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H 5,173
ACADÉMIE D'AIX
PRIX DE 1000 FRANCS
INSTITUI~ PAR S. }f. L'E;\IPEHEUI\
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RAPPORT
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M. OUVRÉ , PROFESSEUR D'HISTOIRE
A LA FACULTt DES LETTRES D'AIX
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ACJIILLE MAKAIIlE , Il\IPfiUIEUil DE L'ACADJ~MJE
'l, r11c Pont-11orcau, 2
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1000 FRANCS
lll'STITIJÉ PAR S. M. L'ElllPEllEIJR
��ACADÉMIE D'AIX
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PRIX DE 1000 FRANCS
INSTITUÉ PAR S. !IL L'EMPEREUR
RAPPORT
DE
M. OUVRÉ , PROFESSEUR D'HISTOIRE
A LA FACULTÉ DES LETTRES D'AIX
FAI T AU NOM DU JURY CHARGI< DE DECERNER LE PRI X
AIX
ACHILLE MAKAIRE , ll\1PRl111EUR DE L'ACADÉMIE
2, rue Pont-Moreau, 2
1.809
��PRIX DE 1000 FRANCS
INSTITUÉ PAR S. M. L'EMPEREUR
'
Rapport de M. Ouvré
MoNsnrnR LE RECTEUR ,
MESSIEURS'
Je viens, au nom du jury dont je suis le rapporteur, vous
rendre compte du résultat du concours O}l,vert cette année en
vertu d'un décret du 30 mars 1869, par lequel il est institué
dans chaque ressort académique de l'Empire un prix annuel .
de 1,000 francs qui sera décerné à l'ouvrage ou au mémoire
jugé le meilleur, sur quelque point d'histoire politique ou littéraire, d'archéologie ou de science intéressant les départements compris dans le ressort.
Je vous dois d'abord quelques explications sur la pensée d'où
est sorti ce c~ncours, destiné à encourager les études en province. Comme cette pensée s'ajoute à un ensemble de mesures
prises depuis quinze ans pour le même objet, il convient de la
bien faire connaître. Après tout, c'est de nous tous, qui habi-
�-6tons la province, c'est de décentralisation intellectuelle qu'il
s'agit. J'espère donc que vous voudrez bien me prêter votre
bienveillante attention.
I.
En province, le travail solitaire ne fait pas défaut, mais il
n'est guère qu'une exception; on s'associe pour étudier. Aussi,
si vous mettez à part l'Université, considérée comme corps en•
seignant, l'activité intellectuelle s'y mesure à peu près exclusivement par les productions des sociétés savantes.
Dans ces sociétés (je ne parle que des lettres), c'est l'histoire
qui est devenue l'œuvre de prédilection. L'éveil des études historiques en province ne date pas de très loin. Dans la dernière
moitié du XVIII0 siècle, les Académies, fidèles en cela au génie
du temps, épris d'améliorations en tous genres, s'occupaient
exclusivement d'agriculture, de philosophie et d'économie politique. Pendaut la Révolution, on vivait trop dans le présent
pour étudier le passé. Ce n'est guère que depuis quarante ans
que l'histoire est arrivée à la faveur, et de Paris a gagné peu à
peu la pro,foce. On peut dire qu'aujourd'hui elle règne et
qu'elle s'est imposée à la littérature toute entière.
Il n'y a pas à s'étonner qu'au début il y eût en province,
parmi ceux qui s'en occupaient, plutôt des amateurs et des curieux que des savants, et que le gouvernement ne comptât pas
beaucoup sur eux. La monatchie de juillet, servie par des hommes dont les lettres avaient fait la fortune; regardait à coup sûr
comme un devoir d'encourager les études historiques. En 1834,
M. Guizot créait le Comité historique et le divisait en deux
sections, l'une, chargée de recueillir et de publier les documents inédits et importants de l'histoire nationale, l'autre, de
dresser l'inventaire raisonné et descriptif de tous les monu-
�-7ments existant ou ayant existé sur le sol franqais. Il avait choisi
en province des correspondants : on leur envoyait des instructions, on enregistrait leurs communications ; mais leur concours était fort peu de chose ; la mise en ordre des matériaux,
la publication des documents, tout s'opérait à Paris; et peutêtre à ce moment n'y avait-il rien de mieux à faire. Pour que la
province fût appelée à concourir directement à l'œuvre commune, il fallait que son bon vouloir s'affirmât davantage, que
ses méthodes scientifiques devinssent plus précises.
Ce progrès s'est accompli. Vingt-deux ans après la création
du Comité, les sociétés savantes avaient multiplié et amélioré
leurs travaux. Elles avaient fait preuve à la fois de persévérance
et d'intelligence. En même temps qu'elles acquéraient une conscience plus nette d'elles-mêmes, elles sentaient vivement un obstacle qui paralysait leurs efforts et arrêtait leurs progrès : l'isolement. Cet isolement les gênait dans leurs travaux et les faisait souffrir dans leur amour-propre. L'histoire, en effet, est une science
de faits qui doit reposer sur des dénombrements complets. Quiconque y a touché sait combien ces dénombrements sont parfois
difficiles à faire, surtout dans certains sujets d'érudition où les
documents semblent se dérober à la poursuite la plus acharnée.
Que sera-ce si à cette difficulté s'ajoute l'isolement , si vous
ignorez ce que d'autres ont écrit, écrivent peut-être en même
temps que vous sur le même sujet? Le moins qui puisse vous
arriver, c'est de vous être fatigué pour rien. Et votre labeur
même, avec l'isolement, à quelle notoriété peut-il prétendre ?
Or, si modeste que soit un savant, ce qui le soutient, c'est l'espoir d'être sinon apprécié, du moins lu : autrement le zèle se
glace. Nous ne sommes plus au temps des Bénédictins qui bornaient sans effort leur vue à leur couvent ; aujourd'hui, la
science, devenue laïque, est moins désintéressée; il lui faut un
plus vaste horizon : pour elle la publicité c'est la vie.
�-8Les sociétés savantes, qui voyaient le mal , faisaient de leur
mieux pour essayer de le guérir. Quelques-unes échangeaient
leurs publications; d'autres rêvaient une espèce de fédération
entre les diverses académies provinciales , ou bien demandaient à se rattacher à l'Institut. La question n'avançait guère,
lorsque le gouvernement la prit en main et lui fit faire un
grand pas.
Il n'est jamais indifférent à un gouvernement d'avoir ou de
n'avoir pas pour lui les gens de lettres. Les académiciens de
province sont des hommes honorables, appartenant aux classes
aisées; et sans être des plus nombreuses, leur clientèle n'est
pas à dédaigner. En leur étant agréable, le gouvernement servait d'ailleurs les intérêts de la science, d'une science paisible et
désignée à la faveur par les préférences personnelles du souverain.
Depuis 1854, l'administration de !'Instruction publique entra dans cette voie avec un esprit de suite qu'il est de toute justice de reconnaître. Il fallait courir au plus pressé, et remédier
d'abord à l'isolement. M. Fortoul, c'était le début, commença
par organiser sous le couvert de son ministère, entre les différentes sociétés, l'échange de leurs publications. Il ne tarda pas
à faire mieux. La province n'avait pas d'organe à Paris; il lui
en donna un, le Bulletin des sociétés savantes, qui rendait
compte des travaux qu'on lui envoyait. La preuve que l'idée
était bonne, c'est que, la matière devenant trop riche , il
fallut élargir le cadre du Bulletin et le changer en Revue. Le
Bulletin est de 1854, la Revue de 1856, et elle dure toujours.
Si la littérature provinciale se plaignait du ton de cette Revue,
elle serait bien ingrate ; il est impossible de mettre plus de
bienveillance, plus de courtoisie dans ses comptes-rendus : on
dirait une sorte de nid ouaté dans lequel la critique ministérielle a voulu recueillir et bercer la science de la province.
�-9Le bien met sur la voie du mieux. On pensa qu'à la publicité
donnée aux sociétés savantes, il fallait joindre quelque peu de
patronage. Ici la chose était plus délicate. Un patronage ne va
pas sans une direction. Quelle direction donner? Allait-on
constituer à Paris un bureau de l'esprit public en province ,
appliquer aux études provinciales les exigences et les procédés
de la centralisation administrative? Outre que l'idée eût été impraticable , on eût crié au despotisme de Paris , et on aurait
bien fait. Ajoutez que les sociétés savantes sont un peu ombrageuses ; leur principal bien, c'est l'indépendance, et elles y
tiennent; sur cc point l'esprit local, si respectable d'ailleurs,
prend même feu quelquefois assez mal à propos. Il fallait donc
absolument agir avec tact, et ne pas traiter des volontaires
comme un régiment de soldats.
Le successeur de M. Fortoul, M. Rouland, très désireux de
continuer son œu vre, se rendit compte de ces petites difficultés
et sut les résoudre avec un mélange de finesse et de bonhomie.
Il tint à maintenir son droit de patronage vis-à-vis de l'Institut,
auquel quelques sociétés voulaient offrir leur clientèle ; mais
une fois le droit reconnu, il voulut que le patronage fût aussi
familier, et si je puis ainsi parler, aussi b?n enfant que possible.
Il dit à peu près aux sociétés savantes : « Vous avez besoin de
protection. La faveur publique toute seule, le goût désintéressé
des amateurs ne suffisent pa~ pour vous faire vivre. Venez à
moi ; vous aurez par mon entremise ce qu'un gouvernement
peut donner : publicité, subventions, prix, distinctions honorifiques, et ce que rien ne remplace pour de véritables gens de
lettres, des juges et des appréciateurs compétents. En retour,
je vous dirigerai, mais (le loin. Si le mot de direction vous déplaît, je le retire. Je n'entreprendrai jamais sur vous. » Et ce
qu'il avait dit, il l'a fait loyalement. D'autre part, il a été aidé
par le bon sens des savants de province, qui ont compris que
�- rn dans cette circonstance, la centralisation cherchait réellement à
décentraliser. Qu'est-ce, en effet, que la décentralisation intellectuelle ? Est-ce l'isolement du travail? Mais l'isolement à la
Descartes ne convient à personne; il n'est bon, sauf l'exception du génie,qu'à enfanter le chimérique, le bizarre et le faux.
La décentralisation, c'est la communauté des méthodes et des
études, cette dépendance volontaire et féconde qui, loin d'écraser l'originalité individuelle, lui permet au contraire de tirer
d'elle-même tout ce qu'elle contient. Les Académies ont compris qu'elles n'avaient qu'à gagner au patronage de l'Etat, que
le ministre n'était pas un Richelieu prêt à renouveler à l'occasion la scène de l'examen du Cid, mais un homme bienveillant
qui leur tendait la main, et elles sont venues à lui.
Le temps ne me permet pas d'insister là-dessus ; je ne puis
qu' effieurer et indiquer. Pour réaliser sa pensée, en 1858, le
ministre se servit du Comité historique de 1834, mais en le
réorganisant. L'ancien Comité avait été l'auxiliaire du gouvernement; le ministre voulut que le nouveau fût en outre l'intermédiaire entre le gouvernement et la province ; aussi lui
donna+il le nom nouveau de Comité impérial des t?"avaux
historiques et des sociétés savantes. Avant de s'effacer derrière lui, il lui tra<? son rôle : d'une part, continuer les publications de l'ancien Comité, de l'autre, établir un lien plus étroit
avec les sociétés savantes des départements.
Le meilleur lien pour réunir des savants, c'est, s'il est possible, la communauté du travail. Il fallait en trouver un qui
fût assez général pour intéresser tout le monde, sans distinction
de localité, assez local cependant pour qu'on ne pût le 'faire que
sur place, assez vaste pour qu'on le découpât entre toutes les
sociétés savantes de l'Empire et que chacune en eût sa part. La
description de la France réunissait ces conditions. Indispensable pour quiconque veut connaître son pays, elle était avant
�-Htont locale et corn portait autant de monographies que de départements. Comme dans un département on peut étw 1ier séparément l'histoire et l'archéologie, le Comité proposa deux genres
de travaux qui répondaient à ce double objet : un Dictionnaire topographique et un Répertofre archéologique. Il a publié des instructions pour aider les travailleurs ; puis il les a
abandonnés à leur initiative. Les monographies départementales
terminées reparaissent devant lui ; il les juge et donne aux
meilleures les prix institués annuellement par le ministre.
Si cet exposé était autre chose qu'un aper~u rapide et borné
d'ailleurs exclusivement aux lettres, j'essaierais de marquer
dans les travaux du Comité la part de chacune des trois sections et le rôle distinct de celle des sciences. Cette section, pour
sa part, n'avait pas à provoquer de monographies départementales. Un département est l'œuvre de l'homme et on peut y
étudier l'œuvre humaine; mais la nature, les phénomènes
scientifiques, ont un domaine trop vaste pour qu'on les enferme
dans un cadre aussi étroit. La science exige en outre, peut-être
plus encore que la littérature, la discussion de vive voix, la
communication rapide·, fréquente, d'homme à homme. Aussi la
section a-t-elle toujours tenu à se mettre en rapport avec le dehors., à travailler le plus possible en plein jour et en plein air.
Et puisque M. Le Verrier me fait l'honneur de m'entendre,
puis-je ne pas saluer au passage le nom du promoteur infatigable qui, non content de sa part dans l'œuvre que j'étudie en ce
moment, a voulu la servir d'une autre manière encore. Paris
décentralisait en appelant la province à lui; lui fait autre
chose, il va trouver la province chez elle; puisse-t-il réussir à
lui communiquer son élan et son ardeur 1
La section scientifique du Comité contribua beaucoup à une
innovation heureuse. Puisqu'on couronnait avec quelque solennité à Paris les dictionnaires départementaux , on pensa
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qu'il serait bon de convier à ces distributions de prix les membres des sociétés savantes ; ce serait pour eux une occasion de
se voir, de causer de leurs études favorites; on aurait ainsi de
véritables congrès scientifiques. Déjà les congrès existaient en
dehors de l'Etat, car il faut être juste pour tout le monde; et
nul n'a plus fait pour eux que M. de Caumont, si connu de tous
les amis de la science en province; mais l'Etat trouvait l'idée
bonne et l'exploitait pour son compte. Ces réunions, tenues en
Sorbonne, ont commencé en 1861 ; et loin de décliner,elles ne
font que se régulariser et croître en nombre.Il n'est personne qui
n'ait été frappé du ton excellent qui y règne et du bien qu'elles
font. Que de travailleurs, jusque-là glacés par l'isolement, et
s'ignorant eux-mêmes, en ont rapporté, avec une excitation salutaire, des projets d'études pour l'avenir I Et puis, on voit les
gens de Paris, on se fait voir d'eux ; et bien des préventions
tombent à ce contact. Paris devient moins dédaigneux, la province moins défiante. Depuis dix ans, les personnes se sont rapprochées, les études se sont améliorées ; le fait est incontestable.
•
Le gouvernement n'a pas voullJ. s'en tenir là. Toujours préoccupé d'améliorer la condition intellectuelle de la province,
trouvant sans doute qu'un dictionnaire topographique ou archéologique est le plus souvent l'œuvre collective d'une société,
et qu'il y a lieu d'exciter le travail purement individuel; pensant aussi que si un dictionnaire départemental peut se juger
à Paris, parce qu'il n'y a là qu'une question de méthode, les
études sur un point d'histoire locale ne s'apprécient bien que
wr les lieux mêmes, il a institué le présent concours : c'est la
part de M. Duruy dans l' œuvre qui a réuni les ministres de
l'Instruction publique depuis la fondation. de l'Empire.
La circonscription choisie ne pouvait être le département,
qui n'est qu'une unité administrative. Quant à la province, elle
�-13 n'existe plus légalement. On s'est arrêté à l'Académie universitaire, qui la représente à peu près. Lorsqu'on a créé les Académies actuelles, au nombre de seize, on a voulu, sur notre sol
découpé arbitrairement d'après les convenances de tant d'administrations dont le siége est à Paris, créer des centres de vie
intellectuelle ; et pour cela on n'a rien trouvé de mieux que de
revenir sous un autre nom aux anciennes divisions provinciales, nées de la configuration des lieux , d'une certaine relation
entre les intérêts, d'une certaine ressemblance dans la physionomie morale des habitants,consacrées d'ailleurs par le temps et
par l'histoire. Dans le centre de la France, ces anciennes divisions se sont en partie effacées et on n'a pas cherché à les faire
revivre ; mais dans l'Est et dans le Midi, les limites des Académies ont été celles de nos anciennes provinces.
L'Académie d'Aix n'est autre que la Provence, à laquelle on
a ajouté le Comtat Venaissin et la Corse. Il y a là, qui ne le
sent. une attrayant et inépuisable sujet d'études. Je n'irai pas
jusqu'à dire qu'il n'en est pas de plus beau; tout historien provincial en pense autant de sa province; ce qui prouve que le
premier de tous les pays, c'est celui où l'on est né et qu'on a
étudié de près. La Provence est du moins particulièrement intéressante à connaître, car c'est une des régions de la France qui
ont eu l'empreinte originelle la plus distincte, et qui l'ont le
mieux gardée. On croirait parfois cette originalité en train de
s'effacer, quand tout à coup elle reparaît. N'avons-nous pas vu,
il y a deux ans, les félibres jeter une sorte de défi à la France
du Nord? La poétique phalange ne prendra pas, je l'espère, ce
souvenir en mauvaise part; ce n'est pas au moment où je parle
de décentralisation intellectuelle que je voudrais blesser ceux
qui en donnent l'exemple, les uns avec éclat, les autres avec esprit, tous avec une ardente conviction ; je me borne à constater
un fait. Ce vieil esprit proven~al qui, de peur- de ·mollir, sans
�- u. doute, remonte à l'occasion jusqu'aux sirventes enflammés du
IDI• siècle, vous le reconnaîtriez encore à bien des signes, plus
1égers et d'une autre nature, mais pourtant caractéristiques.
L'observateur qui jette un regard sur ce pays sent très-bien
qu'il n'a pas en face de lui une de ces provinces du centre, dociles et assimilables, mais un groupe à part, qui a fait jadis des
conditions spéciales en se donnant à la France, et qui s'en souvient. L'érudition locale aime à rappeler que la Provence n'a
pas été réunie comme un accessoire à un principal, mais
comme un principal à un princ-i,pal. Fierté filiale à laquelle
j'applaudis bien volontiers I Oui , persistez ici et partout sur le
sol de la patrie, antiques souvenirs, culte, même un peu jaloux ,
des traditions, marques d'un esprit qui veut non pas s'isoler
mais se distinguer dans l'œuvre commune. L'unité françai se,
qui sait n'avoir rien à craindre de vous, vous respecte et vous
encourage.Vous mettez les études locales sous une noble égide ;
et pour l'étranger même, vous donnez à toute recherche sur
le passé de nos provinces bien du piquant et de !'.intérêt.
Le concours, bien quïl n'admette que les travaux intéressant
le ressort, ne sera donc point exposé à périr pour cause de disette. Limité à l'Académie d'Aix pour le choix des sujets, il l'est
aussi en ce qui concerne les concurrents. L'article 3 statue :
« Sont admis à concourir tous les ouvrages et mémoires manuscrits ou imprimés, sous la réserve que les auteurs résident
dans le ressort académique..... » Il pouvait arriver qu'un savant résidant à Paris, muni d'un travail puisé dans les archives
de la capitale , car elles contiennent bien des documents sur les
anciennes provinces, vînt fondre brusque.ment sur notre modeste prix et se retirât après l'avoir enlevé. La possibilité de
cette concurrence est écartée : le concours gardera un caractère exclusivement local.
Ouvert sur la province, pour la province seulement, il es
t
�-15jugé par la province. Le jury est composé de délégués des sociétés savantes du ressort, et de membres choisis par le ministre, en nombre inférieur à celui des délégués. On a voulu prévenir tout conflit de société à société, et cependant permettre à
l'élément local, s'il veut se concerter, d'avoir la majorité. Ce
n'est pas que le ministre se défie de la capacité et de l'impartialité de ses représentants; mais comme on dit: la femme de César ne doit pas même être soupçonnée.
Le prix décerné par le jury est d'une valeur de 1,000 francs.
Ce n'est pas tout. Les ouvrages couronnés concourent ensemble, et le meilleur obtient un nouveau prix de 3,000 francs,
proclamé dans la réunion annuelle des sociétés savantes. Paris
aura le dernier mot, et ce n'est que justice.
II.
Maintenant que ces préliminaires sont connus, j'arrive au
concours. Il doit rouler alternativement sur l'histoire et la littérature, sur l'archéologie, sur les sciences. L'histoire et la littérature ont ouvert la marche.
La commission chargée de distribuer les récompenses se
composait, sous la présidence du Recteur, de seize membres,
six nommés par le mmistre, dix délégués par les sociétés savan~
tes. Onze mémoires lui ont été présentés. Elle ne les a pas ouverts sans quelque appréhension, en songeant que quatre mois
seulement avaient été accordés pour le dépôt des ouvrages. Plusieurs de ces travaux portent en effet la marque de la précipitation. Mais d'autres nous ont fait une impression meilleure; et
·nous ne craignons pas de dire que le concours a été satisfaisant,
surtout si on songe au peu de temps qui avait été laissé pour
s'y préparer.
La commission a commencé par écarter tous les travaux pu-
�- rnrement littéraires qui lui étaient soumis, les uns, par exemple
une étude intéressante sur Massillon, parce qu'ils ne remplissaient pas les conditions exigées, les autres comme insuffisants.
11 n'y a pas lieu d'être trop surpris du résultat, car d'ordinaire,
en province, les travaux de littérature sont inférieurs à ceux
<l'histoire. Loin de moi la pensée de jeter le moindre blâme sur
les sociétés qui s'occupent exclusivement de belles lettres. Chacun comprend la culture de l'esprit comme il veut. Il y aurait
mauvais goût à tailler la besogne, à violenter les aptitudes et à
tlire : vous ferez ceci et non cela. Mais on m'accordera que le
principal aliment de la vie littéraire en province, c'est l'histoire
et l'archéologie. Une œuvre de littérature pure, vraiment distinguée, sera toujours chose difficile ; et dans cet ordre de productions de l'esprit, ce qui n'est pas très bon est bien près d'être
mauvais. L'histoire est moins exigeante et plus accueillante.
L'inexpérience ne la rebute pas , et à défaut de talent elle se
contente de bonne volonté. Elle soutient d'ailleurs ceux qui se
donnent à elle, grandissant les forts et n'écrasant pas les faibles. Une autre infériorité de la littérature, c'est qu'eHe est
moins directement utile, se pouvant faire partout, tandis que
l'histoire ou l'archéologie d'une province n'est possible que
<lans cette province même. S'il m'était permis d'exprimer un
vœu, je voudrais voir au prochain concours l'esprit littéraire
faire alliance avec l'histoire sur le terrain de la philologie. Tout
n'est pas dit sur la philologie provençale. Depuis Raynouard et
Faurie!, ces études sont restées stationnaires en France, du
moins jusqu'à ces derniers temps; et sans l'Allemagne, qui s'est
emparée, il y a quarante ans environ, de ce champ presque délaissé, la publication des vieux textes serait demeurée fort en
arrière. Cette sorte d'abandon de la Provence par elle-même
n'est pas, à vrai dire, sans excuse. Le provençal du moyen-âge
est, au jugement des connaisseurs, la plus difficile de toutes
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les langues romanes ; les poésies des troubadours ajoutent à
cette difficulté l'obscurité de la pensée, et on ne pourrait dire
que le provençal d'aujourd'hui, bien qu'il aide assurément
beaucoup à les déchiffrer, suffise pleinement pour les pénétrer
à fond. ~Cependant il serait digne de ce pays de se tenir dans
ces études au moins it la hauteur de l'Allemagne. Nos voisins
<l'outre-Rhin y ont porté beaucoup de rigueur scientifique;
qui empêche la Provence d'en montrer autant? il lui suffira de
le vouloir. Elle y joindrait un avantage que la science ne remplace pas et que l'Allemagne par conséquent ne saurait avoir:
la tradition directe et vivante de son passé. La Commission serait heureuse de trouver et de récompenser au prochàin concours quelque bon mémoire de philologie. Indépendamment du
Dictionnaire de la langue d' Oc ancienne et modeme , publié
par le docteur Honorat à Digne en 1846, on pourrait s'aider
des travaux qui paraissent ou se préparent en ce moment à Paris, et qui ont pour objet la traduction et le commentaire de la
G-1rammaire des langues romanes, de Diez, et des Anciens
glossaires romans, corrigés et expliqués par le même auteur.
Pour égaler l'Allemagne dans cette lutte scientifique, il faut
avant tout savoir exactement cc qu'elle a fait.
C'est à l'avenir que nous confions cette espérance de travaux
littéraires; pour l'histoire, nous n'avons pas eu besoin d'attendre; le résultat a été immédiat·. Là encore une première élimination a du être faite, celle de travaux se rapportant plus spécialement à l'archéologie. L'archéologie sert beaucoup à l'histoire, en suppléant au silence des monuments écrits. Elle s'y
mêle même quelquefois dans une certaine mesure, surtout
quand il s'agit d'époques reculées; mais elle a un domaine à
part, qui est l'explication des monuments matériels de l'art.
C'est l'histoire figurée à côté de l'histoire écrite. Le développement considérable qu'elle a pris dans ces dernières années l'a
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fait placer dans une section spéciale. La commission y retrouvera des ouvrages qu'elle a dû non pas écarter mais ajourner
pour le moment.
Trois ouvrages d'histoire ont été distingués, très différents
l'un de l'autre pour le sujet et la manière dont 11 est traité : un
fragment d'histoire provinciale, une histoire locale, une étude
sur un peuple étranger fixé en Provence. Ces trois ouvrages,
bien qu'inégaux, ont paru dignes d'être signalés tous; et la
Commission, exceptionnellement, a ajouté au prix deux mentions, l'une très-honorable, l'autre honorable.
La mention honorable a été accordée au travail présenté par
l\1. Gaffarel sur la Fronde en Provence. C'est une des manières aujourd'hui les plus communes et les meilleures d'aborder
l'histoire provinciale que d'en détacher un épisode saillant.
Ces épisodes sont à peu près les mêmes dans toutes les provinces; tant notre histoire a d'unité, même dans ce qu'elle offre de
moins uniforme.Les chapitres pourraient être identiques presque
partout : origines, institutions locales, réunion à la Couronne et
assimilation par les lois et par les mœurs; puis, avant 1789, la
Réforme, la Ligue, la Fronde. Après ces éruptions plus ou
moins violentes, la province retombe dans son repos, sous lequel couve et grandit l'esprit de la Révolution.
La Fronde, que l'auteur a choisie, est un de ces mouvements
d'intérêts plutôt que d'opinions qui agitaient la surface du
pays sans en soulever le fond. En Provence, elle ne pouvait
manquer de raviver des souvenirs d'indépendance locale. Hors
de Paris, d'ailleurs, l'esprit de révolte en ce temps-là se tournait toujours en arrière, vers les franchises perdues, au heu de
regarder en avant, comme aujourd'hui, vers les libertés qu'on
entrevoit ou qu'on rêve. La Fronde en Provence n'avait point
été traitée à part, mais elle était suffisamment racontée dans les
histoires générales de la province. Pour faire un travail vérita-
�-19 blement neuf, il fallait s'enfoncer résolument dans les documents inédits et originaux. Le temps et un plus long séjour
dans le pays paraissent avoir manqué à l'auteur pour des recherches tout à fait approfondies. Il a pu montrer d'heureuses
qualités d'exposition ; mais une histoire définitive de la Fronde
est encore à tirer des archives, des mémoires manuscrits, et des
registres du Parlement d'Aix.
Tout autre est le travail que la Commission a mis au second
rang. On se sent en présence d'une œuvre longue et patiente,
et comme d'un petit trésor d'érudition et de recherches, amassé
!en te ment et caressé avec amour. C'est l'histoire complète de la
ville de Salon, depuis ses origines jusqu'en 1789.
Salon est la capitale de la Crau , de cetle plaine caillouteuse
de 12,000 hectares environ, sur la formation de laquelle les savants discutent encore aujourd'hui. La Crau est le Sahara de la
Provence, comme la Camargue, sa voisine, en est le Delta. On
se croirait en Afrique à voir cette immense surface coupée de
rares oasis; l'été, ce mirage qui renverse et reflète les arbres à
l'horizon dans des étangs imaginaires; l'hiver, ces moutons
qui, descendus de la montagne, paissent ga et là une herbe rare
sous la conduite de bergers aussi sauvages que leur troupeau.
Sur cette plaine découverte règnent souverainement les influences naturelles, la sécheresse et surtout le vent. La Crau n'a
guère de jours entièrement calmes , et on peut dire que pendant les deux tiers de l'année les arbres y croissent en gémissant. Le vent dominant est le mistral, auquel Auguste éleva un
temple, sans réussir à l'apaiser, car aujourd'hui, quand il souffle en tempête il enlève les toitures des wagons et arrête presque les trains en marche. Pourtant cette région n'est pas infertile; et dès que l'eau s'y montre, la verdure la suit à la trace.
Au XVI• siècle, un ingénieur salonais, qui avait le mérite de
faire beaucoup avec peu de chose, Adam de Crapponne, eut l'i\
�- 20 dée d'amener l'eau de la Durance dans la plaine stérile.D'autres
l'ont imité. Maintenant le désert recule peu à peu devant les
efforts de l'homme, et il se pourrait qu'un jour la singularité de
la Crau ne fût plus qu'un souvenir.
A l'une des extrémités de cette plaine s'élève Salon , fondée
probablement en 123, à l'époque où Sextius, vainqueur des
Saliens , jetait les fondements d'Aix. Auparavant , il y avait sur
une hauteur voisine un établissement Salien qui fut délaissé
pour le campement romain.Ce campement devint une ville qui,
plus tard, passa sous la suzeraineté des empereurs d'Allemagne en vertu de leur titre de rois d'Arles. Conrad II le Salique a habité Salon et y a fondé un château, bien changé depuis
le XIe siècle, mais dont la partie la plus ancienne porte encore
le nom d' Empery, et a gardé jusqu'à Louis XIII l'aigle germanique sculptée sur sa façade. Aujourd'hui, Salon n'est plus
qu'une ville agricole qui sert de rendez -vous de commerce à
une grande partie de la Crau. Elle se console fort bien de cette .
espèce de déchéance ; et quand on la voit par lin beau jour,
avec ses fontaines et ses vieux arbres, on est frappé de sa modeste aisance et de~son air de gaité.
L'histoire de cette ville a tenté un de ses enfants , 1\1. Gimon,
ancien magistrat, qm s'est mis à l'œuvre sans s'effrayer des difficultés du sujet. Il est plus difficile qu'on ne croit d'écrire d'un
bout à l'autre l'histoire d'une ville, d'une petite ville surtout.
D'ordinaire, les documents à consulter :sont rares; il faut les
glaner dans les chroniques, les arracher aux archives publiques , aux procès-verbaux des communes, aux minutes des notaires. Il reste ensuite à les éclaircir, à les contrôler les uns par
les autres, ce qui est un travail souvent très-complexe et trèsdélicat. Puis, ce premier travail, il faut le dérober , de manière
qu'on le sente sans le voir : point d'échafaudages, point de citations inutiles ; les documents originaux ne doivent être insé-
�-
21 -
rés que lorsqu'ils sont réellement importants ou qu'ils donnent
de la couleur au récit. Est-ce tout? Non, je veux aussi le sentiment de la mesure ; une histoire locale n'est qu'un fragment
d'histoire provinciale, comme celle-ci n'est qu'un membre de
l'histoire nationale. N'oubliez-pas non plus de proportionner
vos développements aux époques. Règle générale : une trèslarge place doit être faite au moyen-âge; la vie publique est
alors partout, car la nation existe à peine et n'a de centre nulle
part. Arrivé aux temps modernes, quand la vie nationale se développe et trouve un centre, soyez plus bref. Ne vous laissez-pas
non plus égarer par le patriotisme local au point de prendre le
clocher de votre ville pour unique horizon. Et pour couronner
l'œuvre, mettez un soin jaloux à la forme. Rien n'existe sans
elle. D'ailleurs, la matière de l'histoire d'une petite ville est
mince ; il faut la relever par beaucoup d'art.
Ces conditions ont-elles été toutes remplies? Si je disais oui,
l'auteur serait sans doute le premier à ne pas me croire, je ne
le dirai donc pas. Je lui recommanderai seulement de ne pas
trop s'autoriser de la parole de Pline : l'histoire plait, de quelque fagon qu'on la raconte. La Commission, qui devait glisser
ces réserves, signale volontiers les qualités de l'auteur, son
grand esprit d'exactitude, d'ordre et de soin, sa conscience parfaite. 1\1. Gimon a consulté tout ce qui était à sa portée, et principalement les archives de Salon. Il en a tiré les statuts municipaux de la ville, déjà publiés ailleurs, mais dont il a donné
une analyse nouvelle. Si les études locales méritent d'être encouragées, Messieurs, c'e,t surtout quand elles portent sur les
institutions urbaines d'autrefois. Qui ne sait la révolution opérée dans notre histoire par les belles études de Thierry sur les
communes? Qui ne connaît son Tableau de la Fi·ance municipale? Rien n'est plus intéressant que de savoir comment se
gouvernaient et s'administraient nos pères. Là est le cœur des
�-
~2 -
études sur les villes ; là, leur moralité et aussi leur enseignement. Tout n'est pas à imiter chez elles, loin de là; mais sans
rien exagérer, on peut dire qu'elles ont deux choses à nous apprendre : la sage initiative et l'amour de la chose publique, qui
font les libéraux , et le respect du passé, cet utile contre-poids
de l'esprit révolutionnaire.
C'est le travail de M. Gimon qui me suggère ces réflexions :
lui-même, s'il les a faites, ne les a pas exprimées. Il se contente
d'être un annaliste à la vieille marqlle. De sa ville, rien ne le
rebute, tout l'intéresse. Il l'étudie, non avec cette curiosité pé.nétrante et inquiète qui toujours cherche, non-seulement à faire
sa moisson de faits, mais à comparer, à généraliser, à étendre
sa vue ; sa manière est celle du chroniqueur, qui note tranquillement ce qu'il voit, et ne ·se pique que d'exactitude. Il vous
dira tout : les rues, les maisons, les hôpitaux, les confréries, les
foires et marchés, les familles du pays, les passages des princes,
l'enthousiasme du jour et la carte à payer du lendemain. Il
tiendra registre des malheurs, des épidémies, des sécheresses,
des grands froids qui ont fait périr les oliviers, de la détres e
financière qui a forcé Salon à vendre ses coussous. L'auteur ne
vous tire point à lui, ne vous sollicite point de penser à lui;
mais en le lisant il se trouve que peu à peu, sans trop vous en
apercevoir, vous vous êtes abandonné au courant de la vie d'autrefois. La lenteur même du récit ajoute au sentiment de ces
époques reculées dont je suis loin de faire un âge d'or; l'âge
d'or est celui qu'on ne connait pas ; mais qui, pour la stabilité
des existences, pour le cours régulier des habitudes, formaient
un si parfait contraste avec le temps inquiet dans lequel nous
vivons. La Commission, qui accorde une mention très-honorable à M. Gimon, pour ses Chroniques Salonaises, verrait avec
plaisir la publication de cet utile ouvrage. Elle ne demande pas
à l'auteur de se transformer ; mais quelques coupures, une at-
�-
23 -
tentive révision du style assureraient à son livre une place dans
toute bibliothèque de Provence.
Le prix du concours a été donné à M. Bardinet, professeur
au lycée d'Avignon, pour son étude sur les Juifs, sur cette singulière nation dispersée dans l'univers comme une race maudite; longtemps égarée par l'attente d'un Messie, et ayant enfin
trouvé ce qu'elle n'espérait pas, le repos dans la tolérance. Aujourd'hui les Juifs sont libres partout, en Europe du moins.
Mais pour arriver à cette liberté, que de souffrances obscures,et
quelle triste histoire,surtout depuis les croisades I Toujours haïs
par les peuples, ils sont mal protégés et souvent persécutés par
les rois. lis croissent pourtant sous la tempête, humbles et souples comme l'herbe, durs comme le caillou, rendant haine pour
haine, se vengeant par la puis~ance de l'or de ces chrétiens qui
ne peuvent ni se passer d'eux, ni les souffrir, maintenant en face
de l'Occident ameuté contre eux l'image indestructible de
l'Orient; car il ne faut pas l'oublier, les Juifs sont des Orientaux; leurs qualités et leurs défauts, leur tour d'esprit, leur
manière d'entendre la vie les rapprochent des Arabes; et la longue antipathie que l'Europe leur .'.l vouée n'était pas seulement
une affaire de croyance, c'était aussi une affaire de race.
La sombre uniformité de l'histoire des Juifs au moyen-âge
comporte cependant des différences selon les pays. Les plus
constamment maltraités ont été les Juifs du Nord, les plus brillants, ceux d'Espagne. Sur ce sol préparé par les Maures, ils
sont arrivés non-seulement à la fortune, mais à la puissancé'. ; et
la civilisation juive, entée sur celle des musulmans, a eu un
moment d'éclat. Sa chûte n'en a été que plus lourde. Au XV0
siècle, dès que l'Espagne se sent nation chrétienne, il semble
qu'auparavant elle ne s'était pas doutée de la présence des Juifs,
tant elle les prend en dégoût et en horreur. Elle les traîne au
baptême, elle les balaie en Portugal, elle n'a pas de repos
�- 2t9u'elle n'aît brûlé au fer rouge cette lèpre attachée à son
flanc.
Entre la situation subalterne des Juifs du Nord et l'éclat périlleux des Juifs d'Espagne, ceux du :Midi de la Fr:ance, Languedoc et Provence, occupent une situation mixte, assez bonne
et assez stable. C'est dans cette région que l'auteur est allé
chercher le sujet de son travail, Les Juifs d'Avignon et du
Comtat Venaissin au moyen-dge.
Les monographies sont utiles partout; mais pour faire connaître les Juifs elles sont indispensables. On a sur eux quelques histoires générales ; mais ces histoires_, forcées de les suivre à la fois en tous lieux manquent de lien et ne sont guère
que des tableaux sans cadre. Ici, le cadre est restreint, mais l'étude n'en a que plus d'intérêt. L'auteur s'est d'ailleurs livré à
des recherches assidues. Il a mis à profit les an,hives du département de Vaucluse, les manuscrits des bibliothèques d'Avignon
et de Carpentras. Le sujet est traité avec beaucoup d'ordre et
de méthode. Le style est simple, comme il convient à un ouvrage où la dissertation se mêle au récit. Les réflexions sont justes, les conclusions sobres et sages. Le fond et la forme sont
également à louer.
L'histoire des Juifs clu Comtat o!Tre ce caractère particulier,
qu'ils ne l'ont jamais quitté. Ils y sont venus il y a plus de
1600 ans, et ils y sont encore. De toutes les communautés juives de France, ce sont peut-être les seules qui aient eu le bonheur d'avoir_un foyer, et non des tentes dressées pour un jour;
qui aient pu vivre, mourir et se perpétuer par leurs descendants
sur la terre où elles s'étaient primitivement fixées. A cet intérêt
s'ajoute la curiosité de savoir quels ont été à leur égard les sentiments des papes , devenus leurs souverains depuis la fin du
XIII0 siècle jusqu'à la Révolution française. A Rome, le chef de
l'Eglise a toujours traité les Juifs avec une douceur un peu dé-
�-
25 -
daigneuse, mais réelle. Dans le Comtat, ces traditions se sont
maintenues , surtout lorsque la politique et les troubles de la
chrétienté eurent fixé les papes à Avignon. Ces papes du XIVe
siècle, hommes d'esprit et de modération, supportèrent les Juifs
sans les tourmenter, et apprirent au clergé et au peuple à faire
comme eux. Après leur départ, les légats pontificaux tinrent la
même conduite , et le quinzième siècle presque tout entier fut
pour Israël une période de sécurité et de paix. Paix relative,
bien entendu. Là, comme ailleurs, le gouvernement ne faisait
pas pour eux tout ce qu'il voulait, quelquefois tout ce qu'il aurait pu . Périodiquement un orage subit tombait sur les Juifs ;
ils en avaient pris l'habitude. L'homme a une élasticité merveilleuse pour se plier à toutes le·s fortunes ; il fait comme les arbres,
qui poussent, dussent - ils en souffrir et se tordre, dans le sens
du vent dominant.
L'auteur du mémoire relève avec soin et rassemble avec art
tous les détails de cette histoire. Il ne confond pas les Juifs d'Avignon avec ceux du Comtat, qui étaient d'ordinaire moins bien
traités. Il suit les différents courants d'opinion sur lesquels il
leur fallait naviguer, carguant la voile au moindre vent con traire. Ces incidents ne comportent pas un grand intérêt, mais
g'a été après tout le bonheur de leur destinée que celui qui étudie leur histoire y trouve des tracasseries plutôt que des souffrances.
Le travail de M. Bardinet devient réellement intéressant ,
quand, ayant suivi les Juifs jusqu'au commencement du XVIe
siècle, il se demande quelles ont été au moyen-âge leurs occupations , leurs conditions d'existence. Il nous donne là dessus
un bon chapitre d'économie politique. On savait déjà qu'un des
caractères par lequel l'Israélite du midi se dis_tinguait de ses coréligionnaires du nord , c'est qu'il se livrait sérieusement au
négoce : l'auteur nous en donne des preuves nouvelles. Les
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26 -
Juifs du Comtat trouvaient tout bon pour gagner leur vie : orfévres , teinturiers , tisserands , bouchers , tailleurs , traitants
et collecteurs d'impôts, ce qui rentre davantage dans leurs
habitudes; mais surtout commerçants : le commerce est le
fond du Jmf, quand il s'abandonne à sa pente naturelle.
Dans le Comtat, ils trouvaient la place prise par les Italiens,
aussi fins spéculateurs qu'eux-mêmes; ils ont lutté du mieux
qu'ils ont pu. A travers l' obscurilé des temps et la rareté des
témoignages, on entrevoit leur génie souple, insinuant , hardi,
sachanl faire naître les affaires et en profiter. Vous les rencontrez partout, depuis l'échoppe du fripier jusqu'au comptoir du
banquier, appelant le client dans la rue , à la grande colère du
marchand chrétien, qui se borne, lui, à l'attendre dans son arrière boutique ; puis , dès qu'ils ont amassé quelque argent ,
étendant leurs opérations, achetant tout, vendant tout, les étoffes
et les épices du Levant, les denrées du pays, et mêlant la banque
au négoce, comme le faisaient du reste tous les commerçants
en grand de ce temps là. Sur ce terrain nous retrouvons le type
classique du Juif. L'auteur n'a pas voulu cependant qu'il fût dit
qu'ils faisaient l'usure. Il a à ce propos toute une discussion
très-serrée et qui paraît convaincante : il en conclut que, chez
les Juifs du Comtat, l'usure était une exception. Ce qui le prouverait mieux encore, c'est le chiffre de leurs fortunes, qu'à la
suite de recherches dans les minutes des notaires, il se croit en
droit de regarder comme assez modiques. Sans prétendre à des
précisions peut- être impossibles, on peut dire que les Juifs du
Comtat n'avaient pas un commerce et une industrie d'exception,
et qu'ils se rapprochaient sur beaucoup de points de l'existence
commune.
Un côté curieux à étudier était leur activité intellectuelle.
Personne n'ignore que les Juifs ont été d'habiles médecins , et
qu'on lcslrouve souvent à ce titreauprèsdes princes du moyen-
_, .
�- 27 âge. Ceux du Comtat cultivaient la médecine comme les autres,
mais à cet égard, l'auteur n'a rien ajouté à ce qu'on connaissait déjà. Nous voyons aussi parmi eux des mathématiciens, des
jurisconsultes et des lettrés. M. Bardinet relève leurs noms , et
c'est un témoignage de plus en faveur des Juifs du midi, bien
supérieurs pour la culture de l'esprit à ceux du nord. J'aurais
voulu pourtant sur ce point un travail plus approfondi et qui
marquât mieux notamment la part prise par les Juifs d'Avignon au mouverpent philosophique du moyen-âge. Les Israélites, qu'on est trop habitué à considérer comme des théologien,;
enfoncés dans le Talmud, ont senti à travers l'Orient l'influence
de la philosophie occidentale, je veux dire qu'ils ont connu ,
par des traductions et des commentaires arabes , les doctrines
d'Aristote. A partir de l\faï monide, qui vivait au xne siècle, les
œuvres d'Aristote, accompagnéesdugrand commentaire d'Averroës, sont devenues la base unique de la philosophie juive. On a
pu dire que le peuple juif avait été le prirtcipal représentant dn
rationalisme au moyen - âge. Ce mouvement rationaliste a été
vivement combattu par les théologiens; et les synagogues catalanes , aragonaises et provençales ont pris parti pour ou contr0
Maïmonide et la philosophie. Cette lutte méritait d'autant plus
de trouver sa place dans le travail de 1\1. Bardinet, que c'est it
Avignon qu'a écrit et qu'est mort le plus illustre des philosophes
juifs de cette époque, Levi Ben Gerson. Il y a~ une lacune que
l'auteur pourra combler en aidant ses recherches des travaux
de 1\1. Renan sur Averroës, de Ml\L Franck et Munk sur la philosophie des Juifs, et de l'étude que 1\1. Saisset a consacrée aux.
origines du panthéisme de Spinoza. Le souvenir de Spinoza :'t
propos de Maïmonide n'a pas lieu de nous surprendre : à tr, ·
vers les siècles ces deux noms s'appellent et se font écho.
Nous ne connaîtrions pas bien les Juifs d'Avignon si nous n _,
les suivions chez eux , dans leur gouvernement intérieur. l\I.
�-
28 -
Bardinet nous introduit dans leur ghetto. Les voyageurs qui ont
vu le ghetto de Rome en connaissent le triste aspect; celui d'Avignon n'avait pas un air plus riant. l\lais ce quartier infect et
malsain était à eux; ils pouvaient y relever la tête. « Une fois
rentrés dans ses murs, les Israélites d'Avignon, écartés avec dédain des affaires publiques, reprenaient ce que leur refusait la
société chrétienne , la jouissance intégrale de leurs droits de citoyens. Là était vraiment pour eux la cité , là ils retrouvaient
une sorte d'existence politique. La communauté juive formait un
petit état, une véritable république, avec ses assemblées ou parlements, ses statuts, ses magistrats particuliers. Reconnue et protégée par le gouvernement, elle jouissait, sous sa surveillance,
d'une certaine liberté politique et d'une complète autonomie
religieuse : elle choisissait elle-même ses magistrats , faisait ses
lois, réglait ses impôts et se livrait sans obstacle à toutes les pratiques de son culte. Mais ses élections, sa législation, ses contributions devaient être approuvées et confirmées par le viguier ,
représentant de l'autorité du Saint-Siége dans l'étal d'Avignon,
et chargé de la faire respecter. »
Ce dernier détail suffirait pour indiquer une 5Îtuation, sinon
tout-à-fait stable, du moins régulière et de part et d'autre acceptée. Ce qui le prouve encore , ce sont les mesures prises par
la communauté pour l'instruction de ses membres. L'instruction est un fruil:"de la sécurité et du loisir : ceux qui tremblent
pour le lendemain ne songent guère à apprendre. Aussi trouvet-on peu de fondations scolaires parmi les Juifs du nord; on n'en
rencontre guère que dans le midi. Ceux d'Avignon paraissent
avoir eu l'étude en haute estime. Les esprits généreux d'aujourd'hui seront bien aises d'apprendre que l'instructlon était chpz
eux gratuite et obligatoire , et que des pri viléges particuliers
étaient accordés aux élèves.
On lira avec intérêt l'analyse détaillée de cette constitution ,
�-
29 -
toute pénétrée par le sentiment religieux. L'auteur est loin de
la donner comme parfaite; mais il s'est plu à faire ressortir
l'esprit de générosité, de bienfaisance el de charité dont elle
témoigne. C'est du reste l'histoire des petites sociétés qui sont
obligées de se contracter pour se défendre. Si elles y perdent le
don de s'assimiler , de se fondre dans la masse commune , elles
y gagnent je ne sais quoi de tendre dans les relations sociales.
Il en est d'elles comme des maisons orientales: défiantes et renfrognées au dehors , elles gardent leur gràce et leur abandon
pour le dedans.
J'aurais voulu que l'auteur nous parlât un peu de la famille
juive, et nous dît si les femmes du Comtat étaient, comm_e dans
les autres communautés i~raélites , traitées en inférieures , négligéea et dépendantes ; il s'est borné à faire connaître cette
société en général. Elle ne lm a pas paru mériter les reproches
de méchanceté, de rapacilé, d'improbité, d'usure, qu'on adresse
communément aux Juifs. « Contrairement à ce qu'on prétend
qu'ils ont été dans les autres pays, dit - il, les Juifs du Comtat
ont vécu en honnêtes gens, soit du travail de leur( mains , soit
du travail de leur intelligénce, et non d'usure, de vol , de rapines. Au lieu d'avares sordides, d'usuriers impitoyables, de prêteurs rusés, exigeants, Lenaces, âpres et cupides jusqu'à l'iniquité, jusqu'au crime, nous avons trouvé des hommes intéressés
sans doule, parce qu'ils sont positifs, mais intelligents surtout et
habiles, économes, habitués aux privations, durs à la souITrance,
laborieux, infatigables au travail\ des créanciers défiants il
est vrai, mais serviables, faciles, complaisants, patienLs; des esprits éclairés, des âmes généreuses, fortement éprises de l'amour de la science et la cul tirant pour elle-même. >> Si l'on
était tenlé de trouver ce tableau un peu flatté, et peut-être l'estil, il faudrait se rappeler un fait que l'auteur aurait pu' citer à
l'appui de son opinion, c'est que, dés le XVIe siècle , il existait
�-
30 -
une faveur d'exception pour les Juifs avignonnais; que des lettres patentes de Henri II la reconnaissent et la sanctionnent ;
que plus tard, Louis XVII' a confirmée, et que l'Assemblée Constituante elle-même, qui fut lente à assimiler les Juifs régnicoles
aux autres Français , tint compte cependant sur ce point de la
tradition historique dans son décret du 28 juin 1790. Ces témoignages sont pour les Israélites du Comtat de véritables lettres
de naturalisation et de noblesse.
Et pourquoi cette distinction flatteuse, 1\11\1, est-il besoin de le
dire? Les Juifs du Comtat ont valu mieux qu'ailleurs parce qu'il s
ont été mieux traités. Ce sont les lois exceptionnelles qui font les
caractères d'exception. Il y a une telle Yertu dans la tolérance,
que, même imparfaite et précaire, elle adoucit les funes, comme
l'eau tombant goutte à goutte finit par amollir et percer les roches les plus dures. On raconte qu'au moyen - âge une reine
d'Espagne voyant une petite synagogue adossée à une église ,
dit, au lieu de s'en plaindre : « Que la synagogue et l'église
continuent de se toucher, jusqu'à ce qu'elles tombent ensemble
de vétusté 1 » La douceur de cette bonne reine arnit devan cé
notre temps. La société moderne, dans sa réserve, abandonne à
Dieu le jugement des religions; elle ne connaît que des citoyens et ne distingue pas entre l'ancienne loi et la nouvelle.
Une seule réflexion, Messieurs, et j'ai fini. Sur les trois ouvrages récompensés, deux appartiennent à des membres de
l'Université. Vous n'y verrez pas une marque Je partialité, je
pense, mais une preuve du travail des professeurs de nos lycées,
et, pourquoi ne le dirais-je pas? de la bonne direction que la
discipline universitaire donne aux esprits. L'alliance de l'Université et des sociétés savantes, partout où elle s'est produite , a
été féconde: qu'elle aille toujours en se fortifiant , et que les
jeunes gens que les hasards de leur vie amènent en province, ne
cessent pas de s'intéresser à leur pays d'adoption. La province
�-
31 -
suscitera leur zèle , leur offrira des sujets d'étude qu'on abandonne difficilement, je le sais, quand on les a une fois abordés.
Eux, de leur côté, seront pour l'esprit local un utile contrepoids. Cet esprit a de grands mérites, il est studieux, ennemi du
charlatanisme, plein de. sérieux et de conviction : son écueil serait de sacrifier la grande patrie à la petite. Tenu amicalement
en éveil par un esprit différent , il produira de meilleures œuvres. A tous les points de vue , l'histoire provinciale n'a qu'à
perdre à trop oublier Paris.
Pardonnez-moi d'avoir été plus long que je n'aurais voulu ;
mais, au début de ces concours, je tenais à vous en faire connaître non-seulement la nature, mais les origines. Je désirais
aussi que les concurrents fussent bien persuadés que leurs œuvres avaient été examinées , non avec une complaisance superficielle et molle, qui n'est souvent que le masque de l'indifférence, mais comme elles ont été faites, sérieusement. L'analyse
que vous en ai présentée est d'ailleurs pour eux une récompense
et un commencement de publicité.
Et maintenant, j'espère que ce concours ne sera pas le dernier. L'État, vous en conviendrez, a fait tout ce qu'il a pu pour
rendre ces luttes de l'intelligence honorables, et même fructueuses ; c'est aux savants qui habitent le ressort de l'Académie
à faire le reste. Dans trois ans , une commission nouvelle se
réunira pour juger de nouveaux mémoires sur la littérature et
l'histoire. On aura pour les préparer plus de temps , une vue
plus nette des conditions à remplir. Pourtant, nous ne demandons pas que le concours de 187:2 soit supérieur à celui-ci : il
suffira qu'il lui ressemble.
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t .<o' f\1X. rB r\ H\~
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Title
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Monographie imprimée
Description
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Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 18..
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Ouvré
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1869
Description
An account of the resource
Pour encourager les travaux scientifiques de province, un prix, créé en 1869, récompense le meilleur ouvrage ou mémoire de chaque académie. Dans l'Académie d'Aix, un professeur de lycée et 2 membres de l'Université sont lauréats
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
31 p.
in 8°
Language
A language of the resource
fre
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Makaire (Aix)
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/24144014
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA-35173_Ouvre_Rapport_vignette.jpg
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote BULA-35173
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Title
A name given to the resource
Rapport de M. Ouvré Professeur d'Histoire à la Faculté des Lettres d'Aix sur le prix de 1000 francs institué par S.M l'Empereur dans chaque ressort académique de l'Empire
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/436
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Abstract
A summary of the resource.
Pour encourager les travaux scientifiques de province, un prix, créé en 1869, récompense le meilleur ouvrage ou mémoire de chaque académie. Dans l'Académie d'Aix, un professeur de lycée et 2 membres de l'Université sont lauréats
France. Académie (Aix-Marseille) -- 19e siècle
Prix et récompenses -- France -- 19e siècle
Universités -- France -- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/3/744/MS-53-bis_Classement-archives-Academie.pdf
71329f2a4b74e96452d24ab0b440619b
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Manuscrits
Description
An account of the resource
Plusieurs dizaines de manuscrits des 16e-18e siècles, principalement juridiques, conservés dans les réserves des BU de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Classement des archives de l'Académie (documents embrassant la période de 1809 à 1886 environ)
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Enseignement supérieur
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
France. Académie (Aix-Marseille)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote MS 53-bis
Publisher
An entity responsible for making the resource available
s.n. (s.l.)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1939 (?)
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253624118
pas de notice calames
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/MS-53-bis_Classement-archives-Academie_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
38 p.
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
manuscrit
manuscript
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/744
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 18..
Aix-en-Provence. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Le sous-titre du manuscrit précise que les pièces répertoriées portent sur la période allant de 1809 à 1886 environ. En réalité, cette copie originellement écrite à la fin des années 1880, a été complétée ultérieurement par l'inventaire d'archives beaucoup plus tardives, telles une correspondance relative au centenaire de l'Université d'Athènes datée de 1937 et une autre au sujet du 6ème centenaire de l'université de Grenoble, datée de mai 1939, ce qui en fait la pièce la plus récente. La datation du document prend en compte la pièce la plus récente (1).<br /><br />A l'époque de sa création, au début 19e siècle, l'Académie d'Aix ne couvre que les 3 départements d<span style="text-align: center;">es Bouches-du-Rhône, des Basses-Alpes, devenues Alpes-de-Haute-Provence, et du Var.</span>
<div style="text-align: center;"><span><br /><img src="https://odyssee.univ-amu.fr/files/fullsize/carte-academie_1838-1848.jpg" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /><em>Carte de l'Académie Aix-Marseille (1838-1848)</em></span></div>
<br /><br />Depuis lors, le périmètre du territoire académique n'a cessé d'évoluer jusqu'à compter 7 départements (dont la Corse et l'Ile de la Réunion). Depuis le nouveau schéma régional de 2015, elle est partie intégrante de la Région académique <span>Provence-Alpes-Côte-d’Azur (qui englobe l'Académie de Nice), dirigée par le recteur de l’académie d'Aix-Marseille (2).</span><br /><br />Comme toutes les administrations, l'Académie d'Aix-Marseille archive ses procès-verbaux et ses correspondances, en l'occurrence ici celles échangées avec les établissements d'enseignement primaire, secondaire et supérieur dont elle a la tutelle. Une source officielle riche des détails sur l'évolution des politiques éducatives, la vie des établissements et le statut des personnels enseignants, et potentiellement précieuse pour les archivistes et les historiens de l'éducation.<br /><br />Réfs.<br />--------<br />1. G<span>ontard (</span><span>Maurice) . - <a href="Histoire de l'Académie d'Aix de 1808 à 1939" target="_blank" rel="noopener" title="Histoire de l'Académie d'Aix de 1808 à 1939">Histoire de l'Académie d'Aix de 1808 à 1939</a> . Aix : PUP/AMU Editions, 1987</span><br /><br />2. <a href="https://www.ac-aix-marseille.fr/l-academie-d-aix-marseille-plus-de-200-ans-d-histoire-121450" target="_blank" rel="noopener" title="L'Académie d'Aix-Marseille : plus de 200 ans d'histoire">L'Académie d'Aix-Marseille : plus de 200 ans d'histoire</a>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Description
An account of the resource
Un décret du 17 mars 1808 fonde l’Université Impériale et crée les académies et la fonction de recteur. Depuis son origine, l'Académie d'Aix-Marseille archive ses correspondances échangées avec les établissements d'enseignement dont l'université
France. Académie (Aix-Marseille) -- 19e siècle
France. Académie (Aix-Marseille) -- Correspondance -- 19e siècle