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Quand il décide de publier le résultat de ses travaux (notamment sur Carthage), Jules Renault vient tout juste d'avoir trente ans. Empruntant une voie très différente de ses collègues qui publient majoritairement dans des revues de sociétés savantes, il opte pour une publication "artisanale', intégralement manuscrite et ornée de nombreuses illustrations qu'il réalise lui-même par procédé lithographique*. La finesse et la fidélité de ses reproductions montrent qu'il est un dessinateur hors-pair : à juste titre, il n'oublie jamais de signer et dater ses œuvres. Conscient de son talent, il met en avant le format inhabituellement grand de sa publication (28 cm, nettement supérieur à celui des revues académiques) qui aidera ses lecteurs : "
Le format que j'emploie permet de reproduire à une échelle suffisante les inscriptions de quelque importance pour l'étude des caractères gravés. Les plans et les dessins sont lisibles pour tous".
Un vase en albâtre (Carthage, cahier 1909)
Rien ne le décourage : ni le niveau de détail, ni le nombre d'éléments à représenter, ni la taille du motif. À propos d'un des fragments d'une mosaïque romaine qu'il a dessinée, J. Renault a l'humilité d'indiquer "
il est à remarquer avec quel soin il est composé et avec quelle patience et quel art les cubes en ont été disposés". Le compliment ne vaut-il pas pour lui également ?
Une céramique de Carthage (cahier 1910)
Chaque cahier exige un grand temps d'exécution, ce qui explique une production assez limitée (un peu plus 1 000 pages en 5 ans), délai aggravé par la maladie qui va l'empêcher de publier en 1912 et la courte vie d'une revue d'apparence solitaire (elle cessera de paraître après le second cahier de 1913).
Mais J. Renault n'est pas pour autant un esthète marginal enivré de romantisme antique et a bien les pieds sur terre : archéologue spécialiste de la Tunisie, il occupe un poste d'a
rchitecte à la Direction générale des travaux publics de la Régence de Tunis, il est également correspondant du Ministère de l'Instruction publique et des beaux-arts à Tunis et siègera comme membre au Comité des travaux historiques et scientifiques de 1906 à 1920.
La maison Garrigues de Tunis (cahier 1911)
Parallèlement à sa revue "fait maison", il fréquente le Musée du Bardo, écrit dans des revues d'archéologie comme la
Revue tunisienne et connaît bien les travaux de ses collègues qu'il cite dans ses articles (par ex., références au
Bulletin archéologique).
Le choix de J. Renault de proposer ses dessins est délibéré et ne tourne pas le dos à la technique pour autant : pour reproduire certains sites et certains monuments, il n'hésite pas à s'inspirer de photographies de chantiers ou les à reproduire en le signalant systématiquement de la mention "
d'après une photographie...".
* la revue a été imprimée par le procédé d'impression baptisé
zincographie, lithographie sur zinc, qui permet d'obtenir un grain d'une extrême finesse, ici de type monochrome.
Numérisation et sommaires Michel Kébaïli (Centre Camille Jullian – MMSH, Aix-en-Provence