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Association des Amis du Patrimoine Médical
de Marseille (A.A.P.M.M.)
Hôpital Sainte Marguerite -13274 MARSEILLE CEDEX 09
Tél. 04 91 74 51 70 et 71 - Fax 04 91 74 51 73 - Courriel : patrimoinemedical13@gmail.com
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L'École de Médecine de Marseille
du 1er au XXIe siècle
par le Professeur Yves Baille
1- Les origines
Il y a plus de 2600 ans, des marins phocéens jettent l'ancre dans le Lacydon et fondent Massalia, la
Grecque. Avec eux ils apportent la vigne et l'olivier, la culture grecque et la démocratie, la rhétorique, la
philosophie et la médecine.
Les plus grands auteurs de l’époque témoignent du prestige de notre ville.
Pour Tite Live : « les marseillais jouissent d’autant de respect que s’ils habitaient le centre de la Grèce. ».
Tacite écrit : « Marseille est une ville où règnent dans une heureuse harmonie, la politesse grecque et la
frugalité provinciale. ».
Strabon, qualifie Marseille du titre d’« Athènes des Gaules ». C’est dans ce cadre que notre ville, devenue
Massilia, la Romaine, va développer une université remarquable.
« Après la prise de Marseille par Jules César, la ville de commerce se transforme en ville universitaire et
le reste pendant plus de deux siècles, les lettres et les sciences y brillèrent d’un tel éclat qu’elle étendit
jusqu’à Rome même sa réputation et son influence » écrit Michel Clerc, ancien doyen de la faculté de
lettres d’Aix. On y enseignait les lettres, les mathématiques et l’astronomie. L’école de médecine avait
bonne renommée. Marc Romieu (vice-président de la société de statistique, d’histoire et d’archéologie de
Marseille), avec un certain lyrisme, écrit : « à l’époque où il n’existait même pas un village à
l’emplacement de Lutèce, Marseille avait une université florissante, la plus ancienne des Gaules et une
des plus anciennes du monde après Athènes. »
Selon Strabon, les cités des Gaules et du pourtour du bassin méditerranéen demandent à Massilia des praticiens formés dans cette école de médecine.
Certains médecins deviennent célèbres à Rome, et y font fortune. Charmis et Crinas seront médecins de
Néron. Démosthène Philatèles, célèbre opticien formé à Marseille, est cité par Galien.
Les fils des riches familles romaines ne font plus le voyage d'Athènes ou d'Alexandrie pour apprendre la
médecine. Ils viennent à Marseille.
2- La disparition de l’université de Massilia
Mais au Ve siècle, l'Empire romain d'Occident s'effondre et s'en est fini de l'Université.
L'école de médecine disparait avec l’université, mais l'enseignement de la médecine continue ; elle se fait
par compagnonnage. C’est l’époque où les corps de métier se constituent en corporations, assurent la
formation des nouveaux et valident leurs savoirs.
Les médecins communaux salariés, qui assurent les soins des citoyens, enseignent la médecine. Cet
enseignement par compagnonnage, de la chirurgie et de la pharmacie, est une constante que l’on
retrouvera tout au long de l’histoire.
En 1214, Marseille se constitue en République démocratique. La pratique de la médecine et de la
chirurgie était libre en Provence, pourvu que le futur médecin ait été reconnu capable et autorisé par les
consuls à exercer. Les statuts municipaux stipulaient que tous les ans, le jour de la Toussaint, deux ou
trois des plus habiles médecins de la ville seraient choisis afin d’examiner les candidats à la pratique
médicale à Marseille.
L'Ecole de Médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, par le Professeur Yves Baille
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�3- Les collèges
En 1645, les médecins s’organisent en collège. Les candidats au titre de médecin agrégé subissaient un
examen à l’Hôtel de Ville en présence des consuls, de plusieurs savants et de 4 médecins ordinaires de la
ville.
Au XVIIIe siècle, un groupe de 15 médecins, avec le soutien de la municipalité, fonde un collège privé de
médecine sous le nom de la confrérie de Saint-Luc.
Ils font approuver leurs statuts par Louis XIV. Pour exercer la médecine, il faut être agrégé au collège.
L'Ecole de Médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, par le Professeur Yves Baille
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�Les futurs médecins doivent être de bonne vie et mœurs et avoir religion. Ils doivent justifier d'un certain
nombre d'années de stages auprès d'un praticien. Le collège de médecine fait l'enseignement, le contrôle
des connaissances et délivre les diplômes.
C'est une organisation privée.
Les chirurgiens, longtemps confondus avec les barbiers, sont tenus à l'écart par les médecins, et se
regroupent sous la bannière de Saint Côme et Saint Damien en 1525. C'est une confrérie, une corporation
de métier. Elle forme les futurs chirurgiens et attribue les diplômes.
En 1715, Louis XV signe les Statuts et règlements pour le collège des maîtres en chirurgie de la ville,
faubourg, districts et territoire de Marseille. « Nul ne peut exercer la chirurgie s'il n'est admis à la maîtrise
par le collège des maîtres en chirurgie. »
Quelques années plus tard, Jacques Daviel ouvre, à ses frais, avec l'accord des recteurs de l'Hôtel-Dieu,
des cours d'anatomie avec dissection de cadavres. Jusqu’en 1803, il y avait deux voies pour apprendre et
exercer le métier : l’apprentissage par compagnonnage auprès de médecins reconnus et l’entrée dans les
corporations et collèges qui validaient les connaissances. La deuxième possibilité était de s’inscrire dans
une faculté de médecine, Montpellier (1220), Avignon (1303), Orange (1365), Aix (1409), Valence
(1452), qui délivrait un diplôme universitaire.
Avant la réorganisation des études médicales par Napoléon, avec obligation pour exercer d’avoir un
diplôme de médecin, de chirurgien ou d’officier de santé, il n’était pas nécessaire d’avoir un diplôme
universitaire pour exercer l’art médical.
A la Révolution, les décrets de 1793 suppriment toutes les facultés, écoles et collèges, maîtrises et
jurandes. La loi d’Allarde accorde la liberté totale de l’exercice de la médecine. C’est la porte ouverte à
l’exercice illégal de la médecine et les charlatans prolifèrent.
Mais à partir de 1803, Napoléon, réorganise la profession : « nul ne pourra embrasser la profession de
médecin, chirurgien ou d’officier de santé sans être examiné et reçu ».
Trois facultés sont créées, Paris, Strasbourg et Montpellier. On y délivre trois diplômes : médecin,
chirurgien et officier de santé.
Sur l’ensemble du territoire, il y aura vingt-deux écoles de médecine qui sont autant d’écoles préparant les
étudiants à l’entrée dans l’une des trois facultés.
4- La première école publique de médecine
Le 7 mai 1808, Napoléon signe à Bayonne un décret qui établit à Marseille, dans l’hôpital de l'HôtelDieu, l’école de médecine et de pharmacie de Marseille. « Il sera établi dans l’hospice de l’Hôtel-Dieu
de Marseille des cours théoriques et pratiques de médecine, de chirurgie et de pharmacie destinés à
l’instruction des officiers de santé. »
Par ailleurs, dans l'article 5, il est ajouté : « Il sera ouvert pour les jeunes gens qui suivront les cours de
l'Hôtel-Dieu un concours pour le choix des élèves internes ». C'est la fondation de l'internat des hôpitaux
de Marseille.
En fait, l’école de médecine et de pharmacie ne
fonctionnera qu’à partir de 1818, date à laquelle
s’ouvre effectivement l’Ecole secondaire de
médecine et de pharmacie à l’Hôtel-Dieu inaugurée
par le marquis de Montgrand, maire de Marseille
(illustration ci-contre))
L’enseignement consiste en cours théoriques et pratiques de médecine, de chirurgie et de pharmacie.
On y adjoint un cours d’accouchement pour former
les sages-femmes.
L'Ecole de Médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, par le Professeur Yves Baille
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�C’est la première école publique ; elle comporte six chaires auxquelles s’ajoute en 1821 une chaire
d’hygiène navale et de maladie des gens de mer, marquant l’ouverture de l’école marseillaise sur
l’outremer. L’enseignement de la pathologie exotique restera une caractéristique de notre école de
médecine.
Au début du XIXe siècle, il y a 150 étudiants inscrits, dont 33 étudiants en médecine et en chirurgie. Les
autres seront officiers de santé, pharmaciens, sages-femmes ou herboristes.
Dans cette école secondaire, les étudiants font les trois premières années de leur cursus. Ils doivent aller
ensuite dans une ville de faculté pour suivre la quatrième année et soutenir la thèse de doctorat en
médecine.
En 1841, l’école secondaire est transformée en école préparatoire ; elle ira s’installer, en partie, dans le
pavillon Daviel, situé en face à l’Hôtel-Dieu.
Dès 1860, la commission administrative des hospices, avec l’appui du maire, du Conseil général et de la
chambre de commerce, entreprend les démarches pour la transformation de l’école en faculté.
En 1869, l’école secondaire compte 360 étudiants dont 153 se destinent à la médecine ou à la chirurgie.
En 1876, l’école devient école de plein exercice ce qui permet aux étudiants de faire la totalité du cursus
de 4 ans à Marseille, mais ils sont toujours obligés de présenter leur thèse dans une ville de faculté (Paris,
Lyon ou Montpellier).
En 1891, le conseil municipal prenant acte de la mauvaise volonté du ministère décide de créer à ses frais
une faculté de médecine communale. Le ministère s’y oppose.
L’école de plein exercice quitte l’Hôtel-Dieu et le pavillon Daviel en 1893 pour s’installer dans le palais
du Pharo qui est rehaussé d’un étage et auquel on ajoute l’institut d’anatomie, en 1896.
Institut d'Anatomie
La transformation de l’école de médecine en faculté est demandée officiellement dès 1860 au ministère
par la commission des hospices, l’université d’Aix Marseille, le maire, le conseil général des Bouches-duRhône, la chambre de commerce, mais Paul Bert, rejette la demande, car écrit-il : « Marseille sera examiné en dernier, car sa faculté ferait une redoutable concurrence à Montpellier. ».
Il faut savoir que deux tiers des étudiants en médecine marseillais vont soutenir leur thèse à Montpellier,
avec ce que cela représente pour l’économie de la ville.
En 1890, le ministère est sur le point de céder. La totalité des élus de l’Hérault menace alors de déposer
leur démission pour éviter un concurrent à la faculté de médecine de Montpellier.
L'Ecole de Médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, par le Professeur Yves Baille
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�En 1896 puis en 1906, le Conseil d’université reformulera sa demande de création d’une faculté de
médecine à Marseille et de nouveau sous la pression de Montpellier, se heurtera au refus du ministère.
5- La création de la faculté de médecine
Enfin en 1923, le président Millerand signe le décret, cosigné par le ministre de l’Instruction publique et
des Beaux-Arts, le ministère des Finances et le ministère des Colonies.
En 1929, les universitaires et les politiques de Montpellier tenteront une ultime démarche pour faire annuler le décret Millerand de 1923. Mais cela sera vain, car Montpellier a perdu de sa superbe et de son
pouvoir au ministère.
Mais ce décret ne sera pas appliqué car Montpellier et Aix s’opposent toujours à la création d’une faculté
de médecine à Marseille.
Le 1er mai 1930, Marseille devient, enfin Faculté de médecine, et s’ouvre « la plus jeune faculté de
médecine de France, dans la plus ancienne ville des Gaules » selon la formule de Léon Imbert, le premier
doyen
Le nom de cette nouvelle faculté est unique en France : « Faculté mixte de médecine générale et coloniale
et de pharmacie ». Marseille est en effet la seule école de médecine française où il y a un enseignement de
médecine coloniale.
En 1958 la faculté quitte le palais du Pharo pour s’installer à la Timone ; elle perd le qualificatif de médecine coloniale et devient Faculté mixte de médecine et de pharmacie.(illustration ci-dessous))
En 1970, suivant la réforme Edgard Faure, la faculté mixte est divisée en quatre Unités d’enseignement et
de recherche (U.E.R) soit Médecine, Pharmacie, Odontologie et Médecine tropicale. La pharmacie prend
alors son indépendance.
L'Ecole de Médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, par le Professeur Yves Baille
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�Les facultés de Médecine, de Pharmacie, d’Odontologie, et l’Ecole de maïeutique sont les composantes
« santé » de l’Université de la Méditerranée, laquelle est depuis 2012, intégrée dans la grande et unique
« Aix-Marseille Université » regroupant également les universités de Provence et Paul Cézanne.
L'Ecole de Médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle, par le Professeur Yves Baille
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Ecole (L') de médecine de Marseille du 1er au XXIe siècle
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Médecine
Histoire de l'université
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De Jules César à Aix-Marseille Université, 2000 ans d'histoire de l'enseignement théorique et pratique de la médecine à Marseille
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Baille, Yves (1937-2017)
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2013
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Marseille
Abstract
A summary of the resource.
Nous remercions ici le Pr Jean-Louis Blanc, président de l’Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille (AAPMM), d'avoir autorisé la présentation de l'article du Pr Yves Baille consacré à l'histoire de l'enseignement de la médecine qui nous mène de l'Antiquité jusqu'aux plus récentes années de l'Université d'Aix-Marseille.<br /><br />L’AAPMM (loi 1901) a été fondée en 1996 par le Pr Yves Baille et a pour but de « réunir, conserver, mettre en valeur, exposer et ouvrir largement au public spécialisé ou non le patrimoine culturel et matériel, médical, pharmaceutique et odontologique de Marseille ». Elle est à l'origine, <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">dans le cadre de l’AP-HM, </span>de la création en 1998 du Conservatoire du Patrimoine Médical afin de réunir un centre de documentation et de recherches historiques et des collections muséales. <br /><br />L’AAPM publie également des ouvrages, des articles, des fiches didactiques sur l’histoire médicale et hospitalière de Marseille et alimente une base de données biographiques et bibliographiques.<br />
<p>Site internet de l'association : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/index.htm" target="_blank" rel="noopener" title="AAPMM">http://patrimoinemedical.univmed.fr/index.htm</a></p>
<br />Article d'Yves Baille : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_ecoledemedecine.pdf">http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_ecoledemedecine.pdf</a><br /><br />Archives des articles de l'association :
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Association des amis du patrimoine médical de Marseille (Marseille)
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monographie imprimée
printed monograph
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecins -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
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Association des Amis du Patrimoine Médical
de Marseille (A.A.P.M.M.)
Hôpital Salvator -13274 MARSEILLE CEDEX 09
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L’Ecole de médecine est née à l’Hôtel Dieu
par le Professeur Yves Baille
Il y a plus de 2000 ans Massalia, ville grecque, possédait une Ecole de médecine, la première des Gaules,
qui rayonnait sur tout le bassin méditerranéen.
Au Moyen Age, l’Ecole disparaît, Marseille tournée vers le négoce et la navigation laisse Montpellier
acquérir un prestige sans pareil, et l’Université de Montpellier restera célèbre pendant des siècles.
Il faudra attendre le début du XIXe siècle pour qu’une Ecole de médecine, de chirurgie et de pharmacie
soit créée. C’était en 1818 et l’Ecole ouvre à l’Hôtel Dieu.
La transformation de l’Ecole de médecine en Faculté ne sera obtenue qu’en 1930.
C’est sur cette période de 1818 à 1930 que nous voulons apporter quelques précisions.
L’Ecole secondaire de médecine de l’Hôtel Dieu
L’Hôtel Dieu a été le berceau de l’enseignement de la médecine à Marseille. Au XVIIe siècle un collège
de médecins donne un enseignement ; au début du XVIIIe siècle Jacques Daviel enseigne l’anatomie, et
fin XVIIIe les chirurgiens fondent un Collège dont les statuts sont reconnus par Louis XV. Après la
Révolution, le Cercle Médical rétablit un enseignement de la médecine tandis que l’enseignement de la
chirurgie est fait par le Collège des chirurgiens. Les écoles de médecine, de chirurgie et d’apothicairerie
restent séparées jusqu’en 1818, date à laquelle ouvre l’Ecole de médecine de chirurgie et de pharmacie
qui dispense un enseignement unique pour tous les étudiants. Auparavant les enseignements étaient
séparés, ce qui traduisait dans les faits le peu d’estime que les médecins de l’époque portaient aux
chirurgiens avec lesquels ils ne voulaient pas être confondus.
En 1808, le décret de Bayonne signé par Napoléon porte création d’un « enseignement de médecine, de
chirurgie et de pharmacie à l’Hôtel Dieu » .
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
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�Cet enseignement était en principe destiné en priorité à la formation des
Officiers de santé. En fait, cette école ne fonctionna que de manière très
irrégulière et ce n’est qu’en 1818, que par un arrêté du Ministre, les
professeurs de l’Ecole seront nommés. Le 3 novembre 1818, l’Ecole
secondaire de médecine et de pharmacie est inaugurée à l’Hôtel Dieu
par le Maire, le Marquis de Montgrand (photo ci-contre).
L’enseignement consiste en cours théoriques et pratiques de médecine,
de chirurgie, de chimie et de pharmacie. On y adjoint un cours
d’accouchement pour former les sages femmes. Pour la première fois,
les futurs médecins, chirurgiens et pharmaciens sont réunis dans une
même école. Cette école comprend six chaires, et en 1821 sur
proposition du Conseil d’Administration des hospices, le Conseil royal
de l’instruction publique ajoute une nouvelle chaire « d’hygiène navale
et des maladies des gens de mer ». Marseille, grand port ouvert sur
l’Outre Mer, témoigne ainsi de l’intérêt qu’elle a toujours porté aux problèmes des maladies exotiques qui
se sont manifestées cruellement au fil des siècles par les épidémies venues des échelles du Levant.
L’enseignement de la pathologie exotique restera une des caractéristiques de notre Ecole de médecine.
Dès l’ouverture de l’Ecole, un conflit éclate entre la Commission Administrative des hospices et les
enseignants de l’Ecole. En effet, l’Ecole a été créée à l’initiative de la Commission des hospices, elle se
trouve dans les locaux de l’Hôtel Dieu, et les frais de fonctionnement sont portés au budget des hôpitaux.
Les administrateurs des hospices vont donc tout naturellement vouloir garder un pouvoir sans partage sur
l’organisation des études et sur la nomination des professeurs.
Dans un rapport la Commission souligne que « les rapports intimes qui existent entre le service de l’Ecole
secondaire de médecine et celui de l’Hôtel Dieu, exigent une unité de direction sans laquelle ces deux
services se froisseraient mutuellement.
L’administration s’occupe, sous l’autorité du Préfet et du Ministre de l’Intérieur, de l’organisation des
cours, de la nomination des professeurs. » Mais les étudiants et les professeurs seront placés par décision
ministérielle sous l’autorité de la Commission de l’instruction publique et se retrouvent donc dans le
giron de l’Université d’Aix Marseille dont elle dépend.
La suite de l’histoire est émaillée de conflits périodiques et souvent sévères entre l’Ecole de médecine et
l’administration des hospices.
La première année de fonctionnement l’Ecole accueille 150 étudiants dont 33 se destinent à la médecine
et à la chirurgie. Les autres seront pharmaciens, officiers de santé, herboristes ou sages femmes.
En 1819, c’est le chirurgien Joseph Thomas Moulaud
qui est nommé directeur de l’Ecole (photo ci-contre).
Le destin de cet homme est extraordinaire car il s’agit
d’un enfant abandonné à l’Hôtel Dieu, élevé comme
enfant de l’hôpital. Les recteurs le placeront à
l’apprentissage de la chirurgie et il deviendra interne
gagnant maîtrise, puis chirurgien chef de l’hôpital et
enfin directeur de l’Ecole.
A l’époque, les études médicales durent quatre ans.
Les étudiants font leurs trois premières années
d’études à Marseille, l’Ecole secondaire les préparant à
leur entrée en faculté. Ils doivent donc quitter
Marseille pour aller faire leur 4e année de médecine et
passer leur thèse dans une ville de faculté. Ce sera le
plus souvent Montpellier. En 1875, l’Ecole secondaire
devient Ecole de plein exercice, cela signifie que les
étudiants peuvent effectuer les quatre années d’études
à Marseille mais ils doivent toujours aller passer les
examens de fin de 4e année et leur thèse à Montpellier.
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
2/4
�Les locaux de l’Hôtel Dieu ne suffisent plus à assurer à la fois les soins des malades (car à l’époque,
l’Hôtel Dieu est le seul hôpital de malades de la ville) et la réception des étudiants en médecine toujours
plus nombreux du fait de l’augmentation de la population marseillaise.
C’est alors que la ville de Marseille va mettre à disposition de l’Ecole de médecine le pavillon
Daviel.(photo ci-dessous) Ce bâtiment situé juste en face de l’Hôtel Dieu avait été l’ancien Palais de
Justice.
Dans les quartiers de l’Hôtel Dieu se trouve ainsi réunis, l’enseignement théorique dispensé au Pavillon
Daviel, l’enseignement clinique à l’Hôtel Dieu, et l’anatomie dont les démonstrations se font dans un
amphithéâtre situé à la Monté des Accoules.
L’école de médecine va au Palais du Pharo et se transforme en Faculté
En 1893, le nombre des étudiants est de 360 dont 153 se destinent à la médecine. Les locaux s’avèrent à
nouveau insuffisants. (photo ci-après) C’est alors que la ville met à la disposition de l’Ecole le Palais du
Pharo et l’Ecole de médecine et de pharmacie s’installe dans ce Palais qui avait été construit pour
Napoléon III. Elle y restera jusqu’en 1958, date à laquelle elle rejoindra les terrains de la Timone.
C’est le 1er mai 1930 que l’Ecole de plein exercice de médecine sera transformée en Faculté. Les
étudiants peuvent dorénavant faire toutes leurs études et passer leur thèse à Marseille.
En 1930 il y a 1300 étudiants inscrits à la Faculté et parmi eux il y a 84 étudiants étrangers, ce qui
témoigne de la réputation de notre Ecole au-delà des frontières.
On peut s’étonner que Marseille, qui a été, il y a plus de 2000 ans, la première Ecole de médecine des
Gaules, n’ait obtenu sa Faculté de médecine qu’en 1930. Dans le rang d’ancienneté, elle vient après Paris,
Strasbourg et Montpellier qui date de la Révolution et après Lyon, Nancy, Bordeaux, Toulouse et Alger.
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
3/4
�Dès 1860, la Commission des hospices, avec l’appui du Maire, du Conseil Général et de la Chambre de
commerce avait entrepris les démarches pour la transformation de l’Ecole en Faculté.
En 1891, le Conseil Municipal prenant acte de la mauvaise volonté du Ministère décide de créer, à ses
frais, une Faculté de médecine communale. Le Ministre s’y opposera.
Finalement, c’est en 1923, que le Président Millerand signera le décret de la création de la Faculté de
médecine. Le texte est cosigné par le Ministre de l’enseignement et par le Ministre des colonies. Il faudra
attendre encore 7 ans pour que s’ouvrent la « Faculté de médecine générale et coloniale et de
pharmacie ». Le Professeur Léon Imbert, premier Doyen écrira « la plus vieille ville de France possède la
plus jeune faculté de médecine de France. Si Marseille a eu sa Faculté si tard, c’est parce que Paris ne
voulait pas que l’on porte ombrage à Montpellier ». Dans un rapport ministériel on lit que « créer une
Faculté de médecine à Marseille serait frapper à mort la Faculté de Montpellier ».
De son côté, Montpellier savait défendre ses intérêts.
En 1890, alors que le Ministère était sur le point de céder à la demande des Marseillais, la totalité des élus
de l’Hérault menacèrent de déposer le même jour leur démission si l’on ouvrait la Faculté de Marseille.
En 1929, les universitaires et les politiques de Montpellier tenteront une ultime démarche pour faire
rapporter le décret que le Président Millerand avait signé en 1923.
Mais cela sera en vain car la Faculté de Montpellier a beaucoup perdu de sa superbe. Les deux tiers des
étudiants qui passent leur thèse à Montpellier sont originaires de Marseille et ceci explique que les élus de
l’Hérault se soient mobilisés avec tant d’énergie. Les étudiants marseillais représentaient en effet une
manne pour les commerçants de Montpellier.
Nous avons limité notre présentation à la période 1818,à 1930, c’est à dire de la naissance officielle de
l’Ecole de médecine de Marseille à l’ouverture de la Faculté.
Actuellement, les facultés de médecine, de pharmacie et d’odontologie sont des composantes de
l’Université de la Méditerranée. Les rapports entre les facultés et l’administration de l’Assistance
Publique sont régis par convention. Hôpitaux et Faculté ont des intérêts communs. Le prestige des
hôpitaux rehausse la réputation de nos facultés, le rayonnement des facultés ne peut que profiter à la
renommée des hôpitaux.
L’Ecole de Médecine est née à l’Hôtel Dieu, par le Professeur Yves Baille
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Abstract
A summary of the resource.
Nous remercions ici le Pr Jean-Louis Blanc, président de l’Association des Amis du Patrimoine Médical de Marseille (AAPMM), d'avoir autorisé la présentation de l'article du Pr Yves Baille consacré à l'histoire de l'enseignement de la médecine qui nous mène de l'Antiquité jusqu'aux plus récentes années de l'Université d'Aix-Marseille.<br /><br />L’AAPMM (loi 1901) a été fondée en 1996 par le Pr Yves Baille et a pour but de « réunir, conserver, mettre en valeur, exposer et ouvrir largement au public spécialisé ou non le patrimoine culturel et matériel, médical, pharmaceutique et odontologique de Marseille ». Elle est à l'origine, <span style="font-family: Arial, Helvetica, sans-serif;">dans le cadre de l’AP-HM, </span>de la création en 1998 du Conservatoire du Patrimoine Médical afin de réunir un centre de documentation et de recherches historiques et des collections muséales. <br /><br />L’AAPM publie également des ouvrages, des articles, des fiches didactiques sur l’histoire médicale et hospitalière de Marseille et alimente une base de données biographiques et bibliographiques.<br />
<p>Site internet de l'association : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/index.htm" target="_blank" rel="noopener" title="AAPMM">http://patrimoinemedical.univmed.fr/index.htm</a></p>
<br />Article d'Yves Baille : <a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/ecolemedecine_hoteldieu.pdf" target="_blank" rel="noopener" title="Ecole de médecine">http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/ecolemedecine_hoteldieu.pdf</a><br /><br />Archives des articles de l'association :
<p><a href="http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/articles_archives_sommaire.htm">http://patrimoinemedical.univmed.fr/articles/articles_archives_sommaire.htm</a></p>
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Association des amis du patrimoine médical de Marseille (Marseille)
Description
An account of the resource
L'Ecole de médecine de Marseille ouvre ses portes à l'Hôtel Dieu dès 1818 mais ne devient la Faculté de médecine générale et coloniale et de pharmacie qu'en 1930, après son installation au Palais du Pharo
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 18..
Marseille. 19..
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecins -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/641/BUT-40044_Revue-medicale_1927_Oddo.pdf
2a89c2f74cc5de0b296d9f4faf1409a8
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
tradition (La) clinique de l’Ecole de Médecine de Marseille
Subject
The topic of the resource
Médecine
Santé publique
Histoire de l'université
Description
An account of the resource
Depuis Néron, l’Ecole de Médecine de Marseille a toujours privilégié l'approche clinique et l'étude directe et exacte des malades comme en témoigne le dévouement du corps médical durant la grande peste de 1720.
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Oddo, Constantin (1860-1926, médecin). Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU médecine-ondotologie (Marseille), cote BUT-40044
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1927
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/252786777
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUT-40044_Revue-medicale_1927_Oddo_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
10 p. + ill
cm
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/641
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Marseille. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Cet article a été publié dans la "Revue médicale de France et des colonies : recueil mensuel de travaux originaux de revues critiques (1923-1931), numéro 4 paru en avril 1927, p. 183-193.<br /><br />En son hommage, article posthume illustré du portrait de son autuer, Constantin Oddo (1860-1926).<br /><br />Depuis l'époque de Néron jusqu'au début du 20e siècle, l’Ecole de Médecine de Marseille a toujours privilégié l'approche clinique et l'examen concret des malades comme en témoigne le dévouement du corps médical durant la peste de de 1720. L'éloge de cette tradition s'appuie sur l'évocation des grands clinicens qui ont oeuvré à Marseille comme Crinas et Charmis (Rome antique du 1er siècle), Peyssonnel (18e), Girard (19e) et Fabre (20e).
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU médecine-odontologie (Marseille)
Enseignement médical -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecine -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire
Médecins -- France -- Marseille (Bouches-du-Rhône) -- Histoire