Antiquité]]> Archéologie]]> Société de recherches scientifiques et d'acclimatation", l'Académie d'Hippone*, fondée en 1863, est une société savante algérienne de l'époque coloniale. Sa revue sera publiée sans interruption de 1865 à 1962, avec cependant, une périodicité de plus en plus espacée (1 an, puis 2, ensuite 5 et 25 ans pour finir !).

Le Bureau de l'Académie d'Hippone (1913-1914)

Le parallélisme avec la présence française est aujourd'hui devenue une évidence ineffaçable : à décharge, les publications des archéologues sur le terrain montrent que le travail consacré à la mise au jour des vestiges de l'Antiquité, en particulier ceux de l'époque romaine, s'est accompagné de mesures de sauvegarde de ce patrimoine culturel, même si, et certains en étaient bien conscients, ils contribuaient à l'exposer.

L'ampleur et la richesse du site justifiaient des travaux de fouilles en continu dont rendait compte le Bulletin, à l'attention de la communauté des spécialistes, sans oublier les autorités administratives.

Mosaïque aux médaillons (villa Chevillot, 1899-1900)

Les archives de l'époque attestent que les archéologues mettaient au jour des vestiges et des ruines qui demandaient un lourd travail d'analyse et d'interprétation pour les comprendre et les situer correctement dans le temps et dans l'espace (l'Algérie a connu tant et tant de vagues de conquêtes) alors qu'ils peuvent nous paraître aujourd'hui évidents dans leurs origines, leurs sens et leurs usages.

Les autres sites et pays d'Afrique du Nord colonisés suivront cette voie comme en témoignent le Bulletin trimestriel de géographie et d'archéologie de la région d'Oran (à partir de 1885), les Rapports sur les travaux de fouilles de la région d'Alger (Cherchell, Tipasa) ou de Constantine (Timgad, Khamissa) et, quelques années plus tard, les fouilles menées en Tunisie (Carthage, Musée du Bardo).

Amours vendangeurs : mosaïque romaine telle qu'on peut la voir au Musée d'Hippone

À tort ou à raison (on observe le même mouvement dans les pays européens), les archéologues ne se contentaient pas toujours de travaux de sauvegarde contre les périls imminents (effondrement, pluie, etc.) mais se préoccupaient aussi de travaux de restauration qui allaient au-delà de la simple consolidation, les plus prudents prenant soin de marquer les matériaux et appareils d'origine par rapport à ceux apportés et de les documenter.

Projet de restauration des thermes (Hippone, 1887)

Comme il est impossible d'entrer dans le détail d'un siècle de fouilles (qui débordent largement la seule région de Bône et la période romaine), on observera simplement l'utilisation de la photographie dans le travail archéologique à partir des années 1880.

Le fond de l'abri du Dyr (BAH, 1930-1935)

Ce qui a pu être un usage en apparence anecdotique (figurer sur les clichés pour la postérité ou, plus gravement, pour faire date et revendiquer une paternité, par ex.) devient un véritable outil au service du travail scientifique dans les années 1910 (pour ce qu'il en est de cette collection).

Thermes de Socius (Propriété Chevillot, 1914-1921)

Le cliché devient un document porteur des légendes explicatives et une preuve de l'état réel du site lors des fouilles. Les panoramiques pemettent aussi de repérer les signes d'évolution de son environnement et de mesurer ce qui pourrait le menacer, comme ce projet d'alignement des rues de Bône voulu par les Français.

Alignement des rues de Bône (1912-1913)

Au niveau de l'urbanisme, les sujets d'inquiétude ne manquent hélas pas, comme l'extension du faubourg industriel avec ses nouveaux ateliers et ses nouvelles usines, dans la relative indifférence des pouvoirs publics, pourtant alertés.

Nouvelles fouilles (Hippone, 1925-1930)

Mais d'autres menaces, plus discrètes et plus sournoises, guettent les trésors du site : l'engouement pour le passé et les expositions suscite la convoitise des musées de la Métropole qui ont les moyens financiers d'enrichir leurs collections avec ce qui a été "péniblement arraché à la terre".

Trésors expatriés (propriété Dufour, 1914-1921)

À  l'image de ce peigne, merveille de l'art antique, vendu 4000 Fr au Musée du Louvre par Mme Dufour (propriétaire du sol), se désolent les archéologues pourtant persuadés qu'Hippone était bien un terrain de statut domanial.

Cérémonie du Cinquantenaire de l'Académie, 1863-1913, dans les thermes de Socius

Les menaces venant de l'extérieur comme de l'intérieur ne découragent pas pour autant les archéologues qui fêtent, à l'aube de la Première Mondiale, le (premier) Cinquantenaire de leur Académie.

Numérisation et sommaires Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian MMSH, Aix-en-Provence


- Les volumes 20 à 23 ont été aimablement prêtés par le CTLes (Centre Technique du Livre de l'enseignement supérieur) et les volumes 24 à 28, 30, 32 à 38 proviennent des collections du CEPAM (Cultures et Environnements. Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge) de l'Université Nice-Sophia Antipolis (Nice) pour sa numérisation. Qu'ils en soient ici tous deux remerciés.
- Les fascicules numérisés par la MMSH (Aix), présentés ici, complètent la collection consultable en ligne sur Gallica (1)

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1. Bulletin de l'Académie d'Hippone - Gallica
* Hippone sera rebaptisé Bône durant la colonisation française. Depuis l'indépendance, la ville portuaire porte le nom d'Annaba.
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1884-1961]]> fre]]> Algérie. 18..]]> Algérie. 19..]]> - Feuille Bône ; 9 ; 1958 ; Institut géographique national (France)/France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A69_009_958a. - "Complété en 1930 ; [tirage] 4-58"
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=32457]]>