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MÉMOIRES
I)l"
PRÉSIDENT D'ÉGUILLES
trY4P
m' E
PARLEl\IENT D'AIX ET LES JÉSUlTES
ADnESS l::S .\ SA MAJE ST1~ LorI S X\
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PAR LE P. AuGU STE CAIU\O t\
DE LA COMPAc:m : DE n: ~ l' S.
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PARIS
L'ÉCUREU'C LIBRAIRE-f:OITEl"H .
n UE OES GI\A ;\ DS -AU(,U.sTl~::'.
1867
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�MÉMOIRES
DU
PRÉSIDENT D'ÉGUILLES
SUR U:
PAHLEMENT D'AIX ET LES JÉSUITES .
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MÉMOIRES
DU
PRÉSIDENT D'ÉGUILLES
SUR LE
PARLEMENT D'AIX ET LES JÉSUITES
ADRESSÉS A SA MAJESTÉ LOUIS XV
PUBLI ES
PAR LE P. AUGUSTE CARAYO N
Dt: LA CmlPAG NIE DE JESUS.
POITIEr.S. -
H POGRAl'HIE DE HENR' OUDI N.
Q
PARIS
L'ÉCUREUX , LIBRAIRE-ÉDITE UR,
RUE DES GRANDS-AUGUSTINS ,
1867
3.
�Que les J ésuiles soient détestés par un
grand nombre· de gens d' une certaine valeur,
c'est un Jait . Pourquoi sont-ils détestés?
c'est une question.
Le fait n'a pas besoin de preuves, il est
patent. La qzœstion, mille fois posée et résolue
contradictoirement , r este pour beaucoup cle
gens à l'état de problème historique; et ce
problème tant de foi s agité conserve toujours
le même intérêt. Si nous le posons de nouvea u
à l'occasion d' une publica tion sur la Compagnie de J ésus, ce n'est point clans le but d'écrire une nouvelle apologie; il en existe assez
de solidement établies, pour rendre un nouveau travail parfaitement superflu. D 'ailleurs,
•
�-
VIlI -
-
IX-
c'est un fait d'expérience que la polémique,
célèbre condamnation par le parlement d 'Aix .
même sur les Jésuites, ne trouve plus de
Nous diso ns condamnation et non point juge-
lectenrs, dès que les événements qui l'ont
ment, attendu que si leparle01entde Provence,
occasionnée ou réveillée cessent de passion-
comme tant d'autres tribunaux , a solennelle-
ner ou d'intéresser le public.
ment condamné les Jésuites, il ne les a point
La polémique sur les Jésuites forme toute
jugés: Si les Jésuites ont perdu leur cause
une bibliothèque d'ouvrages cOl1lplétement
deva nt lous les parlements, ils ont cet hon-
oubliés, à part un très-petit nombre, que leur
neur d'avoir succombé sous l'injustice la plus
malignité hors ligne et leur perfection dans
évidente: nous voulons dire la violation de
l'art de mentir ont sauvé de l'oubli, comme
toutes les lois qui protégent les accusés, même
il est arrivé pour les calomnies de Pascal.
les plus mauifestement coupables.
Mais la question des Jésuites n'est jamais
Bien souveut on nous a dit- et ces paroles
finie , jamais résolue : elle n'a cessé de pas-
ne veuaient pas toujours de nos ennemis: -
sionner les esprits depuis leur origine, et,
Mai s enfin vous avez été condamnés par les
sans être prophète , on en peut prédire la
perpétui té.
tribunaux du dix-huitième siècle; ces jugements n'ont jamais été cassés, et, suivant
Le pourquoi de cette haine vivace, toujours
l'axiome de droit : Chose jugée est réputée
et partout la même, nous le devons cherchel'
aujourd'hui, à l'occasion des Mémoires ' du
p our v/'aœ.
Notre r éponse se trouv e dans les J1!JénlOù'es
Président d'ÉguiLLes , actuellement publiés.
du Président d'Égailles: on y verra la valeur
Ces Mémoires donnent l'historique de notre
légale de ces jugements, où toutes les lois de
�-
x-
-
XI -
l'équité, toutes les formes de la procédure
répond à cette double question : P ou/'rjlJ,oi et
ont été violées par des juges volontairement
comment les Jésuites J urent-ils condamnés p ar
aveuglés, ou cédant à leurs passions anti-reli-
les p arlements il
gleuses.
De la lecture de ces M émoires, il résul te
L'hi storique de ces procès retentissa nts n'a
jamais été publié, et la raison en est l'on sim-
clairement que les Jésuites succomllerent,
pIe: les juges avaient iotérêt à se taire, et les
sous le poids de la haine parvenue alors à son
victimes, poursui vies avec acharnement , se
maximum . Toutefois il l'este à exa minel' , et
vireot réduites, faute de temps et de docu-
le ]>résiden t d'É guilles ne s'est poi n t proposé
ments officiels, à de simples apol ogies, toute-
celle question prélimin aire, il reste à exami-
fois assez embarrassa ntes pour mériter les
ner l'ori gine et les causes de cette haine autre-
honneurs du feu. L'exécuteur des hautes œuvres répoodait invariablement, au nom des
ment inexplicable.
Cet examen , assez curieux, nous force à
magistrats, par des auto-da-fé. Brùler n'est
remonter un peu haut ; mais si nous allons
pas répondre; c'est vrai , mais sur le public ,
même au delà du déluge, qu'on ne s'effraye
cela produisait toujours un certain effet : voir
fustiger , lacérer et brùler un livre par la main
point outre mesure , uotre excursion dans le
non sous l'application des lois de l'État, mais
du bourreau , amusait un moment le public
passé n'aura pas la lon gueur de deux pages.
L'hérésie appelée aujourd'hui la libre-pen-
et lui faisait appl audir les juges.
sée, ou le libéralisme, s'appelait au siècl e
~ous parlerons plus ' loin du président
dernier le p/tilosophisme ; au di x- se ptièm e,
d'Eguill es et de ses Mémoi/'es. Son travail
le j ansénisme; au seizième, le p rotestantisme;
�-
Xl l -
-
XIII
et, en remontant d'âge en âge, nous trouvons
gez du fruit défendu ; examinez, jn gez la
toujours la révolte de j' homme contre l'anto-
parole de Dieu, vos yeux s'ouvriront et vous
rité de D ieu; cette révolte change so uvent
serez comme des dieux ! On sait si ln leçon
de nom et de chef, mais au fond , la cause et
fut vite apprise et mise en pratique. Les évé-
l'effet demeurent invariabl es. D es le berceau
nements du monde moderne en sont le
de l'llllmanité , nous trouvon s le premi er
professeur du libéralisme faisa nt à notre m ere
résultat.
A celle m êm e époque, Dieu , qui dan s sa
Ève un e de ces leçons dont la presse contem-
sagesse permet les épreuves de l'Égli se, lui
poraine répète à satiété les mill e et mille
envoya , clan s sa m.iséricorde, un nouvea u
variations. La doctrine du libéralisme n'il
secours, dans la personne, d 'I gnace et de ses
donc point le mérite de la nouv ea uté; vieille
compagnons. La nouvelle milice à pein e en-
comme le monde, ell e remonte même au
lrf.e en campagne se vit exposée à toute la
delà, et sa formule essen ti elle est tout en tiere
fur eur d e l'ennemi ; et, depui s lors, la hain e
contenue dans la parole de l'ange révolté;
du libre exa men n 'a cessè de la maudire et de
NOl! serVl:am !
poursuivre l'anéanti ssement de ces nouv eaux
Si, maintenant, redescendant le cours des
soldats placés sous la main de 'l'Égli se et b énis
àges, nous arrivons au siècle du libre- examen ,
par elle.
No tre pensée ne peut être d e rappeler ici ,
nous trouvons l'enseignement de l'antique
serpent, remis à neuf par le moin e Luther ,
m ême sommairement, les luttes de l' hérésie
et cet apostat boul eversant l'Église et les éta ts
contre la Compagn ie de J ésus; nous voulion s
en rér~tant aux nations de l'Europe; Man-
seul ement r emonter aux premi ers jours cle
�-
cett~
XIV-
-
xv -
haine, qui de 1540 à 1773 ne cessa un
Nous avons nommé le capilal ennemi ,les
seul jour de combattre avec acharnement
J ésui tes, ce libre-examen devenu le philoso-
l'Ordre approuvé par Paul III et détruit pal'
pltisnw et ralliant autoUl' de son drapeau les
Clémeul X IV.
universitaires, les gallicans, les jansén istes et
Le récit de nos luttes se lrouve à toutes les
pages de l' histoire moderne, durant cette
période de deux cent trente-trois ans; mais le
Bref de Ganganelli n'ensevelit point la haine
du libéralisme dans le tombeau qu'il venait
enfin de creuser à Ja Compagnie de Jésus (1).
(1) La haine pOI'lée aux Jés uites, et s urtout la callse de
celle haine Ollt écla iré et cOllverti bOll nombre de leurs
adversaires, Un de nos plus g rands orateu,'s modernes
disait à la tribun e du LuxembOUl'g, le 8 mai 1844 :
c .. . Moi aussi j'ai eu brsoin d'être cmwel'ti aux Jé• suites ...
• Ce qui nou s attache à eux! mais c'est la ha ine vio• lente qu' il s inspirent à to us les ennemi s de l'Église, Je
• ne l'eux pas affirmer que les ach'ersaires des Jés uites
• so,ent to us ennemis de l'Église, mais je n'hésite pas à
d,re que les, ennemis de l'Église sont toujours et avant
• tout adverSaires des Jés uites, C'est toujours SUI' eux que
• po:'tent les prem ie,'s coups, et c'est là ce qui les d ésiNne
• à 1 estune et à la co n fi ance d es catho liques
'
0
comme un
e
• al'ant-garde et un des corps d'élite de l'Église, Les plus
, sincères de nos ad versai l'es l'ont franch ement avoué ...
, Mais quand je sui s entré dans la pratique des choses,
« quand. j'ai vu dan s le monde et dan s l'hi stoire , qu e dans
, to us les pays, depuis. le Parag ua y jusqu 'en Sibérie ,
• tous les persécuteurs de l'Église, de puis le marquis de
• Pombal jusqu'à l'empereur de Bussie ; to us les degrés
• de l'erreur , rl epui s l'ath éis me jusqu 'au jansénisme,
• éta ient tous ,,' acco l'd contl'e les Jésuites, cons pil'aient
• tous ensembl e el paL'tout leur ruine et \CIII' proscription ;
« quand j'ai recon nu dans les luttes l'eligieuses de nos
• JOUl'S les mêmes symptômes SUI ' LIll e moindre échell e;
• o h 1 a lors, me sui s-je dit, il faut qu' il y ait dans ces hom,
mes-iiI qu elque chose de sacré et de mystéri eux qui
(1
expliqu e et motive cette merveill euse union d'inimiti és
• si dil' ers~s , Il faut qu' il y ait dans cet in stinct de la
« hain e, toujours si cl ai l'voyante, quelque chose qui in·
• dique que c'est pal' là qu'on alTi,'e au cœ ul' même de
• l'Église, Voilà pourquoi je suis de,'enu le pal'tisalt et
• l'admirateur des Jésuites , après al'oir été leur ad l'er« sai re. Et grâce au ciel je ne suis pas le seul qui ait suivi
• ce tte voi e.. . •
II n'était pas nécessa ire de nommer M, le co mte (le Montalembert avant de le citer : en lisant los pages que nous
,'cnons de copi er ) Oil les lui aura tl'èS-Cl'ltaÎnement attl'i-
�-
xvr-
le""parlementaires, Une si formidahle armée
rois catholiques de l'Europe, se faisant les
comptait des alliés, faut-il le dire ? dans le
exécuteurs du philosophi sme et de l'impiété,
sa nctuaire el dans les clohres,
lui livrèrent la Compagnie de Jésus, dans
Arrivés à celle époque mémol'able oh les
buées en y reconnai ssant l'ardeur de scs conviction s, l'in,
dépendan ce deson caractère, son mépris pour les ,préjugés
de la foule, lors même que tant d' hommes disting ués
pensent comme ell e, l'habileté . de l'orateur et son éloquence capahle de charmer , même en louant les Jésuites,
un audito ire q ui leur était hostile ou du moins fort peu
sym pathique,
C'est maintenan t un lieu commun d'appla udir à l'éloquence de M. de ~rnnta l e mbe l' t ; mais en -I8M il fa ll ait
plus que de l'éloquence pOUl' oser se procla mel' ami des
Jùs uites et dil'e alo l's, derant les notabil ités politiques, héri-
tières au mo ins des préjugés de la magistratul'e du dixhuitième siècle, que la destruction de la Compagnie fut :
la plus gl'and_ iniquité des temps modernes.
M. de Montal embert est trop a mi de la liberté et de la
fra nchise pour nous l'efu ser le droit de n 'ëtl'C pas de son
avis, sur un con.,ril donné dans celte même page que nous
admirons; il dit , en parl ant de M, le co mte Alexis de
Saint- Priest et de son ouvrage sur LA CI-lUTE DES JÉSU ITES
AU XVIII " SIÈCLE; lisez-le: C'estl'œwJl'e d'un odversai1'e', mais
il est un de ces adversaires spirituels et inst1'uits avec lesquels il y a tOUjOU1'S quelque chose à gagnel'.
Nous arons suivi le conseil et nous avouons n'y avoir
rif' n gagné. L'œ uvl'e de M. de Sai nt-Pri est est un pamphlet,
l'espoir d 'une paix honteuse, il convient
d'examiner attentivement le spectacle offert
mais il diO'ère considérabl ement de ceux que 1I 0 US avons
été si souvent forcé de lil'e; il est extrêmement mod éré
d ans la forme , écrit en styl e de grand seigneur qui se l'es'
pecte, blessant au vif sans avoir l'ail' d' y touchel', forçant
le lecteur 11 tirer d es conclusions I>ien plus sévères, pour
nous, que les siennes, et cela sous pei ne de ma nquer de
logique, Les insinu ation s de ~r. de Saint-Priest sont des
plu s pedides : il nous Cil coû terait de douter de sa bonne
lo i et nous préférons nier la sol idité de ses études SUI' le
fait des Jésuites, ou la rectitud e de ses ju gement s. E n un
mot notre avis SUI' ce livre est qu ' il doit être placé parmi
les pamphlets distingués pm' la (orme.
Si M, de Montalembel't , SUI' le fait des Jésuites, a dû se
convcl'th', cornnl e il le dit lui-même, nous douions que le
li\Te de M, de Sa int-Priest ait jamais eu la vertu d'opérer
de tell es conversions et cie faire confesser qu e notre chute
a été la plus grande iniquité des temps modernes. Sa ns doute
M, de Montalembert devait être poli pour lin adversa il'e
distingué, mais il nous semble que la politesse du gentilh omme a conduit trop loin l'orateur catholique, M, de
~[ontal emb e l't nous pardonnera sans do ute de ne pas
pousser la politesse aussi loin qu e lui.
l'l,
b
�-
XVI II -
-
alors par la France religieuse et monarchique.
Sans cet examen sérieux de
la
société fran-
XIX-
se donner pour complices, dans la destruction de la Compagnie, les pouvoirs intéressés
il est impossible de comprendre et d'expliquer
à sa conservation ?
La réponse à celle question se trouve dans
la décadence des hautes classes de la société et
ce grand événement appelé La chute des Jé-
du gouvernement. Nous n'avons pas à refaire
suites: événement dont le bruit ne cessa de
la désolante histoire du di x-huitième siècle; il
rete ntir en E urope, jusqu'au terrible drame
sufftt à notre but spécial d'expliquer la haine
dont. notre chute
de la Rél'olution francaise
"
de cette époque contre la Compagnie de J ésus
avait été le prologue.
Le procès et la destruction de la Com paguie, en 1762, fut , nous l'avons dit , l'effet
en la montrant dans sa cause prem ière et
principale.
Nous le savons, les hi stori ens des différents
d'une haine invé térée, implacable et devenue
partis s'accordent à montrer la haine de nos
toute puissante à celle époque: si puissante
ennemis, coalisés et devenus puissants, comme
qu'elle ne prenait plus, comme autrefois, la
la cause unique de notre chute. Très-bien ,
peine de se dissimuler sous des form es hypocri tes.
mais n'est-ce pas prendre l'effet pour b cause?
Mais comment celle haine çontenue, m al-
la poser ain si: Pourquoi nos ennemis avaient-
gré sa violence) depuis pl us de deux siècles,
parvint-elle subitem.ent , au milieu du di x-
ils au cœur cette haine violente , impLacable,
contre let Compagnie?
huitième, à renverser tous les obstacles, à
La question ainsi formul ée nous ramène à
çaise, vers le milieu du dix-huitième siècle,
Car, eu pressant la question , nous arrivons à
�-
xx-
-
XX i
-
no tre point de départ, et, si nous la posons de
les vases sacrés enlevés au temple de J érusa-
nouveau, c'est dans le but de l'exposer plus
lem , pOUl' se donner le pl aisir de les profilller
complétement et de la réso udre plus clairement.
en y buva nt , lui , ses courtisans, ses femmes
Bien souvent la chute des J ésuites a été
Mais citons les propres paroles du pro-
appelée un drame: soit , acceptons le m ot , et
phète : Et le roi, les grancls du royaltlne, ses
avant de juger l'œuvre, et pour la bieu jugel',
fem mes, ses concubines buvaient da ns ces vases
examinons le lieu de la scène, les passions
sacrés; -
mises en mouvement et taisons connaissance
louanges de leurs dieux d'or, d'argent, d'airain,
avec les ac teurs, De cet examen attentif et
defer , de bois et de pierre. O n sait comment
cependant rapide, ressortira la solution cher-
D ieu term ina tous ces chants et toutes ces
chée, la vraie cause, le vrai pOL/l'quoi de la
profanations.
haine co ntre les J ésuites,
et ses concubines,
ils buvaient ce vin et chantaient les
Le dix-huitième siècle, lui aUSSI, fa isait
Nous sommes en plcin di x-huitième siècl e:
des orgies comme Balthazar . Sans vouloir
la déprava tion de cette époque nous rappelle
appliq uer minutieusement à la société d'alors
les excès des anciens peuples idolâtres et ce
les paroles du texte sacré, nous la voyo ns
passage de nos Sa intes- Ecritures où Daniel
perdue dans le m ême oubli de D ieu , les
nous raco ute le festin de Balthaza r: Le
ro i, da ns la spleudeur de ce sou pel' offert aux
mêmes déb:lUcÎles, les mêmes Pl'ora na tions,
et frappée d' un châtiment semblabl e à celui
grands de son empire, et déjà surexcité par le
de Balthaza r et de sa cour. Au li eu des Mèdes,
(Ch,p. Y)
vi n , ordonne à ses serviteurs de lui appor ter
�XXII -
1
-
c'est la Révolution que Dieu eUVOIe pour
nités honorées d'un culte public ct replacées
châtiment.
Si Louis XV n'a pas l'impiété de Baltha-
dans le sanctuaire de la famill e; mais elles
avaient de véritables et nombreux adorateurs.
zar, il lui ressemble au moins par un côté,
Que les plaisirs de la table s'appellent Bac-
celui de la débauche, de l'incurie de ses
chus; que la soif de l'or , la cupidité se per-
devoirs et de l'oubli de Dieu. La cour, les
sonniiie dans Mercnre; que la dissolution sans
grands du royanme semblent vouloir par
l'excès de leurs sca ndales couvrir ceux du
limite se nomme Vénus, c'est tout un ; l'ido-
prince. L'élite de la société est comme em-
faitement ces écrivains, dégradés comme leurs
porlée dans un tourbillon oll la pudeur et la
Mécènes: aussi leurs plumf!S prostituées
probité font naufrage. Les mœurs du paga-
trouvaient plus court de jl~sti{ier tous les
nisme envahissent les châteaux, les salons et
vices, de chanter toutes les corruptions sous
,
•
XXIII
lâtrie est au fond du cœur! Ils le savaient pa 1' -
les riches demeures des heureux du siècle' et
non-seulementles mœurs <:lu paganisme s'em-
les noms inventés par l'antiquité païenne. Ne
parent de la société, mais ses dieux y trou-
tion de ces paroles de Tertullien: Le crime
vent de nombreux adorateurs. Partout on
principal du ge nre humain) le suprême
entend la voix des convives enivrés louer les
aLLentat du siècle, la matière unique du juge-
dieux cl'or et ri' argent, ou - . c',est une même
ment de Dieu, c'est l'idolâtrie: Principale
chose - chanter Bacchus, Mercure et Vénus.
crimen generis /wmani ) Slunmus seculi l'ca-
Sans doute on ne voyait pas ces inüimes divi-
tus, tata cuussa jttdicii, idolalatria
voyons-nous pas là une nouvelle démonstra-
Ida/a/al. f.)
(TerI., de
,,
�XX IV -
-
No us aurions vo ulu nous borner à ce coup
d'œil rapide
xxv-
cita pas cIe viol en tes indignations. A V cr-
l'état de la société au dix-
sa illes, comme dans toutes les cours, l'incon-
huitième siècle; mais les généralités ne mon-
duite du roi mettait à l'aise la [oule des cour-
trent point assez le mal de l'époque et cette
tisa ns, heureux: d'imiter les vices cIu prince
décadence générale, ca use des événements
et de les dépasser .
S Ul'
dont nous avons à montrer la source, le progrès et le résultat.
grandes fautes il y eut de grands repen ti rs; et
N emo repente fit Sllmmus, La maladie dont
si Dieu envoya de rudes épreuves à la France
le siècle se mourait ne datait pas de la veill e;
et à son roi , il le fit eu père mi séricordieux ,
les scandales de la France , vers 1750, étaient
tandis que le règne suivant alluma tell ement
l'épanouissement de ceux du grand r ègne.
sa colère, que le père sembla di sparaî tre et
Louis X IV, avant de mourir , avait pu voir,
ne laisser voir que le juge irrité et les effets de
avec l'amertume du repentir, que les bons
n'avaient pas
sa justice.
Sans doute la corruption et l'impiété sont
ramené à leurs devoirs ceux que ses sc~ndales
anciennes com me le mond e: . les hi storiens
ava ient entraînés, Par une déplOl'able illu-
de tous les temps sont] la plupart, des narra-
sion , le grand 1'01: s' imagina que légitimer ses
teurs de scandales, et rarement il s calomn ient
bâtards serait un e sorte de réparation, De
leur siècle. Mais dans l'ex istence des nations,
exemples . de sa vieillesse
Cependant, sous ce règne, au milieu de
fit
comme dans la vie de l'homme, il Y a des
des princes , dont il orna sa Cour et chose
époques, des années particulièrement déplo-
etrange, ce couronnement cIu scancIale n'ex:-
rables, oille démon semble devenu le maître,
ces enfants du crime et de l'adultère
.
'
,
, il
...
•
�-
XXV I -
-
XX VII -
et disputer à Dieu ses droits les plus essenti els.
[re point: Deus non irridetur . A ussi les sacri-
H eureusement , Dieu a {'ait les nation s gué-
léges m oquer'ies du di x- huitième siècl e met-
rissables : autrement , bien des siècles avant
Lantle comble à ses tUl'pitudes, à sa déprava- ..
le dix-huitième, l'univers, si la progr ession
tion , attirèrent sur lui l'épouvantabl e chàti-
dans le mal allait toujours cl'Oissant, serait
ment de la Révolution, qui r estera dans la
devenu un véritable enfer.
m émoire
des hommes con1lue celui
de
Mais le di x-huitième siècle , il faut bien en
Sodome et celui des Juifs, après le déicide.
convenir , nous offre un caractère tout spé-
Au milieu de la décadence reli gieuse et
cial de per versité. Il étale au grand jour un
sociale que devenait , qu e faisait le clergé?
mélange odieux de mauvaises mœurs, d 'im-
Hélas! il faut bien eil conveni r, une partie
piété et de sacriléges moqueri es. C'est quelque
de celle lumière du monde cessait d 'éclairer;
chose de plus détestable encore: nos effémi-
une partie de ce sel de let terre s'était affadi!
mis, nos demi-incrédules out ajout é à lenr
P our l'honneur de Dieu et de son Égli se, un e
corruption l'excès de malice parti culi èr em ent
autre parti e du clergé luttai t cOUl'ageuse ment,
abominabl e d~ \' ant Dieu , nous voulons dire
avec les instituts reli gieux, où le relâchement
celle dfi'oyable ineptie qui consiste à jeter le
n'avait point pénétré, contre le torrent q ui
ridicule sur ses préce ptes et son culte. Les
m enaçait de ruin er et de renverser l'Église.
li vres sa in ts nous nlOntrent la patience éter-
Anx yeu x du' siècle, ces lumières éteintes,
nelle contemplant les mi sères humaines, et
ce sel affadi, étaient la sa iue et honorable par-
la miséricorde r etenant la justice; m ais la
tie du clergé; l'autre se voya it ch aque joUI'
dérision ajoutée à la r évolte, Dieu ne la souf:
diffalùée sous le nom de fanatisme, de supers-
•
�-
XXV III -
-
XX IX -
tiliolt et menacée de se voir écrasée so us celui
la vue d 'un vêtement sacerdotal ou r eli gieux:
d'infrime. Est-il besoiu de le noter ici, tous
est comme un r emords se dressant devant le
.les J ésuites se trouvai en t sur la li ste des
déserteur de la loi de Dieu , et les déserteurs,
fa natiques; cet honneur leur était dù, et leur
on le sait, tremblent à la vue de tout uni-
coûta cher, nous le verrons bientôt.
Alors s'exaspéra contre la so utane et l'habit
forme .
Aussi, partout où la révolte contre Di eu
religieux: un sentiment caché au fond de
et son Église a triomphé, l'abolition de la
toute âme chrétienne et mal vivante: nous
soutane et de l ' habit r eli gieux: a été l'un des
voulons dire ce sentilllent, cette impression
premiers actes demandés et décrétés.
de peine, de malai se, d'irritation causée par
D epuis les orgies de la Régence jusqu'au
la vue d' un homme, d' un h abit, qui rappelle
milieu du siècle, la décadence des mœurs
Dieu et ses droits impérissables.
alla croissant; tant et si bien , que l'histoire
Oui, l'homm~ a beau faire, l'âme baptisée,
morale de la France semble une chronique
devenue par cette marque indélébile la spé-
scandaleuse, et celle de la Cour , un recueil
ciale propriété de Dieu, ne peut plus entiè-
d'anecdotes venant d 'un mauvais lieu. La
rement effa~er en elle la marqUE:! du proprié-
décadence des mœurs dev ait entraîner celle
taire: en vain elle souille cette
divine
de la foi: la volupté, espérant se sa ti sfu ire sans
empreinte, elle reparaît tonjours. Oui, en
trouble et sans r emords, avait appelé le scep-
tonte âme où les commandements de Dieu
sont violés il y a mal"s
. .
.
al e e t SOuvent IlTltatlOn
ticisme et l' impiété pour se tranquilliser et
jonir en paix: comme si la paix était possible
à la vue d 'un homme portant ses li vrées: Oui,
dans 'Ie souverain désordre!
�-
xxx -
A la littérature imU1onde, était venue s'a-
-
XXX I -
é l~i e nt m ême en tête de la li ste; aussi
,fana-
jouter la lillérature impie : à ces deux sources
tique et Jésuite dev inreut synon ym es d ans la
empoisonnées la France buvait avec avidité ;
langue des libres-penseurs ou , comme on
le poison après avoir gâté le cœ ur envahit la
les appelait alors , des libertin s, des esprits
tête. De cette double corruptiou naissait,
grandissait la haine de Dieu, de ses loi s et
forts.
Qui valut au x J ésuites l'honneur des pre-
de son Église. D e la haine de l'Église à la
mi ers coups portés à l'Église? Qui leur m é-
persécution de ses ministres il n'y avait qu' ull
rita cet ac harn ement , celle h aine surviva nt
pas; il all ait être franchi.
m ême à leur destruction ? La réponse à cette
D ès son commencement , la persécution
inévitable question serait embarrassante pour
comprit la nécessité de se faire hypocrite:
un
attaqner de front l'Égli se catholiq ue et ses
vait toute formul ée par ses enn emis: Le crime
dogmes était impossibl e; la m asse du peuple
capital des Jésnites, c'est leu.r dévouement ab-
n'était point encore assez av ancée, et le gou-
soln au P ioaire de Jésus-Christ. Vo ilà en effet
vern ement ne consentait à ferm er les yeux
le grand crim e de la Compagnie: ôtez cette
qn'à moitié. li fallait-dOllc m anœuvr er habi-
base à toutes les accusation s portées contre
lemellt : la secte s'y résigna , et tous les initiés
elle, et vous verrez les discours sans {in , les
enrent pour mot d'ordre de n'attaquer que le
pamphlets sans nombre, se réduisant à de
fana tisme et la superstition.
P armi les défenseurs du prétendu fanatisme
va"b ues déclamations, où la ca lom nie ne prend
pas même assez la peine de se dégui ser.
se trouv aient naturellement les J ésuitea : ils
Oui , toute la force, ou ce qu'on appelait
m embre de la Compagn ie, s' il ne la trou-
�-
-
XXX Il -
XXX llI -
la p uissance des Jés/l ites , était dans celle
éloge im mérité; jam ais le!; J ésuites n'ont
union avec le Vica ire de J ésus- Christ.
accepté l'extrême honnenr de ces a pprécia-
Ma is, nous dit-on , toute la parti e sa ille
ti ous parti es du camp ennemi . Confondus au
de l'Église de France n'était-elle pas aussi
mili eu de l'armée catholique , ils n'on t jamais
intimement uni e au Saiut-Siége? Ass uré-
prétendu l'emporter en courage sur leurs
ment , et les J ésuites sont les premiers à le
fl'ères d'armes et moin s encore se poser
proclamer : jamais ils n'ont cher ché à séparer
comme leurs chefs.
leur ca use de la cause commune; leurs enne-
Si l'on ve ut à toute force faire de nous un
mis seuls ont désiré et vainement tenté cette
corps distinct dans la grande arm ée catholi-
sépara tion.
q ue, soit : ne voit-on pas dans toute armée
Ce ne sont point les ami s d es J ésuites,
mais bien leurs enn emis déclarés, qui les
ont toujours montrés comme un corps à part,
les ont appelés les grenadiers dit P ape et les
ont désignés comme devant être les premièr es
victimes du clergé, en disant aux m asses pervertl ~s : E n eux, écrasez l'infâme; pour an éa ntir l'Eglise catholique, détruisez d 'abord les
J és uites; ils sout plus p re'tres que Les alttres.
Nous croyons inutile de protester contre
ces parol es de nos enn emis; elles sont un
des armes sp éciales; mais toutes ces différ entes arm es concourent a u m ême but. Il
peut y avoir des riv alités de co rps; mais
l' unité, la gr andeur du but, les r éunissent
sous le m ême drapeau et les font combattre
avec le même courage .
Sa ns doute, et c'est là une des ruses de
l'ennemi , on a voulu , pour séparer notre
cause de celle du cl ergé, profiter des misèl'es
in séparables de l'humanité. O n espérait affaibli r les défenseurs de l'Église en faisa nt naî tre
IL
C
�-
XXX I V -
-
pa rmi eux cerl nin cs di scussions mnlb eureuses; U13is si ces misères usa ient inutil em ent
les forces de l'armée ca th olique, jamais elles
ne pnrvinrent à la divi se r devant l 'enn emi ,
et lui-mèm e a dù le constater. E n e(fet, le jour
où il tourna toutes ~es forces contre notre
Compag ni e, dans l'espoir de profiter de sou
isolemeut pour l'écra se r , il vit to ute l'arm ée
ca th olique venir à so n seco urs (1).
( 1) Eu parlan t de l'm,née catllOlique, fl OUS avons appliqué à ta Compagnie la qua tilication d'a,.me spéciole: ce
mot nOlis l'appelle une anecdote que nous tenons du Père
Brumautd. - Ses traraux, ses ocu\Tes, ses ronda tions
d'orphelill ats ell Algérie, te miren t très-souvent en rapport arec les chers de notre armée d'Arriq ue, et particulièrement avec les maréchaux de FJ'ance Bugeaud ct
Pél issier. Lill jour ce dcrll icr dit au P. Brull1 3uld : Ne pourI"Jez-rous pas me raire COli naître la ca use c1'un rai t que je
ne pu is m'cxpli quer : il m'cst ani l'6, dans mes ra pports
arec le clergé, de conSLaLer assez sou\'èl1 l des expl'essions
ct des sentiments pcu sy n'lJa thi ques à votre end roit ; d'où
cela rient-il 1- Maréchal , l'épo ndit Ic P. Bl'U mau Id , yOuS
connaissez l'arm ée rrança ise ; rh hi en 1 rappelez- yous
comment , dans Ic laissel'-ail ci' de la co nycl"sa tion , nos braye, soldats parlent dc ccrt ai llS corps ct surto ut des m'me'
' pticiales 1. .. - Cela suffit , l'C prit Cil souri ant le marérhal ,
j'a i parfa itemell t compris.
XXXV
Q uiuoll s m aintenant le terrain des généralit és et pa sson s à l'étu<le, à l'exa m en des
fa it s parti culi er s qui ont préparé pUI S conso mm é notre ruin e en 1762
Nous avon s vu comm ent la corrupt.ion du
cœur port.e à l'oubli de Di eu , puis au mépris,
à la h aine du prêtre e t du r eli gieux. Nous
avo ns dil.pourquoi les J ésuites ava ient un e si
large part à ces se ntiments de répulsion et de
haine et pourquoi les héréti q ues les dé tes taient
si cordi alem ent. P armi ces d erni ers, on n'avai t jama is oubli é le mot d'ordre du protes tantisme: L fS Jéslâtes, étant ceux
fjlU: s'op posent
le
plttS il La R éform e, doivent e'tre exterminés, et,
si cela ne se p eut commodémen.t, il fau t les clwsser, ou du moins les accabler d'ÙllpostltreS et de
calomnies. Ce defenda Carthago, d' llne form e
un peu violente, conv enait a ux héré tiqu es
à visage déco uvert ; m ais les jnn sé ni stes, tout
en le tronva nt parfait pour le fond , sava ient
�-
XXXVI
-
le formul er comme il convenait il l'hypocri sie
de leur langage.
A l' habileté du langage, le janséni sm e joianait celle de la tac tique, et cette double hab
bileté, appuyée SUI' un e in vincibl e opini âtreté
dans la lutte, lui fit trouv er des alliés et des
coopérateurs dans tous les pm·tis opposés Ct la
cour de Rome - on appelait ain si le catholi-
cisme - et aux Jésuites.
De cette union des hérétiques de toutes
nuances et des malviva nts de toutes classes,
XXXV ll -
gnable, tant qu'on n'auraitpas ruin é leur crécl.i t
et l'estime dont ils joui ssaient gé néralem ent
parmi le peuple, comme dans les hautes classes, à la Cour , comme auprès des évêques .
L es Jansénistes, ne sachant pas m anier
l'épée , et ne pouvant pas commodément , suivant le mot de l'hérésie, se débarrasser des J ésuites par la violence , et sous un r oi comme
Louis X IV) se résignèrent volontiers à les
tuer par la calomnie, ce second moyen recom m andé par les h érétiques du seizièm e siècle.
deva it naitre la formidabl e opposition destinée
Il faut le dire à la gloire du jansénisme: ja-
à min er et r enverser la Compag nie. L 'hi stoire
mais secte ne sut mieux fabriquer la calomnie
de la lon gue et mémorable ca mpagne, entre-
et la mani er avec plus de dextérité, que ce t
prise contre les J ésuites de F r ance et termi-
enfant bâtard du protestantism e.
née par leur destructi on en 1762, r emplirait
D epui s longtem ps les Lettres provinciales,
un volume; mai s il sufGt au but spécial de
ce ch ef-d'œuvre d' iniquil é J avaient plus Cait de
ce simple exposé, de rappeler sommaire-
mal aux J ésuites que les violents pamphl ets
ment quelques faits assez connus.
du protestantism e el de l'U ni versité. Pascal
La position des J és uites semblnit in expu-
(/1JaÙ fait rire aux dép ens de.\' bOlls Pères;
c'était un immense succès: le ridi cule, al'll1e
�XXXVJII -
-
XXX I X -
terrible partout , es t mortelle en France,
L es J ésui tes ne j ugèren t pas la blessu re
A insi donc, on avait ri! partant la cause était
aussi grav e qu'elle était; ils pensèrenl qu'on
jugée : les J é:mites étaient co upübl es, atteints
se lasserait enlin d e cette comédi e ou l'on f'ui-
et conl',llncus de sotti se et de moral e relâ-
sai t pal'altre perpétu ellem en t un J és ui te ni a is
chée ,
E n l'am les houn êtes ge ns protes tèrent
co ntre celle absurde sent ence; eu va in les
homm es les plus di gnes d e Coi opposèr ent à
la calomni e des réfutati ons co mpl è tes, d es réponses pérempl oires ; en vain l'üutorité civile
(j t brîtl er ce lle cc u v re (~' i Il iqui té 1':1I' la
lllai n du
bourreau ; en vain l'E glise condamna solennell ement ce recueil de menson ges et d e fal sifi ca tion s, tout fut inulil e; la France avait ri;
donc P ascal avait ra ison , don c les J és Llites
a vaient torl! et tout appel d e ce jugement
était désormais misà néa nt (1),
(1) Dans un ouvrage contemporain intitulé: Ga;etles et
Ga:.etiel's, on fa itd irc à l' un de 1I0 S p lus célèbres avocats :
M, J. F ... , si vous immole: quelque cl/ose Olt 'luelqu'un SOliS
lJot,'e plume, que le sacrifice soit consommé avec al'!; relise:
Pascal ,
Immole1' son ennemi avec ortf Voi là le lJl'e\'eld 'inreHlion
décerné à Pascal , et cert.es ill c mél'ite. Avant lu i on savait
tuer , même arec la plume; mais il iuyenta le l'affin ement :
'ùmnolcl' avec a)'l , autrement dit tuer son homme comme
ell jouant et sans ar oi r l'a il' d 'y to uchcr ; lui enfo ncer si
adro itement le poig'lI ard dalls le cocur et l'y retour ner tant
et si bien , que tout le sang de la rictime s'épanch ant au
d eda ns du corps, il n'en paraisse ricn à l'extér ieur . E n un
mot tucr un homme si propl'emcnt que la b lessu re soit
m OI'lclle, mais im perceptible à l'oeil humain : Lill homi cidc , sans la moindre trace de violence,
Sa ns attendre le conseil donn é P'" l'émincnt aroca t
dont nous avo ns parlé , Pascal ava it ell de nombreux
imitateurs; mais, il faut le dire à sa gloire, 0 11 Il e l' a point
encore surpassé, ni même égalé dans l' art de nu il'e, Et
pourtan t ce n'est pas faute d 'envie, par mi les milliers de
singes contempora ins vi va nt de leur style empoisonné.
So urent on a r oulu réfuter Pascal : c'était peill e pel'duc, le l'ire ne se l'Mute pas, Qui se demallde après avoi r
)'i , s'il a eu raison de l'ire? Quel lecte ur J e Pasca l s'est
jamais ad sé d'allcl' re muer ccn t volumcs in- folio de cas
de conscience p OUl' voir s' il arait donné le vrai sens des
Casuistes immolés, et s'il ne leur prêlait pas des sottises,
pour se donncr le pl aisir' de les écraser sous lc ridicule ?
1
�-
XL-
--
XLI -
jusqu'à l'impossibl e, pour lui faire débiter les
des raisons sa ns réplique à des plaisanteri es.
plus splendides inepties sur la morale et la
Les jansén istes, mieux avisés, heureux d'un
religion: les Jésuites se trompèrent, en pen-
snccès qui passa it leurs espérances, résolurent
sant avoir cause gagnée, après avoir opposé
de l'exploiter sans relàche et se remirent à
l'œuvre uvec plus d'a rdeur que jamais.
Non, le commun des hommes, content d'avoir ri ) ne se
demandera jamais si c'est avec justice ou non.
Oublieux de ce fait , un Jésuite mal avisé crut faire mer·
veille en publiant l'a pologie des casuistes: il enve nima la
plaie au lieu de la guéri,', • Contre l'a l'is des plus sages de
• la Compagnie et de son Pl'ovincial, nous dit le P, Rapin ,
• et grâce à l'Assistant de ~' rance , à Rome, ami et com• pat,'iote de l'auteur , le p, l'irot put fa ire imprimer son
• li vre .. , Il retouchait la plupa,'! de ces matières que Pas·
• cal avait rendu es odieuses pal' ses lettres au Provincial,
1 et il tâchait de les justifie,' contre le torrent du senti • ment commun ; cal' la plupart des honnêtes gens de
1 Paris, même les plus indifférents sur le Jan sénisme,
1 s'étaient laissé prévenir contre la morale de la Société
• qu' il s croyaient , peut-être sans assez de fond ement ,
• trop molle et trop ,'elàchée;je m'ell l'apporte" ceux qui en
1 savent le (and et qui comlaissenl ce que c'est que de décider,
• en Inatib'e de damnalion étel'nelle en un sujet al/ssi (l'agile
• que /'homme: cal' c'est à quoi les casuistes de la morale
l "éfOJ'mée n'eurent aucune attention , Quo i qu 'il e n soit ,
1 jamais livre ne parut plus à co ntre- temps .• (Rapin, Mini,
t, lU , p, 15,)
Après la malheureuse ten tative du p, Pirot , si vivement
blâmée pal' la Compagnie elle-même, nous n'entrepren-
drons pas de justifier les e\'l'eurs involontaires des Casuistes,
Jésuites ou non, Leurs ouv rages, fort utiles aux théologiens, ont été souvent , pOUl' ceux qui ne le so nt pas, une
source de scandale, et notamment à ces laïcs peu in struits
et assez imprudents pour aller se faire un e morale dans
ces é normes bouquins inintell igibles pour eux. En cela,
aussi ma ladroits que des malades, co nsultant pour se
guérir , non des méùecins expérimentés, mais des répertoires de ph armacie, et s'empoisonnant , gràceà leur igno·
rance dans un art si diffici le et si dangereux pour qui n'a
la science compétente.
Quand on nous aura forcé de co n\'eni,' que bien des
casui stes ont t,'a ité des question s non-seul ement inutiles,
, mai" trop délicates et dangereuses, tout sera dit, C'étaient
des médecin s écriva nt pOUl' des médeci ll s, dan s une langue étrangère et non pou r le public, S'i ls so,ù coupa bles
d'imprudence) com bien plus sont inexcusables ces prétendus amis de la morale ,'igidë) qui ont di vu lgué, en les
traduisant, en les exagérant et même Cil les fau ssant, les
Imprudenccs ou les erreurs des casuistes.
Les mO"alistes les plus l'elàché" (et, cola soiulit cn passant , ils ne sont point de la Compagni e), ces moralistes
rclùchés, comme Ca,'.muel, a ppelé pal' sa illt Alphonse de
�-
XL IJ -
-
XL III -
A partir de celle épo([ue, les libelles, les
ver au but par un chemin couvert: on luisait
pal)) plilets anou ymes, pri uci pa [e force du puni
)x ,rade de son r espect pour l'Egli se et ses
janséniste, daus sa guerre contre l'Eglise, se
chefs, afin de se mieux débarrasser J es sim-
tournèrent contre la Compagnie; c'était plus
ples soldats de l'année catholique.
habile et moins dan ge reux. On espéra it arri-
Une semblable tactique pouvait endorm ir
ce ux qui le voulaient bien ; mai s il es t mal-
Liguori: Laxo,.lI1n (acile 1)1'i1/ceps , Di ana , dont on a voulu
fa ire un Jésuite , et tant d'a utres , auraie.nt causé bien peu
de mal à l'Égl ise. si Pascal et ses ami s n'avaient eu la dia·
bolique adresse de faire adm iJ'er la morale ja nséniste eu
h eureusement bien grand le nombre de ce ux
qui , ch argés de vo ir , aimen t à ne pas ouvri t,
déclamant contre les casuistes,
les ye ux J afin de s'é pargner la fati gue ou sim-
Au reste, il faut l'arouer , les attaq ues dc Pascal et de
ses amis on t rendu servi ce , en contl'ib ualll à fai l'ed iminuer les production s de 1.1 casuistique si féco nd e depuis
UII siècle. A partir de Pascal, les in-folio deviennellt trèsl'arcs, et dès lors la théologie mOl'a le sc l'en ferm a généralement dans les justes bOI'lI es dont ell e n'est plus sortie.
Nou s devons le l'a ppeler Cil Onissant , ce qu i a le plus
lait l'ire aux dépens des casui stes leur est ol'diuail'emenL
prêté pal' leurs critiques: le besoin de fail'e l'ire quand même -Pascal en est un triste exemple - conduit fatalement au mensonge, et, d'un même coup, on blesse son
plement l'ennui de la répression: il es t si doux
de relll ellre toujours au lendema in les affaires
qu'o ll s'efTü rce de ne pns regarder CO ll1me séri euses. Enfin on se di sa it encore: Attaquer
les Jésuites n'es t pas attaquer l'Eglise; puis,
,/
les rabai sser un peu dans l'opinion lmhlique,
il n'y a
pa ~
grand llwl à cela, et du res te ils
adversaire et sa pl'Opl'e conscience.
ont des plumes pour se défendre et des amis
Mais Port-Royal aYU it besoin du ril'", de Pascal pour tuer
les Jésuites, ou , si faire ne se pouvai t , pour les blesser:
ces gens de mm'ale austère fournirent à leut' secrélaù'e tout
le poi son qu'il mit en œuv re; ct Racine, le tend l'e ami de
POlt-Roya l , lui écrivait : L'enjouement de 111. Pascal a "lus
servi votre parti que 10ltt le sérieux de M. Al'ilW.tld.
puissa nts,
Su r ce, les conse,.vateurs tle ce temps-là
continuèrent à lire, pour se dis traire un peu,
les brochures Oll l'ou vilipendait Les vons
�-
-
XLI V -
XLV-
P ères, dans le nut avoué de les rendre impo-
et surtout pour acheve r un e par eill e lecture,
pulaires et même odi eux.
etü-il la haine la plus robu ste co ntre les J é-
Apn':s avoir fait rire, l'opposition voulut
suites . Au siècle pa ssé, ell es se ser va ient à
bire peur ; l'a ttaqu e devint plus séri euse, et
petites doses et so us le charm e toujours nou-
bi entôt l'espoir de culbuter l'ennemi la r en-
veau de la clandestinité; mai s aujourd' hui ,
dit furibond e.
reli ées en gros ill·4° et sous la m ain de qui les
E nfin parut la grande machine de guerre
du parti ; nons vo ulons parler des jVowveLles
ecclésiastiques . Cell e publica tion forme, avec
les Provinciales et l'Extra'it des Asser tions, les
trois chefs-d'œuvre dn jansénism e. L es P rovinciales avaient commencé l'; ttaque , conti-
nuée durant un demi-siècl e par les lVOltVeLLes
et terminée par les Extmits, av ec tant d 'éclat
et de succès.
De uos jours, on lit encor e les Provinciales
(lll oins peut-être qu'on ne le dit); l'Extrait des
Assertiolts , œ uvre d e f:aussalres
.
et r econnue
' d
' . Les
POur telle , es t to m b ee
an sl e m epns.
Nouvelles ccc·L'··
.
eJtasttqlles
ne trouver a .Ient pa s
un lecteur ,asse z d'etermllle
" pour elltreprendre
vo udrait , elles Ile trou vent pl us d'amateurs.
L' hi stoire des lVoltveL/es ecclésiastiques for·
m erait uu chapitre curieux de la littéra ture
fran ça ise au dix-huitième siècl e, mai s il serait
trop long pour trouver sa pl ace ici : nous
nous hornerons à quelques indica ti ons sur
cette œ uvre colossale enfantée par la haine la
plu s vi goureuse et la plus tenace qui Cùt jam aIs.
Les NO l/veLLes ecc!ésiastiqltes sont· un e ampliü ca ti on m onstrueuse des P rovinciales,
avec ce lle notabl e différence que la fin e irunie
d e P ascal es t remplacée par la bile la plus
amère, et m êm e pal' les gros m ots des
rédac teurs en col ère. Désespér:l nt de faire
�•
-
XLVl -
-
KLV II
r ire leurs lec teurs, ils ven lent nu molUs les
" sent percer le troubl e ct l'inquié tucle. On
impressionnel' p~r ln véhémence d e leurs dé-
(( comprend aussitôt que celui qni attaque ne
clamations, Sans doute il s essayent bien du
(( se croit point en face d 'adversa ires in signi-
ridi cul e; mni s pour mauier ce lte arm e, il faut
(( jjal:!ts, sa bile s'exaspère , ses traits se con-
èlre ma/Ire de so i et de sa plume: double
(( tra ctent, ses paroles, trempées d'un e ame r-
puissa nce dont les rédacteurs sont perpé tuelle-
(( turn e terrible, tomben t de sa bouchc comme
ment dépourvus. Avec la m eilleure intention
" les gouttes d ' un e coupe e illpoi so nnée ... "
de mordre leurs adv ersa ires, il s e n so nt ré-
l Voy .
Balm ès , Le PrOies/au tisme comparé an ca /floU risme 1 elc.)
duits à les injurier ; au lieu de se se rvil' habi-
Malgré lous ces défa uts et beaucoup J 'autres,
lement du sel, ils se trouv ent condamnés à
et peut-être m ême à canse d e leurs d éfauts,
lall cer de lourdes pi erres qu i tombent ava nt
les iVollveLles étai ent lues avec avidité. Peu à
d 'avoir alleintl e but. Quand ils veulent essayer
peu ce LLe machine de guerre affaibli ssait d es
du m épris, il s ne so nt pa s p l us h eureux , et
sur ce fait Balmes leur dit avec rai so u : (( On
(( ne mépri se point les Jésu ites, on les craint ;
" parfoi s on veut tell ter de d éve rser sur eux
" le ridi cule; m a is dès que celle arme est
(( em pl oyée co ntre eux, on se nt qu e celui qui
" la m ani e n'a point assez d e ca l me pour s'en
(( se rvir avec succes. Eu vain ve ut-il affecter
(( le m épri s; à travers l'a fFec tati o n, chacun
r emparts que les J és uites av ai ent le tort d e
cro ire trop solides, Si nos lec teurs on t jamais
la pati ence ~ 'exa ll1in e r un tel produit , ils
com [lrcn cl ron tm ieux les Comptes-J'cllc/lIS et les
{/ J're'ts J e
II OS
Parlemen ls de 176 1 à 1777,
L es Nouvcl/es ecclésiastiqu f'S for ment un e
collection co mm encée en mars 17 13 e t se terminant avec l'année 1793. Ains i , trenle ans
après la destruction d e la Compagnie en
�•
XLV rlJ -
-
France, vingt ans ap r~s sa suppression dans
le monde entier , le J ansénisme s'ach arnait
encore sur ce qu' il appelait le cadavre du
J és ui tisme : ri en ne pouvai t rassasier sa rage;
aucun succès ne parv enant à le calmer ; ui
la coustitution civil e du cler gé, ni les massa-
cres de septembre, ni le spec tacle de laguillatine en perm anence, ni les ruin es d e l'Egli se'
de France, recouvrant celles d e la Compagn ie, rien ne contentait les seclaires. La haine
parvenue à de tels sommets surprenùra ceux
xLIX -
dont l'unique charme est une demi-clandesti-
nité. Cent foi s, nous le savonS, on l'a déclaré
mort et enteITé, et lui-même ne cesse de le
r épéter: il va même plus loin , il jure à qui le
J'
•
.,
veut enten dre , qu'il n a JamaIS eXIste, et pour
preuve, il constate n'avoir accepté depuis
son origine d'autre nom que celui d'hérésie
imaginaire, ou de prétendu jansénisme. Les
J ésuites seuls auraient eu la malièe de l'inventer , et la sottise de périr sous ses coups.
Le plus bel exploit des Jansénistes est assu-
qui n'ont point étudié, co nstaté la formida-
r ément l'Extrait des assertions, admirable
ble ténacité de la secte, toujours {idèle à son
résumé et couronnemen t des Nouvelles ecclé-
progra mme, O n la vo it en effet , persévéram.
siastiques (1).
ment cramponnée anx flan cs. de l'Église,
pour la mordre et la déchirer, dan s le va in
espoir de lui fair e arriv el' au CŒUl' le subtil
venin de son hérésie.
A l'heure oh nous écrivons, le jansénisme
n'a point cessé de vivre et d'espére ,' , comme
le prouveraient au besoin ses publication s,
(I ) La compil ation des Nou velles ecclésiastiques forme
près de qU:.1tl'e-vin gt s volumes in-4°) à deux colonnes 1
petit texte, composés de cahiers imprimés ct dist)'ibués
avec le plus admirable succès de clandestin ité, Le célèbl'c
mot ON y remp lace une foule de noms propres et l'end
souvent impossible tout contrôle historique. La rédaction
de ces Nouvelles, venues de tous les pays, semblerait
sortie de la même plume : l' uniformité de style persiste
malg'l'é la diversité des temps , des lieux et des rédacteurs,
H.
d
�-
L-
La multitude incroyable des pamphlets,
lancés à cette époque contre les .Jésuites, pâlit
devant l'E;r;trait des assertions, base des arrêts
parlementaires, et la prétendue justification
de notre suppression. Mais avant d'examiner
la formidable machine destinée à nous tuer ,
il faut rappeler au lecteur la coalition qui
LI-
il faut joindre l'incnrie d'un gouvernement
étonnant l'Europe par le spectacle de ses
scandales, se laissant aller à toutes les défaillances, souriant à toutes les turpitndes de
J'époque et mettant sa signatnre à des actes
déshonorants. Mais une ignominie aurait
devait s'en servir et nous en accabler. Elle se
manqué au triste règne de Louis XV, s'il
n'avait livré les J ésuites à l'iniquité de leurs
composait, comme nons l'avons dit,. des héré-
ennemi s. Un tel acte ne fut point l'effet de la
tiquea de toutes les nuances, des malvivants
haine, mais de la faiblesse. Personnellement
dont nous troublions le repos, et des parle-
le roi ne voulait aucun mal aux Jésuites: il
mentaires, précurseurs de la Révolulion qui.
les estimaitcomme sujets capables et dévoués;
devait bien tôt leur faire expier cruellement
il en conservait plusieurs à la Cour, et l' un
l'iniquité des arrêts de 1762.
d'eux portait même le titre de confesseur de
A toules ces forces réunies pour mal faire,
et cela durant p,'ès d'un siècle, tant l'unité clu bul fixa
solidemen t dans la même ligne, la même forme, le même
ton , cette multitude de noul'ellistes, - Les journaux il'l'é.
ligieux de notre tem ps, malgré J'uniformité de leur mot
d'ordre , ne peurent nous donner un e id ée de la perfection des Nouvelles, surtout en fait d'unité , cie discipline et
d'hypocrisie; elles l'esteront le type , le chef-d'œul're de la
haine , inassou rie, imp lacable 1
Sa Majesté. A la vérité, cette charge était
deyeuue, par l'immoralité du prince, une
simple sinécure.
Sur les marches de ce trône souillé, déshonoré par
la
Pompadour, se trouvait , main-
tenu par elle, sou illustre complice le duc de
Choiseul. Ces deux types de l'époque, ces
�-
LfJ -
cœurs si bienfaits pour secomprendre, avaient
un sonverain mépris pour les Jésuites dont
ils ne pouvaient espérer ni l'estime, ni la complicité. Choiseul , dont la capacité politique a
été surfaite à plaisir par les plumes vénales
de l'époque, et tres-particulièrement par celles
des philosophes, voyait dans les Jésuites des
témoins importuu s, une cause d ' irritation
pour tous les mécréants, un obstacle enfin
dont il voulut se débarrasser en les livrant
aux Parlements dont il gagnait les sympathies
par ce gracieux abandon ( [).
---------_._---.-
(1) Louis XV n' ignorait point la h ai ne de sa maîtressr.
et de son ministre contre les Jésuites: s'il n'approuvait
pas enCOl'e leur dessein de les détruire entièrem ent , du
moills se faisa it·i l leur complice , soit en ne les alTêtant
pas, soit en pl'enan t plaisi r à su il're la marche de l'intri·
gue et le progrès de la cOllsp!ration de son ministre et de
ses gens du Pademen t cOlltre la Compagnie, Le secret de
la Cour fut bientôt trahi , co mllle on l'a le l'oi r dans l'anec·
dote suirante, recueillie pal' un de nos anciens Jésuites
bl'etons et consignée dans les manUSCl'its qu'il ' nous a
transmis:
• Le marquis de Choiseul·Meuse qui était très.intime-
LIJI -
En face de tant d'ennemis, les J ésuites
avaient pour eux l'estime des honnêtes gens,
la voix de l'épiscopat , l'appui de la Reine et
du Dauphin; mais cette estime, cette voix,
cet appui n'aurai'e nt pu résister au nombre et
ment lié avec M. de Joncqu ières, vi ca ire-général de Québec, ancien aumônier de l'armée de Clermont , vin t un
jour lui dire qu'il était SÛI' que le duc de Choiseul et
a utres, parmi lesquels étaient plusieurs membres du Parlement, tenai ent des assemblées ch ez le min istre Bertin ,
et qu'ils y concertaient la destruction des Jésuites .
• Le marqui s avait une maîtresse , qui était pour l'hon·
neur au mini stre Bertin . et qui réservai t pOUl' lu i ses confide nces . La séance se tenait dans un e pièce voisine de
l'appartement de cette dame qui y al'ait pl'atiqué une espèce de communi cation , pal' laqucll e elle entendait tout
et all ait en fa ire part a u marqui s.
, L'abbé de Joncquièl'es alla sans perd l'e de temps à la
Maison- P,'ofme, déclara ce qu' il vena it d 'apprendre, et
ne fut point écouté. Les Jésuites vou laient 'Ju'il nommùt
la personne qui lui avait parlé, et que cette perso nne
vint elle· même articuler les faits. L'a bbé alla trouver son
am i , 'Jui, sur la réponse donnée, se fâche e t traite les Jésuites de bêtes e t d' imbécil es.
• Cependant, ces Pèt;es, mieux 3yisés, se hâlèrent de
présenter un mémoirc au Boi. Louis XV en al'ait à peine
lu les premières li1ines, qu' il s'écri a: Nous sommes trahis!
• Le duc de Choiseul mit aussitôt ses émissai res en
�-
LIV
-
-
LV-
à la violence des ennemis, que soutenus par
Combien de fois se répète dans l' histoire le
l'autorité royale. Or Louis XV avait perdu
fait de Jean-Baptiste et d'Hérode. Cc prince
toute énel'gie dans ses débauches et sous la
dominé par une femme impudique respec-
domination de la Pompadour. La volupté fit
tait cependant le prophète qui , du fond de sa
taire la conscience et la justice.
prison, lui criait encore le No n licet qui lui
avait valu la captivité; volontiers il aurait
campagne pour décoUVl'ir pal' où le secret s'était échappé,
Quelqu'un soupçonna la maîtresse. Le marquis averti prit
la fui te, al'l'iva en poste à Henn es, et trois jours apl'ès y
mourut empoisonné. De son cô té l'abbé de Joncquières,
déguisé en mal'chand , partit en poste pour Calais , y fl'êta
un paquebot , pour passel' en Angleterre , et fut reten u
jusqu'au lendemain , On lu.i avait demandé son nom , à
la porte de la ville et ses qualités , On vint à son auberge
à onze heures du soir le lui demand er de nou.veau , et on
revint encore deux heures après minuit. Il se plaignit , fit
gl'and bruit , et sa contenan ce écarta les inquisiteurs,
Échappé à ces visites, il s'empressa de gagner son paquebot , et de partir pour Londres, A peine ava it-il mis à la
voile, qu'on fit au patron signal d'am ener; mais le prétendu marchand, lui présentan t un pistolet , le menaça de
lui bl'ûler la cervelle, s' il ne le condui sa it pas directement
à Londres. L'abbé s'aperçut que son signal l'ava it précédé, S'étan t donc perdu dans la foule, il De fit que traverseL' la ville et alla s'embarquer' pOUl' le Canada , où ,
sans se fi xer nulle part , il s'occupa à parcourir et à vi siter
le diocèse, jusqu'à la disgL'âce du duc de Choiseul , après
laq uelle il est repassé en France.
1 Plus de trente ans après, 1793 , un Breton de distinc-
laissé vivre cet homme qui parlait comme sa
propre conscience; mais sa complice redoutait cette voix qui pouvait un jour réveiller la
conscience royale, et lui faire perdre sans retour son pouvoir sur le roi; aussi, dan s un de
ces moments, où les sens dominaient la ra ison
du prince, elle en obtint la tête de J eanBaptiste.
tion m'a répeté que le mar'quis de Choiseul-Meuse, ami
intime de sa famill e , était mort empoisonné à Hennes ,
trois jours après y être arrivé . •
Nous n'avons na l'de d'attribuer à un crime cette mort
par le poison. Le°duc de Choiseul fut notre ennen~i : celui
de Home et l'un des plus mauva Is mrl1lstres de 1 l ance ,
mais toutes ses fautes ne donneront jamais le droit de lui
imputer un crime d'empoisonnement, SUI' la simpl e application d'une ma xime souvent fausse ; 18 (ee'l cu, p,-odesl ,
�-
LVI-
La Pompadour, - nous en avons les preuves écrites de sa main , - n'ayant pu corrom-
LVII -
cès de ses spéculations tromper ses coupables
espérances. Ses préyarication s, enfin décou-
pre ces Jésuites d' une morale, si relâchée
vertes et condamnées, le firent expulser de
disait-on, et ne pouvant fai re taire le Non
la Compagnie; mais au remords de l'avoir
licet, tant de fois répété aux oreilles du prince
trompée, et comme deshonorée par une
adultère, elle obtint enfin, de son royal com-
apparente complicité, dut s'ajouter celui
plice,.la destruction, puis le bannissement des
d'avoir provoqué sa ruine (1).
Jésuites.
Bientôt allai t éclater un procès, prétexte et
prélude de la destruction: nous voulons parler de celui du P. de Lavalette .
Dieu qui voulait humilier la Compagnie de
J ésus, pour la purifier et la rétablir après les
jours d'épreuve, permit qu'un de ses membres , oubliant ses devo irs de religieux et de
supérieur , méprisant les prescri ptions si claires et si sages de l'Institut, se linât, à l 'insu
de ses supérieurs, à des opérations commerciales. Ce criminel mépris de l'institut méritait un châtiment exemplaire; Dieu ne le fit
pas attendre. Le P. de Lavalelle vit l'insuc-
(1) L' histoire des dettes et des créan ciers du P. de L ~.
valette n' a jam ais été compl étement mIse au net ; ce qu Il
y a de certain , c'est:
\ ' Que beaucoup de créa nciers comme les Lyo ncy,
furent l'embo ursés avant la destruction de la Compagnie
en FI'allce; et ce, au mo yen des biell s me ubles {clI'cément
aliénés pal' Ies Jésuites, et cl es aumônes reç ues de le ul's
amis, à cette occasion , On sait que Stanislas, roi de Pologne, leur donna cinquante mille livres, et} ce qui est assez
inexp licabl e, Loui s XV leur en accorda le doubl e. A la
vérité il lui coûtait moins cie se montrel' roi . pa,' la libél'alité, comme 1I 0 U S le verl'ons dans un e au tre circo nstan ce, que pat' l' énergie de la volonté.
2' Apl'ès la suppression de la Comp ag ni e et la l'cnte de
ses biens par arrêts du Parlement , la majcul'e partie des
créa nciers ne put se faire pa yer ; nous en arons la preuve
dans les nombreuses récl amati olls publi ées jusqu'à la
veill e de la Révolution , qui fit comme le juge de la fabl e;
ell e s'empara de l' hUÎtre et mit fin à l'étern ell e comm ission chargée de répru'lir le produit de nos biens et qui se
�-
LVIII LlX
Les fautes, les folies du p , de Lavalette ne
pouvaieut ni légalement ni moralement être
imputées à la Compagnie qui lon gtemps les
ignora et s'empressa de les punir et de les
bornait à distribuer , chaque semaine, une cinquantaine
de fTan es, à chacun des membres de ladite commission ,
pour la peine qu'ils prenaient de les venir recevoir, Cette
comm ission de répartitions fut une des plus fortes comé·
dies du dix·huitième siècle:
L'anecdote suivante SUl' les Lyoncy et le p, de Lavalette
est tirée du Recueil déjà cité page LU :
• M. de Petigny ayant dit à M, Chapell e, son parent et
son am i, quesi J'abbé Chauvelin n'eût pas parl é contre les
Jésui tes, il avait un Mémoire prêt à laucer contre eux,
M, Chapelle s'en plaignit à M, G... cOll nu par sa bell e t)'a·
duction de la République de Pl aton et plusieurs autres
bons ouv)'ages. Ill . G" , lui dit que c'était perdre son temps
que d'entreprendre de rappele)' M, de Petigny à des procédés équitables envers les Jésuites, Il ajouta que, ayant '
vécu dans l'intimité avec M, Lyoncy à Avignon , il lui
avait demandé en ami , s'il était bien l'l'ai que le p , de La·
valette lui dûtdes sommes considérabl es, et queM , Lyoncy
lui ayait répondu mot pour mot: • Il est bien wa i que
• j'ai fai t des aft'ail'es avec le P. de Lavalette ; mais nos
• comptes étaient liq uidés, et ce Père ne me devait plus
• rien , qua nd le duc de Choiseul m'écrivit que le Gou• vel'l1ement allait fa ire attaquer le P. de La\'alette sous
• mon nom , et que j'eusse à me tenir tranquille, •
réparer dès qu'elle les connut. Cependant
cette malheureuse affaire servit de prétexte
aux attaques de ses ennem is: pour eux l'heure
du triomphe allait sonner,
« Aussi les huissiers du Parlement s'étant présentés à
Nancy, avec un ord)'e qui portait vaguement que c'était
en vertu de la créance des Lyoncy qu'il s venaient saisir
les biens des Jésu ites, cet ex ploit fut rejeté , et il leur fallut
en l'apporte)' un autre où on suppléa la vél'ité, en spécifi ant une somme fi ctive.
« En 1772 on mit dans la Gazette de F;'ance, l'avis sui vant : Les fournisseurs et ouvriers des Jésu ites peuvent se
pt'ésclltel' , les Lyo ncy sont l'emplis.
" Le vrai est que les biens des Jésuites) leurs meubl es ,
leul's riches sacri st.ies ont été dilapidés; les Lyoncy n'en
ont rien touché parce qu'il ne leur était rien ~ù, et les
vrais créanciers n'ont ri en l'ecu.
, Suivant M, Pimon , substitut du Procureur généra l ,
le conseiller nommé pal' le Parl ement , pOUL' allcr exécuter
les Jésuites de la vi lle de Paris, l'ai t monte)' la yente de
leurs biens il la somme de 400,000 liyres, et le Parl ement
fait monter à 800,000 livres les frais de saisie, de procédures; ain si il aura it perdu 400 ,000 livres à cette opéralion, Mais on a fait traîner celte vente de mallière à en
l'a ire perdre la trace, Ceux qui étaient au cou rant savaient
que SUI' la masse, l'abbé X.. " s'était l'ait 40,000 livres de
l'ente .
• M, Pimon était dépositaire de deux grandes ca isses de
�-
LX -
Les esprits étaient désormais préparés à ce
grand événement , le plus célèbre du dixhuitième siècle, si la ruine de la monarchie
et de l'ancienne société française n'était venue
trente ans après le relégner au second rang,
Les iniquités de 1763 allaient aVOIr pOUl'
conséquence et chàtiment celles de 1793 . Le
procès et la condamnation des J ésuites au
P arlement furent une manifeste violation de
LXI -
d'autres crimes à punir que la condamnation
et la persécution des J ésuites; mais ce tte iniquité, jointe à tant d'autres, pesa lourdement
dans la balance de Celui qni juge les justi ces,
et (it éclater sur la France celle tempête de la
R évolution dont l'Europe est encore étourdie.
No us voi ci maintenant arrivés à la grande
œuvre des parlements: la raconter da ns ses
,.
'
détails n'est pas notre dessein ; nous n eCrI vons
la justi ce . Plusieurs des juges iniques cie 1763
point une nouvelle histoire de la chute des
. ont pu voir en 1793, comm ent le successeur
J és uites, nous l'examinon s seulemen t dans
de Louis XV allait devenir la victime innocente des prévari cations que son aïeul leur
avait laissé commettre!
Sans doute 93 ava it d'autres injusti ces ,
papiers. J'une concel'n antlcs alraires des Jésuites; J'autre
le pl'Ocès de Damiens, M, Linguet , ami de ces Pères, leur
avait Jll'Om is de mett)'e ces Mémoires en ordre, el d'en
faire une histoire intéressante. A la mort de M. Pimon ,
quand on vin t apposer les scellés, on ne trouva poin t les
caisses, La veuve, qu i vit enco)'e, 1786, les avait fai t enlever , et dépose)' chez un curé de Pa)'is, qu i est mort sans
qu 'on ait jamais pu savoir qu'est devenu ce dépôt. »
ses causes, afin de la mieux apprécier.
La cause première, nous l'av on s déjà vu , se
trouve dans la corruption' du cœu r humain ,
haïssant , des qu'il fait le mal , et la lumière,
et, si l'on peut ainsi parler , les pOl'te-lumiè,:e :
QUI FAcn
nIA LUM OOIT LUCEnI ,
A celle ca use gé-
nérale de haine, est venue s'ajou ter , comme
il a été di t, l'aversion innée des héréti ques de
toules les nuances et tr ès-particuli èrement
des Jansénistes; puis enfin cell e des m écréants
�-
LXII -
-
de toutes catégories. Nous avons constaté
LXIII -
noter un certain nombre de raits, dont la con-
l'union de toutes ces haines dans une formi-
naissance est nécessaire à l'exacte apprécia-
dable coalition, et sur le point, après tant
tion du grand procès de t 762. Et d'abord un
d'années et d'efTorts, de renverser les Jésuites.
Une coalition si puissante avait cependant
mot sur les juges et leurs victimes.
Nous ne saurions en douter, les parlements
besoin, pour arriver à son but, de la compli.
de France renfermaient un très-grand nombre
cité du pouvoir et de l'appui du padement;
de magistrats intègres, alliant à la plus haute
mais l'heure était venne
cette complicité
probité la science et les talents nécessaires à
devenait évidente, et l'appui des parlements
leur éminente position; mais ce nombre
certainement acquis et largement donné.
formait-il la majorité? Nous répondrions
011
Deux siècles de tempêtes n'avaient pu dé-
affirmativement, si certain s juges avaient
raciner l'arbre planté par saint Ignace de
moins consulté le faux honneur que l'inflexi-
Loyola sur les hauteurs de Montmartre , en
ble probité. A combien de ces magistrats qui
1534; mais, en 1762, le parlement eut la
fléchirent devant le respect humain pourrait-
gloire de le briser à coups de hache, aux
ou appliquer les paroles du président d'E-
gr.ands applaudissements des passions ameu-
guilles faisant le portrait d'un de ses amis :
tées. Combien de fois devait-on voir, avant
«
Je n'outrerai rien en disant qu'il est natu-
la lin du siècle, des exécutions iniques applaudies par les mêmes mains!
«
rellement le plus humain, le plus tran-
«
quille, le plus modéré de ses conci toyens,
Si uous laissons aux historiens le réci t dé-
«
aussi aimableparsadouceur que respectable
taillé des événemeu ts, nous devons toutefois
«
par ses qualités supérieures. Juge de la plus
�-
LXlV -
-
LXV-
cc grande intégrité et le plus padait honnête
«
n'est pas qu' il n'en coûte d 'abord , mais le
«
homme. Il n'a eu que le malheur, comme
«
mauvais exemple fait faire un premier pas,
«
bien d'autres, de confondre cette probite
" la vanité un second, l'ambition qu elquefois
«
de convention qu'on appell e honneur, et
(1
un troisierne; ens uite le faux honneur, la
" qui a pOUl' but d'obtenir l'estime publique,
«
honte qu'on trouverait à reculer, les préju-
avec cette probi té plus austère qui se con-
«
gés d'une Compagnie, sa prétendue gloire,
" tente de la mériter; qui préfëre invariable-
«
son prétendu intérêt, la colère contre ceux
" ment ce qui est vrai, à ce qui est reçu, et
«
qui l'ésistent, la fureur contre ceux qui
" qui, presque inconnue sur la terre, n'y a
«
aLLaquent; toutes les passions soulevées se
" pas proprement de nom. Ébloui par tout
«
réunissent , corrompent insensiblemen t la
«
ce que la première a d' imposant, on ne
«
plus belle àl1le et finissent par mettre
«
se doute pas qu'il y en ait un e autre, et c'est
(( l'esprit et le cœur dans un e espèce de
«
" avec une sorte de bonn e foi qu'on viole le
«
convulsion habituelle oh il n'y a plus
" devoir en croyant le remplir ".
(Voy. mm. p. 41.)
«
d'yeux pour la véri té, plus d'amour pour
Plus loin le Président ajoute, en parlant de
«
la justice, presque plus de liberté pour le
ses collègues du parlement, en traînés par le
cc bien. De manière que, sa ns le vouloir
respect humain: " 11 semble que {es excès où
" et presque toujours sans le croire, les
" l'on se porte en
ne sont ceux de per-
" plus honn êtes gens, les plus belles àmes,
«
sonne; l'iniquité di sparaü en se partageant;
" les cœurs les plus humains von t vers le mal,
(1
et l'on ose tout, parce qu'on nE: se croit
" aussi bien que les plus m échants hommes,
«
responsable de ri en, personnellement. Ce
COlpS
«
en se déterminant, comme eux , par la
IL
e
�-
LXV l -
«
nécessité du moment.
L'afTaire des J ésuites
,
parmi les jeunes magistrats se produire un
« en fournit au m onde un terrible exemple. "
abaissement de moralité, et ces scandales de
( Voy. Mitn., p. 222.)
Sans cet entraî nement du respect humain
et de l'esprit de corps, sa ns la pression formidabl e exercée par les ennemis des J ésuites,
la majorité des juges se fùt décl arée pour eux ;
ct la preuve irréfutable de notre assertion se
tronve en ce fait, que, dans la plupart des par-
LX VlJ -
la vie privée où la con science, après avoir fait
naufrage et m éconnu la loi de Di eu , passe si
facilement au mépris des droits du prince et
de la justice distributive. E coutons sur ce
sujet un orateur fort réservé, et parlant du
haut de la chaire devant un auditoire trèsdélicat, venu pour entendre le panégyrique
lements, malgré tous les entraî nem ents du
dedans et la pression du dehors, l'iniquité
dut son tri omphe à la majorité d'un petit
de saint Louis, que va prononcer F léchier :
nombre de voix: à deux ou ·trois dans quel-
cc que de Nî mes, veut interrompre ses di ver-
ques Cours.
Si la magistrature intègre des parlements
fut dominée ou renversée par la partie tUl'bu. lente et mal sa ine, on en sera moins surpris
si l'on examine de plus près comment la corruption du siècle avait envahi le sanctuaire de
la justice.
Déjà depui s plusieurs années on voya it
cc Quel magistrat aujourd' hui , nous dit l'évê«
ti ssements, quand il s'agirait , je ne dis pas
«
du repos, mais de l'honneur et peut-être
«
«
même de la vie d 'un misérable? La magistrature n'est que trop 'souvent un titre d'oi-
«
sive té, qu'on n'achète que par honneur et
«
qu'on n'exerce que par bienséance. C'est
«
ne savoir pas vivre et faire injure aux ma-
c'
gistrats que de leur demander justice, lors-
c,
qu'ils ont résolu de se di ver ti r. Leurs amu-
�-
LXV III -
" sements sont comme la partie sacrée de
l' lenr vie à laquelle on n'ose toucher ; et ils
1(
aiment mieux lasser la patience d ' un mal-
I(
heureux et mellre au hasard une bonne
1(
cause, que de retrancher quelques mo-
I(
ments de lenr sommeil, de rompre une
1(
partie de jeu , ou une conversati on inutile,
1(
p OUl'
ne rien dir(' de pllls. " Si l'o n r epous-
sa it ce tablea u , peint ce pendant d ' une main
si modeste, so us prétex te que l'auteur en sa
([ualité de cléri cal a mi s trop d e noir sur sa
palelle, ouvrons un auteur peignant d'après
nature et siégeant au milieu de ceux dont il
fait le portrait.
H
1(
L a justice, di sait M . d'A-
guessea u, voit croÎlre sous ses yeu x un peu-
" pIe nouveau , ennemi de l'ancienne disci" pline qui conserv ait autrefois la di gnité du
" Mag istrat. L es jeunes Sénateurs commen" cent à m épriser les anciens. L es iuféri eurs
" se révoltent contre les supéri eurs ... On
" voit des Magistrats qui dev iennent juges
LX I X -
Il
avan t que d 'e'tre hommes, toujours oisifs
Il
sans être jamais en repos , tonjours ag is-
Il
sants san s être vé ritablement occupés;
1(
l'agitation continuelle que l'on remarque
1(
en eux est une vive peinture du trouble
" et de la légèr eté de leur âme .. . On recon" naît dans leurs mœurs toute sorte de carac" tères , excepté celui de Magistrats: ils vo nt
" chercher des vices jusques d ans les autres
" professions. Il s empruntent de l' une sa
" licence et son emportem ent ; l'autre lem'
" prête son luxe et sa mollesse: ils yiolent
" jusqu'à la hienséance du vice ... O n voit
" des Magistrats qui , séduits par les conseil s
rI
d ' un e aveugle jeun esse, ne connaissent
" d 'autre école que le théâ tre, d'a utre mo" l'ale que les m ax imes fri voles d ' un I)oëme
" insipide, d 'autre étude que celle d' une
«
musique efféminée, d 'a utre occupation q ue
" le jeu , d 'autre bouheur que la volupté.
({ On en voit qui con sacrent jusqu'à leurs
�-
LXX-
-
LXXI -
" caprices , el éri ge nt ton les leurs pensées en
dont nous avons parlé allaient tomber entre
" oracles; les plus vaines subtilités reçoivent
les mains de ces Parlements , oil la partie
bientôt entre leurs mains le caractère de
remuante et gâtée leur était ardemment
" l'infaillibilité, Il n'est plus pour eux de
hostile (1), Partout on les cite à comparaître
1(
({ règles certaines .. , On les vo it se perdre et
({ s'égarer volontairement dans les chemins
({ tortueux d'une procédure arli ficieuse, et
({ ne montrer qu' ils sont juges, que parce
({ qu'ils possèdent mieux la science , si
1(
COlll-
mune en nos jours, d 'éluder la justice et de
({ surprendre la loi, " (Voy , O"è" Il est temps de parler, 0"
Compt,'rend" 0" public, ele., t, 2,1" 12.) Voilà
uos j eunes Sé-
nateurs peinls par d 'A guesseau, ulle des gloi-
res du Parlement. Ma is là, comme partout,
la corruption des mœurs devait hien vile
entraîner à l'oubli des devoirs d'état. Un
cœUl' 'gâ té par la volupté est bientôt ouvert à
toutes les autres séductions, à toules les faiblesses, à tous les entraînem ents des passions
el de l'intét'êl.
Les Jésuites dénoncés pal' tous les ennemis
(1) L'abbé Chauvel in , co nseill el'-clerc au Parlement ,
chanoine de Notre-Dame et jan séniste extrêmement distins ué, eut en sa vie un jour de célébrité, Sl'Ùce à so n
ardente animosité contre les Jésuites . Ses biograph es,
' amis ou ennemis, sont de pal'fait acco rd SUl' ces deux
points: premiiH'ement il arait le caractère et l'es prit on
ne peut plus mal faits; secondement il était tout à fait
bossu , contrefait et vil ain au possible; le tout relevé pat'
l'envi e de se pousser et de nuire à ceu x qu' il n'aim ait pas ,
Un tel homm e de vait êtr'e le plus notabl e trait- d 'union
de la hai ne parle melltaire et janséni ste contre les Jésuites;
et de fait , il passait IJal'mi ses co ll ègues comm e le C01'j' phéc du jan séni sme. En cctte qualité il lui l'cvcnait de
droit l'honneur de portel' les premiel's co ups à la Co mpas nic de Jésus, et nous devon s l'a" o uol' , si elle a l'cllconlJ'é
des cnne mis plus habiles , jam ais elle n'cn a cu de plu s
passionnés , Sa h aine contre les Jésuites était profollde et
tCllace; il devait, nous dit Ul! de ses biogl'aphes , les rega/,der comme ses ennemis, pU'Îsqu'il les haïssait 1 Ce raisonnement , nous le citons, non comme un Illodèle' cie syllogisme) mais à litre de l'enseigncmelll , I1f' trouvanl à la
hain e du di !;ll e a bbé d 'a utre ol'i !;ine que son janséni sme;
cI'autre cause, d 'autre cOlllmelitaire que le sentiment for-
�-
LXXII -
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LXXIII -
ou pour parler exactement à venir déposer le
aucun tribunal les J ésuites ne fur ent appelés
corps du prétendu délit : l'Institut de la
à donner des ex plications sur leur Institut;
C OIll-
pagnie, entre les mains des magistrats char-
pas un ne fut interrogé sur la soi-di sant
gés de l'examiner et d'en rendre comp te. En
murale relâchée dénoncée avec tan t de fracas
mulé dans le pror e,'be italien: Chi o/Tende
Mais laissons parler ses contemporain s:
nOIl
perdona.
• Tout était préparé pour faire aux Chambres assemblées du Parlement la dénonciation de l' Institut des
Jésuites. L'abbé Chauvelin , conseill er-clerc Il la Grand'- '
Chamb,'e, se ch a"gea de celle commi ssion , Il était d'une
famille assez considérable da ns la robe, et fil s de M. Ch au·
r elin qui ar aitété gaJ'de-des-scea u x pendant le ministère
du card inal de Fleury; mais il pOl·tait SUI' sa personne r em.
preinte de toutes les disgrâces de la natme, Bossu, contre.
fa it , il avait la figure d'un sapajou, comme le disa it une
épig,'amme faite anciennement contre lu i. Son ca,'actè,'e
était encore plus dilforme, Malin , ca ustique, violent , il ne
se plaisai t que dans le mal , et son es p,'it faux ne lui permet.
tait jamais d'eHvisager un objet sous ses véritab les ,'a pports, Ce n'était pas seulement de la haine qu' il avait
contre les Jésuites; c'éta it de la fureur ct de la raNe
et il
b ,
fut au comble de Son bonheu,' de trouyer un e occasion
d'en donner des preures éclatan tes . • (Du rétablissement des
Jésuilel el di feducation publique. Emmerik 1 1800. p. 66.)
Le 17 avril f761 , il fit la célèb,'e dénonciation imprimée
sous le titre de : Compte-"endu, par un de Afessieurs, sur
les Constilutions des Jésuites , T" ois mois ap rès, il venait
dans un nouvea u réquisitoi re dénoncer la doctl'ine des
Jésuites, Enfin en avril 1767 il obtenait un an êt , bann iss ant ho,'s du roya ume les Jésuites déjà supp,'imés et dispersés, A celte époque, remarque un . de ses biog"l'aphes,
l'abbé Chauvelin, mTiué au terme de ses vœux , cessa de prendre une part active aux travaux du Pm'lement et rut nommé
conseil/el' d'honne.", Dès lors il tomba dans une «pece
d'oubli,
Ainsi le di gne conseiller d'/wnnem' tomba dan l'oubli
dès ~u ' il eut achevé de dévorer les Jésuites; mais un mo-
ment sa gloire fut grand e: on le com parait cn ver8 et en
prose au l'a i Darid , vainqu eul" du géa nt Go li ath ; dans un
même médai llon on avait ,'éuni SO li prolil à celui de
Henri IV ; il fut peint et g,'avé pal' des artistes célèb,'es,
qui , cn dépit cl e la réa lité , en tirent ull e fi gure honnête,
Et ce tour cl e force paraîtra ma l aisé si on se rappe lle la
mordante épigl'amme où son tl'iste visage était compal'é ,
pal' le poëte, à l'a nima l le p lus resse mb lant à l'homme,
Sous la date du 16 janvier 1770 , Bacha umont rait l'ora iso n fun èbre du bon abbé: • Chauvelin, ancien consei l• 1er de Grand 'C ham bre et conseill er d 'hon neUl' du ParI )crnell t, est mort avant- hicr , âgé de cinquante-quatre
« ans, Né avec une complexion faible , et di sgracié de
• la nature, il était épuisé par les plaisirs et pal' le
�-
LXXIV -
-
LXXV-
par l'E.JJlrait des assertions qui servit de base
avec nos deux in-folio , sans parl er de la mo-
à l'acte d'accnsation , avec les deux in-folio
rale relâchée , nos comm entateurs avaient de
de l'Institut, édition de Prague, 1757. Ainsi
quoi nous faire pendre mille fois pour une:
donc avec ces deux in-folio , l'in-quarto des
ils se mirent à l 'œuvre, et trouvèrent en effet
Assertions et leur parfaite env ie de nous dé-
dans notre Institut un amas incomm ensura-
truire, les magistrats n'avaient besoin de rien
ble d'atrocités révoltantes, jusqu 'alors déro-
autre. Ils se trouvai ent m êm e surabondam-
bées aux yeux de la justice.
m ent pourvus en se rappelant que, pour faire
U ne semblable découverte avait cependant
pendre un homme, il suffit de quatre lignes
de quoi surprendre. Cet Institut, composé par
de son écriture habilement commen tées. Or,
un Sa int canonisé, loué parl e concile deTrente
etl'Égli se nniverselle, approuvé par les souve-
t,ra l'ai l. Coryphée tour à tOlll' du théàtre e t du jansénisme, il s'était fait uil e ,p'a nde célébrité par l'audace
ayec laquelle il ayait attaqué le colosse des enfants
d ' Ignace, Le succès de son entreprise l'avait rendu
très-recommandable dans SOn parti" " Dima nche ma • tin il s'est levé co mme à on ordinaire, à six heures.
• A huit heures il a donn é audien ce à ses médecins , il
• pl aisantait avec eux, 101'srlu ' il lu i a pris un e faib lesse ,
• clans laquell e il a passé, san s qu 'il ait pu recevoir les
• sacrements, Il était all cien chail a ine de Notre-Dame et
• doit , en conséquence, être enten é dans la cathédl'al e, •
Bachaumont ne nous parle point de miracles opérés à so n
tombea u: celle gloire posthume était réseryée à plus
gl'a nd sa lllt que lui , le dia cre Pâris, l' illu stre thaumaturge du parti jan séniste,
•
•
•
•
•
rains Pontifes et pratiqué aux yeux du monde
catholique depuis plus de deux cents ans,
allait êlre , au nom de la justice, de la morale el de la reli gion , dénonce à l'univers
comme détes lable , impi e, corrupte ur, co ntraire à la loi naturelle , à la sûreté des
princes et des États, etc ...
Le succès d ' une telle dénonciation fut immense , elle passionna tous les es prits : la
France s'e n occupait avec un e sorte de Créné-
�-
LXXVI -
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L XXV II -
SIe, et bientôt elle allait se repa1tl'e avec avi-
Les Comptes-rendus d'A ix et de R ennes
dité des chefs-d'œuvre de nos Procureurs
ont obtenu ex-œquo le premier prix d'élo-
généraux: les fameux Comptes-I'cndus. L'im-
quence. Si celui de Bretagne a plus de vigueur
meusité du sca ndale dépassa les limites de la
et d'animosité , celui ùe Provence a, comme
France , et, pour un mom ent, toutes les gloires de l' Europe , même celle de Voltaire,
pâlirent devant la subite illustration des
la Chalolais , des Ripert de Monclar, des
Charles, et autres gloires des Parl emeuts (1),
(1) Si ma intenant on ne lit plus ces chefs·d'œuvre de
nos immortels ol'atew's. du moins leu rs noms fi gurent avec
succès dans toutes les di atribes co ntre les Jésuit es, Cependant il faut le dire, le nom de M. Charl es e t des autres
Procureurs sont tombés dans UII profo nd oub li , et c'est
un e injustice: il/. Cha rles surtout méritait UII meilleur
quantité de choses dan s ce go ûl- là co ntl'e les anciens
maÎtl'es de Pierre Corneill e.
Comment le nom de M. Charl es n'a-t-i l point passé 11 la
postérité comme ceux des ProcUI'eurs d'Aix et de Ren nes?
Cela tient peut· être à la "ulgarité de ce nom trop terne
dalls les phrases à effet où fi gu rent à mervei lle les Ripert
de Moncl ar , les Carade uc de la Chalotais. Pour se faire
un nom , même a ux dépens des Jesuites, il est bon d'en
avoir un assez so nore,
pOUl'
s'encadrer avec euphonie
sort : personne en eflet n'arail mis plus de ven in et d'em·
dans les périodes destinées à puhéri ser ces ho"",!Cs dont
l'existence est un crime d·État !
Avec plu s de soupl esse et d 'esp,'it 'lue M. Charl es, René
de la Ch alotais survécut à son triomphe oratoire de Ben·
nes, en se faisa nt l'ami des philosophes, co mme il l'avait
été des Jésuites avallt d'être Procureul' . Da ns les anec-
porLement dans son factum ; tant et si bi en qu'il enll'aÎll a
dotes manuscrites de nos anciens Pères I) l'ctons , nous
le parl ement de No rmandie à deva ncer les a utres dans la
malédiction de I"lnstitut et l'expulsion des Jésuites. Si I"on
veut se fa ire une id ée du succès de M. Charles et voir à
quel degré d'éch auffemen t il poussa nos juges nOI'mand s,
Il suffit de lIre les alTô!s fulm inés à Rouen le 12 avril
lï63: on y trouvera des objurgations véhém;ntes co mme
celle- ci: Peut·on laisser subsister des hommes dont le nom
seul est un opprobre et l'existence un c,';,ne d'li'tat? Et il y a
trouvons celle· ci sur le fulur aute ur des Comptes·rendus:
• M. de la Chalotais, aspi rant à la c harge d'a vocat géné·
l'al , entra dan s la congrégation des Jésuiles de Hennes et
eu t le talent de s'en fa ire nom mer Préfet. Alors, se pl'Oposa nt d'all er à Paris solliciter la place qu' il amb ition na it,
il pria le Père Recteur de lui donner une lettre pour le
P. Prév ill e qui avait la con fi ance de M. de Lamoignon,
�-
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LXXIX
-
il cOl1venait à ce sol poétique, plus d e fleurs
En effet les J ésuites allai ent être exécutés.
et d 'emportement ; il s'élan ce m êm e à des
Ils étai ent jugés et condamnés dans tous les
hauteurs de rai sonnem ent , où la logique n'a
Parlements, non sur l'Institut, comme on le
plus ri eu à voir,
prétendait, mais uniquem ent sur les Comptes-
Les Comptes-rendus eurent alors un incol;tes table succes; ils étai en t l'expl'ession des '
rendus où il est d éiiguré cOlllme à plai sir ,
Les réfuter aujourd' hui sera it peine inuti le;
colères du mom ent ; on se les arrachait ; ils
si l'on en parle encore, on ne les lit plus, et
retentiren t en E urope comme d e form idabl es
d'ailleurs les réfutation s imprimées à l'épo-
coups de tam-tom , et , com me en Chine, ils
que de leur grande vogue fur ent soli des et
précédai ent un e exécution capitale,
complètes. Sa ns doute ces défen ses étaie nt
improvisées; mais il étai t si fa cile d e démon-
a lOl'S chancelier de F m llce, Le Hecteur de Hennes eut la
simplici té de se pl'éter aux désirs de M, de la Chalota is et
le l', Prérille, l'innocence de les secolld er auprès du C h~n
celier, Celui-ci, plu s conn aisseur , rofusa le p, Prél' ill e en
lui di sa n~ qu' il était trompé , et q u'i l se ,'a it dup e a insi ~u e
ses co nfrel'es, Le Jésui te insista tant , que 10 ch ancelier
céda,
trer, ou l' iueptie, ou la mauvai se foi des
dénonciateurs de l'Institut, que, malgré la
rapidité d e l'improvisation, la défense, du
moins pour le fond , ne la issa ri en à désirer,
Et sans se donner la peine de tra nscrire ici
• Au bas de l'es('a li er , le l', Pré,' ille est l'rappé rI 'apopleXle; on l'emporte à la Maison- Pl'Ofcsse, et c'est de sa
poche que M, de la Chalotais ti re ses )i1'ovisions 1
• On sa it comment il a témoigné sa reconnaissance. 10
un spécimen d e l'attaque et de la d éfense, il
Que d'a necdotes on pouna it ajouter à cell e-ci , pOUl'
pl'oul'~r le talent des Jésuites à devine,' les hommes et lire
d ans 1 avenir 1
Comp tes-rendus.
suffira de rappeler ce fait capital et propre à
déterm in er à priori la valeur et la por tée des
Ce fa it le vo ici : L 'accusé, co mm e nous
�-
LXXX -
l'avons dit , c'es tl'Institll t de la Compagnie,
et le crime des J ésuites est d'avoir très- exac_
tement pratiqué ce détestable Institltt _
Voilà le résumé complet des Comptes-ren_
dus, si toutefois l'on y ajoute l'inévitable
pérorai son des orateurs exas pér és, à savoir
que l' Institllt est une honte pour la France ,
un danger pour l'E tat , un obstacl e à la civilisa tion du monde, un foyer de corruption
pour les mœurs, et, pour l'Égli se ell e-même,
LXXX I -
haine aveugle contre l'In stitut, la criminalité
de ce code r eligieux, tout était dit : il fallait,
sa ns perdre un moment, jeter l'I nstitut et ses
impi es sectateurs dan s un même bûcher .
Malheureusement pour les Comptes-rendus
et la gloire de leurs auteurs, il se trouva des
amis des J ésuites, -
et ils en ont toujours,
m ême au milieu des plus grandes épreu ves,
- qui se permirent d e donner un démenti
form el et complet aux accusa teurs de l'I nsti-
un péril perm anent. Messieurs les PI'ocllreurs
tnt . Oui , m algré les clameurs de la foule et
proclamaient ces grandes vé rités, poussa ient
les admirateurs jurés des Comptes- rendus, il s
le cri d'a larm e devant tontes les Chambres
vinrent à bout de faire entendre la vérité, à
assemblées en montrant les coupables, repré-
qui ne se bouchait pas obstinément les or eil-
sentés par les deux in-fo lio de P raglle seuls
cités à comparaître.
les; et leurs r éfutations improv isées n e lais-
Les accusa teurs l'ont répété à sa tiété: la
sèrent point de r éplique aux h ommes de
bonne foi.
criminalité de l'Institnt est évidente, et leur
Si l' l l/stitltt, répondaient l~s défenseurs des
but unique est de sa uver l'Etat et l'Église.
J ésui tes, est cette outre d'Eole d'où sortaient
Ma is déclamer n'est pas démontrer: si les
toutes les temp e'tes q /li bouleversaient l'lJglise
dénonciateurs ava ient prouvé au li eu d ' une
et la société, comment ne J'avez-vous pas
H.
r
�-
LX XX II -
-
LXXX III
-
saisie et percée plus tot ? Commeut excuserez_
qui té, l'absurdité de tou s ces Caveant consules
vous la France et l'Europe eutièl'e, de com-
délayés en des discours sa ns Gn , on r épli-
plicité ou d'imbécillité, duraut plus de deux
quait par la main du bourrea u, ch argé de
siècles? Car , il ne lui a pas fallu moins de
briller les écrits où l'on se permettait d'avoir
temps, pour découvrir et constater ce t ablme
raison.
de honte et de misèr e où ell e était plongée
Mai s, nous dit-on , les J ésuites français n'ont
sans le savoir! Commen t j ustiüer ez-vous tant
pas été condamn és et banni s uniquement
de villes, tant de royaumes, tant de princes
pour avoir pratiqué l'Institut , m ais pour avoir
et m ême tant de parl em ents, qui , sur le vu
enseigné les abominabl es doc trines dénon-
et très- sérieux e,xa men de leU!' f nstitut, si
cées par les Provinciales et les Extraits des
contesté, ont cependant appelé les J ésuites,
assertions.
leur ont permi s de le pratiquer et leur en
A ce tte seconde et capitale accusa tIOn, les
ont donné les moyens? Comment appelez-
ami s des J ésuites ont eu des réponses aussI
l'ons impie, un I nstitut qu alifi é de pieux par
promptes , aussi claires, aussi fort es, aussI
un concile uni versel ? Comment dénoncez-
compl ètes que pour le premier ch ef d'accu-
vous à l'Église, et trai tez-vous d 'abominable,
sation. Au fond, ce sont à p eu près les m êmes
un I nstitut tant de fois approu vé, loué et
béni par elle?
réponses, et , comm e les accusa ti ons, elles
A ces r éponses et mille autres semblables,
va ri ent seul em ent dans la form e.
La principale mi se en acc usa ti on de la
mettant à néaut les grotesques découvertes des
Compagni e de J ésus se trouvait dans le célè-
Comptes-rendus, et montrant ri- prion: l'ini-
bre fa ctum intitulé: Extraits drs assertions
�-
LXXX I V -
-
dangel'ellSes et p em iciellses en tOl/.t genre , que
les soi-disant
J ÉSUITES
ont, dans tOIlS les temps
et pel'sévéramment , so /tlenlles, enseignées
ct
publiées dans leu.rs liv res, avec l'approbation
de leul's supérieltl's et génémllx , Cette énorme
compilation est une sorte de réchauffé et
d'amplification des Provinciales. Mais P ascal,
en quittan t P ort-Roya l , n'y
laissa point
sa plume; on s'en aperçoit au style de ses
pesants continuateurs : la fin e m oquerie de
leur ancien secrétaire est devenue de la passion furib onde. Si Pascal , -
ses amis le
disent , mais il est permi s d'en douter , -
a
menti sans le savoir , les rédac teurs des
E x traits ont menti hardime nt et de science
LXXXV -
nie, et la faire accepter comme l'expression
de la vérité, il fallait falsifier les écrits de la
Compagnie et dénaturer les fa its, Ce tte beso-
. ,etre l'œuvre d' un
gne abominable ne POUVatt
seul homme: aussi , comme pour fabriquer
de la fausse monnaie, il fut nécessaire de
créer un atelier bien disposé, bien outillé et
pourvu d'un bon nombre d'ouvriers habiles.
L'atelier fut établi dans le couvent des
Blancs- Ma nteaztx , à P ari s, et les ouvriers
chargés de battre la fausse m onnaie, à l'usage
des parl em ents, fure nt choisis parmi les
religieux de la mai son , les amis les plus distingués du parti ultra-janséniste et quelques
manœuvres payés à tant la pièce (1).
certain e. Seulement, pour mieux tromper le
public, qu'ils savaient incapable de vérifi er
leurs alléga tions, ils ont pratiqué l'art du
faussaire, avec la plus grande intrépidité.
Calomnier la doctrine des J ésuites était
racile; m ais, pOllrdonner une base à la calom-
(1) Dans l'opuscule in titulé: • Du l'établissement des
Jésuites . et publié à Emmerick , en 1800 , par l'abbé de
Fontenay , l' au teUl' do nne SUl' la fabrication des Assertions
certains détails dignes d'être conservés : il affirme les tcni,'
d'un témoin ocula ire, et les avo ir recueillis peu après la
suppression .
• J'ai entendu raconter , nous dit-il , par le P. de Mon-
�-
-- LXXXYU
LXXXVJ -
-
celle Causse monnaie , il s la ce rtifièrent bonne
Les faux-lllouun yeurs ayanl poussé la fahri-
et véri table, ctprès soigneux ex amm ,
ca lion avec une ardeur incroyable, bientôt
les parlements eurent entre leurs maina les
Nosseigneurs du parl em ent ava ien t sen ti
preuves irrécusables de leur sn voir-fairc; et
que les d éclamations d es Comptes-rendus
ti gny , Jésuite , et Procurem' génél'al des Missions étl'angères à Paris, homme recomm a ndable pal' la simplici té
de ses mœul'Set pal' la cande.ur de SOIl ca l'actèl'e, que dans
un des premiers jours de janyie l' ci e l'a nnée '1758, ap rès
qu'il eu t dit la messe, de grand mati n , un je un e hOlllme
s' app l'ocba de l ui dalls la sacl'isti e, et l ui clit to ut bas ,
qu 'ayant un e affai re de tl'ès-gl'nlld e importance à l ui communiquer , il le priait cie lu i désigller un ellclroi t où il pùt
lui parler en pal'ticuliel'. Cc reli gieux le conduisit dan s sa
chambre : là, après s'être assuré qu'il ne pouvait être
entendu de personlle , le jeune homme lu i dit , ayec cet
embal'I'as qu'on epl'ouye auprès d'un inconnu , quand on
a un gl'and secret cl lui découvrir , que se tl'ouvant sans
reSSOlil'Ce à Paris, il s'était vu dan s la nécessité d'accepter un trava il qu'un lui arait proposé, qui lui l'apportait
une centain e de li vres P;:\I' mois, et qui consistait à faire.
a yeed 'aut res co llaborateu rs, des ex tra its de l' Ins titut des
Jésuites , li s se rassembla iellt dalls le couyen t des BlancsMallteaux à Paris, béllécliclill s de la 'congl'égation de
Sainl-~I aul' . j an séni s le~ e trl'én é~, qui leur traçaient la
ma rche <lu' il s deyaien t >oi, re, Cc jeun e homme ajouta
qu'ayan t étudié chez les Jésuites) et conn aissant leurs
bons pl'incipes dans tous les genres, il ne se li\Tait il ce
trava il qu'a rec les plus vifs remords ; que si , lui p, de
Montigny , vou lait lui donn el' cent lou is d'or, une fo is
payés , il le cessel'ait en tiè remen t , ou que , s'i l le jugea it
plus util e, il le continuerait pou r l' instruire de tout ce
qui se tramai t co ntre sa Société ,
« Ce Jés uite lüi répondit qu' il ne lui était pas libre de
disposer d' une somme aussi co nsid érabl e , mais qu ' il
en parlera it à ses su périeurs, et que s'il voulait revenir
dans huit jours, il lui ferait part de la décision qui aura it
été portée, La décision fut qu'on ne lui donnerait rien ,
parce (luïl paraissait q ue c'était un aventurier et un es
croc, comme Paris en est plein. Les Jésuites se croyaient
encore alors ass urés de leUl' existe nce ; ct dan s un e confian ce trop présomp tueuse peut-être , il s ne pouvaient
s'imaginer qu'on songeàt à détrui re un CO l'pS si uti le à la
I\eligion et à l'État. Il s ne co n na issaien t pas leurs en ll emis,
• Au jour marqu é , le j e~ n e homme, revint, Quand il
apprit le refus qu'on lui fai sa it , il donna les rnal'ques de
la plus vive douleur, Vous uous en 1'epenti,'e: , dit-il au
p, cie Montigny ; mais ce 'era tl'Op Im'd, Les Jésuites e urent
en effet bientôt li eu de s'en repentir, Le p, de Neuv ille ,
célèbre prédicateu r , " tant allé peu de temps après il Versai lles, pour fail'c sa cour il M, le Da uphin qui l'honorait de
ses bontés , lui pada du sujet de la demande de ce jeune
homme, et des moyen s qu' il d isait qu'on prenait pour
1
•
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LXXXIX -
sur l'impiété de l' lllstitu.t ne suffiraien t pas à
hué sous le couvert de la magistrature : il fut
tromper le public et à le tourn er contre les
envoyé officiellement à toutes les Cours, à
Jésuites; il fallait lui montrer ces Religieux,
tous les Evêques du roya ume. Ces J.erniers,
capables de toutes les so ttises, et coupables,
indignés de voir le parlement empiéter snI'
au moins en théor ie, par leU!' abominable
leurs (lroi t.s les pIns sacrés, en se fai salltthéo-
enseignement, de tous les crimes et forfaits
logiens et juges de la doctrine, se hâtèrent de
imaginables. L' h',;.'trait des assertions répon-
protester contre celle œuvre de scandale et
dait parfaitement à ce besoin de diŒamation,
d'iniquité; mais les protestations de l'épis-
et l'énorme volume parut avec l'approbation
copat n'arrêtèreot point le parlement, décidé
de nosdits Seigneurs du parlement, certiiiant
à pousser à outrance l'affaire des J ésuites, et
avoir fait vérifier et co!l(l/iol1llel' , pal' ses cam.-
à les juger sur l'Ex trait des assertions.
missaires , lesdits Extraits tirés des livres des
soi-disant Jésuùes.
Nous n'avons pa s à examin er en détaille
livre des A ssertions; il a été jugé, convaincu
A p eine sorti des presses de Simon, impri-
ct condamné comme une œ uvre de faussaire :
meur du parlement , l'Extrait des asserÛOI1S
dès son apparition il est dénoncé comme tel
se répandit comme un torrent: la France
à l'indignation des honn êtes ge ns . Plus tard, .
fut inondée du pamphlet fabri<[ué, puis distri-
une réfutation complète vint mettre au grand
travai ller à leur perte. j e le sais depuis quelques mois, lui
l'épondit ce Prince ; prene: vos mesw'es pow' évite1' te coup
qu'on veul vous porter .. mais Je doule que ùOltS en puissie:
venir à bout . L'événemen t ne p"oura que trop la vérité de
ces dernières paroles . • (Op. cil., Il. 54.)
jour la muuvai se foi des rédacteurs des
Kctraits, et la compl icité des magi strats: elle
démontra, pièces en main , sept cent cinquante
�-
xc -
-
XCI -
l/!lit fa hijicatiolls! dans ces /issertions, SOl-
«
'in'il était plein dc citations jill/sses, dr
disant vérifiées .
«
passages tronqués
On a bien tôt lait de mentir et de calom-
«
j ections prises pour les réponses; eulin de
nier; mai s il fant du temps pOUl' répondre , et
C'
mille autres infidélités semblables ...
le mensonge a produit so n effe t, avant de pou-
«
Olt
II/al entendus, d'ob-
La plainte des J és uites et de leurs dé-
voir èlre con fond u. 01' dans le cas présent ,
«
il fallait un temps co nsidérabl e pour relrou-
" peu, qui se donn era le so iu de "ériGer tant
ver, en des milliers d' ill-folio, les textp.s altérés
" de passages ? En attendant que la véri té
par les fau ssaires. La secle avait calcul é toutes
«
ces chauces, et d'Alembert l'avoue avec son
" valent la peine ), ce recupil aura produit le
tense urs, rôt-elle a ussi juste qu 'ell e le paraî t
s'écla ircisse (si de pareilles
vérités en
Ces Pères, dit-il, on t
c.
bien qu e la nation désira it , l'anéa ntÎsse-
«
même osé prétendre, et plusieurs évêques
«
ment des Jésuites. Les reproches qu 'on es t
«
leurs partisan s, ont osé l'imprimer, que le
«
en droit de leur faire se ront plus ou moins
«
gros recu eil d'AssNtions, ex traitdesau teul's
«
nombreu)(; mais la Soci élé ne se ra plus ;
«
Jésuites, p al' ordre du parlrll1ent , recueil
" c'était là le point important . "
Ci
qui a sei'v i de motif principal pour leur
du Jesui/ es en Frall ce, pa,. un. (//l leul' désill lél-esse , p. 1<16.)
cr
des truction, n'aurait pas dù opérer cet
Ainsi d'Alemhert n'ose pas co ndamner les
«
elret; qu' il ava it été compilé à la hâte par
Assertions, il les justifi e mème, elles on t
«
des pre'tres j ansénistes, et mal vérifié par
produitla deslruction des J és uitcs , e l, comme
«
des magistrats p en propres Ct, ce travail ;
il le dit, c'était là /e point essentiel; le but
cyuisme ordinaire:
«
(S"rla deslruclio((
�XC/II XC II -
atteint innocentait toutes les fraudes ( 1),
On nons a dit: Ma is tous les magistrats
n'ont pu vérifier par eux-mèm es les milliers
de textes dénoncés dans les Assertiolls; ils ont
(1) Cmt" ins esprits un peu trop pressés blâm èrent les
J(suitcs de ne point rél'ute,' assez p ,'omptement le line
des Asse,.lions: ils en padai ent l'Olt il le ur a ise , Le men-
songe arait mis des années et qu antité de main s à fabdquel' son eher-d'œune, et , pour lu i )'épondre, il rallait au
préalable compulser des millier de volumes publiés dans
les diO'érenles parties de l'Europe , et depuis deux cents
ans, Un pareil tra,'ail demandait du ten, ps; mais les Jé-
suit.es en seraient venus à bout enCOl'e assez promptement,
sa ns le pieux. stl'Utagème dont s'av isa le pa demcllt pOU l'
empêcher les ,'Mulations co mplètes de pal'a itre à temps;
su,' ce ra it écoutons encore l'abbé Dazès :
.
« Ayant que de faire pal'aill'c le li vre des Asse/'t'ions, 0 11
avait eu so in de rermer, il Paris ei à Lyo n, la bibliothèqu e
des Jésuites.
• La précaution éta it sage; ces bibliothèques éta ient
immenses et bien composées . Quinze jours avec des livres
au raient suffi pour conrondre ce monstrueu x r ecueil de
ca lomnies, et pour eha" ger le pad ement de Pari s de tout
l'opprobre, dont il voulait couvrir les Jésuites: on avait
prévu cet incon \"énient , et le scell é pl'Ud emment appliq ué
aux grandes bibliothèques de la Société e n ava it été le
dù s'en rapporter à leurs coll ègues chargés
de ce soin , et jurant avoir vér~fié et col/c(,tlollllé Lesdits extraits, Soit ; mai s cela s'a p-
pelle en bon fran çais plaider les circo nstances
remède, Au défa ut de cette ressource, des ann ées suffi,'ent
à peine à un e réfutati on , qui ellt été l'ouvrage de quel-
ques semai nes.
• Pa,'is a servi de modèle : à l'imitation de la capital e,
on a fe ,'mé en province, les b ibli oth èqu es des Jésuites;
après quoi on les a invités à se dél'e ndre légalellleni SUI'
toutes les noi rceurs que leur impu te l' inl'<lme E x lmil des
Assertions.
, Je cro is bien qu'à la réqu isitio n des Jésu ites , leu,'s
bibliothèques se se,'aient ou vertes , ct qu 'o n leut' a urait
accorà é la S','âce de consulter quelques-un s des livres qu'on
leu )' avait enl evés, Mais cette gdce eût été ac hetée pal' le
dégoût de bien des rormalités à essayer , Il aurait fallu
que le F,'èl'e de l'onleve: ; toutes les ro is qu' il aura it sou-
haité un 1ivre, se rendit pm'- devant noble messire EspritEmmanuel de Brun, ba,.on de Boades, seigneu/' de Villepeix,
Meaux et autres lieux. chevalier , conseiller du Roi en la
cou,. du Pm'Iemenl du pays de P,'ouence, que cc noble messù'e
Esp,.it-Emmanuel de B I1tn de Boodes, à la prière du F,'èI'e
de Ponleve:, se revêti t des attributs de sa di gnité , vint en
gl'ande cérémonie au coll ége des Jésuites, levât le scellé,
p,'ésidàt aux rech erch es que ferait dans la bibliothèqu e le
F";,,.e de Ponleve;, qu'il eût so in qu'auc un livre Ile rût
�-
XCIV -
xcv -
atténuantes ? Or, elles le SeI'out fort peu si
les plus complaisantes , il ne faut pas cepen-
l'on veut bien se rappeler ( et les ma gistrats
dant faire injure à Nosseignenl's du parl e-
ne pouvaient l'ignorer ) que les Extraits sont
ment, en les supposa nt inca pables de démèler
une amplification des Prov inciales et de tant
la vérité, à travers le brouilla rd dont on l'en-
d'autres pamphlets brîtlés par les parlements
vironnait, si réellement ils ava ient voulu y
eux-mêmes, Enfin , en admettant les excuses
l'oir clair.
Allons plus loin et demandon s; si Mes-
enleré que salis dû chal'gement, et qu'après le scellé fùt
rem is comm e aupa!'avantà la bibliothèque.
" Je doute que le F" èl'e de Ponleve: eût r oulu occasionnel' tous les jours tant de marches et contremarches
à noble messire Esprit- Emmanuel de B1~itll dt' B oades, seigneu,' de l'il/epeix, lileaux et autl'es lieux. La grilce offerte
aux Jésuites eût donc été inu tile, ,\ raison des fOl'malités
qu'il au!'ait fallu ess lIye!' pour pOllroir l'obtenir. •
sieurs des Comptes-rendus n'insultaient pas
un peu Nosseigneurs du parlement ct le hon
se ns de nos juges, en lem' dénonça nt, comme
ils le tirent , les prétend ues doctrines de la
Compagnie, ex posées d~u s les AJsertiolls ,
En efl'e t, durant des heures el des journées,
• On avait dit solennellement aux Jésuites: /1 faut que la
vérité soit mise dans tout son jOl/?', POUl' la meUre dan s tout
son JOUI', il au!'ait fallu qu 'on eùt laissé au x Jésuites le
moyen de la cherchc!' , de la manifeste!' et ci e la fai!'e
triompher. Leu!' a-t-on laissé un e seul e de ces !'essources?
Non, on leUl' a ravi : tG tout moyen de la chercher; 2° tout
moyen de la manifester ~ 30 tout moyen de la faire triom-
pher. On n'a donc jamais voulu 'lu'clle {i'el mise dans tout son
fout' . • (Voy . Op. cil. Il est lemp$ de porler, t . .2, p. 250.)
Quand les Jésui tes, après de gra nds eHo rts pOUl' retrou,
ver les livres nécessail'es i\ la réfut ati on des Assertions,
eUl'ent ter mill é leur tru\'ail , Icul' J'uin e étai t consomm ée.
on vient leur crier sur le ton le plus' épouvanté; Messieurs, il y a
~u
milieu de vous un e
Société dont la perversité n'a pas de limites;
dont le nom sent est un opprobre, f'. t l'ex istence est un crime d'État! Et cependant vo ilà
deux cents aus que cette Société vit a u milieu
de vous, déshon ore l 'Égli se et l'État, assassine nos roi s, abrutit toutes les générati ons
�-
-
XCV I -
XCV II -
dans ses coIléges, scandalise le pe u~l e par
même leurs conclusions et condamnèrent les
ses pré(lications, corrompt la société par une
ci-devant soi-disant Jésuites, non point à la
morale épouvan table, borribl e à fa ire frém il' ,
peine de mort (e t cependant ce n'était pas
ruin e le commerce par une concurrence
trop pOLlr tant de crimes avérés! ), mais sim-
insurmontable, et, pour tout dire en un mot,
' plement à .1a suppression, tempérée par nne
pervertit l'un ivers, pour arri ver à le dominer,
pension offerte à tons ces criminels de lèse-
et préparer à son Général , résidant à R ome,
majesté di vine et hnmaine!
l'empire uni versel !
E n entendant ces énormités, les Sénateurs
Si quelque chose doit surprendre dans le
célèbre arrê t du
(j
aoÎt t 1762, c'est , du côté
devaien t se dire: Si l'accusatiou n'est pas un e
des acc usés, d es crimes énormes et sans
comédie, nous sommes les coupables, no us,
nombre, et de celui des juges, une débon-
les juges de la F rance, si durant deux: siè-
naireté fabuleuse . E t ceLLe appréciation pa-
cl es , nous avo ns toléré cette infàme Société,
raîtra modérée, si l'on vent bien se rappeler
dont notre silence et notre inac tion nous ren-
les vu et les considérant de l'arrêt.
dent les complices!
E n effet , de quoi les J és uites n'étaient-ils
No n , les parlern ents ne se dirent point
pas accnsés en Lous ge nres de déli Ls et de
ces simples vérités; il s aimèrent mi eux avoir
crimes? La simple et rapide énumération de
(lorm i durant deux: cen ts ans, et se réveiller
tant de forfaits re mplit dans le prononcé
aux for midables cris d'alar mes jetés par les
de l'arrêt cent-quarante-quatre pages!
Monclar, les Re né de la Cbalotais et les
Sni va nt cet arrêt , les ci- devant soi- disant
autres sa uveurs de la Fra nce; il s adoptèrent
J ésuites, tous, toujo urs el p artout, ont été les
H.
9
�-
XCV III -
-
XCIX -
mêmes, et essentiellement mauvais, par le
tique d'une prodigieuse quantité de méf~i,ts
seul lait d'avoir persévéré dans l'observation
dont l'énuméra ti ou remplit des pages entle•
l'es', et l'enseignemen t de choses téméraires,
d'un lnsfitnt impie, attentatoire a.u droit
naturel, et l'opprobre du genre
ltUm aù~.
Veut-on un échant illon de ces cnmeS'
fausses, erronées, scandaleuses, remplies d'arrot!"ance et d'orgueil, s'éloignant de l'Écri-
énoncés dans l'arrêt ? Nous le ferons tres-
ture; y sltbstituant des termes aLLégoriques;
conrt, et de plus nous prierons le lecteur de
éludant, par de mauvaises ruses, les lois du
vérifier, sur le texte reproduit dans notre
jeûne, induisant une très-perverse explication
appendice (page 316), l'exactitude de nos cita-
du sJlubole dps apôtres; déprimant l'adoption
tions: l'étrangeté des accusations pourrait
et la religion des anciens justes, faisant injure
faire supposer que nous énumérons des cri-
à ces me'mes saillts, Ct Abraham, aux pro-
mes fantastiques et des inventions pour rire.
phètes, Ct saint Jean-Baptiste, manifestant
Nous sommes donc condamnés pour avoir
combien d'opinions scélérates s'introdlûsent à
crimiuellement enseigné: Le probabilisme, le
titre de
péché philosophique, la simonie, le blasphème,
l'école d'Ép,icure, ressentant l'épicltrisme,
le sacrilége, la magie, L'astrologie, l'in'éli-
apprenant aux hommes Ct 'Vivre en betes, et aux
gion, l'idolâtrie, l'impltCLt:cité, le parjure, le
faux témoignage, les pr&varications, le vol,
chrétiens Ct ;;i'Vre en païens; offensives des
oreilles chastes et pieuses, nourrissant la CO I1-
l'homicide, le parricirle, le suicide, le régicide,
cupiscence et induisant à la tentation; Olt'VrWtt
etc. A tous ces crimes dignes de la potence,
le chemin Ct la cruauté et à l'avarice; mena-'
les ct-devant soi-disant ava ient ajouté la pra-
çant les magistrats et la société /Illl/wilte d'nne
PI\OBABILITÉ :
doctrine Ct renvo)"er à
�-
c-
-
Cl
-
ct des
d'habit , de s'appeler ri-devant .lfsnites, de
cam ages horribles; ,créant contre la v ie des
l'ois ltn p éril tOlljours présent, doctrine dont
se retirer sous le toit patern el , avec un e pen-
le venin est si dangueux, et qui ne s'eJ t que
nêtes gens et fidèles suj ets de Sa M ajes té (1) .
p erte certaine; aplanissant La VOle
trop accréditée p ar les sacriléges effets qu'on
sion viagère, pour Y vivre déso rm ais en h on-
Mohatra ; propagé le Probabilisme; médit
(1) C'est avec un e sorte de volupté que les a rrêts des
parlements nOus appellent à satiété: ci-denant soi-disant
Jésuites , De plus, les Procul'eurs tro uvent ch ar ma nt de nous
ôtCl' le nom de Ph 'e et de nous ap peler : Frère Ber th ier ,
Frère Montigny, F"/re Lavalette , Fl'è>'e Sacy , F,'ère Pon -
d'Abraham ; éc rit des choses injurieuses aux
tcvez 1 Fl'è)'e Berruyer , Frère Beaumanoir, elc ... Cette
/l 'a p Zt voir sans horreur! etc ... D e plus on accusait les J ésuites d'avoir enseigné le contrat
prophètes; appris aux homm es à vivre en
hètes; loué l'infâme B llsemba/wm, et spécialement son édition de Cologne, 1757, qui tontefoi s n'a jamais ex isté, co mm e il a été depnis
parfaitement démontré.
On en convi endra, L'énnméra tion drolati-
que dont nous ve nons de donner uuli'agment ,
diminuait singuli èr ement la grav ité des accusations ca pitales, données au co mmencement
de notre cita ti on , surtout en la voya nt
sUI vie d'un e seDtence, non de m ort violente,
ma is de la simple obI iga ti oll de changer
spirituelle substi tution , cette affectation d 'enl ever la particule à des noms distingués parm i la noblesse de France,
avait sans doute beaucoup de sel. Aussi , cette délicate
plaisanlel'ie trouva d'ardents im itate urs parmi les juges
de 93, A cette époque de r,.aiemité, o n entend it condam ner
à 1I10 1'l, avec des milli ers de ci-devant nobles (et parmi eux
des ci-devant juges des Jés uites), Louis Cappl , ci-devant "oi
ct la veuve Capet , ci-devont1'eine 1
On le voit , les pl aisan teries de Nosseigneu rs du parlement furent prises a u série ux pal' leurs successeu rs; les
fines railleries cOlllt'e les bon.s Pè1'es se transfor mèrent en
injures atroces, et le br ill an t scepticisme du b ea u mond e
del'int une imp iété furi bonde, Ce malhe ureux sii'cle,
après avo ir ri des ci-devant soi-disQllt Jésuites, devait pl eul'CI' Sur les ci-devant nobles. sur le ci-de~'ant 1'oi ~ et frémir,
Cil lisan t ces mOls fl'oidement écrits sur un inventai re
ofllciel de 93 : plus, avo ns trou vé: un ci-devant Ch,.ist!
En trente an llées, il le fa ut avo uer , 10 l'i re sceptique
de Voltaire et des pa rlements avait fait so n chem iu !
�-
-
Cil -
CIII -
P armi ces milliers de J ésuites capables et
aflàire oil la justice devait être m écon nue, les
coupables de taut de crim es, pas un seul
acteurs résolurent de pousser jusqu 'au d er-
nommément accusé, pas un seul de puni .
nier acte, un e comédi e parfaitemen t jouée,
Apl'es un bruit formidable, la m onta gne par-
mais dont la moralité, à part les n iais et les
lementaire accouchait d ' un e so uris. Malheu-
candides, n'échappait à personne.
Nons devon s cependant le co nfesser, dans
reuse ment, il n'y a si bonn e comédi e dont le
le secret de
tous ces drames joués dans le sanctua ire de
celle-ci était la ruin e de l' r'~gli se, commencée
la justice, l'od ieux l 'emporta sur le r id icule:
par la nôtre. On vo ul ai t s'em parer de nos
il y a de ces choses d out l'honnêteté publique
biens ava nt de co nüsqu er ceux de l 'Église.
ne rira jam ais; de ces profanations dont la
On voulait uous ôter l'enseignemeu t de la
vue l'indignera touj ours. Et, parm i les plus
public ne dev ine le secret :
0 1',
jeunesse, afin de la perv ertir plus facilement ,
•
révoltantes, il faut noter les passio uR h aineu-
plus promptement et sans remede. En un
ses dans les ju ges, et la dérision ajoutée à
mot, on voulait écmser l'inj'rùne, et l'on nous
l'injustice. Q uand Charl es III , par u n tra it
faisait l'honneur de nous rega rder comme
de plume, nous ch assa de ses royaumes, il
le principal obstacle. Cet obstacle, il fall ait à
commit la mêm e iujusti ce q ue nos parl e-
tou t pri x et n' impo rte comm ent le tourn er ou
ments ; mais il n'ajouta pas la dér ision à l'in-
mieux encore le renverse r , le Ill ettre à néant.
justice : il ne tenta point de couvrir sa vic-
E t cela se fit comme il ava it été co nvenu
time de honte et de ridi cul e, pour d im inuer
en tre les coalisés. O n ne rec ul a ni deva nt
l'horreur et la pitié excitée par sa mort: il
l'odi enx, ni devan t le ridi cule. E t dans un e
l'acheva d' un seul coup ; tan dis que nos
�-
CIV-
-
cv -
parlements frappaient encore, après plusieurs
'
Non , .
pmals
on ne p 0 UI• r a fa l' re <ld mettre
années, les membres épars de la Compagnie.
an bon sens, qu' un corps moral , comme un
Leur victime était morte, et cependant des
corpS humain , composé de parties parfaite-
arrêts sans fin, de 176 t à 1777 , la poursui-
ment saines, animées par un ul ême esprit ,
vaientjusque dans son fombeau. Et cela pour
des crimes chimériques, car nons l'avons vu,
pas nn seul Jésuite
ne fut nommément
accusé et convaincu d' un seul crime, pas
m ême d'un seul délit ; la sentence de nos
juges en est la preuve.
Mais, disent les habiles, c'est le corps
de la Compagnie qni es t coupable et condamné et non point les m embres. La répon se
est facile : si la distinction alléguée était
admissible, il fandrait arriver à cette absnrdité, que la sentence des juges tombe sur un
être de raison , sur un e chim ère, sur un corps
indépendant des melllbres qui le consti tuent
nécessa irement (1).
(1) On a ri du sophisme de Jea n-Jacques: L 'homme est
afm, mllis les hommes sont 1l1rJcbants; et ccpend allt COnl-
. de foi s n'en a-t-on pas fait l'application aux Jésuites?
blen
~
'ï
A la vérité, la logique est Ull ornement superOu des qu 1
s'a"it d'attaquel' la Compagnie,
Le sophisme du Jésuite estimable et des Jésuites détestables se ll'Qure formulé en cent ouvrages sérieux , et,qui le
croirait ? jusque dan s les auteurs des Comptes-rendus. Oui ,
ces grands logiciens avouent ne pas tl'ouver un seul Jésuite coupable; puis ils déclarent qu e tous le so ntl Ce
sera it à n'en pas croire ses yeux, si les passions n'ex pliquaiell t pas toutes les contradictions.
Au reslo , longtemps avant les Con,ptés-rendus, le sophisme en qucstion était fort à la mode, ct , la S évigné du
dix-huit ième siècle, Madame la duchesse d'Od éa ns, écril'ait : • Il faut rcconnaître la vérité : là Oll les Jésuites
• gou vernent , il en résulte rarement de bonn es choses:
1 personnellement cesont des gens dignes d'estime, mais en corps
• ilsSOlli (ort dangereu.c! • Ain si Madame la cl uchesse estimait les Jésui tes en détail , mais point autrement. Nous
aurions voulu enten dre 'sa réponse , si un de ces Jésuites
estimables, qu'elle l'oya il à la Cour , lui cùt dit en rc nvel'sant sa pl'oposition: Madame la duches!\e, toutes tes
dames composant la cou l' du roi SOllt des fcmmes perdues ;
mais chacune, j ugée en parti cu lier , est lort rcspectable.
Nous avons cité Madame la duchesse d'Odéa ns , la gra-
�-
-
CVI-
CVII -
infect et, pestilentiel. Aussi, la distinction
, dans ~-es États', il se montrai t aussi
pag Jl1e
conGant que le roi Voltaire, abritant en
sophistique du corps et des membres n'eut
son château de Ferney un de ces ab omina-
aucun succès, sinon de ridicul e, auprès des
bles J ésuites, en qualité de chapelain ,
un m ême cœur, puisse constituel' un corps
gens sensés, En France, les honn êtes gelJs, le
Devons-nous ajouter encore un m ot sur ces
clergé , l'épiscopat , la Cour elle-m ême r e-
jugements célèbres de nos parlements? Oui,
cueillai ent les m embres de la Compagnie,
car ce mot leur fail honneur. Si la majorité
Frédéric II , le plus illustre des prussiens,
nous condamna, ce fut partout à la pluralité
rian t du poiso n dont les phil osoph es ses am is
d'un petit nombre de voix: de deux ou trois
le menaça ient , appelait le cor ps de la Com-
en plusieurs villes, comme Aix, Rennes,
Toulouse, Rouen, etc. , où cependan t l es
cieuse mère du Régent No t,'e siècle en a fait une sorte d
S ' S'
e
amt- I~non féminin ; et cette seconde Sévigné a) grâce à son
styl e ép,cé, plus de. lecteurs que la premiè,'e ; son g"os sel,
so~ pOII're à fend,'e la bouche , pl aît il nos hi storiens en
quete de malprojl,'etés, Très-volontiers on la rait ve ni,'
ave~ Saint-Si mo n, pour déposer cont,'e les Jésuites; mais o~
a so ,~ de ne pomt leur faire jUl'er de di,'e la vérité, toute la
vér,te ct "!Cn que la vérité; le serm ent ne les ob ligerait pas.
Ve ul~n avoir une idée du sty le hardi de Madame? QU'ail
~uvre 1 éd,tlOn de ses œ unes, donnée pa,' M. G. Brun et, et
I on \'erra " s, on a le courage d'a il e,' jusque-là , des lettres
entières ou ~lI e ré pèle il satiété, des ma ls semblables à
celUI dont Victor Hu 1:)œo Il ' a sa1"J qu ull e fO .IS ses oun'3t'1'es
et encore sous prétexte de ,'endre plu s énerœi'lue ° la
,'éponse de Cambroll ne, il Wa lel'ioo,
0
•
Comptes-rendus furent si violents ) si passion-
nés, si pleins de falsiG cati ons et d'artifice!
Oui, nous le dirons à la gloire de la magistrature française, il se trouva dans nos parlements plus de trois cents juges que, ni l' impiété du siècle , ni la pression d' ull public
fanati sé par les passions du jour , ni les
fureurs de la presse, ni les entralnements de
l'esprit de corps, ni les flatteries , ni les me-
�-
CV III
CI X -
-
na ces ne purent forcer à nOliS d éclan~ r coupa-
dans les form es a pour lui l'axiome des juri sconsultes: La chose jugée doit e'tre tenue p our
bles. Plusieurs même uous défendi rent coura geusement , au ri squ e de se perdre sa ns
nous sauv er; et cela sans être de nos am is
.
.
maIs ulllquement par amOtIr de la
'
justi c~
qu'il s avaient juré de rend re à tous et
toujOUI'S.
Nous avous cru devo ir signaler ce fait si
honorabl e pour notre anc Ienn e ma gistrature
et si peu remarqué, da lls tIU siècle olt les applaud
, . issements de la foul e et (1e 1a presse
etaI ent uniquem ent réservés aux turpitudes
de l'époque .
'
U ne derni ère objecti on nous res te à ré~oudre ; ell e est surtout de ce siècle' on nous
d'It : Soil, vous avez été jugés pa r des' hommes
passionn
';s
' ou ma 1 Inform
' "
,
~ . trom pes
es, et vous
etes venus à mauva ise heure; ma is en(jn vous
avez été co ndamnés· par les premie rs tribunaux du rovaum
e , e t tout Ju
. ge ment rendu
J
vrate .
Sans énumérer toutes les circo nstances et
tonSles cas ou l'ap hor isme de pa lais ue peut
être àppliqué sa ns injusti ce, nou S nous bornerons à repousse r so n app lication aux jugements de 1762. Et d 'abord nouS nierous le
jugement lui-même: il n'y a pas eu ùe juge-
ment proprement dit , mais simplement accusation et condamnation. En effet, qu'a-t-on
vu dans ce procès, un des plus célèbres d e
l'histoire? Un fait incro yable : d es accusés
non cités, non interrogés, non ente ndus, non
con rron tés , non défendus; toute loi , naturelle ou écrite, ouvertement violée; les coutum es immémoriales, les form es de procédure méprisées. E t , de ce fait incroyable
et trop peu remarqué, nous produiso ns aujourd' hui une preuve palpable. Sans doute le
rait de la prévarication avait été signalé ,
�-
-
ex-
constaté, llétl'i par le dix-huitieme siecle luimême; mais les détails, mais les pièces nous
manquaient; mais l'histOJ'ique des faits restait dans l'ombre que le parlement ava'it
épaissie et pour cause,
Maintenant,, nous l'es pél"Ou s ,
lesemozres
M' ,
du Président d'ÉguiLLes vont jeter assez de
lumière sur les juges et les jugements de
1762, pOUl' enlever aux amis des parlements
la suprême consolation de répéter le dura [Px ,
ex[-
de violence et d' injustice, Oui, pour fail'e
pàlir les excès de ces tribunaux, il faut allendre ceux de la Révolution, On vit alors dans
les prisons de la Convention, devenues les
salles d'attente du dernier jour et le vestibule
de la guillotine, on vit alors d e ces anciens
membres des parlements appelés eux aussi
des ci-devant, se frapp er la poitrine et reconnaître la main de Dieu laissant tomber le
fatal coutea u sur la t ête, maintenant blanchie, de ces jeunes séuateurs qui avaient pros-
sed Lex : vous
avez été J'u"és
1
,
0
, et votre conGamnation n'a jamais été cassée et révoquée,
crit les J ésuites; et leur faire expi er, en t 793,
A ces légistes quand même, nous recomma,ndons la lecture des Mémoires duPrés,:dent
les iniquités de 1763,
Nous le savons, les libres-penseurs du dix-
d'EguiLles, et nous les prions de nous dire
neuvième siècle ne veulent pas voir, dans la
,
'
apres avol1' examiné le long récit de tant de
révolution de 93,
prévarications et d'illégalite's , s'1 nOlis avons
été jugés, et si la chose jugée est l'expression
des crimes du dix-huitieme siècle; ils ne veu-
de la vérité? Oui, après ce t exa men, on se
demandera si J'aillais le"~ trl' bunaux
. l'rancals
,
ont agi avec plus de parti pris, de pa ssi~n ,
' pour eux, les terribles expiati cns de cette
'
Uf)
châtiment des foli es et
lent pas y reconnaître la main de Dieu; et,
époque sont de simples conv ul sions, in séparables de l'enfantement de la liberté! De tels
•
�-
-
eX il -
eX il! -
entêtements dans le faux n'admettent a UCune
combien de foi s n'a-t-on pas reproché aux
discussiou: commen t faire voir la main de
Jésuites, et leur confiance aveugle en la bonté
Dieu , sa providence , à cenx qni nient
SO I1
de leur ca use, et leur ' excessive réser ve à
ex istence elle-même? CO lllment faire lirt!
parler, avant leur procès, quand déjà l'o r<l ge
dans l'histoire, celle du go uvern ement tem-
annon çait la tel11p ~ le Oll il s devaient so m-
porel de la Providence, à des aveugles volon-
brer ; et leurs justifica tion s posthum es, ve nant
taires et nolentes inteUigere?
jeter tardi vement des fleurs sur un tombeau
Mais rev enons aux Jl!fémoires da President
gardé à vue par leurs enn em is!
d'Éguilles. Dans la notice en tète de ces Mé-
Le reproche fait aux J és uites, de n'avoir
moires nous expliquons co mment et pourquoi
pas Sll se défendre, de n'avoir pas essayé
ils paraissent arres un siècle enti er , po nr
d'écla irer à temps l'opinion publique, es t-il
faire réviser les iniques juge ments de 1762 .II
d'ailleurs bien fondé? On en peut douter, si
suffira de rappeler ici , qu e, lors de notre
l'on se rappelle que les accus<ltions) vieilles
proces, si les accusa teurs et les ennemis des
comme la Compagnie elle- même, et cent
J és uites avaient tou te liberté de parl er et d'é-
fois victori eusemen t réfutées, n 'ava ient rien
crire, les accusés n'ava ient pas le droit de se
de nouveau, si ce n'est un notable deg ré d'a-
défendre; et chaque foi s que leurs am is vou-
charn ement excité par .l'espoir du succes.
lurent use r de ce d ro it imprescriptible, ils
Sans doute, il n'est jamais iuutil e de rétablir
provoquerent de nouv elles rigue nrs co ntre la
la véri té, et les J és nites pouvaient la défen-
Compagnie, tout en s'exposa nt eux-m êmes
dre en se défendant: leur faute peut se
à de graves condam nation s. E t cependant
réduire à un exces de prudence e t de co nH.
•
h
�-
-
CXIV -
cxv -
pour leur justification , que du soin d'em-
Gance; elle pouvait, elle devait être évitée;
If
mais il faut bien le dire aussi, nos apologies
" pêcher qu'on écrivît. Le Révérend Pere
n'auraient probabletnent pas retardé notre
" Provincial porta m ême son attention trop
chute, d' une heure.
" scrupuleuse, jusqu'à défendre,
en vertlt
de
Du reste, on le sait, dans le sein même de
If
la sainte obéissance, de ri en publi er là-
la Compagnie, les opinions étaient divisées sur
fi
dessus; et sa loi fut une sorte de charme
l'opportunité d 'un combat de plume. Les uns
If
qui suspendit plus d'un e plume bien taillée .
y voyaient une chance de salut; les autres
If
-Nous n'examiuerons pas ici , hlquelle des
jugeant les raisons inutiles, devant un parti
If
deux. fut plus aveztgle, d e la défense on de
pris, craignaient, en se défendant , d 'irriter
ff
l'obéissance. ,)
sans profit, et d'aggraver la situation. Ce der-
LeP. Balbani, dont l'obéissance n'avait pas
nier avis, peut·être d'une excessive prudence ,
été complétement aveugle, s'empressa, à peine
était celui des supérieurs, il l'emporta natu-
seclliarisé, de publ ier son Appel Ct la raison,
rellement , comme le raconte M. Crétineau-
imprimé, et pour cause, à cent lieues de la
Joly, ci tant l'Appel àlaraison, du P. Balbani:
Bastille, et à deux cent cinquante, comme il
«
Tandis que les J ésuites étaient accablés de
le dit lui-même, du galetas breton, oh la
ff
libelles et poursuivis par des arrêts, les
liberté de la presse le força it à se cacher.
«
supérieurs des troi s maisons ( de Paris ) ,
Si les J ésuites, par un excès de prudence,
" trop confiallts dans leur innocence, peut-
jugèrent à propos de se taire, il n 'en fut pas
" être aussi dans les paroles qn'on leur dOll-
cie même de leurs amis: plusi eurs se mirent
" nait, s'occupa ient moins du soin d'écrire
à l'œuvre, et, malgré la précipitation de leurs
�-
eXYI
-
-
réfutations des Comptes- rendus , il s réussirent à souhait au gré d es h onn êtes gens, m ais
bea ucoup trQP au seotiment d es per sécuteurs, Et de fa it, la magistrature, furi euse
de vo ir ril'e à ses d épens, rendit arrê ts sur
r
b esogne a' l"execu t eur
arrêts, et d onn a force
des h,)utes- œuvres, chargé de brûler tous ces
écrits, où
1'0 0
me ttait le parlem ent en contra-
di cti on avec lui-m ême; où l'on r eleva it les
e XV II -
L'abbé Dazès fut plus h eu reu x ou pl us
adroit , il se fit imprimer à A nvers, et ses
deux volumes intitulés Compte-I'endlt des
Comptes-rendus eurent tout le succès q ue peut
espérer ,
e l)
France,
Ul)
homme d e bon se ns
jetaot à plein es m a in s le r idicul e et l'odi eux
sur uo pouvoir q ui se fa isa it h ypocrite et persécuteur, Malgré la vigil auce d e la magistrature bl essée au vif , les di x m ill e exem-
fausse tés co ntenu es dans les Comptes-rendus
et les arrèts ; où l'ou reudai t ridi cules, des
juges se ta isaut théologieos, ca nonistes et préd ica teurs du plus prufa it , à la faço n des janséoistes ,
Mal en prit aux éc ri va in s qui laissereot
dev ioel' leurs noms: ils euren t tout juste le
tem ps d e se sa uve r en pays étrangel-, co mme
lit l'abbé de Caveirac condamn é ait carcan
pour avoi r fai t r ire au x d épens d e Nosseigneurs du parl em ent (1),
(i ) Le 12 ja nvier 1763 , d'Alembert écr ivait à VolLaire :
•
•
•
•
•
t:
•
•
•
•
•
•
•
•
1
Le châLelet vient de décréter Caveirac de p)'ise de corps,
pour avoir fait (ou sup posé avoir fait) l'Appel li la raison,
ell fav eur des Jésuites . Tous ces fa nat iques en appellent
de part et d'autre à la r aison ; ma is la raison fait pour
eux comme la mort : la cruelle qu'elle est se bouche tes '
oreilles et les laisse crier .
• On dit que F,'ère Griffet pOUl'rait bien se trouver im pliqué dans l'alfai )'e de Caveirac, qui très-sagement a pri s
la fuite. Notez que ledit Cave,,'ac est l'auteur de l' Apologie de la Saint-Barthélemy, POU)' laquell e on Jl e lui a
pas dit plus haut que son nom ; mais on l'eut le penctre pour l'Apologie des Jésuites. Au sUl'plus, pourvu qu'il
soit pendu , n'impor te le pourquoi. Le lJa l'lement vient
de fa i)'e pend)'e un prêtre POU)' quelques mauvai s propos; cela affri ande ces A1essieurs, et l'appétit leul' ,'ip.nt
en mangeant. •
�-
CXVlll
-
-
CXIX -
plaires de la première édition coururent touLe
parlement de Provence, et le Sieur Ripert
la France et l'Europe. La seconde édition,
de Monclar y est particuli èrem ent maltraité.
soi-disant imprimée à Arles, eut le même
Sa grammaire, son style , sa logique , son
succès. De nos jours encore, cette mordanLe
éloquence et malheureusement sa bonne foi
réplique aux CompteS-I'endltS a le charme
y sont cruellement malmenés.
de la nouveauLé : le vrai ne vieillit pas.
Maître Ripert chargea le parlement de
Gràce à ce fond solide du vrai , le travail de
Paris de répondre pour lui et d'ordonn er ,
l'abbé Dazès, nécessairement fait à la hàLe,
par arrêt , qu'on ellt à cesser de rire à ses
réfute cependant, sinon touLes , du moins les
(lépens. Nossei gneurs de Paris ne se firent
attaques capitales des Comptes-rendus, au
pas prier: l'odieux les trouyait impassibles ,
mais le rire les agaçait , et la crainte du ridi-
Peu de jours après , Voltaire répondit à son compère
d'Al embert :
• POUl' J'autre pl'ôtl'e qu'on a pendu pOUl' .voir parlé ,
• il me sembl e qu'il a J'honn eur cl 'être unique en son
• genre ; c'est , je crois, le premier depuis la fondation de
• la monarchie, qu 'on se so it avisé d'étrangler pOUl' avoir
• dit son mot ; ma is aussi on prétend qu'à souper chez
• les Mathurins , il s'était 1111 peu lüché SUi' l' abbé Chauve·
1 lin ; cela l'end le cas grave ; et il est hon que ces tl/es1 sieurs apprenn ent au x gens à parler.
• Depuis quelques temps les folies de Pari s ne SOllt pas
• trop gaies; il n'y a qu e l'opéra co mique qui soutienlle
• J'honneur de la nation . •
On voit co mment nos deux libérau x parlaient entre eux
de la 1i bClté.
cule les exaspérait; au ssi voyons-nous par
l'arrêt rendu le 24 févri er 1764 et portant
condamnation du maudit ouvrage, et de trois
auLres publications ejusdem. f arùu.e, cOlllbien
la justice était émue. Le sieur Omer Jol y
de Fleury ( le Monclar de P aris ) porta la
parole devant toutes les Chmnbres assem blées . Il est impossible d'entendre un magistrat plus iudigné : son réquisi Loire est un
chef...d'œuvre de fureur contenue sous des
�-
ex XI
cxx
phrases solenn ell ement académiques, Voici
le début, sur l'a bbé Dazès :
«
L'auteur , dit
U ne foi s lancé dan s le style véhément,
' L'e JolvJ
\11 a1 1
VD
tou)'onl's c/'escendo durant
«
maître Joly , commence dès la préface, à
près de vingt pages in-quo/'to et Gnit par
c,
prendre le ton le plus iusultant et le plus
reclamer , comme il convena it , une nouvelle
«
audacieux: que j ama i ~ éc rivain pui sse se
brÎllu.I'C pour le li vre, ne pouvant sa i ~ ir l 'a u-
c'
permettre, Il s'y fait gloire de provoquer
teur, Nous aurions volontiers donn é en en-
«
contre lui le glaive de la justice , de la
tier ce spécimen de style emporté, c'est du
«
sollici ter m ême pour qu'ell e frappe de la
Démosthène de trois ou quatri ème choix,
«
flétrissure la plus infamante l'ouvrage qu'il
Malheureusemen t ces longues pa ges, grand
«
produit; le mépris public de l'au torité
form at, deman deraien t trop de place: nous
«
conduit bientôt à la révolte, et cet écrit
" en porte tous les caractères ( 1), »
( 1) Voici la première page du li l're dénoncé pal' maÎlre
Joly de Fleul'Y. Si l'auteu r avait eu l'in tention de mettre
en mouvement la bile de MM , les Procure ul's, il a pu yoir
SO li succès dépasser ses espérances; il débute ain si :
• L'imprimeur chaJ'gé de la premièl'e édition de cet
ouvrage en avait tir6 di x mill e exemplail'es) el, p OUl' les
débiter promptement , il avait ad ressé en fOl'me de supplique une épill'e dédicatoire à MM, du parl ement de Provence. Il leul' di sait du ton le plus sél'ieux et le plus touchan t: Br"Ûle;.·moi, Messeigneurs, bnîle:-moi et ma fortune
esl (aile . La fortune a plus fa it pour lu i qu' il n'osait espérer . Le parl ement de Paris a d aigné fai l'e brùl er l'ouvrage
au pied du grand escalier , et tout de suite les exemplaires
de la pl'cmière édition ont été enlevés, L'imprim eur se
réjouit et se réjouira toute sa vie de cette heureuse brùlure. L'auteul' n'en a sans doute pas pleuré, il devai t s' y
attendre , il a pu Cil être natté, Si son ouvrage n'eût point
l'empli son objet, s' il n'eût été que médiocre on n'yeùt
pas fait d'attention. C'est pal'ce qu e le parle ment l'a ju gé
Irès-solide et très-co nvainquant q u' il y a ré pondu à sa
manière , c'est-à·dil'e en le faisa nt brùl er, Celle mallièrc
de répond re, si aisée et de re nue si fort à la mode depuis
quelques années , ne prouve que l' autorité du parl ement ,
el l'abus qu'il en fa it. Le public sa it apprécier des condamnations éman ées de magisl l'a ts qui son t en même
lemps juges el parties. On leUl' disput e la compétence, on
leur met sous les yeux l'irrégul arité ete leurs démarches,
�CXX IJ
CXX lll
regrettons de ne pouvoir les transcrire ici , car
Nous croyons inutile de poursuivre l'exa-
elles contiennent des choses curieuses, mais
men des publications pour et contre la con-
la plus remarquable de toutes est celle-ci,
dalnnation des J ésuites; dans toutes, le fond
assez éloignée du genre de Démosthène,
est le même; les arguments et les conclu-
c'est que l'orateur est si Jaché, si furienx ,
si pressé de brûler sa partie, qu'il oublie de la
sions semblables,
Mais si nouS devons, par a mour de la
réfuter, comme aussi de prouver une seule
brièveté, laisser de côté, sa ns même les indi-
de ses propres assertions: oubli râcheux, car
quer, tant de publications qu'on s'arrach ait
déclamer n'est pas absolument synon yme
il y a cent ans, nous ne pouvons omettre
de prouver , sinon quand on parle ou qu'on
de signaler à la reconnaissance de la Compa-
écrit contre la Compagnie et ses amis,
gnie et des ca tholiques, troi s monuments qu i
on l'a it voir la nullité et la fau sseté ries motHs qu' il s ont
eu la maladresse de l'apporter pour colorer leu rs al'l'êts,
et ils cond am nent au (e u les oUl'l'ages où to ut cela est
démontré, n es cond amnations de celle sorte ne signifient
rien , et, com me l'a dit dau s sa lettre pastora le un des plus
gra nd s prélats du Royaume (MgT l'évêq ue de Langres),
l'opprobre que les magistrats prétendent y allacher esl bien
peu de chose aux yeux même des hommes . On voudrait d'autres preuves de leurs droits et ri e l'équ ité de leurs juge·
ments . Inu tilemeut en cher'che·t·on dans les réquisitoires
qui précèdent leu,'s arrêts, On y trouve des sop hismes,
des con lJ'ad ictions , des répétitio ns des mêmes principes
et des mêmes faits, mille foi s démontrés l'aux , beaucoup
de déclamations, de grands mots, et rien de plus . , cie.
survivront à jamai s dans l 'histoire d e l'É glise :
nous voulons parler des Ac tes de l'épiscopat
français, de la lettre de Mgr de Beaumont,
archevêque de Paris, et de la bulle du souverain pontife Clément XIII. Ces trois justilications de la Compagnie effacent toutes les
autres; ell es sont la réponse péremptoire à
toutes les aLLaques, une réfu tation complète
de tous les pamphlets, et la cassa tion de tous
les arrèts des parlemen ts,
�_
-
cxxv -
CXX IV -
Aiusi les parlements, d'accord avec les
pamphlétaires de toutes les couleurs, déclarai ent notre Institu t et nos vœux impies ; uotre
doctrine immorale, uotre enseignement dangereux,
et notre ex istence un péril • Ma'
,
( IS
l'Eglise de France, approuvée par le SaintSiége, louait notre Ill stitllt , nos vœux, nos
œuvres et nos travaux , et, en m ême temps
condamnait nos accusateurs et nos juges.
Rom e ava it parlé comm e l'épi scopat frança is; notre cause était gag née , aux yeux des
catholiques, en dépit de tous les arrêts de
suppression et de banni ssement.
Notre but n'aya nt pas été de refaire, ici
l'histoire de notre suppression en France ,
ni m ême d'en indiquer le9 m enus détails ,
nous renvoyons aux nombreux ouvrages oll
elle se troUl'e amplt m ent racon tée. M. Crétin ea u-Jolye n a publi é un récit très-abrégé
et néa nmoins assez compl et , assez intéressa nt, pour donn er un e idée vraie des causes
et des effets de notre suppression en France.
(Voy . tom.
v, '''.p.
VI , 3' Edit.)
Cet auteur es t favora-
ble à la Compaghie, so i t ! Nous eu convenons; mai s son récit , appuyé sur d' inco ntestables docum ents hi storiques, n'a jamais
été sérieusement r éfuté} ni m ême attaqué
par des adversaires qui se res pecten t.
Si nouS pouvons laissel' de cô té te long
récit des faits, nous devons cepe ndan t tes
apprécier sommairement , et signaler à l'admiration de toutes les. àm es loyales, de tous
les hommes de cœur, l'immor tel dévouemen t
et le courage de nos défense urs.
Dans l'impossibilité de signaler et de louer
tous ces dévouem en ts, nous rappellerons au
moins celui de l'épiscopat français et parti culierement celui de so n plus illustre représenlantl'archev êqu e de Paris. Un jou r nous raconterons - nous en avons le désir etl'espérance - les luttes héroïq ues de Christophe
de Beaumont , que ses contempora in s, pré-
�-
-
CXXV I -
cxxvlr -
venant la posté,-ité, ont surnomm é l'Athanase
le vœu et les représentation s de l'épi sco pat.
frança is_ Mais avant tout parlons des protes-
Le 9 mai 1762, Mgr A n toi ne de la Roche-
tations du clergé, représenté par ses m embres
- Aymon, archevêque de Narbonne, gralldau-
les plus éminents, dans lesassemblées de 1761
et 1762_
mônier de France, et tran sféré celte m ême
année au siége de Reims, et dès lors, premi er
On avait accusé la Compagnie, et répété à
pair du royaume, fut admis à l 'audience de
qu'elle entravait et
Leurs Majestés, le roi et la reill e, à la tête des
mécontentait l'épiscopat)). Louis XV le Con-
députés du clergé . Portant la parole au nom
~ulte sur ce rait et sur la question de savoir
de l'Église de France il affirma très- énergi-
s'il convenait de conserver la Compagnie en
quement et son dévouement au roi et la né-
France.
cessité, pour Sa Majesté, comme pour les évê-
satiété sur tous les tons:
«
L es évêques réunis à Paris en 176\ répon-
ques, de résister sans peur et sa ns faibl esse
dent d'une voix unanime (moin s celle du jan-
aux attaques de l'impiété , aux en trepri ses des
séniste Fitz-James): Votre Majesté es t priée
parlements. Mathellr à nous, di sa it le prélat,
de conserver et protége.- la Compagnie de
.l'i nous dissimulions des ent,'epl'ises aussi rlité-
Jésus, utile au bien de ses suj ets et de l'É-
rées, qn'elles ont été inconnues jusqn'à lias
glise.
Jours.
•
L 'année suivante, et dans le but d'arrèter
Bientôt une seconde démarche clu clergé
le parlement, nouvell e protestation, pIns so-
venait cOllürmer la première : une leLLre
lennelle et plus vigo ureuse, adressée au roi.
adressée au roi, en fa ve ur cie la Compagnie,
U ne députation du clergé portait à "Versailles
était signée par tous les m embres de l'assem-
�-
CXXV III -
-
CXX IX -
blée: celle le Ure, et de nou velles r éclamatious
conserva ti on de~ J ésuites, nons avons l' hon-
co ntre les actes du parl ement , rédigées en
neur de prése nter à 'Votre Ma jes té le vœu
fOnll e de r enJOntran ces, furent po n ées à
unanim e de toutes les provinces ecclésias ti-
Versai lles. Mgr de La Roche- Ay mon lut à
ques de son royaum e. E lles ne peuv eut envi-
Louis XV la lellre du clergé, et certaiuemeut
sage r sa ns alarmes la destru ction d ' un e so-
il fallait du courage pour s'exprimer avec une
ci~té de r eli gieux.
telle énergi e, deva nt un prince qui craiguait
grité de leurs mœurs, l'austérité d e le ~r
tant de choses, plus qu e Dieu et sa propre
'ùi scipline, l'étendue d e leur trava il et d e leurs
conscience.
lumières, et par les serv ices sa ns nombre
Celte
co nscience ava it parl é
comme La Roche-Ay mon ; mais Louis, un e
recommandables par l'inté-
qu'il s ont rendus à l'Église et à l'État.
foi s de plus, n'osa se m on trer roi, et la pro-
(( Cette Société, Sire, d epui s la premièl'e
testation de nos évêques d em eura sa ns effet :
époque de son établisse ment , n 'a cessé d 'é-
ce fut toutefoi s une belle épitaphe pour le
prouver des con tradictions: les enn emi s de la
tombeau qu e les parlem ents nous creusa ient
foi l'ont toujours perséc utée , et , dan s le sein
sous les yeux de Louis XV.
même de l'Égli se, ell e a trouv é d es adv er-
Pour être restée sans effet , la protes tati on
saires, aussi da nge reux. r ivaux. de ses s uccès et
du cl ergé n'en es t pas moins un monum eut
(le ses talents, qu'attentifs à proliter de ses
pour la Compagnie; et nous espé rons qu'oll
fautes les plus légè res . ..
ne s'apercevra pas trop de la longueur du
fra gmeut que
1I0US
allons tran scrire ici :
(( Sire, ell vous demandant aujourd' hui la
" Et qui aura it pu prédire l'o rage affre ux:
qui les menaça it (les J ésuites) ? L eurs Co nstituti ons déférées au parleme nt de Paris so nt
II.
�-
cxxx -
-
CXXX I -
un signal qui es t bientôt sui vi pal' les autres
ce tt e doctrine et ces COll stituti ons so nt au ssi
parl ements; et dans
délai si co urt , qu'à
condamn abl es qu 'on le suppose, comment
peine aurai l-il été suffisa nt pou r l' i nstructi on
se peut-il faire qu'aucun J és uite de vo tre
d' un procès pa rti culi er .... sa ilS entendre les
roya ume ne soit coupable des excès qu'o n lwé-
J ésuites, sa ns adm ettre leurs pl aintes et leurs
tend qu'clles autorise nt ? Q uelle étra nge con-
requêtes, leurs Co nstitutions so nt déclarées
tradiction que de proposer comme des suj ets
""fol ples, sacril éges, a ttenta toires à la majesté
·(idèles et vertu eux , les membres d 'un e société
di vi ne, et à l'au torité des de ux pui ssa nces;
qu 'on assure être vouée, par serm ent , à toute
et , sous le prétex te de qualifica ti ons aussi
sorte d'horreurs, et de supposer q ue des mil-
odieuses q u'imag inaires, leurs colléges sont
liers d'hommes puissent êtl'e a ttach és à des
fermés, leurs nov iciats détruits, le urs bi ens
priucipes qui révolten t la na ture et la reli gion,
sa isis, leurs vœux ann u lés ...
sans qu'aucun e de leurs acti ous se ressente de
Uil
(( Nous chercho ns en va in les ca uses qUI
la source empoi sonnée qui doi t les cor rom pre !
ont pu armer la sévér ité des lois : on ne re-
{( Nous ne vous répéterou s point , Sire, tout
proche aux J ésuites ancun crim e; un magis-
ce que les évêques assemblés par vos ordres,
tra l, célèbre dans cette afla ire, co nvient même
au mois de décembre derni er, on t eu l' hon-
qu'il s ne peuven t être accusés du fa na ti sme
neur d'exposer à Votre Majes té au suj et des
qu' ri a ttribue à l'ordre entier ; et pour avoir
Constitutions des J ésuites. Ap res les éloges
un prétexte de les co ndamner, on est obligé
qu 'en ont faits le co ncil e de Tren te, l'As-
de renouve ler d'anc ien nes ilnputa ti ons con tre
se mhlée de 1574, et plusieu rs Papes qui on t
leu r doctrin e et leurs Co nstitutions. Mais si
illustré la chaire de sa int P ierre pa r l'écla t
�-
CXXX I( -
de leurs lumi ères et J e leurs vertus, COI11l1Ient 3-t-on pu oser les traiter d 'impies et de
' ..
? ..
sacn'1 eges
-
CXXX IJJ
. '
(1e'pu tés , C0\l111osant l'Assemblée
swsl1ques,
du clergé de Fra nce. " (Voy . Proces-verh des o",mblies gin .
du cltrgé de Fratl Ce, t. ,,/JI .)
'( Ainsi, tout vous parl e, Sire, eu fav eur
Nous l'a'vons dit, M gr d e La Roch e-Aymo n
des J és uites. La religion vous recommande
avait exp rim é les se nt;m enls d e la co nscience
ses défense urs, l'Église ses mini stres, les
royale et touj ours catholiqu e d e L oui s XV;
àmes chréti ennes les dépositaires du secret
l'impression avait été viv e. Ma is bi en tùt cette
d e leur conscience, uu gra nd nombre de vos
conscience s'endorm a it de nou veau, magné-
suj ets les maîtres respectab les qui les out
tisée par la PompadoUl'. Déjà ce tte courli-
élevés, toute la jeun esse de votre royaume,
sa ne, complice des parlem enls, ava it profilé
ceux qui doivent former leur esprit et leur
du sommei l d e so n roya l esclave pour rem-
cccur. Ne vous refu sez pas, Sire, à tant de
placer son sceptre par une quenoui ll e; et ce
vœux réunis; ne so ufli'ez donc p~ s que, dans
n'était pas avec ce nouv el insigne d e la
votre royaume, coutre les règles de la jus-
royauté que Lou is XV pouvait arrêler les
tice, contre celles de l'Égli se, con tre le droit
usurpati ous de ses parle ments,
civi l , une Société enti ère soit détruite s~ u s
Puis, à ce tte époque, la France éta it don-
l'avo ir méri té. L'in térê t J e votre a utorité
blement humili ée; à l'inlérieur par les scan-
même l'exige; et nous fai sons profession
dal es, à J'extérieur par les rev e rs: il fallait
d'être aussi jaloux de ses droits que des
la di straire pour l'empêch er de sen lir sa
uùtres.
hon te: on lui donn a la tra gi-co m édi e d es
« Les a rchevêques, évêq ues et autres eccl é-
�-
CXXX IV
-
-
cxxxv -
J ésuites. Les ac teurs s'acquitter ent en per-
des pensées encore plus cyniques ; on peut
fection de leurs rôles: le sucees de la pi èce,
d'ailleurs juger du r este par ce mince éch an-
jouée au bénéGce dn parlement , fut compl et.
D 'Alembert , le feuill etoniste d 'alors, ap-
tillon .
Les démarches, les protestati ons du cler gé
plaudit sans vergogne les turpitudes de ses
et de l'episcopat ne purent sauver la Com-
amis, et, dans son compte-rendu, il écrivait
pagnie : ses ennemi s avaient usurpé l'auto-
avec l'épanouissement le mi eux senti et son
rité du roi et juré de nous perdre : ils tin-
habituelle effronteri e : Quant Ct
mal-
rent parole: le 6 aoùt 1762 ' notre arrêt de
! W US
mort , minuté depuis un an , était prononcé.
n OIlS,
heureuse et drôle de nation , les A nglais
font j ouer /0 tragédie an dehors, et les Jésuites
Louis X V en fut p piné , m ais il se tut ( I).
la comédie O lt d('dalls . L'èv(t('/l ation du cofLé"e
b
- - - -- - -- --- - --_._ - -
de Clermont
n OliS
occl/p e braucollp plus que
crlle de la M artinique. Par ma foi, ceci Nt
très-sérieux, et les
CLASSES
dit p arlement 11.:1'
110"t p as de main-morte: Ils croient servir la
religion , mais ils servent la raison sans
S' fil
donter; ce SOllt des e. cécnteurs de la hante j u.\'tice p our la philo.<Ophie , dont ils prennent les
ordres sans le savoir. Nous pourrions conti-
nuer nos citations ) m ais il faudrait aborder
(1) • Lol's de l'ex pul sion ri es Jésu iles , le P. F I'r)' de Ne u·
ville présenta requ êle au parl emelll pOUl' , Hl SO Il gra nd
âge oblellir pel'mi ssio ll de l'eslel' en Fl'ance ; il ùlai t li é Cil
16U3, Le pa rlemenl rcjela sa requêle, Louis XV , en élanl
instl'u il , dil a u duc d'A)'en : J' a i a ppl'is q ue le parl emenl
a l'ejelé la l'equêle du P. de Neuv ill e, i'u, suis (dclté . Le
duc r"pond il: Si l'e, vo us en Î'les fà ché el \' ous êtes Hoi 1
Le Roi l'eparlil : Veux·tu que j e me (asse égoroer une seconde
{ois? Va lui dil'e q ue je lui don ne mill e éc us pOll l' son
voyage, Le d uc d'A)'en par til aussilôl el exécuta sa commission. ,
• Je liens ce fa it, nous dil un de II OS a !:cien, Pères, de la
bouche même du P. de Neuvi ll e , alol's à Vitré, où il élail
com'enu qu'il viendrait finir ties joul's. t
Ce l'ail, ellanl d'a ull'es bea ucou p plusgraves, nous mon· '
J
�-
-
CXXXV ( -
CXX XVIf -
Les courageux mandeme nts, les lettres
valut à son auteur l'exil et la persécution, Sa
pastorales de nos évêqlles , se tran sform èrenl
leure; chcl~d'ceuvre de raison , ~va it mis le
en oraisons funèbres ; la plus célèbre de
parlement eu fureur et cela se comprend;
toutes, celle de Mgr Christophe de Beaumont
jarnais de plus importantes vérités n'avaient
trent le malheureux prin ce, arerti , éclairé pal' sa consciell ce, mais cédant toujoul's à la peul' , ce selltimelJt si
peu l'oya t.
Et de quoi donc' arai l·il peul' , Louis·le·bien·aime? Mais,
un peu de tout , même rit l'en!eI'! comme osent biell le lu i
reprocher les immolldes écrirâi n:; de l'épuque ( Voy . Ba rbier,
VliI -30 1). Mais ce qui le Ilwll ai t au-d essus de cette salutaire
frayeur , c'élail la peul' de ses pail's en immoralité les
Bichelie;, et autres cOl'I'upteul's de la mOl'ale publi~II C ;
c'était la peul' des phil osoph es , mais surtout cell e des
pulemcnts et de leUl' odieuse protectri ce, la Pompadour,
Quand cette femme reçut la visil e du bea u-père de son
l'oi , et l'oi lu i-mc'me. renant pal' un acte d'héroïqu e IlUmilité lui recommand el' la cause des Jés uites, elle prit
des ai rs de l'eille , et lui répondit : Sa Majesté a , dan s ce
moment , tl'O p besoin de ses parl ements pOUl' les mécontenter au sujet des Jésui!es. ( Voy . Mem dit Pres. d'ÉQUilles,
se plaindl'e de la négligence des magistrats à exécuter les
prescription s de l'éd i.t , et, tout aussitôt , sc co ntenter des
mauvaises ex.cuses all éguées par le pl'(~ mi el' Pré:.,id ent.
• Aussi le parl ement , dit Barbi er (sous la date du 28
« mars 1762) , a-t il été content, . cc 'lu i fait pc'nsel' à bien
• des gens que le roi ahandonne les Jésuites , que cela
• est de concert , et qu'il n'a enl'oyé cet édit , assez mal
« COIIÇU, que l'OUI' se rendre aux impol,tulIMs de la fa« mille royale. •
Il fallait cependant que la comédie eût un dénouement :
Louis XV , co mme on devait s'l'attendre, céùa SUI' toute
la ligne , el malgré sa con science ; mai s avant de ratifi er ,
par sa signature, les arrêts des parlements ~ il écrivait ,
Cil manière de protestation , à son mini stre Choiseul :
, Je n'aime poilltcol'dial emellt lcs Jésuites; mai s toutes
• les hérésies les ont toujours détestés, ce qui est leUl'
« triomphe. Je n'en dis pas plus. l'OUI' la pai x ùe mon
• royaume, si je les l'envoie con ll'c mon gré, du moin s
• je ne vcux pas qu 'on croie que j'adhère à tout ce que
• les parlements Ollt dit et fait contl'e eux ,
, Je persiste dans Illon sentim ent , qu'cil les chassant ,
• il faudrait cassel' tout cc que le parl emellt a fait contre
1 eux .
• EII me l'endallt il l'avis des autres, pour la tranquil -
pag,297.)
D'un côté, cette crainte de mécontrnter les p:nl cmell ts,
et de l'autre, le désir de ne pas froi sser so n bea upère, SOli
épouse ct son fils, elltl'ainèl'C'nL Loui s XV à jouer UII peu la
comédie: d'un e part, il donn a UII édit pour al'l'êlel' les pal'lements dans leul' œuvre de d c~ t.ru r. ti O Il , ct de l'autre, il
n'en exigea pas l'exacte ex<'cution, Plu s tard 011 l'cntelld
i
�-
CXXXVJJI
-
-
CXXX IX -
été m ieux et plus énergiquement exprimées,
Mgr de Bea umont ex il é, vilipendé par le
E" conséquence elle fut r emise a u bourreau
parlement, fut consolé et glorifié par l'évê-
pour la flétrir ; pui s on en rechercha tous
qu e des évêques: Clément
les exemplaires aün de les détruire, et cela,
goire
avec un e ra ge inouïe,
février 1764 ;
des perqui sitions
XIII , le Gré-
VII de ce siècle, lui écriv ait le 15
(1
Nous ne penso ns pas que
révoltantes, et des excès à soulever le cœur,
" vous ayez été surpris, ni étonné, qu'a près
Jamai s les production s les plus infâmes n'a-
" la publication de votre derni ère instruction
vaient été poursuivi es de la sorte e t l'obj et
c,
de plus ardentes répression s,
" pris , avec tant de gloire pour vous , et avec
pastorale, dans laquelle vous a vez en tre-
" l'approbation des gens de bien, de délité de mOIl l'oyaume , il faut changer cc (lue je propose,
c sans quoi je ne ferai l'Ïen. Je me Lais, cal' je parlerais
" trop. » ( Voy . Crélineau-J ol y, l. V, p. 233.)
Voilà comme parlait l'héritier de sa int Lou is , de Henri
IV et de Louis XIV. Quelle co nfusion devait éprouver ce
triste successeur de tan t de véritables rois en regard ant
leUl's portraits 1
Après avoir signalé les faiblesses de Louis XV , et parlé
ri e lui comme nous a\'on s dû le faire , 1I0U S croirio ns illutile de protester de notre respect pour la plus vénél'a bl e
famill e de l'Eul'Ope , et les trônes qu 'elle illustra ; si des
esprits esagérés ne cOllfonda ient maladroitement la personne d'un l'o i, avec la royauté; elle, toujours si grande
et toujours ém in emment respectable , 100's même que
la couronne royale est com me fl étrie pal' la tète qui
la porte,
" fendre la divin e autorité de l 'l~gli se, il se
" soit élevé contre vous un orage si violent
" et si cruel. Ni les périls dont vous éti ez
" menacé, ni lès travaux que vous auriez à
"sout.enir, ui les peines et les affli ctions
" (l'esprit que l'on vons ava it dPjà suscitées,
" n'ont pu vous empêcher de remplir un
(( devoir qu e vous imposait l'épiscopat. Ces
(( anciens défenseurs de la religion , qui se
" sont livrés pour ell e à toutes sortes de
" combats, admirerai en t , s'ils reve naient au
�-
c,
moncle, votre f(:!rmeté et vo tre fo rce sacer-
" d otal e, Ci
- - CX LI
CXL -
Aussi, croirions-nous ne pas
entrer assez pleinement dan s ce que vous
(( vous êtes proposé, si nous ch ercl,ion s ici
-
(( ble tempête qui se mbl e vou loir anéanti l'
(( avec vous
«
presque
tou te l'Egli se
de
France, etc... ))
Bientôt Clément Xlll , après avo Ir co n-
(( à vous consoler de ce qu e vous avez eu
(( des m auva is traitements à essuyer, et de ce
solé le pa steur,
(( qu'on
vous a arraché du sein d ' un e
tructeurs de la Com pagn ie; mais sa parole
(( Église que vous chéri ssiez co mm e votre
fut méprisée, ses brefs mis à néa nt. L e
(( épouse .. , No us devon s donc plutôt nOLIs
vertige avait saisi ces Illagis trats qu i , après
(( réjouir dans le Sei ocrneur, vé nérabl e Frère ,
avoir mis le pied dan s l'Ég li se et s'ê tre faits
(( de ce qu'il vous a dOllné un si grand cou-
docteurs en d"oit ca non, tra nsform a ient le
(( ra ge que vous n'are]. pas hésité d e sac ri-
parlem ent en co ncil e œcumé niqu e pour juger
(( lier vos hi ens et votre vie m êm e, s'il le
b doctrine, les bulles d es Souvera ins-Pon-
(( fallait .... Ponr vous, vénérable Frère, que
tifes; donner, sous form e d 'arrèts, des limites
(( nous regardon s co mme
modèle que
il la pui ssa nce spirituelle des Papes, etdéter-
(( Dieu a voulu dOlln er de l'a ncie nne di s-
miner les points où il sel'a it d ésorlllai s loisi-
(( cipline et de la vigueur épi scopale, nOlis
ble am:: françai s d e leur obéir .
Uil
voulut fair e en tendre su
voix aux persécuteurs du prélat , a ux des-
vous porto ns continuell eme nt dan s notre
La révolution reli gieuse était co mmencée;
(( cœur et nous ne cessero ns J e faire les plus
les priucipes éta ient posés, et, si les parle-
(( grands effor ts pour vous a ider par tous
ments avaient été conséq uents, ou la France
(( les moyen s possibles à sOl,tir d e ce tte effroya-
aussi ava ncée qu 'e ux, on n'aura it pas mi s
«
�CXLIJ
1l'en te
ans pourarriveràh COl/stitution civile
Avant de proscrire les J és uiles, on leur
ment n'ava ienl pas vou lu se Pl'iv er d 'ajouler
on lenr avail reproché d e n e s'êlre pa s défeudus ! On a vu commenl la d éfe nse élail
(1) Notre as:,ertion semblerail lort exa gérée , si ]'on Ile
• La superslition est le frein le plu s pl'opl'e à go uvel'nel'
• les hommes. On vit alol's se répandl'e la bal'bare t héo1 cratie, On p,'écha un Dieu cruel , à la pl ace rI ' Uli Dieu
• de misél'icùl'L1 e, eL l'espl'it de:-; ténèbres succéda à l'ange
• de lum ièl'e, Les Ini nistres de l' aut el ne s'oubli èrent pas,
• en proOtant pOUl' eux - mêmes de ce que le despoti sme
f ex igeait d'eux . Ils excitèrent aux plus ûtl'allges att enta ts
• pOUl' obtenir par le fanatisme ce qu e la pi été raisonn ée
• leur rofusait : prêtres, pontifes, lég islateurs, il s éta• bl irent une nourelle doctl'ill e adaptée uni quement à
1 !flUI' in tél'êt ; ils entraîn èrent à l'elTeu!' les peuples" les
• gra nds, les Rois et les Candies, Les politiqu es de la
se rapp elait les tri sLes emportements de la magistrature ,
à l'époque dont nous parlons,
ceux qui les auraiellt
oubl iés, nous donn erons un spécim en de l'éloquence pal'POUl'
lementaire en 1765 . Nous choisissons, enLre beaucoup
d'autl'es d'égale force , le di scours de Rentrée prononcé le
1" octobre devant Nosseigneurs du parlement d'Aix , et
plus de quatre cents audi te urs, par l'A vocat·général dont
nous tail'ons le nom , un des plus honorabl es de la Provence.
Voici le d ~but de l'orateul' : • Les lois ne sont autl'e
• chose que les divers rappol't.s Li ps établ issemellts néces.
« sa ires à la sûi'eté de la loi naturell e ; la connai, san Ge
« de cette loi doit être l'unique éturle Li es magistrats, Pal'
e
-
el les avoca ts du parle-
ava it reproché , -
•
C XLIII
une lelle déri sion à leUl's aulres in su lles -
dit clergé ( 1).
•
•
.:
-
-
ell e ils auront la clef des lois divin es et humaÎ!l(,s, l'iell
ne leur échappera, dans le ,It'oit public, les ",atiércs les
plus abstraites de la théologie se,'ont à lell1' p ortée; la profond eul' du dogme n'aura ri en qui les effraie , li s y
l'amèneront les JUiui stres toutes les fois qu 'il s s'en écartcron t , etc.
«
e
SU I'
le trône de saint
Pierre un vieill al'd décrépit , dont l'imbé(' ill ité de l'âge
1 se prêtât à tout ce que l'esprit d'intri gue peut désirer,
• Ce superbe pontife, esclave de ceux qui gouYern ellt sous
• lui, enchaina de ses main s au cit aI' de l'intél'';t, /a glo,,'e ,
• l'honneur et la vérité, Pi cl'I'c disait : Je Il<! suis qu 'un
• homme, mais on a substitué, à ut! Dieu fait homme, un
1
homme dont on (ail un Dieu.
• C'est de la bouche d' un Hildebrand qu'on a fa it sol'Lil'
L'esp,'it des lois a dégénél''; chez presq ue toutes les
e nations; on s'est 6ca rté de la lui naturell e ; un e grande
• partie de nos lois sont une s:.; ite du gOll\'el'll cmcnt ftSodal. L'tnvie d'asservir le peuple fit ,'ecourir à la "t/igion.
Cour leur suggérèl'ent de metll'e
1
e
des maximes qui sont des imprécations; des oracles f1 ui
• sont des bl asphèmes; le successeul' des Apll tl'es a
1
panclu dcs anathèmes dan s l' uni vers.
1''; -
�CXLV -
CllL lV -
libre! On brûlait les li vres; o n mCLlait un
ca rca n , on l'on penda it les ge ns qUI pen-
La haine ue sait jamais s'arrêter , quand
elle a le pou voir en mai n ; elle poursui vi t ses
sa ient tout hant ; on exilai t les évêques qni
vic times, comme nous l'avons dit, jusqu'à
parlaieut pour nous, et l'on outrageait le
la veille de la R évoluti on, et nous en avons
Souverain-Pon ti fe lui-mêllle , no tre plus puis-
la preuve officiell e dans les sept volumes in-
sant protecteur.
quarto con tenant les arrêts du se ul parlemeut
de Paris, dura nt di x-sept années.
La conduite et e nos ministl'es nous l'ait regrettcI' le
• ]logunisme, autant au-dessus du fanati sme qu 'il peut être
«
• au-dessous tl e la religion chrétie nn e. Le corps du clergé
• national , oubli ant son plu s bea u titre (qui est d'être
« Français), !'c line à un esclavage :;ystématique ultramontain , da ns l'i ntention de se conser ver des pl'idlégcs
• odieux , qui ne sauraient suusister avec la li berté gal-
• lieane. Si nous le suivi ons clans son enseignement nous
Mais il est temps de résum er les enseignements produits par tant de faits pad ementail'es, sommairement indiqués. Ce résumé sera
fort court. - La ruine de la Compagnie de J ésus, en France, fut l'effet de la haine enfantée
ne serions bientôt plus fr a nça is, ho mmes, mai s fana• tiqu es Romain s_ Oubliant leul' divi n Législateu r , qui dit
par la corruption du cœur et de l'e~ prit, des
, que son emp ire n'est point de ce mond e, et qui leul'
1 promet de les fai l'c rrgncl' dans un e au tre yi c urec lui ,
t: ils Illi répondent : Nous sommes les maîtrf's du monde ,
« nou s ai mons mieux domin er ici-ba s que ri e régner arec
mœurs et des idées. Cette doub le corruption
parvenue à son apogée , vers le milieu du
dix-huitième siècle, et dominant le pouvoir,
dans le ciel. Que les l'o is de la lerre (s'i l en es t
encore) n'ex istent qu e par un e so umi ssiotl aveu gle au
• Jupiter du Capitole Il. etc ..... .
renversa les J ésuites, regardés comme la
le discours est de cette force ct dans ce goût :
Illal , et comme devan t entra îner dans leur
on pourrait le croire composé, pOll l' être lu aux députés
de l'Italie une, réunis à Florence , Cil a llelllla nl/eul' l'apilaie définitiue. et s ig né Ga ri baldi.
chute les autres Instituts reli gieux et l'Égli se
ell e-même.
• l'OUS
t:
T OUL
plus forte di gue élevée contre l'es prit du
Il.
j
�-
eXLV ! -
~
CXLV lf -
U ne telle conclusioll ressort év idemmeu t
acteurs sont acclamés comme des génies, par
de l'étude des raits. Partout les mèmes causes
un public hébété, qui ne croit plus à rien,
produisent les mêmes eOè ts. Pano ut l'esprit
si ce u'est aux promesses im possibles, au x
de révolte con tre l'a utorité divine ou hulll a ine, appelé de nos jours le Libéralisme,
ahsurdes m ellso ll ges du libéralisme .
Avant d'achever ce que nous avons à dire
co mmence la Révoluti on, en poussa nt des
des libéraux, ilue se ra pe ut-être pas inutil e,
cris contre les Jésuites; c'est le prolo ~ ue
au moins pour cer tains esprit s, de biell pré-
obligé . Partout la même hypocrisie: le libé-
ciser ce que llOUS en tendo ns par libéralisme.
rali sme s'affiche comme vouIant débarrasser
Nous l'avolls déjà dit
l'Égli se des fanatiques qui la gê nent et la
tons-le pour plus de clarté: c'est, en géné-
déshonoren t; puis, mal gré tous les errOrls et
ral, la presse anti- religieuse, antt- cléricale;
les protestations de l'Église, les Jésu ites son t
c'est, en reli gion, le mépris direct ou indirect
insu ltés, calo m niés, perséc utés et chassés.
de l'autorité divin e; c'est, ell politique, la
(Voy. page Sil) ;
mais répé-
Cette comédie, jouée avec Lant de succès au
révolte COlltre toute autorité légitime; c'est ,
dix-huitième siècle, a été reprise par les co-
eu morale, la violation des lois limitant la
médiens du dix-neuvième. La pièce a beau
liberté de l'homme; c'est, ell philoso phie, en
être vieille et d'un style platem en t impie,
littérature et dans les qu es tion s d'art, le
chaque acte, cbaque scène, cbaque phrase, sus
sophisme, le caprice, l 'excen tricité, se subs-
par cœur, et le dénouemen t plus connu encore,
tituant à la raison, au bon se ns et au bon
rien n'y fait : les app laud issements de la [oul e
gOllt. Le libéralisme, c'est le g,·and ellneml
et le succès son t assu rés . .r ,es anteurs et les
de la liberté; et , pour formuler notre peusée
plus clairemen t encore, nous dirons: Le
�-
CXLV ITI -
-
CXLJX -
lihrralisme est à ln libatr, re ?lIe l'h érésie est
proclame let Libe,.té pour tous, en po ursui va llt
catholicisme.
Seule, l' Égli se ca th olique allue sincère-
notre des truction ; et, cherchan t un m oyen
(f I/,
ment la 'Vraie lilm' fr et co mbat pour ell e:
sa ns cesse elle la dem ande il Di eu , pour ell emême et pour ses enfants, co mm e l'un des
plus précieux m oyens pour accomplir sa mi ssion sur la terre.
Maintenan t s' il rI ait il certa in s ca th oliques
de vo ul oir réhabil iter le libér alisme en se
faisa nt appeler catholi?lIes-libéra llx, nons ne
di sputerons pas sur ùes m o ts mal défini s;
en effet , il paraît év ident , ({ue pour enx : L ibéralisme pt liberté sont synonpms : pour nous,
c'est tout le contraire.
Le libéralism e se moutre pa rtout , et souvent m êm e il se proclame anti- catlwliqllP,
anti- clérical. Il Il e veut pus sincèrement la
liberté de l'Église; et, sur ce point, ses actes
viennent journell emellt démentir ses déclara ti ons et ses promesses . S ur le fait paJ·ticulier des J ésuites, c'est la même hypocri sie: il
d'en venir plus fa cilement à bou t , il a gra nd
soin de sé parer notre ca use de celle de l'Église.
Oui , l'un e des gra ndes habil etés du libéra
lisme a toujours consisté il séparer notre ca use
de celle de l'Église, et ce stratagème lui u
toujours fac ilité sa besog ne: une telle hypocrisie lui vaut toujours un appoint notable de
catholiques assez naïfs pour se laisser prendre
à ce piége. On leur promet , à ces candides
catholiques, la paix: et les beau x tem ps de la
primitive É glise, pour le jour oh c'en sera
fait des J ésuites. A peine ces fanatiq ues serO[l t
enterrés, ajoute-t-on, que no us libéraux, amis
de l'Église Libre dans L'État libre, nous irons
orner vos temples, purifiés de la supers tition,
et se rvir la m esse des prètres libéraux; ce se ra
l'àge d'or de la fra ternité religieuse .
Tout cela n'est-il pus l'a nalyse des milliers
de livres, de brochures, de journaux, soi-
�-
-
CL -
CL ! -
pisant amis de l'Égli se, que nous lisons de-
ennemis sont toujours et partout les mêmes
puis un siècle ? Il t:'lut que les mensonges du
.
que ceux de l'Église .
Nous ne sommes point l'Eglise; mais nons
libéralisme aient un bien puissant attrait pour
réussir, malgré toutes les déceptions, à se
substituer hypocritement à la vraie liberté.
Avant de passer outre; il nou s faut signaler
avons l'honneurde combattre avec elle et pour
elle. Nos enuemis eux-mêmes nous appellent,
et c'est notre gloire, les soldats du catholi-
ici une des habiletés du libéralisme: bien sou·
cisme. Quand ils nons bl esse nt , ils s'en ré-
vent il nous a dénoncés aux catholiques ,
jouissent comme d' uneblessure faite à l'Eglise.
comme v Olilantfair(' de notre ca use, la cause
Quand ils sont parvenus, en 1773 , à nons
de l'Église; mai s, de cette accusation, il serait
renverser jusque sur les marches dn Vatican,
impossible de fOllruir un e preuve solide , et,
comme tant d'autres, ell e est, Dieu merci,
ils ont poussé des cris de victoire, comme s'ils
sans fondement.
avaient eu parti e gag née contre l'Église.
Nous nesot11mes point l'Église, mais quand
Nous avons toujours répondu, et nous le
on nous tue, nous, se ntinell es perdues decetle
répétons encore: non, nous ne sommes point
grande forter esse de l'Église cat.holique, nous
J'Église; nous ne lui sommes point néces-
lui crions, en tombant à notre poste: prenez
sai res, elle a vécu , elle vivrait sans nous.
garde à vous, l 'ennemi va se ruer sur la place.
Nous ne sommes point l' Egli se, mais nous
Nous l'Église? la Compagnie nécessaire à
sommes ses enfants so umi s et dévoués et voilà
l'Église? Mais qui donc a jamais entendu un e
pourquoi elle nous défend.
telle ineptie, un tel blasphème sortir de notre
~ous ne sQmmes point l'Eglise, mais nos
bouche ?
�-
CL I I -
-
CLljl
-
Ma is à quoi bon protester ? L'Église nous
Une dernière question nous reste à résou-
connalt , elle n'a point besoin de nos protesta-
dre, A l'occasion de notre mort violen te par
tions , et nos ennemis ne les voudront pas
la main des parlements, on nous a demandé
entendre; sur ce point , comme
SI. ,
SUI'
tant d'au-
tres , leur parti est pris (1),
(1) Nos ellllemis eux-mêmes Ollt cellt rois confessé
qu' il s confo ndaient notre cause avec ccl le de l'Église et
qu'ils avaient pOUl' but de l'anéa ntir t!n nous l'uinant.
Écoutons le cri de joie poussé pal' d 'Alembert, a u moment
de notre destruction , en Fran ce , pal' les parlements, ces
e.xécutew's, comme il les appela it, de la hall ie Justice pOUl'
la philosophie_
•
•
•
•
Voici ce cri de joie : •... POUl' moi qui vois tout , en ce
moment , couleur de l'ose, je vois d'ici les jansénistes
mourant l'année prochain e de le ur belle mort , après
ayoir rai t pél'ir cette année- ci les Jés uites de mort " iolente; la to lérance s'établir , les protestants l'appelés,
les prêtres mal'iés, la confession abolie, et le fanati sme
• écrasé sans qu'on s'en apel'{:oive. /1 (Leflre du 4 mai 176:% .)
Le (analisme, dans la bouche de nos mécréa nts, était syllon yme de catholicisme.
Il
Ainsi d'Alembert et loute la secte des a th ~es voyaient
yenir l'âge d'or, le jour où l'on enterrel'ait les Jés uites. On
sait quel fut cet dge d'QI', en Fra nce, Il dura treille ans, et
changea de nom en 93. Mais, depuis la mort des Jésuites ,
la France s'était bien amusée: ell e a vai t ri de tout , même
de sa honte, en attenda llt le chàtiment qu'elle pressentai t.
a, cette époque, la Compagnie elle-m ême
n'avait pas de reproches à se fair e,
Un lei pressentiment explique le mo uve m,~nt orat?ire
1 l', BeaUl'egal'd et l'immense impression qu Il prodUISIt,
(U
'1 é d'
· . , où du h aut de la chaire de
1eJoul
. Notre-Dame ,. l .' ten .It
le bras vers le sanctuaire , et déSIgna la place ou dIX-hUIt
ans plus tard , la Fran ce yerra it s'asseo ir SUI' l'autel du
vrai Dieu , une prostituée, la déesse RGl son. Ce Jour- là ,
comme le 21 janv ier 93 , Dieu IÎl voir à toutes les nations
à quel degré d'abaissement peut al'l'ivel' un peupl e clnétien qui s' est éloigné de lui pal' l'oubl i de ses préceptes et
le mépris de sa loi .
L'histoire de ces trente a nn ées qui sui"il'ellt notl'e chute
offre le spectacle le plus déso lant : c'est l'époque de toutes
les décadences: la langue , la littérat ure , les bea ux-arts ,
les anciens usaO'es,
les mœurs ) la l'eligion , tout offre ce
ë
même spectacle de mi sè re ou de dévergond age. La so~iété
ressemble à l'équi page d 'un na" ire désespéré, et qUI , le
voyant menacé de sombrer , s'eni vre ju squ 'à l'abrutIssement , afin de ne l'ien sentir 1 au mOlllent où il ya être
englouti dans les fl ots .
.
,
Le terrible dénouement pressenti pal' la foule étaI t Pl''''
dit pal' d'autres "oix que celles des fanatiqu es : bien des
prétendus phi loso phes parlaient comme eux, et d'Alerr:bert
lui-même ne croyai t pas trop au paradis terrestre qu 11 se
�-
-
CLV-
CLIV -
«
viogl anse t plus, leP. de R.avignan, ne veut
«
pas même comprendre qu e dans le cours
«
des temps et au milieu de travau x si mul-
«
tipliés, si étendus et si d ifficiles, quelques
«
faiblesses excusables aient pu se rencontrer ;
rents à l' humanité, à toutes les soci etes, même
«
comme si , après tout, pour le dire avec
Le monde, repondait, il y a
«
Bossuet , il devait paraître étonnant que
La réponse à cette question ne sa urai t è lre
ni longue ui difficile. La Compagnie de Jésus
est composée d' hommes; et partout où il y a
de3 hommese t des réuui ons d'hommes, m ême
vo ués à la perfecti on , il Y a des de/nuts inh éles meilleures.
«
promettait. 11 n'eut pas mème la conso lation de voir mou·
l'il' ces jan sénistes qu 'il dé tes tait. POU l' se d édo mmager de
la honteuse a lli ~lIl ce co ntractée avec eux , da ns la nécessité de l'ellYersel' les Jés uites, il se d on nait , d ès le lend e-
main de leur comm une victoire , la tl'iste consolation de
les vilipender d ans ses écri ts. Panni les choses a mères
qu'il leur dit , il
S'C il
trouve
ull e
d'assez bon sens, pour
être citée: « Le gazeti el' j all s6niste ct les convu lsionn aires
, (qui ont l'''ùlit la ch ute d es Jés uites, le lend emai n de
• leur expulsio n) ne do iven t·i1 s pas attendre d 'eux (les
( magistrats) le même tl'aitement que les Jésuites ; arec
• celte dillé rence néan moi ns, qu 'on doit m ettre (quant à
• les détruire, que leur ô ter celte o bscurité, qu 'ordonn er
• aux convulsionna ires (so us pein e du fouet) de l'epL'é-
• senle!' leurs farces dégoû tantes, non dans un galetas,
, mais à la foire, pour de l'argent .... Et au gazetier j ane séniste (sous peine d'être promené SUI' un âne), d'im• primer son libell e ennu yeux , non dan s so n grcnier ,
c mais chez un libraire au torisé .... COl1rulsiou na ires et
• gazetiers s'évano uiront dès qu'ils auro nt perdu le petit
• mérite qui leur l'este , celui d e Ja cümdestinité. Bi entô t
• le nom dej.n sé nisles seL'a o ub lié, comm e celu i de leurs
c
adyel'saires est proscrit.
Il
(D'Alembert , op. cit . p. 21-1.)
Les convulsionnaires l'estèrent dans leurs galetas et ne
• l'éclat) entre la punition d ' ull e IIo bl esse révoltée et celle
• d' un e populace l'em uallte? Les .Jés uites débi taient leurs
.: da~l bel'eU Ses maximes au gl'and jou I' ; les cOJlvulsion-
fUl'ent point foue\tés: les réd acleurs de la gneUe janséniste (les Nouvelles ecclésiastiqaes) ne furent poi nt promeliés SUI' des ânes, co mme le pro posa il d 'AlemueL·t ; la
, nall'es el le gazetier jallséniste fJl'èchent et impriment
• leul's impertin ences dans les ténèbres; l'ouscurité seule,
et, Join ri e l'éjo uir leur p ro ph ète d e malheur pal' une
• doot ces misérab les s'env elo ppent , peut les d érober au
• sort qu'ils méritent ; peu t-ètre même ne faut-il, pOUl'
fouler aux pied s la tombe d e leur méprisa nt enn emi.
Clandestinité, celte grande puissa nce du parti ) les saura ;
prompte mort) ils purent même, durantde longues années,
�-
CL'"
-
" des homm es aient en qnelques défauts huC(
fll a ln s.
» (Dt ['Inst. du Jeslli, es ,p . l 8.l, idi'. de 1857 .)
-
CLVII -
Le dix-huitième siècle, si léger, si indiffërent , si sceptique, si fort habitué à rire de
Mais poussons plus ava nt. On insiste et 1'00
tout, même des honteux revers de la France,
nons demande: " A l'époqn e de la snppres_
se passionna ce pendant à l'occasion de noll"e
sion, les J ésnites fran çais n'avaient-ils pas il
proces et de notre destruction : ce fut un e
se reprocher, comme corps, non des crimes
bataille de pamphlets et d 'apologies; une
dont le sonpçon m ême ne peut les atteindre ,
inondation de li vres et de brochures
mais des maladresses, des imprudences", etc)
contre les J ésuites, dont les publica tion s de
Qnand m ème nons répondrions affirmati_
1825 et 1845 ne penv ent donn er une idée.
vement sur tous ces points, il n'y aura it pas
Comment expliqner , et cette ex trême indiffé-
dans un tel aveu de quoi jnstifi er les arrêts et
rence du siècle, et celle passion violente des
les persécntions de nos enne mis. L'imperfec-
esprits? Ce serait en effet assez inex plicahle,
tion hnmaine et rel igieuse n'est pas justiciable
si l'on ne se rappelait que, de tout tem ps, les
des tribunaux: il faut, pour la culpabilité et la
ques tions reli gieuses ont, mal gré les préten-
punition , qu 'il y ait eu violation d 'un e loi ci-
dues conquêtes de l'esprit moderne, le pri-
vile ou religieuse; or, celle viol ati on des lois,
l'ilége exclusif de passionner les àmes, et
nos enn em is so nt encore à la prouver autre-
d'une faço n autrement profonde et durable
ment que par de vagues déclamations. S'il
que les questions irritantes de la politique.
suffisa it d 'être accusé , pour être co upable,
Ce phénomène s'est reproduit souvent, et,
personne au monde ne pourrait affirm er son
IIlnocence
de nos jours, nous avons vu la question des
POUl"
et
Jésuites et la question de Rome, provoquer
�-
-
CLV IJJ -
CL I X -
les plus ardentes polémiques, Chose curieuse:
Les libres-penseurs, étourdis de ce phéno-
on se vante Je les regarder avec indi frérence,
mime dont il s n'ont pas la clef, voudraient,
et l'on en parle continuell ement; on parait
ils ne s'en cachent point, ,"oir ordonner lé-
vouloir les déda igner, et cependaut on les
galement le sil ence sur toutes le questions re-
traite avec colère; on prétend les avo ir en-
ligieuses propres, c'est leur expression, Cl
porta le tl'ouble dans les conscien('es, Une
terrées, et l'on y revient toujours, Ah! c'est ,
qu'on le veui lle ou qu'ou ne le veuille pas ,
telle défense devrait être promulguée, bien
on aperçoit derri ère ces questions secondaires
entendu, au nom de la liberté de conscience,
le redoutable problème du surnaturel, de la
Puis, les Jésuites, étant considérés comme une
vie future et de toute la révélation (1),
( 1) Yeut-on des prem'es r écentes des co mmotions excicitées p,ar d ~s question s reli gie uses? Nous ne parle;ons
pas de 1 anXlcté des esp.'its, de l' a.'dente aridité du public
à recucrll.r les no urelles , et dans leu.'s moi ndres détails
toutes les questions religieuses agitées deyant les tl'i~
bunaux , les Chamb.'es o u le Sénat. La pol iti que mêlée à
S UI'
ces question s pOlll'I'ait revendiq uer un e parti e de l'intérêt:
pl'enOl.l s un fait purement religi eux , un fait où il ne soil
pas m0me question de Rome et des Jésuites,
On se le rappelle: nagu" .. e un homme, ch erchant la fa ..,
tune et la céléb.'ité , pensa Il'ou\'er l'une et l'autre au
moyen du blasph ème: il nia la dirinité de Jésus.Clll'isl.
Le :,onde eMie.' s'est ému à la lecture ri e ces pages
sacllléoes, et 1 unl\'e.'s catholique a ru là un e nouvelle
occa~ion de réciter ) avec plus d'énergie el de solennité ,
SOn .mmuable C,'edo,
De son CÔlé, l' impiété a baltu des mains : ell e se sentait
un peu l'assurée contre celle vie (utu,.e , dont le dogme
croulait avec la divinité de Jés us·Ch.'isl. Il )' eut, dans le
camp des blasphémateul's, un cri cie joie, un momellt
d'espél'ance , pour toutes ces âm es, toutes ces consciences
'lui ont besoin d 'eulen,lre ren ier Jés us-Chri st et maudire
les sanctio ns de sa loi,
Mais birnlôt l'inqui étud e l'entra dan s ces âmes, pOUl'
lesquelles on ne niera jamais assez fortement , assez sûre·
ment, ass('z !'avamment la divinité du Verbe, dont la loi
esll'effroi de leurs passions , Alo.'s on vit la foule des incrédules rappele.' son docteur, et lui dire: mais 110US
avons encore peul'! vous n'a,'cz pas assez blasph émé , la
parole a tremblé dans vot.'e bou che; il faut nous rassu-
dissiper tous nos doutes, en nous démontl'ant que le
Christ a menti , et qu e vou s avez cl i t la vél'i lé; sa cel a YOU S
n'avez rien Caill Et, en réa lité, il ne fa ll ait ri en de moin s
l'CI' ,
ns
�-
CLx-
rie ces questions propres à troubler les âmes,
devraient être snpprimés, en vertu, cela va
sans dire, de la liber té des cultes. En eux,
si nous en croyons la presse con temporaille ,
se résume tout ce qu ' il y a de mauvais et de
haïssable dails le catholicisme.
Laissons parler sur ce point -
CLXI -
Ecoutons notre immortel: " LeJésuitisme,
" c'est un e plllssance occu 1te, formidable,
" insa isissable; c'est
" l'Élat. -
lt/1.
ries pOllvoirs rie
Ce so nt les peuples soulevés,
" les troupes re/lluées, Lt?s armées en m(tT'c/IP,
" les go uvernC L11 ('nls renversés, les pays
pour ne pas
citer nombre de journaux et d 'écrivainsl'organe le plus prudent, le plus distingué,
de la libre-peu sée : le JOl/rnal des D ébats
s'exprimant par la bouche de M. CuvillierFleury, un des plus récents immortels de
l'Académie française.
" asservi s. Le Jésuitisme c'es t la domination
" univ ersell e, c'est le réseau de bigoterie,
" c!'absollltl:OI1S, d intrigues et d'infamie
" enserre les familles, les individus, les
" nations. - C'est, tout à la foi s, la modéra" tion des sentimpnts , l'é/l ergir secrète et
" implarable de la réaction , le cosmopolismr
f,
à cette foul e affamée de sécurité dans la pratique du mal
et la négation du vrai .
En cherchant la démonstl'ation impéri eusement réclamée, mais impossible à trouver, le docteur apostat, réduit
à des mOis "ides de sens , se troubl a, et ne put cal 111er les
nots qu'il avait so ulevés. Son impuissallce lui a valu le mépris ; mais, sa réputatio n d'un jour a prouvé, une fois de
plus, combien nos prétendus indifférents so nt , malgré
leurs dédains affectés, pl'ofond ément remués pal' de
simples question s de dog me,
qUI
.'an.s entrailles. -
Le Jésuiti sme, c'est se
" COI/fesser, c'est le célilmt dps prc'tres, c'est
" l'ultramontanisme; ce sont tous les mande" ments r/ps' é~lIi'ques; c'est toute la presse
(( reli gieuse.
" Le J ésu itisme, c'est tout ce dont on ne
(( l'eut pas) tout ce qu 'on hait; c'est ce qu'il
(( y a de pIns infàm e et de plus vil, de plus
H.
k
�-
«
CLX l1 -
-
fort el de plus sa int; c'es t l'Église tou t
( enti èr e.)) ( l'. Je R3\'ignan : Dt r t :â sfencf
des JeS /Iites, Mit dt
cr.X I1f -
Sllllle à m erveille tous les Comptes-ren.dus et
les arrêts des parlements. Mais le dix-hui-
' 851, p. 1.)
Ces joli es ch oses s'écrivai ent il ya quelque
vingt an s. Veu t-on du plu s réce nt , d ans le
m ême goCtt? Écoutons un autre apô tre di stingué de la libre-pensée , ex primant ses tendresses pour la ~,éritaj)I(' Église :
«
[.e Jésui-
tÙl71e , /7lalheurells(,l71ent, sldJ/71 f'l'ge l'Église
catltolique; (,'est l'esprit de saint I gnace qui
se substltl/e , de /lOS jours, ri la pure doctrine
dr Jésus; et /'Enc.rdiq uf' est , comllle la d~/i
tième siècle, mal gré tout so n esp rit, ne savait pas, comm e le nôtre, fo rmul er ses arrêts
en quatre mots, si fa ciles à retenir.
La hain e qu 'on
IIOU S
porte" cela de pa l'ti-
clllierque, persoo nell eme nt , ch aque m embre
de la Compaguie tro uve ra it , comme au trefoi s, assez de justi ce, e t m êlll e des égards dans
l e~
rangs enn emis; nous y avons plus d ' nne
fo is recneilli des marqlles d'es tim e.
Mais
toujours aussi , nou s l'al'o os constaté, l'obj et
Ilition de l' Il71maclllée-Concpptio/l , l'œuvre de
de la ha ine, d ' un e haio e io ex tio guibl f',c'est le
la (lolnpagnle , )} (v. rOpinion Nationale, cilée pa r
corps, c'est notre nom: Compagnie de Jésus.
~9
le Mm/de,
janv. 1865 .)
Nous pourrions remplir un volume de
semblables citations, mais nou s ne trouverion s pas mieux que la dé(jnition d éjà donn ée
de nous: Nous som mes: tOlit ce dont on ne
veut pas, et tout ce qI/on hait. La formule est
extrêmement claire et fOrL courte. E ll e ]:é-
Ce nom , co mbi en de foi s n'a-t-o n pas vo ulu
nous l'enlever? On nous le reprochait co mme
un e usurpation et même une profauation;
tandis qU'a il laissa it pai sibl emeol d 'a utres
religieux porter les noms les plus sac rés, et
même celui de la T f'ès-sainlf' Trinité. Ma is le
Nom de Jésus, le fondateur de la Co mpagnie
�-
Cr..X I V -
-
CLXV -
le savait bieo , dev iendrait tin s igue d e co ntra_
Oui, notre nom , ré pé ton s-l e, e n terminant
diction ; le Maitre l'avait dit: lis VOtiS persécu-
le résumé de ces trop long ues pages, a tou-
teront à ca use d e mon nom , et cela, sous
jours fait notre cr im e; il a ca usé notre ruine
prétex te de rendre glo ire à Di eu.
au dix-huiti ème siècle; et le dix-n e uvi èm e
Et, d epuis troi s siècles, la perséc ution n'a
nouS hait, à cause d e ce nom . Dieu veu ill e
point cessé, e t ne cesse ra point , à moin s I]ue
nouS le laisser , au prix d e ce tte ha ine : il est
nous cessio ns nou s-m êmes d e la mériter , par
toute notre gloire e t toute notre espérance .
la cessa tion d e nos co mbat s co ntre les enn emi s d p.clarés , ou cachés, du UOIIl d e J ésus.
Ce nom d e J ésus , en dép i t de to us les
blasphèm es, fai t enco re Héc hir le ge nou sllr
•
la terre, CO IlHlI e au c iel e t dan s les e nfers. 11
d éplait à nose un emi s, d 'avoir à le prononcer,
en parlaot de nous: celui tle .lé.m'If' all ait
lIlieu.x à leur Lll a li ce; il s e n o ntlait un e injure,
un titre de prosc ription. P o rte r ce nom et
d eve nir h aïssa bl e, es t un e m ê m e chose aux
yeux d e la foul e: so uv eut il a s uffi pour appeler la persécution; e t, comme aux pre miers
chréti e ns, on ne nous d emandait pa s: Quel es t
votre crim e ? ma is : QI/ri
l's t 'vo l r(' lI om ?
•
�NOTICE
sun
LE PRÉSIDENT D'ÉGUILLES
ET SES MÉ~IOj[\E S.
Les jJllémoires du Préside nt d 'Égtlill es, co mposés
depuis cent ans, e t d es lors destillés à timpression,
étaient-ils néa nmoin s restés in édits? La réponse à
celle question ne pe ut se bomer à la sim ple affir mation ou néga tion du fait , el voici pourquoi :
Malgré to utes nos reche rches, il nous a é té
impossible de constater l' ex iste nce d ' un seu l exe mplaire de ces Mémoires . Nous avons vaine ment
interrogé les biographes, les bibliographes e t les
collections d e cata logues, sa ns pouvoir réso udre le
doute dont nous cherchions la soluti o n .
Cependa nt un double fait prouverait , sinon la
publicatioll , du moins l' impression d es lVIélllo il·es.
En effet, le PI'éside nt parlant d e son man uscrit nous
dit: On sent que je
ai pu le livrer à timpressio/1.
avant l'~/1.voi de mes leures à 11/ . le Chancelier;
et, depuis cet ell voi, il ne m 'a p as été p ossible de
Il'
�-
CLXV III -
CLX IX -
lai trouver plus t6tllli éditeur. EII/ill , le voici prét
à parait re (Voy. Append . p . ~35) .
Le fait de l'impression paraît d o nc certain ; mais
celui de la publication, o u distribution , resterai t
encore à l'état de qu estio n (vu l'impossibilité de
pa,' la petite- fill e de l'aute ur , a u baron d ~ Da mas,
comme le. Prou vent les lig nes SUI va ntes ecntes a u
co nstate,' actu ellement l'existence d ' uu seul exem-
" 1Y,érèse BOIet" d'Égailles, petite-fille de l'altteu,.. ))
plaire), si l'a bbé de Fo ntenay, da ns so n o puscule
publi é à Emm erick, en 1800 , et porta nt pour titre:
Du rétablissement des Jésuites et de l'ùlucation
publique, ne nous ex pliq uait le do uble fait de
l'impressio n et de la no n publica tio n .
Voici le réci t de l' abbé de Fo nt enay: " Ce fut à
• Liége q ue, vers 1767, il Ile Président) fi t imp"imer so n manu scrit. C'est un in-!,.o assez co n sid é~
" ra ble do nt il ne fit tirer q ue douze exemplaires,
pour en adresser un à cbaqu e membre du conseil
" d ·État. .. Le hasa rd a fait to mber entre mes main s
1(
,
-
" un de ces exempl aires . J 'e n ai ex tra it plusieUl"s
" passages; mais je Ill e bOl"l1 e à "a pporter les sui" va nts, etc. ,, (Op. cil. p. '38). O r les passages cités par
l'abbé de Fontenay so nt la re produ cti on exacte du
tex te de notre man uscrit. De ce q ui précède on
peut do nc affi rmer le fa it d ' un e publication, mais
si res treinte, qu 'ell e demeure co mm e no n avenue.
Le man uscrit do nt no us no us ser vo ns pour l' impressio n des Mémoires du Président d 'Éguilles
se com ervait dans sa fa mille. Plu s tard , il fut légué
bas du titre: " Je prie M. le baro n de Damas d 'ac, cept er ce manu sc rit , comm e lin télll o ig nage par, ticuli er de mOIl dévouement et sin cère affect,on .
!I
En '18"·5, 1\1 . le oaro n de Da lll as prèta ce mème
manuscrit a u p . de Ravignan , po u,' en prendre
copie. La copi e, termin ée .. fut co ll ati o nn ée trèssoigneusement ; puis, cert ifi ée co nfo rm e, et , comm e
telle, revètue de la sig nature dll noble héritie ,' :
, J'atteste que l'original du manuscrit sll r lequel cette co pi e a été faite m'avai t été réell ement donn é par la petite-fill e du
, d'Égllilles.
Président
" Pari s, 20 mai 18!,·7
Il
Le baro n
nE D AMAS.
Il
S, les biblr ogra pbes se taise nt su,' les Mé rn oi "es
du Président cI 'Éguilles, les b i ograp h ~s pa rl ent
à pein e de ce t ancie n co mpag no n d 'ar mes ci e
Charles-Edoua rd , dern ier prin ce de la roya le maison des Stuart. E n deux lignes , il s no tent l'a mbassade militai re du jelln e marqu is, et le fa it , si retentissa nt , de ses démèlés avec le parlement d'A ix, où ri
avait accepté la charge de président à mo rtier , a près
�-
CLXX -
sa campagne d 'A ngle terre (1 ). A la vérité, o n trouve
le no m du P" éside nt d 'Éguilles d a ns un gra nd nOmbre d e publica tio ns; mais ces publi catio ns contem_
pOI'ain es d es fait s, les supposa nt assez connus, se
-
«L XX I -
bornent à de simples a ppréciatio ns. Nous en serio ns
don c réduit s à quelques li gnes sm la vie du P" ésident , si la nécessité d e se d éfendre à la Cour
ne l'avait forcé d e d o nn er son a utobiogra pbie,
jusqu 'au mom ent où il rédigeait ses Mémoires
(1) L'histoire de Charl..-Edollard , par M. Amédée Pichot, est
assurémentlill liv re fo rt În tél'6ssant ; mais, pour l'utili té des lecteurs, nous sou baitons que l'historien ai t puisé ses l'écits à des
sources pl us exactes que celles Où il a été chercher le fait du mar.
quis d'Éguilles. Comme plusieurs au tres écrÎ vains, il suppose, gratuitement , que M. d'Éguill cs, fatigué un beau jour de sa toge de
Prés ident au parlement d'Aix , la changea contre une épée pou r
aller courir les 3ventu r'e..;:; à la suite du prince Charles-Édouard.
Mais citons notre gra\ e histor ien: « Le premier Français par qui
« fut joinL Charles-Édouard 1 fut le gentil homme qui ) dépassa nt
« un peu les limit ~ de ses' instructio ns, se la Îs,."3 bientôt donner
ft le doub le titre d'ambassadeur et de général d'ava nt-garde.
(( M. Borel' 1 marquis d'Éguill es, President à mortier du parl emen t
d'Aix , frère du marqu is d'Ar'gens, était , co mm e celui-ci, pl us
te amou reu:{ de l'agitation des camp~ l que des graves trava ux de
« la j urispr udence \ etc. » (Op. Cil., 1. 11, p. 59.)
(l
Les pamphlets publiés contre le président d'Égui lles au ront
trompé l'historien de Charles-Édouard: le jeune marqu is, au
momen t où il accepta la périlleuse mission d'aller co nduire en
Écosse les secours eO\'oyés par Louis X V au prince Charles, avait
quillé, depuis moins de deux ans, le sen 'ice de la mar ine et ne songeait poi nt encore à la magistrature. Il arriva it d'Allemagne, (Ill
il a\'ai t \isité plusieurs Cours, pO Uf' se préparer à embrasser la
carrière de la diplomatie qui allait à so n caractère sérieux. S'il
accepta la missio n proposée par Louis XV , ce ne fut pas parce
qu'il y a.vait. daus cetts lete pro vU/.çale /Ille passion d'aventlires \
comme le dit hl. Pichot , ma is par dévo uemcnt à son roi.
Nos lecteurs trouveront da ns l'Append ice de ces Mémoires
(pages !U- 263) le récit déla illé de J'ambassade mili taire du marquis d'Éguilles; ce l'écit l'ecliOora les assertions erronéos de ()I u
sieurs éc rivains, et, nous en sommes persuadé , il intéressera tous
les lecleurs, même ceux de M. Amédée Pichot.
L'historie n do Charles-Édoua rd n'est pas le eul à parler do la
tilt provellf,ale du président d'Égui ll ~: est-ce pour en allgmonter
où di minuor la valoul'? Sa ns y mettre 1 nous-même, dc la malice,
nou ~ en voyons un peu dans la réu nio n de ces deux moIS sou li- .
gné5; com me aussi da ns le soi n de rappeler que le Président était
(rère du marq uis d ' Argen ~ 1 Ce dernier, nous cn conveno ns, était
une for t mauva ise tète, et de plus 1 un très-pauv re cœu r : il a
sali la république des lettres, disent ses biogra phes. de vi ngt-cinq
volumes impies et malpropres. Du ra nt un quart de siècle, il amusa
le G/'a rld- F/'édéric et la cour de Ocrl in , par ses blasphèmes con tre la
religion et l'im mo rali té de ses li vres. No us ad mettons tous ces
faits , et nous pourrions au besoi n les compléter ; mais qlle prouvent les rolies du marqu is d'Argens, contre le pl'ésidentd 'Éguilles?
Ils i/a;e'll (rères? sail ; ma is Abel et Caïn l'étaient aussi 1
On voudra b'ien , nous l'e.o;;pérons) ne plus allégucr co ntre le
Président , qu'i l était provençal el frère du. marquis d'Argens: ces
deux qualités ne prouven t absolument rien , mal g: ré la bonne intention delesfaire valoir en ta nt que de besoin. Le présidûnld'Éguil le::.
n'a point à répo ndre des œuvres d'autru i ) mais se ulement dos
siennes; cL il peut les mo ntrer avec une juste fi erté , à ~es en nemis comme à ses amis .
�-
CLXX II
pour les me ttre so us les yeux d e Lou is X V et de
son conseil.
Comme cette alltobiographie, très· pl'Opre à faire
conna'itre le mal'quis, pl liS tard Présid e nt d 'Eguill es,
depuis sa pl'emi è re jelln esse jusqu 'à la fin d e son
exil , se trouve tout e otière dan s l'appendice de
notre volum e (p. 229 à. 292), nOliS y l'envoyo ns le
lecteur, e n nous bornant ici à l'appréciatio n de
certains faits , puis à l'addition d e qu elqu es autres
postérieurs à l'a nnée 1767 .
L'a bbé d e Fontenay avait résum é en une page
la vie du Président d 'Egui lles, Voici cette biogra. pbi e si courte et ce penda nt la plus co mplète de
toutes , M. le PI'ésid e nt d 'Eguilles étai t " frère du
, marquis d 'Argens, qlli a vécu peodant long, temps à la cour d e Fréd éri c. ro i d e Prusse, Ces
" deux frél'es a va ient des se ntim e nts bi en différents
, en mati ère de reli gion. Le ma rquis d 'Argens l'a
" attaquée ouvertement, e t l'on peut mè me dire
Il
avec fUJ'eur , dans des ollvrages malheureusement
" trop répandus, tels qu e les Lettres juives, la
" Philosophie d" bon sens, etc. M, d 'Éguilles s'en
" est mnntré uo tl'ès-zélé d éfe nse ur à l'occasion des
, Jésuites. Il était président à morti er au parl ement
Il
d'A ix ) en Provence,
-
-
Où tio n père avait exercé
" pendan t longtemps la cha l'ge d e proc ure ur gé , néra\. Lorsqu 'il fut que5tio n, da ns ce parl ement,
C LXXIII -
,
"
,,'
"
,
,
,
de port el' lin arrêt pOlir di ssoudre la Société d es
Jésllites, le Présid e nt d 'Égui ll es s'y opposa avec
la plus grande fe l'me té. Co mm e c'é ta it un mag istrat aussi intègre qu 'il é tait éclairé, il so utint le ur
ca use avec éloque nce, et il e ntl'aina dans so n
parti tous cellx d e ses co nfrères qui ten a ient
encore allx anciens prin cipes . Le nombre e n
était encore assez cons id érabl e, Il se 6t une
, scission dans le parl ement. Les es prits s'aigrirent.
, Les ennem is des Jésuites, qui l'é taie nt d eve nus
, du Président d 'Éguill es, l'emport ère nt e nfin .
" L'arrè t de proscription fut port é co ntre ces pre" rniers ... un a utre fut p ort é co nti'" le Présid ent
• et tl'ois ou qua tre autl'es me mbres ... qui s'étaient
, montrés aussi zélés q li e lui ... , il s rUI'ent ra yés
41
avec ignomini e du nOlllbl'e des ma g istrats, e t
,
"
,
,
,
leurs chal'ges fure nt co nfisqu ées, Le Prés ide nt
d'Éguilles se rendit appelant au co nseil d 'État du
roi ... ; il ne fut pas écouté . Les choses e n vinrent
lI1 èllle au point qu'il fut obli gé d e quille r la
Fi'ance, et il cboisit pour le li e u d e sa retrait e la
, vi ll e de Li ége,., On re ndit e nfin justi ce au Prési• dent d 'Éguill es; il fut l'é tabli d a ns sa ch arge,
, mais qu 'il ne vou lut plus exercer; et il re to urna
• Jan s sa pa trie où il y Ill o urut qu e ly ues a nn ées
, après. " (Le 8 oc tobre '1783).
POUl' donn er un pe u d e vie à cette co u l'te e t
�-
sèche notice, nous y joign ons le portrait du P,'éside nt peint pal' lui-m è," e da ns ces quelqu es lignes
adressées à Loui s XV: c'est mo in s le sty le du magistrat qu e celui
l'an cien o fflc i ~r d e mm'ine et du
ne
hardi compa gnon d 'arm es d e Cha l'l es-Edouard :
« Je comm en ce d 'a b ord pal' d éclarer rond ement
" qu e je m'estim e encore plu s h elll'e ux d 'être chré« tie n et catholiqu e qu e d 'è tre Fran çais , Votre
• Majesté ne d oit qu 'ê tre plu s assrrrée d e ma Gdélité, Ca l' si je ne croyais pas d evoir e ncore plus
" à Dieu qu 'à ma pa t,'ie et à vOlis-mê me, Sire , je
« ne pounais pas vo us dire avec vérité, que tout ce
ft
qui est en mo i , ho l's mo n bo nn pur e l ma cons(( ciencf', est à vous; puisqu e je ne sa urais avoir
« alor's d 'autres p,'in cipes d e soumi ssion que l'in-
«
" térêt ou la cra inte, Oui , Si,'e , quiconque a
Il
oubli é sa reli gio n , vous rn éco nnaÎt dans son
" cœ ur ; qui co nque en a seco " é le joug, secouera
" le vôt,'e qua nd il croira le p ou voir impun ément ;
«
-
CLXXIV -
vos seul s \Ta is et in éhra nla hl es serviteurs sont
" ceu x qui le so nt pou,' o béir a u co mmun Maître
If
de to us les ho mm es (Voy . l'Appendice (le ce vol. , p. 2ii ). Il
Une telle ve rdeu,' d e ca ractè re n 'éta it po int faite
pOlir ré ussir il la cour de Louis XV, ma is elle valut
au P résid ent d 'Éguill es l'affec ti o n du n " rrphin , ce
prin ce mo ntré à la F ra nce, ma is prompt eme nt enlevé co mm e un tréso r qu 'e ll e ne mérita it pas ,
CLXXV -
L'estime et la protectio n du D a uphin soutinre nt
le P,'ésident qu a nd illrrtta it po rr,' la justi ce; ma is si
la protection du prin ce éta it ho nora bl e, elle lui servit fort peu, Il s'éta it fa it le c hampi o n d ' un e trop
mau vaise ca use, celle d es J ésuites , p our ne pas la
perdre, et, lui-m ême, avec e ll e, Vain ement le Président vint d emandf'r justi ce à Versa ill es: ellp ne
u,i fut point rendu e; il n 'obtin t du Ro i CJu e d es
paroles bi enveilla ntes, et cett e a ttesta ti o n signée du
Dauphin : " Ava nt votr e d épart . Mo nsieur', p our
« retourn er à vos fo nc ti o ns, je ne pui s m'e mpêcher
" de V? US témoig ner tout e ma sa ti sfacti o n du zèle
• que M. d 'Espin ouse e t vo us , il la tê te d e di x" neuf ma gistra ts, a vez marqué d a ns l'a ffaire d es
• Jésuites, pOllr les gra nd s intéré l; d e la reli gion
, et ceux d e l'a utorité du R oi, Ces d e u x gra nd s
" objets, étroitement li és, ~ t que je ne perd s pas d e
, vue, m'engagent à vou s pri er d 'assure r I ~s ma• gistrats, qui les o nt si hi e n re mpli s, d e toute ma
• bienveilla nce et d e mo n es tim e, e t d e co mpter
d sur les mê mes se ntim e nts po ur VO li S. u (Vlly . CrétineOlt-Joly , t. 1', p. 221! .)
Revenu en Pl'Ovence, le Présid e nt tro llva la majorité du pa rleme nt d écid ée à ne te n ir a u cun co mpt e
des ord res du R oi da ns l'affa ire d es Jésuites, et à
le poursui vre, lui personn ell e me nt , comm e lln
ennemi publi c, Bie nt ôt , a insi q u ' il le raco nte d a ns
�-
cr.XXV( -
-
son 3nt obi og,'a phie, il fnt contraint d e s'éloigner
d 'A ix e t de ,quitter la Fra nc!', POU!' trouver dans
l'exi l le prix d e so n cOlll'age ux dévo ne me nt.
Les écrits du Présid e nt offr pnt un si ngulier
ce nll'aste avec ceux d e ses e nn emi s: la form e en
est touj ours respectu euse et mod é,'ée; ta ndis que
les pu b lica ti o ns de ses e nn e mi s so nt , co mme leurs
actes, marqu és a u coin d e la plus ex lI'è me viol ence,
dans la form e comme dan s le fond ,
Qnand le P ,'ésident réfut e les inju res adressées
nOt1 plus il sa foi religieuse e t po litiqu e, mais à sa
personn e, il li soin de n'y apposer q ue les propres
lettres de ses collègues devenu s ses pe rsécuteurs, Il
en cit e plusielll's de so n p,'in cipa l adversa ire, le
!.éros du jo ur , maitre Ripert d e Mo ncl a,' , son
a ncie n pa négy rist e, Dans une de ces le ttres, nous
t,'o ll vo ns un e obser va ti o n très-ju ste d e maî tre Ripert. I l mandait de la ca pital e: " Si j'avais été à
" Paris , notre cber c1 'Églli li es n 'a urait pas écrit"
, M, de Puisiell x comme il l'a fa it ; il n'est pas fait
, pour ce pays (la Co u,,), l'al' ses pelÎls
Il
ses grandes 1/crlliS.
1)
""J'LUISet
(Voy. App . p. 268.)
Oui, les p etits défauts, dont pa rl e maître Monclar , perdro nt toujours un h o mm e à la Co ur , où
la franchi~e, un e juste fi e rt é et le d evoir préféré à
tous les ava ntages ne passel'O nt ja ma is po ur des
p etits défauts , Si les petits d éfa uts du marquis
CLXXVII -
d'Éguilles lui ont fa it tort , ses gralldes vertus lui
on t été bea ucoup plus nuisihles en co re, Co mme nt ,
en effet, pou vait-il espére r la réco mpe nse promIse
il son courageux d évouement , e n la issa nt voir à la
Cou,' de Lo uis XV, des vertu s co mpléte me nt passées
de mode; en mettant son titre d e catholique audessus de toute estim e, d e tout h onneur, d e toute
fortune? Avec de parei lles idées, il fa llait a u plus
vite s'aller cacher en Prove nce , e t l'ester éloigné d e
toutes les affaires publiqu es,
Lassé de perdre so n te mps à la Cour , le marquis
d'Eguilles écrivit, co mme nous l'avons vu, a u ministre Puisieux, pour lui d éclarer sa résolution d e
renon cer aux récompenses pro mises et de se retirer,
Après so n retour à Aix, et po ur compla ire à sa
famille , le marquis d 'Égu illes consentit à l'achat
d'un e charge de Présid ent à mortier , au parlement
de Provence; ma is il y avait dan s le ca ractè re du
marquis, trop du marin , du mil ita ire et surtout du
catholique, pOlir vivre e n pa ix, d a ns un parl eme nt,
au dix-huitième siècle: a ussi sa droiture, sa fe rmeté sa réso luti on d e tout sacrifier à ses d evo irs
de juge et de catholi que, ne tard ère nt pas à lui
attirer mal a ré l'estime universelle d o nt il jouissait,
'
mille désagréments e t hie ntô t la persécution,
Les premières tra'c asseries d o nt il eut à souffrir
,
"
vin rent de so n opposi ti on a ux sacriléges comédies
H,
1
�-
CLXXVlll -
jouées parles parlements, ,1 l'occasion des refus d~
sacrements, , Les magistrats, nous dit le Président ,
, en vinreut bient ôt jusqu'à ne plus ga,'der de
, mesure IIi avec l'Égli se, ni avec les lois; malheur
" ail p,'être qlli hésitait un mom ent enll'e le man,
" dement du magistrat et l'ordre de l'Evêque;
, dénonciations , injonctions, décrets , saisies; il
" fallait tout de suite, ou prévariqu er, ou se perd"e;
" plus de patrie pour celui qui avait une fois p,'é,
" féré ses lumiè,'es , et les décisions des premim's
" pasteurs , à la théologie du parquet; san nom
, attaché à l'échafa ud , par l'a utorité publique, aux
, yeux de ses ouailles effrayées, était le moind,'e
, excès, le moindre sca ndale Où l'on se portât;
Il sans exame n , sans délai, dans llhellre même, SLll'
" simple requête , SUI' simple plainte, le tabe,',
, nade était ouvert par arrêt, et le Saint des Saints
CI
li vré au premier réfra ctair'e, au premi er in sensé
, qui le demandait. " Le Président, après avoir
loué la sainte liberté de Bourdaloue affirmant, d"
haut de la chaire , deva nt Louis XIV et toute sa
Co ur, l'ind épendance absolue de l'Église, dans
l'administration des sacrements, ajoute: " Un prè" tre serait écrasé, s'il osait prêcher aujourd'hui ,
" deva ut le plus petit de nos tribunaux , ce qu'on
" prèchait alors avec toute liberté deva nt le plus
" grand de nos Roi s, Ce n'est pas que les prin cipes
-
CLXX IX -
, de l'Église aient changé : c'est qu e le respect
, pour l'Église est p,'esque perdll parmi nous, Dieu
" veuille que, par un grand miracle, on en conserve
au moi ll s la foi, malgré le mépris qu 'o n montre
" de sa discipline, et les outrages qu 'o n fait de
" tous côtés à ses lUillistFes, " (Ap p, p, 280, 1.)
Mais les démêlés du Président d 'Égllill es avec
une partie de ses collègues, au sujet des sacrements
administrés par force et suivant arrêt, furent peu
de chose, en comparaison de ce qu'il eut à souffrir,
pour avoir voulu dèfendre la liberté de l'Église, dans
le procès des Jésuites , Les détails de cette persécution, jusqu'à l' exil du Président, se trouvent dans
ses Mémoires et dans l'appendice du même volum e;
nous y renvoyons le lecteur ,
Un des plus ardents perséc uteurs du Présid ent fut
ce même Ripert de Monclar, a ull'efois si passionné
pour son cher d'Éguilles , Je vi ens, disait-il dans
une de ses lebtres, je v iens de l'embrasser, C'est
toujours un homme unique et p our esprit et pour
le cœur, Bientôt , maître Ripel'! allait se mettre à la
tète des persécuteurs, et faire bannir de sa vi lle
natale cet homme unique,
A peine l'arrêt portant condamnation des Jésuites
éta it-il prononcé, qu' un autre était la ncé contre
leur intrépide défenseur et les autres magistrats
l'estés inébranlables dans le devo ir , Après cette
r
�-
-
CLXXX -
CLXXX J -
illiq ll e condamnation, les juges eux-m ê mes se l'épan_
dent dans la vi ll e, e t vont portel' cNte triomphante
nouvelle jusque dans les cafés; e nsuit e, pour compléter la fête, ils font so nner la cloche du pade-
sornrais au x condamnés, qu 'à s'éloigner d e Ver-
ment , afin d e co n voqu er le pe up le à la lectlll'e du
j ugement , afficb é, no n cOltlm e d e cout ume , Sur' un
poteau , mais Stlr un échafa ud dressé to u t exprès
afin d 'augmenter' la solennité . , Puis, pour ne rien
" laisser à désirer, aj out e le Prés ide nt , Le Procureur
l\ près avoir fai ll i être e nlevé à Pa ris, puis à
Bruges, où il s'éta it réfugi é, le Pl'ésid ent d'Égui lles
, général fit aflicher r(ln ·ft imprimé , à la p arle
de la maison qu'occupai! ma inère, âgée de plus
fi
de quaI re-vingts ans, et sa p arenle.
1)
Le parleme nt de Pi'Ove nce a vait jugé, mal gré la
défe nse expresse d e la Co ur ; nrais, à Versailles, on
n'eut pas le courage de ré pa rer les inju stices Commises à Aix, A la vérité, le co nsei l du Roi cassa les
arrêts du pa rlement de Provence ca mille attentatoires à l'autorité du Roi; mais il maintint , co ntre
le Président et ses partisa ns, l'interdi ction de leurs
fonctions, et l'élo igneme nt de la ville d 'Aix,
L 'a rrêt du co nseil d 'Éta t , r'e ndu sa ns a ntres io_
formation s que les procédures d ' un pal'Iement qui
venait d'attenter ci l'autorité d" Roi, et sa ns vou loir
entendr'e les acc usés, aggrava it le ur posi tion déjà
si déplorable; ils se voyaie nt l'éduits à ne pou voir
e n a ppe,ler qu 'a" roi mieux illformé; e t le roi
ne co nsent a nt po int à l'ê tre, il ne re~ta it plus dé-
sailles pour ne pas compromettre les a mi s gé néreu x
qui les tenaient cachés d a ns le propre palais du
1'0 1.
prit la ro u te de la Ho llande, afin d 'échapper à ses
juges acharnés à sa poursuite,
Pour occuper ses loisirs d 'exilé, e t toujours espérant en la justi ce du ro i, le Pr'ésid ent rédi gea ses
Memoires pour les présenter à Sa Majesté, e n offrant
dese constitu er pri sonni er , si la Cour co nsentait à lui
donner des j uges d evant lesquels il pût se justifier.
Mais le DauphiD , so n prot~c te ur , sachant qu e justice ne lui serait point faite ta nt que les passions
ne seraient pas calmées, lui écrivit pour l' e ngager
à prendr'e patie nce, en a ttend an t d es jours meilleurs; voici sa lettre : " Je suis fort aise, Monsieur,
"
,
"
"
"
et je vous sa is le meill e ur gré d e la résolution
où VOLIS êtes d e ne point publi er actuelle me nt
votre Mémoire justitÎcatif. Quelque solides e t
incontestables qu 'e n so ie nt les prin cipes, il
serait bien à craindre que toutes les personnes
u qui ne vous aiment pas, nle n fissent un aussi
" mauvais usage qu e ceux d e l'ann ée dernière, et
, que vous ne fussi ez e ncore exposé à de nou" veaux revers , que votre conduite et la pureté d e
�-
CLXXX II -
-
cxXX llf -
, vos intenti ons ne mérit aie nt pas. Elles vous ont
, Jea n_Ba ptiste-Antoin e d e Bra ncas, Arche vè-
" acquis to ute· mon estim e sur laquelle je vous prie
" de compter. , (App , p. ;!33.)
Ile d' Ai x en Provence, est mort e n son di ocèse, a u
!OiS de septembre (1770). Voici un tl'ait rema r-
Le désir du Dauphin fut , po ur le Présid ent d 'Eguilles, comm e un arrêt qui le re tint hors de
quabl e à rapporter , d es d erni e rs jo urs d e ce zélé et
Fran ce, durant cinq a nn ées et mème a près la mort
du prin ce. " ,'lofa vénéra/ion p OUl' sa mémoire,
, nous dit l'exi lé, a. eu Clu/ant ct' emp ire S U I' moi
, après sa mort, que mon respect pour ses volon" tés en avait eu pendant sa ·vie. J'ai voulu lui
" obéir, lors même qu'il ,,'était plus. " (App. , p.233.)
Après les cinq a nn ées d 'exil , le Préside nt revint
en Fra nce, en n68. Les d étails no us ma nquent
sur l'accueil qu 'il reçut il Vel'sailles, e t sur l'effet
produ it pal' la lectul'e de so n Mémoire; mais nous
voyons, par le fait d e son l'eto u l' il Aix, d 'où il
avait été ba nni pou r di x a ns, que, si les arrèts ne
furent point cassés, ils [u l'e nt a u moin s a nnulés,
qu ant aux effets. Et bi e ntô t les passio ns, calm ées
par le temps, lnissèrent le P,'ésid e nt jo uir en pai x,
a u milie u des siens, de l'estirne d es ho nn ê tes gens
et même du respec t de ses a ncie ns e nn e mi s, comme
le prou vent les d éma rches te ntées à plusieurs rep rises, mais sa ns succès, pour le d éci d er à reprendre
son siége a u pa rle me nt . No us emprun to ns les détails suivants à l'un des meill eurs jo u r na ux du
temps:
pieux prélat :
, Messieurs du parle ment d 'Aix lui ayant e nvoyé
une députa tion , dans le cours d e la malad ie dont
il est mOI't , pour lui ex primer leur reconn aissance
de tout le bi e n qu 'il a fait d a ns son di ocèse, e t la
douleur que le ur causa it la c rainte de le perdre, le
prélat a dit : " Je sui s . Messie Ul's, sur le point d 'al• 1er paraître au tribun al du sou verain Juge : je
• dois à la vérité ce d ernier té mo ignage, que la
, conduite que j 'ai te nue faIt e n ce mo me nt toute
, ma confia nce. Vou s y paraîtrez à votre tour, et
,
,
"
"
je souhaite que vou s pui ssiez a voir la
faction Je ne veux pas me plaindre
que vous m'a vez cau sé, au suj et d es
des l,efUS de Sacre ments; mais vo us
mè me satisdu chagrin
J ésuites, et
avez persé-
" cuté plusieurs de vos membres, e t, vous devez à la
, religion, à vo tre co nscie nce, e tc . , d e ré pa rer les
• injustices d ont vous ê tes cou pa bles e n vers eux .
• C'est le derni er av is que vous d o nn e un Père, un
, pasteur moura nt. »
" Sur le compte qui e n a été rendu au parlement , ce Corps a d éputé d eux d e ses membres à
M. le Préside nt d 'Éguill es . pour le prier" d 'oublie r
�-
CLXXXJV -
" le passé, et l'assurer que s'il voulait venir re" prendre séance, on le ferait agréer à la COur
• nonobstant l'alTèt du Conseil, qui l'oblige de s'ab:
« sen ter encore pen dant trois ans ". Le Président
a répondu que, n'aya Dt point commis d e d élit il
n'était pas dans le cas d e faire soll iciter pour ;ui
une grâce à la Cour. Après cette réponse, il a l'ecu
CLXXXV -
dent d'Éguilles, nous les d o nno ns co mm e l'oeuvre
d'un parfait honn ête homm e, d ' un ma gistra t digne
de servir de modèle, d ' un écri va in distin gué e t d ' un
catholique vraiment digne d e ce nom ,
Nous reproduisons très-exacteme nt le manuscrit
de l'auteur, et nous en publions le texte, sans modifications, mais aussi sans voul o ir assumer la respon-
un e nouvelle d éput a tion pour l'engager à donn~r
son fils ai né au parl ement, e n signe d ' une parfaite
réco ~ c iliation . Touché de cette démarche g,'acieuse,
M, d EgUIll es a consenti d 'acheter un e charge de
sabilité d e tous les sen tim ents, opinions et jugements
du Président. Si parfois le lecteur ne le trouvait pas
assez mocl éré, nous le pri erions ci e se rappeler le
conseiller à son fils, à conditi on : 'l ' Qu'on n'igno-
temps, les circonstances, les préjugés et mème les
enll'ai nements cie l'époqu e où notre di gne Président
rerait point qu'il r avait .fait élever chez les Jésuites
li Bruges: 2' Qu'il spralt reçu d 'une voix unanime '
3' QU'ail Ile lui ferait aucune question sur sa ma:
nière de penser. Le tout a é té accepté, et M. le
premier Président a écrit en so n nom et e n celui de
la compagnie, à M, le Président d 'Éguill es, la lettre
la plus honorabl e pour lui .
(Voy . la Cler d!/. cabinet du
Princes, noo. l770, t. IS! , p. 590.)
Après la réparati on accomplie, par le parlement
d 'Aix, nOlls n e trou vons plus a u c un détai l SUl'
l'ancie n Président, ni SUr les d el'llières a nn ées. de
écrivait ses Mémoires,
Depuis long temps , nous aim o ns à le penser, le
président d 'Éguilles aura reçu ci e Dieu la récompense de sa foi e t ci e son d évoueme nt à l'Église;
mais si quelqu ' un vouhlit l'honorer sur la terre, en
louant sa mémoire , comme ell e le mérite, nous
serions heureux d e le voir a pplaudi,' au courage
dont il a fait preuve, cla ns le procès d es Jésuites, e n
s'expqsant , au péril manifeste d'e se perclre, sans
espoir fond é d e les sauver, mais to ujours entraîné
par l'amour cie la justi ce, et la voix cie sa co ns-
cet homme d e bien ; de ce magistrat d emeu ré ferme
au milieu d e la tempête, en ces tristes te mps de
décadence religieuse,
cience , De tels d évo uemen ts ne seront jamais t,'op
honorés sur la te,'re ,
Pour nous, en publia nt les JIIlémoires du Prési-
Si les descenclants clu Président J 'Éguilies ve-
�-
CL XXXVI -
,
naie nt un jo uI' à lire les li g nes que nOl1S écrivons
nous les prierions d e les regarde r co mme un recon_
naissant hommage, r endu pa r la Compag nie, à
l' ull d e leurs plus vénérables aïeux; à celui qui
parr la fermeté de so n cOlll'age e t d e sa foi donna
I<lIlt de lustre au nom qu ' il portait.
•
MÉMOIRES
DU
•
•
PRÉSIDENT
D' ÉGU ILLE S .
�MÉMOIRES
•
DU PRÉSIDE T D'ÉGUILLES
slln
LE PARLEMENT D 'A IX
ET LES
J ÉSUITES
AORE SSÉS
A SA MAJESTÉ LE ROI LOUI S XI'.
SI RF. ,
Me voici obli gé de combaure perso nn ellement
contre le sieur de Monclar, dans cell e ~eco nd e
parlie ('I). E lle n'est qu 'un e répon se il ses motifs
des arrêts et arrêtés des moi s de juin et oclo bre '1762.
11 a ramassé co ntre moi , dan s cet ouv rage, tout
ce que la colère pe ut in spirer de plus o utragea nt et
de plus calomnieux contre l'inn ocence. J e ne veux
pas qu 'on m'en croie sur ma parol e, ses écrits so nt
enlre les mains de tout le monde; o n sera en état
de 1I 0 US juger après m 'avoir enlendu .
Je ne l'imiterai point dans sa faço n de m 'attaq uer.
Je ne suppléerai pas les raisons par les injures. Je ne
dil-ai point que ses ruses SOllt celles de en.fer , qui
r
(1) La première partie est l'autobiographie du président d'Eguilles
dont nous avons précédemment donné l'analy se.
U.
�-2jeint de défendre [intérét du ciel; qu'il a un cœur
capable de scélératesse (p . 7 1); qu'il existe en lui UI/
homme qlli réunit 101lt ce que la plus grande 1/oil'('eur suppose de perversite , d'audace et de folie
(p. n ) .. qll'il est un.jourbe déterminé (p. (5); Ul/
accusafcur perfde, qui li usé cOllvrir sa tmhisol/
du voile d'une fausse fidélité (p . 71,); UII fléau dan.
gereux, dont {li société civi/(' devrait être présel'vée (p . (3).
-
3-
10 'e,' qu'ell e da ns ma d éfe nse: j'espère de la por-
p )
leI'
.
SUI
,. l' e nt...ere eVI
" de n ee,
'cllaque
art
icle , Jusqu a
' •
'"
. [:our procéd er avec ordre e t clarté, je va is co mmencel, pa.'
. ,rn e sim() le narra ti on d e tou s les fa.ts .
Je fll e content era i d 'a bord d e les accompagner des
'lièces authentiques qui les co nstaten t, sans aucune
•
discussion .
Je répo ndrai e nsuite dans le plu s grand d éta il
aux cinq griefs ca pitaux où se r édui se nt tou tes les
Je dirai simpleme nt qu'avec beaucoup d 'équité
natmell e, il a eu le ma lheur d 'en m a nqu er totale-
in culpations du sieur de Monclar, qui so nt :
'l' Mon criminel d évouement a u x Jésuites, dont
me nt dan s l'affai re des .J ésuites; que ses passions
j'ai été, à Aix, l'agent et l'esclave, jusqu '" mo n pre-
o nt été plus fortes que lui , en cette occasion , et
qu'il est un gnlnd exemple d es excès où l'orgnei l
mier départ pour Versai ll es .
2' Mes trois voyages ~ la
b lessé peut a mener' les plu s h onnêtes gen s, dan s le
d ésespoir d ' un e ma uvaise cau se.
défend re des co upabl es dont j'é tais act ue ll e ment le
Je m 'éloignerai égalemen t d e sa maniè r'e d 'écr'ire
trop peu analogue à ma natu ,'e d 'es prit; je n 'ai ni
COLI!' ,
entrepris pour
Juge,
3° Mes mémoires
Où
j'a i menti ~l mon roi, calom-
so n génie, ni son courage. Je n e sa u ra is pas, comme
ni é mon corps, outragé la magistrature e nti ère,
h' Mon pr'ojet ci e sc issio n pour l'exécu ti on duquel
lui , à force de sophism es et d e gra nd s mots, donne"
l'air de la ra iso n à un déraisonnement per' pétu e!. Il
je voulais soul ever le peuple,
50 Les autres moindres excès où je me s ui s porté
me serait encore plus diffi cil e de pren dre ce ton décisif avec lequel (i l me perme ttra de le dire) il affirme
à la suite de tout ce que dessus,
à tout in sta nt les rai ts les p lus faux et les maximes
les plus erronées. La médiocrité de mes ta len ts, ma
sim pli cité naturelle, ne sau ,'aient se passer du secours d e la vérité. Aussi ai-je bien résolu de n'em-
Comm enço ns par le récit des faits :
�- 5CII APITRE
P[\E~IlE[\ .
nl~C IT OF:S rA ITS.
Ce n'est pas moi , Sire, qu e vous all ez entendre
SUI' les détai ls de ce qui passa a u palais , le mal:
heureux jour de nos dernières divisions . Voici ce
qu 'e n écrivirent il M. le Chancelier qual/'e préSidents à mortier et quin ze co nseillers, dau s un e lell/'e
d o nt on n 'a osé demand er la rétractati on il pe/'so nne, pas mè n e à ceux qui o nt cru , dans la suite,
pouvoir sacrifi er , il leur tra nquillité, des devoi /'s,
qu, apparemment ne leur paraissa ie nt pas absolus.
E n va in le sieu r de Monelar voudrait-il d onn e,'
cette pièce accablante com me l'ouvrage des J ésuiles
qui allaient, selon lui , de maison en maiso n solliciler des signatures (1) : presq ue to us ce ux qui la
(1] Je vais rairoobserver par un seul trai t le peu de confiance que
méflte M. de Moncla r dans tOut ce qu'il 3"an ce contre celle lettre.
lIs.so~t ) dit- il, dix -neuf, parce qu 'on y fi compris UII jwn e magistral
~U,l , n. a~anl pas. l'âge "~qui$ pOUf la voix déliberalÎvc, se plaint d'avoir
ele prllJc du drOit de su/frage que les Jo is lu ; n {use"t (p. 30).
. On ~'erra , par .Ia l ect~rc de ceUe lettre , qu ' il n'y es t po in t ques~Io n d une pareille plalllte ; je relève rai ci- après nombre d'autres
Inexactitudes bien plus répréh e n ~ibl es,
Mais je .dois avertir une seconde foi s le lec teur de ne pas juger
de ce magistrat sur sa conduite dans les dern ières affaires du temps:.
Par le fonds de son caractère, pcr5=.onne n'es t moins ment eur ,
signèrent le firent ensemble, tout de suite, dans un
même temps, dan s un même lieu ; et les mag istrats
dont il veut fai,'e croire qu'on SU J'prit la bo nn e foi,
ceux qu'il dit avoir donn é, hientôt a près, des marques peu équivoques de leur repentir , so nt précisément ceux qui montrèrent d'abord le plus
d'ardeur, qui excitèrent les autres, qui signèrent
les premi ers. Ils n'osera ient lE' nier ; en tout cas j'en
offre la preu ve,
D'aill eu/'s, quoiqu 'il tâche, dans ses mo tifs, de
se justifier sU/' chacun des faits qu'elle co ntient , il
n'en nie aucun ; ils doivent donc to us être admis
pour vrais et pour avoués,
moins méchant , moins impi e qu e lui. Son âme, na turellement
portée au grand , au juste et au vrai . n'a d'aull'e vice que de ne
pouvoir pas touj ollrs assez résister ù un peu trop d'a mour-propre,
el c'est uniquement (',elle malh eureuse disposition qui l'a entra iné ,
comme mal gré lui , à divers excès. C'est elle qui , en l'aveuglant
sur toulce qui le contredisait 1 l'a fait si Sali ve nt dérai sonner avec
uno so rte de bonne foi dan s ses réqu isitoi res, co mp tes-rendus ,
motifs 1 lett res , etc ... Car, dan s toutes les affaires Ol! il n' y a point
de grand rôlo à jouer, il est pl ein de justi ce et de raiso n , comm e de
génie et de connaissances; et il rentre dans son état natureL Qu'il
da\'ienne modeste, et co sera U1(homm e pa rrait. Je l'ai dit à chaque
occasion : jamais l'intérêt que j'aurais pu avoir à l'avili r ne m'en a
donné la pensée: je voudrais, au contraire , pouvoi r bien ex primer
tout ce qu'il m'inspire d'estim e! à bea ucoup d'égards. C'est ici le
li eu de l'assurer qu'il m'a soupço nné à tort d'avo ir ro urni les matériaux de quelques ou vrages où il a été traité sans ména gement el
.:.ans équité, J'en ignore encore les \'éritables auteurs; je n'ai eu
•
�7
-G )al"
§ 1.
Copie de h, lcltl'e des dix ·neuf li/agistruts
il ft[, le Chancelier.
ce que nous devons à la reli gion et a nos
~Iaces,
d'avoir l'h o nn eur de vous faire part de
la singulière procédure qlli a été tenue dans celui ·ci,
La première assemblée des chambres sur l'afraire des Jésuites fut tenue le 6 mars dernier : on
o
u
lVl oNSE I GNEUn,
la co nfian ce o ù nous sO lllln es, que le Roi
est bi en aise d'être instruit de ce qu i se passe dans
ses difrérents parlements, a u suj et des Jés uites,
nous croyo ns être ob ligés, par no tre respect pOUl'
ses vo lontés, par no tre fidé lité pour son serv ice, et
" DHIIS
a,ucuno part à leur composition . à leur impre...::.sion 1 à leur publicall O~ ;
j'en ai bllimé publiquement les excès; ct quoique je n'cn
pUI sse condamn er le rond s, qui mo parait très-bon , je me rais un
devoir et méme un plaisir d'attester ici qu e j'y ai trouvé deux
calom nies atrOCf'S . Prem ièrement , on l'accuse d'avoir reçu des
so mmes immenses pOlir poursui vre les Jés uites) el il est certain
•
que , depu is quelques années, sa rortune serait plutùl diminuée
qu'augmentée. Secondement, on assure cn tormes expr'ès qu'il est
fils d'un petit a.vocal de province, et pe/ÎI·fils de pel'sonne; tand is que
son père, con seiller au Parl ement dans sa jcunesse, es t mort procureu~ général i el que ::a ramill e cst une des 3 15 qui composa ient
1 lorsque l'EtaL en rut dressé, il
y a près d'un siècle # par les commissaires du Hoi. Cct Etat a été
donné au public pal' M. le comte de Iloulainvilliers dans son État
général de la France.
la véritable nobl esse de Proven ce
M. de Monclar , qu i m'a si ind écemment insulté dan s tou s ses
écri ts, peut apprendre ici comment es t-ce (lU 'un honnête homme
d Olt
' par 1cr de son enn emi. : surtout lorsque la bonté de sa cause lui
rournit de quoi leconrondre sans 10 calom ni er ni l'outrager.
J' OJ'donna , sur la réqui sitio n de M. l' Avocat générai de Castillo n , que le Recteur de la maison d'Aix
remeltai t au greffe de la Cour un exemplaire imprimé de lellrs co nsti tutio ns, et notamm ent de l'édi·
tian faite à Prague en 1757, Le Recteur obéit; les
Constitutions furent remises.
, Dans ces en trefaites, l'Édit arriva; et le '15 mars,
M, de Castillo n, e n le portant aux chambres assemblées, s'en tint à demander acte de ce qu 'il le
présentoit , et à requérir que l'exemplaire des Cunslitntions des Jésuites, qui avait été déposé au greffe,
lui serait remis : pour, lesd ites Co nstitutions vues,
ètre requis par lui et ord on né par la Cour au sly'et
de fen/'egist remf'l1t dudit Édit, ce qu'il appartiendl'a it. Ce so nt là les propres termes des conclusio ns
qui furent adop tées, m ot pour mot, par l'arrêt qui
ajourna la Co ur au 27 avriL Ce jour alTivé, les
gens du Roi entrèrent et. demand èrent un premier
délai pOUl' avoil' le temps d'envoyer chercher un
exemplaire léga lisé des A sserliol1s qu'a fait imprimer
le parlement de Paris : on le ur donna jusqu'an
1
�- 815 mai . Ils dema ndè"ent un second d éla i , el enfin
le 18 du même mois, l\l. de Monclar commença à
pa,·ler . Il tint to ute cette séan ce, to ut e celle du
jeudi ;) juin , et un e pa"li e d e celle du lend emain
vendredi ; il laissa suri e bureau ses co nclusions pa,.
éc,'it, sa ns y joindre le di sco urs qu 'il avait lu : elles
portent qu 'il lui sera co ncéd é ac te d e ce qu 'il est
appela nt co mme d 'a bus de l'In stitut , Co nstitutions,
privil éges, éta t , VŒ U X, etc., d es Jésuites : permis à
lui de faire intimer le Provin cial pour ve ni,' d éfendre co ntre ledit a ppel , si bo n lui sembl e, à la rentrée du parlement ; et ce pe nd a nt ord onn er que
leurs pensio nn aires seront r envoyés , et le urs colléges fermés le 1" seple mbre; qu e d ès a ujou,'d 'hui
leUl's Congréga tion s d emeurer ont s upprim ées, leurs
hi ens a nn otés sous la main du R oi ; le urs papiers ,
- 9ainsi qu 'aux con suls d es autres villes et commu nautés de la provin ce où il y a des colléges tenus
par les Jésuites , d e s'assembl er pour les pOUl'voi r
de nouveaux régent s.
" Dès que !VI. le Procure u,' général fuI sorli ,
M. de Beaurec ueil d emanda à ra pporter une requ ête
que les Jésuites lui a vaie nt re mise, et sur laquelle il
devait être statué préa labl ement à to ute d élibéra tion : plusie urs d es m essieurs s'o pposèrent à ce
qu'elle fùt seul ement lue; e t les plu s forl es représentations su,' l'excès d e l'inj u sti ce qu'o n leur faisa it ,
de ne vonloir pas m ême éco ut e,' ce q u ' il s pou va ient
demand er, eurent b ien d e la pei ne à d éterminer la
pluralité des vo ix: on la lut e nfin : ell e étai t présentée au no m d es r ec teurs de to utes les maiso ns
de la province, qui ava ient muni celui d ' Aix d ' un e
ses substituts dan s les autres vill es, avec d éfe nse de
procuration spéciale po nr agir en le u,' nOIl1. O n en
joint id un e copie. VOLl S verrez, Mo nseigneur, que
les conclu sion s tenùa ient il ce qu ' il pi lo t à la CO llr ,
recevo ir des n ovices , d 'admettre perso nn e à la pro-
avant de sta tuer ni d éfinitive ment , ni provisoire-
fession : décl ara nt in ca pables d e to utes charges
ment SUl' les accu sati o ns qui po urraie nt avoir été
~ubliques e t de to us bénéfi ces ce ux qui , à l'a veni,',
portées co'lt,'e e ux, e t sur les co nclusio ns qui
etud,eront e n qu elqu es-un s d e le urs co lléges, et
nota mment ceux du comta t d 'A vig no n , so um ettant
à la peine des enn emi s d e l'É ta t e t d es pertmba-
avaient été prises par i\I, le P rocureur gé néral ,
teurs du repos pubJi c les p a"ents qui les y en verl'ont étudier ; qu 'il sera it e njoint à J' université d 'Aix,
leurs défenses, Que1llue justes q ue fusse nt les fin s
de ce tte requ ê te, ce n e fut qu 'après bien d es d ébats
titres, docum ents, livres d e co mptes, billets, arge nt seront remi s au Proc ure ur gé néral à Aix, et il
ordonner qn 'à la p oursuit e e t dili ge Ll ce dudit Procure",' généra l , ils sera ie nt assignés po ur y fo urnil'
l
�-
10-
qu'on la d écréta d 'un soit montré au PI'OCllI'eu!'
général ; on la fit passer tout d e s uite a u parquet.
, N~ u s avions d 'a uta nt plu s d e raisons de penser qu elle y serait bi en accueilli e , qu e• ll'I
" . 1e P rocureur général , en d ema ndant dan s ses conclusions
qu 'il lui fùt permis de fail'e intim er le Provincial pOur
d éfe ndre à l'appel comm e d 'abu s , s'il le tro uvalt'
b on , venait de nous dire qu e ce tte intimation semit
UI,l e gl'âce et U~l excès d e h o nté; attendu que les
JesUItes devraten t se présenter d'eux-mêmes, reproche qw leur avait été déjà fait dans p lusieurs
p arlements, ce que JI1 . le Procureur b"e'ne' ra l aval{'
relevé avec la plus grande véhémence , Cependant
la requ ète revint du pal'qu et a vec d es co nclusions
qui l,a rejetai ent a bsolume nt. O n opina : nous représenta mes inutil eme nt qu e les Jésuites étaient bien
m,albeureux qu 'on leiIl' fit un crime d e ne pas se
defendre lorsqu'ils ne pa rai ssai ent pas; et qu'on
lenr en fit un de se d éfe ndre quand il s parais' sti ce d e leur demande
salent ,' qu "a l"e VI'd ente Ju
au fOlld , se joigna it , e n leur fav eur , to ute l'exacti :
tudede la form e ; qu 'o n ne po uvai t pas dire qu 'ils ne
de va ient pas sa voir s' il pouvait ê tre ques tion d 'eux
da ns l'a ssemblée actuelle d es chambres, puisque,
outre la conna issan ce d e fait qu 'il s pa l'tageaient
avec toute la ville, ils en a vaie nt e ncore la connaissance de droit par la demand e jUI'idique qu'on leul'
-11avait fa ite de leurs Con stitutions; qu 'on ne sera it
pas lIl èlll e fond é il leur o pposer qu 'il s ve na ient
trop tard, puisqu' il ne le ur a ura it été ni permi s, ni
possible d e ve nir plus tôt: ne pouva nt présent el'
requête qu 'au x chambres assembl ées, et n'aya nt
pas le droit d e d emander qu' on les asse mblât , il
fallait bi en qu' il s a tte ndi ssent qu 'elles s'assembla ssent de leur propre volonté; qu e si , da ns le co urs
des troi s séan ces qu'a va it e ntièrement l'emplies
M, le l'roclll'eur géné ra l, on n 'avait pas proposé plu s
tôt de rapporter leur requête o n l'ava it fait parce que,
comm e tout le mo nde sait , il n'est pas permis d 'interrompre le Proc ureur gé né ral , et de faire opiner ,
SUI' quoi CIue ce soit, da ns l' inter valle d ' une séance à
l'autre, jusqu'à ce qu'il ai t ach evé de parler , toutes
ces diffél'entes séan ces étant censées co ntinu er une
seule et mè me séa nce; qu ' il éta it do nc i ncontestable qu'on présentait cette req uête a ussitôt qu 'on
avait pu le faire, t' n la présenta nt il. l'insta nt même
où les ge ns du r o i ve naie nt d 'achever d e parler;
qu'enfin, en tout éta t d e call se, il pa rai trait b ien dur
et bien injuste d e refu ser d 'e nte ndre un corps nombreux, composé d e p rètres e t de religieux, qui
avaient à défe ndre le ur h on neur et le ur état.
, Malgré to utes n os représe nt ati ons, la requête
rut rejetée, et M, le premie!' Préside nt renvoya la
continuation de l' asse mbl ée a u lendemain sa medi ,
�-
12 -
, " Dès
. que nou s fùmes en séance ,M
. de 1\'1ons
pere: vl~e-doye_n de la Compagnie, représenta que,
~a:'1 arre ~ du " tl mars, les gens du roi n'a vai ent pas
ete chal'ges seu lement de rend r'e compte cles COllstl-'
tutions des Jésuites mais bien de rend
re co mpte
de 1 ed ,t relatIve ment il son rapport avec lesdites
Co nstituti o, ns, qu 'o n ne lui avai t données
ains 1' que
'
les Asser/tOns, que comme des pièces et mémoires
à, l'aide desq~: I~ ils pounai ent por'ter, Sur l'e nregis_
tr ement de 1 ed rt, des conclusions plus réfléchies'
qu 'il était irr'ég ulier et con tre le devoil' de 1eurs c h
'
arges d e n'avoir pas fait plus de lII e ntion de cet édit
dans
leurs dites conclu sion s , qu e s'il n'a. vac 1't Jamais
'
,
• "
l'
.
. '
~te e~voye;_et ce au mépris d e l'autorité roya le, etde
1 arret du 1;:, mars dont la disposition é tait expresse,
" !VI. le premIer Présid ent répondit que M, le Procureur généra l demandait ir ex pliqu er les causes
de son sile nce , Un le manda venir , Il nous dit entre
autres choses qu e le parl ement de Paris e t les autr'es
pal'Iements n'aya nt eu aucun éga rd ù cet édit sans
que le roi e ùt paru le tro u ve r mauvais , il faliai t le
re"a
b rd er en qu elq
'
ue Craçon comm e non eX 'Istant. li
finit e n disant qu"1r ne d e\,'
a rt y co nclure que lors-
que les Constitutions seraient purgées des mo)'em
d ' ab~ qu'il avait relevés, et qu 'il requ érait qu 'on
opll1at tout de suite et avant toute autre d élibération
les conclusIOns qu "1l avaIt
" re mrses, Lui retIre,
, ,
SUI'
-1 3 on a demandé qu 'il y eût à joindre il ses conclusions
par écrit ce qu 'il venait d e dire verbaleme nt dans
la chambre , au sujet de l'e nr'egistrement de l' édit ;
ce qui a encore été refusé il la pluralité de tr'ès-peu
de voix , sur le motif que la clause portée dans l'arrêt
d" '15 mars qui dit: pour les Constitutiolls vues et
examinées, être requis et ordonné ce qu'il appartiendra sur ï f'llregistrement dp, édit, n'était pas
r
restr'cinte au se ul examen du Procureur général,
mais portait e ncore sur celu i de la Cour: et qu e
conséquemment la Cour n'ayant pas encore exa min é
ni pu exa miner ces Co nstitution s, le Procureur généraI n' était pas obli gé, dan s le mom ent , a ux termes
de l'arrèt , d e por'ter d es concl usion s sur l'e nregistrement dudit édit.
" Nous avo ns d e mandé que celt e d écision fût
mise sur le regi stre, ce qui n'a été acco r'd é qu'après
bien des difficultés, Notre motif dans cell e déma rche a été de co nstater le refus de M, le Procureur
généra l , de prendre d es conclusions sur l'e nregistrement de l'édit , et le refus qu'a Fait l'asse mbl ée
des chambres de le lui ordonner ,
" Enfin il en fallut venir a ux co nclu sio ns éc,'ites,
laissées la veill e sur le burea u, No us Il e doution s pas
qu'avant d 'y npiner l'on n'en ren\'oyàt l'exa men
prèalable à des commissaires, selon l' usage inviolablement observé dans ce parl ement où l'on y l'en-
�-
I l, -
voyait les édit s les moin s important s et les mOindres
"O'lires qui o nt trait " l'ord,'e publie, No us nous
tro mpâmes : vin gt-qua t,'e juges d éclarÈ','ent en vain
qu 'ils ne pouvai ent opin er to ut de suite, dan s tin
procès d e cette import a nce; e n va in il s proteste,'ent
de la viol ence in o uie qu 'o n vo ul ait leur f"ire; en
va i" ils do nn èrent en exe illple la co nduite du parlement d e Paris , qui avait mi s 29 jo tlrs d 'inter vall e
ellt,'e le co mpte du Proc ure ur gé néral e t son anêt
du 6aoù t ; en vai n on ntobsprver qu ' il se rait mon stru eux de re nd,'e un arrèt d a ns un e affaire qui , nonseulement n'était pa s instruile, mais qui n'était pas
-
'11;-
que ce compte qu'ils avaient entendu é tait no n-se ulement partial el in exact , mais qu 'il y ava it d es ci talions fausses ; ils e n redressèrent le texte et le sens,
et ils prièren t d 'obser ve r s' il était permis de CO II traind re 2~· juges, dan s un e affaire si importante,
0 11 à quiller le urs places, ou il o pin er sur la simpl e
autOl'ité d' un pareil réquisito ire ain si a ttaqué, et qui
ne pal'aissai t pas m ême Sllr le burea u pour pouvoir
être discuté,
" Nous nous crû mes don c obligés d e décla rer de
la fa çon la plus ex p,'esse, que nous n'opinions pas:
,,'étant pas inslruils, el ne pOll vallt pas l'étre .
mème l'a pportée, qui ne pouva it pas mè me l'ètre,
dont les pié~es n'étaie nt pas mè me Sur le bu rea u :
, Plusi eurs d 'entre no us d ema nd èrent encore que
celle déclara tion fùt éCl'ite d a ns le procès-verbal de
ca l' on n'y voya it ni les comptes- rendus aux parlements de Pari s et d e Re nn es, auxqu els M. de Mo nclar s'était rapporté dan s le sien ; ni les le ttres palentes ~ anèts , remo nt,'ances, co nco rdats et autres
d ocuments sur lesqu els o n ava it pré te ndu prouver
que l'établi ssement des Jésuites n 'avait jamais été
légal en Provence; ni aucun d es li vl'es Aètris pal' ses
co nclusion s; ni e nfin son prop re réquisi toire. Ces
messieu rs ne répondire nt ù toutes nos in stances que
par un e d éclaration co nsta nte qu 'il leur suffi sa it,
pour pouvoir op in er , d 'avoir cru les gens du roi;
et qu 'ils vou laient le faire .
.
la séance. On le le ur accorda ; e t tout de suite on
'adopta , comme pal' acclamatio n , et sa ns aucune
" Alors plusieurs de nous avancèren t librement
restriction , les concl usio ns du Procure ur général
sa ns ouvri r' seul eme nt le livre d es .dssertiolls ,et sa ns
Ii,'e un e seule li g ne des COflstiluliom. Il est d 'autant
plus étonna nt qu'on n'a it fa it a uc un e lecture des
Constitutions, que dans la méme matinée 011 vellait
de décider , el constaler par le registre, que ce
,,'é/ail qu'après cet examen par la ('ol/r, 'que le
Procureur général serail obligé de prendre des
cOllclusiollS sur l'enregistrement de rédit; ce qui
forme la plus m anifeste et la plus li/létale contrariété dalls deux délibérations clu même jour.
�-
-lï -
16 -
" L 'arrêt a passé à la pluralité d e 29 vo ix , ré-
~
duit es à Z4 par les co mbin aiso ns et le défa ut d 'âge,
II.
contre 27 vo ix rédu ites à 22 par les mê mes l'ai so ns
, La viole nce qu 'o n nOliS a faite, Mo nseigneur',
Procéd'lll'e commencée eontre M. de MontvlIlon le },he, à
la reqnête de M. de Moncla,'.
en nous arrachant d e nos places par la nécessité où
l'on no us metta it ou de les quiller , o u d 'y ju gel' la
La letll'e parti e, tous ceux qui l'a vAienl signée
plus grande e t la pins diffi c ile d es a ffaires, sans in s
tru ctions, sa ns pièces, sa ns ra pport , sa ns lechll'e,
nous a mis da ns la ma lhe ureuse nécessité de vous
l'e ncire co mpte d e no tre co nduite , non p our inculper nos confrères, ma is pour fa il'e passel' au x pieds
de Sa Majesté, a vec l'ass ura nce d ' un e soumi ssion el
d ' un e fid élité à so n ser vice qu e ri en ne p OtllTa jamais'
ni hom er , ni ébra nler, nos très-humbl es supplica tions pour le maintien d es (Ir'oil s les plus essentiels
de nos cbarges qui so nt : p" ellli èreme nt , d e pouvoir
juger ; secondement , d e ne po u vo ir ê tre co ntraints
à le faire sa ns être suffisa mm e nt in struits,
u
D.\ N;
DE
qlli ne
servi l'ail que ma vengean ce.
Cependa nt o n \'inl il savo ir , je n e sars pal' o lt ,
qlle non-seul eme nt M, le Cha nceli er Ile nOli s al':l il
pas répondu, ma is e ncore qll ' i1 éta it d ans l' intention de ne pas n Oli s l'é po ndl'e, par' la cl'a inle, sa ns
doule , cie se co mpro me ttre d a ns IIn e a rraire où il
al'ait li eu ci e do ute r qn 'o n \' o ul tr t avoil' pOlll' ses
décision s le res pec t co n venabl e. O n
!lUU S
crut alors
Bon:n I)'EG UILLES ; le P r~s. O' ENpère; 1\IONTVALON père; Co-
dalls ses m otifs , p orta p lail/te a u x cha mbres asse m-
DE
père ; DE JOUCQUES père ; BEAUi\1 0NT VA I.ON fil s ; l'abbé De MO~T\',\ LON ;
RIOLI S ; MIR ABEAU
TH ORAME ;
Ct'
lais, le sieur de Moncl a r, a in si qu ' il le d it lui -même
le P,'és.
TRECASTEAUX ; MONS
RECUEil . ;
callse, et j'ai résolu d e supprim e r tOll t
Gun-
n E Comou s DE S PI NOUSE;
le Prés.
conll'C nous : ils so nt indirrére nt s a il fo nd s d e ma
cie nou s détruire pa r ta ul es \'o ies .
En con séque nce, le 30 juin demi er , jo ur de pa-
" D'A ix, ce 7 juin 17G2.
Le Prés.
de l'apporter ici les excès o lt l'o n se port a d 'abOl'd
sans l'eSSO lll'ces con Ire la d éterrni :, a ti o n déjà pri se
Nous so rnrn es avec respect , etc,
c
se firent un d evoir de le ùéclarcr , 11 serait inlltil e
FORTIS ;
D Es pn ,\ux;
L/\
CHAI\I.E\'AL : CA MELI N; I)~: ROUSSET.
C ANO nGUE;
,
blées sur UII ji,it qui l' illl ùessail p ersollllellelll elli .
Le sieul' de Mo nl l'a lo n père avai t dit , en o pi na nt ,
qlle le réqlli sil oire sur lequel o n voulai t .i uger, sa li s
allcun exanlP n , la plu s gra nd e el la plus diffi cile
II.
•
~
�-
11l-
-
des affa ires, lu i para issai t rempli d 'in exactitud es et
mêmes de fausse tés : le s ie ur Procu reur généra l qu i,
dans to ut le CO \II'S d e nos d ivisio ns, n 'a ja mais l'iel)
vu d 'irrégulier d ès q u 'il 3 é té qu estio n o u de nous
poursuiv l'e o u de se tirer d 'emLnIT3s, im agin a un
sin guli er genre de procédure, po ur ce ma gistl'at, sa ns
s'ex poser lu1 - mè me.
Il e ntra d ans la cba mbrc ; il de ma nd a qu e cbades messieurs )' m t intel'l'ogé sépa rément ;
qu 'o n dressâ t pl'ocès-verb al d e ce qu·'o n l'épa nd ra it , afin de co nsta te r q ue l é ta it le magistra t q ui
avait p u l'accll sp r de fa usse tés, po ur q u e l'accusa CII Il
lellr les prou vât ou qu 'il su bît un e pein e pl'o portio nnée il l'offe nse (p , 1,:1 ), En SOl'l'e qu 'il p réte ndail ,
co mm e on le ve rra encore mie ux ci-a près: que le
sieur de Mo ntva lon fl,t jugé nOIl s ur la réa lité des
fa ussetés qu' il pro uverait être da ns le compte-rendu ,
mais SLlI' la réa li) é de celles q ue l' o n clé poserait lui
a l'oi,' e nte ndu obj ecter e n a pi na n l ,
~
III.
DéclO1'ation du sie,,,, rie Cas /ilion , de l'intention où /'011
était denou.s POl/?'s,'ivre tOitS, com.me le ,ieur de Mon/va/on,
19 -
, n,
n:ltlO
,
JOUI' ,
lut lin réquisito ire q u'o n imprima le mème
o u' il eut la té mérité d 'a nn o ncer q u 'on
"
élendl'ait su r n ous, a la rentree d u parl ement, la
)l'océdure in ouïe CO lllmencée con tre le sieur d e
~ontvalon ('1), J'a lla i avec ses
deux fil s, il q ui j'ai
J'honneur d 'a pparle nir a u seco nd d egré, chez le
sieur premi e,' Présid e nt ; no us lui ex prim âmes
Ioule notre s urprise et de la bard iesse du sieur
Je Caslill o ll , et de la viole nce d u sie ur de Mo nclar, et de la facil ité in co nsid érée dp la Compagni e,
Nous nous a tt acbâ mes smtou t " lu i bie n faire
sentir combie n il était ir rég ul ie,' : l' qu'u n P,'ocu reur général qui s'était déclaré lui -même pa l,tie
personn elle daos un e affaire, elt l osé néa n moi ns y
requérir comm e partif' publi que; 2' que to us les
membres d ' un t,'ibun a l , da ns la même séa nce,
eussent été à la fois té mo in s e t juges: 3' qu ' il s eussent déposé so us se rm e nt po ur fa i,'e partie d ' une
inform ati on , ce qui s'était passé d a ns le secret des
opinions, secre t q ue le p re mie l' serme nt d u mag istrat l'obli ge à ne ja ma is révéler ; ',.' q u'on eM pré(1) Voici ses paroles : Ce qui l'e5 te il faire pour le plein ~éla
u bliasemenl de l'Ordre et contre les d6marchC'5 répréhensibles
ft
.
' 1a d'ISCl.p l me
' 10
' lé'
appartu}Ilt
a
l'I eure de la Cour , ct c'est dans \('
~ccrel du sanctuaire de la ju::: ti ce, quo les prclI ve5 ct les remèdes
If
doiront êlre c hcrché~. )) (Arri! t du Parlement de Provcncr.
Il
Da ns la mème heure, le sieur d e Castillon , il
l'occasion d ' un écrit do nt il d emanda it ln cond am-
30 juin '176'2 .)
•
�-
-
20 -
j ugé qu e dans le cas où le sieur d e Montvalon se
sera it trompé, en croya nt vo ir' au premier' co up
d 'œi l des fau ssetés où il ne se tro u verait que des
in exactitud es, il n ':1111',it pu , sa ns d é li t, le dire naïveme nt co mm e il le pensait dans la li ben é enti ère où
doive nt ètre les j ug('s en opi na nt ; 5° e nfin , qu 'o n
eùt sacrifi é, sa ll s ménageme nt , les plus res pectables
fa mi lles du parlement , et to utes les lois de la décence, de la raison et de l'éqllit é, ~ la passion d"
sieur d e j\Ionciar .
No us finîm es pal' le suppli er , ou d e voul oir bi ell
emp loyer l'a utorit é d e sa pla ce pour faire cesser
un e si ét,'ange pe,'sécuti on, 011 d e n e pas touvel'
mauvais que nous a llass io ns de mander j ustice aux
pieds de Vo tre Majesté . Nul d Ollt e q ue le sieUl' de
la Tour aurait tout co ncili é s' il l'ava it pu . II a le
cœur droit et l'esprit bOIl ; il a im e la paix; mais le
torrent entraîne: et bien souve nt l' o n paraît presqu e ap pro uv er ce qu e J'on vo udrait très-sincè,'ement pouvoir empêcher , Quoi qu' il en soit, ni dans
cette visite , ni dan s d 'autl'es, nOIl S ne recLlIlles
a ucun es parol es satisfaisa ntes .
Le sieu,' de Mo nt va lon, a u co ntraire, fa isait toutes les avances, proposa it tous les moye ns honnêtes:
il poussa la générosité et la m od ération jusqll'i,
co nsen tir de renon ce " , pa r respect poUl' le parlement , il toutes fins d e non-recevoir ; d e se lai sse,'
21-
juge r en l'état 511" la procédure comm encée; d e
subi ,', ell lin mot, la pein e d es calom niateurs, s'il
ne prouvait pas la vérité de tout ce qu 'il avait
avancé co ntre le réquisitoire. Il exigeai t selil eme nt
que cette pièce lui fût re mise tout de silit e, pour
pouvoir l''' tlaqu er en form e; e t afi " qu e le sieur de
Monclar ne pi,t pas feinclre d 'avo ir ignoré sa détermim,tio n , il lu i écrivit la lenre suivan te en dat e du
\" jui llet:
~
I V.
Lettre de JII, de ft!onlvalo1l il M. de J1[onchtl' ,
" Je ne puis ig nore r , Monsieur, la réquisi tion
'lue vous avez fait e hi er dan s J'asse mbl ée des chambres , Je pOll''I'ai s \'OUS o pposer qu e \'OllS ne pouvez
pas vous p laindre d e ce qu e vos j ll ges a urai ent dit ,
en usant de la liberté des op ini o ns, après vingtcinq jours d e sile nce d e votre part ; et surtout
n'aya nt pas remis sur le bUl'eau le réquisitoire qu e
j'ai co ntredit , e t J'ayant g,,,'dé à votre seule disposi ti on jusqlles à a uj ourd ' bui, Si VOliS vou lez néa nmoins qu e je pl'Oli ve la vérité d e ce que je puis avo i,'
dit , envoyez-moi , pal' tout le jOli l' , le réquisitoire tel
'I"e vOliS J' avez lu à J'assemlolée d es chambres afin
qll e je puisse l'e mplir mes preuves . J 'en fera i mOll
�-
:2:2 -
-
cha rgelll ent il votr<, secrétni l'e . M. le Chan celiel'
recevl'n une copie de cett e lettre, avec lIla trcshlllllbi e prière de vOli lo ir bi e n en re nd re cO mpt e"
$" Majesté, Je slli s, avec des sentim e nt s très-co nfor_
mes à ceux do nt VO li S m'ho no rez , l\Io nsi ClIl' ,
" Votre tres- bumb le et très-ob éissa nt servit eul' ,
I(
1\'[01\'TV A LOJX.
)j
Voici la l'é po use qll ' i1re~' lIt le le nd ema in
~
v.
Réponse de M, de A/onclm' à M. de ilIonlva loH.
t
Je croya is, l\I onsieur', en recevant vo tre lettre,
qlle \'OIlS aviez du repentir dll la ngage indécent et
ca lom nieux que vous av iez tenu à mon égard ; mais
j'ai bientôt reco nnu qu e le mê me es p,'it d 'injure
vous a dicté cette dé marcbe, e t qu e vous ne llI 'écrivez que pOllr l'aggl'ave r, et pOUL' t" che ,' d e me tend,'e un pi ége. Vous vous figurez qu e j'ai d es motifs
pour ne pas faire pa ral tre mo n réquisitoire, et,
sur ce prétex te , VOliS Cl'ovez avoir le droit de m'insulter impunément. Je ~ 'a i point à vous rendre
compte de ma condllit e : je n 'a i point remis mon
l'équ isitoire da ns l'assembl ée des c ha mbres, parce
que noll'e usage, qu i vous est fOI'l co nnu , n 'est pas
de le remettre qua nd nous laisso ns des conclusions
J'" ' écrit
~lle
23
le burea u , e t pa rce que personne ne
l'a dema ndé . La d emande que vo us l'aiLes
SUI'
aujourd'hni pour c he rche r des prétextes i, d e nOll vell es ca lo illnies, a il pOlir dire qu ' il a été re toucbé,
""X
estLOut à fait illusoire et co ntra ire
règles, Vous
espérez par ce fa ibl e d éto lll' changer l'éwt de la
qu esti on qui est entre n ous; e t mo n intérèt est d pla fix e,' : VO li S avez osé m' impute r d es fausse lés ,
voili! le point. Ce ne so nt pas d es eneurs 'I" e vo us
avez relevées dan s Ill o n réqui sitoire; ce so nt des
fau ssetés: vous avez choisi le term e; et vous avez
se nli en même Le mps qu ' il fa lla it apparI er des preu-
ves p Oli l' sou tf: nir ull e acc usa tio n au ssi grave . Vous
n'avez pas é té he ureux d a ns 'vos décou vert es dont
tous les magistrats qui étaient pl'ésellts doi vellt se
sou venir ; celles que VOllS avez IIU fll ij'est ées éta ient
SIllIS doute les plus impol'l<lllfCJ' ( 1) : il Il )- <1 dOliC
{Il (( Celles que VOli S avez manife::.lûèSt'i taÎ Cll t Si.lII S dOllte Ics plu s
importantes. » 11faut ob:-;erver : '10 qu e le :iieul' de Monl\'al on n'indi _
qua quo la lr'os-potiLc partie des in e:..actitudes qu i ['n\a ient frappé
dans le réquisitoire ) et quo cell e::; qui , en opinant , se présentèrent
les prCmiOI'C5 à Eon e5prit sans ex aminer si elles ét4lient les plus imparlantes , ainsi qu'on le dit. De sorte qu'en vo ulan t Ile sc défendre
que sur celles-là , le :;;ieul' de Moncl ar ne sc serai t point trou vé
suffi-:amment justifié , quaod même M. de ~ l on tHdo n y aura it succombé .- ~o L'acc usati on de faussetés ne pOrlail poin t sur une altérution dea mols , mais sur l'infidélité des traductions, SUI' la suppression de par ti e des textes et sur la mauva ise foi des commentaires
qu'on )' aj outait. De sorte qu'il était 3bsolunlent impo:;..;;;ible qu'au-
�-
24 -
qu'à nOliS juger SU I' 1'Olrc
accusation
e l Sur 1'OS
preu!'es.
25 -
" Cessez d o nc d 'empl oyer pOU l' prétex te qu e
Illon mémoi re est l'est é da ns l'in cognito: ce
" Chac un S:l it qu ' un llI:lgistra t, a lo l's co mpagnon
de l'OS tr"vaux, qui l'a é té de plu sieurs d e vos dé-
Il 'est
pas
SUl'
des so upçons vagues tJue la passion e nfa nte
0 11
que la maligni té suppose, mais s ur d es fa its po-
marcbes, et qui a donn é des ma rqu es publiqu es de
son rt" pPlll ir , écriv:lit ses Il oles av ec un crayo n pen.
sitifs, qu 'on peut accuse l' lin magistra t de fausset é,
cl a nt qu e je prononçais mo n di sco urs , Ce so nt do nc
réqllisitoire flit remis, en vo u s so ume ttant à prouyer
tous vos effo rts l'éuni s qui on t produit les acc usa-
les faussetés que VOliS di siez y avoir ape rçues. Vo us
li ons
que
VO LI S
avez mises au jour .
, S'il Yen avai t ell d e plu s graves il forlll e l', vous
ne m'a mi ez point épal'g né; elles ne seraient point
Vo us pouviez requ érir da ns VO ire o pini o n qu e mon
n'avez osé le fa ire, et vo us vo us ètes p,'é valu de
Illon absence pOUl' m ' in sult er ,
• Vo us paraissez ma inte na nt vous retran cber
SUI'
so rties de votre mémoire; perso nne ne croira que
le ca rac tère d e Ill on juge, expression assez impro-
VOliS les eussiez renferm ées dans III sil e nce j usq u'à
œ jo ur ; ell es aura ient été répétées d ans tous les
pre; SUl' la li berté des opi ni o ns, et e nsui te sur mon
silence de 2:'\ jo urs, Je su is étonné qu'ap ,'ès avoir
conci liab ules de ceux qu 'o n ap p elle les amis d es
vieilli dan s un parlem ent , ,·o u s croy iez qu e le mot
Jésuil es, et le bru;t en aurait été répandu dans to ut
de fall ssetés est d e sty le da ns la ma gis trature, et
le royaume , Des vérités fà cheuses n 'aLirai e nt poi nt
qu 'il est Iib,'e ;, tOtlt ju ge qll i opi ne d e s'e n ser vir
été éparg nées à celui co ntl'e qui o n prodigue tant
d ' impostlll'es absurdes ,
vis·à-vis ce lui qni l'e mplit le mini stère publi c, sa ns
cun de:; juges pùt, au bout d'un moi!', ~e souvenir d'accusations de
pareille nature et des preuves qu 'on en avait apportées, el s'en sou venir nec assez de détail et d'exactitude poul"fJu 'on elh pu juger uni.
quemen t sur leu!"s déposit ion s comme le prétendait le sieur de Mon.
clar, s'il avait é té calomnié ou non. A\ec aulant de lumière qu'il cn
a, il ne rallai t pas moins que l'embarras de sa ~i luation pour lu i raire
imaginer un si singulier genre de dércn:::e, qmtnd sa partie lui
on'rait le plus naturel et le plus simplo qui étll il d'lIbanùollner à
SO n e\amen la totalité du réquisitoire,
en donn er au cun e preu ve , ou en rapporlant des
preuves qui se détrulselll d'elles-mêmes. C'est ce
qll e le parle ment d écid era su r ili a p lai nt e et vos défenses; l'Oti S d ema nd erez a lo rs mon réqui sitoire, si
VO li S
le tro uvez bon, et lu Compagnie décideru si
f exhibition est nécessaire . E n a lt e ndant , c'est à
vous cl ,'ous mppeler '!JOire accusalioll le/le que
1JOUS l'avez coarclée dans les chumbres. Si vo u s
l'exposez fid èleme nt , elle Ill e suffira pour la co nfon-
�-
26 -
-
27-
dre, et j'espère qu 'elle sera fi xée dans le procès-ve,'_
bal pour le souvenir d e to us les magisll'a ts ,
Vous pouvez vous épargn er la peille de faire copier
ma répon se. J 'alll'ai l' honn eur de la lui e n voye r
, La Compagni e j ugera pareillement si je suis
non receva bl e p our avoir ga rdé le silen ce pendant
quelques jours , Cal' o n m'avait d 'a bord caché ce que
vous aviez dit e n Ill o n abse nce, et e n me le rappor_
tant on affaib lilles récits. O n y joi gnit tant d 'al!ttres
choses que vous avi ez hasa rdées dans celte assembl ée des chambres, qu 'il fut facile d e me pe,'suader
qu e je pouvais ga rder le silence_ Je vous épargne le
d étail des raiso ns qui me furent alléguées, pOUl' me
faire entendre que dans le pays où no us avions vécu
l' un et l'a nt,'e, je pouvais diss imul er sa ns le moindre inconvénient; mais lorsqu e j'a i vu que dans les
libelles imprimés et répandus pal' to ut le roya ume,
des main s qui ne vous snnt peuL-être pas inconnues
érigeaient des t,'oph ées à un magistra t pour m'avoir
co nvaincu de diverses fa usse tés, et les avoir fait
tou cher au doi gt , j'ai fort bie n co mpri s d 'où partait
ce la ngage; et j'aurais manqu é à ce qu e je dois à
ma place et à moi-même, si j'é tais l'esté dan s l'inacti on , Je me suis co nform é a u x règles de notre discipline : je me su is soum is avec respect a u jugement de la Co mpagnie, Q u'espérez-volis en recomant
à M. le Chancelier ? Il est trop j uste, po u,' que votre
conduite et votre pe,'sévéra nce d a ns l'o utrage que
vous m'avez fait , n 'excite nt pas so n indi gnation.
moi-même, Je sui s fàch é, en fini ssa nt 1 qu e vos pmcédés ne me perme ll e nt pas de re ndre ce qu e je d o is
~I votre place et ~I votre âge.-1VfoNCLltR .
»
On voi t , dan s ce tte ré po nse, co mbi en le sieur de
Mon clar, tout hardi qu 'il est , redoutai t pour so n
réquisitoire la discussion du sieur cie Mo ntvalon , TI
n'offrait pas même de le lui représe nter lors du ju gement ; il renyoyait à la Co mpagnie d 'exa min er si
l'ex hibition en sera it a lors n écessaire; persistant
toujours dan s le ridi cul e p,'ojet d 'èt,'ej ugé, no n SUI'
les inexactitudes qu e sa parti e prou verai t être dans
son dit réquisi toire, mais S UI' ce ll es que quelquesuns des messie urs d é poseraie nt d e mémoire, qu'elle
lui avait reproch é e n o pin a nt.
Qu'on ju ge qui d es de u x paraissai t le plus st'r r de
son fait! La justifi ca tion du sieur d e Mo ncl a,' n 'aurait-elle pas été plu s fa cil e, plus co mpl ète, plus glorieuse, e n acce pta nt le d éfi du sie ur d e Mo ntvalo n ,
ct en livra nt à sa cens ure la to talité de l' ouvrage,
qu'en se renfermant da ns lin genre d e défense sa ns
exemple, in so ute nabl e, e t qui n 'a urait ja mais pu
le laver plein ement ? Ma is, co mm e je l'a i dit, on voulait ne point s'ex pose r e t perdre n éa nm oi ns le sieur
de Montvalo n . Le prem ier pas étai t fait, la vengeance était jurée; c'étai t sur lui que d eva ient porte l'
�-
:28 -
-
29-
les Jésuiles pO li r
,,'avions J'ail -liu pa /ais - ljue ce que
les premiers coups, ta nt pour satisfaire d 'a nciennes
défendre a ux pied s du Tro ne,
ha ines, que p OUl' nous montrer, par les violences
exercées co ntre le plus ,'es pccta bl e d 'e ntre nOLIs ,
celles qu 'on nous prépa ra it à tou s.
qui II OUS
nOliS ourions fail pOUl' 110S pil'es el1nefllls,. mais
Raisons qui me détenninèrent li pUI' li·r pom' Versailles
avec M, l'abbé de 'Mon tvalon,
1/011
nOS plu s procbes pare nt s, ma is not,'e bo nn eu r, mais
notre état , !fiai s no us -m ê m es , do nt le sieUl' de
Castdl on ava it d éjà ann o ncé sole nn ell eme nt la proscripti on,
J'offrai s néanm oin s d e ne point pa"tir , de ne plu s
poursuivre d e pl a intes " la Co m , de fai,'e cesser
toute di visio n d a ns la Compag n ie, pou,' vu qu 'on
A qui dev io ns-n o us d o nc avoi r r eco urs dans
cette oppressio n ? Q uelqu e a ttache me nt , quelque
res pect qu e nous co nser vassio ns pou,' la Compa-
abandonn ât la procédure comm e ncée, et qu 'o n Il <lUS
promi't de nOLI s laisser o pin er dorénavan t , en tout es
gnie, pouvio ns-nous évi te r d 'a ller récl a mer la p,'o-
Dans la seco nde, je lui an no nça is que nous par-
tection du sou ve,'a in 1 N'a vo ns-n o us pas différé, tant
tions le lend emai n , l'a bbé d e l\Jon t va lo ll et moi ;
qu ' il a été possible, cell e d éma rche nécessit ée? y
mais avec Ull e si gra nd e d o ul e ur de no us voir ob li gés
a-t-il qu elque chose qu e n ous n 'a)'o ns pas tenté,
pro posé, souffert pour no us l'é pa rg ue,'? Qu 'on se
de nous élever co ntre nos co nfrères , qu e mê me a rri -
so uvi enn e qll e la requ ête de plainte contre le sieu,'
de Montvalo n fut présent ée e n juin , et qu e nous ne
de porter Il ot,'e pl a inte, a fin qu 'ils eussent tout le
temps de no us)' fa ire co nn :Jitre leurs d el'lli ères ,'é -
quittâmes la l'ror e nce qu 'a u m ili eu d '"où t , qu oique
les cha mbres d ussent se rassembler CO 'll,'e nous le
1" d 'octobre. E ncore ne le fi mes-no us qu 'a près en
solutions. Je fini ssais e nfin pa r ob se r ver q ue, pou,'
avo ir pré venu plu s d ' un e fois le sieur prem ier l'rési·
dent ; illl 'a qu 'à mo nt re ,' les d eu x le ttres qu e j'eus
grand malh eur po ur le p a d e me nt qu e pour no us .
matieres, selo n no tre h o nn e ur et conscience .
vés i, Pari s, Il OUS attendri o ns qu elq ues jou rs ava nt
justifier notre conduite, n o us a lli on s ê tre contra ints
d'in culper la lem , ce qui sera it peu t-ê tre un a ussi
l' ho nn e ur d e lui écrire d 'Eguilles ava nt Ill o n départ.
Point de ré po nses, po int de pro pos it io ns, pas la
moindre Otl\'ertu re d e nulle pa rt. No us a ppri mes, au
Da ns la pre mière, je l'averti ssa is que no us a llions
contrai,'e, da ns la ca pita le, que la ('urcm co ntre
�-
- 30nOli s n 'av~it f"il qlle s'~CCl'O ilrc e n Prove nce. TI fallnl
dOll c sc présente " à Ve rs ~ ill es.
§ VII.
No(,'e ({''rivée à Versailles,
31 -
je voyais sa pr'emi ère froideur se changer' en po li lesse et presq ue e n intér êt. 11 me demanda, e n
finissant, un pr'écis d e tout ce qu e je ve nai s
de lui ex poser ; je le lui envoya i le so ir même signé de l'abbé lVlontva lon et mo i, C'est le premi er'
des deux mémoires qui , peu a près, firent un si
grand bruit : il ne fut trouvé a lo rs rli insolent, ni
No us n 'y vîm es que M, le Clwnceli e ,' et M, le
co mte d e Sai nt·Florenlin . Le premi er , en nous "e.-
iI/sensé, On ne le re mit. à Vo tre Majesté qu 'a pl'ès
ceva nt avec b eau co up d e bonté, nOlis prédit tous
il en fut tl'Op favOl'ab le ment accu eill i, Il me va lu t
les revers '-lue nous avons ép l'Ouv és; le second nous
l'honne\ll' d e lui è lre présenté clans so n cab in et ,
parut plus qu e p,'évenu en (" veur de nos enn emis,
d')' être r'eçu avec bont é ; d 'ob teni r avec éclat tout
ce qu e je d emandais. J e rev in s e n Provence avec
Mais nous av ions il défe ndre de Iro p gra nd s inl él'èls
qui se trouvaient joinls a ux nô t,'es pOlll' po uvoir èl,'e
inlimidés. Nous sav io ns d 'ai ll ellrs qu 'i l n 'y avait de
l'avoi,' gal'dé plu sieul's jours et exa min é à loisil' ;
des lettres d e M. le Cha ncelier', écrites e n votre
\'l'aie infOl,tun e pOur un hon nète ho mme, que la
nom (Sir'e) : ell es co nt enaient J'ord re de sUl'seoir ,
lant au j uge ment d e l'Institut des Jésu ites qu'à la
perte de sa propre estim e, Avec ces d eux secotll's
procédul'e comm e ncée con tre le sie ur de Mont-
nou s nou s trouvâ mes assez fo"ts po ur Oser aller en
v:llon .
ava nt .
En co nséqu ence , nons ne Il ég li ge~ m es auc un
moyen pel'tlüs d e forcer, en qu e lqu e fa ço n , le
secrétai" e d 'Etat de la province, il no us éco ule,' avec
a ttenti on et patienre : il dai g na m 'acco rd er enfin ,
~
VIII.
Not,'c retOl'" à AlX,
à Paris, un e he ure d 'a udie nce e n par,ti cul ier', Je
On trou va à Aix que ces le ttres, qUOIque éma nées du c hef cie votre justi ce , quoique e nvoyées
m'aperçus bientô t d e la ca nd e llr et de l'bumanité
pa,' votre ex pl'ès comma ndement, quoique n'ordon-
dont j'avais to ujo urs ouï dire qu'il é lai t l'empli . A
nant qu 'u ll simple sursis , ne mérilai ent pas même
mesure qlle je d étruisais ce qui ava it pu le séduire,
qu'on )' déli béràL Point d e distinction e ntre les
�-
32-
-
33 -
dell x a/Ta i..es : .. ien pa .. où il pa ..... t qu 'on \' Ollin ii
, 'arTèter a il moin s sur ce ll ~ du sie ur d e Montvalon.
semaine, avec un arrêt du conseil , revêtu d e lettres
La ca use dll premi er VO) age sllbsis ta it d onc t01l1
e ~ti ère e t , pOlll' en bi ,'e lin seco nd , j'a\'ai s cie plus
nelle, les mê mes injo nctin ns q ue la prem ière fois,
palenles, co nt e na nt , d a ns la fo,'me la plu s sole n-
la nécessité d e me pré", Il ni,' co ntre le red oub lemenl
de colè re excitée pa" "'es pre mi e r, SII CCt'S.
~
x.
Dépulirtion dit sie,!?' de Gal'ifet contre moi.
IX.
~
Mon sewn d ,'ogafle à /" Cour.
All ssi reparti s-je le même j o u,', a il so rtir du pala is .
inco nso lab le de la isse " , dans lin pta t d e maladie
mo,'tell e, l'abbé de Mo nt \'a lo n , ce t homm e un iq ue
Ce fut alors qu 'on d éputa contre moi le sieur
de Galiret ; je le deva n çai d e hnit j o urs, mais sa ns
fl'l,il : u" rhum atism e qui m e mit a u lit en al'l'il'a nt
à Versa illes, et qui m'y r e tint près d' un mois, lu i
donna le loisi,' d e d ire impun éme nt tout ce qu 'il
voulut .
qlli j oint la sagesse a u gén ie, la mod estie au plus
TI trouva mes d eu x m émoi res imprimés; des
profond savoir, la plu s gra nd e d o ucc ur " la plu s
in éb,'anlable fermeté.
3'Têts de presqu e to us les pa rl e ments q ui les fl étrissai ent ; M. le Cha nceli er lu i-m ême, da ns la préven-
Je m 'étais fa it un ho nn eur d e le seco nd e,'; je
l't."co nnaissais sa supéri orit é SUI' mo i en tous genres .
ti on que c'était m o i qui e n a va is d o nll é des copi es;
il apportait le d ésaveu d e la m oiti é d es j uges sllr
qui j'avais dù compter ; Pa ris é ta it l'em pli de libelles
où l'on m'accusait d e tou s les excès, de tOll S les
Sa ns do ut e qu 'il a Ul'ait bi e n mi e ux d éfendll , jusqu 'ail bo ut , la ca use co mmlln e; m a is n ie ll ne le
vo ula it pas: il fa llut yen i,' se ul.
J'a rriva i e n peu de jou rs " Fo nl ai neblea u , j'y
,'emis tout d e suit e à i\ [ le Cba ncelier mo n second
mémoire : su,' sa si",pl e lectu,'c, ""o lre Majesté
.. idi cul es, de to us les crim es; d 'a lltres circo nstances
qu'il sera it inutil e d e l'a l'pele,', fl.' rn '" Il 1 I.>s bouches
'1 IIi allra ient vo ulu me d éfe ndre, o u vra ient contre
moi toutes les a nt" es.
do nn a, des Of'd,'es si précis, si a b solu s, q ue, sa ns
avoir VII aucun mini stl'e
J
je repal't is dans 1:1. même
11.
3
�-
3ft -
-
§ XI.
Eflèls de celle dépl/latiol1 ,
CHAPITRE II.
MON CRIMI NEL O .~\"OUEM ENT AUX JJ~SU I TES, DONT J'A I ~TÉ,
A AI X,
Enfin , sans aucune communica tion d e ce qu'on
avait répondu à mes mémoires , sa ns avoir eu ni le
temps, ni les moyens d e ri en écrire pour ma dé.
fense, sa ns avoil' pu obtenir a udi ence d'un seul
membre du conseil , sa ns être au cune ment entendu ;
le jour même que M, le Chancelier m 'avait assuré,
le matin , qu'il n'était point question d e notre affaire,
je me trouvai, le soir, d ésa voué, aba ndo nné, livré
il mes pa rties pour êtl'e mes juges,
Voilà, Sire, le premier po int d e to us mes effort s'
dans un e cause qui me paraissait moin s la mienne
que celle du trône, de la religion et d e l'humanité,
Si je n'avais eu à en gémir que pour moi, je puis
me rendre ce témoig nage, qu e ma doule ur aurait
été plus modérée ,
Après cette simple nal'ra tion d es faits prin cipaux,
depuis la dema nde de l'Institut pal' le sie ur de Cas·
tillon , jusqu'a u jour 0 ," je fu s d élai ssé du pad ement , il faut revenir au x d étails et suivre le plan
indiqué ci-dessus selon lequ el le premier arti cle
à exa miner est mon prét'm du fa na ti sme pOUl' les
Jésuites ,
35 -
t ' AGEN T
DltpAni pou n
ET t ' ESC LA VE JUSQU'A MON pn EMi En
PA BI S.
p,
Mct (ctçon personnelle de jJeI!sel'
SU)'
les Jésuites,
Les Jésuites, persécutés e n Portugal pOUl' n'avoir
pas vécu selon le ur sa int I llstitut, d étruits en Fra nce
pour en avoir trop suivi l'esprit impie, proscrits
dan s tous les Éta ts d e la maiso n d 'Espagne pour
des raisons que la loi du sou verain d éfend de vouloir pénétrer ; me nacés peut· être d ans d 'autre Éta ts
catholiqu es ; tranquilles, e n mê me temps, da ns tous
ceux des prin ces protesta nts o ù ils o nt d es établissements ; honorés a vec plus d 'éclat qu e jamais de
l'estime du Saint-Siége e t d e l'épiscopat ; ici les plus
vénérahl es des hommes; là les plus gl'a nds scélérats
de la terre ; les Jésuites offrent a u mo nde e ntier le
spectacle le plus fra ppa nt , et le contr"ste le plus
singulier ,
Ce n'est po int à moi de j uger les justi ces: d es
deux côtés sa ns doute o n a cru avo ir de b onn es
rai sons, Mais, d a ns cette vari été d 'o pinions, je n'a i
�-
36 -
pu me refuse.' à qua tre refl ex ions qui ne m'o nt
laissé auclln dOllte sur J' id ee personn elle que je
devais avo ir d'ell x : 1 0 nul ge ll re d e scie nce où ils
n'aient p.'od uit no mb re d' ho mm es é min ents; 2' nul
co "ps religieux où, d e l'Ilve u d e lem's e nn e mis, les
mœ llrs, e n gé néra l , aie nt été plu s l'lires; 3' a ucnn
de ceux qu e j'ai fl'équ pntés qui Il e rn 'a it l'am a im ~ I'
si ncèrement le bi en e t avo ir lin es prit de pai x;
4' allClIn l'a i, depui s leu r étab li sse me nt e n Fra nce,
qui ne lellr ai t do nn é, a in si q ll e to ute sa famill e, la
confia nce la plus entière e t la plus pu bl ique, En
voilà plus qu'i l n 'en fa llait pOUl' que j'aic pu dési.'er
leur co nserva ti on sa ns c rim e; e t p our qu e je doive,
da ns les circons ta nces, me fa ire un d evoi., e t même
un e gloire de l'avouer.
Si c'est là être ultramontain, ellllemi des lois,
.lr/uteur secret da pouvoir indirect, je le sui s avec
Grotius qu e je ne puis me lasser d e c iter . O n lu i fa i.
sa it , tout protesta nt qu 'il éta it , les mêmes reproches
qu 'à moi. Il re ponda it par les mê mes pa roles; je
n 'ai fait que le traduire, j'ai admiré e t imit é sa bon Ile
fo i, lesui/al'um Societas intl'a "os amws celliam et
quod e:rcurl'it, plures prollllil lIiros in omni genere
scù:'luiarUln eruditos, et eosdel1z vitce inculpafœ,
qltam ul/u alia, Scio ego maltos esse eOl'um qui
serio leneanlur sludio el ?Jitia tol/endi, el reslilael/di Ecclesiœ prislinam unitalpm . l\'eque Ille
-
37-
piget eorul/1 al i consiliis, qaibus l'ex christiallissiIIl US id quod p retiosissimum habet, credit. (Votl/m pro
pact Ecd., ar t. 5, in fine, p. 638, col. 2.)
Voilà uniqueme nt ce qui me p orta it à les estimc.',
penda llt leur p,'ospérit é, o ù je n'ava is au cun e liai·
son avec e ux; ce qui me les il re ndu s vén érab les a u
temps de leur ad versité, o ù j'ai été à portée de les
conn aî tre à fond ; ce qui , a près leur ruin e, m'excile à en dire le b ien que j'en pense, aujomd ' hui
méme oir le ur a mitié ne sa ura it plus q ue me nui re.
~
JI.
Moti(s que m'a zn'étés III , de JIlonclœl', dan. cc que fai
(ait1lot!?' la dt!(ense des JesuitB$ , - F"!lsselé evidenle
de ces prelendus mati(s.
Mais de pat'e ils mo tifs d 'a ttache me nt n 'o nt ja ma is
rien failfaire à persan ne n 'illégal ni de c,'imin el. Aussi
le sieur d e Monclar a- t-i l c m d evoir en su pposer
d'aut res à to us les juges qu i n 'o n t pas pensé co mm e
lui : il les d étaill e m ê me à Votre Majesté avec cette
,sécurité qui ne le q uitte ja ma is et q u i éto nn e toujours ('1), A l'en croire , les J ésuites no us onl ten us en
échec par {' attellie de la succession d'un co/luté l'al,
(1) Voyez les motirs do M. do Monclar, d~ alTèt.5 ct arrèlés du
Parlemcntdcs5, '19 el30juin , etc., pa ses 7 , 8 cL\) . Tout coque
nous citüns ci-après, do lui 1 se trouve dans le même ouvrage.
�-
38 -
tourmentés pal' des épouses dociles à lavo lollté d'un
direcleur commode, arrêtés pal' la crainte de l'exhérédation , gagnés pal' des mariages Jhits Oa
/'Ompus au gré de la Société. J Is ont captivé les esp rits j'aibles sous le joug de la superslition, alarmé
les imaginations vives pal' le j'anatisme , donné les
p lus violentes questions au moyen de la religion et
des /Ilotifs de conscience, rendu les créanciers
j'aciles ou impitoyables, disu ibué les biens et les
maux, les menaces et les p/'Omesses . Voil à les armes avec lesquelles ils nous ont vaincu, avec lesqu elles ils nolIS onl Jàit faire tl/te ligue pour lcur
;ervir de remparts, a;'ec lesquelles ils combattellt
depuis plusieurs siee/es cOllUe lu raisun el la vérilé'
voilà [énorme puissance qa' ils cachent ClUX' suuve-"
raills,- voilà d'où nuit cetteJoree invisible qui rClld
la Société redoutable au sein du malheur ,- voilà ce
qui lui j'ait croire qu'elle est immortelle ,- voilà ce
qu'il est nécessaire que Votre il/ajesté sache,- voilà ce
qui n'est p oint Ult tableau de caprice et cZ'imagination . Ou plutôt , Sire, voilà ce q ui n 'est qu 'un amas
de ridicules décla mati ons et de menso nges grossiers,
Que le sieur de Mo nclar nom me le juge favorable
aux Jésuites q ui avaient à cra ind re l'ex hérédati on ;
à ménager un collatéral ; à lutter contre l'hum eur
impérieuse d 'une épouse! Qu'il dise pour qui d'entre
nous on a vu , a u gré de la Société , des mariages
-
39 -
fait s ou rompus; des créanciers rendus faciles ou
impitoyables; des menaces et des promesses; des
biens et des maux distribués ! Q u'il fasse connaî tre
ceux à qui on a donn é des questions violentes, d ont
on a subjugu é l'esp"it faible par la superstition ;
qu'on a rendus fanatiqu es à l'aide de leurs imaginations vives !
Voudrait-il , par ces demiers traits, désigner ceux
dont les familles , d e tout temps attachées aux l'Psuites, ont été élevés dans leurs colléges, ont fré quenté leurs congrégations, ont pri s chez eux leurs
co nfesseurs, leur ont confi é l'éducation de leurs
enfant s; SOllt censés, enfin , avoir été tro p ex posés
il l'illusioJl pour Il 'y avoir pas succombé? Mais non ,
Si re, le sieur Monclar est trop in struit qu e c'est
précisément dans cette classe d' homm es que les Jésuites ont trouvé leurs plus gra nds enn emis au temps
de lem adversité . Voi ci un tableau qui réellement
n'est point de caprice et d'imagination , Il surprendra Votre Majesté. E lle y verra d ' Iln e fa çon frappante
que, loin de sa voir form er des fa natiques, ces reli gieux n'ont jamais su faire que des ingrats.
�-
40 -
-
Id -
taire défense, pour don uer plus de poid s il l'a rrèt
qui devait les écraser .
.
Qui aurait cru , po ur me serv,,· des terlll es de M. de
§ llJ.
M. de Aloncla.· cl ses princi1)aUŒ ad hàcnls a·ua icnt été lcs
plllS gmnds amis des Jésuites jusqu'ait ?nome" t de leu).
adversité. Et je n'avais cn auOttne SOl·te de liaison «vcc
ces P èrel dans le temps de leur p,·ospérité.
Tout le monde connaî t le s ty le furi eux d o nt les
si eurs de Moncla r· et d e Casti ll o n o nt écrit dans leurs
,
,
procès; le Illa l que leur a fa it, da ns sa d él)Utation
le sieur de Ga lifet e t l'inform a ti o n prise contre les
supérieurs de la maison d 'Aix pa r le s i~ ur d e Sain t!\fa rc.
On fit venir· a u pa la is , à 7 beures du matin , le
Becteur q ui avait reçu les d erni ers soupi r·s d es pères
de trois de ces quatre ma gistrats, e t le Principal , qui
éta it d ' un e des plus gr·a nd es maison s d e la provin ce; ils y furent ga rdés par d es hui ssiers dan s des
lieux séparés, sa ns ma nger de to nte la journ ée , et
o n finit si ta rd de les enterr ure , 'lu e le d ernier· n'a vait pas e ncore achevé d e r éponur·e à o nze heures
du soir .
Leur préte nd" cr·irn e étai t d 'avo ir supposé , disai ton , pour ne pas ve nir· pl aid er Sur le fo nu , qu e le
Provincial le leur a vait d éfendu . O n vou la it a bso lu Ulent les forcer à se fa ire co nda mn er e n contradic-
Monclar , en n'y cha ngea nt que de ux m ots, que le
bien inestimable de pe rdre les Jésuites eût pu porter
des magistrats , d'ai/{euf"s lzolI.lléles gens, à des
excès qui font honle à notre siècle , et qui étonneront la postérité? Qu i a ur·ait cru que celte Société
pllt in spirer ou éch au ffe r co ntre elle un fana tisme
si dangereux (p . 7/1-) ?
Rien ne m 'a fait mieu x connai tre jusqu 'o ù la force
de l'exempl e et l'esprit d e co rps pou vaie nt entraî ner
les plus belles â mes h ors de leur caractère, que
d'avoir vu ce magistra t (M. d e S,li nt-Marc) partager
les démarches les plus vives de sa Co mpagnie . Je
n'outl·erai r ien e n disa nt qu ' il est nature ll ement le
plus bumain , le plus tra nqu ill e, le plu s mod éré de
ses concitoyens, a ussi a im ab le pa r sa do uceur que
respectable par ses quali tés supérie ures . Ju ge de la
plus grande intég rité e t le plu s parfait ho nnête
homm e, il n'a eu que le n,a lhe ur, CO Ulme bien d 'autres, de co nfond re celle prob it é d e co n ven tio n qu'o n
appelle honneur, e t qui a pour but d 'obtenir l'cstime pnbliqu e, avec ce tt e probité plus a ustère 'lui
se co nt ent e d e la m éri ter, 'l ni préfère in va riablement ce qui est vrai à ce qui cstl·C'; U, c t qui, presque in co nnue sur la terre, n'y a pas proprement d e
�-
42 -
nolU. Ébloui par tout ce que la première a d'impo_
sa nt , on ne se doute pas qu 'il y en ait une autre, et
c'est avec une SO,"Ie de bonne foi qu'on viole le
devoir en c roy ~nt le rempli,'.
Les quatre magistrats susdi ts peuve nt êtr'e ,'ega,'dés comm e les priucipaux auteurs de la ruine des Jé.
suites en Provence. Eh bi en ! Sire, ils sont nés tous
les quatre dans des famill es dont le dévouement pour
les Jésuites était extrême et notoire, prin cipalement
celles des sieurs de Monclar et Ga lifet. Ce dernier
avait eu un on cle de son nom Assistan t du Général,
et l'un des vingt-quatre vieillurds. L eurs pères sont
tous morts entre leur, ma in s; ils ont elix-m êmes,
à l'exception du sieur de Cas till on , été to us élevés
chez eux ; tous ont , dans leur jeun esse, fréquenté
leurs congréga tions. Tous se so nt fait honn eur de
leur être attachés, ta nt qu 'a duré leur prospérité;
ils leur ont laissé leurs enfants presque jusqu 'au dernier moment de leur ex istence' ils leur ont enfin '
,
"
dans l'occasion, co nfi é leur propre co nscience . JI
est ootoi" e à Aix que même le sieur de Ga!ifet leur
avait confié la sienn e. Tou t le publi c sait qu 'ayant
été très -grièvem ent malade qu elque temps avant les
dern ie rs troubles, il envoya chercher , avec les plus
gra ndes marq ues de co nfiance, ce même Recteur
dont nous venons de parler, entre les main s duquel
étaient morts les sieurs de Ripert de Moncla,', de
-
43 -
Castillon et de Sa in t-Marc pères; et que leurs enfants et lui , sieur de Ga lifet, finirent par trai ter
comme UII paljure et Ull scélérat dans la procéd ure
ci-dessus mentionn ée , qu'o n ne prit que pOli r J'i nsulter , malgré la réclamation de toute la p,'ovi nce,
où l'on n'a pas cessé de le regarder comm e un vrai
saint.
D'un autre côté, les quatre magistrats qui para is-
sent les avoir défendus avec le p lus de zèle son t
sa ns doute l'abbé de !VIo ntva lon et moi, qu'o n accuse
de n'a voir paru à Versa ill es q ue pour eux; et les
sieurs de Jouqu es et de Beaurecueil , qui eurent le
courage de venir nous y défell di'e, quand ils surent
qu 'on nouS avai t ob ligés d 'en partir : aussi a-l-oll
vou lu nouS donn er à J' Europe entière co mm e de
vils et anciens esclaves de la Société dont nous faisions peut-être partie. Croiriez-vous, Sire, qu'a u. cun de ces quatre Jésuites déguisés n'avait été élevé
~ux Jésuites, n'était de la co ngrégati on des Jésuites,
ne s'était de sa vie confessé aux Jésuit es, n'ava it eu
avant ces demiers temps aucun e relation avec les
Jésuites? De quel front oser dOllc assurer à Votre
Majesté que c'est par les colléges, les co ngréga tions
et la confession que les Jésuites avaienl de longue
main préparé nos esprits et nos cœurs à la superstition et au fana tisme, quand ce so nll eurs pires enn emis et non pas nous qui se trouvent avoir été élevés,
instruits et diri gés pa,' eux!
�-
4~ -
-
1;"5 -
noUs avons pu év iter d e faire un e seule d es d é ma r~ IV"
M" de Monclal" es t lm calomnialcltl" d'avancer qlie JlOUS
avions des l"elations avec les Jésuites étTi!1!!}ers"
ches dont o n nous bl à me; voyons en fin si ce ne
so nl pas nos accusateurs eu x-mèmes qui ont violé
loutes les lois " Votre Majesté en ju ge ra SUI' les p ropre's défenses du sieur d e Mon cial" : je vais les I"a p-
Le siem de Monclar pOlisse enco re plus loin Ses
ca lom nie uses et ind éce nl es assertions: il ne sc con-
parler toutes sans les a ffaiblir ; et j'y répondrai le
plus succin clem ent qu' il Ill e se ra poss ibl e, en le sui -
lenl e pas de dire qu e IlOlre COIIl."/lluu"calion étai!
jJelpéllldle al ,ec les l ésai/cs du I"Ol'S"
la CQI'/'csJ)
vant pied il pi ed.
TI n'est pas hors (le propos d 'observer d 'abord
pondance , selon lui, était 1rès-vive avec ceux du
dehors (p" 7)"
que ces intrigants religie u x qui , pO\ll" leur mo in clt"e
Je l'interpelle ici de pro uv er so n accusation" Elle
l'adresse, POUl" se co nservel" l' existence, de faire
venir au palais le s ie ur Dorsin qui é la it à AIx,
est tro p g,"ave pour "qu ' i1 ait pu sa ns d élit la po ,"1er
a u basard" S'il juslifie qu e, pendant tout le cours du
procès, quelqu'un de no us a it e u la moindre corres-
in térêt, bo ul everseraie nt ciel et terre, n'eurent pas
qui avait un fils Jésuite, qui se confessa it au
Hecleu r actuel , e t dont la spul e voix, jo inte aux
pondan ce avec un seul J és uil e é tran ge r , j e prends
cO lJda mnati o n SUr tous les articles; mai s s' il ne s'est
nàll"eS, eùt parla gé les opini o ns et e mpèché l'ar-
si fort avancé que pa," sa Ita l"diesse il tout hasard e," "
il doit co nvenir Il!i-m è lll e qu 'ell e e, t extrême"
'
pluralité qu 'e n fa isant e ntrer quatre magistrals qui
Hépondra- t-il qu e notre co nduil e d émontrail
assez notre asse,"vissement aux Jés uites, POU," rendre
plu s que vraise mblab le tout ce donl il peut nous
avoir cba rgés?
viOl"ent exprès du fond de la province: 1 M" de
Nibles, honoraire, qui n 'était point entré d epuis
Je veux, bi e" 1""
,lI ssel' encore un moment celle
ressource à so n e mbarras" Vo)'o ns donc s'i l a élé
(on dé à nOliS rep,"ocl)el""
r
"
tlsme
, Je ne c1",s pas,1li lana
et des
préV"lriC"
" 1a moilldre faut e, Ja
.
,~ll "o
l ilS, maIS
mOIndre impl"ud e l) ce , 1e mOln
" d l'e exces;
" voyons SI"
rèt; tandis qu e, d e l'a utre co té, on n'a lTiva à la
ne parurent qu e POUl" celte affaire; d eux desquels
0
longtemps;
2' M" d e Galice qui , n 'aya nt poi nt reçu de la
Compagnie les sa tisfa ction s qu ' il prétendait Illi è lre
dues, à l'occasio n d ' un e qu ere lle très-vive avec un
conseiller d es enqu è les, ava it ass uré qu ' il n'e ntrerait plus " Il ne re parut effeclivement que le j ou r
�-
où le sieur de Mo nclar deva it comm encer à pa"1er,
On le félici ta, en entra nt , de sa bo nn e sa~ nte' ,, c,est
un miracle, répo nd it -il to ut haut, de saint Philippe
de Né!'i, voul ant faire allu sio n à so n attachement
conuu pour les Pères de l'O ratoire;
3' M, de Sa int-Juli en , reti,'é depuis di x ans dans
ses terres
-
46 -
j
L,,' M, d 'Entrecbaux, do nt le séjour ordinaire
était à H)'ères, et q ui passa it dep uis longtemps les
a nnées enti ères sa ns paraÎ t,'e à Aix, Serait-ce trop se
1.7 -
dans tout le reste , le sieur de Mo nclar a fait les derniers efforts pour la pallier ; il a voulu prou ve,' dans
ses motifs que la requète avait d " ètre rejetée par
six raison s :
l ' Parce qu'elle n 'était présent ée que par quelques Jésuites, sans actio n et sa ns pou vo ir (p , 11,
et 15);
2' Parce qu'ils ne la présentaient qu e pour se
jouer de la justice (p , 20) :
3' Parce qu'elle ne co ntenait aucun e ra,so n de
li vrer aux conjectures que d'assurer q ue M, de Monclar ne demanda un troisième délai, du 25 au
28 mai, que pour do nner le temps à ces deux der-
défense (p . 18) ;
I,,' Parce que les opini ons étaient ouvertes sur les
conclusions de no tre Procu" eur général quand on
niers messieu rs d'arri ver ?
demanda à la rapporter (p 16 et '17) ;
5' Parce qu 'il n')' a point de partie qu i puisse a'Tèter un jugement provisoire sous prétex te qu 'elle veut
§ V,
On l'erUSa d'entendl'e les Jésuites q!!i se p1'ésentaient ,
el on les l'erUSC! lJ{/1' six misons tonies illégales el
tontes abs!wdes,
Le tribunal ain si composé, a près tro is séa nces
employées à éco uter le sieul' de Monclar , on commença les mauvaises o pérati o ns pa r rejeter la
requête des Jésuites qui se p,'ésentaient pour être
~ nte ndu s ava nt q ue d'être jugés. Co mme cette inj ustice est révolt ante au poin t de ne plu s laisser de
doute sur la passion qui a pu aveugler les juges
ètre entendue (p, 17);
6' Enfin, parce que l'intérêt de l' État ne perm ettait aucun délai vis-à-vis des main s suspectes, et un e
doctrin e meurtri ère et corrompue (p , '19),
Je vais détruire ces six raiso ns en p,'ouva nt
qu'elles portent to utes les si.' sur des fai ts illPxacts ;
un autre dirait sur des fausse tés évi dentes,
�-
48§ \ '1.
Fallsseté et absll?'(lité de la lJ)'cmière mison q1O'on préIClld avoir elle de j /Iger les Jésuites salis les entendre.
l'R E MI ~RE RAISON.- Pa rce qll e la requ ête n'était
pl'ésentée qu e pal' qllelqu es J és uites san s action et
sa ns pouvoÎl'.
Q uo i ! e n l'a bse nce du PI'ov in cial , qui se tl'Ou vait
d ans un e prov in ce éloignée, et d ont le siellJ' de
Mo nclar co n vient (p . 32) qU'ail n'avait pas eu le
lemps de prendre la signl/ture, les R ecteurs de
tou tes les maiso ns du ressort n 'éta ient-ils qae quelques Jésuites sallS aClion et sans pouvoir? Quoi !
n 'aurait-on pu les éco uter qu 'en décidant avec
absurdilé que chaque individu de la Société était
partie légitime pour la déjèndre (p . 22)? Qlloi!
tous les supéri eurs loca ux ré uni s e nsemb le e n l'aosence du premi er S upérie ur ne so nt-il s dan s la Sa.
ciété qu e ce qu 'y est chaqu e indi vidu ? Qlloi ! cela
est-il si certain qu 'on n'en puisse d o uter san s absul'.
dité?
Tous les parleme nts du roya um e sont d onc ab. sll rd es?Ca r il n ')' en a poi nt , et le sieu r d e Moncl ar
le sa it très·b ien , qui , d a ns l'occasio n , n 'a it mandé
les Rectcul's, n'; it reçu lelll's d écla ra tio ns , n e Ir UJ'
en ait co ncédé acte, ne Icm' a it intim é les QI'dres de
-
49 -
cour, non comme à d es indi vidus quelco nq u es, non
pour des affa ires pa rti c uli ères a ux maisons qu 'ils
gouv(,l'naient , mais co mm e à de vl'ais représentants
dll corps; ma is pom d es affa ires qui e n regarda ient
la totalité; ma is en pa rta nt du prin cipe qu 'il s c n
avaient les action s. 11 est éto nn a nt , ap" ès cela , qu e
le sieur d e Mo ncla r a it eu la hardi esse d e les leur
contester , surtout a vec les tro is circonsta nces réu·
nies de la sig nature d e tous les Recteurs, de l'impossibilit é d 'avoir à te mps le sein g du Provin cia l et
de l'urgente n écessité.
§ VIL
Fal/sselé el absurdité de la deuxième mison q1t'on prétend avoir ene de jt,ger les Jésuites SCt1/,S les entendJ'e,
DEUXIÈME RA ISON, -
Tls ne présentaient leur re·
qu ête que pour se jouer de la jus lice Eco utons la
preuve qu'on nou s en d o nn e : Les Jêsuites voulaient
élre enlendus, quelle illusion' I ls ,,'ont qu'un seul
projet , c'est d'empêcher le jugement, J {ç ne veulent poinl êlre entendus, parce qu'ils ne veulenl
poinl titre j ugés. I ls sont assignés depuis cinq mois ;
r' esl p our Il' êtN' point entendus qu'eux et leurs
amis remuent le ciel el la terre (p. '15 et 16) ,
Voilà ce qu 'o n appelle bie n écrire et 111all'aiso nner . Par qui n 'o nt-ils pas vo ulu è tre entendu s, qlloiH.
4
�-
50 -
que assignés depuis cinq mo is ? N'est-ce pas par ceux
qui, depuis un an, s'étaient d éclarés leurs parties
avec un e fure ur qu'on n e pre nait mê me pas la peinc
de dissimu ler? Qui n 'avai ent res pecté aucune loi
vis-à-vis d 'e ux dan s l'al'l'ê t provisoi l'e? Qui avai ent
enfin chassé du palais ~t pours uivi jusqu 'à l'extrémité de l'E urope les magistra ts qu 'il s n'avai ent pu
e ntrain er? Qu 'y a-t-il de p lu s in epte que de co nclure
de cette sage réserve vis-à-vis d 'nn tribunal COOl.
posé d 'en nemis implacables e t reconnus, qu e les
Jésuites n 'avaient pas vou lu sérieusement se défendl'e , uu an aupara vant, d e vant u n a utre tribunal,
dont la partialité était encore ig norée lorsqu' ils lui
présentél'ent leur requête: tl'lbuna l où l'on a vu
même, qu 'e n fait, la plura lité n 'aurait pas été alors
contre e ux, s'ils avaient travai llé à faire entrer le
sieUl' Dorsin, ou qu 'un se ul d es qua tre magistrats
qu 'on fit venir co ntre e ux ail pa la is, à jo ur marqu é,
eù t été aussi délicat 'lu e lui ?
~
Vlll.
Absnrdité de la troisième ",tison POU?' laquelle on pré/end
avoir dû juger les Jésuites S(wS les en ten(b'e,
La requêle ne contenait
aucune raisOIl de défense ( p, 18). Certes ! voil.
TltOISI ÈME RAISON. -
qui est nouvea u ! E h! depUiS qu a nd le d éle ndeur
-
51 -
est-il oLligé de d étai ller les dérenses avant de connnitre les fin s ct conclusions du d emande ur? C'était
précisél1lent pOUl' qu'on le ur e ll fi t part, afin d e pOIlvoir ensuite y l'épandre qu e les Jés uites prése ntaie nt
leur' requè te; mais, avan l cette co mmuni ca ti o n,
co mm ent leur éta it-il possi Ll e d e d o nn er des raisons
de défense à des ch efs d 'accusa ti on qu'i ls ignoraient
encore, et qui d'aille urs é taient si multipli és , que
le siem Procureur gé néra l ava it eu beso in d e trois
séa nces entières pOUl' en rendre so n cO lllpte?
~
lX,
F((!/.\seté de la qnat?'ième mison POU?' laquelle on prétend
(<vo ir dû juger les Jémites sans les entendre.
Les opinions étaient d~ià
ouvertes sur les conclusions du Prorureur général,
'Iuand on demanda à l'apporter la requête, el celle
raisofl décisive sutJit (p. 16 et 17).
QUATR IÈME RAISON. -
Gette l'aison d écisi ve porte sur lin fai t raux Daignez, Sire, écoute r les di x-ne ufs ma gistrats da ns
leur lettre à M, le Chan celie l' : " Dès 'lue M. le
" Procureur général filt sorti, disent-ils , 11/ . de
, Beaurecueil demanda à rapporter une requête
" gue les Jésuites lui avaient remise, etc. El plus
" ba s: On ta présenta aussitôt qu'on avait pu le
" j ,àre, en la présentant à l'illstant même où les
�- 52 -
- 53-
, gens da Roi 7Ienaiellt d'achever de p arler. "
Mais , indépendamm ellt de ce témoi gnage de
bonne foi , qui cro ira qu e le sieU!' de Beaurecueil ,
aya nt cette requ ête '1 ra pporter , aura attendu pOl.r
le faire que les opinions aient été ouvertes? Enfin,
l' eussent-elles été, on avait bi en pli en til'el' lin
moyen pour la renvoyer sans être ni rapportée , ni
décrétée; mais en pouvait-o n til'er un pour refuser
d 'ent endre les Jésuites, un e Cois qu' on l'avait reçue
el décrétée?
Or , elle fut effectivement reçue; et le sieur de
Monclar ne peut l'i gnOl'er, puisqu 'elle fut décrétée
d'un soit montré a u Procure ur général ; portée ell
conséquence a u parquet , et par lui , cn nclue tout
de suite d'un poursuivra aill si qu 'il a ppartient. Conclusions d'autant plus éto nna ntes, comm e l' observent encore les di x-n euf magistrats, qu 'il venait de
dire en plusie urs chambres, il n'y a vait qu 'ull
mOUlent , à la lin de sll n réqui sito ire, que c'était
une grâce et un excès de ho nté de les appeler ,
attendu qu 'ils auraient déjà dù se présenter d'ellx mêmes. Et ce ne fllt qu 'en co nséqllence de cette
subite co ntradi cti o n que nOliS o bser vâmes combien
les Jésuites étaient malheureux, qu'o n le ur fi t un
crime de ne pas se défendre 101'squ 'il s ne paraissa ient pas ; et qu'on ne vo "l ùt pas les entendre
qllanù ils paraissa ient .
§ X.
Fl/usse alJplical'ion de le, cinq uiemc m ison, par laquelle
on préleHd a'voir dû juger les Jésuites sans les el!lendl·c. .
Parce Ci ue, vis-à-vis du PI'O-
C l NQUJ ÈME RA ISON -
Cllrelll' génél'al , il n'y a p oinl de parlie qui p uisse
arrêter un jugement p rovisoire, sous le prétexte
qu'elle veut être entendue (p. 'i7 ).
Le sieur de Moncl ar born e sa ns doute sa maxime
au seul cas où l'intérêt de l'État serait compromi s
par le moindre délai . Je sui s, en cela, de son av is :
de sO I·te qu e la bont é de cette raison dépend de la
bonté de la raiso n suivante, que nOlis all ons examiner.
~
XI .
Fausselé et absw'dité de la sixième ct demiàe mùon
lJa,' laquelle on p" étend avol?' dû juger les Jésuites
sans les entendl'e.
SIXIÈME ET DERNIÈRE RAISON . - L' intérêt de l'État
ne pprm ettait pas le moindre délai. Si on l'e"t
accol'dé, les Jésuites cle7lenaient nécessaires pour
dix-huit mois, il leur en j'aui beaucoup mOùls po al'
bouleverser les provinces el les É tals., .. . p our ran-
�- Mgel' leurs congréganistes sous les lois de leur monarque et pour empoisollner nos enfants d'une
doctrine meurtrière et corrompue (p. 19).
Il Y a plus de deux siècles qu ' ils existent ; ils
furent répandu s en peu d", temps sur toute la ten e :
j'ignore encore dans qu ell e partie du mo nd e sont
les États qu 'ils o nt bouleversés. Il serait plus aisé de
nomm er ceux o ù ils ont porté les premi ers le nom
de J ésus-Cbrist ; ceux o ù ils o nt arrêté presqu e seuls
les progrès rapid es de l'bérésie ('1) ; ceux q u'ils ont
(1) «Ceux al! ils onl arl'èté prC5\lu c seul s les progrès de l' hérésie. 1
Tou!' le:: aut.eurs Luthéri ens et Cal , in istes co nvienn ent eux- mèmcs
do bonne foi qu o ce so nt pri ncipalemen t /es Jé.:;;ui tes qui on t arroté
les progrès do leur prétendu e re form atio n. (( L'ignorance dll clergé,
dit PulfcndOl'f, fu t for t dé:5a"anlagnuso, du temps de Luth er, à
(l
« ceux de la religion Roma i ne. Ceu.'\; de celle co mmuni on, et pa rti(l
cu lièremen t les Jésui tes , ont remédié depu is li cc t in convénient
Il répèt.e la même chose en diffél'onlS ondroilS c t notam ment aux
pages 619 ) 647 et 648 du chapitre dou zièmo do so n int/'oductiol/. Ii
l'histoire. Bay le , qui n'est pas suspec t Sur co Larli cle J prélend que
10 l'eul Bellarmi n a plu sel'v; la cath olic ité contre les hérétiqu es
des derni ers siècles qu e lous les autres co ntroversislcs ensemble,
IL Il 'y a poill t d'all tcur, dit·il . 'II/ i nit soutet/ u miellx que ce jésuite
la cause de l'Egl ise Romai ne. Les P l'olc~ lalll.s, aj oule-t-il ) ,'ont
bien reco nnu ; car il n' y il poi nl cu d' h<lbilo th éo logion pa rmi cu},
_qu i n'ait choisi Bellarmin pou r te sujet do F'es ouvrages de con tl Overso. Les leçons et les thèses do leUl's prorcsseurs ron L relentir
parlout cc nom-l à: ut lit.l.lIs Hyla, Hyta omlle sona/'el, Personne
n'ignore qu'o n a établi en Angtetefm un e chairoà Cambridge , eLune
au tre à Oxrord desti nées un iquement à le co mbattre. Enan qu'on
demande aujourd' hui au x ca th oliques d'A/l omagne ) si autres que
-
55 -
éclairés , instruil s . éd ifi és ; mais, san s sorli ,' de la
France, jngeo ns des choses par ce qn e nons en
avons vu . J"es pri n c~s de votre sa ng , les grands de
vo Ire conr, les généra ux de vos a .. rn é~s, la magistra lure de votre roya um e, P"csqu e toute la natio n
a été élevée chez eux. D 'un côté deux mi ll e maîtres,
J e l'autre un mi lli on de d isc iples; dans ce no mbre
P"csq ue in fini d'homm es de tout élat , de tout senti ment, de to ut ca ractère , tous encore existants, y
en a-t·i l un senl qu 'ils ai ent te nté de "ange,' sous
les Jés-ui les, da ns leur clergé ,·sont en étaL d' y fa ire tète aux ministres cl de repondre au x ouvrages de co nlroverse qu' il ::; ne cessent de publier. Ces. P ~rcs n'a \'aicnt pas moins serv i la l'eligion chez
nous qu ' a i ll ~ lI l'!'. Le pl us sayant homm e du (]('r nier siècle appelait
avec ra ison les Jés ui tes Pétau eL Sirmoll d les deux pl us grand es
lum ières ll" 'ai l eues l'Eglise de Fra nce: dItO ma!j1lO Ecclesiœ gallicalllC
IflIllina. Il n'est pas hors de propos d'observer ici que c'est au
Père Pelau que l' Eglise ca tholi que doit l' hommage que lu i rendit,
li la fi n de ses jours, le pl LIS grand génie 1 10 plus F'3V3n t hérét iqu e,
10 plus Pl'orond théologien , le pius honn ète homme d'entre Ics Ca l'-Înislcs, l' in comparable Gro t iu s ~qlli ) après avo ir tanl écrit co ntre
les dogrn ~ ct co ntre les principes co n~ti tuti rs de 110 11'0 religion 1
fi nit par en dérend re généralomont tous les articles dans des ouvrages publics dont l' utilité d urera autant qu o son nom. Le frui td e
ses l on ~u 6S dis pu t~ avec le P. Péta u fuL un e si gran de déférence
aux sentiments de ce Jésuite, qu 'cn lui envoya nt ses ouvrages
théologiques con tre le protes tan t Ri veL, il le priai t d') retra ncher
tout co qui lui par<l ltra it co ntraire à la vé rité ou à l'amou r de la
paix : A III t'crilal; dissclilancmn) aut ad pacem m;/ills idollclI/n. LoUre
en date du l'! av ril ,1642. Il l'assurai t que sa doci lité venai t alltant
de son adm il·ali on pour ses vorlu s qu e de sa hau te es time pour sa
�-
56 -
les lois de leur monarque? à qui ils aient enseigné
une doctrine meurtrière? Qu 'on le fa sse paraître,
et je signe de mon sa ng tou s les a 'Tèts rendus contr'e
eux, Mais si , a u ten,ps ue le ur crédit , si dans la
plein e liberté où les ava it mis la lo ngue amiti é des
rois , si, avec j'impunité qu 'on suppose qu'elle leur
assurait , ils n'ont presque fait partout que des
Monclars et des Ga lifets, comm ent serait-il possible que, dans un temps de crise où ta nt d 'yeux
e nn emis seraie nt res tés ouverts sur eux, di x-huit
prorondeérud ition: Virtft lum luurulII, lui écrivait-il, sum mus admi.
rolor (Voyez les leU res de G rolill~ l ,1i, 50 1 1526. '1 57~ 1 ~ 534, 1569,
~ 5ï l).
Au reste. je n'aurais. jamais fini si je ,aulais nommer tous
les Jésuites qu i, en Franco, en An gleterre, en Allemagne, dan s lei'
Pays-Bas el ailleurs ont écrit contre les héréti ques des derniers
temps. Les oU\'l'agcs de Valentiu ,de Ocean, de ~Ialdonat l etc.) etc. ,
sont entre les mai ns de Lou lle monde; mais je ncela is pas omettre
que l'Eglise elle-même attes te, da ns ses prières publiqu es, que
l'opinion générale eL constan to des cat hol iques eL du Saint-Siége a
toujours été que Dieu suscita les Jésuites en ces dern iers lemp~)
pour comba ttre cantre les Lu thérien" cl aull'es nou vea ux"3ec lail'es)
co mme il avait susci té d'autres gra nd3 homm es en d'autres temps.
Iflnaûus lueresi bellum ;mlü:1l eo successu COlltù/Uli/um, ul conslUllS
(uerÎl omT/iuIIl Sel/SUS, eliam POIi /i!jcio cOllfirma l/l s oraculo ) Deum
sicu t alios aliis lemporibu s sallclos !Jims , ila L"lltero ejusdemque
temporia hœrelicis /gnalium et il/slillliam ab eo Svcielalem objecisse
(Voy. dans le Brév. Rom. ) l'off. du j our do sai nll gnace). Observolls
en passant que ce serait vouloir rairo chanLel' à l'Egl ise une bien
si nguli ère el bien scandaleuse palinodie que d'exiger d'cli o la
condamnation d'un Insti Lu t aussi Joué.
-
57 -
mois leur eussent suffi pour faire de le urs co ng,'é ganistes et de nos enfan ts autant d 'ultramontain s et
de régicides qui auraient bouleversé nos provinces?
N'aura-t-on jamais h on te de di,'e grave ment de si
pitoyables in epti es? E n vérité, Sire, c'est ou in sll lter à la raison des autres et mé priser par trop le
gen re humain, ou être arrivé à un deg,'é de prévention qui ne laisse plus ni lumi ère, ni liberté. C'est
porter au dernier degré, o u la témé,'ité, ou l'aveuglement.
,
Supposo ns, néa n,noins, qu e l'illtérêt d p l'Etat
exigeât véritabl ement qu'o n leu,' ô tât, cette même
année , leurs colléges, leurs co ngrégations, et m<'me
I.. urs biens, Ex igea it-i l que l'arrêt fût rendu le 5 de
juin plutô t qll e le 30? Ne suffi sai t-il pas qu' il le
fùt avant la fin du parlement ? Pourquoi d onc ne
pas lem accord er au moins un délai de quinzaine?
Le sieur de Moneiar a bien senti que cette obj ectio n
élait invin cible; aussi a-t-il p,'is le parti co mm ode
de n'y rien ré pondre.
Il finit enfin cet articl e pa,' un t,'a it qui achève ci e
caractériser la nature de sa défe nse. Il do nn e pour
decni ère raison de l'efu s fait all x J ésuiles de les
entendre avant de les juge ,', l' obligation où il avo ll e
qu'on amait été de les ent endre même après les
avoir jugés, s'ils l'avaient demand é, Personne ne
s'attendrait à une parei ll e faço n de raiso nner , Avant
�- 58même, dit-il (p . 20), que te jugemellt soit signifié,
la voie de fopposition est ouverte à la p artie 'lui
n'a point été entendue. La requête, rejetée le" ,
pouvait reparaüre te 6, pour demander la révocatiol! des fins provisoires.
Je réponds par Hn e r éfl ex ion bi e n simple. Dès
que leur opposition a ux fin s provisoires en aurnit
-
59 -
sort que le L, ? Je de mand e si le plus qu 'e ll e au,'a it
pu produire n'a u,'a it pa s été un d écret d e jonction
au fond : ce qlli , n 'a rrêta nt point l'exécllti o n d es
fins p,'ovisoires, n 'e n aurait i)as r éparé l'injusti ce?
JI est do nc certa in, ainsi que je l'a i avancé, qu e
le sieur de !VIonclar a ppui e ici toute sa défense
sur des assertions peu exactes. On vient de voir
dus et rej ugés, qu e ser vai t à l'int érê t public ùe les
qu 'il était fau x que la r equ ête, présent ée par tous les
Recteurs du ressort, ne l'eût été que par des Je-
avoir prononcés avec ta nt de précipitation? E t pOurqu oi viol er inuti leme nt le droit naturel, cn refusant
suites sans action et sans pouvoir; qu 'il éta it faux
qu 'elle n 'eût été prp.sentée qlle pou,' se jouer de la
le 1" ce qu 'on co nvien t qu 'o n n 'aurait pu refuser
le 6?
justice, el se jOl/J'ni/' un mo)'"en de crier à {' op-
arrèté l'exécution jusqu'à ce qu ' ils e usse nt été enten-
Mais par cet "rrêt, ajo ute-t-o n , les p arties étaicnt
liées; il ji1f1ait, en s'opp osant , plaidcr tout de
suite , il jo ur do nn é . Es t· ce qu 'e n ad o pta nt les fin s
de la prem ie"e requ ête o ù e ll es co ncluaie nt à èt,·"
ente ndu es, on n'a urait pas pu égale ment leur
fix er un jolll' o ù ell es a urai e nt été obligées de
plaider ~
pression; qu 'il éta it faux qu'elle ellt dû COll tenir
les raisolls de déjense contre des griefs non communiques; qu'il était faux qu e les o pini ons fussent
commencées quand on demanda à la rapporter;
qu'il était faux, e nfin , que l'int érèt d e J' E lat !te permit aucun délai. D 'o ù il s uit qu e le refus d 'e ntenclr'c d es accusés, do nt o n a ll ait enlever l' honneur, l'état et les bi en s, à qui on venait d e reproclwr
!VIa is je d ema nde s' il y a ici qu elqu e bonn e roi, de
de ne pas se mo ntre r , c t qlli se prése llt a ient d 'e ux-
la pa"t du siell " de Monclar; je demand e si, quelqu l'
in violabl e que soi t la règ le qu ' il a ll ègue , ell e en
Ill èmes " " 'S ilo t qu ' ils J'ava ie nt pu , est J'in jll sti ce
alll'a it été moins méprisée, ai nsi que ta nt d 'autres,
toujours sa li s le magni fiqll e prétex te d e la nécessité
publique? Je de ma nd e si qll elqu ' un croira qu 'en
reparaissa nt le 6, la requ ê te aurait eu un mei lleur
la pills [,'a ppante , pour ne I~ "S dire J'oppression h
pills ca ,'actéri sée.
�-
60~
XII.
Les Jés nites jugés sans çommissaù'es et sans rappor', _
Fausseté et abslwdité des misons pa,' lesquelles on
prétend proll'uer qu'ml IL été en d,'oit de le {aire.
Si, pOUl'en diminu er l'odieux , on avait au moins ,
ava nt de les juger , cLat'gé quelqu es magistrats
cI 'exa miner les g l'iefs co ntenus au réquiSitoil'e, on
poulTait dire, en quelque fa ço n , q u'o n n'en a pas
cm uniquement Sur sa parol e un accusatelll' visiblement passionn é,
Pourquoi donc ce renvoi à des commissaires ,
pratiqu é partout ai lle urs, n'a-t-il pas eu li eu à Aix ?
On va nous l'apprenclre : éco utons encore le siem
cie Monclar SUI' cette seconde injustice, plu s étonnante mème que la pl'emière:
l ' Parce que la Cour avait le droit de ne l'oint
nommer de commissaires, dès qu'elfe se trouvait
su(jisamment illstruite parle compte-rendu (p, 261;
2' Parce que nous tous aviOIlS etudié déjà le
procès hors du palais;
3' Parce que t cppel coml/le d 'abus était déjà
Ull jugement d'ull premier tribuilal (p . 32) ;
~.o Parce que les fins prQ1Jisoires étaient toutes
implicitement comprises dans l'effet suspensif de
tappel comme d'abus (p, 33);
-
61 -
~' Parce que la démarche du Procureur géfléml, vis-ct-vis duquel les juges ne SOllt que des particuliers, était éclatante (p, 32) ;
(Jo Parce que les fins provisoires étaient d 'une
justice'évidente el d 'une discussion j'lcile (p. '13);
7' Parce que l'arrêt qui les adoptll est Ull urrêt
d'audience, où la plaidoirie des [j'ellS du Roi tient
lièu de l'apport (p. 12) ;
8' Parce que, en rigueur, il)' a cu un vrai l'apport, qui est celui des magistrats placés au bureau,pour l'apporter les conclusions (p, 13);
9" Parce que ce SOllt ceux qlli se plaignent qu'il
n'yen ait point eu d'autre, qui l'ont empêché
(p. 29 e l 30),
Heprenons ces neuf allégation s cla ll s le mème
ordre qlle j e viens cie les prése nt er.
~
XIJ 1.
Fausseté et abmrdité de la 1n'emière mùon pa?' laqllelle
on 1)rélmd avoir 1JlI j'Lqer les ./ésnites sans commissions
et sans rappo,'l,
l. La COll,., dit-on cI'abord, aVilit le droit de ne
point nommer de commissaires , dès qu'elle se trOllvait suflisammellt instruite par le ('ompte-I'elldu
(p, 26),
Voilà de ces maxim es que crée au besoi n le sieur
�-
-
62 -
63 -
quelques co nn a issa nces que les ju ges puissent avoir
quand presque la moitié d e ses mcmbres affirm ent
qu 'ils ne le so nt po int ?
da ns un e affo ire, il s n 'e n so nt pas moin s tenu s de
Avait-o n jamais vu ving t-ne uf ju gcs refu ser J'ill s-
l'instru ire et de la j uger dan s lIn e fo rm e légale? 0,.,
tructio n " vingt sept qlli la dema ndaient in sta m-
)' a-t-il ri en d e plus n éc~ssa ire à la légalit é de la
ment ? Se jus tifl e .t-on bien e n di,a llt qu e les égards
form e, d a ns tout jugemt' nl po ,ta nt profit , qu 'ull
clar de citer un se ul exempl e co ntraire; je le défi e
rée/j,roques Ile vont p oint jusqu' cl cOll/promettre le
sorl cl' une afj'ctlre ùnp orlanle, pal' cOluJescelldull ce
p OUf des confrères qui auraient dû, ou se pru-
de p" o uver qu 'o n ait , un e se ule fo is, dans l'a ffa ire
curel' d 'avance plus (,tins/I'uel iOIl, ou SUl'lnonler
la plus facil e , o té p" ov isoireme nt il un se ul parti cu-
davantage leurs scrupples, ou rellOl/cer sans regret
à opia,;r .
de Mo ncla r. Ne sait-il pas que qu elques lumi ères ct
rappo rt par comlJlissaires! J e d éfi e le s ie u,' d e Mon.
lier la simple ma nutenti o n d e ses bie ns,
SUI'
la
rapporter le procès . Comm ent d o nc aura it-on pu
Est-ce d o nc compro m ettre le ,ort d ' un e affaire qu e
de la rappo rter a vant d e la d écid e,·? N'es t·ce pas, au
négli ge r ici ce tt e forma lité essenti elle, vis-à-vis de
contrai,-e , e n refu sa nt ce seul moye n d e la bien con-
cinq cents religieux , a uxqu els, o utre le urs biens,
llaÎtl'e , qu 'o n la co mpro met vérit abl eme nt ? E ti olls-
o n enleva it l'ho nne l''' e t to utes les fo n ction s de leur
éta t ?
nous obli gés d e no us proc u" cr d 'ava nce, h ors du
Mais qua nd même 0n n'a ura it pa s d l, o rdonn e,'
tions co ntre lin J Ilstitut reli gieu x. reç u e t appro uvé
un rappOl·t par de voir , n e l 'a ura it-o n pas dù pa,'
jusqu 'alors dan s J'Etat comll) e dan s l'Eglise. et dont
décen ce ? Ne l'aura it-ail pas de. par égard pa lU' les
la plupart d e n o us n ' avait eu , ni pu a vo ir d 'exem-
Jésuites, p o ur l'éta t religieux, p o ur la reli gion elle-
plaire) Nos scrupules d e la fl étrir sur un simple
même, à laqlle ll e ce tte ca use pa ra issait li ée? Ne
compte, o ù nous n 'a vio ns vu que d es d écl a ma tion s
l'aura it-on pas d e. po u r ne pas 11I 0 n t"er a u publ ic
et des injll" es, n 'é ta ie nt· il s pas assez fo nd és poUl"
tro p de précipita tio n , tro p d 'e u vi e d e ju ger . lrop
de pla isir à conda Uln e r ?
qu'on dù t y avoir quelque éga rd ? E t po u vions-nOlis
renoncer saliS regret à opiller po ur la isser le champ
E nfin, e t voici ce qui est sa ns répliqu e, un e Cour
lib" e à ceu x qui a im aie nt mi e ux nOlis forcer à so nir
peul.elle, a vcc vérité, se dire su!1i samment insll"lute
du tribunal que d 'y jll ge r avec no us, quelyues j o urs
r.é quisitio n verbale du Procureur généra l et sa ns
pa lais, des in stl"llc tio os suffi sa nte .' sur des acc usa-
plus ta"d , en conn a issa n ce de cause.
�-
6'. -
S XIV.
FœllssctC de III dell7:ièmc 1'Clisolt plI!' laque lle on prétend
a.voi" )llI juger les Jé~lût~s S(lnS commissaires el saliS
mppo,'ts,
II. Mais est-il bi en vrai qn e nous ne fussion s pas
suffisa mm ent in str uits? Ne faisions-nous pas, de-
puis plus de ll'ois mois, à l'école de la Société, qui
nous réunissait
pOlll'
sa défense J une élude sérieuse
des Constitutions (p. I D)? Le heu de la séa.nce était
connu : il a peu varié I ndépendamment des
assemblées générales, la communication pal' visite
étuit perpétuelle avec les Jésuites (p. 6, 7), Ces
indécences étonllaient dalls des magistrats qui en
auraient rougi en loule autre circonstance (p. 7).
ail en connaissait jusqu' ci vingt qui avaient un recueil écrit de leurs !I1nins des principaux lexIes de
finstitut (p. 29),
No n , Sire, jamais me nso nges n'o nt été avancrs
avec plus de détai ls, ni affi rm és avec plu s d'intrépi.
dit é : il se mb le qll e le sieur d e Mo nclar pad e de
choses si sû res et si notoires, qu 'i l ne serait pas possi ble q u'on osât les nier . E ll es n'o nt cependant de
fo ndement que d a ns la nécess ilp. où il s'e, t trouvé
ci e les su pposer , On to ut a u mo ins d e les acl opl el',
pour avoir q uelque ch ose il no us répo ndre q ui pûl
fa i,'e illusion : j'e n prends il témo in le sieur P,'ési-
-
65 -
denl d'Entrecasteau x. Il ne d o it pas lui è tre suspect :
c'es t ceill i qui s'est sépa,'é d e nous le premi el' e t
qll 'i l assure lui-m ême avo ir d onn é des prellves peu
équivoques d e son repenti,'.
L'abbé d e Montva lo n e t lu i avaient rée ll e ment
t,'ava ill é S UI' l'In stitut ; qu 'il di se s' il y a e u , mème
enlre eu x, la mo indre commu nica li on de trava il !
Qu 'il dise s' ils nous o nt jnmais rasse mb lés ni l'lin
ni l'a utre, pour étudi er e nsemble, So n témoignage
ne sufGt-il pas? Qu'o n prenn e celui cie tous les au\l'CS magistra ts qui , aya nt d 'a bord pensé ct agi
comme lui , so nt re ntl'és co mme lui d a ns les vues e t
les bonn es grâces de leur Co mpagnie; qu'on leur
demande, e ntre a utres choses, s' ils se sont ja mais
\l'ouvés da ns a ucun e assemblée o ù l'o n exa minii t
les Con stitu li ons ? Je d éclare, po ur ce qui me co nce,'ne personn elle ment , qu e je n'en a vais pas lu
deux pa ges en 'ma vie, qua nd le siell!' d e Monclar
comme nça à nous e n re ndre compte, et j'ajoute qu e
c'est en dépoui lla n t ce qu 'il nOLIS e n ra pportait , des
in ept es interp,'é ta ti o ns qu 'il )' joignai t , qu e je ca m·
mençai à en l)I'end ,'e, avec co nnaissa nce d e ca use,
la même id ée qu 'en avaie nt eue les Ri clwlieu et les
Bossuet .
H.
5
�-
GG-
- 67 la passion et des sophismes d a ns ce qui leur parais·
~
xv.
Fausseté ct abs!t1'dité de la /l'oisième mison ]lai' laquelle
on prétend al'oirpu juger les Jésuites S((l1S commissaires et sans ,·al)ports.
sa it des raisons Ji'appu"tes? Non, sans doute, ce
n'a urait pas été là peser ses oracles dalls la balance
de lajustice, loin du tumulte des p assions, et les
jllger avant que de les jormel', ains i qu 'il n ous
assure le faire toujours (p . 32). En vérité, n'y
aurait-il pas trop d e préso mpti o n à voul oir ex iger
Quant à la qu esti o n mise en avant, si l'a ppel
comm e d 'abus est une espèce d e ju ge me nt d 'un pre.
mi el' tribunal , ou si ce n 'est qu 'une simple plainte
d 'une partie à la vérité très-respectablt- , je ne vois
rien de si indiffé"ent à ce qui no u s divise ici. Car, en
le supposant , nn jugement dans toutes les fOl'mes
',terait·il l' obli gation, au x membres du tribunal
supérieur , de ne prononcer que sur leurs propres
lumières, mêmes des fins simpl ement provisoires?
Quand le sieur de Monclar a eu à co nclure Sur
l'a ppel de quelqu e se nte nce, en quelque matière et
en quelques circonsta nces qu e ce l'ùt , a- t· il cru pou·
voir, sur la foi du premi er juge, s'épargne r la pein e
d 'étudier à fonds le procès? A-t- il c m que la COI/ -
du Pàrlement , ponr ses réquisitions, plus de respect
que lui, sieur de Monclar, n 'en saura it avoir pour
les sentences rendues par un e sénéchaussée entière?
Et nos coll ègu es nous d evraient-ils moins d 'égards
et de loisir pour n o us instruire, que lesieu,' d e Mon·
cla,' n'en doit a u x siens ~
~
XV!.
FalL.selé et abs!wdité de la q1tat,.ième mison ]lM laquelle
on prétend avoiT pu juge/' les Jéstâtes sans commissai,'es et sans mpports.
I V. Vainement voudra it-il distingu er des autres
cas, celui d e l'appel comme d'abus. C'est néa n-
viclion ne lui fùt pas nécesa ire? A-t-il c m que des
vraisemblances el quelques raisons .frappantes lui
su./lisaient? L 'a-t-il cru surtout, lorsq u'assisté dans
ses délibéri;ltions p ar les magistrats que rotre Ma·
jesté lui a dOltnés pour collègues (p. 32 et 33), il
moins ce qu'il semble faire, en disant que Ioul es les
fins provisoires du 5 juin se /rolwaient impliei/e-
leur est arrivé, comme à nous, de ne trou ver que de
Dans ce système, tout appel comme d'abus étant
r
ment comprises dans effet suspensij'de SO/1 appel,
dont la Cour n'avait jait que prononcer le développement (p. 33 e t 31,.).
�-
68-
suspensif pa,' sa nature (p, 33) , nOlis aurions été
d 'a utant moins autOl'isés il d emand e,' du temps et
un rapport pOUl' nous mie ux instl'llire avant de
j uger, qu 'en ri gueur nous n 'a uri o ns e u besoin
d 'au cune sOl'te d 'instru ction ponr pronon cer des
fins provisoires qui n 'étai e nt, selo n lui , CIu e le développement et l'effet nécessaire d e son appel comme
d 'abus des Constitutions ,
Mais cette préte ntion est témérai re il l'excès: je
conviens qu e les Co u,'s suspenden t assez sauve nt
l'exécutio n des juge ments et a ut,'es actes d e la juridi ction eccl ésiastique, d ont le Procureur général
est a ppelan t comm e d 'a bus, Mais prendre cet usage
pou,' un e loi; mais rega ,'der les dis positions des
al'l'êts à cet éga rd comme de simple forme; mais
établi,' que l'effet suspensif naît esse ntiell ement de
la simple action du Proc ureur gé néral, ne serait-ce
pas donner au parqu e t un e souvera inté provisoire
sur l'Eglise, et revêtir un e magistr'ature, subo,'donn ée par son institution, c1'u ne autorité su périeure
à celle du tribunal mê me, Ol. ell e aura ill e droit de
porter des demandes qu'il ne se rait pas pe rmis à ce
tribun al d e rejeter ?
Or il fa ut obse,'ver qu e s' ri y a ja mais eu un cas
0 ;' les ju ges n'a ient pas dt, accorder sa ns le plus
scrupu leux exa men cet effet s us pe nsi f, c'était bien
celui où l'on voyait, a vec la plu s grand e smp,'ise,
- 69 attaq uer tout à la fois l'il/stitut, Les WX:lIX' , les Lo'-' ,
le régime et la morale (p, 32) d ' un Ordre nombreux
jusqu'a lors en vénération à l'univers ca tholiqu e;
actuellement honoré de toute l'estim e, de toute l'aff~ction
du Saint-Si ége et de l'épi scopa t enti er; plus
recommandable in con testab lement que tout autre
corps, par l' ém in e nce de la science, d es vertus, des
travaux e t des sllccès d e ses membres: Ordre qu 'on
ne chargeai t d 'au cun d élit aCIuel ; contre lequel on
ne faisait qll e "épéter les a ncienn es accusations de
quelques hérétiqu es , et d es au tres enn emis que lui
avait faits, d ès le commellcement, un mérite trop
supérieur : accusations cent fois réfutées el toujours
méprisées pal' tout ce qu 'il y a eu de gens sages
et vertueux dans les di verses co mmunions c1,rétien Iles.
Ces préjugés, ces exemples et ces rai so ns, qui
militaient en le llr faveur , n 'étai ent-ils pa s au ssi respectabl es que les préjugés et les exempl es dont le
sieur de Mo nclar étayait ses rai so ns très-peu frappantes ? A l'occasion d e ces exe mpl es donn és pal'
d'autres tl'lbllnaux , Il!. de Monclar s' écrie: Si l'ar-
rét le p lus modéré est évidemment injuste , la
Fraflce entière est aujoard'hui le thélÎtre de filliquit!!, Ne pounait-on pas llli répondre : Si l'arrét
le plus modéré n'est pas évidemmellt injuste, La
Fran ce entière et le monde e nti e r o nt été d eux cent
cinquante ans le théâtre de l'imbécillité'
�70 -
-
3 XVII.
AbSU1'dilé de la cinqltième 'm isou pm' laqltelle on prClend
avoil' pu j uger les Jésuites san$ commùsaij'es et sans
1'apport,
V , Quant à sa démarche , p lus elle
tante , et plus elle devait diminuer notre
Pour mériter d'être cru SUI' sa parole, il
en attaquant un corps religie ux qu'il
était éclaconfiance ,
aurait dù ,
ava it lui-
même honOl'é longtemps d e so n estim e, montl'er
a u moins quelque regret , qu elque d o ute, quelque
modération ! Quelle foi devi o ns- no us à son compterendu , o ù nous va) io ns à cl In q ue lig ne les excès et
J'aveuglement du pl us implaca ble ennemi , dans des
moments (il me perm ettra de le d ire) où il pouvait
êtl'e avantage ux de le devenir ,
. Jamais a ucun particulier n I a ucune socIete
d 'homm es qui aient été chargés d 'a utant d'accusations qu 'en avait accumu lées dans so n compte-rendu
contre les Jésuites, M. de Mo nclar ; ma is accuser n'est
pas prouver : Et qais ùlI /OcellJ esse poterit, d isa it un
fameux empereur, si accusasse slf(Jiciet? Plus les délatio ns sont g,'aves et mnltipli ées, et moin s ell es méritent de croyance, qu and elles r pslent sa ns preuves.
Ma is, indépendamme nt de ses fâcheuses disposi tions actuell es po ur les J ésuites , il aurait d û se
défi er d 'une autre ca use d 'erreur, plus a ncienne en
7/ -
1III· , et d ont nous avons déjà parlé ci-dessus: je ne
.
saurais perdre ici l'occasion de le faire apercevOI r
des écarts où l'a jeté, quelquefois qans so n ouvrage,
une Irop gl'and e idée de lui-même.
En vo ici un exe mple fra ppant : des démarches,
dit-il , aussi éclatantes de sa part, devaient aa moins
suspendre la confiance qae des p articuliers poarraient avoi,. conçue p our cette société (p, 32) ,
Est-il d o nc possib le qu' il ait vo ulu s'élever au-d essus des autres magistrats, jusqu 'à ne voir en eux que
des p articuliers 'Jui devraient au moins suspendre
leur confiance envers ceux qu'i l n'honore plus de la
. D!le~.Eh
Sle
·1
pourqu oi " Sire aurions-nous fai t \)lus
de cas de so n av is que de celui du dernier d'entre
nOlis? Serait-ce par la di gni té de sa place? Elle était,
ail palais, inférieure à la " ùtre; cal' si c'éta it en votre
nom qu 'il y faisa it des réquisitio ns, c'était all ss i
en votre 1I0m que nous e n éti ons les juges. Serait-ce
pa r la su périorité de ses lumi ères? Je lui rends
volontiers justi ce sur cet articl e; ma is les cl'olt-Ii IUImême si supérieures à celles de tous les autres?N'e n
excepterait-il ni le sieur de Coriolis, ni le sieur abbé
de l\J ontva lon? Tous les deux voyaient autrement q ue
lui , et le dernier s'était instruit ayec auta nt de soin et
plus d'impartialité. Élevé à Sai nt- Sulpice, il avait
toujours passé pOUl' èlre au moins très-ind ifférent
à l'égard des Jés uites ,
�-
72 -
§ XV IlI.
Fausseté de la sixième mison 1)(!?' laquelle on pretend
avoù' pl! jI/gel' les Jés1tües sans commissaires et sans
l'appo,'l .
VI. Q ue lui ,'es tera-t-il do nc à d ire? Qu'il étai t
supe"']u de renvoyer à des commissai"es, J es fi ns
prov isoires si simples que toas les jours Ol! en adjuge au min.istère pub/ic d' ulle justice moillS évidente et d'une discussion plus dillicile (p, 13),
E n effe t , fallai t-il bea uco up de J iscussioll , pou,'
voir dans ces borribles Const itutio ns tout le Contraire de to ut ce qu 'y ava ient vu co nstammeut jusqu 'à nos jours toute l'Église et l'E urope entière?
y a-t-il rien de plus évid emment juste, que d'eulever par pro vision, Sur la foi d 'un seul hOlllme ,
,\ cinq cents citoyens qu 'on refu se d 'e ntendre, 1eI11'
bonn eur, leur état et leurs biens? N'éta it-il pas aussi
certain q u'o n l'assure, qu 'e n leur à tant to ut cela,
on ne l'àtai t qu 'à des gens q lli n'ava ient jamais eu
en France d 'existence léga le ï E t n'est-il pas inco ntestab le que ces reli gie ux q ui , depuis deux cents
ans prêchaient l'Éva ngi le en F,'a nce, dans to utes les
vi lles, dirigea ient les l'ois sa li s int er rupt io n , élevaient les enfan ts des citoye ns de to ute co nJition ,
-
ï3 -
possédaient presque tOIl S lem s établissement s par
lettres patentes enregistrées, n'étaient néa nm oin s
soufferts qu e p al' manière d'<'preuve?
Enfin , que nous auraient appris des com missail'es, en nous jeta nt avec eux dans le labyrinthe
des Constitutions (p . 23 ) ? Ne nous suffisait-il pas
de savoir , p OUl' des fins provisoires SUI' les congrégations et les colléges, que tout est sous la dépendance d' un Général étranger? Cefait est convenu
(p. 27),
Voici les conséquences naturell es de cet admi ra ble
raisonn ement. Les Gé néra ux des Berna rdi ns, des
Chart,'eux, des Ma thuri ns, des Prémo ntrés, des
Frères de la Charité, d oive nt non -se ul eme nt ,'ésider en France, mais enco re être França is, le fait
est convenu; chacun d'eux est un Géné,'ul étranger vis-à-vis les religieux des aut res roya umes, le
fuit est convenu,. Je go uvernement uni versel, par
leur Co nstituti on , es t chez eux, co mm e chez les
Jésuites, sous lu main J u premie,' supérie ur , lefait
est convenu; de sorte que pour dét,'uire, au moi ns
provisoirement ces cin q Ord res, partout aill eu,'s
qu'en France, avec un e justi ce évidpl1te, il suffi l'a,
sans plus ample discussio n , que les Monclars des
autres États catholiques, s' il )' en n, fasse nt observer aux juges que ces Généra ux frança is sont , po ur
les sujets de leurs maîtres, autant de monarques
�-71étrangers et citramontaitu. Voi là d 'abord Un grand
service que le sieur de Moncla" a rendu à l'Europe,
Voici maintenant une ob ligation sing ulière que lui
a, en F,'ance , l'éta t reli gieux,
Les Généraux étrangers de plusi eurs O,'dres qui
so nt eu Fran ce, et no tamme nt de tou tes les bl'anches de celui de Sai nt-Fra nçois, SOllt , pal' leurs
Règles, tout au moi ns aussi absolus sur leurs inférieurs que le Généra l des Jésuites: cela ne peut
ètre nié en comparant les tex tes, On devra donc,
à la première réquisition verbale du sieur de Mon.
clar, sans les entendre, sa ns discussion, et néanmoi ns a vec une justice très-évidente, leU!' ôte,'
provisoirement leur honne ur , le urs novi ciats, leurs
Congrégations et leurs biens; tout était , chez eux,
cO nlme chez les Jésuites, so us la main d'un monarque étranger ,
~
XIX.
Fausse/é el abSl!nlite de la septième mison P(/1" laquelle
on prétend avoir pli juger les Jésllites sans commissaires et sans rapport.
Vil, La septi ème raison éto nn era enco,'e plus
que les six a uxquelles je viens de répondre: L'ar-
rêt est un arrêt d'audience qui a pu être rendu sur
le seul rapport des Calle/usions.
7ti Il faut se sentir bien pressé pour reco urir à un
pareil moyen ; U n anêt d 'a udi ence où le P"ocllreur
général laisse des conclusions su ,' le burea u! Un
arrèl d'aud ience où les co nclusions sont l'apportées! Un an'êt d 'audi ence à la tête duquel on lit ces
mots : " Ouï le l'apport! " Un al'rêt d'audien ce
où le Procureur généra l a poursuivi sans ap peler
de contradicte ur! Qu 'il dise s' il en a jamais vu de
pareil.
Au l'este, que ce soi t un arrèt d 'a udience ou non,
je lui eo laisse le choix; il n 'y gagnera rien, Si
c'est un arrêt d 'a udience, on n'a pu le prononcer
sur sa seule plaid oirie; il fall ait nécessa irement, ou
entendre aussi celle de la parti e, ou to ut a u moins
la déclarer défa.llante, aprés l'avoi r dùm ent appelée. Or, lo in de l'appele,' , o n n'a vait pas même
l'oulu souffrir qu 'elle se prése ntât. Si ce n'est pas
un arrèt d 'a udi ence, il n'a pu être re ndu sur ses
conclusions, et il fallait nécessairement y joindre
le rapport d' un commissaire .
�-77 -
-76 ~
xx.
•
Fausselé
de la
Imilième ,'a isoll plI?' laquelle 011 }JI'elend
'
,
,
aVOl1' pl! Jugel' les Jéw'ilcs S(t/lS cOllunissaù'es el san,
mpp0l' I,
VIll, Mais est,il l'l'ai qu 'il n 'y a point eu de rap'
po rt ? Les deux mag istra ts qu 'on p laça a u bureau
n ,.
'o nt,i
ls pas l'apporté les co nclusions .~ E n ri'gueur ,
.
Ceux il qui on e n a donn é le nom d a ns l'a rrê t
étaient tell ement in ca pahl es de ce trava il , que, par
la seill e cadu cité d e l' ~ge, indépe ndamm ent d e toutes
les au tres causes, ils n'avaie nt pas pn entendre,
même des oreilles, le co mpte que no us avai t rendu
le sieur de Monclar . All ss i , après la lectllre J e sps
co nclu sions , se born ère nt-i ls modesteme nt tOll S les
deux à pronon cer l'un après J'a utre ces mots : Mes-
sieurs ,je suis d e l'av is d es ge fl s du Roi,
l'apport ? flie sll(Jisait-il pas ,
Voi là, Sire , le ra ppol' t qll 'o n d o nne co mm e aya nt
pOlir p ou Va l!' s tl/st l'litre, d e leur demander la lec,
ture des lex tes, qu'oll aurait <voulu éclaircir
(l" 13) ?
l'" sllppl éer celui qu e nOLI s d ema ndi ons: voil à les
commissaires qui su(Jisaien l (l" 13),
. Perso,nll e qui ne voi e que tOlltes les lectures posSIbl es D a uraI ent ser vi qu 'à a ug me nter la difll culté
de jugel', il moins qu e ces messieurs n 'eussent été
préparés d 'avance à tro uver les tex tes dans lell rs
titres e t cha pitres; à les p,'ése nt er, rangés pal' ordre
de mati ère, et il les conrpare l' avec les accusat ions
a l,l"ga ti ons et co mm entaires du sieur de Monclar :
ou, pal' l~are ntb èse, il fa lla it tout vé rifier , parce qlle
to ut no us paraissa it y avoir é té d égui sé, altéré, défiguré, Nous avio ns b esoin , n o n de d e ux lectUl'cs
d es co nclusions qu e n ous a\' io ns très -bi en entendues, mais d e d eux commi ssai r es vé rit ab les qui nOlis
an alysassent le co mpte-re ndu , et les d iverses pièces,
lItres et livres dont 0 11 y parlait,
§ XX I.
n e ta It- ce pas ~ à
Lill
Fausseléde la neuvième et demière misan pa>' laquelle on
prélend avoi1' pu juger les Jesnites sans commissaÎ1'es
et sans ,-apport,
IX, Il fallt pOllrta nt cOlJ\'e nir qu e le sieuI' de MOIlclar paraî t finir pal' se re ndl'e tacitement justi ce sur
le pen de solidité d e toute ce tt e dPfense, e n youla nt
faire croire: 'l' qu 'e ll d ema nda nt il coret à cris des
commissaires, c'é tai t no us qui n'e n vou lio ns poi nt ;
2' qll e,_parmi les a utres juges, la pluralité consen-
lait à l'envoyer CtU '15, el m ême pllls loin, lorsqu'ull
de nous déclara d e la ",anière la plus impérieuse,
1
que ce délai était insil//isrllli (p, 37) ,
1
~
�-
-
78 -
Je commencel'a i pa r lui d ema nder pourquoi Il fai t
un crime au sieur de Cori oli s d 'avoir e n ceh l~e llsé
et pad é comm e lui ? N'avo ue-t- il pas qu'aucun
mortel ne poul'l'ail dans huit, dix ou douze j ours,
j'aire un l'apport de l' Institut (p, 27)? Et que quiconque Il' était pas p rêt à se décider sur les fins provisoires le 5, ne rallrait pas été davan tage le 15
(p, 32)?
Ils avaient ra iso n sa ns do ute to us les d eux, ca r un
court déla i aura it été d érisoire pOlll'des commissai res
qui avaient à examin er d ' un co té '1/1 volume imme nse, air tout éta it a ttaq ué, et , d e l'autre, un
compte-re ndu d ont la récitati on seule ava it consumé
trois séa nces ,
Mais on aura it a u moi ns sa u vé la form e, l'honneur ,de la Compagnie e t le reproche d 'avoil' menti,
en in sérant Ala tète d ' u n a lTè t air il n 'y ava it point
eu d 'ombre de ra pport : " Oui le l'apport ", Nous
filll es don c des efforts pou r a ll ier la n écessité de ne
pas juger tou t à fa it il l'aveugle, avec le d ésir de condesce ndre a u vœu d es magistra ts qui ne voulaient
d es commi ssa ires qu 'avec un re n voi à b refs jOllrs,
Il n 'y eut longtem ps de ce t avis, que le sieur p,'emiel' Prési dent , le sieur Préside nt de Ma li verni et le
sieur de Ba la n , Mais, par esprit d e co ncilia ti o n , les
vingt-qua tre qu i ava ient été d 'a b ord d e celui du
sieur de Corioli s e t le sieul' d e Cor io lis lui-même s'y
79 -
, ent tous' ils nrent alors le nombre d e 27
ranger
'J,
. ,
CO ll tl'e 2 "
", O n voit qu ,1 ne n ous fall a It p lu s q u un e
seule voix p our faire pa rtage, ain si q ue je l'a i d éjà
ol)set've',, or , un e preu ve é vi de nte qu 'il n'est pas
, quoi qu 'en dise le sieur d e Mo nclar , qu 'il yait
vrai,
eu aucun d es vin gt- neuf magistra ts pensa nt co mm e
Jui , qui ait jamais voulu acco l'der d es co mmissa ires,
pOli l' quelque temps qu e ce fÙl " c'est qu e nous n'e n
pllmes jama is d étach er ce tte VOIX unIqu e, q lll au ra It
sum 1'0 111' en o bteni r,
§ XX II.
Nous avons dû re(user d'opiner SIl" un procès qui n'élail
ni inst,'uit ni ..apparié,
Dans ce ma nq u e d ' in structi o n , o u plutôt da ns
celte ignora nce to tale où o n s'obstinait à nous laisser; condamnés à dire s ur-l e-cha mp n otre a n s, o,u
il n'avoir plus d e suffrage; co ntra ints, ~ar consequent, à quitte r nos places o u à y prevarIq uer ;,
daignez, Sire, j uger vo us-mème d u partI q ue nous
avions à pre ndre, Nous en res tai t-i l d 'au tre que de
demander acte, ai nsi q ue uo us le f1mes, de notre
résolution à ne pas opiller, ,,'étallt pas illstruits et
Ile
pOllvant pas l'être?
�-
-
80 -
§ XXIII.
La plnmlité des voix ne lJeu t point obliger à juger 1/n
procès qui n'est 'ii instrllit 1/i 1'Clpporté,
Qu 'on ne nou s oppose poin t qn e la pluralité a l"
droit de Jaire /III arrél provisoire, lorsqu'elle le
croit nécessaire (p. 33), que la pluralité avaitjitlr
La loi; que nous de1 1io17s nous JI' soulnellre; que
c'était la règleji}/ldalllelliale de toulrs les Compagnies (p . 31), Tout celn est in co nt estable, j'en
co",:i,: ns; ma is quand ? Est-ce ava nt que la partie
aIt ete e ntendu e? qu e le procès ai t été instruit ?
qu 'il ai t été l'a pporté? qu ' il ait pu l'ê tre? lorsque
ri en de tout cela n 'a été fa it, lorsqu'une precipitation inouïe, lorsqu'un d';jétut total d'examen, vrai
déni de juslice, de l'a veu du sieur de Monclar, accusent la cOI/science des juges (p, 2:3)?
Ceux qui la veulent co nserve l' pure peuvent-i ls
reco nn aÎtr'e alors d 'a utres lois, d 'a ntres règles fonda mentales que l'o bligation ce rtain e d e s'opposer'
de to utes leurs forces à un e é"ide nte o ppression ?
E ll e éta it d 'autant p lus é vid ente pour n ous, qu 'outre
tout ce qu e je vie ns d 'obser ve l', nous ne p ouvions
nous dissimuler bi en d 'autres circo nstances, qui ne
marquaient qlle trop le pl'oje t fo r'mé d 'avoir in ces-
81 -
samm ent , à que/qu e prix que cc fùt , un arrêt
contre les Jésuit es,
11 suit de to ntes ces réfl ex ion s qu 'il est faux que
nous fussio ns su rfisamme nt in str'uits qu and nous entràmes au palais; faux que no us du ssio ns l'être; faux
que nous eussion s pu le d eve nir , d a ns l'acte même
du jugement ; fa u x que, n e l'étant pas, il nous eû t
été permi s de juger s ur ln foi du sieur d e Monclar ;
faux qu 'en demandant d 'a utr'es lumières, la pluralité ai t pu nous refuse r l' instru ction légale, qui
est celle qu 'on acqui ert par u n l'apport de commi ssaires; faux enfin , qu 'on pui sse excuser le violeIllent de cette lo i essp nti elle, ni pa r un vrai intérêt
de l'État, ni pa" la nnture d e l'appel comm e d 'abus,
ni par un e j ustice év id ente da ns les fin s provisoires,
ni par' au cun l'a pport réel de l'arrêt re nd" , avec les
ar'l'èts d 'audi e nce,
~
XXI V.
Da lJI""uliti ries voix, qni ne peut jamais obliger ci juger
Ull lJ1'ocès non instruit el non rapporté, le peut enCQ1'e
moins quand on a ""fusé d'entendre lin sa défense une
pm'lie qui s'est présentée .
On ne saurait don c ni er , avec quelqu e bonne foi ,
qu'en réuni ssa nt au l'pfu s d 'e ntendre des parties
qlli se p,'ésentaient . le refus d 'in st'r uire, par un rapH.
6
�- 82-
-
port, ,oingt-sept j ll ges qlli le demandaient; les vingtnellf qlli, par la précipitation e t tOlites les autres
circonsta nces d e le ur a rrè t , comblèrent la IllCSu,'e
de tOllS Ic-s excès, ne nOliS fnr-c è,'enl qlle t,'op i,
leur demande!' acte, co mm e quoi nOLIs n'avions pas
vo ulu opi ner avec ell X, pui s il re ndre co mpte il M, le
Cha nce li er de notre condlli te, et il réelame,' l'a ut orit é dll prin ce, pou,' l'avenir, con tre de pareill~s irrégulari tés,
compli ces E lle verra enfin qll e ce ne fut pas de notre
coté que se trouvè rent {es manŒuvres répréhen -
sibles, qui sonl dell1eurùs impunies,. {es ù"lécence.
qui Il'01ll poinl été rtiprill1ées ,. /('s délits qui n'olll
l'II: suivis d'aucune in/omm/iolt (p. ,,-).
Ap,'ès avo ir rendll co mpte à Votre Majesté de ma
cond tlite, lors de l'arrêt prov iso ire, je va is pa rler ,
dans l',, rtiel,, sui va nt , d es trois voyages qui le suivirent , et qu 'o n m'accuse de n'avo iT' fait
à vo ire
cour qtl e pottr y être l'avoca t de la Société dont
§ XW,
j'étais le jtlge il Aix.
Ce {ut pm' rleuoù' ctnolt pal' {anatisme que nOlts re{usâmes de juger les Jésuites .
Ce ne fllt donc pas le fanatisme pOlir I ~s Jésllites
qui nOlis porta à faire, le jour q ll 'o n les j ugea provisoirelll f> nt , ce ql1e nous aurions
83-
dl!
faire en se lll -
Llab le cas, ponr les derni e,'s d e vos suj ets et pour
de vé ,'itabl ~s cOllpab les. Votre Maj esté s'e n convai nc,'a e nco ,'e mi~u x ci-après, qlland je paderai de
mon projet de scissio n : ell e ve .... a qll e l' intérêt de
ces Pères e t le poids d 'injusti ce dont o n les accablait n'était pas ce qui n Olis tOllcba it le plus dans
la fo ,' me e n '"qu elle on procédait con tre eu x, Ell e
ve, ...a qu e ce qll e l'autor-ité roya le a de pills invio·lab le et d e plus co nstitu tif fllt o ubl ié, méprisé,
rl ét"IIit , dans l'arrèt dont o n vOll la it nons re ndre
�-
8t. -
CI·IAP ITHE III.
l'ms T ROIS VOYAGES A t A c o u n E:'\T nEPR IS POU R OI.':FP.NDIlE
DES COU PA BLES DO:'\;1' J ' I~'I' A I S ACTUE LL EM ENT I. E Jl'G E.
Je sera i moins lo ng d~ns cet a l'ticl e qll e dans le
précéd ènt; je me réd llil'ai A d e u x observa ti ons SUI'
mes tl'Oi s voyages à la Co ur :
'l' Pourquoi les a i-je e lltl'cpri s?
2' Co mment m'y , ui s-je co ndllit ?
-
85 -
cont raints et fOI'cés par le parleme nt, no n pour l'accus-el' , mais [)o ur n ous défe ndre; no n p our lui
IIuire, ni pour ser vi r les Jésuites, ma is pour mettre
sous la sa uvega rd e du Roi le sieur d e Montva lo n
1ère, mon oncl e germ ain, co ntre qui le sieur de
konclar avai t d éjà co mm encé une procédure en
lIlel'curia le, qui d eva it è tl'e poursuivi<' à la rentrée;
et qu e le sie ur d e Castill o n avait déj à a nn oncée,
dans un réqui sito ire imprim é , de voir è tre étendue
sur no us.
~
~ 1.
11 .
Le l,aTlemcnt n'a à s'en l,rend?'e q!!' au !lal'quel al!
à lui-même,
Les ca'uses de mes /?'ois voyages,
" Q u'on s'e n pre nn e d o nc a ux ge ns du Hoi, ou
POllrquoi les a i-je en tre pri s? TI suf6ra ICI , pour
ma plein e justification, d 'ajo uter à ce que ]ai déjil dit
dans le récit des faits , ce qu e j'écri vai s d e l'Écluze,
en Holland e, le Il j uin 17G2, ;, M. le Chan celiel' ,
en le suppliant d e p,'o tégC I' la justi ce d e Ill a ca use
a uprès de Vot re Majesté :
, Quelqu e affecté qu e j'aie pu ê tre , lui di sa is-je,
de tous les objets ra ppe lés ci-d essus, qu elqu e suffisa nts qu 'ils e ussent éte pOUl' 1I 0 ll S a me ne r a il ' pi eds
du trône, il es t pOllrl :"l l no toirE" qu e nOli s Il 'y
sommes venu s, l'abbé d e Montva lo n et moi , qll e
l'OUI' mie ux dil'e que le parle ment s'en pre nn e à
lili-mê me , d e ce qu'e n se prêta nt a u x vu es et au x
venaea ll ces person nell es du parqu et, il nous a
b
.
nécessit é de veoir récla me r un e protectIOn dont
nous ne po u vions plus nous passer; et de montrer,
avec la p lus gra nde force, combi en nouS avions
droit d 'y prétendre, par la natu re de notl'e c~ u se ,
(l',i ,, 'étai t, au foncl , <tue cell e d u Hoi , de l' Eta t pt
de la religion , puisqu 'on ne nous poursuivait que
pour en avoir so ulenu les itltérêts. li
Que répond à cela le sieur de Monclar ? Le nie-
�-
-
86 -
t-il ? Le d étruit-i l? No n ; il se co n te nte à so n ordinaire, de me pl'Od iguer d es illjures. Je suis U/I
courrier illfutigable qui veu.J;· ftre ci la fois jllge
dans le tribullal el ugellt du Général à la Cour .
L'indécellce de Ines courses reiuJ/'ées ('st une tl'Op
faible considération pou/' a rrêter Inon zèle,. ce Il' est
qu'ull épisode de plus dalls le /'Olllan de ma vie
Ip. 5 i ,) . J'ai ?JOUÙt abuser de cc qu'il T a de plus
sacré parmi les hOlnmes : dp ï'O lre {unoul' pOUl' fa
justice. J'ai 'voulu, p a l' des ca/olllnies eNlever au
parlement le biell le plus précù:ll.C: la coll/iallce de
Votre Majesté; (a été le mobile de tOl/tes lIIes démarches ; Ç'a é/é /' objel prilllilifei jime/amell/at des
conje dé rés qui m 'avaient j"il partir pour empéche/' un juge me nI (p. 25 ).
J
Cependant , CO Olme il a é té b ie n se nti qu e, malgl'é
cette décla ma tion , il fa ll ait au moi ns jeter quelque
doute sur la cause réell e et co nnu e d e mes voyages,
il a urait voulu la isser ent end ,'e qu 'il n 'a va it jamais
eu l'idée de con tinuer la pl'Océdme commencée
contre le sieur de Mo nl va lo n,
Rï~
Ill.
Le sienr de Monclm' lui-même n'a pa. OM! justifier h,
)Jrocéd1t?'e prise à sa "equête contre le SÙlU" de Mont valon ,
Il fau t d 'ab ord obser ver : '1' qu 'il n'est pas assez
maladroit pour entre pre ndre de la j us tifier ; 2' q u'il
ne s'en désista qu 'a près qu e la Co ur , en no us aba ndonn ant, l'eut mis en état d e n'en avoir plus besoin
pour nouS opprimer: ce q ui ne fut q ue quatre mois
après mo n tro isiè me voyage .
Il s'en tie nt d o nc à dire que, quoiq u'il ne se {"t'I t
. enco
re d ésisté eo forme , à mo.
n.
premier retour.
P,IS
,
de Paris, je n 'en deva is pas mOin s etre pel'sl\ade
qu 'il ne vo ulait p lus a ll e r e n avant;. m'a rrêter en
conséquence moi-m ê me, e t ne plu s fai re de seco nd
ni de troisiè me voyage. Votre Majesté va ju ger de
la bont é de la seu le pre u ve q u 'il do nn e de ses prétendues d ispositi o ns à la paix .
pv,
Il n'esl pas vrai que le sienr de Moncla!' ait aband~,mé la
poltrSltile de cette p/'océd""e avant mon dwx/eme m
mon t,'oisième voyage.
FOire Procureur n"éllérul, di t· il ,1I'ajrlil depuis
b
.
allCUlle demullde ; le Jiel/r de lI /Olllvaloll (/ pl'lJ oCt
....
. - j._----
- - -- , -~ -
�-
-
88-
89-
place paisibLemellt : on ne l'a poillt emp êché d'ol'ilIer_ Celle plainte doit êue écarlée-(p. 63 )
lln'avait.fait depuis <lUcane demande .'
zele pou,' la Socié té, avec quell e pud e ur le sieur
de Monclar accus'; le premier, bie n Oll llI a l à pro_ d'avoir , po ur la perdre, affirm é au x .iu ges d es
po~,
Mais en pouvait-il faire pendant le te mps des vacations? A-t-il oubli é qu ' il ne porta sa plainte que
le 30 juin, d e rni er jOli" d e palais e ll Provence, et
que ce fut le jou,' llIè ll, e d e la l'entrée qu 'alTiva
l'ordre d e Votre Majest é d e surseui ,' à tout ? Que
veut-il donc dire?
fausselés, a urai l-il pu èt,'e rete nu à la sienn e?
li Il 'Y a don c aU Clin e preuve, aucun e vl'a ise m-
p,'étendra-t-il qu e le sieur d e Montvalon doit lui
savoir gré de ne ravoi,' pas poursuivi devant le
parlement , quand le parl e ment n 'ex istait pas ? Cela
est pitoyable ,
Mais c'est pe u , ajoute-I-i l , d e Il 'avoir plus agi
con tre lui ; il a souffert qu 'il prît sa place, qu 'il
opi nât. Il est allé jusqu' ct v ioler ell sa .faveur les
règles ordinaires, qui ,,'aaroient pas permis qu'oit
laissât aux Jésuites des juges dOllt les dispositiolls
j i.worables étaient COllllues du public (p. 80).
Que le sieur de Moncla.- nous dise si ces règles
n 'a uraient pas encore mi e ux exigé qu 'on ne leur
laissâ t pas des juges dont ce mèml" publi c connaissait les dispositions .fullestes . La préve ntion qui
veut détruire n 'est certaineme nt ni moins suspecte,
blan ce: aut.:un e véri té, dans to ut Ce qu 'avan ce le
sieur de Monclar, de sa résolution à ne jamais poursuivre la procédure co mm e ncée co nll'e mon oncle
germain, et indirecte ment co ntre moi-mème, qui
n'avais pas parl é avec plus d e rése r ve des in exactitudes de son compte -re ndu .
Il est don c d e la d erni ère év id e nce que ce ne
son t point les J ésuites qui m'o nt rait quitter le tri-
bUllaI où j'étai s leur juge, pOUl' ve ni,' ètre leur
avocat à la Cour; que d e to utes les ca lomni es qu'on
a basard ées, c'est ici la plus gross icre, quoiqu e celle
qui a le mie ux ré ussi ; et qu e le parleme nt, je le
répète, ne doit s'e n pre ndre qLl 'à lui -mêm e, si, par
sa co nd esce nd~n cp. aveugle aux projets d e vengea nce du sieur d e Moncla,', il Ill '" forcé d e ve nir
chercher ~, vos pieùs un e pro tec ti o n nécessaire ,
prot(~c ti oll qu e nOlis Il e p o u vio n ~ obtt' nil' qu 'e n
discu tant
~a ir('s,
ple i'H'Itl f'l\ l la co ntillit e dl." nos advel'-
p O Ul '
jus tifi e r la noll'c.
ni moins odieuse que ce lle qui veut co nserve" ; et
si le sieur d e Monlva lo n e ôl d,', être ô lé de sa place,
comm e accusé d1avoil' ca lomn ié un ma gistrat par
1
�- 90~
v.
ftfa conduite dans mes trois voyages.
Mais en le fai sa nt, avec qu ell e rése rve, avec
quelle mod éra tion n 'a i-je p oint agi Sur tous les
points qui touchaient aux perso nn es? Avec quelle
a ttention ne mes uis-j e po int r e nferm é Jaus la cause
qui nous séparait? J 'e n pre nds il témo in Di eu et les
homm es, mes amis e t mes e nn emis ; no n-se ulement
je n 'a i d échiré, je n 'ai ca lomnié qui qu e soit, mais
e n m'imposant le plus profo nd sile nce, toutes les
fois qu e je n'aurais pu, sa ns me ntir , lo uer ce ux qui
me poursui va ient avec le plus de fureur, je me
su is fait un d evoir , e t pe ut -être un plaisil', de
dire d 'e ux tout le bi e n qu e j'e n savais, on tous
lieux, en toute occasion, à toute Iw rso nn f> : je n'en
excepte pas mê me le sieur d e Ga lifet , quoique je
susse très-bie n , qu 'à Paris co III Ill e il Versai ll es, il
passa la journ ée à a ll er d e mai so n e n maison , me
d échirant avec aussi peu d e d écen ce qu e de vérité'.
(1) Comme je ne "OuX point mentir pour le flatter) je nc le
do nn erai ni pour un beau parl(>ur , ni pour un grand jurisco nsulte J ni pour un admirable dialecticien ; mai s je Il e bornerai
pas son mérite, co mme bien des gens, à co nnaître les usages. les
fonnalités) le::: styles. et touLe cc l te par'lic do praliqu e qui no fail
qu'un excellent procureur ou qu 'un bon greffior. Il c.:, L cerlain que
-
91 -
Bien des gens se récri eront sa ns doute, e n m'e ntpndant parler d e modératio n, moi qui n 'ai gardé,
selon eux, aucune mesure dans les de ux mémo ires
présentés il Votre Majesté pe nd an t le CO llrs d e ces
mêmes voyages. Je vais tâcher d e leur répondre
dans l'article suivant.
. nne no saisit avec plu s de facili té qu e lui les affaires les plu s
pcr:so
compliqu ées , ne les rapport e avec plU3 d'exactitude 1 n ~ sa iL
mieux quand il fau l les juger. Quoique co nnu pour SC passionner
ùa ll ~
presq ue tOlites les affa ire::> par sa véhémence naturelle , il a
'our ' été re rrardé comme fort intègre. :\Ialg:ré la rudesse eL la
IO~
~
~
. . ..
.
groN'ièrClO de sa form e, il est humain el ~ ' unc ~OClété alsec ; l~
n'r a pas do meilleur parent , de plu s Gdcle ~m l , de plu s zél,O
3. montré à I~ m~ gls trature eo génerai , ct au parlement de Provence en particulier, dans ses poursuites contre moi, a élé au ssi sincère qu'outré. Enfin , s'il y a quel~
<Iu'un dans son parti qui aiL véritablement do la rerm elé, et qUi
soutionl]{'s revers avec un peu de co u l'age , c'es t lui! Le voi là lei
qu'il cst, ni fiaUé ) ni dég radé . Jo n'ai jamais tenu d'autre langage
sur son comple 1 dans le LernjJs uléme qu'il s'oubliai t si fort sur le
patriote. L'attachement qu'Ii
mien.
Au resle s'i l a paru dans ma conduite plus de décence et de
probité qu~ dans la sienne, ce n'est pas que je sois moilleu r ;
c'cs~ que ma ca use était meilleure, Je sentais que j'avais de bonn es
raisons à dÎl'e, il savait qu'il n'y pouvait répondre que par des
injures: au ssi ffi'en prodi 14uait.- il tant qu 'il pou\fait , da~s un
temps et da ns un pa ys où il trou vai t presq ue partout des auditeurs
favol'i\bles, tout au ssi échauffés qu e lui ,
7
=
�-
-
92 -
les textes des mé moires so nt écrits avec bea ucoup
pills de ménagements qu e ceu x ci e la IPltre ( 1).
Des fait s, passo ns a u x prln c'pes .
CII AP1TR E lV.
MES
M ~.\I O III ES
CO UPS
J
OU J'A I M ENT I A
M O .~
93 -
n OI ,
CA L O i\l N lI~
§
MON
[1.
OU 'l'II AG I~ LA l' JAG ISTl I.\T Un E El\' Ti GIIE .
Jmti{lcalion des principes con/elnl S dans mon mémoÏ1'e.
O n a bl à mé d ans mes mé mo ires les faits , les principes, les réfl exio ns; la p rése ntati o n qui en a été
fa ite à Vo tre Majeté; la vi vac ité avec laqu elle ils
sont écrits; leur publi ca ti o n et imp" ession; la
menace de faire scissio n , co ntre le gré même de
Votre Majesté_
C'est d onc s u,' ces se pt c befs d 'acc usati on 'l ue
j'ai à les justi fier: c01l1u, e nço ns pa r le pre mi er.
Qll els so nt ceu x qn e j'a i é tab lis d ans le mémoire ?
Les voici : trois par rapport a ux Jésuiles; deux
par rapport ;. l'a uto rité ,'ap i,,; tro is pa,' rapport
à n Oli S .
(1) La lettre des ma giil lt'(lLs
nui(' ici l pa ge
§ 1.
Les faits: ils ne sont qu e la ré pétiti o n presqlle
litt éra le d e ce qui est dit d a ns la lettre des dix-neuf
magistrats . Pour rendre la chose sensibl e à t01l1 Ir
ulonde, je supplie Votre Majesté d e perm ettre q ue
je rapproche ici les textes; o n y tro uvera la pl li S
entière conformité, a vec cette se ule différe nce q ue
Mjà
i nlégra l ~m cn l
impri-
oni' inu til e d'cn reprod Uire l'anal yse.
NOl! ' donncroll 5 ~(' u lcmc nt (\:J Il S ('c lle notC' \' Extl'·,it des Mémoires)
l'\lrail t'édi ~(( par le pré;;;,;dr nt d E ~ 1Ii1 h'5 pour ètre co mparé à la
!i u ~li tc lelLI'r
Justification des (C/ils contenus de'''8 mes "c'lia;
mémoiTes.
~e trOll \C
G. N01l 5 c ro~
des 19 mngistralS.
EX Tn .\ tT OES i\lÉlIOlnES.
Vingt-n euf juges en ôtèrent dù lours placos vingt-sept , qui
3vaicntdéclal'é ne pouvo ir et no vou loir juger une alhli re de colle
importance, sans aucnno sorto d'ini'll'uction, S<l TlS au cun compte
rendu par rie::; co mmiS5airC's; sa ns aucu n examen des Consti tuti on;;;,;
Sin!; pièce.s, sa ns rappo rt , sa n" rapporteur ; sa n.: la moindre I~~
::'111' un si mple réqu isitoire du procureur général; réq uI sItoire qu'il f)'ôlait bien ga rdé de lai sser 5 U l' le burea u ) et do nt on ne
turc cl
pOll\ i1 it , par co nséquent , discu ler les inc:\aclit ude:::.
Ces o~cès étai ent d'(l ul i.l nt moin s tolérables qu'ils a\ ai ent été
pré céd~s
par d'autrt>-s e n CO I'H p l u ~ rôvollanl.s.
Le premier , en te qu 'on avait rejeté, la vcille, une requête où
�-
-
9/, -
95-
T rois par ra,pport a u x J ésuites: l ' le mémoire
affirme qu'il n est pruais permis e/e refuspr d'en_
'"
,
tene/re, a va nt de les J'uger , d es acc use
, s qUI se pre-
('{IllSe, il hait dur et il/jllsle de refllser de les enlel/-
sen tent, Il est dit dans la lettre qu 'en 10ll/ élOI de
du Roi, sans co mmi ssaires e l sa ns ra l'pol'I : il es t
les JésuilCS dema ndaient rl 'èLre ours en leurs d é~ ~ ,
d"
. f:r'
c n ~cs ava nt que
elre J \l~és: ce qUI ) pcuI·étro 1 n'ava it enCO re été refl é "
sonne.
'
IS
,1 per-
dit dans la lettre: qu'il élai! 1/>DllsUueux de v ou '
loir l'endre un lIrrêt dans une a/j'aire qui, nOIt·seuLemeJl! n'é/ail p as instruite, nUl is qui ,,'é tait p as
Le second 1 sur CO ql! 'on avai t mél)risé Paulo,.'t ',
l '
1 e l oya e Jusqu'"
Jal!Jsor da ns le greffe,comm e un vil papi er l'édit IlOrlant ,,' 1
J' IT'
•
. .
'
r gemcnt
Sur a alfe qu on aJ/a ltJ uger : ce qui es t d'une telle con "
]'
'.
.
s""qu cIlC('.
qlon peu t dll e que la monarcllle n'ex isterait l, lus el
"1 '
' .
.
qUI n y
auraIt plu
s
de
vér
llablo
roya
uté
on
France
s'il
!';'o'labl,''l " 1
' .
1
~
~al qu 1
est permIs do laisser le., Ictlrc$ du prin ce nOn se 1
é'
.
,
- li ement 5ans
ex cuhon, mais enCOre d'ordonn er l 'ex~cutio n co ntrai re
~
L'exemple de qu elques autres parlements qu'on osa' ' 1
'"
,
~ CI cr, ne
sen'Itqu à nOli s faire cnco re mi eu'\: "entir le dan o-e,' dl
d '
,
Q
1 nOtH'eau
rOi t public qu on tâchai t d'établir , et qu' à redoubler notre zèle
pour n Oli S y Opposer, NOtl~ demand âmes ~ gra nd ~ cr',
'
delibé ....ît éa
:S, qu on
pr lablemcnt Sur l'édit : cc qui nous fut refusé confor.
rncmentau x co nclusions du procureur général.
•
1
~nze
-
d'entre nous damandèrent quc leu r avis
reglst.re, On le leur accorda, etc ",
mt co uché Sur le
Partagés entre la fldélilé j urée au roi ct les éo-ards du s à l '
confrèr ~ d'.
'
,
~
eurs
, cs, Ix-n eufma glsLrats , parmi !C&lu els se trou vaienl qual re
présidents à mortier ~ ,..c l ' ,'
,
, :-e I d tl lSII'ont au parU peu L·être trop modéré
de rendre •co mpte s'm
l
'
1 P ernent aM, le chancelier de cC' qui s'é tait
pa -=6 , laissant à la sa" ~~ d S
'
,
- Qe::......c e a Majesté ct de ses mini stre;;;
d arrè"'r ces désord
l
'
,
res par es YOles qlll leu r paraitrai ent con n'nables'
.' et il ~' se co nlcnlè rcnt do dema nd er pour cux la liberté de
\t ,
'
,
ne pOIflL à "a ve'
,
.'
nlr 1 C 10 cOlltr.wns de Ju g:er des affdires non
Iflstrllltes non ral' po l ~ ~
d"
,
r ecs, cl eJà déCldéf'S par d ~ édi t.:; non
ré \'oqués, etc.
1
d,.,; 2' le mé moire affirme qu ' il n'est point li cite
de dépouiller le ti e rs, sur la simple plainl e des ge ns
même rapporlée; qui m.ême Ile pouuait pas l' êlre ;
3' le mémo ire affirm e: qu e cela est e nco re moins
tolérab le quand la plainte est a rguée d 'in exactitud e
par plusielll's juges , 11 est dit da ns la lett re : qu ' il
éla it encor e moins pe l'llli s d 'opine l' sur la si mple
autorité d ' un
réqui , itoire a tt aqu é par plu sieurs
juges, no n-seu leme nt co mme parti al et in exact,
mais co mm e ayant des ci tati o ns fausses,
Deux prin cipes pa r rappol't à l'auloril é l'Oya le :
l ' le mémoire affirme qu ' " n 'y a auc un cas, a ucune
cil'co nstance, où l' o n pu isse , sa ns délit , ne pas
opiner SUI' les É dit s présent és, li est dit dans la
lettre: qu'il était irrégatier " 1 contl'e le del 'oil', de
ne pas faire plus de menlioll de cel E'dil 'lue s' il
n'avllitjalJulis été envoyé, lilt mépris de [autorité
"0)"01,, ; 2' le mémo ire a fllrm e : qu e c'est encore
IIne plu s grand e fa llte d e statu er sur d es objets dont
la connaissa nce est interdite par ces édils , li est dit
dans la lettre : que nous jiillles si f01'1 blessés de la
fl'qllisilio/l v prbole que ./il le siea,. de llfollclar,
�-
96-
-
qll'on opinai lout de sllite et av an l loute délibé/'fl_
tion sur les ('onc/llsions qu'il avait l'el7lises, pu,' lesqu elles il d emand a it acte d ' un a ppe l comm e d'abus
qlle l'Édit avait mi s au néa nt ; que nous nous
crûmes obltees rie demander qu'il eût à joindre à
ses conclusions pal' ecrit, ce qu'il venait de dire
dans la chambre "li sll/à de l'enregistrement cl"
même Édit.
l'l'ois prin cipes par ra ppOl't à nous: l ' le mémoire établit qll e no us ne p ouv io ns, e n hOlln eur et
e n co nscie nce, o pin er dan s ull e affa ire non ins.
tru ite, et dont Yotrp Majesté no us avait interdi t la
co nnaissa nce. TI es t d it da ns la le ttre, qlle
nOlis
"lions dû qllil/er nos pl{[('es , pllllol que d'y jager
lfl pills gral/de el lu plus dt!Jicile des ai/aires, Slins
insll'uCI iOIl, saliS pù~ ce , sans l'apport, .sans lecture ,
lés, p al' notre fidélité p OUl' son service, et pal' ce
que 1I0US devions ct la religion et à /lOS places,
d'avoir l'honlleur de lui/àire part de la singulière
procédure qui avait été fellue dans notre parlemenl.
~ III.
Ju.sli{lwtiol1 des l'éflexions contel/ucs dans mcs Afémoù'cs,
N'y a -t-il pas e n ces deux écrits a uta nt de confOl'mit é d a ns les prin cipes que da ns les faits ? Et les
rmex io ns qui les acco mpag nent ne sont-elles pas
les mèmes dans l' ull et dans l'a utre? Cela est trop
frappant pa!' les ext ra it s qu 'o n vient de lire, pOUl'
qlle je doive m 'arrè te!' pills longte mps il le prouver .
au mépris d 'un ';;dit el d e l'aulorité royale . 2' le
'\\ JV,
mémoire établit: qu e nou s d ev io ns dema nd er' acte
de notre opposi ti o n à la conduite d es a utres. II est
dit da ns la le lll'e : que I/OtiS 'lOltS crûmps obliges
de déclarer, rie la / :' ('01/ la J'11lS eexp"esse , qlle
/lOUS n'opinions p liS ; ct d e delll a nder que celll'
d éclaraliol//iil Pcrile dans le procèS' I'crb"l ; 3' le
mémoil'e éta blit : que 1l 0 ll S étio ns tenu s de rendl'e
compte à Votre Majesté de tOLlt ce qlli s'éta it passé
entre nOli s. TI es t dit dans la le ttre: que /lOllS IIOIlS
croy ons ob/igh, pal' noire respeclpollr ses v olon-
97-
Onc le~ vioyt et nn magistntts attachés d'abord à ma CltltsC
IÙw/I'fûcnt 111t l'icn désavouer dans mes Mémoires qu'en
désavouant ce q1t'ÜS a vai~a eux-mêmes Olt écrit Olt
adopté dans la lel/j'e à M. le Chancelier.
Comment a -t-il d o nc été possible qu e des vingt
et
1111
magistra ts, d o nt d ix- ne uf ava ient signé la
lellre et dont les deux a utres s'étaie nt postél'iemement joi nts à nou s a "CC ta nt d 'écla t, onze aient pu
désavouerauthe lltiqu eme nt mes Mémoires, qui n 'en
tl.
7
�-
98 -
étaient qll e le précis ? Comment n 'ont-ils point Vu
qu 'en m'aband o nn ant a insi , ils se trabissa ient euxmêmes? E h 1 qll ' ils ne se re tra nche nt point il dil'e
qu 'ils n'avaient jarn ais prétendu m 'au tol'Îsel' à une
délati on de le lll's co nfrères, e ncore moi ns à un e
accusa i ion en fo .'me d e leur cor ps : la cl éla tion,
l' ~l cCll s "ti o n, s' il y en "va it, se raie nt bie n pllls véri ta.
b leme nt dan s la lettre qui a to ut p ,'écédé , et qui a
été écr ite antérie ureme nt il to ute persécut ion pe.,sonn elle, qll e dans les Mé moires qlli n'ont rai t 'I"e
l'appeler e n abrégé le co nte nll e n ladite lettl'e, et
qu 'o n n'a p rése ntés qu e da ns l'ab solue nécessit é de
la plus juste cl éfe nse . L a seu le d irfére nce qui se trollvera it do nc e ntre le ll r co nduite e t la mi enne, c'est
qll 'ils n 'y a ura ient pas mi s a litant ci e ca ndelll' que
moi , et qu ' ils a llra ient j o int un e raute de pl li S il
excès co mmun s.
*
II OS
-
99 -
bl esse, b ien p ard o nn ab le clans l'éta t OLr o n leur présenta les choses. O n le u.' fit vo i., to us les p a rl e m e n~s
sOlll evés co ntre m o i ; les perso nn es les p lus accre(1"
Itees , da ns l'inte nti o n de me l)erclr'e; les Mini stres,
irrités ci e m es cl émar'ches; M , le cha ncelie r llli, e, f'lti
" lIé d es embarras où je le jetais; et pour
meUl
~
'0
ne leur plu s la isse.' de cl out e sur la ruin e de notre
c~lI se, on fit ré l)ancl re to ut il co up da ns la ville qu e
j'avais été mis il la Bastill e.
On eut surtollt a tte nti o n il ne pas lem d onner le
temps de r eve nil' d'un e prerll ierc surprise, enco re
moin s celui de se co ncilier e ntre e ux; tous moye ns
pa,'u"e nt permi s po ur lin cou p décisif : c'est avec
douleur q ue je va is ra ppele., la plus petite par tie ci e
ceux qu i furent employés.
On co mme nça par l'e ncire un a ''I'èt portant qu e
tous les membres cie la Co mpa gnie sera ie nt interpell és ci e d ésavouer ex pressé ment mes Mémoires,
V.
Q,œ len!' désaven apparent n'a été que l'enel de la. violel1ce
la plus (orle el lu plus illégale.
Ma is non , S ire , il s n'o nt J'a ma is mé rit é de pel'dre
vo tl'e estime, et jamais je ne cessera i de leur èlrc
attaché da ns mo n cœ u.'. L e ll .' d ésave ll forcé, et qlli
n 'a été qu 'appa.'ent, n 'est pas p.'o pre ment leur 0 '"
vrage . O n a a bu sé co ntre e ux d 'un mo ment de rai-
le silencf:
Olt
une réponse ambiguë de?Janl être pl'lS
pou,. un aveu ct une adhésion . Le res te de
I ~ j ~ u r
née et un e partie d e la nuit fure nt employes a en
ra ire cles co pi es: o n assure qu e, pOli r h"ter les ~ig ni
fi , ations , qu elqu es-un s cles ju ges serviren t de commis a ux greffi ers; to us les huissiers ma nd és partire nt
dans un mème instant , a vec d es orclres bien di gnes
du genre cie sagesse q u i diri gea it ces opérati ons: il
leur était o rcl onn é d 'abord cie lire l'arrè t à chacun
-~=
�-
-
'1 00-
d e ceux chez qui o n les e nvoya it , et d 'écril'e l ~lIr
rép onse a u bas; ma is il le u., é ta it ex p,'cssérn ent défendu d e leur en lai sser co pie .
~
VI.
De qucUe maniè1'e on lâcha cn vain cl' obtenir le désaveu
du siCl/1' de Jouques le 11ère.
101-
la lettre qu 'elle vo us a ordonn é de m'écrire me trouva
incomm od é, A pe in e me donn a-t-il le temps d 'en
prendre lecture et refusa constamment de me laisser
extrait de cet arrêt , m'a lléguant des ordres précis
que j'ai respectés!
" Jouques, ce 25 e novembre 1762 ,
~
On sent co mbie n , a vec ce tte préca uti o n, il a été
fa cil e de cache.' les co nt rari étés des dinë ,'c ntes réponses j d e supprim e.' cell es qui ,, 'o nt sati ,fai t qll 'i.
demi ; et de mettre ce ux qui a m a ie nt pu se l'cperrti.,
da ns l'impossilril.té de ré tl'ilcter d es d écla rations
rela ti ves à un a rrèt d o nt il s n'ava ie nt point la teneur , et qu 'il leul' éta it impossi bl e d e se rappr ler
avec assez d 'exactitud e, pa r le tro ubl e oll ils se
trouva ient , qu a nd 0 " é ta it ve nu Ics le ur arracher.
Et a fi n qu ' u ne ma nœ u H e qui 1) ' a peu t -ê tre .i allia is
eu d 'exemples, et qui serait presqu e in croyab le, ne
puisse pas ètJ'e niée, vo ici ce qu 'éc l'i vrt it il ce sujet
le sieur d e Jo uqu es a u sieur de Regin a, Greffi er en
chef, da ns une I ~ ttre do nt il m'e u vo)'a la minute ,
que j'a i actu elleme nt so us les yeu x:
1\
L 'hui ssier q ui m'a pporta, hi ef' ~ ll soir , Mo n-
s i ~ ur , l'ex t.'a it du Mé moi,'e in ti tul é:
Mémoire de
iJ1, le Président d'Eguilles j l'extra it d e l'a'Têt de la
Co ur , rendu le ma tin , les cha mb res assembl ées , et
Vil.
De quelle manière on Œ1'1'aclta e{fecl'ivemenl celni dn siew'
Président de G1te!,dan el d1/. sieu1' de Mons, YiceDoyen,
Le. sieur Préside nt d e G ue)' da n , da ns le dernier
_ge, apopl ec tiqu e, pressé pa r sa femme et ses a utl'es
ent ours , ne put d 'ab ord ètre d éterminé il me d ésavouer . L' huissier re vint lui affirmer ex pressément
que les Mé.ll o ires d o nt il s'agissait n 'é ta ient point les
mi ens.' C'est lui-m è me, Sire, qui me J'écri vit ,
,!uand il sutl'"lru s qu'o n fai sait d e sa ,'épo nse ,
Mais voici ce qui ach évera d e pro uver à Votre
Majesté jusqu 'à quel po int o n porta l'ind écence et
l'excès: E ll e vrrra l' heure et la for'me clc l'ex plo itation fait e il un a Lltre vie ill ar'd to ut a ussi vé néra bl e;
Ell e ve r,'a q uc les inte.'pell a tio ns a ux d ifférents offi ciers n'élaie nt" pas un iformes, e t qu'avec le même
arrèt il la ma in , les hui ssiers d emandaie nt un e
chose il l' un et LIll e a utre clrose à l' a Lltre, Ai nsi , ils
-
....
-
-
-
-
----- --
-- , -~.
�-
102 -
ava ient eX ige du sie ur d e Jouques, que l'on savait
in ébranlable el que l' o n vou lai t perdre, un désaveu
exprès des Mémo ires; tandis qu ' ils se bornaient ,
vis- à-vis du sieul' d e Mo ns, à lui d ema nd er Ull simpl e désa ,'eu du proje t d e sciss ion qu 'o n se fl allaitde
llli al'l'adler, Je vai s tra nsc rire un e de ses lettres, en
d a te du 20 d écembre 1762 :
A
Je suis ex trêmement surpris, In o n cher Mo n-
sieul',
de l'usage qu 'oll m 'ass ure qu 'on f~lit de ma
l'épouse à un acte d 'int e rpell ati o n qui me fut faite
ici, à un e heure après I1zinull, où , ('ouché dans
lit, je j ils éveillé ell sursaut pour répondre à
huissier ellv oyé à une heure si illdue , par le p arlement, ail Illémoire qui mejia présenté de sa parI.
Cefle réponse Il' av ait relalion qu' ci la séparaliOIt
de la Compagnie , qu'on souhaitait de savoir si j'y
adhérais, Ca l' pOUl' tout ce qu e j'a i sig né aup,u'ava nt
mOIl
-
103 -
J'ai cru de voir e ntrer da ns tout ce d étail pour
répondre à une d es plus fortes objectio ns co ntre
",es Mémoires. Co mm ent oserait-il vou loir les justifi er ? disait- on à VOlre Majesté. Ses propres am is,
ceux mèmes qu' il avait si fort engagés dans sa
cause, se so nt crus ob ligés d e finir pal' le condamner solenn elle ment_ Votl'e Maj esté voit maintena nt
par quels moyens on est ve nu à bout d e les ya mener; combi en pe u il y a eu d e Iiberlé et de vraie
volonté dan s ce qu' ils ont répondu et l'impuissance
où ils 3l11'aient été de les d ésavouer sin cèrement,
sans se désavo uer eux-m è mes avec lâcheté (1).
r
SU I' mes dispositio ns co nsta ntes e t ex pliqllées dans
les Mémoires signés de ma part , e t da ns les lettres
qu e j'ai eu l'honneur de vous écrire, r ie n ne peUL
Ille faire cha nger ; et je vous les renouve lle ici , pour
VOliS red ire qu 'e n tou tes occasio ns, je ne me départirai point d e cc qu e j'ai toujollrs marqu é de mon
a ttachement à la reli g io n , a u bi en d e l'J~ t al e t an se rvice du Ro i. VO LI S pou vez faire d e ma lettre lei usage
qu e vous troll verez all er au bien de tOllt ce que je
vo us dis , etc. "
(4) Voici une preuve sans répli que qu e leur désa\'cu n'a été
qu'apparent. Les di x officiers du Parl ement qui a\ aicnt marqu é un
pOli plu:s de ferm eté qu'eux. lors de J' inlerpellation dont on \ ient
de parl er } voulurent donn er une adhésion en core pIuS formell e
à tous les fails et à lous les prin cipes avan cés dan s mes deu x
Mémoires. En conséqu ence} ils dressèrent une déclaration de leurs
sontimen ts, qu'ils m'envoyèrent pour être présentés au Hoî ) afi n
do diminuer l'impression qu'aurait pu faire sur
SOli
esprit le
désaveu do onze dos vin gt. ct un magistra ts SUI' lesq uels j'avais cru
pouvoir compter. Plusieurs de ces onze, honteux de leur raibl esso,
vou lurent la l'éparer , en signant au ss i la susdi te déclarati on. Je ne
185 nommerai pas ici 1 pour ne leur point susci ter de nouvell es
alfaires.
Dom. autres , qui n'osèrent point signer , m'éCl'i\ irent en secret
des leUres os tensibles à M. 10 Chance li er , où ils adhéraient à loul.
Je no J'apporterai que celle de M. Mons pèro, CluOsa mort a mis à
l'abri de loute pcr$écution.
A Sainto·Croix, 10 5 1l0VCmbl'o ,1762. « J'adhùl'o, mon cher
�- 10 ~
-
-105 suit év idemme nt qu e je n 'a i d it que ln véri té et que
je n'a i : par co nséquent , ni menti à mon r oi , n i
S VIII.
Qu'il est prouvé lJal" tO!!t cc que dessus que je n'ai dans
mes Afémoi1'es 1LÎ 11te1~ li à mon ?'o i , ni calomnié mon
corps.
ca lomnié mes·con frères.
Mais enfin par que lqll e ca use qu 'ils a ie nt agi , il
n 'en est pas mo in s vra i qu e, d e ce que tous les faits
que j'ai ava ncés se tro uva nt e ntière me nt conformes
à ceux d e la lettre, et d", ce qu 'e n entre pre na nt de
les justifier tOtl S, le sieur d e Mo ncl ar n 'en a osé nier
Qu'il est plus que (at/x que j'aie voulu y aCCI<sel" le corps
ent·ier de let 11lagist.-ature.
§ IX.
a ueull , ai nsi q ue je J'ai d éjà o bser vé ci-dessus, il
Président, à toutes les Inaximcs énoncées dan s un Mémoire qui
m'a été envoyé , commo bon et fidèle sujet du Roi; je no l'ai point
signé par l'abus qu' on a fait des Mémoires qui lIe m'ollt pas pam les
vôtres. On me presse do fi nir.
(( Jo suis avec un attachement
r ospCClU 6 11 X l
etc. l
Cl MOREL I)E MONS.
Il
Il n'cst pas hors do rropo:o: dejoindro ;) coLle lettro cdlo fJII0 le
même magistrat m'a,'ait écrite un moi s aupara vant , ;\ m011 premior retou r de Paris , où il ad hérait, à to us nos projet.s de scis..<:Îo ll
el autres que je lu i avai s communiqués. A Sainte-Croix , le 6 octobre 4762. « J'adhère volo ntif'N: , Ill on ChN MOIl:;:; icur , ;) co que
« VO LI S so uhailrz de moi , N ('Il ;:':011'(1,.. Jo :-<t'crf"r , nt' \olliant pa~
(1 répondr(' d(' l' indi:;:;crf:'lion 1 pa .. mtlnlf' df' mon (H .. , qlll pt"llse
(\, co mm e moi 1 neanmoin .... pour If" ... op prt":, ..é~.
« J'ai l' honnf'ul' d '~lre él \('(' un 1'('''Pl'Clu('u x O1I1i1chprnent , etc. ,
Ct
MOIlEL nE MO i\'F;.
JI
Voici maintenant la d~claration qu 'ont "ignée ou adoptée pal'
lettre seize ma gis trals par mi Je:-qtreJ... ~e tl'Qu\e nt 1Joi .... pré5 idents à
mortier ; elle est du lor décemb re 06'2. Elle fut présentée à
Ea Majesté pal' M. 10 Chancelior'.
Déclaration des sentiments de quinze officiers du Parlement
d'Aix 1 sur les principales r~gl 05 de l'ordre judi ciair'e eL de. la Constitutio n monarchique , contenu e en douze articl e."; rerUl se entre
les mai ns d u Roi pour sen'i l' d'acldit ion cl d'explicat ion aux r<'ponses
f,litcs aux interpellatio ns d u 2'2 novembro '1162.
Dans l'assemblée des chambres du Parlement t1' Ai x tenu le ~~
novembr e de la présente an née, il a élé fail lecture d' un mémoir.o
auquel on a donné l'inlitulalion sui vante: MémQires ~/e ~J . ~~ Presidl'lItd '/~9I1illes, co rnm l'lH:ant par cc" mot :.:. : SrI Mf/)l's le '~ 'fJ1Wr~
poilll 'Ill e dllll S l'm're l dll 5 juill
l'clldll cnnl re It',ç ./tSll/leS; apre~ quOI
il a rté- 31'1'è lé que Icdi t ~h'moire . . ('l'a il l't.' lellu tIU gr~tlo do ta Cour,
Cl quC' tou:'> ceu\ qui ~e lrOll \ ail'nl pn~~!' nL..; !ocraient interpell és ~e
cléclar'(' f s' il s onL quelque p;t rl à ('(' ~l é l1\oi l't~ ; ,,' II ... ) ont adhére :
Ou à t o u ~ aut.reS ('ontenanl dc.:'> i1llpnt'lIion ... de n\l' me natur(' cl qlll
pourTai cnt avoir 6t6 pr6.srntrF- au Roi : (\6rlaï.lnlla Cour ql10 ~out e
réponse ambi guf'. ou Je ~ il en c(> ...r ronl pri .. pour un a\en formel
_
<
l ___
· .__ .
_ _ _ _ __ _ _
�-
106 -
tion, ont empl oyé qu elquefois des expressions peu
exacles, la faute en doit être uniquement imputée
à ceux qui o nt abusé de leur co nfia rfce. Qui est- ce
qui ig nore le peu de part qu 'a qu elqu efois le plus
grand nombre d 'un e c.o mpagni e da ns la l'édaClion
des remontrances?
-
'lOi -
11 peut y avoir , el il y a san s do ute parmi les lI1agistrats, co mm e partoul ailleurs, des hOlIIm es vains,
injustes et d 'un e fid élité équivoqu e, mais il y ell a
aussi peu qu 'il est possible d 'en tro uve r dans un si
g,'and nomb,'e de perso nn es; et i,""ai s assez pour
qu 'on puisse en faire un juste sujet de reproche
co ntre l'état qu ' ils professent. Eh! co mment auraisje pu vo uloir outrager , jusqu 'à les accuser d 'i nfidélité systématiqu e, des corps augustes , qui , a près
VoLI'e Majesté, sero nt touj o urs pOlll' moi ce qu' il y
a de plus respectable sur la terre. Oui , Sire , malgré l' espèce d 'in surrecLi on qu ' il y a eu co ntre moi
dans presque tous les pal'i ements, à l' occasion de
mes Mémoil'es mal ent endus; malgré les injures
qu 'o n m'y a dites et le mal qu 'o n m'y a fai t , malgré
celui qu 'o n m'y fel'ait peut- être enco re dans l'occasion, je suis toujours au fo nd de mo n cœ ur aussi
attaché qu 'aucun d'eux à leur réputation , à leur
d'ad hésion audit Mémoi re; et M. 10 premier Président fut prié de
vo uloir bien donner J'exemple 1 ct de f<liro ensui te ladite interpella ti on à chacun de.5 Messieurs: co qui oya nt été ainsi cxécul é,
il fut ensuite arrêté qu e copies co llationn ées dudit Mémoire cL .
cx tmitdudit registre seraiont incc:,sélTllm enLcll voyécs par leditG rcffier et portés par des huissiers do la Co ur ) à tous messieurs absents
qui seraient ill\' ités, sava iI' : ceux qui se trou\'crai ent da ns la ville
ou à qu atre lieues de distan ce, de ve nir prendre leurs placC5, 10
londemain 'à dix heures du mati n , dans l'assembl ée des Chambres
pour répo ndre à toutes interpellations raites ci- dC55 l1S, par répo ns.es précisC5 ct non ambiguës, renouvelant la Co ur à lm..' égard , la
déclaration qu e le sile nce ou tOlile autre réponse am big uë cL non
préd sc seront pris po ur un a\CUro rrn cl d'ad hésion au co ntenu dudi t
mémoire , en co nro rm ité d ~ l'a r rê té précéde nt, et en cas de légi timc
elll pèc hemcnt de mell re ::.ur-le-champ, au ba::; dudit ex trait , leur répo nse à ladite interpell atio n. C'CS I ainsi qu e de to ut co que dessu~,
il CO t1 Sle plus au long par ladite dolibérat io n ) pou r l'exécut ion de
laquelle to u5 1~ hUÎ~ ier::l do la CO lll' curent ol'dre do parti r l'a près-
midi du mùmo jour pour all er rempl ir leur com mission, chacun à
l'ondroit à lu i as~i gné : en sar to llue les offi ciers du Parl ement qui
n'avai ent pas assisté à ladi te assembl ée de3 Chambres, ayant
reçu de la mai n de5 huissiers uno copie du susdi t mémoire , ct
ayan t pris lecture de la susdite délibéral ion , les uns ont jugé à
l)I'o poS dû so refuse r à :adiLe in vitation et de ne fai re au cune
l'épo nse; d'au tres ont mis pu écrit au bas de l'ex trait de la délibéralion à eux présentée, savoir: cn substance qu'i ls n'a\'aient
ricn à répondre sur un Mémoire qu 'o n supposait avo ir élé présente au Hoi ; parce que c'é ta it au Hoi seul qu'il appartenai t d'en
décider ' et enfin d'au tres se so nt rédu its à déni er qu 'ils eusse nt
fa it ni ;idé à fai re le susdit Mrmo ire. Mais, depu is lors } il est venu
à la co nnai ssan ce de plusieurs desdits onLcicrs du Parlement, que
10 l'este de la Co mpagnie n'a pas été 53lisfait du sil ence des uns,
ni des réponses des autres, pri nci palemen t en ce q\l 'clles no manire.:;: tcllt po int la ra ço n de pense r de chacun desd it.s officiers. C'c:::t
la causo qu o le:; Présidenls el Co nseillers au I>arl cmont d'Aix.$oussignés, ne voula nt poin t que lours sentimenls demeul'ont in col1-
-
...
- -
1: ___ __ _\ __ _ _' _ , _ _
�-
-108 -
'109-
gloire, à la consen'ation de to ute leur légitim e autorité; personne n'est pllls vérit ablement parlemen_
taire que moi ; persunn e n 'est plu s fe,'mement persuadé que, malg,'é les éca rts passagers où la fra gilité
humaine pellt entraîn er et a ent,'aÎ né effectivement
les parlements dans certaines circonstances et sur
certains obj ets, ils n'en so nt pas moins, dan s la
somme tot ale des cboses et des temps, le plus ferme
rempart de votre autorité et de celle même de l'Église: en sorte qu e, dan s des temps diffici les, ce
nus, el désirant au conLraÎ .,c l es dévolopper 1 cl les manirestcl' au
ROÎ, à qui seul ils doivent en rondro compte, pour que sa Majesté
pui~e j uger s' ils sont conror mes à ce q u'cx ige d'ou x leur élat , leur
dO\'olr , leur honneur 1 leu r' fidéli té il so n sorvice : ils déclarent
authentiquemellt qu'ils pensent, à savoir:
Premièremell/. - Que les parlomenLs du royau me ne tiennent
leur autori lé que du Roi ; el conséq uemment qu 'ils ne peuvent
exercer cet te autorité , que relati ve men Là la portio n de celle quo
sans y être autorisé spécialement par le !loi ; et tOut ce que les
Cours peuvent rai re à cet égard , si le temps leur défouvre quelque
abus dans l'e:-..écuti on de ces leltr patentes, c'est d'cn faire de
trÎ):,-humbl es el respectueuse5 rcmo ntr'anccs au Roi.
Sixiememenl. - Qu'aucun édit du Roi adressé aux Cours supérieurcs ne peut èlre laissé ~a n s lIlIe prompte dél ibération , à l'effet,
ou d'ètre reçu et enregistré, ou d'dre rait au Roi de très-hum bles
• cl respec tu euses remontrances , ~ ' il Y êc hcoit ; enCo re moins peuton 1 après avoir re(: u un édi t ct ::iHb y avo ir déli béré, ainsi qu'il
appartient, ordonner, par un ar'fd, précisérnentl cconlrairede ce
qui est conten u en cel édit.
Septièmement. - Qu'i l n'es t pas permis ded ire dan s un arrélque
des lettres patentes se ront enregistrée:: pour être exécutées suivant leur rorme et teneur , et ncanmoins 1 d'ordonner tout de suite,
par le même al' rèt, le con traire de ce qui est co ntenu auxdiles
l ettre.~ patentes.
Huitièmement. - Qu'il n' lJ~ t pa$ perm is de co ndamner au cun e
partie , ni prov isoiroment , ni déHnitivement, sans l'avoir rait
assig ner pour J'enlendre , et encore moins la condamn el" apr~
avoir l'erusé de l'entendre.
Nel/vièmement. - Qu'il n'est pas permi s de co ndamner peï30n ne
sans avoiJ' 'léri Hé la plain le et toules pièces nécessair'es à la conviction ou à la justiGcalion des accusés.
Dixièmemenl. - Qu'il n'est point permi s de raire arrêt au nom
Il'une Cour, lorsque plusieurs ma g.istrats décla re nt qu'il!:' ne peuvent opi ner , parce qu 'ils no so nt pas instruits ct n'ont pli l'è tre ;
at lorsqu 'ils demandent un délai suffi '::"'lnl pour parvenir à recevoir
le Roi a trou vé bon de leur confier.
Sccondemelll.- Qu'il est des affairC's qui 1 par leur natu re, in lércs....~ nt l'universalité du ro ya1Jme, Cl à l'égard desq uell es ne pouvant
y avo ir qu' un e seule et mème règle, dan s tout le rovaume il
n'appal'lient qu 'au Hoi seul d'c n décider.
..,
Troisiememe1/t.- Que dans le nombre de ces SO rtes d'alTairc,,,,
:;e Lro uvent princ ip,lIement celles qui t.oncl on t ,t la dosll'lI ction d'un
corps enti er ct co nsidé/ïlble do reli gieux, rtipandus ct reçlls dan s.
tOut le royau me depu is ~O O ans, :"'O us l'autoJ'isation respecti ve de
l ' ~glise et des Rois, prédécesseurs de Sa Majesté.
. Q.llulrièmemtnt.._ Qu 'il y a dans le ro yaume douze parlcmen ~
dl ~ L lncts cl séparé~ et indépenda nts les un:, des autres, qui ne
dOl ven t s'occ uper cha cu n 'lu e' de cc qui ~r pa , ... p uan .;: Icur n~"o rl ;
et que ces douze parlement s Ile son l l'a ... llii :,cul pal'lcment divi se
en dou ze classes.
~illfJlIièlllellleJ/l. - Qu'il n'appartient ~I aucun p<ll'Ielllcn1. , aprè5
3\'Olr •rc"U
ct cnre,-,;:, i'!) l"é dl:!)
"1011
'
1
.
..
.
1 cs pa enl es, Sur quelq ue objet que
ce SOit , et après en avoir ordolllll l l'('\('l'ulion 1 de ré\'oqlll'I' son
arrèt d'enregistrement el de délruir'{' l'effet de ce:» leUre,; patentes,
�-111 -
-110 serait principa lelllPnt chez eux qu 'o n pourrait retrou ver la vertu , la sagesse , la fid élit é, l'attachement à l'an cienn e relig io n : j'en s uis co nvaincu
comme d e ma propre ex iste nce . Auss i ve 'Tai-je le
plus grand malheur pour le so uverain ct pOu r
l'Eglise dans la moindre diminuti o n de la juridiction d es pa rle me nts: il ne s'agit que d e la régler et
de la conteiJÏ,' dan s s~s vérita bles born es. L'util ité
ou à prendre les instru clions nécessaires ~ la décision de la cau!=c.
Ow:.ièmemenl . - Qu e tell e déclaraLi on cL toule autre 1 faite dans
l 'a ~~emb !ée des chambres J doit ètrr écri le dans le ,'egislre.
DOllûememelil . - Que le l'cco urs au trône n';l jamais été et nc~era
j amai~ ni un c/'im e, ni un délit qui pui s..~c rendre criminels les !'ujcts
du R~l l d?nl la récla~latio n :::oumiso el respec tu euse n'a pour objet
que d arreter des exces dan s ]'adminblratioll de la justice et d'em\ 1
•
dont elle est aux peuples est encore plus se nsible.
Ils lui doivent la conse r va tion de la propri été , dll
repos et de la liberté, ces trois grands bi ens qui
(Iistingue nt les sllj ets d es ~sc l av e s. Le trip l ~ a ppui
qlle les parl e me nts prê te nt a u trô ne, à l'Église et il
la nati o n , en d éfen d a nt éga lement leurs dro its et
leu,'s in lér-ê ts res pec tifs, re nd le système de la mo na"chie fra nçaise le plu s parfait d e tous les systèmes
11l0narchiquf's possi bles ( 1). Et ce syst ème ne peut se
Illa intenil'dnn s son intég l'ité qu e plU la con tinu ati on
de leur consid érati o n ~ la co ur ; de le ur crédit dans
l '~sp''it des peu pies; d e leur a ttache ment aux ancipns
principes; d e le u,' possession d 'examin er tOlltf'S les
nouvelles lois; de leur zèle à réclamer le maintien
J
pcc ler gu.on ne méconnaisse l 'alltorit~ do Sa Majes té; et qu e les
courses qUl se (oll i pour porter (l lf ,'t pieds d/l Hui pareilles rù hllllflliolls
(1 ) Sans l'autorité de:$ parl ements , tel:$ qu'il s existent aujour ..
detlenues d'absollle "écesû té 1 ne peulJf nt. litre qualifiées indécen tes, ~an s
d'hui , jamai s les .grands du roy aum e n'aurai ent été rédui ts enti è:-
manquer de respect à Sa Maje::.té.
rClll cnt sou s cell e du Roi. L'ancien droit féodal , qui faisait de
Telle est notro fa çon do ponsor Sur ces douze articles 1 que nous
Sou~l etto n s 1 avec le plus pl'ofond respec t, ;) tOul ce qllo le Hoi en
par mettre en pi èces la Fran ce , co mm e il ya mi s l'All emagne:
déCidera.
Fait à Aix 1 le 4Cr décembre 01762.
Signés:
GR llf ALDY RAG USSE ; DAII IUGUE ; MO;\'T\'ALON
Co nl o LI S;
fil s;
LA UG I En
MIIUllEA U
J'abbé DE
père;
BEA un ECUEIL ; ) IOl'\T\' Al.ON
père i
MONTVHO N;
O,\II3'\(D ; JOUQUES
L,\
pè:ei
C ANonCU E ; C II /\ n l, E\'AL
et le président 1) ' ECUlLI.ES ) pal' access ion.
Le...; trois qui ont ens ui le adh éré pal' INtres, sont:
M. le pré:-.id ent
et fil s.
OE G UEYlM N ,
ct MM . os MONS père
chaque seigneur uno espèce de souve l'ain dans son fi ef , aU I'ait fini
d'air il serait arriyé, ici co mme là , qu o de peu à peu , le chef
suprème de la nation se serait YU réduit à un va in titr'e sail:' puissance; qu e la 1'0li7ion aurait \'al'i 6, dan s les ci itférents ca nIons, au
gré des pa ::.sions ou des préjugés des plus petits princes; et qu e les
!lNlples ne seraient ja mai ~ sorti s du demi-('sc1ayage où les tenait
{\<'puis s.i lon gtemps co drOIt bil.arre. L'i/lstitution des parlemw ls,
dit tl'ès·judicieusem cnt Loiseau , nOlis SI1 Ilt'O d'tilre demembres 6t earitOI/t/és comm e en Allemll9" e et ell itali e , et wa int int ce rOy(lume en son
elltier. Ce sont, pu co nséq uent , 105 pal'l ements qui nous ont
{!:;lI'3 n ti , des:. sui tes inrv itable5 de (' c~ dénlPmbrcments qui , comme
•
�-
11 2 -
de celles qu 'ils croient fo nda me ntales, de leur ressort su,' tou s les Français, sa ns c1i stin ction d 'étailli
de rang , de leur attention ù représe nt er avec p,'omptitude, détail, digni lé, force et libe rté, to ut ce qui
par erreur ou a utre me nt peut ê tre e ntrepris cont,,"
les dl'Oits et les beso in s du roya um e . Enfin, de b,,'
inspection sUl'l'exercice de. toule la juridiction ecclé.
siastique, pourvu to utero is . qu'ils ne se ,'egal'Clent
jalllais e ntre le peupl e et le roi qu e co mme moyen
et non cornill e a ut o rité , e t que du d o ubl e droit de
protéger la j u,'idiction de l' Egli se et d 'en empêche,'
les excès, ils n'inl"è,'elll pas celu i de b suspendre,
de la rét ,'éci " , d 'en c ba nge ,' à lellr g,'é la n ~ ture c-t
les bom es,
on peut le voir par' l'exemple de l'Allema gne l auraient élé égaiement fun estes (III trôlle 1 li. fE'glise cl à 1.0 'W/iOIl , Quiconque lira
avec attention notre histoiJ'e des X I V CLXV 6 siècl es, s'cn con vain cra
jUi'qu 'à l'ë vidcllco; il \'el'I'a égal ement dan s celle du XW.l qu e Il':;
parlements contribu orent poul·dlre autant qu e 105 év èqurs, dans la
•
plu~ grande padr o du l'OYi.lUlll (' , à al' rètel' le~ pro:; rès étonnJLlt.:; du
calvini smei celui d'Ai x signala oncoro pill s que les aulres son z~l l'
pour l'an cienn e religion. Le co mte de Boulainvillicrs cn donne pour
double preu ve la sévérilé avec laquelle les héréLiqups ont loujour's
éw puni., en Pro vell cc, quand il s ont dogmat isé , fOl III résislfl llCt
qll 'on opposa à. l'etablissement d'I/Ile chambre d,. Jëdit au temps rie
1lf' 1l 1';
-11 3 Mais après ces aveux bien sin cères de mon attachement et d e mon respect , je c rois pouvoir dire
que, bien loin d'avoir mérité répréhension e n dénon ça nt au sO ll\'era in un droit public dangereux à
IOU S éga rds , que quelques pa"ticlliiers osaien t
présenter , fa usse ment , co mlll e ccl ui de leur com paanie et d e la nation, j'avais mérité sa plus spéciale
b
protection, e t pe ut-être même qu elque part dans
sa bienveilla nce, Ce sera la consola ti on de ma vie,
qu ~ lqu es ,'evers que je puisse e ncore éprouver; et
jamais pe rso nn e ne m'ôtera la gloire d 'avoir été le
premi er ma gistrat de vo t,'e royaume qui ait osé s'élever avec quelque courage con tre d es prin cipes que
Votre Maj esté a été e nfin ob ligée dp. proscrire ellemème solennelleme nt de sa propre bouche, uans le
premier d e ses tribll nall x, avec l'applaudissement
J e ses pellpl es e t l'admi ra ti o n d e l'Europe entière,
Que ,'esterait-il don c e ncore à justifi er dans ces
Mémoires ta nt et si injuste me nt a ttaqués? Serait-ce
la vivacité du sty le? Les ci rco nsta nces de leur présentatio n ? Leu,' p"b licité? Je ne puis le mieux faire
qu 'en fini ssa nt cet articl e par l'ex trait de ce que j'en
écrivais de l'Ecluse à M , le Cba nceli er dans la lettre
déjà citée (1) ,
IV, quelque profit 'Ill e celte Compa!JlIie et le roi lu i-même ell eus-
selll pu espirer.
(Yoyez L'/t;tat de la France, éJilion dc Londre3dC' 0 52, tome " III )
(tl
Le l,'oi< mars 06 .. (s ic) .
l'.H.)
H,
8
�-
11 10, -
§ X,
Ilti -
-
~
Xl.
Exlmil d'unc leUi'c acrile de l'Eclusc à M, 1c Chancelier
p01t,'la,j1lsl,i(tcalion dc mes deux Afémoù'cs,
J1tsl'ifico tiol1 de la vil'acilé avec laquclle son t écrits mes
Mémoires,
" Je doi s d 'a utant plus t.'avai ll er à me justifier
dans l' esprit du Roi, lu i di sa is-je, que je n'ai de ,'csso urce qu e (bn s so n équité, e t que je ne sa u,'a is
douter, co rnill e je l'ai dit c i-dessus, qu'on ne m'ai t
noirci par mille ca lolllni es, On m 'a d é pei nt co mme
" Mais quoi ? Sont-ce les personnes spécia le me nt
cha,'gées d e vei ll er à la co nser va ti on de SOn autori té
qui devraie nt me faire un crim e de l'avo ir d éfendue
avec trop d e vivacité? E h! peut-o ll , Monseigneu ,',
yen melt" e trop dans un temps OL. il s'établit p,'esqu e pHrtout d 'yen mettre si peu ?
un esprit e mporté, fanatique, li vré a ux Jésuites,
au x prètres, à la cha leur d e ses idées, Je n'ignore
pas mème que des gens respectables par leurs pla ces,
l'n ais prévenus, e n ne me conda mn anl po int, quallt
a u' fond, m'o nt b là mé a uprès d e lui de la vivacit é
avec laqu e ll e étaie nt écrits lIl es Mémoires ; de la
fa çon dont ils avaie nt é té prése ntés et d e la pub li cité que Je le ur ava is donn ée , Je sa is, e ofin , qu 'o n
veut fa ire regarder ces trois préte nd ues i mprud ences
com me suffisantes pour d éterminer Sa Majesté il ne
pas me so utenir avec trop de su itp.; e t il paraî t asspz
que c'pst le systè me qu 'u n a suivi a u co nse il jusqu 'i,
présent.
§ Xl!.
J1/sli(tlXltion de la présenlitlion de mes Mémoù'es ait Roi.
" Q ua nt à leur présen ta ti o n , qu'a-t ·ell e eu d e
,'épréhe nsi bl e? Les a i-je fai t parve nir d ' un e fa çon
anonyme, ind écent e, insolite? C'est des mains des
ministres qu'i ls so nt passés dans celles du Roi . Vous
lui remîtes le seco nd , Monseigneur; le premier, qui
a été le fond e men t de tou te ce tt e affa ire, lu i fut p,'ésent é par le sec"étaire d 'Etat de la province, qui me
l'avait dema ndé.
�-
11 6 -
§ XIII ,
J1!slifica tion de la publication et im)ll'ession de mes
ftf émo i j'es,
Reste d onc letll' pub li cité: mais qui est- ce qui
igriore auj ourd'bui que ce sont les Messiems du pal"
lement d e Paris qui les o nt fait imprim er pour soulever les parl eme nl s e l arrêter la han ne volon té que
le Roi nous marquait ? Qui <,st-re qui ig nore que
c'est Simon, imprim eur du pa,'le me nt de Pari s, qui
en a vendu les deux prernipres éditions à toute la
ville? Qu 'on l'o bli ge il dire de qui il a te nu so n manuscrit ; el en remontant e nsuit e ci e l'un il l'aut,'e,
ri en ne sera si a isé que d e d èco uvri ,' le véritable au,
teur de cette publi cation qu 'o n Ol e reproche, Ah !
Mo nseigneur, qu ' il y a longtemps qu e la l'l'clive en
sera it fait e, si ell e avait pu porter con lrf' moi et mes
aOl is(1 ) 1
(1) Je ne sa urais mi eux me jU5tifior sur l'article de la publi cité
donnée à mes JlI é m oi l'e~, qu'cn l'apportant ici l'enclroit de la fequète
présentée (lU Roi pal' MM . de Coriolis. de Jou qu C5 et Beaurecueil,
où ils se plai gnent de cet lo publicité. Ce morcea u cs t écri t a"ec la
force, la solidité et la franchise qui caractéri saient lout ce qui partait de la plume de M. de Coriolis.
li 1\ ya dans celle tlmlire ) Sim , une faute ct un déli t ; nous ne
pouvons nous le dissimuler à nous-mèm e..~, et enco re moins le dis-
-117 " Je n 'a i donc e u tort ni dan s le fond, ni dans la
forme ; ni pal' le co ntenu aux Mé moires, qui est
évidemment vrai; ni par leur \'ivaci té qui ne peut
être que lo uée; ni pal' leur présentation qui a été le
fait des ministres; ni pa r leur impression qui a é té
celu i de mes adversa ires,
" On ne pourrait donc me repl'Ocher que d 'avoir
eu trop de fid élité, trop d e zèle , trop de courage
simuler à Votre Majes té.- C'es t la publicité qui a été donnée à ces
Mémoires; c'es t de les avoir fait imprimer : vo ilà le vrai délit ; le
seul et unique qui soi t à réprimer et à punir. - C'étai t à en découvrir le co upable que vo tre Procureur Général devai t donner tous
ses soin s; c'es t à ce seul objet que devait tendre l'information qui
a élé prise; c'est à ce seul chef que devai t être bornée sa plain le.
Mais, par un renversement d' idées bien singulier, si , dan s son discours, il feint d'être sensible à cette publicité , 5a douleur ne l'a
pas porlé jusqu'à requ érir qu'il fùt informé sur cette impression
clandestine: c'est Je seul faiL qu'il importait de connaitre et de
punir; c'cst Je seul qu'il n'a pas voulu poursuivre et découvrir. Le
sieur Blan c de Castillon , vo tre Avocat général , a vou lu fa ire entendre, dans sa plainte, que c'é tait te Président d'Eguilles qui avai t
li\'ro ses Mémoires à l'impression. Pourquoi lui faire grâce sur une
ra ule rée llo ct le poursui vre sur un genre de scission imaginaire?
Pourqu oi ne pas in ro rm or directement sur co chen Les vo ies et les
mo yens en étaient raciles ; l'illrormati on qu i a été prise en co ntient
un commencement de preu ve 1
Il Simon , imprimeur au parlement d'Ai x, dépose avoir avou é au
~ieur Présid ent d'Eguilles quo son frère (Jacobin à Pari5), en lui
envoyant un précis du premier mémoire, lui avait écrit que c'élait
le m(:me dont on envoyai t une copie au sieur de Monclar. Il n'y
avait donc qu'à suivre celte trace et remonler à la source; puisque
�-
11 8 -
pour ce siècle pervers, e l que d 'avo ir tUai connu
les hommes; mais je n'ai pas même fait cette fa ule,
car je n'ai jamais compté quc sur la droiture, les
lumières et Ics b ontés du Roi; et j'a i toujours été
intimement persuadé que si ma lheureusement il ne
se décidait pas seul , et d 'après lui-même, nous serions abandonnés.
cc Mémoire a été envoyé do Paris. au sieur do Monclar , il n'y avait
qu'à faire assigne!' celui qu i a fait cel en vo i ; la sicur doMoncia r n'cn
ignore pa s le nom 1 ma i5 nos ad"CI'SairCB so serai ent pcut-èlro
déclarés eux-mème5. Ce faiL ne deva it pas èlrc éclairci, l'artifi ce a
été dcjetcr un soupçon sur le Présid ent d'Eguilles, el de laisser cc
soupçon dans la nllage.
ft 11 importe, Si ro, à Votre Maj eslé, on ose le dire, do faire \ éri·
Ger ce soupçon ; si c'os ll e Pré:;ident d'EguillC5, si c'es t qu elqu'un de
nous 1 qui ait fai t imprimer ces Mémoires, ct qui les ail livrés au
publi c 1 nou s méritons la plus sévère punition, ct nous nOLIS y
sou metton s.
ct Votre Maj es té esLdéjà in struite qu e la premi ère édition en a été
fa ite chez Simon , imprimeur du pad ement de Paris ; que VOlre
Majesté daigne faire ent endro cet imprimeur ; qu 'il soit interrogé
par tel commissaire qu'il plaira il Votro Majes té do comm ettre li ccl
effet ; que votl'O aut.ûl'ité 10 force il déclarer qui lui a remis le maIluscrit sur lequel il a imprimé; que de là , la commi ssion déléguée
par Votre Majesté remonte jusqu'à la première source, Nous vous
cn conj urons 1 Sire, ct nOliS osons VOliS le demander avec les plus
vives et les plus respectueuses instan ces. C'es t à Votre Majesté à
connaitre ses sujets el de quoi il s sont ca pabl es, pour protéger les
bons et punir les méchants. ))
-
II G -
~
J1t~ li(tca l ion
Xl V.
de la manière donl il est PaJ·té d'I lJrojet de
scission dan s mes Aténooù·es .
A lout cela on répo ndra sa ns doul e qu e ce qui,
dans mes Mémoires, a l'ef''oi di mes amis, révolté
I ~s indifférents, nécessi té le parlement il me poursuivre, délermin é le co nsei l mème à sévir contre
moi , ça été le proj et de scissio n que j'y ann onçais;
que j'y paraissais vou loir ex écuter, contre le g"é
nr ème de Vo tre Majesté ; et qu i , effectivement, n'a
échoué , dit- on , que parce q ue la chaleur de mes
illtrigues et f irrégularité de mes démarches avaient
mis ell garde contre moi ( p. 6) ; et que, parce que
je suis naturellement si j ougueux , que les autres
Ile peuvent m'aueine/re (p. fi6 ) ; que parce que mes
haral/gues ,,'eurent pas le succès que ;' en attendois: que ceux que je croJ'ais devoir me seconder
ji'émire/1t d' horreur ; et que La conspiration échoua
par La di(jiculté de 1l'ouve,. des hommes semblables
au sieur d'Eguilles (p. 51,.).
On voit que pour ne pas diminue .. la force de
l'accusa tion, je vi ens de la présente,' dans les mêmes
termes dont s'est servi le sieur de Mo nclar : je va is
m'cn laver si pl ein ement dans l'article sui va nt , que
j'y fera i peut-ètl'e rougir ceux qui l'on t portée.
�-
120 -
-
lieux, en des circo nstances et so us un e form e à mérite.' répréhension?
CIlAPITRE V.
MON rn OJET DE SC ISS I ON pou n L ' EX I~CUTI ON
-L21 -
3" N'excita-t- elle
DUQUEL JE
VOULA IS SOU LEVE" LE PEUPLE .
Quand on sent qu 'o n défend un e mauvaise cause,
on marche à tâ ton s : o n s'enveloppe ta nt qu'on
peut: on ne travaille qu 'à o bscl\l"cir ce qu 'on dit
vou loir éclaircir , e t o n se tie nt toujours da ns le vague, pour tâcher d 'y faire pe,'d.'e les autres . Je n'a -
pas
l'indignation
de
ceux
mêmes sur qui j'avais le plus compté; ct n'est-ce
pas malgré moi qu 'ell e ne fut pas exécutée?
!,." Etait·ell e possibl e?
5" Etait-elle prudent e?
6" Eta it-elle honorabl e?
7" Eta it-elle util e?
8" Etait-ell e léga le?
gi rai pas ain si da ns ce point capi tal d e ma cause; j'y
Votre Majest é voit par ce pla n qu e je n'é lude
point les difficu ltés et que je veux répondre à tout.
mettrai , s' il est possih le, e ncore pins d 'ordre, de
précision et d e clarté que dans tout le reste.
§ IL
S (er.
Hui/ objections q!l'on peut me (cliTe cont,.e mon projet de
scission auxquelles j'ui à 1'époncZ,'e,
J 'ai à réso udre successivement huit doutes qu 'on
a pu se fai.'e de bonne ou d e ma uva ise foi , d 'après
tout ce qui a été dit e t écrit de vrai o u de faux SUI'
notre scissiun proj etée (dans le sei n du parl ement):
'1" N'ai -j e pas dit e n termes équiva le nts, dans mes
Mémoires, qu e nous la mettri o ns àexéc uti on , co ntre
la volonté même d e Votre Majesté?
2" Ne l'ai -je pas p,'o posée e n J es temps , e n des
N'ai-je pas
de (aù'e la scission malg"é le conseil ?
- Pnmiè,.e objection,
!J!eIUtcé
'l'Est-il bien vrai , d 'abord , que je me sois oublié
jusqu 'à mena cer mo n Maître, d e l'exécution malgré
lui et malg ré l'improbation d e son consei l ? C'est ce
qu 'o n a préte ndu indllire (1) d'un endroit de mon
premier Mémoire, où, ap rès avoir sup pli é Vo tre
(~ ) Voici ce qu'on a publié u que/qlte passionné qu'on connaisse
M. d'Eguilles /JQllr les Jés,Ùles. c'est III; {aire trop d';'ljures qlle de
lu; allribuer ces Mémoires ; il se sel'uit manifes/cment rend", collpable
du c/'ime cie lèse-majesté el 011 ne peul se persuuder que Ji. le CluwccJier
n'ellt pas cOI/tenu cl réprim é ltn il/sensé qlli Qurll;t Q~'é. lui domier u.n
Mémoire contwant l'il/solente mel/a cc cie se soustrai/'e à toute auto-
�-
122-
Majesté d 'évoq uer à ell e toutes nos co ntestations.
je continuais ainsi: Ci Alors cetteaJjclirese ,tl'Ouvanl
entre les mains du Roi. dans un e .forme qai en
ùwestit légalement le conseil: ces magistrats se
voyant , pal' ce moyen, à l'abri de lu persécution
et ctu déshonneur , ils n'auront plus à.faire que des
souhaits pour le l'el OUI' de l'ordre et de la paix:
mais si par impossible, le conseil SE TA ISA IT. et
laissait l'autorité royale à la merci de leurs adversaires, qui ne le sont devenus qu'en haine de leur
inébranlable jidélité ,. ce qu'ils doivent au liai , au
p euple de leur ressort, à LOut le l'oyawn e, cl leur
serment , cl leur honneur _ cl leurs personnes, les
nécessiterait à lin éc Lat, qu' auculle considération IZe
p ourrait les empêcher de .fai7-e, dès la renu ée du
parlelnenl.
Po ur juger mainte nant de la solidité d-e l'accusa1)
tion , examino ns quel es t le cas unique où je dis
qu'aucunecol/sùlél'alioll Il e pourrait -nous empêcher
dejaire an éclat dès la l'entrée da parlement C'est
celui, ce sont mes propres termes, où , pal' impossible, le conseil se TAIH ,I.IT _ Or, se taire est- ce parrite. » Voyez une brochure contenan t mes Mémoires, a,vcc des
notes el réflexions (", H.). C'est j'ouvrago 10 moin s mau va is de
cel amas de libelles dont on inonda le public co ntre moi . Il est
vrai que l'auteur a cmpl o~ 6 un mo ) en qui no manque guère de
réussir ; c'es t de ne pas combattre ordina irement cc que je dis,
mais ce qu' il tro uve bon de me raire dire.
-
1:l:3-
1er ? Se taire est-ce défendre d'exécuter? Dire qu'on
agi,'a si le co nseil se tait, est-ce dire qu 'o n agira si le
conseil défend d'agir ? Vous voye" Si,'e, qu 'on ne
sau l'ait portel' plus loin la mauvaise foi, ni empoison-_
uer plus grossièremen t les choses? li est don c inconcevable qu' on ait pu venir à bout de faire adopter à
quelqu es ministres un e aussi perflde interprétation
d'ull passage aussi clai ,' et aussi peu répréhensibl e_
Prétend ra-t-on que le silence du consei l était équivalent à un désaveu, et qu 'i l y a eu autant de délit à
paraître mépriser celte impl'Obation tacite, qu'une
défense expresse? Je demand e au contrai ,'e si ce silence n'a pas dû être pri s plutôt pour une vraie
approbation, surtout à la sni te de mon Mémoire' Je
demande si le conseil ayant eu connaissance d 'un
projet de cette hardi esse et de cette importance, et
ne l'ayant ni défen dn ni blâmé , il n'était pas censé
l'avoir, en quelqu e fa çon, autorisé ('I )? Car, de
('Il En prenan Lcongé de M. 10 Chancelier, pour voni r en Provence l après la présenta ti on de mon premier Mémoire l je le
suppliai de vo uloir bien me dire si le Hoî approuvait ou désapprou va it le projet de sciS8 ion ql1 e j'y avais annoncé, et cc qu'il
cn pensait ll1i-même, afin que nous puissions nous condu ire relativement aux vo lontés de Sa Majesté et aux co nseils de lui , Chancelier? ft Monsieur, me rép0tldit-il, j e /j'ai rien li t'OIIS dire, n'ayaut
, rtli" li ce sujet aucu1I ordre dit Roi. l) Êlait-cc là de ma part la
conduite d'un homme déterminé à agir malgré l'im probation de
son Maitre? Et était-ce do la part de M. le Chanceli er 10 langage
d'un ministre qui aurait su que le conseil me dC53pprouvait ?
�-
124-
bonne foi, si les principes lui e n avaient paru COndamnables, quelle raison a urait-il pu avoir de s'ell
taire et d e n'e n pas vouloir arrêter l'exécution ?
J 'étais d 'a utan t plus fond é à croi re qu 'il m'approuvait taci tement , que je savais, avec tout le-monde,
qu'on ne donne g uère il la Cour d'approbation fOI'melle au proj et le plus désiré , quand on crai nt que
les suites n'en soi e nt trop embarrassantes ; on est
bien aise de vo ir a uparavant le succès.
En cet état , était-ce un c rime, é tait-ce un e insole nce, était-ce un acte inse nsé d a ns d eux magistl" ts,
d e d éclarer à Votre Majesté, qu 'e ux et plusieurs de
leurs confrères se sentaient assez fermes, assez zélés,
assez dévo ués à votre service pour pre ndre sur eux
le risque des événements? S'oub liaient-i ls en ajoutant qu'ils ne seraient arrê tés par auculle considératian? Pas même pal' la cerlilude que la p erte de
leur état allait élre le moindre des revers auxquels
ils dussent s'attendre, si après de telles démarches
ils venaient à n'être pas soutenus? (Voir mon secon d
Mémoire.) Non, Sire, il Il 'y a là que de la franchise, du courage, d e l'honn e ur, d e la fid élité,
du zèle : il n'y a ni crim e, ni faute, ni excès: il n'y
a même de l' imprud ence qlle pour c('u x qui ignorent qu 'uli honn ète h Olllm e ne se II'Olive point mal·
heureux, qua nd Il es t la victim e d e so n d evo ir,
-
125 -
§ Ill.
Ne l'ni-je pas proposée an des temps, en des lieux, en des
cil'constances et sous mIe {orme à mériter répTéhension? - Deuxième objection,
Second doute à résoudre: N'y elit-il ri en e u de
l'ép,'éhe nsible dan s la mani è,'c dont je parlai de la
scissio n à Votre Maj esté, n'ai -je pas mérit é bea ucoup d e bl â me par la proposi ti o n qu e je fi s à mes
conr,'ères d e l'exécut e" , e n co nsi dérant le temps,
le lieu , la circo nsta nce et la forme da ns laquelle je
p,'océdai ?
J'observe d 'abOl'd qu e l'acc usa tion portée contre
moi, SUI' ce t ~H· tid e, a été présentée successivement
so us de ux faces total eme nt co ntradi ctoires, relativement a ux divers beso ins du moment.
Ain si , quand il a é té qu estion d e perdre les magistrats qui n'avaient pas vou lu in 'abandonner, on
a tl'ouvé bors d e doute qu 'ils ava ie nt adopté mon
projet dans tout e son éte ndue , qU'ils m'a vaient aidé
il en préparel' l'exécution , qu 'ils étaient véritablement mes compli ces; perso nn e n'ignore qU'ils ont
été traités comme tels dan s l'a ''I'êl rendu co ntre moi,
Mais quand il s'est agi d e me ruin er autant qu'il serait possiblf' dans l'esprit de Votre Majesté, quand
,
�-
126 -
on a vou lu lui bi en persua der qu e mes excès avaient
-
l 2i -
'de Monclar n'a pas crai nt d 'ava ncer que je n'avais
de conférer tra nquillement Sur ce 'I"e no us a uri ons
à faire da ns les c irco nsta nces, pou r rempli r no tre
devoir et d éfe ndre notre droit.
pu les fa ire go '-'ter à perso nn e ; que m ème la plu-
Nous a rri vâ mes effecti vem ent le 25. Le lende-
été de natu" c à ne p o uvoir è t,'e snpportés , le sienr
p art de ceux que je croyais delloir me seconder
fré mirent cl' horreur, e( que le projet n'échoua que
par l'imp ossibilité de trouver des hommes sembla- .
bles au sieur cZ' Eguilles, Vo tre Majes té va toujours
mie ux voir qu elle fo i est du e, d a ns cette ca use,
a ux assertions de ce l','ocureur généra l qu oique très,
exact et très-gala nt h omm e d a ns tOlites les autres,
Ca r , Sire, je Il e pui s trop rép éter qu' il n 'est point
main, à huit heur'es du matin , li ons n OLI s trou ..
vâmes ra sse mblés a u no mbre de o nze, Je lus mon
premier Mé moire; je p ro posa i la scission tellc
qu 'ell e y es t ex prim ée; bi e n entendu que nOLI s
ne l'exécut erion s que d a ns le cas o ù l'o n mettrait
le co mbl e a u x premiers excès, e n renda nt arrèt
malgré les n ou velles d éfe nses de Vo tre Majesté,
que j'a ppol'ta is_
ici semblable à lui-m ème et que ce serait une vraie
injustice de \'o uloi r fa ire juger d e so n caractère, qlli
§ IV,
est très-estimabl e, par sa co nduite d a ns unea ffai,'e
Dès qu e nou s eùm es obtenu les ordres d e sur-
N'excila- l-elle pas l'indignation de cel/x mêmes sm' q,';
je,vais le pt!~, compté, et n'cst-cc l!a s metlgl'é moi
ql/'elle ne (It! poinl cxéw téc? - Tl'oisième object'io!!_
seo ir , co ntenu s da ns la le ttre ci e M , le Chan celie,',
no us nou s mîmes en cbemin , l'a bbé d e Mo ntva loll
Perso nn e, S ire, nefrémit cl'horreur, pui squ e ce
et moi , pour revenir en Pro ve nce , E n pa ,'ta nt cie
fut comm e par acclam a ti on qu 'o n adopta mon pro-
Pa ris , j'avais écrit a u sieur d e Co rio li s que j'arri-
jet ; il n'y e ut qu e le sieur de Corioli s qui pal'llt
hésiter , no n sur sa léga lité, mais su,' sa possibilit é:
de passion o ù il n 'a pu se posséd er assez,
vera is à Egu illes le 25 d e se ptembre; que je le
priais d 'y ve nir dîn er le le ndem ain avec a ut a nt de
nos messieurs qu' il e n p ourra it a me ne ,'; qu 'il y
trou verait le sieU!' présid ent d e Rag usse et un autre
magistra t sU!' lesquels no us n 'av ion s pas cI 'abord
compté; que nous serio ns là plll s i, pOl,tée qu 'à Aix
tous les autres, co nva in cus de:" sa nécessité, n'y vir'ent
rien qui dùt n ou s a rrè ter ,
Mais, p our m ettre clans leur co nduite au ta nt de
candeur que ci e fermeté, et ne point tendre des
piéges à nos confrères, il s me chal'gèrent ci e fa ire
~
-
-
------
-
.---
�-
-
128-
part au si eur premier Présid ent d e la ferme résohttion o ù nous éti ons d e ro mpre avec eux, s' il s persistaient i, vo uloir vous déso béir .
Il faut joindre à ces o nze magistrats : l ' le sieUl'
abbé de Mont"alo n , a bse nt par maladie, a vec qui
j'a vais fait le premier Mé moire prése nté à VOire
Maj esté, et arrêté to utes mes d émarches; 2' le sieur
de 1I10 0tvalon so n frè re, et le sieOl' présid ent de
Gueyd an , que nOli S avio ns in struits d 'ava nce , et
sur' l'adhésio n d esqu els no ns pou vio ns co mpte"
3° lesie u,' de Mo ns pere, qui m'avn 'td o nn é lasie nnc
par éc,'it (on a Vll sa le ttre ci-dessus) ; l,' enlin , un
a utre co nseiller (le sie ur cie Ca mf'lin) qu i, n'ayant
pu se tro uver à no tre assemb lée d u 26, vi nt me
d éclarer le 27 qu 'il ado pt ai t to ut ce qu' on )' ava it
résolu : en sorte qu 'en pa rta nt pour Aix le 28, j'y
a rrivai avec la pa role d e seize d es vin gt- et-lln mag ist,:a ts 'lui devaienl me seconder .
Co mm e je n'avais a ucun e raiso n de so upço nner
les cinq a lltres d e làche té, e t e ncore moi ns de perlidi e, qu e la ,-e ntrée du parle me nt deva it se ra ire
le surlende main , e t qu e le te mps pressai t , pOli r la
commi ssio n do nt
0 11
m'ava it c ha"gé a uprès
uu
lJl'emier P,-ésid ent , je lui lis dema nder ta nt de
suite une e ntrev ue sec ret.. , c hez lui , à onze heures
du soir ,
Il me fi t d i,-e pa r son subdélégué, à q ui je m'étais
129-
adressé, que je po u vais venir à l'heure marq uée, et
que je le trou verais seul. Notre con versatio n fut
vive ; on e n verra ci-a près le détail.
Voilà , Sire, d a ns la plus grande exactitude, en
quel temps, en quel lieu, a vec quelles circonstances
et sous quelle forme je proposa i la scissio n à mes
conf,·ères .
Pourquoi d o nc ne fut- ell e pas mise à exécutio n ?
C'est le troisième écla ircisse men t q ue j'ai à do nner _
A peine eus -j e quitté le sieur de Latour, que,
dans la nuit même, les me ne urs de la Com pagnie
fllrent in struits, pal' le sie ur co nseiller de Beau val ,
que je tl'o uva i en sorta nt , à la porte du cabinet,
d'où il avait sa ns d o ute e nten du to ut ce q ui s'était
dit. On s'asse mbl a le ma tin en g,-a nd com ité; il fut
d'abord a rrêté una nim e ment qu 'o n rejetterait la
lettre de M , le Cha ncelier , co mme n'étant point
piece légale, e t qu 'on ne permettrait pas même
d'opin er sur so n conte nu _
Mais o n eut plus d e peine à se concilier sur ce
qui me regardait. Les jeunes gens voulaient qu'on
me demand â t compte de ma cond uite et de mes
Mémoires a u x chambres assemblées; q ue sur mon
refu s, auquel o n s'atte ndait , o n me fi t passer le
guicuet, et qu'on rompit ai nsi toutes mes mesures.
Mais qu elqu ' un re prése nta sage ment q u'e n l'éta t
des choses, il était plus q ue vraisemblable que nous
H,
9
�-
130 -
av ions pr is des préca uti o ns pOl'" rendre celte voie
de fa it imp..ati cab I., : e n'sort e qu'on ne sut troll\'el'
d 'a utres resso''''ces, dan s le mo ment, con tre l'affront ci e la scissio n annoncée, qu e d e re nvoyer au
m ois ci e novemb" e, tant l'a ffai.:e cles Jésuites que
celle du sieur de Mo nt valon ; p o ur se d onn er le
loisi r d e cberche.·, pendant le co .... s de ce délai,
quelqu e moye n d e no us e mpêc her d 'agir lo.·s'lu'oo
vienclrait a lo,'s Ajuger.
Qui ne voit qu'apres cett e d étermin a tion , dont
nous ["mes in struits sur-le-c ham p , il ne nous étai t
plus ni permis, ni possible d e faire la sc ission tclle
qu e nous l'avions d 'a bord d é te"min ée? Ca,' CO mm ent nous élever' avec éclat co nll'(, un é1 lTèt qu 'o n
ne cl eva it plu s re nclre?
Ce pe ndant , co mm e la cra inte qu'on m ont" ait ,l"
notre ferm eté, e n renvoyant , n 'p mpèch ai t pas qu 'o ll
ne ma nquâ t esse nti ell e me nt de ,'espect et d 'obéissance il Vo tre Majesté, e n affectant ci e délibérer
éga rd à L1n e lettre éc rit e (-'Il
vo tre nom par le chef de voll'e j \,sti ce; no us co nv/nmes, le 29 a u soir , c1wz le sieu ,' de illo ntvalon ,
qu'à la pl:tce d ' une scission vér it:tb lc e t absoln r,
dont il ne pouvait plu s è t" e qu es ti on , attendu le
qu 'o n n':HII'a Ît a ucun
l'(:>nvol, nOlis nOlis co nl f' nt erions d 'un e espèce dp
scissio n imparfai te, mo me ntan ée , qui se bornerait
à ne point prendre part a ux actes ill éga ux qu 'o n
-
'13 t
devait faire le le nd emain : e n so rt e qu e dès qu ' il
aurait passé de ne po int opin er sllr les OI'dres con te nuS en la lettre d e votre cha nceli er, nons d éclarerioll s ne vo ulo ir point assister à un e tell e d élibération,
ni 1\ aucllne d e cell es qui la sni vra ient , nou s nou s
leveri ons, nous sortiri o ns de l'assemblée, et nou s
o,'esseri o ns un procès-verba l que nOli s enverri ons à
la Cour
P)·
(1) Extrait parte ill '1uâ d'un procès-verbal. signé par quinzo
officiors du parlement d'Aix, sur les faiLs qui se sont passés en
J'assemblée des chambres 1 tenue le ~ octobre '1 76~.
Savoir faisons 1 nous 1 Prés idents el Conseillers en la Cour du
parlement de Provence 1 que ce jourd'huÎ 1 j. octobre <\i6~ 1 ~e s
chambres durlit parlement ont été assemblées ,ot M. le premier
Président a fait faire lecl ure, par le greffi er, d'une lettre que M. le
Chancel ier lui avait écrite, pour lui demander, de la part du Roi,
les motifs, elc. - La même lettre contenant ordre de surseoir à
toute exécution desdilSarrèts et arrêtés 1 et à ta poursuite de l'appel
comm e d'abus , interjelé par le ProcurC'ur Général , ~tc. - M.. le
premi er Présicl ent a pri s ensuile les opinion s: etc. - Vm gt officlCrs
ont élé d'avis de surseoir à tou t ; ces Messieurs sont : MM. les présidents de Ragusse. d'Spinou se, de Gu eydan , d'Eguilles, d'En trecastea ux, et MM . 1(\;; Conseillers: de Montvalon père . de Beau recueil , de Montvalon fils, de Jougues père, de Franc, de J\l i~beau
père, l'abbé de Moolvaloo. Despraux , de ROUS.5c t , de Forlls, de
Camelin , de Charle,!al , de la Canorgue ct de Jouques fil s; auxquels
vingt magistrats , sc scraientjein ts M~I . et e Coriolis etde Thorame,
si on leur ava it permis de rester dans J'assemblée des chambres et
d'y op inor.
Mais J'arrèt ayant passé à Ja plu l·alité des voix, à ne pas obtem-
-
_ .----\.
- - --------- "
"" ~
�-
132-
-133 -
Tout cela fut exécuté par quelques-uns même
des vingt-un qui n'avaient assisté ni à l'assemblée
d;Eguilles, ni à celle tenue la veille chez le sieur' de
Montvalon , et not~mm e nt par M, le Président
d' Spinouse.
pérer aux ordres du Hai 1 ct ct ne pas sUI'seoir ; MM . les Présidents
de Ra gllsse, do Gueydan et d'Eguilles, avec MM . les Conseillers de
Montvalon père . de Beaurecl)eiJ ) do Montvalon Gi s, de Franc ) de
Jouques père, l'abbé de Montvat on, de Mirabea u pèl'C, do la Canorgue
cLde Charl eval , ont quitté leurs places et sont sorli sdo j'assemblée
des chambres 1 aprè5 avo ir déclaré qu 'ils ne pouvaient ni ne voulaient prendre aucun e part à une délibôI'3tion qui était contraire
aux ordres du Roi ; eL peu après, M. le Présidenrd'Spinouse est
pareill ement sorti , elc.
Et pour qu'il consle de la véri té de tous laI;: fai ts CLdires CÎdessus 1 eL en mùme temps pour la isser un monument de la constan te, parfaite et entière sou mi ssion aux vo lontés du Roi et de la
fidéli té à son service, de la part de tous le.... offi ciers de ce parl ement ,
qui Ollt élê d'avis d'obtempérer ; le présent procès-verbal a été
dressé double, dont l'un sera envoyé à M. le Chancelier, et l'aulre
à AI. le comte de SainL- Fl ol'enl.in ) Ministre de cette province, pour
en être rendu compte au Hoi 1 etc.) etc.
Fait à Ai x, l'an et jour que dessus.
Sigllts : Le Pré.5idcnL DE G RIM ALD\' RAGUSSE ; le Présid ent
DE G UEYDA N; 10 Président DE Bon m D'EGUILLES ;
BAIUII GUE MONT VALON
père ;
CO RIOLIS; LUlGIER
DE BEAURECUE IL ; nAI\RIG UEMOI\'TVALON ; D E\'DI ER
!\IIR ABEAU ;
l'abbé BARRI GUE DE MO NT\'ALOl'\ ;
FIlA NC ; DAI\U'\ UOJ o QU ES; LACANO IlCU E; CADENET
DE C UAIlLE"AL ; MONS
père, par adhésion.
§
v,
N' était-elle pas d' line ea:eculion impossible? ~ Qliatl'ième
objection,
Mais s' il n'y avait point eu de renvoi , et qu 'on se
mt obstiné à juger tout de suite , ou les Jésuites
ou le sieur de Montvalon , aurions-nous pu effectller nos menaces ? Et du fait au prendre, la véritable scission d 'abord projetée n'aurait-elle pas
été d'une exécution impossible? Il semble donc que
si je n'avais pas commis lin crime en la proposant,
j'avais tout au moins manqu é de raison en l'imaginant. Quatrième dout e à résoudre. Ell e était, dit-on,
impossible en toutes mani ères. Dans qllellieu nous
serions-nous assembl és? Où aurions-nous pris des
Greffiers et des Huissiers? Comment aurions-nous
trouvé des Avocats et des Procureurs qui plaidassent
devant nous? A qui aurions-nous pu persuader dans
toute la province, que c'était un tiers du parlement
qui, contre les autres deux tiers, représentait le
corps et en avait exclusivement toute l'autorité, sans
autre titre qu e sa propre prétention ? Les Jésuites
eux-mêmes ne l'auraient-ils pas regard ée, cette prétention étonnante, comme une vrai e folie ]
La réponse à ces réflexions, qui paraît d'abord si
1
~
- -
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-
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-'. ---~-~
J
"," ,
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-
134-
d iffici le, sera cp pe ndant bien aisée quand j'allrai
distingué les te mps e t les obje ts.
Aura-t-on tant d e pe ille il concevo i,' comm ent
nous 'a urions pu n ous rassembl e r un qual'l d' heUl'e
pour re nclre un arrè t ?
Co mm e nt nous a urio ns pu l'in scrire dans les registres de la To urll e ll e, dont le lwem ie,' Président
et les trois q ua rts d es me mbres se trouvaient être
précisémen t du no mb,'e <.l es vingt-un ? Comm ent
e nfin nous aurions pu e n l'épandre dans la lwovince
des exemplaires imprimés qu 'on aurait eu la précau tion de te ni ,' to ut prè ts?
Car voilà to ut ce que no us a uri o ns e u à exécuter.
Une fois que cet 'l 'Têt a urait été re ndu , in scrit et
publi é, et que par là l'éclat avec lequ el nous croyio ns
devoir d éfe nclre votre d,'oi t exclu sif il la législation ,
a ura it été fait, nous n 'av io ns plus besoin ni de
cha mbres clans le palai s, ni d e Greffi ers , ni d 'Hu is·
siers , ni cl' Avocats, ni d e Procureurs, ni cie pa,·ti es
qui nous reconnusse nt ; n 'ayan t jamais e u l'id ée de
juger cI'au tres affaires, sans vo tre Of'd ,'e exprès, ni
de no us élever cie nos propres ma in s un tribunal
stab le avant que la volonté clu so uvera in se fût manifestée à cet égarcl .
C'est encore ici ull e ci e ces ocli e uses interprétations avec lesq uelles o n a tâché cie no ircir tout e notre
conduite . Je ne pu is trop le [aire observ er : II 0S ré-
-
L35 -
solut ion s e t noS p,'éte nti o ns!oe bornai e nt , comm e je
l'ai dit , même <.I a ns mon premier Mémoire, i, ne pas
laisser co mpter les voix co nJre Vo tre Majesté, à Ile
pas reCOllllaÜre les représelltallts du Prin.ce, dans
des j uges riant les arrêts et arrêtés ,,'avaient pu
subsistCf' salis la révolte cOlltre le p,.illcc; et à dé ji:lIll,.e à vos sujets, da lls le ressort , d'obéir à de
l'cu'eils ",.rêts (l" 1 fo. el '15 de mon prelll ier Mémoire).
Nous no us a ppuyions sur ces ci eux prin cipes inco ntestables qu e la pluralité d e quelques v oix Ile
sau,.ait fixer {'auto l ilé du liai , dans des mains qui
s'en se rviraien t pour l'~n éa ntir ; et que 1",- magis-
trats qui s'élèvent COlltre elfe p enleut toute leu,.
puissal/ ce p ar le seulj"ü. Mai s ce n 'est pas encore
ici le lieu d 'examin e,' la légalité o u l'ill éga lit é cie la
scission Je ne rappelle ce l endroi t ci e mon premier
Mémoire qu e pour mo ntrer q u 'il n'y est pas dit un
III Ot qui puisse illduire à pe nser que II OUS ayo ns jalIIais prétenclu , je le ré pè te, ju ger d es procès ava nt
d'y ètre e xpressé me nt autorisés pal' votre commandement.
No us l'alll'ions fai t sa li s d oute postérieuremenl si
vous aviez trouv é bon cie n o us l' o rdo nn er , clans le
cas où les autres a uraient persévér~ à vo us <.Iésobéir :
c'est alors, Sire, que ri en n 'a urait pu' arrêter' ru la
pleine exécution <.l ' un e vraie scissio n , ni a ucun des
\
-
--
---------
. '
\.
_ . -- ---~
'#- -
�136
-137 -
bons effets qu'on en devait attendre. Au palais
dans la ville, dans la provin ce, tout serait venu ~
nous sans aucun effort , avec empressement, avec
joie: les cœurs sont, en généra l , dans ce pays-ci ,
plus royalistes peut-être que dans aucun autre:
d 'ailleurs , les magistrats en qui l'on avait vu tant
de zèle pour votre service, j'ose le dire, Sire, n'étalent pas ceux qui y étaient les moins estimés ('1);
et, s'il ne faut rien vous cacher,la cause des Jésuites,
qui paraissait dans ce moment jointe à la vôtre, n'y
était pas indifférente au plus grand nombre des citoyens; le sieur de Monclar , qui vous a affirmé que
[" Société, diffamée de toute part, accablée sous le
poids de l'ignominie, ne pouvait y étre conservée
qu'en insultant à l'opinion publique (p . 77), savait
aussi bien que moi que les Jésuites, estimés et chéris
(~ ) Un homme do qualité attaché aux Jésuites 1 se trou vant da ns
une maison avec un conseiller au Parlement plein d'es prit 1 qui les
avait condamnés, lut la li ste des juges qu i avaient été p OU f , cl cella
des juges qui avaient été co ntre.- Monsieur, dit-il ensuite au Conseiller. si vous aviez un procès el que VOus fussi ez le maltre de
du premier ordre: M. le Président de Gueydan avait été trente ans
Avocat général avec le plus grand éclat. Ses plaidoyers, imprimés
d'abord chez Gu illau , en 039, et réimprimés ensuite plusieu rs
fois. sont entre les mains de tout le monde. M. de Montvalon père
a d~nné au public , à la prière du parlement , un précis des ordonnances, par lettre allJhabé tique, ct ensuite un abrégé de tout le
droit romain . Quel trava il et qu elle érudition n'y a- t-i l pas da ns ces
deux ouv rages, dont un seul aurait occu pé toute la vic d'un autre
homme? Il avait été dépulé en 47~6 par le parlement , contre la
chambre des comptes, et jamais homme n'avait eu plus de considération dans son co rps. Son fils aî né méritait peut~treencoreplus
d'estime que les autres, parce qu'il dut lui en coùlerde voir proscrire
tout à la fois aveC', lui ,son père, so n rrère et le ms desa sœur. M.de
Mons le père, vice-doycn, rempli de zèle pour so n Dieu et pour so n
Roi , comm e ceux dont je viens de parler, les surpassait peut·être en
éloquence et en lum ières naturelles. M. de Jouques, so n neveu, joint
à la mjjme nature d'esprit, le cœur le piuS humain; il honore d'ailleurs la robe par sa naissance. M. de Mirabeau est Ull de ces hommes
rares qu i , avec la plus grande force dans le cœur et la plus grande
modE'.slie dans les aclions , 50nt d'autant plus dignes de respect
qu'ils ne prétendent pas m~m e à la considération , Comment exp~i
mer toute ma vénéral ion pOUl' M. de Beaurecueil 'f Si la parfaIte
vertu est encore quelque part sur la terre, c'est dans l'âme de cet
choisir vos juges 1 dans laquelle -de ces deux listes les prendriez-
vous ?-Dans celle où jo ne me trouve point inscri l, répondit l'autre
avec nalveté.
Il y a peu de gens en Provence qui n'aient dû fa ire la même
réflexion; tOut le monde pouvait voir que les magistrats qui avaient
signé la lettre des dix-neuf élaient en général les plus âgés J los
gra ves, les plus instruits , l ~s plus vertu eux de la Co mpa gnie.
Il serait trop long de parle r ici de tous: je me content.erai de
dire un mot de ceux qui ont persévéré, jusqu 'au bout , à préférer à
leur intérêt celui de la véri lé.
Le Parlement semblo avoir fa it lu i·même l'élo ge de MM . de Char·
levai el de la Canorguc , en ne les condam nant qu'à une interdiction J quo iqu'i ls fussent plus chargés par la procéd ul'e qu e la moitié
des autr~, qu 'ils ont proscrits: leurs co nrrères des enquêtes ne
purent se résoudre à les perdre sa ns ,'etou r. D'ailleurs , com me Pun
est le fils de ma co usine germaine, eL l'autre celui de ma sœur, ce
n'est poin t ~o i qui dois rendre justi ce ~I ce qu 'ils valent.
Je n'excéderai point en donnant les autres pOlir des magis tra ts
�-
-
138 -
dan s taul e la pro \'ince, dirigea ie nt à Aix 1 - d
.
P Us es
troIs quarts d es gens d e tout éta t qui y Ollt
encore
conservé d e la relig io n ; il sava ii que da ns cell e ville
où il y a il pein e di x-huit mille â mes a Il co 1 "
.
,
.
.
,
lIlpalt
Jusqu il hUIt ce ni s co ng rega ni stes d e la seille co ngrega tIOn d es artisans et d es paysans .
.
Mais que dis -je, Sire ? No n- se ul ement le peup le
Il o n-se ule ment les simples citoye ns , Il o n - se li lemelll'
les personn es d e la ro be infé ri e ure , no us a uraient
lOc,essa mment reco nnus et pleine ment o béi , dès
qu o n no us a ura it su cbar«és
o d e vos o rdres , la( P1tl palt des membres mê me du pa rle me nt no us auraient
rejoints tout d e suite . Qu e ne pui s·je , Sire, sa ns les
compro mellre , vous. no mm el' ici plu sieurs d 'enll'e
e ux qui , da ns le temps d e mes d e u x premiers voya ges, lo rsque j 'étais à vo tre Co u l', a vec a ppa rence de
~ u cces , me firent assurer , m'écrivire nt mème qu e
Je pouvais
enti ère me nt co mpter SUI' e ux s'ils Ill e
.
voyaIe nt soutenu jusqu 'a u b o ut.
,
homme sans vi ces. Quanti. M. do Coriolis ct à M. l'abbé do ~I ontvalon 1 Où sont en r ra nee l 0:0,
'
.
magistra
ts qUI'rôunlssent
dan s un
dep'ré
au s ~ i ém'
,0
!'
mont ces quatre grandes parti es: 10 génie 1 la
SCience 1 le tra vail el la probi té? Qu els hommes! et quelle perle
pour n~ l ro prov ince! Je demande au public 1 je demande au barreau 1 ~ e demande au parlement s'ils ont été remplacés s'ilS' le
seronl Jamaisl• !\.I\I
dC n" one1ar elde Gallfct
. répondrontcux-mèmcs
'
!.
que uon, quoiqu'ils soient aujourd'hu i l'un cl "autre à la tôLe
de ce qu'il y a de mieux dans cotte coml;agniO.
1
139 -
11 est d onc év ident , par tont .ce qui vient d 'être
dil : '1" que bie n loin d 'être d 'un e exécu tio u impossible , la scissi o n a ura it été faité d ans Io ule so n éte ndue, a vec la plus g ra nde facil ité et le plu s gra nd
succès , du moment o ù Vo tre Majesté aurai t pal'U le
souhaiter.; 2' que , même avant vo tre a pproba tion
expresse, nous n'aurions e u à vain cre que de trèsfaibl es obstacles , e n no us re nfe rma nt dan s les bornes
que nous avio ns réso lu d e ne point fra nchir , puisqu 'il ne s'agissait que d e l'e ndre, inscrire et publier
un seul arrêt.
Et pour qu' il reste d émo ntré il to ut le mo nde q ue
nous n' avio ns ja mais cru d evoir ni pouvoil' aller
plus loin , d e no us-mêmes, il quelq ue excès que se
fussent Fo rtés nos ad versaires, je supplie Votre Majesté de pel'meltre que je lui ra ppelle les d eux d écla rations que je mis à ses pi eds, SIgnées de trois Présidents à mortier et d e quato rze Conseillers , et qui
furent une d es ca uses secrètes d e mo n seco nd e t de
mon troisième voyage. Voici la te neur de la première , en d ale du 1, oc lobre 1762 :
, No us, Préside nts et Co nseill ers a u parlement
de Pro ve nce, so ussignés, pénétrés de la plus vi ve'
doulem' , par la d ésobéissa nce au x ordres du R oi ,
co ntenue ta nt d a ns l'a rrè t du 5 juin d er nier , que
dans la d élibé ra tio n du 2 octobre de la présente
année, e t étroitement obligés par le d evoir d e uos
cbarges , à pre ndre tous les moyens possibles pour
-
- -
._ ----
_.
'
. --- ~.-
.
�-
140 -
maintenir et faire reconnaître d an
'
' ,d
"
' s celte provll1 ce
,
l autor/te e Sa Maj este , soit el) d ec
' ,1al.ant cell X '
l' en[relgnent
.
d echus
'
de tous dro"t d' . , qLH
l
.
l S execUl lon de
eurs .. an ets, contralres a cette ln t::lne
..
. ,
aUlante, soit
J
- 141 Seconde déclaration signée par t rois présiden ts et
treize conseillers, en date du 12 novembre 1762.
' .
en defendant aux peuples du l'essart de leur ob .,
ne voulant néanm oins prend re un e' .
,etr;
c
'
. ,
. VOIe qUi manilesteraIt le deht de nos confrères ' ,
,
' qu apres avoir
"
ex pose au ROI notre maî tre toute l'étendue de 1I 0S
obligations
' no us avons prié
' . et de notre 6délit e,
M. le PreSIdent d Eguilles de porte
' d s du
r aux pIe
, ,
l rone le tab leau 6dèle de notl'e so u "
miSSIO n a. ses
d
or res, et celui de notre résolution a' malnl
, emr
,
son aut ori té dans cette p rov in ce et de
l'
t ' h
bl
.,
su pp 1er
1res- um ement Sa MaJ'esté de p l'en d re 1es moyens
es plus effi caces pour faire obéir à sa volont é' t
de nous mett re en etat
.
d 'empl oyer .'
' e
a ce t e fClet tous
ceux que
,
. notre zèle pour So n ser vice nous'in spIrera
" F'aIt à Aix , le f, octob re '1762.
.
" Signe'. GRIMALDY-RAGUSSE; le Président DE
1
GU~D AN; le Prési dent DE Bo.:r!>R D'EGUILLES; MONS père; BA RIUGUE-MoNTVALON père ~C
---L AUCJER,
.onIOLf s;
BEA~ECUE I L; MONTVALON 61s; DEYDIER:M!RABEAU père; DARBAUD, JouQUES père; L'abbé BA-;;;;-GUE DE
MONTVALON; CADENET -=CHA RLEVAL',
LA CANORGUE .
" Nous, présidents et co nseillers au parlement
de Provence , pénétrés de douleur de voir nos
confrères continuer leur désobéissa nce aux ord res
du Roi , en' rendant illu so ires et détruisa nt toutes
les dispositio ns de l'a rrêt du co nsei l du 22 octob re
dçrnier pal' les mod ifica ti ons qu'ils ont osé insérer
dans l' enregistre ment d'icelui : prions M. le président d'Eguilles de [aire co nn aître au Roi nos sentim ents et notre zèle pour le bien de so n service,
notre soumission inviolable à son aatorité, et notre
ferme résolution d'arrêter reffet de toutes dé libérations qlli tend ra ient à refuser il ses sujets la
jll , ti ce q u'o n doit leur rend re, en ne cessant j a !Da i~
l'exercice des fonctions attachées à nos charges,
tant que Sa Majesté daigne,'a n ous y autoriser , et
nous procurer les moye ns de re ndre cette justice
avec effet et exécution .
" Fait à Aix, le 1'2 nove mbre '1762.
" Signé : GRIMALDy-RAGUSSE; le Président DE
GUEYDAN; le Préside nt DE BOYEn D'EGUILLES;
Mo~ père; BUlR IGUE-MoNTVALON père; CoRIOUs;
LAUGJ En~BEAunEcuE I L ;- MOl.\'TVAWN
fil s; DEYDIEn- M~nEAu; l'ab bé..'?E BHRIGUE _MONTVALON; DARnAUD JOUQUES père;
LA. CANORGUE; CHARLEVAL, »
~
-- -
--
\
----
-'
'
---......};--
". ~
�-
-
142-
Vous voyez, Sire, dans la premi ère de ces deux
d éclarations, qu e nous avons to ujours born é nos
Vlles à maintenir e n Prove nce la puissa nce roya le,
da ns tOlite son éte ndu e ; non ell faisa nt, sans vous
consu h er, de ux parl el1l e n ts, cam me o n a vo"l" le
suppose r ; mai s e n d éclar'ant ceux d 'enl r'e nous qui
s'obstinerai e nt à conlinuer' de m éconnaître vos édils
e t vos ex près co mmand eme nts, déchus de toUl
droit d'exécUlion de leurs al'I'éts contraires à VOIl'e
autorité,. avec déjense al/:r peuples du l'essor/ tle
leur obéir quant à ce .
Enfi n, comm e lor's d e la seco nde d éclaration,
nOli s avio ns 'qu elqu e ra iso n d e craindre qu 'on ne
.s' inlerdit, n ous vOllllrm es cerlifr pr' à Votr'e Majeslé
la co ntinua ti o n de n o Ire zèle pour son servi ce;
mais ce penda nt , nOlis no us co nte nl;Î mes de I"i dé-
clarer que flOUS ne cesserions/rI/nais l'exercice des
jonctions attachées ci nos charges, tallt que vous
daign eriez nous J'" autorise/' ,. el nous p rocurer tes
mOJ' ens de rendre {a jusi ice avpc ejfet et exécution. Or', si nous croy io ns avoir beso in d 'ê tre expressé ment autorisés de VO Ire Majesté, l'o ur' co ntinuer'
nos fonctions sépa ré me nt de nos a utres co llèg lles,
dans le cas mê me air le pa rle ment se sera it inter'dit , comme nt p elll-on no us acc user d 'avoi r vOlllli
le fair'e, sa ns vo tre ord re, pe nda nt la te nu e de ce
même parle me nt ?
·14;\ -
Il est (1o nc évid e nt qu e nOlis n'avion s jamais ell
· d e e'
nt. et alltol'idee
lan'e de notre l)rolwe mouveme
'
1
.. l' ulre acle d e scissio n ('1), Je ne pUIS trop e
nIe ( a I t d la
· , qlle d e nou s é lever co nlre es nc es . e ,
'épeter
r lus longue (e
l ' sobé issa n ce , pal' un seul et uorqu e
P
, qUI. a UI 'ait
d éfend" ['exécuti on de 'do
ce ll x
arrêt
(
"
' t re ndu s co ntre vos ordres et vos e rts.
)' d '"
qll a rr allra r
JI n' avo it cerloin eme nt rie n , e n ce,", on . a eJa
vu, Yq U' il ne flrt très- possible , el mème tres-facrle
'
d'exéclIter,
~
VI.
N'éloil-clle pas flU moins I,'ès~i"'rnlllellle?
Cinquième objccl"l oll .
Ve nons. ma 'rnt oll a~ nt a u ci nqui eme doute. La scission .étai l-e ll p pru([e nt e .,! Q li ,"nd mê me ellc auraIt
0,: ,
(~ )
Il n'est pas hors de
."
l' b"orvcr ici que c'cst d,ms ce
proP~:r;( d:lI:
es pdCCS de
~ciss;;on
1
qu ' il
sons el on ne cOllfondan~ pas . rs ' de Montvalo n përe eL fils;
'ont d it les SIOU
1
•
d
faut onLen 1'0 cc qu
"1 aura ient r(> C1ardl3 lin o
~
~ ï ~ )' afftrmellt qUI S
::,.
dans leurs rt:pon!)e~ I l !).
"
d I\oi comme une action
.
aVOir reçu 1 ordl e LI
1
scission fa lle sans en
. ' été 1)I'opo,éc dans n05 assem·
.
ée lui n'availJumms
~
.
iIlégal oet 1Il5cns ~
. ~. Oml)lèlc , I)ar laquelle li y
· 1 il 'Ie l' de l'l, ~Cl SS l on c
1
bléc$;. Ils vou al en . . 1'.1
( ~ .~
_ bl . geanl des proc~
d ,) lement scpal'é,::,la e, JU
aurait cu un secon ar
o '· 1 la .'~ ~\lt. LI~ nos él (I \'e~~"'ires de leur reprodc son CÔ lé, lpl en 11\ ,<!U 1 .p Is ~I~I de Montva lon ne disai ent en
cher d'avoir voulu 1etab hr . Et , 1 . 1.
t't (hn , no~ premières
ct ( l , < ~
cela qu e <'e que nous (\ \1·on-:0- IJC II"l'
•
1;:'<1
Conférenc es.
-
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,
~ _ _ _ .~
". ~
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-
-1 44 -
été d e la plus facile exéc uti on ) ses suites n'a( uralcnt_
'
elles pas d ô nous faire tre mbler ? N'exposa ' ,
"s-Je pas
,
,
"
,
mes confreres à e tre d ec re tes e mprisonn és ' ,
,
,
' , Juges,
ecrases ava nt qu e la Cour eô t le temps de venir à
no tre secours? Et moi ' e n pal'tic uli er , q UI' , d ans
des moments mo in s o rageu x , a i été cond (amne' au
l Itt; -
"lors les Ir'o u pes da ns la Prove nce, le ma rquis de
1 aVOIr seuleme nt p roposée , ne' ri squais-je pas de
perd re la vie si ell e eô t été mise à exécution , et
f éuelo n ,
On verra so n attacheme nt po ur la ca use qu e je
sou tenais, et l' excès de sa p,'éve nti on e n lI1 a faveur ,
pa,' l'extrai t ci-join t d ' u ne lelt "c qu; il III 'écrivit ;,
Paris, apl'('s mo n second d épar t d e Provence, d atée
de To ul o n, le 6 nove mbre 1762 :
Il VOli S ètes do'nc tonj otl l's, l\'Tonsieul' 1 p:\!' voie
r t pal' chemin pOUl' la bonn e ca use , Je n'a i qll 'nn e
qu'on m'eM tenu et jugé to ut d e suite da ns les premiers mome nts de fu reur ?
Cllirasse de lous vos proj ets: c'eS I qu e VO li S np pou-
~a nni sse m e nt perpétu el , hors du royaume, pOur
Je p rie ceux qu i pa rl ent ai nsi d 'observer que la
suite nécessa ire d e l'arrêt q ue no us a u rio ns rendu
a ura it été de ne pou voir plus reco nn aÎtr'e ceux
q u'o n a ura it pu por ter co ntre nous ; or , quelle
malO-forte aurait-on e u po m nous les fa ire subir J
Les huissiers? Les ca valiers de la ma récha ussée? Les
tm upes ? Le peuple?
chose i. vo us di re, et q ui me parai " le défa ut de la
Vl'/'.
pas co nter
S U I'
to us
\105
a mis: il n'est pas pos-
sible q ll 'il s aie nt le lll ê me eOl ll'age, le mêlll e ne,f,
le Illême géni e, les l11 èmes resso urces q ue vous,
ni IIn e di spositi o n in éb,'a nlab le à VO liS second er en
tout. C'est pal' là qu e vo tre affai,'e ma nqu era, si la
Co ur ne vous sou ti e nt pas; il fau t a bsolum ellt
'1" 'elle forme un plan général et qu 'elle le
50 11 -
Douze huissiers a uraient -ils a!Têté vin gt magistra ts, qu i a vaie nt to us un e fa mille, d es d o mestiques
e t d 'autres e ntn urs ?
tienne: c'est d e là q ue tO lit dé pe nd ,
" Il fa ut ,' ous atte ndre, Mo nsicur , il la plus
g!'ande animosité de la part de la Illajeure part ie de
Le sieur Prévo t n'était-i l pas trop sage pou r voulOIr se, re ndre juge e ntre nous ? N'a urait- il pas
\lOS confl'èl'es.
p rea lablement à to ute d é marche, d ema ndé et attendu
l'ordre de Votre Majesté ?
, L'he ure et les risques d e la poste ne me permettent pas de VO li S e n di ,'e dava ntage, qu oiqu e la
voie par laq uell e je VOliS fais parv enir lIl a lellre
Je pouva is bie n compte r sur la mê me conduite
de la part de l'officie,' gé néral qui comma ndait
soit aussi sùre qu'elle puisse l'ê tre,
On ne pel!t ètre, e tc. - (Sig né) F ..:.NELOr\.
,
'
(1
Il ,
Il
,t 0
\.
J
~
�-
1~6-
-
Quant au peuple, après ce qu e j'ai fa it observe,'
ci-d essus de ses di sposition s, on ne peut doute,'
que nous n 'eussion s eu plu s d e pein e i, le co nteni,'
que d e crainte qu 'o n ne le so u levâ t contre nOliS , '
I l,ï -
cie ferllleté qu 'a ucun d' eu x, Ma is quand, c n leur
donnant tro p d e gé néralit é, o u les étend aux cas
mème o lt l' o n co nd amn e intér ieurement la cond uite
Mais n 'y aurait-il pas e u a u moins beaucoup d'in-
cie son corps, je ne puis m'empèch er de dire qu e
uon-seu le nlPnt ell es devi enn ent crim in elles, mais
qu'o n ne sa urait ri e n ima gin e" de plus dangereux,
de plus l:\che, d p p lus év id emm e nt fa ux, Car, que
signifi ent- elles alors , si ce n 'cstqu 'il faut sacrifi e,' la
co nscience aux pr~j u gés d e son corps , la vérit é aux
erreurs d e so n corps, la j u s ti c~ au x passio ns de so n
corps, le prin ce, la reli gion , la patrie, aux int érèts
de so n corps: tous les devoirs,en un mot ,a ux ,'éso-
décence da ns un e pa,'ei lle d éma rche? Ou , pour
mi eux dire, ne nous se,'io ns-n ous pas couverts d'un
opprobre é tern el ? Sixième doute à résoudre,
lutio ns pris~s il la pluralit é d~s voix dans son
corps? N'est-i l pas insensé d 'a ppeler d éce nce, honne,"', probité, de parei ll es p,'éva rications ? Et n'a-
Il est co nve nu , me dira-t-on, qu'il nefiLUtjamois
vOli s-nous pas é té a utorisés à pense " que la ''l'aie
honn èteté, le vrai CO llI'age, le vra i es p,'i t de corps,
co nsistait au co ntraire i, d érench'e, d ans le tribunal,
par tous moyens léga ux , les justes droits, je ne di s
pas de la religion e t du prin ce, je ne dis pas de la
patri e, je ne dis pas d ' un co rps d e quatre Imll e
citoye ns, ma is d ' un seul homme, mais ùu moind,'e
des hOllim es? A oser le fair~ :, chaque occasion,
Il n 'y aurajt don c eu , po u,' nou s, a ucun v"ai
da nger à cou ri r ,
~
VII.
N'étai t-elle pas désh.onoral1 te penl1'
,
-SiTième objection,
110'IS
9
se sép arer de SOn COlpS; qu'ull galant homme esi
toujours de l'avis de SOIl corps; qu'oit se déshonore
, 'Zevunt COI/Ire SOli r'olps,
en se
Ces maxim es, reçues a uj o urd 'hui sans a ucun e
restric tion , par le p lus g ,'a Qd nombre d es magistrats , ont d 'a bo rd un a il' d ' honnète té et de cOUl'agr
qui en impose; ell es so nt mè me très-louab les quand
o n les born e a ux cas olt les Cou ,'s n 'excèdent ni pa,'
la na ture ni pal' l'éte ndu e de le ur résistance, Je
prie mes adversa ires d e cro ire qu 'en pa reill es cil'constan ces je les aurais suivi es peut-èll'e avec a utant
malgré les viole nces, les hain es et les dangers? A
préfére,' le malheur d e blesser sa Compagni e à la
1~1 ibl esse d 'e n partager les excès? Enfin à lui co nsprvcr au mo in s, da ns le public , un e partie d e sa
~
--
\
- - - - - - - --
.
~
\..
. ---- -
~.
�-
14X-
véritable gloire, e n fai sa nt vo ir que plu sie lll's de ses
me mbres ne préfère nt pas l'ho nne ul' à la vel'tll ,
~
VIII.
~
IX,
EUe aimâ t été utile à t'État pa,' t' inlél'êt de la ,'eligion,
N'était-elle pas in"lile? - Septième objection,
'l' Util " il l' É ta t p;lr l'inté rêt de la reli gion , Le plus
Mais e nfin , m 'a- t-o n dit. plu s d ' un e fo is, à qu oi
grand amour est (II" il la re ligio n ca tholiqu e dan s
bo n jeter le tro uble da ns tOLIte un e provin ce?
tOlite la terre, par CC LI X qlll la Cl'Ole nt, a ca nse d e
sa vérit é e t d e sa sai nteté; le plu s p,'ofond respect
S'éle ver avec le plu s g ra nd écla t co ntre Ses Co nfrères e t ses ami s? Les d é no n cel', les diffall1 el', les
p l'OsCl'il'e presq ue, et port e l' les c hoses au pire, quand
tout cela ne pe Ll t r ie n produire, r ie n empêchel',
lui est dù en l'ra nce pa l' ce ll x mê me qll i ne la cl'oient
pas, il ca ll s~ de sa léga lité; elle y est la reli gion de
la loi et de l'Éta t. Le magist,'a t sll r toll t qlli affecte de
r ien rétab lil', Q u 'a ur io ns, no us pu fa ire, e n effet ,
sa ns être sout ellu s pa l' la Co ur ? E t qll el beso in la
la mépl'iser , in .;ulte il la loi et ve ll t trollbl er l'E tat.
I.e m ~gi s tra t au co ntl'a ire qui s'élève co ntre ce
COUI' a ura it- ell e e Ll d e no us, si ell e ava it voulu \'él'i-
mépris, ob éit à la loi et vei lle à la tra nquillité d e
tablement être obéie? Osera i-je ni er qu e toutes les
l'État : tout cela est in contestahl e. J 'a llra i d onc
d émarches trop vives so nt impmd e nt es, toutes les
fois qu 'elles sont é vid e mm ent inlltil es?
prouvé qll e n ot" c scissio n aurait été uti le à l' État ,
quand j'allrai prou\·é qu 'ell e a urai t ré paré en parti e
Non , Sire, je ne le ni e l'a i point , ma is je ferai
to ucher au d oigt qu e l'ie n n 'a ura it é té plu s utile qll e
un des p ill s gr and s m a ux et un e des plus gra nd es
injllres qlli ai ent é té ja mais fa it s il cette religion ,
cette mê me sessio n , e t à l'Eta t et a u trô ne: c'est ln
septi ème vérité qu e j'a i à pl'Ouve r,
da ns l'Éta t.
y avait-o n ja ma is vu le magislrat catholique j uger ,
après deux ce nt s a ns, un in stitut reli gieu x sol en-
Utile à l'É ta t : l ' pa r l'inté rê t de la religion ;
2' p ar l'i nt érêt d e la magistra ture; 3' pa l' l'i nt érêt de
to us les citoye ns,
Utile a u trô ne: l ' d a ns le te mps p,'ésent ; 2" l'OUI'
les temps à ve ni,', Rep" e no ns,
nelle ment a ppro u vé par I"s premiers pa,teurs ) I.e
discute!' d a ns ses ra pports mê me, avec le salut
,
1 l' aulm
1. '
étern el , et finir par le d eclarer
sortI' (e
e,~
11 n'y a point ici ci e l'excès, ca r ne sera it- ce pas, a ll
�-
l tiO -
-
pied de la lellre, le c1w f-d 'œllvre d e l' e n~e l' , qil ,Un
inslitul religieux' qlli, sous le "oile d e la piC'1c,' Ile
tendrait qu'à usurper toule puissance ct qu'à
exercer un empire absola sw ' les homllles de 10llt
étal el de tOlite digllilfi,- qui , pOUl' f parve"ir
,
,
cOllunence/'oll l'((J' I lI écOllllaifl'C l'autor ité du Soil/t.
Siége el des COllciles généraux J' quijurmerai! une
consciencejilctiee à ceux 'lui le l'rojèsseraielll : mel ,
Irait à lellr Ihe 1II1 I~rpocrit(' ({mbilieux à qui ils
obéiraient cOI/une ci JéSllS-C h ris! ; aurait une fle3..'i.
bililé qui se prétl'mit fi Ioules les variations wi/es
à la pofitique ,- élablirait, pour loat envahir,
{(Ile morale qui j llvoriserait loules les passions
humaines ,
saliS
nécl/unoins {(Ial'lnel' ceux qui
fi C
réfléchiraient pas assez SUI' la suile du probabilisme {tamit po Ill' toates lois al/ vérilable jill/(/ l/sme d'a mbition ddail ell prit/cl/ 'C.', el a('''h'erait
{'lIfin de se caractériser ell j'r.!1)orisallt le régicide;
el , CI/ l'reltallt pour sa doctrillC /,1'Opre et dislillcl ive /'ellseigucllu!lIt Incl/l'trier qui p el'lne! de calomnté,., de persecaler et de laer quico f/ qlle velll
naire à ce qlle cllC/Cilll appelle (tl'bilmircmellt sa
.fortune?
Voil à, Si re, les pro p res te rm es d o nt o n s'est
sc n 'i presqu e pa rtout pOtIl' le d épeindre; ,'oilà SO II S
qu els traits o n l'a proscrit . Co mm e nt l'elit- on ètre
calholiqu e et" cl'Oire poss ibl e qu e Die u eùt so urfert
I:; l -
que dan s toute l' Eglise on plaçât sur les autels , a vec
Jésus- Christ, le scélérat ou l'in sensé d ont le d émon
se serait servi pour le l'é pa ndre sur la terre, et les
sept ou huit fa natiqu es qlli l'a uraie nt le mi e ux o bservé) Est -il permi s d e co nclure de ce qll 'un Pape
pourrait abso lum e nt fai ll ir, qu e par la bou che de
vin gt Pap es con sécutifs le Sa int- Siège a pu proposer
allx fid èles penda nt plu s d e deu x cents a ns un e
voi e abo minable comme un d es chemins d e la pel'rection ?
N'y a-l-il pa s la plus gra nd e impi été à soutenir
que ce qu e l'Eglise universelle a a ppelé pieux est
abomin a bl e? Qu e le,s Pères qui la r eprése ntai e nt à
Trente a ppro u vaie nt sa ns avoir lu ; qu' ils ne lisaient
point , parce que les léga ts du Concile n'a llraient
pas permis qu ' il s e::sse nt examin é ce que les Pa pes
avai e nt d éjà a ppro u vé' Que pourrai e nt dire de pis
les plus fur ie ux protestant s co ntre la libert é d e ce
Con cil e œcum é niqu e? Contre l'honn eur du Saint,
Si ége? Contre celui des Saint s ca nonisés ?
Qu 'on ne m'obj ecte point qu e lorsq ue j'accuse
ici les autres, je réveille illlprudemm e nt mes propres excès , e n co ntinua nt de méco nn aitre le droit
de la puissan ce temporelle pour l'exame n , l'admission et la l'éjectio n d es In stituts religieux , Si
on n'a va it proscrit celui des J ésuites que pa r le seul
manqu e d 'analogie a vec les lois du roya ume, e n
�-
l :i~
-
-
1:;;; -
croyant ferm ement qu 'o n se sera it trompé en fait
donc ce que j'ajoutais : " Mais co ndamn er cet [n s-
je n ' hés itera is pas de co nve ni ,' qu 'o n n'a urait pain;
qu e les ci rco ns ta nces n, 'a 'Tacl' e nt aujou,'d 'hui à re:
tilut ainsi qu ' ils l'ont fait, non par le seul ma nqu e
de rappo.'t avec l' intérêt puhli c, mais pa l' la nature
et l'intrinsèque ri e l'In stitut en lil i-même; y déclarer
g,'e t , c'est ce qu e j 'a i toujo,"'s pe nsé et toujours dit.
détestable ce que le Sa int- Esprit y a d écla,'é p ieux
JI n 'y a qu 'à lire Ill o n sl'cond Mé moire. Vo ici COIl ' ment je 1lI 'y ex pl'ima is: cc li faut co nve llir , disais je, qu e tout prin ce poun'ait , sa ns "i e n en treprendre
con tre les droits d e l' Egli se, ét.. indre chez lui un
o "dre religieux, d ont il croi"ait les Co nstitutions
sans ana logie avec le droit pub lic d e So n roya ume
o u avec la si tuati on a ctu elle d es a/Taires . 11 est éga Iement ce rt ain que sous so n autorité et pn Son nom
,
les ma g istrat s aU I'aient 1" mêm e pouvoir , et qu e,
pal' conséqu ent , il n 'y a urait po int eu d 'e ntreprise
d e la pa rt des pa rle me nts co ntre l'Eglise , s'ils s'en
éta ient ten us à a llaqu er les J és nit es et le llr Institut
dans le d erni er Co nci le œc um é niqu e; justifi er cette
excéd é e n droit. Ce n 'cs t point ici un ave u ta,'dif
sous ce t.uniqu e point de
Vt/(ol .
))
l'etenir ou rejeter il le ur gré les In s tituts religie:JX,
0 11
comm e les protestants, il cetle saint e assemblée,
l'infaillibilité e n mati ère de mŒurs; a ller enfin, en
partan t d e 1;, , jusqu ',. d éclarer nuls les VŒUx de
t,'ois mill e r~ l igi e u x: VŒUX co ntre lesqu els on ne réclam e aucun manqu e de forllle IIi de liberté; VŒUX
qu 'on profère e n Fran ce de puis de ux cents a ns . d e
l',,,'eu de l'Eglise univ erselle, avec le co nse nt e me nt
d" Prin ce, à la vue d es ma gis tra ts, so us la protection des lo is, à la race du ciel et tl e '" terre: on ose
leeli re , c'est un excès qu e l'a ve nir a ura pei ne;' co mprendre, qu e les siècles passés n'auraient pas cru
Ce n'est donc qu 'a près avo ir "cco nnu si e' p,'essé me nt le pouvo ir qn 'ont les Prin ces d e recevoi,',
selo n qu 'ils les c,'oient util es
étonnant e ri issemblance des ju ge men ts, en refu sa nt ,
nui sibles au bien
temporel de le urs É tats, qu e je m 'é levais co ntre l'entreprise d es ma gis t,'ats qui s'e n é taient co nstitu es
ju ges dans la pa ni e la plus spirituell e; et jusq ues;'
déclarer nuls d es VŒux sole nn e ls, par la pré tPnd:,e
impi été d es lois a u xq u ell es il s se so um e tt aient. Voici
possible, e tc., etc. "
<2ue ls cris, qu e ll e indignation , qu ell e colère ces
réfl ex ions si simp les n 'excit è re nt- ell es point d 'abord
co ntre moi ? E t à quell es hain es me laisseront- ell es
en proie , peut-ê tre pour le l'este de ma vie ? Mais ,
d' un autre co té, quel ava nt age pour l'Egli se et pa.'
co nséquent pour l'E tat, dont elle fait la plus noble
portion , ~i l'éclat d e la scissi o n proje tée, e n do nnant
il ces mê mes principes un e bie n autre force que mes
- ..
--
1
------ - -
.
'
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- , -~---'- ~
,
�-
l:i', -
-
.. ..
1J ù -
faib les paroles, avait ranimé le cOlu'age de tant de
g rands magistra ts qui , n a ns p "esq ll e to us les atltres
entend u (et c'est d a ns tOlites les Compag ni es la
pa ,'lcments, n 'a tt e ndai e nt pe ut-è t re q ue no tre exem,
l'assurés p'''' p ill s d e li b erté, excités pnr de gra llds
p Ie ! Qtl el b o nhe ur si !l OUS avio ns pu no us ,'étlnir
exemples, re nd us à e ux- mèmes , l' a uraie nt été
to us au pied de vo tre T ro ne, y récl a mer ensemble
bientô t " ln vérité, e t se ra ie nt peut-ètre devenu s
le l'établi sseme n t d es ", ax im es a nc ie nn es , y obtenir
peu " peu a ussi fe rmes po u,' ell e que ses premi ers
la co nserva ti o n d ~ ce qu ' il y a d e p lus sacré da ns la
défensell l'S,
plli S grand e par tie) , écl a irés pa l' plu s de di scussio ns,
j u,'idi ction d e l'Eglise, e t y recevo ir des règles de
co nd u ite sta b les e t précises, d o nt le violement eùt
été à l' ave nir impossib le !
Elle unmit été utile it tOIl S les citoyens,
~
X,
Elle (!l!rait éle utile à la flfag;stra tn"c cUc-lIle",,,,
L 'int érê t de la magistra ture ell e-m ê",e se serait
Enfin , c'est à cet heure ux re to ll" clu p lus g,'a nd
nonrb re d es magistra ts, c'est il ce com age plus
géll éra l , qu e les citoyens a ura iellt d ù la co nserva laquell e po rte prin cipa le-
tro ll vP jo in t da ns cett e d é ma rc he il celui de la
tion d ' une max im e
rel igio n : 10 E n ce qu e les ma gistra ts attac hés à ces
IIIent leur s ù,'eté, qui est qu 'o n ne peut co nda m-
à cette co nserya ti o n , il ces règles,
à la m oindre pein e .. encore moin s
ma xim es,
au ra ient été tOll S co n nus d e vo tre Maj esté; 2° en
ce qu'ell e a ura it vu co mbi e ll le u ,' n o mbre est plus
n ~r personn e
SUI'
lui o ter la patrie, '-Iu 'a près l'avoir cité, éco u té et
jugé ( 1), Ca l' il es t à prés u mer qu e si les ho mm es
co nsid éra b le qu 'o n a vo u lu le lui fai re entendre;
3" en ce qu e ce no mbre se sera it acc ru chaque
j o u,' , dès qu ' il n 'y a ura it p lus e u da ns les opinio ns un e espi'ce d e co ntra in te; L," en ce qll e la
plupart de ce ux qui n 'o nt ad o pt é les nOll vea ux
systèmes que pa l' fa ib lesse, pa l' e mba!'!'as, pal' igno,
ran ce d es
ma tières,
pa " espri t de corps mal
(1) C'est cn parlantde ce pri ncipedc droi t naturel qu'il est dérondu,
dan sle droit Canon , d'excommunier un co rps , ct 1 dans le droit pO:ii lif
de toutes les na tions, de le poursui vra criminell ement. Qu'aurait
pensé le parlement de Provence d'un de ses membres qui lui aurait
propoo;:é lors de la sédition qu'il ) eu l à Arles en n .. (sic) de ne
pa:; s'on Lenir à inform er CQntl'e les séd itieux . mais d'informer
contre la ville, en corps, pour on puni r tous les citoyons :;an!O
exception? Qu e pcnsc ra it.-il d'un Évèq ue qui , pour les délits spi ri-
-
...t - -
\
. _ - - - . - -- -
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- , -~ -
\.
...........~
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156 -
fougueux qui elllrain ellt a ujourd 'hu i I(,s <lUlres
comme malgré eux avaient trouvé ci-d eva nt Ulle
rési stance proporli onn ée à leUl' violence et telle
qu e nous la leur av ions p,'éparée; la nation n'aurait pas eu la doulellr de vo ir en Provence et
a illeurs les défensellrs naturels ci e sa liberté, en
ruin er le prelllier foncl ement ress uscit el' la proscrip,
ti on , et établir dans la form e de le,,,, juge menllln
arbitraire si efr,'aya nt qu e le des potisme même
aurait eu pein e il se le perlll ettre, da ns les nations
les plus barbares.
Qui aurait cru en effet ci e voir J'amais
. en Fra nce ,
S UI' le cli,'e cI 'un cie Mess ieu,'s , sa ns a utr~ fOl'me ni
de fi gure ci e procès , ôte" la pat,'ie par c1amellr oe
haro, cla ns un e seille heure à cl es mill iers de
cit oye ns , non jugés, non enl e nclu s , non appelés,
pal' la se ul e raiso n qu 'on ava it éga lelll ent violé
co ntre ell x toutes les lois da ns lin roy aum e é tran g~ I' !
Qu 'on y pense sérieuse ment ; qu 'on oubli e que
les infortun és ain si trail és s'appell ent des JÉSU ITES,
qu 'o n fa sse ta ire pou r un mo ment les passions ,·t
les prév enti ons ; qu 'on réfl échi sse de sa ng-froid
sur les suites qu e pPllvent avoir da ns un roya ume
de parei ls exempl es de ba nni ssement sa ns procétuels de plu ~icllrs chanoin es, ~e serail cr u en droiL d'e).communier
tO li l le chapill'o 1 ~ n 5 ci ter 1 ni entendre <lud.l ll do se:i mCfLl brC'~ 1
pas mème ceux qu'il croirait avoir personnollement délinqw5?
15i -
dures, donn és au x princes pal' les magist,'ats, su,'
l'auu s qu 'en pou''I'aie nt faire les mauva is prin ces ,
co ntl'e la magistrature elle -même, sur l'é tat où se
t,'o'l\'erait un peupl e so umi s :, un pa,'e il droit
public; et a près ce la , si on est enco,'e Fra nçai s,
si on est e nco re citoy en , si o n est encore ho mm e,
on frémi,'a! O ui , je Ip répète, on n'aul'3 il osé null e
part en Fran ce se port er jusqu 'il ce derni er excès,
s'il )' avait eu des scissio ns co nt re les pren,i ers ( 1) .
11 est donc v ,'ai que la notre a ura it été util e à
1'.I~ lat , pa,' le tripl e inlé,'èt de la reli gion , tl e la
magistrature et des cit o) cns' : je cmi s l' avoi r fai l
se ntir, Voyo ns si ell e ne l'a ura it pas été également
au Trône ,
~
XII.
Elle (Lw'ail été utile ou Trône,
Qu 'importe a u Trone , a- t-o n dit plu s d' un e fois
il Vo tre Majesté, qu 'on ait bien ou mal jugé un
Jnslitut reli gieux ? Qu 'o n ait plu s ou moi ns observè
les règles en y procédant ) Q u'on l'ai t mème fait
(1) Ne pourrait-o n pas dire des Jésuite3 cc que di.. ait TCI'\u lli ('1l
dc~ premier5=. chrétie ns qu'on ne j ugeait lIuO leul' nOIll : q u'~ ce
nom seul la haine de Il'lIrs. juges se croyait tout pel'mi s : /IIud
!ofllm u pelitur quofl oelio llecessuriu lII est , tOllfe.ssio 7/01/l ;II;S: 1/01'
txomÎllulio cri1ll illis?
_ : __ _ ___L __ _____' _', ___~~
~
�-
!li8 -
-
contre la tenellr d 'lin étlil qlle Volt'e Majeslé révo_
qua bie nl o t après pal' lUI édit conlraire?
Mais, Sire, es l- il si indiffére nt au tl'o ne
,.
...
,
'
li li 0 11
n mt agI a InSI qll e n pa rla nt d ' ull e max ime qui fel',ùt
dispara ilre le tro ne ? Es l- il si indifférent ~al 1 tl'one
'
qu 'on ne se so it c ru a llto ri sé il jllger ce t ln slitllt
dans un te mps o ù vn us le t1 éfe ndiez; qu 'en élab lis.
sant , e n prin cipe, que qlla nd les co mmandemenlS
dll l)!'in ce pa ra isse nt s urpris ;, sa reli gion , il CS I
permi s a ux Co urs de n ')' avo ir a u cun ég'll'd
.
<
,JWIS
(1tl'e "lê/ne tenues
de
J'aire
des
rel/lOll l l'llIlCes?
Celte dnctrin e se tro u ve fO l' mul ée d a ns l'exll'ai l
des registres d ll pa rl e me nt d e Prove nce , du
22 ma rs '1763 :
" Les cha mb,'es assembl ées, e tc .... M. le pn'" mi el' Présid ent a dit qu e l'asse mbl ée d es challl '
" bres éla it indiqll ée à ce jourcl ' hui pOllr délibérer
" Sllr l'a rrêt du co nsei l , ,'e ndll su,' les ,'equ &les
"
"
"
"
"
ft
Mémoires p,'ése nl és it Sa Majesté pa,' les sielll's
d e Co ,'ioli s ct d e Jo uqll es, conse ill ers en la Cour,
ta nt e n leurs no ms qu 'e n ce ux ci e leurs adhé.
rents, et su,' la sig n ifi catio n qui e n a été fait e"
leu r req uête a u greffe d e la CO llr . "
Sur qu oi , M. le p"em ier Prés ide nt aya nt p,'is les
o pini ons,
11 a été al'l'è té que : " /l 'X a,rant lieu d'user de
, remolltrances , la volo nté du R o i"ne pOll va it être
"
"
"
,
159 -
reconnll e d a ns un acte qui a nn o nce la s urprise la
plus manifeste e t d a ns le fo nds et da ns la forme;
les circo nsta nces d a ns lesquelles des magistrats
ose nt éle ver le urs vo ix av~c tant d ' indécence
" contre le ur Co mpagni e ex igent que la procédure
, en mercuriale so it pOllrsui vie et jugée, etc .. .
Cet arrêté ne fut point fait d a ns un pre mi e,' moment de chaleur , ma is a près trois différent es délibérati ons : la première fut p,'ise da ns lIll gra nd
comité chez M. le pre mier Préside nt , le 20 mars;
la s('conde d a ns un e asse mb lée de com missa ires
tenue le lend ema in 2 1 ; la tro isième en fi n, da ns l'assemblée d es ch am bres du 22.
Qlli a urai t cru que le co nseil se fltt co ~tenté
d'ordonn e r il M. le Cha nceli er d'écri re il M. le premi er Préside nt que le Ro i blitmai t cet a rrêté, ~ t
qu 'il réitérai t ses ordres pour q ll e l'arrêt dll 5 mars,
qui défe nd a it d e no us juger, ft't t exéc ut é da ns tOlite
sa dispositi on ? Qui a urait crll qu e le parleme nt ,
ne faisa nt pas plus d e cas de cett e lett re qu e de
l'urèl susdit , eù t osé nous juger effecti vement ?
Qui aurait c ru qu 'a près ta nt d 'atten tats cOlllmis
contre l'a utorité 1'0\" ale , par nos ad versai res, ce
serait nOliS, e n 6n d e ca use , co nt re qu i le conseil
spvü'a it ?
Que reste ra it-il d o nc de réel à la pu issa nce du
prill ce, si o n ·po uva it s'y sO ll sll'aÎre aussi souvent
-
:
0_ -
___ ~ _ _ ___ _' _ ' , _ _ _ ~~
~
�-
160-
qu 'on Irouverail bon ' de supposer qu e sa reli gion
au,'ai l élé s urpri se? VO li S ve n ~z de le voir , Si"e,
elle fut élablie e n le rmes exprès, celte abolllinabl0
j urispmd ence, dans l'a l'l'èlé dll '22 mars qui o,'don na
qu 'on passerait ou l,'e "u juge me nt d e la p,'océdul'"
p l'Îse co ntre nOLI s, mal gré la signin C:Hioll d'lin
",.,.êt du co nse il qui le p,'o hibai t. O n lint paro le;
on a ll a tou l de suil e de la Ib éo,'ie" la praliqu e, 0 11
nous jugea e!Teclil'ement sa ns aucu n délai, sa ns
all cun r espec t , sa ns aucun p J'ernonlran ce antéri f'ul'e .
II est d e la d el'lli è re illlpo l'tan ce de r"pp" I""
enCore ~ Voire Majesté qu e ce n'é lai l la qu ' une
ré p é~ilion de ce qui ava it d éjà é lé fait le 5 de juill ,
lorsque le pa,'lement , par so n a rrêt , sa ns daigner
ni remonlre,' , ni même délibérer S UI' voire édil , en
vio la Iitl éra lement le co nte nu ; reç ut le sieu ,' de
Monclar appelant co mm e d 'ab us, et fit droit p,'ol' isoireme nt à ta ul es les fins qu 'il aurait pu pre ndre,
s'il avait é lé qu es li o n de j uger le fond dudit appel
que vous avi ez mis au néant. D e manière, Sire,
que c'était une juris pl'lld e nce qui d evenait co nstante, qu 'i! suffisa it de vous c,'o ire ou d e vous supposer surp ri s, po ur èlre di spensé non- seulemenl
de vo us o béir , mai s mè nlP d e vo us appre ndre
dans des remontran ces pourquoi on vous désobéissait.
Je dema nde maint e na nt si, e n persévéra nt ;' ne
-
161 -
pas faire plu s de cas d es nouvelles inhibition s co nlenues dans les derni ères leltres de vo ire Chanceli er , et dans un arrêt d e votre co nseil , re vêtu d e
lellres p"te ntes, qu 'on en ava it fail de votre Édit ,
on avait osé passel' o nlre a u ju gement définilif des
Jésu it es, co mm e on osa ensui te passer' nu nôtre;
je demande , di s-jP, s'il n 'a urni t pas été de qu elq ue
ulilil é au t,'o ne, qu ' un ti ers des membres du mème
co rps , se ft'rt é levt' co nlre cett e co ntinuil é d 'au enlai s, et en e lrl rega rdé les aute u,'s co mme dépoui llés cie tou t dro it pa r ce seu l fa it ? Je d ema nd e s'il pst
illdifférent nu prin r.e que d e firlel es magisl ,'ats li ennen l pOUl'
ill égaux
et non avenus tous alT èts CO Il-
Il'aires a u x siens, e t le d éclarent a ux peupl es? Je
oernande enfi n si on
VO li S
a bi en servi e n nous
pUlli ssa nt d 'avoir c m qu 'on ne pouva it emp loyer
1'0l,'e a ulorité à l'anéa nlir ?
E n l'ai n prétendrait-on qu e l'aire puissan ce se
souLient suffisa mme nt pa,' elle-même ; que vos droits
ne sa u,'a ient al'oir besoin d 'êlre d éfe ndus pa,'
d'aussi laibl es mains qu e les notres, et qu 'il y a
eu , pal' co nséqu ent , da ns nos d émarcbes , beaucou p plus d 'imprud ence et d 'nudace, que de zèle
et d 'a ul orité , Ce sera it trop ma l connaltre la nature
des choses, e t priv er les souverains d 'un secours
Ira I' précieux au bon usage de leur autorité,
Perso nn e, Si,'e, n 'est plus persu adé que ilia'
H
H,
- ...
-
-
\
-------
\.
-,-------..
"
~
�-
I G~ -
qu'étant le plus aim é d es Ho is, el que pOuvant etre
le plu s crai nt , quand il vous plai ,'a , vous se,'e,
obéi lorsque vous le voud,'ez absolument ; mais
tous les règnes ne se ressembl e nt point ; il peut
ven i,' d es temps d e fa iblesse , d e minorité, d'in vasion, d e divi sio n , où les opini ons q'li s'établiraient
aujourd 'hui avec pe u d e danger p,'oduil'aient les
pills fun estes effets.
Il es t égalemen t vrai qu 'en gêné,'al et dan s tous
les te mps, sa ns exception , les actes a bso lu s de la
suprê me pui ssa nce so nt p" éciséme nt ce ux q ui COII tribu ent le moins à l'ob éissa nce vo lo ntaire: il s att:l .
quent ti'op o uverteme nt l' amo ur-p''opre pour ne
pas l'i,'riter . Il s a rrête nt , à la vérité, les actions;
maisce n'est qu 'auta nt d e te mps que du,'e la crainte.
Il n'en est pas ain si d es actes écla tan ts d 'une
fid élité éclairée : les grands exemples doun ent "
l'obéissance léga le un ai ,' d e g ra nd e ur et de vérit e
qui la rendent suppo rtab le à l' o ''gueil mème : ils
inclin ent les autres citoye ns il en reco nnaître vo lontiers la justice, à en se ntir la nécessité, à en aime,'
presque le jou g. U n seul mag istrat intell igent el
vertueux qui s' imm ole à la d éfe nse des justes droi ts
d e so n Prin ce fait peut-è tre plus d ' impression sur
les es prits et persuade plus d e ge ns qu e les Edits
et les pa l'OIes des plus gra nd s l'ois . Quand ces
exemples sont fréque nts, donn és en d,fférents
-
IG3 -
lieux, pal' les magistrats les plus estim és de presque
LO u S les tribnnau x, par d es Com pagnies entières
let c'est , Sire, ce qui serai t a''I'ivé si après uo e
scission nous av ions été soute nu s), il est imposs ible
que peu à pen ils ne regagnent tous les esprits,
et ne cba nge nt e nfin l' opin ion généra le. Or, il est
1'1,;5 es~e nli el qu 'o n ne pa"ait le croire, de la rend,'e,
celle opinion gé néral e, telle q u'e ll e d oit être pOUl'
port el' à l'obéissa nce volontaire . Ce n'e st d 'abord,
" la vé,'ité, qu ' un e force métaphysique, mai s si
puissant e, quoique invisible a ux ) e ux, que tot ou
tard, toutes les forces pbysiques lui cèdent , et
qu 'ell e finit par tout e nt,'aÎner .
Notre sciss ion a urait donc été aussi utile a u Tro,w
qu 'il l'Église, à la magistrature et a ux citoyens.
Ma is au rait- ell e été légal e? C'es t la hu itième et
J el'lli ère objecti on à réso udre.
~
Xl iI.
1V'(/"!trait- elle pas été illégale? objection.
/lui tième et demiè1'e
En vain aurais-je fai t vo ir la possibi lité, la sagesse
ct l'utilité d 'ull e d éma rcbe éclatante, qui n'a urait
pu être faite sans crim e; e t je conviens qu e toul ce
que j'ai dit jusqu' ici ne saurai t la justifier, si je
manquais d 'en prouver la légalité . Je ferai plus,
�-
I G4
-
Sire, Je prouverai qu'e lle était de devoir absolu
pour qui conque de 11 0 U S sa vait ,'éAéchir .
Vais-je do nc me déc la ,'er ici l'e nn emi publi c , le
contradicteur de la liberté , le détracteur de la
magistrature? Ai-j e do nc o ubli é qu e j'ai l'honneu,'
d 'ètl'e mo i-m ê me mag istl'at ?
QU 'O II
ne s'i,ndigne
point, qu 'o n ait un peu de pati ence, qu 'on 1II '~n
te"de; o n me co nd ailln era ensuite, si o n l'ose.
~
XLV .
Examen de qlUltre (L?'ticles Sil" lesquels porte
la justificalion du projet de scission,
To ut e ma défense se réduira à l'exa men de qualre
articles :
'l' La nature et les b orn es d e la résistance que
les magistrats peuvent qu elqu efois oppose,', et de
l'obéissance qU 'ils ne peuv ent jamais refu ser ;
2' La na ture et les b orn es de l'a utorité qu 'ils ont
à exercer;
3' La nature do nt a été le délit de ceux qui , "l)l'ès
avoir refu sé d 'opin er sur un J e vos édits et "ffeclé
de faire d'abo rd prov isoirement ce qu ' il prohibait ,
so nt all és enfin jusqu 'à juger d éfinitiv ement, malgré
de no uvell es défenses de Votre Majesté , co ntenues
dans des lettres de so n Chancelier et dans un arrét
de son co nseil , revêtu de lettres patentes;
16t) -
f,' La nature de la résistance qu e nous aunons
d" leur opposer à la suite de tous ces excès, relativement au x prin cipes établis da us les trois premiers
articles , et si ce n'a urait pas été précisément le cas de
faire un e sciss ion telle qu e celle qu e nous avions
projet ée.
§ XV,
La mltllre et les ûornes de lrl,'ésistance que les magistm ls
peu.vent q,telque{ois opposer, et de l'obéissance qu'ils
ne peuvent jamais refuser, - Premier m·ticle à examiner pOlIr la modification cl' l projet de scission.
Reprenon s le premier arti cle,
Non , Sire, je ne désbo nnrerai point la monarchie
jusqu'à la confond,'e avec le despoti sme; le plus
fid èle de vos suj ets n'a pas prétendu ét,'e votre
escla ve: il n'yen aUl'a jamais e n Fran ce; nos rois
seront touj ours tro p grand s pour ne pas aim er régner
su,' des ho mm es libres . Ma is la sù reté des parti culiers, la liberté du corps de la nation , les droits
inviolables des magistrats, trois points capitaux,
sa ns lesquels je conviens qu 'il n'y a poin t de véri, table mo narchie, n' ô tent rien il l'absolue puissance
d" Monarque. L a seul e différence qu' il y ai t enh'e
lui et le despote, pour la souveraineté, c'est que le
�-
IGG -
despote l'exerce par des vo lon tés momentanées
diverses, in connu es, sa ns respect pour les pactes'
les priviléges, la possess io n et l'u sage; au lieu qu ;
le Mo na rque ne d OIt et ne pent l'exercer qu
.
.
e ~r
des lOIs , et pal' des lOIs mo narchiqu es: c'est-à-dire
qu e par des vo lontés gé néral es, co nsta ntes, léga lement prom ul guées, qui ne laisse nt rien il l'a,.])i_
tra ire du juge; qu e pal' d es lo is mo narchiques,
c'est-à-dire que par d es vo lo ntés modérées qui,
quoique a bsolu es, n 'c',te nt au citoye n ni la lihre
disposition de sa personne, ni la pl'Opri été de ses
bie ns, et c'est là ce qui j'ail, da ilS la monarchie, 1"
sûreté des particuliers.
II doit enco l'e, a ut a nt que le pe rme t le sa lut c1u
peupl e, respecte l' Ini-mème les pactes, les pril'iléges, les usages généraux, les long ues possessio ns,
qui co nstitu en t ensembl e le corps d e notre dl'Oit
publi c, el c'est là sur quoi porte la liberté natio-
nale.
Quand il paraî t a u x Co urs qu 'il n'y a aucun
éga rd, e t qu 'il change la co nstitu ti o n par erreur,
par ca price, orgueil , ava l'ice, ambit ion; qu and il
est év ident qu 'il se trompe, qu ' il excède, qu 'il
dé truit arbitra irement, 'llo rs, à l'obéissa nce passive ou d e simpl e so umi ss io n qu 'ell es so nt tenues'
de lui rendre, comm e les moin dres parti cul iers,
dans les actes mê mes les plu s ty ra nniques; elles
-
IGï-
peuvent et d oive nt mème qu elquefois refuser de
joi ndre l'obéissance act ive ou de concou rs; représenter avec liberté tout besoi n , tout droit, toute
vérité; récla mer le ré tab lissement de la constituti on
avec au tant d e persévéra nce et de fermeté que d e
respect e t d e so u miss ion passive; et c'est Cil quoi
consiste Le devoir essentiel et l' autorité ùnprescriptibLe des magistrats.
Il n'y .a cependant ni pacte, ni privi lége, ni usage,
ni possessio n , ni ti tre qu 'il ne puisse modiner et
même a néa ntir pal' d e nou velles lois, quand un e
vraie nécessité l' exige, Bien plus , il est, rigoureusement pad ant, le seul juge suprème de cette nécessité; et c'est ce qui rend sa puissa nce véritablement
abso lue.
Votl'e Majesté ne reconnait-elle pas là ces gra nds
et anciens prin ci pes réellement fondamentaux, essentiels à toute mo narcbie, mais plus co nnus, plus
respectés, pins anciens , plu s chéri s da ns la monarchi e française que cl a ns to ut e autre, qui ont toujou rs fait d e notre Roi, le Roi le plu s puissant , et
de notre natio n , la nati on la plus véritablement
libre ?
C' cst d 'a près ces lois sacrées, que je supplie Votre
Majesté de permettre que j'achève ici ma justification, en developpant des maximes qui, pour l'in térèt mème du prince, ne sauraient ètre ni trop
�-
lij ~ -
connues , ni trop éclairc ies, qu o iqu 'elles ne soient
point celles d ' un làch e adula teu ...
S XVI.
Il Y a six sortes de mau/laises lois qni n'ohligellll'oillt
tes pm'lenten ts à !me obéissance lJ/eine et entière ( 1).
Le p .. in ce pe ut , en se tro mpant ou en abu sant
vo lo nta ireme nt de so n a uto rit é, fai "e six sol'tos de
mau va ises lois ou d e co mm a nd e ments illéga ux, qui
n'obli ge nt poi nt les pa l'i e me nts " un e obéissa nce
plei ne et e ntière e t qu i les nécess ite nt mème quelqu efois à un e vérita ble résista nce . Ces lois so nt :
Les lois imp,·ud e nt es.
Les lois injustes.
Les lois a nti-na ti o na les .
Les lois a n ti -mo narchiques .
Les loi s ty ranniqu es.
Les lois impi es.
J'appell e loi s ifl/prudentes, cell es qui , san s con (1) Comme n Oli S l'avons dit da ns J'in troduct ion de.s Mémoires )
nou s publions 1 san s les juger 1 les opinio ns 1 les 3&icrtio ns et les
commentaires du Pr~idenl d'Eguilles 1 lui en laissant toute la responsabil ité . TOU S dc\'on s 3U S;:, j prier nos lecleurs do ne point
juger cc:; mèmes opinions 1 assor tion s ct commentaires, sans 50
rappeler les idées eL mèmo les mœurs de l'époque ou ces "I émoiros
Ont été composés.
-
16n -
tenir propre me nt a uc un e injusti ce léga le, o nt néa nIll oins de fau x ra ppo rts avec les b esoin s de l'Eta t.
J'appell e lois injusll'S cell es qu i, quoique co ntraires au x justes dro its d es p~ rti c uli e rs, n 'a ttaqu ent
pas néanm oin s la co nstituti o n nati ona le..
.
J'appell e lo is anti-nationa fes ce lles qlU , qUOiqu e
contraires it la con stituti on parti culi ère de la 010na"chi e fran ça ise, ne sont po int des tru cti ves cles
prill cipes commun s à la mona rchi e en généraL
J'appelle lo is anli-monarchiques celles qu, se""ient odieuses d a ns to ut état mo narchiqu e, et qui
en rendra ient le go u ve rn e ment d espotiqu e.
J 'a ppe ll ~ lois l)' ranniques ce i"l es qui sera ient
odi euses da ns toute espèce de gou vern ement , et
qui porteraient le despotisme mème a u d ~ l à des
bornes que le dro it n aturel illlpose, malg"e tout e
possess ion e t to ut pacte, à toute n ~ ture d 'autorité.
J'appell e lois impies celles qui atta q~ e ra , e ~t no~
se uleme nt le droit na turel , dan s ce qu li a cl lI1 al, enable , mai s mè me les d evo irs naturels et le droit
divin.
Perso nne qui ne sente qu'il y a un ge nre et un e
mesure d 'ob éissa nce et d e résista nce propres et
p:u·ticulières à c hacun e d e ces six espèces d ~ \ll ~ U
\'aises lois , et qu e le genre et la mesure d obe,ssance et tle résistan ce qui co n\'ienn ent à un e espèce,
ne saurai e nt cO I1\'eni,' il tln e autre. C'est fa ute d e les
�-
l iO-
distin guer assez qu 'o n se trompe si So uvent avec
un e sort e d e bonn e {'ai.
Entron s dans le d éta il , et tâchons d e bien fI xer
qu el genre e t qu elle mesure d e résista nce et d 'obéissan ce convie nn ent à chaque espèce.
s XVII.
Quel gem'e de rés istance on )Jeul o)J)Joser et quelie
mesure d'obéissance on ne lJeu t ,-e(user aux lois silnIl/ement iJn)J1'!!dentes. - P"emière es)Jèce de ,na1wlûsc
loi_
La premi ère espèce es t celle des lois simplement imprudentes do nt le se ul vice est de p'irai tre
avoir de fa ux ra pports avec les hesoins de l'Etat.
Les magistrats i, qui ell es so nt adressées doivellt
sans doute, avant d 'e n ordonner l'enregistrement ,
communiqu er au prin ce en quoi il leur semble
que consiste nt ces fau x rapports. C'est lit un homma ge re ndll à sa justi ce plutô t qu 'une résistance
faite à so n a utorité.
Mais qua nd , a près des re montran ces réi térées,
arrive l'itératif co mm a nde me nt , il n'est plus permis
de différe r l'obéissance d e pl ein co nco urs : le
devoir se h orne a lors à C' n" egistrer, publier el
exécuter pure me nt e t simpl eme nt , sans aUCll1l
nouveau d éla i .
-
Iii -
C'est " insi qu' en pareil cas avaient toujou l's pensé
et agi nos sages préd écesseurs, fond és S UI' d eux raisons bie n se nsibles: la pre mi ere , qu e si les magi strats, e n général , connai ssa ie nt mi eux la p:lI,tie des
lois distributi ves que les PI'in ces et leurs Mini stres,
ce ux-ci d evaient mi eux co nnaître qu e les magistrats
la parti e de l'administl'ati on politique , les besoins
de l' Etat et les l'apports d es divers objets avec ces
beso in s, La seco nde, que la co ndition d e rég ner
serait trop dure et la mon a l'Chie trop semblable à
l'a narchie, si mè me après avoir entendu et réente ndu
ses Cours, le souverain éta it en COl'e tenu d e suspendre le système d 'a dministra ti on qu ' il a ura it adopté,
jusqu' i, ce qu 'il leur pl"t de pe nser COllllll e lui sur
ce système.
§ XVIII .
Quel genre de "ésistance on )Jeu t opposer et qtleUe mesure
d'ubéissance on ne )Jeut "e(user atlX lois simplement
ùljusles. - Deuxième espèce de mauvaise loi.
Mais quand les lois p,'o posées paraisse nt nonseu lement imprudentes, lIl ais injustes, quoiqu e leur
injustice Il e porte pas sur la co nstitution de l'Etat
et ne les re nd e pas anti-natlOnalps, néa nmoins
comme l'injustice, d e quelque nature qu'elle soit,
a toujours qu elqu e chose d e pills odieux et d e plus
�-
1,:2
évide nt qu e l' impruden ce, les tribullau x doivent
au même ge nre d e résista n ce qu 'a ux lois si mple_
ment imprndentes, aj o ute r encore dans l'ar,-èt d'enregistre ment cette cla use si connu e: Enregistré de
l'exprès commal/dement du liai. C'est une façon
respectu euse de ma nifester à la nati on et à la postérité qu e l'acceptatio n et la publicati on n'ont été
qu' un ac te d 'ob éissan ce et no n l'effet d'une volonté
libre .
Mais il n e sa ura it être permi s d 'a ller plus loin , à
quelqu e degré d'év id ence et d e n oi rce ur que part'rt
èt,'e porlée l'i nju sti ce, à mo in s qu 'elle n 'allât jusqu'à
rend re la loi o u a nti-mo na rc hique, o u tyra nn iqu e,
ou impi e, Otl tou t :t u mo in s anti-n ati onale. En voici
la ra ison : le p ,'in ce éta nt , de l'aveu de tout le'
monde, le juge suprê me da ns tou t ce qui n'exccde
pas la compéte nce mo na rchiqu e, ce qu 'il pe,'siste à
trouver j uste et à ordo nn e r com me tel , sa ns sorti ,'
d es b orn es de cette co mpé te nce, le devie nt , sinon
a ux yeux d e la ra iso n , dUll1 0 in s a u x yeux de la loi.
De qu el fro nt , e n effet , le magistra t refu serait-il au
tribuna l sublim e du P rin ce un ho mmage qu e toute
la natio n est ob ligée J e re ndre a u simple tribunal
du magistra t , da ns to ut es les ma ti ères où il est cam·
péte nt , d 'a près ce fa me u x ax io me : resjudicata pro
vel'itale habelur?
-
li3-
~
XI X. .
Quel genre de ,-és ;slance 011 peu.t opposer et quelle meSttl'e
11' obéissance on ne peut l'cftIser aux lois an t-i-nnlionales .
- T,'oisième espèce de malwaise 10';.
11 faut o pposer sa ns d o ute a ll X lo is a nLi -nati ona les
bea ucoup plu s d e résistance qu 'a ll x lo is simpl eme nt
injustes. Aussi avo uerai-j e de bo nn e foi que q uand
le Prin ce veut sa ns nécessi té d étrui re ou a ltérer cc
qui est vé ,'it ab lement co nstituti f, le magistrat v~ r
lueux ne do it jamais do nn er so n suffrage pour e nregistrer , n ')' aya nt a ucu ne a uto rité SUI' la terre qui
, pui sse obli ger un h o nn ête hom me à opi ner d e recevoir co mme uti le à sa pa tri e ce q ui lui p ar~Î t en
devoir a ltérer sa ns nécessité la co nsti tutio n. Mais
il excède si , en refu sa nt so n co nco urs, il ne co nvient pas: l ' qu 'absolument pad a 'J!, le P rin ce n 'en
a pas b esoin et qu' il peut fa ire enregistrer de pa rei Iles
lois pal' qui il lui plai t ; 2' que les pa rl ements sont
tenus d 'a b e'rd , a près un e nregistrement exécu té de
so n ex près co mllla ndement , pal' qu elqu e personne
que ce soit, de co ncourir à l'exéc uti on de ses nouvelles lo is, to ut co mm e s' il s avaient co nco ur u à leur
nou velle publi catio n . Ce so nt là deux vérités in contestables, e t 1'01l peut mê me d ire évi de ntes.
�-
IH -
E n effe t , le mona rqu e portemit-il la loi avec une
vraie sou verain e té s i d 'a lltl'es ava ient exclusivenlent
le droit d e la publie r , e t qu 'il ne pllt ê tre lég islateur avec effet que so us le ur b o n plai sir ? II pst donc
de l'essence d e la pui ssa nce roya le de pOli voir L1 ire
publi er d e sa pl'o pre a uto ,'i té se ul e to ut ce '-1 Il 'elle
peut co nstitue" scule, D 'o L. il suit qu 'en ri gueur
to ute forme d e publi ca tio n es t léga le en F..a nce, dès
qu e le Roi tro u ve bo n d e la d écla re,' telle; qu'ell e
suffit po ur d o nn er à ses volo ntés tous les ca ractères
de la loi , et po ur o bli ger pa ,' co nséque nt tous les
tribun a ux à s'y co nfo nner dans les J'u"ements sa ns'
0'
cesser néanmo in s d e remo ntre r a vec to ute libert é et
d e récla mer le rétabli sse me n t de la co nstituti on primiti ve .
Ma is à quo i sert , dira- t- on , qu 'ils ne puisse nt être
forcés d 'enregistrer d es lo is a nti-nati o nales s'il est
loisible a u Prin ce d e le faire faire par d 'autres? A
quoi sert qu 'ils récla ment le l'établi ssement de la
co nstituti on , s' il s n'en so nt pas moins tenu s d 'exéc uter , e n a tte nda nt , les actes vio lents qu i l' ont dé·
tl'llite? Cela sert a u moi ns il éclairer le prince, à
intéresser sa glo ire, à Ille ttre en co nsid érati on ses
ministres, et ce n'est pas là peu d e cbose, E nfin , cela
sert à lui fa i,'e e ntend re, d a ns to ut e sa fo rce, cette
voix na tio nale, touj o urs si puissa nte sur les souverains les plus fi ers; qui ne ma nque presque jamais
-
l i:; -
de détel'min er la volonté des bo ns, et qui a rrête
so uve nt celle d es mécha nts,
Au reste, o n serait mal fo ndé" pense,' qu' il n'est
d" au ro i a uc un e so rte d 'obéissa nce ni de conco u" s
dan s de pareill es lo is, sous le prétex te qu 'il ma nque
de légitime a utorit é pOUl' les établir , et que so n droit
législatif ne , 'étend pas jusqu 'à l'a néa ntisse me nt de
celles qui so nt esse ntielle me nt na ti onales. J 'avo ue
qu 'il ne d o it y to ucher que q ua nd il y est aut Ol'isé
pal' Ia nécessité o u pa" lIn e très·gra nde utilité; mais,
comm e c'est à lui seul , ain si que je l'ai déjà obser vé,
qu'il apparti e nt esse ntiell ement de j uger d e ce tte
très-gra nde utilité, c'est a ussi à lu i seul qu' il appal'tient de pro noncer sou vera inement sur les cha ngements qu 'ell es exige nt da ns la co nstitutio n nati onale.
C'est là un e max im e qll e les parleme nts ne sa uraient méconn aî tre sa ns éb,'a nlel', en CJuelque faço n,
leur ex istence actu elle Perso nn e n' ignore que dès la
première race, pe nda nt tOlite la seco nd e, et bi en
avant da ns la troisième, les memb res essenliaux et
presque uniCJues du pa rleme n t, étaient les possesseurs
des fi efs consid éra bles, les ba,'ons, les grand s offi ciers, les évêques e t les abbés, 11 est certai n que rien
ne tenait plu s intimement à l'a ncienne e t véritable
constituti o n d e la mo nal'chi e fra nçaise; j'ajouterai
que rien mê me ne paraissa it si raisonn a ble que d e
�-
-177 -
liG-
laisser la suprê me administration d e la justice et 1"
ga l'de du droit publi c, a u x principaux membres de
la nati o n, qui e n a ,·ait touj ours joui. Il ne rfstf
cependant
a ujo urd ' hui , da ns ces Compagnies
.
'
,que
les PH U'S pour toute la nob lesse, e t qu ' un très-petit
nombre d 'évêqu es e l d'abbés pOUl' lout le haul
clergé . Qui esl- ce qui a li vr é les droits très-certaineme nt cO ll stitutirs d es d eux pre miers corps du
roya um e, à J'a rgenl d" tiers É ta t et d e quelques
eccl ésiastiques sa ns dig nité? Ne so nt-ce pas les Rois,
et les Rois se uls ( 1) ? Ca l', où tro u verait-on qu e les
(1) « Ne sont-ce pas les Nais elles Rois seuls, elc,'?)) Pour m('Hrr
hors des parl crncn 15. les ÉVèq uC5 el les Abbés 1 qui tous )
a,a;cn~
eu ::ans. interrupti on séance CL vo ix depu is Charl emagne jU5'll u'en
~ 3 ~ 9 , il n'en coùta à Phi lippe-Ic-Long qu e deux li gnes dan s un ~dit
el un e assez mau vaise plaisa nteri e: il se faisai t cO tlscience d i ~il
il, de les empi.':c her de vaque r au go uvernem ent de leul' spiri'tualité:
raison tl'ès-bo nn e
p OUl'
les di spenser d'y ven ir souvent , mais
Lrès- insuffi sante pour' leur défendre d')' para itreja mai s.
Il ya qua tre choses singuli èrc5 à rema rq uer dan s cette OI'donnall ce qui est du 3 décembre ,13,19: 40 Co Roi qui , I~ar conscience,
no veuL pas qu e les Pré lats perdent leur tem ps au pa rlement , déclare qu e lou.les voies sone/ltantes ,, 'est mÎe que les Pré/a:.: q/li SOli"
de son conseil e ll soien t pOU l' ce hors. Ainçoïs est s'el/tenle que il demeuren t. 20 Onze mois aupara vant il ava it ol'donn é qu e ce serait deux
d'enli'e eux qui présidera ient 16 parlement avec 1e Chancelier; ce
qui était bien éloigné de vouloi r leur en interdi ro l'entrée, 30 L'or.
do nn ance qui la leur in terd it n'cs t proprement qu 'un ar rêt du grand
co nseil. Elle co mmence ain si : 1/ est ol'dennt par le Roy ell SOli tlrallt
co11seil s-us l'élat de SO li parlement Cil la nUl1Iière 'lit; s'en. suit . 40 Ce
membres des a n cie ns parlements a ient enregistré
librement Irs actes qui les ont dépouillés? 0 1', quels
changements , da ns la constitul io n nationale, pellt-o n
Irouver a u -d essus de la pllissan ce roya le, quand o n
est obligé d e con venir , ou qu 'elle a pu opérer celui-ci,
011 qu'o n n'a jamais pu exister légalement comme
on ex iste .
n'cst pas au parlement mais à la chambre des Comp tes qu'elle se
trûuve enregistrés , ( Voyez le ,1Ct vo lumo des OrdollIullices dt
Secoll 5Se 1 page 702.)
Il es t à observer qu e quelque frappante que soi t cette exclusio n
des Prélats , el qu e quelque odieuae qu'ait dù paraî tre ensuite celle
des seigneurs, ce ne so nt pourtant pas là les plus gra nds chan gements qu e les Rois aient fait de leur seule autorité, dans les pri vilé~es , droits el cou tumes des parlements. En '129', Philippe-Ie- Bel
ordonna qu o les ma gis tra ts qu ' il nommerait po ur présider en son
nom 1 ct qu ' il nppell e Principes c/ll'iœ. ne compteraient plus les
vo ix des Conseil lers; il leur donna le pouvo ir de prononcer 1
arr(.\ts co mmo il aura it pu le faire lui-mème personnellement su r
l'avis de ceux qu 'ils croiraient les plus juste::; et les pl us éclairés:
E:c CellSefl t ülln gravi/ ale et mel'it is.
Ce qu ' il ya de plus éto nnant en cela, c'est qu e les Rois euxmêmes s'olaient assujetti s à la règle co ntra ire dans les anci ens parlements, où ils nfl prononçaient ri on d' un peu important que de
l'avis eLco nsentementdu plus grand nombl'odes Évèques et Barons,
Commun; Episcopol'um et p,.ocel'/l11/. lIos/rOr/an cOlisilio et asseusu. En
so rte qu e ces chef::; du nouveau parleme nt sédenta ire pouvaient
exercer pour ce t éd it une autorité plus pleine et plus absolue que
celle qu'avaient exercée en personne les anciens Rois. Aussi leur
autorité parut-olle si gra nde qu 'on les appela bientôt les souverains du pal'lement. Les édils mêmes leur don naient ce nom. On
H.
12
�-
178-
-1ïO pour les porter, encore m o ins pour établir, pa r ell es,
§ XX,
un no uveau genre de go uvernem ent qui le rcnùit
Quel 'le/we de n!sislnuce 011 l)cul opposer el qI/elle mew,rc
,l"oûtiissonce on ne l)oul Tefu.ser aux lois oll /i-1I/o".,,_
chiques, - Quol)'ième espèce de ma1waisc loi,
II n 'e n e,t pas ainsi d es lois anti-monarchiques;
il est certain que le p,'ince n 'a "ucune co mpétence
vo it dans un éd it de Philippc-Ie- Lon g
1
de l'année 13~O I à l'articl(>
.second 1 qu e mils du parlcment nc se pourront levrr pO'Ir pl/rlrr l lit
conseiller à au rlfll de lel/ rs amis 01" lel/rs acoillles, si ce n'èsl de spécial
licence du Souveruin de III chambre; sous peille 'Ille ils rie prai!Jllelll
leu rs ,qaiges PQllr y ce jaltr . EL à l'<lrlicle- neuf : Nuls des mestres
duran t le parleme'll. nt pOIJ/'1'fI issir de fJo ris sans spécial /ju l/ce de
NOM, ou de lIolre Cllall reliar (lvec le Souverain dl/ parlement. L'ordonnance de Philippe-lc·llcJ qui avotÎt si for t élc \'é ces placc3 , CIC.,
existait encore du temps de Oudé qui en fait menti on dan s SOn
commentaire sur les p:mdectcs, et qui n'est rnort qu 'en '1540. 011 ne
'lait pas qu e jamais perso llile ait prétendu que de 5i fortcs alteraLions à la première constitution du gra!ld Tribuna ! de !a nation
et aux plus an cienn es lois du royaum e fu ssent au -cle$."us de la
compétence dt:5 Rois: prou ve incoll toslatl e qu 'o n a toujou rs cru
que cette compé toll Cc n'avait d'autres Dornes que cell e du go uvernement monarchiq uC' (' 11 gé nérllJ . 011 Je prin('c le plus ab"olu Il O
peul jamais il la vé r'ité ~ Iatu r r ni ag:ir Cn despotc, ct est tenu de
ne go uverner qU E" P"I' di'';; J o i ~ gé néral es:., m od é rée~, légalement
promul guées; soumi!'es sin on à l'aut orité , du moins à l'e!\a mcn ('1
au x li bres remo ntran ces des peuples et de lellrs ma g: i..:.trats, mais
Oll il a touj ours le droit 1JI<1 1iénabi e ('t illlprr-;criptibl e de Il':) lIlod ifiCl', chan ge l' el révoqtH>I' , touti'!': Il's fo is qu ' il le !roU\ (' bon , dr
>:,..1 ..::eul(' PI plein(' jlIl ÎE:5arl('C'.
despote; il ne peut jalllais légalement cesser d'ê tre
simpleme nt monarque, pui squ ' il ne sa ur'ait jamais
être ni nécessa i,'e ni util e au sa lut du peupl e, qu ' iL
dev ienn e au tre chose; et qu 'at! co ntraire, c'es t une
vérit é d 'un e évidence invincible, qu e le p lus grand
malheur possibl e de ce mê me peupl e, serait de
tomber sous le joug odi e ux du pOll voir arbitraire:
pouvoil: qu ' il faut bi en se ga l'd pr de cO I,fondre,
comm e o n le fnit ord in airement, a\'ec le pouvo ir
absolu, qui n 'appartie nt pas mo in s a u monarque
qu'au d espote, avec les diffél'e nces marqu ées cidessus ,
Un exemple fera mi eux sentir les différentes
bom es 'lu e nous donnons ici il la compétence du
Monarque, pour po,'ter des lois anti-monarchiques,
ou des lois simplement a',ti- nationa les, Nos rois ont
bie n pu léga leme nt et compé lel1lm ent , pour le
plu s grand bien de la nation, inn over dans la
compositio n d es corps chal'gés de l'eprésentel' ses
droits, ses besoi ns et ses griefs; al térer , il cette
occasion, l'nn ciennp constitution el porter, e n
CP
sens, des lois a nti-l7.aliofutles, avec un e puissance
absolue; mai s ils ne pourrai ent , qu 'avec incompétence et tyrann ie , é te indre enti èrement ces mêmes
co"ps, de manière qu e la nation restât sans res-
�-
180 -
-1 81 -
sources et sans voix, pOUl' se faire e nt endre avec
dignité , force et libert é, parce qu 'il est essenti,-I ,
non à la mona rchie fra nçaise e n partic uli er, mais"
toute mona rchi e en gén éral, qu 'il ex iste de pa,'eils
corps; que tout É tat
il n 'e n e xi ste point n'est
point une vrai e mo narchie , et qu e la loi qui la
détruirait pal'lllÎ nous se,'a it non -seul ement a"lt~
nationa le, mais e nco re anli -nloll al'chique, en ce
qu'elle ouvrira it la vo ie à l'exercice du pouvai,'
arbitraire qui co nstitu e le d espotisme ,
tOlltes d élibération s qui tend,'a ient à arrêter l'effet
des comm and ements les plus tyra nniqu es, soit par
des inhibition s ex p,'esses d 'y avoir égard , soit par
Or , à un e pa reill e lo i, pa n ée é vid emment sans
compétence contre le sa lut du peuple, les lIIagistrats ne d evra ient d e co nco urs ni pOUl' enrcgistrer ,
ni pour fa ire exécut er , Cela es t ho ,'s de d out e pour
quico nqu e est né liure,
la magistrature o u tro p périlleux ou trop affli geant :
c'est tout ce qui reste de li cite à cenx qui veulent
allier ce qu' ils se nt e nt d 'a mour pour leur patrie
n\'ec ce qu 'ils d oivent toujours d 'obéissa nce passive
0'"
Mais cepend a nt , co mme il sera it Il'es-possible
qu e , d e b onn e o u de III a uva ise fo i , ils a ppelassent
anti-monarchiqu e ce qui ne se ra it qu 'anti-national ,
ce qui ne serait qu ' injuste ; ce qui ne se,'ail qu 'imprudent, quelqu efo is mêlll e ce qui se ,'a it prudent,
équitable et l ~ga l ; qu e d ' un a ut" e co té il ne sa urait
y avoi,' d e tiers-juge e ntre e u x e t le mo narqu e; les
lois di vin es e t hUlll a in es se ré unisse nt : 'l'à les soumettre comm e pa rti culie rs à l'exécuti ou pe,'son-
des pro non ciation s contradictoires il ces comma ndements , Après les re montra nces réitérées et le
refu s de toute ob éissan ce de concours, s'abstenir
du tribunal dan s les matières relativ es aux nouvelles
lois anti-mon a rchiqu es; le quill er mê me pour tOlljOlll"s si leurs excès, leur nombre et l'obstination
du prin ce à les ma intenir rendaient l'exercice de
au souverain , sa ns e n excepter même les cas où
ces dernières agisse nt en despotes et sans compétence ,
Quel gem'e de ,'èsistance on peu t opposer, et quel genre
d'obeissance on ne peut refuser a,1X lois tyranniques et
impies, - Cinqliième et sixieme espèces de nla,waises
lois,
nelle; lors mème qu ' ils so nt a uto ri sés à refuser de
con courir , cOillm e mag istra ts, à l'exécution judi-
Quant aux lois ty ra nn iques qui violent le droit
naturel da ns ce qu'il y a d 'inaliénable, e t aux lois
ciaire ; 2' à le ur inhiber , co mme acte de rébellion,
impies qui attaque nt les lois naturelles et le droit
�-
182 -
divin , le genre d e résistan ce qui leu" est propre
;1 aj outer au refu s de CO Il CO uril' à lell!,
publi ca tion et à le ur c"écutio ll judiciaire, ainsi que
dans les lo is anti'Il,onarchiques, le refu s de toute
cO.llsisle
exéc uti on , Il, ème si lllp leme nt perso nnelle, nul
I, omllle ne devant o béir ni cO lnn' e magistr'at, ni
co mm e homlll e, aux co mmand ements d'un aut re
homm e, co n trail'es à ce ux du comrnun mai ll'e de
to us les ho mm es,
Mais dans da ns ces cas llI è lll eS si ex trèmes et si
ré vo ltan ts, il ne leu r es t permis ni d e se rcfuser à
la peine imposée il l'infra c ti on de la loi, ni de ju ger
au triblln a l con tre sa te ne ur .
Voilà toutes Ips différe ntes es pèces de résista nce
qu'i l est pe,' mi s d 'o pposel' à to utes les différentes
espèces de ma u va ises lo is. Mes adversaires doivenl
con venir que je n'a i point cherch é à établir po ur
les incn lper plus facile mè nt d es maxim es de despo.
tisme d ':lprès lesq uell es to ut acte tl e fel'ln eté et de
libe"té serait un d élit dan s les ma gistrat s, Je me suis
born é à fail'e voir qu 'il ya to uj o urs, et dan s tous les
cas, Ull genre el un e 'mesure d'obéissa nce qu 'il ne
leu l' est ja mais permis de refll ser . J 'a i lâch é de fixer
ce ge nre et celt e mes ul'e , rela tivemen t aux divers
cas; et je crois d e n'avoi ,' pas excéd é e n établissa nt
ainsi que je vie ns d e le raire
l ' Q II 'a pl'es un e
0 11
deux remontrances, les par·
-
'183 -
lements doivent l'obeissa nce de plein co ncours soit
pOUl' la publicatioll SOil p OUl' fe:x écutiolt à tonIes
les lois qui ne b lesse nt ni la constitution nationa le,
ni le systè me mona l'chique, ni le droit naturel , ni
la Religion, quelque imprud entes et quelque injustes qu'ell es pa,'aisse nt d 'ailleUl's ;
2' Q ue quoiqu 'ils puissent refuser de co ncourir
i, la publica tion d e celles qui attaquent la Constilution na tiona le, ils ne peuve nt pas refuser nea n·
moins d e co ncou;'ir à leul' exécution dès que le
l'rin ce les a fa it publi e,' de sa pro pre a utorite .
3' QlIe s'i ls ne doi ve nt a uc un e so rte de co ncours,
ni pour la publication, ni pour l'exécuti o n judiciaire, à cell es qui cha ngera ie nt la monarchie en
despotisme, ils n 'e n so nt pas moins tenus de s'y
soumettre passiveme nt et de les exec uter personnellement ;
l,.' Que dans ce ll es 1!1ème qui outragent la nature
et la reli gio n et auxquelles ils d oivent refuser nOI1sf'u lement tout co nco urs judiciaire, maïs mème
to ul e exécut io n perso nnell e, il ne leur est permis
cependant ni d 'e n p,'ohiber la puhlication, ni d 'en
al'rète,' l'exécutio n, ni de se soustraire ( par la
révolt e) il la peine por tée contre leur inf"action , ni
de rien statu er au tribunal qui en viole la teneur _
Appliquo ns mainte nant ces prin cipes à la L'Onduite du parl emen t lors d e la prése nta tion de l'édit
�-
'184 -
de Mars. Personn e ne dira sérieusement que cet
édit fôt ni impie, ni ty ,'anniqu e, ni an ti-mon,"'_
chique, ni an ti-national. Les Jésuites seu ls, dont il
changeait le régi me co ntre leu,' gré, aUl'aient pu le
trouver injuste, Les magistrats pouvaient donc le
trouver tout au plus imprudent , c'est-à-dire de
cette classe de mauvaises lois dont le seul vice est
d'avoir de faux rapports avec l'intérpt de l'Étal.
La nature de résistance qu 'il était pemlis de lui
opposer se bornait don c, par les prin cipes établis
ci-dessus, li demand er la révoca tion pal' remontl'aIlCeS, avec obliga tion de fi ni,' par l'enregistrer
sur lettre de jussion , Co mment don c aurait-on pu
être autorisp à ordo nn er , ainsi qu 'on le fit, le CO Iltraire de son contenu , sa ns daign er même opi ner
sur son enregistrement, c'est- à-dire à lui opposer
une nature de résistance qui aura it été crimin elle
et impardonnable vis-à-v is même d ' un e loi antinationale, an ti-monarchique , tyrannique, impie ?
~
XXII.
La llatm'c et les bornes de l'a·tl torite que les magistra /$
ont à exercer. - Deu3'ième (!l'liele à examiner }Jour la
justifiCltlion du proj et de scission.
Voudrait-on me demand e,', au reste, sUI' quels
principes j'établis les born es que je donne à l'auto-
-
185
ri té des magistrats dans la réception des lois? Je
répondrai que ces prin cipes sont une conséqu ence
nécessaire de la nature de ce lte même autorit é qui,
de leur aveu, ne leur appartient qu e par communication . Ils convi enn ent tou s qu e le Roi est , en
France , le seul magistrat essentiel ; que tous les tribunaux ne sont que des démembrements Ju sien ,
et que toutes les di" erses juridictions ne sont qu e
des délégation s, qu e des attrib uti ons ;tables; aucun
d'eux, je crois, qui osât le nier.
Or, il est év id ent que ces démembrements, qu e
ces délégations , ne sa lll'aient être attributives de juridiction qu'autant qu e dure le bon plaisir de celui
qui en est l'auteur ; qu 'il n'a vou lu ni pu vouloir
renoncer au droit d e reprendre l'exercice d' ull pouvoir dont la propri été n'a jamais pu cesser de lui
appartenir ; et que, ne pouvant alié ner son domaine,
il a encore moins pu' aliéner sa souveraineté. D'o ù
il suit incontestablement que les parlements mêmes
n'ont aUCllne juridiction qui leur soit tellement inhérente que le Roi ne puisse la modifi er , la diminuer , la suspend,'e; et qu'illl 'y a aucun cas, aucune
mati ère où il ne puisse léga lement I ~s empêcher de
juger, - Il ne leur reste alors qlle le droit de faire
des remontrances, dmit que le monarque ne peut
jamais leur ôter , parce qu 'il n'a point de rapport
nécessa ire avec la juridiction , et que les Cours les
�-186 -
-187 -
tiennent moins de la concession des Princes que du
droit naturel et de la liberté monarchique .
condamnables encure que la proposition_ Les modilications de celte premi ère espèce sont certainelIIent permises , par la raison que, loin de co ntredire
la volonté du souverain, ell es ne font qu'en mi eux
développer la sagesse, et que l'on ne saurait dire
'lu 'clles supposent dans ceux qui les mettent une
autorité indépendante.
~
XXIII.
Les 1'a1'/ements ont-ils le d"oit de melt"e des mod-;~UJtio"s
all$ Édits? 1'1'ois sortes de. mod-i(ications qu'il .te (mû
pas con{ond?'e.
D'o ù vient don c, me di,'a-t-o n , la possession ol'
son t les padenwnts de mettre des modifica tions au x
Édits, sans qu e les Rois l'ai ent empêché? Qui peul
modifi e,' la loi n'a-t-il pa s qu elqu e part à sa perfection ? N'a-t-i l pas au moins le pouvoir de la rejeter
avant qu'ell e soit léga lement Pllblio\e) Ce pouvoir
n'est-il pas inamissible? Ne suppose-t-il pas 'Ille
fo,'ce intrinsèque, un e portion d 'a utorité indépendante, une existence qu 'o n .ne tient point d'un
autre?
11 faut, pour répondre , distinguer trois différent es espèces de modifi cations:
Les premi ères so nt ce lles qui, sans ri en chan ger,
ajoute,' ni diminuer à la te neur d'une loi , ne fOllt
qu 'e n fi xe ,' le sens dont on pourrait abuser. Telle est
la fam euse modifi catio n prise sous Louis XIV à l'en,'egistrement de la Bu ll e UI/igellitus, pOUl' empêcher
que d 'une proposition justement co ndamnée, on
ne pùt faussem ent induïre des conséquences plus
La seconde espèce est celle où, dans l'enregistrelIIent d 'un e loi qu 'on adopte entièrement quant au
fond et à la substance, on met pourtant quelque
légiore restri ction à des articles peu co nsidérahles :
le Prin ce , alors, obéi pleinement dans ce qui est
essentiel , peut bi ell ,"ouloir tolérer quelque l,berté
dans ce qui ne l'est pas, sa ns être censé CO ll venir
qu'on ait usé d 'un véritable droit. C'est un bon
maitre qui s'en repose, jusqu'à un certaill point ,
SUI' ses serviteurs.
:Mais il n'en est pas ainsi de la troisième espece
qui, sous le prétexte de modifi er la loi, la rend illusoi,'e et sans effet; elle déplace , ou pour mieux dire
elle anéa ntit totalement le législateur, en le mellant,
non au nivea u, mais au-dessous du magistrat. Car,
de bonne foi , qui du parlement ou du Roi aurait
en Frqnce la supériorité dans la législatior, , si le Roi
se trouvait réduit au simple droit d 'envoyer les
Édits et arr-èts, et qu e les parl ements eussent celui
d'en changer à leur gré les dispositions esse,nlielles ?
�-
188 -
Ce se""it certain ement les parleme nts. pui squ 'alors,
au lieu qu e le R o i pùt k s réform er pa r ses décisions,
ce serait eu x qui réformera ient les Rois par leurs
modification s . Je n'exam inerai po int ici , si jamais
nos Prin ces e n ont souffert de pareill es; si , ne les
ayant pas puni es, ils ne les o nt pas au moins Condamn ées En tout cas, il s ;lIlI'ai e nt laissé empi éte,'
SUI' leU\' pui ssan ce législati ve, sa ns d onn e" atteinte
à celle d e leurs successe urs; il s n'a uraient pu aliéne,'
validement le fond s d ' un e a uto rité d o nt il s n'ava ient
que la joui ssa nce, e t ja mai s o n ne serai t fond é à
rega rder des e ntrepri ses impun ies co mme des droits
suffisa mm ent éta bli s,
Je dirai plu s: ces e ntre prises e t to us autres actes
semblabl es qui peu vent a vo ir été faits en parta nt du
fa ux prin cipe d 'un po uvo ir inhérent, essentiel , inamissible, indépencla nt , au ssi a ncien et presque
aussi sacré que l'auto rité royale, établi non-seuleme nt pour l'éclaire r , mais encore pour la balance,'
et pour la born er , a utrement que par d es remontra nces, o nt é té cie très -g ra nds d élits qui n'o nt pu
être tolérés qu e pal' la faibl esse cl es Prin ces, l' inad verta nce cles ministres, la diffi culté cl es temps. Et
quant a u prin cipe e n lui-mê me, il do it ètre ';egardé
comm e d estructif cie toute vraie so uveraineté en la
personn e clu mo na rque , puisqu 'il n 'y a rien de si
monstrue ux dans la rébellion , o ù il ne Pl,t conduire
•
-
'1 89 -
avec qu elqu e a ppare nce de léga lité . Que dis-je, Si,'e,
il est bie n triste po u,' mo i d 'ê t,'e obligé d 'ajo uter
qu'en ne l'acl o pta nt mê me qu e da ns le sens le plus
modéré et le mo in s éte ndu , qu 'e n le réduisant mê me
au scul droit cie rejete,' les lois co nt,'e la volonté du
Prin ce , san s pré te ndre au cun e pa rt à leur confectian; qu 'en born a nt mê me ce dro it de ,'ejet a u cas
uniqu e o ù la religio n du prin ce paraît avoir é té surprise, les Iila gistra ts lrs plus vertueux et les plus
fid èles d e peu à peu , d 'acte e n acte, d e conséque nce
en co nséque nce, sa ns le vouloi r , sa ns le croire
possible, sa ns cesse r d 'êt,'e d a ns le cœur a ussi attachés à vo t,'e a uto rit é qu e l'OS plus zélés ser viteurs ,
so n t a Il és né.. n mo i ns ex térieureOl ell t a ux plus gra nds
excès o l' il so it possibl e d e se po,'ter e n des temps
','a nquill ps.
Îi
xx LV ,
De qlte ll~ na tllre ont été les excès des magistmts contre
lesquels nous avons été obligés de nous Clever. - Troisième aTtide à examiner pOUT le, justification du projet
de scission,
E n peut- o n , effective ment , im agin er de plus
gl'3nds (excès) que les six co nt re lesquels nous avons
cru de vo ir no us élevel' jU Sq ll '~l fai re scissio n ?
Les voic i :
�-
-
190 -
l ' Révoquer, sa ns le concours du législateur , sPl'
édits déjà el1l'egistrés,
" opm er SUI' ceux qu 'i1 envoi",
_'), Ne pomt
3' O rdo nner le co ntr~ ire de leur co nt enu ,
4·° Le faire même sa ns l'em ontl'a nces .
la vôtre? Or , que restera it-il de réd au Prin ce da ns
la législa ti on , si , n'y pouva nt riell étab lir , ai nsi
qu'on le so uti ent , sa ns le co nco urs de la rn agistr'a tllre, elle po uva it dét,'uire, sa ns lui , 10 ll t ce qu 'il
aurait établi avec ell e?
5' Mépriser, a près l'avoir fait , les ordres .'éitérés qui défe ndaient de co ntinu el' da ns la désobéissa nce,
6' La co nsomm er avec écla t pal' délibération
ex presse ,
Non , sa ns do ute, o n n 'e n sa urait co ncevoir de
plus intolérabl es, de pills évid emm ent a nti -m onarchiqu es; il ne faud ra po ur le p.'o uver qu e de tréscourtes réfl exions Sll!' chacun des six excès.
§ XXV.
Examen el pl'C!!ve d1l Twemiel' excès.
Comm ençons par le p.'pmier : il co nsiste en ce
qu 'o n révoqlla sans le co ncou rs dll législateur ses
lois déjà enregistrées; le fa it ne pellt ètre ni é: les
J ésuites n'étaie nt- ils pas établi s à Aix , à Toulon , ir
Marseille, par lettres pa tent es du P rin ce? Ces lettres
une fois e u registrées n'étaient- elles pas des lois et
des lois reçues? N'a -t-on pas chassé ces Pères de ces
mèmes maisons d o nt ils ava ient la pro pri été pa.' la
volont é légale de vos prédécesse urs, sa li s consulte.'
191 -
Examen el preuve d1l second e-ccès .
Le second excès co nsiste ir n'avo ir point opin é
un édit env oyé avec tout es les formes léga les,
et prése nté aux chambres asse mbl ées par les gens
du Roi. Le fai t est ellcore ici in co nt estab le: l'édit
de mars fut laissé neuf mois a u greffe, co mme un
vil et inut ile papi er , sa liS déli béra ti o n Sllr so n enregistrement. 0 1' , Si.'e, qu 'a u.'ai t de ,'éel le d roit de
portel' des édits sur lesqu els il serait permis aux
COtlrs de ne pas o pin er? Co mm ent excuse-t-o n ce
mépris? Vo ici les pro pres termes dans lesqu els la
lettre des di x-n ~ uf assLll'e qu e le sieur de Monclar
s'exp,'ima : Le p arlpmen l Je Paris et plllSieurs auIl'es parlements n'ayant euaUC/ln égal'd à cet édit,
Sl/lIS que le Roi l'ail 1rouvé mauvais, il j<lIIt le
reBarder elt quelque j,,,;oll comme non existait!.
Cela signifie e n bo n f.'ança is, ou q ue Votre Majesté
envoya it tin édit il tn us ses pa,'lements, sa ns se soucie.' qu 'a uc un l'enregistrâ t , ce q u'o n ne peut SllpSUI'
�-
192-
poser sa ns la plu s répréhe nsible témérité, ou qu'il
faut vous d ésob é il' parto ut , quand o n vo it qu 'on
vous d ésobéit impun éme nt qu e lque part , ce qu 'o n
ne saura it mè me pe nse !' sa ns c rim e.
~
XXVII ,
-
193 -
~
XXVIII.
Examen el lJl 'cuvl' dn qual1'ième enès .
Ce qui co nstitu e le qllatl'ième exci's, c'pst d 'a voi l'
E xamen el prwve rln l1'oisième excès.
CO ITIIlli s le Il'o isit'me sa ns dai gne!' même l'CXCIl!W I'
Passo a s a u troisième excès. Peu co ntent de ne
pas opin er ' s ur l'euregistl'ement de votre deuxieme
édit , o n a o rdo nn é liuéra le me nt le co ntra ire de SO li
pal' d~s l'p lll on trances, e t cert es, c'rst mettre le
cOlllbl e it l' illd é l'e ll ,bn ce que de prétendre a u droit
de l'pjeter les édit s sa ns être mêm e o bl igé d e dire
pourquoi o n l'a rait. L'excuse qu 'a pporte le sie",' de
co nt enu .
Ca l' que presc l'ivai t-il ? Le voic i e n substan ce: de
ue point po ursui vre les appels co mm e d 'ab us, qui
po uvaient avoir été re levés d e l'In stitut d es Jésuites,
et de n'en point interje ter dt' n o uveaux, Que fait-on
e n co nséqu e nce J e sa présentat io n ? On reçoit pré-
cisérn ent. le Procureur' généra l appelant
J
CO llllll e
d 'ab us de ce mê me ln stitut ; e t o n lui ordo nn e de
le poursuivre ,
En vérité, Cf' serait un av ili sse ment et non un
droit. que d 'e n voyer des édits d o nt il scrai t permis
aux s uj ets de co ut redire les disposi ti o ns pal' des
a rrêts so le nn els,
loncla l' d e to ut e cette co nduit e est sin guli èl'e; voici
ses IWO l','es term es: il érail bien jusle d e purger
fl lISlilul des "'o.rens d 'abus qu'il at'ail re/evh,
((1'(IIl! que d ' opinN sur r ellregisl remelll de l'édi/.
Quoi 1 nva nt d 'o pin er S UI' l' enregistrement d ' un
édit qui d érendait d e po ul'suivre un appel comm p
d'n bu s, il etail bielljusle de poursuivre cet appel?
Est- ce bi pn le sie u r ci e Moncla l' qui a hasarclé Ull si
pitoyab le ra isonn e ment ? Ca r il n'oserait ni er qu e
faire ju ger si un Tnstitut peut èt r e pu rgé des moye ns
co mm e d 'abus qu 'o n a relevés, o u poul'suivre cet
appel comme d 'abus, c'est préc isément la même
chose e n te rm es d iffére nts. N'est- ce pas là dire il
so n maître, avec un e v l'a ie dérision: fi Il étai t bien
juste, Sire, d e co mm encer par vous d ésobéir ava nt
d 'examiner si no us vous obéi rons o u no n . La ch ose
H,
B
�-
194-
nous a panl SI simple, qu e
n OLI s
n 'avons pas cru
d eyoi,' mème vous pn d e mande r la permission pa"
des remo ntrances. J) 'ai ll eUl's , il é tait évi dent , selon
nOlis , qu e cet édit avai t été surpris à vo tre l'eligion,
e t Votre Majesté co nnait la maxilII e établie solennellement dans not" e fam ell x ar,'é té dll 22 ma"5:
Que votre 1Jolonlé ne pou.vallt étl'P reconnue dan;}
les actes sUlpris à vOire religioll, il " 'y ,, lieu dl'
faire des rel/lo ulrances ('Oll(l'(~ rie p arei!s ades .
1% -
Monclar, il y a un e circo nstan ce particu lière, c'est
qu e les le ttres patentes jadis obte nu ps pal' les J ésuites
ne fu,'e nt e nregistrées qu e pa,' Ju ssio n . De bo nn e
foi, n'était- ce pas un e raison d e plus e n leu r faveUl'?
Peut-on ni er qu e de tou tes les es pèces de leuTes
patentes, cell es dont il doit ètre le moin s permis a ux
Cours d 'ann uler l'enregistrement sa ns y être ex pressément a ut orisé pal' le Prin ce, so nt précisément
1)
R ien n'est si faibl e que ce qll 'o n ajOllte pOlir
tÎICher de se mieux j ll stin e r . Jamais, dit-on , les
Jésuit es n'avaient
été reçus e n Fl'ance comme reli-
giellx ; leu r Gé néra l es t un d es po te é tran ge,', leu"
In stitut est abominab le, leur politique est affreuse,
lellr moral e est corro mpu e: ils Il e pe uvent être
soufferts dans un Éta t poli cé . Su pposo ns, pou r un
moment toutccla in co ntestabl e: go 'e n résultera-t-il ?
Que le pa rl eme nt d 'Aix, co mm e les aut ,'es, aUl'a it
~ té fond é, obl igé III ème , si l' o n ve ut, a suppli er
Votre Majesté d e l'évoq uer les co ncessions de ses
,
ce ll es qui ont été enre-gisll'ées de so n plus ex pr"s
comm andement ) A quoi se réduirait do nc la va leur
cl es lettres de Ju ssion , si cent ci nqua nte a ns même
d'exécu ti o n n'empèchaient pas qu'ell es ne fussent
l'évoca bl es à la seul e réquisition d 'un Procureur
général ? Tou t ce qui résulte don c des rénexio ns d"
sieu,' d e !\foncla ,' , po ur j ustifi er la co ndu ite d"
parl ement d 'A ix SUI' ces troisième et quall'ième
excès, c'es t qu 'ell e est e nco re moins excusa ble q" e
celle des a utres tribun a ux .
nes six exces menti onn és ci-dessus , en vo ih,
teUl' ? le d eve nir se ul ? et le d eveni,' pOlir porter un e
loi cOlitradictoi "e il la vô trp , mal gré vos défenses
don c déjà qua tre hi en co nsta tés: '1' on a a nnul é,
sa ns notre con co urs , l'efret des a ncie nn es lettres
paten tes e nregistrées ; 2' on n'a pas voulu opin er
SUI' votre édit d e Mars; 3' on a ord onn é littéra lement le co ntraire de son co nte nu ; l,' on l'a fait
sa ns daig ner même s'e n exc use r pal' d es remo ntrances.
expresses ' Mais e n Provence, dit enco re le sieur de
Quel parti devions-nous prendre, Sire , après ces
préd écesseurs; lIIais s'e ll suivra-t-i l qu 'a utre que
vous a it pu les l'évoq uer à votre place, sans VOliS
co nsulte r ? co nt" e vos ordres? S'e nsuivra-t-i1, en
lIll mo t , que le magistra t ait pu d eve ni,' le législa-
--
-\
"
\.-
�-
-
196 -
quatre actPs d e d éso béissance ha bitu ell e, nons
qU ' lIn e fid élit é a il mo ins plus éclairée tenait tOIljours a lta chés a u x a ncie ns prin cipes, aurio ns- nolis
co nnu l'éte ndu e ci e nos d evo irs e t l'empli les engagempn ts de no tre serm e nt s i n OLI S no us é ti o ll s COIlte nt es de ne pas o pin er , co mme nos co nfrères
séduits? Ç':-l ul"ai t é lé, Sire , lll éCO llnalt.re aveceli X
l'a ut orit é roya le, qu e d e b leur lai sse" lIl épri srr
sa ns opposit io n, Q ue po uvio ns-nous don c fai,'e de
plu s mod éré d" ns les circo nstances que d e nOli S en
te nir d 'abOl'd " in fo rm el' simple lll ent vo tre Majesté
d e leur co nduit e e t d e la no t,'e ?
01', c'est tout ce qu e no us Ci mes dans la lell,'e
des dix -Ile"f Ne receva nt po int d e répon se, et les
entrep,'ises ne fai sa nt qu e se mu ltipli r r, nOli S vînm es,
l'abbé de Montva lon e t mo i, me tt,'e à vos pied s nos
personn es e t nos ré (J ex illn s, Vo us daignà tes a vou er
nos d émarches; no us a pportàm es en Prove nce des
lellres de votre Chan celi er , qui e nj o ig naie nt , en
votre no m , d e VOliS re ndre com pt e et de Slll'seoi,'
à tout.
197-
prétendit : 1" que les fon cti ons du chef de la justi ce vis-à-vis d es Co urs se bornaie nt aux si mples
affaires d 'a dminisll'a ti o n ; '),' qu' un ord,'e de surseoir il un jugeme nt étai t un vl'ni acte de législa ti o n,
où l'on ne pouvait reco nn ai lre en lui aucu ll e all torité de pad er e n l' ot,'e n om , Point d e lettres paten tes, disait-o n ; par co nséqll e nt , point d 'o bli ga tion
d'obéir, J e ne puis lI1 'e mpèche,' d 'observer ici, à
ce ll e occasion, co mbi e n il se rait nuisible à voire
service que vos ministres paru ssent approuver,
même taci te me nt , d e pare ill es maximes, Rie n d e
plus dan gpre ux 'I" e de vous refu ser le droi t de suspendre , e n qu elqll e circo nsla nce 'I"e ce so it , l'activité de vos Cours, a ull'e ment CIu e pa,' des lettres
pat ent es II s'e nsuivait 'lue quand , par hasa rd , à
l'arm ée ou ai lle urs, vous n'avez pas, tout '1 la fois
alltour d e VOli S vo tre co nsr il pOlir d élibérer, votre
garde des scpaux pOlir ,cell er , l'OS secréta i,'es
(n: tat pO lir sig ner en co mmand ement , VO li S vo us
trou vez
S:l Il S
moye n léga l de faire
StH'seo i,'
au moin-
à l' exécution dl! moi ndre al'I'èt; vous
ne pou vez, mê me avec vo tTe Cha nce lier, arrêter
dre j uge ment,
$ XXIX.
aucun désol'J,'e, pl'éve nir' all cune entrppl'ise. En
Examen et p1'enve du cinquième excès,
sorte 'I" e dans les cas mème les plus IIrgellls , tout
l'exercice d e vo tre so uverain eté reste suspendu , et
Pa,' un cinqui è me excès, o n d élibéra d e ne pas
mê me d élibére,' e t d 'a lle r to uj o u,'s e n ava nl. On
CIue vous ,, 'è tes plus roi av ec effet.
�-
1!)8 -
-
l!)!) -
~
Examen et preuves dn sixième excès.
Cepe nd a nt , pal' un e mo d éra tion qu 'on ne peut
qu 'admi t'e l' , mais que les cil'co nstances n 'aura ient
peut -être pa s permi s il un b O Il se l'\'ileur de vous
co nseiller , Vo tre Maj esté di ssimula encore ce cin qui ème excès. E lle po rta la bo nté jusqu 'à paraître
se prèter , e n quelque raço n , a u ra u x prin cipe qu i
l'avait rait co mm e ttre; ell e 6 t ex pédi er en queue
d ' un arrêt du co nseil les le ttres pa te ntes qu 'on
dema nd ait ; elles co nt enaie nt la même inj oncti on
que la lettre d e M, le Cba nce lier, d e slll'seoir au
jugeme nt d e l'In stitut d es J ésuites. Qu e 6t le parlement ? Il ord o nn a qu 'ell es seraie nt enregistrées
pour etre exécutées selo ll le ur form e et te neu!'; ct
néa nm o in s il indiqu a dan s la mè me séa nce et dans
la même délibéra ti on le jo uI' Ol! l'o n procéderait il
cc juge me nt , c'est-à-di re qu 'il joig nit la d érision
à la désob éissance, e n a rrecta nt d 'obéi r e n paroles
e t d e désob éi!' jusqu 'a u bo ut en ,'énlit é. Voilà le
d emier des SIX excès o ù j'a vais à prou ver qn 'il avait
•
XXXI.
QueUe nature de ,.ésislct1!ce devions-nous lew' opposer,
relativement aux Jlrincipes établis, dans les t"ois articles précédents? - Quatrième m'tide àcxctminer ponl'
la jns ti(ication du p"ojet de scission.
Qui ose rait so ute ni,', a près cela, que si on ava it
enco ,'e mis le co mble il un e désobéissance systématiqu e pa,' un septi è me e t nou vel excès, en jugea nt
!'eell emen t au jo ur ind iqu é, sa ns a ucun e l'évoca tion a ntérie ure d e vos pre mi ers ord res; qui oserait
sOllt e nir , di s-je, qu e nous a urions fai t un acte
ill éga l e n nous sé para nt de ce ux J e nos conrrères
qui se seraient o ubl iés j usqu 'à ce po int ? Qui oserait
dire qu e ( aurait é té un crim e au ti ers du parlement èl e s'y opp oser j udi ciairement il l'exécution
de l'a rrê t d éfinit if qu e les a utres de ux tiers am aient
rendu ? d 'é lever b vo ix da ns la pro vin ce el! faveur
de l'allto l'ité roya le fo ul ée a ux pieds? et d 'y d éclarer
au peupl e qu 'au cun tribun al ne pouvait , en se met,
tant au-d essus du votre, sta tuer co nt,'adictoirement
il vos ordres ma nirestés?
e u le malhe ur d e se la isser entraî ner: excès, je le
répète, les plus g ra nd s e t les plus d a ngereux où
un e Co ur puisse se por tel' e n d es te mps tra nquill es.
-
--
!
. '
\.-
�-
::l00-
~
XXX II,
C'est s{'per les fondemen ts de la mOllctnhie que d'daolir
que dallS {/'UCttn cas le, plus peUte partie d'u?! tribunal
ne pe1tt mcco1l1wit,'e l'autorité de la plus gmurle,
-
20 1 -
çaises, Je remer cierai Dieu toute ma v'c d e m'en
"voi,' do nn é le co ura ge: 11 quelqu es revers que je
sois enco re d estin é, o n ne m'otera ni la co nsola ti on
d'avoir l'emp li lin d evo ir diffi cile, ni la gloire de vo us
avoir mon tré pl us u e fid éli té que ce ux à qui on m'a
sa crir, é; ni l'a va nt age de n 'a voi,' ra it pOlir ma défense
all clln e d émarche dont j'aie à rougi,', S' il me reste
Il faut surto ut ne pa s o ublie,' qu e c'é tait iiI , ai nsi
qu e Vo tTe Majesté l'a vu c i-d ess us, il qll oi se bo,'-
qu elqu e regret dn passé, c'es t d 'a \'oi,' V II vo tre co nseil blàmer e t punir co mm e un acte in se nsé, violent
na it notre proje t d e scissio n j usqu'à ce que nous
eussio ns reç u vos o rdres IIll él'Î purs. No n , Sire ,
jama is ripn d e mo in s ill éga l, o u po u,' tnienx di re ,
et ill éga l , un projet d o nt o n allra it pu tirer ta nt
d'ava nt agrs d a ns l'occas io n , et qui, dorénal'a nt ,
dan s a ucun e circo nsta nce, ne sa lirai t plus ètre p l'Oposé a vec Sll cces nulle part , a près ce qu i no us est
ja ma is ,'ien d e p lus co nfo rm e a ux vé,'it ab les règles
pt au x principes co nstitutifs d e to ut e mo na rchi e,
J 'ajo utera i qu e c'est e n sa per les fo nde ments et
pré pare,' d es arm es à la d éso béissa nce, qu e d 'é tab li r qu e la p lus pe tit e pa rtie d ' ull t,'ibunal ne peut
•
pas, mème e n de pareils cas, méco nn aître J'autori té
de la plus grand e, qui s'e n est é vide mm ent ser vie
contre vos co mma nd e ments e t vos d ,'o it s esse ntiels,
J 'a i pensé le co ntra ire, Sire, e t j'a i ag i en conséqu en ce; co nn a issa nt to us les da nge rs o ù je m'ex posa is , je n'a i pas hésit é à me pe,'ure pOUl' votre
ser vice, Dévo ué à mo n Ho i , j'ai tâché u e faire pas sel' ma il zèle d a ns le cœ ur d e mes a lllis; a ba lld onné
d e presque to us, j'a i co ntinu é jusqu 'a u bo ut à uéfe ndre d e Illo n mi e ux les a n cie nn es max imes fran-
arri vé.
Je cr ois avo ir pro u vé qu e, ùa ns cell es o ù nous
av ions réso lu de l' exécut er , il a ura it été facil e,
conve nab le, ut il e et léga l.
Mainte nan t, a près a voi,' justifi é da ns celt e seconde
parti e de ma ù éfense Ill o n prétendu fan atisme pour
les Jésuites mes vOl'a"es il la Co ur , mes deux Mé,
,
moires et ma li pl'Oj et d e scissio n , il ne me reste
plus po ur la finir qu 'il répo ndre a ll x moindres
"
chefs d 'accu sa tio n qu'on a tro llv é bon de joindre à
ces quatre accusati o ns prin cipa les ,
•
-
-
-~-
,
'
--
\._-
�-
202 -
CIIAPJ1'RE VI.
LES DI VE HS EXCÈS OU JE ME SU I S PO H'I' I~) ETC.
Ces excès se rédui se nt il cinq:
'l' J'ai co ntinu é Ill es liai son s illi cites avec les
Jésuites, pend ant le cours de mes trois voyages.
2' J 'a i outragé le parlement au mili eu des l'lies.
3' J'ai menacé le premi er Président, dans sa propre maiso n , de le ülire arrèter pal' des paysa ns
arm és.
J,.' J'a i lenu à Eguill es la co ndu ite la plus ind é-
cente.
5' J'a i supposé qu 'o n a va it voulu me faire assassmer .
Ïl 1.
J'a' continué mes liaisons illicites avec les Jést!ites 1Jendml t le COlt1'S de mes tl'Ois voyoges. - Premier clte(
d'acCltsation.
Sur le premi er chef d 'accusa ti on , tin marchand
et un offi ciel' d 'in valid es d éposent /Il' avoif'?IUplusieurs .fois al/el' aux Jésuites en sortant da palais.
J'y ava is mes enfants en pension , comme mes
adversaires y avai ent les leurs, et notamment les
-
203 -
sieurs de Ga lifet et de Saint-Marc: le collége est
dans le voisinage du palais; on m'a vu , Sire, profiter de ce voisin age pour all el' embrasser mes enfants en arrivant de deux. ce nts lieues , et deva nt
repartir tout de suite; on m'y a l' li aller , non en
cachett e, nOI\ il tln e heure indu e, mais en plein
mid i, mais au x yeux de loul le monde , voilà le premier fait d ont on prétend tirer une preuve de mes
liai sons avec les Jésuites.
Voici le seco nd : Si mon , procureur au parlement,
dépose: Qu'étant venu me visite/' le lendemain de
mon al'ri1.'ée, il vit entl'el' le P ère de Beuumanoir,
cL 'lui je dis que les Jésuites ne seraient pas jugés
et qui /Ile répondit: ,,/lfonsieu/', nous 1iOUS en
avons toute l'obligation, etc. ". Il faut obsen 'er ,
d'abord , qu e ce Jésuite était un simple rége nt de
philoso phi e qu e je ne co nn aissa is qu e co mme
homme de lettres; mais eli t-i l été le Recteur, le Pro,'in cial , le Généra l ; fùt-il vrai que j'eusse ajouté,
comm e il a plu au témoin de le supposer , qu e leu /'
affaire ln' avait donné bien de la peille, o ù aurait
été le délit de lui apprendre que Votre Majesté ne
voulait pas qu 'on jugeâ t l'fllS/itut à Aix, quand
cela était vrai alors et de plein e nolori élé) Où aurait été le délit de le recevoir publiquement , et de
ne lui parl er , co mme je le fi s, qu'en présence de
mes domestiques et de toules les autres perso llnes
�-
20'. -
-
que le hasa,'d avait l'assembl ées avec lui dans mon
ca binet ? Enfin, al! aurait été le d élit d e voir, même
en particulie r (ce qu 'il co nste pou rtant, pal' la déposition mème du sieur Simon, qu e je n 'ai fait) drs
Religi eux dont llI es adversaires ne prennent pas
ga rd e que 1l0U'S ne pouvion s plus nous croi,'c alo,'s
les juges, qu 'en o ubliant qu e vous nous av iez défendu d e l'ê tre; o u qu 'e n vou lant obstin ément ne
pas VOLIS o béir . Ca r !lOUS savio ns tous qu ' il y avait
au greffe un édit , pa r leqLl el vous mettiez au néa nt
les appels CO llIm e d'abus d e l'Institut ; et SUI' le
bureau, d es o rdres postérietll's à l'arrèt du 5 juin,
qLli prohibaient l'exécLlti o Ll d e cet arrêt.
Ne fa llai t-il pas, Sire, un e e nvie d émesurée de
m'impute,' des crimes e t un e impossibilité de llI 'en
trouver de rée ls, pour oser, sur d e pareils fails
e t de pareilles pre uves, hasarder L1n e accusa tion
sérieuse ?
~
place de la Madeleine , il j'at abordé !){fr /I I , de
Clémellt Flayosc,. que s'étant efl/brassés, ils parlaie/lt avec beaucoup d'action ; el qu'élant arrivés
devan t !f{ boati'l ue da déposant , III. le président
d'Eguilles dit ({ver' "éhémence et de manière â
t'Ire el/tcndu : Le Roi ,,'est plus rien, LE HO I N'r.ST
Burel , orfèv "e, d épose le mème Cait ,
d'a près Joube,'t ; avec cette se ule différence, qu 'nu
lieu de me fa ire dire: Que le Roi ,,'élait plus rie",
il Ill e fait dire: Que l'aulorité du Roi était méprisée , el qu'il Il ) ' avait plus rl'obéissa IlCP .
Quand même tOllt cela serail exact, l'excès avec
lequel j'aurais gémi , en pad a nt à un ami, d e ce
qu 'o n ne vous obéissait plus , a urai t-il été un crime
qui mérit â t l'i nform ation ? Mais, en outre, il n'y
avait pas un mot d e \'l'ai, ni dans cett e véhémence,
ni dans celte affe c tati o n d 'èt,'e e nt endu , d ont on a
pLU S R' EN,
trouvé bon d 'e mbellir les de ux d épositions ; et un e
prellve ce,'taine qu 'o n le savait très-bi en, c'est qu 'on
n'a point osé faire e nte ndre le sielll' d e Flayose, qui
Il.
J'ai outragé le parlement au milien des
xième cltef d'accusat'ioll.
20:';-
l'ileS, -
Deu-
En voici un e seco nd e qui s urprend,'a e ncore plus
Votre Majesté: J oube rt, marcha nd, d épose: Qa'étant sar [aporte rie j-Ott magasin il vit M. d 'Egailles
qai sortait en robe da palais,. qu'étant arrivé à la
les aurait d é me nties.
�-
20G -
~
-
20ï-
vous nOUS obligiez li vous déclarer!' en/lemi de l'al/torifé royale, dans la p lace que vous occupez,
III.
11011S risqueriez
J'ai menacé le1J1'e lllie,' P,'ésiden l, dans sa Jl,'opremaisoJ)
de le faire a'''I'Jtel'1JC!1' drs paysans W'més, - Troisiùll1;
chef rI'accusalio1/. ,
Vo ic i le fa it le plus grave e t ce lu i su ,' lequel je me
j ustifi erai avec le p lu s d " répu gnan ce, parœ qu 'il
'0'"
m'e n co i,tera d e m e tl re a u g ra nd jOli "
qu 'on a c ru pou \'o ir se perm e ttre co n" 'e moi,
ce
Da ns la co n versa tio n secrè te lJu e j'eus a vec le
sieu,' de la T o ur , e n a rriva nt d e mon premie,'
voyage je lui d écla ra i , a in si qu e je l'ai d it aill eu,'s,
et relative ment à la commi ssio n do nt o n m'avai t
cha rgé, il Egui lles, n o t,'e réso luti o n de f" i,'e lII'
arrè t qui d éfendi t d ' ub éir il celu i ql,'on oserait ,'cn,
p lus q ue /Iloi d' fll'e arr êlé .
n
Vo ilà
cr qui lII 'échappa , bi e n o u ma l à pro pos, et ce qu e
je pounais n Îer si je sava is menti !' .
~
I V.
flle:rllclilnr/es des dépositions des siCI!l'S wnseillers de
Bect1tva l fils et ri' tl l1Jhér"n,
Mais comm e o n vo ula it que je fusse co upa ble de
pis qu e d ' ull e vivacité, o n tro uva bo n d 'ajo uter quP
je l'ava is me nacé d e l'a rrpter , il la tète de ci nq cent s
paysa ns d 'Egui lles a rm és: les sieu,'s d e Bea u va l père
et fi Is d éposè,'ent a voi,' OUI di,'e, il M, le premier P,'ésident, queM, le Présid e nt d 'Eguill es, da ns une co nfé-
ure, malgré l' édit du mo is d e m ars e t vos dernier,
rence, il di x h e ures du soir, lui ava it dit qu e lui et ses
ordres, Je cr us ue voir , e n m èm e te mps, lui répéte,'
collègues éta ien t d éte ,'min és à fa ire un e scission , si
p lusieu rs fois qu e no u s ne pre ndri o ns ce parti ex- '
on ,, 'ob éissa it pas au x ordres du Boi, et qu 'ell e était
trè me qu e da ns le cas o ù nous ne po urrion s prévenir pa" nos re prése nta ti o ns e t nos oppositions
déjà faite; que s' il le fall ait , il amènera it les paysa ns
un acte d e d ésob éissa nce a ussi écla ta nt. Après bea u-
Présid e nt n 'a "ri en dit de pa reil ; il alll'ai t menti ; et
coup de propos qu 'il sera it inuti le de répéter ici ,
il est p le in d 'h o nn elll' e t d e droiture: les sielll's de
le sieur d e La to ur finit pa r me dire qu e: " Si nous
Beauva l a uront sa ns d o ute ma l ente nd u : la p,'océ-
osions
PI!
vell'" là, il ne pourrail s'emp écher de me
j"aire arrêter. )) -
H
lJlollsieul' , lui l'ép oll dis-je} si
d'Egui lles pour ser vir d 'a rchers, Ja mais le premi er
dure ell e - ~u è m e pro uve qu e ce n'est pas
S UI'
ce seu l
art icle qu e le ur m émoire les a trompés, sa ns doute
�-
-
20R -
d e bonn e fo i ; e n voici u ne pre uve sa ns ,'épliq ue (1 .
Le sie u r d e Beu uva l fi ls aJ'o u te dans sa de')10$1-)
209 -
l'alon la veill e de l'asse mblée des Chamb res, pou,'
ètre effectiveme nt exécut ée le lend emain; o n se hâta
lion avoir oui dire à /JI . Desprau..c qu'on lui lIllait
de faire veni ,' le sieur Despratlx dtl fond d" Dau-
proposé de jilire li///' scissioll ; qu'il aurait répondu
qu'il élait 1101l1l<'le hOlll/lle, qu'il jugerllit les Jésuites el serait PO{(I' cux, !lUlis qu'Une se sépare_
rait j"l/1"is de sa COII/p agllie, elr , Po ur donne r
plus de poids i, ce tt e déposition e t a u systelll e q" e
phiné. Malbe ure use me nt il d éposa tout le co ntra ire:
la scission avait été p ro posée c hez le sir li!' de Mont( 1) Je no saurais dou ter quo M. de Beauval le fils n'ai t Cru sincèrement avoir our dire à M. de Latour cL Despraux ce qu'il dépo~.
T ous 1e5 jours la pl'éoccupation faiL Illal comp rendre cequ 'on entend
dire d'un ennemi co ntra leq uel On C5 t prévenu 1 surto ut dans d('~
moments de pa - iO Il Ol! l'esprit, co mm e hOl'5 de IU Î.mèmc, est inattentif en croyant écouler. Et en effot, cornillon Lau rait-i l été po~iLle
qu'avec les lumi ères (IU'il a , M. de Bea uval eùl vou lu d~poscr,
d'aprè3l\1. Dcspraux, des faits fau x, SUl' lesquels il aurait su qu'il
allaiL ètr'e démellti toutdc suite par ce même magistrat? D'ail leurs,
1.1uoiqu 'il soit dppu is longtemps mon C'lIn emi déclaré, ct que jfl l'aie
vu s'élever contre moi à chaque occasion , avec tOtl te sa vébémence natu l'e/l e, qui n'est pa:;. petite , je lui rends yolontiers juslice tout com me au\. autrcs. Il il toujours montré a ut~m l de probité
que d'intell igencc , et je Ile suis poi nt étonné d'entendre dire a ~C7.
généralement qu'il est regard é aujou rd'hui com me un des meilleurs juges et des pl us accrédi tés. On ne saurai t donc , je le répète1
attribuer qu'à sa préoccupation les ine:\3ctitudcs do sa déposi tion.
Je porte le même jugement su r celle de M. d'Al ph eran el je ronds
enCOI'e plus volontiers justice il M. de Beauva l le père 1 autrefois
mon ilmi , le plu s galant homme du monde , mai:: to ut aussi capable que son fils de!'e préoccuper da ns l'affaire su r laquelle on le
fit déposer.
il
am l'ma qu'iL Ile jia point questioll du
projet de
scission ) mais seulclnenl des mesures ci prendre, si
011 Il 'obéissait pas cl la lellre de !If. le Chal/celier.
Le sieu ,' d e Bea uva l n 'est pas le se ul magistra t <Iue
la préocc upati o n a it fa it d époser avec in exactitude.
Son grand a mi le sieur d 'Alphéra n , a utre Co nseille,', a ffl,'me avoir oai dire ci JI / . le COl/Seiller de
(IIII/ehll qu'iL avait assisté cl l'assemblée chez
,li . de II/onwalon; que 11/. d'Eguilles, aprèsyavoir
l'clldu compte de SOli voyage de Versailles et de
la j"çon dont il avait été reçu, proposa de j'aire
scission si on ne voulait pas obéir ci la lel1re de
IJI . le ('/wncelier, Que I"i et iH. de Jouques jils
s'r opp osèrent j'ortement; qu'il y eut de g/'ancls
débllts , que /U. de Mirabeau l'rit avec j'orce le
oms d'ail j'auteuil comme poar ell menacer M, de
(limelin, et que 1Il. de la Canorgue Ile voulant
pas se ranger de l'avis de SOIl ol/cle, M. le Président d'Eguilles le prit cl la gorge pour l'y obliger .
Rien n 'est si p,'écis, ri en n'est si détaillé que
cette dépositio n , On y vo it la scissio n pro posée cbez
M. de Montva lon; le sie ur de Mirabeau menaça nt
d ' un co up d e fauteuil le sie ur de Ca melin qui s'y
tl.
"
�-
2 10 -
opposait; e t mo i p,'cnant à la gorge mon neveu
pour le ,'ange .. d e Illon av is, Le sie ur d 'Alphéran
prend Dieu à témoin que c'est le sieur de Call1elili
lui-m ê me qui lui a dit tout cela . On en telld le sieu,'
rie Camelin , il d é pose tout le contraire ; il dit expresséme nt qu'il se rendit chez M, de MOlltvaloll ,
qu'il y trouva .MM. les Présidents de llagusse,
d'Eguilles et d'Entrecasteaux, 1!1 M. les Conseillers de JlIontvatoll , p ère et jils, MA I . de Jouques p ère et fils, AI . de Mirabeau p ère, Mill . de
la Canorgue et de Churleval, que M. d'Eguilles
fit te récit de son voyage el proposa de quitler Sa
place au p alais d ans le cas où l'Oll /l'obéirait pas
à ta tettre de M . te Cha/lcelier dont JIll. te Président de Ragusse avait une copie qu'il montra ;
que M. te Président d'Entrecasteaux dit avec viva.
cité qu'il /le p re/ldrait jamais ce p arti qui était
trop fort et qu'il s'y opposait; et sortit emuite, de
même que M, de JouqueJ' fits, et tui témoil" De
- 2 11 après ce qu 'on vient d e li,'e, .d e s'en rapporter entièrem ent à ce qu'ils croyaient avoir entendu . Or ,
ce ,, 'est que sur la d é position du même sieur de
Beall\'al , et d e son frè re, que porte toute la preuve
du prétcndu d élit dont on me charge: d'avoir menacé le sieu ,' prem ier Présiden t d e le fai,'e arrêter
par les pa ysans d e mon vi llage . Je fin is cet article:
ell demanda nt. si l'on peut croire qu e d ans le cas ou
j'aurais pu avoir un pareil proj et, je me serais hâté
d'en aIl e,' faire co nfide nce à celui contre qui je devais l'exécu ter ? Mais qua nd on est détermin é à
pereire quelqu ' un , qu'importe que l'accusatio n soit
absurde, pourvu qu 'elle produise so n effe t )
~
V.
J'ai tenu ci Eg1!illes la conduile la plus indécenle > Qualrième ch"( d'acCltsalioll.
scission chez lU. de Jl!ontv"lon et qu'on ne ta lui
"J(lfnais prop osée.
C'est encore en partant d e la même maxime que,
pour avoir, dans la procédUl'e, quelques mots relatifs
à cette ridicule imputation d 'avoir vou lu armer mon
village contre le parle ment , on n'a pas eu honte de
faire en tendre en témoin un a ncien greffi er de ma
juridiction, qu e j'ava is été obligé de révoquer et
Vo us voyez, Sire, qu e quelque confiance que
mérite nt à tous a utres éga rd s les d eux Conseillers
d 'Alphéran et de Bea u va l fils , il n'é tait plus permis,
que le contenu en sa déposition fera suffisa~ment
connaître. Aussi me ga rderais-je bien d e la refuter ;
il suffira qu 'on J'ait lue .- , Joseph-Gabriel Séguin ,
plus , ce même témoin , dans la confro ntati on avec le
sieur de Montvalon fils , a d éclaré sur l'interpellation qui lui a é té faite: qu'il n'a pas oui p arter de
-
i
--
\
-
----
.
'
--
\.
--
�-
212 -
bowgeoisd'Eguillcs, dépose: Que tous le> notables
d'Eguilles j'urentj'aire visite à M. d'Eguilles, qui
leur dit qu'il avait dit un jour à .~I. le Dal/phin
qu'il était le protecteur de l'Église ct qu'i/tel/ait la
place de Jésus-Christ el! terre ... Qu'il dit el/core
qu'on j'erait un nouveau pa rlement .. 'lu'il pourrait
j'aire la j'ortune cie quelqu'ul! en lui donnant la
place de grefJier .. qlt' à la vérité celui-ià courail
risque d'être pendu ... Que lui d'Eguilles viendrait
au palais prendre sa place ou celle du Roi.: ne se
souvenant p as laquelle des deux . .. Il est bon d'oD-
-
2 13
paysa n n o mm e Ma rr'ot lui ava it di t, en terlll es
ex près, qu e M. d 'Eg uilles deva it ve ni r au pala is,
s'asseoir il la place d u Roi; sur qu oi le tém oi n , surpris, a va it d ema nd é au di t Ma rro t s' il l'avai t bi en
entendu a in si parl er . A qu oi Marro t ré pon dit : O ui ,
il me l'a dit a in si, m ot pour mo t. Le paysa n Marrot
lut assign é: il n 'y ellt pas moyen' v"aise mblableme nt
de lui fa i" e co nfirnr er la d épositi o n de Joubert.
Moyenn a nt ce, o n sent bien q u' il ne fut point confronté . Ce J oube rt est le même qu i déposa la pré tendue vébémenceavec laq uell e, e n parl a nt a u sieur
ser vel' , premi èrem e nt , qu e ce pa u vre h omme qu i
de Flayose , je cria is da ns les rues, de manière à
n'avait pas mis le pied a u châ tea u de puis cin q il six
a ns, n'y parut po int da ns la visite d p.s notables
voul oi r être e nte ndu : Le Roi Il' est plus rien, le
Roi Il'est plus riell. Votre Majesté ne sera-t -elle pas
d ont il pa rle; seco nde men t, que de tous ceux qui
s' y trou vèrent , il n 'ye n a pas un seui qui ait co n-
étonn ée d e voir q ue, po ur co nserver co ntre moi
la déposi ti o n d ' un pa reil témoin , qui ne pa rlait qu e
finn é un mo t d e ce q u 'il ava it dit , quoiqu'o n les
d 'a près ce qui s'éta it passé e ntre moi et de ux d iffé-
ait fait to us d é poser.
rent es personn es; d a ns la crainte q u'ell es n e le
Néanm oin s o n vo ulut profit er du d oute insensé
démenti ssent , o n " it pri s le pa rti de ne poi nt con-
qu 'ava it e u le sie ur Séguin , si c'était votre p lace ou
fronter l'un e d es deux et d e n e pas faire dé poser
la mienne que je comptais a ll er p re nd re au palais:
il fa ut tâcher d e re ndre a u mo in s ri d icules ceux
l'a utre.
qu'on désespère d e p ou voir fa ire paraî tre coupables .
D 'ailleurs da ns d p.s te mps d e verti ge e t de fureur ,
to ut dev ie nt vra isemblab le, to ut peut être cru .
O n fit d o nc d époser le sie ur J oubert sur le mème
le sieu,' Présdent d e Rag usse, qu i da ns sa dépositi o n a d r:. faire tomber tout ce qui avait été dit d e
fa it . Il parla avec plu s d 'assura nce. Il a ffirm a qU 'un
C'~s t d a ns la m ème vue qu 'on n'a pas confron té
faux, ta nt sur la na ture de la scissio n que nous
avions proje tée, qu e sur les circonstances qui seules
a uraient pu n ou s d étermin er à l'exécuter . Mais
�-
~
L',
tout cela n'est encol'e l'ien en co mp~raison de ce
que Votl'e Majesté va entendl'e ;
§ VI.
J'ai snpposé qu'on avait voulu Ille (ail'c assassine/' , _
Cinquième che( d'accu,sation,
-
2 tt> -
comb ien mal il se justifi a, Je n'ai jamais pensé qu 'on
ait voulu me faire a.ssassi ner ; et je serais un malheUl'eux si j'avais pu croire un moment qu e le co rps
du parlement eû t la moindre part il celte aventure;
mais il est certain qu e qu elq ues particuli ers avaient
eu l'idée de me faire enlever mes papi ers, pour
y trouver mon mémoire écrit de ma main, et se
E n reve na nt de mo n seco nd voyage, je ,'encontl'ai SUl' le chemin , à deux lieues d 'Eguilles, nombl'e
de mes vassa ux qui m 'y a ttendaient ; ils me dirent
qu e ce qui s'était passé la veille les ava it déterminés
à s'ava ncel' a insi, et qu ' ils étaient là depuis la pointe
du jour, Il s m'a ppl'il'ent que quatre perso nnes déguisées é t ~ie nt venu es s'informel' au châ tea u si je
n'é tais poi nt arrivé, et si je n'a rl'ivera is pas le lendemain ; que n'aya nt poi nt été sa tisfait s de la réponse qu e leur ava it fa ite une femm e à qui ils
s'étaient adl'essés, et Ill e cl'oya nt effec ti veme nt
arri vé, ils avaient été me chercher il deux différentes
maisons de ca ll1pag nes, d 'o ù il s étaient revenus
coucher à un cabaret qui est à un e demi-lieue du
village, et SUl' le chemin pal' où je deva is passer, Jls
ajou tèrent qu'on les ava it suivis, qu 'on les ava it
reconnu s , et qu e c'étaient des gens qu 'on rega l'dait
comme des bl'igands,
Arrivé il Aix, je fis appeler le père de l'un d'eux ,
il m'a mena son fi ls; Votre Majesté verra ci-après,
proCUl'er par là un e preuv e légale que j'en étais
r.::l uteuf . J'ava is reçu , à Paris, l ~ veill e de mon
départ, un e lettre anonyme do nt je l'eco nnu s l'écritUl'e, ell e était d' un e personn e en place; elle ne
contenait qu e ces ci nq mots; Prenez garde à vos
papiers 1 Quoi qu ' il en soi t, on fut fâché à Aix que
ces quatre hommes eussent été reconnus; et on ne
douta pas que j'eusse fait prendre un e procédure
par les officiers du li eu , pour constater les fai ts. On
ne dit rien néa nmoins d'a hord ; mais le lendemain
même de mon troisieme départ pour Paris, le sieur
de Monclar écrivit à mon Procureur juridictionnel ,
la lettre suivante;
~
VII.
LeUTe du sieu1' de Monclar au Proc!we!w jlwidictionnet,
et la 1'éponse de ce demier SUT le (ait des quat1'e bandits qui etaien t venus 111e chercher à Eguilles.
" Mon sieur ... . Il m'est revenu que des jeunes
gens se présentèrent le huit de ce mois, jour de
�-
1 10 -
lundi , d ' un e ma ni ère suspecte , d a ns le lieu d'Eg uilles et qu ' ils r épa ndire nt quelque tl'Ouhle dans le
village. Prenez, s' il " vo us plai t , la pein e de m'en
in struire plu s préc isé me nt e t d e me marquer si
vo us avez fa it qu elqu e d é march e pOUl' vo us infOl'lll C"
d e la co nduite d e ces jeun es ge ns et de leurs dessell1s .
CI
Je s ui s} e tc.
" A Aix, le '15 d éce mbre '17G2.
" Signé: MONCLA " , "
Il reçu t la ré p o nse s ui va nt e :
" Monsie ur, ., E n ré po nse d e la lettre d ont vous
m'avez ho nor é le 15 d e ce mo is, j 'a urai l'honnellr
de vous dire qu e je n 'éta is p o int à Eguilles le jour
qu e les je un es ge ns d o nt vo us parlez d a ns votre
lettre s'y prése nt èrent.
" Pour être à mê me d e vo us répond,'c, j'ai
d ema nd é a ux ge n ~ du li e u ce qui s'é tait passé; et
il m'a été dit qu e le Iwit d e ce mois, jo ur de lundi,
qua tre jeun es ho mm es, les a iles du chapea u baissées, e n veste, d o nt J'un a va it les b as Sllr les SOllli ers, J' a ut re ava it L1n e c ulotte lo ng ue qui lui
cOll vrait les ja mbes jusqu 'a ll x pi eds, \' inrent ail
châtea u à tro is he u,'es a près midi , ct d ema ndèrent
à la fe mm e de l'ho mm e d 'affa ires du seignelll' si
M, le Président d 'Égllilles é tait al'l'ivé, Celle femm e
-
21ï -
répo ndit que non ; et al o,'s ces jeun es gens lu i
répliquère nt : Ne nous le cach ez pas s'il est venu .
Et cette femme aya nt persisié il leur dire qu 'il
n'était pas arriv é, il s co mm encè rent à jurer e t dire nt
qu 'il fall a it aller voir s' il n'était pas i, Vnlsen e , Il s y
furent en con séqu ence; et en rctoul'l1ant il s passèrent au pa villo n e t rev inrent d a ns le village d'o ù il s
pa,'colu'lll'e nt les ru es, t,'ois e n clra nta nt , et lin en
jouant du fl ageolet; ils y r estèrent jusqu 'à six
heures, Ils s'e n fure nt e nsuite, et J' o n prétend qu 'ils
fure nt souper i, F o uqu et , qui est un ca baret qu i
est sur le che min d 'A vi gnon . Voil à, Mo nsieur, tout
ce qui m'a été ra pp orté, J e n'ai fait aUClln e démarche, soit parce qu e je n'étais pas sUl' le lieu , soit
parce qu 'il n e m'a été porté a ucun e pl a inte, et que
M, le Président ne m'en avait pas parlé,
Je sllis avec un très- profond respect, etc .
" Signe: R, c,rAuD, Proc. Juridict.
" A Ég uill es, ce '17 nov embre '1762, "
~
Vlll ,
On n'il (ait entendre en témoin, sl!/'le {iût, que le pàed'Itn
de ces quatl'e bandits, Absl!l'dilé et {ausseté éviden te
de Si! déposition .
Cette rép onse co ntenait tro p rie fa its c l de circonstan ces gra\'es pour que le sieur d e Monclar e ùt osé
•
�-
~ 18 -
risq uer les lâcheuses suites d 'un e infol'lliation qu 'il
aurait fallu faire prendre par mes officiers. Aussi ne
fut-il question de rien jusqu 'au moment où l'on
commença à me poursuivre. O n fit ente ndre alors
presque tout le vi llage: le curé, ses denx vicaires,
le lieutenant du juge, son père , les consuls, les noLaires, les chirurgiens, les plu s petits bourgeois,
plu sieurs paysa ns; tout , jusqu'à un ancien fermi er
avec qui je plaidais, et le g"effier à qui j'avais oté
sa place. Mais on se garda bien d 'y joi ndre le procureur juridictionnel , ni aucune des personn es à
qui l'on savait que les quatre hommes déguisés s'étaient ad"essés, dans. les divers endroits où ils étaient
venus me chercher; de pareils témoins auraient pu
embarrasser . Personne n 'imaginerait, Sire, le seu l
qu 'o n trou va bon d 'o uïr en leur place: ce fuLle père
d'un de ces quatre malheureux dont j'ai parlé ci -dessus. Voici sa déposition: Dépose " Qu'unjour illf. de
iIIontvalon fils l'envoya chercher; qu'on le fit entrer dans un salon à manger qui psi dans les oflices
bas; qu'il Y vit plusieurs des magistrats avec des
Jésuites; qu'ensuite MM . d'Eguilles, de Jouques
père, de Thorame, l'abbé de Montvalon et Montvalon fils le firent passer dans une cuisine allenante; que jJtf. d'Eguilles lui dit avec fureur et
emportement '{ue son fils était un libertin et UII
mauvais sujet; qu'il avait eu la hardiesse de venir
-
~ I !J
-
avec trois de ses camarades s'informer à Eguilles
s'il élait de l'el our , et que, s' il le voulait , die ferait
décréter de prise au corps. A quoi le déposant répondit que son (ils était véritablement un libertin,
mais incapable d'une mauvaise aclion : qu'alors
M. d'Eguilles lui dit de lui amener son fils le lelldemain; qu'ayant pris conseil d'un Avocat, il
flmena son fils le lendemain à IW. d'Eguilles qu'il
lt'ouva al1ec M. de Thorame; que M, d'Eguilles
mena vertement son fils, lequeL lui dit avec beaucoup d'honnêtelé : qu'il avait été dans sa terre,
COlnme dans bien d'autres du 'voisinage, avec trois
de ses alnis, chasser au filel safls aucune mauvaise
illtenlion. Ajoute qu'iL a appris du nommé illoliny
que fi! d'Eguilles se Jil accompagl/er dans son
dernier voyage jusque chez M. de Charleval par
deux hommes armés de fusils ; que ledit Molin)'
ravait rencontré au Pont-Royal et lui avait dit:
Eh bien! il'/. le Président, les affaires des Jêsuiles
vont bien mal; à quoi M. d'Eguilles avait répondu:
Nous VERRONS.
Il Y a qllatre choses principal es à observer dans
la déposition de ce témoi n :
l' Qu'on le fit entrer d'abord dans un salon à
manger qui esLdans les offices bas; qu'il y vit plusieurs magistrats avec des Jésuites; qu'ensuite, avant
de lu i rien dire, on le fit passer dans une cuisine
-
t
.... -
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------
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2:20 -
atte nanle. E n véril é, cela est bie n Illa hd .. oil l A .
.
' . qUi
r
persuadera- t. o n que SI n o us a vi ons été entermes
.
a vec d es J ésuites d a n s les b as· offi ces du siclII' de
I,a.. et placé pl'éc iséllle nt le lo ng du g .. a nd chem in
pa .. o ù je deva is passe .. ?
l,' Q u 'o n a voulu in si nu el' qu e pour d onn er d e la
Monlvalo n , nOli S y a uri o ns introduit un pareil
vraise mbla n ce à ma ca lomni e, je me faisa is escol'Ier
ho mm e, uniqu e me nt p our avo i.. le plaisir de les lui
dans le c he min par des homm es a .. més de fn sils: e n
fai ..e vo i.. ? Ca l' il dit ex p .. esséme nt qu e ce ne fuI
so .. te qu e non co nte nt d 'éca rl er to utes les pre uves
de J'all e ntat d o nt j'a va is élé menacé, o n a lâché de
me fa ire pa raître mo i. mème coupab le.
qu 'après a vo ir passé d e ce salo n d a ns un e cuisine
atte nante, quc n o us co mm e nçiun es il lu i parler.
11 est vra i qu e ç'a to uj o urs élé avec plu s de ma n·
~
IX.
Ce /.émoin ('VOite néanmoins gue son (ils étl!it ven!! à
Eguillcs avec trois de scs compagnons; it convient de
sa mauvaise conduite et donne à ce voyage une Gause
invraisem~lable.
"aise foi e t d e m aladresse: ce Moliny, d 'a près le·
qnel Bré mo nd d épose, étai t un arche,' cie poli ce;
n'élail-il pas b ie n vl'aisemb lable q u' un parei l bo mm e
ai t 31Tèté ma cha ise d a ns les g ra nd s chemi ns pour
me dire: E h bie n ! M. le Prési de nt , les affa ires des
J ~s uites vo nt bie n ma l , et que je lu i a ie répond u :
2' Qu 'il a voue lui·m ê me que so n fi ls était venu
Nous verro n s? Il fa ut fini,' cet arl icle par observer
réelleme nt à Eguilles , avec trois de ses camarades,
et qu 'il éla it un liber/ù'-
qll e comme on savait lrès- Li en que ce Moliny n'av ait
ri en dit d e lout cela, et qu'o n ne voul ait pas qu' il
3' Que la ca use qu ' il d o nn e à le ur voyage est sa ns
vrai sembla nce; ca r , o ulre qu e la ch asse · a ux fil ets
démentit Brémo nd , o n a trollvé i, propos de ne le
point fa ire d époser ou tonl au moins de ne le po int
. est la plu s d éfendu e e t qu 'o n ne pe ut la faire sa ns
être d écelé, da ns un lerroir co u ve rt d ' babilanls
comm e celui d 'Egu illes, a ura ient·il s cb ois i pour
placer le urs fil e ts, m o n cb âtea u , les rues de Ill on
village et mes d eu x ma iso ns d e ca mpagne? car ce
n'est que là qu 'o n les a vus; a ura ient · il s enfin fini
leur partie d e pl a isir à un e lie ue d e là da ns un ca·
co nfro ntel' .
~
X.
Justice Tendue à la probité de tOIiS lcs membres dll parlellIeil t duns lei!?'s afl'a.i1'cs purement pers01l1iellcs,
Voil à , Sire, bie n d es choses que j' a llra is vouln
me cacher à m oi-m ême. E ll es m'o nt surpris d' autant
- -- ...},
�-
:222 -
p lus que je ne devais pas les attendre d ' un corp s de
magistra ts, tous l'e mplis d ' ho n ne ur et de probité,
-
223 -
Récapitulation de la deuxième partie.
parmi lesqu els certai ne ment il n 'yen a pas un seul
qui fût ca pa ble d e la mo indre fau sseté, d e la moin-
Votre Maj esté a ura vu dans celte secon de parti e:
dre injustice, pOUl' ses intér èts personnels, 11 semble
qu e les excès où ton se porte en corps ne sont ceu.X'
'1" Que lo in d 'être dévo ué a ux Jésuites avec fanatisme, je n e le ur ava is ja mais co nfié ma co nscience;
de persollne ; l'iniquité disp araît e n se partageant '
,
'
et l on ose tout , parce que on ne se cro it responsa-
que je n 'avais mis le pied, de ma vie, dans leurs Congréga tion s, que je n 'ava is point été éle vé chez eux;
ble de rien, perso nne ll em ent. Ce n 'est pas qu'il n'en
et qu 'enfin à pein e les conn aissa is-je a u temps de
coû te d'ab ord ; mais le mauvais exemple fait fai l'e lill
premier pas, la va nité un seco nd , l'a mbition quel-
leur prospérité.
2" Qu'assis a u tribuna l , je n 'a i fait pOUl' eux,
quefois un troisième; ens uite le faux h onneur , la
dans leur adversité, qu e ce que j'aura is fait pou r
ho nte qu'o n tro uverait à recu ler, les préjugés d 'une
tous a utres religie ux, po ur mes propreg enn emi s,
pour d e véritab les co upables; que je n'a i pa , ni en
honneur , ni en co nscience, concouri r à d épouiller
Compagnie, sa pré te ndue glo ire, so n prétendu intérê t, la co lère contre ceu x q ui r ésistent , la fureUl'
contre ceux qui a ltaquent ; toutes les passions soulevées se réunissent , corrompe nt insensiblement la
mème provisoireme nt qua tre cents citoyens de leur
honneur , d e leur éta t et de leurs biens, sa ns vou-
cœur dan s un e espèce de co nvulsion habituelle où
loir les en te ndre, sans qu 'o n eû t instruit ni ra pporté
leur procès, sur la simp le plainte d ' un Procureur
il n 'y a p lus d 'yeux po ur la vérité, pins d'amour
général ,qui ,accu mu lantaccusations su l'accusa tions,
pour la justice, presque p lus d e liberté pour le bien.
n'apportait en preu ve que d es injures o u des faits
De ma nière qu e, san s le vou loi r e t presque touj ours
sa ns le c roire, les p lus ho nn ê tes gr ns, les plus belles
âmes, les cœ urs les p lus huma in s vont l'ers le mal ,
inexacts; et cela avec un ton de hain e et d e d écla-
plus b elle âme et fini sse nt pal' m e ttre l'esprit et le
aussi bie n que les plu s m éch a nts hommes, en se détermina nt comm e e ux par la nécessité du moment.
L'affaire des Jésuites en fo urnit a u mo nde un terrib le exemple,
mation qu'on ne s'éta it jamais permis à sa place.
3' Que, indépendamment de ces mo tifs de justice
et d 'huma nité, vos b o ns e t loyau x serviteurs étaient
obligés en Jorce de leur sermeflt de s'opposer au
jugement d ' une affa ire d on t votre édit défendait la
�-
221. -
poursuite, de dema nd er aCle de leur opposilion ,
et de vous rendre co mpt e de lelll' co nduit e, ai nsi
qu e nous le limes,
l,'
Qu e je n'e ntrepri s Ill o n premier voyage à la
Cour que co ntraint et forcé pa r le parl ement , non
pour défendre les J és uites , mais pOUl' mettre sa lis
la sauvega rd e d e Vo tre lVrajesté le sieUl' de Montva lon , mo n o ncl e ge rlll ain , co nt,'e lequ el, en haine
de son co u,'age et de SO li in vin cibl e fid'élit é, on ava it
cO lllm encé un e procédure crimin ell e, qu e le sieu,'
de Cas ti ll o n ava it déj 'l a nn o ncée;' Ioul e l'ElII'ope
devo ir être étendu e sur no us,
5' Qu e le pa,'lement n'aya nt pas vo ulu défé,'er
à l'o rd re de surseo ir à ce tte procédure co ntenu e
dans la lettre ùe vo tre Cha ncelier , toutes les mèmes
raiso ns subsistaient po ur un seco nd voyage, etqllc
j'avais de plus à me prémunir co ntre le redoub lellI e nt de co lère excité par lTI es premiers succès,
6' Qu e je pou va is enco re mo ins m'épargner le
troisième, ap,'ès la d éput a tio n du sieu,' de Califet
co ntre moi .
7' Qu e mes deux Mémo ires n 'étaiell t répréhensibles ni par les faits, to us att es tés dans la lettre
des di x-n e uf magistra ts, ni par les prin cipes , qui
se tl'Ou vent préc isémellt les mèmes que Votre Majesté a ado ptés postéri eurement avec ta nt d'éclat;
ni pal' les réfl ex ions qui ne so nt qu 'une suit e natu-
- 225 l'elle de ces faits et de ces principes; ni par leur présentation , qui a été le f,üt des lI'linistres, ni par leu,'
impression, qui a été celui de mes ad versa ires.
8' Qu' il n'y est d it ni ex prrssément, ni équiva lemm ent , qu e nou s ferio ns la scissio n malg,'é la
volonté du Conseil.
g' Que nous avon s touj ours voulu la borne,' à un
seul arrèt qui défe ndît l' exécutio n de ce ux qu 'o n
oserait rendre co ntre les ordres mu ltipliés de Votre
Majesté.
10' Que même avec cette restri cti on nous n'a vons jamais cm pouvoi r l' exécu ter , que dans le
seul cas o ù l'o n aurai t méprisé lesdil s ord,'es jusqu 'a u bout en jugeant défin ili veme nt.
1 'l o Que les d eu x déclara tio ns signées de quinze
magistrats et prése nt ées il Vo tre Majesté lors de
mo n seco nd et de mo n troisième voyage ne laissent
aucun d oute sur la réso luti o n o ù no us éti ons de ne
donn er à cette scissio n , ni ex tension, ni continuité, qu 'auta nt que Vot,'e Majesté aura it jugé à
pl'OpOS de nous l' ordo nn er ,
'12' Que telle qu e nous l'av io ns projetée, elle
,
était de la plus fac ile exécutio n .
'13' Que dans les circonstances, et avec les precautions que nous av io ns prises, elle ne nous exposait qu 'a utant que Votre Majesté nous aurait abandonnés.
• 15
II.
•
�-
2~6-
14·' Que si vous aviez dai g né nous Souteni", "Ile
aurait été d e la plus g l'amle utilit é il l'E tat : l' pnl'
l'intérè t d e la relig ion dont ell e aurait rétabli ks
droits; 2" pal' ce lui d e la ma gis tl'a ture o ù ell e aurait
enco ura gé, I,é nni e t fa it co nnaître à Votre Majesté
le nomb,'e co nsidé ra b le d e ma gistrats enco re attachés aux a nc ienn es ma ximes dans toutes les CO l"'S
du roya um e : 3' pal' celui d es c itoye ns qui n'aurai ent pa s vu, pe u t-è tre, d étruire le fond ement de
le ur vra ie libert é; pro no ncer da ns les tribunaux
d es p,'oscripti o ns sa ns procédul'es antérieures; et
ôter p our to uj ours la patri e à d es milli ers de Français nun jugés, no n e nt e ndus, n on a ppelés; l,' enfin po ur ,celui du Trône m è me que les grands
exemples d 'un e fid élité éclai,'ée re ndent encore
-
22ï -
au doigt l'impuissance où l'o n a été d e cotel' quelques faits où j'a ie réellement manqu é il ce qu e je
devais au parleme nt , d 'éga rd s et de res pect.
'18' Qu 'elle ne lai sse aucun do ut e SUI' l'inexactitude des d épositio ns où je s uis chargé d 'avoir
menacé le sieur p,'emi er Prési dent de le faire
"rrèter par des paysa ns armés .
19' Qu'ell e fait roug ir pour ce ux qui n'ont pas
eu honte d 'employer un témoin insensé, et d'autres
visiblement subordonnés, pOUl' tâcber de me co uvl'ir d e tous les ridicules ap ,'ès m 'avo ir vou lu noircir d e tous les crimes ,
20' Qu 'on a mi s le comb le à tous ces excès, en
plus vénérable a ux yen x d es peupl es que toute la
donnant à e ntendre qu e j'ai porté la noirceu r jusqu'à supposel' qu 'o n ait voulu me faire assassi ner,
puissan ce d es Rois ne p eut la le ur re ndre redoutable ,
tandis que j'ai gardé les plu s gra nd s ména gements;
qu e je n 'ai porté d e p lai ntes à personne; qu e je n'ai
fait prendre aucune procédure SUI' ce q IIi s'é tait passé
1 5' Qll 'elle éta it léga le autant qu e possible, prud ent e et utile ,
à Eguill es; e t qu 'il n'e n l'esterait aucun souvenir si
16' Que l'acc usa ti o n d 'avo ir continu é d es liaisons
l'information , par un témo in qu 'o n n 'a urait pas dù
illi cites avec les J és uit es pendant le cours de Illes
faire entend,'e, si on avait voulu savoi r la vérité, et
qui est po urtant le seul qu 'on ai t en tendu SUI' cet
trois voyages est d é mo ntrée fausse, ind écente et
abs urde, par la procédure m è me où l'o n a voulu la
pro uv er .
17' Que ce tte procédure fait éga lement toucber
on n'avait pas cu l'imprud e nce d 'e n faire parler dans
obj et.
21 " Enfin que Illon seul el v rai dé fil a élé de
l1l'é're opp osé aux dé/ils des au'res : no n pal' fa na-
�-
228-
tisme
. . pour les J ésuites, avec qui J" ..avais e u mO.ins
de IIa,so ns. que mes accusateurs ' m ,ais pa. ,' ze' 1e pOli"
votre sen'tce , dans d es circonstances
0 LI' l'1 la
c ilait'
(
qu elque c01ll'age pour oser montre,' bea
., UCO llp de
fid élité.
FIN DE LA DEUXIÈ!IE PARTIE.
APPENDICE.
Dans un e coll ectio n d e Documents SUl' la COIl1puguie de JéSllS, nous devions hésiter à placer,
mème à simple titre d e pièces justif,cati ves, la première partie d es Mémoires du président d 'Eguilles;
toutefoi s nous nOlis somm es décidé à l'imprimer
dans cet Appe ndice . Outre le d ésir de faire connaî tre un homm e de bien; un juge suc,'inant tous
ses intérê ts à son devoir; un défenseur si désintéresse, si courageux et cela d a ns la ca use la plus
impopulaire du monde; il nous a se mbl é util e de
conserver un e biograpbie véritablement in"téressa nte, mè me a u point d e vue spécial de nos delll elés avec les Parlements, E n o utre, parmi les faits
relatifs au seul président d 'Eg uilles, on ne lira pas
sa ns illtérêt son ex pédition en Écosse, imparfaitement connu e, même ap,'ès les travaux de M. Amedée Pi cho t su r le pretenda nt Charl es-Édouard et
la d ernière lutte des Stuarts e n Angleten e,
�-
228-
tisme
. . pour les J ésuites, avec qui J" ..avais e u mO.ins
de IIa,so ns. que mes accusateurs ' m ,ais pa. ,' ze' 1e pOli"
votre sen'tce , dans d es circonstances
0 LI' l'1 la
c ilait'
(
qu elque c01ll'age pour oser montre,' bea
., UCO llp de
fid élité.
FIN DE LA DEUXIÈ!IE PARTIE.
APPENDICE.
Dans un e coll ectio n d e Documents SUl' la COIl1puguie de JéSllS, nous devions hésiter à placer,
mème à simple titre d e pièces justif,cati ves, la première partie d es Mémoires du président d 'Eguilles;
toutefoi s nous nOlis somm es décidé à l'imprimer
dans cet Appe ndice . Outre le d ésir de faire connaî tre un homm e de bien; un juge suc,'inant tous
ses intérê ts à son devoir; un défenseur si désintéresse, si courageux et cela d a ns la ca use la plus
impopulaire du monde; il nous a se mbl é util e de
conserver un e biograpbie véritablement in"téressa nte, mè me a u point d e vue spécial de nos delll elés avec les Parlements, E n o utre, parmi les faits
relatifs au seul président d 'Eg uilles, on ne lira pas
sa ns illtérêt son ex pédition en Écosse, imparfaitement connu e, même ap,'ès les travaux de M. Amedée Pi cho t su r le pretenda nt Charl es-Édouard et
la d ernière lutte des Stuarts e n Angleten e,
�-
230 -
MÉMO lllE S
DU PHÉ S I DENT D' EGU ILL ES.
•
Pel'SO lin e
•
lIï v~.IJ O l'e Ill e::. cl é lll t.~ I l-.s avec Ill a Co Ilpa
1
'.
g ll lè . il
1occasion de l'alfaire des Jésuites.
L'arrêt de hanni ssement peq'étuel qu'ell e pOl'ta COlltrc
moi , ct cplui du conseil qu i . en le cassan t. me co nd amna
néanmoi ns ~ dix
a il S
d'int erd ictio n de mes fonctions et
d'absence de la \'ill e d'Aix , On' été imprim és et répandus
dans toute l' Europe.
Ils furenL ,wéccdés. accompagIJés ct suivis d'un e foule de
libell es , où je suis repréS.llt.é comme le p lus ridicule, le
plus fanatiqu e , le plus méchant , le plus l'i l, le plus meprlsable drs hommes. Je ne pu is m'empêchel' de comprell'
d,'c dans Cl' tH' el asse les motifs donn és pal' M. de Monelal'
des arrêts Cl 31'1'ètés qui nous 3\'ai cnL di\·Î.,és ; ses di\' (~ l's
ré(IUisi toires. ceux de M. de Castill on , ceux même des
PI'OCUI'C UI'SC LA\'oca ts génél'aux
des autl'es parl ements fa its
à J'occasion de mes deux pl'cmicl'S M t~ m o il'e5. Les inexactitud es , les injures, les imputalions calomnieuses dont
tous ses ouvrages sont l'emplis, sa ns diminuer mon l'espect
pour leurs auteur::;, m'au tori sellt il ell parler arec peu
d'estime. Je démont,'el'a i qu'ils ont été , dans ~IM . de Mon·
-
23 l -
clar ct de Casti llon , l'e fretd e la passion , et dans les autres
celu i de la prévention, Ennn , j'espère de porter ma justi tication SUI' tous les al'ticles, à un degré d'él'idence qu i ne
me renge ra que trop dans le publi c.
Je prie ces messieurs, el to us ceux qu i poul'I"aienlll'OUl' Cl' dans mon Mémoire des vérités fâcheuses, de les pardo"ner à la nécessité de la pl us juste défense, Je Il 'a i cu
aucun e intention de les blessel'. Je supprim e tou t ce qu 'il
est possibl e de supprimel', Je proteste en particulier à
MM . de Monclar et de Castillon , mes anciens amis, que je
letH' suis toujours yél'itabl ement attac hé; que j'ai toujours
pOUl' leurs vertus et p OUl' leurs talen ts une sincère estime ~
que je les regarde toujo urs com me de grands magistrats ,
de bons ci toyens, de ndèles sujNS ; et que je n'attribue
qu'au x suites p,'esq ue inév itables d'un peu trop d'a mou r
pour la célébl'ité les éca rts étonn ants où les circonstances
du temps les ont successi vement entrai nés l' un et l'a utre.
Maisje n·ai ni pu , IIi dl! les di stiimuler. ces éca rts. Je ne
l'ai pas pu , ç' aul'a il éLé trah il' ma propre ca use; je ne l'ai
pas dù , ç'aurait été trahil', selon moi, celle de la religion,
du tl'ône et de l'Étal.
On me demandera peut-ètl'e qui est-ce qui m'a chargé
de la défense de ces trois grand s ohjets; et s' il est permis à
un particulier d'attaquer de froll t, dans un ounage im primé, la cond uite ct les opill ionsde c<'u:\ à qui a été con·
né le maintie" de l'ord re public .
Je répondrai premièremellt que, q ua lld j'étais magistrat,
j'ayais au tallt de droi t que me:; confl'ères de discuter à ma
place les pririléges de J' Eglise et les max in1es du royaume;
,, .
t
J
J
�-
232-
on rH' sa ul'ait en di scOIlYcnil'. Scco nd ernent, que pOUl' l'avoir
fait ~e l o n mOIl honneur et conscience, j 'ai été accusé solen_
Ilellemellt d'avoir vou lu établir un systèm.e 1'épl'é1wnçible :
{ait une protestation contf'où e ri tous nos jWil1Cipes J' favorisé la
déle:J'lable opinio'l du pOlluoi,' inrlù'cct ; proposé une scission
séditieuse; franchi toutes les bonws; violé toules les lois.
Or , je demand e moi- même Ù Illon tour , si de J'accusa_
lioll d'aroir abu8l: cl' imiJ Jcllelll clll d'un droi t qu 'on 1I 0 peut
nicl' 'lue j'ai eu u'ull'ûlüis, il Il e suit pas éYidemlllcnL que
foi encOl'e aujourd 'hui ce lui de discuter to us les objets SUI'
lesquels 0 11 III 'a in cu lplo?
On sera il tout :H1S"j mal l'ondé de prétendre (llIÛje n'au-
l'ai s cl ù le fa i l'e que t.I ail S des ~I é m o i l'CS secrets , pOli r le seul
usage des mini ~ trC's. me bornant à in struire de mes pl'(.~_
tendus gri els ceux qu i pcu\'ellt m'cil l'clcye1'. Je l)]'ic le
lecteur de cO llsidérer s'il Il 'est pas de dl'oi t naturel 'lue la
justification ait autan t d'éclat et de publicité que I"accusatioll ? Tout ce qui a été dit et fait contre moi étant imprimé,
comment poul'rait-o n trourer rtl;luvais que ce que j'y réponds le soit aussi ?
0 11 me reprocherait avcc un pClI plus de fo ndement que
j 'aurais dù le fail'e d'aboJ'rl , ou tout au moin s ne pas
attendre l'expiration des cillq ans de la contum ace. Il laut
que 1' 0 11 me permette ici quelques détail s.
-
233-
haut degl'é (M. le Dauphin) ; cet homme (dont la mémoire
est éga lement en honneur parmi les mond ai ns ct en bénédiction pal'llli les justes) ne m'ava it pas Cru indigne de sa
protection , de ses bontés , j'osel'. i dire de son estime,
Il sut que d'abord , ap,'ès l'al'l'êt du cOll seil , revenu en
luite de Liége à Paris, j'all ais me remettre en priso n pour
en demand er la l'évocation ct que je devais joindre à ma
l'cquète le même Mémo ire j ustilicatil' qu 'on va lire ct qU 'OH
comm ença it déjà à imprimer , Il ex igea que je lu i promisse d'en suspendre la publi cation , jusqu 'à ce que 1",
telllps me fu ssent derenus moins défa\'ol'ables , ou que les
ci llq ans de la co ntumace fu ssent prêts à expil'el' ; COlnenant avec moi que mOI? honneul' ex igea it que je ne laissasse point passer l e~ cinq ans sa ns l'éclamation. Jamais
l'obéissance ne m'a tant coùté. Il daigna m'écri re le gré
qu'il me savait de l'efTol't que je me faisais. Voici sa
lettre:
, Je sui s fort ai se , Monsieur , et je rous sais le fTIpil leul'
• gl'é de la résolution où vous êtes d. ne poillt publier actuellement votre Mémoire justifi catif. Quelque solides et
• incontestables qu'en soielltl es prin cipes , il sel'ait bien à
f
craindre que toules les personnes qui ne ro us aiment
c
pas n'en fi ssent un aussi mauyais usage que ceux de
L' hom me le plus r él'ita blemellt g rand que notl'e Frallce
ait peut-être jamais p,'oduit ; qui fut dan s sa vie un modèle
de toutes les r crtus , et que l'Europe immo rtalisa à s.
c
de lIou\'ea ux revers, que \'otl'e conduite et la pUl'eté de
f
\'os intentions ne méritaient pas. Elles \'Ou s ont acquis
mort pal' un Cl'i généra l de douleur , effet du respect un i-
Ma vénération pour sa mémoire a eu autant d'empire sUI'
moi ap,'ès sa mort que mon respect pOlir ses \'olontés en
versel , que pel'sonll e n'ava it exc.ité ayant lui il un aussi
l'année dern ière ; et qu e \'ous ne ru ssiez encore exposé à
• toute mon estime SUI' laq uelle je \'OUS p,'ie de compter .•
�-
231, -
a\'ait eu pend ant sa vic. J'ai you lu lui obéi r lors m&mc
-
235-
qu ' il n'était plus.
leu l'<. C'est cc que j' ex~cute aujourd ' hui en publiant mon
M<'moire, Je comptai s de le donn er imm édiatement à la nll
J'ai attondu , en conséq uell ce , avec la plus grand e patience et la plus scrupul euse ex actitud e, jusqu'au demiel'
de la ci nquième année, mais on sent que je n'ai pas dû le
mois de la cinqui ème ann ée, qui était le LCI'me qu 'ilm 'a\'ait
Chancelier; et depuis ce t clI vai , il ne m'a pas été possible
prescrit et au delà duquel je n'alll'ai s plu s été I·ecer.bl e ,
en ri gueul' du droit ; mais je n'ai pa s ba lan cé quand je l'ai
VlI aPP,'ocher.
de lui trou r el' plus tôt un impl'irncu l'.
J'a i eu l'honneur , au m o i ~ de septen1bl'c mil sept cenl
soixa llte-huit , d'écrire à M. le Chanceli el' deux letll'es
auss i pressantes que l'espectueuses; je l'ai supplié de Ille
meUre aux pieds du Roi pOUl' en obtenir la permission de
me pOlin"oil' en révoca ti oll d'u1I arrêt surpris à sa religion
ct" cell e de son cOllseil ; je l'ai prié d'observer que je ne
demalldais qu e d'user d' une faculté , que le dl'oit naturel
ct les lois positives de tOIlS les pays assul'ent aux plus
grand s scélérats jugés sa ns a\'o il' été entendus, surt out
lorsqu ' il s se présentent dan s le cours des délais fix és pal'
ces mêmes lois. Je n'en ai l'e('u aucun e réponse, et je Il 'erl
suis pas étonn é ; san s cloute 'lue ce respectable cher de la
justicf , tl'O p équitable <-l trop éclai ré pour ne pas sentir
que ma demande Ile pou vai t être rejetée san s blesser toute:;
les règles, n'a pas trou ré conrenabI e de me mander qu 'clic
ne serait pourtant pas reçue . Quel parti denai s·je prendre?
On sait que le tribunal 'lui ne veut pas m '~couter n'a poillt
de supérieur à qui je pu isse porlel' ma plainte; Ja i dune
cru fl 'aroil' nuUe chose à faire qu e de commencer par me
justifier ennn aux l'eux c1u publi c, en allendant le temps
où mes juges voudront pCl'mettre que j e me justiOc aux
lil'rer à l'impression arant l'envoi de mes lettres à M. le
En fi n , le voici prêt à paraître ; je l'adresse aux gens rcl'tucux qui , tl e quelque parti f}u 'i ls soient , aimcutla vérité
partout où ils la [rou,·elll. C'est eux dOllt je recbel'che
l'estime : je n'ai poillt écrit pour les autres.
Ë
fil ...
\
�-
-
236 -
237 -
dans ce Mémoire, ni colère, ni faibl esse, n! IIlJUI'éS , ni
déguisement.
Sill E ,
Cillq ans se SOIlL pl'csquc écoulés depuis l'al'l'èt du
con .seil rendu contre moi à la
I)OÙl'suite (1li pal'1cmOIl!
'
CII CO I'C
pal'u de ma
p a lt ::iUCUlte
lI lI
lIoU\'cl accès au
11'1) 11 0
j'attendais pO Ul' m'y pl'ésentel' un meilleul' temps et d~
plus fal'ol'ab les cil'constallces,
Je puis ajo utel' Ciue je les attenda is tl'anquillemcll t, salis
rùgrets, sans ambitio n ct sa ns haine; CIl paix arec moimême , estimé des honn ètes gens qui me conn aisscllt ,
mille foi::; moins ,\ plailldl'C que mûs clInemis; trop
heureux ,
p OUl'
pOU l'
'lue je Cl'oi l'ai devoir dil'e pOU l' sa défense: aucun e passio n
ne me fel'a l'évélel' cc que je croil'a i pouvoil' suppl'imer
sa ns lui nuire. En développant pOUl' le so uti en de ma
ca use ce qu'il y a eu d'i ll égal et d'excessif dans la conduite du parlement , je ne pel'dl'ai jamais de vue ma pl'Ofoude vénératio n pOUl' ce corp s, m a sincère estime pOUl'
LOUS
Ce n'a été, Sire . IIi pal' défaut ri e cou ra ge, ni pal' dl'faut
de moyens. N' ignol'allL l'ien de ce qu 'on a l'a't
1; 1 pOUl' Ill e
l'cnch'c comme impossibl e
vél'itr
laq uelle j 'écri s, aucu ne co nsirl 61'ation ne me l'e l'a taire ce
PRÉAMBULE ,
d'Arx, sans qu 'i l ail
l'éclama tion ,
Libre eL simple comme la
mieux dire, d'aroil' su l'emplir des devoirs
difficiles, j'a urais continué jusqu'au bout de dédaigner
toute j ustin ca tion , si cc que je doi s à ma famill e, à mes
généreux co nfl'èl'Cs, à la r él'ité, à la justice, à mon maître
à ses intérêts . à sa gloil'e, a u désil' surtout de regagne,:
son estime, Ile m'o bli gea it point a ujou l'd ' hu i de l'omp l'e
enfill malgl'é moi le silellce arallt le temps où les lois ne
.me pel'mettl'aien t plus de pal'I el' (1), Vous Be venez, Sil'e ,
, (1) Pc. rso nn e n..Ignore qu ,après un e r.ond am nation par co ntum ace, on
n l en rigueur que cinq ans po ur se représc nter, el qu e ce déla i cxpiré,
les membl'es qui le composent , m a n ancien ne amiti é
pOUl' plusieul's d'elltl'e eux ,
Ce sel'a avec enco l'e plus de l'espect et néa nmoins avec
autant de fl'anch ise ct de Ilbel'té qu e je démontrel'ai les
sUl'pl'ises fa ites à \'otl'e consei l et l'injustice de son al'I'êt.
Contl'e ceux qui m'ont accusé, je n'apport el'ai d'au tres
témoi ns qu 'cux- mêmes : je lil'el'ai toute ma
ju ~ ti li ca tio n
de leul's pl'opres éCl'its, des lettl'es de vos ministres, des
registres des deux tl'ibu nau x qui m'on t condamn é.
Je tâcherai en mème temps de ne rien Illettre d'inuti le
et de joi ndl'e la bl'ièveté il l'exactiLude, Mais comm e on
les juge ments devÎelln ent défi nit ifs, au moin s à qu clqu es égards, parce
qu 'ils son t ce nsés co nsfillis. Qudqu'un pomra il-il me ~a,' o ir mauva is
gré de n'a \'oir pas ,'oulu, par un plus long silence, laisser présumer ce
conse ntement léga l il tout cc qui a élé di t et fait contre moi? Au res le. il
ne faut pa s oublier que nos lettres à M. le chancelier OIvaienl précédé
l'ex piration des cinq ans; que ce n'es t pas. ma f<Jut t' s.i on n'a pas voulu
y a\'oir égard, m'cntendre. et rece\'oi r au conse il mon Mémo ire; qu 'en
dro it il a la mème date que les lettres où je demanùais la pernllssion de
Je ]lrésenter , et que je suis: fonM 5 y parler, ainsi que je le fais, com me
si les ci nq ans de la co ntumace n'étaient pas encore expirés.
\.
�-
238 -
-
n'a négligé aucun moven ùe me noil'cil' el de m'a\'ilir
Le second fut , all temp, de la Li gue , un des prin ci-
,
jusq ue-là que le sieul' de Monclal' parlant au nom de sa
compagnie n'a pas cl'aint de me donnel' à \'ot"e Majesté
el au public comme un homme qui 1'éul1issait tout ce 9'U!
la plus gra nde noil'cew' SUpPOU! de perversité, d'audace et de
(olie; je ne pou n'ai pas l'enfel'mel' ma défen se da ns la
seule affail'equi nous a désunis: je se,'ai obligé d'y joindre
des objets qu i n'l'ont po int de l'ap port di,'eet , mais Jon t
.Ia discussion est absolum ent nécessa ire à ma pleine justi li_oa tion : je Ille vuis rHème fUl'cé arec regret de présentel'
le tablea u peu illtéressall t de tous les temps et de toutes
les ci rconsta llces de ma vi e.
239 -
paux roya lisles ci e ce tte co mpagnie : il la réconcili a " SOus
Louis XIII , arec le cal'dinal de "icheliell dont il éta it
estimt', et il mourut co nseill er d'État ('1),
Le l roisième ne montra II i moi li S d'amour pOUl" ses
maitres, IIi moins de cou ragc; et il partagea peudanlla
min ol'ité de Louis XI V toute:; l e~ peill es ct tous les dall-
"crS du fameux premi er Pl'é.;idcnl d'Oppèdc, son bea u-
,0
frère.
Le quatrième (~), céli:b,'e pal' son goût pour les bell eslettres et les beaux-a rts, député à l'àge de 2G ans contre
le premier Pl'ésidellt Marin qu'i l fit ,'é\'oqu e,', ne cessa pas
,, 'Hre ,'egardé à sa 1I10l't comme l'o racle de son corps (3),
Le cinquième enfin , qui était mon pèrc, respecté au
l iA CONDUITE DEPUI S MON ENTR EE
l'nocÈs
O.\ NS
LE MONDE JUSQU 'A V
palais, ché,'i dans la pl'Ol'ill ee, mille l'ois plus attaché à
ses dcvoil's qu'à ses intérêts; quaraille ans rotl'c Procureur
OES JÉSUITES.
r.
JI/a (amille, -Je so"s d' un e fami ll e honnête , ancienne
dans le pa rl ement de Pl'ol'ence; q lI i depuis deux cents ailS
y sel't les Rois, de pèl'e en lils, al'ec la même fid éli té et le
même zèle.
Le premier (1), qui )'elltra sous Charl es IX, aYUit l'hollneuf' d'êtl'e genti lhomme.
(i ) JI était fil s d'Ant oi ne de Boyer qu e Gaufredi mel au rang des bons
ca pit aines de so n siècle. d3ns la préfa ce de so n hish>Îre de Provence.
NostradalYlu$, dans la sienne, le rait de!lce ndre dc Guillaume BO)'er, souvera io POlles tat de Nice en 134 \ ; il étail ravori des deux co mt es de Provence • Charles seco nd et Robert ( Voye. p. 368 el 369, éditi on de
16"),
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- ,-_.. _"
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240-
général , a été pendant tout votl'e règne un des magistrats
du royaume le plus in cèl'ement dérou és à Votre Majesté:
c'est un lérnoignane quc lui Ollt rendu , à chaq ue occasion,
les deux plus l'ertu eux clt anceliers de la monarchie ,
MM, d'Aguessea u et de Lamoignon,
II. Afon p,'cmiel' sel'uice dans la marine, - Fi ls de ta nt
de bons ci toyens, élevé da ns les mêmes sentiments , je n'ai
jamais co nnu , comme eux , que deux prin cipes de conduite , votl'e servi ce et mali devoil', Cheva li er de Malte ct
offi ciel' de marine dans ma p,'emière jeu nesse , à l'exccpLion des deux ann ées empl oyées à mes carayanes, je n'ai
pas quitté le département depuis 1725 qu e j'y entl'ai , jus,
qu'en 1139 <lue je me retirai, Pendant cesH an s, passés
en entier SOus les yeux de mes supél'ieuJ's mi litaires} j'a i
toujours été honol'é de leul' bienveill ance et de leur estime,
il!. le comte de Maul'epas ne l'ignol'ait point , ce min istre
de qui f étais connu person nellement , et 'lu 'on n'a jamais
regard é com me un homme aisé à tromper , éCl' ivait à 111011
père immédiatement ap rès ma sOltie du coq's (1 ): « J'ai
(1) Le 4 juillet 1739. J'a i celle leUre, el j'averti s ici, que dans la suite
de ce Mémoire je n'en citerai au cune donll'originnl ne so it en Ill es mains.
M. de Maurepa s, qui avait eu le dépa rtement de la marine, toulle temps
que j\ avais servi, ig norait sa ns dout e qu e je vol ais les rorça ls, que je
négo ciai s avec leur age nt ; qu 'aya nt.eu peur, j'avais quitt é un jOllr mou
poste pour m'all er cacher; qu e j'avais mis un raux seing au ba s du tes tarr. ent de ma première rem ni e ; e l plusieu rs autres gentillesses de celle
es pèce, qu'on fi t imprim er dan s un e bro chure inti tulée : 1 Relation de ce qui
1
1
s'est PO$,t au parlement d'Aix, dan s l'offaire des Jêsuiles, depuis le ~ l nUlrs
1762, • On sent bien que je ne répondrai pas sérieusement il de p.. reilles
calo mn ies ; mai s il y en a dans le même ou,Trage, qui étaot moins ifll'r3i-
-
24 l -
( vu ici avec plaisil' M. votre li b ) dont il ne m'est jamais
• revenu que les relations les plus avanta geuses, J Quelques années apl'ès, consulté parM, d'Aguesseau, il daigna
lui dire tant de bien de moi 'lue ce célèbre chef de votre
justice , si éclairé , si attentif ~ si amateur des règles, dont
le seul défa ut étai t peut-êll'e ri e portel' l'exact itud e jussemb la bl e, auront pu raire imp ression Sur certaines perso nn es, IJ y est
dit par exemple : a QU '3près avoir été reçu dans mOl charge je repartis
• et li s une absence de huit ou dix ::lns, pcnJ alit lesquels j ~ p::lssai en
• Écosse a\'ec le prétend ant ., Or, il f!l ut savo ir : 10 que jt n'ai été reçu
présiJ ent qu 'après mon retour d'Ecosse; 20 qu e .Ieru is le jour qu e j'ai
('ommencé J'en f>xercer les fon cti ons en t U9 Ju s(lu'en 1162, qU'::l commencé l'affai re des Jésuit es, je ne me sui s éloigné fi dix li eues d'Ai x
(lU 'un e se ule rois pour all er raire juger un procès au parl ement de Paris,
et que mon voyage ne rut pas J e di x 3ns, mais de qu arante- un jours,
Voici un e 3ulre an ecdote de la rn ême e:\;)c ti lud e et (lu i parait ra plus
curieu se. Copi ons les propres paroles de J'3 uleur : • L'anc ien é"êque de
Mireroix lui al-ait rait donn er un e pension J e 1,500 fr, pour réco mpenser
son zèle pour le schisme ct pour les Jés uites li. Certes, M, de Mirepoi x
ne pou\'ai~ Guère conn aÎlre mon amour p Olir le schisme, par mon ex péJitÎon d'Écosse , et ce rUl d'a bord après mon retour de la Grande-Bretagne, et ava nt q UI! j'eusse paru un e se ul e rois au palais, qu e j'eus cdte
pension de ·1,500 fr .; il au rait été encore rd us dilli cil e qu'il voulût récom pen~ er alors 'Illo n zèle pour les Jés uites, puisqu e la se ul e v i~it e qu e je
lui rend is rut enJp loyée précisé ment li le solli cit er co ntre ce~ Pères, en
faveur de la Doctrin e Ch ré ti enne, pour qui j'o btin s eflècti \'e ment Je ce
prélat te rétablisse ment de ~o n pensio nn at à Ai x, J'a i la preU\'e de ce
fa il dan s deux lettres, J' un e signée de lous les membres de la maiso n qui
me rem prciaient au n(lm du co rll S; l'autre du p , Suret, leur gé néral, qui
m'3ppren::lit qu e d'abord, ap rès mon départ de Paris, une pe r!'onn e qu e
je ne nOlJlm erai point , mais qu e ces Pèrf>s co nn aiss<l ient lrès -bi l'n, a\'ail
lail changer d-a vi s à M, de Mirepoix. On l'o it qu 'au moin s daJ1S ce
lemps-l à, ce n'é tail pas Inoi qui 3\'ais en Provence, l'agence secrète du.
!lù/iral ries JéJ llitts, qu e M. de Monel 3r me suppose depu is longtemps,
Il ra ut enCOre une rois entendre mon ri dicul e histori en : 1 Après la
Il.
16
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242-
qu 'au scrupul e, me prévint pour des grâces que je n'aurais
poilll osé lui demandor , (' l qui n' avaient enCore été aCCOrJ ées à personne , co mme on le vel'ra ci- après.
Voilà donc, Sire , la pl'emière époquc de ma "ie hors de
toute atteinte : je vais passel' au temps qui la sui vit.
mort de sa femm e. il demeura troi s jou rs sans Rl <J oger . allant hurler
pub liqu eu)e nl su r son lomllc,lU . Elli e I ~ alt ant à des lieux de ~i ve r t i s _
a sement. Il Il Il 'es t pas éton nan t qu e da ns des temps de fu re ur , où il
fa llait me perdre à tout prix, on <l il tout osé pour me diffamer ; qu'o n nit
Il
~
"oul u pro li ter de ce premi er mome nt de pas.s ion où les gens de part i, el
quelquefois mème les gens sag es, n'exa minclll rie n, et croient ave uglémeut lou t ce q u'i ls so uhai ten t ; qu 'e nfin, da ns le désespoir J ' une cause
Ilu'o n ne voulait pas aband onn er, et qu 'o n ne s3vai t comment défendre,
on ail pris le p:lr ti de me déchirer . ne PO ll\'3I1 t me réponrl re. M3is ce
llu'on 3ura pein e à croi re , c'es t qu e l'au teur de ce libelll! soit un 013gi".
IraI, hOlflm e de quelque méri te, aUlrefo is mon intim e ami ; qu e celui par
qui le manuscrit a p3 ssé à Paris soit un 3utre ma gistra l (j ' un corrs dim!·
rent ; et qu'e nfin ce soit enco re un ma gislr3t d'uft troil!ii ème Iribun altrès·
élevé qui 1',li l fait imprim er , qui eu :l it mu lti plié les éditi ons, <lui ait
prés id é aux rn es u re~ prises pour 10 répan dre dans toute l'l<:urope.
Il es t c ~ rt a i n que ce compl ot de diffa mati on a bien servi mes ennemis;
il leur a mi eux réuss i d'a Lo rd que n'auraient fait Lou s aulres moyens;
mais le mensonge n'a qu' un temps. En sont. ils aujo urd'hui plu s satisfai ts
d'eux- mûmes ? Plus pl ein emen t juslili és? Pl u::i ,'éritablement vengés?
Est-ce eux ou moi <lu i avon s à rougir de tant d'tl troces el invraisemhl abl es calo ll1ni es fa ites 5cieJllrn enl " JI:! di :;, (aites $ci e m~rl t ) car des compatriotes, au mi lieu df's <lul:!ls je viva is , n'un t pu être trompés de bonne
fo i, au moin s sur ce rl:.in s art icles: tel!!, par eK emple , que ma prétendue
ré.:ep ti on clans il ia charge . avant mon voyage .l' Écosse ; que nHI prétendue
absence de di x ans, aprè::i ma dite réception ; qu e mon prétendu commerce de l'argent des for çats; <lU I:! mes prétendus hurl eme nls sur le lum ·
beau de ma fe mm e , d'oû je pa ss ais ~ de s l i e u~ de déba uche. C'es t à re gret qu e je me \' ~ i s obl igé de f"ire sentir ici jusqu'oû la passion a pu
porter d'ho nnêtes gens, dans l' imp ui::is ance de se défenrlre au trement
a\'ec quelque succès,
SOl'li de la m"'in e en 1739 , mal'ié pal' ma falllill e en
1140 , et ve uf en 114 t , je cOlltinuais de me l'cfu , er conslaminent au désir qU '3\'ai t toujoul's eu Illon père de me
donner sa charge en sUI'\'ivancc. Il consentit eJ,fi n à mon
pl'ojel de sen ' il' Yoll'e Majesté dans ses a!fail'es étl'all gères.
III. Aron voyage d'AlIem.agne en -114 t el 17 42. -Je n'im a·
ginais pas de meill cul' moyen pOUl' y réussil' que de bien
étudier l' All emagne q ui étail alors tout à la fois le Ihéâli'e de la guerre el cclu i d"s nc'gor iations, M. Ail/clot me
reçut avec bonté , ap pl'Ou\'3 Ill OIl voyage et me do nna des
If' lll'C's de recomm andation pour les min istres ri e Yotl'e
Majesté dans les di"cl'ses Cou rs de l'E mpire. Je m'al'l'êtai
prin cipalement à cell es de Bel'lin (1) et dc Ores le; je II'0U\'a i beauco up cie choses à observe l' dans la première, et je
fus reçu avec trop de bonté dans la seconde (2). Je pal'(1) Ce ful llri ncipaleme ntl es Mémoires que j'en ra pportai qu i me va lurent l' heureuse préteill io n où étaient pour moi tOIlS les ministres de ce
temps-là. M. de Monclar ne pouvait se lasser d ~ l'éerire en Prove nce:
• J'a i foi aux méri tes de d'Éguil1 es, li la bonn ~ op ini on qu'on a rl e lui ,
au). p ~ r s o nn as('s qu i s' intéressent à sa perso nn e, li sa fo rtu ne • . 'ID no vembre 1 1 ,~5. - u On aime t t on esti me ici d' Ég uill es, qui a toules le.;
ava nces qu'il fau t pour réuss ir . • 15 1I 0\'l> mbre. - • J'a i vu M. le ca rdi• nal de Tancin, M. J 'Argenson el l'allbe tle la Vill e; je ,'ous assure sa ns
• nalleri e qu'on es t fort clwrm é de d·Éguilles.•
(:!) J'eus l'honneur d'y ètre admi s dans la sociélé du pri nce, auj ourd'hu i rég nan t ; d')- ffi all ge r so uve nt a\'ec lui; d'y ètre présenté au roi en
p3rti culi er , et J 'en rece voi r des éloges publi cs. So n premier ministre me
fi t remett re, à mon arri vée à Pari s, J I:! la part tle ce monarque, un Irèsbeau présent de porcelaine. M. le co mt e de Los:> , des mains duquel je les
reçus, avait oulre .de solliciter Jlour moi la pl ace J e M. dcs Alleurs, que
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co urus pl'csque toutes les autres, a\'cc les m ~m es agl't.!ments ct la Ill.ame app li catio n.
IV , Mon ,'eIOlt!' en Fm nce el la façon donl j'y rus reçu pm'
les personnes en place. - Après quin ze mois ainsi e mplo~rt\s
je revins en 1i' l'an ce pal' les Pa ys- Bas. J'y trouvai Ill O ti Roi
couvert de gloire à la tête de se~ \' i ClOl'i eu ~es armées . .J'y
fu s accueilli pal' le M,'os qui les co mm andait sous ses 0 1' dl'es, Pal' la plupal't des Ulltl'eS gé nél'aux et plus particulièrement pa" M, de Sechelles qui ,ne ,'etint aI'ec lu i un e
partie de la ca mpagne. En 3 1'1'ÎV3 1l1 à Paris, je vi s dans
M, le marqui s d'Argenson , successeur de M, Amelot , 011 cOI'e plus ùe \'olont" à m'employer,
Elle fut aug mentée pal' les bons offi ces de M, le cardi nal
de Tancin , dont j'avais acqu is en peu de temps toute la
bienveillance, A la nouvelle de l' ani vée du prince Edoual'd
en Ecosse, ces deux ministres 1'(': unÎl'cnt leurs effol'ts pour
me faire accepter la commi ssion dont il plut alors à Votre
Majesté de m'holloÎ'e,' , '1 uelq uc di ffi cile et pél':lI euse q u'iIs
la tl'ouvassent eux- mêmes. Il s n 'cn vinrent à bout qu'cn
me faisa nt senti,' l'importan ce du service que j" rendais.
M. Je marquis fi es Issards ne remp l::lç.a qu'al)rt\s Illon dép .. rt pour l'Ê cosse:
• Je sera is; bi en consolé, l1I'él' rivait li celle occasion M. le com le de
• BruI! (Brühl ), si j'a va is pu vous témoigner pendant vot re séjour en
• Saxe, toules I('s politesses el alle nl ions (lue j'aurais vo ulu et si j l' poul
,'ais me l1aLter de vous avoir fait con naiLre tout le cas que Je fa iS de
1 votre mérite . Vos intérêts me tiendront Je tout temps il cœur, et 11 1(111
t empresscmen t se ra toujours le mème de VOliS donner des preuves COll '
~ vaincan tes de J'estilne très -particulière qu e \'o us m'a vez irlSlli• rée 1 etc.....
-
2Mi -
Je n'a i jamai s su résister , Sire, au désir de mériter \'Oll'e
estime, ni balancer un momenl ent re les intérêts de mon
Maitre et les miens,
V, Aton dépm·t pOU>' l'Ecosse, - Je quittai donc Versaill es
a\'ec des r ouvoirs tl'ès-a mpl es el ri es instructions tl'èsbornées. On co nn ai ssait peu la situ ation, les forces, les
amis de cc p,'inee, Je devais all er le joi ndre où il se tl'OUrCl'ait , lui faire panenil' les seco urs qu'oll lui avai t desti nés, et me contJuil'e sur tou t le "este l'clatirement aux
cirCOllstan ces. C'était à moi de choisi r les lieux , les moyc:ns
ct les olljets; je sentis la nécessité de ne pas perdre UII
instant. Je fu s pl'êt dans trois jours à partil' pou ,' Dunker{lue, Les ordres qu 'ava it donn és ~1. le co mte de Maurepas
étaient si précis, ils furent si bien exécutés (Iu'en trcnte·six
heures UII vaisseau qu ' il avait fa llu charger de poudre et
d'armes se tl'ou,·a so us la voil e. Je me hti tai de m'embarquer el je co mmença i uvec CO li fian ce une ex pé(lition qui
pal'aitl'ait ell co,'. impossibl e, si ell e n'avai t pas été exécutée (1),
Après un e bonace de plusieurs jours, les vonts co ntl'ail'Ps
qui !';'~ l e vèl'e nt. un e tempête afrreuse, les dangers co nnus
\
i,
,.
(1) .Ie lis em ba rq uer avec moi le fils ainé de mylonl Slrathalan.. qui
possédait des terre." considérables dans le voisinage de Montrose où Je
devais débarqucr ; M. She rid an, neveu du go u\'ernCllr du prin ce, et
M. Brown, ca pitaine au rfgimenl de Lally, homme d' on co urage peu
co mmun . Oc tous les officie rs Ilui étaie nt à Dunkerqoe . el dont on me
don na la lisle, ces Irois Mess ieurs me parurent les plus propres à me
sc('o nd er ; c'es t à leurs co nseils el à leur active intrépiJité que je clu!
prin ci palement le succès de noire desce nt e h Montrose.
-
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2/.6 -
-
des pal'age' d" la Holl ande, l'ien ne put me réso udre d'Mil,
tl't'rdan s aucun port. AI'I'i\'és à 1:1 hautoul' de l'Ecosse , un
second orage encore plus \'i olent nou s affa la sur la l(' lTe ;
Il OUS n'é tion s plus les maîtres du bàtim ent ; ce fut pal' une
espèce de miracle
( IU 'a U
moment où nous nous croyions
bl'is6s contre le l'j,'age, nous nou s l l'D ur âmes à l'eI111'(.0 .
d'ull e anse qui 1I 0US sa uva.
\'1. MOll arl'iuée il "'ol1tl'OSe , -
Le Icnd emain à la pre-
mière poi nte du jouI' 1 nous Y \ im es nombre ri e vai sseaux :
c'était uno escadre anglaise. Il fallait en être, pris OU
l'C$-
sOltir à J'i nstant. Quelque dangel' qu'i l )' ellt dans le dernicr parti , nous n'hés itâmes pas: le vellt était devenu à
1
la vérité. un peu plu s Inalliabl e; mais la mel'
r ll CQ;OC
fort
agitée el le peu de con na ÎSSi.l Il Cf> qu'arai t de la cô le nOIl'e
ca pitaine , nous ôtaient la poss ibilit é de gagner le port Où
nous vou lions débarquer. IIOUS l'cnlcttaient dans les mêmes
Mi -
Ma proposition ful saisie ayec celte ard eur que la nécessité
donne au courage, Le va isseau fut pris, le capi taine forcé
de nouS conduil'e (i ) et tout exécuté avcc un si heureux
succès, qu'à deux heures ap ,'èg- midi du même jouI' nous
avions déjà moui llé dans la rade de Montrose ,
Néanmoins, après tant de périls sUI'montés , ap rès tant
de bonheur , nous ne nous voyions guère plus ava ucés ; où
aller de là ? Comment arriver d.n s la ri lJe? A qui s'y
adresser ~ Qu'y faire? Qu')' devenir ? Point d'in telligence
dans le pa )'s: perso nne qui nous)' atlendit, Pas un soldat,
QtlOl'a nte-deux matelots , deux mousses et le capitai ne fOI'!liaient notre équipage et faisaient toute nolre fOl'ce, Ce
pend ant , Sire, quinze heures après notl'e arrivée, l'escadre anglaise en se présentant trouya nos munitions
débarquées , hors d'in sulte et déjà en chemin pOUl' Edimboul'g ; la vill e soul evée, le père du Prince proclamé
Hoi; le peupl e armé en sa faveur sur le l'ivage , et notre
dangers que la "eill e, et nous ex posaient de plus à celui
d'être pris pal' l'ennemi que noussa\'Îotl s fort près, L'équipage co mm r nça it à cri el' qu'il fall ait tirer au lal'ge ~ qu 'il
fall ait s" hâter , quc pal' un pal'eil lemps on ne pourait
l'e~tel' oil nous étions ~ ni s'a pprocher davantage sans pilote
cô ti er. Je leu l' déclarai que
1I 0 US
ne
II OUS
éloignerioll s
point , et qu' il fallait o u déba"quol' ou péril' . - En même
lcmps,je leul' rnOllll'a Î un \'ais""f'au que nous av ions sous
le H' lIl ct qui "N'la it de meUre pari ll oll anglais. Hâtons-nous de cou!'!'e su" leul' dis-je ; s' il est plus fort que
nous, il alTi vera cc que Di eu voud!'a ; s' il est plus faibl e,
nous y trourero ns peut-l'tre le pilote qui nous manq ue,
(1) So n va isJ:eau ét"Î Lau moin s une foi s plu s gros (lue le notre; nous
fùmes heureux de le trouve r mal armé; il all ail de Newca stle à Lonu res;
la temp ête des jours précédents l'a va it écarté ; dès qu'il cul ba issé son
1);I\'ill on, nous lu i crî àm es de veni r à bord dans s.a chal oup e. Je n'eus pa s
"t'suin , pour le déte rm iner à Il OUS co nfluire, d'emplo)'er co mm e je l' av3Î s
résolu , l'argent du bord, et pui s les mel. aces. 11 était du P")'S , grand
j<lcobite, grand non-jureur ; il pleura de Joie . Je laissaÎ al ler so n vaissea u avec des lettres de rachat . Cl nou s fci~nimes {Je le teni r pour caution jusqu'au paye ment. Arri,'és cl Montrose, Je lui fis quiUauc4' du prix
conve nu qu'on senl bi en qu'il ne p"ya p3S ; mn)'ennant ce t arraDgemeul,
oOus fù mes bien servi s et lui bieu réco mpensé, san s qu'il nous en coûtât
un sou , el sa ns qu'il res tât ex posé à la colè re des An gla is: parais:sa nt
simpl ement a\'oir é té pri s, rachetti, amené en otage à Mont rose, et libéré
là avec son argenL
�,-abseau l'e. pa l'Ii , p Ol't a llt Cil Fl'alicc la nouvell e d'un événement qui dut plaire autant que surprendre (1).
rll . //eureu.c effet de mrm arJ'ivée en i ;cosse. - L'éclat
qu 'il donna dans le pays aux " rrail'('S du Prin ce acheva dc
déterm",el' en sa "1\'eul' presque toutes les villes, et d'en(1) La rad e de Montrose Cs l J (IUchIUP. éluiJ;nt:mcnt de la ,-i ll e ollj ecr ll s
ne po uvoir arri\'er trop tOI. l' al' Ill ('l n projet ne pouvai t réuss ir qu 'en prê"cnan l les So up\'ons rte ~ hahi Lan ts rllal intenli onnés, el les réflex ions Jcs
aut res sur le dans!" r que j'a ll ais le ur f;l ir'e courir. De sorte que tics que
nous fûm es mouill és, nous déb::u'qu ümes. ,Je ne 11lissa i sur le v3i sseau
qu'un seul mousse. Nous 3vio il S tous dans nos poches au lant de ca l't ouches
qu'elles en pou \'aient co nt en ir, el sur nos épaul es au tan t de fusils a\'ec
I,'urs baïonnettes <lu e nou s en po u\'ion s I>orter. N~ u s arri vâmes en si lence
jusqu 'a u milieu de la place, où notre pri so nnier du malin nous co nrlllisi l. Là, enl Olrrrs de lout le peupl e . qu e 1ft nouveauté du spectacle attir3rt,
el qui a"ait co mm encé à se rassembl er du rHoment qu 'on nous ava it Vil S
meUre pied il lcrrl', nous leur dét: laril mes le sUjet de notre arrt\'éc, les
seco urs que co nt ena it notre vaissea u , ceux plu s co nsid érabl es (Iu'o n préparait à Du nkerquc ; nOli s les fillles v3 10ir tant qu e nous pùm es , nous
leur p3rh'unes de la gloire qu'il s ;ll1aient ;l('(tu érir cn nOlis seCOndall l , des
.n'all lage>: <lui en re\'ieJl4 Irai enl un jour il leu r \'Ll1 e, de la reL:onna issancc
qu 'il s 31 1aient ext:iler d,1ns le cœ ur' de JCUI' cher prince ; d'un prirr ce Êeo:;.
sais, el nous finirn es par of1'l'ir d!~s arlll cs Ù qui en vo udrait On hési la un
moment ; un mom ont de sile rl l!c gé néral marclu 3 d'ahord beauco up
d'ê lon nement et ([u elque incertitude ; 1113is à pein(' y cul- il un e arm e
pri se, qu e Ioul es les au tres nous furent à l' iu sta nt comm e arra chées (l es
mains avec des trans por ts et des cri s de joie. Bit'nt at lout e 13 ville en tl cmanda , on n'e n refu sa il persolln ,'; on fit un e co ntra iut e ap pare nt e aux
ma gistraLs sur les ordres (lue JC do nn ais; tou s les bate<l ux furen l à l'i nsI,Lnl envoyés à la radc pour dét:haq;er le va isseau ; 10uS I('s chariot s furen t attelés aux portrs des m:li so ns, pour êlre prêts â recevoi r les muniti ons et à part ir lout ri e sui te pour Ed imbourg. Nous app rîmes dans ces
ent refa ites que l'endroit où nous <l\'ions laissé Ip. matill l'esca dre angla ise n'était éloi gné par lel'I'e (lu e de quel qu es li ~ u es, et qu 'il ne f<lllait qu e deux heures pour y porler la nouvell e de noi re arrivée ; pour
,
~~9-
hal'(lil' le chef nes Clan , (1). A pei ll e r eussé-je joint , (lue
arn'lée douDl a. Tou t le Nord de l'Iicos'e fut ell huit
joul's Jacobite. Jamais ta nt de cou rage et n' aud ace. No us
m a l'c lt â m es sans perdre de lOmps SUl' Ca l'li sle f]ui ounit
ses portes (2),
SO H
peu qu 'o n eù t manq ué de co ur<l ge, Il e pru dell ce ou d'ilclivi té, tou l étai t
I)erdu ; je le sentis bien, mais <Iu an t! je vi s une fois le b5li meut déchargé,
les arilleS et la poudre déjà Cil chemrn et hors J'ju sulle, les ha bitants en
élat de défenlle el si eoga()'és a\'ee nou s (IU 'i h: n'ava ient 1)l us il recule r ,
Je chantai victoire, je ne so nge<li plus (I U'à sa uve r rnon vaisseau ; j'écriV IS
sur le ri vnge m6 ne à M. le mar/luis d'Argen son; je rem is ma lellre au
cap itaine et je le li s repll rtir tout de suilt:. Il traversa dans la nuit l'esca dre anglaise qui \'c ll ai( pour le bniler, eL il arri\'a en trè:: - peu de jours
3 Dunkerque avec mes dépèch es.
( 1) Clalls es l le nom qu'on don ne aux tri bus. Les Écossais du nonl
existe nt enco re en tri bus, co mm e les anciens IJeupl es. Leur situ alio n au
fOlld d'une îl e, la du ret~ de leur clima t (lui es L extrème. la pauvre te de
leur pays qui ne produi L presqu e rien, leur langage qu e personne n'pn Icnd , el pius que tout cela, leur mép ris singulier pour Ics au tres honrmes. saliS Cil excep ter les Angl ai s, ni les Écossa is du pla l pays, fon l
qu 'a UC\ln étr:lI1ger ne s'établit jamais chez eux Leurs ra mill es so nt di vi sées el suLdi "isées fi l' inl ini ; les aillés )' onl la plu s gra nde autorité,
cha cull tians sa br':lI1dle ; l'<lin é J e la hranche aîllée )' es l rega rd é co mm c
Ic chef de touks, co mm e le so uverain Je la tribu; l'tt béissance qu'o n lui
ren d, pour êlre ,'olont nire, n'en es l pas moin s ('n liè re; ell e all ai t, qu and
j'é tais Cil Écosse, jus.qu';' lit!' r la "ie â cel ui qu 'i l déclarai Lmériter de la
r erdre.
(~) C'était 1;1 seu le l' la ce forte qu'il y eù t entre Londres el nous; nous
n'a ,'ion !' ni ingéni eurs, ni ca nons, ni s ub ~ i s tdnce; les elln cmis, pour nous
ohliger à leve r le siége, n'ava ienl Qu·... dill'érer dix 3 Jouze JOu rs de se
ff' !hlre; mais. la défai le du gé ll p.ra l Co pe, par une poignée de montagna rds , l'enl è \'emen t d' É.flimbourg eu U II seul jour , la co nquête des
tro is qua rts du roya um e ell 1t1oÎ ns d'ul1 mois. le SOUI l- vt'lI1 enl pres que
général clt's tribu s, aprèos mon ar ri\'ée, 13 hard iesse enfin <I"ec laquelle
no us marchi ons droil à 13 capi tale, tout cela ava il telleme nt frappé les
�-
250 -
-
Les mi lices c10nt ta ule l'Anglelel'l'e élail COuverte
n'osèrellt pa s même se l'ass81'nb ler contre nous. Sans
équipages, sans munitions, sans pain (1) , en très-peu de
jours les deux !,jers du royaume furent tl'al'ersés, et la
capital e où nous cou"; ons, Où la tm'reUl' nous allait tout
abandonner , où peut-NI'e le Pl'in ce n'ava it qu',\ aniver
pOUl' l'égner ; Londres, la n",'e Lon(h'es Il 'éta it plus qu '"
2iH -
imprévu qu e leur dépal't pl'écipit : causa ôans les (Iuartiers
des alliés facilita à M, le Mal'échal de Saxe le moyen d'en
ell lever pl usieurs, de surprend l'e Bruxell es, et de s'assul'er
pOUl' tout le temps ôe la guerre une supériorité qu e les
CIl!l emi s aurai ent pu lui disputer longtemps avec tl'ente
mille homm es de plus.
II doit m'êtl'e peJ'mi:), Sire , de me fëlicitel' ici d'a\"oil'
trente l ieues de 1I 0US, lorsqu 'uu e divi sion dont je doistai l'e
cUll tl'ioué au moins I)O UI' quelque chose à un é\'éllement
les causes ni perdl'e à notre armée toule son activilé, et
nous obligea de rebroussel' chemin l'ers l'Écosse.
Ce fut à la vérité un coup il'l'épal'abl e pOUl' la maison de
Stuart ; mais il ne nt pas pel'dre à la F,rance tout le li'uit
qui en produi sit ensuite de si favorabl es aux alfaires de
Votre Majesté .
Je continuai de la senil' a\' cc utilité , :èle et courage
dall s tout le co urs de ce lle ex pédition ( 1). Peut-être même
ai-je mérité plus d'estime pal' la façon dont je me suis
mailltcnu dan s la Grand e-Bretagne a\'ant et après nOlre
Mf" ite 'lue pal' tout ce qu 'i l peut y ayoir cu ô' heUl'cux
dalls la manière dont j' y abordai. Je supplie Votre Majesté
rie Ille permettre quelques détail s.
nes succès antéri eurs. Personn e n'ignore que
SUI'
la pre-
mière nouvell e de la pri se ri e Carli sle , toutes les troupes
anglaises avaient été l'appelées ri es Pays-Bas.
Celles de Hesse bientôt ap rès, Le "id e consid él'able et
esprits, qu e celle ville impreoilble pour nous, quoique f3ilJ le en eJlemême, nous fut li vrée saliS qu 'on etlt tiré un seul co up de fu sil de rart
ni d'a utre. Sa prise aChC\'3 ,r é pouva nter lf!s peupl es, el de r c n~r e inlltiles toutes les mili ces donl on s'é tait hâlé de remplir les provin ces que
nous deviorls lr:werser , null e part ell es n'osè rent se ulemenl se présenter,
el ce fut dans celle ilT,puÎ s-sa nce totale de se défendre, 3vec ce qUÎ était
res té de troupes en Angleterre, qu e la co ur de Londres y fit revenÎr
avec préci pitation toutes celle.i qu'e ll e ava it 3il1 eurs, co mm e il sera dit
ci -après,
(1) NO ll ~ étions au nomb re de six mill e hOnlllleS; nous nill es soi xa nte
el di x lieues dans lli xjo urs, sa n ~ avoir un se ul chario t qui nous suÎ\'it ou
nous devançâ t , un seul sac fi e farin e , un seul empl oyé pour les vivres;
oous mangions Cf! que le hasa rd n!.l us fai sait trou,'er où nous arrivions,
Jamais de tentes , nos montag nards en ignoraient jusqu 'a u nom ; au milieu de l'hiver et dan s un pa ys très- froid , Il s dorm aient la nuit d311s les
rues et dans les chemins; quels homm es pour la guerre!
VII I. P /'cnûers 1'evers du Prince tdoufLrd, -
\
1
HetouJ'Il é
en Éco~se san s avoir été battu en An gleterre, in consol able
de la yiolence qui lui ayait été l'aile à De J'Il)' , devenu encore
pl us li er pal' ce premi er l'eVel'!'Î, le Prin ce ne demandait
qu'à co mbattrc,
L'actirité avec laqu elle ses enn emis
,, .
1
el. hardis le suivirent dans sa retraite lui en fournit
bicntùt des occasions mu lti pli ées. Il les battit partout.
~Iai s après plusieul's actions bea uco up plus brillantes
qu'utiles , couvert degluil'e à la lJataillcde Falkil'k , où avec
(1) Ce sonl les pn-pres termes du secréta ire d'E I3t qui était alors cl13 rgé
des afl'3 ires étr3ngèrcll.
.
_. - - --_\- -
,
', -~-~--
-
�-
2t)'2 -
six Ill ille paysans il ara il défait Cil UII f]ltal'l d' heure yin ,.,t
'
"
mill e solrlats (1), il n'cil paraissait pas moins pel'ri u sans
ressource , pal' les suites rie celle même victoire , qui lit
désel'tel' en vin gt- quatre heul'es les trois quarts de SOn
armée chargée du butin pill é aux Allgla is, Le fruit de tant
de succès se rédu isit, comme l'on sait, à la triste nécessité
d 'aba ndonner Montl'ose pal' ai.! nous avio ns toute notre
co mmuni ca lio tl avcc la li'I'all ce (2), de l'entl'(,1' da ns les
montagnes et d 'y d isposer le peu d ' hommes qu i 11 0 us l'Cs.
taient cncore : ca l' en les l(' lI allt tous l'assemblés, nous
n'aurio ns pu les noul'I'ir , dan s des lièux où la natu re Ile
produit rien , où l'ennemi ne laissait rien entl'el' , et où
nous n'ar ions point de magasin s,
ft) No us altaqu;im es les Anglais cn Illain e, quoiqu 'il s eussent de l'a r~
till erie cl un e crl" alerie nombreuse, et qu e nou s n' cussion s pa s un se ul
can on, pa s un se ul che\·al. Pour comprelldre comment cela a I)U arri ver,
il faut \'oir la faço n de comhattre (les monl ;lgnard s et la nature de leurs
arilles , ci-3près , d3ns 1:1 nole de la [l3ge 2S() .
(! ) Le bonh eur qu e j'Cli S {le des cendre à Montrose, J' y eng:lge r les habi t3n ts il ernb ro sser Je parti ja cohite , cl d'y meUre la ville en ctal de se
défendre con tre les trou pes des escadres 3l1 g1aiscs, fut d'autant IJlu s
granù , que tou s les ser,ours reçus poslérieurement à ce lte époqll e Ilendan! plu s de quatre fIlo is n'3 rri vèrclJt que [l,Ir 1;1. Au cun des débarq uemen ts lent és aill eurs ne réuss il ; les uns s' en retournèrent san s 3voir osé
descendre ft terre; les au Ires, 3près y êlre descend us, !t'eurent pas le
courage (l e s'avan ce r d3n s le ra )s . M. le Inarqui s de finHlrt'O n ·entre
autres, parvenu san s obslacles )II$CJU ';'I la cô te scplentri onnale de l'Ue ,
avec un corps dr. troupe con sidérabl e, n'3ya nl que trenle lieues à f.. ire
pour nou s joind re , et pas un seul enn elu i entre lui et nous , fut e!l'rayé
de la seule iù ée d'e ntrer dan s ces redoutables montagnes. Toules ces
réfl exions augmenl èrent m3 pein e, qlJ and nou s fÙlh es obligés de nous
éloigner de Montro se ponr l'abando nner 3U du c de Cum berland .
-
253 -
Il fa llut ùonc SO li gel' à quelques moyens de ressortil'
bientôl de ces rochers, où l'on ne pouvait à la vérité nous
forcer , mais où nous aUl'ions inévitablement pér i à la longur" ne fût-ce qu e pal' la faim. Il 1I 0U S par ut à tous que
notre seule ressource était fie nous l'ap procher de la mer
"ers le nOl'd ; de prendre , chemin faisant , tous les forts
que les ennemis a\'a i{~nt enCOI'C dans l'in térieur du pays ,
pOUl' Y assurer notre co mmullication ; de l;ichel' surtou t
de nous emp al'el' d 'un port , d'où nous enroyassion s elt
~' I'a n ce, avec mes lettres et cell es du Prince, une pel'son ne
sû re et intelligente , en état de suppl éer aux plus grand s
écla ircissements qu'on pounai t souhaiter (-1 ),
Je m'attachai: l ' à bi en détel'lllinel' dan s mes dépêches
l'end roit où les secour5 demalldés il Votre Maj esté devaient
al'I'i ver (2) ;
2° A montrer , comme il serait aisé, dès que II OUS les
aurion s reçus , nous trouvant maîtres des montagnes , d'y
l'amasser en quinze jours jusqu 'à vin gt mille hom mes , et
de mal'chel' toul de suite SUI' Londres ulle second e fois ,
bea ucou p plus en fOI'ce que la l'l'emi e'l'e,
(1) Ce fut M. Wa rren , aujourJ'hlli maréclwl de c,tlnp, qUI \'inl à houl
de faire réparer COIlHne il put un vai sseau abandonné pour so n 1ll3u\'a is
élat. MalG"ré la flolle .. ngl3i se qui bloqu ait le port qu 'JI traversa dans la
oui l, et qui le lît poursui\'fe p<lr un e fr éga le jusqu 'à la "lie dè Dunkerque, il arriva 3,'ec mes l e ttn~s à V er~ a i ll es, ouil so llicil 3 el ohlinl tous
les seco urs J emand t:s .
(i ) Je choisis un endroit de 13 côte, assez éloigné d'In vern ess par mer ,
pour n'être pa s en vue des vaissea ux qui croIse raient il l'enl réil de ce porI ,
et t ependant assez \'oisin de ce tl e même ,oill e par terre , pour que le
trausllorl et la communi ca li oll d' un heu à l'au Ire ne fussent pas trop
diHlciles.
�- 255-
254 -
pût èLI'e Cru S Ul' ce ' Iu'il al'ancerait , etqui sût se tenir plus
ou moi liS enve loppé , suivant les dispositions qu'il apel'-
pouvions être II i poursuivis, les monlaO'nes se tl'O uvant
cevrait ; nous Ile sa vions trop sur qui jeter les yeux ; le
1:)
f
La négociation devait don c êtl'e faite pal' quelqu 'un qui
) 'obsel'l'a i e n trois ième lieu qu e la prise de cette l'ille
del'ena it d 'a utant plus aisée qu 'en sortant pal' le côté de 1.
mer o pposé j celui qu 'occupait l'arm ée an»lal'se
la
1:)
, 1 us ne
entre clles eLnou s; IIi de"a ncés, notre l'o ute étant la plus
lemps pressait: accompagné d' un seul homme ami de ce
courte, ct les montngn3rd s faisant en un JOU I' plus LI e
chemi n que d 'autl'cs Il'oupes n'en peuvell t fa il'e en qU.tl'C,
seigneur , qui de\'ait me servir de gu ideet d'introducteur,
je vins le ch ercher moi-même dan s son cbâteau à travers
Ce pl'ojel qui du fond de l' l1:cosse, o ù nous sembliolls
plusieurs lieues d 'hol'l'ibles montagnes, Flaué de ce que
perdus, allait nous faire l'e pal'a itre Cil An ;;letel'l'e arec plus
d'éclat que jamais , et 1I0US en aSSUI'el' peut-être la con-
le Pr ince lu i écrivit , sensible. la confian ce que je lui
témoignais, préve nu en ma faveur par ce qui s'était passé
j Montrose, frappé de la hOl'diesse de ma démarche, moins
quête, ful adopté arec ardeur ; mais pOUl' l'exécute!' , il
fallait comme ll Cer pal' se bie n assurer ue tous les Clans
des ellviro ns dïllH'l'lll'SS, où le Prince avait établ i SOn
qual'tier, MylQl'cI Lùvat, cbef de cell e des Frasel's, et la
meill eure tête de l'Écosse, Jacobi te au fund de l'à,,,e, mais
retenu pal' les circonstan ces, Il 'a \'a it point enc.ore fnit de
déma rches qui le liasselll.
Je sentis fortement qu 'au point où les choses en étai e"1 ,
un homme de celte impOI'la nce ne po u l'a it plus dcmeurer
neutre; qu'i l se 1'3llgerait in cessa mm ent dan:; un parti ,
po ur ne rCSler pns e n proie" tous les deux; et que nous
dp\'ions craindre qu 'i ' 'ne choisit celui des enn emis, si
011
ne se hâta it de le rechr rchc r dan s le nûtre , et de lui fa il'e
l'ail' qu'il s'en fallait bien que notre situation fût aussi
déplo rabl e qu'elle le paraissait ; mais la chose n 'était pas
sa lis difficultés; d 'un e palt il Y arait du dan ger à s'o unil'
il un homrne qui pouvait en abuser ; et de l'autre, il était
impossible de le gag ner sa ns 1ui communi4uer les desseins
qu'on formaiL
ellcore que de la gl'andeu r et de la fac ilité de no tre projet ,
persuadé enfin pour son m al heur , il enl'oya son fil s ai né
joindre l'a rm ée à la tête de sa nom bl'euse tribu (1),
Son exemple acbeva de l'assurer tous ceux dc nos alllis
'lue no tre sortie de la basse Ecosse avait alarmés: pal'tie
même de quelques tribus qui s'étaient d'abord déclarés
pour la maison de HanolTe s'en sé parèrent (2), Nos anciens
(1) Ap rès 13 dérou te du pri nce, il fut \)ri s ùans le creux d'un arbre où
il était cac hé, mené à Lond res <l I déca pité à l'à~e de 80 aos : il ava it été
rrotes tant jusqu'alors, mais ava nt d'a ll er à l'éc hafa ud , il demanda eLob·
tint d')' être accompagné par un homme qU' OD sava it être prêtre et jésuite; il y déclara au peuple qu'il mou rait ca tholique. Son fils eu t la ,'ie
sauve, mais il pp.rdit la pairie et presq ue tous ses biens.
(~) Entre au Ires cell es de Ma c-ln tosh; la femm e du clll'f de ce n011l
soul eya con tre lui la moiti é de sa triLu , chassa du pll)'S l'autre moilié ;
s'ass ura de la personne de so n Inari, et amena au prin ce les vainqueurs,
li la lête desquels elle st' présenta le sabre à la main, le pistolet et le poi.
gna rd ft la ceinture, un bo nn et d'homme sur ses ~heve ux floUauts. Elle
pa ss3 it )Jour la plu s bell e fem me du royaume, et sa sa~psse, Ji sa il-on.
égala it sa beauté. (II sembl e être ques tion ici de la dame dont parle
Waller Sco tt da.ns Wa verley, note j.)
�-
2t>6 -
montag nards qui Il 'avaient déserté de Falkirk que pOur
all er ) srloll leul' coutu mc J pOl'tel' chez cux ce qu'ils araiCllt
pris au x enn cmis, l'cr cll aiellt en foul e. Tous les forts qui
l'estaient aux Anglais aya'ient été attaqués et pris; la sai-
-
257 -
espèce d'al'me défen sive, sa ns la'lu elle ils ne sauraien l
combattre avec avantage ; qu ' ils étaienl tous épuisés de fatigue pal' une longue COurse qu 'il s avaient raite la nuit
lier et haut co mllle il l'était ; mal co nseillé, peut·être trahi ;
précédente ; que depui s deux jours plusieul's n'al'aienl pas
mangé , faute de pain ; qu'il fallail se l'éd uil'e à défendl'e
In ver tlt·ss; qu'i l serait même cnco,'e plus prudent de l'abanJonnel' el de meUl'e entre les ellnemi s et nous la l'ivit'I'e
auprès de laquelle celte vill e est bàtie; qu'a u pis all er nous
entrel'ions dan s les campagnes \'oisiltes; que c'était là qu'il
sC'rait véritablement in vincible; que nous y restel'ioll s les
maitl'es de la pal'li e de la côte où de "ail arriver le secours
d'al'mes et d' arge nl qu e nous attendions ( t); que dès que
ou bli ant en cc momcnttout autre projet, ne put se résou-
nous l'aurion s reçu, nous mal'chol'ions vers l'Angleterre
dre à lui refusel' un seul jou r le co mba!. Je lui demandai
pal' cette même cô te, ainsi qu'il arail été con"enu ; que
UII
quart d'heu re d'aud icnce ell parlic ul ier, Là je me jetai
en r ain à SC3 pieds: je lui représentai en vain qu'il lui
plus les ennemis se serai ent avancés \' el's nous, et plus il
leul' serait diffi cile en rebl'oussant chemin d 'al'I'il'el' à Lon-
ma nquail ellcore la moitié de 50 11 armée, que la plupart de
ceux qui éta iellt l'rvellu; Il 'ayaient plus de boucliers ( t),
dres avant nous; qu e c'élait la prise de cette grand e \'ille
son cO lllmençait à s' ad ouci,'; nou s n'atleu(üon s plus ~n un
mot que les seco urs demand és à la fi'l'an ce POUl' Il OUS rasselllbier Cl pa rtir, 101'squ e le du c de Cumberland s' appl'oeha rl 'rnr crn css.
Le Prince, qui se croya it iJlvin cible parce qu'il n'arait
pas enco re été raill cu; délié pal' des ellil emisqu'il méprisait
ll'O p ; yo)'ant à leur tête le fil s du concul'I'ent de son père;
qui devait faire son unique o bj et ; que les succès qu' il pour
l'ait avoi t' ailleurs n'aul'aienljamais ri ell de décisif, tandi3
(1) Ces bou clil'rs SOllt fai ts avec des planr.hes co u,'ertes de Irois Ot,l
quatre pea ux Jc chèv re sa uv:Jge, clo uées co ntre le bois rUile sur l'a utre;
ils ont environ trois pi eJs Je Jiam èlre, pesant jusq u'à trenle livres, et se
portant altOlch és au bra s gauche; on les élcve SUl' la hile en co mbattant
con tre Id c3 \'a leri e, ce <llI i rend le sa bl'e du cavai iCI' in uti le, et on les
met au-d e"3I1I du CO I'p S en l'omua tl an l co nll·e l'inf3n tel'it>, ce qu i le couvre lout eOli..:r Je la baïonnette. Ces hom me!', d'une ,'igueur extraord inaire, co urent à J'..:n nemi , Iirent leur fu !'\ il à brûle-pourpoint , le jcUent
tout de suite à terre, et Sé ru enlle sabro il la main au Illilieu de s ennemis; il es t aisé de voir que I)a l· celte f:Jçon de comb::.llre presqu e invisibles 3ve..: leur,; boucliers, ils ne peuven t qu 'ê tre \'3incus qua . . d ils leur
manquent , res tant alors également sli ns ancun e défense et co nt re le sa Lre
du ca \'alier el contre les baïonneltes du fan tass in .
que tout all a il êtl'c peJ'du sans ressou rce, dans un e heure,
s' il venait à être baltu .
Enfin , le tl'ouvanl in ébran lable dans la résolution prise
de eombaUre à qu elque pl'ix que ce fû t, je lis cédel' mon
penchant à mon devoil' ; je le qu illa i pour la première foi s,
je me retirai en hâte à Invern css
p Oli l'
y brûler nos papiers,
(1) Il arri \'a précisément j J'end roi t de cette côte que j'avaÎs in diqu é
trois ou quatre jours après la déf.. ite du prince, qui peut-être n'aurait
j3mais eu li eu s'il n'a ,'ail pas hasa rdé le combat à Culloden,
H,
17
- ...
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~._. -
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--_._--"
~ ........
-
�-
258-
Cl Ysonger au moyen de consen er il VOlre Majeslé la partie
ri e ses troupes qui ne pé,'irait pas dans l'action,
IX , Défaile entière dIt p,'ince Edouar'd ci Cul/oden, - Je
-
21>9 -
de guelTe tous les officiers Pl soldats au servi ce de Votre
Majesté, tant ceux qui se trouva ient sous les , ,'mes à In \'el'ness que ceux qu 'on pOU l'r ait arrêter postrrieul'cment
dans toute l'Ecosse ; exigea nt qu'on laissâ t à tou s, sa ns
vis a,'a'lL la fin du jour le speclacle le plus frappanl de la
di 'tin ction de pays, leu rs effets el bagages,
faiblesse humaine; le Prince rut va in cu en un insta nt , ja-
Ma demand e pO''lée il M, le du c de Cumberland ct acceptée , il fut convenu que la place serail rendue dans deux
heul'es; leu!' SU l'prise ell y an i\'ant ne rut pas peti te.
Ils n'en tinrent pas moins leu,' parole al'CC la plus gran de
mais dél'Oute plus entièl'e quc la sienn e; ces montagl1lll'ds,
jusqu'alors des héros, ne conserv èrenl pas dan s leur fuile
le moindre l'esle de COU l'age; leur l'l'ayeul' se co mmuniquant
à nos soldats , tous couraie nt e nsemble vers la rivière au
delà de laquell e commencenll es montagnes où ils allaient
se cacher, Il ne me fut poss ibl e de releni r que tl'ente-six
personnes en y compl'enant même les officiers.
X, Capitlliation de la ville d' [nverness qui sOllua tOIlS les
p)'isonnic1·s ués sujets de la Gtande- Bl'etagne qui avaient servi
sous les d1'Opeallx français , - Ce penda nt les Anglais, craignant qu'on ne se fût l'all ié dans la yille , n'osa ient en approcher avant d'en connaitre l'éta t. Dès que je ne les vis
exactiturle, Ceux de nos gens qui avaient fui , bientôt avertis
par des personnes affidées que j'al'ais enl'oyées après eux ,
da ns le co urs de deux heures q li i m'élaien t restées de libres,
rerinrenl presque tous à Inrem ess en très-peu de jOUl"S,
Ce fut avec d' autant plus de joi e qu' ils auraient incontestablement péri d ans les montagnes, peut-être même de la
main des mon tag nards désespé,'és ; et qu ' ils se ,'ir'en t reçus
el traités sans di stin ction de nalions , comme simples prison niers de g llerre ~ en vertu de la cap itulation où j 'avais
eu l' adresse de les com prend ,'e tous, Ils n 'ignoraienl pas
pas poursuirl'c les fuyard s, j'en devinai aisément la l'ilison
et me h âlai de m'emparer de la pOl'le arec le peu de monrle
que j'avais, afin d 'empêcher que quelqu' un n'all ôt les in-
que les prisonniers fa ils auparavant , soit en mer , soit en
former de ce qui se passait. J 'eus la hardiesse de leur en-
On all a encore au delà de ce qu'on m'al'ait l'l'omis, malgré la dMa r eur de ma commission ; malgré. les maux qu'elle
voyer un officiel' a rec un tambour pou,' leur olfrir de ca-
AngletcJ'I'e, qui s'étaient trouvés nationaux, arai ent été
traités , punis en rebelles (-1),
pituler ,
Celte démarch e acheva de les tromper, Le général qu i
ava it occasio nn és dans le pays; malgré la d ifficu lté du
commandait l'avant- gard e me les remoy" avec (l,'ière de
"
' t (l
l' ,
voulo ir bien le joind,'e moi-même, Je n ' hés,ta,
po,n
(1) No tamment à Carl isle el à Manches ter. Les li eux plu s notables furent Milord Dorenwa ter, co lonel au sef\'ice de Fran ce, et M. Taules,
ancien ca pit aine dans un de nos régirneuis irlandai s. Le pren,ier eu t le
cou coupé et le seco nd fut pendu.
aller: je lui proposa i en alTivant de recevo ir prisonniers
_
~.
_ _ • ___
1 _____
• _ '. ___ l -.~ _
�-
260-
rôle que j'arais à y jouer ; après m'aroi ,' d'abord pe,'sonnell ement co mblé de politesses et de bontés (1) , on voulut
enco,'e à ma considé,'ation traiter les oflicicrs et soldats
qui étaiell t arec moi , quoique p,'esq~e tous l'''andais Ol!
Anglais , arec beauco up plus d'égal'ds qu e les Fran çais
mùme qui se ll'ouraient en plusieurs autres endroits du
royaume. Aucu ll d'eux 11 0 ïUll'Cufel'mé; on me jJria de me
charger ll1o i · m èmc de leul' co ndu ite; Oll (TI ' aV ança pOUl'
entretien lou t J'arge nt que je demanda i : les généraux l ies
magistrats, Ics citoyens, le plus bas peuple, pendant qui nze
mois passés Jans cc pa ys après notre déroule . sc réunirent pour me témoigner à l'enri " cauco up de bienveillan ce
et quelque estime, Ce n'était pas peu de chose , Si ,'c , envers un Français et en rers un li'ran çais qui arait paru si
attaché à un prince méconnu ; mais ce lle nation , quoique
11ère e l hautaine à J'excès, est grande, généreuse et plus
capable que toute autre de \)on , procédés, \'oulut sa ns
doute me ma"quer quelque gré de la fa çon dont je m'étais
condu it dans le temps de nos succès, Ils saraient que j'avais
empêché de to utes mes forces qu'on ne déshabi l"il leurs
soldats prison nieJ's; que ma bourse , ma maison , mOIl lit,
avai ent toujours été au sen ' ice de leUl's ofli cicrs blessés,
(tl Milord Alberlllul e el Mil ord Kac).,a c, dOllt l' un ful ensu ile em'oyé en
France, amba ssadeur, el j'a utre cn ôlnge. étai ent le!' deux: seuls pair"
qu'il y ait eu Ja ns celte arm ée, ils me lirent l'honn eur de venir a,'ec le
cheval ier Farckncr, d'a bord après leur en trée ~ Invern ess, m'o lfrir It'ur
bourse et cell e de M. le duc de Cumbe rl anJ qui les en avait chargés. Ce
prin ce me fit dire deux jo urs après qu e, pout\' u qu e j<! ne m'a pprochasse
po int à ,'ingl lieues de Londre s, je pouvais all er librement par toute
l'Angleterre.
-
261 -
et ce flui Icul' paraissait nH~ I' itcr encorc mieux Icurs bon lés)
ils savaient qu'au retou ,' de Derby je n'avai s pas peu contribué pal' mes p,'ières à sauver du pillage plusieurs de leurs
vill es, sans avoir jamais voulu ri en accepter d'aucune.
Enfin , dès flue je le demandai , sans l'intervention de (lui
que ce fut , sa ns échange, san s condition , ils me permit'C nl
ri e reveni r en France et ils fermèrent les yeux SUI' ceux que
j'y amenai avec moi (1),
Voilà , Sire , le récit succinct dû ma condu ite dans la
Grand e- Bi'etagne; voi là les fail, (lue Votre Majesté peut
faire vérifier dans le dépôt des affail'es étrangères Où ils sc
trouvcnt tous constatés. Voilà , en un mOL, les voyages
qu'on aurail prcsque vou lu me reprocher , comme les
courscs ind écentes d'un vagabo nd . ct que rOH'c Procureur
géné", 1 de Provence, en padant à Votre Majesté même, a
osé appelcr mon l'oman.
X1. Jugement que tes Alinistf'es portèrent de ma conduit.e
dans ta Gl'l1.nde-B1'etagne, oprès mrm )'etoll), en F,'ance . - Il
esl vrai que vos Ministres en ju gèrenl autrement (2) : ils
(1) Il Y ava.it parmi eux quatre Ilersonnes qui ava ient porté les armes
pour le prince, dont une ét::.it nomm élJlent ct ex pressément proscrile.
Par la rn 8me en \'IC de me nwrqu er de la bOlLl é, il s n'arrèlêrent point
M. Gordon , genti lhomm e dis tingué du p<.l}S et Jésu ite, qui n'avait jamais
quitlé nOire armée et (lui , après la bataille de Culloden ct la Illo rt du duc
de Perth à qui il ~erva il d'a um ônie r, "in l se réfug ier chez eux. Il s firenl
plus, ils reign iren t de le mécon na ilre, cll'aJml rent sous le litre de mon
secrétaire dan :; la liste fi es prisonn iers de guerre.
(2) Lorsq ue l' étais enco re en Écosse, Cl M. le marquis ,1 ' Ar~ e n so n en Co re dan s le mini stère, il dit tant de bien de moi à Madame la marquise
�-
262-
reconnurent tous dans ma conduite du cOUl'age , du zl' Ic)
de l'intelligence, de l' utilité et une suite de sel'I'ices qui
méritaielll plus que jl&,tice, Il s se lirenttous un plaisi l' de
Ics publier ; ils éCl'ivirent ar ec une espèce d'empressement
aux I)el'sonn es qu 'ils savaient s'intéresser pOUl' moi. Votre
llu Chtitclet, el parut sÎ di sposé ~ lIl 'en faire, (Ill 'Un de mes amis, qui etai t
dl!S siens, !.!rut devo i r J'cn rcnl crcicl" .
Voici quelques lignes de Ja l'épou se Joul j'Ili l'orig in al cn main , ain si
(lue de Ioules les le ttres dOllt on "erra ci-après dcs ex trait s: cr Je n'a i riell
/1 dit il Mad ,Hue la flI3r<
lui se du Châtele t sur la s3 tisfa cti on qu'a cau sée ici
Il la conduite de M. le Illarclui s d'Ég uill cs, q ue j e ne puisse encore ,'ous
• t.:o nlirm er. Cette sa ti sfaction , in dépenrlammcnt de ma mani ère de pen.
Il ser pour lui , (lu i Ile dill'è re en ri en de la vôtre, me ferait fort dés irer
, de le roir 3U plus tôt cn Fr3ncc . " décembre t 140 . Il Le mème ministre ap rès mo n relour, ne me \'0)'3 nl point empl oyé, me IiL l' honn eur Ile
m'écri re ainsi: Il Vous méritcz, Monsieur, plus qu e justil:e, tout le monde
sa il vos servi ces courage ux, hasard eux, zé lés Cl int ell ige nts., m3is 011
_ ne sent pas ici tout ce 1'011 sait , cl J'o n n'y récompen se pa s. tout cc que
~ l'on se nt 50u\'enll e mi eux; il f3u l du bon heur au zèle comm e au jeu ~.
Dans le même 'tcmps son frère, M. le comt e d'Argenso n , écri \'ait ~ mOIl
père: _ Je ne pui s vous dire assez de bien de M. le OI :1 rquis d'ÉguilJ es.
" Sa i\I <ljes lé conllaÎt SOIl zèle et sa capacité, el je se roi touj ours emp ressé
~ il lui marqu er mon allach e m e n l. ~ Voici ce que lui disai t au ssi M. l'abbé
de la Vill e don s une lettre du ~8 ju in IH6 : ~ La co ndui tc de M. Ic marI! quis d'Éguill es, pend an t to ut le 1enll)S de sa mi ssion , a répondu ;'1 la
~ supériorité de ses tal ents Cl de so n zèle po ur le servi ce de Sa Mnjestc •.
Le mème, le" févr ier IHl : ~ Je serai s fl atté Il e faire r ersonnellcment
~ co nn aissance avec lu i el de lui ofl'r ir le trib ut d'éloges et d'admiration
« 'Iui ell! dil il so n mérit\!. Il Et fi moi, en dalc du 18 septembre mèmc
il nn ée, écrit de Tons res : Vous n'a vez beso in, auprès de M. le marqu is
.. de Pui sieux qUE> de votrc nom , Je vos talents el dc vus s.en 'ices, el si
.. un suffrage aussi subal terne qu e le mi en pouvait ajo uter il l'opi nion
.. qu'i l a de la supé riorité J P. votre mérite, je croi ra is honore r mon d i s ~
cernemcnl en lui fai sa nt con ll aitre l' étcndu c dt:s sentim cnts dont je suis
• pénétré pour vous . N
(1
263 Majesté elle,même daiglJ ' en parler avec la plus grande
bonté, Et s'i ls furent alors moins récompensés que loués,
s'il s furent ensuite presque oubli és, c'est que je ne mis pas
à les faire \'aloir~tant fI 'ard eur et d'activité que j'en a,-ais
mis à les rend,'e : c'est qu'un nouveau Secl'étaire d'Etat (1)
des afraires étrangères eu t à proposCl' à Votre Majesté des
sujets plus accrédités que moi, pOUl' les places que je
Cl'o)'a is pouvoir demand er , C'est que, ca pabl e de tout tentel' , de lout faire, de tout dissimuler , de tout soufl'rir pour
votre ::;el'vi ce , je ne l'étais pas de me prêter pour mes În l(~ l'è IS à ri en qui eûl le moindre air de fau sselé Olt de faibl esse ; c'est qu'enfin assez indifférent sur ce que déciderait
de moi la fortune, bi en persuad é '1U'OII est plus heureux
pal' la vertu que pal' la considération; sans autre projet
fi x.e que de ne jamais Ill'avilir à mes propres yeux ; avec le
plus profond respect pour les personnes en place , j'ai toujours fait beauco up moins de ca' de leur amitié que de
leur eslime.
(1) En al'rivant d'J!: cosse, M. le marquis de Puisieux me lit les promesses les plus ex prcsses de m'empl oyer incessa mment. Néanm oin s Iou les
les pla ces quc j'a va is pu espérer fur ent données à d'a utres; peu t- être que
ma franchise sur qucl(lu es articles rela tifs à IIl a com mision lui déplut;
pcuL- êtrc aussi a\'cc la meill eu re vo lonté du mond e ne fut-il pas le maltre dc IUt: lenir parole; qu oiqu'il ell soi t, je ne me cru s pa s propre li con tinuel' à solliciter co mm e grâcc ce qu'o n m'a \'ail promis co mme juste
récompense, je lc lui éc ri \'is. el me retirai. Je sais qu'il rn ful blessé, et
(\u'il n'a pa s depui s ce temps-l à parlé sur mon com rtc avec aulan l de
bonlé (IU 'a UI)ara\'a nl ; mais je n'en sui s jl3S resté moills pénétrr pour lui
de resr ect cl de \'é néral ion , Ill 'aya nt touj ours paru rempli d'honneur,
de justi ce , d'huma llilé. ministre modeste, tid èle serviteur du Roi , bon
ci loyen et un des plu s houn ètes homm cs du royaume .
�-
264-
XII . Ma rtiception dalls ma charge de P,'ésiden/ à Mor/i",.
Comment étais:je en/1 'é dans le parlement? Comment !J (us-je
occlteiUi? -J e yins donc il Aix ,'empli ,' les fon ction s de Ill a
charge de Président ù Mo,'ticr . Mais cOIT"ent y étais-jeell'
tré~ Comment y fu s-je accueilli ? Comment m'y ,'cgardaiton 9 Comment m' y sui s-j e cO llduit ?
Les témoins qui l'ont déposer SUI' ces quat"c articles Il e
sont pas récusabl es, Vous all ez entendre , Sire, le corps
même du pad ement : vO us all ez entendre ses mcm!)I'CS les
plus acharll és cO lltrc moi, ceux qui sc sont le plus oubliés
dans lem s di sco ur ~ et dall s leurs écrits,
Comment y étais-je elltré ~ C'est le parlement qui Ill 'a
désiré, qui m'a l'ou lu ( 1). C'est M. de Moncla,' qui a passé
,e contrat d'achat de ma charge à rllon in su , I)cnd an t mon
absence du roya urn e , cO lltre ma yola nté, co ntre cell e de
mes prolecteurs et de mes amis (2).
(1) M. le premi er Présid cll llLl 'cc ri"a il le ~4 jui n IH 8: ~ L'c mp rcssc11 ment {lue le Parl ement il eu à \'OUS ,lc(l'l él'i r vo us répond de so n es lill ic
" et de la part qu 'il l)relldra touj ou rs il ce qui VOli S regarde ». N'o uilli ez
pas des con rrèl'es {lui sll\'enl tout ce qu e vo us val ez ..... etc.
{~ l Quand M. lie Monc lar voul ut réunir la fharge de mon père ~ la
sienn e. il eut l'att ention de me r3il't! par t de so n proj et , qu'il n'olloit
CO II (,'It, m'écrivait- il , que pa rce qu ' il su ya il qu e mes "ues ne se parlaien t
l )oi,,1 vu s la robe . Néanmoin s, dan s le tem ps qu ' il était à Paris po ur afheYcr celte réuni on el (lU i/: j'é tais en Écosse, il prit sur lui de me raire
acheler ma charge de Prés iJ ent pat· mon père. el de me (aire chlHl ger
/Iles vues, à motl insu, Oll I)Ollr mic/l.c dire ('O lllre mOIl grê et celui de
mu amis et protecteurs . Au ss i cela lui f;ti sa it -i l (Iueltlue pei ne au fond
de l'âme , et il écri ,'ai t li mo n père le 8 jatl\'ier '1145: Vous de\'cz èlre
étonné qu e je ne pou sse pa s daw,nlage â la rOue , pour l'adwi de 13
charge . mais j'ai un obst3cle ft \'ain cre qu e je Ile puis fran chir sa ns lrahir
les intention s de M. vot re lil s; !cs ge ns du h!lut rang il qui il est aUaché
ne veul ent l) a5 eneore adopter le projet.
-
265 --
Comment)' fu ,-je accueiIl i ~ On vai n,! u it en q uelq ue fa ço n
ma l'ésislan ce à force de grâces: dispense ct'âge, de parenté.,
de tout servi ce. Droit de prés ider dès le premier jour en
passant de !"épée il la robe, remise entière à Versa ill es des
dl'oits de survivan ce ct de sceau , remise entière en Provence du droit de bonn et (1).
XIII. Quelle idée auai/-on de 1110i duns ma Compugnie? COin ment )' étais-je rcgardé? Je Il 'emploierai , Si,'e, que
les propres paroles des Ira is magistrats qui onl paru contre
moi à la tête des autl'es : deux hésidents du tribunal qu i
m'a jugé et du PI'OCUI'C UJ' général qui Ill 'y.a pou rsuivi ) des
sieurs de la Toul' , de Sa int·Yincell s et de Monclar (2).
(1) Celte grâ ce fut d'a utant plu s fl alleuse qu'on \'ensit de délibérer
de ne la jama is acco rd er li ceux qui prendra ient une autre ch<lrge que
celle J e leurs pères.
(2) De neur Prés id ents à morticl', trois qui n'curen t pas le co urage de
velLir au pala is me défendre eurent au mo in s assez d'honn êteté pour ne
ras ven ir m'y co ndamn er. Deux au lt·cs furent assignés en témoins: il n'y
en cul donc (lu e qu atre (lui me jugèrenl. M. le premier Prés ident , M. de
Sain l-Vin cens , M. de Sa inl-Paul et M. J e Peillier le His. Ce dernier est
mon parenl ; j'éta is ami de son père dès J'enrance; je tIl 'in terdirai t-ouLe
réfl ex ion sur les motifs qui ont pu le délt'rmin er il ne pas imiter au moins
la co nduite de trois Je ses con frères tIont il y ava it deux à qui je n'avais
pas l' honneur d'appartchir. Quant li MM . de la Tour et de Sa int-Vincens
Je cO lnm encera i par avo uer avel! l.:anJeu r qu e j'a i eu mille ob liga tions
<lu. premier. qu e je lui connais dt! graudes qualités , très- peu de défauts ,
bt!a uco up d'intellig-t: nce et be.:lUcou p J'amo ur po ur la pa ix . Je dirai du
seco nd , que j ~ ne connais~ais pas dans la prov in ce d'homme plus sage,
plu s hu main . pl us di gne d'es tim e et d'amiti é; mais culin il o'eo es t pas
moi ns vrai qu e vo il à les deux 1J1 3gistrats de Illon banc qui se sonl le plu s
élevés co ntre moi. qui m'o nt le plus nui , qui onl donné le plus de po ids il
J'arrèl du Parl ement, au x accusa ti ons portées en so n nom au Coo seil , aux
\.
�-
266-
-
~6ï-
Scloll leul' lallgagc de cc temps- là , j'avais donné pal'• tout où j'avais été emp loyé cl es preuves de mOn zèle, de
mû li mérite, tal cnlsct capacités; j'avais toutes les avances
• Il écessaires pOUl' rôussir partout. Aussi \'os Mi llÎstl'{,s
• étaiellt-ils fort charm és ri e moi. Si , malgré leurs pl'Oe. messes solenn ell es, ils Ile m'ava ient pas employé, c'est
• que j'avais trop rie phi loso ph ie , trop d'indilfél'cnce pour
la fortun e. C'est que j'avais les grandes vertus, c'est que
j'étais la plus vCltueuse cl·éatul'e qui ex istât , un homme
• unique pOUl' l'esp,'il et pOUl' le cœur. Aussi me devail• on , non-seulement du l'espect et de l'admiration , mais
• ,le l'adol'ation , mais un cuIte; le pariementqui lesavait,
calomn ies que ceL (lrl'Ôl et ces Ilccu!;llion s ont occas ionn ées. Je les pri e
~ cstime et
1
(1
donc de ne pas trou ver mauva is (lu e I)Our diminu er t'impression qu e leul'
mérit e cL leur réputa li oll ont fa ile à mon désll va nlage, je me serve ,f Ull
moyen bien nalurel , qui es t de les r3irc ici déposer en témoin s contre
eux- m.dlfies, leur déclara nt avec "dril é (lu e je les ai plaints J e loul Illon
cœur. qu e je Ile les ai jam:li s haïs, q ue peu l-l.'H re Je n'ai jamais cessé ,le
les aimer, el que les excès où ils se so nl laissé entraî ner n'em pèchcnl
p<lS que je cnnse n 'e pour eux la pl us sin cère estime. Je dis toutes les
mêmes choses à M, de Monclar, et j'ajout e, ce do nt je sui s t r{l s · pe r~ u aùé ,
qu 'a vec les talents el les qU 31ilés qu 'il réun it , i l n'y am ait riCil eu ft lui
souh aiter de ce qu i fait le g rand magistrat el peut-ètrc même le grand
homm e, si avec Uil peu plus de justesse d'es pt'il. et un peu 1I1 0in s li'a tl mirati on pOUl' lui-m ême, il ava it conservé dans ces derniers temps tO ul
son premi er amour po ur la vérité,
Letlre de M. de la Tour . du 24 juin 'IH8;
" Le Parl ement s'cs t réun i p OUl' vo us dCférer 1:1 déput ati on J oin S tlllC
aflà ire qu 'il regarde co mm e la plu s imporlanle qu'il ait eue, puis(IU'cll e
iot éresse son honneur et sa réputa tion. CO llllil iss<l llt voIre dél ic.:1Iesse
• sur ces deux poinLs, vo tre :ti'le pour la magistr'alure ct vo ire all achc, toent person nel pour la Co mpaG nie, pouvait. il conli er ses intérèls en
• des mains plus sûres? Je n'a i fa it qu 'a ppla udir il SOli choix, je lirerais va nité d ')' avoir con tri bué. Il
Autre lettre du même;
• No us n'avons ja mais pu nous fla Uer de vous co n se l' v~ r l)a rmi nous:
li: N'o uhliez pa s des co nfa'è res qu i co nna isse nt tout cc que vo us va lcz.
• L'e mpressement qu 'ils onL eu à V(.IU S acquérir vous rél)O ll{l de leur
dp la
part qu'il s prendronlloujours ~ ce qui vo us regartl e.
Leltre de M. de Sa inl- Vin cens, du 3 ju in !ï.18 :
•
•
•
•
•
~ J'a i bea ucoup ca usé:' \'olre sujet avec le marqui s de Cas lelane; c'est
un homm e à qu i j'ai me bi en h. entend re dire du bien de mes amis: au
sortir de ses conve rsati ons j'élais tran spo rté; il m'a dit des choses qui
m'ont rav j ~ il m'a parl é de vo tre mai nt ie n , de toute vo Ire co nduite qu i
es t 101 plu s Lell e chose du monde : quand je vois tant de vertu s et de
qual ités à mon ami, je n'ai plus la force de lui rien désirer de p~ u ~;
qu e so nt auprès de cela les biens et les honn eurs '! .... .
Le môme , en da te rlu '18 aolÎt 11J8:
~ On ne peut , mon cher J'Eguilles, "i mcr autant une créatu re 'lu e jc
• vo us aim e, Jc cl'o is en vérité qu'il n'y a pas eu ij:'cxernill e d'un all at;hemcnt pareil à celui qu e je vous ai voué. Y eut· il jamais auss i
dans le mond e pers onn e qui mérite autant qu e vous amilié, es tim e
et respec t '! Ne vous mchez pas, mon cher il fall ait absolument qu e ce
derni er mol trouv ât sa pb ce. Je vous rends un e C!i pèce de culte : et
• qui le mérit e mieux qu e la vertu el l'h omme vertueux? Adieu , mOIi
cher , tou s nos amis vous embrassent. •
J
Le même:
, Mes sentim ents po ur vo us, Ill on cher d'Egui lles , \'ont jusqu'a u culte,
• j u ~ qù 'à l'a doration . Je vous rega rd e comme la plus vertueuse créa ture
• qui ex iste.•
Letlre de M. de Moncl ar , du 15 no \'elnbre;
• On aime el on es time ici d'Eguilles qui a toutes les a\'ances qu'i l
1
faut pour réussir.
J
�-
268-
-
• <lui m'::n'ait d rs il'l~ qui 3\'ait éLé enlpl'C'ssé de Ill 'acqué~
• l'il' , quoi/lu 'il ne pùt se fl atlel' de Ille conson er, se l'éull it
• pOli r IllC députer à Votre Majesté , dans un e alfaire Où il
• était question de lui co n ~ el'v(' l' l'honn eur , ne CI'O)';)lll
pas possible do ,'cmell,'e ses inlérêls en des main s plus
J
Du même. 15 scplcrnb l'c 17J5 :
~ Je vien s d'emurassel' d' Eguil les. C'est touj ours un hOI}l mC unillU CCl
• pour l'esprit cl pour le cœ ur.
269 -
• sûres que celles d'un homme do))tle mainti en el la con• duile, surtoul à voll'e Cou,,, al'ai enl été la plus belle
• chose ct u monde, •
Votrc Majeslé reconn ait-ell e là ce mép,'i sable présid ent
d'Egu illes enthousiasle fa naLÎqu c , d'un e im agi nati on dét'églée, sans pt'incipes, sans conduite, sans réputation ?
Espèce d'avenlu ri ct' 4ui a vo ulu illu stl'er ull e vie obscure pa l' un cri me fameux (1); \·il ll1 ortel qui , dans aucun
1
Du même, 3 novcnlhrc 1H 5 :
• D' Egu ill es cs l cn lieu où il donne ùcs marqu cs dc son zêlc mérIte
• l;l lcols el ca p;lcilé. •
'
,
Du mème, 10 no \'clIlhrc 1.-'5 :
• Je ne sa is Oll es t J'Eg uill es; w ais J';,i foi cn son mer de. ;1 la boune
• opinion qu 'on a de lui ct aux perso nnages qui S ï/llé re~Sc nl ;', sa
furtune. »
De mème, 9 juillet .... :
... J'a i co njuré d'Egui lles de ne ri en oubli er pour sa pension..Ie l'cxciIcr:li il sorli r J e sa philosop hie; c'es t tin g,m:o n étun nant . llI:lis d'un
étonnement qui es t mêlé de bt!a uco up d'éga rds J e la plus juste admiralioli . D
Ou mêlllc:
R
... Je
J'ai vu M. le card inal de Tancin , M. d'Argenso n el.l'ahbé de 1<1 Ville.
VO li S <l ssure sans lI ali eric qu'on es t fort dwrlll é de d' Eguilles.•
Ou mème, 20 av ri l 1749 :
• Le so rl de d'Eguill es es l un i(lu e :l \'ec 1)I'O rH eSSll solennelle 1 go ùt ,
« es ti me , am iti é perso nn elle du lIlilii strc; il faut enco re nll cIH.l re; mais
il n'es t !MS possible de renonce r :) des espé rances. auss i fo ndées. Oe
c l'av is rie ses ami s Il faut qu 'il reste. "
Du même , 2 seplemhre 11.11 :
" Si j'av;l is été il Paris , notre cher d'Eguilles Il 'aurait pas éc rit il M. de
Puisieux, comill e il l'a fait; il n'est pas fait pour ce p:r~'s-l:"r, par ses
• petits défauts eLses gr:lOd ~s "ertus. 0
(1) Je Jois metl rt! sur le co mpl e d ~s magis trats de Provence toutes
les injures qui m'u ni. é té dit es (lall S les autres Parlements; par e:<empl e:
MM . les Procureurs généraux de Toulouse et de Bordeaux au raient bi en
IHI conject urer qu e j'avais VOIt/il m'illllstr'u pal' lin crime fameux, mai s
ils n'a llraient jaffi3is devin é tou t se ul s que j'étais un Jés lIite déguise, uo
Jésui te d'autaot plus dangereux que je n'é lai::; pa s co nnu; un Jés uil e 'lui
sc serait manqu é à lui-m ême, s' n ava it été lin temp ~ où il (;ltt con nu ses
d,wo il·s. Comment tes MM, auraient- ils pu savoi r au fond Il e leurs provinces toutes ces choses de la vie obscure cflln vi/mortd, si qudqu 'un
de leurs illu stres confrères d'A ix ne les t l1 O\'ai l pa s in strll its? Quoi
<Iu' il en so il , ils verron l qu' il s avaienl reeu de r.:Hlsses notes s ur Ill on
compte, je me ga rderai bien de faire usage de ctlles (lue je pourrais
avo il' reeues sur le leur. J e respecLe tro l) leur pl ace et le co rps dont il.s
so nt membres, je res pecte trop le Ilubl ic, Je me rcspccle trop moi-même
pou r leur répond re sur le même ton qu'ils m' onl all;t<I"é. Je me contentcra i ùe leur faire obsen'er d'a bord qu 'il y aura it eu bi en plu s de diguité
~ s'en tenir à mes Mémoirrs, qu'ils crosa ient rép réht' nsibl es, sans déchirer ma perso nne qu 'ils ne co nn aissa ienl pas, Cl qu'ils ne pouvaient
pas co nnaître. J~ leur de mand erai ensu it e (Iuelle preu\'e légale il:; ava ienl
qu e je fu sse le vra i auleur des Mémoires qU 'Il s dMéra ienl dans un temps
oir aucun trib unal n'ava iL encore décla ré qu e je l'étais. Entin 1 je fini ~ai
p<lr I ~s prie r de m'ap prend re POUrtluoi est-ce qu e I)(l llr les gens du Roi
de To uluuse el de Bord ee ux. les Prés id en ts fi mortier des au lre~ Parlemen ls ne so nt qu e de vils mortels qui merlellt Itlle vie obscure. Pour voir
les au lres si petits> il fau t qu e ces MM . se croient bien grand s.
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2iO -
temps, n'a connu ses devoirs; dont la foli e était de croire
avoil' quelque considération dans son COl'pS (1),
Qui dil'ait que ces deux pOI'lI'aits cussent été faits de la
mêmepcl'sonne , par les mêmes mains? Non , Sire, le pre.
mi el' ne me resscml.>le point , je suis le plus médiOcre des
hommes, et il aUl'ait été ou lré pOUl' Socrate ; mais il
prouve au moins que le sccond ne saurait me ressembl er
d'avantage de "aveu Illèlll e de ces Messieurs; il prouve
que ce ne peut être que dans l'a veuglement d' une violente
passion , qu'ils Il' OIlL pas senti combien ils se compl'omettaient pal' de si étonnantes contradictions et tant de
basses injures, Les gens raisonnables qu'ils auraient prévcnus conLre moi ne me doivent-il s pas aujourd'hui ,
d'après ce qu'ils viennent d'entendre, la justice de me
croil'e quelque honnèteté et quelque raison ?
Je les pri e surtout de se ressouvenir que le corps entier
du Parlement ava it ajouté des louan ges d'actions à ces
louanges de pal'Ol es ; qu 'il m'avait , ai nsi qu 'il a été dit
ci-dessus, dés iré, recherché, d istingué, que dans l'a!Taire
la plus importante, en mon absence, étant à peine reçu,
ils m'avaient tout d'un e voi x député à Votre Majesté,
honneur si peu mend ié que je le refu sa i; qu'ils n'avaient
ensui te négligé aucun moyen de me conserver (2) .
(1) Voi là en propres term es ce qu 'un mini stre très-m odéré di sait et
répétait de la meilleure foi du monde à tou s ce ux qui s'intéressa ient pour
moi aup rês de lui .
(~) On verra ci- après, qu'a près la mort de mon père, je me chargea i,
uniqu eme nt pour J'hon neur de sa mémoire, de p ~ )'er 400,000 fr. de dettes
qU'O D n'ani t point été en riroit de l'M e dem,mder. Afin de les acquitler
- 2il Enfin que les témoignages les plus f1aUeurs de l'eslime
publique m'ont été continués jusqu'au temps de nos
dernières divisions, en sorte que dans J'ann ée même qui
les pl'écéda imméd iatement , le gouvel'll eur de la province
avec qui je n'étais l ié en aucune façon , que je n'avais ni
vu ni vi sité depui s quatl'e ans, qui r iva it dan s la plus
plu s f3.,;ile ment et lie pouvo ir vivre avec moin s de dépen ses, j'étais tout
llétcrmill é à vendre ma charge. Le marché en était déjà fait ,I\'ec M. de
Roq uemart ine, qui m'cn donn 3it 100,000 fr ... M. le premier Président, à
mon in su, se joignit à Mgr l'a rchevêq ue, Jl our demand er à M. l'anc ien
évêqu e de Mirel)oix, avec les plu, vives in stan ces, et comme la chose la
plus agréable au parlement , un e abba ye pour un lie mes fr ères, qui fùt
de qu elque co nsid érati on, et qui le mit ell état de m'd id er et de me faire
ga rd er plus fa cil emen t ma cha l'ge. Je ne l'appris que par une leltre de ce
1)l'élat, don t voici la copie; elle me fl att.J it d'au tan t plu s , qu'ou tre les
marques d'estim e el d'a mitié que j'y trouvais de la part de mes confrères,
j'y lisa is les choses les pl us flatt euses pour ma famill e el pou r moi, sorties de la propre bo uche du Roi : u Ues occupations et des embarras qui
G ne nou s manqu ent pas dan s ces lemps-ci m'ont empêché, Mons ieur,
4' d'avo ir l' hon neur de vous é<:ri re et de \' OUS appre nd re que le Roi il
.. nommé il l'abbaye de Cro uas, diocèse de Vil'iers, M. l'a bbé vo tre frèr e.
~ Sa Majesté n'<I pas hés it é d'un moment de lui aCl!o rfler cette grâ ce.
~ Les témoignages que Mgr l'archevêqu e d'Ai x et M. fe premier Prisin rltllt m'(lva ient rendu s, de sa .'ég ularit é el de Sil "ertu , aussi bien que
~ leurs vives ir/stancts pOlir lui IJrocurer qllellille (aveur , n'o nt fa il que
• conlirm el' l'idée qu e le Roi al'ait ,Iéjà dt: la probi té allachée au nonl
• qu 'il porte; il m'a parlé de vot re fami ll e al'ec la plus p<l rfa ite estime,
• et m' 3 dit en prop res term es: 1 Ces Messieurs ont touj ou rs eu une
• bon ne réputation J . Vous se ntez bien, Monsieu r , le plaisir que cela
.. Ill ' a fai l et le dés ir que j'aur3is d ~ \' OU S procurer quelque plus grande
, satisfaction . Je "ous pri e d'ê tre persuadé de la sin cérité de ces se ntia manl s, et qu'on ne peut être a"ec plu s de respect, Monsieur, \,otre très.. humble et très- obé iss,mt serviteur. Il
L'ancien é\'èque de Mirepoix.
�-
272-
grande intimité avec le Par lement. et avec ceux qui al'aiellt
le plus de c,'édit , crut ne dép laire à personne en me nOIllmant pOUl' p,'ésider, au nom de Votre Majesté, le corps
assemblé de la noble' e de P,'ovence (-1).
XIV. iVe me slI.is-je pas 1'cndu indigne pm' ma conduite
postérieure des sentiments et des distinctions don t le Parlernelll
1n'avait d'abm'd honoré? - Mai s avai s-je bien mérité toutes
ces distinctions? ou plutôt ne m'en éta is-je pas rendu
indigne pa" tout ce qui s'était déjà passé dan s le Parlement avant l a del'ni ère aft'a ire? En un mot, comment m'y
sui s-je condu it depui s ma ,'éception ?
J'ai d'abord l'a vantage de n'a roir pas à justifie,'" ma probilé dans les fonction s de ma charge: on n'a pas encore
osé me calomni er SUI' ce l article, mais 0 11 m'a repl'oché
rortement:
10 Des dettes énOl'mes;
2° Un fanat isme systématique da ns les affaires de religioll ;
3' De la l'iol ence et de l'in co nsidération dans mes Jl"océdés,
C'est il quoi se réduit en gros tout ce qu'on a dit et écrit
en tant de façon s, en tant de lieux , avec tant d'éclat et de
fi el. Cal', pour cc qui regarde mes prétendus rOlfai ts dans
(1) Nous som mes la seul e !lrovince où la nolli esse fasse co rps; elle est
représentée d:ms ses assemb lées par des gentil shommes poss.édant tiefs
qui yon t lou s séa nce el \'oix dél ibérati\'e; il s ont le droit Je n'être présidés que par un membre Je leur corps nommé pa r le Roi ou par le gouverneur qu i ne peut les prés ider lui-m èm~.
-
'l73 -
le p,'ocès des Jésuites, il n'en doit point être question ici,
puis'lue dans la division de mon M ~m o il'e j 'en forme une
partie séparée,
XV , N'ai-je pas con/raclé des de/les énol'mes? - Premi è,'ement mes dettel . Cell es que j'al'ais co ntractées dans tout
le cours de ma "ie à commcnccr depuis lI1a pl'emi ~l'e j cuJ
nesse jusqu'à mon départ pOUl' l'Ecosse, toutes réunies ne
seraient pas all ées à 10,000 f,', J'en empruntai 20,000 à l'occasion de ce même voyage pOUl' le sel'\'ice de Votre Majesté.
Ces deux som mes fai sa ient un médiocre objet , quelque
bornée que soit ma fOI,tune, dix mil le écus ne l':.uraient
pas dél'angée, Il est vrai qu 'ull t1'oisième article l'aurait
anéa nlie, pOUl' peu que j 'eusse manqué d'écollomie ; mais
n'y a-t-i l pas eu (le l'imprudence à me le l'eprocher 9 ,"otre
Majesté ya en juger.
Je ne puis me dispenser ici d'entrer dan s quelques détails. A la mort de mon père, j'avais à prendre SUI' ses
bi ens, pal' préférence à ses plus allciens créa nciers, au
delà de 700 ,000 l','. SOli hél'itagc les l'alait à peine ( 1).
(1) Le bien de ma mère, qu 'e ll e tH'3.vait cédé , éva lu é:'t 235,000 fr. par
M. de Monclar so n ,lrbitre; cel ui de ma grand'mère pa tern ell t: don t je suis
l' hériti er et qui avait eu 80,000 fr. de plu s que Illa m èr~; 150,000 fr. substitu és l'Ar mOIl grand -père, sans. détraction de quartes dans le con lrat
de m3riage de mon père, insinué et publié en 110!:!:; la do l de ma tanle
maternelle, la marqui se du Perrier, à laquelle était substitué le marquis
d'Argens , mon frère, don l je rapportais les droits; el enfin 50,000 fr. lit! la
doLde ma première femme, ernp lo)·és à payt!r, lors de mon mari3ge, les
plus anciens créa nciers de ma famille; j'entrt' dans tous ces dél3ils, dont
tou t le mond e à Aix peu l "érifier l'e>:acli lude, afin qu'o n ne croie pasqutl
je gross isse les objets pour me raÎre valoir.
Il .
18
�-
274 -
Tout était donc perdu pour eux , si je l'avais roulu ; ils le
savaienl , aussi sc hâ tèrent-ils de me proposer les uns des
réductions de l'intél'tit à un moindre denier , les autres la
perte d'une pat,tie de leurs capitaux ; presq ue tous, l'enticl'
abandon df's arrél'ages de pension qui pom'aient leu!' è ll'C
dus. Yoici mon crime, Sil'e; le cœw' de Votre Majesté Ile
s'en indignera point ; j'ava is promis au meill eur des pères,
quinze jours avant sa mort , en présence de Dieu seu l ('1),
(1; Me tro uvant seul avec lui J ans so n cab in et. Je voyan t pl eurer de
Jo ule ur de ce qu'il mOUl'a Ît in solvab le , mon cœur se serra: je " embrass:J i, je pris Di eu li témoin co mme je rera is plut ôt demand er l'a um ône à
mes enrants, qu e de ne 1)3S p 3~' e r 10lltes ses llelles. J';) \'ais épousé en Angleterre Mademoisell e Wan l1 up J e Sta nhope e t je l'ava is amenée en Fran ce
de l'aveu de St:S parents; ell e ava it plus de naissance qu e moi, Ene était
encore plu s respectabl e par sa bell e âme, qu'elle n'était ai ma ble I)ar la
réunion de tout ce qui peuL plaire da ns la fig ure el dans l'p.spril fI 'une
fe mm e, Ell e appa rtenait d'aill eurs aux meill eu res maiso ns ù'A nglderre,
et s;o n frère vt:;: nait de se mariel' avec la fil le de M, de Cholm on d Dcl)')
membre du Parlement, Il l'oc he parent de In ylord co n,te de ce no m ; mais
elte manquai t tolole ll'l enl de fo rt un e, ~I o n père, qui aura il so uhait é, ~
mon retour en f rance,de m'établ ir avec qll elqu'un qui elH pu rarco mmoJ er ses alfa ires , n'en témoigna pa s moins li sa vert ueuse bell e- fille 1.1 plu s
sincère et la plus tendre amiti é, pend ant lJui nze ans qu 'il s vécurefl l ensemble, Qu elques jours np rès sa lII or t, mes pare lli s assemblés pensa ient
tous que je tiendra is suffi sa llllll enlm a parole, en paya nt les créa neicrs lIeu
à peu lorsqu e je le pourrais, sa ns m'y enga;;e r précisé ment; el cO~ lllll e i r~
lâchaient de me fair e sen ti r les dangel's où je m'exposais, en me livrant a
eux, Madame (J'~gu il1 es, sa n::> da igner le ur répondre, me dill es )'eux
plein s de larmes: 1 Monsieur, le pau\'fc vieill ard ne m'a jamais reproché
• ma misè re el il es t mort en nous ai1l13 11 1; si vous hésitiez un momen t
• de rendre '1 sa mémoire l' honneu r que nous lui de\'ons, \'OUS n'aurez
, plus en mo i ni épouse, ni amie, li 1\ yen eut assez de dit, el la vo)an\
penser comm e moi , dès le lendemain tous les créanciers de mon père
furent les miens ,
-
2i 5 -
que je sa tisferai s pOUl' lui jusqu'à la demi"l'e obole; je lui
Lins pal'ole, san s réduction d'aucu ll e espèce; et sans délai je
mechal'ge:l Î de tout , el dans "illgt- qu atre heures plu s de la
1II0itié de Illon bien se tl'OUl'a hypoth équé pOUl' 400,000 fI' .
que je ne devais pas (1).
Je me réduisis t'out de suite au plus aosolu nécessa ire; je
vendis le marq uisal d'Argens, la tCl'l'C de Taradeau , ma
l'aissell e, une partie de mcs meubles. Plus de 200,000 fI' .
étaient déjà payés quand j'anil'ai à Versailles en 1762,
Personne en Provence qui ignore ces fai ts ; les murailles
s'élèveraient contre celui qui oserait les niel'. N'est-ce pas
avoir porté trop loin le désil' de nuil'e, que de s'tètre serri
pOUl' noi rcir quelq u' un de cc qu'il y eut da ns sa rie de plus
honnête? Je connais , Sil'e, plusieurs de mes ad\'crsail'es à
qui on aUl'ait repl'ocM de p ~ l'eili es dettes, s'i ls l'avaient
voulu . Elles m'honorent trop pOUl' cOlltÎnuer d'en pader.
On a vu ci-d eva nt qu e mon illtention , dan s la prem ière parti e de ce
Mémoi re était de rend re compte de tou te ma \'ie qu 'on a tant voulu noircir ; j'ai dll, par conséqu ent, saisir ceUe occa sion de fa ire connailre la
digne dlJOU Se ~ qui je m'é tai s uni J ans la Grande-Bre tagne. Perso nn e ne
me démentira en Provence, eli e hOllor3 il sur la terre so n pays et son siècle el , après avoir v ~ cu en femm e fort e avec j'estime universelle, ell e es t
morte comme un e sain te au mil ieu des pleurs de ma fam ille entière, où
sa mémoire ne cessera d'ètre en bénédicti on,
(1) Il éta it dû, à plu sieurs perso nn es, des intérèts de 10, 15, ~O ans;
entre autres !3 ans à 1\1. le prés ident de Péiroll e,:!:! à M, le conseilJ er de
la Cgnorgue, 17 à M, le baron de L3val, etc.... ·Au cun d'eux ,,'a urait été
en droit de dern and p.r à mon pèrf', n',ême au delà de ci nq ans, Non - seu lement je leur paya i la totalité des in térêts, \nais encore je ne leur retins
Sur iceux au cun 20c. Voi là co mme a payé les créanciers d'autrui celui
(lU 'on a osé accuse r avec ta nt d'écla t de ne pas payer les sien s,
-,
\
. '
\.
_. - ----_.--,----
-
�-
276-
-
Passons à mon prétend u fallati sme : \'oyons si on l' tl'OU \"('1'3
mieux de quoi me faire rougît' .
XVI. Nai.jeposparlti le (analisme jusqu'aux dernie,'S excès
dlm.. les affaires de ,'eligion? - Je sup plie Votre Majesté rie
permettre 'I"e je me ju <tifie su,' ce reproche arcr. plus de
délail eL de p,'éc ision qu e SUI' Ips uutres, parce que c'est
celui qui mériterait le pilis de blùm e,
On a suivi ici , comlll C ai ll eurs, l'indigll e projet de me
rend,'e odi eux perso llllcilement il Yot,'e ~ I aj csté. pour reni,' plus aisémcnt 11 bout de décréditer ma ca use dans
\'otl'C esprit. On n'a pas craint de mû donn er pour un
ultramontain ennemi de 110:, llIa ximes; pOUl' l'agent S('cret du Général des Jésuit es, p OU l' un Jésuite dégu isé; que
dis-je'! on m'a dépeint co mm e un de ces enthousiastes qui
au seul nom de religio n , ~O llt pl'èts à tout osel'; tcl cnlin
qu'une nation sel'ait à plaindre. si elle }J1'oduisait jilusie!u's
hommes de cellp e!:pèce.
C' tst de lou t mOIl cœ ur ) Si l'C, fi UC jc pardon ne ces atl'oCC3
et indécentes calomni es à des co nfrères malheureux qu e
leu r colère et la nature ti c leur cau se ont entl'ai l"1(;s rom me
ma lgré eux ; il s ne so nt dljà que tl'Op PUllÎS VarI e r C'g r c t
qu'il s doirent avoir J 'êtrc derenus, à mOn occasion , si pcu
dignes d' cu x-mCme5. Ils Ile CCS!oIel'O Il t ja ma is de me pa l'aill'c
respe..:tall ies à tou s aull'C3 cgal'ds, et je serai s tl'Op injustc
de l'oul oi,' faire jugN de leUl' ca ractère pal' lelll' conduile
dans une atrai re de passion.
l
XYII, Roisons qui lIte nt!ces3ilent de parler de3 affaires du
leif/l'S. - ~Iai s quoi qu 'i l puisse coù ter au soul'enil' de 1I0tre
277 -
allcien l1 e ami ti é, je ne saurai s é\'ile!' de J'cndre co mpte de
ce qu i s'est passé elltre nous. SUI' los diflërents objets de
nOS prcmièl'cs dirisions, puisqu'ils me les Ollt l'eprochés.
Il est nécc.,.. s:lil'e pOUl' ccla cI 'établir nies pri ncipes, dc discutel' les leurs et de hic Il li xcr les l'ailS. Après quoi YOII'C
Maj es t~ r en'u clail'ement si c'e~ l dc mOn côté ou du leur
qU 'a il tl'ourerait l'excès pOlté jusqu 'au fanati sme.
On doit Ill e pardonn el' si je trail e ici des matières S UI' lesCJuell os je ne I)O Urrai s me taire dans Ics Cil'CO ll stall ces où
je me trou ve, qu 'en tl'a hi ~sallt tout à la fois ce que je dois
à mon Boi , à ma rel igion ct il moi- m(>l1l c; cal' , d ' UII côté,
Ics imputations dont on m'a chargé exigent de mon honneuJ' une déc la ration 501('nncll e de mes sentimcnts; et , de
l'autre. Illon zèle pOUl' l' auto rité légitime de \'otl'e ~laj psté ..
et pour la juste li berté de l'Eglise, ne me permet pas de
perdre celle occasio n de leur rcndrc l'cspccti\'e ment le
témoignagc pul>ii c que tout Il Jagistl'at leul' doi t, selon moi ,
dan ~ ces mal heureux tem ps : tl~ l1l u i gll a g(' auque l je puis
nloin s Ill e refu ser qu e tou t autre, après ['a('('usation porlée
(' Il IOI'!1lc CO IlII'C' moi, ~l Votrc Majcsté, par Ic siour de Monclar , d'avoir {ait , en 1754 , avec l1'ei;e de mes confrères, une
Pl'Qü:station cOl1tl'ah'e li toutes les lois du royaume.
x rill . IJécla1'otùm de l'fies sentiments S'/1' ['Q!:tol'ilé du Roi
dans IAlal el dans l'i:glise. - Je co mmell ce d' abord pal'
drclal'el' l'onrlement que jl' m'Ctilime r ncorc plus heul'cux
d 't~ lI'e chrétien el ca tholiqu e que rl'l'II'C F'rançais. Yotre
Majcsll' Ile doi t qu 't~tre pI uS assurée de ma IiJélité, Cal' :,Î
jc IlCcroyais pas dcr oir encore plus ü Dicu qu'à ma palri c
\.
�-
2ï8 -
-
CL à vOu s mêm e, Sire l j e Ile pOU l'l'ais pas vous li ÎI'e a\'cc
rél'ité que tout ce qui c", t Cil moi . hoJ's mOn honneur ct
ma con scien ce~ esl à YOu ; pu isque je ne saurais avoir alol'8
d'autl' ' prin cipes ùe soum ission q ue l'inlérêl Ou la craintc.
Oui , Sire.) quiconque a ouhlié sa reli gion rD us mécoll-
llaÎt dans son creu,'; qUÎ collque Cil a secoué le joug secouera le vôtre quallrl il croira le pOll"oil' impulIémcut :
"osseuls vl'ais et inébJ'i.lu labl es
sCl'vitcul's SOIlL Ce u x
qui le
SO llt pOUl' obéi r au co mmun Maill'c de tous les hornlllcs.
Il "cut que, révéra nt en rous
SO Il
imago, je me sou-
mette lout enli el' avec sin cérité, amou r ct l'espect ;) "OU'C
autorité, f]u i eslla sielln e. Aussi dans tou t cc qui est lempOI'el , la reconn ais-je enti ère. libre, absolue ) sans autres
bome. quc celles qu 'y lIlètlcnt l'otrc r aiso n el "olre jus-
Nole. -
279 -
Dan s les paragraphes X IX à XXXIV le Président d'E-
"uillcs c!l.amino des questi ons qlle nous devons rése rver pour un o
; ut rc publi ca Lion , uniqu ement relative à la limite de.~ deux juridictians: nous sommes fo rcé d'omettre ces longues disserta lions ;
eltcs serai ent ici un vér itable hors-d'œuvre. Nous passons au para grnphe XXXV eL dernier ; il con tienL les conclusions Sur tout ce
qui précède.
XXXV. Alotifs qui nous déterminèren t ci protesler en 175',
dons l'o ssemblée de$ Chamb,.es, cont1'e la nouvelle jw'isprudcnce. - Voilà , Sire, un compte exact des selltiments de
mes adrel'sa ires et des miens, SUl' la ll ature ell es bomes
dcs deux juriùiclions, Que Votre Majcsté juge maintenanl
dC(luel oùlé s'esl ll'ouré le fa nalismc, Qu 'ell e juge, si lors
de mes premières divisions, ceux (lui pensaient com me
moi o nt commi, un délil , cn prolestanl à Icur place,
tice; Cl sw'toul saliS aucun e dépendance dil'ecle Ou ind i-
contre des nouveautés anti-catholiq ucs ; qu 'ell e juge elÛl n
recte de la puissance s pil'iluelle, C'esl la "ôlre a u cOlllraire
qui s'étend SUI' l'I':g li sc mêmc, dan s tout ce qu 'ell c a dc
si mes accusaleurs n'o nt pas été les sculs el "b'i lablcs CO upables, eux qui o nl osé Ics do nner et qui les dOllnent
encore aujourd' hui à Vo tre Majcslé mème, comme les
véri tablement tempore l ;
SUI'
ses possessions, ses hon -
neul's, ses pl'il'iléges, ses lribunaux coel'citifs des corps et
ancienll es ma ximes de son ro ya ume, comme les principes
des biens; en un mot sur loul ce qu 'ell e n'a l'eçu qu c des
co nstitutifs de tout bon gouyern ement , comme des yél'ités
hommes, Les Érêques en celle pal'tie ci e leur jUl'idicti oll
sonl moin s les ministres (le Jés us,CllI'i st que les vôtres , el
nécessa il'es.
quoiqu 'il impOl'te à l'inlérêl, il l'ho nneur, à la consel'"alion
de la religion , qu e SPS pl'emi cl's pasteurs en soient aussi les
été présentées dans les premiers temps) à votre Parlement
de PrOI"'CII Ce , ar ec aulanl de hardi esse et de dé"eloppemellt que ces derni ères années, et quoique le Procureur
principaux I11agistl'3lS dans son économie civile; néanmoins, comme c'est uniqu cm elll de la piélé des pl'inccs
et 11011 de leU!' mission divine qu'il s ti enn ent en ceci l'autorilé, le Prince peut la diminuel', l'augmenter o u la modi,
fiel' à son gr é,
Quoique ces nouveautés alili-ca th oliques n'eussent pas
"éll éJ'al (lu i en avait été au ll'cJois très-éloigné, mal'quàt
,
d'abord un e l1'ès-grand e pei ne à les adop ter , ell es n arai cllt pas laissé que de gater elltièl'cmell l plu sieurs e.."prits.
b
Nou, prél""inmes dès lors les déso rdres pl'ochains où elles
_ _ -L
�-
:280 -
allaient jeter la Compagni e et la pl'oYÎn ce. mais nous Ile
pÙllles a IT(~ te l' le tOl'rent. El les commencèrent enfin à pré.
\'aloil' en 17 M, Enll'aill és alol's l'un plll' l'aUI )'c, allant à
chaque occasion plus loin qu 'ils ne l'a\'aienl C,'u possible
eux - mêmes, des magistrats l'emp lis d'ai ll eurs de l'cl igioil ,
de pl'obilé et de lumi èl'CS, en \'ill l'el1l bientôl jusqu'à Ile
plus gn l'dcl' de meSUl'e II i arec l' Égl ise, ni avec les lois;
malheul' au pl'ètl'c qui hésitait un moment entre le mall dement du magistrat CL l'ordre de l'Érèquc ; dénonciati o ns, injoncti o ns \ décl'e ts, sa is ies ; il l:1 l1 ait to ut de suite
ou p,'Mal'ique)' ou sc pCl'ch'e; plus de pall'ie pOUl' celui
qui arait une lo is pl'ét'él'l: $CS lumi ères e l les décisions des
pl'emiel's pasleul's à la Ih éologie du pal'quel ; son nom
allar hé " l'éc haraud pal' l'aulol'ité publique, aux ye ux rie
ses ouai lles effrayées, était le moindre excès, le m OÎ lld l'e
sca nda le où l'on se pOI'Làl ; sa lis examcn , sans délai , dans
l'heure même, SUl' simpl c rcquête, SUI' simple pl ailltc,
le tabernacle élail ou\'el't pal' arrèr , et le Sai nl des Sa in t.s
li\'J'é au pl'emi el' l'éfl'actail'e , au premier insensé qui le
demand ait ( 1) ,
-
011 Il e s'en tenait pas là , Siro, 0 11 ne se co ntent ait pas
d'Clljoindre, o n exigeait : les réquisitions co ntenaie nt des
Il'aités sur le rond de la docll'ine : les alTêls, des décisions
ca noniques, Il n'éta it plus permis de co nsel'\'cl' d'aull'cs
principes, de sui vre d'autres l'èg l e..~, de l'econnaitre d'aull'c
autor Îté. Les b'vèques ignoraiel1t les Canons , fuvorisaient le
scliismc, vexaient les CUl1srù.mces , IY1'l1I/11isoient les {Idèles;
le Pope élait !lne puissance étrang?re , dangereuse , presque
e,memie; le jugement du. Saint-Siege qui occasionn.ait tous ces
dbo1'rb'es. avait détruit ou tout au moins obsclt1'ri cent et une
vérités ; vol1'e ptédécesseur, d'éternelle ~lIémoi1'e, n'avait point
laissé de libéJ'fe dans la publication qu'cil avaient raite tous les
Parlements; Votre Majesté mpme s'était laissée su)'prend1'e
dans les dénominations dont vos edits fuvaù:nl qualifiée " f·t le
site/lU ordonné dans vos del'nièl'es déclarations regardant les
pasteurs C01nwe les sÙlIples ouailles, /)e1'soll11e n'était plus ni
obligé de se soumettre "i en droit de vouloir soumettre les
J
autres (1),
~
sive pr;IIceps mifitiœ; If,it- ce le pl'enl ie r monarqu e du monde, sivt iMpe-
~ ra/or
nous lui fe ri ons ent ond re les défeoses ùu SOll\'erain M3Î1 re oont
il \'i{';ulrait profane r le céles te !lao(ln cl. • Un [lrètre serail écrasé s' il
osa it prèr her .mjourd' hn i dC\'Ol nl le plus peti t de nos tribun aux ce .qu'o n
pn1chai l alors avec toute lib ert é dcvant le plu !: gra nd de oos HOls. Ce
.. 'cst pas que les prin ci pes de ]'Égli~e aie nt changé: ~'est que le respect
pour l' Ég li se es t presqu e "erd u parmi nou s. Dieu \'euill e{~u e P?r un grand
IllÎ r:H'le on eo couserve au 1I1 0i ns la foi , 1031gré le m ép rl ~ qu on. n.lont re
de sa di sc iplin e, el les outrages qu 'on filit J e tous côlé.:. a ses Ministres.
(1) Tout ce qu'on Iii ci-dt!ssus,en Il'1Irf's soulignées s:e trou\'e presque
n,ol pour mot dans les réqu isitoires fa ils il ['occilsio ll des refus des Saer~
mellt!: qui Jo nnèrr nt lieu à mes prem ières di\'i~ions, et dan s la fameu se
ICUre de la gr:lIl d'Cha mbre écri te par M, de Mondar .
~
(1) vu;!;i ce que pr~r h aj l daM le s: ièd e p<1ssé 3U mili eu de Paris, ell
rrésence de Loui s XIV et de toul e $a Cour 1 le plu s "age et le plu s ~I\'oué
de nos prédica teurs, lc fameux Bourd aloue, sur l'ind épend ance des
rrètreli dans l'arlministratioll J e l' Eu charis: ti e el sur le.d roit qu'ils ont de
la refuser publi{IUelllenl aux péc heurs. Il di sa it d'a près sa int ChrysostôulC en parlan t dij la Tab le dll Seigne ur; • Les sCilo daleux ell es impies
• en sool exclu s; ct S' Ils osa iPli1 y paraHre, oou s qui so mm es les prêtres
• du Seigor ur ell es dispen:;a tcurs J e ses lII )s t ~ res, nou s oe craindri ons
• poinl d'user du droit quc Uicu nou s a mi s Cil main pour leur en iuler• dire l'usage 1 fùl-ce le Pl'c mie.' co nquérant du monde qui s'y présentât ,
28 1 -
�-
282-
Cependallt treize magi:-:. tl'ats de votl'e Pal'lement, du nOm.
bre desquels j'e us le ba il heur d'être, s'étaiellt contenlés
longtemps de gémir SUl' ce qu 'ils ne pou,'ai(mt empêchel' ;
n'lais des remo ntrance où l'Oll fa isait entench'e à Votre
Majeslé qu e nous n'avions tous qu' une même façon de
penser ct SUI' lesquelles il fallut opiner dans l'assemblée
des Chambres, nous ob ligèrent à ma ll ilcstel' en fi n avec
éclat , nos vl'ai s sentiments et ù demand el' acte com me
nous n'adhérions poillt à ce ux de la Compagnie (1) ,
Il est cerlain , Si l'e, qu e je ne li s ell cette occasion que
ce que firent douze autres magistl'a ts , les plus sages et
presque tous les plus âgés du Parl emellt ; que la protestation fut dressée et proposée pal' tl 'aull'es, ct que je fus
un de ceux (lui)' n)j,'ellt le moi ns de chaleur, Mais cela Il'a
pas empêché mes adversaires d'avallcer hardiment que
j'l'avais eu la prin cipale part pour y trouver ulle preuve
(1) Notre protestation étail con çue en ces term es: « Je demande acte
• comm e je n'adopte po int le contenu aux re nlOn tr:ln Ces el il la Jellre
« llottt eUes font menlion , parce qu 'ell es co nti ennent nes m:l Xilli eS CO ll• trairesâ la reli gion et aux édits el déclarations de 1695, 1714, li!!O et
« 1i30, enreg istrées en ce Parl ement el (Iu'e/J es manqu ent il la so umis• sio n due il r tglise el au Roi, - Le ~6 jan\'ierI7 5! . "
Ell e fulporl ée sur le bu rea u par M. de Mons le père 1 oClogé naire el
vice-doyen de la Compagni e où il na! l toujours eu la plu s grande considération i et qu and il eul pa ssé it la pl uralité des 'Voix d'envoyer les
remontran ces, il st: leva el dil : • Mes sÎE:urs, co mme par mon grand àge Je
• sui s vraisemblabl emen t cel ui (lui parailra le plu s tôl deva nt Dieu,
« c'es t à Il lo i de donn er l'eltcmpl e du oou rage avec lequel tou t m agi~• IraI doil défendre la lib cr té de l'Égl ise et les lois de l'Élal. Je demande
• aCle, etc. • Deux Prés id ent s à morti er et dix Conseillers adh érèrent il
sa prot estati on et err demandèrent acte co mme lui.
- 283de la violcllce el dc l'in considéralioll qu'ils m'accuselll
iJ 'a, oil' toujOUt'S mi ses dan s mes action s,
XXXVI. Justification du reproche que l'on me rait d'avo;,'
toujours mis de L'inconsidéJ'aJion et de la viulence dans tl/es
pl'océdés. - C'est ceUe in consid él'alion et celte ,'iolence
'1lii fondent la tl'oi sième et del'nière ca lomnie à laquelle il
me l'este à l'épo lldl'e pOUl' finit' la Ol'cmièl'e partie de mOIl
~l émoil'e . Je , ais le fail'e, en co mmença nt pal' l'appelel' les
faits qu i pl'écédèl'ent , accompagnèrent et suiYit'ent notre
p,'oleslation et les autl'es démal'ches où peut m'avoir
CIl gagé mon deroil'.
On ne ful pas assul'é de la plul'alité des ,oix dans la
totalité du Parlement , aussitôt que dans la g'l'and 'Chambre ; on commença dOli C par la faire écrire seule à Votre
Majesté; ce fut le sieul' de MOll clar qui p,'êta sa plume ; il
étail de\'enu lout à coup le plus ner adrersa i!'e de ses anciens sentiments connus de tout le mond e: aussi s'ex pliqua-t-i l sans cont!'ainl e, Quelque Lemps ap l'ès, on sesenlit
plus fort ; le nombre des magistl'ats séduits a,·ait augmenté; on assembla les Chambres, on y proposa des remon·
Irances déjà tou les faites, 011 les y lut tout de suite; elles
cOlltell aielll les prillcipes de. la lettre qu'on y adopta ll
ex pressément ) fioJlt on outrait encore les excès. et co ntt~c
lesquels on nous fit entendre qu 'o n ne nous pardonnerait
point de nous élever. Nous ne sentîmes que mieux la n é~ ,
sil é d'l'opposer la plus forte l'ésislallce et de ne plus dIfférer le temoiguage public (Ille nous dc,'iolls à la religion
et à l'État, de 1I 0 1l'e pe'Ïléluel altachemellt aux l'l'ais et
ancicns pl'Î nci peso
. ___I_-L_ '
\.
�-
~8~ -
-
Non, cc Il '('~t pas de Hotrc cl)té (1u'On t été ) ,1CpUi'S ('c
jour , les procédés ou trés Pl in rO Il :5 irl él'é:; • On CO 111 mença
pal' 1I0U S re rusel', co lltl'e tou te règle ct toute justi ce, l'acte
demand é. Les cl'is, les injurcs. les menaces, l'indécence
des c xpJ'('ss i o ll ~ furent les seules réponses aux raisons pal'
lesquelles Il,O tl S tàchi ons d'établir , arf'C tou s les rn éll agc_
l11elll S pO&ilblcs, la régularité el la nécess it é de notre
démarche,
Le s ieur de Mon cla l' a!'l'i\'a it al o rs ,\ VCI'saill es, Ol! il
arait
PU
ordre de
"('Ilil'
rendre co rnpte ri e sa conduite'
celle du Parl ement Il 'a \'a it g uère été plus a ppro uvée:
l 'ar~
faire du gl'n nd COll se il qui comm ença it , n'aurait pas nu i
il la nôtre pal' bien lies raiso ns ~u e l'o n se nt ; tou tes les
circonsta nces, en l1ll 111 0 t , nOLI S f'an)l'Îsaient.
285-
écrivait d'o ffi ce à M, de la Toul', pOU l' me rai!'e do nn el' pa!'
la Compagnie les satisfaction s cOllrenables .• Je dois, lui
disa it- il , à M, le Président d'Égu ill es, la justice qu e
• depuis que j'ai fa it conn aissan ce avec lui je n'a i trouvé
en sa pel'sonn e que les sentiments d'un digne magistrat,
• la \'crtu la plus épul'ée, et la pl'obi té la plus exaCLe, Les
« fails qu 'oll a eu la témérité de lu i reprocJICI', d'avoit,
• abando nn é la ca use de sa Co mp ag nie, n'o nt aucun fOlie dement ; et puisque je ,'ois qu'p n veul me mêler dan s
• ceLte qu erell e, je sui s obligé de dil'e qu 'il s so nt calome nieux , etc., etc. 1.
Je me h âtai de lui l'épondre qu 'après avo ir , avec plusieurs de nos Messie urs,
d ~n s
l' assembl ée de toutes les
Chambres , reni pli un deroir dou loureux, lUais abso'fu ,
Mais ce furent précisé ment ces ciJ'conslancps qui non"
je n'ava is rien eu de plus à cœur que de regagner pal' tous
détel'lnilll'l'ent à ne pas ail el' plu s avant , à ménager, quoi
les ménagements possibles des confl'èrts d'a ill eurs tl'èses timables ~ dont nOUS ne nous étions éloignés qu'à regret ,
qu'il no us ell pÙI co ùt er , des co nfl'ères la plup'l't séduits;
à ne co nsidérel' ni les ava n tagcs prése nts qu e leul' allait
dOllner nolt'e itl3Clioll , ni tes dnll gel's à vcni l' oùel le nous
que je ne demandais ni Il e voulais aucune sorte de satis-
laissa it ex posés, Nous réso lûmes de leul' tout sacl' ili el' ,
faction , que sans pein e je pardonnais tout aux autres, mais
que je ne me pardonn erais ja mais à rn ai- même d'uyoir mis
hors nos co nsciences ; nOLI s Il e portâm es CO lltl'e eux aucull e
le Il'oubl e dans mon corps pour mes se uls intérêts per-
plainte, nous Ile ,·ou lùm cs pas même en royer nolre pro-
sonnels. Yoi ci ce qu 'il me répondit de sa mai n :
testation au millistre; M. le chancelier, co mm e les autl'es,
n'en rut instl'uit qu e pal' le publi c,
/1 le fu! en même lemps des disco ul's peu mc:m l'és tC lIll~
contre moi à cette occasio n , pa l' un Consei ll el' des En-
«
La COIl-
duite que vou s vou s pro posez de tenir , Monsieur , à
• l'occasion de ce qui s'est pa s~é ces vacances. est un grand
• exemple de l'eligion ct de r ertu , L'ou bli des injul'cs est
( l'elfet de la yériLab le gl'ondeU!', •
justic<.· Hoya le Il e fut guère plu s mÛll agé. J'en reçus de lui
Quelque Lemps après, le même Co nseiller, emporLé pal'
so n cal'acLère impétueux, s'o ublia ailleurs qu 'au palais
la lettre la plus lI atteuse : il y joignait co pie de cell e qu 'il
d'un e raço n Lout aussi répréhensi ble; je présid ais alo!'s la
qu êtes
au milieu de sa cha lllbl'e , où le cher de r ot l'e
�-
286-
- 287-
Chambre des vacations, je me sen 'is si heUJ'eu,ement des
moyens que me donnait ma Illace , que dès le lenelemam
.
tout fut pacifi é, au gl'and étonnement de ses alll'IS", 1'1S' Il e
croyaient pas que jo vou lusse si bien le sen ';" dalls une
occas ion si naturclleue lui nuire, CcpelldantM. lc Maréchal
de Belle-Isle aya lltreçu, SUI' cette aWa il'e qui al'aitquelquc
l'appol'~ avec son département , un procès-verbal envoyé
pal' le " eutenant de la Mal'écll aussée, il en l'endit compte il
Votre Majesté, En conséq!,ence il vint un ol'dre au Pl'emier
Président de fai l'e in fOl'mel', Je le suppliai de ne point
pader de cet ordre, d'écrire fO ltement pOUl' le faire retirer
d'attendre qu'a u pis all er on en enl'oyât un second . D~
mon cûté je fi s sentir à M, le Chanceliel' qu'il l'ava it cie
la Ill' udence il ne pas obli gel' le Pal'i ement d'informel'
malgré lui contre un de ses membres, qu 'il sel'ait fâcheux
pour moi dans les circonstan ces qu'une atTai re assoupie
pal' mes soins fùtrepr ise pal' cOlllm and ement de la Cour ,'
que si j'a \'ai s désiré jamais d'obtenir une grâce , c'était
cell e que je lui demandais pOUl' M. de..... dont 0 11 al'ait
réel lement grossi les tOl'ls, qui joignait l'éritablement de
très-bonnes qu alités il ses petit s défauts, et qui avait encore
plus de talents et de probité que d'impru dence et d'emportement. Je
l'C(' U8
courrier pal' coul'I'icl' la réponse
sui,'ante toujours étl'ite de sa main : ( Vous donn ez,
1 Mon sieur , des exempl es de grandeur d'O:ime qu 'on ne
• doit pas s'empêchel' de suirre. Il ne sera plus question
• de l'alfaire de M, de ..... puisque "ous le désirez ; il est il
• souhaiter que l'otre bonté le fa sse rentrel' en lui-même ' .
inconsidérées que Votl'e Majesté aperçoit dans toule cette
suite de conduite, vis·à·vi s du Parlement , vis·à·l'is de
ses membres les moin s modérés , vi s·à·vis du ministre qui
me protégea it ? Et dans qu el temps, dans quelle position ~
Dans tles temps de divi sions, après avoir ess u y~ toutes
sortes de désagréments, d'illjul'cs, J'injustices, d'outrage:;'!
Non , personne ne recollu aitl'a dans de parei ls procédés
un homme emporté, fanat ique que 'rien n'étonne; qu'une
1
imagination deréglée enl,'aine loujm.,., au delà du iJul ; qui de
sa vie n'a respecté des bor'nes ,
C'est poul'tant l'idée qu'on a donnée de moi à ''os ministl'es et sous laquelle je sais qu'ils m'ont dépeint de
bonn e foi à Votre Majesté, Mes enn emis, en leU!' en imposant ai nsi , mentaient à leur propre conscience. On a YU
qu 'i ls ne me croyaient poin t tel qu 'il s me l'eprésentaien t
aux au tres ; ils ne pouyaient surtout avoir oublié qu'à
force d'attentions et d'égard s, qu'à force de modél'ation
ct de patience, j'avais ellfin vain cu leur haine; que nOI1seul ement j'étais l'enu à bou t de me fa ire pardonner pal'
un corps, ce qui est une es p~ce de pl'od:ge, mais encore
de m'y faire aimer . quoique pel'sistant toujours arec la
même franchi se dan s mes premiers sentiments , et de
m'y faire aimer , de f1ui 'l deccux-mêmes, Sire, auxquels
j'avais le plus l'ésist6; de ceux-mêmes qui aujoUl'd 'hui
m'ont le plus indécemment déclli l'é, le plus l'iolemment
calom nié,
Est-ce là , Sire, de la ,'iolence? Sont-ce des démal'ches
•
\.
�-
281' -
-
Récapitula/io" succincte de tout le con tenu de la p1'Cnu'èl'e
partie de ce mémoire.
En \'oil~ déjà trop pOUl' la premi èl'e pal'lie de ce
mémoire. Ma ju stifi c::lliOIl , dans lous les temps de ilia vic
antéri eure à l'aml ÎI'e des Jésuites, y es t pOl'lée, ce me sen,ble, jusqu ',\ l'é vid ence ; l'ot l'e Majesté l'a ura "U :
1· Que je Il e suis pas indione de sa protection ct '1 u'en
ve nant aujourd ' hui la lui dema nd er , ce n'est pas le plus
vil de SC3 sujets 'lui sc Ill et à ses pi eds,
2 Que je suis né dïlOnnèlcs pa rents depuis longtemps
magistrats; dont le ca l'aC lère distinctif a toujoul's été l'am OllI' du bieu , la modérati on , le COU l' age , beaucoup
d'attachement pou r leur cor ps, bea uco up plus enCOl'e pOUl'
leurs Hois.
0
3° Qu'arec les mêmes principes, je me sui s toujOUi'S l'ai t
till e loi des mêmes de\'oÎl's.
l,'
Que passé du co llége au seni ce de la marine, le Mi-
nistre de cc d ~ p a l'tem enL JI 'a jam ais reçu
289 -
7' Que le peu de conn aissances que j'avais tâché d' y
acquéril' me lit accu~illir à mon retour de tous les gens
en place, avec une sOI'te d'empressement auquel plusieurs
d'entre eu' y ajoutèrent de la bi enveill ance,
S' Que ce n'était pas pour l'Écosse qu'ils comptaient me
proposer à Votre Majesté , et que si j'acceptai cette commission , cc ne fut que parce qu'à travers mill e difficultés,
mi ll e périls et très- peu d'avantages pel'sonnel s, j'entre\'oyai s les pl us gra nds services à \' ous rendre ct, par conséquent , la p lus ,ù itable gloil'e à acquél'ir .
9' Qu 'effectivement j'eus le bonheur de contribuer pour
quelque chose à la durée d' une di\'ersio n qui assura il
vos armées une supériori té qu'on leur aurait peut-être fait
acheter plus ch èl'emenl.
10' Que je montra i quelque zèle, q uelque courage,
quelqu e prudence dans la faço n dont j'abordai en Écosse,
don t je m'y établi s, dont je m'y soutin s, dont je m'y conduisis avec le Prince , arec ses am is, avec ses ennemis;
dont j'y con ser\'ai , le jour de sa défaite , tou t cê qui avait
moi que les
combattu sous vos drapeaux, sans distinction de nations.
l'c/alions les plus (lcantagf?ust.:s , pendant quatorze ans que
,11 0 Que par conséquent , ce n'a pas été faute d'avoir
SUI'
j"y a i demelll'é.
5' Que cc fut pal' la volonté et sous la pl'otectioll du
Ministl'c des aIrai l'cs éLI'::t llgèl'es Ci ue j 'enll'epi'is Illon voyage
d'All emagne.
GO Que, dans ma médiocrité, n'ayant rien de tout ce qui
auil'e des éga rds el de la cO llsidél'alion à un étranger, je
fu s néanm oi ns l'CÇU dans tout ~s les Cours avec bonté , Jis·
tinction et estim e.
bien fait là, qu'à mon retour on ne m'a plus employé
aill eurs: et qu'au contraire, jamais les Ministres n'ont
rendu justice à personne avec plus d'éclat et d'unanimité.
12' Que, si j'entra i ensuite dans le Parlement , j'y fus
comme forcé pal' les Olèmes gens qu i ont voulu aujoul'd'IIUÎ m'en chasser; que ce corps entier conco urut arec
eu" qu'il me do nn a les plus forts témoignages d'aftèction
H.
19
_.
_, _ _• ___1
____
' _ ' , _ _ ._-..L ..... A- _
�-
290-
- 291 -
et d'estime; que toutes les hOl'l'eul's qu'on y a dit ct fait,
dan s les del'niel's temps, contre moi , n'approchent pas
encore de l'excès arec lequel on m'y lou~it et considérait
dans les premiel's,
13 0 Que celle all cienne pl'é"ention en ma fareur , quoiqu'outrée , est la pl'euye la plus in co nteslabl eq ue je m'ùais
toujoul's conduit arec quelque probité, au moin s jusqu 'a,
lol's,
14' Que l'id ée tl'Op favorable 'Iu'araient eue, de moi , mes
confl'",'es n'était pas in collnue il M, d'Aguesseau et qu'clic
le pOl'ta , lui le plus exact ct le plus difficile des Chanccli el's, il m'obteni l', de Votl'e Maj esté, 101's de ma réccplion,
plus de dispellses l'éunies que je n'en aurais osé demander,
que n'en a peut-êtl'e jamais demandé perso nne,
. Hi o Qu t e n ~ uilc, dans un exercice de seize ans, malgl'u le
pl'ojet de me perdre pal' toute voie, on n'a pas même osé
me calomniel' sur mon intégrité dans les fon ctions de ma
charge.
16' Que mes premières divisions avec le plus gl'and
nombJ'e de mes conft'ères n'eurent d'autre cause, 10 1'5 de
1I0lre protestation , que l'accomplissement d'ull de\'oil'
absolu , où je ne fi s l'i ell de plus 'lue douze autres magis,
tl'a ts les plus sages, les plu s ,'el'tueux , et presque tous les
plus âgés de la Com pagnie,
17' Que je mis ain si qu'eux dans ma conduite tous les
ménagements, toute la prud ence, toute la patien ce possi ble ; et que je n'a i jamais cherché il me r engel' de 1I1es
plus furieu x enn emi s , qu 'en leu r rendant même en secl'et , tous les sel'I'ices que j'a i pu,
1
18' Que toutes mes maximes sont celles d'un bon Français , et que je le suis trop pOUl' faire l'injure il ma patrie
de penser qu'on n'en puisse conserver le droit publi c
qu'en détnlisant les pl'i nci pes constitutifs de la religion
catholique,
,19' Que si le gros du Parl ement n'a jamais pu malheureusement être ramené à la faço n de pen sol' des treize.
il nous l'araitau moin s pard onn ée ; (IU'on)' al'ait peu il peu
rendu justice à notre bonne loi , à noll'o mod ération ; qu'on
s' y était , à la fin , totalement l'appl'oe hé ue nous et qu'on
m'avait témoigné personnell ement de nouvea u, ~ chaque
occasion , toute la même estime qu'auparavant.
:!O° Que fan née même qui précéda nos premières quel'elles , M, le Gourel'n cul' , que je ne l'oya is point , et qui,
alors comme aujourd 'hui , virait dans la plus grand e union
arec la Compagnie c l arec ceux qui en disposent , no crut
pas leur déplaire, ni aux gentil shommes de la province, en
me nomman t pour présider le COI'pS de la noblesse , au
nom de Votre Majesté,
21' Qu 'enfin les dettes qu 'on m'a tant l'ep,'och(oes sont
d'un e nature à fail'e l'honneul' et non la honte de ma rie,
De tout cela , Sire , Yotl'e Maje. té conclura sa ns peille
que vos Ministres actuels , dont je reconnais bien ~i ncère
ment les lumières, la probité , les bOll nes intentions ,
toutes les qualités supérieu res , ne se !)cl'aiclit pas laissé si
aisément pl'~hcnir contre moi ct auraient moins contribué
qu'il s ne l'ont J'ait ,\ me nuire dans l'esprit de Votre
Majesté, si la dilf"l'enle manière de \'oil' les choses de bonne
foi , ne les avait pas un peu trop indisposés contl'c ma
�-192 fa çon de pense.', qu 'on leur avait oUl.'ée; s' ils al'~icnlcru
devoir donner un peu moins de confiance aux accusateurs
eLun peu plus d'accès à l'accusé; si cCl'laincs circonstances
ne m'al'aient pas em pêché moi- même de faire tout cc que
j'aurais pu , pOUl' me pl'ocurel' cct accès; enfin , si ne pou\'anlju gcl' pal' eux-mèrn cs d'un homm e qui n'urail jamais
eu l' honn eur do parior un e soule foi s à aucun d'eux (il
l'exception de M, de Saint-Florentin que j'al'ais ru deux
foi s il mon premi er l'oyage), il leur était l'enu dan s l'id ée
de savoir ce qu'en pensa ienlleurs prédécosseu.'s, qui l'avaient connu , emplo yé, estimé et chéri ,
J'ose leul' ouvl'ir ici mon cœur ;) , ec d'autant plus de
fran chise qu e je suis péné tré pour eux du plus, sine".'e respect ; qll e je compte su.' leUl' justice autant que SUI' la bOllté
de ma ca use; e l qu'il s me pl'otégeront san s doute aujoUl'd'hui , ayec d'au tant plus d'intérêt , '1u ' il s l'erront mieux à
quel degré d 'injusti ce on les a po.tés co ntre moi , pa.' les
plus hardis mensonges. POtinaient -i ls ne pas s' indignel' ,
quand je leur aUl'ai démon lré qu 'oll a exécuté le lkhe
projet de me din'amer pal' toutes l'oi es dans leur esp ,'it ,
faute de meille ur 1I10yell pOlO' y décréditer ma ca use,
C'est ce que je l'ai s faire dan s l'au tre pa l'tic de ce Mémoil'e ; ils se convai ncront en la lisa nt que si quelqu'un
s'est rendu crim inel dan s l'an'aire des Jésu ites, ce n'a pas
été moi,
•
- 293-
La ReLation suivante a é té composée par M, d e
Flessell es, rapporteur d e la commission chargée pal'
le Roi d e l' affaire des J ésuites (17(;1 ), Le manuscrit
autographe de cette relation est entre nos mains,
Dans son ouvrage intitul é : " CLément X IlI et
Clément XIV" , le P _d e Ravig nan a donn é (t, 1",
1.,35 et 1.36) un ex trait d e notre relation_ Nous
croyons uti le d e la publier e n entier: on y verra,
p,
e ntre autres curiosit és, les feintes
fra ye urs du
l'rl'unnicide et les comédies jou ées à l'occasion d es
chim ériques dangers d e la roya uté!
Ilelation exar.'te de tout ce 'lui sJest passé 1'elalivemen,( au
décret interprétatif de celui d' )lquavivade 10,tO, Env0!lé à
lIome et ,'efusé pm' le Général, ainsi qu'à la déclarolion que
Le Général a pa,'eillement ,-e(usé d'app,'ouver,
Ayant été chargé pal' MM, les Commissa i.'es d 'ayoi., des
cOllfé.'ences partieulièl'es sur plusieurs points nxès arec les
Jésui tes les plus accréd ités, un de mes prcmiers soi ns fut
de leUl' présenter les inqu iétudes que pourraient fai re naitre
les expressions douteuses du décret d'Aqua,-ira su.' le
J'ymnnicide, Je leur fi s sentir combien il était intéressant
pour cux de faire interpréter ce décret , et que je ne croya is
pas moin s important de donner une déclaration SUI' la fa-
,
�-
29~
-
-
çon de pense" de tous les Jés uites Ibnça is su,' le 1'nanni _
ride et les libertés de l'Église gall icane , mais qU 'iï fallail
que cet acte, pour aroir quelque force, fùtrerêtu de l'app,'obation de leUl' Généra l. Ces deux propositions parurent
être assez go ùtées pal' les Jésuites auxquels j'Cil fi s part ; je
m'empressai de rendl'e co mpte de leul's bonnes disposi tions
il MM. les Commissa i,'es , ct nous Il'araillr'Oles pl'ompte-
295 -
Le P, Provincial m'élant venu \'oir le lendemain , je lui
lis connait ,'e tout le mécontentement que j'avais du retranchement du mot sentire, et je ne pus pas lui dissimuler
que cet incident confil'mait mon soupçon SUI' leur façon de
penser.
JI m' annonça ensuite qu' il avait été obligé de communiquer le l)l'oj et de déclal'ation à SOli conseil , que
d eu~
ment à la rédaction de ces actes, ct je fus ensuite chal'gé
de condui,'e l'aRàire vis-'l- ri s des pp, G,'ilTet et de Neu-
choses faisaient grande difficulté, dans le premier al'ticle,
la condamnation de notamment de lew's , que cc mot no-
ville. Le lend emain , je mandai le P. GdRe t , je lui fi s pal't
tamment était révoltant et injurieux pOUl' la Société , qu'en
conséquence il me proposait une réd action plus honnête.
des deux actes projetés, je lui fi s connaitre tOllle l'impo,'tan ce de leul' procu,'er p,'omptement l'authenti ci té désil'ée ;
Dan s le second al'ticl e, ilm'obsel'va ' lue ces mots , qu'ils
Ilatté de la confian ce personn ell e que la commission pa-
tiennent el professent, ne passeraient sÙl'cment pas , attendu
l'aissait lui accordor , il m'assura qu'i l allait employel' tout
que teni .. et penser é tait la même chose , ct que la façon
son créd it , mais qu'i l fallait réunir a,·cc lui le P. Pl'o,'in-
de penser SUl' les quatl'e proposi tions de 1682 était libre .
Je témoi s nai au Prorincial toute ma su"p,'ise SU l' cette
seconde difficulté ; je lu i dis que sans doute étant Jésuite,
cial ; profitant de cette bonne \' olonté, j'envoyai sm-Iechamp che,'cher cc demiel' . Je lui annonçai que le sa lutde
la Société rés id ait dans le s uccès qu 'il procu,'e,'a it aux deux
actes dont il s'agissa it ; le Pro\'incialme pl'ésen ta beaucoup
de difficultés ct d 'inCCl'litudes,je les combattis arec force ,
je lui di s au surp lus de faire ]e plus promptement possible
ses l'éfl ex ions , mais qu ' il fallait que le tout partît pour
Rom e pa,' le prcmie,' co urriel'. Le lendemain je l'CÇUS une
on cesserait d'èll'e sujet du Hoi , puisque tous les Français
devaient tenil' la proposition de 1682 comme un e loi d'État
qui était en même temps celle de toute l'Église gallicane:
que je ne concevais pas cornment , roulant se soumettre à
soutenir et enseigner , ils craignaient de déclarer ce qu'il s
pell,,,ient; que cette difficulté justiliait bien les reproches
lettre du p, Pr~rincial , pa ,' laquelle il me mand ait que le
qu'on 1CUI' faisait SUI' leu r l'est,'iction mentale et leur
pl'ojet de déc,'et allait partil' pour Rome , en m'obsel'I'an t
éloignement
cepend ant , qu 'o n arai l l'ctl'unché le mot selllù'e pnl'ceque
battre pour leUl' honneur etl eu l' sÛl'eté , en insistant poui'
nul Gêné,'al n'arait droit SUl' les pensées, ct que ce rh'oit
la consen'ation de ces mots précieux et que je co nsentirais
seulement au retranchement du mot notamment dans le
premier article; qu'ainsi, je ne lui donnais que jusqu'au
1
étaitl'é~rv é
il l'Eslise unirersell e , à qui seule appartenait
le droit de commandel' les sentiments intél'ieul's.
pOUl'
nos libertés; que je croyais donc com1
�-
296 -
-
lendemai n matin pour p)'end )'eson parti ; ques' il persistail
à )'etrallch er les mots proposés, il eût i) me l'a pporter le
p)'ojet de déclaration , que le Hoi en se)'ait promptement
in struit.
Le lend ema in , le p , de Neu l'ille m'étant venu voi)', je lui
fi s PaI't de tout ce qui s'était passé la vei ll e arec son
1'1'0-
vill cial ; je lui mal'quai combi en j 'élais mécontellt do lui ,
et que je sou h a itais qu'il se mît il la tête de cette affai re '
il me répondit qu 'il s'emploierait avec zèle à faire réuSSi:'
tout ce que la co mmission pouvait désirer d 'eux' ; il me
donn a même la formul e d 'approbation que l'on trouve)'a
ci.après , que l'on proposa it au Géné)'al de donn er sur
leur déclaration .
Nous t)'ilitâmes ensuite différents objets; il me dit qu'il
avait fait un mémoire pour MM, les Commissaires et qu'il
al'ait adressé une )'eq uête à M. le Da uphin pour obtenir la
permission de le faire im]))'imer ,
Nous nous entretînmes de la consultatio n du clergé; je
ne lu i laissa i point ignorer ce qui s'étai t passé en tre
297 -
avec le Roi ; que dès le moment qu' il avait été question de
leur affaire, il ava it fourni c1 es mémoi res à Sa Majesté SU)'
les Congrégations; f] u' il t' tait bien malh eureux que , dans
le moment présent , il s eussent à la cour un homme aussi
médi ocre que le p , Desmarùts ; ' lue c'était lu i qui l'ava it
donn é au Hoi; ' Iu 'alo)'s il était cc qu' il fallait , mais que ,
dans les circon stan ces , il était bien insuffisant ; qu'au
lotal , le urs affaires éta ient bien mal condu ites, et qu'il ne
,levait point me laisser ignorer qu' il faisai t les démarches
les pl us vives auprès du Général pour obtell ,r que lui et un
de ses confrères fu ssent seuls chargés de la suite de tout ce
qui les intéressait à la CO U)' et devant la commission ;
qu'au s urplus, il espéra it bien peu de )'oir changer leUl'
sort ; que le dernier joUI' que le Roi de Pologne étail à
Versai lles, Sa Majesté l'avait envoyé chercher, et lui " 'ait
dit : • Pal' Je vif inté)'êt que je prends à ce qui concern e
votre Société, je me suis déterminé à aller faire une visite
il Mme de Pompadour ; je lui ai reco mmandé vivement votre
affa ire; mais, en prenan t un ton de reine, elle m"a
M. l'Archel'êque de Paris et moi ; que ce Prélat était au
)'épondu: « Je crois que les Jés uites sont d'honnêtes gens,
Illomentd e donn er un mand eme nt en faveur des Jésuites',
cependant il n'est pas possible que le Hoi lour sacr ifi e son
que j'ava is été il ConOans quelques jours a uparava nt pour
Parl ement , surtout dans un temps où il lui est aussi
l'en empêcher ; qu 'il m'a l'ait promis de tou t suspend re
Il écessa i l'e
11.
pOU)'VU que les Évêques fussent consultés; que je m'étais
En nous ,éparant , le p . de Neuvill e me pria avec ins-
engagé vis-à-vis de lui à détel'n lÏn el' celle consultation et
tan ce c1 'accél"re)' la consultation du clergé , et il me dit :
• Les avis des Évêques nous étant favorables, ce sera du
que la commission la p)'oposera it aussilôt que le Hoi l'in·
te)'I'ogCl'a it. Le p, rie Neuvill e m'observa que la commi ssion
moins une belle épitaphe poUl' nous , et si les Com·
n e lardera it pas à êIJ'e consultée SUI' cet article ; à celle
m issai res du conseil veulent combattre pOUl' noi re conser-
occasion, il me dit qu' il ava it une correspondance directe
yalion , ce sera des l'oses que nous aurons à jeter SUI' notre
tombeau . ,
�-
298 -
Pell de jOlll'S ap l'ès, je rendi, compte de tou t cc qui
s','tait passé entre les Jés uites et moi à MM , les Comm is,
sa ires et à M, le Cha ncelier ; ct M, le Da uphin , m'aya nt fait
,'honneur de me mand e!' ft Vel'sailles, ayant eu un e longue
conférence a"ec lui , je lui fi s part des projets de dt'creL ct
de déclaratioll ; je 11I'i - la liberté ri e lui rl éclarer que je
regarda is '1 ue le SOl't des Jés uites dépendai t en tièl'emen t du
succès de ces demandes , M, le Oauphi" me répondit qu' il
sentait comb ien il éta it important qu'ell es ne fi ssenL point
de difficu ltés ; mais que si le Général donn ait le décl'et et
l'approbation , il ne voya it plus ce que l'on pourrait l'epro cher rie raisonnable aux Jésuites ,
Les Jésuites ayant reçu l'épo nse de leur Général , le
Prorincial vint m'anno ncer qu e le Pape ayant été inst ru it
de la déclaration que les Jés uites fran çais avaient déjà
J'ai te, ct de celle qu' ils se proposai ent de faire, Sa Sa inteté
ava it fait la réprimande la plus vive au Génél'al sur cc
qu' il paraissait permettre que les membres de sa Société
-
299 -
.J e ne fi s aucune objection aux Jésuites , je me conlentai
de leur dire que jG les pl aignais, mais que je derais la
vérit é au roi ct qu'elle devait leur êtl'e fun este ,
Aya nt l'anivée du coulTier qui ap port a le désa reu du
Général , de la nouvell e déclaration , presque tous les Jé; uites de Pl'ance l'ava ient faite à l'exception de ceu, de la
province de Guye nne , Ceg derni ers aya nt apparemment
éLé instruits du mécontentement de la cour de Bome, ne
voulurenL plus fa ire la première déclal'ation proposée : ils
nous en envoyèrent une absolument différente,
Je rendis compte le plus tôt poss ib le ri e toutes ces cir-
constances importantes à la commission , elle pensa qu'il
éLait très-i ntéressant d'en illstruil'c promptement Lous les
ministres, nous demandâmes un
, et ayant été
indiqués au surlendemain à Versaill es, voici le récit exact
que je fi s des faits à tous les ministl'es assembl és chez
,M, le Chancelier de Lamoignon :
Il
Messieu1's, dès le premier moment olt nous nous
I1ssent en F i'a nce un e profession a ussi solennelle de scnti-
sommes occupés de l'affait'e des Jésuites , nous avons cru
ments contraires aux droits ct à l'au torité du Sai nt,Sié"e'
o ,
qu 'il était nécessa il'e de fi xer principaleme.nt notre attentio n sur tout ce qui poun'ait a\"Oi r rapport à leur doctrine ,
qu 'ainsi , on ne der a it pas se flatter d'obteni,' de leur
Généra l l'approbation qu'o ll désirait sur la déclaration des
Jés uites de Fran ce,
pui squ'elleava iL servi de motif au, arrèts du Parlement du
Huit jou I" ap l'ès, le P l'o rin cia l et le l', Booth rin rcnt
6 août; nous exa min ùmes les dilTél'cntes déclaratiohs de
senlim en ls, jusqu'à cc moment, pal' les Jésuites, ainsi que
m'annoncer . d'un ai l' constern é, f]u 'on avait reçu la
le décret du Généra l Aquavira sur le t)'I'annicide donn é en
réponse du Généra l SUI' la proposition du décret ; qu' il
! 6 10 , dont quelques ex pressions ava ient été critiquées:
refusait posi tiremen t de le donner, parce qu'i l regardait
celui d'Aquavira , de !(;1O , comme très- suffisant ; qu'au
nous pensàmes, Messieurs, qu'en celte matière, le doute le
surplus, il ara it exprimé Ii'ès-ampiement ses sentiments
plus léger derenait important , ct que tous les sujets du
Roi ne pouvaient s'expliquer trop clairement Sllr l'indé,
dan s la lettre qu"il avait écrite en dernier lieu au Hoi ,
pendance de la couronne de France,
\.
�-
300-
-
• Nous convînm es q ue je l'wa is ent endre a ' J ' ,
.
.
u:'\: CS Ultcs
de qu el avantage " sel'a ,t pour eux dan s les c' ,
_
,
. .
.
)
Il con::)lallces
prcsent~" d obten,r de le ur Généra l un nouveau décret
In terpretat,f de celui d 'Aquari\'a entièreme'lt sat' f '
1$ alsant
SUl' le Iyranllitid e, a insi que SUI' l'e xercice de l' t '
,
.
au onté du
Gênerai , ct que Je leur fCl'ais sentir toute la nécessité de
fa u'c un e déclaratio n solennell e da ns tout Ic "0
'.
'
. ya umc, SUl'
la' doctl'ln .e q UI leur étaitl'ellrochée ,
nota
mm
en t Cf' Il C l'cla.
lIve a ux l "lel'lés de l'Église ga ll ican e,
, • Pe~ de joUl's a pl'ès, les Jés ui tes m'apportèrent un pro,
Je t de decret et un de déclaration , je les mis sous les yeux
de MM , les COlllllll ssall'es, nous nous occup<imes aussitot
de I ~ réd ac tion de ces ac tes et nous les mîmes au point de
perlectlO n que nous jugeà mes le plus convenable,
, • Les aya nt e nsuite représentés aux Jésuites, la rédactIon de
l'article concel'll ant la liberté de l'É"0 lise b<
"ail'Jca ne
•
fit naltre p lusieurs diAicu ltés de leur pa rt ; mais après les
a~o u' \'Il'ement combattues , j 'obtins le ur parole q ue ceUe
declal'atlon serai t in cessamm ent enroyée da ns tont le
royaume
pOUl'
êtl'e sigll ée dans chacune de leurs maisons.
Je leul' obsel'\'ai d a ns cc moment que toutes leul's déclara,
tions ayant jusq u'al ors été regal'dées comm e in sufllsa ntes
il sera it nécessa ire de donner à celle qu'ils a ll a ient fair~
un décret de sùreté irrép rocl.able, qu 'à cet elfet il fall ait
que leur Général appro urà t celle déclaration , Les Jésuites
parurent adopter cette proposition , je réd igea i la formule
d 'approbation , et il fut convenu que le tout serait envoyé
à Rome pal' le premier co urrier ,
( A l' éga rd du projet de décre t, après q uelques difllcultés , il fu t a!'l'êté qu "11 seraIt
' aussI, Ill
, cessamment envoyé à
301 -
Home, et que les Jésuites les plu s accrédités emploiel'aient tout leur créd it aup rès du Général pOUl' obtenil' de
lu i ces deu x actes au sujet duque l le go u\'ernement de
Fra nce para issa it attach er leu l' sa lut"
• Le lende ma in , le Prov in cia l me prérint que le projet
de décret était parti p OUl' Home, mais qu'il en ayait l'ciran·
ché le mot sm tire, a ttendu qu' un Génél'al ne pourait pas
command or aux pensées.
• Quelq ue temps après, Messieur, , les Jésuites vinrent
m'ap prendre que le Pa pe a va it fa it la réprimande la plus
rire à leUl' Généra l SUI' cc qu' il a l'ai t ,permi s que les Jésuites fi ssent e ll Frall ce un e décla ration dans laquelle ils
ab a l~d o n n aie n t ellti èrement les droits du Sai nl-Siégc,
qu'a insi on ne pouvait pas se f1 aller d 'ob te ni r l'approbation du Général.
• Quelqu e regre t que nous ellmes pour e ux d'ap prendre
ce refu s, nous es péri ons cepend ant en être pl'esque dédommagé pa l' le décret ou Général 'lui s'étend ait SUI' la plus
grande partie de ce qui éta it con tenu d a ns la déclaration ,
Mais , Messieu rs, quell e fut ma surprise lorsque j'a ppris
pal' le Pl'ovin cial q ue le Génél'a l ava it même rerusé de
donn el' ce décret SUI' le fa ible motif que le décre t de 16 10
était suffisan t et qu'au su r plus, il arai t exprimé ses sent imellts d ans la lettre q u'i l avai t éCl'ite a u Hoi,
1
Une autre ci l'co lIst::mce méri te encore tout e notre
a ttention: une des cinq Pro \'inces tou t enti"I'e , celle de
Gu yenne, a tro nqué et énerr é la déclaration ra ite dans
toules les autres maisons des Jésui lCS du roya ull\c, et
paraî t refuser de s'y conlol'mer ; le Pro\'ineial qui m'en a
�- 302-
- 303-
informé, m'a Cil même tcmps décla ré qu'i l ne Poul'ait
poi nt sc mêler de cellc affairc et que ces changements
araient sans doute été détel'lllin és pal' le Provincial de
Guycnne , ur lequcl il n'al'a it aucun e inspection ,
vent devenir cc qu'ils voudront , ils sont indignes des bontés
, Telles sont , MessieUl's, les cirCOll stances importantes
dont nous avons cru devo ir VOu s instruire , ct qu'il est
même llécessail'e de faire parvenir jusqu'au Roi t .
e On ne pcut se le di ssim uler, Messieurs, le refus qu 'a
l'a il le Général de donner un décret SUI' le tyrannicide ne
tend que tl'Op il conDI'mel' d" doules qui doivent alarmel',
la moindre incertitude SUI' ce qui intéresse la personne de
son sourerain derient un objet de l'ires inquiétudes pOlir
des sujets pénétrés d'amour pour leul' Roi ,
YOll'c sagesse , IOUS dictera sans doute , Messieurs, !e
pa l'li que rous arcz i, propo,cr au Ro i dans de pareilles
e
ci l'constances.
Pour moi , Messieurs, je ne crain drai point ri e supplier Sa Majesté de faire conn aÎtI'e aux Jésuites 'lui ont
l'honn eul' (rapp l'ochel' de sa personn e son mécontentee
ment et même son indignation , el de Jeur annOllcer que
si leUl' Gênél'a l n'a point satisfait dans un mois il ce qui
lu i a été demandé, la seul e gT:ice qu 'il puisse fail'e il'la
Société est de l a i ~sc l' les Parlem ents décid er de son sort. •
Tous les Mini stl'es pal'ul'ent rirement frappés de cc
l'écit ; après la lecture réit",'ée du décret , M, le ducdc
Choiseul ne put s'e mpêchel' de s'ccl'ier : , Les Jésuites peu-
du, Roi
Plusicul's des Mi"istres ct Commissa ires insistèrent pOUl'
( ue ce compte fût rendu au Hoi dalls un conseil des dél
,
R '
pêches, M, le Chanceli er dit qu 'il le demand era It au , 01;
depuis, étant sul'ven u d'a utres in cidents dan s celle anau'c.
0" éloigna ce rapport , et je suis disposé à croire que Sa
~I aj es té n'a rien su, qu e pal' le réci t que je li s de ces pfln ,
ci pales circonstances dan s un autl'e rappol't au co nseil des
dépêches (1),
)1 .
( 1) Pour co mpléter cc réc it , ,'olez da us Clement Xlff et Clemen t XIV
la JeUre ùu chance lier dtl Lamoigno n cl les pi èces s uiv:lIltes, pages ~O l
à t;!ll (De na tJiana1l, 01' , cil., ,. 11.
~e edll .).
�-
-
304 -
305 -
matiè,'e qui n' intéresse p a~ moins nos suj ets, qu' un e des
Non co nt ents d 'avoir pourvu à la sécurité du
Roi, comme on l'a vu dan s la pièce précédent e , nos
dignes magistra ts a uraient Cru lelll' œ uvre impar_
faite s'ils n'avaie nt étendu le m' solli citud e SUl' la
Compa gnie ell e- mème, En conséque nce, s'érigean t
en réformateurs et ca nonistes, ils rédigèrent un
projet d'Édit, modifia nt les Co nstitutions des Jésuites, Cet édit devait l'ester , et rest a en effet, à l'état
de projet ; mais il est utile de l'é tudier co mm e fait
historique, afin de mi eux apprécier les id ées, les
préj ugés de l'épollu e et l'o utrecuidan ce des Pad elements ,
/:"dit du R.oi, c017cÏ!rnanl les Jésuites (mars 1762 ),
LOUI S,
pa,' la gl'ùce de Die u , Ho i de l?ra nce etdeNal'alTe,
à tous présens et à \'e ni,' , Salut,
Nous j ugeù mes à p"opos, l'a nn ée dernière , de nous laire
remettre les Constitutions de la Société et Compagnie dcs
Jésuite, et tout ce qui concern a it leu rs établissements dans
nos Etats , avec les l'l'glements intervenu s à cel égard ,
depui qu'elle y a été introd uite , et nous déclarâmes que
notre intention était de prendre connaissa nce pal' 1I0USmêmes de son éta t en France, et de détel'lniner l'usage que
1I0US pou rrions al'o i,' à faire de notre au tori té dans une
sociétés les plus "épandues dans notre Hoyaume; et après
nouS être fait rendre compte plusieu,'s foi s, en notre conseil , de celle affaire im portante, par ceux à qui nous cn
al'ions co nr. é la décision , nou s al'o ns ,'econnu que , si les
mesures qui ont été prises jusqu'ici pOUl' mettre cette Société en ,ùg le n' avaient pas sufl1samm ent rempli cet objet,
on ne pou l'a it l'im pu ter qu 'au défau t d'ex amen du corps
entier, de son régime et de ses Constit utions, très-din'érentes
de celles des a ut" es ordres reli gie ux adm is dans nos Etats,
Nous avo ns donc cru qu e ce que nous devions aux maxi mes de notre Etat et à l'orrtre légi tim e qui tient inséparablement à leu" es prit , nous obligea it à porter nos vues
jusqu'à l'In stitut même et au ré~i m e d ece tteSoc i é lé , pour
,'amener aux "rais principes du ' gouverJlement de ce
royaume ce qui pa,'ait s'en (Me écarté, surtout en ce qui
touch e la manière dOlü s'exerce l' autorité universell e, imméd iate et absolue en lout , att,'ibuée à un Général qui est
assujetti à un e résid ence étran gère ; n OliS ayons choisi pour
y remédier , pal' une loi publique eL solenn elle, un tempéra ment qu i , sans donn c,' atteinte au fond de l' Institut,
sans en dénatul'er le l'égime el sans rien prescrire que nous
1~
ne soyons en droit d'exi ger pal' un droit inséparable de
notre couronn e , nous met en élat ùe co ncilier ce que nous
1,
,-
devo ns 11 l'ord,'e pu!>lic de not" e Royaume et à Nous-même,
avec ce ' lue nos sujets de celte Société ont lieu d 'attendre
de nous, surtout après les assuran ces qu'ils viennent de
nous donn e,' de leu,' alrection à leul' Hoi et à leur patrie,
pa,' les déclarations les plus ex presses de leurssent~ments,
H,
20
--
!
"
\.-
�-
306 -
-
lesquels nous feron déposer aliX grelles de nos cou" s,
comme un gage de le ur fid élité ct de leur attachement aux
maximes du Hoya ume. No us comprend" ons dans celle loi
ce qu' il nous a paru conve nabl e de l'appeler des lois précédentes, ct d 'l'ajouter pour la plu s grande perfection ,
des règles de police et de disciplin e qui doivent être inl'iolables dans toutes les socié tés ou ordres reli gieu x de notre
Hoyau me, surtout quand il s so nt destin és il l'enseignement
eLque, pal' cette raison , nous ayons cru devoir leur rendre
communes . Il ne nous l'este plus qu'à consomm er l'oul'rage
commencé SOus IIOS yeux, SUI' les établ issements de lad ite
Société, dont nous nous sommes fa it remeltre les titres ,
pou ,' y etre pourl' u pa,' nos lett res ad ressées à nos Cours:
cc q ui nous oblige de suspend re pa l' ces p résentes toutes
procéd ures il ce sujet; ct nous del'o ns d'autant moins diUë,'el' de déterm iner la consistance régulière que celte Société peut al'o i,' dans nos Etats, que no us l'oyons arec
peine s'y élel'er ù cc suj et cles agitations ct cl es moul'ements
qu' il est cie no tre del'oir de fa i,'e cesser .
A ces causes ct autres il ce nous mou vants de l'avis de
110tre conseil ctd e notre ccrta inc science , plein e puissance
cl autorité l'ova le, nous ayons di t , ordonn é et statué , l't
J
pal' notre présent Edit disons, ordon no ns et statuons, l'OU. Ions et nous plait cc qui suit :
A RTICLE 1 u.
Dans toute l' étendue de notre royaume, terre et pays de
notre obéissance, tous ecux d e la Société et Compagnie des
Jésuites seront ct demeureront soumis inl'iolablement à
30i-
toutes les lois, règles et usages de nosdi ts roya umes, terres
et pays; notamment a ux dispositions de l'Edit donné au
sujet de ladite Société pal' le Roi lIen,'i- le-G,'and , au mois
de septembre 1603; comme aussi à l'a utorité et juridiction
de Nous et de nos Otnciers, ct à cell es des El'êques et Supérieurs eccl ésiastiques Q['d ill aires; sans que lesdits Jésuites
puissent rien entreprendre, tallt au spiri tuel qu'a u temporel , au préjudice des droits des El'êques, Cha pitres, Curés,
Unil'ersités ou aut,'es quelconques; surto ut en ce qui concerne la prédication , la cunfession , l' administrati on des
Sacrements et tout ce qui peut appartenir aux fonctions
pastorales, ni (IU 'i ls pui ssent se prél'aloir ou aider d'auc unes bull es, bre!s, décrets de leurs Générau x et d'assembl ées générales de la Société ou au tres pareils tit,'es, q ui
seraient interrenus Ou p OU J'raie n t intel'venir > el qu i ne
seraient pas revêtus de lettres patentes bien et dû ment
enregistrées en nos cours.
AIlTI CLE 2°,
Ne pourront être admi ~ dans ladite Société, so it à titre
de probation ou de novi ciat , soi t pour émission ùe vœ ux
solennels ou autres , so it sous quelque prétex te q ue ce
puisse être, aucun s autres que des naturels França is, sans
un e pel'mission signée de Nous et contresignée pal' l'u n de
nos Secrétaires d 'Etat et de nos commandements, Voulons
que tous membres de ladite Société, nés en pays étrangers,
qui résideraient dans nos Etats sans lad ite permission ,
soient tenus de se retirer pal' devers nous pour l'obtenir ;
sinon d'en sortir dan s tro is mois pour tout délai . Enjoignons
à nos Procureurs générau x d 'y tenir la main .
�-
308 - 309-
AnTi CLE
3' ,
Ne poufl"ont ceux do ladite Société, non plus que les au-
Maiso ll '; il nc soit mi s IIi laissé cutre lcs mains des écolipl's,
t,'es relig ieux de nos Eta ts, en SOI"li,' pou,' quelque cause
étudiants, norices ou séminaristes soumis à leUl' conduite
ou inspection, aucu ns ouvl'ages contraires auxdites doc-
<fue ce so it , même pour alTa i,'e de le ur ord "e, ou pOur
t,'ines ou maximes ou ca pable ' d'y donn er atteintes,
mission s, sa ns notl'c permi ssion ex pùdiée en la IOl'rne portée en J'a,'ticle prect-dcnt.
Ann eLE 6 ~ .
\" oulons que da n, les colléges où l'éducation de laj eu-
AUTICLE /j 0.
Tous ceux de ladite Société scron t fid èles à sc conlo,'mc,'
dans leur conduite rt dans leurs fonctions et oxe,'cices
:lUxfJuels ils sel'ont c mpl oyé~ , il la doctrin e et aux maxi m(lS
reçues et établies dan s nos Etats: Enjoi gnons à leurs Suprl'ieul'-;, à pein e d'en l'~ po ncll'c Cn leu r pl'opre eL pl'iY(~
nesse est confiée à ladite Société , il so it ("ai t tous les 'ans
L1n e visite, à l'elTet de vérilicr si la police et les )'ègles
ci-dessus prescrites y sont obserl'ées , laquell e visite sera
faite dans les li eux où nos parl ement ou conseils supéricUl's so nt dab l is , par nos Procureurs gé néraux en nos
nom , d'y teni l' Ia main soigneusement , et de veill e!' .l ce
dites cou,'s; ct dans leur ,'esso,"I , pal' le premier offi cier du
siége royal du lieu assisté de notl'c PI'OCUt'CUI' cn icelui ,
que , dans les co ll eges et sém in ai res con fi és à ceux de leur
dont il sera dressé procès-verb a l , s'il y échet , lequel se,'a
Société, ni partout ailleu,'s sous leur dépendance, il ne soit
rien enseigné qui ne ~Oi L confol'm e auxdites doctrin es ct
envoyé à notre PI'OCUI'eul' gÜI1 l'J'al pOUl' y être pOUl'ru pal'
11 05 dites co urs, a in si qu' il appa''lienrl,'a, N'entendons pa,'
maxime.;; , ou qui puisse y don ner atteinte directemellt ou
indirectement, Vo ulon s que da ns chaque cou ,'s de th éolo-
la pl'ésellte disposi ti on pl'ujudiciel' aux ,'isites,qui peu rent
èlre de l'l!gle ou d'usage da us lc::,di ls collégesl ni aux droits
gie qui sc fera pou,' les étudiants de ladite Société, ils fas-
des Évêques
sent souteni ,' les propositio ns tlu Clergé de France, portée
1
Cil
ce qui apparti ent à la doctrin e. Voul ons
par sa déclaration de l'a nnée '1682 , dan s une thèse au
que les disposition s du prûscnt article et des deux précédents , aicnt lieu pour lès autres O,'drcs ,'cligieux et Con-
moi ns à laquelle sero nt in\"it(:es les personnes principales
gréga ti ons n"gulièl'cs ou séculièl'cs en ce qui peul les
du lieu , ct que les dispositions de l' Edit du mois de mars
concerner .
1682 soient au su"piu s obsen écs ,
ART ICU': 5".
Enjoignons pareillement auxdits Supél'ieul'5, sous Ic~
mêmes peines, de l'cille ,' à ce qu'en aucun e desdite,
AnneLE
7~.
Faiso ns défcn,e à ceux de ladite Société et à tous au tres
de former cl de teni r dans leurs maisons aucunes Congré-
ga tions ou. assembl ées, sous quelq ue ti tre que ce soit , dont
il puisse résulter une association et union de divcrses
�310 personnes répandues en différents lieux, provinces et
États, et à tous nos sujet.s de s'l'engager ou de les fréquenter, sous quelque prétex te que ce puisse être , et ce,
sous telles peines qu'il appartiendra , suivant l'exigence
des cas , POUl'ront, au surplus, être établies dans lesdites
Maisons , autres Congrégation s pa'ticulières, Confréries,
retraites ou pratiques de dévotion de pareil genre, avec la
permission spécial e et sous l'autorité de l'Évêque diocésain , lequel y preserÏl'a tel ol'(lre et y pourvoira de tel
règlement qu'il jugera à propos, Enjoignons à nos PI'Ocureursgénéraux de tenir la main à l'exécution du présent
article,
ART ' CLE
S,,
Les biens destin és à l'usage tle chacune des Maisons ct
établissements de ladite Société dans notre royaume, tel'l'os
et pays de notre obéissa nce , qui peuvent en posséder, y
demeureront attachés in com mutabl ement , sa ns que l'autorité du Géné,'al ou aut,'e Su péri eu r, même des assemblées générales de ladite Société, lesdits biens puissellt
être transférés à aut,'es desdites Mai sons ou établ issements,
Et en cas qu'il se troul'ât sous notre domination quelque,
biens laissés à la disposition dudit Génér'al , sa ns destination
pa'ticulière, \'oul ons que dans six mois, pour tout délai, à
compte,' du jour de la publica tion ct elll'egist" cment de
notre p,'ésent Édit , il s soient appliqués par l'autorité dudit
général à une ou plusieurs desdites Mai sons ou établissements, pour y demeure,' incommutablement attachés,
Faute de quoi , il Ysera pa,' nous pounu , sur la connaissance qui nous en sera donn ée pal' nos Procure'urs géné-
-
311 -
l'aux ; et ne pourront les biens desdites Maisons être
aliénés que dans le cas et al'ec les l'ormes prescrites pour
l'aliénation des biens des gens de main-morte et Col1lmunauté religieuses,
A'IT' CLE
9' ,
Désirant pourvoi,' à ce que l'autorité attribuée au Général
de la Société ne puisse être exercée sous notre domination
que conformément aux principes et aux règles de l'ordre
public de not,'e royaume, que nous devons y maintenir,
ordonnons que dans six mois, pOUl' tout délai , il sera ,
pal' le Général de ladi te Société', donné commission à
chacun des PI'ov inciaux des Prori nccs des Jésuites dans
1l0S Étals. pOUl', en son absence el e n son nom, exercer
sans exception ni réscrve, daos l'élendue de sa p,'ol'ince ,
tous les pouvoirs et fonction s qui appartiennent et peuvent appartenir au Général de ladite Société; SUI' laquell e
co mmission scront prises nos lettr'cs d'a ttache, ad ressées à
nos cours de parl ements desdites provinces, pour être pal'
clics el1l'egistrées à la maniùre accoutumée, après que le
provin cial aura prêté, entre les mains de notre très-cher et
très-féa l Chancelier de France , ou aut,'e pal' lUI commiS,
serm ent de se conformer en tout aux maximes, règles et
usarre du royau me et aux dispositions de l'Éd it du mois de
sep~embrc 1603, de la déclaration du mois de juillet 171 5
et du présent édit ; au moyen de quoi les autres membre~
de ladite Société dcmeurcront dispensés du serment porte
pal' l'Édit de 1603 , Voulons qu'il soit sursis à toutes réceptions , tant au noviciat qu'à la profession dans lad,te
�-
312-
-
313 -
Société, jusqu '? ce qu 'il a it été satisfa it aux dispositiolls de
notre présent Edit , no us réserl'a nt , en cas de plus 10llg
relardement , d 'y pourl'oir pal' toutes ct lelles a utres l'oies
qu'il appa l'lient il notl'e a utorité.
An1'l CLE
10' .
12'.
E n cas de décès du Généra l , les Jo nctio ns ct pouvoirs
dcsdits PI'orinciaux co ntinueront penda nt le temps pOI'lé
pal' l'article 10 , et même après jusqu 'à ce qu'il leur ait
été donn é un successeur pal' le nourea u Général : ce qu 'il
Lesdites commissions ne seront que pour trois ail nées
après lesquelles il en sera donn é une autl'e pOur Irai;
autres années à chaque Provillcia l , leq uel sera li'1'a llçais
résidant en notre royaume eL pal' nous agréé, et ainsi d~
Ira is ans en trois a ns, à perpétuité, en la forme et suirant
les règles portées pal' J'article précéde nt , sans néa nmoi ns
que lesd ites commissions pu issellt êlre donn ées plus de
deux fois de suile à la même personn e.
A nTICLE Il ' ,
Dalls to us les cas où la pl ace de Pro rin cia l riendra
A nTlCLE
"1
raquer ara nt J'ex piratio n du déla i des trois ans, les
Supérieurs des Ma isons de ladite Société continueront de
les cOllduil'c ct go urcl'llCI', co mm e il s les co ndui saient ct
gou vem aiûllt sous ledit substitut o u représûnta nt le Général , sa ns qu 'il y pui sseêtrû rien inno\'é, j usqu 'à ce qu'il
sera tenu de fairo dans le délai , sous les pein es portées pal'
l'article précédent.
AnTICLE 1 3 ',
To ut ce qui appartient à la fonctioll , po u\'oir et a uto rité duel it Cénéra l sous no tl'e domin alio n , sera exel'cé
pal' le ministère dcsdits provi nciaux, co mm e il le pourrait
fa ire lui-même , s'il était en Il rance.
Tous décrets, OI'(I Olill anccs , mand ements, cO llcession:i\
commi ssions ou autres actes émanés soit du Géllél'al . soit
de l'assembl éc géll érale de lad ile Soc iété, ne pou rront être
ex.écutés so us notre domill atioll sa li s être revêtus de nos
leltrcs d'a ttache ad l'essées " nos CO UI'S et pa r' eJles enre·
gistrées.
Anneu: '15".
N'entendoll s au surpl us inllor er à cc qui coucerne le
lui ait donné un s uccesseul' , a uquel ils en rendront
compte; el sera audit cas, led it Géll éral LeHU dû nomnwl'
régi me el l' ad mini stration de ladite Société dans notre
Icdit successeur en la forme portée pal' J'ar ticle 9, dan.
roya um e, te rres et pays de notre obéissallcc. Voulons que
trois mois pour tout délai; si noll , et ledit délai ex piré, il
scra sursis à to utcs récepti ons, la nt a u lI or iciat qu'à la
ccux qu i la composenl contin uent d'y rir re suira nt IcUl'
I nstitut , en tout ce qu i ne sc ra pasco ntl'ail'c aux maxi mes
et lois dudit roya umc, notamment à J' Édit d u mois de
septembre 0/ 603, à la déclaration du 6 j uiJlet 1715 et au
prolession dans ladite Société, jusqu 'à ce qu'il y ai t été
par lui satisfait.
�-
3 14 -
présent Édit ; et seront le' Constitutions de ladite Société
ainsi que celles des autres Ol'dres religieux de nos États ',
qui n'ont point encoro obtenu nos lettl'es sur icelle" à
nous présentées pOUl' êtl'e, s' il y a liou , revêtues de nos
dites lettres adressées il nos CO Ul'S et par elles enregistrœs
en la manière accoutumée,
An'rlCLE
16' ,
Quant aux établissements de ladite Société dalls nosrli ts
royaume, tel'res et pays; attendu que nous avons jugé il
propos de nous faire remettre les titres de chacun desdits
établissements al'ec les états de leurs biens, de ceux de
ladite Société qui y résident et autres renseignements
nécessaires il l'elfet d'y intel'poser , sui va nt qu'il ya ul'a
lieu , ce qui appartient il notre autorité roya le, par' nos
lettl'es adressées à nos co urs en la mani ère acco utumée,
Voulons que, pe nd ant UII an , à co mpter du jour de l'ell registrement du p,'ésent Édit , il soit i Ul'sis au jugement
de tou tes demandes, appels simples ou comme d'a bus ct
contestations quelco nques formés ou à form el' SUI' l'état
desdits établissements, ainsi que SUI' les unions de bénéfi ces
qui y auraient été faits, et cc, en quelques cours etj uridic·
tions et deva nt quelques j uges que lesd ites demandes,
appels et contestations soient pOl,tées ; pend ant lequel
temps l'examen commencé sous 1I 0S ye ux sera contin ué
sans retardement, tant SUI' lesd its titres, états et l'enseignements que SUI' les avis qu i poulTont nous être donnés pal'
les Évêques d iocésai ns et pal' nos Procureurs généraux,
chacun en ce qui peut les concerner , et ce, nonobstant
-
315 -
•
tout ce qui , depuis le 1" août dernier, pourrait avoir été
fait à ce sujet , qui sera regardé comme non avenu .
AnnCLE
n '.
Seront , au surplus, les décl arations qui nous ont été
p,'ésentées de la part de chacune des Maisons de ladite
Société, pour témoigner de leurs se.ntiments, déposés aux
grelfes de nos COurs de parlements et conseils supérieul's
dans le' ressort desquels elles so nt situées, il l'elfet de quoi
nous les ferons remettre incessamment il chacun de nos
procureurs généraux en nosdites cours,
AnTlCt E
18'.
Et sera notre présent Édit exécuté en tout son contenu ,
nonobstant tous Édits, déclarations, règlements, arrêts des
autres choses contraires à icelui ; auxquels nous a\10ns
dérogé et dérogeons en tant que besoin ; même nonobs·
tant tous appels comme d'abus des Co nstitutio ns, formules
de vœux et autres actes concernant ladite Société, lesquels
appels co mme d'a bus seront , au moyen du présent Édit ,
l'egarrlés comm e non avenus.
Si donn ons en mandement il nos amûs et féa ux conseillers , gens tenant nos cours de parlement , à ce q ue
notre présent Édit ils aient à fai re lire, publier et registrer ;
et le contenu en icelui garde r, obserl'er et exécuter selon
sa forme et teneur ; cal' tel est notre pl aisir ; et afin que ce
so it chose fel'me et stabl e il toujours, nous l'avons fait
mettre notre scel. Donné à Versa illes, au mois de mars ,
l'an de grâce 1762, etc.
,
1
\
"
\.
�-
•
-
;) 16 -
3 17 -
aux confesseurs, ct de multiplier les Commun.ions indignes
el sael'iltiges; rendant inutile le pl'emie>' et grmld Commandement , ct éteignant J'es prit tic la loi éva ngélique; impies,
Comme nous l'avons promis ( page XCVII\ ) nOlis
transcrivons ic i un fragment d e l' Arrèt prononcé
le 6 août 1762, par le Parlement de Paris . Cet
extrait peut dOJ)ner une id ée d e la piè ce e nti ère qui
ne contient pas moins d e H ·!" pages ,
NOLIS
choisissons la partie d e l'Arrèt où la mo-
rale et doctrille d e la Compag nie sont censurées et
qualifiées comme:
c Tt5 mél'ai l'e~,
fau sses , el'l'onées, scandaleuses , l'em-
plies d'arrogance ct d'orgueil ~ s'(~ l o i g n a llt de la siguiJi ca-
ti on propre des tCl'me, d e i'tcritul'e, c t substit ua nt de,
termes all égoriques, production s d ' un délire pernicieux :
conduisa nt à l'hypocl'ùie; cachant des piéges sous l'ap parence d'un zèle sincè ,'e pou,' la 110i ; détruisan t Ic précepte él'an gélique SUI' l'aum6ne; é ludant pal' de maul'aiscs
l'uses les lois du je,;. e; sc jouant des Commandemen ts de
l'Église; prop ,'es ù sédu ire les simpl es, et ôtant à la bienheureuse Ma,'ie le titre qui lui e"t dù de Mère du Fi ls de
Dieu ; favori sant l'impiété ct le sael'ilége; conduisant à l'impénitence fina le; condui sa nt à l'Iu!/'ésie ct au schisme; tendant à décharger les fid èles des pl' incipaux devoirs du
Christi an i, me , propres à leu r don ner du mépris et du
dégoùt pour le Pain Eucharistique . sous prétex te de leur
lo uruir les moyeus de le recel'oi r souvent, capabl es d' inspirerde la témérité aux pécheuI's , un e lâche complaisance
blasphém atoi res, l'a rOl'isant les enn emi s de la religion
el n'étienn e; ouvertement contraires aux préceptes de J'tran gil e et des Apôtres, et hérétiques ;
«
Favorabl es au schisme des Grecs, attentatoires au
dogme de la p,'ocession du Sa int-Esprit ; favOI' isant J'A ria-
nisme, le Socinianisme et le Sabellianisme; propres à ex p,'imer les erreurs A Tiennes e l Sociniennes; expressives de
l'h érésie de Nestorius; entièrement Nestol'iennf:s el hérétiques; pires que le Nestorianisme; ébran lant la certitude
d'a ucuns dogmes SUI' la hiérarchie, sur les l'Îles du Sacrifi ce e t du Sacrement , renversant l'au torité de J'Église et
du Siége Apostolique , ct favorisant les Luthé,.i",s, les
Calvinis tes cl aull'es novateurs cl H seizi ~ m e siècle, ct blasphé matoires co ntre le S,i nt-Esprit ; introdui sant sous un
autre nom ct pal' l' a,tifi ce d'un e directi on d' intention ,
J' hé,.ésie de la Simonie ; om'ant , dans J'interprétation des
drs se ns II b'étiques, ct affai blissant en farcur
des Ariens el cles Sociniens les arguments qui se tirent du
premier chapit,'e de saint Jean , et de tous les textes de
J' t,-angile 'lu i établissent la d il' in ité de Jésus- Christ ; pertUt'batri ces de l'ord,'e h iéra rchique, injur ieuses il la dign ité
épiscopale , combattant l'ancienne in stituti on des paroisses , ressentant J' hérésie de It 'icle!; renouvelant les el'l'eurs
de Tieonius, de Pélage, des Semi- Pélagiens , de Cassien,
tl e Fauste , des MM'sei/iais, et l'estes des Pélagiens; ajou tant
É Cl'ilUI'CS ,
leblasphème à l' hél'ésie ;
�318 • Calomnieuses contre les Chrétiens , superstitieuses;
injurieuses aux SS. Pères et aux interprètes catholiques;
éversives de la tradition , iojUl'ieuses aux Apdtres et aux
fidèles des premiers siècles , et induisa nt une très.perrel'se
explication du symbole des Apôtres; aHàiblissant la satisfaction et les mérites de Jésus-Christ, et les prérogatives
de la nourelle loi, s'app uyant SUi' un principe Pélagiell,
dépl'imant l'adoption et la religion des anciens justes , t'ai.
sant injure à ces mêmes Saints quels qu 'ils soient, à Abra.
ham , aux Propliètes, à saint Jean-lJaptiste; ou trageuses et
blasphématoires contre la B ie''',eurellse Vierge Mère de
Dieu ; tournant en dérision les actes des Saints Pères',
injurieuses aux Anges; outrageuses envers Jéslts-Chl'ist ,
impies ; pleines d'outrage contre le .Dieu 1'(imutléJ'alem', ct
contre le nom du CIII'ist médiateUt· ; conduisant à l'oubli de
la Foi et de 1'f:l'angile; détruisant la définition de la Foi
donnée par l'Apôtre; suspectes de rejeter les voies de re.
connaître et prouver pal' l'f:criture Sainte, contre les hérétiques, le Jl/ystère de la sain te l" 'inité ; abusant, au détriment de la Foi, de plusieurs passages de l'f:criture Sainte ;
ôtant aux preuves du dogme tirées de l'Écriture Sa illte
toute leul' force; contl'aires aux Écritures , aux Sa in l~
Pèrcs> aux Théologiens, à J'Église universell e, à la l'nisoll,
et au respect dû à la parol e de Di eu écrite ; interùisant à
l'Église les voies de discussion propres à convaincre ct à
réduire les hérétiques, et usitées dan s tous les siècles, affa iblissant l'autorité de l'Église; inj urieuses à toute l'Église;
Schismatiques, abaissant et brisa nt l'autorité du prelpier
texte du Nouveau Testament , etde l'édition de la Vulgate;
- 319 ébranlant les fond ements de tOlite la Foi chl'étienne , et
l'exposant aux dérisions des impies , contraires à la Doe·
trine de r Église SUI' les deux seuls al'énements de JésusChrist ; diminuant la nécessité de la religion chrétienne;
destl'uctives de la Foi de la Divinité de Jésus·Christ ; dégr'adant et renversant la religion , infec tées de iVestorianisme;
contredisant les Symboles de Foi ; ouvertement opposées
aux Symboles de Nicée et de Constantin ople; proscrites par
le sixième Conci le ; attaquant le Atystère de la Rec/emptinn ..... ; méprisant le sentiment des Saillts Pères; éversil'es des Atys/ères de la 7hnité et de l' Incarnatior. ; contl'aires
à la foi de tous les siècles ; pl'opl'es aux seu ls ennemis de /a
Divinité de Jésus·Christ; illteq)!'étations bâtardes des ÉCI·i·
tUl'es , destructives de la règle de Foi ; trahissant la ca use
de la Foi catholique , sous prétexte de la défendre avec plus
de zèle ; attentatoires à la Divinité de Jésus·Chl·ist, à ses
augustes qualités de Sauveur , de Messie , de Pontife, à la
vérité du péché originel; favori sant l' impiété des Déistes ;
tendantà affaiblir et à obscurcir les principales pl'euyes de
la vMité de la religion chrétienne et du dernier jugement ;
'a
, Otant à la nouvelle loi sa perfection , et aux nations
l'L>u ni es cn Jésus-Christ leul' fl'aternité;
OUYl'ant
la voie
d'excuser et atténuer les péchés de tou t genre , et l'imputant à saint Augustin ; renda nt arbitraire la théologie mol'ale , et préparant la voie à l'afferm issement des opinions
et traditions huma ines contre la défense de Jésus-Christ ;
au mépris de la vérité , l'éférant au nombre des auteurs la
décision de!' questions de morale; ouvrant des voies innom·
brables à la corruption , préparant par l' iniquité des pré-
,
,
. '"
\.
�320
jugés l'opp,'ession de la ,-érité é vangélique; étaiJlissant
un e nouvelle règle de rnœurs, e l un nouveau genl'e de
prudence, fl'Uit d ~t es tabl e de la probabilité; cOl'l'umpant
les bonnes mœu ,'s; excusant les blasphèmes et autres
péchés; excusant les Pm:itl1"es; résistant contre le COIllmandemellt de Di eu il la pui ssa nce publique ; ouvrant une
large porte aux Calomniateu1'set Imposlew'C); ct manifestant
combien d'opinion s scélérates s'i ntrodui sent à till'e de probabilité; doctrine il l'envoyer il l'école d 'Épicure; ressentant rli'p;cU7''':sme , apprenant aux hommes à vivre en
bètes, et aux chrétiens à vivl'e en païens; oITensives des
oreilles cllastcs ct pi euses; noul'rissant la co ncupiscence,
ct induisa nt il la tentation et aux plus g,'a nds péchés; éludant la loi dirine pal' de fau sses ventes, des sociétés simulées et a utres artifices et fbudes de ce genre; palliant
l' Usure, induisant les juges il la pré ra,'ica tion ; p,'op" es"
fomenter des a,'tifi ces diaboliqu es; t,'oublant la paix des
famill es; ajoutant l'art d e trompcr il l'iniquité du 1'01;
ounant le chemin au \"01 ; éb ranlant la fid élité des domestiques; oU\'I'al1 l la voi e au violcment de taules les lois ,
soit civiles , ecclésiastiques, ou apostoliques; injUl'icuses
aux Sou\'e1'ains el aux Gouvernements) ct Cai sa nt dépendrc
dc vains l'aisonnemeuts et sysll' mcs la vje des hommes, et
la l't!gle des mœurs; excusa nt la vClIge.ance et l'h omicide;
approuvant la cruauté ct les ~'e ngp ances personn elles,
contraires au second co mm andcmcJl t de la charité, el
étoulfant même dalls les pères et les enfants tout senti-
-
32 1 -
procurer des Homicides et pa1'ricides Îu ouïs; ou vertement
opposées au Décalogue, protégeant les Massacres; menaçant les magist,'ats et la société hum ain e d 'une pe.'le ce ,'taine ; contrai,'es aux maximes de l'Éva ngil e, aux exemp les
de Jésus-eill'ist , à la doct,'ine des Apôt,'es , aux opinions
des Saints Pè,'es, au; décision s de l' Église, à la sareté de
ta vie ct de l'honneu,' des p,'inces, de leu,'s ministres et
des magistrats, a.li repos des Camill es: au bon ordre de
la société civil e; séditieuses, cont,'a i,'es au droit naturel ,
au droit divin , au droit positif et au droit des gens; aplanissantla voie au fanali sme et il des Carnages horribles,
pertlll'bati ,'es de la société des hommes, créant crmtre la
vi4. des Rois un péril toujours présent; doctrine fi ont le venin
est si dangereux , et qu i ne s'est que trop accrédité pu les
saailéges e/Tels qu'on n'a pu voir sans IlOn'eU,. 1 etc, •
ment d'humanité; exécrables, co ntrai,'es il l'amou,' filial ;
ouvrant le chemin à l'A varice el fi la e,-uaulé; pl'OP" CS ,1
H,
24
,
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TAB L E.
Pages.
VII
INTI\ODUCTIUN .
CLXYII
ApPENDICE.
eLXXlJl
NOTICE SUR LE PRÉSIDENT D'ÉGUILLES.
MélI!oires du Président d'Éguilles.
1
CHAPITRE 1.
4'
Meit des faits. .
CHAPITRE II. Rapports arec les Jésuites.
35
CHAPITRE III. Troi s voyages à la COUl·.
84
CHAPITRE IV . Démêlés avec la magistrature.
92
CHAPITRE V. Projet de scission. . .
120
CHAPITRE VI. Prétendus excès du Président.
202
Héca pi tulation .
223
ApPENDICE.
229
AUTOBIOGRAPIHE DU PRÉSIDENT.
230
Hécap itulation.
288
Helation de M. de Fl esselles .
293
Projet d'Édit co ncern ant les Jésuites.
304
Extrait de l'arrêt du 6 aoùl 1162.
316
P011lEIlS. -
T\'POC RAPIIIE DE W.E NIlI
OUDH~ .
�
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Mémoires du président d'Eguilles sur le Parlement d'Aix et les Jésuites adressés à sa Majesté le Roi Louis XV
Subject
The topic of the resource
Parlement de Provence
Jésuites
Description
An account of the resource
Mémoires concernant le conflit entre le Parlement de Provence et la Compagnie des Jésuites à partir de 1761.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Boyer d'Eguilles, Alexandre-Jean-Baptiste de (1708-1783)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque de droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 40958
Publisher
An entity responsible for making the resource available
L'Ecureux (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1867
Contributor
An entity responsible for making contributions to the resource
Carayon, Auguste (1813-1874), éditeur scientifique
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/201652153
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-040958_Memoire-Eguilles_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
CLXXXVI- 321 p.
23 cm
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 18..
Abstract
A summary of the resource.
Pièce concernant l’expulsion des jésuites : ce résumé vaut pour tous les autres documents concernant cette affaire.
Après l’affaire Cadière qui opposa avec véhémence jansénistes et partisans des jésuites, ces derniers se firent discrets d’autant plus qu’avec la mort du président du Parlement et intendant Lebret, ils perdirent l’un de leurs principaux soutiens. Au cours des quelques décennies suivantes, quelques affaires mirent en cause des jésuites, mais furent rapidement étouffées.
Ce fut à cause de l’affaire Lavalette que fut relancée la discorde au sein du Parlement de Provence. Les Jésuites contestèrent devant le Parlement de Paris le recouvrement d’une dette contractée par le père Antoine de Lavalette. Ce jésuite était chargé d’opérations commerciales aux Antilles pour le compte de la Compagnie de Jésus, alors même que l’activité de commerce est défendue aux religieux. Le Parlement de Paris demande le 18 avril 1761 l’examen des constitutions de la Compagnie.
Le Parlement d’Aix suivit l’exemple parisien – assez tardivement comparé à d’autres Parlements – et demanda également le 6 mars 1762 la communication des constitutions de la Compagnie. Le 5 juin, il prononça la saisie et la mise sous séquestre des biens possédés par la Compagnie en Provence. Prononcé à 29 voix contre 26, cet arrêt est symptomatique de l’opposition entre pro-jésuites et jansénistes régnant encore sur le Parlement aixois. Peu après, un arrêt du 14 juin désigna des commissionnaires pour perquisitionner, interroger et apposer les scellés. Quelques jours plus tard, le 19 juin, il est décidé que ne pourraient opiner les magistrats jésuites. Deux adversaires des jansénistes, l’abbé de Coriolis et le conseiller de Thorame, tous deux jésuites, sont ainsi éliminés.
Le 30 juin, un arrêt du Parlement de Provence (RES 34785/2/28) condamnait un imprimé intitulé Rélation de ce qui s’est passé au Parlement d’Aix dans l’affaire des Jésuites, qualifié par les Parlementaires de « tissu de suppositions grotesques ». Ce même jour, l’avocat général Jean-Baptiste Le Blanc de Castillon évoqua la possibilité de mesures disciplinaires envers les partisans des jésuites.
Dès le premier arrêt de juin, la minorité en faveur des jésuites agit. Le 7 juin fut envoyée au chancelier de Lamoignon de Blancmesnil une lettre de protestation qui ne fit qu’envenimer la querelle. En l’absence de réponse du chancelier, les opposants aux jansénistes députèrent mi-août le président Jean-Baptiste Boyer d’Éguilles et l’abbé de Monvallon afin de faire entendre leur cause à Paris. Le président d’Éguilles présenta un mémoire (RES 40958) au ton agressif qui eut la faveur de plaire au roi. S’étant vu accorder une audience personnelle avec le roi, le provençal repartit de la Cour avec en main une lettre enjoignant le Parlement de Provence à surseoir sur toute l’affaire.
Néanmoins, à la lecture de cette lettre le 2 octobre 1762, la majorité des parlementaires – une quarantaine – décida de passer outre à l’ordre du roi. Le président d’Éguilles repartit alors pour Paris, où il communiqua un mémoire (RES 40958) encore plus virulent que le premier. Il revint en Provence avec des lettres patentes réitérant les injonctions faites au Parlement de surseoir à statuer.
Le 12 novembre, les parlementaires durent procéder à l’enregistrement des lettres patentes mais en modifièrent le contenu. Ils renvoyèrent l’examen du fond à la date du 3 janvier 1763, ce qui avait le mérite de respecter la lettre de l’ordre royal, même si le sens en était altéré. C’était une défaite pour le parti d’opposition, dont le nombre s’était peu à peu étiolé. Alors que l’hypothèse avait été envisagée précédemment, il n’est plus possible de constituer un second Parlement. Des sanctions furent prises contre eux; Éguilles notamment fut condamné à être et demeurer banni du Royaume à perpétuité.
Le 28 janvier 1763, le Parlement de Provence condamne la Compagnie de Jésus, qui est reconnue coupable d’ambition démesurée, de fanatisme religieux, d’arbitraire despotique et d’intrigues politiques. Un autre arrêt rendu le même jour (RES 34685/2/29) procède à l’expropriation des biens des jésuites.
En novembre 1764, un Édit annonçait la condamnation définitive de la société, tout en ordonnant une amnistie générale et la permission de vivre dans le Royaume. Lors de l’enregistrement au Parlement de Provence, d’autres réserves furent apportées. Les Jésuites furent interdits de séjour à Aix et à Marseille, et ils se trouvèrent obligés de résider dans leur diocèse de naissance.
Le 7 janvier 1765, la bulle Apostolicum de Clément XIII approuva la Compagnie de Jésus. Des libelles, imprimés dans le Comtat voisin, furent diffusés en Provence, et condamnés au feu par la Cour. Une délibération du 30 octobre vint adoucir l’ambiance, les parlementaires préférant soutenir le gallicanisme que s’acharner sur des Jésuites dispersés. Ainsi, on peut observer entre octobre 1765 et mai 1768 une relative tranquillité.
En 1768, Le Blanc de Castillon utilisa le différend opposant le Pape et le duc de Parme depuis janvier de la même année pour rappeler que le Pape avait toujours eu des prétentions sur les couronnes européennes, malgré la reconnaissance du gallicanisme français. Ces prétentions étant antérieures à la constitution de la Compagnie de Jésus, elles ne pouvaient disparaître avec l’extermination de la société. Le bref pontifical qui abolissaient certains édits parmesans et excommuniant leurs auteurs fut interdit de vente, d’impression et de distribution en Provence, par un arrêt du 2 mai 1768 (RES 134684)
Le bref Dominus ac redemptor du Pape Clément XIV du 17 juillet 1773 décrète la suppression de la Compagnie de Jésus.
Sources : Les remontrances et arrêtés du Parlement de Provence au XVIIIe siècle 1715-1790, P-A Robert, thèse, Aix, droit, Paris, Rousseau, 1912, p.132-227, cote RES AIX T 407;
Essais historiques sur le Parlement de Provence depuis son origine jusqu’à sa suppression 1501-1790, P. Cabasse, Paris, Pihan Delaforest, 1826, p. 301-397, numérisé dans le même corpus.
Histoire de Provence des origines à la Révolution française, R. Busquet, Monaco, les éditions de l’imprimerie nationale de Monaco, 1954, p. 315-316.
Les rues d’Aix ou recherches historiques sur l’ancienne capitale de la Provence, A. Roux-Alphéran, Aix, Aubin, 1846, tome I, p. 41-42.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/91
France Parlement de Provence
Jésuites -- France -- Provence (France) -- 18e siècle
Jésuites, Expulsion des