Histoire de la Provence]]>
Après trois années d'interruption, reparaissent les Annonces d'Aix rebaptisées plus ambitieusement les Affiches de Provence. La filiation probable n'est pas d'ordre administratif (le premier directeur de publication, Paris de l'Epinard, n'apparaît plus) mais est revendiquée au niveau éditorial : "Nous nous dispenserons de prouver l'utilité d'une Feuille Hebdomadaire que les encouragements du public nous portent à continuer après trois ans d'interruption". Dans le prospectus qui annonce son retour et évoque le succès de la première formule (pourquoi alors sa suspension ?), l'éditeur rappelle ce que le lecteur pourra y trouver tous les dimanches : "Tout ce qui tient de plus près à notre curiosité & à nos besoins, aux commodités & à l'agrément de la vie; ce que les nouvelles politiques offrent de plus intéressant, & les autres Feuilles de plus utile; ce genre en un mot d'instruction & de connaissances".

La formule, toujours proposée par abonnement, a peu varié sur la forme, excepté la mise en valeur typographique des rubriques qui structurent davantage les annonces.

Un justificatif d'abonnement de 1777 (le montant  de 10 livres est toujours inchangé en 1780)

Si les avis et annonces restent le premier objet des Feuilles, plusieurs évolutions sont notables :

- annonce de l'abandon des problèmes et des énigmes à résoudre (pourtant leur publication se poursuit)

- abonnements obligent, le premier éditorial réaffirme que "la partie la plus intéressante pour le plus grand nombre de nos lecteurs, & sans doute la plus flatteuse pour nous-mêmes, est la collection des Arrêts du Parlement; nous y joindrons la notice des Edits & Déclarations du Roi, Lettres-patentes & Arrêts du Conseil"

- en plus des rubriques traditionnelles (commerce, économie, agriculture, prix des denrées, désormais souvent limités aux grains), apparaissent de nouveaux thèmes comme l'histoire naturelle, le jardinage, la physique, les modes (de Paris !), l'histoire de la Provence, les nouvelles politiques, l'industrie, les faits singuliers, les découvertes, les anecdotes. Mais leur prolifération les ferait plutôt assimiler à des quasi mots clés (vers à soie, économie - agneau)

Avec cette nouvelle diversité des rubriques, les Affiches paraissent plus ouvertes sur le monde (anecdote américaine) et plus curieuses de nouveaux horizons (chimie, modes vestimentaires, bijoux) : constantes sur la forme, elles se sont modernisées sur le fond. On apprend ainsi qu'en 1777 Mr. Parmentier, chimiste de Paris, a été chargé par le Gouvernement de donner un traité sur la fabrication du pain (repris des Affiches de Picardie) et qu'une goutte d'huile de vitriol empêcherait l'eau de pourrir dans les barriques de bois qu'embarquent les expéditions du Capitaine Cook, toujours soucieux de la santé de ses équipages. Sensibles aux attentes populaires, les Affiches publient à partir de 1779 la combinaison gagnante des numéros sortis lors du dernier tirage de la Loterie Royale de France, nouveau nom de la loterie nationale adopté en 1776.

Un encart publicitaire pour un remède pharmaceutique (1780)

Les publicités des professionnels paraissent sous forme d'annonces standards que rien ne distingue de celles des particuliers. Seule exception, cet encart pour un remède dermatologique autorisé par Jean-Étienne-Marie Portalis (1746-1807), assesseur à Aix à partir de 1778, au cours de sa période d'avocat à Aix.

Particularités : alors que tous les bulletins de la nouvelle série ont un format fixe de 8 pages, la Feuille n° 50 du 29 déc. 1777 s'étend sur 152 pages (nouvelle pagination) et propose une copieuse compilation d'édits, d'arrêts et de documents juridiques. De même, après l'encart publicitaire autorisé par Portalis, une très longue rubrique de 240 pages (nouvelle pagination) de Livres nouveaux sur la jurisprudence parus en 1778 (notamment celle des Parlements de Paris et de province) occupe la quasi-totalité du bulletin n° 20 du 14 mai 1780, dernier de la collection. Comme son prédécesseur, ce bulletin s'arrête inachevé, marquant la fin de parution des Affiches, tout au moins pour les bulletins qui nous sont parvenus.

Une note manuscrite fait référence à ces 2 bulletins en précisant qu'ils sont reliés à la fin du dernier volume de la collection. Pourquoi cette reparution près de 8 ans plus tard et sous l'ancien sous-titre ? Une première note manuscrite anonyme, d'une main différente, encartée au début de ce dernier volume, précise de manière assez mystérieuse et plutôt accusatrice, que "cette Feuille a été expédiée jusques & inclus le 14 may 1780. Elle a été alors interrompue par la fautte de Nicollon". Nicollon est, à l'époque, le Directeur des Affiches (Bureau des Affiches, place St Honoré à Aix).

Affiches Aix - Arrêt en1780

Pour terminer cette présentation, comment ne pas citer cet extrait d'un éditorial "On n'imagine pas aisément que des petites Affiches puissent amuser, & même instruire" : nous divertir, peut-être moins de nos jours, mais nous instruire, certainement plus que jamais et de la plus simple des façons.]]>
1777-1780; 1788]]> fre]]> Aix-en-Provence. 17..]]>
Histoire de la Provence]]> Annonces, affiches, avis divers d'Aix" rédigée par J. Sgard, éminent spécialiste de la littérature, de la vie intellectuelle et de la presse du 18e siècle, donne la mesure de la richesse et de l'intérêt que présente ce très rare journal de petites annonces parvenu jusqu'à nous (le Catalogue Collectif de France ne recense que l'unique collection conservée à la BU Schuman d'Aix, la BnF ne possédant pas d'exemplaire de ce titre, cf notice https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42160801q).

Publié du 7 janvier 1770 au 13 juin 1773, la collection numérisée ici présentée est complète, à l'exception de bulletins publiés en 1769 auxquels fait référence le prospectus de 1770 et des n° 22 & 23 de 1773 manquants, le n° 24 étant l'ultime bulletin publié ou sauvegardé.

Notice d'antiquariat avec notes de J. Sgard

Les Annonces d'Aix sont d'emblée à la recherche d'un nombre d'abonnés suffisant pour garantir sa survie économique. Pour s'assurer un lectorat large et diversifié, les Annonces se présentent comme un journal d'information qui publie une sélection de textes officiels : les édits, les déclarations et les lettres-patentes du Roi, les arrêts les plus importants des Parlements de Paris et de Provence; en résumé, toutes les lois qui concernent la vie quotidienne de tout à chacun. On peut ne s'abonner qu'à une série de publications (seulement les règlements ou seulement les édits, par ex., avec modulation des tarifs) et recevoir la Feuille à domicile, moyennant un affranchissement suffisant (l'irrégularité de l'acheminement du courrier assuré par les Postes fait déjà l'objet de maintes réclamations !).

Les Affiches proprement dites, mélange d'offres et de demandes de particuliers comme de professionnels, sont proposées comme une formule d'abonnement parmi d'autres : véritables petites annonces dans toute l'acception moderne du terme (dont l'invention revient aux Allemands selon Paris de l'Epinard), elles constituent le réel intérêt historique de la revue :

  • des choses à vendre avec leur prix, comme des maisons, des terres, des charrettes, des huiles, des tableaux, des animaux, du café, du chocolat...
  • des demandes particulières : des tableaux religieux, des emprunts d'argent, un maître d'école qui sache montrer à lire, qui peigne bien et qui connaisse le plain-chant et l'arithmétique
  • des recherches d'emploi : recherche d'une place de domestique, une place d'aumônier pour un ancien prêtre
  • des offres d'emploi : une place de gouvernante et de fille de ménage, une place de bon cuisinier, une place de domestique qui sache chasser
  • des objets trouvés : une boucle en argent (à tel endroit)
  • des objets perdus : une rosette de diamants (tel jour et à telle heure), un cabriolet
  • des avis divers comme le changement d'adresse d'un expert en dentition et remèdes, le nombre de navires entrés dans le port de Marseille, des annonces de concerts et autres spectacles, l'ouverture d'une école de filles, un concours vétérinaire, le nombre d'enterrements, de mariages et baptêmes de telle paroisse, des attaques de loups dans telle ville, l'apparition d'une maladie dans tel quartier, des livres nouveaux,..
  • mais encore le prix courant des denrées : bled, avoine, viande, pain blanc, vin vieux et vin nouveau, huiles...
Pour divertir le lecteur et le fidéliser, les bulletins se terminent toujours par un problème à résoudre ou une énigme à élucider (cette rubrique apparaît dès le 14 janvier de 1770) : il faut bien sûr patienter une semaine pour connaître la solution...

Dans son souhait d'être le plus proche possible de ses lecteurs et de favoriser des échanges qui dépassent les seules offres et demandes de biens et services, le journal fait appel aux lumières de ses abonnées sur "les choses nouvelles, curieuses, intéressantes, jolies, amusantes & instructive, en quelque genre que ce soit, pourvu qu'elles ne contiennent rien de contraire à l'honnêteté publique, à la religion et au Gouvernement". Un appel qui tranche avec la majorité des journaux qui s'affichent comme sources d'informations autorisées, verticales et descendantes
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Un parasite de l'olivier - unique illustration des 4 années de la publication (1772)

Limite technique de la presse de l'époque, le journal ne contient aucune illustration, à l'exception de quelques croquis réalisés par un de ses lecteurs, entomologiste amateur, pour illustrer un article alertant sur un nouveau fléau qui touche les oliviers, publié dans la rubrique Agriculture
du bulletin n° 17 du 26 avril 1772.

En plein milieu de l'année 1773, la publication cesse brutalement de paraître sans avoir annoncé son arrêt et sans en donner les raisons. Ici s'interrompt, provisoirement, un inestimable témoignage de la vie quotidienne en Provence de la fin du 18e siècle. A suivre...]]>
1770-1773]]> fre]]> Aix-en-Provence. 17..]]>