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CONSIDÉRA TIONS
SUR
L ' ORDRE
DI!
CINCINNATUS,
o
U
IMITATION
D'u n Pamphlet
Par le
ANGLO-AMÉRICt\IN.
COMTE
'DE MIRABEAU.
SUIVIES
De plu6eurs Piéces rdari 'les à cette Ionieution ;
b'une Le ttre fig née du Général W A SH I N G T 0 If •
ac compagnée de Remarques par l'Auteur François;
Et d' une Lenre de fe u MonGeur T URGOT ~ Minilhe d'Etat
~n Fran ce 1 au D oéteur P Rie E , CUl les LégiGaÔon.
Améri ctJtntl.
Tut glory of SolditCl '/llIno, he complcud Wi thout aéIing weil ,he
p ~rt
ofCiti(tIls.
La gloire des Guerriers ne fauroit être complète , qu~ lor rqu'ils ra~
,ent remplir les d~voirs des Citoyens.
Lmre CirClllt1.ÎrtatLT SocilctJ d'Eta, dt rordre
des Cincinnati . fig ntt du. Général Wash ington .
L 0 ND RE S,
Chez J. J
0 H N S ON,
St. Pau}'s Cburch. Yard.
lI!.
L X X X 1 V.
DCC.
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or
�CONSIDÉRA TIONS
SUR
L ' ORDRE
DI!
CINCINNATUS,
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IMITATION
D'u n Pamphlet
Par le
ANGLO-AMÉRICt\IN.
COMTE
'DE MIRABEAU.
SUIVIES
De plu6eurs Piéces rdari 'les à cette Ionieution ;
b'une Le ttre fig née du Général W A SH I N G T 0 If •
ac compagnée de Remarques par l'Auteur François;
Et d' une Lenre de fe u MonGeur T URGOT ~ Minilhe d'Etat
~n Fran ce 1 au D oéteur P Rie E , CUl les LégiGaÔon.
Améri ctJtntl.
Tut glory of SolditCl '/llIno, he complcud Wi thout aéIing weil ,he
p ~rt
ofCiti(tIls.
La gloire des Guerriers ne fauroit être complète , qu~ lor rqu'ils ra~
,ent remplir les d~voirs des Citoyens.
Lmre CirClllt1.ÎrtatLT SocilctJ d'Eta, dt rordre
des Cincinnati . fig ntt du. Général Wash ington .
L 0 ND RE S,
Chez J. J
0 H N S ON,
St. Pau}'s Cburch. Yard.
lI!.
L X X X 1 V.
DCC.
1
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A
v
1
s.
J
',
n'ai jamais rien imprimé fous
un nom que mon Pere a rendu dif.
ncile à porter. J'ai cru jufqu'ici
pouvoir me permettre de ne point
avouer les premiers effais d'Ull
homme jeune encore, & qui plus
qu'un autre abefoin de maturité.
E
____ Populi imperium jW)llà libmatem; paucorom dominatio rrgiœ lihidini propior ejl.
Tacit. ann, L. 6. C. ,p.
J'aurois plus long-tems, & peutêtre toujours fait de même; mais des
circonfiances très. connues m'ayant
fo~cé de quitter mon pays , je crois
me devoir de ne publier défor •
.
malS que des écrits avoués. On
ne manqueroit pas, fi je néglige ois
A2
�[ vi ]
cette précaution, de me donner pout
l'auteur des ouvrages les plus capables de me compromettre. Je prote fie donc que tout ce qui déformais ne portera pas mon nom, me
fera fauffement attribué ; & j'ef:
père que ceux qui m'honorent de
leur haine, s'appercevront que pour
avoir pris un tel engagement , Je
n'en
ferai pas plus timide.
,
L'infiitution de l'Ordre de CINCINNATUS, à l'occalion de laquelle
l'écrit fuivant a été compofé, vient
d'éprouver une mez grande révolution, dont nous rendrons un compte
détaillé à la fuite de cet ouvrage.
La Société des Cincinnati, inllituée Mréditaire . , l'étoit encore,
[ v ]
lorfque j'ai pris la plume. Les Af[ociés ont renoncé depuis à cette
partie de leurs fiatuts; on le verra
dans le Pofifcriptum. Mais comme
je crois y avoir démontré que les
conféquences de leur infiitution
[ont précifément les mêmes ; que
leur dignité continuera d'être héréditaire au moins dans l'opinion, véritable liège de la nobleffe , & qu'en
laiffant fublifier les Cincinnati , 011
ne fauroit les empêcher d'être au
moins perpétuels; comme d'ailleurs
la partie de cet ouvrage qui concerne
l'hérédité contient peut- être quelques vérités neuves , ou dites d'une
maniere nouvelle, & des déduéhons
importantes , j'ai cru devoir lailler
cet écrit dans l'ordre qui lui avoit été
defiillé avant l'abolition del'hérédité,
At
�[ vj ]
[ vij ]
laquelle ne change point l'état de 1"
quefiion autant qu'on aiIèétera de le
Efquire , one of the Chief luflices of the
CfOIre.
épigraphe , Blow ye the trumpet in
State of South Carolina : Avec cette
Zion,
Le titre de cet ouvrage n'efi point
une fraude officieufe. Il a paru l'année paflëe à Philadelphie, chez Robm
Bell, in Third-flreet , un pamphlet
écrit en Anglais fous ce titre: Conjidérations on the fociety or order of Cin_
cùznati , lately inflituted by tlze MajorGenerals , Brigadier-GeneraIs, and other
officers of the Amerlcan army , provùzg
tlzat it creates a race of hereditary Patricians or Nobility ; interJPerfed with re~
marks on ils confe'luences to tlze freedom
and lzappinefs of the Republic .' addreJ1èd
to the people of South - Carolina , and
tlzeir reprefentatives : by. Ccif1ius. Suppo.
fed to he written by lEdanus Burke,
Ce pamphlet, peu ou point Celnnt!
en Europe , contient en fubfiance'
l'ouvrage que nous rendons public.
Si je me fuis permis de changer
l'ordre des idées, d'élaguer des longueurs, de fupprimer quelques détails relatifs à la Caroline Méridionale , qui m'ont paru trop particu~
liers à ce t Etat pour ne pas faire digreffion dans' des ob[ervations génél'ales; c'efi que je penfe, qu'en traniportant dans notre langue des écrits
étrangers, il faut les rendre les plus
faciles à lire qu'il efi poffible. Orchaque langue & cha ~Iu e nation a
A4
�( viij ]
des manieres différentes d'arrange!'
& d'énoncer [es idées.
Au refte , j'ai cru pouvoir me
permettre, pour prix de mon travail , de m'abandonner à quelquesuns de mes mouvemens.
INTRODUCTION.
UNE Sociét~
compofée des Généraux &
des officiers fupérieurs & inférieurs de l'Armée
& de la Marine des Etats-unis de l'Amériqu e .
s'ell établie dans toutes les Provinces qui form ent la Confédération Anglo - Amér ica ine.
Inftitu~e fou s le nom de Soc iété des Cincinnati.
elle eft déjà parvenue à un degré de mat urité
r emarquable. Ch aque jour apporte des forces
impofames à cette AJTocia(ion héréditaire>
perpétuelle & richement dotée, qui compte
parmi fes membres ce que l'Amérique a de
plus diltingué , & nommément l'illuftre
,W ashington.
Outre une A/{'emblée générale de la Socié té
déjà combinée & convoquée , il exifte dans
çhaque Etat une AJTemblé particulière & fubordonnée ; & ces dernières encore feront fous-div ifées en autant de diftriéh que l'auront décrété
les Sociétés particul ières. L'Affemblée générale
doit être convoquée chaque année ( l ) , & du-
( 1)
Le premier Lundi. du mois de Mai.
�[ x ]
[ xJ ]
rer autant que les membres de la Société le ju-
rances le·demandenr.
aura fon Pré Gdent & fes officiers. (1 ) Les Soci étés d'Etat [ont tenues de communiqu er annuellement entr'elles par des lettres circulaires.
L'AlTemblée générale doit être compofée de fes
pro pre officiers , &,d es R epréfentan s de chaque
Société d' Et at au nombre de cing ( 2) , d om la
dépen Ce fera à la charge de chaque AlTemblée
particuli ère.
L e Ma jor G énéral Baron de St euben ell: élu.
G rand _ maître de la Soci été, fous le t itre
p lus mode ll:e de PréGdent ( J ); & chaque ACCemblé d'E tat, ainG que l'AlTemblée générale,
L es Cinci nnati portent une marque d'honneur, par laquelle ils font reconnus & dill:ingués. Ce ll: une médaille d'or en fGrme d'aigle ,
avec une inCcript ion en exergue , & une aut re
ger ont nécelTaire.
•
I ndépendamment de cette AlTemblée annuelle , il s'en tiendra une extraord ina ire au
mo ins tOUS les tro is ans. Les AlTemblées particu li ères ou d'Etat auront lieu le quatre Juillet
de chàque année , & plus fou vent fi les circonC-
C'eft auj ourd'hu i le Général \'(/ashingcon , qui eft
Crand.maîrre de l'ordre : il en a donné lui· même avi-s
il Monueu r de Rochambeau dan s une let cre du 19 Ocrobre 178 3 ; 8<. voici comm ent il parle d.:ms ce u e le rr re
(1 )
de l'inftirutlon des Cincin ua ü. « Ma nueu r ) les officiers
'l de l':lrn~ée Améri cai ne ) D ans le delrein de perpétu er
::1)
::1)
cette amitié mutuelle qui a été formée durant le rems
du dange r & de la dérreife commune , & pou r d' autr es
») delTe ins men tionnés dans Il nfticudo n , Ce (on t avant
» leur féparation allociés dans une Sociéré d'am.is, fous
~ le nom de
»)
Cincin natus; & m'aya nt honoré de l'offi ee de leur Préfidellt-G lnéra l , c 'eft une pan ie de
» mon devoir bien ag réab le, de vou s in fo rm e r que la
» Soci été s'dt f~ü t l'honneur de vous co nfid ére r , ai nfi
" que les Généraux & les Colonels de l'armée que vou.
:0
»)
com ma,n diez. en An).érique , comme membres de la
Soc iété .
»
t)
Le Major l'Enfant , qui aura ,'h onneu r de vous re -
meure cett e le tt re) eft cha rge: par la Socié té de l'exé..
~) cu ti on de leurs o rdres en
Fran ce ) & il eft: éga le-
» men t chargé de vous reme Hre une des prerni è: es mar-
ques qui feront faites . ll l'eit auffi de vous délivre r les
» ordres pour les Gen tilshommes de votre Armée ci ») dev ant men tion nés , que je prend s la liben é de vous
» prier de leur préfeoter au no m de la Sociéré. Auffi-rè t
» que le Diplôme fe ra fait , j'aurai l'honneu r de vous
:n
» l'.!dreifer.
(1 ) PréGdent , Vice-PréGdenr , Se crf rai re, T ré [o-
der,
Vice- T r éforier ~
( » Ali plus.
�l xij l
au revers, (ai fant alluLion à l'é poque de l'infiiturion de l'Ordre, & au falut de la République
opéIé par fes membres. Cette marque de dillincr ion eH fufpendue à un ruban bleu foncé & lifé ré de blanc, fymbole de l'union de l'Amérique
avec la France. C haque membre de la Société
doit porter ce ruban & cerre m édaille, comme
on porte en Europe les croix & autres marques
de Chevalerie:
D éjà les Cincinnati om conféré l'honneur &
les prérogati ves de leur ordre à l'A mbaffadeur
de France ~ à Mr. G erard ci-devant Mini[lre
Pléni potent iaire de cerre puiffance ; aux Généfaux François qU,i fur terre & fur mer Ont combattu pour les Américains , aux Colonels de
l'Armée emplo yée dans le Continent, & même
aux Capitaines de vaiffeau des Aorres Françoifes.
Aïnli le Gouvernement de France a permis à
fes fujets ce ligne d'adoption d'une République
formée par une infurreétion de Colonies m écontentes.
Tel eil en peu de mots l'objet des Con/idératians fui vantes.
CONSIDÉRA TIONS
SUR
L'ORDRE
DE
C 1 N C 1 N NAT U
s.
C'E
S T à la fin du dix-hui tie me fiécle , au
moment où l'Amérique fembloit ouvrir un
afyle à l'efpèce humaine , au moment où la
révolucion la plus étonnante, la feule peut· être
qu'avoue la philofophie , appelle tous les regards fur l'autre Hémifphere , que la Socié:é
des Cincinnati s'établi t dans le Continent ent ier
de l'Am éri que régé nérée; fans que le Congrès
qui repréfente & rég it la Conredération América ine , fans qu'aucun des Etats-unis , fans
qu'aucun Corps dans ces Etats ( 1 ) , y (orme la
( ,) Le Canreil des Cmft un pa r eJ:cmpte ) créé par le qua ..
tante- feprÎeme Article de la Confi i(U(ion de Penfylvanie
pour exami ner fi la Conflirution aéré conft:rvée dans mures
Ces pa nies fans IJ moindre arteime , devroi t (ans doute: s'oc ..
,uper d'un é, .. bli!f~m em auffi important que celui des Cin..
�[
!:.
l
plus légère oppoCition ; fans qu'aucun pàrticulier ofe adrelfer à fes Concitoyens la moindre
obCervation (1) Cur cet ordre, d'un genre abfolument nouveau, qui doit infailliblement & bientÔt changer la face du pays qui l'a vu naître.
Plus je réfléchis Cur cette Infiitution , & Cut
les fuites politiques qu'elle aura inévitablement;
plus je m'étonne que créée d'elle. même , profondément conçue, Cecrètement & rapidement
exécutée, Ce préfentaqt fous une apparence à la
fois hardie & doute~fe, elle n'excite pas l'attention générale. S'il étoit en moi d'cnviCager
un feul inl1ant cet ordre avec indifférence; li
m on efpric & la philolo phie du moment co mmandaient à ce point à mon cœur ; je ne pourrais pas m'empêc her de fourire en voyant ces
Américains, qui dans leurs Alfemblies géné-
cinnati ; mais un Con{eil , qui ne s'a{femble que touS les
fept ans l eil: peu propre à s'opporer {ubicemem aux abus
qui ~'élevent dans l'état, ou à réparer les (ons faits à la
conftnution l &: devient très-probablemem un (onreil inutile. -- Au r(fie , voye z le Pollfcriptum.
( J ) L'Auteur Américain affure que cette Inf'litution n'dt
ras même l'objet des co nverfacio ns parti cul i ~ re$. J'et chae
i~
3hould ha.vt ba n Jo lirdt acrtnd rd ,o ,char ie iJ not Mltn che [u".
of 4 pnllau con lltrJarion : {eroie-cc imprèvoyanc e OU [er•.
} ta
leur? _.. Au refie , voyez le Pan leripturn ..
[ 3 ]
raIes lX particulières, déclament avec aigreur
contre de petits maux, s'acharnent [ur les foible~
Telles d'un parti qui n'a plus d 'importance,
chalfent avec fureur les Tories, lailfer introduire
chez eux, [ans m ême y regarder, un établilfement qui doit avant peu miner la chaCe publique,
la Liberté, la Patrie; ravir aux cJalfes moyennes
& inférieures toute influence , toute conCidération; les vouer au mépris le moins dégui[é ;
les réduire à la nullité la plus complète, & tOUt
au plus au trifte privilège de .murmurer quand
il ne fera plus cems de rem édier au mal ...••
biCarre imprévoyance d'une multitude inconftciérée?
Qu'eft.ce en effet que l'ordre des Cincinnati ?
A en juger par fan apparence extérieure, & peur
parler ainfl , par le Profpeétus qui en a circulé
dans les Etats-unis ; l'ordre des Cincinnati
<c ell une AjJociation,une C;njlitution,une Corn·
" binaifon des Généraux & des autres Officiers
" de l'Armée qui ont fervi pendant trois an" nées, ou qui ont été réformés par le Con" grès, & qui [e ralfemblent dans une Société
" d'A mis, pour perpétuer la mémoire de la Ré~ volution , & de leur mutuel dévouement.
" Cette Société doit durer autant qu'eux-mêmes
., &leur Pr1liriti mâle la plus recuU,;&/i celle-ci
�[ 4-
[ 5J
J
., vient à manquer, AUTANT ~U Il LES BR Aft·
" CHES COLLATÉ1\ALES JUGÉES DIGNE!
" D'ÊTRE MEMBR ES ET SOUTIENS liE l'As» SO CIATION ,Son objet efi de s'occup ER 1 N" CESSAMMENT A CONSER VER INTACTS LES
" D1\01T5 LBS PLUS ÉM INENS DE LA NA" TU 1\ E HUM AIN E , pour laquelle il Ont com" battu & verCé leur Cang , V'ÉTABLIR ET
n'ENTRETENIR
:»
L'HONNEUR
NATIONAL
" ET L'UNION ENTRE LES ETATS RESI'EC >, 1' 1 F S ; de rendre permanens l'affeaion cordia" le, l'eCprit & l'amour fraternel parmi les
" officiers; & de répandre des bienfaits Cur ceux
" d'enrr'eux & de leurs parens que le malheuX!
" pourroit réduire au beCoin. " ( 1 )
( 1 )
AJrociation, Confli~wcion, 4nd ComLination of rite G t ntralJ ,
dnd oth er Offi ctr j of rltt Arm, who havt Javtd tltru ytars , or 'VHTt
dtrançtd by Congufs ,into
Il
Socitty of FrÎtnds ,to pt rptruatt t'I~
memory of rat Revolution and thtir own mutulll fritndfhip ; to en dure ilS long 4S th ey fltall t ndurt, or Iln, of their eldtft malt-pofleTir] ; and in flltlure ch ertof , rhe ' collactral br!lnches l'lIhil may be
judgd worchy of btcoming jcs JUPpOrftrs and mt mLtrs: to alCtnd
i nC(ffanrly CI' prtftrltt inviolace the tralced righu a.n.d libtrtits of
hUITUn narurt , for nhich th ty f ouht <t Ilnd bled: to promote and.
chtr:fh Let Vil u
fO
n
lh t rtfptéli'Vt S,aces J union and national honour :
render ptrmantnt, cordial affdlion ,and th e fp irit of broth{rly
i-indne[J among th e offi ct rs : tO excend G.é1s of btntJictnct tonaras
thofe "ffictrs a nd chûr familles who ma, unfornmartl, he unde r
Fhe n ec~JJit, of r!,ti1liDg; jc.
Chacun
Chacun des Cincinnat i avance un mois de fa
paie à cet effet; & l'inilirurion eil de relie
nature qu'elle admet, pour groflir ce fond, les
dons des perConnes même qui ne compoCent pas
la Cociété.
Aillfi de même que les Députés repréCentans
chaque Société d'Etat, forment, par une feule
convocat ion, l'altembleé générale ou le cong rès de cet ordre; les fond. defiinés pour un
o bjet de charité ou de générofité , auquel tOUS
les Américains COnt appellés & admis à con~ourir, formeront un tréCor aux ordres de
l'Alfociation. ( 1 )
~----------------------------------( r ) L'ordre des Cincinnati n'a pas même è!fayé de voiler
te projet; car leur premier diplôme pone cn cermes exprès.
que le mois dt: paie avancé par chaque officier reflua PO li R..
TOUJOUR S au profit d~ l,a. dite SQciirl ; l es intirêes SEULE.
MENT. fiJ.iv.lnt a qui fua j u.~i ni ceJJa.in. f a on: ttppropriés /lu,
f Qu14gcmmc du inforcun is. Ainfi la bienfairance annuelle Sc:.
tant vant~e des Cinci nnati fe redutt à
.!... de lear
,,0
paie;
oc le
Cariraine qui awoit d€.luze cens livres a 'appointem em y contribuera de cent fols. On lit encore dans ce diplôme : Jl tif
probable qUt 'llulqut s pt r!onnts ffrOilt dts donllci!)r:s li 1l1Sociici
~n ira.le dan s le dtfft in d'éta.blÎr du fonds pour le f ecOiJ.rs du
i nforcunis dans [tfutl cas cu don acion.! [tronc placis dans les
lftll inJ du T dJo rier gi néra,l.
&- l'AffembUt grnir'J1e difpofutl
f u.ivanc l~ nicefficl SE ULEMENT dt l'inttrit d e cu fond:--_
Voyt:z. le Pofifcri ptum.
B.
�t 1
[ 6 ]
Et pour crompléter fa conliaance & Ces
forces , les Affociés Ont !l atué l'article [uivant :
"
COMME VAN S TOUS LE STEMS, ILSE TROU·
"
VERA VANS L ES ETATS RESPECTIFS DES
.:»
HOM .M ES ,DI ST I NGUÉS
:u
L ENS ET LE UR PATIUOTISME, DONT, LES
"
VUES LOUABLES .'VRONT LE MtME BUT
,>
QUE
"
LE S HOMMES DECETTE RÉPUTATION COM-
"
ME MEMBRES HONORAIRES DE LA SOCIÉ-
"
TÉ
PAR LEURS T A-
LES CIN CI NNAT I,
PENDANT LE UR
ON
VIE
ADMETTRA
SEV LEMENT ;
:» POURVU «-UE LE NOMBRE DES MEMBRES
jO
HONORA I RES !\'EXCÈDE PAS DANS LA PRO·
"
PORTION
,>
DES OFFICIERS ET DE LEURS \)E S~EN
l"UN CONTRE QUATRE
CE LV[
»DANS .(I)
Cette polit ique profonde t end viliblement à
intéreffer les Chefs de chaque Etat à l'Affociation, qui exclu t ainli tacitement les m embres
de la roc iété univer felle, dont la pauvreté, (dans
les Républi ques même elle
la vraie roture, )
éteindroit la confidération, & enféveliro it les
ea
(IJ And cU thrrr JlviUarall lime.1 be men in ,hr rt[pt élive Statu,
tminent for rhtir abilüits dn d patrioûfm. fll/hOIt lIiUII$ ma) bt di.
rtfhd co tht fame [audahir objt8s vyich choIt of the Cin cinnati; ie
lhalL bi ll rult
7
talens. AuflÎ l'h omme du peuple & de l'année j
le général Washingtun , dl- il déjà membre
honotaire de l'ordre (1) qui, fans doute , pour
rendre inattaquable {on exiaence ,cherche des
recrues & des appuis dans touces les Monarchies
de l'E urope. La circonfpeél:ion natu rell e , qu i
paroît le caraél:ère diainél:i f & la plus grande
des qualités de cet homme célèbre, ne lui a
permi s la neutralité entre fa Patrie & les Cincinnati, qu'auffi long-terris que l'A ffociat ion
n'a point été f",mée. Le jour où l'a doption
des membres honoraires a été votée, Wash ington, li grand quand il voulut redever.ir Un limpIe particulier, WashingtOn, premier Citoyen
& Bienfai reur d'un pen pie qu'i l a rendu libre,
a voulu fe dia inguer de ce peuple 1 Pourquoi
n'a-t-il pas fenti que fon nom étOit au - deffus
de toute diainél:ion ? Héros de la Rév oluti on
qui brifoit les fers de la moitié du mond e , comment n'a- t il pas dédaigné l'honneur coupable,
dan;;ereux & vulgaire d'être le Hérvs d'un
patti'
Si l'adop tion honoraire des principaux
h ommes de l'Etat ea une combinai{on (avante
admitfuch ch12 r.JEltrs al honorary mtmbus of che
(t) Ona vù dan s l' IotroduéHon, ncre (~), que washington
SociteJ ~ for thtÎr OVli'n lives onlf ; providtd chat tht Rumb!:r of the
honorary mtmbtrJ dots not txcud a racioo! ont tO fou.r l ofche oJfi....
émit aujourd'hui PréGdent de l'crdte ; le Baron de Steubeq
n'écoie qu'uo prêrc.nom.
ccrs and
tQ
,bdrdtJc~nd4nul
B
1.
�[ s]
& r edoutable, on trouve la même profondeur
de polirique dans la proportion ling uli ère que
l'aéle d'Aifociation établit entre les honoraires
& les aucres membres de l'ordre. L es Cincinnati om voulu que les Honoraires ne puirent
former au plus qu' un cinquième de leur corps ,
ils om voulu maÎtri[er le peuple par ceux qui
!~ ro ient chargés du Gouvpnement, & [e ré[erver
l~ pouvoir de faire trembler ce Go uvernement
l, ar leur nombre & leur force mibtaire.
L a (orce milit~ire a été l'unique objet de leur
pen fée , parce qu 'elle étùit le grand moyen de
leurs projets. C'eft pour cela qu'i ls Ont rHervé
l'hérédité aux [euls Militaires. lis [e fom , en
nais lég ionnaires, permis d'êtré injuRes envers
lem's Co-opérateurs les plus difiing ués , que des
dev oirs non moins importa!" Ont empêché de
combattre; ils ont jugé que la g loire de la
fêt e devo it être fubordonnée à telle du bras , &
'lue les de fcendans ( 1 ) des
[uJfifamment honorés par une diftinétion pafIls leur on préréré ju(qu'à ceu% qui pour COut avanrage
devoiem le jour aux officiers morts. (c. En rimoig/Jagt d altflioR
làgère , devoient rentrer enfui te dans la c1a~e
v ulga ire des Pl ébé iens.
Peut- être aurIi renonçoit-on il c ~s grands &
rages Citoyens, vérit<\blemem di gnes de (onder
des Etats; peut - ê tre craignoit - on leur p ré~
v oyante lilge ife.
C e n'efl pas, j'en fuis c onva i ~c u , qu' une
grande partie des officiers, qui n'ont point exa- '
miné de près l'efprit & les conféquences de leur
ordre , n'ag iifem uniquemem par des principes
honorables de patriotifme, d'amit ié & d'humanité, qu'i ls rega rden t comme bafe de leu: union,
pOUt ae pas dire de leur ligue .
Mais plufieurs d'entr'eux ,égalant en inilruc':
t ion & en talens les hommes les plus diflillgués
del' Amérique, il eft bi en d ifficil e que quelquesuns n'aient pas jetté un regard plus pe' çant fUl'
une nouveauté fi im portance. Une telle inattention, un parei l aveuglement chez un peuple
qui vient de conqu érir fa liberté , ge me paroif(ent pas dans la natu re.
. (l )
«.. àlJ.mirnoirt & d ia poftiriti des offi citrsquifonc mort auftrllict .
~Înis dt leurs birititrs mâlu Quronc l t mime droit dt devrni:
(C.
lo
Le
mtW/ll que les rnfans !les mtmlJro a!h,uls dt ladice $ociiai.);J
J'oferai donc le dire, & le dire hardimenr,aux
ye ux de l'Amérique & du monde; j'oferai ré.;.
veiller mes Concitoye:1s iur ce gran d objet; &
pe ut- être je dirIiperai même Fillufion de ceu,x
B 3
�[ JO]
q'ljl> fans le favoir , renverfent la confiitution
de leur pays , & fe rendent ,ourables d'un
crime qu'ils ne foupçonnent pas. S'i ls font encore dignes de la liberté qu'ils ont défendue, ils
me remercieron de les detromper d'une erreur
involontaire , Je le dil'ai donc.
L'Infiitucion de l'ord"e des Cincinnati, teUe
que je viens de l'expo fer d'après leurs propres
paroles , ~rl l a création d'un véritable Patriciat,
& d'une noblelfe militaire, qui ne tardera point
~ deyen ir unenobl erre civile, & une Arifiocratie
d'aurant plus dangereufe , qu'ét<!nt héréditaire,
elle s'accroîtra fans celfe par le rems , & [e Fortifiera m ême par les préjugés qu'elle fera naît re;
qu'étant née hors de la Confi icuti on & des Loi x,
les loix n'ont pas pourvu aux moyens de la
réprimer, & qu 'elle pefera fans celfe fur la
Çonfiitl'; ion dont elle ne f.1ir point partie;
j!lfqu'à ce que par des attaques tantôt fourdes
&: tantôt ouvertes, ell e s'y foit mêlée en s'y incorporant , ou qu'après l'avoir long-tems minée,
elle l'ébranle à la fin, & la détruife.
Si l'on en doute, qu'on ou vre l'hi{[oire ; &
GIl'on y cherche l'origine & le progrès de parejls établilfemens. Voyez l'Arifiocratie Romaine, qui caufa tant de r avages, A pein e
/
[
Il ]
trouverez-vous fa fource. Une fociété d'hom;
m es , vivans dans la plus grande fimplicité.
dont les fortunes étaient égales & prefque nulles , dont les propriétés foncières n'excédaient
pas deux arpens , choilit quelques vieillards
pour magifirats. Ces vieillards n'eurent d'autie dirlinfrion que leur âge, leur expérience,
& l'affefrion qu'on leur fupp ofo it pour le peuple. D elà le nom de P ER E ~ ( Patres 1 leur
fut donné. Biemôt les defcendans de ces ho 'nmes limpl es & rùrliques fe regarderent comme difiingués de leurs Co~citoy ens, élevè rent des prétentions, s'a rrogèrénc des prérogatives, formèrent des un ions de familles àfami ll es,
les cimentèrent par des alliances excl ulives : ( 1 )
& cette politique feule, fans titre & fans marque
d'honneur, établi t dans Rome un corps de
(1 ) Hoc ipfum. ; nt C'lHtnubium Parribu $ cum pl ~b t e./Tet • non
D tct17tviri rUltrU1U paucÎ.s his annis • prffimo t.:t.tmplo public~ ,
cumfummtt i.njuria pItbis ~ An effe ulla major aue infignior contumtlil1 poujl . qUrtm. p41'rtm civiratÎ.s , "tIue conraminatam • 1ntlignam connubio habai ' Quid tft aLiud, qU:J17t txfiliunt inrra ta ·
dtm mœnia, qU3.m rt ltg,J tiontm pari? ne affinita riLuJ ) ne propinquirnihlH imm.if(to.mur , cavtnt ; • . .• . • . • • . . . . •
id vos fub ltgis fuput,iffim. a vineuil! conjiC'ilÏs ~ qua àiril1ZlltlS
SOeitttHtm eilo'Îl tm > duas qu t tl: uncl cillÎC!ltt ftleiaris . Cur Ron
!an ciû s nt vieinus p3.t1'icio fie pltbtius ? ne todtm icintrt tat?
nt idtm conlo'Îvium. întat? nt in fora ItOdt m confiflat ? Tir. Liv.
IV. Cap. 4.
B 4
�[
D
t
]
noble!lè li altéré de l'orguei l de dominer, ( 1 )
,qu'après l'expulfion des Rois, le peuple ne
gagna prefque rien à la Révolution, qui, pour
la plus grande partie , étoit fon ouvrage; car
,les familles Patriciennes ayant rê\lni dans
leurs mains la puifrance du monarque & l'i nfluence de la noblefrç , chaque P,.rricien devint un Tarquin, & Rome n'out pas plus qu'auparavant fa liberté politique (.z.): avec ce tte
différ~nçe , que la tyrann ie réfida déformais dans
I~
)
un corps ': & mille Tyrans Cont un fléau mille
fois plus horrible & plus redoutable qu'un Ceul
Tyran: car un Tyran peut être arrê té par [on
propre intérêt; il a le frein du remords , ou
celui de l'opinion publique; mais un corps ne
çalcule rien, n'a jamais de remords, & fe décerne à lui-même la gloire, 10rCqu'ii méri te le
plus de honte.
Cell ainfi que s'éleva dans R ome le PATRICIAT " & cette orirrineell aufli inférieure à l' inftirution des Cincinnati, que des chefs d ~ band its
vivans de contribution & de pillage,qui bâ tirent
des cabanes fur le fol que Rome couvre aujourd'hui, étoient au-defrous d'un corps de chefs
illullres, tels que Washingto~ , Green, Gates.
Moultrie, Waynes & tant d'autres; à qui furent
confiés la défe nfe & les intérêts poliriques d'un e
grande nation, avancée dans tous les arts de la
guerre & de la paix, & tenant,d ès le jour de Ut
naifrance politique, un rang diaingué parmi
les puiflànces de la terre. Si les Patriciens de
l'tome, aux premiers tems de la R épubljq4 e ,
"
( 1) PlebJ ViTO dicüur in quà ç t m t J cill;um plHricitr non ÎnJll.lI r. Telle eft la définition du mOf pleLs qu'A:.tlugdlc rapporte
d'ap rès Capiton. (Noé\:. att. L.
JO
J
Cdp.
10.)
1
Cl) Le pçlUvoir des Cou fui, éloit rans bornes: mais. le$
Patriciens n'avaient rien à craindre d'ULle autorité dont ils
étoient arbirres ; les Plébéiens furenc donc réduits; à tOUt enpurer. Valerius PublÎ(:ola tenta en vain d'y remédier par la
voie de l'appel au peuple, Be. celle de l'éleéboll des Conruls
par cemurÎ es. Les Patriciens reflèrem en poflè ffion des honneurs ~ continuèr(nt à difpofer dl!s terres ~ & réduifirem les
Plébéiens:i n't u e que le, eklaves de leur ambition &. de
leur avarice. Le peuple brifa ron frein par la fuite; mais
~omtllc il arrive coujours, il fe jetta vers l'autre extréiTIité;
15.: les comi ceJ dIS TâbuJ, que les démagogues innitués fous
le nom de Tribuns étab lirent , partageant \'admini!harion
avec les CGm i :tl du C(n~uTi ( J , la volemé du peuple prévalut di ns les unes; celle d~$ grands dans les autres. Ce fut
une fource de troubles Ik de divUtons qui durèrent autant
que la République , ~ qui ne cef,èlem qu'alors que le. EI;Il-
pere:l.lrs eurem tout env ahi en réuoi{fanc cn eux l'autorité du
Sénat &: celle du peuple. C eCl: ai rdi. que le de (poti(me imper\"!
filence aux partis en les dépouillant to us. Les beaux - erprits
fe uls fe fone entendre alors Be vantent la paix de la fcrvi",:
tude.
�[ 14 ]
peuvent être comparés à une foible fource qui
fut la mere d'u n fleuve dévafiateur ; les Cincinnati font le fleuve même déj a formé, large,
profond, & menaçant.
La noblelfe moderne de l'Europe, qu'éro itelle dans fon origine? Des chefs de guerriers féroces qui joignoient la barbarie de la viB:oire à
celle des mœurs, dont les premiers titres furen t
l'u[urpation (1) & le bri ga ndage, & qui ne
fond èrent leur préémin ence au-delfus de leur
nat ion que [ur le droit de commander qu'ils
exerçoient dans les combats. Ainli les champs
de bataille furent le berceau de cette noblelfe ;
rapport fingulier , frappant, redoutable, avec
l'ordre Cincinnati 1
C'ell delà qu'ell fortiecette foule de Comtes,
de Ducs, de Marquis qui ont inondé & ravagé
l'Europe. Tous ces titres de la vanité humaine n'étoienr dans les premiers tems que des
( 1) Si nous en croyons Roben{on, plulieurs de leur s tÏ.
tres ~emblables à ceux des Cincinnad furenc de leur propre>
créaClon. f)n ~ flt p ITtJ)rt compltud rht;r ufu.rpations , and rtndt-
rtd [hem un!Jliuzablt . With dn ambition no Itfs cnttrprifing
and mort prtpoflt.rou s ~ thty appropri aud co cnt'mftlvu tilles oi
'lonar • as l'l'tU as offices o!iolllltr and truft. Hin. Cha • V
'"
• vaI.1
p. 1 6 •
[ 15
J
titres milit 3ires, qui marquoient les différens
deg rés de commandement ; mais ces m êmes
ti tres font devenus bientôt des diftin B: ions &
des privilèges éclarans dans l'ordre ci vil. Bient ô t ils ont fondé cette féodalité barbare, qui,
p en1ant des fiécles, a avi li le genre ,humain,
a fait des nations entieres des races d'efclav es,
& d'un petit nombte d'hommes des races de
Tyrans.
PO STE R fi PO ~ TERt .! VESTRA RES A GtTUR.
C e fut l'illfcripti e n que l'on grava à N aples fur
une colonn e après une éruption du V cfuve qui
fit rérir des milliers d' habitants . Et moi, je
voudrois la g n ver fur les fymbole s de l'ordre
funefte que I"on ofe infl:ituer parm i nous.
Oui; c'cll cette noblelfe de B. rbares , prix
du fang, ouvrage de l'épée, fruit de la conquête,
que les Cincinnati veulent établir dans leur
p ays , qu'ils n'ont cependant pas conquis, &
qui leur avo it confié fa défenfe 1 Les difl:inB:ion s
Cel tiques & Germaines , voil à l' héritage auquel
ils prétendent 1 Les honneurs que créèrent des
Chefs de Sauvages, voilà ce qu'ambitionnent
les H éros d'un peuple libre, & d' un li ècle de
l um iè.es ! Il s ufurpent le Parric iat de la victoire 1 ils I"ufurpent ; & dès le berceau de leur
ordre, ils y m êlent le r affi nemc~t corru pteur que
�r 16
le développement des idées féodales a introduit
en Eu rope, les décorations, les fymboles!
fi g nes éternels de ralli ement pour les faébeux !
germe de vanité infeéte pour un e claffe de Citoyens , & de fubordination fervile pour to ures
les autres ) fource intariff~bl e de corr uption
pour la nature humaine !
Si vo us jeuez les yeux fur tous c-es ordres de
chevalerie que les Cincinnati prétendent imiter
dans le nouveau monde, & dans le fein d'une
République, vous verrez que prefque pa r· t~ u t
des caufes ou ridicu les o u viles, ou fupernitieufes , les Ont fair naître. J'en laiffe les détails
à l'hinoire; ( 1) il me fuffit d'en relever les elfers.
( If L'ordre de ta Jarreciere duc fa création :l J'amour re[·
peétueux d'Edoul rd Ill. pour la Comte{fe de Salisbury.
Celui de la Toifon d'Or eut une: fource moins pure. Celui
du B.:lÎn n'a pl\s~me orig'ine moins picoyable. Le rêve d'un
Prince d'Ecotfe fupe lfhdeux donna lieu i l'ordre de Sc. Aqdré. On (<ti r la réputar;nn de la (ocié[é ou confrairie pot1(
laquelle fla inJtirué cdui du St. Efpric, Celui de Sc. Patrick nou\·e.llc=menr élaul i cbez les Irlandais , qui femblenc
n'y pas \oi r un annea u de la chaîne qui les lie, a fa fource
dans un comte de la lésende fait par un prédic3m fanatique.
Perro r,ne ne foutÎcndr a qlle la fanrailil! ou la fupe rfthio n des
bommes n chc=s ou pui t1àns q UI donnèrent l'exi!lence à ces
ordres. aient e(é Urie caufe aurTi aélive que l'occaflan favarabJe qu'OOt lai fie lel auteurs de la Révolution Américaine .,
[ 11 }
te mépris même qui devoit s'attacher à leut
or igine n'a pu empêcher l'orgueil & la mi férable vanité de l'homme de les embraffer avidement. Ils font devenus un nOU\'eau ligne
d'inégalité; une nouvelle marque, qu i , au gré
du capr ice, érablir encore des rangs & des barrières dans les Etats, où la c1alfe ordinaire des Ci·
'toyeri eCl déjà furcha rgée & flétrie de tant de
diClinétiohs civiles. Ils ont créé des rangs jufque
dans la noblelfe ,fondé un nou vea u Patriciat dans
le Patriciat , un nou l'el orguei l dan s l'orgueil , &
de nouveaux moyens d'oppreflion dans l'oppref.
fio n. Une partie de ces Patriciens li fiers, de ces
defcendans de guerriers, & d'anciens T yrans
du peuple, cCl devenue elle-même une efpèce
de peuple, par rapport à ceux de leur ordre que
la faveur du Prince , le ha fard , le bonheur de
plaire, ou une obéilfance fervile aux capr ices
des Cours, Ont décorés de ces lignes im pofans.
li vi6ble qu'ils manifeflent. On ne pourrait leur
co mparer J 8( ce feroh encore avec infériorité que l'ordre mi·
JicaÎ re de S. Etienne de Tofcanne , * qui fut le dernier effore
conrre la république de Florence, 6c le monument dl! fa
&. l'intention
de/huélion.
• Intl.itu ~ en 1 ~6 I ,paf C6m(' de Medids 1 pc('mi('r Grand DU'CcIe
Torcan(' , ('n mémoire de la b.luai!1(' d(' Marciano ,où {uccomba le rard
U,publkain.
�L 18
J
Ces lig nes enfin 0 11 rallie dans toute l'Eurdp"
au tOur dès trônes de nouveaux inIlrumens du
J e[potifme , toujours prêts 'à aliéner les droits
des natio ns pour l'erpoir de leur van ité, & il
vendre un peuple pour un ruban. ( 1 )
Tel eft le fatal pouvoi r de l'opi ni on, & des
petite palfJ ons humaines, que les marques les
plus frivol es ont contribué à relTen·er les chaînes
des peuples, on t ennobli & payé la fervitude
des pui lTans , pour appefanrir encore la ferv itude
du pauvre ; que la couleur même d ·un ruban ,
la forme d'un cordon influent fur le caraélère
& les difp o(it iolls des efp rits ,infpirem aux uns
p lus de refpeél ou de balTi lTe , aux autres plus
d'orgueil, recul ent les ho mm e à plus ou moins
de d iftance, & [emb:em rendre vi!ible à l'œil
cette inégalité faélice que l' u lurpation & l'in[oleoce ont commenc é d'abord par graver dans
l'imag ination du foible & de l'efclave. Delà
d'un bout de l'E urope à l'autre ce fpeéla~le fi
répété, li ind écent , li fcandaleux, qui force
l'honnête homme à bailTer les yeux devant les
fi gnes d'honneur pro(btués à des hommes defhonorés, tandis que celui qui les porte s'indigne
( 1 )
Semblables
à cene jeune Romaine qui fous le règne de
Romulus tr ahit fa patrie pour des bracelet$ lk de i anneaLX.
[ 19 ]
quelquefois contre la pudeur qui lui relle , &
frémit de rougir encore.
Voilà, n'en doutOns point, les maux dont
notre poll: érité ell: menacée, & doot le premier
germe ell dans l'im itation de cette dangereule
inll:itutio n de l'E urop e ollia noblelTe , cam porée
dans l'orig ine d'une troupe d'opprelTeurs o u
d'alTa fli ns , s'e ll: recrutée de concuflio nnaires , ou
de voleurs publics. ( 1
{l )
)
C'en une fingula rité digne :d'cnuer dans l'hi noire du
cœur humain ~ ou fi l'on veut de la dégradation humai ne t
que parmi ceux qui fe ro nt le plus choqué s de ces vérirés l 1l
Y aura un grand nombre d'hommes dont les familles fom
plongée dans une obfcurité profonde. Mais cc: qui eft infi nimeot affiigeam l ( 'en la ba lrdr~ ou l'incon!équence ck
quelques- uns de ceux qUI cultivent les krtres ~ & qui . loin dl!:
regarder l'exercice de la raifon & de la verru comme la vraie
& feule noble{fe 1 fortifient autant qu'ils peuv ent les préjugés
abfur des &. barbares qui om écrafé kurs peres) & qui les
rmuti lem. Je ne parle pas feulement du ridicul e férieux des
éloges que prodiguent à de cert ains hommes les l' oëtes. le s
Orateurs, les Beaux-efpri ts de rout genr e , le tOut pour etre
fl~S dans une pala is plutôt que daos une maifon • dans une
roaifon plutô t que dans une cabane ; je parle des déclama.
tions que prodiguent les Hifioriem, les Mor alifics même fur
le s mésalliances ~ &: de la difiance incommenCurable qu~ de
'Prétendus eCprit philofophîques mettent non- (:ukmem e ntr-:
le, diverf<:s clalfei des i ndividus. mais entr e les ind iv idus
�[
.2.0
j
Én effet, fi -le Patriciat , ou une Il oblerie qrii
n'eafondée pour ainfl dire que fur une diainc'
d'une mtme da(f~ , eht re les nobles Be. les ednoblis pat exe m·
pe. J e lifoic [oi.it-à·!'ht ure dans un joli ret ucil de linérature lég(re ., comme on dit.
D"un ham, ren du fahleux en d'éfendant l'Etat .,
) La majéfté des ans relève enc or l'éclat.
Il n'en eft: pas aioli d'un nom que la riche{fe
» Ennoblir lâc heme-nr au (ein de la mollelTe.
:)} Le rems ne confond point des noms fi diltèrens ;
CI:
:J)
i
il ]
t 'inàion abf1:raite , a tane de pouvoir pour corrompre, pour inrpirer le ddir & fdci li rer les
-moyens de dominer, pour préparer de lo in des
.:relaves & des m~îrres , quelles feront donc les
fuites de ce m ême Parriciat , s'il joint à Ca préém inence une dé,ora.tioll extérieure & un ligne
~
p ublic?
L'homm~ m et naru reI1ement
à tout de J 'é ti~
querce: il a{[ocie ou fubf!:itue le figne à la choCe.
~ La gloire les ~pa re ~ & les place à leurs r angs:
:» L'4H
lTll.l:sformt en ayftrtl Le Idolt f.:r la pouffitrt .;
:)) /l1 ais lt ftul diamalll tft fils dt la lumiirt.:1)
Pour moi, je ne vois dans ct..s deux ordres d'hommes ni
ou plutôt je crouv e , qu'en bonne morale.
comme ~n faine ph)'fique, dianttUrl 8c. cryfli:J1 font également
lh d ufablr & de i d pOlJffi~rt . Je ne f~is pa~ plus de cas, je
l'avoue, des tren te mille oppreflh lr s bardés de fer qûi, fa.
la ce à la mai n, one foulé {-ous les pieds de leurs chevaux d e
baraille di x ou douze millions de Gaulois, que je ll 'ellime
c"tal ni diamant j
les milliers de vampires calrul{lt'e\:tts qui one fuçé pas le ruyau
d'une plume le fang appauvri de vingt miHions de François.
j e vois feulement que les prerbiers, pO ur fe yel".péruer ëc
fe mainrenir dans la po{fdIion de leurs a\'ama,ges • ft! {Got
It"crurés chez les reconds. J'obfer\'e que la férocité &. l~or_
gucil fe foot emparés des rapi{l e~ de l'avarice , & <Jue l'uhion
du rou\'oir & de J'argent a réun i contre le peuple la \:luref'
du rooquédD t birbare, & l'avide indulhie du cOMuŒo:maire:
11 m'ell impo'lib!e de révérer le réru lrat & le produi t de ce
noble mélange. Je doute de f tms en lems que ce ~r:Jà ce
i1U' il
qu'a y a do! plus refpeébble fut la terre; & en voyant que
c'eH au moins ce qu' il y a de plus refpecté . je prends:
quelquefois pitié du genre humain ; &. quelquefois auni je
trouve qu'il mé rite une panic de (es mllheurs par fa baffdrt:
&. Ca nupidiré ... Ces id ée s am quelque chore de dur & de
lTille, diront le! Ecrivains à la m~de avec la ~race aimilble
faVOH fi elles [one
dures; mais fi e lles font jun~s . r-ai(onn3bles &. honnËtes.
Pour moi je trou .o e que, fi on ks rejette, la morale porte fur
des baies uop eu trop conventionnelles; Sc fur -(Out je ne (ais
plus ceque devient la morale politiqne . Il me {emble que
ces idét"s une fo is repou {fées, la morale efi beaucoup moini
applicable à la pol irique que les mathématiques ne le fo~[
3. la médecine j &. le vœu des hon nêœ:s gell5 • des vrais amis
du genre humain, rerai t que la morale rar appliquée à la
(dence du Gouvernement avec le même fuccès que l'algèbre
l'a été à 13 Géo:tlé rrie. C'e{t un rê ve, dira-t-on. D'abord
;e fuis loin de le croire j mais fi c'ell. un rê~e , qu'on .ne me
parle donc plus de morale, qu'on pole hardtmem le fat[ poue
le dro it. En un mor qu'on m'enchl1ne (ans m'e nn!.lye[~
& f.lc ile de leur e (prie. ---II ne s'agit pas de
fans. inrulter ma raifon.
c
�[
':2 ]
Le fig ne le fubjugue tellemenr qu'il met plus
d'importance à fa conformité avec le formul aire
établi, qu 'aux fentimens vrais, aux motifs honnêtes, aux aéhons utiles qui ne fe montreroient
que dans leur forme naturelle, qui dédaigne_
roient à la fois le menfonge d'un maintien commandé, & l'auere menfonge d'une hypocrite
exagération. Delà les préjugés , la dépendance, l'imitation fervile, l'uniformité de
mœurs, d'opinions & d'habitudes, ci'où f.lÏt toUjours l'efclavage.
Une fierté invincible; Un courage indompta_
ble; lIne liberté de principes & de pen fées qui
ne fe foumette qu'àla raifonfeule, & qui repoulfe
tOut autre empire; une indépendance qui ne cède
ni aux plailits ni aux peines de l'opinion; plaifirs
très-décevans, peines très-poignanres dans l'âge
des paflions, parce que les paflions s'en trOuvent
aidés ou contrariées: telle elll'ame d' un Républicain_ Mo urir plutôt que changer, telle ell fa
dev ife. II doit jurer à la nature, à la patrie, à lui.
m ême, de reller fans avenir dans Un préfent fâ.
cheux, plutôt que de ramper un moment; de fou.
1er aux pieds toUt ce quicontrarieroit [es principes & fes devoirs ; de toUt facrifier pour eux, fortune, gOÛtS, paflions, & même la gloire; de re.
poulfer toute proteétion déguifée en allÙtié , de
[ 231
Il'apparte nir qù'à celui qui lui a~parrie\~d.r,a: fecours pour [ecours; l'Cèle pour zele; amme pour
amitié; liberté, vertu, & patrie pardelfus tour:
de montrer toujours [011 [entiment par les mots
ou par les faits ;de regarder com.me illufion q~ant
à lui tout c.e qui eft hors de lUI, tOUt ce qUI eft
opinion étrangère , tOUt ce qui n'ell pas une
pen[ée de [on efprit , ou un [entiment de ~o~
cœur; de Ile s'ellimer que par la fermete a.
maintenir [es droits, & le re[peB: pour ceux d'autrui ; en un mot d'être lui, de n'être que lui,
de ne s'eftimer que par lui .... Que peut avoir
de commun un tel homme avec des lignes, des
formules, des diftinB:ions, des [upériorirés de
convention, des prérogatives de rang, des bienféances? Il ne peut qu'en êrre indigné & ble né ,
affoibli & corrompu.
Tout figne eft redoutable, & produit un grand
effet [ur l'imagination foible des hommes. Cell:
en frappant leurs yeux qu'on leur donne à [on
choix des paflions, Cell: par des lign es que
la religion, le fanati[me, la fouveraineté , la
révolte, les faB:ions commandent aux e[prits ,
entraînent des multitudes aveugles dont les
fens [ubjuguent la pen[ée. Ceft par des lignes
qu'Ont été préparées & produites plufieurs révolutions dans les Etats, foit pour la liberte " [01'
c~
-..-...
-
-
~..-.-"'----
_.
-------
�l
~4 ]
pour la tyrannie. Les li gnes ralremblent en un
inftane fous un m ême é rendarè des milliers
d ' hommes difperfés, à qui tOUt à coup ils ordonnent de n'avoi r qu' un e vo lon té , q u'une ame &
de fe précipiter tousenfcmble vers un m êm e but.
Mais les lign es fone d 'aurant plus puilrans
qu'ils réveillent des id ées plus o u m o ins nobies,
p lus o u moins capables d e parler à l'imag inarion,
& de temuer les ames. Ici, quell es font les id ées
jointes à l'inll itu tiondu fi g ne P Cell es de combars & de viB:"ires, de f<lng verfé pour la patrie, d e tyrans vaincus , de liberté publique
prOtégée par des g ue rri ers 1 • • • • • • •
C ombien de pareilles idées m anife llées par
un fi gne préfent à tous les yeux, peuvent- ell es
..influer fur ceux qu i feront fans celTe rappellés
par lu i à leur propre gloi re, ou à cell e d e leurs
a ncêtres, & fur la cl aire commune des hommeS'
que t oute glo ire éblouit & porte il une efpèce
de cul te , quand même cette g lo ire ne feroit pas
-fondée fur des bienfa its! J e le d ema nde : dans
toutes les annales du m onde , quelle noblelre à
fon origine eÛt jamais des titres aufli écla tans ?
Mais plus ces titres ont d'éclat, & plus j'ai droi t
d e les redouter pour ma patri e; plus ces li gnes
font liés à de g rand es idées , plus j ~ dois craindre qu'ils ne fondent parmi nous un nouvel
,
[
2.
5 ]
ord re de Citoyens co ntraire à nos conllitutÎons
& à nos L oix.
Tout ce qui ell fig ne,& qui peut tout-à-coup
[ervir de rall iemem à un gran d nombre d'homm es , qui peut form er un efpr it particul ier da~,s
l'efprit général , qu i peur réparer. un cel tam
nombre de C itoye ns dli corps des Citoyens , dl:
bien plus redoutable par [es eAets dans un e r~
publique qu e dans une monarchie, don t apres
tOut l'efdavage , plus ou moins malhe ureux ,
plus ou moin s dég uifë , ell le c hef-d'œul' l e &,
le bur éternel (
1 ).
D ans la Monarch ie tout tend à l'élévation;
dans la République, t Out doi t 'rendre à l'éga lité_
D ans la premiè re il faut d es rangs : da os la [econde , des vertus . D ans l'une, il ell bon que
.
les Ciroyeos foient divifés en corps; leur efpnt
particulier fuppléeà l'efprit général; leur t'mulat ion , m ême en les divîfant, peu t les rendre
m iles, & ne peut ê tre dangereu[e, parce qu'ell e
ell compr imée de toutes parts du poids de
l'auto riré {o uvera ine : dans l'autre , tout ce
qui divi[e , ébran le; rout ce qui COrt du ni veau,
pèfe [ur le relle; il ne faut qu'un corps , qu'un
( l' )
Rrgts [ulla omnia 1 &- fobjdla imptl'io fuo ,ffe vtlil1t
Tiu·Liv . x)( ij. H.
C 3
�( 26 J
efprit ; il faut que rien ne domine, & que tOUt
foit éO'alement dominé; que chaque citoyen
ne voie au-delfous de lui que le vice;au .delrus,
"
que la loi.
Enfin les li gnes extérieurs de dil1inétions
[one naruralifés dans la monarchie, & par
cela même leur influ ence el1 moins dangercufe.
L à rout el1 pompe & décoration depuis le
trône du Monarque & cous les rangs intermédiair es qui remplilfent l'intervalle cntre lui &
le peu ple, jufqu'au limple guerrier qui défend
ou qui écrafe l'Erat. Mais tOUs ces li g nes qui
diClinguent [one étran gers au Gouvernement &
à l'e fprit républicain. La libercé a un coup<l'œil fier & fuperbe que COutC diilinétion blelfe;
elle veut que rien n'appelle fes regards, & que
tout fe confonde deva:!t eux ; elle ne voit m ême
ces forces de lignes qu'avec rerreur. S'i l n'y a
qu'un ordre de Cicoyens qui les porre, fa terreur
redouble. Pour celfer de les craindre, rIle n'auroit qu'un moyen; ce feroit de les avilir en les
prol1ituant. Mais li le corps foli ta ire qui ofe
ainfi fe dil1inguer el1 un corps de guerriers, alors
tout eil perdu; la liberté ne reClera pas longtems dans des climats que de pareilles dil1inétions
outragent.
Quoi 1 dans les anciennes républiques, le
guerrier qui avoit _vaincu [e hâcoit de fe con -
[ 27 ]
fondre & de Ce m êler dans la foule des Citoyens!
Il fe hâro it de faire difparoître fa gloire, & quittoit pour l'habit de la paix cet habit guerrier
teint de fOIl propre ran g , ou décoré du rang des
ennemis! Quoi 1 l'empire de la force mêm c eil
allarmé des diétinétions militaires! So us le defpotirme lég ionnaires des Empereurs , les H éros,
des dernicrs li ècles de Rome craig noient d'effaroucher par leurs viétoires une tyrannie qui n'étoit fondée que fur les armes;& en s'eftlçant dans
le nomhre des efclaves , ils tâchoient par leur
m odeflie de Ce faire pardonner d'avo ir vaincu!
Quoi 1 au rein de l'Angleterre dont nous venons
à peine de recouer le joug , & qui dev roit au
moins nous inClruire par fes exempl es, la liberté
ombrageure croit devoir re défier des corps militai res ! Elle les repoulfe du rein de fon île ! elle
affoiblit aur:tnt qu'elle le peut par fes loix , &
l'cCprit de fa con l1itution, cette conlidérat ion
générale attac hée dans le rel1e de l'Europe à la
profd lion de g uerri er ' .... Et parmi nous ,
& dans un Etat qui ne vient q ue de naî tre;
dans une république qui rapp zlle l'homme al\t2nt qu'elle le peut aux dro its primitifs de la
nature & de la lib, rté , di x mill e guer riers, à
l' inflant où leur pays n'a plus beCo in de leur fecours, com me s'i ls n'av oi ent va incu que pour
eux & pnur leur propre gloi re, cherchent à devenir un corps fubliClant, & pour ainfi dire im~
�[ 18 ]
mortel dans L'Etat .1[e créent fans l'autorité des
Loix un e dillinél:i on héréditaire 1 veulent ê tr~
enCOre préfem,jufques dans la derniere poflér ité ~
commandent, po ur ai nli dire, te refpea & de~
llOmmages aux généna tions qu i ne font pas e n~
core nées 'ofen t établü un li g ne COmmun à eux
& à tous leu,rs dcfcendaos·, pour fe reconnoître
& fe ralli er au premier lignaI d'un bo ut de l'A·
,.
merJque
a, l ' aurre .1 " , . ..
Certes, li nous n'avions pas le dro it d'ell il;I1er autant que nou s le fa iro ns nos brave s
défcnfeurs,. Ii nous ne penlions pas que dans.
une relie enrrepri[e, ils u'ont été éga rés que par
l'erreur des grandes ~mes , l'enchouliafme , &.
l'illulion de la gloire ; noUs n' héliterions pasà les.
dénoncer au nou veau monde & à [a liberté naiff~nle , comme fes plus redourables ennemis .. •
Graces a u ciel , ils aiment ellcore la liberté & la
pan'ie, cette liberté q u'ils onr 1lengée , cette pani e qu' ils ~nt arrachée aux T yrans. M ais nou~
ne pouvons être raffurés pa r leurs Centimens m êm e & leurs ven us. Ces vertus ferOnt-elles héréditaires dans le urs defcendans, comme leurs déq>rarions & leurs titres ? Ces venus, que [ouriennent en ce moment les reg<lrd s des deux mondes
att ac hés Cur ell es , le f:tnatiCme heureux d'une
g rande révolution, le fpeaacle récent de la gloi-
r 29 J
re, la reconnoi lTance de tout un peu ple , le fou ;
venir profondemen t g ravé des opprcflions & des
m aux ; des plaies encore fanglantes & qUI de longt ems ne feront pas fermées; l' orgueil m ême d'une
con fci ellce gé néreuCe qu i aurait trop à rougi r de
fe démentir; ces vertus ne s'affoibliront-elles pas
néceffairement, r ar la diftance des tems , par la
corrupt ion lente & iné vitab le des li écles , par la
co rru pt ion bien plus l'aride des ri c heff~s & d u
lu xe , par le fommeil d'une paix qu i détend tOUS
les refforts ? Car on le Cait tro p , le danger le plus
grand pour les Républiqueselll"eur-êt re de n'avoir plus de dangers à craindre. R élilleront-elles
à la àduaion du pouvoir , cette maladie ére rl'elle de l' homm e qui eft bientôt filtigué d'obé ir
dès qu' il enrrevoit des moyens de commander?
D 2 1'homme qui veut l'égalité , que toute éga li té to urmente , & qui tend Cans ceffe à s'e n
échapper? Ces vertUS en:1n réfi!l: eront - el es à
l' afcendant de l'in!l:iturion que nous o funs comblme ? ca r chaque inftitutio n a dans [ùn erprir
m êm e une force inCurmonrable,tant pour le bien
que pour le mal, felon qu'clle a été dirigée en
nairr.~nt ; unefûrce que fouvent on n'a pu prévoir
dans fa n origine, qu i Ce dévelo ppe par degrés , qui ag it dans ta liS les in!l:ans, m od ifie les
cara8:ères , conduit 0\1 prépare les év ènerr ens;
d'autant plus irrélifrible que toute emière dans
�[ 3° ]
[ 31 ]
les choCes, elle
prefque toujours indépendante des perConnes , & leur commande ou les
entraîne; fans qu'elles fe doutent quelquefois
de [on influence.
ceux 0\1 la natme humaine épuifa tout ce que
la tyrannie peut orer , tout ce que la [ervitude
ea
Ainli dans Rome la prééminence accordée
à quelques vieillards prépara les fureurs de
l'Arill:ocratie, l'établirrement du Tribunat le
'
c hoc eternel
de la noblerre & du peuple,' le
droit de lég iflati on donné à dix Magilhats , la
tyrannie des D ecemvirs, le droit de commander
plulieurs années de fuite dans les prov inces la
v~n~lité des ~rmées qu i n'eurent alors que' des
generaux,& n'eurent plus de patrie, & qui furent
to~jours prêtes à feconder les fa8:ions fanguinalfes, Enf;n 1'1OIl:itution d 'un chef civil &
militai re fous le nom d'Empereur, qu i ne fu t
a près toUt que le chef trop puiffant d'une Arirtocratierroppuiffante(I), en paroiffant rétablir
l'ordre,renverra la République la plus forrement
conll:itl1ée qui fût jamais , & prépara les tems
lesJ plus horribles dans l'hill:oire des nations'
--:-:-=--=-------'
~es E~pereurs Romains n'éraient poim des Monar( 1)
qtJes;
, Il s étOlenr des Chefs rcvêc us
J'~ncte~ne République,
&.
des
'n
m. " .rnu~de
du G ~né rala r des Armées j , 'ell.à.
dlCe qu un EUlpereur éroie Je premier des magifirau
u'm
1"
P 1 am par a reum on de res emplois &: {ur [
JT".
1 all t'z
1
T'
our pu a
~rce ml Haire pour .opprimer &- les paniculiers & 101 natlon .
fi
J
J
-
peut fouffrir,
-
Telle ell: la force [ecrètc de, inll:itutions que ,
rien ne peut arrêter, qui marche dans la nuir,
m ais d'un pas sû r, vers un but inévirable , &
fouvent ignoré de leurs fondateurs même., C'efl:
cettc force tou te puirr;~nte qui dans l' inll:itution
aé1uelle des Cincinnati r,ous prépare à leur inru,
& malgré leur volonté même; ( oui, quand
jls le voudroient ; ils ne pourroient pas s'y opp orer à moins de re détruire) ; c'ell elle qui nOlis
p répare un Patriciat, une noblelTe héréditaire
ou perpétuelle; c'ell:-à-dire le renver[ement
cntier de notre conll:itution, & de nos loix;
car après avoir VU ce que cette inll:itution a de
menaçant, ce qu'elle cil: dans [on origine. ce
qu'elle pellt, ce qu'elle doit néceffairern en t
devenir, il ell tems de.laconfronter avec nOtre
conllitution même, avec les principes qlli ont
prélidé à nollre légiflation.
Les D élégués, les Reprérantans, les L ég iflateurs des peuples d'A mérique ont pris pour
bafe de leur inrurreé1ion , de leurs travaux , de
leurs prétentions, de leurs droits, de leur code,
l' ÉGA LITÉ, C'ell:" ce titre qu'ils ont réclamé
"pa rmi les P uiJJances d~ la terre le rang [, la
~
�[ 32. ]
« plaa jlpane aux'luds ils 0111 droit, t:n vertll
" des Loix de la Natllrl, & de alüs du Dieud~
«la nalllre [1 J. T ous les Etats de la conCédé« rat ion Ont déclaré dans leur paéte con(\itmif,
«que/esllOmmesfont n<slibres, ÉGAUX [2.];
« qu'ils 0111 des droits naturels, fjJentieis ,
« itl<lliénahles, dont il s ne peuvent par aucun
« conn'ar priver ni dépouiller leur poll:ériré ;
« que tOUt gouvernemeut tire fon droit du ·
cc P E V P L E [ 3 ); qu'aucune autorité ne peue
« être exeJ'cée fur le PEU l' LE , qll~ celle qui
«fTa émanée du PEUPLE, ou accordée par
" le PE Ul'LE [4] ; que les différens ofliders dll
« Gouvernement, revêtus d'une autorité quel-« conque légiflatrice, exécutrice ou judiciaire,
« [es m2gijlrats , [es chefs, font les tnJndalaires, ÜS flbJlit ulS, les agens, !esjèrviteurs
«da PEUPLE [5], ET LUI SONT COMPTABLE S
«
[
(
]
t(
LGrrque le cours des év ènemens humaü1S met un
({ peuple d,lOS la nécefIïré de · rompre les liens politiques
(C qui J
'uniffoie nr à un autre peuple, & de prendre parmi
~( les Pui(fances de la [errt! Il place féparée, & LI! RAN G
D'tGA LlT É auxquels il a dro ie en vertu des Loi~ de la
Nature, &c. Scc.
[ 1. ] Confl-irution de Ma{fachureus J Arr. 1. Penrylvani e )
ibid. Virginie. ibid. &c.
[ 3] Con([iru[ion de: Delavvarc, Arr. 1. Mary land, ibd .
&. rOutes les confl:irutions des Etats Uni s.
[-+ ] Nc vv- yorKl Arc. L & Jesamres CO!1ll.itutions , Pilffi 71 .
(1:
(t
[ 5 ] MdITachureus, Arr. V.
[ 33 ]
DANSTOUS LES TEM S [ 'l;quc.le.butde
. du ma,' ntien & de l'adm m,ll:r.t lon
cc l ,·ln Il:'Itll ~lon
"de toUt go uvernement , [ q ui n'ell: , & ne
« peut être établi que pour l'avantage commun,
« pour la proteétion & la fûreté du PCU P LE,
« de la NATION, ou de la COMMUNAUTÉ, &
« non pour le profit ou l'intérêt particulier
« d'ull [eul homme , d'unefamille, ou d' un AScc SEM ULAGE n'HOMMES qui nc font qu'une
" partiede cette COMMuNAuTn 1[z]ell: d'af« Curer l'exi ll:ence du corps politique, de le pro«téger,& de procurer AUX IND I VID US QU[
" LE co ~!pos E NT la facult é de jouir en fûreté ,
«& avec tranquillité, DE LEUR S DROITS NA«TURELS; que tout corps politique cil formé
«par une arroc iation volontaire d'individus
c.c OBLIGÉS
LES UNS ENVERS
LES AUTRES;
en[uite d'un c(:>ntrat [ocial , par lequel le PEU «PLE ENTIER convient avec CH AQUE CI« TOYEN, & CHAQUE CITOYEN avec LE
«
cc
PEU P 1. E eN T 1ER, que tOUS reront gouvernés
«par certaine loi, D'UNE MAN I È Rl? UNIcc FORMEr 3], & pOllr L'AVANTA G E C O l'llMUN
«[ 41; que LA JOUISSANCE PAR LE PEU[ 1] Virgine, Arr . II.'Penl"y lvanie, Art I V.
2 ] ConClirution de Pen(ylvallie. V.
[ 1 ] Virginie , Ar<. XVI.
[
[-1] M.lfachure"" préambule de Penrrlvanie, ib id .
�[3S
]
Cl PLE DU DROIT DE PARTICIPE!'. A tA 1.É.
l'JON D' HOMMESNE PEUVENTAVOIl1. DROIT
«GI S LATION
A
<C
<c
EST LE
LIBERTÉ ET ilE
FONDEMENT DE LA
TOUT GOUVERNEMENT
LI BRE, [ 1]; queTouT PEUPLE A
«. DE
CHANGER
SON
DROIT
GO L'VERNEl\1ENT
QUAND CES 0 BlETS NE SON T PAS
«
,
REIII-
« PLIS; la do éh ine de non-ré liltance contre le
<C
pouvo ir arbitraire
«furde, fervile ,
&
&
l'o ppreai cn , étant ab-
&
deltruétive du bien
cc bonheur du genre humain [2
du
DES
G ES
É~IO LU MENS
ou A DES
DISTINCTS OU EXCLU SIFS( I) .--POUR
CONSERVE!'. SON
INDÉPENDAN CE, TOUT
HOMME (S'JL N'A PAS UNBtENSUFFlSANT)
I)OIT
AVOIR
QUELQUE
PROFESSION
QUELQUE MÉTIER, FAIRE QUI!LQUECOMMERCE,OU TENIR QUELQUE FERME QUI
PUISSENT LE FAIRE SUBSISTER HONNtTE-
TÉ NI UTILITÉ D'ÉTABLIR
fédération Américaine, littéral e ment traduits ,
«
LES
P RIV I LÈGES
& ,
EX CLUSIFS
AUCUN
HOMME, NI
AUCUNE
RES SONT DANS CEUX QUI
LES
POSSEDENT
UNE SERVITUDE INDI GNES D'HOMMES L[-
SONT
NE
[4]---
BRES, ET DANS LE PEUPLE DES QUERELLES, DES FACTIONS, LA CORRUPTION ET LE
DÉSORDRE (2). --- LE CORPS
CRATIF
POUR
ATTIRER
[ l ] Maryland. An. V.
[,] Maryland , An. IV. De Delavvare, Ar t. V.
[J ] Voyez Confliuuions dts uti{t EctJts. Unis dt l'Amériqut,
()uvr~ge imprimé &. difiribué à Patis avec permÎffion, 8c.
tradUit , par un Duc Be Pair ) qui à la véri,é .. e'U, ele
',' d'19ne
LÉGISLATIF
,
AURA SOIN DE DIMINUE!'. LES PROFITS DE
TOUT EMPLOI
COLLEC -
par (a ve nu d'ê[re à Rome Tribun du peuple.
[-l] Con!1itution de Maryland, Art. XXXIX,
LES EFFET S ORDINAI-
OU QUI Y ASPIRENT, UNE DÉPENDAN CE ET
• • • • • ILS
DOIVENT POINT tTRB SOUFFER TS
EMPLOIS
je lis :
[3
ODIEUx ET CONTRAIRES A L'ESPRIT D'UN'
GOUVERNEMENT LIBRE.
LUCRATIFS, DONT
DES
J.
fidèlement extraits de l e ur légiflarion
J'ouvre le code .des différens Era~s,
OU
~IENT. IL NE PEUT DONC Y A VO IR NÉCESSI.
J.
Tels font l es principes géné r a ux de la Con-
&
PRIVILÈ-
LA
PERSONNES
~UI
DEVIENDRA A SSEZ LU-
ÉMOUVOIR LE
DEMANDE
(3 ). ---
DE
DESIR, ET
PLUSIEURS
L ES TITRES
NE SONT
l'AR LEUR NATURE NI HÉRÉDITAI!'.ES, NI
TRANSMISSIBLES
A
DE S ENFANS ,
A !>ES
(1 ) Conllitutlon de la Caroline Sepcentrionale • Art. 111.
t 1. 1 Conllitucion de Peofylvanie, Art. XXXVI.
(1) ContlitutioD de l'cnfy1vaoie . Art. XXXVI,
�J
[ 36
nEs ç E.~D j~
D'UN
S ,
J : O~li\l~
A
PAR ENS ;
DrS
NÉ M.\GISTRAT ,
L ' ID~B
L ÉG I SLA\..
TEU R OU JUGE ÉTANT ABSURDE Et COl<~
TRE NATURE(I). - -- L'ARISTOCRAT I E NE
SAU1< OIT tTRE QUE NU ISI BLE (12) .--- It
NE DOIT ÊTRE ACCORDÉ NI TIT RES DE
NOBLESSE, NI 1I0N:·iEUP,S I·IÉRÉDITÀ IRES.
(3)
Egalité naturelle : :Égalité politique: Egalité civile. T ell e ell donc la doéhine des Légifl1teurs Américains [ 4)' S'ils n'Ont pas prévu
la forte de confpirarioll qu i a produir l'ordre des
Cincinnari, il s om bien conn u du moins la vaniré ambirieu re qui lui a donné nailfance , &
[O"S tOUS les rapports il s ont vou lu la profcrire .
( 1 )
Conctirmion de M ~{fachure[(s • 1re partie, Art. V.
L ' IDÉE D'UN HOMME NÉ MAGIS TRAT.
LÉGIS LATEUR ,O U J GE, EST ABSUR!>E ET
'C ONTRENATURE.--- Celle d'un homme né pro·
teéteur de la patrie l'cil d'avantage.
PO INT D'EMP LOI S LU CRAT IF S, POINT D' É·
~! OLU :JENS
( 2) CO[lfiitu[ion de Pen[ylva[lie J An ,X I X.
3) Conlliuuion de Maryland Art. XL ) & COutts Ie.s
autres , paffim .
{ 4 ) Leurs loix en préCentent U[le appl ication continuelle,
Don·feuleme[lc en faveur des peuples qu i fe rom donnés ces
Joix ; mais en faveur de cous les hommes indifiinél:emem,
& de ceux· li mtme que le defpotifme univerrel des nadons , cùmpofées cependant de leurs freres , a jurqu'ici
l e plus impiwyabltment dégradés & alfervis. Aucune ptrl
[ ~7 ]
P OIN t DE PRIVIL ÈGES EXCL USIFS, IL S
SON Ton 1 EUX .--- Quel privil ège plus fun ecte ,
plus contraire à l'efprir des Républ iques , que
ç elui de la confidération , de l'infltlence , cl u pbuvo ir 1 quel privilège plus inique & plus redo ura·
ble que celui qui forme une affociation ill éga le,
lutribu e des prérogati ves in conflitutionne ll es,
,
des marque, d'honneur exclufives , & parl equel
enfin, un corps de dix mille homm es des plus
dill:in gués de l'Amérique [e rrouv e réuni ! .
J
fonne imporcü d'Afrique dans cu Erar , ne fua diformaiJ tenue
tfclallagt f ou!. aunm pritt~u ; &- aucu.n efcl411t Ntgre ,
lndiw ou. Mul3.ue, ne fua ameni dan!. ctC Etar , d.t quelque par-
(n
rie du monde que c f oir, pour J tue IIt ndl1 ; (co nfi itut ion de
Dclavvare., Art,_16 l& dans le plan de gouvernernem r rovi.
{oirQ
DIS TI NC TS.--- Les diflinfri ons ,
qui donnent les honneurs & le pou vo ir; avec leq uel on a bient ôt l'argent, tandis qu'avec l'argent
foi re adopté paf le Congrès pour les dix nouveau x Etats ~r
pellés T erricoire Occidental , & fo rmés dans k s comrées c::ntre le Lac des Bois &. le conAuent de! l'Ohio Be. tilu MiOil1ipi ,
on tr ouve l'article fuiva m ; A pds l'annie 18eo de l'ire chré..
tiellne , illl'y aura ni ~ltlllll!l~~ . ni fU'IIüude ill'llolontairt d<JR$
I%ucuadefdits Er:1q • finrm pour pun ition du crime 'lue L'accuIé
4/Ua. ici
dû'Rcnc cOlw'fincu d'al/Qir c<JmmÎ sen perf onne.
D
�t 3S ]
dans les pays qui ne [ont point encore au dernier degré de corruption, on tl' a .pas toujours
le pouvoir; rompront p'lus sûremen t l'égalité;
. jls exciterollt davantage la cu.pidité deS guerriers que les emplois lucratifs,
P'Ün'T DE TITRES DE NOBLESSE ~ POINT
D' I10NNEURS HÉRÉD ITAIRE S . . . • . . . .
L ' ARISTOCRATIE NE SAUROIT tTRE QUS
"Nli 1 S I BLE .-- N ous a vans dém ontré que l'in'Clitut ion des Cincinnati, c'eft-à-dire l'aIfociation
cles Commandans miliraires de l'Amérique,diCtingués par des Cervices éclatans, inveflis du privilegeexclufif de porter & de tran[metrre à leuts
en tans le Cymbole & les prérogarives de l'ordre
qu'i ls [e confèrent, & dans lequel ils admettent
des freres cI'armes étrangers, /0umiô il d'aurres
loix , à d'autres principes,à d'a utresmoeu.rs; nous
avons démontré qu'une telle union de Ciroyens
r épublicains égaux enrr'eux, & qui Cetxcient une
fJ périorité réelle au- deIfus de leurs concit oyens,
avec un ligne de ralliement, quelques motifs
qu'on lui [uppoCe , de quelques beaux noms
qu'on la décore, n'eft en réalité, & ne peUt être
dans Ces conféquences,que l'jnftirution d'un P <1,_
'rRICIAT HÉRÉDll'A IRB, une création de nobleIfe pour les Cincinnati, pour leur pofléri té mâ.
le,& à [on défaut pour leurs branchescollatèrales.
[ 39 ]
tes Oincinnati [ônt donc d~s NOB LES, clés
ARISTOCRATES, de vrais Patriciens, DES
PAIRS DU ROVAU ME : PARES REGxr;
Et ce ne [ont pas feulement les loix particulières de chaque Etat qui pro[crivent un ordre
d'hommes & de choCes li contraire à l'égalité.
Le fixi ème article de la confédé rati G
)l1 générale,
loi fondamentale de l'exiClenre politique des
Etats América ins, porce en termes exprès:
Les ETATS- UNIS ASSEMBLÉS ENCON GRÈS ,
NI AUCUN D'EU"
E~ P ARTICULIER , N'AC-
COR aERo NT AUCUN TITRE
DE
NOB LE SS E
L'ordre des Cincinnarïu[urpe donc &. confere
une nobleIfe qui n'ell ni donnée ni accordée
par la lég iOat ioA ; il la confère en violant , &
po ur ainfi dire en déliant le's l'oile du Coil grè.
& des Etats, qui Ce [Ont interdit s cer're iibercé,
il commence la guerre à [Ol! pays.
Et bien que cette inftitution n'a it pas reç u 1
& ne puiIfe pas même recevoir qU'ant à prèrent
�[ 40
[ 41
]
la [anétion de l'aucorité légiOarive, elle ,Yen
dt que plus redoutable dans fes conféq uences ;
car fi l'ordre de Cincinnarus eû t été créé par le
Congrès (1 ) ou par les LégiOatures pan iculi ères des Erars-unis, il auroi r rel1l'erfé la con[riturio n ; mais il l'au roit fa ir d' une manière
(1) 1.e m~me Li[cérateur, dom nousavoflspris laliberré
de critiquer (note de la page '!f> ) les ,"ers avec d'amant plus
de fév érité que le trait (ur lequel tombe notre ohfervation)
ell plus fédui(am par fa forme in génieufe, a commis dans
le même recueil W1C infidélité très- blamable. Il fait dire au
oharLullnifmc ;
« A l'Amérique Angloire encore un peu fauvage,
Ct
Je n'ai pujufqu'ici faire accepte r mes dons :
M A I S J'EN ESPERE. DAVANTAGE
(, DEPUIS QUE LE CO NGRE'S IN VEN T E DES CORDONS.
Non·{eulemem Je Congrès n'a pas tnft.nti du cordonJ; mais
tour annonce qu'ii les rép rou\'e très·fé\lèrcmem. ( Voyez au
Poftfcrip'um l üb(erv. fur la Leme circ. la Note réla[iv e à
l'ordre de la divine Providence J. A fuppoft:r qu'un Poële
puiffe pour fa commodité altérer à ce poim les fairs; les
notes qui fuivem it pormûc hifloriqu.t du. cha.rlaranifmt l ne devoient-elles pas redrelfer cene erreur? Celles des Poë"res
10m rarement indiff~rentes. Ils vivent de vols; mais ils
\'ivenr éternellement: 1avamage d'employer des formes qui
n'appartiennent qu'à eux, & dès formules harm0nieufcs qui
féd ui(em cous les hommes & qui repou(fenc les déra ils (Oujours.fautifs pour ne préfemer que des réfu!cacs lieur a(fure
l'immortalité. Il ell p.rmis de douter 'l.ue L'Efpri"" Loi.
]
légale, & nous [aurions cous du moins. ce que
feroient des Comtes, des D ucs, des Palts CIIlcinnati qui auroient reçu la fanétion du Congrès; no us nxeriom leur exiClence ; nous dérermi ner ions l'étendue de leur privilège exclufif
& de leur inAu ence. Mais les Cincinnari fe font
créés eux-mêmes: femblabl es à ces defp otes
qui ne relèvenr que de le ur volonté & de leur
épée, ils étoienr guerriers, & il s n'ont admis
auc unes bornes à IC\lrs prérenrions, ils n'ont
rien voulu devoir qu'aux conditions ambirieufe s qu'eux-mêmes fe font im pofées, & l'exifrence qu'ils fe font formée pour eux & pour
leur pollériré .
Créés par une inCraaion formelle à une loi
gé nérale de l'uni on, pourvu qu'ils exiClent ils
n'ont pas befoin de la fanétion des loix pour
augmenrer leur confilèance. Le courage & la
fermeré ne pellvenr leur manquer; s'i ls réfilèent
avec perfévérance à la molle oppofition qu' ils
pourront renconrrer ; s'ils per ruadent que leur
inftirution n'eft roue au plus qu'une décoration
f1atteu[e & de nulle im po rran c~ (c'elè ainfi ql~~
fur vi ve aux belles Epines d'Horace , ou même à (es jolies
Odes, 11faut donc relever toutee rrtl1r morate & [O~:t m:!a ..
fonge hillorique accrédîré par les poëces.
D3
�[ 4~ ]
juge le vulgaire ) ; s'ils ont la patience, l'adrelfe,
Ja fubtilité, la fou pleffe néceffaires pour cacher
leurs profonds deffeins fous le titre pieux &
l'intéreffant pré1eXte de la levée d'un fund ge
chari :é, de 11)aniere à fe laiffer tolérer feulepient pendant quelques années; fi m ~ me par
une ejéféren ce purement politique,ils conCentent
ou fone contraints à modifi er l'infti tut io n
done ils one fond é la perrétuité av ec un e adreffe
prodigieuCe; ils pourront bientôt braver impunément les coneraçlié1eurs ; car la moind re partie n'en peut êtr e foufferte C;,ns rendre une forte
de vie à fa totalité. Si l'on accorde aux G;inç innati qu 'ils Ont pu fe diftinguer de leurs Concitoyens; fi l'on con Cent ql1'ils en foient djftingués même à terme, & qu'i ls formem un corf'!!
pour quelques inftans, même dans çle fimp lc\
yues de bienfaiCance ; ce fera récompenfer la violation des loix de la Républi que & fanÇl: ionner
une mauvaife aé1ion qui méri tero it bi en plutÔt
d'ê ~re punie: on ne pourra empêc her qu'il n'en
réfulte pour la poll érité des Cin cinnati lin
titre d'honneur héréditaire. L a médaille que
leurs deCcendans n'oCe rpnt pas porter, mais
qu' ils con ferveront dans le tréCor particu li er
de leur famille , leur rranfmerrra à per r éru ité
un fentiment , d'orgueil qu i s'oppofera aux
[ 43
1
ttllian ces de ces ramilles axec celles de leurs
concitoyens, égales & peut-être Cu périe ures cn
mérite; mais qlji du tems de la Rév oLution
n'a uront pas eu le bonheur d'avoir des membres
dans le corps des officiers. Ces [orres d'inégalités fondées Cllr une vanité puérile , qui mettçot obflacle au cours naturel de l'am0.LLr honn ~ te ; qui font féparer des individ us que le ciel
fembloit avoir formés l'un pour l'auue , & 'lui
ne pellvent trOllv er dans une autre alliance
un bonheur égal à celui qu'ils fe feroient
procu ré , font un des mallX les pl.lIs cruels dom
l'Europe ait affl igée, & qui par des mariages
mal a([orris au ph y/ique & au moral y dété ri ore
les races, fu r,rtout les races le~ pms iilu1llres,
punies & oon pas,ço;r igée( par,là de leur propre orgllei!. lj.es mêmes caufes, auront les
mêrt}e$ effets. La génération Cuiv anre des Cinç ÏJlna~i C
era a,l.Iffi el)ivrée de la prééminence de
[on fang ; le Pa~"iciat fera auffi, profondément
enraciné dans, Ghaq)le famill.e puiffante., & impriméJans notre gouvernement, qu'aucun autre
ordre de nobleffe peur l'être dans les monarch ies
de l'Europe , Une ambition vive & enAammée,
l'avidité du pouvoir, l'o rguei l exalté Ont Cerné
ce grand arbre dont les branches ombrageron t
la tyrannie, Il eft de l'e[prit de la Noble!1è , d ~
C i:
-'
-
-
--
----
-
------- -
---
�[ 44 1
fe regarder comme compo ra nt {eule la Société.
En moins d' un liède J'inlbtution ~ui trace une
ligne de féparation entre Jes defcendans des
Cinc innar i & leurs concitO)'ens, occaltonnera
u»e telle inéga lité q>lcle P'lYs , qui ne contient
aujourd' hui que des Ciro yens éga ux aux yeux
de la con l1:imtion & des loix, feta comparé de
deuxrorresd'hommes ; DE s PATR ICIEN S : DE S
PLÉBÉIENS.
'
Tel el1: le rérultat naturel ; immif.lel1t , in{ail'lible d'un établiffement dont l'origine {oudaine
eft li oppofée aux principes républicains qu' il
no us offre les plus trilles préfages. Créer une
nobleffe , violer & par conféquent détruire notre'
conl1:itution , au moment même où nous nous
élanço ns dans le monde fur les aîles de la libert é ; c'eft fa ire de cette liberté, à laquelle le ciel
nOus a permis d'atteindre, une profanation criminelle & qui tient du facr il ege; c'el1: tourn er à
"\ltre ruirje les bénédiélions de la providence.
1
Non; je ne me fais point ill ulion. Tout
concOUrt à établir , ~ [ond er la force de cette
Affocjarion,
[ 45 ]
près dixmiIIe el1 ce moment ( ; ), & l'ordre annonce baucemenr le projet d'adopter tOUS ceux
qui Ceront dil1:ingués par lwrs talens & leu r ri pILlation ; c'eft·à· dire tOUS ceux à qui leurs places, leur conlidération, ou tout autre moti f clonnero ~t un crédit Utile à l'ordre. Si chacun d'e ux
par fan inAuence perCon nelle Ce fait feulemen t
troi s partiCans qui adh èrent à fes intérêts , à fes
fentime ns, à fes opin ions ( il eft peu de calcul
moins exagéré ) un corps de quarante mill e
ho mmes d'élite que cbaque gé nération au gment era s'élè ve foudainement. Eh! qui dans l'Etat
n'en recevra pas la loi l
LA FORC E M ILIT AIRE.---Qu id e t o ur ese ll:
la plus redoutable pour l'éga lité. Nomt-reux ,
aguerr is , connoiffans par état taures les faci li tés
que préfenre leur pays pOUl' l'a ttaqu e ou la défenfe, & jurqu'aux quaIités perronne ll es des corn·
pagnons d'armes qu'i ls ont co mmand és ; fupérieurs au refte de leurs concitoyens; fu pér ieurs
aux loix même que leur exiftence infulre,& dont
elle arrel1:e l'impuiffance , qu'aurOnt-ils à ména-
( 1 )
Comme on pourroh croire en Europe ce calcul CX3.
<C For che I1J1Hl btr
gé ré , je cite l'auforiré Anglo-Américaine .
Ctf the
Le
NO~lB RE DE S A SSOC I És.··Jl el1: d'à.peu-
Pu rs of thr (lrdu , rrckoning-/IMorary m~mbus
ûrorr of rtn choufand. :»
" "ROt ùr fll T
J
( " . ," , •• )
�[ 46 ]
ger ces guerr iers, & que ménageront-ils r Le
pouvoir & l'inlluence des différens corps de la
République, des dilférentes portions de la Légiflamre,augmentero nt & diminueront à leur gré.
Si quelque chef ambilieux , fi quelque faa ion
pu iifanre menace la liberté des communes; fi
le Congrès lui -même dans quelque circonfiance
politique qu'il efi non-feulement pollible , mais
faci le de pr~voir, fe trouve avoi r à fadifpofition
Un revenu, une lIotte, une armée & veut atte nrer à nos libertés; les Cinc innati prendront - ils
un aucre parei que cel ui qui co nv iendra le mieux
à leu r ordre armé? Et leur paids n'emportera-til pas la balance?
LA cONsIDÉRATloN---Néceifairement att.ach ée à de grands fer vices rendus à l'état; à de
grands fou venirs , à des aaions éclatantes, exagérées par l'or&ueil national & le pendUln! d-es
hommes pour le merveilleux; force qu'il ell imporIible de calculer, & qu i de lareconnoiifance
& ,de la g loire peur faire des inftrumens de [er"icude & de tyrannie.
L'Ii ÉRÉD IT É-- -Qui éternife ce dano-er,
qui,
o
l'a ugmente même de génération co génération,
& de fiècle en fiède , par le poids toujours nouveau que letems ajoûte un préjugé qui ,-icillit;
r 17 ]
par l'efpeee de fanaion qlJe l'a ntiquité imprlm ~
à toUt établiffement ; par l'intérêt d'ambition
qu' il il)fpire non-feulement aux perfonnes déçorées ; mais aux fami lles entières, oil les fils, les
petits- fi Is , les neveux, les collatéraux éloignés
p ouvant prétendre ljnjour a u même honnelfr oq
aux m êmes efpérances , forment dans l'Etat une
efpèce de ligue éternelle, une con juration non
interrompue des races & des fam illes pour fo u_
tenir, perpétu er , aggrandir m ême des privi,.
lèges & des droits u ne fo is établis ; en un mot
ull e ARl sTOCRA TIEPERP ÉTUELLE_ Or (o it
que la léginature, qui en réformant la loi généra le de l'union, auroit (cul e le pouvoir légal de
l' inllituer, lui donne naiffance; ou qu'elle (oit
ufurpée par des C itoyens , de! G uerriers d'élite,
unis par des relations intimes aux officiers nopbles de l'E urope; les con(équences font à peu
près les mêmes; c'e(t - à- dire infinimen t ful'Iefl:es, Le refpea qu'on porte naturellement aux
races ill ufl:re, , anciennes & opulentes; la confi dcirati on & le crédit qu i rHulleront d'une affociat io n fi puiffante, fe perpétueront avec le Patriciat ; & tant d'avantages une fois obtenus ,
quelle famille aUra le courage o u feulement la
pen[ée d'y renonce r ! Lorf9ue la generation
pré fenre al!ra difparlj de la [cène humaine,
�( 4S 1
lorfque les defcendans de ces Parriciens qui Ce
font créés eux-même; , n'éprou veront plus les
malheursqu'ont eJlùyésleurs peres, & qui devroient leur avoir appris qu'on ne pem rien pour
la l iberté que par l'union politique donc l'égalité [cule el! la bafe: ces enfans des Demi-dieux
Ji élevés au- deffus de leurs voifins confenti rontjls à defcendre? Se rememont- ils au niveau de
ceux dont ils pourront être les maîtres? Préféreront - ils l'égali,é de la Dém oc ratie aux:
avantages exclulifs d'un Gouv ern ement Ariflocratique qu i ne pourra plus rélider que fur leur
tête ? N on fans doute; un ordre qui par fa
compofition, fon étendue & fes rapports ne
peur qu'avoir la première influence dans l'Etat;
un tel ordre cahalera, confpirera , détruira le
Gouvernemen t pour conferver fes avantages ;
ou plutôt il [era le G ouvernement.
LE DROIT DE
j
nies; qui entretient & alimente cec efprir de
co rps li redoutable , le fait ferm enter, & de
toutes les pallions i[olées n'en forme qu 'une
feu le plus aél:ive & plus ardente, d'aurant plus
dangereufe que tous ces hommes raffemblés
croiront repréfenter la partie la plus confidérable , & repréfenteront en effet la plus puiffa nte de l'Etar.
Enfin
LE DROI:r D'AVOIR
DES
FONDS ET
Qui ajoûte à rant de
puiffance la puiffance de l'argent ; cerre puiffa nce toujours corruptrice dans une république
hien plus redoutable enco re quand elle s'exerce
[ous le nom de bienfaits; parce que dans des
t ems de rroubles & de diffenrio ns,elle peut foudoyer concre l'Etat les befoins , les malheurs,
les haines, & les l'ices.
DE LES EMPLOYER.---
T~ N IR A VOLONTÉ ou A DE S
ÉPOQUES RÉGLÉES DES A .' S EMBL ÉES TANT
Droi r
qui conll iruellncorps ;qui {uRiroit pour le créer
quand il ne {eroit pas déjà érabli ; qui rappr oc he tontes les ambitions, tous les inré rérs ,
& les mec pour ainli dire en préfencc les uns
des autres; qui les enA amme & les' fourient
par le fpeél:acle im pofant de leurs fo rces ré ul'ARTI CU LI ÈRES QU! GÉNÉRALES. ---
1
l 49
T elle eilla force de cetteAffociat ion,& l'on
po urroit douter fi elle bleife l'e[prir de nos loix !
Si elle renverfe les principes de certe égalité
dom nous fommes li jaloux 1 Ii elle établit &
fixe à jamais dans l'Etat un ordre de Ciroyens
féparés des autres Citoyens 1 No n, il ell impo llible d'en douter ; & li cette inlliruti on
fublifte • la plus grande panie de cette nation
�[ 51 j
{ 5° ]
libre & ~ère , qu i, dans les aétes de fa coniiiturion s'appelle SOcv E RAIN E , & qui l'dl: pat
les droits de la nature & de la viétoire , eft
deflinée Mf'ormais à fe voir A~trie du nom de
PEUl'LE, dont les Hclaves titrés de l'Europe
font oarvenus à fâire une injure; & à laifTer
dominer fur fa rête & fur celle de fa poilériré
une race éternelle d'Arifiocrares, qui bientôf
peur-être ufurperollt tOUS ces tirres in[u!rans
dont III NoblelFe Eù'ropéèOlie é'crafe le !impie
citoyen, foh égal & fon fr'ere, II n'd! que trDp'
vrai que (oUle conilirution porte en {Di un
germe cf'affoiblifTemë-nt & de deilruc'tion. Cert
le malheur inévirahlément attaché aux -chofes
humain'es; mais dtl moins ce poifon né avec les
Etat~ l'le fe dévelo'p pe que léntel11ent &. dans le
cours dès liêcles, VoicÎ ün fpeétacle nouveau,
& dont la politique n'a 'p oint fourni d'exemple;
Four la premiere fois, on voit paroÎtre chel': un
peuple infiruit & guidé par des hommes habiles
& prévoyans, une conflitution mt1remen't réfléchie, unanimem ent adoptée, folernnel1e'ment
proclamée; & près d'elle au moment même de
fa naiffance, une infiitnrion parf,1itement Contradiétoire à fon plan, & à l'efprit général de
fes loix. Ai nli les Américains ëlèvent d'une main
leur con fiiturion , de l'autre le principe m ême'
de fon anéanrifTemeht,
th! n'e n fermence·t-i l donc pas déjà trop dari ~
hotre fein! Le lu xe de la nature trop prodigue '
envers nous efi Je premier & J'éterneJ écueil
dont nous aVOns à nous défendre; J'inégal ité
des (ortunes qu'elle a préparée combat J'égalité
de droits GJue nOliS · avons établie; Jes moeurs.
les préjugés contra étés fous Ja domination Angloi{e, n'appellent que trop J'Arillocratie par
la défcétuoÎtté des Joix même ( 1 ) , {ans q\'~
~u m~ment de publier cet ouvrage, compofé long-
( J )
tems avant hmprdnon , nbus lirons dans un Ih're artribué à
M. l'A bbié de Mab ly * ,& qQi porte fon nom:
«. La loi veut que les enfans des Franc·tenanciers âgés de
cc vmgr-un ans aiem voix dans l'éleélion des Repréfe
. "1
•
mans~
" .q110lqu 1 s n'aient poim payé de taxes, ry confens : ma?s
(C Je demande commem cerce difiinélion A, ·,(loc
t'
"
.
fa Ique peur ..
~ Ji Je pUIS parler alnfi , s'amalgamer avec les p' .
.
nnclpes (oue
« d~motratlqucs des Penfylvaniens Lü van·t é
. "
•
1
qUI C u. dan$
tt le cœur de tom les hommes
efi de toutes le
n'
•
Q
S
l
pail Tons l:t
ces ranc~
plus aglrrame & la plus [ubei/c. Je ryagerois que · F
•
t>
« [enanClcn reg:ude ront leurs priv ileges cam
r
. ..
,
me un e lorte
« <'ie dlgOlre qUI les (épare '" doit lei (éparer d
c·
.
,
cs
ttoyens
cc ~UI ne pofscdenc pas des [erres. Après les avoird~dai nés
tt Ils ne voudront point Ce confondre avec eux
V ·1 ' gd •
·
. 01 a eux
-.c: or dres de f amIIles. De ce que les unes ·
'
d'
JOUiront une précc rogatlve partlcuhere. elles conduromqu'elle d '
o
"
« mer un ordre
,
apart. Je vois Ce former
• Ob((rv3tions fLlr le Gouvernement
o
•
'_1,
~
r
s
olVentror~
une noblelTe héré ...
•
s c..ra(s - un1.S d 'Am(riqu~ '
8 .49 . .Edmon d'Amlt('rdilOl dlC1. J DR '
p. 47,1
,
)
. ,.1,,' t
OllUC.
•
�l 52 ]
t
nous nous hâtions de l'inaitucr , de l'armer , d~
la dorer. Des [emences infernales de divifions
î3
1
.le jaloufies, d'envie, de cupidité, de partlalités publiques & particulières , . de rnécon-
ditai re que les loix Américaines profcrivem. Je vois des
comb"rscoDtinuels emf!! l'A rifioc racie queles pamo ns êta·
'
11. la Démocratie que les loix protégeront; Sc pour
« bl Ifom ,.......
cl
.
({ uC la République en {orth avec avantage , ou u malUS
(C ~ns fe padre • il faud rait que les Cito~èn~ cf.lfft;>I1t le ~ ve.~.
cc tuS des beaux tems de Rome, c'efi·a · due ( fui re nt qu d
~ ~ Y a quelque chGl[e d..:. plus précièux que l'argent. »
ex:
• " Vous n'ohéiJ1"cz plus aux Anglois qui pou.rvoyoient à VOire fÛleté • .
" vous étesol:Higésde vous gouverner aujourd'hu i par vous-mêmes ..
,. & peut-être qu'en accordant les mêmes droits j toutes les Ceac.
c.(
. " (Iifférentcs, & qui fe Cont accoutumées & famili arifécslcs unes avec
" lesau tres, il auroit été néceITaite de rdheindre un peu VOtre cxU
Ce (eul exemple développe notre idée; & l'on vOl!droit
reDcontre r plus (ouvem de pardllcs obrer\'a(~ons dans lio~.
vrage d'un homme de mérite qu'o n ne croyOt~ .pas dev81r
donner pour premiers coure ils aux Etau d'Amen que de rlfrrtÎndrt & de ne pas !.TABLIR TROY' ENT I B'RE la Dém ocrlltie . * la T olira nct rcli~itUft § Be la L.ibtrli dt la PrtjJt 11·
.«
Pcrmetl('1.-moi.:"1onCleur 1 de VOliS demander fi duns vos nol'lce " clles loi x ,on s'I..n bien proportionné aux lULnières & aux pJOIons
1 . uu'. qui n'dl: ,'Olmais afIà éclairée pour ne pas confon" delamuUt
« drc la liberté & la licence ; ne lui a-t-on 113$ plus p romis qu'oll ne
. & quo
'n ne pouvoit u:nir? S' il en VIa j que paf un e fulte de
u\'OUOH
1
ct ... os liaiÎuns :lyec J'Angh:tcHI,! il y ail parmi vous un germe d' Ariflo" (f:ltte qui cherchera continuellement à s'étcml fc;o'y aUToit-il point
ct quelqut imprudence à voulo ir étJblir une Démocratie tTOp entièrd
C'efl. mettre m contradi8ion les loix & \es mœuts. Il I1H; Ccmb!e
(' 'lu'au lieu de r~veiller magnifiquelUCflt l'ambit ion & les erpérancesdu pt!.!ple , il auroit été plus fOl be de lui propurer limrkmem de
s'3f1hnchi r du joug de la Cour de Londres, pour fl'obéir q\\'~ dts
.l magifirats que la médiocrit~ de: lt ur fortune rendroit modd~cs &
«
U
cc 3m is du bÎt'n public; en réglant fes droilS de façon qu'il nc pÛt
l'
craindre aucune injufiice; il aurOit fallut principalement S'otcûper
(l
:"
<,
mettre des entraves 3 \'Ariflocr:uie. &. faire des loi ~ pour cmp(chu les riches d'abufcr dt: Ic:urs rkhe(fes, & d'acheter une :lU-
"
tOrilé qui ne doit r as leur appartenir,
de
1
tr t: ll\e tOlérance pour préven ir les abus qui en peuvent réCulte r.
Il " J'ajouterai
. . Qu'il cft très-dan..
I l gereux d'établir Jlar une lo i la lIberté la plus abfoluc de la rrelTc.
Cc Jans un Etat nouveau, qui a acquis fa liberté & fan indépctl.ance
h 3.\Iam que d':rvoir l'art ou la fdente de s'en Cer vÎr. Il dl vrai que
c. fans la liberté de la preffe il nc pCUt y avoir de hb cn~ de penfer.
" & que nos mœurs par conféquenr & nos connoitrances ne peuvent
l i faire aucun progrès. Accordez tOUt aux favansqui étudicm les (e ..
C I crets de 13. nature, qui cherchent la vérü~ clans les débris de
. , l'antiquité & 1($ tél1tbres dcs tems modern cs~ ou qui écrivent fur 1"
'c loix ~ l e~ règlemens, lesréfolutions, & les arrangclIlCtlS par ticulie rs
u de la polit ique & de l'adminiChadun-: leurs erreurs ne li rent
" point à conr-.!quence; leuu dircuffi ons telles qu'cllcs (oient. :I igui" (ent no He entendement, !'aCCOUlunlem à une marche r ~glé c , &
CI jet tent des lum ières utiles il la morale & à la politique.
.' Mais les Américains étant trOp familiarifés av ec les idées phi...
, f lofophiqucs, lC's opinions & les préjugés de l'Ang !eterre • pour
" s'en détacher rubitemcnt ,comment pourroit-oll. efpérer qU' Îls ne
" con: inu:dlem pas:l tirer desconréquencesdangereuft'J des erreurs
U qu'ils regardent comme autant de principes? •.
. . S'ils avoient
" la liberté dc tOUt imprimertandis que vos Ré publiqucs n'Ont po/nc
Cf encore créé ch ~z. elles un Conreil ou un Sénat pour leur fërvÎr de
" Palladium , confer ver & perpétuer le même efprit; 3. quelle 111_
" confiance de doél:ri ne . à quelles birar reries. à quelsdé(ordres nc:
" devriez-90us p~s vous attendre. fi chaque Citoyen qui a ql'clqu.e
.1 talent pour écrire 1 pouvoit i mpuné ment cntreten ir le Ptoblk de
ct fçs têvcrics, & atta<tuer les prindpcs fondamentam.: de
fO(léH~ t
E
�t 55
[ :4 J
t emens avoués & [ceret, rous les vices de
l'Europe, en un mot, fomentés par d'implacables ennemis qui n'avaient pas afTez de leurs
armes pour nOUS combattre, [ont répandus dès
long-tems dans notre patrie. Si loin d 'en tempére r l'aéliv ité , nousen multiplions, li nous en
réchaulfons les germes, nous fommes perdus, &
n 0US ne mériterons pas fllême un regret.
Et pour achever de fe cOhvaincre que )'ordre de Cincinnatus établit en eflèt au fein de
l'Amérique un PAT R 1C I AT, il ne faut qu'examiner les motifs avoués de cette inftitution:
car s'il, font tous iliuCoires ou dangereux;
ft, pour colorer leur unio" , les Cincinnati prononcent de grands mors vu ides de Cens; il rertera dans leur ligue les clau Ces pofitÎves qui
forment la confédération des puifTans, & conftituent la diftinélion orgueilleuCe qu'il, s'arrogent.
Les Cincinnati fe font a!fociés, dirent-ils,
pour perpluer le fluvenir de la révolution
& de la cohfédiruion. ( 1 )
,
)
Une médai lle furm oncée d'un ruban' Vt)i1}
donc le vénérable monument de la plus grande
des révolutions! Et l'exiftence de la Patrie!
& ce nouvel empire fondé 1 & la face de l'Amérique changée par nos vertUs & par nos loix !
& toUS ces lieux témoins de nos exploits 1 les
c harrips de batailles, les fleuves, les m ers teints
!
du rang d-es_ennemis.' ce ne font pas des mohumens afTez nobles pour acrefter ce grancl
evènement 1
Ah! malh eur à nous, fi le fou venir de cette révolution
Ce perd dans la poftérité 1 c'eft que nous auron.
perdu notre gloire , avili nos vertus, dégradé
nos ames 1 c'eft que noUs aurons anéanti l'ouvrage de nos Ancêt res 1 Et croyons- nous qu'alors
un vàin ruban, une diftihélion frivol e , feront
revi vre des rouvenirs que nous aurons n ous~
même ét eints par nOtre lâcheté, notre [ervitude
& nos vices Confervohs l'égalite pour laquelle
nous ayons coml\attu ; & la poftérité n'oubliera
pas la révolutiôri qui nous valut cette écralité
t>
que les Cincinnat i rompront en peu d'inftans.
fileur rociété n'efr pas difToute.
r
fr[ais les Etats-unis ne peuvent pas payerl'arhzée à la'llLell: ils doivent leur exiJlence ; & ne
fon t -ils pas heureux 'lue
officiers acceptent
"$
Cl) 10 perptU4.att the rtmembr~n" of the Rtvo(ucion.
E2.
�[ 56
J
pour Joide wu marque d'/lOnnwt dont ils n'abllj( ron! pas? (
J )
Ou l'Etat peut payer vos Cerviers; & alors
il ne commettra ni l'injuftice, ni l'i ngra titude
de ne pas s'acquitter envers vous. Ce malheur
aviliffant n'arrivera pas Cans doute; mais dnt-il
~rrive r, nobles R épublicains 1 ce Ceroit encore
une lâcheté de l'avoir prévu; & vo us devez
êrre affez grands pour pardonr:er un tort à la
P atrie. Ou la République ne peu t donner de
l'or à Ces braves défenCeurs ; & faut-il alors
qu'elle s'acquitte en renverfant de {a propre main
la conftitution qu'ils lui ont achetée au prix de
leur fang? faudra-t-i l qu'elle les paie de l'e[clavage de la pollérité? de cette po llérité dont
les pères au flî versèrent leur fang ! L e~ Cincinnati Ce déclarent frères des officiers: pour leur
fraternité d'armes il faut un gracie. Que {erontils donc à leurs autres compatriotes, à ceux qui
combattirent avec eux & auflî vaill amment
qu'eux dans un rang inférieur? Bientôt le dernier des Sous-lieutenans , décoré de (on ruban,
(1) Th~t the Sl4UJ cannot pay the arm]. th e oificus lIJ1ill
'bt conttnud PJlith chi s bauLLe. and thty vvill not tlbuft ir.
t Tis lil-t thrO'fving Il tub to a J. l'halt. --.·Au rene ce[ aveu
;ngénumem échappé :l l'inadvertance des Cincinnati, dé--
.pnce aUèz l'importanc~ politique de leur ruban.
[ 57
J
rougira de la comparai fan & de l'alliance avec
Je premier fergent, avec Je plus brave [old at de
J'Armée. Cependant ces pofles fe touch entd lOS
un Etar répu blicai n, où Jes armes n'ont été
priCes que pour le maintien des d roi ts naturels.
La fupério ri té du m éri te eft m ême du côté du
fergent , auquel il n'a dû manquer qu'un peu de
fort une pour être élevé au grade d'officier .
E h bi en : ces [oldats, ces {ergens n'ont ni rubans, ni médailles; & ils attendent leur [a ide,
qui en leu: pain, qui ea leur hlng. Les offic iers feront- ils plus avides, ou moins généreux?
D es hommes qui conviennent de m et tre en
caiffe, & de confacrer à des œuvres de bienfai(ance une partie de leur paie, font airez ri ches
fans doute pour en faire un don à la patrie obérée, [u rc hargée d'engagemen s , dans un moment
Otl il faut mériter pa r les plus grands efforts la
confiance des Citoyens & des Nat ions . ... IIIu[t res guerriers, feroit -ce donc le premier facrilice que vous auriez fa it à la patrie ? & Ccroit-il
(ans récompenfe? Ce n'e n pas chez vo us comme
e" Europe , O tl il fa ut une efpèce de courage
j'our honorer le mérire & la vertL! fans titre.
[ans décoration, fans rang, fan s fortun e; & l'on
y fait qu'après une belle att iun , il n'en rien
de plus noble que la larme qui vient à l'œil de
celui qui l'écoute .
E 3 .
�[ j8 ]
1
Ils foutiendron t lts famille s indigentls de
défenjélLrs dt la patrir; ils dpandront d~s bienfaits fùr les malheurw.r 1 ).
[ 5? ]
fa nce comme par ticulie~ , & le doi~ comme
homme . Mdis de quel droit un Corps s'an-
t
Eh 1 qu'ont-ils beroins de déco rations, de
privil èges , de PA TRIC I AT , de nobleJfe héréd iraire pour exercer la bi enfa ira [1ce? Faudra-t-il déformais en Amérique comme en
Europe cam peer fes ayeux pour avoir le
droit de doter l'infortune , & ne doter quç
celle qu i peur elle-même nombrer les fi ens?(2)
Chaque CitOyen peur pratiquer la bienfai·
( 1 To t :Jund alh ofbtntfictnct rOIlJl12rds rhoft officersond
rhtir mllies lI,ho may ulIforru nauly bt Wld tr cht n(Ctffil, of re...
cril'i 19 it.
( 1. ) Qu'une femme d' une naiffance dillinguée) mais pau~
vre l'yam tfatné (o n enfance dans l'in[oftun e, parvenue ec-
fuite lU cqmble des grandeurs, veuille {oullraire à l'il'ldige nc!! qpe\~ues jeunes per(onnes nées dans la clarfe dom cHe
s'hon 1re; qu'elle prodigue pou r cette œ uv re de bienfaifance
er()p p ~u éclai rée les {rérors d'un grand R oi ; c'ell l'effet d 'un
retour rur ell e-même 1 qui borne (a pitié au malheur qU'elle
cro it plUS près d'elle; c'cll le ri,he aveugle d on nant une aumône de p réf~ rence à l'ave ugle indigent.
Mais qu'un homm~ né dans J'ob (curité ,de\' enu POfrerfCl;If
d 'l' ne Îmmen,e forcuPle 1 éri ge par falle un édifice public où
ne (I!ro nt arlmis que des enfans d'une naiŒ'a nce ill ufire, n'ence pa.. le delire d!une vanité baffe ~ ftupide ? Ne fair-il pas
dite au pa{f~t qui contemple ce c çdi~cc ; (c. Mi fé rablc)
cc co i qui n'es qu'un Bourgeois ,
p OUf '
parler te langage d e
~ l'orguei l à qui tu dédies ce monument ; s' il eat exifi é
cc a vam toi; s'il eO t fallu pour y être admis les condaions
(.( que [u as impofées r ton entance ob (cure &. indige nte y
cc e(lc.ell e tr ouvé un aryle? T on fafl e Cl cru déguife r le mal(.C. heur de ta naifra nce •. ••..•• J e ne d ira i. poi ne la
bar""
cc (efTe j tu le mérite rais pounam; ca r ru as montré cell e
cc de ton cœur & la peci ce::fT'e d e ton e rprit • .. •••. T a vanit é
(e même ,'e Cl méprire. Tu. rappelles ce qu.: tU voulo is cacher.
ee Ouvre cet horpice à l'e nfant qui (ouffre, quelque parr qu'il
« ait pu natc re; alors je te crois nobLt. hommt dt qlLl2lit i même,
cs: comme IU difois; ou ie m'ind igne que tu ne l'aies pas
~(
été.
):?
N. B. Je vais imprim er la réfutatio n de cene note, que je
lai{fe fubfiJler 1 parce que l'idée qui m'a frappé l à la v ue de
l 'écol e militaire comparé à Sc Cyr l peur frapper beaucoup
d'autr es, Be que fi elle e ll mal fo od ée 1 {oU t hooo Ëte homme
me (aura g ré d e lui fau ver une lo jufli ce ou une erreur. Je
cranrcrirai donc pour correéhf de ceHe note ce lu'un homme
d'un grand mérite & d' une honnêteté au-derfus do! tout
(oupçon me maqde à cet égard. Quelque doux <lu'il m'eC1.t
été d e défére r à (on feul defi r 1 j'ai eu le courage de r efur~r
aux foUic it ations de fon amitié la (uppretlion d \m morceall
que je crois honnête &:: moral. Mais je do is à la ju{lice &:
à moi-même de publier la juflihcatio n de M. D uvern ey ,
fondée fur des détails dom M. *lIr* me garantie la vérité.
cc
IC
« L'homme que vous accurez éto ie beaucoup plus philo..
{ophe qu,=- vous ne l'avez cru; il gémiIT'oÎc comme VOus 8c
moi des conréquences malhe ureufes du préj ugé féodal' & il
E 4:
'
�[ 60 ]
[ 6, ]
nonce-t-iJ dans l'Etat comme le di rpenrateur
des b ienfaits? Une alfoc iation puilfante , die.
tinguée par des prééminences, qui peut verfer
de J'o r, acheter la teco nnoilfance des m a lh e u ~
b1ârtlOl r l'adminifirarion d'employe r exclufivement la no·
bh;,,[~ pou r commande r dans les croupes j il pe nr~i( av~c
cc r airon qu' un jeune homme né de pareIlS honnêtes . lOflnllt.
(C
C(
t..c bien élevé . ayanr une fonun e airée; d e'fo it fans doute faire
cc un meilleur officier qu'un runre filc hêlnt à pein e lire,
n'ayant aucune des bonnes quaHu!s de, payfans , &: rarrem"
« blam reus leun défa uts renforcés pa r l'amour-propre lç
:)l
~
plus
rOt fk
le plus eJ:travaganr .
(c M. Duverney ne pouv oit décruire ni la préjugé , ni
cc l'c(prir du gou ve rneme nt; mais il crue qu'on pouvoir et'!
cc di mi nuer les in conv~niens Cft do nn ant aux enfans des no(c bles l'éducation la plus capable d e les rendre propres à l'é ~c cac qu'on leur detl inoic ; il do nna fan proj ~ [ d 'une école
« mi li cai re • non comme celle que vous avez vu) non comme
1-' celle que \ TO US voyez e ncore .
~c
cc L'ttd minifirarion fai ftr l'idée de M. Duve rney ; m"Î'
l'o rgueil s'e n empara, la gâta. la déna[U ra. Le Secrétair e
cc d 'Erat • d e qui fon exécution dépendoit. vit dans c et
~c érabli Oè mene un moyen d'immorralife r fan minHle re; &
~c croyane rendre fa gloire d 'autant plus éclatante qu'il fe cc rait plus brillant ~ il fit U11 E ta c-M aior , donna des appoi ncc [emens à une foule de maîcres inutiles. comm and a d es
CC plans ; &. comme on favoir (es intentions . il s fur ene fi ma« g nifiques , & fi fo us. que la (eule Cour R oyale écoit plus
(e grande Que la (up~rficie encière des in valides.
cc Ces d ifp06tÎons n'éwienc paine du tout celles d e M. D .
cc V. qui ne vouioi t foint d'Etar- Ma jo r. n i d 'é difices fu pe rbe« men[ ruineux & extravaga nc. 11 deliroi r les bâtimens
c.r. nécdraires d 'une archh eél ure limrle Be modene . I l décefa toÎ[ les mai~re§ friv oles. U voqloit que les enfans fu!fent
" nourri s g roffière mem ; qu'on fo rci fiât leu r re mp éramment
« pM des exe rcices violens ; qu'o n leur mODfrâc les ~rm es ,
cc l'équ itati o n, le defIi n, l'e xerci ce Be à nager j qu' ds eur($. [Cil[ des ma1cres de mathé matiques, d es bngues Alle ma nd e
C( 8c Ang loife, I l [o léroit avec peine deux ou
rrois mo is de
c( maître à danfer pour leur do nner un maind en; ma is il eut
~ la ma in forc ée fur rour. Il éprouI,o' a d es chagri ns d 'aucc ram plus \' ifs qu' il fupponeÎc impatie mment la cc mra« di é\io n. Be qu'il ce noir avec enrêrem:: nc à fes opinions i (e S'
c( ami s l'ont fouve nt eme Hdu fe rependr amèreme nc d 'avo ir ..
cc en vou lant réfo rme r un mal ~ donné \'o ccal1o n de faire pis'
cc On peut reprocher à M. D. V. de n'avo ir pas , avec
cc beauco~p d'e fp rit &. d'expé rience, prévenu les obllacles
cc q u'il a re nconrrés , de n'avoir p~ uc-ê tre pas choi fi les
(C meilleurs moye ns d'a l!eli. à (on buc .
Se pt ou huit je unes
« [rens à la fuire de ch aque R égimenc auquel on auroit ar« taché un matcre de m.1thé matiques, &: qui le ur aura it donné
« p refque cous les aurres , auraie nt peut- être rempli fon
tC
~c
obje r plus çOITIplécemem &
mi que .
d ' une m ani ère plus écono.
" Quoiqu' il en fai t, fan idé e était belle ,digne de louange .
& d'un exce llem Citoyen; & je ne douce poim que couee
(e ame honnête ne trou ve crès- repréhenfi ble qu'o n lui fu pcc pofe lans p reuve. d ans la feule vue de fai re une nOte pite
" quame Be. bien encadrée, les coupables motifs d'une infup ..
portable vaniré.
Ct
" J e vous prie d'êcre perfuadé . Ma nGeur, que l ~ delir
cc d e vous r>ré(<:cverd'une aéHon q ue je crois injufl:e , encre
cc pre fqu'aucam dans les motifs qui m'om fair écrire ces d é-
vo~s
(C
rails dom je
Cf.
chagrin crès vif à IDes amis.
1
garantis la vér ité
1
que celui d'e vicer u n
�r 6:2.]
.
f eux , d l une alrociation plus que [u[peéle à la:
liberté républicain e. Ce droit de [oula ger 1'10d ige nce , de payer les [ervi ces ,eil un droit qu i
d ans une R épublique a ppar ti ent à l'Etat. S'il
fouffre qu'un corps envahilfe le d oma ine de la
bi enfa iCance , il aliène un des plus bea ux domaioes de la Couv eraineté, le Centimenr géné ral
de reco nno ilfance que les Citoyens doiven r à la
r atr ie ; il détac he d'elle les coeurs de [es en fan s
r our les attacl~r à des parc ic ul iers puilra ns ; il
commet un crime aux ye ux de la liberté. Dans
les R é publi ques anc iennes la plû part des Tyrans
oct com men cé la [ervitllde par des bienfaits;
ils Ont Coudoyé le pauvte pour alfervir le ri che ,
& préparé le malheur général en fo ulageant des
m aux part iculiers . Ce M anl ius, qui av oi t
chalré les G aul o is d u Cap irole & [auvé les R oma ins , énorgueilli pe ut -ê tre de [a vi élo ire ,fut
acc ufé de vo ul oi r régner dans le pays po ur lequel il avoir vaincu ; & ce (urent les tréfors qu'il
verfo it qui le dé noncèrent comme un T yran,
J e crains bien que plu s accoutu més à voir des
M onarchies que des Hép ubliq ues , no us ne vouli ons iml'rudcm ment mêler enCemhl e des inili- .•
tut ions qui fe co mbatten t & Ce repo ulfc nr. Sans
doute nn eil trOp heureux Cous d es Mo narques ,
que des Cocietes parti culi ères s' unilrenr pou r
adoucir les maux que le go uvernement l~lÎr
ra
r 63
]
naître, & qu e cou pable indifférence négliged e recouri r. L à que les vertus des hommes [ervent de contre poid s à la puilrance ; que les part iculi ers acquittent la dette de l'Etat; j'y confens . Mais nous égaux, & libres; nous dont Je
premier devoir eil une vertu publique ; nous
qui ne devoo s , qui ne pouvons fubfiiler que
par elle ; gardons-nous bien de donner un [emblabl e exemple , & de lailrer dé poiré der l'Et at
de [a plus Il oble fo né1:ioll ; celle de préven ir
les m aux , ou de les adoucir quand la néce flité
Jes fait naître, S'il la négligeo it , avercilrons-Ie
de la rem plir , mais ne l'en dé pouill ons pas.
Il [eroit dangereux po ur l'in fortune m ême
qu'un cor ps s'arr ogeât un cel privilège. L'E tat
s'accoutumeroit à croire qu'il feroit difpen Cé
du plus beau de [es devoirs, En abandonner
l'exercice à un corps, ce fero it à la fuis nous pré.
parer des fers & des vices, ri[quer notre confii~
tutlon & nos moeurs,
Ils fe vOljent à confe rver intac1s üs droits les
p ~u s é,!, ine ns de la nature hwnainl,(I), .. , . .&
petruJ[entle premier ,qui efi cel ui de l' É G A LI T É .
Atttnd in çt§an rly ço prt.[al1t inviollCt. th e t~al(t d righ cJ
.f human nlH u.rr ~
( 1. )
�[ 46 ]
II1u!1:res Cincinnati! ell-il donc deux fortes
de droits appartenans à la nature humaine?
Eft-i1 dans la natu re une efpèce qui foit forc ée
par état de trahir ou d'abandonner fe s droits?
Ea-il dans la nature une efpèce réduite à l'humble condition des PLÉ BÉIF.NS ? & une autre
plus éminente, don t les indi vidus foi ent incapables de conferver leurs droits fans l'atJention
continuell e d'un ordre doté de la dignité de
PATRiCIENS? , .... Voil àct(lt.rdant ce qu'ils
entendent, ou ils ne s'entendent pas 1 L es peuples de J'Amér ique ne leur paroi lTen t donc pas
dignes qu'on leur lai ITe le foi n de leur honneur
national, ou celui de leurs proptes affaires, à
moins qu'un ordre diainél: n'en prenne la furintendance' Ah 1 tant de foins fon t trop officieux l .... Ea·il unecontradiél:ion plusfrappa nte?
En un inaant il s inailuent un ordre, ils élèv ent
une diainél:io~ du haut de laquelle ils abaiITent
des yeux proteél:e urs fur tOut ce qui n'ea pas
eux; ils ont battu en ruine cette bell e & fimpIe & nature lle éga lité que l'Auteur des Etres
avoi t cr éée pour notre Utilité & notre bonheur,
que le philofophe contemploit avec un plaifi r
con fol ateur,que nos loix & nOtre go uvernement
nous promettOient & devo ient nous ga rantir .
. . , . . " 1I~ Ont tou r vio lé 1 • •• •• , , ,& c'efl:
dans le traité même &: leur ligue ufurpa trice
[ 65
1
qu' il parlent DES Dl'.O ITS ÉM INIlNS DE LA
NATURE HU'iIIA INE! ils vantent ce qu'ils outragent 1 ils jurent de défendre le domaine de
la liberté publique qu'eux feuls attaquent aujourd'hui 1 •• • • • • • Ah ! le voile n'eft pas aITez
épais ! Certes il n'eft plus d'hommes jo~ilTant de
fa raifo~ qui puiITe croire que les droits d'un
peuple, qui les a payés de fon fang, ne feront
pa~ bi entôt envahis par des guerriers qui.
m epf/fans la condit ion de citOyens privés,
l'abandonne nt pour s'élever à un ti ,re préfo~pt u eux qu ' ils fe font fctrgé! Le premier des droits fubli mes de l'humanité ea la
libe rté ; le fecond dl: l'égalité, fans laquelle 101
liberté ne peue être refpeél:ée ; le rroifième
ea la propriété, fruit lég itime d'un ufage égal
de la liberté. Les Cincinnati en détrui fa nt le
fec ond de ces droits, abufenc du premier, portent atteinte au dernier, & anéamiITenc leur
lien comm Un.
Ils exciteront, ils entretiendront dans les Etats
re.fpec1ifs l'union & l'honneur national! ( 1 ), ••
U NION 1 HONNEUR 1 . , • • • Défuni on plutÔt & avililTement 1 Quoi Il 'u NION par Un éta-
.
( [ ) Promott 4nd chuiJ h. ) bCClIPun the rtfpr[live Sta!'1, union
4nd national hono~,
�r 67 j
[ 66 ]
bWrement d' Arillocrates, dont l'effet nécelfaire
eft de divifer les CitOyens ,&d'en armer une partiecontre l'autreIQuoi!l'HoN NE URNA TION.A L
par une inftitution q ui doit d~?ra~e~ la na ~lOn
même en lui raviffant cedr()jt d egabte,premlel e
. fource' de la grandeur , premier gage de la
liberté! Laiffons au Baron de Steuben vanter le
bien qu'un ordre produit dans les petites princip; utés d'Allemagne; où chaque génération
voit inventer dans chaque village un nouveau
fymbole de noble ferv itUd~ ; oh le ta.rif , de
l'honneur eft l'ancienneté des titres & des bvrees.
P our nous, qui ne con noiffons d'honneur que
la liberté, & de maître que les loix; loin de voir
Un lien d'union politique dans un ordre national,
hâtons· nous d'y découvrir une fource in tariffable
de diffenrions , puifqu' une telle inilitution éta~
blit parmi nous deux corps diilinél:s ; l'un corn·,
pofé de l'arm ée , & l'autre dù peuple. N'ouvrons
pasun vaile & humili ant théâtre auxdiftinél:ions
opp refli ves, aux jaloufies incendiaires, & bient'Ô t aux ha ines civiles q ui finÎffent toujours par
le fil ence hon teux de l'efclavage. 1 1 )
( I l Car le p:\rc i long. tems opp rimé dcviem
opprdft'ur .
Adto modmu io tlu ndtl' li lI tre,H i $
l'ell t funu la.ndo iu
Jt qui[qut t"'tollie
,
à fon tour
dum trquare
, ur dt prim at .lium in dif-
ficili tft. COt'1 0 que nt mtr'.Ian t homints, mttu endo s fe u/crà
tffi ciunr, {, injurium d ntlbis rtpu'ljiJm , tanquJ77I Ifut {a a re ~
pari nt,tjJt fi, J injul1$imu.s a/ii.s , Tit~ LiV. L. iît. C.6S.
Quant à cet honnmr national dont les CincÎn'
bati récldment le dépût ; malheur à nous s'il
ne peut réli der que dans un corps, s'il ne peut
êt re entretenu que par lui 1 Quoi 1 touj ours des
Idées monarchiques dans des têtes répl'blicaines!
J'avoue que ce mêlange& cetteconfulion d'idées
m'épouvante. Encore neft-il pas vrai que
l'HON NEUR NATroN AL, même dans les ~onar
ch ies, rélide dans un corps de nobleffe. L'Allemagne a plus & de meilleurs nobles que la
France & l'Angleterre; & li l'Ang leterre & la
France Ont plus de gloire, c'eil qu'elles ~nt produit plus de talens ; or les talens [Ont l'ap panage
& la nobleffe de la roture.
Mais enfin ["honneur, cette produél:ion Européenne qui fu pplée aux vertus, peut li
l'ail veut être confié fous des Rois à Uil
corps, parce qu'il peut diHicilemefit exifter
dans le corps entier des Citoyens ; il a befo in
de préjugés; il vit de dillinélions; c'eJ1
une vanité dég uifée en orgueil qui peut d onner
quelque reffort à des ames alta ilTées fous la fervitude générale . Mais parmi nous, où chaque
Citoyen eft J'éga l d'un Citoyen, l'h o nne ur ne
doit être que la vertu, que l'am'our de nos droits
que l'horreur & le mépris de l'inégalité, Ijue
la dirpolition éternelle à verfer tOUt notre CanO"
pour l 'Etat &; la liberté ; & fous peine d~ê tr~
,
�t 69
t
j
déjà vib& corrompus, nOUS devons tous doN.
ner l'exemple d'un pareil [emiment. Quiconque pretend en être Ceul ou premier dépofitaire •
nous outrage. C'eft à nos loix, c'eil à notre!
conflitution , c'ell aux m agiilrats que nous
choilîlfons, & qui noUs go uvernent, que nous
devons confier ce feu [acré. Placé ailleurs, il ne
feroit plus que comme ces lampes funéraires qui
répandent quelque foible lueur Cur un mauColée;
mais qui ne peuvent communiquer la vie aux
cendres inanimées 'lui l'habitent.
Mais un ordre de nobleffe donne ta de laforee;
dl la durée, de la eonfidération à notre gouyernement. ( J )
Eh 1 quoi 1 la Ruerre d'Amérique n'a -t- elle
donc pas a([ez convaincu l'univers qu'un ordre
de noblelfe n'ell pas necenàire dans notre confédération? Ne pourroit-elle pas faire douter
quelle Coit Utile dans les autres? Faut·il une
autre épreuve? Quand nous osâmes lever la
t ête devant nos opprelfeurs , nous n'av ions aucune dillinélion parmi nous. Notre peuple
étoit pr incipalement compoCé de ces hommes.
que, dans les contrés eCclaves, on appelle
PAYSANS;
( 1 ) An srdtr f Nobili ,:! lIvill
uvcrtnce '0 our COJltr nmmc.
~ve
ftrcngrh
~
durQ.don and
PA ,HNS ( [ )
69 ]
& ces cultivateurs, qui n 'avOl~nt
ni décorations, ni titres, ni médailles,ni rubans.
prod uifirent de bons officiers, de braves [01da" , de vérirables hommes d'Etat, à qui l'adu.
lation ou la préComption des courtifans de
l'Europe oferoit à peine trouver des rivaux, 011
des émules, dans cette foule d'efdaves titrés BI;
décores qui prelfent les gradins du trône des
monarques.
;
Que difoient· ils cependant au commence~
ment de la guerre? comment trairaient-ils dans
leurs difcours ces hommes qui bi entô t alloien.
devenir des H éros.? ..... ces vils L aboureu rs.
ces Artifons méprifobles, devoient fuir devant
un régiment de Cipayes Europùns .. .... Ils rougiffoient de les combattre, ils dédaignoient de
les nommer , de les défigner, ...•• Ils l'on e
vu pou rtant; ils ont vu combien le vrai courage
( J ) On lit dans une notice de la vie du Cornee de P
'!
d .
amn.
tra UI[~ du RutTe ; ct V erne de (on pe re étoie auffi Doble que
(c
(analffancc ;
te TOUT
SO'N
QUATORZE 1H LLE PAY SA NS t TO I EN T
BI EN
te CETTE FOR TUNE \
,
TOUTE
MtOIOC RE
Qu'tTon'
& malgré la (ieuation où émit, alors LA.
« PATRIB(la PATRIB ('eil LA RU SSIE) il nenégl;ge .. . .
a rien
"d
l
u
r
1 pou'r . e ucatÎon de (es en fans )) • • • • • • • T e Il es lonl:
es ~p~ nton s " la modtration, la pauvreté J les vertus de.
PatrlClcns heréditaires
!
F
�[ 70
J
[ 7I
brave la routine militaire appellée d ifcipline;
ils ont vu ce que pouvoie nt des L aboureurs, des
ouvriers ré publica ins contre les Aones , & le.
armées, & les " érors , & les intrig ues des monarques . . . . . . ils l'o nt vu ! & il s Ont retourné ba ifer leurs c haînes .! E t nous Commes
libres!
Cene vertu milita ire de nos Concitoyens, ce
fentiment de leur d ign ité , ce m épris des dangers
& des T yrans ; tant d'efforts géné reux qu'ils one
accumulés, & que la l iberté & la glo ire on e
couronnés; qu 'écoie-ce donc que l'e ffee na turel
de l'éga lité, de l'éne rg ie mâle & fiè re d 'homm es qui combattoient po ur eux-mêmes, & non
pour des maÎtres; qui fe fervoiene de leurs Chefs
refpeétés, & qui ne les fervoienr pas, & dont
l'a me & le caraétère n'écoien t enveloppés ni
comp ri més par aucune fU l'érior ité faétice r Ce
fut cet orguei l fublime qui dit à l'h omme,qu'un
être de fon efp èce n'e fi pas au-detrus de lu i ; ce
fut cet orgueil qu i nous leva des Aottes & des
a rmées, qui nous créa des retrources, qui nOliS
fit foutenir contre une des plus formidables
pui trances de l'uni vers des campagnes fans paie
& fans murmures; dévo uement li g lorieux que
l'h iaoire n'en oAre aucun exemp le 1 & qu'il
im potlible qu'on en trouve jama is un a utreche1.
les nations quelconques où la noblelfe a ufurpé
1
Urie conr.dération cxclufive ! Si !'inCÜtu;ion quI
ea
l'établiroit dans 'notre patrie n'y
pas entièrement extirpée, les vertus nobl es & généreufes
q ui Ont opéré la révolution s'étei ndront pour ne
fe rallumer jama is. L'orgu eil & le mépris infu i tant , q ue le Patricien Sa llulhe appell e le mal
épidémique de la noblrffe (1), av iliront tellement
l'ame de nos en f~ ns , que bi en tô t d n o[era leu r
imprime r l' idée que dès fon or igine l'indépe ndance de l'Am ér ique fut a infi limitée; gue
l'effuCion de tant de fang' , la mort de tant d'il Juares viétimes , un e Ci gra nde ,'ar iété d'aétions
g lorieufes , de fouffrances honorables; d 'exp loits
qui t iennent du prod ige, n'ont pas été l'ou vrage
d u peuple, n'one pas eu fon bien pour objet;
qu'jls font la g loire particuliè re d 'un certa in
nombre de fami lles , dont ils one jufiement fondé
la grandeur, le privilege excl uli f, & pour ainli
d ire le monopole du po uvo ir dan s le Cantin ent :
car ap rès la violat ion des dro its Ide la natUre, il
reae à la tyrann ie de chercher dans un prétendu
droit politlf, ou dans le code de la Cuperaition.
les titres hiltoriques quï confacrent fes préten.
tions & légitiment fes attentats.
ea
( t ) Conumtor animl.l s,
6- fupuhia 1 C'ommunt nobilitatis malumJ
(Bell. J u.. , 6-\, )
F.:\
�[ 7~ ]
Il ell un peuple à qui la 1:1gelTe femble avoir
donné le droit d'immortalité parmi les nations.
Le privilège d'ennoblir les ancêtres (1) ell chez
lui la récompenfe des fublimes vertus, des
fervices difiingués rendus à l'Etat & à l'humanité. L à tour grand homme ell trop au-delTus
des difrin élions qu'invente & profritue la vanité
~lU main e, pour qu'on ofe en verfer fur fa tête.
On récompenfe ceux à qui lanation doit le bienfai t de fo n exillence.
Les Cincinnati prétendent un autre falaire ;
jls ennoblilTem leurs enfans aux dépens de leur
patrie !
[ 73 ]
les vertus des enrans font un hérit age do mefrique(I ).
Mais que dire en faveur de la coutume d'en noblir les enrans?
, de cette coutume qui communique l'orgueil d'une récom penfe à ceux qui
n'ont ri en fait pour l'obtenir ? qui contribu e
m ême il les rendre indig nes de cette noblelTe t n
{airant germer les vices à cô té des honneurs (~) ?
q ui applique tro p fou vent à des hom mes vils le
( 1) VircU3 ctntris ) die Plutarque • en cela plus philofophe
qu'A rillote , qui 1 felon Ch arro n ) dén[lÎt la nobldft! : 4nci-
! r.û té dt r4et & dt ri chtlTts . On diroit qu' Ariflocc écr i\ vic
dans le Pay s où le P . Menefirier a rait im primer un traité de
La coutume- d'ennoblir les ancêtres efr à la
fois noble & fage ; l'honneur qui remonte n'ell
pas du moins contraire à la rai fa n , comme l'honneur qui defcend; il fuppofe avec vraifemblance
q ue l'inihuélion & l'exemple des pères ont
préparé d'excellens Citoyens à l'Etar, & qu e
(
l: )
Si un Chinois dl placé par l'Empert'ur au rang des
?iandarins , (on père & fa mire ooe auffi. tÔ[ droit aux même s
hc;mncurs que le Mandarin ; &
on donne des titres d'honneur
n fon mérite en nès. élevé,
à fes ancêtres, en remomant
quelquefois jufqu'à la diJième génération.
la veritable nobl(fft, & un autre fur les devifes qu'i l appelle
LA
PHILOSOPHJE DES IMA GE S.
ll!s bicnféances <t qui ~ a?n!s tes
loi x & mieux que les loi x • régiff;!ntJa fociéré , en fubllituan t
( 1. ) Cette coutum e renverfe
aux éga rd s dus:î la f'lpértoricé de l'âge, le refpeét d'un vieil.
lar d pOUt un jeune homme fupérie ur a lui par le rang.
Cette coutume co rrompe jufqu'au x fentimens de la nacure len mêlant à l'bonlmage dCt au rang, l'expreffion du r(r~eét:
pour la pate rni cé. On montce à Rofny, dans ce féiour far.
(ueux de l'A rirl:ide Fr<inçois , du Caron mill ionnaire des
monarcbies modernes i on y montre encore les deux b;mcs
de pie rre où cet illuCh e Cheval ier l1 de Tnce li ancienne "
ft reporait 3\reC fa famille ~ lui bien affis l1 elle debout" chapeau oas, près d'un banc vis-à · vis . . . . . . Je me trompe
peut-!tre i mais j'aime mieux le bâron fur lequel Agéfilas
jouait avec res enrans . 11 fe troU\Tef'ntre les grands hommes
anciens & les modern es les plus célèbres , à peu prts la
même différence que les [alens mettent entre T ;;ïcÎœ & le
1, 3
�[ 75 ]
[ 74 ]
~e Coldat, qui n'exi gen t ni talent, ni tra vai l; par-
prix de; {ervices & du fang des grands hommes r
à-Feu-près comme la {upefiition a tranfporré
à des iimu lacres de pierre ou d'a irain le culte
qu e la reconnoiffance Il'infiitua d 'apord que
ee qu'il fond e (ur l'orgueil héréd itaire l'inégalité des partages & des fortunes, laq uelle nuit
autant aux fami ll es qu'à l'Etat . Tell e efi la
fource inrarilfable de vanité & de pauvreté, de
balfe!fe & d'orguei l , de fervitude & de tyrannie,
qui verfem dans les pays infeél:és de cett e noblelfe d e r'lçe tous les maux particuliers &
J'our la divinité.
L ' honneur rérroaél:if efi d'aill eurs urile à
l'E tat: il encourage les parens à donner à leurs
famil les une éducation vertueure ; & c'eO: ainfl
qu' il re nd héréditaire la vraie nobl elfe , celle de
rame. Mais l'honneur de fucccfTion , t omba nt
fur une poO:èrité gui ne peut prétendre auc une
part à ces vertus palfées dont il efi pourtant la
récom penfe, n'eO: pas feulement abfurdc; il cO:
e ncore ridicule, parce qu 'il s'accroît d ans l'opinion à mefure qu'il s'affoiblit réell ement en
\
..'éloignant de plus en plus de fa fource ( ] ). Il
nuit à cette pofiérit é même , r arce qu'il lui cO:
p lus commode de jouir d'une dign ité de con,
vent ion que de fe faire une dignité perfonndle;
rarce qu'il la rend fi ère & par effeure ; parce
qu' il ne lui I ~ i lfe de perfpcél:ive que Je métier
P. D aniel ~ D'où viem cela? on en a:1îgne roic beaucoup de
caures; mai, les peticdrcs du cérémonial , qui ret réciIfent
les hommes . & avilitrem l'hifioi re , (om une d~ces caures.
( l )
Ceci n'efi ps feulement une
\'~ri{é
philofophique.
C eft encore un calcul malhém3tÎque de la èémonf!:ra-
tion la plus fimple &. la plus f.Jcile. En effc:t on con·
vic ndrd que le fils d'un homme n'appim;e nc que pour
poiüé à la famille d'! ion pere i l'acuc moitié appanicA.t
•
rublics .
Ils feront dans nOtre patrie l'ouvrage des
Cincinn a ti. LA NO BLE S! E , dit M achiavel, LA
NOB LE SSE E S T UNE VERM INE QU] CARIE IN-
à la famille de fa mère; ainli quand le fils encre dan t
une autre flmille ,la parr du père de celui-ci fur fon
p ~ti{
fils n'ell que de ..••
fur J'arriere pt:cit-nJs de: .•
/
ala génération (uivame de
e nfuicc: de . . . . • . . . •.
•,
.
,6
& progreffi vement aïoli) de
(orte qu'en neuf généra...
tions qui
embra{f~r0nr
en...
viron tr ois cens ans, cel
J
3]. qui ell: aujourd'hui Chevalier de l'ordre de Cincinnacus ne panidpera que pour - ' -
s"
dans le Chev alier exiflanc alors; ce qui, en ad meccan
comme: ind ubi table la fidé lité des fc:mmes Américaines pendant neur géné rati ons . mérite li peu de con6dérati on , qu'i
n'ell: pas un homme raifonnable qui, pour afpirer:i. un fi
mince avancage , voulue courir IfS dangers de la jaloufic:. de
l'e nvie, de: la malveuillance de: fes compa{riot~s .
Remontons d'après ce calc ul à la poué( d'un enfant de
puis ce jeune noble qui ne fera qu'un cinq cent d ouzi~me
d'un Chevaüer de nos jOllrs, & fairons le: arrÎ,ver à uaver
F4
�[ 76 ]
~ BNT LA LI BER TÉ.Con[oliditépar
le tems l'ordre,q ue l' Amériqueenv ifageavecin.
J
••
•
difference/erades enrans des Chefs mll.talres une
race difiinéte, rrivilégiée, dominatrice; car
SE NSI B tE
les neuf générations auxquelles il devra l'exiflence i,ufqu'à
J'année de l'infiitmion ci e l ·ordre.-·~--ll :Jura un pere &.
poe mère.
•••.•.•.
Et chacun d'eux aura un père &. une mère 4
Voici quatre individus qui ayant auffi
chacun un Fère &. une mère nous en
èonnerom hui t à la croific: me génératio n S
,6
A la fuivame •
128
Pu is .
"56
neuvième deCcendam dom j'exifience rappelle ra ia mi enne .
« dom le nom fe.ra reviv re mon nom ; & c'ell à ce noble
gradanr offre .
$ t t"
individus
qui doivent tous exiaer aujourd'hu i pour contribuer chacun
en proportion au fmur Chevalie r de Cincinnatus.
MILLE VINGT· DEUX AUTEURS DE
qu'ils auront droit d e réclamer . puifque la progrc([ia n arith ...
mériq ue ci· deffus démomre que le d roi t à J' honn eur de l'An ..
cêtre diminuera en raifon d e J'ancienneté de la fam ille.
Je ne vois qu'une ré?onfe à cela. Il faut que:: l eCinc. inna[u~
aéluel me dife naï ve ment; (( Vorre calcul
juClc ; m ;tÎs:
(( vous ayez oubl ié d'y faire eorrer un élémeor principa l ..
(C },JA VANITt : elle dl entièrement incalculable & i ncom(c men(urable: c'dl: elle qui déjà rélide & repore dans la per(c ronne de ce furur & préc ieux Chevalie r, fraél:ion de mon
<-c
Enfin la djxit~me génération en rétro-
TOTAL
utile ou redoutable l.] . Des P oëtes nourris aux
men[onges,d e {erviles Orateurs profiitue. Ont l'éloqu ence à conférer les ho nn eurs de l'a pot heo fe
aux parricides qui aJTerv ironr leur pays [2].
en
1 0 2 ,,"
En(uice
En(uice
Puis •
[ 77 l
l'flOmme voit une divinité dans tout ce qui lui dt
CE CHE ..
V A LIER.
Aion , pour que nous ayions mille de ces Cheva li ers à venir J
il faut qu"à préfem, ou par la fuite, il exille un mill ion vingtdeux mill e pères & mères qui contribuent à cene produélion.
Coofidérez, je vous prie. fi apres une jufie eClimatÎon des
fols, des mau\"aÎs fujees ; des frippons , des Royal ifl:es & des
profli uécs. qui doivent nécefTaircmem fe renco mrer dans ce
mill ion de prédécelfeurs. la po!1éri(é aur a de: grJndes railoos
d e (e yamer de la noble{fe du fang des Cincinnati alors exirc~s. Le GénéalogiCle même d e ces Cheyaliers, en prouvant la (ucceffion de leur honneur à travers tam de générations,
ne pourra que prouver auffi la faible part de cet hanneut
(.C.
imérêr • c'eA::i. ce tce grande idée que je facritie ma sûreté
Be que j'immole le bonheur des géné rations à
cc préfenre ,
c( venir. )
[ 1] Dtus tft morrali juurt mortallm 1(, hlre ad ltttrnam gIoriarn "ja •.•••. hie tft lJttuftiffim!Js rcJàtndi lltllt nurtnûl'u J
c racÎam mas 1 ur ralts numinibus adfcriLancur; quippe & am .
nium aliorum nomina dtorum. , & qUIr fupra. recuit fidmun, t3:
hominumfune nata mu;e;s. Plin. lib. ii . Cap. 7.
[ l J Ce ne font pas d~s Po ëces; c'ell le Sénat de Rome qui
fi t mettre dans le Capitole 1 du vivant de Cérar 1 à fa ll:arue ,
U:1e
infcription dans laquelle on lui donnoit le nom de
DEM 1-
[ Dion. L. H J; & c'efl: aux Sénateurs qui venoienc
lui r ~ndre compre de !eitcs délibérJciens pour lui trouver de
nOUyc:aux honnc:urs que Cérar répondit: il f.J.!Jt prUtô, ptnfcr
• rurJn ehtr unt partie de all:t qu'OIJ m'a dijà diennis, Pll.Itaro in CeC.
Dt eu
�[ 78 ]
[ 79 ]
( relle des Citoyens ne fera qu'une tourbe obCcurc , humiliée, dégradée, avilie, indigne de
ménagemens, deainée aux vexa tions, comme li,
(elon labelleexpreflion de Tite-Live , I Out Pllhiien étoit odieux aux immortels même ([ ). Peu
d 'inaans encore & les Cincinnati fe pcrfuad eront
qu' ils defcend em en li gne droite du Ciel, qu'ils
fom de droit d ivin les !K e As de nOtre Amérique; ils regarderont comme un désho nneur,
& pre[que comme un fac rilège de s'all ier avcc
la race pro[crite, & leur calle fLlperbe condamnera leurs frères à l'efdavage,
rateur fur v ienr , & fUt les ruines de la patrie il
çlève 1 édifice du PGuvoir arbirr aire. Ainli ,
pour condefcendre à la timide circonfpeélio n
de nos tems modernes, & ne citer que d e~
exemples a ncien s , Cérar, ce prétendu d éfen fcur
du peu ple,n'eut pas plutôt triomphé d e Pompée,
~et imprévoyant chef d es A_riaocrates , qu'on le
vit fouler à fes pi eds la liberté publique. A infi
tan t d 'aél ions , de v iéloires & de travaux, qui
~bra nlent encore nOtre imagination éto nnée, ne
profi tèren t qu'à l'am bition d 'un ordre de Cl N Cf N N A Tl) no n décorés,moins nombreux, moins
impo[ans, moips redoutables que les nôtres; &
Ile valu rent à un peuple de héro s que d es
maîtres atroces, & le de [po tifme le plus ctu el
qui jamais ait enfoncé le poignard au fein de
ea
·T elle
la leçon éternelle qu 'offre à toutes
les pages rhiaoire de l'homme & d es nati ons.
La nature des cho[es ne fauroit changer. L a
corru ption naît à la fu ite de l' inégalité. L es
d i{fentions s'aggra vent avec la corruption. Les
pards fe form ent. L a guerre ci vile furvi ent.
De nou veaux Sylla fe placent il la tête de la
noble{fe ; de nouveaux M arius fon~ les chefs
du peuple. Vainqueurs ou vaincus, les banni{femens, les confifcations, les pro[cr iptio ns ;
toutes les cruautés , toutes les opprefTions font
l'inév itable effet du choc des partIs. Un Dic-
( 1 ) l lllljfl dii.! immoTcalibul .
Tic. Liv.
l'humanité.
Voilà ce que l'infiitution d 'une noble{fe héréditaire , ou li l'on veut perpétu elle ; vo il à ce
que ce difordre contre narure qu'on décore du
nom d'ORDRE (1) rapporte à la Société. PartoU t il Cut un volcan de di{fenr ions , d e trouhles
& de tyrannie; par-tout il le fera, & fu r- tout
( 1 ) C'eflle dérordre légitimé par une ranélion publique.
peflle cabo, llanquil1e.
�[ So ]
dans une République; car on ne peut oppo(er
à l'inl1:itution d'une noblelfe ,que l'inl1:itution
<i'un Roi qui d~fende le peuple coner'elle ; &
peut-être.c e point de vue pourroit-i l feul excufer un homme de bien, qui, n'ayant pas potlr
but l'opprellion du peuple, concourt à l'inl1:itution d'un corps de nobles. Loi n d'être d"s col onnes élevù s au milù u du p euple pour f oureni r
"Irône (! ),comme il plaît au Juge Black f1: o ne
deles nommer, les nobl es des Républi q ues n'om
été , & ne {Ont que des tyrans ; les nobl es des Mon archies n'ont été,& ne (Ont que des inl1:rum ens
fidèles d·opprellion (2) ; maîtres aulli durs qu'ef.
[ 8r
1
claves rampans , toujou ' s prêts à l1umilier, à
vexer, à prelfurer le peuple ruiné, delféché.
a néanti pa r ces nobles, comme de fuible
taillis, ombragés '& affamés par oles chênes
HOp nombreux, languilfent, rappetilfenr, meurent.
Publicains. L'exercice de ces prérogatives a plus d'une fois
{auvé la confiitUlion. Les nobles François n'one de préro ..
gatÎves que Comme individus; &. les prérogative$ des indi.
vidus noble, [am tOutes des prérogativei d'oppreffion pgur
les inwvidus qui ne rom pas.
3Q. En Angleterre la quai hé de noble Q'appartiect
qu'aux [euls Pairs !!lu Royaume; c'ell.à-dir e aux Du.cs 10
Iolarquil . Comru , Vi comt(s &. Baron s. En France elle {e
comm un ique par la naiffance aux per [onnes qui n'am ni
titres 1 ni terres; elle fe communique pour de l'argenc aux
defce nda ns des dernieu indi vidus des dernières claffes de
la fociété. Ce n'eil préc ifémc:m qu'une [péculat ion fi[cale
qui peut multiplier les nobles jufqu'à l'infini, &. qui les il
déjà multi pliés jurqu·;' la plus pitoyable dérifion.
1
( 1 )
Comm.
Pilla rs rtaud Jrom am.ong the p~oplt co fu.pP(I" the chlont.
1. IS 8.
( :l ) II faut peut-êrre en l"xcepter lanobleffe d'Anglererre;
mais c'eft parce qu'elle ell: effenc iellemenr différente de fOute
autre noblelre Eu ropéenne & norammene de la Franço i(e .
1
0
1 . La noblefre d'Angleterre fait une pa nie e{f('ntielle de
la Confi i(U{ion , l'o n pem dire qu'à fuppefer que la Confiiw.
cion Frar.çoi[e ne fo it pas un èc re de raifon. ricn 1\ y eft
plus écranger que la nobleffe , qui. comme je J'a i écrit ai lleurs , ne faie pas même un corps en Fra nce, cand is que les
ani fa ns y [orm eor des jurandes.
,. 0. La noblelre Anglo ife a des I-'rérogatÎves comme co rps;
Chefs de jufiice
difiingués. & des hommes de mérite de taules les cl arTes ;
& Don pas exclu!i.vemem , comme en France, parmi les
Satellites armés du Monarque) ou parm i les Scribes ou les
&: Comme corps judiciaire recruté parmi les
0
4 • En Angleterre, la noble{fe nlet! nan[miffible qu'aux
fils atn~s des Paiu , ou aux a1nés des collatéraux lor[que les
Pairies De doivent pas s'éteindre dans la ligne direéte.
Les cadets des Ducs portent i la vérit é le tiae .Je L"dl;
mais uniquement par courcoilie ~ comme les filles des Cornees
s'appellem Lady : il s ne Je tran[mettem poim à lews
en fans t donc (oute la diClinélion. el! daos le titre d'honorable
placé devam leur nom. Ce titre ne leur cil point dQ ,le
fe petd dès la [econde génération. Leseadccs de la nobleU"e ,
�[ S1. ]
Les Cincinnati, n'en doutons point, tral~
teront de DÉCLAMATIONS J'exprel1ion de nos
•
ranllés ainn dans la c1alTe des limples C rfltl t mtn • , r.orment.
pou; ainli d ire le lien d'union entre la Pairie &. les 6mples
Cit oyens. I I eft airé de (emir , que li le membre de l,à Chambre
des Communes qu i peut dev en ir Pai r par le choIx du Souverai n . ménage la Pairie qu'il a j'e fpa it d'atteindre (cc
qui ne l'empêche pas de fe rappeller qu'il peUl n'être jamais
Pair . &. qu'il y aurait par conféquent de l'imprudence à
ble(ft r les propriétés du fim ple Citoye n , dont il efll'égal
fans que la plus légère nuance de dr ai rs les (épa re ) le Pair
penfe auffi qu'u n (eu l de (es eofa ns panicipera aux p r éro~
gadves de la Pairie. &. que tous les aucres fero nt de limples
Gtnrltmtn.
-Il dl bon de remarquer pot!r les Fnnçols (qu i l'ig norent g~lléra ~ t ..
menr ; qu i du moins l'oublient (ans celTe pa r un effet natu rel de là
routif' e ,\!:s mots qui jette une grande conrufion s d:lns les cLa ies ) il dt.
bon dertm:t quer. 'lue ce qU'on arpe ,leCrndt men ou Gentry, par 0r polition J. Noblanen & 3. Nobilir,! • ne veut pu le moins du monde dire
71obltJJe :6' C~ntjljho mmtj c'eH un mat génériq ue. dont les fou$-d i_
vi!ions Mligr. ent un certain nombre de claiRs d'hommes, qui n 'one
aucune inAuellce d:lns la conili t utiol\ &. pas la moindre pférogativ e~
1°.
~o.
ÙJ
LeJ
,
, -
lrop Julfes craintes . Quelques-uns d'eux pren"
nent déjà le manteau d 'une politique , ffiodelèe
& feignent de s'étOnner qu'on les trouve plus
dangereux que fOUfe autre réunion d'flommes ,
qu'une aJfemblée de Francs·maçons, que certains
clubs 'lui portent des fYmbo/es & des mMailles ,
ou m m e 'lu'une corporation de m archands ou
d'ouyrie rs mécllani'lues (1). .•.. Etrange pal1ion
qu e l'o rg ue 'l, qui re marquant & re re pro du ifam
fous tO utes les fo rm es , conrent même à s'humilier pour arriver à fon but! Serpent qui fer eplie
pour s'é lancer ? .. , A inli do nc tantôt les Cincinna ti s'arrogent la fitrintendance des bienfaits,la
fitr veillancede la chofè publique, de l'honneur,de
l'union, dubonheurdes na/ions, la corifeTVa/ion
des droits /(s plus Iminens de lanantre humaine'
•
& le moment d'après ils fe ravalent au niveal!
d' hommes auxq uels, dans toute aUtre occalion ,
i ls Ile croiro ient pas pou voi r ê tre comparés
fans outrage! .... Va ins détOurs de l'ambi-
enfans des Pairs.
Ht1J'onw:efpèce de litre de nobleffc inurmécliai.rci
Ch~';Ql itr.l
qui p:lrre reulement aux aînés, & qui donne aux femme s de ceux qui
Je ponent le titre de l.4.dy .
3 0. Lt sfimpuJ C'hMlalitrJ; titre perronnel , qui donne aux femmes Ir!
titre de Lady, mais qui ne fe t' :lnfmet point.
-;0. Le.! DofltlJ.r5 en Droit, T héologie , Médecine.
So. Lt l Sq~JrtS nom
qUI
re donne à toute pe rfon ne qui poCs~de une
entai lle étendue de terre • ou qui vit de fa rortune ;.\ loU Slrs avocats?
à \:1. plupart des , mployésùans les bureaux d'état de tinlrce, ou daJl3
les cou rs (le judicature,
négotians en gros, &c.
:lUX
officie rs municipa.ux des viJtes ,
:l UX
6°. l rs Gwdtmtn propremt'nl dits , pa r le f'luels on entC' nd rOUte;
les perConnes\jui oor qudque éducation, qu i nc COnt employées ni
au travul de la tcrre J ni aux ouv rages de méchanique gr(lffi~ re.
(1 ) No morC' danguou J rhan a city corporation of Jhop-E:uptrs,
raylors or oe nt r mtchanics; or lit e che Frtt. mafons 1 and o,htr
.club f l l'vh o VJltar ba dC'tS or mtdalJ.
�,
( St]
tion 1 qui 'le {auroient pallier aux yeux de 1<1
l iberté vigilanre une lig ue d 'a llr~nr plus odJeuCe
que les Citoyens, donr lavanirccon fp,reconrre
leur parrie, le vantem de projets plus honorables,
fei g nent de s'impoCer de plusgrandsdevoJrS, &
dég uiCent mieux leur redou,rable eXlfience .. : •
II n'elt pas jufqu'au nom qu 1Is [e [Ont donne,
dom ils doivent un compte rigoureux.
L w r yénirationpour Lucius Quimius Cincillnams, appellé comme eux à la difenfedeJàpatrie; ltur fef7Tle rifolutio!! de [tûlI re [o!! exemple en retournant à leur état de Citoyens , le~Lr
a, difont-ils ,fait naÎtre lidée de donner Jon
.nom à leur [ociéré (1 ).
Ainfi le Républicain, qui , dans [on héroïque
fimpl ici té , rapportoit au près de la charrue,dont
l'avoir arraché la confiance publique, [on épée
viétorieufe & [es palmes triomphales, efi invoq ué par des ambitieux t'urbu lens , appellés
comme lili , de leur aveu, à la million [acrée de
défenCeurs de la patrie, & qui n'ont pas [u
attendre
1 ) The ojictrsofr/lt Am trict1n (J,my hallinç :tnt rtJ([y ban
cdtn Jrom cht dtift ns of AmtrictZ t pofftfl Ait h JlentratÎ on for ,ne
ch.araélcr of ,hilt illuflriou s Roman , Luciu s Quiluius Cincinna_
lUS 1 Qnd bông rtJolvtd ra follow hiJ tXl1.mplt) by rUlI.rning li
lhtir citi(tn3hip • thty thin/: rh ty may JlJlic 6, proprie'] dtnominflle,
'/lCm!tlvtl tht foda) of the Cinlinnaci.
'
[ 85 j
lHtehdre d>J [d, main les di fiinétions qu' ils :on"
vo iro ièn t ! les a- t -ell e ap pell és aulli à une ré~
compell [t: héréditai re? !Jsvantent leur retraire,
comme s'il eût été à leur 'choix de poCer les ar~
mes ! E n reto urnant à leu r état de Ci"toyens
o nt-ils Cr u fai re g race à leur pays f S'éro it- il donné à eux? O n imm ole très - bien d ix m ille Cé\
[ars! ils s'arrogent u ne digni té inconft itu tion.:.
nell e ! ils ufurpent le nom ; & ils prétendent à l'imitation d u Romain qui fut le plus Coumis & le
plus modefte des enfans de [a république 1 Cel!:
un iquement fous cet afpeét qu'on le cohn oÎt •
& qu'oil le loue. Où dOllc ont-ils lu que Cincinnatus {e Coi t donné tin ordre, & l'ait conFéré
à ceux qui avoient combattu avec lui ? qu 'il ait
gardé Ces fa iCceaux en labo urant (0/1 cha m p?
U ~e telle enrrep ri fe' éro it t rop au·delfou; de Con
ame; mais c'étoit plus qu 'il n'eût ofé t et:t~ r.
Pour de m oindres crimes, 1<1 Républiq ue R o.
mai ne, aux jours de [a liberté & de (a vraie
gloire, clnfTa , bannit, mit à mort quelq ues
ambit ieux, aufTi recommandables par le urs ta~
lens , & par leurs Cervices, q ue les pl us il1 ufi res
de nos Co nciroyens.
Les Romains ten6ient d'une râd,eu{e ex ptrlence une importante leçon. Ils [avoient que les
Commandans mi litaires accou tum és à l'obéi[G
�[ 86 )
t 87 J
fance pallîve des armées, enivrés de leur répu.
tari on ,fom en général Ariflocrates dans le cœur
& implacables ennemis de l'égalité. A mefure
qu 'ils deviennent illuflres, ils font renrés d'ufurper , fous l'apparence plaufible de m&rite & de
juflice, des prérogatives d' une pernicieufe ~on
féqu ence. Le vulgaire les adore avec une véAération flu pide , (1 ) qu'ont dédaigné les grands
hommes ( t ) &: qui fait redouter aux véritables
amis de la liberté la reconnoilfdnce du peuple
comme un gage de fa fervirude : cette v é né ra~
tion fomentée exalte leur orgueil; & le de fpotifme s'élève derrière la fumée de l'encens qu'on
brCde à leurs pieds. Auflj certaines républiques
prennent-elles roujours un étrange r ( ~) pour
commander leurs armées, & les peuples éclairés
~-----------------------------( 1 ) M. ~milius ScaurU$ J vivement fourçormé d'avoir
fufcic é en halie la guerre des Alli és par reconnoirrance pour
l'or de Mithridate, comme il avoit autrefois au même pri~
fauTé Jugunha , efi accuré devan le pelJple auffi bien que
Cou a &. Mummius. Cana s'exile lui- même . On rd r gue
Mummius à Delos. ScaurU$ âgé de 72 ans fe rend à la place
publique J appuyé (ur de jeunes P atriciens, 8ç s'adrdram ,!U
peuple afTemblé : « Romains! leur dic.i1, ea·ce à
\'OU$
de
juge r de mes aélions ? Ce fom vos peres qui les Ont vues.
(( J e m'en rapporte cependa nt à vous - m~m es . Un anain
(c V)Jri!J. $ dt Suerone 4ccufe Marc Emilt d'avoir uaf.i la R rpJ,j~li ~
(c qu.~ en faveu r d'un Roi dt Pont, Marc Emilt Prince du. S ~4tJ
cc lt nit: q/U faur .il croirt? ) ••.•. A l'i nfiam le peuple
oblige pa r [es cri s l'a{cufateur à fe d éfill er d e fa pourfui(e.
Sans dout e aupr~s du Peuple la fermeté ti ent (auvent lieu de
rai (on ; mai s l'origine de la maifon patricienne J'Emilia, dont
fonoit Scaurus , [e perd o it dans la nuit de s rems; mai s il avoic
eu les honneurs Confulaires , & ceux du criol1lphe j Be le
(c
peuple , ce peuple que l'on dégrade &: que l'o n calomnieavec
tant de pe rfévéranœ & de concert, ell tou jours la dupe dela l éoe rolité, Toute apparence de magnatlimité le [urprend
&: l'entra1ne : il faut le garder de lui-même. Je me tepréfente
Cincinn::ui mo ios ve:rmeux que les officiers Am éricains;
~es
je les vois traitant de vains [ophiCm es {Ou(es no s objeCtions
& Ce plaignant pathétiquement d e l'en v ie qui veut le ur ravir
d 'en l ~ve r eux....
mtmes tout ce qu'elle avait d'alarmant. Ils iroi ent ju rqu'à
convenir des conréquences ; mais ils diroient qu'ilell êlffreux
de craindre d'el.:x rien de pareil; qu'e n leur arrachant leur
rtlb"n on va Rétrir à jamais des hommes qui om bien mérité
de ~a patrie; &. cela pour une erreur du patriocifm e même
qu'ils avaient déjà réparée • • . . • • • • • • il ne faud ra i,
qu'un moment pem.être pour que ces vains p rétextes devinC..
une récompenre à laquelle ils fe [(lot hH.(és
fen t la robe de CHar ~
( t ) Scipion \' Africain refufa que fa fiatu epr1t place fur Je,
lits racrés parmi celles des Di eux. Volu erunr. • • • • ima-eintm tjus ,rrÎIU7Ip hali ornacu. indura 71 capirolini s pullljnaribu s ap"
plicart. Val. Max. 1. iV e
( ,) Les Vénitiens, JJeur Général ell aujourd'hui
f arer ron , L co([ois.
G:.
•
M~
�[ SS J
ar la prévoyance des fages [e font vus rorc~$
les Citoyens illuflres par leurs fen'j_
ces militaires; ils one été exclus des ..dignités;
on a [ans celTe lutté contre leur influence. Leur
célébrité, leur réputation, leur gloire éraient
regardées comme une récompenfe alTez gtande
pour les con Co 1er de cette [urveillance révère
peUt-êtré, & probablement mftme ce fUt par
crainte, autant que par vertu, que quelques
grands hommes de l'an ti'juité s'abflinrent de ce
qui pou l'oi t alarmer leurs Concitoyens; car je
ne [uPfo[e pas qu'ils fulTent plus délintérelTés
que nos chefs; & l'on peut, indépendamment
des documens hilloriques , conclure de leur
modération que leurs Républiques avo ient des
mœurs que G O US n'avons plus, ou des loix réprimantes que nous A'avons point encore.
~'éloigner
11 n'ell: pas une de ces vérités qui ne foic
connue des 110mmes de fens qui corn pofenc
l'armée Américaine; mais leur ambition ne
fauroit [e comenter de la réputation que leurs
fervices leur ont donnée, Ji elle ne leu r alTure
p oint un Patriciat. Il ne leur fuRit donc pas
que l'admiration des âges élève un trophée [ur
leur tombe gue ni la nivolution des liècles ni
li; puilTance du forr ne puilTent démolir! .. •
r .. •. ••• S'ils n'ont pas un citre enté dans
[ S9 ]
leur famille, & [ur leur poitrine un Cymbole;
que dans d 'a utre temps ils auro ien t regardé
comme Une parure puérile, ils ne font pas récompen[és. Ah 1 li les magnanimes défen[eurs
de l'Amérique veulen{ réfléchir dans le [ee ret
de leur con[cience & de leur génie; ils [e convaincront qu 'U!] mouvement de vanité plus que
d'orguei l leur a [uggéré un projet qui ne peut
qu'empoi[onner leur bonheur & ternir leur
gloire. D'eux-mêmes, ils dilToudront cette
inflitution funelle, & fe COntenteront du tribut
de la vénération de la reconnoilTance de leurs
conCitoyens.
Quoi 'lu'il en [oit, l'alarme efr (onnée; que
les braves [e révi llent. La liberté peur être renverrée par des caufes imperceptibles aux yeux
de la mu ltitude; [ur-tout lor['lue les alTemblées
populaires, emportées par la pa(]j"n , frappell t
fur les per[onnes au li eu de frapper [ur les
choCes. A lors on trava ille très-rapidement à
l'agrandilTement des ambitieux; & tandis qu'on
fe venge de petits 'ennem is & d'injures légères,
on tend un piège à la liberté, ce premier "bjet des travaux des hommes, ce tré[or de leu r
pollérité.
Mais il ne s'agit plus de légères atteintes de
menées fecrè tes, de cau[es imperceptibles.
G3
�[ 9° ]
[ 9! ]
Les Cincinnati, noUs l'avons démontré, créent
dans leur patrie deux ordres diftinéts:
L'Amérique peut, & va m ême dé crminer
avec certitude fi l'cfpèce hum aine eft deftinée
par la nat ure à la li berté ou à l'efClavage Un
gouvernement Républicain n'a jamais ren-'
contré dans aucune partie duglobe des ci rco nftances auflî favorables à fan établiJTement. T erre
nouvelle, iné puifable , dotée de tou tes les richeJTes de la natUre; enceinte de mers immenfes ;
facile à défendre; éloigné des [ouillures & des'
attentats du defpotifme. Siècle' de lumières &
de tolérance. Epuifement ou impuiffance ; en.
fance ou délire du refte du globe. Exemples
récens de révolutions femblabl es ; des [uccès
& des fautes qui les ont fi g nalées. Corps de
nation déjà redo utable. Principes & m êm e
préjugés favorables; germes de bonnes loix ;
ébauche d'une conftitUtion réfléchie & non for-
Une race de PAT R ICI B N S ,de nobles hérédi.
taires, élire de l'armée, des familles puiJTanres,
des Citoyens du premier rang , des Chefs de
l'Etar, recommandables par leur mérite, la
namre & la gloire de leurs Cervices, l'éclat de
leur ré putation ; redoutables par leurs allian.
ces; & qui ~urom pour bljt éternel cie commander.
Le PE UPLE, ou Jes Pl ébéiens, appelléspar la
médiocrité m ême de leurs forrunes à la m odération, dont ils ne s'écartent jamais auflî longrems qu'on ne les irrite, ni par des mépris, ni
par des inju(tices ; & qui n'am d'autre but que
de n'ê tre pas opprimés; mais qui font trop
jné. itablement deftinés à l'être, par cette inftitUt ion ufurpatrice , qui ne peut que perp é tue~
la grandeur des familles dans une nobleJTe Arift ocratigue, & [e terminer à une tyrannie moparçhique (1 J.
(1 ) Le peup le R'JlDain éraie en poffeffion de choillr in
a:znirii, clllaci1 tous ceux qui devoiem avoir rur lui quelque
autorité daps les armes, dans ~e gou\'ernemen[ , ou dans la
re!igioq.. (Si b,ccfieri flon poreft) ut in hdc civÎca,e quiJq!l.1171.
nullis com iciis itnptrium. .tut pouft.lttrn afft qui pojJic Cie. de Leg ..
Agr. ii. ) Servius Tullius . qui s'emp ara le premier du trône
fl~s (on conCenteme nc, changea la forme du gouvernement,
pour faire paffe r Wi..lce l'aucor i[é aux riches Be aux Patriciens 1 au~quels il écoie redeva ble de fon élévation. *
( Tum dtm:un. p.daM f(ln .! • (, '')71pt or at iont in rfgia. ortj.) StrViLH prŒjU io firm a f1lll nic!u , prÎmis jfljuffu. pop uli ) lIJllJ. n.4U Pa~
crUIn rtg(Ja.llü.
Tic. Liv. j . C. 41.)
,
" Denis d' HJlicarOllTe , 1. iv. femM e cont redire cette opinion;
ml;$ un coné ilie ces cieux auteurs eo. diftinguam les teins . Voyez ).{.
BJin;1tn fur I~s tribus Romi!ill es.
G4
�[ 9~
J
f
. fuite ; hommes de génie; chefs vaillans .... t0US:
cesavantages, l'ordre des Cincinnati les étouffer~
dans peu d'anoées. Eh ! qu.elle ble.!fUIe mùr~
tcll e pour la liberté humaine! Faudra·c·il donc
çroire avec fes ennemis, que les belles idées des
~idney , des Locke, des Ro uffeau , & de tan~
<l'autres qui ont rêvé le bonheur politi que peu._
'iene être l'objet d'l1~ e fuperbe théor ie ; mai~
que l'exécuti o n en eft impraricable ? Notre
exemple ferv ira-c.il à fortilier le Defpotifme qui
pefe fur l'Europe , en démontrant qu' un peuple.
q ui fut fourni. à un monarque eil: trop dégradé
pour fe gOllverner déformais par lui - m ême >pour (urporrer la liberté, ou toUt au moins
po,ur fç palTer des di!l:lnélions , des ordr~s , des
t itres , de tOUs les hochetS avec lefquc! s le
gouvernemen t m onarchique amorce la va"iré11qma)ne, ( , ) & qui nOliS one tellement fafciné,
. ,
.,
(1 ) Un nommé Jenhi ns à la fin de 1761. ouau comme cemtnt de (76) , préfema à Milord Buce le projet fui ,tapt ,
pour pré\"cnir non-feulement 1indépendance 1. mais même
l'éma ncipation des Colonies Anglo-Américaines . Be les rerenir à jamais dans "obéifTance.
l". Il proparait avant (our de conferver fur pied la plupan des troupes qui (e trouvofePlC alors en Amêriquè , &: qui
fu~ent licemiées ou rappeUél:s à la pai.r:- -- Il emretenaitles foas di rper(é~ (u~ la fromiere des fauvages , qu'on a démolis ou a:'an:ionnés. '" il eq conItruifoje de llOUveaUlt, fur
9l ]
l 'efprit & les yeux, que les ralens, les vertus , la fortune m êm e ne fone pas pour nou.
c
la côte , pour 3'oppojtr 41L1' inll'fion! dt ! François, Les concertions de cerre accordées aux vétérans devoient rO\.ljours fe
trouver dans les arrond i(ft:mens d'un fort ,ce qui dans peu de
lems devoit form er, [u nour vers la froncil.~re ,des banlieue,
mi litai res fort refpeéhbles.
~ 0 , La créat ion d'un certain nombre d'Evêques Ang li ...
cans fo rm oie le feco!ld anicJe de fon projet: il les établ i (foi c
d'abord à Phi ladelphie.dam le Maryland,la Nou'/elle_ York,
'" les C3rolin ~s . " _. Jenkins craignoic peu d'oppou(Îon de la
part d!! ces Colonies; & qU'lm aux réclamacions des qUlCre
Provinces ami épifcopales qui conllicuem la Nouvelle Anglett:rre , elles eurrenr été trop foibles Vu ]'c: ngo Jm enr généra l & la prépondérilnce Bri tannique au mome nt de la pai.&' ~
pour emp2ch~r cet écabl i (f~ment dans les aucres prov inces . __
J ell~ins les lai(foic fe plaindre: il fui voit fon projet. & (e
flatcoic même d'être en état avant peu d'anD~e$ d'établir
quelques Evê!J.ues in pa.rti bus da ns la Nouvelle Angleterre.
Le Gouve rnement commençoit par [audoyer magnifiquement chacun de ces Evêques) 2uxquels on au rait fait fur
les li eux, des concerTi ons de cerre proponionél!s:l leur
écar.- --Si J'on (ln croi t l'auteu r du projet, chaque Ev êque
auroit eu ' avant dix a:lS révolus une Cathédrale avec fon
Ch lpicre , comparé de Doyens &; de Cha noines comme en
Angleterre auxquels il aurait été éga lement facile d"acco rd er
des conceffions, Il ne faU[ pas oublier qu'il ajouta it à cet
écablilfem"!n: une UniverCicé Roya le.
1
3°, li cr éait une quantité indéfini,: de BlfOnets Be de:
Lords héréd icêtites tous Fonféranc le titre de L~d) à leur
femmes] ~ les "choHfoÎe parmi les ci[oy~ ns les plus fi.;h:s
r
�[ 94
J
[ 95 ]
des objets aufU refpeaables qu'une médaille &:
un ruban ~
- Ah 1 ne trompons pas ainfi l'attente des Nat io ns ; n'imprimo ns pas ce déshonneur a u
nom Américail1 , cette rache 2t la Nature humaine ; ne donnons pas ce fujet de douleur aux
& les plus accrédités. Le Confeil des Gouverneurs rdpee-.
rirs , qui formoir une efpèce de Chambre haute l n'auroit éré
comparé que des Lords héréditaires l mais avec des modi6.
cat ions dlfféremes dans chaque Colonie 1 6c toujours a\'ec
e~cep[ions que Je Gouvernement dtln.s fa fillffft de\'oÎ( fe ré(erver.
Obfer'Hl. que Jepkics vouloir érz'blir cout cela il la fois;
E\'ê l ues l Nobleffe hérédiraire . Armée prorearic e l Uni.,er_
lité; tout de \'oic parofrre au m! mc m()mem. L'enthoufia[me
étoie au comhle ; on voyair dans les Anglais les libéfiUCUrs
des Amér ica ins l que la Fraoce devoi: dé\'orer. Ils .s'étaient
couvensde gloire dans tes quarre parties du monde. Qui au~
raie pû, qui auroir o[é leur (uppo(er d'aurres motifs que ceulI:
d'4ne mè're rendre & éclairée t qui veut il!rurer l'état de [cs
enfans après les a\'oir fauvés du naufrage '1
Thomas Jenkios more en ~ 77 ! . av oir éré Commis de l'Ac..
cire. en fuire facreur dans les Carolines & la Penfylvanie,puis
emp!o)'é à la (ui ce de l'anr.ée Anglo-A méricaine qui cOP'.quir
Je Camda . II croyoir de bonne fois que f~n projet de\'oir af{urer le bODh~ur & le repos des Américains .. Au moins n'é ..
toit·U ni fang Uina1re l ni, ab[urde.
t
•
{ages! cc Il eft impofIible qu'ils ne facrent pas
" desveeux pour que la R épubli que Amér icaine
cc parvienne à tOure la profpérité dont ell e eil:
cc lilfceptible. Elle eft l'efpéran ce du genre
cc humain; ell e doit en devenir le modèle;
cc elle doit prouver au monde par le fair que
cc les hommes peuvent être libres& tranquilles,
" & fe pacrer des chaînes de tOute e[peC<} que
cc les tyrans & les charlaran, de r,oute robe om
" p rétendu leur impo[er fous le prétexte du
cc bien public. Elle doi t d onner l'exemple de
cc la liberté po litique, de la liberté civile, de la
cc li bzrré relig ieufe, de la liberré du commerce
cc & de l'i ndu/hi e. Elle doit donn er l'exemple
cc de romes les libertés. L 'afy le qu'elle Quvte
cc à tOus les opprimés de tOmes les nati ons doit
" confoler la terre. L a facilité d'en profiter,
« pour fe dérober aux fuites d'un mauvais
" gouvernement, forcera ks G ou vernemens
<c d'être j'U!!-es & de s'éclairer. Le rc!!e dt!
<c monde ouvrira peu à peu le yeux fu r le
" nrant des illufions dont les politiques fe foot
" b~ rcés; mais il faut pour cela que l'Amé" rique s'en garant ilfe , & qu'elle ne redevienne
« pas une image de none mo nde vieux & cor<c rompu, un amas de puicrances divirées , Ce
<c difpmant des territoires , ou des profits de
" commerce,& cimentant continuellement l'ef-
�[ 96 ]
ct
«
[97
c1avage du peuple par routes les manœ uvres
de la politique Eu ropéen ne" (1 ).
Que la LégiOation foudroie cette inllitution·
meurtrière d'une nobleJTe faét ice & déco rée qui>
en ellle chef-d'œuvre; mais avant de frapper,
avan t de détruire ju[qu'au nom des C in cinnati,
q u'elle inllruife fes enrans; qu'elle leur dife ;
(ils ont mérité d'ell e cene tendre déférence: )
Les vues patriotiques, les pieux proj ets.
qui vou. ont féd uits , fero nt tÔt ou tard le
voile d'une combinai fon politique des Commandans militaires , combinaifon péril!e.ufe
«
c<
c<
c<
fragment apparti ent à .une leure de M. Turgot
à M ocfi~u r le Doéteur Priee, qui fe [(ouve à la fuire de ccc
ouvrage , ,. & dans laquelle les Americai ns (rouve rOnt ce
qui a éré écrit de plus profond &:: de plus [age filf les vices de
leurs onH,cuc iollS 1 & (ur les moyens de les amél iorer . Laphi lo op hie de J'homme d'écat 1 du fincère ami des homme"
& de 1. liberté, u':\ jamais mieur guidé un plus bea u génie.
C'efl: l'ame de Fcrlelon ) avec bien plus ct'écendue d'ans
( 1.
1 Ce
l'elj>ric.
• Crue Jeure vient d'ên(' i01primi e pour la première fois dans un
ou.vrage Je M le- Dalleu r Price,i ntiru lée.OI{tn>arior,&on r/,t imporra n.
u of cht Amu;can R(I,·olution~ and che mt rlnJof md ing il a Bentfi c co
t h( IVor/d . On ne [:! uroi( tlOp recomma nder aux A m~1 iC:lI ns 13 Idlu rede cet
~crit rempli d'obferutions judicie ures .
ne
\'ues rages,
ne
coal ciu ul1lcsj & rerpiunt l'amour de la libcu e ,J & dc l'buman ilé-.
l
" pour la choCe publique, & par conréqu~nt
cc criminelle. D es hommes l ibres ne peuvent
<c qu e cen[urer , réprouver, extirper un e relie
cc innovation. Que votre lot Coit notre recon_
<c noiJTance, & la gloire que vous avez méritée;
« il el!: aJTez digne d'envie. Il vous donne une
.. aJTez grande influence dans votre patrie. -:'
Rappellez·yous ces jours d'alarmes, où
<c les troupes m éridionales, campées près de
cc Jackfon-borough, cou vroient l'AJTembléede
1< la Caroline occupée de l'affaire tril!:e & cruelle
« des conli[cations ( 1 ). L'armée entière, det< puis le Général ju[q u'au [oldat le mOins incc téreJTé au refpeét des propriétés, avoit cette
<c pro[cr iptio n ef.! horreur. Ils s'étOnno ient
« que les hab irans de la Caroline Méridionale
cc puJTent être dévorés d'une [oif li ardente de
cc vengeance. Demi-nuds & pre[que affamés,
<c ces guerriers magnanimes ayoient bravé trace vaux, be[o ins , périls. Sans pai e , & pre[que
<, [ans efpoir, jls avoient affronré les rigueurs de
« rous les climats depuis les murs de Qu ebec
tt ju[qu'aux lignes de Savanah. L a plupart &
« plus d'une fois pri[onni ers [ur terre & fur mer
cc avoient eJTuyé tous lès outrages des plus in[occ
�19 S J
cc tens vainqueurs qui, dans les vaincus, t!(j
cc voyoient que des révol tés. Eh bi e ,~ , ils ne
« comprenoient pas que le malheur put rendre
cc cruels. La rage immodérée de nos com pa~
" triates, qui précipiroit la ruine de leurs (reres,
cc leur infplfoi t une forte d'horreur. Leur pitié
cc ne (ut pas ftérile. Ils fe mêlèrent parmi les
" Membres des deux Chambres, & s'opposèrent
<c par Ja[eule (oree de la difcullion, & d ' u~e raicc fon fenGble & modérée, aux réfoluti ons v iocc lentes , avec un tel fucc ès que la lifte des prof.
cc crits (Ut très-d iminuée .. .. H ommes illuClres
cc & généreux : tel eCl j'empi re de vos venus,
cc & nous en béniffons la providence ' .... Puiffe
cc la main de l'opprellion ne jamais contraindre
cc vos defcendans de boire à la coupe amère de
cc l'advedi,é 1 ou fi l'ordre du Ciel les deflinoir
cc à foultrir,qu'ils trouvent un être recon noiffanr
cc q ui fe rappelle que leurs peres [lirent les
cc amis de l'humanité faultrante 1 •••• Hommes
cc illuClres & généreux 1 qui nous avez délivrés
cc du joug d'une nation hautaine, n'a ttentez
cc pas à votre fublime ouvrage 1 ne Rétriffez
" pas vatre gloire! ne léguez pas :, vos cnfans
cc le pouvoir d'être oppreffeurs, & fe danger
« d'être punis!
" Les honneurs & les pri vilèges exc1ufifs d'un'
r 99 J
«ordre héréditaire font une ufurpatibn formelle
cc de la [ouveraineté , puifqu 'ils atlenrent à la
cc conClitution: ils font au·de ffaus de vous,puit:
cc qu'ils fuppofent le befojn de canllater ce que
cc fait l'llnivers. Guerriers Américains! nobles
<c eotre tous les 110m mes par vos aaious?
cc craignez de vous avilir! Quelle nobJ elfe plus
cc réelle & plus grande cherchez-vous que la
" participation à la Souveraineté , qui vous apcc par,tien t comme à vos freres r Qu.e [eraie
cc auprès d'ell e cette nobleffe faaice que vous
" tentez de vous donner r que [eroit-elle même
cc parm i les Nobles d'Eur0pe ? Portez chez les
" Européens yotre décoration fU tile , & la difcc ti naio n que vous prétendez t ranCmettre à
" vas en(ans : voyez comme elles y ferone
" déda ig nées; voyez à'quelle diftan ce [e croiene
cc d e vous les eCciaves titrés des D eCpates, qui
cc conferve nr foigneufement dep uis plulieurs
cc li écles les monumens de leur ferl' i tude; voyez
cc quelle [u périarité ils aiTeaèut Cur J es hom mes
" qui ne font que des Iléros ; & jugez ce que
" c'eft que la nobleffe de convention, puifque ,
" rayonnans de vertus & de gloire, vous n'êtes
cc encore. aux yeux des Nobles d'Europe, que
<c des Roturiers .
cc Vous avez afpiré au nom d'hommes libres;
�[
«
cc
«
"
"
«
"
«
e
"
«
"
c<
100
t 10 1
J
l'avez conquis: c'el! le premier dej
titres; refpeétez-le, faites-le refpeéter. La
bafe du gouvernement que vous avez [ondé,
c'eill'égalité; vous ne la détru irez pas, vous
qui l'avez achetée de votre fang: vuus n'oublierez pas que ce peuple généreux n'a pas
ceifé de combattre avec vous. H éros de la
Liberté, vous n'en ferez pas les ennemis! Libérateurs du nouveau monde, vous n'en ferez
pas les fl éaux ...• •. mais li vous ofiez le
tenter, vous fauriez bientôt que ce n'e ll pas
pour changer d'oppreifeurs que l'Amérique
a combattu! "
J
VOUS
POSTSCRIPTUM.
LES
vœux du Citoyen clont on vient de lirè
les utiles obfervations, n'oht pas été trompés. Il
paraît qUe l'Amérique a des hommes po ur quî
les vérités philoCophiques & politiques ne [ont
pas de lim pIes abl1raél:ions.
RHODE I S LAND, pépinière illul!re de Ré.
publicains prévoyans & intrépides, ARE TI RÉ
A TOUTE S LES PERSO N NES DE L'ETAT M E M '
BRES
DE
LA
SO C IÉTÉ
DE S CIN C IN NA Ti
LEURS PRIVIL ÈG E S ,ET LE S A D ÉC LAR É ES
IN CAP A BLE S
D 'A U CUN
OFFI C E
DANS LE:
GOUVERNEMENT.
La PENSYLVANIE ne pouvoit pas êtreladerniere à Centir & m anifeller les dangers d'une
telle infiitution. La patrie adoptive del'immortel Franklin ( 1) ne ceifera point d'être éclairée
de [on gén ie, & n'a pas de Concitoyens indignes de lui.1I a paru un Rapport du Comité des
deux Chambres de la Cour générale de cet Etat,
nommé pour faire des recherches {Ur l'exifience
-
,
(1 ) Cet homme é ~cnnant eil néà Boffon dans la Nouve ll e
Angleterre, le 17 Janvier 1706 j mais il a retlé la plus
grande partie de ra vie dans la Pen(y'vanie; & c'en au Corps
Légifiatif de cet Etat qu'i l appauenoit lors de la Révolution.
l'OSTSCRIPTUM.
H
�[
102
J
probable ,. ou
1a nature, l'Dl,)'et & la tendance ......
l'effet de l'Ordre, ou Société des Cmcmnatl ; &
ce rapport leur a été entièrement défavorable.
L'Etat de l\IASSAC HU SETTS, dont on peut
dire que la liberté Américaine ef! vra i:nent [on
. , la
ou vrage" & q ui s'ef! touj ours dlilngue daos
C onfédération par la fermeté & la [agac Ite .d:
fes rérolutions , vient d'arrêter dans un Comite
des deux Chambres de la L égi{] at ure : QUE LA
COC
IÉTÉ DE S CIN CI NNA TI ,NE PEU T , PAS
~
tTR E TOL ÉRÉE , ET QUE SI ELLE N EST
J'OINT DÉTRUIT E, ELLE TROUBLERA LA
l'AIX ET LA LIBERTÉ DES ETAT S-UNIE .Cet
A rrêré, qui a été lu aux deux Chambres afTemblées & approuvé par elles après u ne mûre
délibération, nous a paru digne d'être mis fou s
les yeux de nos Leéteurs ( 1 ).
" 1. L'exillence de cette [aci éré ell noro ire
«
"
«
"
"
«
"
par une copie attellée de [on inllituti on ; &
par ladite i nlliruti on il Con Ile ~ufli qu'elle
n'a pas été formée avec la fanétion ou la proteét ion d'a ucune autorité légi{]ative ; m ai,
qu'elle s'ell créée elle - même, & fondée fur
les principes fui vans qui doivent être inva'"
riables.
( 1) Cene pièce re nouve dans le Journal de Penfyhfallie
en date du 1 t Avri l. On n'a prctendu don1)e r qu'une [[ adw;-
tion précifémeilt Jittéra.le de cet excellent mon:eau,
[
10
3 1
« Savoir : une atte ntion continuelle à pré~
[erver de route vi olation les droits [ublimes
" & les li bertés de la nature humait1e pour le[" quels ils am combattu, & répandu leur l:1 ng ,
" & [ans le rque ls le ha ut rlng d'être raiConable
u ne m alédiéti on a u li eu d 'ê tre une béne" di ét ion ( 1 ); & un e dérermination inàltérable
" à avancer & à cul t iver, entre les Erats rerpecte rifs , cetre un io n & ce r h onneu r natiorta l li
« efTen ti elleme nr nécefTaires à leur bien-être, &
cc à la digniré furur e de l'Empire Américain.
cc Certe Inllirurion [e pro pore encore de rend re
" permanente l'affeétion cordia le qui [ubri/le
cc entre les officiers; e[prie qui le ur infpirera
te un amour fra ternel en toutes chofes , & l'éten cc d ra particuli èrem ellt aux aétes les plus ellèn'e tiels de bi enfairance , à pro po rtion des facu1cés
<c de la fo c iété ,envers ces officiers & leurs fà cc m ill es , qui malheureufemenr peuvent êrre
<c dans la Ilécefli ré de les recevoir.
A chaque
" AfTemblée les principes de l'iniliturion H"oll e
"pleinem enr con ridérés; & l'on ado ptera les
" m eille ures m e (ures pour les propager.
«
" ea
à ~tre raifon_
ft tous les mâu)( •
qu'on acqu iert tous les biens. qu'on s'oppfe à rous les abus ~
(1 l
Il ne peur jamais y Rvoir de
mQltl iflion
C1able ; car c'ell p_ar la rai ron qu'o n réli n e
qu'on répri me [Outes les vi ol at;ons des droits ; même celles
que re permettent aétuellemem les Cincinnaü.· ·_ ·Nou dt
l'AuCtll.r Fran çois.
i-I~
�•
[
J 04
j
cc II. Il fuit delà que la d ite fociéré prend fur
cc elle-même le pouvoir d'adopter relies mufures
« qu'après mûre confidérarion elle jugera les
cc m ~ illeur es , pour avancer certains obj ers im« portans publics & nationaux; pour lefquels
« objers le peuple des Etats-Unis a confiirué
«& établi fes Affemblées ,rev êrues du pou\'oir
« légi Oatif, & le Congrès. "
cc
III. Quoi qu'il foit du devoir de tous Ci-
toyens, dans leur qualité refpellive & leur
conduire générale, de prêter leur fecours
« aux di fférens pouvoirs du Gouvernement
cc établi, légalement exercés pour la confer« vation des droits communs & pour l'avance« ment d€ l'union des Etats confédérés; cepen" dallt l'allion de quelque claffe de perfonnes
« que ce [oit, de [e former en fociété choifie •
- cc & de s'affembler expreffément pour déli bérer
<t fur des mefures, (en juger & l e~ adopter)
« qui concernent des m atières de telle nature,
« qu'il appartient exclufivemenr à la puiffance
" légillative d'en connoître, & de fe déterminer
" à ce fujet ; ou à tels autres corps qui fon t
« connus dans la confiitution, ou aurorifés par
«les loix du pays; Cent tro p une di[pofition,
cc qui arpire à l' indépendance de l'autOrité lé« gale & conllitutionelle , tend ante à cré, r , li
« elle n'eil renreinte , Imptriu.m in imperio , &
cc
cc
[
« par conCéquenr
10
5]
à la confufion & à la fubver-
" lion de la liberté publique. "
IV. L adite Sociéré par fon il1fiitu tion
s'arroge auffi le pouvo ir de lever des fonds ,
& de recevoi r des dons, fa ns limitat ion, par
l'auroriré du Corps légillatif; lefqllels fo nds
po urroi ent être augmentés par la fuite à une
« valeur énorme,& quoique réellement defiinés
" à des objets légaux & louables, con'vertis à
" des ufages illégaux & dangereux. "
<c
"
"
"
"
«
V. Comme il a été trouvé par expérience
" que le pouvoir & l'influ ence font inféparables
« de la propriété; & comme l'infii tution de
« ladite Société po ur vo it avec beaucou p de
" précaution & de précifion à ce qu'il fe t ienne
" des Alfemblées réglées & fixes, tant dans les
" dilhills & Etats particul iers , qu'une Alfem" bl ée gé nérale des Délégués de tOus les E tats
" ainfi qu'à la correfpon dance, à l'informatio~
« la plus exaJoe entr'elles ; l'on pourrolt ob« ten ir par-là une influence indue, & former des
" lig ues delhullives des libertés des Ents &
cc de l'exillence de leurs conllit utions libre:. "
" V I. L e danger d~ telles ligues fe montre
cc plus vifiblemenr , non· feulement en ce
H 3
que
�[
les membres qui confiituent la Société dans
" fon origine, ont été· des officiers milirair es,
" détachés de la commu na ute civile, & acco u" tumés , pendan t un e guerre de huit ans, aux
" loix , maximes , opinions, habitudes & feil[a" tions militaires; mnis au{!i parce gue l'ordre
" & la marche par lefqu els les membres de la
«Soc iété feroientconnus,& fe diflingueroient de
« leurs Concitoyens,devroien t être héréd itaires
" aux aînésde leur poltérjté mâle, & à leu r dé« faut defcçndre aux branches colll téra les; & il
" elt foign eufemenr fiacué que les membres ho" voraires ne le fetont que leurvie durant,& que
" le nombre de telles membres n'excédera pas
<, dans la proportion d'un à quarre celui des
1" officiers & de leurs defcendans, "
«
" VII. Le danger rus-ment ioOl\é n'elt nullè"
"
"
"
."
"
"
cc
[
10 6 )
ment diminué par l'admi{!ion d'officiers militaires étrangers dans ladite SQciété , qui,
quelques refpeé1:ables que foient leurs caractères, [ont néanmoins fournis & fortement
attachés à un Gou vernement qui dilfère eJfenriell ement en prin ci pes, non moin< qu'en
forme , des COllfiitutions Républicaines des
Etats- Unis. »
]
" main, & qui font les plus dangeteufes pour
« la Société & l'adminiftration civile; & l'ex" périence du paffé a plainement conva incu le
cc monde que des diltiné1:ionshéréd itaircs&des
" ordres pompeux frapp ent l'efprit d' une mul« tirude incapable de réfl éc hir , & f.vorifent
~ les vues & les deffeins d'hommes ambitieux "
'" qui s'élevent fouvent parmi la nobleffe héré" ditail'e ; ce qui eft contraire à l'efprit des
" gOllvernemens libres , & expreJfément dé" fendu par un article de la Confédération des
" E tats-Unis ".
"
"
"
ce
."
"
"
"
ce
ce
"
"
«
" VIII. L'ambitio n & l'env ie de domi ner
" [ont des pailions qui gouvernent l'e[prit hUA
10 7
"
" I X. Le refpeé1: reconnoiJfant que la poflérité pourra conferver pour la mémoire deces
hommes , qui, dans le cabinet , ou au champ
de bata ille, ont eu une pan diltinguée à délivrer leur patrie de la tyrannie Britannique,
& 11 établirlaliberté& l' indépen dance,pourra
probablement faire [u r leur efprit des imprefGons peu convenables,& les accoutumer,dans
un tems où ils ne feroient point en garde
contre l'amb iti on huma ine, àl'idée de récompenrer les pen fées .de ceux d'entr'eux qui
pourroient être décorés de ce qui auroit l'apparence d'honneurs héréditai res , en leur conférant les rouyo il's ulités , non moins que les
pom peures difliné1:ions de la noble!Te, "
H4
�[ l OS]
X. Le Comieé après mûre délibération eft
d'av is que laruee Sociéeé, nommée les Cincinnati, ne f.1uroie re juilifier; & que fi on ne
s'y oppore pas comme il conv ient,ellepourroit
être dangereure pour la paix, la liberté, & la
fûreeé des Erats - Unis en général, & pour
celles de cette République en particulier. "
l
cc
cc
cc
~,
"
cc
"
9 ]
Nous paroilTa ns entichés aujourd'hui
de la manie des Sociétés.---- Il eil inutile
que je m 'étende [ur l'utilité des Sociétés (1) ;
c'eil contre leur nombre uniquement, & ce
'lu'il y a de peu convenable dans celle don~
il s'agit en parti culi er, que je veux vous
prémunir. Si l'on peut remplir les mêmes
vues utiles, en devenant membre du grand
nombre des très - excellentes Sociétés déjà
établies, ( mais c'eil ce qu'on ne veut pas
faire ; On veut en former de nou velles) alors
il eil naturel d'inférer qu'on vire à obeenir
par ces nouvelles Sociétés auxquelles on porte
.. NAT!.
"
"
"
"
'"
"
"
CC
XI. Le C(')mité rapporte auffi c0"lme fon
<t opinion, qu'i l convient de renvoyer la conGo< dération ultérieure des me[ures propres &
~, nécelTaires à être prires à l'égard de la Société
cc des Cincinnati , à l'aITemblée prochaine de la
~ Cour générale. ~,
cc
10
"
"
cc
"
2
•
Il ne doit y avoir qu'une Société dans l'Etat ; & rurtout qu'une Société qui prérende à fe mêler des affaires pu..
(1 )
. Enfin le Gouverneur de la CarolineMéridio_
~ale, dans une AlTemblée du mois de FévrieD
pernier, a tenu le di[cours [uivanr , qui proba~
~le!l1,ent hâ&era la rérolution de cet Etat.
Je crois de mon devoir de vous communit, quer mes idées [ur ce qui paraît être d'une ten.
~, dance dangereu[e dans ce nouvel inititut qui
If s'éçendau loin, LA SOCIÉTÉ DES CINCI!{ ,c
pliques. Cene Société qui (cnflime la République dl compo(ée de wusles Citoyens aya m âge d'homme &. jouiG:'lnt de
leur rairon : hors delà il ne doit y avoir que des indi vidus 8c
de.s familles; lefquell es n'am eH es-mêmes à réclamer que les
droits qui appanÎennenc aux indi vidus donc elles (am com,,!,
pofées, mais n'one aucun draie en qualité de corps Ou de
familles. Les liaifons fone fans doute permifes, les Sociérés
libres de commerce fane utiles, les rappons de eienfaifance
doi vent êue encouragés; mais {eulemenc lorfqu'il R'en ré..
Cuhe aucune Affocit:lcion ufur pauice des draies de la Républi.
que, &. propre à iorcoduire l'inégalité emre [es membre .. __
flou d( l'Auteu.r Franfoi!.
�r
lIa )
fa petite contribution quelq ues obj~ts cachés,
" & que leur patriotifme , leur charité , leur
cc piété ne font que pour la montre; tandis
cc que des deffeins dangereux, l'ambition, la
cc vanité en [ont les rairons cachées, mais
«
'" réelles.
" Les Sociétés s'élèvent quelquefois tOUt
« d'un coup par des motifs très-pe u honorables,
" myftérieux, artificieux & finiftrcs de la part
"de leurs fondateurs. Des hommes entre" prenaRs , ambitieux , égarent & trom pene
" quelquefois les Sociétés elles-mêmes, en y
" faifant paffer des points mafquis qui les rendent entièrement dépendantes de leurs defirs.
" J'efpère que les Citoyens vertueux de rAmicc Tique , particulièrement les Pilotes qui nous
" Ont conduit fans toucher ni Charibdis ni
cc Scylla, ne permettront jamais que leur gloire
cc fai t fouillée, ni leurs noms ternis & affeélés
" par des imputations de cette efpèce : &
" quoique je fouhaite fincèrem ent à notre
cc Armée tout applaudiffement , gratitude &
cc honneur, je voudrais néanmoins qu'elle reprît
" en confidération cette Inftitu tion alarman te,
" & qu'elle pefât mûrement le grand nombre
cc de remarqu s très - oppofécs qui Ont été
C(
[
«
C(
III ]
avancés, ou qui pourraient l'être encore
contre le projet de l'adopter in toto [1.]
[ 1 ]
Qu'il nous (oit permis de rappeller ici le texte vraiment
prophétique d lt difcours précédem [ pages .p & 4l
J.
(t
L~
)) mOÎndre panie de cene infiicution ne peut être tol érée fans
» rendre une forte de vie à fa (Oralité. Si l'on accorde aux
CL
Cincinnati qu'ilsom pu (edifiingue r de leurs concitoyens)
« St fi l'on (anrent qu'ils en Coiem dillingués mêrr.e à tt: rme ,
&:. qu'ils forment un corps pour quelques iolla ns, m~me
dans de fimples vues de bienfaifance; ce fera récompenfec
(c la violadon de~ loi x de la République. &. fanCtionncr une
(c mauvaife aél:ion qui mériterait bien plutôt d'être punie.
cc On ne pourra empêc her qu'il n'en réCulee pour It:ur poCléeC rité un due d'honneur hér éd itaire; que la médaille que
cc leurs defccnddos n'oferon( pilS poncr, mais qu'ils con~
(c ferverom dans le rréfor particulier de leur famille, ne leur
(( tran(meue à perpétuité un fentimeot d'orgueil qui s'ope( pofera aux alliances de ces familles avec celles de leurs
ct Concitoyens, égales & peut être fupé rieure en mérite ,
(C mais
qui du tems de la Ré volutio n n'aurl.lnt pas eu le
(C bonheur d'a\'oir des mem~res dans le corps des officiers.
(C Ces (orces d'iné-galitès fondées (ur une vanité puérile , qui
cc mette nt obllacle au cour~ naturel de l'amour honnête . qu i
Ct fom (éparer des individus que le
ciel fembl oje avoir
cc formés l'un pour l'autre. '& qui ne peuvent trouver daPls une
(C autre alliance un bonheu r, égal à celui
qu'ils fe feroient
(C procurés. eO: un des maux les plus cruels qui afHige l'Euc~ rope , & qui par des mari ag~s mal·a{forris au phyfique Bi:.
f C au moral. y déeériore les races. fur-rout les races les plus
(c illullres. punies &. non pas corrigées par-là de leur pro ..
« pre orgueil . Les mêmes caures auront les mêmes effets,
« &c.) L'inflitution des Cincinnati ne doie dOrl' t:tre adoptée
pi en tou, ni 1"' '' r1 ftie.- .• Nou ~t l'Auttl.lr François .
(c
tt
\
•
�r
lU
SoulaO'er des veuves dans J'indigence &
cc des enfa~s d'officiers morts au fervice, élever
" la jeunelfe dans la guerre; voilà fans d oute
cc des vues que toUt le monde doit approuver
cc & recevoir avec applaudiflè ment : mais s'ar« rager de fa propre autorité le pouvoir de
cc créer des ordres, qui defcendent aux aînés
cc de la poltér ité mâle, & conférer des honcc neurs , des récom penfes & des faveurs à des
cc membres honoraires, leu r vie durant, (efpèce
« de titre [emblable à celui de Chevalier pour
cc la vie, titre plus fouvent conféré à des inllrucc mens lâches , vénaux, & corrompus, qu'à des
cC H ommes d'une valeur réelle & d'un mérite
cc dilliAgué); voilà ce qui préCente incontdlacc blement des fuites très-alarmantes.
«
Si cette inltit ution elt maintenue dans (.1
e< forme prUente , l'exemple fera dangereux &
cc contraire à la po litiquejuCqu'au dernier degré,
e< autant du moins qu 'on peut porter la prée< v0yance. Si ce corps & cette Société d'Home< m es, qu i [e lient enCemble , pe uve nt, toutes
oc les f0is qu' il leur plaît, s'arroger Un pouvoir
" de la même du rée que la Légi(]ation , le
cc bouleva rd d'une R épublique & le Palladium
« de la liberté,à quoi [erviront nos L oix, & qui
«
[ t
J
tJ ]
cc pourra dire que nous ay ons rareté ni afT"urancè
cc pour nos per[onnes & nos bi ens l Ces affo« ciations ne reconnoÎtront point de [u pér ieurs.
ee Ainli les liens d' uni on, les [yltêmes les plus
« [ages [e rel âcheront & s'anéantiront: à le ur
« place la rage civile prédomin era; elfets
~c horribles, que le Ciel détourne de deIrus nos
c( têtes !
Lorfque des Hommes [e Œparent par u Il
cc pouvo ir qu'ils ont créé eux-mêmes, de la
cc maIre du peuple, leurs igaux; 10rCqu'ils s'arroee gent un rangJilpiriwr, leur procédé dénonce,
c, qu'ils croient que tOILS les Hommes 'flli nt font
cc pas égaiemmt élevés, font leurs inférieurs; Cans
cc ajouter ici qu'on exclut notre marine (J) &
« notre milice de tOUt droit de participer à
" l'ordre, & d'immnrtaliCer leurs noms, quoicc qu'elles l'aient également mérité , comme
cc s'étant également évercués.---Cette circon[ee tance feule de placer les autres au-delfuus de
« [oi fera certainement naître des [oupçons • de
cc la jaloulie, de divilions, & une di[corde doC< mellique, li finalement elle n'aboutit à nous
cc
( I ) C'ell une erreur. Les officiers de la marine font admîs
dans l'ordre des CinciDnati.-~·Note de l'Aurtllr FranfoiJ.
�•
[ 114 ]
[ 115 ]
" ouvrir l'artère, & nOUS noyer dans un déluge
invi tat ion équivaut à les pfJer de fourcti rc
cc à leur propre inferiorilé J de reconnoÎtre &
" d€ fal)l'l:ifier un pouvoir u[urpé ,
" de fang.
" L'ordre elè auflî réverlibl e aux branc hes
cc collatérales. ( 1) De tels hommes peu vent fe
" t ro uver être les gens les plus indignes , du
cc caradère le plus vil J qui mér itent mieux la
" corde , que des hon neurs ou des illulèrat ions
" propres à perpétuer leurs noms. Conf<:rer des
" dign ités à des hommes de cette efpece J ce
" feroit récompenfer l'infami e à J'égal de la
"vertu. D es traîtres méritent-ils d 'autre
cc élévation que d'une- faço n unique r Sont -ils
cc des membres J qu'on puiffe delirer dans une
cc foci éré ou communauté ,quelconque?
" Invi ter des Citoyens ~ deven ir membres
' c'e li:
honorai res , memf1, res d'tgm'fi'
us a' deml,
" leur demander de fe [oumet tre à manquer
cc de délica te/fe; c'elè faire une infulte Jn" ligne à leur bon fens , à leur efpri t , à leur
" généro lité; c'eft exiger qu'ils portent des
cc offrandes fur l'autel de la baffe/fe & de la
cc lâchêté ; car ils doive nt (en tir qu'un e telle
te
(1 ) On en pourroir ma lheureu(t:mem dire autant quand la
fucceffion ne ft:roic qu'eo ligne direéle . Cummod r pa(fd pour
fils, fu[ fuccetleur de MARC AUR1U E. -.·Nof': de l'"AItr>tU/'
François.
<c
,
ea
A près avoir vaincu leur Ennemi, il
rée ll ement tr op humiliant po ur les officiers
cc èle l'armée Américaine, dont la réputation
cc s'e ft étend ue au loin avec ju flice, de copier
cc un e natio n étrangere dans fon extravagance,
cc dans fon lu xe , dans fon amour pour la vo" lu pté & les mœurs efféminées, dans [on envie
cc de s'orner de miférables décorations & de
cc dign ités vuides par elles- m êmes ; décora" ti ons & digni tés qui ont été la fource de touS
cc les maux de fon pa ys , & qui finalement Ce-:'
« ront la caufe de [a chûte totale.
cc
cc
Pour finir, l'ordre de Cincinn atus eft inee compatihle avec la magna nimité, la modeftie,
cc & le bon fens. I! y a m ême pOlir une bande
« intrép id e & illuflre de H éros Un ai r de foicc bleffe & de vanité à entre prendre de fi g ner
cc e ux-mê mes le urs propres louanges,& de per' cc pétuer leu r mérite & le urs hauts faits 1 D es
« hommes fages & g rands attendent tOujours
« avec pat ience, avec défiance m êm e , que la
« Renommée embouche la trompette, & que
" l'hifioire conligne leurs éloges dans les faft es
cc
-
�[ I16 ]
te
«
cc
«
«
«
cc
des nations. Une conduire contraire dans tè
cas préfenr fournira un prérexte pou.r ,dire>
que la vaniré ,que la foif des ,d :gnIres '. de
colifichets, & de br bioles , ont ete les objets
de la dernière contefiation , & non pas limplemenr le Patriotifmt ,[Indépendance, &
la Libu Ll..
" Je dois avouer que j'ai pris beaucoup de
" votre te ms en vous faifant voir ce qu'il y a
" de repréhenfible daris certe Inftiturion : mais
cc dans le po fie que j'occupe, j'ai dû nécelfaicc rement rem plir ce devoir '"
Ces difpo fition s ont effrayé les Cincinnati :
ils ont [enti que l'on Ile fairoit pas impunément
ombrage à des hommes récemment libres, &
qui doivent à eux-mêmes leur liberté. Dans
une Alfembl ée générale de l'Alfociat ion tenue
à Philadelphie le troisMai, on a modifié les ftarUtS de l'ordre.
N ous commencerons par les tranfcrire reIs
qu'ils fe trouvent dans le premier diplôme ; &
nous fui vrons la tradutT ion qu 'on en trouve
dans le Journal m ilitaire du 15 Avril de
cette
t
'7 j
cetté ann~e . P eu de nzonWlletls attf/i prtcleux ?
dir le Journalifie : on croit relire l'hijloir< dd
hcauxji<'clesd'Athe'ne s &de R ome ! Le Lea~ur
t
appréci era les raifons pour lefqu elles no us ne
font pas du même avis .
PRE '1f E R
C
A C T E d'A s so c 1
A
Tl 0
N
des
r N cr N NAT J.
A yantplusau G ouvetneur (uprême de l'u ni.
vers, dans la di rpofi tion d es affaires humaines,
cc de ré parer les C olon ies de l'Amér iqu
Sep e< renrrionale de la dominarion de la G ra nde
cc Breragne, & apres Un CO n Rit fanglant de
cc huit années de les établir Etats libres, indécc pendans & fouverains, alliés par des rraités
cc fond és fur des avanrages réciproques avec
cc quelques-uns des plus g rands Princes &
" Puilfances de la rerre,- c'efi pouquo i, pour
te perpétuer le fou venir de ce grand évènement
cc aul1i bien que l'amirié mutuelle qui a été
cc formée fous le poidsd e nos dangers communs,
cc & dans beaucoup de circoofi ances , cimentée
cc par le fang des part ies, les officiers de l'Armée
cc América ine s'alfocienr & fe confiiruenr de
cc
e<
l
�(
Il s
J
t Ir9 j
.
1 dans une [ociété
,
" 1:\ m~ni re l.l rlus fokmnc
"d"amIS , qUI. dur~ra JufIi long . tems
qu eux,
.
" mêmes, ou aucun de leur pofltrlte ma[culllle ;
" & en cas qu'elle manque, a U l an~ que les
" branches coll atérales qui feront ju gees d'gn,es
" d'être fuppom & membres de cerre Soc iete.
cc
«
" Les offic iers de l'armée América ine, ayant
, ' r,al emen t été 'pris dans le nombre
des
gene
,
'
d e l'Amé rique pour la d efenfc de
C troyens
" leur pays, ont la plus haute vénérat ion pou~ le
o. er
' e de cet illuflre RomaJ n, L UC/liS
cc carau
" Quintills Cincinnatlls,& étant ré{;,lus de fu ivre
" fan exemple en rClOurnanc à leur d omici le
" ils penfenr qu'ils peuvent avcc conve nance fe
cc dénommer LA S OCI ÉTÉ DE CINCJN)lATUS.
" Les principes fui n ns feront immuables,
" & formeront la bare Je la Suciété de Cinc(
"
"
"
"
«
"
"
"
"
"Une déte rm inariort inaltérabl e de .faire
fleur ir & c héri r entre les Etats refpeélifs, cet! e
un ion & cer honn eur nat ional fl effentiellement néceffai re à leut bonheur, & à la dignité future de l'empire América in .
" Pour relidre permanente l'affeélion cordiale
[ubliflance encre les officiers , cet efp rit le ur
" di élera l'am it ié fraternell e en toute occalio n ,
" & part icu lièrement s'étendra a ux aéles les
« plus fol ides de généro lit é, Cui vant le pouv o ir
" de la Soc iùé envers ces officiers, & leurs fae< milles , qu i malheureufement fe tro uveroient
« dans la néce fIité de les recevoir.
,<
" L a Socièté gé né rale , pour avoi,' une com"mun ica tion plus fréquence , fera di vifée e n
" So ciétés d 'Etars, & celles-ci en diflriéls tels
,< qu'il s feront téglés par la Sociét é de l'Etat.
cjnna tu s.
" Une attentio n conrinuelle po ur con[erver
les dro irs élevés & inviolables, & les liber rés
de la narure humaine, pour lefquels ils Ont
combarru & verfé leur fang, & fans lefquels
le plus haut rang d'être ,aifonnable, fone un
oppobre au lieu d 'une bénédiétioll .
te
'"
"
"
t,
"
,<
"
" L es Socié tés de difiriéls s'affembleronr aùm
Co uvent qu'il Cera réglé par la Socié té d'E tat ;
cell e· c i le quatre Juill et a nn tlellemenc, Du
plus CoUvent ii on le ju ge néceff~ ire ; & pa r
la fui te au moins Urie fois en t ro is ans. A
chaque Affembl ée les princ ipes de l'i n(!itu .
tion feronc ple inement confld érés, & les meHleures me[ures pour les faire fleurir y feront
adoptées,
l .:
�[
"
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«
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"
"
«
"
"
"
"
"
"
«
"
"
"
«
J
~o
]
" L es Sociétés d 'Etats confilteront dans tom
les membres exiltans dans chaque Etat rcfpectivement, & chaque membre changeant de
demeure d'un Etat dans l'autre, doit être
confidéré à toUS égards comme appartenant
à la Soci~té de l' bat dans lequel il refidera
aétuellemenr.
" L es Sociétés de l'Etat auront un Préfldent,
un Vice-Préfld en t, un Secrétaire, un Tréfor ier
& un AiJe-Trérorier, qui feront élllsannllellement à la plu rali té des fuffrages à l'Affemblée de l'Etat.
" Chaque Affemblée de l' Etat écrira annuellement, ou pl us fou ven t fl cela elt néce ffaire,
une letne circulai re aux autres Sociétés de
l'Etat; nOtan t ce qu'ils jugero nt d ;gne
d'obbvat;on pour le bien de la Société &
l' union gé, éraie des Etats, & les informera
des offic iers choifls pour l'année courante.
Copies de ces lettres feront réguli èrement
tranfmifes au Secrétaire général de la Soci été
qui en tiendra reg ilhe.
" La Société d 'Etat réglera toutes chofes
pour elle & les {oc iété. de fes diltrié1:s, conformément aux maximes générales de l'ordre
de Cincinnatus; jugera des quai ités des membres qui leur feront propofés, & cha ffe ra toUS
ceux de fes membres, qui, par une conduite
[
!2!
]
" indigne d 'un g ent ilhomme, d'un homme
" d 'honneur, & qui, en oppoflrion a ux intérêts
" de la Communauté en générale, & de la Sou ciété en particulier, feront jugés indig nes de
C( cOlltinuer à en être membres.
" Dans le d effei n de former des fonds qui
" puiffent être l'uffifans pour affifl:er les infor" tunés , chaque officier délivrera au tréror de
« la Soc iété d 'Etat Un mois de paie, qui rerlera
« pour toujours au profit de la dite Soc iété;
" les intérêts {eulement, {ui vant ce qui fera
" jug é neceffaire , feront appropriés a u foulage" mem des infortunés,
,.
"
"
"
"
"
"
" Il pourra être fait des dona tions par des
per{onnes qui ne [ont pas de la Société, &
par des membres de la Société, dans le de[rein ex près de former des fonds permanens
pour l'avantage de la Société d'E ta t, & les
intérê ts de ces donati ons [ero nt app ropriés
d e la méme m anière que le mois de paie.
"
"
"
"
"
" On pourra [ou[crire dans les Sociétés de
diltriél, ou dans les Sociétés d 'Etat, {ui vant
la volonté des membres, di fférentes Commes
pour le [o ulagement des membres infortunés,
de leurs veuves & en fans orphelins, pour être
dilhi buées par la Société d'Etat [eulemenc:
13
�[
" L'Affemblée d" la Sociéré générale con_
c< liftera dans fes officiers & une repréfenrarion
" de chaque Etar en nombre, qui n'excède pas
" cinq, dçmr les dépenfes feronr fupporrées par
,< leur Sociéré d' f rar re[peél ive,
" Dans l'A rrcmblée généra le, le Préridecc
O'énéral Yice- Préli denr , Secrérai re , SecréP!
..d
' r·
" raire Ailîftant , Tréfofl er & Al e-Tre lorler.
,< [~ ront cboilis pour [en,ir ju[qu'à la premi èref< Arrrmblée.
,<
"
r
J;'3 ]
cc Les lertres circu laires qui auront été écr .ites
« par les Etats "fpeélifs l'un à l'a utre, & leurs
f< loix particulières, feront lues & conridérées,
f< & roures les mBfures qui pourrQIlt condui.e
,< au bien-être général ~e la Socié té y [erom
~c concertées.
" Il eft probable que quel ques perfonnes
Feront des donatio ns à la Société gé néral e ,
ff dlns le derrein d'établir des (onds pour le
l' focours des in fortunés, dans lequel cas ces
1< pooarions feront placées dans les mains clu
1< Tréforier général, & l 'Arr~mblée générale
,< d.ifpo(era (uivant la néceilîté feulement de
" l'inrérét de ces (onds .
.
{<
" Tous les omciers de l'A rm ée Américaine,
" ainri Que coux qui Ont réfi gné avec honne r
12 3
]
après trois ansde fervice dans l'érat d'offic ier,
" ou qui Ont été déplacés par les réfol utions
" du Congrès dans les différenre, réfo rmes de
<!(
J'Armée ,comme ceux qui contin1Jeronr juf« qu'à la lin de la guerre, Ont droit de (dire
« partie de cette inLr;tution , pourvu qu 'ils
" {oubi vent Un moi, de paie, qu' ils lignent
" l'es rè,s les générales dans les Soc iétés de leurs
'" Etats rerpeéliFs, Làvoir ceux qui lont prHens
" avec l'armée in) médiatement; & ceux qU I font
" abrcns fix mois a près le licenciemen t de l'ar" mée, les cas extrao rdinires exceptés. Le
" rang , le rems du {ervice , les réfolutions du
" Congrès par lerqu elles quelqu'un d'e ux pour" roit avoir été réFormé , & les places de leur
" réli dence , devo iem être ajou tées à leur nom.
«
" Et en témo ig nage d'affeél ion à la mémoire
" & à la poftérité des officiers qui {ont mOrts
"
"
"
"
au {ervice, les aînés de leurs hérit iers mâles
auront le même doit de deve nir membres,
qu e les enfans des membres aétucls de la
dite Société.
" Les officiers étran gers qui ne rérident dans
" auc uns Etat feront inrcrits par le Secréraire
" gi n5ral, & feront conlidérés comme membres
•
�~ r 2f J
" de la Socié[é, aa"s 'lue/que Etat qu'ils fe
" rrouvent par la [uire.
«
•
E[ comme il y a, & qu' il y aura en toUt
" rems dans chaque Erar des homm es émin ens
" ar leur habileré & leur patr iorifme , dont
p
d" .
,
t C les vues peuvent ên e
tn gees aux m ernes
" obj ers louables avec ceux de la Société de
" Cincinnatus; il fera de règle d'adm ettre des
« hommes de [el carafrère, comme m embres
" honoraires de la Soc iété pour leur v ie feul e" menr, pourvu tourefois que les membres ho.
" nora ires de chaque Etat n'excèdent pas dans
" la proportion d' un contre quatre le nombr
.' des officiers, ou de leurs defcendans.
\
"
"
"
"
"
"
"
"
"
"
" Ch aque Société d'Eta r fera une lifle de
fes membres, & à la première Affemblée
annuelle le Secrétaire de l'Etat enrég iflrera
fur parchemin deux copies de l'infii tution
que chaque membre préfen t fi gnera , & le
Secrét ai re tâc hera de fe procure r la fi gnature
de chaque membre abfe nt . Une de ces l ifles
fera tranfmife a u Secréta ire gé néral , pour
être confervé dans les arc hi ves de la Société,
& l'autre refiera dans les ma ins du Secrétaire
d'Etat.
[ 11·5 ]
"
"
"
"
" D e ces 1i l1:es des Etats, le Secréta ire générai fera à la pr emière Affemblée générale
une lifle cam pI ète de la Société ent iè re , dont
il tranfmerrra des copies au S ecrétair~ de
chaque Etat.
"
"
"
"
"
"
" La Société aura un OI'dre par lequel fes
membres fero nt connus & difiin gués , qui
fera une méda ille d'or d ' une largeu r coovenabl e pour recevo ir les embl êmes , & fu Cpen.
du e par un cordon bleu fo ncé , large de deux
pouces, bordé de bl anc pour marque de l'union
de l'Amérique & de la France.
" La prin cipale fig ure, Cincinnatus , tr OIS
" Sénateurs lui préfentans une épée & d'au tres
" attributs militaires ; au fond & plu s loin.
" fa femme à la porte d e fa chaumière; près
" d'e ll e r.~ ch~rrue & les inl1:ru mens du laboule rage; autour: omnia reliquit fl rvare R em" pub/icam . Sur le revers : le Solei l levan t ;
" lIn e C ité avec [es portes ouvertes , & des
" vaiffeaux entrans dans le Port; la R enommée
" couronnant Cincinnaws , & cerre infcription,
" virtlLlis prœmillm ; au-deffo us d eux mains
" jo intes fupport ant un cœur , av ec le m ot:
t< Ella pe rpalla; allto ~ r du tOUt, Soci.!tas C/nt<
c;nnato rum injlùllta A . D. l iB3'
�[ 126 )
" L a Société vivement pénétrée de recon" noifiànce de l'. lliilance généreufe que cette
" conrré a reçue de la France, & defirant de
. r perréruer l'amiti é qui a été formée , & a fi
" forrement fubfifté enrre les officiers des
" fo rces alliées dans la pourfuite de la guerre.
" ord onne que le Préfid ent général tranfm ctt ra
" auffi-tllt que poffible à çhacI,::/ces perfonn ages
" ci- après nommés une médaille co ntenant
" l'odrc de la Société.
" f ait dans le cantonn ement de la ri vière
" d'Hu dfon dans l'année J 783.
Signé par le Com mandant en Ch eJ, les O(jiciers Généraux , les D élégués de p lI/fleu rs Rigimens & corps de Armée.
r
[
J ~7
]
" ayant Cervi trois années , & quitté le fen' ice
" a vec dtjlinc1ion; tous les offi ciers qui éroient
" en aétivité de fervice à la fi .l de la gu erre ,
" tOUs les pr inc ipaux officiers de l'Etat-major
" de l'A rm ée con ti nental e . & les officiers qu i
u
om ét é licenciés par les di verÎes réroluc ions
,, /du Congrès fy.r le, différentes réformes de
" l'Arm ée.
«
" S !C1ion II. Seront auffi admis dans cette
Soc iété les dern iers MinÎftres, & les Min ift res
" aétu els de S. M. T. C. auprès des Erars-Un is ,
" rous les Géné raux & Colonels de rég im en.
. " & des légio ns des forces de r ~ rr e s 1 tOus les
" Am iraux & Capi rli nes J e vai ffea ux aya nt
~ n {ubrlance • quoique Km abr égé . le même que dans le pre·
fnie r di plôme.
SECiJON. T.
N OUVE j\ U X STATUTS(I).
" SèC1ion I. :'-es pedonnes qu i com po fent
" cette S o c i ét ~ 1 font tous les offici ers brè vetés
.. de l'Armé< & de la ]'1arine des Etats- U nis ,
( J ) Nous croyo:'lSde\'oir rapporter le cene des nouveaux
fiatuLS, puifque les Cincinr- ztj les r ('~arde nt aujourd'hui (o:nme
lJ bafede:leur exifleoce . Nous omettons le préambule, qui en
(C
The per ron~ v \' ho co nfiiture chis Society
1
CI re
ail the
(c commiffiofltd and l,mm olfiCtrJ of rhe Arm, and Navy of [he
lC U nÎtecl. States, v v ho have {erv ed thru y ,a rs . and vv ho len
te th e (e rvice vvith rqurarion; ail officc rs v"ho 'Jver e in tJéJua l
Cl [ rrvier ar th e conc\uCl on of the vv ar ; :111 the principal lbff·
«( O
ffi ctrs orche com;nentll army ; and Ihe OffiCU J vvho ba ve
Cf bee n dt rll ngt d by rhe {eve ral re(o lori ons of Congrefs ,up:l Q
.. che diff..: rem refo rms of the army .
cc Sd lion lI . There are al{o admi tteci into this Soc iety ,
te the I ,JU an::t prt(wr Mi niJl rrs of hic Moft Chrifl ian Majtfly
te ra che U.lÎad S rarts ; al! r h~ G ~n~rJ l s a n t Colronc lJ of r c::~
~, gim ems and Ic::gions of che Und f JUO J ait the A dmirais
�[
[ I2S ]
rang de Colonels qui o~t ,c,oopéré avec les
<C armées des Etars- Unis a 1 erabilffement de
c, leur libe,·té; & les autre perronnes qui ont .
" éré admires par les Alfemblées d'Etat refpec-
c,
" li ves.
" S ec7ion III. L a Soc iété aura un P réfident ,
" un Vice-P rljident,un S ecrétaire & un SOIIS-SeH
critaire.
"
"
"
"
"
"
" Sa1io/l IV. La Sociéré s'affemblera nu moins
une fois tOIlS lès trois am le premier Lundi cl u
mois de Mai, dans le lieu indiqué par le Pré!ident. L adi re Affemblée fera compofée des
[ufdirs officiers (donr les dépenfes feront
fupporrées également par les fond s de l'E rat )
& d'une reprérenrarion de chaque Erat. Cerre
12 9
J
"
"
"
"
"
"
Affemblée générale s'occupera du foin de
régler la dillribution du relle des fond s , de
nommer des offic iers pour les trois an nées
[u ivantes , & de conformer les Statuts des
A ffemb!ées d'E t at aux objets généraux de
l'in{t icurion.
"
"
"
"
" Sec1ion V. LaSociéré feradiviféee n Affemblées d' Etar ; chaq ue Affemblée aura refpectivementun Préfident , un Vice·P réfident, Un
S ecrétaire, & un T riforter, qui ferOnt chai lis
rous les ans à la pluralité des voix.
" S ec7ion VI. Les Affem blées d'Erar fe rien" dront à r a/l/live rfai re de l'Indépendance. Elles
" prendront les mefures relarives aux proj ers de
" bienfaifance de la Sociéré; & les diver[es
« meeting shaH be- -to regulate th e difiribution of (urplus
(e and Caprains of the NJvy • ra.nki ng al Colontis > vvho have
te co-operated vvith the ar mies of the Uniud ,Scden in thei r
«funds---ro appoi nt o fficers for the en(uing tt:rm-.--and tO
(e exerrions for Libert)' ; and Juch ocher pufc.ns as have been
« conform the bye. lavvs of Stace-mee tings [~ [he generaL
<te ob;eéls of the infiicucÎo n.
« admitred b)' the rerpe.5\ive SctJu-mettÎngs .
« Seélion III. The Society shaH have a Prefident , Vice·
.c maringl :
(e Prelidem
« fident
Secretary 1 and Affinant Secretary.
(e St llion IV. There shall be a meeting of the Society
cc tH lraft onet in thrtt YtUS , on the 6rll Mondar in May , <'Il
u (uch place as the Prefidenr shan appoint . The faid roeer€( ing sh:tll conCin of the oforlfaid officers ,( vvhofe-exFences
«( shall be equally borne by che Stare-funds l ) and a repre« f(ru a,ion. from each Stace. 'Ihe bufinc:fs of thi s genera1
1
1
» Sefli ofl Y'; The Society shaH be divided into Srt1.te_
each meeting shall have a P"ji',
Vi p
Secru«ry , and Trtafuru
" nt ,
U(·
Te -
refpeét ively co be chofea
<c by a majo tity of votes, annually.
cc Sdl ion VI_ The Stace-meetings shalJ be on the Annie< verfa,y of In dtpe ndance : chey shaH concerr (ech mea fures
« as may conduce (o the benevolem purpofes of the Society;
« and the feveral St~(e.mee[ings shaH, i[ fUÎtable periods,
l
l
�l
l,V
J
[
rt réfi dcns danscha'lue Era r i & en délivrera une
" copie au Sec1éraire de la Socié ré •
., Affemblées d'E rar s'.drcITeronr; en rell'ls
•, con venahlc à leurs Lég iflareurs rerpeélive!,
«
J )I ]
pour l'oélroi des Charres.
" S ec7ion X . Afin de former des fond s pour
S a1ion VII. T our membre re retirant d'Ul1
•• Etar dans un aurre , d oir être conGdéré à IOilS
" ega r.ls comme a ppartenan t à l' Alfemblée de
«
"
"
"
"
"
" l'Etat oll il réGdera pour lors.
le foulagemenr des m embres qui onr befoin
de fecours, ainli que pour leurs veuves &
orp helins , chaque officier remettra un
m o is de rd 'p aie a u T ré fori\?r de l'AfTemblée
d'Etat.
" Sec1ion VIII. L 'Affemblée d' Etat rera juge
" des qualités de r~s memb~es, réprimend era ,
" & chalfera s'il ell néceffa ire. to ut membre
"q ui ne re coudu iroit pas comme il con~'
" Su7ion xi. Aucune donation ne fera Jecue
" 'lue des Citoyens des Etats- Unis.
•
" S ec7ion X II. Les fonds de ch aq ue Alfem" blée d' Etat feronr prêtés à l'Erat par per-
vienr.
" S rc1ion IX. Le Secrétaire de l'Alfen1bl ée
" d'E ta t enrég illrera les nCms des m embres
" million de la Légi fl arure , & l'inrêrêt de ces
" fond s fera appliqué a ux projets de la Société;
cc make application co lheir refpeaive Ll"g iO:nures for granrs
,c StJce. and tcanrmic a copy thereof to the Secretary of
( tb e Society.
cc of charter s.
cc St8ion VII. Any membe r • remov ing from one Stace
(c co anGther, is tO be confidered in ail rtfpral as belongi ng
« te
the meeting of the State in v"hich he shaH\.: aéluall y
» Stl1ioll X. rn arder to form funds for th e relief of un fonUnlte members , thei r yvidavy s and orphans • {alh
cc officer ~hJII deliver co thl! Trearurer of Ihe Scace.meeting
cc one mom h's pay.
«
« relide.
The Stace· mee ti ngs shall judge of Ih!
ct. qualification oriu mernbers l admouish l and (if nece(f;u y)
c( rxptl any one vvho may conduél. himCdf unv\'onhily. ~
(( $ tSion VIII.
«Sdlion I X.
The Secretary of each State-meedng
.. ~haU regifler the 8ames of the mewbers rc!idem iD each
ce S d lion X l. No dona tions sha ll
~f Citizens of the Ulliud-Stdttr.
be recei\'ed bue from
(c SrlliOll XII. The fu nds of each Scare-meeting shall be
(( l oa~ed ta th e Stace, by permiffion of che Leg inarure 1 and
ce rhe Imere ll only annually [0 be applied for the purpo(es
" of the Sociery ; and , if in pracefs of cime diffi.cu1cies
�[ I F)
te
"
"
"
"
"
& fi par la fuire des relnS il Curvenoit dEs
d ifficulrés dans l'exécurion des inrenrions de
la Sociéré , les L~ginareurs des difrérens
Etats feront requiCes de faire les diCporirions
qu i leur raroîtron t les plus équitables, & convenir le mieux aux vues primitives de 1'In[·
t
1 Jl
]
~ es embl êm es décrits ci-a pres ( 1) fufpeod us
« a un ruban bleu foncé, liferé de blanc
~i
ii
'
" repre ente l'union de l'Amérique & de ' il
« France ,n .
ct
" tiruelon.
" S,aion XIII. L es fuj ets de S. M. T. C.
"
"
"
"
Membres de cette Société, peuvent tenir des
Affemblées à leur volonté, & faire des règlemens pour leur police, conformément aux ob·
je,s de l' infiitution, & à l'eCprit de leur gou-
" vernemenc.
" Sec1ion XIV. La Société aura un ordre l
Les obfervations que nous pourrions ~1i re fur
ces nouveaux Statuts
[e trou veront p
1
"
'
our a
p lu part d ~ l1s celles que nous avons pris la liberté
de place r en marge de la lettre fui van te , adreffée circ ulai rem ent avant l'Airemblée générale
du 3 Mal 17 84, aux d iffere nres affociarions de
l'ordre par fes D élégués, & lignée d u Général
Washington en fa qualité de Prélident.
" qui fera un Aigle d'or portant Cu r Ca poitrine
les
«
e.mblems hereafter defcribed , Cufpended br a deep blue
nbbon. e.:lged \V ith white, deCcriptive ofrh. ullIon
. o["
« should oceU T in executing the intentions of the Society.,
ec:
the LegiOatures of ,he {everal States shaH be requeficd
« co make (uch ~.quit able dirpofitions as may be mGn ( oc....
cc refpondem vvith the original defign of the infiiturion.
« Am euca and Fraoce.
tC
(t ) Ce fom les mêmes qu'on trouve dans le premier d'
pIero..
1-
cc
StE1ion XIII. Th o [ubjtt1J of hi, Moft Chriftian MtJ.jtfly t
membe rs of (his Society, may hold mee ti ngs at rheir
cc pleafure . and form regulati ons for thdc police , confor(C mably (0 the objetl: of the infi icuüoD , and (0 the fpirit
<.C
tC
of their governmeoc,
« Stél[on Xl V. The Seciety shaH have an Ordu ; vvhich
" ,haU be a b.ld E,gle of gold, be.ring on its breall lhe
K
�[ 134 ]
LET T R E
[ i 35
OUSERVATION S,
LETTRl! CIRCULAIRE_
CIRCULAIRE,
~"e(fée aux Sociétés d'Etat
de l'ordre des C [ N C 1 N·
NAT! par l'Aifcmbléc: Générale convoquée à Philadel.
phie Je ; Mai J 78... , fignéo
du Général Washington en
fa qualité de Préfide nt • .
No US Dilégués
des
Cincinnati, apre's les
plus mlÎrrs délibérations
& la difcuJlion la plus
approfondie des principes-& tI-es ohjets de notre Société , avons ]ll-
(1 ) Comme à notre avis il y a quelqlles différences ~otab~es
~ntre le véritable (ens l le fens littéral de la Leu re Ct~CU1lalre
fur laquelle nous nous Commes permi s quelques obferv3uons
que nous croyoos importantes Sc la traduétion que l'on en a
donnée dans les papiers publics l Sc dom nous nous fommes
fecvis en général; nous rapporterons au bas de la page le
[ex[e Anglais 1 afin Ge jufiifier nos correaions.
Circu.ldr co the State Socitt) oJ,h e C JNCINNATI.
(( Gentlemen J
« W 8 ~ the Delegates of
che Cincinnati. afrer the moll
matu re aod deliberate difcuffion of the principles and ob" jeéh of our Society 1 have thouglu propter tO recommend
ex:
J
ORSE.RVATHlNS ;
, ,
d
ge 0 propos e recom-
,mander 'lue finc/uft
Injlitution de Id Société
des Cincinnati ; tell.
'l't'elle a été riformée &
modifiée à leur p'remier.
Affemblée ,Géllcrale,jàit
Jzdoptée pa r la Société
de votre :Etat.
Pour 'lue notre conduite en cette occajion
,foit connue & approuvée
de tout funivers;pour ne
point encollrir le reproche
d'objlination
d'um part, Oll de ligèreté d'une autre ( Il ) ;
l
)
\,a)
C'efl:' Une extremiré fàche ufe pour des
chat che inclofed InlliculÏoft of the Society of the Cincin~ as alcered and am ended 3 C their lirn meeting 1 5hould
(c be adopted br your Scare Sociery.
C( In order chac our conduél on chis occalion may lland
cc approved in the e}'es of the vvorld ; cbat vve may nOt incc CUr the impUtation of obClinacy on dle one nand , Or re_
a; viry on che other ; and mat you may be induced more
ct
(C RatÎ
K2
�[ 1)6 ]
LEi TRECIRCULAlItB .
[ 11 7 ]
OB SE R VA TIO~ ! . ,
LETTRE CIRC U LAIRE.
hommes , a/focles a
Wash ington & prélidés
par lui, que de fe
trouver, de leur aveu,
prefles e~ t re le reproche
d 'obJlination & ce lu i de
lége'reti. Il éto it un
m oye n d'éviter celui de
lige'reté : c'étoit de ne
rien faire que fous l'aut orité & la fanaion du
Gouver~emene. Quant
à TohJlinarion, elle fer oit révolte quand les
L égi{]arures one parlé,
, A vant de VOltS en rendre compte, nolts nolts
croyons ohligés ,parnos
devoirs mvers VO ltS & envers nos Concitoyens, de
déc/arer, & nous prenons le Ci el à témoin de
la véracité d~ notre déclaration ( a ) ,
(a)
,. atled.
H ONOREZ LES
DI EU X ; ET RESPE CT EZ LE SERMENT*:
c'éto it le premier précepre des anciens. Le
vrai refpea pour le ferm ent c'e ll de s'en ab Ilet enir,. car le plus sûr
moyen de n'en pas abufer, c'ell de n'en poine
ufe ... Une R épublique
efi perdue le jour 011 L E
GRAN D M YST ÈRE de
Et afin que vous VOliS
déterminiq plus volontie rs à effec7ue r ce 'lUt
nous vOllS recomman ..
• dons,nous demandons la
permiflion de communi·
'luer les raifons d'ap'rès
ÜfiJllelleS nOliS avons agi.
cc ch"arfully to comply with our recommendation . wc beg
(C le'\ve [o . communicate the {carons on which
wc have
OBS ERVATI ON S.
(c Prev ious ro our laying (hem befofe you. wc hold ie a
»)
dUly ( 0
ou r(elves and
(( and we cali Hcaven
*
[0
our fellow-cidzens
[0
wÎtnefs the veracicy of our decla.
KaJ (f iIAQ" gpI(.Q,..
K 3
[0
declare,
�[ ,1; 8
L E T T R E C IRCll LAI R 1;'
J
,0
BS E R 'V A Tr ON~ .
fa politi que n'c ft: pa!
LE SER M ENT "'.
Q ue dans t oute notre
conduite à ce j'uja nous
avons été di rigés p ar les
principes h s plus pu rs.
Q uoique nous j'oyons
intérieurement & invinciblement p uflladés de
la droiwre de nos intentions en ù ahlij[ant
une Confrai rie , ( a ) &
en IlDUS y unij[ant;
(a) Ce m ot ell rem arquable. L es C incinnat i font de leur
aveu UneCOl'FRAIR I E
militaire . M ais
les
T empliers, les C hev aliers de St. J ean de Je-
[ 139
L ETTRE CIR CUL AI R E .
J
O BSE RVATI ONS :
rufalem, ceux de l'or·dre T euronique, ceux
d e St. L aza re n'écoient.
jls pas auffi des Confrai ries ? & de telles
Confrairies fon t - ell es
Une acq uitit ion -très-rép ublicai ne? le Cong rès
général ne le penfe
point, puirqu' il n'a pas
voulu permettre que
q uelq ues oRlciers Amé.
ricains fuffent admis
dans l'ordre de la Divint P ro vidence (*) . Il ne
"" v v e are chus co nrc ious Jo r (i)urfelves of {he reétitude of Our
« imemiGns in innicucing or becoming members of this
• Réfolur ion du Congrès du ~ hn vier ' 784-----5u r le rapport d'un
Comit ~ auquel avoir é té renvoyée une ler tre du Commandant en Chef,
en dare du 18 Août,cont enant une propofiti on de la pan du Secrétaire
de l'Ordre Polonois de la divine Providtnce,que le Con grès nom meroit
un nombr e de pedonnes prop res pour être créées Che va liers dudir or-
ct:
raeion l rhar, in our yvhole agency on [he rubjeél,v ve have
by [he pure fi principle s. Notvv it hllanding
« been a8ua(ed
* l' Empereur Maxi min appell oi ç le
ferm ent le gr~n d
"lyjlir' de la R tpubl ique R omaine;
M-a.Ï):.nr cip)(J?5 /-J- v51!'f 'i)I'*
1:.;.<,."
'l'n'
p~:
Jre, II.H SO Lu;"Que J'ancien Commandan t en Chef [e l a prié d' info rme r
(. le Che valier Jean de Hûmr, Sr:c rérai re de ['ordre de la Divine Prou .,idtnct , que le Congrès cft fenfible
al'an ention de cel ordte, en lu i
(' propora nt de nommer un nombrf' de pel fonne s proprr:s fO ur ru e
(. créées Chevaliers de la D ivine Prollidence ; mais que le Congrès ne
u fauroü conformément .au ~ principes de la Confédération accepler
n fon obligea nte propofi cion .) .
!{ 4
�[
J
40 ]
'r J.4
L ETTRE CIR CULAIRE, OnSE.RVATIONS.
le penfe pas , puifque
dans le plan du Gouve rnement' prov ifoire ,
propofé pour les dix
nouveaux Etats, adopté & palfé en la loi,
o n trouve cet article :
L EURS GOUVERNEMENS
RRSPECTIH
AU RONT UNE FORME
R L PUBLICA INE;
AU CUNE
JO U I SSAN T
TRE
TOYENS
"TI Sl\l E que celui qui
s'ifole de la Patrie!
BI E NV E1L LANCE veut
dire protec7ion : & convient-il à des fu jets de
protéger leur Sou verain ?
TI-
NE POURR A tTRE AU
DE S
CI -
DE CE S
.irArs.
& malgri la
çonv/aion intime ott nous
fommes qu'on trouvera
N .!anmoins comme nos
vues, à ce rtain~égaTds ;
ont été ,na' flnties ;
comme raae 'de notTt
Alfociation a été /lé affairement rldigé à la
hate ra) ,
.
dans yot re conduite, tant
)Jalfù que fUfllre , la
p rwye évidente que vous
/l'aJlq été dite rminés
frater oit y ; and norwichfianding w e are confident th~
« higbefi ev idl;!oce can be prod4ced from your poll,an d will
(t
l(
b:: givcu by your future behaviour
J
[hac yeu could not
O nSI!RVATroNS.
(a) Etrange PA T R10-
PERSONNE
D'UN
]
par aucuns autres mo'tifs que ClUX de r A~
mitié dll P atriotifme &
de la B imveilla/lce (a) ,
ET
HÉRÉDITAIRE,
NOMBRE
LETTRE CIR CULAIRE.
l
I~"
(a) L'A CTE n'ASSOCIAT ION d'hommes fi
dillingués tendan t à
by any other motives than chofe! of
friendsbip, pacrioùfm ~ and beneVolence : )1er, as the in« llrumenc.of oue atrociation Was of uece(ficy. dra Wu up in a
« have been inAuenced
cc
�r 14~ O1SSE RVATION$.
LEp'~B CIR CU LAIRE.
élever
un
nou.veau
corps dans leur R é publique a été RÉDIGÉ ~
;LA H ATE 1 PourquoI
cette préc i pitation ? les
peuples de Maffachufem & de Penrylvanie, dans les préambules mémorables de
leurs con ftituti ons.
rendent hom mage " à
" la bonté lignalée du
« LégiO ateut fuprê<c:o me
de l'univers,
" qui, par une fuite
" des décrets de la Pro!' vidence ,leur a pro" curé l'occalion & la.
" faculté de faire avec
cc le ams d'unemlLre dé" libération,avec tran" quillité, & [ans fur" pri[e, Utl
paéte
" orig inal, ex plicite&
" [olemnel, & de fprct.
hafiy manner . at an epocha as excraordinary as ir vV i,1I be
«.
memorable in the anllals of maokînd- -vvhen che mlnd ,
I4l
LETTRE CIRCUL AIRIL O SS IlRvATro~u:
" mer une confiitution
" . nouvelle de gou ver«nemeor civil pour eux
" & pour leur poftéri" té. » N 'e ft -ce pas infui ter .à cttt~ bonté
,
fignalée du Légiflatwr
flprêmo de {univus .
quede violer les loix d",
la Patrie , faites en ruite
d'une "lûre délibération.
par un aéte d'Affociation inconfiitutionnelle , rtdigi à la Mt<?
,
,
" a Ilne 'poque
cc atifli extrao rdinai re
" 'lu'ellefl ra mémorable
" dans les annales du
te genre
humain ,
" agités pa r une j'oille de
" flnfalio ns différentes .
cc nous n'a yions point
" la liberté d'ejprit nice.f
.
ou
---------------------------------------~
<c agitared by a varie~y Gr emoricms . vvas not at liben y to
cc a[(cnd mi nurely [0 every circomllance vvich rerpeél:\.!d
<f our focial coquexioo}or tO digefi our ideas inco rocorr~él' CI
�[ J~4
tEITRE. CrRCULA I RE.
J
. • [ If)
LETTRE CIR CU LAI RE
OB SE RV ATIO NS':
faire ( a) pour préter (a ) L'inll:itution d 'un
.. une atffntion mintL- o rdre de Chevalerie il·
e( fieujè d fOutes lescir· léga l & il1 col1ll:itution.
c< conjiancesqlûavoünt nel éta it - elle d onc li
" rappo rt notre con~ prerrée f & ne po u~
c< nexion. faciale , ou voit·on pas attendre le
« pour rédigu nos idées tems Oll l' on aur C!> Ît eu
c:c dans une [orale auJli LA LI BERTÉ n'EScorreae qu:on auroit PRIT NÉ C ESSAIRE
« plL Il defirer ; comme pour réAéch ir [ur les
c< finJlifution originaire conféquences d ' un tel
c< aux ymx de plujimrs projet?
«pufonnes refpec1ables
« a paru comprendre des
,< objets que l'on juge in ~
«compatibles avec le
"génie t;. l' efp rit de
" la Confédiration; &
c< comme dans ce cas, il
" pourrait ft faire qlLe
cc no! re but ne fd! pas
cc
co
'
1
BSERVATI ONS .
rempli, t;. produisit
«des fi.'
illles (jlu nous n'a «
vions p as pr/viles : en
cc
confiqlunce, pourdt-
cc
truire taure forte de
a
cc
jaloujie s ( a) ,
( a ) Pour détruire
TO U TE SORTE DE JALO USI ES ,
jettez VOS
croix, & déchirez vot re aél:e.
c:(
cc farm as could have becn wished ; as the orig,inal infii ..
« [urion appeared in {he opinion of many refpeé\able
« charaéters (Q have comprehended objeéh wh ieh are deemed
cc incompatible with rhegenius and fpirir of the Confc;:deracc [ioo ; and as in chis cafe ie \vould evemually frufira (e
" our purpofes ,an~ be produftive of confequences whicn
0
pour t/oigne r
oc toute caufl d'inquiitu_
«
<c
de,pou rdljigne rd'une
manie're dijlinc1e le
t e rrein fiLr lequ el nous
'VOillans nOliS fixe r , .&
pour donne r une nou-
«
velle p rwve que les
<c
anciensofficiersderar~
(c
cc
«
cc
mie A'Tléricaine Ont le
" droit d'être comptés
«
« vve had not fore(een j
••. rherefore
ro re
(( of inquiecude to ann O
h01
'
move every caure
,
1 1 ate every fouree f'
1
«delignaceexplicidycheground o
h' h 0 J~a oury. {Q
ct
d
°
0 W le VVe vV lsh coll d
an co gl ve one more proof Ihar the lace Ri
an •
II! American army have a daim co be
10 0
cers of che
recAioned among che
�[ 146
LETTRE C IRCUL AIRE .
j
OIlSEIlVATIONS.
'" pa rmi les Citoyens Ils
« plus fide'les; nouS
«avons arrêté qu'il feu roit fait à notre inJli« tution les rifo rmes &
« modifications irnpor" tantes que voici : la
«.fuccef!ion hé ddita i re
<c ft ra abolie j toua ine< ttrpofition
dans /es
«affaires politiques Cff
f t l'ra d'avoir liw; &
.. ksfonds feront pla'" cis fous la connoij« noiffance immédia « te des différentes Lé-
«giflatures , qui fec< ront
allffi reqllifes
" tf oélroyer des Char" us (a).
( a) Pourquoi des
C li AR T ES? Il n'ell: ,
(,( mon faithful citizens, vve have agreed that the fonov\· in~
c:. material aheradons and amendme ms should take place :
(c that the beredirary fucccffion should be abolished---that
cc ail interrerence yvÎth political fubjeéh shoulJ be cl one
l( avvay,·--and thon the funds shoulds be placed ur.der l~e
[
1
Lf.TT RE CI !lCU L ÀI RI!.
47 ]
OBSE Il V A TION~.
..su'une charte néceffaire
- dans un pays, & furtout dans une Rép ubique; c'eft celle de
l'Affociation générale;
ce [ont les PA CTA CONVEN T A de la Patrie.Si
d es chartes [ont accor.
dées, voilà donc Une
jurande & une jurande
m ilitaire ! Si des cha".
tes [one accordées, voi là
Un corps dif!intl: enté
dans la patrie; & l' hérédité quelconque, ou
du moins la perpétuité
fuivra infailliblement.
On a donné en Europe
des chattes à des relig ieux auxq uels on a
défendu d'être hérédi_
taires, & qui n'o ne pas
biffé gue d'être [uffi.
famment perpétués.
," immediare cognifance of the fc\'eral LegiOarures
h
cc should alfo be requefied (0 gram chaners for mo t v; a
/1
•
re enl!C·
~ [ua y carnng OUI humiUle de6gns wta execution.
.
�r 149 J
[ ' 48 ]
LETTRE CIRCULAIRE .
OBSERVATIO NS.
t l l t t R E CIRCU LAI RE.
1
" pour donnt r
" d'ailla nt plus d'effi" caClté au projel 'lue
« noUS avons de flcou" rir rlwmnniti ( a ).
c:c
Oas E R V A r IO N ,.
nous a engages à nous
<, l'armer en une Société
"d'amis, Ayant été
c:c conjlalnmellt unis p a r
<, üs liens de la plus
oc étroite AMITIÉ (Il) ;
( a) Nul befoin dé
CM AR T ES pourexercer
la bienfai(;1nce; chacun
en a la charte de par la
nature, & nul corps n'a
le droit de s'ériger en
di fpe nfateur public des
bienfa its.
(a) L'amitié eo t(e
dix mill e 110mmes 1
D es officiers qui one
vaillamment combanu
pour
, la même caure ,
dans la même armée ,
dans le m ême régiment , Ont l'un pour
l'a utre de l'ellime, de
la conlidéracion , des
égards, fouvent du refpea , quelquefois de
la vénération, quand
jls Ont déployé leur talent ou verfé leur fang
d'une manière très-dif_
" En expofont nos rai" fons pou r le change·u ment d1l p remier ar<, tiele , n01lS devons
" vous demandu la per" miffion dl rappeller
cc à yotre foul'enir t;, à
cc votre attention
la
" caufe primitive 'lui
cc In gtving our rea ror.s for ,he alcerarion of the firll:
cc art icle wc: rndl: <.su your indulg el1cc while we recall you r
ct atlenüon [0 lte ori ginal oCG.f.on which inôu.<d cs tG
'" fQ rm~
«
~orm ourfe!ves inta a Society of Fric:nds. Havioe- lived
.J)
10
,he firiéteCl habits of amity through the variou$ nages
L
�l
15 ° ]
LHTRE CIRCULAIRE.
[ 15 1
O ESERVATlOIIS.
LorT RE CI Rel! LAI R E.
tinguée .•.. L'AlIl1TIJ.
s'achète l'lus cher !
"d'une guerre qu'une
" infinité de ci rconjlan" ces rendent remarqua" hles & vraiment e:r" Iraordinaires,. apre's
" avoir eu le bonhrurde
" remplir l'objet 'pOUf
.. le<]uel nous avions pris
" les arm es; à Npo<]ue
" du tri omphe & de la
" [éparation , parvenus
"enfin à la dernie'ré
" [c e'ne de notre dram e
" militairt, dont le dé·
Itou ementétoitàlafois
" un "fiijet d'alligreffe
BSE R v ATIONS ;
" encore tout récent dans
"notre fluvenir :; il
"était
(c of a vvar, unparallelfed in many of iu circumfiances ;
cc having feen tbe objeéh for vvhich vve comended happily
« anained l in the momem oftriumph and feparatioll ,vvheD
(.( vvevve re about tO aél th e laft pleafing melancholy [cene
" in our milirary drama,-- -pleafing , becau(e vve vveTe lO
/JIt leave'our ,ouotry poffeffed of ind(pendeoce and peace-...
0
i, & d'afflie7ion pour
" nos CŒUr.s ---- d'allé_
" gre.Jj
, Ir.e ,pa ree <]ue nous
" voyons notre p àtrie
" en poff'.!fion de l'indé"pendance & de Id
fi plli.r-.d'ajJlic1ion,
" parce 'lILe nous allions
" nous fi'eparer, ",'
.<' pwt« ,
ct re pour ne nous re" voir jamais. Dans uri
«momem ou tous les
" cœurs aOtent
, . PWctf;
"
é.S
« d'aJfu7ions plus aijles
" à concevoir 'lu' à dé" crire , aIl le moindre
"aae de bienveillance
" & de fi njibilité étoit
" dans les
" diffùentes révolutions
(t
]
impoJlible
de
•
melancholy ,becaure vve vvere to parc, perh3ps oever ra
te mee! ~{a in ; vvhilc every , breall: vvas penccraccd vvirh
« feelings vvich can be more eafily conceived than de(cri ..
bed ; vvhile every liule aé\: of tcndernerlsrecurred fresh (0
.. the recQlleél: iou 1 ie vvas impoffible not ro vvish our fricn~
k
(.t
L
l.
�[ 15 Z
1
t 153
OllSERVATION S.
LETTRE CIRCULAIRE.
LETTRE C I RCULAIRE.
" ne pas drjire rIa con-
~c
tjue nous avons figné
" l'injlitutùm. Nous fo<c
vans 'lue nos motifs
" étaient irréprochables;
" mais pll/jieurs de nos
" tre's- naturel de fou" haiter qu'elle pût être
"tranfmife par notre
" pofirité
jufljll'aux
"fie'cles les plus Te·
<lie
compatriotes
erai _
" gnant que ce ne filt ticc Ter contre tout droit,
"une ligne deflparation
culis (a).
(a) Un ordre, une ju.
rande, une inllirurion
POUR TRANSMETTRE
UNE AM ITIÉ, L A CON'
TINUAT ION
D ' UNE
entre dix
mille hommes & leur
AMI TI É ,
pojlirité J
" Tels étaient , nous le
confeJJons na'ivement,
,< (" nos jèntimens &
cc
entre nos defèendans
" & les autres citoyens;
" & bien éloignés nous" mêmes de vouloircréer
" des dijlinélions inuti"les & défogréahles,
" nous n'lzéfitons point à
"faire le focrifice cie
"tout(a) ,
( a) Pourquoi don c
II:(
con[erver les médailles
....
« ships should he comil1ud ; je vvas exrremely narural (0
(, de{ire (hey might be perpetu3ted br our
~
OB S ERVATIONS;
" nos imp reJflons , lorr-
"tinuation d'une ami" Iii fi douce & fi nl" crffaire à nos arnes at~
" tendries ; (,. il était
~<
]
po~erity
[0
th.c
remoteCl ages, Witbtbcfe impreffions 1 and yvnb fuch [cnu~
« timenu,vve candid ly confefs vve lign ed [he ioCl:irution.-We
(c kno w Our motives were irreproachable ___ Bur, Iinding il:
a
apprehended by many of our countr ymen ~ that chis would
« be dra wing an unjurlifiable line ofdi(crÎmiAarÎon hcrween
" our defcendancs and [he Teft of the communÎry , and averfe
Li
1
�[ 154
LETTRE ClRCU LAaE.
J
[ 155
OBSl!ltvATIONS;
& les rubans ! pour quoI demander de~
chartes ? On ne peut
p lus, li on lai ffe fubli (ler
les Cincinnati, les empêcher d'être h,éréditaires , quand meme Ils
renonceroient à jamais,
com me ils le feignent
aujourd 'hui, à cette
branche de leur infiitution. Nous l'avons dit :
le liège Ge la nobl effe
efi dans l'opinion; on
gardera dans la famille
l'Aigle de l'ancêtre qui
fut CINCINNATUS. On
refufera d'époufer les
filles qui ne confervero nt pas un pareil titre
de nobleffe. Ainli nonfeulement l'ordre doi t
être détruit ; mais le
facrifice que fes mem-
LE TT RE CIRCU LAIRE.
J
0 as E 1\ v AT 10 1-15;
bres doivent à la pa':
trie, efi celui de leurs
m édailles même , qui
doivent être remires
au tréror public & fondues pour acquitter
d'autant les dettes envers l'armée ; car c'eft
ainfi qu'on aime une
armée.
" à l'exception
de nos amitiés pr rfon ..
" nt Iles , dont nous ne
ct
"pouvons nous départir,
" & d,s ac1es de hien"fairance 'lui jùivant
" notre intention,doivent
"en ù re l'effet. C'efl
"avec
une
intention
al/jft pure, & au{"fi dijintére./Tée 'lue
H nous
avons propojé
H
« (onal friend sh ips. ofvvhich vve canno[ be divefted; and
the creadon of unoecelTary and unple aGng difiioétions;
vve (ould nothefit3te [0 relinquish every thing but our pec..
CI' (0
c:
(c [hore ath ofbeneficence vvhic h ie Îs Our incention should
« Row from (hem. Wich vi ev vs ei:uall)' pure and dilinrerdl:ed ,
« vve propo rt!d co ure Our colleé1:ive influenct: in {upp0r[ of
L 4
�[ 15 6
LETTRE CIRCULAIRE.
cc
de faire
ujàge
[ J57 ]
J
LETTRE CIRCU LAIR E.
OBSERVATIONS.
de
ciété q ue vous vouieZ'
défendre l' Alors ce n'eft
pas leur gouvernement.
Eh 1 q uelle force ell, ou
doit être fupéri eute à
la Genne l' & comment
féparez- vous la vôtre
de la Genn e1' ----Mais
nous fommes propres
à fa défenfe , car nous
Commes des gurriers.
·--Fort bien, M ellieurs
<c toute notre injllU nee
collec1ive pou r dé"fendre le GOllye mecc
" ment (a),
(a) Une I NFLUE NCE
COLLECT I VE dans la
Rép ublique autre que
celle de la République!
Q u'entendez - vous par
Gou vernement l' SOntce , Cl'lmme on Je d oit
croire, Jes 'm agifi rats
110mmés par Je peuple l'
II n'y a aucune raiCon
d'entreprendre Jeur défenCe; le peuple les
d éfendra tant qu'ils Je
fer vi l'ont bien. S'ils
ne le fervent pas bien,
ils ne doivent pas être
d éfendus ; & dans a uçun cas ils ne doivent
l'être que par lui . Ence le corps de la 50r<.
thar Government, and confirma do n of chat union ~ [Ile efia.~
et
blishment of whicb has englged fa confiderab!e a pJrt of
OBSERVATfOIÙ;"
A
S TA ND ING ARMY,
d ont celle, qui fut votre
m ère -patrie ell e-même.
ne veut pas. L'armée
d 'Angleterre ne peut
pasêtreStandingArmy.
parce qu'elle a befoin
d 'être renou vellée par
Je confentement des
r epréfentans du peu ple
& de [on argen t. La
VÔtre trouv e le moyen
cc our liv es; but Jearn ing rrom a variery of information
«:
cbac (his is deemed an officious anJ improper incerf,rence,~
�t
15 9
LETTRE CIRCULAIRE.
J
[ r 59 ]
OnsERvATIO Ng;
de [e recrurer & de fe
perpétuer [ans argent .
"& confirmercette union
"à l'ùablijJerrunt de
LE TT R ECIIl CU LAT RE . 0 BS E R V A TI ONI.
" Concitoyens, quelques
f._fondés que nous y
/. fiflfions (a) i
(a ) Vous nepouviq
pas penflr à fi,ire une
chofe à laquell e vous
vous CROYEZ FONDÉS ' Dans les Républiques on n'âccorde,ni ne
reçoitde grace: on doit
penrer, dire & faire,
[Our ce que l'o n cft (ondé Haire, dire ou penfer. On peur ydire que
les loix font mauvaifes;
on ne peur jamais s'y
oppofer à leur exécution. Vous ne poulliq
donc pas être fondis à
,:o us opporer à l'opinion générale de vos
Conciroyens, réduite en
loi. quoique vous purfie l!: jndiquer les chan-
.. laqudle nous avons
" mlployé lIne pa rtiefi
f' confidérable de notre
" vie;mais ayant appris
cc de plufiwrs pa rU ,
" qlle l'on ejlimoit nos
.. offres de fl rvias par
c. trop officieufls & mime
f' déplacées , & que fi
•• l'on ne nous a pas dif' re8ement aCCllfés d'act yoirdes dejJâns dan4f !!freux du. moinsnou$
o
'
"a-t-on reproché d'a" 1I0ir trop entrepris en
CI nous arrogeant le droit
" de défendre les libe rtés
"de nOIre patrie:dansas
" circonf/ances nous ne
f ' pouvions pas penflr à
" nous oppoflr à l'opi.. nion générale de nos._________
" and lhat i.fvve are not charged vvith ha,'ing finifler delig.ns,
(l.
yet vve are accufed of arrogaming UIO much and affllm mg
j
cs the guardianship
or (he liberries of our
country: chus cir-
te cumf!anced v ve could not think of oppofing ourrdves to (he
«"concurring qpinion ofOUr feBoy y-cüizens,hov vever founded
�[ 160
LE TT RE CIRCULAIRE.
OBS]! 1\ V A TIONS.
gemens que vous auriez
cru néce!raires à ces
loix. Si vous ofez croire
que vous fulliez fondis
à rien de plus , vous
avouez que vous Imaginez être élevés aude!rus des loix par
la force militaire dont
vou~ avez été revêtus;
& par conféquenr être
devenus les fouver ains
de vorre patrie ; mais
cela, vous ne 'P0uviq
pas penJër à le dire ,
parce qu'en votre con[cience vous ne croyez
pas encore y être fondis.
t< ni cauJër des défagréct mens à ceux dont il
.. itoit de notre inrirü
.. & de notre devoir de _
.. promouvoir le boncc heur.
« or of giving amciery
[0
chore whore appinefs ie is Our in-
c( (erefi and d ut y ta promote.
« We come next ta fpeak of the charitable part of our inf(C.
[ 16 J
J
,jrurion, which we efieem the bafis of h. By placing
tUT RE
Cl RCU L AI RE.
«
Paffons ac7uellement
au point de Yue charitahle 'lui fait la baJë de
c(
nOIre injlitution. En
1
O BS E RV ATIONS.
«
«
«
J«
ce
dipofont vos fonds en.
tre les mains de la Ligifla/u.re de /lotre Etat,
«pour 'lu'elle veille
à leur juJle emploi,
« vous prouverq l"in«dgrill de YOS ac«tions & la rec7itude
'" de vos principes (a) .
«
(a) On ne PROUVE
rien avec de l'argenr ,
mais on alroiblit des
rélillances . Plaife aux
ciel que cela ne [oit
pas encore dans une
république aufli nouvelle!
" yo~r (und in the hands of the Legi nature of your Sare, and
cc lewng ~h em (ee the application Îs tO the ben: purpofet,
«you will ~emont1ra[e [he imegriry of your aétions,as weil
«ai che ccétuudc ofyour principlei, And having convinccd
�t
162
L È TTRE CIR CULAIRE .
l
OBSER ~ Atl O~S.
" COllvaincus en
" conféquence de l'inllo~
" cenef & de la généroc, fité
" 'lI" l'ail obtùndra des
~ ' Chartes ( a) •
( Il ). Enc0re une fois i
i l ne peut y avoir
de vos intentions,
" nous ne doutons pas
"qu'elle he prote'ge uri
" deJfein 'iu'elle ne fou.. roit qu'approuve r, &
.. qu'elle ne nourriJfe e,.
" n'encol1 rage lesbonne$
.. difpofitions ou vous
.. éus d'adopu r les
" moyens les p lus effi" caces & !es plus f urs
.. pour fecou rir!e s mal" heurwr. A cet effet ,
.. il Y a lieu d'rlpérer
cc (hem your intentions are ool y of a friendly and benevolen ~
cc nature. vve are induced co believe (hey vvi ll patronife
cc a defign vvhich [hey caonOt but approve • that they vvill
cc foaer the g06d difpofitions • and encourage the bendicent
« aél:s ofrhere vvba are difpofed ra make ure orthe mQfi cf.
'-c fea.ual and OlOn une1'ceptionable modtof relieving the di[~
cc tre{fed : for Ùlis purpofe it is to he hoped char charters
« may be obrained in confequeAce of the applicationsvvhicb
" are direéted tO be made. l, is alfo judged moil prof!<;
qu' une C HARTE dans
Un pays bien gouverné.
la connitution:Voulez_
vous des corporations ?
On.en ,fait en Europe.
maIS c par des vues
fifcales; au(Jj propofezvous de l'argent au
Gouvernement.
en
/,
.
e!l. cOllj étjue lice des
tr d eman d es 'lu ' on ra
« doit faire. Il parOlt
«
,rr.
, d
a'!ul
tres·
-propos
cc que
l'on ft re'gle
« d"apres ces char~ ' t es (b) ,
(b) .h PAROÎT TR ÈsA-p ROPOS 1
L'obéi{fanc~
'à.;; 'l~i
" mol! proper that the adiniffion of membe .. ,hould be fllb_
" tnlued
Ihe legul.tion of {uch ch.m:rs,bec.uk. by lb".
'?
�[ 164 ]
LETTRE CIRCULAIRE.
t
OBSE~VATJO ilS. _
LCTTItIl CIRCULAIRE.
ne fera donc déformal9
pour des Républic~i~s
qu'un a.1e de de ference !
cc
agifJant ainfi, conformimencau.xfentimens
C"
du Gouvernement, non
ft ule nu nt nous lui
cc
donn(rons un( nou-
Cl
mais
"encore de notre dij"p'!fition à 6te r tout
cc mOlli de méconten'te-
(a) ,
cc
(a) Qu'ell: - ce que
n- . conformiry ta the Ceodments of
cc a"",mg ln
GoYernmell~ ..
r
fon U '
" vve not ooly give iJ,lothc( infiao,e of ow" le lan,e U b •
~
~
nu nt conce rnant no':
" Ire
votre CON FIA NeE
dans le Gou vernement!
Comme
particulier
chacun de vo us a dro ir
de contribuer de fa
voix à le réprimer,
s'il fe compor te mal .
Comme Alfociarion.
.
O BSERVAT IONS.
cc
"vtlle preuve de noC'lre confiance en lui
~'
°5 1
vous ne lui devez qu'obiifJance; &; à ce titre
vous n'auriez pas da
vous former lans [on in terventio n. Mais comm ent pourr iez - vo us
rerufer Votre confiance
a ux dépolitaires de
celle deJa Patrie ?
"pour r aJmijJion des
" membres, puifqu'en
ct
1
Société (a) .
(a ) VO T )\E DISPOSI:
T I aN.! .•. Vous traitez
toujours de couronne à
puilfance, comme l'a
très-bien bien prévu le
comité de Malfachu_
fefts ; 1 M P E RI U M , &;
pàr conféquenc IMPERATORin 1 M PERla •
•
but of our difpolicion (0 remove every [ource of unea(i...;
" nefs re(pet'ling our Society.
te
�[ 166 ]
LE TTRE CI RCU LAI R E.
"
V OI/S
( a) Diflinguons les
fol/venirs qui vo us fon t
juflement précieux, &
que rien ne peut faire
perdre ni à vous, ni à
l'univers, des érabliffemens inutiles & dangereux qui rendroient
ces fouvenirs mOll1'
honorables pour vous.
" font d'une nomre ,!ui
" ne p eUl déplaire d nos
H ' Concitoyens, nifaire
-II IOTt d la poJ!irité:
Ï[
tETTRIl CIR CU LAIRE .
OBSERVATIONS.
nOlls avons en confl"'!uente confl ryé les
" devifls 'llli reconnoij" flnt la manie're dont
"nous deyons rentrer
"dans l'Etat de ' Ci" toyens , non comme
" des mar,!ues d'Ilne
1< dij/inc7ion
orglleil _
CI ltujè , mais
commè
CI des gages
de nOtre
., amitié , & comme
., d<s emblêmes dont la
«,
(r:
..
pT<Jence nOlls empe" chera de nous éloigner
" du flntie r de la VlT"tll(a).
CI
Ol/te{ fins dOl/te recc mar,!l/i, M1fiwrs,,!llè
cc les [euls obiets , dont
.. nous drji Tons confl r~' ver le fouvenir ( a) ,
cc
cc We rrun
t 167 ]
OBSERVATION .,
(a) Des rubans Rac.;
tent une vanité puérile,
ou [ont un ligne de
has nor efcaped your attention ~ CemlemeD ,
{( thë( the only obJeél:s of w ni ch
we are defirous to pre{erve
cc (h; remembrance , are of fuch CI naruce as cannot be dif.
cc ple~ifing [0 cm coumryme n 1 or unprofitable [0 pofierilY :
,
We have rerained accordingly thore devices mhich reccg"
cc nize rhe manner of recurning [0 Our cirizenship ; not as
u. ofl:enrations mark ~ of di(cri mination~ butas pledges of our
0: friendship.and emblems whore appearance will neverper..
c;r; mit us (0 deviace from the paths of vircue : and we pre.
te
Ml.
�[ ,68 ]
LETTRE CIRCULAIRE.
r 169 ]
O RSERYA TIONS .
ralliement: des rubans
ont été plus louvent le
!igne de la complicité,
que l'embl ême d' une
union vercueufe : des
rubans enGhaînem mal
à la VER TU, & n'aftachent guères à la patrie.
'JI
LHTTR BCIR CULAIRE.
" par des fi nices
"p"fonnels à fila"bliiJement de notre
" indépendance; 'lue
cc
cc
cc
ici 'lue. ces déco ra cc tions font
ejlimùs
"comme d, s gages
d'amitié,
cc précùux
<c
cc
"
,,& qu'ils jr;ont rev(" rés par ceux de nos
<c alliés qui
lu ont
cc:
rnéritls
de
noIre
ces perfonnes dijlin-
" gllées , & du pre _
cc mie r rang , foit par
mIme à"propos de rappelltr
" Il
OSSER V ATIONS.
cc
cc
cc
<c
leu. r naiffance
leur réputation,
eu. l'agrément
ou
Onl
de.
leu r Souv,lTain pour
s'en décorer~'
t;-
qu.'enfin ce Mo _
nar'lue illlJjlre re-
cc
garde cette union
frau rneLle, comme
cc
un
cc
nouveau
" propre d
lien
refferrer
" p art , en contribuant
cc
cc
cc
cc
fume l in [bis place . . if may nct be inexpedienr co inform
you, that rhere are conlidered as che mon enclear ing tokens
of friendship ) and held ln the higheCl ell:ima(Îon br (ucb
of our allies as have become enrided (0 (hem.., br hav ing
« comcibuted tbeir peIfonal ferv ice.s to the efiablishment of
inde~e ndence; chac chefe gendemen ~ vvho are among
ch e, firCl JO r~nk aNd repuratÎon . have been perm iued b
(e chen Soverelgn (0 hold chis graceful memoriaJ of our reci:
« p~ocal aff('ét ions; and chat chis frarernal incercoude is
te vlev ved by chac illutlrious Monarch,and otherdill lnguished
Ct charaéters • as DO [mali additional cement (0 that har« Our
te
M 3
�[
[ 17 1
17 0 ]
LE TT R ECrRelJ LA r RE.
0
BS ER V A TION~.
" de plus en plus l'har"monie , (;. la ré" ciprocité de bons ofH fiC(S
,
gui a'gnent
" déjà Ji heureuJèment
"entre les deux na!' tions (a) ,
CU\CU1AIltE.
OBSERVATIONS:
dans [on fein une r NFLUENCE
GÈRE
(a ) Les Républicains
peuvent refpeé1:er les
Rois; ils peuvent être
pénétrés pour eux de
reconnoilfance:mais ils
ne doivent jamais imiter ce qui fe palfe dans
leurs Etats, ni faire de
l'opinion de leur COUr
Un motif de conduite.
Celle qui fut votre
mere-patrie frémit au
feulnom n'INFLUENCE
S EeR E T E.Sa fille fouf.
frira-t-elle qu'on appelle
publiquement
cc mony, and reciproc3cion of good offices, w hich fa hap-o
prevail be[ween tbe nvo na[Îons.
« pily
LETTRE
]
ÉTRAN-
r
" Ap re's avoir
"ainji réformé tout ce
"que l'on a crùùjué
U dans
nOtre inJlùuCl lion originaire, jàns
ct rien dùn inue r cepen"dant de la conjidé" ration 'lue nous nous
"flattons de confèr" ve r dans l'efp rit dit
"Jie'c!e préfènt, & des
"g/nérations à venir
" (a).
( il ) Rien n'eft plus
alfu ré dans l~ Jie'de
c( Having now relinquished whace\7er has been round ob.
(c jeél:ionable in our original inrlicurion; ha vi ng br che de-'
« ferelle!! chus paid ro che prevading fenriments of the: com a municy. neither . as W~ conceive. le{fened (he dignity nor
(( diminished (he conlifiency of charaéler , which ie is our
tC ambition [Q ruppon in (he eres of ,he pedent l as weil as
« of future genaatiens j having mus remcwed every pof-
M4
�[ 17" ]
LE 'fT RE CI RCU LAI RE. 0 EH 1\ VATIaN S;
vérations à venir, Elue
la con{jdérati on & le
ferpet! qu 'ont mérité
Was hington & les
g uerriers Américains.
){ien n'y pourrait porter atteinte que l'iniliturion de leur confra irie miliIaire; mais
il eil à croire qu'ell e
~'a ura pas de ~urée .
(, Aprè~
F avoir déféré à la plu« ralid des opinions d~
.
,
«nos ConCltoyens;apres
..
:, Ql1os:r
,
l
.
priflnt, G' cI'q les ge-
,
173 ]
LETTRE CIRCULAIRE.
«dure r j u/qu'à notre
~ de rnie rfollpir~' apre1s
"avoir étahli for un
" fondement aufli per7
« mane nt & al1/z' fl" lide qu'il p uijfe tern,
" l'article primitif de
cc
notre a.ff'ociation', qui
" regarde les malheu _
cc.
reux i il ne nous rejle
" plus 'lu'à confolider
" l'édifice de not re in;:
c. ..
titution for ces deux
«hajès
originaires ,
" l'Amitié & la Cha" riré (a) i
répondu à toutes
~~ l~s
ohjfc7ions que l'un
~, pour~oit faire rela-
(a) CI TOYENS avant
d'être AMIS; JU STES
il vanr d'être Cli ARI TA-
,
tivlment
a
Mtre
~t union flcia le , & d
cc .fa p e rpét~iti ,nos ami·
c:
B LE S .
Et à inyo(j lltr
" yotrdibéraliré, votre
(c
'.' tiés mutuelles devant
«
6ble objeaion co our remaining conneéted as a (ode.[y,
"- wd cherbbing our mutual friendsbips
OBSERVATIONS.
[0
the clofe of IIfe i
(c and hav ing ,as vve fiaceer ourfelv~s, C'ecained in ifS ucm on
cc latitude ; and placed upon a more certain and permane nc
« foundat ion. chac primary arc icle of Ou r affociacio n vv hic h
cc re(p~éh che unfo rcu nace ; On chefe CVVQ grear ori liin al pit.
cc lars ,F Rt EN DSH 1P and CHA RIT Y •vve refi Ou r inlti rurion ; '
(c and vve appea l (0 rour liberality, patrioti[m and magnl ...
�[ '74 )
L ETTRE CIR CU LAIRE.
[ 175 )
OBSnR VATIONS.
LETTRE CIRCU1-A1RIl.
"patriotiime & votre
" génùofité , ainji que
" vot re conduite paJJée
" dans taILles les oeea" jions qui jè [ont p Tt" jèméeJ, &. la pureté
.. de vos intentions dans
" la eonjone7u re prijèn" te , p ou r la ralifica.. tian de nos rifollLlions.
" Nous attendons iga"lement de la juJlice
"& de !intégrité du
"public que les rifor"mes &, les modifiea-
O BSE RVATION' :
quand vo us prétendez
vous difiinguer de luif
.. & que la Puif" fonce Légijlaliye pafl' jèm bientôt des ac7es
" 'JIll- mettront le jèeall
" a' Yotre Bienveillan"ce ( a) .
( a ) V ous menacez de
retirer votre hienyeil_
lance à la PuilTance
L égi na tive li elle ne
palTe pas en VOtre faveUr des aéles dérogatoires au prem ier paél:e
de la Confiitution!
tions que nous venons
" de faire à notre infCt
" QIIIPl
120Us
" fi.Oit- encorepe rmis d'a-
" titul ion , p o ro1.tront
" 1re's-falisfaijànles(a),
(a) Comment le public
fer a- t-il
SA
TI S F
A 1
T
" } Ol
- lter que la cullure
" de famitii& de la chaIl
.,
rlle , 'lue nous p ro!"e;:'
"fions,fie ra a' ce 'lue nous
« nimir y;
«
{Q
your condu8 on cvery oth er occafion. as welf
as ro ,he pur iry of your in(('nttons o n (he prcfenc , for
cc a~d char "as oflegiflarive aurh oriry will [oon be palTed co
(0 yOUt benevolence.
« the ratification of our procetd ings . A[ the fame lime w e
cc g lve efficacy
(( are happy in expreRîng a full confidc:nce in the candeur,
« jufiil e and imegrilY of (h~ public . (hat t h ~ inlli tudon as
" DOW altered aad amended wil1beperfetlly ratisfat10ry ,
(C Befo~e w e conclude chis addre{s. permit us ro add chat
: ,he c_ul(l va~ion of char amiry we profeCs, and the elC[e~lion
of [bIS chaney , we Ratter ourfelves , will be objet\:s of
�[ /7 6 ]
LETTRE CIRCUI.AIR E.
ohja affe~
.< important pour pre« wnir toute nigligen«ce ou relâchonent
LETTRE CIRCULAIRE .
" enfans , aux ho r -
« •.fpérons un
cc
[ ' 77
\
OBSERVATIONS.
C<
,<
cc:
Confoter & ftcourir
« ceu;r de nos illfo r«lI1llls
compagnons
'lu/.. on t vu. luire
c.e: pour eux des jours
«plus heu reux , &
«
ont
&
du
malheur
<.<
Co(
[es , qui, fans notre
«
«charitahle
,Je feroientvlllS
tion
«
réduites, avec leurs
. n .JO [he profe.
« [ufficient impouance ro prevent a re 1axana
. of
0 f ( hem---To d,Me comfort and {uppen [d0 any d
.
h0 have (eeorbeuerh ays.an
(courunfonunarecompanloosvv
eye of
. der 13
c: (( •. [ 0 v vipe the (ear Iromd( e .th her
« merired a mil
"
(a ) 0 dOuleur! déià
les plus vertueux des
Américains [ont alfez
corrompus pOur que
chez eux les filles indigenres [oient expo_
fées au VICE ,&: ils l'avouent 1 L a beaUté &:
la vertu ne [ont donc
plus à leurs yeux des
titres {uflî[ans pOur déterminer une union légitime 1 Il leur faUt des
dots! L'ambition &: la
in}l;tu -
cc
;
foutenir les orphe _
mérité ~IZ
meilleur fort ; ft cher le< larmes des
veuves malfeureu -
J
rturs d. l'indig ence
c.(
.<
OBSERVATION~.
" lills des deux .fexes;
" foujlraire d'innocen ..
" tes filles au Jli « ce (a) i
dans leur exécution.
Le 'iU/.'
1
cc cuuon
Ct
the vvidovv, vvho mufi have been coougne ,
VVl
vvretchedne(s • but for
[he fatherlefso __ co
ddlruélion ...• [Q enoble
« he/piers inrants , co indigence and
~ chis charitable intli[urion· ___ ro fuccour
i< «f,ue
me female
orphan
frOID
�[ 1 7~
t
CIRCULAIRE .
1
t 179 J
.
OBSER VA TI ONS .
LETTRE CIRCULAIP,E .
.d 'e' inAuent fu I'
CUpl It
!lTTRE
,
leurs marIages
.1 L'a • comm our 1JOnnere
mence à fuir de leurs
•
1 ., I l n'y a plus
c!lmats
..
Le honkeur des
cc malheureux 'I"e nous
c:c aurons flCOll.TILS fora
Ci: le nôtre,. & cette idée
« charmera nos douleurs
" & nos dernie rs mo_
cc
de nouveau-monde!
" encou tage r
" les fils à j'uivre les
e< tra" s d'un pere vere< tlUUX : telles font
« Irs œuvres confolan~ us que nous nous P ro " p ofons de faire (a J.
cc
'lue votre main gauche
ne j'ache p as le bien
'I"e fait la main droite:
Les Cincinnati dlfent .
DU
P ourjiÛVO!lS
1:(
cienee ratifient nOIre
conduite; foifons par
cc nos ac7ions le meilleur
<c comlne ntaJ.'re de nos
cc idtes ; G' laiifons pour
" p rtcep Ie à la PC!/ltrit!,
" que LA G L OIR E DES
cc
NOTRE
RUBAN B LEU; NOUS
FAI SONS
Voit l'A igle, qui n'a
jamais été un oi[eau
bienfaifanr.
"donc ayec chaleur ce
cc 'lue nous aYons projetté
cc avec cordialif!; 'lue le
cc ciel & nOIre con;:
( a J t'Evangile dît i
RE GARDEZ
m ens.
OBSERVATIONS.
B IEN A
70l1T LE MONDE.
Mais la
R épublique
•
« while ie increab Our OWn ; je will chearour folieary re.
« Reéhon, ,and fooehe Our latel! moments •. __ Lee u, ehen
ct:
proCecuce w Îch ardour What Vve have Îolticuced in
rmce~
" riey ; let fle.ven and Ou r OVVn confciences approve Our
r het' , wi ll be n.
h . ues of his rat
u the fon to emulate t e vur
. t: h"ppinefs tO orhers ,
'" unplealing task ; il will communleat
cooduél: ; Jec our aélioo s be the bell comment On Our
'" Vvords ; and let lU 1eave" leL;fôn to pofiericy l char che
u.:
�[ 180
LETTRE CIRCULAIRE.
«C
[ 18 1 ]
j
OBSERVATIONS.
GUERRIERS NE ,5AU·
« ~OIT tTRE
ee PL È TE
COM-
,<UE LORS-
C:c QU'ILS SAVENT REM<c PLIR LE5 DEVOIRS
<C
DE CITOYEN S
(a) ,
( Signé par ordre)
G.
WASHINGTON j
Préfident.
( a ) La gloire du Guerrim ne fouroit être
complète 'lue lorfqu'ils [avent AV ANT TOUT
Templirles devoirs de Citoyens 1 •• • ••• I~i J'on
retrouve WashingtOn, & Je Jangage qUI convient à ce noble & {age bienfaiteur du monde.
Après avoir parlé pour fes freres d'armes, il ell:
revenu au {entiment naturel dont iJ eft pénétré
pour leurs aînés fes freres de Patrie.
LA GLOIRE
ROIT f;TRE
DES
GUERRIERS NE
COMPLÈTE
QUE
SAU-
LOR SQU ' IL S
SAV ENT AY ANT TOUT REMPLIR
LE S DE-
VOI R S DE CITOYEN S.
(c glory of foldiers cannet be completed , vvithout aéting
vvel1 the pal { ot citizens.
«
Signed by ordet' .
G. WASHIN GTON
1 P RÉs IDEN T.
Qu'il parre à la pofi ériré , ce beau précepte!
qu ' il {oit l' Arrêt de tOur guerrier qui cro iroit
avoir pu {e li'er à une autre Soci été que {a Patrie 1
qui pourroit imaginer quelque op polirion entre
fe, arrachemens & {es devoirs 1 Si quelqu'un fût
digne d'apprendre au monde que Ja plus belle
récompenfe cft dans l'efiime de {es compatrieres, méritée, & non commandée; que la plus
brillante des décorations eft dans la vertu, qui
fe fait remarquer d'elle-même; que la plus no.
ble des chartes efi celle de membre d' une {ouverainété qu'on a eu le bonheur d'éclairer par
fa raifon, & de fonder par fa vaillance ; c'étoü
W ASHINGTON.
�L
T
T R
E
DE M. TURGOT,
MINISTRE D'ÉTAT EN FRANCE.
A. lIf, LE DOCTEUR PRIeE.
*.
! Annoncée page 96 ( en noce) de j'ouvrage précédent.
N
2)
�LETTRE de M. TURGOT,
MINISTRE D'ÉTAT EN FRA.NCE,
Ecrite à M. le Doél:eur P R 1 CE,
Dt PariJ ~ le n
Mars, 177 8 •
M. FRANCKLIN m'a remi s , Monfiellt,
de VOtre parr, la nOuveIJe édition de vos Obferva.
tions [ur la Libert é Civil e , &c. Je vous dois un
double remerciment ; 1 0 . de votre ouvrage,
donc je connois depuis long-tems le prix, & que
j'avois lu avec avidité, malgré les occupations
multipliés dont j'érois affailli, lor[qu'il a paru
pour la première fois, .t". de l'honnêteré que
vous avez eue deretrancher l'imputation de mal
adreffe * que vous a viez mêlée au bien que VOŒS
.. Ceci fe rapporte à quelques décails rélatifà J'admin illra_
tion de M. Turgot. qui fe (Couv enr dans le recond trair é fur la
Liberté ci)/ilt, {, fur la Cuu rt d'AmirÎ(J.lu de M. le Doé\eur
Priee ( p. JSO &:c. ). Dans la première Edicion de ce trairé ~
Monlieur Priee avair compté le diIlUt d'a drtfft au nombre
des cl\u(es du renvoi de M. Turgot. Ceh.:.i-ci. dans une leure
bien préci eufe informa le verrueux Angloisdes véritable:; rai1
fans qui lui avoicm faÎc perdre fa place. Telle fut J'origine d'une
N 3
�[
J
SG
J
difiez d'ailleurs de m o i dans vos obfervatfons
additionnelles. J'aurois pu la mériter, fi voUs
n'aviez eu en vue d'autre mal-adrefTeque celle de
n'avoir pas [u démêler les refTortS d'intrigues que
faifoient joue r contre moi des gens beaucoup
plus adroit en ce gen re que je ne le fui s, que je
ne le ferai jamais , & que je ne veux l'être. Mais
il m'a paru que vous m'imputi ez la mal·adrefTe.
d'a\<oir choqué gro flièr eme nt l'op in io n générale
de ma narion ; & à cer égard je crois que vous
n'aviez rendu jufii ce ni à moi ni à ma nat ion ,
où il y a beaucoup plus de lumières qu'o n ne le
çro~t généralement chez YOUS, & où peut-être
correfpondance qui a duré jurqu':} la monde M. Tu rgot, &
dom la leme que te Leaeur a fous les yeux fair partie.
Que les honnêtes gens, que les hommes éclai rés de tous
les pays du monde, pleurent l'ami de l'human ité , le philo[ophe 'l Phomme grand par (cs va fies connoiffances, très.
grand p~ fon génie, plus par (es vertus , qui av oit ap.
procbé les Ro is 1 habité le s cours, traité <lvec les hommes &
~oD(ervti de tels principes, de tels (ent imens, de [elles opinionsj
& auquel on n'a pas permis de refiaurer un Royaume-donr les
fautes ou la (agdiè importenr également à l'humanité ! .... Je
ne cannois parmi ceux qu i (,lot gouverné. les hommes qu-e
J.1.arc.Aurèledigne d'avoir lai(fé un tel éc ri t.. --Marc-Au rèle
:ht le bonheur du mo nde . dom il fu t, dom il ell adoré; &.
Tu.rg or n'a pas pu refier deux ans Minillre en France! &
h généra tion préC~nte.,la géné ratio n honorée d~ (es Cra\' 3UX ,
de fes bienfaits, compte c!ncorc un très- grand nombre d:: les
~écr'!ét ew:s &. de fè S t:nnemis !-.- Noce dt l'Ediwu.
[
1 ~7
]
il eCl: plus airé que chez vous m ême de ramener
le public à des idées rai[onnables. J'en juge par
l'infatuation de votre nation fur ce projet abfurde de fubjugu er l'Amérique, qui a duré juf.
qu"a ce que l'aventure de B urgoyne ait commencé à lui defliller les yeux. J'en juge par le
fy!lême de monopole & d'exclulion qui règne
chez tous vos Ecrivains politiques fur le commerce ( j'excep te Mr. Adam Smith & le Doyen
Tucker) ; [y!lême qui eille véritable pri ncipe de
VOtre féparation avec vos col onies. J 'en juge
par tous vos écr its pol ém iques fur les quellions
qu i vous ag itent depuis une vingtaine d'années,
& dans lefquelles, avan t que le vôtre eut paru,
je ne m e rappelle prefque pas d'en avoir lu un
011 le vrai point de la quefiion air été fai fi. Je
n'a i pas conçu comment une nation, quia cultivé
avec tanr de fuc cès toutes les branches des [ciences naturell es, a pu reller fi fOrt au -d efTous
d'elle-même, da os la fcience la plus inrérefTante
de toutes , cell e du bonheur publ ic; dans une
[cience où la Liber té de la prefTe, dont elle feule
jouit, auroitdû lu i donner fur to utes les autres
n" tions de l'E urope u" avantage prodigie ux.
Ell-ce l'org ueil natio nal qui vo us a empêché de
mettre à profit cet avanrage ? f fi·ce parce qu e
l'DUs étiez Un peu moi ns mal que les au tres, que
vo us avez to urné routes vos [pécul ltions à vous
N 4
�[
1 SS
]
perfuader que vous ériez bien? Eike l'efpri t
d e parri , & l'envie de fe faire un appui des
opinions populaires qui a rerardé vos progrès
e n porrant vos poliri c; ues à trairer de vaine mitaphyji~ue * ro ures les fpéculations qui tendent
à établir des prin€ipes fixes fUr les droits & les
vrais inrérêrs des individus & des narions ?
Comme,lt fe fait-il qu e vous foye 21 prefque le
pl'emler pal'mi vos Ecrivains qui ayez donné
des notions julles de la 1iberré , & qui ayez f.1it
fentlr la faulfeté de cette notion rebattue par
prefque fOUS les E", iva ins' les plus républicains,
que la libené confille à n'êt re foumis qu'aux
luix, comme fi un homme opprimé par une loi
injulle érai t libre, Cela ne feroit pas m ême vrai,
quand on fuppoferoir qlle toutes les loix font
rt'l uvrage de la nation alfembl ée ; car enfin l'in~ividu <Ic auflî des droits que la nation ne peut
]ui ôterque par laviolence, & parun ufage ill é~Itime de la force gén érale. Quoique vous aye",
eu égard à cette vérité, & que vous vous en
foyez expliqué ,. peut - être méritoit-elle que
vous la dé veloppaflîcz avec plu s d'étendue, vu
le peu d'atren~ion qu'y om c;!on\lé m ême les
plus 2lélés partifans de la liberré.
Cea enCOre une chofe étra\lge, que ce ne fû t
.. Voy t'z ia Ieme de ?tIr. Burke au Shérif de BriClot,
f
J
89 ]
pas en Angleterre une veme triviale de dire
qu'une nation ne peut jamais avoir droit degouverner une autre narion, & qu'un pareil gouvernemenr ne p e u~ avoir d'autre fond ement que
la force, qui ell auflî le fondement du brigandage & de 1'1 ryrann ie; que la tyrannie d'un
p euple ell de tOU tes les ryrannies connues la
plus cruelle & la plus intolérable, celle qui
lai lfe le moins de relfource à l'opprimé : car enfin un defpote eft arrêré par fon propre inrérêt ;
il a le frein du remord, oU celui de l'opinion
publiqu!! : mais une muldrude ne calcule rien,
n'a jamais de remords, & Ce décerne à ell em ême la gloire lorfqu'elle m érire le plus de
honte.
Les él'ène mens font pour la nation Angloife
un terr ibl e commenta·ire de vorre livre. Depuis
quelques mois ils fe préci picenr avec une rapidiré très·accélérée. Le dénouemenr ell arri vé par
rapport àl' Amérique.La vo ilà indépen dante fans
retOur: fera-t·elle libre & heureufe ? Ce peuple
nouveau, lirué fi avantageuCement pour don11er au monde l'exemple d'une conllirurion où
l'homme jouilfe de tous fes droirs, exerce libreI/lent toure fes faculrés, & ne foit gouverné
'l ue par la n'.\ture, la raifon & la jul1ice, faurat ·i( former une pareille conftirution ? faura-r-il
�[ '9 0
J
l'alrermir fur des (ondemens é tern els, pre venir routes les caufes de d ivilion & d e corrupt ion qui peuvem la min er peu à peu, & la détruire ?
J e ne fui s point COntent, je l'avo ue, des
conllituti ons qui Ont été rédigées jufqu'à préfent
par les différens Etats Améri cains. Vous reprochez, avec raifon, à celle de la Pen fylv anie
le fermen t religieux exigé pou.r avoir entréedans le corps de R epréfentans. Gell bien pis
da ns les autres; il Y en a une, je crois que c'eil
celle des Jerfeys, qui ex ige qu'on croie à la divinité à e l efus· Chrill *. l e vois dans le plus
grand nombre l'imitation fans objet des ufag es
de l'Ang leterre. Au lieu de ramener toutes les
autorités à Une feule , ( ce ll e de la nation, ) l'on
é tablit des corps d ifféren s , un co r ps de R c préfent ans , un Confei l , un Go uverneur; parce que
l' Angleterre a une C hambre des Communes , lIne
Ch ambre H a ute & un Ro i. On s'occupe à balancer ces d lfférens pouvoi rs; comme fi ce t
équ ilibre de forces qu'on a pu croire néceflâ ire
p our balancer l'énorme prépondérance de la
. . . C'cfi la co nO nuf ion de De l.1V vare qui impare la néce(lir é
de ce ft'rmem . C~II t: de Jeff:}' , pl us impa rri ale , int erdi[
[Oure preférence de (eéte 3 (caC!, & accorde des droirs & des
privilèges égaux :l tous les Protelbns .--- Nou de l'EdiuLir.
[ 19 1
]
Ro yauté, pouvait ê tre de quelque ufage dans.
d es R épubliques fond ées fur l'éga lité de tous l e~
Citoyens; & comme fi rout ce qui établi t d ifférens corps n'érait pas une fo urce d e divifions.
En vo ulan t prévenir des dangers chiméri ques ,
on en fait naître de réels. On veut n'avo ir
rien à craindre du Clergé: On le réunit fous
!.t barr ière d'une pro[c ri ption comm une. En l'ex.
c1uantdu dro it d'éligibi lité, On en Fait Un corps ..
& u n corps é t range r à l'E tat. Pourqu oi un Citoyen, qu i a le m ême intérê t q ue les a utres à
la d éfenfe comm une de fa liberté & de fes propriétés, ell-i l exclu d'y contribuer de fes l umièr es, & de [es ve rtus , parce qu'i l el! d 'un e pro(cflion qui exige des l umie res & des vertus?
L e C le rgé n'cil dangereux que quand il exille
en corps dans l'Etat , que quand il croit avo ir
en corps des d ro its & des inté rêts , que quand
o~ a imaginé d'avoir une relig ion érabl ie par la
Loi ,comm e fi les hommes pou vo ient avoir
qu elque d roi t, ou quelque intérê t à rég ler la
confcience les Uns des a utres; co mme fi l'in di vidu po uvait facrificr aux avantages de la Soc iété c ivi le les op inions a uxquelles il croit fa n
falur éte rn el at taché; comme r. r on fe fa uvo it
o u [e damnait en commu n. Là où la nai e tO lérance , c'el!-à-dire l'incom pé tence abfo lue du
Go uvernement [ur la confcience des indiv idus
�r '92. )
eft établie, l'ecclélia llique au milieu de l'ACfemblée nationale n'eft qu'un CitOyen, 10rCqu'il
y ell admis ; il redevient ecc1eliaftique lorfqu'on l'en excl ut.
Je ne vois pas qu'on fe foit afTez occupé de
réduire au pl us petit nombre pollible les genres
d'affaires dont le gouvernement de chaque Etat
fera c hargé; ni à féparer les objets d~ légi flatian de ceux d'adminiftration générale, & de
ceux d'adminiflration particuliere & locale; à
conllituer des afTemblées local es fubliftantes,qui
remplifTant prefque taures les fonaions de détail du Gouvernement, difpenCent les afTemblées
générales de s'en occuper, & ôtent aux membres de celles-ci tOUt mo)'en , & peut-être tOUt
delir d'abuCer d'une autorité qui ne peut s'appliquer qu'à des objets généraux,& par-là même
étrangers aux petites paflions qui agitent les
llOmmes.
Je ne vois pas qu'on ait fait attention à la
grande diftinaion, la feule fondée [ur la çature ,
entre deux claires d'hommes , celle des propriétaires des terres, & celle des non-propriétaires,
à leur intérêts, & par conCéquent à leurs droits
différents, relativement à la légiflation, à l'adminilhation de la j uftice & de la police, à la
[ ' 93
1
contribution aux dépenfes publiques, & à leut
emploi.
Nul princ ipe fixe établi fur l"impÔt. On fup.
pofe que chaque province peut fe taxer à fa.
famailie, établir des taxes perfonnelJ es , des
taxes fur les con(ommations , fur les importations, c'eft-à-dire fedonner un intérêtconrraire
à l'intérêt des autres provinces.
On fuppofe par-tout le droit de régler le
commerce; on aUtorife même les corps exécu.
tirs,ou les Gouverneurs à prohiber l'exportation
de certaines denrées dans de certaines Occurrences; tant on eft loin d'avoir [enti gue la loi
de la liberté enti ère de tOUt commerce eft un
corollaire du droit de propriété, tant On eft
encore plongé dans le brouillard des illulions
Européennes.
Dans l'union générale des provinées entre
elles, je ne vois point une coalirion, une fufion de tOutes les parties qui n'en fafTe qu'un
corps UN , & homogène. Ce n'eft qu'une agg régation de parties, touj ours trop féparées, &
qui confervem toujours une tendance à (e divifer, par la diverfité de leurs loix, de leurs
mœurs, de leurs opinions, par l'inégaliré de
leurs forces aallelles ; plus encore par l'inéga_
�\
1
9-r
1
lité de leurs progrès ulréri eurs. Ce n'dl qu'unè
corie de la République Hollandoife; & celle·
ci même n'avoit pasà craindre, com me la République Américaine , lesaccroiffemens poflibles
de quelques- unes de fes Provinces. Tout cet
édifice ell appuyé ju fqu'à préfent fur la bafe
fauffe de la très -ancienne & tres-vulgaire pol i.
tique; fur le préjugé que les nations, les provinees, peuvem avoir des intérêrs, en corps
de province & de nation, aut;es que celui
qu'ontles individus, d'être libres, & de défendre
leurs propriétés conrre les brigands & les con"
quérans ; intérêt prétendu de faire plus de
commerce que les aurres ; de ne point acheter
desmarchandifes de l'érranger , de forcer l'étranger à confommer leurs produétions & les ouvrages de leurs manufaétures; intérêt prétendu
d'avoir un rerritoire plus vaae , d'acquérir telle
ou relle provjnce, telle ou telle île, tel ou tel
village; intérêt d'infpirer la crainte aux aUtres
narion s; intérêt de l'emporter fur elles par la
gloire des armes, par celle des arts & des
fciences.
Quelques-uns de ces préjugés font fomentés
en Europe, parce que la rivalité ancienne des
nati ons , & l'ambition des Princes oblige tOUS
les Etats à Ce tenir _armés po ur fc défendre con-
[ r 95
tr~ ,le~rs
J
voifins armés, & à regarder la torce
mIlitaire Comme l'objet principal du Gouver_
bement.
L'Amérique a le bonheur de ne point avoir
u'ici à bien long-tems d'ennem i extérjeur à
craindre, fi elle ne [e divife elle-méme; ai nli
ell e peut & doit apPl'écier à leur juae valeur ces
prérendus, intérêts, ces fujets de difcorde qui
fe uls font a redouter pOur faliberré , Avecle principe facré de la liberté du commerce, regardé
comme une fUite du droit de la propriété, rous
les prétendus intérêts de commerce difparoiffcnt.
Les, prétendus intérêts de pofféder plus 011
mOins de t~rri,toire s'évanouiffent par le principe
que le terfltolre n'appartient point aux nations
mais aux individus propriéraires des rerres; qu;
la ~uelbon de, fa,voir li rel canton, tel village,
dOit appartenu a telle Province, à rel Etar , ne
dOit pOint être décidée par le prétendu intérêt
de ~ette Province ou de cet Erat ; mais par
celUI qU'Ont les habirans de rel canton ou de
tel village, de fe raffembler pOur leurs 'affaires
dans le lieu où il leur eil: plus commode d'aller _
"1U~ cet Inreret erant mefuré par le plus ou le
mOins de chemin qu'un homme peur faire loin
de fo.n domicile, pOur trairer quelques aRàires
p lus ImpOrtantes. fans trop nuire à fes affaires
•
,
A
,
,
�r
J 90
]
[
j ournalières, devient une mefure namreIle &
ph )' fi que de l'érendue des J urifdiélions & des
Etars , & érablit encre tOUS un équilibre d'étendue & de force s * , qui écarre rout danger d'iné·
g alité & roure prétemio n à la fu périoriré.
D ans la N ouvelle An 1
fubllll:ant d P . . g eterre , l'efprit encore
.
u urHanl fme rig ide &
dit- on u
"
,
ro UJ ours
, n peu Inrolerant.
'
D ans
'
· la Penfylvanie ' Un t res-grand
n b
. .
om re
d e C ItOyens établi'"
liant en prmclpe
1· '
que la p fi f1i
re ' '' lell X
rO e 'On des armes ell:·1I" .
,,furant par co nféquenr aux a liCite, & fe rerrangetnens nécer.. Il paro1c que M T
J
• urgor regardait l ' ,
.
nada a la Républlq
A
' .
a rf'unlOn du C.;J ~
.
.
ue mén came co
'
inéVitable. Le Canada [1
. mme un éve nc:: ment
• fi
e [ encore a J'A 1
n e pas le ph ilofophe qu. • fi
ng ecerre ; mais ce
la
• L'inégalité d'étendue Be de fo rce ent.re les différens
Etats me paroît la circonfiance la ~lus défavorable qu'offre
la lituation des Américaios.---- No~t ~ t l'Ed ittur.
1
Ils ont à cet égard d
d
vaincre. En Canda * 1 e g:an .s obltac1es à
H
.
, . ' a conltltutlOn du Clergé
omam, & 1 eX Ill:ence d'un corps de N oblelfe.
de fucc ès.
J'imagine que les Américains n'en font pas
encore à [entir routes ces vérités, comme il faut
qu'ils les fencem pour affur er le bonheur de
leur pollérité. Je ne blâme pas leurs chefs. Il
a fallu pourvoir a ux be[oins du moment, par
une
97
une union telle qu'elle , COntre un ennemi r '
fent & red o urable 0
,
.
p efon ger à co rri er I~s n n avolt pas le tems de
d 1
g
VIces des confiirur io l1 s &:
e a compofitlOn des différens E . .
.' .
do ivent craindre de 1 '
. rars, malS Jls
es eternIfer & '
..
'
s occuper
d es m oyens de réunir le
& de le
.
s OpInIOns & les intérêrs
s ramener a des rin '
.
'
tOutes leurs provo
p clpes unIformes dans
mces.
L'intérét d'êrre craint eIl nul quand on ne
deman de rien à perfonne. , & quand on eIl dans
une polition où l'on ne peut être arraqué par
des fo rces confidérabies avec quelque efp érance
La gloire des armes ne vaut pas le bonheur
de vivre en paix. La gloire des arrs,des fci ences,
appanient à quiconque veut s'en [al fir ; il Y a
dans ce genre à moiffonner pour tout le m onde;
le champ des découve rtes ell inépuifable, &
tOUS profitent des découverres de rous.
J
..
1
se
rrompé
S' "[ · ·
~ a ~*fo ~ ~
. I - '~ ~ d
.
avanl't ce qu'd l t [ua in/'. '[ .
dt fa lr t phu tard l'A l
'Ja l il Mt mt nc forcie
.
ng ( cerre ne [enceroÎe
t:
les fpéculac Îons ru ineufes d
Il
pas I Uf le Canada
.
om e e s'occupe & 1
amIs de la profpéricé Bric
.
.
..
; ~ es vrais
~
anmque s en ce . .
1f t
l'EdictllfJ.
] OUIr 0 1Cnt . _ _
o
N QU
�[ 19 8 1
fair es pour que le fond emem de la rorc~ m ili.
tai re de l'Etat fait la réunion de la qualité de
citoyen avec celle d'homme de guerre & de
milicien; ce qui oblige à fa ire du métier de la
g uerre un m étier de m ercena ires.
Dans les colonies méridionales, une trop
grande inég alité des fortunes, & [ur- tout le
gran d nombre d'efclaves noi rs, dont l'efclavage el! incompa ti ble avec une bonne conflitUt ion politique, & qu i même en leur rendan t
la libertéemba rralreront encoreen formant deux
nations dans le mêmeEtat.
Dans toutes, les préjug és, l'attac hement aux
formes établies, l'habitude de certaines taxes,
la crainte de celles qu'il faudrait y fubft ituer ,
la van ité des Colonies qui [e [ont crues les plus
pu ilT:1ntes, & un malhe ureux commencem ent
d 'orgueil national. Je cro is les Américains
forcés à s'agg rand ir, non par la guerre, mais
par la culture. S'ils lailro ient derri è re eux les
déferrs immenfes qu i s'étend ent jufq u'à la mer
de l'Ouel!, * il s'y établirai t du mêlange de
.. Par la mu dt COu tfi il fam entendre la panie du nord de
l'Océan Paci6que. & non pas une valle mer intérieure. comme
Mr. Turgot femble le croire d'apecs MM. de l'lUe, Buache ,
& d'aunes Géographl! Franç ois , qui fur tes rapports mal
com pris des fauv age s . avoient imaginé ceue mt r dt l'Olltfl.
Ce (Ont les An glOiS qui nous om appr is qu'elle n'exiL1oü pas.
N oet dt l'Eâirtur.
leu~s ~an~is, &
[ ' 99
J
des ma uvais {uj ets échappés à
la fe ven te des loix, avec les Ca uvages , des peuplades d e brIgands qui ravagerai ent l'Amérique ,
comme les barbares du nord Ont ravagé l'Empire Romain. De là Un a utre dang er, la néceflité
de Ce tenir en arm es Cur la foncière, & d 'ê tre
dans un é ta t de guerre Continuelle. L es co lonies ,l'oiGnes de la fronti ère ferai ent en conCé'l uence plus ag uerri es que les autres & ce rte
inégalité dans la force militaire Cero it ~n ai " uilIon rerr ible pour l'ambition. Le remède à
cette inéga lité Cero it d 'entretenir une fo rce militaire fubGl!ante , à laquelle toutes les p rov in ces
contrIbue r,olent en rairon de leur popula rion;
& les Ame rIcains, qui ont encore toutes les
cra intes que doivent avo ir les Anglais, redou_
tent plus que toute chaCe un e armée permanente.
Ils Ont .torc Rien n'dt plus aiCé \lue de lier
la conl!ltu(Jon d ' un e armée permanente avec
la milice , de filço n que la milice en devjenne
meilleure, &. que la liberté n'en Coit que plus
alfermle . MaIS Ji eft mal aiCé de ca lmer Cur
cela leurs alarmes .
Voilà bien des difficultés; & peut- ê tr e les
intérêts fecret, des particuliers puilrant lè jo in dro,ne- ils a ux préjugés de la mulritude pour
atreter les elforrs des vrais fag es & des vraIS
cItoyens.
02
�[ z :;o
J
Il ea impoffible de ne pas faire des vœux
pour que ce peuple parvienne à toute la profpérité dom il ~ a fufceprihle. Il e~ l 'efpéra~ce
du genre humain; il peuc en dev enir le modele.
Il doit prouver au m onde, par le fai t, que les
hommes' peuvent être libres & tranquilles , &;
peuvem fe pa ll" r des chaînes de touce efpèce
que les tyrans & les charl atans de toute r obe
ont prétend u leur im pofer fous le prétex te du
bi en public. Il doit donner l'exem ple de la
liberté pol itique, de la liberté religi eufe , de la
liberté du comm erce & de l'indua rie . V afyle
qu'il ouvre à to us les opprimés de touc.es ,les
nations doit confole, la terre. La facll" e d en
profiter, pour fe dérober aux fuites d'un mauvais gouvernem ent , fllfc era les go uvernemens
d'être juiles & de s'écl airer ; le reae du monde
ouvrira peu · à-peu les yeux fur le néant des ill ufi ons dont les politiqu es fe fo nt bercés. Mais
il faut pou r cela que l'Am ér ique s'en gara l1t iflè ,
& qu'elle ~e redev ienne pas, comme l'Ont tant
r ' pété vos Ecri va ins minifl:ériels, une im age de
notre Europe, un am as de puiffances divifées ,
ü; di(putant des territoires o u des ptofits de
ço mmerce, & cime ntant cont inu ell ement l'efçlavage des peuples par leu r prop re fang.
1'0115 les hommes éç lairés , tous les '1mis de
t
101 ]
l'humanité ,devra ient en ce moment réunir leurs
Jumières , & joindre leurs réAexions , à celles des
fages Amér icains, pour concourir au grand ouvrage de Jeur légillation. Cela ferait digne de
vous, Monfieur . J e voudtois pou vo ir échauffer
votre zèle ; & fi dans cette lettre je me fuis
livré plus que je ne l'aurois dû peut-être à J'effu rion de mes propres idées , ce delir a été mon
uniqu e m o tif, & m'excufera à ce qu e j'efpère
de J'ennui que je vous aurai caufé. Je voudrais
que le fang qui a coulé, & qui coulera enco re
danscette q uerelle, ne fût pas inutile au bonheur
d u geure humain.
Nos deux nations vont fe faire ré , iproquem ent bien du mal, probabJement [,1115 qu'aucune
d'elles en retire aucun profit réel. L'accroiffement des dettes & des ch arges , peut-être Ja banq uero ute de l'Eta, & la ru ine d'un grand nombre de Citoyens, en feront probablement J'unique réfultat .
V An g leterre m 'en paraît plus près encore
que la F rance. Si au li eu, de cette guerre vous
av iez pu vous exécuter de bon ne grace dès le
pre mier moment; s'i l étai t d onné à la politi que
de f.1ire d'avance ce qu'elle fera infailliblemen t
forcée de faire plus tard; fi l'opini on nati onale
avait pu permettre .à votre gou vernem en t de
�[
prévenir les évènemens, en fupp ofant qu'il les
eût prévus ; s'il eût pu confentir d 'abDrd à
l'indépendance de l'Amérique fans fai re la guerre
à perfonne; je crDis fermement que vo tre na ti Dn
n'au rDit rien perdu à ce changement. Ell e y perdra aujDurd 'hui ce qu'elle a dé pell fé , ce qu'elle
dépenfera enCDre; ell e ép rDu vera une grar.de
diminutio.n pour quelque tems da ns fDn CDm merce , de grands bouleverfement intéri eurs , fi
ell e eft fDrcée à la ban quero ute ~ & qUDi qu' il
arrive , une grande diminutiDn dans j'influence
pDlit ique au dehDrs. Mais ce dernier article
eft d'une bien petite impDrtance pDur le bDnheur
réel d' UT! peup le; & je ne fuis pDillt du roUt de
l'av is de l'Abbé Raynal dans vDtre épigraphe *.
Je ne crDis pD int que ceci VDUS mène à deve nir une natiDn mépri[able , & VDUS jette dans
l'efclavage.
malh eurs ferDn t peut-ê tre au cDntraire
l'effe t d'une amputatiDn nécelTa ire; il s fDnt
V DS
* cc Cependant fi les jouj(fances du luxe venaient à per(t
venir entièrement les mœurs nationales·... li l'Angleterre
cc perdai t
(èS
coloflies à force de les érendre. ou de les
« gêner, elle feroit t Ôt ou tard aITe rvie elk.m ~m e-._ . Ce
cc peuple reITe mbleroir à tane d'autres qu'il mépri fe • &
cc l'Europe ne pourrai t mane rer à. J'univers une nati on donc
t( elle osât s'honorer. ))·· · Hifl oir r Philofoph iqut &- Politiq ut du
Commtrct dt3 drux lndts, liv. xix. tom. 'Yi. p. 89. Genh e
17 80 •
r
JOl ]
iO;
1
peUt-être le {eul moyen de VDUS Îa Li ver dé la
gangrène du luxe & de la corrUptiDn. Si dans
VDSagi tatiDns VDUS pouviez corriger VDtre cD nf.
t i' tUriDn
. en rendan t les éleét iDns annuelles , en
repartillint le droit de rep rére ntatiDn d'une
manière plus égale & plus prDpDrtiDnnée aux
i:'térêts des repréfe ntés; VDUs gagner iez peutetre autant que l'Amérique à cette réVDluti on ;
car VD tre liberté VD US reft erDir , & vos autres
pertes [e réparerDient bien vÎte avec elle & par
ell e.
Vo us devez juger, MDn lieur , par la franchife
avec laquelle je m'ouvre à VDUS fur ces pDints
délicats, de l'eftime que VDUs m'avez infpirée.
& de la fatisfaét iDn que j'éprDuve à pen fer qu'il
y a quelque relTemblance entre nDS manières
de vDir
Je cDmpte bien que cetre cDnfidence n'eft
que pD ur VD Us. J e VDUs prie même de ne pD int
m e répD ndre en détai l par la pDrte; car VDtre
r épDnfe ferD it infaillibl ement ouverte dans nDS
bureaux de pO. rte ; & l'Dn me trouverDit bea uCDUp trDp ami de la liberté pDur Un Miniftre,
& même pDur un Miniftre difgracié.
J 'ai l'hDnneu r, &c.
( SignE. ~
TURGOT.
�DU
COMTf:
DE MIRABEAU,
De (es Ouvrages, & entr'autres des
Correfpondances contre la Cour de
Berlin, & contre M. NECKER,
SUR LE RÉSULTAT DU CONSEIL,
Sui,i de la Lettre de M. CÉRÙTTl, aux Auteurs du fourfUll de Paris.
L'homme corrompu ne
(aurait monfrer du
mépris
à pereonne, qu'on ne Je lui rende avec ufure.
Comte de Mirabeau
1
Dénonciar. de L'Ag. pDg. J4_
A AIX, m Proyma l
Et
ft
trouye ,
A PAR l S,
Chez Madame NHÉRA T, rue de Richelieu, grand
Hôtel de la Chine meublé.
17 89.
�~
===~~
~
LETTRE
•
D
E
M.
L E
BAR 0 N
D E
B" ....
Orléans. ce 18 Janvier 17 89;
,
RASSUREZ - Mor, Monlieur, ou du moins
éclairez mon incertitude. Je viens de lire avec
e/froi la Corre(pondance du Comte de Miraheau avec M. Clrutti. Seroit-ce ijinli qu:on juge,
à Paris , le dépolitaire des volontés du Souvetain & des intérêts de la Nation.? Si cela eft ,
que devons-nous penfer d'un Peuple entier, qui,
depuis treize ans, proclame M. Necker le premier Admini(hateur Financier du liecle, & même
des fiecles qui nous ont précédés? Que devonsnous pen(er d'un Peuple, que la retraite de ce
Miniftre plongea dans le deuil & la dé(olatian, qui, pendant l'incroyable brigandage de
{es Succe(feurs, Ile ce([a de le déligner comme
le feul Médecin capable de redonner la (anté
au Corps POlirique, & qui, lors de (on rappel, fi long-temps deliré, s'eft Iivré- à des tranCpons d'allégre([e & d'e(pérance, dont l'hiftoire
d'auclUl pays , ni d'aucun âge n'olfre poil1
�(,d
Id'"
' 1 ~ Que penfer de c"erre fou e ecms
d,
elŒmp leatoues,
'.
qUI' (ont , ou du moinsl
doivent
'
congratu
(ue l'expre/lio'n de la recoDnoiffance la p us VIve,
&. d'un amour fincere l
'
a"-ter
foi à des horreurs vomies
par
D Olt-on
~uu
.
le Comte ~e, Mirabeau l Apprenez-m~1 ce que
c'cft que ce Comte.
Honorez-moi promptement ?'un, mot de réf< 'car
après avoir env Ifage M. Necker
pan e , l'un'Iq' ue eupoir d'une Nation naufragée,
comme
,
1
d
"
,
puis me perfuader facIlement e m etre
~o;~é; à mon âge on çODnoÎt les hQltlmes.
Je fuis, &.c.
RÉPONSE
:OE M, D * L, ';' R .. • ..,
\
,
l je vous aimais &. VOU! refpeaois mOIns,
S
Monlie'ur &. cher Ba~on, fi la matiere que no:,s
;;~o ns à traiter étoit m?ins imp~rtan,te,. le fi.
de yos terreurs pa m'lues. J ,,1 peme, a me
rois
pe r~der ''lue Iii le!ire que j',\lÎ reçue .Iuer , fi-
( 5 )
gnée de vous, nç fait Un piege tendu:' ma fin cérité &. à cene franchife provinciale , dont vos
con{eils Ont tant de fois réprimé l'ëxcès dans
ces entretiens Il chers à mon fouvenir &. à mon
cœur, ou 110US difcutions enfemble les grands
intérêts d'4n Peuple immenfe.
'Soyez de bonne foi, N'eft-il pas vrai que vous avez
trop bien apprécié M. Necker, pour avoir lu, fans
indignation &. fans lin profond mépris, les atroces calomnies du Comte de Mirabeau; &. que
mœuri corrompues, le caraaere haineux , bas
&. verfatHe de celui-ci, vous font trop connus
pour avoir été allarmé un moment par fes délatillns {candaleufes &. ridicules !
Non, Monlieur, on ne penfe point à Paris,
comme le Comte de Mirabeau; Le Comte de
Mirabeau lui-même n'a, dans allcun tems, pep{é
ce qu'il écrit. Mais ce Géniomane veut faire du
bruit, veut éblouir les Etrangers, en foulevant
les' Regnicoles, en fouillant, de fan haleine impllre, la gloire d'lin hom,me fu(cité par la Providence, pour réparer les maux qu'a foulferts le
Corps Politique pendant deux fiecles.
A'ant de difcuter les prophéties de M. le
Comte, je vais, felon vos dellrs, de(cendre jufqu'à ce vil per(onnage, vous retracer une efquiile
légere, mais horrible, de l'affemblage monftrueul\:
des vices réunis dans (on ·cœur.
La Narure frémit d'horreur, en jettant ce (erpent {ur la furface du Globe; &. pour garan .
,lU: les honn~tcs gens des aftuçes , des fripQnne _
ries &. des fcélératell'es du monftre, elle eut foin
�( 6 )
d'imprimer ftlr fon vifage hideux, &. fur toUte
fa perfonne , une difformité extraordinaire, qui eft
le fidele miroir de fan ame ulcérée.
Mauvais fils, époux féroce , citoyen dangereux, ami perfide, homme ingrat & dénaturé,
tels font les titres diftinél:ifs de ce grand Politique ,de ce Cofmopolire bruyant, de ce vertueux Comte de Mirabeau.
Ah'! le cœur vous faignera fans doute, MOl1 fieur, en apprenant que cet homme odieux n'a
pas fait, dès le berceau , un feul pas qui ne
rende au crime ! Tous 'les liens de la vertu,
il les a brifes; tous les droi ts les plus facrés,
jl les a violés; toUS 'les titres les plus adorables, il les a profanés. Je fu is forcé de recevoir'
pour le moment une vilire, j'entrerai dans de.
plus grands détails dans une lettre que je vous
éctirai demain. Vale & m. ama.
SECONDE
DE
M.
lE
BARON
DE
BH
, Orléans, ce
10
Janvi.er
".
17 g9.
VOTRE lettre m'a fait frémir, Monlieur, (ur
le fort des grands hommes. La vertu " !e-génie,
les opérations les plus utile~ & les plus patrio~
(7 )
-
tilfles, font donc il la merci de quelques EcriValOS voraces, dont la plume adultere, profan,ant les noms {acrés ,de Patrie & de Citoyen ,
s efforce, par mIlle detours puniITabl~, de fouIel'er les Roi~ contre les Peuples, les Peuples
cont~e les ROIS, femant par-tout la (édition 1\(
la. d~fcorde ; & fous le manteau {acrilege du Patnou{me, e/faye de tOUt renverfer, de tout culbmer. Comme ce Comte de Mirabeau m'avoit
cruelle~ent trompé! Foible & crédule je lui'
fUPP?{OlS toutes les qnalités d'un homm: d'E tat
tandIs qu'il paroît n'avoir que celles d'un Char~
fatan . L'audace ~e fes phrares, fon éloquence
f1uél:ueu{e, la cymque e/froncerie de fes infultes
la maj,efté d~s matières qu'il ofa quelquefois trai:
ter, rp en aVOIent tellement impo{é, que je le contemplois ~omme J'homme de France le plus pres
d~ pOuvOIr ~ le plus' accrédité à la Cour, le plus
dIgne de faIre entendre de grandes vérités, le plus
c~pable, en un mot, de réformer les Empires
d en refondre les fyftêmes vicieux en po[ant le~
foyers ae [on vafte génie fur le$' débris de ces
c~loŒ:s, dont la chûte me fembloit ne devoir
lUI cou ter qu'un fouffie!
II ne fera donc plus permis de lire un ' ou vrage', 'F.'on ne connoilTe l'ame de [on Auteur!
~yant d epoufer aucune opinion, il fa udra donc
s mformer quel eU le caraél:ere, quelles fon t les
mœurs , la foreune de celui qui l'a publié !
Qu~lles font fes fociétés , fon ambition, fes af~eél:lOns morales? Oh ! que je plains le s Lcttems
etrangers , forcés de juger un homme {ur fes ,
,
�( 8 )
Ecrits, &: ' de confondre ainfi Necker & Calonne ~
Helvetius, Roulfeau, Mercier, avec des Mirabeau,
des Linguet, .des Morande! Renonçons à lire,
plutôt que d'outrager les venus & les {entimens
/Îlblimes des grands hqmmes, d'après l'impulfion
que nouS donnent des forcenés vendus à la baf(elfe & à la calomnie! Voyageons, voyons dans,
fes foyers, dans fes habitudes, l'homme 'lui attaque un ,de {es {emblables, avant d'alfeoir aucun Jugement; & alors du moins, nOUi verrons par nousmêmes, peut-être, de trilles vérités; mais ce feront aes vérités: nous faurons du moÎns dillinguèr
l'Ecrivain du Cor{aire; le génié verrueux que l'amour du bien public in{pire {eul, d'avec le famélique audacieux, qui profane, pour du pain, les
cho{es les plus faintes , & les per{onnages les plus
vénérables,
C'ell ce que je me propofe de faire avant de lire,
d'autres ouvrages que ceux de mes amis. J'irai maimême éiudier les Auteurs à projets, à réforme, à
(yllêmes avant de les lire, & Je fais des voeux bien
finceres pour rte trouver parmi eux aucun MUahean.
J'ai relu cinq à fix fois le Réjù!tat du Conflil,
&: en dfet, je n'y_ai point trouvé que M. N.ecktr
ait donné aucun fondement aux tom que lui impute
in{olemment l'Editeur' de la CorrefPondana, En
attendant que je puilfe vous faire mes obtervations
(ur le Rapport de cet AdminÎtlrateur, voudriez~
YOUS bier m'apprendre d 'où vient la querelle du
Papier-Monnaie, à quel propos le Comte de Mirabeau ,herche à eltrayer les Citoyens (ur (es {ui- ,
tes
' d' "
~
(9)
tes efameules & s"l 'Il
'
,
' J ex. e reel/eme t
P
pur-Monnaie établi par M N k
n Un aorna.
• ec cr? Vole & me
.
RÉPONSE
DE
L*
D
J
*
L* R**"'.
.
Puis, ce 15 Janvj"'r
'7 89;
E ne quitterai point la ,-e 'Ii
.
[ervice à l'humanité
ui/· ,~n: avo.r rendu un
yeux {Ur l'hypocrilie
le que j al pu dé/il/er vos
Comte de Mo' b
Q
s manœuvres du perfide
'ra eau. ue ne
p ; .
.
avantage à l'égard d t . dus-je avo.r lc même
le connoilfent que p:r ~~x . e (es Leael~r~ , qui na
par lei grands mots d
eents, & qUI, fa{cinés
public, que {ouil//I fi {i.e patu , de patrie, de bien
cet Energu~ene louvent la plume {acrilege de
& le premier llO~~ecrdo'YEeRt vdolo~tiers un Cota'; ';
El1.r 'jlll. pOUrroit {e d ' fitat d e 1Europe 1
POliticomane 7 Son
~ en re des afiuces de c'e
jn{olente pré[~mptio~r~:~et!leu{e extravagance, {on
_prétendues res im " .mpOrtance de {es relarions
& '11"
pemnens mellronges 1
• 1·
lm c 'mpottures qu ;il d ' b' li
'. es mt! e
creles; enfin cer
. ,CI Ite ur {es rmffiollS rc,
,attira. placardé &
,.
compJ!arions bien rapi 'c' 1 1
rccrepl de
o.
c ces (c arges n 0
h
l'
"llies ''néolqgues d" d'
J ts cmp a~
,
1 ces nouvel/cs copié,,. d'an-
'ai
13
•
�( la )
ciennes, anciennement copiées de quelques autres;
de paragraphes découCus, empruntés des livres d'au_trui, cnflés d'un fiylc il prétention &. ridicule; toUS
ces prefiiges infidieux d'une imagination extravagante, ne Cont-ils pas' Cufl1Cans pour leurrer, pou~
imprégner des poiCon~ de la féduéti on , les cœurs
foibles &. !Cap confians ?
Oh! que n'ai-je affez, je ne dir<1i pas de génie,
( car le plus petit génie, ~ même moi, peUl e.ntreprendre d'enchevêtrer ce bavard ridicule & feditieux; ) mais affez de temps pour parcourir les
inGlCm es compilations de ce fécond &. moderne
SmdITi! Alors, Cans diCcuflion aucune, je montrerais à l'univers, dont il fe croit admiré, le5 Cubtilités &. forfanteries d'un être, qui., depuis vingt ans,
ofFre ce problème à rHoudre: üquel 'ft moins dlplomble pour le genre humain, d, [enfermer
comme lin fou, ou d," lapida corr.me un facri-
lege.
Une des manies du Comte de Mirabeau, cft de
catéchiCer les Souverains &. leurs Agens. Charg-é
de folies, de plagiats &. de bouffiffure , il prend
fouvent le ton Vrophéfique. A lire fes écrits, dn dirait qu'ils font l'ouvrage de ces Prédicans affamés,
qui, la chaife Cous le bras, parcourant les Villes &
les Bourgs de 1'1 talie &. de l'Efl'agnc , débitent, en
_quêtant, un galimathias platardé du nom de la Di·
vinité, à-peu-près comme les pamphlets du Mirabeau font placardés du nom de Vatu.
Le be{oin le plus preffant, chez le Comte de Mirabeau, après la faim, c'efi la d/lation: ce fanx
Pr0l'héte avoit dès long-temps calomnié, dlnon"
M, Necker r.
d
( II )
,
ù ,.ans oute
ur fi
e venger du julle dé-am que ce grand hom:eo
lin Erre que rougiffent d' a touJours témoigné pour
me qui refpeétent encor a~procher les fcélérats mêCtaUon de [ag totage
eou a vernI. Dans la umonJ ,
tueufement ciré par le' C vrag~ fi fouvent, fi fafvrage [ouillé au Comte omte de Mirabeau; ouJoueurs à la baiffe, & d~:i JY.Iuabeau par quelques
Mar'llLLs de Lucha &. C ge par Mrs, Clalliere le
ore attribuer à Mots (1), cet
de 1agio, randis qu'il en ' eck~r tous les ravages
'
nommolt lin
1
Ies auteu
10nn
_{jfS, ~_Ia tête deftjuels ét - l'~eu P, us loin
e , on dellre va -uli 'à
ou tlonnete Cade ce Mini/Ire ( M NJ qll trouver les opérat,r; _
' • ecker) fi rffi
JOns
T11'.J'llLLnes en réfù/tats
' au es en princi es
[ur -tOll!, qu'il fuit à r.'
reproche le plus gr;;" e '
ne s'Ùre pàs a
on dmlllllira tion c' if '
gun:en~
Ener~u-
L~
fim:fe~~;:r' l~;::eculer illl~ôt:, c~
toit tout
les
ra 11er, & 'lu' s' ·t
mlnageoLt
unr
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__
• eputatton d' d
. , ft
polmque, en éloignant ri:: ,;eJ1è_& d:ej;-amotage
ot
JùcceJ1èurs
' dijJi'P
LflaijJoit à 'fies
j
. la ((iche pLUS
,
c ./. , &.
us m/ntoire d'acquitter les ~e, par cela même
et: le Comte de M'Irabea d;ettes,
r; _ &c. Et e nief~O~t le monde (ait bie
u 'Jo,t lirai, puifi ue
payées ju{qu'à
ces dettes de l'Etat
TIenne.
LOn par les Calonne & les
f.
B
et~
e:rti~cj~e
~nt
(.) On ne s'attend llonn.?tc Jurifconfulte OJ~ guere à trouver ici ce .eu
de fon
r ·· ccoup
Sûr
. Cœur & d e Ion
ft
' Je s qu al'Ih;.i S cil1' nebl &. '
(CS ~nnombrabJ
d
ara t.lere, J'auront d; r. Ima fS .
c:s
0
M. le Cornu'.
eçtt lur les vi~
�(
Il )
Dans des notes placées à la fin de cet immortel
Ouvrage ( je parle tOujours de la dénonciation J, il
nous peint M, NecKer, comme un homme (ans talens (ans mérite aucun, (oit qu'on le conlidere
com:ne Ecrivain, ou comme un homme d'Etat,
Ainli un autre in(enfé , Beaudeau , le Prêtre, le '
Prot~notaite Apoftolique , le Prévô t ~nitré de Potowiiki l'Intendant d<'5 menus plaIlirs du Duc
d'Orléa;s, le Légiflateur hebdomadaire des fin~n~
ces de l'Europe ; cet Abbé Beaudeau, au]ourd hm
aux peütes Maifons , s'émit mis dans la tête de devenir Chancelier de la Maifon d'Orléans, PUii
Contrôleur-Général, puis premier Miniftre , puis
Cardinal; & puis,., compilait , compiloit (ans cerre
de vieilles injures ' réimprimoit les /iennes (ous dIfférentes formes; '& femblable au Cerbere Mirabeau ne fe laffoit jamais d'aboyer contre un MIniftt: affe2 incivil pour ne pas daigner achever leur
/ilence par une modique penli~n. Ils o.nt long- ten;s
trépigaé de colere, de n'avOIr pu etre honores
d'une réponfe de la part même de q~el q,ue p~rtIfan
bien médiocre & bien obfcur; & /i 1IOdlgnauon ne
\'ous eât forcé , Mon lieur, à me demander quelques renfeignemens fur le dernier libelle ~u ~ira
beau, je crois que les deux dern~e rs recu':lls, d ID]Ur es & de folies de ces deux fOl-dlfan s EcrIvaIns, feroient éternellement reft és dans l'oubli, auquel le
Public éclairé les a voués dès leur naiifance. Paffans au Réfultat.
Voici le jugement, le premier jugement du
C omte de Mirabeau fur ce grand Ouvrage,
Il faudroit être injl1fte & mime ingrat, pour
( 13
J
ne pas convenir 'lue 1< réfultat 'ft un grand hùnfatt pour la Notion; 'lu'i! lui , donn e IlIl grand
élan; 'lu'on n'avait pas droit d'en attendre autant
d'un Miniflre Français, ni j ùr-tout d'tJPlrer
'lll'on parviendroit d donner d taUl e cette doct rine 111. flnc7ion du ConJèil du Roi.
C'elt ain/ï qlle s'exprime d'abord l'Editeur de la
CorrefPondance, & il penfe, & il s'exprime alors
comme la Nation emiere. Les acclamations' publiques lui diétenr ce qu 'il écrit; mais le,Comte de
Mirabeau n'el\: point ' un des Ecrivains 10l'aux
• d
'
'
1
exempts e prevenuon ou de paradoxes' il ne fait
'
un e'1og; ,:,érité d~ l'Ouvrage de M. Necker,
que
pour dechIrer un IOftant après & l'Ouvrage & l'Auteur.
Maintenant, continue-t-il ,fi jf pouvais me rffoudre à p affir aux iltaiis, & à grÏter votre j ouirfonce & la munne 'l' trouverais him des tacha
dans cet écrit, rfailleurs tds-digne d'indulgmce,
e~ raifon des circonftances, des occupations d"
, //Om111(, de Jès embarras en tQut genre, de l'extrlme "efoin ' lu 'il f1-VO lt de" oncilùr üs illconciliahl<,r.
Ainli , graces au Comte de Mirabeau, les écritl
de M. Necker fom dignes d'indulgence. Ainli M.
Necker, que le Comte de Mirabeau avait dans fa
dénonciation
, jugée (1 J diune
d'une eurande r,,'Pu ,
~
tatlon ~omme Ecrivain, ne mérite plus que l'indul gence plteu{e, do~t on honore la médiocrité même,
,
(1) Note 18 de la D érlo nciaIioll de l'A~io.
,
�1
( 15 )
( 14 )
Il en vrai qu'on n'a qu'à lire (es Comptes rfndus,
fan Di(cours fla fts Aff,mUées Provinàaüs , {ail
Adminiflration des finances, & (ur-tout l'Importance des opinions religimfl-s, pour être convaincu
qu'effetli.ement le talent de M, Necker en pre{que
digne d'indulgence. 0 Comte de Mirabeau ,
que ne ,méritez-vous d'in{pirer les mêmes [~nti
mens!
J'y trouverais 'luel'lues principes f llux , ajoute
le Politicomane , 'luel'lues vacillatiolls importan-
tes, fjUel'lU BS omiffions très-gra yes, quelques inconvenances tres-clzoquantes, ,
Quel changement étrange s'opcl'e tout-à·coup
dans vos opinions, ô Comte de Mirabeau! Quoi!
vous regardez comme un grand bienfait pour la
Nation, comme digne de l'étonnement, de l'admiration de J'univers, & de la reconnoiiTance pnblique,
Ouvrage rempli de principes fllux, d'in-
un
convenances clzo'luantes , de vacillations ill'luil, tantes, de ,rtcautions colLufoires, &c. Ainfi vous
confidérez vos propres ouvrages, comme alitant de
bienfaits lignalés que vous répandez lilr la génétatian préfente. Il faut que je tàche, non de vous, dé.
cromper vous-même, mais ceux de vos LetleuTs,
aiTez malheureux . pour ne pas connaître les ulceres de votre amc; il faut qu'ils apprennent une fois,
ce qu'ils auraient pu méconnaître dans vos Libel·
les; il faur qu'ils Cachent que vous n'êres qu'un e{·
prit turbulene & pervers, s'agitant dans la fange
& le men (ange , dont la morale impure, les paradoxes extravagans, l'audace impudique, & les
écrits, {éditieux ne tendene qu'il fomenter le trou-,
ble & l'inquiétude dans le Royaume, à atténuer I~
ctadit & l'honneur de la Nation Françai(e, " affaiblir, à ravir .nêine la confiance du Peuple aux
hommes P!il'ilégiés ,auxquels le Souverain aécorde
la fienne; enfin, il jetter la divifion dans les fàmilJes , dans le Commerce, dans toute. les cJam~s de la
Société, & dans toutes ces cohues patriotiques qui;
dans chaque Province du Royaume, s'alfemblenr
pour délibérer {ur les intérêts publics, lilr la gloire
& la pro{périlé de tout un Peuple, Orez me démentir, Ecriva\n mercenaire '& yen~l, o(ez élever
votre voix adultere; je prends vqs 'Ouvrages, &
,je vous démontre, à chaque ligne, les germes de
l:incendie gén~ral que vous méditez, qlle vous ac.tirez depuis 20 ans,
. J'évoque ici de Ja poulliere te ptemier de vos
Libelles, & j'y trouve le {l'flême de {édition 1'<
de révolte, doç,~ ,v,Q\IS ne vous e të$ jajnais démenti.
Voilà , m'éc ri~·je avec un homme dont le jugem'ent ne doit pas être {u{pea, yoilA Il CatMcll/fine
dllirant de tlzomme le plus Fditieux 'lui fût ja,mais. Ce Juge, el\ v,o tre pere.
,
Revenons au Rifultat, A l'appui d~ les aiT~r ,
tians in{en{ées, le CÇ>mte de Mirabeau cite quelques poines principaux {~r le(quels)f les fonde.
La foi publi'lue paj[/~ Jous filenc~, o(l2ijfion du
genre, le plus grfln ~lnli , le Comte de Mirabea;1
veut, que modeflemenr un Minillre faiTe publiquement {on élogé , qu'il parle de fOl pllb/ù/ue, de
confiance, tandis qu'à [on ·rappel il a trouvé tout
le Royaume dans la déJôlation IX le défe[poiT; les
cai/res fermées , l~s {alaires {ufj,ondus , le~ paie-
�( J6 )
Inens éteints, tout enfin dans une paralYlÎe meurrriere , hormis les cœurs qui, remplis d'indigna_
tion &, de rage', fai(oient retentir lenoits & le!
places publiques de leurs maléd iaions , COntre le!
Agens mercenaires de l'autorité. Em-il pardonné
à M. Necker d'avoir parlé de foi publùjue, tandis qu'il était pleinement convaincu que cette fOi,
cene confiana ne portait que lilr lui 1 que lui feul ,
par (on patrioti(me, Con détintérelrcment, (a grande
verm, & les relrources de Con génie, av" it rétabli
le calme dans les cœurs, ra{!"uré route une Nation
Cur de jul!es allarmes cauCées pal' les Concuflions
& le brigandage inoui des " économes de la choCe
publiqûe; & , qu'~ Ca voix, les çai{!"es & les coffres-fons, s'ouvrent, & que l'Qr, ,fi long-tems cn(eVeli par la défiance, circule en torrens, & apnoo'ce, dans tous les coins du Royaume, quel , peut
être l'excès de la confiance qli'infllire un Minil!re
honnête homme, d~ns quelque délabremenr que
foient les finances de l'Et~l. Tollt le monde Cait
trop bien 'lue la révolution miraculeuCe qu'a opéré j
dans les eCprits , le retour 'fi long-tems defiré du
nouveau Sull)'; Mirabeau & DepremeCnil en trépigner~tft de rage; mais que peuvent tous les aboie,mens imporran's & CacriJeges de' deux Cerberes,
contre le vœu univerCel , les bénédiaions, & , les
acclamations de 24 millions d'hommes ! Di(ons
mieux , c'ell: que ' le Miniflre qui , t!~ns l'érat des
cho(es, auroit eu la hardielfe de parler de cerie
foi publifue,auroit griévemenr inlidté le Monarque,
en lui rappellant des malheurs que Con cœur n'a
pas encore oubliés, & des déCordres commis cn
(lin
( 17 )
{on nom, qui Ont mis la France dans lm état de
dé(olation & de détrelre, donr elle ne Ce relcverà
que par la confiance & la fidéli,té à remplir les engagemens ; ç'eur été dire ,Ill ROJ , SIRE, vous êtes
un débiteur infidde, un tyran, un homme f Olble ,
'pui(qu'cn elTer, & (an§ la participation de .ce Monarque on l'a fait parler en banquerolltler, &
qu'on (OliS Con autorité privée, anéa,nti les droits
les plus Cacrés de l'homme, la hberre & la pro~
'prié té . qu'on a envahi toutes les fortun es, opprime
toute/les vertus, protégé tous les crimes ; & cela
Cous le nom d'un Prince bienfui(anr & jufie, qUÎ
ignoroit tous ces attentats inouis. M. Necker n 'é~
toit donc pas airez mal·adrolt pour parler de f Ol
pub/i'Ju, à un Mqnarque, il qui tant de c~bn;jtés
réunies Ont appris qu'elle ava it été pre(<;ue ;:nea n;
tie & que la pré(ence de l'Orateur pouvO! t {eule
lui 'redonnu (a vigueur premiere. La grande 'Juiftion Ile vie for les Lettres de Cadet ,cont1~ue le
Comte de Mirabeau, ......... fjuelle regle dotf Üre
'obftrvée dans cette partie de l'ad~';nifi~ation 1.....;
Quelle mefiae de liberté d convu nt ri (/~corder a
la prejJe .? Quefiions qlll ne peuvenr 'par~lf que d:
principes faux & même odieux, pu~(q~ clles IiIP.po(enr (lue da ris un (yll:ême de conll:lt~tlon, .Ia legirimité des Lemes de cache: ne pemette ":I(e en
'Juefiion ; qu'eUes pe'wenr f~ lre partte de L" dnuuijlration, & que la puhltctté des ouvrages ,re/a:
ftfS,foi! aux M ,nifires, ,(o it ail C.0uvernfll~en t ,'
Oll à tout autre objet publte , peur etre COlll1lJ(e a
IIne inc/ui fi rion.
La grande fj ueflion élevle fùr l<s Lettres de ca-
a'
C
�( )8 )
chef, A Dieu ne plai{c que je {ois jamais l'Apôtre
du de{poti{me 1 Mais celte g mnde <juejlion Ilevle
fur les Lettres de cachet , ne mérite-t-elle pas quelque confidération chez une Nation imprégnée de
ra,' t de préjugés, & {ur toUt du préjugé le plus
dérai{onnable , dont l'ignorance air affl igé aucun
peuple l Je parle de l'infà miè hérédita ire,
Oh ! que {croit devenu le Comte de Mirabeau
lui-même ; fi cette arme terrible , mais quelquefois {alutaire , n'eût pas exiflé l Quelle peine eûton infligée à un h('l mm e {ouillé de tan1 de crimes 1 11 eût donc fallu le pendre toutes les fois &
quantes on en{eveliffoit cet ignoble per{onnage &
{es' forfairs , dans les pri[ons de Vincennes , du
Château-d'rf, domiciles ordinaires de M, le Comte,
où, en élim ant de {cs dents acérées, les barreaux
de fer qui le réparaient du relie des hommes, il
s'ell exercé ~ déchirer les obj ets les plus vénérables & les plus [acrés'? Il eût fallu punir, par l'infamie , un pere univer{ellement re{petlé, & toute
une famille l'ertueuCe, d'être les proches d'un [erpent qu'on eût dû charitablement étauftèr dès le
berceau, & qu'oll devroit en core encore écraCer ,
quand il a l'audace de Ce montrer, Ainli les Let[Tes de cachet, li abufives , li vexatoires , li révoltantes dans les mains d'un Lenoir, d'urt Cardinal de
Fleur)' , d'un Sartine , Ont été Cou~ent lin bienfait
p our le Comte de Mirabeau, Ainli, adminiflrées
avec ménagement, non pa r un Adl11inif!rateur,
non par un Lieutenant de POlice , non par des
Secretaires , ni pdr les Com mis ou les Maitreffes
des Secretaires & des Miniflres , mais par un Con1
( 19 )
(eil ~clairé & Cage , qUI ne s'en permenroit l'u{age crut! , (lue pour le bien de la Société , pour
la sûreté & la gloire de Ces membres ,
Il cil d'dilicllfs des dffaircs d'Etat dont les Ma gillrats Il C peuven t être Juges; alors le Roi peut,
{ans donner atteinte au'( Loix, uCer du pouvoir qui
rélide en G, PcrConne, par des voies d'admini{!ration, dont nul Cito)'en n'cil exempt dans {on
Royaume. Alors ce ne Ce'roit plus 1111 ordre arbitrai re, arraché à la colere ou à j'indignation, mais
un juge ment en forme que rendroit un Comité ,
formé par les Juri{conCultes les plus integres & les
plus éclairés du Royaume, C'eft à ce Comité que
{eroient portées les plaintes des Min iflres; on y
exa mineroit mùrement la nature du dél it, & 0 11
agirait d'après cet examen. Alors 0 11 préviendroi:
toure IitrpriCe de la part d'un Adminiflrateu r 0 11
d'un Commis , & l'on pourroit (évir Con tre un
particulier, {ans commenre d'inju ll ice, & {ans publier les (cc rets du r-ollvernemen r l Le Citoyen ne ,
[eroit puni que lor{,/u'il {croit coupable , & celui
'llli {e conduirait Cagemenr & avec honneur, rcpoCeroit tranquillement "u Cein de {a famille , & ne
craindroit plus que l'animadvertion , int le plonger dans les fers , Cans 'lu 'il l'eût mérité ( r),
Il cft un e aUlre efpece de délit domeflique dont
on ne doit point faire retentir les Tribunaux_
Un fils, par exemple, un /ils , digne émule du
(T) Voyez le s Lettres d" Cardilla l d e F leury, <lclrc tréC' $ au
Confeil de Louis XVI, attribuées à M.l'Abbé de la Rçy'
nie. Lm. JI. pas. '96- fl/ ir.
�(
20
)
Comte de Mirabc~u, peu r attenter aux jours de
(on pere; li le forcéné ne réuITit pas da ~ s fes"inlà_
·mes projets, on fe ra, I.e ,croJs, .a~ /li bJen d epargner un grand fcanda le al hum?JlJtc,' & une grande.
douleur à to ute une fa mJlle qu JI deshonore; alors
on emploie e/licacement une Lenre de cachet,
Un époux tendre, & qui fe refpetle, convaincu
de l'inconduite de fa femme, ne la traduJra pOUlt
e'n J uflice, pour donner une gra nde 'p~blicilé à fa
h onte; il portera (es vœux au Comite, dont nous
avons parlé; & li (es raifons (ont pla ulibles , fi les
déli ts de la femme (Ont réels , fi, en fin , & (ur.tont
cer épo.ux , n'a pas l u i:tnê ~e i par fa dureté , .ra déb auche ou lès maUvaIS trallemens, provoque celte
ven"eance la plus douce que puiffe employer nne
fembme al~rs OD arrache celte breb is égarée à (es
,
, d
11abirudes criminelles , & quelques annecs e re.
rraite la rendent (ouvent à la vertu ; au li eu que des
Plaidoyers fcandaleux, une Sentence, toujours flérri!rante ma is peu t·être p rononcé~ en fa faveur ,
& enfin les fuffrages du monde, qui ~ppl~udir tau:
jours à des excè! de cette n a r~re , n aurOIent fervl
qu'à J'endurcir dans le crim e.
Vous voyez, Monlieur , & vous le (avez ava nt
moi qu'il efl une infi nité de circonflances ou l'u (age ' des L ettres de cachet (Ont indifpenfables ;
qu'elles peuvent ~aire part,ù d, A.dmtnifi,~atLO:'
la mùux ordonnee; & qu IJ ne s agIr que d etabl!r
une rrgle fage, pour être obflryée dans ·Ieur dJ{tribmion.
Quelle mefore de liberté il conYien: d'a ccorIkr d la p r'.ffi ? T ous· çe 'lui s'éloigue de cette 1...
,r
( lI)
bercé. indélinJ~
. . . , eft
, , (elon le Com te de Mirabeau
lme llltlUlhtJon revoltante; & il a g rand tort de le
dire; car, 'lue devindra- t· il ? Combien (on orgueil
(era humilié , li la licence de. (ouiller la vérité , de
déchirer , (ans pudeur , les perfonnes & les cho(es
les p lus dignes de vénération , efl un jour toléré
par le Gouvernement l Celte manie de déclamer
Contre rOllt, de dénig rer to~t , de tOUt boulever(er
par de faulres prophéties , deviendra commune à
rous les Ecrivain s bilieux ou méchans; & alors le
Therfite Mirabeau, confondu dans la foule des
Therfi(~s , n 'aura plus l'honneur d'ê tre diftingué 7
car les Injures & le cyni{me de l'audace fOnt le
(eu l mérite de (es écrits. Ses rap(odies littéraires,
fe moiliffant dans la bomique de (a chere D ame
L'lai, laifferOnt (es en trailles à jeû~ , & le réduir ont à exercer encore (a premiere profe/lion , celle
d'E.fcroc-jongleur.
Ne croyez cependant pas, cher Baron , que je dé(approuve la liberté dl la prtffi , je la regarde au
conrraire comme un bienfa it accordé à la narion par
un Miniflre citoyen, en qui repo(ent auj ourd'hui
(es richetfes & (a gloire. E lle fe ra d'un grand (eCours pour les Ecrivains courageux , dont la plum e s'in dignoit (ouvent de ne po uvoir démarquer
fan s péril les méchans , les traîtres, les fourbes,
des Mirabea u enfi n , s'il en exifle Un fecond , L e
Citoyen ilOlé, (ans appui , n'ayant poor lui que
(es \'em ls & (a force in dividuelle, n 'olOit nullement lutter contre la puiffance redou table de (es
Oppreffellrs ou des dépo(itaires de l'alltorité, Sans
. erre écra(e par lellfs intrigues 011 pa r leurs vio-
,
�,
n~o
,
,( 12
quer la voix mumé
1 ces il D'DrOIt mellle 1 m
en,
,
' d la pre e va rétablir le 1F ran' des loix, L a Imertede , qu'il avoit reçu de a lIaais da ns tOUS les rOllS '_ la plaime à l'homme
çture,' car la nature
' l'ba l'emm
comme l'o;
~ r qui circule aud
e les moyens de ren fQ
forti de fes mams 1 re
r de lui. Elle nous offr ' llans les vexatiOns
tOUbl
Cl.'
des mec
,
,
" n.
& du G ouverned
MIOIllres
pu ,:ques les'aC:[lons
& les injulbces, es N ion entiere des outrages
ment. On inllrulra la a~brcur; & fa caufe, d,efaits au Citoyen le : s rrée au T ri bunal de I ?ve nue celle de t?US "
P~{kur puni, les tort; rer
Igee ' ld'oppr homme cn l' 1ac e decoupinion, .cra
Il,
' & les vlCCS un
pa res,
ve rts.
, , ' • d l'enfer, avec le ,Comte
•
Mais je fUI S elolge , e ' de la prelle dOIve eue
de Mirabeau, que la hber~e Paris ne le pcn (e pas
' dJ'finie , Le ,Parlement
e d'au
Roi par l'Arlf/ <.
"1 l' deman
ee
,
lui-inême, qUOlqU 1 ait ' r , uifque le lendemam
~ l, b ru' ler , par , le ~II
' . du 5 Déce mbre• dec?Je
rete
é 11 a .alt
de ce jùperb< Arre; ~tS !lI rêmes , un Ecm paE "écuteUJ de fes ~ecr ,
de fes membres,
êts
triotiqne qui blelrolt ~~s ~:te~orps , 'lui, dans tous
& Cet efiprit mcura e
& que le pro[.
'
d' 1 Royaume,
les fiecles, l~cen ~ ~ patriotifme, deveou pre,arès des lumleres
'fier dans leurs ames ve1>
énéral. n'ont pu etou
des aél:es antl'IUle g On fe fouviendra lon,g-tems rées dans dides vexations exe r,
R _
na es. ,
patriotIques, &
les fix mille Defpotes du 0a
verfes Provmces par 1 {f, la plu' refpeél:able, & l ,
' yaume , contre la c ~ ,~& malheu r au Peuple qUI
lfeule mile de la SOCiete,
de ee difeours em~ ,
oul?lieroit jamais le eonçenu
Y
r
1 23 ,
paillé, métaphorique & révoltant, que le Prélidcrît
d 'Ormclfon, honllêce homme d'ail/eurs , à l'efprit
de Corps prè!, pronon ça [<l ns pudeur en préfence
du Hoi & de l'élite de la Na tion; Difcours où ce
1{epré[entanr du Tiers-Etat , anarhémarife la c1a{fe
J;llalheurcufe dont il eft cen{é j'interprete, & la livre pOur jamais aux horreurs de la mifere, aux
vexations des Nobles & du lifc; enfin, au défelpoir indéfini de n'al'oir aucune propriété , auc une
{ubliftance certaine. Heureufemen t 'lue ce crime
de léze -Patrie a éré réparé par un Monarque honnête hom me, & par un MiAiflre Ciroyen.
J e !llis, dis-je, bien éloigné de l'enfer que la
libtrtt de la priflè doive être indtjinit_ Eh! où
en [eroient alors les honnêtes gens 1 Oll il faudroit
{e condamner à ne point lire, ou il être forcé de
méprifer la venu. Pour Un Calonne, un L e Noir,
que la plllm" du pllilofophe abandonneroit à l'exé' crarion publique, combien d'ho mmes vertueux feroient calomniés, diffamés avec acharnement! Eh
ii le COlJ] te de Mirabeau lança [on dard en fuyant ,
COntre le premier homme de notre fiecle , dans un
m omen t où il cft l'ad miration & l'efpoir unique
d 'lm Peuple immenJè, co mbien d'audacieux, donnant Un élan à leur pillme {acrilege, fe permet-,
troient de diffamer, dès qu'on diffameroit avec
impunité 1
,
Je delirerois donc qu'on permît de tOU t l'enfer,
de toUt écri re, même relativement aux Souverains,
à leurs Miniftres, au Gouvernemenr; mais je rendrois le délateur re{ponlâble de fes ouvrages: je 1'0,
bligerois à les figner; & alors, fi lin écrit déno n_
�{
~4
1
.çant les 'a8ions puniffables d'un homme en place j
ou les vexations &. les abus d'autorité d'un MiniC.
tre, meritoit quelque attention, on fcroit une information {crupuleu{e de la conduite, des mœurs
&. du caraétere de l'Ecrivain; Li c'étoit un mauvais
Citoyen, turbulent, impofteur, {éditieux ,foant le
<:rim'e , com me Beaumarchais &. Mirabeau, OR
le traiterait avec toUte la {évérité des Loix ; fi all
contraire .l'Ecrivain étoit honnête homme, ami de
la vérité, défen{eur de l'opprimé, de la vertu, ennemi de l'injuftice &. de l'oppreffion, l'eftime &. la
reconnoiffance de {es Concitoyens {eroient la ré<:oml'en{ede fan zele. Alors les Scélérats n'o{eroient
plus arpirer aux grandes places, bien affurés que
n 'y portant que des vic es qui {eroient bientôt con,
nus, ils {eroient forces d'en de{cendre couverts d'ignominie &. d'exécration. Alors; nouS poturions e{pzrer de retrouver encore des Turgot, des Malesherbes, des Necker, c'eft·à-dire , des Minillres capables tle faire le bien. Alors, on ne verrait plus
charger d'alimenter la force &. la pro{périté publique, ce vil mercenaire, à qui une odieu{e cupidité.
l'intriglle &. la baffeffe avoient mérité le maniement
des revenus de la Patrie, &. qui, parvenu à ce polle
important, abandonna le fifc en proie à {es pal;fions, à [es flatteurs, à fes maÎtreffes, &. mefura la
[plendeur de fa dépen{e à la hau teur de la r lace
qu'il occupait, &. du rôle que jouaient les per{on,nages qu'il avait l'avantage d'approcher.
L 'Ad miniftratioo ne {eroit plus livrée à un Char '
latan impérieux &. dur, qui ne la connoÎt pas, qui
embraffe le premier {yllê l11e que lui {ugge rent {on
cap~ice ,
,c<!price, (es agens a} 2 ~ )
f~ug,;u(e & dé(ord~nné;,ul:nlifa,o te (00 i,magination
"1
,Ult avec d autant 1
d entetemcnt
, 'lu 1 manque de l '
P us
pour renverfer les Li I!ê
lImleres, & qui
Jetter les fragiles fdnd mes de (es prédéceffeurs
des ab(urdités dans leue:~ens, du, {jeu, ne voit ~ue
?ue pas Contre leurs erreuopera;lOns, s'irrire-à chac
l,mage du dé{ordre & d~s I;re,tendues , &c trouve
?11, les cho(es ne répondent depeTl{fe~ent par-tOUt
pas à la bIzarrerie d li
Idees.
0
'
e~
11 ne verr;l plus un Ad "
(~ge!lè ,& de J'ex ' '
';11111l!rateur dénué d 1
ce " 4t ' pen ence neceffaire
e a
'lUI e d~feaueux, (e l 'fl<
s, p~ur corriger
goû~, {a vaniré (a f:
'{jaJ er condUIre par (on
, amalle (es' ' .
r",
,
eJuges
j
lilbl!itue
des
h'
'
mterets , ou {es
P
veut cor!igerlesabus &c ~m;~es à l'ordre établi
mal e'ntend"6, d0nt I~s fui Tl e .om ~ar une rèfü rm:
es
larmamès ,pollr' J'Etat
CO?t d autam jl lus all
du remedes {,>
, 'lu 1 a pm les poilOn-S'"
,
,
~ue des con'/lulfi
':J"
pOur
noncent Irl ' ml!Jp/ procÎ"z'
Ions r éitérle-s anEnfill, l'Ad"jinil!
me du malade.
(pl parvient à gérer I:~te';.~e (era plus ce prodigue
mal 'géré le~ {jennes a ,aIres deI'E ta~ apres' avoi;
revenu public a , propFes ; devlem J'économ d
' • pres avou dilli . "
e u
rre
' ' (1)' Ipe
ICS fonds & s"
p J, ;Ir. '
,
e, lilI rchargé de 'd erres
d lin tri Minzj!re !
'
<rI.JJe la mlmair/!
Voilà «uelle fera '
,
f1ueoce de -la 'liber//d,°ll; lenblen de la NatIon l'ine La -.rreffi.
'
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(1) G~lOllne de.oil 6
Millill cre .
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cfe saffublcr {ie l"S
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a ymnr re.
lort; U' ",
rlc~'~ oj[
IqS
J. cft
()QQ,,) t
D
,
clltré
il yanr
�( 26 )
Quant il la querelle du Papia-Monnoie, lirons
d'abord les belles phrafes de M, le Comte de Mirabeau, & nous difcurerons enfuite. Je Ji"s fivue,
mais jl ne fois !Ji injujle , ni ingrat; je con'Ylt1l1
'lue lu taches difparoiffint devant rlclat d'une
Œuvre ji Nationale (du Réfultat l, & il faut 'lue
je ft feflte bien, pour garder ft jilma fur l'exécrab/..
Ardt àa Conféil, qui .... a continué, force de monnoie au papier de la CaijJe d'Ef.ompte; fouff're{
'l/u je YOUS le di(è; M. Necker efi, m cette. occafion, comme Henri VIII, ']ui ne faifoit lamais
pendre un L'atholi']ue fans un Protrflant, pour
ménager l'é']uilibre. S'il nous édifie par la bonne
proportion, il flOUS corrompt, & nous ruine par
le Papier-Monnoie; car le Papier-Mollnoie n"ft
pas moins un opprobre 'lu'une calamité.
Si je vous difois aétuellement, Monfieur, que
M. Necker n'a établi, depuis (on retour au Miniftere, aucun Papier-Monnaie, aucune efpece de
Papier-Monnaie quelconque; qu'au contraire, dès
fan enrrée au Confeil ,il a fait révoqller J'Arrêt
.fcandaleux du 16 Août, fi flétriifant pour la Natian, ou du moins pour les Minifires qui la gouvernaient alors.
Si je vous difois que, dans la dénonciation de
l'agiotage, le Comte de Mirabeau a reproché à M.
Necker, comme un crime de leze-politique, de n'êne pas le partifan du Papier-Monnaie, de n'avoir
pas voulu fe perfuader, en 1769, 'lu'une Caiffi
d'Efcompte pût aifler fans caupr de grands rayages, (Noce 8). Aujourd'hui, le Comte de Mirabeau accufe ce Minifire d'être J'opprobre & la
.
( 27 )
~:!amttéde la Nation, en créant Un Papùr-Mon.
ce: e , & Il me, de cette opération, des conft'luenpola'']lles, auffi fatales 'lue!es conft'luences
:~oraùs . en font dlteftablm Ceux-là ftu!s, 'lui
ont pomt rljléch, for cet obja, ne s'en ;ndi ne~ont pas. Eh! croyez<vous, Comte de Mirab!,;u
etre. le, feul qui s'indigne des mauvaircs opération;
mlmfieT/; lles! Croyez-vous être le feul qui réfléchit
frr l.es de/Ordres effrayans qu'entraîne tOujours le
_" pIeIr-monnaIe, & en général toures les richeifes
clrcu antes.
M.is où 3vez-vous vu Comte de M-ICa b eau ou•
avez-vous rrouve" &
. .
,
MN ,
' .' . pourquOI Inventez-vous que
. c.cker a cree un, n?uveau papier monnaie? Regardenez-vo"s les recepiifés ou b,'llets a
éch
'à
'
u porteur
anges, . la Calife d'e{compre contre des billers
~e cette CalIfe, comme une nouvelle création d'action, ou {oupçonneriez-vous que ces COUpons 011 ma
dats '
l' .
n,
fi ,n ont aucu~e:,a eUr Intrln(eque, parce qu'ils (Ont
Ignes des Admlmfirateursdc la Caiffe, garantis par
le Gouvernement, ta,ndls que les bill ers ordinaires
~nt limplement fignas des feul s Adminifirateur~ 1
nfin, ell-ce M. Necker qui a fufpendu les paie:
m,ens & le rem?our{ement des billers de Caiffe!
~ ~(t~ce pas pl~ltot cette horde impure de joueurs il
: alife, moderareurs de Votre plu:ne vénale qlli
e c~ncert al'cc voOs, auront répalldu l'ailarm~
parmI les. ~apJta"(tes, auront effrayé & forcé la
Com.pagme a fermer des coffres, vers le{quels la
m~lmude allarmante des At1ioonaires Ce ' " _
talent en foule.?
preC/pl
J'ai pénétré vos de(feins) &. ce c'ell pas el\core
�( 28 )
lOut, Comte de Mirabeau. H'y a environ dix ans,
'lue VOliS composâtes un tralte {ur 1< pap,er monnoie ; Je très-médiocre {uccès d~ VOltred ou~ ~a~~
n'a pas empêché votre plume l~ru e . '; regenérer, depllis ce temps, les .memes Id~s fous
différentes formes. Vorre Tratté de:la CaiJJe
d'eJèompf<, votre BaT/'lIl< deSt: Charl~s, vos <aux
(ies P errier, votre dlnonclaUon de· l AglOtage ,
lIne partie de votre indigefte & coloffale Monarchie Pruflienne, {Ont toujours Jes ~n.ê~es paradoxes qll~ vous avez ftlcccfTivemcnt dlflges contre
Mrs. cre Cluny, Silhou<tte, d 'Ormrjfon , Calonne
& Nedru. Vous venez de les reprodUtre encore
dans votre CorreJPondance ,& nOliS e{pérons que
Ce ne fera pas la derniere fois que vous les avez reproduites.
'
Aiou c'ell alitant pa r deftr de reproduire des
jdées a~ciennes , que par be{oin de calomnier un
grand homme ' . que. Je Comte de Mirabeau a Imprim é {u n dermer hbelle.
, .
Voici Monfieur le Baron, le plus beJ epl{ode de
ce perit R oman. On cherche en vain à m e petjùadet , continue M. le Comte, que M. Nu!:" & .fis
amis .s'cJforcent de m'exclure de l'AjJemblée Nationalt. Je ne crois pas ce/n. M. Necket efi trop
au -drjfous de fis circonfiances & de lui -m lme ,fi
dans ces momens de réglntration (3 dt .rift , tl
nt plcne pas au drj[us dts rei!",tùntns perflmm,ü
& des foa vwirs llaineux . Il tfi m al {lYij'é , s l!
doute 'j,ù,,,, ne pllt ana/yftr ft s op lrat ,oM (3 fis
ou vrages d'une maniere rtdou tab/. m lme d fit pgp ularité. S es Amis fit Jilvent pas lui dlpld' fepour
( 29 )
le firvir, s'ils lui taiflnt 'l1L< les m lnagelnms rai.
fonnés du Comte de l',lirabeau , dans l'AjJemblle
Nationa!e, lui vaudroimt miMx 'lUt mon oppo fition IlOrs dt cette AjJemhlér. Enfin, ra tout Itat
de caufl, je ne mt titndrai pas p~ur exclus, parce
ljue M. Necker aurait voulu m'ext/Ure, Quoi 'lu'il
e/l.(oit ,je defi" paJlionnémmt d 'trre flUX EtatsClnérnux , je ne crois pas tjlle j'y ftJjJe inutile, &
Je me-flatte de n'avoir pas ·dlmérilt à mon Jiofié
de Citoyen, au jour de la Confiitution. .
Ombres immortelles des Havaillac, des Cartouche, des Mandrin, des Defrues, reprenez vos
dépouilles hum aines, Cortez de vos tombes , & ac.
courez liéger aux E tats-Généraux ! Accourez, Ô vo us
tous dont le front cil COuvert d'un triple airain!
vous, 'lue {ouillerent tous Jes for fa its ! & vous qui,
d~puis un demi liecle, vous agirez dans la fa nge d"
cnme, & qui {ouilleriez
le ctime même', triumvi'
rat inféparable, Le Noir , Brunville ~ Ëeaumar~
chais, accourez, venez vous affeoir au milieu de
ce,te ,Affemblée Patriotique, o~ doit prefq~e pré!ider Ilr. raifonner des ménag em,ens, eu le Comte de '
Mirnb<au ! Ah !... {ans doute vous'avez tous amant
.de, dioits 'lue Ilzi, vous n'a.èz pas plus.dlmi'rit! 'lue
lui d'être à vaire pojle de Ciio)'m. V 0Us Ile fûtes
que des Scélérats, le C0mre de Mirabeau ell quelque cho{e de pis.
Tu defires paj/iQnnlmmt d 'ltre flUx Etats-Ct "éraux, COItnè de- Mirabe:tu' ! lx lbr tf ne-Is tirri!s
fondes-ru tes prétentions ! Eft-œ comme Citoyen .
Mâ.is ils tu uné Pàtrl~ir q'lelle dlr ta Pa~rle? Tu 'ha:
�( 3° )
bites depuis quarante ans l'Europe, IX Cans ceffe
vagabond, Ile fuyant devant l'~utorilé ~ les lou.
que tu provoques, tu. n'as, !amals ~u re{p~rer pen~
dam un mois, en paIx, 1aIr du me~~ chmat. Ou
cil: donc ta Patrie 1 quel eft ton domicile 1 dans dei
hôtels garnis, dans des priCons, ou ch~ les femme 6
que tu broquantes. Enfin, quelle eft ta fortune ,.
quelle eft la proprieté , Rom dlfi:;r paffiortntment
de liéger parmi les grands Propnetalres. (1).
. (Il Je ne poffededans I~ natu~eque quime ftan~s.
Ni moi ni Madame Nherar, n avons plus le mOindre chi/ron à mettre en gage; il m'eft impolTible
de partir d'ici ( j'hôtel Coqueron garni) (ans payer;
ce n'eft pas le cas de louvoyer: veux-tu al! ne. veuxtu pas me tirer de peine l Il ell: temps de te ~ec~de.r.
Je ne réclame que les droits que me donne 1am lUe ,
mais je les réclame au milieu de la crife la plus
cruelle. Ce que tU jettes par la fenêtr~ pour don~e.r
à dîner au tiers Ile au quart, qu'a{furement tu n atme, pas autant que moi, me tirerait de peine.
Bon jour, mon Ami: une réponee catégorique,
je t'en fupplie ; car je ulis très-malheureux. Songes
4{ue le 20, on a droit de me chaffer.
Ce 11 Juillet, au foir, 178 ...
Autre Llttre du Comte de Mirahtau, au rntml.
.lIeft de fdit que je n'ai plus ni colles ( cols),
.
( 31 )
Chaires-tu le jour fur la nuit, la nuit fur le jouri
(u te {ubllantes de tes diffàmarions, de te! baffef-
(Ji mouchoirs, ni chemiCes, IX pas une paire d~
manchettes; fais-moi donc, li tu en as le moyen,
faire une douzaine de chemiCes, deux dôuzaines da
colles (cols), autant de mouchoirs; quant à couvrir mon Corps, un habit de Çarniélite, Ile un frac
. tout limple, avec des vell:es IX des culottes de nanquin ou de balin , c'ell:- tout ce qu'if me fuut: choilis un' frac comme ru voudras; pour le linge, li 1II
trouvais un hafard, cela me feroit égal. Pourrais-tu
'tIle procurer aulTi quelques bas de foie 1 Il ne faut
"pas montrer la corde, mon Ami, ce n'ell: qu'à la
derniere extrêmité qne je t'avertis de ma mi(ere.
Je ne fais exaétement plus même comment me
moorrer.
Signt, Mirabeau, fils.
M. de Mirabeau s:érant mis dans la tête de fe
rendre en Angleterre, en qualité d'Ambalradeur ,
avec J'ilJulhe Dame Nhérat, aunl Ambalradrice, Ca
noble compagne; il eut Iln procès-criminel avec le
lieur Hardy, qu'il appelJoit fan Secrétaire, mais qui
étoit bien plutôt fan pere nourricier, comme on le
voit au procès. Voici J'inventaire de (es effets, extrait
fidélement des papiers de Jullice de la Cgur d'a RQ-BAILlY •
•
�. (3 ~ )
ferres, tu efcroques , tu empruntesde toutes rnains;
lx. ne rends jamais d'aucune; voilà ta propriété, la
b ourfe d'autrui ; voilà tes terres, Comte de Mira-benu.
P our M. le Comte.
S~i7eÇhem ife~. {,J Ile ÇlllRtte des Nanquin.
Vn G'lle~o,ll' d~ toile blanp)je.
tl pt; ~ie~le Y~~d'été) brodéè.
Vne Il'!fli·de; f)l\1~t;r~ n~uf~; .
J;lol,l.ze
" Il).au.vai~
bas
dépar~llés.
•
1
" ,
U~ Ch~peau.
1
. .,
.
,Cinqljaple V"lu tj1es, t'lOI rc~es .que bro~heb
.qo\1 t à peU-pfèj !r~nte-cinq ~l\e!llBl~\f~s delp Co,,!,
Yt1'jiqn du, Cq'o/f de Mirabeau.
. l!9 u c - Mfl>{I<V.1le ' " GQIJ/l(jfl.
Quatre Chemi{es.
Une paire de Mitaines.
Une tbemiîe de LinQn..
Une Robe à l'Anglaife.
Q uatorze Serviettes.
D ix Mouchoirs.
Un vieuX: Ma~chon . .
Un Doiii ino noir.
Q uatre JiJpon~.
Deux Camifè les d'Jndienne.
Deux paires d~ Poches.
Q ua tre Cot{ets.
Une vieille 'Pelirre blançhe• .
T rois Mantelets très- vieux.
Deux vieux T abliers de gaze.
Un paquet de Chiffons.
.'
.
( B )
beau. E ll-ce Comme fi ls du Gentilhomme, que tu
veux afTi ller à l'Arremblée nationale ? Mais quel ett
tan pere ? Celui dom lU portes le nom t'a renié j
lU as épui{é {es malédiétions (1).
C 'cll au milieu de ces richerres que le Comte de
Mirabeau ofe accufer le fieur Hardy de l'avoir volé j
& qu 'il a l'audace de prétendre à liéger parmi les
grands propriétaires.
. Nota. M. l'Abbé d'Efpagnac, qui connoît tous
les replis de l'ame du Comte de Mirabeau , ainli
que fa vie in t1lme , a dans fes main's Un Recueil
de lettres dom nous elCtt ilirons les moi9s balfes ~
les moins flétrilfantes. EJle~ (ont écrites à différens amis, & {on t to~tes r.emplies des mêmes perfid ies, des mêmes fi ni/tees delfeins.
(1) Ce reprile impur {entit à peine circ~ler le
crime dam /ès veines , qu 'il o{a lancer {on veni"
dans l'enceinte vénérable où fa famille ven ueufe
attiroit tous les regards & tous les éloges. Il drerra
{on daçd contre fan propre pere , Citoyen {acré
pour lui il tant de titres, & qui a imprimé , dans
toutes les ames ha nnêtes, les {entimens d'une vé.
nération & d'une reconnoirrance éternelle. , pout
avoir été rami des hommes , & avoir con{acré fa
vié à contribuer à leur félicité. L e fi ls dénall1ré de
cet ami de l'humanité , ofa menacer Ies jOllfS. On
fut fOrcé de l'expul{er , pou r lui épargner un parricide. Mais le vatu<ux Comte ne vQulut pas en
avoir le démenti. Ne pou vant égorger fa n pere,
,i l l'afficha , l'in{ulta, le calomnia fan s pudeur. Sa
main aff'a!lille, n'ayant pu mêler du poiron dalU
,
.
E
�\
( H )
'1 Mais n'as-ill pas rafinl pour
En-ce comme am. ,
"
h
' " dire, 1a per fidie al'ec [Qus ceux qUi [Ont 0alOI!
tlOré de ce titre intéreffanr (3)'
,
de ce vieillard re{pettable, (a plume le
les ahmens fi
. &. fiur li~a répUla llon, Dans
d' WH fi r es vertUS
fi [ [, a, t: &. dans (es di{cours , il (c fit un jeu barl'ame de navrer de dou leur, la
es CC " d ' h'
bare d e ec !fer
,
fi
t ce' &. c'ell:
ieilleffe de celui qui veilla (~r on en ~n , bl
1
v,llll!' que par une fatalite bien memora
e,. a,
'c
a ature, Cern bl e aVOir
' ovulu punir ce pereIl:lOlortune
ne l'avoir forcé de pro~uire un tel mon re,
,
dErtrait d'une LeU re cot<j B 3.' du Comte. d. M,rahenu.
De Bruxenos , 16 Mai
J 786,
' des Fr op os [âche';lfnt
Il me revient de P ans
D bas
V 'là des gentilleffes de mere... on& perfides.
01
'd'fi'
.
Sa loUiS
[O[t l'Abbe' ... Je voudrais
,
'mpromeuenr
nez- 1UI encore
t
qu'elle ne tint pas les propos qUi c o ,
'
&. 'lut'"peu:t::ft
yen
très-férieu(ement Mme. NIlerat.'
. '~,
e porter à falte un mamJe ~
treS -allement m,
~ . "fa louange ni a
contre ma mere , 'lUt ne ,lerOl! lU a
celle de Ces Entours.
\
toutes le;
(3) Il feroit trop long de rapPMone~ _, à l'éerfid '[es connCtes du Comte de lta ee,l,
p
gard
de fes amis;; nOUS allons fieu 1eme nt extraire
quelques anecdotes de fes lettres,
LeUrL du Comte de Mirabeau.
A nombre de mes auxiliaires, tu peux comp' 1 q ui n'a nue
u Jeune Avocat P
rOVlOoa,
.. 8 50' ou
ter un
' en fi n, c 'ell a , 000
j c,o oo francs de bien. M aIS
(35)
Ell-ce comme fils adoptif d'une nouvelle 'fa .
mille.? Mais un Tribunal (ouverain n'a-t-il pas été
rorcé d'élever une barriere entre toi &. ton ~po,,(c
infortunée? N'as : tu l'as été Colemnellemenr déclaré par ce ' Tribun , l , époux féroce, corrupteur
adultere , ravilfeur, fallac ieux frippon, pervers &
dénaturé, indigne d'une compagne que le Ciel t'a:
voit donné (4) 1
francs; mais 'lui me cautionnera. A ce propos,
je te dirai, qu'il a paffé à mon ordre des mandats
de (a belle-mere, (ur un M. Macqueri, Adminill:rateur de (on habitation à la Martinique; l'un ell:
échu, l'autre à écheoir à Pâques: il y en a pour
mille écus, &. j'en aurai plulieurs autres, Vois li
tu pour rois tirer parti de cela pour le moment.
Bon jour, cher ami; que con ame &. ta tête ne
s'endorment point.
Signé, MIRABEAU, fils.
8 Janvùr 17 84.
Voyez, dans le n·xueil dont M. l'Abbé d'Erpagnac cil: poffelfeur, l'hill:oire du lieur Hardy (on
ami, qu'il mit entre les mains de la Jullice à Londre., pour n'avoir pas la peine de lui payer li"
louis qu'il lui devait; ranecdo te du manu(crÎt du
Prince de Condé, e{croqué à M. Champfort, Secretaire de S. A. S. de la liai{on du Comte de Mirabeau avec (on Perruquier, à qui il l'ola (a montre, &.c.
(4) J'ouvre les Regiflres du Parlement de Provence, & j'y vois que quelque tems al'a nt cet Arrêt flétrilnmt , que M. le Comte de Mirabean ,
expulfé du toÎt paternel ,- devint l'horreur &. I~
�( 36 )
(. 37 )
-Encore une fois, quels font tes titre! pollr-efpérer , pour prétendre de liéger au milieu d'une.
hon te d'une nouvelle famille, ou il porta tout ce,
que la perfidie, la noirceur, l'arrogance, la br~.
talité peuvent infpirer à une ame corrompue, Apres
av oir empoifonné le lit nuptial, flétri les vertus de.
cette famille adoptive, il promena fes vices.de fociété en fociété, & par des fcélératelfes IQujourS'
nouvelles , il força la Jufiice à le féparer de,
fon époufe ,infortunée, fes amis à l'expulfer de leur
intimité & de leur maifon, fes Concitoyens à le
inéprifer, à frémir à fon afpca odieux, & enfin à
porter de Province en Province, de Parlement en
Parlement, le nom de Mirabeau à flétrir, & de~
forfaits nouveaux à punir.
A Befançon , accueilli par fes jongleries dans
quelques faciétés, ce Charlatan y dédaigna l'unité
& les routes vulgaires du crime, y lignala tout- àla · fois, & ' dans une même :~~ io n, la corruption
la plus rafinée, le viol des loix lei plus faimes ,
fefcroquuie, la Céduà:ion & la ' lâcheté la plus
vile, Peu content d'avoir féduit, par fon bavar-'
dage, la femme d'lm Prélident , d'avoir déchi~é fon
cœur en fouillant fa couche, le vutlUUX Mirabeau engage fon amante à voler fon mari, & fuit
avec elle chez l'étranger, On pourli.lit les coupables, la viaime en arrêtée, le vertueux Comte ,
lIlodellement tapi dans le tuyau de 'la cheminée,
D'a pifié ni des cris 'lue pouffe fil viaime, ni des
mau\'ais traitemerls auxquels elle ell: expo(ée, quoi-
,
immcnfe & . vertueufe famille dellinée à travailler
~u bonheur comm un! Ah! ou tn ferio~s.nous, où
~n feroit la Patrie, li fes intérêts, fa profpérlté,
fa gloire étoit cori fiés à des hommes corrompus!
II. feJoit l'organe, de la vertu 1 d~ la liberté, l'Apotre d\! parnoufme, cet homme faqileg!! don,t
la plume djlfà me (ans celfe la fainteté des m,œllrs,
!e génie & la bravou~e , & à qui on n~ pardonneroit jamais d'avoir écrit, s'il n'eût aulli eitayé
fes armes comr]! l'immonde Beaumarchais! Il {etoit donc l'interprete de la Nation, ceiùi qui ,-tourà-t.e ur , fut 1'0rineul< du deljJo\ifme & d" l'an'ar:
chie de la Cour, de la Ville, des frippons & des
~fyles de la l,ubricité publique, J'ouvre un de 'res
Ouvrages , ( ma Ccinverlion) les premiers mots
fom ceux-ci: J e fus toujours un vaurien, {sc, La
pudeur m'empêche d'en lire davantage, & je re.
ferme le livre avec horreur.
_ Dans tous ces libelles , ~é faméfi'l,ue Ecrivain e~
,'
;u'il pût facilemem la délivrer, puifqu'un feul homme la lui arrachoit. Mais M, de Mirabeau calcul oit
trop bien, pour s'oppo(er aux violences de l'Ac:
~her. Il alloit les elfe.!s '& l'<i; gent. du Prélident,
,'ell tou! c.e qu'il vouloit; la femme,lui devenoit
il charge. Enfin, on le (o~tit de la cheminée plus
noir que jama~s, On Je !raine dans les pri(on~ de
I~ Conciergerie où Il lut flétri, déclaré infâme,
~ auroit été pendu, li la famille d'Efpagnac, qu'il
a depuis tant caloinQié", n'eût eu la c'harité dr:
faire évoquer le procès au' ConCeil, & fût p~r~~
nue à le délivrer dei mains du bourreau.
�r Apôtre du crime
( 38 )
& de la {éd ition; il (fi toujours
& par-toUt ,l'intrépide fouleyeuf de l'opinion publifjue, contre les amis du bien public & de l'ordre.
'.
, Ah! li l'on veut la perdre entiérement cett~
Monarchie, que le Comte de Mirabeau voit avec
tant de ,colere {ubfiller II< s'accroître, fi la France
doit enfin être engloutie dans l'abime que' quelgues Rois & plu lieurs Minillres Ont miné fous {es
fonaemens, qu'on mette {es intérêts entre les mains
des Mirabeau du ;liede. Mais li vous alTemblez
vos Etats-Généraux' pour répa rer cette longue {érie de calamités fous le{quelles nous gémilTons ,
gardez-v~us bien de choifir, pour les Repréfentans d'une N'ation franche & loyale, dés ho mmes
Ems mœ ~ rs , vendus au prem ier qui l'eut mettre
à prixïeur baITe!fe & leur làche complaifance.
Gardez·vous bien d'y convoquer un {eul C itoyen,
que {es vertus , fur-tom une longue pratique de toutes les vertus, n'ait déligné à la voix publique.
N'importe de quelle c1a!fe, de quels titres foit décoré le Repréfenrant, pourvu qu'il {oit honnête
homme. Mais cette derniere qualité ell indifpen{able pour opérer le bien , pour même ofer l'entreprendre, & les hommes honnêtes ne croient pas
encore le Comte de Mirabeau a!fez imprudent,
alTez vain, pour ofer réclamer un liege dans une
A!femblée de Citoyens irréprochables.
" Quant à moi, Monlieur, ajoute le Comte de
Mirabeau dans la lettre {uivante, puifllue 'Votre
ponti me nomme encore d côtl des defiinées de la
, Nation, dans Cft" helle 'poque, vous ave\ raifott
\
( 39)
tic croirt 'lue j e ntforaijamais la dupe nl~ l'inj1ru
ment d'lin parti .... Un pa rti! En efi-il donc pOlir
fjllifo reffa7e l EIz! fjuel préyaricateur aJ!è{ 14clu, fjuand il peut s'Izonorer d'ul) tel client , pen flroit d prendre Ull tel Patron ? Ah! ils cannoi{ftnt hien peu les erreurs dt ma l'il, & les dlfauts
d" filon eJfrit, de flIon carac1ere , ceux qui croyent
<Jue j'aurois pu rififier d IlUS propres fautes &
celles des autres, Ji je n'ayois eu pour lurne! appui, le courage de la honne f oi, & la ctl"de~r
de mon amour pour le hien public & La yüité. '
La plum~ me tOmbe des mains, Monfieur le Baron, & je ne puis plus' long-temps parcourir, ni
relever cette {cene continuelle d'horreurs, où le
Comte de Mirabeau joue un fi dételtable rô le. Les
injures les plus atroces, les imputations les plus
horribles tournent toujours à la louange de J'honnête homme, quand c'elt Mirabeau qui le per{é.cute; mais le Comte de Mirabeau aura peut,être
cet avantage, en {ouillant {ans celTe les mOts {acrés
de honne foi, d'amour pour le bien public , po~r
la vlritl , ces vertus fi nécelrair~s &c fi Iquables
dans un Citoyen, qu'il répandra {ur elles l'infamie
& J'opprobre; & que, de même que Beaumar·
chais a avili le titre de yertueux ami, en ofam
J'employer dans les écrits imprimés fous {on nom ;
de même aufli la . vérité, la candeur, &c. feron t
quelque jour des fignes d'opprobre & de dérilion ,
puifque Mirabeau ofe {e couvrir de leur bouclier
vénérable.
.
Ma patience ell à boU!, M. le Baron; je vous
-laiJTe le foin de COmparer la fuite dll Réfoltat & de
�•
(4° )
la Correfpondance. J'attends inceITammcot vos oh.
{ertations. Paix, joie & Canté. Va/e..
LETTRE dt M.
C'ÉRUTTI aux
Auteurs du Jour-
nal de Paris.
Volre Journal eft digne d'être n'on-Ceulement l~
dépolitaire des bons principes, mais encore l'ar?itre
d es bons procédés. Qu'il me, (Olt d~n~ permIs de
vous aârelTer ma plainte fur un pro.cede tout O?tJveau. M. le Comte de Mirabeau VIent de publIer
une CorreCpondance qui devoir demeurer fecrerr~
entre lui & moi, & qui, roulant fur de~ obJer~
très-graves & des perfonnes trè~-refpeaables, de,mandoit; ou d'être plus réfléchIe; ou de relter m~
coonue.
'
.
Dans le commerce épiltolaire, on s'abandonne jl
Ces idées & à Ces mouvemens ; cet abandon qui e(l
permis daris une lerrre confidentielle, ne l'elt poulr
.dans une lettre ortenfible, Oll du moins, fi l'o.n
veut traduire en public ce qJe l'on a jené en particulier, faur-il y repenfer un moment, foumettr~
aux bienCéance, Une plume trop libre Oll trop f~
cile, & juger li l'on n'a pas éré trop prelTé par le
temps ' ou trop enr'càîné par la confiaI,ce. M. le
Comte de Mirabeau a Cuivi cerre méthode pour lUI;
il a fuppriÏné plulieurs exprelTions de {es l~m~s ?
eelalrc!
,
( 41 )
éclairci plulieurs de {es raiConnemens, repoli en
quelque Corte & forrifié les armes dont il Ce Cert
dans notre difpute. N'auroit-il pas dû, dans Jes regles judiciaires, me ménager l'avantage qu'il fe donnoit l Il imprime mes lettres ou mes réponfes faites à la hâre & queJquefoi~ au haCard, & il imprime Jes liennes retouchées Jentement & avec réilexion. Comment concili~r ce procédé avec cette
loyauté dont il parle fans celTe? Regarde .. t.il cette
varru comme une figllre oratoire? Dans [on ouvrage fur Ja liberté de la PrelTe, iJ n'avilir pas mis
en principe que l'on peut imprimer routes ,Jes Jetrres qu'on reçoit.
'
Il dir dans la Préface de notre Correfpondance,
qu'il a baland s'il la rendroit publique. Comment 1
il a balane! s'i l rrahiroit Un fecret, & iJ l'a trahi 1
JI s'abfour d'avance, en prétendant qu'elle fer~
honneur d mon eJPrit: elt-ce pour procurer des
fuccès à mOn ,JPrit, qu'il a ménagé un triomphe
au lien, & qu'il a placé à côté de quelques lettres
iimples' où je me repofois ftIC la bonté de ma caufe ,
des fa6twms rédigés avec to4t l'art de la chicane &.
. toure Ja yéhémence de la haine? .
Il me féJicite avec une bonhomm ie digne de lui"
de la fayeur que mes lerrtes me gagneront en tout
genre: c'elt donc po.ur grolTir cette falleur ,qu'il
a rellgiEufement conCervé dans ,mes lem es quelques
termes injurieulC c'> ntre le Clergé, contre les Partifans des anciens Miniltres, & contre les prétenPons ,de la Nllhlelfe, termes qu'il a effacés dans C~s
F
�. .
( 41 )
propres lettres, de peur de m'enlever la fallfur 'pu-
t Eque.
11 m'accure d'avoir prolloqul cette corre{pon-,
d ance; mais il a oublié apparemment la leme qui
l'a occafionnée, /3{ qui ell de lui. Dàns cette lettre
Gue je garde, il me prédiroit que la proportion délibérative /3{ repréfentatÏl'e ne feroit pas accordée
;au Tiers-Etat. Elle velloit de l'être: je lui écrivis
filr-le-champ, moins pour fui demander {on opinion, que pour lui remontrer l'excès de fa défiance., Voilà l'origine d'unc Correfpondance dans laquelle on verra que je veux toujours finir, /3{ qu'il
veut toujours pour Cuivre ; que je ne irele"e jamais
fes exprelTiO!1S , /3{ qu'il s'acharne /i.u les miennes;
que je crains fans cefTe de blefTer, /3{ qu'il déchire
t out cc yu'il peut. Enfin, il' prétend que je faiCois
circuler-Ces lettreS: mais ell-il naturel que je fifTe
circuler la Catyre de la perConne que je défendois l
Efi- il naturel quc je l'oulu{fe compromettre un CorrcCpondant, ou livrer un AdverCaire l
-:
M. le Comte de Mirabeau ne compte farre il!u-fion à perlonne ,/3{ il ne fe fait pas illu!:en à luimême. Quant à moi , je ne \luis déCavouer 'des let'tres que j'ai écrites ; mais ne les ayant pas defiinées
au Public, je le fupplic de les regarder corr.me nulles, /3{ de penfer que fi jamais je fuis forcé d'écrite
à M. le Comte de Mirabeau, je ne croirai pas
-écrire à un homme du Monde, ni à un homme de
Lemes , ni à un Philofophe, ni un Ami; mais il
un Imprimeur tout prêt à mettre atl..jou~ . les.cho[es
les plus indifférentes ou les plus dangereu{es. Je fi-
a
m~al
( 43 )
par un mot: en accu{ant M. 1 C
Mirabeau d'infidélité, je dois m'accuf:r d~~te d.
dence; car ce qui m'eft arrivé n'a éton~é qu':~~~
r
Signé, CillIlTTr.
�PREUVES
•
CONTRE
M· LE COMTE
DE MIRABEAU
SUR
la dénonciation de l'agiotage, &
réponfe a l'ahbé d'EfPagnac.
J
1
7 8 7.
�A V ANT.,PROPOS
DE PÉDITEUR.
...
•
,
.•
\
N'El!:-il pas étonnant que monfieur le
comte de Mirabeau ait publié plufieurs
brochures fur l'agiotage des fonds publics , dans lefquelles il attaque l'ad miniltration, les minil!:res, les compagnies,.
les banquiers) les aél:ionnaires, les agensde-change, & que tout Paris ait gardé
le filence , trant [ur fa f!1anieœ d'écrire,
que fur le fujet qu'il écr,it, fujet qu'il ne
connoÎt poillt ou qu'il connoÎt mal?
Il el!: vrai qu\m abbé ~'Efpagnac lui a
répondu ainfi: vous ltes un fou , vendu
aux corbeaux , qui vous nourrij/ènt. Mais
infulter n'efi pas répondre.
C'efi le filence général qui a mis la
plume à la main de ce dernier auteur,
pOlir défendre la caufe publique.
Le leCl:eur verra qu'il ne prend pas la
peine de le fuivre dans tOUS les lieux
communs de fa derniere brochure; il fe
conrente , après en avoir relevé quelquesuns, de réfuter le principal.
Moofieur le comte de Mjrabeau prOuve,
!\.2.
�( 4)
ou \l'eut prouver, que l'agiota~e :fl: , par
là nature, ruineux; & celUI-cI avance
qu'il a ou peut avoir, des endroits avantageux '; & c'efl: le véritable objet de ce
petit écrit, &c.
PREUVES
CONTRE
M· LEe 0 M T E
D E MIR ABE A U.
IL vient de paroÎtre
deux ·brochures., qui
dè notre fiecle ; elles dés-
font la honte
honorent l'dprit humain. Ce font deux
auteurs qui couvrent des pages entieres
d'inveaives perfonnelles. Le premieT fe
nomme pour infulter avec plus d'audace;
le fecond efl: un traître, qui oCe fe montrer en face pour dire des horreurs.
Lorfque je lis des écrits remplis de paroles malhonnêtes, il me femble que je
vois des crocheteurs qui fe querellent,
ou des laquais qui font dès livres. La
r.etenue & la modération ,font les premieres loix littéraires; lorfqu'un auteur ne
�·
( 6 )
les obferYe pas, il s'expolè ;lU mépris de
tous ceux qui le lirent. Oeil: manque~ ail
public, que de lui préfenrer des tapleaulÇ
injurieux. Qu'a-t-il à faire de ces peiptures atroces? Elles n'ont d'autre effet
que de lui faire perdre un rems précieux.
Il feroit airé de confondre ces écrivains
par leurs propres écrits. il [ulEroit de
leur faire c~Jte qJJdhon : quel efi votre
deffein? Efi-ce de changer quelque maxime
du fyfiême polirique , ou quelqu'abus du
gouvernement économique ? Hé lJien !
votre plaljlt en manqué. II n'y a que la
modération & l'urbanité qni puiffent propuire cet .effet. La douce\lr & l'affabilité
ont abo1i p1us de vices, que jamais la
bauteur & l'ar.rogance n'en ont réformé.
L'~fprit de méchanceté efi un mauvais
millionnaire; il n'a jamais converti ni les
hommes, ni les gouvernemens. On [~
méfie d'un auteur, gui, pour corriger,
ëommence par infulter. Le génie réfor-'
mateur n'ell pas faÎt COmme cela. n
eil: l'ennemi de la vengeance & du rer....
fentiment.
.
.
M. le comte de .Mirabeau , gui Oùvre
l'attaque , . don~e à fon livr~ le tjtr~ ik
dénonciation de l'agiotage. Ç'e{l: .tllJe ~u~f
tion , fi un particulier qui ne tient 'li au--
(. 7 )
eune cour, ~ aucun tribunal , qui n'ell ni
inagill:rat, ni juge, ni rapporreur, peut être
4/nonciateur. Pour parler dans tous les
principes , il le peut, & le doit, dans
une x:.épubliq~e, parce que le gouvernement appartient, à chaque cicoyen , &
gue la reforme ô'un mal eil: le bien de
tous.
, Il n'en efi pas de même dans une monarchie qui a fon vengeur public chargé
1 4e la découverte des crimes & des abus
pour en faire [on rapport à celui ou
ceux gui dirigent l'empire. La nature des
ch,ofes le demande ainfi. Dans quel danger ne [eroit pas ce gouvernement où
les haines perfonnelles [ont fi prè; les
unes des alj[~es '. où l'envie ell: toujours
«;1'1 aébon , ou la Jaloufie des rangs excite
des murmures, où la différence des fortunes en met une Ji grande dans les caraae.res, où l'opulence caure une indignation [ectete, où le pauvre eil: toujours
l'~n~emi du ri~he? Dans quel danger;
dIS-Je , n~ ferplt pas ce gouvernement fi
I?n,recevol t les dénonciations de tous c:ux
qUI [~ préfenteroient pour les faire? On
verrOlt la pâleur répandue fur tous les
froors j plus de [ociété, plus d'union
p!us de confiance dans les familles, plu;
d amour entre les parens.
à
�( 8 )
_
Que ceux qui ont lu l'hiiloire romaine;
fe rappellent les tems oll les empereurs
m irent leur confiance dans les dénonciateurs ; il n'en fut jamais de plus funelle
pour l'empire romain. C'ell que Rome
n'éwit plus une république, mais une
monarchie.
D'ailleurs ces dénonciations perfonnelles ne fauroient être légale par leur nature. Pour déna.ncer juridiquement ceux
qui font des monopoles, il faut des témoignages authentiques; c'efi-à-dire, des
preuves par écrit, des conventions, des
contrats, les examiner, les rapporter,
les vérifier. La voix publique ne fuffit
point. Les bruits qu'elle feme ne font '
jamais tels qu'elle les répand. On dit ne
fut jamais reçu en Jurifprudence criminelle , ni civile; c'ell un témoin qui n'a
que des oreilles & point d'yeux.
De la dénonciation à l'efpionage, il
n'y a qu'un pas: deux perfonnages odieux.
En effè t, rien de plus méprifé dans le
gouvernement monarchique que l'e{pio~
n age & l'efpio n ; c'ell pourquoi le préfident Montefquieu dit (1): qu'on'p eut juger
, dl".I: '
( 9 )
e lflJamze de la perfonne , par l'infami.
de la ahofe.
~ais, je fuis citoyen ; non, vous ne
l'êtes ~as. Le citoyen ' eil celui qui ne
rn~t palOt en efcandale fes compatriotes,
qUi, che~ch~ plus, à corriger qu'à injurier;
& Je fUIs bien alfe d'avoir dit un mot fur
cette maladie contagieufe, qui porte la
p lupart des perturbateurs à fe faire dénonciateurs.
Quelqu'un a dit que le fiyle de monueur
le comte de Mirabeau eH nerveux ; ce
n'~f!: pas le mot, le voici, il eil furieux.
C ,eil un~ fievre ardente, un délire d'ef..
pm contmuel. Le malade n'a pas un moment de repos. La violence & l'empor~eme~t durent depuis le ,commencement
J,uf~u à la fin; nos hons hvres ne font pas
ecnts comme cela.
Ja~ais écrivain n'a publié un ouvrage
de, reforme avec tant de falle & d'oHentat~on que celui-ci." J'étais à Berlin dit" JI , lorfque j'appris la convocati~n de
" l'affemblée des notables; & auffi-tôt je
" me fuis dit dans cette occauon folem" nelle ; ru paier~s le tribut de toQ faible
" talent à la patne & à ton TOi.
ce début? on voit qu~il n'eH p,", inftnjlt. Il ne falt p~ que les macieres que
l:
(I) Efprit des loix.
B
�( la )
les notables doivent approllver , {Ont décidées: il ne [ait pas que leur en(emble
fe réduit à un cerrain nombre; il ne (ait
pas qu'on ne dOIt re~evoii' aucun mémoire
particulier ; il ne fait p.as 9ue (on plan de
réforme el!: fotlt- à-faIt etranger à leur
a{femblée' il io-nore qu'il n'a aucune miffion; il ig~-oreO que (a maniere d:é<;rire a
déja révolté beaucoup de gens; Il Ignor~
qu'il n'a point la confiance pubtrque; Il
ignore qu'on le regarde . plutôt co~me
un pertUIbateur, que comme un reformateur.
Cependant ne ~r~ir~it.op pas, à (o~
début & à la préc lpltaUon avec laquelle
il fe rend à Paris, qu'if ef!: c(Jn~ommé
dans la (cience du gouvernement ~.COno
mique, & qu',1 a des lumieres à, communiquer au roi & à cette affe~lblee, de la
derniere con(éqllence? Pomt du tour;
c'ell la dénot;lClàlioll de l'o[JÎotage , mo~
nopole connu dès (on origine, cenrMe
de pluiieurs, & blâ~é ~; tous, , & cOl:~
tre laquelle le confell d etat a deja lance
plufre-llrs arrêts.
.
Cependant il re.mplit fa broc~ure d~
noms injurieux contre les agIOteurs,
comme ceux de voleurs, d'.efcro'lueurs, !
d'efmmoteurs, qu'Ir a l'honneur de 'pre-
( Ir )
{enter aU., f"oi 1 oubliant qu'il s'arroge un
droit gui olle. l~i appartient pas, puifqu'i(
n'êl!: p9"-rnis à jlu~un écrivain, en pu:
bliant un livre, de placer fon nom à côte
Ile celUi de 19n fouverain, fans en avoir
~bten~ 'la perrniffion : s'il en étoit autrement, la ppHérité, en lirant ce livre,
pqurroit ~roi"e , que ~e ,•.If1eilleur de tous
les rois a 'prot~gé le p~us m,échant de tous
le,s hommes.
.
,
'. Il Y a aujo\lrcl'hui une ~fpece de maladie épidémique
, . . qui'
, reg:t?-e
. . chez la plu.
part de~ ecnvams ecqnon;uques, qw a
{es accès & . (es redoub~~fI}ens; car, }qr~
qu'un au,teur diç que .l:é,tat eIl en defordre' , un autre dit qu~il -ef;l; <;\é[ordOJll.le~
Si un troifienle ' dit <w'il, :eIf endetté, un
quatriem~ ajoute qu'il ~ r~iné ; . & ~e
pOJtlji~ .en,r portra~s {'olfJel~ va jufqu à
l'anéanhfl'et:uent . totaL
,le. ~a monarchie..
.
.. J ... tt "'J'J
Quelqu,~~oi~J Il\ême p,?ur reçdre les traits
de pi[:\C;eil-\hPlu~ brillap,s, ,-l'offenfe & l'in~
.
, : m~l~~t.
"' _
jur,e
s.:~
( •
1" La.F t:{lnce , dit, celui·ci , reroit-elle
" deHin~~ à, donner encore à- l'Europe le
" rpeél:acle ignominieux d~ [cenes de cor" ruption. , de défordre., & de .rapacité ~
" qui Ont irrémiffiblement flétri les der•• nieres anuées du regne de Louis XIV ,
B1.
�,
•(
~'
l'l. ')
l' & les premieres du regne de Jon (uc'::
ceifeur? Les leçons du pane '~, nos
prqpres lumieres, les exempfes '8e hos
rivaux, ne produiront-ils fien 'j)our la
nation? ne ferions-nous condamnés à
figurer fur ce globe, que comme des
êtres doués des plus heureufes difpofih tions, mais' 'incapables de ' furn;lOnter
" les caufe's qui nous retiennent dans les
" accès périodiques d'inconféquence &
;, de déralfon? L'efptit public & fes ver" rus doivent'-ils à jamais nous être étran~i gers? Notre Louis XVI fera ~ t - il
') cbrome les' autres rois ? Serons-nous
i, t'ou.jours des enfans dOlleS d'es plus
H h'euteufes c.\ifpotitions?"
' 1
, Par cette -eX'o rde , ' on peut juger d'avance (pour me fervir de cette expreffiOn ) du fer,mop ,économique que cet
hQmme va nous p,rêcher.
!. ," ,
fj'aoord, en ter'me de gouife'r nement;
le mot d'ignominieux en iniJrie'ux, il né
peut fe dire que d'un état 'retnpli' de' vices
b'as & cr,apùliux, Notre LOUIS XVI êfl: ûne
exprelIiol1 impropre, Des enfans doué~
des·plus heu!eufes difPofitions: ne fauroit
~'appliqu'er à une nation en corps. Si on
'pouvoit placer ici une dériGon, je diroi5'~
'qu'il n)y a pas jufq1J'à Arlequin qui n'ait
h
"
"
"
"
"
,
'
,
( I3 )
't'It au theatfe Italien, qu'autrefois les
~ranc;ais étoient des enfans, mais qu'auJourd'hui ils font de grands garc;ons.
Monfieur le comte de Mirabeau emploie vingt morcelles pages pour crayonner un tableau hideux de la France. Quoi!
,
'.
n a~rons-nous JamaIs que de mauvais colonnes qui faifel1t des peintures défavan-rageufes du plus beau royaume qui exine
fous la voûte du ciel? Ne reviendra-t-on
point de cette funene erreur? Seronsnous toujours condamnés à n'avoir que
de~ efprits [ombres & ténébreux , qui
vOl~nt tout en noir? Ne paroîtra-t-il ja~n~ls quelque grand écrivain économique,
ql11 calcule au june les défavantages
d~ la ,~rance par [es avantages? Cette
anrhmwque politique ne [e développerat-~Ile pomt? Il . en triHe qu'on puiife
fal~e ce,repr,ocqe au Gecle le plus éclairé
qUi fut pmals "où la géométrie s'efl: intro~ulte ~i1r;tout , & où l'~fPrit de calcul
a gagné, Jufque dans les plus petits ha~ meaux.
J'ore le dire, la France au moment
, ""
.
ou J ecn~ , .en le royaume le plus floriffane d~ 1 UDlvers. Sa puiifance dl: dans fa
popu~ation: On ne trouve aucun empire
la, ~eme etendue, qui ait vingt-quatre
mIllions d'habitans.
,
�(
( 14 )
.
h'
,
La "ilu/Iie ~ qui va jufqu'~ la C lOe ·,.
n'en a pas tant, & routes les ,r~publiques
& monarchies du monde chreoen en on~
moins. Or , comme c'efl: du nombre des
bras que dépend la fupériorité des états "
la France efi fupérieure à touS les autres
états.
.
Son phyGque efi le plus riche de tous
les ' continens de l'europe; il donne en
rotai, ce que les autres ne donnerit qu'e?détail. C'eH peut-être le feul dans l'UnIvers, qui produire tout ce qui. efi nécef
faire à la (ubliHance de fes habitans.
La France peut fe paffer de routes les
nations, il n'en efi aucune, & prefque
aucune qui puiffe (e paffer d'elle. . ' f '
. L'Angleterre reçoit de la France ,des
vins des huiles, des toiles , des fruits;
qui I~i font d~venus néceffaires. Tous .Ies
états du nord ont les mêmes befolOs;
L'univers entier paie le tribut à fon in~
dûfirie, & elle peut fe paffer de celle de
tout l'univers.
.
Son commerce efi au/Ii floriffant què
fon agriculture. Une natio~ qu~ c~ang~
continuellement de modes; qUi fait fer~
vir fa légéreté & fon inconfiaqc~ à la
circulation publique, doit s'enrichir p~r
les vices mêmes qui fervent à appauvrIr
,
.
1
~
)
les autres: parce qu'elle a la matiere &
la forme, & que la plupart des nations
qUi. ont l'une, n'ont pas l'aljtre.
Sa finance efi plus confidérahle que
celle de tous les états numéraires de l'europe. Elle efi de deux milliards trois cents
millions: (1) c'eH-à-dire , que la France
a, à elle feule, un peu plus du tiers de
tout l'or & l'argent qui fe trouve aétuellement dans la république générale. ('-)
Si on divifoit les finances de la France
par le nombre de fes habitans, i-l fe trou~
veroit environ cent franq par chaque
fujet ; richeffe immenfe , dont la proportion relative ne s'eH jamais trouvée dans
aucun état.
L~ roi de France efi le premier roi,
depUIS la fondation des monarchies, qui
ait joui d'un revenu au/Ii immenfe que
celui dont il eH: en poffe/Iion. On parle
tle l'opulence des empereurs romains,
il s'en faut bien qu'elle foit comparable
~ celle de nos monarques.
Il eH vrai que les impôts font confiàérables, mais ils font par-rout relatifs
(1) M. Necker ne campte- que deux milliards.
(1) ,On a calculé que tout le nllmétOlire de feurop~
cft d'environ (ept mitlliJrtb.
.
�( 16 )
aux charges de l'état. Il fuffit de connoÎtre leur nature, pour juger qu'ils ne fOllt
pas trop pefans. L'impôt dl: une portion
que chacun donne de fon bien pour jouir
paifiblement d<: l'autre. Or, plus cette
feconde jouiffance eft en danger, plus il
faut y fuppléer par la premiere.
La dette nationale naît de la même
{ource. Lor[que dans les dépenfes extraordinaires, les impôts ne fuffifoient
point, il a fallu néceffairement Y fatisfaire par des emprunts, fans quoi l'état
eût été perdu. Alors ce~n'eft pas la nation
débitrice qui eft la plus foible, ' mais
celle qui doit davantage;. or, on peut
dire que la France a encore l'avantage de .
ce côté-là, 'fur le Portugal, l'Efpagne,
l'Angleterre & la Hollande. Il nous fuflit
d'un feul régie ment pour nous mettre au
courant. Que la calotte rouge, la foutanne violette, & l'habit brodé paient
dans la proportion du produit de leurs
terres, & la France fera le gouverne':
ment le plus riche du monde.
Monfieur le comte de Mirabeau pré~
tend que touS les maux qui affligent la
France, naiffent de l'agiotage des fonds
royaux. C'efi leur donner une origine
bien nouvelle, & ne pas les faire . reI:I1o~ter
.
( 17 )
ter bien haut, puifqu'il y a dix ans qu'au-,
c un~ des compagmes à aél:ions n'étoit
créee , & qu'on ne connoiil'oit point ce
.r;10nopole que le fyHême de Law avoié
etabh
.
r: I l '
.
, ~ & que le r:'eme
lylreme
avolt
aneantl. Ce~endant 11 on fouille dans les
archlve~.:meraires de la France, on trou ~
ve ra qu 1 y a près d'un fiecle que les aureurs économ iques fe plaignent des mê-'
mes maux dont il fe plaint.
.:
.L,e même agiotage qui viel{t de s'éca':
bh~ à Paris, eft établi en Angleterre depUiS ~ong-te~s. Il y a même eu des révolutiOns qUi ont reffemblé à celles qu'éprouva la France au commencement de
ce fiecle. Cependant on ne voit pas que
ce. monopole ait arrê té les progrès de fa
pl1lffance ; peut-être même a-t-il contribué à l'augmenter. Il en efi des gouvernemens, comme des individus: il leur faut
quelquefois des maladies violentes pour
les tirer de l'état de langueur où ils fe
trouvent.
La France, qui le dirait! doit aux
malheurs. d~ fyfiême, toute l'indufirié
~ont elle Jouit aujourd'hùi. C'eft que, poùr
1ord1l1alre , les bJens naiffent des mau x.
La rume de ceux qui perdirent toute leur
fortune au Miffiffip:, jetta une émulation
,
C
�( 11l )
(l~J.ns leur lime; ils devinrent
1'1\\s a-ébfs.
Ldrfq\J'une fois les hommes fu font ml's
eh ad:ron par Paval"tce ou 1'àmbitiGn, ils
voht toujouts par ce premier ltlOU\Iement; alors ', l'aV'itfité -d'avQlÏ'r , lenr ouVre la Forte à 'tous les moyens -d'acqllhir.
. Après -que 'n'!onlleur le comr~ de 'Mi-'
ia:beau a 'défiguré la FranCe par' un portraYt qui n)eft pas ie fien ; il finlt fÔh tableau p'lr dire'-qn~il n'à poto't 'de CO'nn:rrü~
fion; ce't're afferriop eft ii fofble , 'qp"èllt:
Île vallt pa's là Vètrre 'd'être réfutée. '
, -Ce feroit 11U 'phénomèl1e 'bien remargua:b'le 'da'n's l'h/ft:oire -du ttr'orrde, qu'une
fociété poliriqàe , tjùi te 'm!J.imiendroit
pendant plds de m~Uè ans, fans 'un 1}rftênie fondàme'ntal. Les -états , c ' e'tl:-à_
alretes homtnes, 'n'ontp'as cetre force de
co'nfiance; la 'co'rttrptldn dét.ruiroit ie
gouvern-ertlem, 'ou il pà1feroi't fous les
Joix d'un i[,iltah.
, , Oh 'c'Onf01T8 'o'rdinairettrehtles vices de
]a eonftitll.tion avec la conltiturion, 'deux
:c'hofes 'bien 'ddFétentes; car oh 'peut 'corri[e'r tes un'S , '& non 'Pas changer l'autre~
Il prétend ' qae 1e gou'Verne'lt1ent n'efl:
l'0rnt afréz 'i l1 frrùit, pOur remédier alix
àbus qUi nai/rem de l'<1giotâge. Il p<frùîc
t1!pe'nl:la'n't qcre te cobf~il 11''e'fI: affez, 1tirf..
r( 19 ' )
que eenfLlranç un de ~es livres à-peu-pr~s
dans le genre <te dén01'lç~ation 7 il s'e~,.
prime ail.lfi: c'ifl l'o.IJvcage 4'U('l. de cçs
particqliers, qqi ft 4afardent d'écrire for
de.s matieres dont ils ne font pas jnjlrufts"
pow prOl;uner des connoiffonçes u;iles. C'efi:
apr~s çe~te ft:n,ence , que l'auteur s'écrje
plu lieurs fois, moi mal ilzfiruit ! moi fT/a/.
illfiruit ! Opi '- pourrQit~oQ h.Ji répçlOdre ,
mal iriflruit. Où aveZ-VO\l~ pris vos grades
de banque, '~'argr:l1ç, d'aç9:ions , d''lgio,..
rage ? Dans quelle univeroté avez-vous
palfé doél:eur en économie~prati qlJe?
CertainemelJ.t vous ériez mill in{huic , ou
VQus n'étiez point il1firuic , lorfqp'ufl
,étrilnger vous dQnna ks premiers élémef\S
de la caiffe d'efcomp~e, de celle de Sain~
Charles, & de la ~ompagni.e de Perr~er,;
_,'dl; fur ces élélpen-s q~ ~'9~S avez ~levé
cet édifice ~e p<1rQI~s, Àqnt v.ous ô:!vej:
rempli rroi.'! ou ql,la~re brodlUres_ Sal1s c~t
homme, wou,s n'auriez jamais parlé de c~
que vous ne faviez pa~, ,& de ce Au/jl
vous étpit impo/Iible de favoir. C'efi 14 i
qui a fait, par votre pl\lmr: , ~a r.évolution
de l'agio t'Ige , comme il il {ait la révolution de Gèneve , &c. ~~.
Cep,en.cla~t monfieur Je comte de Mi-rabeau fe donne les viol.ons'@fl ces term&S :
C~
�·
' ( 10 )
'( 1 l ')
" Dès Papparirion de mes premiers écrirs;
" dit-il, où j'éclairois les folies du jour,
), les charlarans perdoient leur crédit ,
" les hommes .de bonne foi, de quel" que jugement, revenoient de leurs er-" reurs. On voyoit retourner à leurs oc" cupations ordinaires, ceux que la cu-" pidité avoit éveillés, féduit par le bruit
' " de tant de faux gains; & qui, fous le
" bandeau de l'ignorance, bourreaux &
-" viél:imes , s'expo[oient à faire ou à en'" durer mille indignes eCcroqueries ..... "
·Je dis que lorCqu'ol1 avance une affertion,
~jl fàut la prouver. Si fa premiere brochure
' avoit arrêté 'les déCordres de l'agiotage,
il n'auroit pas 'eu befoin d'en faire une
-feconde , pour prouver que le mal a con-fidérablement augmenté.
" Le gouvernement, dit-il, a en cou-" ragé' mes utiles travaux, il m'a même
." engagé de les continuer. " Comment
-cela peur-il s'accorder avec la Centence
,de l'arrêt du conCeil qu'on vient de lire,
'qui déclare en rermes form els, qu'il n'e!l
pas ajJè1. inJlruit , pour procurer des con7lt>ifJàuas -utiles. Lor[qu'une cour Couveraine déclare ' un aureur incapable d'jnf"truél:ion , ,il e'ft interdit, c'eft un écrivain
:mOI! 'littéralement.
Et non [eulement monGeur le comte
'd e Mirabeau accuCe le gouvernement d'ignorance, mais même il le rend coupable de prév~ntion.
" Tel, dit-il, qui Ce croyoit de l'hon" neur; voyant même qu'on ne vouloit
" pas lui en fuppofer, a laiffé là l'hon" ' neur , & a cherché à fe procurer par
" la mauvaife fqi, ce que lui ôtaient des
" arrêts, des jugemens , des arbirrages ,
" où les principes de la bonne foi étaient
" enriérement wcrifiés à des préférences
" arrachées par l'intrigue. "
C'e!l dire en bon français, que le
gouvernement a favorifé les mono poles
des agioteurs. Cependant on fait les
moyens qu'il a employés pour les pré",enir :..s'il n'a pas réuffi , c'eH que la cupidiré & l'avarice Cont fouvenr plus fortes
'que les meilleures loix.
Il prérend 'que l'agiotage a établi un
ce-nouveau genre de monopole, qui
:lui de faire valoir l'argent des banquiers,
li raiCon de vingt-cinq pour cenr. Ille dit,
,mais il FIe le prouve pas. Il ne voit pas
.qu'un tel intérêt engloutiroit l'agiotage,
'qui iroit fe perdre lui-même dans le
'gou/f-re de l'ufure. Ce [eroit peut-être le
i eul remede au mal, fi le mal n'étoit
ea
�. ...
(
2.2. )
plus grand que le remede. Je di5 enèore
.gue lorfqll'ou avance un fait, il faut le
,<iémontr~r , {an.s quoi il tombe, faute de
preuve geométnque.
. D'ailleurs, un' intén!t fi exorbitant
peut avoir été combiné dans une OCC4.rIO? extraordinaire; mai$ l'avidité d'un
galO, particulier, n'établit pas une \.\îu(e
génerale.
~vant de prononcer le nom de c~ux
qU'Il va déclarer, il s'arrête un inQan~.
V,ne terreur panique le {ailit; tous l~s
delateurs {ont timides; ils çraignent la
vengeance 'de ceux qu'ils dénon~nt
" Livrerai-je au mépris, dit-il; des
" hommes ~ dont les manœuvres, ph!s
." {oupçonnees ,~ue conn lies , échappen.t
!' à la preuve legale ; des hommes "que
?~ . le ..r~ng & les alliances rapproche;t des
" famIlles honnêr~s & ellimables, ipt&
~> r~f!àrrtes, & qUi Ont même bien . tné" TIte de la patrie.... Ce doute lui ap" p~end çe qu'il devroit ·faire; mais il ne
" faIt pas ce qu'il doit. "
. Les p:incipaux aéteurs de l'agiocJlge ,
aJoute-Hl, [ont Baroud, jadis notaire,
d'Efi:agnac, Pyron, L alane, SaintDldœr , Duplain de Saint-Albine. On
[dI t ce qui en dl: [uivi.
.
( 23 )
Je n'ai garde de dire que l'agiotage,
devenu un monopole dangereux, ne foi c
pllnilfable; mais je dis que, toutes les
fois qu'on le pun-ira fur un écrit fait tout
exprès pour vendre un livre , d'ailleurs
dénué de preuves légales, n'ayant d'autre vue que l'intérêt, l'animolité & la
vengeance, il n'y aur.a plus de sûreté
pour per[onne , {~r--rout dans un fiecle
où la preffe eft devencre unirrftrumenc
banal de -la calomnie générale, où abou~
[iffent toutes les 1ignes de la méchancet~
publique.
. ,
L'accaparement de toutes les aétions dé
la compagnie des Indes, mérite cerrai"::
nement une répréhenfion; mais faut-il
pour cela <Tccurer ceux qlli s'en font ren":
dus coupables , de jèélératJ, de bandits;
& appe tter 7l!Ur affimblée- une cavèrne de
voleurs; 'où 'on entre les mains pleines, {}
d'où lIon fort 'les poches 1Juides. Efl:-ce tà
le ton que dort prendre un ciroyen qui
cherche à fe rendre utile tt [a patrie. Ne
lait"oll pas, comme je l'ai déja dit, que
l'iu[uhe 'petfonnelle o·ffenfe plus qu'elle
ne cOTrige ., & 'qu'un livre, rempli d'in';
veétives, ne produit d'autre effet que celui de la 'Vengeance cnmre celui qui l'écrit.... Les paroles ·offe-iifantes Ce perdent
�( 24 )
~ans les airs, ou finilfent aveè' la fatisfac_
tlon qu'on en retire, au lieu qu e cel1e
des .lIvres fe perpétue. Telle eft leur mallgmté , que la publicité leur donne un
caraélere éternel.
Si ,M. le comte de Mirabeau avoit parlé
en ~en,ér~l, fans nommer perfonne, s'il
avolt ecne avec plus de douceur & de
modération , s'il ne fe fôt pas énoncé
a;ec ta?t de violence & d'emportement,
sIl avoIt propofé la réforme de ce monopo~e dans, ~es te rmes plus honnêtes ,
fon livre '. d aIlleurs rempli de ~étails &
de connOllfances, fe fûr rendu utile au
go~ver~emen~ , & aux agioreurs mêmes
qu I! denonçol.t. La vé rité toute nue, expofee avec cerre fimpli cité naturelle qui
ef!: fon vra i caraélere, fôt devenue' une
leço n pour les agioteurs. On dl: fiîr de
corrIge r les hommes, lorfq u'on leur parle
le langage de la {incérité & de l'honnêteté ; ~lr-tout il ne fa lloir pas qu 'il fe
nom mat. Il y a des noms révoltans &.
~ontre lefquels , pour parler ainG , ~our
Je mon de ef!: en colere. Lorfqu'on a le
malheur de les porrer , il faut les taire.
Il ef!: encore ' qu ef!:ion ici de l'abbé
d'Efpagnac ; il faut qu'i l dévoile fes actlons , qu 'il expofe au grand jour fon
agIotage,
( 2) )
agiotage, qu'il mette nn prix' à l'argent'
qu'il emprunte.
Mais, demandera-t-on, comment faitil cela, lui qui é to it à Berlin, lorfque tous
ces agiotages fe palfoienr à P aris ,, & qui
n'y arriva que la veil1e qu'il les dénonca.
C'ef!: fon premier profelfeur en droir tur
la cailfe 1d'efcompre qui les lui diéla, &.
qui lui apprir l'ordre dans lequel il de voit
les publier, excepté la malliere de les
écrire, que lui feul favoir, & c'ef!: ce qu'il
favoir le mieux.
- •
Après avo ir attaqué les agioteurs, il
s'en prend aux compagnies. Il prétend
que, depuis la premiere , jufques 11 la,
dernierê , l'effronterie & le bab il, (voilà
fes exp reffions ) leur tienn ent lieu de
logique & de fci ence. Je fais bien que le3
alfem blées à argent ne fOllt pas fort refpeélables; mais je fais auffi q u'el1es ne
font pas alfez mép rifables, pour mérirer
qu'on les taxe d'effronterie ; c'ef!: tout ce
qu'on pourroir dire d'une alfe mblée de
laquais.
Ce 11'ef!: pas tout , il les rend coup ables
du crime d'agiotage , en favorifanr ce qu'il
appe ll e joueurs d la haujjè , ou joueurs d
la haijJè: mais les p ~'eu ves qu'il en donne
D
�( 26 )
fun~
fi. équivoques, qu'on ne peut affeoir
aucun jugemem de convention.
TI accu[e la compagnie de Baroud d'avoir acheté vingc-repe mille aéhons des.
Indes; on peut affllr~ que la marche n'a
jamais exifié en total , il [uBit pour cela:
de [upputer le llomhre des aEtions q.ui ont
été ~s fil ri la , place, & on veua claiJ:en~ent que cette dénonciaeiOClle1J: fauife.
Or, lor(que) dans ua livre d''lg'Î9t'lge , on.
calcule fàuifement une opél!aQiCD.-Il, 0& peul!
les [upporer toutes fauifes.
. Quelque géele, quelques lumieres
qu'on décou.vLe cPa11leurs dans un ouvrage " 10uqu'iI n'dl: pas modéré, il efi fl1é.,
pri{é. Pru;-tout, la violence &. l'emportement gâtent tout. On eil' toujour~ indig.né
contre un écrivain qui [e [ert des expreffions qui offenfent; defi que l'in jure per[onnelle porte avec elle une offenfe réIroaB:ive qui s'étend fur toute la fociété
lircéraire ; chacun (a met à la place de
celui qui efi oucragé, &, cr.o i): recevoir
lui-même l'ou trage. Je l'ai déja dit, & il
me femble que je ne fa is cecte 'petice brochure , que pour prouver qu'il y a une
maniere honnête d'écrire, qui porte avec
elle une conviébon, fupérieure à l'ardeur,
& à la véhémence de l'expreffion.
1( 27 )
Cependant, comme l'au,eur de la dénonciation de l'agiotage doit connoître fa
parcie, ou faire (emblane de la connoÎtre
il remonte à fan origine.
'
Ji cite Law, qui, felon hiÏ , étaie trèshabile, & dont on pouvait dans le fond
tirer <le grandes lumieres. Il fufFit de
qu·elques lignes pour diffiper cecte grande
. clarté.
" Law, dit un grand politique (1) .
. ,
;, par une Ignorance egaie de la con!l:im" tion républicaine '& 'de la monarchie,
" fut .un des plus grands promoteurs du
" defpotifme que l'on eût encore vu en
" Europe; outre les chang.emens fi bruf~, q ues, fi inDuis, il vouloit ôter les
.. rangs intermédiaires ~ & anéantir lei>
.. co'ps politiques; il diŒolvoit la mo"
., narr::hie par de cbimériques rembourfe" mel1s, & [emoloi,t :y{)uloir racheter 11
" conHitution même.
Efi-on bien habile, lo.rqu'on éleve un
nouveau [y!l:éme de ' hnatilces, fur un
terrein dont on ne connaît pas les fondemens? Il eH 'Clair que cet étrancrer
ignoroit les grands 'pl'inGipes dl! fyll:ê~é
qu'il établilfoit, & qu'il fongea plus à frap-
'
Ct) Momefquieu • efprit des loix.
D~
�( 28 )
.pèr lés efprits, par l'éclat d'un plan unique,
qu'au bonheur de la république.
.
Regle générale , on ne peut faire de
grands changemens dans une monarchie,
f.'lI1S renverfer l'ordre des chofes fur lefquelles cerre monarchie efi établie. Cet
ordre, une fois détruit, il s'enfilÏt une
confullon générale, que l'autorité royale
ne peur pas toujours rétablir. C'ef1: la
feule choCe que le defpotifrne feul ne peut
pas faire.
Tout le monde fait le remede qu'il
fallut employer, pour guérir une plaie
qui Ligne encore.
Monfieur le comte de Mirabeau a la
tête fi pleine de fan objet, fon imagina,tion en efi fi frappée, qui lui facrifie tout
ce qui confiirue la puiffance de J'empire.
Point d'alternatives , point de milieux,
point de tempérament. Tout efi perdu,
fi ce monopole continue. Selon~ lui, dé~
truire l'agiotage, c'll fauver l'état, é'efl
pourvoir cl la fûreté publique, c'efl rétablir
le Don ordre, c'll rendre au gouvernement
fa puijJanc~, c'ejl rendre à l'autorité royale
[on empire, & aux loix leurs forces.
C'etl le premier auteur, depuis qu'on
f air des livres, qui ait imaginé, qu'ell
détruifant un vice de l'état économique,
( 29 )
on pÔt remédier à tous les maux du gOll:vernement politique. C'efi J'efprit de prévention qui fait cela: lorfque celui-ci ne
'VOIt qu'un chofe , il rappOTte tout à cette
chaCe.
Il faut avoir néanmoins une bieR foible
idée du corps lé gifla tif , que de préten·cire le redreffel' par la réforme d'un feul
monopole de finances. Si cela était ainfi,
.on verrait bien des gros livres fur le> intérêts des princes, paroître Cous des feuilles volantes.
Après avoir répandu fa bile fur les agioteurs, il fait une fortie fur monlleur
Necker. Il veur ;l1lefurer fes forces avec
lui, il me femble que je vois un pigmée,
qui fe bat contre un géant. Il lui reproche
de n'avoir trouvé, pour tolite reffource
aux malheurs de la France, que de mifèraMes petites loue ries , & des emprunts,
remDourfables à des époques.
Lorfqu'on veut faire le prod:s à un
homme d'état, il fllut le juger fur la pofitian al! fe trouve Fétat ; c'efi toujours de
celle-ci que dépend le jllgement qu'on
en porte. Si, lorfque le miniftre fit fes
opérations, la France eût joui de la paix,
peut-être eût-il été blâmable de le faire;
mais la guerre, qui avoit épuifé les an-
�, ( 30
)
'Cienne's finances, en demandait de' nouvelles. Le fervice pre1foit , celui de la
marine fur-tout, d'où dépe1'ldoit nlors le
falut du royaume , touchoit au moment
de manquer totalement. II fallait de l'argent au m'inifire , & il lu~ en falloit, fi
j'ofe m'exprimer ainli, pour le lendemain)
ce fm ces miftraMes petiœs loteries, & ces
emprunts a époques, qui lui en procurerem. Elles fournirent à l'état dans le moment les fommes dont il ne pouvoit fe
palTer. Cdi: felon les m~ux qu'!l faut appliquer les r-emedes; les-ph.Js vlolens -perdent leur nom, lorfqu'il fI'y en a point
d'autre.
" Si , au lieu de c-es · opérations, re" prend-il , atlffi faufI'es en principes,
" que mefquines en réf.ill-rats , monlieut
" Neckel: avait tourné fan génie fifcal
)J vers les impolitionsbien choifies , qùi
" eufI'ent prodtIit cinquante millions par
" an, dès le commencement de la guerre,
" on auroit évité la plurart des emprunts
" onéreux faits depuis, & l'état devroit
" aujourd'hui fept cents millions de capi" tal, & quarante-cinq millions de rente
" de moins; c'efi-à-dire , <jue le déficit
" ne ferait pas à beaucoup près la moitié
" de ce qu'il dl:.
( 3l
)
Mais n'efi-ce pas être trop hab ile , que
de favoir tout cela, fans avoir les premiers élémens de l'état financier? M. le
comte de Mirabeau efi comme la plupart
des gentilshommes français, qui favent
tout, fans avoir jamais rien appris, mais
qui, malheureufement pour l'infiruél:ion
du genre humain, favent mal; car on ne
fait jamais bien, quand on n'a eu d'au cre
école que celle d'avoir oui-dire.
Je crois bien que le fyilême des loteries & des emprunts ne V<;lut pas grand
chofe , mais ceJui des impôts vaut encore
moins. Pour s'en convaincre, il fuffit de
rapprocher ces deux refI'ources de leurs
pnnclpes.
L'emprunt en argent eil pris fur le numéraire, il n'affeél:e que les lignes repréfentatifs de la richelTe; l'impôt affeél:e les
hommes dans la proportion de fa charge.
Il ne feraÎt pas difficile de prouver qu'un
impôt de cinquante millions par an, caufe
un déficit dix fois plus grand que celui
d'un intérêt annuel de cinq pOllr cent.
L'ignorance de la plupart des financiers , vient de ce qu'ils mefurent l'intérêt de la fomme que l'état emprunte,
avec celle qu'on paie à un particulier qui
prête; deux fuppm3tions bien différen-
�( 31. )
( 33 )
tes, & qui ne [ont !ù[ceptibles d'aucune
comparaifon.
Le grand avantage que l'emprunt a [ur
l'impôt, c'dl: que celui-là a un terme, &
que celui-ci n'en a aucun. Une fois qu'on
dl: impofé , on l'eH pour toujours: c'ef!:
que l'impôt, par fa: perception, caufe un
vuide qui met l'état dans la néceffité de le
perpétuer. Dans l'emprunt, il n'y a que
deux opérations, celle de prendre & celle
de rendre.
Les emprunts viagers que l'Angleterre
& d'autres états croient très-onéreux, ne
le font pas. On a calculé en général, que
la vie de l'homme eH de vingt-deux ans.
Si on fuit graduellement la répartition des
morts par les capitaux & les intérêts qui
s'éteignent, on trouvera qu'en total, l'état n'a payé qu'à raifon de cinq pour cent,
pour un capital qui s'eH éteint, & qu' il en
a acquis un qui ne s'éteint pas, c'eH-àdire, qù'il a changé une rente viagere en
une rente con!l:iruée.
Après avo ir taxé monlleur Necker
d'ignorance pour avoir fait des emprunts ,
& l'avoir blâmé de n'avoir pas établi des
impo{jtions, il fe fert de paroles in jurieufes pour infulter cet homme d'état.
Comm(nt a-t- il pu efPérer, dit-il, que
les
les gens éclairés Ile s'appercevroient pas qu'il
Je ménageoit ulle réputation d'efl-amotage
politique.
Il parle de ce mini/he comme il a parlé
de Barrow & de Lalanne.
Ceux qui ont [ervi l'~tat altec diHinction méritent des égards; il n'y a que des
e[prits inquiets q,ui puilTent leur faire des
reproches. Mais c'e!l: une' maladie attachée
à tout ce qui e/l petit, d'attaquer ce qu~
e!l: grand. Un homme peu in{huit qui place
fan nom à côté de celui qui faie beau-,
coup, croit par-là établir le niveau; c'efl:
précifément de lui de qui' on. peut dire
qu'il cherche à s'établir une - réputatio~
d'efl-amotage.
, Il paITe enfuite à l'adminiflration de 1",
c~llTe d'e[compte , il prét~lnçl ,~u'il faut la
reformer entlerement: c'eH commencer '
~e rom.an ~e cette finance par la que~e. IL
e!l: v~al S.u on a bIen plutôt fait de mettre
la clef [OllS la porte d'une caiffe, que de
fe tourmellter l'efprit Hour trouver les
moyens de la rendre utile.
, L'in!l:ant d'après, il don ne l'alterna-'
tive '," Si on ne veut pas [e défaire de la
" callTe d'efcompte, dit-il, il faut la rap" porter à [a premlere in!l:itution ; la foru cer de ne s'occuper que du cO)TImerce
E
�,( 34 )
,
des fabriq ues, à n'e[cornpter des effets
qu'à [oixanre ou quatre-vingts jours au
" plus, à ne jarnais élever le raux de (on" intérêt au-delo de quatre pour cent, à
" rnettre de la rnodér~tion dans [es divi~
,., demies n •••• Je ~is que lor[qu'on veut [e
faire légiGatedt <l'une banque où il s'ell:
ihtroduit des abus, il en faut ,connoÎtre
l'é[fH"it pour la cornbattre dans' [un prin~pe, [ans quoi on ne fait -qu'trne inflitl!tien pafiàgere. Il efl incroyable, dit-il.,
qu'après rn6n.prernier livre fur cette cadre;
èh n'àit 'pas rernédié à la plupart de fes
'(iée~ -; il qe tèroit bien plus, qu'on y
éût -rêmédié. Si toutes les Mis qlI'ilparoÎr quelque rnorceau de pap-ier irnpriméflar ùn auteur préfornprueU'X, qui dir, il
faut changer ceci; il faut réformer cela, on'
fU1vôir fes lolx ,il n'y auroit rren de fini
daas aucune adminiflration ; 'Car, par une'
f-a1â~ifé parric~ liere à notre Hede, pref-'
que .coas ceux-qui n'ont pas airez de génie'
p-ol1r gouvenier leur rnai!'on , prétendent
en avoir atrez pour gouverner 1'érat. Ne'
è1:"roit-on pas '<lue la pterniere brochure de
mOll~eur le comte de Mirabeau, fur -les
abus qui fe fonr1nrroduirs dans-cette caitre,
efl un mret dli conreil qui porte fOl'cè
de loi? N'dl-il p.as -au contraire étonnant'
»
»
(-3) )
qU'lin étranger fans rnillion, tr01:lve étrallge
que l'adrniniflration ne fe prête pas à (es
vues, qu'jl, publie dans ' un livre Jans la
perrnillion du gouvemernent?
Regle générale, lorfqu'on veut fe ten,
dre mile à fa patrie, il faut que les maxirnes politiques ou économiques qu'on lui
préfenre, s'accordent avec celles de l'é~,
rat. Tout livre défa-voué efl mépri[é.
Il ajoute, q\le depuis l'établitrement
de la çaitre d'e[cornpte, elle a été la
caufe que l'argent a valu huit pour cent
Il Lyon; on le lui a ,dit, & il l'a écrit;
mais on lui a dit rnal, & il a écriç d~
PléJ11e. Le prix de l'argent <4lns les provincçs, ~ $'~H, pas. élevé plus haut qu'au~
paravant, ~ s'il a éprouvé des révolu,tions, c~ n'eR pas à cètte caifIè qu'il
.faut s'e,n pren,:lre.; elles , 'ont tiré leur
[ource des aç,ci,dens q~i lu~ {Dnt rout-àfait é.trangers. Mais c'eil: un rnalheur at,taché à roqs c~ux qui écrivent fous la dictée de t::es hornrnes prêts à [emer partout le dé[ordre, & qui fe laitrent guider
par la pallion plutôt que par la raifon. ,
Il éroit biea à pr~furne r ,que l'auteur
,de la dénpnciation [ur l'agiotage , n'oublieroit pas la nouvelle cornpagnie des
El.
�( 36 )
Indes; au/Ii la dénonce-t-il à l'europe par
des termes offen(ans.
Il efl: trifl:e , 'dans un fiecle au/Ii poli
que le nôtre, de voir un auteur infulter,
[3ns ~ifl:inétion, des particuliers, des
'agens, des fociétés, des compagnies,
par des termes au/Ii injurieux que malhonnêtes.
.
1
Il ne veut point qu'aucune compagnie
'ait des privilcges , & il a raifon; mais il
a tort de ne faire là-deffus aucune dirtÎ!rétion. Il n'y a point de reg le générale
qui ' ii'ait (es exceptions, ce font (ouvent
celles-ci q u1 font rentrer dans la regle.
, On a' tant écrit (ur les vices qui tiennent à l'étilbliffement de cetre no'uvel1e
'c ompagnie, qu'il efl: inutile de répéter
ici ce que tout le mondé (ait.' On a
pr.ouvé, avec beaucoup de force & d'énergie , que tout privilege eH: defl:ruéteur
du comme'rce , , j'en fuis pêifuadé; mais
ce dont je ne le.) (uis pas, c'efl: qu'un
commerce qui (e fait à fix mille lieues du
continent, doit néceffairement ~ (e faire
par une compagnie ; (ur-tout un commerce otl il faut trois fonds, & trois
fonds très- difp endieux. Or, il n'y a point
de particuliers en europe affez riches
( 17 )
pour l'entreprendre. Ceux qui (e décla':
rent & parlent contre cette affociation ,
ne font pas attention qu'avant qu'on formât la nouvelle compagnie des Indes, il
Y en avoit une ancienne qui (ubGHoit,
quoiqu'elle fôt dépouillée des formes or'dinaires de création, Car, les particuliers
qui n'étoient pas affez riches pour faire
le commerce, s'affocioient à d'autres,
& ceux-ci à des troiGemes qui uniffoient
leurs fonds enremble.
Ce commerce fe fairoit donc par une
compagnie ( car toute affociation doit
'porter ce nom, ) avant qu'il y eût de
compagnie déclarée. Il fuit de-là, que
celle qu'on a établie, a une forme de
plus que celle qu'elle a détruit. Or, dans
toute compagnie, la régularité a l'avantage fur celle qui efl: irréguliere.
Depuis la découverte du cap de BonneEfpérance , tout le commerce qui s'efl:
établi aux Indes s'efl: fait en général par
des compagnies; c'efl: qu'il ne peut Ce
former, fe foutenir, Iè maintenir & (e
'défendre que par elles. C'efl: un cas par,iclliier de la loi générale, qui ne doÎt
accorder des privileges à aucune branche
particuliere de commerce.
Peut-être que l'adminill:ration d~ cette
�( 38 )
nouvelle compagnie eH plus [age que
toutes celles qui ont été établies jufques
à elle. Elle n'eil point expo[ée à ces dé~
penfes Îmmenfes qui ont caufé la perte
de celles que Colbert établit, & de cel~ .
les qui font venues après, & qui cauferont la ruine de tbutes les compagnie$
~ui ne feront pas fondées fur une grand(!
economie. Elle n'a point ou prefque point
de vailfeaux à elle, & on fait les dépenfes énormes que coûte une marioe , fur;tout à une compagnie qui eil toujours
pillée par ceux qui la fervent, & qui re~
gardent comme profits attachés à leur
état, tout ce qu'ils vole~t ou s'appro.,.
prient.
Elle a encore cet avantage, qu'en tems
de guerre, elle peur faire [on commerce
aux Indes par des vailfeaux neutres; &
tous ceux qui ont une idée jufie d'une
navigation, connoilfent le. bien qui en
doit réfuher.
Enfin pour achever le tableau de cerre
compagnie, il lui manque un trait per[onnel, qu'il peint avec les plus noires
couleurs. " C'ef!: pour un abbé d'E[pa" g nac, dit-il, qu'on a créé la compa" gnie des Indes; c'eO: pour un prêtre
" agioteur, c'efi pour le fuccès de fon
( 39 )
"infatiable cupidité, de [à vaniteu[e
" ignorance, de fa coupable pré(omp_
" tion, de [es manœuvres criminelles ... "
J'ai dit, & je le répere de nouveau,
qu'un auteur peur analy[er, critiquer' ,
même déprécier, mais jamais in(ulter.
C'eO: une loi établie dans la fociéré littéraire , -dont un écrivain qui y manque
<lait être banni.
.
'
, Si monfieur l'abbé d'Efpagnac a fait
Un commerce qui ne convient point à
un eccIéfiailique , c'eO: à fon [upérieur
à le cen[urer , ou au gouvernement à le
juger, & non pas à un particulier à
l'in[ulter.
'~ La compag~ie la plus i~térelfante 1
" aJoure-t-I! , dOIt être détrUIte au!Ii-tôt
" qu'elle crée des agioteurs.
- Mais, n'y a-t-il donc d'autres moyens
pour érablir l'ordre, que celLli de détruire: Si on anéantilfoit toures les branéhes de commerce qui font fufceptibles
d'abus, il fau-d toit anéantir toute farté
d'indllilrie. Les loix les plus fages ont
leurs vices, les meilleures font celles
qui produifenr le moins de mal. L'ha~
bileté fuprême dans l'adminilharion politique; comme dans l'économique , c'eil
de combiner les avantagés par les dé~
�( 4° )
( 41
.
(avantages; voilà .route ~a perf~éhon à
laquelle la légiflafl on pudfe att;md~e. Il
, faut pefer l'un & l'allt~e, & etabhr un ,
tel contrepoids , que lun ne pUllfe pas
être détruit par l'autre.
C'efi le propre d'un grand génie, d'embralfer d'un coup-d'œil le bien & le mal
d'un fy[~ê l11e .'é conomiq u ~ ; s:i1I~e voit qu~
ce dernier, II ne connOltf3 pomt le pre ~
mier, parce que la connoilfance de l'ù~
& de l'autre dépend de leur rapport. VOIlà, pour le remarquer en pa Ifa nt , la grande
raifon qui fair qu'on VOit ta~t ~e livres 9~
commerce, de banque & d aglorage , qUI
éclairent moins' l'efprit ,qu'ils n'~mbarraf:
fent l'imagination. Après qll'on ~~s a 1;4S ,
on fe fent agité, mais n.on p ~s .eclaIre. .
L'auteur de la dénoncianon , Jprès
avoir infulté 'to ~ltes les comp ag;1i ~s '. n>ou~
blie pasêelle des e:lUX. L'iI~ j ure dt toute
prête, elle eft all ,bout ?e plûme ,i c'e~
dit-il, une ,ho?teufe Jonglerze ~ ~ efi-à,
dire , faire pour tromper le ·publIc.
",
Les vingt dernieres pages de fa broj
chure ne contiennent que des parol~~
auxquelles je ne pourrois repondre que
par des mots; & dans quelque ouvrage
qu'on préfenre au leaeur, il faut lui faire
IiI e des chofes.
,ra
JE
)
JE PASSE A LA SECONDE BROCHURE.
Réponfe
a M.le comte de Miraheau.
" M OnCieur le c9l11te,
vous êtes UR
frippon (1) , un faux prophete, vendu
aux corbeaux, qui vous nourrilfent,
un fou, qu'il faut renfermer: ce n'ef~
pas alfez; vous êtes un efcroc , qUI
criez au feu pour voler la malfon, un
filou, qui avez volé fix louis au fieur
Hardi, votre fecrétaire : ce n'eH pJS
rout encore; vous êtes un Defrues ,
dont le nom exprime la fcélératelfe,
&è, &c.
N'efi-ce ' pas là de la belle liDtérature?
Connoît-bn rien de plus indécent, que
çes injures préfentées ainfi au public dans
cette gro1liéreté fcandaleufe? Meffieurs,
pourroit leur dire un leaeur ennuyé. de
routes ces querelles perfonnelles , que ne
vous rendez-vous aux Champs-Elifées?
Les gens qui ont quelque fenrimenr & la.
moindre délicatelfe vuident leurs démêlés
"
"
"
"
"
"
"
"
"
"
(r) On trouve ces diftërentes injures répandues r ani
le corps de la brochuc<.
F
~
1
�( 42. )
par les voies de l'honneur, & non par
des écrits inCultllns. La plume efi l'arme
des lâches, qui ont l'ame auffi noire que
l'encre où ils puiCen t leur vengeance.
Ce dernier, aIJrès avo ir couvert d'ignominie l'auteur de la dénonciation ,? Ce rerranche dans le caraélere de citoyen:
" Le motif qui 'm'anime, dit-il, c'e{t
" l'amour de la vérité, la tendreffe pour
" la patrie, la haine pour la perfidie, le
" mépris pour tout ce qui eH vil & cor-'
.
" rompu.
Mais eH-on citoyen, 10rCqu'on viole
toutes les loix de la Cociété littéraire? EHon attaché à la vérité lorCqu'on en. fait une
ca-lomnie? Hait-on la perfidie, lorfqn'on
en donne C9i-même l'exemple? A-t-on du
mépris pour ce qui eH corrompu, 10rCqu'on Ce livre à la pllTS baffe corruption r
En un mot , faut-il Ce mettre en emburcade pour attaq uer un livre? Rien de
plus infame qu'un traître, qUI, en portant
le coup retire la main.
'
Quoique je détefl:e tous ceux qUI s'attaquent par des écrits Céditieux , je hais
moins celui qui Ce montre, que celui qui
fe cache. LorCqu'on publie des chaCès,
qui font te lles qu'on les dit, pourquoi Ce
dé[avouer? La vérité n'eH, point un-,libelle.
~
.
'
( 43)
,
,
Celui qnl, en publiant un livre, dit ';
c'efl: moi qui l'ait écrit, établit par-là [on
"domic le ; celui qui tait [on nom, cache le
fien. L'un efl: comptable au gouvernement
de ce qu'il écrit, l'autre n'eH re[pon[able
à per[onne de ce qu'il dit.
L'abbé d'Efpagnac ne fait aucune objeélion contre l'ou\trage du dénonciateur
de l'agiotage. Ce n'efl: pas au livre, c'ef!:
à la perConne qu'il répond, par des injures auxquelles qui que ce 'foit 'ne prend
part. En effet, que monGeur le "comte de
Mirabeau Coit honnête homme, ou qu'il
manque de probité '; qu'il ait volé Con [ecrétaire, ou qu'il ne l'ait pas volé, rien
de plus indifférent pour l"hif!:oire littéraire
ou, morale de cette capitale '; car, s'il fal100t attaquer tous ceux qui Cont de mal~onnêtes ,gen~, ou qui paffent pour l'être,
Il faadrO!t faIre le fiege "de Paris.
Je voudrais que , dans les ouvrage~
Ga'on critique, on dî/tingtiât l'homme de
'l'auteur ; c'e~-à-dire , l'individu qui a
beaucoup de vIces, de ,celui qui a beauÇ?UP d,e talens; qu'on fît la différence
d un CUJet à cha-rge à l'état par Ces défauts, de celui qui peut lui être utile pat"
[es lumieres.
'
Par une, fatalité, attachée à la nature
F~
�( 44 )
humaine ,il n'ell: que trop ordinaite à
ceux: qui ont de l'efprit & des connoifrances, d'en abufer. Ils fe piquent de réduire tout à leur fens , d'exercer un empire defporique fur les opinions. La préfomptio"n gâte en eux les plus beaux talens; & l'efprit , qui les retiendroit dans
la modefiie s'il étoit folide , les porte- ~
des fingularités bizarres, ou à une vanité
ridicule.
Ce feroit peut-être un malheur pour la
république des lettres, fi on donnoit
J'hi{toire privée des meilleurs auteurs que
DOÛS 'ayons. Alors , de miférables écrivains Je mettroient au niveau des plus
beaux génies; parce qu' ils trouveraient
en eux les mêmes vices perfonnels dont
ils font atteints, fans po/féder les mêmes
venus.
Ceux qui ont connu perfonnellement
Voltaire, favent qu'il étoit fi fort po/fédé
de l'envie, cetre pa/Iion baffe & honteu[e, qu'il ne dormoit plus, toutes les fois
qu'il apprenoit qu'on avoit donné au théâtre Français une tragédie, qui pa/foit pour
un chef-d'œuvre. Il ne reprenoit fon fommeil, qlle lorfque le pere Adam , pour
lui tranqu illi fer l'efprit , l'a/furoit qu'il
4lvoit .des nouvelles certaines de Paris, que
( 45 /)
I~ piece é~oit tombée, & que' le p'artêrre
s'étoit trompé à la premiere repréfentarion. Devons-nous pour cela, avoir moins
d'efiime pour l'a.uteur de la Henriade ?
R,ou/feau copi'! long-tems de la mufi...
que, il époufa [a fervante , & pa/fa fouvenç pour le plus chétif individu de la Jo, .ciété civile. En fllt-il moins le célebre
Jean-Jacques?
On peut dire des grands auteurs, ce
qu'on a dit des plus grands hommes,
qu'il ne fut jamais de héros pour [on valetde-chambre. Il faut donc bien [e donner
de garde de tirer le rideau qui cache les
foible/fes du cœur humain dans l'homme
de génie, car alors on eH: porté à la pitié en même tems qu'à Padmiration.
Lorfqu'on voit la petite/fe , qui [e fait remarquer fouvent dans les gens du premier
talent, on diroit qu'il y a deux ames
dans l'homme; l'une qui l'éleve au troilierne ciel, l'autre ,qùi le ravale dans les
entrailles de la terre, &c. &c.
Mais il efi tems de lai/fer là les traca/feries de ces écrivains furieux pour
parler de la choCe ,qui leur a mis la plume
à la main; c'efi-à-dire, l'agiotage des aclions .des compagnies.
Pour traiter cette matiere avec quel-
�( 47 )
( 46 ' )
"
,
.
'qu'ordre, & établ:r des principes, il ~ut
que je réponde d abord ~ une premlere
qudl:ion qu'on peur me faIre. On demandera fi l'agiotage ne porte pas a vec lui
un vice qui le rend plus nuifible au commerce , qu'il ne lui efl: utile?
Je pourrois d'abord répondre par cette
maxime fondamentale; que dans un gouvernement dirigé par des hons principes
économiques, il n'y a aucune branche de
commerce qu'il ne [oit en état d'améliorer , ni aucun abus qu'il ne puiffe ré,former. Ma.is j'aime mieux citer des faits;
en voici donc de cet agiotage qu'on s'ell:
accoutumé à regarder comme entiérement vicieux , mais qui a des endroits
avantageux.
J
Premier exemple; un Banquier acheto
cent ou mille aél:ions comptant de la
compagnie des Indes, ou de toute autre
1
compagnie.
Que fait d'abord cette opération? le
voici; elle donne du crédit à cette compagnie , en per[uadant à la place , que ce
banquier conçoit d'elle de grandes efpérances [ur {es profits à venir auxquels JI
veut avoir part. Il ne s'agit point q~e
l'aél:ion [oit beaucoup au-deffus du priX
<le [a création, !àns qu'on en puiffe, al-
léguer aucune rai[on ; il n'efl: p'as quefl:ion
,oon plus que l'acheteur [e [oit trompé
dans [on ell:imation; le fait eH: , q:ùl a
acheté les aél:ions , qu'il les a payées, ce
qui engagera plufieurs autres à Cuivre [on
~xemple ; car les hommes fe décident
plu rôt par ce q u~ils voient , que par ce
qu'ils entendent, ce qui formera une [or~e
• d'émulation, cho[e dont une compagnIe
~aiffante a grand beroin.
De cette premiere opération avantageufe, il en naît une [econde. qui ~e le
fera pas moins, car le banqUIer qUI aura
ache'té ces aél:ions au comptant, ne les
gardera pas dans [on coffre, il s'en [ervira pour e[compter des lettres d,e ,change;
il crééra donc un nouveau numéraire,
qui formera une nouvelle circulation. Dans'
le commerce , [es aél:ions éch~ngée;; à
leur tour contre d'autres effets, en formeront une nouvelle, & ainG des autres.
Second exemple; un capitaliae qui a
~uyé des pertes confidérables en e[COmptant du papier de négociants parti-.
culiers, ne veut plus -rien avoir à faire
avec eux; il fe trouve du côté des com-,
pagnies en qui i'l a plus de confiance. En
e,ffet, une [ociété eH: plus [olide que des
êtres i[olés. Il achete des aél:iç>us qu'i~
./
�( 48 )
garde ou qu'il vend, jufqu'à ce qu'il trouve
une occallon de les placer avaptageùfement; cependant l ,argent qu "1
1 a d onne'
efi fur la place & a un cours réglé.
Troifieme exemple. Des particuliers,
des grands, des gentilshommes, fe font
procuré par leurs épargnes une fomme
conlidérahle qu'ils ne veulent pas confier
au commerce qu'ils ne COllnoiffent pas;
ils achetent desaél:ions qu'ils connoiffent,
parce qu"il ne faut pour cela que des
yeux pour les lire.
. .
. Il Y a plus: l'agiotage pel1t encore procurer en France dèS fonds étrangers.
En Hollande, l'argen t ne vaut gueres
que deux & àemi pour cent, les Hollandais feront -donc paffer des fommes confidérables pour acheter des aéhons. Pendant ce tems , le change fera en notre
faveur, parce que les Hollandois auront
plus befoin d'écus en F ram:e , que nous·
n'aurons befoln de florins en Hollande.
On peut dire -le même de l'Angleterre:
Je pourrais rapporter ici prulieurs autres
exemples; mais il ne fa ut pas coujours
épuifer un fujet; il eH bien moins quéftion de faire lire, que de faire penfer;
C'eH mal raifonner, que de raffembler
dans un livre , comme a· fait monfieur le
comte
( 49 )
comte de _~irabeau, tous Les abus qui
p:;uvent . naltre d'une nouvelle branche
d 1I1duHne , fans parl~r. des avantages qui
~~ peuvent réfulter. S. Je vo ulois raporter
ICI tou~ les. mallx•.qui font nés des nouveaux etabllffemens , je ne finirois point
Cependant
ces
défeél:
. '
cl
1
. . établiffemens , u
eux
, ans eur ongme ,. on procu,é de gra d .
avanrag:es; cela dépent de la maniere nd:
les dlClger, & d'établir des réglemens
propres à ;es. améliorer. Il n'ef!: pas douteux que 1agIOtage, tel qu'il vient de fe
paffer fOll~ nos. yeu~, a call[é mille ma.ux;
II ne fallOlt pomt fmre de li vres pour cela.
Les agens de change eux-mêmes en ont
reconnu les abus; ils n'onr pas attendu la
clerl11ere brochure. de manGeur le comt~
~e Mirabeau , p~r fe convaincre de ce
cl ~nt éux-mê~es Ils étoient déJa perfuaes. om~e.1I y a parmi eux des hommes très-eelau'es, ils Ont reconnu évidem~ent qU,e cet agiotage ~es aél:ions
par 1~xcès ?U on le portoit, devoit caufe:
un e revollltlOn ruineufe [ur la pla D
t
l' è
ce. ans
out, exc s produit l'excès.
l' Les vices principaux de l'agiotage [ont
accaparement général des aél:ions d'
cam
d'
une
a pa b l11e; acheter celles qui n'e xifiellt
.p s encore, faire des traités avant leur
G
(J"'
�( ~o )
création, de s'engager d'en délivrer un
certain nombre dans un certain .tems, &
à un certain prix, enfin, d'en faire un jeu
de hafard.
Il ne faut donc pas fe diffimuler que fi
on ne prévient, par de fages réglemens ,
les abus qui fe font introduits dans cette
branche de commerce, monfieur le comte
de Mirabeau n'aura publié qu'un tableau
anticipé des malheurs de la France. JufGues à préfent , l'e mal n'efr pas fi coniidérable (ju'ille fait, tnais avec le rems, il
pourroit devenir plus grand qu'il ne l'a
dit.
Il y a d'abord un défaut principal dans
celui-ci; c'efr que la valeur des effets
royaux efr trop forre , eu égard à ceUe
de notre numéraire, vice qui perdit le
fyfrême de Law, & qui perdra rout fyftême qui n'établira pas une proportion
relative entre l'arge'nt & le papier.
J'ai dit que la fomme dont nous jouiffans efr fupérieure à celle de,s autres états
de l'Europe: mais il s'en faut bien qu'elle
pui1re nous fournir les moyens de faire un
agiorage auffi immenfe que celui qu' on a
fait jufqu'à ptéfent; quoique celle-ci fait
de plus de deux milliards, cerre richeffe
fe perd dans la circulation néce1raire pour
(
~1
)
fournir à la fubfifral1ce de vingt-quatre
millions d'habitans. La répartition de
celle-ci relative à chaqu individu ,
dt fi pe~ire , Gue, fi elle n'~roit fupplée
par le commerce, les arts ,~ l'indum'ie ,
les trois-quarts de la population du royau,,":
me mourraient de faim.
Si on calcule to uS les effets royaux &
les aél:ions des compagnies, on trouvera
que leur valeur forme une fomme im-,
menCe.
Il Cuit de-là que l'agiotage des eft:ets
royaux, fallte de fonds nationaux, proportionnés à l'achat réel d; c.e~ même~
effets devient une affaire d opmlOn. Or,
dans t~ute négociation, ou il faut acheter
jlvec rien une choCe, à laquelle on veut
donner une valeur, la mauvaiCe foi doit
~'en mêler; car, fi on demandoit. ~ ce
particulier qui achete p~l)r trente millions
d'aél:ions de la compagme des lndes , de
fa derniere créatjon , Cur quoi il appuie
cet achat, on pourroit répondre fur rien ~
& ainfi des autres qui achecent ce qUI
n'efr pas en leur pouvoir de payer.. .
Il efr vrai que quelques capltallfres
peuvent acheter comptant ces eff~s, &
les vendre de même, ce qui peut leur
donner quelque crédit; mais ce bien dans
r
•
Gl.
�( S2 )
r
. ( S3 )
le général efi: fi peu de chofe, qu'il [e
perd dans l'immenlité ?e~ maux que I:agiotage ca~e. R.egle .generale ? toute 111duil:rie fiébve doit finir par la Eého n.
L'efprit du jeu qu'a produit l'~giotage
ne doit pas caufer moins de maux. Cette
funeil:e paffion, qui ouvre la porte à toutes les autres , ell: d'autant plus dange_
reufe en France , que l'amoui' du gain
y eil: exceffif, & qu'on y donne plu,s ~u
haCard , que chez aucune natIon dé 1 UI1lvers. Ce goût y eil: une fuite naturelle
d'un peuple vif, léger, &_ enjoué, qui
préfere la richeife que donne' la fortune,
~ celle que donne la conil:ance du travail.
Dans tous les jeux on commence par
être dupe, & on finit par être frippon.
Ceci eil: fi exaél: dans celui dont il eil: ici
quefiion , qu'il eil: impoffible de filpputer
toutes les duplicités, tous les détours,
toUtes les inventions, toutes les fourberies qui ont été imaginées pour faire
nauifer ou baiifer les prix des lIél:ions.
Le grand inconvénient de ce nouveau
jeu de hafard , dl: qu'il ruine deux cenrs
p articuliers pour en enrichir un feul.
Cef! le l'éritable fyil:ême de Law, qui
3ppauvr.it la France pour faire paifer des
il
o
biens immenfes dans les mains de quelque~ particuliers.
De eous Jes maux qui déColent Je
royaume, celui de l'inégaliré exceffive
des richeifes eil: le plus grand. Rien n'afflige plus la fociéré civile qu'un homme
( fans génie, fans talens pour le commercé, qui, après s'êrre livré au plus litigieux, compee fon bien par millions. Le
double inconvéliient eil: que ceux-ci font
pris fur la forwne publique , dont l:l privarion fait aurant de malheureux.
: Lorfque l'.''l.giocage des elfers royaux eil:
ëxcellif, & qu'il affeél:e to\Ires les claifes
& les condirions , il affoiblit le commer.ce. Les hommes font naturellement par~ifeux , ils Vont à b forwne par le chemin le plus court, ils aiment mieux moit:
Jonner que labourer. Il ne faut point
d'apprenriifage pour agiorer ; le ' dernier
del'érar eil: auffi habile que le premier;
on eil: maître ·agioteur du premier coup.
Celui qui peur porrer un magafin dans
fon porte-feuille , n'ou vrira point de
!llàgafin. En effet, il eil: bien pl us aiCé
a'acheter un morceau de papier, que de
i'endre un gros tas de marchand iCes ; delà vienr ,qu'on a vu dans la rnaife des
agioteurs , des princes, des abbés , des
\
�( s., )
( H)
officiers généraux , des jug~s, des ma~
gifl:rats, qui, ne fachant auparavant aucun
commerce, ont fu celui de l'agiotage·;
regl e générale, moins il fallt de [uffifance
pour exercer une profeffio n , & plus il y
a des gens qui.l'exercent. Que fi le commerce diminue, l'induftrie nationale diininuera auffi; c'eft un effet qui dérive de
fa caufe. D ans toutes les villes où les
hommes entendent parler de grandes fortunes, ils s'y rendent avec précipitation :
les capitaliCles abandonneront les provinces & porteront avec eux leurs caiffes.
La capitale deviendra l'affemblée générale
de la nation; P aris fera le royaume. Et ou
fait les conféquences qu' il en réfulte pour
'une nation , qu'une ville renferme la
rnonarchie.
~ Le grand inconvénient de l'agiotage;
eft qu'il eCl indépendant de la bonne on
de la mauvaife fortune de l'é tat. Pour
j'ordinaire il fe fait à l'o rei lle; un homme
dit tout bas à un autre, je vous achete
mille ac?ions , & auffi-tôt l'affaire dt
confommée , elles font vendu es; celuici dit à un troifieme, je vous vends mille
ac?ions , & auffi-tôt elles font achetées.
Voilà de uxaffaires confidérables en finances , qui ne laiflènt après elles aucune
trace. • Ainfi cinq ou fi x panicul 1'e rs
pourrOlent acheter toutes les a&ion
&
' , fans qu e l'état en fûts
. une c,o mpagme
1l1~0:me , ce ~ui eft un défaut dans l'adml111flratlon ecol1omique ; celle-ci doie
[avo ir , non feu lement la circulation des
effels roy ~u x , mais mê me les profits ou
pertes qu ds effUlenr , pujfque cette con( ~OIffance eit la bouffole du gouvernement
economlque : c'eH: ce défaut de lumieres
qUI ru ma la France lors de la rég
d
'O l '
en ce u
d uc d r eans.
V~i c i d'autres réflexions. Les revenus
de , l'et~ t font, fondés fur le commerce
qUI fa it valOIr les terres , d'ou' fcoreent'
lO utes les produ&ions qui paient toutes
les charges.
,~n a calculé qu'un commerce de cent
ml Ions, en rend dix au roi, par les
dou"dnes ou autres droits impofés fur Je
venement
'
d' . des matieres. L' agIOtage
ne
p;o Olt rien j il dl: à: pure perre
1
repubJ.que.
pour a
J'ai fuppuré , par un à-peu-près de rois
ou qu atre cems millions de d 'ffi '
"1 'ft r '
1 erence
qu 1 seraIt depuis l'établiffi
'
e.ffecs royaux & des
tIans, pour quatre milliards d' ,
uel
agIOtage.
Q
avantage en a recu la F
faite ~ aucun.'
rance ? la
réponfe ell.
~.
compag:~se~t ~~~
�( .,6 )
Si, au lieu de ce commerce c1ande!l:in,
il s'en fût introduit un légitime d'une pareille étendue, il eût rendu plus de 200
millions à l'état. Mais cette fomme n'e!l:
rien en comparaifon de celle qu'elle eût
procurée à la répub lique générale; plus
de deux cents mille fuj ets euffent trouvé,
dans ce commerce, leur nourriture, leur
logement & leur vêtement ,~vant~ge in ~
préciable dont le bIen publIc qll1 en refuIte e!l: a~-deffus de tout calcul. C'efl: un
défaut de la légiflation moderne de n'a':
voir pas fourni s l'agiotage des effets
royaux à la juHice ordi?aire. I l . méritoit
au contraire un e attentIon parncullere ,
parce que par fa natu re) il peu~ c,au~er d~
grands maux. Or, plus ceux- cI etole~t ,a
même d'excite r des troubles & des GlVlfions entre les part iculiers, & plus il
fa lloit que l'adminiO:ration y fixât tes regards.
"
No us n'avons point de 100X pour pumr
les abus d'un jeu dont la corruption peut
affoib lir le gouv~rnement économique,
& nous en avons fur les difputes qui s'élevent entre deux pa rtic uliers ( s'il m'e!l:
permis de me fervir d'une exprelfion de
Ciceron) po ur les droits d'une go utlere.
On efl: admis devant un tribunal pour
ul\
t
~7 j
un procès d'uh écu, & on n'y efl: point
re~u pour uqe cOllventiqfl où il e!l: fou- vent que!l:ion d'une différence de cent
mille.
On a diE que le gouverhemertt ne per.
met point ce jeu; il ne faut donc pas lé
" tolérer. Lorfque l'admini!l:ratlon ferme
les yeux fur un défordre, tout le monde
les ouvre fur celui-ci, & ne manque pas
d'abufer de la tolérance; '
Cependant dans la démence de l'agiotage où il s'était formé des paris de plulieurs centaines de millions, on s'e!l: vu
obligé d'établir une chambre ardente
pour les régler. L'agiotage e!l: donc fuf..
ceptible de l'attention d'un tribunal.
Les réglemens {uivans pourroient, fi
ce n'e!l: corriger tous les vices de l'agiotage, dl'i mo;ns prévenir un grah d non1~
bre de fes abus.
ART 1 C
i
Il
P
R Il MIE R.
Etabli'r uh bureau géaéraf, fous le nom
de chambre des effets royaux.
ART.
1 I.
D éclarer qlle tous les marchés de vente'
&. d'achats d'aébons, q ui ne feront pas
H
•
�( 59 )'
( 58 )
palfés dans cette chambre; feront nuls.
ART.
1 1 1.
Ou de quelqu'autre compagnie que ce fait
de l'europe.
ART.
Ordonner que les conventions feront
écrites filr du papier timbré, pardevant
notaire, dont il fera tenu régifl:re, ponr
être préfenré touS les mois à manGeur le
"
1.
contro' 1eur-genera
ART.
1 V.
Défendre l'accaparement général des
at9:ions , de quelque compagnie que ce
fait, fous peine d'exil, & , en cas de récidive , d'une peine arbitraire.
ART.
V.
Prohiber d'acheter des at9:ions, avant
'<ju'elles foient créées, & qu'elles aient
paru fur la place.
ART.
VI.
Empêcher de faire des paris fur les effets
l'oyaux.
ART. VII.
Défendre de faire des marchés fur les
:at9:ions de Saint~Charles , en Efpagne 7
VI J 1..
Annuler les marchés, qui ne doivent
avoir lieu que dans. des termes longs.
ART.
J X.
Fixer leur çerme à deux mois.
ART.
X.
Obliger les ve ndeurs & acheteurs d'actians, de fe préfenter eux-mêmes à la
chambre pour faire leur marché.
ART.
X J.
En cas de maladie ou d'abfence , ordonner aux agens de change qui traiteront pour eux, de déclarer leur nom &
qualités, s'ils font étrangers ou narionaux.
ART.
XJL
Créer une commillion exprelfe pour
connaître les démêlés qui nailfen t de
l'agiotage , pour le juger en dernier
l'effort.
�·
.
11 n'eH pas
(60)
.
douteux que de pàreils réglemens fuffiroienr pour détruire le cOIfI_
merce, puifqu'il n'y a que la liberté
feule en étàt de le faire fleurir. Mais il
n'en VII pas ainfi de l'agiotage, plus on
le limitera, plus on le retiendra dans
des bornes étroites, & moins il aura de
vices ,feul bien qu'on puilfe attendre
d'une maniere d'acquérir des richelfes
· en genera
; - l peu honnête de'
par 1a vOIe
fe les procurer fans travail. Le defpotifme
alors peut faite ' feul ce que l'autorité
royale ne fair pas toujours. C'efi le feul
remede qui refie dans l'état monarchi_
que, 10rfqu'iI n'yen a pas d'autre pOllr
corriger un grand mal.
CORRESPONDANCE
E N T REM.
* * *.
ET
LE C®MTE DE MIRABEAU,
RAPPORT DI! M. NECKER, ET
SWR L'ARRET DU CONSEIL du 2.9
Décembre, qui continue pour fix mois,
force de monnoie au Papier de la Caiffe~
d'Efcompte.
S U R LE
N
FIN:
C
"
"
"
"
" Il ~ fl: devenu diffici.le de tromper long-temps
les hommes dans toutes les .difpolitions publi'lues où leur fortune efl: intételfée; & li c'efl:
une grande faute dw cœur que de le vouloir,
c'eC, aulTi Ilne grande erreur de l'efprit que d'y
prétendre».
(De l'AdminiflratÎon des Finances par M. Necker s
édition in_go. ) tome III, chap . .xxVI: f ur l u
billu, de banque (; fu r la -Ca iiTe-d'Efcomp l<. )
�lAI
•
:v
,
1 Cl
.
,
-
beaucoup .héflté à laiifer rendre publique cette Correfpondance, & ce lle
font pas des raifons d'amour - propre qui
m'arrêtoient. Ma règle de conduite ~ cet
égard ,eft qu'en général les Lettres qu'on
nous écrit, fOl}t un dépôt dont la fufcription indique le dépofitaire. Mais outre que
celles qu'on va lire traitent uniquement de
principes généraux & d'affaires publiques;
outre 'qu'elles ne peuvent que faire honlleur à l'efprit de celui qui les a écrites.;
&. lui donner de la faveur de cout genre;
outre que je ne le nomme point, Je [ais
.que notre difcuillon eft ébruitée, & que
je pa([e pour l'avoir provoquée, moi que la
Lettre inattendue de M. C*** efi venue
chercher, & qui m'étois impofé 'de ne rien
écrire fur les quefilons du moment. De là
à me prêter d'autres opinions 'que le~
miennes, la di fiance eft petite. J'ai cru que
cette circonfiance m'autorifâit , me néceffitoit même à publier cette correfpolldance
toute hâtée, toute incorreél:e > toute in...,
complète qu'elle foit.
Une autre objeél:ion s'efi préfentée à mon
efprit. Devois-je, dans des temps fi orageux;
Eroférer des do Lites publics fur l'adminiftra-:
1
�tion du Miniftre des Finances? Un moment
de réflexion m'a bientôt décidé. M. Necker
eft évidemment appellé à propofer à l'Af[emblée nationale- ùn fyft ême de finance.
Dans les crifes modernes de la France &
. de prefque touS lei autres Etats 'de l'Europe , des Empyriques Ont propofé de créer
du Papier - monnoie; & l'autOrité de M.
Necker cil bien faite pour redonner du
crédit à ce fyft.êll1e. Il importe donc à la
chofe 'publique, que 13, Modérateur des Finances fe trouve dans la néceilité de développer ,la théo rie d'après laqueIle il a pu
rendre l'Arrêt du Confeil du 29 Décembre
1788, qui continue force de mOnIloie au
Papier de la Cai/Te.d'Efcompte·. Untel objet
d'utilité J'emporte beaucoup fur le fcrupule
bannai de nuire à la popularité du Miniftre
de ' Finances , fcrupule qui ne repofe fur
aucune bafe raifonnable, puifqu'il eft toujours d'une fupr ême importance de favoir
la vé rité fur les Miniftres , & fur-tout lorfqu iils font crès-influens. Enfin, on verra,
par la leCture de ces Lettres, que la création du Papier-monnaie eft dans mes princïpes une queftion de conftitution, & qu'ainli
il ~1'y a pas un n!On1ent à perdre pour 1a
tralter.
~-;-
-
.
~~==
:~
CORRES PON DA NC E
D E M.
C
***
E T
DE M. LE COMTE DE MIRABEAU~
LET T REl) E
M. C * * *.'
Ce
,
\
2.
Janvier 17 8,:
T
~ E ne puis m'empêche{, MonÎleur ,) de
difcucer avec vo us penda nt Qne o u deux:
1e -gra rld ODJet
11' J ",1 '1
( opi01"
mInutes
lUr eq uel notre
nion diffère. Je' veux parler du caraétè;e
de M. Necker. Vo us av~,z III sô remem le
Réfullat qu 'il viel1t , de publier, & vous
êtes un des hOlnmes les plus capables d'en
juger profond~ l11ent. Je 'vous affure, Mo nlieur, qu e je me fuis dégagé de tOu te prévention favorable, & qu 'à chaque ligne
j'ai été forcé de reconnaître ,ce que VOliS
appeliez fi bien la puiffance du talent &
la toute - puiffance du caraétèré'. J'ai été
A
�( 2 )
frappé de la fimplicité majefiu~u~e du flyle;
de la liaifon vigoureufe des prinCIpeS, & d{j
cet art vertueux & magnanime qui, fans ,
blelfer les intérêts , les repou Ife chacll n /
dans fes ju!les Iimit~s. Il me femble que
c'e!l-là tout ce que pouvoit faire, dans le
, défordre général, l'ami de l'ordre, le Mininre de la Nation, en un mot, l'lfomme
public. Pardonnez - moi; Monfieur, de
vou's expofer mes fentimens avant de con·
fulter les vptres. Je craindrois que ma demande même ne \'TOUS fût fufpeéle, fi je
, ne vous eulfe pas tenu en tout temps le
langage libre &..franG...que je tiens aujaurg'hui. Les opinions font indépendantes;
les défiances font naturelles. Ainfi, pour
peu que vous, conferviez des dernières,
contentez-vous de lire dans ma penfée,
fans me lailfer lire daus la v6tre. Si je
n'étois pas retenu chez moi depuis quatre
femaines par la fièvre, je ferois allé, non
pas interroger, non pas épier, mais entendre & agiter votre opinion fi intérelfante
pour la mienne. Cette même fièvre, qui
m'enchaîne dans mon lit , m'enchaîne daml
( 3)
,
,
l'inaaion. J'ai été ,forcé d'i nterrompre ce
- Mémoire fur le Clergé, entrepris avec
courage, & qui ail oit être publié. C'~ft
dans ce Mémoire que j'ai pris la liberté
de citer une page prefque entière de votre'
" imrérilfable Monarchie ,PrulIienne. V ~us
me défendrez, j'efpère , contre l'Epircopat :
je le prends depuis la crêche j ufqu'au Tr6ne;
1
je développe tOut fon fyfiême de rufe &
d'ufurpation, & je d~montre que .l'Eghfe
" Romaine n'eft que le Sénat Romain en
toge épircopale , trom'pa nt les Nations, dépouillant les peuples, & faifant de l'Evan.
gile le livre des Sybilles.
cl
Agréez, Monfieur, tous 'mes hommages,
& fi, v~us trouvez, mes premières dircuffions indifcrettes " prenez que je n'ai(l rien
, dit.
'
�(d
n,ombre d'exemples à l'appui de ces a[er~
tlons.
RÉPONSE
La foi publique palfée fous filence; Bi
cette affeétation a été bien remarquable.
_ Omiffi6n du genre le plus grave.
DU COMTE DE MIRABEAU.
3 Janvier 17 8,.
IL
l'
drOlt
. etre
•
.
' ft e & meme
• .Ingrat j
Jl.
rau
1l1Ju
Monlieur, pour ne pas convenir que le
Réfultar eft un grand bienfait pour la Nation; qu'il lui donne un grand élan; qu 'on
n 'avoit pas droit d'en attendre autant d'un
Miniftre François, ni fur - tout d'efpérer
qu 'o n prviendroit à donner à toute cette
doéhine la fanélion du Confeil du Roi.
1 Maintenant fi je pouvois me réfoudre
à palfer aux détails & à gâter votre jouiffance & la mienne, je trouverois bien des
taches dans cet écrit, d'ailleurs très-digne
d 'i ndulge nce, en raifoi! des circonftances,
des occupations de l'homme,' de fe s embarras en tout genre, & de l'extrême befoin
qu'il avoit de concilier les inconciliables;
j'y trouverois quelques principes fa\)x,
quelqUtlS vaci llations inquiétantes, quelques
omiffi~ns très - graves, quelques inconvenance~ très-choquantes. Je noterai un petit '
,
1
La grande QUESTION élevée fur lés
Lettres de cachet....•. Quelle règle doit
être obfervée DANS CETTE PARTIE DE L'AD~
MINFTRATION • •••• Quelle MESURE de fi·
berte' il convient d'accorder la prejJe.Queftions qui ne peuvent partir que de
principes faux & même odieux, puifqu.'elles
fuppofent que ,dans un fyftême de conftiturion la légitimité des Lettres de cachet
;r, en que
\) ( ,fi-'
peut ê tre ml;e
J,LOn ; qu , e Il es peuvent
faire partie de l'adminifiration, & que la
publicité des ouvrages relatifs, fait aux:
Minifires ,fait au Gouvernement, ou ci
~out autre objet public, peut être foumife
à une inquilition.
a
La difcuffion relative au droit du Tiers
de choilir fes Repréfentans dans les autres:
Ordres, l'affeétation très - fufpeéte d'une
précaution collufoire, d'éviter ce grarul
A },
�(6)
débat : OPINERA-T-ON PAR TtiE OU PAR
ORDRE? Débat qui divife la Nation, &
qui, fi l'on n'y prend garde, nous donnera
la guerre civile: cette affeEtation el1veloppée avec aftuce, de fuppofer, fans ofer 1&
prononcerJormellement, que l'état ancier_
allcorife & nécef!ite le. n:ode d'opiner par ,
Ordre; ce, qui rendroit entièrement ilI.ufoire & fiàif le bienfait d~ la bonne pro- ,
por~ion; en.~n, & fur-tout les SI redoutabJes "p.refque menaçans, & pe_ut-être;
hélas! prophétiques q~ terminent ce difcours mémorable. - Voilà J je cè~is J plu~
lieurs e,xemples de vacillations J & cereainement il n'y a,pas d'pumeur à en parIe(
ain{i,
,p'o ur c~ qui e~ qes inconvenilnces, je
citerai celle qui m'a,le plus h,euné dans cet ,
écrit, d'ai\leyrs en général très,adroit. Sous ' ,
aucun rapport la Reine !le devoit être-là.,.
11 n'y. a qu'une Majefl.é dans le Royaume;
~ je ,trouve irrefpeEtueux de pronoôcer,
le mot .l).eine dans une Monarchie où les
Reines n~ peuvent jamais être Rois. Le ,
nbtre , refpeEtable dâns fe s intentions , in-
•
J
( 7)
••
térelfant dans fes malheurs, peTfol1nell~ment en polférrton de la confiance publique, n'a befoin ni de' cautions ni de ga- '
rans. La Reine, fon augufte Compagne,
eft faite p~ur le délaffer des foins du Trône,
pour embelHr fa vie, pour verfer le bonbeur ;lU fein de fa famille , & non pour '
être impliquée dans les affaires de l'Etat. '
Lorfqu'elle a voulu que le plus beau des
Arts la repréfentât envirol1née de tout~s
fes g'râces, de t'ous fes droits, c'eft a.u milieu de fes enfans qu'elle s'ell fait Fellldre,
& non le globe à la main, ou la carte
dé la France fous les yeux.
,
Quant au ftyle, mérit: bi~n i~~ifférent,~
au refte dans un tel 'ohvrage J Je 1 al trou~é
commun J impropre, entortillé. J'e'xcepte < ,
ce bel alillea fur les compenfations que le
Roi trOUvera de la diminution de fon aut~·
rité arbitraire, ou ' pl'utôt de l'autorité I~I-,
nîftérielle. Admirez la puiffance de la vé,mé
& de la loyauté. Là, M. Necker a été hbr-e
& pur; là auffi il a été, noble? él~v~, .
é10quent. Par-tout ailleurs Il dt cres-fOlble,
fi vous exceptez ce trait de génie que peut1.
-.'
- A 1- .
�~ 8)
'ê tre auffi pourroit, on placer parmi les inconvenances, la défav eur auprès des deux
premiers Ordres peut perdre facilement un
Miniilre; les mécontentemen s du troiiième
n 'om pas cette puilTance, mais ils peuvent
perdre les R ois.
Encore u.ne fois, je fuis févère, Monfl eur; mais je ne fui s ni injllRe ni ingrat;
je conviens que les tach es difparoilTent
devant l'éclat d'un e œ uvre li nationale; &
il faut que je le feme bien pour garder le
fiI ence fur l'exécrable Arrêt du Confeil ,
qui J le jour de la publication du réfultat,
a conti nué force de monn oie au papier- de '
la C ailTe- d'E fc ompte. S ouffrez qu e je vous
l e <;life : M. Necker ell, en cett e occalion ,
c omm e H enri VIII J qui ne Jaifoit jamais
pendre un Catholi que fan s un Prote!bnt,
Four ménager l'équilibre. S'il nou s éJifie
p ar la bon ne proportion, il nous corrompt
& nolis ruin e par le papier-monnoie. C eux]à [e ul s qui n'ont point réfléchi fur cet objet
Ile s'e n indig neront pas; car le papiermonnoie n'eft pas moins un opprobre qu 'une
. c alamité ; les conféquences politiques en,
'( 9 }
ront auffi fatales q1:le les conféquences mo';
raIes en' font déteftables : & certes le Miniftre, qui protège pàr la force la faillite
frauduleufe d'une Société en commandite
qui agite trois cents millions dans fa circulation, eft très-foupçonnable de tenter;
par une colluiion perfide, d'accaparer tout
le numéraire du Royaume au Tréfor Royal;
d'effayer de fe paffer de la Nation pour
a lléger la dette publique, & de fe préparer
les moyen s de reouler les Etats généraux,
de les rendre inutiles, ou tout au moins
de les fubj li guer. Voilà, Monli eur, ce
q'lI 'avec un peu de talent & d'infiruél:ion
on rendroit crès-pal:pable; très-élémentaire;
fi l'homme. de la bonne proportion ne pa:.
roiffoit pas dans ce moment un homme
facré.
Je réponds à votre confiance, Monlieur;
vous le vo yez,' & je dis tout, non-feulement fan s crainte ; mais avec plailir. D'a~
bord j'ai trOp bonne opinion de vous pour
h é liter. Enfuite on cherche en vain à me
perf~ader que M. Necker & fes ami s s'effor~
CF.nt de m'exclure ~le-l'Ajfemblée natio..;
,
,.
�,
( 10 ).
( I l ).
nale. Je ne cr.ois pas cela. M. Necker cil
t;op au-delfous de fes circonftances & de _
lui-même, fi, dans ces · momens de régénération & de crife, il ne plane pas audelfus des relfentimens perf(;lIlnels & des.
fouvenlcs haineux. Il eft mal avif~, s'il
doute qu'on ne pÎlt analyfer fes opération~ .
& fes ouvrages d ' une manière redoutabl<? ,
mêq1e à fa popularité. Ses amis ne favent
pas lui déplaire pour le fervir, s'iis lui
taifent que .les ménagemens raifonnés du
Comte de Mirabeau, dans rAlfemblée nationale, lui vauqroiene mieux que fon oppofiuon hors de cette Afferpblée. Enfin.!.
& en tout état de caufe , je ne me tiendrOls
Eas pour exclus, parce qu.e 1V!.' Nec~er
auroit voulu m'exclure. QUOI qu Il en fOlt.
j~ defire pafIionnément d'être au.x Etats
généraux. Je ne crois point que J'y fulfe
inutile, & je me flatte de n'avoir pas démérité d'être à mon poft~ de ciçoYtn au
jour de la confiitution. Mais j'échouerais;
que je n'en· ferais pas moins l'ardent promoteur de la reconnoilfance publique pour.
qlJi nous aidera à nous conlhtuer; J'intré~
.
.'.
.
"
prdè foule~eur de l'opinion publique contre _
qui tenteroit de nous arrêter. Je n'ai donc
pèrfonne à cràindre, & per(onne de fincère
ne doit me craindre. Vo;lii en deux mots
ma pr~fellion de · foi.
si j'ave)is (u que vous fulliez rnal àde;
j'au rois· alf~rement été vous vdir. Maintenam je touch 7 à mon dé~art' pour les Etats
cfe Provence, & je ferai plus d'un mois
abfene. Puilfai-je retrouver vous bien portant ·, votre Ouvrage couronné du fuccès
que mériteront votre talent & votre courage, & le grand œuvre de la conflituiion
aulli avancé qu'il peut l'être! Pale & me
t
1
1
1
j
l
.
LET T RED E
M. C"
* *.
flatterie, (ans foiblelfe même, je
fuis ènchanté , Monfieur , de votre Lettre;
elle eft, comme di(oit Cicéron des Lettres
de Brûfus un ,bataillon ·de penfées rangées &. armees. Je ne les applaudirai cepenSANS
,
1
1
�t
I2 )
oant pas toutes: je bl~merai même avec
liberté celles que le fou'pçon ternit encore.
'Au nom de votre géni e , ne foup çonnez
plus le Génie; accufez les circonitances
excufez les omilIions & les obfc urités, &
les vacillations même. Q uand on aurait fa
teee dans le ciel, les vapeurs qui s'élèvent
de toutes parts y monceroie~t. Q uant à
vous, ManGeur, & à voere jufte prétenùon fur les Etats générau x, je ne ' doute
pas qu e vou s ne fo yez fatisfait. CertaineD;lent vous êtes un adverfaire formid able;
mais vous êtes citoyen; vous êtes philofophe; vou s av ez qu elque chofe de mieux:
vou s êtes trOp grand pour être jamais rinftrumenc d'un parti , & trOp éclairé pour en
être la dupe.
Commene ces partis aveugles & fourbes
en même-temps pourroient -ils tromper &
pervertir vos lumières ? Comment, deftiné
à jouer un rô le illuftre, pourriez-vous en
jouer un équivoque, & troquer des eriomphes durables cont~e des fucc ès momentanés & honceux? Une preuve que je crais
~ votre ame, c'eft que je m'y' fuis confié;
,
, ( q )'
e'ell ~ue je m'adreffe à elle; c'eft que je
fou halte , de toute la mienne , que VOLIS
fo yez élu . Nous nous verrons au ' champ
' de Mars , -vous, M{)nGeur, comme un
héros choiG, moi J comme un foldat obfcur
mais voloncaire. Recevez, je vous fup~
plie, tous mes hommages & tous mes remercîmens pOli r votre Lettre franch e '&
digne de nous deux : ' car je l'ai lue avec
orgueil.
'
RÉPONSE DU .COMTE DE M IRABEAU.
)(
'J
4
Janvier J789_ '';
,.
;eçois J en ' rentrant J votre aim ahle
Lettre, ManG eur: vous êtes bien indulgen~ pour un billet très - h~ué, où je n!ai
que jetté quelques idées fans delIiner aucun traie J & je ne dois votre prévention
qu 'au fencim ent de g€néroG eé qui vous a
fait incliner pour l'hom me dont les opinions heurtoienc fi loyalement les vôtres.'
Quelle qu e fait la ligne de démarcat ion
gui fépare vous & moi de la vérité,
E
�,,
, '( '4, )
· M. Necker eft en bon terrein. pouç ~érou
dre mes doutçs; car le jour approche où
l'on ne pourra, ni manquer la cOl)lidéra• tion, fi on la mérite, ni garder: celle qU'Qn
auroit ufurpée; & pour me,.fervir d'une
des plus heureufes expre!Iions de M.Necker
· lui-même ( précifément à propos du Papier.
•
monnoie), exprcelIions, où je fçlUhaite qu'il
ne tro'uve pas tôt ou tard fa condamnation.
cc Il dl devenu difficile de tromper long» temps les hommes dans toutes les dif» policions publiques où leur fortune dl
, » intéreffée; & fi c'eft une grande faute
» du coeur que de le vouloir, c'eft au/Ii
~ u'ne grande erreur de l'efprit que ~' y
• » prétendre ».
l\'iais duffé - je renoncer aux défiançes
; que vous m'invitez. à dépofer" & qui ,font
_ pourtant, dans nos circonftances, l~ feu
facré, à la confervatior.l duqpel dqIVent
j
veiller les bons Citoyens, je n'en ferois
• pas moins convaincu que le Pap-ie~-mon
noie qu'a ofé c.réer M. Necker ... eft u~
grand mal, un mal irréparable, un mal q~1
fera infailliblement fatal à. çe ]\'ijn~C(;, ly1-
"
( 15 )
~êm-e; car il èft des erreurs que l'on ne
peut phs commettre impunémeot; & au
défaut des principes, le fort de tous ceux
qui fe font permi's cette manoeuvre, auroit
dîl l'effrayer. Prenez garde, en effet, que
1\;1. Necker eft fans excu[e polIible. M.
d 'OrmefTon' avoit celle ' de l:inexpé •
rience; M. de Sens, celle du trouble
de [es derniers: momenS 1 mais Monlieur
Necker, qui doit [on incroyable fonune
à J'idée qu'on a conçue de fon talent en
finances; M. Necker, qui fe troLlve avoir
reç~ gratuitement la grande leçon qu'a
donnée M. de Calonne, en 178); M.
Necker, qui a écrit [ur cette catailrophe
de 178) : Il faut tirer le rideau fur Cet
événement, que la moindre circoTifpeélion,
que la moindre prévoyance, de la fart du.
TréJor-Royal, eût préveTW; mais on voulut
profiter inconfidérémént des fecours que la
Caijfe-d'Efcomptè pouvoit fournir; & les
Adminifirateurs de cet "ùablijfement n'eûrent, ni la prudence, . ni la firmeté niceffaires pour remplir convenablement Ifs deJ'oirs de "lellr plaçé. E~ - ailleurs: Ce q~'il
�{
{\ 17 }
I -~,)
faut cmindre le plus dans les Etats mana,"
chiques, ce font les efforts de l'autoriti
contre tout ce qui l'importune; car elle
n'obferve pas toujours, dans fon aaion"
la mefure & le ménagement convenables;
m ais le Gouvernement efi trop nouvellement
infiruit, par l'expérience, pour qu'on puiffe
- fe defier ji-tôt de fa prudence, Et ailleurs:
Il -n)' a nulle proportion entre les fecou rs
momentanés que L'Adminifiratio/Z pourrait
tirer d'une avance extraordinaire, & les
inconvéniens qui r~rulteroient de l'altération du crédit d'un établiffiment ji utile;
Et ailleurs : L es établiffimens fur-tour. ou
le moÎn'dre abus en retrace 'ji facilement
d'autres plus grands, & qui ne f ont 'point
effacés de la mémoire, exigimi eTléo're'plus
de cù:confpeaion, Et' aïlleurs : Il faui: ~c
corder quelque confiance aux progres des
llimieres; l 'ignorance d'un temps : n'efl pas
celle d'un autre, & fouvent c'efi ce 'qu on
a f ait une fois qu'on -ne peut pluS ienter.....
M. Necker, qloli, âprès avoir écrit tOIÏtes
ces chofes, a eu quatre mois dev'ant 'lui
po~r préparer la rénovation du crédit de
la
la ~aiffe-d)EfcQl1!pne; M. Necker, qui n~
cralOt pas d'avouet dans cet Arrêt du Confeil, rendu, affiché) exécuté, mais non
pas publié & diftribué, que, « pàr le re).) tour ~r<fdu~l de la confiance) & pat la
).) concflme clrconfpeél:e des Adminiftra~
» teurs de la Caiffe-d'Rfconipte, le n u ~
» métaire ~ffeéb( d~ cette Caiffèa pris
" un accrOlffemc:nt Journalier; & c:Iue ce
» _numé~a~re fit tel àujMrcl'h ui-, que l'on
»p0arroit taif0nn-abJement tétablir le
» 'Cours, ordinaire des Pâiemens inter..r
.", rompu par IfArrêt du \8 Août defl1ier : ù
c~ qlili' revi~l1t pr.éciféfrfM t à déclarer qU'CS
oeil a\ll moment où la, Ca-iffe-d'ECoornpc$
cft- e~ ~-é"tat de remplir fes erlgagem'ens l
~.- où , ~l étoit ra-i!017.nable qu'elle lès iJlt;lm~ ,
l'he, que M~N e"Cker l'en éliÎpeFlfe. Qu'âné~
gùera-t·il ,r0ur fe juftl-fi'ér? N'a-t·il pas p~o~
n,oncé ' ~b ~-m ême , qu'il n:a ni citéOflfp811 .J
ItOn) nl. p révoyance; qu'il fI- irtdiJvl~t:e7lfen8
abufé , ~e- cet établijJèment;' qu'il a foulé
aux pieds. les fo ix qui l'importullOient;
qu'il pr~che felon les temps & les lie ux
,tluifqu'il .loue auj our-d'hui èes mêmes Ad:
,
B,
,
�( 18 )
minlilrateurs qu'il a livrés au blame publié
dans fon grand Ouvrage; que le progres des
i}.Lmières enfin lui a été inutile? En effet,
l'orgueil eft flationnaire , & croit airément
çue les principes mêmes doivent céder à,
fa volQllté, à fa convenance, à fa préfcience,
à fon omnifcience.
. Ah! que M. Necker fera bien de tacher
(l'être ,u n homme d'Etat! car voilà fa réputation de Financier, fur laquelle vous
!J'ignorez pas que, depuis long-temps ,je
fais à quoi m'en tenir, voilà fa rép.utation
'de. Fiaanc,ier irrémédiablement -perdue; &
tous les j ours il fentira mieux lès -entraves
qu'il s'eft données" Qa'il nous conftitue
ôonc, MonGeur, & qu 'il obferve . l>ien
'lu'en 'ce€i il aura & des juges révères,
puifqu'on l'a demandé pour régir nos, Finances, & non pour nous conftituer; &
beaucoup ,plus de juges, foit parmi les
adeptes, foit parmi tOlites les claffes des.
Citoyens; car il femble qu'il tle faille
,q u'être François pour avoir la prétention
ou même le droit de juger ce qui nous '
convient en fait de conftitution, au lieu.'
( '9 )
que
avoit ' déd'
- li !lotre
,- - folle léO'èreté
b ,
al gn é
jU qu ICI . la fcience qui pourtant renferme
les premiers agens de la puiffance, de forte
G.ue 'nous .aUouyons aifémeot les préten~102s en Ftnances. Qu'il {onde fon terrein,
q~ II affure fa marche, que fur-tout il ma- '
I11fefte
& développe fes deffeins ' car il 1':
• fi
.
,
ler~
tres- urvetllé; & il n'eft pas certain que la'
pureté de fes intentiqns fuffife . pour l'abfou~~e, ~l1êm~ dans l'efprit de ceux qui
cr01~Ont a cene pureté, des faux pas qu 'il
ferol~ dans cette carrière ardu e & gliffante.
. ~Qllant à moi, Mànfieur , puifque votrf!
bonté ' .me nolÎfnie encore, à côté .d
défiinées de là Nâtion, dans cette bel~;
~oqu~,. vous avez raifon de croire que je
nelfèra'l Jamais, ni la dupe, ni l'inftrument
d' l'ln par.ti..... Un parti! En eft-il donc
pour ~ui. ~e refpeéte, un autre que celui
d,e -la Nation? Eh! quel prévaricateur alTez
lache, quand iJ peut s'honorer d'un tel
client, Pînfetoit à ptenqre un patron quelCQnque? Ah ! ils connoiffent bien peu &
l&'s erreurs ~e ma vie, & les défauts' dl\ '
. B
2
1
1
�'(
( 20 )
mon efprit pu de mon caraétère, ceux -qui
croient qU.f< j'aurais pu réGfter à mes pr~-.
pres fautes & à celles des ~utres, fi Je
n'avais eu pour éternel appuI le courage
de la bonne - foi, & la candeur. de mon
4n10ur. powr.le bien public & la ~érité.
'L li: T
T RE
M. C * * *.
DE
Ce 4: Jan-/'jer [78.\!.
MAL
ce que vous reprochez;
Monfieur, à l'Auteur du Réfuttar, votre
Lettre m'avolt cha~~é : édifié. Je venois ,
d'entend'n: des adverfaires, non-feulement
lui faire les mêmes reproche~ , mais encore
lui refurer les éloges qU(l VOtlS lui ac,cordez l~y:ale'ment ', ,& en Cic?yen, & , en ,
~onnoiiTeur. L'indignation que m'avoient
infpirée- d'i!1jufte~ ce.nfeur:r, fe, tourna en ,
recorinoilfance pour .vous ;. car il faut qlle
je i'iv?ue, fans connoît~e M. Necker,
fans être 'connu de lui, fans dépendre de
cbnaut~rfté' ;' ni par auc'une efpérance~ g4~
G ' !t É
•
1
J •
2 t
)
par aùcune pretention ,Je fuis fon enthou:; ,
liafte, fan panégyrifte; &, ce qui eft de
trop peut - être, fon défenfeu r en toute
occalion. Avec- ria même franchife que j\J
vous déclare, MonCieur, ma prévention
dominante, je vous dirai'que je ne conçois
pas l'Arrêt du ' Confeil, concernant la
CaiiTe· d'Efcompte. Si un morrel me paraît
mériter la foi humaine, c'eft lui. Pourquoi
donc cet aéte, qui femble prefqu'infidèle
ou du moins imprévoyant? Tout le monde
m'aiTure que les Adminiftrateurs ont follicité, ont arraèhé cette prolongation;
felon eux, indifpenfable. On m'aiTure que
la perception des deniers ne 'fe fait poin
en ProvInce. Les troubles, les dérangemens de toute efpece ont prefque tari la
fource de l'argent. Au lien d'affiuer à
Paris, il reflue vers les Campagnes, où toUt
eft dans une difette effroyable. La puiffance du Roi, celle même du Gél'lie, ne
fauroient vaincre la puiiTanée des Elémen~
déchaînés ~ontre la France, & ligués avec
les faétions pour la détruire. C'eft fous
cet afpeél que j'enyi[~ge l'irrégularité d'une
BJ
�r(
1
'22 , )
Adminiftration qu'il ' m'eft impolIible de
t. ax~r d" Ignorance, ou de foupçonner d'in-Julbce. Le temps dévoilera ce myftère ... &:
a~foudra Ca~on. Co~meht croirai- je que
. 1~omme qUI ~onnolt le mieux les princIpes du crédIt, qui a fait le plus. de
preuv~s de conftance & de f.1geffe, qui a
un œIl fans ceffe ouvert fur le Public '
& qui voit le Public fixer fans ceffe fe~
yeux fur la moindre de fes opérations, 'en
hafarde une ft équivoque, fi elle n'eft pas
rtécelIitée par des circonfiances irréfiftiblesou liée à des reffources' qui en répat'er()Il~
toutes les conféquences fâcheufes ? Un
homme, tel que M. Necker, fait perdre
fa place plutôt que fa réputation & fa
vertl!'. En Il!) , je croirai phi tôt que toutes
les têtes font tourné~s que la lienne n'a
varié. A ppellez-moi fans tête moi-même
.J'Y confens; ce qui eft certain, c'eft gue
je {l'ai pas une idée qui ne me porte à la
confiance & à l'efpoir ,;' & fans ces d ~ vx
appuis, j:errel;ois t,r.ilJe,me11t fur un océall
d'incertitude & de terreu r. Le ~iniftre
.doit avdir bien de la peine lui-même
.
. entre
'
( 23 )
'tant d'écueils, &:, ce qu'il 'f a d~ ·pire; .
au milieu de tant de perfonnes qui crai~
gnent moins. le naufrage que le nocher:
Cela me coutrifte, me confterne. Votr~
Lettre, Monfieur, en m'affiigeant, m'infpire , c~pendant pour . vous une pIns viv;
efiime. Vous ne. montrez pas, vous dé~
ployez vos pen fées. Sans réfiftance, point
de reffort, fans réffort, point d'énergie.
La vôtre m'enchante, ~ je fuiS- pe~fuad.é
que, lorfque vous ferez plus prês. des
objets, & plus ~aître dés inftrumens, vous
reconnaîtrez qu'ils agiffent les uns fur le-s
autres, & forcent la main la plus -ferm-e:
:Agréez J Monfieu~
, toù-s mes hommages.
i
,
.
RÉPONSE DU COMTE DE MIRABEAU.
Ce 5 Janvier. 1789.
~onfieur;
OH!.' pour ie CQUP,
c'eft être::
trop extatique, & vous ne vous fauveL.
que par la foi. - Que M. Necker fait un
Saint, fi vous 'l e -voulez abfolument; mais
qu'il ne fait pas un Sage; car- il ne l'a
B 1:
�,( 21
1':1$' été, lorfqu'il
1
'1 poré fes princip~s f 011:"
il a ç~lfé de l'être 19rrq~/~1 les a démentis. .
. D 'ailleurs, vous n'êtes pas au courant
'cle .Il!' queftion, {X fout l'erprit du monde
ne ·rupplée pas l(j~l faiçs. . Jamais j'l n'y eut
plu§ q'prgef,t ~ l'jlr·is, quoique la méfiante
l'y r~ ff!lrre :- j3m.ais la faéale induftrie de
l'Agiotage n'a ,p~u s faiçafRuer· le numé.
raire dan~ 1.a Capit.;lle : jamai~ on ne pri~
pH - plus sûr moye!l d'en arrêter la circulation, d'en tarir les fourees qu'en [airant ,
'pu P~p ier-monnoie : jamais on ne connut
moi·ns I~ véritables fQurces du crédit que
M. Necker; celjt a été · arithmétiquement
dém{) n~ré : iamai$ on ne fut moins de xtre;
& moins féco nd en expédiens; & les troubles des P rovinces ne fulTent - ils pas fo~
melltés , il faut 'Convenir de bonne grace
que l'apologie eft bien foible qui contrarie
l'Expofé du Mi niftre même que vous déÊtodez.
op1 raâon ~étfJit pas ni<:ejJùée
p ar' des ç~r.ç~nfiqn~i,f jrréfrflibles ., puirqu'il
. affur~ qu~ la Caiife - d'Efcompte pouyoit
reprendre [ es jfqZ(m erts,; & le Cawn quI a
, mis à fonds - Pfr:dus. touS les prinçipes &
-,sqn
1
( 2$ ,
les revenus de la Monarchie; le Catot!
I!ui a infeélé l'Europe de reiltes viagères
& de mœurs vi~gérilles; le Caton qui a
loué ou profcrit, felon les circonftances
particulières, lés mêmes opérations & les
mêmes hommes; ce Caton a montré, il
faut l'avouer, peu de confiance, s'il s'eft .
laiffé arracher .pàr des Banquiers, qui déja
deux fois ont verfé la banque de fecours ;
un Arrêt extravagant autant qu'inique. Je
ne fais fi toutes les tl us tourneront plutôt
que la fienn e ne variera; mais je fais qu'il
feroit 'airé de vou s montrer que M . N ecker,
comme /l,dminifirate.u r - Financier, ce
montre irrérolu, flLJéluant, ver[atile, & 1
que fon fyfi ême paroÎt être précirément
l'indécifion. Sur le tout, on. ne peut plus
en finan ces fe payer de mots, de fecrets,
de myfidres,. Qui dit crédit, dit confiance, .
~ la confiance 'exclut le myfière. CroyeZ"
moi donc , ,MonGeur , que votre Thauma~
turge recoure à d'autres argumens pour
fauve [on infaillibilité, & faire paffer la
t.ranCubllantiationpolicique, par laque!le
a
�( '2 6 )
prétend fNcer "les hommes' à ' l'reDdre a~
papier pour du .métal.
Quoi qu'il erl foit, je voùs le répète,
la défiance eft d' ici à long.temps le devoir
des bons 'C ü'oyens ; & certes " quand vous
aurez réfléchi à fa doéhine ambigue de
M. Necker, fur h~ mode d'opiner;' quand
,vous vous ferez derrtandé , à vous - même
ce qu'auroit fait de plus un Mini/he qui,
fe voyant arracher la bonne proportion,
-& la cédant comme une conquête de
l'opinion publique, aurait voulu raffurer
les Princes, les Magifirats, les Ariftocrates, Votls -v.errez que, m ême en matière
ù' Etats·Généraux , nous en fommes au no/!
iiquet.
Ah! MonGeur! laiffons au Peuple, de
toutes les claffes , l'enthou(lau11e; tenonsnous dans la mefure du ni! mirari d'Hprace,
entendu .dans [on vrai fens; & n'oublions
pas que l'imprévoyante reconnoiifance a
plos enchaîné de Peuples que la défiance
vigilante Il:en a fau'vé~. J'ai dit, quelque
part, p.ardon ,de l11e cit~r; mais j'ai bien-
( 27 )'
'dit: Malheur, malheur aux Peuples rt'"
connoifJans! ils cèdent tous .leurs droits à
qui leur en a fait recouvrer un feul; ils
fe forgent des fers j ils corrompent, par
une eXceffive confiance, jufqu'au grand
homme qu'ils auroient honore' par leur ingratitude. Voilà, Mon{jeu'r, felon moi, la
, politique dea hommes libres.
\
te
,
LET 1; RED E
M. C * * *.
Ce 5 ] "nvi er 118.9 _
de vous dire, Monfictlr,
q'u ' entre nous deux, n{Jus devons fair,e
une balance : je mets, d'un côté, les
poids de l'enthoufiaune; vous mettez, de
i'autre, ceux de l'improbation, J'avou,e
que votre ma~ière a l'air plus libre, mais
non plus jufte. Un admirateur reffemble
:pl us ou moin s à un fanatique, lin C011-:
tempteur paroÎt quelqu efois un peu barb3re. Le [al ut public, dites-vous , dépend
'plus de la défiance que de la cr 'd uli,é~
PER METTEZ ' MOI
�~
28 ,
Oui jufqu'à un certain point; car l'excè.
de I~ défiance eft la plus funefie clifpofi.
tian; elle précipite dans I~9 calamités, au
lieu d'en ' détourner ceux qui ne fe croient
jamais en bon chemin. Quel crédit _peut
fe foueenir devant un ' Peuple fans celre
effrayé ? Vous faites, Meffieurs, e~ ce
moment, pardonnez-moi Ia: comparalfon,
la même chofe que faifoient les Prêtres
~;-- la renaiIrance de la Philofophie. ~ ou~
la forcez, tantô t à fe cacher, ta ntot a
fe démentir, tantôt à être trembhtnte,
tantôt à être extrême. Car enfin, d:où naît
la frayeur qui refferre J'argen t, qui in:imide la raifon) qui donne ' au x efpnes
modérés une conteQance prefque pllfillanime? - de la rage des p a ~ti s qui chacun
accufe J'autre -de foibl eIre , de trahi fan.
Ecoutez les complices de M. 'de Calonne:
lui feul cannai Irait les affaires & les
llOmmes, & cependant il il perdu les unes,
& s'ell laiIré bêtement' perd re par les au·
tres. Ecout~z les damn és de l'A rchevêque
de Sens' c'écoit l'ame la plus pure & la
mie.ux i~tel1tiannée , & cependant il cn!
î
.
1
( 29
t airait fllr lui la fo rt une , & fur nous let
chaînes. Ecou tez les adverfaires de M.
N cke r : il t·ro mpe & ru ine l'E tot, llc.
cependan t ce ux gui parlent FInance font
fes écoliers, & l'Etat n'a profpéré q'ue
. lorfqu'ill'a régi tranquillement. A préfent.
il ferait defcendre du Cid chaque parole
<'!u'il pronqnce, & chaque Réglement qu'il
fuit, qu'on s'éleveroit contre. Les têtes
ne fe croient forte~ qu'en Ce choquantentr'elles. Je vous excepte, Monfieur, de _
la foule de fes détraéteurs. Quüiqtlè vous
foyez le plus véhément de tous-, valls
n'êtes ni violent
ni abfu·rde-; & 1je ~fuis sûr.
,.
•
que, fa·ns vos dtr-êmes défiances, & peut.
être vos jufie-s -teffentimffis, v~us le jùgeriez mieux. L'homme qUI a fOtlverainement l'efprit d' ordre & le calcul des Fi.
nances , ne peut tomber dans les erreurs
groiIières que vous lui reprochez. J e m'en
tiens au principe de Bu rke : « Celui qui
» eft irréprocbble dans fa fa mille , elt un
" homme défigné pour les places pu bli» ques. » Je m'en tiens au pri ncipe de
~ulIy' ; « Je gouverne lell affaires de la
�(, 30
)
»France diCoit-il, comme j'ai gouverné
l> les mie~nes. Il Mais je ne veux pas difputer plus long·temps ,avec vo.us : q~elque
charme que je trouve a vous !tre & a vous
répondre, j'ai peur de dire quelque choCe ·
que vdtre méfiance prenne en, ~auvai:e .
part; elle auroit grand tort. Jaime, Je ,
. refpeéte votre énergie, & je penfe:-qu~ vou~
préférez d'être un !féréii.arque . Cubhme a
être un Philofé>phe Impartial.
. L'autre jour, dans ma chambre, un
homme très - important déchiroit à belles
dents le Ré/ulLat. Devinez, MonGeur , .
quel ho~~e la_u_rois voulu avoir pour le·
réfuter ~ V ~us même. Ah ! fi vous ent~n
diez P!lrler vos valets, VQus les ch.aITeneOl
<te votre (éc,ole.
J !.,
1
-
• J
," 1
-,
,
RÉPONS! DU COM:rE DE MIRABEAU.
Ce
Janvier
17 89_
j~
Moniieur, vous prie,
lequel fait plus ou mieux le Prêtre, de
celui qui dit: voici le,s faits J rép.ond~Z;"
ou de celui qui s'écrie· : croye.{ & n~ dif&uteZ pas ..Voilà précifément ce qui [e pjl[Ç)(
entre nous, :& j'ai cet av,!ntage,.qu'e.Ii ~qus
dénon'i anc le papier-!;l1çnnoie} je combats
cette opération par les pripçipes mêmes de
votre ·Hé.rQs.
.1
A çette mortelle <!;Ctaque J que rçp\lj17
ôez-vQuÙ 1/lloTlJme 'lui a JoqyçraineT1.lAhA
l'eJjnir d'ordre .& .l~ -fç,kqi ,dq fi'iancl!s." n~
peut tomber dans le-s' ~fI;eur.s gZOifiCr8S Iqllfé
,\,OUS {{Ji reprochez. E~ ! i;MS1nIi~ur, prouyez
gu'il ,n'y eft pas tomq~ ". ~4 lieu de plet;Je,
~n fa~ ce qui efi évid~J;1""',H}nt ~n queltion .r
~ [avoir: qu'il
peut.pas fo.mber} paree
EXPLIQUEZ-MOI
ny
..
6
J
qu'il a fouverainer.nenJ l 'efPrit d'ordre. &: !"
calcul. "es finances. .'
,j'll
:Vous croyez le jufiilier 1 en parliJn,H~~
�1
( 32 )
( )3 )
'la-frayeur qui refferre i' argent, &. vous ert
p~bliqlle; d~ 'l'adoption àe la dette pu-
.
que
tuez
u'n argunlent contre la défiance
.
cl an s la crife où nous fomme-s , Jeé regarde
M'
aiS,
comme le palladium de nos liben s.
.
Monlieur, d'où naît la frayeur qUl relfe,:"
l'argent? Ce n'eft ni la rage des parllS >
. 1a pUltl·
-,Tan" des élémens déchalnés
contre
_.
.
.
la France & ligués avec Us faaLOftS qUl
111
l'ont produite. Ce· n'eft pas m&me la calamité dont VOtiS me paroiffez fi effrayé, &
qui- dites-vous, a fait reAuer l'argent veU
18s ~ampagnes; car cela n'eft malheureufement vrai en aUClfn fens; Be _cet.te révuHion fi elle exiftoit> ferait bénit' auX
,
é ' cl '
vrais hommes
d'Eta~, & l'intemp -rte -es
faifons, & les météores les plus ~êftruC'
teurs. Je vous dirai qu'elle en eft la vetitabl~
éàûfe; mais' il fau~ difringuer.
., Padez-vous de la !ih<tUvaife' lituatiôtl_dlt
érédit ? elle tient tI~iquement ·à ceéi. L,a
france ne peut pIriis. patrer d'tm crédit
.),lational. Un cré~it miniftérie1 quelc~nq~:
, ,ft(: fauroit plus lUI f'\lffire. A plus forte rai
fon> quand le Modérateur des Finance~
'
d e par1er
,vite "lVec aflie..n
LatlOn
, de .la' fOl
, publtque l
le
'.
blique, de llOfluence certaine de l'efprie
public pour la liquidation des engagemens
publics, qui paraîtront peu de chofe le
.jour Oll nous ferons conftirués. Vous -êtes
donc dans un cercle vicieux, quand vous
dites: ne vous défiez pas, & tout ira bien.
Car
, rien n'ira fans une conftirutÎon , &
c eft pour le grand œuvre de la conftitutian qu'il faut fe défier de tout.... Ce
n'eft point -l,à cie la ' verve d'He'réfiarque,
Mon{ieur, c eft de la pure & fimple logIque.
Parlez-vous de la rareté de l'argent?
Rien ne la produit " Monfieur, Comme
la préfence du papier - monnaie; car le
premier & inévitable -effet de toute création de Papier-monnaie, eft la difparition
du numéraire. Evaluez, comme vous voudrez, la caufe ou la mefure du refTerrement
'des efpèces en tout ce qui avait rappore
aux affa'ires publiques, du moins la circulation & les fecours pouvaient exifter
jufqu'alors de particulier à particulier; &
celui qui auroit manqué de confiance dan~
C
�(H'
les effets royaux pouvait pr~ter fan argent
à fan. voifin fol vable. Mais n' dl - ce pas
condamner les efpèces à ne pas voir le
J'0 u r , &- mettre le fcellé fur la cailfe de.
tout Capitalifle raifonnable, que de ~u~
montrer, que s'il a une fois la folletéméme
de livrer fes écus contre les meilleureS
fignat ures du commerce de France, ils ne
lui rentreront plus que fous la forme de
ces ' méprifables . billets dont . M. Necker
faifoit de l'argent, au moment même, &
par la caufe qu'on ne pouvait plus les payer,
ces billets, dont la redoutable fabrique repore dans les innocentes mains des Adminiflrateurs de la Cailfe - d'efcompte, fans
bornes,fans furveillance, fans caution autres
que cette étrange circonfpeaio~ ~ui ilo~I S
donne aujourd'hui, pour la trOifieme fOIS,
le fcandale du papier-monnoie?.-. Vous
êtes donc encore dans un cercle vicieux,
q uand vous e,xpliquez h nécefIité du par: '
'pier-monnoie par la rareté des elpeces
~u ' a
produit la défiance engendrée par le papl er~
monnOie.
Je le fens, Monfieur, cette déduétiorl
c3) )
eft contrariante; car elle explique tous les
fuccès de M. Necker fan s l'intervention
d'aucun miracle. Il eil aifé de concevoir
pourquoi les lettres de l'alphabet 'VOnt plus
vîte à l'Hôtel-de- V ille, & pourquoi la
Cotte des effets publics devient plus brillante, quand on réfl échit que le balancier
ban.nal de la Cailfe-d'efcompte fuRit à tour.
MalS tels font les faits: ce n'eft point par
reffinument ~ontr~ M. Necker que je les
eX'p0fe; car Je ne fui s point en reile avec
hu; t.~~te rancune feroit donc fans objet;
~ fi } al donné la véritable explication des
faItS; fi les conféquences que j'en ai déd\:lites font démontrées, de quel droit me
reprocheriez - vous, Monueur, d'être ou
de n'être pas de l'école de M. Necker?
!ous ceux. qui parlent fin ance Jonc je-s
ecolurs} dites - yous. Je ne m'en doutois
pas. Mais d'a bord Newton & Lagrange Ont
appris, dans de très - mauvais Ouvrag~s
peut-être ,.. la géométrie élé mentaire. &
M. Necker lui-même, de notoriété p~bli-
que, eil de l'école de l'Abbé Te rray. Cependant mettant à part l'économie poli ~
C
:l
�1
( 36 )
tique que M. Necker n'a pas la prétention
de favoir à ce que je m'affure, pour me
renferme: dans la finance proprement dite,
expliquez,moi donc, je vous prie, li celui
qui a fondé la Caiffe d'amorüffement , par
exemple, contre laquelle M. Necker a
écrit de li grandes & de li coupables abfurdités) eft de fon école? Si, m~i indigne
_ qui ai dénoncé à l'Europe les fUites fatales
de fon fyft ême des emprunts fans imp,ôts,
lequel n'a plus ~e pa~tifans q~e 'par~~ l~s
~veugles-nés, Je fUIS fon dlfcl~le, . SI,
quand je l'ai averti qu'il ne f~volt pas les
premiers élémens d? l~ théor~e des ~~~:
noies, j'étois fon dlfclple? 5), quand Jal
dépecé [es emprunts, & démontré, ~.ar
l'inexpugnable logique de Barême, qu Ils
.devoient être cOI11f'tés au nombre des plus
chers & des plus onéreu ~ qu'ait fupgort~s
.la France, c'était à fon éco-le que J allOl.s
.me former? Dites-moi) fur-tout, car Il
faut en revenir à mon premier argument,
tant il eft illvincible ; li de ce que je ferois
[on écolier, il ~'ef.l fuivroit que je ne puITe
' ?
pas avoir raifon contre l u).
( 37 )
'. Au fait; Monlieur, de quoi eil-il quefnon entre nous? Du papier-monnoie. Or,
quand vous dires que M. Necker ne peue
lomber dans les ureurs groJlieres que je lui
, reproch~;. ce n'eft pas' le fait du PapierlllOnnOl'e que -vous conteftez; car l'Arret
exifte,& la Loi s'exécùte . C'eft donc l'erreur
que vous niez? Eh bien! Monlieur, li les
obfervations que je viens de vous faire ne
v.ous fuffi~ent pas, fi, vous voulez le principe au heu des dtfculfions de dé tail
é'
,
Coutez-mOi. Voici qui n'ell pas de l'école
de M. Necker, ni même de l'école de la
Finance; c'ell de la pure & éternelle nature des chofes, c'ell da la fimple & immuable raifon; vous en êtes donc juge
compétent.
'
La Providfi!nce, qui deilinoit l'homme
à, l'aétivité, n'a pas voulu qU"il y eût une
nchelTe porIible qui ne. fût le prix & le
prodllÎt d'un travail proportionné. Ce travail, il eft vrai , n'dt pas toujours fourni
par le propriétaire même des richelTes qui
le repréfentent; mais s'il n'a pas été fourni
par lui, il a été fourni pour lui. Toute
Cl
\
�( 3S )
la théorie des valeurs n'ell · fondée que 'fur
ce feul principe, & celle des métaux précieux y eft aufIi févèrement alfujettie que
toutes les autres.
•
Quand on réfléchit à touS les genres
de rifques, de frais, de travaux, de ,"on.
'
fommations , dont il faut le concours pour
tirer des mines les matières métalliques;
& les convertir en efpèces courantes, on
conçoit bien .qu'une once d'argent foit l'équivalent de cinq à fix journées du travail d'on homme de peine. Toutes les autres
valeurs s'apprécient par une femblable mefur·e. Mais quelle fera la valeur d'un ftérile
Papier qui n'offrira nul mo yen certain de
converfion en argent? Ne vaudra-t-il aufIi
que le travail qu'il en aura coûté po~r le
produire? En' ce cas, il ne' repréfentera
rien, abfolument rien.
Voilà, Monfieur, pourquoi le Papier.
monnoie eft ûn fatal preftige , l!ne déception coupable, un très-grand mal au pbyfique & au moral. Voilà pourquoi la force
& le fuccès d'un Papier-monnoie font impofIibles~ Voilà pourquoi la vertu, le pa-
.( 3!) )
triotiti11e
,, le dévouemeùt 111~ me des Aln é ..
..
r~call1s., n ont pu opérer cette tranfmutatian nmaculeufe. L e,urs courageux cito yens
les rigueljrS
dont foutenu
'
' de la gu erre &
es
. . 1'1 S
" falfons, . & cij.aifé les
, tyrans' ,· maIs
n Ont pu foutelJh ~n ,Papier-monnoie.
~efcendez,' Monliell.r, du principe <lUX
,~état!s, & c eft a,lors ql, e vous verrez, à
•1 ,éternelle honte des Sonhiftes
-r
, qu ' un p a'Pler-monnoie ell un flé.au vérit~lije; qu'il
renverfe toutes les compinaifons de la 'rai~o n, d~ la prudence & de la j uftice ; rend
IOCertalnes toutes les valeurs, fappe tous
les
'r
. fondemens de la 'propriété ' & qu "lnLt.Hué en France au milieu de deux milltards & demi d~eÇpèces monnoy,éeS', il ne
peut être. envi~~gé .que ,comme un foyer
de tyralilnte, d ll1fi.délité -& ,de chimères
une véritable orgie de l'autorité en délire~
Je ne développe.rai pas, MonGeur,
toutes le~ co'nféquences de l'opération de
~. r:reck~r , noo-feulement parce que je
n ~C:IS qu un~ lettre, mais enCQre, parce
qLJ all1fi que Je rai dit ai.Heurs, la Sllfeté
.,publiqu.e ,ex:ige qbI'Olil ne donce point \lne
C~
�(1° )
'd écompolition trop exaél:e des poifons;
Souvenez - vous feulement que toute la
magie des cours de gobelets conii!t~ da~s
le mouvement & la preftefTe; que blentot
le Papier-mon noie prendra une autre forme,
& que vous le verrez fordr de la gibecière
-Cous la figure d'un emprunt.
,
Ne vous hâtez donc pas, Moniieur) de
parler des reffources qui répareron,( toutes
b conféquences fâcheuJes du Papier-monnaie, Ne comprenez-vous pas qu'elles feront criminelles en raifon de leur fuccès,
fi elles rendent le Miniftre moins di pendane de la Nation? & / qu'on ne fauroit
·vou s accorder en morale J qu'un crime
commis dans un erpoir d'utilité éphémère,
& la certitude d'une réparation à venir,
en doive moins être regardé comme un
crime?
Gardez·vous encore de vous retrancher
dans des comparaifot!s & des exemples;
car c'eft ici que M Necker eft cnciérement fans excufe. Vous ne me foupçonnez pas, je crois, d'ê tre partial pour M.
de Calonne. L'Auteur d_es cinq de.rnières
"
( 11 )
pages de la Dénonciation de l'agiotage,
eft trop abfous de , ce reproche; mais cela
même lui impafe le devoir d 'être plus ftrictement équitable envers l'homme qu'il a
frappé. Rappellez.vous l'époque de 178 J.
M: de ~alonn: au/Ti trouva le Tréfor-Rayai
vUlcle , la Calife - d'efcompte, en faillite,
Je crédit enfeveli fous des ruines. Ce Miniftre n'était rien moins gue populaire;
fon avènement excita plus de terrel.:rs que
d 'acclamations. Que fic-il? il eut le courage, le mémorable courage de croire
J'homme qui, armé d'un principe, ofa pren.
dre en pitié les terreurs palliques dont il
é;oit. invefti , foutenir à tous les gens- '
d affaires de la Capitale J qu 'ils n'entendoient pas leurs propres intérêts, & rétablir, fans préparations, fans modifications,
fans délais, fans réferve) la Caiffe-d'e[compte dans l'intégrité de (es paye mens.
Et foudain", comme fi la baguette d'Armi de eût été en fa puiifance, la Banque
de recours renaquit, l ~s efpèces reparurent,
le crédit s'élança avec une vigueur nouvellt!, & un.immortel exemple prouva que
�( -4 2 )
toute -eÎpèce êk Papier-monnaie, envi;agé
comme reffource, ne peut être qu une
-illuGon , une chimère, un phant~me que
diilipent les premiers rayons du Jour: _
Telle eft , ManGeur, la force des pnncIpes, Croyez-moi, fans cette bouffolle, notre
vue eft miope , lorCqu'elle v,eut embra~er
' 1' Cemble des chofes humames, Le prinen
'\
~
.çipe feul en ferre touS le~ détal '~' ,up'plée aux exemples, foudroie les obJeéhons:
-Le principe, défenfeur invincible de qm
lui refte fidèle, réGne à touS les chocs:
-conColateur fecret, il eft plus puiffant que
1a multitude & la renommée, & fans
~ompter les fuffrages , il l'emporte feul fur
-tOUS les avis.
, ,
Encore une fois, au défaut du pnnclpe ~
M, Necker avait Ills exemples, pOU:qUOl
.les a-t- il dédaignés? Pourquoi fes "aml~ dé.daignent-ils de répOl1dre? Pou~quOl n on:ils d'armes qu'url fanatifme qUi dépare rOI:
la caufe de la vérité même? PourquoI
penfent-ils que ces mots: le caraEl:ère de
.M. Necker, la pureté de M. Necker, les
·
t glacer nos
vertu s de M .. Nec k er d owen
,
"
lèvres, paraI yfer notre rai[on? Celui qui
efi irréprochable dans fa famille, efi un
homme défigné pour les places publiques;
dites-vouS' d'après M. Bur-ke. Je ne me mêle
des affaires de famille de perfonne, Monfieur-; je tiens pour maxime, que nul ne
doit compte de fa morale privée qu'à ceux
avec lefquels il a de~ rapports phv.és;
mais que chacun doit à tous compte
fa
morale publique, & je vous demande, fi
M. Burke, malgré fan axiôme, ne fut pas
toujours l'ardent aini, l'indomptable partifan de Fox. Pitt avec fa vertueufe innocence, Pitt régénérateur ' des finances
Angloifes, & celui ~u'à ;lUill jufte titre
qu'aucun autre. on pe ut appeller l'homme
de fa Nation, Pitt a des dettes immen[eS\,
il n'a cependant pas douze mille livres tournois de rerite, & c'eft-là fans doute une
belle partie de fa gloire. lè gouverne les
affaires de la France qomme fai gouverné
les miennes, di[oit S.lll'ly que vous citez.
Sans doute, ce grand homme, brlJlant d~
. rempJir la tâcbe impoilible de faire à lui
feul le bonheur de ï>lufieur$ millions
dr
�",
(44 )
d'hommes, cherchait à èroire; pou!" ne
pas fe rebuter des obftacles , que l'ame d'un
vrai citoyen ' pouvait éduquer un E mpire,
comme un père une famille . Mais j'ai bien
peur que cet adage ne mt une fottife, même
du temps de Sull y ; & je ne éomprends
pas comment un homme d'un efprit aufli
diaingué que le vôtre, répète aujourd'hui
un lieu commun aufli infignifiant; car enfin,
prouverez -vous par -là que le plus pur d~s
anachorètes, ou le meilleur des économes,
ou le plus riche des déprédateurs, fulfent
inconteftablement les mieux défignés pOUf
les plaas publiques?
'/
Que M. Necker fe ti enne toujours prêt
à rendre compte de fes principes publics,
& qu'il ne fe targue plus de fa morale
privée. Nul n'a droit de lui · demander ce
qu'il eft pour fa femme, pour fa' fille, pour
fes a'mi;; mais tout le monde a droit de
trouver mauvais, par exemple, que, page 4:
·de fan R apport , il cOBclut de ce que l'ancienne Conftitution a l! les anciens ufages
autoriJent les trois Ordres à délibérer féparément, que la queftion du ,nombre
( t) )
"
refpeélif des Députés, eft peu intérelfant .
car c'eft infiniment mal conclure p .,.~
"1 [;
, Ul!'
q.u 1 ~udroit, pour que la conféquence
fue vraIe, que la Délibération féparée fût
non-feulement
.. '
.
.
. ',al!.torirée
J ' , nlal's eXlgee,
maIs nec:11azre. Tout le monde a droit de
trouver mauvais, qu'enfuite il fuppofe la
~éceffité de la féparation des Ordres &
11 la fuppofe, puifqu'il décide nettem:nt
que la réunion des Ordres dépend d
'
difi'
u vœu
1 ~nc1 ?es trois Ordres , ce qui ne feroit
vraI q~1 autant que les trois Ordres ne
pourrOleilt fe difpenfer de commencer leur
Délibération en chambres fépa rées. Tou~
le monde a droit de trouver mauvais
palTant, de . la page '1 à la pa<>e
lad' Y VOIr,
.'
b'
que 1ancienne, D ilibe'ration par Ordre, ne
peut être changée que par le Concours
des. trois Ordres, & par l'approbation du
ROI, puifque cela fuppofe encore Contre
la ~érité, que l'ancienne Délibérati~n étoit
touJours par Ordre; & M. Necker y joint
un~ héréfie de plus, en foumettant la
poltce des Etats-Généraux à toute aucre
règle que celle . de leur propre décifion.
1
,
�"
( 46 )
Tout le monde a droit de trouver mau ;
vais, qu'à la .page 12, M. ,Necker annonce
clairement qu on ne peut en vemr a une
Délibération par têre qu'après avoir épuifé
tOUS les moyens d'olDtenir un réfultat par
la voie des Ordres féparés; & que même
[uppofe que cette Délibération, en
commun, ne peut être établie que du
commun accord des O~dres follicités par
l'intérêt public. Ajoutez, qu'à la page 13,
M. ,Necker met au grand jour [on piao
de conciliation, en difant, que le vœu
général des Communes, peut être [atisfait
fans nuire aux intérêts des deux autres
Ordres. Or, ces expreffions fignifient bien
clairement qu'on délibérera par Ordre; &
cela, tout bon Citoyen a droit de le
trouver déteftable; tout bon Citoyen a le
droit & le devoir de s'indigner, que, [ans
o[er dire que la Délibération réparée [o~c
la feule conftitutionnelle, M. Necker ait
eu évidemment intention de décider qu'on
doit délibérer [éparément , prétendant tral\figer ainfi avec les deux parcis , & paroître
,
il
1
,( 1-7 )
faire gagner la caufe du Tiers en la lui faifane perdre,
.
.,
Voilà, Monueur, comment il [eroie
poffible & certainement utile d'allaly[er
tout le Rapt'ort de M. Necker, & [es
[euls fanatiques s'en fficheroient· car enfin
il n'eft .pas impoffible, qU"Wrè: cette dif~·
cu {fion , le M iniftre fe trouvât encore
avoir raifo Lt Et gue doivent deurer de plus
[eS" amis? Le plus vertueux & le plus'
éC,lairé des défenfe urs du Peuple, qui [e
[Olt produit jufqu'ici fur la [cène me
difoit tom-à-l'heure : U ne réflexio~ me
frapp: ~e plus en ·plus J à mefure gue je- .
la muTlS davantàge. Le Tiers" Etat eft
formé de tant de gens fans vigueur, de
tane de campagnards accoutumés à la féo '-'
dalité, de tant de citadins gui ne peofenl:"
qu'il l'argent, de tant d'efprits ~ourgeoi s our
ne fongent qu'à rettrer quelques fruits des
proteél:iolls '& du patronage de Meille urs
tels, ou rels_ ... que je tremblerois, fi l'ou ver.
,ture des Etats les plaçoit en même Chambre _avec nos Seigneurs de toute efpèce;
<le Je me feos tout près de defirer que le
�•
1
( 4~ )
"101'ble Tiers - Etat [e renferme) dans
fa
. . /\
Chambre, s'échauffe, s'irrite, s oplmatre,
& reçoive le fecours de la colère contre
le veto des Chambres hautes, avant d'en '
, ~·e Délibération OLI fe compteront
. au,"
vel1lr
toutes les voix .... Qui fait fi M. ~ ecker
ne s'avifera pas que c'étoit-Ià fa penfée,
& que toute fa battologie néb~leufe &
vacillante, n'eft qu'une fraude pleufe, u_n
,
(
art vertueux & magnant me .
En voilà beaucoup trop, ~onlieur;
nme dont l' enthou fiafine ne
, ".
1
po Il r un hOl
fouffre pas même Je do~te •.Mals J al vou li
v~us montrer que ce n étolt pas pour êt~e
1 Promoteur d' un avis particulier, que Je
e
' 'lI ra~
proférois
des objeétions [ur 1'Ad mll~l
. deM. Necker , & que ma confclence
tlOn
. d'hu'l , comme dans touS les temps,
aUJour
étoit d'accord avec mon langage. Je ne
croyois pas, je l'avoue, avoir donné ~e
droit à perfonne d'en douter. Je ne Cro~OlS
pas que j'eulfe monué plus de vocanon
pour le métier de novateur, que po~r la
fainte mifIion d'infle xible ami ùe la vénté ...
Je me ré[ume en deux mots.
Quoique
( 49 ' 5
Quoique M. Necker n'ait, en accordant la bonne proportion, que cédé aux
réclamations univer[elles, provoquées par
les Etats du Dauphiné, donc il n'a pas,
ce me femble, inventé la Confiirution,
je le tiens pour très-louable de nous avoir
obtenu la proportion qu' exigeoit; tOUt au
moins, l'équité que réclamoit la convenance, s'il nous l'a donnée de conviélion
& dans la ferme & invincible ré[olution
d'avoir une A1Temblée, un vœu vraiment'
National.
'
,
M. Necker n'eft pas net [ur la plus im.'
portance des quefiions, celle d'opiner par
Ordre ou par tête; ou plutôt il paraît
incIiner pour le mode d'opiner par Ordre,
ce qui rel'ldroi~ la bonne proportion inutile, & l'a régénération de la France im~
poffible.
M. Necker vient de commettre; en
Finance, une faute irrémédiable, la plus
'grande,. peut - être la plus [érieu[e dans
res con[équences, la plus déshonorance \
pour le Gouvernement François, à rai[on
~e l'homme & des circonftances, qui aiG
~
1
1
�( )0 ,.
été commife depuis l'Abbé Terray; &.
l'extrême contradiétion où l'opération dll
Papier-mon noie met M. Necker avec fj:s
propres principes, confirme le foupço!t
dont une telle manœuvre ell trop digne,
qu'il voudroit rendre, ou impoffibles, ou
inutiles, ou efclaves les Etats~Généraux.
On ne peut rien nier, on ne peut rien
affirmer fur les intentions de M. Necker;
mais la défiance ell de devoir... ;
Ces vérités, fi elles fe répandent, (&
"entends dire que notre Correfpondance
}ait du bruit, que des réponfes fi hâtées, fi
incorreétes, fi im<:om pIètes à des Lettres
.,
que je n'avois en aucune mamere p~ovo.
quées, circulent & me font de pulifans
en~emis.) Ces vérités, fi elle fe répandent exciteront de grandes clameurs;
,
,
d
mais duffent ces clameurs me couter e
n'êt.re pas un des Repréfentans de la Nation;
tout en reffentant très - profondément ce
malheur, je m'en confolerois en difant : J'ai
fervi fans' gages, le t~mps fera juftiee il
tous.
( )1
LET T RED Il:
J
M. C * * *.
MA Lettre d'hier nù laiffé un remorclg.
Il me femble qu'en vous répondant,
Monfieur, j'étais plus occupé à me défelidre gu'à m'e xp"liguer. Permettez donc
que je revienne à votre difpute, & que
je déclare .ma penfée dans toute fa fran- .
chife.
Notre petit débae roule fur deux objets; '
fur le degré d'efiime qui ell due à M.
Necker, & fur la mefure de défiance qui
convient à un patriote éclairé.
Tout ce que vous reprochez à M. Nec..:
ker , à fan orf!;ueil, à fon defpotiJme, à ra
prefcience, à fan omllifcience, ne me femble prouver qu'une çhofe, votre oppou-:
,tian inRexible, votre averfion immuable,.
' dans laquelle votre génie même contribue
à vous affermir. La n.loindre faute de
l'Adminifiration vous paraît monllrueufe,
parce que vous y appliquez les gra51ds
D
2
�~H
(- $2'
principes qui font toujours rigoureux; &
que vous ne regardez pas aux circonfi~nce9
qui demandent grace. 'Par exemple, vous
blâmez comme U!} crime d'Etat le crime
du moment. On ne peut emprunter, on
ne peut impoCer, on ne peut percevoir;
qn eft forcé de payer, on eft obligé de
fecourir t.Outes les Provinces. On fait
qu'une faélÏon impitoyable eft prête à allé·
ger la C:;ailfe - d'ECcompte, afin de faire
fauter avec elle le TréCor - Royal & le
Miniftre. Dans cette fituation, la ' prévoyance doit remédier au danger, & ménager la cailfe, l'argent & le crédit. Mais
c:'eft perdre le crédit: - il eft tout perdu:
Mais c'eft tatir la confiance : - elle eft a
fec. Mais c'eft empêcher l'argent de fortir
& de circuler: - cette congellation durera
j.uCqu'aux Etats-Généraux. Ceft lm mira-,
de, quoique vous' en puiffiez dire, que le
'{réfor-Royal ne foit pas fenné. M. Necker
eft le feul homme capable de le tenir ou:
vert encore. Toue tor-nberoit s'il ·tombOlt
de fa place. Connoilfoz·vous, Monfieur,
~ns l',f:urope entiere, un homme .en état
1
•
,
ële le Cuppléer ~ Pour moi, je le regarde
comme le feul Mini(tre qui âime la Na,ion;
qui craigne la ban8,ueroute, qui ait de
vllftes lumières, & une cqnfcience vraiment religieufe. Il ne sJonne ri~n aux vifions; & s'il donne quelque choCe au ha..;
fard J c'eft après le Iqi avpir d,ifp\lté de
toute fa force. CQmm~nt pouvez - v«us J.
Monfieur ~ avec la vive perfpicacitf qui
vous difi;ingue, ne pas appercevoir ·. up.;
gra,nd caraétère au mJ!i~u même d'~,I).p!
grande incertitude? Les frêtres fact;if.i91ollt,
(ans peipe l~s hommes. La .Pr~lp~qphie
tremble alors qu'elle eft fp,rc qe ~e f~crifier
If! préfent à Vavenir, ou l'il,venir a~ pre(ent. "
"
Quant · à la meçYJe de' défijl.\lce qui
convi~nt à un Pa~riQt~ #Jfir.é, j'avpu!!;
MonGeur, ql!e i:e p~n.(e comp:;!.e vqus.
J'applaudis 'à votre max,i,me" fur k, f~ri.l
de la .rec9nnoi~a.nce pop1(laire. J',iI.yois
re~marq4é ,, ~,ans vot~e ~lqquent DiCcLou~s
li la Hollande, la noble & vive apofirq.pp,e
que vOlls <ç~ez à la .Rn de votre J-,;ettre:.
J,.a défianc,e gui veill~) eft,_une fe!ltll1ellq
Pl,
�t H)
publique; elle peut. caufer quel~uefois de
vaines terreurs; mais elle effraie encore
l'l'l us les Tyrans que les Citoyens. Elle
empêche la léthargie du bonheur) & tempere l'îvre!r~ des fuc~ès. · Mais il y a ul1.e
borh,e à cout; même a la vertu, & pa ~tl
c'üliè-r~1TIe nt au zèl-e. L 'ours qui tue avec
line pier re malIive, fur le vifage de fon
ami, lIne /impie moU'che, eft un e'xemple
:t'u zèle immodéré. Rouffeau, qui croyoit
tou't e 'l,,-France lig.u ée, pour l:empoifonne,r
& le d'ifFàmer, ell un exemple du génie trou·
blé par la méfiance excefIive. Cet excès-là
devie~t ' une maladre parriculièro) & quelquerois : unie éo'ntagion publique. Alors,
tput s'altère ., tout s'envenim.e" tout périèlite. l:'opinion fe tou:rne en Iiaine; ' & fe
ibule-vant 'de ' c('Jù'te part, elle croit tout
cnqncelant, parc.e qU'elle ' vdudroit , tout
ébra'rcilér. La ~ifc6rM marche après la dé-'
fiance; & acheve. de ruiner le peu de
"crtu qui refte. On \l',e ntend plLfs que' des'
'd énonciations ~ des altercations , des calomni,es affreùfe,s , des : prophétiés 2 f~niftres:
.Tout~ conllance généreofe, toute :douceur
'-
( H )
rociale eft perdue, & l'Etat reffemble à'
Orefte entouré de Furies.
Je vous ' prie, Monueur, de me lire
avec indulgence ., & de fang - froid. Je
n'ajouterai pas id des éloges qui fembleroient mis pour féduirë ou pour appa.fer.
Je vous ait dit, tant bien - que mal;
ma p~nfé~,' Je l'ai, pour ainu dire, retirée
de ma prévention, & rapprochée de la
vôtre, afin de la rendre plus équitable;
Mais voilà un nouvel inconvénient à
craindre: en fe rapprochant de fon adverfaire, on a l'air de trop fléchir; en s'écartant de lui) on a l'air de fe roidir beaucoup .trop. Le, milieu, qui eft difficile e.n
toute ch\lfe, femble impoffible en fait
de difputc. Si je ne gagne pas de terreill
auprès de ;Vous, j'y gagne au moins des
IUlll~ères. 1 J :'" •
... J "'S L'lu .:Jf
.,
�~)7 ,
tette vertu qu'il a toujours à la bouche;
?
RÉPONSE DU COMTE , DE MIRABEAU:
Ce 1 Janvier '78,.
JP: ne répondrai pas, Monlieur; en détail
à votre dernière Lettre; d'abord, parce
que je ne puis plus différer de partir;
enfui te , parce que vous défarmez ma fé~
vérité, en panant condamnation (ur . ta
plupart des fautes qüe je reproche à M.
Necker, & vous retranchant feulement
dans cette défenCe, que les circonfiances
les ont néceffitées.
Qu'il me foit ' permis feulement de
vous obferver, que vous me donnez le ,
droit de vous dire : puifque vO,us. avouez
des fautes, ne prétendez donc pas aUlC' honneurs de l'apothéofe, car riel\ n1eft' plus
humain que les fautes.
Encore une fois, M. Necker veut pa{fer
pour faire des miracles, & il ne fait que
des tou rs, & il ne fait pas les bo os. N'eftil pas évident que s'H eût été d'ac,cord aveG
, ,
cette loyauté qu'il ne permet pas qu'on
Coupçonne, ce caraétère qui doit nous être
caution de cout, il auroit, au lieu des
fauffes opératio,ns que ·je critique, adopté
les reffources fur leffjuelles il a faie un
chapitre entier dans fon Ouvrage de l'Ad.
minil1:ration des Finances, (Chap. 24 du
troifième volume, édition in-So.) Développé les difficultés du moment, raffuré cefendartt fur t'étât -des Finances, & ouvert
l'emprunt patriotique dont il propofoit de
de'pofer les regifires aux archives du Louvre
comme fin monument précieux de l'a mour des
peuples? Tout ceci étoit encore bien dans
fon genre; & comme la force & les miracles
lui refloient toujours, il avoit le temps de
Iinettre en délibération, fi wut homme ne
pouvant que ce qu'il peut, il ne valoit
pas mieux, pour lui-même & pour la
France, perdre fa place, que de l'avilir ea
faifant du Papier-monnoie.
Mais comme avec vous, Monfieur, je
ne ve.ux pas fortir des leçons de finance
données pa~ M. Necker lui-même J pe!::;
"
�( 5' 8 )
mettez que je laiffe à fes fucc effeurs, ou
plutôt aux bons Citoyens qui, dans l'Affembl ée nationale) veilleront fur la chofe
publique, à vous apprendre le refte.
Que cette difcuŒon, Monlleur l ne
laiffe pas ' la plus légère amertume entre
nous, & veuillez agréer mes lincères hommages.
LET T RED E
M. C * * *.
Du 7 Janvier 1789.
Moniieur, le champ de
bataille, mais fans y laiffer 'des morcs.
Je remporte mon opinion, & vous, remportez la vôtre. Si la difpute a des charmes & de J'utilité, c'eft lorfqu'elle eft un
combat d'idées , & non une bata~le 'd'o:gueuil ou d'intérêt. Je n'en ai aucun, Je
vous jure. Je crois qut! vous êtes égaIement au - deffus de toutes les misères de
l'amour-propre & de toutes les folies des
cabales & des partis. Votre génie eft · un
col(lr~ & ' méfian,t ; mOn efp!it eft un
J.ABANDONNE,
Veu
(. 5'9 )
'peu enthouiiafte & par foi s exagéré; paffez.;;
mOl la rhubarbe, & je vous paffe le
féJ'ié. Vous verrez, dans mon mémoire
fur le Clergé, la manière lo yale dont j'apprécie votre troiGème volume de la Monarchie PruŒenne. Larfque je fuis 'e nchanté, mon ftyle emprunte un peu de
magie des chofes ou des perfonnes qui
l'enchantent. Je deiire que vous foy ez élu;
& que la Nation vous ent~nde. Le Tiers~
,Etat implore des appui~ fermes & vigoureux qui réiiftent à la t yrannie infolente
des Nobles aveuglés, & à l'adroite forfunterie des Prêtres dominateurs. Je vous
feconderai de loin. Il eft iingulier que nous
peniions de même fur tous les points,
excepté fur deux; fur celui qui nous a
occupés dans, nos Lettres, & fur la liberté
illimitée du commerce. Je m'applaudis des
opinions qui nous font communes: défionsllOU'S tous deux de celles où nous différons
trop.
J'ai eu l'honneur de vous envoyer un
petit recueil de bagatelles. Mo n Médecin
m'avoit defendu de m'occuper des chofes
1
1
�( 6'0 ,
rérieuCes, ~ mon Imprimeur s'eri empare
des plaifanteries, tant bonnes que mau:'
vaires, diaées par le befoin de me diC.
traire. Je me fuis trop étendu . fur l'exa·
gé~ation; mais on aime à parler de [es ·
défauts, & on ne peint bien que les pat.
fions qu'on éprouve. Je vous demande;
MonGeur , votre i:ndulgence pour le mue t.
,Vous direz qu'il aurait mieux fait de reiter
muet. Agréez mes hommages & mes vœux:
pour vos fuccès, qui feÎont les nôtres.
~:
'5S!t~~
:~
LETTRE
COMTE
DU
D E
MIRABEAU
AU COMITa DE S
RECHERCHE~
l' 1 N.
MESSIEURS,
Dans la Séance du ID de ce mois, l'Alfemblée
nationale s'occupa des caufes qui excitent les mouvemens popul aires , & des recherches qu'il convenait de faire pour affurer la tranquillité publique.
J 'offris à mon tour une indication, perfuadé qu'au
moment où il s'agit du falut de tous , l'homme qui
remplit des fonaion s telles que les nôtres, n'ell:
plus le maître de fe s opinions, ni de (on filence,
ni même de fa prudence, Sentinelle vigilaute, ce
n'dt point à lui à décider fi ce qu'il a entendu,
ou ouï dire, eft ou n'cft pas fondé fur des preuve s~
J
A
�,;
n n'efi: que rapporteur; fan minifi:ere .fi: U11 devoir ~
fan lilence [eroit un crime.
Et plut au Ciel, MelTieurs , depuis que les ennemis de l'Etat menacent l'AfTemblée nationale,
que chacun de [es Membres ef.t lidélement dépo[é
dans [on rein toutes [es craintes ' A côté des bons
citoyens cités au tribunal de l'opinion publique;
qui [e [eroient facilement jufiili~s, que de vrais
coupables n'auroit pas démarqué cette [urveill a~ce!
'Affez d'évé·uemens ont précédé les comn:otions
qui nous ont agités , pour qu'avec du courage il
eût été facile de s'armer de moyens qui peut-être
les auraient prévenues. Votre con[cience m'en ell:
le témoin. A l'approche de certains momens, qui
de nous n'a pas apperçll l'étincelle qui pouvoit
produire un incendie? QUI de "ous n'auroit pas
eu des [oupçons à communiquer, des rapports il
fai~e , cies i~dicaiions à Clonnër? be~x foi; le
coü;'a;;~
dè tout dire;
dèùx fois . la prùdenèe ,
o. .
t
dévàncer les preuvès , depuis lors aèqùi[es ; iious
~;it [;uvé~: il ell: te,,;s qüè loùte àuirk coridhiië,
toute a~;~e pn;d~nèè , loiènt i-ègarèlëe~ ~oin;;;e
i;;'Î>:~; . i ~ celebre cle~nit du Se~à: d~ ROIiiè, le
Caye~nt Confolés, rié rtjpûh'li~a 'lu [J 'ditri';;ùnti
ae
~api~'t, n,'àu~?it ~Xprimè qu'ûli Vai!l ~oùv~ir ~ ~'il
~'a~~it ~as~enrermé la plus grande fâtiiudk oan.
,les 'denonc.at1O'"
'
l .
pu bl·'ques.
Eh bi~n! Merrieurs , vingt - qùatre i~ll1iolls
3
O'hommes prononcent dans ce moment ce déq~t';
& c'cfi à vous qu'il efi conlié.
Que ceux 'lui confondent la dénonciation d'un
rait avec la dénonciation des per[onnes, la dél.a:
tion [ecrete & l'accu[ation publique, le$ plaintes
d'un limple citoyen contre un autre citoyen avec
l'avis donné dans le rein du Corps légi!latif, l'accu[ation dirigée pardevant les Tribunaux ordinaires avec une citation faite dans l'Alfemblée
nationale, & dont le [eul objet cft de provoquer
l'aaion du Comité des Recherches; que cenx-là,
dis-je, qui confondent ainli & les te ms , & les
·cho[es, & les hommes , n'admettent pas mes principes, j'y con[ens : mais il n'efi aucun de vous
qui ne Ci.che que chez un peuple voilin, qui depuis long - tems a des loix politiques & qui les
révere , la dénonciation dans le Corps légiflatif
cfi regardée comme UII devoir ; que là, fur cette
dénonciation,l'accu[é [ubit un premier jugement,
qui d'; cide s'il doit être légalement pour[uivi;
que s'il l'cft, & s'il n'efi pas convaincu, l'opinion
publique lui tient compte de [on innocence,
comme au dénouciateur de [a délation. Si l'un
s'efi juftilié, l'autre s'dl: montré bon citoyen. Le
premier n'étoit chargé que de [a proppre défenfe ;
le recoud étoit forcé de veiller à la défen[e de
l'Etat. Croyez-le, Meilieure ,à ce prix {eulement
les peuples [ont libres. Lor[qu'elle cft e~céo
A
~
�S
neUt, Eh! qui ne d.lireroit que cette lettre contÎat
4nuprès d'un de[pote, la délation fait horreur, Mais
dans J'Alfemblée nationale, mais au milieu des
la vérité? Puilfc tout citoyen être innocent, &
celui-là [ur-tout, que j'ai dénoncé! Qu'importe,
en eltèt , que j'aie tort ou rai Con? Qu'importe au
dangers qui nous environnent, je la regarde
bien public , que j'aie été trompé ? Le [al ut com-
comme la plus importante de nos nouvelles vertus;
c 'cll: une arme purement défenlive , ou plutôt c'el!
le P alladium de notre liberté naiffante,
D'après ces principes , M enieurs, j'expofai ,.
d ans la [éance du r o, lin fait impurtant, dont
(Jn m'avait donné part direétement, & qu'aillÛ
a
ie ne de vais pas recéle r, Je nommai celui
qui
on l'imputait, & [ans avoir be[oin de m'alfurer
fi le fait [eroit [uflifamment prouvé, ou s'il ne le
{eroit pas , je me bornai à demander que le Comité des Recherches fût chargé d'en recueillir les
preuves,
Je me [ervis de ces termes : « La notoriété
)} publique accu[e
veut que nous trouvions des
ÎtlllOCClIS
plutÔt
que des coupables; & puiCquc nul de nous ne
deGre que d'écarter Ic dauger, ne vallt - il pas
mieux encore être convain cu que les dangers
n'exifient pas ?
Je puis ajouter, Meffieurs , un fait important
à la ju/tification de l'vI, de Saint-Pric/t , & ma
conCcience ne le taira point, quoiqu'il paroiffe
d'abord très-oppoCé a-la déuonciation dans laq uelle
je perGlle, C'e/t qu'aya ut voulu relllonter depuis
la lettre juCqu'au premier auteur du propos que
j'avais dénoncé, il m'a été rapporté qu'il avoit
é té réellement tenu à-peu-près dans les mêmes
Saint-
termes dont je me fui s [crvi, mais par un autre
» Priell, d'avoir dit à la phalange de ces femmes,
que le Minill:re; que ce dernier n'avait pas di t
précifément la m~me chaCe; qu'il n'avait point
p arlé direél:ement de l'Alfemblée nationale ; &
Ull
M iuill:re, M , de
lllUll
» qui demandaient du pain : quand vous aviez un
» R oi, vous aviez du pai n, aujourd hui vous en
1
avez douze cents, alle z leur eo demander)}; &
j'ajou tai: « je requiers que le Comité des Recher" ches [oit chargé d'informer de ce fait, )}
Depuis lors, Menieurs, une lettre a été écrite
II
par M, de Sai ut - Priell , à M , le Préfideut du
Comité des Recherches, L e M inifire nie dans cette
lettre le propos que je lu i imputais; il Y protell.
les loix de J'ho~
de [en in nocence i il Y am
que s'il avait comparé deux époques &: deux [yCtêmes, il n'ava it pas du moins empl oyé les expreffiolls que je lui imputais , pour ne point ré-
p éte r L1ns doute , aillli qu 'il le déclare lui-même
dalls (a lettre , ce que L'on d'foit alors de plus t;-,-
vial contre les R epréfentalls de la Natioll , T el cft
A 3
�6
l'aveu que je dévois à la vérité & à M. de Saint.
Priefi. Voiei maintenant ce que je dois il moi.
même & à la [ûreté publique.
C'efi de perllfier, Meffieurs, à ce que
VOliS
"mployiez t outes les relfources de votre zele &
de votre prudence à recueillir des preuves, tant
[ur le propos que j'ai imputé à M. de SamtPriefi & [ur [on véritable auteur, que [ur tous
les propos du même genre qui ont été teuus dans
l e même te mps & pour le même objet; je fonde
cette demande [ur trois motifs , que je [oumets à
votre fag effe.
7
maniere li pppofée. C'était provoquer tout-à-Ia"
fois l'aveugle reconnoiifance du peuple, fon fierile
découragement, fan défefpoir & les vengea nces.
' Et le-Minillre du Roi, témoin de ces propos fédi·
tieux, au lieu de vous défend re, au lieu de les démentir, gardait un coupable IIlence! Vo;là ce que
- la lettre de M . de Saint-Priefi ne nie point: il a lui-
,
mê_me avoué que C:efi en fa préfen ce que le propes
qu'on lui impute a été tenu. Je puis prouver cet
aveu par le témoignage d'un houorable Membre
Le premier, c'efi que le p'ropos que j'ai dénoncé a été v~rit'3Dlement tenu ù-peu-près dans
de l'AIfemblée.
Le Fecond motif de ma dénonciation, Meffieurs,
c'efi que le propos tenu par M. de Saint-Priefi, aux
les termes dont je me fu is [ervi ; qu'il a ' été
femmes qui lui demandoient du pain, dilfere très-
tenu :l des fem mes
él :i UCS,
a un
peuple égaré,
d ans uu moment où il étoit auffi facile que dange·
peu au fo nd de celui que je lui ai imputé, quoiqu'il ne [oit point dans les mêmes termes. Vous
reux de diriger par l'opinion l'aél:io n de la multi·
pourrez en juger par le rapport d' un témoin que
tude, & que ce délit a été commis en préfence
je ne C011110is l?as perfonnellemeut, que je u'';
de ce même Minifire du Roi, qui déclare qu'il
jamais vu; IT;tais que l'on m'a cité, qui a écrit fa
dé)'olition de, [a propre main, & qu 'il dépe,nd de
vous d'entendre au IDoment où vous le. voudrez.
Il vou; dira' :
« Je me fui s trouvé au château le 5 Oé'cobre,
» lorfque la déput'a tion des femmes de Paris y ell
» arrivée . J'étais à côté de M: de' Saint-Pricfi ,
» lorf~u'il leur efi venu 'demander de la part du
n'a pas été quefiion de l'Ailèmblée nationale. Je
ne chercherai point à
VOliS
peindre quelles pou-
vaient en être les fi,ites funefies.
Quatre puif-
[aus relforts étaient mûs à la foi s. L'amour du
P r ince, le défaut de fi,b!i{bn ces, la dénonciation
des prétendus auteurs des oblbcles qu'on éprouv0it, & la comparaifon de deux fyfiême s , que Jes
bous & les mauvais citoyens font chaque jour d'uue
" Roi ce qu'elles dellroient. "
« Une d'entr'elles a pris la parole. C"jl da pain
, .
'.
.. .
A -4 .
�8
Il
»
»
»
»
»
»
»
»
'Ille nOlis voulons, a-t-elle dit. Le M înill:re a répondu: Le Roi ne pmt , dans ce moment, vous
en donner. P aris n'a point VOUltl des troupes. Si
'Vous en allÜ{ fil pour ([corter l'OS conllois, ils
n'auroient p as man'lué....... L orf'lue le R oi pourvoyait la ville de P aris, les fubfifiances ne manquolent j amais ; AUJOURD'HUI QU'IL NE
S'EN MÊLE PLUS, V OUS VOYEZ ou VOUs
EN ÊTES. »
9
{emble plus mdilré , & filr-tout plus adroitement
combiné, il ne vous paraîtra pas moins coupable.
M. de Saint-Prielt fait aulli la comparai(on de deux
époques , & il la termine par cette réllexion, don t
le véritable [ens ne Vous échapera point. Vous voye{
où. YOliS êtes ..... Oui , Ivliniftre au moins imprudent! nOus (avons où nous en fommes ; oui, nous
favons <lue les ennemis de l a can[e publique n'ont
celfé d'oppo[er aux bienfaits d'une bonne Conlti-
« L e même témoin ajoutera, Mellieuts, plu-
tution les maux pa{[agers auxquels nous fomme s
fieurs perfonfl« étaient p réfentes. I l yen eut 'lui
dirent il ces femmes . ON VO US TROMPE . IL NE
FAUT QU'UN ROI. L'A sSEMBLÉE NATlO-
expo[és pour la conquérir; comme fi la plus orageu[e liberté ne voulait pas mieux qu 'un honteux
& pailible cCclal'age! Voilà ce que M. de Saint-
NA LE "VOUS ÉGARE. Pour nous , nous parta-
Prielt prétend n'être pas a/1ft trivial que le propos
» gerofls toujours tOllt ce que nous nyons (lllte Yotls;
que je lui imputois ! Il a fai t encore plus , fi j'en
crois la dépolition que je viens d'indiquer; il n'a
»
))
»
»
» nos fortunes fo!?t lis vôtres ,
ET NOUS P i.·R I -
)) RONS POUR VOUS DÉFENDRE CONTRE LES
» El\lNEJWIS DU B I EN PUBLIC. »
Voilà, Mei1Îeurs , li les rapports que l'on m'a
f ait (ont ex ~éts , la dépoli tia n qu 'il dépend de vous
d'entendre. Indépendamment de J'ave u de M. de
Saint.PrieH::'I elle vous offrira une nouvelle preuve,
que le propos tel que je l'expo(ois dans la (éance
du 10 a ét~ r~eJlemen t tellU: & nous étions ces
ennemis publics , contre re(quels , (ous les yeux
même de M . de Saint-P riolt , on offrait de p érir
p our la déf"'fe d'l peuple !
Q uant au Miniltrc lui - même, li (ou propos
pas craint d'attribner tous les maux du peuple
'3U
renvoi des troupes, c'efl:-~l-dire, à cet aéte
(0-
Jemnel de votre courage & de votre (agelfe, auquel 1I OUS avons dû le [alut de l'E tat. Et remarquez, Mellieurs, que le Miniltre parloit aiuli ,
lorfqu'un rég iment venait d'être appellé à Verfailles, lor[qu 'il étoit à craind re que de nouvelles
troupes n'y vin{[ent encore; lorfq ue des orgies imprudentes venaient de lier les [oldats aux chef, ,
& de mani fe lter des delfeins coup ables , ou dulTIoins des VŒUX témt!raires. R marquez enfin
-qu'alors qu'il teuoit
Ce
laugagc , les pcr[o1lues
�II
10
qui l'entouroieut répandoient, {ans ménagement 1
des propos (éditieux, qui liés aux liens, autorifés
par [on lilence , pennettoient an peuple (& ceci
(ans doute eft un grand crime) de confondre les
delirs des ennemi~ de l'Etat avec les vœux du
Gouveruement.
Enfin, -,Mellieurs, le troiGeme motif que j'ai
de perGfter dans ma dé\,onciation, c'eft l~ lettre
mêl1Je que M. de Saint-Prieft a écrite au Comité
desJ"Zecherches , & qu'il a rendue publique par la
voie de l'imprellion. Ce {ont les nou,vealLx indices
d'une con[piratioll qu'elle vo)'s iudi'lue , les aveux
qu'oUe renferme, & les craintes qne cette étranke
j\lll:i~cation doit naturelleme~lt exc\t~r. Je me bornerai à faire ob[eIver , deux faits importans.
Le premier cil: dans cçtte phra[e qui n'eft que
trop rernarqu,able. J'a u,rois eJpéré, dit-il, qu'on
auroit cru fl'/oins (égérem~nt fur mon compte un
propos choiJi D4NS ÇE QUI ,S'EST DIT, DE PLUS
TRIVIAL DEPUIS QUELQUES JOURS PAR LES
QUI VO UL OIENT EXCITER LE PEU_PLE CONTRE L'ASSEMBLÉE NATION ALE, Ainli, Mellieurs , il Y avait donc réelleCEN S
111cnt une confpitation. Des gens voulaient én~oll~
voir le peuple; ils l'excitoimt contre l'Affimblle
N ationale; ils tentoient ce projet depuis qnelques
jours ; & c'dl le Minill:re de Paris qui noUS l'apprend; & c'ell: lor[que la cprnmotion s'cft opérée,
qu'il nous fait cette tardive confidence, lui qui
dès le premier inftant, & par le devoir de f...
place, auroit dû tout dévoiler , ou tOllt prévenir.
M. de Sai nt-Pricft n'écrit donc au Comité des Recherches que pour {e juftifier, & non lor{qn 'il faut
nous défendre, que lor[qu'il s'agit de lui, & UOI!
lor[qu'il eft queftiou du {alut public.
Ce n'eft point aifez. Que lignifient ces étrano-e.
b
paroles dans la bouche du Miniftre? Ce propos
q!te l'on m'impute a été c1zoifi dans ce qui ùfl dit
de plus trivial? Quoi! ces paroles: , lorfque vous
n'avie{ qu'un Roi, 'Yous avie'( du pain: maintenant
vous ln ave{ dou{e cents, alle{ leur en demander'
ne {ont au jugement de M. de Saint-Prieft, qu'n~
propos trivial qui ne mérite ancune attention! Ce
propos il [es yeux, n'eft donc pas aifez {éditieux!
cette injure n'eft donc pas aifez grave! Mais li
c'eft-là ce qui s'eft dit de plus trivial, qu'a-t-on
proféré de plus criminel? Qu'il [e hâte de nous
l'apprendre. On croiroit, à J'entendre , qu~ le propos que je déJJonce, n'eft qu'une réflexion trèsordinaire & très-Gmple, qui {e pré[ente naturellement à J'e[prit j on croiroit du moi ns que tout
le monde l'a faite, pui['qu'i1 la regarde comme
fi commune.
Què M. de Saint- Prieft s'explique; ne cherchet-il qu'à l'excu[er, à la propage r, à la défendre?
Ou ne prend-il le prétexte de [e juftifier, que
�il
pour fournir de nouvelles armes m!x (éditieux 1
'par le jugement qu'il porte lui - même fur les
propos les plus coupables?
Un fecond fait, non moins grave, & qn'il dl:
indifpen[able d'éclaircir, ell: dans cette autre pllralè
de la même lettre. « Je viens de donner une preuve
» de 1I10n refpea pour l'Alfemblée Nationale, en
» refufant de figner des Arrêts du Confeil , depuis
» la date de la [anaion que le Roi a donnée anx
» droits de l'homme, ayant .jugé que ces form..
» [ont devenues interdites ».
Il n'dl: aucun de vous, Mellieurs, qae cette
confideoce o'ait ju!l:ement alarmé. Il n'ell: aUCDn
de vous qui n'ait dit: Serons-nous donc touj ours
environnés de confpirations & de pieges? un Minilhe du R oi refufe de ligner des Arrêts du Con[eil; les agens de l'autorité dont l'union devroit
être li intime, font donc oppofés les uns auX
autres: ils ont donc des op inions diff~rentes fur
le refpea dû à l'Alfemblée Nationale. Ce qu'un
M ini!l:re croit devo ir refufer, d'autres le delirent,
d'autres l'exige nt. Quels foot ces Arrêts du Con[eil? Quelle en était la forme? Quel en était
l'objet? L 'aveu de M. de Saint - l'l'ie!l: ne nOUS
permet plus de vou loir l'ignorer. S'il croit fe ju[.
t ifier en indiquan t d'autres coupables , il doit faVOi r que ce n'en: pas une dem ie confidence qu'il
faut au falut pnblic. Si les Arrêts du Coufeil
13
d'out i1 veut parler, n'étoien! reJatifs qu'à l'action du pouvoir exécutif, [on refus de les ligner
e!l: contraire aux Loix. Si ces Arrêts du ConFeil tenaient au pouvoir légi/latif, fa n refus
de les lig ner mérite des éloges; mais [es réticences [eroient un crime : des Arrêts auxquels il n'a manqué que fa lignaltlrc, des Arrêts
qu'il n·a· pas o[é avouer par refpecl, comme il
Je dit lui-même, pour i 'AJlèmblée nationale, ne
peuvent, nou plus que leurs auteurs, re!l:er plus
Jon g - temps, inconnus. En vain ferions-nous des
LIes Loix, li les agens du pouvoir cherchent il les
violer. E n vain cherchons-nous " lier invinciblemeut
la caufe du gouvernement à celle du peuple, parce
q ue cette étroite alliance pellt feule nous fauver;
li des Mini!l:res, oppofés entr'eux ,s'accu[ent eux'
u:~mes de O~ point partilger également nos prin,Clpes.
Que de mallx! quelle immenfe dell:inée de ca-'
Jamités cet te coalition, depuis fi long-temps objet
de nos vœux, Il'auroit - elle pas épargné à ce
beau Royaume! Avec l'union toute puiifante de
J 'opinion , des loix & de la force publique,
aucun pouvoir n'était à craindre, aucune intrigue
.à redouter; mais des diviliolls toujours ha,bilement fomentées , & toujours prêtes à renaître
,
'
~' Ont que trop donné de coupables efpérances ;
Jls croie"·
". J, ••purs qu "1[ f aut dlvi,er
'r
' .,
pour gou-
�r ~-
I4
verner, quand gouverner n'ell: que réunir. L 'ariÎtocrat ic, pniCqu'il faut enCore prononcer ce mot
a cru Trouver un appui dans des vœux [eerets. E n
fe devouant fans retour il la cauCe nationale , il
èût étê facile au Gouvernement de tout entraîner ,
de tout réparer, de tout affermir. Pourquoi fant-il
qu'une marche équivoque ait rendu celle du [llCC~S
mcertaine? Puilfe la cou5dence de M. de SaintPTielt ne pas fortifier un e!poir coupable ! ou plutôt,
pnilfe le-Gouvernement fentir enfin que fon [alut
eR indlvifible de celui de la Nation! qu'on n'échappe pas à lIne révolution de Grée par vin~t-quatre
millions d'hommes; & 'lue la diverfité même des
opinions doit céder au Calut de l'E tat, 10rCque
l'union fa plus inviolable ell commandée par cette
-fuprême loi!
,
-
Je ne ferai point d'autres réflexions , MelTieurs ;
fur la lett re de M. de Saint-Priell : je dirois , fi
Je voulois relever toutes les erreurs qu'ell e renferme , que je n'ai point dit qu'il l ût tmu tel
p ropos i mais, ce qui n'ell pas la même choCe ,
qu'il étoit p l1bli'lue'ln.nt accufé de "l'avoir tenu.
Qne je n'a i point dit que le Comité des Recherches f ilt tenu d'acquérir des preuves, attendu
qne je ne [ais pas le [ecret de prouver à coup sf.r
ce que l'on de lire de prouver ; mais feulement
que ce Comité f ilt chargé de recueillir des preuves:
Que le propos que j'ai indiqué n'elt point con-
rrouvl ,
c'ell-à-dire, qu'il n'el!: ni l'aux; ni ealom~
nieux, puiCque M. de Saint-Priel!: convient luimême que ce propos a été tenu en [a préfence.
Qu'il eft , acrez fingulier que M. de Saint-Prielt
.liCe dans une phiafe, qu'il ell a.ffùré qu'il n'a pas
é té q\\ellion de l'A'lfemblée nationale ,· & dans
une au't re 1 qu'il douie feu}ement qu'un (eul témbin
réponde qu'il ait été qlle/tron de l'A'lfemblée na-,
t ionalé.
Qu'il éll évidedt qu'il fe liént par pnidence dans
une la'litttde très-vague , lo'rCqu'il fe borne à dire :
J e ne me rappelle pas què -là converJalion dit TOUll!
f ur arltre c!.oft.
En fin qu'il ell rart indiffétent de favoir , pour
fa julli/icatioll, s'il faut don ner le nom de phalange à cette troupe de femmes auxquelles il adrelfa
la parole: mais que fi cette exprelTion le blelfe
,
'
. {Jn y renonce fans peine, à condition qu'il ne
dira plus lui-même qu'il a palfé beauconp d'année.
au Jervice de la Patrie , dans un temps où 110U'
n'avions point de Patrie; &, pui{qu'il fe pique
d'exprelTions julles , qu'il daignera nous apprendre
ce que c'ell qu'un alibi p our une convaJation.
M. de Saint-Priell termine [", lettre par dire :
'lu'il ne m, croit p as meilüur citoyen 'lu, lui. Je
lui répondrai que je voudrois bien qu'il fût plus
p opulaire que moi. J'ignore fi le Donjon de Vrncennes, & un trè.-long féjour dans les pri{ol!i;
"
�16
d'Etat, ne font pas une aulli bonne école de liberté que l'amballàde de Conltantinople & le miniltere de Paris. Mais ce que je [ais, c'efi que li
M. de Saint-Prie Il: elt réellement le dHen[eur de
la liberté publique daus le ConCeil où il refuft
de fignu des Arrêts, on n'en jouit pas moins chez
lui; & j'en attelte tous cellx qui le voieut dans
l'intérieur de fa famille, de la liberté privée la
plus entiere & la plus illimitée dans les opinions
& ,les jllgemens. Ce droit de tout dire, de tout
penCer, de lOut eCpérer, elt Cans doute Ilne des
fuites de cette déclaration des droits de l'homme,
que M. de Saillt-Prielt connoÎt li bien, pui[qu'i!
y trouve juCqu'à l'ùzterdic1ion des formes des Arrêt.
du CouCeil.
Je Cuis avec re[pea, MelTieurs, &c.
LE COMTE DE MIRABEAU.
Sur farrivte 'de-M.VeJOte. de
MI-RABEAU
en Prove'iz~7 ,'fi (ê- {~le qui 'l'anim; pour
l '
l
les Commlllies.
.
al
J;l
:
I.Jt . )
:.H_+; ..... '!
"
!Io .'fI'5 u : " .
.. !
=~~=,,;
lf!(\H ";
1
..
.\ ".., ; _
QUE L
bruit to;'\;:à - coup me réveille!
Quel mortel -vIent -~rjfèr _rIOs fers!
Quels acc~ns. frappent mou oreille! '
Quel nom retentit dans les airs!
D'où nailfeIlt ces chants d'alégrelTe?
D'où vient qlle la · foule s'emprelTe
CHEZ LE J A Y fils , Libraire, rue de l'Echelle
Saint-Honoré.
Aux portes de
~ette
CiteS l
�1
(
l
, ( 3 )
)
Brifant le joug de l'efcravage;
J oint aux foiblelfes d'W1 mortel:
Les Provenceaux rendefit ' hommage,
Il n'ell pas de clarté [ans ombres;
A qui défend leur liberté.
C'ell du fein de fes voiles [ombres
Que Phébé brille da Ils le Ciel.
M rR ABE A ,dans cette càrriei'ë7
Vois la gloi:! [uiv~s pas,l..
Lorfqu'un trop crédule adverfaire
Efface, de ~vie ent' re,
T'appelloit ~poux fUrieux,
Quelques erreurs par tes combats;
Mauvais 6loyen" mauvais pere ,
~l}{.f\li~ e~tt~
Mauvais :filS',
\Ùt1èJe I,N.QlileŒ!; ,
_ Qu~ .v~Hdt:~i~ . 0pl'fim er\ [\l1Is . 'S~f[~ ~
~mi
dangereux,
Ta voix ,étouffànt le menfonge,
Lê rein qui lui donna le j~ur;
\
Ore défendre ta Patrie: • ~ ';: '
•
Eut i>ienifu ,dj/ftpé le Conge
D'où' nai1foit. .cet ' aveuglement: '
Quel fort ell plus digne d'euvie
ProlLve ~ .,ru preiiant uotre -défen[e,
Et préférable à f~n ' amour
Que daoS' ,ton âme, à la .vengeance
ï
Les bienfaits: fervent d'inftrument.
, 1
Si la Jougue" de , ia jeuneŒe
1
Te Bc éle nombreux ennefllis,;- "
P ar tes , travaux & ta
fagejf~
,
,
Ah! li, contre t'oute apparence,
Et ,malgré
Des
nouvéaux lauriers ,
Confund. 'leur iujnfre lOt\pris ;
Des mains fait~s _pour ta défenfe
Mourre'-Ieur les vertus , d'un [age,
Te repou/fàient de tes !byers ,
Et d'uu héros.le vrai courar;1:.
Pardonne à_ces aIDes ingrates:",
�( 4 )
.( 5 )
Les Miltiades, les SocrateS'
Telle ou voit l'onde mugi1ral1te ,
Ont éprouvé le même [arc
De [on .écume blanchilfante,
TIs out défendu leur Patrie;
Battre l'immob~e rocher,
Pour dIe ils ont donné leur vIe;
Tanqïs qu'une horrible tempête ;
Par elle ils ont reçu la mort.
Élevant les flots {ur {a tête,
Fait pâlir le trifle Nocher.
Cette idée, hélas ! trop fatale ~
Révolte tes Concjtoyens:
Envain, pO,ur blelrer ta mémoire;
Non, l a Nation Provençale
Mille traits (ont ' encor lancés; (')
N'a point de cœurs Athéniens :
A peine ils touchent
Ne crains pas qu'un pareil outrage
Ils tombent par elle émoulfés ;
Souille les fafles de notre âge;
Elforts d'une rage expirante,
Une voix crie au fond des cœurs
Dont la main toujours impui1Tante;
D ont l'ingratitude ell bannie :
Ore encor dilliller le fiel,
C'eft [ervir encore la Patrie,
Et qui n'a pas même eu l'adrelre;
Que d'honorer [es défen[eurs.
Pour marquer la Iiciueur traÎtrelfe,
a ta
gloire,
.,
De frotter la coupe de miel.
t
lVI.I RABEA
u, l'ame' courageu[e,
Fenne & conllante ju[qu'au bont ,
Devient enlin viétorieu[e :
Le [age efl au delfus de tout.
( .. ) Allufion au nouveau Libelle , ayant -pour titre :
Du COMTE DE MIR ABEAU, & d. [cs OU.,og ...
�,
ft 6 )
t
7 )
dillipe les alarmes
Les Ciceron, Jes Demofthene
Co M TE,
Revivent encor -parmi nous:
Que nons cauferent tes erreurs;
Vainement J'envie mhumaine
De ton pere feche les larmes;
S'enib! & frémit de courrou.x :
Raifure tes admirateurs:
Bientôt de l'Arillocratie ,
Deviens /i grand, que ton époufe ,
Foulée aux pieds de la Patrie~'
De tant de gloire enfin jaloufe,
Tous les rameaux feront détruits-,
Regrette fes premiers liens;
Sur fes débris on verra naître
Et fais voir à l'humaine race,
~'ollvie: qui , n'aya,nt qu'un maître ,
Qu'il n'ell point de torts que n'efface
Pour lui feul portera des fruits.
L'amour de fes Concitoyens.
Amas I?olnpcux de noms frivo!çs,
Yains- titres 'que Fambition;
Érige en fuperbes idoles,
q~'ête~- vous? rien qu'illu/ion.
N?~I:eh de ce falle flérile,
De cette grandeur inutile '
Reconnoilfez enfin l'écueil :
L'égalité fera le foudre
Qui va bientôt réduire en pouru-e
ées monumens de votre orgueil.
�L'A B B É,
J'AI RENDU VOS NEUF FRANCS,
c -
+
MOINS TRENTE SOUS.
,
Par M. le C.... de M" ',
f
---------
A miffion n'écoit pas, Mo l'Abbé , plus que
la vôtre, d°ltre Journalijle : vous êres bien
fair pour copier des faits; j'ignore fi vous avez le
talent de les raconter; mais votre feuille, intirulée :
Rende~onous nos neuf francs, prouve que vous ne
connoiffez point, même pas, la raille des plumes de l'Abbé Royou, de J'Abbé de Fontenay, de
l'Abbé Aubert, vos rivaux privilégiéso
Vomiffant de groffes injures; vous en dégorgèz
quelques-unes de très-piquantes : abandonnez le
premier gente, & fixez-vous au Cecondo
La fleche dt Berlin ell bien décochée; & tollt
autre qui en eût éré atteint, eût roulé fous les
bancs des Communes; mais quand on a une morale publique & une morale parriculiere, c'ell-àdire, quand on a volé le (ecrer dé J'EgliCe; quand
on réunir ces belles Dames pout [on intérêt &
fes plai/irs, & quand on a un allez grand talent
pour ne s'afficher qu'avec la grande Divinité, &
Ce quarre Dames d'atours que j'ai nommées dan;
M
A
-.
�'l.
mon Profpeél:us, Il n'eft point de lartces qui puir[ent atteindre le dé'faut de l'ann\:lre,
Ah! vous êtes bien injufte, M. l'Abbé, de blâ'mer inû'n i/npatrMi{arlort d1lns rOrdre 'Co'mmun !
Ai-je quêté Izs Cuffrages comme d' EprémeCnil l
Les ai-je àchetés comme le Duc ,du Ch.•• , l
Sans le rour de baguette qui m'a Cauvé en 1'rovence dc roie de Dom Antonio de Seguiras,
grand Inquiroteur à Lutece , quelle terre eût
voulu me [llPporter l l'euffe été Caïn ; & je
Cuis Abbe l ; j'olfre le Couvenir ae ce Gourville
,qui, condamné à être ' pendu par le Parlement
de Paris , négocioit en même temps lés grands
intérêts de la France & de Louis XIV; ou,
fi vous voulez une cbhip'arairoh plus à vorré portée, je ne reffem'o1e ~as mal de face à ce Luther ( avèc lequel, il aill~urs, j'ai tilnt d'aUtres
connexités) regatdé, comme vo(Js làve!l, da fiS
un Etat , comme lé Réaû de la Religiol1, &
dans la P rÎncipaùré voilloe comme '/00 rég'énètateur.
.
On prétend que la jeunelre année 1le M'tIrflille a forcé les 90 Bteel:eurs 'Clé inè €hoiilr;
mais j'ai été nommé à Aix {ans 'que la liberté
de l'éleél:ion ait rèçu 1a plus tégerè aftelnte. Je
m 'érois fait Marchand Drapier, commê- vous
Folliculaire. Ma nouvelle profeffion rl'I'a réuffi;
je {ouhaite que la libefté dé la Pteere h'aoéanliere pas la vôtre.
,
La Comteffe , m'a refpeéhble 'époufe, n'a
pas applaudi à l'ivreflè des Provençaux; elle a
toujours été froide -Ile dédaigneufe : d:ailleurs,
~
l'arpeél: de L'AULNE lui donnoit des va peurs, &.,
comme li j'avois dû la fixer dans la Boutiquc à
la tenue de mes (ivres ep ~artic ; uoubles,. elle
a refuCé çe (e raccoll),ll;oder avec moi. Au vrai,
~ar je Cuis franc avec mes ennemr.;, je n'en ai
conçu qu'un Ceul regret ; peut- être aufT1 n'avoit~J1e apperç" dans moi qU'U(l Ceul delir?
J'ai. été nomme ; Il<, voilà des Exclamations de
toUS les g,enres : quand on les arrête ft" le papier" il n'y a qu'un ligne pJur les exprimer; des
Exc1am,ations d'horreur e< d'admiration, d'inc)ignation & de raviffemenr , Cc réduiCen t, en Imprime rie , à des! 1 ! !' &, pçJUr me Ce.vir des
rournur~s GenevoiCes, leurs caufe, oppo[ées n~
laifJeront aucum trace dan; la rouU da ji,des ,
leur type upiforme devùndra le tlmoignage
& comme t. trophle perpltlld de mes tra vaux
(; de mon patriotifme.
Vous fatigu ez tOUt le mond e , M. l'Abbé, à
, çrier comme u~ Colpolteur : eJl· if D fp utl de l'En fer ? ... & tour le monde {ait que vous n'y cro ye~
Ile
point; &. vous vous échauffez à queftionner <jes
Evêques & des Parifiens qyi ont le malheur de
n 'y pas croire !
VOllS me reprochez d'avoir un cœur dlp ravl,
i.l faut des nouveautés, M. l'Abbé , qu"nd on fe
fait Jour~ a lifte. Un ' bon cœur, un ellomae profond , voilà des vertns de Cociété ...... Un vaHe
-cerveau ne traviille qu'aux dépens des deux au·
tres vi(ceres.
D'alimenta lrs flrpens de tenv;' , & de lu
.fancer contre thomme vertueux . •••• ,. Ah ! Je
,
�4
vous jure que je fuis allCli éloigné de tendre des
nls d'araignées aux pauvres mouches, que de
nourrir des ferpens & de les nyler à piquer les
gens vertueux. Si la fantailie me prenoit de me
livrer à cette occupation originale, ne craignez
rien de la mor[ure de mes éleves.
De dlfigurtr, d'tmpoifonner, moralement
s'entend; de fournir plriodi'luement du fiel aux
curieux & aux amlllturs, toujours prlis à fi
ranger fous Ntendard de l'intrigue Il0'lumtt 'lui
ILS féduit fons /ts Iclairer. Crtte phra(e, M,
l'Abbé, [e reff~nt de la gêne Ol! vous étiez d'avouer
que, pour vos neuf francs, vous vous étiez rangé
fpus mon étendart, & que vous y aviez goûté de '
,
mon Corbet.
Toutes ces injures ne tombent que fur mon
Manteau: je dis à mon valet-de-chambre de le
broffer; & (on luttre n'en eft point terni : au
contraire, elles font l'eflet du brouillard (ur le
taffetas noir; elles donne", du corps à l'étoffe
fans endommager la couleur.
Vous me traitez d'Energumme adroit & ruft.
Les 'Energumenes n'ont point ces qualités; ce
{pnt les Charlatans. les Médecins, les Arittocrates, & beaucoup, beaqcoup de votre robe ... , •
ceux-ci font les Energumenes, les Fanatiques de
toutes les eij)eces; c'eft-à·dire, des dupes.
VOliS m'açcurez d'ayoir youlu de l'argmt. ... ,
Eh ' qui n'en veut pas, M. l'Abbé? <l'avoir dit
<J 'ava nce 'lue mil Feuilk feroit flwpril/l le. .. •..
Manquais-je donc à la probité, en invitant Iq
Public à réllèchir qu'li pourrolt aventurer (es
5
Ini(es en foufcrivant pour mon Journal l Tou~ les Quinzaines, la caiffe de la Loterie de
rance ,regorge de l'argent des. malhe~reux, quoi.tl'il (Olt perdu pour _eux fans eCpOlr. En eXCItant il l'échange, j'ai prévenu de la pollibilité dei
pertes.
Oui, dans trois jours j'ai rall'emblé 1 00,000
{rancs ; trois jours plutard, j' en euffe poffédé
300 : je n'étois pas Jonas, mais la baleine de
Jonas ou à-peu-près, car j'ai refiitué 7 liv.
JO f. je n'ai gardé par con(équent ,q ~e 15,000 l,
pour les frais de compofition, d'impreClion, de
confignation & de dittribution. Vous voyez que
mlS Dettes rettent dans toute leur intégrit~, que
mes Cravates n'en deviendront pas plus. magnifi<jl/es, & que le grand EJPirgle, le Brouillon diaboli'lu, , la Furie d!cltafnù, le Jon as ini'lue, le
t
Sagittaire du forcafme, le fin Charlatan, [En,,gumwe adroit & rufé,' le Serpent cacM; le Cw.
taure de la calomnil, I.e Difirihuteur de fit!, le
Député du Tartare, n'en refiera pas moins aClis
parmi les Anges tutélaires du Tiers-Etat. Cell:
une caricature, j'en conviens, mais elle a fon
mérite.
Je fuis fâché, M. l'Abbé, que vous vous troul'lez entre deux (elles: priez les génies protecteurs du Clergé & de la NoLleffe de vous aider
à {ortir d'embarras. Appeliez mOQ frere qui,
Sllnc!IO-Pança pour la mémoire, tient dans la
Chambre-haute une abondante fabrique de parce
les peintes d'après d'anciens Bas·reliefs, & des
Plafonds modernes., •• , ' .
�6
Mais li les Privilégiés vous réfu(ent ce léger
{ervice, je m'olfre bien volontiers à vous remettre
(ur vos jambes, à condition que vous m'appren-:Irez ce que c'ell ql.Wnl [Inde foudroyante; en
tevanche je vous citerai les p.~roles de Frontin,
qui ne (ont pas li bêtes :
)~ Pour réuffir dans le monde, il ne faut avoir
» ni honneur, ni h\lmeur (1) ». Adieu, mon
~het
Abbé,
(.) Ce Frontio 1 laquais demi-Savant, s'étoit fait un
Irincipe du pall"age d'un livre Eccléfiaftique, en rron ..
iJuant 11 fuite de la phtafe , que nous refiiwons en (on
entier. Après humeur punélum cum virgula, lifez : voHl
, 1. COLlin d. b perverlùé ! Pllné)um.
�DU COM TE
DE
MIRABEAU J
Écrite à MM. les Commiffaires du Tiers~
État de Marfeille) le 7 al'rilz789'
MESSIEURS,
Je fuis forcé d'opter, pluté\t que je né
penfois , entre les d eux dépura fions dom
les Sénédiauffées d'Aix & de Marfeille vien•
nent de m'hono rer. Abfent de Marfeille, j'y
ai été remplacé; piéfent à Aix, & lorfq ue
les éleB:ions doivent être continuées) il faur
néceffaitement' que je me décide. Mon coeur
te'doutoit tet tnftant) & cher choit à Je recurer. Livré tout enrier à deux fernimens
égaux de reconnoilfance j je ne POUVo1S
prévoir !'ilfue' du combat que j'aurais ino~
�•
1.
même à me livrer. A cette pénible {jma~
tion fe joignoit l'effroi que doit infpirer la
a voulu
va fi e & difficile carriere où l'on
,
me lancer. Il falloit un grand courage pour
ter ; mais , J"ofe ,le dire, je n'en avois
accep~
point affez pour chOlûr.
. .
Il le faut pourtant; & que dOIS-Je confulter? L'intérêt d'une Province qui m'a
honoré de tant de bienveillance, celui de
la ville .de Marfeille dont votre confiance
même me donne le droit de ·parler. Ce n'eft
point de mon cœur ~ue j~ puis ,obtenir ~n
choix que je n'oferois Jam ais proferer; maiS,
homme public, je puis prononcer entre deuxgrands ÏIuérêrs qui , quoiqu'également audeffus de mes forces, font cependant dlCférens l'un de l'autre.
Les féances des prétendus Etats de Provence ne font que fufpendues; & j'ai
l'honneur d'en être p1embre. Aidé du zele
., .
,
'& du coura ge des Communes, J al tent~
dans ces Etats une révolution importante,
indifpenfable, qui intéreffe la Province entiere; & qui, fi mes vœux les. plus ar,
3
dens {ont exaucés, n~ fera point étrange ré
à la ville de Marfeille. JIl veux parler de
la réformation même de nos Etats. Cet
ouvrage n'ell que commencé. Sous ce
rapport, ce font les Députés des Com~
munes de Provence qui doivent me guider, m'éclairer dans les Etats-généraux,
& dont je dois être le foib le auxiliaire.
D'autres que ai ons déja traitées dans nos
Etats particuliers, doivent être portées dans
l'Affemblée na';onale: La contribution des
fiefs, l'abolition de toute exemption pécuniaire , l"égalité des impôts entre toutes
les fortunes & entre tous les individus,
l'anéantiŒement de tous les droits ufurpés,
le remplacement de tous ceux qui dégradent l'homme, qui gênent fa liberté, ou
qui s'oppofent à ce que la Nation françoife foit tout ce qu'elle peut être. J'ofe
le dire, cette ' caufe
bien plus encore
celle de la Province, c ' ea-à-dire du Peuple
& des Communes en général, qu'elle n'eft
celle de la ville de Marf~ille , dont la prof.
Qérité, jufqu'à un certain point, tient à.
ea
(
�4
d!autres principes & à d 'autres loix.
J'avais donc eontraEl:é des engagemens
pvant ceux que ma rec Qnnoi{[ance m'a
imp ofés: ma carriere ell commencée; j'avais un pane, & je ne puis le d~ferter.
}'<li eonfidéré d'un autre eSté , que quoique l' Agriculture fait la bafe de tout e profpérire humaine , il Y aura peut - être aux
Etats - Généraux bealiCoup moins de Négocians, que n'en exigeraient les {a lem~elles di(cuŒ ons dont on fera. forcé de s'occuper. Il eft des lumieres acquifes, que le
?-ele feul ne remplace point. Chaque Citoye n peut & doit connoîrre fan pays. Le
Négociant [eul connaît l'Univers; & t oute
.!oi fur le Commerce agit aujourd'hui fur les
deux Mondes. Servir l'intérêt de la ville
~e Marfeille , eft mon premier devpir, La
priver d'un Négociant de plus aux J,!:tatsGénéraux , & prendre, moi, la place de
ce Négociant, l'le [eroit plus la fervÎr. T a ure
députation étonne ~on coura ge . Celle de
Marfeille , outre qu'elle m'écraferoir du poid~
iJumenfe de [es intérêts, du poids immenfe
ble{[er~it
de [a gloire >
encore ma déIica=
~e{[e, par la comparaifon que je ferais [ans,
ce{[e entre moi-mêI\le & le Négociant dont
j'a~ro~ pri~ ~a place. Cette comparaifon;,
fi Je 10ubhOls, d'autres la feraient fans ,
mat.
Veuillez donc MESSIE.l'Rs, recevoir &'
faire agréer à MM. les Eleél:eurs, je ne dis
pas mes excufes, mais ce nouveau tribut
de mon zele pour l'ancienne Patrie de mes
peres, où j'efpere moi - mêm~ acquéri; un
JOur le droit de Cité; je ne dis pas ma reeonnoi{[ance, puifq u'elle m'a fait hé6rer un
inftant entre mes véritables devoirs ,' mail;
les vœ ux éternels que je fais pour la profpérité d'une des premieres villes & de l'un
des meilleurs Peuples du monde. Je [econderai Marfeille d~ ta ilS meS efforts dans la
grande imp-lllfiQn qll'<;lIe Vil donner; & flT
je q~pofe maintena tlt à vos pieds la qualit~ de VQtr!'l. DéJ1llté, otan ~<;Ie bientôt me_
la fera reprendre. Celle de fuppléant eft la..
feule qu'il me /Dit permis de ~emplir, & la
feule que VQtre bonté ID' C!ût a:ccordé~,- ft
�6
•
elle ne s'étoit trompée {ur (es véritables in .
térêts.
Je finis, MESSIEURS: ce n'ell point {ans
émotion que j'ai commencé cette lettre:
& ce n'ell pas {ans douleur que je la termine.
Je fuis avec re{pea, &c.
LE COMTE DE MIRABEAU.
~ Aix J AvrillJ89'
Seconde Lettre à MM. les Députés & Com_miffaires du Tiers - État de Marfeille.
MESSIEUR.S,
•
, TI ell vraiment cruel pour moi de recevoir à chaque inilant de nouvelles marques
de votre bonté, lor{que votre {uffrage abforbe déja toute ma reconnoilfance. Je
n 'avois befoin que du proces - verbal de
mon éieaion; & je regrette bien la pein\!
'-lue je donne à tout le monde.
7
.
J'ai eu l'honneur de vous faire part dC!~
motifs de mon option. J'ai épuifé mon
courage à écrire la lettre qui las renferme;
& . vous venez de mettre ma fenGbilité à
une nouvelle épreuve ... .' 0 Mar{eilIe',
·ville antique , ville {uperbe, aGie de la
liberté, puilfe la régénération qui {e prlpare pour le Royaume verfer {ur toi tous
{es bienfaits! Il ne me reile plus de voix
pour te dire ni ce que je {ens, ni ce que
je penCe. Mais il me relle un cœur, il eft
inépui{able ; & je fais des vœux.
Je vous en conjure, MESSIEURS, veuillez
faire agréer à MM. les Eleaeurs mes pro.
fondes excu{es , je dirai même mes regrets:
Je {uis, je {erài le Député de la ville de
Mar{eille par mes efforts à feconder {es véritables intérêts. Ene eft ma Patrie, & je fuis;
fon fils. Tout D'éputé, s'il connoÎt {es véritables fonaions , {es véritables devoirs, doit
être le Député dR Royaume. Admis dans la
lice, j'y recevrai toute l'influence de vos {urfrages. Je profiterai de toutes les lumieres de
vos honorables Députés.}e leu!' fer·ai part
t
/
t
...
�8
de toute ma conduite. Je me regarderai cOni'ine-leur frere, né du m ême (crutin; & Mar"
-feille aura réellement cinq Députés, Que
me manque:t-il pour avoir ce titre? VOtr~
fÜffrage? hi eu le bonhe'ur de l'obtenir,
'Mon cœur, mes efforts? Ifs (Ont à vou~
"à iamais.
~
-.' : TE: COMTE DE MIRABEAU,
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"IX, dt.
DAVID,
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~
EP 1 TRE
1
DE LA NATION PROVENÇALE,
à Mr. ' le Com(e de
M,RABEdTJ.
'AN'GE exterminateur de nos triftes ryrans,
• Je fuis a.rec re(peÇ]:, &c"
<
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,
,
"
i1
,
-~
Imprimeries' de GllI"sLrN-p,( VII> 8< EMERIe-
Imprimeurl d" Roi 8< de la Ville.
n8;"
Des Re:lal, des Linguet, dolte & brillant Emule,
DéfenCeur généreux de nos droits expirants,
Suis la noble impulfion du beau feu qui te brûle;
Mieux que tes parchemins, l'amour de l'équité,
Les Cecours bienfaifans donnes à la Patrie
T'affureront le prix de l'immortalité,
Et te donneront les palmes du génie.
, De nos vains enn~mis confond les noirs projets,
D'un Prêtre ambitieux déconcerte les brigues,
Et que Nl.CKER inlhuit, prévienne les effets
Du poiCon dangereux de leur baffes intrigues,
Les lâches! l'attaquer & ne Ce montrer pas!
Ces Nobles li hardis, ces Coutiens de la France
Ne compteront donc plus parmi les crimes bas ,
Par des moyens cachés d'attaquer l'innocence 1".
Triomphe, Mll\ABEAV , leur regne eft expiré, .
Tes calomniateurs, Cuivis de l'infâmie,
Cerrains que Cur nos droits Lov IS eft éclairé,
Iront dans leurs châTeaux, exhaler leur furie.
Mais ce n'ell: point affez de vaincre ces Titans,
Leur défaite n'ell: pas le bout de ta cartiere,
�Il te relte à rem plir des devoirs bien plus grands;
Il faur de (es abus purger la France entiere.
Contre res intérêts, j'olè exiger ta voix;
Je te crois alfez grand, pour faire à la Patrie
Le (acritice entier de ces indignes droits
far qui la NatiGn trop long tems fut flétrie.
Que le Grand n'air donc plus le privilege affreux
D 'être de (on valfal accuCateur & juge,
Mais que {es noirs cachots par un échange heureux,
Du pauvre déConnais deviennenr le réfuge;
Le fils déshonoré voyant (es hautes tours,
Ne répétera plus dans fon ame indignée ,
" Voilà les lieux fanglaqts où l'auteur de mes jours
" Finit injultement fa vie infqrtunée.
Que du Cultivateur le champ {oit refpeélé ,
Qu'on lui lailfe le droir dans (es propres DomaInes
De fe metrre à l'abri de la voracité,
Et de cueillir en paix le doux fruit de fes peines;
Difparoîtronr 910rs ces Arrêts monll:ruellx
Qui fouvenr ont conduit jufques ~ J'infamie,
}' " ur avoir repoulfé ces animaux oi{eux
Qui viennent dans nos champs dîmer [ur (lotre vie.
La péche fera libre, & les tréfors des eaux
Seronr toujours ouvens à la clalfe indigente,
Qui depuis fi long-rems app rend {ur nos vaiffeanx
A gourmander les Aors d'tme mer inconftante;
Er l'orphelin du 1T)0ins rrou vera dans [on [eir<,
Çe fein qui lui ravit fan déplorable pere,
Les moyens d'appaifer l'impérieufe fài m
Et milie autres befoins, e[lfans de la mirere.
Je ne te parle point de ces lubriques droits
Que le VICe s ac,!uit hlr des ames tlmides j
Tu t'en affiigerois, lailfons le foin aUl< Loi"
D'e"tirper des horreurs dignes de nos Druides .. ,;
Mais puifque tu chéris ton Maître & ton pays,
Rends-lui donc des Sujets qui ne {oient point efclaves,
Qui ne connoilfent plus que les Loix de LOUIS ,
Qui ne {oient plus flétris par d'indignes entraves.
Les honneurs, j'y confens, font dus à ces Guerriers
Qui dans les champs de Mars dirigent nos cohortes.
Mais ces bons Plebeiens blelfés pour leurs lauriers,
Les verrons,nous toujours expofés à nOS porres ?
Tandis que bien logés, bien couvertS, bien nourris,
De pieux fainéanrs dévorent .rans f~rupule,
.
Dans le fein de la paix, les biens qu 1Is ont furpns
A J'époux ignorant , à la veuve crédule,
Les voilà, ces abus que tu dois dénoncer;
Tu ne peux embralfer une caufe plus belle,
Ta parole ell: à nous, & {ans plus balancer
Tu dois des Plebeiens défendre la querelle.
Je fuis & je forai, dis-tu dans res Ecrirs,
De votre liberté le dlfenfour terrible:
Les te.ns {ont arrivés, les charmes font détruits,
Reprends pOlir nous fervir cette. plume invincib l~;
Sous ton màle pinceau, nos droItS prefque oubhes
Reprendront aifément leur force naturelle,
Er de nos ennemis les parchemins ufés,
Ne pourront {outenir long·tems le para Ile Ile.
Mais les momens fonr chers, hâtes·toi Mll\ABEA\f,
Hâtes-toi de cueillir une palme fi belle;
La défenfe du Peuple ell: un noble fardeau
Qui conduifit toujours à la gloire. immortelle.
FIN,
�,1
( 1)
,~
. ~
DISCOURS
D'ADIEU
par les Marfeillois aiL Comte D r:
MIRABEAU, fur les bornes de leur
territoire, lé 19 Mars 1789,
F,HT
, Cet inila.nt de' notre féparation eft Mchirant pour
nQ~
ames·; rien ne n0 US m
confoleroit, s'il ne nous reftoi.t, en vous
perdant, & l'enthQu(iafme qu'Înfpirent les
grands Hommes " 1& l'efpoiF de placer un
jour le laurier fur ce front q,ue nous-éW@ns
1
ceint
d~
la couronné civiq:lle• .
. Ce triomphe clBit-
VOtlS
être cher 6<
pfédeu~.. ~a I1ailfiinC~ & le Fan~ forcent ••
quelq1,lefois le~ homm~es; mais le cœur
les. cléfavoue. Soù\tent les malheureux ne
fe courbent devant leurs tyrans, que pour
�(2)
cac her & laiiTer tomber fur la terre les
larm es dont ils la leur font arrofer.
Vous ne devez point nos hommages à
votre naif1à nce, à votre rang. Ils font purs 'i
unanimes & libres. Que vos ennemis n'ont-
(3)
Votre cinquieme ayeul , premier ConfuI de Mar(eille, (auva ceSte yill~ impor;
tante, en étouffant l$<. caln;ant des diiTen:
.
,
tlons.
Votre trifayeul ; aidé de fes eorans, fit
' l'infurreaion~
& a~paifa I~s trou-
ils été témoins de ces (cenes attendrifI:an-
tête à
tes, où le HÉROS-ClTOYEN s'ell: vu, plus
bles derniers de Marfeille.
'-
puiifant qu'un Monarq\!e, e~ltouré , preiTé?
Vous ne démentez pas fur .leur tombe
couronné, chéri de tous les Citoyens d'une
leurs généreux principes. Le fucc~iTeur ' de
, immenfe Cité ! Que dis-je, vos ennemis!
ils (ont devenus les nôtres .... Nous leur
VOuons une haine éternelle.
ces hommes illufires ajoute à leur gloire
~n
l'édipfant.
L'ami des hommes touche au déclin de
Allez; achevez votre fublime ouvrage.
fon augufie vie; mais il étend pour nous fes
Vous avez pour guide & p_our appui, la
bienfaits au~delà du tombeau. Vous nous
fe rmeté qui ne redoute rien, & l'amour
refiez: les hommes ne perdront pas leur
du bien public qui fait tout entreprendre. '
anu.
Qu'ils font heureux vos concitoyens!
• Nous (erions jaloux de leur bonheur ,fi nous
n'avions celui de le partager.
La' $Çllur de Rome ea votre mere adorU,\l,
�DISCOURS
-
-AdrefF par Les Habicans if Aix, [ur les
bornes de Leur territoire, aux Mar[rillois
qui av?ienr.. accompagn~ ju[ques Là Le Comte
ile MIrabeau ~ Le 19 Mars-1789.
lVIIRA B E LI QUE.
AVIS A LA PATRIE.
MES S 1 E'U IfS,
Avettis p~r vos Courrier~ du retour du
~olll,te de. Mirabeau, & de yorre empreffe-~ent . il. le fuivre, nous nous rendons audevant de vous, & pour renouveller nos
homm~ges au digne Défenfeur de la Nanon' Provençale, & pour' former avec ·vous
l'alliancll àl Jaquelle- vous voulez bien naus
ContLeuere omntS, intentique ora anebant.
VIRC .
_appell~.
Honor.és. <fun lien
au1li utile" 'q?e glorieull: pour les deux Villes que nous. repréfentons , nous raifons le ferment folemne!
de vous être fidelles, & de vous imiter
dans tous vos généreux de{[eins pour notre défenfe commune. Notre alliance a
pour principe l'amour de la Patrie, pour
{ceau !'ilmitié fidelle, & pour témoin le
Comte de Mirabeau.
1
Z9
1.
�MIRABELIQUE.'
ca""
AVIS -A LA PATRIE.
J
quand J François! verrons-nous le
crime préconisé et couvert d 'un égide na.
tional ? Jusqu'à quand la loi, la religion de
pos pères deviendront-elles l'objet d'un 'ridicu le insolent; nos autels_souillés de sermens
sacrileges; le pacte . social dissous par un
brigândage anarchiq~e appellé patriotisme;
nos mœurs sans pudeur, les minis tr~s de Îa
ieligion sans asyle J et dispersés; 1es pro.
'priétés presqu'annuIlées; notre roi dans les
fers J sans autorité et sans défense; la patrie
envahie 'par des Thamas-Koulikan! Jusqu'à
quand le simulacr,e imposteur du bonheur
'éblouira-t-il votre aveugle confiance? François ! peuple aimable et croyant, arrêtez un
instant vos regards Sur l'hydre effrayant' de
malheurs qui vous attend; n'adhérez plus à
çes chimères qui caressent votre ,espo;r ;
USQ.U' A
4, ;.t
�(0
mais voyez l'avenir; voyez la France. se,
f,.o,ances. son co=erce. son infortune;
anatnmisez ce squelette expirant; suivez les
mœurs, la conduite et le plan d e vos tyrans
sous le nom de législateurs; dépouillez-vous
un institnt de ce fanatisme qui vous séduit;
obéissez aux lobe de la nature et de la socié te; ouvrez les yeux et suivez-moi.
Qu'a fait l 'assemblée du manege ? Que
f'!it-elle? Et 'lue fera-t-elle? T el est l'ordre
dè ~~s\nstructions patriotiques.
".
l
. .r;!j!: a .fait
l'assemblée du mallege?
>'- Nlâttel~dez pa~
de, moi que je souille ma
plume d'un tableau qui alarmerait votre sen~ib'ilité sur le caractère de cette h9rde turbul ente. Je laisse daus un pro fo nd oubli tous
l es 'crimes de Mirabeau l'<Jné et'de ses compliees; -son nom seul est une injure. Que la
loi l'ait flétri ; que l'univers en tier l 'ait rej etté
d e son sein; que ses parens le h onn issent;
que , taré de projet~ crim ine ls ,et gl1 rd2 par
une intrigue insidieuse , il ait acheté la connance de quelèjues r:roven~a,:,x ; , eh que J
nourri de son .fiel atrabi laire, il l'ait exhalé
Contre la Cour , l~_l~o-blesse et l~. clergé, ceci
,
.J.J
....
,
( 5)
est l'attribut primitif de sa constitution, Que
25 à 30 brigands de son espèce aient vicié et
fanatisé les deux tiers du royaume; et que .
sous les apparences du bien public, ils enri.
chissent leurs porte·feuilles en satisfaisant
leur vengeance'. c'est ce que la postérité ne
croira jamais.
Neuf gros volumes de décrets sont déjà le
fruit des cabales et de l'intrigue de l'assemblée du manege : liberté, égalité et destmotian sont leurs enfans légitimes. Quelques
décrets portent l'empreinte de la sagesse;
mais la maj orité est née du crime, de l'inconséqu ence ou de la partialité,
Où sont, François. les douceurs de cette
égalité ? Pauvres, le riche vous admet-il à
ses banquets? partage-t-il avec vous ses
plaisirs et son aisance? en ,avez-vous plus de
ressources? en êtes-vous plus heureux? Il se
restreint, et vous languissez .
A quoi vous sert donc cette égalité illusoire dont on vous berce? Sans travail, sans
commèrce, sans ressources, quel est votre
bonheur? en quoi consiste votre égalité ?
Cet être d 'idée serait aussi nuisible qu'impossible dans un état social : mais ne philosophons pas, Apprenez, mes compatriotll
A3
•
�('6 )
que l'on n'a adulé votre amour-propre que
pour vous rendre les supp8t:s de la conspira_
tion, l'instrument que les révoltés font mou>
voir pour protég~- leurs desseins perfiJes.
Suivez l'ordre de la société , et vous verre.
que les riches ont fait, font 'e t feront la loi.
ne falloit pdS caresser votre imagination
d 'une vaine chimère; il fallait adoucir vos
maux, et on l es aggrave. Descendez vos
r egards sur vos tyrans, et montrez - nous
votre égalité. De quel droit, de quelle prérogatiTe, do quelle charge vous a-t-on ho. norés !' Vous n 'é tiez dans l'ancien régime
que subordonnés; vous êtes aujourd'hui es.
claves de droit et de fait. N'est-il pas -vrai
que le seu l propriétaire a droit à l'élection,
à la municipalité, ou à la députation!' Ne
fau t· il pas payer une contribution pour être
citoyen actif!' Les places ne sont-elles pas
accordées il celui qui achète le plus de voix
par intrigue ou par argent!' Avez-vous jamais
éprouvé une inquisjtion plus raffinée> un
despotisme plus outrageant que celui des
municipalités Ou des districts!' J'en appelle
il l'expérience. Cependant vous êtes égaux,
on vous berce , on vous bern e; et voilà.
bon peuple, les. proje.ts combinés des Mir(l.~
beau, Barn(!.ve. etc .
n
( 7')
l'dais. ouvrez donc les yeux, et voyez ces
nouveaux Sylla se partager les honneur~
et les emplois; voyez-les asseoir leur exal.
tation- SUl' le fanatisme de leurs supp8t.s.
Le roi Mirabeau, qui depuis deux ans
cabalait pour l~ fauteuil à sonnette, vient
enfin de présider l'assemblée du manege ..
à. la honte de la nation ;. ce despote alti el'
par sa splendeur (1), et nouveau Vitellius
àan& ses r epas, a surpris les places de commalDdant de' bataillon. et d'administrateur,
du département de Paris, pour avoil' la direction des planches d'assignats. Son- in •
triŒue, trop frappante-, l'le devroit plll8 faireo
. 1
illusion à votre i-ntelligence '. FYan<)ols. VOUi:"
S::l\'ez cepe!.l.dant ( et la chronique n'est pas.
f-a ll sse sur ce point) qu'il a perçu 300,000'
li vres pour le veto; 600<,000 liHes pourlu liberté du tabac ; 1, 300,000 livres pour
obtenir le déeret des assignats. M. C*** ,.
a.yant traité avec lui, au nom de l'agiotage,
a.'loit déposé la somme ci-dessus che~M . le
(1). Miraoeau a dlcz rui 6 chevaux , ~o domestiques~
et entretient magninqacment trois â quatre maîtresses.
:M·ad:l me Lejai a tout récemment reça une cheminee qui
• coÛté à Mirab.e'lI 1 Sema lines.
A4
�( 8 )
G***, notaire à Paris , et lui avoit aTancé "
en outre, 45000 mille livres, que l'on devait
soustraire des 18000 mille. Mirabeau, à force
d 'intrigues et de sophismes, ayant ubtenu
le décret deli assignats, nia les 45 mil le
livres. L'indignation de M. le C*** le rendit
indiscret : elle a appr-i.s à la France les
BOmmeS que Mirabeau a perçues et perçoit
pour les décrets qu'il se charge d'obtenir.
L'humain, le sensible Barnave, trésorier
des protestans, a reçu 28 millions qui ont
été employés à faire mouvoir tous les ressorts de l'intrigue et, du brigandage, pOUl:
obtenir le civisme des protes tans , dont ils
jouissent aux dépens de la religion, des
mœurs et de la tranquillité. Necker a répandu
6 milliorlS des 25 qu'il a gagnés à l'agiotage
d es grains, pour seconder ses co-protestans.
L 'évêque:d'Autun, nouveau Luther , pour
autoriser la licence de ses mœurs, n'a rien
omis contre son corps : rapports insidieux:
et calomnieux, dénonciation idéale et perfide des biens ecclésiastiques ; intrigùes ,
cabelle , m en ées sourdes, désintéressement
apparentÎel et captieux ; tels ont é té les
voies obliques de son agiotage; son seul
tnlisman était son ambition; il sayoit qu 'en
( 8 )
se vendant à l'intrigue on l'acheteroit fort
cher. Déjà 3 millions accréditent son portefeuille, très-connu dans la lice de l'intrigue;
on en a fait un administrateur de Paris;
jarryais l'agiotage n'eut de plus brillans'protecteurs qu'en Mirabeau et le sacnlege
schismatique évêque d'Autun: tous deux
sans foi, sans honneur et sans mœurs , ne
craindront plus de souiller leurs actions de
nouveaux crimes.
Cependelnt le nouveau Luther prévoyant
bien que soJ;l suffrage seul deviendrait nul,
a acheté les sermens sacrileges des évêques
de Leydda et de Babylone; com me le curé
Gréaoire
et l'abbé .Gouttes, bien soudoyés,
b
,
ont acheté ceux de plusieurs autres cures.
Jarente, évêque d'Orléans, et le cardinal
de Brienne ont vendu les leurs pour p ay er
leurs de ttes Enfin il n 'est pas un J acJémentiste député dont un brillant salaire
n 'ai t acheté son suffrage.
Voilà cependant , François , ces héros du
sibarisme, qui à force d'intrigues vous
entraînent dans leur révolte.
Pardonnez , () m es compatriotes ! si la
véhémence de mon indi gn ation vous fait
des tablea~ trop vrais sous des dénomi-
�(
10 )
1iations triviales; mais je suis François,
j'aime ma patrie , et nc puis voir d'un œil
serein l'imp osture qui vous aveu gle.
Mais dé chirons le voile m ystérieux de
l'intrigue, et suivons cette liberté à CI!"
bientôt on doit élever des apothéoses. Hélas !
ses autels sacrés ne son t plus. respectés;
l'antre de la liceDce s'est ouvert de toute
part; la tyrannarchie se fait ressentir; le
brigandage est sou s la protection; les déprédations, les dépravations, le trouble,
l'égoï sme, les cruautés > l'iJlSurrection; la
l11 endicit~ sont le, en fans de cette liberté
d on t la France paro~t auj ou rd 'hui se pa vaner.
Mais quelle est cette liberté si préconisée ~
les efforts pervers de ],a licence ne vous
font-ils pas tremhl er? François, VOHS êtes
libres, s'écrie-t-on; mais n'étiez-vous pas ,
e t n 'êtes-vous pas subordonnés. aux loix?
Pauvres esclaves que l'OR ballote ! mais aux
lettres de police et de cache t, à l'inquisition condamna ble des ministres, n'avez, vous
pas les mun~cipalités, les districts , cc comité ou inquisition de r echerch es qui vou~
ourdissent des fers. hien plus onéreux?
Vous ê tes libres; mais ne gém issez-voul<
pas à. chaque instant de .cette prétendue Ji-;
(11 )'
be rté ?\VOS fortunes , vos femmes , vos jours
ne son t-ils pas à tout momont exposés? P:lris
et la France ne sont - ils pas le thélltre du
brigandage, depuis le décret des droits de
l'h omme?
Vous ~tes libres; mais la loi du plus fort
n 'est-elle pas auj ourd'hui la dominante r
Cette liberté n'a-t-elle pas forcé l'émigration du tiers riche des habitans ; cette liberté ,
par la s';ppression des charges et m ahrises ,
n e ruine - t - elle pas encore un tiers du
r oyaume, et n e laisse 11 l'autre ti ers que
l'espo ir de vivoter et de s'entre-déchircr par
111 ri 'l'alité ?
Voilà donc, . François, cette liberté dont
l'ét:llage a si fort aliéné les cervelles crédules.
Peuple trop débonnaire, ouvrez donc les
youx; en bornant le pouvoir de vos ministres, vous étiez pleinement libre'; mais
ce n'est pas ppur vous que l'encens fume sur
l'an tel dela liberté, c'estpour vin gtit trente
J aclémentistes ùe l'assemblée du man ege
d ont le despotisme est si tyrannique , qui "
violant les droits sacrés d e l'inauguration
françoise,se sont arrogés le pouvoir exclusif
de la manutention des deniers du royaume,
et 'lui, en encllatnant leur l'oi, Ont .le drQit
�('13 )
(
12 )
d'ourdir des fers à leur gré: leur pouvait
illimité n e vous laisse que la liberté de contempler leur triomphe.
C'est pour les riches que cette lib erté se
propagera; ils potli-ront, avec de la fortune
et de la splendeur, capter les suffrages ,
brill er dans toutes les places, et vous rendre
l es échos raisonnans de leur bonheur _Voilà,
F ranço is, votre liberté; husl r és de touthonn ellr , de tous droits , de toutes charges.
VallS serez plus qlle jamais les esclaves des
riches , dont la dureté et l'in justice "fOUS
feront souvent regretter l'aménité douce
et sensible des grands et du clergé; etl'expérience vous apprendra la distan ce immense
qui se trouve entre des riches parvenus et
d es hommes qui, par leur n aissance, reçoi vent des principes de sociahilité et de
justice. .
François! quelles sont donc les douceurs
de cette liberté illimitée? son apanage fut
toujours la licence, le brigandage et la dcstruction ?Et en effet la France a-t-elle jamais
éprouvé un désordre plus alarmant? LfJ
nombre d es bri gands a-t-il jamais été aussi
multiplié? avons-nous jamais vu plus dfJ
tro\\bles, moins d 'ordre, plus d'attentats
droits des gens ? l'honn~te citoyen a-t-il
jamais été plus exposé; n'est-il pas forcé de
,'armer, et de .faire de son asyle une forteresse? A-t-il jamais éprouvé avec au tant
de tyrannie les eflûrts de l'intri,:rue et de
l'acharnement contre ses principes; n'a-ton pas tout travesti sous la dénomination de
régénération? lesA ppius de l'assemblée n 'ontils pas allumé par - tout les torches de la
discorde, en surprenant la bonne foi d 'url '
peuple crédule? inventions insidieuses, calomnies absurdes., mais captieuses; granJs
projets de conspiration déjoués; révélation
secrette des mystères de la cour 'nu isibl es à
l'état; soulèvement parIicide du clergé ; armement secret des nobles; attentats allX
droits de la nation; illusion, pièges , subterfug~s, félicité du peuple, tout a été
l'ouvrage combiné d~ olub jaclémentiste.
Si. nous ouvrons les' annales de la destruction, nOllS , y, ve.1"l~ ns les lettr.es ciroulaires; les lihlill es incendiaires, les faux
ordres du roi, ' les origans soudoyés par
d'Orleans et ses' SllPPÔts ; noùs y verrons
.cds nouveaux CatiHmt armer un peuple pour
defe11.dre at àutQ'riser leurs pr.étantiolls cri~inelles. Nous y verrons qu'à l'instant mêm e
Itux
"
�( 14 )
lOù le clergé fait abandon de ses à1mes, la
noblesse de ses droits féodaux .' les jaclémentis tes combinoient la destruCtion de ces
ceux ordres, tandis que la France préconisoit leur générosité.
Nous yverrons la vengeance et l'ambition
armer d'Orléans d'un poignard régicide;
nous le verrons avec Mirabeau et leurs complices méditer l'ordre et l 'exécution du
6 octobre; soudoyer un Saint-Huruge.( don~
le nom est l'horoscope) qui harangue sa
bande , et part pour Versailles; mais la sur,
veillance de M. la Fayette arrêta ses projets
assassins. Cependant, cette tentative infruc·
tueuse ne déconcerta pas les conspirateurs:
l'affaire du 6 octobre se complota; la sur·
veillance et la bravoure des gardes sauva
le roi et la reine; mais on les rendit prisonniers à Paris. Nous y verrons les châteaux
et maisons incendiés' de to.us côtés;; les
nobles assassinés; nous y verrons par-tout
le crime absous, et l'innocence seule tombant sous le fer. 0 ma patrie! quelle guerro
intestine-se fait dans tous les .cœurs : l'homme
de bien est seul sao;ifié: Déjà les· révolté!>
avoient formé un club sous l'emblême des
amis de la constitution, mais dontl'attribm
( 15 )
essentiel
est l'héroïsme du briŒanda<te
ae~~
•
b
b
t:ucttf" personifié par autant de jaclémen_
tlstes. Déjà ils évoquent des suppôts qu'ils
font venir de l'étranger, comme des confins de la France; gens flétris
sans aveu
et vômis des prisons. Aussi-tôt' les maisons
de Bicêtre, la salpétrière, le châtelet la
f'
,
orce sont ouvertes; ces illustres suppôts
répondent parfaitement à l'attente de leurs
héros. Quarante à cinquante mille proscrits
sont répandus dan.s la capitale: rien n'est
sacré pour eux; la vie du citoyen, sa for.;
~~e , les scandales mettent l'honnête pa_ nsien dans une alarme continuelle.
Mais l'Europe connolt déjà les intention.s
criminelles des jaclémentistes; le zèle du
prétendu patriotisme s'affoiblit; la crain le
contrit les révoltés; le peuple commence à
murmurer de la fourberie. Aussi-tÔt on enfante au club une nouvelle conspi"ation de
. vengeance: bientôt on en donne des preuves
idéales; 1 déjà la torche du fanatisme se rallume; un nouveau Favras est immolé et
la perfidie a toute sa force. Deux mille ;Ul)pllts soudoyés remplissent les tribunes, ap' plaudissent ou désapprouvent au signal;
forment des grouppes S\U" la terrasse des.
(
�( 16 )
Feuillans, prêts à égorger les noirs, s'il,
résistent aux volontés destructives. C'est
ainsi, peuple François, que la liberté préside à vos loix: constitutionnelles : apprenez
donc que ces deux mille suppilts ,ondoyés
forcent tous les décrets émanés de la vena eance ou d e la cupidité. Ils forment d'abord
b
'
d es grouppes aux thuileries et au palaisroyal, échauffent, ameutent et animent le
peuple par des inventions ou des noirceurs
absurdes; scrutent les intentions du peuple
d'après les instructions qui leur sont données, et le pérorent sur le d écret qui doit
s~rtir, ou les motions que l'on doit faire.
Le peuple, prévenu et convaincu que c'est
le bien de la chose publique, force l'assemblée du manegc à décréter ce qu'on leur
il suscité, C'est avec de pareilles menées que
1
l'hiérarchie de l'église a été almullée ; que '
la noblesse a été abrogée, les propriétés
attaquées; que la cour a été aliénée aux:
attentats des d'Orléans, Mirabeau , et leurs
complices: lecteur imparou\, lis, réfléchis,.
et frémis,
Mais qu'a faitl'assem blée du J,IUinege; détruire tous les principes de l'honne:ur, attaquer la religiùh Jl1.sques dans ses foudem ens ;
car ,
( i7 )
cal:', non
contente
d 'avoir dégradé et a Vil'1
• ,
ses mLnlstres aux yeux du peuple, par las
moyens le! plus odieux, elle a attaqué les
c~ons de l'église , en vlltan~ le mariage des
pl'etres, le diVorce ,. le schisme papal' en
wrç~nt pal' la faim plusieurs prêtres d ;iltre
sacriléges. Voilà, Fran çois , le tru chemen t
de ,cet;e üQ)lstitutÎon que vous att endez;
m~s c est: un le~ain qui n e ferm entera jamals. Qu ont faIt les jaclémentistes r disperser vos finan cell, abroger tous moyen~ de
les recouvrer; confondre tous les états'
ànRuller tous principes d 'émulatiOll' seme;
dans la sO,ciété le germe d'tme d isco:de éternelle;
l'
. 1faIre et légaliser des fO rf::ll'tS'
c
, ( e~ulre e commerce; réduire les Colonies à
rIen; renverser l'ordre de subordination.
étouffer
. . jusqu'aux devoirs filials '' e'tabl'
. Ir d es'
~rmclp~s ~lr~gereux et.impossilJles; anéantIr la, d:sclplme militaire; attirer en France
et,favonser un peuple de briman
' a u ~ n1en_
0' d ~;
la dette de l'état.de trois milliards,~Fran
ÇOlS, lorsque les décemvirs- il, Rome abusèrent de la confi a ne,
Q '
1e p eup le Supprima
'
leur pouvoir, I ci ce sont des manda taires
dont on attendQitle rétablissementde 1'0 dr
1 d
'
r e.
a estruction des abus, et nne organisation
B
tru:
�( 18 )
moins périlleuse des fin ances ; m ais c~mmè
ils ont tout détruit, jusqu'au pOUVOIr co. l'ordre.
a ctl. f , 1a ID isère seule peut rétablir
. pour maintenir leur brIgandage,
E~ n valn,
ont- ilse' ta bli un comité de recherch es; ce
tribunal inqu isitorial , exercé par les quarante-quatre mille muni c i~alités .' n 'enfan• t eraque .les crim es , et ja maIs de bIen
. pour la
'
chose publique ; parce que la maJ; ure pa~.tle
de ccs m uni cipalités n'est composeeque d
.
tngan
s venùus au:.: conspirateurs
. ' : aUSSI
.
r
n
ous
produit
les fnuts
. .,
.
,can céc 1laque JOu
r eux de cette inqUlsltlOO. Tan to: ~ est un
ch:1tcau brfr lé , et les hûtes assasSLTles; u.n~
a utrefois c'est l Ul honnête citoyen pum Il
la nation,, et justifié après sa m ort. D' autres
fois c'es't u n e conspira tion d éco uverte, ou
des ' voitures de lingots arrêtées p ar telle
municipalité , et dém entie quelques jours
a près . E nfin, i l n 'est pas de moyen s
tu eux que l'assemblée du m anége n 'ait mIS
en usaO'e p our r éduire la Fran ce d ans l"e tat
déplor~ble où elle est, Elle a d étruit jusqu'à
la con solation du m alheureux , par des
" x", et du royaume
,
systêm es p ervers etcaplLeu
'
l
'
qu'un
squele plus splen dide eII e n en alsse
lette atténué.
m:
to:-
( î9 )
P euple trop in génu et crédlle, jusqu'a
quand cet hydre tyrannique, de fou rberie et
d e riclicul es , abusera-t-il de votre aveugle
confian ce? Ouvrez donc les yeux , et dem andez à ces despotes , qui vous séduisent
parl'espoir du bonheur, comment, et quand
ils abroger ont les m aux qui vous accablent.
D emandez -leur compte de vos finan ces;
ann on cez-leur qu e le sang qu e leurs intri'g u ès
fon t sans cesse couler crie ven geance; et
que le glaive qui par lem ordre frappe journellemen t l'innocent est suspendu Sur leur:
tête .
France , lorsque l'éviâence te présen te
l'étendard de la vérité , armes - toi d e sa
fau lx p our en frapper l; imposture .
V ois Mirabeau, Larneth et l eurs complices,
soulever le soldat et corrom pre sa subordination .
Lis les annales de Nan cy , tu y verras la
déclaration des grenadiers du régim en t du
Roi, qui accuse les envoyés secrets de l'as~
semblée du m an ége d 'avoir fom enté leur
in discipline, .a in si qu'à Chateau-Vieu x .
Interroges les matelots à Brest, Rochefort,
et ils t'apprendront qu 'ils sou t payés plll'
B :l
�(
~o
)
d es agens secrets, pour menace~ leurs offi~ iers, lit s' aŒranchir de tOAte. di scip~~ .
Interroges Vandernoot, il te pJ;ouvera ,
par ses corr espondal;lces suivies a,VI;Ç k
club jaclém entiste , qu ~ c'~t a.1,l,."- s,\>mmes,
immenses qu'il a p~ rçues, e~ au,x. em,o)[és.
~n.cendiaires, que l'empereur do).;t l~ ~Eholte.
du Brabant.
In~erro ges le. cab j,ne ~ d 'Espagry.e" i1 t'app,endra Clue l'assassin du mini-s.t;re FloridaElança .est le même qui, le 14 juillet ' 78.8 >
ameutoit toute sa h01;d e , et [ai&oit ck ~ motions in cendiaires au pala is - r oyal : sOn
aveu > sa mission, e~ la sOIllIR~ qu' ~ Et~per
cevoit.
I nterroges ces grotlPpes , au siège. des,
conspirati~n s ( le ~alais r oyal ) , ils tê,r4vè.
leront qu'ils s<?J:,t soudoyés p our fair,e de~.
m otions , échauffer le peuple ' et l' anit;'e~_
contre les opprimés , e t qu'ils son t payés
'
r égulièrement.
In ter;oges l'h onnête h qmme d e l'assem:
blée du manége (.ca!'; il e!1 est b eau cou~) ,
ses soupirs seront l'effort, puissan t de son
indi gr.atlOn' contre les dépréda tions des in. trigans; il voi~ avec ef'fi'oi les suites affreuses
de cette oJigarchie, ou gllchis d" crimes,
( ! 1 )
mais ~â douleur est sa ns force. Veut-il faire
entendre la voix de la justice , aussi - tô t b'ri
tumulte affreux de la tri bune , ct du côté
gau
che-;
'c8rrvre la réSlamatiol1 d e l'hemnête
,
,
d epu te.
~h~h , ,'p o:rr ~e~~r~ plus bB,èux Tes bppnmes ; les )aclemëntiSfes 8t1.t H:ltèmfmt fa;
riatisé l'ertéür da petliji~, FJi té rildt l~;:is~
t oeTate j ( d.anS1ehr s"'H~ , enriefb.is Uè l'étai
êt de la pitU:iè )' qne lé lang:lgê lé plus sai~ ,
la vlirlté la plüs flalpilbl e , sônr à leurs yeu;
de l';tristocratie .
, .
T els sim!; François , les m ustres travaux:
du mahege. P oint de fdi '. pIus d~ justice;
vetJge:Hicê ét cùpldité sont WiN talisman; ei
p~ui".n e jamais lI éroger !t lenr pro jet d e CODSplTatl.on, ils bdmm ent tou'r o'ù rs un j aclémentlsté poli t ptésid'ent; céltii-ci arran ge et
su,Pplée am" yoix , s'fi en mahtll'le , pour
fatre passer un a écret.
~ranc~ > aprèS ce tahll/an affreux, ta main
~en gert~sse ~estera-t.elle touj'o urs dans l'inactIOn ~ T rem b'lé Sur torr indolen ce; tes tyrans
d espo ~es, en ~ompl elteront la ruine; l'espor.:
du peuple fait sa consolation ; mais cette
vaine espérancé est semblable à celle cfu
m a>lhe1ll'reux q'Ui, d<tns son n Ojr cachot , seo
13 3
.'.
�( 22 ,
nourrit de chimères, quoiqu'il doit p érir,
sous peu.
Que fi"! l 'assemblée du manege ?
Ce qu'elle a tou jours fai t: séduire le pe",.
pie, d étruire les finances , absorber et gasl)iller les biens du clergé; et comme le règne
d e l'imposture n 'a qu'un temps, que l'empire de la vérité traverse bientôt le fanatisme,
ae l'illusion, il fau t de nouveaux efforts
.
p our maintenir l'erreur.
. Cependant le mal françois diminue; le
bon sens , son antidote , est rentré en France
et a chassé le dél ire patriotiqu'e; le nombre
des convalescens s'accroh journellement;
le François , qui n 'attendoit de ses mandat aires que la destruction de ses abus et le
rétablissement des financ es , a gémi sous les
coups r edoublés de l'intrigue et des passions
turbulentes des Mirabeau et d e ses complices,
etc. Les apparences primitives de leurs dé·
crets avoient aliéné son im aginaùon. Il
çroyoit reconnohre une sagesse bien vue et
combinée dans ce clésordre; mais il s'est
bient&t apperçu qu e lil'cupidité et la ven·
seance étoient la boussole silencieuse de
( 23 )
l eurs opérations ; il a vu avec douleur la' d~s:.
uuction de la monarchie, le despotisme le
plus effrayant r égir les vues crimin elles de
vin gt à trente d éputés: aussi- t&t ses yeux se
sont dessill és , et le mép'ris et la ven o-eance
ont su ccédé à l' erreur d'un moment. "
, En vain les jaclém entistes ch erch cntils à
60utenir Cel' édifice qui s'écroule ; cn vain
soudoient-ils nombre d e suppô ts de toutes
l es classes, qui alimenten t toujours l'esprit
d e cette fureur utile à leu!' conspiration;
l'honnête citoyen est détrompé ; qll elqu es
j aclémentistcs cherch ent encore à r allum er
l es k ux de la discorde : Marat , le père ])uchesne} Garat , Gorsas , Prudhomme , Desmoulins nourrisse ut encore l'il! usion du peupIe ; mais le fan t&me qui ne se soutient que
d ans l'ombre du crim e ùis paro~t au juur de
la vérité.
':
La ntisère multiplie ses victrlll es; cette
félioi té pr omise n'offre dans l'aven ir qu e des
larn'les de douleHl'. Celle con stitu tion ùont
on v ou s a bercés n 'est pas au liers ùe sa législation; elle- es t en core pour long-temp!
dans le ventre de Target.
Cependant vos mandataires détruisent et
suppriment toujours. Cet être d'idée de ré-
B"
�( 24)
génémtion embrasse de nouvellu:x: modes-;
une nouvelle nomenclatw:e ; la fièvre maligne natiamale les égare de plus en plus; et
comme dans leurs traul>ports ils vaient letH
souveraineté chancelaute, que l 'hyme de
leurs crimes les effraie, que la coalition des
honuêtes gens s'ourdit graduellement J ils
enfantent touj ours de lllouveaux subterEu.ges
pour surprendre la cOlllfiance populaire. et
entretenir sou illusion.
C'est ainsi que la perceptien de vos imp8ts
est réduit à zé"Q, et que la Gette pub1ique a
multiplié ses zéros; c'est aililsi que le crédit
'public est totaJement aliéné; que la cenfiance est étouffée. L'assemblée du manege
smprend la con~ance du peuple par des
suppressions qu'elle ne pourra jamais recouvrer; eUe craint même d',useo;; le ~de
d'imposi tion qui ren versera l 'édifice SUl' se'
fondem.ens. Le lllOde d 'imposition de 179 l
n 'est pas encore fai.t , et les frais du gouvernement et de l'assemblée sont pris sur les
800 millions c).'ass ignats que l'on vient de
fabriquer. Mais O:.lVron,s le li vre' des finances;
•
tout ce que je vais en dire est d'après le
comité c).es finAAc~S.
.. .
.Dijici.t ancien.
Au mois de mai 1788, à l'ouverture des
états généraux, le déficit étoit de 56 mUlions.
Dijioit modeme.
Suppression des gabelles, et le sol pour
livre.
60 millions.
Liberté ,d'li 1:tèbac.
. 32 millions.
'Suppression des entrées de
ville .
. 120 millions.
La perte sur les aides.
-. 20 millions.
La perte du produit des cuirs, huiles,
savons, marques de fer.
. 10 millions.
La "perte au droit de franc-fief et autres
du ~ême genre, des profits féoclaux, des
droits de bannalité, de péage, cle nouveaux
acquêts et amortisselllens, cl.rQit du tiers
d enier en Lorraine, droit de 6 deJliers pour
livre pour la vente des bois ecclésiastiques.
gens de main-morte, et autres objets do.
• 2 0 millions .
manlaux.
La perte du recouvrement des frais de
justice àla charge des seigneurs. 3 millions •
�( ~6' )
La perte du marc d 'or , droit de mutation '
cen tième denier, point d 'honn eur.
5 millions.
L'anéantissement d es cours de justice et
d épendanc es,
3 m illions.
P erte des pr oduits de la régie des do.
maines, droits de greffe et cTe..sceau x , tim_
bre, et la formule des actes judiciaires .
5 millions.
Contrôle d es exploits. .
5 mil!. f .
Recette des gages intermédiaires . offices
vacans par mort.
5 millions.
La perte d~ la régie des p'oudres et de
la monnoie.
.
.
.
.~. ~lr on.
La perte Sur les mises de la loteri e royale ,
.4 millions.
La diminuiion sur le produit d es traites J
.
6 ~Ul. î.
,
-
298
Déficitoupertepourl'état, total'
mil!.
Ajoutez 56 milliôns, défi cit. ancien, font 354
millions de d éficit actuel où perte pour
l'état.
Dépense actuèlle .
La maison du roi et les tan tes. 30 millions.
Administr ation des provinces;' ou revirement
de ' dépensè en départemens. 50 millions.'
Charges et mahris.es supprimées, 300 millions , intér~ts
. 15 milüons.
lntêl'êt d e ch arges supprimées de magistrats J
chancelleries, procureurs, huissiers, montant il. 450 millions, intér&t. 2 2 mil!. î au
lieu Je 9 millions que l'on payoit en gages
représentatifs.
La garde nationale de Paris. 8 millions:
Celle de tout le royau!lle .
12 millions.
Ordre judiciaire .
30 millions.
M. N ecker a omis par collusion plus de
cent millions.
Les intérêts des offices de judicature supprimés montent à.
. 42 millions.
Hemboursemens des charges de la maison
du roi, emplois militaires, gouvernemens,
9 1 millions, intérêts .
.
. 5 millions.
Dettes du clergé 149 millions et demi, inté6 millions.
r.ê t& •
L a partie du remboursement à terme, 14 0
millions , intérêts.
.
.
. 7 millions.
Indemn ité po;'l r les d1rnes inféodées par décret du 14 avril 1790, 120 millions, inté,
6 millions.
rêts .
80 millions.
Erais du cu4e
30 millions.
Ancien clergé
�( z&)
Gestion des biens du clergé par les mUhici;;
palitéb .
10 millions:
Augmentation de dépense sur _
l'ordinaire, total.
. 344- rlii'Iii6ns.
Le comité des finances porte le rembo ur•
sement des oHices, charges, emplbis mili.
taires, gouvernemens et cautiohnemens supt
primés à 862 millions 450,000 livres. Ges
capitaUx dts étoient aliénés à perpétuité;
l'intétch e;xcede de 13 millions celui què
l'on payoit; deux millions d 'intérêt de plus
pOUl' là judicature font 15 millions, dont le
capital est de 300,000 livres à la charge de
l'état.
Perte pour l'état, ou déficit annuel, 354
millions au lieu de 56 millions.
Augmentation de dépense sur l'ordinaire,
344 millions, Outre unè r éduction de 60
millions sut les peilsions et autres dépenses.
Dette exigible, ou remboursahle à époque
fixe, 2 milliatds et demi.
Dette aTtciellde de l'état.
En 1787 l'état devoit 7 2
millions, capital
9.20 milliEl'ns.
En rentes perpétuelles 55 mil-
( 29 )
!:ions, oapital .
Il'00 millions.
En divers Lnlérêts et gages,
50 1I,lillions, capital.
1,000,000,000
To~al
3,2.71',000,000.
"Accroissement de la d ette pl,Dliqzte depuis,
. i'entrée de l'assemblée du maJLq1fe.~ et c~
d'après le comité desjillallces.
Pour n e pas effaroucher le peuple, le
remboursement des chru:ges, offices) emplois militaires, gouvernemens supprimés_...
n'est porté qu'à
862_ millio~s.
Omission par collusion dans le mémOire.
d.e M . Necker, ma,is relevée p~r un a~peI
aux finances "
~oo ~illioll5.
Auamentation par les r.entes de 15 Illil,
. é es, capl~
.
lions "pour les charges
suppnm
t.3
1 ,.
•.
'
. 30Q milliolls.
Le capital de 80 millions pour le culte
divin.
1
16?omillions.
A •
Charges et maltflses supprimées
399 milliQns;
1
'Ilotal
3,1\62,qoo,000
ajoutés à 3 millim:ds
~~llion s , font un..
tqtal de 7 milliarcls .l :J9 mIlitons.
;77
�( 30 )
:tn supprimant les 80 mi.llions du Ctùte
divin, dont le capital est de 1600 millions,
il restera une dette de 5 milliards 539 mil.
lions dont l'état est redevable; ajoutez 1200
millions d'assignats, la dette sera de 6 milliards 1 39 millions, outre l'intérêt des nouveaux emprunts que l'assemblée a permis
à toutes les villes.
D épense ordinaire/
La mtUson du roi et les tantes .
30 millions.
Les appanages des princes
royaux.
7 millions.
Ancien et nouveau clergé. 1 20 millions.
,
Intérêt de la dette ancienne. '77 millions.
Intêrêt de la dette du m anege
125 millions.
La marine
32 millions.
Cent cinquante mille hommes, tout compris, entretien, armes, bagage , 20 so ls
par jour, font
54 millions.
Cent mille hommes , troupe auxiliaire, à
3 sols par jour; tout compris , 10 sols par
jour, font
18 millions.
1 milli on.
L'école des mines.
( 31 )
Administration d es biens ecclésiastiques
par les municipalités.
10 millions.
La garde n ationale de Paris.
8 millions.
Celle du royaume. . .
12 mill.ions.
Administra tion des provinces, ou r.evircrement de départemens .
59 millions.
. 30 millions.
Les tribunaux de justice..
Les affaires étrangères. "
. 4 millions.
La gendarmerie nationale. .
8 millions.
Les Colonies.. . . . . . . . . . 2 millions.
Les p~nts et chaussées. . . . . 5 millions.
Les ministres, le conseil général d'administration du trésor public .. 500,000 livres.
La caisse extraordinaire, celle de IiquiJ a tion
et de comptabilité . . . . . . 3 00,000 livùs.
Les dépé\ts publics . . . . . 200,000 livres.
Les primes et les encouragemens pour le
commerce . . . . . . . . . . 200,000 livres .
Le jardin etla bibliothèque du roi. 100,000 1.
Les universités, académies et travaux Jittéraires .
~
J'Ivres .
. 000,000
"
Les in valides .
• . 5 millions. • ...
-" '
Les quinze-vingt. .
600 , 000 livres.
La haute cour n ation ale, le tribnnal \:le
cassation.
• 300,0 0 0 Jivr~:
L'assemb lée du manége. . . . 24 lllilli9n~;
Les prisons. . . • . . . . .• 12 millions;
1
�,
( 33 )
IC 32 )
La perceptiondesimp6rsdirecrs. 6 millions.
Les hÔpitaux, la mendicité. . • 20 millions.
Total. . . . . . .
774,500,000 1.
Après ce tableau lumineux de vos finance s,
François, que l'intrigue et l'imposture sur.
prennent, jugez des avantages que doit vous
offrir cette prétendue rolgénération: quelqu'inquisition que l'on exerce sur vos fortunes, atte indra~t·on jamais à balancer la
d épense et la recette.
Perceprion d'ù'position.
Imposition territoriale; ou brevet de la
t/lille au plus haut cavé, oalcul fait en 1787 ,
tous privilèges supprimés, avec la répartition la plus exacte, ne produit que 170 millions, ci . . . . . . . . . . . 170 millions.
Contribution, au marc la livre, pour remplacer la gabelle . . . . . . . . 40 milli ons,
Le timbre , au plus haut. cavé .. 40 millions.
Imposition directe, ou lettres-paten tes sur
les asyles ct· l'indultrie , rejetté unani.
mement. . . . . . . . . , . . 50 m illi ons.
I,es impositions indirectes . . . 2 0 millions.
Les deux vingt~èmes, et le sol pour li vre aux
imposilions
impositions réelles. . . . ; '. 56 millions:
Total. • . . . . . . . .• 376 millions,'
La somme des anciens revenus n'a jamais
excédé 475 millions.
Comment M. de Montesquiou a-t-il osé
hasarder aussi maladroitement que les
revenus de l'état seroient portés à 552 mil.
lions, et qu'il y auroit un bénéfice de 60
millions annuels sur les dépenses? , Cette
gaucherie est d'autant pius mal conçu~,
que la dépense extraordinaire est de 344 md·
lions, avec l'ordinaire fait une somme annuel de 774,500000 livres pour l'état, sans
comprendre, dans ce calcul, le~ frais ~e
perception, l'ancien mode COlltOlt 5~ ~n.,l
lions J ni les pensions supprimées de mOItié.
En 1787 les pensions de la guerre se montoient à 16 millions; celles de la marine à
2 millions, des a.Œlires étrangères 600,000
liues , de la maison du roi 4 millions,
de
,
la ma<Tistrature
5 millions et 400000 livres;
b
total 28 millions,
Je n e releverai pas toutes les absurdités
tran ch antes des différens) publicistes de la
france, mais je dirai seulement que Camus,
cet audacieux imposteur qui a porté lei
C
�PO
pensions à 58 millions, puis ~ 80 " eSt d 'autant plus fourbe qu'il sait qu'elles n'ont
jamolls passé :32 millions; et que le livre
rouge n'est qu'une invention infernale, où
l'on comprenait les revenus de certains h&pitaux, et de l'ordre de malthe.
Pourquoi les jaclémentistes ont-ils fait
raisonner leur applUente indignation? C'est
qu'ils avaient besoin d'énivrer la crédulité
populaire d'l'ne fureur qui luttât contre le
o1,o c des vé rités frappantes: il falloit tromper.sa confiance pour fixer son suffrage.
C'es ainsi que l'on a fanatisé les cervelles
crédul,es; c'est ainsi que l'assemblée gauche
a e~alté )a fureur du peuple sous l'idée
de patriotisme; et cependant qu'ont produit ces 'élans tl1multueux du patriotisme ~
Les çlons n'ont pas excédé 10 millions;
la vaisselle d'or et d'argent portéeù la monnoie 15 millions, sommes dont l'asssernblée
<lu manoir n'a pas rendu comp~e, ainsi que
d e ses ' autres perceptions: mais elle n'en
doit point au peuple puisqu'il protège son
d efrpotisme.
Enfin, je défie les jaclémentistes d 'égaler
la recette à la dépense , quelle que soit
l:irnposition, à moins ,j,'une surcharge phil-
1
( 35 )
leuse, même en attribuant à la nation let
biens domaniaux, les appanages des princes,
et les biens ecclésii18tiques, qui ne se vendront pas; car l'honnête homme se défia
aujourd'hui! de cet appareil anarchique
•
qUl, en attaquant- les propriétés, a violé ra
droit dei gens. Il sait que le schisme i-d.troduit en france n'est que le fanatisme
du moment; que les prêtres sacrilèges qûe
la force a placé. illégaTement contre tous les
canons de l'église, étant réprouvés de toute
puissance spirituelle, ne pèuvent consolider
la constitution civilé du clergé; conséquemment ne peuvent autoriser ni l'aliéDati'o n ni la dispertsation des biens du
clergé à d~s ' prêtres . i'ntrit~
, et''ïnhabiles.
Il sait q\i'e la natibif ' elle - m~me Tèvl!n~
diquera t8t ou tard ces' bieirs' 'usurpés' et autorisés par des intrigans; s~ disant légi;lateurs. .. 1 _
",.'
•
Je n'entrerai 'pas dans'J\ul
''plus loi\.'
..ub
, ..
' r 5
dissertation à cet égard, ' elle seroidtf'Ili, , .' . b
1 · .,...
geanre. malS J'o servèr:n ' seul'ernent que
depuis cJ.ilat~e mois, que la. promulgatwrt' intri gante, let ltccrédit~ê'Par ie"!Fjatlémentistes
et les municipalit~s, a été faite, il ne s'tin est
vendu que pnur ~O ulÏllions en petites poliC".
,
'
�(36 )
:sessions; et en en supposant l'ali énation
totale, il rester oit encore une dette d 'état
JiU moins de 5 milliards, et une dépense
annuelle de 644 millions.
Comment, après ce tableau effr~yant, mais
véridique, qui ne pc.ut s'effacer que par une
_banqueroute ou la ~éhabilitation des places
.supprimées, ra~semblée gauch~ ose-t-elle
~ encore verser le nectar de l' espoir dans le
cœur infortuné du l)ropriétaire ~ Comment
.o se - t - elle .. avec impudence ' dérider son
Ii'ont .craintif, en lui annonçant que, sans
.surcharge d'impôts, ni d'atteintes aux pro.pr.i.étés, leI comité é!~s finances les a r églés
de manière à éteindre la dette de l'état en
30 .~s . Audace~a1lacieuse, qui.abreuve toujours l'esprit c~éd.:ulj':~t indole,?t du peuple!
. .Mais
que fait,.J ,l,'assemblée . du maneae?
_
0
.
Jille, cherc~ e ~_ éluder la tempête. qui la menace. Son intrigue, touj ours en action, met
!oP.t.en œ't~re p~u,r r.animer le ~èle expirant;
_ses décrets sont éIJ;lanés de la crainte ou de
j'adu~ation pour le peuple ; t'fntôt . elle
caresse l'AIsac,e pal' la liberté , du tabac ,
le département de Calais par la liberté de
.reau-de-vie ; .P~~is et les villes du royaume,
'par les libres entrées; d'autres fois elle lui
~
~
--
(37 )
rait n ahre des conspirations que sa stu'veillance et son intrépidité dessillent, annonçant qu'elle sera toujours le rempart du
peuple contre les vengeances de l'aristocratie; et aussi·tôt des libelles infllmans et incendiaires contre le clergé ou les opprimés
sont lus dans les places publiques ~t li. la
porte des églises; dès-lors une multitude
d'hommes, de femmes de toutes classes ,
soudoyés, pérorent le peuple, échaurfent
et animent sa fureur expirante; cependant
ce hon peuple chaque jour se voit trompé;
et, toujours fa cile, tombe dans de nouv eaux
pièges. Enfin, ne pouvant soutenir plus
lon~-temps leur révolte, n e percevant aucun impôt, et n'ayant pour revenu que des
assignats, et tremblans pOUI leurs jou rs , les
J aclémentistes ourdissen t mille crimes n ouveaux pOUT éluder l'orage qui commence à
gronder; car le murmure est gén éra l. Il faut
fuir et échapper au dél'lO'Uem ent tra gique :
la. nouvelle législature approche; mais comment éviter les désastres de leurs déprédations ~ En vain dénoncent-ils les vérités les
plus frappantes qni découvrent leur intrigue
comme des faux qui les calomnient; l'erreur
C3
�( 38 )
n'a qu'un temps; le masque tombe, et
• l'homme parolt.
Cependant la liberté n'est encore que pour
eux et leurs suppÔts; Mesdames de France
en sont la preuve. Elles veulent fuir la
proscription qui menace tous les grands;
elles ,'eulent s'éloigner des attentats journaliers que l'on porte à leur tranquillité,
et pouvoir cou ler dans le sein de la paix des
jours innocens. Aussi-tÔt elles requièrent
de la municipalité la Jjbet,té de leur passage;
mais un refus insidieux a été le retranchement de la commune. Dès cet instant les
grouppes se forment, les libelles , les menaces retentissent de tous cûtés; le maire
interpelle l'autorité ( nulle) du roi pour arrêter ce départ qui allarme la capitale, Mais
la liberté d e l'homme contredisoit cette demande; eTles partent; on les arrête. Le club
des Jacobins avoit tout prévu. M. de Narbonne vient l'éclamer les ordres de l'assemblée; un décret autorise leur départ; dèslors la crainte contrit la populaGe: les soudoyé~ l'ameutent etla forcent d.'aller violenter la personne de Monsieur, qui !e~ rassure sur ses intentions; en fin cent mille ames
aSfiègent le roi en exigeant le retour de
( 39
r
Mesdames; mais d'autres vues guidoient une
partie des scélérats soudoyés; la COur est
en danger, et dans des alarmes continuel·
les. Voilà, François! la liberté du jonr. Et
tout récemment les amis duroi avoientformé
une societé; mais. les Jaclémentistes, qui ont
senti que ce tribunal de droiture et de justice des 89 députés seroient bi~ntÔt l'oracle
de leur chMe, on t envoyé les messieurs et
d ames de la n ation soudoyés qui, sur le
champ, ont violé l'asyle et fourvoy é cette
assemblée, C'est la liberté du }our.
Mais je suppose que leur législature se
parachève sans troubles) que leurs attentats
régicides et patrioticides soient préconisés,
que fera l'assemblée du manège r Lecteur
lui vez-moi.
Que fera l'assemblée tlu manège?"
Ene fuira l'anarchie que ses cçimes auront
établie, et laissera le peuple en proie à 'es
fureurs intestines. François! lorsque les apprêts clevos malheurs se travaillent, l?rsque
sou les dehors séductellrs on nourn t toujours ,\otre crédullté de l'ima?e mensongère
de la lièerté et d'un bonheur futur, que vou&
C4
�( 40 )
vous énivrez dans le sein de l'illusion, et
que vous déchirez sans respect tous les
liens de la subordination et de la société.
tremblez sur votre sommeü, votre réveil
sera fata!.. ..... C'est de votre foyer même
que sortira cet essaim tumultueux d 'infortune; son centre est dans vos familles et
l'anarchie; c'estvous.mêmesqui, ouvrantles
yeux sur la déplorable misère qui vous assaillira, sur les dangers périodiques qui
vous entoureront; c'est vous-mêmes qui
jugerez cette aveugle confiance qui vous prépare tant de maux; c'est de là que partiront
vos regrets, vos larm es, et le rappel des
amis de l'honneur; vos gémissem ens annon_
. ceront ,otre déplorable aveuglement à soutenir d@ tons vos efforts ce brigandage, CJue
vos jaclémentistes appellent liberté .
Mais pour ne pas vous abuser plus longtem ps par des craintes puériles, visez bien
l'état de vos finances, ne vous arrêtez pas
à ces piéges que l'on tend à votre candeur;
mais voyez les devoirs de finance que l'état
a à remplir i au moins six milliards, sans
le culte divin, et une dépense annuelle de
sept cent soixante-quatorze millions; voyez
votre commerce, les devoirs religieux, la
( 41 )
subordination, les mœurs, 10. discorde des
fiuniHes, le bouleversement total du système politique et· des finances, la misère
assise aux pieds de votre espoir, les gu erres
étrangères, les intestines, l'hydre effrayant
de catastrophe qui se préparent, cette haine
atrabilaire nourrie dans le cœur des deux
partis. Voyez l'œil attentif de l'Europe.
voyez sa vénération se changer en mépris
contre un peuple de révoltés que la postérité proscrira; voyez l'Angleterre, dont
nous voulons être les vrais singes, payer
nos ' discordes par des sommes immenses.
et spéculer l'instant de nous altérer.
Mais sans vous montrer l'orage que vous
provoqu ez journellement, sans chercher à
vous allarmer, croyez-vous de bonne foi
que les opprimés resteront constamment
dan s l'inaction; frémissez, François, sur les
apprêts d'un avenir orageux! C'est en vain
que les jaclémentistes vous rassurent sur
les crimes clu jour; en vain ils soucloient.
ameutent, écrivent pour étayer l'édifice qui
s'écroule, quelques pignons où l'opinion
de quelqu'un déjà ébranlé en soutient enGor e la charpente; mais ce n 'est plus qu'un
frêle soutien. Déjà l'honn~e citoyen est
�( 42
,
ëclairé , la garde nationale elle-même, ttprès
a voir sacrifié sa fortune, exposé ses jours .
sa tranquillité pour faire face au choc du
brigandage, est mécontente de leurs attentats
et des projets criminels qu'ils cherchent à
maintenir jusqu'à leur évasion; déjà les couronn es sont liguées pour défendre les droits
oe la monarchie contre des brigands USUI"
pateurs.
Arrêtez donc, François, les efforts puissans d'une vengeance légitime! l'oppress ion
se fatigne, les com binaisons s'accumulent.
les tourbillons du désespo ir vous environnent. 0 France! ô ma patrie! le serpent de
la discorde a donc enfin soni\lé ta splendeur; ta grandeur, qui offensoit tes voisins,
va bientôt se challger en un deuil de pitié.
Cependant ne croyez pas qu e je yOle d'tm
œil sere in les guerres intest in es inév itables
qui vont bientôt affliger ma patrie; s'il
falloit un nouveau Curtius , France! il en
est plus d 'un dans ton sein; mais je serois
la plus heureuse victime.
Hélas! vous YOus endormez, François!
en lisant qu elqu es folliculaires illusoires ou
incendiaires; vous jugez sommairement
dans un caffë ou un grouppe , que rien ne,
( 43 )
~eu~ résister
à votre audace, que tous les
crimes incités et commis sans résistance vous
rendent invincibles. Vain f.antôme qui surcharge votre espoir, apprenez donc aujourd'hui, peuple facile et indolent, que la
majorité de la garde nationale, honnête et
et détl'Ompée, est indignée des attentats
qu'elle a. protégés sans le savoir; apprenez
que l'honnête citoyen s'est instruit, et a vu
les Mirabeau, L ameth et leurs Com pliees
s'enrichir sous la protection du patriotisme;
il a vu ces brigands, autrefois perdus de
dettes et sans fortune, faire aujourd' hui un
insolent étalage de splendeur et de prospérité , aToir nombre de domestiqu es , perdre
des sommes immenses au jeu, donner deo;
repas somptueux, payer à tout prix les faveurs d'une Coraline ; il a vu des évêques,
des curés se prostituer , se vendre pour détruire leurs corps ...... Enfin l'opprim6, aujourd'hui de tOlites les classes, las, indigné et tremblant des menaces répétées de
l'anarchie, sans fortune et livré aux orages
involontaires du d ésespoir, se liguera et
cou rra il la mort ou à la liberté .....
C'en est fait, France! si l'.1pre ténacité
'lui carresse ta [-nreui' ne ,'adoucit par un
�( 45 )
(.iO
prompt retour, et si tu ne chasse' au plus
v~ te les auteurs de tes forfaits. Ils nourrissent
encore ta fi rocité pour fuir et protéger leur
scandaleuse conduite ; mais rappelle-toi des
b!merres de H enri IV , la fronde, et crains
que ces désastres passés n e soient que la Rgure des horreurs 'lui se préparent dans ton
séin ! Apprends que la coalition d es puissances étrangères va bientôt révendiqu er les
d roits de la couronne françoise ; qu'au mani feste qui en sera le signal une li gue formiJable se formera dans ton sein; que les
honnêtes gens et les opprimés qui la composeront, las et indign és de tes forfaits, €t
d e ton opini~treté à protéger des brigandlt
despotes, se Ji Heront à l'essor de leurs out1'a"es.
L'ennemi se cumulera comme l'onde
b
qui part de son centre; alors plus de respect
pour la patrie: mon cœur en frémit, mes
sens s'éteignent, et ma plume n'ose calquer
un tableau si fun èbre.
Déjà je crois voir l'alarme de toute part
faire entendre ses sons lugubres> les troupes
s'avancer, entendre le cliquetis des armes,
et voir les instrumens meurtriers frapper indistinctement les victimes; je crois entendre
les tambours, le tocsin germer l'effroi dans
tous les cœurs, altérer la tranquillité, et
ourdir une crainte sans repos; où fuir , que
deyenir!
Déja la vengeance, armée de poignards,
suit les torche~ de la discorde; la loi du plus
fort immole ses yictimes, et ce sont des
François! Le fanatisme n ational, toujours
armé d e son trident meurtrier, et nourri
par l'illusion des brigands , devient opiniatre ; déjà la férocité a propagé ses ravages,
le citoyen est égorgé dans son asyle, l'enfant est é touffé dans le sein de sa' mère palpitante en core sur le corps sanglan t de son
époux. L'opinion a armé les mains parricides
d'un fils, la femme contre son mari , ses
ravages facilitent l'ennem i à chercher ses
victimes; la France n'es t alors plus qu'un
théll.tre d'horreur, ses lumières sont étùi!ltes ,
et c'est à l'ombre de ses ténèbres que 1'0ELnion erronée a enfanté tant de crimes ; les
incendies , le viol >le m eurtre >les adultères ,
sondes suites inévitables d e tant d 'outrages.
- En vain les opprimés ont-ils voulu éluder
.ces orages tumultu eux; en vain ont-ils aprelié ,à leur aide la_justice et la raison; mais
la frivolité du François et sa bonne foi surprise l'ont énivré d 'une opiniâtreté invin-:
"
�( 46)
cible, mais d 'autant plus injuste, que les
étoient des Mirabeau, d es BarÏDstio-ateurs
D
nave , des Lameth, etc. flétris par la loi ou
t arés par les mœurs; sans respect pour les
propriétés; car tout récemment un d écret de
l'assembl ée vient de dépouiller la maison de
Polignac d'une légitime propriété; et pour
autoriser ce d écret, Lameth, aJlrès une
coalition du club jaclémentiste, a promis
de rembourser 60,000 livres sur sa fortune,
somme que sa mère avoit perçue du gouvernement pour éle'l"er sa famille. Cette
somme lui sera payée en assignats, ou la
soustra"tion ensera faite dans laredditiondes
comptes, si jamais ils en r~ndent. C' est a~si
que l'on jette de la poussière pour éblOUIT ,
et que l'illusion trompe votre crédule aveu·glement.
.
.
Cependant il est encore temps, François !
VOllS pouvez encore détourner le glaive ms.
pendu sur vos têtes; vous pouvez rappeller
le -calme et la tranquillité dans vos foyers .
N'attentez pas il réaliser une prét~ndue r~
aénérati on ou constitution qui de.viendrOit
t>
•
.
le type d'une discorde ~tet-nell e. MalS modifiez vos lou, réformez des abus qui, dans
l'ancien .i:égime, affligeoienrla France.
.•
( 47 )
Jlétablissez la splendeur de votre monar.
chie; rendez au roi sa couronne, aux princes leur apanage; rendez au roi son pouvoir exécutif, et rapp ellez pour la défense
de son trône cette garde fidelle qui seule
peut y donner du nerf; r établissez pne force
coactive qui la maintienne; annullez tout
pouvoir arbitraire; bornez les d épl/nses de
la cour; exigez la. comptabilité de vos ministres; mais que le roi seul ait le droit de
nommer les grandes places dans les trois
ordres; que cette vénération qui, dans tOUI
les temps, a porté nos hommages à la maison
deri Bourbons, nos souverains, leur soit
rendue. Notre amour pour nos princes a
long-temps fait la honte des peuples voisirts.
A uj ourd'h.ui notre égarement, notre révolte
nous rend~nt méprisables aux yeux de l'univers.
lhppellez cette nobl esse qui faisoit la
glo ire et l'honneur de l'état, qui devenoit
le véhicule des h éros de la patrie; que n és
citoyens, les nobles concourent, à raison
de leur fortune, aux besoins de l'état; abro:
gez tOI.1S privileges pécuniaires, mais rendez.
lui ces marqu es distinctives que vous n 'avez
pu lui ôter ; rendez-lui ces titres que la vertu
�( 4B )
•
de ses ancêtres a fixés; ornez ces colonnes
d'une gloire qui, sans blesser l'homme et le
citoyen, les mettent à même d'en mériter
le suffrage.
Rendez à ce clergé que vous avez dépouillé
des biens que la force seule a pu lui enlever;
rétablissez son hiérarchie, et rendez à l'épiscopat le po~voir contentieu.~ qui lui appartient; forcez la r ésidence du bénéficier;
d étruisez la pluralité des bénéfices sur un
m ême individu; rétablissez la dime, et que
le produit en so ~t versé dans une caisse de
religion pour être le patrimoine des infortu_
nés, après le nécessaire du clergé ; rendez
utile à la société cette pépinière de moines
que !a mollesse a trop souvent assiégée;
~l)pprim ez les communautés inutiles; que
les ordres réguliers soient toujours subordonnés à la .j urisdiction séculière; que l'ordre de la discipline ecc l ésia~tique et la liturgie appartienn ent au clergé ; n'attentez pas
aux droits spirituels ; que les prêtres qui se
sont rendus apostats par un serment schismatique soient f~ çus à résipiscence, et rentrent dans leurs places primitives ; évincez
la fortune du clergé en le forçant, comme
citoyen, à concourir aux besoins de l'état;
n 'altérez
( 49 )
n'altérez p~ la constitution primitive de ce
corps; mais mettez plus de prop ortion dans
les fortunes du premier et second ordres;
rendez les places usurpées ou détruites à" leur
légitime possesseur.
Rappellez les parlemens, mais simplilie21
le mode de procéder; réformez vos codes
ciril et pénal: l'in trigue et l'abu s qui donnent aujourd'hui un nouvel ordre judiciaire
le rendent si défectueux qu'il ne pourroit
se maintenir long-temps; il faut le supprimer.
Rétablissez vos finances en modifiant et
réhabilitant une partie de vos imp&ts supprimés; cbnsolidez la dette de l'état en r établissant la confiance détruite; que l'ordre et
la subordination reprennent leur empire,
en proscrivant des grandes rilles tout être
'uspect, intriguant et turbulent.
Établissez un tribunal qui punisse sans
flétrir, et qui devienne la. consolation des
familles; créez un tribunal de subsistance
et de police dans les bourgs et villes du
royaume.
Rendez au peuple la libre circ ulation de
ses plaintes; que le mériLe seul conduise à
tO\ltes les places; donnez assez de force al!
J.)
�( 50 )
pouvoir coactif; protégez et défendez la religion, les mœurs e t les talens.
Que la France reprenn e sa première 'cli" ision . .. Réta blissez vos provin ces , et rend ez-leur des privilèges qui é toient lem s pr~_
priétés ; qu e les poids et mesures soient tous
uniformes en France.
Diminuez les entrées sur les comestibles',
augmentp.z cell es du luxe; rappell ez la subordination militaire par des loi x sévères ,
et rendez au x chefs de l'armée leur autor ité ; supprimez b . vénalité de la noblesse, et
que tous les ind ividus de toutes les classes
puissent l'ach eter par des ac tions di<Tnes de
1~ patrie; r éta blissez le tribunal d: point
d honn eur; que cette puissan ce , redoutable
au despotisme, balan ce les droits du peuple
et du souverain . Que les droits de l'homme
établis , subordonn és aux loix de l'é tat, hissen t au peupl e comme aux <'Tauds leur li'
.
b
b
erte . Ex.Igez , François , la comptabilité de
vos fin ances; forcez l'assemblée gau che à
vous produire l'état de ses dépenses,' n on
par le fabule ux Montesquiou qu i a a busé de
votre aveugle confiance, mais par le tarif d es
recettes et de la dette de l'état, ancienne ct
modern e . Exigez solemn ellement la COlt-
(51 )
noissanoe de ces huit cents millions qui
surchargent l'état, et 'lue l'on a éclipsé~ dans
les comptes de M. Necker; rappeliez le.
princes, les grands et tous le3 émigrans que
l'injustice et la crainte ont chassés ; faites
assembler les notables du royaum e , qu'ils
soient composés des trois ordres, et qUB
chacun des ordres ait un p ouvoir égal, et
que con courant ensemble avec le souver~in
à une législation, ils asseoient sur une base
invariable les droits d'un chacun, et de_
prin cipes qu e la n ature ni la société n e puissent contredire ; que les brigands qui on t fai t
tan t de ravages, en se dépouillant de tous
princ ipes d 'honneur et de justice 1 soien t
chassés comme indignes m êm e d 'une vengeance. F rançois! la n ature et la société
vous deman dent grace p our eux ; ils so nt
coupabl es, m ais ils sont F rançois ; livrezles aux r emords identifiés aux crimes . et
qu'ils sachent que la France gco\ mira de lcs<
avoir con çus dans son sein; alors le peuple
libre , les a bus détruits , Ics loi:c protégées ,
la fin an ce rétablie, la confiance accréd itée ,
la su bordination en vigueur , le mérite récompensé , les talens accueillis , la religiol1.
rc'pcctée et vénérée, rétabliront la splen-
�( 51 )
deur de notre mon!U'chie; alimenteront
l'amour de la patrie, et ne feront de tou,
les François qu'Wl peuplo d'amis indomp_
cablei.
LE TA. BL EA U
DE
FAMILLE.
Fragmem de [' Hifloire
d~
France.
Manibu,I date lilia p l ~ njs
Tu Mar cellus tris.
L'an de la Liberté o.
�TABL EAU SUCCINT
DE LA POSITION.
DEL A FRA NeE.
Pendant la jeuneJjè de CHARLES V, dit
le Sage.
!IR
..
L E Roi Jean régna it, & l'aîné de {es fils érait
Charles V, dit le Sage , 'lue l'hilloire appella,
dans ces te ms de trouble, t2nrôt le dllc de Nor, mandie , tamôt le Dauphin, puis le Régent.
Charles le lllauYrZis, roi de Navarre, érait beaufrere de Charles V.
Les Etats-Généra ux du Royaume furent convoqués , le 2 Décembre r 3 5 5 , à Ruel.
L'Archevêque de Rheims y prér.da le Clergé.
Gauthier de Brienne, la noblerre.
Marcel, Maire de Paris, le Ti~ (s-Eta t.
La guerre déCalait la France, & il fallait pourvoir aux {ubr.des.
Des loix arrez {ages pour le tems fment pro11\1I1guées.
On y décréta J'égJlité des impor.tions.
On y {upprima les {ervitudes per{onnclles, les
A
,
�(
2 )
,
corvées, les évocations, les capitaineries & garennes , & les épices des juge~.
On y vota une armée de trente mille hommes';
& poU! que les régime nS fulfent complets, On ordonna que les Dépurés a/Iineroient aux revues.
On décréta que les fubfi des n'auroient lieu que
pour un an ,& que les paie mens pour la guerre
feroient fu its par les Dépurés; en conféquence,
on en nomAla neuf pour fùrintendans des fin ances ;
enfin on rétablit la gabe lle, & l'on a/Iigna un droit
fur toUleS les ventes.
Les miniChes du roi avaient éré d'avis d'une capitation: les déput~s fe crurent beaucoup plus habiles que les miniflres, & l'affaire de la finance
manqua rour-à -fàit. On fur obligé d'en revenir,
quatre mois après, ;i une contribution patriotique
d'une portion du reve nu.
Déja le grand commerce de l'Angleterre produifait à ce royaume des revenus confidérables, Le
droit feu l fur les laines donnait :rois cent cinquante
mille marcs d'argenr.
Il y eut pendant la tenue des étars-généraux,
beaucoup de révol tes dans le royaume. A Arras,
il Y eut vingt nobles de tués dans une (édition.
Charles ü mauJiais ne ce(foit d'intriguer pour
(Qut brouiller aux etats-généraux, (ous prétexte du
bien public. Le comte d'Arca urt (e ligua av~c lui.
Jean fit tra"cher la tête au CGmte d'Arcourt & emprifonner Charles.
.
La guerre civile commence, & les Anglo!s
arrivent,
On établit par-tout des milices nationales.
'C
3 )
Le lux~ & le jeu naquirent de la fainéanti{e:
Le cardinal de Périgord, légat du pape, fut
(ouvent médiateur entre les Anglais & les François.
Enfin, Jean les attaque comme un fot à Poitiers. Il en pris & mené à Bordeaux en Septembre 1356, aveC' (on fils Philippe.
R égence de Charlts V.
Etats-généraux, à Paris, 15 oélobre 1356.
Huit centS députés s'aifomblent aux cordeliers.'
L 'archevê'jue de Rheims préfide le clergé.
Le duc d'Orléans, la noble(fe.
Marcel, le tiers-état.
Les mininres (Ont déclarés n'y pouvoir a/Iiner.
On crée un comité de réforme, de cinquante
membres. ,
On commence par pro(crire vingt-deux officiers
d'admininration , le garde des (ceaux en tête.
On forme un nouveau mininere, de vingt-huit
membres de l'a(femblée; ils offrent de payer trois
vingtiemes des reverius & de (oudoyer trente mIlle
hommes; ils voulaient s'emparer de toute l'autorité.
Les états furent caifés; &, ajoute Villaret, ceUX
des dlputés qui, comptant f ur le focces de leur
. prétention , ft regardaient déja comme minifires,
furent extrêmement mortifilJ.
Les états de Languedoc (e ra(femblerent, &
firent des contributions parriculieres.
C'en ici que fe place naturellement le portrait
de Marcel.
A
~
�P ortrait de Marcel.
,
Etimne M"rce!, artificieux, vindicatif d'un
ambi tion dé":efù:1e , 11I1fi cruel 'lUt perfid; , a:'
dacullx j u(qu a l mfolene< , incapable de remords
.
'
- '
ne troU VOl ~ , allcun mo)'en coupable ni flOnte,.,' ,
pourvu 'lu li lUt « rvit il parvenir à fes fins, Il
étott alors prévôt des marchands de la ville de
P ans : aUe place , ,& plus encore fis menles [D'Jrde's ,& l'affic7ation de fe déclarer le prouc7wr dcs
drolts du p euple, lui avaient acquis une grande
a,uton té, Il fe fervl t d~ , ce crédit pour alla'luer
1 autonté jouverame, 'lu tf prétendait avilir; jùivi
d'une pupulaa mfenfte 'lu'iI avait [Iduite on le
yit plus d'une f ois fecouer le flambeau de' la ftdalOn & pouffir la hardieffi j UHu'aux plfls Inor·
mes atUntats, Il bouleyerfa tout , & il eut tout
perdu, fans l'tyéllement ine(pérl 'lui mit fin à
fes cl'lmes: Il efi hors de doute 'lue depuis 'lùdqu; tems li f ormoit des projets pernicieux contre
k gOllvtmement. Il étoit mtré dans la conJPira lLOn f ormle par 'le roi de Navarr<, avtc le'luel
li a volt alors utie Itroiu intelligen ce. Il avait fait
p lufieurs YOJages à Evreux , ou il Itoit demeu ré
caché, pendant 'ludque lems, aylznt fou vent des
conférmces feeretes avec Charles le mauvais. V rai.
flmbta~/emen t a s intrigues f uren t inconnues ,
l(uif9..u il fut depuis, honoré de la charge dt
p rlrot dh marchands.
L e dauphin s'en l'a à Metz conférer avec l'empereur (ur les affaires de France. II voulut créer une
,
•
( ,5 ,)
1Il0Dnoie faib le. Paris to mba dans ~outes l.e~ hor-;
~èurs de l'doarçhie & de la guer~e civile. M,arce l Ce
p,é fen te a,lI LOllvre l'our défeodre <\U conCeil l'alté~
~ation des eCpeces. Fier d'avoir fait reculer devant
lui l'au tOrité, il afa tOu t.
_ L 'a n archi~ étoit complette , & 1'00 (e bat tOit dans,
lont le royaume.
, Le dauphin rev i~o t à Paris, vellt tranliger avec
Marcel, o~ nc vient à bout de rie;,'. ''I ous les miui (lr~s <leu contra,ire pcnfe rent d'être pendus ' , ~p.
confif'l,ua leurs biens.
0 0 ra[emble les états, le s,février 1357T roific1J!es Itats généraux.
, N~ml'elles ,préienrions.
Au lieu de vingt-huit membres, ils en veule'1ç
nommer !-rente-fix pou r le mi niftcre.
__ P9ur a{furer l'inviolabilité d~s députes, ils veuknt
que chacun d'eux ait fix gardes. --- I ls ca[ e.or le
parleme\\t & l~ ,çh,ambre des co mptes. --- Ils Qomm en t feize j\lges à leur devotion.
, Le loi J can , d" fOl,ld cie fa pri[on , ca{fa ce 'lue
les états avojent fa it. Les nouveaux gpuverneuls
_meure rent le p,etlple , on s'arme , on Ce barricade ;
on ne voit à Paris, que foffés , patapets , redoutes ,
gareaux, balÎiftes- & canons, & on ,uine les propriétaires de maifon pou r fe défendre des nrifloc rates
d'a lors.
Ici commencent les troubles les plus atroces,
!llêlange de cruauté , de foibleffe , de barbarlc, 8{
d'inço.nféqu~nses. Marcel avoit uÇurpé toure l'a~t -
�( 6 )
.
tlté, les chefS de {a faélion, receveurs des impori..l
tions , gardoient tOut pour eflx. Marcel, en particulier, accumula des Commes excelTives, au point
que l'armée manqua de lilbfides, &, dit Mezeray ,
les gms commis par les Itats pO:Jr Fadminijlration
des finances, firent bimlôt connoÎtre qu.'ils ne l'a'/Ioimt pas prifl pou.r en d!pojJëder les m!charu,
mais pou.r rIvoir fUx·m/mes part au. pillage. A"fIi
leu.r condu.ite, non moins criminelle 'lue celle des
officiers 'Ju.'on 'avait tant b!dm!e, d!cria fort 1.
choix, & par conpquertt l'autorit! des états.
La faine partie de b nation défavoua la conduite
de fes députés. Les députés eux·mêmes fe détacherent en grande partie de la clique infernale. Des
trente·flX membres du mioiil:ere, il n'en re/la bientÔt que dix, qui bientô t fe réduiGrent à rien. Les
dépUtes les plus {ages abandonnercnt à ces tyrans
{ubalterne, les rênes de l'état, perfuadés que leur
pui(fance s'anéantiroit d'elle· même , & que pour les
détruire il n'y avoit qu'à les lai(fer agir.
Charles V ca(fe les états, \'a faire un tour dans
Jes provinces, ne réuflît à rien, revient à Pari. {e
remettre entre les mains de Marcel & de fa faélion,
qui lui faifoient des offres magnifiques, & lui prom ettoient de l'argent en abondance. On ne lui tint
rien, & On fut obligé de convoquer les qU3triemes
états , en novembre 135 7.
QuatrùllUs Itats-glnlraux.
Charles le mauvais fe fauve de (on exil. Ce filt
lm triomphe ·pour Marcel & l'évêque de Laon. La
~}uvais
l(
n'avoit fervi qu'à
captivité de Charles e d fi de la vengeance, Il
redoubler la hai ne & le e Ir ubliques, entouré
fit [on earrée .aux accl~at~onsl: tré[or des chartes,
des milices picardes,
,n
voleurs de grand
,,rT:aires coupa b'[(S
de touS les larrons, mflJ.rtrurs
fi
eu.rs
au.J1'
,
chemin, faux monn~ Y
'us perturbateurs du
de viol, ra viffiu.r~ rr. e f{/nfinorci~rs flrcieres, fi
repos public, aff"jJlns ,
'
, .
empoifonneu.rs.
. lia [e loger à l'abbaye SaJntCharles le mauva,'s a
e entrevue avec Char.
Germ ain, O n lUI, ~en:g;~r~oavec lui lin traité honles V. Il fut obhg ' d' ~ it mielleufement : Sire,
teux, & Marcel lIu u ';/., l'arrois ct qu.'il .vous ".
Il,
cda foi! amfi. On
fiaira amlabl<mmt
1 onvzent qne
. . 1
qu.itrt, car "
, . e fortir tOUS les cnmme s
, ,
obligea Charles V de ,air
?
de priCon,
,
que Charles le mauvaIs
Ce fllt à cette ey~~e Coupant avec lui ,
.,
empoiConna Cha,rles étoient ravagés par des b:l '
Tous les enV!Tons
h d s troupes de Pans.
g ands Charles V fit appropc, er pe our lui repréfenter
'
d !Ii au nnce
1
M arcel fit une a [e e, 1 Le prince affura de a
les alarmes de l~ caplta e; Cela ne conten ta pas
d roiture de (es lOtentlOn · · , cs de la ville, allcun
.
r
les b arner
.
1
Marcel, 11 fit 1erll!er
.
'orrir & pour hgna
,
QUVOlt en 11
)
homme anue ne p
it à Paris, le chaperon
de l'indépendance, on pr ,
national, rOllge & bleu.
1 peuple aux halles,
Charles V vint har~ngu~ ;ourir avec lui , & [~
l'affurer qu'il voulOlt vIvre.
ent ni troupes, 01
"1'
t plus Dl arg
,
aone tOllS les cœurs,
plail\dre qu 1 n avol,
,
exe'
clltlf
Le
pnoce
.g
b
pouvOIr
:
çxcepté les faéheux,
�( 8)
Le lendemain Marcel ralTemble le peuple à
Saint-Jacques, l'évêque de L aon, l'échevin Confac ~
un avocat de Charles le mauyais, apitayerent le
peuple, excu(erent Marcel, &. le peuple, (éduit,
le range du parti de Marcel.
Les états (, n(femblerent il Noël; la ll oblelTe ne
vou lut pas luner <J"ce le parti de Marcel , avec
le quartier de l'abbaye Saint-Germain . Elle s'en
alla.
P errin, commis d'un agent de change d'alors,
a(faffine le trélorier de C harles V. 11 (e fauve dans
Une égli(e. Le roi ordonlle au maréchal de ClermOnt, au fén échal de Châlons , &. au prevôt de
P ?ris, e le (orrir de l'a(yle ecclé'fialtique, ce qu'ils
firent, & Perrin fut pendu.
M<Jrcel trouve cela fOrt mauvais. Le 22 février il
ameute le p upie. Ùu commellce par <JlTaffiner, dans
la rue, Regnaulr d'Acy , avocat-général, &. fan
promene la tête; delà on monte ~u palais. Le roi
fut effrayé ' , Marcel lui répond qu 'il ne doit pilS
;lvoir peur, & qu'il convien t 'lue cela {oit ainli.
Alors , dans la cbambre &. dans le cabinet du roi ,
les dames de Iii nation malr<lcrent (ous (es yeux
deux ariltocr<J tes, le maréchal de Conflans & le
maréchal de Clermont. TOlite la COur {e difper(e.
Charles V d.mande la vie à Marcel, il la lui accorde à condition qu 'il! changeront de chaperon.
Le roi prend le chaperon nationa l de M arcel, &,
Marcel le chaperon noir de Cllarles.
On promene les deux cadavres (ous les yeux du
prince, on lui fait (anaionner fïbrement tom ce qui
venoit de iè palTer, Marcel d' clare au peuple, que
, (9)
_
, ,.
deux ariftoerates qUI
les (eigneurs immoles etOle?t . & pour fauver la
vouloient mafi'acrer la natIOn, '1 cour du drap bleu
• s Il enVOle a a
. d
natIon es trame ,
.[;
des chape& rouge pour faire à tOus les couru ans
rans nationaux.
1
•dicules les unes que le! auf: élion. Il fallo)t faneDes demand~s , P:us
u es , fment prefenrees a la an
tian ner ou b·len_.,. 01, (anatonna.1
& les cam-
;1
Les troupes {e ?éban-dere~: ~ ortians un vieux
pagnes . furent hvrees all pIDhag ' .
on lit ces
ucange,
manUILflt , rapporté par
quatre vers, :
'
r: .
,
Il n'y dcrnuerOit. bue f , va che , ne mouron,
. , ne 0 ye 1 ne chapon.
Ne pain ne char, ne vU}
,
.
&:. larron
Tout pinart 1 meurtner 1 u .a 'tC!nt
l
Etoient en la route don I J·e fais mC'DtlOn.
•
• 1 uifi'ance [ouveraine ; mais;
Le roI aVOlt a p
d 'J'bération II fàlq uan'd il vOliloit prendre u?e e 1 L"es de com.fi' d trOIS mem,,,
loit qu'eHe fût VI ee .c. ., Delifle & (ùr _ tOut.
,
' C (ae CorbIe '"
mun~, .on , 1 & J'Evêqu!> de L aon. .
{analOnne~par Marce . lu exciter un parti, falfe
Un gentIlhomme vou .
1e rOI. d'efcJavage ;.
.
••
1 tIrer
U)1e confp Ifanon po~ r
d
& ptomené- par
M. de R enty fllt l'rIS, pen u ,
ia
la nation.
_ . d ' 8 ois d'une pareille
Le prince, au bout . el. mans : c'était
.
'uya H avolt 2 l
1
limanon , s enn
.d
Champa"ne, & alTemll e
touena'lICe!. 11 Ce. ren en
.
b
des états à CompIegne.
�( ro )
Les Champenois, affurés que les perfonnes mat:
fucrées étoienc innocences, promirent au roi leur
aililtance. Il ne dit rien por prudence; mais les
Champenois promirent de fe venger des Pari/iens.
Le peuple de Paris, incon/lant & timide, commence à donner des inquiétudes à Marcel. Celuïci alliége & prend la tour du Louvre; il en fort
route les machines de guerre, les fuit porter
il l'hôtel - de - ville, & delà dans les dilférenJ
dillritts.
L es états de Vermandois accéderent aux nlfres
faites par les états de Champague. Ennn on convoqua des é!ats - généraux à Compiegne, & les
députés des provinces furent fon aifes de ne plus
{e tr0\lver au milieu de cette impure faé.tion de
l'abbaye Saint-Germain.
Cin'luiemes Etats-généraux d. 13 58Tous les bons François porterent au roi leurs
témoignages d'amour & de fidélité
.
' & le remeCCIerent de ce qu'il n'avoit point défefpéré du
{alU[ de la France.
Les Pariliens n'étoient point préfens à cette ar.
{emblée. Sa premiere opération fut d'en chaffer l'évêque de Laon. On fit une motion, à
l'abb~ye Saint-Germain, pour envoyer une députation au-devant de lui. En conCéquence, des
dames de la nation allerent le chercher juCqu'à
Saint-Denis.
Charles le Mauvais eut une entrevue à Cler~
(
II )
mont avec Charles le Sage. Il lui propofa une
réconciliation avec les Pari/iens. Charles le Sage
lui obCcrva qu'il y avoit des citOyens fort recorpmandables à Paris, mais que le peuple étoit mené par une fattion coupable, & qu'il n'y entre-.
roit que lorrque les chefs Ceroient punis.
Ch. ries le Mauvais rapporte cette TéponCe à
Marcel; elle l'elfraye. Il s'apperçoit que Charles le
S~ge n'cil: pas fi bête qu'il le penCe. Il fait des
diCpolitions pour mettre Charle, le Mauvais à la
tête d'un parti. Celui-ci s'appcrçoit qu'il n'a plus
d 'argent, qu'il n'ell: pas le plus fort; il s'en va .à
Londres.
Paris a peur_ On envoye une députation au roi
des François pour lui demander pardon. Le roi
l'accorde , à condition qu'on lui livrera dix des
principaux chefs des futtieux, Cans quoi ils ne devoient rien efpérer de lui.
Ecoutons ici l'hi noire ; elle nous dit:
Maral, 'lui jugtoit de toutes les ames par la
flroeité de la fienne, ne crut j amais 'lue le prince
p(1/ ùre aJJe{ généreux pour lui confirll" la lIi~
'luand il l'aurait en fln poulloir. Il ftntoit
bien, d'ailleurs, 'lue l'atrocité de fis crimes
étoit ind'gne de grace. C. [cllérat, déllor/'
de remords, n'alloit plus deyant les ylUx 'lue
l'horrib/t appareil des plus honteux fupplices.
Abbattu; conflerné, le défiJPoir ranima fln
audace, fi lui tint lieu de courage. Il lIoulut
rrculer ft prrte. Il .fit fermer la lIille ; il
. jura dt s'enfivelir fous les ruines de la ca-
�( 13 )-
le Mauvais ·revint à
(
I l \)
1J[taÛ; il arma da briga/lds, & il fit acha"
des poignards i uJiJu' en Provenct.
- Les provinces aiors étaient livrées aux plus affreux ravages; taut était pillage, maiTacre & incendie; nobles & payfans s'entregorgeoient, /1(
tous les châte aux étaient eQ flammes, Charles le
,M auva is revin t.
La {aine /1( la plus nomb reufe partie de la na.·
tion {e réunit à fon roi. Marcel fit une derniere
tentative avec Confac, échevin. On harangue le
peuple, & on lui dit que Charles le Sage Il'était
-pas en état d'adminilher le royaume , & qu'il
faut nommer Cha rles le Mauvais p!lur capitaine
général , à caufe de fa qualité de prince du fang
-& de fes qualités populaires. La motion n'eut pas
.de {uccès.
C ependant on lui arme fil( mille des volontaires du Louvre, on le met à leur tête , & ils
m arche nt contre l'armée du roi. La campagne
's'érendit jufqu'à Gone{fe, l'armée parifienne Ce re-p lie · [ur Vincennes, des cOmmif[aires conciliateurs
-ménagent des conffirentes, la paix fe fair entre
les deux princes, & l'on donne 400 mille florins
à Charles le Mauvais, pour payer [es dettes /1( ne
p lûs entendre parler d~ lui.
L'évêque de Lilieux célébra la meiTe' du raccommoaemenr; il voulut faire jurer à Charles le Mau"pais qu'il n'était qu'égaré pat Marcel. Il falloit le
promettre fi" la Sainre-EucharilHe. Le prince n'ofa
pas con[o mmer le facrifice.
Cette réconciliqrion n'étoit que feinte. Charles
\
Paris, & reprit les armes;
Paris étoit bloqué; on fit une [orrie fous la con-,
duite de Charles le Mau~ais. Il nc fe battit point.
U verdit la confiance des Parillens; ils I.e tra~re
rent comme un lâche, /1( Il s'en alla a SalOtDenis.
Plufieurs conférences [e tin rent pour re:.dre
P aris au roi /1( furen t ro mpues par les intrigues
de Marcel, ~ûi , n'efpérant plus qu'en C harles,
le Mauvais, voulut tenter un dernier effort de fon
défefpoir.
•
Eéourons encore l'hinoire dans ces derniers mo~
mens.
. Ce fillérat fi "payait enfi.n à la veille d'e"pùr
fis forfaits . Tourmenté par la crainte pl~s qae
pa r fis remords, dlvort de foUçO/lS & d Inqwltudes ,il portait en tout beux les foms funéfles
dont il itoit déchiré; il nl lui r'.fioit plus d'auIre afjle que dans fincutaine protu1ion d'unhomme encore plus méchant que: lui. Son Jàlut
<llpendoit de Cha rles le Mauvais; il avoir de fr~
fjUClLS mtretiens ayec le prince li Samt - Dents.
Là il employait les fopplications les plus baffis,
reffource des ltiches & des traltres ; tl le conjuroit de le garantir ,- ainfi que fis compb~es,
des châtimens qui le ï71e/laçoiont; li rappelait à
ce prince qu'il ne s'Itoit rendu coupable que pour
foutmir fis intlrhs ,&c. ·
. Charles .le Mauvais, pour le raiTurer , lUI promet de parragor [a mauvaife foctum: ; m~i5 , néa~
moins , l'engage à lU! envoyer a SaInt - DeOlS,
(out l'or /1( tout l'argent '{u'il pourra fe procurer,
�( 14 )
afin de le défendre contre fes ennemis. Marcel lui
envoyoit toutes las femaines quatre chevaux chargés de florins.
Cependant les Pariliens ne pouvoient contenir
leur indignation & leur chagrin des extrémités
auxquelles ils étoient réduits. 'L as de ne p,'illl voir
leur roi, las de voir les Anglois maîtres du royaume, inltruits que Marcel ,'ouloit livrer la ville à
Charles le Mauvais, un {emiment généreux s'empare de leurs cœurs, un d'entr"eux Ce dévoue, &
Marcel, le lâche Marcel, périt fous les coups dl!
brave Maillard.
Sa vilaine ame alla chez le démon.
AiaG mourut le fier Sacrogorgon.
Prefque tous ws complices, créatures, députés
ou aurres furent pendus (1 j. Le roi rentra bienôt
clans Paris au miliel! des bénédittions des Parifiens. Des loix (ages furem faites , des Ii,blides abondans furem accordés , & la France eût joui longtems de la (age{fe de Con augufie maître, Cans le
poiCon de Charles le Mauvais, qui abrégea le regne
de bonheur. Charles le Mauvais végéta encore
trente ans après, & mourut miCérablement, brûlé
dans des linges enduits de Couffre & d'cau-de-vie ,dont
(1) Notamment les membres de la commune, aflidé~
de Marcel, St le Comte de Ladit 1 chancelier de Ckarles
le l11auvail .
( :r 5 )
il {e fairoit envelopper pour ranimer la chaleur
de Con fang, éteinte par les débauches.
Quelle grande & {ublime leçon nous offre le
tableau de ces tems défafireux l Le trouble, la
confufion, l'anarchie, le meurtre, le pillage, l'incendie, le viol, la banqueroute, la famine & la
pefte, qui, dans la feule ville de Paris, emporta
trente mille hommes. Et tout cela fut l'ouvrage de
deux ambitieux, Marcel & Charles le Mauvais.
Peuple de Paris, écoutez, lirez , frémilrez &
évitez.
Je n'ai pas eu le tems de Conder alfez les
profondeurs de l'hinoire pour m'infiruire des particularités relatives à ces deux héros de la démagogie. Mais tout me porte à croire que, de
même que les extrêmes fe touchent , & comme
la nature fe plaît dans les contraires, Charles le
Mauvais avoit fans doute uni (on exifience à celle
d'une princelfe aimable ale vertueufe , mais qu'étranger aux charmes de la fenfibilité, il pronituoit
continuellement fa dignité avec les plus Cales débordées; que les traits de l'épouCe, chef-d'œuvre
de candeur & de modefiie, faifoient un contrafie
parfait avec la figure abreuvée de crapule qui dU.
tinguoit fon ignoble époux; que Charles l~ fage,
en éloi"nant de lui le prince rebelle, prodIgua les
confolations de la vertu à l'infortunée princelfe,
& que lé peuple de Paris, rendant enfin junice
�( I 6.J
au traltre qui l'avoit égar' , récompenfa du moins
les qualités de {on épou{e pa r un tribut de bené,diCtions.
Sans doute aulTi, après le caraCtere moral
de Marcel , que l'hrfloilc' a con{ervé, {on phyllyl lC
d evoit en être J'emblême lJon équivoque. V',e liature courte, nullc dignité dans I~ moinei n, nulle
grace dans le gcfie, un teint bilieux, une figme
cadavércu{e , l'œi l hJgard , les joues l il' i d~s, la
bouche convullive, le fro nt chevelu, le p0il héri{fé , le cou venébreux , le bras cOurt , It~ jambes mal dégrolTies, une voix aigre &: plate dans
le diapazon de la {éduCtion, 011 horriblement réfonnan te' dans les accens de la furcur; voilà ce
qpi attira it filr {es pas la foule ébahie; l'ail', ce
qui lui valut le re{pea de la terreur juRlu'au
moment où {es crimes étant dévoilés , on n'y
reconnut plus que J'a{pea de l'erreur. Sans doute
il avoit {u éloigner de la commune de Paris ,
les hommes qui auraient pu préve nir {es attentats; {ans doute que des comités de recherches,
peuplés de {es affidés , & agilrane par {on influence ,
écartaient avec foin les enquêtes relatives à la (ûreté & à la dignité du roi , violées taus les jours ,
& à l'elÙllence de ce lien {.cré de la royauté,
qu'on bri{oit à chaque inllanr; & que les vexations les plus tyranniques, les juges les plus incompétens pour{uivoient {a ns re:âche l'homme de
la patrie les COmbien qui o{oit dénoncer
plots de fes deux véri tables ennemi s , & que
P aris n'était rempli que de leurs e{pions & de
leurs émiilâires.
a
( 17 )
François, que cette leçon ne {oit pas per;
due pour vous! Continuez d'encen{er votre idole.
Manibus date lilitl pltnis.
Et toi, fougueux orateur de notre congrès, În-,
intolérant apôtre de la tolérance politique, COD;
temple ce tableau, frémis!
Tu Marcellus eris.
�NULLITE
E T
DESPOTISME
DEL' A S SEM BLÉ E
PRÉTENDUE
NATIONALE.
Conlaauque omnia fœddnt immu.ndo.
VIRGILE •
•
PAR 1 S
1
7 9 o.
1
�( 3 ) \
A
U milieu des con vulliolls d'ulle g rande Nation
expirante, un citoyen éleve la voix en faveur de
la patrie & de la raifon.
Il ne veut poin t crayo nner l'h .lloiré de toutes le~
horre ur., qui fou illeront à jamais les falles de la
France ; il veut expo[er des idées vraies. limples l'le
utiles j il veut • par des principes incontellables l'le
par des réfl exions évidentes. manifeller une vérité
que tout le monde fem. qu'aucun membre de l'a{.
fembl ée prétendue nationale ne [e dégui[e au fond
du cœur : c'ell que l'aifemblée ell nulle, l'le qu'elle
s'ell rend ue de[pote.
L e moment ell venu de faire entendre ces mots
li elTentiels , les [enls qui puiifent [auver la France.
II faut les répéter ju[qu'à la {atiété, il faut que cha.
que François les entende en {e couchant, les mé"
dite la nuit, les promulgue le jour: l'a rti{an dans
{on atelier, o ll il n'a plus d'ouvrage commaudè
~ où la mi{ere l'attend: le paye,,! dans {a chau.
miere. où il regrette l'le ne voit plus la main bien.
faifante de {oo 'Seig neur qùi le nourrirroit, Ile dont
il a ravagé les prop riétés: les Commerçans des
plus riches villes du Royaume dans l'inaélion d'un
commerce engourdi. l'le au milieu de {es marchan-
A
~
�( 4 )
clifes invendues : l' hab ita nt de cette capitale. qui
ne Cubfi /le qu e pa r le luxe des grands conColn_
m dteurs , &. qui a b anni les regnic oles • &. éloigné
les ét range rs: le fold at qu'on a Céduit par l'ap pât
du gain , plu s en core peut-être p ar l'eCp érance d'une
difc ipline -moin s exaa e • &. qui s'eft donné mille
maîtres au lieu d' un; il faut ennn que d'un bout
de la Fran ce à l'autre toutes les voies fo ient l'écho. &. l' écho infati gable de ces terribles paroles:
» le plus b eau R oyaum e eft au mom ent de périr:
» le premier M ona rque de l' E urope eft prifonnier
» dans fa capitale: le tems pre{fe, les ennemis pu,
Il blics veillent. &. Cont pui{fans: François arrêtez» vous fur le bord de l'abyme. 'en core un pas , &
,) vous n'êtes plus; profcrivez l'afiem blée &. l' OUS
») r enai{fe l .
M on ame cft accablée fous le poids des mali.
qu'ell e a à décrire ; dans le cahos qu' ils lui préfentent , elle prendra l es plu s faillans; en fait de
crim es. 1" rév olution qui dévafte la France. n'a
l ai{fé que l'embarras du choix.
(s)
=
PREMIERE
PARTIE.
N ullitls dt l'Affim hlfe.
JE la prends dans fa nai{fance. &. j'examine
d'abord fe s nullités.
I ci. il ne Cuffit pas d'émouv oi r , il faut convaincre ; &. pour cela . il faut fuivr e la logique la plus
rigoureuCe.
Une nation compo Cée de viog-qu atre mill ions
d' hommes ne peut s'a{femb ler . lorCq u'elle veut
traiter de fes g rands int érêts; elle Ile peut Ce réuni r
que par un nombre déterm iné d'indi vidus cha i fis :
,ces individus peuvent être confidérés ou fi ng uliérement ou coll ea i vement.
Singnli érement. ch acun repréCente une portion
de la N ation; colleaivement. ils la repr éCentent
eutiere.
Dans les deux cas, ils ne peuvent la repréCenter qu'a vec un titre; ce titre ne peut ê tre que leur
mandat: toutes les fois qu' ils s'en éca rten t. ce
n'e/l plus !e repréfentant qui ag it. c'eft le parti culier,
lfolé . ce particuli er ne pourrait ri en ; réuni
avec ceux qui s'éca rtent co mme lui de leur mandat. c'e/l-à-dire, de leur titre . pe ut.il davantage ?
Pour Coutenir J'affi rmative, il faudra it aller jufqu'à dire qu' une déli bératio n mauva ifQ. parce
qu'elle ren fern: e un v ice . deviend ra it bonne fi
elle en avait mille. Les fi mples lum ieres du bo n
fens fuffifent pOur rejetter un paradoxe aullî abfurde,
�(G)
Dans un autre tems, ces principes n'auraient he.
foin que d'être expo[és: aujourd 'hui que l'empire
tyrannique de l'a!Temblée empoifonne ce qu'elle
n'a pas enco re pu détruire, il tàut expliquer tout,
Je m'expl ique donc: lor[que je dis qu'un repréfentant ne peut pas s'écarter de fan mandat, je
n 'entends pas qu'il fait al!reint " le Cuivre avec une
,"xaétitude littérale ~ judaïquo; il ne peu~ en violer.
l'efprit, parce que c cl! la 101: Il peut en etendre le,
con[équences, parce que c'el! à {on opinion & à [~
probité que fes Commettaus s'en font rapportés,
Exemple, Vn repré[~ nta nt el! chargé de provo_
quer uue loi fur la publicité de la procédure criminelle : voilà fan texte, il ne peut s'en écarter: les
difpofitions de loi Cil fout le commentaire; il peul
& il doit les modifier, comme il jugera à propos,
parce que là-delTus on s'en el! remis à fes lumieres,
Cet te explication donnée , la bafe du raifonne.
ment el! inattaquable.
La feconde l'ropolition ne l'el! pas moins, car
elle rélide dans les f~its.
Où les mandats envoyaient-ils les députés? anx
Etats Généraux. Où avaient-ils juré d'exécuter
leurs mandats? aux Etats.généraux. Q u'était chacun
d 'eux féparément? membre des Eta!s - Généraux.
-Qu 'étaient-ils eufcmble? les Etats-Généraux.
Or, ils s'int it ulellt AjJ"cmblée Nationale. lis fe
foot donc, de leur autori té feule, altribué un
n0111 que démentait leur nomiuation ,leur ferment,
leur convocatioll.
Cette attribution empha tiqne & ar-tificieufe d'af.
fembl ée nation ale el! dOllc nulle.
1°. P arce qll'une a!Temblée de repréfe ntans n~
peut avoir d'autre nom que celui que lui ont d.on~~
leurs çOQ1mettal\S\
.
(7)
Pafce qu'après avoir juré de t'emplir fOll
mandat aux Etats-Généraux, c'el! trahir fan ferment de changer à la fois le nom &. les pouvoirs
de l'a rTemb lée , à laquelle on el! envoyé.
3°. Parce que l'alTemblée étant fortie des terme$
de fa convocation, il s'enfuit qu'elle exil!e fans
avoir été convoquée.
V n argument non moins fort, vient eocore à
l'appui de cette déll1Dnflration,
Si à l'épo'lue de la convocation des Etats-Gén éraux le T ie rs-E tat d'une Province eût imaginé,
dans [on aŒemb lée pàrticuliere , de fe conl!imer
AfJembUe Provin ciale, &. de délibérer en cette qualité , certainement la prétention éû t été abfurde ,
& la delibération nulle de plein droit.
Or, les titres ,les pouvoirs IX la force du TiersEtat réuni à Verfailles , n'ont jamais pu être d'une
autre nature, ni par conféquent s'étendre plus loin,
que les titres individuels du Tiers-Etat de chaque
Province.
Don c en fe qualifiant AfJemblée Nationale, /l(i
en délibérant fOlls cette dénomin ation, le Tiers.
Etat réuni à Verfailles a outrepaaé fes ' pouvoirs,
& ce vice radiCal a infeaé de nullité toutes fes
opérations ultérieures.
En vain, ne pouvant fe déguifer cette nullité,
voudrait-o n prétendre qu'elle a été couverte depuis, & que la réunion poflérieure des ordres,
l'adhéfion des deux premiers aux décrets & au
ferment facrilege du Tiers-Etat, & enlin le confentement & la fanaion du Roi ont validé des
aaes vicieux dans leur origne. Vne réunion opérée à coup de pierres, un e adhéfion commandée
l'aI la terreur des meurtres & des incendies, &:
des facétions arrachées par tau t ce que les meua2. 0.
�( 8 )
\:e$ du plus infâm e R égicide ont de plus allarmant ;
ne peuvent jamais valider l'abus de la force , & le
mépris de to us les p rincipes.
M ais pourquoi éviter ce nom d 'E tats- GénéraUlc,
lorfqu'oll y a rr ive en voyé par fes co mmettans,
convoqu é par le Mon ~ rqu e , ay ant juré d'y rem'p lir fa milTio n ?
A cette quellion , la réponfe ell limple . & elle
conduit à la démonllratio n d'une foule de n ulli~
t és, qui toutes partent du principe ci.delTus établi .
Qu'avoient toujours été les Etats-Généraux lune alTemblée des trois Ord res: on ne voulait
plus qu'il y eût d'ordres : pour être conféquent ,
il falloit qu'il n'y eth plus d'E tats.généraux.
Il y a plus : les cahiers auraient arrêté uu grand
nombre d'opérations in juil es déja projettées : il
fallait don c les anéantir ; & el1 fe co nllituant
fous un nom qu'ils n'a va ient pas donné , on les mettait pour jama is à l'éca rt : cela e ll li vra i que ,
lo rfqu'o n a . oulu dep uis les r écl amer, des cris
fe font élevés, & touj ours avec [uccès, pour ann Oll cer qu'il ne dev oit plus ê tre quelli on de cahiers.
P arcourons quelqu es-unes de ces opérations.
1°. La réunion des O rdres.
Sur cet ob jet la prefque tota lité des cahiers
d es deux premievs Ordres s'é nonçoit de la maniere la plus impérative. L es d épu tés qui avo i en~
une opi ni on contrai re , pouvoient ne pas accepter
le mandat : du momen t qu'ils l'ont accepté , il
ell devenu leur lo i: en la tranfg re{fant, ils Ce fon t
re ndus parjures; & les opérations qui en ont réfulté
font nulles .
Ils le diCoient eu x- mêmes au commencement
du moi s de J uillet : on ne tranfige p oillt avec f a co.{<iençe ; c'eft cependant çe qu'ils out fait : I<:ur-
( 9 )
propre av eu s'éleve donc perpé tuellement contre
leur ou vrage; & tandis que leur mandat les accufe 1 leur con rcienee les juge & •les
co ndam ne (1).
1 •
2 Q. L a dellruélion des prop n etes.
I ci il ne pouvait y avoir l' omb re d'un doute.
C ette propriété {i Cacrée étai t décla rée Bl attaquabIc : les députés ava ie nt mi lTio n exprelTe d'eu affure r à jama is la fhb il ité , & ils ne s'en font oc·
cup és q ue pour la violer.
.'
,
V is- à-v is des SeIgneu rs; en les d e poul llan~ d ~ne
partie de leurs dr o it ~, c'ell- à- dire, d'un patnmome
{ur la fo i duquel s'eto lent fat ts depuIS des {iedes
tous les pattes & touS les arrangemens de famille,
Vis.à-vis de l'Eglire; en déclarant que res biens
ne lui app artenaient pas , parce qu'elle ell un cor~s
moral ' co mm e fi la nati on ell e·même n'en é to~t
pas un '; comme (i des donati,o ns faites il y a h~'t
ou neuf cents a ns confirmees par tous les rOIs .
recon nues par IOt;S les Etats - Gé néraux , n'é.
toient pas une propri été aulTi facr~e & ?ulTi cel't aine dans h mai n du donatatre , qu elle 1 etolt an·
térieure ment dans la main même du donateur.
Vis- à-vis de tOllS les C olleges , H ô pitau~ ~ au·
tres établilTemens qui , d'ap rès le s mêmes pnnclpes,
fe trouvent co mpris dans la même ~ ro Cc nptlOn .
3° . La dell ruélio n du pO UVOI : execullf.
, •
L'expé rience avai t a Pl'ns qU'Il . fa llo,1I en repnmer les ab us ; mais la ralfoll dlCo lt qu Il fallait en
(1 ) 011 objcEteroit en niu q t~ e quelq ues défutés ont re_
demandé d'au tres po uv o irs : ex , fa ns chel cher d autres e x~m ..
pies , le cahier de la "oblenè de Paris étoit Îlllp ératif,&f.
!l'" point été ch,nilé.
�( ra )
'( I I ,
conferver l'unité ; & eo arma nt tous les individus.
o n leur a donné la [éduifa nte fac ilit é de réli aer ,
tandis que par la co rruption on ô tait au pouvoir
exécutif ju{q u'a ux moye ns d'agi r,
4° , Le démembre ment de toutes les provin ces,
L'avantage prétendu de partager le royaume ell
un échiquier réguli er, lui fe rv oi t de pretex te, Le
d efir de f" ire perdre aux provin ces le Cou venir de
leurs pr ivileges , & l'dp rit qui les a va it toujo ursaoimées , en a été la vér ita ble ca ufe . Ma is il fa llait 'l ue cette d ivilio n ftî t po rt ée dans tous les cahiers; il fa llait qu'i ls co nti ntTent un e renonciation
forme ll e aux articles des cap itulations qui s'opporoien! au démembrement ; & tout député qui y
a confen ti Cans en avoi r une mimo n expreIre , a
putrep"Iré fes pouvoirs, cont redit [on mandat &
Ira hi fOIl pays.
Je pourrois entr er d ans le détai l de toutes les
tle au roi de renoncer à cette con dition fi juae, li
a.utres opératio ns i par- tout je tro uverais ce même
vjce rodical qui ail nulle to ut; fouvent je découvrirais encore d 'aut res vices pa rtic uliers à chaque
d écret; ma is je Ill e hâte d'arriver il cette époque
d éC.areu[.o, où toute meCure a é té comblée. &
o ù l'iniquit<l s'eil dévoi lée elle-même.
Des bandits armés arrivent il VerCailles , en rempliffent les co urs , en inveftilrent Jes avenues . Le
matin mème l',Iremb lée ava it opi né fur Ja réponfe
d u rOI qu" en acceplan t les a rticles de la con fti tutian, y mettoit pour con dition Ja con[erv atio n
du pOli voi r exéc utif.
Si hrIremrrlée n'a pas le deIrein de l'anéanti r ,
elle doit regarder l'acceptation comme {imp ie,
puifq u'o n n'y oppofo qu'u ne condition qu'ellemême aurait dû folliciter, & qu'a plus fo rte raifan elle dOl! maintenir. Si au co ntraire elle deman-
fage, li néceIraire, il fe ra clai r q~'e lle voulait dé.
funir & annuller le pouvoir e xecuuf: o r [Ulvons
les fai ts.
Sous les yeux du corp s , qui [e prétend légi!latif, le Monarque eft aOiégé: le lu n; ulte augmente.
L a milice nationale, ta nt de P arts que de Verfailles , dit qu'elle vient pour l'ap pairer, [ou~ient
les féditieu K , fait fe" [ur les troupes du rOI: la
bonté de ce priuce l'engage à empêcher fes gardes
de tirer: ils [ont maIrac rés [ans défen[e.
Et c'ea ce moment que l'aIremblée choifit pour
èemander que les articl.s de la conftitution foieot
(aoétionn és puremerit 1\{ li mplement : c'eft d~ns
l'inltant où il était le plus urgent d. mettre en Jell
le pouvoir exécutif, qu'o n fo rce le roi de renoncer
à la conditiorl par laquelle 11 voulait le conferver.
Ce n'e ft pas tout. L e roi voit Ces derni ers a[yles
remplis par des mon a res qUt fe nomment ,e~core
{es fujet s . la reine fe fauve, grace au genereuK
dévouem~nt d'uu de fe s ga rdas ; fan lit eft criblé
d e coups de couteaux & de bayonuettes ; les têtes
de! malheure ux gardes font portées eo triomphe
à P aris : on y tralue la famille royale,
Pendant ce te ms l'aIremblêe d éli bere froidement
fur quelques article s de loiit crimin el.les à chaque
nouv elle que fes émiIraires vienuent lUI rapporter;
un rire atro ce [e déploie fur la ligllre de qu elqu~s
d éputés: ou propofe d'a ll er tons entourer le rOI;
ce cri d' un cœur F rançois eft repouIré ; ce n'eft pas
là , dit-on, la place de l'alfèm&lée ; elle n'y f eroit pas
libre ; & cctte plaifah terie , ~om ,e par une a~e
b a{l"e & noire , tro uve des pa r tlf~ns , & eft adoptee,
Si l'aIremblée n'ait ni coupab le , nt compltce du
t rime , quels res rets pour elle de n~ l'avoir pas
�,
( Il )
prévenu? avec quel empreffement elle va dénoncer
cet attentat {a us exemple, &. en pour{uivre la punIti On ?
Qu'a-t-elle fait ~epuis le 6 Ollobre ? A-t-ellc
vu le ;rImel OUI, La. t,elle puui? lion. En a-t-elle
,prolite? OUI.
Donc ell e ell auteur ou complice.
,On a vu pennant '3 Iiedes quelques-uns de nos
rOI s tomb er fous le fer d'un lâche affaffin, Le
c?upable~, déCa voués par la t1ation, étaient bien~
tot reJett es de {on {elll , & mouraient dans les [up_
phces, Aujourn'hui ce n'ea plus un être i{olé qui
f~appe en fil ence, c'e ll un e armée en tiere de {cé:luats qu: vIennent afliéger leur monarque: c'ea la
mIlice n~eme d'une ville qu'il habite & qu' il enrichit ~ "UI le, trahit, & tue {es propres gardes: c'ell
la. milIce meme d une VIlle qui, à la vérité Ile le
ladre pas, affaflin;~, mais 'lui l'enleve de {on palais:
parce ~ u elle prefere le trI omphe utile & peu corn·
mun d aVOIr un rOI dans {es fers, au crime infructueu~, & trop conllu de l"i ôter la vie ; enlin ceux
qUI s IOtltlllent les repré{entans de la nation 1'01luent ce nom {a<:ré en voyant pendant 24 heures
t~utes les grad auon$ de ces fo rfaits & calenlant
1 avantage qU'Ils pourront eu retirer:
. Q ~ nd mê:n~ tout ce que l'affemblée avoit fait
Ju[qu alors n eut pas été frappé d'une nullité ra. Il 1lOrreur auroll
.
ddIcale
' { " dès ce m ornent une June
u ucceder â la conliance de la nation
d , ~lle a pourfu ivi avec acharnement de 'prétendus
l~
elle a etabl! un comité pour les délations'
(, e es a encouragées par l'appât des récompen~
es; & 10r{qU'11 Ce. pré{ente un crime inoui ,que nos
nev~u ~ auront l'elOe à croire, fan aétiv ité ell en'~~alllee i &. ce JOLlr horrible, qui fera à jamais la
"l'
( 13 )
honte du nom français , le Maire de Paris, el1
pre{enee de {es auguaes pri{onniers , l'appelle "n
beau jour, &. ne rougit pas,
Sans doute. il élO it beau pour les romains le jour,
où leur armée triomphan re entroit dans la ville,
traînant à {a fuite le roi qu'elle avait vaincu, Leur-
orgueil jouiffoit d'avoir différé fa mort: leur politique en pro fi tait : ils troubloient &. ravageaient
fan royaum e, en lui diétant dan s les fers des loix
qu 'il était obligé de fou{crire: & lorfque {on exif-·
tence ne leur etoit plus qu'inutile, ils terminoient
par fa mort un {upplice prolongé,
Serait-ce dans cc {ens, qu'on a donné à ce jour
le nom de beau? {eroit·ce dans cette infame e{pérance que les géoliers qui garde nt le roi ont ju[qu'à préfe nt épargné {es jours: qu'ils ne pen{ent
p as qu'on leur en fache gré: ils ont encore be{oin
de fa n exiaence.
Cependant on ne pouvait entiérement fermer
les yeux fur les excès auxquels la populace s'était portée; ces in{urreétions fréquentes. &. toujours fuivies de {uccès, lui donnaient la confiance
de {a force: il en pouvait ré{ulter un danger
pour les membres même de l'affemblée? on décréta donc la loi martiale: mais quand? lors
qu'on avait retiré le prix de toutes les {éditions;
lor{qu'on commençait à craindre ceux qu'on
avait armés; & en {e réfervant bien, comme l'ont
prouvé les événemens de Toulon, de n'en faire
ufage, que lor{que l'in{urreétion ne ferait pas au
prolit de l'aITemblée,
L 'Europe entiere était indignée de ce qui venait de {e paffer : ceux même des citoyens dont
le cœur n'ea pas encore tout-à·fait gangrené, rou·
giffoient de voir tant d'atrocités impunies: on fait
�( ys )
( t4 )
donc une dénonciatiOIl au bout de (jx liem . , '
fl • d'
"
alOes .
c., eu-aIre, apres 'lu on a eU le te ms & la é
'
tlO d f'
' 1
l
"
pr cau_
n e al:e ec lapper es pnnclpau x cou ab les ê(
teurs premIers agens; lor[qu'on eft biell
de Ile
faIre IOmber la vOll gea llce que liur ce 1
'1 '
1
s lommes
VI s 'lU 011 emp oye dans les ré vol litions ln'
.
[. t
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on toulours a an ollllés Ou punis par ce a IS qUI
•
'1 C ' r '
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llX meme qUI es lallO len t ,ervir à leurs delfeins '
venge an~e "que l',on pre'Iiellte avec affeétatiOIl' cam,
cette
me une Juftlce, n eft elle·même 'I"e le ra!li
cl 1 1 li b
' ,
nement
a p us amr
re ,
pOlItIque: par~l a on a l"aIr d e
ve ui "
?Ir cpurer Ja n pOrtl ; 011 en rejette cellX qui l'ont
, eve, malS qUI [ont trop décriés pour pouvoir être
long-tems 1I111es ; & par cette infernale fourberie
on trouve .
encore
'
' '
'le llJoyen de lie'd
. Ulre
qlle lqlles
h
gens onnetes, malS faibles, & de {a[ciner de lus
en plus les yeux du peuple.
p
T~lIe cft la marche in(jdieu[e de l'alfembl' 111•
oppnme la France.
ee '1
VlousdqlJi fûtes pendant J 3 (jedes le meilleur
1e p us aux le pl
'cl
cl
dé h"
us a"nant
es peu ples vellez'
onc c ,Irer avec moi le voile dOllt elle ~herche
;\ [fi~ouvr!r ; [crutez le fond de ces cœurs faibles
per es ou corrompus; voyez avec quel art mai:
r:~~,:I~~~~lle e~: toutes les, ~relfes , & cl~ ta'llt de
"
a cherche il tromper les provinces liur l es évenemells du 6 oétobre.
me elle s' ft
Ir'
, voyez com• 1
e empreJJee de fa ire (jg ner à fan prifon.
m ~: at,pl rOdelalmation du 9; démarche aulIi infame
'lU
mu 1 e e a parr, d e ceux 'lUI' l 'ont provoquée '
, c
IUrame parce qu' 1 c "
,
fi él '
'l!i
l, laut toute llm pudellce de la
c '1 erate fc e, pour faire attefter effron témen t un pareI men ange aux yeux de la Nation de J'E uro~e , & du monde entier: inutile, parc~ que cette
pr call1lon même en trahit les auteurs; parce qu'il
th
éf
ne viendra dans l'efprit de perfonne de dQllt~r
que le roi de France fait libre dans [es états, à
moins qu e les fai l> n' annoncent q u'il oe l'et! plus,
parce que la polLrne , ce juge toujours juHe &.:
véridique, verra la plus forte preu ve de la captivite du roi dans le foi n même q u'on a eu de lUi
faire dire qu'il était libre. Voyez comme elle a
combattu avec colere (c'eft,iJ ,dire, avec la [eule
arme de ceux qui l1'ont pas de raifon à oppofer
l'opiniou d't]l1 de ces membres qui lui faifoit re~.
tir qu'on ne l'ouvo" fe dllIimuler que le rOI étaIt
captif; voyez ql!e le premier écrit qui a éçlairé ~s '
provinces [ur les faits du 6, a été publié par un
député lui mê,me ql~i a fr émi de tout, ce qu'll a vu!
& qui dl parti en dlfant ces mots memorabl~s flul
fera ut à jama is la conpam nation de l'alTemblée ,
je ne yeux être ni coupabLe ni complice ; &. s'il
éroit encore p~rmi vous quelqu'un dont l'av~u
glement involontaire r é fi{\~t à des preuves auai
politives, qu'il écoute ce qui fuit, &. qu'il me r~
ponde,
'"
.
Parmi les crimes aufli horrIbles qu l11vraIfemblables qu'on a ~ccufé le gouvernement de prép~
rer au mois de Juiu &. de' Juillet, ou s' eft plu furiout à répand"e l'idée de faire [auter la [aile de l'af[emblée, idée qui ne pouvait être imagin ée , & à
p l4S forte raifo!, imputée à per[oune , ,que par ~m
être capable lui-même de la conceVaIT & de 1exécuter, Je [uppo[e que cette horreur [e fût réali[ée. Avec quelle jufte indignation, avec quel avantage 011 aurait demandé au pouvoir exécutif la
vengeance la plus éclatante! m~is fi, au heu de
rechercher [ur le champ les coupables , le pouvoir executif eût attendu un mois & plus; fi pe114a11t ce tems 1 fous prétexte de Cûreté per[ol1nelle ,
J
�( r6 )
li eut fait garder par fe s agens les membres clè
l'alTemb lée échappés à la mort; fi fur - tout
il les eth forcé d'accepter les propofitioDs qu'il leur
auroit préfe ntées, &. de publier un décret pour
attell:er qu'ils élOient libres, n'etÎt-on pas dit, &.
dit avec raifon, que quand même le gouvernemeut
n 'auroit pas ordonné ou permis les crimes, du mo.
ment qu'il en recuei lloi t le fruit, il s'en déclaroit
complïce; qu'en vain il cher choit à en impofer
au public en feignant de garder ceux que dans le
fait il retenoit prifonniers; qu'il étoit affreux d'abuCer de leur captivité ou de leur crainte qui rendoit tout refus impoffible de leur part, pour leur
faire attell:er, contre la vérjté, qu'ils n'étoient pas
captifs; que cette attell:ation même portoit avec
eUe la preuve de fa fau fTe té , qu'un des premiers
principes du droit naturel comme du droit poutif.1l: que 10Ul .:onfentement qui n'ell: pas libre,
ell: nul de plein droit: qu'il n'ell: pas même befoin de prolell:er; parce que d'un côté la certitude du fail, &. de l'autre l'évidence des principes,
crie perpétuellemenl contre des aaes que le tems
ne peUl valider; voilà ce que l'on eÛ I dit, ce que
l'on eÛI imprimé, ce que l'on eÛI fait retentir dans
les coins du royaume. Or, je le demand e il quiconque conferve encore un rell:e de refpea pour
la vérilé; les propolition s inverCes font-elle s moins
jull:es &. moins cerlaines? ce que l'on eût dil alors
contre le gouvernement en! faveur de l'afTe mblée,
n'ell:-il pas aujourd'hui éga lement vrai en faveur
du gouvernement Contre l'afTemblée elle· même ?
eU·il un être fenCé qui puilTe de bonn e foi fe refufer à l'application de ce raifonnement? &. l'a na·
logie démontrée de ces propolitions ne conduit·
elle pas forcément aUK mêmei conféquences?
o
( r7 )
o
qui que vous foyez, vous 10US qui habitez le
plus f"perbe royaume du mond e conn u; vous, dont
un délire de li be rt é a ég",é l'eCprit , mais dont
r ame ell touj ours honn ête; françois. reli rez "ingt
fois ce paragrap h·, ; médi tez·le lon g. temps ; chcrchel y une répo nfe ; vous la che rche rez en vain;
j'dttache votre attention fur cet argu ment fans réplique: je vous la demande , non p as avec les clameurs ct'un o rg uei l fati sfait, mais avec le cri du
beCoin im pé rieux d, la vérité, avec le fentiment
profond d'un cœur fenlible &. vraiment convain cu;
je vous le de n e nde , dévoré par le d, fir brlil allt
de vous éclaireL, tourmen té par le défe Cpoir de
vous voir d dllS l'erreur. [outen u p;Ir la fer me réfolulion de fceller, s'i l le faut, de mon fang une
vérité il laquelle efl: attach ée votre exiU ence.
Concluez donc avec moi que cette . ([emblée,
nulle dès l'inUant ci e fa formation, parce qu'elle
a enfre int tou s (es pou vo irs, indi gne de votre conn ance depuis l'atteutat du 6 Oaobre, parce que ,
loin de le pun ir, ell e en profite tous les JOurs, cR
au jourd'hui plus que jamais frappée d'uue nullité
abfolue, pa rce qu'a prè s avoir détruit le pouvoI r
exé cut if , elle a avili 1\( emprifo nn é la malefl: ,; ro, fl
yale ; p(l cce
qlle
du moment
que le monarque Il Cn.
plu s li bre daus Con royaume, il n'exiUe plus de
monarchie; parce 'lue ri en ne balançaut plus, Il{
ne pOllvant arrêter l'autorit é que l'a([embl ';e s'arroge, il n'y a plus de gouvernement, &. l'afTemblée
cil: deCpote.
B
�( 18 ),
( J9 )
'SECONDE
DeJj;otlfme de
PAR TIE.
rAffimblte.
CEtte (econde panie (e divife naturellement
en deux propolitiolls. J e prouverai par les principes que dans l'e tat aauel l'alfemblée elt deCpote
de droit : je prouverai que dans le fait elle l'elt véritableme nt.
A vant de comm encer, je fupplie mes leaeurs de
faire deux r éflexion s: la premiere, c'cll: que je
preuds toujours pour bafe le fait démontré que le
roi n'ell: pas libre; la (econde, c'ell: qu'une a[emblée peut être defpote comme un feul homme :
elle ferd defpote, fi fan pouvoir ell: fans boroe,;
ou, ce qui cil: la même choIe , s'il n'a d'autres bornes que cell es qu'elle voudra fixer elle-même; car
alors il e lt clair qu 'i l n'ell aura auc~ue.
C ette id ée li fim ple & fi vraie va (e développer
d ans l ' e ~ pofé des prill cip es.
On a dit Cl ue la conll:itution d'un état ne pouvait être alfu rée, fi le pou voir e xecutif n'y était
limité. C e prillcipe dl encore bien plus vrai visà- vis du pouvoir légilbtif.
Lorfqu e le p re mi or rell ver!e, ou du moins tente
de renve rfer toutes les lo ix , il ne peut réufTir qlle
par une fUite plus Ou moi ns lon gue d'elforts tOujours [outenu,: le renou\'ellement journalier de ces
clltreprifes dl'ertit du but a uquel elles telldent, &
peut donn er le tem s de fe mettre en garde conIl'elles, Mais ce qui ne peut fe faire par le pou-
voir .ex écutif qu'avec le tem s , le pouvoir légifiatif
le fait en un feul moment: pour exill:er, les loix
?'ont b~[oin que de fa volonté; pour les détruire,
11 fuffit egalement de fa vol onté [cule : &, fuivant
l'exl're fTio~ ~nergiqu e d'un a uteur. célebre (a) , la
pUllfance legdlallve change la conll:ltutioll, comme
Dien créa la lumiere.
Tout état ou le pouvoir légifiatif n'a point de
bornes, n'a donc pas de conll:itution. Lorfque dans
une monarchie un citoyen ell: vex é par le pouvoir
exécutif, fi on refuCe d'é€outer fes plaintes , la loi
fait au moÎns fan efpérance !\{ fa confolation : mais
lorfque le pouvoir légifiatif cf! fa ns bomes, le citoyen vexé n'a plus d'efpoir : car il ne peut fe tourner vers la loi, pui[que c'ell: par la loi même qu'il
ell: attaqué.
D'ailleurs il cil: dans l'ordre des chofes humaines que toute autorité que rien n'arrête devienne
abufi ve.
I! ell: donc confiant qu'il faut que le pouvoir
légifiatif ait des limites.
. Pour cela, il n'ell: qu'un [eul moyen; c'ell: de le
dn'lfer : autrement il ne pourra it être limité que
par lui-même; les loi x qu'il ferait à cet égard Ce.
raient donc {on propre ouv n 'ge, & ne (ubfifieraient qu'autant qu'il voudrait : il fixerait bien de.
barrieres à fon autorité ; mais ces barrie res, fur
quoi porteroient-elles? fur le corps ·même qui les
aurait éta blies. Cell:, pou r me fervir ton jollTs des
Idées du même auteur. la diffi culté qu' Archi mcde
trouvait à enlever la terre ; il lui manquait un point
d 'appui pour y placer fan levier.
•
(a)
D. Lolme. conili'"lioll cl' Angle,erre.
B
~
�(
tO )
L'impoffibilité d'arrête r la puiITance légiflativ~
lorfqu'elle n'ell pas divifée , ef! don.: un e de c~
vérités politiques que les principes & l'expé rien ce
J"endent également inattaq uables,
Je clis l'e xpé rience; & j'en ai pour garant les
deux premieres n.,Hlons de l'antiqui té.
Odns les tcms béroï'lues de la G réce , le peuple
a voit la puiJfallce I.<gifldt ive; les ro is, la pu ifTa nce
exécutrice & jud iciaire. Les deux pouvoirs ren ..
d oient le monarque terrib le : on ne pouvait fe défendre contre lu i; mai s lui-même ne pouvait fe
d éfendre co!>tre la puifrance légi fl ative: il dépend ai t d'elle feule d'J néantir la r oyauté; c'eft ce
qui arriva.
L es rois de Rome avo ient les deux mêmes pouvairs: Tarquin voulut y joindre le rroilieme' à
l'intlant 1. peuple Je fo l/ vint qu'il étoit légijlateur : &
T ar'luin ne le fut plus ,
Notre hifio ire en fournit un exemple. Les états
de là ligue avaien t 1
du moins voulaient avoi r
[euls le pouvoir légiflatif; il s change re.t la loi de
la fucceffion à la co uronue, po ur détrôner Hellri
IV: , heureufement à cette époq"e 1. pouvoir exécuuf aVaIt encore dans les magillrats des mini lires
lidoles & conr3geux: fo us les yeux même de la
ligue, le parlemen t ren di t l' Arrêt qui cafTait le.
états . ~ le~r délib ération: feize magifirats furent
e~pruonnes , troIS furent pen dus; m ais Henri fut
ou
roI.
L aifTons des faits qui ne fe ret ro uve nt plus, &
rev~ oons aux pnn cl pes qui fe retrouv ent toujours,
S! ~n n e peut bo rner la puiffdnce légiflati ve qu'en
la dlvlfant, comment la div ifera-t-on? de deuK mam er~ ; p3f rappo rt à elle-même &. par rapport à
la PllllTance eÀ~, utrice,
.
•
( u )
Par rappor~ 10 elk-mème • enl ttsant le! dif!ëren"S
corps ou ordres qu i doivent concourir à la loi.:
par rapport à la puifTan.ce ex:écDuice, en hlÎl dCll~
nant le dro ib d!arnêter les entrepmfes du co"1'S>Iegillatif.
Si 'on la di vife pa, tappo];t à clIe-mêl1'1:e , chaque partie fe trouve natu reUemcru. être le' 1'Q.1l1t
d'app ui qui doit arrêter l"l'ntre_
.
Si on la di vife l'ar rapport à la· plnfT:mce e ..
eutrice , o n arrêt~ le .. eU!Jl"cpnifes 'l'lie pOUf"oic
fai re con ti 'elle h puiffan'<te légiGative, !,ar.ce qU:0(ll
lu ; ôte la poili b iLi té de' l'exécution.
D'après ces l'rin'ti:pes, je' pafT2 il l' application 1
je 1110 de1l1an e fi.l'altemblée légi!lIuive el!. defpof<! 1
IX voici lua ré ponCe .
E lle e ft dcfpote , li la puifTance n' eJt. pa~ ?~r
née: elle n'efi pas bornée, li elle n'ell pas d,.v lfee;
L'eU-eile pa~ rapP'or! à elle·mê lne:l non., car elle" s'e fli
,0nHituée CD un CeuL corps au mêp&is des mandats
l ~s pl us impé ra tifs. L'efi -el~e pan ral'pw.t ~t1 pCIIU"
œ-
vo in exéc utif? nOlt , ca r apres, lu\. (P~OH'" o te le. Vft~
qu t! lui do nnaient tOUS 1 s cahlers , dl en! a. aucan tt
1.. fO f(!:e, défl.l lltl l'al'tie.::.l' , cor.r01trp O l\!s agens, em~
pnfonn.é le- dépoli tai re, \!)on<r elk n!ell d ivi fce {",Ull
all cun r.pport., dom: ell!! n:etll"" bornee. O Oln!
elle ell defpote de cl",Ît; voyOJ1S<~ ' eU.. llel\ de f".t:
L'ex.amea de cette queilion ett prefque {uperflù1:
car to.lLW, les ,fois que des hommes, foit'ifolés" foit
r éuni s on t la faeiht,; d'être deCpo~s, il, le feronl
n écefT~ irement : c'ell ia marche de la nature: c'ett
celle de l'a fTembléc.
Ce qu'avait fai t iuCqu:alors le clefpon Cme mi."
uiCtériel, dout on s'éroit pbint av ec ta nt d~ ,ral:,"
fou , clout' les abus éta ien t fans nombre, n_crolt
\
�( 11 )
rien en comparaifon des moyens qui allaient être
employés.
L 'a{[cmb lée a com~encé p,ar pr~ndre les plus
COUrts & les plus terTlbles. E lle a Imprim é pa r!out la terreur; les mllllfires menaçaient la li berté
IUdlVJduelle; elle a menacé la vic. Ai, miliell mème . de {es {éances {e forma ien t impull émellt le,
proj ets les plus meurtriers; Ull e ga lerie Coudoyée
!i"{OIl e~tendre {es cns, d éliglloi t fes viél:imes , les
Indlquolt en {orta nt à ulle popul ace féroce, D es
lilles {e débitoiellt publiquement, Comme a u tems
~e Marius & de Sylla: plufieurs d éputés n'o llt
ecbappé que par la fu ite à cette profcription; la
ltberte des {ulfrages a donc été anéa lltie.
L'a{[emblée a armé par-tout un e multitude aveule
don~ elle fl anoit les paffio ns; elle a vu tous
es e"c~s; elle ne les a point pour{ui vis: lI ne
feule fo IS elle a eu l';lIr de les arrêter par une juf,
tl,ce tardIve; & la .France, COuverte d'alfaffin ats ,
fi a encore vu punIr qu'un {eul a{[a ffi Il.
Qu and. on a tout pouvoir, & qu 'on ne pUllit
pas le CTlme, on le p ro tege.
Ces délits éwient certaills; la loi qui les con-
r.
dam nolt, é tolt connu e: mais il s étaient commis
p ar le parti qu 'on voulait faire prédomin er ; mais
Ils ne frap paIent que {ur ceux qu 'on voulait abattre ; c'ell pour cela que, tandis qu'elle les exc ite en
fecre.t, l'a {[emblée garde {ur eux un filence plus
cnmlnel ell co re que les délits mêmes.
Je Ille tro mpe: ils {on t dénoncés; une vo ix dema~d e qu'on les arrê te , qu'on les juge, qu'on les
punllfe; tout efi refu{é. N 'el!-ce pas là plus qu' une
apprObdllon ?
Coupable des delits qu'elle rcfufe de pour{u ine, l'alTembl~e viole les principes & les regles
f 23 }
our en rechercher qui n'exil!ent pas.
P Des citoyens, des étran.gers {ont a~r~tés fan!
.
ent , au mépris des 100X & des traItes, Après
)ugem
.
un e longue captivité, on les amene devant ~n trtb nal in compé tent. Là 011 les acc ufe du c~lme d~
le~e- n ation . Où elt la loi .qui d éfinit ce crllne? I!
Il'y en a point. Où ellla 101 qUI prononce ,la peIne .
cli c Il'elt pas encore faite. Le dernIer periode du
defputifl11e des E mpéreurs fu~ de rendre tr~p va,
. I.e cri me de lCle-ma cHe; & le premIer pas
W", a et
' é d e creer
' pour
du dcrpoti{me de l'a{[em lce
des "él:io lls pallées (qui ne (~nt que l'accomp/t{[:Illent du ferme nt & du devoir) un CTlme, un tnbU!la l , une loi.
,
," ' ,
Il fa ur CD con ve nir : en prefelltan.t Ilmpu~"e
té & les pour{uites les p lus IlIIques de 1 aud,u co"
n,
, h d' 1
&
tre elle étoi t bi en fûre de n ar lT e cnme.
d'a~ b ntir le courage : c'efi ce qu:elle VO UlOIl ,
c'ell ce qu'clle a lai!, c'el! c.e qUI 1: luge. , ,
Il lui manquait enco re d encbalDer Jufqu à 10pinion .
1
Pour y réuffir , il fall a it tromper
~eup e par
' n' t s. A l'i nll ant toutes fes
operallons
cl es ec
.
, . troufi
vent .da ns les journaux d'infipldes paneg.ery es t
ce parti deva it être g én éralement ad?pte: par-la
l'I mprimeur a{[uroit fa tête & fan deblt :. ~n {eul
écrit périodique s'éleve ave~ force au mll.'eu de
la terreur univerfelle ; fes feUIlles {ont ~erpe.tuelle
ment {u{pendues, interceptées:. fous 1 empITe d~s
réglcmens il eut trouvé mt/le /tbra,:es : {a us la, h bené de la prelTe, il L1 'en trou ve pOlllt , .& ce n ell
qu'avec d es di ffic ultés {ans nom bre qU'Il pa rvtent
à remp lir {es ellgageme05 vis·à·vis des {ou{cn pteurs,
Le même fort a été ré{ervé pendant long.tems
à tous les ouvrages compo{és dans le même e{pnt;
h
!e
�(' l
'(
&. ce n'dl que depuis
~e
)
l'excès du mal commence enfui , 1l ddfl11er les yeux, que l'on corn.
mence auai a attaquer par des raiCons le gouvcr_
!lemeut moufirueux qui [e fera flatté en vain de
mettre touJo urs la terreur à la place de la confiaoce,
. " A{f"rnblé ~ au/Ti immorale qu'impolitique, qui
n as abattu cl uoe malO le deCpoti[me de l'oraueÎ
'lue pour é~ever d~ l'autre celui de la balTeffe; ~e~
paue avo,uc, &. l?che efcl~ve de quelques êtres
condam nes au m.e pns pu blic, qui, ayant tout à
craindre, des aoc,len nes 1011<, De peuvent [e (ou!erur ~qu ~o en ~n~an t de d ign es d'eux; je te cite au-
Jourd hUi au tn b unal de la raiCo n 1\{ de 1" vér 't '
l' d
d '
ol e ,
tu as eu au aCII
e citer au ti en les magi lirats
de R puen 1\{ de M etz: ils Ont eu la foiblefie de
D'y pas ven.lf.: c'eût .é té le momell t de leur triomphe; 1\{ vOICI .ce qU'Ils auro ie nt dlÎ te dire,
PourquoI
as,tu 're joué
, ,
t
. la déclaratio n du l ') JUin,
c~n orme,. ~ ~x yrJD Clpaux art i.cJes de tous les cablers , qu d eto l,t G facile de per feéti ollner encore;
à la quelIcle rOI annon çolt qu'il ajo utera it tout ce
quder Ol~ )uihe ,? Le de1i>otiCme Il 'était·il pas arrêté !
la Il bene pub.!' IUC 1\{ Ind,,', dud le Il '' to ' t-ell
.
é . bl' 1 l '
'.
1
e pas
,ta
I~:
es
~ [a tJ .prO \.· II1 C laUX
ne mettai ent·ils pas
J admmdlratl on de ch"que prov ince dans les mains
de la pro vince mBm e, ta ndis que les Etats-Géné·
à la n.tiO Il enti ere le droit de u'ê·
tre ImpoCee que de (on conCelUement! à ce moment ,les lmpôts (e poy oient encore; le contribuabl~ Il étolt pas a rme; le d<fica u'é toit pas quadrupl e.
Pourquoi ne t'es tu pas dès le lendema in accu,
pée des finances ? pourquoi n'as-tu pas commencé
[ur le champ à venner (ccene , dépenCe , économies,
rau ~ rend?lent
S)
mies, bonifi cations 1 tu au rois épargné à la France
un défordre dans Ces revenus beaucoup plus graod
que celui qui exilloit déja, As·tu cru y remedier
par les horribles fcenes du mois de juillet, par les
folies de la nuit du 4 AOIÎt , par les attentats du
mois d'oélobre? tu as omis, à delTein , d'iu(erer
dans ta déclaration des droits de l'homme, que
tout con(entement forcé était (ans effet; 1\{ lorCque
l'application de ce principe confervateur vicie &.
annulle tOUS tes décrets, tll t'étonnes, tu t'i ndignes
que des m agillrats, que des Français réclament
pour leur roi le droit du dernier de [es fuiet s ! tu
fais cette injure il la nation de penCer que lorCque
tu étouffes la voix de fan prince, il ne lui rellera
pas de [erviteurs fideles qui falTent entendre la
leur? crois qu'il Cil ell toujours que les décrets
peuvent atteindre, mais que ta vengeance ne peut
effrayer, 1\{ qui ne paroîtrout jamais devant toi que
pour te demander compte des maux publics; maux
qui ne peuvent être imputés qu'à toi (eule, pui(que
tu as Coutenu les uns 1\{ étendu les autres; puiCque
tu Cavais alors, pu i(que tu Cais encore que cbaque
calamité qui défole la France, a été méditée &.
coucertée dans ton Ctin,
Les libelles les plus féditieux répandus dans tout
le royaume, le pay Can conduit à l'incendie 1\{ au
pillage des châteaux pa r des ordres fuppofés du
ro i; des courriers parcourans les provinces avec
effroi, annonçant de prétendus brigands pour armer toute une nation; les impôts les plus productifs taris dans leur fource; la défertion encouragée,
récompenfée , traitée avecles dillinélions de l'hon:neur; les foldats trompés ou corrompus. devenus
patriotes parce qu'on les paye plus cher, volant
au roi &. à l'élat armes, bagages &. chevaul' i les
C
�( US)
( i7 )
gardes fraoçoifes demanda nt & obtenant de la ville
d e P aris une [am me éuormc, parce qu'i ls ont pi llé
les barrieres, le garde-meu ble & St. Lanre; la
c ap itale, s'approp riant les fonds publics pour
payer une milice bomgeoiCe au!li inutile fa poli ce que dangereufe dans fes infurreétions; le lieu
le plus infâme deven u le foyer connu de toutes
les fé diti ons , & l'orb itre [uprême des dell inées
d 'un grand empire; les meurtres [e reproduifant
f ans cetre , accompag nés de circonllances horribl es; le citoyen n'éc happa nt que par l'ém ig ration
à des profcriptions, jam,. is l'unies par la loi, tou·
jours fo uten ues par la multitude: cette foule d'é-
a
trangers, qui confommoien t leu rs revenus dans le
roy aume, fUydllt un e terre infernale 1 où eux-mê-
mes fon t vexés, retenus & expofés: & par une
fu ite nécelTaire dr cette effroyable anarc hie, tontes los [o urces de richelTes taries, toutes les entrées
dimi nuées 1 tout Je numera ire exporté ou renfe r-
mé , tout le commerce dans un état de Ilagnation
qUi elt pour lUi Ull {ymptôme de mort; la mi[ere
multipli ée par le défa ut d'o uvrage; les fecours
ren dus plus rares par la ruine o u l'incerti tude des
plus grandes fortunes; ............. ce n'clt-Ià qu'une
foible éba uche impa rfaite d' un tab lea u de dé[olat ion; la plume [e refufe il tracer tant d'horreurs,
Sous quel de{potifme la Fran ce a- t.elle Jama is reC.
[ent' une agon ,e li douloureufe? Deux époques de
n os anna les la fOll t voir dans une c rife viol e nte ;
les états de 1356 & ceux de 1593; l'a lTcmblée de
17 89 étoit digne de fig urer :l côté d'eux; & comme elle ell: venue dans un fi,cle de lumierer, elle a
enchen {ur [es modeles.
Habitans de la campagne, habitans des villes,
habitans de la capitale, citoyens de tOllS les or.
dres, (car quoi 'lue faITe une alTemblée incendiaire,
il y en aura tou jours ; l'architeéte qui conduit le
plan d'un édifi ce , commandera toujours au manœuvre qui porte la pierre & le mortier, ) c'ell
à vous tous que je m'adrelTe en fini{[aut: l'erreur
VOliS aveugla; ouvrez les yeux à la vé rité: fecouez
avec moi [on fl amb eau, portez· le d'un bout du
royaume à l'autre; répandez la lU lJ1iere fur les projets , [ur les intri gues de l'a{[emb lée qui renverfe
un fi flo rilTa nt empire; la d évo iler, c'ell la détruire; & elle peut dire avec plllS de r"ifo n encore que
le f"meux impolleur de la Méque: » mon em pire
ell: dé truit, fi l'homme ell: reconn u. »
Je ne vous parle point de votre antiq ue amour
pour vos Roi s, de la honte que la détention du
vôtre fait réjai llir fur vous' vous n'êtes pas encore
en état d'entendre la voix du [ent iment; mais
écoll tez du moins celle de votre intérêt.
Dans les villes les hôtels [ont aba ndonnés; dans
les cam pagne. les châteaux font déferts ; par·tout
la confomnuJtion diminue chaque jour, & partout le nombre des marchands, d es a rtifan s, des
ouvriers ~{t toujou rs le même. U n tems viendra
[ails doute o ù vous reconnoîtrez qu'en dépouillant,
en vexan t ceux qu i vo us fai loient travailler, ceul!;
q ui vous fai raient vivre , c'dl
\I Q U 5
qut:! l'on a ren-
dus malheureux : mais voulez-vous donc "ttendre
la crllelle leçon d' uue exp érience irréparable! dans
les ri" ueurs d'lin long hyver, pendallt la celTatlon
des
les
t~avau x
êJ
ôtés
J
1
vous av iez des appuis J on vo us
aviez des re{fources, o n les a
l'DUS
détr uites; ne VO li S reltero it·il donc auj ourd'h ui que
le {térile reg re t d'avoir été trom pes? reprenez
courage, & vous aurez la po!libilité de p nuir le,
�f.f
( 18 )
à l" d'
IR 19navos m aux
auteurs de
, de Jes dévouer
I: r 1
.loO
br
& de rcndre à la France, .a 'p en'd eur,puau lqollle;a
r li libcrté , à [es [ujets la paix & l'abondance,
FIN.
,
ELOGE
1
DE
M.
LE COMTE
DE MIRABEAU.
�( 3)
~
-~~
~
ÉLOGE
DE- M.
LE CO M TE
DE MIRABEAU.
M
Archer d'lin pas ferme & affuré dans le
fentier de l'honneur ; voilà l'honnête homme.
Pe(er toutes fes aétions à la balance du devoir
& de l'équité; voilà l'homme de bien . Braver
tous les périls pour voler au (ecours de la jullice
opprimée ; voilà le Héros. Réunir tous le, talens
& tOlites les lumieres qu'exige fa défen(e; voilà
le Grand-homme . . Voilà ..... Ne prononçons point
fon nom; nOliS aurions déja fini fon éloge. Olt
m'emporee mon aveuglement! je n'ai encore fait
qu'un pas dans la carriere, & la hauteur de
mon (ujet étonne ma foibleffe, Entraînée toute
entiere par le deor de faire éclater (a reconnoiCfance ,mon ame a cru qlle, pour louer digne ment, il lui lilffi(oit de fe livrer à tous les (entimens qu'elle ép!otlve. J'ai refléchi , & j'ai vu
qlle mon zele n'étoit qu'une témérité impardonnable , li l'homme étoit toujours maître des mouvemens de fon cœur. Je fuis tenté de me faire
un crime de ma fenfibilité. Mais dulfé-je (uccom·
�( 4 ~
,
ber fous le fardeau que je m'impofe, le filence
m'elt devenu impoffible; il faut que je cede aUK
tranfportS de mon admiration, Je [ens déja tous
les reproches auxquels mes foibles efforts vont
m 'exp6(er ; mais je [al]rai les écarter loin de moi,
& les faire retomber [ur mon Héros lui-même,
~n l'àccofant de s'être mis, par [on zele , aua~ fTus , de tOUS les 'éloges, Je [ais qu'uae loi diéléë
par la [agefTe, veut qu'on dérobe aux yeux du
Héros, l'e'ncens qu'on olfre à l'héroi[me; que les
louanges qu'o n décerne il la vertu [Ont des couronnes que les mains de la recon noiff"nce l'lê
CMpendeni )limais qu'autour des tombeaux; c'eil:
qu'on re[peéte dans le Grand-homme , ju[qu'à
cette vertu aimable , 'par laquelle il fe praît à
de[cendre au niveau de l'humanité, pour [e rendre
utile, Mais on me pardonnera de m'éca rter de la
route qui m'a été tracée , de ne pElint attendre
J'époque fatale en fal'cur d'un homme qui [eroit
immo rtel , fi les vœux ', li le fang même d'un
Peuple entier, étoient àffez puifTans pour former
une barriere impénétrable aux coups du trépas ;
fi la mort impitOyable n'envioit à la terre ceux
qui en font le bonheur & l'ornement; s'il filffi foit
de combler la me[ure du bien polir la dé[armer &.
Ce foulhaire il [on empire.
Pour diffiper les nuages qlle la calomnie s'eCl:
elfclrcée de répandre [ur les premieres époques
de [on exi rtence , il nous fuffira de dire que des
ex~mples de vertus veillerent fans ceffe amour de
, [on berceau, pour s'em parer des premiers fentimens de [on ame. Qu'un germe li précieux fe
( 5)
[erolt plutôt développé, li l'occafion avoit plutôt
oflè rt il [on zele, un Peuple il protéger, il défendre , à con[oler ; qu'on ne pafTe point lOut-àcoup de ce portrait qu'uDe plume trempée dans
le fi el a voulu en faire, à ce haut point de bienlàifance &: de gloire 'l~e l'Europe admire ; que
ce n'eft point dans le crime que l'ame [e fortifie ; que les talens [e cultiven t, que les lumieres
s'épurent, que les connoiflances s'acquierent. Ce
[ont pourtant touS ces fruits d'un travail glorieux,
qui font aujourd'hui la joie & l'étonnement de la
France.
Son ame ardente n'eut pas plutôt apperçu ,
dans ces circonftanccs malheureufes , le danger ou
le Royaume élOit expofé, qu'elle eut le courage
de chercher des rem edcs à tant de maux. Avec
quelle rapidité [on œi l attentif parcouroit-i1 cou,
les principes, lOures les loi)[ , cous les ufages ,
fur lef'luels la fagefTe avoit d'abord érabli la [ûreté
& l'union des Peuples, & la tranquillité de l'Etat !
Avec quelle pénétration n'a-t-il pas [u démêler.
dans ce chaos IOUS les abus que le pouvoir avoir
fait de ces ba rrieres ,devenues mobiles au gré de
l'ambition! Ces lignes , que la prudence & la
jurtice avoient rracées pour affigner à chaque c1afTe
de Ciroyens, le rang qu'elle devoit occuper, il
les rrouva li étrangement confondues, qu'il a cher- .
ché vainement le Tiers dans la place qui lui avoit
éré marquée. Il eut, pour ainli dire, échappé à
[es reg,u'ds , li, conduit par les traces de [es bIenfairs , il ne fut de[cendu ju[qu'à lui. 11 lui fit entendre fa voix; le Peuple apperçllt fOD Libérateur,
�( 6 )
& (entlt renaitre dans {on ame , avec des Centimens d'honneur & de gloile, l'eCpoir de {on bonheur.
Tant que la fortune ne vient point Ceconder
les eltorts de la nature , le Grand-homme n'ell
grand que pour lui-même, & n 'ell encore rien
;aux yeux de l'univers. Le germe des vertus 'lue
la nature jette dans (on ame, il fa ut 'lue la fortu ne les faire éclorre , en ouvrant devant (es pas
Une carriere digne de lui , en le plaçant {ur un
théâtre où il puilre (e montrer avec éclat. Mirabeau ell: emré dans la ca rriere de {a gloire, (ur les
pas de la jufiice & de la vérité. Dût-il y marcher
feul, dût- il n'y rencon tre r que des pénIs & des
traver(e~ , le deur d'étre utile le fera triompher de
tous les obftacles. Uniqu ement occupé du biel\
qu'il pem taire , il ne voit point le danger; tOutes les barrieres di(paroif[ent fous les efforts de (on
2ele. Etude, veilles , travail, reche rches, dépenfes , rien ne lui COlite , pourvu que le Peuple ,
-6{ue la France entiere puiffent trouver leur "bonheur dans ces glorieux (acrifices. Il {emble [e mul.. tiplier lui -même comme [es écrits ; on le voit ,
pour 'ain u dire, en même-tems à la Cour, pour
y donner & y puirer des lumieres, & , dans le
fein de (a Province, pour y répandre des con(oJation;, pour y calmer les e(!-'rits, pour arrêter ....
Par-tout il entend le langage des cœu rs reconnOllTans ; par-rout les ~~cce ns de l'admiration & de
la joie, font reten rir les airs de (on nom. Pui(fent ces acclamations & cet exemple accroître le
nombre des imitateurs de la vertu bienfai(ante 1
(
,
)
.,
puifTent-ils du m.oins ne lui faire aucun ennemI Tant d'aél:ions héroïques ne pourront échapper aux yeux de la pofiérité. La mémoire de
Mirabeau ne manquera pas - de Ce pré(enter à [es
yeux, lor(que dans les ~ran(portS de fon étonnem ent & de fa reconnOlffimce ,elle ne ccifera ~e
répéter ces paroles: le nomlFrançois alloit :e ,CO~vill'
d'un o!-,probre éternel, & to ut-à-coup 1herOl~me
du zele le fit rentrer dans fa ,glOIre. Nous 11 aurions plus rien à defirer . pO;lr norre ~onheur,
C0mme elle n'amoit plus n en a aJo~ter a fon admiratio n fi dei difpoutioDs glorieufes de t()\lte
la Noblefre du Royaume pouvoient lui mettre
dans la bouche ces autres paroles: Il fur un tems
où la France, fur le point de fuccom b~r (ous les
élfortS du Tiers épuifé pat fes bIenfaItS , trouva
dans l'ame généreufe des Nobles des relrource>
inépuifables ,des recours a lTez puilrans pour la
relever, & la montrer à l'univers dans toute la
fplendeur de Sa majefié .. Mais....
.
Quelle gloire pour Mirabeau de vOIr les de~
premieres villes de la Province s'cmprelrer de lU!
confier leurs plus chers intérêts ! Quel bonheur
pour fa Patrie d'avoir donné le JOur à u~ tel
D éfenfeur! Elle connoit d'avance quel (era 1e~n
pire de fes opinions dans cette augufie Arrem~lee,
l'or(qll'avec du zele, des talens & des l umle~s
il s'y pré fentera environné de la confia.nce pu~lt
que. Il va mettre le comble à (a glOIre: pUllTe
un glorieux fuccès couronner (es effortS & {es VŒUx!
La Noblelre trouvera toujours un modele dans
Mirabeau, la Provence un Ornement , le Peupl"
�, ç;
( 8)
' un DéfenCeur , la France un Héros" l'Univeu
un Grand - HomfIle.
Paf.tez, illufires RepréCentans de la Nation,
allez conColer le cœur paternel de notre Roi,
que nop maux opt laillë trop long-tems cn proie
à la douleur. Vou,s êtes tous témoins de l'état
déplorable où nous Commes nic(llits. Il en eft
tems e"core. Le bonheur public peu~ devenir eocore le fruit de vos travaux; mais cette occallon
imporrante une fois échappéq, L4 F rapce efi perdue Cans re(fource. Qlli de VÇlUS oCeroit Cacrifier
un Peuple eotier à de' vils iotérêts perConnels ! Ah!
fi les Cemimens ,Il les diCpofitiol)s de Mirabeau
pouvaient Ce communiquer au cœur de rous Ces
co - repréCentans, nous ne dirions plus Comme
autrefois: la pute ou le fatut de l'Etat if! (fltre l'OS mains, mais fondé Cur l'heureuIe harmonie qui prélfderoit à vos délibérations, nous dirions avec Ulle coufi<jnce pleine & emiere : le
{alut de l'Etat va devel;lir pour le Souverain, pour
le Minifire & pour VOliS lm triomphe immortel ,
cqmme vqrre ouvr.g~
LA MORT
DE
MIRABEAU,
ODE,
Pal' M.
DES PIN A S S Y, Adminifirateur du
Département du Var.
gaq;:!
DÉ1~
les doux Zéphirs voltigent dans nos plaine.
Le Priiltems vient fONrire il leurs tiédcs haleines,
Et couronner de fleurs les côteauN & les bois;
Déjà l'onde murmure en fuyant [es rivages
Et Philomèle éveille au fond de nos bocages
Les Echos amoureux attendris il fa voix.
~
Sur de" pré.-verdoyans l'amour {id! les Bergères ;
11 l'ré{ide il leurs jeux , à leurs danfes légère s ,
A
�( l
)
.'
L~s beaux jOlus lIu'il promet;\ leurs vœux font rendur.
M~ is parmi ces beallx jours, jour il Jamais horri!>l. 1
La mort vole 1... écollte~: ... j'entends (a voix terrible ...
La' voilà, (a faulx tombe, & Mirabeau n'eft plus.
Il n'cft plus 1.... ô Patrie 1 ô veuv~ infortnnée,
Des laorien de (on front tant de fois couronnée!
Tes. yeux noyés de pleurs fixent envain les cieux.
Jamais on n'a flechi leur avare inclémence .....
Le tombea,u s'eft fermé (ur cette proie immen(e ....
1'1u'eft plus 1... mais {on am~ a pris rang che, les dieux'
Du Sénat des Français vois les [ombres allarme(,
Le liIeucc effrayant qui (uccede à (e< lannes ,
L.e deui~ majeftueux dont tous [ont revêtus. .
(1) Trois lâches cependant .... grand Dieu, lance tes
flammes!
Sur des tables d'airain gravons leurs noms iI~ames ,
Eteruel monument de l'oubli des vertus.
Le p7nple aCçourt en foule, il tremble, il dé{efpère,
Tout laf!l.ge ~ Il cralllt tout, il a perdu [on père,
A la foIS Il crOIt perdre & (a force & {ès droit ••
Mais bientôt (a douleur rallumant {ail audace·
A {es malles (acrés il jure avec menace
'
[Je punir les tir ans & de venger {es loix'.
Enteodez les concerts des rivaux de {a g!~il~ :
Le Jour d;: (on trépas ell un jour de vill;oirç~
Chacun d e~x VOlt la l'a Ime & triomphe ~ [OH tour.
Mirabeau d lin regard étouffait leur courage,
«() Tout le monde connaît les noms de~ trois 1I1embr••
d. l'Affemblée Natiop~le 'lui r.fufèrent d'.lIifrer au convoi
ole Mirabeau.
.
r
( 3
Comme un cèdre immortel dont le vafte feuillage
Porri! Ilne ombre funefte aux b~iifol1$ d'atentour.
Aux fOlldroyans éclats ,le (on mâle génie
Tombe à jamais des grands la {ombre tiranni. ,
Thélilis rend f" balance à de plus julles mains;
Et ceux dont il flétri~ la vanité profonde 1
Qui dans Iln Ileuve d'or bllvoient l'oubli du mOllde ;
Vont honorer l'autel en {ervaut les humains.
Mais fes noirs 'ennemis qu'il forçait an (,Jenee ,
Envdoppés de honte, énivrés d'in[olence!
De res nombreux (uccès cherchent à le pllUlr.
Sur lellrs fronts (oucienx l'allégrelfe eft e\l1preinte,
Un doux e{poir les flatte, & déformais fans crainte ,
III [ouilleront [a gloire aUl< yeux de l'avenir.
Les voilà!. .. vers {a 'Iombe irs marchent en tumulte;
Ils marchent & la joie, & la haille, & l'in{ulte ,
De leurs coel:rs abattus ont ranimé l'orgueil.
Tt! n'es plus, di{ent·ils, & nOlis vivons. encore,
Tu n'es pas même égal au ver qUI te devore; .
Et d'un pied dédaigneux uous foulons ton cere,Deil.
Leve ·toi , d'un vil peuple attife encor I~ haine;
Salis ce ti"re aflàmé dont tu bnfas la chaille.
La Patrie bexpirante attend les derniers coups: ....
regrets !.... il n'a pu cOIl(ommer tous .fe~ cr. mes ,
11 n'a pu dalls {a tombe enfermer des vléhllles,
El {ur uos corps [anglans affouvir [00 courroull:.
o
Tai{ez-vous, rougiifez blafphémateurs féroces,
Le crime cft dans vos coeurs, dans vos complots
atroces,
a
Cell vou. qui de nos mun empoifonDezl paix j
.
A
~
�( 4)
C.ll: vous qui plcin s de , age, ivres de barba rie,
D ans un e Iller de Cmg plongeriez la Patrie ,
.
( 5)
EnVJIO de vos bicnf,iu vos ennemis frémir:ent,
Il s fo nt p"nis d'avance & d'avance ils rou.,iifent
Du mépris éternel de DOS del niers Deveu~.
Si vous pouviez [alls craiute accomplir vos forfdits.
E h' qu'importe" [a gloire une vile impollurel
11 recouquit uos droits fondés li" la nature;
D es abus l'hydre a"tique expira fo us [es maius.
H eure ux, fi les écarts ,l'ulle arden te jcu veffe
( Pa rmi tan t de ve rtlls pardonnable foiLleffe )
lII'euJfclIt fait trop j('uvent (o"pçol1uer fes ddreins.
Sa grande ame ,eu dépit de fes fiers adverfJires,
Au bonheur des humains cnl! les rois néceffaites,
A cette erreur fi douce il foumit [a rai fa n.
Dès-lors, envain d" peuple il vengea les di[graces,
L'iuexorable envie attachre il fes traces,
p ails [es nouveaux bieufaits ne vit que trahi[en,
Ombre aHgufie! à nos yeux lailfc frémir l'envie,,,.
Qu i peut ternir l'éclat d'une li belle vie?
Tous le s vra is citoyens folemni[em ton deuil.
Et de nos droits facré s Irs fOlltiens intrép ides,
Compagnolls glorieux de tcs fu ccès rapides,
De pleurs reconnoilfalls ont Illouillé toa , orcueil.
o VO"S,
de nos foyers libérateurs illulh.s!
Vops qui toujours plus grallds au delà de cent l u (he~,
Vérrez l'en cens ::.lors f4 mer fllr vos autels :
Vous 'l ui, d'lm œil tranq ui! le ail milieu de J'oragç,
Du vatJTcau de l'état Il1clI (l cé du naufr<lge,
A v~~ co uduit au pott les ddlins immortels :
Puiffe un Dieu favorable à la France éplorée 1
De vos jours triomphans refpeaer la durée!
.Vuifiiez-'::.ol!5 de vcs loÎ>i goutç, les fruits heureux \
•
.M ais qui vous fauvera deSl'engeances de Rome!
C,el' à ra dignité vous avez rendu l'homme!
Vous avez du Pontife ~né3nti les droits!
Aux douces loi" d'un Dieu vous foumettez les fien~es,
VOliS punilfez l'.)ubli d~s vérités chrétien Iles ,
Et Rome à ces affronts demeurerait fans voix?
Ah! de tant de vertus rien ne peut vous abfoudre;
Sur 90US , fur vos enfallS , je vois briller la fouelre ,
Q ui jadis écrafoit les plu s fiers notentalS.
J émfalem n'efi plus ..... on touche il l'or du temple!
D,eu! le charme efi Mtruit : c'efi le dernier exemple
Et àe votre in[olence, & de VOi attentats.
,Ils font palfés les jours de pieufe folie,
Ou la France à genoux ado",it J'lralie ,
l.'Italie il DOS pieds "a tomber aujourd'hui ......
Depllis mille ails un Prêtre endraÎne un Peeple libre,
Et fous [es vieux lauriers on voit gronder le Tibre
Honteux depuis mille ans de ramper devant lui.
Oh! fi j'avais le don de ces mortels célèbres
Qui ctu [ombre avenir ont percé les ténèbres,
QJJelle eXla[e énivrante embra fcroit mon cœur!
Des Français fllgitifs man œi l fuivant les ttaces ,
Verrait les Nations témoins de leu rs difg races
l\odemander leurs droits au thrône nfllrpateur !
Et vous , VOIl~ qui borcés d'un efpoir inutile,
Des Lares prolca""TS aball oo nll aut r afyle ,
Sous des cieux é tra ngers portez vos pas erra ilS;
La P~trie il vos çœurs cherche il [e faire enteudre :
�( 1) ~
Elle vous tend le s bras, & cette mère tendre
11 déjà pardonné les tort! de [es en~ns.
Revenez, oubliez \os grandeurs men~ongeres,
Soumenez-vous [ans hont. à des 100x necelfanes.
So,rez grands par vous ' même & 11011 par des 3~eux.
A votre heureux retour nou. con[acrons des fêtes,
Yenel: goûtez la paix de vos dOllce. retraites,
Et des bois paternels l'abri lilencieux.
Mais, li hn'llalls de haine &. de meurlrés ~viclei >
La vengeance ourdiffoit vos complots pa rnclde~;
~i 'Ie "la ive à la main vous forCiez nos remparts,
Si dè~'0S faintes loix, par un I~che .a rtilice,
Vous tcntiez de [appor l'immortel édllice
Et d'alfeo;r un tiran fur [cs débri$ épars;
o monltres , déVOilés
au!! fureurs de la guerre!
De votre fang impur je \'oi s fumer la terre, ' .
Je vois tomber en poudre & vous & vos [b~âats,
Et pareils au" torrei" qlli, nés avant l'aurore,
Aux mers avant le jour s'etJgloutifient encore,
Un feul jour vous conduit de la honte au trépas.
Où {ont-ils ces héros qui marchaient à lour tête 1
Ces germains "lui déjà célebroient leur conquête 1
Ces germains tCut courbés fOlls le pOids ?e lellrs fers!
Qu'ils viennent! & bientôt bnfant les dladé,;,es ,
Ils adorent nos loix ils rougilfcnt d'eux mernes ,
Er .fervent après.no~s d'exemple à l'nnivers.
Ecoutez 8( tremblez VOliS arbitres d~ monde .,
Vou; dont l'ame infe"liblc en crimes li f"cond~ il
Laiffe à peine fi" 1homme échapper nn coup d cee'
L ' homme a conquis [es droits. 11 valls regarde en fac ,
Et [a malD libre & Ii.bre a défigné la place .
0(1 dll tiJrQQc inrolent doit fe bnfer l'o,guell.
( 7)
_
Oui, malgré v.os efforts, malgré vos Satellite,;
Déj à la liberté fraocbillànt nos limites,
A de [a voix tOHnante él'eillé vos états.
Déjà fan étendart /lotte au fein de vos viller,
Et vos fujets lalfés de leurs craiotes ferviles,
Valu enlin fe venger de vos longs attentau.
Ah ! plutôt de vos mains Mtachez leurs entraves ~
Vous amez des amis, vous aviez des efelaves ,
Valls-mêmes {aus rougir foumeltez-vous aux loix.
Ellpiez vos grandems l'ar des vertus faA~ Mche.
Hélas !.•.• à VOllS toucher envain mon cœur s'attach~,
Cet elfo" génareux u'elt pas fait pour des Rois.
Que d,is-je 1.• ô de Louis [ublime & [cul exemple J
De ce Roi·citoyen que l'univers contemple,
La. veU'l [ollv€Taine a conquis tous les cœurs.
Les cœur< voleut el1 fou le ell [a douce pré{ence;
Plus heureux que ces Rois qu'enchaîne leur puiifance,
Condamoés à gémir fous le faix des grandeurs.
Tel fut Jofeph ; laffé de {a triple couronne,
Le, remords en [urfaut l'éveilloient fur fan thrône ;
De fan rang ohez les morts il craint le fouvenir;
C'elt là que du Brabant les nombrell{es viélime.,
LiCent devant fes yeux la liIle de [es crimes,
Et ces lignes (r) de [aug qu'il diéla {ans frémir.
De ton (art en ces lieux tu vois la dilFérence,
toi ! dont nous pleurons l'irréparable ab{ence!
L'éli(ée à de fleurs parfamé ton chemin,tl ollvre à ton afpea fes -portes radieufes,
o
----~~----.----_.-----------~
(1) Qu'importe un peu plus ou lin peu moins de fang
'orlë. !Xc. Letrre de JOlepn 11 au Général d'Aiton.
�'1
,
(t)
E t der grancls citoyens les ombres glorieufb
O nt volé devallt toi des lauriers à la main.
L' 0 M B R E
Pour Hous , â qui ta vie étoit fi néceffaire,
N ons t'invoquous encor comme un Dieu tuteJairc ;'
D E
F :.lis rég ner en nos murs la dotlce égalité.
A Ces fiers cnnemis fai s oilller la Patrie,
Et grave en traits de feu dam leur ame attendrie ,
L 'amour de la jultice & de la liberté.
LIBERTÉ, prends ton
' M 1 RAB'
E, AU,
É L ft"G 1 E A P '0 THÉ 0 T IQ U E
vol! parcours l'Europe
coticre ;
Cent peuples avilis couchés da ns la pouffière ,
Vers toi lèvent Envain lellrs bras chargés de fers.
g ue
t0 9
code immortel ré véré d'âge cn age,
~
.-
ÂytC la ~rration dt tous lu Faits dt
SJpulturt.
1 rio mphant au So{ph ore & {ur les bords du T age;
SQit ua Dieu pOUf la F rauee , un Roi pour l'Unirers.
fo
,Par untCicoyen de fon'Départemellc.
A Signe le x8 Avril 1791 .
A Paris
, l'. n fecond de
la ,liberté , 179"
.F~R,(\, ~ ,ç
ArS ! que le plus , morlne filence
regne aujourd'hui [ur [Ollie la Nauon , Retenez
,11 0 Iflome,nt vos [aoglots ,& vps lar~es , p our pr~,
Jer, \joe ,oreille atten!Îv,e jlu,'!: ,merveilles que Je val'
,'O'lS racÇlOter.
,
LaJII~r!lue sr~elle [e , prép,~roit à Irancher,les JOu~s
.~e M~l\Al\,~~U , un peuple lilO~" '1[e ento~rol~ fa mal.Ion , l;iqçe ui~u<!e , & la cmote
,p'e: gnolenl ft"
ious le.s vi(ages , les ~llarmes glaçOleol toUS I~i
,p:~ars .' .~ SRm~e .li [a ,Ftérence eûtlU rel~
re
li. MARSF.ILLE. de "Imprimerie de p, A. F AYET' ,
Imprimeur de lJ t-;Zl tiun 1 rue du r;; v i 1J.Q~.
•
�Cl. )
l'amê de te grand-hemme-, ce pëüple..pâlIoi /es
jours & les nuil s à (a pofte dans les plus grandes
perplexités, !orC'l~'enfin !Jne voix funebre prononça
ces trilles paroles; MIRAB EAU N'nT PLUS!
Un cri douloureux & terrible fe fit entendre autour de (a demeure; il retenrÎt bientôI dans l'Aréal'agB national: & la France le répéta.
Cetre maft ptém\llll\ee accréditant d'es (oupçons
qui s'étoient répandus , on vilite (oudain (a dépouille
mortelle; ô -do\!leqr " les VFilics , le travail, le bon·
heur des Français, avaient (euls accéléré la derniere
h eure. ,Paris (e ra!J'ure "il ne craint plus .pour nOI
L égiOateurs., mais Ces larmes coulem en abondance.
Il a vu s'éteindre dans (on (ein le flambeau de la
iiberté , il a vu s'éclipCer le (olell 'Ile l'éloquen(e,
MIRABEAU a (uccombé (ous le poids de (es augulles
travaux.
A peilie la renofIlmée .àvoit-elh: publi~ette nouvelle affiigeante , que les LégiOateurs Français, par
un élan d'amour. pour la Patrie , ·lai!J'ent éclater
leurs regrets finceres & unanimes, & (e prépar,ent
tous à lui rendre les derniers h~nneurs : la..Franco
emiere veut reclleillir les cendre! précieu(es 'èiu pere
_de la, Conllitution,
'
"",
Ce, peuple dont il a cimenté la liberté, de peut
,'arracher des lieux 'qu'il habilOit; les citoyens y, accourent de toutes pam ; ils ne peuvent (e per(uader
que MIRABEAU n'exifle plus; ils croyent encore entendre ,"ette voix élo,quenre & per(uafive, dont les
; a.:cens majefiueux retenti!J'oient n'agueres (lads le temt l'le de la Confiitution , & dirigeaient la matche ' ra~ide dei}}ouvelles Loix : vains phant6mes de l'ima-
( 3)
~ br
1
gio3tion / eff"et naturel des talen! rare~ ~ '~' Ime~
Ce n'éloit plus qu'un écho qui (e ~epeto\l dans I~
cœur des amis de la liberté; Il!. Mirabeau gatdOlt
un éternellilence.
,
Déj a ta trompette bruyante annonce au 1?1n les ap: '
pareils funéraires, & le cortege rompeux qUI va parOItre, Mais le peuple ouvre à peine rio paffage a~ premiers (oldats qui fe préCentent pour l~ faue eca~ter.
Il (emble craindre pour la (econde fOIs I~ perte dune
tête auffi chore , il Cemble encore voul~1f la fi~er aù
' 1' d r. "oule innombrable &. ferre e, TeI!.n fils
ml leu e"a l'
, 'bl
.(
infortuné fatigué d'un (ommeil penl e ~ cro.
embra!J'er 'encore un pere qui ,n:e~ plus, : helas.! le
reveil diffipe (00 il1ufion , & lUI fall (enm plus v.vement le malheur de Ca perte.
,
Cependant la ma r~he comm: nce. E,lIe n efi p~
fi analée par ces fa ns eclatans qUi condUl(ent les It~
o aux champs de la viaoire ; des roule mens (our s
~Slugubres des accords plaiotifs & touchants (O?t
,
d i t & P'ortent au 10'A
les .vant-Coureur! e a mor ,
,
la trille!J'e dans touS les cœllrs. L'on rer.narque d abord cette brillante cavalerie, dont l'acbve vlgllance
dl le !idelle garant de la tranquillité p"bhque , dont
l'ac, ea & le courage en i,mpoCent aux ennem •.s de
la : auie, Le coure.er de la Fayette, Cct',I, i,an~~Uld~;,
fuit triO .èment au milieu des rangs: Il e Il a' ement dillinguer par l'éc1àt de fa blancheur, Il!. la hmplicité de fon harnois.
,
L s Cha!J'eurs marchent apré~ la Cavalene,
font eà la tête de leurs b'H3illons r~~p~alA;; ce~te
troupe légere li{ fameu(e par ~on aglh,te au dmaOl<;tes
ment d ei armes. Lei Grenadters (ulvent e 1I
&:
- A 1.
�( 4 )
•
cette trou~ ils ont en lête les redoutables . Sa:
peurs, armés de haches énormes. Le nom de Grenadier fuppofe ' J'exemple de l'honn eur, du courage
lX de 1.. fubordinalioo. Les Voloiitaîrês, dignes
tmules des uns lX des amres, terminent la mar-che de chaque bataillon. Tous ces guerriers de la
Patrie portent leurs armes renV( rfees , Il< fixent leurs
ye~x vers la terre. Le peuple (e pre(fe 'poUr être
rémoin . de leurs gémilfc'mens. A la fuite dès ba·
taillons nationaux , l'on voit paroÎtre ces vieillards
vénérables (*), dont les nobles cicatrices rappellent les pénibl"s travaux, 'Il< les brillans exploits.
Ils Ont voulu quitter un moment leur pailible lX
magnifique retraite, pOllr ajouter par leur préfenee
à la majefié de ce convoi. D es militaires de tous le!
Corps lX de tous les Ordres fuiveDt ces refpeB:ables
guerriers.
.
. Après ces milliers de héro~ français, un nombre infini d'enfans , efi précédé par lé ligne révéré
de notre foi. Chacun d'eux porte une torche funébre. L", Prêtres fuivenl en chantant les hymnes de
la mort. Ici paroit le cercueil ou rep o ~eDt à jamais
les refies glacés du grand MIRABEAtJ .......... Il eft
précédé par un voile funéraire ; quatre Légillateu(s
Je portent aux pieds du Cercueil ; d'André, l'une
des plus fortes colo.ncs de la Conl1irution , Chappus, Pochet , Audi cr, quatre Députés , (es dignes
Collegues, tous R epréfencans de la ville " 'Aix, nom·
més à cet honneur par le Pré/ïdeDt du Sénat national. Le. guerriers nationaux, dont le patriotifme
( 0) Les Invalide,.
•
ell connu
(s)
par les plus grands facrifices à la révo-:.
IUlÎon, Ont fe lJl~ été choir.s pour porter ce dépôt
précieux. Les pareos, les amis, les (erviteurs de
MIRABEAU, enveloppés dans les crêpe ~ de la trifteCfe, {ulVent, eD pleurant, (on Cercueil, Il< mouillent chaque pas de leu~s larmes. Enfin 1 mille iDCtrumens divers font entendre les accords harmoflieux & parfaits d'une marche impo(ante ; c'efi la
vive peinture du feotiment général qui anime les
Françai. pour le bien de la l'atrie.
C.ft ici ou (e développe la majefté 'de la Nation.
Tous fes Repré(entans marchent au milieu d'une
double haie de Garde nationale. Ils foot fuivi~ par
tous les Membres de l'Adminillration, les Municipaux en écharp~, b O fficiers de- tous les T ribunaux, Il< enfin plur.eurs milli. " de Citoyens &
di femmes de tollt état, tous les Membres de diverCes Sociétés l'airiotiques, terminent cet immen(e
Correge, dont la marche cil fermée par un gros de
Cavalerie.
Gel! ainli qu ~ la France entiere honore les grands
hommes. C'.1l ainr. qu'une nation libre chérit Il< regrene fes libérateurs.
Cette pompe majetlueuCe , ou les regrets d'lili
grand peuple fe maoifellent par Ces repréfeorans,
eux l'eux d'un million d'hommes, arrive au temple
où le corps doit être pofé momentanémenr. Le f",leil qui fembloit l'avoir conduit jufq u'à ce lieu facro,
accélére {a courfe ra pide Il< fe précipire (ous l'hori(on. C e Il'efi p~ ' dans ce temple , que l'urne précieufe doit demeurer à jamais. Une bafilique Cuperbe ,'éleve au milieu de la capitale ; elle ~ dé·
�.
( 6 )
diée amt verlUS d!une fimple bergerc, (+) qui , du
rein de l'Eternel protège les heureux habitans de
Paris; c'ell dans ce lieu delliné à recev,,;r les cen·
dres des grands hommes, que celles de MJI\AB EAÙ
demeureront il perpétUité.
A.uffi-tôt que le cercueil ell dépo[~ dans le temple
mille gémilfemens éclatent de tOUles partS; les [a nglots redoublés fe mêlent aux chants funebres : touS
les amis de la Patrie Ccmblent vouloir expirer de
douleur ; lor[que lOu!.à·coup un bruit [emblable
à celui du tonne'rre Ce fait entendre,au haut des airs.
Les colonnes du temple en font ébranlées; la vout~
s'entr'ouvre /\( laiŒe voir aux Français élOnnés une
clarté célefte dont l'athmo(phere paroit embraCée.
-Mille globes de feu deCcend ~ nt de lïmmenfité des
cieux, /\( couvrent la France entiere de leurs rayons
lumineux. Au milieu de ces Cpheres ignées , paroît
une étoile mille fois plus brillante, elle émane tOUS
les feux dont le ciel paroÎt enflammé. Frappés d'une
(aime terreur, les Français oCent à peine fixer cer
étoooant météore : ils a!tendent, dans un filen ce
reCpetlueux /5( profond, les merveilles qu'il fembl e
leur annoncer : toutes le~ ames font Cu(pendues
eotre l'admiration /\( la crainte j mais à J'inllant,
ceue étoile reijllendiffante fe précipite Cur la terre' ,
elle entraîne avec elle ces globes enllammés , &.
-tous réunis eo 'un Ceul tourbillon de lumiere, viennent
{e répo(er fur la cendre de Mirabeau. 0 prodige!
ô fpetlac1e Cublime ! Ces cendres fe raniment. MI'
( 7 )
rayoonaor de gloire, app;Toit aux Fran.
çois qui déploroieflt fa pene. D'une main, il préIente à la France éplorée un (eeptre /\( une cou·
ronne j de l'alltre, il embraffe la libert ~ ; Thénlii
ancRd qu: lque nOllv~au décret; l'éloquence lUI pré'.
,pare , un dlfcours , 'la renommée plane {ur Ca tête
.!~ , ~Ioire l'environne-/\( lui préf~nte une 'couronn~
cIvique.
. Ombre chere à ~os cœurs! N'entendrons nous pl~
les accens de ta VOIX l ne Cera-tu pas encore l'inter,prète des décrets érerpels de la Julliée l Hélas l vaine
i~lu~?n ! ~on ; tu -~~ diaeras l'lu! !e~ loiJS de la con(.t~tu110f\ a ce peup le, que ta mâle éloquence renait
libre /\( heureux! Telles étoient DOS trilles rélléxions
~, l'af~etl de c~tle ombre merVeilleu{e, lo;fqu'o?
V)t b~iller tout a coup dans ~es regards le feu divia
du Pa\riotifme ; /\( la voix foudroya ~te de l'Orateur
• fra ~ça is, prononça dilHntlement ces paroles.
Nation à jamais 'heureuCe ! c~lme ti douleu~.
Tu viens de conquérir ,ta Tiberré, mais appreods à
) a conCerver. Mon génie a dû guiller fa dépouille
mortelle, mais il 'planera (ans céffe' fur ,toi: Tous
~es ,glabes, enff,ammé!, qui m'enviroq?oi~~t de leur
lumÎcle ,/){ CUf, 1erquels je répa/ldp\s ~e~ fewr.,
e-èfient ponr toi, dans le temple ,de la eoollîtutiOo.
' "J'OIls 'le's Légifla~eùts , animés 'd'uô 'même eCprit,
confo'mmeroot le grand œuvre de ta liberté. J'co
-ai p~Cé les ' bà(~s irI;~uables , c·el.! ~ toi maiotè·
QaDt à les raffenmiJ:: contTe les .efforts dUrtell1'.. Rerpeae les décrets de ton aréopage , ils foot ra vo·
'ô'litt"filpreme : l'anarchie Ceroit lit poi[OA~GIlt ru
l'abreuveroisn ei-même. Honore tes. Roit, ~ ib le IODt
I\A SEA t1
o
... : . ,
(0) Ste. Genevieve.
10"
{
-\
!
n
�( li )
lIécecraires; obéis il la loi doot ils (ont les Gardiens,
Ecar(e ~e IOn {eio les faé\ieux 1\{ les méchans,
ariflôcrates patriotes, ils {ont également dangereux;
d'ailleqrs ces deux titres {ont inlignifians ; 'bon ciloy.en., ell .celui ,qui {eu bien {a patrie: Voilà l'hom~e la Conf1:itutioo. RaRpelle-toi {ans ce!re de
100 {erment fedératif , 1\{ fois bien intimément CQO,aincu fl.ue la dellruélioo des (amilles, la chOte
'd~s gra"d; empires, (ont toujours l'œ\lvre des factieux, ~ &C; l'ahar'chie. Français vivez unis 1\{ je
'pré~derai roujours à vos b~ IIes dcflillées. Elle dit;
•I\{'.s'.envellqpaot 'd"ns !un tourbillon de flalllme , elle
aifpar.\lt aul' yeux de .l'A!remblé,e ; mais
repre.,Daot ron vol vers les Cieux e-lle larS'â des vives édn'
telles daos le cœur de toUS les affiflaos; ils furent
:ilç,él~i(ès J'ar 'le -feu brOlant ~1I vrai patrioMme;
on oublia bient~t les relies inanimés de ce puiffant 1!éqie~ , c~.aq.ue Françqis emporta dans (on ame
',ûJte ponjo!lAe celle de MIRABEAU.
;Prp~OT/ct flqf1S r,lf:le , Sp~ittt'pflt~iotfql{e de gm's de
me
cr
:?(/fr~.~ar,s.1l,ffi.A~IN ,/I!ON;rFERRle!l'
Nqta, ,Le ~~r~r de Mir.be.~ fut' ~ép<!fé da,ns l'Eg)ife de
l Sr. Eufbche , eln ~ttendant cl.'!rre tranfponé à Ste. Géné ..
4.",iev~. Pendanr: qu~n rairoit !'abCoute 1 le fufil d'~ n garde
Nltion.l • .fit feu ;' li,bale fut frppper pan. une ,vqul~ fou-
lteoue par) ~F très-p(tires colo'Jnes. .gothiques, St en ~étacha
po quartier de pierre a{fez gros. qui par fa chille penfa écra •
..(er1 un ;eJne bomm~. Cet événement m'a fait naîne l'idée
ile la ' fiai~n. " Mais' ll: récit ell n è._n.a jufqued
que.
"
<ClIC
ipo'
. ,
f
-
lSJ,.,; '
.,'. '
'1
JJ./
DÉTAIL
CIRCONSTANCIÉ de la m~rc de M, de
MIR A B F. A Y, () le précis de Jarl
T eflamen c•
( Extrait de la Chronique de Paris. )
LA
grande ame de Mirabeau s'ell exhalée hier
matin vers dix heures; fa mort a été aulli impo{ante qu'avait éré fa vie; la conllernation ell généraIe : atteint d'un mal dont il ne fe dillimulait point
le danger, (a fermeté ne l'a pas abandonné un feul
moment; li vré au (Qin d'un ami. dOn! il connoi[{<lit l'attachement , il ne voulait poiot voir d'autre
médeci n; c'ell: avec beaucoup de peine qu'on lui
fit recevoir M, Petit; mon ami, di(oit-il à M. Cabanis, ,'cft pour vous qu, je ne veux point voir M,
Petit ,Ji je revims à la vie vous en aurez tOUt ft mériu & il en aura tout< La g LOire, Ce mot touchant
fuffi: pou r confondre ceux qui ont prétendu que
Mirabeau ne pouvait connoître l'amitié: l'in{enlibiliré ne (aurai t s'altier avec I~ génie,
Nous foul ageons notre deuleur cn citant eo~
,
: :o\.AlX.,. ~C): .l", F.rere. , M.o~t.t ,fur n01p(l1'': À;Jpachin
franfillon, Impr . _ Libr. au Palais.Royal; HIes n .1)301,
DUifoo. 114-
A
�( 1 )
core quelques traits qui feront connaître l'homniè
que nous avons perdu, & qui n'a , pas ce{fé d'être
grand un [e ul moment.
"
D eux jours avant fa mort. il emendit Un bruit
extraordinaire, il en parut (urpris; on lui apprit
que c'était un coup de canon, foraient -ct dlj f! ,
s'écria-t-il, les f unlrailles d'Achille.
Un concours nombreux de citoyens atriégait fa
porte; la rue était toujours pleine, & 1'00 voya \t
bien au filence parfait, au calme qui régnaient,
que c'é tait l'iotérêt qui les amenait, & non la
curiofité ; malgré leurs préc autions, les oreilles
de Mirabeau en fment frappées: c'ea le peuple ,
lui dit-on, qui veut {ans ceiIe apprendre de vos
Douvelles. IL m'a tté doux, répondit-il , delli .Te
p our le peup le , il me fora glorieux de mourir au
milùu ife lui.
Il ne s'ea point di(limulé un {eul inftant les
dangers de {on état, il a voulu que M. Pctit l'en
rendit certain, & l'a remercié de {a fran chi(e.
Ses foultrances ont été c(ueUes ; les facultés
intelJeétuelles de Mirabeau ne pou vaient pas (e
déforgaoi(er ai(émem; les douleurs étaient plus
difficiles à fupporrer que la mort, & cil es n'ont
point abattue (on courage; cependant, peu d'in frans avant d'expirer, il a dit à M. Ca baois : quand
un medetin traite fan ami, il doit lui / f'a rgna les
angoifls de III mort, & lui donner de l'opium.
Avant-hier au foir , il reçut les députés de
)' AlTemblée Nation~le. On doi t traiter, dit - il à
M. T alleyrand , l'importante quellion de$ (ucccffions ; j'avois préparé , fur ce fu jet , un travail
uti le: lifez-Ie, fi l'Alfembl ée v eut le permettre ;
il fera peut· être iméreaanr d'entendre) {ur les
( 3)
,~ ,
fucceffion~ ,le di [cours d'un homme qUI aura l?lt
te{lament la veille & qui (era mo rt le malin.
.on
,
Er
ï
Il de (ira enCuite y faire quelques c?rre Ions; 1 Y
a joma même quelques articles 'lu tI d,Ua a vec la
'Plus grande tranquillité; & c?mme,o n ne trouvait pas facilement les _en,drOl~s 'lu tl voulaIt revoir & corriger, qUOlqu Il eut prelque tout IF
corps gaogrené , il to~rnait les femllets de la
main qui était libre, & mdlquOIt les palTages avec
r
précifion.
,
'
D ans une criCe violente, Il pna [on valet-dechambre de lui fomenir la tête : Souilve-lil , dItn , tu n'en porteras pas un< pa~",lIe ! Ce, m~t
dans Mirabeau vivant , eût ete un , lemOle d'o ro ueil - dans Mirabeau exp irant ,
gn a g
"
' "
' 1 "
t de
il érait prophétique; Il devançall e I~g; men,.
la pollérité, « On m'a acculé, dirall-Il , d erre
'1 e {emble pourtant que la polrrop o ltron, 1 m
" '
d
ne rie
la crainte de la mort ; 1': 1allen s avec
& J"e la vois (ans craInte.» Le rcfu.
' d
cemlU e ,
d'- r 1
"
b
a fai t de répondre à 1010 entes •
que M Ira eau
,
d
" ns le courage qu'il a montre pen am
provoC3110 ,
d "
1!
, & à ra
mort , 1\{ ces erO!eres paro e ,
1;
{;a VIC
(o nt un t ra ité contre le duel.
e le mémoire lu à l'affemblée (ur les Cuct
Ou
.
'
t autres
il en ar
remis aux depmes qua re
ce (lilO tiS ,
d
•
fiur l,
très-importaos for le mariage es prrtre' ,
_
J "
~u' r l'tducation national. , for les acadf
ea
Ulvo rce • J '
mies .
.
d
d
11 a fait foo teftaroent & inaitue , ma, ame u
Sailla nt une de res (œu rs, fon henue;,e. d'
Ce fl;t à la voix de Mirabeau, que a? e, d
\'affemblé e le deuil de Franckltn ; la
c re~a 81n~ d ' le me'n;e homm age , elle doit faire
ca llon UI Olt
�(4)
plus ; c'ea dans le cha mp de la co nlht lltion, près
l'autel de /a parrie, que do ir être placée la tombe
de ce gra nd homme.
Du Gue{clin, au tombeau, (ou mit encore des
villes. & le nom de Mirabeau fera à jamais le
cri de ralliement d es bons ciroyens,
D ans cette carrière qu'il parcourut, d'un pas
h ardi & sûr, combien de pygmées vont paraître
des géans.
Soldat, fous Alexandre, & roi après {a mort.
Ho norons par de s marques extraordinaires.
d'cl1:ime & de rec onnaitrance. le premier grand
h omme qu'ait perdu la France régénérée.
Son fecrétaire s'ea bl etré de quelques coups de
couteau; on ignore la caure de cet événement,
Le vendredi, à une heure après midi, M, de
Mirabeau fir (on re/lament. M. Combs, pré{umant que dans la di{polieion de {.s eflèts, il avait
indiqué les (ommes & le lieu où elles éraient,
(e troubla. M, de M ira beau, vers le {air, demanda (a boëte, on la ch ercha long-tems. M,
Combs la rapporta. Dans la nuit du ven dredi au
[amedi , le malade, voulant remettre quelques pa piers à un de {es amis, demanda {es œlefs; pendant quatre heures, elles furent cherchées inutilement, M. Combs ne paraitrait pas, M. de Mira.
beau, dit alors dans un mouvement d 'indignation.
<ji-ce 'lia 1urkJue turpitude l'irndrait empoijùnnrr
mes derniers momms? Qu'on faffi monter L'officier de garde; l'oilicier monta. Le malade après
lui avoir fair le. remercîmcl'ns les pills tduchans
& les pills liocè res lilr les attentions dont le
~ombbit la garde nationale, aj"uta : je voUs con-'
jure, monjieur, p'r toule l'autorit{ 'lur peul'ene
( 5 )
IIvoir les demitres l'olont{s d'un homme mourant;
de chercher à l'inflant ",on [ecritaire & de fui fair< rendre mes cltjs. On monta çhez M. Cocnbs;
un garde national arrivant à fa porte, l'entendit
prononcer ces mots: lumi~re, lU {claireJ rmgrand
!cû{,at! On frappe à la porre, on l'enfonce, on
trOUVe M. Combs percé d'un coup de can if, &
qui Ce plaint ,,'avoir été empoifonné. On .Iui redemande envain les clefs; après une demIe heure de recherches, elles Ce trouvent dans les cendres du foyer.
.,
,
M, Combs, dit· on , a vaCle dans Ces declaratians; on affure qu'il a fini par -lOut avouer & par
racomer les faits comme oous venons de les el(po(er. Nous Commes loin de, _l 'a c~u[er '. & nous
délirons bien lincèrement qu 11 pU1(fe lul1:efier , par
{on innocence, la confiance Can> ré{erve dont
l'honorait lin grand homme.
, .
Nous reprenons Aotre amigeant precIs. - Les
douleurs de M. de Mirabeau augmentaient d'une
manière rffrayante. Le famedi matin, elles. étaieo.!
extrêmes. Preffé du beCoin de les termmer, ri
effaye de parler à fan médecin, Sa langue {~r:
{u{ait à fa penfée, Il demanda du pap.er, & eenvit : croyq-l'OUS 'lue le [entimrnt de la mort jolt fi
douloureux 1 On paru ne pas entendre cette phrale. Il redemanda le papier & écrivit encore:
LorHue fopium ne pouvait (1 )
don~{ fa?S
avancer une dejlruaion encore mcertame, ç eûJ et{
un grand crime 'lu, de "adrninrjlrtr. ,
Ma Îs lor/que la nature a ab"ndoml< une mal-
ét-:,
( 1) Il avait oublié le mot pouvait, IX l'écrivit en
inter/;1\ne.
.
�( 7)
( 6 )
'Ilurtu!' Jlié1intt, lorfiJu'un phénomrnt Jéul pourraIt
la rappeller li la vit, lorflJut fopium même n'lmpêc1urait pas ce plzlnomèlle , s'il aJiait Il lrifler,
C011tmtnt peut-on avoir la barbarie de laiffir expirer fon ami fur la roue? (l),
Le médecin lit cet écrit & garde le filence.
Le malade Ce reléve bru[quement , refaiGt le papier, le replie vivement, a vec l'air de l'impatien ce , écrit [ur le revers : dormir.
Dans l'infiant qu'avec un gefie d'humeur, il
pré[entait ce papier au médecin, la parole lui revint: s'adre/fant à M. Cabanis avec ce mOU'18ment, cette richcffe & cette pomped'expreffions
qui caraél:érifaient Con éloquence, il lui peign it
{es incroyables douleurs, dies font infapportahl", lui dit· il : j'ai encor< pour an ji(cle de force ,
I~ n'ai plus pour un injlant de courag'. Il par la près
de dix minutes avec une aaion fi vi ve & fi touchante, que les larmes coulèrent de touS les yeux.
Ce fut le chant du cygne; une convullion interrompit fon di[cours ; elle fut (ui vie d'un cri de
douleur, & il expira.
M. le curé de St. Eullache a paffé ch ez M. de
Mirabeau une grande partie de la foirée du vendredi. Un PrêICe de la -même paroille y était, lorfqu'il efi mort.
Par fan tellament , il a inilitué M. de la Marck.
fan exécuteur tefiamentaire ; il a lai/Té à cet ami
[es l'aj)iers relatifs à la politique & à la révolutian, à MM. Cabanis & Flochaud ceux qui concernem la littérature.
(2) Toit[ ceci efl: écrit de mémoire, (ur le rapport
d'un ami de M. de Mirobeau.
L'idée d'inhumer M. de Mirabeau au champ
ôe la féderation, fous l'autel de la patrie, nous
paraît grande & digne de lui. Mais comme il faut
garder les convenances religieufes dans une cérémanie, qui chez tous les peuples a été confacrée
par la relig ion. Il'1erait à propos que l'on trac ât
autour de l'autel une enceinte fermée par une balufirade de marbre noir, ;& defiinée à recevoir
les refies de cet homme immortel. Ce terrein.
con{acré par M. l'évêq'ue de Paris. deviendrait
une t'rTe fointe & .patriotique, & dans les honneurs nouveaux. décernés par une narion libre.
{es cendres n'auraient rIen à envier à, celles de
Turenne (3).
On a fait hier l'ouverture dl! corps de Mirabeau, en préfence d'un grand nombre de députés des feaions, & de quelques citoyens pris
parmi le peuple qui alTiège fans cclle fa porte.
ne pouvant s'éloigner des trifies refies de celui qui
l'a tant aimé & fi bien {ervi. On n'a rien trouvé
qui pût jufiifier (es Coupçons qui s'étaient élevés
fur la caufe de Ca mort, Coupçons qui ont toujours
été avancés fur la mort des grands hommes d'état;
les peuples pouvant rarement fe per{uader qu'une
perte qu'il craint, fait namrelle, Nous publierons
le procès· verbal des chirurgiens qui a été lu publiquement.
L'alTemblée nationale, le direél:oire du déparlement de Paris, la France entière s'occupe des
moyens d'exprimer la reconnaiŒance publique d
(3) Pcrfonne ne proparera-t-a d'ouv~ir une (o~(cri~
,ion pour elever un tombeau à l'ev~ngeldle de la hbenc.
Les [peE/.c/es ~nl iré firmis le Jour dt f. mort.
1.
�(0
!"
l'égard de Mirabeau; mais le peuple; guidé par
cet inllina qui le trompe, que lorfqu'on l'égare,
lui en a d éj ~ décerné de très-fl atteurs, I l a effacé
le nom de la rue qu'il habitait, celle de la chauffée- d'~ ntin , /le a écris à la place : rue de M ira-
beau,
La {ociété des amis de la conllitution a dé'c rété hier d'affiiler en corps aux fun érailles de
Mirabeau ; de porter fan deuil huit jours, de le
p rendre tOUS les ins le jour de l'anniverfaire de fa
mort , /le de faire exécuter en marbre fan bufie ,
au bas duquel on lira ces paroles mémorables
qu'il prononça, le jour de la féance royale , à
M . de Brézé, qui venait ordonner 11 l'affemblée
de Ce di ffo udre, A lle{ dire ceux 'lui 1I0US tnlloient
'lut: nous fo mmes ici par la lIolont' du p eupk, {J
'lue nous n'en foTtirons 'lue p ar la p uij[anet ,,~s
bayonnettts.
La (ociété a témoigné les regrets les plus hononorables fur fa perte, /le a vivement applaudi M .
Barnave qui en a parlé d'une manière vraiment
touchante,
a
A
MAR S EILL E,
De l'Imprimerie de JEAN Massy , Père & Fils ;
ImprimeufS de la Nation /le .du Roi ,
•
'J
-~I~: ~:~:=:::
~
LANTERNE
M A GIQU E NA TIO N ALE.
L
...
A voici la voilà, mellieurs, mefdames, la
lanterne magique nationale, la picce vraiment
curieufe. Vous allez voir ce que vous n'avez jamais
vu, ce que l'aurore de la liberté feule pouvait
produire, le defpotifme /le l'arifiocratie, le def·
pote /le les ariftocrates , traités par la nation,
comme le diable J'a été autrefois par le bienheureux Saint-Michel. VOLIS verrez les guerries citoyens , les citOyens guerriers, les héros de la
Ba{(ille, les troupes légeres des fauxb ourgs Sain!Antoine & Saint-M arcel, les chaffeurs des barrietes,
les capucins Have{(is en fapeurs, les dames de la
nation, /le les nones défroquées , /le toute l'armée
patriotique, /le 1'.Jlufire coupe- tête, /le le bon duc
d 'Orléans, /le le châreler, /le la , lanterne, /le:
tOlites les merveilles de la révolution. Enfin vous
a llez voir ce que vous allez voir, la vue n'en
coOte rien; on rend l'argent aux méconrens) /le:
.
A
�(l )
1I0US l'ayons à bllceaux ouverts, comme la caitre
d'efcoRl pte payera au mois de juillet.
BQI1U/n
principium [adt bonum jin'm.
Vous n'entendez pas le latin, ni moi non
plus j mals l\Cl éha.noine de mes. pacens, à qui on
a tout ôté, excepté {a {cience, m'a dit que , cela
vouloit dire, 'lll-'efl commençant bien on finiftoit
•
de même.
Ecoutez: primo d'abord.
La gén~logie de norre·dame l'atremblée nationale, ~ de (a çhere fille la con/titution.
Necker engendra les etnprllnts viagers, les
emprunts viager3 engendrerent le déficit, le déficit engendra Calonne, Calonne engendra les notables, les notables engendrerent l'archevêque d:
Sens, l';archevê'l,ue de Sens engendra la cour pléniere, la covr pléniere engendra le mécon\entelÎ1enr, le méconte~ltement engeodra Necker, Necker engendra la ' double repté{entation , & la
ii~uvelle convocation qui engendrerent les curés ~
les avocars, qui engendrerent l'a(J~mblée niltionale,
qui engendra la, prérendue cQnflitution, & la prétendue conflitution engendra l'anéanritremenr des
revenus & la banqueroute, le papier monnoie ,
& la rume du royaume, la delhuétion de la no-
l' 3 )
bletre, du clergé ~ des parlemens" 1\{ la 'priron
du roi : ces derniers rejetrons, enfani parricides,
pourront bien alfatliner leur mere.
Vous allez voir en{u ite un confeil prépara-:
toire, tenu chez M, le direéteur général des finances j c'étoit le princip ..1 laboratoire de la ré,
volurion.
,
Et voilà le bon N4(H{f" j le voyez-vous au milieu
de fon confeil fecret qui prépare la conflitution :
remarquez la maréchale de B .....u cette augufle
femme qui gouverne l'académie. A fa droite eft
C ..... t & à fa gauche Harpula, Voyez-vous cette
{œur du pot qui remue la têre comme un pantin;
elle reffemble à fon augufle époux; elle parcît
quelque chofe quand elle tepréfente dans un fauteuil ; elle n'efl plus rien quand il faut marcher.
Voyez l'amha!radrice boutonnée : on voit qu'elle
médite l'orairon jaculatoire, qu'elle fe dit à ellemême, qu'il s'épuife, qu'il m'mleyt aux cieux,
'lu'il me laiffi "tomber.
,
Le grand homme redreffe fon me~t~n; JI . va
parler j écoutez: je ne. fuis pas revenu ,ICI pour et~e
baloté par le! cabales; on {ait que ~~l ~e~1 le pU1S
r.
l'e' rat', on connoît ma fupenonre /ilr. le
jauver
refle des hommes : je n'ai plus de gloire à dellrer,
j'en regorge, (& voyez le balo~ gu~ s'enfle);
�( -4 )
mais il me faut du pOUVOir; il faut me lIOmmer
diétateur, ou au moins miuilhe national ; tel eft
m'on plan.
Voyez Harpula qui Ce mouche, touere, crache,
Ce redreere; & croyant s'être donné un air important, va débiter, avec emphafe, de mauvais
vers. C'elt-là ce qu'il appelle le langage des dieux;
ciaos fa bouche, c'elt celui ,.de la fu ffifance & de
III déraifon; il offre, pour la révolution, tous les
faueurs d'énigmes, de chanfons & de madrigaux.
Cela ne laierera pas que de faire une troupe brillante.
Regardez le grand C ...... ; il va recruter
l'armée de Harpula ; il offre trois millions de philofophes , avocats, procureurs, clercs de nOl~ire ,
garçons marchands, curés à ponion congrue,
cap italiftes, ufuriers, & les femmes pour qui la
philofophie eft fi commode, & qui don neront leurs
maris, & les negres pour qui il demandera la libcrré , quand fes amis auront vendu leurs habitations; c'eft tOllt ce qu'il }Jeut faire pour la bonne
caufe; ils oe demandent, l'uo & l'aune, pour
récompenfe, que de l'argent & des honneurs.
Ecoutez la maréchale, qui, avec un grand apprêt
de modefiie , dit :
» Je fuis comme madame j'Offrin, je n'ai à vous
offrir que mes bêtes & M. le Maréchal; mais ie
( 5)
donnerai il dîner aux philoCophes & aux poëte!,
à condition que j'aùrai l'air de diriger la machine,
& qu'on donnera à mon mari une place dans le
conCeil, une place qui foit bien infignifiame, bien
à fa ponée »
A quoi le grand N...... répond:
» Vos dîners, madame, nous feront fon utiles;
c'elt comme cela que j'ai co mmencé ma répuration ",
CoufÎdérez madame N...... qui appuie l'opinion
de fon venueux époux.
Et moi, ajoute-t-elle, je vou, promets les proteftans; j'ai des correfpondances fccrettes dans toute
b France. Je la fouleverai depuis Quimper juf'lu'à
MarCeilie.
" Croyez-vous", s'écrie l'ambaeradrice avec
énergie» ,que je ne fervirai de rien, que je ne me
demener?i pas dans tout ceci; que je rdierai à
rien faire ! Ce n'eft pas là mon compte.
Je publierai des livres, on ne les lira pas; je
montrerai ma phyGonomie, on ne la regardera pas;
mais je ferai des avances, & je réuffirai. Je me
charge des nobles, je les renverrai au tiers; après
les avoir régénérés, j'en ferai des rotllriers en les
purifiant dans ma pifcine ; & li je ne fais pas marcher droit les boitellx, ce oe fera pas faute de
A 3
�( 6 )
travailler à les redrcllèr ( • ). Je ne demande ricn
ni pour moi, ni pour M. l'ambaffadeur, je le ferai
ce qu'il doit être; & quam à moi, je me paierai
par mes mains ».
Prmzùr changement de dlcoration.
Voyez , melTieurs, mefdames, un {ecrétaire
qui vient avertir M. le direaeur général qu'il ell:
attendu dans Con cabinet ; le con[ei! {e leve ; madame la maréchale prend le bras de la Harpe pour
Ce rendre à l'académie; madame J'ambaffadrice
eft attendue dans [on boudoir; il n'eft jamais vacant; la maman (e rend à Con hôpital. Tout eft
compenCation dans le monde.
Second changttnent.
Nous voici dans le cabinet de M. N..... , voyez le
petit mini(he R.... d qui Ce redreffe; le prélat d'A ..... ,
au front calme, au tein fleuri, qui écoute, & le
rabin E .... y qui perore; l'arrivée du miniltre iorerrompt leur conver[ation ; & l'oyez le grand homme
qui leve les yeux au ciel, & s'écrie avec un enthoufiafine vraiment national: l'heureux jour elt enfin
venu où la France , régénérée par mes [oin~ & les
vôtres, va devenir le pays d'Eldorado, notre raffemblement elt J'image de l'union qui va régner dans
cette heureuCe contrée; voyez le prélat qui Courit,
( • ) Voyez N. l'Evêque d·A .......
( 7 )
le circoncis qui écoute la bouche b~an!e, & R.... d
qui Ce gonfle; Oh anhonce l'académicien T .... t 1\( le
jeune héros L. ... h. Paris fera à nous; dit J'Ub ; l'armée nous {ervira, dit l'autre; écoutez-les tous parlant à·la-fois; ils ne s'entendertt plus, ni moi non
plus.
Paffons à la convocation des états· généraux.
Troifieme changemmt.
Voyez ces hérauts d'armes montés [ur des chevaux blancs, chargés de galons , trompettes en
bouche, bas de (oie bien tirés ; ils annoncent la
procelTion générale des états-généraux; voyez les
enfans qui crient , les femhles qui regardent ,
les troupes qui rangent, & le peuple qui admire.
Quatrieme clzangfmtnt.
Le grand jour eft arrivé, les rues Com tapiffées ,
tout Paris eft aux fenêtres de VérCailles, le chemin
aft bordé de [aIdaIs non encore nationaux, c·elt·àdire, de gardes·françoiCes, les places {Ont louées
douze francs. Un l'eu d'attention; la marche commence. Voyez d'abord les récolets & autres moines
& confrairies ; c'eft la tête de la procelTion; le roi,
I:i reine & la famille royale en formeront la queue;
pouvait-on prévoir que le milieu, c·elt-à·dire, noffeigneurs , détruiroient pendant leur {elTion les deux
extrêmes. ( Treye à mes riflerions, dIes n'ont paJ
A 4
�(s)
ft fins commun.) Voyons défiler no(J'eigoeurs. Voilà
d 'abord meffieurs les députés du tiers, je veux dire
des commU/u s; & non, c'elt de la nlltion qu'il
faut dire, n'ell ·ce pas l (M ais alors ils étoient du
t ù rs ; ) voyez-les en petits manteaux, en cravates,
ils ont l'air d'abbés dée;llifés; c'eft pour détrLlire
jufqu'au collume 'lu'ils ont depuis li bien traité le
clergé.
C onlidérez les deux payfans Bretons , le front
chauve du bon Gerard, fa n collume de métairie ,
&. l'habillemenr bifarre de Co rentin le Floch ; ils
Ont l'air bonnes gens : il ne faud ra pas moins que
toutes les lilggellions perfides & la fcélérateffe combi née de leurs collegues pour en faire des e nragés,
&. les mettre en aéhon ; ( mais chut ! le comité des
, echerches a des e'/pions par-tout & le chi ldet efi à
fis ordres ). C'ell ici, meffi eu rs , que je récla me plus
particuliérement votre atten tion. Voyez comme le
peuple applaudit: c'ell le grand co mte de Mirabeau;
adl1]irez fa ' frifure , la mieux foignée d. toutes; l'air
con tcn t de lui -même, qui le caraéléri fe; il Courir à
[es approbateurs , il leur rendra en motions les bienfaits dont ils veulent bien le combler. Il caufe avee,
M . Bouche (on co Uegue , c'ell une contenance ; &
les applaudiffemens redoublent : ils l'accompagneron! jufqu'à l'églife de Saint-Louis ; laiffons-Ie aller
,
(
)
(ur les alles de fa gloire ; & voyons ces paremens
m illocrates, ces velles de drap d'or, ces cb3peaux
[urmontés de plumes; tous ces paons fe pavanent:
laiffez-Ics faire, on leur rognera les plumes. Regard ez le prince par egce:Jence, le bon Philippe
cl'Olléans , le pere du peuple, il s'ell mis à (on
rang de bailliage; voyez avec quelle facjlité il a
de{ccndu le premier échellon de la grandeur ; laiffezle marcher, il fera bientôt à la bauteur des habitans
des fauxbourgs dont il aura ioceffammenr l'occalion de {e (ervir. Regardez avec adm iration le grand
la Fayette; regardez {a contenance modelle, {on
{ouris gracieux; aurait-on cru alors que dans fix
m ois il {eroit le général de ce peuple qui le regardoit à peine, c'ell cependant lui qui le conduit au-jourd'hui comme un cocher . mene {Oll maître. Il
palTe devant, mais il prend l'ordre; voyez tous ces
ducs bardés de cordons & de ridicules; ils paroiffent
bea ucoup ici; belle montre & peu d'elfet.
Nous voilà enfi n arrivés au clergé. Voyez ces
curés à portion congrue ; on les appelle aujourd'hui
de! dignes palleues , on les appellera bientôt des
ca lotins.
On leur promettra beaucoup, car on aura be{oin
d'eux; tiend ra qui pourra, ce ne font pas nos
affaires. Voyez parmi eux quelques moines de toutei
�CIO)
couleurs, cela détruit la monotonie de l'unitormhé;
mais réfervez toute votre admiration pour l~s prélats,
leurs rochets de dentelles, leurs robes de pourpre :
voyez le jeune prélat d'Autun qui ne marche pas
droit; voilà comme il fe cooouira aux états-généraux. Confidérez un grouppe de gens qui l'applaudilfenr , c'eft un raif~mblement d 'ufuriers &. d'agioteurs qui comptent filr lui; il ne trompera pas leut
efpoir. Enfans d'! {raël ! voyez votre Îouticn. Regardez le refpeétable cardinal de la Rochefoucault , {es
cheveux blancs &. fa barelle , il a l'air d'un patriarche qui conduit &. prélide la procellîon; mais
il fera bieotôt confondù, pourfuivi, anéanti: il eft
c;ependant encore. plus hotlj1ête que fa phyfionomie,
& c'eft beaucoup dire.
Voyez à la fuite de nos futurs légillateurs, la famille royale à pieds; c'ell: l'emblême de la pofition
où on la lailfera. Nous avions alors un roi &. une
reine. Voyez l'air de bonté qui caraétériCe le monarque , la ooblelfe &. les graces dont la nature a
paré notre fouveraine ; l'abandon populaire de Monfieur, frere de notre roi, l'aimable légéreré de M. le
comte d'Arrois. Voyez les Condé, les Conti, les
Angoulême, les Berri, &. regardez-les bien ; car
bientôt VOliS ne les verrez plus. Confidérez les Princ;efTes &. leurs dames-d'atours, &. les carrolfes de
( II)
paradt &. les chevaux panachés ; voyez les panes
&. les valets de pied, &. les gardes-du-corps &. les
cent-Cuilfes en habits d'Arlequin, qui c{corrent tOllt
cela; &. tout cela va en pélerinagc pour demander
au Saint-ECprir qu'il deCcende [ur les futurs légifJateurs. Ce font du tems &. des pas perdns , le Sainte{prit ne s'en mêlera pas, mais bien le diable avec
Ces cornes.
Cinquùme changement.
Nous voici rran[ponés dans l'égliCe de SaintLouis, on a de la peine à ran ger toUS les députés,
ils commence)1t deja à tenir bien de la place; voye2
toUS les foins que Ce donnent mellîeurs les maltres
des cérémonies & leurs aides-de-camp ; enfin, voilà
tout le monde à-peu-près placé. Voyez le petie
évêque de Naucy, qui pérore, & tout le monde qui
écoute, &. le comte de Mirabeau qui prend des
nores ; c'ell: la bafe de fon courier de Prbvence: &
l'évêque qu'on applaudit, & la melfe chantée. par
la mufique du roi , &. chacun qui ,'en va. (Allonsnous -en les gens des noc<s, fi !lons-nous-en chacun
cht{ nous ).
Sixieme changement.
Voici la grande olcverrure des états - gél'léraux;
voyez la Calle des menus, aggrandie, ennoblie par
fa defl:ination , les uavées ont été remplies dès la
�( 12 )
pointe du jour, de ce que la cour & la ville offrent de plus brillant. R egardez le trô ne, les bancs
des miniftres; à droite, meilieurs du clergé; à gal>'
che, la noblelfe; & vis-à-v is, la fmure nation. Le
roi arrive, & l'on app laudit; on porte devant lui
l'épée de Charlemagne; belle inurilité ! -la famille
royale {e place, le grand Necker s'avance; il leve
les yeux au ciel, il va nous lire lin mémoire qui,
quoiqu'un !impIe apperçu , durera qU2tre he ures ;
vous l'avez entendu une fois; t'eft bien affez_ Paffons
à d·autres.
( 13 )
côté, & de l'autre, quelques efprits brouillons &
méchans, qui bientôt quitteront & trahiront leur
ordre, rinlérêt ou la crainte les guide prefque tous.
Regardez le duc d'Orléans , chef de cene derniere
minorité, il ell là comme par-tout ailleurs, en mauvaife compagnie; c'eft affaire d·b abitude.
Neuvùme Changemm!.
Voici la falle du clergé. Voyez le bon vieux car·
dinal qu'on a élu pré!ident. Voyez les prélats & le.
curés qui {ont en pré{ence. Regardez l'évêque d·A ... ·
& l'Archevêque de B..... qui intriguent. Entendez·
vous le {on des lou is qui fe comptent l L'air bienfaiteur des deux prélats qui payent, ou plutôt dillribuent, la figu re reco nno iffante des curés ql1i reçoivent, & l'air de premiers pris des autres évêques.
T out royaume divifé fera détruit, dit l'écriture ; le
clergé {ubira la loi com mune.
Mais venons aux grandes. marionettes, à la {aile
du tiers; c'eft un fpcél:acle de nouvelle création.
Deux mille [peél:ateurs occupent le pourrour de la
falle. Mirabeau n'eft pas encore écouté, quoiqu'il
parle beaucoup. Malouet efi déja arifiocraù{é. Rabeau métaphyfique {ur la pointe d'une aiguille.
L 'abbé Sieyes prépare la révolution. Bailly {onne,
il efi bien éloigné de lire dan s les afires auxquels il
rêve {a très-prochaine élevation. Chapelier guette
le moment favorable; il viendra , & le fin matois
{aura le mettre à profit. Mais ce n'ell rien que de
les montrer, il faudrait,les fuire parler, & cela n'eft
pas en mon pouvoir; & fi j'en avais les moyans,
je les ferais, j'efpe re, parler mieux qu'il, n'ont fait.
Voyons une féance de çommiffaires conciliateurs.
Huitieme Chang,mmt.
Dixirme Chang.mm!.
Palfons la chambre de la nobleffe. Le prélident
fonne, j'apperçois une très-grande majorité, celle
des gens faibl es: quelques chevaliers français d 'un
Voyez-les raffemblés ch, z le garde des {ceaux,
chacun a dépuré {es plus déliés; ils {e guettent, ils
cherchent à Ce deviner ; le clergé finaŒe, la llobleŒe
Sep!ieme Chang,mmt.
�t f"4 )
fe met en avant, & le tiers à cheval fur fa force d'inertie., ne porte que des demi, bones. Le minilhe
des finances alimente la difcorde. Ils feront de l'eau
toute claire.
Nous voici au 23 Juin, grande journée.
Premier
~ C/zallgemtnt.
Un grand événement fe prépare, les portes du
grand Bazar/ont fermée •. Voyez-vous J'illuftre Bailly
qui fe préfente, les foldars le repoufrent ; le voilà
lancé. comme une balle dans le jeu de paume, tous
fes adhéreus vont y faire avec lui une grande partie.. Voyez comme ils VOIlt fcrvir la noblefre [ur les
toits; ils ont déjà bifqué fur elle, ils ne tarderont
pas à avoir avantage. Admirez comme touS ont frifé
la corde, ils vont jurer de ne fe défunir jamais ; les
anciens jHroiem par le Styx, par la barque à Caroo; eux prêlenr ferment fur la corde du bac qui a
fervi JD0Ur le pafrage de leur pere; en fin fe leve le
jour qui devoil ê tre J'al1rore d'li bonheur de la F rance.
VOyez'VOllS l'ordre 'lui regne -par-rout, le temple eft
ouvert, chacun prend fa place. Voyez ce chevalier
qui le préfente ; c'eft Paporet, fecrétaire du roi.
Examinez comme il fuit bien le mort; c'eft qu'il
l'eft t0ut,;à·fait. Un fecrétaire du roi qui meurt dans
ce m0ment , quel préfage ! C'ell: la noblefre étouffée daRs fon berceau; c'ell la plume detréchée, le'
,
( 15 )
roi n'aura plfls d'ordres à donn·~r. (Ma,s
' Je
, vous dU.
penfe de mes réflexions
"
' fuivons les evenemens.)
,
C e gros pere qUI fe préfeme c'eil. b'Icn un pere, JI
,
"
' l'
eft enVIronne de fa famille; ,'étoit le roi. Les miniiJ
tres l'enrourenl. Vous cherchez le grand genle
" de 1a
finance, il n'y ef! pas. C'efi It1Ï qui a tOUt fait q'
d "
' U1
con LUt tout ; mais les marionettes ne J'ouent b'len
qu autant
qu'on n'en voit pas'' le fi~ ' l'J èl'tell d errlere
'
.
1
la toile; fi la piece "éumt , il s'en avouera l'auteur
' "m
,
fi non
r
, ......... n'3nnC, -r ODS pas'' bon p eup 1e, 10yeZ
à
prefcnr toute' oreIlle. ECOlltez bien le èifcours tou'
chant de votre mona»que; abolitions de la taille, de
la corvée, de ta gabelle ; r4pprocbez les dates e'eB
le 23 luin. Tout cela cft encore à fa ire. A ~ui la
fame? C'eft ce que vous alle~ favoir. Le roi prellè
fes peuples d'être heureux; i~a[[en dril tous les cœurs'
" von t fans !loure tomber à fes genoux; la moitié'
"s
de la [aile cfl: p~ête à s'y jetter, l'autre ell: inébranlabl'e ; le »oi fe retire, la nobleffe, fon clergé J'ac'"
aompagnenr, le peuple l'applaudit; c'eft le momen~
de le publier le pere de-la France. Ce titre vaudroir
bien celui de reflaurattur, Arrivés avec lui chez la'
reine; voyèz-vous le dauphin remis entre les bras de
la noblefre, qui jure ilu/li à fon tour de le conferven
à la nation. Il faut retourner à la falle; la loyauté lie;
la franchife n'y font plus; admirez. comme en IID
�( r6 )
moment la pompe la plus impo[ante a été conver;
tie en un [peadcle hideux, la colere a remplace
l'arrendriirement; un mOl de l'abbé Sieyes a rout
changé. Par ce plan, a·t·dit, le honheur du peuple
eft airuré, & ce n'ell: pas par nous, il vaut mieux
~u'il ne le [oit pas; déjà il n'y auroit plus be[oin
d'états généraux; & que deviendroient les pl~ns du
duc d'Orléans , les e[pérances de mon parti l Ne
erdons pas de tems; il cil: encore une relrource,
a la faveur du pcuple; c'ell: bien lui qui a
fait la déclaration; n'importe, pour peu qu'on ait
tran[po(é une virgule, il aura le droit de fe plaindre. A ces mots la horde s'ébranle; l'Oyez·vous le
bataillon quelle forme, elle (e tran[porre chez le
génie, il ne s'y trouve pas.
~ecker
Second Changttlunt.
, Voyez le grand Necker, il defcend du château,
& pour dérober [a modeftie aux emprelremens des
cuiftres du châtellu & des har~nge res de Verfailles,
il deCcend par la cour de marbre, & [e rend à pied
~hez lui [ai[anf tête à rous les fignes d'approbation
.
de la canaille. V'nez tous cei MelTieurs de la natIOn
q~i [e répandent dans Ver[ailles, portant des tran[parens (ur lefquels cft écrit: vive Necker, le pere de.
la patrie, & tous les polilrons crient ; c'eft un elral
d'in[urreétion dont on aura lieu d'être content.
,
Troifieme
( i7 }
Troijùmt Changmzmt.
Tran(porrez-vous au palais-royal, vous y verrei
des Orateurs qui montent (ur des chaires , & (e font
entendre Cans [onnettes. Voyez les pri[onniers de l'abba ye qu'on a mis Cn fourriere dans un des hôtels garois du palais. Remarquez les grouppes , les cafés
rempli, de têtes exaltées, c'eft le gén ie de la licence
(de la liberté, je veux dire), qui s'eft emparé de
toutes les têtes. Voyons ce qu'il va produire.
Quatritme Changemmt.
Retournons à l'airemblée , voyons l'évêque d'Autun
qui {ourient que le Cerment des députés cil nul, il le
prend pour le vœu de chafteté , & l'abbé Sieyes qui
propofe de permettre le divorce & le mariage des
prêtres. Il e[pere [e conjoindre à' mademoi{elle ThelOigne , quand elle aura Qivorcé avec M. Populus;
il fe trompe, on connoit la fidélité de ces deux tourtereaux ; mais on dit que madame de S.....l pourroir
bien l'.\pou(er en trenrieme nôce.
Cin'luùme Changtm(/u.
Voyez-vous cerre DéetTe pâle & tremblante, qui
s'appelle la peur ; elle vole à tire d'ailes de Paris à Verfailles, & de Ver{ailles à Paris: la voyez-vous qui
dit tout bas il des députés : Votre mon eft réColue ,
vous êtes pro{crits au palais-royal, vous [crez égorgés , brûles vifs; vos ceadres feront jettées au vent ,
B
�( ] ~ )
&. lJuis vous ferez pendus; voyez comme on croit
tour ce qu'elle dit, comme on l'a [e ranger parmi le
tiers , comme on demande des paire-ports; & voyezvous le comte de M;r<lbeau qui s'applaudit de [es
[uccès ; la déetTe ell {on émitfoire: c'cft lui qui l'expédie à ces Illeflieurs; cet honnête homme relremble
au lievre qui fait peur aux grenouilles ; il en eft étonné.
l ui-même : voye~-vous la déelre qui porte l'alarme
dans le chàteau,
T out cft perdu, dit-elle, tOut Paris cft {oulevé ;
il Y a fix ceDt~ mille homme fous les a rmes ; ils ont
d es piques d'uae longueur •.••. & des couteaux de
cbalTe affilés: votre armée & vos bayonnettes ne
, peu vent vous d éfen d~e ; il faut céder.
La voyez-vous 'l,li retOurne à Paris , & qui dit
aux: bou'geois: ah ! Inalheureux! vous allez être extermioés. J'ai vu ces Cui(f~s; ce {on t des diables: lei
hu ifard ~ {on! des antroV0l'bages. Il y a une artillerie
formidable, & j'ai vu leS grils avec lefquels on fait
rougir les boulets: on a caché les petit5- filiifes dans
les carrieres du fauxbo urg SJint-Jacques ; on a miné
le faux-bourg Saint-Germain; on va faire fal!ltel' la
riviere, & mettre le feu à la ville: vous Tetez tOUS
grillés, noyés, pourfendus & emportés par les boulets de canon. Il 0 'y a que M. le marquis de la Villette
qui obtiendra la gr.cc de n'êlre qu'empalé.
( I9 )
Voyez vous le bulle de M. Necker ', &. ce!ui de
M. k duc d'Orléans qu'on promene. Les deux font'
la patre
. ; entendez-vous les calomnies contre li ~
b on roi & ~n ~ reine charmante, & les éloges qu'on
donne au vrl ecuyer de la bouffonne: entendez· vous
les brigands qui crient: vive Louis XVI, & les COts
qui [ont bien conteos, & les honnêtes "ens qui "e' ~
'~
,
b
b
IIHII<?!lt & s'enfuient.
V oyez-vmls comme le peuple veUt faire du premier un maire du palais , & du fecond, un protecteur. Voyez-mus comme les b09S patriotes s'attroupent.
Sixùme Changem(fù.
M ontons à l'hôtel-de- ville.
Voyez-vous, meffieufs, mefdames, la grande municipalité, compofée de MM. les éleaeurs qui n'ont
plus rien à élire, qui foru là fans [avoir po~rquoi.
Voyez'vous ce peuple qui eft aifemblé à la place de
grêve. Voyez - VOliS ces hommes qui coure nt, qui
parlem, qui e:xcitent Mrs. les piquiers du fauxbourg
Saillr-Antoinc & du fauxbourg Saint· Marcel.
Voyez-vous ce poftillon habillé de rouge, qui ar-,
rive de Verfailles au grand galop: gare, gare, &
voilà- le poftillon qui monte à la ville, & qui dit
aux municipaux: il n'y a pas de tems à perdre; il
faUt f~ire arrêter tOIlS les arillocrares, nobles, prê-
B 2.
�(
-
lO )
( lI)
tres, femmes & fille s , & les mener au palais-royal'
Voyez-vous ces municipaux qui lui demandent
comme il [e nomme, & s'il s'appelle Saint-Barthélem y , -qui s'informent quel eil celui qui l'envoye,
& il ne le dira pas; & voyez-vous qu'l! eil habillé
comme un valet, & qu'il parle comme un gros
mon(jeur.
Et voyez-vous Benhifr & Foulon qu'on amene ;
& voyez-vous cùmme de braves gens qui [ont là
.miment le peuple; il va les tuer tout de [uite, tout
de (uite.
Et voyez-vous comme on les tue, comme on les
déchire, comme le bon peuple eil bien content, &
les braves encore plus. On pane le cœur de Berthier à l'hôtel-de-ville, & le Français, tigre & (jnge,
chante dans la place de grêve : il n'efi pas de fite
les éleéleurs qui (e [a m fait municipaux; voyez-vous
rous ces habiles gens qui {avent ,leur palu (ur le
bout du doigt. Il s s'écrient : Fiat valuntas tua &
fanc1ifia lur namm tuum. Voyez-vous le mini~re
qui (e rengorge , & qui s'en va.
'quand le cœur n'm 'fi pas.
Septleme Changement.
Sic lranfit gloria mundi.
Huitieme Changement.
Voyez-vous Necker le {age, Necker le vertueux,
N ecker le grand homme , Necker le dieu, Necker le
charlata n , qui revient de Suiffe , & qui arrive à l'hôtel -de-vi lle: en tendez-vous qu 'il demande la grace du
baton de Bezenval. 11 ne {ait pas que quand on eil
affez puiifa nt pour obtenir la grace de [on ami, il
ne fa ut demander que (on jugement.
Voyez le maire qui vient d'arriver de la lune, &
Voyez l'affemblée nationale affaillie par les fem :
m es & les piquiers ; il, [e fâchent contre les gens qui
ne leur dirent rien, & {ourient au comte de Mirabeau qui {e fâche contr'eux.
Et les diflriéls qui s'affemblent , & qui crient, &
qui hurlent, & qui raiConoent com me des diilriéts :
» point de grace , nous ne voulons point de grdce ,
» ce baron eft un ariflocrate , il f~ut qu'il Coit jugé,
» il fa ut qu'il {oit pendu. Necker (e moque de nous;
» c '~ ft un au tre ariflocrate; qu'il ,prenne garde à
" lui, nous pourrions bien envoyer ce dieu à la
» lanterne. »
Et voy·, z-vous Necker dans la conflernation; il
n'a pas réulTi , il efi atterré, & depuis ce jour-là , le
grand homme n'a plus été qu'un pauvre homme :
N euvieme c1zangtmmt.
Voyez le château de Verfailles, & il eft encore
nuit, & les femme, & les piqu iers y pénétrent; &
lIoyez-\'OUS ce garde-du-corps qui eil à la pane de
B 3
�(n )
l'appartement de la reine; &. voyez· vous comme
ils le frappent à coups de matTue, comme ils l'abattent, comme ils le traînent pour lui couper le
col; &. voyez-vous [on camarade qui vient à [on
fecou rs, ôc le peuple qui s'élance [ur lui, qui lui
arrache [on moufquet, &. lui en donne Un coup
fur la tête, &. lui enf.mce le crâne.
Remarquez bien comme la porte de la reine eft
enfoncée, co mme les femmes &. les amazones
perc< nt [on lit
coups de pique~, &. voyez· vous
les braves gens qui {c trouvent là, &. qui excitent
le. amazones. Remarquez là·bas cette belle femme
qui s'enfuit en chemi[e, qui [e fauve auprès de [on
époux; elle tremble, mais pour [on fils; elle ne
tremble pas pour elle: [on rega rd eft encore fier,
on reco ~n oÎt encore la fille de M arie · Thére[e &.
la rei ne des François, &. c'cft [un peuple qui la
POurlllit : &. voyez·vouS M. de la Faye tte qui fait
{emblam de dormir tra nq uillement dans [on lit ; le
a
voyez· vous , il ronfle b yeux ouvens.
FrémilTez, Fr ~ n ço i s , voyez votre roi qu'on en
traîne dans [a capita le: [es gardes [ont dé[armés ,
ils marchcn t à pied au milieu de leurs a{[alTins ;
leurs étendards {ont renver[és : un train d'artillerie
précéde [a voim re, un aurre la [uit: dcs fem mes
ivres de licJueurs forres &. de fang, font à cheval
( l3 }
CUr les canons; une nombreu{e cavalerie ferme la
marche; la iigme du monarque porte l'empreinte
de {on caraélere; elle eft l'emblême de {on ame,
elle eft calme &. bonne; s'il gémit, c'eft [ur ré ·
garement momentané de [on malhemcux peuple:
fan augufte compagne, fupérieure aux événemens,
femble les maîrri{er par [on courage.
Et leur plus jcune fils à qui les deftinées
Avoient à peine encore accordé quatre annéC6 t
Trop capable déja de (entir (on malheur 1
Fut aux murs de Paris conduit a,;ec fa (œur.
Et voilà le roi &. fa famille pri{onniers dans
la bonne ville de Paris; li je pouvoii les en tirer,
ils n'y [eroient pas long·tems: palfons à quelque
cho[e de plus gai.
D ixume chanfJement.
Vous allez voir ce que vous allez voir. Remarquez'vous ce hérol de l'autre monde, le grand
la F ..... c, le futur connétable, recor.noilfez· le à
{a longue figure, à [a mioe blême, à [on col
roide. O n lit (on caraélere dans [es yeux, dans
Ces !Taits. Ce guerrier municipal a la phyfionomie d'un moulon; le voyez·vous haranguer [on
àrmée.
» C itOyens.[olèals
&: [oldats·citoyeni, coo-
({uérans de Ver{ailles, héros de la liberté, &. pour
B4
�( 14 )
.
tremblez"
(OUt dire enfin, fiers enfa ns de Paris,
tremblez toujours, la crainte ell le falut des armées :
vous êtes plus de trente mille, vous avez cent pieces
d e canons, vous ne voyez point d'ennemis; n'importe, tremblez touj ours, l'odieux arillocrate habite °dans vos murs; fa têre jadis altiere fe courbe
devan t vous ; mais d'un inilant à l'autre, elle peut
fe relever: fongez à cette foule ennemie de courtieans &. de confeillers, de p rêtres &. de nones,
de moines &. de chanoines, ils confpirent contré
vous dans l'ombre du myllere. Voyez les, voyez
vos farouches ennemis pour vous mieux attraper,
incendiant leurs châteaux, tremblez donc; &. li ce
n 'ell pour vous, tremblez du moins pour moi,
ma mort ell arrêtée. Une main homicide , Fa vras,
avec cent louis le traître s'e n alloit ma rchandant
Une main parricide; j'allois périr quand l'honnê te
Morel &. le grand Turcati on t préfervé mes jours.
Si le fort m'évita de périr par F :lvras, peut · être
il me réfer ve de finir oomme lui; fi ce malhe ur
arrive, li je dois {uecomber, on vous wéfemera ma
chemife (a1lglanre &. mon rourpoint percé .,.
>l Vous plGurez, chers amis, ah! calme" vos
douleurs, féchez , Céchez l' OS larmes ! J'ai fait mon
tefiamenr ; j'ai nommé le héros qui doit me li,ccéd~r. Je ne vqus Qu.blie pas, je vous légue mes
( lS )
craintes, mes frayeurs perpétuelles; c'eft le plus
beau préfent que je puiffe vous fai re».
" O ui, mes enfans, oui, mes braves Coldats, il
faut trembler, il faut trembler, il faut trembler
toujours ». Voyez, meflieurs, ce nombreux auditoire , &. les bourgeois qui pleurent &. les foldats qui
tient.
On~iemt
changement.
Voyez-vous ce grand hom me ioftruifant (es officiers dans cet art de la guerGe qu'ils ne pratiqueront
pas. Voyez·le, il leur explique la machine de Guil·
lotin.
Dou~iemt
changement.
Voyez notre héros daos les Champs·Elyfées;
de~ux cents [oldats audacieux infurgens prétendent à
la médaille; il le fait, il fe hâte : les difpolitions
font faites, les ordres font donnés.
Q uatre mille fa ntaflins &. mille cavaliers ont
entourés deux cents hommes fans armes : les efeadrons s'ébranlent ; on voit éclater fi" leur front /le
l'amour de la paix &. l'horreur des combats. Ils
partent cependant, ils volent aux dangers; les
e nnemis (ont à genoux pour demander quartier:
on les prend; le géné ral commande , ils (oot déshabillés; &. le cul prefque nud, ils (ont toUi enchaînés. Les vainqueurs triomphans les menent à
Saint· D enis.
�( 26 )
Tre{itmt changement.
Voyez-vous meffieurs les députés, les voyez-vous
qui tiennent la carte de France, /1{ qui la déchire nt
par petits morceaux, /1{ qui écrivent deffu s : D i partemens, difiricl s , cantons; ./1{ c'cft ainr. qu'on
Jlégénere un royaume en le mettant ell pieces.
Q rwtorzieme changement.
Et voyez -vous les oireaux auxquels on a permis de [e promener [ur les bâtons de leur voliere.
Voyez le roi /1{ la reine qùi vont à Notre-D me ,
aux enfa as trouvés, à Saint-Germain-de- l'Auxerrois,
au fauxbourg Saint-Antoine; mais ils [o nt bien
veilLis : les éperviers [ont autour de la cage, rigardez-les, ils ne les perdent pas de vue.
Quin{ùme changement.
Faites attentioo à ce grand jour du 4 février;
voyez le roi qui {è rend d la (alle du man ege pour
épou [er la con fiitllti Qo; il faut efpérer que l'a ffe m blee prononcera bientôr le divorce; écoutez (on
di(cours. Le langage ambigu du Genevois Necker,
pouvoi- il co~ve oir à la bouche verrueu[e du monarque français. Regardez les dé putés , leurs (entimens [e peignent [ur leurs phytionomies ; les
uns frémiffenr de rage, les aucres pleurent, le g rand
nombre app laudir, /1{ le roi (on, /1{ l'on (e mer
à jurer, /1{ l'on admet au ferment les femmes,
( 27 )
les écoliers, les moines, les {oldats, les rp ligieufes,
1\{ c'eft une maladie qui gagne les diftri85, /1{ toutes
les mains font en a8ion; mettez les vôrres dans
vos pQches, car il n'y a pa! de {ûreté.
S ei7,ùme changement.
Er voyez la proceffioo de l'atfemblée narionale du
14 février. C'eft la feconde, elle eft un peu différtnte de la premiere ; plus de panaches, plus d'or,
plus de pourpre, tout le monde eft déshabillé. C'eR:
l'effet de la déclaration des droirs de l'homme;
ils {ont IOUS égaux. Robe{pierre eft l'égal du chevalier de Boufflers, comme Bouche l'ell: de l'anus;
on ne les applaudit pas, /1{ ils en enragent: on
fe contente de les admirer ; ils vonr encore jurer à
Notre-Dame. Ils auront beau multiplier leur! juremens ; la (omme n'équifaudra jamais à celle des
juremens qu'on fait contre eux.
Dix-flptieme changement.
Je vais vous donner une repréfenratioo de l'affemblée narionale. Admirez 10 dignité de cetre augufie
affemblée. Voyez-vous M. De[meuniers , décrétant,
après une longue di[cuffion, qu'on ouvrira une fe-
�( 28 )
nêtre. Ceux qui ont froid demandent la quell:iOI1
préalable: d'autres, qui veulent qu'on n'en ouvre que
la moitié, réclament la divifion. Voyez il la même
place, M. Rdbaud annonçant à l'iitremblée qu 'il a
écrit un petit billet à M. le Garde des fleaux , &
après une épreuve douteu{e, difanr 'lu'il l'Il reeommenar l'oplration. Regardez le côté des noirs, des
arill:ocrates , des royaliltes , écum ant de rage , parce
que J'éloquent géné ral Lameth occupe la rrib"nc.
Conlidérez le côté des baïs, des enragés, des républicains q .• i applaudir. Voyez mademoi{eile 1 héroigne de Mericourt, occupant la place d'honn eur
il la barre. Regardez les rribun~s {ans billets qui
gagnent leur quaran te {ols, en applaudillilnt & huant
tour-à-raur : confidérez la tribune des fupplé ans ,
qui elt auiTi enragée que le côté gauche. lis {ont
bien doubles du même, comme l'hab it de J'Avocat
Patelin. Entendez vous un député Auve rgnat, qui
dit; 'lue l'inforru1ion efile plus jàint des deyoirs;
un dépuré Champenois qui {ourient 'liLe tin'luifitian efile.lremier des lle1es de jufiice; c'elt le même
qui a avancé que les troupes n'éraient alltre cnoCe
que des 6rigands ; il eft toujours énergique: entendez-vous. ce député NantOis qui dit 'lu 'lIllloyrr des
troupes contre C(ux 'lui dlvafient & hrûlent, c'efi
lIlYoyer dts affaifin. contre des affaifins; & ce
( 29 )
dérUlé Limoufin qui dit 'lue le roi n'eft pas lihr!;
On {e fâche tOUt de bon contre celui -là , c'ef! qu'il
a dit la vérité, & que toute vérité n'ef! pas bonne il
dire. Ecoorez une difpure importante, la moitié de
la {aile dit & ; l'autre dit ou, & ils font prêts à en
venir aux mains pour la d.tférence de la copulative il
la conjonélive; c'elt la [cene de Figaro, cela coûte
' cependant 40 mille francs par jour; on eût mieux
fait de donner l'enrrepri{e à forfait, il Y eût eu plus
de gain qu'à la journée.
Je ne vous mene point aux répétitions de l'affemblée nationale, aux Jacobins, à la rue baffe du
Rempart, aux impartiaux; vous pouvez vous donner cc petit plailir en nature.
J'ai gardé tout ce que j'avais de rlus beau pour
la fin; foyez toute oreille.
Dix-huitùme changement.
Voyez madame l'ambaiIàdrice qui attend Con
mari; c'ell: édifiant.
Die ô J annelle
Voles te loga larirette ,
Nani ma maire
Me voli marida larirette ,
his.
bis, &c.
�( 30
)
La voilà en tête-il-tête avec lui; c'eft du neuf.
Cela deman4e une explication. L'époux a conçu
des foupçons, il eft le [cul qui en foit là. Voyez la
Sémiramis moderne qui prend lin maintien majefweux. y oi(i ce qu'elle dic à [on époUJ\ avec une di1
gnité connue : «LlilIfque je vous ai donné la main,
M. , je VOlUS- ai di~ que je ne me croyois pas à l'abri
dlune foibleff,,; mais je vous ai donn é ma parole >que le jeu, Ç>lL j'aurais ,le h012lzrur de faillir, vous
n'auriez plus aucun droit [ur moi. Eh bien, menlieur, VQllS t:oDlwllfez tout ce 'Il'e '<aut ma parole,
m.yez dJi>oc (tû de moi, car je vous permets de
m'<IJ'procheF n. L'épou" relk convaincu : tirons le
rideau, la farce eft jouée; queUe diable de f~ntailifr.
De mauvaisoplaifao5 dilent que c'eft une envie de
femme groffe : elfeélivem61lf la<voilà groffe. Voyezlà, mellieurs, [on cor[et eft élargi. Qu'eft-ce qu'il y
a0, de clair dans tOut cela, madame l'ambaifadricc?
On ignore le [exe de l'enfant & le nom dLl pere.
1'.3' voi1~, ~u} confulte une magicienne pour connaître le pere de cet enfant chéri ; car elle a lu dans
les naturaliftes, qu'elle a beaucoup étudiés, qu'un
enfant ne pouvait avoir qu'un pere. Eft-ce B..••. e?
Il ferait un m<lnftre. Serait-ce S... r? Il aurait de
l'eCprit, mais peu de force, Louis de N.... e 1 11 puerai t
e démagogie. J'ainrerais afIèr qu'il rut e B .. .. t, il
(p)
ferait de jolis vers , mais il ferait imparti~l. Le
prélat d'A ... n m'aureit-il embâté d'un agioteur, oa
M ..... u d'uo petit âne de M ... " .. i ? La magicienne y
perd [on latin , L'enfant viendra. & il fera celui de
la nation; c'ellia plus bette Il< la plus [ûre généalogie à laqLlette il puiffe prétendre.
Admirez le bon heur de fa m.re; en ce liecle,
ou les vœux, les fermens, les paroles ont été
déclaré! de nutte valeur, ette eft la feu le qui fait
rellée inviolable.
Me voilà au bout de mon rolet; je ne pouvais
mieux finir ma lanterne magique.
Finis horwrahilis, honorahile coronat opus.
C'eft encore du latin qui m'a été expliqué par
mon onete.
Efl mobus in rthus , dit le grand Ifocrate ;
c'efl-à -dire , en latin, nous aimons 'lu'on nous
grale.
Je n'ai pas mal flatté mon monde, & li ma lanterne n'eft pas cette qLli éleve les arifiocrates, c'eft
au moins celle qui immortali[e les démocrates : l'une
vaut bien l'autre.
En recommel)çant vous en verrez tout autant ;
"ous ne vous en [ouciez pas, ni moi non plus; ma
poitrine eft aulli fêlée que vos oreilles.
Un verre de firap, garçon.
�1>.
( 3! )
Je ne ferai point dan{er aujourd'hui la charmante
Catin, {es relions {onr démonrés; elle ell: comme
me{dames du B...g, d·A... g & autres, elle s'eil donné
trop de mouvement pour la révolution.
Ce fera pour une autre fois.
SECONDE:
LANTERNE
MAGIQUE NATIONALK
L
F I N.
A void, ta voila, ineffieurS & dames, cette Lanterne magique nationale, pieee curieu{e s'il en fut janiais,. & qui a fi bien {u >ous plaire. Vous avez vu les
phéllomenes de la liberté, les grands plodiges de la
révolmion , le de"fpotitme étouffé par J'arill:ocratie, les
atilloerates pendus par de Ilouvea ux de{potes; vallS
av!!z YU là muion fe faiîallt j~ll:ice de {es tyrans; vous
aVez Vu les guerriers citoyens, les citoyeus guerriers,
lès cérars tics fauxbourgs, les héros de la baftille, le~
hhos dIt port au blé, de la halle, de St. Marcel & de
St. Antoine; VOli S Mez vu le merveilleux Ne ... r, N... r le
pàtrlote , le minill:re ador'; VOliS avez vu le nazillard
Ba... l}', Je général, l'invincible la Pa ... e',' & madame'
l'ambaifadrice , & madame la maireife , & madame la
générale, & la ptéfidellte Théroigne ( 1) de Méricourt,
& le bas duc d'Orléans, & Target, & Mirabeau, 1/(
tous les autres honnêtes gens du maneg'e.
------------,------"-----.------------(r) Cette heroïne conJlitutionntll1 ell préfidente du céle.
br. club dts "roits d. t'nomme, établi rue du Paon S.t.
Germain.
A
•
�( 2 )
p"ftll ..amcnte VOll S allcz voir cc que "-CIlS n ':lVez j~lIn:r$
vu , ce qui fera l'ad mi ration de toute l'Enrope. Voyez
v9uS le gros fitTe dOlln a nt c~nt louii au pauvre FaJ'rllS
pour la déli,rallCc d'ull illnllrc pli{ollnie r. Ne craig~ ez
r ie n, lui d It- il , enrô lez , corrompez ri es rolelats , j'a i
le br~ s long , & VOl!.! f<utvcrai de tont danger: arrac~ez Illon fre re de (a priron, & vo tre fo rtu ne cfl laite ,
& l'armée ble ue verra beau jeu. Voyez ce t agen t infortuné du phIs co upable ri es hommes s'ag iter de cellt
façons pom [er"i r {on roi, Voyez-le s'épancher da ns le
fein de Torca ti & de Morel. Ce s d eux t raît res révent
penda"t quinze jours " Ja malliere d ont ils coloreront
l'attentat dont 0!1 lellr fait confid ence; ils arriven t che z
la FtI ... e-:- combien avez vons promis dt: récompen fe ;}
celui qui dénon ce rait un fo rf<,it ari lbcratique ? --- mille
louis ---; c'elump' pell, not,re.gé uéral; & il celui q ui.
[.1 uveroit la vie d'uu b rave g uerrier, tel que "ou s--- :
oh! un tel [ervice n'a pas de prix, mais on pourroit
compter [ur nne (omme; --- co mptez-nous l'OS louis,
llOUS famm es chargt!s de \';011 5 donner la mort.
Voyez l'iuvillcible héros s'éva no uilfant de bravoure,
puis reveoaut " ' I,,i & tombant at:!( ge nollx des dJI~
teurs, leur demaudant grace, & lellr donu " m fa
bourfe. Voyez-vans
horde d'alg ua lils bleus enfoucc> le. portaS" de la maifo n Fa vras , le tra îner d'a us Ull
ca~hot réué br.eux, a mellter , ri utour du ch;î telet , toute
la Ropulacc de la c" p itale ,
de t eodre fa mort ii,évitable , pu if..1 ue la nation 11 d CIll"",!e. Voy ez 1< gro,
frerc r Illon ter da ns [on carrollè il huit ch evaux> me!- ,
rrp dons fa pocho 11I1 lTès plat diC, oors de fa compe utian de l'acad émicien Suarel ; il a rriye au capirole IIlUnrcipal , l'oyez le mi no ta"re St, l\-krri céder la préii~
c!eu œ d~ la commu t:e ~ l'ex -prélldent de fa noble ltc
(1-) : vuyez. comme le g ros Fert harang,u.e la n_alio1l :.
""0
"fI"
l'oyez
c ~ m mc. la nor;or! h ~Ha nguc
Je g ros frtrt; je fuis
l'
( 1 )'-Le gros fre,e aVd ir elé préfiU'c nrdC' la ch:lTl1bre de l~
gobIe if. à l'alfemblée des nOlables,
( 3 )
·l!lnocc llt :d u crill~e don t on m'aGc~fe , ,l'écrie-t-I!, te
clr.lc tm repete , t! cil lIlnoceht, il éll innocent. Vive
l e !iras frere! -- Il cft vrai, con ti nlle-t il , que le coup" ble a ~té au a,ché à ,rua r?yale & ci toyellne perfonné,
'q ue Je 1al allne, qu, tl III ,avOit mfpité alfot de con '
!l'~I1Ce , p Oli r 'lac.! ale, !tt/ré cn fès m ains cinq à /ix
ill/ li IO n S' do m tl m'a dll avoir befoin
m~ i s Comme
il et!:, lIécdlit il e q ue je le re nie, je d~tlare , je jure
fi" 1allt el ne la pa trie , que je ue ca nnois pas le
cbnpab lc ; & la com mulle de ctier , b,ave hom me
Jj( bve h0 "llll c, vi~'e 10 gros /r~n.
'
L e yoilil qn'il de [ce:ld _in e;'pito le , il monte da ns fôn
chat tr rOtl1p h' lIlt ; q uel ell cet hom me enru b'ln Îlê de
'rou!{e , d~ ve r!! & d ,~ bleil qui lui parle à l'oreille , il le
<1uit!e, i!' co llrt à gTa tlds pas ; c'cll: le vetlueu:< comte
la Ch...e tt" i vol e! allX pri(on s du châtelet , il arriv'; ,
,rat, fac, rite, le l'OJ!à entre de /a pari dit gros fi cre , {,> du
Sr, Crbmat d~ E oucy ,Je vell ~ pa rle r à Fa l'ra s. MOllt ez à
-St. C/inrleSl ' Banjol" ; mO lllle ur , voilà cinq êëh ts louts
'<\':1r p b'l't~ 'V<l1I !1 <lid er Ir ffl p porte r les en llllis de votre
p rifo ll , da ,lS huit rO::r3 l' D, lie ns (ero nt ro m!,us , mais
du r. l.:tlc e , lIn {ëC i'~ t ilh"iobble, [oyez muet, il Y l'a
dt! I ~ vi é ; éh " bUS cort'I,otrant ain r., comptez fur la
Ïc ~o n rl bl(r."rœ dn g ros f;'é rè , ce nt m ille écus & un n!g iI11e nt" .. 1111 ré~~ im e !lt & ceut mille écus, tel ell: le
-p ,'i,; Ile! VOtré di lt rétiol1, Le /!la! h ~ure u;s; donnera dal!S
ne
-!~
pantTt'âlt,
V ingtùi!lt èhangrmmt .
to ut rc mp:i d'ordures , l'dus apper ·
'co \ "~Z 1i! 'f''''ll èIlX ct'l'nit" d es réc hcrc hes. Voyez le pà ·
tim er l'hi ftà t ; Itonc t " ble juge de ce tribun "1 addil ib ll {f~i1t t,>~ t 61111e!01(', d" [;i n!?' q u'avoleu t éra rgné le
ze le cle, eOllrnUCUI Morel & T t:rcc: i. Voyez - le trempe r (;1 p l.lI;]e vtn imcnfe dj ns le lic l d' une vipere ... Déjà
it ,la it i!~lj s l' ffè rve fce uco d'un zele trop excu ra ble
~ l m- Fr~rrçfi~, lE piUS ilb ir èles a!len tats. Ce ne
[ont pills Ics c h" îll cs d'un moua rque adoré, rompu~s ,
, 'c!l [l ,I,.,y, Nec".r & L af,.. e al1à/linés. Déjà les !lots
1
J, ~ I l :111~ llIi ~o iit
A1
�{ 4 )
de fang groffilfent les fleuves , & , la Seine ell cOIII'ertC'
de cad?vre, patriotiques; r~pée de COllllétable pafle
des IUaJUs IIlV~IllCIJC S, de la F ... e, dans clOlIes du h6ras de la Grenade; & c'cfi d'après ce tableau cf.
frayallt, qne Garan de Coylon l'x flrilrot livrent le
tréfor nation al il la diîcrérioll de deux dénonciateurs
& Ord?llnent au tribullal do la nation, il ri ncorrLJpti~
hie chatelet, de lIvrer IIIce{fJm,r,C llt Favras à M. Salll[on, ou à la ntltion des fJuxboLlrg's.
.
.
Vingt-z:niem( ~/ltJ/lgtment .
F~:tcs bIen attentiOn à ce Jll0rCeau, melTieurs &
d~lIl':s, c'dl: le palT"gc le p l ~s mémorable de votre'
h,fiolfe; voyez l'integre M âchoire (1) de Villefort
cOllférer (ecrétement avec l'impertuDabla Flandre ~de
BrunJ'ille. Entendez les cris d'une horde de héros qU L
ri'
,
,
pour quarante.'o s par lour.' demandent il grands cris
la .mort du pre tendu !'."mc,d .... Voyez fur cette tablt>
noUf, ce gras 'porte ~fe llll!e rouge j eh bien! il renferma
cinq cell~s bd'lcts I:oi;:s , de la cailfe d'eCcompte, 1,,porre- feuille ei! fcelle d uile bande de papier portant
ces mots: Jugts incorruprib/rs; ccci cfi à vous li Favras efi envoyé fans délai au fi'pplice.
.
Vingl-druxiemr: challgèmrJlI.
ICI VOliS v,oyez trente témoins enrondns pour la forme , 'l.':1 depo{ent à la décharge e 'lIiere de l'accuf''.
T urcatl & Morel (eq)s , ja lonx de mériter la récomp~n(e pramif,' à la cle lation, ditons même à la calomDl~ , ces norznéus citoyens [eu rs, dis-je, trouven t lI U
crnne dans Faveas; [a mort eit Iléce{faire au rel 'JS
du gros ftere j au repos du l oi /ylvaill & du "énéra i I~ F.... e,. qu 'i! meure; n,ais qu'il cr~ie jufqu\>à [on
dernier [oupu qll on le fauvcra du trépas . qu'il emporte avec lui le fatal [ecret, & L'lrat fou:/, & yiJ e
It gros fiere.
.
Vingt -troijùmt changtmtnt.
AttentIOn, meHÎellrs & dames , attention; vous
...
( 1) LiCe. Bachais.
----
( 5 )
voyez cet ho:r.:nc ronge, bigan é de blanc, c'cft un
p"ge d" grus fure; il vien t veder un baume con(olateur dans l'a me "R"a itTée de l'infortunee viétime' il
lui remet ,UI1 bi~(ct ; ») VOliS Ile mOllrrez pas, m~l1n fieur, te le Jll fe U lf mes rubans; en vain, on VOllS
» traine ra au {ypplice ; les conquerans de la liberté,
,. la notion cil: payée ,pOlir vom (allver ; fo)'ez muet,
» je répo nds de votre vie. » Signé, Ü gros ftert. Remettez mon billet au porteur.
Déjà la fatalec!wrrctte attend dans la cOllr; la croix,
fymbole angulte de l'hon neu r, efi arrachée du (, i" de
la "iaillle , par une main làcrilege, la torche linilhe brûle, Faveas mOllte aU gibet; Ulle populace
féroce applaudit à cet horrible {peél:acle, Favras n'cil
plus, D ieu fait loul! s'écrie le gros ft"'.
Ah ! maman, que je l'ai échappé belle!
M ais tira il S le rideau fur cette époque llétrifT.1nte ,
& montons au capitole 'l1JInicipal.
Vingt-quatrùme cnaagt mtnt.
Vo)'ez tous ces légiflateurs forains, ces citoyens
d'un jour jouer les ar iltocratcs, déjoner le, Clltreprifes
ms diltria., s'agiter de cent façons diflërentes , pour
~flilrer le prix du fil national, déterminer le coft.nne
des aaeurs de théa tre, avec la même gr"vité qne )e
"flO, le pOUJ'Où lzlc!1tif& liS drciu dt flLOmmt. Voyez
les~f()irallit réput-!iques , henrter de frollt la métropole, & la métropole déjouer en jmam les efforts
& les arrêts de foirante dpubliquts.
Vingt.cinquüm t changement.
Mais quel dl cette fanfare' quels fans gnerriefi
[e font entendre, ta mbours, fifres, tymballes ,
clarinettes l'x ba{fons! quels (ont ces ham", es noirs ,
en cheveux 10 Il {'l'S , e!1 cheveux COllrts, en pcrruquei
rondes, en per;"ques carrées; M. le général & madame la générale nl~ rch~nt à leur t ê ~e. N'appercevezvous pas dans le ointain une effig,e Ignoble, alongée..... C'eJt UII bulle eu marbre j reconnoiffcz l'au"
A3
�( 6 )
gune perfonnage qu'elle rl'préCente , c'crt Je roi
'!yb'ai.? ce /y/vain li re nommé , Li llll iwrlellemeot'
COli nu par (o n ad rellé au jeu de p aulmt, Ol) il eufanta Ja coulhtutlOn .... Ad,uirez Je talent de J'anifle '
comme il a rendu cet air hébêté, ce fJ'ont orp'u('il~
JeUK; IIlais chut; je Je vois qu'il s'avallce
prt.:édé
d'ua peloton de [es gardes;
,
» Montmartre n'dt plus là haut. elle cft IOlite où jo'
)) fuÎ-s. V
. Le modcl1:e rouverain viellt joui, en pcrfouu!! d"
tqomphe de , fon Image adorù.; fOIl char !j't rrê Ul ,
Je ta/TIbonl' Dat '~ns ch?ln!,s , Il enlre 'HI ,,,pito le ,
~ !cs fl.llleul" d "pplall d~r .... Le buite clt FhlCé il
cote de ce hll de Loms XV [, [011 pri{ou picr & en
re,garç! ç\~ r~ !ligie de Lon co lkglle en régell~e, le
heros amC:f1ca~p .
Vingt-flrirme changement.
Defçe"do us du C;,!,:;oIo , ,traver{ous la place d'arme~ , J(3 qua; de la 1\ le dfer!c , nO ~I ~ l'oi li, arrÎ,:és au
Louvre, vo}'e z~,' ous ce magn ifique édilice 1-eh bieu ! '
Henu IV y rcfplre encOIC; nun pas Hillr; IV, va inquel)r de , Maton ne & rios lilpot bes GI,jfes. ma is
Htfl rr , dehuflc, méconnu, méi'1 if~ efclave d'lllJe
hQrde de brigands. Entrez dans cc j:rd in pompeux
dans ce chef d'œlll're de l'i mm-ort"l te 1,,1tr(. Voyez:
vQ.U.s , un g,ros pal'a de b O :l ~C m i ~ lc, appuyé filr éatte
crol[ec, trllte, roveur, & ddlîpa:J: {cs {ollcis poig"3ns
à prend r~ oe.' ,mo!lchcs au l'ol? ch b icn 1 c'cl1: c'e
liwJ'l , fi chen de tocs les hOlln6rcs ~e JlS ' il n'c il:
plus envlroll né de la ma joRé royale; l'lt~ d'~r [ur
h ab its, plus de galons, pluG de brocleries ' il en
f aut tant pour J"armee nouvelle .... F~trons , , car ie
[ens que Je {ouffre pre[q"e autant que ce bon roi. .
Y-mgt:!è,prù-tlie .char:glr,ïCllt.
Vous apperce . cz a travers ccs arbros touffiJS un
'Olt couvert d'a rdo i{es & hérill'é de tuy""S de bran1 e , reconnodTez le temple vénérable que vous avez
l'U qu di'f-fopuenu:. c1!angunmt de ma lpr.l(rnt mogiqut.
re.
( 7 )
avez vu les arill:o~rares & le$ enragés, les noirs
& les bais, le coin d" Palais, roya l & le coin du
Louv re, le général Lamcth ,i la tribune, Mlle, Théroii'nc de Mérico urt à la harre; cette célebre 1"publicain, me rappeile un petit couplet que chal'roit, il Y a quelques jours , lm infâme arill:ocrate; le
VOICI:
AIR : d, Jocond,.
VOllS
Qui n'Jime roÎ [ point Po plllus,
Ah! c'c U lin fi .brave homme!
Bien diHë reor des gens cn us ,
D6nt la [cience JOomme ;
II J pour lui comme d'Autun,
Amour de la Commuf/( ,
Savoir modeCle, erprit commun,
Et maître{fe commune.
Cdl la re[pet tnble citoyenne T hlroign, dt Miri-cpur!, qui calomllioi t aiuli raril1:ocrate. V'AIS riez,
meflieurs & dl mes , j'ca f!lis f"ché , car je n'aime
poÎU[ l~ s mécEtCllls , ni les m~cqtlct!rs.
..
Pré/mtamw"" placez,vous a la tnb une , au ,mltell
de nos oppiaudi/Jeurs aux 40 [ols. Voyez à la barre, le
parlcment de Rennes, le s minifrrc s, le parleme ltt de
Borde.lUx. Relllarq4ez la contenance liere de ces hommes ccntens rI'avoir fait lem devoir. Voyez les forcenés du bail COill , héri trer leurs chevelul'Cs effraya ntes , lancer des reguds de feu [m des hommes
dont la probité los in dign e & les épouvante. Voyez
d'E l'rémenil jurer à la barre qu'il adhere à tont ce
qu'ont fait les parlemcns , & demander grace l'our
le préfident Menon, en ajoutant, par:donn<'{'lui,
mcJli<urs, il radot!. Voyez comme les bals.re ~edre[.
Cent in{olemment en entendant cette dure vente. Y,ous
voyez le Min"UlOre ( 1) demander la punit io n exemplaire de d'EfPr/m,ni/. Voyez les noIrS qUI demandent
l,auteme nt que Mirabea u [oit mis à l'ordre, & le
--------------------------~~~
Cl) Mirabeau l'aÎn<i.
�( 8 )
( 9 )
circulent ùans la ville, à la cour, dans les provinces. Par-tout Oll crie aUI voüurs, aUI volturs! En·
tendeZ-VOlis les cris de tous les honnêtes gens, écoutez-les bien, car vous Ile les entendrez pas long-tems.
Voyez entrer par les quarte portes des Tuilleries ,
l'armée bleue , rangée eIl bataille; le futur conl1étable eft il la tête de ces braves , Il arrive en
fOllriant au café de la Terra{fe, & après s'être
r af,aÎch i le golier, il fait manœuvrer le peuple de
héros, leur difrribue les cartouches, en entoure la
falle, & crie: en jOUt [ur les arifroerales mitré.s ou
en rabats.
Voyez le marquis de Foucault qui [e r~pal\d en
injures contre le général & contre l'armée, qu'il la
compare à cette horde de brigands parcourant les
fables ee l'Arabie l'our dévalifer les paffans. Voyez·l.e
s'échaulfer, & Touleoir 'lue l'a{f~mb lée ell ~uffi pn[ollllie,e 'I"e le ci·devau t roi des FrançaIS, pUl[·
que les fuffrages y [ont guidés par das bayonnettes.
Tnntùmt clzangemtnt.
Voyez les noirs s "lfcmbler pli~liqlle.ment aux Capucins & proreller contre les lemeralfes entrepfl[es
dts bals. Voye2 le mouvcmeut [ubit de l'armée, le
. canon, les drapeaux, & la populac,: canOl~I[ant a" •.c
cles po 'Times cuites, des Clloyeus qUi va lit s entreten"
l'ülIérêt gêné,al.
cOllrageux Cazalès, qll i menace l'orateur ' fougueulC
cle J'y rappeller à conp cle bâton,
Vingt-Izuitù mt cnangtmtnt.
Voyez les célébres Afnon, Lameth, la [a"e·femme d'Aigllillon & la maman Target , acc~uchllllt
' en plein manege de la cunflituriun, Voyq CornIlle
les noirs crachent an virage de la petite morveu(ej
voyez co mme le, hais la châtouillent pOlir exciter
(ou [o"rire) & lurent de l'élever [a "emelll & ,'ier.,
Voy",-vo~s ces l'l,'y{iollomies patibul:u'cs, ces pelol;n;
dc forcenes armes de tnques ) & montrant UII poiugt
menaçant à ' Illl alltre peloton oppo[é ? cç [ont les
el1ra gls.' qui ~~éf~ntellt le pillolet aux arif/ocroltS,
Ceux-cI q uolqu mfencurs Cil nom bre, n'olll pas moins
cle conrage. Le com bat di prêt d'être engagé: d la,
fJarde ! au difiric7! d la g ardi .! Mirabeau <lcCOlltumé
au meH'tre ) [e précipi ,e [ur un ad verfaire' [ans arme'
, ç 'en ~n fait.:". Mais... où fuit cc valeureu?, champion'. !
AIlr011-11 valllCu l " "o.n j la ,fe,meté de Maury le décOHcerte, & 11 s c101g!;e d Ill1 ennemi qll'il faut COIth
battre, .. [<I([n ) ol1 ufogt.
. .
Vil1gt-fltUi oieme chtmganou.
VOIC~ le roi Sylvain, qui vieil! fillJ\'er j'empire,)) Je
fa~s, dlHI,.' 'lue V~"S a l! L faire bJuq!lcrolltc j je le
faIS, c" r J a l parmI VOliS des efpio ll s , P'" qlli je (;, ls
t(~ut. Il cfl: VI a , que Je les paie II ll l'eu cher. Je vieus
el~ confequc: nce . VOiJ S tirer d'uil embarras qui fJit
tn o ~lpher les a"l1oer;}!es. Donll~z - mo i tous les bien s
)Jolledés l':.• le s. eccléfi,d1iq~,es , & je VO liS fais dé·
lIner. CIl] lJ JCJ!IC lnIhlUt p~r le lie Gr B ou/an"(/" , m ou
papetIer, uue çul'lt de petits chil1àlls a~xquels je
dOlln.cr~ll Id valeur mtnn[cqae de 1000 il 2 0 ::>0 liv. l)
~dl:'lre '. le pOllvoir magique du 1l0llVeaU mo!]arque ,
]1 rlcanfe ta liS le~ çœurs , & fall s alltre e~al1len ,
fan ~~all . ell adopte par acclamation , & les biel.\~
ccclchalllques apjJartio~lfJ,ellt ail roi Sy b 'aill {ails que
Je rOI SY/,'am (Olt oblIge de b ourfe "Clicr.
Les tnij[lllures (e réraod~!lt ail m~:!cgç , cle là ils
cc
Trmu-unitme changemtnt.
M irabtau! Quel homme d'honneur!
Dans cc qu'il dit, quelle éloquence!
Dans ce qu'il f<lit , quelle innocence!
C'eit la vertu! c' eft la candeur!
AUlre fois il fit banqueroute.
1\1ais . chut.' fur ce tour de pendatr.
Quand JOli! l'état cft en déroll!e ,
pour le remettre en bonne rome,
u De VOlre revenu t dit-il, donnez le quart! ~
LilS! il connait notre m~rcre: .
J'Qur la guérir, c'el! malni que rten.
\
•
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.( 1 1 )
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L. r'll1t.ho",me'
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lli lJ'p r le BOlJrg~onnl. Vovcz J" b ': '
..... , Cll ~ ((!
Jo" t,eCor à la cl&retloll de j'
C " t~ P/IIITpl" lIvrer
>v l'
Or"le,.r CI. S corn
...... onu eur des comnw l'Cs l' Il ob '
mUlles,
J'''lr .de {ou Pllpille. VGY~z l~ ( 1 ,ri . uer a pleines mains
~ Ull;~l) des fauxbourg s a:coc::/ros ~h~es ~(cr~cs, &
..."y. o u fe four ces dons patri Y i
Vz a (ame le
. 1i"I QIl > 10"t çu A";a'"
. { . ' qYes. !Oyez eUCOre la
',
"""~ '\ ~ JIll',: ( iJOlll r:.. ·O
' Ci. '
potT 1a vule , i.ncendier les mai(o
o-< 'lt'e , c repandre
l~utJ:r,,~ r ' es llrifur r"t. s & liS , pl Cr l ~s propriétés,
~l'\W les I;Jllil", d~."(l::".' L P'Olll'!IICr {J>Gcd lionuclle'
_
'
, - . "X ;H}J)"'JeS JU r.· ~
, .
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".Ulutlt adores ....
\. cre.. le g, Clléral !.,y F. . . . ,,oJ:' attre
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ç -:oonr qUi lno nte fin J "' /"6
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Voyez lèS dClix l , . , . -.
c n6n (c céde r ll1\ltuel1:'i~;~~' I~Oll~ pailr '. fré mir, &
l''garder l'un l'aH lr~ V
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• . C>Jcz e rav .J. r._JJI Pif ri ,OH!.,- raln;~e hleue
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cl peur le dereudre. Voyez
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b
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cC ~J'''U . ce monl}
1 M '
..
l> Ira eau " la Greve
&
Lre ..... , aIs ladlo n.
~h"u{fée d'Antin.
'
aJlou~ fal;e un tour à la
Voycz ,vou'> cc. pa laIs
' ln 0- if
Je te mpk de Salo
ab n )que, (omenu çomme
mon , par. ...Orcllte- fi cplounes liIez
p llOii.t .
l
h
L,
1
,
,
littl de M irabeau; entrez , meOieurs, la yue ne coûte
lieu. Aclmirez 1. richefle , la [oml'tuo fité des meu ble , '
la mag m'fi cencc ('j e cc fallon; voyez-vous ce houdoir,
ell,h alltCur .•.• machune, madame pardon, je fuis bien
aire d e vous avertir qll'on IlC l'it pÇHtlt ici .... Quoi! \·ons
riet etlcore pl!!s fort. Je vous entends , méchante : ah!
vO~lle7.-vous Hl'empêcher de rire, mOll fien r , en voyant
10tlt ce que je l'ois 1 0'01" a tiré ce l'"lais , ces ",eubl .. ,
nl'lgnifi ques , lç ci"él puletlx maître de céaUs ? qui, nans
pnl'i5, ign ore qJï l a panë fa \'Îe dans 10::5 prifoll s ou les
hôtels gHŒi, 1 V" ici [on adrrfl;' ' Ili il lll ' J dOllnee dem.
foi s C I.' qu i!l:ze .i m;rs. Le c:Jm:t de ,lvIirabrcu , rue . &
pâte! dt! R icluticu , :ncuMé. Le C:)fl: tc dt l11ira5cau , rue.
y hoid de Ccql:!roll, m ~ :.Lbll. C'cto it - l;:t qu'étroitement
logé dans une [('uic c ha mb re , i\ \·ég~ toit Cil compilan t, on imp iim allt des lihelles (tll'i\ .wait l'xcraqllés.
Et cc ma!hc,,,euJ; a llçs hôtd s , des éqllipages, clept:is q u' il cil dswtl ; Cc mél ier cf! nouc bieu lucratif,
lai{fez-moi fortir , 11)0Jl fi et:r, l' illdignalion me fdfoque ...
Sortez, lll ;)c!Jme, je n'en continll rfil i P"'s moins ~e
montrer 111a L :1l1t~ f1 ~e mngiCJue if. l' uimJble compaglllc.
T re!1!t:· d ! !.(.r iL'J:i(· c!lan r! (1}icnt.
P rcfènta mCfl " , me l1ieuf s &. dan~cs , VOllS all ez voir
le fieg e de la ba{h lle. Voyez arriver Ilile horde de
\laldits ayan t J'çc " bhl d" 10 R ryn; ' il lem tête . Us
fort Cl t des cave:wx des lilvalid cs ,& traînent après
em' j'I fq u'"" C" "oq de l'hô te!. Voyzz le brave olpi- ,
tain:! de ccs hé ros , p r:n 1;plc r d es tranchées aux bar ~
raq ues de la com· dite des fon t.a ines . ;ldmire2 la contcnance 6 erc de D elal/lw]' , envoya nt de te ms en tem~ ,;'
de la forr creO" des d r,,~ées <l UX alliége:llls. Voyp comme
on pitie le s ca Ccrues, l~ s t1lagafin s , les grcu iers, ju(qu'à
de u"
l'écurie. Voy ez le p ct it caoon d'arge nt
pavé, an li ell d',,{tnt & menaçan t les aOle.g es cie ,le,I~~
faire peur. Voyez tomber Geo rget le C"oomer.... \ Oldy
Jes [éllatell r, cie l'hôtel- de-ville. Fauchet & Çorn
vorte nt la parole, malgré la démangemfon 'l.U a cle
le lieur Thuria. de la Ro~ere. Voyez-VOUs ç~
a0î.s
varler
r'"
�( r3 )
.
( n )
DIIlIlC h01[ bfnnc 'lU ' b
. la R ey "ie , remettre environ 'l,:inze mille francs au
vertueUX, au gê néreux, à l'illcorruptihle marquis deMe F allch~t 1 No ar Ore Cil fig llc d e poix r él'an<>c'
.
us He vo l
'
' '0 - la Sa!" ,commandant en chef de J'hôtel-de-ville qui
mal, dit-il, dOll uez - n
\1 011' l'0lll t \'Ous f.,ire de
fOrtc rellè Il' _.
OllS (eulel11ent les clefs de 1·
00
, .. JeClrcz·vous Où bo
~
a
ute iljolJ te l'ÎlItrépide /a R n. vO.~s. 1.!I1~bh;ra. Sans
p ar trop de vertu d.
<plU, l,a é ru enfcrmé
..-eux pllls 'lu'on ' ç.'IO S ccs cachaiS iafâmes, je li:
pI?.:e, Ou l'~ vous cllcorme per(aone, cédez -1I0US la
enWllce
'. d
1\ peille Ce h ~ro ... . r:t 0ll ('~ec an·s Je vcotre . ~~
re
<I~(cclld du h "u't d~' ~ pero &, 'lu 'une [Il"e bruyanle
... P Il
" . s tour,
"U 'Il " 1. '1 1 [
"
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lIo ~~mcs ploicll! fous ce cf: e rn ere IIne porte; dou"
II s cxtafie à l'alil'eA d l' " "t..fardeau; voyez comme
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les [oldats 'panent' & .n a pr<nd.-, <ft bon J.. gardtr;
vaut au nom d~ ca,'ü:!Îlle de
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Trtntt-iJuatrituu Cll!1rgo1unt.
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Ad mirez ici la fcene 'lui fe pa ire daos la cnifine:;
voyel comme nos braves tr a va iile~ le dîner des gou, erneurs; le brave EIt, , le brave Hulin , le brave
irJaifliard, le br.ve Ha,,,': , & preli.l"e tous les 6rav,,:
fi ùl1'inci"üs co nquérans s'nmufeIl t a d ê~olll-"'e r un Yi:lft.e
aloyau, tandis que d'autres eufo uceut 1<:5 caves ,ilc.
qu'lm petit · nombre 1'0llt bo" g lé ma lgré entrer dans
la fort oreit. l'our y é~orger la garnifo(l. Voyez ces
pauvres inval ides ag iter leurs ch apeaux, & fai(oot figne
j),us c.elre à ces brav<5. GC boire UII COllp de plus lie
de
ret ire r; enlendez-les lem dire, cc nnfllt, allr{J'OU.f lTl, alli'{:"OUS ln, cauaille, J'DUS COUrf { à la 6oudurie ! nous nt ,'oulons point vous f hirt du mal;
Ln jèric{-I'ouJ ,fi nous fi( rtfp«7ious p oint " .fang fra"..
fais? m2is vo yez combien le génie du capitaine la
Reynie eft lilbtil & indufèrienx ; il fait apporter da
fumier & bea ucoup d. paille, y met le feu, & <111
même inltaut, il fait "jutier les trois piece,. Il fait
mettre le feu il ce fumier, & penCe que c'elt UIl
moyen infa illible ponr prendre le fo rt d'a/faut. Admirez la merveilleufe !aéli'lue de cet abbé-capitaine,
0.11 de ce capit.1ine ab bé. Voy"'- c o mme la fumée enveloppe le châte"u-fort; comme la ,gar nifon ~'effi-aie ,
Delaunay pe rd la tête; le gra nd pont-lev is elt bai/fé,
& la baltil le ef! ptife. ViiloiT(! vic7oir<! la bailille
dl prile; vive ICi vainqueurs de la baltille! Voyez
le lieur Elie qui ca{fe . le cou d'une bollteille pour f~
rafraîchir le gofier ., après ce grand œuvre. VOyC2le
brave Hulin (onir de la ctlifine, à l'apermre des portes,
& preudre au collet l'iu fortuné DdalJlUly , que Harni,
Hum~<rt & Cho/at traÎneut afiéz durement. Voyer
D <laun" .r qui veut (e pcrcer du da~d inclu, dans fa
canne. Voyez le capitaine la ReyJ1le s'avaDcer vers
le
oe
�•
( 16)
lPeétacle {uivant les goûts du public; de {orté qu'ott
ne .oit jamais chez nous deux fois la même cho[e.
Si vous êtes contens, faites en part à vos amis, &
n'oubliez pas votre [erviteur, qui {e recommande la
la générolité de l'illuftre compagnie.
LANTEI!NE MAGIQUE, PIECE CURIEU9E • .
."
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•
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Recueil d'écrits du Comte de Mirabeau
Subject
The topic of the resource
Philosophie politique
Droit provençal
Science politique
Description
An account of the resource
Une vingtaine de pièces (correspondances, odes, pamphlets, diatribes,... ) de la main de Mirabeau ou rédigées en son honneur ou encore publiées contre lui
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Mirabeau, Honoré-Gabriel Riqueti (1749-1791; comte de)
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence), cote In 8 20351
Publisher
An entity responsible for making the resource available
J. Johnson (Londres)
Mme Nhérat (Paris)
Lejay fils (Paris)
Jean Mossy père et fils (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1784-1791
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/253372127
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/Mejanes_8-020351_Mirabeau-vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
20 pièces
616 p.
8°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/309
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 17..
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque Méjanes (Aix-en-Provence)
Finances publiques – Ouvrages avant 1800
France. États-généraux (1789
Provence (France) – Histoire – Ouvrages avant 1800
Science politique – Histoire – Ouvrages avant 1800
Versailles) -- Élections