement domellique, les
cruelles inveUives que ces lettres renferment! Et l'on voudroit que des Magifirats prononça{fent plus légérement [ur
mon honneur que [ur mes biens!
Quel Centiment cruel, que de tOUrner à ma ruine les
injures qu 'on arracha de la bouche d 'un père, en oppre{fant [on ame du pGids, de l 'horrible pQids des plus
abominables calomnies! Quel Centimtmt cruel que de vouloir rendre à un vieillard infortuné, cent fois plus amere
la crédulité qui déja lui fut trop funefie 1 de lui faire un
crime d 'une facilité qui a pour principe une exceffive dé:
�4°
licateffe; d'attaqner fon honneur par l'excès même de fon
honneur!
On nous parle Cans ceffe d'ac7~s intérieurs du Tribunal
domlli que, de conventions ar,êttes par les ipoux & protégées
par fautorùé paurnûü, & l'on produit des lettres! de, lettres! C'eft là le regiftre des Semences du Tribunal domeftique! Des lettres! Ah ! s'il eft un crime du reffort du
Tribunal domeftique, c'eft la divulgation des lettres! Eh!
quelles conventions renferment-elles ces lettres? On n'en
trouve pas une feule trace. Cunventioll fuppofe réciprocité! Où eft la réciprocité?
Suppofons que ma femme m'eût réclamé comme fOIl
mari; que M . de Marignane m'eût réclamé comme fon
gendre; & qu'ils m'eu{fent réclamé malgré mon pere ~
que leur auroit oppoCé celui-ci? Les droits de l'autorit':
paternelle; mais i.luro it-il p.u dire, auroit-il été recevable
à dire: VOUS ETES LIES; IL Y A ENTRE NOUS
DES CONVENTIONS? Ne l'auroit - on pas fait rougir
d'une telle prétention? Ne l'auroit-on pas préfentée comme
également infultante pour les Tribunaux, les mœurs & la
fociéte:: ? Eh bien ! c'eft précifémenr là le point de vue
fous lequel il faut confidérer nos prétendus el1gagemens
refpeé.l:ifs. Car, quel feroit donc cet accord étrange par
lequel ma femme & mon beau-pere n'auroient pas été liés,
mais par lequel mon pere feroit invinciblement enchaîné?
Quel feroit ce patte, qu'un feul des contrafrans auroit le
droit d'attefter?
Ce n'eft pas tout. Quand mon beau-pere, qnand ma
femme, quand mon pere feroient véritablement liés entre
eux, je demande à quel titre ils pouvoient difpofer de
moi? A quel titre en pouvoient-ils difpofer pOUl:. toujours ~
& fans que je fuffe appelle? Qui auroit fait valoir mes
droits dans cet accord? Qui les auroit défendus? Seroitce mon pere qu'on nous montre comme mon accuCateur & mon juge? Serait-ce mon heau-pere 'lui ne répondoit
1
. (s
4
.
as aux lettres que mon pere lui écrivolt. , erOl t-ce
cl't
01 f emm
p, e .
7
Que.
ne .
puis-JO
e encore le croire! mais. l'ufama
.
.
e qu'elle a fait des calommes lan~ées contre m?1 , .me
de le (uppofer ? Il pourrOlt donc .Y ~volr, Il Y
aurait donc contre moi un Jugement auquel Je n aurOlS pas
été appel1~, lors duquel je n'au.rois pas ~ t~ défendu?.Il y
auroit un accord qui difpoferolt de mOI, & auqu~1 Je ne
ferois point intervenu! Une telle collll~on fer olt I~on
plus fon argument contre Madame de MIrabeau, meme
aux P ays où le divorce légal eft connu (1 {'
Mais fi ce n'eft pas un Jugement, fi c.e n eft Fas un
accord , c'eft du moins un vœu de famIlle; c eft dll
moins le vœu de votre pere?
D'abord je pourrois dire: les lettres de mon pere. &
fan vœu me font également étrangers. Lui-même l'a dit:
L'A UTORITÉ PATERNELLE NE V A PAS JUSQUESLA.
.
. fi .
EnCuite la queftion Jous cet ,a(peé.l: change 111 mmeut
de nature , & j'ai répondu à tou.t en renvoya~t aux
lettres récentes de mon pere; en dlfant: pourquoI chercher fon vœu dans des lettres écrites il y a plufieu.r:s
années quand vous en avez qui manifefient fo.n OpInion , [es defirs au moment où nous plaidons? · Elles font
publiques, lifez.
.
Mais il eft faux que le vœu de mon pere ai~ jamais
reffemblé à celui qu'on attefte. Le,s lettres produ:tes pa~
Madame de Mirabeau prouvent qu au moment meme ou
mon pere fembloit m'av~ir e~tiérement c~a{fé. d Con
7
. cœnr & profcrit de fa famIlle, Il ne fongea Jamal.s a un~
_ fep~ation éternelle ~ pas mçme à relâcher les lIens qUI
llniffoient les deux familles, .••.• _ Dans fa lettre du 13
~ermet.il
(~l En
Angleterre, par exemple. il {u!lie de la ph, s l"égere arp~
; ~ence de collulie ll entre lu falllille~, o.u entre les épou x pour te u r
- i'e \!iY\1r"e-.
j.
F
•
�4!
J anvier 1778 il s'oppo[e à une réparation de droit. Dans
celle du 15 du même mois il dit:. » Votre amour pOur
» vo tre enfant, VOTRE CONSIDERATION POUR LE
» NOM QUE VOUS A VEZ ADOPTÉ, [Ont les llniq-ues
» con[eils que vous deviez Cuivre. ICI EST VOTRE
) MAISON; trois jours plus tard vous n'en feriez jamais
» [ortie. c( Le z jeIillet fuivant il écrivoit. » La [épa.
» ratio n de droit ne fera rien & par la nature des per.) [o nnes ET PAR SA PROPRE défefruofité ..• Chaque
» jour pouffe celui où Ion dira que la pénitence dl: bien
» longue. « Etoit-ce là le vœu d'une réparation & d'une
fépa ratioll éternelle f
Cette obCe rva rion bien fimple fera portée dans un
in/hnt juCqu'à l'évidence par f!e-xamen des lettres de mon
pere, confidérées d'une maniere iColée &. comme pieces
adm~ffibles. Mais arrêtons-nous- ici puifque no us avons
épuifé tOllS les . moyens de défenCe de Madame de Mirabeau pour l'emploi de ces 'lettres .fata'les, & fai[ons
quelqlTeli réflexions 'géflémles, qui [elnt les con[équences
natoreHes & comme le rêfumé éle tout ce qui précede,
Rien de ce que l'imagination humaine peut atteindre,
ne POUVOtt exclifer ·clans l'ordre judiciaire, pas plus qu'en
moraie , la divulgatic~m aes leltr-es de mon pere. Eh bien!
plus le procédé ell: odieux, plus il eft inoui, plus il a
révolté tous les honnê tes gens; & plus les motifs que
l'on en allégue fon t in[uffiCalls & frivoles, déplorable
deftinée que d'être dirigé par des confeils violens i
Ils ont perfuadé à cette infortunée, que cette extrémité
fâcheufe (telle ell: leur éloqueme ~pre-l1ion ), étoit
indifpenfoible à [a défenle. 'Ils ont prerex-I'é la néc1JiLé , on a prefque dit la ' fatalité qui contraignait à
cette -di-vulg~tio.n funell:e. .Q ue lÙl - t • .elle confulté [on
cœur? II eft bien horriblement changé, ou, [ans héfiter ;
il lui aurait dit qu'il n'y a de néceifaire que ce qui eft
honnête; qu'il n'y a de fatiil~té que pour les foibles liS
43
dour les lâches. Maintenant qu'ils ont pouffé Ma~amede Mirabeau dans le précipice.' ~16 atteftent la fatah,té !.
Elle n'ell point, elle ne faùrolt etre une excufe. L~ (lrOlt'
des gens, qui' n'ell: qu~ le dévelop~ement' dn .d:olt na~
..,urel , veut que même avec ecux qu on peut
légltlmemel-lt
.
traiter en ennemis, tout moyen de nUIre,. tout moye~.
de défenCe- ne [air pa's indifféremment permiS'. ))' Ea ~Ol
» naturelle, ~it P'uffendorf, nous ordonnant de r;tam-" tenir & de rétanli-r ra paix autant qu'on le peut Com1> modém ent, elle eft cen[ée pre[cri~e auffi l'ufage des
~) moyens, fan s qllOi on ne peut arnver à. cette fin ... •
., II n'ell: pas permis de diffamer un ennemi par des cnn mes fuppofés : car l'état d?ofl:'i1ité. ~u l'?n eft. par
» rapport à lui, nous donne a- la- vénte plein d'rOlt' dt!
" lui cacher noS' penfées, mais non de l'accàfel' de
) quelque crime devant des p:r[onnes. neutres.»
Il n'eft pas, il ne peut pas etre vra! que la prA
udence
exige qu'on vive avec [-es, amis ~ mn;e pou.vant etr~ U?
j'our ennemi (la nature r1 eft p'mnt alnfi ' faite), MaiS ri
èft profondément vrai que' d~ns toute efpece de ga~rre
on doit regarder tout enlleml comme pouvant un Jour
être ami.
.'
Il ell: permis de [e défènd:e; mais il .n'efi: pas _permis
de [e défa ire de [on ennemi par une Iqche' tralllfon. Il
ell: permis de [e défendre; mais il eft des armes dont
tien ne peut lé.,.itime r l'u[age. Eh! quelle ell: donc la
caufe qu'on avo~e ne pouvoir foutenir que par des perfidies ? Quel eft donc cet objet de diffention auquel on
facrifie tout juCqu'à l'honneur?
.'
[ Et fi dans la re gle générale on ne dOIt employer comm e
moyen de défen[e qL~e ceul{' que l'honneuz: avoue , c~m-.
bien cette maxime n ell:-elle pas plus vraie, plus falllte
entre des per[onncs unies par · des liens à jamais [a~rés ?
Si 1'0 11 ne fa~ t la gtierre, même contre [on en nemi naturel, que pour avoir la paix ua jour ; fi tOllFt .~ombat,
IJ
Liv. 4,
J ,
§, 19.
ch,p.
�44
•
tout litige ne peut, fous peine du plus odieux des acharnemens, avoir d'autre objet que celui de rétablir. l'harmonie entre les hommes: queUes raifons, quels prétextes, quels motifs légitilt)eront de! moyens qui doivent
rendre des haines irréconciliables? Des haines entre époux!
des difiàmations entre beau-pere 8< gendre-.;. elirre beaupere 8< belle-fille; entre pere 8< fils! Dieu! Dieu! quel
fyftême ! . . . . . Vous qui deviez vous précipiter entre
votre pere 8< votre époux, les retenir, les d~farmer ,
vous qui deviez joindre leurs mains dans vos mains pacifiques ; feul gage de leur alliance, vous vous efforcez
de la rompre! Vous fécouez entre eux la torche des
furies! Arrêtez! Epargnez-vous de longs repentirs. Arrêtez! La mort n'eft que le milieu d'une longue vie: 8< le
grand Juge qui pefera vos. confeils, n'en pefera pas
moins votre foibleire.
Ce n'eft point l'utilité feule que toujours la pallion
appelle la néceffité; ce n'eft point l'utilité qu'il faut confidérer dans la défenfe ; c'eft la morale. Il faut fe demander fi telle défenfe eft honnête; il faut fe demander
fi elle n'eft pas plus propre à prolonger l'état de guerre
qu'à ramener la paix; 8< fi la raifon , fi la confcience,
fi l'honneur répondent OUI, il faut détefter une telle
défenCe ; il faut (e rHigner à tout, fi ce n'eft à fe
rendre atroce, fi ce n'eH à fe montrer perfide.
Mais fi une défenCe mal honnête, immorale, odieu(e
n'a pas même le prétexte de l'utilité, qu'elle fera l'excufe
de ceux qui l'auront confeillée? Valeureux champion ,
cherchez dans les reirources de votre !l1orale ténébreu(e ,
de votre dialeO:ique entortillée. Pour moi, je vais vous
démontrer que les lettres que vous n'avez pu employer
fans crime, ne prouvent rien de ce que vous avez prétendu prouver par elles; 8< que l'infuffifance, autant que
l'attroCÎté de leur ' révélation, doit les faire rejetter du pro,
cès auquel elles font. parfaitement étrangeres.
4)
La publication des lettres de mon pere n'ell pas feule':
ment un procédé odieux jufqu'à l'atrocité, je fuis forcé
d'y voir encore un piege abominable. On a cru que je
n'échapperois point à la cruelle alternative, ou d'abandonner le foin de mon honneur, ou de me jetter dans une
difcuffion o{lenfante pour mon pere: on s'ell: trompé.
S_ufpendons encore l'examen des faits; 8< contentonsnous dans cette Feconde partie d'envifager ces triftes lettres 1°. comme un rémoignage infiniment grave 8< redoutable, par l'influence que doit avoir fur les honnêtes
gens l'opinion d'un citoyen, d'un pere refpeétable.
2°. Comme des pieces admifIibles, concluantes 8< déci.
fives au procès, ainfi que le prétendent les Défenfeurs de
Madame de Mirabeau, en ce qu'elles énoncent le jugement domeftique, le vœu des deux familles qui nous a féparés, 8< dont Madame de Mirabeau a le DROIT LI::.
GAL DE SE PREVALOIR.
Que réfulteroit· il de ces deux points de vue?
Quand j'ai dit que les lettres de mon pere étoient publiées
COntre fon aveu, j'en ai rapporté la preuve, en imprimant
fon d~faveu. Quand j'ai dit que la colere feule les avoit
diétées, j'ai dit tout ce que les yeux non prévenus appercevoient à leur premiere leéture. Quand j'attefte fes dé ..
marches poftérieures 8< fes lettres récentes, je donne la
preuve la plus irréplicable que fon cœur a démenti cette
colere momentanée. Quand j'obferve que fes diatribes véhémentes portoient fur des récits que fa follicitude paternelle avoit trop légérement adoptés; 8< que le bien qu'il
dit de moi ell: le fruit de fes obfervations perfonnelles 8<
des épreuves qu'il a dirigées; j'indique airez lefque1s de
fes témoignages nouveaux, ou de fes accufations anciennes
méritent le plus de confiance. Sans doute de telles réponfes fuffifoient au Public, qui fait qu'un pere ne peut
accufer ni juftifier fon fils, fans être fufpeét d'humeur ou
de partialité. Il n'eft donc point d'honnête homme qui
•
SeCONDS
PARTU.
�46
a',tpprouvât que je me renfermaife dans ces obCervations
gén~ra}es; &. fi je ne parlois qu'à mes concitoyens, c'eu
(erolt alTez.
Peut ..être ne dé(aPJ'rouvero~t-on pas davantage que pour
~oute dl(cuffio~, ~leme relatIVe au procès, je répondiife
a ~es comm~mcatlOns fi étranges:» Je me ju1lifierai ou
» Je prendraI condamnation à l'égard de tous ceux que
» j'ai p~ avoir le malheur d'offen(er , quand chacun d'euX'
» m'obJeitera la cho(e dont il a droit de me demander
» la réparation. Mais dans mon procès, il ne peut être
» quelhon que de mes torts envers ma femme. Ceux
» qu'o~ ch~rche à fonder [ur les lettres de mon pere,
» f~n~-,Ils,legaux &. ad~iffibles en matiere de réparation.
» \ Olla 1 examen (oumls aux Juges. Qu'on n'e(pere pas
» me détourner de ma caure par des diverfiolls qui
» toutes (enfibles qu'elles me doivent être, apparti;nnen;
)) à d'autres temps, d'autres lieux, d'autres per[onnes?
» Ne changeons pas la nature du procès.
Ce [yfiême de défe.n[e [eroit régulier &. d'une raine logique, [ur-tout ~près avoir démontré, comme je rai fait,
~ar la na.ture m.eme de~ cho[e~, que le jugement damerttque, qUI [ervOlt de pretexte a la publication des lettres
n'auroit jamais pu exifier que par une extrême iniquité '
&. que dans tous les cas il ne [auroit être d'aucune in~
fI;uertCe dans le)ugement légal. du procès. La Jufiice, qui
n admet pas meme les [éparatwns volontaires confucreroit ~ien moins encore un prétendu jugement q~j priverait
un cItoyen. non entendu, non défendu> de tO\JIS res droits.
~uvent meme,. exporée à confirmer un jugement dame[t~que provoq~e &. proDo.mcé par des parens Ju.ges &. partI.es, ne [e IIvreroit-elle pas au d.inger de foul~ aux
piedS la morale, J'ordre [ocial &. les Loix pour frapper
deux famiJIes de fiérilité?
'
J'ai ~.it ~lu.s ~ i.'ai ~ontr~ par d:s obrervations générllles qu II l1aVOJt Jamais eXlfié. dCll.. jllgement domefiique
{ur la féparation. EN QUEL TEMPS AUROIL-IL ÉTÉ
,
•
PRONONCÉ! QUEL A3E LE CONTIENT? Il n'y
a qu'une répollfe à ces quellions fimples; c'ell que les
Défenfeurs de Madame de Mirabeau ont improprement
exprimé le vœu de mon pere par ces mots: JUGEMENT
DOMESTIQUE, VOEU DE FAMILLE. Eh bien! fuivons-les jufques dans ce derniec retranchement.
·H du
Ils n'ont publié, difent-ils, les lettres de mon pere que l ib,P..g.
lle.
pour conftater fan témoignage, le vœu cOllnu de l.1i! farnl~le,
les cOllVlntions domefliques. Ils .n~ont par cette , dI~ulgatlOn P.g. !1.
que voulu produire au ,gran.d Jo~r les a~7es l~te~leUrs du Pag. 1 5 0 !<
tribunal domefllque; &. meme Ils feignent d-en gemlr. Enfin I~ de la Cooils ont appuié cene produétion de ce1!es de mes l~ttres (Illtaticn.
qui, felon eux, conllatent mon acqUle(cement au Juge.
ment domeftique & mes engagemens perfonnels.
Et moi; je nie que les lettres de mo.n pere expmne~t
[on vœu. Je nie qu'elles renferment un Jugemem domeftlque. Je nie qu'elles renferment aucun témoigna.ge ~ên:e
fpécieux. ire n.ie qu'elle~ apprennent un fe~1 fat: ~UI fut
"inconnu (ans elles . .le me que leor produ6holl ait eté de
la plus légere utilité po.ur Madame de Mirabeau. tT~ nie
enfin que j'aie donné ni pu donner une pasrole relative à
,la réparation.
.
'
Pour mettr.e ,quelque ordre dal'ls ces dIfcu{ftons. ,corn.pliquées , rangeons d'abord le périG-<ile ~c,,:uI6 d~pUl~ mon
mariage fous trois époques: La . c()hahiCatl~n: 1 affalfe de
Pontarlier: le temps écoulé depUiS ce~te affa~re. Cherchons
·s'il eft, pour aucune de ces époques, quelque appar~nce
que ce jugement ou ce vœu, comme 0n voudr,a 1 ap'peller, ait exifté: cherchons s'il .eR énoncé dans le; lettllfs
même les plus violentes de mo~ {Jere, ou plut~t fi Je
vœu contraire n'y perce pas ' tou~Ol!l,rs. Nous examl1nerans
enfuite ce que ces tettres prouvent, quels engagemens elles
manifeftent, quels engagemens perronnels j'ai contraétés.
. Je demande laquell~ des lettres de mon pere rupp.ofe
que j'aie donné ~ ra belle-fille ?~nda~t notre coh~b.INl
-lion, quelque ral(on de delirer d etre [eparée de mOl, &
1
�48
F,o. 79 du
LIbelle.
Voy. la tro iberne Partie.
Pag.
&1.
du
Libell •
;tg.
7
~.
Pag. 80.
ft par conféquent il put jamais former alors l~ vœu de
cerre féparation ? On a rapporté un feul fragment d u~le lettre
de mon pere à fa belle-fille, qui remonte à ce pérlO~e? &
ce fragment eft ~ité c,om.me une preuv,e 9ue les fevlces
dont fe plaint aUJourd hUI ma femme, etOlent CONN.US
DES DEUX FAMILLES. On croit bien que cet ar~lcle
fera férieufemenr examiné dans la fuite de ce MémOIre;
mais je conudere ici la valeur des lettres ifolées de tout
autre fait: Or voici les expreffions de mon pere telks
qu'on les rapporte; je dis telles qu'on ~es :apporte :. car
je n'ai pas pu obtenir encore la commUlllcatlon des pie ces
originales. Au refte, ce qui fuit ell, felon l'Auteur du
Libelle UN COMMENCEMENT DE PREUVES PAR
ÉCRIT' DES SEVICES. On pourra juger des preuves
qu'il nous deftine ( car il ne nous en a point encore
donné d'aucune efpece ) par ce COMMENCEMENT d'e
preuves.
Du ZI mai 1774.
) Je fOiis que vous appartenez ~ un farouche fol à qui
D toute affefrion de notre part fait ombra~e: Les co?tes
» qu'on en fait à cet égard font au~ ndlc~les qu ex.)J travagans. Mais comme t?utes les fo.hes fe tlennen,t par
) la main la foi aux réf1plfcences dou efpérer qu elles
) en fero~t de même. Il eft vrai, ma fille, que ma
» puilfance paternelle & mon autorité ont fait d~ belle~
» cnofes, & ont empêché la ruine de ma malfon. SI
» mon fils doit devenir fage, ce n'cft pas felon l~s au,» tres c'eft [elon moi qui m'y connois, du mOins en
) ce ~ui m'appartient, ce fera aiIurément revenir de
» bien loiR; mais le premier pas de ce retour & l,e 'plus
» indifpenfable, fera de deu;er ~a peine très-.mentée·,
» plus méritée qu'elle ne fut Jamais, & la [ublr eft un
) commencement de folde du compte. Àu refte VallS
11 parlez, comme ' VOUS le devez, ma fille, & je tache~
» rai d'agir comme ie dois. »
Je
49
,
Je pourrois faire plufieurs ohfervations fur cette lettre;
& noter, d'ab?rd qu~ mon pere parlait déja fur les rapports d autruI, ~ .enfune qu,~ mon per~ n'y dé[e[péroit
pas de ma réJzpijcence ; qu Il ne voulaIt que m'amener
à croire ma peine beaucoup plus mé,itée qu'elle ne
l'étoit réellement; enfin qu'on faifoit de moi des conus a1Ji. ridicules qu'(xlravagans j ce qui explique mieux
pourquoi mon pere me croyait un fà! furieux, que cela
ne le prouve. Sur le tout, il me [eroit aifé de mOntrer
que des CONTES AUSSI RIDICULES QU'EXTRA_
V AGANS ne paroiffoient pas devoir mériter une grande cr~ance, & qu'une telle lettre n'établit rien dans
l'inftance en [éparation, li ce n'eft le delir d'imprimer,
au nom de Madame de Mirabeau, que mon pere écri-·
voit Je 2 l mai i774, que j'étais U/1 fol fiaieux.
Mais il me paraît plus umple d'olTrir aux Juges & aux
leéteurs ce que ma femme pen[oit alors de cette alfertion. Or je ne [aurois mieux 'le faire qu'en rapportant la
répon[e de Madame de Mirabeau à la lettre cie mon
pere du ZI mai 1774.
Du 14 juin 1774.
" Monueur & très-cher pere,
" Je n'ai reçu que hier la lettre du zr que vous m'a" vez fait l'honneur de m'écrire à caufe d 'un voyage
" qu ' a lL"a it *** a'G reno bl e .....
" J'ai [enti un grand [oulagement en voyant vos let4
"tres. à mon mari, il en avoit réellement be[oin ,_
&
"
Je ne puis pas vous dire l'effet qu'elles ont fait [ur
" lui. Daignez l'encourager pour [Ortir de l'abattement
" phyuque & moral dans lequel il eft tombé. Je dis
" phyuque parce fa [alité a véritablement beaucoup
" [ouffert, & que fa tête n'était pas tranquille. A 1'E" GARD DE SA CONDUITE AVEC MOI, SOYEZ
" PERSUADÉ QU'ELLE A TOUJOURS ÉTÉ TRÈS-
" BONNE ET. SES 'PROCEDÉS
EXCELLENTS.
Je
.' .
G
,
,
'.
.
.
-
•
�5°
deIirerois de toute mon ame qu'il Ce fô.t conduit autant à votre fatisfafrion qu'à la mienne. ET JE VOUS
ASSURE QUE BIEN LOIN D'A VOIR A M'EN
PLAINDRE, JE N'AI QU'A M'EN LOUER. Je
fi nis par vous prier de vouloir bien lui lai!fer voir
un terme à to us fes maux. Je vous demande cette
grace, parce que je la crois néce!faire à mon mari.
Pardonil~z-mù i la liberté que je prends de VOLIS don~, ner mon avis fur pareille chofe. Mais comme je vois
" mon mari de fort près, je me crois obligée de V OllS
" rendre un compte exaét de ce qui fe pa!fe dans fan
" intérieur. »
Je demande fi cette réponfe eft péremptoire? A fu pp,ofer que mon pere eût, fur des rappo rts RIDICU LES,
EXTRAV AGANS ou perfides, cru aux févices ' cette
lettr~ ~'auroit- e!le lai!f~. d~ns cette erreur ?' Si qU; lq u'un
pouvait le penfer , qu II IIfe ce que mon pere écrivoit à
fa belle-fille ~n réponf~ à cette apologie, le 28 Juin 1774.
» Je reçoIs en meme temps, ma chere fille
une
)) lettre de votre mari &. la vôtre, toutes les de~x du
)) 14 Juin ..... .
)) JE N'AI PAS D'IDEE DE VOUS AVOIR PARLÉ
» DE MAUVAIS TRAITEMENS. S'il ( fon fils ) croit
)) avoi r été en butte à de telles imputations, c'ell de
» fan vieux cœur d'zppeller cela des platitudes . J'ai beau» coup vécu, tout fourmille d'accufations fau!fes; m ais
» je fuis encore à en voir aucune qui n'ait eu un germe
» quelconque de vérité. )}
Je prie l'Auteur du Libelle d'inférer dans fa premiere
édition tous CES NOUVEAUX COMMENCEMENS DE
PREUVES PAR ÉCRIT.
Une autre lettre de mon l'ere à M. le Marquis de
Marignane remonte au temps de la cohabitation: c'eil
P'g. 10 du ceHe du 9 feptembre 1773,
Lib lie.
11 le confulte fur mon dérangement. (Cet atticle fera
"
"
"
"
"
"
"
"
:
'.
.
.
'.
SI
difCllté av:ec éte ndue S\ clarté dans la troifieme partie de
ce MtmOl;e. ). Il p~rCllt excefIiveme nt fatigué des lettres
de mes crt:ancle~s; Il en p'lrle ayec beaucoup d'humeur.
Il déclare que j',}i mon rev,ellU; qu'on peut le faifir'
qu'il ne fe mêle aucunement de mes affaires' qu'il crain~
feulement que je ne fois arrêté pour mes d;ttes.
L~ fui~e de cette lettre ne m'ell pas connue; elle n'eil
pas Impnm ée dans le Libel.le; & jufqu'ici, je ne faurois
trop le répéter, on n'a pas dépofé au Greffe les lettres
que Madame de Mirabeau a publiées.
Q~e prouvent ces plaintes? finoll que mon pere vouloit
que Je fu!fe interdit? Où trou ve-t-on li! plus léaere apparence du defir d'une féparation?
1:>
Le malheur s'aggrave & les fautes à fa fuite. J e fuis
conduit au Château-d'If par ordre du Roi. On a vu
da ns les lettres de Madame de Mirabeau fi fan voyaae
, 1) .
, " 1 : >
a
ans eut un autre motif que celui de me fauver
cette punition cruelle; on a vu fi elle en étoit affeétée'
ün a vu fi elle dc;firQit alors une féparation. Une preuv;
bIen forte a!furément qu'il n'yen avoit point de convenue ni même. de méd itée., à cette époque, c'ell que
Madame .de. Mm)~eau fut Joindre fon beau-pere. Ell e
n~ pou VOIt etre mieux non Jéparée, fi l'on peut parler
aI!lfi , qu'en fe retir i,lll t pendant ma détention au fein
de ma famille , ou M. de Marignane lui ordonna de
reller. (1) Uoe pr:euve fans réplique que cette féparation
-------------- - --_._--~ ----
(J ) " Mail jmention, ma li Ile , Nt que vou s profitiez des offres.
~, oblJgeantes de M. votre beau-pere. Vo us ne pouvez êrre plus dé" cernme~t nulle p~ rt que da", (~ m ~J(on. Dans la fâchell fe cj , con(" ~an ce ou vous vous CrÛll\'C Z , vo us de\'ez ) au défa ut de votre m.Hi "
" et re rous 1;. ru rd le de M . \' otre beau.pe re , V allS me déplai riez li
" ~ous Jm ag ltlte~ de cheocher lin am rc aryle. Méri tez les bon tés ql1e
" 1 ~11 VO liS y. temolg ne , & pa iez pour le m oment à V O ll~ (cule, le
>' tribut des. (oIns & de devoir lilial gue vous devez en com mun avec:
" votre matI ••, Voyez les premieres Obrervatiolls , pa(( . 1 1.
G ij
.
•
�52
n'étoit pas plus defirée qu'elle n'étoit convenue; c'ell:
to'lt ce que Madame de Mirabeau m'écrivit alors, qui, s'il
ne prouvoit pas la plus vive tendreire, le plus vif defir
d'une réunion, démontreroit la plus effraiante duplicité.
Ce n'dl donc point dans ce période qu'i! faut chercher
ni le ju ge ment domel1:ique ni le vœu de mon pere. Pairon>
au temps qu'embra{fe l'affaire de Pontarlier.
20•
Pourquoi, fi le jugement domellique ou le vœu de mon
pere avoir prononcé alors la féparation ? pourquoi M.
de Mlrignane voulut - il la demander en J ullice? (1)
CGmment ne penCoit.il point au jugement domel1:ique auquel on attribue aujourd'hui, pour lequel on réclame une
fi grande force, & qui certainement en avait une fuffiCante
au!Ii lo ng·tems que j'étois ' détenu ? Que faut-il de plus
pour conllater que cette invention fublime efl: moderne,
& que l'h onneur en efl: uniquement dû aux défenfeurs de
Madame de Mirabeau ?
Les lettres qu'on a produites en fan nom, prouvent
. que mon pere s'efforça de la diiruader, ainfi que M. de
l'~g. '7 I"LC, Marignane, de,
ce .
projet
de féparation,
en leur, repréq U';1 3 l dU 1. .
•
be le.
fentant 1 ° . qu 11 ferait auffi inutile que peu genéreulÇ,
d'accroître & d'augmenter ce qu'il appelloit mon opprobre. z o o Que tout ce qui feroit prononcé, le ferait par
défaut. 3°. Qu'on priverait Madame de Mirabeau de
l'appui de fa famille adoptive. Que mes fers feraient
d'autant mieux rivés que je ne ferais pas féparé ; au lieu
que dans le cas de la féparation, le premier mouvement
du public ferait de dire: a qui donc aujourd'hui peut-il
faire dw. mal ?
Ces raifons perfuaderent apparemment la famille de
(1) Voyez les letrres de mOIl pere des 1 ~ , 15 ja1lvier & 1 ~ juillet
177 8.
.
.
'.
B
Madame de Mirabeau; puifqu'elle demanda en Juflice la
féparation de biens & non celle de corps, quoiqu'elle fe
fût propofée de la demander auffi.
Il eft vrai que mon pere annonçait dans plufieurs de
fes lettres, la réfolution de ne pas brifer mes fers, &
qu'il voulait fe furvivre à lui·même p:tr fa colere. 1) Je
» vous remercie , » écrivait-il à fa belle-fille, en lui
accuCant la reception d'une copie de je ne fais quelle
lettre décachetée, » je vous remercie de n'avoir pas oun blié cette communication, qui eft très-néceiraire pour
» completter d'autant les archives du falut de votre fils
» & de votre propre repos ... Je ne faurois trop ra {fem» bler de pie ces pour faire face après moi, & donner
» de la force à ceux qui feront chargés de la mere &
» de l'enfant. »
Ceci prouve bien clairement que l'on faifoit d'étranges
communications à mon pere; & que ceux qui invoquent
aujourd'hui fan témoignage, tout en l'accufant d'avoir
. tant & tant violé fa parole & fes (ermens , n'atteftent que
leur propre témoignage. J'étonnerais le public fi je livrais
tous les indices que je pourrais donner à cet égard,
d'après Madame de Mirabeau eIle - même , qui, par
exemple, m'écrivait le 3 feptembre 1774: » Je ne te
» demande pas de brûler mes lettres: cela felioit inutile;
» mais au moins ne répéte rien de ce que je te dis:
» CAR ON MANDE TOUT DE PROVENCE ICI,
» & je crois qu'il ne ferait pas avantageux que l'on fe
)) méfie de moi ici. »
Mais enfin que conclure de la terrible réfolution que
cette lettre préfente? 1°. L'excès même de la cruauté
d'un tel projet, fi étranger au cœur d'un pere, démontre
de quelle colere il était tranfporré. Zo. Il défefpéroit que
ma conduite le fît changer d'opinion; & la preuve qu'il
avait tort d'en défefpérer , la preuve qu'il a changé d'opio,
Pag. ,. 3 d"
libelle.
�·.
$4
nian, c'ell que mes fers font brifés, &. que fes démar_
ches ont été diamétralement contradiétoires à [es réfol utians. Elles avaient donc été conçues témérairement dam
un tranfpon aveugle de paillon, que des communications
de toute efpece aiguifoient [ans celfe. Il ell donc égale.
ment iniqut: &. ;;.bfurde d'en exciper contre moi.
Mais enfin trouve-t-on dans cet arrêt de profcription ,
dans cet arrêt cie mort, Ol\ jt crain drois que des Juges
féveres n'apperçuffent que la colere du pere était au
moins en partie l'ouvrage de la belle-fille; trouve-t-on
aucune phrafe, aucune locution ,qui préftnte ce fens?
NE DEMANDEZ PAS LA SEPARATION JUDIClAIRE; JE LA PRONONCE COMME PERE ET
COMME JUGE DOMESTIQUE.
Nulle part alTurément on ne trouve ces mots ni leur
équivalent. Mon pere a défefpéré dans un temps de me
voir jamais une bonne conduire. Cette b Olllle conduite
m'a valu fan pardon. Qu'y trouve-t-on d'étrallge? Et
quel homme voudroit.on faire de Illon pere, fi l'on
prétend que l'amour propre de la per[éveraJ!ce aurait
dLi f';cher [es entrailles; &. qu'il lui fallait prononcer ma
mort plutôt que d'avouer ma réfipiCcence ou [on erreur!
Les centons de l'Auteur du Libelle me paroiffent le plus
(auvent du Montefquieu mal copIé. Comment le Libellifte
Jl'a-t·iJ donc pas deviné que fi la juftice humaine n'a
(fu'un patte; celni de l'innocence; la juftice d'un pere,
comme celIe.de l'être fuprême, en a deux : celui
de l'innocence &. celui du repentir? (1) L'Enfant prodigue revint dire à [on pere: JE NE MERITE PAS
c;
;; Il
,,;
i
<
= i'
Il
q
.,
" (/)' La jurlic;e J1Utn~ine qui oe voi[ q~e les aé1:ions, n'a qu'un
" paé1:e: cel ui de l'inno"nce. La jnrlice divine qlli voi[ les penlées ,
" en a dt'!x: celui de l'innocence & du répcmir. [ Elp,i[ des Loix,
liv, ~6 , chap. IJ..]
.
55
D'ÊTRE APPELLE VOTRE FILS; J'AI PÉCHÉ
CONTRE LE CIEL ET CONTRE VOUS. Son pere
attendri le reçut, le ferra dans [es bras, &. dit:, MON
FILS ÉTOIT MOR T; IL EST RE~SUSCITE; IL
ÉTOIT PERDU; IL EST RETROUVE! Voilà le pere
de l'Evangile ; voilà le pere de la nature. Tout, aut~e
feroit impie &. barbare; &. mon pere ne le fut J<lmals.
Si [on imagination ardente clonna trop d'av?nt~ge au:c
d~lateurs, aux calomniateurs, revenu à lu\-meme, Il
fut toujours clémc:1t & généreux.
"
_
Quoiqu'il en f?lt, ~on pere a ,dlff~ade fa belle-fille
de demander fa [eparatlOn lors de 1 af{all'e de PontarlIer.
Cela ne prouve certainement pas qu'il l'aie prononcée luimême.
Madame de Mirabeau crut alors, ou l'on crut pour
elle ql.'il étoit entre nous de j~ftes ~au,fes d.e réparation.
Pourquoi donc' attefte-t·elIe aUJourd hUI un Jugement do·
mefiique qui n'a pas été prononcé? Qu'elle fafre valoir
ces caufes fi elles font bon nes ? Au lieu de fuppo[er
qu'elles [ont jugées par le, tribunal domefiique,' qu'eII.e
les faiTe juger par les Magtftrats? II eft trop blfarre, Il
eft trop abfurde de prétendre qu'en diffuadant alors [a
belle-fille de demander la féparation, mon pere m'aurait
Illis.dans une /ltuation pire que celle où je me [erois trouvé
par la demande de Madame de Mirabeau, &. même par
une Sentence qui nous aurait féparés.
Cela feroit cependant: car enfin j'aurais appellé de
cette Sentence, qui ne pouvait être accordée que par
défau t à fuppofer qu'un défaut puiJfe être demandé contre
un ho~me que des ordres du Roi ~mpêchel1t de parohre
en J ulftice.
"
Et fi j'euire pu rép0nclre, j'aurois été. reçu à dire que
le principal moyen de Madame de MIrabeau étant la
procédure de Pontarlier., il fililoit, rèfi\7oj}'er à fiatuer [ur
�S6
la demande en fépararion jufques après le Jugement Contradiél:oire de cette procédure.
Ne ferait-il pas abfurde de fuppofér que mon pere a
donn é à fi.. belle-fille le droit de faire juger la fépara_
tian d'après ce que l'affaire de Pontarlier paroilToit être
alors, & non d'après ce qu'elle étoit effeél:ivement, Comme
il a été éclairci depuis, enfuite de fix mois d 'inftruél:ion
& de deux mille pages de procédures? N'eft-il pas trèsétonnant que ma femme prétende avoir acquis de fon
be.au-pere le droit de m'interdire toute défenfe naturelle,
foit relativement à mes propriétés de citoyen & d'époux,
foit relativement à mon h onneur? .... Si les défenfeurs
de Madame de Mirabeau étaient auili las de difputer
l'évidence, que je le fuis de débattre des abfurdités,
tout polémique fer0Ït bielltôt fini entre nous.
Nous fommes arrivés au troifieme période que trois
féries d'événemens remplilTent : ma détention au Donjon
de Vincennes: l'emploi des deux ans & demi qui re font
écoulés depuis que ma liberté m'efl: rendue: mes démarches depuis mon retour en Provence.
Je n'ai point à juftifier ma conduite à Vincennes ,
puifque les ordres du Roi m'ont rendu ma liberté à la
foll icitation de mon pere. Madame de Mirabeau prétend
y avoir contribué. Je pourrais, mais il eft inutile; & je
ne veux pas prouver qu'elle écrivit une feule lettre il
cet égard, qui ne mérite pas plus le nom de fupplications
[orus que celui d'injlances preffantes. Si mon pere feignit de lui donner beaucoup d'importance, c'eft précifément parce qu'il defiroit la réunion qu'on foutient
qu'il voulait empêcher. Tout fon but fut d'embellir à
mes yeux Madame de Mirabeau par le charme d'un bienfait, & de l'honorer aux fiens même par le merite d'une
bonne aél:ion.
,Q uoi qu'il el! foit l
je, fll~ ~argi, E.ll:çe alors que la
féparation,
.
11 '
7
réparation a été prononcée 57
dans le tnbunal
c1~melllque
.
Madame de Mirabeau a-t-elle provoqué ce Jugement?
Elle fe glorifie d'avoir follicité m~ l,i~erté: cela nt:! fu~
pore alTurément pas qu'elle voulut ecre féparée; & Je
demande fi cette reftriél:ion in,érieure & cruelle peuc fe
fuppléer ?
La réponfe de mon pere à la lettre où fa bell.e.fille
d emandoit ma liberté; .cette réponfe dont on a faIt va- 11 juin f 779.
p'g. II & foi ••
l oir Cous les termes avec tant d'affeél:ion ; cette réponfe du
Lib 110.
très-pofiérieure à la cohabitation, ~ l'interdiél:ion., à l?
procédure prife à GralTe , à l'affaIre de Pontarlter ,'. a
toutes mes erreurs à toutes mes fautes, à tous les dehts
'
,l jui me font imputés;
cette réponfe. qUI- ? pré~éd~ de
dix-huit mois mon élargiiTement, qUI paroIt fi negatlve,
& que pour cela même j'ai choifie entre toutes les lettres
,de mon pere, prouve que fan imagination étoit calmée,
& qu'il ne voyoit plus fous un jour fi fombre ma conduite palTée. Les mots fui vans font décjfifs: » D'ailleurs,
» ma chere fille, fi Votre mari avoit rame b alTe, il Pag . 14 du
» écriroit douze pages de contrition & tout ce qu'on Li belle,
» voudroit; cela ne lui coûteroit rien. II a tout le con» traire; & toutes les balTeiTes qu'il a faites font pures
» folies , & folies gauches par l'efprie, autant que fou» gueufes par le fang. Ses plus grandes baffeffes font
» vis-à-vis de vous; vous en pouvez mieux juger qu'un
.) autre ... S'il étoit contrit, il en penferoit plus, n'écri» roit point, & feroit mort dans peu.
. L'ingénieux Auteur du Libelle a fait imprimer en lettres
;italiques ces derniers mots: IL SEROIT MORT DANS
.PEU; & les précédens: SES PLUS GRANDES BAS,sESSES SONT VIS - A - VIS D E VOUS. Cherchons à
deviner fes motifs , qui ne font apparemment pas de
-sendre odieufe Madame ·de Mirabeau.
S'IL ÉTOIT CONTRIT, IL SEROIT MORT
PANS PEU. Certes mon pere, dans ,elte llhrafe que 1'011
-
.
.
H .
'-
•
�.
58
Par' Ll.il du
"'" c.
i~prime con~m~ une infulte notable, reconnaît un cœut'
bien noble a 1 homme que .I~ gaucherie d'efprit & b
~ougue du fa~g o~t égaré. S\ Je vois de fang froid mes
egaremens, Je fUIs capable d en mourir!
Mais ce n'ell pas mon éloge qu'a voulu faire le Lib ~ lI.ifie. , A - t - il donc prétendu conclure de ces mots
ùt!hngue~ par .des car~éteres italiques, que je ne fuis pas
contru pUI[que Je ne [UlS pas mort! Etrange preuve d'amen.
clement qu'on exige de moi!
.
A-~-il cru trouv~r ~ans ces mots la promeffe de la fé-'
p aratlOn ? En vénté Je voudrais bien voir découler de
la plume du Libellifie, ce dilemme vraiment digne de
[a dialetique. SUR CES MOTS DU MARQUIS DE
MIRABEA!J, SA B.ELLE-.FILLE NE POU VOIT MANQUER D'ET RE SEPAI\EE : CAR OU SON MARI
NE DEVOIT JAMAIS ETRE REPENTANT ET IL
RESTOIT DANS SES FERS; OU REPENT ÀNT , IL
DEVOIT MOURIR.... 0 vous qui futes la mere de
';l0n fils! y?US qui portez encore man nom! à quel
etrange logiCien vous avez confié votre plume & votre
fignaturé!
SES PLUS GRANDES BASSESSES SONT VIS-A-VIS
DE VOUS. Les baiTeffes que vous prétendez prouver
p,ar ce~tel:ttre de mon pere, [ont-elles des moyens de
[eparauon . En ce cas, veuillez me définir ce que mati
pere a entend~ p~r m es grandes bajJèjJès envers [a bellefille: car on lIt bien dans cette lettre le mot de BAS.'
SESSES , mais on ne trouve pas un fait j & ce [ont ce"
pe~dant mes; ~LUS. GRANDES BASSESES que celles
qUI [ont relatives a ma femme. Mais nous y revien./
dron,s? occupons-nous encore de cette lettre qu'on a cr~
fi decllive.
~on pere jugeait que toutes mes bajJèjJes Ont été de purd
folles, & Joftu gauch.es par L'ejprù autant Gue lôulYueu rd
par le r.
&
fi " J •
J
J' b
J' ,
Jang;
que
1 )
~tOLS
contrit,
.
je mourrois dans peu
,
'é
59
Oh ! certes Je n tais donc point à (es yeux l'homme
attroce que l'on a repréfenté dans le Libelle. » Je n'étais
» pas ce mau\'ais pere qui ne préparait il [on fils ' que
» des exemples funefies & humilians; .... un nom avili
TOO &
» & dégradé; . . .. ce mauvai~ citoyen; .... ce fujet 1 0Pag.
' du Llbello.
» dangereux, parce que j'avais des dettes baiTement
)r contraétées ; .. "
parce que j'étais flétri par des dé» crets, par des . procédures, par des, Sentences infa» mant!!s;. parce que j'avais ATTENTE A LA P R O1) PRJETE D'AUTRUI. » Imbecille calomniateur! qui
me forcez à tranfcrire cet amas d'horreurs,. dites: ofez
dire que mon pere n'aurait vu dans tout cela que de
pures folies, & jôlies gauch es par L'efprit autant que fo ugueules par le fang! Quoi! j'aurais SPOLIE la maifon d'un
mari dont je forçais la femme à me Cuivre ; j'aurais conçu
le projet d'époufer du vivant de mon épou[e une autre
femme; j'aurais voulu enlever ma propre femme pour
m'en faire un ôtage! Et taures mes baiTeiTes n'auraient été que PURES FOLIES, ET FOLIES GA UCHES PAR L'ESPRIT A UT ANT QUE FOUGUEUSES
PAR LE SANG! .... Vous me jufiifiez donc en voulant
m'outrager! Mon pere n'a Pas cru, même au temps de
fa [év~rité la plus exceffive , les faits [ur le[quels vous
attefiez [on témoignage.
Il était bien éloigné de pen[er que je fuire un infame ,
& que ma femme pût être féparée; pui[que a uffi long• temps qu'il per[evera dans le deifein de ne pas me rendre
ma liberté, il craignoit que Madame de Mirabeau ne me
Pdg. 3 S du
reclamât: il lui en reconnoiffoit le droit. VOUS SEULE, L ibdlo.
MA FILLE, POUVEZ QUELQUE CHOSE POUR
"LVI. Et dans fa lettre du 24 avril 1780 : SA FEMME
"AUROIT TOUJOURS DROIT A LA DEMA NDER. Pag. 3,.
( La liberté de [on mari.) Mon pere etait encore irrit~,
'cela eft évident; mais il' ne l'cil: pas moins qu'il était
H ij
•
�60
m i.;!ux in(h' uit que dans les premiers mOlllens de l'affaire
de P ontarlier.
. , ;,
Eh ! qui n'eût pas été trompé comme lUi ? Mon e"a~
{ion, celle de ma prétendue complice laiifoit le Chal!lp
le plus libre à la calomnie. De grands, de fervens, 1I1~
térêts la proclamoient de toutes parts. Et le p~re qu elle
aŒ ' geoit, ce pere abymé de douleur ne devolt pas tout
croire! Et l'opinion qu'il a proférée dansl' le~ ~ranfpéoflréts
de 'f.r juCle doule~r , eft l'o~inion faine, Opll1l0n r
chie! l'opinion digne de fOI! Ah! malheureux, queUe
ame avez-vouS donc pour calomnier ainfi le cœur hu~,
•
1
maIn .
A
,
Mais ,Madame de Mirabeau elle-meme , au temps ou
elle recevoit cette lettre de fon beau-pe,re, ~adame de
Mirabeau étoit bien revenue de [es premIeres llnpreŒo~s
[ur l'affaire de P ontarlier, puiCqu'elle dema.ndoit ma !l~
berté. Elle ne jugeoit certainement pas que j'~uife ménté
de perdre la tête, ainfi qu'une Sentence m Y, condamnoit; car eUe n'auroit pas voulu me rendre ltbre pou~
me livrer au glaive des Loix. Au fimir da mazns du R;OI
'aLLait pas craindre. de Lamber dans ceLLesM'de La
P,~, ! 1 dU 1'L ne J'
b JujlLce;
LIbell e,
C'eft la réflexion du LIbelle. Madame de,
Ira eau ap-,
précioit donc mes fautes tout au plus co~me [on ,~e,au~
pere. Elle n'auroit pas voulu me rendre ~ l~ [o~lete fi
elle eût imaginé alors, comme on le I,UI faIt dire au~
jourcl'hui, que J.'avois baJ1èment cont~aél~ des, dmes; 'lue
j'avois ATTENTE A LA PRO~RIETE D AUTRUI;
que j'étais flétri par des Sent~nce~ znfamantes,; 6- que mau",
vais pere, autant que mauvaIS clloyen & fUJet danjJereux,
je n'avais à laiJ1èr à m~n fils ql~e de~ exemples junefles ~
'lu'un nom dégradé & avdl . Elle n aurolt pas demand.é m.a
liberté , {i elle eût pen[é alors comme on le lUI fait
~gner aujourd'hui, que j'éto~s capable d'ép'0ufer une ,autre
femme, de [on Vivant, (,. de l enlever elle-meme pour otage~
6r
1
Cette lettre .de mon pere ne prouve donc pas le ' juJ
geZ?enr domeftlque ou paternel qui a prononcé la féparatIOn. Ce:te lettre & les démarches de Madame de
Mirabeau • prouv~nt au contraire que mon pere & fa
belle-fille t:tolent egalement revenus de leurs premieres impreffions [ur mon compte, & qu'ils me juftifioient même
des plus fortes accu(ations vomies Contre moi.
~ Madame de Mirabeau écrivait autrefois; ( lettre du
fix Septembre , 1774 ) )) TON PERE NE SE PLAINT
) DE TA TETE QU'EN FAISANT L'ELOGE DE
» TON C<I!UR. » Et dans celle du 8 Novembre même
année; )) Tache de brider ton imuaination qui eft chez
.
1
b '
)) toi Ulle ame -u[ant fans ceife le fourreau par tous les
) bouts, comme on dit. L'imaaination de mon bon &
» unique ami eft vive; elle l'égare quelque fois, & il
u en e.ft la dupe. )) " .. Certainement elltre ce portrait
& celUI que ,mon pere a tracé dans la lettre que je difcute.: )) II n a pas l'a~e lâche; toutes les folies qu'il a Du tl
) faites font pures folies, & folies gauches par l'e[prÎt '77' ·
)) ~utant qu~ fougueu[es par le fang .... S'il étoit contrit,
}) Il mourrait dans peu)) '" .. Certainement entre ces
po;traits il eCl une très-grande reifemblance ; & la nuance
qu on Y trouve eft ceUe qui doit exifter entre la touche
molle, douce & flatteufe d'une femme
& le pinceall
ferme, dur, exagéré d'un pere irrité. '
SES PLUS GRANDES BASSESSES S'ONT VIS-A.:. '
VIS DE VOUS. Je reviens à ces mots encore une fOisj
~uelles font donc ces balfeifes ? Des févices ? Rien n'in~
<lque que mon pere m'en imputât. Sa lettre du 28 Juin'
~74, prouve même formellement le contraire. Ces
i1felfes ne font donc que les faits connus' & ces faits
ne ue
t 'etre que l ' aualre
fT •
~
uven
de Pontarlier
; car j'ai
mO!\'é évidemment que mon pere & ma femme ne
croY(ent plus ni au double mariage ni à l'enlevement
pour ~age.
juio
�oz.
- MES BASSESSES envers ma femme ne peuvent être
que du nombre de ce~les <Iue mon pere appelloit pures
j olies
rTiluches par 1 ejimt atltant que fougueu((s par le
'd
!aJlt/J j & par conféquent mon p~re n. a pu enren re par
ces mots des févices & de mauvaIs traltemens dont Mada,
Pag. H
tibcllc.
0
me de Mirabeau ne s'eil: d'ailleurs jamais plainte.
Voilà donc mes plus. grands torts reduits, aux yeux de
mon pere, à l'affaire ~ Pontarlter qui n'ét.oit point encore
éclaircie.
Mais revenons au point principal de la difctlffion actuelle. Où trouve-t-on dans la lettre que je viens d'analyfer &. de débattre la moindre trac.e d'un jugement 00mefiique qui ait ordonné la féparatIon? Elle prouve au
c ontraire cette lettre, elle prouve, de concert avec
les démarches de Madame de Mirabeau , que mon plus
- grand tort étant l'affaire de Pontarl~er, ~elle, qu'ell,e paroiiToit alors ma femme ne fongeOit pOll1t il fe feparer
pour cette c;ufe, devenue moins gra~e dans fan ef~rit.
quoique la Sentence de c?Ut~ace eXlil:ât encore, qu elle
ne l'avait paru dans le prmclpe.
, Il Y a plus: non feulement orr ne, tro~ve pas dam
cette lettre la plus légere apparence d un ,Jugement do.
meil:ique , mais elle en exclut tü:u~e Idée; e~le y
efi formellemen t contraire ; &. VOICI comment Je le
prouve.
.
du
Madame de Mirabeau avoit demandé mon élarglife.
ment. Mon pere le refufe; il ajoute: » vous avez Ul
l) pere; vous avez dans le cœur &. dans l'erpr.it tout je
)l qu'il faut pour fentir &.
connoftr~ vos deVOIrs & ~s
)) befoins - tout vous ordonne d'en fa.rre le chef
. de . vlire
J) confeil . tout VOfl,f défend de vous en jeparu J amaiS.
L'Auteu:. du Libelle a fait imprimer en italiqv ces
deroier3 n!0.rs ; -& je les aurais 'bien remarqués fal' cert,e
attention am,ieufe. Mais -quelrle confé!1Juence pttend tl
en {irer ! Celle-ci probablement: TOUT VO'S OR-:
,
6J
DONNE DE VOUS SEPARER ' DE "VOTRE MARl:
Eh bien! de cette conféquer.ce même j'en tirerai une
autre qui en découle bien naturellement; c'ell: que mOll
pere donnoit Ull confeil, & ne prononçait pas le pré-;
tClldu Jugement. Le confeil qu'il donne à fa belle-fille,'
parce. qu'il croyait ap~aremment qu'elle en a~oitbefoin,
ce confeil prouve aflez que Madame de MIrabeau ne
réclamoit pas f~n mari pour en être féparée. Et comm~nt
mon pere aurait-il prononcé un jugement de féparatlo~
qu'on ne lui demandait pas?
Mais votre conféquence efi auffi fau./fe, qu'à l'adoptét'
celle que j'en tire ferait vraie. Madame de IYIüéfb~au <le,'"
mandait ma liberté. Mon pere troUvé cette demande
peu prudente; il craint que ma femme n'.ufe de fes droits
plus puiffans que l'autorité paternelle ; Il rappelle à f~
belle..fiUe qu'elle ne doit rien faire fans le- ~onfeil de f~r[
pere; il ne lui dit pas , il ne pe~H pàs lui <lüe: » fi
» juge jamais à propos de brifer les . fers de votre mari,
» vous ne devez vivre avec lui qu'autant qu'il plaira le
» votre pere ». Et remarqtlfZ bien la différenoe entre,
ce qu'il dit &. ce qu'il ne dit pas: » Doit-on ou ne doit1
» on pas rendre la liberté à vo~re mari ? Aval<\t de le'
» réclamer, avant de faire valoir les droits que vou!:
» avez fur fa perfonne , conftl1rez avec vot~e pere ~u~
» cette démarche qui pourrait être imptudeme~). V 011<1;
évidemment ce que dit mon pere. Mais mO~l pere.
qui feul m'a privé de la liberté, qui feul pouv.oit
m'en priver, qui n'avait pas befoin de vo,tre aIde
pour me la rendre , au moment 00 ,il m'en trouvojt:
digne; mon pere me trouve~t-il capable de la reeO\lV'rer ~
Il n'y a plus matiere à confeil pour v.ous S vous n'avez
pas même le droit de mettre en queil:ion -fi vous devez
vivre avec votre mali. C'efi votre devoir fur lequel vous
ne devez ni confulter ni délibérer, &. qui fradmet aucun
devoir fupérieur.
,e:
�65
64
Eh bien! que fOllt devenues les objcaions que l'on
tirait de cette lettre dont on a fait tant de bruit? Celle
du 24 avril 1780 n'ell pas plus redoutable. Il ne s'y
trouve pas la preuve la plus légere du jugement domeftique. M. de Rougemont a été porter à mon pere mes
jtlfies réclamations. Mon pere rend compte à Madame ~e
Mirabeau de cette demarcjle, & de fa réponfe que le LIbellifie n'a pas manqué d'imprimer en italique. Cette réponfe commence ainÎl :
<.
)) JE LUI DIS DONC QUE J'AVOIS PARDONNE
,,) TOUT CE QUI M'ÉTOIT PERSONNEL.
Mon pere m'a pardonné mes torts envers lui., & vous
les publiez ! & vous les agravez ! vous l'époufe de fon
fils! vous [ouffrez qu'on imprime dans un LIbelle figné
de vous , que votre mari » a été mauvais fils, parce
Pat; :fI~.du » qu'on l'a vu par fes folles & ba!fes diffipations dévorer
» le patrimoine de .fan pere; troubl.e~ fon rep~s par des
}) pf"Ocès indignes; affiioer & hum Il ier fa vletlle!fe par
» le fpeétacJe de fes tr~vers, & attenter ?'1ême à fO.1l
t) honneur par d'infames Libelles». Ah! Je ne fauro ls
.vous di[puter de vous connoître en Libelles; & nous. n'en
fommes point à examiner les faits ; ils feront tous dlfcu.tés, & tous renverront [ur.la tête coupable du cal~m
:niateur l'opprobre dont la vérité même, s'il l'e~tt dite,
}le l'ab[oudroit pas. Mais ces torts qui ne ferolent pas
des torts, qui feroient des ferfaits ; ces torts qui., [eloQ
votre Lihellifte, font un des aéles de celle vie enliere gue
l'.g. 100. ')JOU! f!rofl~fe{ pour moyen de féparatipn; ces. t-orlS fuflèntils réels, vous les publiez en · nous apprenant que
mon pere les a pardonnés. Ah! dites, dites aL! calomniateur qui vous prête [a plume, que c'eft par de tels procédés, par de telles délations, par de' tels outrages, par
de telles calomnies, & non par d\:s dettes & des e,rreprs
de ieune!fj}. ~ qu'ON PROFANE LA SAINTETE DU
hg. 1 0 0, MARIAGE.
•
Non, je ne puis le croire encore, le cœur d'une femme;
le cœur de ma femme n'a pas conçu Je projet d'une diffamation fi .atroce contre le pere du fils qu'ellc a fu pleurer! Jouet Infortuné d~s con!eils q~i la perdellt, parce que
fon [alut ou [a perte n l:npone pomt à leurs infligateurs,
pourvu que nous ne pulillOns plus nous réunir' en vain
un précipice toujours plus e[carpé s'ouvre fous' (es pas;
el.le le Cent ~ e;le le vo;t, .& ne peut rélifter à l'impulfion
VIOlente qUI 1Y entrame; elle y tombera . moi. même
peut·être; moi-même je ne pourr,ai plus l'en ;rrach er! Ah!
pourquoi fon fort l'a-t·il pou!fte vers l'antre de la chi~a~e! ~llj[que fes par.ens., fes. amis, [es con[eils l'égaroient
a l enVI, que ne la !;;1l!fOlent-lls du moins [ur ces théatres
qu'on lui reproche tant d'avoir embellis? Combien elle
y eût trouvé une morale plu~ pure, moins étrangere à fon
cœur. que cell~ de [es mémOires. Qu'elle apprenne le rôle
de LI[e, plutot que des Con[ultations des Faétums & de:.
Libelles! Qu'elle me voie, s'il le fil~t , (ous les traits du
fil~ ~îné d:Euphémoll; il quitta le meilleur des peres; t~ois
fOIS Il le mit au~ bO,rds du .tom~eau; il quitta la plus tendre
des amantes; Il n eft pomt d outrages que [a débauche
in[enfée n'eth fait il la nature, à l'amour. Life alloi~
pa!fer dans les bras du [econd fils d'Euphémon. Réduit
à n'avoir pour héritage que le courroux & la malédiétion
de [on pere, l'infortuné fugitif revient dans la mai[oQ
paternelle avec un cœur épuré par le malheur & fes premiers feux •. L'amour l'ab[out,i la nature lui pardonne;
le pere reçoIt fon fils des malllS d'une amante qui l'accepte pour époux des mains d'un pere. Euphémon cadeç
eft le [eul dont L'ame illlerejJée n'applaudi!fe pas à la
clé~ence du pere, au repentir du fils , ~ la généroflté
de 1amante.
Cet intéreifant tableau qu'un des premiers génies du
fie cIe a tracé, préfente cette grande &. con[olante leçon
l
'
Non;
.
.
-. .
•
�66
qu''! n! fiutt jJmais dé(ejpùa de la ieunejJe. Que Madame
de Mirabeau le confidere , qu'elle l'étudie: Que Life qui
n'était point époufe; que Life qui avoit tant à pardonner,
&. pour qui le pardon n'étoit point un devoir ; que Life
apprenne à Madame de Mirabeau tout ce que je n'ai pas
te courag<: de lui dire.
M ais revenons à ces lettres affreufes qu'il faut achever
d'éclaircir. Envain mon cœur bondit; envain mon imaaination avide de fe dillraire frémit &. ie glace; cette
fâche m'ell im pofée ; il la faut remplir; je ne fuirai aucune des éprel!ves que le forr réfervoit à mon courage.
La réponfe que mon pere crut devoir à M, de Rougemont, ell inCérée dans fa lettre du 24 avril 1780;
on l'a imprimée en caraéteres italiques pour la rendre
plus remarquable: Et certes le début aurait fuffi pour
frapper d'indignation tous les cœurs honnêtes Contre le
Libelle, Voyons ce qu'on peut inCérer de ce qui fuit.
» Je lui dis do nc que j'avois pardonné tout ce qui
Pag. ;6 du » m'étoit perfonnel &. par caraétere, &. parce que je re·
Libelle,
)l gardois le
délinquant comme fol , ~ finale_me,nt parce
» que j'étois (on J uae ; &. comme tel Je devols etre fans
» pallion. Que cel: fait, je l'a,voi~ )ugé par droit na» turel & focial ; & comme tel, Juge lllcurable &. propre
» uniquement à troubler la fociété &. déshor:orer mon
» nom; que tout étoit dit à cet égard; que Je ne don» nerois donc jamais les mains à fon élargiifement; qu'on
» pourroit me la forcer en deux manieres : l'une de fait
» l'autre de droit. La premiere étoit l'autorité qui m'en
» avoit menacé, (1) &. à laquelle j'avois répondu qll'elle
- - - - - - - _ _ _ . - -_ _
--~,~.
d' _
(1) N ouvelle preuve qu'il dl abrurde d: prérendre que c,e foot à la
Collicitarion de M,Jame de Mtrabeau 'lUt ~e dOlS ma lil>t:llte! NQ\lyelle
preuve rW'-tOut que mon P"'~ éJ.oj,r. dan s l'errc\I< lorf,!u'il éa.'I"W' (~
1mres : car e\llin c'ell à lu i que je dois l'élarg iffement auquel Il affurolt
ne d~.ir jamais donner les maim .
.
67
» étoit hien la maÎtreffe; mais 'que mon déraveu (eroit
» notoire, &. que fes dépofitaires feroient garans de ce
» qui ,en réfulte,ro i~. La feconde étoit fa femme qui avoit
» tou)o,urs d~olt il le demander, mais que je ferois le
) prem~er ~ Juger digne d'être interdite, fi elle le faifoit
» [a~s 1 aveu de [on pere.
ICI deux chofes peuv~nt {ervir à ce qu'on appelle la
d~fel:fe de Madam~ de Mrrabeau. L'~ne que [on beau-pere
m a Jugé, par droit naturel &. [oclal, foi incurable &
propre ulllquemenl d lfouhler la fociité & à déshonorer ~on
nom: l'autre, .que ma femme auroù toujours le droit de me
demand:~ j malS ~lIe fan beau-pue ferait le premier à la juger
dIgne d elre znurdl,te fi elle le foifoit fans l'aveu de fan pere.
- Remarquons d abord que la premiere partie de ce di[co.urs ,eft un langage dont mon pere étoit convenu avec
l~l-meme pour écarter ceux qui [ollicitoient mon élargl[fement. Il l'avoue en propr~s termes : il ( M, de Rougemont) me mu dalls le cas de lui faire ma profiJ/ion de
fin , DONT JE ME SUIS ARMÉ DEPUIS QU'ON ME
TOURMENT;E SUR CET ARTICLE. C'étoit donc une
réponfe combInée 1?ar [on efprit, & non diétée par [on
~œur,; &. [~n efpm a dé[avoué cette réponfe, puifque
Je [UIS élargI. Mon pere avoit à motiver fes refus à M.
~e ,Roug~m~nt ; il avoit à refufer ma femme elle-même;
Il S a:molt, dune profellion de foi préparée, Per[onne ne
de.v oIt mOllIS [e tromper à ce langage que Madame de
Mirabeau. qui m'écrivoit le 13 Septembre 1774: Ton pere
affi,c7e .toujeurs beaucoup de celere Contre toi, je crois pOlir
prevelllr mes impartunités. Il y a plus. A travers le langage
affeété , avec lequel mon pere eifaie d'éconduire M. de
Rougem~nt, les difpofitions favorables percent de toutes
~arts ; lUI-même. s'en apperçoit. Ce folU apparemmelll, ditIl, ~es p'~ro.'es qUI, rapportées à cet homme, lui Ont fàù dire
que Je n eU:IlS pas injenjible. Cette lettre du 24 Avril 1 780 L~:t·c.l7
1 ij
du
�68
ell donc pure affeél:ation , & ne prouve abColunientt rieQ
contre mOI.
M a feco nde remarque ell qu'a{furément on ne (aurait
in f~re r de cette lettre de mon pere qu'il juge aujourd'h li ou m Ame qu ' il jugeait autrefois fa belle-fille digne
âtÙr~ inlerdite , fi après mon élargi{fement elle me rej oignait Can, l'ave u de (on pere : Il ell évident q.u' il a
feulement voulu dire : » ma b elle-filJe. a le droit de
» réclam er fan m ari; mais fi, tant que je .Ie croirai
» incap able de (upporter la liberté , elle agit (ans l'a» veu de fan pere pour la lui faire rendre, je la
}) c ro ira i diane d'être interdite ». Et combien cela n'ellil pas difré~e nt? Mo n pere a fou pçonné (a b elle· fille
d'un amour ave ugle ; il étai t bien éloigné de foupçonner qu'elle n'aurait que de la h aine.
N on feule ment cet te lettre du Z4 avril 1780 , ne prouve
p as le j uge me nt do mellique 9ui prononce , la fé?arati~n,
mais elle ne fuppofe pas meme que la feparatlon pUl{fe
être demandée.
Par quel moti.f , dans quel!~ ,:ue l'a-t-on donc. p;o,
duite? P our avoir occaCion d ecnre une note, qUI d un
b out du R oy aum e à l'autre, a fait pâlir tous les honn êtes gens. Ma dame de Mirabe~u feroit a~ ~éf~fpoir ~
je lui m ontrais la moindre par~le ~e ce qlll m " eté écrIt
à cet égard. C~l homme , ell·tl dit au bas de la page,
cet homme ( M . de Rougemont) qui vient fi ginéreufement
inurcéder pour fan prijonnier , mérite-t·il l'épifode que .t'on
trouve concre lui dan s l'ouvrage récent & anOlly IJu des priJons
d' Etal ? Si j'étois l'Auteur de cet ouvrage , n~n feul: •.
ment anonyme , mais annoncé pollhume; fi J e~ étols
l'Auteur, je faurois au befoin, n'en d?ut:z pas, ' Je fau·
rois & l'avouer & m'en honorer, & Jullifier 1 éplfode ,
& me laver du' reproche d'ingratitude. Mais que j'e~
fois ou que je n'en fois pas l'Auteur, ce n'ell pas de qllOl
il s' agit entre Madame de Mirabeau & moi. Que cet
69
ouvrage (oit bon ou mauvais, peu importe ; l'A uteur
de la note avant d'effayer d'impofer à Madame de M irabeau l'infame rôle d'Efpion de Police, auroit dû lui
faire lire le palTage fuivant de ce livre, qu'il dénonce
en fe réfervant Ul\ moyen de défavouer la délation.
» Il y a un palTage de Velleius Paterculus , que je
) n~ ~e rappelle jamais fans effroi .•.• Les Profcrics,
) dlHI, trollVmnt DANS LEURS FEMMES UNE
)} FIDELITÉ PARFAITE, médiocre dans leurs affran» c/u s & leurs eJclaves , nulle dans leurs fils , tant t'eJPi\. rance eJl une . dangueuJe f éduélion pour l'eJPrit humain , &
» c~pab!e de Ylo ler /es droits les p lus faints , dès qu'ils de» vIen nent des !etardemens & des ohJlacles. ·Vell. II. 67. Il
H eft donc vrai que le defpotifme peut no ilS montrer
NOt. 8 . ch. S.
" Le fils 10U' dégoûlam du nleunre de [on pere ,
" Ec [a lêle à la main demandant {on (alaire.
" M ais du moins les époufes étoient encore fideles &
» m ême capables du plus généreux dévouement du t:ms
» des profcriptiôns, du Triumvirat, c'eft-à·dire, au mon ment ou le regne du defpotifme commença à Rome.
_ Nous ne fommes point au tems des profcriptions, nous
v Ivons -fous l'empire de Louis XVI. Les Triumvirs, les
T ibere , les Claude, les Domitien rie font plus. Et l'on
a v oulu que Madame de Mirabeau offrît un genre de
d él.a t~on, qui auroit effrayé un fiecIe, des mœurs de fang,
JUlqu aux tyrans de Rome.
Le 10 décembre 1780, mon p~re écrit à M. de Marignane ,qu:i1 a confenti que j'euffe pour prifon le Château de Vl1lcennes, & qu'il va me faire fubir des
épreuves.
O? re~arqliera , JO. que dans cette lettre mon pere
ne dIt palOt que ce foit aux ' follicitations de Madame '
de Mirabeau qu'il -ait accordé mà liberté. 11 dit au con- Li~:ll~. 3 8
&
•
dq
�7°
Pag .• 1 du
l..bdk.
Pag. 4l du
l.ib:1I •
traire formellement qu'il l'a refuCée. 1°. Que 'la premiere
épreuve parut bientôt d~ciftve l car je n.~ ~eCl:ai pas qUinze
jours au Château de V IIlcenn~s, &.l 31 pubhq~ement,
&. de notoriété publique, habité Pans &. Verfatlles tout
l'hiver &. le ptintems de 17 81 .
Mon pere ajoute: )) je vous donne ma parole, Mon» (jeur que de mon aveu, il n'approchera jamais de Ma,
,
,.
d
é&
» dame votre fille que vous ne 1aylez or Ol1n
perl ) mis. Je
puis vous prom~ttre .mêl~H! , d,e l'el11pêc~er ,
J) puifque, Jelon le pouvoIr qUI
m a et~ confié, ~I ne
» doit aller qu'aux lieux où je l'enyer:ral , ~arvenu a ma
» Coixante-fixieme année, fans aVOIr JamaIs trompé per)1 fonne, ayant dédaigné d'être .fin,
j~ n~ c?~me?c.e .
1) rais pas à mon âge d'être parjure. Nos I?tt!! ets d allIl leurs en ceci font communs. J e ne faurols e tre foup'
» çonné de vouloir tirer en toute maniere ul1 enfant d'un
Il fou. Si mon fils eCl: ce qu'il fut , il recouvrera blenIl tôt ce qu'il quitte;
s'il eft changé , il faut qu'il le
Il foÎt du tout au tout. Quarante-deux mois d'une exatte
Il nri (on
s'Ils n'acbevent pas une t&te , font, dit-on,
L
,
'ft.
1) c"pables de la retourner. Dans tous les cas,
ce a
Il moi à fubir &. en faire fubi .. l''!p reuve.
L'autre lettre eft écrite à Madame de Mirabeau le même
Jo ur.
.
» Vntre cœur eft bon &. votre ame élevér. Si mon
Il fils peut devenir ce qu'il promet d'être, il faura vous
Il refpetter avant tout, connaîtra que ce fentiment s'é·
Il leve , &. peut feul le porter juCqu'à vous. Et vous
» llbuS aidert!z a~ors à le rétablir dans fan état &. dans
» Je monde. Mais (j vous defcendiez à lui, vous pour,. riez pour lui peu. d,e chofe , &. rifqueriez de faire to.ut
Il contre nous. La meilleure 'précaution contre cet ccuell,
Il c'eft de ne rien faire que de l'aveu &. fans le conCeil
JI de M. votre pere •.. • . N9uS ferons touj~urs par.fail> temest d'accord fur los chofes effÇ1ltielles ; Il conVlent
71
), peu de donner des conCeils entre mari &. femme 5 maiS
ce font mes enfans , &. je le dols au moins une fois,
» attendu les circonftances. Si votre mari m'en croit,
Il s'il m'obéit même ., il ne fera l'empreffé que d'une maIl niere convenable à un hemme qui d oit fe régc:nérer
Il &. changer du tout au tout, c'efl:·à·dire, uniquement
Il pOUl' vous montrer que, revenu de fes égare mens , il
)1 fent le prix dont VallS devez lui être, IX veut méri·
)} ter votre' ellime avant tout. S'il exige oit d.a vantage ,
)1 vous êtes dans le droit , &. dans
le devoir même de
" lui dire, &c. ce ne fera jamais de mon confentement
Il que veus recevrez I1lOn fils de toute autre main que
)1 de ceUe de M. votre pere.
Comment trollveroit-on dans ces lettres le jugement
domeCl:ique qui prononce la féparation , puifque non feulement Madame de Miraneau ne la demandoit pas; mais
qu'au contraire mon pere craignoit que fa belle ,flUe ne
me réclamât avant qu'il m'eû{ éprouvé?
Comment expliquer ces mots: Et vous nous aident
alors li le rétablir dans fon état & dans le monde. EfI:-ce en
prononçant une féparation de c<?rps que l'on comptoit
ME RETABLIR DANS MON ET AT ET DANS LE
MONDE? Et cette expreffion: CE SONT MES ENFANS prouve-t-elle bien que 1e vœu domefljque, que le
vœu de mon pere ait jamais été la SÉPARATION?
Reae 'l a parole denflée Il M. de Marignalile que mon
pere a fuffifamment expliquée dans.(a lettre du 10 janPag, 68 d~
vier derni~r : )1 Je pourrais, dit-jl, O'bjeaer que M. votre Libelle.
II pere ne m'a poirrt répondu, &. que parole nOfl accep'
») tée , eft parole non donnée. Le fiIep1:e ne provenait
)l pas du peu d'impahanc~ d~ la chofe;
mai~ M. ~,.otre
)l pere a fagemell't voulu me l.aiffer l'en.do ffe de la chaCe
Pag. 7L dfll
)1 &. ~'en rapPQrtef' à moi . . . . . Quand il ne m'a pas
Libelle.
Il férit l'hoflOeut' d..e répondre à ~a lettre par laquelle ie
Il lui renclois compte des drconftances qui décidoient l'é~
Il
�71preuve que vous m'aviez demandée, j'ai compris qu'il
7)
m'en lailfoit le (oin. & qu'au -bout de tout en con(é» quence, je (erais autori(é , & comme pere, & comme
1) tuteur, & comme chef de famille, de redemander pour
» mon fils, mon pupille & mon (uccelfeur, la femme
J) qu'il lui avoit donnée, (ur-tout
en offrant.. un modé» rateur re(peél:acIe en la pel'(onne de mon frere.
Comparez ces deux dernieres lettres , & vous verrez
que celle-ci explique très-naturelle ment la parole d'honneur contenue dans celle-là. Mon pere n'a pu prendre
l'engagement de m'éprouver, & de ne pas m'env oyer à ma
femme a\'ant les épreuves, (ans l'aveu de mo n beil u-pere ;
qu'à la condition que Mad.ame de Mirabeau (e réuniro it
à moi, dès que je (erois éprouvé. Son engage ment ne
s'éte ndait qu'au tems des épreuves, puifque fon autorité,
(on VETO ne s'étendoit pas ali-delà. Madame de Mirab eau n'a celfé de le reconnoÎtre qu'au moment où fon
fyfiême de féparation a été formé; & jamais elle n'éLettre du
chappera à la vérité de ce mot : poU/qllOt me demandiezfévrie r i 7i J~
pag. JO du VOliS en juin 1;;80 de mettre l'otre mari à parlée d'élie
73
1)
1.
Libelle.
Pag. 30 de
ma Requête.
Iproll),é , fi VOliS ne VOliS ùie{ pas conJervée des d,oits fur
lui , des devoirs e!lvers lui?
Certainement quand mon pere confeilloit à (a belle-fille
de upas defcendre jufqu'à moi avant le tems, il ne s'at·
tendoit pas même, au milieu des exagérations les plus
étranges, qu'après que par des témoignages d'une meil·
leure conduite, je me (erois élevé , pour parler (on lan·
gage, jufqu'à ma femme, elle me répondrait en ver(ant
fur moi des flots de diffamations, de calomnies & d'injures. On dit 'lue fan honneur y ejl compromis auJli, écrivoit mon pere dans cette même lettre du z 5 février,
par lu calomnies dont on cherche à l'accahler. Je ne veux
point lui foin injujlice. Je le demande à tout Leél:eur hon-
nête : un pere peut·il être lié par
facrifier l'honneur de fon fils ~
fa parole d'honneur à
Mon
,
Mon pere ne m'a renvoyé en Provence que quand il
a cru les épreuves (uffifantes; il ne les a pas abrégées
avec précipitation? puifque deux ans & demi (ont
écoulés depuis mon élargiirement. Il a tenu (a parole:
car il n'étoit pas lié , ou M. de Marignane le délie
en ne tenant pas (on engagement co-relatif. Les lettres
de mon pere ne prouvent donc ni jugement domefiique,
ni parole d'honneur, dans le (ens où J'on feint de l'entendre pour Madame de Mirabeau. La procluél:ion en
étoit donc encore inutile à cet égard.
On chercheroit vainement dans les lettres de mon
pere un jugement domefiique. Ces lettres ne (om point
des aél:es du tribunal de famille. Ce n'étoit pas dan. des
lettres que mon pere, que M. de Marignane exprimoient
leur vœu. Madame de Mirabeau, au nom de qui on
parle depuis Îl long-tems du jugement domefiique, Madame de Mirabeau qui a trouvé, fans doute dans le portefeuille de M . (on pere tant de lc:ttres dont elle imprime
des lambeaux , auroit-elle laiiré échapper un aél:e authentique, qui contient un vrai jugement domefiique & qui
di(po(e de notre fort? Croira qui pourra que cet aél:e
efi inconnu à Madame de Mirabeau; qu 'elle ne l'a pas
mis fous les yeux de (es confeils. Au moins M. de Marignane, qui n'ignoroit pas l'exifience d'une convention
qu'il avoit lignée, devait-il leur apprendre que le z7 Mai
1776, dans la délibération qu'il prit avec mo:! pere Be
rédigea par écrit, fur la Îltuation refpeél:ive de LEURS
t:NF ANS, il ne jugea pas que j'eu ire eu le moindre
tort envers mon époufe; qu'au contraire il jugea, conjointement avec mon pere , que les liens qui m'attac haient à
elle ne pouvaient être ni brifés ni r elâchés. Bien loin
qu 'il fût quefiio n entre nous de (éparation de corps, le
. tribunal domeilique , compo(é de mon pere & de m OIll
beau-pere, ne b'occupa que du foin de pourvoir au paie,,:
K
�'74
ment de mes creanciers, [ans toucher aux revenus de ma
ftmme.
Pourquoi cet aéte n'a-t-il point été ~mployé au procès
& rendu public? Parce que les conf~lls & les pare~s d.e
Madame de Mirabeau favoient que Je ne le connOiffOIS
pas & qu'ils efpéroient que je ne le connoîtrois jamais.
Leu~ attente efi déçue ; il me parvient enfin. L~s Maoifirats & le Public vont décider fi Madame de Mlrabe.au
~ été de bonne foi lorfqu'elle a feint de chercher un JU.·
(fement domefiique dans les lettres de mon pere, tandis
~ue ce jugement exifioic dans u~ aét; expr~s & ~uthen
tique, qui maintenoit & re~errOlt, me~e,' 5 Il étolt poffi:
ble les liens qui nous undTent 1 un a 1 autre.
Voici cette convention que j'ai en main Ggnée de mon
pere & de M. de Marignane.
» Nous Marquis de Mirabeau, d'une part: & nous
» Marquis de Marignane, d'autre. Apr.ès ,avoir mûre)) ment conféré entre nous 1°. [ur ce qUI s eIt paifé de)) puis le moment où le Comte de Mirabeau s'eIt dérangé
)) par des dettes immenfes de toutes efpeces, même par
)) lettres de change qui l'ont expofé & l'expofent à la
)) contrainte par corps, ce qui nOlis a déterminé avec
) nos parens à faire prononcer fon interdiélion , avec
) nomination d'un curateur honoraire & d'un curateur
» onéraire. zO. Sur la néceffité qu'il y a eu d'obtenir
» des ordres du Roi pour faire enfermer le Comte de
» Mirabeau en différens Châteaux, dans l'un defquels il
») eft. 3°. Sur les fommes que nous avons refpeélivement
» avancées, tant pour le Comte de Mirabeau & pour la
) Comteife de Mirabeau, que pour le paiement d'aucun
» des créanciers du Comte de Mirabeau, dont les caufes
» nous ont paru jufies & privilegiées. 4 0 • Sur les .obfta';
)) des que le Comte de Mirabeau & la Marqulfe ~e
~ Mirabeau fa mere, ont caufés par teutes les vOle_
.
75
» qUI, lem on~ été poffiblt.s, [oit pour obtenir la main
,
)} levee du ROI & celles que nous [avons qu'ils médite t
n
») d'emp 1oyer pour l"a.velllr, ~fin d'empêcher les arran» gemens que nous. aVIOns pro)ettés envers les créallciers
») du Comte de Mirabeau pour le temps préfent &
l'
.
0
E
fi
pour
J)
ave~lr. 5· t en n [ur les fom mes que nOLIs avons
» promiS de payer annuellement élU Comte & à la Con.
») telfe de Mirabeau, ainG & de la maniere que le rol~t
» eft porté par leur contrat de mariage. Nous avons fait
» en.tre nous les conventions & reconnoiŒlnces qui s'en.
» [ulvent:
» Par les
piece~
juftificatives qui font entre les mains
» de n?us MarqUIS de Marignane, il eIt conItaté que
» depUIS le temps auquel le Comte de Mirabeau notre
») ge~dre, a c~lfé de demeurer en l'Hôtel de la Mar» qUlfe de Mar~g~ane no~re I?ere> nous lui avons paié>
» &. en fon acqUl~ a [es Crean(llerS, la Comme de quatorze
» ml.lle 9uatr~ lIvres; .a~ moyen de quoi nous [omm es
» quItte Jufqu au deux JUillet prochain de la pen lion an.
» n.uelle que nous avons promis par ledit contrat de man r~age de notre gendre & de notre fille; & pour l 'ave» mr nous confent~ns de payer & remettre ladite penlion
» à M . .le MarqUIS d.e Mirabeau, ju[qu'à ce qu'il [oit
» rem.ph . de ce. dont Il eft ~réélncier pour avances qu'il
» a faJte.s , & qUI v~nt être CI-après expliquées: au Comte
» de !'1lrabeau & a aucu? de fes créanciers privilegiés,
» & a la Comtelfe de Mirabeau depuis ledit temps que
» le Comte de Mirabeau a ceiTé de demeurer enl'Hôre1
p de la Marquife de Marignane.
») Par les pieces jufijiicatives qUI font dans les mains
K jj
•
�-...
76
» de nous Marquis de Mirabeau, il ell conClaté qu.e nous
)) avons paié la fomme de vingt-tro!s mille celH fOlxante·
» onze livres quinze fols. De maOlere que fur cel,le de
trente mille livres à laquelle fe montent les arrerages
:: qui écherront le deux juillet prochain de la penfion
» que nous avons promis de I:'ayer annuelleme~t au
» Comte de Mirabeau par fondit contrat de ~anage.,
» nous fommes créanciers de ladite fomme de vlOgt-trols
» mille cent foixante·onze livres quinze fols, de laquell~
» nous ferons rempli foit fur les arrérages échus & a
» écheoir de ladite penfion que nous devons. payer a~foit fur celle que M. de Marignane dOIt
n uellement
»
,
. apres
, qu '·1
éé
» ayer de fa part· & ce néanmollls
1 aura t
Pretenu pendant 'te temps que le Comte de Mirabeau
»
d
· ml·11 e
» fera ,
retenu par ordre du Roi, la r
lomme
e troIs
» livres, que M. de Marignane déliv.rera comme il le
» jugera à propos à la Comteffe de Mirabeau, & après
n auffi que nous Marquis de Mirabeau, aurons. fourni
» aux dépenfes néceffaires pour le Comte de Mlrabea~
» pendant ledit temps qu'il fera retenu par ordre du ROI.
3e.
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
» Notre umon exillante à l'égard du Comte & de
la Comteffe de Mirabeau depuis qu'il s'ell derangé,
comme il eft ci-deffus dit par les dettes qu'il a contraétées & autrement, continuera de fubfiller envers
eux - & c'ell par l'effet d'icelle que nous Marquis de
Mir~beau avons pris le parti de confentir que la Sen:~
tence d'interdiétion prononcée contre le Comte de Mlrabeau foit & demeure fans effet, & que nous Marquis
de Marignane, nous propofons de faire prononcer Sen~
tence de féparation de biens d'entre le Comte & l~
Comteffe de Mirabeau.
" Soit pendant le tems que le Comte de Mirabeau fera
» encore retenu par ordre du Roi, foit après qu'il aura
» fa liberté, & foit que la féparation de biens ait lieu
» ou non, les conventions ci· delfus feront exécutées:
» entre nous Marquis de Mirabeau & Marquis de Ma.
» rignane, & à cet effet nous continuerons d'être ert
» exaéte correfpondance pour le bien & avantage de
» nos enfans & pour notre propre fatisfafrion.
» Fait double fous nos feings privés. A Paris le 27,
III mai 1776.
» Approuvant l'écriture ci-delfus. Marignane. Approu--:
» vant l'écriture ci-deffus. Mirabeau.
Quelles réflexions pourrois-je faire ici qu~ le Leéteur
n'ait pas déja faites? Depuis qu'on parle du jugement
domet1ique, les gens impartiaux defirent de voir comment ma famille affemblée a prononcé fur mes rapports:
avec mon époufe. Pour deviner fon vœu au moins dans:
la correfpondance des deux peres, on auroit voulu lire
les lettres de M. de Marignane; mais M. de Marignane
n'écrit pas; du moins il n'écrit pas à mon pere.
Il fut cependant un moment où ils s'alfemblerent, où
ils prononcerent fur mes intérêts, où ils me jugerent.
En ce moment on ftatua pour le bien des ENF ANS
communs; & nul des peres ne fongeoit à en répudier
aucun.
En ce moment il fut quellion de la féparation de
biens; & l'on ne fuppofa pas même la féparation de
corps poffible. Ma liberté fut prévue; & cette circon[tance ne devoit rien changer aux conventions.
Cependant les févices prétendus de la cohabitation, les
dettes, l'affaire de Provence, l'infame calomnie du CM-
- .....
�r~
.~dU-a lt,
mon évaGon de Pontarlier; (1) tout avait eu
lieu, tout étoit connu d S parties: je dis tout, même le
,prétendu Mt!moire diffamatoire enfuite duquel Madame
de Mirableau affure s' être regardée comme féparée ; car
ce Mémoire était, dit-elle, compofé de lettres t!crites
à M. !ie Malesherbes, alors Minifl:re. Or, mon pere &
~mon beau - pere aValent perfonnellement traité avec ce
'Milliftre; ils ne p-ollvoient ignorer l'exirrence des lettres;
& l'ôn fait qu'au 27 mai 1776, date de la convention,
'M. de Malesherbes n'étoit plus en place.
_ Les prétendus outrages que 1'011 cherche dans certaines
lettres dures que j'écrivis à Madame de Mirabeau avan.t
cette époque, depuis laquelle jufqu'à celle de ma détention au donjon de Vincennes, je ne lui ai plus écrit,
.exifl:oient, SI. n'avoient pas do'nné l'idée d ' une féparation
de corps.
Que fournit-on alors au jugement clu Tribunal domertique? des intérêts de forturie & d'argent. Il n'y avoit donc
J"ien de plus à juger. Les moyens de pourvoir au payement
(1 ) C'eft ici la place de rdever un anacroniCme du Libelle, bien
"olontai re de la part de l'auteur, & dont l'intention renferme beau·coup de méchanceté. Je veux dire la [uppoli,ion faÏle à la p~ge 19, que
.mon évalion du Ch~reau de 10ux & de Pontarlier, "'.gagea Madame de
Mirabeau, dom le pere étoit alors à Paris, il retoomer avec lui tn
l'rovence. Mon évalion cft du mois de février; & Madame de Mirabeau ne revint qu'à la fin de mai en Prove>1ce.
On voit encore que c'eO: bien long-tems après cette évalion que fat
écrite la lettre du 9 Ccptembre r 776, qui rraire du prétendu projet
dom il s'agit dans le rexte: cette leme même le prouve; & fa date
fait remarquer une grande lacune dans la correrpondance de mon
pere. Je ne puis pas croire que pendant les Jeux ans qui compo[ent
cette lacune, il n'air écrit ni à (a belle-fille ni • M. de Marignane; &
l'on comprendra facilement combien les lertres éc, ires pendant cet int ervale, & qu'on ne montre pas, pourroient contredire le fyO:ême de
Madame de Mirabeau.
79
de mes créanciers; fans préjudicier à Madame de 1\1i~
rabeau; il n'était dOllC quefiion que de cela. On n'avoit
aucun defir de féparation de corps, cela eft incontefl:a-.
ble; car perfonne ne voudra fuppofer que M. de Marignane qui aime tant fa fille unique, & qui veut aujourd'hui la défendre à tout prix, fClt alors plus occupé de
fauver fes biens que de pourvoir à la fureté .de cette fille
chérie. M. de Marignane ne me jugeoit donc point à cette
époque comme il me juge aujourd 'hui. On ne lui avoit:
pas encore infpiré les préventions qui ont ourdi le fatal
procès. Mais ce n'efl: pas fur ces préventions que l~
demande de fa fille doit être jugée.
Ce ne doit pas être non plus fur les lettreii d~ mOIl'
pere. On y chercheroit inutilement, ou plutÔt on ne
peut, fans une infigne mauvaife foi, y voir déformais
la preuve d'un jugement domefl:ique qui prononce la fé ...
paration de corps. Il n'exifl:a jamais; il faut donc renon-.
cer à trouver mOIl acquiefcement à un jugement qui il'eff:
qu'une chimere. Mais on affLlre que mes lettres renfer~
ment des engagemens indépendans du jugement domeftH
que, & qu'elles expriment un jugement perfonnel SI. de~
engagements d'honneur & de gentilhomme. Examinonl:
ces lettres par ordre de date.
'
Celle du 28 mai 1780 s'offre la premiere; & l'on re':
marquera que cette date efl: antérieure de fept mois à
mali élargifi'ement.
» Le foulagement de mes peines ne dépend que de vous Il.g. 45 d~
Il feule ET DES SENTI MENS QUI VOUS POR TE- Llb:llc.
1> ROIENT A LE DEMANDER .. , •. Votre famille
» ne veut pas notre réunion; & vous devez du rerpeét
» aux volontés du chef de votre famille; je lui dois,
» moi, SUR-TOUT DANS MA POSITION, de cher ....
» cher à détourner cette volonté en ma faveur & de ne
» pas lutter contre elle. Ce fera donc vous, ce fera lui
» qui marquerez la difl:ançe où je dois être, &ç,
�80
J'écrivois à M. de Marignane le même jour:
Pog 4\ d.
» rai reçu ..... votre lettre du 17 avril qui m'apLlheUe.
» prend ....• que vous defirez qu'il (mon pere) trouve
» le terme de ma punition affez long, & qu'il prenne
» airez de confiance en moi pour rifquer l'épreuve que
" j'ai propofée ..... .
» Quand je n'aurais jamais le bonheur que vou~ me
» rendiez juftice; quand vous pourriez douter toulou:s
» de l'extrême envie que j'ai de réparer autant que Je
» le puis mes fautes pairées; quand vous croiriez devoir
» éternellement vous oppofer à toute réunion eotre ma
J) femme &
moi, LA DEMIE LIBER Tf: QUE JE
D SOLLICITE ne pourrait aucunement nuire à vos vues.
» De [orte que lorfqu'il s'agit de me rendre la vie fans
» déranger vos plans , je dois compter non feulement
» fur votre tolérance, mais même fur vos fecours ....
» Sans dOUie j'ai lU le ums de réfléchir mûrement fur les
» avantages de la paix & de l'union domejlique; SANS
» DOUTE JE SOUHAITEROIS DE ME RAPPROD CHER D'ELLE ET DE VOUS ; mais vous ne vou» let ni l'un ni l'autre; & JE NE LE DEMANDE PAS
D AUJOURD'HUI.
» Je demande la guérifon de mes maux phy{zques , & une
» épreuve fur mes difpoJùions morales. Sous le double lien
l-> d'un ordre du Roi & de ma parole d'honneur, je de)J meurerai auffi loin de vous que je fuis, à la place qu'on
» voudra m'indiquer, DANS UNE EGALE IMPOS)J SIBILITÉ DE ME REUNIR A MADAME
DE MIl ) RABEA U , [ans
fan aveu fX fans le vôtre , AVEC
» AUSSI PEU DE LIBERTE CIVILE QUE J'EN AI
» MAINTENANT; mais avec un peu plus de liberté
» perfonnelle , & de moyens de conferver mon exif-,
):) tence .
Pag. "7.
Lettre du 16 juillet 1780 à Madame de Mirabeau.
» Croyez qu'un des pl LIS amers tourmens de ma VI t!
» eft
8r
» eft d'ayoir troublé la vôtre..... L'impétuofité de la
)) jeuneflê, J'aigreur que le malheur infpire même qu and
)) il vieut de notre faute, une fufceptibilité, une hau» teur qui tenaient à l'excès de ma fenfibilité , un fatal
)) enchaînement de circonftances ont accumulé mes torts
) envers vous; mais jamais ils n'ont été entiérement va·
» lontaires. Mes égaremens envers vous furent toujours
" empoifonnés & punis par votre fouvenir .....
» Croyez que je fens bien les droits que vous don)) neur vos bontés; & ne croyez pas que je veuille
» abufer de celles-ci. Je refpetterai votre empire autant
» que j'eftime le cœur qui me les reud, & que je con}) noiirois, puifque j'ai été l'invoquer. Marquez - moi la
» difiance où vous croirez devoir me tenir de vous, Ce J'efte
» de peine me fera très-fenfible ; car plus je vous verrai gé» nércufe , & plus il me fera doux d'employer touS mes
» momens à vous prouver ma reconnoiirance ; mais je
» ne me permettrai point de murmure; & le de{ir de
» voir eflacer jufqu'aux dernieres traces de vos juftes
» méconter.ltemens, ne fera qu'un aiguillon pour les mé» ri ter (1).
D
»
»
»
»
»
Lettre du 3 ottobre à M. de Marignane.
» DANS LE CAS où la bienfaifance de ma femme.
la clémence de mon pere, & votre propre générofiré
AMENEROIENT L'ACCOMPLISSEMENT D 'UNE
PARTIE DE MES VŒUX, je dois m'empreirer de
mettre à vos pieds ma profeffion de foi, & l'engagement de mon honneur.
» Non, ce n'eft pas pour faire le tourment de ceux
qui me font chers & qui m'àuront fauvé , que je de-
,
(1 ) Je tta n(cl'is comme Madame d~ Mi,a bea u a imprimJ , qUOIque
je vOIe tlèi ' bIen q ue cme pllr ~[e incc,{ccle n'a l'as Je {en, .
L
PJg. 49 da
LibOll<,
�82
» lire (ortir de priron ou .ie p éris; c'eft au contraire
)) p'o ur mériter leurs bontés par ma condui te , fi je peu~
P,,~,
10
Llbcll~,
» les efpérer encore, ou du moins pour leur fa ire ouJI blier tous les égaremens dont je gémis, plus qu'ils n'ont
» pu en être offenfés.
» Ce fera par vos ordres que je réglerai, & mon fé» jour fi je deviens libre, & la maniere dont je defire
» m'y comporter. Mon cœur tendra fans ceife à m'ap» procher de vous ; mais ma ju{le [oumiffion ne me
» p ermettra l'as un pas qui ne [oit de votre aveu.
tu
» On nf'a jait craindr~ 'lue v ous n ~ vouluffie, mettre un
» o6Jlacle infu rmor.ta6le à taUle réunion jù/ure entre Mada t) me de k lira6eau & m oi ; mais fi vous ne l'avez p as fait
» lorfque j'étais fort coupable, il ne feroit ni de Votre
» générofité , ni de v otre jufiice d e le faire lorfque je
» fuis très· repentant ; lorfque je fuis le plus loin poffible
» d'avoir aucune difpofition qui puiife vous offenfer, qui
» puilfe déplaire ni à votre. fe~ourable fille, ni à vous .....
» VOUS AVEZ TROP D'ELEVATION POUR VOU» LOIR DONNER EN SPECTACLE VOTRE NOM
» ET LE MIEN. Receve{ ma parole de fils & de g emi/.
» homme , de me conforma à toutes ù s intentions QUE
» VOUS DAIGNEREZ ME MANIFESTER.
Pa ~.
Il du
Lib,Il"
»
»
»
»
»
Paz· p.
Lettre du 7 oébobre à Madame de Mirabeau.
» Oui, Madame, mon amie, ma femme, ma proteariee, SI MES DEUX PERES daignent fe livrer il.
quelque indulgence pour moi, & m'accorder un par~
don complet ou partiel , je ferai entiérement fournis
à leurs loix & aux vôtres, & je ferai plus dans leur~
mains & à leur difcrétion que je ne le fuis ici.
Lettre du IJ d~cembre 1780 à M. de Marignalle.'
» M. le Marquis, je viens de franchir le feuil fatal;
» & c'eft à vous que je dois le premier hommage d~
8~
,
A
ma reconnoiffilOce; puifque fans vous mon pere n eut
» jamais pu , malgré l,e ,vœu de fan ~obl~ cœur, m'ae») corder ce bienfait. SI 1 ordre du ROI qUI change mon
» fort ne me mettait pas à la difpofition abfolue de
» mon' pere, j'aurais fupplié que 1'0,n me mî~ à la v~
» tre. Croyez , M. le Marquis, daignez .crolre que Je
i> mettrai autant de joie à mériter déformaiS vos bontés,
Il que j'ai eu le malheur de mettre ' de fuite à les per» elre ; & qu e je Ile me permet.trai de vous demander ,
» & à to ut ce qui vous appament , que ce que vous
» jugerez à propos de m'accorder vo.~ s : même.
.
Telles font les lettres par lefquelles J al engagé , dlt.on,
ma parole d'honneur , & ma foi de gentilhomme de ne
jamais ufer de mes droits ~'époux fans l'aveu de Madame èle Mirabeau, & celUI de fan pere.
Qu'on réfléchiife d'abord fi lorfque je difois à Ma:
dame de Mirabeau, le jou fagemenz de mes peilles ne d epend' 'lue de vou~ feule, & des .felllimens qeu V OliS p o~te,oe~/ll
â le demander, Je ne rappellols pas, to us mes, drolt.s . d ~_
poux, bien loin d'y renon~er? SI lorfque Je .r0lhclt~IS
M. de Marignane de me faire rendre Une demee Leberte ,
je le confidérois autrement que comme un be~u-p.ere?
Si j'avais fi je pouvais avoir quelque chofe a lUI dem ander fdus tOllt autre afpea? On m'a reproché au
nom de Madame de Mirabeau, que j' étais Ir~s-ava~la
geu x dans mes défen(es (1). En vérité, des prétentlor,.s bien
étranges percent dans les fi~nnes. Eh ! quels ra~ports y
a-t-il donc entre M. de Mangnane, fa fille & mOi, autres
que ceux d'un époux & .d'un g~ndre, qui pou:,oit & . dev ait compter [ur leur reclamatlon? Quels drOits avolent1>
( 1) Dans la répon(e à l'aél:e 'l ue je lui fi s teni r le 29 avril, P? ur
abreni .. la communicalion des oâginJ ux de~ Jeures qu'elle a fait Im~
Lij
�•
84
ils {ur 1 moi à tout autre titre? Quel autré que mon pere
pouvoit prétendre à décider de ma détention ou de ma
liberté? Sans doute il lui était facile de me la rendre
Jans favw de M. de Marignane & .de ma fel?me. Il m'é·
toit donc impoffible de montrer mIeux que Je ne renon·
çois pas à mes droits, qu'en invoquant leur interceffion.
Qu'on me dife enfuite fi defirant alors une DEMIE
LIBERTE, & plutôt une prifon moins re{ferrée (foulage.
ment indifpenfable à ma fanté) qu'un élargifiement réel; il
n'étoit pas fimple que je ra{fura/Te des efpriti prévenus fur
les fuites de ce nouvel ordre des chofes? Je demande fi
je ne devois pas leur éno~cer claire~ent que je n~ defi·
rois pour le moment qu un adoucl{fement de prIfon &
une épreuve? Je demande en quoi ce langage conditionnel peut me lier aujourd'hui? Et s'il ne porte pas avec
lui fan commentaire? Sans doule je fouhaite rois me raprocher d'lIle & de vous. Mais ••.• • je ne le demande pas au·
jourd'hui•. JE NE. LE DEMANDE ~~S AyJO?RD:HUI .'
fignifie·t-II donc Je ne le demanderaI JamaIs? N expnme-t-Il
pas précifément le contraire?
Qu'on me dife fi les conditions que je m'impofois à
moi·même en faveur de la demie liberté que je follicitois,
peuvent m'obliger, dès que je ne l'obtins pas? Ce ne
fut que plufieurs mois après que je fus élargi. Et certes,
dans ce période un homme qui demandoit fa liberté pour
le foulagement de fes maux phyfiques, avoit eu le tems
de mourir.
Qu'on me dife fi ces circonfiances font les mêmes au"
jourd'hui que j'ai recouvré tous mes droits de citoyen;
qu'au te ms où je propofois une épreuve avec auffi peu de
liberté civile que j'en avois ; dans un momef)t où je n'a~'
vois pas même d'exiftence ,civile, qu'au te ms où j'étoi~
DANS L'IMPOSSIBILITE de me réunir à Madame de ",
Mirabeau ? Et fi l'on peut prétendre qu'en réclamant ma
femme aujourd'hui je romps une convention qui ne fu~
8)
que propofée par moi, & qu'Olt n'a jamais daigtlé paroî~
tre même accepter?
Qu'on me dife fi quand j'écrivais à M. de Marignane;
on m'a [eNI craindre que vous Ile 'VouIUifie{ meure un obflacle
informontable a 10ute réunion füture entre Madame de J'r1irabeau & moi•••.• Mais ..•... VOUS A VEZ TROP D'ELÉ-
VATION POUR VOULOIR DONNER EN SPECTACLE VOTRE NOM ET LE MIEN; Qu'on me dife fi
bien loin de trouver dans ces mots la preuve que je confentais à une féparation , mon beau·pere n'y devoit pas.
voir un averti{fement très - refpeétueux , mais très-formel
que fi jamais il voul~it faire prononcer cette féparation,'
je m'y oppoferois & réclamerais ma femme? Peut· on
trouver un autre fens à ces mots? Vous ave{ Irop d'élévation POUR VOULOIR DONNER EN SPECTACLE
,VOTRE NOM ET LE MIEN?
Qu'on me dife enfin fi cette lettre qu'on m'a tant op·'
pofée ,je yùns de franchir le feuil fatal, &c. n'eft pas une.
fimple formule de compliment refpeétueux, qu'il [croit
auffi ridicule de prendre au pied de la lettre que le '110·
Ire très-humble ferviteur que les hommes lu moins humble$.
prodiguent à ceux dont ils font le moins les {ervùeurs J,
Aurois-je écrit en tout autre fens que mon pere n'eÔt jamais pu m'accorder ma liberté fans l'aveu de mon beau'pere?,
Ne font·ce pas là de ces exagérations convenues en fociété;
St naturelles à employer auprès d'un beau-pere très-préve-,
nu? Que M. de Marignane nous indique quelles lettres il il
écrites, quelles démarches il a faites pour obtenir cette
liberté par laquelle il veut que je fois lié, comme je le
ferais par un bienfait conditionnel , fi pourtant la condition n'était pas téméraire & coupable; car les conditions
de ce genre ne fauroient lier?
Eh de bonne foi! la féparation de deux époux peutelle être matiere à parole d'honneur & de fientilhomme ?
Certainement la queftion n'en eft pas une fuivant la loi
�86
cIvile; elle l'ell bien moins encore Celon les principes de
la morale, de la religion & de l'honneur. Je n'ai pu donner une teIle parole: on n'a pu la recevoir. Un engagement téméraire ou forcé contre le droit naturel, contre
la [ociété , contre les bonnes mœurs, ne fauroit être un
engagement d'honneur. Si je n'ai pas mérité de perdre
mes droits d'époux, quel feroit le co· relatif de ma promelfe? Il faudr6it que pour un point d'honneur chimérique &. coupable, je m'expofalfe à dDnner à la feciété
l'exemple du concubinage & de l'adultere !
_ Je n'ai pris ni pu prendre cet eHgagement illégal, irréligieux, infocial; & mes lettres~·ile fauraient être citées
oomme preuves de ma foumiffion à un jugement domefiique qui n'exifta jamais.
• J'avais fait- de ~r-andes fautes; mais elIes n'étaient ni
perfonnelles à Madame de Mirabeau ni impardonnables.
Je fairois des excures, parce que j'avais des torts, parce
que je les reconnoilfois ; &. graces au fentiment honor~ble & jufie d'un repentir {incere, je me réfignois à
demander ce que, comme époux, j'avais droit d'ordonner.
Il ne faut pas rnefurer la grandeur de ces torts fur les
excufes. Les prieres [Ont humbles, dit Homere ; les excufes
le font bien davantage. Aucune loi, aucun jugement ne
pouvoit rompre le nœud facré qui m'unilfoit à ma femme.
Je me réfignois à fouffrir des délais, des épreuves; mais
puifque je les propofois, je ne fuppofois pas un refus
irrévocable. J'ai donné des paroles J'honneur; mais pour
un tems feulement, & dans la perfuafion que je reconquérais ce que j'appellois des bOlllés: ce qui traduit en
français & en morale, veut dire que j'avois l'efpérance
de déterminer ma femme à rentrer de plein gré dans fes
devoirs.
Indépendament de la nature des qualités refpeétivrs de
mari & de femme, qui préfentent des devoirs d'époujé &
du drOltS de mari , cette itltention réfulte des excufes
87
même. On ne les fait alfurément qu'en vue du pardon
que l'on efpere d'obtenir {inon d'abord, du moins après
la fatisfaétion. L'homme qui a toujours befoin de clémence, l'homme dont la feule vertu, aux yeux de l'Être
fu~:êm~ , e~ ~e repentir; , lui adrelfe fes prieres, parce
qu Il fait qu Il Implore un Etre tout puilfant , & par cela
même fouveraincment bon & très-miféricordieux.
" Et s'il n'ouvroit {es bras qll'~ la (eule innocence,
.. Qui viendrait dlns le Temple encen{er les Autel s !
J'ai donné ma parole d'honneur & ma foi de Gen:
tilhomme de me tenir li la diflancs qu'on me prefcriroù; de
me conformer à toUleS les intentions 'lue M. de Marignane
voudroll. me m.anifeJler. Puifque.ie parlais ce langage, je
regardols touJours M. de MarIgnane comme mon beaupere, & Madame de Mirabeau comme ma femme. Au,trement qui donc étaient-ils pour me donner des loix J
Que m'auraient fait les intentions de M. de Marignane ~
Il ne m't:n, a manifefié aucune. Je n'ai point reçu les gra~es dont j'offrais le prix; & dans tous les cas je n'ai ni du ni
pu croire qu'on me preCcriroit de m'éloigner pour jamais
de ma femme. Je n'ai pu croire qu'elle fe refusât pour
toujours à fes devoÎrs. Je n'ai pu croire que l'intention de
mon beau-pere fût de ne nous réunir en aucun temps. Je
n'ai donc pas pris l'engagement de n'ufer jam;ais de mes
dr?its ~'époux fi mon beau-pere & ma femme ne le vou~
laient Jamais.
Je n'ài pu cr,oire à un refus abfolu, & je n'y ai pas Lettre du <J
cru. Sans dOUle Je jouhalfe de me rapprocher d'elle & de VOUs; mai 17 80 •
malS vous ne le voulet ni l'un ni L'autre, & je ne le demande pas aujourd'hui. Je ne renonce donc pas à le demander demain; je me réfigne tout au plus à ne le demander
qu'après un temps d'épreuves. J'e/pere vous faire oublier Leme du ,
le S ega
' remens d
,no,<;ftib. 178Q.
Ont '
Je"
gemls p lus 'lue. vous n ' avt{ pli en etre
,,
)
�88
9uI.
iJ.ffenfl. Je m'engage donc dans l'efperance qu e la péni-
tence aura un terme . L a fou miffion à la pénitence n'aur a it pas été promife par le défefpoir. O n m'a fait c raindr~
'lue vouS' n~ vouluffie{ mettre un objlacle ùz!urmo.nla,ble ,à
IOUle réunion fulU'~ t ntre Madame d~ M lrabeau & mal. J efpe-
,Leme da
Ij
clecem b. 17 80 •
rois donc une réunion au moins future, c'efi-à-dire apres
un temps d'épreuve.. . . .. V ous ave{ lrop d'élévation pour
'Vouloir donner en fPeélac!e v orre nom & le mien. J'étais donc
tres-réfolu de ne fouffrir une féparation qu'auffi long·temps
qu'elle me conviendrait. Si L'ordre du Roi qui chang e mail
.
. , 1 d; r. ,r, .
,f. 1ue de mon pere,
J ort,
ne me met/ou
pas a a ljpOjlllOn ab'Jo
co mm~
je
l'ai demandé, j'aurais fupp lié q u~ L'on me mû à
la vôtre. Je regardais donc M. de Marignane comme un
fecond pere . { 1) J'éta is bien loin de lui croire un cœur
i mpl acable.
J 'ai tenu l'engage ment que j'avais contraété. Sorti du
Donjon de Vincennes en décembre 1780 j'ai été éprouvé ;
je l'ai été deux ans & demi. M on pere m'envoie enfuite
fous les yeux de mon beau-pere. De nouvelles épreuves,
des fatisfaétions de toute efpece font offertes ~ elles font
refufées. La maifop qu'habite ma femme m'efi fermée.
Mes lettres même font renv oyées; & ce n'efi qu'en Mars
1783 que je redemande Madame de Miraheau il la Jufiice,
après avoir enduré cinq mois de refus, & de menaces ,
telles, dès le début, que fur la fimple nouvelle de mon
arrivée, on écrivit à m on oncle, on écrivit à moi
qu'on alloit invoquer ù fecours des L oix. Et l'on dira que
je ma nque à mes engagemens!
Quelques paroles d'honneur que j'euffe données ~
on m 'en aurait délié. Si comme M adame de Mirabea u
l'affure, elle. avait pris depuis. les prétendues diffarnatioru:
qU I
(1 ) SI MES DEUX PERE:S daiglTent Je [ivr.r ;,. (J'Id,!" , i7ldll.'s,' ,I('
pour mo~, Lettre du 7 Oéll)blC il Matla= de. Mi r ~bea<l .
•
•
fi
b"
.
89
.eront lel1to~ exanllnées , la ferme r éfolution de ne
Jamais fe re~d:e a mes vœux, je n'av ais rien à lui pro.
mettre. , Je
, n al, pufi me. lier par des promeifces CI ue fious
1a con d mon
qu ~I) e lalfferoit fléchir aux preuves de mon
amende~ent. L engagement a été réciproque, ou il n'
en. a pOint de ma part. Les refus abfolus de Madame d~
.tyIlrabeau ont affez manifefié qu 'elle ne [e croy oit
liée: Je ne l'étais donc pas; je fuis rentré dans les dr~i~~
do~t en ,reto ur de fo? cœur je lui av ois fait le fa crifice
qu elle n a pas accepte.
~t quels ont été les motifs des refus de M adame de
Mtrabeau ? Les. infa m~es qu'on a enfin publiées par J'impreffion , & qUI depUIS huit ans n'ont ceffé d'être débitées dans les cercles, dans la Province dans le R
yau!ne ? ,Pouvois'je être lié par des paro les d' honneur o~
facflfier a Madame de Mirabeau MON HONNEUR 1
Mes lettres n'offren t donc pas plus que celles de
.
.
mail
Pere aucu,ne trace d' un Jugement
domeftique, ni d'en 11gemen~ d h onneur. Les lettres de mon pere ne prouv~nt
pa ~. mem e fa n v~u perfonnel, ou plutôt clles prou vent
q~ II fu ppo.fa to uJours la poffibilité & même la néceŒté
cl un e réumon fi }e recouvrais ma liberté. Po urquoi donc
les a-t-on pro duites ?
Si c'efi Comme preuve des griefs de Madame de Mirabeau. Elles en établiffent d'inconnus , ou elles ne ra _
port~nt q ue. ceux qui [Ont Connus & pro uvés. Le ur pr~
du étlOn 'étolt affurément inutile pour ce ux q ui feraient
~onn us & prou vés fa ns elles. Voyons donc quels faits
IJl co nnus elles con tiennent.
~ad ame .de Mirabeau
propofe pour m oyens de fi ' _
r ation
.
.
.
. epa
. .ma vIe enuere . q lU me prtfeme comme mauvais fils
m auy
1
•
.
.
aLS epoux , mauvats p ere , mauvaIs Clloven
g ueux.
,/
'
,
ruiez dalz.
, j ' .1
':' oy ons fi les lettres de mon pere prouvent tout cela ,'
M alS qude leéteur ne perde jamais de vue que je n'examine
M
,
�9°
ici que les lettres en elles-mê mes, 8< que n011S revienr.l~.
t OO
u
l tbdle.
r.,;
&0 & St .
drons à la di[cufiion des fa its lor[que j'aurai dép -cé
l'odieufe b rode rie dont on a voulu les [urcharger.
J.IJut ::is fiLs . Co mment? On m'a l ' U par 1/US fol.es &
!'ciTes
diffipations dil-orer le p atrimoine de
IllOIl
pere.
Lettre de mon pere du 9 D écembre 1773 à M. de
M arignane. » De toutes parts je reçois des lettres de
» créanciers, des lettres de change proteftées, des dettes
» les plus balfes &. les plus folles, d'engagemens oubliés,
» méprifés, ne daignant pas feulement fai;e de. réponfe ;
» enfin des notices de défordres accumules qUi ne peu» yent mener loin la cataftrophe.
Lettre du 9 Janvier 1774 du même au même. Le Libelle ne la rap porte pas en entier; &. l'on y trouve feulement que mail p ue allnonçoù qu'il avoù p ris le p arli de
fJ.ire procéder contre moi à UNE I NTERDICTIO N AB·
SOLUE POUR CAUSE DE DISSIPATIONS (1 ).
Voilà tout ce que renferment les lettres de mon p ere
fur cette partie de l'accufation : MAUVAIS FILS; al! L'a
Vit par de folLes & baffes diffipations dévorer le patrimoine de
f on pere.
La nature de mes dettes fera fcrupuleufement examinée dans ce Mémoire. Difons feulement ici que mon
pere me nomma à mon mariage aux fubftitutions de ma
maifon : que depuis ce mariage mon pere a acheté un
Hôtel qui vaut plus de cent mille écus. Certainement
les fubftitutions ont été &. n'ont pu qu'être refpeélées.
Comment donc ai-je dévoré le patrimoine de mon pere
qui confervoit la joui/fance des biens fubftitués, &. qui
ne m'abandonnait qu'une penfion modique ? J'ai dépenfé
au-delà de mon revenu. Il y a bien des mauvais fils 4
( 1 )
lettre.
Les mots en majurcule (ont les fculs qu'on ait rapportés de l~
91
c'en eft là le type. J'ai emprunté; &. tout mineur doit
beaucoUp plus qu'j,l n'emprunte. J 'ai fou[crit des lettres
de change: Eh qui n'en a pas foufcrit! Que fait aux ré·
fultats la forme de l'engagement? Je ne ferais pas plu..
MAUVAIS FiLS pour m'être obligé par lettres de change
pour fimples prêts, que pour avoir emprunté. Uil fils
diffipateur eft-il pour cela mauvais fils? Et pefez cette
cÎrconftance : diffipateur en minorité. Il paraît jufte d'appréci er le caraélere d'un tel diffipateur, plus par l'empl oi
des deniers empruntés que par la quotité des emprunts.
Un mineur qui a contraélé des dettes pour dil1îper l'ar~ent en débauches &. au jeu, ce mineur eft dans toute
la force du terme un fol diffipateur. Me reprocha - t - on
jamais la débauche, la proftitution gagée, la paffion du
jeu? Nous verrons bientôt comment &. pOLIr qui mes
dettes furent contraélées.
DES ENGAGEMENS OUBLIÉS, MÉPRISES. Le
mineur qui emprunte pour diffiper, &. qui fe trouve dans
l'impuilfance de s'acquitter aux échéances; &. le créancier qui prête &. qui calcule les cifques dont les moindres
à fes yeux font ceux du retard, jouent un jeu de hafard où très-certainement le mineur n'eft pa.~ le rufé. Graces
au Ciel, on ne perdra rien avec moi à ce jeu. Mais qui
donc autre que mon p ere fe croit un droit d'inquifition fi
févere fur ma jeunelfe ?
II eft un homme eftimé qui, par fon âge, devait être
aufIi fage qU'il m'était excufable de l'être peu à vingt
ans; à qui l'on a vu des dettes qui excédaient fes mo y ens,
puifqu'il n'a pu les payer que par la vente d'une terre
fubftitu ée , Si par hafard cet homme avait en fa p ui/fance
des lettres qui accu[aifent un autre homm e de diffipations .
&. ce q ui elt plus, un homme dont la famille aurait eu le
bon pru cédé de ne faire enrégiftrer &. p ublier des fubftitutio ns qui l'intéreltoi ent, qu 'après cette vente néceffaire
a u rep os des créanciers &. du débiteur; le débiteur, quel
M ij
�92.
l',g 100 du
l ibelle.
qu'il fait aurait un étrange procédé en livrant 8< divul~
gant ces lettres, 8< fur-tout en permettant que fa fille accusât d'intérêt 8< de cupidité la famille qui aurait eu
pour lui ce procédé.
NE DAIGNANT PAS SEULEMENT FAIRE DE
RÉPONSE. Ceci prouve feulement ce qu 'on ne favoit
que trop, que j'avais des dettes, 8< que j'étais dans l'impuiffance de les payer. Je n'ai pu être diffipateur que
pour avoir contraété des dettes que je ne pouvais payer
fur mon modique revenu qui était mon unique bien. Si
je les euffes payées, on n'aurait pas à me reprocher de
les avoir contraétées. Une telle obfervation n'ajoute donc
rien il l'accufation de folles di.f1ipations.
D ES DETTES LES PLUS BASSES. On verra bientôt
comment j'ai contraété mes dettes ; & le Libellille qui
ne peut pas mettre en fait que l'affenion de mon pere
foit une preuve légale, voudra bien m'indiquer celles
que j'ai baffement contraétées.
Mais la prétendue affertion de mon pere n'ell autre
chofe qu'une expreffion impropre. Dans fan idiome, au
mains, tel qu'on peut l'étudier dans fes lettres, baiJejJès
& folies font fynonimes; cela fe voit à toutes les lignes.
Il dit: LES DETTES LES PLUS BASSES ET LES
PLUS FOLLES. Cette derniere épithete renchérit fur
l'autre. Dans fa lettre du 5 feptembre 1779, mon pere
a défini lui-même ce qu'it entend par baffeffes lorfqu'il
parle de fan fils: I l n'a pas rame lâche . ••• • Toutes les
bajJejJes qu'il a faites font pures folùs, & folies gauches par
L'eJPrù autant 'lue {ougueufos par le fang.
J'ai été MAUVAIS FILS. Comment? On m'a vu hu~
miller la vieillejJè de mon pere par mes travers.
Quels {ont mes travers? Scrutez les lettres de mon
pere: vous y verrez mes dettes, l'affaire dé Pontarlier,
8< une certaine affaire en Provence qu'on n'explique pas.
Je le crois vraiment qu'on ne l'explique pas; 8< jq
porte le défi le plus formel d'ofer l'expliquer.
'
M'
Mes dettes ont affiigé l~93ç~ur Ae mon pere.
al'
comment auroient-elles humdd fa vledlejJe ..
L'affaire de Pontarlier a [ans doute affilgé mo~ pere.
Mais comment l'a-t-elle humilié fi mon honneur .ell: llltaét J
Si j'ai forcé mes accufateurs à [e rétraéter ? SI, comme
je l'ai prouvé, comme je le prouve.rai encore, c?mm.e
mon féjour en Provence le prouver~lt f~ul ~ff~z , le fUIS
abfous entierement abfous ..... Llbelhlle. 1 a.ccumul~
tion d;s mots décele fouvent la llérilité des Idées; il
paraît que c'ell votre maladie!
MAUV AIS FILS. Comment? On m'a vu troubler le L!:n~:i. 4.
repos de mon pere. p~r d~s procès indignes. ~ ?ilà une. infame
calomnie. Jamais Je n eus le malheur d etre en lllll:anc~
juridique avec mon pere. La dénégation cll:-elle formelle:
Maintenant prouvez votre affertion; il n'ell: pas un fait
au monde qui puiffe moins échapper à la preuve.
MAUVAIS FILS. Comment? Il a attenté même li l'lionmur de Ion pere par des Libelles infomes.
• Ici l'imputation ell trop grave pour fe contenter de la l'.g, .ot>;
dénégation. Puifque le Libellill:e n'ofe pas fe nommer,'
je fQmme Madame de Mirabeau, qui Feule a (j~né [on
prétendu Mémoire, de [e rétraéter; 8< Je la préViens q~e
fi elle ne fe rétraéte pas, je la forcerai par toutes vOies
à prouver que j'ai écrit Olt publié des Libelles Difames contre
mon pere.
Il ell: vrai que mon pere écrit à [a belle-fille dans fa l'ag. ,+ &: 'f.
lettre du 4 Novembre 1776, en imputant à UNE TIE~-,
CE PERSONNE l'impreffion d'un Mémoire qu'il m'attribue: » C'ell un recueil de trois qu'il fit dans le. te~ps
» de la belle Plaidoirie que vo us favez ; & p UIS d un
» Mémoire à confulter fur [on interdiétion, 8< de deux
'» Confultations mendiées dans le temps, pour ,~onner
» quelque air de vraiffemblance à cette affaire qu Il pré) tendait avoir.
.
Autre lettre à Madame de Mirabeau du 1 3 Decembre
•
�9)
Pag. 1f da
Ll lie.
1"l" (opr.
rn7,
g. 63 du
Libelle.
111"
'M
94
eme annee. » 1 on enfant, fi ce fol dans un mome t
» de fougue en un Mémoire excité par fa mere delli ".
)} au menfong~, ~ q~i eft farci de contradiaio~s extr~~
b v~ga~tes.' ,n avait dit du. mal de vous, il vous auroit
» mue a C?t:e . . . . . & mieux vaut encore être injurié
» avec mOI.
Autre lettre à Madame de Mirabeau du I I Juin 177 8 ;
où il répétoit les mêmes. expreffions.
Autre lettre à Madame de Mirabeau plus ancienn
. 'd
, e
que 1a pre ce ente, quoique felon la c06tume du Libellille
r or,dre en '~It
r"
~
C
'
Interverti. ( e font rufes de guerre.) 1) II
» s ell ferme toutes .les po~tes à une réintégration quel~
" co.~que par les Libelles IJ1fames & répétés qu'il a pun bhe~ cO,ntr~ fon pere avec une fureur qui ne pouvoit
» aVOir. d objet que fa fureur même, & le fot orgueil
» de fa~~ du bruit en faifant détourner tout le monde.
- Et v?üa donc toutes lei preules qu'on rapporte d 'une
accufatlOn auffi atroce que celle J'ayoir attenté il l'holT-
neur ~e Jo~ pe:e p ar d'infâmes Li6elles. . M~ls n eft-Il pas de notoriété publique qu'à aUCune
td~s ~poques. rappellées dans les fragmens ci·defTus, je
'11 étols aup~es de mon pere , & que pendant la plus
grande parne de ce temps j'errois dans les pays étrangers?
-Quel.,gen~e ?e .preuves ~on p'ere pouvoit-il donc a"oir
que Javols ecnt des Libelles que je ne connois même
p~s ? Quand on auroit publié de telles horreurs, en m'in-<ilquanr pour l'Auteur, encore un Libraire pouvait-il être
le feul coupable de ce double crime? Mais lequel a paru
fous mon nom, fi ce n'ell un Mémoire dont l'Autenrell
avoué, & qui d'ailleurs s'il n'a défendu contre mon pere
que . ma capacité civile & ma liberté naturelle
n'a
~ertalnemenr point exc t dé les bornes d'une légitim~ délenfe
7 U M"
.
. n
emolre qu ,on ne peut pas fans la plus indigne mauvaife foi, m'attribuer qu and ~ on a lu qu atre
lIgnes d
. .
M
.
'
e mOI, un
émoue que mon pere lui - méme
1
•
appelle UN RECU.E~L . Il s'y trouve de prét~ndues .1ettres écrites par mOI a M. de Malesherbes qUI devOient
l'.g. 61
me J~rmer touteS les parus à une réilllégraLi cll; & je fuis Libdle.
réùllé.-rri cependant. Je ne fais fi ces lettres Cont farcies de.
CONTRADICTIONS EXTRA V AGANTES, ni fi elles
peuvent s'app eller un Libelle; cela m'importe peu auffi
long-t~ms qu'on ne m'en repréCentera pa~ les originaux
écrits de ma 1l1ain; car fi l'on veut que je réponde de
tout ce qu'on peut imprimer fous mon nom, il faut me
rendre fouverain de toutes les Tipographies de l'Europe;
encore les Souverains me paroifTent-ils afTez mal obéis
en ce genre. Mais enfin, parce que le Courrier du Bas·
Rhin & le Chronicle-London , & l'ObCervateur Anglois,
& les Mémoires fécrets , & tant d'autres fottifes périodiques, ou de rapCodies diffamatoires auront ihfulté mon
pere & mille autres hommes de mérite; parce que mon
pere , dans fes accès d'une colere violente (& quoi de
plus iraCcible que le cœur d'un pere prévenu?) aura
vu dans ces infamies l'Enfant prodigue, que fes angoiffes.,
fans cefTe renaifTantes, lui montroient pa~-tout ; il refiera
démontré que j'ai al/enté d l'honneur de mail pere par d'infomu L i6elles ? A quoi tiendra déformais la réputation
des hommes (car ils [ont tous fils avant d'être peres) s'il fuffit
d'un foupçon pour leur imputer des délits atroces ? ... JevouIO
le répete ; vous prouverez celui que vous dénoncez:
(après quoi il vous refteroit encore l'odieux procédé
d'avoir réveillé un délit envers un pere qui l'auroit par-:
donné ). Vous le prouverez ou vous en ferez répara,rion
authentique & légale. L'honneur défend de pardonner
de telles injures.
Mais enfin quel excès d'immoralité, même dans un
homme qui par état ne connoît guere d'innocence &
de délit que felon les Loix & la Jurifprudence; quel exct!s d'immoralité que de faire dénoncer un mari par fOll
époufe à la J uftice, au public comme un mauvais fils,
•
dl1
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dans le
•
,.
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du
m~~:I
ecnt
où
l'on
imprime ces propres mOts
e
PSerO :
PARDONNÉ TOUT CE QUI M'EST
PER
NNEL. Et c'eft a r'
fers de fan fils' c'eft
P, es que ce pere a brifé les
honneur des é '
apres (lue le fils eft [orri avec
c'eft'
preuves auxquelles fon pere l'a fou .
mIs;
a pres que le pere a co nfi é [,
fan vœu pour la réunion de f~~ filons:ardon &. proféré
que celle-ci crie au public c' ,~ J de [a belle-fille,
~L EST UN MAUVAIS FiL~I~ ~ONes uge~: IL FUT,
ECRIT!
, P E R E ME L'A
97
7rairé des in·
Ouvrez Darreau , &. vous lirez' » 1 [, ,.
Caux enfans) d'être affez
Ih'
or qu Il leur arrive
, d'
ma eureux pour [,
» a es exces , &. qu'ils abufe t d
e porter
» trop (auvent retient de jufr ~. cette tendreffe qui
Ji' public ne fait que fon de e.s pdalntes,
le Miniftere
e
» caure des peres &. nleres vOIr é prendre le fait &.
.
outraa S Il
d'
» Jours attendre une dénonciat' b '
n.e Olt pas toul) d'être affuré des outrages p IOnl,.pod~r a~lr ; il lui (uffit
)
r
'
) pour que IOn
zele [oit à l' ar
b . ln
d Ignauon pu bl Ique,
» qu e lia pru d ence doIt. néanmoins
a fI 1 e• fitous éfoupç
o n s , Ce
» ca~, c'e~ de con{uIter auparavau~1 l:gg rer en pareil
» qUI [erolent peut-être plus offenfés d's peres ~ mfres
» tre un de leurs enfans
ue cl
,un~. plaInte conD en fouffrir ... , Il peu: ~rrive~s exces qu Ils pourraient
) premiers tranli arts u
. auffi que cédant à de
J)
à la Juft'
DP
, n pere. vIenne dénoncer fan fil
Ice,
ans ces premIers
.
s
) toujours de calmer [,0
momens , JI convient
On d . 1 l '
» d re; on doit croire nueCourroux
1
. •
OIt e p amJ) part à fes démarches q &.
radlfon n'a point eu de
» réflexion.
, U I onner le tems de la
jures) Chlp .• '
(ca. '. D. 8. ,)
f.
Ainfi le Miniftere public
au pere, ne peur a ir [a; p~ur d~s ?élits publics du fils
{urer fi le pere les a gpa d s ~enonclatlOn ,avant de s'af.
ou veut
pour Ie délits privé" r onnes
l
, l es d1'("
llm \11er. Et
public ne peut agir ~u,ipu;, e per.e den~~ce , le Mi 1iltere
e~ avou [olllClté le pardoo du
pere.
J
pere. Quoique la jufiice humaine n'ait qu'un paUe, celui
de l'innocence, elle n'eft dans une telle occafion que
rniniftre de la juflice paternelle, qui en a deux, celui
de l'innocence &. du repentir. Et Madame de Mirabeau
qui n'efl pas chargée de la vengeance publique, Madame de Mirabeau que le plus faim des nœuds devait rendre médiatrice entre mon pere &. m oi ; Madame de
Mirabeau qui auroit dû invoquer fur ma tête la clémence
de mon pere, au temps de fa colere; Madame de Mirabeau m'accu{e lorfque mon pere a pardonné!
J'AI ÉTÉ MAUVAIS EPOUX. Commen t? )) Je n'ai
» refpeété dans mes fureurs ni la foibleiTe, ni la fenfibi» lité de ma femme; je n'ai pas même refpeété le temps
» de fa groifeffe; je me faifois une habitude, un jeu
)) barbare de l'accabler d'injures, de foupçons, de me» naces &. de coups; je me fuis porté à des excès de
) brutalité &. de jaloufie que la plus vile populace défa.» vouerait, qui fOllt connus des deux fami lles 1 & qui
» (ont atteflés par la notoriété.
Leéteur! nous n'en fommes point encore à l'examen
des faits. Au nom qe la vérité, de la juflice, de l'humanité faime, de l'Etre des Etres qui nous jugera tous;
ne l'ou bliez jamais.
Mais ces lettres fi tendres, où dans l'effuffio n des plus
beaux fentimens, Madame de Mirabea u s'écriait; DIEU
.VEUILLE NOUS REJOINDRE BIENTOT; CAR
NOUS NE SOMMES PAS FAITS POUR ETR E SÉPARÉS; ces lettres 'a rr_ès lefquelles Madame de M irabeau ne m'a plus revu; ces lettres ne portent-elles pas
~n caraB:ere de feu. SI L'EPOUX FUT UN MA U VAIS
MARI; S'IL NE FUT PAS LE M EILLEUR D ES
MARIS, L'EPOUSE EST LA PLUS FAUSSE D ES
FEM ,1ES,
» M . de Mirabeau pere, a-t-on dit dans Je Libelle,
~ qui connoiiToit les flljets de plainte de la Dame de
N
P.\ 2". too dl!
Li <i l, .
Pag.7.
�98
» Mirabeau, ne s'ell pas mépris rur les motifs rages BI:
» rai[o nnables qui diétoient les lettres de [a beIle-fille.
Voilà donc la fau{feté, la . perfidie érigées en jàgeJJe,
en ra/fon! Cerre morale eft digne du refte du Libelle.
Mais enfin voyons la lettre que l'on cite en preuve
de l'accu[ation que j'avais maltraité la femme qui m'écrivait fi tendrement: elle eft du I I oétobre J774 &:
s'a dre{fe à M. de M arignane.
'
P.~. 7 & 8
» Elle n'eft pas aveugle [ur le compte de [on mari .... .'
du LlbeUe.
» Elle voit clair en tout & très-clair; & fi javois quel.
J) que vice à cacher & quelque défaut cher à mon amour
» propre, je me tiendrais fort [erré devant elle.....
)) ElIe v oit tout, & elle a d'ailleurs rame fi [enfible fi
)) délicate & fi noble que ce qu'elle ne [aurait voir' &:
~) combiner faute d'expérience, elle le [entiroit. »
" E t. cela pr~uveroit que mon pere ~'ignoroit pas que
J aVa is maltraité [a belle-fille? Il [avOIt le contraire 8<
par elle. Reli[ez la lettre de Madame de Mirabeau' du
14 JUIn 1774. Mais indépendamment de cette lettre
quelle ab[urdité n'y aurait-il pas à [uppo[er que mOI~
pere entendait parIer de mes [évices lorfqu'il a dit:
ELLE, VOIT TOUT; ELLE A L'AME SI SENSIBLE
SI D ELICATE ET SI NOBLE, QU'ELLE SENTIROIT
CE QU'ELLE NE SAUROIT VOIR ET COMBINER
FA ~TE D'E~PÉRIENCE. En vérité, il n'était pas né.
ce{falre de faire de Madame de Mirabeau un fi bel élo.
~e., pour perfuader qu'elle n'était pas in[enfible à des
znj~ru, à .des menaces, à des coups, à des exces de hruta.
lue & de jalou{ze que la plus vile populace défavoueroit lX
que la pauv:re . viétime, fût-elle auffi de la plus vile ~o
pulace, fentlrolt auffi [ans qu'elle eût be[oin de voir clair
lX d'avoi: l'ame a.ffè{ Jenjihle, a.ffè{ délicate & a.ffè{ noble
pour fenur ce qu'elle ne pourroit voir & combiner faute d'ex";
p érimce. Il répugne donc de penfer que ceux de rne~
torts fur le[quels mon pere jugeoit que ma fe~e EC;
99
.'
Cf. d
va1's
pouvoit etre aveugle, fuifent des [ev1ces ~ e mau
.
.
traitem ens. .
» Ce n'eft donc pOlllt un mâtin ébouriffé qUI en llnffi fi ns, & à une tête auffi droi·
») poferoit à d es, organes a~ 1
)) turiere que 1 eft celle-la.
.
.
UN MATIN EBOURIFFÉ qUi battrOlt (a femme,
pourrait· il lui en irrtpofcr, quelque groffi,ers quêe fu:fent [es organes, & quelque gauche que fût la t te e
cette femme.
. C' ft '
C'ejl contre elle - même qu'il fa ut la fervlr.
e - a.dire, a{furément que Madame de Mirabeau ne, vouloa
pas être féparée de [on mari, 8< non pas qu elle en
vouloit être féparée. Cette Lettre prouve ?onc,' non, p~s
ue Madame de Mirabeau était fauife, mais qu elle etOlt
{rès-vraie lor[qu'elle me témoignoit, dans fes lettres, les
plus vifs regrets de notre féparation.
.
1
, Son mari ejl un fol. Ce n'était pas pour. aVOIr ma :
traité ma femme que j'étais jugé tel. J'avo~s c,ontraéte
des dettes confidérables; ce qu'un pere a drOIt d appeller
folies.
.
d l' .
r Pag.,
Mon deffein eft donc malOtenant
e eprouve LibCi le.
';out de bon &. à ma maniere .... En [uppofant un
:: miracle & qu'il fe contînt a{fez pour que le Com) mandan~ ' réponde de fa [age{fe lX de [a. repentan~e.'
alors je le ferai pa{fer dans quelque CItadelle ou Il
:~ auroit à vivre avec quelqu'un pour l'éprouver. Autre
» miracle qui le fît fortir à bien de. cette Feconde épr~u.
» ve' j'en tiendrai de prêtes, &. alOfi par dégrès. C en;
» to~t ce que je puis de n?uftvell,le patience à fa qualue
a tout.
,) de mari ET DE PERE; ce
A SA QUALITÉ DE MARI. J'av~is do.n~ par cette
qualité des droits à la liberté que 1 aut?nte paternelle
me ravi{foit pour me punir de mes folIes p~{féeATI~
arrêter de nouvelles lX m'éprouver. Un man M
EBOURIFFÉ, FOL ET FOL FURIEUX enverNsf~. femme
A
1)
dll
�100
aurait-il confervé des droits à la liberté par SA QUA.;
LITE DE MARI?
P>g. ~ du
» Je ne mettrai pas deux fois entre les mains d'un fol
L. ""e.
» furieux une jeune per[onne pleine de mérite, &. toute
» la fortune de ma malion.
Cela s'entend &. s'explique aifurément fans aucun rap';
port aux févÎces &. aux mauvais traitemens. Mon pere
po uvait croire que fa belle-fille était compromife de la
m ême maniere que la fortune de fa maifon par de folles diflipations i IX me nommer fol fùrieux comme courant
à ma ruine. L es diflipalions font une efpece de fureur.
Ce n'était pas pour des févices &. des mauvais traitemenrs envers ma femme, que j'étais renfermé; les ép~eu
ves que mon pere annonçait ne pouvaient être relatives
à des torts de cette e[pece; &. mon pere ne parlait dans
[a lettre que des fautes auxquelles les épreuves pouvaient
être relatives, &. qui l'avaient déterminé à me priver
de ma liberté. Non feulement cette lettre ne prouve
pas les mauvais traicemens dont Madame de Mirabeau
fe plaint aujourd'hui; mais elle prouve au contraire
qu'elle était alors bien éloignée de s'en plaindre.
Que fi cette traduttion ou ce commentaire ne plaît
pas à Madame de Mirabeau, il en en: un autre, même
affez &. trop naturel; &. le voici: mais je lui confeille
'
de ne pas choifir cette verfion.
Pag. 7 & 8.
» Madame dé Mirabeau n'dt point aveugle fur le compte
» de fon mari. Elle voit clair en tout &. très-clair .....
» Un mâtin ébouriffé n'en impoferoit pas à des organes
» auffi fins &. à une tête aulli droituriere; mais cette
» jeune femme en: fingulierement attachée à toute idé:
» de devoir ...... fans encourir de juftes blâmes, qUI
" d'ailleurs coûtent fi peu aux fpettateurs, elle ne pou~,
» voit faire que ce qu'elle a fait ••.. Toutefois, comme
• fa million eft aujourd'hui fan feul objet, ,'eft c;ontr,9
» elle-même qu'il faut la fervir.
101
Cettre lettre en: écrite à M. de Marignane par mon'
pere dans le temps où fa belle-fille était auprès de lui;
Elle prouve, elle pourrait fervir à prouver du moins,
qu'en fe montrant fingulierement attachée à fes devoirs.,
Madame de Mirabeau avait cependant laiffé appercevQlr
à mon pere que le mari auquel elle écrivait alors les t t
lettres les plus tendres, ne lui paroiffoit pas digne des
fentimens qu'elle affettoit pour lui.
Elle prouve qu'alors encore Madame de Mirabeau re·'
gardait comme un devoir de remplir la miffion qui l'avait
conduite à Paris, &. ,qu'elle reconnoiffoit, aulli bien que
fon beau-pere, qu'elle ne pouvait avoir d'autre objet en
vue, mais que ce devoir était pourtant onéreux pour
elle.
Tandis que Madame de Mirabeau fe montrait ainli aux
yeux de mon pere, elle m'écrivait l~ 7 du même mois
jour dont la lettre de mon pere en: datee: » Tu fais, mail
.» cher ami, que.c'eft toi qui m'y as envoyée. ( à Paris)
» Du Q10ment où je t'y déplairai, tu n'as qu'à me mander
)) où tu veux que j'aille, &. je m'y rendrai tout de fuite ,:
» n'ayant d'autre volonté que les tiennes.
Le 10 Ottobre, c'cn:·à-dire, la veille du jour où mort'
pere écrivait la lettre que nous exami~ons '. M~~ame de
Mirabeau me difoit enCOre: )) Je ne faiS fi Je t al mandé
» que mon pere m'a fait offrir fi je voulais aller le join·» dre au cas que ce féjour m'ennuyât. J'ai fait répondre
») que' dans ce moment-ci tu., me v~uloi~ ici ~ufq.u'à ,ce
») que tu fuffes libre; ce que J efpérols qUl feraIt blentot:
» qu'après cela je ne favois quelle ferait notre habita~
» tian. Adieu mon bon Ange.
Deux jours après la lettre de mon pere , c'efl:~à-dire,
le 13 Ottobre, elle m'écrivait: ») Po~r ce. qu~. eft ,de
» mon féjour ici, je te répéte ce que Je t'al deJa dit :
» Je fuis à tes ordres au moment où tu me demanderas.
Mon pere, fans en être prié, veut, dit-il , SERVIR MA.
olt 177'<'
\
�100
aurait-il confervé des droits à la liberté par SA QUA.;
LITE DE MARI?
P>g. ~ du
» Je ne mettrai pas deux fois entre les mains d'un fol
L. ""e.
» furieux une jeune per[onne pleine de mérite, &. toute
» la fortune de ma malion.
Cela s'entend &. s'explique aifurément fans aucun rap';
port aux févÎces &. aux mauvais traitemens. Mon pere
po uvait croire que fa belle-fille était compromife de la
m ême maniere que la fortune de fa maifon par de folles diflipations i IX me nommer fol fùrieux comme courant
à ma ruine. L es diflipalions font une efpece de fureur.
Ce n'était pas pour des févices &. des mauvais traitemenrs envers ma femme, que j'étais renfermé; les ép~eu
ves que mon pere annonçait ne pouvaient être relatives
à des torts de cette e[pece; &. mon pere ne parlait dans
[a lettre que des fautes auxquelles les épreuves pouvaient
être relatives, &. qui l'avaient déterminé à me priver
de ma liberté. Non feulement cette lettre ne prouve
pas les mauvais traicemens dont Madame de Mirabeau
fe plaint aujourd'hui; mais elle prouve au contraire
qu'elle était alors bien éloignée de s'en plaindre.
Que fi cette traduttion ou ce commentaire ne plaît
pas à Madame de Mirabeau, il en en: un autre, même
affez &. trop naturel; &. le voici: mais je lui confeille
'
de ne pas choifir cette verfion.
Pag. 7 & 8.
» Madame dé Mirabeau n'dt point aveugle fur le compte
» de fon mari. Elle voit clair en tout &. très-clair .....
» Un mâtin ébouriffé n'en impoferoit pas à des organes
» auffi fins &. à une tête aulli droituriere; mais cette
» jeune femme en: fingulierement attachée à toute idé:
» de devoir ...... fans encourir de juftes blâmes, qUI
" d'ailleurs coûtent fi peu aux fpettateurs, elle ne pou~,
» voit faire que ce qu'elle a fait ••.. Toutefois, comme
• fa million eft aujourd'hui fan feul objet, ,'eft c;ontr,9
» elle-même qu'il faut la fervir.
101
Cettre lettre en: écrite à M. de Marignane par mon'
pere dans le temps où fa belle-fille était auprès de lui;
Elle prouve, elle pourrait fervir à prouver du moins,
qu'en fe montrant fingulierement attachée à fes devoirs.,
Madame de Mirabeau avait cependant laiffé appercevQlr
à mon pere que le mari auquel elle écrivait alors les t t
lettres les plus tendres, ne lui paroiffoit pas digne des
fentimens qu'elle affettoit pour lui.
Elle prouve qu'alors encore Madame de Mirabeau re·'
gardait comme un devoir de remplir la miffion qui l'avait
conduite à Paris, &. ,qu'elle reconnoiffoit, aulli bien que
fon beau-pere, qu'elle ne pouvait avoir d'autre objet en
vue, mais que ce devoir était pourtant onéreux pour
elle.
Tandis que Madame de Mirabeau fe montrait ainli aux
yeux de mon pere, elle m'écrivait l~ 7 du même mois
jour dont la lettre de mon pere en: datee: » Tu fais, mail
.» cher ami, que.c'eft toi qui m'y as envoyée. ( à Paris)
» Du Q10ment où je t'y déplairai, tu n'as qu'à me mander
)) où tu veux que j'aille, &. je m'y rendrai tout de fuite ,:
» n'ayant d'autre volonté que les tiennes.
Le 10 Ottobre, c'cn:·à-dire, la veille du jour où mort'
pere écrivait la lettre que nous exami~ons '. M~~ame de
Mirabeau me difoit enCOre: )) Je ne faiS fi Je t al mandé
» que mon pere m'a fait offrir fi je voulais aller le join·» dre au cas que ce féjour m'ennuyât. J'ai fait répondre
») que' dans ce moment-ci tu., me v~uloi~ ici ~ufq.u'à ,ce
») que tu fuffes libre; ce que J efpérols qUl feraIt blentot:
» qu'après cela je ne favois quelle ferait notre habita~
» tian. Adieu mon bon Ange.
Deux jours après la lettre de mon pere , c'efl:~à-dire,
le 13 Ottobre, elle m'écrivait: ») Po~r ce. qu~. eft ,de
» mon féjour ici, je te répéte ce que Je t'al deJa dit :
» Je fuis à tes ordres au moment où tu me demanderas.
Mon pere, fans en être prié, veut, dit-il , SERVIR MA.
olt 177'<'
\
�10Z
l"g, 10 & 11
du Libell .
FEMME CONTRE ELLE-MÊME; '&, il annonce la maniere dont il veut s'y prendre, comme on l'a vu pag. 99.
C'efi ainfi qu'il communique [on deifein à M. de Marignane. J ufques-là ce font des épreuves qu'il annonce ;
elles font rigoureufes; mais c'eft un parti pris par lui
feul ; on ne voit nul concours d'aucun parent; &, mon
pere avoue que ma femme &. mon fils ont des droits
qu'il doit refpeéter. (1)
Mais pourquoi mon pere entre-t-il dans tous ces détails dans la lettre qu'il écrit à M. de Marignane qui ne
les lui demandoit pas? La fin de fa lettre va nous l'apr
prendre.
C'efi en[uite d'une converfation avec [a belle-fille qu'il
écrit à M. de Marignane : » elle me dit l'autre jour
» que ifi fon mari lui mandoit de fe retirer, ( & je Jus
» par ailleurs qu'i! avoit LOuché am corde) elle feroit obli.») gée de fe mettre dans un couvent; que M .... &. M ....
» difoient qu'elIe étoit bien aife de la prifon de fon mari
(1) Voilà, pour le dire en paffant, une n'ponCe pérempwire à l'injurieuCe obferYation qu'on a tant r':pétée dapuis le commencement du
procès: A fa~oir , que li mon fils n'éwit pas mort, mon pere n'aulait jamais Congé à me rendre m~ liberté, & qu'il n'dl devenu moins
{évere que pa, le ddir d~ perpetuer Ca race. II aVOUaI[, du vl~aut
de mon /ils, que mA <JUil/III d. p<rt & ce/!. d. ",art, me dO'1nOleot
des droirs qu'on ne pouvait violer, & m'impoCoient des devo~s &
des obligations qui réclamaient pour moi la liberté que ma. femme
(olliciwit, L'on trouve dans la même lettre : " Mais euffions-nous perdu
)' cet enf"nt , (mon /ils) m. conCâence ne fe repaît pas de chimeres,
l ' & je ne mettrai pas deux fois entre les mains d'un fol furieux, une
)' je,une per[OItne pleine de mérite & toute la fortune de ma mal[on. "
Ce pafTage prouve bien clairement que dans les principes de mon pere.
la poftmnnanie ne l'abfoudroit pas du délit de m'avoir rendu I~ liberté
s'il me voyait des mêmes yeux qu'autrefois; & que du vivant de
mon /ils même, mon pere ne faifoir dépendre que de l'événemelH des
· tpreuves le recouvrement ou la privation de ma liberté.
ro~
» pour être à Paris.: •. Je détournai dès-lors la con::
) verfation ; mais j'ai réfolu de vous en écrire. Je fuis
» perfuadé que vous feriez fort fâché de la voir à fon
1) âge prendre un parti auquel elle mettroit enruite fon
f) honneur, qui n'eft point fait pour elle, ne fût-ce que
» parce que c'eft rétrécir une tête dans l'âge &. la pofi.
,) tion où il eft le plus néceifaire de l'entendre ..... ..
Le relle de cette lettre n'a point été communiqué i
mais aifurément on en lit aifez pour voir clairement qu 'elle
n'eft que la fuite & l'effet d'une converfation de Madame
de Mirabeau avec fon beau-pere; &. c'eft une circonftance
précieufe qui explique à merveille comment cette lettre
n'eft autre chofe qu'une apologie de la conduite de la
helle-fille.
Remarquez qu'à l'époque de cette lettre, j'avais déja
manifefié le defir du retour de ma femme en Provence.
Mon pere SUT PAR AILLEURS QUE J'AVOIS
TOUCHÉ CETTE CORDE. Cependant je ne corref~
pondois qu'avec ma femme. La lettre de men pere le
prouve. (1) Elle avoit donc communiqué mon projet à
quelqu'un qui en avoit fait part à mon pere. Mais pa.
roÎtra·t·il impoffible qu'une femme, dont les lettres 8(
la conduite étoient fi contradiétoires ,ait ufé de fine{fe
pour lui faire paifer cet avis? N'auroit-elle pas en(uite été
capable de l'affeétation de communiquer le prétendu projet
d'aller au Couvent fi je perfiftois à la réclamer? N'auroit-j
.
"
"
"
"
"
"
"
,,( 1) En demandaI\! la clôture de cet homme & qu'on lui ô,ll
!Oute correfpolldance, j'ai excepté celle de fa femme, quoiqU'Cil
priCon d'Etar , elle fait fupprimée de droit, , . , , Je ne fois li j'ai
bien fait; mais je prévois le cas où nous ferions obligés d'obvier
aux elfe« de certe correfpondance, Certainement li nOtre homme faie
quelque folie, cette ierue fera fermée comme !Oute alltre. J'en ai déja
prévenu le Commandanr ; mais avec cela il pourroit lui écri,e telle
chofe qui dérangeât tOUt,
•
�1°4
elle pas eu l'art facile de faire naître des fOll çons dans
cette imagination trop fenfible? En témoignant beaucoup
d'emprefiement à me fervir, elle lai!Toit penfer à mon
pere que j'étois peu di g ne de fon zele. Cependant cellt
jume j~mme vOY0lt clair n tOut & u ès clair. R ien n'échappoit à fon difcernemenr. Elle v oyoù donc qu'elle avoit
fait penfer à fon beau-pere que ma conduite envers elle
n'avoit pas été fans reproche; & elle ne détruifoit pas
cette idée! Elle voyoit que mon pere avoit l'intention de
ferrer mes liens & de me faire pa!Ter par de longues .&
pénibles épreuves; & elle ne combattoit pas ce de!Tein !
Dans le même temps où elle feignoit de vouloir aller au
Couvent, elle m'écrivoit: Mon pere m'a fait offrir fi je
voulois aller le joindre au cas que ce Jéj our m'ennuyât. J'a i
fait répondre que dans ce moment-ci lU me . vou lois ici ju(qu'à
ce que lU fu(Jès M re; CE Ql.{E J'ESPEROIS QUI SE.
ROIT BIEN TOT : QU'A PRES CELA JE NE SAV OIS
QUELLE SEROIT NOTRE HABITATION. Ce langage éroit bien différent de celui qu'elle tenoit à mon
pere. Les idées qu'e!le vouloit me donner éroient bien
différentes de celles q u'elle préfentoit à fon beau-pere. Si
l'on compare la lettre de celui-ci du I I Oétobre 1774,
avec celles que Madame de Mirabeau m 'a écrites quel'lues jours auparavant & quelques jo urs après, il n'eft
perfonne qui ne VOIE CLAIR ET TRES-CLAIR à
tout cela; & je n'apperçois qu'u ne reffource pour Madame de Mirabeau, pre!Tée entre la calomnie du jour &
la perfidie d'alors, c'eft de répondre que les allégations
de mon pere ne font pas plus de preuves qu'elles ne font.
infailliblement exaétes. Et voilà précifément ce que je
pourrois répondre à chaque ligne du Libelle. En effet de
qui ne peut-o,n pas imprimer, comme de moi, qu'il eft
un MA TIN .EBOURIFFÉ , un FOL FURIEUX , IIll
HOMME FEROCE , & toutes les accumulations d 'épithetes que peut fournir la langue: car laquelle ID 'a-t-oH
é p argne' l_
10<;
,
f,
-
e là des faits? A-t-on eîpéré que Je erols
épargné ' Sont-~ h t ? Comment n'a - t - on pas vu qU,e
jugé fur les éplt e e s :ée avec tant de complaifance, Il
lettre pu b 1l ,
C
d ans c ette
,
{', . q ue la converfatloll de mon pere av.e
n'y aVOl t de ) ~u b
,fait qu'elle peut d'autant mOllls
Madame de ~Ira eau '"
rime la lettre qui nous la
nier, que c eft elle q,Ul t Imp as vu qu'il était au moins
tranfmet? Comment n a-, ,on lât au' ourd'hui ce qu'il eft
J
fort finguli,er qu'e~lell m °f!~ écrire autrefois? C 'eft ulle
qu e e a
1
ffi 1
PreCque éVident
,
celle de a pa IOn ,
étrange logIque que
1 a-t-on pu croire que je ne
A-~-on cru , ~r ~~~~:e ed~s dates qu'on interve~ti!Toit,
faurOls pas r é ta ~ élé
t s de Madame de Mtrabeau
ou que les défenles
gan e
femme defiroit encore de
feroient les feules lues.
77
Le 18 Oétobre 1
~aoit du moins; elle me l'écrime rejoindre; elle me c:lV
s la lettre où elle difoit
. 1
d
ême mOIs d an
VOlt e 14 u m
bles ' J'ai élé ji-appee de la paentr'autres chofes remarq~a 1 I;'ijle fitual ion ; perfonne n'a
Limce avU La'll:elle lU prent~ ;ans le malheur: ce qui veut
plus de force d efpr~l
M'ASSOMIEZ TOUS LES
dire éVldemment
DE LA COHABITATION. Elle
MPS
JOURS
' d'On.obre'
Je
, ' AU TE 1 25 du me. me mOIs
\..1
'
m'écnvOlt
ellcore
e
.
.
'
e' . ue J'e fiuis à tes ordres, &
, . d'
ml & ,e te l ep 1. q
1 at
lt, mOIl a
~.
dep
' 1alfa.
. ; l'C;., ,"irai où lU v oudras.
ft Je te
.
d
que u m omenl ; , 1 28 dans la lettre où elle voulolt ,
Elle me le rép toit e fi
é de l'homme qu'elle refufe
difoit-~Ile , ,baiJer, Le ,lle{&ron~i ar conféquent la battoit
de VOIr ,au)oùrd hUI ~
q de Novembre, elle me té.
tous les Jours a.utrefols, ~e 3 , & le 8 du même mois,
moignoit ~es ,memes fentlme~1S '& tendre où elle me dielle m'écnvOIt une lettre ~ale.
.
' . , fi che toi une
-t'
7' che de brider Ion tmaglll all on , 'lut e)"
{
fi01 , ~ a
l bouts comme
lame uJant fans ceffi Le jourre%u paie I~:~vi:~s que ~eux que
(In dit. , : . Quan~ aux reproc &s PROUVENT TA TEN;:
~u me fats font bien doux,
0
?
•
t.é
Vous
1
•
�d'êtr~O?omplice
DRESSE NON TON HUI06
CEMENT DE PREUVES~EfR • .Nouveau COMMEN.
des mauvais traitemens!
R ECRIT des févic es 8(
M~dame de Mirabeau di/fer d
' . .
elle sen excufe dans de 1 e e m éCrIre Jufqu'au 15 .
'
s ettres où 1'0
l
"
n trouve encore
c es mots : pour moi
, ,•
, mon "on aml
'
croyOlS
T '
Je t aVOlU ,9lle (iJ'e
r. ' 1 elre plus lIlile au Ch aleau- d'~f,
",
Jerou avec un grandplait:
' , ' ,fl~ lCI; Cutamemenl ce
L
':lU flue Je 1 y Jorndrois
A
e 22 novembre, nouvelle lettr
. .
preffions de jaloux . l'alTur
d~
qUi répond à des ex·
.,
ance
une tendr rr.
d eVOie JamaIs finir y eft é é é M
eue qUi ne
prétend que mon pm en / Pd~/: r;, adam~ de Mirabeau
prIe d' avoir encore un ').eu un lJpOJ e en ma J'la veur. EII e me
cher de moi par la crafnte ~~t~~~~e ~ ell~ refufe de fe rapro·
que tout le monde fait qu'elle el{
eolle me repréfente
Elle ~e protefte que fi je fuis malade alrIS par n,t0n ordre.
de ralfon , emprelTée â ve '
, Je a verraI, Comme
efpere que je me ~rvirai ~Ir me prodiguer fes foins. Elle
, r. ' J
J'
ans cette occaÎzo n ci
'1Z a JerVI aans lant d'aulres
&0
,'p'
u couraO'e Cjui
Ji pres du pOri. Même a/fe'aio~ue Je ~e forai pas na~frag~
celle du 24 novembre.
' lIleme tendrelTe dans
Ce fut vers ce tems u'ell
lui écrivois le même joq
~ ~eçut cette lettre que je
porté des fragmens 0 » 0ur ,
ont le I.ibellifte a rapt) gage, que le cœu; feJt p~~t :~~~~~endrai pa,s, un lan» le votre [ans retour
C'
e .. " J al perdu
l'.
• '"
e n eft pas t
• l'.'
» laute;• car fi J"ai pu l' a l"lener
out-a-laIt
ma
vous co
d
» vous a moi que j'ai b
'
,
nVlen rez de
) quérir.
eaucoup faIt pour le recon.
0
'
0
o
•
..
0
;ep'
0
pa~
qu'elle Ce donne l'air
'de la Cévérité
ternelle , & qu'elle ne fauroit jouer un tôle moins convenable. Je termine ma lettre par cette phrafe imprimée en
majufcules: » Si vous méconnoiffiez vos devoirs au point /ag'bSl\ &
) tle balancer, je regarderois votre indécifion comme u LI , e,
) une dilTolution de vos engagemen~ de femme, & vous
» ne ferez plus, je vous jure ,importunée de ma pré-,
» fence ni de mes lettres.
Je ne fais fi ce feroit par hafard, dans cette phrafe ,qu'on auroit cherché le vœu de la famille, le jugement
domeftique; lit je demanderois alors contre qui l'on croit
que ce jugement eft dirigé, & lequel des deux époux auroit droit d'en exciper.
Quoi qu'il en foit, telle eft donc la lettre fur laquelle
on s'eft écrié: Voilà L'empire que M. de Mirabeau, mime Pag.&\.
dans les jèrs, exerçoÎl con Ire fa femme; CET EMPIRE
INVISIBLE, qui rendoÏt toujours préfentes les /rifles images du paJJé, & 'lui étoit la fouree de mille craintes pour
l'avenir, doit donner aux arnes honnêtes &0 (enJi61es L'idée
du plus effrayanl defpollfme flui fût jamais.
Diroit-on que la lettre qui fournit au Libellifte une
déclamation fi violente , eft celle à laquelle Madame
de Mirabeau répondoit le premier décembre fuivant par
ces mots: que tous les Libelles & les EMPIRES INVISIBLES du monde ne détruiront pas: JE NE CRAINS
POINT DE M'EN REMETTRE A TON TRIBUNAL,
IL A TOUJOURS ÉTÉ JUSTE POUR MOI ? Eft - ce
le tribunal du defpote le plu5 propre à infpirer la terreur
que toujours on a trouvé jufte ? Si ma lettre avoit retracé les Irifles images du pafJé; fi elle avoit . infpiré des
craintes pour l'avenir ; Madame de Mirabeau auroit-elle
écrit qu'elle ne craignoit pas de s'en remettre à mon tri.
bunal que toujours elle avoit trouvé julle pour elle ?..... ~
C'ell le cri de fa confcience qui la renvoyoit ~ ce triJlunal! Madame de Mirabeau s'étoit jugée au {ien même
0
e'eft a~rès ce début que le Libellift
~ent mutIlé , & par conféquent 1 é e a co~fidérable
a prouver à Madame de M O bat ré , que Je cherche
~ant que le mien, l'appelle ~~a ~au que ~on intérêt, auJouter ce que °e lui avo'
pr ~ de mOi. Je crains d'aauroit dû fe ~re il ell IS. ta~t faIt pre~entir; ce qu'elle
e meme depUIS fi long . tems ;
o ij
•
86
�108
auq~el on n'échappe pas •. Elle Cavait trop bien fi j'avais
~roIt. ou tort ~e me plaindre; elle Cavait trop bien fi
) aVOIS reçu d elle tous les Cervices que j'en devais attendr~ , fi fa conduite était auffi convenable fes lettres
au.ffi Ingénues , fes difpofitions auffi finceres ~u'elle VoulaIt le faire croire ; fi j'étais injufte ou déraifonnable
d~ deGrer qu'elle fe rapprochât de moi. Si je lui eufi"e
faIt alors une véritable injufiice, fi mes reproches euŒ:nt
été la fuite d'un deCpotiCme effrayant, fans doute Madame de Mirabeau fe fùtlenfin foulevée : qu'avait-elle à redouter? J'étais dans les fers; elle avoit fu infpirer à mon
p~re les fenti~ens le~ plus favorables pour elle; le pere
cl une fille umque lUi donne rarement tort; l'indignation
de Madame de Mirabeau pouvoit donc éclater fans danger & fans contrainte. Et cependant elle s'en REMET
A MON TRIBUNAL qui fut toujours jufte pour elle
&. le 3 Ceptembre fuivant elle m'écrivoit que C'ETOrf
q.LE QUI SENTOIT LE PLUS VIVEMENT NOTRE
SEPARATION.
_, C~pe~d~nt, dts le 14 feptem.bre 1774, on prétend que
} av OIS ecrIt a Madame de MIrabeau: 1) vous êtes un
» ~onftre , vous avez montré mes !ettres à mon pere,
» Je ne veux pas vous perdre , & Je le devrois. Mais
» mon cœur faigne de facrifier ce qu'il a tant aimé.
» Mais je ne veux plus être. je ne ferai plus votre dupe.
JI T:aînez votre opprobre où vous voudrez. Portez plus
» lOIn que vous n'avez fait, s'il eft poffible , votre per- _
» .fide d~plicité». J'avais écrit cela; & fans doute il parOllra bien étrange aux letl:eurs attentifs qu'on n'offre
une teIle lettre que par extrait.
Mais enfin, plus de vingt lettres poftérieures à cette
date contiennent les proteftations les plu. tendres. Etoitce contraditl:ion ? Cette contraditl:on ferait bien étrange! Diffimulation ? Quel en étoit le motif, & pourquoi
les converfations de la belle - fille avec le beau - pere
10 9
étaient. elles fi diflërentes des lettres de l'époufe au
• ?
marI·
•
r
On a prétendu que ces expre~ons , 'Vous etu u~ monr
"'c étoient un outrage. MaIS Madame de Mlfabeau.
Ire, '" •
1
l'
.
avoit montré mes lettres à mon pere, ou e~ e ne aVOlt
pas fait. Dans le premier cas, un Jufte re{fent~:nent contre
la violation du Cecret bien plus coupable, sil. eft po~
ble ,. de la part d'une femme enver~ fon mar,l , ~uton
foit ces expreffions. Madame de .MIrabeau n aVOIt - ~~le
pas montré les lettres? Elle n'étaIt plus que celle ~ue } ~
'Vois tant aimée. Sans doute Madame de Mirabe~u le Ju~eOlt
ainG puiCque le z 5 janvier 177 5 elle croyolt devoIr engage: fa parole d'honneur pour fe laver du foupçon. Eh!
fi les reproches que de faux rapports, des mal-entendus f
des illulions même peuvent attirer à une femme de la
part de fon mari, ét.oiem des outrages, ?es moyens de
féparation; ne verrait-on pas autant de dIVorces que de
,.
mariages ?
On m'impute un outrage tout autrement fanglant .s Il
était réel Sc que j'au rois réCervé pour l'examen des faits,
fi l'on po~voit' regarder comme un fait ce qui n'eft qu'une
fimple allégation.
.
.
,
Pag. 1) da
On lit dans le Libelle:» dira-t-on toujours qu un pro- Libelle.
» jet de mariage avec une femme étrangere, découve~t
» dans des lettres interGeptées, & auquel on ne trouvOIt
» d'autre obftacle que la vie d'un vieillard otl:ogénaire,
» eft un fait étranger à la 1?ame de ,MÎ1?bea~? , ,
Et cette phraCe interrogatIve que Ion ImprIme a 1en. droit même où l'on a la prétention de SUPPRIMER
TOUTE RÉFLEXION; fans doute par un effort de mo·
dération héroïque; cette phrafe eft fondée fur ce fragment de lettre de mon pere du 9 feptembre 1779 .à M.
de Marignane: » il parvint jufgu'à moi. de~ lettres mter- Pag. 1<t.
» ceptées par la famille dont Il pourfutVolt la fil!e., &.
» dans laquelle j'ai trouvé un concours plus fUIVI. Je
•
�lIO
)) vis dans ces Iet~res que .ces miCérables fols ne parlent
)) que de le~r umon., qU'Ils Cemblent n'y voir d'autre
) ohHac1e qu un man de 75 ans, la minorité de la fern» me, &c.
C'eH . un bien, cr~el procédé que de mettre toujours la
calomme Cous .1 égide du refpefr que je dois à l'auteur
des lettres qUI fondent la calomnie. C'eH une at . é
t '
" ,
rocn
peu. - etre moule que d oppofer, que d'armer ainfi les
drOits de la nature contre les droits de la nature
.
. Tout cela eH d'auta~t plus perfide, d'autant pius hornble qu~ le commentaire que l'on a fait Cur cette lettre
eH détrUit par Con texte même.
le 'Vis dans ~es 'etlr~s 'lue ces miférables fo ls ne parlen t
9u~ de leu: un IOn , 9" Lis fomblen~ n y 'Voir d'autre objlacle
'lU <m man de . j!J ans, la mlnoru i de la f emme &c Et
cet fi '. détruit la fuppofition.
'
.
L~ lettre de mon pere ne dit pas que les lettres interceptees fulfent de moi. EUe ne dit pas qu'il ait découve~t dans l.es lettres un projet de mariage_, comme l'ofe tradUire le LIbelle. Elle dit : ils parIent de leur union . ils
fo;nblen~ ny 'Voi~, d'autre. objlacle que ••• &c. Ce qui' eH
bien dlff~rent: J ore meme dire, ce qui eH préci[ément
le contraire. Car fi dans un commerce de galanterie deux
amans regarde~t Comme un o6jlacle à leur -union des engageme?s refpe~bfs; cela prouve feulement qu'ils en [entent
le pOl.ds; ma!s non pas qu'ils le méconnoilfent.
MalS examInons le fait fuppofé, indépendamment de la
lettre. Et dans le Cens où le Libelle le rapporte fuppofons qu.e mon pere a véritablement découvert un proJ'et
d~ manage.
Je ?emand.e à quiconque n'eH pas dépourvu de bon
{ens, Je demande à quiconque n'a pas réfolu de prendre
t)0ur une pre~ve irréplicable cette formule commode
. ~ A DIT; Je demande à quiconque me lit fa ns avoi;
lure ma condamnation, s'il eil poffible de trouver
III
quelque vraiCemblance à ce projet prétendu connu pat
des lettres interceptées.
Quoi! un mari de 75 ans, la minorité d.e la fem~e
auroient été des ohftac1es ! Et Madame de Mirabeau n en
auroit pas été un ! On ne vouloit pas [e défaire du mari
(à quelles di[cuffions, à. quelles apol?gies le fa:t me
réfervoit ?) On ne voulolt pas [e d~fa l re du man., ?n
vouloit attendre fa mort natu relle , aInli que la maJonré
de la femme. On ne penfait do nc pas à Ce défaire de
Madame de Mirabeau ! Deux ~rimes n'auroient pas plus
coûté qu'un Ceul. On ne pouvoit avoir le projet de changer de religion pour fa ire le mariage ; & même alors,
ou le mari n'auroit pas été un obftacle , ou Madame de
Mirabeau ne l'aurait pas été moins qu e lui. Si l'on eût
voulu [e marier en pays étranger en Ce difant libres; il
était auffi airé à l'un qu'à l'autre de ceux qu'on [uppo[e
amans de diffimuler fon mariage; le mari de 75 ans
n'aurai~ donc pas été un obfiacIe dans la fuppofition du
Libellifie.
Mais enfin quelles étoient ces lettres interceptées par
la famille, & qui les avoit écrites 1 Ces lettres n'ont pas
été produites ~n J uftice ? . C~mment peut ~ on les .ap~ré
cier? Ceux qUi me pourfulvOlent, ceux qUl pourfUlvolent
ma co-accufée ne voulaient pas nous ménager. Ils ont
fait des recherches de touS les genres & dans tous les
pays du monde, & comment n'ont-il~ dé~ouvert aucuns
inJices de cette efpece? Il eft donc Infimment probable
que ces lettres intérceptées étaient des lettres faulfes qu'on
employ oit, nOI1 en Jufiice, parce que leur faulfeté y auroit été trop facilement déco uverte; mais auprès de mon
pere pour enflammer [a co lere, pour le rendre plus ardent à ma recherche; il faut renoncer à ra ifonner avec
les hommes, ou l'invrai[emblance & l'abfurdité du projet prétendu connu par les lettres interceptées , décélent
la faulfeté de ces lettres qui d'ailleurs ne font rien moins
que connues, rieu moins qu'avouées.
�112.
On a [emé les calomnies avec tant -de profufion dans
le Libelle, que je me vois entraîné dans d'inévitables
digreffions. Mais daignez me fuivre leEteur, &. croyez
que le fil ne m'échappera pas.
Dans quelles lettres de mon pere Madame de \tirabeau cherchera-t-elle encore des preuves des févices &.
des mauvais traitemens qu'elle a endurés ? Sera- ce dans
celle du 2 juillet 1778?
Madame de Mirabeau voulait demander une [éparation ; pourquoi ? A rai[oR de l'affaire de Pontarlier &. de
la Sentence qui me condamnait à avoir la tête tranchée.
Mon pere paroiiToit croire à la légitimité de cette caufe
de réparation. Mais alors les faits n'étoient rien moins
que fixés; &. c'eft en l'état où ils le [ont aujourd'hui qu'il
doit être jugé s'ils font ou ne font pas un moyen de
divorce.
Mon pere diiTuada Madame de Mirabeau de former
cette demande, &. lui dit : " la féparation de droit ne
" fera rien &. par la nature &. par fa propre défeEtuofité.
" Il s'agit de la féparation de fait; c'eft celle -là qu'il
" faut qui tienne: &. tout ce qui s'intéreiTe à vous, qui
" a droit de s'y intéreiTer, qui le doit, qui le veut, qui
" le voudra à mefure qu'on vous connoÎtra d:wantage,
" [erOM autant de partifans de la chofe, qui, vous [é" parée, diront : à qui do~c aujourd'hui peut - il faire
" du mal ? Chaque jour pouffe celui où l'on dira que
" la pénitence eft bien longue, fi l'on vous croit hors
" d'intérêt. Dans le cas contraire chacun s'employeroit
~, &. diroit : cette pauvre femme, que va-t-elle devenir?
" Et enfin en fuppofant que je vienne à manquer avant
" le complément de mes mefures, qu'on devroit pour" tant commencer à s'appercevoir que j'embrniTe &. même
" de loin jufqu'au bout; dans ce cas, dis-je, tout feroit
" pour vous &. votre enfant. Elle a foigné fan pere &.
" fon beau-pere, il faut la garantir de ce furieux; &.
" l'on
113
,.... l' n ferait certainement vos conditions alors, &. to uS
,0 l' I1t~reiTeroient: au lieu qu'avec les mefures eftro"" spiées
y qu'on vous confeJlle
. aUJour
' d'h UI,
' patemmenht•.dé favouées par tous les miens, au cas ~ue v~us n,e atlez
" pas de mon tems fa fortie, ce feraIt bataIlle a la fi?,
" Et Dieu fait ce que feroit l'efcadron de vos confells
" contre l'aud<lce &. l'impofture, &.C.
" Réfumons &. fimplifions, il étoit de l'intérê~ d.e Madame de Mirabeau de n'être pas féparée , difOlt mon
pere. 1° . Parce que la féparation de ,.droit ~bt~nue' par
défaut ne vaudrait rien. zO. Parce qu Il fa li olt s occuper
à faire maintenir la féparation de. fait '. c'eft·à-dire, celle
que ma détention opéroit. Or, a JoutaIt ?lon ~ere , vous
féparée, on dira qu'il .ne peut être nuifible. a perfonne
de mettre mon fils en lIberté; au cas contralCe , • chac~n
s'employera pour votre intérêt à reiTerrer fes chal~es; Je
prends même des mefures pour ~ue ce.tte féparatlon de
fait opérée par la détention, fOIt ma1l1tenue al?rès ma
mort· fi je venois à manquer avant de les avoIr comFleté:s, -tout le mon~e fer?it pour vous &. l'on fer.oit
vos conditions' au lIeu qu en demandant la féparatlon
aujourd'hui, v~us hâteriez peut· être l:élargi{f~men.t de
mon fils de mon vivant, ou vous aunez bataIlle a ma
mort.. " Cela eft clair aiTurément:
.,.
Refie à favoir fi ces mots : à qUl donc aUJourd hw peul-
"
'il faire du mal? : • •. Cette pauvre femme que va-t-e!l~ devenir? • • •• Il faut la garantIT de ce fUfieux '. ne figlllfi~nt
pas qu'il fallait garantir Madame de Mlra~eau d un
homme qui l'avait maltraitée? Je réponds hardIment que
non; &. je .le prouve invinciblement.
En effét cette lettre du z juillet 1778, ainfi que les
(Jeux autres relatives au projet de féparation , eft poft~
t"ieure à la lettre du 9 feptembre 1776 ou mon pere d.lfait: » routes ces chofes réunies à l'avis de quelques dlCl> cours analogues à ceux qui vous font parvenus, me
p
,
�114
Ils
» firent ct'aill d re que ma b Ile· fille ne fM en péril 0ll
)) n 'y pût être un jour. . .. Si Madame votre fille f~
» croit expofée en Provence, je lui offrirai Comme à
» un enfant chéri un afyle où l'on ne viendra pas fftre~
» ment la chercher à préfent.
Elle eft poftérieure à la lettre du 29 mars 1777. 1) J'ai
» encore quelques petites chofes à faire maintenant,:
» 1° . • • • • zo. avifer & pourvoir finalement à ma pro~
) pre. sûreté & à la vôtre, & à celle de votre enfant.
Elle eft pofiérieure à la lettre du 19 avril fuivant:
» Vous avez confenti qu'une moitié des frais indifpenfa.
» bles faits & à faire pour parvenir à nous mettre un~
» fo is pour toutes & fin alement en sûreté, tous & fur1) to ut M adame votre fille qui eft horriblement menacée
» dans des lettres interc~ p tées , & à l'avenir nQ~re petit-.
» fils ; fut prire de ces fonds-là ,
Elle eft poftérieure à IF! lettre qu 5 f~ptelUbre 1777.
) Il n'y a plu~ d'lns le fait d'autre . t;xpéditiQn à f~ir~
)) que d'eoleY.er [a prQpre femme, pour s'en fair~ lm
1) otage ~ tirer par elle le parti q~'il pourra d~
os
1) biens.
AinÎ! lorfque clans c~tt~ leH~t: St autres poftérieun;s 4
l'affaire d~ ' Pootilr1ier, Illon p~l'e P'lrle dy. 111al q4~ j\l
puis faire à Madame d~ l\1irgb~qu, de lé! nécelfr;.é d\l
garantir d'un furieuK, la si(raé -" la djg'1ùé ~ le repos de [a
belle-fille; cela [e rapporte Ilnique.l\1el1t aux hruits qui
avaient couru que je voulois l'enlever pour I1]e faire
d'elle un otage; 8}. ne fauroit qlA'être fort étra.nger aux
mauvais tri.\.iterneQs pendéVlt ta çohahiti.\.tio{l dont Madam~
de Mirabeau [e plaint pOlJ( la pretp~re foj~.
En 1779 elle demandoit ma. liberté; ~. mem pere lui
écrivoit Le Z2 juin: /es plqs grane/es bajJeffi~ font vis-a-vis
dt: vous; voqs en pouve{ juger mieuJf cJ.!/un autre : celéJ
~gnifieroit - il que je l'ai maltraitée pendant la cohabita.
llon ~ Et remarquez que ceUe phra(e oe yient: qu'aprè$
.
.
.
fi votre man. avOI°t l'ame baffe, il éCrtrOit
d ·t.
"celle-Cl :)) l
'..
&. tout ce qu'on vou rOI ,
. . &.
es de contndOn
lJ douze pag.
•
. . n Il a tout le contralr~, .
» cela ne lÛI cout~Olt n'~l'a faites font pures fortes . ~
r
c
. ~
par le
» H)utes les baffellesl' qu
~ 't autant- que 16ugueu es
folies gauches par e pn
0
»
.
J
J
» fang.
' MW
rès la pnrafé qui éon7ern~
Rema'rquez .eneore 'i~ aF: ure: ))0 s'il é oit contrIt J Il
Madam'e de MlraJ.)eau, II .aJo.
. t &. ferait mort dans
" .
lus n'écnrOit pOlO
re
l) en petllerolt p . ' é
dans l ' opinion de mon pe
J)
peu ((: Oh ! je le r !;;~' "avois fait non des baffeffe~
je n'avOlS p~s 1ame :uché:i~ d'efprit &. fougu.e d~ fang,
mais de~ foltes par g
if,
hl pour mOUflr de honte
j'avoiS même le ~œur a e:6~~oiSe m'es fautes. Mon per.e.
;iu moment où ): d :ec~?
1 omme qu'il aur"ùit" fu aVOir
auroit-il eu cette 1 ee
udn 1 ) de brutalité que La plus
emme es exces
•
oommis envers f a f .
d'
1l omme que ces exces au·
vile popuLace défavoua~ll; [un
plus bas' &. le plùs lâche
le
roient démontré ~e P us V1 ' .
en p'arIa'nt de mes baf
·rels 7 Mon pere
. \. ,
e
1
de touS es mOl
.
1 ~ elles dans l'on le JOme n
ferres envers ma femme, ~tq~l1tendre des févices &. de
font que des foLteS, ne. pe . t été de vrais aaes de
mauvais traitem;ns ~1Il Ifu~~len arle que de l'affair~ d.e
l>afft:ffe &. de laèhet. M d P de Mirabeau parOlffolt
. d
laquelle
a ame
fi
llontarher ans
.
ft~' de ma famille, 1 cepeneffeEtivement la pl.us 0, en. ee s lus ue digne de pardant une telle affaire n.étolt ~~Là .gPnoit ~e ma femme lorf'r
j ce ma/eUTe me 1
don, pUllque. or
., J •
u cdle d'un autre.
.
qu'on fuppofOlt que J aVOls e
oint encore les mauvais
Cette lettre ne prouve d onC p
j '
o
•
•
traitemens.
'b
80 mon pere fe rend
Dans celle du la decem re dl? t'. il en inftruit M. de
aux témoignages de mon am~n em:n ;veTci de cout ce qui
Mari gnane, croy ant devo&IT le u~:elé de Madame fa fille.
{.
j an repos
a su
éd
J' eul I mp [(lue:
è l"
des lettres prée entes,
SA SURETE ! Apr s examen
P ij
-
�'rr6
P.1g. 6 r
Libelle,
nous ravons à quel genre de péril ce mot fe rapporte}
Dafls une lettre de l'année 1781, de laquelle on ne nou~
apprend pas la date (1), mon pere confeille à fa belle.
fille une réunion. Il calcule les rifques; le premier le'
f~ul qui p~iffe avoir quelqu~ rapport au point que J'agIte , eft aInfi défigné: un Jo l de;a eonnu; & fur cela il
écrit à Madame de Mirabeau:» il faut que vous vous
» mettiez en tête que ceux qui ont penfé à la délivrancc
» d'Honoré ...... n'avoient d'idée principale que de
» perpétuer la race d'un pauvre homme qu'ils voyoient
» fi pauvrement paternel. Ils fe difoient; la pauvre
» femme n'a rien à craindre; car s'il eft toujours crane,
» elle n'en fera que plus honorée & mieux garantie à ia~
» mais; tout le monde s'armera pour elle
& elle fera
» feule à la tête de la maifon.»
,
Le péril dont 11 eft ici queftion efi celui auquel ma
fe~me pou,voit être expofée. de la part d'un CRANE;
èpIthete qUI ne défiglle .certaInement pas un mari qui a
battu fa femme. Pe[ez bIen ce qui [uit: » La cohabi.
» t~tion n~ cancelle ~oint du tout la réparation des
» biens qUI eft néceffalre, qui efi faite, qui vous rend
» maîtrelTe; &. quant à l'autre, dans le cas préfent ,
» vous ne l'obtiendrez pas là bas; il faut l'adulterium ÙI
» domo, dans la mai[on. Il diroit que quand il eut la
» f~~m; ~'autrui, force majeure le féparoit de la fienne.
» S Il ~tOlt [age vous ne l'attendriez pas
& s'il étoit
» fau, vous n'en auriez pas la peine; ca: voyant qu'il
du
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - -_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ J
( 1) Ddt tannE. 17 8 [, 0- "pril que ta Dame de M irabeall avoit eu
le m.lI"e"r de padr. (on filI; [elle dt l'expreŒon caplieu re du Li.
belle qui voudrait cacher all Leéleur, no n inlhuir des dares , qu e j'érois
"bre alors " &
ma il fils élOi! mon plu. de di x.huir mois a upara.
v~nr : Le L,belle aJo ure : M, de Mir.lbe'''1 pen payoifoit cenfriller fm~
""n'on L'tde' d
" , tl. d
'
• ' ' . , e" C. c~[te reun ton Il eu OllC pas moderne , & !'epreuvq
11 a pJS cie preCtpllee,
qu~
tI7
ne pourrait toucher aux biens; il auroit bient6t faie
» une pointe.
Et voilà le péril que dans l'idée de, mon pe~e ,vo,uç
. a' craindre d'un fol d'un crane. C eft le pénl a 1a~,
aViez
b
" fil'
hri duquel vous met la '
réparation
de'lens.. S' 1L :IOU
0 ,
ajoute·t.il; & de quelle folie? De celle qUl a~Olt d~ter:
miné la premiere lettre de, cachet; de la dl~pa:lOn ,
de cette folie dont le fol lUI-m ême vous !Jaranllrou ~ ,tt ejl
1)
toujours Jol, en prenant le parti,de vous laijJèr, lorfrlu d verroù qu'il ne peut toucher aux buns..
,
Mon pere penfoit fi peu que Je f~~e coupa?le ,de fe& de mauvais traÎtemens , qu Il ne Crol~ pas q~e
fa belle-fille ait aucune caufe légitime d~ féparat.lOn, p~tC
qu'il n'en voit pas d'autre que. c~lle qUI r~fultolt de ~ affaire de Pontarlier, non exammee. Or, 1 adultere meme
qu'on fuppofoit alors ; cet adul~er~ n'étant .pas zn domo,
n'efi pas à fon avis (& c'efi auffi 1aVIs des Junfconfultes (1)
une caufe légitime de féparation.
,
Je prie qu'on faiTe attention à ce que mon pere ajoute
fur le deur de Madame de Mirabeau de demeurer auprès
CI
, lUl-meme,
"
de M. de Marignane. IZonore
'lUI' er,Il- fiac1/.~ comme
, t
Pag, 6. dll
Libelle.
vice~
une Catin fur. tout aux beLLu lmagmatlons, fenttrol.l la ;ze- :
ceffité 'lue vous fuffie{ aux devoirs de fille. Et le ~lbelhfte ·
perfuadera que mon pere ne p.ouv?it ~lors [~, d,lffinlUler
que le fils [ur lequel il s'expnmOlt amfi, s etou Jau un
'eu barbare de commeure envers fa Jemme du excès de bm.,
ltalùé que la p lus vile populace défauoueroù!
Voyez cependant le parti b;illant que ti,re, de c~tte
lettre l'Auteur du Libelle On s app erçolt, dit-Il, 'lu elle
motivoit le proja d'une réunion p ar du raifons 'lUI ~e pou~
voient que co nfirmer M adame de Mirabea u dans , la ré{olutlon
d'être f ép arù . Cette phrafe eft abColument vUlde de fens,
( tl Voyez la C on (u!larion.
,
Pa !;. 6,.
�I18
oa, erre dit précitement que mon rae I!Jl une blft , ( 'ce
qUI ne m'a pas paru l'opinion univerfelle) puifqu'on fuppofe ~~e pour p:'! r(uader , il a la mal-adre[[e de dire tout
ce qu Il faut pour di[[uader.
L~ D a.me de Mira beau n'avoùpas ouhlié J 'ailleurs,. ajoute
le Llbelhfte, ce <JUI! M. de Mirabeau pere lui écrivait li la
d~te du 2 Septellfbre r7 77 ; & il rapporte cette lettr\." .
~Infi .qu'une autre du Bailli de Mirabean, mon oncle, otl
Je prIe qu'on cherçhe uae expreffion qui, même détournée, indique un mauvais traitement.
~
Et parce que la colere d'un pere mécontem, ulcéré
parce que, fa colere ~ui ?'~fl jamais. mefurée dans [es pa~
Toles, qUI fe nourm d hlperboles, & qui dans le fik
dont J'inconduite l'excita , vit toujours le dernier des
h<>mmes; parce que fa colere a laiffé couler ces imprudentes paroles: M ounr en un champ de bataille n'e fJ
du
r.
,r.'
'1"
j" pas
to.ut .la fm,u ; 1 n aime pas la bataille, & il
en
a pomt, ajoute mon pere,. quoique le globe entier fût
-wors en guerre. Parce que mon pere a écrit ces paroles
la femme qui m 'écrivait autrefois, rapportant un propos d~
mon pere : ON NE SOUI!ÇONNERA PAS PLUS,
MON FILS QUE MOI - MEME D 'UNE LACHETÉ
D~NS LES PAYS OU IL EST CONNU, (r) fait impnmer ces paroles:- IL ( [on mari) N' AIME PAS LA
BA,TAI~LE •.•. " Je ne [ili~ pas répondre dans un MémOIre a une p,lautude fi vile; mais je fuis fâché que
~adame de ,MIrabeau fe [oit expofée à faire dire d'un
çoté au pubItc ~ elle. veut que Jon mari fe coupe la gorge,
<r
(1) .. Quant à l'affaiee de • Of.. on la re""' rde ic'
.
M
b-au pere ' di
",.
1 comme n en,
on
rnda
t en peo ples rerme~ que 'l uiconq ue te cOllnoiffoi r •
»
a mem e 1t 'lue dans les Pays où ru a vais pafTé, ail Ile re (ou ~
çonllerOlr. pas phi, que lui-m ême d'une l<1cheté, " (Lerere de Ml'.tlamc de Mitabeau du G SeL'temble 1 t74,-
" il - ,
'i
119
parce ,!u'enfin ce jw de hafard a hien dts clzances; Be de
l'autre aux leéteurs les plus tolérans : , mais. la poltronen~
d'ul! mari ne feroù pas une caufe de Jeparauon. Quel eIl
donc le motif de cette injure ~
.
Aucune des lettres de mon pere ne prouve de mauvaIS
traitemens . & c'étoit le feul des moyens de Madame de
Mirabeau ~ui ne fût pas fondé fur des f~its .connus. Les
imputations de mauvais pere, de mauvais citoyen Be de
fujet dangereux, font fondées fur des dettes, .fu.r des procédures & fur l'accufation ifolée d'un Cantllller. Cet~e
difcuffio~ appartient à l'examen des faits qui va r~mpltr
la troifieme partie; mais les dettes Be les procedures
étQient connues indépendamment des lettres de mon pere,
& l'étaient mieux que par elles; puifque ces lettres ~on.
dées fur des rapports, ne renferment que des allég;'ltlon,;
auxquelles on ne [aurait s'arrêter quanti elles on~ paiTe
au creufet d'une information légale, Be qu'elles n ont pli
y réfifl:er. Inutilement donc Madame de Mirabeau a fra.duit les lettres de fon beau'pere. Son unique but. et?lt
de me déshonorer ( r) ou de me force,r à la. crOire .111digne de moi.. Mais on ne lui a pas faIt [eRur combIen.
(,) Il dl évident 'lu'on â voulu ~ufIi f~ire illju re à mon pete , n~)ll
feu lement en me déshonorant par lUI, malS ell dfayant de fal re croire
que (es hyperboles n'~taient pas .produ~res par. la {eule colere. ~,elle
peut êrre l'intenrion d e ceux qUI 01\[ ,~ mp,n:ne les fragmw.' (ul van~.
Lillon de faire (oupçon ner un mouf Q 1I1Iere r dOIl' tls av,OIent be,rolft
pour colorer Ulle im~urarion .moce? " Mes ~mls même n Ont cdfe de
me d,' re que ,· '.!lOlS m'en",."er dans Ilne depenre elfroyabl e, comme
. 'bl e pour
"" elle le rera en effet, & "purement
"
. illutile , &: même nUlh
moi . qu e mOIl il1térêt était que le rnirér",b!e fè fîc fon (oct par
"
,
r
.
quelqlle crime qui le ballnÎt d,u Royallm e , , .. , Les lememens .q oe
" je dois à vOire fille, ceux que je me dois à moi-mê me me décltle: rent "- .... ' Je ne crus pas devoir répéter des ouvertures qUI .m'a ..
" voient mal ~éu!Ii ; je pris donc mon pani d e moi-même, au fi rq oc
1
�t1.1
Iza
c~tte produLtion était mal adroite. Elle l'eft infiniment '
~,' parce que cette produétion inutile décéle le befoi'
emp oyer les lettres de mon pere ou comme mic [n
cope ou comme verre à facettes, afin qu'au travers r~ v~:re m:s torts réel: infiniment plus grands & plus multi~
plies. 2 • Parce ~u elles ,donnent à pen fer que la colere
dhe mon pere étolt en tres-grande partie l'ouvrage de r
e lle-fille.
la
• N'import~ , on a eu le plaifir barbare de m'ôter les
~lu{jons q~1 me faifoient écarter Madame de Mirabeau
fûe cet,.odleux procès .. On m'a calomnié; & l'on eft bien
r qu il en reftera toujours du moins la trace. L'enfer a
dès
'" de m'écruCer {eul. •• '. . •. Déran '
,
.
>, je lutterai ju{qu'au bour
our m;: ~ar ~es depen~es , )e lutte &
" aidé. Si Madame' votre iiU p /ë
.
eV?lr , 'lue Je {015 (eul ou
" vous avez con{enti & ro eor.e cr~1[ expo:e.e, en Provence ... &c ••.•
" faits & à fair
pp . e qu une l11ol[le de frais indifpen{abb
), finalement en e(!r~~; p~~::n~ à{jnous m~med une fois pour routes
" horriblement
"
ur-tour Mu ame votre fille qui el!
fonds là
~en~cee. dans . des lettres interceptées, fûr priee de ces
:: fille & n;r~~ co~~~~ler e~~m~1 n'~~ol[ pou; objer que Madame vorre
" intérêts & la fûreré de Lad s. al Pfi"ye, &c ..... .Or quand les
., par des liens du devoi'
. a~e. vo.tre Ile ne me {erOient pas {acrés
.
r , Je n al nt le ca:
. l ' C' d
" llIere à être inr.enfibl
. . r.
ur nt a tere calle e ma•
U
1 e 111 a les malh
. à Cc b
.
" nI à l'amitié qu'elle m'
, . , eurs.' 111
es onnes quahu:s,
.
a temolgnee. Voilà M fi
.
" motif. Vous avez rro d . Il
, . ' on leur, mOIl ulllque
>, qu'à cela près je n'aut. e JU e~e d!{pm pour ne pas concevoir
" de mes peines à eer é;lSd en ~el pe~e. que le prompr dénouemenr
a ~e atlon de mes dépenCes; que
" les unes cefferoienr du ar,
.
moment que Je l'a u '
l' hé
1
" aurOient un terme bien
l'
l ' rOIS re ac ,que es autres
n
" Si 1'011 ne me tienr a pro~ lam
e lr~r,.nt à {es propres folies .. .
s
" rainement J'e le l' che P . mIeux es .prerrlreres paroles données, cera rat, almanr mle
" 1 te C
/ë
. ' conque que de nour .
'd
ux qu 1 le caLfe on {orr quelr
.
flr aupres e m .
/lé
.
" ramtlle. " Le re'rain de t
d ~t mon
au & CelUI de ma
l'
1>- LA DEr!/{S!. Voilà
'outes ces olelln~es n' .fi. '1 pas: CONTl\IBVE 1.
ce qu on a yQulu fal{e dire au public!
&
t
".-t
'd ès long-tems révélé ce [ecret. On m'a calomnié ; St j'ai
tté obligé de defcendre à de dégoûtantes jufiifications.
Les calomniateurs goôtent un plaifir infernal en entendant
mes plaintes; elles leur an nocent que le poignard qu'ils
ont afilé , a fait de vives & profondes bleffur< s : mais.
auffi les honnêtes gens attendoient avec quelque impatience ma reponCe. Et s'il eft trop vrai que la jufiice
qu'on éprouve ne confole pas de la pitié qu'on effuye,
il ne l'eft pas moins que l'efpoir de les intereŒer ne me..
laiffe pas fans confolation.
Cependant voilà 120 pages d'écrites; voilà 120 pages de
confumées dans le polémique le plus trifie, le plus cruel;
& je n'ai pas encore dit un mot du procès. Car qu'eft.ce
que le vœu des Loix, de la J urifprudence, & des Auteurs fur la violation du fecret & des lettres? Qu'dl-ce..
que des difcuffions fafiidieufes fur l'exifience ou la non
exifience d'un jugement domefiique, dans une caufe en.
f-éparation portée devant les Tribunaux?
Je n'ai pas encore dit un mot du procès ;, mais ce.
n'eft pas ma faute. Une ligne calomnie; cent pages ne.
jufiifient pas. Je n'avois point de procès: & pour foutenir celui qu'on avoit rHolu de me faire, il falloit bien .
m'entraîner dans des difgreffions étrangeres à la vraie
quefiion de la caufe, il falloit s'efforcer de m'abymer:
dans la fange, pour que je n'ofaffe plus me montrer.
JE LE REDUIRAI AU DESESPOIR. On dit que.
ces mots font fortis d'une bouche qui avoit juré de
me rendre heureux; d'une bouchl: que la natu re n'avoit .
pas douée d'une mélodie touchante pour parler le langage des furies. JE LE REDUIRAI AU DESESPOIR . .
Hélas! elle a bien raifon. Le défefpoir d'avoir été fi .
c~uellement trompé par l'objet d'une de mes plus. vives,
affeaions , ce défefpoir efi dans mon cœur. Mais auroi.t ~lle efpéré ~~ me E,0utrer i for,e d'outrages au d.éfefp0lL:
.
~
•
TR0 1SH MB
PAi.T1E..
�1"2.2.
du. déc?urageft1:nt.? Elle (e [eroit étrangement trompée. Je
pUIS ?rJ[e~, mais. Je ne [aurois plier... . • Marchons au
~evOir ; il eft bien amer ; mais la nature ne donna a.
1 hom me une forte poitrine que pour lutter COntre le
s
flots de l'adverfité.
.
<In ne niera pas qu'elle ne m'ait cruellement affailli.
Emalt du mais on a/Ture que J'e l'ai plus que mérité Q . li"
,
l .bdle.
Ife 7
.
.
•
UI Uls'Je en
rag 95 du e t . quel eft 1 homme qUI vient réclamer les égards,
l .bdle.
)} le, m.:n.agemens, les convenances? C'eft celui qui n'a
. » pas cramt de compromettre [on propre honneur 8{
1) d'attenter.à celui de [a femme .... Il s'eft permis L'ou.
)} trage, & Il v~udroit interdire la plainte •• .•.• Quoi!
)} fa femme ~erOit affreufement réd uite à plier en file nce
)) fous le pOids d~. malheur, fous le joug de l'oppreffion
1) & d,e la tyrannie! ..... QUELLE MONSTRUEUSE
» PRETENTIO N !
Pag . 9 8•
H Que peut ~ on efpérer. d'un homme qui ne fai t pas
)} re~peéter la Julle fenfibdité des per[onnes qu 'il a pu» blI~uem:nt offenfées par [es ex ces & [es [candales l
)} QUI croit en zmpofer par [es jac7ancu à ceux qu'il' n'a
» que trop 10ng.te?lpS allarmé par [es égaremens ; & qui
» peut pen[er que 1 aUlorué confacrera des démarches que
» L'honneur & la loi défavouent ? •••
l'.g. n.
» L'ACTION QU'IL OSE PORTER EN JUSTfCE
)} DEVIENT ELLE-MEME, PAR LE CONCOURS DE
» TOUTES LES CIRCONSTANCES, LE PLUS CRUEL.
)} OUTRAGE ET LA PLUS CRIANTE PERFIDIE
» Cet~e ~étion eft formée par un homme qui cr;ic
» pouvoir s ar;ner d,e toute .l'autorùé de la Loi lorfqu!il
» ne pe~t e[perer d en obtenir la confiance . qui commande
» 10rliqu'll
. le
r
L'.'
,.
, d e~rOlt
Laire
p,arddnner; qui' pou'rfuit ceux
» qu n aurOlt da que fléchlr; qui' ore invoquer la foi
» ~onJ~gale après l'avoir fi indignement trahie, & qui
1) 1mai?lne de !édam!:r des droits a~'ânt que d'avoir' fait
» oublzer [es défordru.
I!
)
)
»
»
I2J
contre qui l'anion eft-elle dirigée ? ) Contre un~
épou[e à qui le même homme DOIT SA LIBERTE
ET MEME SON EXISTENCE ; contre une épou[e
payée de fes facrifices & de [es bienfaits par l'ingratitude, par les manquemens de parole, par la perfidie, par le [candale d'ul1e inftance forcée en fépara-
Et
»
}) tion ..••
»
»
»
»
»
)'
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
Il
» Les Mémoires de cet homme ne re[pirent que la
dureté, la méchanceté, le de[poti[me •.•. Le public y
a reconnu l'homme finge, l'homme loup, l'homme
renard. Tout lui eft égal; rien ne lui coûte.
» Combien de faits, combjen d'intrigues, combien de
manœuvres ont déja vérifié tout cela ? ••• Madame
de Mirabeau propofe pour moyens de réparation la
vie entiere de fon mari.
" Mauvais fils, mauvais époux, mauvais pere, mauvais citoyen, [ujet dangereux,
» MA UVAIS FILS. . . .
» MAUVAIS ÉPOUX . . . .
» MAUVAIS PERE . .. .
) MAUVAIS CITOYEN ET SUJET DANGEREUX...
n Voilà l'homme. .. Voilà l'homme ... Voilà l'homme . ... PERSÉCUTEUR . ... TyRAN .... DIFFAMATEUR., . • ATTENTATEUR ... , AUDACIEUX ....
OPPRESSEUR., .. DÉRÉGLÉ ...• FLÉTRI. .•. INFAME.... FÉROCE ....
» Ses droits! Et quels droits peut donc avoir celui qui
n'a jamais connu de devoirs; qui s'eft joué de l'honneur, de la bonne foi, de la vertu; qui n'a refpeél:é
ni les liens de convention ni ceux du fang & de la
nature ; & dont le caraél:ere fi connu & tant de fois
éprouvé.... s'ea fait un jeu d'attenter à l'honneur
de fa femme, DE PROFANER PAR DES CRIMES
LA SAINTETÉ DU MARIAGE, de violer la foi
conjugale. tous les devoirs & tous les engagemens! ... ,
Qij
Pag. 100 du
Lib, lle•
Pag.
1 01.
Pag.
1 0!...
Pag.
100..
�124
» VOILA L'HOMME . . . VOILA L'HOMME. ' : ~
l> VOILA L'HO~D1E ... .
En dl-ce affez, Leél:eur! Et m'avez - vous bien re.
connu ?
RHumons, s'il eft poilible, cet odieux pathos ces
infam es hyperboles; & voyons quels [ont les moye~s de
répa ration allégués par Madame de Mirabeau. '
P g. 1 du
I D. SÉVICES ET MAUVAIS TRAITE MENS dont
L;boUe
l'impreilion a été li douloureure, qu'à 200 lieues de moi
Madame de Mirabeau m'écrivoit comme une maÎtreife
écrit à [on amant, m'écrivait ainli, dis-je, dans un te ms
depuis lequel elle ne m'a pas revu.
Pag. 1" dit
2
DIFFAMATIONS HORRIBLES. Et certes on ne
Lib,lIc ~ p4peut
nier
qu'il n'yen ait dans cette caure & du genre
lJm .
le plus horrible en effet. Mais c'eft moi qui ai diffamé
Madame de Mirabeau; & c'eft ce qu'on ne [avoit peut.
être pas,
30. ADULTERE PUBLIC ( & pour qu'on n'en doute
pas on nomme en toutes lettres ma complice) ADULTERE PUBLIC ET SCANDALEUX (car tous les adulteres publics ne [ont pas [candaleux) & pour lequel j'ai
été condamné. Soit montré à ma Sentence d'ab[olution.
F.g. '5.
4 PROJET D'ENLEVER MA FEMME pendant mon
commerce adultere; & ce projet eft évidemment prouvé,
car mon oncle a écrit qu'on l'avoit averti que j'avois ce
projet; & c'eft à Aix qu'on l'en a averti. On auroit pu
ajouter que mon frere en avoit écrit tout autant [ur un
.O N DIT (1). Mais ce frere là eft un mauvais plaiCant
0
,
0
•
(1 ) Que veut-on que je réponde de plus à une allégation auffi vague que celle qu'on trouve pag. 1$ du Libelle exprimée ainli, u Ceu pendalH M. le Comte de Mirabeau cOlllinuoit (es cour(es ; & dans
" le moment olt la Dame de M, ." , élOi, fous (on empire , il avait
., formé le projet d'enlever Madame de Mirabeau die. même. Celle-cl
12 5
qui [e bat comme un b cuta 1 avec 1es en neln 1Os du. Roi :
.il ne faut point le mettre en cauCe. Pour n 0 1 QU I f' J.g: , ~
N'AIME POINT LA BATAILLE, il n'y a pas le plus t .bdl. ,
petit danger,
.
50. JE SUIS FLÉTRI P AR DES DETT~S; car pmais un homme d'honneur n'eut de dl;!ttes; Je vous en
attene tOIlS; PAR DES LETTRES DE CAC!lET; car
quic onque a reçu dt!s lettres de cache~ eft FLETRI. ,Demandez plutôt aux héros de la maglllrature : par D~S
DECRETS; &. v ous voyez bien que tout décret ~~tn~;
par DES PROCEDURES; , ca.r vous [~vez tous qu Il n ~
eut jamais de pro Ct dures cnmtnelles pnCes contre les hon
nêtes gens (1) : par des SENTENCES INFAMANTES;
Eh quoi de plus infamant qu'une Sentence prononcée [u~
un délit qui dans nos mœurs n'eft point infame ? QUOI
de plus infamant qu'une Sentence [uivie d'un Jugement
contradiél:oire rendue par le même Tribunal,?
60. Enfin (car véritablement il faut finir, Cauf ,aux
points à y [uppléer) la réparation qu'on demande a ~a
J uftice a été ordonnée par le J ugement de~ deux ~am!I
les qui' n'eurent jamais rien à juge~; & qUI ont ~alt des
-çonventions diamétralement contralre& à celles qu attefte
Madame de Mirabeau.
Cil
fu; avertie par des avis [ecrets & nOI1 [urpeéh, confirmés par
"" les craintes annoncées dans les lemes de M. de M'Ira beau pe,: " •
Il faut que les His aient paru bien [u(peél:s, ~ c~. (OU~9on bIen fr1v~le
aux con(eils de Madame de Mirabe.l.u, pUl(qU Ils Il IndIquent qu en
pa(fant un faie qui de,oit avoir lant de poids dans [on (yflême, Au
rdle voyez ce que j'cn ai di, page
,>
'
(1) Voyez ci-aptès [ur l'aff~irc, d,e Pontarlle~ 1a nec~o(>e ,el311ve l
un homme qui a obtenu & men te 1dhmc ,publique. & 1un des pre:miers arades militaires & que M, de 1aognane & Madame de MIrabeau "doivent plus qu~ IOUS aut,es trou ver re(peél:able, Il e(fuya une
-procédure du même genre que la mienne & ce([aillement plus glav.e,
~ 'J
�R fi .
1 z6
e plroils Sc répondons.
Quelles preuves adminiftre
quelles efpeces de griefs réfu1t~~~o~s des vos griefs, lX.
Quelles preuves 7 les 1 tt
d c:- vos preuves?
cr'
dl'
e res e mon per
' ft
Iyme e es avoir produites' je l'ai dé
e,: ce un
ous les produifez comm e ' é
.
montre.
me~ique, ou comme reuve d tabh!fant I~ jugement dole Jugement & qui dPo'
es grIefs qUI ont déterminé
Si,'
Ivent vous obt . 1 li'
c eft uni quement Comme é
. el1lr a eparation.
mefl:!qlle; la produétion efl: inu:i~bh~nt le )ugement do.
meLhque eft un rêve
u·
,
e..
otre Jugement doq
de la réalité' la feule c 1 n ~ut Jamais -l'ombre même
fà'
,
onventlOlJ domefl:i u
.
,Ir. crouler en entier votre f
'
, q e qUI exifl:e,
d ailleurs il n'dl: pas de rinci :~e~e. ~ cet égard; &
t~le que celui qui n'adm~t paflej~~IClalr~ plus incontefmeme volontaires.
eparatlOns convenues ,
Si vous préfentez les lettres de
,~~euves de griefs; ou elles en érabliff:~~,'pere comme
es ne rappOTtent que ceux
- li
Inconnus, ou
c~tte derniere fuppolirion que _~~I d ,Ont co~nus,. & dans
n avez voulu que m" d 1
J
emontree vraie, vous
... es wnorer par
t"
"
.mon ft rueufe de lettres 0'
ce te produéhon
& débite les calomnies d~n~n~~ ferle exag7re mes torts
d
e larcelolt. Car ce ne
fera pas d'après la m '
~
Aamere ont un pere t
é
. romp , peutrre -mClIle -par les intérelIes l
rom appréciés ces griefs ' m~is e~, aur~ pemts , qu'ils feeffet.
, a p r e s ce qu'ils font en
-
Ces lettres établiffent-elles d
.
.
es grIefs Inconnus? J"ai
"d
' J al
montré qu'ell
f!en e ce que vous avez
'
es ne prouvent
Cette prodllél:ion n'a d
pretendu prouver par elles
fi .
onc pour b t d
.
JtJon, que celui de me d h
u ans aUCune fuppo d es onorer fans utilité pour la
caufe. Le procédé f:
ans oute eft tou h M '
.
vous etes forcés d'ab d
c ant.
ais pUlfque
lettres, débattons les /n onner la preuve réfllltante des
alts en eux-mêmes, examinons mes
démontr~ que non' ",. dé
A
U7
délits St- vos griefs,.St cherchons. des preuves ou je ne
vois qu.e des allég~nons. Suppoliuons pour fuppofitions
le public préfererolt fans doute celles qui me fa uveroient
l'honneur: car le crime ne fe préfu me pas; mais ce ne
font pas des fuppofitions que je lui deftine; je ne parlerai
que les preuves à la main. Et pour commt'ncer par les
févices dont je fu is accufé, moi qui ne vis jamais fans
une indignati on qui tit:l1t de la fUJ1eur l'abus de la force;
pour commencer par les févices , remarquons que vous
n'en avez profé ré l'accufatioll qu'au moment où la produél:ion des lettres de ma femme rendoit abfurde autant
qu'attroce ce genre de plainte.
.
Jufqu'au moment où parut le l.ibelle imprimé fous le
titre de MÉMOIRE A CONSULTER ET CONSUL- Pag. HI!< l\.
TATION POUR MADAME DE MIRA:BEAU, elle: ~~y;~.OD Pl.. ·
était peut-être la premiere femme qui, demandant une féparation d'habitation, ne fe fût pas plainte de févices Be.
de mauvais traitemens. SANS PARLER DES SÉY ICES,
avait écrit le Rédaél:eur de fa requête en fépavation,
dont le (tyle à des conformités frappantes avec celui du
Libel!e. Je repréfentai que le SANS P AftLER étoit bien
étrange; qu'il était abfurde d'intenter un procès en fé~
paration , fans parler de févices St de mauvais traite~
mens; qu'il était cruel St perfide de les indiquer &. de
n'en parler pas; d'en lancer le fOl~pçon &. de ne pas..
daigner l'approfondir.
» Mais, ajoutais-je, fur qui retombe cette injurieufe l'ag. 11 de
» réticence, quand deux jours après celui où v.ous vous mon Plaidoyer.
1) l'êtes perm-ife , t'l'ente-cinq ter.tres parroiffent, clont ohaq,ue f
» J.igne vous nomme caI0mniate·ul'.
Je conneiilliis ma-lle courage $( lès tleil'oulces de l'Aut«;u: du' Libelle. Son Roman diffama taire il paru, &. les
fevlces en forment un des plus touchants épifodes. On
peut en fi~er l'époque, fuivant le Libelle, AU MOPag. S du
MENT MEME DU MARIAGE.
Libelle.
�12.8
Le LibeUifte, pour donner à cette ingénieufe décou_
verte du moins le mérite de la vraiiremblance, aura it.
d û nous dire fi c'ell: à la fignature du calmar, au fouper des nôces > dans l 'Eglife du St. Efprit, où les
deux époux reçurent la bénédiétion, ou par-tout ailleurs
qu'il f.lut chercher ce moment. Des fpeétateurs fans nombre nous fixaient. Les févices, les mauvais traitemens
d'un nouveau marié leur auront paru un hommage airez
étrange pour laUrer dans leur mémoire un long fouvenir.
Et prennez garde que ce n'ell point un fait ifolé qu'il
s'agit de [e rappeller. !l ne (0 pa1!0it p as une feule journée
( vous l'entendez PAS UNE SEULE JOURNÉE) qui ne
fût marquée par quelque fcene ; au milieu m ême des empreffimens /es plus affeélueux, ( en vérité le Libellill:e voudrait
nous faire fuppo fer qu e Madame de Mirabeau lui a fait
d 'étranges confidences ) M. de Mirabeau avait l'art de faire
naître q/tele/ue dlfcuffion qui était ordinairement terminée par
des proc/dés inJZ!Jn~.f. Et c'ell: parce que M. de Mira-
beau avait cet ART merveilleux, que plus de- deux ans
apres fa femme lui écrivait, dans un temps depuis lequel
elle ne l'a pas revu: USE DE CETTE MAGIE QUE
TU POSSEDE SI BI EN QUAND TU. VEUX ENCHANTER QUELQU'UN (1)'
l"g. f do
Libelle.
Quelques jours après les nôces, la famille s'était rendue a
Marignane. On Jill à Berre pour voir les Salins. On retourna
le foir. Dans la journée M. de Mirah eau s'était porté contre
un lùrs à des violences dont on Jùpprime les détails. C'ell:
pourtant bien dommage, & l'imagination vous manque.c
au .befoin : car qui vous auroit contredit ~ Ce tiers était
M. de St. Cezaire; ce valeureux Officier a- été tué au
Service du Roi; il a v.éc!l & eil mort mon ami. Il ell:
certain .
~ 1) Lettre dll ~? Septembre
UIIQns .
J 7H,
pag, 8 des premiere, Ob[er~
Il9
certain que j'eus un tort aVec lui, & le tort de l'ivrefie :
car j'étais yvre ce jour là, & beaucoup d'autres l\~ roient
auffi, Nouvelle épithete, nouveau vice, nQuveau r;!élit,.
nouveau crime dont v ous pouvez doter L'HOMME
LOUP, L'HOMME SINGE, L'HOMME RENARD.
II s'ell: énivré une fois. Mais le digne Militaire qu~ vous.
rappellez ici, & qui ferra des nœuds qu'il croyoit formés
fous de meiUeurs aufpices , feroit bien étonné de figurer
dans un Libelle · ou Mémoire en féparation, fous le prétexte d'une viva cité dont je lui fis prefque au moment
même des excufes, & qu'un quart d'heure après il avait,
oubliée dans mes bras.
,
l
. En arriv anl il (IL c'ell: l'homme loup) feignit d' ~tre malad~;,
il annonça qu'il paJferoit la foirée dans jon appa rtement.
(IL ell: apparemment ici l' 1lOmme R enard,) La D aille . de
M ir abeau l'y fuivit; elle lui fit àpporter à fouper, & ne le
quitta p as. L e repos fut bientôt troublé par des injures & p ar
de mauyais traitemens. La Dame de Mirabeau fut tra/lie pat
fès cris. Il le fallait bien: car le fouper étant eu tête à
ç
têté , n'a vait pas de tém oins, pas ' mètne apparemment
les dbmeftiques qui 'le fervoiènt.) M. le Marq!tÎs de Marignane> a'vertt p ar des Payfans qui avaient accoU/ u au bruit,
appella plufieurs f ois fa fille, en lui ordon nant d' ol/v,ir le
porte de L'appartement. M. de Mirabeau> à 9ui la voix de
M. de Marignan e avait rendu le fang froid, pria fç femme
de n'en rien faire , ' & de répondre que ( Olll fe pa1!oit en p laifan urie. ( Oh ! pour le coup IL ell: évidemment l'homme
jinge.) La D ame de Mirabeau fe rendit aux prieres de fo"
m'ari, (M. de Marignane fut ce me femb-Ie peu prudent
de Ce raffurer fi aifément d'un mot, & falls rien voir, ful'
la caufe des cris qui avoient ameuté un Village ) &, dl(!imula tout. Il étoit tem ps certainement de cefie~' de diffi-
muler après onze années.
P eu de temps après M. de M arif{nane conduijù ùs deux
époux à Tourves. dze{ M. l~ COlnte de Ya lhillé, Il ferait
R
Pa~.
Libelle.
'du
�qo
Jlfficile rie rappelLer toUs les excès ~ue M. de Miraheau fi
permit à etae occafion contre fa femmt , ( je foupçonne en
effet que cela n'eft pas très-aiCé; mais la figure oratoite
n'eft pas moins fort heureufe) & qui font connus de tous
ceux qui hahitoient le Château. Un moment, Mr. le Li~
bellifie. Les faits me paroifTent aifés à rappe/ler s'ils font
connus de tous aux qui hahitoient le Château.... Mais il
ne faut pas être fi difficile avec les orateurs.
-Par-tout où les deux époux (e trou voient , des tiers étoient
témoins de quelques fcenes affligeantes. La Dame de Mirabeau
était hahituellement expofée a des reproches injurieux, a des
coups , a des outrages, a des foufou, à des violences de.
toute efpece. Le temps de fa groffiffi ne fut pas meme ref,
peai.
LE TEMPS DE SA GROSSESSE. Eh! quel eft le
cannibale pour qui une femme enceinte ne foit pas lln
Être facré? AU TEMPS DE SA GROSSESSE! Lequel
de mes regards ne fut pas fon égide? Elle portoit mon
fils! AU TEMPS DE SA GROSSESSE! .••• Comment
refter calme en lifant, en tranfcrivant de telles horreurs?
J'ai voulu m'armer d'une ironie froide; & je fens que
je grimacerois fi je le voulois plus long-temps.
Eh quoi! c'eft au public qui a lu ces mots tracés pa(
ma femme: J'EN. AJ?PELLE A TON TRIBUNAL; IL
A TOUJOURS ETE JUSTE POUR MOI. C'eft à ce
même public qu'on prétend faire accroire des févices ; &
l'on veut l'intérefTer pour le monftre de lâcheté 8< de
duplicité , qui traitée comme une vile efclave par fon
compagnon, par fon égal, battue, excédée même au
temps de fa grolfelfe, au temps où la femme n'a plus
d'égal, où celui qui va lui devoir le doux nom de pere,
refteroit volontiers profterné à fes pieds dans le délire
de l'enchantement, de la reconnoifTance 8< de l'amour i
on veut intérelfer pour la femme qui, opprimée ainfi ,
auroit pu fe réfoudre à prodiguer la tendreife, l~~
13 1
"
.
St les éloO'es à fon tyran féroce! Vil LibelliJ'ie.!
~are es , ma fer:me telle que je la choilis , tell~ que Je
rends· mOl
. rimai' & cefi'e de la defigurer.
telle
la co~nus 'fi
,qlàuedJes ~iégariol1s terribl'es; voilà des
MaiS . en \1 VOl . 8<
e
de'
ue nous a-t-on It encor qut
imputat~ons atr1,?ces:r blqance l'abfurditt: de l'accufatioll
pÔt attenuer lllVral1em
,
!li
er
7
r"
de levlces.
er de colorer ces in, On devoit d'autant molOS n &Ig
1 fi"
8< mau,
fid
ue chacun c.ut que es eVlces
ve?tlon~ per e~, ql 1: mule de toute femme qui plaide
valS traltemens lont a lor
,
en féparation ( 1 ).
l . t s
1 d
i't d'autant moins, que toutes ces p alO ~
n e evo .
d 1 1 inutile & une humtdont
vagues devenOlent un fcan a e P us d M' àb
liation plus gratuite pour Madame e
Ir eau, .
les défenfeurs échoueront toujours contre I~s ~ente-cmq
lettres que j'ai fait p~ro.î~re d'elle, 8< qUl ont toutes
pofiérieures à la cohabl~atlon.
o
°
( 1) Cela dl: fi vrai, que voici comment un ~uteur d'ta~atiqùe,
,
'ment n'avoit en, vue que les mœurs gen~rales, fait parla:
qUI certame
une felnme des procès en leparation.
" Non, °je n'ai point alfez d'audace ni, de force.
Pour aller mendiet un malheureux divorce,
"" Je n'imagine pas qu'une rremme de b'leo
" Puiffe jamais avoir TCcours ~ ce moyen.
" Il faut un front d'airain pour donner ce (candale.
"
::
..
"
)'
"
"
Sur' l'eÏipoir
fu~cè~ t~uj;\lrs' dé~ho~or~nt ,
•
'
'r'
Je ne rifquerai poillt -d'crre
umpanllee.
Le plus grand des malheurs elt d'';tre mép~ifée.
Eh quoi! fur un prétexte abfurJe & ~e,ndle ,
Aller de porte eu porte implo~er ,la pmé ;
y faire de fa vie un Journal equlvoque,
"'ue perfonne ne croit, & dont chacun {e moque.
'oC
cl
'c
Subornet dei témoi:ns ,g3gnet es pawlans; R Oj}
d'ut;
�qz.
PJ~. 8 1.
Libollc,
On le devait d'auta nt moins, que de 'pareilles fu ppo:
fitions , & m ême des faits de ce gelU'e ne [ont jamais ap_
préciés que fur leur dégré de vraifemblance. Et quelle
ell la vraifemblance qu'un nouveau marié, amant recO\lnu depui, fix Illois, fignale , le moment, même qui
couronne fes vœux par des aétes de brutalIté féroce 1
Comment fuppofer que la maifon de {on ' beau-pere oq
celle de l'ami intim e de ce beau-pere, faient le théâtre
qu'ait choifi cet homme cynique & cruel? Comment [up~
po[er que fous les yeux même des parens de ma femme~
je me {ois porté à de tels excès? Comment {uppofer à
M, de Marignanç une tiédeur a/fez coupable fur le fort
& la C6reté de fa fille, t pour qu'il l'eM laiiTée dans les
mains d'un' homme [~ brutal ,fi féroce, qui emmenoit
dans fa maifon fa viélirne , [ans' parent, [ans {urveiUant,
[ans [auve-garde?
,
Rien n~ pr o11v'e mieux peut-être':1e' Mg~-é de corruption
où [ont parvenues les mœurs pub)iques, que l'àudace de
par.ei11e~ fuppofitions & le crédit .qu'elles avaient acquis.
On ne menait pas en doute que Madame de Mirabeau
n'eût été maltraitée avant que fes lettres euiTent paru,
parce que les émiiTaires!des intéreiTés à la réparation avaient
r épandu mille anecdotes de ' [évices. Le Libellille a été
plus intrépi~e . ~core ; .il en' a imprimé la ,notice, ou ,
du
pour par1~r comme lui, que/qU{J détail_, pour répo nfe
" Rem pli r los ,TribuQau<, de (;s çris. ingécens ;
" y faire Pébieer d~s plai nees infiddles ;
" Inonder le Public d'in jurieux Libelles;
Ebruire/' des m~lh:urs qu'on pouvoir empêcher ,
>, Ou qu'au moins la rai ron devoit faire cacher :
" Je ne pu); feulement {Queenie Cette idée.
,
,
, Si vous .C(?Yt'z qae ce roi r ici UJle (J1l yre rdati ve li mon procès t
h(~ la Fa uCfe, Antipathie de la ChauCf~c, ( Aa. III> fcen, III. )
,>
.
:r B jufqu'à la pOIll
rr'b'I"
aux lettres qui en détruifoient
1 He. E't
l'on n'a pas craint que la voix publique couvrît d'dn~
thêmei & d'opprobre le Libelle, fon auteur & [es adherans. Cent perfonnes auront lu ce Libelle qui ont été les
témoins affidus de ma tendreiTe pour ma femme. Plu fleurs
font encore journellement aupres d'elle, a~pres de fon
pere, plulieurs correfpondent avec eu~, ,Et Il ne [e , tr~u
vera pas un ami de la pai?" de la ;-ren,té, de la Jullice
qui aCe repré[enter combien ces allegauons [ont c,a lomnieufes & coupables. Je les dénonce à leu: ,conrc!ence,
ces hommes pufillanimes qui trahitTent la vénte en s a,bilenant de la proclamer ; je les dénonce à leur confclence
aufIi long-tems qu'ils garderont un innigne 01ence : ~11
s'ils oCent mentir à leur ame , à leurs yeux , ~ leur memoire par une lâche complaifance, qu'ils paro~iTent donc,
qu'ils s'avancent.1 qu'ils parlent, qu'ils s'exphquent, au
lieu de ricaner, d'inlinuer, de fous entendre, de donner
à p~nfer, Que ce {oit leur, témoignage qu 'on m'oppoCe
fur les faits qu~ils connoiiTent; & qU'9 n ne Ce ,borne pa.s
à capter quelques domelliques, quelque,s ouvr!ers , quelques créanciers pour vomir contre mOI des Impoftures.
Ce)l: dans cette cl!!iTe de citoyens, qu'on a h~utement &
mafqu~ levé chercl)é depuis,0x :nOIS des témol~s.1 ~es maté riaux d'enquêtes, Pour mOi Je n attelle aucuns temolgnag~s
à cet égard que la conviétion irréfi,llible conten~e dan~ la
couefpondance de Madame de Mirabeau; maIs ~a Ville
emiere de Manofque où j'ai paiTé plufi~ur~ mOIs ,avec
mon époufe &. les derniers , de la cohabitation, m offre
le fien par acclamations.
"
"
,
Des témoignages !. Et que ferolenHls ICI ? Qu e~,ce
que la preuve par témoins au pres de la preuve I?ar 1 abfurde. Qui ne [ait pas ce que des hommes rIches &
puitTans peuvent, même [ans le vouloir, fur une, cer'taine datTe d'hommes? Qui ne connoît pas la théone &
la facilité de fuborner [an~ [ubornation ?
•
•
�q 4
.
Voulez - v ous amaffer par des témoins des preuves irréplicables ? Faites -leur prêter ferment fous peine dt;
mort. Faites enruite , après la dépofition, defcendre Dieu
fur la terre pour confondre ou pour abfoudre les témoins;
&. mettez-les à mort s'ils font parjures: al ors vous aurez
des preuves par témoins .
. JuCques-là vous n'aurez par eux que la plus foible , la
plus imparfaite des preuves dont il foit permis aux Juges
de fe contentel·. Or, l'infini eft entre la preuve imparfa ite & la preuve parfaite; & ce ne fOIlt pas des témoi-gn ages d'une valeùr fin ie qui le combleront.
Où fe trouvera donc la preuve parfaite? Elle ne faut'oit fe trouver ailleurs que dans la nature même de
l'homme qui rend les aétions qu'il attribue explicables
ou inexplicables, poffibles ou impoffibles. Et prenez garde
que la preuve eft alors immuablement & abfolument parfaite; car les infinis foht égaux entr'eux; & il ne fauroit
exifier des impoffibles plus rigoureux & plus abfolus les
uns que le, autres.
Rejette~ donc la preuve par témoins 10rCqu'ils affurent
une ab[ur~ité, lorfqu'ils dépofont contre la nature humaine
1), fi l'on peut parler ainfi. Et que dépofera-t.on contre la n~ture humaine de plus fort que le récit des
vexations ~ontinueJ1ement exercées contre une femme qui
n'eft pas im~écille , qui n'dl pas folle, qui n'eft pas vile,
a qui cependant prodigue à fon prétendu tyran les protefiations les plus affeétueufes, lei plus tendres, les plus
--confiantes ? Qui dans un moment où elle fe plaignait
d'une injufiice lui a écrit: J'EN APPELLE A TON TRIBUNAL, IL A TOUJOURS ÉTÉ JUSTE POUR MOI?
Et je n'ai pas revu cette femme! Et je l'av ois maltraitée! ... ;
Quelle idée ont-ils donc & du public & des Juges & de.
<
(1) lleUe exprdlioll de M. Servin!
13S
.
moi; ceux qui viennent me combattré avec une méchan..,
ceté fi fiupide !
' 1
Il eft un moyen dont on avoit, & peut~etre, avec q~eque raifon eCpeeé plus de fuccès. On fait CJu en mauere
d féparation on juge trop fouvent au mOIns autant les
p:rfonnes que les cauCes. On fait que beaucoup de gens
l!( d'honl]êtes gens ont long-temps & b~aucoup trop longtemps fouffert du d~fordre de mes affaIres; que plufi~urs
en fouffrenc encore, & qu'il n'en faut pas tant pour s attirer l'aoimadverfion publique. En conCéquence on a prodigieufement affombri le tableau de mon dérang.ement: Et
renchériffant fur les lettres de mon p~re, qUI ta~tot,a
parlé de mes engagemens oubliés f; méprifés, & tantot mil
reproché amérement d'avoir ~atifié, des .engagemens en
exermaJ'orité', l'éloquence du Libelhfte fis efi dlCertement
ci
b . Ir.
cée fur mes del/es baffes f; f (Jlles, ur mes e~tes aJ) ement
contraéUes, fiur mes engagemens oubliés &. m.éprifés, [ur mes
ci
folles fi baffes di.ffi.pations, fiur l.: patnmo:ne, 7 mon Fere
dévoré , fur la f ortune ruinée 'lue } aurOlS lüiffee a mon fils,
&c . &c. &c.
.
,
Saos doute je pourrais répondre par u~e clénfion t,re~
amere & prier le favant Auteur du LIbelle de m ap-
prendr~ fi la formule ufitée dans les Tribunaux en çauf~
de féparation efi de commencer par demander au mar~
fon bilan. Je pourrois évaluer ce cliquetis de mots qUJ
ne produit qu'un fon vain & dircordant. Egayer. le public aux dépens ' du Libelle, qu'on devoit du mOIns ren1
dre fupportable à lire puifqu'on le vouloit atroce, Be
dire; » nous plaidons en féparation de corps; quel9ue
,) jour je vous donnerai fatisfaétion fur celle de biens
,) que vous obtenC'l cum eLogio quand perfotlne ne vous
n la difpute. 1)
Mais ce n'eil: pas moins au public qu'à mes Juges q~.e
je parle; lX. ç'eft fur-tou t reJativement à {Iles dettes qu il
Dette...
Pag. 80 cill
Libelle.
Pag.
10 1
Pag .
10<>,
�13 6
â m on compte re ndu, parce que lui [cul a été
[cSlndll!i[é, lui Ceul a [ouflè rt.
a' droit
. J'atteile M. de Marignane que je lui dis avant la fi.
gnatll~e des articles du mariage, que j'avais environ mille
louis- 'de dettes dont il m'importait infiniment d'être li~
hé ré pour pouvoir m'arranger l'ur mon très· modique revenu. M. dé l\Iarignane ne mit pas un moment en doute
qu'on ne confentÎt il les payer. Il fe trompa.
,
Demandera· t·on comment ces dettes de garçon avoient
été contraétées ? Quel eil l'homme de bonne foi qui fera
cette quefiion ? Q uel eil l'homme fenfible qui ne crain-,
droit pas - de me co mpromettre cruellement en exigeant
une réponfe précife? Où elt le jeune homme qui n'auroit
point outrepa1fé une très-modique penfion, [ur-tout quand.
une fortune confi dérable paroi1foit l'attendre ? Sur - tout
quand les circonftances le plaço ient dans la fo ciété des
gens riches, le conduifoient il la recherche d'un des plus
grands partis de la Province, & dans un pays, qui, quoi~
que la patrie de (es peres, ne lui offrait plus la mai(OIl
d'aucun grand parent pour hofpice.
Les fix mois que j'ai palfés dans cette PrDvince avant
de me marier, me coûterent & dûrent me coûter très'"
cher. Je n'y étois venu que pour des affaires de Com~
rn,u nauté, & avec l'argent il peine nécelfaire pour un féjour
tres,court & le voyage. Il fallut cependant me [outenir
:a vec décence.
~ Je me mariai le 22 juin 1772. Je priai M. de Mari~
gné\ne que les nôces [e fi1fent il Marignane; il ne le vou.
lut pas. Elles furent [omptueu[es. Madame de Mirabeau
avait des compagnes qui lui avoient fait il leur mariage
~e . f?rt beaux dons. IL ne lui convenait pas d'en rendre
l?feneurs. On fait quel efi l'ufage en Provence. Les pe~
litS pré[ens qu'on offre à ceux qu'on a l'honneur de re~
,eyoir à {es nôces, font des bagatelles pour un homme
opulent ~
~our
',~'iche
3
o ulen t ; ils ne l'étaient p:s
un homm'e t res
p
~ efrive très-pauvre en effet, & auquel on n aVait
-e~/~~~né un 'fol d'argent comptant, fi ce n'efi .Ies ce llt
is que mon oncle voulut bien envo yer. à fa I1lece. ~e
ou
que mon pen; m'avait affi goé étolt de 6000 IIV.
revenu
,
.
'
'1 f 11 '
M. de Marignane Pl'en donnait tr oIs mtl!e ?on~ l , q Olt
que je rendilfe cent louis de penfi o ~ aillne'nralre a
dame fa mere. J'avais donc 6600 IIV. pour fub~eI1lr, à
ceux des frais de nôces qui me regar do l e n~ & qu 1,1 11 a~
voit pas tenu à moi cl 'éviter ; p~ur m'habIller ma l, ma
femme ( dont le troulfeau en hn ge & dentelles éto lt
magnifique, mais il qui l'on ne donn oit qu'une robbe) & I~OS
gens; pour payer les intérêti de m~s dette,s, pour faIre
la bourfe de la mariée, le préfent cl ufage a AIX & da ns
les Communautés de M. de Marignane & celles de m on
pere; & pour vivre un~ année: ... Je ~upplie le Leéteur
de [e demander il lui· meme fi Je pouvaIs ne pas contrac ·
ter des dettes. J'en fis avec exc~s; c'eil un tort, j'en
conviens, un grand tort, dont après tour je fuis le feul
des deux époux qui ait été puni.
, Je trouve dans un Mémoire, fignifié au procès (quoi ·
qu'il Y fait parfaitement étranger, apparemment 'pour ac·
cumuler [ur ma tête tous les genres d'outrages; ) Je trollv e
qu'à mon mariage j'avais été lib éra /~menL pourvu ; qu'on
me donnoit 6000 livres de penfion QUI DEVOIENT
CROITRE JUSQU'A LA CONCURRENCE DE 8500 1.
Oui, en cinq ans. Cela m'aidait-il beaucoup la premiere
<Innée? Et n'efi· ce pas cette premiere année que j'ai fait
des derres qui ont néceffité les autres. J'y lis encore que
je me [erois trouvé par la mort de Madame de Mari~
gnane qllalOr{e mille cinq cens lit'res de rente fi je jùjjè de~
• m euré. Ainfi j'ai été très - bien pourvu en 177 z, parce
qu'en 1776 , j'aurais eu 14500 liv. de re nte SI J E F USSE
DEMEURE; qu'on apprécie cette conféq uence & qu'on
réfléchi1fe d'ailleurs fi c'e.fi moi qui choifis mon domü;ile
f
I.'1a-
S
•
�q8
au Château· d'If , au Château de Joux; &.c. &.c..
Pour, moi, j~ le dis dans taute I.a. fin~érité . de ltl01Î
cœur; a ~a mamere dont on me man?lt., 11 étOit impof_
fible que Je n~ filfe pas des dettes; malS Je devais en faire
beaucoup moins. Ces dettes en néceffitoient d'autres'
mais je pouvais &. je devais m'ab!l:enir des inutiles dé~
penCes &. des affaires ruioeuCes auxquelles je me livrai~
Peu de l1;1ois après mon mariage je regardai mon état
de fituation ; j'en fus effrayé; un enfant de famille n~
peut guere Ce procurer d'argent qu'au prix des plus
énormes ufures;
PJaut.
139 ·
~té plus vrai de clire que la conduite contraire me pouf
111 eodem lulO ha:{i[àS; ver{ud, {olvis.
Pour réparer une brêche il en faut faire diJÇ autres. Il
efl incroyable avec quelle rapidité l'aq.yme fe creufe.
J m'aI/perçus que je courais à ma perte. J'ouvris mon
cœ.ur à M. ~e Mat:ignane. Il me fit un~ offre qui prouvaIt la bopte dl:l fien. Il me propofa de m'avancer fu~'
la quittance de mon pere la Comme qu'il me devo~t a
la mort de fa mere. C 'était une fois plus qu'il ne fal.'
lait pour me libérer. La quittance de mon pere é toi~
nécelfaire à la sLlreté de mon beau-pere; puifqu'aux tel'"
mes de mon contra,t de 1ll!lriage mon pere feul pouvait
recevoir les deniers de la dot de fa belle - fille. On engagea mon pere à refu(er fan feing; il eût été digne de
lui de l'accorder; cela était même jufte & de fan intérêt; il ne lui en coûtoit rien; il s'évitait les embarras
où la fuite de mon dérangement l'a plongé. On . le dé.
tourna de cette qpinion qui fans doute était la 'fienne
puifqu'elle était équitable &. fenfée. On lui fit accroir:
qu'en accordant il m'encouragerait à recommencer. Il
eût été plus vrai de dire que ç'auroit été m'inviter à
l'ordre par l'indulgence, m'ôter toute excufe en cas de
rechût~, ~ m~ ll!ettre à une épreuve infaillible, Il eClç
.
..
,,
fait inévi-rablement dans le précipice, &. que plus je retardais ma chûte &. plus elle feroit funefte &. profonde,
parce que je ne pouvais impofer filence ~l mes créancier.
qu'en leur donnant de nouvelles &. plus fortes créances.
. Quoiqu'if en toit, mon pere offrit à M. le Comte . de
Grallè du 13<1r 18000 livres pour le payement de mes
dettes. Cette fomme ne pouvait du tout point m'acquitter. L'excédent de mes engagemens reftoit toujours chargé
d'uCures, &. le feul payement des intérêts eût encore abforbé mon revenu. Que me feroit-il arrivé après <lvoir
reçu cet à cQmpte ? Je ne m'en ferois pas moins trouvé
dans le plus cruel embarras &. forcé de manœuvrer de
nouvelles affaires. J'AI PAYÉ, aurait - on dit, IL RECOMMENCE. . .. ... Voilà ce que je pen(ai, voilà ce
que je craignis; &. je refufai.
Je ne diHimulerai point m~s fautes. Ma conduite péèuniaife 'fut exceffivement fplle. No n feulement je continuai de mauvai[es affaires (j 'y étais contraint) mais encore ie éommençai à Mirabeau des ouvrages plus qu'inutiles dont je calculai fort mal les ré[ultats. Par-tout la
dépen[e fut triple des devis. Dans le fait elle était décuple par la maniere dont je percevais l'argent pour :sr
(ubvenir. La douleur de voir échouer par des refus que
je trouvai s durs &. déraifonnables, le feuI plan praticanie d'arrangement que j'eulfe eonçu, m'avoi.t jetté dans
une [or~e de délire. Plus je fentois de trouble intérieur,.
&. plus pour me foulager j'augmentois l'agitation du tourBillon qui m'entraÎnoit. Je m'efforçais de ne rien voir
au-delà du préfent, d'étouffer ma mémoire, de détourner les ye,lx de l'avenir. v' oiJà la peinture exaéte de
mon éta.t; il était déplorable [ans doute, mais en quelqu'e forre forcé par les circonftaoces.
Il y a déja lon g- temps que j'ai prié que l'on examinât
(I dans l'état de mes dettes il s'en trouve de contraétée~
\
S ij
•
�,
ra ~ .
de
:)l a ~ dot c r.
mOn
14 1
au jeu, ou li les bonDes mœurs furent jamais offenfé~
par quelqu'une de mes dépenfes. On ne compte parmi mes
créanciers que des Juifs, des Ouvriers, des Libraires)
des Artilles ou des Marchands. Voilà ce me [emble une
rai[on de regarder avec plus d'indulgence mes fautes pé.
cuniaires. Je ne me fuis point dérangé comme la pltîpart
des prodigues qui s'en[eveliirent dans les ruines de leur
for tune, en l'englouti/fclnt fous un monceau de cartes Ou
dans la fange de la corruption. Une yvreire pairagere
m'a égaré; & le premier faux pas a néceffité ma Chûte
par la nature du terrain ou je courois.
Une premre manifelle de ce que j'ob[erve ici, c'ea
qu'immédiatement après le~ couches de Madame de Mir abeau, je m'arrê tai de moi-même, au ri[que de tous
les événemens qu'il n'étoit pas difficile de prévoir. Mon
dernie r emprunt a été pour [ubvenir eux dépen[es né.
ceITaires à [on état. On a beauc.oup déclamé [ur ce que'
j'engageai alors [es diamans. Ce fut de [on aveu, à fa
l'riere, dan un moment & pour un temps où elle ne
pouvait s'en [ervir; & c'ell: aux dépens de mon pere
qu'ils lui ont été rendus. J'ai lu dans le Mémoire étranger
au procès que l'on ma lignifié, que tous les bijoux de
IIlJadame de M irabeau avoient été La proie de ma fo lle diffip aLion. Sam doute l'Auteur de cet écrit, quel qu'il [oit,
n'en avait pas fait l'inventaire; [ans doute il ignorait
que j'ai donné à ma femme, en ce genre, les cho[es les
plus recherchées; que rai doublé [es diamans; qu'elle
trouvait [ans ce!le des robbes charmantes faites à [on
infçu ; que l'amant le plus tendre n'aurait pas porté plus
loin ces fortes C1'attentions envers la maîtreire la plus
chérie. Je dois à Madame de Mirabeau la jullice qu'elle
m'a [auvent grondé de cet excès de généralité, qu'elle
avoit peu de fantaifies de ce genre. Et parce que j'ai dit
cela, parce que j'ai dit: )) Quelque rai[onnable que fCr t
1)
~adame de Mirabeau fur [a dépen[e perfonnelle ~ ell~
•
;; ne pouvoit qu'être touchée de ce qu'une grande partI.e
" de ces dettes n'avoit d'autre lnotif que le de{jr atbf
» & [ans ceITe renaiirant d:orner . l'idole de mon cœur. )) Le
rag. h
Libellille s'écrie : EN VERITE C'EST JO.INDRE L~ Libelle,
CALOMNIE A LA DÉRISION. Je ne lUI demande.ral
pas qui donc eft calomnié dans la phralè qu'il qualifie
CALOMNIEUSE ET DÉRISOIRE? Mais pour lui montrer que je fuis fort loin de la déri/i~n , je dir~i au public
que je puis prouver par les mémOIres & quIttances des
,6000 liv. que j'ai payées [ur mes dettes, que Madame
de Mirabeau qui n'a refté qu'un peu plus de deux anS
avec moi, s'y trouve, quant à [a dépenfe yerf?nn,elIe ,
pour une Comme de zz600 liv. (~). Je [~IS pret ~ dépofer les preuves de ce fait. On Jugera p.ar ~na~ogle de
tout ce que j'éclaircirai en achevant ma hq,Uld~~I~n; on
ne perdra pas de vue que l'appartement q~e J al eu 1"
folie de faire conftruire pour Madame de Mirabeau, me
revient à 40000 liv. Et l'on voudra bien me dire ef\[uite
de quel côté [e trouvent ,la CALOMNIE & I~ DERISION. Si mon pere, & meme tout autre que lUI. pe~vent
avec juftice me reprocher mei dettes, en vérIté Je ne
devois pas m'attendre à ce reproche de la part de Ma-;
dame de Mirabeau.
Sitôt que j'eus un enfant, je [entis qu'il n'étoi~ plus
queftion d'éloigner l'orage; mais de l'affronter au heu de
le laiirer groillr. Je me retirai à Mirabeau, réfolu de ne
plus tenter le moindre effort ruineux pour reculer un éclat
( 1) Uil feul MémOIre de Marchand pour fournitures de gaze , f ••
veurs , petites delltelles & autres chiffolls , depui, le premier août ' 77 L
jurqu'au mois de juin
monte;t1600 liv . Cc~~ndant Marlame ~e
Mirabeau n'avoit > aux termes de [on contrat de man age , qu e r 500 I,v.
de pcnlion pour fa dépenCe perConnelle ..... Et vous voyez bien que
c'dl de mon côté q ue Ce trou ve LA DE RISION!
' 77"
,
•
d~
�J42
rê-
inévitable., Bientô,t j'y}us e:cilé, & je m'applaudi de
-tre. Je ne fongeOls qu a expIer par un long ennui un tro'
long égarement., Il ell: vrai que l'on fit accroire alors ~
P.lg, 6 du m,on ~ere que Je dégradois la terre de Mirabeau; & le
Lili.Ue.
Llbellifte en
" nous apprenant ce fait (1) très-utile , conlm e
l
c laCtln VOlt, a une caufe en féparation ,. auroit dû ajouter
9ue les donneu:s , d',avis , chaffés depuis pour friponneries
mfignes, ne mentOlent pas une grande créance.
Nouvel exil à Manofque; entiere réfignation de ma
part ; pro~onde !ranquillité; rigoureufe économie. Alors
on me fit JO~er~lre :, & cer~ainemellt ce ne fllt pas légaleme~t , qUOlqu en ait pu dIre la Confultation de Ma dilm e
de MIrabeau, au bas de l-aquelle je trouve des noms de
Jurifconfultes à qui je pourrois montrer fiané de leur
main, que cette interdiétion n'eft pas LÉGALE. On vient
d~ yoir quelles diffipati.ons ont donné lieu à ceUe interdla,IOn .. Elles peuvent. etre f~lles} mais je le deman de:
eU-il, Je ne dIS pas decent, Je dl~ fuppo1'table que ce
fait M~dame de Mirabeau au nom de laquelle ~!} affure
que mes dettes ont été haffemel/l conml.aées?
Traîné de fort en fort depuis mon interdiaion . détenu
o~ . fugitif, fans exi~e~ceA civile, fans reffoul'ce~ pécuo:alles , ·commeryt pUIs-Je etre ascufé ,& par elle accufé
d avoir OUBLIE ET MEPRISE MES ENGAGEMENS?
Çuand ai-je pu m'occuper du fQulagement de mè~ cr~an
cIers? Croit-on que leurs angoi{fes n'étaient pas, ne [on t
pa~ ~u fond de mo? ame? Mais aujourd'hui - même que
~uls-Je. fa~s la fanaIOn de ma famille? Que puis-je fan s
fautorifatl<m de moo pere- pOtlr m'acquitter ?-
.
d (1) . Er prenez garde qu'on '.l'én once pas da ns le Libelle la nature
es pla.lIJtes. des Ag~ns. II Fallou bien lailTer croire que l'homme 10llp
~s mao.geolC au mo1.lls .; que l'homme rmllrd les voloir. Pour l'homme
oge, Je ne [<us ce 'lu'Il leur faiJou.
l'
& meprt..Jc
"
:f.1
, rf
J'al, ouollé
mes14J
engagtments,.mOl
'lUI' 'd"purs
..
, le recouvrement de ma liberté 8< mon retour en Pro~
.. vence n'ai ceffé de folliciter un arrangement 8< d'en pro-
,
pofer ~haque jour des plans plus faciles, plu,<; acceptables
les uns que les autres! C'eft moi qui, des faibles épargnes
qu'on peut faire fur une pen{ion annuelle de cent. louis,
ai payé depuis trois mois pour plus de 1500 !Iv. de
vieilles dettes; c'eft moi qu'on accufe d'o ubLier & de mé-
prifèr mes engagem~nts!
J
r.g. 91
Je fuis mauvau. citoyen & fi'
Ujez aangereux,
parce que ma Libdk.
-vie Ile préfente qu'un tifJu de dettes haffèment contraaùs. Et
de ces dettes la plus grande partie fut indifpenfablft st
forcée! Et de ces dettes la plus grande partie eut Madame de Mirabeau pour objet.
Je fuis mauvais citoyen & fujez_dangereux . ... parce que
j'ai oublié 6' méprifé mes engagemens. Et je ne puis rien
fans le concours de ma famille! Et depuis huit années
je n'ai pas l'adminiftration du plus leger revenu!
Mauvais fils, Oll m'a Vit par de folles & haffes diffipations
'
1e pazrLmome
"
J
. de
d.evorer
ae
mon pere. . . .• E c que Il e partIe
ce patrimoine a difparu?
MAU V AlS PERE ..... Mauvais pere? Dieu jufte !
Efi-ce donc moi qui fis le métier d'hifirion fur la cendre
de mon enfant? .... MAUVAIS P ERE , 'luû fort, 'luel
avenir préparoit-il à cez être innocent dont il 01' inv0'luer les
mânes . ••.. oui mon fils! j'ai invoqué te~ mânes ! 8< tous
ceux qui m'écoutaient ont pleuré; & le lendemain on a
fait paroître au nom de ta mere un Libelle pour me
deshonorer..•.. M<>n fils, tu ne me réponds pas; mais
peut,être tu m'entends! ce font eux qui m'accufent d'av oir été mauvais pere! ....•
..Quel
avenir préparoit-il ci fon fils? .•••• une forlllne
rUbnee •••••
A cette déclamation horrible j'oppofe le tableau qu~
fuie : Mes créanciers y verront mon bilan 8< mes rcircur,
•
d~
Pag. lM d~
Libelle.
�144
ces; le public mes torts &. leur excufe~ mes calomnia_
teurs le fceau ineffaçable de leur honte.
Au mois de juin 1775, M. le Marquis du Saillant
mon beau-frere, vint en Provence, afTembla mes créan~
ciers, compo[a un état de toutes mes dettes, qui montoient, fuivant cet état, à 161 II6 liv. 8 [ols 1 denier
y ~ompris les lettres juives &. uCuraires qui étaient u~
. 0bJet de plus de 80000 liv. Tous les créanciers, un Ceul
excepté, con[entoient à être payés en huit années, [ans
intérêt.
A cette époque les Fermiers de mon pere étaient débiteurs &. difiributeurs de 95co liv. pour trois Cemcfhes
de ma penuon faius entre leurs mains par mes créanciers.
Le payement de cette fomme aurait opéré la mainlevée des faifies de mes rev.enus, &. réduit la maire
de mes dettes à 151616 liv. 8 fols . .
A cette même époque la vente de ma garde-robe &
d'un meuble d'AubufTon, objet d'environ 3000 liv., élOi!
plus que fuRlfante pour couvrir les frais & intérêts des
créanciers faiu[fans, & les petites dettes qui pouvoient
avoir été amiCts fur l'état.
Vers cette même époque la penuon de Madame de
~irabeau [e trouvait augmentée de 3000 liv. par le déces de Madame fa grand-mere; ou bien les 60000 liv.
du capital étaient exigibles, conformément à mon contrat de mariage 1 &. ma fortune fe twuvoit hypothéquée
pour cette f?mm~. Ces 60000 liv. auroient pu & dû être
employées a éte~ndre mes dettes les plus légitimes, &
mes det~es uCuralres dont une grande partie n'étoit pas
encore echue, & dans lefquelles des intérêts énormes [e
trouvoient inglobés.
En p~yant fur le champ, on auroit rabattu plus de
.045° 00 hv. fur ces dettes uCuraires. Avec 60000 liv. on
Buroit par conCéquent éteint 105°00 liv. de deues' &
la mafTe aurait été rédl,lite à 46116 liv. Au relt; le
payement
'l4S
payement des 60000 liv. fur lefqueUes je devais compter
à la mort de Madame de Marignane, était parfaitement
inutile; car les gens d'affllÎrCfs de mon pere avaient ttOUvé à cette même époque 60000 liv. à confiitution de
rente; & cette rente aurait été aiCément prélevée fur
ma penfion •
Sur les 46116 Ev. refiantes , un homme honnête 'em~
ployé dans l'état de mes dettes pour 7000 liv., l'un de'
mes créanciers qui a le plus cruellement fouffert pour
m'avorr gratuitement obligé, & qui dans tous les temps
auroit été le plus accommodant, ce créancier n'exigeait
qu'un contrat à conflitution; ce qui grévoit encore ma
penfion de 360 liv. de rente, 8( réduiCoit la maire de
mes dettes exigibles à 39116 liv.
Or cette derniere fomme aurait été paiée en huit années avec ma penuon ; & je vais le démontrer.
Madame de Mirabeau avait 6000 liv. de pen fion qui
auraient CuRl pour elle & pour woi vivans chez nos parens ; puiCque lors de mon interdiél:ion , on ne nous donna
que mille écus de penHon , avec leCquels nous nous fommes.
foutenus décemment à Manofque fans aucun fecours.
Ma penuon de 6000 liv. devait augmenter annuellement de 500 liv. juCqu'à ce qu'elle fût parvenue à 8500
liv. , Comme à laquelle elle étoit fixée. Cette augmenta.tian a commencé à Noël 1773, De forte qu'à la Noël
1777 , je me trouvais 8500 liv. de revenu.
Nous venons de voir que ma penuon auroit été libérée à compter du Cemeflre de Noël 1775, Elle Ce trollvoit à cette époque fixée à 7500 liv., au moyen de
l'augmentation progreffive & annuelle de 500 livres. Ea
prélevant annuellement 3300 Ev. pour l'intérêt des confii..
tl~tions de rente, il refioit pour acqllitter les 40116 liv•.
'l.-demli •.
1 - .....
...., ._
1
,T,
�'147
SAVOIR:
A St. Jean 1776, • • •
"
41QO J.
A St. Jean 1777, • • .
• • 47°0
A St. Jean 1778, époque à laquelle ma penhon étoit irrévocablement fixée, . . • • • . •. 5 zo o
- -I,4JOO
Pareille fomme de 5 zoo liv., les cinq années fuivantes qui expiroient à la St. Jean 1783, z6000
Total qui éteignait abfolument mes dettes.. 40100
Il devoit donc arriver, fans facr~--es, fans fecours
étrangers, & par le feul emploi, bien entendu de mes
revenus , que Madame de Mirabeau &. moi jouiffan~ de
6000 liv. de rente, ce qui étoit beaucoup phls chez nos
parens, que les 9000 liv. avec lefquelJes il nous fallut
tenir maifon la premiere année de no~re mariage; il feroit
arrivé qu'a-u moment ou j'écris toute;; me;; dettes auraient
été paiées, ma penfion de 8500 liv. ne ferait grevée que
de 3350 d'intérêts: ce qui me laiffoit 5150 liv. de re.
venu, qui joint aux 6000 liv. de Madame de Mirabeau,
monteroit à 1 II 50 Iiv. de rente pour netre feul entr-etien
&. nos fantaHies, puifque mon excellent oncle-, qui n'eft
riche que de fes bienfaits, n'a jamais mieux demandé que
de garder gratuitement chez lui fon neveu & fa niece.
Ou donc eft cette fortune ruinée qui m'a valu les épi.
- thetes de MAUVAIS FILS, MAUVAIS PERE, MAUV AIS CITOYEN, &: SUJET DANGEREUX? .--•• Mais
rien de tout cela n'eft fait? -'-"-- Mais eft-ce ma faute?
Et ~'a-t-<:>n !aiffé.la Iibeft~ de rien faire depuis huit ans
que Je fUIS Interdit, &: prIvé le pl-us fouvent de ma liberté perfonnelle ? Rien de tout cela n'eft fait? A la bonne
heu~e : quoiqu'il me fût aifé de démontrer gu'une grande
partie de ces chofes eft à peu près faite &: n'attend que
l'autorifation de mon pere. Mais en l'état de déCorde que
l'on veut fuppofer, il n'en feroit pas moins vrai que fi
mon Jill> vivoit, & que je vinffe à mourir, cet enfant
qui J"éuniroit un ;our fur îa tête au moins 140000 Jiv..
de rente, auroit à faire le facrifice d'environ une demi
année de fan revenu naturel pour payer les dettes du,
MAUVAIS PERE qui a dévol é le PATRIMOINE DE.
SON PERE, ( lequel patrimoine exifte tout entier) &:
qui préparoit à fon fils une forllIne ruinée, en contraétant
des dettes que la modique penfion pouvait acquitter ; ~
qu'encore aujoU1~ 'hui, malgré tout le défordre que de
mauvais procureurs ont apporté dans la gefiion de fa
tutelle &: moins de 80000 liv. liquideront en entier.
Voilà fans doute un paragraphe bien long, bien en·
nuyeux, bien [ec; mais je me de.vois & cette. profeffion
de fui &: ce compte rendu , qUI,. fans dégulfer aucun
de mes torts, les réduit à leur jufte valeur.
Paffons à mes crimes; 8t comme' te crime a Ces dégrés" Acc ll [,,;o n
. d
tm
' accu fie , du C,ntl".cr,
commençons par l ,·ln t'ame eficroquene
on on
par l'organe d'un Cantinier.
Deux efpeces d'armes fe préfentent à moi: celle de ,
l'ironie contre une acCtl[ation ridicule; celle de l'indigna.
tion contre UJle abominable attrocité. Mais je les rejette.,
l'une & l'autre. Plus je fuis offenfé, &: trop évidemment,
offeofé en cette occafioll par Madame de Mirabeau feule,
puifqu'elle feule a pu livrer la lettre du Cantinier &,
fuggérer l'idée de l'employer; plus je me dois de conferver le fang froid &: la modération d'un Juge : c<lr
Madame de Mirabeau doit être ju~e , dans mon opinion,
& dans mon cœu~ avant de l'être par les Tribunaux. Di[cutons donc froidement cette infamie.
, L'accufatiOD ea uniquement fondée fur l~ lettre du Can~,
tinier.
Examinons d'abord fi cette lettre peut fonder une accUr-
T ij
•
�,
Pag. Il & IL
du Llbelk,
'14 8
Cation ? Si quelque avides que les hommes [oient de bruit~
injurieux, quelque penchant qu'ils aient à les croire, une
anecdote que l'on fait avoir une telle origine, aUrait
trouvé la m oindre créance parmi les honnêtes gens fi
r
l ' on n "aVOlt pas eu 1e lecret
de changer mon procès ' en
une affaire de parti, où la prévention accrédite les ahfurdités les plus révoltantes,
Une pareille lettre ne fonderait certaillement pas une
accu ration juridique, ou du moins l'accu(ation juridique
des faits arriculés dans la lettre n'entâcheroit pas un citoyen, Autrement notre r éputation à tous tant que nous
fommes, eft au pouvoir du premier homme qui voudra
nous accufer non pas feu le ment devant les Tribunaux,
mais devant une perronne ennemie qui JUGera à propos de
fai re im prime r l'accu ration,
,
b
Je fu ppo(e que celle du Cantinier a été portée en J uftice,
Je fuppofe qu'il ait fourni les preuves que fa lettre énonce:
( on ne foutiendra pas apparemment qu'il en eût fourni
de plus fortes; certainement il ne me ménageait pas lodquOi! é,cri\'oit ~ Mad~me d,e Mirabeau; il ne vouloie pas
affaiblIr fa plaInte; Il a dit tout ce qu'il a cru pouvait
dire,) Voyons ce que j'aurais pu lui répondre.
,
Je n'au rois pas demandé quel était mon accufateur
quoique le caraétere d'un tel homme pût ajouter beau~
coup à l'invrailfemblance de l'accufation. Je n'aurais pas
même difcuté s'il avait quelque intérêt à me choifir plutôt
qu'un aurre pour l'objet de fan accufation. Non feuleme~t j~ me ferais abftenu de ces reproches généraux;
malS lOIn de récufer le témoignage du Cantinier je l'aurais admis, & j'aurois dit:
'
l'ai, felon l'accufateur, jùjcùé des con{eils a une j eum
{'. ~
.
:
1
J
b'zen 'lu "
[ , rr:d .
je·"me pour ravir
a' tjon
man. Le
pw ae
1 p0.lJe Olt ,
pour, en[ulle [' aband07lller avec un enfant d-e trois ans & les
Jaiffir vis-vis de rien, ainfi qu'elle a fail.
,'
, ,Cet homme ne parle pas d'après fil propre connoilfance.
'" 149 ", t:..r. ;' a l 'C '.r. '{j
Il n'y a nulle apparènèe! que j'ale.' IUjc /le ', e. te S ' C01Ij eZs
cl nt lui. On ne faif pas même s'il parre fur, lé fap ·
p~~:
d'autrui; il ne cire a ucun rémoÎ!~ ; & pr'obablemel}t
je n'ai pas ft'fè.iié des conJeils à. cme Jeune je"}me en prefence de rémolJ1s.
. ...
Pa". a
Le Cantinier dit lui-même que IN confil b z!!tcu~s que Libcll~.
j e foufJlois a fa femme, ~t~ient . C,~AN~fj,S,TINS; qu~
celle,ci qui Je préta d me~ mlpzratlOns ,'zcwifos,' Ilia lie
na(1'emml ell la prèfence Joum alu l'e de fon man.
°JuCques -là [on accufation à l'appui. de laquelle i~ 'n'adn1Ïni/1re aucune preuve, n'eft pas meme un ,témOIgnage
pedonnel contre moi; il n'a rieti vu. [
~
•
Le Cantinier continue; » milheureufement •.•. Je Jus Pag. 13,
)) atteint d'une maladie dangereùfe qui me tint pendant
» une vingtaine de jours ,moribond au.dit 9~âtè.aü ~ d'If
» Four les favorifer. Ce fut dans cet lJ1tervalle ~ue ,M.
» le Comte, par fes vives inftances, gagna en elnuer ,~ef~
» prit de mon époufe ' & la, fit ,donner ,d~ns ,~ V~l, ~ ~_
1> puifqu'elle fe livra fans crainte a [es aVIS &, a [es pral)
meifes flatteufes.
' Il
.
D 'où le Cantinier le fait-il ? Ce n'étoit'''pas aU chevet
du lil où la maladie le tenait moribond pour nous favoriJer,
que je foifois ces inJlances pour gagner en et/tier L'efp~ù de
fOIl époujè , que je lui donnais as avis, & lui ~lfols us
promejJes flaueuJes auxquelles elle jè !twa [ans craWle J en
un mot, ce n'était pas au chevet de fan lit que Je ' la
f,1ifois donner dans le .vuide.
.
Le Cantinier n'eft pas lui-même un témoin, & il n'en r'g, I l
attefte aucun. Nous nous cachions de lui, puiCqu'il a eu
foin de remarquer qu 'il nous gênait. Quoique malade j 'étais a clzarge, & ils ne pou1 oient agir jè/on leurs vues, c'eJlà-dire, ell pleine liberté. Jufqu'au moment de [a maladie
fa ,femme avoit eu toute fa confiance, il le dir. Elle ne
la perdit pas même à ce moment, puifqu'il lui la iifa la
direaion entiere de la Ferme 8\ -des ~ooo liv. qu'il yré-
:ne-
1
du
�l:5 9
tend av-oir pofTédées; & puifqu'il ne Ce crl2t convaincu
qu'après l'expiration du Bail, que fa femme étoit coupa_
ble. Je le répete; l'accufateur lui-même n'eft pas témoin
de ce qu'il avance.
P.g. 1) du
» Pour fe la procurer (la liberté), ajoute.: - il ils
Libelle,
» trouverent bientôt un moyen qui fut que par les 'fol» licitations & les prieres les plus fan es, ils e'ngllgerem
» le Chirurgien qui me traitoit, à me faire entendre que
» le climat du Château-d'If m'étoit nuifible, & qu'il fal» loit, pour le bien de ma fan té , me rendre en cette Ville
» où le climat étoit plus doux, & où je ferois mieux
» foigné. Le Chirurgien fans cloute tout pour eux, s'ac» quitta. d.ivinenmnt. bien de la commiffion à laquelle je
J) foufcnvls, fans peine dans la perfuafion que mon bien
» être s'y ltrouveroit.
~e Cant~ier n'a ~as ,entendu nos priues (.; n:os f ollicililllons aupres dll Chzrurgz-en . La preuve eo eft qu'il a fuivi
Je -confe.Ïl1 ~ lequel il ne voyoit que l'i~tér~t de (a
famé. VojJà.. qu'il eil obligé de donner à fa femme & à
moi un nouveau complice, mais à la complicité duqu el
il n'e'1l p~s plus> ' faci~de croire qu~-à celle de la m aLadie
'lui L'.avoù déten~ JJwr.i6ond au Lit p enda nt v ingt jours, p OUT
nous fa voriflr; car il étoit naturd que le Chirurgien, (ans
t tIe ' §~[',l é le moins .pu monde, confeillât par devoir &
péjr hi.llflanjté à UI~ homme malade au Châte,a u-d'If, &
qui POU'l'IOÏf f(}u,ffri,r le tranfpGrt, puifqu'iI le fouffrit en
effet, d'âller refpirer un air plus fain & plus dou x à la
'J/iUe. Rtpét-oas toujours que J'accufateur même n'ell pas
t~moin , ~ qu'jl n'en cite aucun.
Pag '3.
) JI; n'el,l.s pas pl~t-ôt quitt-é le Château-d'If que M.
» Je C9mte, votre ~poux, ~ ma remme pouiTerent des ris
., par l'eKcès cl(: la joie, IX fe mirent en état de s'arran.
n g~r enkrpble & de p,r,o-jetter ma perte?
Le C Mtinier n'a étê témoin ni des ris, ni du projet.
Il avoù IPÛ/té le Châceall..d'lf.
I~l
,
d.
• cl
l'.g, 14du
M n ;pouCe ne parut point. : :, .: €e retar aVQlt e Libelle,
» . 0 me furptendl'e; il me faifoit même mal pi'éfu.
») qUOI. de manierre que les befoins de mes fQnds & ' le
)) mer .
,
' 1
CL'
'é
» fecours de ma femme, de meme que es elle t s ,~ . ·,
)) tant d'une indiCpenfabIe néccffi té, fu ve~~ caure gue 1e
» ria mon aiTo~ié av e,c un· de meS amIs, J ~e- Ce p:one ~
n iu Châteaw - d'If pour en favoi., le ré{ullCat{. C~'U>x - c~
}) paroiiTant au Château-d'If, n~a femm4 coupable qu'
lt' s'y trouva encore , ne put potnt réfifter en leuJ.1 pré» (ence. Elle (e déroba avec précipitation aux . yeux de
» ces deux per(onnes bienfaitrices pour s'aller Jet.ter en» tre les , bras de M. le Comte, votre é~~x ~ qUI eut la
fage précaution de la cacher dans ltnténeur de fll
:: chambre c'eft-à-dire dans l'a1cove de (on lit. M. le
» Comte r~çut (ans le moindre (ujet ces deux perfonnes
» qui demandaient il parler à mon époufe pour le re)) couvre ment de mes fonds IX effets, aV,ec une ,~rua~té
)) & une indifférence f~t1Is égale, en ,l~ul' dlf~ntqu tl ? a>) voit poin,t vu mon epoufe; que ~ aIll.eurs Ils pOUVOle?t
) me fignifier que jamais. elle ne vlvro~~ pl~s avec mo~;
1) que je ne la touCheraIs plus; que J étOlS un COqulU
» &. un frippon.
.
Le Cantinier n'articule ce chef d'accufatton que fur le
rapport d'autrui, &. le rapport d'un aiTo~~é i~tér~iTé à
l'acC\lfation ' pui(que l'accufateur avoue qu tl n avolt que
la moitié des fonds & des effets, l'autre appartenant à
fa n afJocié qui pouvoit être, intér~iTé à faire accroire au
Cantinier que fa femme av Olt vole les fonds.
) Tout malade que j'étais, je me fis porter chez M .... P'g. '5 .
» pour qu'il me rendit jullice; mais il fit I.e f~urd . à ma
1) priere, pour colorer non feulement une VIe hcentieufe,
») mais encon pour favorifer ma femme & M,. le Comte
» à me T@d,e rl~ que viétime : ce qui' eft odieux &
1'> fouverai nement ifljufte.
Si la femme eût été accufée juridiquement par fo n-
�l'.g. Il &: 1 &
du Libelk.
1) !. ;:
mari, ellé.. auroït u lui dire ,: votre allégatiorl ne Càurcit
me .convaincre. _ Prouvez que j'ai _enlevé cette Comme,
Prouvez que vous me l'aviez confiée. Prouvez même que
vous l'av iez. Mais cet homme pou voit av'Oir la certitude
intérieure du délit, quoiqu'il fût dans l'impoffibilité d'en
cOJlvaj nçre 1iI femme. Ail1Î1 ce genre de défenCe ne me
conv ient point à m oi qui veux montrer qu'il n'avoit pas
m ême cOil t.re moi fa propre conviUion. J'ai fait, à ce
qu'il afft.!re , ~xp,ll!ùr fa l ;m ·ne avec les 4000 lil,. Il ne
l'g .p a~ vu ; il ne cite aucu n témoin. Je reviens donc ~
ce m ot profondé nen t vrai , l'accufateur même n'ell: pas été
tém in CO{ltre m oi , & , il ne s'appuye d'aucun témoigl1Jge.
.Te pa{fe quelques d-êtails dans refquels je ne fuis impliqué que par mes émiffaires ou par les perfonnes que
j'av ois inlu-poJees &- mi/es en garde , moi qui détenu au
Château· d'If envoyois des Courrief,s . e:,x traordin aires par
mer, & pré paro i;; du fond . de ma prifou des coups· tragifjuu à deux lieues de GrajJe dont j'étois ,éloigné de pl us
de trente lieues.
1
Et je demande : d'où le Cantinier fait-il que ces per[onnes qui devoient porter le coup tragique qui n'a pas
porté , étoient mes émiffaires ? Voilà encore que l'accufateur n'a pas été lui - même témoin: T.rès ~ certainement il
n'a pas été témoin du COl.lp tragique q.ui n"a' pas été parti ;
& fi c'e(l. ·l'HuiŒer qui henreufement trompa la raille dIs
imiffaires, qu'on .nous préfente pour' tém'Oin , nous ferons
fond és à crojre que pour fe faire valoir il a fuppofé des
pé rils q~'il · n) pas . co urus, & que le. Cantinier a été
trompé, par, les :rélations de l'HuiŒer.
J ufqu'jl préfent l\accufation . de l'efcrcquerie des quatro
mille francs eft bien loin de moi; elle n'ell tombée que
fu r la femme que Cf; Cantinier croyoit coupable.
1
» Quelques jours après, dit-il, j'a ppris que ma femme
)"t s'étoit (efugiée à Graire chez M . . ••. " La femme elt
...
. .
".
.
faille
.
.
• D
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B.
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t
làifie à Gram~.;.; es perquifitlons lont raites....
n TT:
trouva malhtureufemem pas le fol, dit le Cantinier, malt
foultment qltelfjue Pf;U d 'tffets q~e l'on Jaifit.
Etoit-ce une ralfon de crOIre que la Comme fllt reftée
·e ntre mes mains ? Le Cantinier était d'abord perfuadé
que fa femme l'avoit emportée. Sa prcm.iere ~pinion a
été fauffe. Qui lui a garanti que celle qU'Il a bien voulu
fe former enfoite fur moi cft plus vraie ? Il n'a donc
,
T
•
l'
pas contre moi fa conviétion perfonnelle. .ramars accu'
fateur lui-même n'eft témoin.
Mais voici le grand fondement de l'accufatron en efcroquerIe.
,
1& St
» Il ell: vrai que quant à la Comme de 4000 hyres duPal':.
Libelle.
» qu'elle m'a ufurpée, il n'étoit pas poffible de I~ fallir,
» puifque l'opinion unanime die. tous les Invahdes du
" Château-d'If eft qu'elle la laiffa entre les mains de M.
J) le Comte votre époux; ce qui ell très-vraifemblable,
J) fur-tout étant dans la crainte que je ne la Hs arrêter
J) dans la route. Ce- qui fait préfumer que M. le Comte
n ell: le dépofita-ire de cette fomme, ce font les dépen)) fes extraordinaires qu'il a faites 8{ qu'il fait journelle.
J) ment de tal:ltes les façons.
Je fuppofe que le Cantinier érait c?~vainc? CJ.l.Ie fa
femme lui détenoit la fomme de 4000 hv. N ell:-II pas
évident qu'il ne fait rien fur moi ? Il trouve de la vraifemblance, il a des préfomptions ; mais il ne trouve
cette vraifemblance , il n'a ces préfomptions que fur les
rapports d'autrui: & fi cet homme qui eft m~n a.ccufateur pouvoit être témoin, c'eft encore ub ~OInt 1I1<::ontell:able que fur le- chef principal de raccufatlon, fa dépoution ne feroit pas charge contre- mdi.
Veut-on fuppofer qu'il ait fait entendre dans une p~o·
cédure tous les Invalides & une foule d'autres témOlllS
'lui auront dépofé que leur opinion unanime ell: que fa
çQ
~me laiffa· la Comme entre mes mains ? Ils n'ont pas.
~,.
V
.{
..
I~
�1)4vu dépofer cette fomme: ils ignorent fi eH.e avoit été confiée
à la fel!Jme, & même u le Cantinier avoit en fon pou,VQir unç
telle fomme. Sur quoi donc .dl: fondée cette opin.,ion Una.
nime? Sur ce que cela eft vraife)I1blable, La fimme flanc dans
la eraillle que [on mari ne la j ü ~rrêter dans la rOiJte, 8\
,
moi foifant des dépenfis eXI1;aord.i.n.azns de toutes les façons.
Crainte de la femme d'êtrt arr 'tée fitr la route: 1;h ! n'étoit-
fag . 17
Llo::i c.
il PflS auffi poffible, n'étoit-il pas aum vraifemblable
qu'elle eût choiu tOtit · autre dépoutaire que moi?
Dépmfes extraorJinaires que j'ai faites, & que je fais journellement de {OUtIiS les façons. Cela eft bien vague & bien
relatif. Des Invalides, aux yeux de qui la moinqre fomme
dl: un tréfor ,-étaient-ils a{fez juftes app-réciateyrs de l'extraordinaire de mes dépenfes, pou_r juger (ainement qu 'eUes
excédoient mes moyens & mes re{fources qu'ils ne COIlnoiffoient pas, pour être fondés à préfumer que je ne
pouvois y fubvenir qu'avec les 4000 liv. du Cantinier 1
De telles dépoutions , u elles exiltoient, m'imprimeroientelles la tache la plus légere? Le Cantinier qui ne COI]noi{foic mes dépenfes au Château-d'If que (ur dçs ouj.
dire, elÎt-il dépofé ce q~'il a écrit; le Cantinier accufateur fùt-Îl témoin, pourroit-il efpérer de faire naître pa.r
un~ telle dépoGtion le moindre foupçon ?
Autres chefs d'accufatÏons acce{foires.
çu
» Mais ce qui m'ou~rage, c'eft que ma femme con';
» duire chez moi deux jours apres , eUe eut encore la
» témérité d'aller voir M. le Comte votre époux au
» Château-d'If, qui, par de nouveaux confeils qu'il lui
» donna à mon préjudice, elle a trouvé 190n de décam.
» per encore pour fe rendre derechef chez M ..•• ou foit
» chez M ...• où elle fe trouve.
Le Cantinier ne nous a pas vus enfemble, il n'a pas
entendu ces conJeils. Il ne cite aucun témoin. Sa femme eft
venue me voir au Château-d'If. D'abord il n'eft pas bien
(;lair_ qu'elle !l'eût rien à f~ire, St perfonne al!~r~ qu~
.
~
15)
moi à- voir dans un Fort où elle avoit demeuré Tong.;
temp~. Enfuite elle a quitté de nouveau fon Jnari. Donc
je le lui ai - confeillé. Cela n'efl: rien moins que conféquent. ElIe avoit fui fon mari: Elle efl: ramenée de force.
On n'ilnaginera pas que l'accueil du Cantinier ait été
fort gracieux, fur---rout s'il la croyolt coupable du vol.
Elle fuit encore. II n'eft· nullement befoin de fuppofer une
force majeure qui la détermine il cette fecon.:le évafion.
C'efl: un dénouement naturel qu'on n'a pas befoin de folire
defcendre des nues.
Mais après tout, de ces prétendus confeils, des proteRions même que je lui . aurais prowrées dans fa.foiu , à
l'efcroquerie des 4000 liv. , il ya loin très-certainement:
auffi loin que d'une défenfe honnête &. légitime à celle
où l'on s'eft }Jermis d'employer l'abfurde &. infame lettre
du Cantinier.
» Ce qu'il y a de plus étonnant &. de remarquable
» encore c'efl: qu'ayant été au Château-d'If pour pren,
'
» dre le .refl:e
de mes effets, M . votre epoux,
comme un
» furieux ne m'eut pas plutôt apperçu, qu.'il venoit fe
» faiGr d: ma perfonne pour me facrifier il. [a colere ,
» que je n'ai en aUCW1e façon encourue, &. Je fus a{fez
» heureux pour que des perfonnes, ou foit les Invalides,
» le retinrent.
'Si le Cantinier, accufateur, pouvoit être témoin, fa
dépoGtion [ur cette violence, ~uoiqu'!1 en eût êté l'objet, feroit un peu fufpette; ~ar II ne f~lt pas tro~ défigner
en préfence de qui il fouffnt cette vlOlence. Ge fureTll,
dit-il, des perfonlles, ou fait les , !nvalzdes, 'Ill! ~Ile reuwem.
Mais qualld même cette explofion d une June çolere
feroit prouvée , paroîtroit-elle élOnnallle & n mar'lua6Ie?
Le Cant~/lie,. n'avait, dit-il encolJ.TU ma ao/ere w aucune facon. Certes il elt difficile en motifs; &. l'imput1ltion de
i'infame efcroquerie qu'il avoit portée au Commandant !•• - 1
& ' }a "ifite des a{foçiés! •.... que font-elleSVd.~venues ~
IJ
•
�'r )6
1'.~.
' 7 du
Libd l..
Une co.rreéHon même peCante aurait certainement été uri
aae de J uftice. Il n'eft point d'homme d'honneur, il
n'eft point de Tribunal qui n'eût jugé que le Cantinier
avoit reçu des coups de bâton néceffaires.
» Je paffe fous fiIence les menaces violentes qu'il me
» fit, & les confeils qu'il infpira aux Patrons qui m'y
» avoient conduits, qui tendoient à m'enfevelir dans les
» entrailles de la mer, en me retournant à Marfeille ,
H pour raifon de quoi il leur offrit dix louis.
L'homme aux 4000 liv. n'a été témoin ni des confeils
ni de l'offre; & vraiffemblablement il ne peut en avoir
aucuns témoins, puifqu'il paffi fous ft!ence ce chef d'accu.
fation. On ne fuppofera pas fans doute que j'aurois été
convaincu en J uftice d'un chef d'accufation , que l'accufateur n'auroit articulé qu'en déclarant qu'il le paffoit fous
filence.
Sllr aucun des griefs de cette odieufe lettre, fi le Can~
tinier qui eft mon accufateur pouvoit être témoin, (il
dépofition ne pourroit donc faire charge contre moi. Il
n'allégue fa propre connoiffance fur aucun fait, fi ce n'cfl:
fur l'accueil qu'il reçut de moi au Château·d'If, accueil
bien mérité s'il étoit vrai.
Dans cette procédure, que je fuppofe exiftante, le
Cantinier, fes affociés, tous les Invalides, tous les habi.
tans du . Château·d'If auroient été entendus contrè moi:
En un mot la lettre du Cantinier même feroit une procédure réguliere, qu'il n'en réfulteroit pas une charge de
plus que toutes les abfurdités qu'on vient de lire. Le Cano.
tinier, le feul homme qui pui([e être certain qu'on lui a
efcroqué une fomme de 4000 Iiv. > eft mon accufateur:
fon aCUlfation ne peut Cervir de tém.oignage. Il n'en exifte pas
un feul, proprement dit, dans la procédure fuppofée qui re~.
pofe toute entiere fur des foupçons &. des oui dire. L'opi~:
mon unanime des Invalides n'eft fondée que fur les dépenfes
extraordinaires qu'ils at.teftent m'avoir Vu faire; ET SUl\1
...
.
,.
...
:tS1
'
M ",
CETTE OPINION IL FAUT REGARDER COM E
PROUVÉ, J'. QUE LE CANTINIER AVOIT UNE
SOMME DE QUAtRE MILLE LIVRES. 2.'. QU'IL
L'AVOIT CONFIt E A SA FEMME. 3°. QUE CETTE
j'EMME ME L'AVOIT REMISE EN DÉpbT. 4".
QUE J'AI ESCROQUÉ CETTE SOMME. . .
Eh quoi! par cette procédure même ne ferols-le. dODC
pas juftifié bien loin d'être inculpé? ... S'il étoit un TrIbunal
·aL! monde qui, fur la lettre transformée en procédure, ne
déclarât pas l'accufation évidemment calo~nieuf~ , la te.rre
-infortunée que régiroit ce Tribunal, (erolt mOlllS hablt~..
hIe pour des hommes civilifés, que les repaires des antropophages auxquels du moins on peut fair~ la guerre, &:
chez qui l'homme dont l'honneur el! l'exlftence morale J
ne rifqueroit que fa vie.
La lettre vient d'être difcutée comme procédure, St
c'·eft lui avoir. fait beaucoup trop d'honneur. Je le répete :
» Quelque avides que foient l~s h?mm~s de bru.its inju~
., rieux, quelque penchant qu ils aIent a le~ ~rolre, u~e
» anecdote que l'on fait avoir une telle ~rlgllle, aUr?It)) elle trouvé la moindre créance parmI les honnete5
» gens, fi l'on n'avoit pas eu .le f~cret de cha.nger mon
» procès en une affaire de part! > ou la préventIOn accréJ) dit-e les abfurdités les plus révoltantes.
Je n'attefte pas l'opinion publique> je crois que je n'en
ai pas befoin. Le vrai public, ce qu'on peut appeller le
-public, eft toujours jufte ; &. je ~e penfe pas qu'après
avoir montré que dans les fuppofiuons les plus fortes &.
les plus gratuites, je devrois être ju~ifié '. lavé, vengé
devant tous les Juges de la terre: le pUlffe êt;e .c~n ..
damné au Tribunal du public. Ce n en donc pas 1 OpIniOn
publique que j'invoque, c'eft la malignité des cercles que
je défie de croire à une calomnie dont la fource eft ainfi
connue. L'homme des cercles s'il eft impartial, peut être
malin; maii il n'eft pai de mauvaife foi. ~'jl croit ayi~
-
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15 8
dement la calomnie, s'il la crOlt fans preuves; que le
calomniateur fe garde bien de lui ell offrir: alors l'homme
même le plus léger, ne croit ,p lus; il juge, ne fût-ce qu~
par un fentiment d'amour propre qui doit être plus fort
que la ~alignité, & qui ne lUI permet (las d'admettre"
des pr'euves dont il peut apPEécit;r la fauffeté. La calomnie parvient à éLever [a tête jufqu'au Ciel, & à couvrir
la terre de fes rameau~ , emp'oifonnés, parce que fes. radnes vont fe cacher jufqu'aux enfers. Les racines découvertes, l'arbre tombe.,
Je le répete : c'eft la malignité d'es cercles que je défie
fur la lettre du Cantinier, fur fon accufation intéreffée,
fu.r le rapport 'intéreffé de fan aifocié, fur la préfomption
des Invalides qui n'a de fondement que dans mes prétendues dép enfes 'ex traordinaires à leurs yeux, fur l'aveu.,
que fait le Cantinier lui-même du jugement prononcé par
le' Commandant du Fort contre fon accufation ; fur tous
ces apperçus, je défie la malignité des cercles de me ,
crpire coupable de l'infame efcroquerie dont le û nrinier
m'a. aécufé [ans avoir aucune certitude, aucune probabilité même que je l'euffe commift:.
Et Madame de Mirélbeau au~oit pu croire à cette calomnie abfurde autant qu 'attroce! EUe n'y a pas cru ~
Un de [es partÎfans, après avoir lû cette phrafe de la ,
lettre du Cantinier: & nul doute qu'indignée des démarches
de M. le Comte, v OIre époux, & de ma f emme.",. vous vou-, dre{ concourir cl faire punir / une conduite auffi , blâmable
qu' horrible J & cl me f aire renlrer une .fàmme de 4000 liv.
qui fo rmoit tout mon patrimoine; un d~s partifans de Madame de Mirabeau, fans doute auffi bon logicien qu'hon·
nête homme, à la vue de cette phrafe, courut au. bas de
la Jettre pOUT y chercher la quittance des 4000 livres;
& comme il ne la trouva point, il en conclut que Madame de Mirabeau n'avoit pas cru un mot de la conduite auffi blâmable 'l.u'llOrrible~, Et en effet, fl Madame
'"
p. '
,
'~
'
ld ' '''~
de Mrrabeàu eÔt cril l'accufatiotl &. cralnt une proc~ ur",
elle fe [eroit apparemment empreffée de fauver Jlhonneul',
je ne dis pas de fon mari, je di: du. pere de ~ôt\ fils
qui vivait alors; & quand elle n aurolt pa~ cramt une
procédure, fi elle eût cru à l'accufation, elle aurait payé
le malheureux Cantinier autant par juftice que 'p our l'honu'eur du pete de fan filsl Car 'le dépofitaire infidele, le
débiteur de mauvaife foi~ qui ont le déteftable avantage
de pouvoir nier en Juftice le dépôt & la dette?, n'en fo~t
pas moins déshonnorés & infames dans l,a focleté, qUOIqu'ils n'aient pas été convaincus en Jufbce ; ~ nous ~n
connoiffons tous des exemples. Madame de Mltabeau na
-donc pas cru à la plainte, puifqu~ la quittance n'eft pas
au bas de fa lettre.
Et pouvait - elle y cr6ire ? Cette lettre n'étoit affuré..:
ment pas du fiyle d'un Cantinier. Jamais on ne fut to~t
à la fois fi i15norant &, fi emphatique; ft ridicule & fi 11·
!itéré. Cette tettre avoit.ét~ évidemment diétée; ellé pou"
voit donc avoir été fuggérée. Il y avoit des, perfonnes
iméreffées à tromper ce Cantinier; fan affocié, la f~mme
de fan affocié; Je Cantinier lui-même après tout n'a\;oitil donc aucun intérêt à porter une plainte fauffe ? La
lettre ne pouvait avoir aucune 'Confiflance:, puifqu'à l~
moindre réflexion on n'apperçoit d'au.tre fondement- a
l'accufation que l'opinion des Invalides fur mes dépen(es;
opinion rapportée par l'accufateur & par lui feul. Il s'agiffoit pour Madame de Mirabeau de l'honneur de fon
mari, du pere de fon fils, de l'honneur de fan fils, de
l'honneur du nom qu'elle' portoit. Et elle auroit crù fi
légérement à une plainte dont la moindre attention dev-oiJoit l'abIurdité! Cette circonftance- que le Commandant
du Château-d'If avoit jugé que la plairttë étoit fauffe;
, cette ciraonftance décifive rapportée dans la lettre, lui
auroit éohappé ! Comment Madame de Mirabeau époufé
& mere, Ilorfqu'il s'agiffoit ,de l'honneur de fon mari_
1
~
-
�160
GtI p~re de {on ~s, de l'honneur de
fils,
même, comment auroit-elle pu trouver une conviétion
~Ù la Jullice n'auroit pas même vu mariere à 'foupçon,
ni la malignité un fonaement ? Madame de Mirabeau n'a
pas cru à la plainte; & elle a publié la lettre.... ! Et
pourquoi l'auroit-elle publiée quand même cette lettre
auroit obtenu quelque créance {ur {on efprit. ? Je ' ne fuis
ni jugé ni condamné par cette lettre qui par conféquent
dans {es principes même & {es perfides {uppofitions ne
{auroit lui donner un moyen de féparation. Madame de
Mirabeall publie une calomnie évidente ! Elle qui aurait
dû taire mon déshonneur même, Îl elle en eût fait la
fatale déc.ouverte; puifque tout ce qui pOlwoit réfultep
pour elle de la divulgation de cette lettre, étoit de déshonorer le nom- qu'elle porte ! Madame de Mirabeau
n'a pas cru à. la plainte ~ j'en attelle jufqu'au {entiment
qui lui a fait divulguer ceJte lettre inutile autant qu'odieuCe; car l'animoÎlté fait toujours préfumer la mauvai(e
ron
du lien
foi.
La Jullie: n!auroit pu que m'abfoudre fUI la procédure qUI aurolt contenu les preuves énoncées par la lettre.
La malignité n'oferoit me condaml~er. Et je n'ai encore
tiré ma jullification que de l'accllfation même •.
J'di confervé jufqu'à ce moment le coup de matfue;
&. je le porte.
1';1} t t cIu
Lu plaintes dénoncùs à la Jâm.ille étoient, felon: le Li.ibclJ••
bellilfe, hien faites pour refroidir le zele de Madam.e tk
Miraheau qui "voit été ftf1lent jufqu'à cette époque. Or voioi
ce que · Madame. de Mirabeau m'écrivoit le 15 décembre
,J774 au · fujet de cette Cantiniere refroidifJante.
» Il (le Chevalier de Mirabeau mon frel'e)- m'a don~
) né. ~e tes nouvelles· dans le plus grand détail, fa'ns
» oublIer une Gertaine Cantiniere dOflt il m'a beaucoup
) parlé, & qui ne laiffe pas que de t'ocouper. à ce
~ 'lU:il pI:étend;. allons, Mo, à v.gtre plu$ graooe cQ.m~
Il modit~
»)
.IlSI
modit~ comme dit v<!>tre oncl~; il eft bien fait de
» chercher à -fe defennuyer. Plaifal1terie à part, mon bon
» ami; il m'a dit du bien de ta fallté dont j'étais très» réellement en peine.
Je n'ai pas donné ce patfage, dans ce que j'ai imprimé
'd e cette lettre, pag. 2Z de' q1es premieres Ohfervations',
lX je Ile l'aurois pas qonné, tant j'~tais éloigné de croire
qu'ulle plaiJa nrerie de Madame de '1irabeau pût dégénérer
en urie accuültio-n atroce. Mais voici ce oue Madame de
Mirabeau m'écrivoit le 21 février 1775, c'eft-à-dire,
préci(ément à la reception de la lettre du Cantinier, &
ce fragment a déja été imprimé. AillÎl Madame de Mi~
rabeau devoit s'en rappeller les détail~.
. » Je fuis au défefpoir, mon ami, votre pere a reçu
» Dimanche une lettre de Marfeille très-volumineufe;
) comme il n'y étoit pas quand on l'apporta, lX que
) je vis le timbre, j'efpérai que ce feroit de M. d'Al» legre , lX que je faurois par là de vos nouvelles;
» maIs perfonne ne m'a rien dit.
Ce VOLUMINEUX PAQUET était le paquet Mouret.
Et comment Madame de Mirabeau n'eut-elle point alors
cette lettre qu'elle nous communique aujourd'hui? Ou Îl elle
la reçut, pomquoi ne la communiqua-t-ëlle pas? Atfurément cela ell fort ohfcur, & cela l'eft d'autant plus,
que le Cantinier écrivoit le I I février 1775 : or Madame de Mirabeau qu'on prétend avoir été
jufiement
refi-oidie, m'a écrit poftérieurement des lettres auffi tendres que toutes celles qui les avoient précédées. Encore
une fois tout cela eft fort obCcur.
Mais en revanche, ce qui fuit eft très-clair.
Les plaintes du fieur Mouret furent communiquées à
M. d'Allegre par mOIl pere & par le Gouvernement qui
ne croit apparemment pas auffi aifément que le Liberlille à la complicité des Commandans. Et voici ce que
ce digne militaire, COMU depuis cinquante ans dans cette
Ji
X
•
�tl)l
Province pour un des excelleus- hommes - que le hO Il
peuple de Mal'[eillè ait Frodui~ , r écrivit à ce ' fltiet à.
mon pere. J'ai la copie de c<:tte Hlttre de lii main de
1\1. d'Allegre lui·même.
-
.
Lwre de M. li' Allegl'e Il M. 'le Marquis de MirdD-eau, dIJ
.
'9 mai ·tJ J!J.
» Vous trouvereZ ci -joint, M. le Marquis, une lettre
» de M. :rotre fils. Je vois par la précaution que vous
» avez. 'prl[e, q~e vous vous méfiez d'un Chef qui n'a
» eu tien tant a cœur que de concourir à vos vues
» pour vo~s r~ndr~ Url fils tel que ·voùs- te defirez. ' •
»). On m avon .dlt ~ ~. le Marquis, qtl'ùn vil Ca~ti
») mer VOliS aVOIt ecnt des horreurs de M. le Comte
») (j'avais ~e la pei.de à me le perfllader), · màis la let» tre dont 11 me faIt part, & la derniere que 'lOCS me
» fi~e~, i'h~nl1eur de m'~crire; ne le confirment Glue trop_
» SI J aVais pu prévorr qu un infame eût la hard lfffre
») ~'é'crÎ~e ùn libel.le éaromnieux- cOAtre M. votre fils,
» J aurDIS repouffe par les preuves les plus forte~ les
» fa~ffes i~pljtations de cette ame de boue. Pui[que jl!
» fl~IS force cfeutrer dans des détails qui ne [OAt fait~
) n~ pour va IfS, n~ I:?ur moi, j~ p3.ffe par-delfus Ina
» repugnance pour ]ufnfier M. le Comte (de qui la ramé
» a, beaucoup [ouffett de. t-outes ces tracalre,ies). J'aurai
» 1~onneur de VOliS repre[enter, M. le Marquis, que ce
» ml~érable -1\1 . • .• (dont vous avez trop accredité la
» ~1~!Ote) eft uu bUltal, que [a femme avoit quitté trois
» tais pour ne pas expirer fous le b âto n.
» Que ~ette rauvre. (e~me ma.ltraltée journellement
» par fa nvale & [on IOdIgne man, attirait la compai») fion de toute la Place. M. le Comte qui a le cœur
» l~ plus e~ceilent . que je connoitre, s'intéreiIa trop
) V'"tVement a cette Jetl~le femme. J ,
'
.
"
l
d
• ~ » 'Dès que 1~ m app~rçus
3
que
r.
"
•
" 'J"'J'.
"
cl
•
la t·toonnoouance ev~.
» noit trop affeétueu[e St s'enveloP?9it ,du Illy (tere, Je
» 1-'1 fis Iortir de la Pl:ace' ~ aprèS' avoill -ea laI ppécaution
» de faire vifiter [a mâle par, tout' l'tlm- illt1jor, pour
», que [on 11}a:~ ne pû~ pas dire av~ir été volé. Cette
~>~ femine pa-rutJdal1f la .ktltfie :.t'~oIltAlh n.•rk ne :p1us ha» biter avec [on ;a ffa ffin. V oili!, M. le Mè1:quis., .qUl}lle
» a été la conduite de M. le Comte. J'aurai l'honneur
i) '~de OÙS obfer:Vér lqU~ r.tg' ~ ·Vlngl.<linq g,fJs~ on [e
~) . charge volontiers de confoler tine jPlie affiigée; fi [on
'" âge j~n aurais fai't: ')au~ant .. D'ayr-ès l'aveu q~le je fais.,.
,.,. je cl'ois qu'uM fo-u-gue cfe leune.ffe ·Ile devoit pas pn:" ver' M, 'le Comte dê l'attt!ftàÜoH'> q~e' j'ai ll 'hongeu-r
)' de vous adreffer.
Quant aux plaintes '& aux prèuves ·dont vous me
.}) parlez dans votre ,demiere lettre, ' M. le Mé;JI"quis aura
)) la bonté d'ob.ferver que -la fi·g nature d'un cQef cft l'a
0» ,[eu le qui feffe ' fui.
1
J,
») ' ·M. votre fils v ous ' pl'6~vera par é1e5 . certifkats de
.») .rE.tat NIaJor & de
[e·i !:aitlaradei' d'infortune, ej"u 'il
.n . emporte avec lui reftime, l'amitié & la confidération
) de toute la Place .. Par l~ s proteftations que M. votre
.» fils m:a faites de n'avoir d'autre ambi~io.n que oelle de
» vous plaire, je fuis pho/fiquement fûr qu'il vous don») nera aoram de fati6'faéhon il l'avenir qu'il vous a dOIlné)) d'inquiétucl'c;:s.
.
'c
» Quoique la pureté de mes intentions & mon aUa1 chement poui' M. le C{)mte m 'ait attiré bien des déCa-}) gPémens le ,refpeU qu.e · j',ai pour 'Vos moùfs me les
.)) 'faie t-ons oublÎer.
~',; }e, rèiH!n:iIhedt a il. P':~: d~ prife [ur un-e ame hon» JH~te , que Je vous pne cl agreer les alrurances de mOlt
. ) r e[peélueux attaçhement avec lequel j'ai l'honneul' d'être
. p. &c.
.A qui Madame de Mirabeau Eer[uadera-t-elle q~ cette
h
-»
!toUs
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Xij
,
-
�'6"
.
1 4
_~
~
in'Cohoue? Elle n'o/ha
fOlÛerfir drl
rt;ait , pas eu conf1oiiTance de la (uivantc" ql,Ji
Iwtre ~dée que ~e lle ' d'une excellente C()n~
part (1) au Château· d'If.
lrttré lui te na
moins qu'eUe
exclue! routé
duite de ma
'pas
Lettre de M. d'Allegre au MJlt"quis., de Mirabeau fc{u
z4 Mai 1:775.
.i.
»
»
»
»
1
!:
J
~
,
•
» • Toute la PXOVill(!~ fajt, M. le Marquis, que vous
avez fixé l'e1argilfe.lJJent d~ M. te CQmte de Mirabeau,
au rapport qu.e je vous . ferai de (a bonne conduite.
Madame la. MarquiTe de Rochechouart me l'a affuré
pluGeurs _ fo~ ,_ St, M . . de Ga{faud m'a faIt part d'une
..
( 1) Madame de Mirabe.u n'ignoroi t pas les comptes rendus fav orables de M. d'Allegre, pui rq ue le '-7 No.vembre '77+, elle m'écrivoit:
" Mon beau.pere a re~u Mardi dernier unç leure de :M. d'Alleg re,
" mon bon ~mi , qui lui air".ir beaucoup de bien de toi. Il avo;e ce
., jour là a!lèmblée comme tu (ais. Tout à co"p il vint m'embra!lèr
>, al'ec les larmes aux yeu~ > & me montra la lettre, en me donnant
" à deviner prem ieremene de qui on .. ouloie pa der , en dirane tant de
" belles chofes , EnAn, mon cher ami, j'ai été très-comenre de l'effee
" que cerre lettre a produit. Fais enforre que M, d 'Allegre en écrive
. " en core quelq ues unes de (emblables, & nous (erons bientôt contents
. " à ce que j'clpere, " Elle n'ignoroit pas que mon pere croyoie déf~
rel' à ces comptes rendus & adoucir ma détention , lor(qu'il me
fairoi t transférer à Ponta rlier: Elle ne l'ignoroie pas. pui(que le 201-Avril ' 77 selle m'écrivoit : " Comme j'étois hier après (olliciter votre
" pere, eomme à mo n ordinaire, il m'a dit qu'enfin je (erois (atisfaite.
" & qu'en arrendane que la tournure de mes affaires _permierent davan" tage, vous alliez être dans un endroit beaucoup plus convenable
>, que le Chi teau-d'If; & que de plus il n'av oie donné aucun ordre
" CO lltre votre liberté , {j non au Commandant de répondre de vou,s
>, ju(qu'à nou vel ordre, En vain lui ai-je demandé le liell que vous
" allièz habiter, il m'a {eulement répondu que vous (eriez plus l
" portée de moi, & que vous m'en ini'lruirier. vous-même, ayant dé~
" [orlllai s pleine liberté d'écrire,
16'")
'1'
» lettre qu~ vous l,d avez écrite en ~O J1(equeI1C,e:
,»
,
Je vous avouera i, M. le Ma.rqUIS, q~e 1 hon~eur
») que VOLIS m e faite s ~e yOlIS en rapporter a, mo~ dIre,
» & le peu de confiance que vot re (ilence m a fa It pre(» (entir, (ont un problême que le plus grand calculateut
» ne yiendroit pa s il bout de , ré(oudre.
» Sans me donner les airs de vouloir analy(er vo,
». motifs que je rc(peéte infiniment; il me (uffira de vo~s
») faire part de ma profeffion de foi ~ pui(qu'elle d o~ t
» brifer les fers de M. le Co mte de Mirabeau. Je (U1S
» très-perfuadé que cette piece produira tout (on effet
» (ur le cœur de l'aini des hommes, qui a donné de li
» excellentes leçons d'humanité. La grace que je (olliCite
» ell: en faveur d'un fils qui, par (a ré{ignation à votre
») volonté, mérite tout le retour de tendreife d'un pere
») re(peétable que toute l'Europ e révére.
)) PuFque cetté lettre 'doit faire- ép'o que, recevez, M ..
)} le M ,u'quls, l'atteftation la plus authentique, que de~
» puis (ix mois que M, le Comte de ~ir~beau e,ll: ~éten~
)J au
Château·d 'If par ordre du ROI, Il ne m a Jamais
») donné le moindre (ujet de plainte, qu'il s'ell: toujours
n parfaitement bien conduit, & qu'il a (oute~u avec
» toute la modération poffible, toutes les altercatIOns que
» je lui ai quelquefois (u(citées po~r ép~ouyer (a fougu~)
» Que (ur (a parole d'honneur, Je lIu al donné la lL» berté de la Place, dont il n'a jamais abufé, Je me flatte
») que M. le Comte aura bientôt la (atisfaétion de voir
» réali(er (es efpérances; & que s'il (e pré(entoit des
» o~ca{ions où ' le zele & la fermeté ,drun vrai Militaire
» pull'ent vous être agréables, vous n'héGteriez pas de
» m'employer. C'ell: dans cette croyance que j'ai l'hont) neur '&c.
J'ai la permiffion de M. d'Allegre d'imprimér toutes (es
lettres, (qui certainement av oient paffé (ous les yeux de
Madame de Mirabeau, ainli que les propres lettres de
�,166
cene-ci l~atte{fent) &. voici ce que M. d'Allegre a enào1'e
T'OUlu .m'écrire à ce fujet.
A Mar{eille le 18 Avril. J7 8 j.
_» Je n'aurois jamais imaginé, M. le Comte, q:u~apres.
» avoir repouffé dans [011. temps, aupres de. [eu, M. le
MarqUIs ,d e -Hoche.chDllIart ,. CrunmandaJ\!t en P!1ov.ern:e,
'1
) &. de M. 11: Marqwis de Mirabeaû votœ ~i?ene, la plgilllie
)) infanie &. calomnieu{e du nommé Mouret, Cantinier au
" ChâtealI·d>If, il me fallût affirmer en~ore la fauifeté
>'1 de .res ilnylltatioDS..
_
» La vérit-é eft ,une: ce que j7ai Iffit dans ' un temps,
n ' je ' le ;répéterai toujours_ VOlTS l,pouvez pllo~uire les
,) lettres que j'ai 'écritos à M. le }'1ar:quis de MIrabeau,
:); relatives à cet objet, fi VaLlS en avez befûln pour votue
» jl\ftification.
Il li Y a pres de dix ans, M. le Comte, de toutes
») ces 'tracafferies. Les détails Ce (ont effaâs de ma 1lJ~
~ moire. Mais ce que je n'(!)ublierai jamais, & que j'affir.:;» milTa1 toujours en faveur de la vérité , c'cft que quand
}) la Cantînieré Mouret fortlt du CMteau-d'If, j'eus la
II précaution de faire viGter fa , malJe en préfence des
~>- -Officiers de la Garoifon &. des Se~gens : :qu'()11 n'y
.» "trouva que des effets de femme &. pifs un-(où tHargent
-») comptant. lJaffirme &. attefre Ide plus ., que red. MOUret
'» après avoir quitté la fellme du <;;l:! ilteau.a'f~ St avoir
» repris fa femme, eft venu chez moi fe pla.indre que
,~ la Blain., fon affociée, lui aVQft enlé-vé .toute [on
» argenteûe, fes meubles &- f~tl 'a~gegt ootnPT&IH., etal1t
~) la ,Mpol1taire des·JfoQd&~·.& l'aV'Gi~ eNfla ladfé à lu
-») chemire. _ _
, •_
,
» Cette plainte démontre clairement que fa feftlme nl!
li potl.voit pas lui 'avoir enfevé 4000 li\<. · puifque c'éro!t
» la ~Iain -qui avoit les, f{)ll~s de .la foci èré . ,
._
lt 'Je fouhaite que, ces v.éIlÜes aient .~ .f~c&~ lIq.u{' Je-
16 1
.
deGre. Ce que je delirerois plus ardem?1ent encore, (e» rait votre réunion avec M. le Mürquls de Marignane
t) que je refpeéte infiniment . . , . . .
J'ai l'honneur d'être, &.c.
Avez - VOliS bien compris ces mots, LA P.LAINTE
lNF AME ET CALOMNIEUSE DU NOMME MOU-,
REl"; &. ceux-ci: apres avoir 'luètté la Ferme dll Château"1
JI/f & 'avoir repris fa fimme, il efl VENU CHEZ MÇ>~
SE PLAINDRE QUE LA BLAIN SON ASSOCIEE
LUI A VOIT ENLEVÉ TOUTE SON ARGENTERIE f
SES MEUBLES ET SON ARGENT COMPT ANT ~
ÉTANT l.A DÉPOSITAIRE DES FONbS, ET LIAVOIT :ENFIN LAISSÉ A LA CHEMISE.
- Quand M. d'Allegre m'écrivait ainu, il ~e fe d?utoit
guere ~ue . Moure~, il'ldigI~é de ce ~u'on m'Imput?lt [o~
erreur a cnme, m envoyait de fan coté la lettre fUlvante.
)1
Leure de F. Mouret au Comte de Miraaeoau.
» A Marfeille le
2Z
Avril 1783;
)) M. le Comte,
))
H
))
II
))
)
j)
»
))
))
»
» Je viens d'apprendre que Madame votre ~pot.l[e vient
de rendre publique une lettre que je lui ai écrite eIl
Février 1775, par laquelle je me plaignais de vous
pa.r le confeil que mon affociée m'avait dit que v~us
donniez à ma femme, de même que les quatre mll!«
livrès & effets qu'elle m'av~it dit que VOliS lui avie<l
confeillé de me prendre. Je n'ai reCOllnu que trop
tard la fauIfeté de tout ce que j'ai Ccrit à Mad ame
votre épou[e. Il eft vrai que dans ce tem p~ j'étois
bien malade, & que mon affociée, conjoimem ent av ec
un Clerc de Procureur me f:aifo ieut ligner to ut ce qu'ib
vOllloient, pllifque la lettre qu e j'ai écri te à i\b da me
-
�168
Ji votre époùfe a été compofée &. écrite par - ce Clerc
~) dé.. ProlO uFeur, qui cherchoit conjointement avec mon
)J affociée à
me réduire à la mendicité, comme il y
» avoit bien réum, puifque j'ai été obligé de f'Crvir de
" Cuifinier chez M. de Mons à Aile, pendant tme année.
1)' Heureufement que par mon travail &. Pamduité de mal) femme auprès de moi, potlr mes affaires, je fuis par» venu à gagner quelque cho[e. La vérité eft donc, M.
) le Comte, que je n'ai trou\fé à ma femme qu'une
) malle contenant [es hardes, &. que les 4000 liv. dont
) je me plaignois qu'eUe m'avoit prifes, de même que
fT mes éffets, m'avoit été au contraire pris par mOIl <ll> fo ciée, puifque j'en ai fait dans fon temps la ré cl a» mation en J uftice cMtre mon affociée . Si vous avez
» befoin de preuve plus authentique de tout ce que je
D vous av ance,. je fuis prêt à le faire pour rendre juf~
» tice à la vérité.
») J'ai l'honneur d'être, &.c.
' 6
• .
".' !t 9 d • 'H'.
li Mouret
. lOUl'
.
~eolt <le Madame (le lYurabeau e s allUrer 1
riendroit Ca délation avant que de rendre publique cette
odieu[e lettre, eût-elle été auffi néceffaire à la caufe qu'elle
y eft inutile.
Quoi qu'il en foit, voilà l'épifode de la Cantiniere
'êc1airci. Une fimple allégation avoit petfuadé cette infamie.Que de preuves il me faut accumuler pour la détruire! L'homme [era-t-jJ ,donc toujours le premier enneIN
de l'homme .. . . ? Je ne me permettrai d'ajouter qu'une
réflexion bien fimple : Il n'eft pas [orti, je ne dis pas de
la main d'une -épouCe, je .dis de la mai.n de l'ennemi. le
.rlus ~o rc é né, ~Ile ,ca!omnie Vl~s év!dellte.' ni plus ~ ~ro ce
qué celle que Je v iens de dévoiler; &. qUI a calomnH: ti lle
fois, peut &. doit calomniér cent fois.
A des inventions fi horribles, fi abCurdes , à des aile garions dénuées de toute vraiffemblance, j'ai répondu par
des preuves légales. Et J'on m'inCulte encore! Et l'Pli (,u p,
pofe- a~quis tou ~ les" faits qu'on .~ Olé imprimFr, ~ Et 1'00patle au nom de Madame de MIEal:reau ~de Co.n. l:lOnn~ lIr j
de [a délicatèiI'e; de. Ces dtoits'; ' de; mes devoirs! 1 Je fais
tout' èéla; .mes amis, mes parens le Cavent, &. tous me
di[en~, modiration ,parÎmce ! . . . . La MODÉRATION ;
bui, je ' me lâ dois; &. la PATIENCE eft:la loi de. la néùnÜë; car les ch{)[ès ne _s'aff~rit point de no~ empor.
tem~n~. M ~i~ ne jugez ~o,nc plus fi légéJ:ement les- hommes, vous tous chez ' qui le pluS'-leger grai~l de calom nie
germe &. produit une légion de .phantômes, tandis que l'ac'Cumlllation des preuves &. la démonftra-tion des abfurdites
balancent à peine un conte .injurieux &. flétrilfant. ]Ne jugez plus fi légérement les hommes, &. demandez' à . '10tre con[cience lequel d'entre vous [auroit [e contenir il la
'vue de tant d'horreurs, qu'ofé fixer d'un œil calme, &.
.débattre d'un ton modéré celui dont vous avez tant proclamé la fo.ugue &. la yiolence.
/
,
Dira - t- on que Madame ·de. M<irabeau ne connoifToit
pas cette lettre? Sans doute eUe ne la connQiffoÎt pas.
Mais n'av oit-elle pas depuis affez IDng-temps, mille autres m oyens de réduire à l'ab(urde l'accu(ation du CantinIer : &. quand il [eroit (lomble qu'après. les lettres de
M. d'Allegre &. la combinaifon fi facile de toutes les
circ on fiances qui me juftifioient, il eût refié quelque
doute [ur une affaire antérieure de dix années, un mari,
un citoy en, un homme, ne valoit-il donc pas la peine
qu'on éclairdt une accuf<ttion fi infame avant de la rev eiller contre lui ? Le Cantinier Mouret eft aujourd'hui
Aubergifie de St. Jacques à Marfeille. Madame de Mirabeau l'ignorait fi peu qu'un de [es partifans ne celfe de
llarceler le pauvre Mouret pour l'effrayer [ur les fuites
p.e [a rétraétation. Il [emhle qU.e la prudence [eule ex~gemt
y
•
-
.r
,
�,
,."
.
"1-70
ti..) tette 'tiolen~ ex .
gt!rée ,; .rJIave1l!ie;ùlénaaiJée. çomm~ tous- les déÔlqfS &1:;
DiJF,matioDI. -
Telles
qti'alenLét~ cette .fougue
<lfres. .fle ma: v.iel, ~e ne. diffamai, ni calo;r.n.niai- jamais Ma
damt' de Mirabeau ,\ même au temps de [es procédés le;
}llu révOiltams.; ' &. fi quelquiù~ fut' 1er terlie J.e f.ait, a1fu~
rémen .c'.t!ft elle. Je t~ouve cependant dans: 1 Libelle "
l'ag. lJ du» En' r.776 ,111 parudous 1è nWIt ide ,1\1: I.e O~mlte ~e Mi:
L,belle.
,) tabeau. un Mémoire imprimé" dirigé' contre ,M. de Mi~) rabeau pere, au fujet de l '.interdiélion de biens que' ce.
» lui-ci avoit fait prononcer contre fon fils. Dans ce Mé» moire la Dame de Mirabeau eft outragée d'une maniere
)-) affreufe.
Et ailleurs:» Madame de Mirabeau eft affreufement
Pag.83' » calomniée &. diffamée da AS des Mémoires publics lit
» dans des lettres écrites à des hommes en place.
Pag. u
J'avois dit dans mon Plaidoyer: » Quant aux lettres
» quelconques que j'ai pu écrire aux gens en place lit qu'on
» atteHe, je n'en dois aucun compte, foit parce que des
)) lettres miffives font fous la garde de la foi publique;
t> foit parce que des plaintes même, mai,. dépofées dans
» le fein des Minill:res du Roi, ne fauroient pairer pour
» des diffamations.
Le Libellifte paroît méprifer beaucoup cette profeffion
de foi. Il faut y joindre quelques r~flexions qui la jull:i~
fieront peut-être.
Dans aucun cas ces lettres, diffamatoires feIon Madame
de Mirabeau, ces lettres adreirées au Minill:re, ne pourroient paffer pour des outrages capables d'opérer la fépara tien (1). L' A.rrêc r~cent ~ célebre rendu contre la Comr.
teffe de Montb"iffier y eft formel.
Î7 1
.
De plus, des lettres ne fauraient paR'er pour des dlfi'a'Jnations~ à moins ~'ell~ , ne deviennt:nt publiques par le
fait de celui qui les a écrites (1). Or, il n'eft pas prouvé
que je les aie écrites; &. non feulemént il ne l'ell: pa~ que
je les aie publiées; mais Madame de Mirabeau indique,
c1'après fon beau-pere, l'auteur de la publication, i& ce
n'ell: pas moi.
_
Mille fuppoÎttil'lns trÈ!S-naturelles peuvent expliq~er un~
publication de lettres à l'infu de celui qui les a écrItes. SI
j'avais réellement écrit au Minill:re, s'il avait en"oyé mes
lettres à une perfonne de ma famille, &. que cette perfan ne en eût ab\Jfé pour les divulguer, je ne ferais pas le
diffamateur.
Si j'avais à me jull:ifier de les avoir écrites, je pourrois
porter plus loin les fuppoÎltions. Je veux qu'elles exill:ent
ces lettres &. qu'elles [oient de moi, qu'en . rëfulteroit~il?
J'imaginois que Madame de Mira.beau avoit dit qu'elle ne
pou voit rien pour moi, 'p'arce -que fon pere le lui avoit tléfendu; peut - être même l'avoit - elle écrit; &. c'eft 'à ce
propos qu'elle ré'paroît fu~ la fcene. On a 'di11t>qué ~n lettres i.taliques , féparées par des points, la phrafe [ulVante
comme le com'plément de l'outrage: celle 'lui m~ dou tout
l' hOftneur & la vie .•• ne p eut rien pour moi, parce que mon
pere le lui a défehdu. ••••. Puiire-t-il la défendre aùffi des
remords qui doivent la déchirer!
Suppofons .que ces mots: ~elle 'lui me dOIt l'honneur &
la vie , foient un aveu de Madame de Mirabeau elle· même :
( car 'ennn rimaginatio!1 hu~aine va loin en fait de fupl'ofitionsl ) Ma&m1e' dC' Mi1'abeau ne pounroit~'accu(er d ~
ca~omn.je; &.. mai) ' pel1é<tt'ê -de fEln ingratitude, n'aurois·je
'Pas, fans ou~rage, plll ,rappeller "au Minill:re, des bienfaits
. 1"
1
J
1
1,)
1
( 1) Voy. l' Artl~c cancre la Comrelfe de MomboifIier-Canillac, rappo.né dans le Recueil de Deni(art, 'V 0 • Séparation, n O. IJ .
( 1) Voy: (ur le point de droit le Traicé des Injures, pag. 53-
Y ij
•
-
Pag. lof&< 1)
du l. ibeUe.
Pag.13
Pag.
&.~
1+(
�17 z...
.'
a.voués_ par. ma. (em~e? Un malheureuJt qui re croit aba-n;
donné de celle' qui lui doit (out, feroit-il criminel pour UJl.
te) mouvem~nt de fe.ntiihilité ?
,
Enfin, fupposât-on encore que ces lettres (ont de moi;
Cj'ai toujours affuré & -j'alTure toujours que je n'en fai~
rien, ) qu'ell~s fo,nt telles qu:onJe qit, t!< publiées par moi;'
je demanderai: où ell l'injure faite à Madame de Mira~
beé\u ~ Sont·ce les poims ? Ell-ce par ~es points qu'on m'a
calomnié moi? Ell-ce avec des p_oints qu'on m'a diffamé l
Milis pourquoi qfe+on m'imputer la publication de ces
Ecrits ~ ,tan4is ,Q4e le Libelle publié .au nom pe l\:1adame
de Jy1it~b~_u _ r~tlferme la prj!~Y!! .C puifqu~ ')es Iqt~res dè
mon 'pere font deS preuves, quand ces' lettres m'accufent),
que fi ces' lettres 'pnt >é~~ pnbliécs ; elle~ l'ont ét~ par une
tierce p~rfonn e , da ns un temps où je n'avois point ma liberté. Cet~e perfanne ell indiquée, mon ' défaveu fuffiroit
donc.
.,
_
Il ne fuffit pas, dit le Lib~llilte; il fallait pourfuivré
J(}S .9t1tellrs_de, la. puqlic.at~on du Mémoire, -& demander
v engeance de la diffamatiqn.
Eh quoi! Madame de Mirabeau, qui co.nnoÎt le n,a m
des perfonnes qlji pu.blierent, . dit-on, le Mémoire & les
lettres, Madame de Mirabeau laif('e le Libellille ,me dei
m.iJnder P9}lrqu,ai je n. ai pas fait , \lIJ procès , crimi}1el aux
auteurs de cette public~ion! 4.h !,je .ne ,catirais m'étonner
que ceux qlli 9nt armé contre moi mon époufe, & qui
ofent me reprocher d'avoir al/enté ci l'honn!ur de mon pue
p ar d'inJàmes Libelles , regrettent que je n'aie Ras déchiré
le fein qui m'a porté! Ils me l'auroient conJeillé f"ns doute.
Pour moi qui n'ai pas les mêmes expédiens, çlans la tête,
ni le !1lême ,c o4rage .dill}S J~ cœur., je n:aurois jamais foulevé le voile qui couvroit les auteurs de cette public a:'
tian; cette crainte religieufe eût·elle dû me coûter la perte
de !llon procès. Qu'il parle ç.elui qui oCeroit!!le l~ reproj
,
. ,
,
J
"
'
ln
. nd e 'pout,
cher, st que r h'orreut des honaê tes gelfs l'
Ul repo
moi.
.
Je n'ai qu'un mot à ajouter dans l'immenftté des ch~fes
que ma plume a tracées au milieu de la vie la plus agLtée
qui fut jamais; il m'elt impoffible de !De rappeUe~ tout ce
que j'ai écrit, tout ce que je. n'ai pOint é~~l~ ; & Je rép,ete
que je ne dois aucun cQJ11pte de ce que J al dép,of~ dan~
le fein d;u Minillre, du Roi. Mais, encore une fOlS, Je n'al
p oint calomnié Madame de Mirabeau; qu'elle me mo.~tre
mes lettres; je fuis prêt ' à' foutenie, à jultifier, à prouver
tout [ans exception, TOUT ce que j'aurai véritablem.e nt
ecrit, L'offre eft précife. Que Madame de Mirabeau fait
moins prodigue des épithetes ,de calomniateur & de diff..r.mc:twr juCqu'à ce qu'elle l'ait acceptée.
Acc~ptera-t -elle de même le défi d'expliquer ces mots
SPOLIATION IMMENSE, ATTENTER A LA PR04
PRIÉTÉ D'AUTRUI, & de prouver.les inf~mies qu'ils
indiquent?
'
Si Madame de Mirabeau n~ connaît pas la procédure
prife à Pontarlier contre moi, elle elt coupable '& tl'èscoupable en tout fens. Elle elt coupable d'une lâche tiédeur fur des' faits qui intére{foienunon honneur. Elle , ell
,c o upable fur-tout d'a fer parler d'un,e affaire & d'une af·
faire capitale, fans la connoÎtre. Elle eft coupable de réveiller des accufations qu'elle n'a puinl' aprofondies; &
tous ces délits font indépendans de fa qualité d'épou[e ;
qui certainement ne "les attenue pas.
Si Madame de Mirabeau connoÎt la procédure de PGllt~rlier, elle fait qu'il n'y elt pas même queltion de Jpo ~
,liation. Elle fait que toutes les circooflllnces de l'évafion
,d'une ,certaine Dame que le LibelliUe, à mon défaut,
a nomm~e, s'oppofeNt invinciblement à ce qu'elle ait emporté même ce que les précautions les plus ordinaires &
,Ie,s plus )imples ell:igeoient; elle fait qu'au preniier avii
,
Spo!i,"on;
�174
ès bruits populaires què les réticences perfides des Jntl.;
reffés paroiffoient vouloir confirr~er , j'écrivis , 8{ ~~priinai
'Cette diatribe véhémente.
Sotond mê» Perfonne ne v.oulut {e perfuader qu' une fuite d'un
r=~ir~a~~:,,~ai 1> tel éclat n'e-ât pas :été combinée de longue main & fadaos l'affaire de » vorifée ; & comme on ne (avoit pas précifément quel
POOlariier.
t li juf~. r H p,
. » étoit le lieu de ma ,r.etraite, oomme les calomnies feo:
» mées avec un art inrernal , avoient univerfellement ré~
» pandu de Ce5 bruits que la malignité humaine n'adopte
» que trop évidement, les méchans '& leurs émiffaires
» ne manquerent pas de me compliquer dans cette fuite ;
» mais auffi, .comme il n'eft dOflné qu'à. la vérité de ne
» fe contredire jamais, on répandit des bruits, &. l'on
» affura des faits contradiEtoires.
» Peu de joùrs avant le départ de Madame de M . • ... on
» hurlait encore que j'avais publié de fes écrits ; que je
» faifois imprime.r. à N .••. l'Hiltoire de nos amours; que je
» lui avais à la vérité promis de l'enlever, mais que je
» ne prétendais que l'afficher, ahn d'avoir le plai!ir de
» paffer pour fan amant & de m'en éviter les embarras,
" en rendant par mes indiCcrétions fan enlevement im» poffible. Je puis montrer des lettres , qui contiennent
» toutes ces chofes, lX citer cent témoins qui les ont
» entendues.
» Quand Madame ..•. fut partie, il fallut bien changer
» de langage. Au lieu de chercher à' étouffer un éclat trop
» utile à ceux-là même qui déclamoient avec véhémence
» contre l'énormité du fait, ils m'accuferent d'avoir en.
' ) levé Madame .•... pour m'approprier fon argent & Ces
» dépouil1es ...... Oui, ils proférerenr cette accufation
» infame! Je relte fans réponfe & fans voix, je l'a.v oue ..•
» Moi qui jamai, ne fus compter, moi qui toute '?~
J) vie me facrifiai pour des ingrats, lX par une fatalite
» funelte , n'ai méc.onnu que mes vrais amis, j'ai été
~
»
»
»
»
17>
.
taxé d'une cupi~ité fi vile! • ; : : Et ce (ont des ttr~
dont i'avarice, l'odieufe avarice, l'infatiable defll' d'aVOIr
ell: la premiere paillon " qui m'en accuferent ! Les calomniateurs fordides! Ils vous repoufferoient avec fierté
fi vous leur offriez un louis qu'on ne donne qu'à un
» 'Valet; mais ils s'attendriront devant des rouleaux de
" - ~ette monnoie ! Ils feront des infamies pour l'obtenir !
u .. La pile en augmentant diminue, efface l'inCulte, la
~ rend un bienfair.
» Je m'écarte & je m'aigris, je le fens ; mais quelle
» ame honnête, qu'elle ame fenlible ne me , pardonnet) roit pas une li jufte indignation! Peut-être fut-il un,
» temps où, enflammé d'ambition , emporré par Ull
» bouillant courage, je n'avois pas une morale très-pure,
» & où je n'aurais pas rougi d'être accuCé d'un crime
» confacré par de grands exemples, juftifié & honoré par
» de grands périls: mais comment fupporter le Coupçon de
» la ,Plus lâche des baffe,ffes? ILS SE SONT BIEN GARn DES DE LE PROFERER EN JUSTICE. C'ell: dans
» l'ombre des çabinets ou par l'écho tumultueux mai!>
» confus du public qu'ils en ont imbu tous les efprits 1
» afin de les faire incliner à la févérité , &. de les rendre
» par une vive répugnance plus dill:rairs &. moins capable!>
n de chercher la vérité au milieu de mille lX mille
» clameurs; & quand ils ont cru tous les cœurs remn plis d'indignation, tous les efprits préoccupés de prén ventions, & tous les Juges pénétrés d'horreur pour le
» crime qu'on alloit leur déférer, ils m'ont accufé d'aH voir favorifé l'évafion de Madame M .....••
Tout le monde p~ut juger fi des ennemis, pouffés
ainli, m'auroient ménagé, s'ils euffent eu la moindre
prife. Qu'eft·ce donc que cette infame accufation de SPOLIATION?
Mais on a dit . • •• . je confeille à Madame de Mirabeau
•
�1
17 6
177
ële rieuter les ONT DIT: car peu de femmes ont pIUf
",~g,
1
U
Ile.
.u
à s'en plaindre qu'elle.
Mais mon pere a écrit: ) Quoique la (poliation Coit
» immenCe , comme tous Ietus Agens les pillent 8t que
" leurli Troupes Jeur coûtent cher, quand l'argent leur
» manquera, c'eft alors que de nO"uvelIes irruptions [e~
» roient à craindre.
. - E~ jufques à quand les Coupçons de mon pere feront.·
ils des preuves? Oui, mon pere a cru à une fpoliation'
immenfe , pùifqu'il l'a écrit. Voilà tout ce que prouvent
Ces lettres; & l'importance qu'il donnoit à l'affaire de
Pontadier, le prouvoit affez: car elle ne p~uvoit venir
que de cette opinion. C'étoit le feul afpefi fous lequd
cette procédure pût être déshonorante. Mais mon pere
avoit·il ét~ témoin? Il n'av oit rien vu que par le rapport
d'autrui; & l'on fait affez ce que font de tels rapportS,
quand il ne s'agit que de charger un accufé qu'on croit
ne revoir jamais. Une feule chofe me difsulpe; on m'accufe de SPOLIATION: c!eft la procédure prrfe à Pontarlier. Ce, que mon pere a pu croire Ile m'accu (e pas plus,
fi la procédure me difculpe; que l'opinion contraire ne
me difculperoit fi cette procédure m'accufe. Or la procédure ne fournit pa~ le plus léger indice. Et voyez fi la
Sentence même par contumace, cette Sentence qui li indigné l'Europe entiere , cette Sentetlce où l'orl me cherehe
lies crimes dO"nt je n'étais pas accuf~ , (1) voyez fi cette
Sentence a même eilleuré l'idée de SPOLIATION? Certainement ce mot 8t cette idée de fpoliation étoient également étmngers à mon procès; 8t l'on n'a imprimé ceue
allégation de mon pere que pour me (aire un fanglant
outrage.
'
Rien
( 1 ) 'Je rllS d~cTaré par contllma-ce
~
aIle;'"
6-
il n'y avoit poim eu d'accu{ation d' adultere.
f~lw ..iT1rH d',u{,,(urt)
v
Rien pe prouve mieux que' les défenfeurs de Madame
de Mirabeau [entent l'infuffifance de fes ·moyens de feparation que les inventions calomnieufes ' dont on étaie fa.
caufe. 'Chaque calomnie eft une , forte d'hommage que la
force de la vérité arrache à- mes adverfa~res. Eh! que
m'oppoferont-ils encore en effet? La procédure de Pontarlier.
'
Je fuppofe pour un moment que j'aie été ,compUce de
l'évalion de la Dame avec laquelle on m'accufe de m'être
rendu coupable d'adultere. Je fuppofe acquis cos deux
faits, à la preuve du premier defquels on a (u écombé ,
tandis que le fecond n'a pas même été articu~é par le
mari, qui feul pouvoit être accufa~eur en ce genre, &
qlli ne formera & ne relevera pfus. d'accufarioll ; car il
eft mort. Je fuppofe davantage; & Je veux que Mad .. me
de Mirabeau foit recevable il reve ilter toutes ces acc u{ations: Où font les preuves des faits dont elle fe porte la
dénonciatrice? Elle nous rapporte des lettres de mon
pere! M'ais, enCGre une fois.., ce que mon1pere a pu croire
fur le rapport d'autrui, nc m'inculpe pas plus li la procédure me difculpe; que fon opinion ne IllC diic,!lperoit fi la procédure m'inculpoit. Si vous pl'étendez me
conV,aincre juridiquement des faits que vous énonc~s,
comment y parviendrez-vous? Je trouve dans le Libelle:
» La Dame de Mirabeau eft bien éloignée de voul oi r
» juger fon mari; mais elle ne Reut s'eIvpêc her de faire
» obferver qu'il n'eft pas jugé,
Je trouve dans la ConfulratÏon de Madame ' ùe Mira~
beau, qu'elle n'a pas be{oin de me FAIRE JU GER DE
NOU VEAU; St qu:aux t~rmes de la ,loi, il fuffit qu'elle
me trouve l?ROCEDURE ET ' JUGE.. Si marÙUnl condemnalllnt invenerit . (Le Illot PROCÉDURÉ, inventé par
le Rédaéteur de la Confultation, n'eft pas dans le texte
de la loi: elle porte, condamn é , CONDEMNATUM .)
Suivant la Confultation je luis jugé. Suivant le Libelle
Aff,ire de
Pon[ :lCli~r.
J
Z
•
P'g, \8 & \ ,.
Pag:
q9J~ L\
Coo ru 1rati o n.
�w
178
jt fie fois pas jug';. Les deux alfertions (ont contradiél:oires'
mats je réponds à l'une lX à l'autre.
'
Si je ne fuis pas jugé, & que Madame de l\1irabeau
reconnoilfe q~'elle ~'4 pas le droit de me ju~u , pourquoi
me regarderolt-elle comme coupable? Elle feroit plus
févere que la loi, qui ne préfume jamais le crime.
Si je fuis jugé, pourquoi dit-on que je fuis condamné_
Ma repréfentation a fait tomber le Jugement par conTumace. Il ne cefte que la plainte fur laquelle la tran.
faél:Ïon contient un département exprès. Je lailfe à mon
confeil le foin de difcutel' feul l'autorité de la tran{aél:ion,
La tâche que je me fuis impofée , ne m'a déja que trop
entraîné dans des longueurs faftidieufes (1).
_Mais j'aj~uterai qu'on ne peut pas même dire que je
fOlS PROCEDURÉ; car, de deux ch ofes l'une: la tran.
faétion eft bonne ou elle eft mauvaife. Si elle eft bonne
il n'e~ifte plus., de pr.océd.ure_ Si elle ell: mauvaife, l'ap~
pellatlon que ) avolS loteTjettée de la procédure inil:ruite au
Bailliage de Pontarlier revit alLurément; & cet appel, Cjui
(l) I} dl: cepe~d3nt une équivoque de mauvaire fOL, pag. 58 d~ Li.
belle, qu'li ell: necelfaire que je releve. Le LibeUilfe emploie cinq .linea
pour, établir qu'aucun del lugt! 'lf<Î avoient concouru au J ugement de la
prDeidure ne paroÎt d'ans l'homologation de la tranfaél:ion. Rien n'cn li
(impie ;. & l'on a pris pour Madame de Mirabeau trop d'informations à
Po?tarher, pour qu'elle n'en ait pas fu la véritable caufe, Les Juges
qUt ~ompofent ordinairement le Bailliage de Pontarlier, avoient pronO,nce dans mon affaire une Semence illcidentelle qui avoit été inlir.'
mee au Parlement de Befan<;on, De ce moment ils ne pouvaient pliJs
occuper dans le procès, & toutes les panies qui tranligeoient avoient
trop d'imérêt à ce que leurs conventions furTent homologuées- par des
Juges . non fufpeél:s, pour ne pas demand~r que le Tribunal en fùt
rempli: ce qui, au rene, étoit de droit ri"oureux. Mais comment des
Avo~ats ont.ils pu ~crire que des AYoca~s rempli (fans en ab(ence ou
em.pechement un Tnbunal, ne formoienr p3S comme les Juges ordlnalfes le T ribunal ~
179en quefbon
' fi'
fi '
,
éteint le jugé bilfe au> moins
I Je UIS proceduré. Je de~ande à quel titre ' Madame de Mlrabeau
reprertdroit les pourfui~es de l'.Jp~~I.?
Veut:on que par cela feul q~e ) al été PROCÉD~R.É,
Madame de Mirabeau ait une June caufe de fépa!'llt~àn, ?
( Supp0ution abfu~de &. monil::ueufe ,. avec la9uelle !I ~ y
aurait plus de manage; car qUIconque voudraIt le ddr~u
dr.e, intenteroit ou fe feroit intenter une accufatÎon l ~Iel~
ou mal fondée, ) N'importe, Le veut-on? Cette fépara- '
tian accidentelle n'aurait rien d'infamant; car la procédure,
dépouillée de tout ce qui eft relatif à l~ SP'OLI~ TION
ne pouvoit être infamante. M, If" MarqUIS de MarIgnane,..
grand-pere de Madame de, M.irabeau,. eil: mort ,i0lli{fa~t
de l'eftime & de la confideratlon publIque. Il n en avolt
p~s moins été accufé dans fa jeunefTe d'un RAPT &. d'un
RAPT DE VIOLENCE envers la femme d'un valfal voué
à fa proteétion par la loi des Fiefs. Une procédure avoit
été prife, Elle contenoit l'accufation d'alTafIinilt &. de guetà-pens. M. de Marignane avait été décrété, L'affaire
prenoit une tournure très:férieufe: La procédure fe trouva
nulle &. fut calTée. Que de rapports avec fI.1 0/1 affaire,
& que de rapports tout à mon avantage!
Mon affaire de Pontarlier n'étoit donc pas infamante,
& la [éparation, qui ejans ma [uppoution bien gratuite,
en feroit réfultée , ne le feroit pas non plus, L'adultere
qui peut être un crime felon leS' Loix, ne rend ' pas infame
dans l'opinion publique. Quel" déshonneur, quel grief,
quelle répugnance peuvent donc réfulter de ce que cette
affaire s'cil: amiablement terminée? A qui Madame de
Mirabeau per[uatilera - t - elle qu'l'I1'le' prooédure nOI1 infamante, tenrtinée par une trarr[aétion; éteinté &. tout au
moins fblfpendue par l'appel, lui fuffit 'pour me 1 préfen tel'
comme nuiuvais fils & mauvais pere (ce qui eft ' un crime
contre nature &. le plus déshonnorant de tous), mauvaLS'
~citoyen & fu)el dangereux.
Z ij
•
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"
»
»
))
»
»
»
1'80
» Il fe roit impollible, dit la ConfuÎlation, de rencontrer
un adultere accompagné de plus de circ(}fJfiances graves
& fcandaleufes qué celui que la Dame de Mirabeau de~
nonce, puiCqu'elle préfeote un mari qui difparoÎt aux
yeux de toute la France, avec une femme étrangere
qui cohabite publiquemeot en Hollande avec l'objet de
là pallion, qui avant la difparition, veut enlever fa
propre femme, comme pour la rendre témoin & vietime de ce [peétacle, qui efi pourfllivi, décrété & condamné pour [on crime (I).
'181
-Oe cette belle énumération de parties, retranchez deux
-circonfiances, le Jugement de condamnation qui n'exifie
,plus; le projet d'enlever Madame ·de Mil'abe·au, auquel
Moi.
Quelles .(om les ·caufes de réparation de corps l
.
L'Avocat.
Con(u(tation
pour Madame
Aucune Loi précife n'a décerminé les cau((s -de r~paracion.
Moi.
de Mirabeall,
Le.i ca,l(<< de (éparacion (ont donc arbitraires
l
'pag.
104.
L'Avoclu.
(1) Dans la -multitude de cho(es que j'av ois à dïrcucer, il eO: alh
{impie q ue je me Cois réCervé l'examen des fai ts, & que la C on{u lmion
que mOIl Avocat joint à ce Mémoire, ",ri ce les poincs de droics, &
réponde à la COIICulcation pour M,dame de Mirabeau: Con(ltlcacion
que {avoue naïvement n'avoir 'poillt entendu. Mais j'ai ~~u. qu'il ne
leroic pas m:lUvalS de placer ICI elt noce une lertre que j al rcyu d.
Mar(eille, & qui me paroÎ! prouver 1°. qu:' la logique dt bonne à
cout. 1°. Q:le le Rédaél:eur de la Conrultation ne s'elt poillt encendu
lui . m~me. ;0. Qu'il n'y a plus de mariage li les principes de la COIlfll1caticn -pour Madame de Mirabeau (Ont admis.
MarCeille le
'10
Moi.
'Qu'appeliez-vous cau(es graves de réparation ~
.
L'Avocat.
Quand il s'agir de ralronner enfuite (ur une hyporhe(e. donnle, ~n
·dircure 1.. circonO:a nces & les falts amculés; on combrne ces faits
avec la qualicé d es perConnes; on cherche & on 'indique tes ré(ultacs;
·on (e décide (ur l'e,,fomble de toutes cho(es'
'
Ibid.
Moi. '
Cela ne dic rien; y a-c- il d' autre, cau(~ de (~paration que des
(évices & mauvais tra.iremens?
avril 1783.
'Monlieur le Corn ce ,
L'Avocat.
Le l'roc';; en réparation que Madame la COlncelfe de Mirabeau vous
a intenté, fair dans cette Ville l'elHretien de tous "les cercles; les
c:fprirs {ont divi(és, & les dilpuces s'échauffenc; je ne (uis pas u" de
VOs moins zelés parci(ans; Be quand je difpucc je n'aime pas à céder!
j'écois arrez fort [ur les fa ilS ; mais connoitlànl ma foible{fe {ur cc qUI
concerne le draie, j'ai été con(ulrer un Avocat, permeccez moi de
veus recracer en dialogue la conver(ation que nous avons eue enfembic. SI elle ne peut pas vous être ucile, elle poarra du moins vous
amufer; & V01JS devez avoir be(oln de quelque dilhaêhon.
Dialogue entre l'Avocat & moi.
(Apr~s les "Civ-ilicés d'urage; & après avoi .. parlé de la pluye &.
b:au cemps.)
La digl1icé du mariage, la tra~qui '. I!cé des familles, les bonnes
'mœurs ne tomporcem pas qU'une (eparauon foir prononcée (anscau(es
& même [ans cau [es graves.
Dire en général qu'une (éparalioll ne peut êcr~ demandée que pour
[éviccs & mauvais craicemen., c'ell: 'ne rien dIre du louf. Sous les
mocs flvjceI & mauvaù tr"it,mens , on comprend indéfiniment tout
·ce qui peut . juO:ifier la répugnance invincible d'une femme à rencrer
dans le lit cotl"jugal.
Moi.
~l'appellez-vous la répugnance invincible d'une femme à rentrer dans
le lit conjugal! Suffira-c-il à la femme d'alléguer une répugNlllce?
Separera.t-oll la femme, patce qu'élie ne pourra {ouff,ir les care(!ès
d'un mari laid, craffeux, mal propre, &c.? Cette répugnance dOIl'Clle être autoriCée par des faics du mari? & quels (ont ces fairs l
•
du
Ibid.
L'Avocat.
-lI el!: des faits qui (ont
de nature ~ attaquer l'exillcnce phyiique;
-
Ibid,
�r8'z.
dfiJJ~ng,~ps elle " .cerré de c.rQi~ "CRm]11~j ~ 1';9 Prouvé:
rlÙ!Q.Doons. comme. fi t04$ le~ fé!its é!oi~nt aCfIpi~, ,IX partQO& dq, principe: d!l délit. OJ! I)'QuQlMir~. paS j q:R~ je vilis.
1'.g.
107 .
Ibid.
Ibid.
il en dl: d'aurres qui compromettent l'exi11:ence morale; tous font ou
peuvent ~tre matiere .. féparation; s'ils font graves & bien conl!:.té5,
Ce feroit donc méconnoÎtre évidemment. 1", lignification légale des mots
f/vicu 6- mauvais tr"iumtns, que d«: liJ11iter cette IignificatioJl aux
coups ou aux voies de fait direéte.me/l~ dirigées contre l'exillence ph y_
lique de la perfonne qui (e plainr.
-
parler &après la tuppOfition que tous lès l'aIts '~lIégti~s l';n"
Madame de Mirabeau foi\t ëonfiaré~ p'a r la plro é'dtirl:! 'db
Pontarlier. Or cette procédure a préciCément 'êtabli 1&
contraire.
Moi.
Je ne conçois pas comment la loi €ivile auroÏt comp l'omil fan !lUgulle Gmpliciré, en puifant (es déci lions dans la morale, qui n'a que
des principes limples.
Moi.
L 'Avocat.
J 'admets volontiers vos deux efpeces de faits. Mais donnez-moi les
principçs qui déterminem les cau(es de réparation relatives à l'une &
à l'aulre efpece,
Les loix ne pourroient marquer des nuances qui font différences
dans chaque condition. Elles ne pourroient encllaÎllel' fous des points
<le vue fixes & généraux, des circon(l:ances qui ne {ont jamais lcs
mêmes, qui varie", dans chaque hyporhe(e parriculiere. II a donc fallu abandonner touS ces objets à la fageffe &: à la jullice des Tribunaux.
L 'A lIocat.
Le vrai principe de la malier~ dl: qu'il faut pefer chaque hypothefe ; que ce ne font pas pré.cirémellt tels faits détermines qui peuvent feuls opérer une féparation; mais que c'ell: toujours à l'équité &
:. h prudence du Juge à prononcer convenablement dans chaque cas
p'U'ticulier, {e1on les circonllances '" les perfonnes" fur les r. irs prérentés comme caufes de réparation.
Moi~
Tout dl: donc a,bitraire dans une maliere a~Œ importante; je ne
puis me faire à l'idée que je n'aurai ma femme ~ qu'autant q ~'elle &
les Juges le voudronr.
L"Avocat.
Il en ell des féparations entre con J0tlns, comme de tous fes objets
q~i tiennent principalement aux mœurs.
Moi.
Vous me raffurez : non feulement la matiere n'ell pas arbitraire pour
le Juge , mais encore ellc: ne l'a pas Plême été pour la loi. La morale
a des reg les préci(es, claires, évideptes, & des regles que la loi civile a empruntées de la mo/ale, doivent avoir la mêPle précilioll, la.
même clané, la même évidence. Rappeliez-les moi.
Ibid,
1:8'3
L'Avocat.
Il ell impoŒble que de pareils objets foient préci(émcpc reg lés par
les loix ; elles ne pourroient entrer dans des détails qui compromettraient leur augulle limplicité.
Ibid.
Moi.
S'il éroir auŒ imporTible à la loi de déterminer les caulès de aparation qu'il peut l'être d'ench4Îner de! circonJfance! , avec ou fous des
fo ints de v ue, je Ile {erois pas {u'l'pris qu'elle eù, gardé le lilellce. Feu
l'rochée n'eûr jamais raconté les malheurs d'Orphée &: d'Euridice, li 011
n'avoir eu que des point! de vue pour l'enchaÎner, Mais il me parait
qu'il n'efi point impolTible, a'après les regles de la morale, d'apprécier les aétions humaines, quelle que {oir leur varieré. II n'y a pOlnl:
d'aél:ion do nt on ne pui!!'e dire qu'elle dl: bonne ou mauvai{e. Les
loi x arbitraires reglent les différens cas, quelque variés qu'ils foienr.
s'il y av oit quelque cho(e de difficile, c'étoit d'wchaÎner par des regles purement polit ives , ces cas infiniment divers, fous des point! d~
"/Ille fixes & g én/raux, La loi a f.it l'ouvrage le plus difficile; il en
{u rp,enant qu'die n'ait pas fair le plus airé. 11 fe peut que je me
trompe. Mais je retombe dans mes premieres frayeurs; je n'aurai donc
ma femme qu'autant qu'elle &: les Tribunaux le voudront.
L'Avocat.
On fe tromperoit li on alloit croire que la matiere des f~parations
ell puremem arbirraire, Rien ne doit l'être dans [OUt ce qui intérdTe
le bon ordre & l'honnêteté publique. Au défaut des loi x , nous avons
des opinions autori{ées, des exemples reçus, des déciGons rerpeétables, des regles conCacrées p~r la jurifprudence, des principes avoués
qui ont force de loi x.
Ibid.
Pag,
10 8.
�1,84
Tétois dans un lieu d'exil; j'y redemandois en vain.ma .
femme; j'en trouve une aimable & jeune, mariée à un
v,ieillard. Un (ival maltraité, fous les • ordres duql,lel j'éfois t
me
18)
me Coupçonne cl 'être plus heureux que lui. J'lIvois l'a Ville
pour prI(on. Le de[pote rival & jaloux, fol1icite des ordres pour m~ renfermer au Château. Je fuis; c'en une
Moi.
Et que ne le diliez-veus plûtôt! Les r.gles de la mauele ferollt
denc le réCuhat de Ce qu'en . meills de mets en appelle des doéhilles
& des Arrêts. J 'aime autant des regles faite. de cette maniere que
de. toute autle; & ces r"fultats (ont • . . . Je vpus . éCOUle.
ait raiCon de (éparalion, par cela {eul qu ' un maliage ne (era pa s h eu.
reux . Bienlôt, li uu pa rei l principe était adopté, l'e(pcce humaine ne
(e perpétucroit plus par les ma.iages.
L'Avocat,
Ma con(équence elt qu'cn pareille malÎere, le vrai princi pe de décilion en dans le cœ ur des gens de bien, dans la (enlibi lilé blell
ordonnée des hommes juiles IX raiConna bles , daus cette ellimaliOl1
commune, qu i ne trompe pas, & qui ne peut tromper, qui pré(ente
la plus (ure & la plus imparriale de routes les regles. & qui dl
cemme le ,é lûltat indélibéré de ce que chaClln éprouve, quand on
met (ous fes yeux le malheur ou la aine li,uation de Con lemblable,
Le Magi nrat à cet égard n'en qu~ l'interpréte des affeétions ou de la
knlibilité générale. 11 cil au nom de la loi, l'ergane rcfl'eél;able dl;.
l' honneur, de la délicatelfe & de I·humanité.
L,ebjet des. féparations elt · incomenablement de prévenir le mall.eul
d~ celui des deux époux qui (ou.f f,e & qui fe plai?t •. Des rairons polit/tf'<tS ou rthguufol ont pu faire ordenner que 1 Union cQnjugale ferait indi{foluble. Mais le droit naturel qui veille à la conCervation
de tout être fenfible, & que les loi. polit iques, religieures & civiles ne peuvent jamais entierement élellffer , a fait établir pour le Coulagement des deux époux malheureux l' un par l' autre, une forte de
divorce fiéhf qui allége le lien du mafiage, q-uand ' les circenllances
r-cndent . ce lieu encere plus infuppertable qu'il n'en [olide • .
Moi.
Je crois veus entendre, & je veus paflê: VOIre hérelie fur l'indiffolubilité du mariage, indiffolubilité qui elt de droit divin. Mais cemme
il y. a peu d'heureux mariages, & qu'il n'y a pas pour tous de~ moyens
de féparati on; comme il y a peu d'hommes qui n'ayenr à fouffrir les
uns par les auaes des maux, li non phyliques, au · moius moraUI,
j'atlends que vous m'expliquiez jufqu·à· quel peilll l'époux, qui fo plaint
doit · avoir fouffort au moral ou au ph)'lique, pour obtenir la (épararion, & qyell.!s circonftanceJ p.uvent rendre 1. lien du marù'ge plus in{Npportable qu'il n'dl [otidr.
L'Avocat;
Iilid.
D'al! il ré(ulte evidemment que loote quemen de (éparation entre
conjoi nts elt Ilne véritable queltioll de mœurs qui peut inlluer fur
l'état ci"il des per(onnes, mais qlli e~ principa\emel1t fubordpnuée à
leur bonheur moral.
Moi.
Je veus prends (ur le dernier mot: Il'entendanr pas les autres. Lt
bonheur elt-il fait pour l'homme? Combien de fois le malheur n'exinc-t-il
qJle clans l'epinion de- ceux qui (euffren~? Je ne. PQis croire qu'il y
L'Avocat.
Moi,
Il implique contradi'étion , ce me (cm ble, que dans Ulle maliere où
il n'y a poinr cl e loi , le J uge [oit , au nom de 1,1 loi, l'inrrrprùe de
L'llOnn",,", de /a. délical~e & de l'humanité.. S'iJ y a une loi, pourquo~
le Juge ne Ceroll-d pas l'organe de cette 101, plutot que de la fènftbiIJle', ér de " ajJrfh on générale? ~ déduifez-moi ie vo.us prie les regles.
pofees par la 101 •• MalS enfin I, je vous tradUIS bIen, ce qui n'elt
pas facde, le Mag lnrat , felon vous, en mariere de (épar .. ~on , ,,'a
' d'autre reg le que (a raiCOIl, (qn cœur & m" .... e res pa!lîons, t-bis.
l'homme peut être trempé par (a rai fan , Céduit pat {en cce"r> "'MI!par (es pallîons. Vous répondez: il y a une rai(on uni .er(elle, "un/t
affe.aion générale, une (enGbilité bic n .or donnée. Chaque h omme net
~roll-ll donç 'pas avoir une rai(on faine, lin ~œur bon, une, (enlibilité
julle? A vous entendre, ail ,,'aura\! jamais be(oÎJ1 d e 10i1l;; k Juge,
Drg,mf de l'honneur, de la déliclfl1!e & de "humanité, feroit lui-mêm~
la loi, Je ne vais pacs li loin, & je reto urtl e. il vous,lire ; je- 1)'2 Uiak
d onc ml femm e qu'alitant 'lue les Juges ne trouverent pas ull e rai(o,,de m'en p' iver, "aTIl leur affèaiO/1, l(lIr fènftbilitl, d,ail s ce qu'ils croiront l'ejftmallon comm'me & le rlfnltat indéliktré de ce 'lue {h,ft""
é.proJ1ve 'fua1l4 "'11 met fow fol 1'''''''- 1< f1?1i{heur OIS [a ,rift e ftl1lt11ioJ> d~
,
Ail
Ibid.
Pag,• .!>
�186
folie de jeune!re. Le mari de la Dame, fuppofée l'hérolne
de ce roman, ce mari avoit une beIJe·fille dès long.temps
ll'ifgraciée,. exhérédée., pro[crite par [on pere; elle ne pou-
-
fin fembt"ble; ce qui" dépouillé du clinquant des mots, lignifie que la
maticre des {éparario-ns dl: pl1reOlent arbitraire; & \'ous êtes cependant
conven u que rien ne doit l'êtte dans ce qui inrérdre le bail otdre de
l honnêteté publi,! ue.
L'Avocat.
tbid.
Nos meilleurs Auteurs ont dit que lor(q Ii'il s'agit de pronollcer fur
une demande en fépararion, il faur elfenl iellemenc examiner les faits
qu~ (cr~el1t de b~ fc à chaque demmde, & (ur-rout avoir égard à la
condition des panies, parce que c1uque condil ion a des principes qui
pe~ve1l[ rnoJi.fie[. diver(emem la maniere dt: voir & de (~lI[ir > & tout
ce qui comrioue au bonheur ou all malheur de la vie.
Moi.
C,"'lHe C#1Tdition a dt! princip'! ! Rapp:llez.les moi., je vous en prie,
L'Avocat.
Ibid.
AinCt, pour me réCurner (ur les prillcipes,. une (éparation ne peut
~tre ordonnée (ans cau (es & fôns caufes imponal1:es. Mais ces caulès
ne (om exclulivemenr, & par forme de limitalÎon, déterminées par
aucune loi. Elles peuvent (0 diverlifier à l'infini, comme les pafTiolls
même qui les produi(enc. Il fuflit, (ous quelque forme qu'elles foiellt
manifell:ées; que relativement à l'érar des pcr(onnes & à toutes les
circonll:ances> le Magill:rar (age, honnête & (enfibl".• puilfe (e croire
autori(é à venir au recours de l'époux qui réclame fon autorité.
18 7
voit fI! rele é.. que fur les ruines de fa be1le·m cre. Cette
femme eft perfécutée, calumniée, diffamée, opprimée. Elle
fuit la maifon de fon mari &. fes vexations, &. les ordres
qu'elle {avoit avoir été demandés contre fa liberté. Suppofons davantage, fuppcfons qu'une paillo n fatale l'emporta fur mes traces.
. Que devois·je faire? Trois partis pouvoient s'offrir à
un homme peu généreux, l'abandonner, la rendre, la gardu. L'abandonner eût été une iofame lilcheté ; la rendre·-·à qui? A un mari irrité, à des ennemis implacables: ç'el'lt
été une· infame trahifoo. -----,- LibeUifte, concluez vous!.,
même.
La ' gardèr, &.. vivre· âvec une femme cnarmante, une
femme de dix-huit ans dans la plus exaéte retenue, ç'eût
été un aél:e d'héroi{me d'autant plus· admirable, que per~
fonne n'y aurait cru. Mais pour n'avoir pas été à vingt.cinq ans un héros de continence, (erais·je dans votre ro-·
-man, ferois-je beaucoup plus 4u'un homme foible ?
Mais, dit-on, j'ai habité publiquè'ment ave'c cette Dame
en Hollande. Continuons le roman, &. fixons l'acception,
ties mots.
Le Comte de Mirabeau marié &. ta héroïne de votre·
roman n'dnt' pas donné en Hollande le fcandale public
d'une cohabitation adultere. Ils y avaient changé de nom;
&. la Hollande les a vus fans [cllndale vivre t:nftmble. Le;:
Moi.
Ainli, pour nous réfumer (ur les principes qui déterminenr les
cau res de fépararion, vous me diles qu'il n'y a point de principes
qui déterminent les caufes de (éparation. Avec vous la porte n'etl ni
ou vme, ni fermée; il J a & il n'y a pM "bUI tout le la fOÎI; vous
Ole bercés d'un come de votre grand-pere.
Je quittai l'Avocat, & quoique ma rête filr offu(quée par (on galimathiai aoubl•• j'eus acrez de préfence d'efprir pour ne pas manquer
envers {on clerc au devoir recommandé par Mt . votre pere dans (a
lettre du 19 janvier 1783 ' Revenu chez moi, j'ai rran(crÎt narre connrfation • que je prends la liberté de vous adre{[er. Je p~rs 'pOIK
Paris dans le delfeill d'avoir UI entretien avec Mr. vorre pere (ur (Ç5.
~ncie"'l\'s le ttr~; & je vous enverrai Ilorre dialogue> fi rapprend~
que .cdui-ci vous .aù plû.
Je fuis avec la plus haOiIC cpnlidéradon >.
Monlieur le Cowte,
VOU\! t~-l\u~ble '" trèS'-(l/)éirfà nl (erHttllr."
MOI,..
Aaij
•
�188
[candale n'a pas été pour la France, •qui le connoilI'oit '
mais qui ne le voyait pas, qui ne [avait où ils étaient'
& qui ne pouvait [avoir s'ils étaient en[emble. Le [can~
dale n'a pas été pour la Hollande, qui ne les connoilI'oit
pas, &. qui ne pouvoit [avoir que leur union fût crimin elle. Ils s'étaient C'ou verrs d'un voile épais; c'eft vous
qui le [o ule vez ; vous rapprochez les diftances &. les temps
p o ur nous les monrrer en[emble dan.> un même lit, ou
depuis long-temps ils ne [ont plus. Le. [eul [candale ell
venu de l'éclat de la procédure, qui certainement eft de
mauvais goût dans un roman. Et de bonue foi, deviez.
vous la leur imputer?
.
Le R édaél:eur de la CO '1 [ulta.tion pour Madame de Mi.
Voy. la COli.
filh.1tlOn pag. rabeau il dit, eu pillant M. Cochin, (ans le citer ni l'indiquer> &. mettant à l'écart ce qui, dans les principes de
110
Cocbin .
t . ce J uri[con[uite célebre, nuiCoit à Con [yftê me , )) qu'un
.. pag. I l '
)} l"!lari préfere dans [on cœur une étrangere à [a propre
» femme; c'eft une foible{fe que l'ou pardonne à l'hu.
1;)
manité. Mais s'il fait trophée de [a palIion; s'il inCulte à
» fa femme par un commerce public & [oivi de [candale:
» voilà le crime que les Loix regardent comme une cauCe
» trop légitime de. divorce?
Quand j'admettrois tous les faits dont on a ti{fu ,ce rom an de Pontarlier, je po urrais dire encore: au commencement de mes liai[ons avec la D.al11e que yous dénoncez,
M adame de Mirabeau n'avoit aŒurément pas plus qu'une
foible{fe à me pardonner, je ne lui avais pas même préféré une femme . érrangere , pUlhue force ,maieure m 'éloignoit
de la m ienne. (on a ,trop oublié cet aveu de mon pere. )
D a ns les fuites de ce prétendu commerce, comment en
ai-je fait trophée? Comment ai-je in[ulté Madame de Mirabeau par un commerce public &. Cuivi de [candale ~ .puiC.
qu'elle prétend que j'ai vécu en Hollande avec cette maîtreŒe, &. qu'a{furémeot on ne peut pas [uppoCer que nous
y [oyions refiés autrement que fous des noms inconnus.
1
18 9
Sans l'éclat de la procédure, ma fuite, très-antérieure Il
l'évafion de la Dame accu fée , n'étoit pas même un [canclaie, puifque [ans l'éclat de cette procédure, elle ne pouvoit être conlidérée que comme une évafion de pri[onnier.
Cet éclat n'agrave pas mon prétendu délit; &. malgré
cet éclat, Madame de Mirabeau n'auroit encore, fi j'étais
coupable, qu'une foible{fe à me pardonner, puifque j'aurois été un lâche, fi j'eu{fe abandollné la femme qui venoit me chercher; un traitre, fi je l'eu{fe rendue; un héros
de continence, fi je n'en eu{fe été que le chafte gardien.
II y a des adulteres publics qui [ont moins de bruit, mais
qui certainement [ont plus [candaleux qu 'un tel adulterc;
& nous ne voyons pas' tous les peres OIdulteres pa{fer pour
êt~e coupables de donner des exemples humilians & funejles à leurs enfiws .
La lumiere funefie eCl toute [ortie de la procédure. La
tranCaEtion J'avoÎt au moins éteinte, & vous la rallumez
inutiïemenr ; car per[onne ne [e per[uadera que par l'affaire de Pontarlier j'aie été mauvais époux &. mauvais
p ere; &. fi mon fils vi vait encore, Madame de Mirabeau
aura it fort à craindre que cette épithete atroce de MAUVAIS PERE, cinq fois mal appliquée, ne fût juftement
renvoyée par une double application à l'épouCe, qui [eule
déshonore le mari &. le pere.
Mau vais cùoyen & lujel dangereux, parce 'lue ):ai fait le,
m alheur enlier de deux fami lles . . , .• parce 'lue J al auenu
à la liherté d'aU/ rui' • .•. p arce que j'ai déchiré & diffamé des
éitoyens honné'es . •...•• Non, ce n'eft pas moi 'lui jais
le malheur enlier de dwx flmi!ÙS. Celle qui s'acharne à
Pag.
l OI.
Ibid.
un procès qu'elle ne peut [ou tenir que par des moyen.
odieux, celle-là feule FAIT LE MALHEUR DE NOS '
D EUX FAMILLES.
Non, je n'ai point auenté à la propriété d'autrui. Les calomniateurs qui oCent proférer .cette infamie, [ont d'autant
.,
-
�19°
pIus atroces, qu'ils en co 1ll0iffo ient la fau'ffeté' 8{ l' 1
" é cl e l'h onn eur e ft l
'
,
1\ a
pro pnd
a prenllere
des propriétés
.
cl
d
"
,
1UI es e ux epoux qUi outrage, qui diffame qui caloce·
nie , qu i s'effo rce de désho norer l'autre, celui-là feul
TENTE A LA P R OP RIÉT É D 'AUTRUI.
No n, j~ n'ai p as porlé la ru ine & la défo!at-ion ' dans l
familLes élTangms_ Où eR la famille que j'ai ruiné (~
Eft-ce m oi qui co mmen çai la procédure, qui déCola de~'
familles? Celui des deux époux, qui armant fon pere ~
fo n beau-pere contre l'autre, néceffite enrr'eux une guer
à outrance, celui - là Ceul PORTE LA DÉSOLATIO~e
Ilo n dans les fam illes étrangetes, mais dans [es prope;
fo y ers, dans [a pr o pre famille.,
Je n'ai pas déchire & diffamé dés citoyel1s honnêtes. Si
c'eft M . de R o uge,mo nt q u!o n ? éfigne ici, l'homme qui
m_e dénonce pour 1 Auteu r du livre dont M. de Rouge.
m o nt peut avoir à Ce- plaindre, celui-là fe ul, s'il eft Avo.
~a t, proft.j tue l1 ne profefiîon honorable à déçhirer il dif.
~mer des citoyens honnêtes. Si c'eft mon beaL!-frer~ qu'cl\
:m'accule d' avoir déchiré, d'avoir diffamé (r), qU'ail corn.
mence p.ar prouver c~tte a ll égation témé raire; qu'on Cache en(Ulte que depUIS plufieurs années nous vivons 1\1
de Saillant &. moi, dans une intime union' que je ~'ho:
nore des ~ervice-s 9u'il m>a rendus; qu'on 'fa che que Je
~alheur n eft pas Jufte, que les plaintes même injufies de
llllfortuné ne fon.t pa~ des, crimes ; que fi j'avais offenfé
mon beau-frere, il m aurolt pardonné; lX. que s'il a jetté
AT-
en
( 1 ) Celte ac cu far ion
fondée fur un parfage d'un e leme de mon,
pe{e
,', ,, ' 5011
, . b.!au - fcere , p' di,s pu bl'Iqu ement & p 1us que gratuiremenr
" U1 J ~rte ci-deva:nt . 'le qUI avait éré d'autant plus. fenlible qu'il e~
Ollls dar>S le
'
" U3 He ment de
"'m
.
. cas
'" de s'a. (urer
ou d' encl urer un parc!1
" q UI qlle ce putrfe erre, pm la chp(e avec ram de N oblerfe 'l ue c'était
' s ~r~ Je
. 1e lUI' a urols
'~
,
'" I COp' & li J'e l'avol
,
tlonné toUt
de fuite pour,
t>
-le ~~ ..~u SiiollJant
OU
11 va poUfct. l'hiv,r~
19 1
loin de lui le glaive de la vengeance, ilue {auro it q u'ê~
tre odieux que ma femme ofe le ramarrer pour s'en fer vir
.contre mOL.
Et voilà donc à qu els excès on a pouffé Madame de
Mirabeau! Par qu elles étonnantes manœuvres a-t- on fait
tout-à~coup d'un caraaere doux & modéré , une femme
implacable &. fLlrieufe, qui pourfuit la vie &. J'honneur
de celui à qui elle av ait juré amour & fidélité , qui injurie une famille dont elle n'a qu'à fe louer, un beau · pere
qu'à tant de titres elle doit reCpeéter, qui l'injurie juCqu'à
ofer J'inculper de la plus vile des cupidités, jufqu'à dire
qu'il n' w veut qu'à. Jes biens ?
Ah! c'dl: dans leur propre cœur que des hommes avi·
des Otlt trouvé ce motif ! Mais ce n'dl: pas dans notre patrie qu'on devoit nous en accufer. SI mon pere en a vécu
trop éloigné (&. je recueille aujourd 'hui des fruits amers
de cette circonfiance ) plus de voix auffi peuvent répondre
du défintéreffement d'un homme qui n'a jamais rien demand é en fa v ie. M ais mon oncle, dont le feul afpelt
défarme la calomnie, mon oncle a v ecu fous les yeux de
nos témoins aétuels. Ceux qui le furent des mœurs de
tu n grand'pere &. des Centimens de Ca famille, ne font
pas encore tous éteints. Les vieillards de leur temps avaient
connu leurs "yeux; &. fi jamais ils encoururent quelque
reproche (ce qu 'on ignore, ce qu'on ignora ju[qu'à m oi)
ce reproche fut certainement le contraire de la cupidité.
En un mot,. mon pen a défli>gé pour fa belle- fille à [es
devoirs de curateur, il l'a laiffée maîtreffe de [on bien'
j'en faiCois de même: fous quel prétexte vient - on don~
nous parler de ce bien?
Ceux qui penFent vraiment à en hériter, ont - ils cru
nous 3€cuIer d'ulrJ grand délit, en diCant que nous defirons d'es enfans? J'en appelle à tous les peres. Quel cft
celui qui renonce à [a pofrériré pour les égalt' mens de la
jeuneffe de {on fils ~ [ur-tout qpand ce fils, vcutt réparer
•
�r
193
J92.
fes erreurs. Quelque odieufe interprétation qu'on ait eu
l'horreur de donner aux lettres de mon pere aIl arme
prévenu, trompé, à quel homme de bonne foi aura-r-ol:
perfuadé qu'il vouhît m'accufer de mettre la vie de ma
femme en péril, par ces mots tant cités, de sûreté, de di.
gnité & de repos. Qui p:ut
voir autre ,chofe. 9ue la
_ crainte que je ne déternunafie ma femme a me JOIndre,
comme elle y paroiifoir difpofée dans un temps où Jo,
dignité & .rOll repos auraient femblé compromis par Cette
réunion; & c'eil à cette efpece de sûre te que mOIl pere
fe croyait obligé de veiller.
Eh! quel rapport entre ces circonilances orageufes &
celles qui fe préfentent aujourd'hui? C'eil dans la maifon
d'un oncle refpefrable, fo us les yeux de fon propre pere
qu'on a invité Madame de M irabeau à venir confirmer
ma réintégration . Er quand on lui auroit propofé d'aller
cOI1(oler un vieillard accablé de traverfes, & dont elle il
éprouvé la tendreife, cette propofition n'auroit - elle \las
été convenable? Ah! oui, plus convenable fans doute que
des efforts barbares pOLIr g raver de la main d'Ull pere l'a.
nathême fur la tête d'un fils, d'un époux.
Non, de tels fentim ens n'étoient point dans le cœur de
cette jeune femllle. Pas un mot de moi n'avait pénétre
jufqu'à elle, quand elle demanda à mon pere de venir le
joindre lorfqu'elle eut perdu mon fils. Elle y venoit en
efier, fans la mort de M. de Valbelle, qui lui fit retarder
fan départ pour rendre à fan pere aftligé les devoirs qu'exigeoit cette triile circonilance. Et qu'on ne dife pas que
ce fut un· mouvement fupir & l'eff~ t cI'ulle douleur qui lui
ôtoit l'empire de fes pro pres pen fées. Ce projet fubfifia
long-temps; plufieurs mois apre~ il fut queftion encore de
veni r à Paris avec M. le Marquis de Marignane, qui devoi t, auffi bien que Madame de Mirabeau, loger chez
mon pere. 'Penfoit - elle alors pouvoir m'en feq uefirer il
jamais? Où croyait-elle que ce beau-pere, avide de biens
r
.
.
2>< de poflérité, ne pour~oit pas l~ rete?ir pa~ q~elque
furprife? Qu'a-t-il donc fait pour ~u on .IUI té,mo.lgnat alors
tant de confiance, & qu'on le traite aUJourd hUI en agrefJeur cupide & parjure? Qu'ai-je fait moi - même contre
mon beau-pere & contre fa fille, que cie lellr donner des
·armes de foumiffion, de repentir & d'aveu dOllt on fe fert
aujourd'hui contre moi?
.
.,
. Mais mon pere m'a rendu ma lIberté; Il ma em' ?yé en
Provence. E t devant quel Tribunal le pardon fera-Hl donc
un crime? D'ailleurs av ois-je befoin de venir en Provence
l'our redemander ma femm.e.? Ne 'pouvois.je pas au co~
traire m'éloigner d'un domIcile qUI me retrace de fi pres
•
• C
? D' un
mes premieres erreurs, mes premieres
lllIOrtunes.
domicile fi voiÎln de mes créanciers? & rappeller ma femme
à celui de mon pere, à tout autre en un mot? Mais je
viens en Provence, je viens dans la maifon de mes per~s ;
je viens chercher & mériter, s'il eil poffible, la cautIOn
de mon oncle; je viens rendre à me~ creanciers I~ur gage
naturel · je viens réparer, autant qu Il ell: en mOI, celles
de mes' fautes qui ont préjudicié aux droits du tiers .. ~e
vois-je ,kmeurer à cinq lieues de ma fe!Ilme, fans. ha dire
qu'elle étoit le pr~mie~ de .mes fouvemrs? Ne. lUI donn~r
aucun figne de Vie, n auroJt-c~ pas été a.~qul~fcer mOImême à cette féparation, depUIS laquelle JavOls éprouvé
tant de malheurs? ----Que fais-je? Je m'informe de fa fanté ; je ne demandois
pas de retrouver une femme empreifé,~ , & ?'auta~lt plus
atteijdrie fur le fort de fon époux qu Il av Olt mOIns mérité les empreifemens de tout autre; je ne demandois
pas que Madame de Mirabeau s'écriât avec Aurelie :
COUPABLE JE T'AIMOIS; MALHEUREUX JE TE SE RS.
Mais j'efpérois du moins des politeifes , froides d'abord fi l'on v.eut, mais mefurées. J'efpérois qu'on ne
me :efuferoit pas de m'entendre ; qu'on ne refuferoit
'Fas à JUa famille une forte de concert; j'efpérois toute
Bb
&
•
�I94
autre choCe enfin que des hoftilités, que des rnen:!c e~'
que l'annonce D'INVOQUER LE SECOURS DES LOIX'
Je ne rou gis pas d'avouer que je ne pus croire il d~
telles apparences. Autrefois coupable, fugitif, {uivi , faifi
ram ené, puni, tout cela me vint de ma propre famill,,:
La haine de m on ~pouCe attendoit-elle le temps du re.
pentir ? Je ne puis me reprocher de ne l'avoir pas cru.
D'autres indices , d'autres rapports me faifoient penCer
l e contraire, & je voyois ma femme ébranl ée, tan dis
m ' me gu'on préparoit les hoflilités. AulTi la Province
entiere m'eff - elle témoin de l'honnêteté que j'ai mire
dall5 mes démarches, dans mes demandes juridiques , au
moment où j'étois prm'oqué par de [anglantes inCultes,
Eh bien! c'eft au milieu de telles circonflances que Ma·
dame cie Mirabeau, c Ile à qui l'on a fait Cigner un Mé·
moire que l'on a reg ardé comme la déclaration du di·
vorce entre nous, écrivoit à ma Cœur dont elle connoît
la tendreife pour moi: AH! POURQUOI M. DU SAIL·
LANT NE PEUT-IL PAS FAIRE LE VOYAGE Dt
PROVENCE COMME IL A FAIT CELUI DE BE·
SANÇON ? Que vouloit dire cette invocation? Madame
de Mirabeau eCpéroit. elle faire partager à un homme
d 'honneur éprouvé, le hideux perConnage d'avide collatéral ? Et mes parens n'écoient-ils pas en droit de penfer
qu'elle ne demandoit que du temps & du courage pOlir
tacher de concilier des eCprits oppofés? Quand el) 1778
& 1779 elle a voulu demeurer chez mon pere, elle (avo/t
bien qu'elle pouvoit un jour vivre fous le même toit
avec moi. Quand en 1783 elle appelloit mon beau·frere
à fon aide, elle fait que fa femme & lui ont été aupres
de mon pere les premiers interpretes de mon repentir;
elle fait qu'ils ont les premiers réc1i1mé ma liberté; elle
fait qu'ils ne deCirent que ma réintégration.
Je demandois ma femme quand elle écrivoit ces pa~
raies: AH ! POURQUOI M. DU. SAILLANT NE
195
PEUT·Œ PAS FAIRE LE VOYAGE DE PROVENCE
COMME IL A FAIT CELUI DE BbSANÇON .....•
paroles inexplicables, fi ce n'étoit pas 1I0tre réunion qu'elle
defiroit ! Quai·je fait depuis? L'ai·je demandée d 'un ton
qui pût l 'offenfer ? N'ai-je pas fait pleurer [ur elle & [ur
fon fils? Quel peintre embellit jama is plus que moi la
femme que je regardois comme ma compagne? Sui.· je
coupable d'avoir penfe que celle qui me jura aux pieds
des Autels de par!<lger les biens & les maux de ma vie,
ll1'aicleroit aujourd'hui il me relever de mes dUaflres?
J 'a vais dll l'augurer de [a conduite au temps ou nOlis
h <tbi t.îmes enfemble. Ce période fut de plus de deux années. J'~tois alors dans toutes les angoilTes du dérangement. Elle quitta tout pour me [uivre; elle étoit contente des févices continuels qu'on affure aujourd'hui que
j'exerçois envers elle. Un jour quittant la modefle retraite
ou nous vivions dans l'obfcurité , elle [ut au Château de
[on pere; elle y trouva la joie & les [êtes. On voulut
la retenir, lui refufant tout d'ailleurs fi elle venait me
rejoindre. Elle revint; & le lait dont elle nourriifoit mon
enfant, tarit de la douleur d'un tel accueil. Elle revint
en pleurant, mais [ans héfiter. (1) Voilà la femme qu'elle
fut lors que je la maltraitois. Qu'elle [e compare ellemême à ce qu'eJle fut depuis dans des temps plus fâcheux
(1) Primo toms ÎHlIxit, nunc ipfa p"icHla jungant.
OviJ. L. 1 . Metam.
La Loi m~me toute impalTible qu'e lle dl, <il péllérree de ce (e~ti
-ment) palec qu'une Loi f3ill~, n'dl q.ll ~ la n3rure r~ljt:. 0/~d ('mm ~
( Ilm hJ:m~mltm tft 6j1t{!t'}) fOrTHu/J c.ifibllJ mU/lfrlJ 'Nzrlfllm 1Jel
vir; partir pem cJJc? 1 . 12 , § 7 ,If. folu r. 11/'.lr;m. Et adleurs :
<L. 1 . de tipt. ""Pl.) m.HrtmOnthm tft .onforl/IU" m,nlS 'Illf&, ,d cft,
{oçùtaI p'-ofp(r~ & "dwrf~ fOrllm~.
<lie-elle: )
'1Ixorem
Bb
-
ij
�196
encore; mais où l'on préparoit ce que l'on voit éclore'
aujourd'hui.
Tous ces fouvenirs font fans cloute effacés de fan ame
graces à ceux qui ofcnt me taxer d'intérêt, & qui n'e~
ont & ne peuvent en avoir d'autre en tout ceci, que de
détruire toute intelligence entre les deux familles. Ils ont
fuivi leur plan odieux, en verfant fans relâche tous les
poifons de la méfiance & de la haine dans le cœur de
Madame de Mirabeau; on m'a empêché de la faire expliquer, de la voir, de l'entendre, de lui répondre. J'ai
réclamé l'autorité des loix pour la foufiraire à une telle
obfeffion. Les Juges m'ont accordé l'injonétion qui ne
pouvait m'être refufée. Alots ceux qui voyaient échapper
leur proie, ont mis le comble aux procédés violens. Ils
ont furpris ou obtenu la ugnature de ma femme, & l'ont
appofée au Libelle qui outrage moi & , les miens avec
une fureur fans exemple dans l'hifioire des dilfentions domefiiques. C'efi ainli qu'on a voulu établir, motiver;
démontrer aux yeux du public, la demande en réparation
de ma femme, difiraire les Juges de la futi lité, de l'abfurdité du pr,ocès, de la fainteté de mon titre, de l'invincible force de mes moyens, & ne porter leur vue,.
leur attention , leur efprit, leur fenfibilité que fur les
perfonnaIités ~ fur les dangers qui en réfqltent, tandis
qu'une foule d'honnêtes gens penfent encore que cette
prétendue répugnance qui femble tenir aujourd'hui de la
haine la plus forcenée, n'exifie peut-être que dans l'ame
de ceux qui ont tout fait pour l'exciter.
Quoi qu'il en fait, après de telles déclarations, c'efi à
,moi à renfermer dans mon ame mes fentimens , & à voir
que ceux q1,li fe font emparés de celle de ma femme, ne
1ouffriront pas notre réunion. J'ai celfé d'y penfer depuis
que le Libelle a paru. Je ne me fuis pas occupé un infiant
'<ie cet efpoir , qui n'efi ,plus qu'une illufion en écrivant
ce Mésp.oire. La modération que j'y ai mont,ée , j'ai cr~
197
me la devoir à moi-même, à moi Ceul. Le~ ménagemen'
que j'ai gardés n'ont point eu d'autres motifs. D'ai11eur~
je n'ai penfé qu'à ma jufiification.
Je viens de dévoiler ma vie prefque entiere. J'ai livré
tous ceux de mes fecrets qui p'intérelfent que mOI; & je
jure à la face de l'Être des Etres, que tout ce que j'aï
palfé fous filence me jufiifieroit plutôt qu'il ne m'accufe-.
rait •.... Oh! qui ne me plaindrait pas d'avoir été con-,
traint de m'abailfer à de telles apologies?
Sans doute je fus très-coupable; mais l'ai-je été ' dei
crimes qu'on m'impute? Sans douce je fus très-COUl'able i
mais méritais-je d'être diffamé, d'être dépouillé dans 'le
moment où je venais rendre mes concitoyens témoins
de ma conduite, arbitres de ma régénération? Heureux!
trois fois heureux celui dont la feve ne fit
trop 'd'effort
dans l'effervefcence de fa preiniere jeunelfe ! Ce bonheur
ne m'était pas réfervé. Mais ils -[ont 'trop jultes ', md
dignes compatriotes, pour vouloir faire revivre des' fautes
que ma famille a pardonnées> 8{ me juger auffi cruel1ement que je le fuis par ceux qui, après elle, ' avaient
peut-être le plus d'intérêt à y regarder Heux fois.
Je pardonne ....• _ Oui, je me .cens capable dC"par';
donner il ceux qui m'ont réduit à cette extrêmlté vraîment
affreufe ; à ceux qui ont armé de Libelles, de çalomnie!O
&. de diffamations les mains de tout ce que j'avais de
plus cher; à ceux qui ont féparé ce que le Ciel & les
hommes avaient joint; qui ont' perfuadé à une femme
faible & t(mide que quelque ' chofe au monde .pouvoit
lui donner le droit d'être la délatrice de fOA époux; que
quelque 'devoir pouvait entrer en parallele avec celui
de refpeEter fan honneur & fan nom. Ils ont achevé de
détruire mon bonheur; ils ont achevé ma ruine; 1 il?
pt'ont arraché l'efpoir de réparer la perte d'un\ fils ' ~ue je
pas
- -
1
:
1
�,ff!
,
~g
pas C;~I1."é d:: plelH'~r. ~ncore ~l1e ' fois; je leur pa ....
'!onne. ~als s ils crOient a un DIeu vengeur & rému..,.
nèrateur, ils doivent trembler. Je leur pardonne:
Mais que no s concitoyens inftrùits par ma trifte defii:
née, mettent à profit mes malheurs; qu'ils rendent un
çul:~ ~:ta , y?ix domeilique; qu'aucun {acrifice ne leur
~<))1.~~e ,r;our 1obtfAür ~ , que les di~entrons, qui pourroient
~ Meve , dajls leurs nJ<llfons, y fOlent toujours terminées'
qu'ils., n'interfo Cent jàmais entre ceux qu<. la nature ou l~
{o/t Je..~~ aJ~~ , des tiers indifférens , des cornfeils étrangers.
Autn::fOlS ch~~ !:es 'Romains s'il [urvfQuit quelque diffé.
~c:.f\d ::, ~ t:e . ~ u x époux , leurs parens l~s , ~onduifo ient
a ~~jj 8 ~gx_I!Wte ls de Junon . Cette DlVllllté pacifica.
ft? c:: IQ} ' ~Yeir (ous fa garde l'union _& la foi conjugale.
~lÎiés dans [ on . Temple, les ép o ux aigris fe communi.
,uo.ient..i~ u~sr [uj~ts ide plaintes; ils ne Ce quittoient point,;
ys n,e, lor.tqi,ell~ FP'iUt ge ·)'.epceinte !é}cr~e, que le mari
J?1:) ùt ~ffiJal~é:;;, que l~ .fe91me pe fût attendrie, que \"
cOiifia n.'J:.l ;q~j ,Ijl :paÏ?' t !:q\le l'al!lour n.e fufTent renrr.és
~l)S -leur fe~l:: ~ cerres ', dit l'Hift.orien qui nous a tranf.
tt: 1S c~ttlll pie~te coûtume, il , n'eft point de culte ni de
{acrlfi,ces , q~l(~~ .c~\t~ 1?ivi~lit~ [ecoutable ne m érite d'être
honort~< , -pUlCq4 efIe maintient a,vec tant de follicitude
~ ~ tralJ5.luilIité dDmefiiC}liC " pllÎCCLue. 'p.ar une charité toute
é.g~ta.qle j ~.ute généreufe i ,.eHe r~d la m~jefié au mari
~. 1honneur à, la femme ,( 1.) •.
1
.
199
les temps lont chang~! Les mœurs iimpfès,;
les mœurs purc.s, 1es mœurs r.eligleuœs bnt fui &. le
bonheur domefhlque avec elles. Ce n'~(t pfp s dnŒ d~ TwnpIe, ce o'ell plus aux pieds des Autels. , ce. n'ell point' au
rein d'une religion d'unio n, de paix &. d'amour que les
époux malhellreult VOJlt cherch er des remedes à leurs
maux: ils appeUent le divoroel; ilg Ce VOtltmt à la guerr~;
ils la font d'aut3,l1t plu~ atro ce, que l'indépendance eft,
au fond s, l\unique obj:et, de Ieur& vœu ; ils empruntent
toutes fes armes à la chicàne; ils 'en illl-'V oquemt, il s en
ra!remblent, ils en a11le:uteml les fuppôts. Leur cabinet
devient l'antre d'où la difcorde fouille la haine, lX f~j;
f ureurs &. [es vengeances.
.' .
f 1
Au temps où ' la corruption publique n'av oit pas bouI·
Yerfé les inftitutions auguftes des anciens, 011 né fouffroit
pas que les clients empruutaifent 'l a voix des patrons; on
exigeoit que les parties Ce préfenta!reot touj(l)urs elles·
mê mes, 8< v.iu!rent déoéler i "l'at'.Ja forte d"ingénuué de
-l'inexpérience . Leur droit ou leur tort, la flm; érité QI.Il'fjy..
'l' ocriGe, la vé rité ou la fauifené lilll·.l.elJlrs alrl6gatio DS St di::
deurs rliaintes (1). Le grand objet
cm u::os' légiilatio'ns
au·
. ,
,
Ob . que
j
1)
,
.
( 1) Je regrçte ce rte c~û tume fu ~ lou t dans ~ p,ocès qui intérdfent
les mœu rs, 13cau problême à réro udre que 'JI' (avoi r li des hom mes
in(ho its na,lS les ru res & les refftlarces ' du ' Pa laIs ,1 p. r ~ iend(o n t à jecrer
~uel ÇJ ue obrcurité (u r une cauCe q ua les (e ul s délais de fo rme rendent
f'!il idieu Ce _ ~ do uteuCe! S dn~ doute il auroit été bien Illils /impIe que
l'épouÎe don t q uelques parens ont de bonnes rai rons pou r exagérer &
fomente , les rép uguances & les craintes 1 d'aaleurs trop Il:;'lurel\es après
les fa uffes d é m ~ r c hes aUll q uelles 01) J'a .ppu crçe; (ans do ~ te il aurait
été bie n pl us {i mpIe (lue cette épou(e vînt alléglie , e)le-mê\l1e (es griif,.
Cl n auroit démêlé ai Cément li elle Cui voir ou cqmbatrpit le vœu de' fOI\
cœur avant qu'on l'eût imbibé du poiron de la calomnie & <il: la
haine, Le procès ~ toit termi né li Madatoe de Mirabeau m'eût e l,~ndll
le 1 0 Mars , . ,. , T el fm le cti de tOUS les Aud iteurs.
�%00
~ulles étoit la concorde domeftique, feol garant
r (.
p~it public> de la paix intérieure, de J'alllilur de; ePa
trIe. Chez ces peuples, il n'étoit point de profeffionad d"lOtéret partlcu l'1er .e
r
trouv â"
t pmals contraire à l'int 'Ont
•
focial ( 1).
.
,
eret
. C'eft lorCque l'Aréopage fe crut forcé, par la multipli_
cité .des caufes & la confufion des Loix, d'ufer de quelque co~de[~?lanlice e~v.ers les parties, & de leur per.me.ttre . es e en eors ettangers; c'eft alors qu'on jetta des
VOiles Impofteurs fur les chofes même les plus évide!lt
' h I es,
.pour en- dero er a nature aux yeux inattentifs' c'eft alo'
, fté" d l '
ts
q~e l au rIte e a ~ora,le /ut facrifiée aux graces du
dl(cours (2), & la vénté a 1 amour propre irafcible des
-Rhéteurs.
'
. Mais. du moins un Orateur, en commençant fa caufe
Froférolt le ferment de dire la vérité. Mais pour rendr~
~e fermen.t plus redoutable, on faifoit affeoir celui qui en
prononçoit
. fi'
,
' & laffiformule.,Jur les reftes [anglans des VI~l!meS
~gorgees
o. er;e~ par ceux à qui il appartenoit de les
~mmoler.. MaiS 1accu[ateur ne bornoit pas ft lui [eul les
!mpré:auo.ns affreufes dorit il chargeoit fa tête coupable;
JI c?nJurolt les ~uménides d'étendre leur courroux fur la
faml~le, fur fa ville, fur fa patrie; de venger fur le repos
r
.
parjure.
----- Ah! détournons les
F ublic rh o r reur d e .on
yeux de ces temps majeftueux, fi nous ne voulons pas
Jrop nous exagérer notre petiteffe! Mais craignons, en
effayant
a
A
•
(1) les c'
Athéniens
bannirent un O
' qUI" vendon des cercueIls
, ,
r:
uvner
paree que rallant un profit d 1
d
'
"
petr de la delirer.
e a mort
(1.), SalibuJ cmè &
,
'lJllfctmuJ & l'ortadf
Ç.
,
l
.
'
J'
'JI'
es CItoyens, Il étolt trop fu(-
iji'
. duo plurtmum
' , alT,am VAlent
t rrAttone 'lUt
'/
'II '
"
,
1J '
,
ept "loJ 1 1 m~s ,t1l1fllflS ab(lHlerÎf. Quiuc. 1. ~.
CI'",",
201
refTayant de nous approprier les urages de ces Nations
colofi'ales, dé n'en avoir confervé que les défavanta ges.
~ Soupiron~ ' ~ rapprochons·nous de nous-mêmes.
~ - Puf(qU'll ne nous appartient pas de changer l'orclre judiciaire; puifqu'il nous ell: impoffible d'échapper aux inévitables inco~lVénîens qu'il elltra~ne; pllifql.1'i! nous faut
coptier nos inté~êts à des hommes que noUs ne .pouvons
. pat toujours pénétrer de nos fentim ens, lier de nos de,foirs; inv'eftie de nos rapports; au nom de notre intérêt, au nom de ce Dieu du fiecle; terminons dans le fein
de nos familles les divifions <J,ui n'intéreffent que nos fà. ,ciil\es.
'
Le glaive de la dHfamatiorl & de la douleur a déchiré
la mienne en deux parties; elles faignent & palpitent. Qui
pourroit cicatrifer une teHe bleffure? Je l'ai dit: je n'en
conferve, je n'en cherche pas même l'efpoir. J'ai dt\ me
défendre; j'ai d~ débattre les horribles calomnies dont on
m'a fou illé; j'ai dù m'en ·laver. Si j'ai rempli cette tâche
cruelle, & que la divulgation de.s lettres de mon pere
( rêlry,~t' fi ,..?fllÈ~~~ p~ur l'on fiJ~, fi je ,l'ai rempli e , c'e~l eft
affez, IX Je-garaeral défonnals le {}Jence. Je ne feral pas
à Maclélm,e de Mirabeau le plus léger reproche. Je m'en
rapporte, fi ce n'eft à fon' cœur , du moins à fa confcience.
Si fon cœur eft content, fi fa confcience n'eft pas bourrélée, je l'abfous autant qu'il eft en moi; car Oll me conduiroient ces affreufes controverfes ? Le temps qui court
fur ma tête d'un pied plus léger que fur cell e des autres
mortels, m'a éveillé de mes rêves; & je n'ai point encore
vu que la colere, l'orgueil & la haine produifiifellt au tre
chofe que des maux.
Les Loix ne peuvent me refufer ma tèmme ; mais leur
puiffant fecours ne peut rien fur les cœurs; & c'eft le fien
que je voulois reconquérir. Je defirois la fOllnr aire à ceux
qui ont tant d'intérêt à nous féparer; je voul ois la fouf.
traire & non la déchirer. Eh bien! qu'ils triomphent! Je
Cc
•
�2.01.
ne prétend pas forcer la volonté de ma femme. Je me
devois cette déclaration auffi bien que l'expofition de hies
défenCes. Je veux, parce que mon honneur l'ordonhe
je veux que mon proc~s Coit jugé. Les . Juges rempliron;
leur miniftere. Je m'abandonne à leur fage{fe, lit lailfe
un champ libre à mon AdverCaire.
,
Qu'elle parIe donc encore; qu'elle m'acheve, fi elle en
a le courage. Pour moi, je me Cen's la force cre me latte'
je me fens la force de former, ~e profèrer des vœux pou;
elle, pour elle qui m'a voulu déshonorér. 'Oui, que ie
Ciel qui m'elt témoin qu'elle 'ne reçut de 'm oi qtie dès
hienfaits, que le Ciel m'envoie tout le mal que je lüi di:.
fire.
C'efl à mon Confeil à m'apprendre ce que les Loex accor,'
dent à celui qui a été auffi cruellement 'aL.ffamé & calomnié
que je le fu is par le Lihelle auquel je viens de répondre.
HONORÉ - GABRIEL DE RIQUËI'I i
COMTE DE MIRABE~U, fils.
.-
JAUBERT, Avocat.
\
-
"
•
�Il
r
CONSULTATION
V~
le Mémoire à confulter & Confultation pour Madame
-la Comte1Te de Mirabeau, dont un exemplaire imprimé a
.été lignifié à Mr. le Comte de Mirabeau le S Avril 1783 i
oui ce dernier, Nous ESTIMONS:
Que les écarts de cette produB:ion injurieufe au Comte
de Mirabeau, inconcluante & inutile à la demande en fé~
paration de Madame {on époufe, jufiifient qu'il étoit im ~
poffible de prévoir par quels moyens on {outiendroit cerre
demande. Ils - prouvent combien nous avions rai{on de
penfer & de déclarer au commencement d~ ce fatal procès,
qu'il ne paroi1Toit pas que Madame de Mirabeau pût trouver
même un limple prétex:e pour (e refufèf aux réclamations.
de {on épol,lx,
Nous avions alors fous les yeux les lettres qu'elle lu i
avoit écrites dans J'effulion de fon cœur; & lorfque nous
crûmes que fon mari devoit les rendre publiques, nous e{.,.
péri ons encore que Madame de Mirabeau, jaloufe de fe
re1Tembler, ne réliHeroit pas aux témoignages de fon anciellne tendre1Te, tracés par elle-même avec liberté, dans
des temps non (ufpeB:s, & exprimés avec autan t de véritô
_que de grace.
Cependant on a fait à cette démarche du Comte de Mi...
. ra9t)au un double reproche. Ses amis, ceux même qui G1I1S.
_la . publicilt~on de fes lettres fe {eroient peut-être rangés
au parti de fes Adverfaires, jugent que leur publica tion ~
.été prématurée; mais C'tG: qu'ils fentent quel effet elles
produiroient, li elles paroi1Toient aujollfd'hui pour la pré ..
JIl~ere fois,· ~ gu'ils ql~nignent que J'impreflion qu'elles Ol~~
1\
-- •
�'l.
faite, effacée par le temps, ne cede à la fenfation qui ré.
[ulte toujours d'imputations graves, quelque calotnnieufes
qu elque abfurdes m ême qu'elles puiffem être.
)
D'un autre côté, Madame de Mirabeau fuppofe que la
p ublication de fes le ttres juf!:ifie la divulgation qu'elle s'en
pe rmire dans le Mém oire ligné par elle.
Ma is que la publication des le ttres , de Ma,da.me ~e Mi.
r abeau foit nouvelle ou ancienne, en exif!:ent-elles moins
t elles que le public les connoÎt? Les conféquences en font.
elJes moins frappantes? Et peut-on comparer les mOuve.
mens refpeél:ables de l'union des deux époux, préfentés au
public par
m ari foupçonné, dans le moment où l'on vou.
loit fd ire penfer que leu r cohabitation feroit dangereufe?
peut-on les comparer aux diat ribes éc!1âppées à la plume
trop féconde d'un pere féduit ou préveriu, & publiées dans
la feule vue d'outrager fon fils par la plus cruelle diffa.
mation?
Rien ne paroiifoit plus propre à ramener la paix domefl:ique que le tableau de l'ancienne . union. Tous lès
h onnê tes ge ns ont deGré de la voir rev}vre. S'ils 6nt ap·
'plaudi ;ux défenres du mari, dans lefqu~lles on voyoit plutôt
le deGr d'empêcher le procès , que des hof!:ilités judiciaires,
combien n'ont-ils pas dû être révoltés du fyf!:ême mis au
jour a u nom de la femme, prop'r e fans doute à détruire
l'efpoir d'une paix prochaine , mais d' un ton bien peu con·
venable à une époufe rappell ée par des fupplications ' & des
prieres aux devo irs que cette qualité lui impofe !
Ce.tte efpérance de réunion guida les premieres démarces du Comte de Mirabeau. Lorfqu'il v0!llut s'aH'urer
par nous de le ur régularité, nous nous b.ornâmes à pofer
le principe immuable qùi doit régler 'les caufe~ de · fépar a tion. Nous ne voulîlmes pas nlors montrer à découvert
la refpeél:ab le auf!:e rité des Loix matrimoniales, & la rigidité de leurs conféque nces. Nous craig nions, .& nous avons
lieu de craindre encore, que le tal11eau des- devoirs ' d'une
le
3
époufe tracé par la Loi, n'effrayâ t celle qu e l'himen n'a
éclairé que dll flambeau de l'amour, & qui probablement
depuis fa féparation n'a pu dif!:in gue r les objets qui l'environnent & fes rappons avec eux, qu 'à travers la fumée
de l'encens qui brùle à fes pieds , peut-être même à la lueu r
j.n.cert~ in e çles feux qui le confument.
Aùffi DOUS parut-il fuffifant d'indiquer le prin cipe qui
ne po uvo it êt re , méconnu, & que nous devons tenir pour
avoué, puifqu'on n'a pas oré le contredire. Lorrque nous
nous abfien ions d'e n tirer des conféquences, nùus fuppofions que fi Madame de M irabeau ne les voroit pas, elles
feroient apperçues pa r ceux qui l'e ntourent, ou du-moins
par ceux d'entr'eux qui n'ayant & ne pouvant avoir d'aurre
in térêt que les Gens, ne doivent faire des vœux que pout'
la paIx.
C'étoit à ceux-ci à déc hirer le voile qui cache aux yeux
dé cette jeune femme les précipices qu'on creure fou s fes
pas; c'étoit à eux Il lui en montrer la profo nde ur. Ils pouvoient feuls di ffipe r le prefiige auq uel elle ef!: li vrée ; il s Je
devoienr; & s'ils l'a vo ient fa it, ce procès ne prélenreroit
pas le douloure ux fp eél:acle qu'il offre à la Ju!tice & au
Public, & don t le fc anda le s'aggrave de jour e n jou r.
On avoit vu dans le s lettres de Madame de Mirabeau
un e re ndre 'époure reg rettJnt l'ahfe nce de fon mar i , foupjrant ar,:é '11ment après fon ret our. Toutes les affe8ions
~e fon al) e lui fl i(oie nt regarde r comme des loix les volontés de fon époux. E lle appe lloü l'o bliga rion de s'y conforme.r. uo de1Joir Jadé.
'
'
. L e Memo iré prefente cette même femme agirée d'ulle
Û'J.rJe _Qe fren é.lie ~ voulanr attente r à l' honneur de fon mari,
effaya.ot mê me de l'immoler de la ll1ain de fon pere; contente' fi elle peut affure r fes coups, en arrêtant IJ défe nfe
narurelle par la pieté fil iale ; aimant mie ux s'expofer ,Ill
{oupçon de dupliciré"que de laiifer l fon é poux l'efpoir de
re trouver chez elle les [e.nrimens qu'il aimoit à lui fuppofer.
.
A 2.
-
�4
Qu'dt-ce donc qui peut mériter au mari de tels traite.
mens? Après avoir expié les erreurs de fa jeuneffe, il a
r éclamé des droits qu'il n'avait pas perdu, que jamais il
n'avait mé rit é de perdre. Malheureux d'en avoir vu fufpendre l'exercice pendant pluueurs années, devoit-il s'attend re à les voir entiérement oubliés ~ Pouvaient-ils l'être 1
Avant toute réclamation n'a- t - il pas été provoqué par
des mépris infultans? & par qui? Par une époufe à laquelle il n'offroit que tendreffe & foumiffions. Quelle di_
vinité recevrait ainft les ftlpplications & les prieres? QueUe
eft celle, qui même offenfée [e croirait le droit d'ê.tre implacable? Et c'eft une femme, c'eft une époufe dont les
premiers vœux furent d'être unie à celui qu'elle repoutre
nli j oU,[d' bu i.
Ce Cr elle qui refufe de le voir & de l'entendre; qui
ti ans ce moment même oll tout lui reproche [es imprudens refus, voudrait ne voir qu'une fois [on mari, ne le
voir qu'avec l'affurance de ne le revoir jamais; qui voudroit
ne le voir qu'à condirion qu'il figneroit [a home, c'eft.àdire, qu'il [eroit avili, dégradé par [es propres acquiefcemens. Que ne pouvons-nous dire encore : non, de tels
procédés ne viennent pas d e Madame de Mirabeau! que
ne pellt-on effacer fa fignature du Mémoire, que peut-être
elle n'a pas lu !
.
Depuis cette cruelle produél:ion on [e demande de toute
part, où peut donc aboutir cetre guerre cruelle? Et l'on
gémir!
Jufqu'à préfent le Comte de Mirabeau a repouffé avec
la plus grande modération tous les traits qu'on a lancés fur
lui. Ce n'eft pas l'époufe du Mémoire; c'eft celle des letcres qu'il cherchait; & il s'obftinoit à la voir dans Madame de Mirabeau. On véut lui per[uader qu'il [e fait
iltufio n. On veut arrêter [on empreffemenr, en défigurant
l'objet de fes pour[uites. On veut du-moins accomplir fes
tuneftes prédiél:ions. On veut faire pen[er qu'il avait bien
~
raifort de dire à fan époufe le 20 Mars : On té 'compra-'
mettra par une difenfe forcénée ; on m'outragera; Oll s'ef!àrara de me rendre impojJible de vivre déform ais avec toi.
Ceft le [eul moyen de féparation qu'on ait pu trou ver;
moyen révoltant, moyen atroce, mais moyen infructueux, fi Mr. de Mirabeau peut prendre fur lui de pardonner les outrages qui lui viennent d'une main qui lui a
été & qui pem encore lui être chere.
Confidérons cette caufe fous deux points de vue. 1". Les
moyens de féparation employés dans le Mémoire de Madame de Mirabeau font-ils honnêtes? 2 0 • Sont-ils prouvés
& concluans ?
Si ces moyens ne font pas honnêtes, la Juftice doit
les repouffer, & Mr. de Mirabeau peut fe plaindre de
l'emploi qui en a été fait au nom de fan époufe. S'ils ne
font pas prouvés, s'ils font inconcluans, leur infuffifance
ajoute à la gravité du dé\it, à la juftice des plaintes; &
Madame de Mirabeau déboutée, ou non, de fa demande
en féparation ne peut qu'être foumife à donner à [011
mari les plus amples fatisfaél:ions.
On a vu dans les obfen·ations fur le Mémoire, comment
l'emploi des lettres miffives d'un tiers contre un tiers était
abus de confiance, révélation du fecret, viol du dépôt.
On 'a vu combien la qualité des parties & l'efpece de la
caufe rendoient plus grave cette forte d'infidélité. On a
pu juger combien les exemples rapportés étaient moins
défavorables à la divulgation des lettres, que celui de la
caufe du Comte de Mirabeau.
Il s'agiffoit, lors de l' Arrê t rapporté par Catelan, d'un
crime de fimonie, efpece de délit caché que le ha[,1rd feul
peut faire découvrir, & qu'il importe néanmoins de réprimer. On trouva dans une lettre du fimoniaque lui-même
des preuves qui devaient faire adjuger à fon compétiteur
le bénéfice qui donnait lieu au pr.ocès. Le Parlement de
'T oulou[e n'eut cependant aucun égard à la lettre; il or-:
Pldidoycr ,
pog , l a.
�6
donna qu'eIl ~ (eroit rendue à celui qui l'avoit éèrite; il ah.
[out le coupable, & lui adjugea le bénéfice au préjudice du
dévolutaire.
D s lemes écrites par le pere à (on fils ont é~é rejettées .
quoique les preuves qu'e lles conte noient ,fuffent tuès. con :
cluantes cont r'eux (1). On a pareillement rejetté la lettre
qu'un accufé avoit écrite à fon Juge, quoique cette' lettre
Hu une forte de délit (2). Les Magi(hats ellt regardé comme
un abus de confiance très-re préhe nfible, l'u(age que fairait
un ami des lettres qui lui avaient été écrites dans le fe.
cret d'une correfpondance familiere (3 ). , Ils ont fait reCh.
ruer les let tres à celui qui les avait avoit écrites, & cela
pour empêcher qu'elles ne nuififfent à des tiers. Mais tOUtes
les hypothefes étoient encore moins favorables au rejet des
lettres, que celle du procès du Comte de Mirabeau. Les
lettres que [on époufe a imprimées é toient la plupart écrites
à elle & à (on pere par Mr. le Marquis de Mirabeau. Leur
état, leur qu al ité , l'â fTe de l'un, la tendreffe de l'autre, &.
plus que tout cela, les liens qui les uniffoietJt au Comte
de Mirabeau, étoiem les garans du pere. Pourrait-on '~'rè
étonné qu'il n'a it pas mis de bornes à [1 confiance, qu'il
leur ait communiqué toUtes (es idées, toures [es émotions
au moment même, fans retenl!e , fans ré[erve? On ne pour.
roit pas juger Je. Marquis de Mirabeau lui-m ême .fur ces
le ttres; on .ne devrait pas déterminer d'après elles fes vrais
(enrimens, [es véritables opinions. Elles n'expriment gue
la fenfatiorr d\! moment; elles [om le cri de la douleur gui
------~~------------------~------------------2
".
j
, (1) C'efi l'exemple de l'Arrêt rendu pn . le P a rlerne.nt ,de
Pans le 1: Août 1760, rapporte p"r Deni{art au mot lams mif.
flves, nO. 6.
.
.
(2) Arr~t du 14 Juillet 171 7, en faveur d' un Curé d'Or)éans,
Calelan, llv. 9, chap.
Deni[art loc. cir. nO.
(3) Journal ,du Palais, tom. 1 , pag. 162; Joornal des Audiences,
l'om. t, pag. H.
'
s;
s.
'7
.eil: prus prop're à faire cdnnrutre le degré de fenûbilité, que
la nature & la profondeur de la ble{fllre.
On ne doit juger fur ces lettres, ni le pere, ni le fils.
Leur communication n'eU donc pas excufable; la faine moraie, la prudence la plus commune, devoient l'empêche r.
C'ell: fur une telle démarche que Madame de Mirabeau
,devoit confulter fa délicateffe. On doit croire que jamais
-elle ne Ce fût permi[e un tel procédé, fi on ne lui en avoit
'voilé J'irrégul arité, pour ne rien dire de plus. Mais ceux
qui J'y ont pouffée, devoient examiner s'i l n'était pas aufli
contraire à la Loi qu'à la délicateflè & à l'honn eur.
On a dit avec raifon dans les obfervations fur le Mémoire, que J'emploi des lettres, contraire à leur dell:ination,
-était une e[pece de faux. Les gens inUruits favent que le
faux ne Ce commet pas feulement dans l'altératio n d' une
piece. Ainfi, par exemple, intercepter une piece d'écriture,
la louUraire, la montrer à qui on ne doit pas, eU aufli
commettre un faux (1). Combien plus ce prin cipe ne doitil pas s'appliquer aux lettres miflives! en faire un ufa ge
contraire à leur deUination naturelle & premiere; [uppofer
que celui qui dans [es lettres à un ami, écrivant [es plus
fecretes pen[ées, n'a pas voulu qu'elles fuffent un fecret
pour d'autres que pour cet ami, c'ell:, comme on l'a dit,
(1) Abradms inftrummta ', dicitur falfum committere; apperiens &
defigillans litteras alienas , ut illas oftendat adverfario, commit/it crimen
falfi· lta tenet Barrol. in L. Titio, nO. 3 , if. ad municip. & EST COM_
MUN IS OPINIO. Julius-Clarus, §. falfum, nO. 26. Sur quoi le [avant
Annotateur prouve que la divulgation des lettres pour faire injure
au tiers, efi un délit de même nature: & fi divulgaret contenta in
Lituris ad altuius injuriam , aaione injuriarum ' tènerur. Add. §. falfum ,
yO. apperiens litteras, nO. 106.
Tenetur crimine falfi ...... in publicante litteras aliwas in alwius inju_
riam , qui proptereà tenet ur aaione injuriarum ...... fin verà divulgaret
in injuriam f cribentis, Farinac. de falfitate, quœft. 1
nO. 113 ,
so,
p.
11.
�B
\
mentir, linon aux yeux, du-moins à l'eÎprit; c'ell: fup..
pofer une chofe évidemment contraire cl la vérité! Abufer
de la confiance d'un parent, d'un ami, c'ef!: tromper fo n
attente; c'ef!: un dol; & fi par-là on nuit à un tiers, il ne
manque à ce procédé aucun des carattere du faux (1).
On nous pardonnera fans doure la répugnance que nous
avons à appliquer ces principes à la caufe. Nous nous en dit:
penfons d'autant plus aifément, qu'elle ell: aIrez connue aujourd'hui dans la Province, pour que chacun puiIre juger li
le Comte de Mirabeau a rairon de regarder la divulgation
des lettres de fon pere comme évidemment contraire il
leur def!:ination, & leur publication comme Ifaite dans la
feule vue de Fourrager.
Mais on ne peut dirconvenir que les lettres, fuIrent-elles
admiffibles, elles ne prouveroient rien d'urile à Madame de
Mirabeau. Nous reviendrons bientôt fur cette obfervation,
qui ajoute confidérablemenr au délit à raifon duquel le
Comte de Mirabeau auroit le droit de faire informer [ur
le Ménwire & fur la divulgation de lettres.
Nul doute qu ' il n'e ût auffi le droit de faire informer
par toute voie contre ceux qui femblent avoir pris à tache
de l'ourrager par des calomnies atroces, rép é tées depuis
fi long-temps dans les cercles, & publiées ~nfuite par écrit
& par l'impreffion.
Mais le Mémoire dans lequel routes ces calomnies ' fe
trouvent raIrembJées, ef!: figné par Madame de Mirabeau.
Cette fignarure doit encqre fervir d'égide aux tiers qui
s'ell
(1) Falfitatem ad inducendllm tria requirantur, ' MUT~TIO VERl·
sn NOC'ITVR A, Ma[cardus, de
proba!. conclu! 739, nO. 12, p. 88.
Julius- Clarus , §. falfum, n. 7 ,add. Mathœi, de aJJlic1. deci[ 404,
TATIS, DOLUS, ET QUOD ALTER!
n. 8.
Theveneau [ur les Ordonnances, liv. 4, tit . 17, art.
.
l,
p.. 535'
9
s'en fant armes; elle doit {u{pendre toute pourfuite. Le
.Comte de Mirabeau pourroit difficilement aller à eux fans
changer la n~ture de {on procès en (éparation que fo n
honneur ne lUI permet pas d abandonner. Il peut d'ailleurs
p~r refpe.a: pou.r lui-mê~e, & par é~ard pou: celle qu'il ~
dIt voulOIr {ervlr ma Igre elle, fe crO ire permIs ce fàcrifice.
Ce ne fera pas nous qu'oll accu(era jamais d'avoir armé
parents contre parellls. Au reHe, les inrérêts du Comte de
Mirabeau ne perdront rien à ce qu'il differe de demander
vengeance des olHrages qu'on lui a prodigués. L'injure e{~
écrite.
& il eH de telle nature
. Le. délit ne prefc rit point,
.
que Jam aIs on ne pourra crOIre que le Comte de Mirabeau les pardonnoit enriérement & à tous, lorfqu'i l en
fufpendoit la vengeance. Ses protel1ations font aIrez (0lemnelles, aIrez étendues, aIrez réitérées, pour qu'il ne
doive pas craindre qu'on oppofe jamais des fins de nOllrecevoir à (es juftes réclamat ions.
Nous ne nous arrêterons donc pas davantage à ce premier point de la caufe, filf lequel d'a ill eurs on trouve
aIrez de détail dans les obfervations fur le Mémoire. Il
eH temps que nous venions à l'objet principal, qui efl:
la demande en {éparatioll de Madame de Mirabeau, & à
la maniere dont elle a été confidérée par {es propres
Confeils.
Que leur nombre & leur réputation n'en impofent à perfonn e. Jamais affaire plus importante ne fixa les regards
des Tribunaux & des citoyens. Il s'agit de la nature & de
l'effet du lien conjugal, c'efl-à-dire, du premier nœud de la
fociéré. Ce ne font pas les noms, ce .ne {ont pas les perfonnes, c'efl bien moins encore la qualité des partes :i
c;efl: la caufe qu'il faut juger; il faut la juger, non par les
fuites qu'elle peut avoir relativement à l'intérêt particulier
d e ceux entre qui la queHion ef!: agitée, mais relativement
!l l'ordre général, au maintien des mœurs & à l'influence
~
B
.-
,
�la
qü'un procès de cette nature peut avoir fùr les premiers
liens de la fociété. Le rang des plaideurs, l'éclat de l'af.
faire ne réclament que plus de circonfpeél:ion dans un ju.
gement que le public attend avec impatience, pour favoir
fi l'é tendue & la force des liens du mariage font perpé.
tuellement dépendances de la volonté, du caprice d'un des
conjoints; fi la qu alité d'époufe dl un vain nom, les
devoirs qu'on y fuppofe attachés, de vains préjùgés ; fi l'on
pourra déformais, à l'ombre du titre de beau - pere &
d'époufe, outrager impunément fon gendre, fon mari
pour le néceffirer par fon honneur même à abandonner
foin de fon honneur, pour le forcer à provoquer le di.
vorce, au lieu de s'y oppo[e r. Il s'agit enfin, on ne fau.
roit fe le diili mu l r, de favoir fi la théori.e du mariage &
fon code ne [ont plus que des probl êmes d'opinion que
1 Minifl:re de la Jufl:ice peut [oumeme à l'empire de
l'amitié.
Les étranges maximes publiées au norr. de Madame de
Mirabeau pourroient élever ces doutes. C'eft par elles
qu'il faut commencer J'examen de la caufe. Quand on
faura ql1elle eft la nature de J'engagement dont J'un des deux
époux réclame la force, & dont l'autre veut annuller l'effet,
les moyens refpeél:ifs feront facilement appréciés. Et afin
qu'on ne nous accu[e pas de diffimuler le [yftême de
défenfe de Madame de Mirabeau, nous allons rapporter
la férie des rai[onnemen's ql1i forme la Con[ulracion qu'elle
a communiquée.
,,11 faut, y dl-il dit, pefer les principes ...... qui doivent
"
fi xer la décifion des Tribunaux [ur la fléceffité même de
r'
" la leparàtion demandée.
" Dans nos mœurs, nous n'adlmletcons pas le di vorce.
" Notre Jurifprudence a confacré le principe de J' indiITo" lubiliré du mariage.
" Mais un Ecrivain de ce Hecle a dit que la réparatio n
1;
Pag. 1 de la
CDnfuh . c'ell.
à. dire, p. I D l
de l' imprimé.
Pog. I D ~.
Il
" de corps ef!: un moyen qui épargne à la [ociété des fcan" dales, & aux époux des tourmens.
" AUCUNE LOI précife n'a déterminé les cau[es de [é" paratlOn._
" Nous [avons feulement que la dignité du mariage,
" la tranquillité des familles & les DONNES MŒURS NB
" COMPORTENT PAS QU'UNE SÉRARATlON fait prononcée
" [ans caufe, ou m ême SANS CAUSES GRAVES.
" Quand il s'agit enfùite de raifonner fur one hYP?th~fe
" donnée, on difcute les circonfl:ances & les falrs articules.
" On combine ces faits avec la qualité des parues. On cher" che & on indique les réfulrats; on [e décide fur l'enfimMe
" de roures cho[es.
" Dire en général qu'une féparation ne peut êrre de" mandée que pour févices & mauvais traitemens, c'eft ne
" rien dure du tout.
" Il eH des fairs qui font de nature à attaquer l'exifl:ence
" phyfique: il en ef!: d'autres qui compro~utlellt ,f'exiflence
" morale. Tous font ou peuvent êrre matlere à [eparatlon,
" s'ils font graves & bien confl:~rés.
..
" Ce feroit donc méconnoîrre eVldemment la figmficarlOn
" légale des mors fovices & mauvais traitemen.s, que d.a
" limirer cerre fignificarion aux coups & aux vOIes de faIt
" direélement dirigées contre l'exiftence phyfique de la per" fonne qui fe plainr.
.
.
" Le vrai principe de la matlere ef!:, qu'II faut pefer
" chaque hyporhefe; que ce ne fon~ pas préciftmen.t tels fal~s
" déterminés qui peuvenr feuls operer une feparatlon ; maJ~
" que c'efl toujours
l'équité &
la prudence du Juge a
" prononcer convenablement dans chaque cas part~culzer,'
" . felon les circonf!:ances & les per[onnes, filr les faits pre" fenrés comme caufe de féparation.
" Il en eft des réparations entre conjoints', comme de
" tous les objets qui ·tiennent principah:ment aux mœurs. Il
a
a
B
-
,
:2.
Pag . l 0S.
Pa g.
1 0 7.
�12-
" dl
impof!iMe que de pareils ohjus {oient précif!ment ré.
" glis par des Loix. Elles ne pourroient enchatner {ou d
" points de 11ue fixes & généraux des circonflances qui ~s
l'.ge
P age
108.
109 .
" font jamais les mêmes, & qui varient dans chaque hypoe
" ~hefe particuliere. Il a do~c f~lIu abandonner tous ces o~
" Jets à la fageife & à la )ufrlce des Tribunaux.
" ~n fe tromperoit, pourtaoc, u on alloir croire que la
" mattere des fepararJOns el1 purement arbitraire. Rien 'le
"
"
"
"
"
doit l'être dans ce qui intérej{e le bon ordre G' l'honnétete
puMique; A DÉFAUT DE LOIX, nous avons des opinions
autorifies, des exempl::s reçus, des décifiorls refPec7ables
des regles confacrées par la JurifPrudence, des PRINCIPE;
AVOUÉS QUI ONT FORCE DE LOIX.
"
"
"
"
" Toure quel1ion de fépararion entre conjoints en: une
vérirable queftion de mœurs qui peur influer fur !'érar
civil des perfonnes, mais qui el1 principalement fil bo rdonnée à leur bonheur moral. Conféquemmenr en pareille
mariere, le VRAI PRINCIPE DE DÉCISION E.ST DANS LE
"
"
,.
"
"
"
CŒUR DES GENS DE BIEN, DANS LA SENSIBILITÉ B~EN
ORDONNÉE DES HOMMES JUSTES ET RAISONNABLES ,
DANS CETTE ESTIMATION COMMUNE QUI NE TROMP}
PAS ET QUI NE PEUT TROMPER, qui préfente la plus f ûre,
la plus impartiale de toutes les regles, & qui efl comm '
le ré/ùltat indéli6éré de ce que chacun éprouve, quand o.
" met fous {es yeux le malheur ou la. rrifte fitLlation de fo;
,, ' femblable. Le Magifrrat à cet égard n'en que l'inter" prete des alfeé!:ions ou de la fenfibiliré générale. II eft,
" au nom de la Loi, l'organe refpeé!:able de l'honneur ;
" de la .d,élicareffe & de' l'humanité.
" C'eft ce qui a fait · dire à nos meill~u rs Auteurs, qu~
" 10rfqu'i1 s~agit de prononcer fur une den~ande en fépara.
" tion, il fdut effentiellement examiner les faits qui fe rve nt
" de bjlfe à cetre demande, & fur-tout avoir égard à la
l> condition des Parcies; parce que CHAQUE CONDITION A
13
" DES PRIrtCIPES 'lui peuvent modifier diverfement la ma" niere de voir & de fentir, & tout ce qui contri/J/Ie au
" bonheur ou au malheur de la vie.
" Ainfi, pOlir nous RÉSUMER SUR LES PRINCIPES, UNE sÉ" PARATION NE PEUT ÉTREORDONNÉE SANS CAUSES, ET SANS
" CAUSES GRAVES; mais ces caufes ne fonr exclllfivement, &
"
"
"
"
"
"
"
par forme de limirarion, dérerminées par aucune Loi.
Elles peuvent fe diverfifier à l'i nfin i, comm e les pallions
même qui les produifenr. Il fuiEt que fous quelque forme
qu'elles fe [oi ent manifenées, que relativem ent à l'état
des perfonnes & à toures les circonnances, le Magiftrat [age, honnête & fenfJble puiffe fe croire autorifé à
venir au fecours de l'époux qui réclame fon autorité.
" Cela pofé, parcourons les faits, &c."
Avant de fuivre la COllfultarion dans l'examen des faits,
arrêtons-nous, comme nous avons dit, fur cette expofition
des principes, & tâchons à notre tour de les réfumer.
" Il faut pefer les principes...... Le vrai principe ell,
" qu'il faut pefer chaque hypo rhefe...... On fe tromperoit
" pourrant, li on alloit croire que la mat iere des féparations
" en pureme nt arbitraire ...... à défaut de Loix...... nous
" avons des principes qui ont force de Loix...... Le vrai
" principe eH: dans le cœur des gens de bien ...... Chaque
" condirion a des principes..... Pour tout réfumer fur les
" principes, UNE SÉPAR,ATION NE PEUT ÉTRE ORDONNÉE
" SANS CAUSES, ET SANS CAUSES Il'fIPORTANTES. "
Si tour le monde ne faifir pas cet enchatnemmt d'idées, ft
l'on en perd le fil, du-moins on fe retrouve à la concluuoll,
du'- moins 'chacun convient de la conféquence. Cependant'
aucune des Parties n'en fera plus avancée, quand il fera convenl,l enrr'elles pour toute conclulion, qu'une féparation ne
peut être ordonnée fans caufe, & fans caufes importantes.
Mais ce n'en pas pour certe conféquence que la Gonfulta,tion de Madame d(,! Mirabeau a été faite. On a VOUl4 l'au...
�14
Page l e S.
toTifer à dire à fes parti fans : Il n'y a point de Loi, il n'y
a point de principe général fur les caufes de féparatio ;
n
c'efr ici la quefrion de l'ami; vous êres !zonnêtes, fenfibles
jufles, raifonnables. ( Eh qui ne croir pas avoir ces qualités!)
Si vous êres touchés de ma trifle fituation, vous êres mes
Juges; vous êtes plus, vous devenez pour moi Légiflateurs.
La Loi que j'inv'oque, efr dans votre cœur; elle fera le réfulrat indélibéré de ce que je pourrai vous faire éprouver en
vous peignant mes malheurs. La caufe efrjùbordonnéed mon
bonheur moral. De quelque nature que foient mes peines ,
fous quelque forme qu'elles [e foient manififlées, a/lége? le
lien du mariage devenu pour moi plus injùpportahle qu'il
n'ifl fo/ide.
On affu re pourtant d'autre part, que la mariere des ftpl/rations tient principalement aux mœurs; qu'elle intéreffi
le bon ordre & l'honnêteté publique, & conféquemmenr qu'elle
NE DOIT POINT ÊTRE ARBITRAIRE. Que veut-on dire par
là? N'efl:-ce pas que la matiere des féparations a des principes, & qu'elle n'en a point? Comment arrive-r-il gue
chaque condition ales jiens, & que le vrai principe n'ejl que
dans le cœur des gens de bien, ou dans la jènfibilité bien
ordonnée des hommes jufles & raifonnables, ou dans cette ejli-
mation commune qui ne trompe pas, & qui ne peut pas tromper, ou dans le réfultat inddibéré de ce que chacun éprouve,
fjuand on met fous [es yeux le malheur de fon femhlable?
N'efl:-ce pas {)ire auffi : la matiere efr arbitraire, & elle n'ell:
pas arbitraire?
Pour nous entendre, recourons aux définirions. Qu'efr-ce
que l'arbitraire en général? Ce qui n'ifl pas défini ni limité
par aucune Loi générale, ou conflitution expreJ!è. C'efr dans ce
fens que l'on dir : la punition de tel crime ifl arbitraire. Et'
ft l'on convient que rien ne doit être arb irraire dans une
mariere auffi importante que les féparations; fi l'on reconnoit qu'elle doit être régie par des principes fixes & inva-
t'i
riables, on ne doit pas la faire dépendre de l'opinion indélibérée du Juge. Si l'on dit qu'il fam, pour féparer deux
époux, des caufes importantes & majeures, il ne faur pas
dire enfu ite, qu'un GESTE, un REGARD, {ont des outrages
qui doivent faire féparer des époux délicats & jènfibles,
élevés avec tendreJ!è & douceur au [ein de L'opulenc,. Ce ne
font pas taures ces difrinéb0!ls purement antirh é riques, &
dont on ne fauroit deviner ou définir l'id ée, le principe,
-la fubfrance, qui peuvent fuppléer dans les Tribunaux lm
vrai fyilême légal, un vrai code, de vérirables Loix. S'il
étoir exaét de dire qu'il n'en exiile poillt en cerre matiere,
il faudroir remonter au principe, il la nature de l'engage ment, pour en déterminer l'effet. (Ce n'efr que parce que
les Loix ont été ainG faires, qu'on les appelle la rai{on
écrite.) Pour favoir fi les liens du mariage peuvent être relâchés, dans que l cas, pour quel tems, & jufqu'à quel point
ils peuvent l'être, il f:lllt les conGdérer en eux-mêmes. Pour
juge r fainement des opinions vulgaires, il faut remonter ?t
leur [ource.
Le mariage efl: ~armi nous l'union indiffoluble de deux
époux. Tant qu'il fubGfre, il doit avoir [on effet.
Que les femmes n'aient point de regrers à l'indiffolubiliré de cette union. C'ef!: principalement pour elles qu' elle
f.ur établie. En effet f on- a reconnu qu'on ne pouvoir rompre de te ls liens, fans nuire à celle qui, par la narure, ne'
peut fe donn er qu'une fois, & que rien ne pouvoit la d édomm ao-e r de ce premier facrifice. C'efr princip::!Ieme nt
pour le~ femmes qu'on a cru que· la chJÎne ne devo ir, ne
pbuvoir fe rompre. De toutes les Loix, celle du divorce eH:
peut-êrre celle dont leur fexe auroit le plus à [e plaindre,
celle qu'il -auroit le plus à redouter.
Ce n'efr point le facrement qui peut rendre le mariage '
irtdiffoluble; ce n'efr pas lui qui a donn é cette force à l'union conjugale. Un [acrement efr le jigne fenfihLe d'une
/.-
�16
grace fpirituelle; il n'ell: point un lien. Le ferment que les
deux époux font d 'être l'un à l'autre, ne tire pas fa force du
Temple où il ell proféré. Ce n'ell pas l'Au[ l, ce n'eQ
pas le Mini{he qui rend inviolable la foi qu'ils fe donnent.
C'e!l: d'abo~d la nature d~ contrat qui forme un engage.
ment que rien ne peut dIffoudre, parce que la naiffance
des enfans en ell: le fceau à jamais inviolable; c'ef!: enfilite
l'impofIibilité qu'une diffolution de cet engageme nt ré ra.
bliffe les conrraél:ans au même état où ils éroient l'lin envers l'autre. La narure elle-même rend éternels les rappOrts
que deux époux ont enfemble. Ces relations une fois éta.
blies, nulle puiffance humaine ne peur les anéantir. Le
d.ivorce ~roit un vain, ren:ede, puifqu'illibéroit des obliga_
. tIons cIviles, fan.> aneanClr les relaClons naturelles. L'union
du mariage ef!: telle qu'on pem plutôt brifer que délier, &
qu'on ne peut en dégager que par une rupture funel1e. (1)
Que cerre, indiffolubilité ait des inconvéniens, ce n'ell:
pas une raifon pour en méconnoître la nécefIiré. EH-il donc
donoé à l'homme d'atteindre des jouiffances parfaites; de
(e procurer des inf!:itutions parfaites? Il peut être fâcheux
que des époux mal a{forris foient à jamais unis l'un à l'au.
tre. Mais la nature le voulm ainli. Ce [ut fans doure pour
nous avertir de fonger à l'importance de cet engagement;
& le danger de l'indi1folubilité ef!: bien moindre que celui
du divorce, qui faifant paffer une femme d'un lit dans un
aurre, rend précaire l'état des enfans " & leur ôte tou jours
la tendreffe & les foins d'un des auteurs de leur jour, li
ce n'ell de tous les deux.
Il
(1) Relinquet homo patrem fuum & matrem fuam, & adhœrebil
fUll!, & erunl dl10 in carne una. Genef.
.Signifi~a tur e.o verbo (acih:uebit) conjunc1io indiffolubilis. QUIt
Cillm gluuno conJunc1a fuelin! , ea frangas facili,~5 quàm folvas. Efliu5.
llXOfl
11
Il ne s'agit point, il ef!: vrai, dahs cette caufe de l'indiffolubiliré du mariage, ni d'un divorce proprement dit, qui
·pouvoit autrefois être l'effe t de l'accord & du concert des deux
époux, & que la fainteté de nos Loix reprouve. Aujourd'hui
il ell quefiion d'une féparation de corps, c'ef!:-à-dire
d'une efpece de répudi ation non moins fcandaleufe no~
moins infamante, mais plus cruelle qlle celle que le; Loix
Romaines avoient admife ,& qui renferme tous les inconvéniens du divorce, [ans offrir aucun de fes avanraO'es.
En effet, la répudiation des Romains rendoit au~ deux
époux lI.ne fortede liberté; & ce fe roit une gra nde preuve de la
corrupnon de nos mœurs que l'on regardât comme liberté,
que l'on o[ât même donn er ce nom à l'état d'une femme légalement féparée de fon mari. Déja 1'00 a dit qu'on Ile
conduit /IIS fil/es que par le mariage aux plaifirs & la liDuté ; & Ii l'on appe lle liberté l'état de féparation, bien.,.
tÔt la féparation fera regardée comme le but & le fruit du
mariage. C'ef!: ce que la Loi des Romains fur le divorce
~rod~i{it ( l ) 19r}. d e la décade nce de leur Empire. Ils
1 aVOJeot empruntee des Grecs d ans des temps où les mœurs
publiques & privées empêchoient qu'elle ne fût dangereu[e.
Ce n'efi pas l'intérêt des particuliers qui l'avoit produite;
elle n'avoit eu pour objet que le bien général, la profpé.,.
.ri té de l'Etat. , Oubli~e pendant long-temps, l'époux d'une
femme fiérile l'invoqua le premier après plulieurs {iecles;
& ce fut un fcandale pour la ~ation (2). Mais lorfque la
a
(1) Repudium verà jam & vatum, & quafimatrimonii fruc1us. Tertu!.
Apa!. C. 6.
(2) Repudiu,!, inter uxor~m G' virum à canditâ urbe ufque ad 52 Q
annum nul/Ilm Lntereeffit. Pnmlls aUUm Sp . Carvilius uxorem fl erilitatis.
causâ dimifit . Qui qfwmquam tolerabi/i ratione motus videbatur, re.
prehenfione tamen non ca",it, quia nec cupiditatem quidem liberarum
conjugali fic/ei prœpani debu,ijJé arbitrabantur. Val. Max. L. 2, C. 1 1
Il. 4.
c
-
Mont.!. 'l,
ch. 19·
�18
,
confiitution fut altérée, la loi établie . pour lè ma'Întien
des mœurs devint elle-même une [ource de corruption.
& c'efi ce -qui efi arrivé aux Nations modernes qui on;
adopté le divorce d'abord pour un feul cas; elles l'ont ad.
mis enfuite pour plu lieurs , ~ maintenant elles font. effrayées
de la marche de leur Jurtfprudence, dent la Itcentieufe
tolérance peut & doit entraîner la fubveruon de la fociété.
On a vu enfin que ce remede pellt être utile à des maux
très-rares, mais tout propre à les multiplier, à les aggraver.
On a vu que ce remede efi aux fociétés ce que fOnt au
corps humain ces violens fpécifiques dont on ne peut faire
IIfage qu'avec une confiitution forte, que bientôt même
ils ont affoiblie, mais qui font un véritable poifon , fi on
les emploie dans un état de langueur & de dépériffemenc.
Ce ne font pas de telles loix qu'il faut co"fulter aujour.
d'hui. Elles ne font pas faÎtes pour nos mœurs; elles leur
font bien étrangeres (1); elles fuppo!Oient chez les femmes une retenue dont on connoÎt aujourd'hui peu d'exemples. Lorfque cette retenue n'exifia plus, les femmes ne
compterent plus à Rome par des années con{ulaires ; elles
compterent par le nombre de leurs divorces. Qui croirait
maintenant que ce fut pour la confervation des familles,
& même pour maintenir l'unlon des deux époux, qu'on
voulut laiffer aux femmes un moyen de rompre leur chaî·
ne ? Qui croiroit qu'un citoyen, un citoyen tel que Caton,
Urat de la liberté du divorce, pour donner à [-on ami une
femme reconde, & la reprît après la mort de cet ami 1
Non, de telles loix ne [ont pas fà.jtes pour nous; elles
donneroient aux époux de notre temps le moyen de brifer
dl..'rr 'bl'
, .
,
au ma iru:I re c h oc d es l lens
eJa trop arrOI
IS, trop mepnrés. Ce n'eft dODC pas ~Ile qu'il faut confulter; on ne
le doit pas pour l'intérêt général, pour l'épurement des
mœurs.
On le doit bien moins encore pour l'intérêt des femmes. Ces lo ix qu'on ore invoquer pour elles, leur permetraient, il efi vrai, de répudier leurs maris. Mais quels
devoir!!, quelles foumiffions, quelles obligations, que de
gênes ne leur impofoient-el1es pas! De combien d'entraves & de liens n'étaient-elles pas furchargées par ces loi" ,
qui, les fuppofant dans une enfance éternelle, les mettaient
fous une tutelle perpétuelle! Auffi les mêmes textes qui
leur permettaient le divorce, fans doute comme un remede
à la dureté de l'efclavage auquel les mêmes loix les foumettaient, permettent au mari de les renvoyer elles, pour
des caufes qui paraîtroient bien futiles dans notre fiec\e.
Ainfi , par exemple, qu'une femme eût affifté aux fpefrades,. à des jeux pubIrcs, à l'inf'iu ou malgré fan mari,
c'érait llne caufe fuf!lfaore de répudiation ( l ) . Que
les défenfeurs de Madame de Mirabeau nous difent li
les femmes de notre temps voudroient être jugées [ur
de telles loix? Eh bien! qu'elles ne pourCuivent dOllc pas
leurs maris en réparation fur les principes de ces loix.
Obfervons encore que pour fe fervir des Loix Romaines , il faudrait admettre un vrai divorce, une véritable
répudiation_quj rendît aux deux époux ledroit de former,
chacun de leur côté, de nouveaux liens. ,,. Une féparation p '" d f 1
.
r.
1':1T.
r.
Un en or, •
IJ de corps &
de biens, lans que orr pume pourtant le 6. ç, J • ~. H .
" remarier avec quelque autre, répugne au droit naturel.
j
( 1) Marîtu$ rejJU dium nùttue fine periculo. poteft ,fi...... , circenfibul
IMalru iAUrfuerit a~ fp eaandum, ignorante aUI prohibent' viro.
(ï) Nous verrOJ1S bientôt que l'applic<ltion qu'on en a .voulu f~ire
~ la caufe de Madame de Mirabeau dam la Confultation qu'clle a
com muniquée, eft bien plus étrangere encore.
tl1ft
Nove,~!
11'7:, è , ~.
,
-
.
�10
" En effe t, il elt ahfurde de dire que le lien du mariâge
" fubfilte, & que cependant on ne peur ni on ne doit rem_
,! plir aucun des engagemens qui font une' fuite du Contrat
" fur lequel il elt fondé. "
Une telle abfurdité , un ufage fi évidemment anti-focial
n·exilta jamais dans la Légiflation des Romains; fi leurs loj~
fur le di vorce préfenrent des variations dans leur Jurifpru_
de nce , ce n'elt point fur les bornes & l'elfet du divorce,
ma is feulement [ur les c.wfes qui pourroienr l'autorifer , &
les perfo nnes qui pouvo ie nt , l'invoque~ (1). Les Em~ereurs
Chrétiens qui ont promulgue les dernleres de ces IOlx, Om
rantô t étendu, d'autrefois reltreint les cas auxquels ils le
pe rme troient ; m ais on ne trouve point dans leur Code
qu'ils aient eu l'idée d' un m ariage fans mariage, c'eft-adi re
d' une union ave c diffolution, ou d'un lien indiffoiuble, qui cependa nt ne lie plus les pa nies l'une à
l'autre.
On était loin auffi d'avoir ces idées dàns les premiers
ftecles de ' notre Monarchie, où l'on voie tant d'exemples de
di vorce, & pas un de ces efpeces dé féparation (2.).
Mais l'influence du Clergé dans notre Légiflation fit
introduire une autre Jurifprudence. On vit paraître des loix
(1) D idacus, Covarruvias & quelques autres Canoniftes ont pré.
tendu que le divorce des anciens Romains ne leur permettait pas
de fe marier à d'a utres. Mais c'efi une erreur facile à détruire pal
les textes des Jurifconfultes Romains dont les écrits font partie de
nos Loix. Voy. Gerard Noodt, comment. in ff. ad titu!. de divort. &,.
Tepl/d .
P uffendorf, ibid. ut fuprà.
B arbeyr ac , ibi d .
(2) 11 efi certain qu'en France, fous la premiere-& feconde Rau,
o n ten a it que le. m,!riage pouvait être dilTous pour fait s pofl:éneurs
à fa confommation. Voy. les formules de Marcu!. 1. 2 , for . l a.
U nd enbrog Le? ant. tOIl1. 2 in Jorm. jolem. 84 , p . 12 S 9. Le~ Ca.
pi tulaires de Charlemagne, liv. S , L. 19. Conférences- de Pans.
2'I
qui
fans profcrire le divorce, en détruilirenr entiéremel1t
& le rendirent nul, en faifanr un précepte de ce
qui jufqu'alors n'avoit ~té regardé que c~~me con[eil.
Elles inrerdlrenc expreffemenc aux gens marIes de paffer à
de nouvelles n6ces du vivant de leur premier conjoint,
fous. quelque prétexte que ce fût (1).
Que prouvent ces loix ? Elles prouvent feulement que
jufqu'à elles on donnoit au divorce la même étendue que les
Loix Romaines lui accordoient. Cependdnc roures les cau- '
fes de m ariage ayant été portées devant les Tribunaux
Eccléliafl:iques parce que la prééminence du Sacrement
,
' de ,
parut devoir emporter
même le c?nrrat qUI. l e prece
les facilités qu'o n y trou va pour faire annuller le paél:e religieux & le contrat, empê~ llerent qu' on ne s'attac
h at
' ~u
divorce & le firent . entierement oubl,er (2.) , ou pluroc
l'e~t
,
(1) Cap il. Car. Magn. L. 643. L. 6, c. 6 3.
(2) Il étoit inut ile de faIfe dllToudre un engagement, quand des
moyens fe préfe ntoient en fou ,le . p~ur J'a nnul!er. D ans ,c e tem!' s Ja
parenté jufqu'a u [ep Ile/ne d'gre elolt un. emp e~ hem ~ nt a u mariage .
(Ce fut Innocent Ill. qui dans un Con ode gé~er a l red utfit l a p r~ h l .
bition au quatri~me deg ré, parce qu'd y .avolt qu ?tre fortes d humeurs dans le corp' venant des quatre élemens qUI font da ns la na .
ture quia quatuor funt humores in corpore, qui confiant ex qu.a tu or Extr. de con~
elem:ntir.) L'empêchement fecret avait la ;n ême force: . L'aJllanc~ ~.ng. &. ,If. <.
publique ou cachée s'étendait de même. L allIance .cplmuelle q~1
fe contraél:oit par le Baptême & la Confirmation , etablI~olt , ~UI vBnt les Canons des empêchemens entre perfonne s qUI ne s e n
douroient pas. O~ prenait quelquefois jufqu~à vingt ?U t rente pero
fonAes pour parrains, & autant pour marratnes? qUI,dès.lors deve 7
noient alliés. Les ~nfans , les alliés de ceux qUI aVaIent contra él:.e
cette affinité fpirituelle, fe trouvaient alliés aulli. On ne t~nolC
point regifire des baptêmes ni des mariages. Toutes les parente~ ou
alliances & leurs degrés fe prouvoient par témoins & fur publIque
renommée. Rien n'était donc fi facile que de trouver deu x époux
parens ou alliés à un degré prohibé pour annuller leur martag.e r
fans compter d'autres emp êchemens dirimalls qUI ,depuI s ont etc
abolis.
�22-
on le confondit avec les demandes en calfation du mariage.
Les Hifioriens,. les Auteurs du temps, les Rubriques même du Droit Canonique donnent le nom de divorce aux
caufes de nullité de mariage.
Cependant que l'on confulte ces loix defquelles on abufa
enfuite pour former notre Jurifprudence; jamais elles ne
voulurent féparer ceux qu'elles crurent unis par Dieu même.
Pendant ces infiances en féparation que d'habiles Clercs
favoient prolonger, des époux impatiens, des femmes fur.
tout, fe féparerent de fait, & refu{erent de rejoindre leurs
époux, prétextant la néceffité de mettre leur confcience
en repos. L'Eglife n'autorifa jamais ces fcandales. On doit
remarquer qu'elle tonna contre de tels abus. Elle employa
les foudres des excommunications, pour obliger deux époux
à fe réunir. On peur voir dans un Canon du Concile d'Agde (1) , dans les Décrétales des Papes Alexandre II (2)
& III (3), qui font re~ues comme véritables,. comment
(1) Sœculares qui conjugale conJortiwn nullâ gra"iore eulpâ dimittunl,
tic! etiam dimiJerunt, & nullas eauJas thffidii probalriliter proporterttes ,
propter ea Jua matrimonia djrrùttunt ..... ~. fi antequam apud Epifcopol
comprovincia/es diffulii caufam dixerinr, & p,iuJquam in judicio dam.
nmtur , uxores futU abjeceriru, à commun,ione fana~ E"tefiœ & populi
c<rru, pro to quod fidem & cOllljugia maculant, ududuntur. Con/:
Afath. c. 2 S.
(2) Mu/torum relatione cognol'irnus, te. propriQ:1ll l'eUe abjice". uxo.
rem ....... apojlolicâ amhorita" interdiec.ndo mandamus tibi, ut halle
'lu am tune habes uxorem, nullatenùs prœf1JJll4s dimittue, dontc 'pifla.
parum rcligiofocum caufam iflpm examÏrl=ÏJ. Alc.x. 11. Cano mulla.
Tum 25. 6.
1.3
-on c-ontraigooit les époux à fe réunir,
t
~
,
étouffer leurs
-diffencions domefiiques. On ne permit la féparation thoro,
<Iue lor[que [ur J'expofé des moyens de nullité, il fut apparent que J'union feroit criminelle. Le lien conjugal fut
!'elâché par ce premier a8:e de condefcendance accordé à
la piété alarmée; & bientôt cette condefcendance en entraîna d'autres.
En effet, ce n'ell: pas fon éloignement de la couche
nuptiale qui tient le plus à cœur à l'époufe qui trollve le
lien conjugal infupportable ; c'ell: la liberté, ou plutôt l'indépendance qu'elle cherche: auffi quand les femmes reconnurent que l'intérêt de leur falut & les dangers auxquels
leur ame fembloit expofée, ne paroiffoient pas affez graves
pour les éloigner de leurs maris, elles parlerent alors des
périls que couroit leur vie, & on les crur.
On voit dans les Décrétales, que fous le Pontificat d'Alexandre III. une femme fe fépare de Ion mari, & demande lacaffation de fon mariage, fous prétexte de parenté. Son mari la redemande. Le Pape décide que fi le
mariage a été célébré &, conf~~mé, ~n do~t re~dre la
.femme au mari fous caUt10n qu Il ne lUI ferort pomt de
mal. Si cependant le mar~ a concru cont;e [a ~emme u~e
haine capitale; fi cette haine efi tel.le qu o~ dOIve [e ~e
fier de lui avec raifon, le Souveram Pontife veut qu on
la fequefire chez quelque fage & honnête Dame jufqu'à la
décifion de la caufe, en tel lieu où le mari ou fes parens
ne puiffent fe permettre aucune violence concr'elle (I).
a
•
(3) De Comite Parui"i 'lui B. raorcm JUiLm. abJq.ue.: judicio, Eacbrfia',
dimifit. _ .. · prudelltia rua. cogn6fcat qllo,d: & fi ctWfa ejJe.t pubtica & na• .
ta.ria, ab/qUA judicio Ecclefia ab; ea Jeparari non. potuit : qll.lV~ tpj_
a4 eam recipitndam, qUiZ petit reftitutionem ipfiUJ, di.jlriaè compelltl!;
'luam fi. r"ipare no/uuit, tum. Ilùuulo ezcarnmllDi,atÎanis adJltjogas.
.Âle%. 111. C. Parro, de divoTtiis.
,/
(1) REsrITUITUR CONJUNX VIRa PROBANT! DESPONSATIONEM ET
COPULAM ET DE IPSIUS IMPUNITAl'E CAVENTI, NISI MAGNA SIT
YIRI SA:VITIA .
.
,
. Mandamus quatenur, fi vobis conjliterit, 'luad pr~Jata, mu/ter ,prœ'dillo militi legitimè defponJata fuiff:t, .& ab .'0 eogm,ta : 'l'fam el reJtitui faciatis, '''epta tamen [uffieuntl .auttone, quod IIlt non debeat
•
�24
On y voit enéore que la même qüefiion fe préfenta fous
Je Pontificat d'Innocent III. La femme prétendait écr
parente de fon mari au quatrieme degré; & pendant le
e
procès fur la nullité du mariage, elle vouloit être féparée
Les avis étoient partagés. Mais le plus grand nombre fu;
à accorder la fem me au mari, difant: que les effets de [a
foumiffion ne pouvoient êt re un crime; que fa con[cience
ne devoit po in t lui reprocher les a&es de fon obéilfance
Et le Pape décida qu'à moins que la femme n'eùt en main;
des preuves très-claires de [a parenté avec fan mari elle
devait lui être rendue fans délai ni réferve , & qu'ell~ de.
voit m ~me être contrainte par les cen[ures EccléGafiiques
à le rejoindre. Si cependant, ajoute le Souverain POntife
les fèvices du mari font de telle nature que l'époufe trem~
Mante n'ait plus de sûreté auprès de lui, il faut plutôt l'éloi.
gner que la lui rendre, ou autrement; en pourvoyant f~.
famment à fa sûrete, s'il efl pojJible, il faut avant toute chofo
rendre la femme à fon mari (1). Et voilà le texte' invoqué
plr coutes les femmes qui depuis ont formé des demandes en réparation: Toutes ont prétendu être cette femme
tremblante, craignant pour fes jours, n'ayant plus de (û.
re,é auprès de [on mari ; toutes Ont prétendu que leur dou.
.ceur, les agrémens dont la nature- les 'Ivoit
douées ce
,
-,
c1larme,
aliq~od mal~m inf~T~e. s~ aute.m capîtal~ o.dia ita mulieTem ViT PlijèquLtur, quod merLto de Ipfo diffidat : allCul PTobœ & honef/œ muliai
uf1u~ ad callfa: decifionem cufl.odienda fl.udiojiùs committatur in loco
ub, VIT, ve/ parentes ejus mulieri, nul/am poffint violentiam infe~re. E~t.
de "fi.. fpoliat. cap . l!.
. (1) SI VERO- TANT..! SIT VIRI S~VITIA, UT MuLIERI TREPID1NTI
NON POSS I T SUFFICIENS SECUR I TAS PROVIDERI
NON SOLUM NON
DEBET E l RESTITUTI, SED AB EO PÔl'IUS A~-O VERI ALIOQU II{
SUFFICIENTI (SI PIER I POTEST) SECVRITATE piwvrSA
PRO.
FECTO VIDETUR CONJUNX ANTE CAUSlE ' COGNITIONEM 'R.I;STr.
TUEND4 ./I1.dRlTO.
de rej!it. fpoliat. ,ap. 13.
E.XJ.
2')
.charme, cet attrait puiffant que l'on fait avoir amoli les
cœurs les plus féroces, ne pouvoit dé[armer leurs époux;
.toutes en ont fait des monfires que rien ne pouvoit toucher, & dont elles craignoient toujours d'être les viél:imes.
Elles ne pou voient rien, di[oient-elles, [ur le cœur de leurs
époux, & elles ont attendri ceux que la Loi fuppofe impaffib,les. Et peu à peu rejettant tout divorce avec le CondIe de ,Trente (1), on eH parvenu à croire qu'on pouvoit
,
.
fép arer ce' qu'on croit ne pouvoir défunir.
C'efi avec raifon fans doute que les caLIfes en [eparatlon
font aujourd'hui portées devant les Juges ordinaires (2.).
(1) Dumoulin prétend que la Dolhine du Concile de Trente
(ur ce point elt nouvelle. ,. En la huitieme feflion , canon 7, trop
" ma) efi anathématifée dit-il, l'opinion de St. Ambroife 1 Doc.
" !eur de l'Eglife, & des' anciens ,~ de plufieurs grands Théolo.
" giens de ce temps; mêmement d Eraline & Thom,as de. VIOU ,
" Cardinal Gaïetan, laquelle eil conforme ,au te~te evangehque ,
» Matthieu 1<), qui ne pàrle. pas de la [eparall~n du III [eule.
» ment qui étoit cbe[e lors Inconnue, mal S du dIvorce total. Et
» l'opinion [uperfiitieu[e qu'en cas . d'adu~te:e, il n'efi lo ifi ble à
" l'autre partie ofTen[ée de {e remaner, a ete caufe de gran.!s maux
)l
que le,dit Concile dut avoir en horreur, & non pr éfé rer la (uperf•
" titiol] à la vérité & jullice. » Confult. de DumoullO (ur le Con.
cile, n. 45.
. . ,
Le Con cile ne vO\llut pas condaml1er GeU , qUI idl{olent que
" l'adu ltere rompt les , liens du mariage, & qu'il efi permi s d'en
» contraaer un autre comme le pratiquent les Orient aux, (rlon
» la Doa Tin e de St. ' Ambroi{e & des Peres Grecs'; mai, d'anaIl thématirer cellX qui di{oient, comme les Luthériens , q~e l'Eg l.i{e
" fe trompe, en en{eigna,nt que l'adultere ne rompt l'Oint le hen
)l
du maria ge, <'lç qu'~1 n'efi p"~ permi~ d'en contraaer Iln autre ......
Frapaale ' Hifi. d!l Con<rile ~~ Trente,!. 3. ,, 1. V.III . p. ~9.
(1) C:pen4'ln,t "de trè~ ~ doaes Tpéotogi!!ns jmagjn,e~t que, !e~
J uge s laïcs pe connoitrent ~~ ces caufes , qu.e par u[ur,p?tlon; VOICI
c e qu'on trouve d.ns les Conférences de. ~an~ [ur le man ag~: .
» La féparation des perfOJlne, manee~ a thoro ,& habitaIlC/le,
D,
�,,6
Les rapports faciaux que le mariage établit, font les premiers de tous; ils fervent de fondement aUl( autres. Ce
font donc h~s rapports du mariage avec la (ociété géné.
raIe, & fon influence (ur les man.lrs publiques, & privées'
c'eft le lien civil qu'il faut confidérer dans cet engage:
ment, & non la (pirirualité, qui peut-être eft plus du
reffort de la Pénitence, que de celui de5 Officialités.
Mai1i les Juges, de quelque ordre qu'ils (oienr, ne doi.
vent pas oublier que tam qu'il y a fûreté pour la femme .
i1 Y a nécelIité ~ elle de vivre avec fon mari; que tel fu;
le principe des demandes en (éparation, dès leur origine 1
qu'après même que la femme a couru des danger~, des
rifques, fi on peut être ralfuré p'our l'avenir, il faut
rendre la femme au mari; il faut la lui r~ndre, par cela
(eul qu' on doit préfumer que les Loix de la nature ne
»qu'on appelle autrement du nom de divorce, appartient dt droit
»au Juge d'Egli(e, parce qu'elle les àifpen(e de la loi qui leur .Il
'fimpo(ée par le Sacrement. C'ell ce qu'a reconnu· l'ancien Concile
»d'Agde qui fut tenu fi (olemnellement dan. le fixieme /lecle. Qlland'
l'la ComtelTe de Boulogne voulut (e fair-e-[eparer d'avec Alphonfe li!.
»Roi de Portugal, elle s'adreITa à l'Egli(e, &: fi~ nommer l'Arche~,
»vêque de Compollelle par· Alexandre IV. pour e-n juger comme
» CommilTaire du St. Siege. Nos anciens Juri(con(ultes, comme
»Papon & Bacqùet, avouent que cela âppartie-nt ~e aroit au Juge
"e<:cJéliafiique. Cela (e ptatjq~e' ainli eA Eipag.ne , & )no~s n'avons
»en France aUC~Re Ordonnance de nos Rois qui' Ôte ce dfoit au Juge
'>eccléfiaftique, pOlir te ' donne-< aux· J .. ges laïc~.
» Cependant en France les Par-lemell5 fe [ont mi's· en poffefli~n
"de juger de ces fépaFations d'habita'l ion , d.oi,.~ 5o'enfuit la (él'a-ra- '
»tion- à Morof Us réduirent les Juges eeclié/lafiiqlle-s' au-ta-nt qu'i.!~ peu"vent à J.a. o(eIlle- connoi:rr~n~e ~11 JHlfn.t cde dlreit', , & veuJént que
"ccII\! d'e f:üt (Ott 'examlliéë '& i Ilfimi te 'chlns les Trièùnallx féculiers,
'~r là ,rél'aration a'hll'~ipaûQ.n eniilor·~e avec [oi preliîue 10Hjeurs dei
" quefiwn~ de (liit [àr lerquelles il fàut Infermer-. M Confére/1'Ces de
P.arii [ur· le M4 riage, tOITh h pag•. 1'<l:t-:- _
'
'l,J
feront pas viefêes '; que }'hom'ttle ne ce1fel':l pas: d'être
l'appui & le foutien de fa foible compagne; il faut la
lui rendre, dans l'efpoir gue fi jamais ils ont méconnu
' lemrs de.voirs, jls ne s'en écarteront plus ni l'un ni
l'au~re;. il le faut, par <!:ela feol que l'homme, cet être fi
fOible, fi capabl~' de faute, l'eft: toujoups de réfipife::ence ';
il le faut, parce qu'il impone que les lLoii( & leurs or:'
ganes ne calomnient pa~ la nature humaine, ae préfument
point un délit.
Le Parlement de Provence a bien reconnu la vérité de
ces maximes, lorfq.ue, malgré les preuves de (év.ices, il
a ordonné ~ la femme qui les a malheureu(emenc con(tatés, de rejoindre (on mari, à la charge par lui de la traiter
maritalement. L'Arrêt a déja été cité par le Comte de Boniface, tom.
Mirabeau dans (es défenfes imprimées. Nous reviendrons 4) pag. 1° 1.
fur (a difpofirion •
.:Répétons auparavant. qu'il ne faut jamais perdre de vue
Gue c'eil: dans des Loix Canoniques & dans des Sentences
des Juges d'Eg!j(e que nous tr.ouvons les premiers exemples des féparations légales pendant le mariage. N'oublions
pas que ces Loix, rendues dans des temps oÙ la Cour de
Rome avoit de grands intérêts à ménager & nne vail:e
<lmbirion à (atisfaire ,. fe reffencent de la pofit'ion délicate'
& de la polit.igue circonfpe&e & précaire de leurs auteurs (1). Cepen{]anr aucune ne prononce une (éparat.ion dé.
(1) Innocent III. dont nous venons de citer la Décrétale , preITé
l'ar le Roi de Dannemart, mit le Royaume de' France en interdit.
pour punir Philippe Augune de ce qu'il ne vo~ loit pas le recon noitre pour Juge de la vahdité r de fOA mariag.e a"ec Ih[embutge,
!œur du Roi de Dannemarc. Le- Roi . rouché d·es ol ~meurs & iei'
défanres que j'interdit excita en France, fe fournit à J'aulorité.,
lui demanda des Juges pour examiner la validite! de (on mariage.
IX reprit fa femme avant qu'ilS ellffè"t prononcé, .& au moment
'OÙ on s'y attendoit Je moim.
Dl,
�'2.B
~niti.ve; on regardoit avec raifon ~ne telle féparation COll1llle
Pl aidoyer,
p' g. t o.
InfinIment
plus funeI!:e que le divorce que l'Eglife voulo 1't
r. .
prolcnre.
~otons enfin comme obfervation décifive en cette ll1atiere, que ces Loix, fource de notre Juri(prudence, n'ad_
mettent qu'une caufe, qu'un prétexte pour la féparatioo :
LE DANGER POUR LA VIE. Tous ces faits qui jadis annul_
loient le mariage, ceux même qui diffolvent l'union Con_
jugale dans la moitié de l'Europe, un 1èul excepté ne
font pas même caufe légitime de féparation d'après ces Loix
qui font devenues les nôtres, parce que la Jurifprudence le;
a adoptées.
LE VRAI PRINCIPE eI!: donc qu' il n'y a qu'une julle
caufe de féparation ; il n' y a qu' une caufe néceŒaire: c'ell
le danger pour l.a vie d'un des conjoints. On a eu raifon
de dire dans ce procès que la femme " ne peut deman" der une féparation' de corps', fans Iqu'il y..ait à èraindre
" pour elle, c'efi-à-dire, pour fa propre vie qu'elle n'a
" pu donner. Il faut qu'elle paroiffe réclamer & défendre
" la confervation de fon être. Cette premiere propriété,
" ce premier droit de tout individu, eH: le feul qu' une
" femme n'ait pas mis en communauté dans' le paae du
" mariage. Ainu nul motif légal pour féparer d'habitation,
" que la preuve certaine que la cohabitation feroie con" traire à la premiere loi de la nature, à celle de la con" fervation des êtres. " C'efi à ce feul moyen que l'inflexibilité du lien conjugal a pu fe plier; encore ne cruton jamais qu'un tel danger pour une .femme de la part de.
fon mari pût être durable. On voulut feulement la garantir
d'un premier mouvement, d)une violence fubite & prefque
involontaire. On ne la fépara que pour un temps. Les Décrérales n'autorifenr qu'une féparation provifoire, lo rs même
qu'on ne peut douter que la vie de la femme foie en danger; & les Arrêts ne fuppofent point une ' féparation ab-
'2.9
folue & définitive. Encore quelles précautions ne prend-on
pas avant de les rendre! Dans la Capitale même, où ce~
caufes font plus fréquentes & prouvent par leur nombre
~effrayant que la corruption efi plus générale; dans la Capitale où les mœurs font néceŒairement plus tolérantes &
moins déticates, les formes que l'on fuit, font très-propres
à appaifer ces diŒentions; fouvent elles opere nt cet effet.
Le Magillrat entend les parties par elles-mêmes; il les
met à portée de fe voir & de s'expliquer entr'elles devant
lui. C'efl: en préfence l'un de l'autre qu'il entend leurs
plaintes. Souvent il appaife leurs qu erelles; & fi elles ont
des fuites, on retarde le dénouement, en fequefir ant la
femme, en la mettant à portée de voir & d'entendre fon
mari avant d'accorder une féparation, dans le cas même
où on la juge néceŒaire. On peut voir le détail de ,ces
procédures dans le nouveau fiyle du Châtelet. Et voici
comment les Auteurs des Conférences tenu('s fur le mariage parlent de cette maniere de procéder fur les demandes
en féparation :
" L es Juges ne l'accordent qu'après avoir ordonné une Conférenoes
. c,
•
~
, to m.
lllIOrmatlon
ou une enquete
tr ès-exacre,
parce qu 'II
e e"de Pans
p'g. 1 0 ' .
" dépend abfolument de la dépoution des témoins, & de
" la certitude des raifons que les parties alleguent pour
" la demander. Après que l'information a été faite, les Empe" reurs Chrétiens & les Payens même veulent que les Juges
" foi e nt très-difficiles à l'accorder, quoique l'une des par" ties ait de juttes raifons pour la demander, fur- COllt
" quand il y a des enfans; c'efi pourquoi les Juges, avant
" que de l'ordonner, font ordinairement entrer dans la
" Chambre du Confeil le mari & la femme pOlir les en" tendre enfe mble, & tâcher de les reconcilier; & même
" avant: que de prononcer déciuvement fur la demande
" en - fépa Mtjon, ils ordonnent prefque toujours que la
" femme fe Tecirera durant fi x mois, ou dans lin Couvent,.
)J
�3°
" au che~ qqelque parente; le maric-a la libèrté de 'Ia
t. vOir...
Si on ne trouve pas dans cette procédure l'augu1l:e lirn.
plicité, l'impofanre majefté des formes antiques agrandies à
nos yeux par leur éloignement de nous., & peut-être embellies
par le coLoris de ceux qu.i nous tes ont tTanfmifes., on y voit
dU-l'noins le refpe& qu'infpire à ta Jullice même la fainteté
d'un lien formé par ce que la Nature, la_Religon & les Loix
ont de p1us puiffanr & de plus [olide. Non feulement elle craint
de le rompre ce lien, elle craint même d'y toucher. Et
;remarquons que dans cett~ feule occafton le Magiftrat de.
v~e nt pacificateur fans defcendre de [on Tribunal, & par
~es fOflétions même de fon miniftere. Ce n'eft qu'après
avoir épuifé tous les moyens poŒbles de conciliation, &
fur-tout, ce n'ell: qu'après que celui des deux époux qui ré.
pugne à la 'féparation, a pu s'eHarcer par lui même de ra.
mener à l'habitation commune celui qui veut s'en éloigner;
ce n'ell qu'après_avoir réitéré les épreuves de cette efpece,
qu'on fonge à prononcer fur la vérité ou la fauffeté des
dangers ftlppofés par la femme. Et s'il arrive que lors même
qu'on reconnaît la fauffeté de [es plaintes, on la laiffe
quelque temps encore dans la retraite qu'on lui a choiGe,
~,'efl: pout' mieux affurer la réunion; c'eH pour que le temps
& a,s pro~édés appaifent la fenûbilité de l'époux juftement
j,rité d'une telle réclamation, de l'injure qu'elle lui fait, du
foupçon qu'eJlt! lui a, du-moins imprimé.
Po.urroir-on [e diŒmuler en effet combien la malignité
!"éali{e aifément les foupçons les plus injuHes & même les
Blus aMurdes ,_·combien en général une demande en fé·
pa'4t-i op ea: inj-urieufe ? Si la l'épudiation d'un mari par fa
~mme [ef(}j~ regardée comme infamante, <combien plus
lr fame n:efh. pas. la demande <ie celle qui dit à la Juftice
<J:lle [on mat"-i e1l tel, qu'eUe aime mieux fe condamner
à, i,\ .airilité, paifer le l'eil:e de fa . vie dan, un etae contre,
31
narurè ,- dans un état amphi6i~, comme Madame de Mirabeau elle-même l'a nommé, étouffer dans fan propre
cœur tout ce qui peut refier d'une premiere eendreffe, en
effacer jufqu'au fouvenir, que d'habiter avec un tel tyran!
On a bien rlifon de croire qu'un génie ennemi s'dt emparé
de l'époufe qui [e porte à de telles cextrêmieés; rtlais Pinjure faite au mari n'en ell que plus grande; mais plu~
grande auffi doit être la circonfpettion du Juge; plus opinià.
tres doivent être fes efforts pour ramener la paix do:.
mellique, premier gage & premier fondement de la paix
fociale.
On étoit loin de la vérité, quand on a dit que les caufes
de féparation pouvaient influer fur l'état civil des perfonnes, mais qu'elles éroient PRINCIPALEMENT SUBORDON· Pag. ,,6 &
NÉES A LEUR BONHEUR
MORAL. On étoit loin de la vérité , lU
~ '17 de la COll.
"
[auon.
quand on a fuppofe" qu'on ne Juge pas des caufos de ft;, paration' encre conjoint:r,par ft: rapport qut ces caufos peu- Pag. 18 & '9
" ' vent avoir allec l'ordre général de la fociété, mais par de .la Con f,,!..
i1 celui qu'elles ont avec' le bonheur moral ou avec le tatlon.
l' malhe/Jr' particulier des époux, parceque ce n'efl: point pour
" l'exemple & l'édification du public qu'OG répare deux
" époux, qui ne peuvent vivre enfembl~, . mais pour les'
" foutl:raire aux dangers d'une- cohabitation forcée, que la
,; ·Jufiice relâche les nœuds de l'union conjugale." On
éwit loin de lia :vériré, EJu-a-nd: pour prouver de relIes aifertiens, on a d i·e: " les Loix- n'ont jamais cru pouvoir s' dr- .
,~ roger le pouvoir inoni de commander au fe'n timent , ou
" de faire violence l(le déticateffi & ci- cette lihert~ de cœur,
,1 qui t/(NZ's chaque indillMu fait partie de [a propritré per,,- [on-nefle " &- qui-- efl' le droit [e plus jaloux dé l'hufrJanité.
,,- Nos T ,ribuoaux ne eonno,j'Kent poim: ce genre de def,;. porif.me, ou p-lmôt ils- ne pourraient le c0nnoÎtre. Eta" Mis polir modùer les effets des pa.ffions, ils Javart qu'ils
,~ n'à/- peuvent- guirir les caufos; que CHACUN EST GOU- ,
a
.....
1
~
�,
,
OU ENTRAINE
Jl.
"
VERNE
"
"
BLES D ETAT ET DE SITUATION QUI MOD-IFIENT D
VERSEMENT LA SENSIBILITÉ, & qu'il ferait trop d [.
, '
PAR DES PRINCIPES INFLEX
1~
" gereux & même impoffible dans des queftions de mŒu:~'
" de choquer ouvertement les mœurs elles-mêmes. " 1
. Sans doute les Loix ne commandent point au fentirnent,
fans doute les Magiftrats ne peuvent rien fur le cœUt. AuŒ
les défenfes du Comte de Mirabeau ont-elles affez dit gue
n'érait point aux Loix & aux Magiftrats qu'il demand:,e
le cœur de fa femme. Ce qu'il leur demandoit, ce gui luit
, , accor d e,
' c'el[
a d" erre mis
. à portee
' d e 1e reconguérir 1
a ete
& cous les .honnêtes gens doivent defirer cette épreuve ~
elle fera utile ou infruél:ueufe: qu'importe! Elle ne [auroi;
être dangereu[e. Il profitera de cet avantage, ou il le dédaignera. ( Lui feul peut être arbitre dans une fi trille al.
ternative. ) M ais on ne peut lui refufer un droit gu'il n'a
pas perdu. Il ne doit pas ignorer que les Tribunaux ne
peuvent guérir1es coufes des paJ!ion~ funeftes qui Ont éloigné
de. fa maif9n la paix d{)meftique. Mais po ur rappeller cette
paix, pour modérer les effets <le ces paffions, n'avoir-il pas
droit de s'oppofer à ce que la J ufiice ne le féparât point'
de fon époufe? C'efr ce qu'on devoit lui prouver; on de~oit prouver fur-tout qu'une femme peut employer pour
moy~n de féparation la répugnance qu'elle a de rejoindre
{pn epoux, qu'elle a le droit de lui dire: Notre réunion
ftroit- violence il m:z délicateJ1è, à ceue lihert~ de cœllf qui
dans ~hafjue indfvidu fait partie de la propriété perfonnelle,
& qUl efi le droit le plus Jaloux d, l'humanité!
I:e mariage ne fera donc plus chez nous qu'une union
pafiagere, un engagement momentané! Si l'on met en réferve la liherté, de cœur, cette partie de la propriété perjànnelù:, , dr~t Jaloux de l' humanité; fi cette liberté de cœur
~mporte nece1fairement la liberté d'aél:ion' ft c'eft fa délic.areffe, c'eft:'à-dire, fon inclination qu'u~e femme doit
fuivre
33
,
,
1
'r
fu ivre dans toUS les temps, à quOi fe red lluent don c eçdevQ)rs du mariage? Si elle peut dire: Je me fens gOI/ l }unie' 6' entr(l fnée par des principes iriflexibles dejituation qu i
mortifient tellement ma [erifihilité , qu'il m'ef!: impoffible de
demeurer ,d ans mon é tat d'époufe. Qu'ef!:-ce donc que le
mariage ? Les liaifons paffageres que le caprice form e , &
que l'ennui ou le dégoût terminent, [erQient alfurém ent
mille fois préferables. Une telle morale n'a déja que trop
d'apolog if!:es, [ans qu' on l'érige en max ime dans le [anctuaire même de la Juf!:ice; & noUS oferons l'affurer : ce
font les principes de la Confultation dont on pourroit dire
avec vérité ce qu'on trouve dans le Mémoire de Madame
de Mirabeau : " Si dil ns cette caufe il ef!: qu elgue ch ofe
" de plus effrayant que les faits dont la Dame de Mira" beau fe plaint" ( ce qui veut dire les atrocités qu'elle
s'eft permife de publier contre fon mari) " c'dt la morale..
" 1 avec laquelle on prétend les juf!:ifier; " il faudroit dire,
Juftifier cette public\l.tio n.
,
Et qui ne [eroit point ejfrayé de tels principes! Les
époüx des deux fexes doive nt craindre éga lement que fi
jamais une bouche ennemie vient foumer entr'eu x la di fcorde, un moment d:humeur n'am ene un e rupture éternelle. Un gejle , lin regard, lin mot en fe ront le pré texte.
Des ciers intéreKés aigriront une femm e contre fon m ari ; la l'~~;li~~,I, r~"
& fous prétexte d'épargner [a délicateJ1ë & [a [enlibiIÎté,
on [e permettra pour elle de le déchirer, de l'Qu trage r ; &
l'on néceffitera par-Il des combats ré volt ans à la face de
la Nation & des Tribunaux; les enfans ont Il craindre de
voir ceux qui leur ont donné le ,jour en proie à de telles
-d ilfentioQs, de [e voir, eux-mêmes partagés entr'eux comm e
lln vi.! troupeau. Voilà ce qu.e .p(odl)ilirenc jadis les di vorces.
.voilà ce qu e prpâlliroient les [éparations, fi on les admettait avec la facilité dont on auroit be[oin pour accré.
diter la demande de- M<1dame de Mirabeau . Voil!! quel feroi
.
r-
,
E
�Ir
des
l' erret
.•
•
, 34-
pnnclpes Invoques par élIe; ft jamais ils ' 1
'
t1 •
•
eto ent
a cl optes,
m- a1gre' 1es contrl! d'ImOns
'e, vlderttes
qllji!s tel1~
m ent, cont'râdi t1ions dont la m6il'lclre eil: de dire: les
efir.
r.'
.
.
, Jt'
1 cl' .,
.
cau es
de leparatlOn
Inferenent a Igmte dù mal'Iage, là tranqlliJlit
des f11111l1es, les bonnes mŒurs; c'eft principaleme/lt é
botlne.s mœ~rs q~'elJes. tiennetit; & dât1S le jugement ~~
ne dOIt compter pour neh le rapport que ces éaù'ès pe
'
. avec l'ordre genera
"
1 de 1a fidcœtê.
..
JO
ut/etu
avoir
, Oil en avoit be{oin cependant de i:és pl'Încipes ttl
, Ct '
•r
1
r.'
ntta.
cl 1~{üI:e.s,
pour a.ut~mèr a èorhequehcè qu'on en tire, &
qUI vemableme.nt _n ell: pas nÔli~èJle; qu~ chaque condition
a . les Ii~ ns, tellement que ce qUl ne forait p ffS un moyen de
feparatlOn èntre gens du commun, ell pelle fèrvlr en tte
r;
d'. IIne ~on d'Illon
. pl
E xf1l1quon'S-lloUS
.
Jon,nes
us I
re evtt.
(utperce
.F0ll1t; Il en: Important à la caure.
. 11 n'y a qu~~n p~incipe en mà~ier~ de (éparation; il ne
peut y en avoIr qLl un. La cohatlttation eft-élle n'elt-el/è
pas dangereufe? C'eft la feule chofe quitJh doive 'el{amitler
& cel~ ell indépè?dàftt de l'état, de l;t tfuaHté &: dé I~
condHlon des parnes.
)
,
Sans doute que des attes de vi61eflêé aUl<qtlèls uM fetnme
du peuple pellt réfifter, f0urniroient 3 une fetntne de qualité
une cauCe Cuffifante de (éparatlon. Mais p-ourquoi? Cet!
q.u'on a penle que ée qui ne fuftiroit p~as pôtir mettre la
~~e <le l'une
da~ger, expof: f6it ~elJe de l'autre par la
~lOle?ce de 1 eniotlon &. du reftèbtl!'rient fi Ce rt'eft par
la .fol.bleffe de l'org~nifa tion. C'èft donc t~ujours le hlêtne
~f1nClpe. Il faut toUjours examiner fi on peut ctalndte rai.
ionnablement powr la vie de la femmè qui demande (a (é.
Confulr.t;olJ , paration; ~,e njeft pas .mêm~ âffez de dite !..Des faits Cà~
pJg. 1l 0 .
p~D~es .dalt.ener les efprus &. ~ès /al:tzc1eres , d~ ]impIes pro~
cedes ll1Jurœux f ont des motifs leglliihe,s de jèptttation. Sans
cl~ute u?e fe~t?e, & m ême ,de quelqae état qu'elle (oie,
n eft pOlUt. faIte pour effuyer de fon époux déS proèédés
;?
.
•
,l
~) , .
' M .
1
ÏJ!jlJrieu.x , 1l10J{1S encore 'les m(prLfi marfil/es. :jIS tOllS. e?,
torts <lu'l.lU homm~ peut avoir· envers la ,;:ompag-n e qu'il
s~efl: donoée, n'cperent pas la diffolution de cetre (ociété.
TI eft alfez puni de (es COrts envers elle par la dimin~tiol1
ou la perte de fa tendre{fe & dl1 bonheur domeftique.
il en eft alfez puni par le fpeél: ac1e des maux qu'i] a caufés ,
& qu'il parça o-e n éçe lrai r~ m e nt; il en efl: airez puni, [,1ns
qu'on le m et~e dans l'impoffi bîlit è de réparer fes fautes &,
de remédier à (on infortu ne.
L es deux époux doivent Ce fuppore er l' un l'autre. Il s
doivent Cupporter leurs défauts refpeél:ifs, fe les pardonner.
Eh! q'li n a pas beCoill d,e pareille indulgence! Que ceux
qll.Uuge l1t fi (évé.remenr les a~ tres defcendent i1~ f~~d de
leur cœur! Qu' ils (e demandent complen on verrolt d epoux
cobabiter .e.nfèrpble, fi la cohabiration n'était pe rmÎ(e qu'à
cepx qlJÏ n'ont ,;:elfé de s'~imer, &, dont , rien. ne tro~bla
j.all1 aii \'\lni8 n, -Que feHlIt-ce, .fi 1 ~n /eparOlt roux c; UJc
~êm~ dçnt le ~ien ~ pu df '1s cert anlS momens parome
in!ùpp~rtable l fi on les féparoit à J'e uf , 'p·r~miere plainte,
à leur pre miere r,é clamarion!, 1.1 n'y' a.uroit. bientâc pl~lS
de mari age J du-m.oins , on Il en recue lll e rol~ .a ucun ~rul.t,
La Cociété ne Ce renou-velle roit que par des Iqlfons cnml~elles. Or) ne conooltroit bienrâ.t plus de parens. En-ce
là où l'on yeut con~i\lire Itô p erfolln es d'un~ conditioll di[{inguù? Vent-on frapper les ~~ illes Î10tfl bles de ftérilit.é?
L 'a ncienneté des races ne mente-t-el1e pas au cont raIre
qu'eHe,c; (oient plus fOig neu(erae,n.t .çonCervées ? 011 re~~ rde
la Nob!elfe d'.orio-i ne COrnrt;le enlbl,lfanr des rangs lIltermédiaÎl"{!S (1) guj fo llt d,e l'~ffet)çet1'lêOl,e ~e la Monar~hie: 11
faut donc la ,CDn(ervt:r pour {le pa~ a'ltere r , li,/. con(utUtlOll
de l·é~af. C'efl: 'ç\alJS cene clilfI:e q~'il falJ~ parfi YLl.\iére mel1c
o
i
"
(1) Mr. de Montefquieu dit > pouvoi; inÎcrmèdiair. fubord!lTVIé:..
E l.
-
�6
·
.
I~
'
cl
3
h~alDeenJr unIon
es deux époux. Qu'on fe
arde
bl,en .de l,a rendre telle qu'au moindre fouille o~ puiif:o nc
detrulre 1 effet. Ce ferait compromettre bien effi . en
me t 1
,. , de'
entlelle
nb' a. perpetuite es ramIlles diil:inguées , que d" eta b"
,
1
1 ar It:alre po~r ~nique code de leurs mari<)ges.
Ir
Mals les pnn:-Ipes de la Confuleation de Madame de M'
r ab eau ne JonHls pas ceux de Cochin & de q l ,1tres Jurifconfultes ? Eh! quand cela ferol"
ue qu au.
"
une
d : cette Importance, une caufe dans laquelle il s'a cauG
it e
determlOer la nature & l'effet ou premier lien quO g Ide
h
r
""
1 unit es
ommes en IOclete, ne merite-t-elle pas qu'on
.
1
"
.
examine
fi
es principes eux-mêmes, & non ceux qui les ont
'
d
l
"
"
)
V
con
g n~s ans eurs ecrits.
oyons cependant ce qu'a d' C 1"
It oc 1lin, & . ce~x qUi ont parle d'après lui.
n plaldOit. pour les héritiers d'une femme morte leparee
r'
,
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e on. mar~ , & p~r Senc~nce rendue fur une enquéte légale. qUI avole prouve les fevices. n s'agilfoit de 1
fi
m t
d
S
' ,
a con ra lO.n e ceCCe . encence , au chef qui privoit le mari des
donatIOns de filrvle pour caufe d'it)O"ratirude
C' il:
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'
O '
, e
a~r s ~vQlr rappellé les preuve " de févices conf1a~es lar e~quere , par des procès-verbaux d'un Commifalre e
o!lce, & par des réponfes prêtées devant lui
l
par es parties, 9ue Mr. Cochin dit ce qu'on a rapporté
~~~s la Confultan.o~. Mais il n'en tire d'autre conféquence;
n 9ue I~ qualIte des perfonnes aggrave les févices &
mauvaIs traIte mens.
Il dit, il eil: vrai qu'
,.
J
P,ge
10! .
.. d"
"
con duzan 'ifJll1C7uee
on n exzge pas entre perfonnes d'une
nue 1
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d
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' ~' ( ' b
'1
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es VlO ences u man atent ete port~es .lu qu ~ jrapp,e. r fa femme; & cela ne dit pas qu'on
n eXlg: . pOIDt <J.U Il y ait du danger pour fa vie. 1
'
d MaISclce n'eil: .p a s d
ansl es mouvemens aratoires
du Plai.
°rer e Cochm qu'il faut chercher le principe. Il faut le
VOIl"C~ans la caufe même par la maoiere donc on a J'ugé
I es raits.
37
La Danle de Chalfe avait été battue, e l/cédée de coups
Cochin, tonh
par fon mari. Le Commilfaire avait déclaré avoir l 'U des ... , polg. 1 0 9 .
meurtri.ffures que la Dame de Chaffi avait au bras. Il yavoit
preuve écrite que le fieur de Chalfe avoit tenté de faire
annuller fon mariage, & dépouiller fan époufe de la plus
grande partie de fes biens. La tyrannie du mari érait prou-'
vée pâr des billets écries de fa main. Dès les premiers
jours de fon maria ge il avait placé ulle concubine à fa
cable & dans fon lit, il ne pouvait le nier ; & cepend a nt
on ordonna la preuve des févices, & la fé paration ne fut prononcée qu'après qu'ils furent prouvés. Voilà ce qu ' il falla it
obferver dans la caufe de Cochin. On devoit obferve r encore
que dans la m ê me caufe il " convient qu'il ne faut pas
" fe porter légérement li accorder des féparations de
" corps & d'habitation entre mari .& femme. Il convient
" même EN GÉNÉRAL que TOUTES SORTES DE MAUVAIS
" TRAITEMENS NE SUFFISENT PAS POUR SOUSTRAIRE LA
" FEMME A 'LA PUISSANCE DU MARI; " & cela fe trouve
efme les deux palfage5 de Cochin rapportés dallS la Confultarion. La c;ll1fe de la réticence dl: alfez cl aire; l'ave u
de Cochin ell: un hommage au principe; il explique ce
qui précede & ce qui fuit. Quand Mr. Cochin dit que toutes forces de mauvais traite mens ne fuffifent pas pour fouftraire la femme à la puilfance du mari , il montre alfez.
qu'il entend que ces mauvais traieemens fojent de nature à
mettre en danger la vie de la femme; & la caufe même,
qu'il plaidait le prouve. Il y avoit des écrits injurieux; il
Y avoit des meurtrilfures , & l'on demanda des preuves.
Il faut, fuivant le Droit Canonique, dit Lacombe qu'on
Page l OS .
nous cite encore, " que les févices & mauvais traitemens,
" pour opérer la féparation de corps, aient été capables
" de faire craindre pour la vie de la femme, & qu'ils
" aient mis fa vie en danger. Mais fuivant nos mœurs, il
" fuffit qu'ils foient graves, qu'ils rendent la vie infuppor-
" table & infiniment trifle & difgracieufo. "
�8
3
. . - ,eil .te'1
Cela prouve bien que le pnnclpe
.qu'on ~e peUt
guere s'en écarter [ans vaguer dans 1 arbltr;ure. Il n e~ .P<lS
abColument néceifaire, [elon . Lacombe? qu~. les [evlces
aient mis la vie en danger; II CulEr qu Ils IOlent graves.
Mais qu'entend-il par fèvices gr~ves? Ceux q~i renderu
la vie infopportahle, infini;nent r.:·ijle & difgrac.zeufè. Ce~
mots ne difent rien, ou Ils reViennent au. pnnclpe des
Loix Canoniques. Si L acombe entend qu'Il fulEr qu'uQ
des époux trouve I~ .vi,e tri~e pou~ .qu'on les ~épare,
il efl: li loin de la vente, qu'il ne mente pas de repon(e.
Et li par des févices graves. qui .renden,t la vie trifle, in[llpporrable & infiniment dlfg:acleu~e, Il entend d~s ~4U
vais trairemens capables de faire cratndre pour la vie cl une
époufe , ou du-moins d'en a~réger la .durée, al?rs il ne
dit rien de moins que les LOlx CanoOlques dont 11 femble
vouloir refl:reindre les dj!pofitions.
Mais il ajoute ces mors (al!. ne devoit .plls le diŒmuJ~r),
& qu'ils [oient de Ilature cl pouvoir être admis. Or , toute~
ces refl:riaio/lls prouvent: l'embarras de J'Aureur, pour q)Q _
ciiier des opinions vulgaires avec les principes & la naturtl
des chofes. Ainfi ,quand il avoue qu'il faur que les fait~
foient de nature à pouvoir être admis, il d.i t airez qu'on
n'admet que dilEcilemem les preuves de févic~, & ç'en
l'opinion générale.
,
Après la citation de Lacombe & de Cochin, on trOUl'e
celle .d'Argou, quj dit: " Qu.and un mari ma lrraire fa fern" me .; & qu'elle ne peur vivre ave.c lui (ans êtr-e en quel" que danger de fa vle ., elle peur [e faire réparer. d~ ÇOT.PS
i, & d'hahiu!lnn. ,. Ce )l'dl: PAS çe oqu'el1 a CIU? MaiS
l'Auteur .:l it que quant a IlX f1UlIJW1i.s traitemef/s, il [ulEt q,I,-t'ils
!Oient CONSIDÉRA BLES ,~{J égard 4 la flualicé {litS perfp,mes ;
il faut du-moins .qu'ils !Oient COJlllidéJ1lb1es ; & l'Auteur f~p
po re tellement que III fép;mltioll oe peut être prà,ollnée ~u'à
rai{o n.des féviœs,4u'il~j~l.Ite à la page {1;I~V6ptt!: QJL()llt4 la
39
flparatlon d'ltaMtation, COMME ELLE N'EST FONDÉE QUE sUR
z'Es MAUVAIS TRAITEMENS articl!lés par la f emme, il faut
néceJJàirement ordonnu un~ information ou une enquête, parce
que la fèparation dépend a6[olument des témoins. Ce pairage
confirrtle nos prin cipes.
.
Ceux de Mr. Pothier ( Trairé du Contrat de Mariage )
qu'on nous oppofe encore, ne nous fOnt pas plus contraires.
Voici comme il s'explique.
" L'union du mari & de la femme, qui efl: formée par T om. 1, par
" Dieu même, & le pouvoir que chacun des conjoints don- 1 7 8 .
" ne fur [on corps par le mariage à l'autre conjoint, ne
" perrnertent à la femme de demander la féparation
" d'habitatIon que pour de très-grandes cauCes. Elle ea
" obligée, dans le for de la confcience , d'attirer, par f.'l
" . douceur & par fes complaifances, les bonnes graces de
" fon mari ; & fi en faifant tout
qui efi en fon pou" voir, elle ne peut y réuffir , elle ne doit oppofer que la
" patience am, mauvaifes mnnieres de fon mari, & même
" à fes mauvais traitemen s : elle doit regarder cela comm~
" arrivant par l'ordre de Dieu, & 'comme une croix qu'il
}, lui envoie pour expier fes péchés; cela ne doÏt pas l'em" pêcher d'aller dans toutes les occafi.ons audevant d~ tout
\ " ce qui peut faire plaifir à fan man; & elle ne dOit pas
" le quitte r, à moins que les chofes ne foient portées aux
" plus grandes extrêmités. "
Ii obferve enfuite que les juiles caufes de féparation
ne font pas faciles à déterminer; qu'il faut que la femme
ai t eu conGdérablement à fouffrir; qu'il n'efi pas facile
<ie fixer le degré de ce qu'elle doit avoir à fouffrir. Il indiqUe -après <tue1quès points qui doivent fervir de regle aux
Juges. Le premier mériro~t d'ê tre r~~arqué dan~ cet~e, cau~e,
parce qu'il dOl'lne la clet d'une dlfl:tnébon qUi a ete faite
0
par plufieurs Auteurs: 1 • dit Pochier, le luge doit avoir lb. P'S' 18 0 .
ce
•
�4°
Pag. 11 6.
ig.lrd J la ' 'Iualité des partie~ ; & c'ell: ~ien ce qu'on de.
mande pour Madame de Mirabeau. MaiS ce qui fuit gê
un peu fan fyitême. " Un foumet , un coup de poing qu,ne
" r. c
.
,
Un
" 1lomme aura donne a la lemme , qUI pourrolt être cauG
e
" de féparation entre des perfonnes de condition honnête
" n'en fera pas une entre des gens du bas peuple, à moi'
" fcouvent reJteres.
" , , "
ns
" qu , 1'1 s n "aient ete
Il faut donc, fuivant Pochier, même pour les perfon nes d'u
condition honnête; il faut, même pour une femme de qualitn,e
qu'il y ait eu des excès pour aucorifer une demande en fépae~
ration. Qu'on craigne plus facilement pour la vie d'une pero
fonne délicate & fenfible par état, cela doit être, nous en
fommes convenus; mais encore faut-il qu'il y ait lieu de
craindre réellement pour fa vie, pour la féparer de foo
mari. Et à qui perfuadera-t-on qu'on peut craindre la coha.
bitation pour une femme qui a patTé plus de deux ans au.
près de fon mari, fans être expofée de fa part au moindre
danger, qui regrettait fon abfence, & ne l'a pas revu de.
puis ce temps?
Nous avons vu quels étoient, quels devoient être les
principes. Voyons maintenant les faits. Les détails des obferv ations abrégeront cette difcu{fion.
Madame de Mirabeau veut établir fon premier moyen de féparation , fur ,des ,outrages écrits & imprimés. Injures graves,
a-~-on dit " a ralfon defquelles elle auroit le droit de pour.
fUI~re u~ e,tranger par la voie extraordinaire. La fIIJlia
dolt venir a fan [ecours. On a compris qu'il faut tefpec7a
& ,wnger la délicateffi & la [enji6ilité des perfamles qui
dOlvent Je rejjJec7er elles-mêmes, qui ont reçu une éducatioll
diflinguée, & QUI SONT FAITES POUR MONTRER DE LA
NOBLESSE,
DU
CARACTERE ET DE
L'ÉNERGIE.
, :ans n~us arrêter à cette maniere de parler des qua.
ll!;s , de 1a.me & des vertus effentielles , comme fi elles
n etOient que pour les app(!rences, pour la montre, obfer:
vons
,
41
vans que les principes de Madame cle Mir:Jbeau fur ce
premier moyen condamne nt prefqu e touce fa dé[c:nfe.
, En effet, elle dit : il n'eil pJS permis à un mari d'outrager, de calomnier, de diffamer fa femm e , & dans le
Pléme remps, dans les mém es écrits, elle fe permet
d'outrager, de ca lomnier, de diffamer fon mari. Elle s'd~
dire, ou on lui a dit : la calomnie & la diffamarion portées à l'excès font des moyens de féparat ion; elle a calomllié, diffamé fan mari, fans doute pour en être féparée. Cette méthode n'eH-elle pas affreufc? Quelle eH:
la femme qui n'aura pas la fac ulté de brifer fa <.haÎne, fi
elle peut impunément outrager {on mari, afin que l'honneur lui défende de la réclamer? Er fous ce point de
vue encore, la caufe du Comte de Mirabeau eH infiniment intéretTanre pour la Nation. Tous ceux qui jugent
la caufe dans les cercles, ceux même qui pl acés fur le
Tribunal augufie de la Cour Souverai ne prononceront
bientôt au nom du Roi & pour le bien de la chof~ publique , dans cette caufe importante, tous feront ou peuvent être jugés demain {i,r les mêmes principes. S'il fuffit
à une femme d'outrager fon mari pour en être féparée
rien n'el!: fi facile à compromettre que l'honneur des fa~
milles.
Quand nous dîfons qu'il n'eit permis à une femme
-r
' d 'outrager fan mari, c'efi conve-'
lOUS aucun prerexte,
nir qu'il n'eit pas plus permis à un homme de diffamer
fon époufe. Peut·oa dire que le Comte de Mirabeau air
diffamé ~ calomnié la fienne ? C'eit ce qu'il importe
d'examiner.
- , ,M~d~me de Mirabe~ u fe plaint d'une phrafe qui lui à
-ete ecn~e par fan man le 14· Septembre 1774; mais des
rrenre-clOq lettres que ce dernier a communiquées vin<Ttneuf font poll:érieures à cerre date, & les plus ~end~es
lé trouvent parmi ces dernieres. Pourquoi Madame de Ml-,
F
�•
42.
.n'
r!beau n'explique-r-elle pas c~rre con~radlç{lon?- Le mari
avoit écrit: je ne veux plus être, & Je ne forai plus Votr;
dupe; & après cette époque, l'époufe écrit vingt fois: Dieu
veuille nous njoindre hientôt, car nOlIS ne fommes pas faits
pour être foparés. Madame de Mirabeau a donné ce fraO'.
ment de lettre ifolé. Lorfque cerre lettre fera connue tOll~e
entiere on verra fans doute que le mouvement de colere
étoit bi~n mérité, & qu'il fut pa/fa 6 er; m3is fans arltre ex.
plicarion on fent déja 9ue les. repr~ch~s ~u mari étaient
fondés fur une fuppoûnon qUI les jUfllfiOlt, fi elle 'toit
vérirable, & qui les rendoir abfolume ,l[ étrangers à Madam~
de Mirabeau, fi la fuppofition fe rrouvoit fauffe.
Qù'tm n'abufe pas de ce que nous avons dit que le mot,
vous êtes un monfire, peut être échappé dans un moment
de colere, pour eu tirer avantage dans la caufe pour Madame de Mirabeau. 00 trouvera dans Cochin à "1a page
cirée dans la Confultation de cette Darne ces propres mots:
" qu'un homme ait quelque mouvement de colere ou de .
" vivacité; que dans un emportement il lui échappe quel,,- ques termes un peu durs, on fait qu'il faut fe fupponer
" les uns les autres dans ces occauons." On le fait, dit
Cochin. Ce font des vérités triviales qu'on n'a pas befoin
de prouver. Combien peu, d'époux refieroienr unis, fi un
mouvement d'impatience ou de colere échappé à l'un d'eux
fuffifoit pour les féparer !
.
Un Avocat de Nancy plaidant pour une femme féparée
de fon mari par plufie.urs Arrêts, a foutenu néanmoins
que " pour les citoyens d'une naiffance relevée, élevés
" avec douceur, au fein de l'opuh:nce, rien n'efi innocent;
" un gefle, un regard font de~ outrages; fouvent un mot .
t! feu! s'imprime & fe perpétue dans leurs penfées. Les dif
" cours en apparence les moins outrageans ont pour leur
" cœur des poiotes décl1îtantes; el1es y laiffent des cica" trices qui ne fe ferment jamais, rendent la fociété d~s
• ,r; . . hle, 1~"
' . tlect.uazre.
1 ,n;'
,
.; deux époux InJupporta
<.S
eur ft,;partUlon
Il
Er cerre étrange autorité a été citée par Madame de Mirabeau.
On dira peut-être quelque jour à Nancy, d'après les Jurifconfulres de Provence, que les peines d'une femme, de
quelque nature qu'elles foiwt, fous quelle forme qu'elles loient
manififUes ,font calljès légitimes de ftparation; 'que ces caufos
font arbitraires, & ne font pas arhitra,ires, & fju'on trouve le principe dedicifion dans Je réfoltat indélwiré, &c. MalS parce qu'on
a dit ces chofes là à Aix, feront-elles v,aies ~ Nancy? Et ce
~u'on répete de la caufe de Nancy, où fans doute perfonne
n'en croyait rien, fera-t-il Vfdi aujourd'hui à Aix pour avoir été
dit en 1769 à deux cens lieues de cette ville? Suppofons-Ie
pourtant. La caufe de Madame de Miiàbeau n'y gagnera rien.
Si un gefie, un regard font des outrages; fi un mot échappé
à un ma>rÎ fournit à f01l époufe un moyen de Céparatioli
oéceffaire, pourquoi entalfer ta,n t d'horreurs cootre Mr.
de Mirabeau? Pourquoi fon époufe cherche-t-eIJe à avilir
le nom qu'eUe porte') Ses outrages tant répétés deviennen fwpedlus; ils [ont bien iootiles potir el1e & pour fa
caufe. Mais ils ne le font pas 11 celle du Comte de Mil'abeau. Us prouvent que ce n'en point one époufe douce
& timide ', endurante & retenue <jui demande la fépaJ.
ration. Madame de Micabeau ne peNt étre jugée plus dénvorablement que fur fes propres défenfes.
On ne trulDGjuera pas de dir~ ,-<ju'il fa<uc juger auffi Mr.
de Mirabeau fur ks' prod{H~ti()ns; & on lui ()ppofe une
prétendwe letNe écrite à Mr. de Maleshé~, imprimée A
b fuite d'un Mémoit'e à confulr-er & Confultati()l1s de Mes.
Beviere & Gr<H~bert de Gr.()u~entall, AVO<:3tS au ParJe1nent
de Paris. Madame de Mirabe.all impure â fon mari rimpt'e1lioa ~e cette lenre:; eUe veut la faire fega,fder <;preme
tllile diffamation. tandis <jue ies Jettl'es qu'elle cité &' dont
elle :s'étaye, prouvent qu'il n'a point eu' de part à l'im..
F~
-.
�44
pre,ai~n de cette lettre. Mais l'a-t-i~ écrite? Il ré):>ond qu'il
a ecrit à Mr. de Malesherbe, qU'Il n'a pas copie de fes
lettres, & qu'il ignore li ce qu'on a imprimé & qu'on lui
reproche, s'y trouve. On le preffe fur ce point. On fe plaint
P ag, 118,
de ce qu'il a dit n'être pas comptable de ce qu'i l peut
avoir écrit aux Miniflres du Roi. UN MARI, dit-on, EST
COMPTABLE A LA FEMME de l'opinion (fi/il manifeJle fol' elle.
Mais quelle ell donc l'opinion manifellée? Où efl: la calomnie? Des réticences, des points. Mais c'ell moins qu'un
mot; & on peut mettre à la place des points telle chore
qui juflifie pleinement le Comte de Mirabeau, en fuppo_
fant qu'il ait écrit comme on a imprimé. II lèmble que
Madame de Mirabe au, avant de fe plaindre des réticences
avant de crier 11 la calomnie, 'devait demander des expli~
cations à fan mari; fans doute il les lui eut données,
puifqu'il demandait à la voir; & li Madame de Mirabeau n'a pas eu befoin de ces explications; li elle [lit
ce que fan mari n'a pas écrit, ce qu' il n'a pas dit, ce
que d'autres qu'elle ne peuvent pas deviner, pourquoi fe
plaint-elle de la calomnie?
Nous n'examinerons donc pas les Doél:rines entalfées,
pour prouver qu'une accufation capitale & calomnieufe intentée par le mari, devient caufe de féparation pour la
femme. Madame de Mirabeau feule peut favoir de quelle
nature ell l'accùfation que les réticences fuppofent; elle
feule peut favoir li ,elle a été calomniée; mais c'efl: d'elle
dont il s'agit; on n,e peut pas , s'en rapporter à fan jugement. Et s'il arrivait que des apparences l'euifent accurée
auprès de fan mari, ce ferait à ces apparences & à la
fatalité, plutôt qu'à lui, qu'~lle devroit 's'en pren-dre; elle
fur-ront qui juge fon mari d'une maniere bien étrange
Contre toute apparence, & fur des prétextes bien frivo les.
On ne voit donc pas que ce premier moyen de féparatiol! ' puiffe être fondé; il faudrait que Madame de Mira-
r.
4~
beau èxpliquàt ce qu'elle croit que fon mari a voulu faire
entendre, & qu'on en jugeât la calomnie; & probablement
ni l'un ni l'autre n'arriveront encore.
Le fecond moyen de féparation
un reproche d'adultere fait au mari, & la tranfaél:ion par lui foufcrite dans
l'affaire de Pontarlier.
Il efl: avoué dans la Confultation pour Madame de Mirabeau , que l'adultere du mari ne doit point étre affimilé
à celui de la femme. On donne, d'après Montefquieu, la
raifon de cette différence, & on paffe fous lilence le principe. Voici ce que dit Momefquieu avant ce qu'on en a.
rapporté.
" Comme le mari peut demander la SÉPARATION 11
" caure de l'infidélité de fa femme, la femme la deman" doit autrefois à caure de l'infidélité du mari. Cet ufage
" contraire ci la difPcfition des Loix Romaines s'était in" troduit dans les Cours d'Eglife , où l'?n ne voyait que
" les maximes du droit canonique; & effeél:ivement, à
" ne reg::rder le mariage que dans des idées purement
" fpiritllelles, & ' dans le rapport aùx chores de l'autre
" vie, la violation
la même. Mais les Loix polieiques
" & civiles de tous les peuples ont avec raifon diaingué
" ces deux chores; elles ont demandé des femmes un
" deO'ré de retenue & de continence, &c. &c. " (Le
reRe 0 de ce paŒlge efl: rapporté dans 1 la . Confu~tation ,
p..ag, 128 & .fuiv.).
,J
• .
_ _
,
dire affez cl ai rement que l'infidélité du mari n'ea ,
point une caufe de féparation dans . les Tribunaux civils,
& on convient du principe. On pourroit même ajouter
q.ue jamais les Loix canoniques n'ont reg~rdé l:adultere
du m<U'j comme une caure i de . féparacion. Nous , avons ~
déja vu qu'ell es n'admettent qu'une caufe pour la femme : le péril imminent de fa vie. Qu'on ne faffe point
équivoque fur l~~ féparations alltorifées par quelques
ea
ea
C'ea
1
�46
Canons dans le cas d'adulrere du mari. Il n'yen
Il'
de, l're' pararlOn,
,
d'h ab"H3uon, mais
, fieulemenr pa~
q~el[lo~
de
feparatlOn a thora, qUI n'emporre pas l'autre &
les Cafuiaes prefcrivent encore pour la moindre' fouill<J ue
liplfJrue
"
II e de l' uq des conJoints.
' .
C 'ea d'après leurs opio ' Ure
que les Tribunaux eccIéfialtiques d'Iralie féparent enclons
,
,L
, d l '
.
ore
(il tnDra pour a li tere du man (1).
Mals dans ces pay
même, l'adultere du mari n'eR pas moyen fuf!1fanc po s
r'
d'h ab'nation.
.
Ur
{eparer
Ainli vainement invo.queroit - on fur ce moyen 1
.
.
d
es
L ?"r
qnomqyes ont on ~ fouvent. abufé dans de pareilles c~ufes; on ne pourrOJt en reUrer aUCun avantage
C'ell. par lés Loix civite,s qu'il faut fe régler, dit Mon:
tefquleu, & OR en conVient. Or les Loix civiles ne reEardent comme adulrere propx:ement dit, que celui de
la femme : Propriè ad.durillm committitur in Tlupta propter
partum ex altero conceptum, compojito nomine. L. 6
~ ff. ad Legem Juliam de adulteriis coercendis. On n~
p,eut d,one pa~ faire, d~ l'adu!tere du mari un moyen de
fep~ratlon. Qu on .n~ dlfe POIRt, la Loi doit être égale
pou.~ le~ dc:ux .cenJol?ts. ,Elle feroit bien injuile, li elle
lDRigeOlt parellIe pelOe a des aéOons donc les confé<}Ue.nc~s . font li différentes Ce n'eil pas le péché que la
~I clVlle c~dere da~ ~ne a~ion;, c'ell Je dommage
~u elle p'0rte, c eil Je preJudlce qUI en refulte pour le tiers,
&: ce n eil que fous ce rapport qu~elle punit J'aduJtere de
fa femme.
.
l,
C~l2i d~
mari peut d~autallt moins rournir un moyen
de .fep,arauon '" <pole ~'eQ, de la Loi Romaine qu'on voudreft 'etayer un ,pareJl m,o yen ,; & la Loi Romaine ne re8)1rde comme adulnere, que l'in6d,éii«é d'une femme ma-
4
,;ée qui s'exp-ofe à Jonner à 10n mari, à la famille de [011
mari, des enfans étrangers.
On a reconnu la vérité de ces principes dans la Con{ultation de Madame de Mirabeau. On a dit : J, Tout
" adultere du mari n'-efl p as de fa nature moyen de fépa/ la fiemme; car qu,
. pre' f'ere dans fion
" ratien pour
un man
" cœur une étrangere à fa propre femme, c'éa une foiblelfe
" que l'on pardonne à l'humanj.cé. Mais s'il fait trophée de
,,- fa paffion , s'il inCulte à fa femme par un commerce
" public & Cuivi de fcandale, voilà le crime que les Loix:
" regardent comme une caufe trop légitime de divorce. "
Cela retremble fore à ce que difoit Cochin plaidant
pour une femme qui avoit prouvé que fon mari , don~
elle vouloir êrre Céparée, l'avoit rendue témoin de fon
concubinage. Après avoir avoué qu'il n'ell: pas permis à
une femme d'intenter contre fon mari l'aétion d'adultere,
elle peut s'en faire /ln moyen de. fépa,;ation , lorfoue.'e. mari
fait hahita dans fa propre n:aifon l ohJ~t de .(ès crlm~nell~s,
1;omptaifances. " En effet, ajoute CochlO, qu un man pre, Fere dans fon cœur une étrangere à fa propre femme,
,; c'ea une foibleife que l'on pardonne à l' humanité; mais
" qu'il fatre trophée de Ca paffion; qu'il i?fulte fa femr:ne
" JUSQU'A PLACER.A COTÉ D'ELLE celle a qui il facrifie
" 10lls les devoirs de fan état; qu'il augmente fe s malheur~ ,
" par LA VUE D' UN OBJET qui l~i ra,ppelle fans. ceJ!è, ce qUl
" en efl la caufe dép/oraMe; qu en un mot, l~ deshonore
" LE SÉJOUR d'une femme de vertu, en faifant de S A
" PROPRE MAISON un afyle de proflitution, v~i1.à,ce que
" les Loix regardent comme une caufl! trop legJt1me de
" divorce. "
,
, En voyant ce qu'on a, omis de Cochin, on devme pourquoi on ne l'a pas ciré. On trouve auffi le mot .du proc~s
fur ce moyen de fé,par~rion; c'ef!: une concubme p/aCl!~
à côté de l'époufe ~sgitJme ; c'ef!: la vue d'un td obJet ,
Confullet.
P'g· IJO.
�49
c'efi. le fèjour ·de la vertu, la maifon d'une époufe ho •
n
nête transf~rmée en li~u .de proHit.ution. Vo:là ce qui
peut faire feparer d'habitatIOn. Cochm parle d après une
·Loi Romaine fur le divorce; c'efi donc à elle qu'il faUt
recourir, & non aux extenuons qu'on a pu lui donner
toutes encore forr éloignées des faits que Madame de Mi~
rabeau expofe, & qui ont été débattues dans les obfer.
vations de fon mari. Il faut toujours recourir à la Loi
."arce que fi, proche en proche, on , ~n . étend l'applica~
tion d'un cas à l'autre, on pourra s elolgner de plus en
plus du but qu'elle s'ell: propofée.
Ainli l'Arrêt de la Dame Hosbrouck, rendu COntre un
Bigame, donc les crimes étoieot prouvés, .comme on en
convient, efi inapplicable à la caure. Le Plaidoyer de Duperier qui ne fit pas fortune en 163), & qui n'empê_
cha pas qu'on renvoyât une femme à fon mari condamné
à un banniiTement, el!: également inutile à la caufe de
Madame de Mirabeau. C'efi la Loi qu'il faut confulrer, '
& non ce qu'ont pu dire des Avocats en défendant des
procès. Si les ArTêts même ne devroienr fervir qu'aux parties entre lefquelles ils ont été rendus, cela ef!: encore
bien plus vrai des Plaidoyers & Mémoires faits pour l'inftrutlion des caufes particulieres.
Les Romains n'ont point fait de Loix pour les caufes
de féparation; ils ne connoiiToienr pas cet état amphibie,
pour répéter encore une fois les expreffions énergiques de Madame de Mirabeau dans [es lettres. Le divorce entraînoit une
<iiffolution entiere du lien conjugal. Les Empereurs regar<ierenr comme un moyen légitime de divorce l'adu/terium in
4omo. C'e!t ce que prouve la Loi de Théodofe & Valentini~n, toujours citée dans de pareilles caufes. Qu'on la
lire, -on verra que ce n'dl: pas le crime, ce n'efi pas le
<lélit, ce n'eH pas l'infidélité, ce n'efi pas même le fcandale qu.i aucorue le divorce; c'efi les dangers que court
une
49
une femmé, quand fon mari fait de la maifon commune
un lieu de proHitution & de débauche. C'e!!: lorfqu'une
femme eft expofée aux infolences d'une pro Hi tuée autorifée par le mari; que la cohabitation a paru dangereufe. C'eft-lll le danger que l'on a trollvé aiTez grave
pour féparer d'habitation les deux époux. On a cru que le
mari ne pouvoit fe plJindre de voir fortir de la maifon une
époufe qu'il n'y retenoit que pour J'accabler des mépris
les plus cuifans pour une femme honnête: Si fluis in ta
domo in flua fua conjuge commana, contemllens eam , ctlm
alia illveniatur in ea domo maliens, dit la Loi; & quand
on dic, l'adultere dans la maifon d~ caufe de [éparation,
on s'écarte déja de la difpolition littérale de la Loi; elle
exigeoit que le mari eût voulu rendre fa femme non feulement témoin, mais même, p01,lr ainfi dire, complice
de fes défordres : Si ad colltemptllm fui domûs vœ fuœ, ipfa L.8, Cod.
inÎ.piciellte cum impudicis mulieribus (auod maximè cajtas die diY~.ni i ,
':fi
.
7 .
•
(e JU n IC1 0 (e
cxaJPerat) cœtum meulltem. Il faut que le man ait voulu, moribu. (tibia.
pour ainfi dire, unir à fa femme les objets de [es crimi- to.
nelles affeél:ions. Les exemples que l'on trouve dans nos
' Recueils de Jurifprudence font de cerre efpece: Une concubine affife à table à côté d'une femme qu'elle avoit chaffé
du lit conjugal, recevant à fes yeux les careiTes du mari,
accablant la femme de [es mépris, voilà ce qu'on a vu.
On a fufpendu pour de tels maris leurs droirs fur leurs
époufes; on leur a appliqué, autant qu'on J'a p~ , les Loix
des Romains fur le divorce, parce qu'on regrettait le filence
de nos Loix [ur un tel cas; mais ce lilence même eH honorable à la Nation; il prouve qu'elle n'a pas cru que tels
. rnonfires puiTent exifier; & li ~ou; n'avons pas de ~oi)( ~our
un tel cas, ft nous fommes obliges d emprunter les dlfpofitlons
des Loix Romaines, n'oublions jamais dans leur application
que le mariage efi indiiToluble chez nous, qu'il ne l'était pas
chez eux; & qu'il ne peut être quefiion aujourd'hui que de la
&,
G
--
---~ .~-~
�50
cohabitlttÏon. 'C'efl: dônc par ce qui s'efl: paffé pendant là coha.
bitation, qu'il faut juger des rifques & des dangers qu'elle peue
entraîner, & non pas des faits étrangers à cette cohabi.
fRtion. On n'a pas ofé combattre ces principes. Il ne fal.
loir donc pas les démentir tacitement, moins encore en
fuppofer qui les contredifent.
Mais parmi les caufes de divorce énumérées dans la Loi
Romaine, ne trouve-t-on pas la condamnation du mari pOur
crime d'adultere? (Si 'lUi!! igitur marùumfulim adulterium con.
deml/atum invenerit.) Si le Comte de Mirabeau pouvoit être
dans ce cas, on auroit encore à prouver que routes les
caufes de divorce che,.; les Romains, celle-là entr'autres
fom devenues parmi nous caufe légitime de féparation:
& on n'y -parviendroit pas. Le complice de l'adultere étoit
plus févérement puni chez les Romains que parmi nous,
Long-temps il fut permis au mari, au beau-pere de le ruer
en le prenant fur le fait; & la Loi ne fut jamais "ompléte_
ment abrogée chez les anciens: d'ailleurs il entroit dan!>
le plan 'de leur légiflacion , & dans lewrs idées fur la population, de favarifer ,des deux côtés un div.orce qui pouvoit
opérer qmelque bien. Ce n'ell dornc pas avec de tell~s Loix
qu'on pourrait fomenir une demande en féparation. .
Mais Je Com~e de Mirabeau dt-il condamné comme
adultere? On le croiroit à la maniere dont on parle dans
1es défenfe~ de Madame de Mirabeau de la pIocédune prie
à Pontarlier.
Il ft~t accllfé en 1776 d'un prétendu crime de rapt
'commis el'l:vers une femme mariée. La requête de plainte
dit expreffément que ce n'eLt pO~nt d 1un rapt de violence
-qu'on l'actu:f e, mais d'un rapt de féduéhon commis par
blandices. L'accufaceur fe plaint de l'évafion de [on époufe;
il n'ofe pas la quere~Jer en adl!üte:re; cependant une SenteRce Qe ,contumace ldéclare le Comte de Mirabeau arteint
& convaincu du crime de rapt de Ledllébon, .& d'avoir commis le crime d'aduItere avec cette Dame.
T
'Il
1
_ Cette Sentence n exine plus-; rendue pllr contumace,
elle efll rQmbée, par la rep~érentation du Comte de Miraln.eau. En droi(, elle eH regardée comtil1e non obveJl:.Je.
La contumace ef!: purgée , comone on dit au Palais, paf'
les réponfes & juLtitications de 1'3cclJIé; & dans l'h~'~o
thefè de la caure, les réponfes ont été deüruél:ives du
fyfrème d'accufarion, ce qui a uécetlicé le département
de la plainte configné dans une tranfaétion jl,ldicia1Îremenc
homologuée. De maniere qu'il ne refte [ur la procédure
que cette Sentence d'hom0Iogation.
, Mais Mr. le Procureur-Général au Parlement dans le
RefTort duquel l'accufation écoit née, ne pourrait-il pas la
faire revivre malgré cette Sentence? Qu'on le fuppofe ;
il n'en fera pas moins vrai qu'il n'exi-f!:e point de condamnation, .& ces craimes éloignées ne p0u'r mient fournior à la.
femme un moyen de féparation ; cependant on ne peut ,pas
craindre que Mr. le Procure1:lr-Général appelle jamais de
cette Sentence.
L'inf!:irution du Minif!:ere public a ew pour premier oli>jec
d'empêcher & d'aruêter les pourfu.ires des vengeances par~
ticuliere:s. Ainli lor[que la [ociété n'dl: pas {pécialement
bleifée par un aéte contraire à l'intérêt d'un particulier.
fi ce particulier <liflimule l' injure; s'il reçoit des fatisfacti0ns fufEfames; s'il la pardonne ou s'il ne s'en trCl>uve pas
o.ffi:m.fé,. le .PrQcureur d.u Roi 11e doit ni ne peut ef.l pour~
fuivre. la Lépa~atinn; elle efl:. tome faite,. &s que l'of[enfé
ef!: cnntellt; il P'y 31 plJ.ls t:ien à juger, lorfql:le les parties
lÏnréreffées fum: d'accord.
~ 'Delà vienr la difiinétion que l'oro. f-a.Î!1! des déltts ~n pu.,
blic ou privés. Les uns par le trouble: (q:u'ils ciIH!enr à l'l
traAquillli~é ' pmba,iqDe ', ada'1lÙ~nt tous les c.ttoyeos, ils bleffem d-ireél:ement la f<!lCJbé;. elle eLl: pru:tie offenwe, elle en.
poudiJit la vengeal'l.ce par le miniŒere de l'Officier cbargi
lie veiller à/la, fû.rec:é commune. Quant allJl ,\utres qui n'ilk
G
2.
�p.
réreffent que le particulier, le Minifl:ere Public ne v.iene
qu~ prêter a,ide & fecours à l'offenfé qui ré,c1a~e fan ap_
pUI; ou plutot, tenant alors la balance en equlllbre entre
•
l'accufateur & l'accufé, il veille à ce qu'on n'abufe pas Contre
celui-ci de la rigueur de nos formes.
Le Procureur-Général ne peut pas f:lire informer fur un
délit privé; il n'eft pas pnl'rie légitime pour en pourfui\'re
la réparation en fon nom. Le Parlemenc l'a jugé Cantre
Mr. le Procureur-Général en 1768, même pour un vol
fimple regardé en poillt de droit comme délit privé.
Le Miniilere Public ne pouvant pas pourfuivre la réparation d'un délit privé, il ne peut pas mettre obilacle à ce
que les parties tranfige nt entr'elles fur pareil délit; il
ne peut pas fe plaindre de leur accord, ni rallumer fous
aucu n prétexte une guerre dont elles ont voulu éteindre le
feu.
Parmi les délits que le Procureur du Roi eft non recevable à pourfuivre, il en eil un à l'égard duquel toute
ac1ion lui efi plus particulierement & plus rigoureuCement
interdite; c'eft l'adultere. L'accufation du Mrni{j:ere Public
aggraveroit l'offenfe faite au mari, & augmenterait la honte
qui peut en rejaillir fur les enfans. Les reconciliations entre
mari & femme font plus intéretlantes pour la fociété que
la prolongation de pareils débats, dont le fpeél:acle eft toujours dangereux pour les mœurs. On fuppofe facilement ces
re conciliations filr de fimples indices; on maintient [CJUpUleufelllent les ades qui les conHatem; jamais des tiers
n'ont été déclarés recevables à attaquer ces at1es, moins
encore le Procureur- Général, qui doit p.\us que tout autre
affurer le repos des familles.
PluGeurs Arrêts Ont déclaré valables des tranfaél:ion~
paffées entre le mari & l'adultere de la femme, quoique
des Jurifconfultes ( abufant d'une Loi Romaine faite contre
les maris qui, complices des défordres de leurs femmes,
j
' .
"
J
'i3
.
ne r.:herchoient qu'à retirer un falaire de leur complaifance)
euffent foutenu qu'on ne pouvait tranfiger fur ce délit; &
aujourd'hui la chofe ne fauroit être mife en queHion. Les
tranraél:ions fur l'adultere font entre le mari & la femme
un jugement domeilique qui doit être finguli érement refpeél:é; elles font enrre le mari & celui qu'il foupçonnoit
de complicité, un aveu formel qu'il n'y a eu de fa part ni
délit ni oflenfe.
Lorfqu'uo tel aveu ea fait par un majeur en ple ine li_
berté, il n'a plus aucun moyen pour faire revivre fon accufatioll ; & fi cet aveu eil {impIe; s'il n'a d'autre prix &
d'autre condition que l'~bandon des dommages-intérêrs &
dépens que l'accufé pou voit prétendre à raifon d'une plainre
témérairement portée contre lui, il n'eft pas poffible qu'il
puiffe furvenir entre celui-ci & le mari des différents gui
légitiment une rétraél:ation de l'aveu fait par la partie IUtéreffée.
Si l'accufation avoit déja été porrée aux Magifirats, ç'eil
devant leur Tribunal que les accords des parties doivent
être fcellés; c'eil de l'autorité judiciaire que ces accords
reçoivent leur derniere fanc1ion; & lorfque par une homologation authentique le vœu des parties a été, pour ainli
dire, confacré, leurs aveux & leur déclaration obtiennent
l'autorité dç la clzofè jugée; ils deviennent une vérité fur laquelle il n'eil pas permis d'élever le moindre doute. En effet,
quelle juftice plus certai.e que celle que les parties fOllt
forcées de fe rendre à elles-mêmes! Quel jugement moins
!ilfpeél: que celui devant lequel des intérêts oppofés fe tai[ent! Quel jugement plus équitable que celui qui étouffe
tout reffentiment, & anéantit même le principe & la caufe
des diffentions !
Le rapt de féduél:ion efi également un délit privé; on
pourrait même dire que ce n'eft qu'un quafi-délit pour
lequel l'adion criminelle ne corn pete pas, mais feule.
mêm l'aél:ion civile en dommages-intérêts.
�S4
Comment le Procureur-.Général pourrok-il fe rendre.ap_
peIJant de la Sentence qm homologue une rran:Caétion fuI"
pare ils objets? Hors l-e cas où' un mari p-~0tl:i{Ue fa fefll.rtle
le Min111ere public ne peut jamais pourfilivre en fon no~
de telles accufations: il ne peut donc pas dam tout aUtre
cas mettre obf!:acle à ce que l'accufation tOit anéantie par
le défifrement du plaignant. Mr. le Procureur-Général ne
le pourroit pas, fi la procédure s'inf!:ruifoit devant le Parlement; il le peut encore moins, lorfqu'eIIe a été illHruite
devant les premiers Juges.
L 'a rt. VI. tit. XXVI. de l'Ordonnance Criminelle, veut
qoe " fi la Sentence rendue par le Juge des lieu" POrte
" condamnation de peine corporelle, l'accufé & fon procès
" foient envoyés enfe mble à la Cour Supérieure. " L'art.
XI. du mê me titre veut que " Ji la Sentence dont ejl appel
" n'ordonne .poi~t de peine affii8:ive, & qu'il n'yen ait
" appel Interjette par les Procureurs du Roi ou "eu" des
" Jultices fe igneuriales, mais feule ment par les p arties le
" procès fait envoyé au Greffe des Cours, &c. "
'
D~ maniere qu'en matiere criminelle, l'appel n'ef!: né.
ceffalfe que lorfque la Sentence porte condamnatiorz! de peine
corporelle. D ans ce cas feulement l'appel ef!: de droit; dans
root autre , il a befoin d'être déclaré. Le Légi!1areur n'a
pas voolu que des Juges fubalternes p-uffent, même du
ton{enrement des accufés, leur faire fubir des peines cor.
pnrelles.
.
Mais a-t-il voulu que les Juges de l'j.nflru8:ion -He-plii1'ellt
abfoudre définitivement l'acctlfé ? Cela rre pal'OJ.t pas dans
l'Ordonnance, & ne doit poi11t fe fuppofer. .
,V'a rride Jtf. cT-deva nt ciré ne prefcrit }l'envoi des- ptoJ
~edl1r:s aux Cou rs , que lorfqu 'il y ~ ?ppel. n veut que
~ acqUletceC?~ nt de,s Gens du R oi à l'Il ' Sente1'lcé ne puilfe
et re p1'e}adlclable a l'appel que f;a pa-rtie 6vile pel:lt dé.
clarer de cette Sem ence. Mais delà i~' ne 's'en!bt~ pas que
. ~."
le procès doive ' être potté aux Cours, lorfque la partie
civile & le Procureur du Roi acquiefcent au Jugemel1 C.
On doit même tirer une conféquence oppofée de cet article , auquel, pour éviter toute équivoque, on ajoura ces
mots, mais foulemem par la partie civile lors de la rédactian, ainu qu'il réfulte du prooès-verbal publié par ordre
du Roi. On voulut marquer bien exp reffément que l'appel
n'étoit pas de droit ; que lorfque le P rocureur du Roi n'appelloit pas, il fallait qu'il y eû t appel de la partie civile ,
pour que le procès pÛt être p orté aux C ours.
Mais le Procureur-Général efl:-illié par l'acquiefcement
du Procureur du R oi? L es principes ci-deffus expofé,o;
flOUS donnent la folution de la que fl:ion. C ela dépend de
la nature des affaires. S'/lgit-il d'un délit dont le Procu.
reur-Général peut pou_rfLtivre d'office la réparation, c'efl:-àdire à raifon duquel il peut fe ,rendre partie principale ,
.il p;urra appeUer; encore ce point fouffre-t-il bien des
.àjfificultés parmi les CriminaJjf!:es ; & les raifons de la
majorité qui foutient l'affirmative, ne font rien moins
qu.e fatisfaifanres. Ma1s s'il s'agit d'un délit à raifon duquel
le Procureur-Général feroit ,fans aétion , il ne peut ni em,pêcher que l'accufation s'~teigne. d~ confentemen~ des pdrûes ni que le ,procès fOit termIne par leur acqulefcement
à la' Sentence. En effet, fan appel le rendrait feule partie ; & nous avons vu qu'il ne fauroit être partie principale d'une accufacion fur un délit privé, moins encore. fur
. une accufation d'arlultere , toute recherche de ce cnme
ll:li étalflt particuliérement interdite; bien moins auffi
dans l'h~pothefe d'une q~lerelle en rallt de fé~uél:ion, fort
impropr.emelillt appel'lé délit ennre rerfonnes hbres, & ne
pouvant pas eKif!:er entre ,g ens manes.
11 ref!:e à favoir fi y ayant eu par ~ontuma.ce une, Sen. cenee qui condamne l'accufé à une peIne. ~ppltale, 1 a~cu
liltion n'a pas pris un caraél:ere de graVite capable d au~
�'56
torifer les poùrfûites & les réclamations du Miniilere pu.
blic.
Qu'en 1777, des !uges fu~alternes, peu i~firui,ts o,u paf.
fionnés, aient regarde une plamte en r,apt ~e.redllébon IOten.
tée par un mari, comme contenant ImplicItement une ac.
c ufat ion d'adultere & qu'au moyen de la contumace
,
'fi'Iger.à l'accufé'
croyant le délit prou~é,
ils aient v,ou l u 10
la peine capitale portee p,ar une ~Ol ,de ConH~ntIO COntre
les adulteres Loi rombee en defuerude, meme de fon
,
' 'par ~ent aU,tres L Ol~
' du
temps, & implicite~en~
ab
rogee
Recueil où on l'a prIfe, Il ne peut lamaIS en re[ulrer qu une
ab[urdité de leur part.
Il fufEt que le Jugeme,nt ai~ été rendu par contuma~e, ,~
que l'accufé fe [oit re~refe~te" pour que t<:ut ce 9u, a ete
fait en fon ab[ence fOlt aneantl par cette prefentatlOn. Cela
efi établi p:\r l'Ordonnance.
,
La préfentation volontaire de l'ac,cufé an nulle" le Jug~
ment & les procédures de contumace, fans qu d fOlt neceIraire d'en appeller. Il ne refie donc plus qU'LI ne fimple
accufation qui doit être jugée par les termes dans lefquels
elle a été faite, & qui n'annonçant point de délit public ne pouvoit être pourfuivie par le Minif!:ere public.
Acc~fation de laquelle le plaignant pouvoit fe défifier, fur
laquelle par conféquent on a pu tranftger.
L'intervention du Minifiere public dans les procédures
fur délits prouvés, n'efi que furveillance. C'efi bien ,improprement qu'on les appelle parties dans ces affa,~es.
On auroit donc pu à la rigueur fe paIrer du Procureur du
Roi en terminant celle de Pontarlier; mais on lui a confervé [on droit de furveillance dans l'homologation de la
tranfaéhon. Il n'y auroit donc nul prétexte pour attaquer la
Sentence qui l'homologue.
Le Procureur du Roi a reconnu qu'il ne s'agiifoit pas
de
')7
'de délit public. Les teqnes de la plainte "& le titre de
l'accufation le lui indiquoient aIrez. Le Procureur-Général
ne pourtoit pas démentir la requête de plainte, quand
même il pourroit Contredire les aveux de fon Subfiitur.
Cette requête, feule bafe de la procédure, foutient également les aveux du Procureur du Roi; & fon acquiefcement à l'homologation de la tranfaétion empêcheroit toujours qu'on pÛt détruire un aveu dont il eH fi. facile de conftater la vérité.
Le Procureur du Roi a avoué qu'il ne s'agiIroit poine
d'un délit public. 11 fe feroit étrangement compromis, s'il
ne l'avoit pas fait; il auroit fallu ,qu'il fe rendît partie principale fans dénonciateur.
Le Procureur-Général ef!: au moins dans le même cas.
Il ne peut donc faire revivre cette accufation que Comme
il peut en intenter toute autre, c'efl-à-dire, en fuppofant qu'il s'agit d'un délit public. Et à cet égard il n'y
a nulle différence entre le ci-devant accufé & les autres
citGyens; tous peuvent être expoCés à des plaintes & à
des accuCations du Miniflere public. Nous diCons mal, quand
nous fuppofons qu'il n'y a nulle différence entre ceu"
qui n'ont point été accufés , & celui avec lequel la partie
intéreIrée a tranugé , envers lequel l'accufateur a reconnu
la témérité de J'accuCation, & le Procureur du Roi qu'elle
Il'étoit p~s de nature à exciter Con miniflere pour le main~
cie_n de l'ordre public. JI y a cette diflerence eIrentielle
que le Pr<?cureur-Général ne pouroit de bonne foi, pour
:intenter une accufation , prendre prétexte d'un pareil fait,
fans manquer évidemment à la raifon & à la jufiice. QU'Ull
fait foit obCcur, dO,uteux, on peut, en le préfentant, le
défigurer; on peut inlidieufement furprendre la crédulité
~ommune, en .feignant de la bonne foi. Mais 10rCqu'il a été ,
éclairci par des débats éclatans, lorfqu'il a été fixé & dé~
terminé entre ceux qu'il intére1TQit uniqu'e ment, on doit
' '
li
/
�.,8
ravoir ~ quoi s'en tenir fur ce fai t. Il n'y a plus alors nuUe
matiere à recherche.
Le Miniitere pubJj~ ne }Jourroit . fans détlOnciat{!ur &;
Gaution fe ren d re patrie contre un cHoyen. Et quels pour_
roiem être le dénonciateur & . la cautio~ ~>lm crime qui
n'exiHe pas, . & dont. la non-exIHe~c~ a ete re~onnue par
celui qUI, S'Il eXIHoIC, en aurolt ece le premIer bleffé?
E:ommenc le Procureur-Générdl pourroit-il flJppofer que
l'ordre public a été troublé, lor{que le fait expofé en Juf..
cice par' la partie précendue offenfée n'annonce qu'uRe que.
relie, un !impIe débat entre particuliers? Comment pourroit-il fuppofer qu'il y a feinte, coUuuon entre les COntrac_
tans , après que l'aftà ire a été difcu[,l!e puhliquernenc & fans
ménagement d'a ns le fanttuaire même de la Jufiite, lorfqu'il parolt à tollS les yeul( que jamais accufé n'eut moins
cl'égard pour fes aC(!ufateurs, leurs faureurs & cOl1Iplices
jufqu'au mom~nt où ils · ont reconnu l'injuHice de leur~
procédés & l'irr-égul<lrité de leurs démarch{!s ? De quel droit
dans ce cas por:reroit-il hl trou~le dans des familles hon~
nêtes & refpeél:ables ? Il faudroit en même temps qu'il
accu(ât de pTévari-cation l'Officier pt'lblic chargé de [on
minift:ere -devant les Juges inférieurs; il faudroit qu'il en
accufât ces Juges eux-mêmes, & que donnant un démenti
à la not0riété & à l'évidence, il fuppofât l'exifience de ce
<fui ne peut pas être. Voilà comment celui d'o nt l'inno. cenee a été authentiquement & judiciairement reconnue,
doit moinsccraindre de voir renouveller une accu[ation,.
que celui qui n'a jamais été accufé, principalement lorfqu'iF
a été vérifié que le délit qu'on lui imputait ,- n'étoit pas de
nature ' à être pourfuivi par le MrnifteFe., vengel:lr deS' droits'
de la foc--iété,
, Cela· 'nous difpentè d'examiner plus rigot1reu(emenc s'il'
efl: des , c-as- où - l1acquiefcement du Procureur du Roi ne
lie point Mr. le Procureur - Général .en· matiere d'ab[olu~'
tlon.
.
_ Le
19
principe duquel il faut partir, c'eft que-le Procureul'Général n'avoit point d'aélion à raifon d'un délit qui, vrai
ou fuppofé, ne pouvait jamais être que privé. D ès-lors,
pourquoi demander fi cette attion pe ut revivre? Pour renaître, il faut avoir exifté. Pour fuppofe r que l'acquiefcement de fon SubHitut a été fait au préjudice de fes droits ,
il faudroit d'abord prou ve r qu'il avoit des droits. Pour dire,
il peur, m:!lgré l'accord des p:mies, [e rendre appellant du
premi er Jugeme nt qui homologue cet accord, il faut ou
fuppofer qu'il éto it partie, ou prétendre q'll'il pouvoit le
devenir. Or, l'un n'efi pas vrai, & l'aurre eü contraire
à tous les principes. On feroit donc déclarer le ProcurelJ.rGén éra l non r ecevable en fon appel, fi méconnoiffanc
les c!evoirs de fon minifiere, il intentoit une parei lle
ilttion. . Il contrarieroit les principes de fon infbtution,
& il mettroit le trouble dans la fociété dont il doit
affurer .le repos, s'il fe rendoit accufar~ur d'un délit privé.
Mais ' il [eroit bien plus coupable , lorfc.lu'il a été reCOllnu
que le clélit n'e ~ i Hoi t pas, & cela par ceux même qui les
premiers l'avo ient fupp ofé , & qu'il eH rel par fa nature,
que, s'il étoit vrai, il ne pourrait faire la matiere d' une
accLtfation, [ans compromett re la délicateffe & l'honneur
de 'trois ou quatre familles envers le[quelles Ml'. le Procureur-Géné rai [eroit re[ponfab le du fcandale qu' il pourroit occaGoner; ce qu'on regarderoit fans doute comme
étant de [a parc un attentat à la tranquilliré publique,
_ On convient affez que l'accu[ation eH éteinte par la
tranfatl:ion & par là Sentence qui l'ho mol ogue : flle met
l'accu,jè
l'abri des pourfuites d~ l'a cc~fateur, dit~on ! m ais
J.> la
tranfac1ioll pem-ell e effacer loutrage fait a une
,. épouft:. fenlible & verc ue ufe? L'accufàtel~r,. en crim~
t> d'adultere, a-t-il pu reme ttre cette autre lllJure 'lut
" ne le regardoir pas, & que la Darne de Mirabeau
tl. é-tQir. QQligée de dévorer 'en jilence ? n
a
Hl.
�60
Si la nature de Pin jure elt telle que la Dame . de Mira~
beau foit obligée de la dévorer en lilence, pOurqu .
I
tant de clameurs fur cette injure? Pourquoi vouloir eO
faire un moyen de féparation? Si les femmes ne peu~
vent pas fe plaindre en Jultice des hommages paffagers
adreffés par leurs maris à d'autres qu'à elles; fi elles doivent
dévorer en frlence ces petits chagrins, & attendre le rerour
d' un cœur qui devoit leur appartenir exclufivement ; fI même
une femme honnête ne peut parler de l'infidélité de [on
mari que lorfqu'elle a été conftatée par une condamna_
tion légale, Madame de Mirabeau ne devoit pas rompre
ce jileT/et: obligé; elle le devoit d'autant moins, que [on
argument à cet égard roule dans un cercle vicieux. On
affure pour elle que l'adultere du mari eft un moyen légal de féparation, lor[qu'il ef!: judiciairement confl:até.
La femme peut fe plaindre alors, dit-on, de l'injure
qui lui eH faite; & lorfqu'i[ s'agit de prouver la condamnation, lorfqu'on eH arrêté par Une tranfaébon, pat
un départemenr, par un Jugemenr, ce n'elt pas, diton alors le J ugemenr, qu'il faut confidérer, mais l'injure qui eH indépendante de la procédure; de maniere
qu'ap rès avoir voulu établir l'injure par la procédure, 011
veut faire fubfiHer la procédure par l'injure que l'on fuppofe. Il femble même à ce langage que l'affaire de Pontarlier ne devoit pas être finie fans l'intervenrion de Madame de Mirabeau, quoique l'on convienne qu'elle n'auroit
pu fe rendre partie dans cette affaire que pour défendre
fon mari. ·
On le débat enfin fur la maniere dont l'affaire a été
terminée. C 'é toit une affaire d'honneur. C'ef!: une tranfaérion. On ne tranfige pas fur l'honneur. C'eH ce que
dit Madame de Mirabeau; c'ef!: ce que l'on répete d'après
elle.
'
C'étoit une affaire d'honneur! c'elt-à-dire, l'honneur de
Gr
Mr. de Mirabeau étoit compromis! Calomniè, calomnie
atroce. L'honneur n'a été compromis que par la maniere
dont on a parlé de l'affaire en Provence. L'honneur n'a
été compromis que depuis que Madame de Mirabeau ellemême a voulu élever des doutes, faire naître des foup<iooS
fur la nature du délit. Mais ce n'efl: pas fur des contes
abfurdes que des inréreffés ont fait courir dans la ville , il
Y a fix ans; ce n'eH pas fur les allégations de Madame de
Mirabeau: c'eH fur les requêtes de plainte; c'eft [ur la
Semence même que la nature de l'affaire doit ê tre fixée;
c'eft fur des preuves, & non fur des allégations, qu'elle
doit être déterm inée, [ur-tout quand on veut en conclure
que l'union des deux époux ne p,ut plus fulfifler aux yeux
des Loix que par le facrement.
. Ce n'eft pas ici le lieu d'examiner fi les févices dont
Madame de Mirabeau [e plaint, font de nature à autori[er
fa demande en féparation. Nous en avons affez dit [ur ce
point, en rapportant les principes dont les ob[ervations du
Comte de' Mirabeal.l contiennent l'application; nous croyons
feulement devoir ajouter qu'il eft fans exemple qu'on ait
admis pour moyen de réparation des [évices allégués &
non prouvés. Ce n'eft d'ordinaire qu'après les preuves des
févices, & d'après les faits conftatés, que l!on diCpute fur
les conféquences. On ne peut fe difIimuler en l'état que
la Dame de Mirabeau allegue des moyens de [éparation, &
n'en prouve aucun. On contefte la légitimité des moyens.
On pourroit fe contenter de lui en demander les preuves.
Il [ufEroit même de dire qu'elles font inadmifIibles. Et
combien d'exemples ne pourrions-nous pas citer des refus
de la Juftice à vérifier des faits qui paroiffent graves !
L'Arrêt rendu le 7 Avril 17~6, contre la Dame Comteffe
MontboifIier Canillac; celui du 14 Septembre 1768, contre
la Dame Salle, & tant d'autres plus récents, font affez
connus: il en eft auŒ de plus anciens. On en trouve un
Pag. 141 ete la
Confulration.
�6i
daos Ra~iot, (ur, u.ne affaire entre perfonr~es de qualité
de cette vIlle: les (evlces dont la femme fe plalgnoit , étoien
fi graves, que fon pere s'écoit cru obligé de venir à fan fe~
cours & de pourvoir lui-même à fa fûreté. Il n'en fut pa
moins décrété d'ajournement;. le décret confirmé au Par~
le ment de Dijon) où l'affaire avoit éré évoquée pour caure
de parenré, & la femme qui demandoit à faire preuve de
[ évices réintégrée dans la ma ifon de fon mari;. enjoint à lui
de la trairer maritalement, c'elt-à-dire, avec douceur &
avec condefcendance, dit Raviot ( tom. 2 . , quefi. 2.) r pag
) 02. ,Arrêt 62.) le mari érait Con[eiller au Parle~ent '
le beau-pere Marquis. Les familles ne fone point étran(7ere~
aux (?arties;. elles appartiennent au mari comme à la fe~me
L'Arrê t eH: du 10 Mai 164).
•
Eh! combien de fois n'a-t-on pas eu à fe féliciter d'avoir rejené de pareilles preuves! On voit dans le premier
volume des Plaidoyers de Gillet, la défe nfe d'une deman_
,
dereffe en féparation; elle préfencoit des faits graves; ils
ann~)Oç,oi,ent des dangers P?ur la vie de la femme; la plainte
avol.t et,e rendue ~n confequence de l'avis des pa.rens. On
dl[olt qu Il. y en avoIt un commencement de preuve par écrit
de la mam du pere du mari. On produifit ces écrits faits
pour le Ju,g e &.Jns le temps de la plainte; les parties éraienc
de quahte; la preuve ne fut point admife. Par Arrêt du
P la idoyer de 14 Mai 169), jl fut ordonné que la Dame de Noyau
<OIIlet tom 1 (
"
•
1
1
P laid.'lj, ~"g:
C eCOIt e nom de .a demandereffe ) feroit tenue de re.
' °7·
tourner dans fix mOIs avec fon mari & à lui en;oinc
de la traiter maricalement;. la mere cl~ la demande~e!Te
écoit au p.rocès, & défenfes lui furent faites de retenir fa
fille,
Après av?ir rapp.orré cet Arrêt, l'Aurem ajoute: " on a
.. cru deVOir avertIr que le mari & la femme vivent pré" fent~~·ent da~s une parfaite union, & qu~ n'y aran! point
1> eu cl Information des faits fimplement expofés claus la
63
_
,,'. pfainre; ils ne doivent pas faire la même imprell'ion qtrè
" s'ils avoient été jultifiés .. "
Il Y a d'autant plus lieu d'efpérer un pareil jugement,
que Madame de Mirabeau ne demande pas à prouver
ce qu'elle avance, & qu'elle n'en fournit aucune preuve.
On fent bien que nous ne donnons pas ce nom aux
lettres annoncées dans le Mémoire; leur communication
elt un délit donc le Comte de Mirabeau pourra, nous le
répétons, demande r vengeance. La qualité d'épouCe ne
fauroit autori[er des outrages. ( L'impreffion & publication
du Mémoire à' conflllter en elt un que le Comte de Mira~a1J pourra déférer à la Jultice, quand le procès civil
fera ju~. On ne penCe pas qu'il convienne à fes intérêts
d'incidenter à raifon de cet our rage . Ses prote1tations fuffifent· quant à préfent. ) Souvent on a puni des femmes
pour avoir in[ulré leurs mariS, lorfque la nature de l'inCulte,
les circonltances ou la foibleffe du mari ont rendu néceCfàire- J'intervention de la Jultice. Voici ce qu'on lir dans
Dareau, cité dans la Con[ultation de Madame de Mi'fabeau :
" A J'égard des injures de la femme enVers fon mari; .. Traité des
c
.
..
. bl es, 1·1 feLl.
III Jllres , ch. 4>
" )·1 raut
COnVenIr
que SI'·1 y a d es mans
InrraJta
l , n. 8.
H
Y a auffi des femmes d'une indocilité fi extraordinaire,
Jo d'un naturéÙi aœri"âtre,. dfune in{olence fi outrée, d'une
n conèluite fi volontaire & fouvent fi déréglée, que bien
,. lojn d'improuver la fermeté des maris envers elles, on
" ne fauroit trop la louer & la [econger da ns les occa" fions. Un mari n'el!' comptable à perfonne de la ma,) niere dont il punit fa femme, lorfquelle le. mérit~; il a un
» droit de jurifdiél:ion correél:ionnelle, dont II ferOlt dange» reux de le dépouiller. L'expérience nous apprend qu'il efl:
" des maris incapables d'u[er de J'autorité que la Loi leur
u donne, &. des femmes qui non feulement fecouent le
�64
joug de cette autorité, mais qui l'u[urpent & maltrai_
tent ceux qu'elles devroient re[peaer. Lorfqu'un mari fe
trouve dans ce.rte n:alheureufe poIition, & <.Iue n'ayant pas
la force de faIre lUI-même uf..lge du pouvOIr que lui donne
fa qualité de mari, il préfere de porter fes plainres en
Juil:ice; elles doivent être écoutées; & lorfque les excès
de fa femme fe trouvent conltatés à un certain point
c'eil: le cas d'ordonner la récltifion de cette femme. Ce n~
feruit pas affez d'ordonner qu'une femme convaincue de
voies de fait, & d'avoir été le tyran de fon mari, fera
renfermée dans un couvent; une infinité de femmes qui
ont paffé leurs jours dans les exercices de la vertu
font leurs délices d'une pareille retraite; & ce feroi~
plutôt les. récom~en~er que les punir, en leur impofant
une p.arellle ob!tgatlon; on doit les frapper par des
endroItS plus fenflbles; il n'yen a point qui foient plus
capables de les toucher, que la récluGon ou au moins la
privation des avantages qui leur font faits par leur contrat de mariage. "
_
.
" On trouve au Journal des Audiences ( tom. 6, pag. 299)
" LIn Arrêt du 8 Oaobre 1712, par lequel une femme
" nommée Catherine Durnet fut condamnée à faire ré.
" pararion, au .nommé Leprêrre fon mari en préfence de
" quatre. temolOs, po.ur inju~e~ &. voies de fait par elle
" commlfes envers lUI, avec 111)OnalOn de lui patter hon.. ne~r & refPea, défenfes de recidiver fous plus granùe
" peme. Cet A:rê,t la condamne de plus aux dépens." .
" Autre Arret a-peu-près le même du 1'5 Septembre
" 17 1 l , rapporté au même tome du Journal des Au" dlences."
Quoi! de~ ~aris autorifés à punir leurs femmes! Des '
femmes ?b!tgees par Arrêt à porter honneur & refPec7 à
lellrs mans! N'eil:-ce pas plutôt la délicateffe, la fenIibilité
de
;,
"
"
"
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,
6.,
de ce fexe, qu'il faut Tefpeaer? Sans doute il faut les refpeaer; mais il n'en faut pas moins redouter les effets.
L'exceffive ?élicatelfe eil: une véritable foibleffe qui peut
avoir des fmtes fâcheufes, & l'extrême fenGbilité a befoin
d'un frein. Ce n'eil: donc point faire tort aux femmes, que
de croire -qu'elles ont befoin d'être dirigées, conduites; ce
·n'eil: pas leur faire injure, que de penfer que l'appui donné
par la nature à leur foiblelfe feroit vain, s'il. leur étoit permis de le dédaigner, de le méprifer, de le fouler aux
pieds; cela n'a pas befoin de preuves. En effet, la corruption n'eil: pas encore fi générale qu'il foit nécelfaire
devant les Tribunaux de Juil:ice, de combattre par les Loi~
<le la Religion celles de la morale, les propos de cercleç
.& les maximes de ruelles. Et fi nous en étions à ·ce point,
les Loix divines & humaines ne feraient plus entendues.
Ce ne font pas ceux qui flattent les femmes, qui refpectent leur foiblelfe; ils en abufent. Ils feignent de les élever
par un fentimerit d'orgueil; mais ils les dégradent en les
,f~i[ant fortir du rang marqué ' par la nature. C'eil: pour
qu'elles slégarent, qu'on veut les ifoler de leurs guides naturels, qu'on veut les rendre fourdes à leurs voix, indociles à leurs confeils, rébelles à leurs commandemens. Ce
fut pour les préferver de ces dangers, que la Loi civile les
fournit plus ou moins à leurs maris; & quelque liberté qu'on
leur accorde en France, on a reconnu de tous les temps
que l'in[ubordination leur feroit plus dangereufe qu'utile.
Qu'on ne leur falfe donc pas méprifer les Loix qui femblent les alfujerrir. Elles en retirent des avantages qui durent plus que leurs charmes & les agrémens de leur jeuneffe.
Mais .on n'a pas befoin de rappeller combien une femme
doit être dépendante de Jon mari, pour prouver qu'il ne
fauroit lui êue permis de l'outrager; & il fera temps de
,Qéterminer la gravité .du délit, lor[qu'il conviendra d'en demander vengeance.
1
.'
�66
Il ne s'agit maintenant que de la demande provifoire
dont Madame de Mirabeau a été déboutée. Bien-loin que
[es dernieres défen[es diminuent la force des moyens employés par [on mari devant le Lieutenant, eUes leur en donnent une nouvelle.
En effet, elles prouvent que la mai[on du pere ne peut
étre confidérée comme maifon tierce, propre à une fequeftration. Le beau-pere [emble être devenu l'implacable ennemi de fon gendre. Ce n'eH donc pas entre [es mains
qu'on doit lai1fer une femme qui s'éloigne tous les jours
davantage de [on mari.
Le refus de recevoir dans la mai[on du beau-pere les
viCites du mari, était déja une raifon fuffifante pour obliger
l'épou[e à fortir de cecce mai[o n. Ne pouvant obtenir de
fon pere la permiffion de voir [on mari, Madame de Mirabeau devait [e retirer dans un Couvent, avant même que
le Comte de Mirabeau l'eût demandé.
Si l'on avoue que la fépa~ation d'habitation ne rompt pas
les liens du mariage; fi l'on elt obligé de reconnoÎtre que la
femme même réparée ne ce1fe d'êrce foumife à l'autorité de
(on mari, en tout ce qui ne compromet pas fa fûreté, elle
ne peut refufer de fe rendre dans un Couvent quand il le defire. L'indépendance totale d'une femme ferait contraire
aux bonnes mœurs; elle feroit d'un dangereux exemple dans
la fociété. Il n'y a plus de pui1fance paternelle, là où eft
la pui1fance marital4:. On ne doit donc pas abufer des idées
qu'on peut avoir fur la puilfance des peres en pays de
droit écrit. Suivant les Loix Romaines, qui régi1fent ces
pays, la femme elt fortie de la famille de fan pere, pour
encrer dans celle de fan mari; fa maifon, c'elt celle de fan
mari ; .ce n'dl: plus fan pere, c'elt fan beau-pere qui elt
devenu le chef de fa famille.
.
.
Ces principes peuvent pa.roître nouv-eaux ~ ceux que la
prévention ou l'efprit de parti égare; . ils n'en font pas
6.,
moins certains. Ils fitffifent pour jultifier la demanCle du
Comte de Mirabeau; mais ils prennent une nouvelle force
des circonltances qui indiquent l'obfeffion, & qui ne permemont jamais que la Dame de Mirabeau fait laiffée par
les Magiltrats dans le tourbillon qui l'entraîne.
DÉ LIBERE à Aix le 3 Mai 178 3,
1AUBER T,
A AIX, chez ANDRÉ ADIBERT, Imprimeur du Roi, vis-à·vis
le College. 1783.
�IL
OBSERVATiONS
DU COMTE DE MIRABEAU,
SUR
UNE
PAR TIE
DE
SA
CAUSE.
U
N Minifl:re de paix étoit comme defcendu du Ciel
pour l'apporter à Madame de Mirabeau & à moi. Que la
vertu foit pour lui la récompenfe de la vertu, puifgue Ma.
dame de Mirabeall refufe de lui donner celle du fuccès!
Il peut me rendre le témoignage que je ponois la géné..
routé jufqu'à la plus extrême indulgence, jufqu'à des facrifices condamnés par mes parens, & qui rendoient l'amitié
muette. Après des négociations bien dégolItantes) mais
fuivies par le refpeé1:able médiateur avec un courage admi.
rable depuis l'Audience du 23 Mai, des propoucions de
conciliation acceptées par moi dès les premiers momens.)
& toujO\lrS refufées par Madame de Mirabeau, m'ont été
A
�2-
annoncées enfin un quart d'heure avant ma plaidoirie d'hier;
comme irrévocablement agréées par elle, & devant être
rédictées en tranfaél:ion d'abord après l'Audience.
J: plaide; je retran~he pluueurs traits de ,mon ~Jaidoyer;
j'en adoucis d'aut;e~; J'.?mets de~ pages enneres; Je, facnfie
une péroraifon ,vebemen~e ,& decI~ve. Le PublIc s en ap~
perçoit à des vIces de dlél:lOn, à 1 ;mbarra,s, à la lenteur
de mon débit, à l'apofl:rophe que J adreffal à ~ad~me de
Mirabeau & qui fit couler des larmes. Ma moderatJon, les
avances n~ême que je faifois, préfagent dès~lors à tous les
auditeurs l'ac~ommodement.
Tout étoit fini avant l'Audience, tout efl: rompu le mo~
ment d'après. Le Minifl:re de paix efl: défavoué. O~ m'~
dit; il eH public qu'en voyant paffer , au cours C~IUI, 9u1
alloit faire à Madame de MIrabeau le reclt de la Plaldome,
les perfonnes infl:ruites des circonfl:ances locales & des
manœuvres de certaines fociétés, douterent de l'accommo~
dement dont la nouvelle fe répandoit rapidemenr alors.
Seroit-:e qu'en voyant l'emblême de la Peine qui fequitur
pede claudo, elles ne purent augurer que Madame d~ Mi~
rabeau recevroit par une paix trop honorable, une recom~
penfe peu méritée?
.
Je dénonce à mes Juges, je dénonce à mes concitoyens
cette horrible perfidie. Je leur dénonce la maniere atroce
dont on l'excufe. Je n'ai pas, dit-on, rempli mes 'engage~
mens! Quels engagemens ai - je pris? quels engagen~ens
pouv~is-je prendre à huit heures & demie, pour plaider
à neuf? Je devais j'!flifier la lettre! Oui, & m'avouer pa~
cela même calomniateur. Je devais m'en taire! Eh de quoI
donc aurais-je parlé? Madame de Mirabeau a abandonné
tOLIS fes moyens de féparation pour celui qu'elle réclame
dans la prétendue diffamation récente. Encore fi j'euffe été
prévenu la veille, j'aurais fait, je n'aurais fai r qu'une hymne
3
à la paix. Maig un quart d'heure avant l'Audience, pou~ojs
je autre chofe que facnfier mon amou r propre, mutiler,
affoiblir un Plaidoyer déja trop faible, puifque je n'avais
eu que deux , jours pour le, c~mpofer; mai,s le reflire ~
mais le fuppleer? Ou donc etolt la polIibJIJte? ....... Ah .
qu'ils jouiffeoc franchement du fp eél:ac!e de nos crllelle~
diffentions! qu'ils les prolonge nt en hame de la gl'olre qUI
pouvait en revenir au Pacificateur! qu'ils fouillent le feu
de la difcorde ces hommes vils qui difent ou font dire à
Madame de Mirabeau, ESPÉREZ EN NIDUS! Mais qu'ils ne
s'enveloppent pas d'abfurdes prétextes qu'un fouille renverfe .•.•...
Je vois cout, je fais tout; le théatre de tant d'intrigues
efl:- rrop refferré, pour qu'il foit néceffaire de les dévelop{Jer au Public; ,mais je l'ann~nce, &, ma p~édiaion ne
mentira pas: un Jour VIendra ou la Nation entlere en connaîtra l'h if1:oire.
Combien alors ne fera-t-on pas étonné que dans un e
caufe de féparation devenue d'amant plus odieufe, qu 'il
étoit mieux démontré qu'elle avait été intentée fans moyens,
on n'ait trouvé d'autre reffource pour la jufl:ifier que d'accufer le mari d'avoir rendu évidens les tOrts & les calomnies de fa femme! Combien ne fera-t-on pas éconné
qu'on ait cru devoir les récompenfer par une féparation!
Il ne me refl:e de temps & de force que pour combattre
ce nou veau moyen, qui pourroit influer fur le provifoire de
ma caufe en attendant qu'il me foit permis d'e n défendre
le fonds ' & de faire imprimer la difculIion du procès dans
laquelle Je ne fuis point encore entré. (*)
(*) J'avois en ellèt ,don,né mo~ con{entement il l'év?cation dll
fonds & principal; m a is n aurols-Je pas le drolt de le revoqllcr, fi
je n'av ois pas celui de me défendre!
Al.
�4
rI dl: donc vrai que l'on veut appeller diffamation fa'
divulgation de la lettre préfentée à l'Audience du 2.3. Je
ne fub,iliferai point; je ne dir-ai point que fa letture feule
n'ef!: point une injure, puifque le Défenfeur de Madame
de l\Iirabeau, qui n'avoit flIrement pas de1Tein d'injurier
fa cliente, a relu cette lettre, & qu'ainG ce fait n'eft
pas effentiellement injurieux par fa nature. Mais j'atta~
querai férieufemenr & dans toutes fes parties le moyen
de féparation que l'on a voulu en tirer. C'd!: le feul
fait fur lequel on infif!:e encore pour l'obtenir, tant on l'fi
convaiucu de la fau1Teté ou de la frivolité de tous les autres; & ft on l'ef!: aujourd'hui, ne l'a-t-on pas toujours été )
Examinons ce nouveau fyf!:ême de défenfe.
II eH ungulier en effet qu'avant cette le ttre il eût falh d'!bouter Madame de Mirabe~u de fa demande en fépararion,
& qu'il faille la féparer aujourd'hui, parce que fes moyens
font encore devenus plus odieux par cette lettre.
Il ef!: ungulier qu'avant cetre lettre, on eût rougi de ré~
compenfer par la féparation les calomnies qui n'avoient pas
d'aurre objet, & que l'on doive l'accorder aujourd'hui,
parce que ces calomnies font encore mieux démontrées par
cette lettre.
Il ef!: fingulier, on ne [,1uroit trop le répéter, qu'avant
cette lettre Madame de Mirabeau n'eût pOillt mérité d'obtenir la féparation qu'e lle deuroit, & qu'elle paroiffe dig t e
de plus de faveur, lorfque la néceffité de la défenfe a
révélé des torts qui rendent fa réclamation encore plus
immorale.
Cef!: donc un heureux hafard pour Madame de Mira~
beau que le procès n'ait pas été jugé quelques jours plmât!
c'eft dOllC un triomphe pour e le & pour fa caufe que la
letture de cette lettre, qui, aux yeux de tant d'honnêtes
citoyens, ajoute un nouveau degré d'intérêt aux malheurs
du mari, parce qu'elle fournît une nouvelle preuve des torts
de la femme!
~
'A 'Ini}r. ,1al lUI,II
'!l'fi'
.) ,
catIOn meme d un mari, accuf~ n'ef!: point
fans penl ' AJOU à force de prouver qu'l! ef!: Innocent il
peut fe rendre réellement coupable!
'
Dans l'état du procès, la femme reproche -<lU mari des
fevices auci,ens, & ~n carattere emport~. Cette imputation
peUL être derrulte d un feul mot; Ii po!lede dans une lettre
l'aveu touchant d'une rare modération. N'importe! qu'il
fe gar?e bIen de, la montrer, dût-il être féparé pour n'avoir
pas derrult les fevlces; car s'il la fait connaître il ne peut
plu" éviter d'être féparé.
'
La femme demande à être féparée pour les réticences
d'une lettre qu'elle préfente comme calomllieufes; une autre
lettre pe~t les, détruir;; une autre lettre peut montrer que
1. le mari avoIr dIt reellement de fa femme e/le me doit
' 1' ln' auraIt
.parle
, que d'un ,pardon génél "lloT/ne~r VJ:' l:z :'le,
:eux qUI de~OJt etre un lIen de pl~s entre les deux époux. Qu'il
fe garde bIen de montrer ce titre de la reconnoi1Tance de
fa femme; il vaut mieux s'expofer à être féparé pour la
diffamatio n, puifque dans tous les cas ce feroit la diffamer, que de montrer qu':! nE: l'a pas dilfamée.
Enfin la femme accufe le mari d'une ancienne infidélité
commife loin d'elle, & veut faire punir par la féparation
cet oubli momentané de fes droits. Une lettre prouverait
encore que le mari aurait dei s'attendre à plus d'indulgence.
F •.me!l:e lettre! qu'il fe garde bien de la montrer! Il vaut
xmeux qu'il fait féparé, que de mettre fa modération en
contra!l:e avec les emportemens de fa femme, puifque
cette modération feroit peut-être préfumer qu'elle a eu des
t0rtS, & que ces tOrts de la femme, qui loin d'être ceux
du mari, feraient le plus grand honneur à fon carattere moraI, que ces torts, dis-je, fe roienr encore un moyen de
divorce.
l~elles feraient les conféquences de la nouvelle caufe de
lfparation que l'on a propofée, & je rougis d'abai1Ter la
~aifon juCqu'à l'examen de ce ridicule foph ifme.
�'6
Tout accufé a le droi t de fe défendre: c'eft un prin.:
cipe qu'on ne m e contef!:era poinr; & fi l' on me ~Onrroit
un cod_ dans lequel il fût mo~ns dan gereu~ de .lal1!'e r ~ub.
fiaer l'accufa rion que de la refuter, mon Im agInation lU[ceme nt ind ignée placeroi.t ce code, ch ez des barbare.s.
,
Si to ur accufé a le droIt de {e ·defe ndre, tout man accufe
p ar des f3 irs de féparation a le droir de les réfuter; la JlIftice n'a p JS de ux poids & de ux mefure.s; & 10r{qu'.eIle
perm et à la fe mme de diffa me r {on man, fi elle pament
à montrer {es torts, pe ut-elle refufer au mari le droit de
juHifier fes pré tendus rorrs, quand mê me il auroit le
m alhe ur de montrer indireéteme nr ceux de fa femme?
Si cette L oi po uvait exif!:er, non fe ulement. elle violer a it le premie r pri nc ipe du dro it nat urel , q UI pe rmet b
défenfe, quoiqu'elle fa it funef!: e à l' ag re~e ur.
.
No n feuleme nt el L viole rait les premIeres .notlons que
les Loix Romaines donnent de l'injure, puifque ce nom ne
peur convenir qu'à ce qai ef!: fair fans droit, quod non jure
fit , injuria dicitur.
.
. .
,
Non feulement elle ferait contraIre aux prznclpes adoptes
par les Loi x ci\"iJ es, dans une fou.le de cas fembl ables,
puifqu' il ef!: permis de propofer en Jugement des repreches
in jurieux comre les témo ins , d'a lléguer COntre une demande
e n délivrance d'un legs , le concu binage de la légataire avec
le ref!:areur, & de propo{er l'ind ignité d'un héritier pour
moyen de caffation contre un tef!: ament.
Non feulemem elle feroit comrdire aux Loix de la défen{e
judiciaire, reçues dans tous les Tribunaux du .R oyaume;
car il ef!: des e{peces, difoit Mr. l'Avocat-Général Portazl,
" où l'on ne peut défendre la caufe {ans offen{er la per" {onne, attaquer l'injuf!:ice {ans déshonorer la partie; mais
" dans ce cas les faits injurieux , dès qu'ils font exempts
" de calomnie, font la caure même, bien loin d'en être
" les dehors, & la partie qui s'en plaint, ne doit aççufe~
" que le déréglement de fa conduite. "
7
Non feulement cette Loi renfermerait toutes ces af>rurdités, mais elle [eroit encore contraire au premier pri nc ipe des
féparations, où l'inconvénient de diffa mer les épou x l'un par
l'autre, ef!: préfére à celui de ne point écouter les p!Jintes
qu'ils peuven,t former. Et comment la diffa mation dans le
procès ferait-e lle un moyen de féparation, lor[qu'elle eft
exempte de ca lomnie, puifque cette dilt1mation même eft
l'effet nécefIàire, l'effet prévu par nos Loi" de rOute demande
en féparation ?
Enfin, l'objeétion que l'on propofe ferait contradiétoire
avec tous les autres principes des féparations. Quel eH l'objet
de la Jurifprudence en cette matiere? Que les féparations
deviennent toujours plus rares; & il ne ferait plus permis
de s'y oppofer. Que la femme foit du-moins arrêtée dans
[es calomnies, par la crainte de la divulgation de fes torts
perfonnels qui pourraient les détruire, & fi l'objeétion était
adoptée, les calomnies de la femme {eroient toujours un
moyen sûr pour elle de triompher.
Ce feroit donc établir en Loi, que le même fait i
qui dans certain cas pourrait fervir au mari pour demander la
réparation , ferviroic également à la femme pour l'obrenir;
& qu'un procès en réparation d'abord intenté par la femme,
fans motifs, {eroie cependant fuivi d'un Arrêt de féparation,
[ans que la caufe de la femme fût devenue plus favorable,
ni le mari plus coupable ; quelle Légi!lation pourrait adopter
ces principes?
Ici l'on m'arrête: le mari, dit-on, a le droit de fe juf!:ifier. Mais la lettre lue à l'Audience du 2.3 avoit-elle un rappore
immédiat à {a défenfe ?
. Quelle objeétion me force-t-on de combattre! J'en sttef!:e
tous ceux qui m'ont entendu : la réparatio n demandée par
Madame de Mirabeau leur parut~elle alors plus favorable?
Ne furent-ils pas, au contraire, plus indignés des oalomnies
dont j'avois .été J'objet? Qui ne remit pas qu'un mari capa-
•
�,
8
ble de .Ia, modération dont ~ette Tettre offroit un témoi_
gnage ~rrecufd~le , ne pO~VO.lt êrre. accufé de févices? Qui
ne fenrlt pas qu uni;! cohablrarIOn, qUI ne fur point dangereuG
à certe époque, ne pouvoit pas êcre préfentée comme telle
dans l'avenir? Qui ne fe dir pas enfin, Madame de Mirabea e
dev~ir plus d'indulgence aux erreurs de la jeuneffe de fo~
man? Elle fe devoir, fur-tour, de ne pas les révéler au public
avec une animoficé fi cruelle.
La lertre de Madame de Mirabeau renverroit tous fes
moyens de féparation. Elle-même, & tous fes Défell_
feurs, ne s'en formerent point d'abord d'autre idée' la
médiation la plus refpeél:acle n'a été acceptée, n'a été ;rovoquée qu'à cecte époque; & c'eH lorfque cetté lettre for~oit Madame de Mirabeau à fe rendre juHice, que changeant
tour-à-collp la nature de toutes les idées re~lIes , eUe la préfente comme un nouveau moyen de féparation.
On eft donc forcé de donner à cette objeél:ion une nouvelle
forme .. 11 efl: per~is au mari, dit-on, de fe j uftifier; mais il ne
faut pOlOt que fa Jufl:jficarion, quelle qu'elle foit, falfe éclorre
un nouveau moyen de féparacion; il ne faut pas qu'elle falfe
naître un nouvel état de chofes, où la fépararion ne doive
pas m~i~s êr:e ~rdon.née que s'il. ne s'étoit pas juftifié.
QUO!, la JulbficatIOn du man peut être un tort quj le
faffe feparer! Dans quelle Loi avez-vous trouvé le germe
de cette idée?
Lor~que les ép?ux viennent dépofer leurs plaintes au pied
des LOIX, !a Juftlce & la raifon ne féparent-elles pas l'inc~rv~lle qUI .s'e~ palfé; de celui qui va fuivre? Cette difclOéhon :ft IndlfpenCable , parce qu'il ElUt juger les époux
Comme ~pOllX dans .le premier intervalle, & comme plaideurs unIquement hvres au foin de fe défendre dans le
fecond. Leur reLte-c.il même alors d'autre devoir à obferver
que'celui de
l
. refpeél:er la vérité dans leurs défen{ies). Je
e fepeee , Ils [one plaideurs; ils ne [ont plus époux; & s'il
fallo;',
9
fallait juger des moyens de féparation par les injures CJue
ces caufes renfermenr, en feroit-il une feule où la féparaeion ne feroie pas prononcée?
Non, c'eft le mari rel qu'il a éré dénoncé, que la Loi
doit juger. Tout ce qui fuit la demande en féparation eft
un ~tat trop e.xtraordinaire & trop éloigné même' des ,
deVOIrs du manage, pour fournir de véritables moyens de
réparation,
Je {u~s votre objeél:ion ~ans fes derniers replis. II eft pafCIble, dites-vous, que la defe nfe du mari feme dans le cœur
?es époux un germe de di~ifion qui fe change en répugnance
mfurmomable. Or, contll1uez-vous, la lettre dont il s'agie
fait craindre ce danger.
Parlez-vous du relfentimenr qui peur naîere dans le cœur
de la femme? Il feroit injufte, fi la lettre eft vraie; il ferait
injufl:e, fi fa demande m'avait impofé la néceffité de montrer cerre let Cre , & puifqu'elle a cru nécelfaire de (ommu.
niquer la lettre même du Cantinier, po~r juftifier fon accu{acion, pourrait-elle fe plaindre que j'aie communiqué une
de fes lettres le 23 pour ma défenfe ?
Si la fenfibiJité d'une femme efl: protégée par la Loi,
c'eft dans les rorts qu'elle éprouve, & non dans ceux qu'elle
caufe. Elle efl: féparée pour le relfentiment de fes maux, &
non pour celui que peut lui donner la communication d'une
de fes lettres. Je ferois donc puni, parce que j'ai appris que j'ai
pardonné! je ferais déclaré mauvais époux, parce que j'au.
rois prouvé que je ne mérirois pas ce cicre, & l'on diroir un
jour de moi :
~
, Ce cyran de ra femme fut privé de l'autorité conjugale:
ve ut-on connaître {es déli ts? il fe rendit indigne d'elle pOlir
lui avoir donné de l'humeur dans Un procès en féparatioQ
qu'elle avoir intenté: il perdir fes droies d'époux pour avoir
détruit fes calomnies par une letrre qu'elle avait écrire, 6c
qu'il fut contraint de menre au jour.
B
,
.
.'
�'10
M:lis quel efi donc te mariage qui ne feroit point ébrânlé •
quels font les époux plaidant en féparation, que l'on dai~
gneroit encore réunir, fi l'humeur réfulrante du procès, fi
la haine même, bien ou mal fondée de la femme, fuffifoit
pour obtenir le divorce?
Autant vaudroit-il ériger en Loi dans nos codes, que
les tortS même de la femme deviendroient pour elle des
moyens ou des prétextes de féparation, & que les nouveaux titres qu'auroit acquis le mari pour conferver [on
at;torité, feroient précifémem autant de moyens de la
perdre.
Enfin, quand même il faudroit croire le re1Tentimenc
de la femme jull:e ....• Quand même entre deux époux diffamés l'un par l'amre, il faudroit choifir le mari pour
vi élime . ..... Quand il feroit vrai que dans l'opinion des hommes juftes, les torts de la défenfe du m ari, s'il yen avoit, ne
devroient pas être compenrés par ceux de la défenfe de la
femme ..... Quand même il faudroit admettre que dans ce
fingulier combat, elle eût feule l'avantage de pouvoir diffdOler, fans craindre de l'être à [on tour..... Quand il faudroit fuppofer que la lettre lue le "2.3 feroit auffi étrangere
à ma défenfe que celles qu'a produites Madame de Mirabeau le font à la fienne ..... Quand il falldroit croire que
cette lettre, que je n'ai point expliquée, doit s'entendre de
torts beaucoup plus graves que ceux qu'elle petrt annoncer .....
Eh bien! quand même il faudroit admettre ces ruppofitions, en réfulteroit-il jamais que la leélure de cene lertre eût
les caraéleres d'un moyen de réparation? Mais que dis-je,
admettre ces ruppofitions! En dl: - il une feule que vous
puiffiez me forcer d'adopter, & qui ne renverfe votre fyftême ?
N'importe, le re1Tenriment dont vous parle'z feroit-il un
rnoyen de féparation? Si c'ell: là votre allégation, vous êtes
forcés dans vos principes de confidérer ce re1Tentimeot
II
comme une fource de malheurs pour la femme, comme une
preuve d'incompatibilité entre les deux époux; c'ell:-à-dire,
felon vous, que la leaure de la lettre produirait plus d'incompatibilité que le fait rapporté dans cette lettre; c'ell:à-dire, qu'une femme ayant un re1Tentiment quelconque
contre fan mari, reffentiment que l'on fllppoferoit devoir
troubler la paix domell:ique, trouverait dans ron cœur un
titre certain pour être féparée; c'ell:-à-dire, que l'aigreur
réfultante du procès, qui dans toutes les caufes de cette
nature, n'a jamais porté les Magi(hats qu'à diffërer la rejol1ction, fuffiroit ici pour féparer & pour flétrir le mari, en
fairant droit à la plainte de la femme.
Non, je ne crains point que de tels principes pui1Tent
être invoqués dans cette caufe par le Miniflre de la Loi, &
il me remble déja l'entendre tenir ce langage à Madame
de Mirabeau.
" Le nouveatl re1Tentiment fur lequel vous fondez votre
demande en féparation, ne peut être protegé par la Loi t
qu'autant qu'il ell: approuvé par ell e; & dans les circonftances de la caufe combien ne feroit - il pas injufie?
Il ell: difficile de croire que votre mari fe foit rendu plus
coupable envers vous par la leélure de la let tre, que vous ne
l'étiez envers lui lorrqu'elle fut écrite. Plus généreux cependant que vous-même, il ne demanda point alors fa féparation , & fa modération annonce affez quelle devroit être aujourd'hui la vôtre.
"Vous aviez dû prévoir que dans une caufe qui ne conGftoi qu'à juger fa conduite à votre égard, il n'oublieroit
point de fe fervir d'une lettr.e propre à la faire fi bien connaître. Si cette jufl:ification femble vous diffamer, qu'ell:-ce
que ce tort dans un procès, où la ?éfenfe ;ll: de dro:t
naturel? N'avez-voLIs pas auffi diffame vot re cpoux jufqu à
l'excès? N'av z-vous pas auffi publié des lettres qui femblene n'avoir eu d'autre objet que de flétrir dans l'opinion
B
2.
•
�a
publique celui que vous deviez défendre contr'elle? Penfez~
vous que la Loi n'écoute que vos plaintes fans avoir égard
aux uennes, ou que la J ufl:ice vous venge d'une diffamation
dont vous avez donné la premiere l'effrayant exemple?
" Sans doute, contiQueroit encore J'organe de la Loi, il
peut nous être permis de vous plaindre; mais dans cette
caufe ne devons-nous pas plaindre les deux époux? S'il
réfulte qu'ils fe font mutuellement diffamés, il réfulte auffi
que le procès n'auroit pas dô voir Je jour. Il n'y a donc eu
d'autres maux que ceux qu'a fait naître votre refus de rejoindre. La diffamation même dont vous VOllS plaignez ell au
nombre des malheurs qui font votre ouvrage. Comment
pourrait-elle être un moyen pour vous féparer ? "
Voilà, MESS IEURS, quels feront fans doute les principes
du minifl:ere public fur cette partie de la caufe.
Mais je ne quitte pas fitôt l'obj eél:ion propofée. Il n'y a
point de moyen de féparation, on en convient, qui ne doive
être relatif aux malheurs que la cohabitation peut faire
craindre. Or, pour fuppofer ces malheurs, d'après la leaure
de la lettre dont il s'agit, voici les raifonnemens qu'il faut
certainement adopter.
Le mari fera fâché contre la femme; delà danger pour
elle; delà féparation. Si ce n'efl: point le mari, ce fera la
femme; delà incompJribilité dans .les efprits; delà danger;
delà féparation. On fe fouvient du FabuliHe, fi ce n'efl
toi, c'ejl donc ton pere; la logique de l'inlufl:ice efl: taujours
la même.
Il réfulteroit même de ce moyen que la féparation de
la femme ferait d'autant plus fôre, qu'elle feroit plus frivole; le mari en feroit bien plus irrité, & dès-lors féparation. Sil arrivait même que le mari n'elÎc pas d'humeur,
parce, q-u'il réfùteroic viél:orieufement les moyens de fépap ~ ra tlO,n, ce ferait la femme qui en auroit con~u par cette ,
refutatlOn même; delà danger, delà féparation.
'13
Ce nouveau moyen en a encore cette propriété dans la:
caufe, qu'il efl: indépendant de la vérité ou de la fauffeté
de la lettre dont il s'agit. Si la lettre efl: fauffe, il faut
évidemment féparer pour punir le mari; & fi la lettre efl:
vraie, il faut encore (éparer pour venger la femme. Le
même Jugement peut donc fubfiHer, quoique les deux' cas
f{}ient parfaitement contraires.
Veut-on encore une preuve de l'ufage admirable de cette
maniere de raifonner? C'efl: que l'argument était auffi fort
avant la lettre qu'après la lettre. On difoit alors du mari;
pardonnera-t-il à fa femme de l'avoir calomnié; comme on
dit aujourd'hui de la femme, peut-elle pardonner au mari
<Le l'avoir diffamée? La féparation était donc inévitable.
On pourroit même démontrer par ce raifonnement qu'une
féparation quelconque, & dont on ignore les moyens, fera
prononcée. Car fi la femme ne calomnie pas, fi les faits
fane vrais, elle obtient fa féparation; fi elle calomnie, le
mari fera préfumé vouloir s'en venger, & la féparation efl:
indifpenfable. Enfin fi le mari détruit la calomnie, Je danger viendra de l'humeur de la femme; il ne faudra pas
moins féparer.
Mais, dit-on, d'Agueffeau n'a-t-il pas fait le même raifonnement que vous trouvez fi abfurde? Ne difoit-il pas à
un mari qui accufoit fa femme d'une efpece d'adultere,
l'a<lultere eH vrai ou faux? S'il dl: faux, il faut féparer pour
venger la femme; & s'il efl: vrai, il faut encore féparer.
Non, d'Agueffeau n'a point dit cela.
D'abord veut - on s'étayer de l'efpece de la caufe dont
parle d'Agueffeau? Elle efl: inapplicable à la que{!:ion actuelle, puifqu'il s'agiffoic d'une plainte criminelle du mari
en fuppofition de part, & d'une requête incidente en féparation de la part de la femme.
Veut-on appliquer à la caufe l'Arrêt qui fut alors rendu?
~etce application n'dl: -pa-s moins impoffible. La femme fut,
�J4
afors féparéë, parce que le mari fuccomba dans Une
plainte capitale conrre fa femme. S'agir-il ici de rien de
pareil?
Enfin, veut-on fimplemenr raifonner fur une phra[e de
d' Agueffeau, qui dl: le feul endroit de fon Plaidoyer où il
parIe de la réparation; le voici:
" Enfin la demande en fépararion de corps & de biens
" n'dl: pas moins connexe avec ce chef important dans
" lequel nous renfermons route la difficulté de certe caufe.
" Si l'appellante ell: convaincue d'un crime auffi puniifable
" que celui de la fuppofition d'un enfant, fon mari vou" droit-il s'oppofer 11 la féparation? Seroit-Il affez aveugle
" pour vouloir con[erver dans fa mai[on une femme ca" pable d'un rel excès, & ne pourroit-on pas lui faire en ce
" cas ce reproche de la fageffe , qui tenet uxorem adulteram,
" jlultus (,. impius ejl , puifque, fuivant la pen fée d'un ancien
., Auteur, la fuppofition d'un enfant eft une efpece d'adulcere
" civil, auffi pernicieufe dans fes effers, auffi contraire
" 11 J'intérêt des tàmilles, au repos des ciroyens & à l'uti" lité de la république que J'adulrere naturel? Si au con" traire l'appellante eft juftifiée par vorre jugemenr, fi
" fon fils eft redevable de la vie 11 un ' commerce fuivi du
" mariage, pourra-r-on refurer 11 une femme accu rée faur" fement d'un crime capital, la jufle CHisfaél:ioo de fe ré" parer pour roujours d'un mari qui a voulu la dé shonorer
n par une calomnie atroce? J'obligera-t-on à foutenir pen" dant roure fa vie la vue & la préfence de fon accura" ceur, & les e ~ p o fi nl-r-on l'un & l'aurre 11 routes les fuÎres
.., funefl:es d'une fociéré malheureufe qui feroit le fupplice
" de l'innocent encore plus que du coupable?"
Voilà l'objeél:ion couverte d'un grand 110m; car n'dt-ce
pas comme fi d'Agueffeau avoit dit: le rort imput é à la
femme eft-il faliX, il faut féparer; eft-il vrai, il faut encore
féparer?
.
~
J')
Et non fans doute, d'Agueffeau n'a point dir cela, puir..
qu'il a dit précifément le contraire.
Parle-t-il du cas où la plainte en adultere eft4'offe, il
décide alors en termes formels: " Pourra-t'-on r furer il
" une femme accu fée fauffemellt la jufl:e fatisfaél:ion de
" fe féparer d'un mari qui a voulu la déshonorer par une
" calomnie atroce? "
S'agit-il au contraire du cas O~l la plainte feroit vraie,
il ne dit point alors qu'il faille féparer la femme, puifqu'il auroit éré forcé de dire au contraire qu/il auroit fallu
la punir.
n ne dit point non plus que le mari n'auroit point le
droit de la garder, puifque, d'après nos Loix, le mari peut
tellement garder la femme coupable, qu'il n'y a que lui qui
puiffe porrer plainte comr'elle.
n ne dit point non plus qu'il n'avoit pas le droit de la
reprendre après J'avoir accu rée , puifque la difpofition contraire fe trouve dans routes nos Loix.
Que dit donc d'Agueffeau? n raifonne d'après la volonté
prérumée du ma ri, & il filpp0[e que fon véritable intérêt
{eroit de ne pas rejoindre une femme coupable." Vou" droit-il s'oppofer , dit-il, 11 la fépararion? Serait-il affez
" aveugle pour vouloir conferver une pareille femme dans
" fa maifol1 ? "
C'eft ainfi que le rai[onnement que l'on prête à d'Aguef[eau eft formellement une propofition conrradiél:oire à la
fienne. Car il fuppofé qu'il ne faudroit pas ordonner la
-rejonél:ion, parce qu'elle puniroit le mari; & dans norr,e
caufe, c'eft pour punir le mari que l'on veut que la femme
foit féparée.
La nature du procès dont parle d'Agueffeau & la conduire du mari qui dénonçoit lui-même fa femme à route
la vengeance des Loix, faifoit facilement préfumer à c.e
MagiHrat qu'il éroit inutile d'examiner fi dans tous les cas,
."
•
�16
o
foit comme coupable; foit comme innocënte; la femme
ne devroit pas être ou fequefirée ou féparée.
Mais puifque d'Agueffeau n'envifageoit en cela que l'in_
térêt du mari, on ne peut changer le fens de fa propofition
pour ne l'appliquer qu'à l'intérêt de la femme. On n:
peut pas fur-tout changer en propolltion générale une
décillon relative aux circonfiances d'un feul -procès.
Et quel rapport ces circonHances ont-elles à la caufe
aétuelle ?
D'Aguelfeau parloit d'un fait non pardonné, & qui ne
pouvoit l'être, tandis qu'ici le pardon exiHe , & que la paix
domefiique qui a fuivi ce pardon, fait l'éloge des deux époux.
D'Aguelfeau parloit fur - tout d'une femme condamnée
comme coupable d'adulrere. S'agit-il ici de rien de pareil?
Vous m'oppofez le raifonnement de' d' Aguelfeau, & je m'en
fers pour vous confOndre.
Car s'il efi vrai que la lettre puiffe vous fournir un moyen
de féparation, à caufe de la révélation d'un tort qu'elJe paroÎt renfermer, je fais alors ce dilemme: Ou vous féparerez
comme le tort étant faux, ou comme etant vrai.
Comme faux, cela ne fe peut, puifque la lettre efi convenue.
Comme vrai, dans le fens que vous l'entendez, & que
je n'adopte point, c'efi donc l'Arrêt même que vous follicitez qui diffameroit mon époufe, & je réclame contre
cette fuppolition fes droits & les miens.
Et de quel droit réaliferiez-vous l'effrayante fuppolition
dont parle d'Aguelfeau? A quel titre prétendez-vous carac[érifer la nature d'une correfpondance que je n'ai préfentée
moi-même que comme un torr?
Oui fans doute, c'efi une faure gràve de la part d'une
femme, qu'une pareille correfpondance avec un tiers fans
l'aveu de fon mdri; mais je parle d'une faute, & d'Aguef.
feau parle d'adultere. Mais je parle d'une faute fuivie tout
à
17
?lIa fois du repentir & du pardon; & d'Agueffeau cite le
reproche de la ,f~geffe''''7ui tenU uxorem adulteram , flultus
efl. Et vous folllcHez un Arrêt fur ce motif! Cruels LOP'iciens! Laifft!z Madame de Mirabeau telle que je l'ai p~é
fentée. Elle a commis une faute fans doute. Mais li c'efi
rinjurier que de parler de fon repentir, quel nom donneriez-vous aux conféquences que vorre objeétion f3it
naîrre ?
On peut encore confidérer ce paffage de d'Aguelfeau
fous un aurre point de vue.
Auroir-il v,oulu dire que li ce n'étoit pas pour la femme
une ralfon legale de demander la fépar3tion, c'étoit un
morif pour le mari de confentir volontairement à la féparation. II n'auroit pu le dire qu'en ceffant de parler le
lan~a~e de la ~oi. dont il a toujours été l'organe. Il n'a
pu enger en pnnclpe dans aucun cas les féparations volontaires que la Loi prohibe dans tous;' & lui-même lors
d'un · Arrêt du [4 Mai 1691' qui ne s'étoit pas arrêré à.
une féparation volontaire, n'avoir-il pas arrefié le principe,
" que li l'on lailfoit à la femme cette faculré de ne
l' revenir chez fOll mari que quand elle voudroit, ce fe" roit autorifer les féparations volontaires enrre maris &
" femmes, ce qu'on appelle divortium bond gratid j que
" cela ne doit pas être fouffert, & qu'il Ile doit pas êrre
" libre entre deux conjoints de fe fép~rer volontairement
" & par des aétes particuliers j qu'il f31I0it qLe des liens
" qui avoient été formés publiquement, ne fe pulft" nt dif" foudre que de la même maniere & par des juge mens en
,. jurifdiétion contenrieufe. "
Et comment un Arrêt prononceroit-il la féparation dans
le cas où la demande de la femme n'étant pas fondée fur
la vérité de la plaillte, la fépar;ltion n'auroit d'amre moriE'
que la répugnance que fes (Orts auraient pu cau fer au mari t
car d'un côté, puifqu'il le roit fouverainement iniufie d~
C
�18
Li".,
1
prononcer la féparation à la requête dè la femme qui ne:
fi roit pas fondée, il faudroit donc, pour la prononcer, avoir
le confentement du mari; & d'un autre' côté, fi lui-même
n'étoit pas fondé à provoquer le divorce de fon chef, ne
donneroit-il pas un confentement il\ufoire? En effet, les
féparations entre maris & femmes ne font pas valables
fi elles font prononcées par Sentence rendue du conren~
tement des conjoints, parce que, dit Dupleffis fur la Coutume de Paris, cela ne feroit toujours que volontaire. " Il
ch. ,.
" faut, ajoute-t-il, qu'il y ait néce/lité, & que la fépara" tion foit prononcée en connoiffance de caufe, c'efi-à-dire,
" après information ou enquête de févices, malverfation,
" ou mauvais mén age de l'un des deux, qui en efi le feul
" fujet légitim e; au trement toure féparation faite par le
" Juge , en quelque forme que ce foit, dt abfolumenr nulle
" & n'a effet quelconque. "
N'imputons donc point à Mr. d'Agueffeau d'avoir eu intention d'engager à une fépa ration volontaire le mari dont
h femme auroit des tortS graves envers lui; & s'il a dit
qu'un mari qui feroit affez aveugle pour fouftrir dans fa
maifo n une femme convaincue du crime de fuppofition de
p:m, s'expoferoit à ce reproche de la fageffe, qui Unet
uxorem adulteram, flultus & impius ejl, cela s'explique par
Je droit reconnu du mari de provoqu er lui-même le divorce,
Jorfque fa femme lui en fournit de jufl:es rai fons; & c'ef!:
certainement l'exercice de ce droit du mari, & non une
Œparation volontaire que ce Magifl:rat avait en vue.
Enfin, MESSIEURS, le prétendu moyen de féparation :
tiré de la leéture de la lettre peut être encore confidéré
fous un autre point de vue.
Toutes les caufes de cette nature préfentent l'examen
des torrs réciproques des deux époux, & je fuis peur-être
le feul mari à qui l'on ait oppofé un moyen de cette nature.
Les Jurifconfultes appellent la demande en féparation une
19
allion fur les mœllrs ; parce que le procès né 11 cette occafioll
conulte dans l'e"amen des mceurs de l'une & de l'autre
des parties qui pbident. Il faut donc néceffairement qu'elles
parlent des mœurs l'une & l'autre; & u ce qu'elles el'l au.
{Ont dit, fuffir p-our fonder la demande en féparation, il fau.
dra touiours l'accorder dès qu'une femme la demandera.
Elle commeqcera par charger fon mari de faits atroces,
enfuj.ce ou le mari fe taira; & en ce cas, quelle apparence;
qu'il puiffe jamais efiim er & aimer une femme qui l'a trairé
de la forte? Il faut les féparer: ou il rejeHera les califes
des troubles domeHiq\les fur fa femme; & alors doit-il
defirer de demeurer avec elle? Peut-elle f~ réfouqre à demeurer avec lui?
- II s'en fdur bien que dans les Tribunaux où ces fortes de
queHions ont été portées, on ait railonné de la forre. Les
Plaidoyers de Mrs. Lemai{he , Gautier, Gillet, Erard, font
entre les mains de tout le monde. Il e n efl: plulieurs fur cette·
matien~. Ceux qui prendront la peine d'y jetrer le.s yeux, troLl4
v@ront qu'il n' yen a point où -la chal ~ur de l'accllfJrÎon &
la néce/lité de la défenfe n'ait en6'agé les parties dans
des difc;ours qu'ils ne feraient pas excufa bles de s'être permis ailleurs.
- Dans les Plaidoyers de Mr. Lemaifire, plus difl:ingué par
$Cl fageffe & par fa modération, que par (on éloquence, il
~'en trouve un pour un Confeiller d'A bbevil\e, où, pour le
ôéfend.re de la féparation que demandoit fa femme, Mr,
L emai!tre parle en ces termes... ..... Il a trouvé u~
démon domejlique, un~ ennemie de [on repos, qui luifait fo nsciiffè·la guerre, & 9ui le p.erfocute en public, dal(s fa maifon"
afa table, dans fan lit ...... En un autre endro~t on excuf~
le mari d'un e mportement qu'il avait eu, & on le fait en ces
te)'mes .•.... AuJ]i le feul f ait qu'OR. lui oiJjec1e, 1;l'ejl pas un~
marque dit l'aigreur de [o.n nature!', mais un témoignage deS!
tfériglmwl>S <1,< fo. f~mme. A-han Vu que pour cela les Juges
Cl.
•
�1.0
lot"
aient fait ce raifonnement, ou en aient été touchés,? "1 Si
" cette femme dl telle que [on mari la depeint, doit-il
" deGrer de demeurer avec elle? Et fi elle n'ell pas telle
" qu'il le veut faire croire, peut-elle [e ré[oudre à demeurer
" avec lui?" La femme, par Arrêt du l 0 Décembre I63 [
fut condamnée de retourner avec [on mari. C'efl:-à-dir~
qu'on renvoya auprès de lui ce démon domeftique, cU ennemi de fon repos ....... cette femme livrée aux déréglemens.
Le dix-neuvieme des Plaidoyors de Me. Gautier efl: pour
une femme qui vouloir [e faire réparer. On y lit que le
mari avoit écrit à [on beau-pere, qu'il était affuré de tout,
qu'il connoijfoit que fa dilJimulation ne flrvoit qu' d rendre les
efPrits plus hardis & plus libres dans leurs entreprifes, fans
lui laiJ/èr aucun [ujet d'en t:fPérer mieux; qu'il devait d fan
honneur & celui de {on beau-pere de ri'en pas {ouffrir davantage; enfin, il finit par ces termes : Si les chofes n'allaient d la bleJJùre de {on honneur, &c. Me. Gautier ne manque pas de commencer ces paroles avec toute la viVllcité qui
lui était naturelle; (c'cfl: lui dont Boileau parle dans ces
vers:
aaht tous ces· di[cours, loin de produire une [épàrarion
n'ont pas empêché que la réunion ne fût fincel'e; & ces
mêmes plaidoyers nous apprennent que le mari & la
femme vécurent depuis dans une concorde parfaite.
Enfin, le [eptieme des Plaidoyers de Me. Erard, dans
la caufe de Mr. & de Madame la Ducheffe de Mazarin ell:
fm une quefl:ion de cette nature. Il s'y agiffoit de [avoir fi
l'on contraindroit une femme de retourner avec [on mari
qu'elle avoit quitté. Ils étaient l'un & l'autre du rang le plus
éminent, & ils avoient l'honneur de tenir par leurs alliances à tout ce qu'il y a de plus grand en France; cependant
quand le mari a cru pouvoir tirer de la conduite de [a femme de quoi jufl:ifier la Ge nne , paroît- il qu'il [e fair retenu,
qu'il ait même ménagé les termes? Paroît-il qu' il ait craint
de fermer par-là tous les chemins au retour de fa femme
qu'il demandait? On fupplie les perfonnes fans prévention
d'en juger. Ces Plaidoyers [ont imprimés, en voici feulement quelques extraits. En parlal1t de la [ortie de cette
Dame hors de la maifon de fon mari, Me. Erard dit.. ...•
P eut-on nier que toutes les circonflances de cette évafion ne
foient extrêmement crimillelles par elles-mêmes? Ne forait-il
pas m~me permis d'y foupçonner qu'une femme qui s'efllivrée
de la forte, a mal gardé un tréfor dont elle a paru faire fi
peu de cas, par le danger où elle l'a mis volontairement?
pour peu qu'un mari eût du penchant d la jalolifie , ne regarderait-il pas un enlé1{ement de cette qualité comme une entiere convic1ion? Les Juges mêmes n'en auraient-ils pas été
frappés, fi l'on eût pouffi ce procès ? Madame de Maiarin ne doit-elle pas fo flntir fort obligée d Mr. de Maiarin de la jujlice qu'il lui rend, & du jugemellt favorable
qu'il a toujours fait de fa vertu, malgré l'imprudence de fa
conduite ...... Peu auparavant il avoir.. dit, que cette Dame
avait été rt:mife entre les mains d'un j eune Seigneur des plus.
gakllls e;. des '!lieux fait~ de la Cour, qui n'était point de fls.
a
Dans vos di(cours chagrins, plus aigre & plus mordant
qu'une femme en furie , ou Gautier en plaidant.)
& il s'écrie: que peut-on dire de pis contre la plus abandonnée de toutes les créaturês, convaincue d'adu/tere & d'incefle:
cependant par Arrêt de la quatrieme Chambre des Enquêtes, la femme fut déboutée de la [éparation; & les Parcies
fe réunirent en exécution de l'Arrêt.
Parmi les Plaidoyers de Me. Gillet, il yen a un pour une
Darne qui pour[uivoit une réparation d'habitation & . de
biens d'avec fan mari. On y vojt que la femme y accufoir
fan mari d'avoir tiré L'épée [ur elle plufieurs fois, d'avoir voulu
la tuer, é;. de lui avoir caufl! deux avorte mens par des coups
de pieds dans le ventre. Le mari 3 [on tour n'accufoir. pas
fa femme de moins que d'avoir voulu l'empoifonner; cepen~
i
�11
pdr,~s ..... : Dans un autre endroit il dit: Madame de Ma;;
1flrin a lfuiClé la •.. ... pour allIJT üahlir à. ..... une bqfJètte
pour y faire de fa maifon une académie puhlique de jeu,
de tous les défordres 9ue le jeu entra!ne, ou auxquels il fert
ordinairement de couverture ...... Ailleurs, comme fi l'affreufe
idée qu'il a dOm\ée de la maifon & de la vie de cette Dame n'é~
toit point affez développée, il répete: Madame de Ma:rarin f aifoit de fa maifon un bureau public de jeu, de plaijirs & de galan_
urie; une nouvelle Babilone, où des gens de toutes Nqtions,
de toutes Sec1es, parlant toute forte de langues, TTUlrclzoient
en confujion fous l'éundart de la fortune & de la volupté. Et
quatre lignes plus bas il continue: Madame de Majarill ,
idolàtre d'elle-même , e-herchoit cl Je faire des adorateurs de
qui elle exigeait un culte profane & criminel. Que pourroiton ajouter à ces termes, & aux idées qu'ils préfenrent?
C ependant uné Dame qui ne le cédojt à perfonoe, ni paL'
h naiffilOce, ni par les qualités pedonnelles, n'a pas même
imaginé qu'ils puffenr l'aurorifer à fe répandre en inveétives
contre lDn mari, & 1 s Juges n'ont point cru que ces dif~
cours puffenr fer vir de rairons pour ne la llli pas renvoye·f. Ils
ordonnerent que dans trois mois la f(wlme fe retirerojc
dans le couvent des Filles Sainte-Marie, pour) fix mois
après, retoumer dans la maifon.de fon mari.
Ainli, MESSIEURS, dans ~e-s califes, (oit qu'un mari accusât fa femme, pu qu'il oppos~tC.i condu,j-te l\, la demande
en féparation par elle formée, on cro)'oit qu'il n'y avoit
diffamarion de la part du~ mal'i, & moyen de fépararion
pour elle, qu'aurant que l'accufation o.~ les faits injurieux
prop.ofés .pai' une j,u /te e~cepri(\}l] étoient ,calomnieux.
C'efl: une d~fun.fe légirilfl'€ ,. s'pis. ne le [ont pOlllt. Alors
les faits injul'ieux, t1~s q.U"'i!S foNt exampts de ça/omnie, fuivant' -l'exp.reffioo de Mf, l'Avocar-Gén@pal Porta il, font la.
WlIjè même, bien lf>in tl'en im: l~.s dehors. Er li LUl mari nepouvoit rèpouifer .la '<1,eulImde en (épa~i\.tk!>R : par-'un~ excep~
&
injur~~fe ~
i
'tlot'! vraIe, qUI feroit
la femme if eh arri ...
veroit donc que le droir de la défenfe n.1ture le feroit int tdir au mari, & que la femme devroit être {éparée, par
cela même que le mari auroit contre fa deman de une exception légitime.
On peut encore citer pour exemple ce qui fut décidé
dans la c3-ufé en féparation de Madame de Pomereu, qui
efl: rapportée dans le dix - feptieme volume des Caufes
Célebres. Le mari produifoit pour exception des lettres
écrires, foir à fon époufe ou par elle; la verification en
fur conteftée: " c'efl: une conféquence nécelTai're, difoit-on
" pour le mari, que fi les lettres font utiles à la déf(!nfe
" de M. de Pomereu, la vérification qu'il en demande ne
" peut avoir pour objer de diffamer Madarile [a femme '" mais de fe défendre des èalomnies qu'elle lui impofe.
,; Que fi ~erte défenfe fair tom~er [ur elle tout le p~ids ~e
H
l'impofl:ure, dont elle croyott accablet fon mari, lem
" que ce foit une raifon de lui ravir une telle défenfe, c'e~
" ce qui doit' àu contraire engager plus fortement à la lUI
" conferver polIr le mettre en érat de fe jufl:ifier pleine" ment & de confondre la malignité d'uhe injulte femme.
" En u~ mùt il ne s'agit point Ii'examiner fi Madame de
" Pomereu p~ut fOllffrir quelque préjudice de ~ette vérihu cation; mais fi Mr. de Pomereu peut en tirer quelque
" avantage, quand M~dam~ de ~ome~e~ difii~ulanr, les
" véritab.les Ta-ifons qUi aVOIent determme à eXiger delle
H
plus de retenue, qu'on exige d'ordinaire,.ci~s ~utres fem" mes a demandé permifIiol1 de prouver qUII erOlt un tyran,
" un barbare, acharné à la perfécutet, q\li l'avoit tenue
" Elans la p1us cruelle captivité, on a perml~ à Madame ,de
" Pomereu, la preuve de cas faits, fans s embarralTer fi
1, cette preuve déshonoreroit Mr. âe Pomereti. De quel
" droit donc, quand il s'agit de permettre à Mr•.de Pome" reu b preuve des fart.s qui Je jufiifieRt 1 examlflera-t-oll
�;, li
24
ces faits ne portent point quelque atteinte à la réputa~
" tian de Madame de Pomereu? De quel droit fera-t-il
" privé de juflifier Ca conduite par celle de Ca femme, la
" fageffe & la modération qu'il a eue par les imprudences
" & par les foibleffes de Madame de Pomereu? "
La vérification fut ordonnée par Arrêt rendu en la Grand'_
Ch J mbre du Parlement de Paris, le 1 S Mars 17°7; l'Arrêt
définitif admit à la vérité LI demande en féparation; mais
parce qu' il jugea que les ~ettres ne fourniffoient pas au mari
une exception fuffifanre, & lailfoient fubfifler tous les moyens
précédents, il n'avoit pas moins été jugé par l'Arrêt précédent fur la. vérification, que des faits injurieux propofés par
exception ne conHituent pas une di{fam~tion.
Un Arrêt plus récent ell rapporté dans le cinquieme tome
des C aufes C élebres, caufe '1.7. Refus du néceffaire, mauvais
traite mens réitérés , outrages publics, imputations calomnicu[es, injures atroces , emprifonnemen t, enlévement de la perfonne de la femme; telle éroit l' hiftoire de la vie du mari
depuis fan mariage. Le mari, fans nier la pl upart de ces
faits, en expliquait les caufes; la femrr,e vo ulut faire regarder cette explication comme une dilfdmation; voici ce
qu'obferve le Journalifle : La diffamation qu'elle reprochait il
fo n mari, n'étoit autre que fa propre défen[e, & non des di[cours di1Ju/gués dans le deffiin de diffame.r fans nécejJité. Enfin l'état .des Parties, l'éducation qu'dIes a1'oient reçue, & [urtout la mauvaife conduite de la femme, déterminerent l'Arrêt
q.ui déclara la femme non-recevable il fa demande en fèparation.
Ee non des di[cfJ urs divulgés dans le deJ!i:in de diffamer. Ce
mot feul jugea cette caufe : que doit-ce être, fi ces difcours
ne font pas m es difcours , & il çette lettre eft une lettre de
ma femm e ! Si cerre lettre pouvoitla diffamer, ce [eroit donc
ell e-même qui fe feroit diffamée.
11 f<lut donc en revenir au premier point de la caufe dont
on
'2.)
on chùcheroit vainement à s'écarter. T ous les m oye ns d e
Madame de Mirabeau étaient frivoles ava nt la pla id o irie du '2.3 Mai, où une feule lettte écrire par elle achev a
de me juHifier & d e les détruire. Mais lo ng- tem s ava nt
cette Audience, plus jalou x de rame ner Mad ame de Mirabeau par fon opinion que par des Arr,êts, je lui fis parler de la néce lIité de rétraél:er ce que cetre [eule lettre ne
permettoit pas-de croire ; & que l'on juge fi mon intentio n
pouvait être de la dif/::l mer, puifque je lui faiCois connaître.
ma défe nfe mê me. Et qu elle dé fe nfe !
Tous fes 'moyens de fépar ation , caraél:eres, fév ices, emportement, procédurès, diftamation, adulte re , fe réuniffoient à ce feul point, que la cohabitation qu'elle refufo ir
[èroit dan ge reu[e pour elle. Mais ce danger im ag inaire é toie
détruit par la preuve de ma modé ration conGgnée dans cette
lettre. Mais la paix domeHique qui la [uivit, montrait affe1l.
que les liens qui ne furent point alors rel âch és, étaient ceux
du caur autant que de la Loi. Cette lettre raffilroit donc le
Magi{hat; elle montrait mFme que dans l'ordre des procédés j'au rois dû m'attendre peut-être à plus d'indulgence
de la part d'une époufe autrefois tant aim ée , & qu'il eut
été plus flatteur -pour elle qu'au lieu de la , demande en féparation dont elle accueillait mes malheurs, j'euffe pu écrire
un jour: ces erreurs, ces fautes nombreufes de ma Jeune ffe ~
ma femme me les a pardonnées p ar (l(/e modération qu.i lui
cft perfonrielle.
'
Non, je ne m'abufe point. Si je fus
à ce~t~ Audi ence
dans les eCprits, dans les cœurs; la defenfe w ee d'e cette
lettre me laiffa bien peu de fuiE-ages à conquérir. Madamede Mirabeau même vit alors fa caufe fous un autre point·
de vue; le burin acéré de la calomnie tomba de fes mains ~
elle ouvrit fon ame à des propofitions de paix , & je dus"
fal,lt-,il l'avoue r 1 je dus à çe tte lettre le feul efp oir qui m'ail;,
I!re
D
�'!6
enco~e fouri, & les feuls jours Ot1 l'illllfion du bonheur d .
mefhque fe foit encore offerte à mon cœur.
~
o.
J'ai difcuté fi cecce le ttre, qui penfa me ramen
'
fi 1 {( 'II {( .
.
er mon
epocue, or qd u e le ; J~geo1,e elle-même, eft capable de Ole
l a [,lire per re onqu on Jugera fa caufe. Ce que '
,
ffi
1
br
'a
'
'
.
Je
PUIS
e
a, urer, avedc'h pu IC, ce , qu aucune des obJeébo ns que l'on
f ait aUJour UI, ne fe prefenta pendant 10nO'-remps
àr
fi ' , ' n ue l
' r.
b
Ion
es dPartlians même de fa caufe ne s'oeeu_
e pne, cd;H qd
p e rene
a b or que es moyens inueiles d' y répondre' &
c'ea lorfqu'on n'a pu ni la nier, ni la combattre qu"
00 a
,
vou l u comparer cerce lettre à cerre accufation capitale d
,
par 1ent nos L'
OlX, & qUi' deVIent
un moyen de féparat' ont
lorfque le mari qui l'a dirio-ée contre fa femme y lfioo,
b
, .
uc.
corn be.
/
N~n,
je ne vous en crois paine, & vous n'êtes point
avoues d,e ma ~emme , vous qui foute nez qu'une lettre qu'elle
r~connole vraIe, ferole pour elle une atroce diffamation.
Ne fentez-vous pas que vous la perceriez de fes propres trairs 1
N,~ fentez-\'ous pas q~e pour ~xagérer le délit que vous
m Imputez, vous exagerez celUI que renferme la lettre)
C'eft donc à moi que vous réferviez le foin de la défen~
dre; ce rôle je le remplirai, ou plutôt un feul Inot me
fiJffit : vous n'a,vez n,ul d,roie de wéfumer que jeuffe pardonné
ce dont Votre Hr. i!glOatlOn s'eft fouillée.
Mais je découvre vos véritables motifs; en voulant faire
r,egard~r la leél:ure de la lettre comme une cruelle diffamat1,on, Il ~ntroit ~a?s vo,s vues. de paroÎtre embarraffé d'y
r~pondre, v.c us etIez bien - aIfe VOus-même qu'on en tirae les confeq~ences les plus fâc~eufes, pour mieux prép J:er les efpflCs à Votre nouveau fyftême. Eb bien! je
vaIS vous apprendre moi-même à répondre à cette lettre.
. La correfpondance d'une femme avec un tiers eft touJours une grande imprudence, lors même qu'elle ea inI1oc:nre ,
cette correfpondance fe paffe à J'infu de [on
man. VoIlà ce que vous deviez avouer: malS pourquoi
p.
'1.7
n'a vez - vous pas ajouré, ,9ue pui!que j'avois, pardollllé ce
(Ort , j'avois eu des motifs de n en pas croire les apparen ces ?
Le reCOUf d'un porrrait n'eft pas non plus fi difficil e à
expliquer, je n e dis pJS dans le Roman, mJis dans J'hiftoite même d'une femme qui ne feroit qu'imprudente.
Combien de fois cette image de la beauté n'eft que J'ombre du bonheur! COl1lbien de fois cette foibleffe mêm e qui
apprend à une jeune ~emme, à fe défi~r de fon cœur, ne fe re
qu'à lui m.olltrer le penl qUI la ~ortIfie! VOl,là ce qU,e YO Us
pouviez dIre [ur cette lettre; mais alors feroIt tombe votre
nouveau moyen de féparation; mais alors vous n'auri e z pu
m'accufer de cett e atroce diffamation dont vous avez be~
foin, non pour ma femme, mais pour fa caufe, de me faire
un crime.
Mais, répondrez- vous, ne dit - elle pas dans la lettre
qu'elle revient de [es égaremens? N'annonce - t - elle pas
qu'elle retourne d la vertu? Vous ne connoiffez donc pas
le véritable idiôme de l'honneur & de la [enfibilité. Vousignorez donc que la femme qui Teae verrueufe au fond de
[on cœur, ne fait rien fe pardonner; qu'elle donne à l'errtur le nom d'tgarément, & que jugeant de fes fautes par
le péril, elle ~ppelle retour à la vertu, le retour fur elle-mê_
me. Voilà comment vous pouviez expliquer la le ttre; voilà.
ce que la modération à laquelle cette lettre rend hommage,.
vous autorifoit à pen fer ; & vous aurois-je démenti? Ma
défenfe ne refle-t-elle pas toujours la même, quelle que
[oit la lettre? N'exclut-elle pas tGujours les févices, puif_
qu'elle fait J'éloge de ma modé ration? Nannonce. t-elle
pas que la coh abitation qui ne fut poillt alors orage l1fe, ne
peut j~mais J'être? Ne fait-elle pas [entir que l' homme qu i
excufolt des erreurs, n'aurait point infulté à des Vertus &
que le mari qui jugeait h1 fe mme moins févérement qU'elle_
même, n'é tait point un ennemi de fon bonheur ni de {Oll
repos? :
D 2<
�28
Mais j'ai lu ,ddns 'Votre ame, & ne croyez pas m'écha
V
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pper,
'Ao,us. red erlvezCcetrevexp ICatlOn naturelle de la letne apres
l net e a our.
ous prouverez Llcilement alors qu'
ftemme d Ont l'1 eXI'[e[
,
unel
pareIlle
le ttre n'ell pas PlIne
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c: 1~ coupa bl e; d' ou\ vous conclurez que '
cerre
Cre ner
la
,
•
29
,
&"
qui par état font plus fenfib les fur le point d honneur,
ne s'accoutllm~nt point à l'âpreté du Palais. Mais je demander3i à tous ceux qui connoiffent ce fatal procès; je
demanderai aux efprirs les plus froids, aux cœurs les plus
infenfibles: n'ai-je pas été outragé fans mefure? 0 mes concitoyens! ô vous à l'indulgence defquels je me fuis voué,
mais dont j'excitai plus d'une fois l'arrendfl ffe menr, dont
plus d'une fois j'ai vu couler les larm es, vous qui forrant
de l'Audience du Siege vous écriâtes unanimement: ou eJl- ,
elle? où dl-elle? Cjue ne l'a-t-elle entendu, elle 110/eroit
dans [es bras? Chers & dignes concitoyens, n'ai-je pas
été outragé fans mefure! Qui de vous me répondra: non,
vous n'avei pas été outragé? Lequel de mes ennemis même,
lequel de mes p.lus forcénés détraéteurs ofera dire :
l'imputation d'efcroquerie & de vol à vous faite, parlant
à vous; cette imputation abfurde autant qu'atroce à laquelle il ea démontré fau x que Madame de Mirabeau ait
cru un infrant l'accufarlon d'une vile & fordide cupidité,
d'u n odieux machiavelifme, d'une duplicité lâçhe & frauduleufe lancée fur VOLIS & fur les "ôtres, ne font point
des olltrages? Ce font les jeux des combats judiciaires.
Ah! fi l'on ne peut pll)s recourir à la Juaice fans fe
déshonorer, fans crair dre d'ê tre traîné dans la fange,
ces temples allguaes où la Majeaé Souveraine, où la Majeaé même du Dieu vivant ea toujours préfente, font de- ,
venus plus affreux, plus redour ables, plus fouillés que Farelle des gladiateurs. Au milieu de ces fpEétables horribles, jamais du-moins on ne vit des parens s'enrredéchirer; jamais on ne vi tune époufe arracher la vie à" fon
époux!
, Et dans nos mçeurs , dans nos mœurs dont nous vantons
l'urbanité, la douce ur, la philofophie, nous nous perniet-'
trions ces horreurs au Palais de la Jufrice? Ah! MESSIEURS,
p'ea-ce pas VOllS calomnier jufqu'au blafphême, que d'ofe~
dJff-ame ~as; & cependant, que l'on juge par-là de VOtre
bonne, fOI, vous ne vous fondez aujourd' hui que fur la dif.
famat lon que cene le~[re renfe rme.
Ainfi c~ prétendu m~yen de féparation , dont 00 parle
tant lor~qu o~ en a bef~ll1 , ceffe~'oJt d'e:l être un lor(qu'on
en aurOlt faIt ufage. Ce phanrome s'e vanouiroit de lu'_
n~ême,' lorfqu'il auroi t produit l'effet qu'on en atrend. ~n
dIt aUJourd'hui pour la caufe de ma femme qu'elle ell diffamée, comme on diroit alors, comme on prouveroit alors
pour fon honneur, qu'elle ne ,l'eH: point. Voilà le piege
que. l'on tend à la Juaice de la Cour.
J'ai donc eu raifon de l'annoncer en commenCQ1Jt ces
obfervations; .ce nouveau moyen de féparation fe~lbleroit
n'être inventé que pour récompenfer les calomnies de ma
femme, ou pour m'empêcher de les détruire; & qui pourTOIt me blâmer des efforts que j'ai faits pour cela?
Ce n'ea point la caufe de féparation que Madame de
Mirabeau a plaidée;
elle m'a accufé comme fils comme
'
pere, comme cItoyen; & pour me frapper de divorce,elle
me .
frapper de mort civile. Indi bO'nement caloma"
voulu '
me, non mOJl1S atrocement ' arraqué dans mes qualités
morales, dans la vraie exiaence d'un homme facial,
d'un homme d'honneur, n'àurois-je pas eu le dro it de me
défendre contre tant d'outrages? Exiaeroit-il une loi affez
partiale, affez meurtriere pour m'en priver?
J: ne veux pas confulter ma fenfibilité; je ne contultera.! pas celle de mes parens, de mes amis; je ne confLl lterai pas même celle des hommes qui ne tiennent à
mOl que par les rel ations communes de l'humanité, mais
,
\1
. ".
.. ..
•
•
•
�3°
1
croire, que d'ofer efpérer que ce qui nous paroîtroit effro..;
yable, ce qui nous feroit tous reculer d'horreur dans la
{ociété, eft permis, eft légitime devant vous?
Mais la néceJJité de la défenfe l'exige! La NÉCESSITÉ!
C'efl: le mot de ralliement des brigands. LA NÉCESSITÉ!
Eh MESSIEURS, VOllS envoyez tous les jours à l'échafaud
les complices de la NÉCESSITÉ! Peut-il donc y avoIr Jamais néceffité à CALOMNIER?
Ai-je été calomnié dans les Mémoires de Madame de
Mirabeau? Le come abfllrde du Cantinier fait avec mau_
vaife foi, imprimé avec méchanceté, & que l'indignation
publique a feule fo~cé d'abandonner; le conte du Cantinier
répond à cerre quefl:ion cruelle: & cette atroce qlomnie
qui plus évidence , plus connue dans ce pays, parce qu'il
en avait été le théatre, a plus frappé que toute autre, combien il s'en faut qu'elle fait la feule!
'
J'ai éré c~lomnié! j'ai été outragé! par qui? devant qui?
Par une époufe que j'avais louée, vancée, trairée comme une
divinirp. J'ai été calomnié! devant qui? Devant vous,
MESSIEURS, aux: yeux de toute l'Europe, où le nom que
je porte n'avoit reçu Jufqu'ici que des titres d'honneur.
L'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre retenriffem de cet horrible procès, & des calomnieufes diarribes imprudemment
ugnées, avouées de celle qui s'appelle MIRABEAU; & plût
au Ciel que je pt.iffe encore les attri buer il d'autres qu'à
elle!
Eh bien, MESSIEURS, on vous en fupplie; on profl:itue
l'éloquence à vous en fi.lpplier; récompenfez cette conduire,
en difJ>enfant MadJme de Mirabeau de tous [-es devoirs d'époufe. Puniffez-moi, parce que j'ai voulu me jufl:ifier. Déshonorez-moi pour la maintenir en libre polfeffio n de [on indépendance. Oui, déshonorez_moi, de peur qu'on ne croie
qu'elle m'a calomnié; mais ce morif même, je ne dis pas
dans l'opinion du Juge 2 maiS' dans celle de tout homme [eu~
•
.
3 avIlir
. -- fcon man').. Si lion doit
'liGIe, feroit-ilune ralfon
pour
tant de chores à l'honneur de Madame de Mlr:lbeau, ne
doit-on rien à celui de l':lmi des hommes & de !on. fils?
Voudroit-on par un Arrêt confacrer, graver en traits Ineffaçables fllr la tête de mon pere, le c~raél:ere de d~lareur
de fon fils? & fur la mienne les hOrrIbles calomnies fur
lefquelles on a fondé la demande en fépar~ri.on ? V,oudroiton donner à cet illufl:re & malheureux vleJ\lard 1hornble
douleur d'avoir immolé fon fils par un excès de confiance
dans fa belle-fille? Sa famille feroit-elle donc frappée de fiériliré? condamné moi-même àl'ennui, aux dangers, aux facrifices d'un célibat involontaire? Les doux noms d'époux &
de pere ne feroient-ils plus faits pour moi? Et je l~ fus cependant! & ils ne pourroient plus être prononces devant
moi fans déchirer mon cœur! ...... N'eft-ce point affez?
Faud;a-t-il encore que je fuye la fociéré des vivans pour ne
pas lire dans tous leurs reg~rds.: le voilà le. mauvais fils ~
le mauvais pere, le mauvaIs citoyen, le fUJer dangere ux,
le voilà l'homme féroce, qui par des forfaits de tour genre
s'efl: rendu indigne du nom d'époux: , & auquel il n'eft plus
permis d'être pere ....... Ah,! lorfque ~erfé,cuté par ~es ennemis acharnes qUI menaçOlent ma VIe, Je foutenols mon
coura<Ye par le fouvenir d'une époufe à la ten?reffe, aux
procédés de laquelle j'avois confervé des droH~, !orfq,ue
je me repaiffois du doux efpoir qu'elle me fero~t oubl!er
mes maux, mes fautes, mes traverfes, 9ue la paix dom~[
tique répareroit mes perces & fermerolt toute~ les, plaies
de mon cœur j'érois loin de redouter que la [eduéhon de
cette époufe dÔt m'être encore mille fois plus .funefte.
J'étois loin de pen fer qu'elle me tralnerOlC d~vant, ~es
Tribunaux & qu'elle permettroit que la calomnIe fOlllLât
fa défenfe'! Eh bien! je me fuis borné à ~le. lave: de fe~
imputations horribles. Et fi l'une de ces jufilficatlons lUI
~appelle quelques torts oubliés, pardpnnés, ce n'dl pas
A
�.,
.
32.
.
une vengeance que J al voulu exercer; c'efl: un moyen de
défenfe auquel elle m'a contraint, dont;e Pavois avertie
dont je Pavois fàit avertir, & qu'elle a rendu indifpen~
fable.
•
Dans aucun cas, je ne cefferai . de le répéter; l'u[aO'e
de la lettre ne .peut fournir un moyen de féparation. Je
veux prévenir d'un feul mot toutes les objeél:ions poffibles.
Il répugne, dira-t-on, que la réunion foit ordonnée dans.
un inHant où le mari vient de calomnier & de diffamer récemment fa femme. C'efl: donc au repos & à l'honneur de
lalèmme que l'on veu~ pourvoir: or ici l'e repos ne pellt être
que dans l'honneur, & l'afyle de l'honneur eH la réunion
que je follicite. C'efl: ce qu' il efl: facile de démontrer.
D'abord Madame de Mirabea u a-t-elle éré calomniée?
Ce n'ell: pas moi qui ai élëvé cette quefl:ion; c'efl: elle.
~'el\ elle qui a ~iré d; s conféque.nces de la lerc,re, lor[que
~e ~ ,en. abfl:enols ~ c efl: ell; qUI l'a commentee, !or[que
Je m etols contente de la pre[enter. C'efl: elle qui [ans ofer
la dé[avouer, a dit, la lettre me calomnie. C'efl: elfe qui
feignant de vouloir' établir [ur cet·te leme un nouveau moyend7.féparation, m'a mis dans la néceffité d'en parler ~llcore.
SI JamaIs Madame de Mirabeau n'avoit dit, 011 me calomnie'
jamais je ~'~u~ois ~a it ~marq~er, pour me jufl:ifier, qu~
la lertl'e n etolt pOInt defavouee, qu'elle ne pouvoit pas
l'être.
NOIl feulement donc il n'y a p~s calomnie
mais
il n'y a pas même di/tàmation. C'efl: Madame de' Mira~
b;a~ .9ui ~ fait forcir ·.la let.tr~ du porce -, feuille qui la
Iecelolt. C eH eUe enfurre qUI l a commencee. J'annoncois
~n torr; & l'on a dit pour fa caufe;. & l'on a dit en' la
çalo.mnia,nt : la ~ettre l'ac;cufe d'un crime. Mais peut-ail
l~ dIre après le Jugement que j'ai porcé Tout mari n'eH-il
I?a.s le premier Juge dans l'intérieu( d~ [a famille? L~
r
femme
33
femme n'efl:-elle pas fuffifamment jufl:ifiée, quand il 1'3bfout? Si elle J'eil à fes yeux, ne l'efl:-elle pas 11 tous les
yeux? La condamnation du mari n'efl: jamais fans appel;
mais fon abfolmioll fuffit toujours. Et qui aurait le droit de ne
pas croire innocente cel1e que fan mari ne trouve poine
indigne de lui? qui auroit le droit de lui faire rendre compte
de ce jugement? La femme la plus refpeél:ée n'efl: - elle
pas celle à qui dans tOus les temps l'amour & l'efl:ime
de fon mari fervit d'égide. Je l'offre encore à Madame de
Mirabeau. Elle a dll fentir combien le moment où fes
Défenfeurs même vouloient la juger fàns moi, pouvoit être
cruel pour elle. Elle a Vll un inÜant où l'on érait prêt à
confondre des erreurs ,\Vec des délits; elle a goûté le frulc
amer de la précipitation d'un pareil jugement, & déformais
je l'éloigne d'elle par ma préfence. Mon cœUf faignoit à
la voir ainu fe déchirer elle - même. Je lui offre l'hon-.
neur & la paix; j'oublie [es torrs, je lui p"rdonne même
fès calomnies. Elle peut rétablir la confiance, faire
renaître en moi les fentimens qu'elle fuc m'infpirer. le
peux la voir encore telle qu'elle fut; & chaçun la verra
par mes yeux ,. embellie par mes crayons, & bien plus
par le retour de ma tendreffe. Je ne l'ai donc point ou.
tragée; je n'ai point faie à (on am~ des b~eifures que
la cohabitation dôt agrandir: au contraIre, la reumon feule
peut réparer tous les maux paffés; la réllnio~ fe.L11e peu,c
réparer les atteintes faites à fon hOll~eur; la re.L111I.on {ellie'
peut faire oublier fon imprudence, Alnu les prrnclpes des
Loix, ceux de la morale & l'intêrêt même de Madame de
Mirabeau f()llicitent également, & plus pOLIr elle qLle pou~
moi, mes premieres fins.
.
, .
,.
Parlera- t-on encore de reifentlment, d aIgreur, cl l11COmpatibiliré? Il ne faut que jet,te~ un regar~ f;lr les ~rc;.-
céd és de la cau.[e & fur les evene mens qlU 1 01, t prec~~
dée , l?our s'indigner d'une telle obieèl:ioo.
•
E
•1
�\
34
Il
•
n'en exifte pas. 11 fullie de jette'r les yeux fur les
procédés pendant la caufe , & fur les événemens qui l'oOt
précédée, pour en être convaincu.
En J lin 1772 je re~ us la main de Mademoifelle de
Marignane; je crus alors que ce don avoit été précédé de
celu i de fon cœur; & quelque amérement qu'on m'ait reproché d'avoir ofé manifeHer cerre opinion honorable à
1\ladame de Mirabeau, je le crois encore; un fils fut le
premier fruit de notre union; nous vécûmes enfemble
jufqu'au mois de Juin 1774, un peu moins de deu x années. C'efl dans cet efpace auquel s'eH bornée notre coha_
bitation, que depuis l'on a placé ces févices horribles,
ces traitemens féroces qui on t fait une épifode dans la
premiere hifl:oire de la demande en féparation formée par
l\1adame de Mirabeau; & c'en précifément ddns ce court
période que j'eus pour elle le procédé dont j'ai enrre les
mains un témoignage écrit de la fienne; procédé que
l'incréduliré feinte ou réelle de ceux qui ne croienr pas à
la vertu n'a pas anéanti, n'anéantira pas, & dont elle
a même rehauffé la générofiré.
Je ne voulus pas être généreux à demi; la crainte que
ia réputation de mon époufe, de la mere, de la nourrice de mon fils ne fôt même légéremem compromife,
me détermine à partir pour Graffe, malgré J'ordre du Roi
qui me retenait à Manofque. Faral voyage, fource de toures
mes infortunes! faral voyage d'où font éclos raus les prétextes de la demande en féparation! & je J'avois entrepris
pour elle!
Une procé,dure réfulte de ce voyage; Madame de Mi.
rabeau part pour P dris à ma priere. Je fi.lis enfermé au
Château-d'If depuis le 23 Juillet 1774, jufqu'au 3 Janvier
1775, & dans ce période j'y re~ois de Madame de Mi"rabeau les leures les plus tendres, les lertres d'une amante
plutôt que d'une époufe. Et combien n'encollfageai-je point
-3)
.
1
•
,
?
E2.
:'
~ ..
'.
.
alo'rs fon émulation & fa confiance! Mais bientôt les' dates
s'éloignent; fa négligence, .la .crainte de voir ma ~on~
fiance rrahie par la corn mu Olcanon de mes lettres m ln fpirent des fO\lp~ons, de J'aigreur: & qu el étoit encore
alors le plus terrible effet de ma vengeance & de ma
haine? Je l'appellois dans mes bras.
Celle qui m~avoit fi fouvent eCflt que nou.s n Wons pas
faits pour être ftparés ; que tous {es vœ~x étoten~ pour no~~e
réunion; que tout pays que Je Il haouols pas , e~olt un ae~
fort pour elle; que je pouvais marquer. le lieu , lllifl~n t ou
'je voudrais qu'elle vînt me reJoindre , é' qu'elle volerolt avec
tranfPort; cerre femme alors fi e~pre.Œée de fe réunir ,à
moi, m'a fait depuis un crime
avol~ tr~p , f?uven,t r~
clamé l'exécution d'une parole mille fOIS repetee, d avol!'
fait tant d'in fiances pour opérer une rejontbon folemllellement promife., , .
.
,
Je fuis transfere à Pontarlier, & cetre tranDatlOn m efl:
accordée comme une grace- méritée par ma bonne ~on ...
duite' les lettres de Madame de Mirabeau en fOllt fOI. Je
veux ~ue le féjoul" du Château-d'~f n'eôt . pas été affez dé~
cent pour elle; je ne demanderai pas s'JI peut être que~
tion de cette efpece de décence, lorfqu'une épouf~ dOIt
des foins confolateurs à un époux malheureux ~ à un epo~x.
qui fut fi généreux pour ell~. M~is qu elle r~lfon d,e decence l'éloignoit de Pontarlier, dune vtlle ou fa. prefence
eut prévenu les plus funefies événemens d~ m; vIe? .
Madame de Mirabeau ne crut pas deVOIr m y reJolOdre.
Force majeure (je répete les propres expreffions de mon
pere) force majeure m'éloignoit d'elle. Ah! MESSIEURS}
euŒai-je été coupable. de c~t a~ u ~tere qu:elle m~a tant reproché quoiqu' il n'aIt po lOt ete prouve, qllOlqU~ toute
accufation foit éteinte, érait - ce à Madame de Mirabeau
qui refufant de rendre une époufe à fo~ man, le , lal.Œolc
en proie à toures les féduétions de la Jelll1eŒe? etOlt~çe
•
•
�_.
36
à. e 11 e qu "1
1 appartenolt de ne pas me le pardonner)
Je filis dans les pays étrangers; on prend une pro~é_
dure aff:'eufe .contre. moi.; perfonne ne me défend; per[onne n examIOe fi Je fUIs atrocement accufé pourfuiv'
. "
.
'1,
juge; on execu:e par effigIe une Sentence de mOrt; &
Madame de ~I~ab~au m'oppofe aujourd'hui cetre fatale
~entence que J al faIt annuller fans fecours, [ans réclama_
fIOn de [a parr. Je fuis arrêté en Hollande fur la demande
d,j' Roi, au moment même où j'allois par ma repréfen_
ration volontaire attaquer l'odieufe procédure; je fuis enfermé au Donjon de Vincennes; tout le monde dans cette
Province a été témoin de la conduite de Madame de Mirabeau durant ma captivité, & moi [eul peut - être je ne
la lui ai pas impurée à crime.
Plus mes cha înes s'appefantiffent, plus Madame de Mir abe3u allege le joug du devoir ....... le joug! En a- t- eHe
poné mê me le plus léger? . J'étais cependant loin d'eHe
dans le plus horrible efclavage, & depuis que je fuis
libre, je n'.ai ?ppofé qu'un filenc~ indulgent à un genre
de ~' ,e fi IOdependanc.' fi diffipe. Je ne me fuis rappelle à elle que pour lUI faire l'hommage de ma liberté;
Je ne m'y fuis rappellé qu'après avoir obtenu à Pontarlier,
fous l'agrément du mininere public, un déliftement honorable de la pa nie qui feule m'avoit accufé, qui feule pouVOIt être reçue à m'accufer, R1ais dom les imputations
pou voient avoir affligé le cœUf de Madame de Mirabeau
ou prévenu [on efprie.
'
e devoir prefcrit par l'honneur une fois rempli, je
revIens en Provence; alors même je ne réclame point encore ma femme comme époux; je la demande à ellemême à MI'•.de Marignane comme Suppliant; j'implore des
pardons, mOI! des pardons de Madame de Mirabeau! &
je ne les obtiens pas J
C:
L a premiere réponfe à toutes mes prévenances, à toutes
37
mèS foumiffions, eft que l'on va invoquer le fecours des
Loix; je n'en deviens que plus circonfpeél:, plu s modéré;
j'ai prefque dit, plus fOurnis. Mes v}Gtes font refu f~es; mes
premieres lettres demeurent fans reponfe, les dernleres me
font renvoyées [ans avoir été lues. Déja l'on fait plaider
dans le Public par les plus atroces calomnies contre moi la
demande en féparation; on me force de recourir aux
Tribunaux, ou de me rendre complice de mon déshonneur; il s'agit autant & plus de recouvrer mon honneur
que ma femme.
La modération guide encore chacune de mes démarches; les conclulions de ma requête font une fimple injonB:ion de venir me joindre. Madame de Mirabeau préfente fa requête en féparation, dont chaque mot ef!: un
.
., .
outrage.
Je me flatte; Je veux croire encore que celle que J al tant
aimée, que celle que j'élevois au deffus de fes torts par les
pardons que j'implorois moi-même, je ne ceffe pas de me
flatter qu'elle n'eH: que féduite.
Ma plaidoirie au Siege eH: connue d~ toute la Ville_;
je l'ai faite imprimer, afin qu'on ne put pas la traveftlr
aux yeux de Madame de Mirab~al~. Elle n'a pas ,dû trouver
mon pinceau dur, ni fan portraIt IOCulcant .. QUI n en fut ~as
touché! Qui ne fut pas attendri, lorfque Je redemandaI à
ma femme ma grace & fa tendreffe au nom de [on fils, de
cet enfant notre commun me'dolateur.1
Et un Mémoire paroît où elle me reproche d'avoir infulté
à fa douleur maternelle! Un Mémoire paraît où elle me dénonce comme mauvais fi ls; & mon pere avoit alors pardonné les fautes de ma jeuneffe envers I~i ! .
., .
Où elle me dénonce comme un mauvaIs man; & Javols
eu pour ma femme les plus doux, les plus tendres, les plus
.
généreux procédés!
Où
elle me dénonce COmme mauvaIs pere; & la vue de.
L
�3!r
mon fils qu'elle allaitait, m'avait rendu capable de facrifier
les reff'entimens les plus amers!
Où. elle me dénonce comme un mauvais citoyen comm
r.
' e1
un IU
jet dângereux qUI. a attente'à la propriété d'autrui
Ju.fle Cie;! & c'efl de [on époux, c'efl de [on bien~
falteur qu elle parle! & el1e l'accufe d'une infame efcro~
que rie [ur la le~tre d'un cantinier, à laquelle jamais el1e 'n'a
cru, Dl pu croire!
Un Mén:oire paroÎt où el1e s'arme contre mon pere &
contre mal .de la, confiance que mon pere eut en fan pere
& e~ elle; je dev?re tant d'a~i'o~ts, .tant d'ou,trages; je
rravatlle ~ ~ne reponf~. Ma j~fll~catlo? efl energigue,
elle efl vehemente; mais combien J'Y menage encore Mada.me de ,Mira~eau.! Je m'ab~iens d'en médire, moi gui
[UIS accufe de 1 avoir caloml1lee, de l'avoir diffamée. Une
l:ttre d' elle qui renverfoit , de f~nd en comble tout le [yfterne de [a demande en fepararlOn, ne [art point encore
de mon porte-feuille.
Madame de Mirabeau plaide devant la Cour, & met le
camble à fes excès; el1e m'outrage, elle outrage mon nom;
elle outrage mon pere, qui n'a eu d'aurre tOrt que de lui
montrer trop de confiance, trop de facilité, & de defirer
d'el1e des peris-fils. Elle outrage l'il1uflre vieitlard qui fut
pour el1e le plus rendre des peres! certe rête vénérable
couronnée des pal;nes de la gloire & du génie, efl rraînée
dans la fange de 1 ?pprobre par fan fils adoprif!
Alors enfi? p~~olr la lettre. 0 vous tous qui avez en.
fend~ la plaldolfJe de Madame de Mirabeau c'efl vous'
que ~'arrefle! pouvais-je dlffé~er 'plus long-tem~s l'ufage de'
cet lDdlfpenfable moyen de Jufbfication, tandis que Madame de MIrabeau m'avait fi cruellement acquis le droit de
ne rien diffimuler ?
.
Madame ~e ~ira.beau,~fl c?nvaincue par [on propre rémoi.
gnage de m aVOIr Jufqu a pre[ent calomnié, moi [on mari,
39
moi le pere de fan fils, moi fan bienfaiteur; elie m'a q_
lomnié & l'avoue, puifqu'elle abandonne tous fes moyens de
féparacion; elle en crée un nouveau, & vérifie ce que je
n'a vais que trop foupçonné, qu'elle n'avait afpiré à la fépàration ni par l'efficacité de fes propres moyens, ni par fa
convittion perfonnelle qu'elle lui fût due.
Cependant la paix nous efl offerte. Je confens à l'acceprer à des conditions honorables pour elle; je confens
à la payer par des facrifices condamnés par mes parens,
réprouvés par mes amis; & c'efi elle qui l'a refufée; &
c'efl pour elle qu'on follicite cancre moi des LETTRES DE
CACHhT.
Tels furent, MESSIEURS, les procédés de Madame de
Mirabeau envers moi; tels furent les miens envers elle.
Décidez entre nous.
Si je fus indulgent, fi je le fuis encore, qu'on me permette de le dire, j'ai plus de mérite qu'un autre à l'être.
Jamais on ne le fut pour moi, & toujours je recueillis cie
ma modération des fruirs amers. Ce n'efl pas feulement
de l'ingraritude dont j'ai à me plaindre; j'ai acquis trop
d'expérience pour en être encore étonné. Mais il m'efl impoffib1e de ne pas être profondement affligé, quand je vois
qu'on a tourné cancre moi prefque toutes les attions qui
m'honorent, tous les attes de ma modération. Mon procès
fur-tour n'a pas échappé à la fatalité de certe deflinée.
N'a-t-on pas rourné conrre ma caufe les fupplications qui
Pont précédée? On a dit: il efr mari, & il prie; donc il
efl coupable. On attribuait mon filence au fenriment de
mon indignité; mon confentement à roures les médiations,
au défefpoir de ma caufe. Non, MESSIEURS, je n'en défefpere poinr: ce ferait vous faire une trop cruelle injure. Je
'répéterai hautemenr all)ourd'hui ce qui efl devenu public
depuis la derniere Audience. Je faifois , j'acceprois des propofitions exceffivement contraires à mes droits, ~ mes i.ll~
�40
térêcs. C'eft Madame de Mirabeau qui s'y eft refufée, cetà
eft vrai: mais ne jugez point de ma caufe d'après ces
propofttions; jugez-les d'après ma caufe, & jugez-moi
d'après elle.
Mais avant de décider, affurez-vous encore que la plu.
part des procédés de Madame de Mirabeau ne lui appar.
tiennent point, tandis qu'on ne peut me refufer le mérite
d'aucun des miens. Je dis que la plupart de fes procédés
ne lui appartiennent pas, & j'en appelle aux contradiébo
ns
de fa conduite qui fuffifent pour l'excllfer, lors même qu'il
eft impoffible de la juftifier.
En effet, ft l'on prétendoit qu'une haine profonde née
de la feule incompatibilité des humeurs ou du reffentiment
des procédés refpeél:ifs pO,uffit Ma~ame de Mira~eau à tous
les excès qui ont ftgnate cet odIeux procès, Je deman_
derois quel efl: donc le premier germe de cette haine?
quelle en eH: l'époque? quels faits en ont révélé le recret
dont il faut néceffairemen t faire l'hiaoire avant que de
fe décider à prononcer fur un tel précexte la féparation ?
En 1774, la cohabitation a fini. Certainement il n'exifroit alors ni haine, ni projet de fépara~ion; la femme voloit au fecours de fon mari, qui vers cette même époque
avoit recu d'elle un titre irrécufable de reconnoiffance.
La fi~ de 1774 & la moitié de 1775 font remplies par ~ne
correrpondance affeél:ueufe, tendre & prefque paffionnee;
alors naît la mélincelligence entre les deux époux, mais cette
mélintellip'ence n'ell: évidemment fondée que fur des maL'
entendus oproduits par l'abfence. Elle n'offre pas la plus l egere trace, au moins de la parc de Madame de Mirabeau envers fon mari, d'un reproche fondé fur des faits antérieurs.
L'époure, loin de rappel/er au mari brutal, féroce do~t on
vous a depuis déféré le caracrere & la conduite, qUI ta nt
de fois. le rendirent coupable des mêmes in juftices, ré~ond
à [es reproches &. à fes duretés, à ce qu'on a no mme fes
out ra Q"es"
.4 1
outrages, par ces mots, ces mots inatt<lquablçs: j'en appelle
ton tribunal; il a toujou;.s été jlljl~ pour moi. On
ne· fouriendra pas fans don te qu Ii faIlle fep3rer pOlir une
prétendue incompatibilité née durant l'abfence , tandis
qu'on a été obligé ~e convenir que la. féparati?n ne peut
jamais être prononcee que pour des faits relaufs à la co.
habitation.
En 177 8 , nous perdons notre enf..lnt. Alors je gémiffois
dans une d ure captivité; alors tous les écarts qu'on m'a
tant reproché, tous les événemens qui one fervi de prétexte à tant d'atroces calomnies & de bafe aux moyens
de féparation allégués pour Madame de Mirabeau, tous ces
événemens étoient arrivés. Penfoit-elle à la fép aration?
Mr. de Marignane en avoit-il le plus léger deGr. L@s lenres
les plus tendres qu'ils écrivirent alors, & peu de temps après
à mon pere; ces lenres où elle demandoit A MÊLER SES
LARMES DANS CELLES DE SA FAMILLE; ces lenres appren,
nene affez ce qu'on en doit pen[er.
Non, la haine n'ell: point née dans le cœur qui diBa
ces expreffions touchantes. Non, la femme qui pleura
ainG fon enfant, n'en hait pas le pere. Non, tour ce qui
dans cet affreux procès porte le cara Be re de la haine, efl:
étranger au çœur de Madame de Mirabeau. L'indéciGon,
la foibleffe, la précipitation, la ti midité, enfin je ne fai~
quelle fatalité, I~onc. jettée dans l'étou.rdiffemen;.' dans. le
délire. Je le croIS, Je veux le croIre 31nG; & deJa, fi nell
ne s'aggrave, déja ro~lt efl: oublié; tout le fera, MESS IEURS,
agréez-en l'augure. Un momel]t de calme, & Madame de
Mirabe jlU ne m entira plus à fon cœur; un moment de
calme, & fan cœur impofera ftlence à fan imagination 1
elle bannira des craintes indignes d'elle, indignes de moi l
elle ne croira plus que le mari de fan choix, le mari donc
elle a conllU la tendreffe , dont elle éprouva les procédés,
GOnt dIe à pleuré les malheurs &; prét:lgé la refl:quratÎoq
a
f.
�42& tes tuccès; elle ne croira plus que celui dont elle a tanf
vanté la généroGté, la fenGbilité, au temps où elle ne
voyoit que par fes yeux, où elle le jugeoit elle-même &
non fur d'infideles & perfides rapports; au temps où fans
<loute il était loin du degré de mâturité que l'âge & le
malheur lui ont donné, mais où il ne fut pas plus méchant
qu'il n'ell: & qu'il ne fera, elle ne croira point que ce
mari la redemande pour être fan tyran; elle ne fera pas
cet outrage à fon cœur; elle ne fera pas cette injure à fon
efprit; elle ne craindra pas qu'il abufe de fa viétoire; il
ell: fi doux, il ell: fi facile d'être clément & généreux,
quand on ell: vainqueur! Ah! fi 'Ie déni de Jull:ice peut indigner jufqu'à l'atrocité une ame énergique, un moment
de fuccès attendrit, pénetre, échauffe un cœur mâle &
généreux. Non, je ne la redemande pas pOllr être fon tyran;
je ne fuis point atroce, je ne fuis pas frupide. Eh! qui
qui donc pourroit être heureux, en tourmentant la compagne de fa vie! Et quelle vengeance plus noble & plus
complette me rell:e-t-il à prendre de tant de calomnies,
de tant d'outrages, qu'une conduite qui démontre que je
ne les méritois pas! Puis-je mieux répondre à l'imputation
de ferocité, que par la douceur & la modération! à l'accufation de machiavelifme que par la loyauté & l'oubli
des injures! Qu'oppofer à l'horrible tableau qu'on a tracé
de ma vie entiere, fi ce n'efr une vie déformais irréprochable? Ils n'ont pas rougi de publier que je fus mauvais
mari, mauvais pere; & moi j'ofe dire; fi le Ciel me réferve d'être encore pere, je ferai ce que je fus, le plus
tendre des peres, & d'autant plus tendre, que je fus plus
malheureux. Je ferai bon mari, parce que je le fus, & parce
qu'on a pu croire un infl:ant que j'aurois été plus excufable
qu'un autre de ne pas l'être; je ferai bon mari, parce que
battu depuis G long-temps par les orages du fort, je fais
mieux qu'un autre qu'il n'ell: de bonheur que le bonheur
'43
oomefl:ique: tout le rell:e efl: fituation. Cela feuI ell: un
état· & ce n'ell: point à trente-quatre ans, avec trop d'expéri~nce & que~ques lumi~res, .qu'on facrifie l'ét~t à la fitua tian ; je [eral bon man; OUI, MESSIEURS; daIgnez me
mettre à même de l'être; rouvrez-moi la carriere des vertus
domell:iques; que je voie en vous mes ~égén.éra.teurs, & je
jure entre vos mains, à la fa~e du P~.bhc qUI faIt. des vœux
pour moi, & qui ne les ferOlt pas, S II me croy?lt ~apable
de tromper [on attente; je jure de regarder la jull:lce que
vous allez me rendre comme un bienfait, & de ne donner
jamais lieu à l'homme fenfible de pleurer fur ce qu'il aura
fait comme Magifl:rat inflexible.
HONORÉ-GABRIEL DE RIQUET!, COMTE DE MIRA.BEA.U)
fils~
JAUBERT, Avocat.
CARBONEL, Procureur.
Monfieur DE CALISSANNE, Avocat-Général, portant
la parole.
1
1
A AIX, chez ANDRÉ ADIBERT, Imprimeur du Roi,
le ColJege. 1783.
Vi5-à ~ vis
\
�13
~~
__~~ G___
~~
~~~~=~-m,r;~~--;~='m'iC~
POUR LE COMTE
DE
MIRABEAU.
~====~===
~
P R l N C l P E S.
LES torts d'un mari, pour qu'on puiffe les préfencet'
comme des moyens de féparation, doivent être
PERSONNELS A LA FEMME. Les torts étrangers aux devoirs du mariages ne peuvent relâcher des engage mens
dont ils ne font point la violation.
GRA YESo Il faut que le malheur de la femme faffe teIle~
rnenc oublier les droits du mari, que ce malheur ne permette plus au Magifirat de s'arrêter, ni au déshonneu r
qu'imprimera fon jugement au mari, ni aux fuites funefies
des féparations, ni ail fcandale dl1 fpeél:qcle qu'elles offren~
à la Société.
R ÉCE NTS. Les réparations n'étant jamais définitives parmi
nous, les 'torts anciens du mari ceffenc, après un certain
période, d'ê tre des moyens de féparation.
RENOUVELLÉS. Pour rendre vraifemblable cette impref1
fion profonde dont la femme le plaint, & parce qu'un des
premiers devoirs des époux efi de fqpporter leurs torrS réci...
proques.
Ces torts doivent rendre k V~E INSUPPOR TADLE A LA,
FEMME. C'efi l'exprefiion dont fe fervent tous les Auteurs i
& Madame de Mirabeau elle-même J'a adoptée .
•
•
.-
�ft
Enfin, le malheur que caufent ces torts doit étre rel que
la fé,Parati?n LE F!,SSE CESS.liR ?U LE PRÉVIENNE, fans quoi
la feparatlOn ferOit un remede I1lefficace dahs le premier cas;
inutile dans le fecond.
APPLICATION DE CES PRINCIPES.
LES DETTES? Elles feroient tout au plus un moyen de
féparation de biens, & non d'abitation.
LES PRÉTENDUS EMPORTEMENS ENVERS DES TII!RS? Ils
ne font point parti€ de cette fûreté perfonnelle que la Loi
garantit à la femme.
3
exi!l:oit
une tranfaél:ion fignée & librement exécutée par les
,
epoux.
LES SÉVICES? Ils ne font ni précis, ni caraél:érifés, ni
récents, ni prouvés, Di admiffibles, ni vrais, ni vraifemblables. La correfpondance de Madame de Mirabeau ne
permet pas de croire qu'il en ait exifté pendant une cohabitation fi regrettée; auffi Madame de Mirabeau n'en a-t-elle
point ,offert la preuve, & la lettre du 28 Mai 1774, lue à
l'Audience du 23 Mai 1783, les exclut par l'hommage que
l'épou{e rend à la MODÉRATION du mari, dans un moment
fi voiGn de la fin de , la cohabitation, & d'après lequel on
peut juger de taus les autres.
L A PROCÉDURE DE PONTARLIER CONSIDÉRÉR DU CÔTH
DE L'HONNEUR? Elle n'dl point infamante; la peine ne le
feroit potnt; l'exiŒence d'une procédure dont l'accu{ateur
s'e1l: départi l'dl: bien moins encore. Et le fût-elle, qllelle
que [oit la procédure, on ne fépare jamais pelrdant procès.
. LA DIFFAMATION ANTÉRIEURE AU l'ROCES? On n'en a
ni preuve réelle, ni preuve légale.
. Madame de Mirabeau a cité UN MÉMOIRE IMPRlMÉ AU
NOM DU COMTE DE MIRABEAU; il était alors ab{enc du Royau~
lne; on ne prouve pas qu'il en était l'auteur, & il e!l: con~
venu qu'il fut impri mé à fan infçu par le fait d'un tiers,
LA PROCÉDURE DE PONTARLIER SERA-l'-ELLE COMME
POUVANT ETRE RENOUVELLÉE? Le renouvellement en eU
impoffible puifqu'il ne s'agit que d'un délit privé : on ne
fépare point d'ailleurs [ur des poffibilités, & je fllis réputé
innocent, tant que la procédure n'efl: pas rep-rife.
Sa mere difoit, dans un Mémoire imprimé au Parlement
de Paris, que le Mémoire qui contient ce qu'on, appelle la
diffamation étoit de [on fils --- Qu'importe ce que difoit le
LE JUGEMEN1: DOMESTIQUE? Il n'exifl:e- point, & ne
prouveroit rien s'il exifl:oit. La convention du 2T Mai 177 6,
dans laquelle on ne s'occupa que de la réparation de biens,
dans laquelle fes deux peres paél:i{erene POUR L'EURS ENFANS,
défend de croire q_u'on ait voulu réalifer la féparation de
~orps. L'équité exclut t6ut jugement domefl:ique, où le
Jugé n'auroit été ni appellé , ni entendu. Enfin, fi des ArrêTS
Ont homologué des jugemens domefl:iques, c'eft lorfqu'il
,
défenfeur de fa mere fur un fait dont il n'avoit pu être
témoin?
Il
Madome du Saillant écrivait à fa helle-fœur en 1776 que
le Mémoire était de [onfrere. --- Elle n'avoit été témoin de
rien, & ne par\oit que d'après le Marquis Mirabeau fOll
pere.
Le Marquis de Mirabeau écrivoit à fa belle-fille le II
Juin 1778, que ce Mémoire étoit le recueil de trois que [on
fils fit pour le Miniflre, dans le tems où il était arrêté & plai1
doit fa caufe; il ajoutait: vous aurù::poujours le te ms d'atta ..
quer en jeparation , . car le mémoire ne périme pas. --- Mais le
A 1.
\
�_
4-
Marquis de Mirabeau avoit déja écrit en 1776:" On voit
" clairement qu'il n'a pas fait imprimer ce Mémoire. " Il
ajourait dans la lettre. DU 1 1 JUIN, 17Z8 : '.' on. fe, trompe
" grandement de croire que le MemOire Impnme foit Un
" motif valable de féparation, &c ...... Votre mari fou~
" tient qu'il n'ell point de Ion fait, & IL LE PROUVE. Il
" écoit en Hollande, & le Mémoire efi imprimé à Paris &c.
" Ces Mémoires étoient fecrets, & la diffamation ~'efl:
" devenue publique que par le fait de ....... qui fit im" primer le Mémoire fur une copie envoyée à .... " C'EST
" CE QU'IL PROUVE. "
Le Marquis de Mirabeau ne croyoit . donc pas lui-même
que ce Mémoire flIt un moyen de féparation.
Mais par cela même qu'on ne prouve pas que la publicité foit du Comte de Mirabeau, on n'a aucune certitude
qu'il foit l'auteur du frag ment qu'on lui impute; car par
quelle voie établiroit-on l'identité de ce fragment, avec
ce qu'il peut avoir réellement écrit?
01'1 cire une lettre du Comte de Mirabeau au Bailli de
Mirabeau fon oncle, dans laquelle on lit ces mots: mes
larmes ne peuvent effacer le délit de mes Mémoires imprimés--Mais où efl: la preuve que ces Mémoires amérement regrettés fùffent ceux où il efi quefiion de Madame de Mirabeau? Mr. le Bailli lui-même a écrit à fa niece, " que
" les erreurs de fait manifefies dans ces Mémoires ne per" mettoient pas de croire que fon neveu en fÎlt l'auteur. "
D'ailleurs, comment le Comte de Mirabeau auroit-il 3voué
à fon on.cle une diffamation que dans le même temps il
defavouOlt auprès de coute fa famille? Il écrivoit à-peuprè.s da?s le même temps à Mr. de Marignane: " J'ai vu
" Im~n~e: fous. mon nom des chofes que je n'avois ja" ~a~s ecnte~ alfl[~, & fur-tout que je n'avois jamais def" ~Ifl,~es à. VOir le JOU(,. cont~e lefquelles j'ai réclamé avec
" lflolgnatIOn; ce que Je pUIS prouver par des lettres au-:;
~
" thentiques. " Il écrivoit ' alors, il a écrie depuis les
mêmes chofes à Madame de Mirabeau; il faut joindre à
ce déîaveu celui de tome îa conduite, les éloges donnés
à [a femme dans tOllS les écrits pofl:érieurs, & îur - tout
dans les Mémoires de Pontarlier.
On n'a donc pas le témoignage de fa famille; fi on
l'avoit, il ne pourroit exprimer que des conjeél:ures; car
qu'en réîulteroit-il , fi on le transformoit en dépoIirion? Que
des gens qui n'ont rien vu, ont atteÜé ce qu'ils préîumoient.
Enfin cette diffdmation ne pourroit être comparée à
celles dont fe pl a ignoient la Dame de Seveyrac, la Comtetfe de Sourches, la Marquife de Goni, & la Comtetfe
de MontboifIier accuJèe d'adultere auprès du Minifire; elles
ne furent cependant point féparées. En effet, la diffamation n'étant un moyen de féparation, que comme afiimilée par la Juriîprudence moderne aux févices, il faut
qu'elle en ait tous les caraél:eres . . Or, celle dont il s'agir,
n'eH ni PRÉCISE, Plliîqu'elle efl: fuîceptible de mille interprétations; ni GRAVE, puiîqu'elle était inconnue dans cette
Province, avant que Madame de Mirabeau en eÎlt parlé;
ni RECENTE, puifqu'elle efl: de 1776; ni RENOUVELLÉE ,
puifqu'elle a été défavouée dès qu'elle fur imputée au Comte
de Mirabeau, & que fes Mémoires de Pontarlier, bien plus
publics que les autres, renferment l'élope le pl~s flatr~ur
de Madame de Mirabeau. Enfin cette pretendue diffamatIOn
n'efl: point un motif fufl,iîant pour féparer, puiî9ue Madame
de Mirabeau crut au defaveu de certe diffamation, & defira en 1778 D'ALLER AU BIGNON I?ANS LE SEIN DB SA
FAMILLE.
r
Il
L'ADULTERE! Que cite-t-on pour le prouver?
La plaillte de Pontarlier; elle ne parle que de liaifons
intimes, & non d'adultere.
\
�6
La procédure! La Cour ne la connoÎt pas, & ne peut pa
la juger. L'acc uCateur ne s'en Cerait point départi, fi ell~
avoit été inconcluante.
La Sentence! Elle eil: tombée par la repréfentation. Le
Comte de Mirabeau feroit mort integri jatas dans les cinq
ans; à plus forte rai[on eH-il Î!ztegri jlatûs , puiCgu'il s'efi
repréCen té. Ce titre inutile pour l'-acculàteur, l'eH: bien plus
pour la femme de l'accuCé.
La tranfac7ion ! Elle exclut le délit, plutôt qu'elle ne le
prouve. On dit qu'elle ne détruit pas l'adultere; mais ce qui
ne le détruit pas, ne le prouve pas.
Les facrifices que l'oulut faire Madame de M ...... C'efi
qu'elle [e croyoit coupable par [a fuite feule. Il n'efi pas
néceffaire pour cela de 11 [uppoCer adultere.
La nomination d'un curateur, dans laquelle un enfant de
la Dame de M . ..... efl appellé bâtard adulterin! C 'efl: une
procédure faite par l'accuCateur lui-même, & gui ne
prouve ni J'adultere, ni fur-tout J'auteur prétendu de
l'adultere.
Les lettres du Marquis de Mirabeau! Elles ne renferm ent rien de relatjf à J'ad ulrere. Dût - on rega rder un PERE
comme tém oi n, témoin contre fan FILS, ce qui eil: impoffible, il ne parle que [ur des oui-dire.
les aveux du Comte de Mirabeau dans [es défen[es! Il a
raifof)flé dans une fuppolltion connue telle.
L'aveu renfermé dans une dl! fls lettres écrite en l777 dll
DonFJ/l de Vincennes cl Mr. de Ma rigllane!
Le Comte de Mirabea u ne parle dans cette lertre que
d'après les bruirs publics; , & il s'en faut bien que l'aveu
foit fo rme l. UN HOMME MOINS JUSTE TROUVEROIT .....•
UN HOMME MOINS JUSTE ME DIRO IT QUE J'AI vÉCU.....•
Cette femmff s'é-tant jeuée, SI L'O-N VEUT, dans mes bras.
Le fé jour 'du Comte d{! Mirah<!au à Vincennes & le
genre de fec ours qu'il invoquoit ) indiquent alfez que ces
7
prétendus aveux étaient alors ceux de fa lituation, plurdc
que ceux de la vérité. Efi-ce en difpuranr avec Mr. de Marignane Cur la vérité ou la fa uffe~é des faits r.épandus filr fdn
inconduite que le Comte de MIrabeau auraIt pu le toucher?
Cette lettre [eroit d'ailleurs rejenée du procès, d'après
les principes avotléi par Madatne de Mirabeau, qui[gu'elle
he renfermoit aucuns engagemen!, & que la communication.
qui en eJl faite efl tvidemment contraire cl fa dejlinacùJn actuelle.
Enfin au criminel même, l'aveu de l'ac€ufé ne fupplée
pas aux preuves; & au civil, la confeffion extraordinair6
n'en tient affurémenr pas lieu, ou du-moins n'efl: qu'ull
commencement de preuve.
,
L'adultere n'efi donc pas Ugalement prouvé. Les pteuves
en ma tiere de réparation doivent être <iependant bien ri..
goureuCes, & puifqu'on ne fép;ireroit [ur [évices qu'après
1:lI1e enquête; les préComptions ne [uffiroient-elles que lor[qu'il s'agit, d'un crime?
Un autre Tribunal [ur - rout étant invefii de la procédure légale qui feule pourroit le confiater, ce [erGi~ a(furémenr réaliCer les charges fans les connoÎtre, & Juger
indireaement une accuCation dont per[onne n'ignote que
le Comte de Mirabeau ferait déchargé, fi la procédure·
pouvOlt erre encore Jugee . , .
..,
En droit, l'adultere dont Il s'agIt ne [erolt palOt 1 adultere de la Loi; & s' il efi vrai que les Loix Romaines
doivent juger les catl[es de [éparation, ce qui certainement efl: très-difputable ,puifque ces Loix n'admettent que
le divorce, & non pas les [éparations, on n'échappera jamais aux textes [uivans.
La Loi confenfu de TheodoCe exigeoit ou l'adultere in
domo ar! comtemptum mulieris & ipfâ infpicierzte ,ou l'adultere dont il fallait [ubir la peine, parce gue la cond amnation était prononcée ,.Ji condemnatu~ inv,enerit. La No~elle 2.2) qui ne fait que rapporter hlHonquement cette
•
A
•
,
�8
Loi, fubllitue delinquentem à condemnatum' & cette '
~iatj6n ne fût-elle pas très-équ ivoque ro~jours fau~no.n.
II recourir à la Loi même citée par Juftinien . mal's rOlt.
L .& 1 N
'
cette
?I ' a
ovelle 22. elle-même font expreffément abro
gees par la Novelle 117.
•
Or, cette Novelle, après avoir dit qu'il y a pl fi
r
1ri'
U leurs
cau les pour elque les Il n'ell pas raifonn able d'ac d
le d'Ivorce, les re' d'
Ult à un certain nombre qu'eUCOrd'er
clare
déformais les SEULES ' has err:.
fil e ,;;r; devoir
.être
'
pce 0 as cauJas
d lJpommus. Parmi ces caufes font l'adultere in do
contemnens eam ...... ou l'adultere aétuel & public dma"'I'"
•
V'lI
. l 'A
ans a
meme . 1 e, ~~ ~ la domo & in eadem civita te , qui n'e1l:
pas mOins un leVlce & une fource de mauvais traitemens
po~r la ~emme , p~r~e que fa rivale ell fous fes yeux: Si
debens zn eadem ClVlt~te, in aliâ domo mm aliâ mufiere
fin:quenter manere convzncitur, & .(i Jeme'. & quandà culpatus
p er foas parentes aut per muheres hUJufmodi injuriâ n
a.bflinerit. ~ar s'il revien:, dit Godefroy, il n'y a pl~~
lIeu à la pelOe, refipifcentt pœna non irife rtur.
Que fi l'on poua:oit l'abus de l'érudition jufqu'à oppo.
fer au Comt~ de Mirabeau un des Capitulaires de Charlemagne , qUi donne pou.r c~uf: de divorce la prollitution
de la .femme par le man, Il tuffiroit de la plus légere
!!ttenrlOn
. eJus
. EAM
d 'pour s'affurer que ces mots , Jil Vlr
a ulteravem, ne peuvent lignifier Ji le mari efl adultere
ADU~TERARE veut dire GATER, CORROMPRE. Le Comte'
d.e MI~abeau l'a prouvé par les Gloffaires, par les Die~onnalres & par les exemples tirés des Loix même de
harle.~agne, fi étrangeres d'ailleurs aux féparations du
Ix -hUICleme fiecle.
Vadultere
d ont 1'1"
.
s agit, & qui n'autoit pas fuffi pou r
le divorce, ne peut donc pas fuffire pour une féparation
que ~ous les Auteurs, d'accord en cela avec le bon fens '
conviennent être plus difficile à obtenir.
'
C et
d
9
Cet adulrere ne ferait pas le délit de la cohabitation;
il ne fuppoferoit ni mépris, ni préférence injurieufe; il
n'auroit pu caufer à la femme l'humiliation réfultante d'un
adulrere commis fous fes yeux. Rien n'annonce dans la
conduite de Madame de Mirabeau qu'elle ai t regardé cet
adultere comme une fource de malheurs pour elle. Cet
adultere n'dt donc ni perfonnel, ni grave, ni récent, ni
aauel, ni craindre.
N'eH-il pas inoui d'ailleurs qu'on ait jamais puni par la
féparation , d'autre adultere que celui qui a pu inr éreffer
la cohabitation? Dans l'efpece , cette cohabitation a été
interrompue par force majeure; le mari étoit retenu à deux
cent lieues de fa femme; fi les devoirs des époux les fui~
vent par-tout, mille circonllanoes n'en modifient - elles
pas la violation?
La Jurifprudence eH encore plus favorable au Comte
de Mirabeau; comme elle ne tend qu'à la reconciliation,
elle efr bien éloignée d'approuver le reffentiment de Ii:\
femme pour des torts anciens.
Une foule d'Auteurs parlent des moyens de féparation)
fans y comprendre l'adultere.
D'autres, tels que Pothier, n'en parlent que pour l'exclure. _
Ceux qui l'admettent, tels que Cochin, fe bornent à
l'adultere in domo qui dégénere en févices, & rend la vie
infupporrable à la femme.
Plufieurs foutiennenr que .cet adultere même n'ell pas
un m yen de féparation, s'il a été exempt de mauva,js
traitem ens, & n'a pas caufé le malheur de la femme.
L'adultere même in domo ne ferait point admis, s'il
avoit été paffiger, IX s'il n'était qu'ancien.
Il eft inoui qu'on ait cité dans aucune caure l'adultere
public qui n'éto it pojnr. in domo, pour tout autre objet
que pour rendre les févices plus vraifemblables. AinU
a
fi
•
�10'
la prétendue dil1:inétion de l'adultere fcandaleux ~ &: de
celui qui ne l'ell: pas, n'el1: fondée fur aucun Arrêt; elle
feroit tout au plus colorée par quelques Auteurs canoni.
ques, qu'on ne peut fans abfurdité citer en matiere civile
dans les Tribunaux Francais.
,
L'Auteur du traité de l'adultere dit expretrément que l'a.
dultére fcandaleux doit être accompagné de mauvais traitemens, pour fournir un moyen de féparation.
Et quel adultere pourroit être plus fcandaleux que celui
dont- on accufoit le Comte de Montboiffier!" 11 entre" tenoit publiquement une concubine Cl.ont il avoit eu
" plufieurs enfans qu'il faifoit haptifer fous fon nom; il ne
" nioit point ce commerce, & fe bornait à foutenir que
" l'adultere n'ell: point un moyen de féparation parmi
" nous." La Comteffe de Montboiffier fut cependant déboutée de fa demande, par un Arrêt que tout le Royaume a trouvé digne de fixer la jurifprudence fur la matiere
des féparations.
Qu'entend-on d'ailleurs par le fcandale? Si c'ef!: la publicité, tout concubinage connu fera fcandaleux ; [ur quoi
il ef!: même à remarquer qu'ici le [candale fut l'ouvrage
de ceux qui privent la procédure, & non pas des accufés.
Si l'on entend par fcandale les circonfiances qui peu·
vent aggraver le délit, on les fuppofe donc prouvées.
Il n'y auroit d'ailleurs point de fcandale dans le fait
dont il s'agit, ni pour la France qui ne voyait pas les deux
prétendus coupables, ni pour la Hollande qui ne les connoitroit pas.
On cite pour dernier moyen de féparation LA DIFFAMATION RÉSULTANTE DU PROCÉS, c'efi-à-dire, la leél:ure
de la lettre du 28 Mai 1774,
Mais pendant le procès il faut juger les époux comme
plaideurs, & non comme époux.
Il
Ùn n'a point calomnié Madame de Mirabeau, fi la lettre
ef!: réelle; & Madame de Mirabeau ne l'a point défavouée.
On n'a pu la diffamer, pd.rce qu'il en impoff(ble qu'une
lettre écrite par elle l'ait diffamée.
Dans les procès de cette nature, où il ne s'agit que de
juger les torts des deux époux, la divulgation des verités
facheufes ef!: la fuite néceffaire de la demande en féparation; le Comte de Mirabeau l'a pL"Ouvé par des exemples
tirés d'une foule de caufes.
Il n'a parlé de la lettre que comme -d'un tort, & ce font
les défenfeurs de Madame de Mirabeau qui ont cru devoir
l'aggraver pour en faire un moyen de féparation.
Madame de Mirabeau crut li peu d'abord que la lecture de cette lettre lui fournît un moyen de féparation,
qu'elle a écouté depuis l'Audience de 23 des propoutions.
de paix.
Cette lettre était d'ailleurs un moyen invincible de défenfe contre lell févices allégués dans le Mémoire 'imprimé,
& dans les plaidoiries de Madame de Mirabeau, puifqu'elle
annoncoit
un fait de modération incompatible avec des fé,
vIces.
Elle répondoit de même à cette objeél:ion, qu'on ne
cetroit de faire pour Madame de Mirabeau, que fa fûreté
perfonnelle feroit compromife, fi on ne féparoit pas.
Le Comte de Mirabeau pouvoit-il être infenfible à cette
horrible imputation? N'était-il pas de fon devoir de raffurer le public & les Juges fur les craintes injurieufes que
témoignoit fa femme? Et quelle preuve plus raf!'urante pouvoit-il donner que la lettre de Madame de MIrabeau ellemême, qui faifant connoître la MODÉRATION PERSONNELLE
A ELLE, dont avoit ufé fon mari dans une circon!l:ance
infiniment délicate, & dans un âge où la vivacité trouve
facilement des excufes, ne peut laiffer aucune inquiétude
•
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13
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& c'efi pour ces deux faits anciens & non renouve es qu on
{ur les dangers que Madame de Miraheàu paraît craindre '
pour (a sûreté perfonnelle?
C'était fi 'bien 'là l'unique motif du Comte de Mirabeau
que non feulement il n'a pas rendu cerre lettre publique'
mais qu'il a pouffé le ménagement jufqu'à n'en pas cotntnu~
niquer l'adreffe (1).
la demande: CE QUI EST ENCORE SANS EXEMl'LE.
Le troifieme, c'e{1: que bien loin d'ofhir la preuve légale des faits allégués, on (e borne aux préComptions les plus
frivoles: quoique la féparation ne puiffe être prononcée
contre le Comte de Mirabeau, fans entacher fon honneur
comme homme civil, en le déclarant coupable d'une diffamation & d'un adultere dont on feroit forcé de l'abfoudre
dans une infl:rllfrion légale: CE QUI SANS DOUTE SERon
ENCORE SANS EXEMPLE.
Que -re{1:e-t-il donc au-procè's? De l'aigreur? Ouvrage de
toUS les procès en féparation ; elle n'en efi point un moyen.
L'aigreur ne peut être d'ailleurs que récente, puifqu'en
1778 , lorfque tous les faits dont on (e plaint étoient connus, Madame de Mirabeau. fe propofoit de venir au Bi-
gnon mêler [es larmes à celles de
HONORÉ-GABRIEL DE RIQUET!, COM:rE DE MIRABEAU, fils.
fa famille.
JAUBERT, Avocat.
Elle ne peut être que légere , puifqu'il a été quefiion pendant le procès de plufieurs projets de conciliation, dont
la rejonfrion , quoique différée, a toujours fait partie.
CARBONEL, Procureur.'
Il réCulte de ce que l'on vient d'expo(er , que la demande
en Céparation de Madame de Miràbeau a trois caraéteres qui
la difiinguent de tQute autre, & qui ne permettent pas de
l'adopter.
Le premier, c'efi que les Moyens que l'on allegue, étant
pQfl:érieurs AU TEMS DEPU"lS LEQÙEL LES ÉPOUX NE SE SONT
PLUS REVUS, la demande en Céparation n'efl: fondée (ur
aucun fait relatif à la éohabitariôn : CE QUI EST SANS
"
E~EMPLE.
Le feéond, c'efi que la fé'paration ne pourrait plus être
continuée aujourd'hui pour llne diffamation & un adultere
commis depuis huit ans, fi elle avoit été alors prononcée;
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(1) Le Comte de Mirabeau a fait imprimer des Obfervation~ par~
\ku1i'eres fuf ce prétendu moyen de fép'aratÎ'otr.
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A AIX, chez ANDRÉ ADIBERT, Imprimeur du Roi, vis-à-vis
le College. 1783,
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SERVANT DE
RÉPONSE
POU R Joreph-Antoine Roman, Ménager dl!
lieu de la Javy , héritier tefiamenraire- de
Jofeph Roman -fan oncle, ep fan vivant ,
Aubergifie de _la Ville de Mar[ei)le , Appellant de Sentence rendue par le Lieutenant
de la même Ville, le z. ShPtembre J 779.
CONTRE
Cl
Les Hoirs & Héritiers de la DemoiJdle Anne
. Bonifay, veuve en fecondes N6ces dudit
, . Jofeph Roman, Imimés.
·
U
NE lemme a fait des acquifitions très-
"
confidérables pendant fan mariage, à l'in[çu
de [on mari. Elle n'a eu aucun commerce particulier & réparé. Elle n'a pû les ayer qUè
A
\
�1-
de j'aigent de fon ..mari. Le prix - de ces acqui.
iitiônk doit-il être rendLt aux héritiers de ce
derni~r, où les héritiers dé la femme ' doivent_
ils p/rofiter des avahtàgèS iriJufies qu'-elle s' efi
pr(j)c~rée ? Telle efr la quèftiblI fdutnife au lu.
t de 1a.:Co.ur.
r:-.
.
1
L Lteutenant a jugé que les hérItier' de
la . 11 mrué po votent tout garder. Rom1na
app~.bé de . cette Séntence injufie, le joùr rrlême
qu~elÎe a été rendue. Le cfétail des faits . &
l'examen des objeél:ions d~s Ad.verfaires , prouverdnt que cet appel eil: fonùé en princjpe & en
rai[0n. _
geinI
..
1
FA 1 T.
~"
.
Anne . Bonifay ùu, Ije~ de Cuges ( 1) _vint
ci Màffei.Ùe· pour y .~rvir '& gagrler fa vie;
tdmÎftè f~nt tanÉ d~ filles du peuple qt.li quittent
letifs llialfons pour échapper à , la mifete. Elle
fut àlIèz.- heureufe que de fa!t-e ·là conI1oifiànce
de Jeafi Lyon; voitUrier qui n'avoit pas O'rand
chore- J !nais t3tiur qui n'a rien ,-· quelque ~ho[e
v~ut beaucoup. JI y a apparence qu'il ne fût
faIt aucun contrat -de tniriage ehtre eux. Leurs
héritiers n'en ont point communiqué.
,
,
(1). Les, Adv~rf~irès qui voyent tout en grand ,
Ont dIt qu elle etolt de la Ville de Marfeille. Son
cQnt~a~ ~Ii rnaHagè, ave~ 10fèph Rornàn, prouve le
contr~~e : elle s y dIt : Anne Bonifiiy; fille de
Françol~ & de foue . Magdeleine BOTtifilY, originaire du
lieu de Cuges.
'
•
"
J
De Voiturier q,u'il étoit ~ '. ce Jean J,yon
devint un méchant CabaretÎ'et, ou fi l'on veut,
il fue Voùurièr & Cabaruier tout enfemble :
on peut admê~tre cette ftippofition des . Adverfctires.( Ses 'V{')JÏttires & ' [on Cab-àret ne
l'em:i'chlrent _point. On peut en juger par fon
tefiathettt. Il
Tégue trols livres à Catherine
Giraud fa mete pour tous, droils, & à chacun
fie [es enfans la fomme de telu livres· payables
aUx filles à leur mariage, & aux mâles à
l'âge de vingt-cinq ans, POUR TOUS
DROITS D'INSTITUTION, SUCCESSION LEGITIME QUE ·SESDITS E NFANS POURROIENT DEMANDER ET
PRETENDRE SUR SON BIEN ET HERITAGE. Quelle fortune que célIe d''un homme
dont las enfans ont 100 liv. de légitjme? Encore Jean Lyon avoit-il été co-héritier de Louis
Lyon fan frere. Que l'on juge des ~icheflès
de ces deux hommes , & fi: les Adver[alres ont
bonne grace de dire que la fucce{fion de Jean
Lyon devait être d'une certaine importance,
flit relativement au double commerce de. J('~~
LyoT!, fo~t parce que Jean Lyon avaIt ete
co-héritier de Louis Lyon fan frere . .
AuŒ Anne Bonnifay ne fit-elle procéder à
aucun inventaire, & [es -enfans ne l'ont jamais
recherchée à ce [u~et ,parce qu'ils [çave?t. que
c'était de [a part un aél:e de bonne admlmfiration' on n'a point d'inventaire à faire là 011
il n'; a rien, ou lor[que les frais abforberoient
ce qu'il y a.
Mere · de -quatre enfans, Anne · Bonnifay fi t
J
y
�4
tous [es effbrts poVr Jes nourrir, & gagner quelque
chofe. Elle tenoit en arrentement l'Auberge des
deux Po~mes, à Marfeille, & fes foi!1s y
ayant , ~pparemment attiré une certaine affluen.ce
de Muletiers, ou autres Rerfonnes , , ~lle fut
aŒe~ heureufe ,q ue de faire qùelques épargnes
qu'elle employa à a~heter une m~ifon à l~ Place de
l'Auriol pour le pnx de 6750 hv. , dont elle ne
paya peu à peu que la moindre par~ie.' ~lle
fupportoit l'intérêt d'environ 4000 livres en
1746 .
.
A cette ép'oque fa fortune confiftolt 1°. en
.la maifon dont on vient de parler , & dont elle
n'avoit p~yé que 3454 liv.; 2 Q• en 1007 liv.
qui lui étoient dûes par les nommés Turre! & '
Pecôul; 30. en' 550 liv. qu'~lle avoi~ à repeter
fur les fucceffions de fon ayeul & de fes pere &
mere , ainfi que cela confie au procès ; 4 en
la valeur des meubles, dem:ées & effets de
l'Auberge des del:lX Pommes dont elle était
locataire, & ·qu'elle évalua elle-même à 71101.
ainfi qu'on va le voir; ce qui formait en tout
une fomme de 12121 liv.
C'efi à quoi fe réduifoient tous les biens
, d'Anne Bonifay, ,ceux qui lui étaient propres,
ceux qu~elle avoit recueilli de fon mari & de
Louis Lyon fan beau-frere, fes profits , ~e s
épargnes, en un mot, tout ce qu'elle poffé.dolt.
C'efi un point eflèntiel & que l'on fupphe la
Cour de ne pas perdre de vue.
Anne Bonifay était dans cet état, lorfqu'elle
fe maria avec Jofeph Roman. Leur contrat de
mariage efi du 17 J,oût 1746. Elle fe confiitua
.
en
0
•
)
,
,
-.
"
en d~t la fomme de 7.11,° liv. à laquelle 'on iixa
le pnx de fes- cotfr-es & {le tous les me4blés ,
denrées & effets ' qui fe trouvoient dans ' f'Àubei~e des deu.x 'Pommes, qui appartinr~nt' au
man dès ce · nt01Ïlerit.l' II fe chargea même de
l'exploitation de J' A~be'rge " . & ' promit de décharger ladite Bonifay de l:''âfrenteme~t dudit
Logis & d'en . Jaire Jo'n fâit -è;- caufe propfè.
L'Auberge ceffa donc 'd'appartenir à Anné
Bonifay.. Jofepll Roman en' devint lùcarajre' in
même ,temps qu'if acquit tout ce qui
ctou:.
voit " & . par ce virement , ~ AfJne Bonifay cellà
d'être chez elle. Elle fut chez fan mari. Cefi
encote une circonfiance efièritiellé à remarqlJ er.
. Il. ,ne ·l'ell: pas moins .d' ob{erver qu'Ahne
BOillfay , ayant doaoé en ' aot à fon mari .1e'S
'7 110 liv. de la ' valeur de. .tqut~l ce qui fe troü~
voit dans .l'Auberge " c'e-fi'iutant de r~tr:anché
fur {a fortune que nous av6n& ne ~ fi ;ît1ônter
qu ~à J 1 21 21 liv. Il Qe (lui ' refia' ,dpnc e~ ~iells
paiaphemaux,'que. ' 5~(ü 1iv.~ ; nont 3454 'étoieÎit
déja -piacées . fùF ', u~ -mai{on. ".C'é(t '~veç \éèt:t;~
fortun~ ~u~ l' ori veut .qu' An~e ~~n~~ay ait ~aIl.rré
.2.000 I.tVl. a fGn fi.~9-; pa-r {on con,trat de manage;
du 13..M ai- 17'51 ,- -& ~u' elle ait Tartlégidniemenc
pOUt Î: 7oob'"Iiv. d"aéquifitioîisi.. Ma~s n'anticipons
1·<....
...... u"... ... 1~'1,J~
rl'en ,. 1 .....,. ..
J ofeph ' Roni~ etoitl à' Marfeill~ depuis· longtemps. ·:n y avoir~ l1fj Grolumêrce
; . il Y était .'AlIr
ber.gifle., ~ - ainfi.::qÎ!é t prbtivè ·{on contr'!-t de
mariage ~'1!l1 avo~t- ~né , fait. des' epargnes ,
&- il '<l90ir du tomp'1:a-nt. Cet rargent verfé danf
l'Auperge' des deux.:: Poi-umes ,'2'&_Utilément employé, lui profita tellement qu'il fit dans fep t
S'y
va
1
,
1
f'
.....
B
1
�(1
ann~~ des flcquÎfit~OIl~ pour la fo 1l1 me Îlnpor ..
tatit!' dé:. 3 542.0 liv. 'Ces. 7~ ~llnées qui foht les
premieres de l'on mariage, nou~ c()nduifepc à
l#;iQQÙ 1753, A .cet~e- .,Ié poque, ~9lJ[~S les déP~rlfes. étaient. ,(<J\tes, ROql~p a,vQi t . acq'\l'j~ l'Auber~ du graqd ,St. }~an. Il: n a.v olt confequem'men~ plus de ~ ~çnt,e à pay~I'>SQn . ~.uberg~. éto~t
pOUI'(L«! '. de ço~t, .a'Gcrédlt~~',)) ~ s Il avolt faIt ,
~ne fqrt~ne Li cÇl!1lldérab!e :~n, Ji ~~e!:1 _ çl~ tems
,avec : mo.ios ~~~v~ntages, (\!1 de,volt S:l;IttéJl~Le
voir çt:tte fortune. aug{!l~tl.1er eH prqportlon
lor~qu'il Q'avQit, pour atnfi, dire " plus qu'à
.
g~gller.
,
. C' dt çependant à _cette ' mê{lle époqt.te que
finl{fe9~' fes .acg:lifitiorls : pJ.u~. d'achats ~ 'plus
de placfll1ens dep.u.~s 17 S3.,)'}oman pe~ fa.it.plus
qu'une. qlodiqye_j-cguifirion ' d,u !pri?C de 'l 1:-06 1.
en l:7(iJ, & lo~fq~'it l)1e.urc en 1.77 4 ~ . 0;t .nc
lui tr~uve qq~d r'!J.V~, .-:' "
,
Qu'dl-il dgnt , ~rpv.e . ? Ql!:él ,açcld~nc a co.u pe.
le èôt\rs rapid~ qqe 'preppi,t la ;forcune de .RomRO ? _Il ' n~en ' fal!t point -cnj!rtiher d'au~~e que
la ,~çm~t~ È~.. fa r fel1:11~el' J\lln~ Bonif'ay avo~t
quarF'i ~nfa,ni.c. B!-h'N~Illl~, ~ hE ~U~ 'n'en avolt
po~r:-ç ~ ~'l1. -(e'io,n9,. . ~lle~ c~flyol~a: l~ fO,nune. .de
fon lllf\Pj. &; Xquk~~, en :;~~!f~ ...) p.dreLa. '.~~ : en
fans·, fioon la totalIté au mOIns la meIlleure
partie. ~ 'I;lle ~y:~! l: prjs :' l:Jl1Jù~~'irct .ibf~lu . fur
Roman q~.i , ~to4- ..d'u11- ,l!aiHfe.:t.. dQu~ Jk tranquille. Elle . en ~~fa. C~ :.n~~tolt . point affez
de i'a..Y
.Q.Ïr eng,ag~" jl dot~F . toû~\ [es enfans, elle
s'appropria ~~~ l~S ' PN&~~f .les béné6ce:s ~ en
fit de~ ~cqui4tiQ9S., à. [qn qom;, & fes"acquifi., ., ....
r
,
[
>
7
tlons .qui s'élevent à plus de 24000 !iv. commencerent en 17 P, c'efi-à-dire à la même
, R oman
'
;)c;:eifa d'en faire." EUe's ,con'é poque ou
tinuereur tant qu'il vêcut, & après ta, mort
dans l'an ~e 'deuil, elle a · ,e ncore p~yé. près
de 3000 IlV. Or ~ les .AdverCaires conviennent
page 10, que Les acquifitions faites ' dans 1'année du deuil Jont cenftes provenir ex fubfianua manu, parce que Le mariage eft cenJe M
quelque façon durer encore. Nous· avons donc
eu raifon d.e dire que les acquifitions faites par
Anne Bomfay pendant le mariage, ou dans
l'année du deuIl, font un objet d'eaviron
27000 Iiv.
'
Toüt cela n'étoit pas cori'nu en détail à la
mQrç , de . Jofeph Roman. Jofeph-Ancoine .1)0m~n fon neveu .~ qu'il avoit infiirué [on héfrÎ)
tiér ~ : & ' qui · clemeure à 2. 5 lietJes de. Ma'rfeille ., ,homme limple & illitÙé,' n'e~ fçavoÏt
que ,ce, ~U'OQ ,lui avoic. di! . vaguement. Il fe
rendu a Marfel~le. O,n ~t ~n inventairç parce
~~e .:~~ne B()~lr~Y s étou ~ncore faite . l~guer
1 urufru~t des. bIens de [on .mari. Cette femme
ii16de11ë jUfqlÙU pout, ne dé,ç:1ara ~r [es a~.
<f.tÛJi~lp~s: ell~ en çacha qlême u·r,t.e
~n' ma/:j _.~--.,~
~!i~ë:rBu'elJe. poft?i{ :fur ulïe.oJl~Qpriété·- CQ.ntiguë
a ~~nle Jes fi.t:no~s., & qu:t;llfi f comptoit fe 1'-<11'l!r.?pn~ arec: ,lç ~',otfl. ..E.!1r-1s~para de . ~out
1 ~r~ept _,comR9nF ,: ne , d:~cLa{a ~que ' ~ Ij\'." &
ht,.,e.n l U1;1 mot ..to~t ce qfJ' lIe ,put pour ..affqib!lr les . refies ,,; d(~)'bél'edit~ [ ql:l;e~le aY9!c .~év;afte~. .-!,{ornan fe cont5nta de ~~o~~fi~r" .fQ~~ pâur
avolr.~ 17!· tems -d'~gir avecconq.oiilà,nce-, fojc PQur
1
• II.
1
, 1
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" H'
• 1
•
•
•
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~
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•
8
s'en procurer les moyens, fait parce qu'Anne
Bonifay avait l'ufufruit du tout, foit peut-être
parce qu.'il ct>rnptoit fur un retour de fa part.
Mais lorfqu'il fe vit trom~. lQr~qu'il vit
qu'Anne Bonifay &~ fes e n f a n ' t prefque
tout envahi, & que par leur10 .. .:r~àtions, les
donations qu'Us s'étaient' (aites faire, & les re·
pétitions qu'ils ~voient à l:xerèer, ils rédui.
foient, une héredité 'confidérabfe à la- fomme de
20000 li v. fur laquelle il lui refioÏt en<:,ore d~s
legs à payer., alors il fe dDnna des peines;
il implora fes amis, on découvrit la fn~ude:
on lui donna des ' moyens, & il préfeqta fa
Requête au Lieutenant de Marfeille le 28 de
Juillet 1778.
'
, ,
, On contefta; on ' écrivit de part & d\llître.
La queftion fut enfin fixée aU 'poipt de fç-qv~,ir
fi Anqe- Bonifay , ~ ou fait fes héritiers, ,ét6ient
obligés'à rembou"rfer le prix des acqùifitions ~faites
par leurr'mere ùc' l'argent de fOll mari, ÇlÙ s'ils '
devaiènt- les gardé'r:
'
•1
Cette - queftiç>Il " était fimpJe. ' Çependant ~pn
furprit- une Sentencè qui débtlllb
Roman
de
f
r'.:. •••,. ~ fa dem~rl~ :-!l,e "Cft du : ~~ ' ~;p.t~H1br~ 17..79,
t'
• .....~oma? ~~ . al?'P:lf~ le me,~e), )\>~ ; ,S a ,?éclara~
Uon d appel ' eff dan~ fon' fac (bus cotte T: T.
ail "a eep-endinf .l~it :ql,l'il n'31'Voi,t p~s op én dê·
clarer . qppel ,- &- . qUe ce ' n'eft, 'que' le l b Mai ;
17 82 ; .
a iirfuii[n'é cle :; l~ ~'!t~arer 'f(. iJe. Ze
réléver. 111 l'a 'd éd,aFè Je, 2" de ,Sel2 tern l;>reI;79,
le jout : Juêlne ~ <:pie. la "Sent~ncé ' a; été ' rendue.
S'il 'à t!'rdé de ~Œ,"t~ever ; c'ë:tf parée qu'~t~nt
çhilrgé~ de i6 ènfans; les moYens1.1u i dnè1man.
qué
~.
quIa
\
~,.I
,
,
9
qué ; mais fa - volonté étoit mahifeflée , fan appel déclat:é. 9n né .'peu't donc pas mieux fe prévaloir de fan inaétïon forcéé "llprès fa déclaration , qu'il Il~ pourroit le f,!iré de ce -q6e les
Adverfaires ne l"onc 'ailigné ~ ni en anticipation,
Dien défertion. ~ -,
- Qlfqiq.u'iL e"ri Jfoit ' , l~appel eiifte ~ & nulle
~on{~dération ne ,peut en d!~in'u'er l'effet. '
" F:aut-il ~ rie, faut-fI paS ':éfotmer la Sènûhcè ?
Ç~fl tout ce ,qzie' nous avons à examiner. ; Les
in'tÎlnés ont raifon: mâis avant de nous 'Ji~rer
~ cer examen. " fixons les idées, d~après lès' i6tÏmés
eux.mème~ page 9' de leur Mémoit~ iml .
pnme.,
., _.
J.) Si la Sentence pou voit êtrê réformée, "fans
» doute il faud/oit adjug~r ' à ') R~:imari non:feu ~
;) lerncnt le prix aes acquÎfitiôns faites par Anne
» Bonifay, & payées pen.dan,c fôn fecadH ~ ma
») iÎage ',- & les intérêts des fommes for,lt111n't le
» prix de ces acquihtions, ' mais encore Î les
» 24~o "live 18 f. payées par Anne Bc;mifay
)) dans. l'année dû deuil. Toures ces adjudica)) tions ' ne feroient qu'une - ço~féque'nèe db
» principe, que la femme n~ayarit rie~ d.e libre
» pendarit le cours de fan mariage, & ne proù.
» vant pas undè habueric ~ 'il -fàut nécéffaire» ment préftimer qu'elle a acquis & payé · des
» biens du mari, & par , conféquent.la con» damner à refiituer aux héritiers du mafi
)} ce qu'elle n'a pû aV'o ir 'tût! ' du chef de "fon
» man. »
Voilà donc nos fins juftlfiées, ' fi l'on ' ne
prouve pas qu'Anne Bonifay ait, eu 'dès !-ièf~
C
J
L
r
'.
'
r
�lO
fourc~s
- Il
& des bieQs. paraphernaux aŒez ç:on-
jours .conv~nus'J ~a re,g1:!,! t<:efi-è lo-rfq-LIe la ,femme
iidéT,aples ' , -pour payer les acquifi60ns ~mpor ..
tantes -~u'eHe a faites rendant -fon mariage av.ec
J ofeph- ~9màn. ''- - - ,
ç~ poiiJt dç" l'û~ ' eit le feul quj doi:v~ ~ous
occupe(. te drOIt eit convenu de" p~rt ~ cl alf-'
tre. Nçws r~V9~s , diç dans ,[<luteS nos Co nfultatio~sda.n~' la derllierè çômrke~ dans' les pré-
piouve undèhabl~it, c'~'-à·dire b lorf<J:ü:elle
montre des , re~tl{c~s " parti.cuJi~r~s qui oqt pu
foumir . le, prix de~ l-!cqui{iti{)~s faites éORflqm-c
matnmonLO.
A
fem e, ;:J .,açqYl~ e:f f..~,f!!ma Vl{"l ,, ;~ {l10ln{i ~u elle.
Qe .WO~lV~, ùQ.i{rlJ.ab~erit. L,a Lcfx ' explique fe~
mo.uts ; ç èa ~a e1-·iûlndam iurpis' 9uœflûs .J}tr
piciôTlerjl. Les Atlver{aires en ~étôiént · co~verius' :
ils ont'·plûs fait dàns leur Mé1110ire imprim~ ;
ils ont ~~,<ilBli c~ .point de droit, rapporté des
au~od ~s ~ & tfiOlJS " fomm~s , en.core cett~ roi~
dj{pënfe~ dé i!pps,y.â,rêter. L'~) 'texte d~t~averfaire 'R'QLJS f\J$r.,
,'~' ;' l
!~ 'Rien Ij'èQ ~tus ' vrai ?, ~ifent-i1s pag'.~ tI ,
)} qijé :'~e~ priQclpe géné,ral irivpqué parAA'ntqin~
» KQmal1. If tiepç 'aux mœ/.lfS; à l'horinêtet~
)) l,up}ique, ~ il f~ut pour ï'honneufdnêùle du
)l rè~~ q\.le [Q~t cç qulil aç9uiert, to~t ce qu'il
)) p~ye QU ip.l.lt. Ç€ qu'il dept!n[~ conj~a.'!-te ma)) trif11oni.f), (Qit cepfé proveqir eX pecun/.â ma» rÙÎ, l'éUe Ilfi la difpoGtiofl çle la fatheufe Lbi
mrilius(jf
)l ~oQ~ · rQqfervaJlc~
. )
.
ea
c-é?~~~~; L~ pt~(9m~i!9~ 4~: ~}i : ~oi . ~a" qu~ li
qrÛhlÙs
r,
Mais on Ce fyrÇlir:ljl;l(IQn.fi l''On croyo.irt :q4~~
1impJe préfompti<:!n fu6it poue, déçruire la : préfomption de la,. Loi. ,.Geile-çi
jurÏs & 4,e jure.
_l' out appartient jl~ }l'Iari ça the{e généra!e. La
. f;mme .qui vel!t fe ,placer dans Texc~ption "do.ir
_poru: prouver ,q!.l'elle a eu des re{[ources, cl' ailLeun;) des biens p!1r~phernaux çapabl~~ ~'av.6ir
R~oduit les ' aç9ui6.t~9S.. La, Loi pe .dit pas /;Indè
habere potuerzt, 'mars unde habuerq. Il -ne {uf.
fit donc pas que la remme qit pu avoir" il faut,
qu'elle prouve , qu'elle démontre, comme le difendes adver{aires, undè habeat. Or une -pr-eù ve
une démonJlraiio'J. ne fe firent} jamais par une
fimple 'préfomption.
Lorfqu1on dit que la pre~Q.mptl?n de la ~Ol
peut être détruite par une preiomptlOn contraIre,
'cela s'entend de la préfompti09 ,de paiement -qui
naît de la certitude Eles refiources de la femme ;
mais ces refiources ne peuvent pas être préfumées.
Elles doivent être prouvées, dé,m ontrées; & la démonftration faite, alors qn;pr.éfume 9ue ces 'reffources ont fervi aux acqUlfiuons faItes pour b
&.
)l'
.
l '
de donat. iru., vi~~ Efùxo~:
dl: atteaée par 1 t,QUS les
•
femme.
n .autf;;~rs; &. qQpt la difpofirion eff d'ailleurs
)) fi trIviale qü"'eUe n'eft ap{olument "1éconnue
» 'dë 'perfonne.
.
.
~Qllt> ç..pnv{n<;l1J.S cl llQtre tollr , de l'ef'~ption
à, ,:-,:êtf~l!esJè S~!1eral~ , & ~ous en fo~m~e~ toU~
Si les héritiers d'Anne Bonifay provvent donc
qu'elle a eu des biens paraph~rn~ux afie1.. c?~
fidérables , & des re{fources afie'Z. multiphees
pour payer: 1.7000 liv. d'acqu,ifiti,~ns, la, Se?
rence doit être confirm€;!e : malS,. s 11s ,n,!:! rempIrf, fent p~s cette preuve) s'ils n'ollt pas même de s
1
\
•
�12
préfomptions à oppofer _, s'il eil: confiant que
Annè Bonifay n'a eu qlle des biens parapher.
nau~ -de pe.u. de valeur , dont elle a même
donn~ la majeure partie à fes enfans s'il ~R:
vrai qu:elle n'ait .~~ ni pu av~ir aucun c~11lmerce
particulier & féparé de celui · de rOll' mari ', la
'préfomption d.e la Loi s'applique d~ns toute ' fa
force.: les acquifItions de cette femme font_cen.
fées faites ex pecuniâ vil'i: ,elles appârtienne~t
à Roinan ': la fentence doit être réformée.
_
'Or il fera difficile, pour- ne pas dire iinpoffible aux hoirs d'Anne Bonifay,d'échapper -aux
con[éqüences qui naifiènt de deux faits c~rtains
& majeurs.
'
,
~e ' prel.nier di que dans l'efpace de 7 années
qUl von~ Juf~ues ' ~ll .. 1 753 , Roman a fait ' pour
36000 lIv. d acqll1fitlOns , bien qu'il eut à payer
le loyer de l'Auberge; & dans' ce tems là Anne
~onifay _qui n'avoit pas encore afièz pris ·d'em.
pIre [ur [on mari n'en a fait aucune : mais à
cette époque les fiennes commencent & celles
du mari c~~èn~ , bien qu'il eut acquis fon Au.
berge, qu Il n fU,t plus de loyer à p.ayer, &
que toutes les depenfes étant faites , il n'eut
plus qu'à gagner. Du moins s'il avoit accumulé
on 'po~rroit dire . qu'il avoit gardé fes profits ~
~als :a f~ I?ort AI1~e Bonifay a déclaré qu'il
n av.olt. la:ife. que 3 II v. Ce premier fait eH frappant , Il l11dlque la [ource des acqui1itions nombreu[es de cette femme.
.
Le [eco?d vient encore à l'appui du premier.
.- Anne B?mfay s'étant dépouillée. en faveur de
fon m~n, de l'Auberge & de tout ce qui s'y
•
trouvOIt
' q
.trouvoit ; . ce. qui forma fa dot,- n'a eU PQll1"
tous biens paraphefnau,x que )011 1iv,;: ~ dQnt
elle avoit même d~j~" lemplqyé: 3:4514 liv~ .,~il:itç ~
quifitiof.l de .1<1:. lJt1a ~fon ' de lé! ,pl.'!c~ de J'Auriol.
Nous J'avons 'pr~~Yf -: Cett,~ 4ern~re' fomme ne
pouvoi~ .plus_ [e~-V:~;r;. à :.d.e _n91.!yelles ~cquifitio~s.
Il ne refioit donc à Anne Bomfay qu.e J S:5.7 . hv~
fufçep:çib]e ~ de ?ouyel emplpÎ,' ~ le loyer de'
cette mai[on de J~ 'place d.e. tAU!.lOl. . COp1meôt
avec çe modique '~vôir , ~ au!'!-:t-elle payé l~ ~
intérêts ~ d'environ . 4qoo liv .. qy~ elle refi:~ {k~
voir du' prix ' de cette même mai[on?_ çpl1'lment aura'-t-elle, nourri quatre enfans du p-r~mier
lit qUI ~'toient à fa _ .~_~arge ? Comment ~.aura-t
elle donné 2000 liv. à .[on fils. ~n 175 1 ? I,Com·
m"ent enfin aura-t-elle fait des acquifitions po.ùr
·2.7 0QO liv. ? Cela tiendroit, du pro~ig~, fi :l'on
ne connoiifoit la [oyrce o~ eUe pUlfoit
Pe~[e-t-on échapper aux réflexions que préfentent ces deux faits, en di[aI.lt que ROlJlan a
pu ' (oulager fa famille " q,ui Je ~rouvoit ~an's
1'indigence, ou que les benefi~es n ont. peut-e:re
pasété auffi wnfidérables apres les hUlt premle·
,
resanoees.
.
Mais fi Roman avoit d0!1né des recours à [a
famille , il ne lui au"roit p_a~ [acrifié Ç911S fe s ,
profits, ou s'il l'avoit fait, [a tamille [eroit Jor·
tie de l'indigence; & cependant elle efi encore
ce qu'~l1e étoit , c'e!1:-à-dire , hon~êt~ & ~au~
'vre fans avoir jamais été dans l'zndlgence. SI
les bénéfices n' avoie~t pas ét~ auffi c0nJi.déra~les .
après les huit premzeres annees, du mOll1~.·n ~u
roient-ils pas été nuls : & . cepeQda~t ~- [~pp{~[e
f
\
/
�. , 14
.
qU·âJ'tès avoir -tWquls une 'A-uberge , s'être meuplus rien gagné .
.blé -Bi: ,a ccrédité, Roman
abl01ument rien : 'YeriffimiZ.i~ jinge. "
'
.' ',,)1 .- Le mar~ ' n'ayant rien" -11 a commencé de
n d~ .canfolidet:.fa furtune--atbc â,é pens m~me' de
~) . fa' femme ' iV-actt -de -lui : pèrmettte -d.C" ' penCer
, ,~ t_ fi
, ,
t) a fj;I:
leune. l'.'
- _. ,.
_,
.
n'a
.~ Et où, a-:-{)l~ (~u .,~ar où prouve:'!-~n
:,uè
R?I~an-1l avoit fien " & que JAnne Bomfay avait ·
urie fortune? Cetté fortune è!fi connue:' eHè avait
la : maifon de la. place de l'Auriol & 1:557. liv.
& .l'on · veut qu'elle ait : payé les intérêts des
4000 l ~ qu'elle dev<;>it, qu'eHe ait donné ~o'()o l.
à fon · fil-sen I7S1 ', ' c'efi-à-dlré, dans le même
tems ; que Romàn fairoit fes acquifiüo~s, qu'elle
ait 'holirri (es. quatre enfans ; & qu'el~e ait en~
core o
eil. de quoi fournir 36000 liv. à fori mari.
Si Roman n'avoit pas eu de l'argent en Tè-inariant ,. s'jl ne l~avoit pas verfé dans fan Auberge
poûr la f :!ire valoir, s'il n'avait pas eu ' Uh trafic oonûdérable, fes ·héritiers n'auraient pas à fe
pl~indre aujourd'hui,des ufurpations de fa femme.
- La ' foibleffe de la réponfe prouve donc combien font viB:orieufes les réflexions qui naiffent
de ces deux faits. Avançons:
""
.
)) La préfomption de la Loi ceflè , ' difent les
» Adve-rfaires.
»- 1°. Si la femme a accuèilli le mari chez elle.
» 2,0. Si elle n'dl: mariée que fous une conf» titution particuliere, & que l'on prouve qu'elle
JI avait des
biens d'ailleurs. 1
~) 3°· Si eHe a fait un commerce particulier
» lQdépendant de celui de fan mari.
) 4°· Si-fan mari a fçu & cOlmu qu'elle tra.
1
,~
j
,
15
"li'
, » . fiquoit ou ' qu'" elle fa~f~it des acq~ll It1Ons.
. Tout ' ceh , peut etre vral fous certams rappo'tts & en thefè générale; mais fans flous arrêter ~ ~Xatninèr le principe, venbrrs-en ~)':q.p,p licatio.n.
'
-'
"
.
- ,
1°. Dit-ùn, pag. ,24, Anne Bonif~y ac{euzl:lit the'{ elle Jofeph J{oman.
" ., " Point 'du tout. C'eil Roman qui reçut Anne
Bonifay ohez lui. On voit .par leur contf;1t_ d~
l!lariage 'qu'elle f~ confiitua en dot tout. çe qlll
était renfermé dans l'Auberge, & que '~o:man
fe chargea même du loyer de cette m ~tpe, Auber.ge. Il devint donc acquereur de t?US le~ e!fets &
, locataire de l'Auberge. Anae Bomfay cega donc
: d'être c=hez elle, & ne fut plus que chez [o~ l mari,
La préfomption mangue do~c Rar le fai~. S'il étoit
vni que la femme qUI accueIlle fOIl man ch~z ell~,
dut être exceptée des difpofitions ~e la LOI ql/znrus- ml/cÎcls " il faudrait au moins entendre cette
exception d'un~ fel~me ~ qui ~ya!1; ,une maifoll &
un coml11erce ètabh, recevrolt verItablement fan
mari chez elle, fans fè conftituer fa maifon ·, ni
fan cOlhmerce; mais n'efi-il pas abfurde de Val!loir appliquer cette , ex,ceptio~, ~onne ou ma~
vaife à la femme qUI fe depoUllle de fa malfort de fan commerce, de tout ce qui eft dans
Ctrt~ maifort, & qui fait tout pal1èr fur la tête
de [on mari? Cette femme ainfi dépouillée pour'ra-t-elle exciper de fa renonciàtioh à tout ce
qui lui appartenait, pour di~e q.u'elle a pu ~aire
des acquifitions à fan partIculIer? Ne duat'on pas avec plus de fondement que les bénéfices étant poor le mari qui s'efi chargé de tout,
. la femme a tiré de la çaiflè de celui-ci le pnx
�16
des acquilitions qu'elle a fait? or c'eft précifé, m~nt le ~as où ,fe t.rouvent les parties. La premlere prefompuon lOvoqu'ée par les hoirs d'Anne Bonifay, eft ' donc toute en faveur de Roman.
Ils font obligés ces hoirs, de convenir _à la
page 37, que Roman étânt devenu maîtêe 'de
to~t, les bénér~es de l'a~berge ont ëté .poùt
luI. Ils fe retranchent fur les prétendues refiources d'Anne Bonlfay , fur -[on eprétendu commer.
ce, & fes biens paraphern~ui ' , Mais .ils font en contraditlion avec -eux-~ê.
mes. Car fi les acqùiGtions d'Anne Bonifay ne
peuvent être jufiifiées que par des re{fources
étrangeres au commerce de l'auberge, il faut
que eon convienne que la circonHance du tranfport fait par Anne Bonifay a [on mari dans leur
contrat de ' mariage, .eH toute colltr'eux , & que
la premiere pré[ompti,o n qu'ils invoquent ne peut
figurer ici fous aucun rapport.
2;0. Continue-t-on, Anne Bonifay était mariée
fous une confiiturion particuliere.
Nous le fçavons ; & c'eft cette confiitution
qui eft la caure du procès: Roman n'en eût
probablement point e{fuyé, li Anne Bonifay
eût ét~ mariée. fous une confiitution générale.
MalS cette clfconftance feule ne dit rien. Une
femme peut être mariée fous une confiitution
particuliere, & n'avoir aucun bien paraphernal.
I~ faut donc prouver que cette femme a eu des
~lens paraphernaux dont elle a pu di[po[er, pour
t~rer quelque utilité de la confiitution particulIere. Les Adverfaires l'ont reconnu, pui[qu'ils
fe
,
r
\
17
fe [ont engagés à prouver qu'Anne Bonifay avoit
des biens d'ailleu~s.
,
, Quels font donc ces biens? Voici le détail
pompeux qu'en font les Adver[aires.
' Elle av oit la, fucceffion de Jean Lyon, fon
premier mari, une portion de la fucceffion de
Louis Lyon, dom Jean' Lyon [on mari avait
hérité, tol,lS les bénéfices qu'elle avait fait depuis la mort de fon premier mari, la maifon
de Lauriol, de l'argent comptant, puifqu'il lui
étoit dû 799 liv. pour prix d'une voiture & de
deux mulets qu'elle avait vendus, & que le 5
Mars 1746 elle avoit prêté 307 liv. ; enfin un
commerce particulier & indépendant de fan auberge & de fes voitures.
_
, Mais tout cet étalage ne produit pas grand
çhofe.
La fucceffion de Louis Lyon nè devroit pas
faire article, puifque Jean Lyon en avait hérité. Elle efi ntce{fairement confondue avec celle
de Jean, & les deux enfemble 'font bien peu
conGdérables. Nous l'avons déja prouvé.
Les 799 liv. pour prix d'une voiture &de
deux mulets vendus par Anne Bonifày le 2.6
Mai 1746, lui appartenaient réellement. Elle
n'en avoit reciré que 99 liv. le jour de l'acte. Il lui était encore dû 700 liv. , C'efi la dette
de Turre!.
,
Les 307 liv. que l'on dit qu'elle avait prêtées
le 5 ' Mars 1746 , ne lui étaient plus dûes lors
de fan mariage. On a fait une équivoque. Le
prêt eft du 8 Novembre '1745 , & le 5 Mars
1746 eft la date de la quittance de ces 3°7 liv.
~
E
l
�'Ig
'~ba~ ,Far ARne !Jlonifay. On peut 'vérifier
\
1 aéte. Il eH fous cote 4 B.' Le- mariagè etant
du 17 A,oût ~e J.a même année, eH poHéri'eur
de plus de ' CInq, mois à, la quittance concédée
à lPe~u1. ~r, ~~hS, cinq mois " Anne B<;>nifay
p@UV.Olt aVOIr dlthpe ces 301 hv. Nous fuppa.
{:ons .cependant le contraire ~ & nous 'l'admettons ~pu:ifq-u'of1 le vC'I;Jt.
.
Le ·commer<:e particulier& indépendant de Fau.
ber~e, cfm111er,ce {}u.e l~ en reproduit à tout propos,
&que 1 ·00 pretend prouver pàr les pieces cote
l R, S, -T , V, X, Z, & i 4 A, 4 B, ~il: un
com~erce ' purerbent idéal, imaginé par lès Adverfau.es pGur produire des fons à défaut de
paroles.
, ~QPS l .a,v ?ns ees pieces fous les ·yeux. Ce-IIe
q~l eft cotee 4 B, e{} le prêt de 307 liv. II
refljllte des, autres fJu'en -I74~, Anne Bonifay
paya . 280 hv. qu'elle devoit au fieur Jauffret .
qu'eile achet~ une fois cinq charges de féve/
&. [Ix mois. après vingt - fix autres charges
qu~r~n,te émfnes; .qu'eHe prêta, on 11e [çait quand,
pU.lfqu ea ?e V,Olt ~ucune dare , 576 Iiv. à un
homme qu~ l~i 1al~a en gage huit balles de
chan,vre peigne; c[u en 1744, elle avoit acheté .
58 h~. JIQ ~e grain; qu'en 1'746, elle avoit
ach~~e 45 lw. ,de [avon ; " enfin que la ll(ême
a?nee elle avoIt acheté cinquante charges de
féves. .
.
, Or une f(}rt1me qui a 4e's vtJÎtures &- une aub(!rge., P€UE bien fa-ire toutes ces' emplettes pour
la cO,nfpmmation de fon auberge. 'Elles ne [ont
certa~~ent pas, tr0p confidérabIes:
ces min.
&.
f:
ex
-i9
ces ~tll:pkttes me ptouveroot ;amais 12n 'commerce.,
~taplj .& ù:ulépendaht,QN voiwl'€s '& ,ile Il'au'b,erge t
.encoPe moins un s,rand ~(!Omrnefce.
A pprécions donc tout ce qu'on a dit des moyens
l$( ties r.e.ifollrces fc!'ÂllDe &nifay avant {'on--ma.
;r,iage. Les fUClceffiOllis~e Lot'lis. & de Jean,tYon.,
les b.étit.é1ices qu'elle avoit fait dans le commerce
des (J;Ioitwre-s & de tauberBe J -l'argent comptant,
tout Ce r~d.tlit à 7.00 liv. dûes par Turre!, à
1<D.1.Jiv.• qu'f:~Ie avoit ret~rées de Pe-coul le 5
Ma'rs j 746, à la maifon de l'Aul'iol dOQt eUe
i\v,oit payé HS4 liv., & en la valeur de ,ropt
ce .qui étoit r~nfermé dans l'auberge, qu'elle
~YaL\lIa 'elle-même ,à 7110 liv. lors de fon contrat de mariage. Nous y ajouterons les 5'S0.-l iv.
qu'~lle. avait à ,rép€ter fur la [u-ccellion de tous
fes afceôdans. Il en ré{ultera , ce que nous avons
dit, que tout ce dérail pompeux' fe réduit à la
(omme de 1.1. I2 1 .liv. , de laquelle il faut dét'raire
l~s 7'1 la liv. de la cO!1fiituti<>n de dot: au mÇlyén
de quoi les biens parapnernaux d'Anne Bémifay
(e r~duifent à' 5011 liv. d?nt f454 Iiv. éroient
placées fur la maifon de ·1'Auriol. Ell~ n'avoit
ponç plus à àifpofer que de ' t 5 57 Ev., & dIe
avoü: à payer les 'intérêts d'environ 4°00 liv, du
{(l:!taQt Plix dè cette' Inaifo.n · ~ ' '& à noutrit; fe-s
qll.atrti enfans~ Telle éteit la polition d'Anhe
Bonifay lor[qu'elle Ce maria. ' 9n nous a forcé
de ré.péter ce flue nous avions- déja dit-; , mais
ce t~bl€au eil: fi ' frappant; ' qu'on nous paRera
d'y _êr:re.revenus'powr. dilliper J'iHufion que l'on
yotiloit faire.
. ~ .. _. "
. ,';. . ,
Que l'on dife à préfent que nous coizJtêllonJ
.."
"
\
�,
zo
que . la c,onlliC;Utio-Jl ,de dot- d'Anne Bonifay ne
prit abfo)ument rien, ni fur fan commerce ni
fur l'argent qu'elle avait, ni fur la maifon q/elle
avait acqui[e. .
'
On peut nous prêter des aveux; mais en les
créant, on Ile les prouvera pas. Nous ne fommes
jamais convenus que de ce que nous convenons
encore, c'ell-à-dire, que les biens paraphernaux
~'Aqne Bonifay fe réduifoient à la maifon de la
place !de l'Auriol & à la créance de ' Turrel. Jam,a,is: nops n'avons avoué fon prétendu commerce ;, ~ comment, l'aurioBs·nous 'a'voué puifqu'il
n'a jam~is exifié & qu'on n'en dOI;1ne au~une preu've ? Une femme qui tient une auberge, fera-t-elle
commerçartte pour avoir acheté4s1iv. de favon
S8 .liv. de ain & ,quelques charges de féves
QUI ne fecOlt co~nmecçant à ce ' pJ:ix ?
C'e!1: cependant [ur ce prétendu commerce anté4
rieu~,au mariage d'Anne Booifay; fur ce commerce
fi. important., fi bien établi que 1'00 fonde la princIP.àle',~eff~urce de cette femme. C'ell-Ià que l'on
put[e d~ 1 arpent, e~fio tout ce qu'il faut pour
prouver runde ,h abueru. La reffource ell mer veil~eufe '; ryJais 0,0 ~lt à même, de l'apprécier à fa
J~l1:e rf1l~ul.", o & ,9.e. voir fi l'on peut avec des
bIens ,p~rapher-naux t. auffi modiques fe prévaloir
de }~' P~oc~n.~aace J d!Cme confiirution parriculiere, ~our .legulmer .2700fJ liv. d'acquifitions.
~, ' . Du-on, fi ce~,! ne f~ffit pas ~ nOlJ.s 'au-
w
?
rons encore .Le commerce farticulier & iizdépenda~t .d~ ce!Ul ,de, .fon. man ~ qu'Anne Bonifay
faifou apres [on marzage. C 'ell le comnrerce de
falure.
r
''''
_
Or
1
2i
ce comme'rc:e appartenait à Jofeph R~ ..
& nori point à fa femme. U confillOlt
man,
..
.
l'.
&
ue
en proviGons d'ancholx ~ rIS, . lavon, .c. q
R oman a voit imaginé de tentr chez lUI p?ur
attirer un plus grand nombre de Muleuers
Y
ces fortes de
de 1a haute Provence ~ jaloux, de
.
ft
é
marchandifes. Ces proviGons eta~ent en erm es,
& fi dil1:ribuoient dans un petit magafin que
l'on eavoit pratiqué au rez de c~a~{fée de l'Auberge. Or, l'Auberge appartenaIt a Roman. Le
mag afin de [aiure était donc che~ Roman. Il
n'était donc pas~ féparé de. chez ~UI. II ell donc
cenfé lui appartenir à mOIns qu on ne p~o,~v.e
le contraire jufqu'â l'évi.de~ce. ~out ce qlll etaIt
" chez lui, était de drOIt ~ lUI,' &. t?~t c.e
ce qui s'y fai[oit, e~ pre[ume aVOIr ete faIt
r s ordres. L'exlfience feule du magaGn
par l e
.
S' A
chez lui ~ vaut une preuve entler,e. 1
nne
Bonifay a pris foin de ce magahn ~ fi. elle
des marchandifes ,
a ve illé ' à la dilhibmion
.
r. .
r
d
fi elle a aidé [on mari , elle a raIt..- lOn e. Elle ' l'av oit promis en [e manant. rUne
VOIr.
.
r.
ne de fan état ~ de vait donner [es lOlOS
rem!
.
"
d'
à l'Auberge & à tout ce qUI en etOIt une .ependa/1c.e , operas fo,as qllale(cumqu~ manc~
Or,
an cenetur , fi eam marltus
eXlbeat
Je
.
'
.
:fl
P
/cumque'(habeat.
Les ad~erFaires eu~-~emes conrœ
fviennent qu'elle ' devOl.t a fon marz ',o~er~s
obfequiales & reverentwles , un tra~azl relatif
'ommet ce de Î on mari. Les fOlns qu'elle
au c
JL
d' r ' d
'
és à la' vente des marchan Iles ont s a·
cl
n
a on
d'
.
e peuvent donc pas êtr~ règar es ' comme
glt, n
,
1 C' ' . l
une , preuve d'un commerce a el e.
etaIt e -
F
�~:.
comm~ce de fon ~ari, qu'elle faif0ic dans l'Au.
berge, de f~n. man. Les profits appartenaient
dOQc . a .celul-~l. On ne po~rroit dire qu'ils app~rten01en~ a ~nne ~omfay .qu'en prouvant
dune mamere bien claire. & bIen précife que
cette femme faifoit dans l'Auberge de fan' mari
un commerce féparé decdui de fon mari,.
q~e les fonds ·de ce commercë lui appartenaient.
Sion ne le prouve pas, les bénéfices du corn~erce de faILlre pe lui appartiennent pas davantage, que' ceux de l'avoine & du foin n'ont
<Jppartenu au Valet d'écurie chargé de les diftribuer.
. ~es Açlverfaires n'ont pu fe le diŒmuler
& ils ont . répété par - tOUt qu'ils avaient de;
preuves de ce commerce particulier & féparé
fait dans l'Auherge de ~Roman. Et quelles fon~
ce~ preijves? De$ certificats, des quittances &
des polices.
'
De qqatre po.lices qu'on a communiqué, il
en ell deux qUI ne fane qu'une. Elles font
à, la m~t;J;l~ ,clate du 18 Mars 17PI, à la même
configQ,~tlOn, & elles portent le même nombre
d;, ba~rds. Des, d~x, il n'en elt même qu'une
d, acgu.mée, ce q,UI proav:eque l'une 1n'efi que.
le ,double d,~ l'autre. Ces deux là & une troifi~m~ fQ.o,t po,ur Barcel~nl1Je, & non PQur Mar- .
fe~lre. Or, .Anne Bomfuy demeurait à Marf«!ill~: c~ qUI eft adreffé à Barcelonne; ne peut
~Pl\1c, R~s 1~ re~al'der. Il ~'efi donc qu'une poIt.ce qUI p-tllŒe ~tl1~ pr;odulte avec quelque apparence, . & FQn fent qu'une feule p01i<:e ne
prouverait rIen: mai~ cell.e.-G.Ï n'dl pas même
&
,
.13
Roman,
admiilible . . Elle eft adreifée à Mdlte.
rue des Pucelles, ~ Anne Bonifay demeurait
~ cette époque à là rue .des Etuves. On pbur·
, roit bien dire que ,le nom de la rue elt in - '
différent j mais Ce Jqui le rend effentiel, c'elt
qu'il exifie en effet . à la rue des Pucelles, une
Dlle.· Roman Marchande [aleufe, à qui la poÙc~ dont s'agit était adrefiee, & qui eH forEliée avec les Adverfaires.
-: Les polices .ne , prouvent donc rien. Voyons
l~s quittances.
,
'.
.
De treize qu on en a produit, II faut
e'n mettre à l'écart dix qui ne difent rien,
& qui étant antérieures au remariage d; Anne
Bonifay, font inutiles pour le point dont il
s'àgit dans ce . moment. Il n'elt .pas quefiion
ici d\.J prétendu commefce an'tér~eur au mariage , mais du comme~ce, p.~~éneur. Et ces
de ux commerces font bien dlfferents, le comm,efce ~mérieur était, CuivalJt les Adverfaires,
un petit commerce en fev~ '. en chanyre & en
{!,rain. , Le commerce. pofieneur un commerce
de Cal ure affez wnfidérable pour fournir à 27000
li-v. cl'acqL
uifitions. Or.l ce petit commerc~ an·
tBrieur n~ a même jamais exifié. Nous ravons
prouvé:. d'après le~, qu~ctant~s- q,u"on . nous op:
po,(e" & ~'ii a volt e1(~fié,. 11 fi ~urOlt ~as éte
COlûtintlé apIès. le ~ manag-e , p~~fque rien ne
pl!ouve qu'i~, l'ait été. Ces qllÎtranceii q~ij pe
l'rouveRe pas même le commél'ce anténeur.l
prouveront donc hien moins Jè pofiéri.etir qui
elt tout différent. Il faut donc
·les· lélilfeC' cW '
,.,
. - -'
, " .. _. '.
cooo.
li,.
,
�24
Il n'en relte donc que trois & c' . . .
r
'd'fc
~
es troIS
lefi're U1 ent meme a deux ,
parce
qu
e ce Il e qUI.
e . cotée MMM. n'elt qu'une copie de celle
qll1 elt cotée 000. Il en ré[ulte que le 16
Nove~bre 17 61 , Bernard \ Salvador a reçu de
Il Dlle •. Ro~an 1}0, liv. pour le montant' de
4° barn.ls d anchOlx. Il paraît par l'autre que
le 7 JUIllet 17 62 , le Patron Jean Vague a '
reçu de la Dlle. RQman 188 liv. 12 f.
'1 d'
. pour ,
8 z. b,arp?
. anchoix à rai[op de 2 liv. 6 f., "
& cette qumance n'elt pas même lignée ar'
Jean
Vaaue
0 r, 'qUI. nous d'Ira que
P
le Patron
."
'.
O'
ces deux quIttances n'oDt pas été 'co'ncédées à'
la Dlle. Roman, Marchande [aleufe de la rue
des Pucelles, & que les Advei[aires ne [e ' les '
[ont pas . pro~urées: df ~a même maniere qu'ils
ont eu la RolIce qUI etaIt adreflèe à cette même :
D!!e. ,RoQ1an, de la rue des 'Pucelles? Er quand
mem: on [u~p~fer~it que ces deux quirrances
ont eté concedees a Anne Bonifay qui
ffi
' Il
"
, n a li.s
a !-uera qu e e n agtfloit .pas _pour fc
&
' 11'
.
on man,
qu e e n en avoir pas reçu l'argent? Conclllr~-t-on de deux quIttances i[olées & fufpectes, les (eules ql,le l'on '. ait · pu produire dans
le long ef~ace pe, 3° ou 4? années que l'on
[~ppo[e qu a dure le commerce d'Anne Bol11f~r ·, que ce Cpnllnerce qui Ie [ai[oit dans la
~a~ion, ?,e ~om:an appartenoit .à [a femme plutaï.. qu .'a lUI :7 ' Y
. t rOLtvera-t-on . cette preuve
pleIne & . e~tlere, qui feule pourrait dérruire .
la p~t:nlhptJOn. lé.gale que . ce .commerce appart~oJt au man 7 . "
_
SI les polices & les quittances ne difent
nen
A
•
~
'
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)
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.
�~PJ
h9Pnêt~, fr<. d~'p Jnfj hoo~~e~ ~e,1alX des œd.
~erfa·· res ~f.QJllt #P MaU!t~'.m~.lfk' ~ runeidrime:t:..
tiq~~ ; un .V;qifWi~f~ , ~~JllvIiiru-es..tmABla~~
un tondeur d~\~~,lm . . V9Ih\de~J pe.rf~~s re(·
~aalt~~ ,qq.i. p~",~n~, itr~ , ,nue~ ~ J~r.[gufd.lles
he,t,I:r1telil,t ~ ff9lDt - ~, k~ pr~f~p!l!Olrur;_ ~~~
fl~ flH'~P : r~ê~:, (lJlf ~QnfuL, ·.àes ·.Mes, ,es,.
Artf. ri. df1S ~ u~l~p~s c., qUI . at;t~frfm, te~r ~r.op.re
f!liEl ,0~ ~pont j§s !~tbfiéJ!Mons \Com: fDrt;ifif!es 'pat"
' ~o l ~s' !Js . fl.réfotpI»(~ofj·S, fpij~.:dei gros uu:nnnus.,
~t ' ~e~ atte,ajlJ~O!lS (ont ifllies, &. dont" .les
c~rtifiFWS l}ç [Jl~uJ)mr p4p pqlafJeN les pUl:tJ'U
qJ.,li r,ç,(il~ten~ ~s .:~ut~~. .
... .
,Et. ~Uy 'dife-ll;t ,*s tt'/ndeut~ d~ 11J1Jl~eU, '.& ~s
fJJ~tr,~s,p~!{9nnes .re-fp-~atMs: 1. Us .c~rtrfie~t qu Ils,
n'QAt PqS 1/u . l\qman fe ' JTIf!!.é:r chl.:c0mme;nce cl.e
faii\.l~es. ~aisJ p'Irce q:~'Hs J)~ {e fDut Ir as ~rouvés.
d<J!1s. J'Au;bergl?, rot;! pajiçl! q.u~iils . avoient la he(r
he . n4 an.d J{9:I~P (. fpi{o~'fi rks:; Vteot.e~ & eu
-,. l I:L
•
r.'
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"1
jl .
r~ce.v~it~ j'jlrg.eqt : , ~'~qluIVf<t-~~' ''lu l ;ne Lalt
j~~~s_ fa~t' .~
Itf!s 9fio~r~-J:"~b ,pl-nt&t qll~ ietix .
q\Ji .. Q~t tr~l1te ~yec::~Iu.I , . qUl.ll>~ v:u.f~~ ! {OJl
commerce 1 Qlle devlent donc cetll3XlOme., plus
çZ:~6~tur . ~'W' a-ITe{-e~'li fJY.(J.frn mi~i .1Je~al1.ti.bhs ?
çep~nd~qt .a q~Qt (el' ~diùi ~et~ fo~le
dç prçUlI.es, dt l?qu~L1~ jk f~{ ieL ~è~dre al m01I!s
, YgiÜl
j
dji: yvp~:o,.\r ~~a,qerrlft{3h : C(lm€jJ~.r !l~ Jour en pltJin
midi -QLJ:it
qp-Ils fQJ-~ pe4iOl~ll(' œ, ne.rrpas _y
"
\
.
~ .: '. jJq
~ . :r.! .
« Mais ce n'ell: pas, dIt-on, fur des att.efia~
p tiOflt i!91ées -fly)l fiiUt' jygËr ,~'-un ' p.oint ; ~~~i
~) j;npwçint .. )) ; '
. . r,·.~
..-
.
~rpif.ç'"r
.
\
�2.8
A la' bonne heure: m'ais en reJettant nos
atte.fiations), ,s'il :.efi poillbIe de les rejetter
il faut donc auffi rejetter .les Vôtres. 1
~
Lcfyflême eft· un peu , êavaiier.
Ei: gu'a-t.:il de fi cavâtier? 'Les Adverfa{res
prétendroient-ils faire rejetter ~ nos atteITations
& . garder les leurs? Cèll celà qui [eroit ta.
yalier.- Car fOll't doit être <tgal, lX fi l'on- ~e
veut pas d'atre,fiations d'un "côté -' il · ne faut
pas , recevoir Èes certificats de l'autre. C'efi ' un
aéle qe Jufiice d'autant plus néc~lfaire id, qUé
fans être cavalier " nous p'ouvons dire' que nos
atteftations doivent êtf.e crues de préfé'rence aux
autces: , Ce' fer~lt donc beaucbùp faire .que de
les ~eJetter: malS en les mettarit de côté, celles
des_.Adverfaites devroieat fubir le ' même forr.
'~ Or ,' fi , Ob le,~,r ôte l~~rs certificats fufpeéls ~
q.ue leur re&-t~l} '? RIen. NOtls dirons "rieri' ;
~a:~e. qu:on aL,:vu que les 'polic~s lX, les quittances ne prouvebr ab{olumenr ',nen , &/ que la
foule -de preuvef dont on prétend nous' adcabler
te.,réduÏt . aur certificats', gt quels ce"rrificats?
D 'n: IfS" connoî~;; ) ~' I
~.
~ .Ân'ne.) BonifaYdn'avoit "dont point ' d'è-- corn ..
mei~e ~~ui iu.i' ,-f~t'- propne, Ellé né faitoir que
'donneL:; des " fOIns -aloi- commerce ' de roil ,' mari '
d'ant\ da mai{on de ' [on' mari, Les bé~éfices d;
<te ..cop1:ner~e '?nr donc alp'parrenu i:f R~man. Sa
fe~~~)e ~'a ,pu fe les approfr~er que p,ar un
larcl1;1,
( L,,' ,
'
• J:
·El!e · n'a . trônc~ j~niais eu -que Ies-soII Iiv,
de bIens paraphernaux dont nous avons'/ déja
parlé
•
/
�3°
fomp,t~on de la. Loi quintu~ mUlius e'fi fci aidée
JI
de tOlites ks clrconfiances.
,
4°~·-Dîlènt· ,les Adveiraires " Roman li fu &
cônnü l'es' aêquifitions ,d e féi- femme. IJ les a
ap2,rbuvées pa'r (à prerenci àJa'éte u 3 Janvier
.. hl-
.'-1,.
1
17.S'h. , '
M-als
•
~..,.-
-, , . é'fc
: ,l"
~'il ,n:,~_ e~e_ pr
9
'-n.
"1
ent qu a cet al.[e, s l
n'a ' -fl<l'fillë qù'a t.JQI: feu1e LaèqU.i1'itiolt d'Anne,
Bopifay ~ fa--préf&1êe pahïvé -à -ce.t atle aurat-el?ê 'Lllffi p'ôu-r légitin1e'r tous les autres? fi
cef~i:ct devie-nt - lëgi'hme par _ta prUence , ceu~,
au;qu:e1s il tl:a p<fs 'affi~€_r. ne ~euvent , donc
pas l'~tFe.
.
, .. _ ' _ " ' .
,
Et 'l'on peut d'autant molOS fe prévalOir de
fa -p,r'.è~~c!! 'à/aCte a~ 17f3 qû'Anne B~nifay
ne -pa'y"a Rue 2B~ hv. Olen , qU 7 le pnx ~e
racqt1Ï1iû~n rut pJus. 'C-onlidérabl~. Or elle aVOlt
atIëi ,tek biens p.(raphernâux pour payet:' cette
f<;min~~· -& ,RollJan pou voit conféquemme-nt pp~
pr;tJv~; 'c'cr ;aae)~ , fans qu'o,n pût induire delà
qll'il eût - ë~ilOù lè manege de fa femme. Il
pouv-oÎt' m'ème vqûlbir gratifie: fa femme d'~u
tanf", & c'en fur le fondement de cette donauon
prélmiŒe, -q~u: Tes .Arrêts c~tés. pa~ l.es Adverfaires Qin confirme les acqudÏtlOns faItes par la
fernme en IJréf~nèe ' âu nùrÎ. l\~~is de ce q~e
Roman aura, fi l'an veut ~ ~-on!Je cette fomme
à ,An~~ B\op~fai ~ en ~oÎ1c1ura-t-on ' qu'il lui
a dQnné 2700'oliX' &. qll'i~ '!- approu,vé toute~
les acqlltfitions qu'éIfe a Lfaites? Une femme q~,l
auroit I000 Ijv. _de .biens paraphernaux n'aurolt
d~?l~ ~'à. f~~f,e , affilier fb~:_ m.a!i à 1'e~ploi d~
ces ,io.oo liy.: one ~fenl1~ .~ .qui (on mat;i:. vou.droit f~~re ':1n~ l~b.ér~lité qe (IÇ\O écw§" n;aumit
dOlic q~:à achçt~:r fl~):lg~:e cJlOfe de cet afgeJlt ;
&. ' J'une &,-~'~~, JerÛètJt enfuite fondées à
envahc, • ilf 'to.ute b 1ufceŒol1 de leurs 'mariS par
'des acquiGtions; Jes. ,hér.it~rs de c'eux·ci iùur·oiè~t rLen dire; Ull atte de Jibéralité deyiendroit un aCte d~'- cli11ipati-oh enti~re : Et ces acquifrtions que les maris n'a~r~ient pas connues ~
ferolent irrévoc<iblement acquifes aux femmes,
fuirent-elles de 100000 écus? a·t-on ,;bien réfléchi fur l'inconféquelJlce d'un pareil fyfiê~e , &
fur les dange.rs gu'il y auroit à l'admettre?
Dirons plutôt qu'Anne Bonifay n'a fait afiif.
t.er fan mar! à cet aéte, que p'a rce , qu'elle
n'employoit que peu d'argent, ~ qu'eHef lui a
caché tous les autres, pa-rce ql1e leur impor,.
tance & le.ur nombre auraient découvert [es
'malverfations. La préfence de Roman ne paroîtra
plus alors que l'effet d'un pi~ge tendu à fa honne
foi par uue kmme açjroü-e , ambitieu{e & _avide
de faire pairer à [es eafaDs du premier Jit le
bien de fon fecond mari.
Mais 'cette fufe découvecte ne lui {ervira.de
ûen. Tout ce qu'elle pourrait opérer ce [eroit
de lui acqu.érir ce qu'elle a payé par cet aéte ;
le,s a.utres acqui6tions ft!rùllt toujours préfumées
avo.Ïil' été faites .de l'argent du mari.
Et comment fe diŒmuler les déprédations de
cette femme, 11Orfqu'011 voit Anne Bonifay les
conligner elle-même dans l'aéte du 2.8, Janvier
176 1. Elle y compeofe avec 'le vend,e ur 8B
a
1
, .
r
,
�,
32·
: 33
.
liJ.0 i7 f. du "mômant de :la fourniture. des de~
nurJ , . d'aliméns, logemeks, méç1icam-ens; &
remèdes que laUice acquereufe .avoit ci ..d~Jltint
fait pour ledit Bonifay vendeur. Or le vendeur
avait. . été nourri, logé, médicamenté datls "la
maifon de Jofeph 'Roman. Les 8B liv. · I7 ~ f.
qui étoient le mentant des ' alimens , logemens
médicamens & ;'~medes lui appartenaient donc:
& cependant Anlle Boriifay Te les approprie.
Elle les donne en paiement d'une acquifition
qu'elle fait à l'il1fu de faIT mari, d'une d.e- ' ces
acquiGtions qu'elle prétend faire pour elle , que
fe s héritiers veulent garder, & qu'ils fomi enn ent
,~voir été faite s de l'a rge nt de leur mere, & non
point de celui de R oman. Que faut-il de plus
qUç cet' acte pour .indiquer la {ource où puifoit
Anne Bonifay ? Que ne devoit-elle pas fe permettre dans l'intérieur, pui[qu'elle n'a pas craint
de s'approprier en public une Comme qui appartenoit à [o n mari?
011 n'échappera pas aux conféquences qui
réfultentde cet a8:e, en difant que l'on n'y trouve
pas que le vendeur eut été logé, nourri,&c. dans
la maifon de Roman.
Et qu'dt-il befoin qu'il le dife? Ne ftIflitil pas qu'il n'indique aucune autre maifon.
Anne. Bonifay en avoit-elle d'autre que celle de
fan mari? Si elle a logé & nourri le vendeur,
o~ peut-d Ie lui avoir fourni de logement & d'a LLmens que dans l' Aub erge de fon mari.
» Mais il étoit natu rel qu'Anne Bonifay fit
» quelque chofe ,.au befoin pour Jean-Baptifte
» Bonifay qui étoit le vendeur.
N ous
,,' Nous ignorons / x e - qu'orr ,a voulu pir.L :
mais queUes qu~ ~,dli!~t , le~ JIiifo:os d' Ann~ ~Bo
nifay éour i airœ.:qu.élr.q ue:l ~h:oi.è pour
vendeur.., ,d lç ne'p.oJlv.oii-+ni.De dci10Ît te faire aux dépens dt foq oi~'fi.s ((1)' U ,olu nno'iris elle devoit luiSaire
acquérir à lui cè qui l émit .veqdu pour prix du
l(».gel~(mt & de;lcn noqrriture qu'il avoit fourni~ Ce
trait d'illndélisé!Fouye ,qu'elle abufoit de la Gonfiance que [on'-mCIili avoit en. elle. pour fOrllirf;r. ~
. hér'itage conlidérable. Et qui fçait'-encore fou~ ' ce
qu'elle en' a tiré ' pour fes enfants? . S'ils' pouvaient [e " rendre ju1hce à cet égard , _ R a man
.. ' ,
.
ne (eroit. pas à r plaindre:
~ On a voulu tirer une autre, approbation de
R~)Jnan ,de la procuration dont il fe chargea
. iJO;u;r Ù'nniner queLques coritefbtJinns ' qu'Anne.Bonifay jlvoit avçc l'e ' rentier d'une. de [es 'mai.fons. _
_ , Cette maiCon était celle de la place de l'Auriol. .. Nous avions -obfèrvé qu'ayanf été acqui[e
'avant"' le mariage, Roman la connoiflàit ~ qu'il
fçavoi't-- qu'elle étoit paraphernale .à fon ~poufe
.& _CjJ1';ün ne pouvoit conf~quemment. p~s mdui~,e
,de-là.. qu'iL eut , approuve les acqmlltlOnS qu Il
, ..
n avoit pas connu. "
.on 4 été forcé de convenir que nous avons
raifon. "
.
Il Mais
du lTIoills 'J a-t-on ajouté, le .mari
,» r.econnoillàit que [a femme pouvoit difpofe.r
. 1) des 8oo..1iv. de- rente de cette maifon , ' qu'il
» ne ~pouvoit ni ' ne dev.a'it (e les .approprier ,
» & que fa femme p<?uvoit les employer à fon
.» profit.
.1
Sans doute; mais ce n'dl: pas ce qui eft en
wn
< -
<
,
,
-
1
�14
.
litige; il faut prouver qu'avec ).ces 800 liv. de
rente, Anne : Bonifuy a .pUi r,pa-ye~ les' .intérêts
de ce qu'elle de'\loit ' nouftir ' [es. 4 emans, fournir à leurs ..dép.én[es J , & fairer,pollr J27000 liv.
d'acquilitions;) 0 ' c'eit ce qu'o~n'a" pas prouvé
& ce qu'on ne :)pvouvua jàqtais. ' :'. _.__ •
Que . l'on . calCUle tanb'qu3on :\lOUdra, ce que
pouvoieUt: rendre :il Antre · Bonifay' les ~ biens pa~
rapluemaux ,qulelfeJ avoit un iè: -mariant,. & . les
acqmfttions "qU~élle a faites. en[uite; qu-e l'on
accqmule tdus ces l:evenus ~ ---qu'on leur fafiè pro.
duù:e des intérêt's. --plis ,qU'ordinaires; que l'on
filppo[e que des immeubleS! ren,dent plus que du
'S {Jmir-cent; que l'on fafiè produire les intérêts des ihtérêts à tous ces reyenus; que l'on
amafiè ) le ' <t'OOlt ', [an!> faire actention à la ptoportion'. qu'il faudrait , gardev, ' l.nême danS l'hypothefe ou l'on [e place; [ans parler dl'!s ,illtérêts , qu'Aonè ~ BouiTay i ,d evoit i -& qu'elle - étoit
ohl~ée
payer tous les ans .;. fans refléch.ir
que n'ayant pas ; payé fes, a.cquifitions: le j'our
du c,ontrait, ' leur revenu 'diminue d'auçant; fans
pa!fer 'en ligne les dépen[es &la"'lloUrriture de 4
enfallSi, & cP en fans qui ,~~~rollent ~-" ~onr :mx
HIes & reviennent battre le .pavé de Mar[eille;
qu'on fe fàfrè j:llulion par ce moyen, à la bonne
heure; mais on ne parviendra pas à éblo'uir les au..
~es:. ~ls 'verr~nr to.ujo~s .dam _Anne Bonifay
une . ~e.Il1l?-f' qUI [ans autre re.~àunce que 50 r: 1 1.
de blens 'paraphcn'llaJlllx prefqoe toutes- plaێes
fur. U!1f, mai[on /à fait Cies. acquiflrions pOLlir la
[Ol~ !mportame .de 27Qo-ÜJ liv. lhien que [es
modIques
revenus ne fufiènt, pas même. fl<Nffi[acrs
,
ae
...
... ...,
,. t -. ,.,. ..
t.
_ ... J.
/
,
. - 35
,
pour :,{ùppot'téJ w; ~chatges dOnt dIe êt,ô i{ -ac· ca/j~é'e. · Et~ q,uicmnple' fe g-auarnira de J'iUuf'wh,
'Verra- que C~.' acquitirion,s ,~'o~t pu avoir ~ été
fdllÏ1i<tS ~ '4 ue '.de 'Jlht.gmIt, d~ . m.ari. . >
•• ,
' . ~ue 1 t'~n Lpreœnde d'onner'<1~s motHs). Rol1lan i ~Là ,Amne 'Bo:nifuy poùr::>s'ên:'e mâti€"s tUllS
;une II canftitu t.iom ~ a.IttNuli el!è J ~ rqu' 0 ft létlt-- Jhifé
.pJ:évair (& ,éraindt.e; de.g re6hetches:.. dé 4a part
des, enfans -dlLlptevniùt !i;t- ~o'1!Ir: n'aVO-I.f pa:§'fâ1:t
,inventaire' 101)$:, rle.l~ i morr,' de J e~n "Lyon. ' Tout
'cda augnieI1tern_le'preftige:. Mais "lor(qu'on ,\}Ùta
qu'hm 11il.velltaiJe.aut:Çlic 'u>uç ahfO-l'bê ; qué "n'ëll
point faire ~ avoit été uri ·~.ae 'de bom1éi lfdmi;ndtration ~ quefle~enfàttS ' -qu "prel~iet l~t~ J'Bu~oieut ~pas s'en p-:laindre ~ qu'il,s ~~ s~en: {untja~
'1:daii- plaint '; qu?ûs: aur:QHenb eu: mauva1[ce :gtàc~
~ r,s'e:n. plài:nclr-e! ,-c qu' il'SI; ont '116u' [euJ~rtJ'enlf le
,b-ieu de Jéan Lyon; maisf1lCore cel~~ d'A-r,tn,e
.Bon:ifaYl ;' qu'ils.!"._ont tl'ouvé , dans l'h6réd-it~ de
celle-ci ~ de quoi 'fe àédorillnll'ge-r an:plem~nt_ du
' defaut~ d'inventaire des ' biens. . ,d'un homr1re ~tü
'leur J.a,iilolt 1 00: liv~ de légitime' ~ enfin loy,fq'u.~on
calculera tous .tes -avantages qù'lls ont~ retiré- dti
Temariage de leur. rnerer 'f &. 'to}it ce ,qu~ la.' çon.liante.... crédulité de -RO:t1!) an ~:a ~ permis à laIté-ci
,de f<.rire pOUl", eux , avllIiu..-g~. qu' éll~ avoit: prév-us .lors même de '. fari mà'tfàge, alni! ,que le
:p-rouvœ le , contrat ,.! ofil \fe ~ di~a q~e cet!~ ftHÉrne
-rufcie ne s'eU ~l'l'Ilariée' fous 't1n'è confiiWtîO-ù ' par, cicul!i~re qu~ rpoyir faire ctoiterà Roman ~ q:U-'elle
,gardait f~s bfe-ns' parapherMu-:JC: pour nourrIr {ès
,em:fi'hs' ,& méiIage.r un v?-i1é ..aux :dép'f~datidns
~qu'dbe , médit0it '
ne ' fa~lt ~aSl cller~l-1e~ : G~au
~es 'rqQ)cifs à cette conihtutlOn partlcultere.
1
Ir
�36
'
t-7..
. 9u'~' défaut: dé. raifons , ,on donne des COI1Iideratlpns; que f.on _prétende. que- l'induftrïe
qù' Aline;' ~onifay <l\'JGUt J'ait,: il. c~nfultr:dit-ll fur
la :re.gl.e , généraJe :;'1l1pour ;; l'âppUquer'Elanfq:u?il
f~it/ parvenu 1R; <5ihi o~tr(:!: <{f>U!tl o'Ie dptaiLdès
manu.>uvies ; dç rœtOO1r6!mm:e!. .11i.)le ;1'<\ ;même
GdÏllIl.UJ!:ea J.entiiér Xiu'ep!>€ bf32 '.Jl:ncir,y ;q t~;'qui
fçait'[Js;'iLn t t!Otib :rionnu ?~r t9'ail!eutswdle i av.oit
l.'ufufrnlt ~dé~ fC? :' ~n'S 1; J i PQuvçi~ -xm.iti8r(l
qu'elle Je rip>Œ)lffâJt:. ,pUllI 1e tenvriyer. à fa m.ort :
ibp@uvo' T'éfpererr qtièUe') fe rend/bit 'juill,ce;: lie'S
moyen lui mallqtl.ûlent. Char~ de dix ·enfans,
foo' telnps & .. cfes :.fiu:pkés._étoiei1t. à fa familléJ
n'en avo it pas pour refler à Mirfeille ,& ' [e
liv'tcr; .a des recherches-' pénibleS' & ' difpendieufes.
Efi.-.te ~ ,pn hQinœe :q.ui fe trouve dans de", circQt:lllanc(ls auffi Jâèbeufes Rue ~' on peùl 'dire
qJ:{ l 2 {!~ ~~eridu ~_~tro.p long -temps ? Ne ftitffit- i.:l
1 pas. qu~il ;:: ait
annoncé ' [es· prêtenti'ons du vIvant
d'~nne_ ..Bpnjfa.)C , ~qU:U "ait propofé ides voies ' de
concili~tiQn que }"on a rejettees i1pour qu'Af,lne
Bonift!i~ ait pû 'préparler fa défenfe'; & que {es
1I).üirs-'· ayent Inauvartej grace r de, fe prévaloir' du
filence J for:cé de ,Roman?, '
'
'., ' . Suc l~ tout il ' avpit, du .temps_. pour agir ~ &
il. a. agi avant le temps déGgné par -la Lor. C'eft
tàut J:e 'lu' il faut : Le _moren. tiré •de fon' fiEence
n~ eft pàs même, une e.xèeption . J' . il ne fo.upnie
qu'une préfomption qui e.Œ déçruite par les ' circoi1~aocesJ , c une "p,n:famption- ~qui ne forme ~pas
une fin de non - recevoir , . & . filr laquelle
les Apverfaires_eux, mêmes n'ont pas compté.
Tel eft donc ce procès. Anne Bonifay a
fait pOUl: 27000 liv. d'acquiGtions , & elle
n'avoit que SOlI liv. de biens paraphernaux,
dès femmes d' artifan. .donne. !e refJorc & viviJi~
le ,coh,?mZerce ~~ MarfIUe'; ;que -l'on 'veuille faire
fl ec Ir a prejOmptLOn de la · Loi, à cette Con-
fidéJation.. T(}tlt "ce~a annàiroera 1D délèfpoir de
la Cfnd~e ~aps p~~ture aUCU)1, ~effeti.J Les femmes
de,(~larf~llle fdncf.Qumifes a.lU{'fL.oix camine' les
;:l\,l~r~ ·! & 10'r[qn'dJes n'onL '(l\lcum commerce
féVM'é , de celui- cre lci,uc mari., : elles,noiven'L fe .dire
. qu'el,l€~;he peuweilt"tfien -acquérir~ p_Qu.t elles ', parce
qu'Slll,~s: ne peuveht pas J acqttél'icrans puuer d'a ns
la, c~dle
mariS'
. . - J de -l"urs
.. """
... 4....
. ... .. ...", 1
'.-81 ~~.!on, 'pouvoit juger - ce fpl~o~ès fl1~' des
co?fide'ril'u~,ns r; ,~ou~ dirions 'ayec. bien plus de
ralfon ,,11lUJl f,<;lrOlt tres-dangeneuX' d'autohfei les
f~mme§. à a~qu<ir:ir nu" unë '~fjmpl~ piéfomption ,
que Ct! [erolt mettre les fortunes'" de leurs' maris
à l~~i: ~d,i(crêtion ", '8{L que Ji ,fa, 'Loi n'é~oit pas
portee.-, il /audrOlt- la faîre: ; ' mais elle exifte
la LOI , QUlntl'li Mucius: EIle,-èfr obfervée : elle
n'ef! ~éç?nnu§ ~e '\'Perfo~n.e ;' l"intérêt 'paiticulier
pourrmt:-ll la ' fatre jlechlr devant lui?
QUé l'on excipe enfin 'du filence de Roman'
qu?on l'accufe . de Jinefiè .& ",de ' rnauvaife-foi ' '
parce ' L~.u'il _n:a..jli?~9té fo~ ' taébon qu'après
~ort ' Id Anne Bomfiay' : , tQut cela annoncera la
dlfe_~te Ji~s moyensi ROlnan 'a ' prote Hé lors de
l'i~~ellt?j~e qui f4t tait avec _Anne Bonifay ellememe, , - Il a conîulté ,avant fa mort. Il a arin~nce ,fes , prét~n~ions ; & il ne pouvoit .rien
fa~re cti!,. plus. Habitant à ~2 5:; lieues de ·Mat:feIlle , :~_ll ne co~nojfroit que. ' ;vaguement ' ce
_,~ J . ..
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do It ' 'la ' rtrajeUlk patitie . étlort méme plauée fur
ullq)miifooii ' fi Jf1t';avec qun~ ~nune aullif mé ...
àjocrè ~~que ::1' o1fllJ-v-.eut 1 q<ll?'CrlteJ ait I.nQurrr qUatre
errfam; f 'foonnirIà ~IIJn'Cfutootien., à leurs :chi-l
iuimfeJl3, paylfnIes~.darle r,<p ~ 'f~tt , ces\)acqWfi~
niolls ioffrotmlt1t€s.'Bllé n ai~oi:t d!a~blel.!trsl i ':ru<l~
œffuim:e ~ -P-O~Qq dlautreIl hlii&n ~5 :pctÏlillt rie <1:011:'
trrur.1let .~ai.ti~œr.· JElle ne pe'làdlr4J.'èfJIi~i Ws :1avoifl
i<Di.rès'? cfuè- ~<3i d'Wrgent de' ![oIF mn-i.! NOUi C réul,..
{lifions~ touteg ~'S-' circo'lilft~fJQlS " qui,: p:tilvenc
Morrer. de ,}a :îfoice' à ja pvé;[œIÏptlon ~ la' Lm
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qu ltzlllS' mlltZU.f._ ,
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.. ' wJl faut donc adjuger. à' -Roman tl9I1-fewle~
H•. mel1.t., le! pa)iXJ'des l acquiGtions . faites' .pù :-Anhd
U ' 'Bo1'lifay oo'payé 1pel1d<rnti fon fewnd ~ ïlJarÏ;lge 1
» trlàruS ento& les ' 24~ o. JiVi L8 ! f: p"âyctJs i p~r
" eHu ui2U1S-. <.t>'~1llll{t 1 du rdooiL. Toutes ~'~ ad:.;
» j ndic:ttIDris ~tle l fqnt qù'Utre'. conréquertcg..d'~
» prirre±ire , ,,'iqpe la, femllire rn làyaî1t eu "ptefquç;
» ri:en dè libie! pehdanr,Je COl!rs de ,fOh. 111a~ ri'age, -&1ne. prouvant 'pa~ tJtz.de hab.[Jeût~ , il
)) faut néceifairement préfume.r qu'elle a acquis &
» ) paye.. des, bi~m; ,du hnari ,i & .par. canféquent lui
JJ fairel'lionheu)( du la cOfldrUflheF' à tefiituet auX'
) héritierS .du ~ mati- , ce ' qu~elLe n'~ 11'U .avoir
» que ' du chef- de fon mari" ad , ej;!Îfandam.
wrpis qaœjlûsfofpicionem, )
CONCLUO r l;omme au procès, avea plus
grands..dépeos._
,
J
GRAS, Avocàt!
.
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SALVA~OR, Procureur . .
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39
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M. le Con/eiller DE MONS , Rapporteur.
au J ~rléanent.
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~.)LJfu Ç0NSEIL <50US8116ïNÉ., .E1 rIME
q:u'e la-Loi Q~ iatus Mucius s'apfXlique au prli)"C'its
aa:ll~l 'a~c ' ~oute ~ la ,-- force YoŒhle. Les .hoirs
d'Anae :(3onifay n'ont point -jufiifié qu'elle eût:
de.. oommerce parti.culier, ni. d'autres- biens ~ue
ceui-' qn'.e.ble aV,?it , 16rs de f~n mat:iage. Or leUr
mo:dicité ne permet- pas mêmtr de fuppofè.r qlôls
ayent .pû , fervir aux .acquiiitiomS" importantes de
<tette femme. Cefi bierr alIèz. de fe pci-fuader
qu'ils' ont pu fatisfaire à t 'outes ' les dépenfes
qu:elle avoit . à faire. On ne' peut donc pàS
do.~ter : qu'ell~ n'ait .payé. ces ) acquiiitions de
l~.r:gel1t -de fon mari. Il
.dOllC jufie qu'elle
en. Iieftirue le prix aux héritiers de ce dernier.
-.
. Délibéré à Aix .', . le p . Mai - 178'3 ,.,
ea
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, GRAS . .
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GASSIER.
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1
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Atllfl,!!i(!n" _du._ $r • . Alifo~. _
l\.. TOU S
Bonifay époure du Geur Roman aie fait un cOInmerce en fan particulier dans le tems ' qu!elle
étoit mariée avec ledit fieur Roman.
.1
Panralion Alifon natif de la Sale
1~ èn Savoye, 'réfidant enbcettt:<ville âèJMarfeill~Ldepuis plus ~de 20 ~n:-, _ cetti~on.s... ~, attefions en faveur de la vente que. deptns" nétre.
réGdence en cette Ville, où nous avons alcernat~emtllt fciié·]e' ·métier , de Raheirau=, OLI l de
C('>lnrniŒonna~ré ,nous avons to'ujours 1couché
darls, l' Auberge .du .grand St.! Jean, apparténant
ci'-deyaut . à feu " fteo r J ofepn ': Roman, de qui
noUt> ·é.tions Jregar.dé ·& tr.aÎlE comme une per[o~ùei '~ux OllCJres de la ma.i.G:lll", · y étantÎ pref- .
qué' p:>t:.Ijours. accu p:é.~ Déclarons en ) cO/ilféquence'
que ::p1mdant, e.qvia:on deux .années, iL a été .fait ,
un pêtit;~ commer.ce . 'en \ enchois, favons, ris, '
& att~res ;petits articles cle".peu, de con[éqtllence ,
& defiiné pour IfS: proviGons' des Muletiers qu~
venaient loger. dans l' Au~er,ge.; que Ip Magafin ... enl était dalli .la mai.{ocÏ i; ' cl côté de l~eica•
lier. , ..qJle le. tout appartenoiLà- M~ Roman .: qllfJ
véritablement la Dlle. [on épou[e éroit fou vent
•
dans ce ~Maga_.,. [ur-tout ~or[qll'il fut ouvert,
& que la vente & expédition des marchandi[es
étoit .faite indifiinétement tantôt par le mari ~
tantl3t par la femme, mais plus Couvent pourtant par c~elte." .derniere ~ attendu que [on mari r
érait fouvent à la campagne ~ nous déclarons
en outre que nous n'avons jamais entendu dire
à per[onne dans la mai[on que la Dlle. Anne
Bonifay
Atteflation dujieur Ba'i~e Mattre ès-Arcs.
.
Nous François - Baile Maltre ès-Arts ~ natif
duJieu de la, Javi, Diocéfe de Digne, réfidant
en cette ville de Marfeille depuis environ· 2 S
ans, déclarons' & certifions en faveur de la vé.
rité cque depuis notre réfidence, nous avions
continuellement & amicalement fréquenté feu
fieur Jofeph Roman, vivant Aubergjfie du
grand St, Jean, tant par rapport aux liaifons
du commerce qye nous faiiion,; dans la haute
montagn'e, que patce que ledit Geur Roman
éroit 'notre compatriote; cert~fions en conféquence que depuis que ledit fieur Roman avoit
,acheté l'Auberge du grand .St. Jean, ou foit
trois ou quatre années après, j,l Y avoit dans
ladite Auberge au rés de challm~e , un petit magafin à côte de l'efcalier, dans "lequel on tenoit
quelques barils d'anchois, du [avon, & morue
dont on étoit en ufage de faire la provifion
aux différens Muletiers qui venaient loger à
cette Auberge, ayal'lt nous-même eu occafion
d'y faire quelques ,emplettes. Certifions que led.
magaGn & petit commerce qui s'y efi fàit environ deux ans, érait de très-peu de con[é'quence, & geré indifféremment ta'ltôt par la
femme, tantôt par le mari. Déclarons en outre
n'avoir jamais entendu dire que la DUe. Anne Bonifay aye :fait ilucun commerce parriculier
L
�4~
4)
d-luant le 'cours ~e fon mariage avec ledit fie,"
morue ~n divers tetns '. dOht l'expédition lui
-avoit été faite tanult par Cun, tantôt par l'al/Ire;
que dans , l'intervalle qu'il a fréquenté lad. Auberge, .il n'a. jlHnaÏ"s entelHJu dire à per[onne
. que la DIle. Bdttifay ait fait un commerce à
fon particulier durant le ~ours de fon mariage
avec ledit fleur Roman.
_ ,
RÇ>maJ;J.
Atteflation de Meffire Beffon . Prêlre~
.
Mellire Jofeph-Pierre Belfon, . natif de la
ville de Digne f rijidan( 'en ceÈle ville de Marfeille dtp-uis près de . 26 ans, dédare en faveur
de la "ériré 'que ' .depuis,f~ r~Gd'ence en cette
dite Ville, il a été dans le ças de fréquenter
affidl,Hnenr l'Auberge du · grand ·St. Jean, appartenante ci-devant ' au _fieur Roman originaire
du lieu de la Javi Diocéfe d~ Digne, fait
à rai(on de la correfpondance à la montagne,
foit à rairon de la liaifon -que procure la proximité · de Digne flvec la Javi, ce qui 1'.11 mis
dallS le cas, de conl:)oÎtre c~ qui Ce pa1foÏt dans
la maifon dudit {jet,lf Roman. Certifie en conféquC?nce que dans la maifon dud. fieur Roman, \
il Y avoit au rés de chauffée un petit magafin
dans lequel on avait tenu pen~",nt environ deux
ou trois années, certaines marchandifes en talure
pour vendre feulement aux Muletiers, qui venoiepr loger d;iD~ cfltte Auberge· , ou à quelques pereonnes de ' leur connoifiànçe, moins à
titre de. çomm!lrce que pour faciliter ces étrangers. aux ped~(js provifions qu'ils étaient dans le
cas de faire en cétte Ville; que çe petit trafic n'a
du.~é ~ans ce mag9lin qU~ ' peu de rems, & ~'a. jamaIs eté de gra ode confeq uence, lequel petu com.
merce était {jeré i!1dijlùzaemeru par le mari ou par la
femme .ou pat /es e'1fans. Déclarant le foulligné
y avoir lui·mêm~ fajt qud<iJues petits ~har s cre
Atteftation dufleur Chalfle Maître ès-Arts.
Nous Jean-Antoine Chalve, Maître ès-Arts
libéraux, réfzdant en cette ville de Marfeille
depuis environ trente années, certifions qu'eu
égard aux liai[ons que nous avions avec les habitans de ' haute Provence, nOlis n(lUs fommes
ttou \'€S dans lè cas de fréquenter de te ms en
tems l'Auberge du grand Sr. Jean apparrenan.t
au: fieur Roman que nous connoilIions partiE:uBeremetit, & qu'au rés de chauffée de ladite
Aubérge il y avoit un petit magafin où, ledit
fieur Roman faifoit un petit commerce tantôt
adminiftré par lui, tant~t par fn époufe , &
,Gela pendant quelques années.
.
Atteflation du fieu/- Chauvet.
1
,
Nous Jofeph Chauvet, Muletier . réfidanr en
Ja vine de Digrte depuis environ 30 ans, certiSons en faveur de. la vérité q.ue nous avons
fait le voyage de Dignè à Marfeille avec nos
mulers pendant notre réfidenèe jufques à ce
jour, _& que depuis près de 30 ans nous avons
logé à l'Auberge -du grand St .. Jean à Marfeille
�44 .
\
45
. ,
petit , comm~re~ en Calur:e ;~ui fe faif?~ ~~J la
1'1IàiÜm dudlt fteu-r ~omanl & -pour ette 41a",\rér-Îté ,'telle, nous ' àv:onS:~ohné le préIHil cèrti ..
ap'parteniuit depuis . plufieurs années au fieur
Jofeph Roman, natif de la Bouilfe, hameau de
la Javi, & aéluellement au fieur Antoine Roman fan héritier ; que 'nous avons fait c~ voyage preique tous les huit jours,. ce qui nous
a mis à portée de connaître particulierement
tant ledit fieur feu Jofeph Roman qu'e la Dlle.
Bonifay fan époufe, ainfi que l'intérieur de
leur ménage & du trafic qui ' fe faifolt. Difons
en conféquence que lorfque ledit fieur Roman
avoit acheté l'Auberge .dite du grand St. Jean,
il n'y avoit aucune · marchandife de falure,
ni autres dans fon magafin qui fervoÏt feulement alors d'entrepôt pour les ballots que nous
y Jaiffions, ainfi que nos autres Multtiers;
que quelques années après ledit feu fleur Jojéph Roman pour nous faciliter à tous 'nOJ
ficat.
,
en. C0r11mUn dvet [on époufe comn-ze toutes les
alitrel affaires de Auberge, c'eft-à-dire, que
t~ntdt nous comptions avec l'un, lQntdt nous compIlOns avec l'autre &
que nous n'avons jamais
ri'
entendu dire à perfonne que la Dlle. Bonifay
pendant le cours de [on mariage avec ledit
(leur Roman, fut chargée à fon particulier du
petIt
-.
~
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_
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•
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Auejlation,. J'i.J. ··fieu;, Rà-Vel" Conful
,
- ' : 1 & - d-<:
F~l:èjlq':g. .
",.
......
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•
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~
~de' lNre'{el
"~
,.
• •
1
" Nou,s Jean.Jo~p~ Ravel, l'~n des Sr~: ~ire
& 'ConCuls, Négocjant de cette· Vine de Me'leI, & . Antoine Pele'fiorg, Mulétier égal~m"enc
(,le cette même Ville, cerrifions & attefions 1 à
t.oqs qu'il appart~endra, què depuis, envirQn 2. 5
ails ' nous envO)'ions à Marfeille dIvers lt1\.üeti
pég~ le tranfport des mar~handifes de J ' ~otre
éommerce ; : qtié',· dans cet lDlervalle -de , tems ..,
:Rous avons efél pous-mêh1e'\ üèS-COU \r'e'qt i faire
ce- :v o.y age : que \ n~us a'VO:rl s -pre[que ' t?uj?urs
rbg~ à l' ~uberge du ' grand J , St: Jean a 1'\1!arŒille a vec nos mulets- & pomefilque, fâquell e
Aùbtrge ap pa1'tenQit à feu :fieur Roman, origiIJ.aire de la ha:ti'te: montaq-ne, a~ec !eq~el nou s
vivio ns très amicalement, [cm a raICon de notre co mmerce ,1 qu~;' pa r- r-a pport à I~ , pm~ im it é
cles' li eux de tl'orre 'milffance, 'ce qUI no ~ s , ll;e~ :.
toit l à( p ort é~ de ~ ({)nooître~ ~ar,ticu~iere~en t' les
a ffil\i:res ~<luditt fieu r Roman ~ ! Declarons ' en . con~
féquenc e & en fa veur de la vé rité, que dur ant le cours de la vie dudit fieur Roman,
J
provifions en lalure , fit venir dans fin magafin
quelques marchandifes de cette nature, dont il
nous faifoit l'expédition pour notre facilité; que
cette expédition ainfi que leur paiement nous en
étoit faire tantôt par ledit Roman, tamôt par
la DUe. ~onifay fin époufe avec leJquels nous
trairions indijlinaernent. Certifions en outre que
'ce petit commerce o'a pas duré longues apnées,
& que ledit fleur Roman geroit autant ce trafic
'
~;,
,
ous avons toujours cru qu'iL étoit lui fouI pron 'e'ta ire & maître de ladite A uberge, bien qlle
prz
A
[on époufo parut [ ouvent etre
chargee dl
e a 1';'g ie d'icelle ; que de -plus, nous fo~nes me1
�-4;
moratifs qpe quelques années après que le Sr.
Rom;1D s~pt acheté l'auberge, il Y établit Urt
jJClj.t~ ~agafLlZ de fa/ure qui firvoù à faire
nos provifions, & celles de di'llers MulélierJ
qt4Ï venoi(w également loge,r à ladùe 4uberge.
Dé.~lar~I!S :& c~ti!i().n8 y avoir lait nous-mê.
mes quelques P.€tits\,c~argemellSo dotzt l'expédi~
rion nous étoù foùe, tanteSt par ledit Sr. Rolnafll 1 larudt pa. ' Jarl. époujè" lant~l po,r le
Pâ1~t' ,;j'~urie, le. L'our indiJlinEf.ernent. La vé~
tité étant .que- nous a'llOIlS égalemem payé in ..
difti(laement" tanuSt ~edit jieur Roman, tanteSt
fin q;puJè· Etant. néanmoi~s _mémoratif" que
quan4, :'10 US avons été dans le cas. de régler
le montant des marc.ha,udifes ,H~ec le Valet d'écur~è apNllé Jean,-~aptifie Roman- aaueUement
aux P,uc;,eJles , .5e ; ~çnier en, pOF,4QÙ le comple
au,dit ·Sr. Rorp_an & ., non 4 .(on éPDUJè;. que
MÉMOIRE
~aga~1l? ~~ltli
au pied de l'efcalier it
côté. de l'ÉcurÏe .de l'Auberge était de peu, dè
ce _l'frit
POUR les hoirs de la DIle. AUl~e Bonifay.,
confêqu.ence, & s'a duré que devx ou ttois
anné.;s..... D~c1aranr :au. furplus< que n'o us n'avons
jamais , entendu ~i[~ à perfon ne que l'époufe
dudie .fLeur ~an~~ fU-t a,UCi:un commelce. en fOD
prow e 1 ~i- qU~,=,l'l\l~erge du grand St. - Jean
lle~ [uF:. E'i~s qn pl~il?e proprié-té , ~udit ueu{, Rom~n, -AÎIlG qu~ r.gus , le.& ~ profits ; q~4i en fé!u1 .
tOlent, )
(\.. 1CL
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SERVANT DE
RÉPONSE
POU R Joreph-Antoine Roman, Ménager dl!
lieu de la Javy , héritier tefiamenraire- de
Jofeph Roman -fan oncle, ep fan vivant ,
Aubergifie de _la Ville de Mar[ei)le , Appellant de Sentence rendue par le Lieutenant
de la même Ville, le z. ShPtembre J 779.
CONTRE
Cl
Les Hoirs & Héritiers de la DemoiJdle Anne
. Bonifay, veuve en fecondes N6ces dudit
, . Jofeph Roman, Imimés.
·
U
NE lemme a fait des acquifitions très-
"
confidérables pendant fan mariage, à l'in[çu
de [on mari. Elle n'a eu aucun commerce particulier & réparé. Elle n'a pû les ayer qUè
A
\
�1-
de j'aigent de fon ..mari. Le prix - de ces acqui.
iitiônk doit-il être rendLt aux héritiers de ce
derni~r, où les héritiers dé la femme ' doivent_
ils p/rofiter des avahtàgèS iriJufies qu'-elle s' efi
pr(j)c~rée ? Telle efr la quèftiblI fdutnife au lu.
t de 1a.:Co.ur.
r:-.
.
1
L Lteutenant a jugé que les hérItier' de
la . 11 mrué po votent tout garder. Rom1na
app~.bé de . cette Séntence injufie, le joùr rrlême
qu~elÎe a été rendue. Le cfétail des faits . &
l'examen des objeél:ions d~s Ad.verfaires , prouverdnt que cet appel eil: fonùé en princjpe & en
rai[0n. _
geinI
..
1
FA 1 T.
~"
.
Anne . Bonifay ùu, Ije~ de Cuges ( 1) _vint
ci Màffei.Ùe· pour y .~rvir '& gagrler fa vie;
tdmÎftè f~nt tanÉ d~ filles du peuple qt.li quittent
letifs llialfons pour échapper à , la mifete. Elle
fut àlIèz.- heureufe que de fa!t-e ·là conI1oifiànce
de Jeafi Lyon; voitUrier qui n'avoit pas O'rand
chore- J !nais t3tiur qui n'a rien ,-· quelque ~ho[e
v~ut beaucoup. JI y a apparence qu'il ne fût
faIt aucun contrat -de tniriage ehtre eux. Leurs
héritiers n'en ont point communiqué.
,
,
(1). Les, Adv~rf~irès qui voyent tout en grand ,
Ont dIt qu elle etolt de la Ville de Marfeille. Son
cQnt~a~ ~Ii rnaHagè, ave~ 10fèph Rornàn, prouve le
contr~~e : elle s y dIt : Anne Bonifiiy; fille de
Françol~ & de foue . Magdeleine BOTtifilY, originaire du
lieu de Cuges.
'
•
"
J
De Voiturier q,u'il étoit ~ '. ce Jean J,yon
devint un méchant CabaretÎ'et, ou fi l'on veut,
il fue Voùurièr & Cabaruier tout enfemble :
on peut admê~tre cette ftippofition des . Adverfctires.( Ses 'V{')JÏttires & ' [on Cab-àret ne
l'em:i'chlrent _point. On peut en juger par fon
tefiathettt. Il
Tégue trols livres à Catherine
Giraud fa mete pour tous, droils, & à chacun
fie [es enfans la fomme de telu livres· payables
aUx filles à leur mariage, & aux mâles à
l'âge de vingt-cinq ans, POUR TOUS
DROITS D'INSTITUTION, SUCCESSION LEGITIME QUE ·SESDITS E NFANS POURROIENT DEMANDER ET
PRETENDRE SUR SON BIEN ET HERITAGE. Quelle fortune que célIe d''un homme
dont las enfans ont 100 liv. de légitjme? Encore Jean Lyon avoit-il été co-héritier de Louis
Lyon fan frere. Que l'on juge des ~icheflès
de ces deux hommes , & fi: les Adver[alres ont
bonne grace de dire que la fucce{fion de Jean
Lyon devait être d'une certaine importance,
flit relativement au double commerce de. J('~~
LyoT!, fo~t parce que Jean Lyon avaIt ete
co-héritier de Louis Lyon fan frere . .
AuŒ Anne Bonnifay ne fit-elle procéder à
aucun inventaire, & [es -enfans ne l'ont jamais
recherchée à ce [u~et ,parce qu'ils [çave?t. que
c'était de [a part un aél:e de bonne admlmfiration' on n'a point d'inventaire à faire là 011
il n'; a rien, ou lor[que les frais abforberoient
ce qu'il y a.
Mere · de -quatre enfans, Anne · Bonnifay fi t
J
y
�4
tous [es effbrts poVr Jes nourrir, & gagner quelque
chofe. Elle tenoit en arrentement l'Auberge des
deux Po~mes, à Marfeille, & fes foi!1s y
ayant , ~pparemment attiré une certaine affluen.ce
de Muletiers, ou autres Rerfonnes , , ~lle fut
aŒe~ heureufe ,q ue de faire qùelques épargnes
qu'elle employa à a~heter une m~ifon à l~ Place de
l'Auriol pour le pnx de 6750 hv. , dont elle ne
paya peu à peu que la moindre par~ie.' ~lle
fupportoit l'intérêt d'environ 4000 livres en
1746 .
.
A cette ép'oque fa fortune confiftolt 1°. en
.la maifon dont on vient de parler , & dont elle
n'avoit p~yé que 3454 liv.; 2 Q• en 1007 liv.
qui lui étoient dûes par les nommés Turre! & '
Pecôul; 30. en' 550 liv. qu'~lle avoi~ à repeter
fur les fucceffions de fon ayeul & de fes pere &
mere , ainfi que cela confie au procès ; 4 en
la valeur des meubles, dem:ées & effets de
l'Auberge des del:lX Pommes dont elle était
locataire, & ·qu'elle évalua elle-même à 71101.
ainfi qu'on va le voir; ce qui formait en tout
une fomme de 12121 liv.
C'efi à quoi fe réduifoient tous les biens
, d'Anne Bonifay, ,ceux qui lui étaient propres,
ceux qu~elle avoit recueilli de fon mari & de
Louis Lyon fan beau-frere, fes profits , ~e s
épargnes, en un mot, tout ce qu'elle poffé.dolt.
C'efi un point eflèntiel & que l'on fupphe la
Cour de ne pas perdre de vue.
Anne Bonifay était dans cet état, lorfqu'elle
fe maria avec Jofeph Roman. Leur contrat de
mariage efi du 17 J,oût 1746. Elle fe confiitua
.
en
0
•
)
,
,
-.
"
en d~t la fomme de 7.11,° liv. à laquelle 'on iixa
le pnx de fes- cotfr-es & {le tous les me4blés ,
denrées & effets ' qui fe trouvoient dans ' f'Àubei~e des deu.x 'Pommes, qui appartinr~nt' au
man dès ce · nt01Ïlerit.l' II fe chargea même de
l'exploitation de J' A~be'rge " . & ' promit de décharger ladite Bonifay de l:''âfrenteme~t dudit
Logis & d'en . Jaire Jo'n fâit -è;- caufe propfè.
L'Auberge ceffa donc 'd'appartenir à Anné
Bonifay.. Jofepll Roman en' devint lùcarajre' in
même ,temps qu'if acquit tout ce qui
ctou:.
voit " & . par ce virement , ~ AfJne Bonifay cellà
d'être chez elle. Elle fut chez fan mari. Cefi
encote une circonfiance efièritiellé à remarqlJ er.
. Il. ,ne ·l'ell: pas moins .d' ob{erver qu'Ahne
BOillfay , ayant doaoé en ' aot à fon mari .1e'S
'7 110 liv. de la ' valeur de. .tqut~l ce qui fe troü~
voit dans .l'Auberge " c'e-fi'iutant de r~tr:anché
fur {a fortune que nous av6n& ne ~ fi ;ît1ônter
qu ~à J 1 21 21 liv. Il Qe (lui ' refia' ,dpnc e~ ~iells
paiaphemaux,'que. ' 5~(ü 1iv.~ ; nont 3454 'étoieÎit
déja -piacées . fùF ', u~ -mai{on. ".C'é(t '~veç \éèt:t;~
fortun~ ~u~ l' ori veut .qu' An~e ~~n~~ay ait ~aIl.rré
.2.000 I.tVl. a fGn fi.~9-; pa-r {on con,trat de manage;
du 13..M ai- 17'51 ,- -& ~u' elle ait Tartlégidniemenc
pOUt Î: 7oob'"Iiv. d"aéquifitioîisi.. Ma~s n'anticipons
1·<....
...... u"... ... 1~'1,J~
rl'en ,. 1 .....,. ..
J ofeph ' Roni~ etoitl à' Marfeill~ depuis· longtemps. ·:n y avoir~ l1fj Grolumêrce
; . il Y était .'AlIr
ber.gifle., ~ - ainfi.::qÎ!é t prbtivè ·{on contr'!-t de
mariage ~'1!l1 avo~t- ~né , fait. des' epargnes ,
&- il '<l90ir du tomp'1:a-nt. Cet rargent verfé danf
l'Auperge' des deux.:: Poi-umes ,'2'&_Utilément employé, lui profita tellement qu'il fit dans fep t
S'y
va
1
,
1
f'
.....
B
1
�(1
ann~~ des flcquÎfit~OIl~ pour la fo 1l1 me Îlnpor ..
tatit!' dé:. 3 542.0 liv. 'Ces. 7~ ~llnées qui foht les
premieres de l'on mariage, nou~ c()nduifepc à
l#;iQQÙ 1753, A .cet~e- .,Ié poque, ~9lJ[~S les déP~rlfes. étaient. ,(<J\tes, ROql~p a,vQi t . acq'\l'j~ l'Auber~ du graqd ,St. }~an. Il: n a.v olt confequem'men~ plus de ~ ~çnt,e à pay~I'>SQn . ~.uberg~. éto~t
pOUI'(L«! '. de ço~t, .a'Gcrédlt~~',)) ~ s Il avolt faIt ,
~ne fqrt~ne Li cÇl!1lldérab!e :~n, Ji ~~e!:1 _ çl~ tems
,avec : mo.ios ~~~v~ntages, (\!1 de,volt S:l;IttéJl~Le
voir çt:tte fortune. aug{!l~tl.1er eH prqportlon
lor~qu'il Q'avQit, pour atnfi, dire " plus qu'à
.
g~gller.
,
. C' dt çependant à _cette ' mê{lle époqt.te que
finl{fe9~' fes .acg:lifitiorls : pJ.u~. d'achats ~ 'plus
de placfll1ens dep.u.~s 17 S3.,)'}oman pe~ fa.it.plus
qu'une. qlodiqye_j-cguifirion ' d,u !pri?C de 'l 1:-06 1.
en l:7(iJ, & lo~fq~'it l)1e.urc en 1.77 4 ~ . 0;t .nc
lui tr~uve qq~d r'!J.V~, .-:' "
,
Qu'dl-il dgnt , ~rpv.e . ? Ql!:él ,açcld~nc a co.u pe.
le èôt\rs rapid~ qqe 'preppi,t la ;forcune de .RomRO ? _Il ' n~en ' fal!t point -cnj!rtiher d'au~~e que
la ,~çm~t~ È~.. fa r fel1:11~el' J\lln~ Bonif'ay avo~t
quarF'i ~nfa,ni.c. B!-h'N~Illl~, ~ hE ~U~ 'n'en avolt
po~r:-ç ~ ~'l1. -(e'io,n9,. . ~lle~ c~flyol~a: l~ fO,nune. .de
fon lllf\Pj. &; Xquk~~, en :;~~!f~ ...) p.dreLa. '.~~ : en
fans·, fioon la totalIté au mOIns la meIlleure
partie. ~ 'I;lle ~y:~! l: prjs :' l:Jl1Jù~~'irct .ibf~lu . fur
Roman q~.i , ~to4- ..d'u11- ,l!aiHfe.:t.. dQu~ Jk tranquille. Elle . en ~~fa. C~ :.n~~tolt . point affez
de i'a..Y
.Q.Ïr eng,ag~" jl dot~F . toû~\ [es enfans, elle
s'appropria ~~~ l~S ' PN&~~f .les béné6ce:s ~ en
fit de~ ~cqui4tiQ9S., à. [qn qom;, & fes"acquifi., ., ....
r
,
[
>
7
tlons .qui s'élevent à plus de 24000 !iv. commencerent en 17 P, c'efi-à-dire à la même
, R oman
'
;)c;:eifa d'en faire." EUe's ,con'é poque ou
tinuereur tant qu'il vêcut, & après ta, mort
dans l'an ~e 'deuil, elle a · ,e ncore p~yé. près
de 3000 IlV. Or ~ les .AdverCaires conviennent
page 10, que Les acquifitions faites ' dans 1'année du deuil Jont cenftes provenir ex fubfianua manu, parce que Le mariage eft cenJe M
quelque façon durer encore. Nous· avons donc
eu raifon d.e dire que les acquifitions faites par
Anne Bomfay pendant le mariage, ou dans
l'année du deuIl, font un objet d'eaviron
27000 Iiv.
'
Toüt cela n'étoit pas cori'nu en détail à la
mQrç , de . Jofeph Roman. Jofeph-Ancoine .1)0m~n fon neveu .~ qu'il avoit infiirué [on héfrÎ)
tiér ~ : & ' qui · clemeure à 2. 5 lietJes de. Ma'rfeille ., ,homme limple & illitÙé,' n'e~ fçavoÏt
que ,ce, ~U'OQ ,lui avoic. di! . vaguement. Il fe
rendu a Marfel~le. O,n ~t ~n inventairç parce
~~e .:~~ne B()~lr~Y s étou ~ncore faite . l~guer
1 urufru~t des. bIens de [on .mari. Cette femme
ii16de11ë jUfqlÙU pout, ne dé,ç:1ara ~r [es a~.
<f.tÛJi~lp~s: ell~ en çacha qlême u·r,t.e
~n' ma/:j _.~--.,~
~!i~ë:rBu'elJe. poft?i{ :fur ulïe.oJl~Qpriété·- CQ.ntiguë
a ~~nle Jes fi.t:no~s., & qu:t;llfi f comptoit fe 1'-<11'l!r.?pn~ arec: ,lç ~',otfl. ..E.!1r-1s~para de . ~out
1 ~r~ept _,comR9nF ,: ne , d:~cLa{a ~que ' ~ Ij\'." &
ht,.,e.n l U1;1 mot ..to~t ce qfJ' lIe ,put pour ..affqib!lr les . refies ,,; d(~)'bél'edit~ [ ql:l;e~le aY9!c .~év;afte~. .-!,{ornan fe cont5nta de ~~o~~fi~r" .fQ~~ pâur
avolr.~ 17!· tems -d'~gir avecconq.oiilà,nce-, fojc PQur
1
• II.
1
, 1
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" H'
• 1
•
•
•
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~
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•
8
s'en procurer les moyens, fait parce qu'Anne
Bonifay avait l'ufufruit du tout, foit peut-être
parce qu.'il ct>rnptoit fur un retour de fa part.
Mais lorfqu'il fe vit trom~. lQr~qu'il vit
qu'Anne Bonifay &~ fes e n f a n ' t prefque
tout envahi, & que par leur10 .. .:r~àtions, les
donations qu'Us s'étaient' (aites faire, & les re·
pétitions qu'ils ~voient à l:xerèer, ils rédui.
foient, une héredité 'confidérabfe à la- fomme de
20000 li v. fur laquelle il lui refioÏt en<:,ore d~s
legs à payer., alors il fe dDnna des peines;
il implora fes amis, on découvrit la fn~ude:
on lui donna des ' moyens, & il préfeqta fa
Requête au Lieutenant de Marfeille le 28 de
Juillet 1778.
'
, ,
, On contefta; on ' écrivit de part & d\llître.
La queftion fut enfin fixée aU 'poipt de fç-qv~,ir
fi Anqe- Bonifay , ~ ou fait fes héritiers, ,ét6ient
obligés'à rembou"rfer le prix des acqùifitions ~faites
par leurr'mere ùc' l'argent de fOll mari, ÇlÙ s'ils '
devaiènt- les gardé'r:
'
•1
Cette - queftiç>Il " était fimpJe. ' Çependant ~pn
furprit- une Sentencè qui débtlllb
Roman
de
f
r'.:. •••,. ~ fa dem~rl~ :-!l,e "Cft du : ~~ ' ~;p.t~H1br~ 17..79,
t'
• .....~oma? ~~ . al?'P:lf~ le me,~e), )\>~ ; ,S a ,?éclara~
Uon d appel ' eff dan~ fon' fac (bus cotte T: T.
ail "a eep-endinf .l~it :ql,l'il n'31'Voi,t p~s op én dê·
clarer . qppel ,- &- . qUe ce ' n'eft, 'que' le l b Mai ;
17 82 ; .
a iirfuii[n'é cle :; l~ ~'!t~arer 'f(. iJe. Ze
réléver. 111 l'a 'd éd,aFè Je, 2" de ,Sel2 tern l;>reI;79,
le jout : Juêlne ~ <:pie. la "Sent~ncé ' a; été ' rendue.
S'il 'à t!'rdé de ~Œ,"t~ever ; c'ë:tf parée qu'~t~nt
çhilrgé~ de i6 ènfans; les moYens1.1u i dnè1man.
qué
~.
quIa
\
~,.I
,
,
9
qué ; mais fa - volonté étoit mahifeflée , fan appel déclat:é. 9n né .'peu't donc pas mieux fe prévaloir de fan inaétïon forcéé "llprès fa déclaration , qu'il Il~ pourroit le f,!iré de ce -q6e les
Adverfaires ne l"onc 'ailigné ~ ni en anticipation,
Dien défertion. ~ -,
- Qlfqiq.u'iL e"ri Jfoit ' , l~appel eiifte ~ & nulle
~on{~dération ne ,peut en d!~in'u'er l'effet. '
" F:aut-il ~ rie, faut-fI paS ':éfotmer la Sènûhcè ?
Ç~fl tout ce ,qzie' nous avons à examiner. ; Les
in'tÎlnés ont raifon: mâis avant de nous 'Ji~rer
~ cer examen. " fixons les idées, d~après lès' i6tÏmés
eux.mème~ page 9' de leur Mémoit~ iml .
pnme.,
., _.
J.) Si la Sentence pou voit êtrê réformée, "fans
» doute il faud/oit adjug~r ' à ') R~:imari non:feu ~
;) lerncnt le prix aes acquÎfitiôns faites par Anne
» Bonifay, & payées pen.dan,c fôn fecadH ~ ma
») iÎage ',- & les intérêts des fommes for,lt111n't le
» prix de ces acquihtions, ' mais encore Î les
» 24~o "live 18 f. payées par Anne Bc;mifay
)) dans. l'année dû deuil. Toures ces adjudica)) tions ' ne feroient qu'une - ço~féque'nèe db
» principe, que la femme n~ayarit rie~ d.e libre
» pendarit le cours de fan mariage, & ne proù.
» vant pas undè habueric ~ 'il -fàut nécéffaire» ment préftimer qu'elle a acquis & payé · des
» biens du mari, & par , conféquent.la con» damner à refiituer aux héritiers du mafi
)} ce qu'elle n'a pû aV'o ir 'tût! ' du chef de "fon
» man. »
Voilà donc nos fins juftlfiées, ' fi l'on ' ne
prouve pas qu'Anne Bonifay ait, eu 'dès !-ièf~
C
J
L
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'.
'
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fourc~s
- Il
& des bieQs. paraphernaux aŒez ç:on-
jours .conv~nus'J ~a re,g1:!,! t<:efi-è lo-rfq-LIe la ,femme
iidéT,aples ' , -pour payer les acquifi60ns ~mpor ..
tantes -~u'eHe a faites rendant -fon mariage av.ec
J ofeph- ~9màn. ''- - - ,
ç~ poiiJt dç" l'û~ ' eit le feul quj doi:v~ ~ous
occupe(. te drOIt eit convenu de" p~rt ~ cl alf-'
tre. Nçws r~V9~s , diç dans ,[<luteS nos Co nfultatio~sda.n~' la derllierè çômrke~ dans' les pré-
piouve undèhabl~it, c'~'-à·dire b lorf<J:ü:elle
montre des , re~tl{c~s " parti.cuJi~r~s qui oqt pu
foumir . le, prix de~ l-!cqui{iti{)~s faites éORflqm-c
matnmonLO.
A
fem e, ;:J .,açqYl~ e:f f..~,f!!ma Vl{"l ,, ;~ {l10ln{i ~u elle.
Qe .WO~lV~, ùQ.i{rlJ.ab~erit. L,a Lcfx ' explique fe~
mo.uts ; ç èa ~a e1-·iûlndam iurpis' 9uœflûs .J}tr
piciôTlerjl. Les Atlver{aires en ~étôiént · co~verius' :
ils ont'·plûs fait dàns leur Mé1110ire imprim~ ;
ils ont ~~,<ilBli c~ .point de droit, rapporté des
au~od ~s ~ & tfiOlJS " fomm~s , en.core cett~ roi~
dj{pënfe~ dé i!pps,y.â,rêter. L'~) 'texte d~t~averfaire 'R'QLJS f\J$r.,
,'~' ;' l
!~ 'Rien Ij'èQ ~tus ' vrai ?, ~ifent-i1s pag'.~ tI ,
)} qijé :'~e~ priQclpe géné,ral irivpqué parAA'ntqin~
» KQmal1. If tiepç 'aux mœ/.lfS; à l'horinêtet~
)) l,up}ique, ~ il f~ut pour ï'honneufdnêùle du
)l rè~~ q\.le [Q~t cç qulil aç9uiert, to~t ce qu'il
)) p~ye QU ip.l.lt. Ç€ qu'il dept!n[~ conj~a.'!-te ma)) trif11oni.f), (Qit cepfé proveqir eX pecun/.â ma» rÙÎ, l'éUe Ilfi la difpoGtiofl çle la fatheufe Lbi
mrilius(jf
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qrÛhlÙs
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Mais on Ce fyrÇlir:ljl;l(IQn.fi l''On croyo.irt :q4~~
1impJe préfompti<:!n fu6it poue, déçruire la : préfomption de la,. Loi. ,.Geile-çi
jurÏs & 4,e jure.
_l' out appartient jl~ }l'Iari ça the{e généra!e. La
. f;mme .qui vel!t fe ,placer dans Texc~ption "do.ir
_poru: prouver ,q!.l'elle a eu des re{[ources, cl' ailLeun;) des biens p!1r~phernaux çapabl~~ ~'av.6ir
R~oduit les ' aç9ui6.t~9S.. La, Loi pe .dit pas /;Indè
habere potuerzt, 'mars unde habuerq. Il -ne {uf.
fit donc pas que la remme qit pu avoir" il faut,
qu'elle prouve , qu'elle démontre, comme le difendes adver{aires, undè habeat. Or une -pr-eù ve
une démonJlraiio'J. ne fe firent} jamais par une
fimple 'préfomption.
Lorfqu1on dit que la pre~Q.mptl?n de la ~Ol
peut être détruite par une preiomptlOn contraIre,
'cela s'entend de la préfompti09 ,de paiement -qui
naît de la certitude Eles refiources de la femme ;
mais ces refiources ne peuvent pas être préfumées.
Elles doivent être prouvées, dé,m ontrées; & la démonftration faite, alors qn;pr.éfume 9ue ces 'reffources ont fervi aux acqUlfiuons faItes pour b
&.
)l'
.
l '
de donat. iru., vi~~ Efùxo~:
dl: atteaée par 1 t,QUS les
•
femme.
n .autf;;~rs; &. qQpt la difpofirion eff d'ailleurs
)) fi trIviale qü"'eUe n'eft ap{olument "1éconnue
» 'dë 'perfonne.
.
.
~Qllt> ç..pnv{n<;l1J.S cl llQtre tollr , de l'ef'~ption
à, ,:-,:êtf~l!esJè S~!1eral~ , & ~ous en fo~m~e~ toU~
Si les héritiers d'Anne Bonifay provvent donc
qu'elle a eu des biens paraph~rn~ux afie1.. c?~
fidérables , & des re{fources afie'Z. multiphees
pour payer: 1.7000 liv. d'acqu,ifiti,~ns, la, Se?
rence doit être confirm€;!e : malS,. s 11s ,n,!:! rempIrf, fent p~s cette preuve) s'ils n'ollt pas même de s
1
\
•
�12
préfomptions à oppofer _, s'il eil: confiant que
Annè Bonifay n'a eu qlle des biens parapher.
nau~ -de pe.u. de valeur , dont elle a même
donn~ la majeure partie à fes enfans s'il ~R:
vrai qu:elle n'ait .~~ ni pu av~ir aucun c~11lmerce
particulier & féparé de celui · de rOll' mari ', la
'préfomption d.e la Loi s'applique d~ns toute ' fa
force.: les acquifItions de cette femme font_cen.
fées faites ex pecuniâ vil'i: ,elles appârtienne~t
à Roinan ': la fentence doit être réformée.
_
'Or il fera difficile, pour- ne pas dire iinpoffible aux hoirs d'Anne Bonifay,d'échapper -aux
con[éqüences qui naifiènt de deux faits c~rtains
& majeurs.
'
,
~e ' prel.nier di que dans l'efpace de 7 années
qUl von~ Juf~ues ' ~ll .. 1 753 , Roman a fait ' pour
36000 lIv. d acqll1fitlOns , bien qu'il eut à payer
le loyer de l'Auberge; & dans' ce tems là Anne
~onifay _qui n'avoit pas encore afièz pris ·d'em.
pIre [ur [on mari n'en a fait aucune : mais à
cette époque les fiennes commencent & celles
du mari c~~èn~ , bien qu'il eut acquis fon Au.
berge, qu Il n fU,t plus de loyer à p.ayer, &
que toutes les depenfes étant faites , il n'eut
plus qu'à gagner. Du moins s'il avoit accumulé
on 'po~rroit dire . qu'il avoit gardé fes profits ~
~als :a f~ I?ort AI1~e Bonifay a déclaré qu'il
n av.olt. la:ife. que 3 II v. Ce premier fait eH frappant , Il l11dlque la [ource des acqui1itions nombreu[es de cette femme.
.
Le [eco?d vient encore à l'appui du premier.
.- Anne B?mfay s'étant dépouillée. en faveur de
fon m~n, de l'Auberge & de tout ce qui s'y
•
trouvOIt
' q
.trouvoit ; . ce. qui forma fa dot,- n'a eU PQll1"
tous biens paraphefnau,x que )011 1iv,;: ~ dQnt
elle avoit même d~j~" lemplqyé: 3:4514 liv~ .,~il:itç ~
quifitiof.l de .1<1:. lJt1a ~fon ' de lé! ,pl.'!c~ de J'Auriol.
Nous J'avons 'pr~~Yf -: Cett,~ 4ern~re' fomme ne
pouvoi~ .plus_ [e~-V:~;r;. à :.d.e _n91.!yelles ~cquifitio~s.
Il ne refioit donc à Anne Bomfay qu.e J S:5.7 . hv~
fufçep:çib]e ~ de ?ouyel emplpÎ,' ~ le loyer de'
cette mai[on de J~ 'place d.e. tAU!.lOl. . COp1meôt
avec çe modique '~vôir , ~ au!'!-:t-elle payé l~ ~
intérêts ~ d'environ . 4qoo liv .. qy~ elle refi:~ {k~
voir du' prix ' de cette même mai[on?_ çpl1'lment aura'-t-elle, nourri quatre enfans du p-r~mier
lit qUI ~'toient à fa _ .~_~arge ? Comment ~.aura-t
elle donné 2000 liv. à .[on fils. ~n 175 1 ? I,Com·
m"ent enfin aura-t-elle fait des acquifitions po.ùr
·2.7 0QO liv. ? Cela tiendroit, du pro~ig~, fi :l'on
ne connoiifoit la [oyrce o~ eUe pUlfoit
Pe~[e-t-on échapper aux réflexions que préfentent ces deux faits, en di[aI.lt que ROlJlan a
pu ' (oulager fa famille " q,ui Je ~rouvoit ~an's
1'indigence, ou que les benefi~es n ont. peut-e:re
pasété auffi wnfidérables apres les hUlt premle·
,
resanoees.
.
Mais fi Roman avoit d0!1né des recours à [a
famille , il ne lui au"roit p_a~ [acrifié Ç911S fe s ,
profits, ou s'il l'avoit fait, [a tamille [eroit Jor·
tie de l'indigence; & cependant elle efi encore
ce qu'~l1e étoit , c'e!1:-à-dire , hon~êt~ & ~au~
'vre fans avoir jamais été dans l'zndlgence. SI
les bénéfices n' avoie~t pas ét~ auffi c0nJi.déra~les .
après les huit premzeres annees, du mOll1~.·n ~u
roient-ils pas été nuls : & . cepeQda~t ~- [~pp{~[e
f
\
/
�. , 14
.
qU·âJ'tès avoir -tWquls une 'A-uberge , s'être meuplus rien gagné .
.blé -Bi: ,a ccrédité, Roman
abl01ument rien : 'YeriffimiZ.i~ jinge. "
'
.' ',,)1 .- Le mar~ ' n'ayant rien" -11 a commencé de
n d~ .canfolidet:.fa furtune--atbc â,é pens m~me' de
~) . fa' femme ' iV-actt -de -lui : pèrmettte -d.C" ' penCer
, ,~ t_ fi
, ,
t) a fj;I:
leune. l'.'
- _. ,.
_,
.
n'a
.~ Et où, a-:-{)l~ (~u .,~ar où prouve:'!-~n
:,uè
R?I~an-1l avoit fien " & que JAnne Bomfay avait ·
urie fortune? Cetté fortune è!fi connue:' eHè avait
la : maifon de la. place de l'Auriol & 1:557. liv.
& .l'on · veut qu'elle ait : payé les intérêts des
4000 l ~ qu'elle dev<;>it, qu'eHe ait donné ~o'()o l.
à fon · fil-sen I7S1 ', ' c'efi-à-dlré, dans le même
tems ; que Romàn fairoit fes acquifiüo~s, qu'elle
ait 'holirri (es. quatre enfans ; & qu'el~e ait en~
core o
eil. de quoi fournir 36000 liv. à fori mari.
Si Roman n'avoit pas eu de l'argent en Tè-inariant ,. s'jl ne l~avoit pas verfé dans fan Auberge
poûr la f :!ire valoir, s'il n'avait pas eu ' Uh trafic oonûdérable, fes ·héritiers n'auraient pas à fe
pl~indre aujourd'hui,des ufurpations de fa femme.
- La ' foibleffe de la réponfe prouve donc combien font viB:orieufes les réflexions qui naiffent
de ces deux faits. Avançons:
""
.
)) La préfomption de la Loi ceflè , ' difent les
» Adve-rfaires.
»- 1°. Si la femme a accuèilli le mari chez elle.
» 2,0. Si elle n'dl: mariée que fous une conf» titution particuliere, & que l'on prouve qu'elle
JI avait des
biens d'ailleurs. 1
~) 3°· Si eHe a fait un commerce particulier
» lQdépendant de celui de fan mari.
) 4°· Si-fan mari a fçu & cOlmu qu'elle tra.
1
,~
j
,
15
"li'
, » . fiquoit ou ' qu'" elle fa~f~it des acq~ll It1Ons.
. Tout ' ceh , peut etre vral fous certams rappo'tts & en thefè générale; mais fans flous arrêter ~ ~Xatninèr le principe, venbrrs-en ~)':q.p,p licatio.n.
'
-'
"
.
- ,
1°. Dit-ùn, pag. ,24, Anne Bonif~y ac{euzl:lit the'{ elle Jofeph J{oman.
" ., " Point 'du tout. C'eil Roman qui reçut Anne
Bonifay ohez lui. On voit .par leur contf;1t_ d~
l!lariage 'qu'elle f~ confiitua en dot tout. çe qlll
était renfermé dans l'Auberge, & que '~o:man
fe chargea même du loyer de cette m ~tpe, Auber.ge. Il devint donc acquereur de t?US le~ e!fets &
, locataire de l'Auberge. Anae Bomfay cega donc
: d'être c=hez elle, & ne fut plus que chez [o~ l mari,
La préfomption mangue do~c Rar le fai~. S'il étoit
vni que la femme qUI accueIlle fOIl man ch~z ell~,
dut être exceptée des difpofitions ~e la LOI ql/znrus- ml/cÎcls " il faudrait au moins entendre cette
exception d'un~ fel~me ~ qui ~ya!1; ,une maifoll &
un coml11erce ètabh, recevrolt verItablement fan
mari chez elle, fans fè conftituer fa maifon ·, ni
fan cOlhmerce; mais n'efi-il pas abfurde de Val!loir appliquer cette , ex,ceptio~, ~onne ou ma~
vaife à la femme qUI fe depoUllle de fa malfort de fan commerce, de tout ce qui eft dans
Ctrt~ maifort, & qui fait tout pal1èr fur la tête
de [on mari? Cette femme ainfi dépouillée pour'ra-t-elle exciper de fa renonciàtioh à tout ce
qui lui appartenait, pour di~e q.u'elle a pu ~aire
des acquifitions à fan partIculIer? Ne duat'on pas avec plus de fondement que les bénéfices étant poor le mari qui s'efi chargé de tout,
. la femme a tiré de la çaiflè de celui-ci le pnx
�16
des acquilitions qu'elle a fait? or c'eft précifé, m~nt le ~as où ,fe t.rouvent les parties. La premlere prefompuon lOvoqu'ée par les hoirs d'Anne Bonifay, eft ' donc toute en faveur de Roman.
Ils font obligés ces hoirs, de convenir _à la
page 37, que Roman étânt devenu maîtêe 'de
to~t, les bénér~es de l'a~berge ont ëté .poùt
luI. Ils fe retranchent fur les prétendues refiources d'Anne Bonlfay , fur -[on eprétendu commer.
ce, & fes biens paraphern~ui ' , Mais .ils font en contraditlion avec -eux-~ê.
mes. Car fi les acqùiGtions d'Anne Bonifay ne
peuvent être jufiifiées que par des re{fources
étrangeres au commerce de l'auberge, il faut
que eon convienne que la circonHance du tranfport fait par Anne Bonifay a [on mari dans leur
contrat de ' mariage, .eH toute colltr'eux , & que
la premiere pré[ompti,o n qu'ils invoquent ne peut
figurer ici fous aucun rapport.
2;0. Continue-t-on, Anne Bonifay était mariée
fous une confiiturion particuliere.
Nous le fçavons ; & c'eft cette confiitution
qui eft la caure du procès: Roman n'en eût
probablement point e{fuyé, li Anne Bonifay
eût ét~ mariée. fous une confiitution générale.
MalS cette clfconftance feule ne dit rien. Une
femme peut être mariée fous une confiitution
particuliere, & n'avoir aucun bien paraphernal.
I~ faut donc prouver que cette femme a eu des
~lens paraphernaux dont elle a pu di[po[er, pour
t~rer quelque utilité de la confiitution particulIere. Les Adverfaires l'ont reconnu, pui[qu'ils
fe
,
r
\
17
fe [ont engagés à prouver qu'Anne Bonifay avoit
des biens d'ailleu~s.
,
, Quels font donc ces biens? Voici le détail
pompeux qu'en font les Adver[aires.
' Elle av oit la, fucceffion de Jean Lyon, fon
premier mari, une portion de la fucceffion de
Louis Lyon, dom Jean' Lyon [on mari avait
hérité, tol,lS les bénéfices qu'elle avait fait depuis la mort de fon premier mari, la maifon
de Lauriol, de l'argent comptant, puifqu'il lui
étoit dû 799 liv. pour prix d'une voiture & de
deux mulets qu'elle avait vendus, & que le 5
Mars 1746 elle avoit prêté 307 liv. ; enfin un
commerce particulier & indépendant de fan auberge & de fes voitures.
_
, Mais tout cet étalage ne produit pas grand
çhofe.
La fucceffion de Louis Lyon nè devroit pas
faire article, puifque Jean Lyon en avait hérité. Elle efi ntce{fairement confondue avec celle
de Jean, & les deux enfemble 'font bien peu
conGdérables. Nous l'avons déja prouvé.
Les 799 liv. pour prix d'une voiture &de
deux mulets vendus par Anne Bonifày le 2.6
Mai 1746, lui appartenaient réellement. Elle
n'en avoit reciré que 99 liv. le jour de l'acte. Il lui était encore dû 700 liv. , C'efi la dette
de Turre!.
,
Les 307 liv. que l'on dit qu'elle avait prêtées
le 5 ' Mars 1746 , ne lui étaient plus dûes lors
de fan mariage. On a fait une équivoque. Le
prêt eft du 8 Novembre '1745 , & le 5 Mars
1746 eft la date de la quittance de ces 3°7 liv.
~
E
l
�'Ig
'~ba~ ,Far ARne !Jlonifay. On peut 'vérifier
\
1 aéte. Il eH fous cote 4 B.' Le- mariagè etant
du 17 A,oût ~e J.a même année, eH poHéri'eur
de plus de ' CInq, mois à, la quittance concédée
à lPe~u1. ~r, ~~hS, cinq mois " Anne B<;>nifay
p@UV.Olt aVOIr dlthpe ces 301 hv. Nous fuppa.
{:ons .cependant le contraire ~ & nous 'l'admettons ~pu:ifq-u'of1 le vC'I;Jt.
.
Le ·commer<:e particulier& indépendant de Fau.
ber~e, cfm111er,ce {}u.e l~ en reproduit à tout propos,
&que 1 ·00 pretend prouver pàr les pieces cote
l R, S, -T , V, X, Z, & i 4 A, 4 B, ~il: un
com~erce ' purerbent idéal, imaginé par lès Adverfau.es pGur produire des fons à défaut de
paroles.
, ~QPS l .a,v ?ns ees pieces fous les ·yeux. Ce-IIe
q~l eft cotee 4 B, e{} le prêt de 307 liv. II
refljllte des, autres fJu'en -I74~, Anne Bonifay
paya . 280 hv. qu'elle devoit au fieur Jauffret .
qu'eile achet~ une fois cinq charges de féve/
&. [Ix mois. après vingt - fix autres charges
qu~r~n,te émfnes; .qu'eHe prêta, on 11e [çait quand,
pU.lfqu ea ?e V,Olt ~ucune dare , 576 Iiv. à un
homme qu~ l~i 1al~a en gage huit balles de
chan,vre peigne; c[u en 1744, elle avoit acheté .
58 h~. JIQ ~e grain; qu'en 1'746, elle avoit
ach~~e 45 lw. ,de [avon ; " enfin que la ll(ême
a?nee elle avoIt acheté cinquante charges de
féves. .
.
, Or une f(}rt1me qui a 4e's vtJÎtures &- une aub(!rge., P€UE bien fa-ire toutes ces' emplettes pour
la cO,nfpmmation de fon auberge. 'Elles ne [ont
certa~~ent pas, tr0p confidérabIes:
ces min.
&.
f:
ex
-i9
ces ~tll:pkttes me ptouveroot ;amais 12n 'commerce.,
~taplj .& ù:ulépendaht,QN voiwl'€s '& ,ile Il'au'b,erge t
.encoPe moins un s,rand ~(!Omrnefce.
A pprécions donc tout ce qu'on a dit des moyens
l$( ties r.e.ifollrces fc!'ÂllDe &nifay avant {'on--ma.
;r,iage. Les fUClceffiOllis~e Lot'lis. & de Jean,tYon.,
les b.étit.é1ices qu'elle avoit fait dans le commerce
des (J;Ioitwre-s & de tauberBe J -l'argent comptant,
tout Ce r~d.tlit à 7.00 liv. dûes par Turre!, à
1<D.1.Jiv.• qu'f:~Ie avoit ret~rées de Pe-coul le 5
Ma'rs j 746, à la maifon de l'Aul'iol dOQt eUe
i\v,oit payé HS4 liv., & en la valeur de ,ropt
ce .qui étoit r~nfermé dans l'auberge, qu'elle
~YaL\lIa 'elle-même ,à 7110 liv. lors de fon contrat de mariage. Nous y ajouterons les 5'S0.-l iv.
qu'~lle. avait à ,rép€ter fur la [u-ccellion de tous
fes afceôdans. Il en ré{ultera , ce que nous avons
dit, que tout ce dérail pompeux' fe réduit à la
(omme de 1.1. I2 1 .liv. , de laquelle il faut dét'raire
l~s 7'1 la liv. de la cO!1fiituti<>n de dot: au mÇlyén
de quoi les biens parapnernaux d'Anne Bémifay
(e r~duifent à' 5011 liv. d?nt f454 Iiv. éroient
placées fur la maifon de ·1'Auriol. Ell~ n'avoit
ponç plus à àifpofer que de ' t 5 57 Ev., & dIe
avoü: à payer les 'intérêts d'environ 4°00 liv, du
{(l:!taQt Plix dè cette' Inaifo.n · ~ ' '& à noutrit; fe-s
qll.atrti enfans~ Telle éteit la polition d'Anhe
Bonifay lor[qu'elle Ce maria. ' 9n nous a forcé
de ré.péter ce flue nous avions- déja dit-; , mais
ce t~bl€au eil: fi ' frappant; ' qu'on nous paRera
d'y _êr:re.revenus'powr. dilliper J'iHufion que l'on
yotiloit faire.
. ~ .. _. "
. ,';. . ,
Que l'on dife à préfent que nous coizJtêllonJ
.."
"
\
�,
zo
que . la c,onlliC;Utio-Jl ,de dot- d'Anne Bonifay ne
prit abfo)ument rien, ni fur fan commerce ni
fur l'argent qu'elle avait, ni fur la maifon q/elle
avait acqui[e. .
'
On peut nous prêter des aveux; mais en les
créant, on Ile les prouvera pas. Nous ne fommes
jamais convenus que de ce que nous convenons
encore, c'ell-à-dire, que les biens paraphernaux
~'Aqne Bonifay fe réduifoient à la maifon de la
place !de l'Auriol & à la créance de ' Turrel. Jam,a,is: nops n'avons avoué fon prétendu commerce ;, ~ comment, l'aurioBs·nous 'a'voué puifqu'il
n'a jam~is exifié & qu'on n'en dOI;1ne au~une preu've ? Une femme qui tient une auberge, fera-t-elle
commerçartte pour avoir acheté4s1iv. de favon
S8 .liv. de ain & ,quelques charges de féves
QUI ne fecOlt co~nmecçant à ce ' pJ:ix ?
C'e!1: cependant [ur ce prétendu commerce anté4
rieu~,au mariage d'Anne Booifay; fur ce commerce
fi. important., fi bien établi que 1'00 fonde la princIP.àle',~eff~urce de cette femme. C'ell-Ià que l'on
put[e d~ 1 arpent, e~fio tout ce qu'il faut pour
prouver runde ,h abueru. La reffource ell mer veil~eufe '; ryJais 0,0 ~lt à même, de l'apprécier à fa
J~l1:e rf1l~ul.", o & ,9.e. voir fi l'on peut avec des
bIens ,p~rapher-naux t. auffi modiques fe prévaloir
de }~' P~oc~n.~aace J d!Cme confiirution parriculiere, ~our .legulmer .2700fJ liv. d'acquifitions.
~, ' . Du-on, fi ce~,! ne f~ffit pas ~ nOlJ.s 'au-
w
?
rons encore .Le commerce farticulier & iizdépenda~t .d~ ce!Ul ,de, .fon. man ~ qu'Anne Bonifay
faifou apres [on marzage. C 'ell le comnrerce de
falure.
r
''''
_
Or
1
2i
ce comme'rc:e appartenait à Jofeph R~ ..
& nori point à fa femme. U confillOlt
man,
..
.
l'.
&
ue
en proviGons d'ancholx ~ rIS, . lavon, .c. q
R oman a voit imaginé de tentr chez lUI p?ur
attirer un plus grand nombre de Muleuers
Y
ces fortes de
de 1a haute Provence ~ jaloux, de
.
ft
é
marchandifes. Ces proviGons eta~ent en erm es,
& fi dil1:ribuoient dans un petit magafin que
l'on eavoit pratiqué au rez de c~a~{fée de l'Auberge. Or, l'Auberge appartenaIt a Roman. Le
mag afin de [aiure était donc che~ Roman. Il
n'était donc pas~ féparé de. chez ~UI. II ell donc
cenfé lui appartenir à mOIns qu on ne p~o,~v.e
le contraire jufqu'â l'évi.de~ce. ~out ce qlll etaIt
" chez lui, était de drOIt ~ lUI,' &. t?~t c.e
ce qui s'y fai[oit, e~ pre[ume aVOIr ete faIt
r s ordres. L'exlfience feule du magaGn
par l e
.
S' A
chez lui ~ vaut une preuve entler,e. 1
nne
Bonifay a pris foin de ce magahn ~ fi. elle
des marchandifes ,
a ve illé ' à la dilhibmion
.
r. .
r
d
fi elle a aidé [on mari , elle a raIt..- lOn e. Elle ' l'av oit promis en [e manant. rUne
VOIr.
.
r.
ne de fan état ~ de vait donner [es lOlOS
rem!
.
"
d'
à l'Auberge & à tout ce qUI en etOIt une .ependa/1c.e , operas fo,as qllale(cumqu~ manc~
Or,
an cenetur , fi eam marltus
eXlbeat
Je
.
'
.
:fl
P
/cumque'(habeat.
Les ad~erFaires eu~-~emes conrœ
fviennent qu'elle ' devOl.t a fon marz ',o~er~s
obfequiales & reverentwles , un tra~azl relatif
'ommet ce de Î on mari. Les fOlns qu'elle
au c
JL
d' r ' d
'
és à la' vente des marchan Iles ont s a·
cl
n
a on
d'
.
e peuvent donc pas êtr~ règar es ' comme
glt, n
,
1 C' ' . l
une , preuve d'un commerce a el e.
etaIt e -
F
�~:.
comm~ce de fon ~ari, qu'elle faif0ic dans l'Au.
berge, de f~n. man. Les profits appartenaient
dOQc . a .celul-~l. On ne po~rroit dire qu'ils app~rten01en~ a ~nne ~omfay .qu'en prouvant
dune mamere bien claire. & bIen précife que
cette femme faifoit dans l'Auberge de fan' mari
un commerce féparé decdui de fon mari,.
q~e les fonds ·de ce commercë lui appartenaient.
Sion ne le prouve pas, les bénéfices du corn~erce de faILlre pe lui appartiennent pas davantage, que' ceux de l'avoine & du foin n'ont
<Jppartenu au Valet d'écurie chargé de les diftribuer.
. ~es Açlverfaires n'ont pu fe le diŒmuler
& ils ont . répété par - tOUt qu'ils avaient de;
preuves de ce commerce particulier & féparé
fait dans l'Auherge de ~Roman. Et quelles fon~
ce~ preijves? De$ certificats, des quittances &
des polices.
'
De qqatre po.lices qu'on a communiqué, il
en ell deux qUI ne fane qu'une. Elles font
à, la m~t;J;l~ ,clate du 18 Mars 17PI, à la même
configQ,~tlOn, & elles portent le même nombre
d;, ba~rds. Des, d~x, il n'en elt même qu'une
d, acgu.mée, ce q,UI proav:eque l'une 1n'efi que.
le ,double d,~ l'autre. Ces deux là & une troifi~m~ fQ.o,t po,ur Barcel~nl1Je, & non PQur Mar- .
fe~lre. Or, .Anne Bomfuy demeurait à Marf«!ill~: c~ qUI eft adreffé à Barcelonne; ne peut
~Pl\1c, R~s 1~ re~al'der. Il ~'efi donc qu'une poIt.ce qUI p-tllŒe ~tl1~ pr;odulte avec quelque apparence, . & FQn fent qu'une feule p01i<:e ne
prouverait rIen: mai~ cell.e.-G.Ï n'dl pas même
&
,
.13
Roman,
admiilible . . Elle eft adreifée à Mdlte.
rue des Pucelles, ~ Anne Bonifay demeurait
~ cette époque à là rue .des Etuves. On pbur·
, roit bien dire que ,le nom de la rue elt in - '
différent j mais Ce Jqui le rend effentiel, c'elt
qu'il exifie en effet . à la rue des Pucelles, une
Dlle.· Roman Marchande [aleufe, à qui la poÙc~ dont s'agit était adrefiee, & qui eH forEliée avec les Adverfaires.
-: Les polices .ne , prouvent donc rien. Voyons
l~s quittances.
,
'.
.
De treize qu on en a produit, II faut
e'n mettre à l'écart dix qui ne difent rien,
& qui étant antérieures au remariage d; Anne
Bonifay, font inutiles pour le point dont il
s'àgit dans ce . moment. Il n'elt .pas quefiion
ici d\.J prétendu commefce an'tér~eur au mariage , mais du comme~ce, p.~~éneur. Et ces
de ux commerces font bien dlfferents, le comm,efce ~mérieur était, CuivalJt les Adverfaires,
un petit commerce en fev~ '. en chanyre & en
{!,rain. , Le commerce. pofieneur un commerce
de Cal ure affez wnfidérable pour fournir à 27000
li-v. cl'acqL
uifitions. Or.l ce petit commerc~ an·
tBrieur n~ a même jamais exifié. Nous ravons
prouvé:. d'après le~, qu~ctant~s- q,u"on . nous op:
po,(e" & ~'ii a volt e1(~fié,. 11 fi ~urOlt ~as éte
COlûtintlé apIès. le ~ manag-e , p~~fque rien ne
pl!ouve qu'i~, l'ait été. Ces qllÎtranceii q~ij pe
l'rouveRe pas même le commél'ce anténeur.l
prouveront donc hien moins Jè pofiéri.etir qui
elt tout différent. Il faut donc
·les· lélilfeC' cW '
,.,
. - -'
, " .. _. '.
cooo.
li,.
,
�24
Il n'en relte donc que trois & c' . . .
r
'd'fc
~
es troIS
lefi're U1 ent meme a deux ,
parce
qu
e ce Il e qUI.
e . cotée MMM. n'elt qu'une copie de celle
qll1 elt cotée 000. Il en ré[ulte que le 16
Nove~bre 17 61 , Bernard \ Salvador a reçu de
Il Dlle •. Ro~an 1}0, liv. pour le montant' de
4° barn.ls d anchOlx. Il paraît par l'autre que
le 7 JUIllet 17 62 , le Patron Jean Vague a '
reçu de la Dlle. RQman 188 liv. 12 f.
'1 d'
. pour ,
8 z. b,arp?
. anchoix à rai[op de 2 liv. 6 f., "
& cette qumance n'elt pas même lignée ar'
Jean
Vaaue
0 r, 'qUI. nous d'Ira que
P
le Patron
."
'.
O'
ces deux quIttances n'oDt pas été 'co'ncédées à'
la Dlle. Roman, Marchande [aleufe de la rue
des Pucelles, & que les Advei[aires ne [e ' les '
[ont pas . pro~urées: df ~a même maniere qu'ils
ont eu la RolIce qUI etaIt adreflèe à cette même :
D!!e. ,RoQ1an, de la rue des 'Pucelles? Er quand
mem: on [u~p~fer~it que ces deux quirrances
ont eté concedees a Anne Bonifay qui
ffi
' Il
"
, n a li.s
a !-uera qu e e n agtfloit .pas _pour fc
&
' 11'
.
on man,
qu e e n en avoir pas reçu l'argent? Conclllr~-t-on de deux quIttances i[olées & fufpectes, les (eules ql,le l'on '. ait · pu produire dans
le long ef~ace pe, 3° ou 4? années que l'on
[~ppo[e qu a dure le commerce d'Anne Bol11f~r ·, que ce Cpnllnerce qui Ie [ai[oit dans la
~a~ion, ?,e ~om:an appartenoit .à [a femme plutaï.. qu .'a lUI :7 ' Y
. t rOLtvera-t-on . cette preuve
pleIne & . e~tlere, qui feule pourrait dérruire .
la p~t:nlhptJOn. lé.gale que . ce .commerce appart~oJt au man 7 . "
_
SI les polices & les quittances ne difent
nen
A
•
~
'
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.
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h9Pnêt~, fr<. d~'p Jnfj hoo~~e~ ~e,1alX des œd.
~erfa·· res ~f.QJllt #P MaU!t~'.m~.lfk' ~ runeidrime:t:..
tiq~~ ; un .V;qifWi~f~ , ~~JllvIiiru-es..tmABla~~
un tondeur d~\~~,lm . . V9Ih\de~J pe.rf~~s re(·
~aalt~~ ,qq.i. p~",~n~, itr~ , ,nue~ ~ J~r.[gufd.lles
he,t,I:r1telil,t ~ ff9lDt - ~, k~ pr~f~p!l!Olrur;_ ~~~
fl~ flH'~P : r~ê~:, (lJlf ~QnfuL, ·.àes ·.Mes, ,es,.
Artf. ri. df1S ~ u~l~p~s c., qUI . at;t~frfm, te~r ~r.op.re
f!liEl ,0~ ~pont j§s !~tbfiéJ!Mons \Com: fDrt;ifif!es 'pat"
' ~o l ~s' !Js . fl.réfotpI»(~ofj·S, fpij~.:dei gros uu:nnnus.,
~t ' ~e~ atte,ajlJ~O!lS (ont ifllies, &. dont" .les
c~rtifiFWS l}ç [Jl~uJ)mr p4p pqlafJeN les pUl:tJ'U
qJ.,li r,ç,(il~ten~ ~s .:~ut~~. .
... .
,Et. ~Uy 'dife-ll;t ,*s tt'/ndeut~ d~ 11J1Jl~eU, '.& ~s
fJJ~tr,~s,p~!{9nnes .re-fp-~atMs: 1. Us .c~rtrfie~t qu Ils,
n'QAt PqS 1/u . l\qman fe ' JTIf!!.é:r chl.:c0mme;nce cl.e
faii\.l~es. ~aisJ p'Irce q:~'Hs J)~ {e fDut Ir as ~rouvés.
d<J!1s. J'Au;bergl?, rot;! pajiçl! q.u~iils . avoient la he(r
he . n4 an.d J{9:I~P (. fpi{o~'fi rks:; Vteot.e~ & eu
-,. l I:L
•
r.'
:J
"1
jl .
r~ce.v~it~ j'jlrg.eqt : , ~'~qluIVf<t-~~' ''lu l ;ne Lalt
j~~~s_ fa~t' .~
Itf!s 9fio~r~-J:"~b ,pl-nt&t qll~ ietix .
q\Ji .. Q~t tr~l1te ~yec::~Iu.I , . qUl.ll>~ v:u.f~~ ! {OJl
commerce 1 Qlle devlent donc cetll3XlOme., plus
çZ:~6~tur . ~'W' a-ITe{-e~'li fJY.(J.frn mi~i .1Je~al1.ti.bhs ?
çep~nd~qt .a q~Qt (el' ~diùi ~et~ fo~le
dç prçUlI.es, dt l?qu~L1~ jk f~{ ieL ~è~dre al m01I!s
, YgiÜl
j
dji: yvp~:o,.\r ~~a,qerrlft{3h : C(lm€jJ~.r !l~ Jour en pltJin
midi -QLJ:it
qp-Ils fQJ-~ pe4iOl~ll(' œ, ne.rrpas _y
"
\
.
~ .: '. jJq
~ . :r.! .
« Mais ce n'ell: pas, dIt-on, fur des att.efia~
p tiOflt i!91ées -fly)l fiiUt' jygËr ,~'-un ' p.oint ; ~~~i
~) j;npwçint .. )) ; '
. . r,·.~
..-
.
~rpif.ç'"r
.
\
�2.8
A la' bonne heure: m'ais en reJettant nos
atte.fiations), ,s'il :.efi poillbIe de les rejetter
il faut donc auffi rejetter .les Vôtres. 1
~
Lcfyflême eft· un peu , êavaiier.
Ei: gu'a-t.:il de fi cavâtier? 'Les Adverfa{res
prétendroient-ils faire rejetter ~ nos atteITations
& . garder les leurs? Cèll celà qui [eroit ta.
yalier.- Car fOll't doit être <tgal, lX fi l'on- ~e
veut pas d'atre,fiations d'un "côté -' il · ne faut
pas , recevoir Èes certificats de l'autre. C'efi ' un
aéle qe Jufiice d'autant plus néc~lfaire id, qUé
fans être cavalier " nous p'ouvons dire' que nos
atteftations doivent êtf.e crues de préfé'rence aux
autces: , Ce' fer~lt donc beaucbùp faire .que de
les ~eJetter: malS en les mettarit de côté, celles
des_.Adverfaites devroieat fubir le ' même forr.
'~ Or ,' fi , Ob le,~,r ôte l~~rs certificats fufpeéls ~
q.ue leur re&-t~l} '? RIen. NOtls dirons "rieri' ;
~a:~e. qu:on aL,:vu que les 'polic~s lX, les quittances ne prouvebr ab{olumenr ',nen , &/ que la
foule -de preuvef dont on prétend nous' adcabler
te.,réduÏt . aur certificats', gt quels ce"rrificats?
D 'n: IfS" connoî~;; ) ~' I
~.
~ .Ân'ne.) BonifaYdn'avoit "dont point ' d'è-- corn ..
mei~e ~~ui iu.i' ,-f~t'- propne, Ellé né faitoir que
'donneL:; des " fOIns -aloi- commerce ' de roil ,' mari '
d'ant\ da mai{on de ' [on' mari, Les bé~éfices d;
<te ..cop1:ner~e '?nr donc alp'parrenu i:f R~man. Sa
fe~~~)e ~'a ,pu fe les approfr~er que p,ar un
larcl1;1,
( L,,' ,
'
• J:
·El!e · n'a . trônc~ j~niais eu -que Ies-soII Iiv,
de bIens paraphernaux dont nous avons'/ déja
parlé
•
/
�3°
fomp,t~on de la. Loi quintu~ mUlius e'fi fci aidée
JI
de tOlites ks clrconfiances.
,
4°~·-Dîlènt· ,les Adveiraires " Roman li fu &
cônnü l'es' aêquifitions ,d e féi- femme. IJ les a
ap2,rbuvées pa'r (à prerenci àJa'éte u 3 Janvier
.. hl-
.'-1,.
1
17.S'h. , '
M-als
•
~..,.-
-, , . é'fc
: ,l"
~'il ,n:,~_ e~e_ pr
9
'-n.
"1
ent qu a cet al.[e, s l
n'a ' -fl<l'fillë qù'a t.JQI: feu1e LaèqU.i1'itiolt d'Anne,
Bopifay ~ fa--préf&1êe pahïvé -à -ce.t atle aurat-el?ê 'Lllffi p'ôu-r légitin1e'r tous les autres? fi
cef~i:ct devie-nt - lëgi'hme par _ta prUence , ceu~,
au;qu:e1s il tl:a p<fs 'affi~€_r. ne ~euvent , donc
pas l'~tFe.
.
, .. _ ' _ " ' .
,
Et 'l'on peut d'autant molOS fe prévalOir de
fa -p,r'.è~~c!! 'à/aCte a~ 17f3 qû'Anne B~nifay
ne -pa'y"a Rue 2B~ hv. Olen , qU 7 le pnx ~e
racqt1Ï1iû~n rut pJus. 'C-onlidérabl~. Or elle aVOlt
atIëi ,tek biens p.(raphernâux pour payet:' cette
f<;min~~· -& ,RollJan pou voit conféquemme-nt pp~
pr;tJv~; 'c'cr ;aae)~ , fans qu'o,n pût induire delà
qll'il eût - ë~ilOù lè manege de fa femme. Il
pouv-oÎt' m'ème vqûlbir gratifie: fa femme d'~u
tanf", & c'en fur le fondement de cette donauon
prélmiŒe, -q~u: Tes .Arrêts c~tés. pa~ l.es Adverfaires Qin confirme les acqudÏtlOns faItes par la
fernme en IJréf~nèe ' âu nùrÎ. l\~~is de ce q~e
Roman aura, fi l'an veut ~ ~-on!Je cette fomme
à ,An~~ B\op~fai ~ en ~oÎ1c1ura-t-on ' qu'il lui
a dQnné 2700'oliX' &. qll'i~ '!- approu,vé toute~
les acqlltfitions qu'éIfe a Lfaites? Une femme q~,l
auroit I000 Ijv. _de .biens paraphernaux n'aurolt
d~?l~ ~'à. f~~f,e , affilier fb~:_ m.a!i à 1'e~ploi d~
ces ,io.oo liy.: one ~fenl1~ .~ .qui (on mat;i:. vou.droit f~~re ':1n~ l~b.ér~lité qe (IÇ\O écw§" n;aumit
dOlic q~:à achçt~:r fl~):lg~:e cJlOfe de cet afgeJlt ;
&. ' J'une &,-~'~~, JerÛètJt enfuite fondées à
envahc, • ilf 'to.ute b 1ufceŒol1 de leurs 'mariS par
'des acquiGtions; Jes. ,hér.it~rs de c'eux·ci iùur·oiè~t rLen dire; Ull atte de Jibéralité deyiendroit un aCte d~'- cli11ipati-oh enti~re : Et ces acquifrtions que les maris n'a~r~ient pas connues ~
ferolent irrévoc<iblement acquifes aux femmes,
fuirent-elles de 100000 écus? a·t-on ,;bien réfléchi fur l'inconféquelJlce d'un pareil fyfiê~e , &
fur les dange.rs gu'il y auroit à l'admettre?
Dirons plutôt qu'Anne Bonifay n'a fait afiif.
t.er fan mar! à cet aéte, que p'a rce , qu'elle
n'employoit que peu d'argent, ~ qu'eHef lui a
caché tous les autres, pa-rce ql1e leur impor,.
tance & le.ur nombre auraient découvert [es
'malverfations. La préfence de Roman ne paroîtra
plus alors que l'effet d'un pi~ge tendu à fa honne
foi par uue kmme açjroü-e , ambitieu{e & _avide
de faire pairer à [es eafaDs du premier Jit le
bien de fon fecond mari.
Mais 'cette fufe découvecte ne lui {ervira.de
ûen. Tout ce qu'elle pourrait opérer ce [eroit
de lui acqu.érir ce qu'elle a payé par cet aéte ;
le,s a.utres acqui6tions ft!rùllt toujours préfumées
avo.Ïil' été faites .de l'argent du mari.
Et comment fe diŒmuler les déprédations de
cette femme, 11Orfqu'011 voit Anne Bonifay les
conligner elle-même dans l'aéte du 2.8, Janvier
176 1. Elle y compeofe avec 'le vend,e ur 8B
a
1
, .
r
,
�,
32·
: 33
.
liJ.0 i7 f. du "mômant de :la fourniture. des de~
nurJ , . d'aliméns, logemeks, méç1icam-ens; &
remèdes que laUice acquereufe .avoit ci ..d~Jltint
fait pour ledit Bonifay vendeur. Or le vendeur
avait. . été nourri, logé, médicamenté datls "la
maifon de Jofeph 'Roman. Les 8B liv. · I7 ~ f.
qui étoient le mentant des ' alimens , logemens
médicamens & ;'~medes lui appartenaient donc:
& cependant Anlle Boriifay Te les approprie.
Elle les donne en paiement d'une acquifition
qu'elle fait à l'il1fu de faIT mari, d'une d.e- ' ces
acquiGtions qu'elle prétend faire pour elle , que
fe s héritiers veulent garder, & qu'ils fomi enn ent
,~voir été faite s de l'a rge nt de leur mere, & non
point de celui de R oman. Que faut-il de plus
qUç cet' acte pour .indiquer la {ource où puifoit
Anne Bonifay ? Que ne devoit-elle pas fe permettre dans l'intérieur, pui[qu'elle n'a pas craint
de s'approprier en public une Comme qui appartenoit à [o n mari?
011 n'échappera pas aux conféquences qui
réfultentde cet a8:e, en difant que l'on n'y trouve
pas que le vendeur eut été logé, nourri,&c. dans
la maifon de Roman.
Et qu'dt-il befoin qu'il le dife? Ne ftIflitil pas qu'il n'indique aucune autre maifon.
Anne. Bonifay en avoit-elle d'autre que celle de
fan mari? Si elle a logé & nourri le vendeur,
o~ peut-d Ie lui avoir fourni de logement & d'a LLmens que dans l' Aub erge de fon mari.
» Mais il étoit natu rel qu'Anne Bonifay fit
» quelque chofe ,.au befoin pour Jean-Baptifte
» Bonifay qui étoit le vendeur.
N ous
,,' Nous ignorons / x e - qu'orr ,a voulu pir.L :
mais queUes qu~ ~,dli!~t , le~ JIiifo:os d' Ann~ ~Bo
nifay éour i airœ.:qu.élr.q ue:l ~h:oi.è pour
vendeur.., ,d lç ne'p.oJlv.oii-+ni.De dci10Ît te faire aux dépens dt foq oi~'fi.s ((1)' U ,olu nno'iris elle devoit luiSaire
acquérir à lui cè qui l émit .veqdu pour prix du
l(».gel~(mt & de;lcn noqrriture qu'il avoit fourni~ Ce
trait d'illndélisé!Fouye ,qu'elle abufoit de la Gonfiance que [on'-mCIili avoit en. elle. pour fOrllirf;r. ~
. hér'itage conlidérable. Et qui fçait'-encore fou~ ' ce
qu'elle en' a tiré ' pour fes enfants? . S'ils' pouvaient [e " rendre ju1hce à cet égard , _ R a man
.. ' ,
.
ne (eroit. pas à r plaindre:
~ On a voulu tirer une autre, approbation de
R~)Jnan ,de la procuration dont il fe chargea
. iJO;u;r Ù'nniner queLques coritefbtJinns ' qu'Anne.Bonifay jlvoit avçc l'e ' rentier d'une. de [es 'mai.fons. _
_ , Cette maiCon était celle de la place de l'Auriol. .. Nous avions -obfèrvé qu'ayanf été acqui[e
'avant"' le mariage, Roman la connoiflàit ~ qu'il
fçavoi't-- qu'elle étoit paraphernale .à fon ~poufe
.& _CjJ1';ün ne pouvoit conf~quemment. p~s mdui~,e
,de-là.. qu'iL eut , approuve les acqmlltlOnS qu Il
, ..
n avoit pas connu. "
.on 4 été forcé de convenir que nous avons
raifon. "
.
Il Mais
du lTIoills 'J a-t-on ajouté, le .mari
,» r.econnoillàit que [a femme pouvoit difpofe.r
. 1) des 8oo..1iv. de- rente de cette maifon , ' qu'il
» ne ~pouvoit ni ' ne dev.a'it (e les .approprier ,
» & que fa femme p<?uvoit les employer à fon
.» profit.
.1
Sans doute; mais ce n'dl: pas ce qui eft en
wn
< -
<
,
,
-
1
�14
.
litige; il faut prouver qu'avec ).ces 800 liv. de
rente, Anne : Bonifuy a .pUi r,pa-ye~ les' .intérêts
de ce qu'elle de'\loit ' nouftir ' [es. 4 emans, fournir à leurs ..dép.én[es J , & fairer,pollr J27000 liv.
d'acquilitions;) 0 ' c'eit ce qu'o~n'a" pas prouvé
& ce qu'on ne :)pvouvua jàqtais. ' :'. _.__ •
Que . l'on . calCUle tanb'qu3on :\lOUdra, ce que
pouvoieUt: rendre :il Antre · Bonifay' les ~ biens pa~
rapluemaux ,qulelfeJ avoit un iè: -mariant,. & . les
acqmfttions "qU~élle a faites. en[uite; qu-e l'on
accqmule tdus ces l:evenus ~ ---qu'on leur fafiè pro.
duù:e des intérêt's. --plis ,qU'ordinaires; que l'on
filppo[e que des immeubleS! ren,dent plus que du
'S {Jmir-cent; que l'on fafiè produire les intérêts des ihtérêts à tous ces reyenus; que l'on
amafiè ) le ' <t'OOlt ', [an!> faire actention à la ptoportion'. qu'il faudrait , gardev, ' l.nême danS l'hypothefe ou l'on [e place; [ans parler dl'!s ,illtérêts , qu'Aonè ~ BouiTay i ,d evoit i -& qu'elle - étoit
ohl~ée
payer tous les ans .;. fans refléch.ir
que n'ayant pas ; payé fes, a.cquifitions: le j'our
du c,ontrait, ' leur revenu 'diminue d'auçant; fans
pa!fer 'en ligne les dépen[es &la"'lloUrriture de 4
enfallSi, & cP en fans qui ,~~~rollent ~-" ~onr :mx
HIes & reviennent battre le .pavé de Mar[eille;
qu'on fe fàfrè j:llulion par ce moyen, à la bonne
heure; mais on ne parviendra pas à éblo'uir les au..
~es:. ~ls 'verr~nr to.ujo~s .dam _Anne Bonifay
une . ~e.Il1l?-f' qUI [ans autre re.~àunce que 50 r: 1 1.
de blens 'paraphcn'llaJlllx prefqoe toutes- plaێes
fur. U!1f, mai[on /à fait Cies. acquiflrions pOLlir la
[Ol~ !mportame .de 27Qo-ÜJ liv. lhien que [es
modIques
revenus ne fufiènt, pas même. fl<Nffi[acrs
,
ae
...
... ...,
,. t -. ,.,. ..
t.
_ ... J.
/
,
. - 35
,
pour :,{ùppot'téJ w; ~chatges dOnt dIe êt,ô i{ -ac· ca/j~é'e. · Et~ q,uicmnple' fe g-auarnira de J'iUuf'wh,
'Verra- que C~.' acquitirion,s ,~'o~t pu avoir ~ été
fdllÏ1i<tS ~ '4 ue '.de 'Jlht.gmIt, d~ . m.ari. . >
•• ,
' . ~ue 1 t'~n Lpreœnde d'onner'<1~s motHs). Rol1lan i ~Là ,Amne 'Bo:nifuy poùr::>s'ên:'e mâti€"s tUllS
;une II canftitu t.iom ~ a.IttNuli el!è J ~ rqu' 0 ft létlt-- Jhifé
.pJ:évair (& ,éraindt.e; de.g re6hetches:.. dé 4a part
des, enfans -dlLlptevniùt !i;t- ~o'1!Ir: n'aVO-I.f pa:§'fâ1:t
,inventaire' 101)$:, rle.l~ i morr,' de J e~n "Lyon. ' Tout
'cda augnieI1tern_le'preftige:. Mais "lor(qu'on ,\}Ùta
qu'hm 11il.velltaiJe.aut:Çlic 'u>uç ahfO-l'bê ; qué "n'ëll
point faire ~ avoit été uri ·~.ae 'de bom1éi lfdmi;ndtration ~ quefle~enfàttS ' -qu "prel~iet l~t~ J'Bu~oieut ~pas s'en p-:laindre ~ qu'il,s ~~ s~en: {untja~
'1:daii- plaint '; qu?ûs: aur:QHenb eu: mauva1[ce :gtàc~
~ r,s'e:n. plài:nclr-e! ,-c qu' il'SI; ont '116u' [euJ~rtJ'enlf le
,b-ieu de Jéan Lyon; maisf1lCore cel~~ d'A-r,tn,e
.Bon:ifaYl ;' qu'ils.!"._ont tl'ouvé , dans l'h6réd-it~ de
celle-ci ~ de quoi 'fe àédorillnll'ge-r an:plem~nt_ du
' defaut~ d'inventaire des ' biens. . ,d'un homr1re ~tü
'leur J.a,iilolt 1 00: liv~ de légitime' ~ enfin loy,fq'u.~on
calculera tous .tes -avantages qù'lls ont~ retiré- dti
Temariage de leur. rnerer 'f &. 'to}it ce ,qu~ la.' çon.liante.... crédulité de -RO:t1!) an ~:a ~ permis à laIté-ci
,de f<.rire pOUl", eux , avllIiu..-g~. qu' éll~ avoit: prév-us .lors même de '. fari mà'tfàge, alni! ,que le
:p-rouvœ le , contrat ,.! ofil \fe ~ di~a q~e cet!~ ftHÉrne
-rufcie ne s'eU ~l'l'Ilariée' fous 't1n'è confiiWtîO-ù ' par, cicul!i~re qu~ rpoyir faire ctoiterà Roman ~ q:U-'elle
,gardait f~s bfe-ns' parapherMu-:JC: pour nourrIr {ès
,em:fi'hs' ,& méiIage.r un v?-i1é ..aux :dép'f~datidns
~qu'dbe , médit0it '
ne ' fa~lt ~aSl cller~l-1e~ : G~au
~es 'rqQ)cifs à cette conihtutlOn partlcultere.
1
Ir
�36
'
t-7..
. 9u'~' défaut: dé. raifons , ,on donne des COI1Iideratlpns; que f.on _prétende. que- l'induftrïe
qù' Aline;' ~onifay <l\'JGUt J'ait,: il. c~nfultr:dit-ll fur
la :re.gl.e , généraJe :;'1l1pour ;; l'âppUquer'Elanfq:u?il
f~it/ parvenu 1R; <5ihi o~tr(:!: <{f>U!tl o'Ie dptaiLdès
manu.>uvies ; dç rœtOO1r6!mm:e!. .11i.)le ;1'<\ ;même
GdÏllIl.UJ!:ea J.entiiér Xiu'ep!>€ bf32 '.Jl:ncir,y ;q t~;'qui
fçait'[Js;'iLn t t!Otib :rionnu ?~r t9'ail!eutswdle i av.oit
l.'ufufrnlt ~dé~ fC? :' ~n'S 1; J i PQuvçi~ -xm.iti8r(l
qu'elle Je rip>Œ)lffâJt:. ,pUllI 1e tenvriyer. à fa m.ort :
ibp@uvo' T'éfpererr qtièUe') fe rend/bit 'juill,ce;: lie'S
moyen lui mallqtl.ûlent. Char~ de dix ·enfans,
foo' telnps & .. cfes :.fiu:pkés._étoiei1t. à fa familléJ
n'en avo it pas pour refler à Mirfeille ,& ' [e
liv'tcr; .a des recherches-' pénibleS' & ' difpendieufes.
Efi.-.te ~ ,pn hQinœe :q.ui fe trouve dans de", circQt:lllanc(ls auffi Jâèbeufes Rue ~' on peùl 'dire
qJ:{ l 2 {!~ ~~eridu ~_~tro.p long -temps ? Ne ftitffit- i.:l
1 pas. qu~il ;:: ait
annoncé ' [es· prêtenti'ons du vIvant
d'~nne_ ..Bpnjfa.)C , ~qU:U "ait propofé ides voies ' de
concili~tiQn que }"on a rejettees i1pour qu'Af,lne
Bonift!i~ ait pû 'préparler fa défenfe'; & que {es
1I).üirs-'· ayent Inauvartej grace r de, fe prévaloir' du
filence J for:cé de ,Roman?, '
'
'., ' . Suc l~ tout il ' avpit, du .temps_. pour agir ~ &
il. a. agi avant le temps déGgné par -la Lor. C'eft
tàut J:e 'lu' il faut : Le _moren. tiré •de fon' fiEence
n~ eft pàs même, une e.xèeption . J' . il ne fo.upnie
qu'une préfomption qui e.Œ déçruite par les ' circoi1~aocesJ , c une "p,n:famption- ~qui ne forme ~pas
une fin de non - recevoir , . & . filr laquelle
les Apverfaires_eux, mêmes n'ont pas compté.
Tel eft donc ce procès. Anne Bonifay a
fait pOUl: 27000 liv. d'acquiGtions , & elle
n'avoit que SOlI liv. de biens paraphernaux,
dès femmes d' artifan. .donne. !e refJorc & viviJi~
le ,coh,?mZerce ~~ MarfIUe'; ;que -l'on 'veuille faire
fl ec Ir a prejOmptLOn de la · Loi, à cette Con-
fidéJation.. T(}tlt "ce~a annàiroera 1D délèfpoir de
la Cfnd~e ~aps p~~ture aUCU)1, ~effeti.J Les femmes
de,(~larf~llle fdncf.Qumifes a.lU{'fL.oix camine' les
;:l\,l~r~ ·! & 10'r[qn'dJes n'onL '(l\lcum commerce
féVM'é , de celui- cre lci,uc mari., : elles,noiven'L fe .dire
. qu'el,l€~;he peuweilt"tfien -acquérir~ p_Qu.t elles ', parce
qu'Slll,~s: ne peuveht pas J acqttél'icrans puuer d'a ns
la, c~dle
mariS'
. . - J de -l"urs
.. """
... 4....
. ... .. ...", 1
'.-81 ~~.!on, 'pouvoit juger - ce fpl~o~ès fl1~' des
co?fide'ril'u~,ns r; ,~ou~ dirions 'ayec. bien plus de
ralfon ,,11lUJl f,<;lrOlt tres-dangeneuX' d'autohfei les
f~mme§. à a~qu<ir:ir nu" unë '~fjmpl~ piéfomption ,
que Ct! [erolt mettre les fortunes'" de leurs' maris
à l~~i: ~d,i(crêtion ", '8{L que Ji ,fa, 'Loi n'é~oit pas
portee.-, il /audrOlt- la faîre: ; ' mais elle exifte
la LOI , QUlntl'li Mucius: EIle,-èfr obfervée : elle
n'ef! ~éç?nnu§ ~e '\'Perfo~n.e ;' l"intérêt 'paiticulier
pourrmt:-ll la ' fatre jlechlr devant lui?
QUé l'on excipe enfin 'du filence de Roman'
qu?on l'accufe . de Jinefiè .& ",de ' rnauvaife-foi ' '
parce ' L~.u'il _n:a..jli?~9té fo~ ' taébon qu'après
~ort ' Id Anne Bomfiay' : , tQut cela annoncera la
dlfe_~te Ji~s moyensi ROlnan 'a ' prote Hé lors de
l'i~~ellt?j~e qui f4t tait avec _Anne Bonifay ellememe, , - Il a conîulté ,avant fa mort. Il a arin~nce ,fes , prét~n~ions ; & il ne pouvoit .rien
fa~re cti!,. plus. Habitant à ~2 5:; lieues de ·Mat:feIlle , :~_ll ne co~nojfroit que. ' ;vaguement ' ce
_,~ J . ..
qu'Anne
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do It ' 'la ' rtrajeUlk patitie . étlort méme plauée fur
ullq)miifooii ' fi Jf1t';avec qun~ ~nune aullif mé ...
àjocrè ~~que ::1' o1fllJ-v-.eut 1 q<ll?'CrlteJ ait I.nQurrr qUatre
errfam; f 'foonnirIà ~IIJn'Cfutootien., à leurs :chi-l
iuimfeJl3, paylfnIes~.darle r,<p ~ 'f~tt , ces\)acqWfi~
niolls ioffrotmlt1t€s.'Bllé n ai~oi:t d!a~blel.!trsl i ':ru<l~
œffuim:e ~ -P-O~Qq dlautreIl hlii&n ~5 :pctÏlillt rie <1:011:'
trrur.1let .~ai.ti~œr.· JElle ne pe'làdlr4J.'èfJIi~i Ws :1avoifl
i<Di.rès'? cfuè- ~<3i d'Wrgent de' ![oIF mn-i.! NOUi C réul,..
{lifions~ touteg ~'S-' circo'lilft~fJQlS " qui,: p:tilvenc
Morrer. de ,}a :îfoice' à ja pvé;[œIÏptlon ~ la' Lm
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qu ltzlllS' mlltZU.f._ ,
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.. ' wJl faut donc adjuger. à' -Roman tl9I1-fewle~
H•. mel1.t., le! pa)iXJ'des l acquiGtions . faites' .pù :-Anhd
U ' 'Bo1'lifay oo'payé 1pel1d<rnti fon fewnd ~ ïlJarÏ;lge 1
» trlàruS ento& les ' 24~ o. JiVi L8 ! f: p"âyctJs i p~r
" eHu ui2U1S-. <.t>'~1llll{t 1 du rdooiL. Toutes ~'~ ad:.;
» j ndic:ttIDris ~tle l fqnt qù'Utre'. conréquertcg..d'~
» prirre±ire , ,,'iqpe la, femllire rn làyaî1t eu "ptefquç;
» ri:en dè libie! pehdanr,Je COl!rs de ,fOh. 111a~ ri'age, -&1ne. prouvant 'pa~ tJtz.de hab.[Jeût~ , il
)) faut néceifairement préfume.r qu'elle a acquis &
» ) paye.. des, bi~m; ,du hnari ,i & .par. canféquent lui
JJ fairel'lionheu)( du la cOfldrUflheF' à tefiituet auX'
) héritierS .du ~ mati- , ce ' qu~elLe n'~ 11'U .avoir
» que ' du chef- de fon mari" ad , ej;!Îfandam.
wrpis qaœjlûsfofpicionem, )
CONCLUO r l;omme au procès, avea plus
grands..dépeos._
,
J
GRAS, Avocàt!
.
.
SALVA~OR, Procureur . .
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39
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M. le Con/eiller DE MONS , Rapporteur.
au J ~rléanent.
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~.)LJfu Ç0NSEIL <50US8116ïNÉ., .E1 rIME
q:u'e la-Loi Q~ iatus Mucius s'apfXlique au prli)"C'its
aa:ll~l 'a~c ' ~oute ~ la ,-- force YoŒhle. Les .hoirs
d'Anae :(3onifay n'ont point -jufiifié qu'elle eût:
de.. oommerce parti.culier, ni. d'autres- biens ~ue
ceui-' qn'.e.ble aV,?it , 16rs de f~n mat:iage. Or leUr
mo:dicité ne permet- pas mêmtr de fuppofè.r qlôls
ayent .pû , fervir aux .acquiiitiomS" importantes de
<tette femme. Cefi bierr alIèz. de fe pci-fuader
qu'ils' ont pu fatisfaire à t 'outes ' les dépenfes
qu:elle avoit . à faire. On ne' peut donc pàS
do.~ter : qu'ell~ n'ait .payé. ces ) acquiiitions de
l~.r:gel1t -de fon mari. Il
.dOllC jufie qu'elle
en. Iieftirue le prix aux héritiers de ce dernier.
-.
. Délibéré à Aix .', . le p . Mai - 178'3 ,.,
ea
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, GRAS . .
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GASSIER.
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. ~J~Ü~.les \ b,~'~~~r~t1:~~~)Ùs:" -~ -Je ~Mémoir~ cidefiùs-4 après l'loir cQui)M~ Salv.ator) Procureur
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1
~
..,.
Atllfl,!!i(!n" _du._ $r • . Alifo~. _
l\.. TOU S
Bonifay époure du Geur Roman aie fait un cOInmerce en fan particulier dans le tems ' qu!elle
étoit mariée avec ledit fieur Roman.
.1
Panralion Alifon natif de la Sale
1~ èn Savoye, 'réfidant enbcettt:<ville âèJMarfeill~Ldepuis plus ~de 20 ~n:-, _ cetti~on.s... ~, attefions en faveur de la vente que. deptns" nétre.
réGdence en cette Ville, où nous avons alcernat~emtllt fciié·]e' ·métier , de Raheirau=, OLI l de
C('>lnrniŒonna~ré ,nous avons to'ujours 1couché
darls, l' Auberge .du .grand St.! Jean, apparténant
ci'-deyaut . à feu " fteo r J ofepn ': Roman, de qui
noUt> ·é.tions Jregar.dé ·& tr.aÎlE comme une per[o~ùei '~ux OllCJres de la ma.i.G:lll", · y étantÎ pref- .
qué' p:>t:.Ijours. accu p:é.~ Déclarons en ) cO/ilféquence'
que ::p1mdant, e.qvia:on deux .années, iL a été .fait ,
un pêtit;~ commer.ce . 'en \ enchois, favons, ris, '
& att~res ;petits articles cle".peu, de con[éqtllence ,
& defiiné pour IfS: proviGons' des Muletiers qu~
venaient loger. dans l' Au~er,ge.; que Ip Magafin ... enl était dalli .la mai.{ocÏ i; ' cl côté de l~eica•
lier. , ..qJle le. tout appartenoiLà- M~ Roman .: qllfJ
véritablement la Dlle. [on épou[e éroit fou vent
•
dans ce ~Maga_.,. [ur-tout ~or[qll'il fut ouvert,
& que la vente & expédition des marchandi[es
étoit .faite indifiinétement tantôt par le mari ~
tantl3t par la femme, mais plus Couvent pourtant par c~elte." .derniere ~ attendu que [on mari r
érait fouvent à la campagne ~ nous déclarons
en outre que nous n'avons jamais entendu dire
à per[onne dans la mai[on que la Dlle. Anne
Bonifay
Atteflation dujieur Ba'i~e Mattre ès-Arcs.
.
Nous François - Baile Maltre ès-Arts ~ natif
duJieu de la, Javi, Diocéfe de Digne, réfidant
en cette ville de Marfeille depuis environ· 2 S
ans, déclarons' & certifions en faveur de la vé.
rité cque depuis notre réfidence, nous avions
continuellement & amicalement fréquenté feu
fieur Jofeph Roman, vivant Aubergjfie du
grand St, Jean, tant par rapport aux liaifons
du commerce qye nous faiiion,; dans la haute
montagn'e, que patce que ledit Geur Roman
éroit 'notre compatriote; cert~fions en conféquence que depuis que ledit fieur Roman avoit
,acheté l'Auberge du grand .St. Jean, ou foit
trois ou quatre années après, j,l Y avoit dans
ladite Auberge au rés de challm~e , un petit magafin à côte de l'efcalier, dans "lequel on tenoit
quelques barils d'anchois, du [avon, & morue
dont on étoit en ufage de faire la provifion
aux différens Muletiers qui venaient loger à
cette Auberge, ayal'lt nous-même eu occafion
d'y faire quelques ,emplettes. Certifions que led.
magaGn & petit commerce qui s'y efi fàit environ deux ans, érait de très-peu de con[é'quence, & geré indifféremment ta'ltôt par la
femme, tantôt par le mari. Déclarons en outre
n'avoir jamais entendu dire que la DUe. Anne Bonifay aye :fait ilucun commerce parriculier
L
�4~
4)
d-luant le 'cours ~e fon mariage avec ledit fie,"
morue ~n divers tetns '. dOht l'expédition lui
-avoit été faite tanult par Cun, tantôt par l'al/Ire;
que dans , l'intervalle qu'il a fréquenté lad. Auberge, .il n'a. jlHnaÏ"s entelHJu dire à per[onne
. que la DIle. Bdttifay ait fait un commerce à
fon particulier durant le ~ours de fon mariage
avec ledit fleur Roman.
_ ,
RÇ>maJ;J.
Atteflation de Meffire Beffon . Prêlre~
.
Mellire Jofeph-Pierre Belfon, . natif de la
ville de Digne f rijidan( 'en ceÈle ville de Marfeille dtp-uis près de . 26 ans, dédare en faveur
de la "ériré 'que ' .depuis,f~ r~Gd'ence en cette
dite Ville, il a été dans le ças de fréquenter
affidl,Hnenr l'Auberge du · grand ·St. Jean, appartenante ci-devant ' au _fieur Roman originaire
du lieu de la Javi Diocéfe d~ Digne, fait
à rai(on de la correfpondance à la montagne,
foit à rairon de la liaifon -que procure la proximité · de Digne flvec la Javi, ce qui 1'.11 mis
dallS le cas, de conl:)oÎtre c~ qui Ce pa1foÏt dans
la maifon dudit {jet,lf Roman. Certifie en conféquC?nce que dans la maifon dud. fieur Roman, \
il Y avoit au rés de chauffée un petit magafin
dans lequel on avait tenu pen~",nt environ deux
ou trois années, certaines marchandifes en talure
pour vendre feulement aux Muletiers, qui venoiepr loger d;iD~ cfltte Auberge· , ou à quelques pereonnes de ' leur connoifiànçe, moins à
titre de. çomm!lrce que pour faciliter ces étrangers. aux ped~(js provifions qu'ils étaient dans le
cas de faire en cétte Ville; que çe petit trafic n'a
du.~é ~ans ce mag9lin qU~ ' peu de rems, & ~'a. jamaIs eté de gra ode confeq uence, lequel petu com.
merce était {jeré i!1dijlùzaemeru par le mari ou par la
femme .ou pat /es e'1fans. Déclarant le foulligné
y avoir lui·mêm~ fajt qud<iJues petits ~har s cre
Atteftation dufleur Chalfle Maître ès-Arts.
Nous Jean-Antoine Chalve, Maître ès-Arts
libéraux, réfzdant en cette ville de Marfeille
depuis environ trente années, certifions qu'eu
égard aux liai[ons que nous avions avec les habitans de ' haute Provence, nOlis n(lUs fommes
ttou \'€S dans lè cas de fréquenter de te ms en
tems l'Auberge du grand Sr. Jean apparrenan.t
au: fieur Roman que nous connoilIions partiE:uBeremetit, & qu'au rés de chauffée de ladite
Aubérge il y avoit un petit magafin où, ledit
fieur Roman faifoit un petit commerce tantôt
adminiftré par lui, tant~t par fn époufe , &
,Gela pendant quelques années.
.
Atteflation du fieu/- Chauvet.
1
,
Nous Jofeph Chauvet, Muletier . réfidanr en
Ja vine de Digrte depuis environ 30 ans, certiSons en faveur de. la vérité q.ue nous avons
fait le voyage de Dignè à Marfeille avec nos
mulers pendant notre réfidenèe jufques à ce
jour, _& que depuis près de 30 ans nous avons
logé à l'Auberge -du grand St .. Jean à Marfeille
�)~1.' L 'l.5.)~:,,- , ~"J. ï . . . .
G.....
f"~",-,-- ,... "'. o.".; ......r ''-'-, .......t-
~"- J~'CJ.:: :~ (~Ç)u.<..J~u, ... \1..,f",
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S E R ,V;A N T ' -D E , R, É P 0 N ,S.E •
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,
.
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...
.p 0 URIe -fiel:lr Terr-ein, en qualité de Tu•. t,eijr de~ .enfans PUpjl1e,s du fieur Claude San.din,
-. ., {\ttbergifiç ... de. · la ville de Tou.lon,
Intuue.
--
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,
·C 0 ,-:-N <T-
R ..E r
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l
La {Jal1!c :r~iJJei!Ç.,', .v~uve dudit jù:ur CI./Jude
-. SalJ.din , ;(f aauellement éP9TJfe !en Jeconde.s
nc3ces du jù:,ur'. Turcan, Officier da/1s le CarPI
~ 'Royalr 4f .la Mârine ,. appellwue" ê
l
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•
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4 {
~~ Es 'L.o'" ,.il efi vrai, diQ.inguellt l'édu- _
L cation , de la tutelle..; mai~ li! t,?ere qui fe
remarie pet,J,t-elle prétendre .à l'une .~u à l'autre? Efi=elle également exclue des deux? C'~fi
êin{.i ' que l'a penfé laJamiJle des' p.upilles Sangin;
-
A
�2
c'eft ainfi que l'a décidé 'l'Ordonnance dont eft
appel ; ç~èa a~n{i. que l'établilfcnt toutes les
LoiJ:C, ~ parucuherement celles de Provence.
Cepepdant t~ Dame Teilfeire veut faire dépendre la quc:!li9n des circonfi~nces ;,. elle ,veut \
que .
les mo~ndres p~éfomp~lOns luItéret ~
h, fureté mêtne des pùpllies [OIent compromIs.
Peut.,~lle être_ fondée ?/
.
nu'
, .FA 1 T. ·
La Dlle. Teiifeire époufa en premieres nôces ' [e .fieur Claude Sandin Aubergilte. Elle
ce!l: veuve avec , cinq eofans, dont quatre feulement ont furvécu. Un Soldat de. Marine ,
connu alors fous le nom de l'Auror.e. , 'fréquentoit fa maifon. Une Ordonnance J\o!ilitaire exigea
que dans i~ Corps Ro~al ?e la ~ârin~ èomme
dans CfOX de l'InfanterIe, Il Y eut touJouts un
nombri de bas.Officiers qui fût pvornu au .grade
. de Lieutenant ou de fous-Lieutenant . . Le fieur
Turcan fut un ~des doùzë ~ que ' l'on choifit pour
l'exécution de celte Ordonnance.
'!:;a quàtit~ dont le fieùr .T~rcâllven<?it-d'être
dééoré frappa r!lmouc- propl',e , de la veuve SandIn, Ellé" voulût en faire fon époux .
. Par les <ieI'"ier~s difpofidons d'e fon pcernier
mari, la Dl1e. Teilreire 2 indépef?dam11!ent' _d~
la. ~ütel1e 'd( fès Émfans ', av~it l'uft:lfr~ i,t' général
Q.lefls qu ~il a'v oit d61ai-f:les,
plus, le...ma:
bilié!r 'de b rmaifon, la 'vaj,ifelle & l'argent monnoyé lui ·31voient été .,Iegl-lës, en pr'Üpr~éEé. · "
Si la Dtl€>: Tel1fûré -vièuve SanEhn , déJlI
< '
des
·De.
~
(' comme elle le dit elle-même) dags un âge
mûr, ne eon[u1to~[ que la vanité en recherchant l'alljance du fieur Turean, celui~cï t'couvait daos ce mariage {]e quoi fo~[enir fa nouvelle dignité.
Les ,enfans du prémIer lit éto'Îent les feuls à
fo~ffrir de la folie de leur mere. Elle ne pouVOlt la cODfommer fans avoir pourvu à leur
intérêt. Aulli fa premiere démarche fut de préfeorer UDe Requête au Lieutenant de Toulon
pour avoir la permiŒ()n d'affembler les, pareDs,
& à difaut, les voifins, à l'effet d'être par eux
délibéré fur le choix &. la nQmiDation ,d 'un
Tuteur à ceux de fes enfans ql!Ï.. [e trou voient
encore en pupillari~é, &. fur les moyens de peurvoir à leur éducation, .qu'elle demanda J~ 'ptéférence à un érra,rtget '- incapable, dit-elle, de
leur donner les mêmes foins.
. Le' Décret qui intetvi{lt [!:Ir j:ette .Requête
le -I7 Juin. 1]-80, lui permit __d,e faire raŒgner
les 'par.ens ou voi.CIn!; au jour qu:jl indjqua.
, En .ex~cution d,e - G.e Déqe'Ç; la DUe. Teiffeire fit aŒgner les pçrfonnes , qu'elle juge~ fans
GOUtC les ' plus di[ppf~ê~ à f~~prjfer fes ' v.u.es.
, En! effet 1 dans l'aff-emblée_:, .le nommé Jean
Gelin, ! Argoufin .fur ' les Galerës du Roj, &
qui fe .cfi.t ~bn parent du pere ges puplles, mais
fon allié,; p'o ur en avoir époufé la fœur, laquelle
peut-être' ét-oit décédée fans enfans , ouvrit l'o.
pinien de nommer pour Tut~ur àux pupilles le
frere de la OHe. Teiifeire~ &, de laifièr à cette
derniere leur éducation.
.
�4
Cet avis fueJuivi de celui des i heurs Mouriés
& Peyron prétendus voifins.
Trois autres délibérans qui donrierent im'médiatement après leur avis, propoferent leur
excufe; ils prétendirent que les pupilles àvoient
des parens établis même à Toulon, lefquels
avoient dû êt r-e affignés avant les voifios. ' Ils
en requirent la convocation.
Le tour du fieur Terrein ne viot qu ~alors.
Il dévèloppa ~ il
vrai " les raifons qui ' devoient exclurre la Dlle. Teiffeire de l'éducation, ~ot:nme de la \ tutelle: Il' indiqua de ~ou
v eaux parens à affigner ~ & conclut encore avec
le ,dernier de oetfx qui com'p oroient cette affemblée ". qu'il ne ,p ouvoit légi ~imem ent être pourvu
à la tutelle & à l'éducation des pupil~es 'qu'après la convocation préalable de~ pareris no~
affignés.
l
~ ,
'
En con[éqQel1ce le Lihl~erla'nt qui J)~_~ fi.doit,
ordonn,a , d'u vϟ du Prod'uc<:ur dur Roi, que
les p'!r'ens dénpmmés feroiem affignés à jouroL
,
ea
certain. &, compétent " pôùr d~libérer & donner
.
leur (uffrage fu T:. l'objet p'rQP'C;f?
On, ne s'eit':atl'êté fti f' ~~ou s1 c,e-s :dé f<iils que
pour faire appercêvoir que 1 cette pr:'e!niere affe~,blée- ~:ét~it ' pas un ~ ._a~~mbl~~ ( dë~ ga~e~s .;
pUlfque , . h 1 on';. €n- excepte -Ie fieur 1!'ertem ; Il
n'yen : avoit p~'s un feul; .Iur-tout 'f1 ~ là femine
du , nQmmé Jean Gerin v\rgoufin : fur les Gale':
re s .. d'ul' Roi, & " fœur d'':1 ' pe re des pupilles, ne
vi vait : plus, & qu'il n'exifiât 'aucun!: ertfànt de
)
ce manage.
Il
11 "
-retui'te;
L".
ieco~d
en
lieu'
, : 1 ' fi '
•
,que
e leu r
T. erreln ne rut pas celui qUl"
.
l
f('
-,
rompit et 'vœu
, ~~me par. les trois PI~n~iers opi~ ; ts qUI v 1 _
JOlent -donner l'éducation à 1" Dl i-, T '.ir~u
a
le.
eluelre
, r
& l a tl}tee
l a 10n frere puifqu'l'
r ' .
role ,qu'au feptieme raug' & q' uial vannetPlt .a ,p.~~
r
" ,
, •
'
Ul trOIS
des penonnes
ailienées "avoien 't " " " . l' Ir '
bl' d
'
Q;
regUls aHem·
e~ es· vénta,bles parens, avoien't 'propofé- leur
e_xo:ne _,~ / VOle~t _ l?êm~ proteflé de tout ce u1
pourrolt etre fait aÙ -,contrairé. "' J ) ' q
Q uoiq,u>l en foi ( ,L1:.afIèmb1 Û cre:la famiHe fut
~onvoq~~e en éon.f6,~mlté de la derniere OrdonI!-ance .• ~1l~ 'rte fut c~l~~ofée ql:lê des pârens du
çhef d~ la Olle. Tetlleire ' & tous
~-' r
Fe "
-cl' '. '. ,
'
"
meme Ion
Ifere, ,rurent aVIS Be donner la tutelle au 1tem
Terre~n - ~ beau-frt'; re des .p upilles Sa d-" --- &
l" d
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'ID
"
nIn,
.e ,~cat:on ~ a Ile . .J'eiLIèiré',- ép;ufe du fleur
PhIlIp , le ~lr tante germaine.
~
~~" .C~ dernIer ne pou ,;,oit décemment POrter urt
aVIS en faveur de t fa femme .' 11 obi( '
'
l"d"
erva ~ue
, e ~catlon de~olt: êt/ é j'éunie à la tutelIè , -&
que par c~ nfeque~t ~ Il falloit la) donner ,audit
,J.
fieur
Te,
f rein
de prlféreizce à Î1<âi1('r,e, t'F0ure
M a1'-5
7"
"
L".
'J~'
lon av.ls' rut toujours de rie Roiût la confier '
1~
mere. Oelle-ci n'a donc pu u tèr' parti dt! c'e et:
ç!r COÎlft:~nce -' pour 'donner à "en'tendre dalfs ' fort
1\I~~l1oire ,~mpri,mé ; que la dél~ bération ne, pa/ni
qu a la lp/liralué de fiiffrage1; relativement à
e ~clufion qui lui a' été donn ëèd cette ' déIi'bé.
rimon fur prire d'uhe voix unanime.
~ Le Lieut~!1ant s'y' conforma: ~Par fon Ordonnance ,-en date cl~ 8 J uill,=~ l 782 ~ il nomma pour
Tuteur aux puptlles Sandln le fieur Tertein , &
r
B
\
�1
[ur J~ fpn~Jl1elJlt {;yIs. , dQute cJe
tette tpu~me -' lju,c p'~n4e!tte Ji;sr J~ibil ~lIari
ta
de~c~,
c.Q~r'J
je~ ;pan!e~ eA'dP~m~nc 4jOli':
preCiS c4!m~wa01t ~ep.e~~I1~ Wpt~~;Q ~kar, .'1(. .. .::
. Le fi.eu.~ . T ~feHl ne , ypuJ,~~ àJ-',iJs ,.f~ir.e,.r~te
re,Il\:,oya
n;l~ deux Ipllanaes,~ al,l:; pppi leI'- ~pm iJ -rt~fçn
~Olt ks: inrér.êts. J.J PR,I,I{ftl;y,.iÇ. ~ f9~ld.r ' ... "
J
. C' efi~ Qan~ . ç~t . éff!E.À~S cltpfF~' que. ~ , Pfl,1,'r
rIes (e .. C~,nt aslté~~ fu~ l~ qu~aiOJl de ' [~yoit
fi la '!1~!e , -remari,é{:!:Fe ~ r~cl~J~{ l' éd~~~[ip~
.de [es .enfalls p~pill.es., _tn~~i; .ç~.J3~rct 1~ 1l :Y~9
d~~ parens q.ui P'PIJt , .pa~ i~~é( à P..t;o~ ~ 1,
l41 wy6er; . ' . r
' f ' ''*' ' . ~';"L'
. La Q~m.~ . Tur~ÎlP rQUtin~rdAn'J ~.p,€ p~mj~r~
'
'"
"
-
l
_
40
... _
' CQh[ulç~tjqn qu~ ie~. Jr.ffi(Ç ~o~~iJJ~& ~'pP'Ç)19WP.,t
à l'éduC}H)on des .~n[~j If llfl.B;;' cfe pr~fé[~ç5;!
~ toyr , ~u,rre p~r~Il~ ~ qu.e fi urllcs,' qcepjoient
.celle qui .avoit p~~~ A.Ae [ç,pondes n.Q~~s ,.]1
ne fall.oic pas çoncIl,!~ç deU Bu'.ç~ltS eU«~:t ~_
t~nd).J l't:,lÇd\.lre abfolpmem ; RI1'~!! -,cette maûere,
. le JugË I: d~voit tRuJPl-lf$ . conf~IY=t:; J>intérêt &
Je plu~_ ~rand ,avabtagre des pup,i1tes, & ne Ce
,décider J.amais que .p<Jr les circqnflallces, EUe
.s',amorif.. ..çIe la d~Çrri~e d~, ~~~rir.man fur le
.çQd.e, de l'opinion ,qÇ! . JI,JIU.t:~D ~ns [es no~s
;nlanu[ùÜ.es , d'un r rê.t rapPPJi~é ,.par Antù~ RR.,-ben, &. <je ceux l11ê~p,e recuçi,1li~ par ~P~l.face, _Fom" ,1, liv. 4.,_ ~i,t, "/.", v
~ .:
Elle 'erHra en[llite dan,$ le -détail des cirç.on[..
;tances. ,I;lle fe p;éva!ut ~1~~'çrp du tell?ment
-pu fiel/r Claude Sandin, [on pgll1ier mari, qqi
. hü avoit légué l'u[uf~uitl de tous, [es biens,
~ & la propriété des meL/bles de [a mai[on) qe
4
�-8
~
,
1
~
Jà· vafl1èlle ' ~ d~ l'argent monnoye; elle auura aV'~ir ~mélldré les èHets de l'héritage .;
èlle : préte~d~~ .{b~~ la foi ~tS d.i v~rs ~erritr~~:s
aVOl~ ·touJours Pl'l,S des fOln~, dl{hn~ue~\ de ,1 education de fes cnfans, -aVOir fournI avec luxe
à leurentreuen -i & mêlne à leur parure; elle
ajouta: gu'eUe~ ayà~[ nl'arié ~vantag'ei.1feIp' en( . fa
fille aîn'ée- en liii-2confiituant ~ne d'?t de 12000
Ilv. ' do~lt 53)6" l1v. dë ' fo'p>. chef; elle donn.a
- en' p1'euve fié 'l! bonne èo-qduite qu'elle, avolt
eu- envers fes) ènfans le t teftament d'une ge ,leur
tim~e germaine,: par lequel ~I1e avoit - été inf':'
tiuée héritiere pure ,& fimple ,; , elle obfe rva
ql:1~- ,~e ,{èc~~~ ' .~afi dqnt/ elle avoi: f~ir , choix .
étoit un Miht-atre recommandable, qUi des dernit:fi- 'rarlg :) .éfoit )arven~ _ à ce.,lti! .:~, ?flicier' ,
-ql:Je- ë;e: ViBpc 9~1 rrollvo,It fo~ bl,e,n 'ttre ,dans
çe mariage,. ~ ~ne relfo~r~ lorfqu.ll.r;~o,~ a~
cas;le fûllicÎrer fa r:etraH'é \- ne f~ l COpdUlrOlt
j·ama,î~ ! que
rés Loi~,~'o(. la ' !eco?,nofflànce.-,
que- ce [eroy'" 'un fecoha ~ pere q':r èlle,. auroi't
donné ' à ' fes Lenfâns; eHereleva les pret~ndus
avantages . que :!-es pup-iltes devoib lt' .tfOuV~
dans' là 'tÏiaîfoo'f plùt.Ôt 'que 1. dans: cené '{'d'une
tante femme ~ d'u'n BouHwg'ér, .1aquéUe (ayant
elle-~ême 'Iaes ~enfans, ne '!..voudroi't ahùréme'rit
--pas -les nég1i~~r " pour: d~~rier . aux Tàin's' de l'é·ducation de ~es nevetn( ,,' le&' motnens ) que Iës
'océup'atio~s "de fon état;) potirroient lui Iailfer.
De- :toutes Lces o bferv3ti'ç>ns ~ dIe cpnclut que
la prefamption de fan ~~d-iàrla-ge, qU,i feu!e av?it
décidé, les parens ~ , Je J~ge ne ~ devolt pOlOt
l'eniponer fur: les preuves' que Ion avolt de
fon
Jar :
"r
r
fon
attac~eI11~nt. :nVèt:l les\. puplll~s, 'Be
rUf"les
~O~fi~1é:31rI~~~ q~)e~er aV9!:-e~p~\~, ,qt'Je d'o moins, '
la ' prr\!.ero ~e 1~'tJca6on
éllt: 'réavarH
clal?oit aJet )~wu,t~ fa chalèor ! d~rit la plu~ te'ndre des mÛes fut ft\fceptrblcr; JH falfait 'atten_
dre qu'elle s'eiJ Jilf--rentlüè )'i,adigne ; .' ~ù'alnfi
l'Ordonnance 'du' tLiëutemiffi 'de Toulo6' 'dev 'it
être réformée. ',', !.J' ,;: , ... _:.
: . ' ..
. On
répondit · de ', Ja 'pa;t dti fi:éur Tê~rein,
t
que , rien n'étcrtt .pIus . exprè'sJ1:tItns Je Loix Romaines, que l;exèltifion donnée "à Ja mèt'è' pour
l';édûë~tion de {es' enfans lbtfqu'e.lle ' a ';paffé à
, de ~ec,o~~es oôc~s'; - qu~. to;ù~~s ! lés fois ,"qu'el- ,
Jes cl . O'lent parJe de ['fa- fav~ot due ' àla )veuv'e>
<}U1: ~(yofJ: 'refté ltta~sr;rés preririe:r~ : engagèritéhs',
elles ' a'v,b~ent 'foTmelleQ1ent'~jex~~pté ceflé l qbï.J les
~vôii'~ méprifé pù ' uni fecooéf ~:;ti~a~e ',- fi t'hon
'vit'nicu'nr eis inilu±è'riL~ .' Nifi' âtt ficrin'das ~ffi
rit"! nupt-ias; qll'eI1ë~' ne po~,rr6ièht 'en" effet,
faRs ipconféqu~~cë' lX f~ms: tOÎ1trkdiaicin l'river
abfo}l1~'ent Ja :tnéf-e L.qui fe ienrilrie' de-:f.ir: tu'telleô.:'-ou de l'àdmin'i1l:ratî'on.' d(.s - biens ',. ~ .lui
r
laifféi une eipéraiice pq~r avbir l'édüéarlort
oui ië 1-f'01n dé J'la: perfonne, I~ q)le fi ' ei~és-' faiîoi~e , üne di~inêti6il de 'ceSrraéu'X çhofe~/è'é
tôient'~p'our êlôÎgtJer.. plu's' rJpfiru-c liéren1ëÎit _de
l'éc!~cation la ,!!1$re r~Ipariée & Je feç,ond époux;
que par le Droit Romain, ce dernier pou voit
être,' chq.rgé . de1.la . ruçellei r:da~ ;' ~e ,cai';: ~ù.) le
per~ :~~svi ~nfin.s t~à~hjit : âpp~U~ : ~ cet - ~lni>I1j, \
que :'- pourtant '11 ' etoIt abCoiuÏli'è'rlt exclu c;le· Pé.
'dutatiôlii par éèfie fcfltôn q~,gnlitcib'Îloit la ~èMft:,
aé
qu
l
1
.alilld in educarione quœ poffet vitCè -ej~s pIé-
e
,
�,
.
Il
r1
r ' ou
\. 1';on dut le
r. re 1acher de la re.
Clcconllance
sIe dont l'op[ervati-oo eft: fi fortement recomman<!I&e par ,1'Eqit cité 'du R,Oi René; que cela. etoie
bien' moins poffit>Je, lorCq'ue ' ta famine avç>it
parté up v~ JCoQft'>rme â' ceiui' de la Loi, 10rC
qu'dIe avoit juge néce-ifaire de ·p river la mere d'e
l'é8ué~tion ; ~'icl··l'avis ,des ' parens avqit été
ilpaOlme ; .O}u -aucun ~e ceux qui en aVo1t réerlemerrt .lla 9~alit.é ~'avoit ,témoigné la 'rp6in~re
~on~a~ce a Ia~ :Oam~ Tllrci;ln~ $l}o)q~'i~-s n'~'p;
p,arNnlfent aux pupdIes que, 'par dI.e ; Cqu~ fes
cjr~onltanc~s par 'lefque1'les on vo.uloit b~I,a~c~
ce: Jugement dotpefijq'ue ét-oie'nt , tol,lt-a-fait intO'nduantes; .que ~our ce bu~av6it Jair bu rp1
•
. ,
f
"
1:;,
. ,
falTe
la
Dame
T\mtaq
én
fa'Vè'ur
de
.
fés
enfaÎls
• r ,
f
,.....
ava:nc fan rel,nariag~, ne pto,uv,oi-c ,riel',..pc)ûi
ravenir; qu'à. préfert, ~~n c~~Ar 'étoit 'liV.ri :â
~ .autres afFetbotls '; q~ a (on, }-.Çe n~aya~t pu
dompter la p;tffioll ' qUl' l'iiVOl 'entraînée vers
1}n fecond époux, 'Hl a~oié· .tollt à crai~dre 'd~
l'effet -{!J~{éqùé~t ~d; cettè, R~gia n, qu~ même
la conduIte precédepte de" ~~ pa"me 'furean
ne dèvoit pas ,raffurer ' ftl.r "c.es craiQ,tes;
que la fU'cp:ffi6n:
lit , t,alh~ ; g~rmain.e u d~ , ~es
enf~ns ~u'eUe l '.lVO'ît obteI1u t at -!eur .'préJudîcè "
l
ô,orlt eile, avoit ac,ce,Pté ou, 8: e'u~-être , capté 8{
foljlcité la prop'ri~të ,. ferv~6~~ ~~ çié~ont,t è)r ~!J.C:
dans ' -{on 'am'e , 1'1lltérêt l.elnpôftoIt ' [ur , tQUÇ
autre rentÎmenr; q,ué 'la : q'ü'alit~
~eIu Vi~tic",êtojt
~f
'1
~
encore moins rafibrante; que de l'aveu .de la
Dame Turcan; c'étoit ,' UR 1116trlrile .fans ;bien
& fans fortune qui n~ p~4tr.6rt [e, faire ~' fo;t
qu'en prenant fur ' 'les pei vatlijifs- des ' puptIles J,
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(Ji)) R:ap.porté par ' Mourg;ues, 1.lirt.:::.1 , . PJ.g~ 36.
.
, ~} :pecormi~, t!~!Jl. h cg-l~ !'t3Ç> r ~ I!,uvt , & tom.
prfIt1i~l', ,col. aS l r; ~()ur~Ufj~,' .P1f. . ~.6,
Je nouveau : ço~ment,at~r ,des ,Sç!l~~~~ t,oIl]. prerwg " rag.
IP., n.
2.'~. ' .
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4
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1
que d'ailleurs quel que fut le mérite militaire
du fieur Turcan, ce n'étoit pas une raifon pour
lui fuppofer les vertus d'un pere de famille;
que le caraétere que l'on concraétoit dans l'état où ·il avoit paŒé fa vie, les principes qu'on
y puiroit étoient tout-à-fait inconciliables avec
les qualités' néceŒaires pour former une bonI?e
& religieufe éducation; que les pupilles [eroient cent fois mieux dans la mairon de la
tante germaine où le Juge d'accord av'ec les
pareos t .avoit cru devoir les placer; que cette ~
tante {œur de la Dame Turcan , quoiqu.e la
femme d'un Boulanger, avoit du' bien, & . vivait dam l'aifance, que fi elle avoit des enfans elle n'en auroit que plus d'aptitude pour
élever & foigner ceux qu'on lui confiait; qu'elle
devieochoic fa mere, commune; qu'elle étendrait facilement fe,s.foins fl!f to':l~, [ans qu'elle
fut plus détournée ile fes occupations, ni qu'il
lui en coûta', beaucoup pl~s de peine; que
d'autrè part '. fe . ferait un avan·tage pour les
pupilles d'être élevés ~vec' leurs coufin.s . ger- .
mains; que cùté faciéré leur ferait agréable,
qu'eUe leur feroiç. utile; Q4'à cÇ>té des enfans
de la ,Dlle. Ph~lip , en p~r~~g~~n~ leur. éducation ,
vivant fo~s le ,Iilême toit, ils s'inftrUlro'ient de c,e :q~.'.ils fon~ & ,de ' ce qu'ils doivênt ê~re , qu'éianf les fils d'un ' artifa,n & l'infu$,{~9c~ de Je~~ ~ Nrt~~~ . !.çe·, l~ur p~rmetta~t
pas ae s élever ac YP ' rang .fupénellr ,11 fallaIt
les /auver 'dw danger de , eôo~~voir des, idées
qui t~~r fi([eut dpns la ~uite dédaigner le travail & l'état daps lequel ils étoient nés; que
ce
én
,
1~
ce' feroit le rifque qu'ils auroient à courir au ..
près de ' kur mere qui ' commençoit déja à fe
~onter , ~ur le ton 'de la femme d'un 'Officl~r; qu atnû ,le chojx- des parens n'avait pas été
aveug!e ' ! ~ IDcoQlidéré; que 'leur unanimité,
leur fIl~nce gén~~~l fur le compte de, la bame
Turcan défignolent en eux ·des motifs qui les
a~rdient: ~ qé.~~rminés à lui r'efufer l'éducation
de ~e,s ,énfan~,. lors: 'm:êli1e qu'ils : [J'en au'r oient
pas- e:e empechés par la conGâération tl'e [on
_ rema,nage; qu'il ér,oit ridicule de dire . qu'il
fallo.lt att:ndre ,qu'él!e [e ,'fut ~7ndue iÎldigne
de ,cette, educatlon . pOur 1 en pnver; que .les
~,OIX, ~Ul ' concecn~ièri~ la, fû~eté des perMnnes,
Il,nFeret des . pupilles n étolent pas [eulêment
fa~;es ~O!.lt' remedi,~r aux abus, m'ais poti~ les
preveOlr; que nen" ne [eroit plus ordinaire
que. de fe laUrer .fédui,re.. par les apparences; que
de ].eunes enfans qUI n'auroient ni la force
ni lè cOl,lrage 'de [e plaindre, s:il étoient réel~
lement maltraités; feraient le plus [ouvent la
viétime de l'arbitrflire dans lequel la Dame
Turcan ' fuppofe . la: ~ quefrion; qu'e . c'écoit ' la
raifon ' exprefiè qui avait déterminé la pt-ohition de l'Edit du Roi Ren·é· ,.'" notre màxime
& 1 no'ne Jurifprudence; que ta .E>àine "Tü'rcan
qui par fan remariage avait p~rdu la pro'prjété
de c~ -qui lui avoit été légué par [on premier
mari- ~ difIipé' l'argent comptant , . vendu depuis
peù 'lesG r.le ti'b 1es , aurait nécellàiremenr' des intérêts~ à' vuî4er avec les pupilles, queconfél
-
.
,-
-
...
'.
D
,
/
�14
quem~~nt eUe.
fçaumit . .jam~i~
voir que
commê Jes eO·n.e,mls de fa , tr<tnqu~llte lX. du bon·
heur ci~ celui qU,i 'o ccupait la premiere place
de"ron . cœur; . q~e ' s'il y/avpit encore quel!que
chofe a préf\lll1er de ' fa t€ndreJfe pour fes en·,
fans, '.on ne 'poûrioit en.' efpérer a~ltant de la·
pa~t d~ vitric au pOUVOir 1.~qu.el ' Ils / e t~o.u
veroietlt; que tout donc folhCltolt. da?s les ~~r
conO:;mc,es l'application de , nos p nn 9pes, J.u(-..J
tiJioit ~ choix des' parens Sc la fageaè de l~ qr.
dOf,lllance attaqüée.
,'
' .
',
- .. ,
Telle" fut )~ aefenfe de~ <p1:lPllles a p.qu~p~"
, le fieur:_ Terrein
croyoit' pa~ ,devoir aj?u ser;
mai!!. la Dame ' Turcan l'.f!yant d e fig,:! r~e dans.
un Méinotre- imprimé qu'elle a . commu.niqué ,
il faiiu' la rappeller avec quelque éteodue, ,c'ef.[
. déJa ;avoir répohdu à la majeure partie" de -ce
Mém'o ire, il -de s'agit plus ql~e de s'arrêt~r fur
quelques-un-es' des oouvepes objea~on~ qu'il
renferme.
' ,
-. "
.'
La ' Oame Turean com'mence par demander
s'il ~fi 'q~elque' lioi, quelqué,:!,-rrêt qui a~t' ce·
fufé il" la 'meÏ:e,-Tédl,lcati09 de [cs en fans , ,IW'C
cela ï~ul qu'elle s'étp'i t remarjée ? & elle ai9~t~
tout,J ,Ide' fuite qu,'i1 n'y . 5n ,a. point da:ns )~s
livres: .• '. : .... '. -qu;à .pce.ine _ voit-o~ q,4~lques'
doar.inês qUl Jom,- même affei rar~f " : . .
:
. 'o.c -à' moin~ de vouloir ,nier l'évicle!]c5 peut-,
on' :âvancer p'~e -telle , pr.opo~tion_ ? -)a_ ~;oi !
ce Cont les LQI.x ~omaln ~s, c e!l le S~a;tut d:e,
Provence &: 11 f~oit impoffible f en, t~ou~er :
de plus (ormelles~ ' Les Arrêts! ils font rap-
D:
!es'
né
1
/
�d
.
. 17
» U manage, elle ne dit pas qu'on ne pourra
» plus la lui confier.
.
'/
Ma~s : ndiq ue-t-el,le. quel9üe 'occafion ,- quelque clrconftance ou Il' f'Olt , permis . de la lui
donne.r ? car l'exception eft abfolue fi ell
' Il.
'fi'
.
e n ea
p~s ma.d1 ee ~ & la Loi -qlli la prononce doit
necelfatrement renfermer la modification.
La Dame Turean ne trouve point de modification dans le texte ~ elle veut y fuppléer
par l~ glof:; ~lle pretend que · cette , glofe
» ap:es avoir dlt - que la mere· doit avoir l'é.
ducatl~,n de Jes enfall.s lorCqu.' elle . ne s:eft P:a's
remal'Iee? po~e enfuue la queftion ou 'ap;ès
le remar~ag~ Il s'éle~e dans ··la famille. '.' .. ,.
La ql!elh,o n d~. f~vOJr ?ù ( ~~s pupill~s ) .doi.
vent etre éleves, & qu ellë :dit avec la Loi ;)
que le Juge dole fe .déterminer par les circonf-tances.
Le texte & la glofe ne dirent rien de tout
cela. Le texte décide bien clairement· trois
chores. rO. Que réducation doit être donnée
à la mere qui ~e .s'eft pas remariée lor(qu.e
perfonn.e ne la lUl, dlfpuce. 2°. Que fi le tuteur
ou les · pareils ne veulent pàs la lui confi·er ou
qu~ i1s la ~emande,n~ à f~n p.réju~ice, le Ju-ge
doit examIner I.e' l~eu ou le, ,pupIlle fera pliJS
avanrageufemenr. ~o. Que' la mere remariée.
doit être abfolumenc exclue. '
Le . gloffatevr il en vrai ne s'expl-iqüe pas
av ec autant de netteté, mais' on voit à travers
, un peu ~e . verbiage qu'il ne .dit ~ien de plus :
ca~ en. dlftlOguan~, le ca~ pa~t1cu1ier où le Juge
, doit dlfpofer de l.educaClon 11 commence ' ainfi j
E
,
�18
ji.QUW11 (ld flÇfjmlt{~ mLp.tcial ~O~ cônvolaverir
& orta fuerù queftzo , &.c. · l~ .n dl dORe pas
vrai Cauf ,refpe&; que la ,gl-ofe .po[e l~ ,cas ou
aprb tle remariape ' i1, s'él~~e ,la quelt~on de
Cavoir ' à qwi l':éducauoo- dO,a et~e -con,fi ee , elle
raif{mne toujours ~ans l~.1uppo!itlon ou la ilP ere
'a pa" -convolé ~, de fècondes nôces & où le
n..
'ff. "
~
Miiili{tl!re · <lu Juge devient . neceU,alre ~I çau ,e
de§ qppofitioo;s dw tute~~ pu des pare[fls . , ~als
quânt ,à la mer,e remanee la glqFe. elt parfaitement :d.'.a<:c;o-rd avec le texte ,.. :VotCI comtn,e -eUe
s~xpÙq\le lit. e.. fed rwnne potcfl -elfe tlttar
-Jliélr.i cus? re{pond. fic. , fed. . .. . . nqn .p<r hoç
(. pllpilli ) apud eum NE.L EAM 4e'bem
.
,C arl .!
'
'
-
édtL.-
.
.
D '
•
. Oi s'il y ~vJ01t .un 'cas n~ ~ les LOIX l~om~~-
.nes .e~Jfen.t ~tewlu confier a ,la I?ere ,-remanee
l'éducation de· fes enfans du premier lit , ·ce [eroit aJfuré'men~-'çelt1i où ' [on ,f econd é:poux autoit, ~t:é ju~é , capable & digne de la tutel~ , &:
,c,ep~9aotdaps' ,ce cas mêmee!les ne .1al1fenc
pa..s. fi, la lui refu1èr. .
~~ • .
. 4 povelle )2':' .:Chap. :,38. ur1e falit qll~ con·
fifl~# 1'-exçl4liQn c.PfolloOQ6e p.<l!r les . LOIX, an~
~cieiJnç~ ~ il ' ~ faut qllep/.o'I~ les anathemes
qlll.'e1!e ~r.QJ!lo:n~~ dans 1, es: ç~api[res fU1V aIlS, con.t.r~ h .y~ljve qU1..3 c~Gyole. "à de: fecon.des noces,
pour [entir qu'elle l'l'a pas voulù 1.u1 <ÇDnf~rver
le tnO,Ï,t;idr,e drcUr: fU'r, [es ~l1fà,ns ~ Dl la mOJndre
~f~lllJÎ1!:e. ,à leltlt éOOucation. "
.
' .
. ,Maj!;, III Loi" nous .clit-0.n..,. ne [e .Nent pnn:
c.,j;p41~~.nt en .gar.de que lcontre .la veu~e qu~
,n;'4: qu'I,i.B epftlnt' <k [on . I prem1er ~anage a
1
19
caure. d.e re[pérance qu'elle ,peu.t avoir à fa
fuccelliQn; & ~'e~ par ~te r..ai[Qn ençore que
le parent [ub(htue au papIlle ne peut avoir- fon
éducatio'n.
'
,t'on convient ..q'le les dangers [ont plus
gra.nds IO,r[9ue le p.u'pille eil uf) enfant unique;
1~a1s rdela t1 Ile fult pas que -1a mere qoUi eft
bIen plus :coupable de s'être remariée lo r[q u'elle
a plu1Jeurs enfacs, mérite plus de coufianc,e ;
Gela ne dit pas que le pupille qui a des freres.- .doi.ve être plutôt livré à une per[ontle
.qu~ .1,11'1 dt tout - à - fait étr.angert:, qu'il
.doIve ,ê tre eXPQ[é au mépris, à l'indifférence, aux caprices ', à la jaloufie même d'un
V)lhic, qui d'ailleurs ,rne [a.uroi1t. li'enrÎchir qu 'à
Ies dépens. La Dame Turcaa a.":t-elle pu. établir la diltinétion qu''eJie fait du pupille qui e{j:
enfant unique de celui qui ne l'-elt pas fur
l'autorité de quelque Loi, ~ , quelque jugement, ou [ur la doéhin e de quelque Auteur?
L'exc1ufion donnée au pareot [ubllitué, prouve
toue au plus qu~ par d'autres motifs, dIe a
pu également être prononcée c0ntre la mere
remariée.
Qùant à l'opinion de Bruneman, de Surdus, de Fràn'c hiô, de Riccius & de' quelques
au'tres antiques Auteurs, eUe ne Cauroir prévaloir [ur la déciiion expreife des Loix . . Que
c'dl d'ailleurs le Iyltême de ces Auteurs? C'eft
de dire, que la mere peut mal,gré [on [ecànd
ma'riage , obtenir l'éducation de [es enfans fi
fa réputation elt intacte, ' fi probœ fit opinionis , ,& fi les parens con[entênt à la lui don.
ner., fi tamen cOlJnqti peta!Jt ex juflJ [atione.
�20 -
on laiffe à la Dame Turcan de juger fi elle
peut fe placer dans cette heureufe hypothefe.
L'Arrêt du Parlement de Paris rapporté par
Anne Robert, ne fauroit faire plus d'impreffion fous deux rapports: 1°. Parce que dans
l'efpece de cet Arrêe, la famille ayant difpofé
de la tutelle fans parler de l'éducation, il était
cenré qu'eUe avoit voulu la lailler à la tnere ;
2°. parce que ce même Arrêt été rendu dans
un pays où les Loix Romaines ne font regardées que comme raifon écrite, & n'ont pas
plus d'autorité , que parmi- nous la Doélrine
des Auteurs, puifque 'les cas non prévus par
la coutume lOcale fe réglent par la coutume
du , lieu plus voifin, plutôt que par la difpofition du droit ' commun; & c'eit auffi la réflexion que le défenfeur de la mere ne - négligea point. Il obfervoit que par les ~oix Ro- .
maines, & en thefe générale, la Qournture du
pupille dépendoit de l'arbitrage du Juge; mais
que dans les pays coutumiers, l'éducation étoit
de drait déférée à la mere. Or, d après un
principe fi contraire à celui gue nous fuivons,
il ne faut point s'étonner que l'on foit moins
rigide en pays coutumier, pour priver en cas
de remariage, la mere d'une éducation qu'elle
a aufrement de droit, & fans la participation
du Juge & de la famille.
Mais quoiqu'il en f~it, de toutes ces doctrines & de toutes ces déci fions étra'n geres,
c'efi fûrement à caufe des différentes opinions
qui s'élevoient parmi les Doéteurs, à caufe de
la diverfité de Jurifprudençè, qu'un de nos
anciens Souvéi-ains crut devoir rétablir parmi
nous
2.1
nous la force de nos Statuts .& des Loix Ra- .
;.matnes.
,
,
- Ce qui affeéte -principal,e~ent le Légillit~Î.1r,
ce q~li le décide. fi promulguer. l~ nouvelle ' L~i,
c'efi l'abus que l'ont fait t jour~~lle~ePt d.u prétexte de l'intérêt des pupitles, Il - & 'd'atitant
» que nous fommes infn,rrués, , dit~'il, .. 'qu"au
) grand dommage & ruine d~s ~tlpill~s "& mi-~
» neurs, les Sénecliaux de nofdite-s Comtés où
) notre Confeil, ' à, l'il1lport~nité 'des 'r equé» rans FAISANT SEMBLANT DE "PO UR)) CHASSER L'UTILITÉ : DES P[jPIL~:
» LES, & qu'aurrem,e[2t , iir ' '!-' en fe;-oJe!ll ' aû~
lr cune pourfuite" Ce 'font 'laiffés .podér ~ :qiC" penCer Cur l'infraélion : dés fuîdit J Sratuts,
r.
cl d
. ~
Ji"""
» non lans gran
om,magf , ~es p p ppl,~s " ~
» DANGER DE LEURS PERSONNÉS,
l) eu égard que la Loi défend; q-ud ' tei. Pf oll.i,!s.
Joient nourris cher. leur Viaric, Il ~< pour
éviter que , les Juges fe lai~rit : féduüè") à.'J I',a
venir par de 'tels prétexte~, ir eordonne à" r exécution des précédens Stat~.ItS" -fans que p.erfùnne puiffe s'ingérer d'y 'difpellfer (OUS,,quelque prétexte tant foit-il jufle ,ou équjfP~le? il
déclare même telle di'fpe'nlè "nuUe 'qüé].qti'en
puitfe être le ~odf. ,Or'! ~ 't~!-{ment ( ~ ,
les Loix Romaujes, 11 pouv_(h~ ' Cubfifiet -quelque doute fur l'exclufion ' ilbfolue qui doit être
donnée à la mere remariée / i1' feroit b~én"' fouj':'
levé par cette Loi qui efi la feu'le par l~gil,elle
nous devions nous régir. ',' :J
'~ ,
Que répond la Dame T~rcân! L'Edlt ,dqnt
il eH quefiiôn' .1 dit-elle-, rie 'ëoncer"né' qJe les
(
f
... ,...
pa'r
"
)
F
,
�r
~
~ut~lIes "
22
rl
ne gliffe qu'un mot en paffant de
l'éducation qui doi~ tpujours refieç dans les re.
gles pr~fi:rites Piar ~e ' . Dr~it Romain. "
QU,o iqpe l'épu~â.tlon [Olt un~ cho[~ dllhnB:e
de la ' tiHe,lIe , . , 'es deux chores ne lalffent pas
que d'a'v oir be~ucoup de rapport entr'elles}
il n'eU: donc p~s étonnant que dans un ,Edit
èoneernant les . tùtelles, ~l" ait éré également
pourv~ cl ce. qui re~ard.oit ' l'éducation; '~'ail
leurs -èet Edit né faH que. confirmer la dlfpo".
fitioas '-des Loix Romaines, nous .les avons di(~.
êutéeffi ~ &. ce ll'è~~ pas enfin . dans une Loi
émanêe. d~. TrÔne ~qll~ l'on glijJe un. mot en
plJffq"i}t.," tout ~fi cen[é avo,if f::é pelé par l~
Souvèrain .Léglüat,e ur dont elle emane, & dans
le C~Jr~il où H l'a , ~éférée ,; on. v~itA de plus
que ce p'efi I;~$ , [eule~ent l~s..., ~~,terets pé.c~,:,
riiaires -des- pupilles 'quI ont .exc!te la [0111CIt~de' d~ :L égiü-fl,téur'1 màis enc~re l~ d~nBer ~e.
leurs. : pèrfonnes ))i e"- ce. ~hef p,artl~uher, die
» Jylo~niues, ;pag. '56, l!a ~.t~ de~endu aux
Via:ric~ de prendre 1. admuuarauon ~ES
» -PERSONNES
' &.. '\biens
de leurs Provins,
. ,...
..
.
;;J.p,up!H~s ' ofl' );ni~~N!'s; réY~9~ arit &. déclara~~.
» nulles i ç,outes . p,rpYIGollS qu~ ~0':lrrolellt ,avOIr
n Jéri, _oû ' [~roiq~ëfai~ès dë ' ~,~ .~r~ per[onnes; )~
é'~f. ~iifi~ "cê', rppt ,gllffé' eri pajJdnt, qu'i a fi'x ~ '
d'u~é " maniere invaria'blt: notre maxi~e & noir~J ]li Ert{piud~~'c~:~( ~'ar ta'qüeIie t l~ mere remarié~' "a-toujour·s .J ~Œ d~.ns \~u,t,~~) ës . circJon,aances,' mê,me contre ~e, ,gré. de l,a fap1Il,l e, ~~c,hue
du droit
d'élev~r 'd le'l.- elle ~ . & dans la mai ..
'r"
»
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... . l
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23
'[on de [on recond époux les enfans ,do pre.
mier lie.
1
~
Mais put-il y avoir quetqJ,.lé occ<i-liôh 'où
Ton dut s'~ca~ter ~e la, ~igoeut ' d~ cette tegle,
ce ne [erOle J3m~us . que- 'dans des' CÏrc'oôftânces majeures où' il ~e;oit généralel-ilen't re)cOlll'lU
' que l'intérêt des 1pupil1es ex~ige -gu'ils' n-é fuient
'pas réparés de reur' mere, & où ' ce~ In'ttrh [erait mallifefie & de toure évrderice.
Ce ne [eroit donc pas qu~nd le
dè la
'famille ea tout-à-fai~ contraire'- quaôd"1e 'J u,ge
I?cal., qui doit avoir une ~on~oiilànce plus partlcuhere des chofes,. fe ferOle
c'énforme à ce vœu',
.
,ce ne ~~r~ pas 9uan~d une ~:(e, _'diiâ l~nlpI~
mer,Jt: J al nourn, V,~,tt,l, r pa ~l' me,.~ enraDs .pen.dant mon veuvage, -Je' leur al donné dés 'Itlllîtees pour les e1l1eigner à lire '& ,:à ·écrire' , j'ai
marié mes filles lorfqu'elles onteté en âge' b d' bile:, On lui repon'dra vous ,àVei. fait cé ,que
deVait 'une bonne mere, ce ql}~ la Loi 'préfumoit d'elle; mais aujourd'hui !> v,otis avez pëFdu
la confiance qui était 'due' à ~J6i/e qualité" 1;jnjure que vous av.ez' faite .à vo-s~_e-rlfans e'(l : une
preuve que v~s [entimens )à r; I~ u~ éga~:d ~.9}!t
èhangé ; vous vbuS êtes feridu'e- I [u'fpetle aux
yeux des Loix, 'elles 'île ~eb Vè-rlt mi mg· ~{en
préfumer de favorable de la per[onne à 'là',pJ1france .de .laquelle vous! vOu'sl.êtes [oumrfè', par
l'.effet ~'une pa~~n _,il!~~l1cjl~~/jle <avec }-e, ,~~_
rHable amour maternel: & a . ta Dame Turcan,
:lui dira \rbus av~'î z.n6i?·s, f~i~ _'},u'~ne
;lutre, parce que ,fi ( ~~us â~eir four~l'Ia l ,t; ocre-.
tien & à l'éducation' de Vos !'eTifarts; ' vbùs n'a-
l
vœu.
on
r '
{
�24
•
vez faie que remplir une obligation' au béné.
fice d'e laquelle vous jouiffiez d~ tous les biens
de leur pere. Vous avez , mimé avantageu[ement ' votre fille, mais ,vous avez été amplement dédpmmagée de vos , dons , par la [ucce[fion de cette tante germaine de vos enfans que
L vous leur avez enlevé;, ,& cette fucceffion n'a
été véritablement gue le but & l'objet de votre prétendue gènérofité. ,
'
Pour qü'une mere qui ,s'ell remariée put encore écarter l'application des Loix qui prononce
con'tr"èlle il ne 'faudroit pas feulement qu'elle
prouvât q~.e le;s pupil~es 'n'ont rai[o,nnablement
rien à cranfare au pres du fecond epoux dqnt
elle â fait ' choix, les craintes de la Loi font
fupérieures aux probabilités, il faudroit qu'elle
. démontra que fesenfans ont ~es ~vantages co~fidé
rables à reêueillir de leur habitation avec cet etraoger' or e!l:-ceauprès d'un homme fans bi~n,
fan: for:une, qui n"au'ra jamais que ce qu'fI
" ' p,oprta' enlever a~x enfans de [a femme, aupres
d'un" homme élevé dans ' les corps de garde,
-& , parmi une roldate[que du moins licencieufe,
1qu,e l'on pouqa .e[~é~er quelque c,hore da~an
tageùx pour l~s pupIlles, ~o~,_ du mOInS u,ne ed,~
cation capable 9'e former un bon & -pIeux Cl,
?"
"
"
t~yen .
. .
Q~e.Ie fie.ar Turcan fOl,t \.l~ ho~m.e .de pro,: '
bité; !Jn ho~me d'hopnjeur, qu Il a~r. ferVl
avec, exaétiwde, c'eil: c~ qui a pu favonCer fan
avancement; c'.éil: un' bon ,~ilitaire i : voilà c,e
qui eft prouv,é; I!lais (é'raï t-ll un" ~O? .)ere
de famille? On eil: encore .en doute , a ce
-'
,
- "':."
. ..'
, , fu jet.
,,.,r.
, "
25 '
ftijétt. nren iie-fa·Ît p-ré[umer lp~ur ou éo~tre I~:Ï'.
Sur q,uel fonde~eht: ~'o~~ Vou~i~-t-on que-' rpn
~ommence par, l~p c~bfi~r ~es el\lfans, [ur lefqolels
Il rtJa aucun drait des erifaÎl'i; qui riiqueroienr ' de
prendre (Jes impr'elIions doot ,'. peut-êtr~ ~ 'ils ne
l'è"'iendroient j~II1a}s i Pou'r.qubÎ veut-on l qu/en
faveur d:ll'n tel' parâtre 'oa ' renver[e toutb les
tna~imes , tou~ ) les ' prirlcipès,. tO'utes les 'LclllC
qu'e la .fageU'e a 'diétées, & : que l'irltéré t puhlfc')& le bon· ordre ,exigent , que· 1'08', maintienne. ~
J
~,J l',
,
_,
l
~ ~
,',:~,
f~ut donc lai~er ces je,lIne~' enfans . à cette
ta,nte-,' .fœuf de laDame TurcàÎ1~ en qui la'famine
& l'autorité ont plilCC~' lèur confiance \; ils ~rdu
verotit-da'Fls cet -alile :les princip,es , qui convietlnenrcà lellr état, & les {oi'ns , d!u~e per[onne ';lui
(>opnoÎt -les d:vQir~ r d'u~e Î tnërë, & , qUI' poui
mériter cette confianCe générale ~ les leur 'prodIguera fans doute de préférehcê -à fes pf<?pres
énfans',
~"i . ' : . ,.!'
.Fjni1fons cetotfdongue d-iféUàioo'l.par qu'eIques
obfervatioIls relativ~s à la 'pr-éEé,'l'e'nte aâmini['
tration de la Dame 'T u rcail.
~
~ . C'éfr de cette 'adinin-ifiratioH dès-' biens de [es
enfclns 1d0,fjt elle a parlé 'comme. l~ , tifre ~ f'é ' p.1U$
favoroable à ,fa rédall)ation. D~'j l1ouveI1.Cls piece:s
nous ~ inllruifeD.t , de " ce qu'eHe; a ~Ûé ;
'~I,,"~
La Dame',Turèan difüit aV-e-G emphafe' qti'eHé
avoit 'doublé., par ~ fes' améIi:or~'ti~DS , ' le ·re'venlt
. de "1' Auberge de la fuccelIion de fan marl,- "Cêtte
augmen.tation p:rocéde bien p'lus du bénéfice dü
temps.;, mais li la i Dame Turèm -a ·fait quelques
répaia'rions néce1fait~s , -eUe · a fil- dilapider .c5t,
;, nJ
l
.'
.!'.
,
•
G
,
�(
•
2.6-
a,1;i#pe.r les. autrc;s effets' de rhé:fÎtagel On prp.m@J ld'en fournir la pr~uve au procès..
,
. ]NQUS avens déja celle d'un abus, nGB moins,
~o-ndamllabl~ dans, les piecc;sl QU p.·r ecès " que'
les pupilles rent 9»li~és de Jo.uteoir <!ontte lei;
freres, Fillol ; dépireu.rs de J'hoirie de leur pere,,!
L~ Oame TU-FE:a~ leur 'lvp-i,t dGmné, par an çi..,
"ma!iqn, une qlJlitt~nce Hm\:jlée d~s [ommes don1l
il~ ft~ie..nt .tedevflDl~s, &~ Ç.~la pour ret.Ïrqr' elleUl~Ql~ c~s forpmês .& l'enley.éf à fes enfans; C~(t<;1
quitt~nce fut · lÎvrét:, peu de temps av.aRt; 1~
~e1lJ9rÏ';1g.e. O f. ql-Jelle. ~oiil fi.a·rtâe ' peu-r..oa , a'!~~if à
~t1~r ~r6 qUoi a dr t,eis procédés; :& avio~st-nou's
PQin~ ~ ·toq, de dire d~n§ D[(}s premiéres\.cléfefl,
fes_1 que le5- , pu}?iUes éroiem à la: \(eill:~~ d'avoi·,
~ne feule de ~ontefia~to'ns avec . 1eü;1i' mete'.;i ~
q~~ I1ftlaUoi~ pas ~lI.o~iér. 1 9s . p~rfo/1;n~s loG>f« qua
l~ : în~ér~ts pouvp-je:n~ .~ tr~ li .di ~~(és.
. ; ~.
c:_ ,oJl fe-.rojt · i['1fiQiK.on. Y9u·lg}it eJux~r .daJ1s) o
dét âil de tous les reproches que 1'on aU'f 0t t l'!cl
wr~ I à:,}p .. Dillr.Je · TH;-~ ëall. . ~-e li~ nlJI' T(trf,i:ifl~ qui
éd ;1t:>ll-; bga,l:l<rltlj§ ,: & .qJu .patl ~ l 2tu . l)Om~ ~e.' J'es
en fans , s'elt impo(~4iled.fe [ !;1)! .Qjjefl de c~i&s' J
c# a:,;t ·(}~Üéé .d~ ta' paF( ~~dI~;:bdl@>:lDl(üe-aé=-fléfi
te jIè'lLl-~ har.GJ.i. /~O}{tdW .'q \~é" oqu§ Flol;) s -o~ht ~ll tQnS
~:La~rq,t,'ç'efi ',~M e ( t! n(l€fiqi'~ :d~np 16's eéalti6cais
qu'elfe amaP'J:lié Lq!ll!"j·l fa,u~·~chL~ I'Q.hezi , la I [\Ïél'Ïrél;
~f1j~~p Gfl'Jr'G>'~ . _ir~keffog.e ~JItldJt:t. ·.:. 'peu(ooli:l e ,l: de
;L'. .G';"'1ô.n . :noo 'til-1~~, GJ<~~ ~e ' f(!llH ; . &. d w - ;fè ra
!Xyl!Jtqt : i,~fpfq-f~ ~ (je. ~1iG~fS efi une tr~cAflbil(J
ijJ.:Je)p:[J.e'u-t ~e tB!!isJ• ~ 'yQ,~lJ.J> , ' le~e1i
l ir.h @..1
lm,
"t'"
~ e~-tI _,r .& __ fI J <f,S;•.p~.r'i!tl t§(!i_ le! J.u gl~;[.o 'Ç> Ial:! ;pas
~7
réfufei- à' la Dame Turçan l'éducation que les
Loix ne fauroient lui accorder dans aucune
ciécopfiaoce.
J
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·!i: ...
~tf
1esl:~ oo1i.dl41iat ~o~ i~s ,p'lus cléc~!i~qs"
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CONCLUT au fol appel avec amende ,
renvoi & dépens.
Signé CARS, Avocat.
DESOULIERS,
Procuteur~
Monfieur le Doyen, CommiJJaire'. . _
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te Cofteje. l7 83 . ' )
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mi ~=m:r:~ ~~\,} ~5'SS$
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1
ME MO IRE
cr
...
POUR Dame MARIANNE TEISSEIRE, veuve
du fieur Claude Sandin, Aubergi1e, &
époufe en fecondes nélces du fleur Efprit
Turcan, Officier dans le Corps-Royal de
la Marine au Département de la ville de
Toulon, appellante de l'Ordonnance rendue par le Lieutenant-Civil au Siege de
ladite Ville, le 8 Juillet 1782, au bas du
procès-verbal d'affemblée de parens, &
au chef de l'éducation de deux enfans qui
font encore pupilles :
CONTRE
Le
fieur JEA N TERRIN, Marchand de la même
V ille, en qualité de tuteur nommé par la
même Ordonnance aux dits enfans pupilles,
znume.
•
t
U
•
1
NE mere, par cela fe.ul qu'elle eft remariée , doit-elle ~tre privée de l'édu-.
�2.
,
cation de [es enfans pupilles, malgré que les
circonfrances où elle [e trouve, rejettent gé.
néralement tous les [oupçons que la Loi lui
imprime à raifon de [on remariage, & qu'il
foit de la plus grande évidence qu'elle conferve toujours la meme tendre1re pour fes enfans , qui doivent être par con[équent beaucoup mieux entre [es mains que dans celles
de toute autre per[onne de la famille; lor[qu'ou voit enfin que ce n'eft qu'it'lquiétude
& tracafIèrie de la part d'un beau-fils qui
s'eft imaginé que [a belle-mere, dont il avoit
fait une vache à lait, n'auroit plus pour lui,
ni les mêmes témoignages d'amitié, ni la même
confiance?
, Voilà tout ce qu'il y a à juger d~ns
ce proces.
La Dame Turcan perdit le fieur Sandin
fon premier mari vers la fin de l'année I777,
il Y a près de fix ans, & il lui refta cinq enfans, pre[que tous en pupillarité. L'un d'eux
eft décédé du depuis.
Il avoit fait fon teftament le l A0l1t de
l'année de [a mort, où il légua d'abord en
propriété à [on éponfe la vai1relle & l'argent
monnoyé qui fe trouveroient dans [a mai[on,
& l'ufufruit de tout le furplus, pour en jouir
fa vie durant, à la charge de nourrir & éduquer fes enfans [uivant leur état, & de les
entre!enir, en travaillant par eux au profit
de l'héritage. Il la nomma enfl.lite tutrice-,
curatrice & adminiftrere1re de la pe r[onne
& biens de fes enfans nés &- à naî:tre, avec
difpenfe de faire inventaire, dé prêter [er-
3
ment, de donner caution de bien u[er, de
rendre compte, & généralement de toute
formalité de Juftice; après quoi il in11itua
pour [es héritiers univerfels fes cinq enfans,
& les leurs, en ca,s de prédécès, pour prendre poffeffion apres la fin de }'ufufruit &
en difpofer à leur plaiiir & volonté.
'
Dans fon veuvage, la Dame Turcan ne
fe ' borna p.as à l'éducation de fa famille dont
elle prit néanm?ins le J:lus grand foin', que
la Dlle. Françol[e Sand1l1 fa belle-fœur voulut récompenfer par une in11itution d'héritier
pure & iimple; elle s'occupa encore à améliorer la maifon fervant d'auberge, qui étoit
le [eul immelible de la fucceffion de [on
mari, auquel elle fit des réparations fi cou.
fidérables, que quatre ans après elle eu retira une rente annuelle de I600 liv., tandis
qu'auparavant cet effet n'en produifoit pas
la moit-ié, & elle parvint à peu-près dans le
même temps, partie de [es épargnes, partie
des profits qu'elle avoit faits dans la contitinuation du métier d'Aubergi11e, & par le
fecours de la fucceffion qu'elle avoit recueilli
de [a belle-[œur, à marier [a fille ainée avec
le iieur T erriri, partie adverfe, fous la conf..
tÏtutiOH d'une dot de I2000 liv. comptant,
dont 6000 liv. du chef paternel ( ce qui
étoitla payer grafIèment de [es droits), &
le reftant du lien propre.
Un des trois enfans qui lui reftoient
"é tant parvenu à fa puberté, & n'yen .ayant
par conféql1ent plus que deux dans râge de
•
�4
pupillarité, il fe préfenta pour elle l111 parti
de mariage, où elle ne vit que des avantages
pour fes enfans par le fecond pere qu'elle
, leur donnoit, & qui concouriroit avec epe
à l'avancemel~t de fa famille; l'événement n'a
certainement rien fait perdre de cette idée 1;
mais malheureufement pour elle fon beau-fils,
qui ne confultoit que fon intérêt à lui, ~ qui
11' envifa O'eoit pas la chofe fous le même pomt de
vue , pri~ de l'humeur, & ne s'occupa plus qu'à
faire un parti contre fa belle-mere dans la
famille; de maniere que lorfqu'elle fit procéder à une airemblée de parens pour l'élection d'un nouveau tuteur aux pupill/es (préa, lable nécefià.ire au remariage), en demandant néanmoins que leur éducation lui feroit
continuée, le fieur Terrin vint à bout de
rompre le vœu formé par le fuffrage de trois
parens ou voifins qui avoient déja délibéré
de donner la tutelle au fieur Jean - Louis
T eiireire oncle maternel, & de continuer
l'éduc~tion à la mere, en faifant dire à quelqu'autre voifin, & en difant à fon tour, plus
fortement que tous les au.tres, que tous .les
parens n'avoient pas été affignés , & que JU~
ques à ce qu'ils euir~nt été tous aP1?ellé~, Il
n'y avoit aucun vœU a rendre, ce qUi obhgea
le Lieutenant qui ,préfidoit à cette airemblée ,
d'ordonner que tous les parens qui avoient
été dénommés, foit par le fieur Terrin, foit
par fes adhérans, & don~ l~ ~lupart é,t~ient
étrangers, feroient affignes a Jour preCIS &
, compétant ~
"
compétant, pour délibérer & donner leur
fuffrage fu~ l'objet de ladite afremblée, qui '
fut renvoyee par ce moyen au 8 J uiUet de
ladite/ année 1782.
Dans ces entrefaites, & le 26 Juin d'auparavant, le fieur Terrin, qui avoit envie de
groffir fon parti, rapporta une Confultation
fur divers objets qui pouvoient le concerner vis-à:'vis de fa belle-mere. On ne nous
a fait connoître que celui qui regardoit l'éduc~~io? des, pu~illes , & on lui décida que ce
n e.tolt pomt a la t,nere remariée qu'on deVOlt confier cette education.
, .Avec ce papier ,à la main, qu'il avoit grand
fom de montrer a tous ceux qui devoient
voter dans la nouvelle affemblée, il ne lui
fut pas difficile de gagner d'autres fuffrages.
Tous les nouveaux parens qui furent ouis,
dirent qu'il falloit lui donner la tutelle comme
à celui qui avoit le plus à cœur les intérêts
de la famille, & un d'excepté, ils furent encore d'avis de confier l'éducation des pupilles
à la Dlle. Teifreire, tante maternelle, femme
de Philip, Boulanger.
L'Ordonnance qui intervint, fut conforme
à cette pluralité de fuffrages, en préférant
une opinion qui n'avait pour bafe que quelques confidérations en droit qui étoient détruites par le fait, à l'intérét évident des pupilles & au vœu généralement de tous les
enfans qui avoient reçu & recevoient encore
tous les jours de nouvelles marques de la
tendrefiè & de l'affettion de leur mere.
l B
�Ces fentimens, qu'elle ne comptoit pas de
perdre par le remariage, & ql~'elle a effea:iv~
ment toujours confervés , ne IUl ont pas perml~
de fouffrir l'exécution d'une Ordonnance qlU
devoit la féparer d~ ces deux ~nfans ,.qui, par
leur plus o'rande ]enne1Je, n 'e n aVOlent que
plus de. d~oi.t à fes fecours & à fes foins:
:Elle en l11tefjetta appel contre le .tu~eur, ,qUl
fe hâta de venir préfenter une requête a la
Cour le ~ Août fuivant, pour lui demander
l'exécution provifoire de cette ' Ordo.nnance ~
fous ce faux prétexte qu'on comptolt parmt
les peines prononcées par la Loi contr~ ~es
femmes qui fe remarient, celle d'être. pnvees
de l'éducation de leurs, enfans pupIlles, &
que le nouveau ménage d~, la D~me Turcan
~l1e pourroit comporter 1 educatIOn des pupilles, -ainG qu'il avoit été reconnu par les
"
parens atremblés. .
En conféquence du décret de fOlt-montre
à partie, la Dame Turc,an ~réfenta [a requête c01~traire ~ où. elle etab~lt que fon premier man n'avolt faIt une petIte fortune dans
[on métier d'Aubergifte, que par le foin qu'elle
avoit pris de le [econder; qu'il lui en av oit
marqué fa recoimoitrance d~ns fon te~ament;
qu'après [a mort, elle, avol; eu. un il g~and
foin -de fa famille, qu au temolgnage dune
foule de parens amis & voilins qui l'avoient
attefté par des 'certificats, ~ans que cel~ ait
été démenti par aucun certIficat contralre!
eUe joignoit celui d'une Cœur de [on man
qui aVoit été bien-aife de la récompenfer de fa
•
7
bonne. conduite .& de fon attachement pour
la. famtlle, en la l~ommant [on héritiere ,pour
fa~re de [on héntage ce qu'elle trouveroit
bon; qu'avec ce [ecours, elle avait fait des
au~~en.tations fi. con(idérables à l'auberge,
qUI .et~ lt. le feul !mmeuble délaitré par [on
matI, qu elle étaIt parvenue à en cloubler
la renté, & que le nouveau mari qu'elle s'étoit donnée, étoit un Officier de Marine clont
les [entimens d'honneur & de probité avoie nt
été prouvés depuis long-tems, pui[qu'il
avoit paffé par tous les degrés inférieurs,
n'étant parvenu par con[équent au grade
d'Officier que par [on mérite.
Après ces conGdératiol'ls de fait, elle [ou.
tenoit eu droit ; que la loi n'établi[oit que
des [oupçons contre la mere remariée qui
reprenoit néceffairement tous f~s droits [ur
l'éducation de fes enfal1s, Iorfqu'il paroitroit
par [a conduite qu'on ne devoit pas fe mé~
fier de fa tendreffe & de [on attachement à
leur égard, parce que c'étoit toujours l'intérêt -des pupilles qu'il fallait confulter fur
toutes cho[es, & qu'on ne pouvoit le fuivre
qu'en
continuant
de lui confier leur éduca•
1
bon.
.
Ces verités devoient étre [enties, & la
Cour ayant renvoyé [ur le concours de ces
requêtes les parties en jugement, le fieur
Terrin a p~is fagement le parti d'abandonner [es fins provifoires, en les fai[ant joindre
au fonds; qui ne peut cependant [edécider
.
'.
que par
, les mêmes principes.
�8
Efl:-il en effet quelque Loi, quelque Arrêt
qui ait refufé à la mere l'éducation de fes
enfans, par cela feul qu'elle s'étoit remariée?
Il n'yen a point dans les livres, à en juger
du-moins par les recherches qui ont été
faites ici de part & d'autre, A peine voit-on
quelques doarines qui font même airez ra·
res, & qui doivent. incontefbblement ~éder
à l'opinion générale des Auteurs qUI font .
dépendre la chofe avec la loi, des circo~f
tances particulieres, pour placer les pupIlles, comrp.e on vient de le dire, là où fe
trouve leur plus grand intérêt, c'eft-à-dire,
chez leur mere , ou chez tout autre . parent,
felon que ' leur avantage peut l'éxiger.
La loi l, au code ubi pupil. educ. debeant
ne dit rien de contraire; car elle ne déci.
de autre chofe, fi ce n'eil: que la préférence eft due à la mere pour l'éducation de
fes eufans, nulli magis quàm marri eorum, fi
elle n'eft pas remariée, fi non vitricum eis
i'nduxerÏt ; mais en lui faifant perdre cette
préférence dans le cas du mariag~, elle ne
dit pas qu'on ne pourra plus la lUI confier.
Tout ce qu'il eil: permis de faire y c'eil:
de mettre alOrs la chofe en queil:io~, vu les
foupcons qui peuvent naître contr elle de
fon r~mariage , .en laiffant au Juge la liberté
de décider, eu égard aux circonftances où
il convient le mieux que les pupilles foient
élevés,
.
Telle eil: auffi l'explication qu'en donne
la glofe, où après avoir dit que la mere doit
aVOIr
,
, l' e' d
'
avoI~
ucatiOn
d~ 9fes enfans, lor[qlt'elle
ne s ~[f: pa~ remanée, elle pore enfuite le
cas o~ apres le remariage, il s'eleve dans
la famIlle, c'eft-à-dire, entre la mere, le
tuteur' & ]les autres
du p-Upi-II e, 1a
" parents
'
que ft Ion ce
'_,
' favolr ou rIs
, doivent etre e'l e ves
& e Il e d It avec la 101 que le Juge
p'
.
{'d'"
"
, a l'es
aVOIr con 1 ere 1 etat & la qualité des uns
& des aut:es, .décidera quel eft celui d'entre, eux, qUI dOIt être chargé de leur éducation: perpendet ubi puer educari debe at.
La Novelle 22, chap. 18, dit exaétement
la même chofe. ~lle répute la mere la perfonne la plus digne de l'éducation de fes
enfans, tant qu'elle n'eH: pas remariée: mater fide dignior ad filiorum educationem vide.
hatur. Son remariage lui fait perdre cette
prérogative d'être coniidérée par fa qualité
de mere, comme la plus digne de tous les
autres parens des pupilles; mais cela ne dit
pas encore une fois qu'elle ne puiffe & ne
doive obtenir ~ l'éducation de fes enfans fi
c'eil: leur avantage, & fi l'on a raifon 'de
croire par la conduite qu'elle a continué de
tenir à leur égard , qu'elle ait toujours le
~ême .attache~.ent P?ur el~x, ,ou un degré
d affeétlO n fupeneur a celUI qu'on pourroit
pré fumer dans toute autre perfonne de la
fami1l~,
,
Mais, dit-on; il Y auroit une contradic.
tion manifefre dans le fyil:éme des Loix,
fi d'une part elles obligeoient la mere rema· 1
riée à fe départir abfolument dé la tutelle
C
�10
datur p~rfonn~:; & . fi de l'autre, elles
lui confervolent 1 educatlOn de fes enfans
dont .elle eft incapable d'adminiftrer les
biens.
Les Loix ne lui confervent pas l'éducation qui eft, de l'aveu de tous les Auteurs,
autre chofe que la tutelle, aliud rurela, aliud
educatÏo; elles décident au contraire qu'à
raifon de fon remariage, il eft permis au
tuteur & aux autres parents des pupilles
de la lui contefter; mais elles ne décident
pas qu'on la lui refufera, quand même il
paroîtroit plus avantageux aux pupilles qu'elle
continuât d'en être chargée; elles font dépendre la chofe des circonftances, comme
s'en explique Me. Julien en fes colle8:ions
manu[crites, va. rutela , pag. 14, litt. M. , hot
pendet ex circonflanriis ; & rien n'implique [ans
doute qu'en privant la mere de la tutelle ,
par la crainte que fon nouveau mari ne dilapidât l'héritage des pupilles (ce qui ne
peut pas fe rencontrer dans l'e[pece préfente, où tout femble fait pour la mere , puifque [es enfans n'ont encore que ce qu'elle
voudra bien leur départir par la rétentiol>l
qu'elle fait de [on legs général d'u[ufruit, )
on lui continne l'éducation des pupilles, en
coniidération de la tendreffe qu'elle a conrenée pour [es enfans auxquels elle s'attachera toujours davantage, à mefure qu'elle
continuera de leur donner des [oins qu'ils
ne peuvent véritablement recevoir que de
fes mains & par elle ~ & tout de même que
II
qUa:
•
l'on peut) 'feloll les circonfrances, donner
l'éducation à celui qui ne peut pas ~tre
tuteur, on peut auffi nommer pour tuteur
t,o,ut aut.re que ce!.ui qui doi~ ê~re chargé d~
1 educatl<;>Il , lorfqu Il le faut all11I pour le bien
& l'avantage des pupilles.
D'ailleurs il faut bien prendre garde de
ne pas confondre le cas d'après lequel la
plupart des Auteurs raifonnent, celui où il
n~exifte du premier lit qu'un [eul enfant puptl!e qu'on voudroit faire paffer fous la condl1lte d'une mere qui anroit d'autres enfans
& un mari dont le cara8:ere ne feroit pa~
pré[umer favorablement pour le pupille, ou
entre les mains d'un parent qui auroit été
fubfri~ué à [es biens.,L'intérét qui , gouverne
fi factle~ent les ~~mmes, pouroit [uggérer
des deffems pernICIeUX au pupille, & ce
n'eft pas [ans rai[on que la loi avertit de
péfer ces con{idérations, & prévenir en conféquence les rifques qu'il pourroit y avoir
pour la vie du pupille, en s'écartant même,
s'il le faut, de la volonté du pere, toutes
les fois que l'efpérance de la fucceffion du
pupille pourroit faire naître des [oupçons
contre ceux qui auroient été chargés de fon
éducation, ou qui demanderoient d'en prendre 'f oin; fi fpes fucc~!Jionis fufpicionem inducat, Leg. 2, cod. ubi pupil. educ. debeant.
Mais ici rien de pareil n'eft à craindre,
& c'eft pourtant l'idée qui a affe8:é le plus
le LégiDateur dans le détail des con{idérations qu'il ramêne pour, confier l'éducation
�12
\
du pupille; car en mettant pour un moment
à l'écart tout ce que la Dame de Turcan a
fait & fait encore depuis fon remariage
pour l'avancement de fa famille, comme tout
ce qu'on doit attendre de fon nouveau mjri,
qui en partage volontiers le foin avec elle,
pour ne nous occuper que de la raifon
d'intérê't . qui pefe li fortement dans la Loi,
on efr pleinement raffuré là-deflus, quand on
conlidere qu'il refre quatre enfans dans la
famille, ' parmi lefqpels il y a une fille mariée
au fieur T errin, Partie adverfe, & un garçon qui eil: dans la puberté, dont le choix
eft par conféquent libre, & qui ne refte
dans la maifon de fa mere & de fon vitric
que parce qu'il s'y trduv~ bien; de maniere
que la mort des pupilles ne donnant rien &
abfolument rien à la mere, le fentiment d'affeB:ion qu'elle a pour eux n'eft combattu par
aucun autre; & rien ne pouvant par conféquent la confoler de leur perte, il n'y a plus
de raifon qui s'oppofe à déféreJ; au fentiment
qui lui a, fait demander de continuer d'en
prendre foin.
On cite encore l'Edit du Roi René concernant les Tutelles, où, après avoir défendu
de nommer pour tuteur le futur mari de la
mere qui fe remarie, il eft ordonné que cet
article feroit ihviolablement obfervé, & on
en donne pour raifon que la Loi défend que.
les provings [oient nourris & élevés chez
leurs vitrics. Or, ce n'eft-Ià qu'un mot gliffé
en paffant, où l'on applique ' à l' éducation ce
que
,
1 L' d'
q
que a 01 ' I~ 'de la tutelle, & qUÎ n'entre
pas dans les ddipolitions de l'Edl't , q III. ne regle, comme nou~ v~nons de le dire, que
les. tutelles, & qUI lal!Te la matiere de l'éduCatIOn. dans les
.
R
. regles prefcrites par le D l'Olt
, omam, qm ne refufe pas à la mere l'avanta~e de, continuer d'élever fes enfans lorf9u el~e s eft remariée, & qui laifle au Juge
a qUi cette conteftation eft portée, dans le
Coucour~ de la ~ere & des autres parents
des pupIlles, la lIberté de choilir celui d'entr'eux qui doit en avoir le plus D'rand foin
& chez lequel il leur eil par cOl~féquent l~
plus avantageux de refter.
On .le voit effeB:ivement ainii dans toutes
le~ LOIX du code & du digefte ftlr cette rub~lque, ubi pu!nil: educ. deb. Le Juge conii.
derera, y eft-Il dIt, par les c1rconHances de
la qualité des perfonnes, de la condition &
du tems où il fera le plus utile au pupille
d'etre nO:lrri, ubi potius pupillus alendus fit.
On le vOIt encore dans l'Arrêt, qui, filr le
c.oncoU-r.s des Requêtes, avoit renvoyé les Part~es 'en Jugement, demeurant cependant tout
en état, c'eft-à-?ire, en laiflànt malgré la
Sentence les pupIlles fous la conduite & la
direttion de leur mere; ce que la Cour n'eût
fans doute pas fait, fi une Loi quelconque avoit
prononcé fon exclu/ion, & qu'à fon égard
la chofe' ne dût plus dépendre des circon[tances, fi le droit, en un mot, avoit dû l'em~
porter [ur le fait, & c'eft à quoi on n'a fait
. auffi aucune réponfe.
D
�14
On le voit enfin dans l'Arrêt du Parle ...
ment de Paris rapporté par Anne Robert,
liv. l , chap. 8. La Coutu;ne q?i gouvernoit
les Parties n'ayant pas d'Ifpofe fur ce cas,
c'étoit par la difpofition des Loix Romaines qu\l falloit. le décider. Auffi dans les
défenfes refpeéhves .ne trouve-t-Ol'l ~ue ,d~s
citations de cc's LOiX, quelques tra1t~ d hiftoire & deux a'l1tres Arrêts de p'1"éi,rigé que
'q ue la mere faifoit valoir à l'appui de fa ré.!.
damation.
Les difpofitions de fon premier ma:i étoient
exa>étement les mêmes que cellè'S du Üeur ~an
din, & ces deux efpeces fe reffemblerO'leht
entierement , s'il n'y avoit eu contreL la. rnere
-cette circonftance à laquelle la
01 atta''che tant lde confidér~tion) !I.u'il n'exiil:oit qu'mi
feul e'nfant du premier m~nage.
.
Cette femme cOlwel10lt que le DrOit Romaln la privoit de la tutelle, mais elle fou ..
tenoit auffi, qu'il n'en étoit pas de mtme de
l'éducatiotl qui devoit être donnée- à l'affec:.
tion , .& qu'il n'yen avoit au~une, pas même
à l'égard cles peres, qui pût furpafi'er celle 'd e
la mere. Patres quidam liberos amant, fed
nul/us eft ajfeCl!IS qui v'ineat maternum, & que
c'étoit une erreur de croire que cet amour
fe perdît dans le remariage. Elle ajoutoit
que daüs le 'remai"iage il y avoit moins à craindre la haine d'un vitric que les inimitiés d'une
marâtre : quin imô in feeundis nuptiis non .tàm
•
•
.'.
r
t
vùrici odium , quàm novereales lnltnzemas mettll
oportet; qu'il y avoit effe&ivement beaucoup.
\
I5
d'exemples de vitrics qui s'étoient attachés aux
enfans de leur femme, au point de les traiter comm: leurs propres enfans, & que puifqu~ la LOI confervolt au pere remarié l'édu/
ca~lOn. de fes enfans, ce feroit contrarier la
ralfoll ~ . le vœu d~, la nature, ,que de la
refufer a la mere qül ef!: ceI1f(~e avoir encore
plus de tençlreff~ 'pour eux, dans ce premier
age fur-tout où Ils peuvent plus difficilement
fe paiTer de fon recours & de fes foins. Par
ce~ confidératiol~s, dont nous avons hlpprime ·tous les détatls, le tuteur fut débouté de
fa, p,réten~ion de. priver la mere de [on legs
general cl ufufrUlt & de l'éducation de fon
fils: Senaws Meviœ matri & filii edueationem
&: legmi ufusfrutlus 'Commodum adjudieavir:
La principale raifon qu'on ' oppo[e, c'eil:
que dans l'hypothefe de cette Arrtt il ne
paroit pas que le fuffrage de la famille eût
été contraire ·à la mere; mais c'eil: convenir par-là, que les Loix Romaines qui étoient
les feules dont on s'appuya de part & d'autre, n'ont pas compris la privation à la
mere de l'éducat1.on de fes enfans, dans les
peines des fecondes nôces. Voyons mainte ..
Hant fi elles regardent comme quelque chofe
de bien décifif l''Üpinioll de la famille.
- P·ar-tout on voit. que l'éducat~on des enfans ef!: laiffée à l'arbitrage du Juge, 10rfque
la mere fe trouve remariée, & qu'il peut en
confé(.]uence s'écarter de la voloHté du pere
pour faire tomber le choix fur toute autre
perfonne de la famille, .& no-n nunquàm à
�16
17
yoluntate patris recedit, toutes les fois qu'il
lui apparoit, après avoir pr~s connoiifance
de la chofe, caulâ cognitâ, qu'il eil: plus avantageux au pupill~ de ne pas reil:er là où .le
pere l'avoit place .: fi .doaus .(zt no~ expedlr~
Pllpillum eo morarz ubl parer ]ufferzt; ce qtu
dépend entiérement, en~ore une !ois '. de 1'9pinion du Juge: & hoc ]udex efllmabu, leg.
7. ff. de ann. legato leg. unic. cod. divert. faa.
& leg. 1. 9. , 1. ubi pupill. educ. debeant. Or,
s'il eil: permis au Juge de ne pas fuivre la
volonté du pere, qui eil: le premier juge de
fa famille, à plus forte raifon peut-il s'écarter du vœu des parens, lorfqu'il ne lui paroit pas raifonnable. Il ne feroit jamais permis de l'attaquer, s'il de voit fervir de Loi.
Ce n'eil: pas qu'il faille abfolument le méprifer, puifqu'on a recours ordinair,e ment à
eux & toutes les fois qu'on eil: bien aife
de ;'aifurer plus particulierem,~nt de l'intérét
des pupilles, mais auffi il ne doit obtenir quel.
que coniidération que quand il eil: ~ondé fu: des
motifs raifonnables; car c'eil: moms un Jugement que rendent alors les parens, 'qu'un
~vis qu'ils donnent pour inil:ruire la religion
du Juge; & ici, où l'on ne donne point
raifon de fa détermination, (c'eil: même le
plus grand nombre,) où l'on en fournit ,de
bien mauvaifes, de maniere qu'en jugeant,
des uns par les autres, on peut bien dire
que tout eil: également vicieux & inadmiffible.
,
..
On a dit en effet, & c'eil tout ce qUl
a
)
a pu forti.r de la bouche du fleur Tenin
notre PartIe adverfe & le mel
d'
' l e u r œuvre
d
ans tOute cette tracatTerie, que la tel1dreife dont la Dame TeiiTeire faifoit parade
pour [es enfans, n'étoit qu'une imaO"ination
que [on. [~cond mari détruiroit, ainfi qu'on
le VOyOlt Journellement.
Mais .s'il. avoit peut-étre quelques exemples
pour ~Ul, Il. Y en ~voit un bien plus grand
110~bl e qUI atteftolent qu'une rnere ne perdo;t pas }?ar [011 remariage l'attachement
qu elle ?VOlt p.our [es enfans du premier lit.
Il de~oIt [~ dIre que. n'ayant rien à repro~her a [a. belle-rnere Jufqu'à cette époque,
Il ne fallolt pas fur une poffibilité la priver
~e l'avantage fi cher à [on cœur, de cont1l1ue;. d: donner [es [oins à [es enfans ; &
que sIl n dt pas permis d'appeller d'une Sent~nce filr le foùdement d'un préjudice à veun appel de, cette
lllr à futw:o gravamine ;
efpece dOIt être regarde comme prématuré
& par cela même irrécevable ; s'il faut attendr~
que , le mal [oit arrivé pour s'en pl~indre
on ne de~oit pas avoir plus d'égard [ur l~
futu~ ~oll~lI1gel1t don.t il excipoit, [ur cette
conÜderatlOl1 recherchée, que l'attachement
que la mere prendrait pour [on fecond mari
lui feroit oublier [011 devoir & [a tendrefIè
pour fes enfans, d'autant que quand cela arriveroit, on feroit toujours reçu à demander que l'éducation fût ôtée à la mere pour
la donner à tout autre parent, en cherchant
toujours, & dans tous les tems, ce qui pou-
fi
E
�18
voit ~t~e le plus avantageux amc p'upilles.
C'ea auffi la remarque de tous les Auteurs,
qui, fans fe livrer à ~es opinions parti.culie.~
res, ont parlé d'apres l~ ,vœu & la dlfP.oÜ..
tion- de la Loi. On a cIte dans les premIe rs
griefs de la Dame Turcan, la dothine de
Bruneman fur la rubrique du code ubi pupill.
educ. deb. où, parlant d'une mere remariée
qui eft appellée à la fucceffion de fOl~ ~ls,
pour un tiers ou pour toute autre m1l1lme
portion, il décide qu'il ne faut pas po~r ce.la
lui refufer l'éducation de fes enfans ; ft d'ailleurs, fa réputation eft fans tache, licet ad
Jecundas nuptias Je contulerit, fi tamen probœ
opinionis , n012 efl r:: alè prœfumend~m de
maternâ edJ.icatione; qu Il eil: rare parmI nous
qu'on refu[e cette [atisfaaion à la mere, &
que quand les Parents le demandent ainfi"
il ne faut avoir égard à leur réclamation que
quand elle eft fondée - fur des m.otifs juftes
& raifonnables , fi tamen cognatl petant ex
jufia ratione. Or , rien de plus frivole & de
plus faux, comme on a vu, que la bafe fur
laquelle ils ont fait porter ici leur détermination, qui eft par conféquent, on ne peut pas
plus méprifable.
Et qu'on ne dife pas que l'opinion de Bruneman eft unique. On la trouvera répétée
par Surdus de alimentis, tit. 4. queft. Ir. nO.
1.8. où, après avoir dit qu'on ne doit pas
-argumenter ici de la tutelle à l'éducation, à
rutela ad educationem non reaè fumitur argumemum, & que la Loi perd, p~r le remariage
Jit
I9
'
la mere, la confiance qu'elle lui donnoit.
ajoute. ,que tOtdIt ce. qu'il avoit dit de la mer:
remanee, ne evoit pas a"oir lierl & .,
r"
, s appIquer a c.eUe qUI. ne. devoit pas iilccéder à
fon fils pl~pIlle, qUI rejettoit tout autre [oupçon p~r 1~ bonn~ conduite, & dont le Juge
pOUVOIt faIre chOiX pour l'éducation d r
fil
.,
e 1011
s, qUla tune poterie Judex apud eam collo~
care alenallm filillm.
F:anchin, décif. 350, nO, 3, rapporte
un jugement du Con[eil de Naples qui ordonna contra~~aoire?1ent avec un oncle paterne~, 9ue l educatlOn des pupilles [eroit
confiee a. la ~ere, parce qu'elle ne devoit
ras fucceder a fes enfans, s'ils décedo' ent ab
lntefiat, & qu'il n'y avait rien à dire fur
fa conduite, 1108 plus que fur celle de [011
fec.o?d ,m a~i: ~ ipJà & JlùrÎCl/S effint . honeftœ Jluœ Jud~CaJllmUS , patruo filioram contradi.
cente , prœdlaOS filios debete penes e~m edu-
à:
cano
Riccius en fon recueil de decif., collea.
455,
I2. 1 4&
I940, ~après!avoirdit, comme
tous les autres, que la chofe eff laiifée à
l'arbitraçe .du ,Juge, obferv auffi. que quan?
7
la mere JOUIt d une bonne reputatlOn, &-qu'll
paroît qu'elle a eu toujours foin de [es en~
fans, rien ll'empéche qu'on l~i en continue
l'éducation, quoiqu'elle fe trouve remariée:
& quandd ma~er bonam traélationem probat;
binuba, non prohibetur filium educare, Il cite
enfuite Franc-Marc, décif. I5I & 192. Et
il dit tout cela, en expliquant diverfes Loix,
1
�~
tant GU
~e ,
COu
20
que du
if fur
•
b\
la rubnque u ,
pap. edac. deb. . f< utenable en point de
Il. efl: , doncmere
111 0f01t
, pl1vee
,"
de l'éduca.
droit, qu une
ar cela feul qU'elle. fe
tion de fes ~nfans { toi ne recommande nen
l
'emarie , tandIS que a
J e de ne S'oc.
t au
UO' ,
xpre ffi'
de plus
/que
l'intérêt des
cuper d autre.
1 le vœu du
pupilles, de mépnf<&er Pl o~;s cp~aacer là où ils
'1 le faut
(e
pere, S I , 1 lus d'avantage.
doivent être avec .e p 'ces coniidérations
C'eft en effet toujours a
' , & dans ce
.
,
P articulleres
qu'1
1 faut en 1ve11lrrocès
que d e
. "
, {fant pour e p
,
. ,
détall fI 111tere
.
r déférer ICI
raifons ne trouve-t-on pas p~u
,
, l
'
de la mere,
a la rec amatl?n
D' certificats qu'elle
On l'a dit aIlleurs. At IXcont~aire fur l'inci.
' ' . t à la requl.: e
0 d
avolt Jom
, .
. rovifoire de. l' r ondent en ~xe~ut~on Prouvent que dans tous
nance dont 11 ~ agIt 'IIP ,
ue que l'on s'ar.
& a que e epoq
,
les tems,
ant fon remanage,
rête, après comme av
de la mere la
' l ' ffi' des traces
elle avolt al e de l'avantage que trouvent
plus tendre,' &
s en être féparés un fe~l
[es enfans a ne pa
Ir' de leur te11lf
'f< 'lle n'a celle
inftant, pU! qu e
rendre à lire, à
des Maîtres po.ur leur, aPfte les a toujours
écrire & à chIffrer; qu e d ffi même de
habillés proprement, ~ a~~n~ s fille ainée
leur état; qu'après aVOlr"
à un Marchand
au Couvent, elle l'a manl~e , & que depuis
d t de 12.000 IV, ,
avec une 0
.,
.. ffer par un Perrucinq . ans, elle falfolt coe
quier
7
e~he~~e
d~
;a
•
21
quier fon fils a111é~ qui n'eIl: aéhTelietnel1t âO'é
que d'environ [eize ans, en faifant la mê~e
chofe depuis plus d'un an pour le [econd qui
eH encore pupiI~e.
Plus de quarante voifins ou amis de la
famille Ont . atteHé allffi que les foins qu'elle
donnoit à fes enfans, étoient bien au-deffus
de ceux d'tll~e mer e ol'dinaire, & que fa ten.
drefiè comme fes follicitudes pour eux étoient
•
également fans bornes. AlIcun des parents afiigné$ pour l'éleétion tutelaire & la ContillUdtion de l'éducation, n'a o[é démentir ce
témoignage, & le tuteur lui-même a toujours
gardé là-derrus le plus grand filence , toutes [es
craintes [e trouvant placées dans l'avenir; il
avoue bien par là que le préfent eH emiére_
ment pour la mere.
Enfin, des quatre enfans du fie ur San _
din, il Y en a deux qui [ont [ortis de pupillarité ; l'un eH l'époufe du fieur Terrin qui
n'a pas lairré que de certifier à fa mere malgré
[on remariage & dans les circonfrances du
préfent procès, qu'il n'y avoit forte de [oins
& de peines qu'elle n'eût pris pour l~i adou_
cir la perte de l'allte lir de [es jours, en lui
prodiguant, ail1fi qu'à fes freres, les [oins
les plus particuliers & les plus tendres, n'ayant rien négligé pour [on éducation, &
ayan t pourré [a tendl'efiè jufqu'à faire au-delà
de ce que le devoir exigeoit, pour lui
procurer un établifièment honnête; de maniere que ce feroit (ajoute-t-elle) le comble de l'inju.Œice que de la priver de parta-
F
\
�1
2l.
enfans qui IUf refl:ent les foins &
la tendreife qu'elle n'avoit ceiré d'avoir pour
eux; voilà pour la fille; & le mâle a paifé
une procuration pardevant Notaire ~vec l'affiib.nce de [on curateur le Il. Avnl l 78~ ,
pour intervenir dans le pr~cès dont il s'a- ,
git, & adhérer aux fins pnfes par fa mere
pour lui faire continue~ l'édu~ation d~ .f~s
frères en foutenant, fUivant l exaae vente,
que le's pupilles ne peuvent être ieux n~llle
part qu'auprès de leur mere, qUi, quozque
remariée, n'avoÙ ceiJé d'avoir pour eux toute
forre d'atuntion.
-Du côté du Vitric, on voit un citoyen de
cette ville d'Aix qui appartient à une famille
honnête, dont le nom & l'état font connus;
qui, de {impIe [oldat, eft parvenu au ,grade
d'Officier, & dont les mœurs ont éte par
conféquent éprouvées pendant pluGeurs années, qui, a trouvé fon bien être dans ce
.mariage, une retraite lorfqu'il ne pourra
plus continuer le fervice , & qui, en garclant
pour fa femme la reconnoiifance qu'il lui
doit, bien-loin de blâmer en elle l'attachement qu'elle conferve pour [es enfans, ne
fait au contraire que redoubler d'eflime pour
elle, en agifiànt toujours comme un fecond pere qu'elle leur a donné.
D'autre part (avons-nous ajouté) que
trouve-t-on dans la maifon où les pupil1es
font renvoyés par l'Ordonnance dont il s'agit, pour y recevoir leur éducation? Une
tante, Boulangere , & chargée d'une famille,
ger aUX
n:
qui donnera a,.
'.fies enlallS
/3 tout le tems qtle
pourront lui l alffi 1
état &
. ' ;~ e~ occupations de [on
qUI ne fera nen pour des nereux
, il
qu e e ne demande pas &
{'
reJ' ette (
.
,
que 10n mari
comme on peut 1e VOIr
. par [on
. .
OpUllOj1 dans le procès.yerbal)
, Il
doit a '
,
qu e e ne
&
. VOlr qu en paifant jufques à la puberté
_~U1 ne feront q?e lui donner de l'embar~
~a~ chez elle. Efi:-rl poffible de mettre en
a anc~ l~n pareil afyle avec celui que leur \
~ere 0 Icite pour eux dans fa propre maion, avec toute la chaleur que peuvent don
ner des entraille~ véritablement maternelles?
~ Que :epond a cela le fieur Terrin? Qu'il
'1 app,a:tlent point au gendre de contefrer
la venté de ce qu'avance fa belle-mere de
,pezer c~ 9ue les certificats peuvent va'loir
cont.re 1aVIS des parens, d'examiner fi ces
c.ertlficats font [ufceptibles de l'interprétatIOn ~u'on leur. donne , & que la Dame Turcan n,a pas bIen lu le procès-verbal d'a[femblee, lorfqu'elle a fuppofé que les parens
l:e s'étoient décidés que par la confidératlOn du remariage.
, On n'a qu'à le lire ce procès-verbal, &
lon.y verra que les uns ne donnent aucun
motIf d~ détermination, & que les autres
ne fournIlTent que celui pris de la crainte
que la mere n'eût ' plus la même tendrefiè
pour fes enfans. On a beàu chercher & re chercher, on n'y trouvera jamais autre chofe
'r. l
'
,
.
av~c l aveu qlU en relll te, que la mere n'aVOlt encore donné là-delTus aucune fo;te de
�1.4
mécontentement à la famille; & puifque nOlls
plaidons pour difcuter la conduite de la mere ,
à l'effet de favoir où if convie'nt le mieux
aux pupilles d'étre élevés, il eft du devoir
du tuteur de dire ce qu'il en eft; & tant
qu'il n'en dira pas du rn_a l, c'eft une preuve
non équivoque qu'illl'a véritablement, comme ,
tout le refte de la famille, que du bien à
en dire.
Il a fenti en effet la néceffité où il étoit
de parler; mais tout ce qu'il a dit n'eil bon
qu'à faire reffortir toujours plus l'impuiffance où il fe trouve (le combattre nos
preuves de bonne conduite.
Il obferve d'abord que bien des meres qui
ne [e diftinguent pas par l'excès de leur
tendreffe, en font autant que la Dame Turcan, pour l'entretien & l'éducation de leurs
enfans, pour leur feule fatisfaélion, & par
un {impIe fentiment d'amour propre. Mais
de quelque côté que vienne le bien, & par
quelque motif qu'il foit dirigé, il ne ceffe
pas d'étre tel; le bénéfice n'e,n eit pas moins
toujours pour les enfans, dont l'intérêt dt
la feule choie qu'il y ait à coniidérer dans
cette affaire; & l'on fait 'bien d'ailleurs qu'on
ne s'eft pas laiffé gouverner ici par de pa '
reils fentimens.
L'on en convient. Mais, dit-on, la tendreffe que la mere avoit pour [es enfans
étoit un fentiment naturel, tant que [on cœur
n'étoit pas livré à d'autres affeélions . fil
a cédé au mouvement de valîlité qui -lui a
fait
r'
-
h
2~
raIt l'ec erchet· l'alliance d'ul1
vétue d'une qualité qu' 1 fi e pelofol1l1e rechement qu'eUe avoit 1 a attoIt, & l'attaconfidérablement diminuPe,our"1 [e~ ~nfal1S eil:
, 1:' ete1l1t.
, .
, SIn eu pas to 11 t a-laIt
1
Sans doute qu'il a fallu que la Dam T
can appe"
rçut que 1que avantao-e dans e urveau mariag
1
b
,
ce nou.'
e, pour a déterminer à le f .
mats ce n'eft pas la vanité qUI' l' "'d' aIre;
. . 1
ale UIte' elle
a pnnclpa ement confulté l'intérêt d ) 1:
mIlle
"
.
e la 1a, qUI eprouve effeéhvement tous les .
Jours
qu'elle ~'y a rien perdu.
O~ repond qu'elle eft trop prudente pour
ne s tre pas obfervée à cet é ard
qu'elle avoit été d' 1 é '
g
pendant
~d
ft"
.
ec
ar
e,
par
le
Juo-ement
e Ique, 1I1capable de l'éducation bqu'elle
rec. ame, ~ qu'elle plaide encore pour l'obt~nlr, malS que rien n'affure que ces
point
enfuite datlS l"111 t'eneur
yu.clpIlles ,ne feront
)
.
u me~lage '0 la vlélime de [on indifterence ou
de Or.·,
la Jalouüe de
,r. celui qui doit y p re'fod
1 el'.
n laIt a prelent ce que c'eft que ce prétendu Jugement domeftique les mot'1:
.
,
d
'
"
'
Ils
qUI
1ont etermme, & le peu d'égard
.d
'
.
qu '011
Olt aVOIr par conféquent pour lui. La meill~ure preuve qu'on puifiè defirer pour l'ave11Ir, eft fans doute celle qui réfiIlte du paffi'
& du préfent; & s'il eft poffible que cele
c?ange., il n.'eft pas poffible que le tuteu:
n en [Ol~ pas lIlftruit. Il verra de quelle facon
on C~.ntl~l~era de les habiller; il les conful~~ra
[~lr 111:t~neur du ménage, filr leur OCcupatIOn; Il ll1terrogera les, autres parens & les
G
?7
�26
voifins: des enfatls ne fttpportent pas les in.
. ures comme des perfonnes raifonnables,
~'eft-à-dire, fans fe plaindre; & l'on doit être
bien perfuadé que rien n'échappera à la fu~
veillancè du Geur Terrin pour conteiter, s'lI
Y écheoit, .1'éd~1Cation à l~ .mere , qu'on ne
lui laifiera jamaIS que condltlOnnellement, &
avec la réferve de . la lui ôter, fi elle fe comporte mal. Mais c'eft auffi à cet événement
que le tuteur doit être renvoyé.
A l'égard de l'établilfement avantageux que
la Dame Turcan a procuré à fa fil~e, o~ fe
borne à répondre que , le tuteur? qm fouttent
aujourd'hui l'Ordonnance du LIeutenant, eft
le mari de cette fille. Mais que prouve cela?
Rien autre fi ce n'eft -que le remariage de
fa belle-me~e n'a pas été de fon goût, fans
qu'il puilfe en ~éfulter ri~n d,e contraire aux
preuves qui extfrent au proce~; que. malgré
ce remariage, l'intérêt ~es pupt1le~ eXI~e toujours que leur mere, qm ne cerre d aVOlr pour
eux la mtme tendreire, comme pour tout le
refre de la famille, continue par conféquent
d'être chargée de leur éducation.
.
On n'attaque pas plus puirramment le VItric. L'entiere indépendance dans l~quell~
vit le Militaire fùbalterne ( a-t-on dIt ) lut
donne toujours une févér~té .da~s le ~~rac
tere une roideur tOLlt-a-fait lIlconClhable
avec' la douceur & la modération, fi néceffaire au bonheur d'un ménage.. L'habitude
d'obéir , rend même les gens de cette
. pro.
feilion extrêmement durs. Leurs pnncipes
' fi f< 27
en 11 ont c~ux ~e l'h011tleUl', mais l'arement,
& prefq~e Ja,mals" c~ux de la religion.
, On VOlt, a la venté, quelquefois tous ces
defauts dans I.e militaire, mais on y ' voit fou~ent auffi bnller les vertus contraires; & le
ile~r , !urcan, à qui on n'a aucune perfonn~lIte a reprocher, qui n'a même pardevers
lUI que des traits qui lui font honneur do·t
I
_ ê t:-e .range' d ans cette derniere claŒe. 'Y aul'olt-Il du mal, après tout, qu'il accoutum~t
ce.s e,nfans à l'obéifTance, en leur faifant remplIr a. l'égard de leur mere un devoir bien
elfentlel pour eux, & qui tient fi effentiellement aux principes de la religion? Enfin, fi
la ~ame Turcan venoit à mourir, qu'auroit
~ VOIr fon Fecond mari dans la ft1cceffion du .
fleur Sandm, dont la jouiffance pafTeroit à
fes .enfans?
que ce fecond
. , Et qu'importe
.
man, qm n a certamement pas befoin des
reffources de fa femme pour vivre, pût profiter en l'état. de quelque chofe, s'il y en a
afTez pour llll & pour ces enfans? Seroient_
ils mieux partagés dans la maifoll de cette
tante, Boulangere, où ils doivent être rélé.
gués par l'avis des parens ?
~e fieur T errin oppofe à ce fujet que ces
puptlles font les fils d'un artifan, & que la
fortune de leur pere répartie fur quatre têtes,
ne leur permet pas de vivre dans un état
fupérieur. A la bonne heure, & leur mere
ne l'entend pas autrement; on en verra
bientôt la preuve.
Il ajoute qu'il faut qu'ils s'accouÊument
\
�28
,
tu travail; qu'ils en prennent le goût; qu'ils
s'infi:ruifent par l'exemple de leur future deftination. Tout cela efi: vrai; mais ce n'eil:
pas dans la pupillarité, à cet :îge tendre où
l'on n'eil: encore capable de rien, & qui eil:
defi:iné aux écoles & , à recevoir les premiers
principes de la religion, dans une éducation
foignée. Il faut laitIer f~rmer le corps av~nt
que de le plier au travaIl. ~l, fuffit de ~Ire
aux enfans qu'ils feront obhges de travaIller
pour vivre de leur inculquer cette vérité ;
& ce feroi: fans doute leur rendre un bien
mauvais fervice, que d'en exiger quelque chofe
de plus.
Avec cette précaution de les rappeller à
leur deftinatÏon \ future où on les livre dès
que le temps en eft ~rri~é, on ne ;if<1ue pas
-que l'appas d'une VIe oifive les feduIfe;. I.e
fieur Sandin ainé en efi: une preuve. Il a pns
l'état de fon pere, comme on peut le voir
dans l'a8:e de procuration dont on a parlé ~
où il fe qualifie Cuiiinier. Il n'a cependant
recu d'autre éducation que celle de fa mere,
da~s cette méme maifon où l'on fait femblant
de craindre que les pupilles ne prennent le
dégoût du travail.
Cette tante Boulangere a des enfans, &
le fieur T errin veut que ce foit une raifon
de plus pour lui confier les pupilles, foit
parce qu'il entre dans le plan d'éducation des
gens de la plus haute qualité, des Princes
méme, de les atrocier avec des enfans d'un
état tout-à-fait inférieur, foit parce qu'il ne
lui
"
. ' 29
lui en coute~a
nI plus de peine ni plus de
temps de velller fur les uns que [ur les autres.
1
Mais. 011 doit bien [entir que l'éducation
des .P;1nces, ou des gens de la plus haute
quahte, n' efi:. pas celle des gens du peuple,
&- que I:lus Il y a des enfans dans une mai[on, -moll1S on efi: en état de les [oigner
fur~toùt i~ l~ charge retombe [ur la femme d'u~
artl[an qll1 ale encore à remplir les occupations
de fon état. Or,. tout. le monde fe dIra que fi '
dans le nombre Il doit y en avoir néceffaire_
ment quelqu'un qui foit néglio-é cela arrivera
·
1"
b
,
b ~en
p ut~t , pour ne pas dire toujours, vis-àv~s des ettangers que des tiens propres; il
n ei~ guere poffible de [e refu[er à cette
vérité.
On reproche enfin à la Dame T urcan de
n'avoir fait aucun 'inventaire; ni après la mort
de ~on premiei- mari, ni depuis qu'en [e remanant elle a perdu tout ce qui lui avoit été
donné en propriété, & d'avoir fait au contraire une vente confidérable de meubles
dont elle avoit diffipé ou placé le produit à
[on profit; "
Tout cela n'efi: encore que calomnie. Si
elle a vendu quelques vieux meubles, ce n'a
été que pour en acheter de meilleurs, & 011
trouvera dans fon [ac le comparant qu'elle
pré[enta au Lieutenant le 12 Juillet 17 82 ,
quatre jours après la nomination tutelaire,
où, après avoir rendu compte de tout ce
qu'elle avait fait dans la fucceffion de fon
H
�' .~
~o
mari, elle demanda aillgnatioll contré le tu~
teur pour faire l'inveniaire du m6bilier par
déclaration; le décret du Lieutenant & l'af..
iigtiation qu'elle fit donner en conféquence
par exploit du lendemain au Sr, Terrin , à jour
& heure précife dans , la Chambre du Confeil. Elle n'avoit fans doute rien de plus à
_ faire, robt cdmme elle n'avoit non plos aUCUll
compte à rentlre, parce qu'au moyeh de fon
legs général d'ufufruit, elle n'avoit rien adrniniftré pour le compte de fes eIifatls, & il
n'y auroit à craindre des conteftations du
chef des pupilles, qu'autant qtl'on répareroit
leur éducation du legs général d'ufufrllit,
Mais cet évenement n'eft pas à craindre,
püifque l'on a vu à quoi fe rétlulfeht les
prétextes que l'on a pu faire valoir pour
s'àutorifer dans la tracaDèrie que l'on fait
effuyer à la Dame Turcan; de ma,n iere que
ce n'eft certainement pas trop dire, que de
foutenir dàns ces circonftances que ce fel'oit contrarier le vœu de la ùature, comme
le Ctefir de la Loi (qüi ne recommande
rieti tant que l'avantage des pupilles ) , que
de refufer à leur mere la fatisfa8:ion de
continuer à leur don ner fes foins, en ref..
tant chargée de leur édu"Catioh, qu'elle ne
, pourTuir avec tant d'ar'deur, que parce qu'elle
fent combien elfe eil: néceffaire -à ces jeunes
enfans; que perfonne autre ne peut la rem~
placer dans les imentiotls qu'ifs dé'f uândent
dans c-e pl'emier âge de la 'vie, & qùe ce'
[eroit vérirablemènt d'échire'r j'On cœur, que
)
F
~e ;a ~éllParer de cette portion fi précieufe de
la lam! e,
cl
CONCLUD
d
"
,comme ans notre mventaire
e produéhon" avec plus grands dépens &
autrement ,pertmemment.
'
GOUJON, Avocat.
CARBONEL, Procureur.
Monfieur LE DOYEN, Rapporteur.
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' MÉMi!JIRE
POUR les
.~
boi~s
dl}
~n~ur
DONET:
vivant
Négociant de la ville de Mar[eilIe, appel_
~ '1;'lns de Sentence rendue par le Lieutenant
. de Sénéchal au Siége 'de lad. Ville le Î9- ac, tobre 17 80 , & demandeur-s en requétè incidente du .... > 17 82 .
J•
CON T ' R E
Dlle. MAGDELI;:INE CRE,PS, époufe répétée en
dot du fieu~ Efiienne, Boyer de la même
. Ville, intimle & défendereffi.
"
.
.. A Selltellce dOllt eit appel aclopte un
[yftême' trop avaniageux a?x f~mines des
faillis , & trop funefte allX creancIers, pour
que la Cour puiffe la co~~m:er. Nous.[avons
bien que les pattes matnmonlaux [ont facrés,
~
L
,
_
•
J.
�1-
puifque c'eft par e1i~~ue. fe forme le plus fo~
lemnel & le plus r~rl'J~aable de tous les engagemens; mais les droits d'une marre de
. créanciers mérit,e n( )wffi toute faveur, & le
principal objet · d~ la .:il!ftk~ doit toujour~ être
de concilier & de remplIr autant qu'Il eft
poffible, ce que -r" ~iyènt exrger ces deux intérêts anxquels Î ~1.)trrive que trop {ouvent
de fe croifer l'un contre l'autre.
3
du fieur Creps pere qui fe trouvoit encore en
Amérique, & qui confritua de fon chef60 l:l0 1.
les droit~ maternels y compris pour la fomme
de 600 hv. , & le furplus pour les droits paternels. L'aBe' porte la numération de la dot
êO~ptant. . On a pourtant fait remarquer
9u Il y eft ~lt tout de fuite que hlr les 6000 1.
Il Y en aVOIt 2000 liv. deftinées pour le trouffeau que le lieur Boyer fourniroit à fa future
époufe; ce qui paroÎt indiquer, comme 011
l'a déjà fait obferver dans les défenfes, que
le pere n'avoit pas même été en état de faire
la dépenfe du trourreau, & que la dot fut
reconnue par le mari, fans qu'il l'eÎit reçue ~
. Il efr dit de plus dans ce même contrat,
que le lieur Boyer fait une donation à jà fu.
lure, & aux enfans Li na.ître de leur mariage,
de la fomme de 50000 L J prendre for fis hiens,
·A
. - -1 T.
,
Le fie ur E.fri~_nne Boyer, m~ri de la DUe.
Crep~, eft venu dans le monde fans fortune,
mais 'fW"ec le def.tr Immodéré d'en faire une.
A p~ine fort~ de tenfance il. entra .~~ns -le·
commerce; Ir y contraéla dans drfferents
temps des engagemérts pour lefquels il fut
nlccéffivement . pourfùivi. Mais las de travaillér fans avartcer fur -le pavé de Marfeille,
il prit le parti d'aller brufqtler' la fortune aux
IDes Francaifes.
,
Il revint peu d'anné,e s, après à Marfeille , en
s'y faifant annoncer, -& en affetlant d'y paroi. .
tre comme étant dans la plus grande opulence~
Il acheta divers immeubles dont il ne paya
qu'une petite partie' du prix. Pendant fOll
féjour aux mes il s'étoit lié <:l'amitié aveè le
fieur Marc-Antoine Crt:ps pere de la par~ie
adverfe. ~es liaif~~sJ<l.voient produit le projet
d'un rhariage entre cette derniere & le fieur
Boyh: Le contrat -en fut drerré à Marfeille
en préiênce du fieut Boyer, & -du Procureur
J
pour en jouir par ladite Dlle. Creps future é-poufe
fo vie durant en fonds & fruits,. ainji que de la
dot ·dans tous les cas de droit, & pour en di}pofir à fln gré po'ur caufi .de mort par portions
égales ou inéo-ales 'en faveur feulement des enfon s à naftre du préjèllt mariage, ie tout néanmoins fous ceS condirions,jàns lefquelles la pré.
fonte donatÎol} n'auroit pas été faite; que v~:
na,u la DUe. Creps à prédécéder.fe fieur Eltienne Bo-yer fln futur époux, ou jàns qu'il-y
ait des enfans de leur mar/age "-c} e~le forv.illant ,
ou que lefdits enfans Vle'lll1ent a mounr fans
enfans avant le 'décès dudit fieur . Boyer: leur
pere, ladite donation de 5O?OO , Izv. fa~ra re..,
tour en entier dans cous lefdus. ca; audu fieur
•
(
�4
Eflicnlle Boyer donateur, Le contrat renferme
de plus une donation de furvie en faveur du
iienr Boyer de l'uii.lfruit & jouifiànce de la
dot de 6000 liv, ; cette donation eft le pendant de celle de 50000 liv, dont on vient
de parler, & qui fè trouve écrite en faveur
de la femme & de fes enfans.
.
Le fieur Boyer vouloit paifer pour riche .
fans l'être. Pen de te ms après fon mariage
& les longues fêtes qui l'avoient accompagné,
il vendit par atle du 6 Novembre ' 1762 au~
fieur Conqueret deux maifons au ' prix de
11000 liv.; il en .fit tourner le prix à fon profit, fans fe mettre en peine de payer les.
créances vifcérales qui fe trouvoient établies
fur ces deux maifons. Le contrat de mariage
étoit de l'année 1761 ; le 31 Otlobre 1764 ,
le fieur Boyer paira vente en faveur du fieur
Donet d'une maifon & jardin iitués hors de
la porte de Rome pour le prix de 5000 liv.
Après ces opérations, le fieur Boyer remit
fon bilan le 2 Août 1766. Cette piece n'eil:
. pas un hors d'œuvre dans le procès aétuel.
On y voit figurer la femme du failli pour les
fommes portées dans fon contrat de mariage.
Le fieur Creps fon beau-pere ne s'y trouve
pas oublié; d'une part on l'y voit porté pour
4300 liv., outre 22600 liv. pour prix de billets de groife. La famille Creps trouve dans
ce prétendu . titre une créance de plus de
80000 liv. On voit par ce tableau rapide
de la marche & des opérations du fieur Boyer,
que rien n'eft plus facile que .d e fe proéurer
des
/
des richeires réelles a:
' ,
e
& combinée, La fa!ille uë fallhte {péculée
laquelle le fieur B
,reps ~ au foft de
vint par ce moyer avolt UnI le fien de.
oyen c"
,
8000 0 liv.
dont il eft re~nclere. de plus de
.v oit pas fo~rni le fol. .a ez clau' qu'elle n'a-
~près la rémiffion du b '1
'
1 an on Vit ftlrgir
le fleur Creps qui c
'
,
,
omme
pere & l' , ,
a d mUll11:rateur de fa:fi
egitime
dication de 56000 r emme, demanda l'adju_
de fa cl
"
IV, montant de fa dot &
OnatlOn portée d
l
mariage. Il requit de 1:1s ans ~ ~ontrat de
féparation de h d P
provifoirement la
s ar es meuble & œ
,
!ceifaires p'our fon uià 'e Il . s, , eu ets nemande en proviiioll t~ f/ )OlI?nlt une de'
-'des , m eu bl es &effets
:fi parahon
d
' des har!pied de l'eftimation Il futU~eor 1onn~~ fU,r le
.fieur Creps en la '-qualité l~tS ~o}u~e ,au
-une
provifion de 2000 l'IV. a~ preud
P cedoIt,
,
fi 1
.blens du fieur Boyer 110nobftant t re ur es
t & l'. 'f'
"
ous tranfP
or
s
laI les ; Il fut de plus de'l'.emp
f
C
.
H
are, au d
leur reps, tOUjOurs en fadite qualité d .
,meuble~ & effets eftimés pour la fomm~
19 6 1 hv,
.
e
Il n'eft pas hors de propos de connoître
comment cette faillite fut traitée, On fit paflèr
~n concordat, par, Ie9uel les donneurs à la
$roif~ & les hypothecalres devoient être payés
a ylelll. !l fut pro,mis 25 pour cent aux créan~Iers chIrographaIres & non priviléo-iés L
fleur Boy;r rét~~li, dans [es attions b reduifj~
fon, fafte a ~a vente; mais il ne Continua pas
m<;>l11S de VIvre dans. la plus grande âifance
;s
B
�-6
au préjudice des malheureux créahciers qui
ont perdu les trois quarts de leurs dettes. Il
vendit par aéte du 2.8 Septembre 1767, une
maifon au iieur Hubeau ; il eil: vrai qu'il en
indiqua partie du prix aux créanciers; m~is
il eut auffi l'attention d'en exiger une pattle.
Il fit l',\cquiiition d'une autre maifon dont il
paya partie du prix, & don_~' le r~frant fut
laiffé & converti en une peniron vlagere de
I2.ooliv. au profit du vendeur.
On ne fe plaindroit pas, fi les chofe'S avoiemt
refté dans cet état. Les créanciers c;:hirographaires qui ont p 'e rdu les trois quarts -de leurs
.créances, s'en font déja confolés-; mais on ~
voulu donner plus d'éxteniion. aa projet fur
lequel la faillite avoit été déclarée; on s'dt
mis en téte d'expulfer les acquéreurs. On
.avoit pris dans le temps la précaution de rapporter au nom dl~ ûe_~r Creps les acq~lÎts concédés par les creanCIers chIrographaIres. Enfuite ~e iieur Creps a émancipé fa fille époufe
du iieur Boyer. Cette émancipation eH du
8 Novembre 1775 , c'eft-à:-dire, de près de
dix ans après la faillite & la demande en répétition de dot; enfuite de cette émancipation, la Dame Boyer fe pourvut au Lieutenant de Marfeille par requéte du 17 Juillet
, 1776, en déclaration d'hypotheque tant contre
les hoirs du iieur Conqueret, que contre les
hoirs du lieur Donet, & d'autre part elle
obtint Sentence par défaut fur la requête que
,fon pere, en fa qualité de légitime adminiftrateur , avoit préfentée en 1766 pour les
~
6000 liv. de la dot
les S0000 liv. de la
donation, le toùt avec intéréts 1
droit.
te s que de
?n a déja. dit que le fieur Boyer avoit ac-
,
1
\
qU.IS une mal~Oll d.ont il avoit payé partie du
prIX, & fe trouvolt encore fo'umis à 1
fion vifcérale -& viaO'ere de 1 2
l~ pen, fi d
b
00 IV. au
pro, .t, u vendeur. La Dame Boyer VOlÙUt
fe faIre col'l oquer [ur cette maifon. Elle compofa fa créance, qu'elle fit confifter 10. dans
fa ,?ot fe montant à 6000 liv.; 20. en fa do11atIOn
de 50 000 liv•• ,. :>::> °• en 29 8 28 l'IV. pour
•
,,,
'U1~~r~ts courus du Jour de la requête en répetItiOn ~e dot,; 4~. & finalement en 4 0 121.
pour fraIS de juil:lce, faifant en tout l'imp'Ort~nl~ fomme de 89840 liv. fur quoi elle
nt dedUlre aux expe~ts d'une part 19 6 1 live
-du montant des meUDles & effets dont on a
·parlé ci-de~l~, &. qui luiavoient été féparés
-pour ~ette eihmatlbn, & de l'autre 40000 1.
.du l?rIX de là mai[on; au moyen de ces déd UétlOl1S, elle fut déclarée créanciere perdante
-de 4 7879 liv.
Munie de ce titre, elle vint en porter l'effet
contre les hoirs des fieurs Conqueret & bonet.
E lle les avoit fait précédemment affiO'ner eh
déclaration d'hypotheque. Elle prit b contre
eux des fins en regrès le 7 feptetnbre 177 6 .
.
Les hoirs du iieur Conqueret trouvaht qu~
la Dame Boyer avoit in[uportablement grom
·fa cr éance, appellerent pardevant la Cour
de la Sentence du Lieutenant qui avoit accordé les , intérêts du jour de la n.emal1de en
\
./
�8
Yergence. Cet article étoit efrentiel; il s'élevoit1
comme on l'a vu ci-defrus, à la fomme de
298 281iv. Il fut dit par l'Arrêt qui s'en enfuivit,
que cet article avoit été injuftement alloué,
& que la fomme devoit être rejettée.
Après cet Arrêt, la Dame Boyer vint re.
prendre parde."ant le Lieutenant ~e Marfeille la pourfUlte de fes fins en regres , tant
contre les hoirs du fieur Conqueret, que contre ceux du fieur Donet. Ces derniers, indépendamment des vices de l'a8:ion 9.ui ét,oit
dirigée contr'eux, trouven~n~ mauva.ls qu on
eût laifré confommer la faIlhte du iIeur Boyer à leur préjudice. Il.s mirent en , ca:lfe
les créanciers chirographaires, pour leur faire
rendre le 25 pour cent qu'ils. avoient}eç~ ,
& qu'ils n'avoient pu, re.cev01r au p:eJud~ce
des créanciers hypothecalres. On avolt prevu
cette démarche. Ces créanciers fe montrerent avec des acquits du fleur Creps payant
à la décharge du fieur Boyer fon gendre.
Par ce moyen on s'dl: ménagé le double
avantage de rétablir le lieur Boyer, & de pouvoir attaquer des acquéreurs qui font créanciers hypothécaires, & auxquels on a, laifTé
tout ignorer dans le temps. Sur cette produ8:ion les hoirs du fieur Conqueret & du
fieur Donet n'ont pas été jaloux, comme on
peut le penfer, d'entrer dans la difcuffion
des fraudes qui peuvent avoir été concertées entre le gendre & le beau-pere. Comment l'auroient-ils pu ? On ne leur avoit donné
aucune connoiifance de la faillite, ni de tout
ce
9
ce qui avoit été fait à cette époque. Tout
avoit été fait à l~ur infçu, fans les comprendre dans l'état des créanciers, fans les appeller dans les arrangemens de la maire. Ils
l~'en avoien~ aucune notion. Sur la productIOn des quIttances rapportées par les créanciers chirographaires , & portant l'énonciation du paiement fait des mains & deniers
du fieur Creps, les hoirs du fieur Conqueret
& Donet cmrent devoir fe départir des fins
par eux prifes contre lefdits chirographaires,
en recomblement des fommes qu'ils avoient
reçues. Il leur auroit fallu contefter la foi
des quittances, & l'on avoit eu l'attention
de les priver dans le temps de toutes les
lumieres qui pouvoient étre néceiTaires à cet
effet.
Mais il n'en eft pas moins vrai qu'on les
a tenus à l'écart tant que la difcuffion de la
faillite a duré, que le failli a pré[enté dans
le temps des tableaux de [on état, [ervant à
démontrer qu'il lui reftoit du bien à [uffi[ance pour payer les dOn\leUrS à la groiTe , les
hypothécaires, & le quart des chirographai,res. Il n'dl: pas douteux non plus que tout
failli qui concorde, [e ré[erve ordinairement au-delà de ce qu'il lui faut pour remplir [es engagemens. Faudra-t-il donc croire
que le lieur Boyer n'avoit rien du tout à
donner 'aux créanciers chirographaires, qu'il
avoit pris des engagemens au-defiùs de fes
forces, & que le lieur Creps , qui n'avoit rien,
a pourtant tout payé? On [ent, [ans que nous
C
�10
ayons befoill ?e l~ , dire, c:ombien ces ré~
flexions font mqUletantes pour des poffef~
feurs léo'Ïtimes que l'époufe du failli veut ex.
pulfer, 4)combien elles font al~rmantes pour
la Juitice à qui 1'011 veut faIre prononcer
cette expulfion , & combien ce titre que la
Dame Boyer préfente doit être épluché avec
févérité. Les hoirs du iieur Conqueret eu
ont déja fait retrancher par Arrêt , l'impor~
tante fomme de 2.982.8 liv. qui s'y trouvait
portée pour intérêt de la donation. Mais
cela ne ftlffit pas. Il fe trouve encore d'au ..
tres dédu8:ions à faire. La Dame Boyer prétend que les hoirs Conquer:t font non-recevables à les propofer. Mals cette:fin de
i1011-recevoir eH totalement étrangere aux
hoirs du lieur Donet. Elle efi: prife daus le
dernier Arrêt qui retrànche les intérêts, &
lors duquel les hoÏrs du iieur Donet n'é...
toient point en qualité. Cet Arrêt ne peut
donc pas être contr'eux le. germe .d'une :fin
de non-recevoir, & les hOirs du fleur Con~
queret fauront bien d'ailleurs fe démêler de
celle qu'on leur oppofe.
Quoi qu'il en foit, comme-les dédu8:ions pro . .
pofées en premiere infi:ance renaiffent en
caufe d'appel, & préfentent les mêmes points
à difcuter , il feroit inutile d'en parler ici ,
puifqu'elles doivent revenir dans la difcuf..
jion des moyens. Il fuffit donc de mettre fous
les yeux de la Cour la teneur de la -Sentence dont efi: appel.
.
.
Ce Jugement intervenu le 10 o8:obre 17 8er,
11
faiJà.nt droit à la requête principale de Ma '_
d ;g
·deleme Crens énoufè d'Elll'enn B
. .
r
r
'Je;
:J'
e oyer u 17
JUllle~ 1776 , a déclaré la maifon & jardin
acquLS par le feu fieur Dona d'E~n '
B
'.,
,
'pLenne oyer
par aGie dll 3 1 decembre 17 64 & 1 d
;,1 ; .
,
.es eux
'mm)ons co ntl!J.U es , aC<Juifes par feu fie ur Jean
'Conquerec dudu Bover par ac7e du 6
novem_
h
'
./ ,
62
, re 17
, fi'Jettes aux hypotheques de la dot
,de l~ D!le. Creps, .deriyant de fln Contrat de
manalfe . du 2,4 mal 1761,. ordonne que nulle
~rejènptlG~ nt laps du temps ne pourront lui
etre ,oppofls ; & ,de. ,même flùe ,fons s'arrê·ter a la requete mCldente des hoirs du fieur
Jean Conquetet du 7 J'uillet 1777 dont le
d' . & J'b
'
, sa
' emLS
~e OUles allec dépens, ayant tel égard
'que de raifon à la requête incidente de la Dfle.
'Cr:ps du 2 décembre 1776, ordonne que les
-IZOl rs du fieur Dona & ceux de Jean Con~
qu:ret in~i~ueront à ladi:e Cr~ps dans la quin"{ame precifèn:ent? des, bœns lLbres & exploita_
b!es & non Imbrl11ques appartenants audit E.f
tle:zne Boy~r, pour par elle S:y payer de ce qui
luz refle du du montant de fo dot & droits ~
aut~ement & faute par eux, &c. a permis à
ladite Creps Boyer d'exercer les regrès for lad.
maifon & jardin des hoirs du fieur Dona &
fùbfiiii~irement for les dellx maifons contlilles
d-es hOlrs du fieur Jean Conqueret pour la
flmme de fix mille cinq cens trente-huit livres
fix deniers, pOllr rejle du capital de fo dot &
droits, enfèmble pour les intérêts de ladùe flmme Courus depuis le 15 mai 1777, jour de la
mife de pOffeffion de la maifon par elle prife
A
,
�12
en collocation, & encore pour les annuités
échues & par elle acquittées ou à acquitter de
la perzfion viagere de 1200 liv. affeaée fur lad.
maijàn, & pour les intérêts d'icelle, à compter
du jour des paiemens qu'elle a jufiifié ou juflifiera en alloir fait, comvze azUJi pour les dépens à elle adjugés par Sentence du 18 décembre I776, jùivant la taxe qui en fera faite,
& pour les frais & dépens de la cf:!llocation
liquidés par le rapport d'icelle à la Jamme de
mille & dOll'{e livres, à ce non compris le droit
de fept & demi pour cent qui pourra être dâ
J l'occafion d'icelle; ordonne en outre que lad.
Dlle. Creps Boyer continuera à ex ercer regrè s
pOUl' les annuités de la penfion via§ue qui
écherront & qui feront par elle acquittés jufqu'à
l'extinaion d'icelle, à l'exercice defquels regrès
lefdits hoirs Donet & de Conqueret feront contraints aux formes de droit; condamne les hoirs
Donet & de Conqueret aux deux tiers des dépens de cette qualité, l'autre tiers entre les paro:
cies compenfls, &c.
Il s'agit aujourd'hui pardeval1t la Cour de
l'appel émis par les hoirs Donet envers cette
Sentence. Les hoirs Conqueret font intervenus à cet appel, & la queftion dl: de favoir fi les voies de regrès étaient ou non
ouvertes en l' état. Nous foutenons qu'elles
ne l'étaient pas. Nous ajoutons que la Dame
Boyer s'eft ménagée des avantages indus dont
elle voudrait mal-à-propos profiter, & dont
elle doit rendre compte à la maire. ~e produii de ces avantage ~ , le~ bénéfices qu'dIe
a
q
a voulu fe procurer, doivent ~tre mis en fonds
au profit de~. créanciers pour fervir dans la hlÎ..
t~ à paye,r, s Il y échoit, la donation de 50 00 0
lIv. portee dans le contrat de mariage de la
Dl1e. Boyer.
La premieye de 110s propoiitions eft prife
de ce q~e la Dame Boyer fe trouve plus
que payee de fa dot fe montant à 6000 1
& q~'elle n'avait pas droit de jouir de i~
donatIOn d: 5OO~O liv. portée dans fon cont~~t de man,a ge, a, rég~rd de laquelle il fuffifOlt de, former 'une ~oll?cation par affiette
~?u: 1 airurance & 1 execution du patte à
1 evenetnent du temps où elle devoit corn . .
mencer à jouir. Nous fommes là-deiTus d'ac~rd.!itr les principes. La coIIocation ne doit
fe faIre q'ue par affiette ou par aflio'nat quant
r.'r.
b
,
, aux lommes qm 10nt d'un événement incertain '. ou don: la jouiirance eft retardée par
les tItres qm la gouvernent. Ainu les femmes, pour les dons de fi.lrvie, ne font collo . .
quées que par affignat; ainfi l'on affigne des
fond.s .aux uf?fruitiers , & les légitimaires &
pa;tlclpants a la fucceffioll n'y prennent part
qu apres la mort de la perfonne à qui l'Ufilfruit efr dO.
Nous difon~ qu'ici fa Dame Boyer étoit
fUl'payée de fa dot; & quoiqu'~l1e paroiffe
en co nvenir, elle contefre néanmo.ins un article afTez intéreirant. C'eft celui de fan trouffeau que fon mari s'obligea de lui faite jufqu'à la fomme de 2000 liv. fur les 6000 liv.
de
dot, & c'eft ce qui fut exécuté. C e .
D
la
�14
premier fait n'eft pas conteilé. Delà il fuit
que le mari, en fe conftituant débiteur de, la ,
dot, devint propriétaire des hardes qui fer~
virent à compofer le trouffeau. La Darne
Boyer, en faifant fa ' procédure, ,a ' cOllftifué
fon mari débiteur des 6000 liv~; elle a gardé
fon trouffeau ~'Ont elle l~'a pas 'paifé le :.. prix
en dédu8:ion ; au moyen de quoi la voilà donc
en poffeffion de la chofe ,& du prix" au préjudice des èréanciers de fon ,mari & qes' tiers
acquéreurs qu'elle veut expulfer. '
..;
' Cela ne l'embarraffe pas; eUe :'préte!id :
qu'elle n'avoit rien à déduir~e, & qùe les ,
créanCiers de fon mari lui doivent , bonifier
lès '6000 liv.' de ' fa 'd 0t ; mais fi le trouffeau '
elltre da~s la dot pour: 2000 liv., votre c<:}n- ,
trat peut-il vous autorifer à garder l'~un -& :.
l'autre? Si vo~s gardez le tropffeau, ne ' fau...
dra-t-il pas déduire 2000 liv. fur la dot, & '
1i vous exigez les 6000 liv. de: la dot , ne
devez-vous pas rendre ou déduir~ les hardes
dont la valeur prenoit le tiers de la dot ?
Eft-il bien vrai qu~nous ayons fuppofé là- ,
déffus des regles qui l1'exiftent pas, & n'eft.
c~ pas plutôt à la Dame Boyer qu'il faut reprocher de fe donner dans fa défenfe, des
bafes que le droit !"eprouve ?
'La femme, nous dit-on, n'eft foumife par
aucune Loi à expofer ce qu'elle peut avoir
en, compte & en dédu8:ion. Autant voudroitil ,dire que la femm~ peut piller & s'engraiffer 'd ans la maifon de fon mari, & fruftrer
les créanciers de ce dernier de , ce qu'elle lui
15
enleve ; & en effet quels font dans l'ordre
des principes les droits de la femme qui fe
colloque? En a-t-elle , peut-elle en avoir
d'aùtre que celui ' d'a1furer ou de reprendre
fa dot & drGits far , les biens de ' [on mari?
Pourroir... elle slavantager_(ar ce 'd ernier? Ne
feroit-il pas plus cruel & plus funefte eHcore
que de concert avec fon mari, eHe s~avan
tage~t injuftement fur le tiers? C'éft cepeon.
dant ce ,qui ne peut ma-trquer d'arriver, lorf.
qu'une femme [e colloque pour plus qtl'il
ne lui ell: 'd û, & qu'elle vient enfuite con[o.mmede préjudice '& lé' rendre plus odieux, '
en le faifànt [upporter à des acquéreurs avec
titre & bonn.e foi ,qu'elle vient dépofféder.
Et :qu'eft-ce donc que la liquidation de fa
dot & droits à laquelle 'toute femme qui veut
fe colloquer , eft obligée de faire procéder?
Eil: - elle rien de plus que le compte exa8:
& rigoureux de ce qui peut lui refter dû après
toute déàuéHon faite? A - t - on jamais vu que
le calcul des [ommes 'dues à la femme pour
[a dot & droits, ,ne dût pas compreddre les
objets de dédu8:ioll qui font au profit du mari?
A- t - on jamais pû dire qu'en faifant cette 'liquidation; il, ne falloir p.~s mettre en comp~e
les articles qui [ont a8:Ifs au profit du man; ,
& faut-il une loi particuliere pour foumettre ,
to ute femme qui fe colloque, à déclarer les
valeurs qui font dans fes r,nai~s , pO,ut" qu~ le
mari & plus encore, fes .creancœr.s 11 en fOle~t
p as fruftrés? L'oblIgation de faIre cett,e declaration n'eft-elle pas [uffifamment portee par
j
1
�16
les loix générales & primitives qui défendent
à tome per[onne de prendre le bien d'autrui',
& de s'en prévaloir injuftement? Or fa femme"
qui d'un côté [e fait payer de [a dot entieré '
en argent, & qui de l'autre reçoit le trouireau
en nature, ne prend.:eHe pas la dlOfe & le _
prix? le peut-elle el). honneur,. en confcience _
& dans l'ordre des loi~? & quand eUe eft
munie de la cho[e, peut-elle décemment en
faire liquider le prix en [a faveur? Âvoit-on .
befoin d'un réglement pour faire diré que la l
femme qui fait liquider fa dot, ,ne prendroit .
pas le bien d'autrui,- & :qu'elle ne fe payeroit'
pas deux fois pour le même ,objet?
Mais, ajoute t-on, ri vous obligez les fem. ;
mes à déclarer la valeur de leur ' trou1Jeau
tel quil eft, vous n'en .ferez pas plus avancé.
Ce ne fera là qu'une vaine formalité dont il
leur fera loiiible de fe ~ouer. Elles ne dé- _
clareront rien, ou peu de chofe. D'ailleurs
,rien ne vous empêche de difcuter en tout .
tems ce que leur trou1Jeau pouvoit valoir
lors de la liquidation de la dot & droits.
~ Toutes ces petites coniidérations ne peuvent pas altérer notre. principe. La néce[cité de déclarer le trou1Jeau, de le repré[enter & de le faire eitimer pour le déduire
[ur la créance de la dot, eft inconteftable
en principe, parce qu'en fai[ant fixer & liquider la créance de la dot ~ droits, il eft
inclifpenfable d'en détraire tout ce qui doit
en être déduit, & de [e fixer dans la [omme véritablement due à la femme. En partant
17
tant de la néceffité de déclare}.
11'-,
ft
cl
l'
,
necemte
.
q UI e
ans ordre de tous les
. .
'
pnncipes
i1' 1a fiemme declare
qu'elle , .
,
1
.
n a rIen, on ne
a crOIra pas, parce qu'il n'eil: pas offibl
qu'une femme [oit [ans hardes & i". P " e
ment, nu IIa UXor fine vefJe . & 1 1:lans Vt::te-•
d' 1
.
:J L,
a lemme qUl
ec arera ne nen avoir fera )'uae'e t
"
'
b
Out com,me ce Il e qUI n aura fait aucune déclar t'
QUaI1t a' Icel e qUI. ne déclarera q'l' 1 a .lOn.
ffi
~ t n mmce
tr?u ea:l, les cré.anciers auront dans cette
.dec1~ratlOn de qUOI la confondre en cas d"
-fidél t ' .
111•
1 e '. parce qu'Ils auront [ans cerre l'état
_du troufIeau qu'elle aura déclaré & le m
dl'
,oyen
e Ul. prouver qu'elle n'a pas fait une déclaratIOn exatte & fldeHe. C'eft alors & par
.le• moyen de cette déclaration que les Cl.ean'
. CIers auront le moyen & la facilité de prouver que la femme n'a pas tout .déclaré. Sans
cela comment pourroit-on parvenir à [avoi;
fi la déclaration qu'elle a faite, eft jufte ou
11on?
1
" Dira-t-on à pré[ent qu'il en coûteroit trop
. a une femme de déclarer [on trou[[eau ? On
. ne fournira qu'une r~ifon de plus pour exiger cette déclaration ;. car enfin on ne fcait
q~le t rop, quelle eft la fi-équence & l'abus
des. p rocedures de vergence, combien l'int érÊt des créanciers s'y trouve [ouvent immolé., On ne [çait que trop encore que ces
-proce dures ne [om le ,plus [ouvent faites que
par [péculatioll & [ans l1éceffité. Dès -lors
il ne peut qu'être utile de les contenir. La
. néceffité de déclarer le trou[[eau, néceffité
\
E
�·IS
qui d'ailleurs dt de dro~t,' d'ordre & de
raifol1, arrêtera par la valUte les femmes dont
la procédure ne fe feroit que par des vues
de combinaifon & d'intér~t, & non par les
loix impérieufes de rIa néceffité. D'ailleurs
pourquoi confulteroit-on la gloire ou l'orgueil des familles dont les femmes . fe co11o ..
quent pour caufe de vergence? Toute fem:..
me qui vient dire à la Juil:iee que fon époux
eil: tombé dans l'infortune, que fon état cft
chancélant & douteux, & qui vient en con..
féquence faire valoir des droits qui peuvent
& doivent refluer contre le tiers, doit avoir
auffi le courage de déclarer en quoi cOli1îil:e
fon trourreau. La Dame Boyer a pris des
meubles en paiement; elle les a fait eil:imer.
Pourquoi n'en a-t-elle pas agi de méme quant
·aux hardes compofant fon trouffeau ?
,
On fent dès-lors quelle eil: la force & la
fagerre des motifs qui Ollt déterminé les Arrêts cités dans les précédentes défenfes. Le
premier rendu au rapport de M. le Confeiller de Saint - Marc pere, le fecond {ur la
plaidoirie du fouffigué dans la caufe de Mouifiet
de Salon. Ces deux Arrêts ont jugé que la
femme qui ne fait aucune déclaration de fOI1,
trouffeau ,eil: eellfée l'avoir repris fur le pieA
de la valeur qui lui av'Ûit été donnée dans le
titre de)a conftitution. Ce ne font pas des
Arrêts hypothétiques & pofés fur des circonftanees particul-ieres. Ils ont été rendus en
l'hefe & fur des regles générales; & c'eftIurtout à Marfeille & dans les villes coniidérables
19
que ces Arrêts doivent .être appliqllés, parce que le tr.ouifeau, au heu de diminuer pendant ~e manage, y re~'oit au contraire des
accrolifemens fouvent immenfes. Le cr01r01tO~l? CeiI: pourt~llt. à Marfeille qu'on nous
<ht. que notre pnncIpe doit périr. Ce n'eft
pOln,t l'ufage , nous dit-on, d'y mettre en dérluéhon la valeur du troutreau au moment de
la ré~étiti~n. On ré~ute cette valeur nulle.
. MalS d abord, ou eil: la preuve de cet
ufage? Quel ufage nous en a-t~Dll donné .
~uel aéle de notoriété en a-t-on produit?
Souffigné fe fouvient fort bien d'avoir vu
pairer des caufes de Marfeille ~ & tlotam·ment une fur laquelle la queilion des hardes
fit grand hruit, & arrêta long.temps Mrs. ,
les Juge$. On ne 1D1Jtenoit paB dans ce procès qu; .~ valeur du tr~uife~u ne dût pas
~étre dedurte~ La contefratlOn etoit m.ême une
preuve formelle du .contr.aÏre. A la bOllll1e
.heure qu'on ne .calcule 'Pas le trouifeau .d'une
.femme dans les faillites qui s'arrangèBt en
.gros & à ia maniere nes Marcha1llds; mais
. cela n'a jamais été dit, & l'on ne .cmit pas
que ia Ch0'fè ait jamais été p:ratiquée dans
:les collocations ..qui forment tCles opérations
jm1rliqNeB~ & fur-tout <p.laud il s'ag1Ït., c-c>mme
ici, d'en dirigeif i'efiet e.ol1t.-e le tÏ:èfs-acqué.!lieUr des lbÎfl1\lS '.d u ma1"i. 2. o. Queill.e )50un-.oit
~ être la r,aiiDn de cet ..étrange :tirage , &. p.our.quoi femit-id dit à Mad.eiiJe , .ob! >l'ab.us des
~1Il1me.mfe5 tronf!èau!X edil: plus répandu que
. parAont ail:1~'s , que lIa femme peut s'f;n .e11l-
L;
-.
�20
parer & en profiter au préjudice du tiers?
3°. Cet ufao-e ne feroit-il pas abufif? Non,
nous dit-on~ il ne l'eil: plus, dès qu'il eil:
o'éné1"at N'eil:-ce pas là une plalfante ma~iere d'e cufer l'ufurpation du bien d'autrui?
L'ufage feroit général pour les ép?ufes, colloquées des maris .infoh:a~l~s, Mal~ . qUl, ne
fent que les créancl~rs leglt~mes en aurol~nt
trop à fouffrir? QUl ne VOlt que le drOIt,
la raifon & l'honneur s'uniŒent pour les garantir de ce préjudice, & qu'il eil: impoffible
que dans un pays policé ?n puifIe donner ~
la même perfonne le pnx & la chofe en
force d'un feul titre?
C 'eft à Mac(ei~le plus qu'ailleurs, qu'~n p,a.
reil ufage devroIt étre condamn~, s Il ,s y
trouvoit établi, parce que c'eft a Ma:[el~le
plus qu'ailleurs que le luxe des femm~s epUl[e
la fortune aes maris~ C'eil: à Mar[eIlle plus
qu'ailleurs que l~ tiers peut en [ouf!r~r. .
Mais, nous dIt-on, s Il eil: des faIllIs qUl
refpettent le trou~eau de l~urs femm~s, &
qui l'augmentent, Il en eil: d autres qUl avant
de remettre leur bilan, ' l'exténuent en ven.
dant infeniiblement tout ce qu'ils ont de ,
plus précieux, & le lieur Boyer étoit de ce
nombre. Il en eit de ce fait comme de celui
de l'ufao-e. On ne voit pas que le lieur Boyer
,
.'
eût rienb vendu, mOInS
encore qu "1
1 eut alté re
le troutreau de [a femme, On verra bientôt
que toutes [es opérations, même les pattes
du contrat de ion mariage, ne [ont nen de
plus que la préparation d'une faillite co~~certee
A
21
certée pout enrichir [on beau-pere & [011
épou[e, La Dame Boyer ne fera croire à
perfonne que [on troutreau eût été entamé
par [on I?ari, & l'on fait que ce trouŒeau
ne POUVOlt être que très-important: en reparoiffant à Marfeille à fon retour des mes
le lieur Boyer voulut s'y montrer avec tou~
l'~ppareil & le fafte de l'opulence, Delà
vmt le nom de Boyer Fortune qui lui fut
ç10nné [~r la place, Les fêtes qu'il donna pour
[on manage furent longues & brillantes, On
[ent bien qu'il y. fit paroître fa fetnme d'une
rnaniere affortie à toute cette ,"onduite; &
que ne peut-oh pas dire, quand on vient
à confidérer qu'il faillit peu de temps après,
.&. que [a femme ne déclara point de trouf-.
[eau? Seroit-ce bien le cas de venir pro ...
pofer ici de faire une regle à part, & de
vouloir nous perfuader fans preuve que le
fleur Boyer av~nt de faire éclater [a décadence, avoit épuifé & réduit à rien le trouf.
{eau de [on époufe?
r
II en avoit, dit-on, fait autant quant à ces
meubles; mais ,d'abord, oÙ en eil: la preuve?
Quelle eft la partie de [on · mobilier qu'il
avoit ve ndue? E[t-il rien de plus impuiffant
.& e p lus négatif que de nous dire, comme
on l'a fait, que les meubles qui étoieQt dans
fa maifon ne répond.oient pas à fa fortune?
Cela p eut être; mais c~la pr{)uve-t-il qu'il
eût vendu des meubles précieux? Peut-etre
n'en avoit-il pas, fon luxe étant extérieur &
de pur appareil. Peut-être a-t-on mis en
F
�li
, fùreté les meubles précieux qu'il pouvoit
avoir. SuppofOtlS qu'il eût vendu des meubles précieux, èela pourroit-il fervir ~.~ pri~~
cipe pour en filer la conféquence qu Il ayolt
également vendu ou le trouffeau el1 entier,
oU la partie la plus précieufe de ce trouf.
feau?
Au furplus, on n'entre pas dans tout ce
détail dans les queftiolls de l'efpece de cellè
dont il s'agit ici. Nos Auteurs nous difent
avec raifon, que nulla uxor fine vefle. Le
trouffeau forme l'objet dont les femmes fe
détachent le m'Oihs, même ' dans les plus
grands malheurs. Il eil: !mpoffible dès-lors de
ne pas pofer en principe que toute femmè
qui [e Colloque doit avoir un trouffeau quelconque, & que quand elle t'ten fait pas la
déclaration, il fant lui déduire le · montant
du trouffeau tel qu'il eft fixé dans la conftimtion. Les femmes ne [ont pas maltraitées
pàr cette regle connue, & les droits précieux des créanciers s'y trouvent cOllfervés.
LôÎli que la ville de Mar[eille d?i.ve êt:e
exceptée de cette regle, les motIfs de 1y
faire exéêuter y [ont bien plus puiffat1ts 'que
par-tout ailleurs, puitque les trouITeaux y font
plus conlidérables, plus ruineux pour les maris, & d'une plus grande reffo'tll"ce pour le
malheureux tré-à'ncier. Auffi l'ufage dont on
excipe n'a-t-il jamais exifté dans la ville ·de
Maf'feille; on doute méme qu'on pl'liITe en
. citer <les exemples: mais s'il en 'exiftoit, on
pourroit dire que les ér-éancier s 'en. ont voulu
1
.
23
fouffnr .le préjudice, & ces exemples ne
formero~ent certainement pas une loi pour
ce?x qUI ne voudroient pas le fouffrir. :En
V~1ll la D,ame Boyer,nous ~it-elle qu'on peut
dec1arer 1ufage abuM, malS qu'il ne faut pas
toucher, au paffé. On voit bien qu'elle ne ré~
c~ame 1 ufage que pour elle. Mais comment
11 a-t-elle pas 'VU que cet ufage eft abuff
parc? qu'il n'eft jamais permis de pr enJr;
le ~len d'autrui; qu'on n'a pas befoin d'établIr UI)e nouvelle regle pour condamner
cet ufage; que nulle prefcriptlon ne peut
fauve,r 'Un abus de cette efpece , & qu'en
,confequellce toute femme qu' 011 ttouveroit
[ur le fait, feroit dans le cas de rendre aux
.créanciers ce qu'elle leur doit, & de déduire
le trouffeau? :Et quand elle viendroit dire
que tel eft l'ufage , & que les femmes pré~édemment colloquées en ont agi de méme
~n lui répondroi,t to~jours av~c fu.c~ès, qu~
1ufage ne peut JamaIS couvnr l'mJufrice &
:l'iniquité, & ne peut jamais autorifer une
femme à s'emparer d'un trouflèau coniidérable
.au préjudice des çréaJ~ciers qu'elle dépouille
-de leur bien,
D'ailleurs fuppo[ez encore cet uiàge, &
confidére z l'âbus énorme qui s'en eJ.lfuivroit.
A Mar.(eille plus qu'ailleurs le luxe dl: élwrme. Affr~nchiffez les femmes de la néceffité
.de déduire l~ valeur de leur troufieau ,vous
don.nerez au, débiteur le moyen de SalIver
une partie de fa fortune, en allgmentant
loutre m~fllre , & dan's les temps méme lei
�24
plus fufpeas , les effets qui compofent ce
trouffeau. Si donc l'ufage exiil:oit, l'abus en
feroit intolérable , & tellement révoltant ,
qu'on n'auroit pas befoin d'une loi nouvelle
pour le profcrire.
Mais encore un coup, l'ufage n'exifte pas.
Il eft même impoffible qu'il ait exifté. 9n n'en
donne aucune preuve. On n'en donnera jamais aucune qui foit concluante. Auffi la
Dame Boyer fe replie-t-elle fur ce qu'elle
ne s'eft pas colloquée pour fa "dot au moment de fa répétition. Elle obferve qu'elle
fit liquider fes droits en 1766 ; qu'elle n'a
repris fa répétition que dix ans ap~ès. Or,
dit-elle , j'ai vécu chez mon pere dans le
temps intermédiaIre; mon mari n'a pas entretenu mon trouffeau; je ne devois donc
pas le déduire lors de ma collocation. A
cette époque j'aurois même été bien en peine
de repréfenter quelques lambeaux de mon
antique trouff~au. C'eft bien affez pour les
créanciers d'avoir profité pendant dix ans
des intérêts de la dot, fans qu'ils afpirent
encore à me faire payer de ma dot en entier , fous prétexte de déduire la valeur d'un
trouffeau que chacun fait devoir périr dans dix
ans faute d'entretien.
C'eft ainfi qu'on fait jouer les conlidérations à défaut des moyens de droit~ Mais
d'abord nous demandons à la Dame Boyer,
fi ce n'eft pas en 1766 qu'elle a fait liquider
fa dot & droits. C'eft alors que fut faite
l'Ordonnance de calcul, qui fit monter fa
créance
,
25
creance à 56000 liv.; [avoir <5
l' cl
la dot & 0
r
,000 IV. è
mée
000 IV, de la donatiqn renferalors a~,s on ,Contrat de mariage, C'étoit
qu Il auroit ,fal1u propo[er la déduétion
du trouffeau, qUI probablement, & [uivant
la ~egle de tous l~s t1"Ouffeaux de Mar[eiIle
avo,It doublé, & trIplé de valeur, Cei!: alor;
&0-1a cette
epoque qu'a dû s'
1"
1
l
"
app
Iqner
a
re b , e (~nt nous ~xcI1?ons, Le trou1Teau étoit
en~tefiL ufage n~ 1avoIt ni épuifé ni même enta~e, ,eil: d~:>nc"Impomble que la Dame Boyer
elude 1appltcatIOn du principe que nous invoquons , [o,us prétexte de ce que fon trouf[eau de.voit être entiérement péri lors de
collOcatIOn faite dix ans après C
a-t-elle
'
' ,omment
pu ne pas VOIr & ne pas fe dIre qu'en
17 66 , elle prit [011 trou1Teau , que par con~équent elle fut ~ffeétivement colloquée quant
a ce ? lors de ladIte époque de 17 66 ?
D autre part, le temps qui s'eil: écoulé
entre, cette Ordonnance de calcul & la collocatIOn, efl: tout ~n faveur des créanciers,
Il en fort des confldérations infiniment puit:
[antes pour leur caufe; & en effet qu'eil:-il
arrivé dans l'intervalle? Que tous les effets
du débiteur ont difparu; qu'il a été fait un
concordat , par lequel les chirographaires
ont reçu
partie de leurs créances', que les
,
acquereurs n'ont pas été confultés du tout
dans cet arrangement, & qu'enfin on ne leur
a parlé qu'après que tous les préjudices
avoient été confommés , & quand il a été
quefl:ion de les dépouiller. S'ils avoient pu
cl
J
1;
G
�z6
feulement fOupçol111er el1 I766 , qu'ils ' feroient mis en caufe, foit par la femme, foit
par quelqu'autre créa1~ci~~ hypo~écaire , ~ls
n'auroient p as manque d mtervemr , de veIller à leur intérét; & leurs foins, leur vigilance les auroit conduits à mettre à profit
toute les reITources du débiteur: Qu'eil-il
arrivé au contraire? Tout a été concot'dé,
fini, terminé , fans que les tiers ~cquereurs
en euITent cpnnoi1Tance, fans qu'ils pu1Tent
méme en prendre aucune. Les créanciers
.même chirographaires ont été payés. O~ a
pris la précaution de faire pa1Ter ces paIemens fur Je compte du beau-per'e du iieur
Boyer, & ce n'd! qu'après le laps de dix
.an$ qu'on eft venu ,me.ttre en caufe les ,tiers
acquéreurs, dans 1objet de les dépoUiller,
'prévoyant bien qu'après dix ans, il ne leur
feroit plus poffible de fe procurer aucune
notion fur toutes les circonftances de cette
, affaire. Comment la Darne Boyer peut-eHe
prétendre que cette circonftance doit rendre
fqn fyftéme plus favorable ? Qui ne voit au
contraire qu'il n'en peut réfulter qu'un nouveau motif de réprobation? Et en effet, quand
le iieur Boyer remit fon bilan, il avoit un
aélif quelconque. Ce fut fl!r cet aélif qu'il
s'arrangea pour le paiement des fommes qui
furent promifes lors du concordat aux créanciers chirographaires? Que font donc devenues toutes les .re1Tources qu'il avoit pour
faire ce paiement? D'où vient que d'après
les arrangemens intérieurs du gendre & du
.'
)
1.7
·beau-pere , le premier n'a pas payé un fol
&: que tous les paiemens font repréfenté;
c?mme ayant été faits des mains & des defll~rS du beau-pere? Pel~t-oll t.rouver mauvaIS que dan.s les circonil:ances où [e trouvent les h01rs Douet & Conqueret
ils
tous leurs efforts pour fe ro il: .' à
1"farrent
'fi',
II U raIre
, e y1Q~lOn '9~ on veut leur faire fouffrir, &
qUI n eft eVIdemment que la fuite & 'l'effet
d'une fpéculation & d'un complot de famille?
Il eft donc hors de tout doute que rien n'eft
plus refpeé!able en pril:lcipe que la regle
qu'e nous 1l1voquons, quant à ce qui concerne le trouifeau , tout comme rien n'eft
plus favorable par le fait & fes circonftances
'que l'application que nous en faifons à la
caufe..
Il eft telnps d'en venir aux queitions concernant la <lonation de 50000 liv. portée
dans le contrat de mariage de la Dame
Boyer. Rien n'eil: plus extraordinaire que
cette donation accolée à une collfritution de
dot de 6000 liv. Rien n'eft moins proportionné
à l'état & à la iituation des parties que cette
dDnation. Le iieur Boyer, en époufant la.
D Ile. Creps , avoit l'air de faire en quelque
maniere fa fortune. Le don de 50000 liv.
en filS de celui de fa main, ne peut .que
. donner beaucoup à penfer ; mais les pattes
particuliers à cette donation fOllt en.core plus
'étollnans. Le mari donne 50000 liv. fans les
donner en effet. Si la femme meurt avant lui,
il ne donne rien. Si (es ellfans vie,n uent à
•
�,/
28
mourir fans enfans avant leur pere , le der~
nier ne donne rien non plus. La femme ne
peut difRofer de la donation qu'entre fes
enfans du préfent mariage. C'eft cette donation dont la Dame Boyer veut jouir aujourd'hui au préjudice des créanciers légitimes de
fon mari.
.
Son fyftéme eft très-court & très-fimple
dans fa fubftance. Rien n'empéchoit " dit-elle,
mon mari de me donner 50000 liv. ou de
me faire telle autre libéralité qui pouvoit étre
entre nous accordée lors de notre mariage.
C'eft fous cette loi, c'eft à cette condition
que le mariage a été contra8:é. Sans elle il
n'auroit pas eu lieu. Mon mari n'a donc fait
qu'ufer de fon droit en me donnant cette
fomme. Il me l'a donnée à titre de donation
irrévocable, pour en jouir dans le cas de
droit; il a li bien entendu me donner hic
& nunc , qu'indépendamment de ce qu'il a
déclaré par exprès l'irrévocabilité, il a dit
de plus qu'advenant la mort de la femme
fans enfans , ou du prédécès des enfans
avant la mort du pere, la. donation lui feroit
retour audit cas en entier. Or le retour ne
fuppofe-t-il pas la validité du titre? N'eft-il
pas réfolutif de la donation précédente?
N'eft-il pas néceffaire de conclure dès-lors
que la donation doit avoir fon effet, en attendant les temps ou les événeme.ns qui font
marqués dans le titre à l'effet de la réfoudre ? Et peut-on imaginer la réfolution d'un
titre, fans fuppofer qlie ce titre a précéde~~
ment
•
.
29
ment exifté? Le retour
.
"
, plénitude & la réalité
,en ,;~1tIer [uppo[e la
nation qui fait retour. preexl antes de la doToutes ces ' 'fi '
Elles Ont meme\~n:~~Ol:S, fOl~t ~rès.fpéc!eu[es,
, ne font pas faites r all1 e JU effe. MalS elles
, cl
'
pour le cas aa 1 S
Oute le fIeur Boyer" '1
,ue, ans
,
etoit e maUre d d
& l'r'aI're re'doJO'ere d011. 1ner.' Il pouvoit écrire
.
. e tItre une donation a&uelle & b • 'fc ans
de
l'
pl e ente
~ ; IO?,QOO IV, Ses créaQciers dans ce
11 auroIent eu rien à dire 0
1
d' c~s
'.
li
. Il eur Irolt
· ave~ raI on :. ~ourqu?i contraétiez-vous avec
un ,~~me qu:.1. s'étolt déja lié d'une tnaniere
'tnanlIelle & , bl'
.
.• .
pu lque pour une donation
: importante? Mais ce n'efi: pas notre cas S'
~ Juelques ,mots pincés dans ' le titre pel1;en:
· ,onuer a. ent~ndre que la donation étoit
~a,auelle . &. plelllere l0rs du Contrat de ma~
·nage, le fond~ & ,la, hlbfrance du titre prouvent au contraIre eVIdemment que la D
Bd"
ame
oyer ne .evolt en ~ouir qu'après la mort
,de [on, m~n. Or faut-Il en croire à' quelques
mot~ equlV,oques , & qui ne préfentent que
de iu,nples ,mduaions , ou au fonds & à la
..fl1o~ance- évidente du ti'~re ? N'dt-ce pas
t~uJours à l'intention évidente des Par'he.s q~l'il faut recoùrir, & :île faut-il pas s'y
'4xe r, quand on efr sûr 'de l'avoir trouvé
-& fur- out quand il s'agit de c011ferver le;
'ciro 't du tiers, & de ,les préferver de tout
préjudice? "
.
L es termes du titre [ont 1es fignes de l'interition; & quand cette intention efr d'ail-
H
�jO
leurs m~llifeft~e , fqit ~ar e fait, Joit ]ar
le fç>n<;I.s ~ ,~â -f~~~~nce ', du titre ·lpi-m~Ille. ,
ne ' doit-elle pas l'emp,<;>rter {Hr se 'i1\1e ~es
termes peuvent p~~enter rd~~,q~ivqq\le ou
.
d'obfcur' ?
bans Je ,cas pré[~\I?-t .il n'(~to~~ ~a1pai~ ~l~
tré d~ns -l'inteWioN .9~5 part :5 ,qt\e J.a .~O~t;
tiol? {ût payée hic !! lfunc. ~l ,tel\e ,av~l.t Il-,~e
lle~lr volont,é, l'a~e n'ept Jj>als !11attq\\e d ~nO!l
'q~r le FaieIl]-ent' de 13- do,n~9~· J.:.~ p'~e
Boyér If !;el}ti le co,up ~~ l'o~J~a!?;J} .&.I~
ç.ol)fé<l.~ences ,qtJÏ d~vo~e~! $'tW ~11Û~ rf~· EHf
4~iq~'~ la. ~,éri~é, ~e c0P..tt~F Re F~Rfer~9}t
pOf~lt de trarutlol1 ree!le ; ffiMs Hpe pa 1}?·n.
17 aS r.qrdQp'11~1~e d~ ~1 ~ l , fe§ peR~t!().~.s
f.ait es ~n -~PPttHt die m~r:1~ge? ~~f!1.e 'R~r J~s
coJI;atFfafP' ~ !l'~:VQI~pt B~~ 9~fQ1ll de ~P~~~4
tiqn ; que la JOI 35 ,9· $ ~ f~1. d~ dgngt. ~
le 9.~ 2 'infl· ~od. n'eligen! mûm è-e !~'!di
tion; qu'k~ p'ai11e~lrs FqlJt~ P:fldit!8ll ~ut ~té
très-i l1lftile, l~ co 14-itut!Q.p. .. éta!l~ g~n~rale ,
~ la femme n~ p'o.pV~l}t par S0!1f~qp~q~ r~Jl
EQffép~r ~~t.rç dote~ !~t . gH~ J~ ~a~i~g~
ru~im~roit.
.
Il( faut
écarter c~tte
dernjere
circollftanç~,
,i...
.. •
...... " 1.....
....... __ . '
qui felqif l1êan,~oil 5 ~'~~fq~l!~ né~eiij~~ P.9.!l!
a
...~
~çm'1~.r guë\q~! ~o~Il~lt~ ~ fyft~llJe
çe
Ijl
n~le. Boyer; c,\r ~ la cpnft.it\1tiQ?- r~nf~~1l1ee a~ns ~~n ,:ontr~t d;~ ~,!ri~~ ~to,i~ g~
ll~r,~le ~ ell~ B9Ut.r~~t dlr~ ~v~c q~.~~qu~ COtl~
leur qu'il -étolt inutile de payer 1:a d.on~!i~\l
10r~ dt,1 contra~, pp' [q\\e ~'~ta~~ confti.~uée
tous, fe~ bjens, fOll' ~_ar.i d~yo' t ioui[ ~t~ 1,
. 31
.dOiUa;tton. tm, fotoc; -cl~ pa~e conftitutif de là \
,dot. M:al~ eUe 11 a;VQIt pas biel~ tlu (on titre
quand eUe a ,v.oldu donner â
.J
.,
la '
,entenUlre que
L co . It~tIon .<i}t1:U s y ltro~lve étoit gélQéraie.
e l'cQn<tr;t.t , e!D d~te du 24 -mai 17 6 1 ne
renIelit:ne rt' t e _Il"
,
l''(~ \l .a~ r . POI1'l~liltutlOn que oeMe des
6000 hv. q\H lw fu.rent promifes & donlllées
~l nom du ,per~, IÎmput'aibles premiéreœent
i" le~ Q,r-Olts ma-teJfl~eJs qui [e trouvaient
~chus, &: ~e ~eilan.t [ur ceux qu'elle aur.oit
a prençI·re <l. 1avenIr dans la [ucœŒo11 paten)elle. On tro~ve dans ce titre que le Sr.
~oyer î~ çha~gea du troufreau pour 2000
l&lV. , ~ 1Ç>~l f<J.lt que ce troufreau valoit deux
tro~s, fOl~ l~ fomme à laquelle il avoit
.été ~x~ ~11~ le contrat; mais l'on clIer.c~e~o1t ~~ v<lin dans ce titre la cOllHitutioll
generaI~ ~R~ la Dame Boyer prétend y trou_
ver. L~ pere Y ~gtle en dot la [omme de
.6000 liv. qu~ l~ fleur Boyer confeife avoir
~eçu.es tOJlt préfentement, defquelles 6000
hv. Il y ~n aura deux mille pour le trouf[equ, lilJge & habillement, baglles & joyaux
qu~ le !l~ur Boyer q. fournis ou fournira à
faclit~ époufe. Tels fout les termes & les
pa8:es du contrat, Le iieux Boyer reconnoÎt
na··
.,
•
en corifèquence la Jamme reçue for tous fis biens'
pr-f.(elil s &. avenir, pour les rendre à elle ou aux
jien s au {~m.ps & au cas de droit. L'hypo-
!~eque de la dot eft générale fur tous les
~i~~lS du~ mari. Mais ce. qu'on vient d'en dire
lIe co.pa-itu@ p~~ la dQtt générale fifr tous les
bie:p$. d~ la. femme. Si pettdant le ~a..viage il
�p.
fût furvenu quelque . fucceffion à la Dame
Boyer , le mari de cette demiere auroit-il
eu droit d'en jouir? Point du tout. Son époufe,
,comme de raifon, en auroit confervé la
poffeffion. Elle auroit dit: ma confritution
ne tombe que fur les 6000 liv. Tous mes
autres biens font extras-dotaux.
D'où vient donc qu'en .donnant 50000 1.
à fan époufe, le fieur Boyer ne les lui tranfporta pas dans fan contrat de mariage? d'où
vient qu'on s'y contente d'un pa8:e tout nud
portant donation pure , fimple & irrévocable en faveyr de la future époufe & des
enfans à naître, falis payer cette fomme, &
fans livrer ou indiquer les valeurs qui devaient
fervir à l'acquitter? Il faut qu'ici la Dame
Boyer nous réponde. Il n'eft plus temps de
nous dire que tous fes biens étoient frappés
d'une totalité générale, & que dès-lors il
était inutile de s'arranger & de paé1ifer pour
le paiement des 50000 liv. données. Il faut
nous donner une autre folution, & fi la Dame
Boyer ne veut pas nous répondre, nous la
donnerons pour elle, & nqu~ dirons que fi
les 50000 liv. de la donation ne furent point
payées lors du contrat " c'eft'parce que l'intention des parties était que le fieur Boyer
ne s'en dépouillerait jamais, & qu'il eri,
aurait l'ufufruit pendal1t fa vie. Delà vient
que la donation ne devait avoir aucun effet
fuivant le titre, dans le ca! de prédécés de la
Dame Boyer fans enfans, ou de fes enfans
fans , enfans ; par où il eft de toute clarté que
l'intention
J
Jjye:'
l'intention du fié\lr
e'to 't b' - l'
é'd
r
rell carre
ren VI ente, à l'effet de ne fe d '
'Il '
des 00
r
d
epour et
5 00 IV.. années qu'à l'époque de la
mo~. La dOnatIOn eft dès-lors veuvagere &
en laveur des enfans mais n'Oll l
a~ue1.
'
(tl temps
& b'
1
Si le lendemain du COllrrat de m'
1
DB'"
anage a
, ame .oyer eut prrs les voies de juitice ,
fo~ man" fe trouvant enCore fur pied, &
,~u elle eut deman?é le paiement de la donatIOn
5 0 000 lrv., ce dernier n'auroit-il
,pas dIt avec fuccès:. notre intention n'a pas
été· q~1e :e.tte donatIOn fût payée pendant
·ma VIe: J. al donné purement & iimplement
le drOIt. -Irrévocable à ma femme dé demander un JOu~ les 50?OO liv. ; mais nos paé1:es
conformes a notre intention n'ont pas été
que la fomme fût payée pendant le maria.
ge ~ tant q~e je vivrbis. Si notre intention
e~t eté 9ue }e me fuffe dépouillé, nous l'aur~on~ faIt lors de l'aé1:e. Cela n'eft pas arnvé. La Dame Boyer n'a point formé de
:deman~e tant que [on mari a reité [ur pied.
,E lle a reconnu ' par -là qu'elle n'avoit rien à
·p,rétendre'. fut la donatioli tant que [on mari
·VlvrOlt.
Auffi ~iént~ell,e aujourd'hui ,nous 'dire qu'il
faut la farre JOUIr de la donatIOn ' depUis le
~emps .du jugement qui la [épar~ de biens
d'avec fan mari. Elle en avoit fait -liquider
les intérêts qui 011t été refranchés pour dix
ans au profit des lieurs Coilqucret. Mais toujours eft-il vrai qu'elle ne faifoit commencer
?es
1
�' J4
l'ouverture de Jon drpit qlnr l'époque du jugement qui lui avoit permis de répéter fa
dot & droits. 0,1'" , ~e fyll:eme qui eut été
conféquent dans te r cas ..d'U1}e dot~1ifé généraie, ne l'eil: pas du tout dans l'hypothefe
aB:uelle, où la Dame Boyer n'avoit .qu'Ull~ .
conftitution particuliere de 6000- liv.", 8t où
elle auroit eu droit à la jou~ffance de la <to:.
njttion de 50000 liv. depws l'époque de
fon' contrat de mari~ge, s'il fût entré da~s
l'idée & l'intention des parties lors dudlt
contrat, de confommer: alors: le patte & de
l'exécuter de fuite. En ne d'emand~nt les intérêt§ qUë. du Jour du titre qui lui permettoit de répéter fa dot', 14 DaJti(;! "B~yer ne
convenoit-elle pas bien o~ver#ement que fa
~onation n'ayoit . pas é'té faite; d.àl\S, l'idee.de
lui donner effet à è<:>mflte·r tht ;00'1'" du titre?
me contrat' <J.Ue
Et quand on vojt dans le
non content de ne pas' }l~yet.:la -donatf0tl
hic & nunc ', k m~ri ne ,prend pas ' t~tme pou\!"
la pàyer en quelqJxe temps que :ce~uiffe être "
& que lôutes les c1aufes du ti.tre indiquent
qu~ fa femme ou, fes ;enfans . n'en · de·v oienl
jouir qu'après lui, n_~ fauc!lra-t:-il pas C<:>lldure que l'intention évidente des parties
,(!toit . que la dOnàtiQll he férQit que weuvagere pour la femme, & que, les enfans à
naître du mariage ne devoient én profiter
(}u'après fa mdrt?
'
Auffi la 'fomme efl:~elle à prendre, fuivant
le titre, fllr . les bieh's · du donant, pour en
jouir par la femtne dans tous les ca-s de druit.;
m:ê
.
35
malS av~c la condition, fine quà non, qu'il n1y
aura pOlllt de donation fi la femme prédéçede , ou f~s enfans~ fans enfans. Il faut donc
r.enoncer (l'év.idence, ou convenir que le
lleur Boyer aVOIt voulu f~ réferver l'llfufruit
de cett~ donation ~m,portante ~ l~gére1l?ent
cOllfentl~ dans le ç011trat çle m;lriaO'e.
. Rien n'~toit d91H: Dhl~ inutile. qll~ de veml'" nous dlr~ que ~~, traqitiO)l l)' eft point de
l'eirence des dona,tioJ $ faites en Contrat de
mariage J &: d~ 1l0ij§ cit~r Jà-defrus les text~s
du droit roro.3il~ qui font ~œe,Z clairs [ur les
donations en génér'!l, ~ l'4'rt. ;7 de la Dédaration ~e J:7p: q»i p.;arl~ à l~ Y~rité des
rlonatl0ns Jaite~ ~!1 q,01}Wil} 9,e najl.f!~g~, ma~
.dans le quel il .cQ'~ft , !1\l»et\\~~ q~~fr,,ion d.e
tradition; car nO;lJ.$_,~&~ÏdJ9ns P.,!$ .d-l:' défal~t
.de palè1lW!$t & de 1lj<J.!:Y:Gi~ ,p<i>ur en .Jl.1d\lire
;que la }lonaû_OP ~fr ~1(wJ~, }.)u!(q\\e no\)s n'en
tletnandoo$ lP.a:$ bl c!lf.\~l. ~a qu,eftion que
inous q)'réJ(entpus, _co~ltiJ):e·..tê!1t f~~IJ~J)1~\lt .à faire
1ixer la'Y.érit~lt! . !n(ljtJ!l;e .~~ la :lil~éralité dOl~t
il s'agi.t: :.Ù.evQlt-.d le '-:tlt:e j)ay~ t.o\I.t :qe .(~l\te,
.ou feùketIieu.t .à lac :.~ft . ~u ~r:i1 Voilà
notte :qu.e.ftion. Si,,~QlrueIJWJls Jelopt~\1ons "
.la clonatio.n ,(lO}lt li1.i?git j !le .4.e..yoit ê~re ,pa~ée . qu~ :la' flUort ~!1 rfWlti, ,l.e~ ~r~s .~n . regxès 'ex.er<ltl:e,s .par hl ~Dtj.me ;B!'ly~r ét~lent
:dOlic prématut'é~,s.~ i ~ . If! ' :S51~tef!.ce :9:BI 1e~
~.djuge . en :c,Q1~féq\l_e!J1mel~t Jm~fte.
_ Mettons donç à l',~q~rt 'le f.alt , ~e ~a nOll
-tradition., .quant à ._c~ ~<p.lÎ smlc~r.ne )avali~ité DU l'invalidité de la -dol}atJon. P-;artons
\
.... . .
�~6
è:le ce fait prouvé par' l'aéle, & 110n Contefté
par la Dame Boyer elle-mtme , pour en induire qu'il efi: manifefi:e & même littéral que
la Dame Boyer ne fut pas inveftie de la
donation à l'effet d'en jouir tout de fuite &
incontinent après le contrat. Telle n'étoit
pas l'intention des pàrtiês , & nous demandons dès-lors quel étoit le temps, fllivant
l'efprit du titre où la jO,uiffance de la Dame
Boyer devoit commencer.
~ '
Elle nous répondra fans dQute- que cette
jouiifance devoit prendr~ fon 'commencement
dans tous les cas de droit; que (,ela fe trouve
dit ainii dans le titre, &. que par conféquent
elle devoit commencer ' à jouir au-temps, foit
de la mort de fon mari r .foit 'de -la colloca..
tion pour caufe de v-ergelice. . - ~
Nous ne lui conùi-ftôrs trie?_' fur le, pre ..
mier cas. Si la dOltàtÏon 'eft valable ( & nous
voulons bien confent~r~ à) œ qu'eUe' la foit)
elle devoit avoir fon ~ffet à la mort du mari
donateur, qui très-évidemment. n'avoit pas
voulu confen tir à fe dépouiller de , fon vi~
vant; mais nous fommes bien éloignés d'admettre que la Dame Boyer dût co.mmencer
à jouir au bénéfice d'une procédure en vergence. Nous préfentons là-deffus des raifons
d'une ' force à laquelle il eft impoffible de
réiifter. D'abord li l'intention du mari 'étoit
de garder la jouiffance pendant fa vie, comme
il n'eft pas permis d-'en douter, le cas de
vergence arrivant, cet ufufruit ' devoit pro..
fiter à fes créanciers ,- & .10n ;.à fa femme,
donataire
~7
donataire à la vérité, mais donataire fous la
réferve d'ufufruit; réferve qui fort avec évidence de la fubitance & de la teneur du
titre. D:autre pan, on oppofe inutilement
que le tItre porte que la femme jouira dans
tous les cas de droit en fonds & fruits, ainii
que de la dot. Le cas de vergence dt un
'cas d'affurance, & non de reftitution & de
p'ai~men~. Il f~ut ~i:n remarquer que la dbnatIon n eft pomt ICI un patte acceffoire de
ta dot. C'eft une eipece de gain de furvie
attaché à la perfonne de la femme & des
enfans à nahre du mariage. Si la femme &
les enfans prédécedent, la donation difpa-r oÎt ,; & va~neme?t veut-otl prendre ,p ied fur
le tItre; pour dire que la donation eft pure
~ fimple, & irrévocable, & que le prédétes ,de la femme & des enfans en doit
opérer le retour, & non l!anéanüffe'm ent:
~ar fi l'on veut bien y prendre garde, & fi
ft' l'on eft de bonne foi, on conviendra que
çes daufes du titre d'où la' Dame Boyer
~mprunte fôute la force dé fon fyftéme, peu:v.enf convenir'également-à une donation prife
dans le fens que nous cloùnons à celle dont
il s'agit au: p rocès.
'
, , ~t en effet ? cette donation n'en fera pas
m01l1s ptife-, ilmple & irrévocable. ~e -droit
n'en ' fera pas moins acquis hic & nunc, quoique l'exéèution en foit retardée, & : que la
jourtfance -de la: chofe donnée foit fubordonllée- au déCès du donateur. Ce droit de jouir
après le ' décès, n'en ferâ' pas moitis acquis
<
K
/
�38
purement, fimplemen~ & d'une' ma~niere it"~
révocable à la donat~ire. D'un autre cÔté,
ce droit acquis à la femme fera tlranfmiffible
à fes enfans, qui le recueiUir-Ollt après eUe;
& ce droit à la donation, joint à celui-d'en
demander la jouirrance après la mort du donateur, fera retour à Ge derl~i_er, palt" lé, prédécès defdits enfa)lS, donatau:es comme leur
mere.
Ainfi tous les termes du tItre ' fe venfient dans l'exaB:itude & la pr~ciiié>'11 la plu~
iégale" en dOlplan: au ti~r~' le fe1).s que ~OtlS
lui donnons, & qUi eft d aIlleurs le feul con..
forme à l'intention des parties, Là don:}tion €fÎ: irrévocable, parce qu'~l1e p.6rte .Ir...
révocablement le droit de jouir après l~
mort du donant. Le droit qui PàITe filé'çef.:..
fivement de la t~te de la mefe li celle ·de
[es enfans ' . péri~ ou f~it r~tour _au dOllaht j
par le prédécès _~e la ~ere .&. des. enf:ns.
Ain{i la Dame Boyer nilurOlt Jâmals du fè
fervir &. fe prévaloir des termes du titre ,
pour en conclure que la donation avoit pris
alors fan entiere & pleihe €onfiftance. Il
faut au contraire p'enfer & décider que ce
titre ne devoit avoir fon éffet -qu'après la
mort du fieur Boyer donateur.
On a fouvent douté fut le point de iâ.voir,
les d'Onations faités en contrat de
mariage par l'un en fayeur de l'aùtre des deux
conjoints, doivent ~ avoir lieu dàns le moment, comme abfolument püres & iimples,.
ou .s'il faut en renvoyer
l'exécutîoll à la mort
.
' . T
ir
•
'j9
du donant, & fi elles font ' cel1fées faites
in .cafom .{upervitœ. Cette quefrion eH trai~
tée par .Furgole des donat. queii. 49-, nO.,
2.4 ~ fUIVant._Il.la réfout., en 0bf:ervant que
Brue, dans le Jll1'lgt..tjuameme de fis Arrêts
flutiem que c'efi une décifzon reçue au .Palais '
& fondée for le t€Xt~ d~ la Loi Si l'iberis 18:
~od. de Donat. a~lte ll.1l1ptias, que les dona • .
lIOns faites entre conjoints en comrat de maria{5e , . quoiqllelles flient dites & qualifiées
entre-vifs, font ce.njées avoir été faù€s in cafum fupervitœ; de forte 'pœ les biens dtmnés- .
retournent au donateur pal" le prédécès du don'!taÎre, qUf!nd il a laifTé des enf(.llils . .Bechet,
dans fon Traité du droit de rév ertio Il , ch.
1 5 , efl du même aJ.!ls; & Belordeau, dans [es
Obfervatiollsforen[es, liv. 1, part. 5, art.
l , rapporte lin Ardt du Parlement de. Bre.t~
gne du 6 Avril 1617, qui l'a jugé de- même ;,
par la raifln
que dans ces flrte~ de donations ,
en confidere uniquement la perfonne du donataire, & que la condition de fitrJlie efi flusentendue, tacito juris inteJleau. On pe?lt encore ajouter les Autorités .& les réflexions de
Mt. de CambolaJ, liv. .4 ~ chap. 31 ; &. ce que
M. E xpilly . & Barret, au.~ endrolts Ci-deiJus
cités, Ont dit au /ùjet des ha{5ues & jgyaux,
comme pOllv.ant s'appliquer aux autres libéra_
lités. Je' ne pade pas de la Loi à marito 18,
C o-d. de Donat. inter vir. & UK{)Y; ni de
la loi cum alie11\am 10, Cod. de Legat. for
laquelle certailzs Auteurs Ont fondé le dr-oit de
retour au - profit des mariés qui Je font faits
�d
4°
libéralités dans leur comrat de mariage,
p:~ce que la premiere .~e parle que d'une. do'on l'aite entre marzes, conftante rnatnmona t 1 J' ll
, & d
'0
qui e révocable à volonte,
emeure
111,
:J •
d
'
&
l' aucaduque par le prédécès du on~tazre;
,n traIJ éloignée pour pouvozr y fonder le
tre e:J •
r
l
., d l
droit de retour, qui eft c~mtre a nature e a
.
L . 1, ff.. de Donat
entre -Vl:I'.S
J"
, .......
•
d onatwn
Cette derniere opinion nous p~ro,ît plus eq.uztable & plus conforme à l'~fPnt de l~ ~Ol Ro.
'ne' & à bien examzner la Loz 6, Cod.
mal ,
lIA
de Donat. ante nuptias, à laquel e . es uteurs n'om pas fait attemion '. elle déCIde nettement la difficulté; c'eft-à-dlr~, ~ue les donations Jimples faites entre fiances avan~ la
célébration du mariage, font valables, a la
différerz.ce de celles qui font faite.s entre ma., ' conftante rnatrirnonio , _parce
'd qu'elles
.
,
rzes,
doivent être conJidérées comme de.s .onat,wns a,
caufe de nôces; & comme les donatl~ns a caufe
de nôces renferment la condition taczte de fur.
'l en doit donc être de même des donaVIe , I
.
, li
l
tions fimples entre fiancés, pui/qu e es va ent
de la même maniere.
.
La tendance des principes eft ~onc à regarder comme fimple don de ,furvle tous les
avantages qui font ftipulés dans I.e contr~t
de mariage. Ici le texte fur lequel li fa~t r~~
fonner renforce la regle du droit,. pUIfqu ~l
eft clair que le. dQnant n'entend pOIll~ fe depouiller que le donataire n'entend pOIllt être
invefti dans le moment. Il ,eft évident par
l'enfemble des pattes que. le iieur Boyer n?
.
devort
4!
?evoit pas fe dépouiller de tOll vÎva!lt! or
Il .ne 110~S f~ut rien de plus. Le principe une
fOlS admIs, Il devient hors dë doute que la
Dame !J0yer & fes enfans -ne peuvent point
ac:quénr pendant la vie du donateur . le
droit de jouir au préjudice du tiers.
'
, Ic~ la ~onation étoit in cafom fupervÏtœ
uxorts & lzberorum; mais le pere donateur
vivant , ;le~ e?fans ne peuvent pas plus prétendre a JOUIr que leur mere. La jouiffance
ne peut commencer qu'à la mort du donateur, qui 11~ s'étoit pas ,fournis à [e dépouiller de fOll vIvant, & qUI par cette feule raifon étoit cenfé avoir voulu conferver le droit
de jouir pendant toute [a vie. Ici le D'ain
dont il s'agit eil tellement 'de furvie d'~~rès
le texte, que fi l'on examine ' fa teneur fllbftantielle, fans s'arr~ter à ce que les termes
dans lefquels elle eft conçue, peuvent pré[enter de louche & d'équivoque, on y trouvera, qu'en cas de prédecès de la femme &
des enfans , toute donation doit ceffer. Dèsfors 011 n'a befoin que de lier ce cas de fllrvie littéralement prévu dans le contrat, avec
le iilence du même titre , [ur le temps où
la donation doit être payée, avec l'i~tention
évidente où les parties. étoient de ne pas les
payer hz'c & nunc; & de tous ces faits réunis
& médités, il s'eil enhlÏvra cette conféquence
infurmolltable, que la donation ne de voit étre
payée qu'à la mort du donateur. Ûu1'a déja
~lit, & on ne peut ceffer d'y revenir, que la
c1aufe portant que la donation fera retour
"
L
/
�4'Z.
et} cas de. prédécè:s de. la fèmme. ~ dès e~~
fans, n'indiqae pas. l~ n~ceffité 'dqn~ ~xe;-,
cédente exécutioo. ~e. n~ ~on:t }!>.~s le~ ~l~ns;
de la donation qll1 ' devo~~nt f~J.Jl\e, :~Qttr. ,~
puifque le donateur dev.Olt el} être, lnv.efb;
jufqu'à fa mort, m~is felll~1!:lent ~e dro~ ~q~
demander la dQnatlon.; drQItt qUll n.e )~~u
voit être réalif-é , foit par· la femm~ , [Ott par:
les enfans , que dans le cas de. ftU-Vle_.
.'
, Et qu'on ne dife pa.s, qll(f. lfu.rgole. ~ dit
un Feu plus bas, que, ta d~»:atlQn .étQJ:t ~b.J
iOlue , & non depe.l~dante dll cas~ de furv,te_~
quand elle, étoit faine pJ}.ur en , difpQ~er tal1.t
en la vie qu'en la mort?, ou a:.ux ,plal~rs ,d.ll
dônataire~ Sans doute: cet Aute'UJ:: ~a dIt pans
cette hypothefe ; mais peut":(1)-11 la ~o..n(~UfIlte
avec la nôtre? La femme. ntaç~.ert· l"cJj le
droit de difpofer que. pour ca.liIfe de ~orlI
entre fes enfans ,. par portiollt,s -égales. ou l?é."
gales. Elle n'a ce., droit ~u'ell cas de, furv,le.;
tant d'elle que de fes enfans. C'e4.f a ce fa»lt
effentiel de la [urvie que font attachées la force
& la proroga!tÎQll de la -donation , . tant fur
la tête. de. la femme que. fiul' cene. de fes t:!~ ..
fans. Le droit de ~o:uib' ne p.eut donc s'o,uvrll~
en leur faveur, que pa~ le prédécès du man
ou du pere. donateur.
. ... .
Aïnli tombe & s'évanouit l'obJeéhen prm.
cipale & même unique de la Darne. Boyer.
Forcée de convenir en quelqtl~ mamere que
la fuhfral1ce de fon titre ne porte que fur un,
don de furvie fur une libéralité €lui ne devoit avoir lieu ,qu'en cas de pré d"eces du p,ere
donateur, elle fe prévaut de la daufe por-
- 'Il'
4 i.
~al1f q? e e Jouira en fonds & fruits dans
~~us les ca$"de dro' i :. f~llS. s' app~œvQ.ir que
.~~
ye-:gence l}'eiÇ. pa~ ~,q.r ç~as de., drpiF 'pour
~ut;(},nf~r l~ fe,mme .à jpuü: d'~l çpn d~ furvie,
au préJudl.ee qJ.l t;lers.
.
. La proçéam·.~ en v.t:rgel}C~ eft. établie ppur
~f,nm:t:' l~ d.o~ & le$, drOits· de la f~mme avec'
~e~te, dtffé}'~n~e néanmpjl~~ que la fumme
~o.uh f~ l~, dQ~, & q~e. l~s dons d~ [urvie' &.
autr.e~ _S'aJ.tJ.~ matrimonialpf, ne font affurés
9;U1~ paf qfflet,~e , pour: .el) jouir p~r la femPl,e J. le C11$' <Je, drQii ou dtf pré-~.cès arri:.~
vant.
.
,, '
. - InutiJe~eJlt'l1ous dkt~ol1 que la. f€rnme, elJ
ças ~e . d~cadence. de, fO~l ~ari. 8ç de procé~
dure ?~ vellg-ellce, dp~~J~~r des 9iens, de l'l~1,on,a~10):). .m.ê~ a~ pr~J.u.çhce d~s créancier,s,
~Ol~~ ç~t:nme le. pere perd ./flffufruir 1jlém,e ~u
p~eJud!çe d~ tlers., lor[qq'il en ab,u{e à l'en:
cOl}tl!e de fes el)fans. !.-~s; dcl,1x cas ne
pas les m~ri,l,es. Il f.'lut des fa4t~s J graves Bi:
Jqurdes, Gle,s ,tra,its de d,i1Iip~tionJ [outen~ &
e:x;cejlifs, q.~À\çl il s'~it de. l?r~ver un p~re
de fO,l"1 drGlti d'.u~u,iJ;l~lt.. ~lors la difp9 fitio l1
c:.Q; penale; l~ loJ. pnve le. pere de toute ad.
IV.iniftratioll, de to.u~e j.ou.ÏJffa,t1Çe , . ~ le dx~ït
plein ~ en~ier ef~ ûr.a.n[pp,.~ç au~ ellfal-l§, qU'j
çql~fohdel~t leurs dJ;o.Lts fonqers avec l'ü[ufnüt
Q01lt le p'.er~ e-ft privé dans Ce c;;r~. Alors ~
..d~J),$ cette hypothefe, les crç~J.1ciers n'ont
p~s à fe p.l~~ndre de
que lt:s eufans [o~t
entrés d~ns le <troit <Je. jouir e\1 force du
délit, ou du quafi. délit de' leu,r pere. C'efl:
[ont
çe
�44
ce qui a été jugé dans la caufe du fleur, Sica rd du Bauffet, contre les créanciers de fon'
pere. Le fieur Sicard difoit avec raifon: fi'
mon pere avoit été condamné 'a quelque'
peine emportant mort civile, fon ufl~fntit'
auroit fini, & les droits des créanciers 'n'auroient pas pû le faire revivre. Il ajoutait qùe
par parité de raifon, le droit d'adininiftrer
& de ' jouir avoit été~ p~rdu po?r lé- pere "
dès qu'il avoit encouru par fon fait la peine
de la privation. La décheance ~e ' l'ufufru!t
en cas de diffipation & de mauvaife )conduite
du pere, _eft une peine. Elle fuppo[e 'dans
ce dernier, une violation abfolue-de tous fes
devoirs quant au gouvernement des biens
dont la loi lui donne l'a garde & l'ufufrl;1it ;
mais en dt-il de méme dalis le cas de la
femme qui fe colloque pour caufe de ver.gence ? Point du tout. Cette derniere peut
affurer fa dot & tous fes droits, non à raifon de la faute, mais ob infortunéum mariti.
Tels font les propres termes de la loi. Un
pere qui ' ne feroit que. malheureux ,ne fe-r oit jamais déchu du droit d'ufufruit. Qui
pourroit avoir le courage , d'ajouter une peine
'à fon infortune? Par contraire on affure la
,dot & droits, même à ,l'encontre d'un_ mari
à qui l'on n'a nulle efpece d'inconduite & de
diffipation . à reprocher. Ainli. l'on voit que
les deux cas font bien différens dans leurs
principe,s. ' Pouvoient-ils manquer de l'être
auffi dans les ' effets que la loi leur donne?
La déchéance prive le - pere fans retour de
tout
~
,
1
d .
45
tout ,roIt d'ufufr<t.lÏt. La vergence met [eule
ment zn tlito la dot & les drOI't d 1 fc
EH
r: •
s e a emme
e . ne laIt pas naître au profit d
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derlllere le droit de fe payer h \ e& cette
. de to 1 d '
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nunc
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es
rOIts
de
furvie
&
des
l'b'
l' "
d t 1" ,
, 1 era Ites
d
on
evenement et1: attaché aLl pre'd"
'
eces u
m . A ffi
,an.
u 1 le tItre qui réfulte de la ro
ce~ure en ~e~gence, n'eft-il qu'un titre p ré~
~aIre , ,pr,ovIfoI~e & réfoluble pour le ca~ où
; man viendroit à rentrer dans un meilleur
etat de fortune.
De ces principes incontet1:aLles naiirent
une &foule de conféquences toutes plus funer
tes
plu·
1s meurtneres pour la caufe de 1
DaI?e ,B~yer. Elle veut attache~ le droi:
,?e .JOUIr a fa pro~édure, en, vergen~e; c'eil:_a-dIre que le man auroit été obi' " d l '
d
'
~e
e UI
00
, onner 5 00 hv. P9ur reprendre, lq. même
Jomme en cas de retour -en meilleure for •
tune. Le fyil:ême, de ce circuit peut-il être
,p;opofable? 2°. SI dans le fait le iieür Boyer
11 a entendu donner qu'un titre de fUfvie ou
·rubordont'lé à fon prédécès , comme il' eil:
Jmpoffible d'en douter, la procédure en verg ence aura-t~eIIe privé, le mari & fes ayant-'
.c~u[e du drQIt d'ufufruit qu'il s'étoit -réîervé?
;3 . E t finalement quand 011 a dit dans l'ade
que la Dame Boyer jouiroit de La donation
~el1 fonds & en fruits dans le cas de droit '
.~-t-Oll entendu & pu e,ntendre autre chofe:
il ce n'et1: que cette d01lation feroit réo'ie
,par les mêmes regles qui régiiIènt les aV~l
tages matrimo,lliaux) c' eil:-à-dire qu~ la fem-
M
�46
me s'y colloqueroit par affiette en ~as de
vergence, qui n'eft pas un cas de d:oIt I:0ur
ce qui concerne le~ ~v~ntages m~tnmolllaux
fubordonnés au predeces du man ?
Ajoutons que ce feroit le comble de l'in.l.
décence, que d'avoir fait une donation qui
ne feroit payable que dan~ le, ca~ de décon'nture ou de vergence, c eft-a-dire dans le
cas où les tiers pourroient en fouffrir, & qui,
ce cas ceffant ne devroit étre payée qu'à
la mort du débiteur. Autant . auroit - il valu
faire une donation en fraude & au préjudice
des créanciers. La Dame Boyer n'a pas pu
fe diffimuler la force de cette réflexion. Moil
"titre a-t-elle dit, ferQit mal.honnête, j'en
convIens. Mais tel n'eft pas l'objet principal
de la difpoiition. Le dépouillement de mOR
mari en cas de vergence, ·n'eil: qu'un éV'énement acceffoire. Exception impuiifante en.
droit & en fait. En droit, parte que cet
acceffoire feroit toujours cruel; [candaleux
& de la derniere indécence, parce qu'on nè
pourroit pas tolérer le ,Projet ~'u~ a8:e .par
lequel le débiteur fe re~rverolt, 1 u[ufrmt à
lui-même, pour le tranfporter a fon donataire au préjudice de [es créancie.rs en. cas
de mauvaife fortune. Cet ' a8:e [erOlt toujours
con!idéré comme fait & filé in fraudem creditarum , & l'on diroit avec raifon, fur-tout
au donataire qui catat de Il/cra captand? '
que puifque le donant s'eft réfervé l'ufufr~llt,
'il faut que fes créanciers qui font à fes .droits ,
en jouiffent tant qu'il -vivra. Nous ajoutons
8: cl
47
qu un pa e e cette efpece ne pourroit êtré
q~e de la plus dangereufe conféquence. ,Com~
len de fraudes ne p'Ourroit-on pas faire &
pr~par~r dans l'intérieur des familles! Un
NegOCIant dont l'état feroit douteux &
.
v d . ; m
'
qUI
ou rOlt saurer, pour l'avenir, en fe don~
l1~nt a~ te~ps pre~e?t une efpece de crédit,
n ~uro1t ,!U a oonfentlr une donation immenfe
qUI ne lm coûteroit rien à faire parce qu'ii
n~ feroit dépouillé qu'en cas de' malheur &
d adv~rfe fortune. Il abforberoit ainii tous
fes bIens par rhypotheque de la donation
Il en affureroit la jouiffance à fa femme
par c~nfé9.uent à lui-même, au préjudice' de
fes .creancl~r~..11 ne lui en coûteroit que la
petite ,hum.~l:-atlO~, ,qui. n'e~ plus comptée
P?ur nen aUJourd bUl, de falre faire un e proced.ure ~n vergenc~ à fa femme, & par ce
pe~It detour les. créaIiciers perdroielit les
fruIts, & le m'ln trouveroit le moyen de fi
le~ conferver I~ feroit donc de l'intér~t pu~
bhc de prafcnre un pa:B:e de cette efpece
a~e~ ?'a~tant p1u~ de raifon que d'lm autr~
cote lobJet de donner les frnits à la femme
&. d ' ~n priver ~es créanci~rs,. ne. feroit pas
Ull, ù?Jet a.ccelrol~e. Il fe'wlt pnncIpa1 & pré..
medité. Le man fe réfervant l'l1fuft uit pen.:.
dant fa vie , n'en.tend~l~t fe ~épouil1er qù'à
fa mort, toute dlfpofItlOn qUI tendroit à le
?é~ouil.ler pendant fa vie, à l'effet de faire
JO~ll' t.out autre ~ue fes créanciers, ne pourroIt être que prevue, contemplée & filée
pour établir qile le mari donateur fe préfere
$
J
,
b
&.
�48
,
à ta femme & à fes enfans, & " qu'il entend
néanmoins que fa femme & fes enfans dona~
taires foient préférés aux créanciers; ce qui
forme, comme on voit, la ' plus injufte de
toutes les opérations, d'autant que h1Ïvant
nos mœurs & nos principes, tout droit réfervé à la perfonne du. débiteur, doit nécef..
fairement appartenir & être exercé par fes
créanciers, fans que le débiteur puiffe rien
faire ni il:ipuler au contraire; d'où il fuit
que le contrat fur lequel il faut raifonner,
renfermant d'une maniere très ~.claire .la réferve de l'ufufruit au 'profit du .iieur Boyer,
fes créanciers devroient toujours en jouir,
lors même qu'il auroit été dit par exprès que
ce dernier perdroit fon ufufiuit, & 'qu'il en
feroit déchu dans le cas de verg~nce. A combien plus forte raifori doit ;..,il ,en êtr.e de
même, dès qu'il n'eil: pas dit dans le titre
que le mari perdra fon ufufrnir ' en cas de
. collocation de fa femme. Cette derniere y
trouve à la vérité l'affurance de jouir de la
donation en fonds & en fruits dans tous les
cas de droit; mais le droit n'autorife pas la
femme collo<:i}uée à jouir des gains de furvie ,
ou même des libéralités pures & {impies;
qui ne font payables qu'à la mort du mari~
Ces dons doivent être affurés. & mis in tuto
par l'effet ou le bénéfice de la procédure en
vergence; mais la collocation quant à ce ,
ne peut fe faire que par affiette, & les fruits,
en attendant ou le temps du paiement" ou
l'événement qui doit fixer le fort de la 1ibé~
ralité,
<
49~
r~lité, les fruits appartenant an mari doÏv~nt être . recueillis au profit d.e fes créanCIers.
Tels fOI?t .les ~raîs p:incipes fur lefqueIs
notre queftlOn dOIt être Jugée, & le contrat'
de mariage interprété. La donation de S0000
liv. priFe d~ns le fens qu~ la Dame Boyer
v0udroIt lUI donner , fe~olt nulle au befoin.
On y trouve un donateur qui donne & retient. Elle renfermeroit la donation des fruits
Idrfque le mari ne pourroit plus en profite;
lui-même, c'eft-à-dire el) termes 'plus nets
& plus clairs au prejudîce des ' créanciers:
E}le fa~iliteroit, ell~. encourage;'oit les pro~
ce dures, de vergence, qui, comme chacun
fçait, ne font déja qlÙ;; -trop commu1)es; .&
fi. les loix accordent une grande faveur auX;
paétes matrimoniaux, elles [ont aufIi conti,l1uelIemetÏt '. à veiller fur la po1fjbilit~.. des
fraudes que les débiteurs voudroient prati,quer au préjudice de l~urs créançien.
.
Mais les hoirs Donet !1'attaquent pas le
yaéte. Il.,fe,ra . bon, légitime & , meme favo ,rable tant qu'on voudra ,; mais il fera tou""
.jours vrai de dire que la donation de S0006
liv. n'eil: rien de plus qu'un titre de fUl'vie,
ou, fi 1'0ll veut, qu'une libéralité qui ~1e devoit pas être payée . hic & nunc, & dont le
mâri entendoit fe réferver l'ufufruÎt. Dans
'ui1 cas comme dans l'autre, il faut attendrè
'la mort & le pré décès du mari. Toute collocatioh fur cet objet ne peut ~tre faite en
attendant que par affiette, puifque les fruits
j
.
N
�5°
.
appartenal1ts_ au ~ari ?Ôi~e~l~ étre per~ns par '
les creanciers, a qUI feui Il appartient ~'
le repré,fenter. Nou,~ cq~1Ven01~s avec la Da.;'
me ,B oyer q"fte la donatIOn extfle .. t!l'e peut,
même obferver que nou~ ne l'attaquons pas ;'
mais il importe de la #xer. Or 011 vient' de:
voir qu'on ne peutv la confi~é~er 9uei,comme
gain de furvie, ou comme h~erahté :p'ayabt.~
J
a, l a mort.
,
Indiquez-nous un feu! cas, n~1~ ,-dit la.
Dame Bôyer, où un 'mari (qui fait' une donation à fa femme J qJi, fe , m?-rie f~û$ une
éonftitution générale, ait pay.é cette d(')na~
tion. L'hypothe[e . dans, ' 1aquelle_ la Dame .
Boyer fe place, n'en:~ pas telle du procès,
puifqu'il n'exifle PO!l~t ici - de ~<?nftituti0I?
génér~e ; '& nous' J demand~n~ à n~tre
tour s'il eil poffible; en, confi({érant le tItre
& l'executiQ11 donr il â été fuivi jufqu'à la
faillite du fieÎ1r ' Boyer; di ne p:-as dire que
ce dernier devoit être nanti ju[qu'à fa mort,
& fi la donation ne devoit avoir effet qu'à
cette époque. La procédtm; en. ~ergence. n'a
donc pas pu priver les creanCIers du fleur
Boyer des ' fruits qui doivent appartenir à ce
dernier ju[qu'à fa mort.
"
C'eit mal rai[onner , nous dit-on, que de.
conclure que la donation n'eit que de [ur,vie , parcè qu'elle n'eit pas payée' tout de
fuite. D'abord ce raifonnement ne feroit pas
ab[olument dépourvu de conféquence: car
les loix inc1inant toujours à faire tomber en
don de' furvie les libéralités faites par lis
,.
d
.
S1
cé>nJol1~ts ans ~es contratS de madllge ; 'on
pourraIt fô-rt b~en, fo~telli~ en ~on~équence
que celle don,t . t-l s agIt dOIt aVOIr ce.. carac ..
ter-~ , d'au,tant rniéux que ' â\me... part elle ~eft
pOl11t payee, & que de l~'autlfe le titre irndiqtle fuffifamment qu'el1e t ll~" (er.:a payée qu:à
la mort, .& qu'e,lle n'aura point Hel1':~ &
qu'~~ll: fera re!oul' dan~f l~ ~as de prcidtkès..
~als ~l ,1l0~S I~po:te peu . qùe la dŒ1ation
ccmt ·Il s aglt dOJ:ve, ou '11011" .étre crulfiderée
~?mme un clOll de [uroyie. !l [ullit quJeIle 'ne
~uP pas payéè.. oout de flûte, qU'Qt'! n'ait.: pxis
auéun arrangement _, qu'iH'l; n'ait fait· ~ucil1re
~ipulation pour ",la ..payel1', ' qu1on l'ait faite
-dépendre ~. CQ:8 • <hl .prédécè~, poùr en COI1du~e qu1à- tou;t é-véne~~~relle ne dev-Git 'é tre
pay-abt@ qu'à' la mOltt -du ..douant:.' Or dans
,tette ,hypo~hefe les fru~~.s l'l~appllr~f;nl~gtÎt pas
plus a la ... femme· que s 1~ s';lgtfrOlt: f d'un r ~on
de [urvie:, parce que l'incertitûde de la créan.:..
~e & le déla! ?onné PQQ~ le ~pa:iemef1t ;. font
'au pr(}:6~. des. ,créanciers, &;:"l1on à èe1ul çt"e 'là.
f~mme <tuf ïie-; peut jouir J qtf'~prè~ ~ueJé dOIl
de fiu'vie aJpfis, une cQhfH~anGe & Ane~ fàli.:.
dité, -défil~it~ve par 'le ·prêdécès, du- ~Jlri J
-ou- a l'arnvee €les temps- marques.: pour. l~
pàiement. !~t[qu'aI9rs .la -jpuitnmce appar(fent au mari j~ par cDnféquent à fes ::-créatl"
CIers.
t 1~Vainet!!enfC!bferve-~-on eucorè qtie
patte
a11J.!l1iie la-don'atiol'l â la ·aot. Ce'la l\'efr pas
exaaement~ 'v rai, m<tmè titr la lettre du titre.
Utl premier patte -.relatif à la dot porte
.
le
�52.
qu'elle: fera réndue foit àJa Da~e ,Boyer, ,
foit aux jiens, o.aus les temps & Iq cas d
droit. Enfuite vientdans le même tit~e' la d~
nation de S0000 liv. qui s'y. trouv.e énQn.cé~
cOmme faite en contemplation du mariage f
quh _ quoiqu~ pnu:e, ii~plecJ~,!jHévoca~e~
l1~efr néanmollls nt payee ,_l\ltt )pa;yab~~ le l?l;l~
dit titre dont la jouiffance cit ren,\IJ),yee , alnÜ
que, celle de la.. d?t " dal~s rrtOtlS le~ ~af d~
droit., Sur quOI. Ion , dOIt -o.bferver .d abord
-qu'il {e rencontre uhe cliffirel\Ge. te){tu,elle
dans les. deux difPofitions.': ,çar 'l~ dpt:- dOIt {~
refrituer, fuivaht le ,titre ., dans. t~us ,k! ças.. rEf.
tous le.s temps de dmit. La dE}l1atlOn i1ed~}.!
étre payée que , datl~ tous,' l~ ,c~.. :~ett~. d,lfférence . dans les l:.d~\;l~. , ora..J,fQ}lS' n 'ln~hquttl pIt,.
elle p.as qu'~n en ca vouhi. ,1l}~t:-r~ _une dans
l'exécution qui s'en .e!lfuJ".vr,?lt l~ Peut-~tr~
nous ._ dira-t-on qu'etLle eft q)1n!!r!~u(~: ,nou~
.répondrons qu}eJle exift~ , qu~~l1e ,eft httet:alel
& que tout doit être p;[é ~aps ;un~ cau~~ d,e
l'import;Ulce de cell~-;C1, ou ,tl s, agit de 1mte. rêt des tiers acqtJ.é.re!ifS ,av:ec t.l~re , & bonn~
foi, & qu'on veut expulfer. Le t~mps de la
vergence eft, tant qu'elle d\1r~ ~ un temps. d:e
jouiifance pour la dot; & voIla' pourquoI Il
eft dit dans le premier patte,'qui ,ne parle
que de la dot, qu'elle fera re~du: .~al!S les
cas & les temps de droit. MalS s agIt-Il eg,fuite de la donation de furvie & -de la dot,
la jouifi'ance n'en eft donnée à la femme que
dans -les cas de droit tant feulement. Or"
~nçore un coup., la vergence n'eft pas un c:~
j
J
tt d "
H
, ,e rOl,t p'oUl:-, le paie1l1elit d'~lI1e donation o '}
-de furv1e, QU payable à la mort On'
'
' " " . , n a pas
1
ffi
vou u a .lmIl~r ces d.e.u~ objets de la dot & de
!a ,dOnat1~Q l quoiqu'ils, [oient réunis & con~
-)0111tS d!,lns . la même oraifoll' & 1
d
d ",
. "
es cas e
. rolt etant· ddférens p~ur fa dot & la d
.
r ' • cl
'.'
ona·
,tlOn, 10lt . e furvie, fqit . ;payable à la lnort
~chacun ,de c~s, deqx ôbjets' a confervi . fa na~
:'ture & f?l,l caraél;re. En difant qu'ils f~(oient
'payables: 1 un & 1autre aux cas .de-, droit on
jl1'a entendu &, on n'a pq ~ntendre)pa~le; J
que
du
i
,cas de,_~ro~t P~w. _çh~cun d'enx . ~1J parti.
~~uher & dlftnbutIveP1~I1t. -Ainfi l'on a ,.dit par
~ce ~<:léle " ' cl9nt la D~:me ,Boyer v_eut fe pré.
Salolr -" que la dot f~rQit'Jpayée,9l! ~fi'urée en
:1:as de v~fge)1ce , & q1!'ilJeroit f<Yt,~ln ' .fimple
.affign'!t d'tns ce qs ,pour la dOl1?ti-ü1J. Telle
~eft la maximê, tel$ Jont ' le~ moiçn~~t'~4c tels
~fontles CflS:flLdroit. pf)~r tun & l'<l..utre de ces
:deux 9bje~s.
( Que Ja femm~ fût ':Ïnveitie pour pOUVOIr
-~of)ner à fes e~fans, à la Donne heure; mais
:11 ~emeute 'toujours yrai que le mari Ile de(vOltjPAS. k cJ~poùiller, qu'il n'y avojt aucun
J~rme au -paiement deJa donation"-;J Au'on a
'par conféqu~J1t éntelldu que le p.ajement ne
,s:~n ·feroit. qu'à la mor·t du mari 1 _&" 'que ce
ne fer9it A~l~ par l~ pré décès de ce· dernier,
. ~ue le' d-rQit, feroit -c9ufolidé, & qy.e le paie-ment devJ;:"oit ~n t:tr~ J4it., _Dès-lors rien n'eŒ
.plus ju~e que .notr~ fyitéme. L~ D~me BOJ;~r
.eft payee, furpayee d,e fa dot, fur-tout s'il
faut qu'elle nous pa{fe . en déduélio!l le mon•
.
<:)
�-54
tànt du trouffeau. ~lle n'a nul dr0it
jouir
<des 5°000 -liv. j l~ maifoll fur l'aq~elle . elle
~'eft fâite col-l oquer (pOUi'" le prix &,_ l'eibma- '
tion de 40Ô00 liv." ne doit prodttire ~ dés
fruits qu att profit des c-réanci~ts. · IDelà deu-~
conféqùeRces : Ig.lës egr~s .laxé~:p~r:ta Sen\.
\tence dont eft appeP fdm 1HJuft~s. · L.a Dame
-:Boyer -a dit: je doi~+~_uii'" de la n1ai1b~:~ parce
-que les temps de Joul-r·:de.- ma: do-~)10n fOlit
arrivé:. ' Cette malfon eft foumife:.à 1a r~nt~
-annuelle &. viagere de. âGe liy. C'ëft ;.3uta!it
- ~ dédui-re fut' la jouiffàl1Ce qui m'appartient;
-& dès~ors élie s'eft' ilôytJe-po{tr "'C~afldete
tfe.s , &.
-des différente6- anmt-it-é:S'!lu'elle a
-de toutes eéJles qu~~1ie ' ti?ùrroi" payer 'ià l'a'~énir. ~n cetiféque1A'e~~ -elle a· 4~li1a.htM · que
1efdit~ regrès lui ifùffenJt ?l~é8J pO,tir !lé[~i'te&
-annultés, lt--ant pafifé&i<}ué .fà~u~~.--.or -~e.t~
%afe de [on aéHon - .vre\jt · dl~~te ? 'tel1;vèfféè
par les principes qUt: nous ve~~h8J d7dtabliY:
car S'il èft vrai que la- -do'n:atlou de S0000
liv. ne '[oit qu'un fimple don -de [lÏrvie, oU
'm~me une libéralité' <Mont le 'Pa~enlènt foit
renvoyé-- à là mort d1:l -tnari, là>cdlloc~tîdn -,
-quant à a~e ', Re p0uvoitfe faire :que.if>at: .affiet-te
ou par vOle d'·affignat. Les frults 4e~olentel:t
~e mis en réferve a1:l.pre>nt du Jl1anlbu de fès
créaneiers , ~ la Dame Boyer n'avoit aucun
dIGit de fe les approprie-r. On ~onçoit . biel1
~ que le fieu.r Boyer1a la-itre faire; mais l~s
.tier-s--acquéreur-s qu'€olle ,veut expulfer ne pour~
. ront-iJ..s pas u.fer des droits &. des priyileges
-de le1:lr débiteur? -Qui- pOllrra les en S(mp~ ..
ae
PaY
·
'.
5'5 '
-ch~r ? S~ la dpnatioli de 5dooo iiv. n'étoit
. qllru~ gam de ~lJrvie, ou fi le paiement n'en
d~VOlt chre fàJt qu'à la mort du -.donnant
en 'cas que ' [a,'1femm~ fil1~éC{h ou [es en'fans '
la J?aiIJe lBoyell' devi>it sleftimer. bien heureuf~
~e -oJouu~ ~Ha).tnaif011 >vallant 40000 liv~ i &
~1Il prodmfant -plus de 2000 li\<. -Jll1e auroit
.<l~;.1l)~~ér ll~s r~;ltO~ liv. de la penfion viagere ,
&-protit~r -ûUlt~ildu d$ plus de 800 liv. que
~erfCJhne ne -lUi eOllteil:oit. ,Mais elJe a ;voulu
t'l"Op étendre fes rprétendus drQits. Non ICO:n~
tenté .de·jolli:rr~e [a ?ot qu'eUe a r.eçue ; '& de
, .SiLH) .hv. de-'r€llte qUl n.e lu~ appar..tenoientipas,
~lle a :v~ulu-c~lcu1e( les 4ur etfês annuités de
t~ . ~éniloil v-lagel1e 'de u~u liy., qu :elle a
-Rà~-es , -pout' 1S'~tl fbrm.er:ull titre 1de --«rlanée
'~Ont elh:l~€~t I[etp~évàl~f.r. .pOUl"~'éx1?I.l~[er des
tiers -acquër.èu:rs. Dês-'lots ces ·derniers [e ' r.etoûrœnt ront.r;1eUe, pour-lui .fuUt~ni17 que -non
fe~~e~ent ·eIl€: ~a riiju à pr.étendre contr!eux
malS que de 'plus ils qllt 1à:f.rire vafbir contr~
èlrecle cdroit <de "l'ohl~e.r ' à ,p.I1élaer Iles [fruits
~u'el,le ~ .~~l-à:.propos ~ pet~os·"&l: ceux-qtl'eUe
J){>1.lf~!t p:roevûj.r -à yQ~et1ir:jufqu'à la:mort
tl~ [on: mar,'l.
: . . _
_
'
.:- }lt ~11 effet ', li 'la tdOnàtioncrle S:OOGO ,If",.
he :préfente qulun titre:. de fur.:vie Ou une
futrtlfie pâJable à la mQt:t Idu <ma.ri ; la 'cbH6ç-atio-n fle ~ pouvoit 'tè falre ~pou.r ·cet -'()b~et
que par aiIiette. La couféqueuce tètC 'inconsfeftable. D€s-lors le .drqit ' tIe jouir n~appar
tenaÎt qu'à ta 'femme c.omme donataire: ce
droit ne pO-uvoit naître qu'au déc~-s ~du mari.
L
•
.
•
-
�56
Dès-10rs là Dame. Bdyer qui jouit dè la mai,.
fon ,qui en retiré 'en- outre' plusfde zooo ,liv.
de rente,. trou:v.aut dans ce loy.er qu'ellè (pet~
çoit les 1 zoo .liv. âe la peniibu, ' viagere'dollt
elle a payé les annuités,. ne p~uv~it pa 'en
faire un titre de créance, ni rcotitre ,feiullari~
ni moins encor.e çontre .les c:~éanc'iets, d'1 :~e
dernier ; & de plus elle a lO.Ut, tous lesI ârt~
de- plus de 800 liv. eR. [us t.qui.rie lui' ètQielft
pas dues. Or lés , hoirs - D9làet étant. ni~nar
-cés . d~évi8:ion,. font -indubitalJ,l ement tfondéJ
par cette raifon à demander Iq\ie- <e,rreye.nu
dont' la Darne :Soyer .a difpofé 1 & do lit ,:.elle
veut continuer'a. difpo[er , .foit pla;cé au profit
dl.bfieur Boyer~ & .de fes créanèier-s. Le) péril
cl.' évi8:ion efL évldent, & de plus très-itnmi4
!lent'; . 'L e fleur ' Boy.er peut.... mourir du toir
auJèndemain. Sa femme exifte ; il Y a de phl$
un enfant , peut~êtr.e <davantage. Si l~s temps
de payer la don.ation des )'booo liv. ne.follt
pas encore arrivés J-ils peuve.nf~rr:iver à .cha-:que inftant. Il faut, donc ou qu'on,nous donne
,
,
.
une cautIOn pour ce cas, ou qu.aq :tn,oms ' on
mette .en 's ûreté ,im intérêt que: le ·fieut Boyer
abandonne leilement à fon épQu[e, & qui
n'appartient pourtant ' pas a cette den)Î~re.
Delà viennent les fins que nous avo.ns priiè.$
là-deffus, qui feront réalifé~s par une requêt~
incidente, & par lèfquelles les hoirs Donet
demandent tant::, le déboutement de l'aaiolJ.
en regrès ,. que- le placement de l'excédant
des fruits que la Dame· Boyer a retiré,. &
qu'elle pourra retirer dans . la .fllite fur. le~
loyers de la maifon. •
La
57 •
/
La pame Boyer oppofe des fins de non..
receVOIr ,~ux ho~rs Conqueret, à raifon des
aveux qu 11s aVOlent faits lors du dernier Arrêt de la Cour. Mai.s ces eXCeptions nous font
étra~lgeres. Les hOIrs Donet n'étant pOÎlrt en
qualIté . lors ,de ~et Arrét , n'ont conféquem_
ment nen dIt; Ils n'oilt pu rien dire qui pût
leur barrer l'exercice des voies de droit qui
leur competent. A l'égard de ces derniers
la, Dame Boyer convient qu'ils font fondés'
SI la co~~ vient à j-uger que la donatio~
de 500 00 Izv. ef! de fimple furvie. La Dame .Boyer ~e dIt pas airez. Elle doit con~
vel11r auffi que notre fyfteme fera fondé fi la
~onation n'étoit payaQle qu'au décès d~ doIfateur: & il eft difficile qu'elle nous échappe
au m01l1s f~r ce dernier objet. En rapprochant , l~s dlverfes clalJfes ,du titre, il paroît
:;t1rez eVldent que le fieur Boyer n'a voulu
donner que dans le cas de furvie, en comprenant néanmoins dans fa libéralité les ellfans à naitre de fon mariage avec la Dame
<:reps. Mais d~ quel,que maniere qu'on con~ldere la donatlOn, Il faudra toujours tenirpour certain qu'elle ne devoit pas avoir lieu
/u'c & nunc. Cela eft manifefte fur la teneur
du t~tre & . fur l'évidence. Le mari: qui ne
devoit pas payer lors de l'aBe, ne de voit
donc payer qu'à la mo~t,. puifqu~ ce n'étoit qu'à la mort ,qu~ ,-1'-on pouvoit fav~ir que
1~ donatlOn aijro1t he,q ou non. Ainù dans
~ou~ les cas la femme . n'ay~nt pas droit de .
)pu!r en l'état, n'eil pas devenue créanciere
p
�s~
pour avoir payé d'une main 1 zoo liv. ,qu'elle
recevoit de l'autre. Elite , eit a:u contraire devenue dél:;itl~ice ;. . elle continuera ,de la d~
venir pour l'excédanrdu revenu rqu'elle a pr~s
& qu?eUe prendra fu,~ l'ex€édànt du prodl!ut
de la maifoll. ( . , . Ajoutons que la créam:e' pttop~fée pa.r la>
Darne Boyer à ra~fon des' I20D 11v. pRy~es.
annuellemeht au créan<;ier l.de la! rente Vlagere établie f~.u:, la mai[~\. , eft' d-a-ns w~s-les
cas illufoire & mat fOI'l.ùéfe ,~ ~aata>m! qUoil e~
de maxime ' fondamenta.le que' dans ,Ile Cas de
la colt0cati~1l. ~OUI?' eatife : de' vettge'?~e: , ' l' e~-.
cédant d~ mten~ts; de la- det ~ ap'rèls le pl'e ...
revement de la nour-rituil,e &J ~n'Fretiell. de l~
furnilla èGivappar:teni}Q aUN ettéa.lKkr-s-(~U1ma:n"
Il eft ;r.ai que- IDupe'Pier a dit l~' c0'llt'raire:
dans fes maN-ime.s ; tit: dë, l'œ eel1~tat40n " & )
que cette dothinè· efr El un.- g1"~dl p~ids ~u;
Palais; mais il' en eft l â.'~autres- qÙi [bnt égale ...
ment vigoureufes. Télte eili eiîtr"[mttes. celle
de Mr. Declapiers, cauf. 102';. que ft. umque ,
& de Me. Julien dâ.às fe~': collb:tlOl1SJ. manufcrites, vo. matrimonitlm,_fb1l43 ~ litt. J~ Ioesderniers>A~êts de· là Cour· iè fOnt rapprochés de cette.' dottrine.~ On- ell trouve un
exemple ' dans- 1Ar-r~t- rap'porté: p_a't'. M: de
Bezieux, liv, 7. chap. h 9'. 2;, n ' fut'Jugepar
cet Anêt que la trép6i:itlOll' que fonr les fils
de la dbt de leur mere pc:mr caufè de ver-::
gence de leur. pere, ne prive pas le- pere nt .
le créancier de l'uJùfruÏt -des Mem que l~s . en- ,
fans Ont pris .en collQcatian. On QPpcrferort 1l1U--
'l '
59
tI ernent qu'il s'agit ici d'une co1Ïocatio'n faitè
par la femme,; au lieu que l'~rrêt rapporté
par M, de Bezleux eft Ufi cas d'mIe 'cê>l1ocati~n' faite pélr les enfans : Car la coÙcicatioll
faIte par les enfans eft à l'inftar de celIé que
les loix ont intrbdlffre èl1'-fa~Mr de 'ra' femme.
~Ues fe régiŒ:!llt }'t'll'l'e & }'â'ù'trè tfar dés p'tinclpes comn'l1.ll1lJ.~..1!'aiilleurs per[ohnë li ~gnore
que la éoHoeattO'Il pour éaufé dé véro:e'nce
~'eft q~lluœ titré provlfO'i're, mi fifnp1e dépôt
11ltrodult pa:r la l6i Flt)Ui:' ta cO'tl'lervatiol de
fa dot. C'eft ce qo"on~ . ielf~~ntf-ë' _pa'f ,tottt,
notamment danS' DecormlS,- tom. 2 {~ol'. 12814 ,
~an~ M~ Dedapiers, à' )'endrOl€ .é-iLèlévaHt
cité,,t & même d'àn~ IDUpêtr'er.' Là! coti'ocatioA
ne, éhange pas Férai <!le1-p~i(ie-S" /ilÏiaffé8à...
tio'ri .de: Jar dot qui' - d6ft. él'<tbbfd-' -être e'm~
ployée ,a:e fU~~Ol::- des: c?at'gés '~Ul tbaI~aie',
& ,dont lei fut1plu9 ' appattléitt âUl mari,' &' par
conféquent': à Œs creahéiélrs~'~AÏlHi~ qüahd on
v,e ut battre ces derlUei"S\ éI 'l'éur dira it qh'i1~
ont dû cdmprèf-. {tir' la .do!' , l, ils" p~uvfnt ré:.
pondre . dluna~m'e ' côtê qu~ils 6rlt' éga1einél1t
compté fur le iiwphlS de'Sr ihtéftit's' dè-Jà ' dot'
d'autant qil'iIf eft· dit~ ditîîs~ le dr"o ir qliè"'la 1colf
locatiollpour ve,tgehcè nê'Cdbit l avoir nbu1qtle
fous la ! co'nditiotI , & ·l:c 101 pe'~h1lln-e'flt& dÈ!s
pattes rrlatrü.noni:rl1~ ,1;fàaIYm:atTfn16filalil}ui 'ifi
pei-petutLttt ' (Jurmurùl ;O rc fi(laf fefhitfeIc,qIlSquéé
paut" velifel1cê' n'a ~ ~U'ulti' 1 drdlt d~1.fuï"a~lte· &.
de~ dépôt pbUlt' la dot, Lfi r là' lül(nei l'enjc'o'!~[.!
iitue ~ que dépoii!rarf'e) pO,fIl- e'tf' ernpfdJ'è{ l~
prodùit a~x ufagës 'de'favetfr ' ni'âftft és:1pâ'f 1a'
�1
60
loi, il eft bien fimple que les ufages une fois
re~plis , le f~rplus des intérêts doit appartelUr au man. , & par ce moyen on remplit
tout à la fois l'intérêt de la dot & celui du
tiers.
i
Or ici la Dame Boyer & fon mari devraient bien fe contenter de pIns de 800 livd'excédant dont elle a joui tous les ans fans
.
'
venIr attaquer des tiers , & leur demander
une fomme de 1200 liv. qu'elle a prife fur
les produits de la maifol1. Viendra-t-elle nous
dire encore que 800 liv. ne peuvent pas
fuffire, & qu'il lui faut toutes les fommes
dont elle jouit, & qui la -furpayent de fa dot,
le revenu de la maifon s'élevant à plus de
2000 liv. par an ? On lui rappellera fOll état
ce~ui de fon mari, & la Cour jugera fan~
peme , en pefant ces circonftances, qu'un
revenu de 800 liv. devroit lui fuffire dans
tous les cas ,& qu'il eft de plus abfurde
& révoltant qu'elle veuille fe donner un revenu de 2000 liv. au préjudice des créanciers légitimes de fan mari; & ii cette derniere exception, que ~ous ne préfentons que
furabondamment, ferolt favorable & légitime
dans le cas où il s'agiroit des intérêts de la
dot dont le fonds appartient à la femme,
~uelle force ne recevra-t-elle pas, ii l'on vient
a conüdérer qu'il s'agit ici des fruits ou int~rêts, d'~ne don~tion. énorme, difproportlOnnee , 1l1comprehenüble, dont le paiement n'eft. attaché qu'à la mort du mari, & qui
feroIt.mal ~onnête, frauduleux, inique, fi l'on
vouloit
6r
vouloit doimer ouverture' au_paiemellf d~itel1e-·
par ~'é.~énemelilt du cas de vergence . ....
~ A1l111 tout J efr dit. Rien n'a pu difpel~fer
la: Dam.e BO)0e.r de déduire · de fes créances
l~ _ prix ldu é~t:0~ffe~u. Elle ne l'a pas déclaré
lors de la hquldatlOlL de Jes -créances. Il faut .
la: j.uger d'après fon filenae, & cotnpte~ au
m01l1S le trouffeau pour 2000 liv. Les créanciers fel'orit les feuls léfés à 'c ette --évalu~
tion, puifque le trouifeau valoit au ~oins
t-rGJis fois.. plus; & s'il falloit recevoir une
pr~uve l.à-deffus,' l~ I?ame Boyer ne pourroit
q.~~, perdre . . ~ Op1l11On -publique & la notonete donneroient la plus grande force à ce
que- 'nous v.ehons de dire; mais il eft inutile d'engager les parties dans de nouveaux
pro..~ès" \ûr cet. objet. La regle eft faite. La
femm~ eft cenfée avoir:fait fon choix pour
le pnx du trouffeau, tel qu'il eft porté dans
l'cl~e de. 'coùftituti~n, & l'on fent bien qu'apres qU1l1ze ou felze ans tout doit être fini
là·deffus. D'autre part, il s'agit ici de la
caufe des tiers acquéreurs qui plaident pour
n'être pas expulfés, contre une Jemme qui
veut prendre 50000 liv"" _à leur préjudice fur
les biens de leur débiteur. Que cette fomme
foit - payée au temps marqué par le contrat
& dans l'intetltion des parties, à la bonne
heure; mais e1t-il raifonnable, efr-il décent
de vouloir la faire payer avant le temps ,
& de prétendre que la femme en jouiffe
contre fon titre, contre toute raifon & jufti.c~ au préjudice des créanciers les plus légItImes & les plus favorables? Voilà notre
Q
•
�6l'l
pr()'e'~; Il ~git r.Jll. rouds 'ldl~ 'dIrait dè,-~ur .. :
vie tout "àll lplus d~tme,doJ.1QtllJn !pUte &. iulf,..pl'e.',.~ii Ion. 'veut ~ !nm~ ,qui ne ~uvoitr~ le,
d&voit être {p~yee qu:'él :ia')mol't db mar.!.,_&. '
chtl1~ Jie , càsctle ifunrre -de .la fwmn~ IOlI:de -[es ~
enfanlS. ~Catte :lvé~ité ' aOlitbtnr.e 'Ifm:nage: là '
ttave1'S rres iéq~i-v.mpœs & .I les ~hf.c~nritré6 ,.tj~o. t
réelS Ipeuk1tre ,à ·deH'eil1 ·dans )le (!ltlre 'de d~
Bame ~ayèl" -;. &. <dèhl il tfùlt 'ltlr.elreJ1l?'àft2p~:
du -tom rcréllnci.ate tdas -nt ot> IllV. AIJl!l? elle ;'a
payée's-, r& ;qu':é~e èil: déhjltri~ ~: d'e:xo:é~,
d~nt "lU'i!lœ 11 'tP,,ttlS iur ~ td,olWlOll ~~ le
paie~rlt ..J}7e:fl: JPlas .e-n.(!u.11e ~?kù. ,.n,da ,'vlen~
la 'jtiftitJè .àecs .co:nolulmns EdeJa p:r!f-q~ "~ qw.
fmlt re.n.fe11tnée8. dans ~l:te I requ~oo mOl-dent'e
que nom '\'étt~ns {de priS~t}r ; n:q~te dant
les firt5 ibJ1t fondées 1[ur Iles p~JillCtpes 'que
Jl0U8 'vetUJ.m rd.e pu[ell• .
C(!)NCLUIl> à' ce que :f1tpped.I~ljiml & ce
dont .etl:: appel 1Îetorrt mis :au Jl"l<!<flll:; & par
nou\tèau :jl.lg.eln.ent., fa11s :s!ar.rêtrer .atlX fins en
rergrè's pl1ife~ T'air la Dame Boyer ·<!l,ms fa re.
qnête ,do '7 .feptiemb1ïe 17.76.,.en lapl'eHe elle
fèn ;déotàlrê.e i'A'Oh-1-ecevaMre 'en l~état, les
hoirs '>DOïl:e:t ferout m:.rs f'ut iteHes h(i)'ts de
~ur & Jle rprocês, la cotlocatiotl fur la
mlllffon dont s'agit f.a-ite 'p ar b Dame Bdyer
umam néa,ttmoins pat" forme ~'aŒeue ,& 'd'afiiO't:rat t.a..ntiettlem.ent., & (am .a'ax 4-lO'irs Donet
:la débattf{€ 'qùallK1 il écbe~ra Far t.outes
les voies <& :tnQye1ls de d.toit, rêfervé à la
Dame .Boy.er l'es ' ex~epti01'lS & 'défenfes con.
tt:aires; &: . de ·même ;:fuite faifant droit à la
ck
63
requ~te incidente des hoirs DOllet, icelle en.
térinant ,il fera déduit fur les fommes liquidée~ au profit de la Dame Boyer les
zooo 11V.de [on troufTeau, fuivant l'évalua_
tion portée par fon COntrat de mariage, &
fera de plus la Dame Boyer condamnée à
repréfenter & placer au profit de fon mari
l'excédant du loyer de la maifon dont il s'agit,
~près. la dédutlion des 1200 liv. de la penflO11 vlagere, pour demeurer ledit placement
affetlé aux créanciers du fleur Boyer; l'amende du fol appel fera reftituée aux hoirs
Donet, & la Dame Boyer fera condamnée .
aux dépens, tant de la premiere inftance
que de l'appel.
GASSIER, Avocat.
FERAUDY, Procureur.
Mr. le Confliller DE FRANC, CommiJJàire.
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DAME CRESP •
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CONTRE
Le~
Hoirs du {zeur
du fie.ur,
,
DONNET, &
CONQUERET.
•
les Hoirs
E S Adver[aires reprodui[ent aujourd'hui
L
, pardevant la Cour ~ une queO:ion que
l'un d'eux y avoit élevée lors du dernier
Arrêt intervenu entre les Parties, & dont il
fe ' départit [ur la décj(jon de fes propres
€on[e i1s. C'eO: cependant cette même que[.
tion fur laquelle la Cour doit prononcer aujourd'hui. Fixons-là [ur les circonfiaoces •
. Le 24 Mai 1761 contrat de mariage
encre le lieur Boyer, connu à Mar[eille fous
•
•
�2;
, ".
Je nom de Boyer Forw;le , _8(. la. Olle. CreCp,
dont le pere réfidoÏt · à la Martinique; con ..
trat de mariage qui, par parenthefe , fut fouf.
crit par le fieur Conqueree, comme témoin:,
l'ur de nos Adverfaires.
P;u çe contrat .de .mariage , la PlIe. CreCr
fI! conflitue 6000 hv. de dot, & ,en con~
tcmplation d'icelui ,': le :~.e~r ~6ye"', qui
f.ans la fortune qu Il a~01t 1 fa.ae au-x HIe Il
,
.,.
1 j.
n'aurait jamais pu afpIN'" a. fa maln .~ u:,
fait une donation pure _~ fimpl·e en .cu
ter-mes. ,
On dit pure & fimple, foit pa~ce que
le contrat l'annonce de même, & fOlt parce
que les Adverfaires, e? rappella~t la claufe ;
ont précifément affeéte de fupprImer ces termes déciGfs :
») .I\yant été en outre convenu au traité
» du préfent mariage? & en contemplation
J)
d'icelui, que ledit lieur Etienne Royer
J) feroie, comme il fait, donation pure, firn» ple & irrévocable à la Olle. ~refp fa f~ture
" époure , & aux enfans à naltre du preFent
" mariage, de la fomn~e de 50000 l~v. ,à
" prendre auŒ for fis bten: , pour en JOUir
n par la Olle Crefp , acceptante fa vie durant
» en fonds & en fruits , ajn(i. que de ladite
)) dot , .dans les cas de droit, & pour en d;;:'
» pofer à [on gré pour caufe de mort, par
)) portions égales ou inégales, feuleme nt en
» faveur des enfans à naître du préfem ma» riage , le toet néanmoins fous ces condi.
» lions, (ans lefquelles la ~réfente donation
r
1
,
j
» n'auroit point élé faite, qu~ ve"ànt ia
» D1Ie. Crefp. à prédécéder le Geur Boyer;
)) ou fans qu'il y ait d'enfads de leur ma» riage ~ el!e furvivans, ou que lefdits en~
)1 fans vlnlIent à mourir fans enfads avant
» le oeur Boyer leur pere, ladite çlonation
))c fera retour ' en entier
au fieur Boyer dona)) teur. l)
. .Quelquijmporrallfe que ((jt tette libéralité;
~l1e n'avoit rien d'extraordinaire, eu égard
à l'état des panies; & aux facultés dont le
QelH aoyer jouiffoit alors.
, Peu d~ tem.s âprès le fi~ur Boyer; auquel
ta fortune ne continua pas de' rire, vendit
deux majfqns", Il lIne le 6 Oélabre J7 6 l- L aU
fté.li\" Conqllerer , qui ne pouvoit pas jgn_o~
t,er/ la don~:ion faire à la Dame Boyer; puifqu'il avoit été témoin infirumentaire dUt con:'
trat de lllari9g~ qui la lui affuroit. Et l'autre
au oeur Donnet Je ~ 1 080bte 1764 ; 8(
c'efi précifément fur ces maifons vendues
poflérieure!1l.cnt à foo cOQ"tr-~t de mariage ~
qile l~ Darne Boyer demande aujourd'hui les
•
regres.
.
.
Le fieut Boyer De fut pa~ toujours heure.ox .' le 4 Août 1766 il remet fon bilan
fiere e Greffe du Tribunal Confulaire ; & li
la Dame Crefp y figure, comme" elle devait
y figurer, pour les fommes porcées dans
- fon contrat de marÎage; s'il faie également
memion d,es ' fO)11 mes dues par le oeur Boyer
au heur Crefp [on beau-pere. il jullifie également les perces immenfes que le lieur Boyer
�4
effuya fur les armemens , tant en courfe
qu'en marchand·ifes.
.
Un' évenement 'a'Uiffi inattendu exigeoit des
précautions de la part de la femme; elles
font de droit, de néceHité & ·même d'ufage:
Auffi le 21 du 'mêtne mois d'Août, le {feur,
Crefp. ; en qualité de pere & légitime Ad ..
mioifirateur de fa fille, fe pourvoit en répé'"
[üion de ta dot & droits, & fur la preuve
de la dêcadence réfultante' de la rémiffion
du bilan, il obtient Sentence' Je 2 Septèmbre 1766, qui lui adjuge 56000 liv., à
quoi Ce · montoient la dot & la donation' ,
avec intérêts reIs que de droit.
!J'Ail lieu de pourfuivre rigou·reufemënt une
cotlat:ation, le pere de la Dame Boyer fe
contenta d'obtenir une provilion de 2000 1. ,.
& une ' défemparation de' meubles qui lui futent) réparés par rappore du 2i. Octobre fui·
van~. On ne pouflà pas les pourfuices plus
loin ', parce que les créanciers 'du lieur Boyer
ayant reconnu fa bonne foi, c0nfentirenHlU
concordat honlologué le 18 Mars 1767, &
à la fuite duquel le lieur Boyer rentra dans
l'exercice de fes actions. Le lieur Crefp penfa
donc qu'au lieu -d'~crafer le mari de fa fille
par des exécutions qui ne pouvaient que
porter le plus grand préjudice au commerce
renaifl"ant de fan gendre, il valait mieux
(out fufpendre, fe charger lui-même de le
nourrir: lui & fa femme, & laifièr au lieur
Boyer lt!s fruirs, avec le fecours dcfquels il
poqrroit pourvoir aux engagemens contraél:és
•
• •
Vls-a-vlS
.
. "
..
~
-vis-a-vls, de fes èréanciers st. parvenir' à fod
Tétabli'lIèmenc ..
•
.. Mai~ là providen,ce en difpofa autrement i
!~S' affaires du fie~r ~oyer ne prenant pas une
·:ournu.re: .plus fat1lsfalfante , la Dame ' Boyer j
~manèJl?e: ?~r fon pere, reprit les pourfllites
.(le fa répeHtlO~ en 1776, & en conféquence
-e-lle fe peurvoJt le 16 Juillet en déclànitiori
~'hypotlie<'tù'e fur les deux maifons ' acquife-s
var le fieut Conqueret & par le lieur Donner:& - èlle de'111ande 'que les regrès lui foian:
-'!a.xés. ..
,
1 . Elle àvoÎt
raifon de le cl'emancler; parcè
-qtie datfs l'intervalle il avait été procédé à
~n ~appo~t de collocation qui rour-à-Ja-foig
fixolt fes ,· di"oics & julii60ic de la difcuiliol1
:tigoureufe du lieur Boyer.
• Le rapport fixait les dtoies de là Dame
-Boyer, I~. à 60-00 liv. de fa dot; 2l 0 • cl
5;:>000 liv. de fa donation, & l'un &. l'autrè
'lui avaient été adjugés par ia SentenGe dd
répé.tition; 3°. à 28928 liv. d'intérêts; &
à 4012 liv. pour les dépens . 00 déduifoiri
-enfuire îur ces fommes réunies célIe de 79 6 9
livres déja indiquée à la Dame Boyer; &.
taure déduétion faite, elle refioit créanciere
oe 81878 liv., a compté de laquelle les Experts la 'cdlloquerellt fur une maifon qui r,e iloit
à [on mari, ellimée 40000 liv., mais cnargée
d'une peoûon viagere de 1 ZOO liv., eo forrè
qu'elle fut déclarée créaociere perdante de
41878 liv. outre la penGon vlagere de 12.00
livres qu'elle écoit obligée qe payer comme
B
�6
propriétaire de la maifon qui la devait ,. &.
dont elle dèvenoit par conféquent annuelle...
.
IDent crçanciere.
Ce fut pour obtenir le paiement du relilquat qui lui é.toi~t aalgn'é~ ;pàr le rapport pc
collocation, que l~ QAID.e )~,oyer veal.L1t exercer le,s regrès fur les ll1ajfons, 'l;lpqul(es par
le lieur Donoet·,' & par le lieur l Conqueree
pofiérieurement à fon contrat d.e . mari~ge;
elle comprit qu'il écoit fâ<:he.LJx pour 9.es tl~rs
acquéreurs d'être expulfés; auai s'empretra-t..
elle de leur donner tou.s les renfeignemens q~.i
pouvoiejl.[ a-doucir leur litu3tion , ~ de leur
déclarèc toutes les fommes qu'elle a oÎt le~ues à compee de fes droits. Mais ces égard~
remplis, ij falloit enfin · p'o uryoir à l'intérêt
. de la Dame Boyer; & i~ n'y avoit que les
regrès fur les fonds acquis par les, fieurs
Donnee .& Canqueret qui putrene les remplir. ,"
.
L'inllance liée, il n'dl forte de mauvalfes
.
"
- contefiatlOns que ces tlers-acquereurs, ou
leurs hoirs, n'élevatrent. Tantôt la donation
faite à la Dame ' Boyer n'étoit qu'une dona",
tian.. de furvie, done il ne lui étoit pas feulement permis de jouir. Tantôt il falloit re.
trancher de la collocation le fept & demi pour
cent. Tantôt on avoit eu tort de lui adjuger
des intérêts. Et tantôt eofin elfe ne pouvait
être colloquée que par aaiette pour les 50000
livres, puifgu'elle ne pou voit afpirer à en
jouir qu'après le décès de fon mari:
Rien n'écoic plus mal vu ; mOIns encore
~'
,
. parée qùe :J~""~ fe frouvoit. ~hÎ1iné paT {e rap_porC de ' co,JIbc'aciQ,n~ que parce 'rque, té'fOt:': que
,l'a 1S.enr~c.e: ,p'ortartt , adjucdi'ç alièn de ' la ~dot
& droies de la Dame Boyer fubGfieroic,Jj;1 ne
-kfQ~·ç .pas ,p' JE~le ~de ,:c~jtiquetl' d'eS opérations
...c.l/~" é cu.~i olllt l;q u.i\ a u:r.oien t . po lltr; (bafe .' la.. 8 e11CJlc,e el~,:,lnêllle. Auffi l:a. J)all1le Boyer u eliC
-~,'fi>eih-e l'âèté\le ', mot ", que 'Je\ hioirs Conq,œer'et
-à'e-pdler: e de J><1 7.:SelQte.nce " du 2 Septen1bre
crcy::y6 , ~-& 'Jporrhe,ÀJtJ\)Ct.er ,'à ppel "pardev'artt la
' . .l'''J' ~. ,'
... l~j .. \.~~_ \
Cour.
(l
.'
..
.rwI.I n;efi pas lnditn2rellir , de- .connohre ' q <u els
j~nt les:. griefs\. ; rilS1'1Hl €(nhent ·.~deux l ; l'll1l.,
~K)rtaritful" c..ewqule ll\ Senleo~ Gadjug'c anhl de.s
JSllltér ê.rsi -;'1 quii Ille, p'(l)~~oà 'ent êCljé dus d,è s que
:Jla. ,. DJtflC, BX!-ye'r_ ~I(.pit. été Jù)u.r,rie & .entre'..
enue pàt· lf'ûn;' mari; & JPàurtc-; {u'f ce ,que. 's'a..
tg'iIlà..,nt · d~tJne. fimple i ~nation :de · fu.rv1e~ ·il ne
falloit colloquer la Uame Borer que par af..
li'clHe" &20bn +ui L défelÙpar~r:;L ~'
" ~i.
, ; Ce èerni-er , grief:, que l'orr.: r,eptoduit au;';
jourd'hui.:, ~ qui fait la principale q-uéfHso' .dli
-pwcès, ne 'fut p.as ; fuivi' lors ,d~ }'j,n1lailce d'ap<pel des hôirs:· ,çonque'rer; leur ~ Confcil l'e ur
appricdars ,une Confult.acion du 16 Juin 1778-,
qu'il ne ' valait 'rien.., .& qu'il faUoit y reBoncer.
« . L~ Dame Boyer, efi-il dit"m'an's cette Gon-Jl ~Iltation, a pu répéter i!-. dot, ; cela n'ea
)J
pa s douteux . Il ne l'dl ,pas moins que fa.
)) donation eft un~ libù,dité pure & jim-:~) pIe , . & qui a dû. avoir .fan effet :des le
» momerli. qu'elle a 'été foite.' La Dame Boye-r
favoic'trop bien c.e qu'il faifoit 7 po.u! n'a ..
itt
.•
,
,
»'
�8
.» ' voir conferitbpu'à . une donacio. de furvle .. ;.1
» , êt. voilà potr,c.quoi '1la') l~béralicé qu'eUe mp1) porta ne fut pâs ~env"yée après la mort du
'"
'1
» d qnate.ur.
_"
, . » r Ainu -eD ' renonçant au projet ' de propà.
...» fer le mdyen de fraude & pdob qui re'R» droit éette donation ~Il.ulle ; ~ il-faUl re(J.tfrt-l
:J,)
J
noître qu~ ' Jé Lierueflam a bien foù d'à-cco".
der à la Dame Boyer ~ é..ès · deux o'bjets, é'efl» à-dire les QQOO livres-...d6 la :.dot ~ :& ; tes soooo
» livres de la donation. »
D'après cet av.is , ;lesdiOirs Conquêret renon-
,n
~J)
sant
~u.' moyen ,- la Dame Boyèr,i diCoit «( qu'il
',» !) n!écoit plus .queilion de .la contellation fur
.» ·la nature de: ' la donatio,n à- 'eHe faite dans
n , fon CO[]Cflft' .',rle mariage,. & qu'on pou.voit
,) . le ! ~ireJ ,a'î,tec- 'd'auraoç ; plus d'affùrance,
»' qU:'après ' avi~it c'ot,é grief fur ce' point, l'on
» y. ~ enfin ' r~llloncé. Il "
Le procès ne i'ubfIfioit' ,d'onc plus 'que pour
les intérêrs, & nous devons "Gonveoir que les
hoirs ' Conquer~t ' fur'e n:, heur.e.ux, & que la
Cour ne crut pas qu'one maqÈ' >d'inté.rêts ac~
cumurés pendant . dix années pût être un prétexte" de regrès contre des ,'ciers-acquéreurs.
Cette inHancé vuidée , & la donation légitimée vis-à-vis :des hoirs Conquerer, on fut
reprendre les · pourfuites des regrès pardeVant le Lieutenant d'e Marfeille, & les reprendre, tant vis-à-vis des hoirs Donnet qui
n'avoient pas été en qualité lors de l'Arrêt,
que vis-à-vis des hoirs Conquerer. Il ne pouvait pas y avoir de contefiation fur les regres
l
,
9
.
,
gres en e~x.mêmes, puifqu'il etolt
connu ~
&. même Jugé que la Dame Boyer étoie
créanciere perdante.
o
T ~u t I~ p~ocès, fe ~éd uiuc donc à deux poin [S~
F all~lt-~11 de.dulre le trourreau fur la dot
~' la redul:e alofi à ~00c5 li\'. au , moyen
des 2000 lIv. de provlGon qu'avait reçu la
Dam.e ,Boyer? ~o. En adjugeant les ' regrès ;
, f~llolt.d les ad)ug,er auffi pour la p~nlion
~lIagere de 1200 lIv. que fuppocre la mai.
fon. que la Dame Boyer a prife en collocation ?
1 •
Ces deux quefiions ne pouvoient étr-e déJ
cidée.s qu'en faveur de la Dame Boyer. La
pr,ellllere, parce qu'il ne faut pas déduire
un troul1eau qui o'exilloir pas ; Et la fe .!
conde, parce que la- maifon priCe en colla.
c~tion pal' la Da~e Boyer, fe trouvant grevée
dune penGon vlagere de 1200 livres, cette
penlion opérant une diminution fur les fruits
de la collocation, la coafiieue créanciere d;au~ant, & néceffite par conCéqueot les regrès
)ufqu'au coocurrent de la même penlion. Auffi
le Lieutenant le jllgea-t-il de même par
Seneence du la Otlobre 178o. Et c'eff
(ur l'appei de cette Sentence qu'ii s'agit de
prononcer.
Les hoirs Donnet qui n'avolent pas été
partie lors du précédent Arrêt qui confirma
la donation, fur le département du grief des
hoirs Conqueree, one été les premiers à iaterjetter appel, & les hoirs Conqueret y
one adhéré.
c
�ta
,
Les tins & les autres ont donné ieud
griefs fé'parémeDt. Les hoirs Donnet ont pré.
tendu que la Dame Boyer ne devait Cè
collbquer que par affiette pour la donation
de soooo liv. ; qu'il faut placer les revenus
excédant la dot au profit des tiers-acquéreurs
attaqués en regrès, pour être leCd. placemeos 6(
le furplus' de la mairon affefrés au paiement
de la donation le cas échéant '; & delà què
l'on ne devoit par conréquenc pas laxer les
regrès pour les 1200 livres de la penuol1
vlagere.
, EnfIn- ils ont coté un griefparticulier fur
les 200"0 liv. du troulfeau.
Les hoirs Conqueree one fiJivi le mêmè
fyflême J & en même temps ils ont tâché
d'établir que la donation qu'ils avoient re·
éonnù p'ure, Jimple , irrévocable & exigible dès
à préfihl d'après leur propre ConCultation du
16' Juin 1778 , n'était cependant qu'une donât~ion de Curvié, à raifort de
laquelle
la Dame Boyer ne devoit fé colloquer que
par àffietté.
No:us avons don'c trois queflions foncieres
à examiner; l'ulne co'n cernant le trouifeau;
l'autre éo'n ceénant fa donation, & la troi.
fieme concernant les 1200 liv. de la penuon
viagere , que Cupporte la maiCon priCe en
collocation par la Da'me Boyer.
Mais èes deux queftions ne doivent pas
être également traitées vis-à-vis des hoirs
Donnet, & vis,à-vis des hoi rs Conqueree:
Ces derniers font non-recevables à ' renouvel.
,
.
II
l~r ]a cO,nretla~iotr, tant àu fujet de
la
dona!.
Hon, qu au CUJet du trouffèau.
. La raifon ' en e~ que la Seritence qui 'ad':'
Jug:, ces deux objets à. la Dame Boyer J :i
paffe en force de cho[e Jugée vis-à-vis d'eux~
L'on fe rappe!'~e qu'jl~ avoient appellé de U
Se~[~nce) qu Ils aVaient coté grief fur la
validité ' ou fur l'invalidité de lâ dônation .
q,ue d~après leur Con[ulcation du r6 Juiri
177 8 Ils s'eri déparrirent; que la Sentence a
été confirmée vis-à.vis d'eux fur tous les ar':'
Heles qui n'ohe pas été réformes ' & fi eIlé
Pa et
'é '. 1'1 ne leur eCl donc plus ' permis dé
repro'dutre le même litige, 'l'Arrêt forme une
6n de non-recevoit' invinciblè, & une
de
1J'O~ -recevoir 'Ille 1'00 ne furmootera ja.
mals'.
. On pe~t voir ce qu'en dit à cet égard
Me. Co,"hln, tom. 4 , pag; 607 , 668, 61 9 ~
62,6 & 627. (c Rien de plus [acré, dit-il,
h rien de plus inviolable qUe l'autorité de
JI la chofe jugée. Si apres tant de décilions •
,
,
l)
Il fallait encore rentrer dans ,la di[cuffioxt
» des droits des Parties; il n'y auroit ja..:
Jt mais rien de fiable parmi les hommes J &
)l' l'inquiétude d'une partie que rien ne peut
JJ contenir, deviendrait un poids accablant
» pour la fociété.l) Et UI1 peu plus bas, ii.
ajoure que (( fi {orfque l'..<\rrêt confirmatif
» d' une Sentence eft une fois intervenu, on
n po'uvoit encore rep'~odu i re des griefs con- ,
j) cre la même Sentence, ce feroit renverfet
» tous les p rincipe s de l'ordre public, ÔQ
no
,
f
�.
Il
» admèttre des révolutions dans les Juge.
» mens &. dans la fortune des citoyens.»
C'efi ce que développe encore mieux le
même Auteur, tom. 6, pag. 57, S8 , 59 &
60. (( Celui qui a été condamné, dit-il t
).) au paiement d'un billet par un Arrêt, con·
n tradiétoire, pourra-t-il prendre enfuice des
» lettres de refcilion &. en demander l'enté" rinement; &. quand on lui oppofera la fin
n de non-rel.evoir réfultant de l'Arrêt, en
» fera-t-il quitte pour dire, oh ! mais je
» n'avais point pris des lettres; c'efl fine
)) demande toUle neuve. 11 n'y a perfonne qui
» ne fut révoltée contre une pareille propofi» tion ; on lui répondrait avec fuccès, ' que
) ne formiez-vous votre demande avant l'Ar» rêt; aujourd'hui que vous êtes condamné,
) vous ne pouvez plus former de demande
)} qui tende à faire tomber votre condam» nation. La défenfe plus ou moins éten» due n'empêche pas que la caure ne fait ju» gée dé6nitivement; obJlat res judicata, &
» pro verÎtate habetur. ))
Et la 6n de non-recevoir eCl d'autant plus
péremptoire fur l'article concernant la donation, que les hoirs Conqueret avaient corn·
mencé d'en coter le grief contre la Sentence, &. qu'ils s'en font enfuite départis. Or
ce département vaut acquiefcement à ce chef
de la Sentence; &. tant fuivant la Loi Romaine que fuivant l'Ordonn~nce , titre de l'exécutlon des Jugemens, art. 5. C'eft par l'acquiefcemenc
•
q
quiercement qù'un Jugement acquiert l'au;.
· torité de la .chofe jugée.
AinG les deux qualités concernant le trouffeau &. la donation ne fubfiClent que vis-àvis des hoirs Donnet. Mais les hoirs Conqueret font évidemment non-recevables à renouveller fur ce point la conteClation qu'ils
Îavoient agité fur la donation , &. celle
qu'ils auraient pu agiter fur le trouflèau
lors du dernier Arrêr .
, • r Maintenarlt difcutons nos trois articles vis"à-vis les hoirs Donner, &. voyons s'ils feront
plus heureux que les hoirs Conqueret, ou fi
' le "même principe de juClice qui força ces
· ~erniers à renoncer à nos deux premiers articles de contefiation, ne doit pas les faire
c'ondamner.
..
·('
r
Sur le TrOlJJfeall l
Cette queClion de nous agitera pas long.;
temps. Il e!l convenu que le trouflèau fai~
partie de lâ dot de la femme; que le man
<dl. obligé de l'entretenir; que la fem~e fe
' col'loquanc , -fe colloque pour le troufleau,
, q~'elle ne (' t!~n: &. oe gard~ ,que , p~ur
compte du : m,an qUI eCl ~b!Jge, de 1entre ,
' tenir' &. enfin que le man ne 1 a pas entreLtenue' -depuis 1-766 jufqu'eo 1776; ~uifque
les intérêts" de i la dot & de la donation ont
<été r~tranëh6s à la Dame Boyer, & qu,e
" i ~ s - (iers-aequéreurs ont profité de ce rerran ..
,
.
chemeat.
1:
D
�1'4-
1
Maintenant ce rroutreau doit-il être perdu
pour la Dame Boyer? Voilà la quefiion.
II ne peut pas l'être, ainfi que le. Lieut~' nane l'a jugé, 1°. parce que le troufieau faIt
partie de la dot, & que le mar~ ne peut pas
en faire le préjudice, ir21erefl Rezpubbcœ dote~
mulierum falvas fore. 2°. Parce qu'un man
diffipateur ne refpeB:e pas plus le troufièau
de fa femme, qu'il ne refpeae le furplus
de fa dot. Enfin parce que tel ea l'ufage &.
-la regle; on ne trouve point de collocation,
même pour caufe de vergence, où l'on faa:e
article du troufi'eau.
Les hoirs Donnet en conviennent; , mais
ils fupporeut que la femme répétant fa dot
-doit déduire Je montant du trouffeau. Et
l'on a raifon quand le croulfeau . exifie réellement. Mais quand il n'exiae pas; quand la
femme l'a ufé, ou quand le mari ra diffipé,
faut-il que la femme eD fupporte la perte?
L'aveuglement ou la pré\'en.tion n'ont pas
été jufques-là.
1) La femme, dit - Ol), doit en donner
)) écat ' & rôle, & fi eUe ne le donne pas,
)) elle eft cenfée avoir cOllfervé fon troufi'eau
» en nature.
_
La femme doié, dites-vous? Mais c'eft
' un point d'ofage. Si teUe n'ea pas la regie à Marfeille, pourquoi f~ire un crime à
)a Dame Boyer de ce qu'elle ne s'y
p~9
a'lfervle? En fe colloquant, elle ne doit pas,
ce femble, fuivre d'autre regle que c~lle
que l'on a flljvie jufqu'à préfenc à .Marfe.i~,le.
ea
,
,
15
Si .elle· n'a faie q~e tout ce que rout~s les
femmes de Marfe.dIe dans le cas de répéter
leur dot, Ont faH avant elle
1'1 .. 11 d '
f4
• •
,
.. H onc
n~n e.ule~ent IOjufte, mais inique, de voul_o~r lu~ faire perdre cette partie de fa dot.
Et 1 ufage eft fi con{}ant, que les hoirs
Conqueree ~nt été les premiers d'en parler~
Dans, l,a craInte qu'on oe le leur opposât, ils
ont et~ au~evant de l'objeélion; » l'ufage ' ,
. n , ~nt~lls. dit, n'eft pas juftifié. h Ils eo re~
J~0l!nollfolent donc l'exit1ence: Et de fait
qu~ l'on fou,ille ,dans touCes les répétition;
_q.u ont occaGon ne les decadences ou les faillaes des , maris à Marfeille, ,& l'on défie d'y
I t~ouver un feul exemple d'une femme qui
au donné un état & rôle de (on rrouiTeau.
» La femme gardera-t-elle, dic-on, fon
j) ,rrou.iTeau en pur profit au préjudice des
creancIers? It Non. Pourquoi? Parce que fi
,le troulleau fait partie de la donation dé
Jurvie,
, . . Ja femme en Je coofervant ne fait le
prej~dlce de perfo nne . Et s'il n'eri fait pas
partIe; de deux chofes 1'une : ou le trouf;(eau exi{}e encore lors de la faillite, ou il
q'exifte pas; pans le premier cas la femme
:en fa-ie article fur la Gmple requiGtion des
créanc,iers. Et s'il n'exi{}e pas, elIe le dé~
,cl are, & la déclaration une fois faite, ou
,il faut s'y tenit, ou il faut rapp-orter la
preuv e contraire.
.; Si 1'011 avoit demandé cette déclaration à
.la Dame Boyer, elle l'ellt faite, & tout de
même que l'on aurait été dans le cas de s'en
1
/
•
�, 16
rapporter à fa déclaration , on doit donc s"y
rapporter aujourd'hui. Mais il eft intolérable
q ue parce que la Dame Boyer n'a pas fait
une déclaration que 1'00 ne fait jamais à
Marfeille , on ne veuille pas permettre qu'elle
puifiè y fuppléer aujourd'hui, &. qu'en conféquence on la conO:itue en perte de fa dot.
» Nulla uxor fine veJle, le troufièau d'une
» femme fait toujours l'objet le plus précieux
» pour elle; c'eft le dernier article de difil» pation, plus à MarfeiUe Aqu'ailleurs, Be
» par conféquent l;u[age que vous inv6quez
» devroit être plutÔt profcrit à Marfeille
» qu'ailleurs.)i
Trois répoofes. 1°. La regte dit bien,
nulla nupta fine v~(fe ; mais elle ne dit pas;
nulla UXOf, parce qu'il n'eO: rien de plus
ordInaire, que de voir un mari diŒpateur
faire argent du trou{feau de là femme; dans
une ville celle que Marfeille, des hardes de
femme valent du comptant, &. un mari diffi·
pateur ne les épa,rgne pas.
20. Le luxe a fans doute trop pris à Marfeille; mais la diŒpation qui n'en eft que la
conféquence , n'y a pas moins gagné. Si le
luxe embellit un trou{feau, 1\1 diŒpation le
dévore, &. dans le doute fi ce trou{feaù
'exiO:e ou n'exifle pas, que peut-on faire de
plus que d'e xiger la déclaration a{fermentée
de h femme?
Enfin fi l'ufage de ne pas exiger des' bé,c1arations de la part de s femmes répétant
leur dot, peut être fujet à inconvénient, à
la
17
,'"
.1a bonne lieur:e qu'on le réforme. Mais ed
, attetldan~, il ~'eft pas jufte que la ' Dame
l Boyer fOlt .Ia vlél:ime d'un ufage auquel ellë
. a cru deVOir fe cO,nfôiïner;
: . Ell.e d.oit l'être d'autant moins; qu'ii eft au';
Jourd, hUI convenu que là Dame Boyer; C014
' loquee étl 1766; n'a exigé aucun il)terêt 5{
r'
pa~ contequent
,aucune efpece d'entret~en 'juf' qu en ) 776. SI vous vouliez doné fuppofèr
q,u'elIe eût un troutreau; & qule fon troulfeau
fut encore extant en 1766 ' il faudrait donc
a~ai fl!P_pofer qu'eUe a, re~u pour l'entrete~
blr : & ' les intérêts de la donation ont été
etranchés à votre profit;
_,
( A quoi aboutit donc Cette premjere~ con~
tefiation ? A cè mot: » il faut préfumer que
J) la femme avoit fOli trou!Ièau, & pai eeia
. » même qu'elle ' n'e~ a pas donné etat &.
: )) rôle, on doit conclure qu'elie i'avoié ~ &.
,u qu'elle doit par conféqu en-t 'en tenir comp~
JI fe: » Voilà tout le fyflême dès appepans ~
Le f1ôEre confine au cOIl'traire à . di.re
. ») que aous o,e l'~vions pas; .qu'il .n'e,ft pas
. u ' d'ufage à Marfeille , d'ep exiger d'etat ; '
_"il que quel que foit cèt ufage, bon ou rriau~." vais, on ne peut pas nous punir de ce ,que
: " nous l'avdns fu~vi '1 & qu'en o,ffrant de
» nous purger à ferment que les débrïs du
,)) trou{fe au , extant à l'époque de 1766 ont
»)
éfé ufés dans les 10 années , pendant lef~ )j queHeda fem'me n'a' poi nt exigé d'intérêts
." de fa dot .; tout do it êt re dit, parce qu'entin la femme ne p,eut pas perdre de deux cô.;
.
E
�18
' tés: du ctlte de fan troulreau, :& du côté
. des ~~térêts ;de.fa dot. Les intérêts eûtfe~e
' fêfvf à l'entretIen du reCle du troutfeau ; sIl
n'y a point d'intérêts, il n'y a d,one po~nt de
. troùllèau. Auai la Dame Boyer n en avait-elle
point 10rfqu'dle 's'ell coIIoq~ée : or li ,elle
n'en avoit point, il eil donc lmpoffib.le de ne
"pas le lui palrer en compte. En. vtHlà donc
'plus qu'il n'en faut fur ce Jer. pOInt; paffons
' au fecond.
" 'Sur la Donation
La
de
50000
livres.
Dame Boyer a-t-elle rapporté dans tott
'. COntrat de mariage une donation de 50000
'liv., & pouvait-elle la rapporter? C'eil Ci:
qu'il faut examiner.
Nous ~vons d'autant plus d'avantage fur
. cee point de la caufe, que les Confeils des
~hoi,.s Conqueret leur avaient annoncé ce
qu'il fa"lioit en pen fer lors de la derniere
inClance pardevant la Cour, & que ceux
des hoirs Donnet cODviennent, pag. 2.9 de
leur Mémoire, qVe » nos réflexions font très» fpécicufes, qu'elles ont' même une certaine
') juCleflè; )) voyons fi elles n'oor rien de
plus. Mais pour en décider fainement , il eil
d'autant plus néceflàire de rappeller quelle
. en la' claufe du contrat de mariage quant à
ce, qu'après tout ,'eCl cecCe même claufe
qui doit aujourd'hui décider, s'il s'agit d'une
donation pure, fimple & irrévocable, ou
fimplement d'une donation à caufe de mort.
1> Ayant été en outre convenu au traité du
pr~ferit
*9
mariage, & en contempiation tfice;.
» I{JI, que ledit fieur Etienne Boyer ferait ,
» C
' donatlori
'
,
,o~me J'1 fiait,
pure j fimple lX
"i) Irrevocable à la Olle. Crefp fa future époufe
» & au" erlfaos à naîrre du préfent mariage:
)) d,e la flm,me de 50000 liv. , à prendre auffi
" fllr jès IJlens ; pour en jouir par la D1Ie.
)) Crefp, a~cep[a~[e, SA VIE durant en fonds
» & en fiuus, aznfi que de ladite .dol dans les
h cas de droil; & pOUi' en diJpojèr cl fan gré
" pou,r ,c~ufe de morc, par portions egaie;
~, ou Inegales; feulement en faveur des en~l) fans
à naître
du préfeot mariage le tout
'
,
J) neanmOlns
fous Ces conditions; fans ley.
' jj quelles la préfeote donation n'auroit poiqe
il éré faite, que Venant la DlIe. Crefp cl
-» prédédder le fieur Boyer , ou fans qu'il
·n y ait d'enfal1s de leur mariage à elle fur~
' u vivans, Ou que lefdirs eofans vinflènt à
"u mourir fans enfans, avant le fieur Boyer
lt leur pere, la donation fera retour en enrie,
,,, au lieur Boyer donateur.
))
,
La claufe du COntrat de tnariage corinue i
& référée aveC ce que nous appelIons les
:donations de furvie; eCl-il en verité poffible
'qo'il y ait quelque équivoque? Il n'y a,
"l'on ofe dire, aucun terme de la daufe qlli
n'indique quelle eCl la véritable intention des
Parties; & fi ceue illtention réfulte évidem-ment de la comeClation du titre, qu'eil-il beoi
foin de vaguer dans des interprétations? Uné
,feule reflource reCleroit' aux Adverfaires, ce
ferait de dire qu'un contrat de mariage n'eLt
�10
-pas îuCceptible de donation entre-vifs ail pro.fit de l'uo des conjoints; & c'efi: ce qui
n'ell pas propofable.
S'il eft donc vrai que la Dame Boyer a
voulu exiger une donation entre · vifs; s'il
eft vrai que le {ieur Boyer l'ait confentie ;
fi c'eft fur la foi de cette convention que le
mariage ait été confommé , & le lien entre les
deux époux rendu indiifoluble , tout doit donc
être dit, puiCque le mariage Gonfommé il
n'eft plus poHlble ni d'anéantir, ni même
de regretter fur les conditions auxquelles le
mariage a été faie. Or la principale condition du mariage a été une donation de soooo
livres ' à la Dame Boyer; fi le contrat de
mariage le prouve, &. que le paBe foit d'ailleurs licite, tOUS les Auteurs qui Ce foot agités fur la nature des donations en contrat
'de mariage, ne difeotrien pour notre quef..
tion, puifqu'elle efi: toute décidée par le con' trat lui-même. Analyfons donc notre titre.
« Ayant été convenu au traité du pré)) feot, &, en contemplation d'icelui que le
» fieur Boyer feroit, comme il fait, dona» tion. La donation fut" donc un paBe du
contrat; fans la donation le mariage n'auroic
jamais eu lieu. Le mariage fait, il n'e!l:
donc pas p6Œble de critiquer la donation,
cela n'dl pas douteux ..
Quelle eft cette donation; eft-elle {impIement de furvi-e ; eft-elle entre vifs t C'eft encore au titre à nouS l'indiquer. Elle eft pure,
. jimple & irrévocable. Or une donation d·e
furvie
r
.
il
Jul'Vle n'eft qu'une cl
. '
elle il. r b cl
' onatlon 1 condicionnelIe'
ell lU or. onnee a' l" eveoemenC
,
du pré-,
, 'd
'd eces u man' & fi 11
ellt n'ert d
'.
1 e ~ eft conditionnelle
one
ni
pure
d
.
, DI fiImp 1e; d one route'
onanon pure & fimp-Ie h
unt donation d f i '
e, pe~t pas être
e urvle, pUlfqu'tl elt de la
nature , fide la donation de lurVle
r
. dIA
e n etre ' nl.
purefi 01 l Implel
Au {eul mot d e d Ooat1On
. pure
&
'
. llnp e, 11 eft donc impolIible de
'
dIre qu'il s' . d'
pOUVOIr
aga une donacion de furvie '
C en'
., 1
'
.
D eft pas t our. L a d 0l1a[lon
eft faite
a ,3 ,Ile. Creîp acceptante. Or pourquoi la
pr~~all,tJO.n ~e l'accèptarion, fi ce n'elt parce
gu 11 s, agit d u~e donation entre vifs, & arce
que 1 aceeptaC10 n eft de l'·efience de
P 'lI
d Oll Jti o n .
d' l'
,
pareI e
fi' .
,qu3n
acceptatIOn a donc été
tlpuJée, ce '(J'a donc été que pour mieux
ma'?lfefter quelle était la nature de la do~
n~tJ 0 ~, &. qu'il ne s'agi (loi c nullement d'un e
don a cJO~ de furvi: qui n:a pas be{oin d'uoe
aCCepC3tlOn, & qUI de fait n'a' jaf1lais écé formellement acceptée dans aucun de nos connaIS,
'
: , C( Pour
jouit de ladj:te 'donation (a vie
1) . durant en fonds &
en fruits, ainfi que
», de
dot, dans les cas de droit.)) La dona~IOU eft donc tranfportée ' à la Dame Boyer
lP/O, laBo par le contrat' ; la feule modifiCàrlon qui y {oit ajoutée, c'eft que la jouifran ce ~n eft aillmilée à là jouiffance de la
dOI- AlnÎl tous les cas de droit dans le{queJ-s
h . Dame Boyer pourra jouir CIe fa dot i font !
a-uili les ' mêmes cas dans l~f~uels ' ~an:Dame
F
/
�12.
Boyer pourra jouir de la donation; la dot
& la donation foot allimilées quant à ce~ Sans
doute le lieur Boyer, en donDant 500 00 liv.
à fa femme; n'a pas entendu que fa femme
~n jouiroit pendant le mariage, & lors même qu'elle ne jouiroit pas de fa dot. Mais
il a entendu aulIi que l'inllaot de la jouiffance de la dot ferait auni l'inllant de la
jouilfaoce de la donation; la claufe en eŒ
formelle: pour en jouir ainfi que de ladite dot
dans le cas de droit; donc li je dois jouir de
ma dot, je dois auŒ jouir de ma donation;
le paél:e en ell formel dans mon contrat de
mariage. & il n'eCl par conféquent pas poRi ..
ble de m'en priver.
Pourfuivons.
)) Pour en difpofer à (on gré par portions
J)
égales ou inégales feulement en faveur des
1) enfans à naître du préfent !Dar~age, » Oh!
pour le coup l'on vous défie d'appliquer la
c1aufe à une donacion de fUlvie. Perfonne ne
doute parmi nous que les avantages nuptiaux,
& par conféquenc la donation de furvie ne
foot pas difponibles ; qu'ils font acquis aux
enfans par virile; que le furvivaDt qui les
a gagnés, n'en a que l'u[ufruit, & une vi.
rile en propriété relative au nombre des enfans avec lefquels il partage; c'ell: la difpofition du chapitre 3 de la Novelle 127 dont
tous nos livres attellent l'obfervao'ce. Si la
femme fll donc la maÎtre{fe de difpofer; ft
les enJans n'ont aucune virile à prétendre fur
cette donation ~ c;e n'ell qu'une donation en-
.r.
&
:1
,
"
tre vas,
non Une donatiori de furvIe.
Il eft vrai que cette donation enrre vifs
cll grevée d'une fubltitution en faveur des
eofa~s q,ui naîtront du mariage. Mais cette
fubt1autlOn ne change pas la riature de
don~don; La Dame Boyer étarit la maî.
trelle de dodner tout l'un, & den à l'au~
tre, la donation ne peut plus être donatiod
de furvie, mais limple/llent donacion entre
vifs.
la
a
~t ~ela" e~
•
li,t-rai, que fi la Dame Bayet
aVOIt Itlt1Hue 1 un de fes eofans, & réduit
tous les autres à la légitime, les légitimai.
tes n'eullènt pas manqué de demander ieut
1égitime fui cetce fot1'lme de 50000 liv.
fi la donation de 50000 ]iv. avoir éré fou~
tllife a la légitime maternelle, il ell dont
nécel1àirement vrai que la donation étoit iri
bO'1is de la mere ,& qu'elle i'avoit i Don à
ti rre de" ddo a tion de furv ie di vi(iblè entre.
les enfans & le furviva'ot i m'ais
citre de
donacion entre vifs,
On peut d'autant dJaïns en doUter, quc:{
l'Od trouve dans ie contrat de mariage lli
fi ipulation fOfrnelle (1 du retour én entier
n en faveur du fieur Boyer, foit que fa femme
» meure fans enfans, ou que les enfans lui
II furvivaDt viennent à pré~écéder le lieur
J")
Boyer,)) Or d'après cette double ftipulation, toute conreftation devrait ceffer: Que
lignifie en effet Je droit de retour? Que les
biens reviendront. Mais s'ils revienneut, ils
ont donc été donnés; le donateur avait done
Or
a
,
�i4
été exproprié, Be le donataire invefii. Or fi
l'un avait été dépouillé & l'autre invefii, il
ne peut donc être 'quellioo que d'une donation entre vifs. Jamais l'on n'a vu ni l'on ne
verra de donnation de furvie fufçeptible de
retour, puiCque de fa nature elle ell conditionnelle, &. qu'elle ne peut Ce vérifier que
par le prédécès du donant . Mais .par la raifon concniire, dès que la donation peut ètre
au cas du retour, elle a donc opéré l'expropriation du donnant; elle ell donc pure &
{impie, ainfi qu'elle efl q ualifiée par le contrat; & fi elle eft pure &. fimple, ce ne peut
donc pas être lIoe donation de furvÎe.
Et elle l'eft tellement peu, même dans l'intention des parties, que la claufe du retour
fiipulée, )) même pour le cas où les ènfans
» viendroient à prédécéder, le Sr. Boyer ne
permet pas d'en douter. II efl inutile de voulo5r én pervertir l'explication, elle ell toute .
naturelle.
Le contrat fuppofe que ]a Dame Boyer J
Î"nveflie ipfo faBo , ' trao{inettra la donation
à fes enfans, comme étant dans fon patrimoine; . que les enfans l'ayant reçue dans ]a
fllcceffion de leur mere, en jouiront corn me
d'un bi en patrimonial à leur mere dans tous
les cas de droit. Mais que s'ils viennent à
prédécéq er leur pere fa ns enfans , au lieu de
pouvoir diipofer ' eux-mêmes . de la donation
de soooo liv. que la mere leur· avoit tranfmis, le fleur Boyer reprendra cette fomme
dans leur fucceffioo en force du droie de r'C~
tour.
,
25
tour. ' Voilà j'explication n~tu~eJIé de I~
cl aufe; qu'on la concilie) fi l'on peut, avéé:
une ~on a ri o n de furvie, & que l'on tente
de perfuader ~ fi l'on ofe , qu'une donation
de f~rvje, qui ne peut être acquife que par
le decès du donnant, & qui par cela lilême
eft con ditionnelle; petit être affimilée avec
~ne ~onation pure & fimple; & qu'elle peut
pmal.s êcre a,u "cas du ,recour; la feu,le ftipupulatlOn du drOIt de retour he permet pas dé
fe méprendre, fur là na ture de la donation
-q \1 i rib us di viCe!
,
11 n'cfl d,one pàs un fe;ll mot relatif
"notre do.J.làci 60 qui ne [erve à en Bévelôpper
' Ia nat Li re ; à indiquer que c'el1 une véiitablè
do nat ion eocre vifs ~ à exclure touee jdée de
dOI,Jar io n de furvie , &. qui n'autoriCe par con':..'
féquent la D ame Boyer cl réclamer le mo'nt a nt de fa donation, pour eri jociir en fondS
& , èn fruits ; ain/i que d e- fa dOL, da ris les cas
de droÙ.
~.
.
,
Maintenant pareille donation efl· elle lic~te ;
·ou' la femn'ie peut-élIe en récla'mer? QUl
=pourro'it en douter? D'abord il no'Us· fuffiroic
'de dire que les Appella"ns' n'ofent pas l'attà.
·<tuer-, & qué ta'nt que le ~o iJtrat de mariage
qui 1'a' po'rte fubfiltéra • l'es ' ;Tribunaux nè
p ourro'oc qu'e n allùrer l'ex'éculion.
. D e prus, voyez Furgol e que vous avei
éi cé , 'auq del nou s revien'drons àans un infta nt, ·q uelt. 49, h .' 2,; ne vous dir·il pa~
» qu"il faut 'd'abord re'co,nH()ître conime uné
ri maxime cdfljiallle ,; filivie de tous les Tri~'
a
,
G
•
�/
"
»
»
»
»
1>
,
26
Quoaux du Royaume, que les donàtions
faites dans les contrats de mariage fone
irrévocables; que. le contrar de mariage ea
G. favorable, comme étanr le plus folemoel & le plus utile de rous ceux qui font
pratiqués dans la fociété civile ~ qu'il ea
fiif?eptible de toute forte de claufis & de
conventions, lefquelles valent irrévocablement, pourvu qu'elles né foient pas Con'tre l'ÎlOnnêcecé publique & les difpolition~
prohibitives des Loix & des Coutumes.
Si ce n'en ell pas affez; voyez la Loi Ro..;
maioe & les Orùonnances . La Loi Romaine,
Ftlrgo(~ vous l'indique, c'eft le ~itre de doIl'bus : fi quis mulierem defponfaveTU ,. QUIDQUID: ei per rabu/arum ,fou charrarum . inflrumenta corifèripftrit, perpetualiter ilJconvuljùm
permaneac ~ & prenez garde à ce mot, quidquitl. Je ne veux pas vous époufer, li vous ne
:fI1e .d'o nnez pas rout votre bi en,. j'ellime autant ~a perfonne que rour votre bien, optez.
. Telle ell encor~ la ~ifpolirion des articIes J'7 & 39 de l'Ordonnance de 17 p. ]...'jlf~icle 17- veut que les donations en c.ontra~
de m!1 ria ge puiffe,nt comprend re les blells a
venir, qui ne font jalna is corn pris d?ns la
donation univerfelle; tant il en vrai que la
loi regarde les donations cn contrat de ma o
tiag,e , comme plus favora~tes ·g ue to ut e autre . ~ n Puifqu'eIle fuppofe qu'el)es , pou,r ront
compFçndre les biens à venir, qui ne font
jamais compris dans les autres donations.
. L'article 39 le fuppofe ég{ltement, en dé)
»
»
n
'"
-
.
,
27
,
cidant que ces fortes de donations ne feront
poi nt révoquées par la furvenance d'enfans~
Et de fair, elles ne doivent point l'être, COlUme dégén érant plutôt en patte, don t Je
donn anc a reçu la compenfarion.
Au/Ii rien de plus ordinaire dans l'ufaae
ou dans nos livres. La femme met à fa p:rfOll ne ,le prix qu'il lui Plaît ~ & l'engagement
Une fOlS confentÎ folis les aufpices du Sacre.
ment, ne peut être qu'irrévo cable & infufceptible de! cri tique. Que te foir difproportion
d'âge, d'écat ou de fortune; ou prix de ces agré. mem que le fexe prire tant, rien de plus égal:
. T4liS remuneratio, difen t nos Auteurs, foaa
imcr conjuges valet, ve/uti Ji jl/vents accipiat in
llxorern rnu liercrn fenem, nobi/is ignobilem, dic
Guypape queft, ~6~. En pareil cas, donatio
.compenfatur,. comme le dit Fromental in vo:
~-donation, cum {plendore conjugii. Ainu, la dolJarion . étant form elle & fe trouvant d'ailleurs licite,. approuvée par la Loi & par
l'ufage, il n'ell pas poŒbJe ni de pouvoir
Ja. conteller, ni de priver la Dame Boyer
du bén'éfice qu'elle s'en ell promife, Voyons
JI!S ,objeé.1:ions.
Le fyllême conuae à dire qu'il ne s'agit que
,d',une donation de (urvie. Mais dans l'impuifJ'a nce:,de 'pouvoir le jullifier fur le contrat,
fT jl : ne faut pas. d'Ît-on, en décider fUl'
» quelques mors pincés dans le titre qui
.) . pelllv.ent donner à entendre que la' dona» cioQ éraie a61uelle & pl éoiere.
Vous aviez befoin de cette précaution, &;
J
�2B
.
de ne vouloir pas qu'on jugeât le titre fur
~e titre lui-même. Mais {ur quoi f 9 ut-il en
Juger, fi ce n'eft fur le fens qu'il préfente
naturellement. Quorfum enim verba , nifi ut
memem dec/arene, dit Cujas. Ne faut-il pas
les prendre fecundùrn nawralem incelleaum?
D'autre part la loi ne vous dit-elle pas que
cùm in I/erbis nulla ambiguùas eft; non debet
admitti valun latis quœJlio ; que l'crbis dcc/aralUr animus, & que ralis prœjumitur qllalem
prolata lIC! ba fignificant? A, la bonne heure
fi l'on pinçait un mot pour donner au citre
une interprétation contraire à fa {ubllance.
Mais quand toutes les paroles du titre
'
.
quand l'enfemble des difpoGtions ne fe réfere , & ne peue fe référer qu'à_ une donation entre vifs, c'eft fe moquer des gens
que de croire que l'on parviendra à meUre le
titre de côté, en nous difaut, vous pincez
les mors. Eft-ce pincer la di{p06tion que de
dire que la donation ea pure & jimple ; que
la femme en a été inveflie par l'acceptation;
qu'elle lui eft tellement propre, qu'elle peut
en difpofer; qu'il s'agit tellement peu d'une
donation de' furvie , que la donation n'elt
pas dil/ifible entre les enfans & le furvival1t
par virile; & enfin que par cela feul qu'elle
eft foumiCe au droit de reLOur , le donnant a
été par cooféquent dépouillé, & le donataire iovefti. Ce ne font pas·là des mots, ni
des mots pincés; mais des chofes. C'etl i'1
lIifceribus caufœ, que nous cherchons la na.ture de la donation; & c'eft in J1ifccribus
caufœ,
,
,.
i9
[auJe, tant dans les paroies d~ la donatloci i
tânt dans les claufes, tant dans les coofé ..
quences ou dans les effets que dans la dif.
paGliao elie-même, que nous trouvons à fixer
hl nàfLlre de Il! donation:
Maintenant cro.i ra.t-on que l'intention des
Parties n'ait pas été de faire une donation
Cntre vifs? Et fur ql10i en juger?
» Sur ce que l'aéle n'énonce pas le paie» 'ment de la donation. 1)
.' Vous vous trompez j voyez la claufe ; La
Dame Boyer doit jouir de la donation ainfi
qr!e de la ' ddl dans les cas de droit; & il ne
répugne pas à la donation d'une fomme en
argent qu'elle rie (oit qu'à prendre [ur la fucce l1i o n du donna nt.
1) L'i nt ention
des Parties était que le
)) Geur Boyer aurait l'ufufruit pendant fa
,:) vie. J)
Vous vous trompez encdre, voyez tou"
jours le contrat. L'iocent}on. d~ Ge ur Boyer
était que fl femme ne, Jo~tr~1t de la donation, que quahd elle, Jou~rolt de fa, dot;
dans les cas où le dtolt lUI permettrolt de
j oui r de fa dot. Qu'dIe ne jou,ït ,d?~c pas
de la donation quand elle. ne Jo~dIOlt pa~
rien de plus Julle ; c eft la 101
fa dot
de
,
d '
, n contrat, Mais qu'elle ne
olve pa,s
d U
\
cl '
, . de la donation quand le cas de rOlt
Jo uI r
ft ' '
de jouir de la dot s'dt vér~fiée, c'e eVIdemment parler contre la ~Ol du cont~at . .
lendemain du manage le man
fur
« Le
•
. pz'ed auriez-vous pu demander le palemenG
))
,
H
�,
30
» dé la donation ? Non; ergo ,i'intention
» étaie donc que la fomme ne ferait pas
) payée pendant le mariage. »
Vous vous trompez encore, & vous VallS
tromperez toujours tant que vous vous écar.
t#rez du tit,'è.
D'abord le mari jiJr pied n'ell pas une hy.:.
pothefe que no~s devions preQdre pour regle, pqifque le mari n'ell pas fur pied.
De plus; le mari fur ,pied, je n'aurois pas
pu réclamer la donation, parce que je n'au_
rais pas pu réciamer la dot, & que la dot
8( la donation font allimilées dans le con ..
traC. A~oJi , d.ans les cas de dr.o Ït; devant jouir
de la oIonatjoo ainG que de la dot, vous oe
pouvei pas mieux vous oppofer à la répétition de la donation, qu'à la répétition de la
dot.
Enfin voyez l'intention des parties que vous
v-oulez confulcer. Si le mari avoit fait une
fimple recoonoifiànce de dot, la femme la ré.
péterait certainement avec la dor. Aujour_
d'hui la donation opere le même effet, avec
ceOte différence que la reconnoiff'ance de dot
eut acquis irrévocablement à la femme, fans
efpoir de retour; au lieu que la donation en
laiife fubfiCler l'efpoir.
II ne faut donc pas dire que la femme
ne pouvant pas réclamer I.-! mari fur pied ',
dIe oe peut pas réclamer pendant le ma.
riage ; eocore une fois, elle peut réclamer
dans les cas de droit: & le cas de la faillite
ou de ladéCQofiture opérant, de droit", la
,
'.
l
.
t
,
reClit~t~o.n. de Ta dot, opere par conféquén é
la repeclI10n de la donation , qui De peut
être répêtée qu'avec la dot.
1)
Le cas de vergence eCl un Càs d'alf..,.:
) ra nce & rion de paie men r: »
Mauvaife exoine. La collocation par af.
furanee peut fans doute devenir définitive;
auHi dt·elle un . vrai paiement. Ce n'ell, fi
\'ous voulez, qU'lin paiement provifoire : mais
Ç;'e{! t0-ujours un paienienr; & tout de même
que VOYS me payez la doc i il faut par conféqyent q ue vous me payiez la dotiation . 1
)) Le fieur Boyet n'entendit donner qu'ék
)) tirre de furvie; & quelles que [oient les
» àoo a ijd!~s eo comrat de mariage ~ elles n'ont
» jamais d'autre eff~ t. Voyd Furgole en [a
" que fti otl 49, nO. 24 & [uiv. li.
Eh bi en voyon s-le, & examinons fi ni
'
. .
Furgole ; ni perfonne autre auront pu dIre
qu'une donation en Contrat de mariage De
peut être qu'une donation de {urvie, ou que
tOLIte autre donation eotre vifs eCl prohibée:
D'abord il faudroit uoe Loi qui les prohibât , & .nous n'en connoi{foos pas.
.
Des - l o r~ que peut traiter Futgole ; & qué
t ra ite- t-il en effet? Comment il faut inter':
r ré te r Ilne d o oati~n, en. contrat d: mariag:~
Mais dès -que la dl[poGtlOn eil claIre & éVIdente, il n'eà pas queaïoô; & il ne peut
p J S être queilio'n d'interprétation: ou il faut
dire que toute donation en contrat de maliage eil prohibée du futur à la future, oû
que le contrat de mariage ne renferme pas
�p.
pareille donation. SuppoCer la prohibiriàn ' ;
ce n'eo feroit pas a{fez ; il faudroit indiquer
la Loi qui en eA: le fondement; & fi cette
Loi n'exifle pas, il n'y a plus que le texte
'
du contrat qui puifiè décider.
Aufii Furgole réduit-il [on examen au
point de favoir quels font les cas où une
donation pellt être regard ée comme une do ..
nation de furvie ·, & G cette ,.condition doit
êrre fous-entendue tacÏto juris intelleau. Et
s'il [e rend à cet avis ~ n. 28, c'eft parce
qu'il raifonne fur une difpoGtion dont rien
n'indique qu' elle fait plutôt entre vifs que de
furvie.
Et cela eft fi vrai, qutaprès la di[cuffion
que l'on nous a indiqué depuis le nombre
23 ju[qu'au. nombre B qui ea pour le 1er.
cas, Furgole en vient au fecond. Quel eA:
le fecond cas ? Lorfq ue la donation eA:
conçue entre vifs, & qu'elle a trait de rems
à la more. Mais ce n'eA: pas encore notre
cas, parce que notre donation, quoique en·
Cre vifs, n'a pas trait de tems à la mort, &
qu'elle eA: au contraire acquife en propriété
iflicà à l'ioA:ant . même du contr at, & en
fruits dans les cas de droit, où la femme
pourra répéter [a dot, pour jouir de la donation ainG que de fa dot.
Or ,en pareil cas Furgole dit. il que
la donation fait une donation de furvie ?
Non fans doute. Et il ne pourra pas le dire
fans heurter tOllS les principes, & fans fuppofer que les futurs ne peuv ent pas fe faire telle
donation
H
donat~on qu'ils jugent à propoS, ainG
qu'il
l'~ dép établi. Auffi le même Furgole ,ajou-
t.JI, que lorfque la donation eft faite entre
vifs , .o,utre l'au gment, ou qu'elle e(l faite pour
en ddpofer tant en la vie qu'à la mort, ou
aux pl 8iG rs & volontés du donataire cette
,
'
clrcon(lance fuffie pour la fairé regarder
comme pure & abfolue ..... Car la faculté de difpofer aux plaiGrs & volontés da
donataire, o ~ en la vie & à la mort, [uppore que la donation dl: pure & abfolue, &
que la propri été des chores données eft ac'"
quife au donataire au moment de la dona·
tian.
Si le Contrat nous prouve donc que la
donation eft pure & abrolue, que la pro ..
priété de la chofe donnée dl: acquife aU
donataire au moment de la donation, toute
difficulté doit donc cefièr fuivaot Furgole
lui-même.
~ Or la donation dl: tellement pute & ab ...
folue; que noUS le trouvons, dans le Con·
trat . ; voyez · comment elle y eft qualifiée ;
Pure ,Jimplc: & irrévocable. Or pareille donation ne peut pas 2tre UDe donation de furvie, qui ne peut être que condi tionnelle.
De plu s , la propriété de la chofe donnée
eO: tellement acqllife à la Dame Boyer ipfo
faa o, qu'elle accepte la donatio~; qu'elle
a la faculté d'en difpofer, quolque entre
Ces enfans, & par portions égales ou inéga.
les, & qu'enfin la même donation eft au
cas de faire retour, foie que la Dame Boyer
l
�34ptédécede iàns enfans, ou que fes enfans
prédécedent le Sr. Boyer.
La difficulté d'expliquer la donation &
tl'en' indiquer quel cft le véritable caraétere
fur la donariod elle .. même, embarraife cel.
letuent les Appellans, qu'ils veulent que ces
tlau[es diftinétives de la libéralité entre vifs
[oient louches & équivoques, & que le retour, qui de l'eft p.as, ne di[~ pas . davange.
Mais quarld il faut Juger un titre, 11 ne faut
pàs commencer de le mettre de cô té. Cea:
le tirre ~t1i indique quelles ont été les vé.
ritables convencions des Panies, & c'eft par
con[équent dans le citre qu'il faut les cher.
cher.
Et vOlllez - vdus Cavoir ia raifon de certe
Bonation qui vous offùfque cane? Elle cft
palpable. La Dame Boyer époufant le lieur
Boyer Fortune, vouloit en quelque façon fixer
la forrune, & ne pas expo[er elle & [es enfans aux variacioos du "commerce, & à mULlrir de faim, après avoir fondé fon ménage
fous les au[pices d'une fortune brillante. E~\
voilà pourquoi elle exige la donation qui
nous divife. Ee le lieur Boyer ne pou voie s'y
refufer, puifque la Dame Boyer n'avoie pas
l'indifcréüoo d'exiger une reconnoiifance, &
he [e proporoit que le plus grand bien des
eofans.
Maintenant nouS dire que ce ne ferone
pas les biens q.ui feront retour, mais le droie
de demander la donation, ce n'eft pas mê.
me s'afièrvit -au Cens des termes. Un droit
~5
ceBè, il s'éteint; & une donation fait ret~uf;
Aulfi tel eU le terme du Contrat: la donation
fora retour en entier. Or on vOus défie d'ex~
pliquer comment il fera poŒble que la do~
n a ~ion failè reto.~r;' li elle n'a été déja ac~
qUlfe au donataire, & mieux .encore comment une donatiori ne fera qu'une donation
de furvit!, quand il fera cependant libre au
,9onataire d'en difpofer eh favèur de [es enfans par portions égales du inégales.
Relativement à cette derniere claufe .> ou il
fallt que la loi l'emporte [ur le contrat, o~_
que le contrat l'emporte fut la loi ; car
la loi & le contrat ne peuvent êÜe d'ac.
c o rd fil f èe pOlne: Si vous voulez qu'il ne
foie q uen ion que d'une donation de [urvie ;
la femlll t! oe pourra pas en difpofer entre [es
ènfans p ar panions égales ou inégales; elle
n'en aura la faculré qu'autant que l<i dona.
tion {era - encre vifs. Sur quoi faut-il donc
juger de la nature de la donation? Sur les
d iffé'rentes claufes qui, l'expliquane, la déveIoppeàe & fervent à la èataétérifer. Or dès:
~ùe la donation ne peur être enùe vifs qu'au",:
tant qu'elle faie teto'ur, & qu'autant que le,
èbnjoinr peut en d'ifpofer en faveur de [es
enfans par porrion"s égales où inégales, notre,
dooatioll qui reunie ces deux .caraéteres '. ne(
}:leut donc être qu'uoe donatIOn entre vIfs;
c ela dl plus clair q'ue le jour.'
.
•
E ll un mot, pour que la donatIOn put
être u lle donation de furvie, il faudroit que,
toutes les claufes qui en fOllt partie puflent'
�36
5'y adopter; & elles ne s'y adoptent pas.
Si au contraire elles s'adoptent à une donation entre vifs, la donation ne peut être
qu'entre vifs comme pure, fimple; auffi tel ell
le terme employé dans le Contrat.
Que l'on en juge donc par les termes ou
par les claufes, tout doute fur la nature
de la donation doit difparoître.
» Le mari çommenceroit - il de payer
» 50000 liv. pour les reprendre en cas de
» retour?
Voilà quelque chaCe de bien extraordinaire.
C'eft cependant ce qui fe vérifie dans toutes
les donations qui font retour.
» On a entendu que la donation feroit
n régie par "les regles propres aux avanta,
» ges matrtmOOlJUX.
Et qui l'a entendll? Vous; mais vous
ne faites que tourner dans le cercle.
» La donation Ceroit en fraude & au pré» judice des créanciers.
D'abord, où l'ave'L-vous trouvé? N'eftil pas permis à un mari de faire une do~
nation à fa future, ou connoiflàns - nous
quelque loi qui le prohibe?
De plus, vous n'êtes pas cré ancier, vous
avez aquis au préjudice du Contrat de mariage, & les hoirs Canquerer font d'autant
moins excuCables , que le M auteur av oit
été témoin in!trumentaire du Contrat.
» Donner & retenir ne vaut, & le Sr.
» Boyer retint en donnant.
'
La
37
'
L a preuve que cela n'dl point exaét, c'eO:
que vous h'ofez pas attaquer la donatiori ~
Et vous f~ices bien, car il n'ell pas diffici~e de vOIr que le fieur Boyer tran(porte
zpfo Jaao, & que comme il auroit pu fe
réferver l'ufufrUit pendant fa vie fans que
la nature de la donation en fût altérée , il
a pu également oe fe le réferver qu'autant
qu'il jouiroit de la dot. Et l'on nti fa che pas
,que cette flipulacion aye rien de prohibé.
)} Il n'efl pas vrai q ue le contrat affimile
)} la donation à la d-or.
Mais il ne faut qtle lire le contrat: pour
en jouir par la Dile. Crefp acceptante SA
VIE DURANT eh fonds & en fruits, ainji
QUE <DE LA DOT, DANS LES CAS
DE DROIT. Le mot ft "ie durant n'ell:
pas équivoque; cet autre ainfi que de la dot
ne l'eH pas davantage; en cherchant donc
quelque différence d'un cas à l'autre; c'eR:
évidemment parler contre le titre.
Il Il n'y avoit aucun terme indiqué pour
n le paiement.
VOllS le répéteriei cent fois que vous ne
le pèrfuaderiez pas. Le contrat porte dans
les cas de droit: & ce feul mot répond à
l'ùbj eaioo.
Dès-lors à quel propoS ne pas expédier
à la femme la donation qui lui eft due?
On ne le peut fans anéantir le contrat: &
il ne' peut pas l'être.
1
<
�Sur les
•
~ous
1 2.00
lillres~
n'avons pas haucoup à dir~ fur cè
point. Dès que la don~rion n'eil pa~ Une donarion de furvie j malS Ulle dOnatIon entre
vifs; il n'ell pas poŒble que la Dame Boyer
n'eo jouil1è pas; & G elle doit eo jouir, la.
maifotl fur laquelle elle a été colloquée ne
lui produifalit le prix ordinaire., qu'à la.
cha~ge d'41cquitter une penGon vlagere de
1200 Iiv;, il n'el1: pas polIible que cette
charge pri~~ anr la femme du bénéfice de [a
collocation elle n'ait pas à raifon de ce l a
'
• pour 1,es
voie des regrès
comme elle l'auroI[
fonds dont elle ferait eo perre. Les frtJlts
Jçloot elle ef1 privée opérant une diminution
,de jouil1ànce de fes fond~, ~'elt\ une perte
,qu'elle ne doit pas fouffnr d apres. fan contrat de mariage; Et G elle ne dOI[ pas la
fouffrir, les regrès doivent l'eo venger.
Objeébon. » La maifon ne fut eRimée
») 40000 liv. , que parce qu'on eut egard à
'.) la penGon viagere des 12.00 liv. »
f,.e rapport de collocation à la main, il
eit aifé ,de fe convaincre qu'il n'en el1: rielJ,
puifque les Experts lui réferve~c d'agir pour
ce qui JU,i fera dû pour le paIement de ladite pen fion.
» Il ef1 de maxime que les intérêts de la
» dor excédaI][ l'entretien appartiennent ,aux
» créanciers du mari, en cas de collocation
)J pour
vergence.»
39
1
Deux réponfes. 1°. La Dame Boyer jouir.
fa,nt de fa dot & de fa donation n'auroit
que 2°9 0 liv. de',rènte, fur quoi il faudroit
prendre
. les r,ép.a,ratio,ns de la maifoll , fan
entretleQ, celui de fOIl mari & de fa famille.
Or ce n'en eit pas aH'ez dans Une ville telle
-que Mar{eille.
De p'llUS, la 'D ame Boyer a pourvu à cet
.événement dalls fon ContraC de mariage.
.Ell e n'a voulu fe ma~ier au Geur Boyer qu'au~
'tant q.u'elle s'aH'uroit Un bien-être pour elle
& ) pour fes enfans . Ce bi en-être, elle . l'à
.fixé au produit de fa .dot & de fa donation;
,& il n'ea pas pofiîble ql!J'elle foit trompée
.dans (es efpérances; puifque' c'ea fous la
f o,i de cerengagement qu'elle en ~ contratt.é
:Un bi el1J plus . ré el.
De plus encore, ce n'ea pas une collocation par forme d'afiùrance; c'ea une collo.
cation pour Une donation qui n'appartient
'point au mari, & fur laquelle le Contrat
a difpofé. Le contrat porte, POUR EN
JOUIR SA VIE durant. La Dame Boyer doit
donc en jouir; fan mari n'a donc rien à
y ,v oir, & par conféquent ni les créanciers
de fon mari.
Maintenant il feroie inutile de s'agiter fur
Je poinc de droit. Nous pourrions cependant
obferver que l'excédant des fruirs d'une collo cation pour caufe de vergence d'oit appartenir à la femme, ainfi que l'é tablit Duper-ier. 1) Comme il a été ju gé plufieu rs fois,
,» dic-il, que telle eil la bonne opiuion, par
�,
4°
) une rairon bien {impIe, parce que la femmè
» n'a pas confié fa dot au mari pour pay r
)l
fes créanciers, fèd ut Lautius viveret; q ue
Decormis , tom. 2, col. 1284, ne dic r1 ~ n
de contraire ; qu'il ne parle que du dr oit
d'offrir, dont il n'dl pas queftion; que Mf.
de Be'l.ieux, live 7, ch. 3, 9· z, ne dit é galement rien de contraire; que l'Arrêt f ut
rendu contre les enfans répétant la dot de
-leur mere, &. qu'ils avaient évi demment tort,
parce que le pere a l'ufufruit des biens des
enfans jure proprio, &. en remplacem ent de
la propriété que l'ancien droit lui attrib uait ;
enfin que l'Arrêt rapporté dans le qu atr;eme tome de Boniface, page 363; ne dit pas
davantage, puifque la femme ne cherchait
à exercer les regrès que pour des intér êts
accumulés: & il a été jugé entre les Part ies
que de pareils intérêts ne font pas maciere
de regrè s.
Sur le tout, il n'eft pas aujourd'hui queftian de dot, mais il eft queftion de donation
dont la femme doit jouir pendant fa vie.
En réclamant donc la joui(rance de cette
donation, nous ne réclamons que l'exécution
d'un patte formel de notre contrat de mariage. Or il n'eft pas pofIible que quand le
contrat porte que la Dame Boyer jouira de
la, donation pendant fa vie, un Jugement
quelconque puifi'e la priver de cette jouiffance.
Tel eft donc ce procès, qui, comme l'on
voit, fut d'abord condamné par les propres
Con[eils
.
Confeiis des hoirs 41
~
1
ne produit nu d Conquerer, & q
1'0' rt
,
"".1 e
ans l' fi'
ue
de vexer la D B ' a , urance de Jaffer &
.
ame oyer M .
.
vengeahèes eil arnve
' ; , &~
aIs. le .rems
. , . des.
moment où la D
'
nous ·touchons .iti
aIDe Boy
' ;
tes les chicanes , ;
er, vengee dé touparviendra enfi
q~ o~ Jui a, fait èfiùver
lable, facré & n a ~oulr du bénéfice in~io~
rlilloluble quë l' au l refp~étable Ol; auffi in:
du moins nousengageme,nc qui y donna lieu;
tendre de la J fi~~ons toute raifon de l'at.
Cour.
u Ice & des luitiietes de t~
j
CONCLUD comme al 'lé . ' é "d '
'
fenfes avec plus
d cl 1 pr ce entes de"
' .
gran s épens
pertJneinment.
.
,' & autrement'
PAstALIS' , Avocat:
CRAS, Procureur;
,
�MÉMOIRE
EN RÉPONSE
j
POUR les hoirs du fleur Donet, vivant Né- 'gociatlt .de la ville de Marfeille, appellant
de Sentence rendue par le Lieutenant de
Sénéchal au Siege de lad. Ville, le la Oc- ,
tobre 17 80 , demandeurs en requête , incidente du 8 Avril 178 z., & en autre requête
incidente du ..... Mai 1783, tendallte en
appel incident, ~ en tant que de befoin
envers la Sentence du 2 Septembre 177 6 ,
portant adjudication des 50000 liv. de la
donation faite à la Dame Magdeleine Creps,
époufe du lieur Boyer, dans fon contrat de
'mariage du 24 Mai 1761:
CONTRE
La Dame Magdeleine Crèps, époufe répétée en
dot du fieur Efiienne Boyer de la m~me Ville,
intim~e ~& défendêreffi.
L
A Dame Boyer prétend que nous fom.
mes nojl recevables, attendu que la S~n
tence dQ 2 · Septembre 1776, portant adJu-
�2
dicatioll de fa dot & droits, n'eil: pas attaquée. La nottvelle qualité qu'elle nous force
d'introduire pour furmonter & faire ceff~r
cet obirade, ne nous arrêtera pas long
temps.
Cette Sentence a été rendue fans appeller & fans entendre le fieur Donet, qui
n'étoit pas meme créancier à cette époque, &
dont les hoirs ne commencent à prendre intérêt aux affaires du fieur Boyer, dit Fomme ~
qu'à raifon des regrès que la Dame Crep$
Boyer vOlldroit leur faire fouffrir.
Dès ce mo~ent, & à raifon de tet intér-êt , naît le df0it qu'ont les hoirs du fie ur
Donet d'infpetler la collocation de la Dame
Creps 1}oyér, & de ' 'q1:lereller les adjudicatious injuftés qu'elle peut avoir furprifes' aux
'!Tribunâux~< f1 eft ind~fférent qHe ces adjudic'ations ayentété confenties par les autres
eréanciers, & plus e1!.core q~'ils les aient
laiffées iller fans s'en plaindre. Les hoirs Donet
agiirent d'après leurs propres principes; la
conduite des autres créanciers n'a rien' qui
doive leur fervir de r~gle. Il fuŒt que leur
droit foit entier: or, il- l'eft, certainement,
quant à ce qui concerne les fommes que la
Dame Boyer s'eft. faÏt -adjuger par la Sent.ence portant liquidation de fa dot.
Le feu iieur Donet n'y fut point appellé;
il n'y a pas été entendu. Ses hoirs ll-'ont pas.
âcquiefcé à €e jugement. Le titre eft donc
fournis à leur appel. ·Qu'importe. que les hoirs
eo.nqueret, avant le dernier Arret qu'ils 00-
3
1
.,
tinrent, n~aiel1t pas voulu exercer Je dtoit
que les hoirs Donet exercent aujourd'hui
que leur Confeil les en ait écartés? Tou:
ce que ce fait peut donner à examiner c'eit
"
la quefrion de favoir fi les hoirs Conqueret
fpnt, o,u non, re€evables. Mais que les hoirs
~onqt!-eret f'Oient rece.vables ou, non, la queftlon 11 en eit pas m01l1S neuve & entiere,
quant aux hoirs Donet, qui ne peuvent être
frappés ni par le fait des hoirs Conqueret,
ni par la ConfuIration qu'ils avaient rapportée avant le dernit:r Arr~t de la COUr.
. Ce n'eil: pas que cette Confultation que la
Dame Boyer oppofe, renferme des motifs
hÏlen graves. Les hoirs COBqueret ne prenaient
pas alors le vrai jour dé la ' queftiol1 qu'il
failciit propofer. Il ré[ulte de la 'Con[ultation ,
qu'oti prMoit la queil:ion d? côté du dol &
de J'a ftàude; & comme les preuves n'en
étaient pas bien complettel.., les Confultans
fureJ:lt <l'avis de renoncer au projét de propofer~ le môyen de fraude & de dol qui rendroient la donation nulle. Mais fi on }eur eût
propofé la quefriot1 de favoi.r ii la donation
devoir avoir fan effet dans le cas de- faillite,
ou s'il falloit {imp1ernent en renvoyér l'exé..
cution au temps de la morf, ces mêmes Confeils n'auroient certainement pas balancé,
{luifgu'aulourd'hui ~ &, d~ns: l'état. de, la conteftation atluetle, 119 n heiltent pomt a pen fer
que- l'adjudication de's 50000 Uv. pour en jouir
htc & nunc' par la Dame Borer, ne fo}r injufre; & cette dérliliefe ne dOIt pa·s aVOIr C>U,
1
�4
blié que lors du dernier Arrêt rendu dans
la caure des hoÏt's Conqueret, il fur dit qu'on
auroit prononcé la caffation de la donation,
fi elle eût été demandée. ,
On ne vit jamais en effet un titre plus mal
[onnant. Il eil: très-nouveau 'dans [on efpece;
il eil: [ur-tout très-dangereux; car le fieur
Boyer Fortune, au moyen de fon Contrat de
mariage, filé comme il eil:, & pris dans le[ens que la Dame Boyer veut lui donner, aufoit _toujours ,été le maîtr.e d'affurer à fes enfans le bien de [es créanciers. Un Marchand
n'auroit qu'à promettre à fa femme à.peu-près
le vaillant de toute [a fortune, pOUf_ en demeurer maître pendant [a vie; &- pour la
faire colloquer enfuÎte en;cas de détreffeou
d'orage dans. [on commerce. Cette maniere
de procéder le mettroit [ans ' doute à l'abri
des événemens & des rifques · de [on ,é tat.
Mais les créanciers feroient-ils dans ce cas
bien & loyalement traités, & la bonne foi
qui doit régner dans cet état peut-elle comporter lm titre de cette efpece? N'eil:-il pas
du plus ,dangereux exelPp]e? Et s'il exifte,
tous les Négocians n'auront-ils pas un moyen
toujours prêt pour _ ne rIen laiffer à leurs
créanciers? Quoiqu'il en [oit, ce premiet: ap.
perçu de l'ade prouve qu'il n'a certainement
rien de favorable i & que rien ne mérite plus
l-a faveur de ·lg.. juil:ice que le fyil: ême que.
nous propofons, & qui tend au moins à
prive~de titre de l'effet oclieux qu'on voudroit, hli dO.I111er au préjudice des créanciers
légitimes.
, ..
L
5
1egalmes.
. es motifs de notre fyf1~me fervent de gnefs cl appel de la Sentence de liquidation de la dot. Si la donation efr nulle
'il n'y avoit pas lieu d'en adjuger le mon~
tant; fi par contraire elle n'exÎfte entre les
deux conjoints & au profit de la femme que
~omme un pmple don de furvie, il Y avoit
heu de n'adjuger la fomme de 50000 liv. que
comme don de ftlrvie, qui ne pouvoit donner lieu qu'à un paiement de fiB:ion & par
affiette ,. en attendant le cas incertain du prédécès du mari.
. Entr~ns à. préfent dans le detail des queftIons deJa dIfcutées. La quefrion du trouiTeau
ne devroit pas en faire une, f<;>it en fait,
foit en droIt. Il eft inoui que la Dame Boyer
vienne nous dire qu'elle n'avoit point de
trouifeau, point de nippes, point de hardes,
point de bijoux, lorfqu'elle a fait prodder,
foit à la liquidation de fa dot, foit à fa collocation; car fi elle en avoit, comment at-elle pu fe difpenfer d'en rendre compte &
d'en déduire la valeur fur le montant de fon
adjudication? .Et par quelle étrange inconféquence ofe-t-elle prétendre qu'elle efr créanciere de 2000 Ev. de fon troutleau, & que
néanmoins elle ·peut fe difpenfer de recombler les hardes dont elle a profité. Elle veut
dOlic avoir la chofe & le prix. Telle efr notre
queilioll; l'expoïition que nous venons d'en
faire n'a rien d'infidieux, rien de fardé;
voyons. ce que la Dame Boyer nous dit all
contraIre.
B
�6
:Elle commence par convenir de la regle ;
& comment aurait-e lle pu la contefter, dès
qu'elle [e porte pour créanciere du troufieau?
Peut - elle en prétendre le prix par toute
autre raifon que par te qu'elle n'a pas la
chofe? Si la Juftice lui donne le prix d'un
côté, fi de l'autre elle a toujours été nantie
de fon trou1reau [ans en rendre aucun compte,
elle a[pire donc à [e fuire ' pàyet douhlement
de cette portion de [a dot, qui coniiftoit
dans le trouffeau. :Elle veut..en étre payée
en argent, quoiqu'elle l'ait iléja reçue en
nature.
Elle demande d'abord fi [on trouffeau doit
étre perdu pour elle ? Non [ans doute, eUe
ne doit pas le perdre; mais les créanciers
au moins auffi favorables qu'elle, ne doivent
pas le payer deux fois. La queftion coniifre donc à [çavoir fi la femme ' qui [e tolloqtle, & qui -ne fait pas eftimer [es har-des
pour en mett re la valeur en dédu~ion, peut
étre reçue à dire qu'elle n'avoit rien, que
tout etuIt pen.
La Dame Boyer n'eit pas la feule femme
.colloqu ée qui ait tenu ce langage; mais on
a [enti qu'il étoit indécent, & qu'on ne
pourroit y a~outer foi , [.ans [e livrer aux
plus dallge~ell[es conféquences : car fi d'une
part il n'eH pas jufte que la femme perde
fon trouffe.au, il n'eil: pas juH:e lilon plus qu'elle
[e le faITe payer deux & trois fois au préjudice des créanciers . .Entre ces deux écueils',
il doit exifier une regle. ~Cette regle eft
,.
1
•
1
.
[m:ple.}l faudroit.la faire , fi 011 ne la tro u..
VOit deJa toute faIte. La femme qui ne parle
pas ~e [es h~rd~s lors de fa colloqtion, ef(
cenf~e les retenIr fur le pied de l'eftimation
port'é e dans la conftitution. Il en a été cité
deux Arrets dans les précédentes défenfes.
·~.e feconé!. eil: parfaitement connu du Sou['flg~é ,yuifqu'iI pl~idoit ~ cette époque pour
les -hoIrs -de Jofeph Mouiffet de Salon, contr,e T .here{e Aç-nel de la méme ville, époufe
T~pétée 'en dot ete Claude Blanc, Fournier.
L'Arr~t efr du 22 Décembre 1780. -Therefe Agnel s'étolt pourv~ en répétition de
d~t. EU:. vi11t ~ttaquer un créancier qui s'ét'olt -coHoq\lé fur les biens du mari. Elle avoit
~'-$2 liv: 10 f. {te dot, dont 31:0 liv. au pri~
,de {Oll trouffeau. Il ne lui avoit pas été' dif:ncile, de- fe faire <Jdjuger lefdites 382 liv.
10 f.-; mais MouifIet appella de l'Ordonnance - qui renfermoit cette adj udication, &
qùi fe trouvoit antérieure de plu/ieurs années.
-Il difoit que Thel'efe Agnel ayant un trouffe au de 300 liv., & ne l'pyant pas repréfenté
lors de la liquidation de fa dot, s'étoit par c~
moyen procurée la chofe & le prlx au préjudice des créanciers légitim es du mari ;
-qu'en ne faifant p'oint 'évaluer [es h ardes,
elle avoit fait fon choix, & qu'elle les avoit
reprifes pour le méme prix fur le pied du'quel elles avoient été paffées dans l'efiimat1Ol1.
L 'Arrét le jugea de même nemine difcrepante, nOl1obftant qu'il fût oppofé d~ la part
�8
de Therefe Agnel pour qui Me. Sellon plaicloir, que fon mariage avoir duré long te ms ,
que pendant Fa durée fes harde~ avoient ét~
tout-:l-fait u[ees, & que [on man dans la ml[ere n'avoit pas méme eu le pouvoir d'entretenir [on trourreau. Il fut jugé que la femme doit déclare r [es hardes dans le moment
où [ès droits font liquidés, pour que les intérefiës puifIent vérifier & prouver qu'elle
n'dl: pas en regle; & ~i cela n'ét~it. ainfi ~
l es femmes auroient toujours le drOIt lmpuru
de [e donner l'avantage injufte de garder
d'une part le trourreau en natu:e, & de
l'autre de s'en faire payer le pnx.
Sans cette regle, les créanciers [eroient
toujours lé[és; avec cette regle les. femmes
ne peuvent jamais l'érre; au contraIre elles
ne peuvent qu'y gagner : car celle, ~o.nt ,le
trourreau [e trouve effealvement detenore,
ne manque pas d~ le repré[enter ~ de le
faire efr.imer ; au heu que par ContraIre celle
qui ne le re pré[ente pas, profite. de la plus
value , qui dans l'ordre & la ngueur des
regles appartiendroit aux créanciers; & l'on
[ent que cet objet n'dl: pas de petite confidération, [ur-tout à Mar[eille où les trou[[eaux [ont communément portés par le luxe
& le fafle qui regne dans cette ville at~ doubl.e
& au triple, & quelquefois méme vmgt fOlS
au
de ce qu'ils étoient lors de la con[. delà
.
1
tltutlOl1.
C'eft donc bien afIez, c'eft peut-être trop
que la femme qui [e colloque pour fa d~
.
,
9
& droits, ait le pOllvok de s'a'vantaO'er aÎnd
au préjudice des créancièrs de fon ~ari &
de s'approprier la totalité d'un troliiTeau fouve.nt très-important '. dont 1'excédant pourroIt empêcher la famdle honn~te d'un créancier légitime de tomber dans là mifere. Mais
ce [eroit outrer les cho[es, & iégitimer la
p!us c~l1elle de toutes. les injüf!:ices -; que
cl ~uton[er la femme qUI ~e colloque, à fuppnmer le trouiTeau en entIer, fous prétexteque [es hardes étoient totalement dépéries
à l'époque de la liquidation de fa dot. Ces
liquidations fe font ordinairement fans contradiB:eurl La femme [e Contente d'exhibet
[es titres, & raremènt elle y fait mention
<le [es hardes, quoiqu'il foit certaill qu'elle
en ait, & [ouvent & prefque "toujours alJ
delà de ce qu'elle en avoit lors de la conftitution. On ne fait donc aucun tort à celle
qui n'en exhibe & n'en déc1al!e aucunes, eli
[uppo[ant qu'elle en avoit autant lors de la
liquidation que lors de la: conftitutio11; &
cette pré[omption eft d'autant plus légale,
qu'outre que les femmes font très - jaloufes
d'entretenir & méme d'atlgmenter leurs hardes & trouiTeau, le mari d!: d'ailleurs obligé
à cer entretien, qui formé ùne des charges
du mariage; & 1'011 fçair qu'à Marfeille les
maris même les plus fen:és & les plus gênés
.
.,
dans leurs affaires, ne manquent jamaIS a rempli!' ce tte obligatio n, même avec une [urabondance & [ouvent pre[que au detTus de leurs
forces.
\
c
�1'0
Rien l1'eft 'donc plus étQtÎllant qùe d'entendre din: que l'ufagè.. ll'ei!: pas "à.J.MarfeiUe
d'exiger l'~ta.J des ha,rdes. Entendol1$ _ nous
fur le mot ~d'l1ltge. Yoplez-vous parlet èl'une
coutume ayallt, [Dree: dse'! Loi! Dal~ ,ce ' cas
' on vous ré:popdra q1le, 1a. COutum~ ,cie 'frauder
les -p-réa1:1cte ~~\ l~e ~peùt jaooais .dégélléter · eh
_.u[ag~ )~cite\ . J~' aillellrs tU,fage eTe ',Marf~ille
ne differe et;l · n~n de celut des aUU:es villès
-dè la Provit;lce. Les,Jemmes font~par _ tout
) t:; ' m~,lnes •.:: Il Jl'en eit, êUlcune,.ou prefque
-a; -Jut'l e '<lui (e faire- Ull ~pOilit -de ,:. cçmfcience
'de faire 1a-t.déeJqratioll de fOll tl<ol'lffeau, &
d'eil porter -1~ valèur 'eu.·aéduRwn fur .les
[ommes qu',elle Jait liquider , eri fa :faveur ;
~1s ç'e t 'abu$J '(Je la ' pait ~es femmes qui fe
fçll1t c.olloque-r" Il'eil: ;P,.Qs,l une r~g~è pour les
T. ribunaux. A,;'Marfetlle 'comm~ , aIlleurs, .les
'créanciers ont le droit de dire à la femme
qui fe c~ll~que 'qu'elle ne peut pas exiger
double reil:i.t4tion de [on trouffeau ).: & que
quand elle le prend en argent, elle doit déclarrer '& , renqre ou déduire ce qui lui en
reil:é ·en llat~re. Telle dl: la regle par-tout
où il eil: établi que la méme'~ .dette ne
<loit pas étre ..p<!yée deux fois, & fur- tout
quand le fecond paiement tourne au préjudice des créanciers.
'
Et par quelle raifon y auroif-fl une regle
contraire à Marfeille? Si la regle dont nouS'
excipons n'exifl:oit pas, ce fe roit effentiellement pour Marfeille qu'il faudroit l'établir,.
vu qu'il y efl: pour ainfj dire univerfel que les
Il
!rou~eaux font portés pe?,dal~t 1e mariage
1I1filUme,l1t ~u-dela de ce qu Ils etoient lors de
la confl:ltlItlOn, cette augmentation du trouf~
tfeau q,ui)fe fait pel~dant le mariage, fe fJit
au~. deyens du, I1lan, & par conféquent au
preJ~dI'ce de, fes,' créanciers, Pourquoi 'ces
, ~ertlIers 'ferolent-ils condamnés à fouffrir ce
_ptéju~ice ? Et n.e ferbit-ce
t
J
c
pas les y ccndam~
,ner t que d'autorifer la femme qui n'a fait
.a'U~une 8éclaratid'n de fon trourreau, qui par
,conféquent l'a gard S tout entier, à repren_
'elre fa valeur ehiiere fur les biens de fon
Ïnari ? '
, Mais, 'nous dit-on, le luxe à Marfeil1e em'bellit un tro~,ffeau; l~ diffiBation le dévore.
Il' peut' le faIre que quelques
, femmes difIi.:
pées -vendent leurs hardes , que qtielques
1
nlaris défefpérés fe permettent le mt me ufage
du trouflèau de- leurs femmès. Ce fOllt -là
des traits dé défe'rpoir très - rares, parce
,qu'après eux il faut fe réfoudre à ne plus
fe -montrer, ' Mais , ce qui eft très-fréquent,
c'en que les feînmes des N égocians , 'même
les plus génées dans leur intérieur, démentent par leur luxe extérieur l'état de détre'flè où leurs maris fe trouvent; c'eft que
~et éclat eH fouvent néceffaire pour [outenir
fe crédit· c'eft qu'il fe continue & fe ren~
force mé~e jnfqu'au moment de l'explo{ion
de la faillite; c'eft qu'il eft rare, ou pour
mieux dire fans exemple, que la femme d'un
failli n'ait pas un trouffeau, coniidérable, Or,
dt-il jufte, eH-il même dece nt de propafer
,
/
, ,
�I2
que ce trou{leau doit être , perdu pour les
' malheureux créanciers, & que la femme doit
join dre au bénéfice de la plus-value dont elle
profite, en ne faifant aucune déèlara'tion
celui de fe faire donner encore en argen~
le prix d'un trouffeau qu'èllé reçoit en
ture?
.
,
Concluons doilC que la règle dont nous
excipons, efr plus néceirairé encore â Mar-feille qu'e par-toût ailleurs. A la~ bonne heure
que dans les faillites qui fe terminent par
des concordats, portant des atermoieniens
& des réductions, les créanciêrs chirographaires & Marchands n'entrent pas en -cori{idëration du tl:ouireau de la, femme du"failli.
Ils en font bien les maîtres, yolenti nqn fit
injuria. Mais qui ne fait que la condefcendance des créanciers chirographaires ne fut
jamais une regle pour les créanciers hypothécaires? Qui ne fait que le ,c oncordat eft
étranger à ces derniers, & -qu'ils ont lé droit
de _compter jufqu'au dernier fol avec leur
d~biteur? Or, il s'agit icÎ d'un <?réancier hypothécaire, d'un acquérèur qu'on veut évin~
cer, d'un domaine acquis avec bonne foi, &
dont il a payé le prix. Et quélIe eil
perfonne qui veut faire fouffrir cette évitlion 1
La femme du failli qui veut reprendre fur
le tiers le prix d'uil trourreau qu'ellè a gardé
én nature.
Inutilement vient-on IiOllS dire que nous
reconnoi!fons l'exÏfl:ence de l'ufage, puifque
nOlis avons excipé de ce qu'il n'étoit pas jllftifié..
na-
ra
,
,
13
tifié, La réponfe el1 bien fubtile & cer'tal~
nement t~op avantagellfe, En difam que l'ufa o'e
de Marfeille n' dl: -pas J'uil-ifié nous ell
b
'é l' ,
L,
avons
ni , eXl~ence, Exciper du défaNt de juftificatlOn, n eft-ce pas contefter le -rait? Au [ur..plus, en ~xcipant du défaut du fait & de
c~ que l'ufage de Marfeille n'était p~s juftifie,? nous avons encore moins convenu du
pomt de droit. L'ufage de Marfeille exiftât-il
il feroit toujours impuiflànt pour autorife;
une, femme à. fe faire furpayer de fa dot &
droIts au préjudice du tiers,
Mais encore un coup, il ne fe fait rien de
plus à Marfeille que ce qui fe pratique dans
les autres Communàutés de la Province, où
les femmes ne déclarent point de hardes, &
où. elles s'arrogent le bénéfice injufte de la
.double reprife, quand les créanciers ne les
reIevent pas là-deffus, ce qui n'arrive que
trop fouvent, La Dame Boyer n'eft pas bien
inihuite, quand elle nous exhorte à fouiller
-dans le Greffe de Marfeille, & qu'elle nous
défie d'y trouver un feul exemple d'une femme
'qui fe colloquant, ait conné état & rôle de
fon trouŒeau, On' fait bien que les femmes
omettent toujours cette obligation, tant" à
Marfeille qu'ailleurs; mais on pourroit citer
des exemples mêine de Marfeille, dans lef..
quelS elles ont été' rdevées ; on pourroit citer
encore des exemples de liquidation dans
lefquels les Experts avoient · 1iq'uidé la va ..
leur des hardes en nature au profit des:
.créanciers.
D
J
�14
Inutilement nous obferv.e·d-on qqe la Dame
Boyer eût rait la déclara:ion de fe~. hard~s,
fi on la lui eut demandee, & qu II eft 111tolérable qu'on ne lui permette pas d'y fuppléer aujourd'hui, fur-tout au moyen de l'offre
qu'elle fait de fe purger à fe~m~l~t que les
débris du trou!reau extants a 1 epoque de
17 66 , ont été ufés dans les dix années pendant lefq.uelles elle n'a point exigé d'intérét de
fa dot. Elle tient le même langage que tenoit Therefe Agnel en 1780. Cette derniere
n'en fut pas moins condamùée. Comment la
Dame' Boyer peut-elle fe flatter d'échapper
au méme fort?
Comment peut-elle fe flatter en effet qu'on
recoive après vingt ans à Ul'le déclaration
qU'eUJe auroit dû faire alors, & qui auroit
dù ~tre a'ccompagnée de la repréfentation
des effets du tro'u!reau qui exiftoient à cette
époque? Ce trou!reau auroit dû être eftimé.
Or , comment parviendroit-on aujourd'hui
à
.
cette eftirilation ? Comment .pourroIt-on prouver aujourd'hui que fa déclaration eft exaB:e
ou qu'elle eft infidelle? En 1766, onauro!t
pris langue des voiiins, de ceux qui fréquentaient la maifon, & la perfonne de la Dame
Boyer. On auroit pu "la ramener à la vérité
dans le cas- d'une déclaration infidelle. Aujourd'hui toutes les preuves ont péri. La
Dame Boyer .pourroit ne repréfentê.r que .d:~
guenif'les ,ou rien du tOll!, & fes mfidéhtes
feroient impunies.
Eft-il rien de plus ,illufoire que l'offre dl!
la
J
,
15
ferment qu'elle a le courage de -.Bropo[er ?
Elle parle des débris d'un trouffeàa en re- '
" montant à l'époque' de 1766; mais à cette
époque ~lIe était dans l'état le plus brillant.
So,~ ~an, au reto~r des mes, n'avait afpiré
qu a Jetter de la pouffiere aux yeux, II avait
affiché l'excès de l'opulence par toutes les
manieres qui pouvaient en donner l'idée au
public. Ses dépenfes dans tous les genres
avaient été fans bornes. On conferve encore
le fouvenir de ceUe's qu'il avait faites lors
de fan mariage, & la parure de fa femme
n'en avait pas été le plus petit objet. Il avait'
[outenu cet appareil extérieur çle richeffe
jufqu'en 1 7 66 , époque de fa faillite; & dans
éet état des chof~s, là Dame Boyer ofe nous
,dirè qu'elle ne poifédoit alors que les déliris
oe fan trouffeau.
Mais', dit-elle, au moins il fera vrai qu'en
177 6 , temps où j'ai commencé d'agir pour
la répétition de ma dot, il ne me reftoii
plus rien. J'avais alors paffé dix ans fans riel}'
recevoir de mon mari. J'ai voulu faire liqui.
der en ma faveur des intérêts pendant ces dix
années. On les avait éffeBivement liquidés
en ma fa veur jufques à la fomme de près de
3 0000 Ev. Mais par le dernier Arrêt de la
C our les hoirs du fieur Conqueret font par,'enus à faire rejetter cet article. Je n'ai
donc rien recu pendant dix ans. Il faut par
conféquent que pendan~ cet, i!lter;allè mes
ilippes, mon trou~eau aIent ete ufes aux dé~
pens de mon man.
1
�,
16
Ce [yll:~me ne vaut pas mieux que le précédent. Oil a [enti, lors du dernier Arrêt
rendu fur l'appel des hoirs Conqueret, qu'il
étoit odieux que le iieur Creps, pere de la
Darne Boyer, joignît à l'inj'ufi:ice de fe pré'. fenter c'omme ayant payé tous les créanciers
de fon gendre, celle de former à fa fille
un capital de 30000 liv. pour prétendus
intérêts de la dot liquidée & 110n payée.
On a fenti, 'lors de Let Arrêt, que quoiqu'on
fe fût fervi du nom du fieur Creps pour
faire les paiemens , & quoiqu'on eût affeaé ,
de dire dans les quittances que les paiemens avoient été faits par ce dernier, néanmoins il avoit été trop facile de s'arranger
ainii au préjudice des créanciers, pour que
ces derniers duirent en fouffrir. Auffi la Cour
jugea que c'étoit bien airez, & peut-être
trop, .que d'admettre les quittances préfentées par le fieur Creps, & . qui ne paroiffent. au, fonds qu'un entendu avec fon gendre. .Elle ne voulut pas admettre la préfomption de la fourniture d'alimens & entretien faite par le pere . .Elle jugea, comme de raifon, que nonobftant l'accord du
iieur Creps avec le fieur Boyer fon gendre, les alimens & entretien de la Dame
Boyer devoient néanmoins être con{idérés
comme ayant été fournis par ce dern,i er y
& ce fut en conféquence de ce principe
que l'Arrêt de la Cour raya l'article d'environ '30000 liv. que la Dame Boyer avoit
eu le fecret de fe faire allouer. L'Arrêt n'a
pas
. ,
17
pas Juge pofitivement
comme 1 D
Boyer voudroit 1 :t .'
a
attle
d'h '
, Il
e aIre entendre aujour..
UI, qu e e ne devoit J'ouir d..'
cl
' 17 66'Jufqu'en 1 6
~ fIen
ePUIS
"
[011 mari l'avoit fuffifar: 7 , malS bIen que
cet intervalle' &
Jment entretenue dans
,
ce uO'ement ét 't cl'
[ouveraine jufi:ice' parc~ que
01
une
l' dé' d'
, '
, comme 011
da
J.a It, l'len n'étoit plus indignant que
e VOIr tous les effets du lieur Royer cl'f
paroÎtre & 1 f'
1 é
"
e leur Creps rapportant luim ,me des q,uIttances fous fon nom pour les
palemens faIts aux créanciers, Or ce
la Co
"
,
que
fiera ,ur a Juge par le précédent Arrêt
d
.Jugé de même par celui qu'elle va ren~
re dan,s ce~te ~aufe; & la Dame Boyer
fera regardee comme ayant été nourrie &
entretenue par [on mari dans l'intervall
donné entre l'époque de 1766 & celle d:
1776 ,
j
}o. C'efi: ftlr40ut à l'époque de 17 66
qu Il fau~ rem?nter;, c'efi: alors que la Dame
:B.oyer s efl: faIte adjuger fa dot & droits
& qtùlIe a rapporté la Sentence qui la dl
.clare C.réa!lCiere des 6600 liv, , dans lefquelles
les 1.000 IlV. de fon trouifeau fe trou voient
con:prifes; c',eft , alors que la Dame Boyer
i! faIt fon choIx, parce que c'e11 alors qu'elle
auroit dû repréfenter, faire efi:imer & dé~
duire les hardes qu'elle avoit en nature.
Elfe a mieux aimé les-- garder que de faire
cette déduélion. Tout étoit donc dit pour
çlle depuis cetre époque. Depuis lors le
trouifeau 'a refi:é à fon rifque, péril & for~
E
�18
tune; & elle n'dl:. pas plùs recèvable à
venir nous dire que fon troufIeau a été entiérement ufé depuis 1766 jufqlles en l'année 1776, qu'elle l'était à demander les intéréts de fa dot clans cet intervalle . .
. Et vainement nous dit-elle qu'elle ne doit
pas perdre des deux côtés, c'eil:-à-dire
du côté de fon trouffeau, & du côté de~
intéréts de fa dot. On eil: bien éloiO'né de
penfer qu'elle foit en perte de l'un b ou dè
l'autre côté. Elle avoit certainement fon
trolliTeau en 1766, & même un trouiTeau
très-fplendide, comme il' eil: notoire à Marfeille : depuis lors elle a été nourrie & entretenue' c0t;nme auparavant. Il eil: jugé par
l~ p.réc~dent Arr~t. qu'elle 'eft préfumée
1 aVOIr eté des delllers de fon mari. Certain~ment elle a continué de vivre & de
paroître après 1766 comme- auparavant. A
qui perfuadera-t-elle en effet qu'elle n'avoit
q~e des ~éb~is de trouiTeau , foit à la premlere , folt. {l la feconde des deux époques
dont on VIent de parler? Qui croira que
fes hardes étoient péries, foit à l'une foit
à, l'autre .de ces deux époques, &' qu'il
11 en reil:01t pas la plus petite trace , le plus
léger fragment en 1776, temps où elle a
commencé de faire ou de préparer contre
le tiers l'explofion de fon aétion' aiToupie
pendant dix ans ?
Que devient à préfent l'offre de fon ferment?
,Et .où en .fe roit-on li l'on admettoit;
,
apres envlron vmgt ans, un ferment de
I9
cette efpece? La regle dont nous avons pofé
les principes, deviendroit illllfoire , & toutes les femmes auroient par le fait le privi.
lege exorbitant & le plus inique de doubler
leurs trouiTeaux. D'ailleurs, fur quoi veut·
on faire rouler ce ferment? Non fur ce
qu'il n'exiil:oitpoint de trouifeau, car il feroit abfurde & révoltant d'en dénier l'exiftence, mais fur ce qu'en 1766 il n'en exiil:oit
plus que des débris qui avoient achevé de
s'ufer & de périr en 1776. Mais ne voit-on
pas que rien n'eil: plus abfurde que l'hiil:oire
de ces prétendus débris auxquels on veut
réduire le trouiTeau ' à l'époque de 17 66 ?
Rien n' eil: -plus mal fondé, foit en fait, foit
en . droit, que l'idée de faire urer entiérement le trouifeau dans l'intervalle de 17 66
à 177 6 ; foit parée ' qu'une partie de ce
trouifeau ne pouvoit pas · s'ufer' & périr dans
cet intervalle; foit parce qu'il a été entre·
tenu ; foit parce qu'il a été jugé, comme
de raifon, que l'entretien de la femme, dans
le tems intermédiaire, avoit été à la charge du
mari . foit enfin parce que la femme ayant
fait f~n option & fans en déduire le mon' tant en 1766, le droit d'en demander la
déduB:ion au moins jufqu'au.concurrent
de
1 '
2000 liv. était dès-lors' acqms aux creanCIers
dù mari.
, .
Et vainement obferve-t-on ,que 11 ~xtil:an.t
là-deffus' a • Marfetlle
, Il
oint de Réalement
I?
r
'r
P
faudroit laiifer paifer le cas qU,l le l?rele~)te,
fauf d'établir tln~ regle pour 1 ave1l1r, c efi:,
•
•
....
�20
à-dire, qu'il faudroit autorifer la Dame Boyer
à prendre un double paiement au préjudice
des créanciers de fon mari, c'eft-à-dire , que
dans le fens de cette derniere on auroit b~
foin d'un Réglement nouveau, pour appren_
dre aux femmes qui fe conl[ïtuent créanciel'es
de leurs trouifeaux, qu'eUes n'ont droit de
s'en faire .adjuger le prix, qu'autant qu'il
ne leur en rèfte plus rien en nature. Mais
dans le cas des Arréts qui Ont été rendus
filr cette matiere " a-t-on eu befoiu d'vn Ré~
glement pour décider Coutre les femmes qui
avoient gardé leurs tfouifeaux, qu'elIes s'eIl
trouvoient payées par ce moyen? Et où en
feroit-on fi l'on jugeoit autrement, & fur ...
tout 'lorfque, comme au cas préfenr ; la fem ..
me 'lui veut fe colloquer la laiifé dormir fOll
titre pendant quinze ou vingt ans, pour faire
. vieilIir & _difparoître les preuves qu'il eut
été facile d'~dminiftrer dans le temps fur la
confiftance de fon troufTeau ? Il n'y a donc
point de nouvelle regle à faire là.deifus.
Cel1e que nous invoquons a exifl:.é, dans tous
les temps , parce que dans (Qus les temp~
il a été vrai de dire que ' les femmes m:;lrrées qui avoient un trouileau lors de leur
conftitution de dot, l'Ont confervé pendant
le temps . du mariage; que . s'il efl:. des cas
dans lefquels le trouifeau fe trouve diminué:J
il n'arrive jamais qu'il foit entiérement péri;
que la poffibilité de la ~iminution eftabon_
daIl}ment compenfée par la poffibilité de l'aug~
meutation, fUT-tout à MarfeiIle, où 1'011 peut
1
tenir
tenir comme vérité certaine que les trour..
[eaux & ce qu'on appelle le coffre des femmes, font toujours augmentés plutôt que di ..
minués pendant le mariage, & que dans cet
état on ne peut pas frapper à ~aux ; quand
on foumet une femme colIoqùée qui a fai~
myftere de fon trourreau., t~l 9u'i~ fe trou'Yojt en nature lors de la liquidatIOn de fa
dot à le .recombler & déduire fuivant la
vale~r
qu'il avoit à l'époque de la conftitu.
:tlO11.
Et qu'oll ne dire .pas que nO:1s aVdns perverti le fens de la regle en lllvoquant le
brocard oonnu, nulla\ uxor fine vefie, & qu'il
falloit dire nuUa tzupta. La propofition etl:
beaucoup plus jufle dans le Fens .[ous lequ~l
nous la préfentons. Une :fiUe qUl Fe. ~an.e
peut ne rien avoir du tout. Qualld .11 s agIt
d'une femme mariée, on tient un pomt cer..
tain; c'eil celui de l'exiilence d'un trou1reau
dont le mari devient acheteur. La femme
devient dès-lors créanciere de l.a val~ur donnée au trollffeall , don.t le man d~vlent pro~
., . . N'eil-il pas Juile & faut-Il j'une
pnetaire.
1 LOI
l
nouvelle pour l'lous apprendre que 1 or.s (u
.
d e la dot la femme garde
tIOUfcompte
. fon
Il
d '" 7
.r.
1
'x
celre
dès-lors
de
ltu
en
dre
leau, e pn
111
,',
fi u.
N'eil-il pas évident qu Il n efi: pas. Ul:e ~m. Ion
r
troufIèau lors de la Itqmdatloll
me qUI. n,aIt
no d
fi d
& [ouve nt meme au-deuus e ce
ilaé
'10 rs de la co nftitution ? Con cluons
q
" n eu
I l plus Juite & plus favoradonc
que nen
, . l' ."
hie que l 'excep ti'on d'Ull creanCIer
F egmme,
d~, t~~
�2~
d'un acquéreur qu'on veut évincer; & qui
contefte l'évittion fur le fondement que le
bien dont il a déja payé le prix, ne doit pas
fervir 'à payer une feconde fois celui du
trouffeau.
. Venons à la feconde queftioll concernant
la donation appofie dans le .contrat de mariage de la Dame Boyer. Elle porte fur
l'exorbitant~ fomme de 50000 liv Cette libéralité n'el!t pas pour principe.Je rapprochement des &ges, des fortunes ou de l'état
.des deux conjoints. Tous les avantage~
~to.ient plutdt du cdté du fieur Boyer _;. &
cependant le çontrat renferme ce dol exceffif, Dans quel oblet ~ cela fut-il fait? Ne fe~
roit .. ce pas par une funefte combinaifon ima:ginée dans l'objet de fe ménager un prétexte
pour faire aux: epfalls du fieur Boyer, dans
le cas où il· en attroit, une fortune dont le
pere n'avoit que la pompeufe apparence,
& qui n'exiftoit pas en effet? De là vient
le commeree d'immeubles qu'il a fait, & qui
p.e paroiifent avoir paffé par [es mains que
dans l'objet de les faire frapper tralliitoirement par l'hypotheque de la dot; de là vient
fa faillite; de là vient fon concordat foufcrit
par les chirographaires tant feulement; de.là
viennent les paiemens prétendus faits, &
qu'on fait éclorre comme f.a its des deniers
du lieur Creps beau-pere; de là vient ce
repos affett.é qu'on a donné à l'objet de la
reititution de la dot liquidée en 17Ù6 ; de là
yient que les tiers n'ont été mis en caufe par
2;
,
.droit d'hypotheque qu'après la faillite lûnfommée, après le dénaturement & la difparutiü:n de tous les effets & de toutes les march~ndifes du fai~li; delà vient qu'on a fait
quIttancer les chuographaires, comme rece·vaut ·les deniers du beau-pere qui payoit à
la décharge de fon gendre; & par ce moyen
l~s nouveaux acquéreurs, qui n'ont jamais
6té- a~pel1és pendant dix ans, qui ne fe dout()iea~ pas qu'on pût un jour les mettre en
C!l.ltf~.-, ; fe [ont vus frappés au moment où
!Qfit~<s ~es ' voies du.. recours avoient péri.
. Rien n'eft donc plus révoltant que ce titre
&. {Ü'n e~écution. Il faut donc fur-tout prendre
bieJl.garde à Re pas, l'amplierl ll-faut en examiner le fonds & la marche. C 'efl, nous dit la
Damé 13oyer, Une donation pure & fimple
qùe j'~i voulu rapporter. Sans ce pa8e, le mariage ll~auroit paS' eu lieu. A la bonne heure;
mais ce patte renferme-t-il Ulle donation qui
doive avoir fon effet hic & nunc, ou }'exéçut:iQn en efr-elle renvoyée à d'autres temps?
P,remiere coniidération de l'éclairciffement
de -laquelle notre qUe.friOl~ dép~nd. ~'il. eft
dit- dans le contrat, ou fI le tItre mdique
qpe la femme doit jouir hic & nunc de la
don~tion de 5000 0 IiV-. , dans ce cas la Dame
noyer pourra prop?fer fon fyfiême, fino.n
avec faveur du-moll1s avec couleur; meus
c'eft toute ;utre choIe, fi · le titre fufpend
la jouiŒlfice & l'exécution de, la don.ati?n.
En fait la Dame Boyer n a pas JOUI de
la dOllatiol~ tant que fOIl mari a été fLlr pied.
�24'
1
,
Cela n'eft pas contefté. En droit, if eft' cer~
tain qu'elle ne doit pas en jouir dans. le m~me
temps., & la preuve qu'elle ne devoit pas
en jouir eft tout à la fois dans lé titre &
dans les principes. Dans là titre, ~ puifqu'il
n'y a point de tradition, & puifque le ~on~
trat ne renferme 'aucune indication' pour y
prendre la [omme donnée de S0000 liv. Le
contrat ne renferme donc qu'une {impIe promeffe.de compter un jOllrJa [omme ~ de )0000
liv. Il eft ünpoffible de le prendre daus le
Fens d'une donation a8:uelle & réelle. Le
.droit,~ fi l'on veut, eil: acquis dè's le ' momen,t ;, mais il eft plus clair que le jour que
l'exécution ne devoit. s'en ', faire que" d'ans le
temps.
.
.
En acquérant le droIt, la Dame,. Boyer
acquéroit · auffi celui d'en di[po[er entre [es
enfans par portions égales ou inégales; mais
venant à mourir [ans enfans & avant [on
mari, les el}fans delaiffés par elle venant m~me
à mourir avant leur pere, la donation devoit
faire retour à ce dernier; on dit la donation,
c'eil:-à-dire, le droit de la demander, pui[que,
[uivant ce contrat, la Dame Boyer & [es
enfans n'avoient pas méme le droit d'en jouir
du vivant du fieur Boyer.
La donation, nous dit-on, fut faite par le
lieur Boyer au profit de [a femme, ponr ell
jouir [a vie durant en fonds & en fruits,
ainli que de la dot dans les cas de ' droit.
Il faut en convenir, la clau[e eft littérale
dans le titre; il n'eft queft}on que de l'expliquer.
2S
pliquer'. On fait quels font les CJS de droit:
pour la jouiffance de la dot; mais les cas de
droit pour celle d'une dOilation ne peuvent
exiil:er que dans le titre. Cefl le temps de
la tradition qui doit en étre faite, qui doit
décider là-deffus; à défaut, c'eft la nature
de la donation qui doit fervir de regle.
, Or, ici le temps où la donation de S0000
liv. devoit être payée, n'eft point exprimé
dàns le titre; on n'a qu'à le lire. Un point
certain [e préfente d'abord, & ce point COI1fifle à dire que la donation ne devoit pas
étre payée illico. La Dame Boyer njayoit
nul droit de la demander le jour ou le len~
demain du contrat. Il eft donc entré dans
l'intention des parties qu'elle [eroit payée
dans un autre temps. Il exiile à 'c et égard
deux raifons auxquelles on ne peut réfifter ;
1°. le titre ne dit pas que la donation fera
payée illico; il ne . renferme aucu~le. indication; 2°. le titre ajoute, pour en JOUir par la
Dame Creps, acceptante ,fa vie. durant en fonds
.& en fruits, ainfi que de ladIte ~ot da.ns, le s
cas de droit; par où il eil: c~rtal11 & Imeral
'que la Dame B?yer ne d.evolt pas commen'cer à jouir du Jour du tItre ..
Mais nous dit-on, la donatlOll de 50006
liv. eft dans la même orai[on qne la dot, po~r
marquer le temps où la Dame Boyer dOIt
commencer à jouir. Çes ~e?x objets :Ollt
"fournis à la même c1anfe & regls p~r la me~e
di[pofition. La déconfiture du man & [a faIllite ont mis la femme dans le cas ·de cle-
"
(7
.
,
�26
mander l'.adiudication d~ fa dot ,& d'en jouir.
La ·Dame Boyer ayant le droit de jouir de
1;1 dot, doit par cette raifon étre admife à jquir
,!uffi dans le mém_e temps de la donation.
,Cette objeRion eft la feule qu'on ppifre
faire; elle :u'e1r que fpécieufè: çar .il n'eft
pas dit dan.s Je !itI"e que Ja donation doit :étre
pay~e lorfqqe la dot la ièra. On s'eft bien
gardé de .~lévelopp~r ainii le fens du titre,
& de lui donner cette tournure. Ces deux
obj~ts f;nt' -!égi's par la ~lallfe gui porte que
la P..atne p<?yer jouira fa vie dUfimt de la
dot &
. de la donation dans les cas de droit,
Les cas de droit de chacune de ces deux
efpec~s n~ font pas le:s !Dêmes. C~ux de la
dOl~a.tio_n font encore i\lcertain.s & dépe\1dent de fa nature. Cette donation eft-elle
faite pour ~voi! li~u pendan.t la vie du fieur
J3oyer, 'lU pour n'avoir effet .qu'à fa mort?
C'eft ce que le titre ne dit p~s; il établit
feulement u~e vérité certaine, qui confifte
en ce q~e la donat.ion, fuivanr l'intention
des parties, n'étoit pas payable ]Qrs du
titre.
Or, daJ1S le doute, & fur de point de favoir fi la donation ~toit ou non payable pendant la vie du mari, ou feulement après fa
·mort, .les .c réanciers ont pour eux d'abord
la faveur ~e leur potition. Ils fe préfentent
pro damno vitançfo. La Dame Boyer plaide
pro lucro captgndo. Les créanciers font étran,.
.gers ,!U t~r,e de ~onation. La Dame Boyer
y 9- iripulé. Les obfcurités du tit.re devroient
.
•
~
c
.,
-
l
'
27
étre interprétées contr'elle, ql,Lia pocuÏt legem
ap,erûùs' cpnJèribere, ~ non c011tre les créan.ders dQl1t l~s droits ne doivent périr que
-par un titre clair & formel. Ajoutons que la
-marche du -titre ind~q!le avec évidence une
-réCer.ve d'ufufcuit e'l faveur du mari. Cette
,téferve eil claite ; )1°. la femme n~ doit pas
jouir du jour du :titre; z. 0 • il n'eil pas dit
.nOI1 plus dans ·le titre qu'elle doive jouir
ayant la mort .de fon ,mari j 3°. on voit par
,la maniere adroite dont le patte eH tour-né, que le fieur Boyer donna pour jouir
_pendant toute fa vi~, puifqu'il prévoit le
_cas o.ù il .aura de"S enfans, & où ces derniers viendront à mourir avant lui. Dans
.ce cas, la donation, dit le ,titre, fera retour
au lieur Boyer, dOI1;lteur. On s'étoit d'abord
prévalu de ce ,mot., fera ,retour, pour en ·~on: dure que la fomme de. S9000 liv. devoit. être
payée a~x enfans d~ vIVan~ du pere, p\:1~fque
ces dermers venant a mounr , la,donatlon devoit faire retour " & que ce r.etour ·ü:ppofe
le paiement préQédent. Mais 11 eft, alfé, de
voir que l'expreffion i\\l ,retour 11 expnme
autre chofe dans le cas a-étuel que la ceffa. tion du droit, c'eft-à-dire que te fie ur ~oyer
:,l'epren d ra toUS les droits de la donatIOn en
cas de prédécès de fes enfans, to~~t ~~mme \
il doit les reprendre en cas de predeces de
. fon époufe fans enfaos. Or, ces ?eux cas fot:t
&.
re'''111'S
Glans la . dOl1atlOO.
pan'fi'e s
.
.
. Le ,droIt
du 1ieur Boyer doit, fUlvan.t le titre; ttre
.le même dans \10 CaS comme dans 1 a~m'e.
1
A
�28
Il n'eff pas permis de s'y méprendre & de
le conteil:er. Or, certainement les parties
ont entendu que la Dame Boyer ne jouiroit
pas pendant la vie de [on mari, & au préjudice de ce dernier. C'eil: un point d'évidence auquel il eft impoffible de [e refurer. Dèslors il eil: dans l'ordre de conçlure qu'elles
n'ont ni entendu ni mt:me pu entendre que la
femme dût ou pût jouir au préjuc1ice des
creanciers de [on mari. Tout ufllfnrit ré[ervé ,
[oit tacitement, [oit par exprès au mari, doit
tourner néceilàirement au profit de [es créan~
ci~rs. L~s regles de la juil:ice & celles de
l'honneur ne permettent pas de l'entendre
autrement.
Or ici, comment pouvoir dire que le m~ri
ne s'eft pas ré[ervé l'u[ufruit, tandis qu'on
voit bien clairement dans le contrat qu'il n'a
rien vouJu livrer alors, qu'il s'eil: contenté
de promettre 50000 liv., avec le droit à fa
femme d'en difpo[er en faveur de [es enfans,
& celui ·d e tout garder en cas de prédécès de [a femme & de [es enfans? 011 a
beau dire que le contrat ne refremble pas
aux donations de [urvie; il refTemble bien
moins encore aux. donations réelles
& ac...
tuelles; & dans le doute, à défaut de patte
précis, la donation doit étre prire dans le
[ens le moins onéreux aux créanciers.
Il nous eil: indifférent que la donation [oit
de [urvie, ou faite avec retention d'u[ufruit.
Dans un cas Comme dans l'autre, les fins de
la D ame Boyer contre nOLIS feront mal fon ..
dées;
19
dées; elle à été faite en contemplation du
mariage; elle aura été acceptée; elle fera 1
fi l'on veut, pure & irrévocable.. Tout cela
devient indifférent. Il faut accepter une cto- •
nation qui fe fait aujourd'hui pour avoir lieu
dans les temps futurs. Qu'importe enco~e que
la Dame Boyer puifTe difpofer de la donation entre [es enfans? Tout cela 'pourroit
convenir à une donation de furvie, & mieux
encore à une donation qui ne doit avoir effet
qu'après la mort du mari. Ainfi tout cela ne
prouve ' rien. La femme m?urant, les e.nfans
non inftitués par elle aurOHHlt un drOIt de
léO'itirrie fur les soooo liv.; à la bonne heure.
Il~ nauroient eu' c.e droit;.qu'a.près l'echéanœ
& le paiement de la [omme. Mais encore
un coup: cela ne fai~ ri~ll à n~tre ~ueftion.
L'efTel1tie.l eft de [avoIr fI. dans 1efpnt & aux
termes du titre, le fieur Bo~er devait, fe d~",
pouiller .avant fa ' mort. Or, l'atte ne le dit
pas, -& donne ritême à conclure tout le contraire: Nous VeIlGH1S de le prouver, & nous
répétons une dern~e're foi~" que la claufe de
retour ne peUt indIquer nen ~e plus ~ue la
ceffation du drbit 'qu'on venaIt de cr.~er, .&
" non la reprife des biens 'qui ne devo~e~t ]a~
mais étre li~Trés du vivant de fan man.
Les donations faites en. c~nt~'at ~e
ria e [ont irrévocables. Qu~ 1a ]aI?ais, C01~te ftg,e! F urgolo'" ·l'a dit
. ,· la LOI Romame l.avott
l'
'
dit avant lui; l'Ordonnance de 1 7 ~ .1 a reété. On peut ' donner tout fan bIen ~veG
p r. ou mêmé fans caure, en feHmanant.
aUle,
:na.
'1
�~C)
~ui ra 'jaitlais contéJl:é ? :L a quèftioti :âti pou ..
v.oir n'en a jamais fait .une entre nous. Mais
il faut examiner ce qu'on a voulu. Ici le pere
doanant n'a voulu faire ,qtùüi don de furvie f
ou tout au plus un don qui ne devoit avoir
lieu qu'après fa mor~, & qui devoit ~tre
comme non adven.u en cas de prédécès de
fa femm.e & de fes enfans. O'efr dans l'état,
c'eil: fur la loi.de .ce titre que nous avons COlltra8:é. Si le lieur Boyer eût promIs hic &
nunc les .5000 0 liv., nous n'aurioos pas coh...
tra8:é avec U11 citoyen qui auroit eu fur f011
corps' un pareil engagement.
Notre fy&ême a toujours ~té pris dans le
fonds & la: ma~-Çfie du titre._11 ne p0<rte point
l'expreffion du t.ems du paiement. Ii eft clair que
le donant a v.oulu demeurer faiû, qu'.ilne s'eil:
fournis à payer-dans aucun temps; il cil: clair
encore qu'il a v0ulu qu'en c~s de prédécès
de fa femme & de fes enfans, la donation
fût 110n adv:enue: Delà concluez que dans fa
marche lk dans fes effets, ce titre n'eil: rien
de plus que de 'fimple furvie. Dans le fonds ,
le mari vivant & fe trouvant fur pied, per..
fonne ne pouvoit a~oir Je droit -de le dé ..
pquiller dé la èhofe donnée. Nous l'avons
fait obferver dans notre précédent Mé.
moire, & l'..011 n'a pas ofé le conteil:er.
On fe répuit à dire aujourd'hui que la donation devoit ~tre payée avec la dot -; ce qui
aboutit à ~ire que le patte auroit été filé
de maniere que les créanciers auroient ét~
privés de l'ufufr.uit que le donant s'étoit ré,j
!-t
rervé ; -ce qu'il ne feroit pas méme perints
tIe il:ipuler : car en cas de déconfiture, le ~
créanciers re,préfentent le failli , & ne peuv.ent être privés d'au<i:un de fes droits. Il y
a là-dem~s une grande différenoe entre la
dot '& la ,donation. La dot eil: le bien d'au ..
trui ,qu'il faut affurer., ,ou rendre ,dans les
cas de droit. La donation au ~ontraire eft
le bien du donant. Quand ce dernier ne,
s~eft pas fournis à le ,payer de fon vivant, _il
Y a réferve d'ufufruit en fa faveur; & dès..
lors les créanciers doivent avoir ,le profit que
le -débiteur aUl'ioit .eu lui-même s'il ne fût tom~
bé en faillite.
Aioli les ·cas .de ;reftitutian de la dot &
qu _'p3!iement de.la donation 11e font lpo~n~ les
lpême-s. Faut-il Je ,p rouver? Il eil: certall1 qua
le ,fieur Boyer ne ~'étoit pas, foumis .à l'obli:ga-tioll ode payer ni lo:s --de 1aae, 111 de 10n
v:ivant. Si le lendemal(ll du 'contrat la Dame
BQyer eût demandé p~eme~t de ,la dOllati<m.
on ,ne ' l'eut· paséca,Qltee. Si la Dame Boy~r
fe ,m t collOquée contre .le .gré de fon J;nar~,
ce derni~r auroit ,p~ hudire que le ,te~f's
d~ ,lui payer la donat~on n'ét-oit pas a.rnve ;:
qu'il n1étoit l'as foum~s à la payer avant :le
t'€mps . qa'il ne dev@lt pas perd.re, par fa
cpIJoc;tion, un dr:oit qu'il S'étOl; réFervé , .
~ dont il tl'avoit pas voulu fe depoulller. Il
:;;t qit -à fa femme : jouiifez de votre ~oJ. ,
à la bonne heure. Mais Jes temp~ de )O\l~~
de la donation ne (ont pas. ar~ivé~, ~ J .
ne ' dois pas être privé du droit e. J~tur.
L
�32- "
Ce que le fleur Boyer auroit pu dire dans
le cas de la collocation pour caufe de ver.
gence) fes créanciers peuvent le dire avec
beaucoup plus de raifon pour le cas de faillite: car les droits des créanciers " dans les
cas de faillite, font infiniment plus favorables,
infiniment plus forts que eeux du mari, dans
le cas de fimple collocation pour caufe de
vergence.
La Dame Boyer [eut toutes ces réflexions: car elle eft en trop bonnes mains ~ :
pour qu'elle puiffe [e les diffimuler; mais)
nous dit-elle, le mari fur pied n'e,ft pas ù~e,
hypotpefe que nous . devions prendre pour
regle, puifque le- fie ur Boyer n'eft- pas fur
pied. Erreur ' évidente. L~hypothefe du mari
fur pied doit toujours régler la Juitiee, quand
il s'agit des droits des créanciers, - parce:
qu'il eft impoffible qu'où refilfe à ces der- :
uiers, dans les cas de la faillite" l'exercice:
des droits ,& la jouiffanèe des profits que le
failU auroit s'il étoi,t' encore fur pied, parce'
qU'Un p'aéle' qUI ne priveroit -. un 'citoyen dé '
fes droits qü'alttant qu'il, tomberoit en fail- '
lite, & qùi les déc1a~eroit par ce moyen
ihtommunicables à fes ' créanciers -légitimes,
feroit un patte nul & reprouvé, tant? par les '
L6ix que }?ar l'honneur. De là concluez: fi
ex conce.ffis, d'après la' donation le' mari furpied devoit 'en jouir ', ex cence(lé"ndù lë
cas ,de ' faillite étant arrivé, les créancieri
du mari failli doivent avoir le n'iéme droit. .
" Après cela, c'el1uue ' pé-tiüoll de principes~:
&
H
& rien de plus que de venir nous dire que fOI1
~ .......'
....
,
,
.'
,
r:-",
~
mari fe trou\(ant fur pied, la Dame Boyer
ne pOUVOIT jouir l1i de la donation, ni de
la dot, mais qu'après la faillite elle a pu
jouir de l'une & de l'autre,; c'e~ préfent~r
de nouveau la méme queihon; c dl: foutenir
que l'aéle lui donne le, droit d~ j~uir en c~s
de faillite de fon man, ce qUI nef! certaIJ
nement point exprès dan~ l~ titre; c'eil: foutenir -encore qu'on peut f!Ipuler des pattes
de cette 'efpece~; & néanmoins un p~ae de
cette nature feroit également profera dans
l'ordre ele la raifon & , de la Lo~.
"
. Inutileme.nt nous çlit-oll. que il le man a~olt
fait u~e reconnoi{fance de dot de 50000 Inl'. ,
if faudroit Ja pay.è r a:ujour.d'hui. L'obferva~
.
ile - mais'
a- t-el1eravec
tlon
e ff J' un,
-' quel ra·p pon
,
.'
r.? Une' recol1noiffance de dot leroit
1a- caUle.
' .
d
'l"t
toute autre chofe que le tme ont 1 s agt
comme
entre
nous,• 1'1 faudroit
. . la regarder
r
cl
la dot elle-même : Ce feroit au Ion s u~e
libéralité; mais ,à l'extérieur & dans. les !n.
bunal1x cette reconnoiffance ne ferolt lqu ~ne
ui devroit fe régir par l,es. r~g es e~
reconnoiffance feroit ,Irrevocable,
elle 'ne tomberoit point el~ ufufruit. Pour hto~t
,
,'
telle feroit toute autre COle
~~~s-qCette
dm
~n ;'ln~t~o~
qu~ ots
dont il s'agit au procès. &
avons cité Furgole, queil:. 49 ; .
'fon ue nous avons 111ce n'eil: pas fa~ ~aI
o~ pour établir qu'une
voqué, cette do,- nne
mariage ne peut fo~
donation en condtra;, . .e' car s'il nous fallolt
mer qu'un don e li.lrVl, ,
1
cl:
�•
34
cela pour notre fyft~me, il feroit déplora~
ble. Les contrats de ma-riage font plt1,~ que
tous les autres hlfceptibles -de tous paB:es
& de toute convention quelconque. lis font
dOl;C très-fufeeptibl6s de donations pures &
fimples, a&uelles & fans condition~
Mais pour admettre des dotlations de ceHe
efpece, il faut les trouver bien écrites dans
te titre ; car la préfomption de la donatioll
abfolue ' eft la plus- odieufe de toutes. cette
propofition eft dans tous le.s c livres & dans
l'ordre -de tous les priHcip-es. Delà il fuit
que toute interpré-t:ation qui tend à réduire
& refl:reÎndre les donations, eft extrêmement favÇlrable, fur-tout quand elle e:fit prol?ofée par des cr-é-'anciers :légitimes qui plai.
dent pour ne pas perdre leur bien: or voilà:
comment & &ms quel fens nous avons oppofé la doB:rine de Furgole. Dans cette acception eJle cft .eifentiellement légiûme. La
tend.ance des L~ix & des. ,~~ais principes eft
dans ce cas de réduire les gains que les
contrats de ma-ri-age-s renferment à de fimpIes gains de furvie. Voilà. le fens de la
domine & des Arrêts rapportés par Furgole. Dans ce fens & fous ce rapport, les
principes de l'Auteur & les Arrêts qu'il rapporte font d'une juftice inconteftable. Ils font
encore plus juftes, plus heureufement, plus
favorablement appliqués, lorfqu'il s'agit,
comme ici, de l'intérêt des tiers créanciers,
& de leur communiquer leur bénéfice dont
le donant ne s'eil: pas dépouillé. Ici la Da-
B
'
35
m~ oyer ll'echappera jamais à ce que pré
fente d: f~che,ux pour elle le tableau de la
caufe ~edl11te a ce qu'elle veut priver les
çréancIe:s d~ .fon mari d'un bénéfice dont
ce dernler n avoit pas voulu fe dépouiller
~ ,dont le titre. ne le dépouille pas de fo~
VIvant. Le man fur pied jouiroit. Le mot
eft au moins implicitement liché dans la défenfe que nOliS réfutons, & le mot étoit néeefi'aÎ:re, parce que la chofe eft d'après le
~tre, d'lll1~ évidence à laquelle il eft impof~
liMe de réiIfter : or il eft impoffible en matier: de donation & de titre purement luetatlf, que les créanciers du failli ne jouit
:Ce-n,t pas du bénéfice réfervé au débiteur fur
pied.
Au furpIus nous y confel1tons. L'autorité
de Furgole fera d-écifive pour la Dame Boyer,
fi elle parvient à prouver que la donation
eil: pure & !impIe, inévocable & ab[olue.
Mais il ne faut pas prendre quelques mots
à la volée, qui font démenti's par le fOlid~
d u titre & la marche de , fes opérations. Il
faut examiner & prendre: le titre dans toute
fa plénitude. Il faut fur-tout pefer les effets
que les parties ont voulu lui do.nner : O-r à
quoi aboutiffent-ils? A tranfporter les S0000
Ev. fur la tête de la femme, fans les donner
hz'c & nunc; ce q~i l'a réduit au f~mple droi~
de demander un JOur la fomme; a donner a
la femme le droit d'en difpofer, le cas
échéant en faveur de [es enfans tant feulement;
rendre la donation comme non adA
4
,
.
â
,
�,
36
yenue par le prédécès de la ' femme fans en..
fans, ou des enfans avant leur pere. C'efI:
donc une donation dont le mari garde 'les
fonds, & qui ne fera que paffer & couler
en écriture, fans avoir. aucun effet, fi 'la
femme ou les enfans viennent à mourir avallt
le donant. Or nous demandons s)il efr pof.:
fible de regarder un titre de cette e[pece
comme une donation pure &- [impIe, irré_
vocable & abfolue. Quand on veut faire des
donations matrimonialés , & qui portent COll.
tre le tiers, il faut- le dire de maniere à n'y
laifler aucun doute. Il ne [uffit pas de "dire
qu'en cas de pré décès de la femme ou des
enfa.ns, la donation fera retour en entier: car
prenez-y bien garde; ces mots qui ne [ont
que cauteleux, n'expriment pas dans le [y[.
tême de l'aéle la néceffité d'un paiement préalable. L'aéle prévoit le cas de prédécès de
la mere [ans enfans : or il eft convenu que
le mari reftant [ur pied; & la mere venant
à "prédécéder, il n'y avoit plus de donation. Cela eft littéral, & cependant [uivant
le titre, dans ce cas comme dans , tous les
antres, la donation devoit faire retour en en.
tier. De~à concluez " que le retour exprimé
dans l'aéle n'exprime que le retour du droit
de demander la donation qui n'étoit point
échue lors "du contrat, & dont le paiement,
[uivant ce même titre, n'ayant point de terme certain, ne peut dès-lors être renvoyé
qu'au décès du mari. Qu'on nous dife à préfem que nous ne nous a{ferviffons pas aux
termes
-- -.
:-
-
~._.
.
-....
~
,
37
t.ermes du titre, & qU'OD juge par contraire ,
fI ce n'eft pas la Dame Boyer qui vient tor- :
dre les termes pour échapper à l'evidence du'
fens que le titre renferme.
'
Ainii réfumons-nous. Tous les paétes du
titre peuvent convenir & conviennent en
effet 'à un [impIe don de furvie artiftement
coloré pour lui donner in litterâ l'apparence
d'un titre, pur & [impie, & ne devant néanmoins avoir fon effet définitif & perdurable
que dans le cas de furvie, [oit de la Dame
Boyer ', foit de fes enfans. D'autre part, il
nous eft même indifférent que la donation
foit regardée comme gain de furvie. Il nous
[uffit que le droit d'en jouir ne. fluiire nai:;
tre qu'à l'époque de la mort du mari. Si cé"
dernier s'efr réfervé la jouiiTance, foÏt par
exprès, foit tacitement, il eibimpoffi?le que
fes créanciers n'en profitent 'pas. Ajoutons
qu'il faut pro[crire to.u~ ce qui pe~t tourJler
en frauae de ces derl11ers. Il eft Impoffible,
de les rendre viétimes des obfcurÏtés qu'on _
pourroit gli{fer dal's les titres dC'.fa~ille , pour
agir & fe' c~n~lIi're à 17ur pré).udlc.e, [U1~ant
les cas & les eveneruens r oute!i ces l efleXlOns
vont à la cau[e. Elles [e réunifient à dire que,
foit qu'on juge du ûtre comme d'une donation de furvie, [oit qu'on regarde la dOllation comme- pure &. {impIe, & ne, devant
être payée qu'après l~ mort, du .man, da~s
tous les cas la Darne Boyer n aVOIt pas, drOIt
d'en jouir pendant la vie de ,c~ . dernIer,. &
au préj~dice des créanciers legltlm~ de fon
�38
,
mati. Ainii fe jufrifie notre appel émis envers
la . Sentence qui adjuge à la Dame Boyer les
intérêts de l'il donation depuis 1776. Les
temps d'en jouir ne font pas encore arrivés
pour elle. Son mari fur pied ayant droit de
jouir fuivant le titre, il eQ impoffible que
ies créanciers ne l'aient pas. Le mari avoit
droit de jGmir. C'étoit en force d'une réferve d'ufufrl1it implicite. Le patter qui priveroit fes créanciers de ce droit en cas de
f.aillite n'exifte pas., & s'il exiftoit, il n'auroit
aucune efpece d'effet, puifqu'il feroit tout
à la fois illégal & même fcandaleux.
Cela rend !nutile la queil:ion de la défalGation des 1 z.do ·liv. d'intérêts; car fi la Dame
Boyer .n'a point ' d'illtérêts à prétendre, elle
ne peut pas même profiter de la maifon à
compte de fal donation 'd ont la jouilfa1'lce eft
encore , fufpendue. Mais en fuppofant que les
fruits 'pufi'ent lui appartenir, ce ne pourroit
jamais être'. què jufqu'à la concurrence de
fes befoins ; le furplus appartiendroit toujours
aux créanciers; nous en avons pofé les bafes
aux pages 58 . & fuivantes de notre précédent Mémoire: Il eft vrai que la -Dame Boyer
prétend le contraire aux pages 39 & fuivantes
de la défenfe que nous réfutons; mais il ne
faut que confronter & rapprocher les Doctrines refpeB:ivement invoquées, pour
convaincre que la regle eft pour nous. Ainfi nous
n'y revenons plus.
,
. Vainement oppofe-l-on qu'il n'eft pas au":
jourd'hui queftion de dot., mais feulement
le
39
,
.
d'une don.ation dont la femme doit jouir pendant fa VIe. Nous venons de démontrer Je
contraire dans la difcuffion de la précédente
propoiition. Mais quand même cette derniere
exception feroit fondée, quand la Dame
Boyer pourroit revendiquer une vraie donation, cette donation ne proviendroit pas
moins de fon mari. Dans le fyftême de la
Dame Boyer elle-même, la donation marcheroit de pair avec la dot. Elle feroit foumife aux mêmes regles que la dot, & comme nous l'avons déja dit, elle feroit encore
moins· fav(i)rab1e que la dot elle-même, puifque la dot eil: un fonds qui procede des
mains & du patrimoine de la fem'm e; au lieu
qu'ici la donation ,feroit pri(e en elltie~ f~r
les biens & facultes du man; & les p n ncIpes qui veulent que ~enda~t, la collocati?ll
les créanciers du man partiCIpent aux frUIts
, de la dot, quant à ce qui excede la f~blif
tance de la famille, font encore plus VIgOUreux, quant au cas qui concerne les !ruits
d'une donation faite en contrat de marIage,
pour marcher du même pas que la dot. &.
poun~tre frappée par .les mêmes r~g~es. ,Amfi
toutes les regles, t.out,es les c~nüde,ratlOns,
toutes les faveurs de juftlce aboutlfi'ent a donn~r
à conclure qu'à tout événement les ~cqu~
reurs que la Dame Boyer VOUdr?lt d~'11 r ne doivent pas être touches, pU1[pOUl
e , le r.eront pas i'1 l' on retranc he de
"1
qu l s ne
le
J
"
'~
'nçe
cette
marre
importante
d
1I1ter ts
,
'
j a crea
'11
' v
qui s'accroît toUS ks jours, qu e e t-rou e
�4°
dans les biens de fon mari dont elle voudroit s'avantager & en faire un capital au
préjudice des créanciers; & l'on ne voit pas
comment elle a pu dire que le temps des
vengeances étoit arrivé. Cette expreffion outrée dans tous les fens devoit-elle étre appliquée à des acquéreurs qu'on veut dépouiller
en force du plus louche, du plus mal fonnant de tous les titres, & en dépit de tous
les principes? Difons mieux: la Cour par
fon Arrêt va faire arriver le temps de juftice & de vérité, où il fera fixé qu'une donation entortillée, non payable pendant le ma- '
riage , & au moins ex cOllfeJfis , tant que le
mari fe trouve fur pied, ne doit être envifagée que comme une 40nation de furvie ,
quand on la raproche des paétes appofés
dans le même aéte qui la font expirer ou retourner par le prédécès de la femme ou de
fes enfans; où il fera jugé tout au moins
qu'une pareille donation renfermant implicitement la réferve de l'ufufruit au profit du
mari, ne doit jamais paffer à la femme qu'après la mort de ce dernier; qu'on ne peut
pas fuppofer l'exifl:ence d'un paéte contraire;
que ce patte contraire feroit même abfolu-'
ment nul, comme encourageant les fraudes &
les faillites; où il fera jugé enfin & à tout
événement qu'une donation pareille, marchant
avec la dot, ne peut qu'affurer comme elle
à la femme le droit de fes alimens & de fa
fubfifl:ance, & laiffer le furplus de l'intérêt
aux ct:éanciers du mari; ou ,pour mieux dire
ces
4I
ces trois points feront jugés enfemblement
au profit des créanciers dont la caufe a pour
principe l'ordre & l'intérêt public, qui font
les plus fermes bafes de l'honneur, de l'intérêt & du patrimoine des familles.
CONCLUD comme dans notre précédent
Mémoire) & à l'el~nt de la requéte
incidente des hoirs
, avec plus grands
dépens.
GASSIER, Avocat.
FERAUDY, Procureur.
Monfieur le Confiiller DE F R ANC,
CommijJaire.
�CONSULTATlàN.'
POUR les hoirs du fieur
DONET:
(
CONTRE
La Dame
CREPS - BOYER.
L
ES Souffignés, qui ont pris Ieéture des~
pie ces & Mémoires du procès, & après
avoir entendu Me. Feraudy:
qu.e puifque la Dame CrepsBoyer s'obltine à prétendre que la donation
de S0000 liv. portée dans fon contrat de
mariage eft faite pour avoir effet dans le cas
de faillite de la part de fon mari, il n'y a
qu'à préfemer une requéte incidente au nom
des hoirs du lieur Donet, pour faire dire que
là où la Cour viendroit
à le penfer de même,
,
SONT D'AVIS,
\
,
�z
la donation fera dans ce cas déclarée nullë,
frauduleufe, & comme telle carrée.
Ces fins ne doivent étre que fublidiaires,
parce qu'il deyiént iftptile pour les hoirs
Donet de faire cafTer la donation, s'il fatit
la: regarder comme fimpIe don de furvie, ou
s'11 faut hi confitlérer COlnme ne devant aVblr
effet & exécutiuil qu'après la mort du mari
qui s'eh étoit réfervé l'ufufruit, finoh par un
pàtte exprès, du-moins par Ull aécdt'd d'évidence & teUetpent inné dans l'ordre & la
marche du tttre, que la Dame Créps-Boyer
elle-même n'ofe pas le co ntefter.
Or, 011 a fuffifam ment démolltté dans lè
'procès l'tÜl & l'autre de ces deux poims. II
feroit il}utile d'y revenir aavantage. Olï a dit
de plus qu'en confidérant la don:ttion comme
pure & fimp1e, fous· réferve d'ufufruit au
profit du mari, le patte qui auroit fait cerrer
cet ufufrnit eh cas de faillite, feroit un patte
indécent, d'un dang~reux exemple & contrair.e à la {ûreté pUblique. C'eft ce qu'il
efl: queftion de développe-r aujourd'huI, pui'fque la Dame Creps-Boyer s'obtl:ine à foutenir que l'ufufruit du mari, & conféquem- '
m~l'lt' de fes .oréâticiers, -devoit expirer par
fa- ifai1l1re. · La Dame Creps-Boyer part du patte du
cO'tlrrat &- d€ l-à claufe-, portant ~ue la donatIon de -5 '0000 li\'. eH à prendre fur les
mens <iu hi'a:ri, pour en jouir par ladite DUe.
Cr'e-ps -,ftltl'ire épOlljè, fi vie durant en fonds & '
frtd~s, 'dinfi "qUe de la dot 'dans -tous les cas
J
'
3
de droit. La faillite, dit-elle, eft un cas de
droit pour jouir de la dot; elle doit donc
,former auffi cas de droit pour jouir de la
'donation que te titre affimile à la dot, &
qui ambulac pari paffù , fuivant la loi du contrat.
Il éroit bien plus naturel, plus légal &
plus décent de conclure que cette claufe du
contrat, portant énonciation du cas de droit,
devait s'entendre difiribucive & fingula fingulis referendo, c'cil:-à-dire, que les parties
Ont voulu que chaque cas de droit fe vérifiât dans chaque objet, fecundum Jubjeaam
mmeriam; de maniere que la dot étant à reftituer ou à rembourfer dans le cas de mort,
de faillite ou de vergence, les parties ont
voulu dire que la dot [eroit reitituée ou af.
furée dans toùs ces différens cas, ce qui n'a
pas lieu, & ne peut même avoir lieu dans
le cas de la donation faite avec réferve d'ufufrllit all profit .du donant, le cas de droit relativetnent à cet objet ne pouvant être que
je cas de la mort.
Il ne faut pas perdre de vue que la donation dont il s'agit e11: faite avec réferve
d'tlfufruit au profit du donant. Cette réferve
ne fe trouve point éCrite dans l'a8:e; mais
/ les pa8:es qni s'y trouvent écrits la fuppofeht néteiraitetnent, & 1)e permettent pas
d'en dauter. D'abord l'atte ne dit pas que
la Ihme Creps en jouira tout de fuite; on
n'y prend pas des arrangemel:s ~our la ~a~e;.
I::-aéte dit même qu'il n'en Jomra pas llllco,
�4
puifqu'il renvoit, au contraire, fa jouiffance
au cas de droit. Ainfi le droit de jouir dans
le moment eft réfervé littéralement au mari.
Il eft de plus convenu que 11 ce dernier
n'était pas tombé en faillite, la Dame Creps
n'auroit jamais eu le droit de demander la
défemparation de la donation; & l'on fent
bien qu'elle n'a fait cet aYeu décifif, que parce
qu'il était néceffaire & forcé fur la teneur
& l'~nfemble du titre.
Dans fa derniere défenfe elle vient de fe
placer bien franchement dans la polition
d'une donation faite avec rétention d'ufufruit,
& néanmoins payable ~n cas de faillite; au
moyen de quoi il faut juger le titre fur cette
hypothefe, pour le cas où la Cour viendroit
à penfer que la daufe de l'a8-e p Orte effectivement que la Dame Creps - Boyer a,ura
droit de jouir & de fe faire payer de la do~
nation en cas de faillite.
Une pareille c1aufe prife dans ce [ens
pourroit-elle étre valable? Qui ne voit qu'elle
[eroit tout à la fois indécente & frauduleufe ?
D'abord elle faciliteroit les faillites. T out
donnant compta,n t avec 11li-1l]~me, verroit à
chaqu-e intlant, s'il ne lui eft pas 'plus avantageux de faillir ,,' & [a faillite feroit décidée dès le moment où il [e trouveroit tant
foit peu gêné dans [es affaires. Il jouiroit
par fa femme du revenu de [es biens, & [es
créanciers légitimes en feroient fruftrés. D'au~
tre part, pt:ut-il être permis en droit de [e
réferver l'ufufruit pour foi -même tant feule-
-
-
ment ,
tranfipo~ter
t & de
le droit cl jouir à
mell ,
,
.
l" ,
"1 Un
t autre qu'aux creanciers egltImes,
de cette nature dr-il dans l'ordre
Ph l'es licites? N'eft-il pas évidemment prec Ol~
é' d' d ' ?
' aré en fraude, & au pr JU Ice u tiers. .
p L
gle du droit eft, que tout ufufrUlt
a re
r 'Il'
uelconque appartenant au lai, l, tourne a~
qpreJu
" d'Ice de 11l'es créanciers qUI fuccedent
, ft
.a
tous fes .droits quelconques, & c,e n ~ pomt
r 't du failli que fes creanciers
font
par I e lai
,
'
l'
•
il'
C'e{l
par
une
de
ces
operations
elllveuis.
l
1 1
ales & d'ordre public, auxquel e es pacdes Parties ne peuvent
?éroge,r., La
'ffiOll des aétions du fallh a fes cre antran fiml
'1
f: ns
. ' . & ' de tous fes droItS que conque ~,
Clet s,
.
d' dre & d 111exce rion, efr une opération or
,
, ,P bl'
une opération par confequent
terd pu IC,
, d' fi il 't ne
à laquelle le porteur du drOit u u rUl
. & l'
P eut pas renoncer.
il
.
,
e
d'autant
plus
vrai,
apC e pnnclpe l [
,
1
..
ui s'en fait à la caufe d autant p us
q que la faillite di: un fait
lavora,
' d la art du deblteur.
touJ' ours volontaire e,
P,
d'
el'
fe pnvant d un rolt qu
Ce dernier, e~ fi l1'te fe réferveroit donc
conque e~l cas fi ~ alf~uffrir à fes créanciers
le pouvoir de ,alr~ d 1 raillite & de la
éJudlce e a l.
bl
le dou e pr
, U
éte de cette efde fes drOits. n pa
'b ' '1
perte ourrOlt-1
. '1 dOI1C n'être pas prohl
, 1 . e.
P
pece
l' d'Ire qtl'il ne dOIt e Jour
e pas le
C
ommen~ n
ft
les créanciers en cas
qu'à l'objet d~ fru rer & de détre1re dans le
de funeil:e évenement
B
t~~e
~es
~ltcatl~?e
d~s
~a~
~r~fque
�6
comm~rce? Ce patte [eroit prohibé vis-à-YÎs_
tout' cuoyen quelconque; mais il doit l'étre
encore aV.ec plus de [évériré vis-à-vis d'ull
Négociant. E~ en effet, la Dame Boyer dit
dans Fa denllere ~en[e qu'elle 'accepta la
donatIOn, parc~ qlf'elle ép0ufoit un homm.e d;
de fortune qui continuoIt un commerce péril_
leux , ' & qu'elle ne voulut pas s'expoJèr au. déJàsrqment d.'avoir Jai, un mariage de fortune,
& de. mourir de faim ûle & fis enfants.. Ce
qu'elle dit Jilr ce prétendu mariaf)'e de. for.rune
n'a tien d'exatt : car le chapeau valoit, com_
me on dit, la coeffe dans cette union, &. le
Sr. BQyev n'avoir pour lui que l'opinion de for....
tune <Ju'il àvoit [ç~ répandre da ns le pllbJic,
en fa[cinant [es -yeux Rar l'excès de res dépen(es. Mais eû.t-eHe 'fa~p ce qu'on a.ppelle
un mariage de fbrtune, il ne faudroi~ que
partir de ce qu.'el1e en dit elle-même, pour
fe convéûncre que le patte Gont elle excipe,
pris dans le [ens qu'elle veut lui donner, ne
peut érre qU'lill pa~e iIIicite & clreffé tout
exp~ès en frauoe- des créanciers . .Elle a vu,
dit~el1e, que [on mari fai[oit un comme]:~e
pérü1eu.K!; elle a v0\.du s'affurer un pain. Mais
rO. ce pain qu'eUi a voulu s'affurerexcédo.i;
la fortune_de [on mari. 2 q• Elle a voulu fe
l'ail'urer. au préjudice des créanciers. légiti_
mes, &. fef:l pr-éci[c€ment cette confidératioll
~~ J:>r-éjudice des créanciers qui rend l~ patte
IllIcIte, I;>at=Ce que tout de rn~rne qu'un débiteur ne peut pas faire que [es. créanciers ne
,
,
foient tels; d~ méme :1 Il'e ll pa' "
1 1
. '
•
.
l[
, s nOn
p us
en fon pOUVOIr de [opfrraire P
1 "1 ;
fi
'
.it:
,
iIr
que
OU~
paLLe
que
ce
pUIJ"le
~tre
une
part'
d
'~
1.. •
,
,
le e les
~}en,~ aux dt:'olts de [es créanciers,
',~
. C eft [ur-tout POUf les Négoclans qui ex _
eent un com1l}~rce périlleux nuè ce p. ,.~r ~
fe · " '1 é bl' Il r. '
" -:L ~.
nnqpt;
, Wb e . ta ,l, . s l~ ~9n~e.rOlent donc le drol
(te !le rIen n(qu~r & de fflire lel1r" CO mm " ~
.
.1'.,
& ' '1 d
.,.
ers;~
al!, rllqu~ , p'er! e leyrs cr~ançie.rs. Si c~
e,oQ1merce etoIt -h~llreùx) ils ~n retireroie~f
le. profit? fi .'par c0!1tr~re ~l le~r deve1J~i~
funefte , . Il,s. Il eu relfentiro~ent pas les pe; ~s
~$ ~ aU,rdl,ent. -r?~1r.Y9 p~>r un Ea:Çt~ quf le~~:
~1ftlrer01t .la Joulifauce A~ tous leUrs 'droits
ta.n~ ~u'iLs fet.~i~~lt fu.r p'i~.d, & qui i~~l ~(J
dépouIlleroit ,en ,~es cql~,~elltrant Qé~{lIpoin~
~P.s leur f~_1p~I1~, 10r[qq'Il: leur .plairoit de
fo~he~ e~ L:aIlh~e, &; çle depQ.uiller leur~
çré-anccers eh ' [~ ' dépolli\lant eux -ll)érnes.
tti~ée .c;l'u? ~épouil1eine~lt yolont~ir~ de 4l.
1;art du deblteyr, p04f ep donner le b~_
n~1ice ~ [~ famil1~ au pt:éj,uétice de [~~ cr~a,n.:
~~ets, ne p~l1t que révolter. Pa.r ce moyel\
tOut Négociant pourroit [e réfyrver le droit
~~ jouir dans ~ous l~s cas ou par lui-méme
ou, par les fiens, c'efl:-à-dire, p"r [a f~mmi
ou [es enfans, de la totalité <le fe~ biens,
~n les. don.l1.an,t ou les ~ff~rq,n{ ~ [~ fem1,1le
ou à fes enf~l1.S, quant à la, jQ~tranc~) d~1!.s,
le ca~ où il viendroit à faillir..
. COll)rnent ne pas ~oir qu'un 'pa.reil t~tr~l
ne peut qu'~tre du plus dangereux exemple?
�8
Cor,nment ne pas voir encore que fous pré ..
texte de s'affu:,er 11~ p~in, la ~~me Creps_
Boyer fe ferPIt enrIChIe au preJu,dice d'une
maire de créanciers légüimes? La Dame
Creps - Boyer 'convient que fi fon mari fe
.trQuvoit fur pied, le droit de jouir ne feroit
p.<;>int ouver.r~n fa faveur, Elle veut que le
feul fait de la faillite de ce dernier lui donne
~ri ôroit qll'elle n'auroit pas fans cet évéIH~mehf, Si le lieur Boyer n'étoit point failli,
fef - créanciers pourroient jouir pour lui.
s' auroie,nt ~onc p~rdu ce droit, par cela
feuI ! qu'il a~ ternis fon bilan', c'eft-à-dire , que
1 1 un 1nou,,"eal'1 degré!le
l"é
ëv nement."qUI (onne
fâ.veur a~~ créanciers, légitimes, tourneroit
~ontr'eûx : & e,lI1pireroit leur conditiop fur le
patrimoine de Iéur débiteur"
: 'De ~à ,>·il ,arriveroit que tous les N égocian,s ne fe marieroient plus qu'à des conditions pareilles, Ils fe conferveroient ainii
droir de mettre la fortune de leur famille à
l'abri, m~Il!e le moyen de l'augmenter, en
promettant - de donner, en cas de faillite,
foit la v.aleur des biens qu'ils poiredent, foit
, m~me 'au delà, & le cas de faillite arrivant,
les créanciers ferolent privés de tout, tandis
que le f~il1i jouiroit de tout par fa femme ou
par fes enfans, /
Pour bien' fentir ce que le titre dont il
s'agit au procès a d'odieux, d'illicite & de
~ariger~u~_ ~ans le fens que la Dame Boyer
veut lui donner, on n'a qu'à fuppofer le
It
J
le
~a
s
d'
d
'
9
c~~ un~, ~Ifilat~on &faite explicitement avec
re en'e
Ult! rUlt,
pour ~tre payé
r.'
'1 r:
.
r"
e, 10It
a' a lemme,
10It aux enfans ' ell cas de rJal'1
r
l Ite, Jans que dans ce Cas les c é '
r anclers y
pU1lJ;el~t rIen pr~tendre, Tout cela n'eft pas
~xphCI.tement
le t't, M'
, ,. l
,developpé
I rdans
e
aIS
fout ~e a s y trouve néanmoins du propre
~ ~~u. de la, Dame Creps-Boyer , puifqu'elle
~ol:vle n t d ~lfine part de la réferve de l'ilfllHl1lt .a,u ~pro . t " du mari & tant qu'il feroit
fur pIe d , 5X 9t~ elle veut d'un autre côté que
le cas de . falllIte faffe expirer l'ufufruit d
~61i rria~î .Jt éfêrvé p;lr le titre. Or encor:
~1l1 cOuPr>1 qUe penferoit-on d'un con:rat dans
l;,èrJ?eé~ , d~què~ on trouver~it tous ces traits
al,t] Ü, d,e.ve~?ppes' ? ~om~ent pourroit-on en
~~Je:l1l.r ,:1 a~pea? E,t des-lOfS n'eft - il pas
:i~~âeü~ " f~ lt en fentlmens., fait en principe,) ,de droIt, que la donatlOn efl: nulle dans
totali té " parce qu'elle eil: évidemment
~~u~üleufe - dans fon enfemble & dans la
d îa1ne des claufes indiviiibles qui l'accom~'ne)1t ?
. Et d 'ai:Ieur's , quand même elle ne feroit
~âs Inde en totalité, elle la fera toujours
ë',ans la . da ufe à laquelle la Dame Creps~3Yér "eut' do nnede fens de priver les créanCi~ rs d~ dona nt failli qui s'eil: réfervé l'ufuf!~t ' 4 '~ _de les en priver par le feul fait de
l ; : f~~'i rl}le - 'de ce dernier, Il eil: impoffible que
cff,tre c:âu fe, p lliffe avoir effet, parce que tous
1~S' pdn cip es connus s'opp01ent à ce qu'un '
.
'Ir
"
fa:
e
�10
éblteur puifre fe réferver l'ufufrait pour lui~
~e, pour en priver fes créanciers dans le
œid~, fuilltte; & la Dame Creps-Boyer l'a
tellem.en~ , feJ1ti, qu~ dans fes dernieres dé(eÙfe-.f\ elle fait obferver qu'elle auroit à tout
èv.,é!temellt dés alimens à, pr.endre fur la do~
'l .
ce' qui 'p réiénte' , comme on voit, tout
a~è '~oiîlt <le vu~ qQe celui de l'exéc~tion
~ , ~i&,.e_ , _& paroIt méme renfermer 1aveu
d:e ~la nullLté _; mais elle n'dl: pas mieux fon<fie, Ûll1S, ce dernier rapport; car elle a fes
altÏ.p1.ejlS à-prendre fur fa dot, & non fur les
wml;IleS qui fon.t dues aux créanciers. Ces
dernIers ' q'pi certant de damno lIitando, paf..
Cent av.api: le . fa-illi & fa famiIJe, quant à c~
9r éonierne les alimefls; on ne trouvertt
fUllais glll,e l~s .c;réanciers foient obligés de
Èerdr,e, p-our_'a-!imenter la femme où les enf.ans dN- fa il IL: Il eil: au contraire de princl~e ,. que quand la donation faite à la
femme èn contrat de mariage eft exceffive,
f~s et:éancien - du failli doivent profiter_pendant fa vie de ce qui excede la mefure d'un
hO,.tlll~te entretien. Mais cette regle n'a lieu
qn'a~ianJ ql1~ la donation eil: légitime, &
qU2Jle efr &ailf~urs pure & iimple. Quand
~Ue ~ e.fr ~rê~lVelyée à la f110rt du mari, ou
que fa temme l'l'en doit jo'u ir qu'à cette
époqne; & , pour tout dire en un mot,
quand le mari s'en efr réfervé l'ufufruit, les
cré.mciers. ont le droit d'en jouir jufqu'à fa
Iport" & l:al~mentation, foit de la femme,
i;
ui
Il
foit des enfants, ne vient qu'apt '. ~ le paie.
ment des créances.
V"
DtLIBÉRÉ à Aix le
I2
- A
Juin 17 8J.
GASSIER.
BARLET.
FERAUDY, Procureur.
Monfieur DE FRANC, Commiffaire.
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Factums sur le mariage, notamment affaire du divorce de Mirabeau
Subject
The topic of the resource
Droit des successions
Factums avant 1789
Successions et héritages
Description
An account of the resource
7 affaires relatives au divorce exposées dans 28 pièces datées de 1782 à 1785
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Gassier, Jacques (1730-1811 ; avocat)
Portalis, Jean-Étienne-Marie (1746-1807)
Pascalis, Jean-Joseph-Pierre (1732-179.?)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 10646
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Veuve d'Augustin Adibert (Aix-en-Provence)
Joseph David (Aix-en-Provence)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1782-1785
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/202570673
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES_10646_Factums-mariage-vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
pagination multiple
In-4
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
France. 17..
Abstract
A summary of the resource.
Comprend 7 affaires (28 pièces, manuscrites et imprimées) datées de 1782 à 1785, dont l’Affaire du divorce de Mirabeau constituée de 13 pièces (la pièce n° 10 contient 202 pages).<br /><br /> En 1783, Portalis plaide avec succès pour la comtesse de Mirabeau contre son époux, avec l'aide de Pascalis et Siméon : 13 factums en témoignent – tous imprimés en Provence - pour plus de 700 pages, avec un résumé manuscrit de l’affaire.<br /><br /> Sur cette affaire, voir : <br />
<ul>
<li>François Quastana : « Le procès de Mirabeau ou la justice d’Ancien Régime au ‘tribunal de l’opinion publique’ », dans sa thèse La pensée politique de Mirabeau (1771-1789) : ‘Républicanisme classique’ et régénération de la monarchie, PUAM, 2007, p. 281-328</li>
<li>Jean-Louis Gazzaniga, « Portalis avocat », dans Portalis le juste, PUAM, 2004, p. 43-61</li>
<li>Joël-Benoît d'Onorio, Portalis, l'esprit des siècles, Dalloz, 2005, p. 65-101</li>
</ul>
<br /> Numérisation CCL Arles 2010
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/177
Table Of Contents
A list of subunits of the resource.
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Affaire n° 1 (1784)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 1 - Louis-Auguste de Lisle c. dame de Gabriely de Lisle</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 2 - Louis-Auguste de Lisle c. dame de Gabriely de Lisle</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 3 - Dame de Gabriely de Lisle c. de Louis-Auguste de Lisle</a></li>
</ul>
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Affaire n° 2 (1785)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 1 - Elsear Ambroise Roche c. Jeanne Annezin</a></li>
</ul>
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Affaire n° 3 (1785)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 1 - Anne-Rose-Jacqueline de Peissonel, Pierre-Mathieu Barthelemy</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 2 - Pierre-Mathieu Barthelemy c. Anne-Rose-Jacqueline de Peissonel</a></li>
</ul>
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Affaire n° 4 (1784)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 1 - Mémoire - Comte de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 2 - Observations pour le Comte de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 3 - Plaodyer prononcé par le Comte de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 4 - Madame la Comtesse de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 5 - Requête du Comte de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 6 - Marie-Emilie de Covet, Comtesse de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 7 - Marie-Emilie de Covet, Comtesse de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 8 - Réponse au post-scriptum imprimé à la suite de la requête de Mr de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 9 - Madame la Comtesse de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 10 - Comte de Mirabeau (pages 1 à 100)</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 11 - Madame la Comtesse de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 12 - Observations du Comte de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 13 - Précis pour le Comte de Mirabeau</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-1.pdf" title="Affaires 1 à 4" target="_blank">Pièce n° 14 manuscrite</a></li>
</ul>
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<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Affaire n° 5 (1783)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 1 - Joseph-Antoine Roman c. les hoirs et héritiers d'Anne Bonifay Pièce n° 2 - Joseph-Antoine Roman c. les hoirs et héritiers d'Anne Bonifay</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 3 - Delle Anne Bonifay c. Joseph-Antoine Roman</a></li>
</ul>
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Affaire n° 6 (1783)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 1 - Terrein, tuteur des enfants de Claude Sandin c. Dame Teisseire, veuve de Claude Sandin</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 2 - Marianne Terrin c. Jean Teissaire</a></li>
</ul>
<a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Affaire n° 7 (1782)</a><br />
<ul>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 1 - Les hoirs du sieur Donet c. Magdeleine Creps</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 2 - La dame Creps c. Les hoirs du sieur Donet & Les hoirs du sieur Conqueret</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 3 - Les hoirs du sieur Donet c. Magdeleine Creps</a></li>
<li><a href="https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/177/RES_10646_Factums-mariage_Partie-2.pdf" title="Affaires n° 5 à 7" target="_blank">Pièce n° 4 - Les hoirs du sieur Donet c. la Dame Creps-Boyer</a></li>
</ul>
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Droit de la famille
Mariage -- Droit -- 18e siècle
Mémoires (procédure civile)
Procédure (droit)
Provence (France)