Histoire de la Provence]]> Aménagement du territoire]]> Agriculture]]>
Pour cette 2ème édition, E. Vidal rappelle que le premier cri d'alarme lancé par C. de Ribbe devant les feux de forêts dans le Var avait eu un effet immédiat : la création en 1866 de la Société Forestière des Maures (siège à Hyères) avec pour but de vulgariser ses idées, sensibiliser les autorités aux risques dus aux mauvaises pratiques et tenter de convaincre la population des désastres causés par l'écobuage. Au moins des brigades ambulantes avaient pu être créées.

Dr E. Vidal (au centre), secrétaire de la Société Forestière des Maures (Giens, 1914)

La Société Forestière des Maures écrivait alors dans une lettre de 1866 : « Les désastres fréquents qui dévorent chaque année plusieurs milliers d'hectares rendent la propriété forestière très précaire et prolongent, pour la partie du département qui nous occupe, un état de barbarie qui n'est pas en rapport avec notre civilisation. Les populations voient sans s'émouvoir les conflagrations qui reviennent chaque été; elles cherchent à peine à les combattre ».

La culture sur brûlis, une technique simple, efficace à court terme et durablement dévastatrice

La 1ère édition se terminait par un appel à une grande enquête sur le terrain. Trois ans plus tard, cette 2ème édition inclut la bande côtière de la Basse-Provence qui va de Toulon à Antibes, une zone particulièrement exposée. C. de Ribbe ne peut que déplorer qu'en 1789, le Tiers-État réclamait déjà des règlements plus sévères pour prévenir les incendies. Quatre-vingt ans de faible intérêt législatif et administratif. Toute solution suppose :
  • le concours des propriétaires des surfaces boisées privées (2/3 des surfaces en France mais plus faible en Provence)
  • l'action de l'administration au niveau réglementaire (textes des obligations et des sanctions)
  • l'intervention directe sur le terrain des agents compétents de l'administration forestière dans les forêts publiques sous statut domanial et communal
Car avant de parler de lutte contre les incendies, il faut d'abord en comprendre les causes. Pour C. de Ribbe, cinq sont avérées : la malveillance, les bergers, les fumeurs et les chasseurs, les taillades et les issards. Les plus récurrentes et les plus anciennes sont les taillades et les issards (brûlis pour cultiver ou défricher) : un comble, loin d'une sagesse ancestrale, ce sont bien des pratiques traditionnelles et non pas accidentelles qui sont les principaux facteurs de sinistre (1). Dès cette époque, les revues d'information agricoles évoquaient également le comportement de certains campeurs et touristes et prouvent que les incendies de fôrets ne sont pas un mal né au 20e siècle (2).

Avec ses 1,9 millions d'hectares (9,4% de la forêt française) et un taux de boisement de 48% (le second au rang national, la moyenne étant de 29% en métropole), les 700 000 hectares de forêts publiques (45%) sont gérés par l'ONF (Office national des forêts). En raison de sa superficie et de ses nombreux reliefs, la région paie un lourd tribut pour entretenir un tel patrimoine naturel.

Les massifs du Var menacés par les feux de forêts (Préfecture du Var, le 7 août 2015)

Un siècle et demi après son 1er appel, la carte des zones à haut risque du Var non seulement n'avait pas régressée mais au contraire s'était étendue au Massif de la Saint-Baume : le constat alarmant d'une politique de prévention impuissante sous l'observation très comptable des pouvoirs publics (2).
_____________

1. Martine, Chalvet. - La vulnérabilité de la forêt provençale face aux incendies : naissance d’une notion (fin XIXe siècle)VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 16 numéro 3 | décembre 2016, mis en ligne le 20 décembre 2016, consulté le 02 avril 2023. URL : http://journals.openedition.org/vertigo/18012 ; DOI : https://doi.org/10.4000/vertigo.18012
2. Faure, Marcel. - Les incendies de forêts dans l'histoire : quelques leçons du passé - Forêt méditerranéenne.org
3. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, des forêts aux multiples enjeux.  Site consulté : Office National des Forêts
* En ouverture de son discours devant l'assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, Afrique du Sud, Jacques Chirac, Président de la République française, avait prononcé cette phrase, depuis devenue culte : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Quelques simples mots sur le désastre le plus annoncé...]]>
1869]]> fre]]> Maures, Massif des (Var). 18..]]> Esterel (Massif de l'). 18..]]> - Feuille Antibes ; 237 ; 1868 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Beaupré (graveur)/Simonin (graveur)/Carré (graveur)/Pierron (graveur), ISBN : F802371868. 
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27422]]>