Le titre de la 1ère pièce "
Essai pour servir à l'histoire des fièvres adynamiques et ataxiques" a été écrit à la main sur la 1ère de couverture en guise de titre générique à ce recueil factice.
Il semblerait que plusieurs versions de ce recueil aient été assemblées à la même époque, des années 1820 aux années 1840. Elles ne comptent pas le même nombre de pièces (10 et 14) et, à la seule exception d'un document trouvé dans 2 versions avec la communication de Monfalcon qui a donné son titre générique au présent recueil, elles contiennent des documents très différents. Ces compilations ont 2 points communs :
- elles rassemblent des textes tous liés au thème central des fièvres et des phénomènes épidémiques
- elles se veulent représentatives d'une certaine diversité géographique, soit au niveau des villes de publication, soit au niveau des villes où ont eu lieu les observations : Paris, Lyon, Toulon, Montpellier, Carcassonne, Toulouse, Bordeaux, Barcelone et Tripoli.
Le choléra à Paris - 1ère épidémie de 1832
Les dates de parution de ces 14 pièces, majoritairement consacrées à la typhoïde, correspondent à l'apparition des grandes épidémies qui frappent alors les pays européens et méditerranéens : en plus du choléra avec ses premières épidémies importantes de 1832 et 1849 (1), toutes sortes de maladies s'invitent périodiquement et meurtrièrement, comme le typhus, la fièvre typhoïde, la peste et la fièvre jaune. Le typhus et la fièvre typhoïde seront parfois confondus alors que la typhoïde, causée par une bactérie de type salmonelle, a été décrite par Pierre Bretonneau dès 1818.
La mutiplicité des auteurs, la variété des témoignages et la diversité des cadres d'observation de terrain ne sont pas accidentelles : elles ont pour but de crédibiliser la thèse défendue et d'emporter la conviction du lecteur. Car l
'enjeu est d'importance et la polémique parfois véhémente (les accusations de charlatanisme ne manquent pas) : il s'agit de savoir si la propagation des maladies est due à des conditions climatiques particulières ou à des miasmes qui prolifèrent dans les milieux insalubres (c'est l'infection qui crée la contagion) ou si les contaminations s'opèrent par contatcs directs entre les personnes (2).
Savoir si les causes, ou tout au moins les facteurs favorables, sont plutôt d'ordre social ou plutôt d'ordre comportemental n'est pas sans conséquence sur les mesures à adopter, en premier lieu celles médicales mais également celles morales et politiques. Nous savons aujourd'hui que cette controverse ne sera tranchée que dans les années 1880-1900 lorsque les bactériologistes démontreront le rôle de la contagion dans les maladies infectieuses, contredisant certains préjugés et contrariant les solutions administratives plus radicales en matière d'urbanisme et de lutte contre les taudis urbains (3).Réfs1. René Le Mée. - Infection ou contagion ? La controverse sur la diffusion du choléra dans la France du premier XIXe siècle (note de lecture de Marie Chauvet). in
Hypothèses
2. Une querelle médicale du début du XIX
e siècle : infectionnisme et contagionnisme, ou l’ambiguïté du rapport entre raison et progrès, Grégory Beriet,
Actes des congrès nationaux des sociétés historiques et scientifiques, 2009 131-1 pp. 23-33
3. La construction de la notion de contagion : entre médecine et société [article. Patrice Bourdelais,
Communications, 1998, 66 , pp. 21-39