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200
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-
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... .,...,...
EXAMEN
•
. DES NOUVEAUX ÉCRITS
DE LA PROVENCE
• 1
SUR
,
Â
LA PROPRIETE DU RHUNE•
•
1
'
A PARIS,
1
'
De l'Imprimerie de V 1 N c EN T , Imprimeur des EtatsGénéraux de 1~ Province de Languedoc.
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M DCC LXVIII.
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TAB LE DES AR TIC LE S
CONT ENUS DANS CET OYVR .AG E.
I
•
Page.~
NTRODUCTION, où l'on exp0fe les prétent ions de la Provence fur le .Rhône , les moyen s employ és dans le Procès
qü'elle intente contre le Langue doc, l~état ,aél:uel de la èaufe
& la divifion de cet Examen,
r
PREMIERE PARTI E. Examen . de la Qttefüo n confiderée
au fonds.
7.
ÂR TJCLE PR.EMIER., Ori_gine des Droits de la Couron ne .fur
le Rhône.
I?.
ARTICLE SECOND, Etat du Rhône fous la feconde Race de
nos Rois , & princip alemen t dans les tems des premie rs
Uforpa teurs de la Proven ce.
l. I
'ARTICLE TROISIEME. Obferv ations détaché es fur divers objets relatifs à l'état de ia Quefüo n.
35
§. I. Topogr aphie de la partie contentieu{e du Rhône.
36
'§. II. Chrono logie des noms de Languedoc & de Provu:zce.
40
§. III. Origine des Droits que ies Rois d'Arles & leurs Vaf{aux ont eus dans leurs Etats.
..if 7.
§. IV. Egalité des Droits que les Va:lfaux de 1a Couron ne
d'Arles ont eus fur les Fiefs qu'ils tenoien t des Empere urs
Rois d'Arles.
50
§. V. Nature des edtreprifes que les Comtes de Proven ce
ont faites fur le Rhône & fes dépendances.
;3
. §.VI. Réunio n prétend ue de la Provèn ce à la Couron ne.
54
§. VII Difpofü ions des Loix Romai~es fur la proprie té des
Rivieres & de leurs Hles.
60
§.. VIII. Traité de l'année 1760 entre Sa Majefré & le Roi de
·S ardaign e, Duc de Savoie.
6j
§. IX. Motifs préfentés par la Proven ce comm.e eifentiels
au fonds de la Quefüo n,
6t.
(Z
ii '
..
�TAB'LE'
Ptr:ges
§. X. Réponfe à deux Quefrions etfentielles à la Caufë.
73
Réfumé dé cette premiere. Partie.
75-
SECONDE PARTIE. Examen des-. Monumens' qualifiés Tiires de proprieté, & produits comme tels par les Procureurs
du pays de· Provence.
ARTICLE PREMildt.
Titres nommés Conjlitutifs..
80,
8:z._
§. J. Traité de partage entre Alphonfe-Jourdain, Comte de
!
Touloufe, & Ràymond-Berenger 111, Comte de Barcelone, _
tous deux Comtes de Provencè par indivis ; en date du ,
83:
16 Septem~re 1 n5~
Les principaux objetS:intereffés dans,ce Traité font, I. le cours,.
85:.
·
du Rhône.
88
_II. L.'Hle de Camargue..
9)
HI. La terre d' Argence.
1V. Les portions des Diocefes d'Avignon & de Valence füuées .
9-9'
fur la rive droite du. Rhône..
100
V. L'Hle de Valabregues. ·
101
VI. Le cours de la. Durance;
§.Il. Acc9rd paffé-en l'année 1070' entre Raymond: de S. Gil~
107
les, Comte de Provence, & Aicard Archevêque d'Arles.
§. Ill. lettres de Frédéric I ,. Empereur & Roi & Arles,. en..
u1
faveur de l'Archevêque d'Arles, donnèes en 1154.
§. IV. Traité entre le Roi Philippe-le-Bel & Charles d'Anjou-,
Roi de Sicile & Comte de Provence , du<mois de Jan..vier 13 o 1 , portant aifociation pour la vente du Sel.
lettres-Patentes du Roi Louis. XI, -des 20 Juillet i471 , & .
115'
28 Septembre 1480 fur le mêm<:_ fujet.
118
Avrir1509•
I'J
§.V. Lettres-PatentesduRoi Louis XII, du
§. V~. Lettres~Patentes du Roi François 1, du 15' Avril 152).
Vente du Port de Confolde du 1 ~ Mars 154.3.
Edit du ~oi •Henri IV du mojs de Septembre 1596.
Lettres-Patentes du Roi Louis XIII du 31Janvier1627. Il)& 116
§. V Il. Lettres de la Chambre des Comptes d'Aix, du Il. Ja~
•
vier 1 53 1, concernant les Hles du Mouton
....
�DES ARTICLES.
v
Pages
1.ettres-Patentes des Rois Henri II, & Henri III des 13 Aoî1t
1 557, & 17 Décembre 1575 fur'Ie même fojet.
u8
§. vm. Inféodation de l'Hle de Tresbon, d~l 20 Fevrier I 539.
Lettres-Patentes des Rois Henri Il & Louis' XlII des 11 Mai
1549 & 1Septembre 1611, fur le même fujet.
Arrêt du Confeil du 6 Septembre 16 1 r, fur le même fojet. 13 I & 13 2'. ·
§. IX. V ente des Crémens de Boulbon , du 16 Oél:obre I 544. 1 36·
Réfultat des prétendus Titres Confritutifs.
13 7
ARTICLE SECO,.ND. Titres produits par la Provence comme
énonciatifs ou confümatifs, & qualifiés, Aveux, Déclarations,
& Jugemens en ctmtradiëloire dlfinfe.
140>
§.. I. Enquête de fanné'e 1 3·06; Articles propofés par le Ji>rocureur du Comte de Provence,, & . Procès-Verbal du mois·
de Décembre 1 307..
I4'1i"
§.. II. Aél:e concernant Ies:proprietaires de fonds dans l'Hle de
Lubieres, du 3 Aouil: 13?7.
158:
§. III. Procès-verbal du 7 Avril r 4 7 4, au fujetde la faiûe d'une
barque Catalane clans le port de Trinqu~taille.
I 62,
§.IV. Procès-verbal du 11 Jtiin, 1477 au fujet dü:terrein de
Carmejan fous Boulbon..
164;.
§: V. Tranfaétions paifées les l Oél:obre 1 504 & 5 Oél:obre
1576, an füjet d'une Hle ou Crément fous Mézoargues.
168 :
§.VI. Arrêts du Grand~C<;mfeil des 13 Avril r 587 ~ 3o Septembre 1 609, au fujet des H1es du. Mouton-& de Tresbon. 170,
§.VII. Aél:e de Vente de l'Hlondu Colombier, du 10Avril1617. 183;
§. VIII. Arrêt du Confeil du 3 1 Décembre i 670,. concernant le
péage de Lubieres.
.
1.84,.,
§.IX .. Arrêts.du Confeil du 4 08:0bre 1687 & de l'année 1691~
concernant les Ifles du Rhône depuis,Arles jufqu'à !a Mer. . 1.88
§., X, Arrêts- du Confoil fies 22 Aouil:. 1690·& 1-6 Aoufi: 1692,,
& Lettres-Patentes. données fur ces mêmes .Airêts. Ies 16 Juiu.
& ro Septembre des .mêmes années, au fojet des terreins de
' Leguès, Leilet & Barallier & des Cr~mens de, Treshon. .
190 ·
Refultat. des prétendus Titres confirmatifs..
199c<
A-R TlCLE. TROI~ IEME. Titres produits par la Proyence fous
la dénomination d' Aéles p oj{ef[ofres...
a.Gl>
.
'
-
'
�TA BLE DES AR TI 'CLES.
VJ
Pagej
'§. 1. Aétes relatifs aux droits des Archevêques & de l'Eglife
d'Arles.
206
·§. II. Aétes relatifs aux Droîts 'des Comtes de Provence fur des
objets étrangers à la caufe. .
20&
§. III. Aétes relatifs aux entreprifes des Provençaux fur des
Hles & Cré mens de la partie contentieufe du Rhône.
.Réfztn.zé pe cette~ fec0nde Partie. ·
2 Ir
213
'TR01SŒME PARTIE. Examen des Titres que1a Provence
pretend écarter & réfuter fous le nom de Titres du Languedoc. 215
.AR T!CLE PREMIER. Lettres-Patentes du Roi Charles VI, du
30 Janvier 1380, (13'81.)
117
AR TI .CLE SECOND. ,Lettres-Patentes de Marie, Reine de Jérufalem, & Comteffe de Provence, du 9 Décembre 1398. 125
ART,ICÙ TROISIEME. Lettre5-Patentes duRoi Charles VIII,
du 28 Aoufi 1488.
232
.AR TI CLE Q-U A TRI EME. Arrêt <lu Parlement de ·To1ilou1e du
8 Mars 1493, (1494.)
236
ARTICLE CINQUIEME. Ar.rêtduConfeil, du161uillet1681. 2'48;
AR TIC LE SIXIEME. Arrêt du Confeil, du 8 Mai 1691.
255
.AR TIC LE SEPTIEME. Arrêts du Confeil, regardés par la Pro·
Vence .comme étrangers l'affaire. ' <:e font "les Arrêts des
TDécemhre ·1 685, 5 OQ:obre 1705 , 10 Oétohre 1707,
l 6 Décembre r·710 & premier foiHet 17-4 8, qui concernent
le Dauphiné; les Arrêts des 16 Mars I719 ~ 211anvier 17i.6
& 1 o Fev.rier -17 48 , qui ·concernent un 1errein formé par le
Rhône auprè~ d'Avignon; & les Arrêts des 24 Aoufi 169e
& 6Juin ,175 8, qui font traités de-fimples Arrêts de forme_. 'l-64
ARTICLE HUITIEME. Arrêt du Confeil_du 16foin1711..
275
·§. I. Demande en Contrarieté.
:r.82
·§. Il. Demande en Requête Ciyi:Ie..
293
.Réufitmé de cette troifieme Partie.
30~
RÉCAPITULATION de tout !'Ouvrage..
303
1
a
C-0NSVLTAT10N.
JI)
ff-.~
-.
�TABLE ET EXPLICATION
DES
ABBRÉVIATlONS MARGINALES.
'.A.br. Chron. de l'Hlft. de F.ABREGÉ Chronoiogique ile l'Hifroire
de France, in-4°. Paris, 1'768.
.Arrêt du Parlement de T ouloufe elu 8 Mars;
'Arr, 1494.
1493, (1494·. ) dans le Recueil produit
pat le Languedoc, folio 1.
Arrêt du Confèil, du 21 J'anvier 17l6;
'.Arr. 17l.6~
dans le même Recueil , folio 53.
Arrêt du Confeib du 7Oltobre 1738, wid;.,
'.Arr. 1738'.
folio 81:.
Arrêt du Confeil du r Juillet I'J'.+.8 , îbid~.
'Arr. 174S.~
· folio 82.
Arrêt du Confeil du 21 Aoufr 1764. Ili
Arr. 1764..
contient errentier la premiere Requêtt·
des Procureurs du pays de Provence.
Difüonnaire Géographi<J:ue , Hifrorique·
Ditt. Géogr~
& Politique des Gaules & ·de la France,.
par M .. l' Abbé Expilly~
Gngorii Turonenfis Epifcopi Hijloria Fr.an··
·G reg. Hi11:. Fr.
corum •.
Guidonis PapœDecifiones Gratiânopoliianœ;..
Guid. P. Dec. Grat;_
Lugdu(li , I 6~1 o.
Hifioire générale de Languedoc,.. par lès+
Rift. de Lang•.
Bénédiains.
Hifroire Civile, Eccléiiafrique & Li,tté-·
Hifi•. <ile Nifmes ...
raire de la ville de Nifmes, par M. Mé ..
nard, Confeiller au Préfidial de fa même :
ville, de· l'Académie Royale des Infcriptions & Belles-Lettres, 8' vol. iiz•4°~
Hi:fi:oire -Chronologic1ue de Provence, par·
Hifi. de Ptoy;
Honoré Bouche, Dolteur. en. Théo Io.....
gie. Aix, 1 664, 1 vol. in-fol.
· l:.ett; Pat; 13 8 1 ;_
I:.ettres-Patentes du Roi Charles VI ,dur
· 30Janv_ier 1380, (1381.)
1.ettres-Patentes de Marie, .Reïne ·de
1398; .
falem & Comteife. de Provence , . du1
9 Décembre 1398 ..
Lettres· Patentes du Roi Louis Xr,,. clli;
2'6 Janvier 1474, (1475-.)
Lettres-Patentes du Roi. Charles VIII ,,•. du,
Jeru•-
2.8 Aouft . ;x488 •.
.
(
�vi:Jj
EXPLICAT ION
· ett. P a:t • 149 8..
L
DES ABB.RÉVIAT!'ONS · MA'll.GINAU.S~
Lettres-Pate ntes du Roi Louis XII, du
· 19 Novembre 1498.
Lettres: Patentes du même Prince, du mois
de Mars 1511, ( r )I 2.)
Lettres-Pat entes .dtt Roi François I ~ dtt
1526..
6 Décembre 1526.
Lettres-Pat entes du :même Prince, du
2 Juillet -1539.
Lettres-Pat entes du Roi Henri II , du
) 557·
25 Février 1556, ( 15 57.)
•:
Lettres-Pat entes du même Prince ., du 1 ~
Mars 15 57, ( q 58.) & du91uillet 15 5~.
Marca de Primatu Lugdunenji. P arifiis r 644 •
.Marca de PrimA
Mémoire .à confülter pour les Procureurs
Mem.
.des Gens des Trois Etats du pays de
Proven-ce. ·Paris, Chenault, 1764, voL
in· 4 de i 40 Pages, fans la Table.
Mere. de Fr. Oél:. 1764. ·Mercure de France.. Premie-r Volume du
1 vol.
.
·
mois d'Oél:o_b re l 764.
N. Boër. Conf.
Nicolai Boërii Decifiones Eurazgalenfes fi
Concilia. Genevœ, i610.
N° L prem. Re'[.
. . ·$>iece produite par les Procureurs du pays
de Provence avec leur premiere Requête, & côtée NO L
N° I. {e~. Req.
J?iece jointe par les mêmes à leurfeconde
Requête ., & côtée N° I.
Récapitulat ion dés Titres .concernant la
p.ropri.été du Rhône , pour les Etats de
.P rovence contre ceux de Languedoc. Pa;
ris., Chenault, 1767, vol.in- 4 °,de 9 r pages.
-Rec . .des Hiit. de Fr:.
Recueil des Hiiloriens des Gaules & de la
France, par les Bé.nédiél:ins.
Recl.leil .ou Rec,.
Recueil des Déciii.ons & Arrêts , produit
parle Languedoc. Paris, Vincent, 1765.
yol. in 4° de 116 feuillets, fans les Tables.
Rép. du Roi.
Répon.fes du Roi aux Cahiers de la Pre·
vence en 17 3o & r 761 , dans le Recueîl
produit par leLaftguedoc ~folio r 1 1 &fuiv.
Premiere Requête des Procureurs cle Pro·
vence, du .z.1 Aouft i 764.
~eq. 176).
Requête du Syndic-Gén éral de Languedoc,
°
..
Req. 1767.
Tr; de l'Uf. des F.
<lu25 oa~bre 176'5·
Secon,de Requête des Procureurs de Pro·
vence., du 27 Mars r7f>7Traité de J:Ufage des Fiefs, par"Denis de
Salvaing. Gr.enoble, 173.1.
EXAMEN
�'.
EXAMEN
DE S
NO UV EA UX 'ÉCRITS DE LA PROVENCE
Sur la Proprieté du Rhône. ·
ES ETA TS ·GtN ÉRA UX de la prov ince
de
Lan gue doc ont. prod uit au Con feil du Roi
en 176 5. un Rec ueil de Déc ifio ns éma nées
du mêm e Con feil , lefqueHes écab1iff.ent
d'ap rès les Tit'r es; qui y font vifé s, l'an cien
dro it & la poil effio n non inte rrom pue de
la Sou vera inet é &
.de la Pro prîe té de Sa Maj efl:é , à r_aifo n ae
fa Cou ron ne de
Fra nce ;fur le ·f leuv e du Rhô ne, d'un bord
à l'au tre; dan s fon
anc ien & nou vea u lit, & des Hle s, !flo ts,
Cré men s & Atté riffemens qui s'y form~nt & qui , fuiv ant
les mêm es Déc îfions, font pan ie de la pro vinc e de Lan guè
qoc . Ce font les
prop res -termes .des Déc ifio ns ·qui com pole
nt ce Rec ueil .
·Les Etat s de Lan gue doc auro ient éga lem
ent pu form er
un Rec ueil bea uco up plus con Gdé rahl
e _des Titr es au1
then tiqu es, qui dan s tous les tem s de
la Mo narc hie ont
affuré à la Cou ron ne de Fra nce la mêm
e Pro prie té
Rhô ne , d'-un rivage à -l'autre & par tout
fon ~ours,
du
A
�2.
PROP RIET É
comme étafi.t en dedans du Royaum e ; & qui démontr ent
en même rems que les Hles de ce fleuve & fes deux ri ..
vages font des ancienne·s limites de leur province & en font
pa~tie.
..
Mais, pour- peu, qu'on refpeae la vérité, on ne peut
Récap. pàg. 1 pas dire que les Etats de Languedoc viennent enfin de pro~
2
duire leurs Titres relatifs à la proprieté du Rhône , qu'ils
& '
ont formé furtivement la demande afin d'avoir la pr.oprieté
du Rhône, & qu'ils prétendent que cette proprieté leur aété adjugée par l' Arrêt rendu folemnç llement & contradiaoirem ent . entre le Langued oc ~ la Provenc e le
26 Juin I7l.4 •
On n'ignore pas en Langued oc , & on y .reconnaît
fans détour que tout le cours du R.h&ne , depuis l'entrée
de ce fleuve dans le Royaum e jufqu'à fon embouch ure
dans la Mer Méditer ranée , appartie nt au Roi comme
iloi de France & à caufe de fa Couronn e & Jufiice de
France ; que les droits que la Couronl?-e a fur le fleuve
du Rhône remonte nt jufqu'au fixieme fiécle de notre
'
Ere, c'eil:-à-dire prefqùe jufqu'au x commen cemens de la
Monarch ie Françoife, & ont été confervé s iufqu'à préfent
fans aucune interrup tion. effeaive ;. que le Roi eft également & par un feul & même' titre Propriet aire & du
en fait partie dan's toute fa
Languedoc & du Rhône
longueu r du Nord au Midi, depuis le Forès jufqu'à la
Mer ; & enfin ,. pour ne rien perdre des propres expref.
1fions des Arrêts , que tous les Rois fes prédeceffeurs ont
toujours été maintenus comme Rois de France dans L' ancie11
droit & la pojfeffion immémoriale. de la fauveraineié &pro~
prieté d1tt Rhône par tout fan cou.."s.
La Provenc e au contrair e _a nnonce aujourd' hui qu'elle·
· prétend avoir la propriet é du lit encier de · ce .fleuve de
1
qui
�•
DU RHONE.
J
puis l'embouchure de la Durance jufqu'à la Mer Méditerranée ; & ce n'efi pas d'aujourd'hui qu'elle ambitionne
cette propriété. Elle a cherché plus d'une fois à l'obtenir fucceffivement fur diverfes parties de l'objet contenûeux , & elle a fouven_t entrepris de fe la procurer par .
des voyes de fait comme par les voyes de droit.
Les Procureurs des Gens des trois Etats du pays de Provence ne veulent point <lu' on l'ignore, car ils en donnent
eux-mêmes des preuves multipliées dans les Monumens
qu'ils ont raffemblés & qu'ils mettent fous les yeux du
Confeil du Roi , comme autant de Titres de leur prétenduë proprieté. Ils prennent apparemment, ou du moins
ils veulent faire prendre des entreprifes pour des droits.
Si les Procureurs du pays de Provence connoiffoient
quelques Jugemens folemnels, qui euiTent déclaré que le
Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer fait partie· de
la Provence , ou bien quelques Aaes qui euiTent donné
ou tranfporté à la Provence la proprieté de ce :fleuve, lequel éroit incontefiablement du Domarne de la Cou·
ronne plufteurs fiécles avant que la Provence fe fût fé ..
parée -de la Monarchie F rançoife , ils les produiraient
fans doute avec tout l'appareil qu'ils donnent à l_a multi·
tude de Piéces qu'ils préfentent au Confeil , & qui toutes enfemble ne valent- pas un pareil Titre.
Au défaut de ce moyen qui efi fort fimple mais qui
leur manque , ils annoncent en tri_o mphe que les Titres de Mém. pag. i q
la Provence vont paraître pour la premiere fois fous lu yeux
du feu! Juge capable de les apprécier ; Titre-! a7Jciens , 'fUÎ. ·
ùablijfent, difent-ils , les droits incomejlah!es de leur Pro-Yince fur le Rhône, & ,qui , conformément à la thefe générale qu'ils annoncent auffi pour la premiere fois avec
la même affurance, font defünés à prquver que " Dan.r
A ij
.
'
�:P.RôPR.lE TE:
tous les rems la Provence a été propriétaire du lit en•
tier du Rhône & de Ces dépendances; que fes.A:aes de·
~e?Jt·P&.~é-,,
.. api. a.J.l'm•
» propriété , de fouveraineté & de jurifd1étion fe font
~, fou tenus Jans tous lesJiécles fur· les ifles & les< bords du·
"fleuve; qu'il n'ejl point rd'injlam dans les liécles Jes. plus
,, reculés & dans les téms les plus modernes, où les, corn,, tes de Provence aient ceffé de regner for le Rhône ;
,, que la poffeffion de fa Provence efl même ft ancienne;,
»que· , quand elle n'aurait pas parelle-même la proprieté
,,. des droits , qu'elle foutienr avoir fur le Rhône , elle lesi
" eut acqui:s par Ia: fimple poffeffion de plus de vingt Jié'r des.,, Ce 'font les· propres expreffions des- Ecrits qu'on·
Req.de 1 764,."
fe propofe d"examiner.
Pour faire . valoir ces prétentionS" plus qu'èxorbit"·ntes,
if falloir attaquer les droits d e· la• Couronne de France,
d'é'mentir ou rejetter nombre cl~ · Lettres ):loyaux, altérer
l'Hifl:oire , défigurer la pl il part des faits·, infirmer quantité d' Arrêts de Cours fouverairies·, contredire même
plufieurs Arrêts folemnels du Confei! d'Era·r du Roi. Telle
eft effeétivement fa marche que les Etats de · Provence fe·
font faite & fuivent êonftamment dans la cemrefration,
qu'ils viennent d'élever; en évitant néanmoins d'artaquer
direétement & de mettre en caufe· la Couronne: ,. quoi"'
qu'il ne foit queflion que d'une propriété qui' lui appartient invariablement; & en lui fubfl:ituant le Languedoc~
qu'ils fe donnent pour partie adverfe .avec d'autant plus·
de vraifernblance, qu'en effet les limites du Languedoc
du côté de la Provence font précifêment les mêmes que·
celles du Domaine de )a Couronne, & que les · droits &
<le la Couronne & du Languedoc fur le Rhône font tel·1ement ~dentifiés & confondus enfemble qu'ils ne forment·
qu'un même droit,.
1
r
•
�DU RH o·N É;
s
Parmi plulieurs Arrêts·du Confeil , qui ont jugé uniformément que le Rh6ne & fas dépendances font partie de la.
prov~nce dé Languedoc ,. les Procureurs du pays de Pr-0-
vence ont choift par préférence celui ~u 2 6 Juin I-7 24 ,.
pour l'attaquer par la voye de la contrarieté avec de précédens Arrêts , difont-ils , & par la 1toye de la Requête civile , fou.r le ·preiexte de non valable défenfe. Ils ont pr.éfenté le 2 r Août 1 764 au Roi & ~ Noffeigneurs.. de. fon
Confeil une longue & fçavante Requête , dans laquelle
' ils expofent tom leur fyfiême avec une clarté qui ne lai!fe.
aucuns nuag.es fur leurs . prétentions.. Ils ont . accompagn.é.
cette Requête d\m Mémoire a conjùlter pour les Procureurs .
des Gens" des trois Etats du pays de Provence, Oµvrage :
confidérable , où l'on a entrepris de jo-indre la fcience des .Mere. de Fr.
'L' •
' f
.
des· L ozx,
. & ou' venta
, . bl ement l',eru cl'i .. Oétob.
1764'
raus
a.
a 1{.cience
1 vol "" p. 1 ~ 8 •
tion & l'efprit font· prodigués avec beaucoup d'an ..
Mais, comme le Syndic-Général de-la province de Lan~ guedoc, fqui le Roi enfo12 Confeil_, avant faire droit fur la Re- -Arr. du Con~
quête de la l' rovence,, avoit ordonné 9u' elle feroit c~mmuniquée,_, 176 -+·
a penfé qu'il n'étoit pas néceffaire de revenir fur une ma:
tiere plus que fuffifamment éclaircie, & qu'il l.'étoiuncore.
moins· de difcuter. un Mémoire qu'on peza regarder comme Me re. de Fr.
. d'
J,
L'A ca demze. R c:Y ale d
. -.
I bid.
une Diffi
t ertatwn zgne a'e
· es 1,,r;
17:J.crzptwn.r
& Belles Lettres autant que comme un Plaidoyer; . & comme,,
e:n fe renfermant dans des fins de- non-recevoir fondées principalement fur la chofe jugée, & nettement expofées.dans fa
H.equête du 2 5· OEtobre 1 76 j· , il s' efi contenté de remettre
fo'u.s les yeux du -Confeil du Roi.les propres Dé~ifions de Sa
Majefié fur une Queilion déj.a fouvent débattue , plufieurs-.
fais infiruite d'après les produél:ions. refpectives des parties .
contendantes, & toujours déterminée au préjudice des .
prétentions femblables à c.elles q,ue les. Procureurs du Eays:,
�PROPRIETÉ •
6
de Provence al'lnoncent aujour-d'hui ; ceux-Ci voulant re..
nouveller le combat & recommencer l'attaque' ont encore
préfenté le 2 7 Mars 1 767 une nouvelle Requête avec ~ne
_nouvelle produaion de Piéces qui y font annoncées & détaillées, & y ont joint auffi un nouvel Ecrit imprimé fous le
titre de Récapitulation de_s Titres concernant la propriezé du
a
Rhône depuis la Durance jufqu' la Mer, pour les Etats de
'
Provence contre ceux de Languedoc. .
!:es moyens de forme que la Provence oppofe à l' Arrêt ·
de 17 24 , font fans doute les feuls qui méritent atten·
M~rc. de Fr.
Ibid.
tion dans une conteftation
. dont . lé fonds & l'objet on~ été
fi fouvent difcutés avec la plus fcrupuleufe exaaitude fous
les yeux du Confeil du Roi , & jugés plufieurs fois en
grande connoiffance de caufe & après les p_lus amples
in!fruaions. Cependant pour jetter encore plus de jour
fur les moyens de droit qu'elle a invoqués mal-à-propos,
dans lefquels le Syndic-Général de Languedoc a démontré qu'elle efl: non recevable ; mais fudefquels cependant
elle in!ifte de ·nouveau ; & en même tems pour détruire
les prétendus avantages qu'elle croit trouver foit dans ces
moyens de droit , foit dans des Recherches. Hifloriques tres·
profondes, foit dans la multitude des Monumens qu'elle a
rafremblés ; il paroît convenable d'examiner féparément
d'abord le merite du fonds de la Queftion & enfuite les
deux fortes de Titres qu'elle entreprend ou de réclamer ou
d'écarter . .
En confêquence cet Examen fe partage de lui-même en
trois parties naturellement difünguées , qui embraffent toutes les dépendances du fyftéme de la Provence & Ces prin·
cipaux appuis. Dans fa -premiere Partie , on s'attachera ·
au fonds de la Quefüon -& aux faits qui l'interefi"ent eifentiellement. Dans la f econde , on évaluera le mérite des
'
A
�DU RH 0 NE.
7
Pieces que la Provence pro~uit en fa faveur au nombre
cle cent-vingt-fix. Dans la troiG.eme on tâchera de difcuter
avec elle les autres Titres qu'elle s'efforce en vain d'éluder,
& particulierement !'Arrêt de 1714, le feul _qu'elle attaque
par les form_es judiciaires.
PREMIERE PARTIE.
EXAMEN
De la Quejliàn confzderée aufonds.
L
A PROVENCE, qui fe dit proprietaire du Rhône
dans tous les tèms, dans tous· les îiecles ,, .depuis,
plus de vingt fiecles , dans les tems les plus reculés comm·e
clans les tems les plus modernes , efl: néantmoins forcée
de convenir quelquefois que le Rhône a appartenu à la Mo~
narcbie f rançoife & a fait partie du Domaine de nos Rois.
de la premiere & de la feconde Races. Mais, fuivant fon.
~fiême, c'e·{l d'elle même que les. Monarques . François,
tinrent alors la proprieté du Rhône, qui n~en a pas moins,
appartenu dans tous les tems à la Provence ; ou , s'il faut
abfolument compter les droits de proprieté que la Cou-ronne a eus incontefiablement fur le Rhône pendant les
ftxieme, feptieme·, huitieme & neuvieme fiecles pour une·
interruption dans la proprieté dont la Provence fe glorifie , ~lors les Procureurs de fes Etats fe borneront à prétendre que du moins la Couronne a ceffé d'avoir des droits,
fur la partie contentieufe du Rhône , lorfque plulieurs.
· ufurpations fucceffives détacherent de la Monarchie Fran ...
çoife les pays qui avaient été poffedés fous le titre de
Roya~me de Provence par les Empereurs Charles.la:..
�PR ,OPRIET~
'.
Chauve , & Louis-le-B egue , & qui furent enlevés aux
deux jeunes Rois ·Louis III & Carlocnan par Bofon leur
oncle maternel ·& 1eur luteur.
On fça1t que la plus coniidérab le partie de ce Royaume
de Provence ou de Bourgogn e Cisjur~ne forma dans la
fuite le Royaume d'Arl.e s, lequel appartint fucceffivement
aux Rois de Bourgogn e Tra.nsjura ne, aux Rois de Germanie & aux Empereur s d'AJlemag ne; '&qu'alor s le Comté
de Provence , beaucoup plus étendu qu'il ne l'efl: aujour'd 'hui, & devenu Fief de l'Empire ou de la Couronne d'Arles , demeura abfolumen t féparé de la Monarchi e Fran·çoife , & tout-à-fait indépenda nt de nos Rois , jufqu'au
Regne de Louis XI_, à qui Charles d'Anjou légua .par fon
T.e1l:an;ient du 1 o Décembre 1481 le Comté de P-r ovence
r:éduit alors ·à l'é.rendue qu'il a aélueliem ent, & à.qui les
Provençau x fe fournirent l'année fuivante & .prêterent un
ferment de fidelité , qu'ils renouvell erent en 1486 au Roi
Charles VIII & en 1498 au Roi Louis XII, fous la ré.ferve
que pour ce_, ils ne feroient aucunement fahalternés à la Couronne &. au Royaume de France. C'eil: fans doute en con·
féquence de cette claufe , que 1a Provence confent à ce
que le Rhône depuis la Durance jufqu'à la M~r appartienne au Roi comme Comte de Provence_, mais ne veut pas que le Roi en ait la proprieté comme Roi de France,
de droit Royal , .à çaufe de fa couronne & jull:ice de
,
France.
Tel elt au fonds l'unique ·point de la Quellien & le véritable objet du Procès intenté par les Trois Etats du pays
'd e Provence. Le Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer
appartient -il au Roi comme Roi de France ou comme
C<nute de Provence ? Les U fu-rpateurs de la Provence
ont, ils privé la Couronne d.e France des droit-s qu'elle
avoit
- '
�DU RHONE.
avoit précédemment fur le Rhône qui baignoit la plûpart
:des contrées du Royaume ufurpé? Le fort du Rhône a-t-il
été féparé de celui de la Provence, lorfqu'elle ce{fa d'ê~
ne Françoife? La partie du Rhône dont les Etats de Pro·
vence s'attribuent la propriété, n'efl:- elle plus du Domaine
,de la Couronne depuis le neuvieme ou dixieme fiécles ?
Enfin le Confeil du -Roi peut-il, comme on le dit, décla- Me. pag. 3 ~
..rer que le Rhône fait partie de la Provence, fans fuppofer.
·.que ce fleuve a ceffé d'appartenir à la France & qu'il n'eil:
pas encore fubalterné au Royaume & à la Couronne de
France? Prefque tous les faits, tous les raifonnemens &
tous les monumens que la Provence a raifemblés, fe rap·
portent à quelqu'une de ces Propofition_s , ou n'intéreffent point le véritable point de la Quefl:ion.
Il efl: vifible que, dans ces Propofitions;, il ne s'agit en
aucune maniere des droits du Languedoc fur le Rhône ,
& qu'on pourroit aifément fe paifer du nom même du
1 anguedÔc dans la caufe préfente , fi les Etats de Provence .n'euffent imaginé avoir befoin de ce nom pour
couvrir les atteintes qu'ils veulent en effet porter aux
èroits de la Couronne , & pour répandre fur quantité
de faits & de raifonnemens une apparence de vérité qu'ils
ne pourroient avoir fans cet artifice .fi pfu digne de pa- Mem. pag. 3-'
roître dans une affaire de cette importance.
On aurait peine à concevoir, fi l'on ne le voyoit, à combien d'ufages efl: employé & combien d'équivoques produit le feul nom de Languedoc dans les Ecrits de la Pro.
ve_n ce. On l'y trouve à toutes les lignes prefque & pour
tous les rems , fous les Phocéens , fous les Volces , fous
les Rowains , fous les Vifigots , fous les Sarra6ns , fous
nos premiers Rois , fous les Marquis de Gothie , fous les
Comtes de Touloufe , & fous le Roi faint Louis même ,
B
�JO
PRO PRIE TÉ
à qui le no1n de Langue doc n'a pas été plus coünu qtùv.lx
Princes & aux Peuple s qu'on vient de cirer;
De même, fi , depuis que le Langue doc exiile fous le
nom & dans la forme qu'il a préfent ement , il s'-éleve au
fujet des terreins formés par le Rhône quelque différend
entre les Officier s du Roi dans les deux Provin ces, ou entr.e
les proprie taires riverain s , foit en matiere de finance ,
de jufüce , de.dom aine, fair-pou r .des payeme ns de FrancFief, de Capita tion, de Vingtie me ou d'autres deniers
Royaux ·;. c'efr le Langue doc qui veut étendre fes droits.
Toutes les fols ·q ue le Roi -s'efl: . vu forcé de réprime r }(ls
entrepr ifes que les habiran s de la part de l'Empir e ont fréquemm ent rentées fur la part du Royaum e; c'eft le Languedoc qui. voulait opprim er, fes voiGns ..
· Lorfque les . Officier s Royaux- de la Sénéchaufféei de ·
Beauca ire ou du Bureau des Finance s de Montpe llier.,
ceux.des Domain es du Roï, fa. Cour de Parlem ent de TouJ.oufe, fa Co.m: des. Comptes-Aides-& Finances de Mont·
pell!er , fes -Gouve .rneurs & Lieuten ans-Gé néraux établis
en Langue doc. fe forrt mis.. en devoir de ma~ntenir l'au,rnrité & la jurifdié Hon -de fa Capron ne fur les deux riva·
ges , & fur les -ii].es· du Rhône ·contre- les Çomtes de Pro.vence & contre d'autres - Seigneu rs an-Giens Va1îau.x d~
l'Empir e cqmme eux; c'eft- encore -le Langue doc, .qui,a
voulu anéanti r les droits . de la Prove.n ée & des autres
Seigneu ries voifi.nes. Quand les- Monarq ues Françoi s ont
donné des Lettres -Patent es · daii"s- lefquell es ils. fe difent
expreff ément Proprie taires par Droit Royal de tou't le
çours du Rhône par-tou r où il conGne au Royaum e , ou
par . Iefquell es ils exercen t effeétiv ement .leur _droit de pro'!'
prieté dans la partie content ieufe, de ce fleuve ; c'eft. le .
L~ng4ed9c qui entr.eFr end .fur. les p.rovenç_~ux.. .
�n .u
RH.ONE •
.Enfin fi âans ces derniers ·rems le Roi déclare folem·nellement à la requitîtion des Officiers de fon Domaine
que la proprieté & la fouveraineté du Rhône d'un ·bord
à l'autre & par tout fon cours lui appartiennen t comme
elles ont toujours appartenu aux Rois fes prédeceffeur s à
caufe de leur Cour:onne de France·; c'efr toujours le Lan·
guedoc qui ambitionne cette .proprieté du ~hône & qui
veut l'enlever à fes voiGns & for-tout à la Provence. Le
Lan_guedoc efi un Prothée à qui l'on fait prendre toutes
fortes de formes, O!.i plutôt les Etats de Provence font
de fon nom un voile, un mafque , un fantôme dont ils
fe fervent pour couvrir leur véritable attaque & pour dégui[er l'état de la Quefüon.
Nous donnerons dans la fuite rHifroire des noms de
Languedoc & .de Provence, & nous aurons d'ailleurs
dans le courÇ de cet Ouvrage plus d'une occaGon de reJever les équivoques que la Brovence puife prefqu'à chaque page de fes Ecrits dans le' feul nom de Languedoc .
.Mais , au préalable nous croyons pouvoir prévenir .la
·plûpatt des· abus qu'on en fait, fur-tout relativement au1'
·tems anciens; par un moyen général qui femble propre
à fa.ire âifünguer au .premier coup d'œil les faux Iaifonnemens occafionnés par l'équivoque d'un nom qui n'exifto.it pas alors. Ce moyen c-o nfifte à rappeller les véritables noms des c0ntréés diffé~enres qui bordent la rive occidentale .du Rhône & qui font aujourqhui partie .de la
province de Languedoc, & à fubfütuer au nom de Languedoc ceux de ces contrées, qu'on appelle encore aujourd'hui le Vivarais, l'Uzege. , -le Territoire de Beaucaire nommé autrefois la Terre d'Argence, & la partie
<lu Némaufois ou "du Diocèfe de Nifmes, qui a eu pend~nt quelque tetns le titre de Comté de Saint:Gilles.
B ij
\
�PR 0PR1 ETÉ-
11
Moyennant cette unique précaution , il fera facile d"'€carter les nuages dont on enveloppe à deffein la Quef...
tion que nous examinpns & d'éclaircir les deux princi-paux fondemens du fyflême Hifrorique qu'on n'a imaginé
que pour donner le -change fur l'état d'e cette Quefüon,
Ces deux fondemens-font l'origine des droits de la Cou:.
i:onne fur le Rhône & l'état de ce fleuve fous la Domination_ Françoife. Nous allons exécuter ce que les Procureurs du pays de Provence fe promettoient de faire ,,
c'efl: à-dire employer le flambeau de la critique à diffzper
les erreurs qui défigur~nt ces deux points d'Hifl:oire dans le.>
Mem. pag, z. Ecrits de la Pro vence & à rétablit'' les dr-vit.s de la vérité
'
qui y efl: fou vent bleffée. Pour cet effet & pour plus grande
· clarté nous nous propofons de confidérer chacune de ces
Epoques dans un Article particulier, & nous réunirons
dans un troiiieme Article divérfes obfervations fur d'autres
objets qui ,, quoique moins importans en, apparence,
n'en touchent pas moins effentieUement Fétat de la Que[~ tion.
A
R T I CL K
P R E M I E R.
'
Origine des droits de la Couronne fur le RluJne~
ECARTONS d'abord les droits què les Volces, les Li-
guriens , les Helviens & les Salluviens ont pu avoir
fur le Rhône refpeél:ivement les uns aux autres , & fur
lefquels on ne peut former que de~ conjeél:ures & des
fyfl:êmes , d'où il ferait difficile, pour ne pas dire impoffible de tirer rien de certain fur cette matiere. Les colonies que les Phocéens fondateurs de Marfeille envoyerent pour la facilité de leur commerce fur les côtes de Ia
Méditerranée, à Nice, à Antibes, à Héraclée, à Nifmes;
�DU . R H 0 NE~ .
1;
à Agde, à Narbonne & jufqu'en Efpagne, n'intereffoient
point la proprieté du Rhône. Les établiffemens formés
par la République négociante de Marfeille fur la côte du
pays des Volces a voient précifément. pour objet de fe Hifl:. de Lang.
couvrir & de fe prémunir contre les habitans du voiGnage T. I. pag. 4 •
du Rhône qui l'inquietoîent.
On peut de même laiffer à part l'état du Rhône fous
les Romains qui, cent dix-huit ans avant notre Ere, fournirent les peuples établis fur fes deux rivages, & eH formerent leu r Province Rom'aine des Gaules , laquelle fou-s
Augufie prit le nom de N arhonnoife' , à caufe de la ville·
de Narbonne fa capirale, & , comme
parloir alors, fa
Métropole ,. la premiere Métropole des Gaules , & la Mé'"
tropole pendant près de quatre cents ans des Cités de Vienne, Mem ..pag~ 6.
àe Valence, d'Avignon , d'Arles & de beaucoup d'autres
qui eroient répand.ues des deux côtés du Rhône. Que le
Conful C. Marius, Gouverneur de la Province Romaine·
<les Gaules, ait fait confiruire un èanal du Rhône à la Mer
clans l'endroit qui porte aujourd'hui le nom de Foz., à caufe
de ce canal même, connu anciennement fous celui de Foj(œ
M arianœ ; qu'il aÎJ enfuite abandonné ce canal à la ville
de Marfeille·; que lui ou fes fuccefièurs aient accordé ~
cette ville la permiffion d'avoir des phares fur le Rhône.
pour guider fes vaiffeaux qui y trafiquoient , ou ,de bâtir
un Templ~ à Diane Ephéfiene dans une des Hles de ce
fleuve; il s'en fuivroit fimplement que la Republique Ro·
maine avoit la proprieté du fleuve, & qu'on lui -dernandoi,t les permîffioris d'y él€ver des phares , d'y confiruire
des temples, d'ufer de fes canaux ; mais on ne peut pas
en C©nclure que la ville de Marfeille ,. foumife comme
les autres· à Narbonn e, fa Metropol e, ait eu par elle..
on
�PROPRIETf:
même plus Ia proprieté de ce fleuve que les autres Cites
de la Provinèe Romaine des Gaules.
Il faut au:ffi paffer légeremenr fur les différenres divifions que les Empereurs Romains ont .f\)cceffivement. introduites dans la Province Narbonnoife., dans lefquelles
on n'apperçoit aucune trace d'attribution de la proprieté
du Rhône. à une nouvelle province plutôt qu'à toute al:ltr.e, & pendant la durée clefquelles le Rhône a conilamment coulé fous l'autorité & fous les loix des Empereurs,
& non fous les loix des Cités de Valence, d'Avignon~
d'Arles ou de Vienne, même dans les cas où quelqu'une
Id. pag. 7. de ces. Cités auroit .éré le lieu de réfi.clence de certains Officiers de l'Empire & des Empereurs mêmes. M. de Marca
·dont l'autorité a beaucoup de poids en cette matiere.,
& ' dont le {entimcnt tle doit pas être rrejetté fans de
. . Marc. de bonnes raifons , dit . pofitivement que , lorfque la Pro ..
.
,
. c.
V
Prun. p. 1~8.
vin ce ienno1fe ·rut feparée de la N arbonno1fe , le
Rhône fit la féparation des deux Provinces ; mais il . n'a
jamais imaginé que la Viennoife en eût la proprieté &
Mem. pag. 6. comprît les deux rives du Rhône, à l'exclufion de la Narbonnoife à laquelle ce fleuve appartenait depuis- quatre
1
,
•
cents ans.
-.Qu'on ne fa1Te enfuite que jetter un coup rl'œil .fur
l'Hifroire des Vifigots qui s'em parerent en 41 2 de la.ville
de Narbonne, .& .en .418 de celle de Touloufe, où iis
établirent le fiege de leur .Empire.; qui éteJ?.dirent leur
47 I & 47 2 ; qui ' ayant
' Royaume jufqt1'au Rhône
paffé ce fleuve en 48 1 , enleverent à Odoacre Roi des
7
Merr~ pag. . Herules & non des Ojlrogots , comme on le dit, les vil·
les de Marfeille & d'Arles avec tout le pays füué entre
la Durance , la lY.ler, le Rhône & les ALpes ; pays qui
en
�D ' U RH 0 N fü
n'àvoir pas· encore le nom de Provence, qui éroit encore
moins un Comté, de même que le Diocèfe d'A1les n'étoit
lhia• .
pas Ull
quoi qu'on en dife , mais qui devint alots
une province du Royaume de Touloufe ainli nommé parce
que Touloufe était alors la Capitale des Etats des ViGgots & la réGdence de leur Roi Euric, quoique ce Roi ait
été tué à Arles, & après- lui , de fon fils Alaric , qui périt à la · bataille de Vouglé , & non de Vouillé.
_
ISit!.
Si l'on confulre les Hifroriens-. de Languedoc dont la
Provence invoque le témoignage au fujet du iiege d'Arles de l'année 51_0, on verra que les François dans la M~m. -pag._ S-.
'1Ûe _de fe rendre maîtres d'Arles a voient paffé le Rhône
·
dès le' printems, qu'alors ils occuperent. les deux bords du Hill. deLa<Jg• .
fleuve, & que ce fut par cette raiîon que les conduB:eurs To. 1· P· 53 1 • ·
du bateau où. . l'on avoit embarqué faint Céfaire Evêque
de la ville, le ramenerent , dans la ~raime de tomber en.,.
t :e les mains des François. Ces circonfrances ne prou ...
vent point. les droùs d'Arles. fur le . lit. & les deux bords Mcm. Ibid,.
du fleuve.
c;rnté,
Qu'on le borne enfin à-co!)fîderer le'momentoù le Rhône
& les différens pays qu'il arrofe, ·ont commencé à faire
partie de la Monarchie Franç0.ife, ce qui fuffü pour la
0aufe préfente ; a'loi:s on ne. croira plus que la , Provence Récap. pag 41
& le Rhône ontcappanenu à la Couronne deux cents ans avant & 5·
le Languedoc, ou plutôt, pour parler jufte, avant le Vi,..
v.arais , .l'Uzege & la Terre d'Argence ,; ni que CharlesMartel n'ait conquis le Languedoc, c'efr~à-dire.le pays de
Vivarais, d'Uze·ge & cl' Argence, que deux cents ans après
la Donation que Vùigès fit, au Jixieme fiecle, de la Provence
à la France.
On trouvera au contraire dans les meilleurs-Hifroriens ) 1·
i ..°'- qµe , . dès l'an 5 31, Théodebert P.etit - fils. de. Clo.v is.>
�PR OP RIE TÉ
enleva la ville & le pays d'Uzès aux ViGgots, à qui li!
Roi Thierri fon pere les avoit auffi précédemment enlevés, inais qui s'en éwient remp ârés, & qui après en avoir
été chaffés enfin par Théo debe rt, nty re-gnerent plus dans
1a fuite. 2. 0 Que ce P.rince s'empara eu même tems du
Château nommé Ug.ernum & du territoire .de Beaucaire,
qui furent à la :vérité repris cinquante ans après par Reccarcd e & fes Viftgots , par repréfailles de l'irruption
que le Roi Gontran venait de faire en Septimanie jufqu'à
oire de Tour s;
Greg. Hifi. la ville de Nifmes , fuivant .le récit de Grég b d
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[es troupe.s ., & qui en effet ne furent plus déformais fournis au pouvoir des ViGgots. 3° Qûe l'année fuivante 534,
le même Théo debe rt, Roi d'Auftrafie, s'étant ligué avec
les Rois Childebert & Clota ire , îes oncles , contre Go.domar Roi de Bour gogn e, s'empara conjointement avec
eux du Royaume des Bour guign ons, qui prit fin' alors,
après avoir fobfül:é cent-vingt ans ; & que dans le partage
qui en fu.t fait entre les trois Rois conq uéran s, le Vivarais,
avec d'autres pays étrangers à la caufe , éc-hut à Théodebert. 4 ° Que dès-lors ce Prince regna fur les pays arro·
{és par la rive occidentale du Rhône , qui de ce moment
fe trouverent fournis à demeure à la Domination Françoife ; fçavoir :' les pays de Vivarais & d'Uzege , auxquels
la Provence paroît & déclare ne pas s'intereffer dans cette
,contefl:ation , & dans le fort clefquels cependant elle n'é·
chap pe pas une feule occafion de puifer t~us les raifonnemens qu'elle imagine convenir à fes pr.étemions ; & en·
fuite le territoire de Beaucaire , qui étoit connu dans ces
tems.. là fous le nom de Terre d'Arg ence , qui comprenait
,&
~lors comme aujourd'hui toute la plaine de Fourques
qui n'appartenoit point aux Ofrrogors ·, pui[que c'ifr ,fur
les
-
.
�DU
RH 0 NE.
'
les ViGgots que Théod ebert s'en empar a, & puifqu 'Amalaric n'a voit abando nné aux Oil:rogots par le Traité de 516
ni le Rhône ni des terres jur la rive droite du Rhône , comm e Mem. pag. g;
on le .fuppofe fans fondem ent; mais leur avoir feulement
,ce'dé le pays qui n'eut le nom de ·Prove nce que ve"rs ce
. tems-l à, & qui étoi.t borné alors, comm e l'efi depuis plus
de iix cents ans le Comté de Proven ce , par .~a Duran ce ,
les Alpes , la Mer, & le Rhône . Les Etats de Prove nce
n'ont pas ·encor e prouvé non plus que l'Hle de Camar gue
ait fait partie dé ce pays cedé aux Oihog ots en 5"26.
·Il eft vrai· que cette Ille formée par la Mer & par les
deux braffieres du Rhône dépen doit & dépen d encore
d'Arle s pour le fpiriruel , ai-nG que Beauc aire & toute la
J:erre .d' Argen ce. Il efi: vrai ~uffi premie remen t que les
Romai ns ayant fixé les limites des Gouve rneme ns qu'ils
avoien t établis dans la Gaule & dans leurs autres ·conqu êtes , fur l'étend uë du diil:riél: qu'avo ient eu précéd emme nt
les princip ales Cités ; le même plan fut fuivi dans J'établ iffemen t des Jurifdiél:ions Ecclei iafüqu es , lorfque ·la Religion · Chréti enne vint enfui te éclaire r ces mêmes pays ;
focondement , qu'en confeq uence , les Diocefos Ecclefiaftiques s'arran gerent fur le ·modele des Diocef es Civils fous
les mêmes Métro poles qui jouiffoient du premie r rang dans
ordre politiq ue ' & qui le confer verent de même -dans
l'ordre Hierar chique ; & troifte memen t que dans la fuite
·des rems l'Eglif e a chang é peu de chofes dans l'étend uë
& les rangs de fes Diocef es & de fes Provin ces , dont
- la plûpar t on.t confer vé leurs. anciens territo ires & difiriél:s,
malgré les frequenres variations furvenues fucceffivement
dans l'adminifrration tempo relle des pays où les Eglifes
principales etoien t fouées.
Mais il feroit abfurd e d'érige r cet ancien ufage des Ro-.
r
c
�PR O· PR IETÊ
mains & de l'Eglife en ~egle générale & en loi commune·
pour la fuite des tems .& pour les autres Gouvernemens
qui fe font fuccedés depuis dans les differentes parties des.
Gaules ; ou de prétendre que les ViGgots, les Ofirogots,
les SarraGns & les François aient pris pour mode les de
leurs divers départemens ces anciennes diviG.ons Romaines ·
& Eccleftafüques, & s'y foient affujettis conftamment &
uniformément dans la fixation des limites de leurs Etats ref.::
peétifs, ou dans les partages que chacun de ces Peuples
a fait de fes propres gouvernemens.
Mille faits s'élevent contre cecte prétêntion ; & , fansentrer dans les détails , qui feroient prefque infinis, il fuffit
de jetter un coup d'œil fur le fort qu'ont fµbi fucceffivement nos provinces Françoifos, pour appercevoir que
depuis l'érabliffement de la Monarchie jufqu'à préfent, l'é.
tenduë & les bornes des déparcemehs militaires , civils ,
économiques & politiques n'ont point toujours été reglées
fur les limites des Diocefes & des Provinces EccleG.afiiques.
Les differens partages que nos Rois de la premiere Race
_& même de la feconde étoient dans l'ufage de faire entr'eux & eqtre leurs enfans· ; les petits Etats que fe font
formés enfuite les Feudataires de la Couronne , ainfi qu~
leurs Vaffaux & arriere· VafTaux , & enfin les refforts de
nos Cours Souveraines, Gouvernemens, Généralités, &c,
n'ont pris ni pour regle ni pour modele les divifions. EccleGafüques. Cette obfervation s'étend fur beauc.o up d'équivoques & de raifonnemens plus fpécieux que folides
qu'on rencontre affez fréquemment dans les Ecrits cle la
Provence, qui ne s_'eft pas doutée qué ces mêmes raifonnemens devroient lui faire perdre la portion conftdérable
du Diocefe d'Avignon qui efi fituée ' fur la rive gauche de
ljl. Durance. De cinquante-deux Paroi.Œes que renferme ce
�I'
Du RH 0 NE.
Diocefe, vingt font en Provence & quinze en Languedoc.
Quoi qu'il en foit , tous ceux qui s'en rapporteront à.
l'Hifl:oire ancienne plutôt qu'aux nouveaux Ecrits de la
Provence , ne douteront pas que le Vivarais ; dont une
très . grande partie dépend pour le fpirituel des Diocefes
de Vienne & de Valence, l'Uzege qui contient une portion du Diocefe d'Avignon, & la. Terre d'Argence qui route·
· entiere efl: du Diocefe d'Arles, ne fûffent des dépendances
de la Monarchie Françoife en 53 4. Or Vitigès Roi des
Oil:rogots ne ceda que deux ans après, favoir en 536, la
Provence au Roi Théodebert antérieurement poffeffeur des
pays qui étoient baignés par la rive droite du Rhône, &
qui n'étoient certainement pas le Languedoc alors, mais
qui ont fait partie du Languedoc, lorfqu'il y a eu une prol'·înce de Languedoc.
La Provence n'a donc été Françoife , qu'après que les Mern. pag. 21
pays de Vivarais, d'Uzege & cl' Argence ont appartenu
aux Rois de France & à la Monarchie Francoife.
Les droits n id•
.
de la Couronne fur ces pays & fur le Rhône qui en faijoit
partie /ont ~one 'antérieurs à ceux qu'elle a acquis fur la Pro~
vence ; & conféquemment la Souveraineté de la Couronne fur
.ce fleuve ne lui vient point de la Provence , mais des pays
riverains qui étoient François dès auparavant. En un mot,
pour appliquer jufl:e le raifonnement & les propres ex preffions des Procureurs des Etats de Provence fur cette matiere, fi le Rhône doit appartenir à celui des deux pays
fitués fur l'une & l'autre de fes rives , qui a 'été François
le premier, le pays de Provence doit le ceder au pays qui
efl: aujourd'hui connu fous le nom de Languedoc.
La vérité de l'Hiftoire & l'exaél:itude e~ igent que , de
ces pays acquis à la Couronne en 534 & 536 fürles bords
du Rhône , on excepte la portion du Diocefe de Nifmcs
Cif
�P R 0 P R. I E T' Ê
, qui touche une parrie de la petite braffiere du Rhône &
2.0
qui dans la fuite a eu le· nom .de· Com té de Saint - Gilles.
Cette portion fort peu éteriduë , puifqu'elle embraffe à
peine quatre ou cinq lieues fur le bord du plus petit bras
du fleuve feule ment , refia alors .au pouv oir-des Vifigots
qui conferverent le Diocefe de Nifmes , & continua p~r
conféÇ{uent- d'appartenir à la Gothie ou Septimanie , nom
qui fut donné aux Etats què les Vifigots garderent en-deç-à
des Pyre nées, lorfque ces Peuples eurent fixé le fiege de
leur Empire en Efpagne , . après l'avoir tran{porté précé.
demment de Touloufe à Narbonne. La Gaule Gothique
ou la Septimanie ne fut en effet foumifo . à la M.onarchie
1,
. Récap. p.
5" Françoife que par la conquête que. Charles-Martel en fit deux
cents ans après ,, non pas.fu r les Vijigots, comme.on le dir,,
mais fur les Sarrafins , q_l]Î s'en étoient _rendus maîtres :dès
l'année -720 , .& qui s'étoiènt même emparés quelques années après d'une grande partie de la Prov ence , particulie-rement des . villes d'Arles & de. Marf eille, . d'où CharlesMart el ks chaffa auffi ell' 73 9,j.
Ainli le droit de premier occupant, réclamé par· la" Pro ..
vence relativement au Rhôn e . , qu'elle affure avoir poffedé
la prem iere, . ne pourro!t tout au plus· , même dans fa·rnanic::re de . raifonner-, avoir pour objet que cette modique
parti e de la petite braffiere .du ~hône- ·qui arrofe 1.m coin
du-Diocefe de Nifmes. Enco re faudr ait. il fuppofer que
la _Camal'gue eût fait parti e de la Provence cedée par .Yrtigès -au Mona rque Franç.ois , . ce. qui n'efl: rien moins que
prou ve •.
. A furplus cette parcelle du" Rhône eff 6 ·p eu confidéble en comparaifon du re.fie & furtout des objets qui occa·
fionnent l'infinité de procès fuhfzjlans, qu'il s'agi t, dit-om,
de ierminer, que nous pouvons' laiffer à la.Pr oven ce toUL
I
u
�RH. 0 NE.
2[
fo t·ems qui lui conviendra pour chercher les Titres qui lui
en auroient procuré la proprieté à l'excluiion de la Cou-ronne , .fauf à les examiner quand elle les produira.
D'ailleurs la primauté de poffeffion donnée par les Pro·
vençaux pour un moyen v-!Rorieux dans cette caufe , intéreife moins le fonds de la Quefüon qu'ils ne le fuppo-fent , comme on le verra bientôt. Nous ne nous en· Commes.occupés quelques momens , que pour faire connoître
la·véritable origine des droits- de la Couronne fur le Rhône
& pour donner lieu d'apprécier à leur jufie valeur les
moyens ingenieux que les Procureurs des Etats de Provence ont adoptés pour s~attribuer l'honneurd'avoir procuré :
.c;es mêmes droits ·à. la Couronne.
A
R T 1
·c
L E
S E C 0 N D:
Etat du Rlidne fous la faconde Race de nos Rois,,;,
& principalement_ dans les tems des premiers
Ufurpateurs ·dé la Provence:
A~RÈS la conquête. de Charles--Martel, ou., ,pour par-·
Ier plus exaaemenr- , après la foumiffion des peuples
de la Septimanie , qui ouvrirent volontairement & même ·
avec empreffement les portes de leurs Cités au Roi Pepill",
fon fils , . & à qui ce Prince promit folemrn~ llement de les ,
maintenir dai:is l'ufage de leurs loi:ic & de leurs coutumes·; .
le Rliône & tous les pays qu'il arrofe .de l'un & de l'autre :
l:.rord· appa~inrent.incontefiablement à la Monarchie Fran.
çoife. Le Royaume de France comprenoit alors & conti-nua fous Charlemagne & . fous fes enfans de comprendre . tout le cours du Rhône & toutes les contrées baignées .
l!ar. la.Mer Mediterranée deEuis les Alpes j.u.fqu'aux. P.yre:t'.-
�PROPRIET:f:
nées. On trouve l'énumération de toutes les parties de
l'Empire François, tel qu'il étoit alors , dans le Teftament
Rec. des Hifi. que l'Empereur Charlemagne fic en l'année Ro6, & qui·
~:g~; 7;.· V, efr entre les mains de tour le monde. Les Provençaux
· peuvef!t s'y infi:ruire de l'étcnduë de la Monarchie , de
Rec. pag. 73 . même que des Témoins Languedociens sy font parfaitement
injlruits en 1412 des véritables intentions qu'avait euës Char.
'temagne fix cents auparavant; ce qui n'a rien à'atfez extraor.
<linaire pour donner lieu à la critique qu'on prétendroit en
faire .•
Le partage que ce Prince fit à fes enfans & le partage que
{es fucceffeurs firent de même entre eux de diverfes portions
du Royaume n'altérerent point les droits de la Couronne
for les differentes Provinces, objets de ces partages, parce
qu'elles ne ceifoient point d'obéir à des Princes François
& d'appartenir routes à la Monarchie Françoife. En un
·m ot , nos Rois étoienr alors Propriétaires du Rhône , &
la Provence même ne difconviendra pas que leurs droits
fur le Rhône & fur les pays qu'il baigne , ne reçurent au·
cune atteinte au moins jufques vers la fin du neuvierne
fiecle. Par coniequent certe proproprieré du Rhône, dont
l'origine remonte à l'an 53+, forme · pour la Couronne
de France une poifeffion avouée, qui a duré près de 3 50
ans , & dont ,on ne pourroit excepter tout au plus, &
pour une-}nrrie feulement de cet intervalle de tems, que
la portion très - peu confidérable de la petite braffiere du
Rhône qui confinoit à la Septimanie.
Sans chercher à concilier cette potfeffion de nos Rois
avec la polfeffion de deux mille ans ou de vingt fiecles ,
dont les Procureurs du pays de Provence fe glorifient ; il
faut fe borner à obferver que , G ces Princes on't eu la
proprieté & la fouveraineté du Rhône pendant plus de
b
�DU RH 0 NE;
trois rîecles, ce qu'on ne peut révoquer en doute; dès-là,
tout ce qui a pré~edé cette époque , tout ce qui efr anterieur aux droits que la Couronne eut alors fur le fleuve ,
devient inutile & étranger à la Quefüon préfente.
Les Monarques François réuniffoient incontefrablement
tous les droicg- àont les Romains, les Vifigots & tous autres avoient pû jouir précédemment fur le Rhône; & s'il y
fubfifie quelqu'autre proprieté pofrerieure· , pour être légi-·
time, elle doit nécetîairement émaner de la leur. 11 ne s'a._
gic donc plus que de chercher comment la Provence auroit pû acquérir la proprieté de la partie du Rhône qu~elle·
s'attribuë. Lorfqu'on examinera fes deux produEtions , on
fera fans doµte à portée de difcuter fes prétendus Titres
conjlLutifs , primitifs, tranflatifs, confirmatifs , énonciatifs ..
Mais auparavant, il paraît jufl:e de chercher avec elle da·ns.
l'H11l:oire, fi nos Rois n'auraient point perdu l~ proprieté de
quelque portion du Rhône , finon par abandon , tranf-·
port , ou cdfion , du moins par les ufurpations qui devinrent communes fous les derniers Rois de la feconde Race.
Les Hitroriens anciens & modernes rapportent qu'en;
879 Bofon & en 888 Rodolphe ent · eprirent d'uforper fur
leurs légitimes fouverains , l'un le Royaume d.e Provence
ou de Bourgogne Cisjurane, & l'autre le Royaume de:
Bourgogne Transjurane ; que les deux Ufurpateurs bri-·
ferent tous les liens qui attachaient ces contrées ·à la Monarchie F rançoi-fe .depuis trois fiecle·s & demi; & que vers.
l'an 930, leurs deux Royaumes n'en firent plus qu'un. Les·
mêmes Hifioriens ont cependant obfervé que l'ufürpation:
de Bofon ne fut pas auffi confiamment foiv.ie que celle
de Rodolphe.
Après la mon du premier, arrivée en 887, le Royaume Flifi...de tang;.
r
l'
. ,d r
T. II, P• :n.,,
de Prevence rentra lOUS
autonte e les Souverains légi~ & p .5.•.
·
�14
P R .o .P R I 'E T É
times , & non-feulem~nt Louis-l'Aveugle fils de Bofon;
ne prit pas alors le titre de Roi, mais .encore il follicita
auprès de !'Empereur Charles le Gros fucceffeur de Carloman & Roi de ,F rance pendant la minorité de Charlesle-Simple ,' fon neveu, comme on die aujourd'hui , 'à la
mode de Bretagne, & .il obtint de lui le Duché de Provena
fous la dépendance de la Couronne de France, & fous
l'obéiffance légitime, comme fon pere l'avoir eu avant
l'ufurpation.
Il e{l: vrai ·que trois ans après Louis manquant aux ôbligations qu'il a voit conrraB:ées envers l'Empereur, qui l'avoir reconnu pour Con vaffal & pour fon fi!s adoptif. (-Quem
lmperator. • • • honor:ijicè Jufcepit ad hominem , Jihù1ue adoptivum jiiium injunxit , ) comme on le lit dans les Annales
,Rec. des H ifi. de Fulde, imita la félonie de Bofon, & fe fit couronner
Mà'is au 1 ia d'en·
8
p
deFr.T.Vlll,R'd
ere1.:r1on n' eut
01 e . rovence en 90.
pag. 50 •
pas plus de fuites que n'en avoit eues celle de fon pe-re;
· & ce Prince , qui reçut la Couronne Impériale au mois
d-e ·Fevrier de l'année 901, étant mort vers la fin de.923,
fori fils.Charles- Conftanrin ne lui · fucceda pas dans le
.Jd.Ta. VIII, Royaume de Provence. Frodoard témoigne qu'en 931,
0
~ ;~l.' 7 & 9; 1 , Charles-Confl:antin poffedoit feulement le .Comté
de Vienne fous la dépendance de · la Couronne d~ France.
Ce fut Hugues de Vienne , gendre & principal minill:re
de Louis l' Aveugle , qui, après la m0>rt de ce Prince, s'em•
para de toute l'autorité fur la partie du Royaume de Provence fouée .à la gauche du Rhône, fans cependant pren·
Id. & Pagi, dre le titre de Roi. Il ne fut jamais couronné Roi de
.
.
.
ad an. 926. .
Hift.deLanv,. Pro_vence., il ~.econnut au contraire le Roi Raoul pour
J'. li, P· SS i. fouverain de ce Royaume , & fe contenta des qualités
de Duc , _de Marquis & de Comte de Provence.
Le Duc Hugues ayant été appellé à Pavie quelque tems
après
mr
"
tz
�-
D U
R H 0 N E.
15
après par les feigneurs Italiens mécomens de Rodolphe II,
Roi c\e la Bourgogne Transjurane , qu'ils avoient élevé
précédemment fur le thrône d'ltalie , & qu'ils venoient
d'en faire defcendre, y re.çut la couronne de Lombardie.
Cependant Rodolphe revint en Italie en 930 à la tête d'une
puiffante armée, & Hugues ne voulant pas s'expofer aux
évènemens incertains d'une guerre , où fon compétiteur
pouvoi.t avoir l'avantage, préféra la voie de la n~gocia
tion, traita avec Rodolphe; & , pour· l'engager à fe défifi:er de fe sdemandes, & même à renoncer à fes prétentions for l'Italie, il lui céda par Traité toute l'autorité
qu'il avoit for la Provence, c'dl: à-·dire , fur les pays
firué~ à la gauche du Rhône, Omnem terram quam Hugo in H~ecueil des
1
.,, ante R egm. fi·r,
•
fi/; ded'zt , d'It To. •VIII,
de Fr.
Gallza
u1 cepuonem
tenuu· , R odu'Jo
luitprand, Auteur contemporain, Livre IU, chapitre 13. pag. 144·
C'efi: en vertu de cette ceffion, que Rodolphe II, Roi
de la Bourgogne iransjurane , qui èomprenoit la Suiffe Abr. Chr. de
Occidentale, le Valais , Genêve, le Burgey & partie de ~~.fi8 1~e Fr.
la Savoie, réunit à foa Royaume de Bourgogne Tranfjurane tous les pays qui lui éroient cédés par Hugues ,
& qui avoient appartenu précédemment au Royaume de
Provence ou de'Bourgogne Cisjurane, ufurpé fucceffivemenr , mais non confécutivemenr par Bofon , par Louis-_
.!'Aveugle & enfin par ce même Rodolphe , lequel y fit
difparoître tour-~-fait l'autorité des MonarqBes François,
que fon prédéceifeur le Duc Hugues de Vienne y avoit
refpeél:ée & reconnuë.
C'efi: de ce moment , qu~on doit dater l'ufurpation confommée de la Provence & des autres pays qui font
füués for la rive orientale du Rhône , & qui conjointement avec la Bourgogne Transjurane ne forme~ent plu•
D
�z.6
PROP .RlET Ê .
dans la fuite qu'un Etat fous le:nom de Royaum e de Bour...
gogne, & bientôt après fous celui de Royaum e. d.,._Arles •.
Mais ce Royaum e d'Arles demeura toujours borné par le·
Rhône, de forte que: I.e Vivarais ' & l'Uzège qui avoient
fait partie du Royaum e de Provenc e uforpé par Bofon,
& enfüite: par fon fils, n'appartinrent jamais au Royaum e
de.. Bourgogne ou .d'Arles formé par- Rodolph e Il. Pour~
éclaircir ce point de fait ·,.qui interefîe efîentiel lem-e nt la1
quefüon , il faut remonte r aui dëtails-deS'ufürpations dont'
on vient de donner une ·fimpl-e efquiffe·.
Bofon , beau frnre du·.· Roi· Charles le-Chau ve,_étoitDuc de Provenc e p0ur les" Rois ·Louis III & Carloma n,
fes fouverai ns.légiti mes, & il ne regnoit point fur le Rhône , .
mais il y comma.n doit pour fes Maîtres'. , lorfqu'il fe fit:
couronn er Roi de Provence en 879 ., au .préjudi ce de ces;
Rev. d~sRift. deux. jeunes.Rois
fil' T<.. .J •.
deFr.To.VH,
p a g~.
6.x,
tes
, fes pupilles-; pro. niliilo duans. adolefcen·
- ·
.
d" R eginon
•
•.
_zos .Lua<>vzct , .
lt
.
Ce Royaum e de Provené e pofféèlé précéde mment fous .
ce même titre:· par-les Empereurs Louis·-le Begue & Char·
les. le-Chau ve,. compren oit· alors, . avec la Provenc e pro·
d~h1;H~r 0;;-preme:nt1-i- dite~, le Dauphin é, le Venaiffin, . le Vivarais ,
Fr. ,llag•.78. l'Uzège avec · partie de · la Savoye, du Lyonnoi s , & des
Duché & Comté de Bourgog ne ;. & con.féquemment H
en totaembraffo it les deux rivageg. du Rhône, non
pas
lité., mais en grande partie, Il efr· certain'., par exemple ,
que fo. Diocèfe de. Nîmes, . qui borde la partie baffe de la petite braffiere du Rhône , n'.appart enoit· point à ce.
Royaum e & ne. lui a jamais .apparte nu. D'un a~tée ·côté ·
il n'eil: point encore prouvé que l'Ifle de Carmag ue & fa r
terre d'Argence même füfent partie du Rôyaum e ufurpé ...
Mais. il paroît. affuré_. que les pays. d'Uzèg~ & de.Vivar ais,
�DU RH 0 NE.
·au fort clefquels les Etats de Provence difent ne point s'in·téreffer , furent enveloppés non feulement clans l'ufurpation de Bofon , mais '!uffi dans celle de fon fils Louis
!'Aveugle.
.
Cependant les pays de Vivarais & d'Uzège ne re!lerent
pas long-rems féparés de la France , comme , on le difoit
tout-à-l'heure , & il e!l démontré qu'ils lui furent rendus
-prefqu'auffi-tôt., c'e!l-à-dire, vers le ·tems de la mort de
Louis l'Aveugle ; de forte ·que ,Je Duc Hugues n'étendit
fon autorité qu'à la gauche du Rhône •
. Non-feulement, on ne lit point dans l'Hi!loire-Générale de Languedoc , à la page 58 çlu II Volume citée dans
1e Mémoire de la Provence , que le Vivarais & l' U{ège , Mém. p. 22~
quifaifoiem partie du Royaume de Provence, étaient gouvernés
par des Comtes fu.bordonnés à Hugues, Duc ou Gouverneur
·de ce Royaume ; mais on y lit précifément le contraire.
Les Hifi:oriens y difent en propres termes & y prouvent
par de fortes raifons que !'Ecrivain de la Provence n'a
pas feulement tenté d'infirmer, 1 que tout ce qui avoit
. appartenu au Royaume de Provence fur la droite du
Rhône·, paffa en d'autres mains auffiiôt après la mort de
louis-l'Aveugle : :..2° .qu'Ermengaud & Raymond-Pons,
fon neveu, qui n•éroient ni Comtes de Languedoc ni Comtes u. pag. 1 '~
de Septimanie, comme on prétend les qualifier, mais dont
le premier était Comte de Rouergue & le fecond Comte
de Touloufe, & qui étaient tous ·deux Marquis de Gothie
par indivis , s'affurerent alors d!J Vivarais & du Diocefe
cl'Uzès au nom du Roi Charles-le·- Simple: 3 ° qu'ils unirent
ces mêmes PflYS à leur Marquifat de Gothie , fous l'autorité du même Prince, qui fut certainement reconnu jufqu'à
fa mort par ces qeux Comtes p.our leur Roi légitime :'740
que ces pays furenJ féparés après la mort de Louis l'Aveu'"'.
°
Dij
�P R O· P R I E T. É•.
18
, . gle de la fouveraineré qui avoir eu le tirre de Royaumede Provence & qui eut bientôt après celiri de Royaume d' Ar-les,,dont ils ne dépendirent plus & dont le hord 0 riental du Rhône
fa la féparation : 5° que, même avant la mort de Louis .
!'Aveugle , les M·arquis de Gothie dôminoient fur le Dio-cefo d'Uzès, qui étoit gouverné' par des Comtes particuliers fubordbnnés ir ces M·arquis & non· au Duc Hugues;
de même qu'ils dominoienr- fur les autres pays de leur·
province qui avo!ent des Comtes particuliers. Enfin les .
Hill.de Lang. mêmes Hifl:oriens rapporten t le Teframen t de Raymond · l
'
h'1e, fil s d'E r•
ri'
' d e oot
H' , Pr. C omre · d e R.
To.
· ·ouergue &· M· arqu1s·
col, 534
mengaud , d'bnt on parloir- tout~à- l'heure ;· ·& quoique
Mem. p. 2s-. !'Ecrivain de là Provence s'autorifè de ce Teftamen t qui
efl: daté de l'année 96·1 , pour · prouver que Raymond
n'a point étendo fon autorité jufqu'au Rhône·, ces Hiffo_
riens · n'en avoient· pas moins · eu raifon d'obforver que les
To. II, p. 9:;. Eglifes de Viviers & d' Uzès y font nommées parmi les
Eglifes de fe~ Dumaines · auxq~elles _ce -Prince fic des legs
con.Gdérables.
Il' réfulte de ces faits que , fauf une édipfe pr_e{que in{tantanée·, qui peut être · regardée comme imperèeptibfo"
dans un intervalle cfe douze fiecfos, & qui n'eut pas plus
de fuites que beaucoup d'àutres entreprifes renouvellëfs,
fouvem depuis par ·fes ·Princes Provençaux , comme parles particuliers du même pays,; l'tlzège·, le ~ Vivarais& .
le Rhône qui les arrofe , continuerent d'être François ;.
tarrdis que la Provence tout-à -fait détachée de la Monar·
chie F rançoife fut véritab!ement terre étrangere , du moins
après fon Duc Hugues , le 'd'ernier· de ~es anciens·Princes
qui air- rel: orrnu les Monarque s François pour fouverains
d.e Provence. Cela ne prouve point que la Couronne ait:
à cette époque perdu les droits de ·proprieté ,. dont die.
�DU RH 0 NE.
j:ouiffoit depuis plulieurs liecles fur le _!lhône , & encore
moins que la Prove nce ait acquis alors cette propti eté ,
comm e elle voudro it le faire croire aujour d'hui.
Obferv ons , pour préven ir toute difficu lté, qu'on ne'
doit pas· confon dre le Vivara is avec leDioc èfe de Vivier s,.
& encore moins avec le tempo rel de l'Eglif e de Vivier s ,
lequel fouffrit une autre éclipfe encore vers le milieu du
douzie me liecle par la défeB:ion· de fon Evêqu e Guillaume I, qui voulan t fe foulha ire de la dépen danee foit
de la Cou~onne de France foie des Comte s de Toulo ufe,
s'adref fa pour cela. à Conra d· III Emper eur & Roi dArles, fon parent . " Ce Prince · ravi de trouve r une·oc ca- Hill:. deLang-::
,,, fion cl' étendr e fon autorit é fur la droite du Rhône lui To. II, P-4 6 :z~ ·
' ne
,, accord a d'autan t plus volont iers fa deman de, qu'il
,, h:l.i en coûtoi t rien de fon- Doma ine , & lui donna par
» un Diplôm e daté d'e l'année l I 49 les droits Rêgali ens
,, fur la ville de Vivier s ·, la monoy e & le péage , Rega•
,,. lia Vivarienjis urhis , monetam , pèdaûcum., ave-c plu-·
» fleurs· autres .droits , ,, dont les Succef feurs de Guillaume dans l'Evêc hé de Vivier s jouire nt au préjud ice de ,
la Couro nne, jufqu'à ce qu'au mois de Janvie r de l'année 1308 , l'Evêq ue & le Chapi tre de Vivier s rel1:ituerent ·
à li Couro nne & fourni rent- au Roi & au, Royau me de
France tout leur Doma ine tempo rel & celui de leurs VafJ....
fuux tant fur le Rhône qu'en- deçà de· ce fleuve , quant à
l'autor ité tempo relle, quoad Superioritatem attinet tempo.
I
ralem. Cette Tranfa éhon efr vifi~e · dans~ l'Arrêt= du Con- Recueil-,, fo~.
feil du 1 o -O&ob re 1707.
::.î·
l.e favant Abbé de Longu erue ·, cité dans -le Mémo ire
de la Prove nce, pages. 2 3 & 3o, a_néglig é de faire cette
difrinB:ion entre le Doma ine de l'Eglif e de Vivier s & le .
Viv.ar.ais-, qui . compr end .. avec le Dioce fe de Viviers des:.
�PROP RIET É
•portion s conGdérables des Diocefes de Vienne & de Va.
lence, comme on l'a déja remarqu é ci-deffus.
Vers le rems des ufurpatio ns dont on vient de parler,
'Abr. Chr.Fde le Gouvern ement Féodal s'introdu iftt dans ·le Royaum e de
l'Hill. de r.
France " & y établit un nouveau genre de poffeffion fous
pag. 93.
,, le nom de Fief. Les Ducs & Comtes , Gouvern eurs des
.. , province s & des villes ...•. rendiren t hérédita ires .dans
,,, leurs Maifons des ,titres que jufques -1à ils n'avoien t pof.
,. (ed.és .qu'à vie, & ayant égaleme nt ufur pé & les terres
·» & la jufüce , s'érigere nt en SeJgneu rs propriera ires des
·» lieux dont ils n'étaient que les Magifl:rats foit ,militaires,
,, foit civils, foit tous les deux enfembl e. De-là vim un
·t> nouv~au. genre . d'autorit é dans 1' tat, au quel on donna
.,,, Je nom .de Suzerain eté. ,,
Par imitatio n, le Royaum e d'Arles admit auffi le même
·Gouvern~metit :& les mêmes Loix. Ce f~t ainfi que,
-quand ce Royaum e fot uni avec l'Empire d'Allema gne,
.alors le Comté de Provenc e . de même que les Comtés
de Savoye , de B.reffe , de Vienne, de Valence , d'Orange,
àe Grenobl e, de Forcalqu er , &c, devinren t autant
de fiefs de l'Empire dans lequel le Royaum e d'Arles
fe trouva confond u. Le~, Evêques mêmes de ce
Royaum e d'Arles, s'apperc evant que dès les commen·
~br. Chr. de cemens du neuviem e fiecle les Evêques d'Allema gne étoient
b' .
d p .
. .
d S
l"
!'Hill. de Fr.
pour l a p upart es ouverazn.r ou es rinces, am iuon·
pag. 6o.
nerent au.ffi & s'approp rierent l'autorité fouverai ne, les
uns f.ur le territoir e & les domaine s de leur Eglife feule·
ment, les autres fur tout leur Diocefe , & devinren t tous
par ce moyen f~udataires de l'Empire comme les Sei·
gneurs, qui polfédoi ent les Comtés , qu'on citoit toubà·
l'heure. De-là vint auffi, que les Archevê ques de Vienne,
d'Avign on, d'Arles, & autres reçurent en differenstems
�DU RH O' N
E~
31
Pinvefüture des Com tés de ces ville s, qui furen t autan
t
de fiefs de l'Em pi·re.
11 n'efr poin t de notre obje t de faire la cenfure ou l'apo logie du Gouv erne ment Féod al , qui a été adop té dans
ce tems-là, par la Nati on, . qui fut mêm e main tenu
par
nos rois pend ant ·pluGeurs Gecles & qui légitimoit
alors .
les poffeffions tenues fuivant les loix des fiefs , lefquell
es
étoie nt <levertues les loi~ . de. l'Eta t: & . font enco re fui
vies
à beau coup ·d'ég ards danse notre jurif prud ence .
Il conv ient donc ·d'ab ando nner aux Proc ureu rs des
.
Etats de. Prov ence le priv.ilege de traite r les ancie
ns
Feud atair es de la Cour onne, d'hommes de fortune plus
ru- Mem. P• .1~
f'/
& d e leur 1mpu
.
J
1 es que cour ageu x, .
rer di'avoi.r marche' aans
·& :i.o • .
les téizehr'es d'une rehellion Jour:dt, de s'être foutenus par
une
conduite timide &-fau.f fe, & d'avo ir dérobé leurs .Etats
plutôt que de les ·avoir conquis, ou·, pour ne rien perd
re des .
expreffions de la Prov ence , plutô t que d'avo ir eu le
cou·
· rage , comme Bofo n, de monter ouve neme nt'fu r le· thrôn
e ,.
de fonder un grand roya ume, & de sy maintenir avec
cette ·
audace, ql!i · caraélérifl les grands ' talens.
On fçait cepe ndan t, que le cour age de · Bofo n , qui
Rec.dès Hill-; .
il
l
b·1
'
.
r
eu p 1us exa emen t qua l'fi'
R
.
deF1
i e 1a 1 ete ou r.u1e par
egmo n pag. .To.Vl
6r .. l~.
·
Hiil:orien -con temp orain ,. fe réduifü à fuir deva ntles
deux .
jeunes Rois fes pupilles qu'il dépo uillo it , à fe jette r
dans Hill. deLangJ .
1a v1'lle d e y·1enne a" leur a pp roc h e. & à ,ie
r retir
. er d ans To.
ll, P•· .ll.z..~
& :n.
les Montagnes. . dès . qu'iL appr it que les Princ es mena
çoien t· d'affiéger cette ville , dont il aban donn a la défon
fe
à la Princeffe Erme ng,ar de , fon épou fe.
Le but & de l'élog e & du blâm e, que l'on vient d'exEofer dans .les· prQpres termes des Ecrit s Prov ença ux
., & .:
qui font ég~lement odieu x. l'un & l'autr e ·, efi vifibleme
nt-:
d~affimiler l~s deux . ufurpations ' · favoir.,.-.ceHe '. de.B
ofon , ~~
a
�PROPRIETÉ
d'une part , qui en arrachant la couronne à .fes Souverains
légitimes & la Provence à la Monarchie à laquelle elle
apparcenoit depuis · plus de .trois fiecles , a fecoué toute
forte de dépendance de fes maîtres & de fa patrie ; &
celle des Marquis de Gothie, de l'autre .part , · lefquels
conformément aux loix du tems fe font approprié la Souveraineté immédiate, & les droits Régaliens fur des domaines dont ils faifo.ie1u hommage à la Couronne.
On voulait conclure de ces comparaifons , plus ingénieufes que juil:~s & que décentes , que le Rhône a coulé
entre c;leux S.ouverainetés étrangeres & entre des terres
Me&m. P· t_9, également indépendantes de la Couronne pendant trois
:20,
c.
.cent cinquante ans, c'eil: à dir.e , jufqu'au moment de la
ceffion que Raymond VII, Comte de T ouloufe fir en I 2 29,
Ihid,
non pas à la Mai.fan de Bourhon, qu'on ·Cite mal adroitement , & dont le ch_ef, Robert de France , Comte de
Clermont n'étoit pas encore né , mais au Roi faint Louis,
auteur de cette augufie Maifon. Par le Traité de 1 229,
dont il s'agit, le Comte abandonna au Roi les domaines qu'il avoit poffedés fur la rive o.cciden_tale du Rhône,
lefquels firent alors partie de la Sénécha.uffée Royale
Je Beaucaire & Nifmes , qui devint en 1 27 2. , l'une des
trois anciennes Sénéchauffées de la Langue d'Oc.
Les fubtilités des Procureurs du pays de Provence n'empêcheront perfonne de fentir la difference qu'il y a , par
rapport à la proprieté du Rhône, entre deux Provinces ,
dom l'une abfolument détachée de la Monarchie F rançoife ,
foumife & hommagée pendant plutîeurs fiecles à .une. puiffance étrangere , n'efl: depuis près de neuf cents ans fubalternée ni au Royaume ni à la Couronne de Frarice; &
dont l'autre fut toujours un fief François , où nos Rois
forent à la vérité privés de leur autorité & fouveraine!é
. '
imme-
�'·.
·n u
R ·H ·o N E.
immediate, _pàr une fuite de la révolution furvenuë dans
les loix. & coutumes. de la Nation, mais où ils confer.verent to_ujeurs le haut em'pire .& les droits de fuzeraineté.
Les Marquis de Gothie., en même tems Ducs de Narbonne & Comtes de Tou loufe, étoient véritablement Sou·
.verains dans leur.s domaines ; mais eri ces ·mêmes qualités
ils étoient Pairs de France & grands Vaffaux de la Couronne, ainfi que l'étoient les Comtes de Champagne &
de Flandres , les Ducs de Normandie , de Bourgogne &
d'Aquitaine. Par coni'ëquent les T err'es que les Corn tes de
Touloufe ont poffedées à ces titres n''ont jamais cefré d'êt~e
Françoifes , non plus que le Rhône qui les .arrofo , qui en
faifoit partie , &:'qui par une conféquence néceffaire a
toujours été fous la domination de_ la Couronne. La Provence n?a pas encore prouvé que l'I!le de Camargue fût
. exceptée alors du fort ~ommun au fleuve & à fes appartenances. On verra la détermination de fon fort dans la. ·
fuite des rems, lorfqu,' on examinera les Titres o.~ il en dl
quefiion.
Ne paroîtra-t-il pas qngulier que d'un côté le Cardinal Mem. pag._,:
Baronius ait avancé, on ne clit pas où , que de toutes les
Provinces du Royaume, il n'en ejl point de plus légitimement
acquife à la Couronne que la Provence; ~andis que dans le
fait la Provence n'efi aujourd'hui, & depuis près de 900
ans , ni province du Royaume ni fubalternée à la Couronne: & que .d'un autre côr.é on prér.ende que cette Province .
a fur le Langue!oc un avantage qu'elle Je fera toujours gloire
de rappel!er , celui d'avoir été Françoife deux Jiecles avant
lui; ta1~ dis qu'en effet les contrées baignées par la rive droite
du Rhône & unies à préfent fous le nom ço.lleé1if de Languedoc ; appartinrent, on dit à la Maifon de France, mais ,
I /Jid,
pour par.le; cxaétement, nous dirons aux Mon arques F ran..._
E
.)
�PR OP RIE Tt
Id. pag. 8.
çois, avant que la Provence fût devenue provi nce de l'Em~
pire François. Si l'on veut comp ter ju11e, on trouvera q'1e'
la Provence n'a jamais appartenu quatr e ·cens ans à la Monarchie F rançoife.:
Avoir montré d'abord· que ce n'efl: point la: Provence·
qui a procuré à la Cour onne leS--droits de propr ieté & de
Rhôn e,
f~rnveraineté qu'elle a eus anciennement fur le
"
parce que le Rhône appa rtena it à. la Monarchie avant que
la Provence lui appartînt ; & enfoite que les ufurpateurs
·n'ont point altéré les droits de la Cour onne fur ce fleuve,
qui a.confl:amment fuivi le fort des pays baignés par fa rive
aux prétendues
JW,ap.pag. 3. droit e ; c' efi. avoir fuffifamment répliqué
Preuv es fans nom6re , que les Etats de Prov ence fe vantent d'avoir rapportées de leurs droits fur le Rhôn e, & qui
ne font rien moins que des verùés. demontrées. C'efl: en
même tems avoir détuit les principaux fondemens du
Syfl:ême Hifi.orique , qu'ils fe font fait pour s'approprier
la partie contentieufe du Rhgne au préjudice des droits
Rer. Arr.
22J.i.nvier
172 6.
dans lefquels nos Rois
ont toujours été m aimen us comme.:
Rois de F rance fur le fle uve du Rhône , p ar tout fan cours ,
d 'un bord à l'autr e, &· des_lfles;, {flots , Crémens & Attéforme nt & qui font partie de la province
rijfemens :1 qui
de Languedoc. Tous les faits particuliers , qu'on a «ccu.
sy
roulés dans les Ecrits de la Prov ence , les cent-vingt-iix,
Pieces , qu'on décore du nom de fes Titres , & les·-;ai·
fon nemens artificieux, qu'on forme fur ces faits & for
ces Pieces , deviennent inutiles & · portent à faux , dès
que la propriété du Rhône ou de la partie contenrieufe
du Rhône n'a pas été tranfportée à l'Empire ni à fes
Vaffaux , ou n'a pas fùi vi le fort des pays ufurpés fur la
France & fournis pend ant pluficurs liédes_ aux Rois.
·
d'Arles.
�DU RH 0 NE.
lf
Ce n'e!t donc plus aux Etats de la province de Lan ..
guedoc à produire les Titres primitifs , attributifs, conf·
titutifs, tranfl.atifs ou confirmatifs d'une Propriété, qu'ils
ne difputent pas à la Couronne. La Provence feule reclame ou plutôt s'attribue cette Propriété , que nos Rois
avoient , de fan propre aveu , long-tems avant les ufur·
.pations , lefquelles ont formé de la Provence un Ecat indépendant de la Couronne & féparé de la Monarchie.
Nos Rois ayant incontefiablement la plus ancienne pof M&em. P· 11 4
1• /1
13 I,
fe.lfzon, etoient cenfes avoir) ou plu rot, pour parK:r JUne,
avoient en effet la premiere occupation. Ils 12 'om pû laper·
are, que par une convention contraire, ou par quelque Traité,
.ou par quelqu' autre A éfe tranflatif de propriété. Enfin
Ji la Couronne n'a point perdu cette Propriété elle doit y
être maintenue . . Ainfi , c'efi aux Etats de Ptovence, dont
on ne fait , que tranfcrire ici le raifonnement & les propres expreffions, à mettre au jour le 'Titre , qui leur a
tranfporté la propriété d~ fleuve & qui l'a fait perdre à
la Couronne. N·ous chercherons ce Titre parmi les
Pieces, qu'ils produifent ; mais il faut auparavant nous
arrêter fur quelques Obfervations, qui ont déja été
annoncées.
I
A
•
I
•
R T 1CL E
...
T R 0 I S 1 E M E.
Ob(ervations détachées fur divers objets relatifs à
l'état de la Queflion.
LA ruine des deux principaux fondemens du Syfl:ême Hifio.;
rique des Etats de Provence entraîne neceffairement cêlle
de la plûpart des conféquences qu'ils en déduifent. Mais
leurs Ecrits réuniffent encore c}.'autres objets qui paroif~
E ij
�p,. R ·O '- P RIE T Ê
'l
ff
1
font auffi liés· effentiellemem à l'état de la Quellion, & ·
il dl: d'auta-n't plus convenahle de les parcourir ici, . qué·
leur difcuffion peut également co~tribuer à jetter du jour·
fur" ce que neus venons de· dire & ·fur les Titres, que·
nous nous propofons d'examiner~· La plûpait de ces ·ob-·
fèts fe tro~vent 'raffemblés dans · les dix · Obfervations, .
Recap. p. Bs· que nous· allons oppofer aux dix A ffertions par le/quelles ;·
la Provence a cru pouvoir réfomer t(}ute fa défenfe, dit-elle;
& qui terminent fon dernier Ecrit. Au refie nous ne nous·
affujettirons pas à fuivre. par ordre .ces dix AJ!ertions J •·
mais nous -ferons enforte que, foit- ièi , foit dans .le refl:e·
1biJ~
de notre ouvrage, il· n'y en ait aucun~ , qui ne trouve la .-.
falution raifonnable qu'on nous défie d'y fournir• .
§.- I.. T 0 ·p 0 G.R :A P .H 1 E .
De la· partie contentieufe du Rhdne. ·
ON peut·dire que le Rhône dlvife ._ auiourd' hui le Lan.~
guedoc du Venaifli.n & ·de la Provence' pomvû qu'on n'a-·
bufe point des termes · & qu'ort ne veuille pas conclure\
Mem. pag: 4. .
de-là , comme la Provence la préteHdn quelqvefois, quele lit du Rhône doit être partagé par ·une ligne de mi-pat·'
tition , & qu'il appartient pour moitié au Languedoc ~
& pour : moitié à la Provem:e, ce -qui -n'eO: ni :-ne peut
être vrai.
Le Rhône arrivé à urie lieue environ ' au-de{fos d' ArJ
les , à Fourques ,e n Languedoc , fe partage en deux 'bran·
ches ou braffieres, qui ne fe réuniifentplus jufqu'à laMer -:
Méditerrané<i"; & qui conjointement ·avec . cette Mer fdr·
ment une Hle nommée la. Camargue • . Cette Hle .a fix our
·fept tieues depuis fa pointe jufqu'aux bouches du Fleuve ,~· environ autant d~ns fa plus grande .largeur , .plus. out .
�DU RH 0 NE.
37
m_.oins , - fuivant les iinuofités plus ou moins prolongées
des deux branches .
. La branche orientale,- que l' Auteur du Mémoire de Ja. ,
P.rovence, curieux de droits d'ancienneté, prétend de fon
autorité privée être L'ancien lit du Rhône, fépare la terre
de Provence de l'ifle de Camargue, & coule dans le territoire ·dé Provence d~puis que cette i11e en. fait partie .
en conféquenêe d~un . Traité abufif, dont nous parlerons
dans -la fuite. On nomme cette branche le Grand Rhêne
puur la difl:inguer de . l'autre qui. dl appellée le Petit
Rhône. Le Grand ·Rhône fe partage en plufieurs bran-·
ches avant que d'arriver à la Mer, . où . il. parvient par
plufieurs Gras ou Embouchures. Les principaux . de ces·
Gras .font .nommés , en commençant par .le plus oriental
& continuant de fuite , .le Gras de, Fos , le Gras du Midi, .
le G_ras de .Sainte Anne, & le Gras. du Sautet. On trouve auffi' dans les .ancieiis AB:es le Gras de. P ajfon & le Gras .
de P annanides •.. ;
La branche occidentale du Rhône fépare '1a même i:fle: ,
de . Camargue du Languedoc• .On la nomme communém·ent le Petit Rhône & dans quelques Titres le Rhodanet~·
à,caufe de fa largeur moindre que celle de l'autre bran•
che, mais é·gale à-peu-près à celle de la riviere ._ de Seine
à"Paris, & d'àilleurs compenfée par la longueur de fon
cours , qui fait un plus grand circuit que,l'autre bras du ·
Fleuve, & qui après avoir paffé fol!s Fourques, Argence,
Saint-Gilles·, - la Motte, . Capete, Olivier' · &c;: fe· rend
dans la Mer par une embouchure qu'on- appelle le Gras ,ou le Grau d'Orgon. : Un peu au-deffous du lieu· nommé ·
Olivier , ou le Mas· d'Olivier., la rive droite du . PetiD ::
Rhône .s'ouvre & laiife échapper une partie de fes~ eaux r'.'J
ppur former une nouvelle branche. ~ .que quelques .Géo~~
�PROPRIET~
graphes ont nommée la Bra:f{zere ou le Canal de Silveréal,
.& qui, en approch ant de Pécais, Ce partage ·encore en
deux autres canaux nommés le Canal de Pécais & le Canal du Bourgidou. Le Canal de Pécais fe fobdivife enfuite
en trois autres qui" portent les noms de Rhône ·"if, de
Rhône mort de la ville & de Rhône mort de Saint Romain.
Les deux derniers fe perdent dans l'Etang du Repaux ,
& le premier qui fe jettoit autrefois dans la Mer, fe perd
dans des marais , depuis que fon Embouc hure eil: comblée , & que le Gras ou Grau neuf qui étoit fitué vers
le Cap de la P iqueue, -n' exifl:e plus. Tout le terrein enve.
loppé par le Rhône vif, le Canal de Pécais, la Braffiere
• de Silveréa l , .& la principa le branche du Petit Rhône
s'appello it autrefois l'{fle de Sul, & s'appelle la Petite
Camargu e, depuis que les Provenç aux ont entrepris d'en
foumettr e les habitans à leur juil:ice de Notre-D ame de la
Mer, qui efr dans la Camarg ue, & font parvenu s à fe l'ap·
proprier abfofom ent vers les commen cemens du quatorzieme fiecle, comme nous Je découvr irons en fon lieu. Enfin le Canal du Bourgid ou, après avoir palfé fous Aigues·
mortes, fe ~end par la Grande Robine dans l'Etang du
Repaulf et, d'où fes eaux font portées dans la Mer par
le Grau du Roi.
On ne . devine pas pourquo i l'ingénie ux Ecrivain de la
Provenc e juge à propos de regarder le Petit Rhône comme
!vlem. pag. 4· le nouveau lit du Fleuve & comme une dérivation du Grand
Rhône. Il n'en donne aucune raifon & ne cite aucune
autorité. Il n'a pas d'ailleurs prévû fans doute qu'en fop·
pofant que cette branche n'eft qu'une nouvelle dérivatio q
du Rhône, il donne à penfer qu'avant !"époqu e, quelle
Jbid.
qu'elle fait, où il lui plaira d'i mag · ner que le Fleuve s'eft
ou.vert ce nouveau Canal, fan ifle de Camarg ue a dû faire
�DU RH 0 NE;.
partie du continent qui porte aujourd'hui le nom de Languedoc,. & qu'alors le terrein de cette ifle , féparé de la
Provence par le lit entier du Rhône, n'étoit point ProvençaL Dans cette fuppofüion, l'Euu P hyfzque du Rhônè Récap. p. 8y~
que la Provence invoque en fa faveur, feroic au contraire
un nouvel o/:Jflacle
a fes prétentions.
Deux mocs fuffiront pour évaluer les raifonnemens que
l'Aureur du Mémoire de la Provence forme fur fon Expofé topographique du Rhône. D'un côté , .en ne conG.dérant que l'état préfent du Rhône , il ne fera point du
tout inconféquent d'exclure la Provence de tout droit for la Mem. pag. 5·:.
Partie (upùieure & far le bras occidental du fleuve; quoique fan grand bras,, mais non fon petit bras , ccJUle depuis
Arles jufqu'd la Mer dans un territoire qui ne lui eft pas
contefré tant que Le Roi v-eut bien laijfer Julfzjler une ufur- Arr. du Conf.
pation qu'il peur faire ceifer quand il jugera à- propos. La .de 1 7.z 6,P.· 18 ·
raifon pour laqueHe il n'y a point là d'inconféquence ,
efr que les droits dont la Provence, par l'-indulgence de.
nos Rois & au préjudice de leur, Couronne, jouit depuis
• l'année 1125 for la grande brafüere du Rhône & fur l'ifle
cle Camargue, ne peuvent avoir d'influence for la partie
fupérieure du fleuve & fur fa petite braffiere, qui n'onc
jamais ceffé de couler fur, des terres Françoifes, & qui au
vû & au fçû d:e la Provence étoient Françoifes long-rems .
avant qu'elle fe fût foumi(e au Roi en r 48 r. Il n'y a rien
de fi vi6blement difringué que les,deux objets de ces droits,
annoncés par les Etats de Provence , & il n'y a aucune :
conféquence à tirer de l'un à l'autre.
D'un autre côté, fi ,on conG.dere l'état du Rh6ne dans~,
le. moment que l'iile de Camargue a été formée, dût-om
remonter au rems du déluge ou. de la création du monde, ..
on.ne croira jamais q~e la Provence , q~i n'éroit pas. lai
�P R 0 p · R I E T ·"Jt
Mem. pag.
' n
ait eu alors & ait confervé long-tems après la
formatioiz de cette ijle plufzeurs urreins Ji.tués au-dela de la
hranèhe du fleuve fuppofée nouvelle; & perfonne n'en conclura, comme on fait, qu'a quelque époque qu'on 11euillefe
porter, l'ijl.e de C.rmargue efl un titre phyfzque de la proprieté
de la Provence fur le Rhône. La poGrion de la ·Camargue
. efi bien plus. véritablem ent un titre· phyfique qui affure &
. qui doit .refütuer à la Couronne la proprieté de cette iOe,
. ainfi que celle de la branche orientale du Rhône fur la, quelle on ne peut douter que la France n'ait des droits
>· Provence ,
imprefcrip tibles. .
. Au reile les termes d'ancien & de nouveau lit du Rhône
. doivent être confervés ; ils font employés dans plufieurs
. Titres précieux ; mais ils n'y ont pas la même fignification que dans le Mémoire de la Provence. En conféquen ce
. des fréquentes alluvions & des variations auxquelles -la
rapidité du Rhône donne lieu, il s'y forme fucceffivement
. de nouveaux crémens ; le fleuve fe répandant ~'un côté
. fe retire de l'autre; & les inondatio ns, qui furvicnnent
. fouvent, produifen t encore d'autres changeme ns dans la
pofition de fon lit. De-là vient qu'on nomme l'ancien lit
du Rhône , les terres fur lefquelles il a roulé fes eaux
pendant un rems déterminé , & qu'il a enfuite abandon·
nées; & qu'on appelle fon nouveau lit, · l'efpace fur lequel fon co~rs eil: nouvellem ent établi & qui étoit aupa·
ravant un terrein feç.
§. II.
CH R 0 N 0 L 0 Gl E
Des noms de Languedoc & de Provence.
• LES no~s
de Languedo c & de Provence n'ont pas tou·
JOurs appartenu aux provinces qui les ont aujourd'hu i,
&
�DU RHONE.·
41 .
·& ont d'ailleurs été communs pendant d'aŒez longs efpaces de tems à d'autres contrées qu'à celles au~quelles ces
noms font appropriés à préfent.
Le nom de Provence cfr beaucoup plus ancien que celui
de Languedoc. C'efi toujours une prérogative pour ceux:
qui cherchent des titres d'ancienneté ou d'antériorité. Le
Languedoc n'a ni ambitionné ni contefié celle-ci, mais
c'ei1 le feul avantage dont la Provence puiffe fe glorifier
àans la contefration préfente. Le pays de Provence a
commencé à être conn.u fous ce nom dans le fi xieme Gecle, lorfqu'il fe ~rouva fous la domination des Oil:rogors.
Comme c'étoit le feul canton que ces peuples établis en
Italie conferverent dans les Gaules après le Traité conclu
en 5 26 entre Athalaric leur Roi, & Amalaric Roi des Vifigots ; Caffiodore & les autres Auteurs du rems le nommerent la Province des Gaules & la Province d'Arles, &
quelquefois fimple~ent la Province, en latin Provincia;
d'où s'ell: formé peu de tems après le nom de Provence,
toujours confervé depuis à la partie des Gaules qui étoit
alors foumife ?UX Oil:rogots, & qui fut cédée en 5 36,
par leur Roi Vitigès à Théodebert Roi d' Aufiralie, comme
on l'a récité plus haut. Il faut répéter auffi que cette pro·
vince comprenait alors, à-peu près comme aujourd'hui,
le pays füué à la gauche du Rhône encre ce fleuve, la,
Durance , les Alpes & la Mer Méditerranée.
La Provence foumife aux Fran-çois en 536, fut enfuite
comprife dans les diffé.rens partages que nos Rois de la premiert~ & de la feconde Races émient dans l'ufage de faire,
ou à leurs enfans , ou entre eux , des pays fournis à la do·
mination Françoife; & quelques-uns de ces Princes la
firent gouverner fous leurs noms par des Ducs de Provence
F
.
�PRO PRIE TÉ\
---
ou Je Maifeil!e. La
~ilk
de Marfeille fut regardée pendant
___ ~~~üê tems comme la capitale
de
la Provence.
En 8 55 , le duché de Marfeille ou de Provence , après
avoir fait partie du lot de l'Empereur Lothai re, échut
en partage après fa mort au Prince Chari-es , fan troi·
ftème fils, qui prit le titre de Roi de Provence. Alors le
nom de Provence s'étendit fur tous les pays qui furent réuDis fous l'autorité de ce premier Roi de Proven ce, & qui
compoferent le Royaumé de Provence. Ce Royaume
comprit les Provinces nommées aujourd'hui la Proven ce,
le Venaiffin, le Dauph iaé, la Savoye, avec partie du Lyonnois, du Duché & du Comté de Bourgogne & les e_ays.
de Vivarais & d'Uzège. Il fut enfuite pofiédé dans la même
étendue à-peu-près & fous le même nom par les Empereurs
Charles le Chauve & Louis le Begue , qui regnerent enmême te ms fur les autres portions _de l'Empire F r_anç_ois ,.
ainfi que par les deux Rois Louis Ill .& Carloman , aux·
quels Bofon , D'uc ou Gouverneur de' Provence fous l'autorité de ces Princes , enleva ·la couronne de Provence.
A la fuite de l'ufurpation de Bofèm· , le Royaume de
Proven ce, dont une partie fut peu de tems après unie avec
le Royaume de Bourgogne Transjurane , qui prit alors
le nom de .Royaume d'Arles , comme on Fa déja obferv é,
ne conferv·a pas long-tems la même étendue ni la même
forme. D'abor d on a vû précedemment que le Vivarais
& t'U zège en avoient été démembrés par les Marquis de
Gothie qui fournirent ces-pays au Roi Charles le Simple.
Emuite , comme les Comtés bénéficiaires commencerent
bienté>t à devenir héréditaires , les Seigneurs qui en poiTédoient les titres , fe rei;idirent infenfiblement maîtres des
~erres ; & de même que Bofon avoit uCurpé l'autorité
�DU RH 0 NE.
43
Royale, les Comtes de fon Royaume uforperent à leur
tour la fouverainaté immédiate dans leurs gcmvernemens
avec cette différence cependant que Bofon n'avoit confervé aucune forte de dépendance des Monarques François, fes Souverains légitimes ; au lieu .que les Comtes du
Royaume d'Arles refl:erent dans la dépendance des Rois
d'Arles, de qui ils reçurent l'invefüture de leurs .fiefs &
de qui ils les tinrent à foi & hommage. Il arriva de-là que
le Royaume d'Arles étant pa{fé quelque ·tems"ttprès da,ns
les mains des Rois de Germanie & des Empereurs d'Allemagne, les Rois d?Arles ne confervercnt plus de domaines
dans ce Royaume , & ne parure~t plus .y avoir que les
droits de fuzeraineté ;.de forte que tout çe Royaume d' Arles fe trouva partagé entre d.ifférens Seigneurs Feudataires
de l'Empire, & Souverains chacun dans fon Comté moyennant la foi & hommage qu'ils en faifoient aux Empereurs.
Tels furent les Comtes de Savoye, de Breffe, de Lyon ,
de Vienne, de Provence , de Forcalquier, d'Orange, &c..
- Dans le dixieme fiécle, le Comté de Provence, mouvant
du Royaume d'Arles ·, étoit borné au levant' par les Alpes,
au nord par l'lfere , au couchant par Je Rhône, & au
midi par la mer. Il conferva cette étendue jufqu'à ce que
les Comtes de Tou loufe & de Barcelonne, qui vers les
commencemens du douzieme !iécle poffédoient par indivis le Comté de Provence, convinrent de partager entre
eux ce pays , dont la poffeffion commune étoit pour tous
deux une fource de différends .& de guerres prefque continuelles. Le Traité de partage qu'ils conclurent en I 11 ~ ,
donna au Comte de Touloufe_le pays foué entre l'lfere &
la Durance fousJe titre de Marcpl.ifat de Provence; c'efl:
ce qui comprend aujou.rd'hui le ÇQmré de Venaiffin , la
Principauté d'Orange & la phas .grande pa.rtie du Dau~
F ij
'
�44
PROPRIE TÉ
phiné. Le même Traité donna au· Comte de Barc...elonne
la porrion qui efr entre la Durance & la Mer , fous le
titre de Comté. de Provence, titre & nom qui font refiés
propres à cette portion.
Cependant le nom de Provence était dans ce même
ftecle commun aux provinces voifi.nes füuées à la droite
du Rhône. On trouve dans les monumens du rems Nîmes
en Pro11enee, M@ntpellier en Provence , Saint-Gilles en ProMem.pag.38. vence, &c. La gr-avité de l' Hijloire & de l'état des Hi.ftoriens
du Languedoc n'a pas dédaigné d'en donner deux raifons qui
ne paroi!fent pas indignes de cette grlflvÙé. La premiere efr
Hifi.deLartg. que la langue Provenç.ale étant parvenuë à fa perfeaion
T. II_, P· z46, vers ce te ms-là. , & s':érant , pour ainfi dire , naturalifée
& ~~
· alors dans toutes les p.rovinces méridionales du Royaume;
on comprit fous le nom général de Provençaux tous ceux
qui fe fervoient de cet idiôme, foit dans la Provence propre , foit dans les pays voifi.ns , & plus particulierement
encore ceux qui cultivaient la Poëfi.e Provençale de quelque province qu'ils fuffent , & qui furent nommés communément Troubadours: de forte que, par rapport ai1x
deux différens- idiômes u'iîtés dans la plûpart des provinces
de)a Monarchie, on divifoit alors le Royaume en Frana
& en Provence , comme on le divifa enfuite par le même
motif en Langue-d' oui_ & en Langu.e-d.' oc. La feconde rai·
fon, pour laquelle le nom· de Provence fut commun aux
provinces méridionales du Royaume dans le do.uzieme
fiecle , efr prife de ce que dès l'e liecle précédent Raymond de Sainr-Gilles., Comte de Touloufe & en même
tems .C omte de Provence , s'était difüngué avec beaucoup
d'éclat en Orient à Ja , tête ' de fa ptincipale Nobleffo des
provinces méridionales du Royaume· & de cent mille Croi-·
fés qu'il avôit raffemblés dans le.s. mêmes provinces. , la.
1
>
�DU RHONE~
plûpart foumifes à fa domination , & qui à ·caufe de lui
avoient été défignés dans la Terre-fainie par le nom général de Provençaux, p~rce qu'il fut nommé quelquefois
le Comte Provençal; d'où il · arriva que les Hifioriens du
terns & ceux du fiecle fuivant nommerent Provencaux
in,.
difünB:ement tous les habitans des pays limés fur.les bords
de la Mer Méditerranée depuis les Alpes jufqu'àux Pyrenées.
De ce que les Comtes de Touloufe poffédoient alors
& avoient poffédé dès la fin du dixieme ftecle le Comté
de Provence, on pourroit inferer, G l'on vouloit rai.fonner
& s'exprimer comme les Procureurs des Etats de Provençe, que les Souverains du Languedoc aya9t été pendant pluG.eurs iiecles maîtres du pays dë Provence , ce
pays a été fournis aux Languedociens , qu'il a appartenu
au Languedoc, & fait partie du Languedoc ; d'où l'on
prendroit occafion de conclure que le Rhône fut alors
Languedocien , ou que les Princes Languedociens eurent
la proprieté du Rhône. Mais , comme on ne veut pas,
faire un Roman, il fuffit d'avoir obfervé que , pendant
les onzieme , douzieme & treizieme· fiedes ,. le nom de·
Provence fut donné affez communément aux pays qu'on.
nomme aujourd'hui le Languedoc, la Guyenne & la Gafcogne, comme à la Provence même : ce qui n'empêche·
pas que les noms & titres de Comté de Provence & de
Marquifat de Provence ne fuffent dans. ces . mêmes tems
propres aux contrées pa.rticulieres qui ont·écé délignées.
plus haut; & qu'ef!hn le Comté de Provence ne fe foit.
confervé jufqu'à préfent dans la mêm.e· étendue & fous le
même nom , tel qu'il fut cédé à Raymond-Berenger ~'·
Corn te de Barcelonne , par le traité de l'année 11 2 },. , dont:
cm aura ocçafion de reparler: dans. la.fuite..
�46
_
PRO PRI. ETÉ
Le nom de Languedoc étoit encore inconn u, lorfqu'e n
1 1 71 le Comté de Toulou fe & la plûpart des domaines
des anciens Comtes de Toulou (e vinrent dans les mains
du 'Roi Philipp e le Hardi, en vertu des conven tions ar.
rêtées entre le Roi faint Louis fon pere & le Comte Ray.
mond VII dans le Traité de 1i29. Alors ces domaines
comme ncerent à faire corps de provinc e fous l'autorité
immédi ate de nos Rois; & ce fut peu de rems après que
le nom de Langue -d'Oc fut fobfiitué à celui de Provence
. dans les pays méridio naux de la France fitués à la droite
. du Rhône. Le même Roi Philipp e le Hardi , qui avoit
auffi pris en même tems po[effio n du Marqui fat de Pro·
vem:e , comme faifant partie de la fucceffion de fon oncle
Alfonfe dernier Comte de TouloLf~ , ayant cédé en t273
. ou I 17 4 le Comté de Venaiffin à l'Eglife Romai ne, qui l'a
toujour s poffédé depuis ; dès-lor s le titre & le nom de
Marqui fat de ·Proven ce difparuren t. Le nom & le titre de
Comté de Proven ce refreren t propres au pays qui étoit
fournis au Comte de Proven ce, & qui continu a d'être in·
dépend ant de nos Rois pendan t plus de deux cénts ans
encore ; & le nom de Langue doc embraf fa toutes les au·
tres contrée s méridio nales, qui éroient foumifes médiate·
ment ou immédi atemen t aux Monarq ues Franço is, & du
nombre defquels étoîent le Vivarai s , l'Uzèg e, le territoire
de Beauca ire & le Diocef e de Nîmes, tous pays baignés
par la rive droite du Rhône , dont le lit entier faifoit par·
tie des mêmes pays , & étoit fobalte rné comme eux au
Royau me & à la Couron ne de France.
Le pays de laLang ue d'Oc eut dans la fuite plus ou moins
d'étend ue felon les divers fuccès que les armes Françoîfes
eurent dans la longue guerre qui dura entre la France &
1' Angleterre pendant les deux 1iecles qui fui virent. Sous le
�I
D U R H. 0 N E. .
47
Regn e de Charles. VII , . cette provi nce fut relha inte aux -
trois anciennes Sénéchauffées de Toul oufe , de Carc affonne· & de Beau caire & Nîmes , qui , dès aupa ravan t •
étoie nt nommées plus partic ulrere ment les trois Sénéchauj.:
fées de la Languedoc. E_nfin le Roi Louis ·- XI affigna en
·
1 469 au pays de Lang uedo c les borne s qu'il
a aujou rd'hu i • .
Mais} c-0mme· ces varia tions ne font forvenu·es que dans
les parties .occidentales -da r, angu edoc ' fort éfoignées du
Rhôn e, & par confé quent étran geres à la Q!:le füon, jl faut
en. fopprimaï lës -àétaiis .& hbtne r. ici cette. efpec e. de nomenc lature .chro nolog ique & topog raphi qije , dont la néceffité ·fera fentie ·paMo utes Ies.perfonnes , qui liron t avec .
.
atten tion.les nouv-eaux .Ecrit s des Etats .de. Prov ence.
§':. .III.
0 R ..I G 1 N ,_ E·
Des :droiis que les >R.ois .. d'-'Arles & leurs. VaJ!àûx~"
ont .euL dans ..leurs Etat s.
Bofon, & eouis -1' Aveu glë,, Rois de Prov ence··; ainfi q111e ·
Rodo lphe -I, Roi de· la Bour gogn e Tran sjura ne· , & fon
•
fils Itodo lph·e II, Roi d'Arles ont été de · vérita bles UfurPf!teurs; -Non conte ns -de s'app ropri er dans les · pays qui
comp ofere nt leurs -Royaumes·une·. autor ité parei'lle à celle
·
que l'intr odua ion du Gouv e.r neme nt Féod al procu ra vers
"
ces tems-là aux Feud ataire s de.la Cour onne ; ils ont eu le
cour age, dit-on , & vérita blem ent l'injufre témé rité d'ar- ·
rache r la Cour onne même ,aux légitimes ·poffeffeurs de ces
·
pays & à leurs propr es -Souv erain s ;. d'abu [er de la foibleffe des derniers Rois de la fecon de. Race , des,m alheu rs '
du. tems & · des troub les du Roya ume qui étoit alors agité ':
au dedans · par les fa&ions des· méconrens , ,& expof é
alll }
dehors aux .courfes des Norm ans; de mont er ouverteme-u.~. .1
.._
�PRO PRI ETÉ
fur un thr6ne qui n'étoit pas à ·eux; de fonder un grand
Royau me par la réunio n de differe ntes contré es qui appar-ten oient depufa plufteu rs fiecles à la Mona·r chie Fran.
çoife ; de s'y rendre abfolu ment indépe ndans , & d'y ef.
facer toutes les traces de l'autor ité légitim e. En un mot ,
ils n•ont eu des droits fur les pays qu'ils ont enlevé s à la
Couro nne de Franc e, qu'en vertu d'une véritab le ufurpa·
tion , laquel le n'a pû leur donne r de droits légitim es ni
de titres légitim es contre le poffeŒeur & le propri étaire
légitim es.
Ainft les aaes d'auto rité, de fouver aineté , de jurifdiction, que Rodol phe Il & fes fucce!feurs Rois d'Arle s ont
faits dans les pays qui compo ferent le Royau me d'Arles ,
les concef fions qu'ils ont faites à leurs Va!faux , les droits
dont les Feuda taires de la Couro nne d'Arle s ont joui en
vertu de ces concef fions, les Traité s -.que .ceux-c i ont conclus entr'eu x ou avec leur fuze.ra in , leurs partag es & cef.
fions récipr oques , fruits & effets de l'ufurp ation, n'ont pu
préjud icier aux droits des Monar ques Franço is & de leur
Couro nne, parce que les ent-r eprifes de la rébelli on &
de la félonie ne font pas des droits ; parce qu'une Tran~
faaion .quelco nque ne peut préjud icier à un tiers qui y e{l:
intére [é , qui n'y eil pas appell é , qui n'y intervi ent-pas
forme llemen t, qui ne cede pas fes droits ; & parce que
les droits de la Couro nne ·étant inalién ables par eux .. mêmes, ne peuven t à plus forte raifon recevo ir de !éGon
d'une autorit é étrang ere, qui eft nulle par rappor t au Souverain légitim e, & qui n'efl: fondée qu_e for un titre égalemen t ruineu x & odieux , lorfqu 'eÎle n'en a pas d'autre
"
.
r.
.
meme
t10n
que 1,u1urpa
Et il ne faut pas croire que les Traité s faits par nos Rois
avec le~ Princes de leur Maifo n, qui ont dans la Cuite pof- ·
fedé
�DU
RH 0 NE.
fedé le Comté de Provenc e, foit comme Fief du Royaum e
d'Arles & de l'Empire , foit comme Principa uté indépen dante , prouven t que ces Rois aient jamais approuv é l'ufurpatio n, d'où la poifeffion de ces Comtes de Provenc e
;tiroic fon origine , ni qu'ils aient autorifé ou légitimé des
prétentio ns & des emreprif es préjudic iables à leur Cou. ronne. Tout ce qu'on peut en conclure , c' efl: que les Monarques François ont confenti à ce qu'une poifeffion éta:blie & maintenu e par des Ufurpat~urs au préjudic e de la
Couronn e de France , ne fût pas attaquée dans la per...
fonne de ces Princes , leurs parens ; & qu'ils ont bien
. voulu , en confidér ation de la nai!fance de ces mêmes
Princes, les laiifer jouir, par grace fpéciale, d'une autorité dont les prédécei feurs de ces Comtes n'a voient joui
qu'en vertu de l'ufurpat ion.
Ce fut fans douce en conGdération de la longue po!feffion des Princes de la Maifon de France, qui avoient regné
pendant plus de deux cents ans fur le Comté de Provenc e,
que le Roi Louis XI, en recevant le ferment de fidélité
que lui prêteren t les trois E~ats du pays de Provenc e ,
lorfqu'il prit po!feffion de ce pays comme héritier tefiamentaire de Charles III , dernier Comte de Provenc e d~
la feconde Maifon d'Anjou , agréa & confirma les privileges & ufages des Provenç aux , tels qu'ils avoient été
maintenu s ou accordés par les Princes de fon fang , &
confenti t à ce que la Provenc e ne fùt fubaltern ée ni à
fon Royaum e ni à fa Couronn e de France. Au forplus
nos Rois dans leurs Traités avec les Comtes de Provenc e
ou avec les Empereu rs Rois d'Arles, ni dans l' AB:e de con.
firmation des privilege s de la Provenc e , n'ont accordé
ni à la Provenc e , ni à fes Comtes , ni aux Rois d'Arles
la proprieté ou la fouveraineté du (:Ours du Rhône dç_-:
G
�PR OP RI ET È
l'ob jet de la
puis la Dur ance jufq u'à la Mer , ce qui efi
Que füon .
50
§. IV.
Ê G A L I TÉ
Des droits que les Vaj fau x de la Couronne d'Arles
ont eus fur les fiefs qu'ils tenaient des Empereurs Rois d'Arles ..
ereu rs
Com tes de Prov ence n'on t pas reçu des Emp
droi ts fur
Rois d'Ar les leurs Seig neur s fuze rain s, d'au tres
les Dau phin s
leur Com té, que les Com tes d'Or ang e ,
les C0mtes
de Viennois , les Seig neur s du Vale ntin ois ,
eden t à la
de S'av oye , & que lcsP ape s mêm es, qui poff
ndo n que
véri té le Com té de V erraiffin en vert u de l'aba
en 1274.,
le Roi Phil ippe -le-H ardi en fit -à l'Eg life Rom aine
igno n qu'aux
mais qui ne font Sou vera ins du Com té d'Av
, d~ laquelle
clrnits de la Com teffe Jean ne de Prov ence
1348 . Tous
ils ache tere nt cett e ville & fon terri toire en
de même
ces Fiefs de l'Em pire ont la mêm e orig ine, font
droi ts , parc e
natu re , & ont eu refp eétiv eme nt les mêmes
e Cou que les poffeffeurs de ces fiefs. , Pair s de la mêm
, dit même
ronn e d'A rles , les tenoient de la même maniere
Il faut Jire fur
Seigneur & à cauje de la mim e Seigneurie.
Till et;
la natu re des Fiefs & de la Pair ie· Fau ch et , duge.
du Mou lin, Loy feau , Salv aing & du Can
Rois d' Ar·
Il fuit de -là 1 °, que tous ces Feu data ires des
s refpeéhfo,
les n'on t pas eu plus de droits dans leurs Fief
ent dans leu,r
que les Rois d'Ar les eux~rnêmes n'en avoi
1
fes Vaffaux
Roy aum e. Le Suze rain ne peu t don ner à
les Fiefs de
plus de droi ts qu'il n'en a lui-m ême . 2 ° Que
d'éte ndu ë
1a Cou ronn e d'Arles n'on t pas pû avo ir plus
LES
l
~ue les
poffeffi.ons des Rois d'Arles. Les limites du Royaume.
�DU RH 0 NE.
d'Arles ont dtr fervir de limites aux Fiefs qui en faifoient
partie, & le Rhône qui bornoie ce Roy~ume , a dû borner a_uffi les Fiefs du même Royaume qui éraient affis fur
fes bords. 3 ° Que tous les Feudataires de la Couronne
d'Arles ont eu des droits égaux dans leurs Fiefs refpec. tifs. Ces droits donnés de la même maniere & par le
même Suzerain avoient la même origine, le même principe & la même nature. 4" Que ceux de ces Feudataires
dont les Fiefs s'écendoient le long du Rhône, n'ont pas pû
avoir plus de droits les uns que les autres fur ce fleuve
& fur fes ifles & dépendances.
· Or, de fait & de l'aveu des Etats de Provence, les
Dauphins de Viennois, les Comtes de Valentinois , les
Princes d'Orange, les Souverains de Savoye & les Papes
n'a voient rien à prétendre fur les parties du Rhône qui
confinent à leurs Etats; jamais Sa Sainteté ni les hahùans Récap. p. 6,~
du Comtat n'ont eu aucun droit fur le Rhône; c'efi: tout nouvellement, en 1760, que le Roi vient de faire la grace aux ld.pag. 90•
fujets du Roi de Sardaigne de fixer le milieu du fleuve pour
ligne de féparatio1t entre la France & la Savoie ; le Dauphiné n'a point de titres particuliers qui lui donnent des u. pag. 68~
droits fur le Rhône. La Provence doit reconnoîrre toutes
ces Propolitions. Enfin, non feulement il efi: notoire que
les autres Seigneuries voifines du Rh6ne n'ont point étendu
leur autorité fur ce fleuve, mais encore il efr avoué que
le Rhône aù-deJ!us de la Durance n'a jama_is cejfé d' appar- Mem.pag.S1~
1enir au lj.oi de France.
Cependant la Provence réclame la portion du Rhône qui Mem.pai;.~.'1 coule depuis ta Durance juf<Ju' à la Mer. Elle devroir donc
produire le Titre qui l'auroit exceptée du fort commun
aux aurres Fiefs de la Couronne d'Arles , Titre qui, dans
la vérité du fait , n'exifle point & n'a jamais exifi:é: ou
G ij
r
�PRO PRIE TÊ
du moins elle devroit , fi elle le pouvoit , indiquer les.
Titres qui auroient privé ces Fiefs d'une propriet é néc.eifairement commun e, fuivant (es pwpres principe s , à;
tous les Fiefs qui avoient une origine commun e &. des
droits égaux. Sans parler des autres Seigneur ies répandues.
fur la rive gauche du Rhône , il efr certain que le feul
Comté de Provenc e, avant qu'il fût panagé en deux
Fiefs différens par le Trai!é de l'année i 1 25, compren oit
tout le pays qui s'étend depuis l'lfere jufqu'à la Mer, &
par conféqu ent s'étendo it égaleme nt à la droite & à la·
gauche de l'embou chure d.e la Durance . Les. Comtes de
Provenc e n'avoien t fans doute pas plus de droits.al ors fur
le Rhône au-deffo us de la Duranc e, qu'au-de ffus; puifque tous les pays iitués à la gauche & à la droite de la
Durance ne formoie nt qu'un feul · Fief de l'Empire fous.
ld:em.pag.83. la dénomin ation de Comté de Provence~ Air.Ji. le Rhône
lil.U· deffus de la Durance n'ayant jamais ceffé d'appartenir
au Roi de F~ance , comme les Etats de Provenc e le difenr ,_ & comme cela efr vrai , il efl: donc vrai auffi que
le Rhône au-deffo us de la Durance a touj,ours apparten u·
de même à la France.
Après l'extinR ion de- la Maifon d'e Souabe, qui po!féda
l'Empire & le Royaum e d'Arles~, & qui fiait en 1 264,
par la mort tragique de Conradi n, le Royaum e, d'Arles
difparut , & il n'efr plus quefrion dans }a, foire du ·titre ni des.
_ droits de ce Royaum e. Alors , non feulemen t le Comté·
cle Provenc e, qui avoit été porté en 1245 à Charles de·
France, Comte d'Anjou , frere du, Roi faint Louis, parBéatrix de Provenc e , fon époufe , . fille & héritiere de
Raymon d-Béren ger Comte de Provenc e ,. & qui fut en,.
fuite poifedé fucceffivernent par les deux M,aifons d' Anjou j , mais encore les autres Fiefs, qui j ufqu'~lors avoient:
�DU
RHONE~ .
relevé de la Cour onne d'Arles., ne reco nnur ent plus
de
Seigneurs fuzerains , & refie rent indépendans jufqu
'aux.
di verfes époq ues , où chacun de ces Fiefs rentr a dans
les.
mains de nos Rois ; le Com té de Lyon en 1310 , le Dau~
phiné en 1 J_49, les Com tés de Valentinois & Diois en I -t
3 4,.
le Com té de Prov ence en. 14_81 , &c •.
NA T UR. E
Des entreprife,s que les Comtes de Provence· ontIfaùe s Jùr le Rh6 ne & fes dépendances.
§.. V.
0
N vient de voir clair emen t que les Feu
dataires dtt
Roya ume d'Ar les,. dont les Fiefs s'étendoient le long
du.
Rhôn e , n'ont pas pû avoi r plus de droits les uns que
les,
autres fur ce fleuve & for , fes. ifles & dépe ndan ces,
&.
qu'ils n'on t pû même y avoi r plus de droits. que les
Rois,
d'Ar les, leurs Seigneurs fuzerains .. :: Or en laiffant à
l'écart les deux ufurpations de Bofo n & de Louis-1' Aveu
~
gle, lefquelles n'eur ent pas plus de fuites l'une que
l'am-:
tre , il eit' confiant que Rodo lphe li, prem ier Roi d'
Arles, & fes fucceffeurs , n'ont poffedé aucuns droits·
fur.f
le Rhôn e ; q.ue , dès avan t la ceffion que Hugues
Duc
de Prov ence & Roi d'Italie fit à Rodo lphe en 930. de
rout
ce qu'il poffédoit en .. de~à des Alpes,.. le b~rd orien tal
du Hifi. defüng;•
.Rhône fit la féparation de la Prov ence & du Roya
ume To.JI ,.g. 5~~
de Fran ce ; que de Ruis la mort de Loui s- l' Aveu gle
leRhôn e & tous les pays. qui bord ent fa rive droit e
ont
t-0ujours été fous· la dépe ndan ce médi ate ou immédiat
e~ ·
d.e la Cour onne: de: Fran ce ;, & que l'auto rité illégitime
:
dont les Rois .d'Arles & leurs. Vaffaux ont joui dans leurs
.
Etats ufurpés, n~a jamais été. établie & recon nue fur la.ri;,
..
v.iere du Rhôn e & fur .fes. i!les. & dé1fendances.- ,) à r~
�PR 0 PRIE TÉ.
54
ception cependant de la grande braffiere de ce fleuve,
dont le fore fera bientôt éclairci par les Titres mêmes
que les Etats de Provence ont cru devoir produire.
Dès-là, tous les Ac7es de Souveraineté & de reffon, , que
les ·Comtes de Provence ont tenté de faire fur le Rhône, ,
M&em. P· 128 les lettres de ·marque & de repréfailles , les permi.ffion~ d'y
129.
Rec. pag. 87. faire des machines de .guerre, les impôts & Les plazds qu'on
leur atrribuë avec ou fans fondement , la multitude pré·t-enduë de con.fi/cations , d'amendes, de Jaijies, prononcées
par leurs Officiers au fujet de la navigation, leurs inféo·
dations de péages, de pêche & d'autres droits fur le fleuve,
& en un mot tous les Aétes émanés des Comtes de Provenc:e ou de leurs Officiers , font autant d'entreprifes attentatoires cànrre les ·droits de la Couronne de France;
premiereme nt parce que cette Couronne avoir incomef.
tablement des droits affurés par une poifeffion longue &
bien ~tablie tant fur le Rhône que fur fes dépendances ,
long-tems avant que les Fiefs de la Couronne cl' Arles ou
les Seigneurs fuzerains de ces Fiefs fubiitlâ[ent; & fecon·
dement parce que nos Rois· n'ont jamais fait ceffion ni
tranfport aux Rois cl' Arles ou à leurs Feu dataires des
droits de la Couronne de .France fur le Rhône. Il n'y a
perfonne ,_ qui ne fçache que des emreprifes ne font pas
des Titres, que des voies de fair .ne font pas des dreits,
& que des attentats fur le droit d'autrui ne peuvent ferllir ni de Titres ni de Preuves des .droits de leur Auteur.
§.VI. R É V N 10 N
_Prétendue de la Prov~nce à la Couronne.
,
\
nous a déja infrruits 'qu'u~e des principales rdfources des Etats de Provence dans la comefraL'ExPÉRŒNC E
>
�DU RH 0 N .E ..
,
tion préfcnte, & tous les . avantag.~s apparens dont ils fe
glorifient, confül:ent précifément dans l'abus de quelques
expreffions qu'ils favent employer & appliquer en leur
faveur, & dont ils ont l'art d'étendre ou de refl:raindre
la iJgnificarion fuivant r~xigence des cas. C'eil: à quoi il
faut principalement faire attention , lorfqu'ils citent la
Réunion de leur province à la Couronne.
Il n'efl: pas étonnant que cette maniere d'exprimer la
forme., en laquelle le pays de Provence efl: rentré fous
la domination de nos. Rois, fait communément employée
dans les nouveaux Ecrits des Etats de Provence, '" qui fe
propofent de faire croire que leur pays dépend de la Cou"
ronne de !a même façon que le Languedoc & les autres
provinces du Royaume en. dépendent , & de perfuader
par ce moyen que les droits de la Couronne ne recevront Mem.
aucune atteinte , /oit que les Rois de France regne,;,t fur le
Rhône depuis la Duranae jufq_u ' à la Mer comme Comtes de
. Provence, fait qu'ils y regnent comme Rois de France. Les
Provençaux font d'ailleurs autprifés à s'exprimer ainft, d'abord par l'exemple de leurs propres Hifl:oriens, No:lha~
damus, Gaufridi, Antoine & Louis Ruffi, Honoré Bou-che, &c. qui ont tous parlé de. même; enfuice par l'ufag~
q.ue fe font fait beaucoup d'autres Ecrivains , qµi ayant:.
trouvé ces' mêmes expreffions. déja ufitées pour repréfenter. la maniere d'être de la Provence par rapport au Roi
& au Royaume , n'ont pas. fait difficulté. de s'en fervir ,, ~
fans examiner fi elles étoient jufl:es & exaétes ; enfin par plufieurs Ecrits authentiques , tels que divers Expofés .
cl' Arrêts du Confeil & de Lettres-Patentes de nos Rois,.~
&nommément par l'énoncé des Lettres du Roi Louis Xlr,..
qui dit expre[ément : Avons adjpints & unts. à. Nous.. & à.
\
pag;
.
"
ir•-
�PR OP RfE T É
votre Couronne no/dits pays & Comtés de ProYence, For.
&alquier & Terres ' adjacentes.
C'eft par une fuite de cet ufage afrez généralement reç..û
1
·1
1
de nominer Ré_!Jnion de la Provence à la Cour onne l'Aéte
par lequel ce pays s'efi: fournis au Roi, que dans l'Ave rtijfement qui a été imprimé à la tête d'une Tabl e Chronologique de diverfes Notic es ajoûtées au Recu eil d' Arrêts
& Décifzons , que le Languedoc a produit en 176 5 , on n'a
la Prove nce à la CouFvl. 117. pas fait difficulté de citer l'unio n de
a
ronne , & de fuppofer mal~adroitement que la Provence
été rendue à la A1onarchie Françoi(e. Cette erreur ou cette
inexaétitude d'.expreffions méritoit fans doute d'être relevée en parti culie r; mais les Pro.cureurs des Etats de Pro·
vence ont mieux aimé décider en général , fans aucunes
preuves ni raifons, & avec ce ton-de confiance qui fe founy a pas un mot
~écap. P· 7° tient ·à chaque page de leurs Ecrit s, qu'il
71
,
de vrai dans cet Avert ijfem ent , qu'ils qualifient infidieux
'
·
& , où, difent-il~, les affini ons les plus har.ardées font Juhjlituées aux bonnes raifans , oz't l'on ne rejpeéle pas plus la vérité dans les faits que la faine doctrine dans le droit , où l'on
é·
préfeme le droit du Roi comme étant en quejl ion, &c. L'ing
· nieux Auteur de la Récapiw.lation des Titres de la Provence
a trouvé plus commode de chercher à décruire au · moins
par des mots vagues & des phrafes artifiement arrangées
l'effet de quelques réflexions fimples ·, mais d'autant plus
vraies qu'elles font rendues dans les propres termes des Ar·
rêts , fans qu'il y foit en aucune maniere quefiion de doc·
trine dans le droit ; que d'enfreprendre la critique des ter-
mes d'union de la Provence ala Couronne ou à la Monarchie
-pro·
Franço~(i , qu'il voyo it bien avoir été placés mal-à
pos dans le lieu o_ù ils fe trouv ent , ffi\!ÎS qu'il jugeoit faIl
vorables à fon fyfrême.
�DU · RH 0 NE.
Il efl: cependant certain, non-feulement que la Provence
n'a point été réunie à la Couronne comme les autres pro·
vine es qui forment le co.rps de ia Monarchie, .mais encore
q u'elle ne s' dt foumife au Roi Louis XI , que fous la con- Hifl:. de Prov:
.
.
cl T. II, p. 487,,
dition de n'être point confondue avec ces provinces , · e 4.9 5, &c~
ne point former avec elles un même cwps, & de n'être
point unie au Royaum~ comme un ac,ce.fJoire à fan principal
Ses Etats ne fe font mis fous la prote,élion,de la Royale Couronne de France , & n'ont fupplié l~ Roi de France de les recevoir en !:ions & fideles Jujets, avec ajfurance de n'être jamais
défunis Ô' féparés du Royaume , que po1.:1r y être inféparablement auachés , non co~me un accejfoire i;i fan prin<#
cipal , mais principalement & féparément. On ne fait que ·
tranfcrire ici les propres exprefiions de Bouche , Hiftorien
de Provence, dont le témoignage ne peut pas .être fufpeél:
aux Etats du pays, & qui, pour faire encore mieux con.naître comment la Provence efl: revenuë fous la domina- .
tion des Monarques François après une d€feélion de près.
de 600 ans, obferve d'apr.ès François. Clapiers , Seigneur
de Vauvenergues, & Confeiller de la Cour de.s Comptes
de Provence, c1 Que Louis XI, Roi de France , n'ayant Id. pag. 48,7,
. par Ch, ares
1 d'A n1ou
. ion
Î
& 488..
" eu 1a Provence que comme pne
n Tefiateur de la laiffer dans fes ufages & cout.urnes,. ... ne
,, l'a pu tenir & tra9sferer à fes focceffeurs , que comme
» un fideicomis avec tous fes griefs & tau.tes fes claufes
u & conditions. Qu'ainfi cette pfovinc_e n'a point été unie
»au Royaume comme un acceffoire à fon principal, &
,, confondue dans lui, p'our y fuivre fon fort, & être gou,, vernée par mêmes ordres. & reglemen.s ; mais qu'elle a
,, été unie comme un principal à un autre principal, pour
,., demeurer toujours divifée & feparée, rerenant toujours
,, fon état , fa dignité, fes loix , fcs ufages & coutumes.
I
H
"
;
�f8
» Partant que le Roi de France eft vrai Seigneu t
& Mat.-
du pays de Provenc e, non comme Roi de France ,
"mais comme Comte de Provenc e , & que cette province
~ tre
,, doit être gouvern ée , non point à la façoa des autres"provin ces du· Royaum e , mais à la même forme & ma.
" niere que fes anciens Comtes la gouvern oient , & à la
,, même façon que Charles d'Anjou , Tefrateu r , avoit juré·
,, en l'Affemb lée des trois Etats tenue à Aix , de la vou..
~loir regir & gouvern er ainû que fes devancie rs Comtes
,, de Provenc e avaient fait. "
L'Hifror ien rapporte enfui te l'Union de la Provence alet.
1J. pag: 495;
Couronne de France, qui fut demandée par les Etats du pay~
convoqués au mois de Mars de ran 1 486, ce font fes pro·
pres termes; & il cite les Lettres-P atentes données à. Com-piegne le 24 Oétobre fuivant, par lefquelle s le Roi Char:.
les VIII déclara conform ément à la demand e des Etats r
~'vouloir teriir le pays de Provenc e, tant lui qne · fes.
'~ fucceffeu rs , comme vtai Comte fouverai n de Pro·
"vence; 1-'tiniffant en .telle façon à la Couronn e de France,
" que non-feul ement il n'en pût jamais être aliéné ., per" mmé , diihait ou transféré à perfonn e autre qui fût au
1> monde; maisènc ore qui'l.ne fût pas confond u avec tout
" le refl:e du Royaum e, ni. uni comme un· acceffoir e à fon
» principa l, mais qu'il fût toujours confider é à part~ ,,.
Les Lettres-P atentes données par le Roi Louis Xll en
J>ag.496. 1498 ,. & recitées par le même · Hifrorie n, explique nt encore plus difri'1B:ement la manier-e d'€rre· de la p ·r ovence
fous l'autorit é des Monarqu es François . Voici <wmme le
Roi s'exprim e:- t1 Voulons avoir & tenir nofdits pays &
,., Comté de Provenc e, Forcalqu ier & Terres adjacente~
')fous Nous & nos Succ-effeurs à .la Couronn e de France
,,_perpétuellement , iw.féparablem.ellt, comme vrai Comt.e
�DU RH 0 NE.
» & fouverain Seigneur d'iceux, fans que jamais ils puiffent
,, être alienés ni transferés à quelques perfonnes que ce
., foie en tout ou en panie :. & , quant à ce feulement , les
,~ avons adjoints & unis à Nous & à ladite Couronne ; fans ,
,. qu'en icelle Couronne 11i au Royaume ils foient pour ce
,. aucuneme nt fuhalterné s, pour queJque çaµfe ni occafion
" que ce foit ou puiffe ~tre~ >1
Il a paru péçeffaire d~ tranfcrir~ les termes pré.cis des
Lettres-Pa.tent~s & de l'Hifierien même de la Prov!2nce ,
pour donn~r µne idée exaél:e & çlair~ de la vraie maniere
f uivan.t laquell,e la Provence dépend du Roi, & pour faire
fentir la différence qu'il y a çntre l!;l réunion prqpreme nt
pite des Pr,ovinc~,s Françoife s, .qui ont été µnies & incorporées au Royaum,e d,e f rat)ce , dont elles font partie ,
]Uême en conforvan t leµrs privilege~ & ufages particu'."'
·l iers, & l'union de la Provence ,_qui ne fait point corp$
• ~vec l~ Royaµme , qqi f!.'efi n,i cpnfandue dafl,r un même
-porps _, ni unie comme un aqcejfoire à fan principal , ni aucune.ment Juhaltemée az;. Rqyaume & à la Couro,n ne de France.
Union finguliere & tr.è s-impropr ement dite, _dont l'unique
,effet efr d'empêch er qu~ la Provence 11e pµiffe être tranfferée ou cedé_e · à perfonne par nos Rois ; mqis qui n'em ...
pêche pas en m~me rems qu' e11$! ne foit ·un princpal joint
F un q..utre principal , c'.e fr-à-dire , un Etat difüngué du
Royaume de Fraqc,e ; ~ qu'ell~ l}'en pem,eµr~ toµj~urs
flparée .& divifée~
Auffi e1lil yrai, d-qns le fait, que le Domaine de Proy~nce efr différ.~nt du Dqmain.e de ]a Couronne ; que ,
~ans toutes Lettres, 13revets , Pr,ovifions & autres Commandemen $ du Roi pour la Provenc~, Sa Majefié ne parle
que comme Çomte de Pr0,v~n~e , & y pren~ expreffé' W..~J?.tl.a qualité dç Coll}tC 4e l{_rpvçnç~, /i'()rcal1uier& . T~rrff
'
Hï
'. J
�PRO PRIE TÉ
a·djacentes ; & que les expédit ions de ces Lettres & Brê-
vers ne font pas fcellées du fceau & des armes de France, .
mais le font feuleme nt du·fcea u & des armes- du {:omtê·
de l?rovence~
Pour réduire en' peu- d'e mms la n'laniere d'être de ceComté depuis' ·prèS de nèuf cents ·ans , il faut remarq uer·
qu'après avoir été long-te ms fief de la Couron ne d'Arles ,.
mais jamais Fief de la; C€>.ùronne de France , il a appartenu fucèe:ffivemènt 'aux d'eux Maifon s d'Anjo u' & enfin·
à nos Rois fans· relever dépendre d'aucun e Couron ne;de force que , pour parler proprem ent & dans l'~xaéte .
verité , on ne' peul: pas düe .,- comme on le lit dans les
Ecrits Proven çaux , que la Provenc e ejl une provinc e du.
ni
Royaum e, qµe Id Provenc e fait pdrtie de !<le-France-,- que la:
~fém;.pag. 3• Pr~vence a été réunie à la· Couronne. Er voilà pourqu oi le·
Rhône cefjèroii effeél:ivement d'appar tenir à la France ,_dès:
que le Confeil auroit déclaré qu'il a toujours fait & fait en··
év-ïdent que le pays de Pro.
core partie de la Provenc e. Il
vence n'a fait partié de la· Fra~ce ', que depuis la cefüon::
que Vitigès en fit au Roi Théode bert en 436, jufqu'à1
I:union que Rodolp he Il en fit au Royaum e de Bourgo gne
Transju rane vers l'an 8lo, fur quoi il faudroi t encore
retranc her fes deux interva lles de tems qui fe font écou~
lés- pendant que les Ufurpateurs Bofon & Louis-l'Aveu...né fur ce pays ..
gl~ ont reg_
efi
'I
1
§.
vrr. D 1sPo s1 r·1e J.v'"s·
:Des ioix Romaines far la proprieté des rivieres.
. & de letfrs - ijles,,.
Jtecap; P.~-86;
L!s Etats .de Pfoverrcè oht grand. fofo. d'~bférver que·
fù Loix Ro~ines) 'fÙl rl.gijfem~ les de-ux proyinces-.dé Lan,;
�gtt~doc &
DU RH 0 NE;
de Provence ,
6z
veulent quç les accroiffemens & les
~fles qui fa forment dans une riviere , appartiennent au h~rd,
dont ils font le plus proches; & que s'il fa forme une ~fle
dans le milieu.; ces mêmes Loix le:- donnent à partag er aux
Proprietaires des deux rivages à proportion de l' étendué· de
leurs fonds. Mais ils n'ont garde d'ajoû ter que cette Regle
a fes exl::epüons ; que les except ions ne font ni moins fon<lée,s ni rnoins authen tiqu€s que la Regle même; - que l'ob/
jeB:iQn prife de ces Loix a déja été propof ée plufreurs·
fois & détruit e autant d~ fois ;· que , s'il dt vrai qu'une ,
riviere ,- qui efl entre deux Etats, appart ient à l'un & à, .
l'autre , ]ure commu ni, il ne l'efi: pas moins que, quand ·
un des deux Etats efi en poffeffion de toute la riviere ,.
alors il n'y a plus, de droit que pour celui qui poffedé ,.
Occupamis & po.flùlentis potior ejl eaufa; & enfin que l'Infpeéleu r-Géné ral .du Doma ine, dont l'Avis efi auffi pré..cieux qu'effentiel da.ns cette matier e purem ent Doma niale,·
& qui l'a traitée · avec beauco up de foin en 17 26, a ob··
fervé en propre s termes 'rQue ,. quoiqu e cette Prôpof t- Rec. "8:rt~·
.
.
. .
d. .r
1726.Fol. 66~·
,., t10n , que , quand· un fleuve
ou une nv1ere ivue
deux
H Etats., chacun de ces Etars- en- doit
avoir la moitié , foit
,, ordina iremen t vérita ble; cepen dant, quand· le Souve ,., rain de l'un de ces deu-x Eta.rs n'a en fa faveur · ni titre" ni poffeff ion, il· efi certain ,. comm e l'a: pr'ouvé Grotius)-' dans fon Traité de, la guerre & de la. paix , Livre 2 , .
a chapit re J, n. 18, qu'enc ore que dan·s le doute le mi-·
» lieu de la riviere dût faire la ,féparation des deux Etats,,,
" il fe pouvo it faire néantm oins ·,.. & 011 en avoir l'expé-:
,.,, rience en quelqu es endroi ts , qu'une t'iviere appat:tÎnti
~ toute entiere à l'un de ces deux Etats ; ce qui arrivo it ,,
f,,, O!i parce que l'autre Etat a.v 0it acquis plus tard fa j;u~
�PROPRIET~
" rifdiaion fur le rivage qui ~toit de fon côté, ou parèe
., que les chofes ;ivoient ét~ reglées ainfi entr'eux. Qµe
,, l'efpece dont il s'agit., efl: dans le premier cas prévû
,, par Grotius, p~ifque les Rois de France ét0ient depui$
" plufieurs fiecles en poffetfion de la Souveraini:*~ for toµte
» la riviere du Rhône, lorfque les premiers Comtes d~
n Provence ufurpei:en t la Souverainet~ de cette belle Pro.
o vinc-e; mais que leµr ufµrpation ne s'étendit jamais fu~
,. le Rhône, de l~ Souver~ineté µuquel l~s !lois de France
,, n'ont été dépoffedés en a,ucun ~~ms. Qn'il p'efl: µone p~~
) > furprenan t que çette riviere 8ç. fes deµx bords ayent roui> jour~ été regardés comme féfifan~ parti~ ~u Languedo c
,, & dl1 RoyaÙ~e de Frqnce ; les ' Rois n'ayant jama!~
~> fouffert qµ'a~cun Prince voifin a~t fait d~~ Aél:~s ·de-Ju~
,, rifdiél:ion fur cette riyiere; le droit de Sa Me,ijefl:é fu~
•' la to~alité du Rhône ayan~ d'ailleurs été attaché à l~
,, Co~ronne ~ dès les commenc emens de la fy.lonarchie
,, Françoife ; ~ les pnwinc~s fouées ~µx deu~ côtés de
,, c~ fleuve ayant fait par~ie dll ~RYf!.µ~e pe11qa,nt pre~
·
,, de quatre cent~ ans.,~
'P.iM•l. 67, 0~tr~ l'autorité de Grotius ;. fur laqu.elle. !'lnfj,efüu r,
Çeneral du Dorµame app~y_o1t fon Avis ? 11 ~a_~embloi~
·
~ne ore les témoignag es d~ pluiie4rs habiles' J µrifconfultes~
qui ont traité du droit qu~ le~ Rois de France ~mt fur la
~~id. Dac. totalité du Rhône & fur fes deux qqrds. Tel~ font 1 °.Guy·
Pape, Auteur célebre qu XV fieclr, qui fut Co1lfeille~
~r;:1;~·
aµ Parlemen t de Çre11qble ~ & qui dan~ fa Ç~efüon 577,
r ' "
rapporte comme témoin qu~ d~ns le tem~ que la Brcfie
qpparteno it aux Quq de Savoye, fe~ fujet~ faifoien~ quel·
suefois d~s entreprif~s fur le ~hône ; mais que ~es Offi 1.
~~~rs Roya~x de L yoq -qe ina,qq4oi~nt pas .dr l~~ r~pri'!
0
}
.
'
�DU
RHONR~
mer & de tes cond amn er : Quando Ojficiarii lJom
ini Du.
cis Sabaudiœ in ipfo Rhodano aliquid exercitii jurif diaio
nis·
facere attentdnt; Ojficiarii R -egis Lugd un. ipfos inqu
iejlant &
condemnam; pro ut vidi temporibus m~is pluries jieri
in Curid
.Ballivii Lugdunen{zs. 2 ° Deni s de Salv aing -de-B oiffi eu
, T~. de 1'0~
'c_d ent. en la Ch am b· te d C
P rem1·er p·ren
d
D
es omp tes e . au- Paruell,p. 63·
phin é, qui, dans fon Trai té de l'ufage des Fiefs
de fa
prov ince , Cha pitre 60, donn e pour certa in que
le Rhôn e
a toujours été Jolidairement de la Couronne de Fran
ce, Jans
que nul autre Prince voif n y ait etL part. 3 c.i Le lieur
Boy er, N. lfoët'J
PréGden.t au Parl eme nt de B0rd eaux , qui, dans
fon Con - ~~~f7s1./
feil 24, dit préc ifém ènt , de mêm e qu 1une :Enq
uête de
l'ann ée 1412 , que le Rhô ne entie r a toujo urs
éré du
Roy aum e de Fran ce, depu is Lyo n .ju(qu'à la Mer
, fans
que les Officiers du Com te de Prov ence y puiffent
faire
aucu n Aae de Jufii ce. Licè t Dux Saba udiœ , Delp
hinu.r;
Pap a, Cames Prov inciœ , prœtendant partent in Rhod
ano .•••
tamen Rex FlanCÎCl! folus hahet in eotlem omnem
jurifdiélionem , & ejl in pojfeJfione. 4° Jérô me de Monte
Brix iano ,
1urifconfulte Itali en Bi. Réfé rend aire du Pap e, lequ el, daml
fon Trai té des born es & limi tes, pron once que de
droic
com mun , une rivie re, qui efl: entr e deux Erat
s 1 appar""
tient à l'un & à l'aut re; mais qu'il en efr autte
men t lorfque l'un de ces Etat s efl: en poffeffien de toute
la rivie re i
ce qu'il prou ve par plufieurs exém ples des Etat
s d!Ira iie;
& par le prop re droi t dU Roi de Fran ce fur le
Rhô ne ,
en difan t que ce fleu1 1 e (il,ppartient tout entier à Sa Maj
ejlé, &
que le. Duc de Sa~oye ni les - autres Princes qui
pojfedent
de.r Seigneuries le long du Rhône , n ont aucun
droitTan t de témoignag~s réunis font plus que fuffifants
pou r
mettre à l'abri des chicanes de la Prnvei:ic;e le droi
t
y
~
�PRO PRIE TÉ
!'.exercice non interro mpu de ce droit , que la Cour onne
a fur la totalité du Rhône depuis les comme nœmen s d.e
la Monarc hie, & qui exclud toue partage du fleuve avee .
les Souver ainetés pofréri eureme nt établies fur fa rive
Regle déja citée ~ Occupantis & pof
ori~n<tale, foivanr
.
(zdentis potior -efl caufa.
Il n'efr pas facile au .refl:e de concili er les prétent ions
aétuelle s cl.es· Etats de Proven ce fur le li,t entier du Rhône
d'un bor.d à l'autre depuis la Duranc e jufqu'à la Mer~
~e.c:rp. p. 90. <,tvec la réclama tion qu'ils font' d'abord du préceptÇ! Jes
d' r. r. .
d 1
. d
.
. L ozx
p IX.
. . R. omazne s, quz, ans une e eurs uponuo ns gene·
' ·
r.ale$ , veulent que les {fies appaqiennent au hord dont elùs
jeront les pfu.s proches , & que celles qui n.aîtroiént au milieu,
ld. pag. 86 'faient partagies entre . les deux souvera ins ; & enfui te du
d'
,/',/
7'T
. . if , ouvrage de la .1:v
)ni'. l ~li.
ature, l aquei.lfe a po1 e , l".'
· ·' . d. rozt• przmuz
(em-ils , les fleuves & les rivieres commt: des bornesfenji.bles~
pour fervir de limites communes aux Nations & q,,u x Provi.ne,es; comme fi une riviere qui traverfe un.e Ville, un
. :piocef e , un Territo ire , un Fief, une Paroi[e , en faifoit
roujoµrs deux :villes, deux Diocef es, deux Nations , &c,
Çx. apparte noi.t inyaria blemen t par moitié à chacun e de
ces deu.'l' VilLes , Nation s, Provin ces, .o u Seigne.uries.
Quoi qu'il en foit, les P~ocureurs du pays de Proven ce,
qui foutienn.e nr avoir la proprie té dt) lit entier du Rhône
~epui_s la Duranc e jufqù'à la Mer, · ne devoie m pas, c~
.fb!d. n° 1. femble , dire qu'on regarder~ toujow~ comme une .Yiolencs
faù.e aux idées refues, de vouloir que l'une des deux Pro·
vinces fait foule Proprietaire de .ce fleuve & de fa$ delfx'bords,
malgré la féparation évident e, que la Nature a j aùe entr' elfd. pag_.85. les. Quelle folution raifonnaUe fourniraient-il.$ ~ leur$ çon°
la
I
I
t.r.adi.étions , fi on leur en faifoit le défi?
§.VII~
/
�-DU RH ON E:;
. :g. VII I.
TR A IT 2
D~ /!année I,760 entre Sa - Majejlé & le Roi de
Sarda~gne, Duc de Savoie.
·ON :lit que'lque part que fa 1eço n .des Exem ples a
en,core plus de force que celle des Préc eptes , .c'efi:
appa ,remm ent par cette raifo n que les Etats de .Prov ence ,
après
·avoir invo qué te Précepte des Loix Ron:zaines ., rapp eUen
_t
,au Roi.l 'Exem ple de L'arrangement ., que
Sa Maje jlé vient Req,uête da
-e avec le Roz.de Sard
. aign
- e, avec l equezEl!
,de fiau:
.fl.
· e f7J"
conve- .2IA0Ut·1764 '
,nue, difent ils, de fixer far le RMm~ des limit es, qui
puijfènt
.empêcher toute comejlation ·de .naùre .entre les deux Peup
les •
.E,n conf éque nce ils croy.enr devo ir efperer au moins la Recap.
p. !]l7.'.
même grace quel ' on ;vient de faire aux Sujet s du Roi de
Sar- n xx.
daig ne; & ils ne doutent pas .que Sa Maje flé ne /è
porte à Req. 1764
déterminer une home , qui .mçznifèjle Jans équivoque
jufqu ' à
quel point chaque Pays doit s~étendre. Le_s P1rove nçau
x _parient ic-i d.e d,eux Peuples & de deux Pays . C'efi .donn
er à
penf er.qu e les Suj..ets du Roi de Fran ce doiv ent être
regard és .com me étran gers par ra,pport aux Sujets du Com
t.e
de Prov ence ; & cela peut paifer pour :vrai , dès que
la
Prov ence n'eft .juba lurnù ni au Roya ume ni" à La Cour
onne
Je France , & ,en un mot n'efr pas .r edev enue Fran
çoifa.
Dans le Trai té, dont il s'agit , les Rois de Fran ce
&
de Sard aigne ., " voya nt avec une égale p.eine les
diffé,, rends -qui s'éto ient él.evés .de tems en rems entre
leur&
,, Sujà s, & qei avoie nt mêm e quelq uefoi s occa iionn
é des
· >> voye s de fait contr aires .à l'inte mion
de leurs Majeil:és ;
» & voul ant étahl ir .& perp étuer entre leurs
Sujets refpe c» tifs l'uniô n & la corre fpond ance la plus
parfa ite ; ont
~>jugé à prop os de fixer définitivement des limit
es, qui
0
I
�P R 0 P R-I E T
._66
il
Tffa"'-'"
..JI,.
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~__,__,,_.. ~ ~
ieparer leurs .L.•u•:> ,i.x. pays retp~c;
;t ~rma1s
-P;_,
t:;...-------------='"~
,, tifs.,, Tels font les motifs & l'objet du Traité conclu
entre ces deux .Princes le 24 Mars 1760. Le premie r article porte én termes exprès que« le Rhône formera défor.
une limite
I> mais par le milieu· de fon plus grand cours
»nature lle & fans enclave s entre la France & la Savoie ,
"depui s la banlieu e de Genêve jufqu'a u conflue nt du
t> Guyer.- ••••• A l'effet de quoi Sa Majefré très-Ch rétienne
•>déroge à la claufe du Traité de Lyon de 1601, ·quilaif.
"fait à la Franc€ la proprié té de mur le cours du Rhône
,, depuis la forcie de ce fleuve - du territoi re de _Genêve
,,. jufqu'au conflue nt du G1Jyer. ,,
De cette difpoftt ion il réfulte évide mment que la pro·
priui de tout le cours de la partie du Rhône , dont il s'agir,
étoi·t à la France avant le Traité de 1760, qu'elle foi avoit
été laijfée _par le Traité de Lyon, & que par conféquenr
la Franee avoir joui précéde mment de cette proprieré~
Auffi , non -feulem ent le Roi de Sardaig ne ne difpuroit
point à la France la proprie té de tout le cours du Rhône,.
mais encore il l'avoir reconn ue expreff ément en 160 r , &
il la reconn aît encore en 1760, en accepta nt la dérogation que ie Roi ~eut bien faire- à la claufe du Traité de·
Lyon, par laquelle l'exerci~e du droit de fa ·couron ne for
tout le cours 'du fleuve lui avoir été conferv é. Au contraire 1
les Etats· de Proven ce , qui a lleguen t cet Ex ample en leur
faveur , & qui ambitio nnent la même grace qu'on vient de
faire aux Sujets du Roi de Sardaig ne, prenne nt en même
tems le p arti de méconn oître les droits de la Couron ne,
R.eq.de1764. & d'annon cer que de tous las tems, la Proven ce, à compter
depuis la Duranc e jufqu' à la Mer, a été prüprietaire · du lit
entier du Rhône;· que la Couron ne de France n"a commel}cé
t.kpoffeder le Rli.ône que par le même titre qui iui a donné la
•
1
�n_u
RH OSNE.
Prov enu, & a ceffé de Îe ·pofféder iorfq ue la Prov ence ,
en [e fépar ant de la Mona rchie , a confervé fa propr
ieté , :
fa fouve raina é, fa jurifdiélion , & en un mot ,fa poffe.ffion
de plus de vingt jiecle.r • .
Com ment conci lier ces préte ntion s des Etats de Provence avec l' Exem ple qu'ils citen t & avec la grace qu'i-ls-ef..
peren t? S'ils a voien t en effet la propr ieté du Rhôn.e ,com me
ils le difen t, pourq uoi dema ndero ient-i ls la mêm e grace
qu'on vient de faire aux Sujets du Roi de Sarda igne? Laiffer à la Prov ence ce qu'ell e foutie m lui appa rteni r de tout
tems , ne pour rait lui paroî tre une grace . L'on ne fait pas
grace à quelq u'un lorfq u'on main tient fon dr9it , ou lorfqu'on lui laiife ce qui efl: à lui, ce qu'il pofTéde déja, ce
.qu'il poife de depuis deux mille ans. Les Sujets du Roi de
:Sardaigne n'aur oient reçu aucun e grace , & n'aur aient rien
.g agné en obten ant le milieu du Rhôp e pour Jigne de fé ..
parat ion; ils y auroi eM mêm e perdu , fi, avant la conce fiion que le Roi leur en fait par le Trait é de 1760 , ils
.euffent .eu la propr iété de tout le cours du Rhôn e depui s
le territ oire d.e Genê ve jufqu 'au Guy er, de la mêm e ma,üere / que la Prov ence préte nd l'avo ir depuis la Dura nce
jufqu 'à la M~r. L'exe mple n'eft ~one pas jufl:e.
Mais 6 , d'un autre côté la Prov ence n'a pas la propriet é du Rhôn e , 6 nos Rois ont toujo urs été maintenu,s
Arr. de 1716J.
rf,ans la poffe.ffeon immémoriale de tout le cours du Rhôn e d'un
pord à L'autre , ce qui efl: décid é form ellem ent ; à quel
~itre Les Etats de Prov ence ofent-ils dema nder que
le Roi
détac he de fa Cour onne une propr iété qui lui appar tient
.d.epuis le comm encem ent de 1a Mon archi e, pour en· gra~
tifier un Pays 'ou un Peup le étran ger à fon ~oyaume ?
Le Trait é .de 1760 efl: le fruit d'une négo ciatio n entam ée
entre q.~ux Souv erain s dans la vue de perpé tuer la paix& .
1 ij
--
�PR0 P R l ET
·
:ê.
l'union entre leurs Suj.ets & d'empêcher des voyes de fafo
contraires à leurs intentions. Efr-ce qpe la.Pr~>Vence efpereroit 'lue le Roi. comme Roi de. France voudra bien aufii
Jteqi de 1764i conclure un femblable Traité avec elle , pour rétablir une:
paix. Jolide , . &· pour remedier ·aux Procès ruineux, aux contejlat.ions particulieres, & aux querelles reneuvellées & mul.,,.
tipliées , _fur-wut à èompter depuis le moment de la derniere.
réunion de la. Provence ,à la. Couronne?. C'eil ainfi que fes
Etats s:expriment·, . & ce font-là les motifs .q.u?ils font va-·
loir pour engager Sa Maj.eflé à déterminer une borne qui:
manifefle iufqu' à quel point chaque Pays doits' étendre. Mais..
4eureufement il n'y a ni. voyes de fait ni Aaes d'hof,..
tïlité à· craindre entre les François & .les Provençaux.~ &,
le Roi. qui efi: également. fouverain des deux Peuples ,,
q.uoique fous deux dénominations. & qualités différentes,,
ne fera j~mais. obligé de recourir: à. des négociations ni à.
<les Traités. pour .r établir. ou.maintenir. entr.' eux une paix fo-lide. Les Pr.ovençau.x font fes Su.j~ts ,en fa.qualité de. Comte:
de .Provence;, ils.. né font pas fes égaux èn. fa qµalité de.
Roi. de
aucun titre qui les aurorife:
. France. ; & ils. n'ont
.
à efperer qu'il confentira à. traiter avec eux,_ c..omme iL
traite avec l.e.s Rois fes voitîns. ,
Il feroit ./véritahlem.ent· à de<irer que. Sa Majdlé pfft
p,rhcenir. & empê.cher les pr.ocès particuliers , qui font
également ruineux pour l'une· & l'autre parti€. Les. Fran~
Ç_ois ne font pas moins intereffés .que les~Provençaux à en
~oir tarir. la four ce, s.'il étoit poilible. Mais. malgré les
interêts & le.s deiirs des uns . & des autres,, . tonte la · fageife & même tout le pouv.oir du Roi .ne. parv.iendront
j-jlmais. à. détruire. le germe. d~- ces- contefrations..ruineufes,
à. étouffer refprit d'interêt particulier,. d'~mbition -, . d'en-.
,~üe. & de. chicane, La I?lu~ leg~re attention fuffit 13ou.r:
�{}U RH 0 NE.
prévoir que, quand même le Roi confentiroit à ac-corder
à la Provence ·la ·grace q.u' elle efj?ere ~ & à lui ce der le
àroit que fa ·Couronne a fur la partie contentieufe du.
Rhône, il n'y auroit ·pas moins. de procès parti-culiers dans
la.fui te. Au- défaut de c.eux. qui fubiîfi:ent ,. il s'en éleve-·
roit cent autres.. Cette dîfcufiion- prouve que le Traité~
.le 1760 n'a. aucune forte de connexion avec les préten .. ·
tigns aB:.uelles. de la Proven~e, & qu'elle ne peut raifon... nabiement en. faire l'application à la Qu~fi:ion- qµ'elfe~
éleve..
s·. IX.
M 0 T [ F ' s·
PréfentéS pat la Prove1zce comme e./Jènriéls au fondS;
de la Queftion ..
ÛN· ne dcmte pas que dé-s artangentens de fi~anus &. les M.è?l; &.- R:é.;.,
, fi !.,f;/l
J!:lf
l es p '-- . .
. cap1t, ·PaJlim•'
JHOCt's . uoJ7J'ans ou po.J.Jzo es entre
roprzetazres voziji.zns
.
·
des deux rives du Rhône, n!aienr·eu beaucoup d'inflence dans ·
}:A8:ion intentée par la P Povence contre le Languedoc en:
<J.P,pare-nce & contre la-Couronne en réalité •. H efi:- clair:
qµe, fi. à la place du Reglement· général,, qui fubfifie de~
1
puis que la Couronne. a, de-s droits-égaux fur·le Rhône & furi·
les terres baignées par fa, rive droite-, , & en· vertu duquel'.
le Rhône J.'un horJ' J,- l'autre & fas · {fies,. Crémens· & A uJ. ·
r ffemens font partie de la provin ce de Languedoc, les -Etats)
1
de Provence parvenoienr -à faire fuhfürüer l'autre RegleD·
ment g~néra-1 qui'k demandent & qµi fi:atueroit qµe le:
Rhône. depuis la Dutancejufq,u ' d la Mer, , av,ec Jes Rivages'
& fe-s ~fl,e-s fait- partie de lar Provence. ; . en un mot·,. fi te:
Roi ·,. comme. Adminijlrate ur fouverain faifo.it un, change-·
ment aufii confidé:able dans ce~poi~t d' adminijlration puhfi1.,
\
que·; alors fes finances. ne. fe.roient plus. arrangées comme;
elles. le font . daris, les-deux Bro:vinc.e.s ,, & les p,ro cès . de-§>
�PROPR IETÉ
7-0
proprietaires ou changeroien rd'objets, ou exigeroient de
nouveaux erremens , & en général devroient être jugés
fur le nouveau Reglement direél:ement oppofé à l'ancien
Reglement. Mais, fi l'on examine avec attention les fuites d'une pareille révolution , indépendamment même de
l'atteinte qu'elle porterait aux droits de la Couronne ,
Mem; pag. z. quel avantage en réfulteroit- il pour le repos des deux
~e~~;/ti/' Provinces, ou le repos public, pour les intérêts particulier.r
des ha6itans des deux pays riverains, & enfin pour le pro-:,n6.'4_.
pre interêt de Sa MajejU? Voilà les trois principaux motifs de la fa~ufe demande du nouv~au Reglerp.ent gé~
néral.
D'abord la Provence qui depuis plus de iix cents an$
µ toujours fait des tentatives tantôt fourdement & tantôt
ouvertement pour s'acquérir des ~vantages fur la partie.
contentieuf~ du Rhône ·, bornerait-el le fes prétentions à
cette partie contentieufe , fi le droit Provençal y était ·
une fois fubfü~ué au droit Royal ? Depuis l'année 1 125 ,
qu'en conféquenc~ d'un Traité , qu~ nous allons bientôt
~xaminer, elle jouit abufivemem de la grande braffiere
,du Rhôn,e & d.e l'J~le d.~ . Cam,argue , ~ombi~n d'indue- .
tions n'en a-t-elle pas tirées jufqu'à préfent & den tjret-elle pas encor~ dans l'affaire aÇluelle pour autorifer fes
tentatives . fur le refl:e du fleuve & fur fès autres Wes ?
Son fyfrême ne l'a -t-elle p.as engFtgée à porter fon fecours
en 1494 aux ffabira11s d'Ayign~n & aux Offi.,ciers du Pap~
cl.ans les .entreprifes qu'ils faifoient ~lors for qµelques Hles
pu Rhqn~, çomme on le verra dans la fuite, à prendre
la défenfe d.e ces entreprifes sontre les droits de la Cou·
ronne , & à les appuyer du minifiere des Maîtres Ration· ·
paux, du Juge-Mage, du Procureur & des autres Officiers
P!l Comté de froyence ? Déja f~s ~tf!tS aµqonc~nt dç loin
.
~-
;
! .
.
.
�DU R M 0 NE;
de pr~tendqs droits fur Beaucaire & fur_ tout le territoire
qui a eu le nom de Terre ,d'Argence, fur Saint-Gilles ,
· &c. Jufqu'où ne portera-r -elle donc pas fes prétentions,
& quand le repos des· deux Provinces fera-t-il a!furé ?
.Enfuite dans l'hypothèfe dont il s'agir, y auroir-il moins
de procès entre les Propriétaire s ? L'interêt perfonnel
aura-t-il moins de pouvo'ir fur chaque po!feffeur? Les va; riations du Rhône feront-elles moins fréquentes ? Son inèonfiance fera-t-elle fixée ? les particuliers & les Corn. rnunautés qui relevent & dépendent aujourd'hui du Roi
· comme Comte de Prpvence , & qui dépen9roien t alors
du Roi comme Roi de France , feraient- ils moins ardens
· à défendre & à augmenter leur propriété & leurs droits ?
· Les Officiers du Roi en Languedoc ne s'oppoferont -ils
' pas toujours , comme ils le doivent , aux nouyelles attein: tes qu'on entreprendro it de porter aux droits de Sa Majefié dans la· partie qui leur refieroit à conferver , & ne
veilleront ifs pas également fur les tenta~ives que la Provence ne ce!fera jamais de faire pour s'étendre de plus
- en plus , & peut-être pour parvenir à réunir fous fon nom
· tout ce qui confütuoit anciennemen t le Roy'aume de Pro ...
vence ufurpé par Bofon? Que fçait-on ? Pour peu qu'on
réfléchiife fur les Ecrits que nous examinons , ce projet
.quï n'efi annoncé ici qu'hypothét iquemenr, ne paroîtra pas
chimérique.
·Enfin le repos public, l'inter~t de Sa Majefié & les
interêrs pes Propriétaires parti<:uliers, qu'on allégue comme
des motifs e!fentiels à la caufe, lui font abfolument indifférens. II efi fenfible .que , foit que la Provence obtienne
la propriété du Rhône , foit que la Couron·ne conferve
cette propriété, il n'en efi: pas moiris égal aux particuliers
poffeffours des Hler ~ des ri va ges d~ payer en _Lan g ue~
'
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�doc ® en ~rovence ce qu'ils o.ffrent & ,ce qu'ils doive.nt
;\U Roi , Fra'ocs-f iefs , lods & Vences 1 Capitation , Di.
;Xierne., Pons-Gratuics, Tailles & autres impofitions. Il ei1:
paœillement égal à Sa Majefié de recevoir le-s dom &
les dettes de fes Sujet? par lts mains des Officiers q1i'elle
érablit daos l'une ,OIJ .d ans raurre Provinee. Les opérations
~écap. p. 89., de fimznce,s .dans les deu.~ pays , les .aboii,ntmen:r de ,leurs im·
.n· VJI.
. poJwons,
,r; .
l es re.lJort,s
,rr;
J
!1.'
l D,epartemen~
'·
a,e
.l eurs J.i;irL·o
1 a1q:zons, . es
,des Offi.cicrs _de leu,rs Domaines & autres , fubliilcnc &
fubfifroient ayan~ que les Etats ,de . Pr~vence .euffent Ï111i!·
,giné la ;he(e ,générale qu'ils établiffen:t da.ns la c·~ufe pré·
fente. U . fur:viendroit' fans doute qu.elqu.es d1angemens
:dans _ée-s objets .cl'adminifi.ration , fi la n.o uvelle thefe pre ..
noir fav.eur,. Mais quel av.antag.e le Roi & les particuliers
1trouvetoient-ils dans ces cnang.eme.ns .? L~ Roj comme
.Comte cfo Pro{'ence . a:uro.it quelq,ues ~uj,ers & qu.elques
Territoires de plus, & _çomme Roi de France, il ;€Il auroit
autant de moins. Ne fer oit-ce pas roµjours l~ même Sou~
léfJ..~ VL .v eraio & les ,mêmes Sujets ? Les droùs &·les ,mterêts du Roi
jont·ils moin.s .en flJ.;-eti pz lan_guerfoc 911!(.s !J.e le far.oier;.t en
1
P rov~;zce .?
·
·
Quant à la .diminutîon , l'augmentation & , 1a eomp_enfation des impôts & deniers de chacun des deux pays de
Langµedoc /& de Prov.enc~, p,n doit s'en rapporter aux
vûes fopérieures & toujours •équitables de Sa Majefré ~
mais .cette · compenfation ne 1'obligera jamais à détacher
.de fa .C.ou.ronne une prop,i:ieté , pou,r en gratifier la Pro,.
·Vence. Ce qui intereffo véritablement Sa Majefré ,' c'eil:
.de confer.ver .une proprieté de fa Çouronne , un~ poife[,.
fion i,mprefcriptible d.e dro~ts inaliknabl~s , d'un bien pa:trimo,nial , de f.e~ droits DomaniauK ; en un mo.r, d'L.1n
;fl.e~y$! qui app,ar~is:.nt à 1.~ F.ran~e .depuis plus ~te d.ow~~
~n~.s
b
�..
DU RHONE.
73
cents an!. De même , ce qui intéreffe elîentiellement le
répos public infépar'able de l'ordre public , c'efl: que les
territoires de chaque Province & du Domaine Royal
!oient confervés dans leur intégrité ; que les droits
du Roi & de fa Couronne ne foi~nt point mis en compromis , en négociation ou en procès par les fujets du
Roi ; qu'un corps de jurifprudeAce, qui n'a jamais varié dans le point de droit, foie maintenu; qu'on ne remette point fans ceife en quefüon ce qui a été déterminé, fini,
décidé & fixé immuablement fur l'ancien droit & la pof...
feffion immémoriale de la Souveraineté & de la Proprieté
du Rhône ; & , en un mot, qu'une verité reconnuë dans
tous les tems de la Monarchie , & confacrée dans une
infinité de Lettres - Patentes & de jugemens authentiques
foit hors de toute atteinte. Rebus judicatis Jlandum ejl.
§. X.
R É P 0 N S E
A deux Quejlions ejfentielles
a la
Caufè.
ÜN fait les deux Quefl:ions que voici : Ejl-ce parce que Recap: p. s~~
le Rhône appartient au Roi, qu'il fait partie de Languedoc; n° VI.
ou ejl-ce parce qu'il fait partie du Languedoc, qu'il appartient azi Roi ? Les Etats de Provence qui prétendent que
la Souveraineté de la Couronne fur le Rhône lui vient de la Mem. pag. ';
Provence , & qui fe vante nt de prouver par des titres incon- Re cap. p. SS.
tejlable.t que c'ejl parce que le Rhône fait partie de la Pro·
vence, qu'il appartient au Roi, orrt imagrné que, comme
eux , le Languedoc ne donne la pro prie ré du Rhône au
Roi que comme Souverain dé Languedoc ou comme Comte Mem. p. 1;
Je Touloufe. En conféquence ils foppofent à préfent, que:. ~ecap •
. pour répondre aux deux Quefl:iorrs propqfées, le Languedoc prendra le dernier parti, & fe gardera bien d'adopter
7
K
�7·+
r -
P R OP R IE T É
le premier. E rreur v..olontaire, ou non , qui cfi en même
tems & la caufe & l'effet du mauvais procès qu'on intente au. Languedoc 2our ne pas l'intenter direB:ement
à la Couronne.
Si les Etats de Languedoc réponderrt à la fe conde Quef.
tion , qu'en effet le Rhône appartient au Roi , parce qu' il a
toujours jàit partie d'un pays qµi n'a jamais été féparé de
la Monarchie, ni hommagé à . une Couronne . étrangere,
ni détaché de la France, pays qui a aujourd'hui le 'nom ·
·de Languedoc; il·répondront en même tems à .la premierè,
Recap. p. 88. fans ch.ercher à envelopper leur répon/e dans un fans énigma~
tique, & Jans prendre le ton imperieu.x ou dogmatique, que
le .Rhône fair partie du Languedoc ,. , 1 ° p arce qu'il appartient, au Rp i comme Roi & à. caufe de fa Couronne , de
laquelle les contrées du Languedoc .baignées··par le Rhône
ont toujours relevé ; 2 ° parce que le Rhône appartenait
au Roi à caufe de fa Couronne dès avarit que le nom de .
Languedoc · ou ·de la Langue-d'Oc eut été feulement prononcé ou enrendLI par qui que ce foit; époq1;1 e après laquelle la . Provence a lai:Œé pafier. encore. plus · de deux
iiecles & demi pendant lefquels elle ne dépendait pas
plus des Monarques François que les Royaumes d'Efpa~
gne & des deux Siciles .n'en dépendent à préfent; lQ parce
que le Rhône n'a jamais ceffé d'appartenir ·à.la Couronne
- depuis l'an 534 de .. notre Ere ; autre époque à laquelle
il faifoit déja partie de · la Monarchie . Françoife, tandis
que la Provence faifoit encore partie du .Roy au.me des
Oil:rogots ou d'Italie ; 4 ° enfin parce que les droits de la
Couronne fur le Rhône & les. droits du Languedoc fur
le Rhône font tellement inféparables, qu~ils ne . forment,
à proprement parler, . qu'un feul & même droit.
Répondre ainfi aux de.ux Qµefüons Eropofées, efr ·ce
�'DU R .H 0 NE.
romüattre les droits du Roi? Efl:-ce contejler a Sa Aifajejl'é la u.
facul té de pouvo ir conceder les graviers du Rhôn e ! N'efi:
-
ce pas au contr aire recon noîtr e , que le Roi , comm
e
Roi de Franc e , peut . perm ettre à qui ·bon lui femb
le
de faire des excav ation s fur un gravi-cr de ce fleuv e
?
Mais aufE une Comm unau té de Prov ence à qui le Roi
aurni t accor dé une parei lle perm iffion , ne doit pas ignorer que c'efi fur un fonds qui appar tient au ·Dom aine
de
la Cour onne qu'il lui ferait perm is de faire ces excav
ations , que cetre perm iffion n'efl: ni une ceffion ni
un
tranf port de propr ieré des gravi ers du Rhôn e , qui n'appartie nnen t pas pour cela à la Prov ence , & enfin que
fi
l'ufag e de· cette perm iffion eft recon nu ou devie nt préi udici able aux droits ou à la_propr ieté de la Cour onne ,
Je Roi efl: en drnit de retire r fa conce ffion , 'parc e que la
fouve raine té & la propr ieté de tout le cours du Rhôn
e
lui app.q.rtiennent à ·c aufe de fa Cour onne & J ufüce
de
Franc e.
Il réfult e de tout ce que nom; vcnan s de dire que la Quef ,
pag. s~~
1
Ré/umé . de
tion qui fait la matie re du Proce s inten ré par la Prove nce cette premzere
Partie.
au Lang uedo c , fe rédui t à cet uniqu e point de fçavo
ir ·fi
le Rhôn e depui s la Dura nce jufqu 'à la Mer eft du doma ine
de la Cour onne ou du doma ine de ·la Prove nce , c'eftàdire, s'il appar tient au Roi comm e Roi de Fran ce, ou
au
Roi comm e Com te de Prove nce. Or , fi l'on s'en rapporte à l'Hifi oire' dont la Prov ence a invoq~é le fecou rs
à
l'app ui de fes préte ntion s ; il eft certa in, 1 o que les con~
trées affifes fur le bord occid ental du Rhôn e ayan t été
conquif~s par le Roi Théo debe rt & appa rtenu à
la Monarçhie Fransoife, avant que la Provence eut été cedée
K ij
�PROP RIETÉ
à ce Prince par Vitigès R.oi des Oil:rogots, & enfui te par
!'Empereur Juil:inien; les droits que la Couronne a fur le
Rhône font plus anciens que ceux qu'elle n'a eus que pof~
terieurement fur la Provence , & par conféquent le Roi
comme Roi de France a fur le fleuve le droit de premier
' Occupant. 1° Que depuis le regne de Théodebe rt juf.
qu'au regne de Louis Ill & de Carloman , c'eil:-à-dire
pendant près de trois fiedes & demi , le Rhône ·a fait incomeil:ablement partie du domaine 9e la Couronne de
France, & a conframment Cubft!l~ fous l'autorité des Monarques François. 3° Que l'ufurpation paifagere de B ofon
& en fuite celle de Louis,!' Aveugle n'ont formé que deux
éclipfes legeres & prefque imperceptibles dans le fort ~e
ce fleuve, fur lequel nos Rois ont repris rexercice de leurs
droits auffi-tôt après la mort Ele chacun des deux Ufurpateurs, & dont ils ont toujours depuis confervé la Souveraineté foit médiate foit immédiate. 4° Que lors de l'union que Rodolphe Il fit du pays de Provence ,avec fa
Bourgogne Transjurane en vertu de la ceffion du Duc de
Provence , Hugués ; le bord oriental du Rhône faifoit &
a toujours fait dans _la fuite La féparation du Royaume de
F..rance, &-Oe ce Royaume de Bourgogn e, qui fut nommé
peu de rems après le Royaume d'Arles. 5° Qu'à la fuite
de ces évenemens l'introduétion du Gouvernement Féodal
- ayant occaG.onné te partage du Royaume d'Arles en différens Fiefs , & ce -Royaume étant paifé vers le même tems
dans les mlins des Empereurs d'Allemag ne, les Fiefs de la
Couronne d'Arles,. du nombre defquels étoit le Comté de
Provence , releverent des Empereurs Rois d'Arles fous la
foi & hommage , & reileren.t abfolument féparés de la
~narchie F rançoife. 6°, Que , comme les F eudatairei; de
�DU RHO NE.
77
l'Emp ire & du Roya ume d'Arle s n'eure nt pas plus de
droits dans leurs Fiefs refpeét:ifs que n'en avoie nt les Empereu rs Rois d'Arle s leurs Seign eurs fuzera ins; de même
ceux de ces Feuda taires qui étoien t voiftns du Rhôn e n' eurent pas plus de droits les uns que les autres fur ce fleuve ,
dont la propr iété n'a été cedée à aucun d'eux par les Rois
de 'F rance feuls propr iétaire s légitim es. 7° Que par conféque nt les Comt es de Prove nce, non plus que les autres
Feu datair es de l'Emp ire, n'ont pû légitim emen t s'appr oprier aucun e portio n du Rhôn e, n'y ont rien pofféd é qu'au
préjud ice de la Coùro nne , & n'ont fait aucun es entreprifes fur ce fleuve & fur fes Hles , qui ne foient autan t
-d'atre ntats for les droits de nos Rois. 8° Enfin que le,,
Comt é de Prove nce , après une défeél:ion de fix cents
ans , n'étan t rentré fous l'auto rité du Roi qu'à condi tion-qu'il ne ·feroit , pour ce , fubalt erné ni au Roya ume ni à
la Couro nne de Franc e; les Etats de Prove nce n'ont pas plus de droits aujou rd'hui fur le Rhôn e , que n'en avoie nt:
eu précé demm ent les Comt es de Prove nce.
,
Tant que ces ·faits fub:lifteront dans l'Hifl:oire , il faut:
€_[Ue les Prove nçaux renon cent à toutes préten tions fur le
fleuve du Rhôn e çlont ils n'ont jamai s pû pofféd er la moindre partie qu'à titre d'ufur pation , & au préjud ice du pro-·
priéta ire légitim e. Ce n'efl: donc, point comm e Comt e ' d-e:
Prove nce que le Roi regne fur le Rhôn e. En cette qualit é ~ ,
il ne pourr oit y avoir que les. droüs que les ancien s Comt es,de Prove nçe y auraie nt eus au préjud ice des droirs de fa_,
Couro nne ; & il impliq ue contr adiaio n que Îe Roi exerç ât,
ou maint înt en qualit é de Comt e de Prove nce des droits .
préjud iciabl es à fa Couro nne de Franc e , uforpé s fur le
Doma ine de fon Roya ume, attent atoire s à fa jurifd iétion ,,
�· 7~
Royale. Mais en recompenfe Sa Majeflé doit être màin..
tenuë, de même que les Rois fes prédéceffeurs ·ont toujours & fan,s aucune interruption e·ffeélive été maintenus
comme Rois de France dans l'ancien droit & la poffeffion
immémoriale de la fouveraineté & de la prop~iété du fleuve
du Rhône, d'un bord à l'autre, par tout fon cours & de
fes l iles & · Cr émeus , qui font . partie · cle la province cle
.Languedoc.
Nous avons auffi vû, d'abord, qtùndependaglment de
la difpofitioù générale des Loix Romaines.fur la proprieté
des rivieres., les meilleurs jurifconfulres -qui ont traité de
cette matiere conviennent que le Roi, comme premier occupant & comme ancien poffeffem, e{l: maintenu dans la
propriété du .lit entier du Rhône , & excepté de la' Regl·e
du droit commun: qui partage les 'fleuves & leurs iiles en ..
.tre les Seigneurs riverains des 'deux bords ; ·enfuite que
.le Traité de 17Go, par fa propre claufe dérogatoire, conftate la même poffêffion-ancienne & continuée ; que d'ailleurs l'Etat phyfzque du Rhône non feulement ne prouve
rien pour les . prétentions de la Provence , mais encore
peut leur être oppofé comme un obfi:ade dans fon propre fifiême ~ ; & enfin que Le repos publi.t: , l'interét :Je fa
Majejlé .& les interêts particuliers des propriétaires riverains,
; Recap. p. 89. bien loin d'exiger que la Couronne, qui jouit, fait dépouif..
fée de fa proprieté du Rhône en faveur de la Provence ,
font au contraire effentiellement intereffés à c~ que ce!te
. 'Jbià.
même Couronne foir maintenue ~ans une p~[fèffion immémo~
riale, que l'état des chpfes fait confervé, & que les. entreprifes d'une province am6itieufe qui veut dépouiller fes · voijins,
[oient reprimées~
.De l'Examen que nous .venons de faire de l'Etat de la
�79
Quefi-ion ,-nous pourrions conclure , quant au fond de l' af- Mem. p. 136.
faire, que les droits de la Provence fur le lit du Rhône & fes
dépendances font. démontra être purement chimeriques ; &
que fi elle a mis fa principale attention dfaire valoir ces droits Rec:ap.pag J;_.
1
par le mérite- du fond,, cwmme eile_l'annonce, elle dl vé- ,
ritablemenr réduùe,_a l'impui.f!ance d'_en faire valoir aucun par
ce moyen. Fair-elle mieux valoir fes prétendus droits par
la mÙlrirude de Tïtres qu'elle a ralfemblés -& dont ·elle à
publié l'analyfe? Il n'y a pas d'apparence. Dès que le fond .
manque, on trouve difficilement des refTources· ailleurs. _ .
Au refie nous allofü voir Ji elle a réuffi dans le choix .de .:
fes..Titres.
Fin de la premiere Partie,,_ _
�1 ~
PROPR IETÉ
So
~=·=====-=====
~~~============l"!e!!:::!:===S!!!i~-~
SECON DE
PARTI E.
EXA!v!E N DES MONUM ENS
Qualifiés Titres de · proprieté, & produits comme
tels par le~ Procureurs du pays de Provence.
!ec~.p. p. 71
7' '
QUELQU ES Obferva~ions géne~alesfurles AélesP_rodui~s
au Pracès, ne ferment pas Jujfifantes pour faire vozr
comhien ils font peu concluans, & pour donner une idée jufie
des moyens par Iefquels la Provence a fans ceffe cherché
s'arroger des droits fur le Rhône, & à Je les ménager ; en
évitant toujours d'engager le combat avec le vrai contradiéleur,
le Roi comme Roi de France. Ce font les propres expref.fions des Procureurs du pays de Provence que nous tranfcrivons ici, mais que nous appliquons différemme nt; ~
il efl: bon d'avertir une fois pour toutes que nous en rappellerons Couvent de même , pour énoncer ou pour prouver précifément le contraire de ce qu'ils avancent. Le but
de cette mérhode efi moins d'ufer contre eux d'une récrimination qui feroir néanmoins jufie & bien fondée , que
de mettre dan~ un plus grand jour les fl:ratagêmes qu'ils
employent pour faire prendre le change fur le véritable
état de la Queftion , for la nature des objers . contentieux, for les faits & les AB:es qu'ils expofent, fur les raifonne mens qu'ils en tirent, & fur tous les moyens artifi·
cieux qu'ils mettent en œuvre.
11 efr impoffible ~ par exemple, de parcourir les prétenàus Titres qu'ils produifent, fans y appercevoir des entre·
prifes ambuieujes , dû j aloufies de jurifdic1ion, d~s certificats
mandiù,
a
lhiJ.
\
�DU RH 0 NE.
81
mandiés , des preuves de crédit; des A c1es de conjlié!, d' arrangeme11t de finances, de conrert, pour ménagerdes_titres;
toute forte de-moyens pour donner de la réalité ad~s chimeres;
des p rétextes ufés, ·une confiance ajfec1ée; & en un mot tout
ce que les Procureurs du pays de Provence, qui fe difent .
p lus modejles & plus exa8s que le Languedoc, imputent & Id. P· P·~
reprochent fans rai ron à ce même Languedoc, qu'ils fuppofent CC?ntre toute évidence avoir formé une demande aux
fins d' av~ir la proprieté du Rhône ; qu'ils confütuent en co11fequence leur adveifaire dans une Thefe générale qu'il leu.r
plaÎt d'imaginer, & dans une caufe où le Languedoc ne
peut être partie direél:e tant que les droits de fa Couronne
fur le Rhône fubG.fi:eront ; & contre lequel~enfin le Corps
des Etats de Prqvence, fans y être provoqué 'par aucune
attaque , fe propofe de défendre aujourd'hui pour la pre- Ibid~
miere fois à des prëtentions qui ne fubG.fi:ent point.
D'un autre c6té , il feroit long, & fans doute inutile ,
d'abord, d'entrer ici dans la difcujjion particuliere de chacune des pieces que la Provence produit fous les yeux du
Confeil du Roi, pour jufüfier des droits de propriété ,
q1/elle ne peut avoir qu'au préjudice des droits de la Cou- ·
ronne ; & enfuite de foivrc;! tous les raifonnemens qu'elle
forme pour tr,avefür ces Pieces
Titres de proprieté. Il
ne s'agit point de donner .à cet Examen un rems proportionné au grand nombre d'années que la Provence vient
de confacrer à raffembler les faits & les aél:es fur lefquels
elle bâtit fon nouveau fyfi:ême, comme on peut en juger
par la comparaifon de fon Memoire imprimé avec ceux
d ·un fçavant Académicien , qui font extraits en partie dans
les Me moires de l'Académie Royale des Infcriptions &
Belles-Lettres, Tome XXI, page 1 56, 1 57, & fuivantes ..
. Il faut croire que !'Auteur du Mémoire imprimé n'a "P'lS
Je
en
L
�PROPRIET~
Mem.pag.~4.
eu l'intention d'appliquer fa Note fur les Ecrivains des.
Hifioires de Provinces à ces Mémoires Académiques , &
qu'il ne les a pas regardés comme un Ouvrage diété par
l'amour de la patrie ou du pays natal, c_omme des Plaidoyers ou des P anégiriques qui nJ ont été écrits, comme il
dit , que pour acquérir des droits à une Province. au préju,. .
dice d'une autre. ·
AinG, pour éviter également les deux inconvéniens op·
pofés, ou de négliger des chofes elfentielles , ou d'infifrer:
for des inutilités; il faut, en con!idérant féparément cha-·
cune des trois c laffes, dans lefquelles la Provence range
elle- même fes prétendus Titres , s'attacher à connoître le ·
mérite de chacun par rapport à la Que.f üon, afin d'écarter le grand nombre de ceux qui lui font étrangers -, &
de donner toute l'attention à ceux qui peuvent iratereiTer
les objets contentieux_. On commencera par les A Res qui
font donnés comme '[itres conjlitutifi , on . verra enftiite.'
féparément les Aveux, Déclarations & fugemens en comradic~
dic?oire déf.èn/e. , & on finira 2ar les .Aéles p_olfef[oiresa.
A
R T l C L E
P R E M I E R. ,
Titres nommés Confiitutifs . .
Recap•. p. f~;
Nu r ne peut Je faire des titres à foi· méine, Par cette rai·
fon, les Etats de Provence appellent leurs titres confütutifs,, . ceux qui font vraiment & valablement tranflari/r du droit .
de propriété, &·parle/quels le Souverain légitime, (qui, dans
la Caufe, ne peut être que le Roi ou fes prédeceifeurs ,
feuls Souverain~ légitimes· du Rhône il y a plus de douze
cents ans, ) ou les Souverains refpeélifs des terres de l'un & d~
L'àutre côté du Rhône, ( c'eft-à-dire les_ Rois_de Franc.e &
�DU
RH 0 NE.
83
leurs va{I'aux d'une part , les Empereurs Rois cl' Arles &
leurs vaffaux de l'autre part) ont fait des difpojitions ou
de.s conventions entr' eux ; lefquelles difpofüions & conventions doiv~nt être tranOatives du ·d~oit de proprieté
fur le Rhône, fans quoi elles feroient étrangeres à la QueCtion. Or la Provence fait monter fes Titres de cette efpece
au nombre de dix-huit. Le premier fur-tout mérite d'être
pefé avec beaucoup de foin. Il efi. imprimé dans l'Hifl:oire
de Provence par Bouche, Tome II, page 105; dans l'Hiftoire générale de Languedoc, Tome II aux Preuves, colorme 4 3 8 ; & , par extrait, dans le Me moire des Etats de
Provence , page 3 2.
T R A 1 TÉ D E P A R TA G E
Entre Alphonfe-Jourdain, Comte de Touloufe;
& Raymond-B erenger III, Comte de Barcelone,
tous deux Comtes de Provence par indivis; _en
date du 16 Septembre 1125.
§. I.
BosoN II , Duc ou Comte de Provence au milieu du N° I, prem.
dixieme fiecle, laiffa deux fils nommés Guillaume & Rot- Req.
bold, lef.quels, après fa mort arrivée avant l'an 968, fu- M&e,,~.pag.
31
IUIV.
rent tous deux Comtes de Provence par indivis. Cc Comté Recap. P· s,
appartint de même aux defcendans de l'un & de l'autre ;
de forte qu'en 1125 il étoir pofîedé en commun par Raymond , Comte de Barcelone , aux droits de Douce. de
Provence ; fon époufe
arriere-petire fille de Guillaume,
& par Alphonfe, Comte de Touloufe, aux droits de fa
bifayeule Emme de Provence, fille & héritiere de Rotbold, laquelle a voit été mariée à Guillaume Taillefer ,
Comte de Touloufe 1 vers l'an 990. Alphon re & Ray°'1
?c
L ij
•
•
�· PROPRIETÉ
mond, comme Comtes de Toulouiè & de :Barcelone;
éroient Feudataires de la Couronne de ·France; mais ils tenoient le Comté de Provence fous la foi & hommage de
l'Empereur roi d'Arles. Cette double dépendance d'un
même S_e igneur relativement à deux SuZ'erains & pour des
Fiefs différens étoit alfez ordinaire alors·; mais les Fiefs n'en
étoient pas moins difiingués; les devoirs & les droits de
l'un ne (e confondoient point avec les devoirs & les. droits
de l'autre.
La· joui:lfànce commune du Comté de· Prov.ence ocCJ'·
1lonnoit fouvent des différends emre )es deux Seigneurs
par indivis. Le Comte de Barcelone en a voit envahi 1.a
plus · grande partie fur Alphonfè pendant la guerre qui
s'étoit élevée enr(eux à cette occafion ; il s'étoi.t même
emparé de la Terre d'Argence & du Château de Valabregues q~i n'étoient point du territoire de Provence,
comme on le ve.rra bientôt ; & les chofes étoient en cet
état , lorfque ces deux Princes, réfolus de· vivre en paix,.
& d'écarter tout fujet de di:lfenlions pour l'avenir, convinrént de partager entr'eux le Comte cle Provence qui
s'étendoit a.lors depuis l'ffere jufqu;à- la Mer, & de fe ce·
der refpeB:ivement les portions de ce Comté , qui d~
voient appartenir dans la fuite· à cha-cun d'eux féparé~
ment , fauf la reflirution des conquêtes, faites de par.t ou
d'autre hors du Comté de Pro~ence.
C'efi: le but du Traité de partage dont :iil s'agit, &
voici les principaux, Articles qui y furent arrêtés. 1 La
partie du Comté de Provence· fouée entre l'Ifere & la
D.uranc.e forma le lot d ' Alphonfe Comte de Touloufe ·
. '
'
& cette contrée , qui lui fur abandonnée prit alors le nom
Mem.pag;n. de Marquifat. de: Provence, & non celui de Comtat - V(\j)
na1Ji.n,
qu'on lui donne mal'-à-prqpos, puifque l'Etat q\li
•
�D, U RHO · NE;
fut appell é dans la fuite le Comté de Venaiffin , n'em,.
braffa qu'une portio n du ·Marqu ifat de Proven ce .. 2 Q L'autre partie du Comté de Prove nce , laquel le s'étend depuis la Duran ce jufqu'à la Mer, fut cedée au Comte de
Barcelone, & eHe a confer vé jufqu'à nos jours le nom
& le titre ·de Comté de Provence. Ain fi la Duran ce fit la
fépara tion de ces deux Fiefs de l'Empi re. 3° Les villes &
châtea ux d'Avig non , de Sorgu es, ·de Caum ont & de
Tor refl:erent en comm un aux deux Sejgne urs, d,e façon
que chacun d'eux les poffed a par moitié . 4-q La Terre
d 'Arge nce, qui. apparr enoit depuis long: tems aux Comtes de Toulo ufe, qu'ils avoien t auffi depuis long- tems
inféod ée aux Vicom tes de Narbo nne , mais dont Ray. mond s'étoit empar é penda nt' la guerre , fut refütu ée à
Alpho nfe, ainG que le châtea u de Valabr egues fitué dans
une Hle du Rhône au-deif us de Beauca ireô Tel efi en fubf.tance le Traité que . les Procur eurs du pays de Pr9ve nce
produi fent comm e un de l_eurs Titres confüt utifs de la
propri eté du ·Rhône . Il faut voir- quel avanta ge ils y ont
véritab lemen t acquis , & conGd erer féparé ment: chacu n .
des obj~ts qui_ font intéref fés dans. le Tr~ité.
L
CouR .s nv
RHÔWE~
.,
tout cet Aéte , il' n'y a pas· un fe.ul- mot· qui ait- · _
l'appo rt à la prop:ri eté du Rhône , ou qui cle!igne aucune
efpece de droits à exerce r für ce fleuve. C'efi qu'il n'é ..
· t<:>it queJlio n ni de cette· propri eté ni de droits for l(l ·
Rhône dans. le Traité .que .faifoîen:t l~s deux Comte s , &
qu'il n'e~ avoit pas été quefüo n non plus dans leu·rs que'i" .
Eelles. De querùnoniù _, quas inter fa habebant de ipfo cajlr(}l.
d~ Belcaire & de Argemiâ & ·de .taro terrùorio ,Argemùr.:; .J iy
BANS
.
�PROPRIETÊ
de toto Comîtatu tatiûs Provinciœ. Voilà les vrais & les
feuls objets de la contefi:ation : d'abord Beaucaire , Argence & le territoire d' Argence que le Comte de Barcelone venait d'enlever à celui de ou loufe dans la guerre
à laquelle ils vouloient mettre fin ; & enfuite le Comté
de toute la Provence, dont la poffeffion commune avoit
donné lieu à cette guerre. Il ne s'agir point là de droits
·fur le Rhône.
De même A lphonfe cede au Comte de Barcelone toute
la Terre de Provence telle qu'elle !>'étend le long de la
Durance depuis fa fource au Mont Genêvre jufqu'à fon
,embouchure dans le Rhône, & le long du Rhône jufqu'à fon
,embouchure dans la Mer : Totam terram Provinciœ cum
r
\
ipjo cajlro de Mefoaga, ficut in monte fani jlumen
Duren-
,ciœ nafcitur & vadit ufque in ipfum jlumen Rodani , & ipfe
.Rodanus vadù ufque in ipfum mare -~ cum ci11Ùatibus, caf
. tel!is ..... ad qualicumque modo pertinentibus. Le Rhône.,
·la Durance , la Mer & le Mont Genêvre, ne font nom-
Je
1més que comme bornes ou limites de la terre cedée ,
._ quantltm infra prœdtélos terminas continetur, difent en pro·
:pres termes les deux Comtes ; mais ni la Mer, ni les
Alpes , ni la Durance , ni la riviere du Rhône ne font
'données , cedées ou évacuées ; & rien. n'autorife l'INMem. P· 34· CLUSIVEMENT inventé par l'Hifl:orien de la Provence,
· dont on a la confiance d' oppofer le f uffi-age aux Hijlorùns
du Languedoc, qui ont volontiers rendu à Bouche toute ·
la jufi:ice que méritent fes favanres & efi:imables recherches, rriais ·qui ont aufü relevé Couvent fes fautes, réformé
fes jugemens & corrigé fes erreurs av.ec fuccès comme
avec raifon.
"Mem. p. 33·
Il eil: vrai que -le cours de la Durance & celui du Rhône
font fpécijiquement dejignés de la même façon, c'e!l-à-dire
�DU R ff ONE .
comm e limites du pays cédé , fzcut Durencia vadù in
Rodanum & ipfe Rodanus defcendit in mare, & ailleur s
ficut Rodanus vadù inter ùzfulam de Lupariis & Argentiam
& tranjit per Furcas , .. &c. Cela efl: certain & décifzf. Ma}s
il n'eil pas moins vrai, & il efl: égalem ent certain & décifif que la défign ation fpécifiq ue du cours de la Duran ce
& de celui. du Rhône n'efl: point une attribu tion de la
p,r oprieté dos deux· riviere s, & ne donne point à Raymo nd
le cours de l'une & der autre, . & que par· conféq uent on,.
ne peut dire, fans forcer le fens du Traité , ou plutôt
fans y fuppof or ce qui n'y efl: pas, . que le Comte de T~u- IhidJ:
loufa cede à Raymo nd la Durance & le Rhône jufqu' au milieu de la Mer, ou qu'il fui donne également le. cours du
Rhône & le cours de la Durance. Il ne les lui donne pas plus .
que le Mont Genêv rt! & que la Mer . . Pour éviter toute ·
équivo que, il ne faut point perdre de vue que le. cours .
du Rhône , . dm1t il s;agit ici ·, compr end tout le cours de ·
ce flèuve depuis la Duran ce jufqu'à la Camar gue & celui <
de fes deux branch es depuis la-.poin te de: l'lile jufqu'à leurs .
embou chures dans. la Mer.
Au furplu s, quand même les· deux. Prince s• contra étans .,
fe feraien t cedé récipr oquem ent la propri eté: des, parties ·
du Rhône qui répond ent · aux terres -partag èes· & auraie nt :
fiipulé formel lemen t & . en · termes précis , (comm e il elh
d'ufag e & de néceffité dans tout AHe de: partag.e , & :
comm e ils l'ont fait dans celui-c i pour les · objets du par•··
tage,) que la partie fupérie ure ou inférieu.re· du fleuve ··,
ou fa _rive orient ale, 'o u fon lit entier appart iendro iem àti
l'un ou à l'autre· ; on ne pourro it en rien conclu re au1
préjud ice ·de la Couro nne, à qui le Rhône entier apparte~
noit depuis · près de fept fi ecles -, qui n'inter venoit p.oint r
dans le T~aité. dont il s'ag~r, q~i n'avoit . j ~rnais ':. cedé: fezs
�.
S8
'
PR 0 PR LET É
droits fur le .fleuve en quefüon , & ·qui avait toujours
été à portée de les exercer ou par elle-même ou, par fes
vaifaux , puifqu'elle a voit confer·v é le · haut empire & les
droits de fuzeraineté .fur tous les pays baignés par la rive
droite du Rh&ne & fur le .Rhône même.
Deux vaffaux de .. l'Empire qui parrageoientent r'eux ·un
Fief -de l'Empire , qui en formaient -deux Fiefs difri~Bs,
& qui les tinrent enfuire féparément fot:Is l'hommage
qu'ils en firent aux Èmpereurs leurs Seigneurs fuzerains,
. n'avaient pas .droit de . c0mprendre dans le partage de ce
·Fief un fleuve qui relevait ,d'un autre Seigneur fuzerain,
& de cranfporter fous la dépendance de l'Empire un
bien domanial de la Couronne de · Fra.nce & des droits
- qui lui étoient hGmmagés. · Si par une ·entreprife attentatoire aux droits de la .Couronne, ils avoient difpofé de
la proprieté du cours du Rhône, dont il n'efr point parlé
dans .rAae en quefi:ion, les droits de la Couronne n'en
fobfifteroient pas moins , parce -que par leur nature il.s
font imprefcriptibles , ·& parce qu'une convention étran·
gere ne peut préjudicier aux droits d'un poffeffeur légitime fans foninrervention , fans fon confentement & ,à
fon in(çu.
,' II.
·c
A M
À
R ·G
I•
·u E.
·"ÜN ne doit pas diffimuler que cependant l'Hle ·de ·'Ca. margue & la grande braffiere du Rhône qui coule entre
la Camargue & la terre de -Provence, fe trouvent cornprifes dans le lot cedé 'par Alphonfe au ·Comte de Barcelone ; & que,, .depuis cette époque , qu.i préfente en
effet une ufurpation attentatoire aux droits de la Couronne de F rarn~e, !es Comtes de Provence ont été en
poifeffion de la branche orientale du fleuve & de l'Hle
''
qu'il
0
-
�DU RH 0 NE.
89
qu'il arrofe. C'efi la premiere fois que le fort de la Ca..
margue paroitîe être déterminé dans un monument au""'.
thentique.
Les Etats de Prove nce font tres lib res de cherc her l'origine de cette Ifle , le tems & les circonfl:ances de fa
forma tion, les revolutions qui y font furvenues ·fous les
Roma ins, 1es Vifig ots, les Ofrro gots , les Hong rois, les
Norm ans, les SarraG ns, &c. Ces reche rches jufqu'ici in ..
. fruB:ueufes, & toujou rs plus curieufes qu'utiles n'inté reffent point la caufe , & il fuffü d'obfe rver pour le préfe nt
que la Cama rgue, Hle formé e par la Mer comm e par le
Rhôn e; fit ·vérita bleme nt partie de la portio n qui fut
aband onnée au Comt e de Barce lone pq.r le Traité de
11 2) & que la branc he orient ale du Rhôn e dut :ubir
alors
& fubit e~ effet le même fort malgr é les droits incon teftables que la Couro nne de Françe al"oit fur le fleuve en-
tier.
Ce n'efr pas que .cette branc he du Rh6n e & cette Hle
!oient (pécifiquement defzgnées dans le Traité . Elles n'y font
pas feulement nomm ées. · Mais adroit emen t on .les a enveloppées dans Jes limites que les deux partie s contr ac·
tantes fixaient à la portio n de la terre de Prove nce, qui
devoi t refier au pouvo ir du Comt e de Barce lone ; & ,
pour cet effet on a décrit avee le plus grand foin le cours
de la partie du Rhôn e, qui après fa jonéHon avec la Du.._
' rance baign e l'Hle de Lubie res & Arge nce, paffe auprè s
de Fourques & fous Saint-Gilles, & va enfuite fe perdr e
· 4ans la Mer: Sicut Rodanus vadit inter infulam de Lupariis & Argmiiam, & tranjù per Furccu, & vadit an.te vil·
/am Sanfli ./E.gidii, & tranjit ufilu~ ùi ipfom mar~.
Au çontr aire, lorfqu 'il s'agit des limites du Marquifat
de Pi-9vence , qui ieil:oit propre au CQmte de Touloufe ~
,
.
.
M
�PROPRIETÉ
on fe conteote de nommer la Dur~nce & l'Ifere, ab ipfo
flumine Durenciœ u/que ad flumen de Y/erâ, fans parler
en aucùne façon de la partie du Rhône qui bornoit ce
Marquifat du côté du couchant. La raifon de ce file nce
Mém. pag. r:. 'efi que' de raveu mêll)e des Etats de ~ovence ,. le lit
du.,fleuve , d~un bord à l'autre, depuis l' lfere jufqu' à la Dn.
&J3 .
ranc~, avec 1c,uzes les Ijles qui Je trouvent dans cet e/pace,
rejla cen ainemem au Comte de Touloufe , qui Jè trouvoit
maître en cet endroit {.,• des terres Ji.tuées fur les deux riYes
du fleuve &· du fleuve même ..
Or, pour le remarque r en paffant, le fleuve en cet en·
droit n'appartenoit pas à Alphonfe à caufe du Marquilletap•.p. 69. fat de Provence qui relevoit de l'Empire; JAMAIS les
ha·bitans de ~e pays n'ont eu AUCUN droit fur le Rhône,.
<lifent avec raifon les mêmes Etats. Alphonfe étoit donc
maîrre du fleuye en cet endroit , non comme Marquis de
:Provence, mais comme Duc de Narbonne & Comte de
Touloufe, c'efi:-à-àire , comme poffeffeur des domaines
qui s'étendoient fur la rive droire· du Rhône,,. & qui rele·
voient de la Couronne de France ; d'où. il fuit qu'Alphonfe qui fa trouvoit maÎtre de ces domaines jufqu'à lamer,
clevoit auŒ. être maître du lii du fleuv-e, d'un bord à l'au·
1re, & de toutes les lfles qui sy trouvent jufqu'à la .Mer.
Ainft perfonne ne verra dans la maniere dont le cours
Mém. P•33· du fleuve eft daigné que la moitié du bras qui fépare Lu·
hiues d' Argence, ni l'autre bras, ni L'ljle de Luhier~s, ni
90
toutes les autres ljles Jituées c/epuis la Durance jufqu'a la
Mer, n~· le petù hras qui paj[e Fourques & à Saint-Gilles,
ni Fourques, ni Saint- Gilles, ni la Mer dûffem appartenir
au Comte de Borce/one & fiffent partie de la terre de Pro·
1-iem, P· 3+ vence qui lui étoit cedée par le Traité de partage. L 'at·
iention finguliere que- les redaéleurs du partage eurmt Jam
a
�DU RH 0 NE.·
tous les endroirs oil ce fleuve Je divije, de defigner la branche
la plus occidentale, comme celle qui devoit Jervir de limite,
ne donne pas à Raymond cette branche la plus occidentale. En un mot, le cours du petit Rhône & le cours du
J:lhône foperieur ne font décrits que _comme limites du
pays cedé, mais ne font pas cedés ; & c'efl: préciféme nt
. parce que la branche orientale du Rhône & la Camargue
étoient englobées dans ces limites, qu ·elle fe trouveren t
unies ' au Comté de Provence par le Traité de 112;,
quoique leurs noms n'y foient pas même mentionné s. Il
paroît que c'étoit - là le feul but & le vrai motif de la
dijignatzon jpécifique du cours du Rftône.
Les draies anciens de la Co.uronne fur le bras oriental
du Rhône furent donc léfés par ce Traité , & dans le fait
le Roi qui ne fut ni appel!é, ni confulté, ni même nommé
dans 1' A.él:e de partage, fu,t cependan t privé par ce même
Aé'te de l'exercice de fon aurorité légitime fur la grande
braffiere du fleuve & fur la Camargu e, Hle de la Mer autant que du Rhône. Comme le Comté de Provence fut
poffedé dans le fiecle fuivant par des Princes de la Maifon de France ; nos Rois voulurent hien laijfer fulfifler en Arr. du Conf.
c
des p nnces
·
dc 1eur 1ang
r.
rr rr..
·
• de ITz.6,p.18.
iaveur
une po11eu10n
, qut,
quo1qu'abuftv e, fondée fur l'ufurpati on, ( titre odieux & nul, )
& préjudicia ble à ieur Couronne dont les droits n'a voient
été ni ~énagés ni refervé~ , fe trouvait cependan t étabiie
par un Trairé fur lequel les circonfian ces leur permettaient de fermer les yeux pou,r le moment.
Dans la fuite , lorfqu'à l'extinaio n de la feconde Maifon d'Anjou, les Provençau x après avoir été foufhaits à
fautorité des Monarque s François pendant plus de 600 ans
1
{e fournirent enfin au Roi Louis XI, ce Prince, par ±né,
nagement pour fes nouveaux fujets dont il vouloir fe coi-;
Mij
�,•
•
·,
\
P R0 PRI~ T
92
t
cilier les cœurs , ne crut pas devoir encore rien changer
dans 1:arrangement illegitime qui avoit uni la Camargue
& la grande braffiere du Rhône à la terre de Provence.
Enfin par ~me fuite de la même càndefcendance de nos
Rois, leurs Officiers enLangueçloc n'ont point jufqu'à préfent troublé la Provence dans la jouiffance des deux. objets
.
ufurpés. ,
Cependant comme ces Officiers avoiént toujours eu le·
'Arr. de 17i6, droit & confervé l'ufage de réprimer les entreprifes que les
18
Dauphins de Viennois, les ;Papes & les ·comtes de Propag. •
vence tenterent en différens terrts fur les ·diverfes portions
du Rhône, où la Couronne avoir toujours confervé l'exercice de fes droits, ils ont continué & continuent encore
de maintenir l'autoriré du Roi , comme Roi de France,.
& les droits de fa Couronne for ces mêmes portions ,
c'efi-à-d ire, fur le lit entier du Rhône jufqu?au point de
féparation de fes deux braffieres & de fuite fur le petit
Rhône jufqu'à la M·er , ohjets dont l'Etat n'a pas été alteré
par le Traité de partage de 1125.
Mais d'un autre côté, les mêmes Officiers ni les Etats
Généraux de la province de Languedoc ne cherchent point
jufqu'à préfent à étendre leur jurifdi8:ion fur la Camargue
& for la grande braffiere du Rhône , & n'y demanderont
rien tant que le Roi ne jugera pas à propos de refütue·r
à fa Couronne des droits dont l'exercice lui a été enlevé
par une convention injufie & abufi.ve, mais qui effentielle·
ment ne lui en appartiennent p.a's moins, parce qu'ils font
égale~ent imprefcriptibles & inalienables , & dont elle
doit être inconrefiaQ.Iement & fera incontinent reffaifie , ,,,
<lès que Sa Majefré voudra déclarer que la branche orientale du Rhône fait partie de la province de Languedoc
comme le refie de ce fleuve.
,
I
�DU RH 0 NE.
Une telle déclara~~on ' ferait fans doute l'expedient le
plus conforme à l'équité , au droit & à la raifon, & en
même te ms le plus propre à éteindre les procès ruineux qui P Ecrits .~e 14
rov. pa;;im,
fubfzjlent entre les proprietaires riverains , à prevenir les difficultés qui renaijfent Jans cej{e entre les habitans des deux
Provinc_e s, à fixer fans retour leurs · arrangemens refpeOifs
de finances , les rej{orts de leurs jurifdiOions, les ahonne·
mens de leurs impojitions, le repos puhiic, à détruire tout-àfait les prétentions__de la Provence condamnées autant de fois Arr. de 1716,
' ll
,f'/
,
& à rraire
.
rr
des entrepn;r,es, p.18,19&iS..
<JU e es ont o1 e reparoure,
ceuer
1
qui toujours reprimées par fa _M ajejlé font toujours renouvellées- par les Provençaux , & qui , fi on les confidere
attentivement, paraîtront n'avpir d'au'rre ·(ource & d'àutre
principe que la poffeffion ufurpée d'un bien de la Couronne, poffeffion toujours ambitieufe & infatiable , toujours difpofée à s'étendre , toujours propre à f.ervir de prétexte & de moyen pour autorifer ou jufüfie~ des ufurpations ulterièures~
De la poffeffion de l'Hle de Camargue & du bras oriental du Rhône dont la Provence jouit fans réclamacion depuis l'année II 25 , il refulte que les faits ralfemblés, & Jes
prétendus Titres produits par les Etats de Provence pour
prouver que leurs Comtes, les Archevêques d'Arles, les
Maîtres Rationnaux d'Aix , les juges & a.mres. Offi.ders du
pays ont exercé des AOes de fauveraineté, de proprieté & de Req. de..fa-ffrl;
jurifdiélion fur la grande braffiere du Rhô.ne, fur fes rou- 1764•
bines & dérivations , fur fes Hles & Crémens & for la
Camargue, font tout-à-fait étrangers à la caufe préfent.e< --: ,,,.-& inutiles dans une contefiation où il ne s'agit pas de ces
objets.
Les droits de péages étahlis par les Comtes de_ Pro~
�94
PROP RIET Ê
vence fur le pont & fur le ·bac qui communiq uoient de
la ville d'Arles-à la Camargue ou dans les ports d'Arles,
de Trinqueta ille , dù Baron, de C nfo lde, ou dans les
lieux de la terre ferme de Provence , à Boulbon, à, Tarafcon, à Barbentan e, &c; les droits de pêche , de naviga-'
tion, de naufrage, d'attache de bareaux & .al!tres , dont
.ces Comtes, ou les Archevêq1:1es .d 'Arles, ou la Communauté de cette ville ont joui fu.r la· grande braffiere du
Rhône , dans les ll1es de Boifromt al, Sacrifiane & jufqu'aux Gras de Paffon & de .P annanides , jufqri'à la Mer
des Catalans & des Roll~ns; les adjudicati ons faites par
la Chambre des Comptes d'Aix ou par la Cour Royale
d'Arles, I~s çonfifcarions prononcée s , les procès inftruits, · ·
les failies, inventaire s, informati ons, procès-ve rbaux &
autres Aétes .émanés des Officiers de Provence relativement à la branche orientale du Rhône, à fes deux riva·
ges , à toute l'Hle de Camargue , & à la terre de Provence ; en un mot les deux tiers des Piéces que les Procureurs de ce pays mettent fous l~s yeux du Confeil du
Roi dans cette conteftati on , font étrangers à la caufe ,
puifque tous ces Aétes rie prouvent que la poifeffion &
l'exercice des droïts dont la Provence jouit depuis le
douzieme fiecle fur le pays abandonn é au Comte de Bar·
celonne par le Traité de partàge de 1 1 2) , & n'intéref- .
·
fent point la pa~tie contentieu fe du Rhône.
Il ne faut jamais perdre de vue , en lifant les Ecrits· &
les Titres de la Provence , que fes droits fur la Camargue & fur la grande braffiere du Rhône font illegirimes
dans leur principe, abuiifs dans leurs effets, attentatoires
aux droits de la Couronne , préjudicia bles au repos des
de~x Provinces, mais qu'ils ne font pas contefl:és; & que
�DU RH 0 NE.
95
les Etats de Proven ce n'en accumu lent aujourd 'hui les
preuves inutiles , que pour les faire fervir de prétext es à
des entreprifes ultérieures , pour fe procure r de nouvelles
ufurpat ions, & pour groffir_le recueil de fes prùend us Titres.
II 1. A
R G E N
c
Récap. p. 69;
E.
LA urre d' Argence & la ville de Beauca ire, objets de
Menu.pag.ri;
refi:imtion, n'étoien t point comprifes dans le partage de la
terre de Provence., pu ifque , fans contredit , elles ne faifoient point partie de a Comté. On a déja vû que les Comtes Alphonfe & Raymo nd, dans l'expof é qu'ils font des
abj~rs de leurs démêlés difünguel_lt nettem ent Beal:}caire,
Argenc e & fon territoi re de tout le Comté de toute la Pro·
vence.
La même difl:inétion efl: ~gaiement marqué e dans la fuite ·
de l'Aéte, Iorfqu'il s'agit des ceffions récipro ques; & ony nomme encore féparém ent ce territoi re avec Jes dépendances comme une terre tout-à-f ait différente de la terrede Proven ce, qui conjoin tement avec· fes dépendances
étoit l'objet dl1 partage . Le Comte de Barcelo ne y dit.
en propres termes : Evacua mus prœtl.iélum cajlrum de Bel-caù1e & prœdiélam terram de Argenriâ cum omnibus ftbi per'
tinemib us; &'totam terram de Provùz
ciâ, .ficut continetur ••• ~·
cum ciyitatibus & cajlellis 'e,i epifcopatibus •.•••• ad Je qualicumque modo pertinemibus.
Pareille ment la fubfl:itution récip.r oque ·ne regarde que·
les honneurs partagé s , c'eft-à- dire , 1'objet du partage :·
de prœdiélis ~onorihus , quos inter nos dividim us, difent les
deux Comtes ., l'un après l'autre: au lieu que la fabjlitu - Id. pag; )'z:;.,
lion , ou plutôt la ceffion éventue lle , non pas du territoire & 34...
',
de Beaucaire , comme en le dit , ~ais des droits de fuze·
raineté for Beaucaire. , efh enco.re. énon'cée à part & foUS'.·
�PROPRIETÉ
une forme différente, comme un objet indépendant des
biens partagés, & des honneurs fubïlitués.
D'ailleurs, il e(l: prouvé par les AB:es mêmes produits
par la Provence,' 1 ° que le Fief de Beaucaire & d' Argence _
relevoit . des Archevêques Comtes d'Arles & non des
Comtes de Provence; i. 0 que ce Fiet relevoit des Arche·
vêques comme chefs de l'Egl1fo d'Arles & non comme
Comtes d'Arles. Les Procureurs du pays de Provence-,
inté1eff~s à confondre ces d.tlèrenres dépendances, tranfporcent fuivant l'e>.igence des cas tantôt aux Comtes de
Provence , r:ntôt aux 'Comtes d'Arles & tantôt à l'Eglife
d'Arles, les droits de fuzeraineté fur le territoire d'Ar,à
gence.
Cependant il e{l certain d~une part, 1 o que le Comté
d'Arles poffédé par les Archevêques en vertu de l'inveftiture qu'ils en recevoient des Empereurs Rois d'Arles,
étoit un Fief de l'~mpire très difünB: du Comté de Provence qui étoit un autre Fief de l'Empire ; 2° qué les
mouvances de ces deux Fiefs ne fe confondoiel\t ras.
D'une autre part , il efi égalemerit certain qtie les Archevêques d'Arles ont poffedé la terre d' Argence long·
tems ~vant qu'ils poffedaffent le Comté d'Arles; · qu'ils y
ont eu dans la fotte les droits de fuzeraineté indépenda_m·
ment de ce Comté d'Arles; qu'il n'dl: parlé ni de Beau·
cairc ni d'Argence dans les Lettres produires au procès,
numero 3, 'premiere Requête, par lefquelles !'Empereur
Fréderic Barberouffe confirma en 11 5+ l'Eglifo d'Arles
dans la jouiffance des droits ~galiens & de tous les au·
tres avantages qui l~i avoient été accordés par les pré~
cédens Empereurs; que les Comtés de Touloufe onr poffedé Argence & Beaucaire fous la mouvance de l'Eglife
d 'Arles, & non fous la mouvance des Comtes de Pro.. ·
vence
�DU RHONE .
97
vence ou des Rois d'Arles; & enfin que~ quand ce terri·
roire pofi'ede par nos Rois fut libre de tour fervice féo- ·
dal , à caufe du droit que les Rois de France ont de ne
faire hommage à perfonne, & lorfqu'en 11~9 il fut-queftion de convertir cet hommage en indemnité, ce ne fut
ni avec le Comte de Pr-0vence , ni avec !'Empereur Roi
d'Arles, mais avec !'Archevêqu e & l'Eglife d'Arles feulement, que le Roi faint Louis traita des dédomagem ens
convenables , & ce fut à l'Eglife d'Arles, & non au Comte
de Provence, qu'il affigna pour cet effet cent livres tournois de rente annuelle fur fon domaine Royal de Beaucaire,
rente dont l'Eglife d'Arles a joui depuis fans interruption.
Il ell: vrai que les Hzjloriens de Languedoc conviennent Mem • .
conforméme nt à la vérité '](-/ Argence a toujo_urs dépendu
de l' Archevêché d'Arles pour le fpirùue!. Quant au temporel, ils ont penfé fur l'autorité d'une Charte de l'Empereur Louis le Débonnaire de l'année 825 que Leibulfe
Comte Beneficiaire d'Arles étoit au commencem ent du
neuvieme fiecle proprietaire du territoire d'Argence, ex Hifi. de Lang.
rehus proprietatis fl(œ quœ /uni infrà agrum qui dicitur Ar- ~;:~6::·col.
gemeo ; que le même Comte donna· ce qu'il" poffedoit
dans ce territoire à l' Archevêque & à l'Eglife d'Arles;
en échange d'autres biens que cette Eglife potfedoit dans
le Benèfice de Leibulfe ; Ex rebus epifcopatûs fui de hene-.
ficio prœdiéli Leibu!ji; & que clans cet échange , re·gardé
comme l'origine & le premier titre non de la (ouveraineté, mais de la proprieté qu'eut alors l'Eglife d'Arles ,
& de la Seigneurie qu'elle eut enfuite tant de la vi_lle de
Beaucaire que de la terre d' Argence , il n'eft quefiion
ni du Rhône, ni de droits fur le Rhône qu~ étoit alors un
bien domanial de la Couronne connu pour tel çlepuis près
de tr9ÎS cents ans. .
; J
N
•
�PROPR IETlt
Les mêmes Hifioriens ont auffi rapporté qu'avant
le milieu du onzieme ftecle les Comtes d.e Toulou(e
étoient devenus maîtres de ce territoi~e , on ne fçait
comment ; que Pons Comte de Touloufe l'affigna
en 1037 pour partie du douaire de Majore , fon époufe ;.
que quelque tems après les Vicomtes de Narbonne le
tinrènt en Fief des Comtes ·de T ouloufe & l'iAféoderent
à leur tour aux Seigneurs d'Andufe; que cependant les
Archevêque s d'Arles, lorfqu'ils fe furent approprié l'autorité fouveraine fur les domaines de leur Eglife , exigerent dans différentes circonfiance s que les Comtes de
Touloufe leur fiffent hommage pour ce territoire ; & que
ces Comtes ont en effet reconnu quelquefois le tenir
en Fief de l'Eglife d'Arles, fans qu'on connoiffe précifé ..
ment l'origine de cette dépendance qui a été fujette à bien
des vicilfitudes. Mais jamais. ces Hifforiens n'ont dit que la
Mem.pag.31. Terre cl' Argence faifoit partie de la terre partagée en z z:d.
En tout cas , il ne paroît pas que dans le T rai ré de Par·
tage les deux Princes contraél:ans aient eu fueaucoup
d'égards pour les droits ou prétentions de leur voifin &
leur cofeudaraire de l'Empire,l'Archevêque Comte d'Arles ..
D'une part le Comte de Barcelone y difpofe de la terre d'Ar·
gence & y Jaiffe nommer fes poffeffeurs aBuels , le Comte
de Touloufe à qui elle étoit refütuée , le Vicomte de N ar·
bonne qui la tenoit de lui, & le Seigneur d'Andufe qui
en avoit le domaine utile, fans y faire ni réferve ni reconnoiffanc e, ni la plus legere mention de la fupérjoi:ité
de l'Archevêque. On fçait d'ailleurs que les Comtes de
Provence ont pris Couvent la qualité de Comtes d'Arle~
malgré les prétentions des Archevêque s qui en prenoienc
auffi le titre.
D'une autre part, Alphonfe Comte de Touloufe non·
�,,
DU RH 0 NE.
feulement ceqe à Raymond toute la terre de Provence
comprife entre la Durance, le Rhône & la Mer, fans en
excepter ce que l'Archevêque y poffedoit comme Comte
d;Arles,mais encore abandonne au même Raymond, dans
le cas que lui Alphonfe mourût fans enfans, la fupériorité
qu'il avoit for le Vicomte de Narbonne par rapport au
Fief de Beaucaire , fans faire la moindre mention des
droits de fuzeraineté que l' Archevêque prétendoit avoir
fur ce Fief. Tant il efi: vrai que le fort de ces droits illegitimes qui n'ont d'autre origine & d'autre fondement que
l'ufurpation efl de ne préfenter rien de fixe & de fuivi •
.Quel raifonnement folicl.e peut-on établir for des entrepri f~s multipliées de part & d'autre & tellement compii·
quées que les droits légitimes deviennent à la -fin méconnoifiables ?
L'Archevêq ue d'Arles obtint effeaivemen t en 1243;
après dix -huit ans de follicitations, que la terre d' Argence Mem.pag.3 t.l
fût reconnue dépendante de l'Eglife d'Arles ; mais l' Aéle
de reconnoi.f!ance ne fuppofa ni ne donna à cette Eglife, ·
& encore moins au Comté de Provence , la proprieté
du Rhône , qui eft en quefüon , & qui affurément n'a
pas plus de connexion avec les droits des Archevêque s
d'Arles fur la terre d'Argence, qu'avec la Jaime yvre.ffa
des Croifades, ou avec les prétendus confails d~ faint Ber· /bi
nard au Roi Louis-le-Gro s, que perfonne n'auroit imaginé,
intereffer les droits de la Couronne fur le Rhône.
·
IV.
PORTIONS
desDiocefes d'-AYIGNON ~de.
VALENCE.
habitans des pays fitués fur la gauche du Rhane
au-deffus de la · Durance , n•avaient aucun droit fur le Rccap. P.·61~
LÈS
R.hône. 1 ·de l'aveu des Etats de Provence• . En ·effet l~
Nii
�t
p R 0 p R IET
Rhône partageo it alors & partage encore la part del' Em.
pire de la part du Royaume dont il faifoit & fait partie.
M.m.pag.3l. Ainli la partie des Diocefes d'Avigno n & de Valence , qui
efl à la droite du Rhône, n'étoit point la terre de Provence
a1'andonnée au Comte de Tou!oufe par le partage , & ne
fai{oit point partie de toute la terre de Provence fouée dans
la part de l'Empire bornée par le Rhône, & partagée
entre les deux Princes contraaa ns.
Voilà pourquoi les portions des Diocefes de Valence
& d'Avignon fouées dans la part du Royaum e & à la
droite du Rhône ne furent ni mentionnées danr l'Ac7e, ni
abandonnées au Comte de Tou!oufe , qui comme Comte de
Touloufe (e trouvoit maître en cet endroit des do~::iines
baignés par la rive droite du Rhône. Indépendamment
d'une infiniré d'autres preuves , qu'il feroit inutile de rafRecap. p. 7"'· fembler ici, pu ifque tout 'ce qui regarde le Dauphin é, le
Vivarais , le Lyonno ù, le Comtat & tout le cours du fleuve
J OO
.
a
jupérieur la Durance ejl abfo!ument étranger à la comeflation; le iilence feul de l'Aae fur ces portions àes deux
Diocefes demontreroit que les pays qui font _à la droite
du Rhône n'étoient point Proven~aux.
V.
Mem. p;
n:
VALA BREG UES ..
LE foin qu•on eut de nommer le· chdteau de Vala6regues
a
/ztué dans une !fie qui étoit au~dejfous des pays cedés AL·
phonfa, prouve que toutes le.s autres lfles depuis la Durance
jufqu'à la Mer devaient appartenir au Comte de Provenc e;
& la maniere dont le cours de ce fleuve e.fl déjîgné dans L' .A c1e
en fait encore la preuve; dife nt les Etats de Provenc e. Ce-
pendant çet Atte ; en ct-éûgnant le cours du fleuv.e , dit :
Td qu'il coule entre l'I_fle de Lubieres & la. Terre d'Argenc e,
.. & ne dit pas: Tel qu'il wule entre l' ljle de Yalahregues..&le
�D V
R H 0 N E.
I0I
pays d' Vz.ège. D'ail leurs , quan d il l'aur ait dit, on n'en fe.
roir pas moin s fond é à conc lure du fort de cette Iile
iitué e
au-de ffous de la Dura nce & cepe ndan t laiffée à A!ph
onfe ,
que routes les lfles füuées de mêm e au - deffous
de la
Dura nce appa rteno ient égale ment au Com te de
Touloufe .
Sur la pofo ion l0cal e du Chât eau de Vala breg ues comm
e
fur fa dépe ndan ce du Dioc efe d 'Uzès pour le fpirir
uel &
vraif embl ablem ent du Seig neur d'Uz ès pour le temp
orel,
lequ el Seig neur étoit alors Raym ond Deca n , pere
de
:Fayd ide Com reffe de Tou loufe , on croie pouv oir
juga r
que l'IDe de Vala breg ues avoir été prife par le Cornu~
de Barc elon e, de mêm e que la terre cl' Arge nce, pend
ant
la guer re qu'il veno it de faire au Com te de Toul oufe
;&
que la ceffion de cette Ifle, ceffion porté e dans le
Trai té
dont il s'agi r, efr, comm e celle de la terre d'Ar genc
e,
une vérir abie refür urion ; d'aut ant plus que Vala breg
ues.
& Arge nce étoie nr viiib leme nt des obj,ets étran gers
à. la
terre · de Prov ence .
C'efr à des Juge s équit ables qu'il appa rtien t de décider fi cerce conje étur- e, préCentée comm e œlle , mais
indiquée par la teneu r du Trai té, par la po.iîtion des lieux
&
par pluiî eurs circo nfran ces prop res au rems & aux cbof
es,
efl: mieu x fond ée que celle des Etats de Prov~nce, qui,
du foin qu'on a eu de nom mer l'Hle dans le Trai
té,, &
de la mani ere dont I~ cours du Rhôn e y efr défig né
, concluen t que route s les H1es. devo iem appa rteni r au Com
te
de Prov ence . Il femb leroi t plus natu rel & plus conf éque
nt
d'en infe-r~r préci féme nr le cont raire .
V I. D u
R
À
N
c
E ..
Co MME dans la préfe nte con,t efiat ion, il n'dl: point
.
�PROPRIET~
quefüon cle la proprié té de la riviere de Duran ce, on peut
regarde r comme fort indifferent de fçavoir 1 ° fi les deux
Seigneurs contraa ans conferv erent des droits égaux fur
cette riviere qui féparoit les deux lots, ou fi elle rejla-toute en.
Mem. P· 33 tiere à Raymo nd; 2. 0 -s'il eft v.r~ qu'elle a toujours été & eJl
• •
' llen ' a ;amau
J p
, au -0mte ae
&. J4•
rovence , que
encore du domazne
_Jàit partie du Marquifat de Proven u qui échut à Alphonfe,,
que te Comte de Touloufe fut .exclus par le Traité de 1115
10-t
J_.
'Ibid.
Ihia.
c
1
de tout droit fur cette riviere, &c.
Il eft confiant que le Traité n'énon ce rien du tout fur
cette matiere ; par conféqu ent toutes les allégati ons avan·
cées à ce fujer ne ·font que les fruits d'une imagination féconde en reffources. Si l'on vouloir imiter le raifonnement
de la Proven ce , on pourro it dire égalem ent ., mais avec
plus de fondem·ent, en ·faiffant à part la grande braffiere
du Rhône·: ll ejl certain que ce Titre (le Traité de partage)
ne donna pas le cours du Rhône à Raymo nd; il ne lui donna
donc pas non plus le cours de la Duranc e, puifque tun &l'au·
trey [ont décrit; dans les mêmes termes : S icul D urencia fluit ...
Sicut Rodanus v.a dit, &c.
Il ne feroit pas moins inutile d'aller cherch er s~fl ·efl
exaaem ent vrai que, dans le Concordat paffe entre le Roi fi
le Pape en 16.23 , la fauveraineté de la Duranc e , quelque
part que la rivi~re _po'n«.t fan cours , fut déclarée devoi11 .de·
meurer à la France , non comme un droit nouvea u, mais
comme un bien qui n'avoit jamaû cef{é d'appartenir au Comte
Je Provence. Ces difcuffions fo_nt totalem ent étrangeres à
une caufe , où il ne s'agit que de la proprie té du Rhône.
Cepend ant on nè peut fe refufer à quelque s obfervations
courtes fur les qualités que les Etats de Proven ce fuppofent
avoir été prifes par les deux Souver ains qui pafl'erent le
Concordat, & fur la nature du droit que le Roi avoit alors
�fu da Du ran ce ; pa rce qu e ces de
ux art wl es paroiff'ent·av
oir
q1:1elqu'influence fur la caufe..
D' ab or d, il ne peu~ pa s êtr
e vra i qu e le Pa pe ait eu
des pré ten tio ns fur la Du ran
ce e,n -· 16 2 3 , comme étanî au
x
droits d'Alphonfa· Comte de
Touloufa.· Po ur pe u :qu 'on foi
t
ve rfé dans l'H ifr oir e, on ne do
ute pa sau jou rd' hu i qu e lev é·
rita ble Ti tre en ve rtu du qu el
les Pa pe s· on t po ffe dé le C:omt
é
de Venaiffin · dep uis prè s de 5
oo ans · , . ne foit l'abandon
~
qu e lè Ro i Ph ilip pe -le -H ard
i en fit à l"E gli fe Ro ma ine
en
M. 7+ & la remife qu i en fut
-faite alo rs au x Co mm iif air
es
du Pa pe pa r le Sé né ch al de
Be aw •ai re au no m du Ro i.
Ce n'efi: do nc· pa s au x droits
d'A lphonfa ,. c-0mme on le dit
,
qu e le Pa pe·po ffé do it le Venai
ffin en 16 2 3, mais aux dro its
,
clu Ro i, qu i ·, .lorfqu'il a vo it
détaché ce Co mt é· clu ..-M arqu iîa t de. Pr ov en ce , po ur·
en gra tif ier l'E gli fe Ro ma ine
,..
reuniffoit ·de ux -Ti tre s ég ale
me nt au the nti qu es ql.li lui aifw
·
roi en t la poffeffion de ces. pa
ys , pu ifq u'i l 'e n éto it le So uverain lég itim e pa r Je dro it
an cie n de fa Co uro nn e , &
·.
l'h éri tie r lég iJi me pa r' le dro
it du . fan g ap rès la mo rt de
..
fon on cle Al ph on fe , de rni
er Co mt e de To uh :iu fe.
En fui te il n'e ft pas poffible
no n · plus de cro ire qu e le ··
Ro i, do nt là Co uro nn e a fes
dro its bie n éta bli s fur la Du
ran ce : 4ès le fix iem e fiecle
, ait tra ité dé ·la pro pri été
·de
cet te riv ier e da ns le Co nc ord
ac- de 1623 , comme repréfen•
tan t leS'Comtes ie"Provence
uCurpateurs -- des ,dr oit s & d'u
ne~
pa rti e des , bie ns do ma nia ux
de la mê me Co uro nn e. Un
e
fois po ur tou tes , c'efl: co mm
e· Ro is de F,r an ce ·,.. & no n
co mm e Co mt es de Pr ov en
ce , que.nos Ro is exercent leu
r
{ouveraineté fur le lit en tie r
de la Du ran ce co mm e fur
le
lit en tie r du Rhône~ Le urs dro
its for ces riv ier es font plus
anciens qu e le Co mt é & le
Ma rqu ifa t de Pr ov en ce· , &
\
�/
104
PR OP RIE T!t
pti..
n'ont jamais été détru its, parc e qu'ils font impr efcri
bles & inalie nable s. Il y auroit de la conr radié hon & de
n.
l'abfurdité à fupp ofer que le Roi a reco nnu dans le C,o
cordac de 16 :z. 3 tenir , non comm e Roi de Fran ce, mais
de fa
comm e Com te de Prov ence , un bien dom anial
Rois
Cou ronn e, une rivie re acqu ife à la Fran ce par nos
ions
de la prcm iere Race v tandi s que dans des occal
nelfemb lable s & fur parei lle mati ere il .a décid é folem
Pape
leme nt & en prop res term es contr e les fujers du
aucomm e cont re la Prov ence , le Daup hiné & tous
tenus
tres , que fes prédé ceife urs ont toujo urs été main
la pofcomm e Rois de Fran ce dans l'anc ien droit & dans
eté
~ imm émor iale de la prop rieté & de la fouv erain
fefüo
du Rhôn e.
Enfin on ne conc evra pas aifém ent com men t la Ducomme ·
ranc e devo it en 16 2 3 deme urer à la Fran ce , non
s
un droit nouv eau, mais comm e un bien qui n'avo it jamai
des
ceifé d'app arten ir aux Cornies de Provence.. Le droit
appe lCom tes de Prov ence fur cette rivie re, fi l'on peut
nouler droit le V c de l'u'fu rpaci on, écoit certa inem ent
Fran ce
veau en comp araif on du droit de la Cpur onne de
la
fur cette mêm e rivie re , & plus nouv eau enco re dans
Properfo nne du Roi, en fuiva nt le fyfiê me des Etats de
la Provenc e, puifq u'alo rs il y avoir à pein e 140 ans que
tes
venc e s'étoit foum ife à nos Rois , qui ne font Ces Com
du
que depu is 1 48 r. Il fuit de-là que , fi c'efi en vertu
ré dans
droit ancie n que le cour s de la Dura nce efl: décla
le Conc orda t appa rteni r au Roi, ce ne peut être en venu
du droit des Com tes de Prov ence , mais en vertu du droit
de la Cou ronn e, droit ancie nnem ent exer cé par les Rois
debert, Char lema gne, Phili ppe- le-H ardi, &c; droit
Théo
qui
�-D U RH 0 -N E.
J.OJ
rqIJi fait difparoître tous les autres prétendus dr.oits ufurpé.s
à fon préjudice. La,préfence du Monarque Eran_çois éclipfe
rtoùs dr.oits .étrangers fur fes domaines.
Quoiqu'on ne prétende pas convertir en Ouvra_ge de lit·terature un Examen de P.ieces préCentées comme juridiques, il a paru ,d'autant pLus néceffaire de prendre des
idées nettes & de donner des notions exaaes fur .tous les
objets dont il.efr quellion dans le Traité de .1125 , que c.es
-notions doivent influer fur la plûpart ·des A&es .Produits
Procès. Il étoit d'ai,lleurs elfentiel d'a_ppr~cier à fa jull:e
valeur le mérite que ce Traité _peut avoir dans 1a Caufe.;
..de connoître fi les Etats de Provence ont eu raifon d~a·vancer que par ce partage le Rhône & fes dependances, ainji.Req. de 176~~
que la Durance furent cedés dans tout leur cours à la Maifon
de Protience, ou _plutôt à la Maifon d.e Barcelone, qui au
moment du partage n'étoit ni plus ni moins la Maifon de
' Provence , que la ·M aifon .de Touloufe ne l:étoit cflemême ~ & enfin de juger s'if .efr vrai que le cours de la Recap.pa.g.8~·
Durance jujqu' au Rhône , & celui du Rhône jefqu~à la Mer
y _forent adjugés à Raymond Comte de Barcelone. Or pour
ne parler que du Rhône, qüi dl: l'unique objet de la Quef...
tion, voici deux vérités qui refultent manifcfiement de cet
Aae.
Premierement , il efr certain que le Rhône fuperieur
depuis la Durance jufqu'à la Camargue & le Petit Rp:?ne
n.e furent ni cédés ni adjugés au Comte de Barcelon~. -:i Ces
deux objets qui forment la partie contentieufe du Rhône
font fpé.cifiquement defignés comme limites du lo.t de Raymond , de même que les Alpes , la Durance & la Mer ,
au
_infrà prtediélos terminos. Mais les limites d',un pays ne font '
'
'
.
0
.
-
�106
PROPRIETt:
pas le pays limité. Du refie il n~efi: fait aucune mention direéle ni indireae de la propriété de ces deux objets dans
tout le Traité de partage. Ce Traité n'eft donc point un
Titre vraiment tranflatif du droit de propriété for les portions
du Rhône dont il s'agir.
Secondement , par la défignation des limites , on voit
clairement que la grande braffiere du Rhône & l'Hle de
Camargue firent partie du lot cédé au Comte de Barcelone. Voilà le Titre en vertu duquel la Provence · efl: en·
core en pofîeffion du Grand Rhône. · Ses Procureurs ne
produifent pas d'autres Titres qui foient vraiment tranflatijS du droit de propriété. fo.r cette partie du fleuve ; & ce
qu'il y a de fingulier, c'eft que le Grand Rhône n'eft feu.
lement pas nommé dans celui-ci.
En recoJ11penfe ils vantent beaucoup leur pofîeffion de
ce Grand Rhône , laquelle veritablement ,leur a été d'un
merveilleux ufage dans les entreprifes qu'ils ont fouvent ten..
tées pour étendre leur territoire. Il n'en efr pas moins évident que cette. pofîeffion eft également illegirime dans fon
principe & abufive dans fes effets, qu'elle ne fublifre jufqu'à préfent que par grace fpéciale du .Roi, qu'elle efl
& a toujours été préjudiciable aux droits de fa Couronne,
& que Sa Majefl:é ne fera que remplir tout droit & toute
jufl:ice lorfqu'Elle jugera à propos d'abolir cene pofîeffion
i nju~e, & de refütuer à fa Courmme des droits qui lui appart1e~nent depuis plus de douze fiecles.
En deux mots , le Traité de partage de l'année 11 2 S
n'a point donné aux Provençaux la proprieté de la partie conte.ptieufe du Rhône , & efi un titre vicieux du droit
·d'e proprieté qu'ils fe glo~îflent d'°avoir fur la branche
cuientale ~e ce fleuve.
�DU RH 0 NE.
§. II.
Paffe en l'année
Gilles, Comte
101
A CC0 R D
1070
N° 3, Sec.·
Req.
entre Raymond de Saint- Recap.
pag.6.
de Provence , de Nîmes, &c.
/
& Aicard, Archevêque d'Arles.
Acte fa réduit , dit-on, aux preuves ci-deffus de la
for_eraineté de l' Eglife d'Arles fur le territoire d' Argence r
fuzeraineté également étrangere à la propriété du Rhône
& aux droits des Comtes de Provence ·; & c'efi: par cette
raifon que, malgré_fon anteriorité, qui devoit lui donner
la premiere place en fuivant l'ordre chronologique, on
ne le range ici qu'après le Traité de l'année 11 2 5 , qui a
donné lieu de difcuter l'origine & la nature de cette fuzeraineté. Ce qui a été dit fur ce fu jet prouve fuffifamment
que l'honneur qui efi refütué à l'Eglife de faint "(rophime
fur Argence par I' Accord de 1070 , n'intéreffe ni les droits
de la Provence fur le Rhône, ni la proprieté de ce fleuve;
d'où il fuit que cet Atle efi à cet égard étranger à' la caufe.
Quoiqu'on dife que !'Accord dont il s'agit, ne dqitpas u. pag.7,.
être Jufpeél au Languedoc puifqu'il ejl fait par fan Souuera-in,
il n'en faut pas conclure que Raymond de Saint-Gîlles fut
alors .'Comte de Toulouje, puifqu'effetl:ivement il ne le devint que plus de vingt ans après. En 1070 il n'éroit encore
que Comte de Provence par indivis avec le Comte Bert rand , dont il efr parlé dans l' Aéte, & . en même rems
C omte de Rouergue , de Gevaudan ,_ d'Uzès, de Nifrnes,
d'Agde , de Beziers ,& de Narbonne. C'était fon frere
aîné Guillaume IV, qui poffedoit alors le Comté de Touloufe ainfi que les Comtés cl' Albigeois, de Querci , de Lo-'
de ve, de Perigord, d'Agenois, de Carca!fonne, &c , ~
CET
0 ij
�qui pofreda tous ces dom.aines
l'.an· 1093 ~.
jufq~'à fa .mort
arriv·ée vers;,
Ce n'efl donc_ paint ·en ·qualité d~ Comte ·de Touldufa ·,
que Ràymon da patré cet A·ccorda vec l'Archev ê-que cf Ar~
les, comme ·le fupp.ofent. les Etats . de .-Proven~e. Ce n'efL
pas non plus comme· Comte· de Provenc e , & les mêmes ,
Mem, P· 2 9· Etats qui affurent · que T Eglijè - d'Arles · n 'à pz2._. recevoir.Argen~e ·qu-e dé la:maùz desSouverains dè Pr<J.ve12œ, & qu'Ar..,
gence a toujours- dépendu de leurs .Etats ·, -.ne diront-- pas·-que
leurs Souverain:r Comtes ·de Provenc e ont été Feuda-taires .
& Vaff~ux- de l'Eglife d~Arles pour -c ette même terre.d'Ar,.
gence-, qui dépendo it ·d'eux , dans laluppof irion; & . qu'ils
avoient~ , dit-on-, donnée ·eux-mêm es .à cette Eglife.
H efi: cependà nt vrai .d'un ·autre côté ·que :·les · Princes de ·
la Maifon de Touloufe-, à· qui cette. terre· a.été· inféodée ·
p-ar les -Archevê ques -d'Arles , n'en · ont pas -été-moins en
même rems Souverains de Prnvenc e1, & .que-. les Etats .de ·
. Provenc e en coavien nent; Mais, fans el'ltrepre ndre·de con·
cilier ces- c-0nuadiB:ions •apparentes .ou·.réell es, il fuffit de ,
fçavoir - quer ce · n'efi:·-- n~ comme Corn te de, T ouloufe ni ;.
comme·· Comte· de· Provenc e , que ·- Raymon d a · tranfig.é·
dans l' Accor-0 de·1070 , où il prend fim plement la qualité de ·
lfüt.âe'I:aog. Comte•; .Raymundus Cornes •.
·
I c ' dTo .• ll., Pr,
l raut one,· que ·ce foit · comme· poffe[eu r -des ·. autres ;
·
col. z 77 • Comtés :.- nommés -ci-<leffus - , & parriculierement , comme ·
~fomte cle Ni.fmes . ou de Saint-Gill.es , .q ue , Raymon d po.f·
fedât alor.s le ·territoire d?Ar.gence, d'autam que · ce terr~- taire· & le Comté-·de Saint-Gilles étoi-ent limitrnp hes, que ~
d~ailleurs le -~erritoire p-a-toît avoi~ fait. panie de ce. Comté, ,
1~:iâ. pag.?..t 6.~difent les Hiil:ori-ens ,de· Languedàc: , {k que depuis ce tems• ·
là,Bea\lCaire .&. Arg~nce, ont ét.é p_r.efque 'Perp.ctu.ellement:.
�B U RH 0 N .E.
unis avec. le Némau!ois. D2s l'an 1 21 5 , on trouv e un Sé~
nécha l de Beau caire & Nifmes établ i par Simo n de Mont.;
fort. Le Roi Louis VIII, nomm a .de mêm e en 1 226 un Sé~
nécha l Roya l de Bëau~aire & Nifmes. De rems immé mor.ial le territ oire de Beau caire ou d' Arge nce fait partie du
pays de Nifrnes . relati veme nt aux. différ:ens Ordr es civil ·,
é.conomique. & politi que •..
Enfin on ne doute ra pas qt;re ce ne _fait en qt}allié dé
G:omte de . Nifmes ou de Saint - Gilles que Raym ond a
figné l'Acc ord dont il eff quefl:lon, u· on rapproch1e cet
A'Ete d~.un autr-e A-Oe-femb lable qye fit lé mêm e Raym ond
.
e.n forme de Codi cille,. au mois de Janvi er . 1105 , & dans ,
leque l ce Princ e·; quoiq u'il füt alors Com te dë Tou loufe·
de Prov ence ,,,&c . .p,r end uniq1:1ement- la qua-lité de Com te
·
de S.aint-Gi.lles , .. Egq Raym undu s , Comes fànéli ..!Egidiï• .
Sil'on y prend gé!.rde, ~'efi: P!éci feme nt de la Terre d' Argenc e·· & des mêmes obj~ts que Raym ond· difpo fe dans ·ce
·
derni er Aél:e , .. prefq ue de la mêm e . rnani ere & en faveu
r:
de la mêm e Eglif ed'Ar les.
En parla nt de ce Codi cillè, on ne·p _e ut s'èrnp êéhèr de
rema rquer que la bonn e foi ne. perm ettait p_as aux Procu reurs du pays de. Prov ence q~i le citen t comm e un de leurs
Titre s, d'a!ïu rer avec confi ance qu' ily ejl élit en termes fol·Me'm-, pag;:.'1'~ '·
mels ·ql!e le petit Rhôn e, fan p_ort &. le-port de . Fourques appartiendro nt ~à l'Eglifa d'Arl es. Il y eff à la .vérité parlé ·du
.
Rhôn e & . du pott du Rhôn e en te!me s exprè s , de Rho·
dana , de pprtu Rlwdani , mais. ni l'un-ni l'àµtre n'y, font
nomm és comm e -objet s dé refllt ution .' Voic i ~comme s'ex·
· Rrime le Com~e de Saint Gille s: Totam .ipfàm Argen tiam. ;
••. Hifi. deL~ng.1 ••
T-7'.'/l
·
·1
r;
.
.
.
.
_
d'
··
r .\ L am qfl,œ vocatun p.urcas
Tom. II : Pr,.
cum ..omnw us ;!fLS app_en uus vi-· col.
) 6)-. '
delicet de Roda no &. paludibus .•, •• .de pf!rtU Rodd ni & pg,f.
cuis~.... &. etÎiam ,omne.s decimas &. omnes eccleJi..as totiûs
. ,Aé.. -..
�'
PR OP RI ET É
t IO
e de Fourques jouifgentiœ ei reddo. Les droits dont la vill
éroient le long du
foit fur les marais & les vignes qui
ges & fur fon pro~
Rhône , fur les terres , fur les pâtura
on comme dépenp-re por t , faifoïenr partie de la refüturi
oient ni le Rhône
dances de Fourques ; mais ces droits n'ét
i pas le feul dont
ni même le port du Rhône. Cet Atre n'ef
aient abufé de la
les Procureurs du pay s -de Pro ven ce
tres ceux qu'ils promême maniere. On peut voi r entr'au
re Req uêt e, & 18,
duifent fous les numeros 9 & 1 2, premie
feconde Requête.
icille de t 105 ,
Il faut encore remarquer que dans le Cod
mo nd en qualité de
comme dans l'Accord de 107 0, Ray
.!E gid ii, non-feuleComte de Saint-Gilles, Comes Sanéli
ur qui lui appartement rend à l'Eglife d'Arles tou t l'honne
ore y difpo(e en fa'noit fur la terre d'A rge nce ; mais enc
es objets qui étoienc
veur de la même Eglife de plutîeurs autr
s font le Château
indépendans de la Ter re d'Ax:gence. Tel
& un dro it qu'on
.du Baron fitué dans l'H1e de Cam arg ue,
tran d , qui étoit
.percevoir alors à Arles au profit de Ber
c Ray m_ond , fur les
Com te de Pro ven ce conjointement ave
ou Leyde que les Acnavires quiremonroient le Rhô ne, dro it
l' Acc ord de r 070 ,
tes nomment en latin Momatio. Dans
êque la moitié de
Ray mo nd pro me t de don ner à l' Archev
du Châ tea u du Bace droit fur les navires & auffi la moitié
tre , Si ipfe hahere
-ro n, quand il pou rra avoir l'un & l'au
défigne que l'un
poterit , quando ipfe hah ehù ; claufe qui
t retenus par Ber& l'autre lui ~ppartenoienr, mais éto ien
tran d, on ne fçait pourquoi.
donne à l'Eglife
Dans l'autre Aéte de i 105 , Ray mo nd
les nav ires , & de
d'Arles un quart feulement du dro it fur
on.
mêm e un qua rt du Châ tea u du Bar
bfe rve r· 1 Ç> que
~eue dernierc remarque donne lieu d'o
�6. le
DU -RH 0 NE .
ch~teau du Bar on & le dro it lev
é
I r ·1
à: Arl es fur les navire s qui re~ontoient le gra nd Rhô
ne ava ien t app arten u au Com té de Pro ven ce dan s ces
tem s-là , Ray mo nd
de Sai nt-G ille s, com me Co mte de Pro
ven ce, aur ait pû en
difp ofe r fans con diti on & n'au roit
pas eu bef oin d'at ren dre ou de fair e atte ndr e qu'il pût
les avo ir ,. q.uando ijfe·
habebit . Des que ç'eû t été un bie n du Com
te ou des Com tes.
de Pro ven ce , il aur oît été en dro
it & en pou voi r d'en
jou ir, de s'en faiGr ou du mo ins de
pre ndr e fa mo itié &
(~e la don ner : 2° que la· qua lité
de Comte de Saint-Giltês
qu'i l pre nd feule dan s ces A:étes ,. quo
iqu e cell e de Co mte
de Touloufe füt plus émi nen te & plu
s com mu ném ent ap·
pro prié e à fa Ma ifon , fem ble déG gne
r que les obj ets don t
il .clifpof oit dan s les mêm es Aét es app
arte noi em par ticu lierement à· fon Co mté de Saint-G ille s,
& ne dép end oie m ·
pas plus du Com té de Pro ven ce que
du Co mté de To u ..
loufe, defquels il ne par le pas , parce qu'i
l n'ét oit pas queftion d'o bje ts qui euf fen t rap por t à
ces deu x Com tés.
Il réfu lte de-là que la gra nde bra ffie
re du Rh ône , for
laquelle éto it étab li le dro it des nav ires
qui la remon ..
roie nt , & l'Hle de Cam arg µe où éto
it le châ teau du Baron , n'ap par ren oie nt pas enc ore au
Co mté de Pro ven ce
en 1 070 & en ' 1 1 05 , & qu' à ces
épo que s ,. la Co uro nne
de Fra nce n'ér oit pas enc ore priv
ée ·d e l'ex erc ice des
dro its qu'e lle y exe rço it depuis cin
q où iix ce,nts ans par·
elle -ipê me ou par fes vaf fau x, com rqe
elle le fut en con fé- ·
que nce du Tra ité de par tag e de l'an
née 112 5. Il fau t fè
fou ven îr que le Co mté de Pro ven ce
éro it un Fie f de l'Em,,.
pire , au lieu que le Co mté de Sai nt-G
ille s rele voi t de- la
Cou ron ne de Fra nce .
On' rifq uer oit de s'ég are r à cha que
pas , fi on · n~étoit
pas ' atte ntif à la ·con fofi on que ·cau
fei:it néc e!fa irem ent :i
J
�tl' l
tés· dans ' la
d'un côté l'un ion de plufiewrs Titr es ou Com
ns à caufe de
même perfonne foumife à différens Suzerai
age· de l'auces rirres différens , & d'un autre côté .le part
mun~& par
torité fur une même Seigneurie poffedée en com
x · caufes qui
indivis . par deux .différens SeigNeurs. Ces deu
ü:ultés, d'en·
ont produit dans le rems une mulrirude de diff
font aujourtreprifes & de démêlés entr e les Seigneurs .,
d'incertitudes &
d'hu i d€s - four ces d' obfcurités , . fou vent
ent les Aétes
quelquefois d'erreurs., pou r ceux qui examin
plus qu'il n'efl
émanés de ces mêmes Seigneurs , d'autant
clartés a,bfolu..
pas moins difficile que rare d!y p.uifer des
men t exemtes cie nuages.
deux -Aé1es,,
Il efi, du moins incontell:able que dans les
tre aux preuves
don t il s'ag it, qui Ce réduifent l'un & l'au
terre d'Ar genc e,
..de lafuzeraineté de l'Eglife ,d 'Arl es fur la
(du pays de
ce font les propres termes des Pro cure urs
la proprieté
l?ro ven ce, il n'efi point du tout qoefl:ion de
ir appartenus
. du Rhô ne, ni des droits qu'o,n prét end. avo
ve. Ces Aél:es ne
aux Comtes de Pro ven ce for ce fleu
blement trans·
font donc point des Titr es vraiment & vala
tentieufe du
latifs du droi t de .pro prie té fur la part ie con
même fleuve.
' ~· 1II .
·N°3 ,pre m.
LE TT RE S
i R~;~. P· 36• De Frédéric l, Empereur &Roi .d'Arles, en fave· ur
;Recap. P·.9·
. de
l' Archevêque & de l'Eglife d'Arles, don
nées .en Allemagne en l'année 1154.
de Souabe, furnommé Barbe~ouffe, , accorde
les droits
par ces Lettres .à.Ray mon d Archevêque d'Arles
dépendan..
régaliens , regalia,, fur la .ville d'Arles & fes
ces,
'FRÉ DÉR IC
�I
DU RH 0 NE.
I 1J
.ces, cum omnî inregrùare fuâ, & fur les lacs , étangs ,
'fleuves , ports, marais & pâturages qui dépendoient de
fon Eglife , & il confirme tou~ les droits & privileges
qui avoient été donnés à l'Eg life d'Àrles par les précé<lens Empereurs & par les Comtes de Provence.
Or les droits qui font accordés ou confirmés par ces
Lettres à !'Archevêque & à l'Eglife d'Arles, & qui dans
-plutîeurs circonfiances ont été expofés non feulement à
des variations , mais encore à diverfes atteintes, tant de la
part des Comtes de Provence ·que cle la part de la Communauté d'Arles, ne s'étendoient pas fur la partie .contenrieufe du Rhô.n e , qui n'efl: ni fpécifiquement ni îndi- ·
reB-ement délignée dans les Leùres.
Le territoire d'Argence _même, non plus que le Château de Beaucaire , n'ont point trouvé place parmi les
:noms des lieux mentionnés en détail d·a ns les mêmes Lettres, quoiqu'ils valuifent bien autant la peine d'êtrè nom·
més que le champ de la Crau, les châteaux de Fot,
cl' Albaron, de Montdragon, &c. Auffi efi-ce gratuitement
que les Etats de Prnvence affurent que les Archevêques Mem.pag.3)~
d'Arles ont reçû des Empereurs l'invejlùure de laterred'Argence. Ils n'en donnent aucune preuv-e, & l'on a déja vû
qu'ils veulent faire croire ailleurs qu'Argence a toujours Id.p. 29~
dépendu des Comtes de Provence. Quoi qu'il en foit , ce
u'efi pas l'Eglife d'Arles qui précend aujourd'hui à la proprieté du Rhône, d' Argence, &c.
Enfuite , on ne peut croire que les Lettres de !'Empereur aient accordé à l'Eglife d'Arles · des droits fur le
Rhône , fans fuppofer que la grande braffiere du Rhône,
qui conjointement avec; la Camargue avoir été comprife
ea 11 25 dans le Comté de Provence cedé par le Traité
de partage à R.aymond Comte de Barcelone , fo tro l,l~
p
-
/
�PROPRIET~
14
voit déja en 11 54 féparée de ce Comté, & avoit déja été
ou fut alors détachée du Fief po!fedé par les Comtes de
Provence, pour faire partie du Fief donné aux Archevêques d'Arles. Il faudroit auffi, ou du moins -~m pourroit
fuppofer en même tems que l'Ernpereur Roi d'Arles auroit faift cette occafion pour étendre & commencer à
faire valoir fa fuzeraineté fur ces objets nouvellement,
acquis à fes vaifaux par une convention illégitime. Pures
fuppoGtions qui n'ont aucun fondement folid-e, & qui'.ne·
préfentent rien que d'obfcur & de compliqué.
En récornpenfe il efi évident 1 ° que les Lettres de Fréderic- ne donnent à l'Eglife d'Arles ni le pet.it Rhône, ni
le Rhône fu perieur, ni Argence , objers qui ne font ni
nommés ni defignés dans ces Lettres. 2 ° Qu'elles ne donne~1t rien du tout aux Comtes de Provence, puifque les.,
droits de l'Eglife d'Arles n'étoient point les droits du Comté
de Provence , & que ces deux Fiefs n'avoient rien de
commun, fi.non une égale dépendance de l'Empire. 3° Quepar conféquent elles n'ont point donné aux Comtes de
Provence la propri~té du Rhône & qu'elles n'ont pu être·
pour eux un Titre confritutif du dr.oit de proprieté fur.
aucune par~e de ce fleuve~
Les Procureurs du pays de Provence citent encore un
.
Mcm; p; 35· Titre fernblable, qu'ils ne produifent pas, & par lequel l'Em·
pereur Conrad III a voit accordé en 1 I 4 J à la même Eglife
d'Arles les droits Régaliens fur tout fon temporel.& fur la
U. pag. ~6. ville d'Arles, ftloflra Regalia in urbe Arelatenfi & totiûs Ar:·
chiepifcopau2s; & ils avoient déja ciré auparavant une pa·
reil1e Charte du 14Septembre102 3 , dans laquelle Rodolphe III, Roi d'Arles avoir donné à l'Eglife de Vienne tout œ
q~i appartenoit à fon fifc tdm in Civùate q.uàm pertotum Epif
copacum. Pour conclure de ces Pieces,_cornme on le fait en
I
�DU RHO NE.
Proven ce , que les Arche~êques d'Arles & de Vienne
jouiren t des droits Régalie ns dans toute L'étendue de leurs
Diocefe s, il faudrai t croire que les mots Epifcopatus &
Archiepifcopatus ont toujour s fignifié le Diocefe entier,
ou que Diocefe & Temporel font fynonim es, ou enfin que
le tempor el des Eglifes d'Arles & de Vienne embraf foit
toute . l'étendu e de ces deux Diocefe s ·, qui dans cette hypothefe ne pouvoie nr pas faire partie du Comté de Provence , mais devoien t être, de même que ce Comté , des
Fiefs mouvan s de la Couron ne d'Arles . La caufe des Procureurs du pays de Proven ce gagnero ic-elle beauco up à
·ces fuppo!i tions? lpji viderint.
·
.§. 1V.
T R A I T É
N°2J,pre m.
Entre le Rüi Philipp e-le-Be l & Charles d'Anjou J Roi de Req.
Sicile,. Comte de Proven ce, & neveu du Roi S. Louis,~:~~·~·
par.tant affociation pour la vente du feL. Janvier , tJo t, (130 2.)
g:
LETTR Es-P AT ENTES du Roi Louis XI, portant proro- Nop,.prem.
gation du Traité d' affociation pour la vente du Ja, en date Req.
du 20 T 'll
Mem. p. 90.
JUl et z471.
,
Recap. p. •
33
LETTR Es-P AT ENTES données parle même Roi Louis XIN°55 ,prem.
pour le même fujet ,_ le 28 Septembre 1480.
Req.
_
-
· · ernem
r
bl e 1c1
· · ces trois
· monum
·
0 N Jomt
ens, parce que
les deux dernier s ne font que la fuite ou le renouv ellemen t
du premie r, & que tous les trois · ne font qu'un feul &
même Titre.
Le Traité de l'année 13oi. a pour unil'.{ue obj~t la vente
commu ne du fel proven ant des falins de Pécais & d'Aigu emorte~en France ,& des falins d'Arles , de laVerned e,de Notre-Dam e de)aM er & autres lieux en Proven c_e, Societas
p ij
Mem. p. 91;
Recap. P• l6•
.
'
�PRO PRI ET É.
ineunda j uper ven:fendo communiterfa.le , proveniente de.fa- ·
finis, &c. Il y efi: reg lé que le fel des deux pays fera vendu
en qu alité égale , à mefures égales & à prix égal dans les.
parties fuperieures des deux Etats en remon tant le Rhône.
& à deux lieues de fes rivages de part & d'autre.
La fuite des difpofitions n'offre que des précautions de
detail püur affurer l'égalité dans la,ve nre comm une, & pour
préve nir, arrête r & corrig er les contraventions qui pouvaien t furvenir. Du refi:e , les deux Puiifances contrac.tantes fe réfervent le droit de vendr e à qui elles jugero nt
à propo s , au prix qu'elles voudr ont & fui.J;..ant la mefure
qui leur convi endra , ainfi. que de faire tranfporte r à leur.
gré Je furplus du fel de leurs falins qui ne fera pas débité dans lefdites parties foperieures.
C'e.fl: la prolo ngatio n de. cette aifociation , qui fut accordé e par le· Roi Louis XI en I 47 1 & 1480 ., à la. demande & en faveur des Comt es. de Prove nce. Cc.pen,
dant les Etats de Prove nce ont la confiance de conclure
auj,ou rd'hui àes Lettre s-Pate ntes d-e ce Prince & du· Traité
is de-Saluces
M.cm .pag. 9 ~. de 130.2, que le Roi de France &· le. Marqu
avaient hefo.in de traiter avec le Comte de Provence pour lepa.fJage de leurs fils , & que dès·là il ne peut être équivoque
que les Comu s de Provence euffem la proprieté du Rhône
au moins depuis la Mer jufqu' â la Durance.
Pour evaluer ce raifon neme nt, il ne faut que lire la lettre que Charl es Ill , Roi de Sicile , le. dernie r Prince de
la feconde Maifon d'Anjou qui air eu le Comt é de Provence , écrivi t à ce fojet au Roi Louis XI le 16 Janvier
la rapor te dans
Hifl:.deProv. 1480. Bouc he qui l'av~-ir luë en origin al,
;:r.n, P· 483· fon Hill:oire de Prove nçe. On n'y voit certai neme nt pas
~ue ce fût le Roi de Franc e qui eût hefoin des Comt es de
Pl'Ovence ) & qui reche rchât leur agrém ent pour la -venti
,
�D
u
R H 0 N E.
I I
7
de fon fel. C'efr précifément le contraire. Le fait de la
Comp 1gnie, & non du pa{fage , du fel, .le préjudice des Gabelles de Berre &autres jàlines au pays de Provence, les Traizés &· appoùuemens·faùs entre le Comte de Provence &- z~
lvJ.arqu._is de Saluces touchant le fel du pays de Provence ,
n'inrereffent ni la proprieté ni le pafiage du Rh ône ; &
le Comte pouvait bien avoir& demander à traiter avec le Roi Mem. p.91~
de Franc~, fur ces objets& · fur d'autres, quoique le premier n'eût aucun droit. fur le Rhône & que L'autre en eût fa,·
proprieté entiere.
Il n'efl point·parlé du Marquis de Safuces dans le Traité
de 1302, & fans doute que) les Traités -& Appointernens
faits entre ce Seigneur & le Comte de · Provence n'intereffoient pas plus les droits ·de la Provence fur le Rhône,
que les lettres qui forent adreffées par le Roi Charles VII
·le I 3 Avril 145 2 aux Commiifçiires qu'il envoyoit en Languedoc , & dans · iefquelles Oll' prétend fans raifon trouver un ·aveu de· ce Prince, qui établit incomejlablement l'au- Mem. p. 851; .
lfrité du Comte ·de Provence fur le Rhône. Le Roi y charge
en effet fes- Commiffaires d'informer & de pourvoir fur le I-M. de Lang~
r G remers
·
&Ch am b res a,Tom.V,
•.
col. 7 & 8, Pr
..
fiau, du Jer;l-, qm·rie ven d oit· en ies
fel de Languedoc; fur la Compagnie du fel, qtû fe re"i·roit
par le Rhone, faite & acco:dée entre Lui&. le Roi de Si~
cile, Comte de Prnvence ; fur. le Sexterage du fel , que
ceux de Valence vouloient exiger au préjudice . de fes
tlroics; & ,
·ces;chofes d'or.donner, appointer, cornpofer, connaître , décider & déterminer, appellés à ce les ,
Officiers du Comte de Provence, en- tom ce qui touche ·
1âdite Compagnie ou Affociation. Mais q_~elle connexion .
y a-t-il entre ces objets de la Commiffion & l'aut;rité .
du Comte de Provence fur le Rhône? Où efi l'avea de ·
œtte autorité? les_L ttres de Charles VII .ne reconnoiifentt :
fur
I
'r"
�PRO PRI ETÉ
118
pas plus de droits au Comte de Prove nce fur le fleuve _,
que le Traité de 130.z. ne lui en avoir donné .
Il cil: donc feulem ent vrai que ce Traité & les lettres Parenres qui l'ont renouv ellé , prouv ent évidem ment que
les Comte s de Proven ce avoien t des falins dans les Hles
du Rhône, ex falinis .... t_am in infu!is Jeu infra infu!as in
. jlumine Roda ni conjlùutas , quam ultrà & citrà Rodan um; &
perfon ne ne révoqu e en doute que ces.Co mtes n'aien t pof-fedé depuis l'an 1 i 2 5 la Camar gue & les li1es formé.es par .
·.Ja grande braffiere du Rhône . Les falins -établis à NorreDame de la Mer dans la Camar gue étaien t par rappor t à
la Pr'o vence u!trà Rodanum , ceux d'Arles étaien t cùrà Ro.
danum , & les autres qui fe trou voient dans les Hles formées par les branch es inferie ures de la grande braffiere &
dans les autres Hles de cette même braffie re , éraien t in
infu!is ,fou iefrà infulas. Mais cette braffie re & la Camar ·
gue ne font point en caufe , puifqu e le Roi a eu jufqu'à
prden t l'indul gence de fouffrir que la Prove nce enjo'ùiife.
Les trois monum ens que Ja Proven ce produi t ici comme
Titres confüt utifs, font donc inutile s dans cette contefia"tÎon & étrang ers à la caufe. Par cette raifon , il faut les
ranger . dans la même claffe que pluGeu rs autres Pieces
dont nous aurons occafi on de nous occup er dans la fuite ,
.& qui ne prouv ent de même en faveur de la Proven ce
que Ja poffeffion de la grande braffie re du Rhône & de la
Cama rgue, poffeffion qui n'efi point contef iée.
N~ 3 ;,fec.
Req.
·§.V. LET TRE S-PA TEN TES
•
Du Roi Louis XII, en date du 13 Avril I50.9·
Rmp.p . 39·
ces Lettres , le Roi deiiran t garder & ~onfervèr fes
provinces en leurs jurifdi étions & étendu ës felon les an·
P AR
�DU
RH 0 NE .,
Ciennes limi tes & dép arte men s, évo que à
lui, en fon Gra nd
Con feil , tous les P~ocès mûs entr e fes
Suje ts de Lan gue -
doc & de Pro ven ce pou r raifo n des Ifles
& Accro11fe~
men s du Rhô 1Je, & en inte rdit la con noif
fanc e à fes Cou rs
de Parl eme nts de Tou louf e & de Pro ven
ce, en 1efquelles
dive rs Arr êts & juge mèn s con trai res
en ladi te mat iere
avo ient été don nés & pron onc és.
U n'efi poin t q~efi:ion , dan s ces Lett res ,
de contefl:ation s élev ées entr e les deu x prov ince s en
corp s fur la pro prie té du Rhô ne en gén éral :. les Pro
ven çau x n'an non ·
çoie nt pas encof.e des prét enti ons fi éten
due s: Ils fo fon{
born és long:-tems. à faire des enrr epri fes
déta ché es fur diverf es parc elle s du ·fleu ve , tc:intôt à Bar
ben tane , tant ôt à
Bou lb9 n, tant ôt à Tar afco n & aille urs.
Ce font ces pro cès part icul iers don t le Roi attr ibue la·
con noi! fanc e & le
jpge men t à fon Gra nd Con feil par les Lett
res prod uite s Il., ,
1efq uell es ne dec iden t rien en fave ur ni
au préj udic e de
l'un e ou l'au tre pro vinc e.
L' Aut eur' de la Réc apit ulat ion des Titr
es prod uits en '
fave ur de la Rro ven ce obfe rve judi cieu fem
ent qu'i ly a tout Recap. p: 4F)~ ..
lieu de croire. que ces Lett res- Pare ntes font
les mêm es que :
celles qui font daté es de l'an née 1 500 dan
s !'Ar rêt de ·
168 7; & que l'err eur de date efr ven ue de·
ce que la que uë ·
du 9 n'ét ant pas bien mar qué e , ce chiffre
a été pris pou r· _
un zero . Ce font fes· prop res, term es. Cep
end ant ·aill eurs il
croit qu'e n 150 0 le Con feil vou lut faire ceif
er les conf lits /d.. pag. )9• ·
de juri fdié hon que le Lan gue doc -élev ait
, dit- il, fans ce!fe
au fuje t des Hles du Rhô ne ; & que Lou
is XII don na dan s
ce defféin les .Let tres -Pat ente s , par lefq
ueHes il an null e.
tout es les proc edu res refpeéH ves. , & . don
ne au Gra nd Con ..
feil l'att ribu tion de tout es les affaires de
ce gen re. Ce font ·
'
enc.ore fes J?ro
.eres termes. Enfio.il affure pof üive mem , p?J!,•.
�PR OP RI ET É
s de 15 oo , ainG que les Arr~ts
Rmp . p. 60. aprè s, que ces Lettres -Parente
l' Arrê t du
de 1 fS7 & de I609 révo quen t ou cont redi fent
chargeons
• Parl eme nt de Tou louf e de I 493 . Nous· ne nous
pas de concilier ces cont radi éhon s.
13 Avril
Mais l'att ribu tion ordo nnée par les Lettres du
nd Confeil a-t-i l prononcé?
_Id. pag. 40. 15 09 a t-elle eu fan ejfèt ? Le Gra
croy ons
C'efi: la -Pro venc e qui fait cett e Quefi:ion ; & nous
de cau(e.
être en état ·d'y répo ndre avec connoiffance
s, au mois
D'au tres Lettres-Patentes données trois ans aprè
is :XII , ont
de 1\fars 1 5r I ( I 51 2 ) par le même Roi Lou
le Grand
con ferv é la mémoire d'un juge men t rendu par
contefraCon feil, en ·vertu de cette attri buti on , fur une
pr.étendans
tion qui s'éto it élevée entr e plulieurs afpirans ou
:elet. Voicri
'
à la prop rieté des H1es du gran d & du peti t Cafi
le fait.
Angers ,
Nicolas Allaman ,-g·renetier du gren ier à fel Cl'
de l'Ine du
avoir été a!focié en la poffeffion & jouiffance
cett e Hle
·Gra nd-C afie let par Jean de Sain t-Gi iles, à qui
il 1499 pa_r
avoir été inféod,ée au nom du Roi le 26 Avr
de Sa MaTho mas Gar nier , Commis par Lett res- Pate ntes
for le Dojefl:é à l'effet d'in form er des ufurpations ·faites
, aveç poumaine du Roi en Îa prov ince de Lan gpe doc
voir d'en infé_ode r ce qu'il juge rait à pr<:?pos.
blé dans
Quelqb1e tems aprè s, Jean de S. Gilles fut trou
endoienr,
.fa poifeffion par les Habitans de Tara fcon , qui prét
prét ende nt
com me les Proc ureu rs du pays de Prov ence le
la -Dur ance
aujo urd' hui, que les lfles du Rhô ne depuis
Prov:ence •
jufqu'à la Mer appa rtien nent au Com té de
ent à l'ap.Les Gens des Com ptes & Archives cl' Aix vinr
mêm e I Oe à
pui de ces prétentions , & infé oder ent cett e
d'A ix, & à
Jean Tor nato ris, ' Con feill er au Parl eme nt
uels {e faiiiEtienne Ber nard , Hab itan t de Tar afco n, lefq
. rent
I 20
/
�DtJ
RHONE~
17. i
retit de ladite Hle , la tinrent & poffederen t jufqu'à ce
qu1en 1 508, les Officiers Royaux de Nifmes, voyant
que ni Jean de Saint-Gill .es, qui venoit de mourir, nife$
héritiers, ni fon affocié , n'avoient pû jouir, & que les
inféodatai res de la Provence fe maintenoi ent dans l'ufurpation qu'ils en avoient faite , prirent le parti , pour la
confervati on des droits du Roi , de faire à Laurent Galian, Habitant de Beaucaire , un nouveau bail tant de 1'10.e
du Grand-Ca fielet que de celle du Petit-Cafi eler. C'efl:
fur cette diverjité de haux, & fur les différends des parties fur Lett. Pat. dt
ce mâs , que le Roi fit alors ~voquer {a matiere én fan Grand 1 51 :i.
Confeil, par fes Lettres du mois d'Avril 1 509, dont il efl:
quefüon ici : & tant fut procedé en cette mariere par
les parties contendan tes, que l'année fui vante 151 o intervint Arrêt du Grand-Co nfeil, par lequel l'IDe du GrandCafielet fut adjugée aux héritiers de Jean de S. Gilles &
& . à Nicolas Allaman leur adjoint, conformé ment à l'inféodation faite par Thomas Garnier & malgré l'autre inféodation faite par les Officiers Provençau x.
En conféquen ce, Nicolas Allaman, à qui les héritiers
de Jean de S. Gilles tranfporterent tout leur droit, fut mis
en poffeffion de ladite IOe par le Commiffa ire exécuteur
de !'Arrêt du Grand-Co ;feil; & , for fa demande en con·
firmation, le Roi lui accorda au mois de Mars 1 5 1 2 des
Lettres, qui ratifient , louent, autorifent & valident l'inféodation faite par Thomas Garnier, depuis ·homologu ée
& approuvée par ledit Arrêt, & la délivrance de ladite
Ifl.e faite à Nicolas Allaman fuivant les claufes contenues
audit bail & audit Arrêt du Grand Confeil.
Ce fait, que nous rendons , prefque termes pour termes, tel qu'il efi expofé dans les Lettres-Pa tentes-de l'an-
née J 51 i , eft le feul que ,nous connoifiions jufqu'à préfent
Q
�·111
1
[
1
11
P R 0 P R 1 E T l!
comm e effet des Lettre s d'attri bution de 1 509 ; & il efi
ftngul ierem ent remar quabl e que ces Lettre s de 1 509, qui
ont eu incontefl:ablement l'effet qu'on vient de voir, &
qui, aux terme s des autres Lettre s de 151 2 , a voien t été
données pour cet effet' foient aujou rd'hui produ ites par la
Prove nce comm e un de fes Titres conftitutifs de la pro•
prieté qu'ell e préten d avoir. du Rhôn e & de fes Hles depuis la Duran ce jufqu' à la Mer.
Il efl: vrai que les Etats. de Prove nce s'efforcent de rap,•:
· Recap.. p. 40, proch er de bien loin & de donne r comm e effets
des Let•
&c.
tres de 1 509 deux Arrêts rendus par le Grand Confe il ·en
1 5 87 & 1609. Nous auron s dans la fuite
occaf ton d'apprécie r ces deR~ Arrêrs à leur jufl:e valeu r. Pour le mo~ent préfen t , il foffit d'obfe rver que dans l'ir.ter valle
de·
tems qui s'eft écoul é entre les Lettre s de -r 509 & !'Arrêt
de I 587, on trouv e un grand nomb re d'autr es Lettres,.
J?atenres des Rois Franç ois 1 & Henri li ,. par lefquelle
la connoi{fa!1ce· des contefl:ations élevées au fujet des Hles.
du Rhôn e efr attribu ée foit aux Tréfo riers de Franc e en
Lang uedoc , foit au Parlem ent de Toulo ufe , & dont
que1ques~ unes même interd ifent au Grand Confe il la
connoiffance de cette matie re.
'Arr. du Conf.
Indép endam ment des Lettre s· Paten tes adreffées le 6 Dé1 6
.J691& '" • cemb re 1; 26 par le Roi Franç ois l
aux Tréfo riers de
Franc e en Lang uedoc , lefquelles porta ient ordre à ces
Officiers d'info rmer des uforp ations faites des· Hles de la
rivier e du }3..hône au préjud ice des droits de la Couro nne,
& de procé der à la réelle faiiie defdites If1es , Crémens
& Alluv ions, avec pouvo ir de les inféod er ; Lettre s re·
n.ouvellées en fuite par le même Princ e en 1 5 3; & 15 39;
'A rr. du Conf. le Confe il du Roi a eu . pluGeurs fois
fous fes yeux d'au·
1691' 17::.4
& 17,,.6.
tres ~ettres - Paten_tes données par le Roi Henri lI, le
�D U R H 0 N E.
12l
:15 Févri er
I ) 5 6 ( 1 5 57 , ) porta nt évoca tion de · tous & ·
chacu n les Procè s & infrances mûs pour raifon des Hles,
Mouli ns , Cré mens & Alluvions .é tant fur la rivier e du
. e, penda ns tant
'
Rhôn e d'un bord à l'autr
au Gran-d-Confeil, qu'aux Parlem ens & Cham bres des Comp tes de Pro·
vence & de Dauphiné__; lefquels procè s font renvo yés,
favoi r, ceux qui étaien t en état d'être jugés , en la Cour
de Parlem ent de Toulo ufe , en la premi ere Cham bre
des Enquê tes d'icell e ; & ceux qui n'étai ent introd uits ou
infrru irs, par-d evant le fieur Antoi ne de Paulo , fecon d
Préfi.dent du même -Parle ment & autres Comm iifaire s
nomm és , pour proce der à l'infl:ruél:ion defdit s procè s jufqu'à Sente nce définitive exclu Gvem ent, laque lle efi: refervée à ladite premi ere Cham bre des Enquê tes ; & en outre proce der à la faifie réelle , & arpen tage defdit es Hles,Mouli ns , Crém ens & Alluv ions étant fur ladite rivier e à.
l'endroi~ de Langu edoc, Prove nce, Daup hiné, Pr-ïnci-·
pauté d'Ora nge, & autrem ent. Telle efi la teneu r de ces
Lettre s-Pate ntes.
On fçait auffi que le même Princ e donna encor e le Ibid.:
t 8 Mars I 5 57, (1558 ) des Lettre s fembl ables,
par lefquclle s il décla ra que dans d'autr es Lettre s obten ues de
lui le 26 Oél:o bre précé dent par les Gens des Etats du pays
de Prove nce , il n'avo it enten du comp rendr e les procè1s
évoqu és, renvo yés & attribu és aux Comm iifaire s du Parlemen t .de Tou loufe par les Lettre s du 2 5 Févri er 15;6 ,
dont nous venon s de parle r, ni parèil lemen t les autres
procè s, infran ces, circonfi:ances & dépen dance s menti onnées en l' Arr~t du 8 Mars 149 3, ni autres chofe s renvo yées
par-d evant lefdits Comm iffaire s , auxqu els Sa Majefl:~. ·ett
attrib ue derec hef la conno iffanc e , icelle interd ifant. & 1
défendant~ fon Grand-Confeil ~ à ~ous autres juges •. Il
Q ij
�PROPRlETÉ
efl: facile de voir que nous ne faifons id que tranfèrire
les propres expreffions des Lettres· que nous. citons.
Les Lettres , dont il efi parlé ci deffus, & qui avGient
été obtenues le 16 Oaobre précédent par les Gens de ProV'ence, éraient de nouvelles Lettres d'évocation au Grand
Confeil , pareilles à celles de 1 509 qui donnent lieu à·
cette difcuffion. Pour les obtenir, les Gens des trois Etats·
Lerr. Pat. de du pays de Provence taifans !'Arrêt donné au Parlement'
1558
'
de Touloufe le 8 M:rs 1493, ·taifans pareillement lesLettres-Patentes du 2 5 Février 1 55 6 , avoient fa-it entendre au Roi que pour raifon des lfles du Rhône, fins & /
limites d'icelles, y a voit plufieurs procès pendans au Grand'Confoil, auquel avoir été ci-devant arrribuêe la connoiffan-ce de tôus les procès mus & à mouvoir pour raifon
de ladite riviere du Rhôrre; & avaient en conféquence
furpris à Sa Majefré ces nouvelles Lettres d'évocation· audit Grand-Confeil', ·qui font' annullées par celles- ei du
1 8 Mars T 55T, ( 1 55 8).
11 y a apparence que ces Lettres du mois d'Oéfo·hre prêcécient , îurprifcs par· la Provence ., ne font
pas les feules Lettres d'attribution au Grand- Confeil
· qu'elle ait obtenues dans l'e cours du feizieme frede;
car nous eonnoiffons un Arrêt de ce même Grand'.Arr. du Conf. Confeit, en date du 24 Mars 1 ;67, .purtant confirma·17:24' p. u. non
·
de i~·mreo
ci dat1on
·
de l''fl
r ·
i ·e d"e R
·. o da dou 1aire·
par le
Pré~dent de Paulo en 1 ; 59, malgré l'ïnféodation qui en
avoir été faite précédemment par les Maîtres Rationna'flX
de Provence. Ce dernier Arrêt n'efl: pas plus ·favorable
aux prérentions de la Provence, que celui de t 5 1 o, dont
iaous parlions plus haut, & qui, a été cité par Sal'vaing,
Chap. 60, d'après Boyer, Conf. z4, n° 16, où nous li·
fons ; P '' façrum Magnum Conjlium ùa judi,atum fair•••-..
�DU RH 0 NE .
inter Nicolaum Lalleman Emphyteutam Reg ium, Ac1o
rem,
& habitantes loci de Tara/âme Comitatûs Provinciœ
. Cela
prou ve du moins que le Gran d.,C onfe il n'a pas
toujours.
cru que la Prov ence a la prop rieté du Rhô ne &
de fes.
Hles depuis la Dura nce jufqu 'à la Mer •.
De ces Obfe rvat ions , il réful te évid emm ent
que les
Arrêts donn és par le Gran d-Co nfoi l en 1-5'87
& 1609 r
ne peuv ent pas êüe aes effets des Lett res Pate ntes. de
1509,
com me on veut le, faire croi re. Au -furp lus, qui
n'adm irero it la eonf ianc e avec laqu elle les Erars de
Prov ence ·
érig ent en Titr e conf ütur if de· la prop rieté du Rhô
ne de
fimples Lett res d'év ocat ion·, qui ne juge nt abfo
lume nt
rien , qui ·n e fom ·aucu ne men tion de la prop rieré
de ce
fleuve , & qui n'on t pour obje t que des proc ès
mûs entre des. parti culie rs de Lang uedo c & de Prov ence
, ou plutô't q~i n'é'roient donn é'es que für une diuetjiié de haux
, &.
fur l~s dfférends pour ce mûs t Si te Lang uedo
c avo it a.
défe ndre la propTieré· du Rhô ne, ces Lerrres prou
vero ient:
auta nt pou r lui que pour la Prov ence., & · leur
e./fei fero it
tour · à fàva ntag e du Lan gued oc; mais il ne les
donn eroi t
certa inem ent pas pour un Titr e vraim ent & vala
blemenr
tr.an!latif de proprieté..
LE TTR ES- PA.TE NT ES .
Du _Roi François 1, Comte de Pr.ovence,
§. VI.
du 15 Av.r-il 1625, ( 152 6.}
N°61,prem.
Req.
en da te Mem.pag.9S.
CEs Lett res adreffées au Vigu ier & Juge d'Arles main . .
tienn ent lés habi tans de cette ville dans le droit
exclujifde
pêcher tant dans là riviere du Rkô ne, autant que jè
contient
le territoire d'Ar les, & femblablement aux marais dudi
t Arles;:
& com mett ent lefdits.ORiciers.pou r informer. centre lesh
a~
Recap.R~ 4J •
/
�PROPRIETÉ
:bùans Je Tarafcon & autres, qui clandejlinement & funi1rement s '.ejforçoient. de pécher efdites rivieres en tant que con:tient le territoire d'Arles , contre & au préjudice des droits
d'icelle vitle & fans exprès <:ongé , licence & confentement de fes habirans.
.
du port de Confolde, que le même Roi François l,
Comte de Proi,ence , tient fur la petite braffiere du Rhône en
Req.
des droits aue
de Camanrue;
c'eft-à-dire , dans !' lfle
Mem. pag.9~. de-la,
1
b
./~'
.
R ecap. p. 4....
le Roi prend fur le paffage de ce port ; & du droit de la vente
du Jel du lieu de Notre-Dame de la Mer, dans la même lfle
de Camargue. Cette vente efi faite le 19 Mars 1 54 3 ,
( 1 544, ) par les Commiifaires du Roi nommés pour la
veme d'une partie de fon Domaine de Provence.
t,J
0
63,prem.
VENTE
EDIT du Roi Henri- IV, Comte de Provence, du mois
N° 4 1, fec.
de Septembre 1 596, qui ordonne pour les befoins de fon
Req.
-·
Recap. P·
46
·
Etat, que par les Co11imi.J!aires députés à cet effet il fera fait
vente des lfles , lflons , & Atterif.Jêmens de la riviere du
Rhône, appartenans à Sa Majejlé dans fan pays de Provence,
c'efi:-à-dire, dans la grande braffiere du Rhône.
N° p., fec.
~eq.
LETTRES -
PA TENTES du Roi Louis XIII, Comte de
Provence , en date du 3 1 Janvier 1627, portant commif
h b d
'
J
.
La C am re es . Comptes de Provence,,...
a.e
'JJ"'"çzers
. zonaux QIP:
de Yùifier le.r Attérijfemens, Jfles & !flots, qui peuyent s' ê~
tre formés le long de la riviere du Rhône, outre & par-deffus
ceux ~qui ont été ci-devant baillés à titre de cens, & d'en
donner avis à Sa Majejlé.
.•ecap. P• 48.fi
IL efi: évident
° que
ces prétendus Titres confl:itutifs
n'ont aucun rapport à la partie conte-ntieuiè du Rhône,
& par confequent font tout-à-fait étrangers à la Caufe i
1
�° qu'its
D U RH 0 NE .-
ne fon t po int no n plus des Tit
res vra im ent & valab lem ent tranilatifs du dro it
de pro pri eté mê me fur la
gra nd e braffiere du Rh ôn e ,
mais ûm ple me nt des Aé les
pa r lefquels nos Rois y on t
exe rcé ce dro it de pro pri eté
.
com me Co mt es de Pro ve nc e,
en att end ant qu'il leu r pla ife
cl'y eNercer ce mê me dro it en
qu ali té de Ro is de Fra nc e·,
0u de fub alt ern er à leu r Co
uro nn e un e po rtio n du fleuve
qu i lui app art ien t com me le
refl:e dep uis plus de do uze
cen ts an s, & qu i n'a été foufl:r
a:ite ~ fon do ma ine qu e pa r
un e ufu rpa tio n do nt le vic e
ne peu t êtr e co uv ert pa r aucun laps de te ms.
AinG, po ur ap pré cie r à leu r juf
ie va leu r pa r rap po rt
à, la Ca ufe pré fen te ces qu âtr
e Mo nu me ns & plu fie urs
aut res qu i leu r rei fem ble nt ,
il faut co nv en ir qu e ch acu n
. d'e ux am ori fe la Pr ov en ce
, po ur le tem s auq uel il ap
pa rti en t, à jou ir des, dro its
qu i y fon t éno ncé s tan t fur
la Ca ma rgu e qu e fur la Gr an de
-B raffie re du Rh ôn e; qu 'ils ·
font tous aut ant de pre uv es de la
con def cen dan ce qu e no s.
Ro is on t euë dan s ces div erf
es cir con fra nce s de lai ife r
fubfifter une po!feffion illé git im
e & pré jud ici abl e aux dro its ·
de leu r Co uro nn e ; & qu e les
Pro cu reu rs du pa ys de Pro ven ce peu ven t ave c rai fon pro
du ire ces Ti tre s, pe ur juf tifi er qu'ils on t ex erc é av ec
l'a gré me nt du Ro i, dans ces
·
différentes épo qu es plufie'urs
fortes de dro its fur le Gr an dRh on e.
2
Ma is aif uré me nt per fon ne ne
pre nd ra ces mê me s Monu me ns po ur, des Tit res vra im
ent tranflatifs de la pro pri eté
de cet te par tie du fle uv e, &
en co re mo ins po ur des Titres con füt uti fs du dro it de
pro pri eté fur tou t le fleuve '
dep uis la Du ran ce juf qu 'à la
Me r. Il efr cer tai n d'a ille urs··
qu e ces pré ten du s Tit res n'o
nt pû dét rui re les dro its ina liénables & im pre fcr ipt ibl es,
que la Co uro nn e a tou -
,,
�'\
PRO PRI ETÉ
jours for le Rhôn e entier ; & que le Roi n'en efl: pas moins
-en droit de faire ceffer , quand il le juger a à propo s, une
poffeflion vicieu(e qui ne fubfifie encor e que par fa grace
\
fpéciale.
§. VII. L E T T R E S
NQ3S' fec.
Req.
es d'Ai x du 12 Janvier
De la Chambre des Comm
T
1531' (153 2.)
R ecap. p. 36.
Lettres confirment un Bail à cens fait par ladite
:oh ambre en 149 s à la Communauté de Barbentane de
l'Hle du Mout on & de l'Hlon de la Peyre , & font conntmée s eHes-mêrnes par des Lettres-Patentes du Roi François I, Comt e de Prove nce , confirmatives du nouveau
Bail de la même Ifle , & donné es le 1 2 Janvi er 1 532,
ÜE'S
(153 3.)
II,
LETT RES- P ATE1\ "TES données par le Roi Henri
Ns 40, fec.
Comte _de Prove nce, le 2.J Aoujl d!J 7, porta nt confirma•
Req. ,
· f.ait en
d u Ba1'l que la Ch am bre des C ompre s avbtt
Mout on,
I ~ 3 1 aux habitans de Barhe rnane des Iiles du
Malver & Roqu ier.
'
Jlecap. p. 43 · twn
de
LETT RES-P ATEN TES du Roi Henri !li, Comte
N°65,prem.
Prove nce, du z:; D écembre 1575 , portan t auffi confirma·
Req.
b
c . aux h ab'
. s B aux raits
des ancien
. 1tans de B ar enrane
à tirre de cens & rente & déniers d'entr ée, des Hles du
Mout on & d~ lé\ Peyre , par la Cham bre des Comptes
de Provence.
Mem, p. 98. ,
Récap. P· 43 uon
& 44·
Bail fait en I 495 par la Cham bre des Comp tes de
Provence à la Comm unaut é de Barbe ntane en Provence,
de l'l:fle du Mout on formée par le Rhôn e un peu au-clef·
fous de fa jonétion avec la Dura nce, & divifée en trois
portions
LE
�DU
RH 0 NE .
port ions par J'impécuofüé du fleuve ·en I 53
I , efl: con firmé par la mêm e Cha mbr e des Com ptes
en I 532.. Si
le Bail & la conf irma tion du Bail font des Titr
es conf ütutifs pou r la Proven-ce,«elle conv iend ra du moi
ns que ce .
font des Titr es qu'e lle a fcû fe faire à elle- mém
é , & des Recap. p. s i~
entréprifes ou .des aE!es émanés de l'autorité
& jurifdiélion
-d'une feule partie en l' ahfence ou à rinfçû
de l'aut re c'efl:à-di re, à l'infçu & au détr ime nt du Roi vrai
propriét~irc ·
:du Rh&ne par droit Roy al.
Dan s le fait , ce Bail n'a voit été fait en 149
5 , qu'a u
préj·udice & ' en hain e de la réin tegr atio n du
Roi . en la
réel le & enti ere polfeffion du Rhô ne d'un bord
& riva ge
' à l'au tre, ljlquelle réin tégr atio n avoi t été
pron oncé e ·&
exec utée l'année préc eden te par le Parl eme nt
de Tou louf e.
~a Pro ven ce, pol) r couv rir fon emreprife
a dem andé &
obte nu en I 533 & I 557 des Lett res des Rois
Fran çois I
·& Hen ri II , qui étai ent en mêm e tems fes Com
tes, & ces
Princes en qual ité de Com tes de Pro.v ence ont
bien vou lu
tous deux autoriCer le Bail & la conf irma tion
du Bail.,
qu'o n n'a eu gard e de leur repr éfen ter com
me préj udiciables aux droits de la Cou ronn e de Fran
ce. Le Roi
Hen ri II a enco re conf irmé en I 57 5 les mêm
es Aél:es par
de nouvelles Lett res , qui fure nt enregijlrées par
la C h.amhre Rec3p. p. 44~
des Comptes de Provence le .20 Nov emb re .1.!J76
; rem arqu e
qui .pro uve uniq uem ent l'att enti on qu'o n a eu
de tout te:ms
com me aujo urd' hui dans le pay s de Pr.o venc
e à fe procure r des Titr es.
Enfin les Etat s de ·P rove nce , çn érig·e ant en Titr
es conf titutifs ,, ces Lett res cont raire s aux difpofü ions
d'un plus
-grand nom bre d'autres don nées par les mêm es
Rois com me
Rois de Fran ce, fuppofent que les lett res qu'il
s prod uife nt
n'ont pu être furprifes à ces Rois comme Com
tes de P,ro-:.
R
I
�PRO PRI ET: f:
vence ; que la Chambre des Comp tes d'Aix n'à jamais
entrepris fur les droits de la Cour onne; & que des Lettres-Patentes · qui autorifent & confirment un Bail à cens
& rente d'une Hle du Rhône font en même _tems tranfla,.
rives de la propr ieté du fleuve entier. Que penfer de ce
· taifonnement? La Communauté de Barbentafle a poffedé
l'Hle du Mouton , ou. bien , la Chàm bre des Comptes de
Prove nce a donné l'Jfle du Mouton aux habitans de Barbentane ; donc la Prove nce a la propr iété du Rhône entier depuis la Duran ce jufqu'à la Mer. . C'efi comme fi.
quelq u'un s'avifoit de dire: La Pr.ovence quoique foumife
au Roi depuis l'année q S 1 , n'efr pas fubalternée à· la Couronne ; donc les autres Provi nc.es de Franc e, qui fe font
aufli foumifes au Roi, ne font pas <l'es domaines de la Coupro'nne.
Au refre: quoique les Rois François l & Men ri ff, dans
les Lettres-Parentes produ ites, confirment les Baux faits à
fa Communauté de Barbentane , qui avc__?it l' Archevêque
d 'Avignon pour Seigneur tempo rel en 149'3 & 1494 , lorfque les Officiers de Provence ap.puyerent les ent.reprifes
de cet Archevêque & des Officiers du Pape fur les Iflesdu Rhôn e, & à laquelle les mêmes Officiers de Provence
clonnerent à bail l'Ifle du Mout on dès l'année fuivanJe, leles
ier Septe mbre 1·495 , non moins par entrep rife contre
droits de la Couro nne de Franc e , que pour contrarie!i
l'Arrê t du Parlement de Touloufe du 8· Mars 1.494 ,. qui
a voit maintenu ces -droits , comme nous l'avons déja obfervé ; cela n'empêche pas que les mêmes Rois n'aient
donné beaucoup d'autres Lettre s, dont quelques unes font
citées ci-deifus, & pgr lefquelles ils autorifen~ leurs Offi, -ciers Roya ux en Langu edoc à inform er des ufurpations.
faites des !fies de la riviere du. Rhône au préju dice de l'Ar-.
�DU RH 0 NE.
· r~t de 1494 , à procéder à la faiGe des Ifles & Crémens
même le long de la Provence , & à les inféoder à fan Domaine Royal.
Cela n'a pas empêché non plus qu'en I<$81 le Roi comme
Roi de France n'ait jugé dans fon Confeil d'Etat contradiétoireme nc entre le Syndic Général de Languedo c & la
C0mmu11auté de Barbentan e au vû & au fçû des Procu~
reurs du pays de Proyence , qui prudemm ent ne vou~
lurent pas intervenir dans l'infl:ance , que les propriécai re5
de fonds dans les Hl.es du Mouton fouées du côté de Prove~ce feront tenus de payer le droit de franc-fief en Lan- ,
guedoc. Cela n'a pas empêché encore qu'en 1686 l'Intendam de Languedo c n'ait reçû les foumiffion~ faites devant
lui par les mêmes propriétai res de ces lfles'en execution
d'une Déclaratio n du moi~ d' Avril de la même année. Enfin
cela n'empêche pa.s qu'il n'y ait aétuellem ent encore une
infiance au Confeil dtt Roi entre les Communa utés d' A,ramon en Languedo c & de BMbentan e au fujet de la taillabdité des Hl.es du Mouton, , qui par .conféquen t font en
caufe & donr le fort efl: indécis. Quelle autorité peuvent
avoir dans la caufe ' préfente des Lettres fojettes à révifion, à oppoiition , des Lettres dont les difpoiitions font
contredite s fous les yeux & même par des Arrêts du Confeil? Sont-ce donc là des Titres conflitutif s pour la Pro·
vence?
§.VIII. 1 NF ÉO DATIO .N
- - ..
N°39,fec.
le 20 Février d39, (z.S40,) par, la Chambre Req.
_
d
Recap. p. 4i.
11
des Comptes e Proyence à Antoine Petit, de l,lue
de
·
Tresbon avec les Crémens qui pourront s'y former; ladite inféo..dation confirmée par des Lettres - Patentes _du
·Roi Henri II , Comte de Provence , en date Clu 1 2 Mai
FAITE
·
~l
549·
R ij
/
�·r31·.
P' R 0 P R 1 E T É
No 43, fec. . IETTRES-P AT ENTES adrejfées par l; Roi Louis XIII ,
Req.
au mois de Septemhre z 6z z aux Cours & luges de Pro4
,Recap. P· 7· vence, portant ~onfirmation en faveur du fieur de Saxy
de fi·nféodation faite en· 15 40 par la Cliambre des C9mptes
de Provence dè l'Hle de T resborr;
'
du Confeil d'Etat, du 6 Septemhre z 61 z , qui
Req.
renvoye au Parlement d'Aix· le ·P.rocès entre la Cour des
4
Recap. P· 7· A y des de Provence , le fieur Saxi· & autres , & les différends· concernant les Hles·, lf}ots- & Aceroiffemens, de la
riviere du Rhône;.
N·o -44 ,fec.
ÀRREST
D ŒABORD
PArrêt du Conféil eff un ·A'rrêt d'âttrib'utfon;
11 ne juge rien, ne ·décide rien , & renvoye firnplemem
âu Parlement de Provence fa connoiffance & le Jugement
de quelques différends qui s~étoiem élevés ·entre des Proi..
vençaux. Il n'yefl:-poim quefl:ion de la proprieté du R hône~
Enfuite l'inféodation faite par· la Chambre des Comptes
de Provence efl: un Aéte é·mané d'un Tribunal intereiie à
étendre (es droits-& à fe faire ·des Titres. Enfrn fes-Lettres ..
Patent.es ne Îont que les ·effets des moyens artificieux qU'e ·
la Provence efl: en · ufage depuis long-rems· d'employer
pour couvrir crê Yautorité de nos _Rois-comme Comres de
Provence , les atteintes qu'elle· s'efforce de porter aux
droits des mêmes Princes comme Rois de Franee. On
réu nit enfemble tous ces Titres, parce qu'ils ont le même'.
o-&jet.
Au premie~ coup d'œit, 011 s~étoit" propofé de joindre
les quatre Pieces dont il s'agit aux autres Pieces qu'on a
dit plus haut _n'avoir aucun rapport à la partie conten~
tieufe du Rhône,. & l'on foupçonnoit q.ue l'Hle de Tresbon don.t il y efi qùefüon pouvoit appartenir à la grande
�D' U RH O· NE..
IJ}
braf fiere du Rhô ne , qui n'ef i poin t en cau
fe, auta nt qu'a u
Rhô ne fupé rieu r, fur lequ el la Pro ven
ce éten d fes pré tent ions ..
En effet les Crémens app ellù Tres bon au terro
ir d'Arles- Mém. p, 1e6,
& prè.r les Eperons d'A rles , dife nt les Etat s
de Pro ven ce, & 109·
ou , com me il efi dit dan s l' Arr êr d'u Con feil
de 1 69?. ,
dans . le territoù:e de· la v.il!e d'A rles , font
füués peu audeffus de la fépa rari on des deu x braf fiere
s qui con jpin te·
men t ave c la. Mer form ent l'Hle de Cam
argu e , & ils
paro iffe nt être vis- à-vi s de la poin te de cett
e Ifle ; quo iqµe
d~ailleurs ils n'ap part ienn ent poin t à
la part ie du Rhô ne qµi
·cou le dep uis Arle s jufq u'à la. Me r & don
t les If1es font
r.efe rvée s au Dom aine de. Pro ven ce par
!'Ar rêt du Con'\"
feil du 8 Mai 169 1.
Sero it-c e- par cett e con fide rati on que l'inf
éod atio n de·
rHle · de Tre sbo n fut faite en 154 0 par la Cha
mbr e de<s
Com ptes de Pr.o ven ce ; qu'e nfui te cett
e infé oda tion fut
con firm ée par les Letf res ·Pa tent es, de.
1 549 & t 61 1;
que le Gra nd -Co nfei l laiffa cett e Hle à
la Pro ven ce en
160 9, (.nu mer o 67, prem iere.Re quê re;) &
que le Con feil
du Roi dan s l' Arrê t du 1 2 . Juil let I 69 .2 , ( num ero
7 1, pre ...
mie re Req uête ,) déc lara q1;1e les . terr es
des .Hl.es & Cré "
men s de Tre sbo n étoî ent du terr itoi re
de la ville d'Ar~ _
les? En ce cas· là ., on pou rroi t par l~
même confider .a~
fion ,, renv oye r les qua tre Pie ces ,. don
t.il s'ag it, dan s la ,
claffe de cell es qµi n'im eref fent .poi nt la part ie
con tent ieuf e :
du Rhône & qui font étra nge res à fa Cau
fe.
Cép end ant com me cett e pofü ion équivo
q~ de Tres~
bon peu t laiffer des ince rtitu des fur fon fort
, q.µi fe.trou ve ·
fi peu déte rmi né. mal gré. les Lettres.,. Pate ntes
& les Ar..
rêts . qu'o n vien t de cite r, qu'il fubfifl:e
enc ore deu x De!!'
mandes formée~ juridiquement Qar les . Officier
s du D~ ·
�PRO PRIE TÉ
maine Royal en Langued oc , l'une pour des · droits de
.F ran·c - 'Fief, & l'autre pour des Lods & Ventes qu'ils
:prétend ent fur le quartier de Tresbon , & , comme on
fçait d'ailieu'fs q~e êe quartier dè Tresbon avoic été in:féodé le 2 Novemb re I 527, par les Officiers du Langue .
.doc en exécutio n des Lettres-P atentes du Roi François 1
·en date du 6 Décemb re 1 5 26, inféodat ion antérieu re de
plus de douze ans à celle que la Chambr e des Comptes
. de Provenc e en a faite par entrepri fe en 15 4o; pour évi1er toutes difficult és, on a crû devoir corifidere'r ces prétendus Titres confütut ifs féparém ent des autres qui ne
concern ent évidemm ent que le Grand Rhône & la Camargue-, & voici l'alrernariv.e qu'ils donnent lieu de pro·
pofer.
Ou l'Hle èe Tresbon efl: une Hle de la gra9de braffiere
-0.u Rhône , auqûel cas elle n'appart ient pas à la partie
conten~ieufe de ce fleuve , & les Pieces produite s qui
.c oncerne nt cette Hle font alo.rs étranger es à la contef,t ation ; 9ubien cette Hle efl: dans le Rhône fuperieu r. Or
dans ce dernier cas, les Pieces dont il s'agit ne pe·uvent
pas non plus fervir à la Provenc e de Titres vraimen t &
valablem ent tranilatifs du droit de propriet é for le Rhône.
1° Antoine Pe.tit & le lieur Saxy né font pas la Provenc e,
& l'Hle de Tresbôn n'efl: pas le Rhône. Le Roi pouvoit
adjuger cette Iile à un Particul ier, il auroit pû l'adjuger
à la Provenc e même, faFls pour cela avoir abandon né à
<:e Particul ier ou à la Prov.e nce la propriet' é du Rhone
-Oont il n'efi: point fait mention dans ces Pieces & qu'aucun de nos Rois n'a cedée à la Provenc e ni en panie ni
en totalité. 2" ·Q uand même ces Pieces auraient donné
à la Provenc e la proprier é, non pas du Rhône, mais de
,Tresbon , comme on 1e fuppofe, le fort de cette Hlè
�D" U
RH 0 NE •.
n'en eŒ pas moins indécis encore , puifqu' il fë trouve conrdl:é par les Officiers du Domai ne du Roi , qui préten- ·
dent qu'ell~ ·appart ient à ce Domai ne & non à la , Pro-vence.
C'e!l une dériûon & une vraie pétition de prim·
~ipe , que de produir e comme Titres tran:flatifs des droitsde proprie té que la Proven ce prétend.avoir fur le Rhône,
des Pieces qui ont adjugé à une Commu nauté ou à un.
Particu lier de· Proven ce une H1e dont le fort efl: redeven w
avec raifon & fuivant les formes judiciai res un objet liti.gieux & fe tropve aét:uellement en caufe fous les yeux.
du Confeil du Roi:
.
. C'efl: la Méthod e ingénie ufe que les Etats· de Prov.en ce·
adopte nt confram ment dans toutes les contell: ations qu'ils,
~levent fur cette matiere . D'une part, . s'ils veulent s'approprie r quelguy Hle ou. Créme nr, ils allégue nt, pour;
appuye r leur prétent ion , . un -droit de pro prie ré qu'ils foutiennen t avoir toujour s eu fur le lit entier du Rhône ,
cl:où ils C<?~eluent que cette I:fle · <?u ce Crémeq t étant dans·
le )i:h ~ ne doiyen t leur ,ê tre aRjugés. De l'aut~e pan, lorfqu'ii s'agît d_e défendr e ou de . prouve r ce prétend u elroit·
de proprie té. , . ils apporte nt en preuve la poffeffion des ,
mêmes. Hl.es & Crémen s qu'ils fe font· procuré e par cette: .
fauffe allégati on , de proprie l'é. &l produif ent comme Titres.
confiitu tifs les AB-es mêmes· qu'ils 6t'lt· furpris fur ce faux.:.
expofé , ou qu'ils fe font faits à . eux- mêmes . & entf'eux-:
dans la vue de fe procure r des Titres-. .
C'efi: aintî qu'aujo urd'hui ils attaque .nt par- la voie de·
contrari e.té !'Arrêt du Confeî l du 26 Juin 17•24 en ce qu'il,
pronon ce comme d'autres Arrêts antérieu rs & fubfequ ens, .
que toutes les I:fles du Rhône font partie de la Provinc e de ·
La11gµ edoc; & ils fonden t.leur moyen de c.ontrarieté fut la:
J
�PR ·OP RIE TÉ
.,contraaiaion qui fe trouve, difent-ils,. entre c·e t Arrêt de
1724, qu'ils féparent des autres Arrêtsfemblables, & quel.ques Arrêts, Jugemens & autres Pieces qui adjugent à des
Communautés ou à des particuliers de Provence, les Hies du
Mouton, de Tresbon, & autres, tous objets qui îont actuellement en caufe fous les yeux du Confeil du Roi·:
. de forte que d'un côté, dans les procès particuliers qui
fubGfl:ent & où il s'agir de fe procurer ou de fe conforune me ou un Crément, il fe fondent . fur leur pré- .
tendu -droit de proprieté , · qu'ils n'ont revendiqué d'abord
& dans )a plûpart de leurs attaques que fur _la moitié du
lit du Rhône qui borde la Provence, & qu'ils étendent
aujourd'hui fur tout le fleuve d'un bord à l'amre depuis
1a Durance: jufqu'à la Mer ; & d'un autre côté, dams 1a
çaufe préfenre où il s'agir de la proprieté du fleuve en
!général , ils produifent comme.Titres confütuti.fs de cette
,p roprieté les Pieces qui leur ont adjugé en ·diftërenstems
ou un Crément ou une Hle, quoique ces Fieces attaquées
juridique~ent, tant que les objets qu'.elles énoncent font
,en çaufe , ,n e puiffent avoir aucune autorité ju(qu'aux
Jugemens .qui doivent intervenir. C'efl: encore le fort du
,Clernier Titre i:onftitut~f .gui r~fi:e à examiner,.
v_er
:N°6;J.;pr.em,.
Req.
·s. 1X~
•
VENTE _ET CESSION
De quelques .Crémens , lfles & Pâtis dans le terroir ,fi
l .
b
r .
Il
d.e B ouwon,
uo re 1 5 44 , par ·.es
ialte 1e r 6. ;on.
Coînmiffaii-es nommés pour .la re.cherche des Domaines
du Roi, à .Aqtoine-Honorat d'Oraifon, Vicomte de Ca·
<:\e~e.t , Se~gneur ,& Baron de Boulbon.
Mem.pag.98. 'l;fl "'1
lB.ecap. p.. 1J 3• al,J~rzcc
~ fteur d'Or.aifon c~mr.ne :Seigneur de Boùlbon, -s'é-
.toit
�DU RH 0 NE.
toit emparé des Hles & Accrniffemens de la riviere du
Rhône étant dans le terroir dudit Boulbon , au préju·
di ce des droits que le ·Roi a fur le Rhône. Le Comte
de Grignan, Lieutenant-Général pour le ·Roi en Provence,
& le Baron d'Oppede, Premier Préiident au Parlement
d'Aix, Commiffaires d~putés par Sa Majefié pour la recherche de fes Domaines, fe faifirent de ces terreins pour
la confervarion des droits du Roi , & enfuite en firent
en fon nom vente , tranfport & ceffion au fieur d'Oraifon, moyennant la fomme de ;oo écus d'or, ledit fieur
étant mis au lieu & place de Sa Majefié avec les claufes tranflatives des Domaine , Poffeffion, Seigneurie &
Droits que le Roi pouvoir y avoir pour quelque raifon
que ce fût, & à la charge du fervice militaire.
Il refulte clairement qe cet Aéte qu'on qualifie Tranfa8ion & Titre conjlùutif, que les objets vendus appartenoient au Roi, comme toutes les Hles & Crémens du
Rhône lui appartiennent, & qu'il les a vendus au lieur
d'Oraifon ; mais il n'en refulte pas que le Roi ait cédé
par cet Aéte ou tranfporté vraiment & valablem~nt l<J.
propriété du Rhône au Seigneur de B_oulbon ou à la Provence. Au furplus la Communauté de Boulbon efi encore en infiance au Confeil du Roi pour fes Crémens &
Terreins contentieux ; & il efl: ~nutile de répéter ~e qµi
a été dit plus haut fur ces objets particuliers qui ne prouvent rien pour la propriété du Rhône généralement pris.
VorLA donc dix-huit Titres confiitui:ifs produits par la
·
i"
.
,
r
la P rovence , qui ne 1ont , pour_ employer 1es propres
RÉsuLT.A.T
des prétendus
Titres conjii....
termes, que des preuves de crédit, d' entreprifes ambùie.u fes, tuiifs.
fi du dejir qu'elle a eu de s'attribuer exclufivement le cours Recap. P· P•
du Rhône; mais dont aucun ne lui tran~porte la propriété.
s
�138
PRO PRIE TÉ
Recap. p. p.du Rhône fopérieu r, & du petit Rhône. Sa modeflie
&
fon exac1itude ne l'ont_pas empêché d'appell er Titres conf
riturifi des Aaes qui ne font ni 'Vraiment ni valablement
tranflatifs du droit de propriété qu'elle ambitionne ; un Accord'. entre Raymon d de Saint - Gilles & l' Arnhevêque
d'Arles, où il n'eft quefüon ni des droits des Comtes de
Provenc e · fur la partie contentieufe du Rhône , ni de la
propriét é de ce fleuve depuis la Durance jufqu'à la Mer,
& d'où il réfulte que la Camarg ue & le Grand,.Rhône ap ..
partenoient encore à la France dans le ·onzieme fieéle;
Un Traité de partage , où le cours du Rhône eil ,-péci·
fiquement décrit comme limite du lot cédé au Comt~ de
Provenc e , mais ne lui efr cédé en aucune façon , &
dont cependant l'effet a . été de foufrraire à la France
l'Ifle de Camarg ue & la grande braffiere du Rhône ;. Une
Conceffion de !'Empereur Frédéric I en faveur de l' Ar·
.chevêque d'Arles, abfolument étranger e aux Comtes <le
Provenc e ; Un Traité plufieurs· fois .renouvellé entre le
Roi & le Comte de Provenc e pour la vente commune
de leurs fels, dans lequel il n'eft fait aucune menr1on .de
la proprié ré du- Rhône ; Des Lettres de nos Rois ,0ü de
leurs Commifiàires ; lefquel1es ne concern ent qtJe la
grande brafliere du ~hône , objet étranger à la Caufe ;
Des Lettres _d'évocation au Grand- Confeil qui ne décident rien en faveur des Tribuna ux de Provenc e, non plùs
, qu'en faveur des Tribuna ux de Langued oc, & qui n'ont eu
aucun effet favorable aux prétentions de la Provenc e ; Des.
inféodations d'Ifles & Crémens faites par les Officiers de
Provenc e pour étendre leur jurifdiél:ion & fe procure r des
Titres ; enfin des Letrès furprifes à nos Rois comme Corn~
tes d~ Provenc e, à l'effet de confirmer ces inféodations
faites au préjudice des mêmes Rois comme Rois de France,
�DU
RH 0 NE.
1
39
de divers terreins particuliers, qui n'en font pas moins en·
core aauellement des objets contentieux dans diverfes
ï~frances admifes & pendantes au Confeil du Roi.
Il n'y a donc aucun de ces prétendus Titres , qui ait
opéré la création du droit de propriété que les Etats de Pro- Mem. p. 1;1:·
vence prétendent aujourd'hui avoir fur le lit entier du
Rhône depuis la Duran_ce jufqu'à la Mer, où par lequel
ce droit ait été tranfporté de la main du Roi propriétaire de
ce fleuve par tout fon cours, depuis plus de douze cens
-ans , da1zs celle des Comtes de Provence ou des Rois de
Provence, ou des Empereurs Rois d'Arles, Seigneursfuzerains des Comtes.
Ces A B:es qui embraffent les époques de 1 070 , 1 l 2 5 ,
1154, 1301, 1471, 1480, 1509, 1526, 15J2, 1543,
1544, 1549, 1557, 1575, 1596, l6II & 1627, ont été
joints en qualité de Titres confütutifs à la premiere Requête de lq Provence , fous les nombres 1 , 3 , 2 3 , 5 r ,
5J, 61, 63, 64 & 65, & à fa feconde Requête fous
les nombres 3' 35' 38' 39, 40, 42' 43, 44 & 52.
Il efr abfurde de conclure de ces prétendus Titres, que
le's Souverains de Provence font cenfés avoir fur le Rhône
Ibido
le premier de tous les droits, celui du premier occupant. Nos
Rois ont eu incontefiablement cette premiere occupation dès
l'année 53 4 , avant qu'ils èufient la Provence : Ils doi-vent donc êtr~ regard1s comme les vrais propriétaires du fleuve
du Rhône, d'un bord à l'autre & par tout fon cours, fuivant les propres expreffions de l' Arrêt du Confeil du 2 2
Janvier 1726. Que les Etats de Provence montrent le
Titre qui leur en a tranfporté la propriété, & qui l'a fait
perdre à la Couronne ; que leur vrai Titre de propriété lhzà.
paroijfè , & faffe taire celui du Roi comme Roi de France.
Si, au contraire, par les dix-huit Titres confütutifs qu'elle
/bitf.~
s ij
�PROP RIETÉ '.
prodùit , il paroÎt que l'objet _contentieux n'a pas été cédé'
à' la Provence , qui le reclame, & qui appuye fa reclamation
fur des Piéèes qui fuppofent la concejjion ou le tranjport de
propriété; il ejl canjlam que ces Piéc-es feront non-feulement _
impuijfantes , mais encore odieufes , comme renfermant une
fraude condamnable. C'efi:·la Provence elle.:. même qui prononce fa condamnation~
Titres produits par la Provence comme énonciatifi OU'
_ confirmatifs, & qualifiés : A veux, Declara.tions
& Jugemens en contradi aoire défenfe . .
•
Purs QUE la Provence n'a aucun Titre, qui ait trant::
porté des mains de nos Rois dans ' celles de fes Comtes
ou des Rois d'Arles , le droit que , les Monarque s ·'François ont eu incontefta bfoment dès le G-xieme ïiécle fur
tout le fleuve du Rhône, & que les Etats de Provence
s'attribuent aujourd'hui fur une partie de ce fleuve ; en un•
' Mcm~ p •. xp. mot puifque fa Provence n'a poinr de Titres primitifs,
conjlùunfi ou tranflacifs d'e propriété , comme nous venons·
de le prouver fans replique ; èeft envain qu'elle fe. vante·
d'avoir des Titres énonciatifs ' ou confirmatifs de cette propriété , & qu'elle prod.uir des Aveux, aes Déclaratio ns· &
des Jugemens, pour autorifer un droit, qu'èlle ne peut
avoir' d'ès qu'il ne lui a été ni cédé ni tranbporté par les
1hid.
.
légitimes propriétai res de ce droit.
Des Titres confirmati fs & 'énonciati fs, dans quelque
forme qu~ils foient conçus, ne font attrihutifs d~ aucun droit
nouveau. Ils fuppofent le droit , mais ils ne le donnent.pa s,
dit l' Auteur du Mémoire de fa Provence d'après ·Ie célèbre
Dumoulin~ Les Titres confirmatifs produits par la Prn~
�-D U It H 0 N E.
r:+c
~ence, lui fupp ofen t donc un droit qu'el le·
n'a pas, pui[
qu'il ne lui a pas été donn é ; & dès-l ors les Aveu x
qu'el le
p-réfente font ou furpr is oa contr ouvé s , les Décl arati
ons
qu'el le reven diqu e font ou fauffes ou fraud uleu fes;
& les
Jnge mens qui lui fupp ofen t ou lui conf irme nt un droit
ima•
ginai re , n'ont pû être rend us que fur de faux expo
fésou par furpr ife ou par conn iven ce., & ne peuv ent
avoi r
plus de fond emen t & d'aut orité que les moy ens
mêm es
fur. lefquels ils font appu yés.
Il reful tè de-là qu'on ne cfoit pas s'atte ndre à trouv er
plus d' Aveu x folid es, de Décl arati ons vala bles,
& de ·
Juge mens effeétifa en fàveu r du droit que la Prov ence
pré•
tend avoi r. fùr la parti e cont entie ufe du Rhô ne,
qu'o n ~
n'a vû jufqu 'à prefe nt de Titre s confü tutifs qui· lui
aienr
vraim ent.. & valab leme nt tranf porté le droit de prop
riété ·
fur. cette mêm e parti e. du fleuve.
En récom penf e , ,on peut efpé rer de retro uver d~ns fa
ma.._
niere de préfe nter les préte ndus Tïtre s confi rmat ifs, la
mêm e·:
méth ode de. r ifonn er qui~ été emp loyé e au füjet des
Titre s·
con!l:itutifs, & d'y reco nnoî tre le mêm e ton de ·conf
iance ,
les tnêm es artifices & le mêm e proje t dè prive r le Dom
aine& la Cour onne du Roi des çlroits qui leur appa rtien nent
de: ~
tout ·tem sfur tout le cours -du Rhôn e d'ün bord ·à l'autr
e.
Pour fçavo ir . au jufie à quoi s'err tenir .,. & en mêm
e ·,
tems pour ne faire perd re à la Prov ence aucu n ·des
a van·
tag~s qu'el le croit fe proc urer ; no us fuivr
ons auffi dansi
l'Exa men de cette fecon de Claffe de Titre s , la mêm
e mé- tl10de que nous avon s mife . en ufag e à l'éga rd des
Titre s 'de la prem iere Claffé ; & nous difcu reron s avec -la
mêm e ··
exaa itude chac une des feize .Pièc es, qui comp ofen
t cette ·
Îecon de Claff e, l'emp loi que les Etats de Prov ence
em
font , .& les indué lions q~'ils en tiren t •.
..
/
�PRO PRI ET .f:
- 14?.
N ° 24,prem.
Req.
§. I. · E N
Ou
INFOR MATIO N,
QUÉ T E
faite au lieu de Notre -Dame de
~e::/~~·~:: la Mer, au mois de Mai de l'année 1306 , par un Notaire
de Taraf con, en vertu- des O'rdres du Lieutenant du Sé.néchal de Prove nce, touchant les droits du Comte cfe
Prove nce for l'Hle de Stel, dans le territoire de NotreDame de la Mer.
'lbùl.
ARTIC LES
propofés par le Procureu~ du R·oi de Sicile,
Comte de Provence aux Evêques de Nevers & de Fréjus;
Commiffaires des Rois de France & de Sicile, concernantles
,droits du Comte de Proven-ce fur Avignon, Tarafcon, le CM..
·.teau de Boulb on, ~otre-Dame de la Mer, & l'Ifle de Stel.
drejfé au mois de Décembre ZJOJ
par les Evêques de Nevers & de Fréjus , Commiffaires
Meq. .
!l
em. 1b1d.
détermi·
Recap. P· 2r. chargés par les Rois de France & de Sicile de
ner auquel des deux Princes appartenoient _certaines Hles
du Rhône , nommées de Berno in, de Boi -Augier , de
Srel , de Mouton .& de Bertrand.
N °25;prem.
PROC ÈS- 'VER.B AL
C .Es trois AB:es ~ qui énoncent dt:s a1légations contra·
·diétoires & beaucoup de faits difficiles à concil ier, Tont
d'ailleurs produits dans une forme peu réguliere & peu
propre à en faciliter l'intelligence. Les articles propofés
par le Procureur du Roi en 1 307 , y précedent l'information du.Notaire qui efl: antéri eure, puifqu'elle aéré faite
en 1 ro6 ; & le Procès .; - verhal , auquel doivent être rap~
portés ces Articl es, eil: lui-même coupé en deux parties
par un autre Aae daté du mois de Janvier 133 3 , ( 13 34,)
étranger à la Commiffion dont il s'agit, & tout-à-fait inu·
tile. Nous expofons ici les Notices de ces Piéc-es dans
�DU
RH 0 NE .
1'4 l
l'or dre qu'elles doi ven t avo ir, &
nous les exa min ons enfem ble , par ce qu;elles rou len t fur
les mêmes obj ets &
ont le même bue.
1° L'in for ma tion faite
par un No tair e de Pro ven ce,
en ver tu des ord res du Sén éch al
de Pro ven ce , dans un
lieu qui n'efr poi nt contefl:é à la
Pro ven ce, a..u fujet des ,
droits du C9 mte de Pro ven ce fur
un terr ein ou une 1i1e
qu' on dit être dans le terr itoi re
de No tre -Da me de la
Me r, don t la Prove~ce jou it fans
opp ofü ion , d'a bor d, .
ne déc ide rien de pof üif fur ces dro
its , pui fqu e· !'E nqu ête
d'u n No tair e n'efl: pas une déciGo
n ; & enf uite , ne peu t·
avo ir auc un rap por t à la par tie con
ten tieu fe du Rh ôn e,,
dès que le lieu de No tre -Da me de
la Me r efl: dans lfl, Ca,,.
ma rgu e , qui étoit dev enu ë, Pro~en
çale dan s le, dou zie me fiécle , on fca
it
com
me
nt.
..
.
Il s'él eve cep end am une difficulté au
fojet de cet te Iile,
<le Ste l , qui paraît n'ê tre plus
con nuë fous ce no m, ,
& don t les Ecr its de la, Pro ven ce
ne déG gne nt la po!ition qu' en difa1it qu' elle éto it dan
s le terroir de No treDa me de la Mer. ' Plufieurs ind ica
tion s airez cla ire s, ou
• plu tôt des ind uét ion s jufl:es qui
réfu lten t de l'in for ma tion
don t il s'ag it, don nen t lieu de cro~
,re que cet te lfle eft
cel le qui dans que lqu es C~rtes géo
gra phi que s mod~rnes - ·
efl: nom mé e la petite ·Camargue, &
qui efl: formée par
les deu x bra nch es les plus Ori ent
ale s du pet it Rh ône .
Or , dans cas· là; l'Hle de Ste l ne
dev oir pas être dan s le ·
terr oir de Notre~Dame de la Me
r, pui fqu 'ell e ne faifoit .
poi nt partie de la Ca ma rgu e pro pre
me nt dit e, qui s'étoit:
tro uvé corn prife dans le lot cédé
au Co mte de Pro ven ce
en 1 1 2 5 , & où éto it pof é le lieu
de Nofr e-D am e de la
Me r ; & pm fqu 'éta nt for mé e par deu
x bra nch es du pet it ·.
Rhône qu.i fer voit de limite à ce lot
céd é , mais qµi n'a·
�P ·R 0 P R I E T P.
voit pas été cédé lui-mêm e à la Provenc e, comme on l'a
dit plus haut' cette me ne pouvoit ni apparten ir à la
<P rovence , ni être dans un terroir de Provenc e, dont elle
étoit féparée par le hras du fleuve qui fe jettoit dans la Mer
au Gras d'Orgon , & qu! n'appart ient point à la Provence..
Dès-là !'Enquêt e faite en 1306 par les Officiers de Provence, pour éclaircir ou plutôt pour autorifer le droit
' qu'ils prétendo ient {e procure r fur · rrne de Stel' nO)l•
feulemen t ne prouve point ce droit qu'ils foumetto ient
eux mêmes à une Informat ion , mais encore doit être
regardée comme une véritable ~ntreprife , & dans le
fait, n'efi qu'un Aéte émané de la jurifdi8: ion d'une feule
partie en .I'abfence & à l'.infçû de l'awtre. Les Officiers du
Roi en Langued oc n'y fu~ent pas appellés .
Voilà donc encore la Provenc e qui fe trahit elle-même
& qui .fournit des armes contre fon propre fyfiême , ou plu·
tôt des 1-umi-eres fur -les entreprif es 0i,fcur-es qu'dle a (i Couvent tenté de faire fur les droits de la Couronn e. On voit
que comme ce font lés Procureu rs des Etats de Provence
qui font connoîtr e ,eux-mêm es l'origine de leur poffefiion
illégitim e .àe l'lfie de -Camarg ue & de la grande braffiere
clu Rhône, en produifa nt le Traité de l'année II2 5, c0mme
leur premier Titre confl:itu tif; de même ce font encore
eux qui, par le moyen de !'Enquêt e .d e I 306, qu'ils produifent comme leur premier Titre confirm atif, ma,nife.f.
tent l'époque des e_n treprifes qu'ils on tentées alors fur fa
petite Camarg ue, -& rorigine de la poffeilion qu'ils s'en
font procurée .
En effet,. fi -~uelques-uns des témoins tant F rançois,que
Provenç aux dépofen t dans 1'Enquê te , comme qn le lit
dans le Mémoir e de la Provenc e, que l'Hle de Stel ap•
partenpi t .au Co.m te de Provenc e quî y percevoi r le.s
droits
�DU RH 0 NE.
·droits de ·pêche ., de bris & de n ~ ufrage ; qùe quand les
François vouloient y . pêcher, ·OH les chaffoit & on enlevoit .leurs filets ; & que la Vente de Pé.cais faite à la
-Cour 'de France par Bermond d'Uzès ne s'étendait que
·jufqu'au ·rivage du Rhône , fait abfolument étranger à
l'objet de !'Enquête; en revanche, d'autres téf)noins même
Provençaux dépofent au contraire que la Mai/en de SaintGilles en Languedoc avait fes pâtu-rages .dans ce_tte lfl.e .•.••.•
quel' fjle de Stei appartenait à la Mai.fan de Sain,t· Gilles ... ,.
qtte fos O.fji.ciers de la f ujlice d' At/{ues-mortes y e:;arçoieat
leur jurifdiélion &·y avaiem fait brûler _une femme quelques
.années auparavant.
H y a même un ;habitant de Notre -Dame de la Mer
·q ui certifie que lui témoin , s'érant tranfporté avec quelques autres dans l'Hle de Stel , ils y avoient tous vû le poteau à demi brûlé auquel cette femme a:voi.t été attachée,
& qu'ils l'avoient renverfé par zele pour la juftice de
N~tre-Dame ·d e fa Mer, qui cherchait donc alors à s'é·
tablir dans cette Hle. On rae rapporte ici .ces témoignages , que pour les mettre en oppoGtiol! avec ceux que
la Provence veut .faire valoir ; & .on lui laiiTe le foin de
co~ci!ier toutes ces -contradiétio ns, auffi- bie.n que celui
d'expliquer commen-t il a pû fe faire q.u e des habitans
d'Aigues-mo rt.es, fujets du Roi , aient acquiefcé & répondu .à .des affignations qui Les appelLoient en Provence
devan:t les Officiers Provençaux pour y certifier que la
France n'avoir point de droits fur l'Hle de S.rel, & corn-ment des F raRçois.ont pû porter des plaintes dans les Tribunaux de Prcwence & reconnoître pour JJges des Officiers Provençaux~ .çomme on le dit dans le Memoire de
la Pro.vence, préci.fément contre les droits d'un Tribunal.
F.rançois. 11 Juffit, pour !'.objet qui nous occ.upe, de fça·,
T
�-p R 0 PRIE T
~
voir que toutes les. dépolitions recitées dans l'Enqu~te ne
formen~ point une autorité , & que l'Enquêre qui les.
raffembie n'efi ni un Jugement ni une Déclaration.
2 ° On ne peut pas non plus regarder comme des déciûons les Articles propofés par Jacques Ardoyni ~ Procureur du Comte de Provence en préfence des Commif..
fa ires des deux Rois de France & de Sicile. Il n'y aurait
qu'à leur oppofer de même le dire du Procureur du Roi ·
Philippe-le-Bel. Les Articles propofés par ce dernier valent bien les autres au moins. 11 faut efperer que quelque
jour la Provence produira, dans une caufe fcmblable à
· celle d'aujourd'hui, comme autant de Titres viétorieux,
fes Requêces du 21 Aoufi 1764 & du 17 Mars. 1767 &
le Memoire même qu'elle a la coniiance de préfenter au
Roi & à Noffeigneurs de fon Confeil. Elle pourra donner alors la Confultation qui efi à la fuite de ce Mémoire,
pour un Jugement, une Déclaration ou un Aveu , & éri.
ger toutes fes allégations en aurorites ou en témoignages
irréfragables de fon prétendu droit fur la partie conte~
tieufe du Rhône.
3 ° Le Procès-verbal des deux Evêques ne juge rien fur
les objets conteités. Cet Aéte ne contient ·que les Lettres
de Commiffion données par les deux Princes , les récits& demandes de leurs Procureu~s, quelques informations
faites par les Commiffaires en différens lieux , & pas une
feule décifton. L'Article qui y eft le mieux éclairci &
traité avec le plus de détail, eft celui de l'Ine-Bertrand.
On y voit que les deux Evêques , les Procureurs des
deux Rois avec leu rs Notaires & tome leur foire fe rendirent au lieu de l'll1e-Bertrand le 11 Décembre 1 307 ;.
qu'ils y verifierent par l'infpeéhon des lieux que ce n'é..
toit point une !ile , mais que le lieu nommé communé-
�.
DU RHONE.
147
ment l'Iile ~ Bertranà, locum vulgarùer nominatum, lnful~
.de Benrando, faifoit partie de la terre ferme de France.
Sur quoi le Procureur du Roi Philippe-le-Bel fit contre
.la préfence de l'Evêque de Fréjus une proteilatioiii fem.
blable à une autre protefration faite ailleurs par le Procureur du Comte de Provence contre la préfence de l'Evêque de Nevers. C'eft cetre protefl:ation de !'Officier François , que les Etats de Provence appellent des tergi;,,er{a- Mem.pag.58~
tions , des diffi.cultés, des repentirs, des délais, &c. On
verra bientôt le motif fur lequel elle étoit fondée.
Il efi remarquable que l'Iile-Bertrand éroit la premiere
<:aufe & le ·principal objet du différend qui fubfifl:oit en·
tre les Officiers des deux Erats , & qui donnait lieu à ces
.operations des Commiffaires nommés par les deux Prin·
c'es. En 13o5, le Bailli Royal cl' A ra mon en France a voit Hdt de Lang. ,
o.. d J ·r.1·0.·
r.
l'If1 e- Bertran cl 'JUl. fiat.;ou
;r,.. To.IV,p.134.
f.ait. un Au:e
· e un1u1u10n iur
Hill. de Nit:..
· de La .terre J:erme
/'
de F.rance , aux termes du p roces' mes
parue
pag. ' To,
• I,
439
verbal que nou~ examinons. Le Sénéchal àe Provence
s'en était plaint par écrit au Sénéchal de Beaucaire, en
l'ab fence duquel le Juge-Mage de cetre derniere Séné·
chauffee avoir répondu que l'Ifle - Bertrand étant du
Royaume de France appartenait à la J urifdiélion du
Roi . .Alors les Officiers du Comte de Proven.ce , irrités
de cettt répcmfe, dit l'Hifi:orien de Nifmes, a voient eu recours aux voyes de fait , aux /ai.fies, &c.
De ces faits, qui font bien attefl:és, on conclud aujour•
d1rni en Provence que ce fom les Officiers de Beaucaire Mem. p. ;6
qui inquietterent ceux/ du Comte de Provence & que cette & 57•
contefl:ation ne fut élevée que par l'ambition de ces Qffi.
ciers de Beaucaire. Suivant cette maniere de raifonner,
dès qu'un Atl:e de Jurifdiétion fait dans le Royaume par
les Officiers de Beaucaire ou autres déplaira à la Provence,
T ij
�. 's
148·
P R 0 P R I E T É.
elle peut s'y oppofer, en venir même aux voyes de fait.:
Ce n'en feront pas moins les Officiers François qui fe,.
ront, dira-t-on , des difficultb contraires aux Tr.aités, &
qu1 donneront des inquietudes à leurs. voifins.
On dit encore ailleurs que [a tentative faite par le Lan-·
Mein. p. 133.
guedoc en t J o !J rejla fans effet & dans les termes d'une entreprifa mal concertée, de forte que la:. Pirovence continu(];
de jouir & de rejler en pe.ffe./fion , au lieu que le Langu.edoc , car c'eft toujours le Langued·0c qu'on nomme à la,
rejloit·
meure &.
place du Roi , cherchait tottjours à
point. Il eft facile , au refte de s'afi'urer fi la Prov~nce
poffede en effe~ & a j-amais poffedé l'Hle-Bertrand.
Il eil vrai qu'elle produi~ un ancien Titre, fous le nu.Mem. P•· 43., mero 7, premiere Requête· , & fous le nom de Vente ,de:
1 ~ecap• l' lfle de Bertrand avu [es Accrémens; que par. cet AB:e·
datédu 9Février i217,(12;28,) RaymondBretusde.Bul:.
bone vendoit à Etienne Canon de Daramon, Daramo·
nenfi, trois portions de terre fi.tuées dans Bertranne, quœ·
font ùt B ertranno , 1 de la contenance de vingt fefierées.
mefure· de .Seaucair·e; & enfin qu~un Berenger de Boulbon , de Bulbone, Cofi"eigneur de ces terres con..jointement avec le vend-eur Raymond, en. reçût les droits de·
Lods & enfaiGna l'A:éte. Qu.e refulte-t il d~là ? En fuppofant avec les Etats de Provence que ces terres fuirent
dans le lieu de l'l!1e-Bertrand, ce qui n'eft ~ioo m0ins que:
clair; ""t>u que· Berenger & Raymond fuffent Provençaux ,
& qu'Etienne fût Franç0is, ce qui n'<dl ni exprimé ni in··
finué dans l'AB:e; s'en fuivra-t-il que ces terres fuirent à.
la Provence qui rr'eR: pas même nommée ; qu'elles rele·
va!fent du Comte de Provence, d0nt il n'eft pas parlé;;
que la vente de ces vingt fefterées de terre fituées dans,
sy
ny
!
/
.Benranne., foit la. vente- de l'H1e-Bei:trand av.ec fes Accr~-
�DU RH ON E •.
J 49
mens' ? Si ces terres étoient Prov ença les, pourquoi leur
~tenduë efr#elle déterminée par la mefure de Beau
caire,.
où Pérégrin Latinier étoit alors Séné chal Roy al? Pour
quoi les droits Seigneuriaux ne font ils pas payés au Com
te
de Provence, mais à Berenger feulement? Pour quoi l'
Aae
n'efr-il pas du moins autorifé par ce Com te? Il vaut mieux
.
abandonner ces ohfcurirés & revenir au Procès-verbal
de
1307 , qui mérite de plus d'"une man.iere l'attention
que
nous lui prêtons.
Parc e que le roi Philippe-le-Bel dans les Lettres de
commiffion qu'il adreffoit à l'Evêque de Neve rs le
13. ·
Aoû t 1307 , parla nt des Hles qui faifoient l~ fujet de
la
contefl:ation élevée entre les Officiers des deux pays , ex~
pofo it qu.' on difoit qu)l y avoit des doutes for leur dépe
n.•
danc e, de quibus dicùu.r in dubium revocari zurùm ad
Nos
vel ad Rege m Siciliœ debeant perti nere; Les Etats
de Provenc e préte nden t que ce Princ e rega rdoit lui-même
fls Mem,. p; f~~
droits fur le fleuv e .comme très·-problématiques, qu'il
R'étoït
poin t certa in des droits de la Fran ce fur le Rhôn e, que
quand. il parle de fes droits , ce n'eJl tou_jours q,ue par des
Id. pag .. 59,;;.
doutes & comm~ de prétentions' problématiques.
·
Si cette Caufe 1·egardoit les Etats - de Languedoc,. iIS
feroient bien en droit de renv oyer à ceux de Prov ence
leur prop re raifonnement , & de foûten.ir , en adoptant
ce fyfl:.ême,. que, quan d le Com te de Pi:ovence parle
·
de fes droits fur le Rh0 ne, ce n~efl: toujours que par
des·
doutes & comme de prérentions prob:lémar.iques : car
ce
Princ e dit précifoment de même dans. fos Lettres ad.re
ffées à rEvê que de Fréjus le 30 Novemhre de la mêm
e
année , au fuj.et des Ifles en qu~füon : De quzb.us dicitur
iiz'
dubiu m revocari utrùm ad Nos vel ad Rege m Fran
corum
Jebeant. pertinere. En conféq,uence il donne. pou.voir aux;
�1)0
PRO PR -IETÊ
deux Commi tTaires , comme le Roi Philippe -l e-Bel le
leur avoir donné, de remettr e les lfles comefi ées à celui
qu'ils jugeroient devoir les potTed er; Reddentes infulas /upra diélas illi, ad quem vos ambo noverùis pertinere.
Il efr vrai que Philipe -le-Bel , dans un autre endroit
de ces mêmes Lercres , ol.1 il ne s'agit plus des Hles en
quefüon , mais du droit que le Roi de Sicile, Comte de
Proven ce , prétendoit avoir- [fu r certains lieux en-deçà
du Rhône , de ] ure quod idem Rex Siciliœ afferit fe habere
in quihu/dam aliis locis & rehus cùrà Rhodan um exijlemi/;us ; obferve que ces lieux paroiffoient & devoienr vrai . .
femblablement lui apparte nir comme Roi de France ,
Cùm videantur & debeam ad ]\los vero fimilue r perti;zere.
Là-deifus la Proven ce fe recrie : Eïr ce-là le langage
d'un Prince qu'on fuppofe être certain de fa Souveraineté fur le Rhôn·e ? En conféq uence, après avoir fup ..
po(é elle -même que par. rapport aux Ines le Roi a<lop·
toit des doutes qu'il ne préfente cepend ant que comme
des propos qui lui étoient revenus par oui-dire , & que
dès-là il étoit incertain ~ de fes droirs jùr le Rhône , dont la
propriété n'étoit foulement pas en quefüo n dans cetre af.
.faire ; de même elle conclµd du langage que le même
Prince employ e au fujet des lieux füués dans le Royaum e,
Mem.pa,g.5S. qu'il ne combat les pdtenti ons de fan voifzn que par la vrai·
(emblance: comme fi le Roi s'étoir propofé dans fes Lee ..
tres de combattre les prétentions du Comte de Proven ce,
ou comme s'il avoit dû y décider la quefüo n.
Il l'aurait décidée en effet, s'il avoir dit affirmativement que ces lieux fi rués en-deçà du Rhône ,devoie nt véritablement apparte nir à la France , & alors il auroit été
inutile qu'il chargeâ t l'Evêque de Nevers de vérifier fon
<l roit. Mais dès que par ménage ment pour ·1e Comte de
�D U RH 0 NE .
rp
Pro ven ce , ou par d'a utr es rai fon
s, il ne vo ulo it pas éno n·
cer fan dro ir & fe conr.enroit
de le faire vér ifie r, il en
dif oit affez en rem arq uan t que
ces lieu x dev oie nt vra ife m·
bla ble me nt lui app art eni r. Per
fon ne n'ig nor e com bie n le
vra ife mb lab le app roc he du vra
i, fur -to ut dan s cercaines
difcuffions ent re Pri nce s qui fe
fon t des éga rds les uns po ur
les aut res ; & per fon ne ne pre
nd ra des claufes de fiy le
ou des expreffions ado uci es &
mé nag ées po ur des preuv~s
r!e dro it.
D'a ille urs il ell: inc ont efi abl e auj
our d'h ui non -fe ule me nt
que les pré ten tio ns du Co mt e de
Pro ven ce fur les lieu x
qui fon t en- deç à du Rh 6n e &
dans le Ro yau me n'a voi ent
pas plus de fon dem ent alo rs,
que n'e n on t les ent rep rife s
aét:uelles des Erars de Pro ven ce
fur le lit ent ier du Rh ôn e;
.mais- enc ore que le Ro i Phi
lipe- le- Be l n 'ig nor oit po int
l'in juf lice de ces pré ten tio ns. Ce
Pri nc e, qu i, dans le rems
do nt il s'a git , éto it par tic uli ere
me nt oc cu pé , fui van t le témo ign age des Hif tor ien s , à fair
e rec onn oît re & aff erm ir
fon aut ori té fur le tem por el
des Eglifes de Vi vie rs, du
Puy~ de Me nd e & de Ly on
, ainfi qu e fur plu fie urs Do maines & Fiefs riv era ins , ou
voifins du Rh ôn e , ne peu t
pas êtr e fou pço nné d'a voi r dou
té des dro its que fa Co uron ne avo it de rems im mé
mo ria l, & n'a voi r poi nt ceffé
d!e xer cer par ell e-m êm e ou
par fes V airaux fur tou t le
cou rs de ce fleuvè , & fur tou
t 1€s pay s bai gné s par fa
riv e droite.
Enfin la fimple Iea urc des tro
is Pie ces don t nous nou s:
occ up on s, foffic po ur pro uv er
que , dan s la contefl:ation
qui en efl l'ob jet , & ·qui au fur
plus ne fut rer mi néé par
auc un Jug em ent , les Do ma ine s
fimés à la dro ite du Rh on e,
no n plus que la pro pri été & la
fou ver ain eté de ce fle uve
ne furent po int en quefiion.
Le s pou voi rs que les deu x
�PRO PRIE TÉ
Princes confierent à leurs Commiifaires , n'avoient pour
objets que quelques Hles qui avoient occafionné àes differends entre leurs Officiers. Le feu1 lieu de l'Hle· Bergand ,
quoiqu'appartenant à 'la terre ferme du Royaum e , fut regardé & traité comme une des H1es conte!l:ées, à caufe
<le l'équivoque qui éroit occaGonnée par fon nom, & dont
les Provençaux a-voient a'bufé pour étendre leurs entre·
pr'i(es fur ce lieu en qualité d'Iile.
Auili doit on remarquer que, lorfqu'il s'agit, dans les
Lettres de Philippe le Bel , des lieux füués en deça du
Rhône, ce n'dl: p'lus aux deux Evêques qu'il renvoye la .
connoiffance de leur dépendance , comme il le fait par
rapport aux lfles conteflées ; mais c'e!l: l'Evêque de Nevers feui qu'il c'hcrrge , non pas de décider à qui ces Ifles
appartie nnent, mais d~en faire l'information & de lui en·
voyer fon Enquête. Et voilà pourquo i le Procure ur de ce
Pri"nce prote!l:a contre la préfence de l'Evêque de Nevers,
lorfqu'il fut vérifié que le lieu de l'Ifle·- Bertrand n'étoit
po"int une Hle & appar,tenoit à la terre ferme du Royaume.
Sans préteridre jener des foupçon s for fa fidé1ité des
Titr~s que les Procureurs du pay~ de Provence produ·j..
fent, ne peut - on pas refever dans le Procès-verbal des
deux Commiffaires, une Gngularité qui ne doit pas avoîr
échappé aux yeux pénérrans des Pr~vençaux, mais qu'ils
.ont apparemment jugée affez Iegere pour n'être pas apperçue par le Confeil du Roi? Le Procès-,verbal e{l: du mois
de D~~embre de l'année 1307; & Les Lettres par lefquelles
le Roi conne fa Commiffion à !'Evêque de Nevers, font
du 3 1 Août précédent. Ces da·tes font préeifement énoncées
clans 'le Procès-verbal & dans les Lettres ; & ces Lettres
citées dans le Mémoire de 1a Provenc e, fuppofent que
Robert d'Anjou étoit alors Roi de Sicile & Comte de
P.rovenc.e
�DU RH 0 NE.
Provence ;. Inter terram nojlra~ & terram. magnifici Principis Ro.herti, .Dei gratiâ Jerufa!em & Sici!iœ Regis , &c.
Cepen dant l'Hifio irc atrcfle que le Princ e Robe rt ne pof- Hifl. de
Prov;
feda le Comt é de Prove nce & les Roya umes de Jérufa lem T. n, P· 334
•
& de Sicile qu'apr ès la mort de Charl es II d'Anj ou, qui ·
vivoit encor e .en 1 307, qui ne tefia qu'en 1308 , & qui
ne mour ut qu'au mois de Mai de l'anné e 1309 , après
avoir regné vingt- cinq ans. Nous ne nous charg erons pas
d'écla ircir ou de ' corrig er cet anach ronifm e. C'efi à la
Prove nce à jufüfi er les Titres qu'ell e invoq ue.
Malg ré les attent ions , les efforts & les artifices même s
que la Prove nce emplo ye pour tirer avant age de trois
Aétes qui ne décid ent & ne prouv ent rien de ce qu'ell e
a intérê t de faire croire , les Procu reurs de fes Etats n'ont
pû fe diffimuler le peu de fruit gu'ils en pourr oient re-cueill ir , & ont fenti que ces Ael:es avaie nt .b.€foin d'ê...
tre appuy és de quel que autori té déêiti ve. Pour cet effe,t,
ils ont appel lé à leur fecou rs le propre tén?oignage d'un Mem.pa
g.;~
Auteu r Languedocien moins prévenu difent-ils , pour fan
pays que les Bénédic1ins qui ont comp ofé l'Hifio ire générale de la Provi nce de Lang uedoc ; & ils' rappo rtent le
Jugem ent que le fçavan t Hill:orien de la ville de . Nifmes
a porté fur la· contc fiatio n élevée entre les Officiers du
· Roi & ceux du Comt e de Prove nce au fujet de l'H1eBertr and, en · ces propr es terme s : · "C'ér oit-là . le corn- Hifi. de
Nif. t d'une· quere Il
· caure
r
d
n menc emen
.
mes
,
To.
e, qm· pouvo1t
r e v1- pag.
• I,·
439
u ves brouil leries enrre le Roi de Franc e &
celui de Si» cile. La déciGon étoit entierem~nt inhéra nte à .celle
fur
,, la quefii on de la fouve rainèt é du Rhô;1c : quefü on ,
u qui , dans la fuite , efi deven ue inutile par
la réur1ion
,., des Provi nces mérid i.o nales à la Couro nne ; mais qui
» étoit alors très-fé rieufe ; d'auta nt plus qu)l n'efi pas
V
.·
•
�PROPRIE TÊ
,, auffi certain que le prétend un Moderne , que Ia fouv~
,, raineté & la pr.oprieté fur le Rhône d'un bord à l'au.
I
.
,, rre, quant à la Provence, aient tou1ours appartenu à nos
,., Rois à raifon de la poffeffion du Languedoc. Divers
,, Monumens du rems, dont le détail n'efr pas de m~n
,, fujet, fourniifent de fortes preuves du contraire.»
Plus l' Auteur judicieux a fçt2 apprécier les droits du Lan~
W1J1. p. 60. guedoc en général, comme le difent les Procureurs du pays
de Provence, plus fon autorité a de poids dans ·cette matiere , & , par cette raifon , plus il devient néceffaire de
prévenir l'influence qu'elle pourroit avoir fur la Caufo
préfente. On ne peut _donc fe difpenfer de pefer fon té-moignage & de faire quelques C?bfervations fur fes jugemens, fans déroger ni à. l'efrime que meritent les talens
bien connus du célebre Académicien qui a donné l'Hif.
tbire de Ni(mes ni aux égards dûs ~à la qualité de Languedocien , que les Etats de Pr.ovence lui donnent , & qui lui
convient ,. finon par la naiifance, puifque dans la vérité
J11:anre Litte· il efl né Provençàl
à Tarafèon en Provence du moins
raire, an.1756
. • . ·
'
. ':1"
.
'
.
& 1758.
· par fon origine , fes emplois, fes h"bitudes , fes ferv1cesLittéraires , fes é·rabliifemens & ceux de fa famille.
1 ° La décifzon d'une querelle muë entre les Officiers,
François & Provençaux au fujet du lieu de l'lile-Bertrand dans la terre ·ferme du Royaùme & même au fujet
des Hles de Bernoin ,. de Bois- Augier , de Stel & du
Mouton, n'étoit point inhérente à la q.ueflion de la Souveraineté du Rhône. Auffi ne fut-if quefüon ni de la pro·
prieté ni de la fouveraineté de ce fleuve dans le Procèsverbal dont on vient de parler; & il n'en fut fait aucune
mention dans les Commiilions données par les deux Princes aux Evêques de Nevers & de Fréjus. Leurs.Commiffi~:ms n~avoient pour objet, comme on l'a dit plus haut.,
�DU
RH 0 NE.-
que quelques Ifles relativem ent au rivage- du Rhône :
Vohis committimus & ntandamus quatemis ad panes ripariœ
Rhodani perfanaliter attendentes de lnfulis B arnoini, B ofci
Augerii, B enrandi, Stelli & Mouronii, &c, difent les Lettres du Comte de Provenc e. Les prétentio ns de ce Prince
fur les Ifles en quefüon n'étoient rien moins que des droits
certains , de quihus dicùur in duhium revocari; & en fuppofant que ces prétendu s droits euifent été jugés réels ou
accordés par la Commif fion, ce qui n'efr pas , puifqu'il
n'y fut rien décidé, il ne s'en fuivroit pas encore que la
fouverai neté du Rhône eût été reconnu e apparten ir au
même Comte de Provenc e. Le Roi étoit fans doute le
maître de céder ou de fai1Ter au Comte ou à qui bon lui
fembloit quelque terrein , quelque Crémen t ou quelque
Hle du Rhône, comme en effet il lai1Toit ce Comte jouir
de la Camarg ue , de la grande braffiere & des Hl.es qui
s'y étaient formées , fans pour cela lui abandon ner la fou·
verainet é du lit entier de la partie _contenti eufe du fleuve.
Quand on veut juger des droits refpeébf s du Langued oc
& de .la Provenc e , on ne doit pa,rler de la quejiion de lei
fouveraùzeté du Rhône qu'avec beaucou p de précifion .&
d'exaétir ude , pour ne pas confond re le droit du Souverain avec les droits de ces Provinc es, qui lui font fourni·
Ies chacune à fa maniere .
2 ° La quejlion Je la fouveraineté du Rhône efr en effet
devenue inutile, par la raifon que toutes les Province s
méridion ales Ùnt du I,loyaum e que de l'Empire , à l'exception des Comtés de Venaiffin & d'Avign on , que le
Roi vient de mettre fous fa main, ont été foumifes à Sa Majefié depuis bien des années, & reconnoi !fent il y a long- ,
tetns fa Souvera ineté ; mais elle n'efi pas devenue inutile
. par la réunion de ces Provinces à la Couronne, comme le
V ij
�156
PR 0 P R 1 ETÉ
dit l'Hifio rien de la ville de Nifmes; puifque fans parler
' dts autres contré es affifes fur la gauch e du Rhône , qui
ont appart enu à l'Emp ire, & qu'on appell e encore impropre ment La pan de L'Emp ire, la Prove nce , quoiqu e
foumife au Roi, n'eft encore , & ne veut être fubalte rnée
ni au Royau me ni à la Couro nne de France . Il eft donc
vrai que la fouver aineté du Rhône ne doit pas être en
qùdlio n , & elle ne devoit même pas y être dans le quatorziem e fiecle , parce que ce fleuve appart ient à la France
depuis plus de douze · cents ans : . & il n'eft pas moins vrai
que c'efr mettre en qu,e fiion cette fouver aineté , que de
fuppof er que la Couro nne de France en a été & en eft
encore privée , & que le E.oi n'eil: Souve rain du Rhône
depuis la Duran ce jufqu'à la Mer, que comm e Comte de ·
Proven ce & non comm e Roi de France .
3° Jamais le Moder ne n'a préten du, que ce fût uniquement à raifon de La poffeffion du Languedoc, & feulem ent quant
à La Proven ce , que La proprie té & La Jouver aineté du Rhôn~
d'un bord à l'autre aient toujours apparte nu à nos Rois. Les
Hifl:oriens du Langu'e doc ont dit fouven t, de plulieu rs façons , avec raifon & confor mé ment à· 1à vérité que ~os
Rois ont exercé dans tous les tems leur Souve raineté fur le
lit entier du Rhône , qui fait pa~tie de la Provin ce de Languedo c depuis les frontie res du Lyonn ois jufqu'à la Mer.
C'eft que ces Hifi:oriens fçavoi ent que nos Rois ont toujours eu de... droit Royal , & à raifon· de leur Couro nne
la fouver aineté ou média te ou imméd iate , ~ fuivan t les cir..
confia nces des rems , fur ce fleuve & fur les pays baignés
par fa rive droite & réunis aujour d'hui fous le nom colleétif
Langu edoc; & que ces mêmes Hiilor iens avoient
trouvé dans leurs recher ches mille preuve s de la véricê
.énoncée dans !'Arrêt du Confe il du 22 Janvie r 17 26,
de
ou
�DU RH 0
NE.
Sa Maje flé vena it de décla rer que tous l'es Rois Ces prédécef feurs ont toujo urs été main tenus comm e Rois de
.
Franc e dans la fouve raine té & propr ieté du Rhôn e par
~ tout fon cour s, d'un bord à l'autr e , tant dans
fon ancien que -dans fon nouv eau lit. Voilà , dans la vérit é, -ce
que le Moder~e a prétendu , & tel ei1: effen tielle ment le fàux Mem.
p. 60~.
raifonnement des Bénédiélins , qui a été , dit-o n, découvert
,& évité par l' Hijlorien des- N ijines.
4 ° Le détail des Monumens du tems , qui fourniffent,
diton, de fanes preuves de la perte qu'on fuppo fe avoir été
faite . par nos Rois .de la propr iété & de la fouve raine
téfor le Rhôn e d'un bord à l'autr e, étoit certa inem ent du,
füjet d'u31e Hifro ire, où l'on apprécie {es droits du Lang ue·
doc, & par confé quen t ceux du Roi comm e Souv erain
·
de la provi nce de Lang uedo c, & où l'on s'éten d beaucoup fur quant ité d'aut res objet s moin s intérd fants . Ce·
détail étoit d'aut ant plus conv enabl e & fetoit d'aut ant plus·
préci eux, que !'Aut eur étoit à porté e & devo ü être plus.
en état que tout autre de corn parer · l'auto rité des ·Monu
mens qu'il anno nçoit & qu'il conno iifoit fans doute , avec les
.
droits légiti mes de fon Souv erain ; avec les princ ipes conftamm ent fuivis & défen dus par un Tribu nal où il a joui
penda nt -plus .de quara nte ans d'un Titre hono rable ; avec
les interê ts effentiels de fa Patri e au moin s d'orig ine &
d'hab itude , qui l'a déco ré de la qu~lité de Citoyen &
Hifi• .deNif•
, 'a rion tour par une H•fl.
. re, laquc Ile quoi- mes,T o.VI
qu "I !L a z·z;,a
u_;.ree
1n01
Pr. pag. :io8-que plus moderne encor e que l'Hifr oire génér ale de la pro- 20
&
9·
vince de Lang uedo c, qui lui a été Couvent utile , n'en doit
pas moin s deven ir, dit-on , au jugem ent des fçava ns & du
Jbitl,.
public , le modele des Hijloires particulieres ; & enfin avec
les maxim és adop tées & confe rvées avec foin par les mê-
/
�PROPRIETÉ
mes Etats généraux de fa véritable province, qui. ont applaudi à fes travaux & confenti à la jufie récompenfe
d'un Ouvrage, qu'ils n'avoient pas fujet de croire devoir
être préjudiciable à leurs inté.rêrs.
§. II. . Ac TE DE N 0 TA 1 RE
N o29,prem.
Req.
1327, concernam les
à Beaucaire le 3 Aoul7
Pafle
J"
'li'
poj[ejfèurs .de fonds dans l'Jfle de Lubieres. .
Mem. p. 61.
Recap. P· 2 5· .
L'ISLE de Lubieres, qu'on âit avoir été emportée par les
ravages du Rhône, & ne plus ·e xifler, n'en. jouë pas moins
un grand rôle dans les Ecrits de la Provence , & elle y reparoît fouvent fur la fcêrie. Ici , fans indiquer oil elle
·étoit fouée, on fe contente de dire, fans le prouver, qu'elle
·étoit différente d'un quartier, qui eft en caufe aujourd'hui
·dans une infiance particuliere au Confeil du Roi , fous
le même nom de Lubieres ; qui .d'ailleurs porte tous les
caraB:eres propres à faire connoître qu'il a été anciennement une Hle du Rhône ; & que la Communauté de Ta·
-Tafcon foutient au contraire devoir appartenir & avoi!
·t oujours appartenu à la terre ferme de Provence. Quoi
qu'il en foit-, les Etats de Provence aprè~ avoir fuppofé
que 1'111e de Lubieres & tout le cours du Rhône depuis
la Durance ont fait partie du lot cédé en 1 125 au Comte
-Oe Provence par le Traité de partage dont on a parlé
plus haut, par la raifon que Lubieres & le cours du Rhône
font - fp~cifiquemént defignés dans ce Traité comme limites de la terre cédée, prétendent aB:uellement que cette
même lfle de lubieres appartenait à la Provence en 1327,
parce qu'un Officier du Comte de Provence l'a dit alors
en préfence d'un Notaire de Be~ucaire ; cùm, ut dixit J
�DU RH ON E.
infula Luperiarum fit in omnimodâ jurifdit
lione Dom ini Re-
gis Rob eni ; & ils veu lent qu'o n cro ye
que les Off icie rs,
de la Sen ech auff ée Roy ale & de la
Vig uer ie de Bea u·
cair e fure nt fi con vain cus , fi pén étré
s de cett e allé gation s den uée d.e pre uve s , qu'i ls fe
vire nt obligé~ de
déf avo uer une 0 -rdo nna nce qu'ils s'ét aien
t avifés de don ner
& de faire pub lier à Bea uca ire le 2 7 Ma
i 1 3 27 , por tan t·
injo nB: i9n aux hab itan s de Bea uca ire
& autr es Fra nço is
poffeffeurs de fond s dan s l'Hle de Lub
iere s, de que lqu e
état & con diti on qu'ils fuffent!, d'en fair
e déc lara tion à ladite Cou r Roy ale de Bea uca ire.
L'O rdo nna nce don t il . s'ag it, fa pro clam
atio n 0°u crié e,,
fü dem and e, l'inf ianc e & le tém oig nag e rien
moi ns qu'i mpar tial de rOf fici er de Pro ven ce, la rév
oca tion de la crié e ·
& de · tout es autr es fcm blab les ' & enfi
n tout es les cir•
con fian ces de ce fait , fi c'ef r un fait
, fe trou ven t confi,..
gné es dan s un fimple . AH e de No tair
e, fort · cou rt , très info rme , . pre fqu e inin tell igib le-, ou du.
moi ns plu_s obf cur .que le réci t que nou s- v~nons d'en fair
e. Tel efr le Tit re
que la Pro ven ce don!fe pou r pre uve
de fa pro prié té du
" , & en rnem
Rh one
" e tem s p01.u . tem
' o1g
. nag e cl'une nou- Mem. p:
. 6i~.
'velle entreprife du Languedoc fur l' ljle de
Lubieres.
.
Sans exa min er le mér ite & l'au tori té
d'un par eil Titr e ,.
qui n'ef i cert aine men t pas un Jug em ent
; nou s :rae pro po·
ferons que cett e alte rna tive fur l'ob
jet don t il
que ftion : Ou l'Hle de Lub iere s app arte
nait alor s à la Pro ven ce com me le pré tend ent fes Eta ts
; ou bien elle appar tena it à la Fra nce , com me en effe
t la par tie con ten- .
tieu fe du Rhô ne & tous fes !ile s lui
ont tou jou rs appar:.
tenu . Dan s cett e der nier e fup pof itio
n, le dire . de !'O fficier Pro ven çal fero it faùx, la pré tend
ue rév oca tion qu'o n
efi
�PROP RIET Ë
attribue aux Officiers de Beaucaire ferait ou ridicule ou
impoiiible , & . pour tout dire ~n un mot , l 'AB:e produit
ne ferait qu'un tiffu d'abfurdités qui fautent aux yeux:
& qui révoltent. Si au contraire, cette Ifle appartena it à
la Provence , foit en vertu de quelque ceffion, que nos
Rois , feuls vrais propriétai res du Rhône & de fes Hles ,
auroienc pû lui en faire, ce qu'il faut prouver; foie par
l'acquifition que quelques particuliers de Provence auroient
pû faire des terreins de Lubieres, auquel cas l'Ifle n'en
auroit pas moins dépendû foncierem ent de la France; foit ·
par une ufurpation infenûblem ent accréditée ·, ce qui feroit un mauyais Titre pour la Provence ; alors la Cour
Royale de Beaucaire n'en auroit pas été moins endroit
d'ordonne r que tout habitant de Beaucàire ou autre fournis .
à fa J urifdiB:ion , qui poifedoit d_es fonds dans cètte Ifle,
en fît fa déclaratio n à ladite Cour. L'autorité du Sénéchal
ou du Viguier de Beaucaire. fur les fujets du Roi propriétair'es ou non de quelque portion de Lubieres , n'inrer.ef·
foie point les droits que la Provenc~ auroit eus fur certe
me dans la fuppolitio n' & les déclaratio ns faites par ces
propriétai res à la Cour de Beaucaire ne pouvoien t chan·
ger le fort de l'lfle fuppofée Provençal e.
Auffi les Etats de Provence font-ils obligés de ' fuppofer contre les apparenee s & fans que leur AB:e en dife
un feul mot, que l'Ordonna nce des ,Officiers de Beau~ .
caire concernoi t les Provençau x propriétai res de fonds
dans l'Hle Provençal e de Lubieres. Mais dans ce cas-là
même , l'AB:e qu'ils prod'uifent n'en fera pas moins ex·
traordinai re , poJ.Ir ne rien dire de plus. Car, en admettant toutes les parties de cette fuppoGri~n, le moyen le
plus raifonnabl e , le plus fimple & le plus affuré pour
empê~
�D
tJ RH 0 NE .·
emp~cher ou détruire les_ effets
de l'entreprife fuppofée ,-
éto it que le juge de Pro ven ce défend
ît à fes Provençaux:
de Lubieres d'obéir à, !'O rdo nna nce de
.la· Co ur de Beaucaire. Dès-là cette' Ord onn anc e tom
bai t d'el le-m êm e,
comme tamberoit une Ord onn anc e de
l'Empereur de la
Chin~ qui appellerait les habit ans d'A
rles à Pe~in, pou r
y faire la déclaration de leurs biens.
Sans doute que le ·
Jug e-M age de la ville d'Arles -ne fe tran
fporteroit pas à.
la Chine pou r y faire rév oqu er cet te
Ord onn anc e.
Qu el -droi.t a voit !'Officier ~e Pro ven
ce de venir à
Bea uca ire, dans un Roy aum e étra nge
r_, faire rév oqu er
les Ordonnances émanées du Souv.er
ain de ce Roy au.me
ou de fes Cours
Où trou ver un· exemple d'une pareille
dém arc he ? A·t-on jamais vû qu'un
Jug e vînt dans un
Eta t voiûn demander ave c infrance à
un No tair e de cet
Eta t de rév oqu er une Ord onn anc e pub
liée par ord re de
la Cou r du même Etat & les autres Ord
onn anc es fembla .
bles , Qµam prœconifationem, & alia s,
Ji quœ faélœ fuerint
r
· per Curiam Bellicadri ••• ••. ~ peti it
cum injlantiâ revocari ?
Efr-il vraifemblable que fur cette dem
and e, au moins in·
foli te, les Officiers de la Sénéchauffée
& de la Viguerie
de Beaucaire aient , ou fouffert ,- ou ord
onn é, comme on
le dit , qu'un !imple Notaire défavoufit
ou révoquât leurs
Ordonnances ? On auroit honte de s,ar
rêter fi. long-tems
fur un pareil Aa e , fi les ind uai ons
que ·la Pro ven ce
en tire , n'avoient forcé d'indiquer en
gros les vices &
les abfurdirés- qu'il préfente. Au furplus
il efr évid~nt que
cet Aéte ne re!femble aucunement à un
Jugement en con ·
tradiétoire déf enf e, & que deux cen
ts Aéte$ pareils ne
pro uve roie nt jamais que la propri~té du
Rhô ne app arti ent
à la Pro ven ce, .au préjudice & à l'ex
cluûon d~ la Co u.._
ronne de Fra nce ..
·
) .
�/
P.R 0 P R I.E
N°p.,prem.
§. I 1I. p R 0
TË
.
c Ès . VER.BAL
~:~·.pag. 91 • Du 7 Avril 1474, au fujet d'une Barque chargée
en contravention des ordres du Roi Louis XI,
'Recap. P· 33·
laquelle avôÙ été pourfuivie fur le Rhône &[ai.fie au port de Trinquetaille par le Lieutenant de'
la S énéchaujfe~ de B eau'caire.
CET Aél:e fait récit de toutes les propofitions & prétentions refpeél:ives du Lieutenant de la S~néchauffée de Beau..
cair·e , d'une part , & du Viguier de la Cour d'Arles conjointement avec l~ Juge & le Procureur de !'Archevêque"
d'Arles, Seigneùr de Trinquetaille, de l'autre part. Ceux-çL
fe plaignaient de ce que !'Officier François avoir pourfuivi
fur le Rhône & faift dans ie port de Trinquetaille qui efr
àe la Camargue & fur la 'grande braffiere du Rhône une
Barque chargée de bled' pour les Catalans avec lefquels
la France étoit en guerre. Ils donnoient pour mmif de leur
plainte, que le' Rhône appartenant au Comte de Pro- ,
' vence, nul autre n'a voit droit d'y exercer des aél:es de ju~
rifdiél:ion.
On raifonne encore aujourd'~ui de même en. Provence
& on y produit des Titres qui prouvent que la Provence
jouit de la grande braffiere du Rhône , pour en conclure ·
que tout le Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer doit"·
être fournis à la jurifdiél:ion Provençale.
D'un autre côté le Lieutenant de BeaUcaire répondoit
à cette allégation générale)ar une propofition générale,
mais plus .vraie dans fa généralité ; & il difoit qu'il avoit
eu droit de pourfuivre la Barque fur le Rhône· qui appar..
tient· au Roi de France , quem Rhoclanum affetuit ipfe lo"!'.
tum zenens _e.ffe diéli Serenijfimi Francorurtz Regis,,.
�·' DU RH 0 NE .
Il faut croir e que l,es Officiers Prov ença ux reco
nnurent le droit: .qu'ayoi~ ,.eu le Lieu,tenant. de. pour fuiv
re la
Barq ue f ~r lè Rhô ne ; pu ifqu'jls lui prom iren t
de faiftr
·eùx -mêm es cette Barq ue ·& de lui reridre bonn
è jufü ce ,
{e iédu ifant à répo ndre que le lieu <l'e Trin
quet aille n'était poin t foùmis à la jurif diéti on du Roi ; refpo
nderunt &
dixerunl Seren~ffem_um Dom inum Francorum R_eg
em nul!am
hahere jurifdiélionem in loco . Trincatalliarum. Ce
fut alors
que' le Lieu tena nt de la 'Sénéchauffée .de Beaucair
~ donn a
main -levé e de la faiGe qu 'il avoi t faire ; a.fJ~rtus,
avifa tus & certificatus quod diéla harca ejl in jurifdic1io
ne & loco
Trùzcatalliarum , jurifdiél.ionis diéli Arch iepif copi
' Arre flum
faélzi.m in harca revocavù. 'Auffi ·tôt les Offi ciets
.,de Provenc e firent une nouv elle fàifte de la mêm e Barq
ue & la
mire nt en fequefl:re pour la conf erva tion des· droi
ts que
la Fran ce ·y avoi r.
De-l à on conc lud en Prov ence que !'Off icier Fran
çois Mem.pag.9 1;
fut ohligé de recoizno'îu;e le droit du (;_omu de Prov
ence fur le
Rhô ne, de .céder à l'évidence dé la vérù i, deJe rendr
e jujli ce;
& on croi t avoi r prou vé par- là que la Prov ence a la
propriet é du · Rhô ne depu is la Du-r ance jufq u'à
la Mer .
Com me fi la Jurif diéti on de !'Ar chev êque d'Ar
les fur ,
Trin quet aille , & mêm e èelle du Com te de Prov
ence fur
la gran de braffiere du Rhô ne, jurifdiB:ions d'ail leurs
ufurpée.s , vicieufes dans leur orig ine · & abufives dans
leurs
effe ts, devo ient néce ffair eme nt abfo rber tout le
cour s du
fleuve au préju dice des droit s de la Cou ronn
e. En uu
mot ce Titr e n'a aucu n rapp ort à la part ie cont
entie ufe
rlu Rhô ne & ne prou ve rien relat ivem ent aux préte
ntion s
aél:uelles de la Prov ence .
X ij
�§. IV.
PR 0 CÈS - VERBAL
Req.
Des Com,mif!aifes. lJ.Ommés par le Roi ·Lquis XI,
Recap. p 34
d
- '
· · d'une part, & ppr .R ené d'Anjou :1 Roi de Siciü
& Comte de Provence, _de l'autre part; pour terminer un dijferend élevé entre les Com·munautés.
d'Aramon en Languedoc & de Boulban en Pro·
vence, au fujet d'un terreùz i~termédiaire, nommé
Carmejan; en date du 11 Juin 1477..
.
No 31 , fec.
t
•~
LË:s Commiliaires ,. après s,.être portés fur Ie lieu con.,, tentieux, & l'avoir parcouru, âprès avoir auffi entend·Lt
» les parties & examiné les titres, ne voulurent pas prefl.'.
,, dre fur eux de donner dans le moment la décifion défi-'
,, nitive. Ils ordonnerent feulement par provifton que les
" Habitans de Boulbon jouiroient des terres qu'ils avoient
,, mifes en culture dans le lieu · contentieux,. fans pouvoir
,, rien défricher de nouveau dans le reftanr. ~~ Nous nous
contentons de tranfcrir,e l'analyfe de cet Atle, telle que
la préfentent les p.ropres Ecrits de la Provence , parce
qu'elle fuffit pour faire connaître 1° que l'objet du Procès
qu'il s'agiffoit de décider n'éwit point le lit du Rhône dont
la propriété n'étoit pas en caufe, mais feulement un terrein
particulier que deux Communautés fe difpuroient; 2 ° que
les Commiffai.res laifierent indécis le fonds même de cette
conteil:ati~>n particuliere, & qù'on ne peut rien conclure
d.e leur Ordonnance en faveur de l'une ou de l'autre partie.
Cep·endant les Procureurs des Etats de Provence déciRecap. p. H· dent que cette affaire était une nouvelle tentative du Lan~
guedoc; il fallait au moins dire du Roi qui nomma Bes
~ommiifaires & qui les chargea de terminer la contefra~
�DU RH ON E.
tion dans laque lle le Lang uedo c n'int ervin t pas ; que
cette
préte ndu tenta tive da Lang uedo c doit être rangée dans
la
claffe de celles qu'il avoir faite s en 130!> & 132 7, qui
n'ont
Jervi qu'à mieu x affermir les . droits de la Prov ence ;
& que
le Languedoc a échoué dans ces entre prife s, au lieu
que la
Provence q, toujours défendu avec fuccès ces mêmes
droits
toutes les fois qu'ils ont été attaqués.
Puifq ue la Prov ence rapp roch e ici ces trois époq ues;
pour faire fenti r plus forte ment · la conf ormi té des
trois
fameufes entre prife s qu'el le fupp ofe avoir été faites
par
le Lang uedo c fur le Rhôn e avan t le tems qu'el le a
bien
~oulu reco nnoî tre nos Rois pour fes Com
tes , en r 48 1 ;
il conv ient de réun ir atiffi fous un coup d'œi l les
détai ls
de ces préte ndue s entre prife s, en conf idera nt la natu
re
des Aél:es prod uits qui y ont rapp ort & les gran ds
avan- ·
tages que la Prov ence en a retiré s pour l'affermiif
ement
des droit s qu'el le vant e. . .
1 <>En 1 305, les Offic iers de Prov ence voul
uren t, comm e'
on l'a vû préc édem ment , emp êche r le Bailli Roya l d'Ar
amon d'exe rcer la jurifdiél:ion du Roi fur l'Ifle -Ber
trand ,
qui étoit & qui efi enco re u.n lieu de la terre ferm
e du
Roya ume de Franc~. Voil à le fait. Les Hifro riens
· de la
Prov ince de Lang uedo c l'ont récit é; l'Hif torie n de
Nifmes a adop té leur récit ; les Eta~s de Prov ence ne
l'ont
pas cont redit ; au cont raire , ils le copie nt. Mais ils croie
nt
que la honne foi, qu'un Hijlorien ne devroit jama is perdr
e de Mem. p; 58.;
vûe, exige oit que les Hiflo riens dont nous parlo ns
n'euffent poin t indiq ué que dans cette circo nftan ce le Roi
exerçait jon aut~rité fur le Rhôn e d'un hord à l'aut re, mais
qu'ils
euffent mis plutô t à cet Artic le l'ind icatio n marg inale
que
voici : Premiere tentative des Officiers du Languedoc
pour
la jurifdiélion du Rhône. Il y a au contraire des perfonn~
�PROPR
IETÉ
166
,
fenfées qui penfent que l'indication pour être parfaitement exaae & conforme à la bonne foi ' pourrait être
conçuë en ces termes : Entreprifa des Officiers de Provence
fu.1 la jurifdiélion exercée par le Roi dans l' 1fle-B ertr.and. Le
Confeil efi: en état de juger laquelle de ces indications
marginales convient le mieux à la circonfi:ance.
Quoi qu'il en fait, nous avons déja ebfervé que cette
contefiation ne fut pas fuivie & refra pour lors indécife ;
qu'elle fut renvoyée deux ans apr~s par-devant les Evêques de Nevers & de Fréjus Commiifaires députés pour
·cet effet par les deux Rois de France & de Sicile ; que
ces Commiffaires vérifierent que le lieu de.J'IOe- Bertrand
éroit de la terre ferme du Royaume ; & enfin que du
·refre ils ne déciderent rien, ne jugerent pas , & ·ne con·
tribuerent en aucuneJaço h à mieux affermir les droits pré·
, tendus par la Provence. Premiere époque.
Mem. p. 6x. l. Q En Î 32 7, Nouvelle entreprife du Languedoc, dit.;
on ;· laquelle confifie , comme nous le diûons plus haut,
en ce qu'un Juge de Provenèe vint en France dire à un
Notaire de Beaucaire que l'Ifle de Lubieres était entiere·
ment fous fa Jurifdiaion du Comte de Provence, & de..
mander avec infi:ance à ce mêm·e Notaire la revocation
d'une Ordonnance renaue par la Cour Royale de Beau~
caire & publiée ·à Beaucaire, concernant les proprietai·
res de fonds dans cette Hle de Lubieres. Ne pourrait-on
pas encore mettre ici pour indication marginale : Nou·velle entreprife des Ojfici~r.r de Provence fur fa ] urifdiélion
du Roi! Au furplus cet Aae informe , le feul qui donne
·connoiffance de ce fait plus qu'extraordinai re, ne décide
abfolument rien fur la proprieté . du Rhône , il n'y en eft
·feulement pas quefiion , & l'on ne voit point qu'il ait eu
aucune fuite ou aucun effet dQnt la mémoire ait merité
/
�DU RH 0 NE .
d'êt re con ferv ée, ou qui prou ve les fucc
ès don t la Pro ven ce fe glorifie~ Sec ond e épo que .
3 ° Enfin en I 477 , enc ore nouvelle tentativ
e du Lan gue · Recap. P· H;
doc , qui y a échoué. C'efi: la contefi:ation
qui fait la matiere de cet Arti cle , & qui s'éta it élev ée
entr e les Hab itans d'A ram on & ceu x de Bou lbon , fur
ce que ceu x-ci ,
fujets du _Com te de Pro ven ce , a voie nt mis
en vale ur une
part ie du terr ein ele Carm~jan form é par
le Rhô.ne &
prét end oien t en con fequ enc e foum ettr e
ce terr ein à la
jurif diét ion Pro ven çale . Les Hab itan s d'A
ram on s'y oppofo ient par la raif on que ce · terr ein form
é par le Rhô ne
qui app arti ent à la Fra nce , dev oit reft er
fournis à la jurl fcliél:ion Fran çoif e ; d'où ils con cluo ient
que la Com munau té d' Ara mon étan_t F ranç oife avo it
plus de dro it fur
ce terr ein que la Com mun auté de Bou lbon
.
Il femble que l'ind icat ion mar gina le qui con vien
droi t
à ce fait , dev roit auff i, pou r être jufte , être
con çue ainft :
Suite des entreprifes familieres à la Provence
fur la jurifdiction du Roi. Au refl:e les Etat s de Pro ven
ce con vien nen t
que les Com miff aire s nom mé-s pou r term
iner ce diff éren d
des deu x Com mun auté s ne juge rent pas
à prop os de le
déc ider ; & rien n'in diqu e que le Lan gue
doc , qui ne
mêla pas de cett e affaire , y ait échoué
, ni .que la Pro ven ce y ait défendu avec fuccès fes droits
prét end us.
Si les Pro cure urs du pay s de Pro ven ce ne
font pas heu reux dans le cho ix des fait s, qu'ils vou dro
ient faire paffer p_o ur des entreprifes du Lan gue doc , &
aux que ls , dan s
la plus gran de exa étitu de , le Lan gue doc
n'a eu auc une
part com me Lan gue doc , ils n'on t pas
non plus mie ux
réuffi dan s le cho ix des Titr es qu'ils don nen
t pou r des Jugemens en contradiaoire défenfe. En voila déja cinq
& mêm e ·
ee·
�168
PRO PRI ETÉ
fix, que nous venons d'exam iner, & dans lefque ls il ne
manqu e ni contra diél:eu rs, ni contra diél:io ns ; mais où en
récom penfe il n'y a pas même l'ombr e de décilio n & de
Jugem ent.
~~~
N~
34, fcc.
Req.
Pante
Rmp. P• 38.
N" 4 1, fec.
§.V. TRA NSA CTIO .f\l
le 3 Oélohre -1504 entre le fleur Petit-Jean
•
· de Luhieres & le jieur Jean Torna tons, au fajet d'une Ifle farm/ e proche le lieu appellée vu/..
gairement Mezoargues.
'jJ'
paffée le S 09ohre z576, entre le
fieur Antoin e de Lubier es & la Dame de Breza y, Du·
Recap. P. 44 ' cheffe Douai riere de Bouill on, au fujet d'une_!!le fituée,
dit-on , dans le terroir de Mézoa rgues.
TRÀNS ACTIO N
Req.
la premie re Tranfa él:ion, les parties convin rent que
les fruits de l'Hle conten tieufe feroien t comm uns entr'elles
pcndà nt quatre ans, après lefque ls l'Iae feroit partagé e
par moitié avec toys fes Créme ns, & qu'alo rs la partie
()rientafo appart iendro it au fieur Petit-J ean , & la partie
occide ntale au lieur Torna toris.
Dans la fecond e Tranfa él:ion il efi quefiio n de l'exécu.
tion d'un Arrêt du Grand -Confe il en date du 3 Avril 1; 67,
portani: adjudi cation & refiitu tion en faveur du lieur de
Lubier es de l'Hle çontefiée.
ll n'~fi pas aifé de devine r le motif qui a déterm iné les
Procur eurs du pays de Proven ce à ranger parmi leurs ti..
ires ~nonciatjf,s & confirmatifs de propri été du Rhône
deux Tranfaél:ions paffées entre des propri étaires particu ·
liers, foit Fran~ois, foit Proven çaux , qui difcuto!ent leur$_
DANS
•
I
.
in te~
�. DU RH 0 NE .
intér êts perf onne ls fur une Hle quel conq ue. Il
devo it êrre
fort indif féren t' à la Prov ence que cette lfle appa rtînt
en
tour ou en part ie , foit 'en com mun foit fépa
réme nt , au
fieur Peti t-Jea n ou au fieur Torn ator is , à la
Dam e de
Brez ay ou au fteur Artto ine de Lubi eres . Les
prop riété s
des parti culie rs ne font pas celle s de leur prov
ince . Les
droi ts de la Prov ence s'éte ndro ient bien loin ,
fi tous les
bien s acqu is par des Prov ença ux dans le Roy
aum e lui
étoie nt deve nus prop res ; & enco re plus , fi
elle avoi t
acqu is par ce moy en la prop rieté des fleuv es
& des contrées où ces bi~ns font firués.
Quo i qu'~l en foit, la part ie orien tale de l'Iile
en quef.:
tion etoit du côté de la Prov ence , & cette
part ie , fui.
va.nt le prem iere Tran faél: ion, devo ir aprè s
quat re ans
refle r prop re au fieur Peti t.Jea n de Lubi eres
, ainû défi ·
gné , ou parc e qu'il étoit du lieu de Lubi eres
, ou parc e
que fon nom éroit effeé Hvem ent de Lubi eres
. De-l à les
Etat s de Prov ence qui aime nt à iden tifie r ce nom
de Lubiere s avec celu i de Prov ence , croi ent devo
ir conc lure
.1
que la moit ié orien tale de l Ifle fut dès- lors appr
opri ée à
la Prov ence , & que tout acco rd paffé entr e
des Langue.:.
doci ens & des Prov ença ux touc hant des Wes
parta gées ·
entre eux de façon que la moit ié relle aux
Prov ença u.x
com raéta ns, prou ve 'que la prop riété de tout
le cour s &
du lit entie r du Rhôr ie depu is la Dura nce jufq
u'à la Mer ,
a ppa rtien t à la Prov ence . Il n'y a que des égar
ds de politeffe , qui puiff ent emp êche r de s'écr ier ià-deffus
: Quelle Mcm.pag.2.1~
Logi que! ou de dire qu'il ne manque à ce raifonnem
ent que
d' ùre conféquem.
y
•
�PROPRIETE
..
N°66,prem.
Req.
Mem. p. too.
R~cap. p. 4S·
§. VI. ARRÊT DU GRAND- CONSEIE
En date du 13 Avril 1587, par lequel les Habitans
r;
·
d
, fTo fl:
de Barbentane J ont mazfl.tenus ·ans la pojj
e_vzon
des Isles dites du Mouton, .fztuées le long de la
riviere du Rhdne, & eux inféodées par la Chambre des Comptes de Provence ..
a
No6 7,prem. ÂRRÊT nu GRAND- CoNSEIL, en date du 30 SépReq.
tembre z 6 o 9 , par lequel le fieur Saxi eil: maintenu dans
10
~em. P·P·A
4· la poifeffion de l'Ille de Tresbon & des Crémens ·qui y
6.
font forvenus focceffivement ; laquelle Ille avoit été inféodée à fes ~uteurs par fa Chambre des Comptes de Pro·
vence le 5 Février I 539 ( r 540,) au préjudice d1une:
autœ inféodation faite précédemment par les Officiers ·
de la Sénéchauffée de Beaucaire en vertu d'une Com~
miffion fpéciale du Roi~
~ec Jp.
VoILA enfin deux Jugemens en contradiétoire défenfe?
non pas précifément entre le Languedoc & la Provence,
puifque ni les Syndics Généraux ni les Etats Généraux
de la province de Languedoc n'intervinrent dans ces
eaufes, mais au moins entre des particûliers Languedociens inféodataires du Roi, d'une part,, & des particuliçrs-Provençaux fecondés par le Syndic des Etats de Pro·
vence de l'autre part. 11 réfult.e de ces Jugemens que les ·
Hles de Tresbon & du M.outon ont été données à des Pro~
vençaux par d~s Officiers de Provence & que les infêo
dations faites par ces Officiers ont été approuvées par leGrand- Confei1 dans ces deux époques différentes. En ré. compenfe, on ne trouvera pas dans les difpoiitifs des deux
Arrêts que la partie contentieufe du- Rhône appartienne .
0
:'
/
•
�DU RH 0 NE .
I ?' I
à la Prov ence , que la Cou ronn e ait jama is cédé ou
perd u
fes droi ts fur tout le cour s ou fur quel que parti
e du cour s
du Rhô ne , ou en un mot que la Prov ence
ait la proprié té du lit entie r de ce fleuve depu is la Dur ance
jufq u'à
la Mer , ce qui efl: à prou ver.
Nou s ne rapp eller ons pas ici que l'Hle de Tres bon
, que
la Prov ence fout enoi t alors être pres les Eperons d'Ar
les &
.- terre ferme de Prov ence , a pû paro ître au Gran
d-Co nfei l
appa rten ir plus à la gran de braff iere du Rhô ne,
qu'à la
part ie fupé rieur e de ce fleuve ; que le fort de
cette Hle
& de celle du Mou ton , malg ré l'aut orité prét endu
e des
deux Arrê ts du Gran d-Co nfei l prod uits ici ,
efl: enco re
litig ieux , indé cis, & fournis au juge men t des
deux inftanc es adm ifes au Con feil du Roi & fuivie~ cont
radiB :oi·
reme nt ; que les inféo datio ns faites par la Cha
mbr e des
Com ptes de Prov ence dans la part ie conr entie
ufe dll
'Rhô ne ont toujo urs été cont eftée s par les Offi ciers
du Domain e du Roi ; que nos Rois mêm es ont donn é
com mun émen t àleursOffi.ciers en Lang uedo c desC omm iffio
ns d'inf or.
mer de ces inféo datio ns com me d'au tant d'ufu rpati
ons faites
fur leur Dom aine & d'inf éode r en leur nom les
mêm es Hles
& Crém ens, nom mém ent en 1498 , 1526, 1527,15 JSl,
1557
& 1 5 58 ; que le Gran d- Con feil a varié fou vent dans
fes prin cipe s.& dans fes déciftons fur cette mati ere, & a
plus d'un e
fois conf irmé des inféo datio ns que les Offi ciers
de Lan gued oc a voie nt faites de ces mêm es Hl.es au nom
du Roi ·;
& enfin que malg ré les efforts mult iplié s que la Prov
ence
a faits de tout rems pour fe proc urer une appa renc
e de
droi t · tantô t fur la moit ié du lit , & tantô t fur
le lit entier de la part ie cont entie ufe du Rhô ne ; malg
ré les entrepr ifes fans nom bre qu'e lle a tenté es dans dive
rfes cir.
(onf l:anc es pour établir fa Jurifdiél:içm foit fur
une !ile,
y ij
�PROPRIETÉ
r7z
foit fur un Crément , fait fur un quartier abandonné par
le euve ; malgré les reJîources infinies qu'elle fçait pui-_
fer dans les avantages qu'elle a eu l'attention continuelle·
de fe menager, dans les moyens variés qu'elle employe
à donner de la réalité à fes chimeres, dans la quantité de·
Titres qu'elle a eu l'adreffe de fe faire elle-même, & dans
l'abus vifible qu'elle fait de ces prétendus Titres ainfi que
des voyes de droit, des moyens de forme & de toutes les
Regles de l"Ordre judiciaire ; }arnais elle n'a pû parvenir
à poiféde r paifiblernent & fans contradiB:ion le moindre
terrein dans la partie contenrieule du Rhône.
Pour juger fainernent des deux Arrêts du Grand · Con°
feil dont il s'agit, non par l'événement des deux proces ,.
qui n'efl: plus d'aucune contîdération depuis que le fort des
H1es de Tresbon & du Mouton efi remis en t:aufe fous les
yeux & de l'aveu dù Confeil du Roi ; mais par le mérite
des rnot'ifa qui ont produit les difpofüions de ces Arrêts,
il fuffit de parcourir les Arrêts mêmes, ou, à leur défaut
Mém. p. 101 , de jetter un coup d'œil fur le Mémoire de la Provence,
bI l
ff
d
i:r n.
io3, •04,10 ; , , l'
.Jo9 & ;o7. ou on auecre e ranem er es moyens employés tant par
les Provençaux intéreifés dans ces contefiations que pa 1
les Syndics de la Provence qui y étoient parties intervenantes, & les raifons qui mit déterminé les conclufions du
Minifl:ere public. L'Aureur du Mémoire auroit mieux ,fait
fan s do ute de taire prudemment des expofés faux & même
conrradiB:oires , -des faits évidemment romanefques, &
des dé rails peu . correas d'un fyfiême imaginaire.
Il n'y a perfonne qui ne foit en état d'apprécier à leur
jufie valeur, · 1 °, les beaux priviléges. donnés par le Roi
Théodore aux Provençaux, ( c'efl:-à-dire aux Ofirogots qui
n'étoient par encore les Provençaux, mais qui habitoient
le pays qu'on nomma Provence peu de tems après le Re~
1
�DU RH 0 NE .
.
173
gne de Thé odo ric; dont vraifemblablem
ent il s'agit ici; )
en récompenfe d'avoir défendu fi vaillam
ment un Pon t jur
le Rhône contre /!e Roi de France ·, qu'i
l ne les put jamai.rforcer. 2 °, la ceffion que les Gats firen
t de la Provence &
de ce Pon t au Roi Clodoüs, qu'on ne con
noît pas
plus que
l'autre Roi Thé odo re, ni que la Pro ven ce
de ce tems -là,
ni que la ceflion même don t on parle. ·
3° , la Seigneurie .
des Roi s d'A rles ( poffeffeurs de la Proven
ce a au elle & err
même rems des pays nommés auj9urdui
le Dau phi né, le
Venaiffin, le Lyo nno is, &c , ) fur le Rhô
ne d'un bord à
l'autre du côté du Languedoc , enfemble des
Vill es & Vill age s
fur le bord de ladite riviete du Rhô ne, qui
a été autrefois toute
en Pro ven ée, & qui ejl toute aux Pro veµ
çau x, malgré les décifions de Cœpola , de· Caj{zus dans B occus
& de F pus qu:F
pré tend ent que les Hles formées dans les
rivieres font au~
poffeffeurs de la rerre pl us pro che jure
prœdii. 4 ° , le;;
Mandemens que ces Roi s d'A rles , qui
n'ont cependant jamais rien poffedé fur la rive droite du Rhô
ne, -donnaient
aux Juges du Languedoc d'exécuter leur
s Commij/ions. ° , .
5
les bau x perpétuels des /./les croiffantes
au Rhô ne donnée.J·
par inféodation fait par les Comtes de Pro
vence depuis le partage fait entre Rai mon d Comte de Bar
celone , lldéfoncl
-Comte de. Touloufe & Sai nt-G ille s,
fait par le-s Officier,;
de/dits fleurs Comtes- de Provence. 6Q
, le droit dont ces
Comtes ont joui fur le Rhô ne par moitié
avec les Comtes de
Tou louf e, felon la dijpojùion du dro it, &
la poJ!ejfion de fa~t
& de droit en laquelle les Juges de Provence
Je font cependant
confervis de joui r de toutes les lfles ; d'un
aurre côt é, le
partage que les Pro ven çau x d'à préfent
con/entent de fair e
du Rhô ne par moitié avec le pay s de Lan
guedoc qu'on ap.1
pelle aujourd'hui le Roy aum e ; enfin tout
es les fables qui
font débitées dans les deux Arrêts comme autant
de'm oye ns
�PROPRIETÉ
viél::orieux, mais qui n'ont aucun foné:lement rëel & qui
dans la vérité ne font q'u'autant d'artifices imagi~és pour
·en impofer au Roi & à fon Grand-Confeil ., & .pour furprendre leur Jufiice:
Au reft:e les allégations des Provençaux , aùffi vagues
•que faulfes, non-feulem~nt ne détruifoient pas les faits &
les motifs raffemblés par la Dame Borrit & par les fieurs
.de Fayn & Gleize, inféodataires du Roi comme Roi de
France , & , à ce titre ., parties adverfes de la Provence
·dans les procès dont il efi qu~ftion ; mais font au contraire détruites elles·mêmes & abfolument anéanties par
les contredits de leurs adverfair.es. Les feuls raifonnemens
-Ou fieur de Fayn Seigneur de Pe.rraut, ·r enverfent & le
fyil:ême aétue1 de la Provence & tous les faits propofés
.alors par Saxi , adoptés., dit on ., dans !'Arrêt définitif, &
l'eg. -10 }· copiés dans ·le Mémoire de la Provence. Comme ces raifonnemens intereffent eifentiellement l'état-de la queftion
préCente &. peuvent contribuer à l'éclairciffement de la
-caufe ; en voici quelques- uns pris au :h a,z ard ·da.ns l'Ar.r êt de 1 609, qui e{l: produit
u Et au contraire , par ledit de Perraut eut été dit &
'§ol. 1G.
» foutenu que le procès des parties confi11:oit en ce que
t> Nous, à caufe d.e notre Couronne , ( c'e:fi le Roi qui
parle dans l' Arrêt , ) ,, fommes Seigneur trcsfoncier du
" Rhône d'un bord à l'autre _, tant en fon ancien lit que
,, moderne, auquel les Ducs de Savoye; Dauphins de Vien·
'' nois, Comtes de Venaiffin & Comtes de Provence
., n'ont jamais rien prétendu ; & fi leurs Officiers ont ef·
" fayé d'y entreprendre droit ou poffeffion , ils en ont
u été évincés par" Arrêts des années 1437 & 1493.
,, Que nos Officiers de tout tems ont dontlé feuls les
" files & Cxémens du Rhône en inféodation à cens &
/
�DU RH 0 NE .
17;
wrente ou autres droits , ainft qu,ils -ont
voulu ; au con,, traire les Officiers des autres quatre Seig
neur? de Sa" voye ; Dauphiné-, Venaiffin & Prove~
ce n'ont jamais.,, entrepris de donner les Hles & Crémen
s du Rhône à
,, Inféodation , Albergue & autres droits
; & que s'ils
,, l'ont voulu ent rep ren dre , leurs baux ont
été caffés & .
,, annullés, comme faits par perfonnes qui
tÙFç>ient aut> · cun droit .•..• Ce qui fut
caufe qu'en l'année 151 7, ( &
non 1 537, comme on le dit dans le Me moi
re de la Pro- Pag. 10 4;
vence,). >> l'Iflon nommé alors T resboa
ou F erragon fut
'~ baillé Cur encher re par les Off
icie rs de Beaucaire &
,., Nifmes , Commiffaires-députés au fait des
Ifles , en in-·
,, féodati-on le 2 Novembre I 527 à Pierre
Pag ès, lequel
._,en feroit àemeuré paiftble _poifeifeur jµfq
u'à fon , décès-.
u qui fut en 1 539.
,, Qu' en icelle an née 1 f3 9; Antoine Petit
· demanda en
,, Emphitheofe ladite Hle, _& ce des Rat
ionnaux de Pro "venc~, ce qu'ils -ne devoient
pas faire tant à caufe que ·
,1> ladite Ifle n' étoi t de
leur pouvoir pou r la bai ller ; _que
,, auffi les héritiers dudit Pagès en étoi
ent en poifef--,, fion .....
'>Que le bail fait par Jug·e incompéten
t le 19 Mars Fol. z~,
n en ladite année I 53 9 ,
( I 540, ) outre lad!_te incompé}) tence efr nul. & invalable ; car icelui
a éré baillé &
u expedié pou r quatre faum
ées tant feulement , fans au-,, cune encherre ni proclamàtion pré céd ent
es, comme il :
,,, efr requis aux affaires du . Domaine ,.
& ave-e faculté ·
,, d'accroître fans · pay er pou r les Accroif
Temens aucun .
,, droit d'entrée & fans que pou r lef~its Acc
roiifernens ait ·
,, été faite aucune encherre ; de maniere
que lef~it.es for..
,, malités étant man-quées audit bail ~ icel
ui ne peut füb~
u lifter en jufüce~ ,
�PR 0 P RIE T Ê
,176
»Que Nous tenons la Provence comme héritier tefl:a..
Charles d'Anjou , & non comme Roi d_e
wmentaire
,, France ·; qu'en toutes les expéditions , commande" mens, charges & fonétions que Nous faifons en Pro.
t~ vence; Nous parlons comme Comte dè Prevence,
,, Forcalquier & Terres Adjâcentes, & non fur les expé,, dirions il commandemens du fceau & des armes de
,, Françe, ains du fceau particulier & armes du Comte
,, de Provence.
»Que c'efr ~hofe tenue pour notoire tant au pays de
P al. 31·
.,., Languedoc, -qu'en Dauphiné, Comtat Venaiffin, Pro,, vence & pays de Sav oye, . que la riviere du Rhône
" depuis l'entrée du Royaume juîqu'à l'embouchure de
" I.a Mer & d'un bord à l'autre, tant dans fon ancien lit
,, que moderne appartient à Nous comme Roi de France;
" que nos Officiers en Languedoc:: ont. tour du long de
u ladite riviere & d'un bord à l'autre baillé les inféoda,, tions des Crémens, Ifles & Hlons ; & les acquéreurs
,,·ont en vertu clefdits baux_ jotii & jouiffent encore
,, comme vrais maîrres & po!foffeurs; & que tous AB:es de
,. Jurifdiétion ont été exercés par les Officiers de Langue~
,, doc dans ladite riviere du Rhône, !iles, Iflons, Cré·
,,.mens & Atte-riiTemens.
~>Que les Officiers de Dauphiné, Comté de Venaif" 1in , & Comté de Provence , les Maîtres Rationnaux
»dudit Provence & autres Offici·ers dudit pays, ont vû
,, & (çû que nofdits Officiers cle .Languedoc baillaient &
,, ont toujours baillé des If1es; H1ons , Cré mens & Etabli(,, fümens à cens , ·r ente & inféodation ; même aucuns
,, des Officiers dudit pays & pluGeurs habirans tant de
,, Provence que dudit Comté de V enaiffin & pays de
inféodations des ID.es & ID.ons des
t ) Dauphiné ont pris
de
.'
/
>'Officiers
�DU RHONE .
177
tt·O'fticiers de Languedoc, Tréîoriers Généraux de France
n · à Montpellier ou Officiers du Bureau à Nifmes, & en
,, font· en· poffeffion immémorial e, telle qu'il ne peut y
"avoir preuve du contraire, fuivant les fermens des gens
., vieux & anciens ·tant pour l'avoir vû que oui dire·à d'au·
,, rres plus _vieux. & anciens qui çlifoient. l'avoir: vû & oui
.a dire être véritable.
»Que aucunes dès· Ifles qui font à Pendroit du pays de Fol. p{
,, Dauphiné & d'autres encore à· l'endroit du Comté de
'"Provence ayant été mifes ès livres, rôles & cadafires , .
,, ont payé taille au pays de Languedoc & non en Dau,, phiné ni en Provence •••.• qu'auffi fi on a voulu établir · ·
,, des ports & pafiag~s fur la. riv:iere. du Rhône ou affer,,.mer iceux, ç~a été de !?autorité de ceux de Languedoc
» & non d'autres ;- auffi pour leurs pêches, attaches de·
,,, moulins & autres que l'on veut faire dans ladite · ri•viere, ~a été auffi par la permlition defdits Officiers;·
,,. & que fi. ceux. de Provence font venus dans les !Iles·
,, . pour conduire leur bétail , ils ont. été faifis par les Offi·
u ciers de Languedoc & ont acquiefcé aux Sentences •.
~'Qu'il y a.. plufieurs Hles qui font à préfènt jointes à'
,, ter.re ferme,. t-ant du. côté de Provence, . Dauphiné q\.le·
,,_du Comté de V enaiffin , lefquelles font néanmoins rccon-,, nuës aux Officiers de Languedoc pour les· baux & in" vefl:imres pris d'.eux ,. de l'autorité clefquels les Tenan•
>> ciers - payent l'albergue & redevance; . & y ont fait tour
'
,, Aél:e de Jurifdiétion.
,. Que , puifque les. Provenç~iu.x ont· voulu demeurer Fol.. 63; .
i> dans leurs loix &. n'être point de celles du Royaume ,..
"-ils ne font pas incorporés au Royaume., & ne leur efl:. .
,, accru aucun pouvoir pour être nos Officiers comme
~·_ Comte ,.. autre qµe celui qu'ils avoient auparavant le;
z.
�,
PROPRIET~
,, Tefiament de Charles d'Anjou, qu'ils n~euffent été en-'
"treprendre autorité ni jurifdiétion fur le Rhône ni fur
,,, les lfles : car ils ne font qu'Officiers du Comte de Provence qui efi Roi de France, & n'ont pû enjamber for
,, les Qfficiers du Languedoc qui font de la C~uronne.
u Que c'eft une fauffe préfomption de dire qu'au Comte
,, -de Provence appàrtient la moitié de la riviere du Rhône,
,, à caufc du Comté ; d'autant qtie fi au Comte de Provence
,, appartient à .caufe du Comté la moitie du Rhô.ne, il faut
,, a-uffi que le Pape, Comte de Venaiilin en ait la moitié,
,, & le Duc deSavoye en f~n étendue la moitié, & le Dau,, phiné en [on érendue la moitié; & toutes-fois il efi jugé
,, conti'eux ,p ar les Anêts produits au Procès, il y a cent,
,, deux cent-s & trois c.ents ans, rapportés 'par les Doél-eurs
,,, du pays & du rems, qu'au Roi foul appartient le Rhône
,, de bord à bord tant en fon/ an.cien lit que moderne, &
,, _nommément par l'Arrêt du Parlement de Toüloufe du
_,, S Mars 14-93, ( I 494;) dont, depuis que le Roi Louis XI
"était Comte de Provence comme il fut en 148 2, par refta_,, ment de Charles d'Anjou, il efr jugé notamment contre
,, Ies Officiers & Habitans de Provence, qui font en qualité
"de défendeurs en cet Arrêt de 1 493 , & .condamnés ....
'Fol.64.
., Que les Lett-res baillées par le Roi Louis XII, ( & non
pas Louis onzieme, comme on le fait ~ire au fieur Saxy
~ Pag. 1o6.. dans le Mémoire de la Pro"\enc_e , ) le 1 3 Avril I 509 ,
"·par lefquelles il déclare que tour-es les inféodations font
,, bonnes, font Lettres d'attribution au Grnn.d - Confeil
,, des procès qui -étaient lors pendans ppur raifon -d'inféo)):dation aux deux Cours de Touloufe & .de Provence:
,, lefdites Lettres permettant que les Procès-verbaux des
,. uns & des autres tiennent, mais par maniere de provir
u fion & fans préjudice du <lroit cl.es parties tant petitoire
>)
/
�.
DU RH 0 NE.
1
19
n-que poffeffoire & jufqu'à ce qu'autrement en foit or" donné ; & qu'enfuite de cette attribution , cinq ans
,, après, en 15r4 , (il falloit dire : l'année fuivante, le
. » 3 z Oélohre d z o·, ) le Grand- Confeil adjugea l'Ifle du
,, Cafrelet à Nicolas·Lallemant , qui ~a tenoit des Officiers
"de Languedoc, contre un habitant de Tarafron ..... car
,, notredü Grand- Confeil a toujours tenu cette maxime
»qu'il faut obferver les inféodations de Languedoc & ré» traéter celles de Provence , &c. &c.
Le fieur Gleîze, autre adverfaire du fieur Saxy , propofoit auffi les mêmes· faits & les mêmes principes. c' Et
,, par ledit Gleize auroit été dit,~ (ajoùte le Roi dans le
·i pême Arêr de de 1609 ) ,, qu'en ce procès il étoit clai..•> rement verifié que toutes les Ifles qui naiffent en la ri,,. viere du Rhône font à Nous , & Nous. apparriennenr
,, comme R'oi de France-, & qu'avant que Nous fuffions,~ Comte de Provence,,, Nous èlifpofions- entierement &
,, librement de toutes les Hles qui naiffoient dans la ri~•· viere dU" Rhône·,, de qu~lque côté que ce fût; & que:
,, jamais les Comtes de Provence ne Nous ont contefré- ·
.,, lefdites· Iiles ;· de forte que Nos Officiers de Nifm_es en
,, Lang-uedoc pri'Ç.lativement à tous autres, onr toujours
,, baillé en inféodation lefdites Ifies- & Crémens venant
» & accr:oiffant. dans ladite riviere du Rhône · ; & toutes;
" les foiS: qu'il y a eu procès, entre nos Officiers de Pro..,, vence· & ceu~ de Nifmes en1 1.aqguedoc pour le fait
" des· lfles , les Ofliciers de Languedoc ont été mainrenus·
,, au pouvoir & faculté: qu'ils ont de· tout rems d'mféo-,, der les Ules- & en faire les·baux à telle· charge &. con"'
" dition qu'ils· ont connll' êrre à notre profit, & c .. &c ,,
Pour
pas répéter toujours les mêmes chofes,on ell,obli-~
g,é de renvoyer à !'Arrêt même del' année 1-5 18,: ceux qui VOU'!:
ne
Z ii . ,
�PROPRIETÉ
dront fe convaincre que la Dame Borrit, partie au Procès
contre la Communauté de Barbentane comme héritiere des
Hies du Mouton après le décès de fon mari, 'à qui ell.es
a voient éte inféodées au nom du Roi par le Préfidem .de
Paulo, n'a jamais avoué, comme on le fuppofe, que les
M~m. p. 102. Provençaux avoient raifon de dire que ces ljles .étoient de !a
Provence; .& qu'en pofant pour alternative, que les mêmes
Ifles appanenoiem au Roi, ou de droit Royal, ou comme ·Comte
de Provence, elle n'en foutient pas moins qu'elles étaient du
Domaine du Roi & non du Domaine du Comte de Provence.
ll dl: vrai que les moyens employés par la Dame
Borrit ne fur.en:t point adoptés par l' Arrêt de 1 587, & que les
faits & principes-expofés par les fieurs Gleize & de F ayn ,
l.J.. pag. 107. quoiqu'ils tendijfent à détruire & qu'il-s d.étruififfent en effet ·
·. fos allégations du fieur Saxy, n'obtinrent aucune confi·clération dans l' Arrêt de 1609 : C'efi l'effet des furprifes
faites alors au Grand-Gonfeil par les faux expofés des Provençaux. Il paroît auili. par la fünple leB:ur.e des Titres de
ce feizierne ftéde, que les troubles de religion qui a.gi·
toient alors l'Etat, e,urent quelque influence non foule~
ment fur les inféodations faites foit à des Catholiques foit
â des Religionaires fuivant les circonfrances où ceux-ci
-gagneren-t plus ou m~ins de crédit ; ma-is encore fur les
.différens jugemeas qui approüverent ou défapprouverent
quelques-unes âe ces inféodations. Il efi roujou rs vrai
que les E·ta,rs de Provence peuvent dire avec raifon que
le füccès ne répondit pas à l' attent.e .des 1arties qui poferent
.I*ià.
·
les faits .qu'on vient de voir..
Mais les mêmes Etats ne peuvent fans s'expofer à être
.démentis par leurs propres, Tiues , affirmer que la preuve
que ces parties .s'étaient foumifes de faire ne répondu pas à
leur tuteme, Il eft certain q.ue Jous les .faits avancés par
�·ou
RHO NE;
~81 -
~les inféoda taires du Roi comme Roi de France font prouvés ,
.dans les deux Arrêts prodl:lits ici, par plus de foixante AB:es
juridiqu es,& authent iques, qui ., bien loin d'y être infirmés,
.reproc hés ou rejetrés , y font au contrai r.e vi[és & rendus
-en fubfl:ance ., & ·qui ·s'y trouven t confignés comme autant
de preuves de la Curprife faite alor~. au Grand- Confei l, & .
co-mme autant de tém_oins qui dépofe nt tant .en faveur des
·droits de la Couron ne fur le_Rhône qu'en faveur de l'exercice continu é -d~ ces mêmes droits for la partie conten ·.
tieu:e du:fleuve.
Ce font <les Commiffions donnée s par -nos Rois au Parlement ; de Tou loufe , aux 'T"réforiers de France en Lan,guedo c, aux Officier~ de .la Sénéch auifée de Nirmes , &
autres , en 149-8 , :i 5~24 , 15 2-6 , 15 l 7, 15 39 , 1. 5,s 6 ;
·.1 557,15 92., &c, p0ur pro.c~de.r à ia vente & aliénati on
-du Domaiq.e , aux ·baux & inféodations ,des Hles du Rhône ,
.& au Juger;nen _t des procès & <liffére~ds mûs fur lefdites
Hl.es. , Ce.font des baux, de.s in:veftitur.es, .des arp.enrem.ens;
-cles fai{i.es , des contraé h <le vente , des a.Etes de cefiion
& de tranfp0>rt, des adjudications.>" 4,e~ procès- verbati x &
ordonn ances des Officiers du· RaJ fAi I.r,anguedoc au fujet
,d_.es Ifles de Lu1fan ·' de Rod.ad ou, de Lupieres ., du Cafte let, du Mouto n, de Roque maure, de B.eauca ire., de
Tr-esbo n, &.c. Ce éont des Lettres -Patent es portant ratifi·Cation & confirm ation d'inféodations faites :par .les mêmes
.Officie rs, des Etats de recette , de.s quittan ces .de paye mens.
faits en lan.gue doc pour droits d'entré e, ·Cens, Alberg ues,
·.& autres redevan ces pour des Ifies & Cré mens d.u Rhône
pen.dan t de longues fuites .d'années. Ce font des mandemens , proc.éd ures & Jugemens du Pré{i.denr de Morlho n
en 1 487 , du Préfo;lent de Paulo en 1 Hg , 155 9 , 15 69 ,
.des Juges de la Sénéchauffée d.e Nifmes , MM. d'Albe~
L
�Pl'lO' PRlETË
,
11as1 & d'e Montcalm , & du Sénéchal m~me éle B'eau;.;.
caireen 1-378, 1526, 1532, If56, 1574, 1575, 1606.~
& du Gouverneur de Montpellier en 1608 , tous Corn- .
miffaires. deputés ou fubrogés en: vertu d' Arrêts dU Con-·
feil & de Lettres·P·a tentes. Ce font des extraits de plu-lieurs Aaès émanés des mêmes Com~iffaires & de plutieurs· autres fur les !faits- des Crémens· advenus· en la ri-·
viere du Rhône depuis, l'a.n née 1373 jufqu'en 1489. Enfin:
c'dl:' l'Arrêt même du Parlement de Touloufe du g., Mars:
l49 l, ( 1 494; )' cet Arrêt fameux,. qu'on fuppofe fanSi·
raifon; comme fan~, preuves· a-v:oir été revoqué en · z!Joo"
JtecatH?• 60. dans· les deux .Arr.êrS> du Grand-Confeil produits, ici., avoir.:
été démoli. & ca.f!épar ceux de Provence i avec l'acquiefaement:
Je ceux. de. Langued1Jc-, & qu'on dit auffi; &avoir ja,dais· eu~
la moindre: exécution-, être annullt,, revoqué ,. contredît par:
ces Arrêts·, & qui cependant e.:lb non-feulement' vifê dans,
ces mêmes. Arrêts,, & prefque entierement copié" dans;
celui de 1609,, folio ·90, mais encore, eft autorifé ; . con•
firmé , confacré' , envoyé·, ou mis à exécution, dans nom:.·
bre de CommiilionS: ~Bf (()e Lettres· Patentes qui font elles.m êmes vifées dansJ le~ Beux, Arrêts-dont il s'agir.
Indiquer. ici les· p;incipaux raifonnemens des lieurs de·
Fayn & Gleize, & les Aél:~ fur lefqu.els ils s'apPuyoient,.,
<:'e{l procurer la facilité de compater leurs rai{ons & leurs
autorités avec celles du lieur Saxy & même av,ec celles,:
du Minifiere ' public que· le Mémoire des Etats de Pro-vence a raffemhlées. Pour peu qu'on· veuille prendre faJ
peine de rapprocher les propofitions, enquêtes ·& pro- ·
duB:ions :efpeaives., on; pourra. fe convai,ncre· aifémentr
par la diverfité des faits . qui font· expofés de pa-rt.& d'autre, par la nature des. AHes produits , & par· les marches.différentes des inféodataires· cfe. la: Provence· d!une. p,art!
0
�D U R H 0 N E.
t~J
.f !( des inf éod ata ire s du Ro
i co mm e Ro i de Fra nc e de
fau tre pa rt, qu e la Pro ve nc
e t0u jcm rs con fia nte dan s fes
vûës am bit ieu fes & dan s le cho
ix de fes arm es, avo ir po ur
pri nc ipa l, ou plu tôt , po ur
un iqu e mo ye n d'a tta qu e &
,de défonfe dan s ces rem s-l à,
com me auj·ou rd' hu i & co mm
e
-dans tou s les tems., l'a rt inGdie
ux de cliffirnuler fon vra i
co ntr ad itte ur. , le Ro i co mm e
Ro i de Fra nc e ; d'éc arter
:le véritable ob jet de la Qu
e:i Ho n, les ..droits de la Co
u·
ron ne fur le Rh ôn e; d'élud
er les aét
·es de So uv era ine té,
<le propriété , de jurifdiétion qu
e no s Ro is on t faits depuis
-do uze fiecl.es fu.r le cou rs .en
üe r de ce .fle uv e; de dég ui·:Cer tous les ob fla cle s que, ces
mêmes Pri.1?·ces ont ~ou ven t
,op po fés aux ent rep rif es qu e
la Pro ve nc e a faites fur di'.Verfes Iiles &l Cr ém ens -; &
en- deux mo ts de me ttre en
;avant des prétentions pour des
·droits, des fuppofitions
po ur des .fa its, des tenta.tive
s po ur des fuccès.
~.VII.
AC TE DE VE NT E
De l'Jflon du Colombier, fa ite
pa r la Communauti~Q 45
_de Boulbon Ü 10 Aw ·il 1617~
'fec .
~!~. p. 48.
LA Co mm un aut é de Bo ulb pn aba
nd on na cet ID..o n à
fes cré anc ier
s en exé cut ion El'une Or do nn
an ce des Co rn·
miffaires no mm és pa·r l.e Ro
i po ur la vérification & li, qu ida tio n -des dettes des Co
mm un aut és , & fui van t l'efl:imation qu i en .fut fai te pa r deu
x. Ex pe ns La ng ued oci ens .
Le s Eta ts de Pro ve nc e aur oie
nt pû éta ye r cet AB :e, d'u n
aut re Aél:e de ven te de l'Hle
du pet it Ca fie ier , qu e fire nt
Arr. du Co n(
les Co nfu ls de Ta raf co n à
peu prè s dan s le mê me tem s,
"I7:1. 4.., P· 8•
le 1er Jui n 161 9. Deu:x: Tit
res val ent mi eux qu 'un , & il
.eft évi den t qu e tou s deu x ,prou
vent trè s-b ien que la .pa f Recap.
p. 48.;
fejfion de ces lfles pa r les Comm
unautés de Boul6on: & d~
�.. ---~---~----..-.-...,---~
-
•
P R O' P R r E T ' ~·
Tarafc on ejl fûrement à l'abri de toutè critique~ Mais ero
recom penfe ils ne prouv ent point du tout que la Pro•
ven·ce eût la propri éré de ces HTes, & encore moins qu'elle
· eûc Ia propri été du Rhône depuis la Duran ce jufqu'à'.
fü Mer. Si les I!les donr il s'agit euffenr appart enu à
la Prove nce auffi véritab lemen t qu'elles appart enoien t
aux Comm unamé s de Tarafè on & · de Boulb on, la vente'
du petit Cafiel et n'eut pas été faite à la charge dès Al1'er•·
guupa yables à~ Nifmes au. profit du Doma ine du-Ro i •.
N9·54 "feo•
Req.
Recap. p. 49i
§.VI II._ ARRP .T D'U CONS EIL . D?ÉT AT'
Du 31 Décembre. 1670 •..
CET Arr~r- mainti ent le fieul' de· I.uDieres· etl" fa Jouif..:
(ance du ·péage de Lubie res, dit des G·e milsho mmes, tant··
par eau que· par terre dans toute l'étend uë du terroir· de'.
Tarafè on, & débou te les Confu ls d'Arle s de l'exemption.;
qu'ils préten daient du même péage.
Le procès étoit entre les Confuls· d~Arles · & le lieur
de Lubieres propri éraire d!un péage . que ces Confuls,
préten doient ne devoir pas être pay_é par les habitans de:
la· viltt~ , d'Arles,:,. à caufé · d'ùne. exemp tion généra le des '
péages accord ée- à cette: viHe par les Comte s -de Proevence en 1 3 J-2. Ce n'étoit clone qu~une contef iation élevée.'
emre deSi- Btoven çaux pour des droits·· refpeétifs fur un.·
péage purem ent Proven çal,.. & . tout.. à,.fait é.trang_er à. l'l:
caufe· préfente~ .
L'orig ine du péage dont il" s~agit remon te--ju(qu'àu dou-zieme fiecle. Une -Char.te du · mois-· de Septem bre 1 221 , .
produi te par la. Prove nce·, ( N° 5 ,. premi ere Requê te,}
en contient- l'Hifto ire. On y- appren d que la Comm u·
munauté de Tarafcon..'av.eit poifédé ce péage jufqu'à la·.
t
!DOtl.
�D U R H 0 N E.
18s
mort d'Alp honf e Roi d 1Arra gon & Com te de Prov
ence
arriv ée à Perp igna n en 1 I 96; qu'al ors ce péag e fut
mis
- en feque11re jufqu 'à ce qu'on eut nom mé un Baill
i pour
l'admini11rer ; que les Seigneurs de Tara fcon en furen
t mis
en poffeffion quelq ue tems après , fans dout e par le
J ugeme nt arbit ral du 1 8 oao bre 1 199 ' qui efi auffi prod
uit
( numero 6 , prem iere Requ ête , ) qui décid e que le péag
e
de Lubieres appa rtien dra aux Seig neur s de Tara fcon
,
Pedagium de Luheriis fit perpetuo Dominorum Tarafconi
s,
& qui le nom me quelq uefo is V/ag e , Ujaticum de
Luperiis Jive in quaironihus, Jive in aliis mercihus.
On appr end auffi dans la mêm e Char te , où il n'efl: quef
tion que des droit s que le Com te de Prov ence avoir
dans
le Château & dans le territoire de Tarafcon , & poin t
du
tout des droits qu'on lui fuppofe for le Rhô ne, ainft
que
dans une Sent ence arbit rale rend uë le 27 Nov emb re
1221
& prod uite auffi, fous le num ero 6, prem iere Req uête ,
i 9 que le Com te de Prov ence levo it à
Tara fcon un péag e
fur les denrées qui y étoie nt tranf porté es par eau &
par
terre , & que lorfqu'il y avoir quelq ue cont efiat ion
touchan t le péag e, elle étoit vuid ée par Ces Offic iers: 20
que
les habit ans de Tara fcon étoie nt exem pts du péag e
fuivant les priviléges à eux acco rdés par les précé dens Com
tes de Prov ence ; mais que pour prév enir les fraud
es il
leur étoit ordo nné de faire mefu rer, pefe r, cann er
devant les Baillis du Com te à Tara fcon ou à Avig non,
le
plom b, le bled , Je fel , les toile s, les drap s & autre
s
marchandifes par eux ache tées fur le fil de l'eau , in
filo
aqu. e, & de faire cond uire fur le rivag e de Tara fcon
ou
fur celui d'Av igno n les batea ux ou parti es de batea
ux
qu'ils auro ient achetés fur la rivie re : 3 ° qu'il étoit
défendu aux mêmes habitans de Tara fcon de faire veni
r
Aa
�P.R 0 PR 1 ETÉ
r86
fous Teurs noms aucunes marchandifes étran-geres ·; res
alienas , de Marfeille, de Mo~tpellier , &c, dans la vue
de les fauver du péage , fous peine d'ê_rre privés de leurs
immunités & d'être fournis eux & leurs heririers aux_
droits que payoient les , étrangers : 4° qtùl étoît dé:.
fendu à ces habitans , de mettre leur fel en ve-nte fans
la permiffion du Comte avant que le 1îen fût vendu,
d'e charger leur fel fur des bateaux depuis la Durance:
jufqu'à la Mer ; de dépofer ailleurs qu'au Château de
Tarafcon le fol qu'ils faifoient venir de Saint.Gilles & au:.
deffus, de travailler dans la place du port de Tarafcon fans
fa per.miffion, & c : 5° enfin que les poffeffe.urs du péage ·
de Lubieres le tenoient du même Comte de Provence ,,
lequel augmentait & diminuoit ce droit à ra .volonré.
On cite encore une Ti:anfaaion paffée le 1 2 Septem..
hre 1 226 entre Raymond-Bereng~r Comte de Provence'
~em;-p. 42. & plus de faix ante Gentilshommes de Tarafcon , parmi lefquels il y en avait du n~m de Lubieres. Dans cette Tran• .
faaion , qui n' efi pas produire , mais qui efi confirmée par.1' Arrêt du Confeil dont il s'agir ici, les Seigneurs ou Gentilshommes de Tarafcon remirent au Comte tous les droits·,
qu'ils a voient for la ville de Tarafcon, . m-ais fe réferverent l'ancien péage dè leur nom, difüng,ué du trÙ·'âncùn
péage de Tarafcon, qui appartenoit au Comte -, par le nom ,
de péage dès Gentilshommes, . parce qu'il éioit perçu au
p_rofit des Seigneurs de cette ville, & quelquefois par ce·
lUi de péage de Lubzeres , parce qµ'il y en avoit parmi
eux qui portoient le nom de Iubieres , & q_ui vraifem.
Diablement tenoient un rang. dîfiingué' parmi les autres, .
ou avoient une. part difiinguée dansla péage. Le Comte
de Provence céda de fon c&é· à ces Gentilshomme·s & à
leurs Héritiers ~ perpetuité dour._e deniers fur chaque trol~
�DU RH ON E.
fols qu'on levoit à [oil très-ancien péage de Tara
fcon fur cha·
.que mui d de fel qui y étoi t tran fport é par
terr e ou par
'eau , & fur tout es les mar chan dife s fuje ttes
au .péa ge ,
.exc epté fur les bois .
· Ces déta ils font tirés tous des Aél:es prod uits
par la Proven ce , ou de fes prop res Ecri ts ; & il a paru
néce fiair e
:de les rafle mbl er ici, pou r faire voir que dans
!'Ar rêt du
<:on fcit ·don t il efr quef rion , com me dans
les autr es mom1mens cité s, il ne s'ag it ni de la prop riété
du Rhô ne ni
-d'aucuns droi ts fur ce fleu ve.
Il ne faut pas au refre fe lai!fer perf uade r qu'il
n'y ait
de péag es que fur les rivie res, ou que tous
les péag es éta·
;blis par les Com tes de Prov ence à Tar afco
n, à Arle s , à
Trin que taill e, à Con fold e, au Baro n, &c ,
foie nt, com me
s'ex prim e la Pro ven ce, des peagçs Prov ença
ux qui fa per- Ri;c:ap. p; )lâ~
cevoiem fur le Rhôn~. En ouv rant le prem ier
Diél :ion nair e
·
qui fe préf ente , on app rend qu'a utre fois
on ente ndo it
par Péa ge tout e fort e d'im pôts qui fe pay
oien t fur les
mar chan dife s qu'o n tran fpor coit d'un lieu à
un autr e, &
qu'a ujou rd'h ui le Péa ge efl: com mun éme nt
un droi t qu'o n
pren d fur les voit ures de mar chan dife s pou
r l'ent retie n
des chem ins, des paff'ages , des rout es , des
port s , &c.
Les prop res Titr es de la Prov ence éno ncen t que les
péag es don t il y efl: que füon fe levo ient fur
les mar chan difes tran fpor tées par terr e com me fur celle
s qui veno ient
par eau. En un mot les Com tes de Pro "enc
e étoi ent les
maî tres de leve r chez eux , à Tara fcon ou
aille urs, des
droits fur les denr ées qu'o n y ame noit de Mon tpel
lier, de
Bea ucai re & des Inde s mêm es, foit par terr
e , foie ,p ar
Mer , fait par le Rhô ne; mais il ne s'en fuit pas
qu'il s fu:!fent
prop rieta ires de Montpellier, des Ind es,
de la Mer oq
du Rhô ne.
f
Aaij_
1
'
�188"
1
'I
1
N°68,prem.
Req.
1
1
1
~1
Mem. p. 107.
Recap. p.49.
PilOPRIETÊ
§.IX. ARRÊT DU CONSEjL D'ÉTAT
Du 24 08obre 1687.
SuR une contefl:ation elevée enrre les Confuls & la
Communauté d'Arles, & les Fermiers du Domaine &
autres conceffionaires du Roi ; cet Arrêt maintient ladite
Communauté d'Arles & les particuliers qµi ont acquis
d'elle , en la propriété, poffeffion & jouiflànce des H1es ,
lflots , Crémens & Relais de la Mer & du Rhône , depuis
ladite ville d'Arles jufqu'à la Mer.
N° 71..
ÂR.RESTdu CoNSE-IL D'ÉTAT de l'armée 1691, por
R~cap. P· 51· tant abonnement avec les Procureurs du p<1ys de Pro~
0
vencc des droits prétendus par "le Roi , comme Comte de
Provence, à caufe de laDireae univerfeile, rnoyennanr
la penlion de 3 5ooo livreso
LE premier de ces deux Arrêts cl·éclare que la Direae
univerfel!e appartient au Roi comme Comte de· Provence,.
dans toute l'étendue du territoire de la ville d'ArJes; réu:
ni~ à fon Domaine de Prqvence divers droits qui avoient
appartenu aux anciens Comtes de Provence ; & maintient
la Communauté d'Arles en la.proprieté des Ines du Rhône
depuis ladite ville d'Arles jufqu·à la .Mer, à la charge de
payer à !"avenir.par chacun an une redevance telle qu'elle
fera reglée.
Le fecond Arrêt fixe cette redevance annuelle à la
fomme de 3 5ooo livres payables à la recette du Domaine
de Provence. Ce dernier Arrêt efr cité dans la Recapirulation des Titres de la Provence, ·d'où ces notions font
tirées, comme ayant été produit par les Procureors du
�DU
RHONE.
Pa ys en 1764 fous le N° 7
L Au co ntr air e da
ns leur Me..
mo ire imprimé de ce tte mê
me année 1764 , la co tte 7
2
efi attribuée a l' Arrêt du eo
nf eil du 26 Juin 'I 71 4' fan
s
qu e d'ailleurs il y foit fait
aucune mention de celui
de
16 91 . Sans s'a rrê ter à ch erc
he r ici la caufe de ce tte erreur volontaire ou no n, on
a cru de vo ir joi nd re enfom
ble les deux Arrêts ,de ,. 1687
& de 16 91 , pa rce que l'un
efi la fuite de l'autre , & pa
rce qu'ils font ég aie me nt étr.an
-·
gers à la ·caufe.
·
La Di reé te univerfelle du Ro
i Co mt e de Pr ov en ce fur"
le ter rit oir e de la ville d'Arle
s , & la pro pri eté des Ifles,
& Crérnens du Rhône depuis
Arles jufqu'à la M er , .n'o nt
aucune liaifon av ec la pa rti
e contentieufe du Rh ôn e. On
fçait bien que la Pr oy en ce
efi en poffeffion depuis le·
clouzieme fiecle de la gra nd
e braffiere de çe fle uv e, ain
fr
que des lfles , Cr ém_ens , rel
ais & roubines de cette bra
f-fie re, & qu'en ve rtu de ce
tte poffeffion il ell: dû au Ro
i, .
comme Co mt e & Seigneur
dir eé t, un e redevance , de
s.
cens & un vingtieme de nie
r pa r chacun _an du revenu
de ·
ces Hles -, Hlots, &c . Voilà
tou t ce que pr ou ve nt les deux
Arrêts dont il s'a git , & on
co nv ien dra facilement que
la :
Provenèe ne
pe ut' pa s defzter de confirm
ation plu s authen· Mêm..p~
tique des droits qu'elle exerc
1 0 g.
e , tant que
le Roi veut bien le
fouffrir, non pas ge ne ral em
en t{u r le Rh ôn e . & Jes dépen·
dances , comme elle le dit
, mais fur les me s, Cr é mens
,.
relais & dérivations du Rhôn
e depuis Ar les juf qu ' à la M er
,.
comme parle le Roi dans l'A
rrêt de Con Confeil. Du refie
on ign ore quelle qualification
les Etats de Provence veu~
len t donner à ces Ar rêt s, &
ft on doit les reg ard er comme
des aveux du Languedoc ou
comme des Declarations,, ,
ou comme des J ugemens
en con:tradi[loire.
defenfe •.
--
�P :R ·O P R I E T 'É
190
'!°!'"_ _.,.
N °69,prem.
§.X. ARRÊT D ·U
Du
Req.
Mem. p. 108.
J.lecap. p. 49·
,
2~
CONSE IL
D'ÉTA T
Aoufl 1690.
la Requête de la Com!T\.unauté de Tarafco n, le
Confeil du Roi adjug_e par cet Arrêt les quartiers ou terreins d.e Leguès, Lefrel & Bar allier à des particuli ers ·qui
en éteient propriet aires ; pour en jouir par eux , leurs fuc~~!Ieurs & ayants .caufe , à per.petui té , moyenn ant une
tomme de 8000 livres, offerte & payable par la Commu tlauté de Tarafco n par fo-rme de denie-rs d'entré.e , &une
Afüer:.gue annu.elle & perpetue Ue de 400 livres.
Sl!JR
N;.70,prem. LETTRE S-PATE NTES furlefafd it
Arrêt, adreffées le même
Req.
jour · 2 z Août 1690 au Pa·rleme nt de Toulo.ufe & à la,
~eec:;.rp~;i-: Cour des Compte s , Aides & Finances de Montpel lier ,
~ enregifiré~s à Montpel lier le 1 6 Juin 1 69.2.
N°71,prem.
Req.
ARREST 'nu CoNSEl L n"ETAT
du z.6 Aouft z69~,
qt,Ü confirme les propriet aires des Crémen s & Terreins de
~::p:~~~i: Tres'b on au ter:roir d'Arles dans la propriet é, poffeffion
.& jouiffance defclites .terres, moyenn ant une Comme de
7875 livre~ offerce & payée parla Commu nauté d'Arles,
& un~ Albergu e de 300 livres payable ~ous les ans par
la même Communau~é.
, ·
[à. Ibid.
LETTRE s-P AT ENTES fu,rce
dernier Arrêt, en date du 10
Septemb re de la même année 1692 ;enregifr rées en la Cour
des Comptes -Aides & Finan~es de Montpel lier le 13 Dé·
c.embre fuivan t.
·
PARCE QUE les Lettres-P atentes de 1690 &
de 1692 fu.
tent enregifirées en Langued oc , les Etats de Prov.ence
�D U RH 0 NE '..
pré ten den t qu e le La ngu edo c
reconnoijfoit donc encore les
Mem. p. r o91
droits de la Provence fur le Rh
ôn e , qu e pa r cet enregijlre- 110
&
•·
ment il fitt reconnu qu'en effe
t le Languedoc n 'av où rien
J
prétendre fur ces ter rei ns, qu'
on peu t regarder cet enregijlre
ment comme un aveu for me l
du La ngu edo c , & comme un
jugemetzt contradiéloire qui jug
e avec lui que les droits de la.
Provence {ont i~contejlables fur
les l les du Rhô.ne. l\1ais les·
mê me s Eta ts ne dil ènt pas
qu e ces Le ttre s Pa ren tes fu,..
ren t enregi11rées , co mm e les
deu x Ar rê:ts en quefi:ion .fu,..
ren t do nn és, fans ent end re les
par tie s leg itim es ; qu e le·
Sy nd ic· Ge ne ral de l_a pro vin
ce de La ng ue do c , parti~
effenrie11e & néc eff air e, dan
s tou te aét ion où . les limites
·
refpeét:ives du La ng ue do c &
de la Pro ve nc e font. com pro -·
mi fes , ne füt ni app ell é ni ou
i; & qu 'il n'a pu '· fans êtr e
·
ent end u , fe tro uv er pri vé d'u
n dro it auffi im pre fcr ipt ibl e:
qu e l'efr cel ui des limites du
ter rito ire de fa pro vin ce ,..
fui van t les Le ttre s· r ·ate nte s, Ed
its & De cla rat ion s des Ro is,
Ch arl es Vl l en 1.4 46 , Ch arl
es VI Ir en 14 83 , Fra nçp is
l\
en 15 14 & 15 22. ,H en ril l en
1548· , &c . Q _u an tau xd eu x:
Ar rêt s du Co nfe il , do nn és
fur les feules Re qu ête s des ·,
Co mm un au tés d'A rle s & de
Ta raf co n, co mm e ils, fon t ·
pré cif ém ent de mê me na tur e
, on· ne · do it pas les fép are r
·
dan s cet Ex am en , d'a uta nt pli.1
s qu e tou s deu x n'i nte rei fen t:
la cau fe, qµ' en ce qu'ils de da
ren t l'un & l'au tre qu e les ter
•
reins do nr ,il y efr. qu efü on ne
po urr on t êtr e pré ten du s fai re
·
pa rti e du La ng ue do c , dans
le cas mê me où les Al ber gu es
,
effertes pour. ces teq ein s fer
on t pa yé es en La ng ue do c ;
.
mais qu e les qu art ier s
Le gu ès, le il: et .& Ba ral lie r d'u
ne:
pa rt fer on t dan s le com po is
& tai lla bil ité de Ta raf co n ,
& les qu art ier s de Tres-bon d'ù
ne au tre par t. de me ure ron t:
<fans le ter rito ire de la vil le
d'A rle s , fans po uv oir êrr e ni:
les uns. ni les aut res affujettis
à auc un es im po fai on s ordi"" ..
de
/
�PR 0 PR I E T É
'192
·naires ·ou extraordinaires de ladite Province de Languedoc.
Dans l'intervalle des deux Arrêts, il arriva que le Roi voufant déterminer à qui les Alber.gues des terreins de Leguès,
Lefl:et & Barallier ,& en général de toutes les Hles du I_lhône,
.devoient être payées , rendit dans fon Confeil le 8 Mai
169 1, un Ar'rêt folemnel & contradiaoire entre les Fermiers
<lu Domaine de la Province de Languedoc & les Fermiers
du Domaine des Provinces de Dauphiné & de Provence,
par lequel il efr jugé après une très-ample infiruaion que
,, lês droits de Champart, ordonnés par la Déclaration du
,, mois d' Avril I 6 86 être payés à la recette du Domaine
"" de Sa Majefié par les proprietaires de toutes les I.l1es,
" Crémens, Accroiifemens & dépendances , tant de l'an.,, cien que du nouveau cours du Rhône, ·enfemble les
.,, Droits Seigneuriaux qu'ils peuvent ou pourront devoir
~' ci-après pour raifon defdites I!les, Crémens, Accroif" femens & dépendances, feront payés aux Fermiers des
->'Domaines de Languedoc , à la referv·efeulement des droits
~'adjugés au F;ermier· de Provence par !'Arrêt du Confèil
.,, du 24 Oélo6re z687, {rendu entre lui & la ville d'Arles,
& concernant uniquement des Ifles de la grande bra.ffiere
du Rhône depuis Arles jufqu'à la Mer;) "en la jouiffance
~> defquels Sa Maj.efié l'a maintenu & gardé. Veut en con·~> fequence Sa Majefié que la redevance de 400 livres
·>> dûë .à la recette du Domaine par les Confuls de Taraf.
-~> con., foir payée aux dits Fermiers des Domaines de la» dite Province de Languedoc, de laquelle Sa Majejlé dé., clare ladue riviere & Jes dépendances jàire partie, confer•> mément à l' Arrêt du Parlement de Touloufe du 8 Mars
/
•• 149 3 ' ( 1 494 · )
Les Prncu.reurs du pays de Provence, qui fe font une
loi
�DU RH 0 NE .
loi de dép rim er tous les Jug em ens qui ne
leu r font pas fa_
vor
abl es , pré ten den t apprecier cet Arr êt
à fa jujle val eur , Recap .
;r,
en ne le regardant que comme J.r,aTya
J & fu 1v.
nt un arrangement ae
finance, & com me decidant une fim ple
comejlation de fina nce ;
ils a voi ent déja app réc ié de mêm e
l' Arr êt du Con feil du
I 6 Juil let 168 1. , qui con cer
ne le recouvrement des fran cs.fiefs de Lan gue doc , & qui jug e con
trad iao irem ent que le
fran c-fi ef des Hles du Rhô ne qui fon
t du côt é de la Pro ven ce doit être pay é en Lan gue doc
; & ils ont eu foin de
diffimuler qu,e la décilion des contefr
ations élevées fur ces
obje.rs des finances dép end ait effentie
llement de la détermin atio n ou de la connoiffance ,.<le cet
te même pro prie té
du Rhô ne q~'ils me tten t auj our d'h ui
en que fiio n.
Il efr cep end ant très-clair, en lifant
l'A rrêt don t .il s'agit , que l'intention du Roi éto it d'ad
jug er la rec ette des
dro its dûs par les pro prie tair es des
Hles & Cré me ns du
Rh ône , au Fer mie r des Do ma ine s de
la Pro vin ce de laquelle ces Hles faifoient par tie. En
con feq uen ce Sa Ma jefi é laiffe d'u ne par t au Fer mie r du
Dorp.aine de Pro ven ce les droits qui lui ava ien t été adj
ugé s par l' Arr êt de
I 687 fur . les me s de la gra
nde braffiere du Rhô ne depuis
Arles jufqu'à la Me r, par ce que la
gra nde braffiere du
Rhô ne éto it poffedée depuis long-te
ms par la Pro ven ce
& app arte nai t à la Pro ven ce com me
elle lui app arti ent
enc ore & lui app arti end ra tan t que
le Roi vou dra bie n
fouffrir que fa Cou ron ne foit priv ée
des dro its qu'elle a
fur cet te par tie du fleu ve, com me
fur tou t le refie ; &
de I'-autre par t Sa Majefl:é jug e que
les Fer mie rs de fon
Do ma ine de Lan gue doc per cev ron
t les droits pay abl es
par les poffeffeurs de toutes les autres
Hles du Rh ône ,
par ce que ces Hles font par tie du Lan
gue doc ; & afin
qu' on ne puiffe poi nt dou ter de fes mo
tifs , le Roi déc lare
Bb
p. 64
/
/
�1"94
PR 0 PR I ET Ê
expre!fément ·que le Rlzône & fes dépendances fom partie
de la province de Languedoc.
Jltid.
Au furplus cette Déclar~tion formelle , qui eft vifible..
ment le fondement de l'arrangement de finances, n'étoit;
point un jugement for une quefüon douteufe & indécife, pour réclairciffement de laquelle il fût néce!faire d' enten·
dre les Provinces- en corps ou leurs lzahù.ans; mais doit être
regardée comme une fimple expofttion de l'etat des chofes & d'un état de · chofes qui fubfül:oit depuis plus de
douze fiecles.
Il refulte des difpofitions de l' Arrêt de r 691, i 0 que ·
le Confeil du Roi fur le vû des Titres produits par les "
parties conrendantes regarda les quartiers de Leguès:> Lef·
rel & Barallier, comme des lfles ou Cré mens du Rhôné ·
lequel fait panie de la province -de Languedo c , parce '
qu'ainG que le Languedo c · même , il appartien t au Roi ,
comme Roi de France; 2. Q que par cette raifon l' Alber ..·
gue annuelle & perpctuelle,. offerte l'année précédent e par'.
la Communa uté de Tarafcon pour ce-s trois · quartiers, .
ft.it en effet payée ,& continue- d'être payée au fermie,r :
du DQmaine· du Roi en Languedo c;.
Indépendamment de toute autre . raifon, ces. difpofitions ·
autorifoie nt le Languedo c , non entendu lors de l'Arrêt
du 12Aoûr1 690, à revendiqu eda raiHa]?.ilitb des: terreins ·
de Leguès , . LeCT:et & Sarrarllier · adjugée à-'la Commummté
de Tarafcon par le mêm~ A'rrêtt; &- lui fourni!foi end'o·é·
cafion de faire valoir deux; moyens petemptoire~ d'Op•
pofüion à cet Arrêt: p.remierem.enda contra:diB:iôil marf!Yée entre les difpofüion s, mêm-€s de. l'Arrêt de>, 1690 ,
qui, d'un côté, re~onnoît que f;'.€>S teneins font , des ··dé,:.
pendances du Rhône & ne mai.ntieht la Communauté-de
Ta.ra-fcon dans la jou~ffance; des mêm,es ten;eins que. rnoye~
�DU R -H 0 NE .
nan t une red eva nce de la nat ure de cell
es qui avoient' été
ord onn ées par l'Ed it de 1686 uni que me
nt par rap por t aux
Hles & Cré me ns , d'o ù il fuivoit néc
effairement que ces
mêmes terreins fon t de véritables
l:O.es ou Crérnens &
dev oie nt en con féq uen ce pay er leurs
irnpofitions en Lan gu~doc ; & qui néa nm oin s déc
lare d'u n aut re côt é qu'ils
ne pou rro nt être fujets à aucunes imp
ofitions ordinaires
ou ext rao rdin aire s de la pro vin ce de
Lan gue doc : fecondem ent la con trar iété rnanifefte ent re
_cet Arr êt de 169 0,
qui ord onn e que les terr ein s de Leg
uès , Lefl:et & Barallier dem eur ero nt compris dans le
Com poi s de Tar afcon ; & l' Arr êt de 1691 qui les reg ard
e & les trai te com me
des dépendances du Rhô ne , des parties
du Languedoc, &
des exc ept ion s èe la réferve fait e par
t Arrêt du 24 Oélohre
z 6 87 par rap por t aux Hles depuis
Arl es jufq u'a la Me r,
& qui adj uge en con féq uen ce au Do
ma ine du· Roi en
Lan gue doc la red eva nce ann uel le de
400 livres dûë par
les Confuls de Tar afc on pou r ces mêm
es terr ein s. L'O ppof ttio n du Lan gue doc fon dée prin
cip alem ent fur ces
deu x mo tifs , efi: admife au Con feil
du Roi ; elle y etl:
fuivie par le Syn dic -Gé nér al de cet te
pro vin ce , ~lle s'y
infl:ruit ave c l'ln fpea eur Gén éra l du
Do ma ine , & les
Pro cur eur s des Gens des trois Etats
du pay s de Pro ven ce
y déf end ent . Qu i n'ad mir ero it don c la
confiance de ces
mêmes Pro cur eur s du pay s de Pro ven
ce, Jefquels pro dui fen t auj our d'hu i fous les yeu x du
Co! Jfei l, com me un
Tit re incontefl:able de leur pré ten duë
pro pri été , ce mêm e
Arr êt de 16 90 , qui y .efi: aél:uelleme
nt en caufe dans une
infl:ance con nue par les Ecrits qu'elle
a pro dui ts de par t
& d'au tre ? Qu e dira ien t-il s ft dans la
caufe pré fen te on
opp ofo it com me un Tit re irré pro cha
ble , (tel qu'il l'efi:
en effe t,) l'Arr êt du 26 I uin· 17 24 à la
dem and e qu'ils fon t
Bb ij
�PROPRIETÉ
Il
contre ce même Arrêt & à l'Oppofoion qu'ils y ont fo.tmée par voye de contrariété & de requête civile ?
II y a cependant bien des· différences entre l'Oppofi•
tion du Syndic-Général- de Languedoc & celle des Procureurs du pays de Provence dans les deux diverfes in(..
tances , & ces différences ne font rien moins qu~à l'..avan.tage de la Provence. Dans la premiere de ces infiances .,
le Languedoc oppofe à un Arrêt donnl fur la feule Requête d'une Communauté de Provence , un autre Arrêt
rendu pofiérieurement , contradittoirement ~ après une
très-ample infiruttion, & précifément fur les mêmes ob,.
jets , fur les mêm<.?s Itles & Créinens. Dans la feconde
au contraire ,. la Provence attaque un Arrêt folemnel. ,_
rendu conrradiétoirement entre le Lan.Kuedoc & la Pro.,.
vence en très-grande conn0iffance de ca ufe ; . & ,. fur ce
que le Roi y déclare ( après avoir- entendu l'Infpetteu~
Général du Domaine , partie néceffair.e dans ceue matiere
où les droits & le. domaine d.e la Couronne font intereffés , ) que toutes les ljl.es du Rhêize font panie de la province,
de Langui!doc ;. eidle opp-ofe. à cette Déclaration parfaire-·
ment conforme à celle qu'on· vient de . voir· dans l' Arrêt .
d.e 1691 , fept prétendus Titres, qui font . tous antérieurs ~
à l'.Arrêt de 1724,. dont aucun n'efi en wntradiélion avec ,
cet Arrêt, dans lefquels ils n'efi nullement quefüon du..
fort du. Rhône, où l'on ne trouve pas une feule difpo!ile Rhône & fes dépendances ne fom pas
tion qui juge
partie du. Languedoc ou font pattie de la Provence , enfin. .
qui n'ont rous pour objet que quelqµe me, quelque Crément, ou quelques terr.eins partie.uliers ,. dont le fort., malgré les entreprifes faites , fuivies & multipliées par Ja_
I'rovence , efi encore litigieux~ indécis & fournis au j.ugement du Contèil du Roi dans diverfes inifances par~
que
�DU RH 0 NE .
ticu lier es. Voi là les mo num ens que
la Pro ven ce me t en·
con rrar iété ave c l' Arr êt de 17 24.
Ils ont tou s été difè utés
dan s le cou rs de cet Exa me n , par
ce qu'i ls fon t pro dui ts.
com me aut ant de Tit res ou con frit
utif s ou éno ncia tifs de
la pro prié té du Rhô ne ; & l'on ne
pou rra qu' adm irer la·
mé tho de éga lem ent adr oite & com
mo de de don ner pou r
Tit res aut hen tiqu es de Ja pro prié té
du Rhô ne en gén éra l,,
& d'op p-o fer en mê me tem s par .mo yen
de con trar iété
à une Déc lara tion auffi gén éra le por
tée dan s une déc iGo n.
fole mn elle & com rad iélo ire , des
jug eme ns ren dus fur de
fim ples req uêt es rela.tive men t à des
terr ein s par ticu lier s.
de q,u elqu es lf1es ou Cré me ns,
enf uite rem is en cau fe
pou r y être difc uré s con trad iB: oire
me nt, ou enf in atta qué s.
p~r des Op pof üio ns juri diq uem ent
adm ifes au Con feil du
Roi-.
La plû par t des raif onn eme ns qu'o n:
vie nt de. fair e au fujer des Cré men s de Leg uès. , Lefl:et
& Bar alli er par rap ·por t à l'A rrêr de 1-6 90, peu ven t
être éga lem ènt app li-·
q.ués aux Cré me ns de Tre sbo n rela
tive men t à l'A rrêt de.
169 2. Les prn prié tair es de ces terr
ein s fou ten oie nt alor s.
con tre les Fer mie rs d.u Do ma ine de
Lan gue doc que · ces Mêm. p•. w9; .
terr ein s. éto ien t t~rres ferm es de Pro
ven ce, & n'a voi ent
jam ais été Ii1es ni Cré me ns. C'é coi
t une fim ple difc uffi oncle fait qu'il éta it facile d'éclairci~ •. L'af
fair e inil ruit e d'.abor d for les lieu x & enf uire par app
el au Con feil du Ro i, .
éta it prê te à êcre jug ée ; q,ua nd ces
pro prié tair es, pou r.
ne pas cou rir les rifq ues d'u n.J uge
me nt,. qu.?ils ne pré - ·
voy oie nr pas fans d0u te dev oir leu
r être fav ora ble , imi mit ere nt Fex emp le que les Hab itan
s. de Ta. rafo on . leu r.
avo ien t dGnné deu x ans aup ara van
t, &. offr irem au Ro i
une fina nce de 787 5 livr es par form
e de den iers _,d'e n-trée , & une Albergue payabl~ au Do
maine du . Rg~ , en,
�11
1'
PROPRIETÉ
•198
Languedoc. Sur la Requête qui contenoit leurs offres in.
tervint le 16 Août 169 2 l' Arrêt du Confeil dont il s'agit
ici & dans lequel les rerreins de Tresbon furent traités
comme Hles ou Crémens, & affujettis à la redevance propre aux Iües & Crémens du Rhône. En conféquence, le
:Mem. p. I23. Fermier du Domaine de Languedoc forme aujourd'hui
deux demandes pour des droits de Lods & ven1e & pour
des droits de Franc-fief qu'il prétend lui être dûs fur ces
quartiers de Tresbon ; La Communauté d'Arles eH: en
caufe dans ces demandes , auxquelles elle efi: opofante;
& ce font deux procès qui fubG.fl:ent aél:uellement entre
·fa ville d'Arles & le Fermier du Domaine de Languedoc
fur le fort de Tresbon.
Cependant les Etats de Provence produifent cet Arrêt
<le 169.z. comme un Titre décilif, qui leur affure non-feuiement la propriété de T resbon mais encore fa propriété
de tout le cours du Rhône depuis la Durance jufqu'à. la
Mer ; car c'.efi: cette derniere propriété feule qui efi: l'objet de leurs Produél:ions. Ils n'ont pas apparemment fait
un raifonnement fort fimple, que voici : Ou les terreins
<le Tresbon font terres-fermes de Provence, ou ce font
des Créme)1s du Rhône. S'ils ~ppartierinent au continent
.de Provence , !'Arrêt qui ordonne qu'ils feront du terri·
toire de la Ville d'Arles & ne feront point fujets aux impofüions de la province de Languedoc , n'intereife pas
plus la propriété du Rhône , que ne l'inrereife toure autre partie de la terre de Provence. Si au contraire ils font
Crémens du Rhône, comme paroît le fuppofer l'Arrêt
qui les affujettit à une redevance propre aux Crémens ;
alors non-feulement le Fermier du Domaine efi autorifé
à en exi.ger ·les droits auxquels les Crémens font tenus
.envers le Domaine de Languedoc, mais e11core on pour~
�DU RH O NE .
roi t en con clu re que ces Cré me
ns font dans la cla!fe dès
~dépendances du Rh 8ne qui
font déc lar ées dan s l' Arrêt de·
1691 faire par tie du Lan gue doc
.
Qu oiq ue la pof üio n loc ale des
ter rei ns de. Tre sbo n paroi!fe équ ivo que , - com me on l'a
obf erv é pré céd em me nt, :
la Pro ven ce con vie nt qu'ils fon
t dans la partie du fleuve Recap. p. 84.
qui remonte depuis Arl es juf qu' à
la Du ran ce; .& il s'en fui t
CJ.u'ils ne fon t poi nt du nom bre
des Hles & Creme~1s fo.
tués entre la ville d'A rle s & la Me
r, . &- lai!fés par les Arrêts de 168 7 & 16 9 1 au Fer mi
er du Do ma ine de Pro~
ven ce. Ce s ter rei ns ne fon t don
c poi nt com pri s dans la'
referve des dro its adj ugé s au Fer
mi er de Pro ven ce, &
app art ien nen t au con tra ire à la
loi gén éra le · qui déc lar e:
que le Rb ône & Ces dépendanc
es fon t par tie de la pro-·
vin ce de Languedoc.. Ce la ne
pro uve poi nt du rout que ·
FArrêt de 1 69 z foit un Tit re. inc
ont efr abl e de la propri été · du Rh ône en fav eur de
la Pro ven ce. Ce t Arrêt~
d'a ille urs & cel ui de 1690 ne
font affurément poi nt des ·
ave ux, des décLaratians.. ou. des.
f ugeme.ns en comradiéloite:
défe
.nfe.
A
QU OI
fe réd uif ent don c- les Tit res
con hrm atif s· ou RÉs VLT A'I'<
enonc1atus de 1a ,_.p rov enc e .;i C e r
' ve·r L
pri!tendus
1on t des p roc esuau x· d!s
Tiire.1 conf
ir-qui conti:ennenr bea uco up de dép
.ofüion9 coo tra dié toi res , matifs•.
dè propofit.ions, hazardées.,. & d'a rci
des ·<l.Faés ·par· l'i-nterêc& ta pan i.ah té ; mais. qui . n~offrent
pas une f.eule . décifion~ Ce fon t des Aa es que la Prov.e
n.ce .s'eft pro cur és" pou raut ori fer les_ entr.epri!es qu:eUe
a- fouvent reurées<- eonrre '
la juri[diéti on du Roi fü,r le
R:hbtre & qn.~eine rèjerrè :
fur le ~angue<lac qui ne CQ)ntefie
poi1t1t-.au( Ro i • Jà: pi<o-...
pri été de ce .fleuve_, & qui côm
me pro~inee Fra nço ife ·
dont le.s ,dr.oits. fur le Rh ôn e 'on t u.ne
.i:~la-t4en . necdfaire ~
1
•
•
C
�.2.QO
PRO PRIE TÉ
.avec ceux de la Couron ne , efr eifent1el1ement obligé &
.n'a jamais ceffé de défend re, conrre ces mêmes entrepr ifes de la Proven ce , les droits inconrefl:ables · que la C ouronne a fur le Rhône depuis plus de douze fiecles. Ce
font des TranfaB :ions entre des proprié taires particu liers
au fujet de quelque s terreins des Hles du Rhône ; l'aliéna .tion d'un Hlon faire par une Commu nauté en faveur de
fes créanci ers ; une vente de quelque s übjets fernblab les
& d'autres AB:es pareils , qui ne concern ent que des pro.priétés particu lieres, & d'où il n'y a rien à conclur e pour
la proprié té du Rhône en général en faveur de la Provence. Ce font deux Arrêts d.u Grand- Confei l rendus contradiélo ir:emen t entre ~es p articuli ers, & viGblem ent furpris par de fauK expofés & par des foppoli tions roma11efques. Ce font trois Arrêts du Confei l du Roi, daMs
l'un defquel s il n'efl: quefrio n que du péage ~it de Luhieres
.ancien nement établi à Tarafco n fur les marcha ndifes qui
y étoient apporté es par terre ou par eau , objet étrange r
.à la proprié té du Rhône ; & dont les deux autres ne conce rnenr que les Hles & dérivat ions de la grande braffiere
du Rhône depuis Arles jufqu'à la Mer , ce qui n'intere ffe
.ni la pa.rtie content_ieufe du Rhône , ni la caufe préfent e.
Enfin ce font encore deux Arrêts donnés fur Requêt e par
le même Confei l du Roi relative ment à des Crémen s ou
Terrein s qui font encore aB:uell ement en caufe dans des
infl:ances particµl ieres , admifes , liées & fuivies au Confeil .
Ces prétend us Titres, au nombre de feize, font produit s
par la Proven ce comme .autant d'Aveux , de Déclara tions
.ou de Ju,geme ns contrad iéloires , fous les NN. 24,
.15, 19 , 5 1, 66 ~ 67, 68, 69 , 70, 71, 71 de la pre·
miere Requêt e ; & 3 2, 34, 41, 45 & 54 de la feconde
Requêt e ; & ils embra_ffe.nt les années 1 306 , 13 07 , 13 2 7,
1474,
�"b U RH 0 NE.
1474, 1471, 1so4, 1 57 6, 1 587, 1609, 1617,
1687' 1690' 1691 & 1691.
A
R T I CLE
i670,
T R 0 1 S I E M E.
Titres produits par la Provence fous la dénomirza ...
tion d' Aéles po!feifoires.
'-
·les Procureurs du pays de Provence, pour
juftifier leur préte!ldue pr~priété de tout le cours du Rhône
depuis la Durance jufqu'.à la M.er , vantent une po.f!e.ffeon Req. de 1764~
Je plus de vingt Jiecles, une poffeffion de près de trois mille Mem. p. 130~·
ans, . une poffeffion des ums les plus reculés, une poffef- 1 32· & 1 3.S·
fion de tems immémorial & même de tous les tems; ce n'eft
point qu'ils ignorent les droits que la Couronne de France
a fur ce fleuve. . Ils difent eux-mêmes que nos Rois ont IJ. p. 12.6~
regné far fleuve du Rhône, qu'zls ont exercé leur /Ôuveraùi.eté fur le fleuve & fur les pays Ji.tués aux deux hords,
que les Rois Gontran & Pepin, ainli que les Empereurs Id. p. 10, u;
Charlemagne, Louis-le-Déhonnaire 1 Lothaire, 'Louis-le- 1 3 & 1 -4·
B~gzte & Chq,rles-le-Chq.uve regnerent fur les deux rive$
.du Rhône , & fur l~s d~ux horc/s de ce fleuve.
Auffi, lorfque ces mêmes Procureurs du pays de Provence veµlent prouver leur polfeffion- par Titres ; pour ne
point enjamber fur les droits qu'ils conviennent avoir appartenu à nos Rois, ils fe contentent de ne faire remonter leurs Aaes poffeffoires au nomhre de 9 2 , que jufqu' au Rec.ap. p. Vi~
onzieme jiecle' ou plu:; vérjtablement & en comptant jufie'
ju(qu'au douzieme lieçl.e. Car , quoique les plus anciens
Aaes, qu'ils cirent fous les numeros 1 , 2. , 4 & 5 de leur
feconde Requête, n'ai~nt aucune date, il ne faut que les
lire pour appercevojr qu'aucun d'eux n'eft anterieur au
LORSQUE
u
Cc
�101 .
PR 0 PRI ET É
tems d'Alp honfe -Jourd ain , Comt e de Toulo ufe & de
Prove nce , lequel efr né dans le douzi eme fiecle , & étoit ·
encor e fort jeune , lorfqu 'il concl ud avec le Comt e de
Barce lone le fameu x Traité de partag e de l'anné e 1 125 ;.
époqu e de la poffeffion illegit ime que la Prove nce acqui t ·
alors de la grarid e braffiere du Rhôn e, fans l'aveu & à
l'infçû du vrai propr ietair e, & four ce des préten tions qu'ell e
s'efi faites depui s, & des entrep rifès qu'ell e a fouve nt tentées for le refl:e du fleuve.
Sans infifte r fur les exage ration s , les inexa élitud es &
les contra diétio ns qui refult ent des caraél:eres que la Pro, vence donne à fa préten due poffe ffion, & en fe borna nt
à conGd erer fes Aétes poffeifo ires tels qu'ell e les préfen te;;
on ne voit pas encor e qu'ils puiffe nt lui êrre d'aucu ne utilité daRs cette Caufe . Pu ifqu'il eft avoué que la Couronne a eu des droits fur le Rhôn e & même qu'ell e a
joui penda nt plufie urs fiecles des droits de fouve rainet é
& de propr iété fur tout le cours de ce fleuve ; dès-lo rs ,,
comm e nous l'avon s obferv é deja plufie urs fois, c' ejl à la
Prove nce qui s'attri bue cerre propr ieré depuis!~ Duran ce·
jufqu' à la Mer, & . non au Langu edoc q ui ne la dema nde
lteq. dex76+ pas , à prouv er que nos Rois ont perdu leurs
·droits à telle
époque , à rapporter le Titre tranjl. atif de proprieté de ce fleuve
en fa faveu r,. & a aéfigner nettement le Traité , la Conflen·
tion, le Partage ou même le droit de conquête qui auroit dépouillé la Couronne de fas anczens droùs pour en enrichir la
Mem. P• 132. Prove nce. On convi ent avec elle que dès que le
vrai Titre depropri eié p aroÎtr a, il fera taire tous les autres. Or il efi manifefte que parmi les dix-huit monu mens que les Etats de
Prove nce ont produ its comm e Titres conjlùurifa de la proprieté du Rhôn e, il n'y en a pas un feul qui fait vraim ent
& vala_blement tranjl atif du droit de proprieté fur la partie
�DU RH 0 NE.
203
.conte ntieuf e du Rhôn e, pas un feulq ui foit attributifd'au-Mém.p.1p.
~
cun nouveau droit fur cerce partie du Rhôn e en faveu r de
la Prove nce ; pas un feul qui ait opéré la création de ce droit ,
ou qui l'ait tranfponé de la main du Roi , feul , vrai &
légitim e proprietaire de tout le cours du Rhôn e dans la'
main d'un autre , foit Comt e de Prove nce, foit Arche- ~
vêque d'Arle s. Il efl: égale ment démo ntré d'une autre part
que les feize Piece s produ ites comm e Titres énonciatifs ou
confirmatifs de propr iété n'énoncent ni ne fuppo(ent le tranf~
port du .droit de propr iété fur la partie conte ntieuf e du
Rhôn e. On ne parle point des alléga tions avanc ées dans
ces préten dus Titres par des partie s intere ffées , par des ·
Procu reurs ou des Juges des Comt es de Prove nce. Ces allégati ons n'ont pas plus de poids ou d'auto rité que les
Ecrits même s que la Prove nce publie & préfen te aujou rd 'hui. Mais on parle des difpoGtions forme lles , des déclarat ions, des aveux & des jugem ens en contra di&oi re
.défen fe; & on fou tient qu'il n~y a pas une feule difpofition dans les feize Piece s dont il s'agit , qui fuppo fe que
la propr iété de tout le cours du Rhôn e depui s la Duran ce
jufqu' à la Mer ait jamai s été ·rranf portée . ou cedée à la
Provt nce qui la reclame; & on dit en rappe llant encor e
fes propr es ~:îpreffions que c,es Pieces font non-feulement im·
puijfa mes, mais encore odieu fes, conzme renfermant une fraude
.condamnable.
Que devie ndron t donc les Titres pofféffoires d'une pro·
priété dénué e du Titre origin al, de toute preuv e . aurhen~
tique~ de toute autori fation légiti me? Une telle propr iété
ferait une verita ble ufurp ation faite au préjud ice des droits
impre fcript ibles de la Couro nne , & fa poffe.ffion ferait
nulle de droit. Les Jurifconfultes conviennent & la droite
cc ij
�1
1
104
PROPRIETÉ
raifon diéle que l'ufurpation ne peut produire une véri.table poffeffion, fuivant la Maxime : Poffeffor malœfidei
numquam efl po.fTejfor; qu'on ne peut oppofer ni poffoîfion ni prefcription _aux droits inaliénables de la Couronne ; & qu'aucune prefcription n'efr admiffible fans une
poffeffion de bonne foi, une poffeffion legitime & une pof..
feffion fans troubles. Or quand même on fuppoferoit contre toute vérité que la Provence auroit en effet la poffeffton de la partie contentieufe du Rhône , il efr vifible que
fa poffe:ffion n'auroit aucun de ces caraéteres. Ce ne f~
roit donc pas une véritable poffeffion' & fes aaes poffeffoires ne pourraient être regardés que comme des entreprifes ambitieufes au préjudice du proprietaire légitime , & des attentats contrè le droit du Roi & de fa Cou-,,.
ronne. Il ne feroit pas avantageux: à la Provence qu'on fit
l'application de ces principes à fa poffeffion de la grande
hraffiere du Rhône.
. Mais il ne faut pas même croire que les 9 2 Pieces que
la Provence range dans fa troifieme claffe de Titres, fous
llecap. P· SS· le nom d' Aétes poffeffoires, jujlifient la pojfej{zon confiante
de tous les droits qu'elle fe vante d'avoir eus fur tout le
cours du Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer, &
Req.du76~ préfentent des Aéles de Jouveraineté, de propridté & de jurifdiélion, émanés de fes Comtes & Joutenus dans tous les
fiecles. Si l'Examen qui a été fait jufqu'a préfent de fes pré~
tendus Titres confl:itutifs & confirmatifs & qui embraffe
tous les diffé·rens objets dont il efi quefüon dans fes Aaes
poffeffoires ne fuffifoit pas pour donner lieu d'apprecier
ces derniers Aaes à leur jufie valeur, & fi, après ce qu'on
vient de dire, il ne devenoit pas inutile de parcourir cha·
cun de ces mêmes Aél:es qui ne peuvent avoir aucun
�DU RH ON E.
effet dans cet état de caufe ; on pour roit, en .les exam
inant tous avec la mêm e atten tion qu'o n a donn ée
aux
préc éden s , démo ntrer qu'il n'y en a aucu n qui
puiif e
autor ifer le fyfiêm e de la Prov ence & que dans la
vérité du fait, eUe n'a pas plus de Titre s de poifeffion qu'el
le
n'a de Titre s confritutifs ou confirmatifs de la prop
rieté
qu'el le s'attr ibue.
C'efi pour évite r des répét ition s ·fans fin, qufon fe con
..
tente ra d' obfe rver en géné ral que des 9 2. Aétes poifeifoire
s
que les Etats de P rove nce ont raffcmblés avec autan
t
d'app areil que de peines & de tems , IQ le très-g
rand
nom bre n'a rapp ort qu'à la gran de braffiere du Rhôn
e&
à l'Hle de Cam argu e qui ne font poin t en comefl:ation
,
ou conc erne les droit s établis par les Com tes de Prov
ence
dans des villes & lieux de la terre -term e de Prov ence
,
à Arle s, à Tara fcon , à Barb enta ne, ·&c; tous Aétes qui
n'on t aucu ne forte de conn exion avec la prop riété
de la
parti e conte ntieu fe du Rhôn e : 2° D'au tres ne font
mention que des droi ts, fiefs & biens des Arch evêq ues
& de
l'Egl ife d'Ar les, ou dans la Cam argu e, ou dans la gran
de
braffiere du Rhôn e ou mêm e dans la Terr e d'Ar genc
e ,
droit s égale ment étran gers aux Com tes de Prov ence
, &
à la prop riété dont il efl: quef iion ; 3° Quel ques -uns
enfin
n'offrent que des entre prife s plus ou moin s hard ies &
plus
ou moins heur eufes , mais toute s fans droit , tantô
t fur
un Crém ent , tantô t fur une Hle du .Rhô ne, & tantô
t fur
le conti nent mêm e du Lang uedo c. Un lege r détail de chacune de cès trois efpec es d'Aé tes fuffira pour proc
urer
à ceux qui voud ront les conn oître plus parri culie reme
nt,
la facilité d'en porte r un juge ment folide d'apr ès les Ecrit
s
mêmes de la
Provence~
,
�PROPRIETÊ
§. 1.
A C TE S
Relatifs aux droits des Archevêques & de l'Eglife
d'Arles.
EN commençant par les Aétes qui font les plus anciens
& qui n'ont rapport qu'aux droits que le~ Archevêques
d'Arles ont eus au nom de leur Eglife , & comme Vaf.
faux ou Pairs de l'Empire & de la Couronne d'Arles; on
trouvera d'abord quatre Chartes fans date, mais certainement pofl:erieures au onzie~e fiecle , lefquellcs font ex ...
traites du Cartulaire de l'Eglife d'Arles , & dont les deux:
premieres donnent le détail des droits que l' Archevêque
a voie dans le t€rritoire d' Argence, qu'on fçait bien avoir
été fous la mouvance de cette Eglife ; & les deux autres
expofent les droits que le même Archevê-que avoit fur le
pont & dans le port d'Arles. Il faut y joindre les recon•
noiffances des Ponraniers d'Arles & des Porteniers du
Bourg, qui étoient obligés de fournir des hommes & d'en·
tretenir des bateaux pour les befoins & le fervice de !'Archevêque.
On verra enfuite des donations, ceffions & confirmations faites par différens Archevêques d'Arles aux Abbé ',
Prieur & Chevaliers de Saint-Gilles & aux Maifons de
Baux & de Porcelet, de divers biens & droits dans le
_territoire d' Argence , dans •Trinquetaille & autres lieux
de la Camargue, fur la grande braffiere du Rhône & fur
les deux rivages de cette partie du fleuve ; nombre d'hom· '
mages rendus à ces Archevêques par quelques Seigneurs
des de~x mêmes Maifons de Baux & de Porcelet , pour
les biens & les droits qu'ils tenoient en inféodation 'de l'E·
glife d'Arles , pour le ChâteaJJ de T rinquetaHle , pour
�DU RH 0 NE .
10 7
les por ts de la ville & du bo urg
d'A rle s·; po ur des péa ges à per cev oir fur les riv age s
cle cet te par tie du Rh ôn e;
po ur des pêc her ies aux Gr as de
P~nnanides & de Paffon
,
po ur des pât ura ges , _des éta ngs
& des falins dans la Ca ma rgu e, &c ; enfin diverfes ven
tes faites à l' Ar che vêq ue
d'A rle s par des par tic uli ers qui
te1mient de lui des po rtions de l'Hle de Bois - Co mt al
dans le Gr and -R hô ne &
par d'a utr es par ticu lier s qui pol
fed oie nt com me biens patrim oni aux div erf es por tio ns de
dro its à per cev oir au po rt
d'A rle s fur les nav ire s des Lo mb
ard s abo rda ns à Ar les .
Ce s div ers Aé tes , au no mb re
de vin gt fep t font. com pris fous les num ero s 2 , 8 , 9 , l
2, 20 & 2 r de la pre
mi ere
Re qu ête , 1, 1,4 , 5'6 ,7, 8,9 ,
10, 11 ,12 , 13, 14, q,
16 ,
18 , i 9, 20, 11 , 2 2., & 24 de la
fec ond e Re qu ête ; & ceu x
clont on con naî t les .da tes em bra
ffe nt les épo que s de 11 44 ,
u5 0, up , 11 58 ,
' î23 4, 12 37 ,
1199, 12 03 ' 122 2 ',1 22 3, 122 4 ·
12 38 , 12 41 , 1259, 126 7 & 13
00 . Il efr ma 11 91 ,
.
'
nifefl:e qu e, dans pre fqu e tou tes
ces Pie ces , il n'eft qu efü on
que du ter rito ire , du po rt, du
po nt, du bac , du bo urg
& de la ville d'A rle s; du Ch âte
au de Tri nq uet ail le &
des por ts tan t du Pet it que du
Gr an d- Rh ôn e dan s
de Ca ma rgu e.; des_Hles & Gr
as de la gra nd e bra ffie re
du Rh ôn e, & d'a utr es obj ets
fem bla ble s, qui font tou s
aut ant étr ang ers à la cau fe , qu'
ils l'ét oie nt alors à la Pro ven ce mê me & à fes Co mt es, pu
ifque ces Princes nefe tro uver ent intéreffés dans la poffeffio
n des biens & dro its do nt
il s'a git qu' apr ès que la ville d'A
rle s fe fut foumife à Ch arles_1 d'A njo u, Co mt.e de Pro
ven ce en 125 1 ; épo qu e à:
laquelle cet te vil le, fon ter rito
ire & fes dép end anc es for t
étendues dans la Ca ma rgu e &
fur le rivag,e du Gr an d.
Rh ône commevcerent à fui vre le
fort du rejle de la Provence,.
fuivam la rem arq ue judicieufe de
M. l'A bbé Ex pil ly.
a~:~,c:i2~
rrn.e
�PROPRIET~
208
§.II. A C TE S
R elatifs aux droits des Comtes de Provence fur la \terre firme de P rovence fur la Grande-Brajfiere
d~
Rh8ne &fur l'ljle
d~
Cam.argue.
LE très-grand nomb re des Titres poffelToires produits
Procè s, prouv e 1 Ç> que les Comt es de Prove nce ont
eu la potfeffion de la grand e braffiere du Rhôn e , de fes
rivages , ports , ponts , bacs , eaux , décou rs, robines ~
àériva tions des eaux, droits de pêche , de navig ation ~
de naufr age, d'atta che de batea ux, d'alof es, d'efiu rgeon s
&c, depuis Arles jufqu'à la Mer, depuis l'Hle Sacrifiane
jufqu' au Gras de Paffon & jufqu'à la Mer des Catal ans
& des Rollans ; 2 9 que ces Comt es ont poffedé de même
l'Hle de Cama rgue , fes falins , fes étang s, fes pêche ries,
fes pâturages , ainli que les ports de Trinq uetail le, du
Baron , de Confo lde & des Trois -Mari es füués dans la
même Hle , & des cens fur les terres de cette Iile confronrans au petit Rhôn e & même fur fes terreins nommés
de Fourq ues & de S. Gilles , de F urahis , de S anélo /F,gidio,
mais non fur les lieux de Fourq ues & de Saint- Gilles ,
qui étoien t en Franc e & qui appar renoie nt au Roi ; '3°
qu'ils ont fait des aél:es de fouve rainet é, de propr iété &
de jurifd ittion dans divers lieux de la terre ferme de Provence fitués fur le bord orient al du Rhôn e depuis la
Duran ce jufqu'à Arles , partic uliere ment à Barbe ntane ,
à Boulb on, à Mézo argue s, à Taraf ron, & qu'ils y ont
établ i, levé, donné & inféo dé, ainff qdà Arles même ,
des ufages , péage s & aurres droits fu r les marchandifes
qui y étoien t appor tées par terre & par eau ; 4e enfin
que les Officiers des Comt es, diverfes Comm unaut és &
àu
différens Particuliers de Provence ont exeréé leurs droits
&
�DU RH 0 NE :
·& aai ons dans ces mêm es lieu x, ain-G qae
dans 1a ·Ca mar -
gue , dans les Hles du gra nd Rhô ne
& fur cett e par tie
du fleuve mêm e , com me fur des fonds
Pro ven çau x. Or
tou s ces obje ts ne font pas en cau fe , &
per fon ne ne con .
tefr e à la Pro ven ce fa poffeffion, quo iqu'
illé giti me & abu ·
iive de l'Hle de Cam arg ue, de la gra
nde braffiere du
Rhô ne & des lfles qu'e lle con tien t, non
plus que de la
te.rre ferm e de Pro ven ce.
.
Par mi tous les Aa es, qui ont rap por·t
à ces obj ets, il
y en a un que les Pro cur eur s du pay s
de Pro ven ce affeél:ionnent par ticu lier eme nt. Ils le rap
pell ent par pré fére nce dans leur Req uêt e du 2 r Aoû
t 176 4, où ils affuren t ave c con fian ce que les hahitans de
Fourques y ont reconnu les droits des Comtes. de Provence
fur le Rhône & fa
.fon t fournis à la jurifdic1ion des lug
es Pro ven çaù x; & leu r
Me mo ire le don ne pou r un ·Aa e qùi
jett e la plu.s grande Pag. s~
iumiere fur ces droits.
,
C'e fr un Acc ord paffé entr e les hab
itan s d'A rles &
ceu x de Fou rqu es le 9 Avr il 1 299 , &
cott é num ero r 9 ,
pre mie re Req u,êt e. Les hab itan sdu Châ
teau de Fou rqu es,
fujets du Roi de Fra nce , lllujlris Dom ini
Francorum Reg is,
& poi nt du tou t du Com te de Pro ven ce,
y tran fige nt ave c
le Con feil de la vill e d'A rles en- Pro
ven ce au fujet des
-Oroits de paffage exigés par les Off
icie rs Pro ven çau x,
maîtres du pon t d'A rles fur la gra nde braf
fier e du Rh ône ,
-Oe ceu x qui paffoiènt ou faif oien t paff
er des voi ture s 011
<les den rées fur ce pon t.
Le Châ teau de Fou rqu es étan t frtué
en Fra nce fur la
rive dro ite du peti t l\hô ne, pre fqu e
vis-à-vis de Tri nque tail le , fes hab itan s ayo ient néc effa
irem ent des rela tion s d'affaires ou de foci été ave c ceu
x de la ville d'Arles
Dd
�•
PROPRIETÉ
fouée en Provence for la rive gauche du grand Rhône·;
& leur chemin le plus naturel & le plus commode pour
aller dans cette ville , étoir de paffer le pont qui feparoit
Arles de Tr.inqueta.ille & fur lequel éroit établi le droit!
de paffage do-nt il s'agir. Or dans la TraBfaélion pi:oduite,
ce droit efi: abonné en faveur des habfrans de Four•
ques , qui de leur côté fe foumettent à la ju.ri{diél:ion des
Officiers d'Arles dans les cas de contra.v'ention aux paél:es
convenus. Faut· il répéter encore que la poffeffion du pont
d'Arles n'efr point contefiéeà la Provence? Un~Allemand
qui vient en France Fie paye· t-il pas les droits de paffage OU!
de traite établis dans les lieux François 011 il paffe ? S'en
fuit-il que l'AUemagne foit une dépençla.nce d.e la France,. _
ou que les habitans de l'Allemagne foient fournis.à la Ju..
rifdiél:ion Françoife ? C'efl: bien dommage qu'un AB:e
auffi lu~ineux foit tout-à-fait étranger à la caufe & ne
puiffe prouver que la Provence· a eu des. droits fur la par
'
tie contentieufe du Rh6ne:..
, Cette feconde efpece d'AB:es poffeifoires en préfente
quarante-cinq fous les numeros 4, 5 , 6 , Io , 13 , If ,.
I 5 , 16 , 1 7 , 19· , 1 2 , 16 ,. 17 , 2 8 , 3 0 ,. 3 l , y 2 , } J ,.
3-5' 36, 37-' },8, J,9, 40 , . 41,. 4'2 , . 4J;' 44' 46.,, 49,.
S3 , 54., 5.6 , }7 , 6 i.., 62 de la premiere RequêPe ,.
17 , 3I , 46, 47 ,. 4,8 , 49 , s.o , 5· t & f 2· de la feconde ;,
& ils embrafient les années 11·99, 12n, 1.226, 1 246,.
12.51, 1i60,,_u63, , 1264,, 1267, ll9,7, 1299, I')or,
1314, 1321, 1324, 1332' 133,3..,. 1339., 1. 365' 1370,.
13'fl, 1376, 1384,. 1385, Lif.Ol, 1406, 1417, 1422,..
1.43 o , 1.439, 1.453, 1469, i.470, 1475, 1:477, , 148.t-,,
. lp.6' 1~27 ~ 161 2 & 1627,.
.ho
4
�,
\
DU RH 0 NE.
11 (
§. II I. A C T E S
Relati fs aux entreprifes des Provençaux
différentes Ifles & divers Crémens de la partie· con- ·
tentieufe du Rhône.
·
Jztr
LA dernier e efpece de Titres· poffeiîoires de la Provence efi: la feule qui intereif e au moins indireB:ement la
Quefi:ion. En récompenf'e c'efi: la moins nombre ufe; & ,
pour peu qu'on veuille lui donner d'atten tion, on ne verra
point fan5 admira tion qu'elle ne contien t que les preuves
des vûës avides, que la Proven~e a toujour s euës fur quelques Hles & Crétnen s·~e la partie content ieufe du Rhône ,
des entrepr ifes que fes Comtes & leurs Officiers ont Couvent renouv ellées tantôt fourdem ent & tantôt à décou- '
vert pour fe les approp rier, & des moyen s indufir ieux •
que quelque s C<?mmunautés & divers Particu liers cfe Provence ont employ és pour étendre la jurifdiB:ion de leurs
Princes fur les dépend ances du fleuve qui ét.oient à leur
bien(éa nce.
.
C'efi: tout ce qui refolte des ventes , baux, inféoda..
tions & failies des Maîtres Rationn aux de Proven ce toujours attentif s ·à fe faire des Titres, ainii qu.e des enquêt es,
propof itions, procès-verbau x, mémoir es & rapport s des.
autres Officiers Proven çaux, qui ne fe font jamais_rebutés
des obfi:acles oppofé s à leurs tentativ es reprimées autant Arr. du Conf.
J_
'
,, renouve l'''
.·n'en ont pas (!(
ae
ozs
1n.6,p2
qu 'l''e 1&S ont etes
Le es~ - & qm
']. ,
• .S· ·
9
moins été toujour s prêts à fe jeu.e r fuivant les ~lifférentes
circon:fl:ances fur chacun e d.es IOes nées dans le Rhône
auprès de Barbèn tane , de Boulbo n , de Mézoar gues , de
Tarafc an, /Jl meme fur le lieu d,e l'Hle-B ertrand qµi eft
de la terre ferme d.e France .
Il eft fingulierement remarquable 1" que les objets de
Dd ij
•
1
•
�PROP RIETÉ :
111
· ces prétendus AB:es poifeffoires n'ont jamais été poffédé·s
fans obihcles & fafls troubles par la Provence , qui cherM~m. p. 133 . choit toujours à s'y mettre en pojfeffion &· qui n'y rejloit
point, & que malgré les entreprifes faites par les Provençaux depuis plufièurs fiécles & · à diverfes reprifes foit"
fur ·les lfles du Mouton , foit fur· Ies Crémens formés au ..
près de Tarafcon , foit fur les Hles dites de Méfoargues ,.
foit enfin fur celles que les habitans de Boulbon ont tou•
jours enviées , la Provence n'a pu acquerir pendant un
fi long efpace de te ms la poffeffion- paiuble d'~ucun d~
ces objets , qui font encore prefque tous en caufë dans
divers procès particuliers fui vis _& infl:ruits fous les yeu~.
du Confeil : 2 °_que la décilion de la plûpart de ces· p.ro..cès paroîr ne dépendre que d'un. point de fait faci le àcon!l:ater ' c'efi: de fçavoir {i les terreins contefl:ês fom:
lfles , Crémens & Atteriffemens du Rhône, ou s'ils appartiennen t à la terre ferme.
On fent que la Provence a fés raifqns pour éloigner
les vérifications propres· à éclaircir ce fair. Auffi n'a-t-elle
rien négligé pour les éluder· nommément dans !~affaire
d'Arles, par rapport à Treshon· en r 692., & dans celles·
de Tarafcon , tant par rapp0rt aux Crémens de Leguès,
Lefl:et & Barallier en 1690, qu'aB:uellement: encore par
rapport aux Crémens de Luffan , de·Lubieres, du petit
Beaumon t, &c; & c'ef.l: fans doute pour n'être plus ex
pofée à en craindre les évenemen s, qu'elle établir aujo•cl'huifa thefe générale de la propriét~ de tout le cours dt.i
Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer. Mais on font
en même tems qu'elle ne fe t;ouve interef1ée à éloigner
les vérifications, que parce qu'elle ne peut fe diffimuler
à clle-m~me qu'elle n'a aucun droit~ fur fes Üles & Cré·~·
mens du Rhône •
•
�DU RH ON E.
'
.21
3
Ce tte derni:ere cla!fe de Tit res
poffefl'oires com pre nd
vin gt Pie ces fous les hum era s 1
8 , J 4, 45 , 47 , 48 ,,
5o, 58, 5 ~h 60 de la pr"emiere
Req uêt e , 2 3 , i 5 , 16 , .
2 7 , 2 8 , 2 9 , 3o , 3 3 ,
36 , 37 & 5 2 de la fec ond e ; &
ilse mb raf fen t les anp ées 126 3, 12
98 ,13 00 ,13 05 ,13 15 ,
132.5, 132 7, 13 54 ,, 136 3, 143 7,
, 144 0,. 14..p, 145 7,
1495, 1498,_ 151 7, 151 0, 153 1, 164
1.
P AR OÎT'RA -T- lL vra ifem bla ble que
de cen t vin gt-f ix Ti. Rék ml de:
· ' te' pro duits
· . ave c la
tres d e pro pne
œ cette fecondb:
con fi anc e la p lus allU
- Partie..
rée , il n'y en ait pas un feu l qui
non -fe ule me nt ait adj'ugé à la Pro ven ce auc un dro it de
pro pri été fur la par tie
con ten tieu fe du Rh ône , mais qui
indique feu lem ent ·, ou,
rec onn oiff e ,~ ou fop pof e mê me
que ce dro it lui ait éré
lég itim em ent acc ord é, ou qu' elle
en ait jam ais jou i de,
l'aveu du vra i pro pri éta ire ; .en
mo t qu'il ne paroiffe
pas un feul Tic re, confl:itutif ,.
éno nci atif ou feu lem ent
poffeifofre , qui pro1:1;v e que tou
t le com:s du Rh ône depuis la Du ran ce juf qu' à la Me r
ait jamais app arte nu à l(b
Pro ven ce ? Qu i cro iro it, fi on
ne l'av oit vu cla irem ent :
dan s le cou rs de !'E xam en qu' on
vie nt de fair e de tous,
ces pré ten dus - Tit res , quril y en
a plus des deu x tiers,
qui n'o nt pas feu lem ent le mo ind
re rap por t à l'ob jet quit
efl: mis en que frio n , & que le reil
:e n'o ffre que les pre uves des pro pre s ent rep rife s de la
Pro ven ce fur que lqu es.
Ifles & Cr~mens de la par t!e con
ten tieu fe du Rh ône ,,
qu' elle a tent~ de s'ap pro pri er
à -div erfe s rep rife s &
don t le fort efl: enc ore fournis , à
la décilion du Co n-
un
feil ?
11 a fall u fans con tre dit bea uco up
d'e fpr it & d'a rt po'u.rrev êci r des app are nce s de la ver
ité un fy'fiême app uyé
fur des fondem~ns: auffi ruineux,. &
pour oppofer d'au
.fli
•
•
�PROPRIETf
foihles moyens, foit aux Titres authentiques qui ont una.:
nimement adjugé à nos Rois Le Droit, la Seigneurie, la f u.
rifdic1ion , la P offeffion & S aijine de toute,la riviere du Rhône,
foit aux Jugemens folemnels qui ont maintenu ces Prin·
ces comme Rois de France dans la poffeffion immémoriale
& non imerrQmpue de la fowveraineté & proprieté de tout le .
cours d~ ce fleuve d'un hord à l'autre , tant dans fan afl.cien que.nouveau lit. Nous allons montrer dans la troifieme
Partie de cet Examen qu'il n'a pas fallu moins cle courage & d'adreffe pour entreprendre d'anéantir l'autorité,
Rec3p; p~ s6. ou , comme on dit , de prouver l' infuffifance de tant de
Titres & de Jugemens qui ont été jufqu'à préfent regar.. .
dés avec raifon comme irrévocafules, & pour remettre
en quefi:ion un droit tant de fois difcuté , fi folidement
édairci , & tou1ours uniformément reconnu & con~
fumé.
Fin de la fecon4.e P artiç,
•
�DU RH ON E.
~~
~=======--~
-o.lili~~
~--==~====
======~~
TR O IS IE M E
PA RT IE .
EXAMEN
De s Titres que la P rovence préten
d écarter
ter fou s le nom de Tit res du Lang
& réfu--
uedoc.
P
UIS QU E
c'efl: Ie Lan gue doc , que les :Ëtats
de Pro ven ce pre nne nt à, par tie daus la Cau
fe préfenî:e , · &
à qui ils cro ien t dev oir con tef ier
la pro pri eté du Rh ôn·e
depuis la Du ran ce juf qu' à la Me
r,, par ce qu'ils n'o fen t
dif put er dir eét em ent cet te· pro pri
été à la Co uro nne ,
qui en efi cep end ant en potfeffion
dep uis plus de dou ze
fiec les ; il falloir , bie n que ces même
s Eta ts, intéreffés à
écl ipf er une nué e d'autarités qui
affurent le 'dro it de l'a
Co uro nne fur tou t le cou rs de ce fleu
ve , mais em bar raf 'fé~ en mê me tems de· la qua lité
& de la for ce de ces mêmes aut ori tés , che rch afle nt ou à
les éca rter , ou à les
infi,rm er, fi.non com me Tit res du
dro it de pro pri eré dorrt
la Co uro nne jou it for le Rh ône ,.
au moins com me · Titres des dro its qw·e le Lan gue doc
a for ce fleu ve, qui fair
éga lem ent partie de fon terr itoi re
& du Do ma ine de rai
Co uro nne .
'
Vo ilà pou rqu oi on app elle e,n Pro
ven ce Titres du Lan•guedoc, tou s les mo num ens qui ane
~ent & jufi ifie nt les·
dro its de la Co uro nne fur le Rh 0ne
depuis Ly on jufqu'à. la Me r ; les Lettres· Pat ent es , dans
lefquelles nos Ro is . . ,
déc lare ra avo ir feuls & par dro
it Ro yal la potfeffion
& faifine de tou te la riv iere du Rh ône
, fans qu' auc une s.
perfonnes du Royaume ni du dehors pui
tfent y avoir a11~
'
1
,
�.116
PRO PRIE TÉ
cun droit; les autres Lettres-P atentes des mêmes Princes;
par le moyen defquêll es ils exercent en effet , ou commettent leurs Officiers en Langued oc pour exercer en leur
nom le droit Royal fur les deux rivages du Rhône & fur
{es Illes par tout fon cours ; les Arrêts de Cours fouvc•
raines qui adjugent à la Couronn e & Jufüce de France la
propriét é du même fleuve d'un bord à l'autre enfembl e de
Ces Hles du côté de Provenc e & autres; les décifions du
Confeil qui maintien nent le Roi comme-Roi de France
dans la po~e fllon immémo riale des droits de fouverai neté
& de propriét é fur le Rhône entier & fur fes Hles & Crémens, qui font partie de la province de Langued oc. Tous
ces Monume ns font regardés dans les nouveau x Ecrits de
la Provenc e comme des Titres du Langued oc , & ils y
font traités & difcurés comme tels.
S'il efr effenriel à la Quefüon conftdér ée au fonds que
toutes les Dif-cuffions de G_es Monume ns que la Provenc e
a répandue s dans fes Ecrits, 'foient réduites à leur jufre valeur; il n'efr pas moins importa nt pour les droits du Roi
comme Roi, que les Titres authenti ques & refpeaab le5
qu'elle a entrepris .de réfuter, foient vengés des coups
qu 'elle s'efi efforcée de leur porter ; & d'un autre côté il -...
eil pareillem entinte-r eifant pour la caufe du Langued oc qu.i
cfr attaqué en particuli er dans ce Procès , de mainterf ir
l'autorité ~e ces mêmes Titres, dont la plûpart font des
jugemen s qu'il regarde avec raifon comme les principa ux
fondeme ns des fins de non-rece voir qu'il oppofe aux at•
taques de la Provenc e & comme les véritable s objets de
l'unique ~oyen de forme qu'il juge conveni r à fa défenfe.
Relever & détruire la critique mal fondée & les chiéanes
artificieufes qu'on met en ufage pour détour1' er l'effet des
]ugemen s dont il s'agit , .c'efi: conferv e·r à ces Jugemen s
toute
�DU RH 0 NE.·
117
•
tou te leu r for ce & tou te leu r aut orit
é , & par con féq uen t
c'ef t pro uve r & con frat er la cho fe
jug ée.
Pou r me ttre de l'or dre dan s !'Ex am
en des Tit res que
la Pro ven ce a crû rétu ter, nou s nou
s pro pof ons d'açlop ..
te-r la mé tho de qu'e lle a fuiv ie elle
-mê me , foit dan s
les Diféuffion~ , foit dan s les Réf uta
tion s pré ten duë s de
ces Tit res . No us clon ner o-ns _un Art
icle à cha cun de" ceu x
qu' elle exa min e fép aré me nt; nou s réu
nirô ns_de mê me dan s
un feul Art icle ceu x qu'e lle a jug.és
dev oir être con {id erés fou s un mê me poi m de vûe ; nou s
com me nce ron s cha que
Art icle par l'ex pof é de la ten eur ou
du mo ins de la fubftan ce des Mo num ens ; enf uite nou
s rap por tero ns ave c la
plu s fcru pul euf e exa Etir ude tou s les
rep roc hes qu' on leu r
fait dan s les Ecr its de la rov enc e &
tou tes les raif ons
qu' on' y em plo ye pou r éca rter les
rap por ts qu'ils onr ·av ec
la cau.fe ; & nou s finirons par dét ruir e
ces rep roc hes , ces
raif ons & les · arti fice s fans nom bre
qu' on a mis en œu vre
pou r déf igu rer la vet ité , qui doi t
enf in ren trer dan s tou s
îes dro its.
f
A R
T I C L E
P R E .M
Î E R.
LE TT RE S- PA TE NT ES .
Du Roi Charles VI , données a Paris
le 30 Janvier 1380, (1381.)
LES Pro cur eur s du Pay s de Pro ven
ce rec iten t eux mê_ Mem.pag.(,o;
mes la ten eur des letr res de Cha
rles VI , en ces term es ..
,, 'CHARLES , par la g~ace de. Die u,
Roi de Fra nce , à
u not re amé & féal . Che val
ler P.aul de No gar et , Ma ître
,, de nos eau x du pay s de Lan gue doc
; falu t & dileétion~
p Co mm e à nou s de not re droit Ro
yal app arri ent & doi~
Ee
�,PRO' PRIET:e·
appartenir toutes Hles étant fur notre riviere :du Rhône
" & fur toutes les autres rivieres du pays de Languedoc,
u fans que perfonne y. doive ou puiffe clamer, ni avoir
»droit Seigneurial ou poifeffion acquife ; & il foit ainfi ql:le
"plufieurs Habitans & perfonnes tant de notre Royaume,
,, comme de dehors, fe foient efforcés & encore s'effor,., cent d'occuper icelles, fans Nous en faire aucune rede•
,,. vance :-Nous vous mandons & commandons, fi metier
" dt~ que tantôt & fans delai vous informiez_bien & di·
'' ligemment de tous ceux qui ,tiennent & occupent icelles
,, Hles ; & , fi bon vous. femble, que ce foit notre profit~
,, de les bailler à cens· ou rel).tes, & fi les y haillèz , _à ce
,, appellez notre Procureur du Sénéchal, &c.,,
Mem ..pag.~o.
Sous le Regne de Charles VI , lt:f Couronne de Franct
Je trouvait maÎtreffe des deux rives du Rhône depuis Lyon jufqu'a t lfe1e & même Jufqu' a ta Durance, & toutes- les !Jles
/
!
P>
I
qui Je trouvaient dans cette étenduë étaient, fans contredit ,
fous fa domination .. Ce font les Procureurs ·du pays de
Prqvence qui font cette remarque ; ma~ en même rems ils
fouriennent que Ja partie du fleu ve qui coule depuis la
Durance j ufqu'à la Mer ne doit pas être comprifo dans les
difpoftrions des Lettres qu'on vient de lire; d'abord, parce
que ces Lettres ne difent pas · un mot des Hl.es , qui font
le long de la Provence ; & enfuite, parce que les Ordres
de Charles VI ne regardoient que fes fujers,. & ne pouvoient avoir force de loix pour la Provence. Ils prétendent d'ailleurs que, quand même ces Lettres ct.uroient quel·
que trait à la Provence , il ferait contre l'équité naturelle
de les faire valoir; & ils finiffent par en foupçonner la
fidélité. Il faut examiner fépâ.rément chacune de ces oJi..
jeéhons.
.
.
l Q Il dl: vrai que les Lettres de Charles VI ne difènt
�DU RH 0 NE .·
pas un mot des !fies qui fom le long de
la Provence; mais Melft, p;
il eft vra i auffi qu'elles ne difent pas un mo
t non plus des
-Jfles qui fe trou vai ent dans l'étendue
du Rhône depuis
7_11
Lyo n jufqti'à la Duranc~. Ce font en gén
éral toutes lfle s étant for la riviere du Rhône qui apparti
ennent au Roi de
.droit _Roy al , fans que per fon ne tant du
Roy aum e que de
fa Pro ven ce, tant du dedans que du deh
ors, y puiife ou
doi ve avo ir droit Seigneurial ou poffeffi
on acquife. Voilà.
ies pro prè s termes des Let tres -Pa tent es
, &-per fon ne n'y
ver ra que les Hl.es fituées le lon g de la
Pro ven ce foient
exc epté es de là difpofition gén éral e qui
don ne au Roi
.toutes .les Hles du Rh ône , ni que le lit
de cett e rivi ere
) fût par tag é entr e Je Roi & le Com te
de Pro ven ce.
Le fait paffé vin gt - fep t , ans aup ara van
t, en 135 3, 'Jhi'4
& cité par les Pro ven çau x pou r pro uve r
ce par tag e chimer iqu e , ne le pro uve pas , puifque
fuivant les Hifto~
1 rien s du Lan gue doc , don
t o~ inv oqu e le tém oig nag e; la
- raif on pou r laquelle le Roi fit planter
alors au milieu du
Rhône entre B eaucair.e -& Tarafcon un
poteau chargé des H ill. de Lang~
' ·t que ce p ·
pannonceaux R oya Nx , eto1
rmc e, à- l a p-1ace d u- To.IV' p.2801
que l o_n nom me mal ·à-p r9p os les Officier
s du Languedoc,
prétendait avoir une enâere jurifdiélion fur
le fleu ve, juri fdia ion que le Roi Jea n avoir en eff.er &
dans la poffeffion
<le laquelle tous les Rois fes prédéceffeurs
& fes fucceffeurs ont tou jou rs été maintenus. En un
mo t, ce font toutes !fies étant fur la .riviere du Rhô ne, &
non pas feulement
les Hies formées par la rivi ere du Rhô
-ne depuis Lyo n
jufqu'à la Du ran ce, qui font l'ohjet des
Lettres-Patentes.
.
2 ° Les ordres du Roi ne pouvoiem avo
ir farce de loix Mem; p~ r_1_;
pour la Pro ven ce, à la bon ne heu re; mai
s ·ils a voi ent forc e
de loi dans tou te l'étendue de fon Roy aum
e & dans tou tes fes poffelfion$. -Or les Iiles du Rhône qui
faifoien~
Ee ij
�PRôPRfE-Tt
partie de Ces poffeffions '· pouvoie'nr &tre occupé.es par
des perfonnes du Royau.me ou par des perfdnnes de dehors, par des Provençaux nommément, comme par des
François ; & ceux qui les occupoient , foit étrangers,
.
foit regnicoles, ne pouvoient les occ.uper que fous l'au~
torité dU- Roi Souverain de ces Hles. Il e!l: vifible que ce.
font prée::if<iment les Provençaux, que le Roi voulait dé. :ligner en parlant des J5é1onnes du dehors, qui s'efforçaient.
d' oc~uper icelles lfles , fans \ lui en Jaire aucune redevance.
Ces Provençaux n'étaient pas fujets du Roi; on le fçait ;.
mais dès· qu'ils occupaient quelques Hl.es du Rhône, ou, ·
quelques parries de ces l:fles., ou quelque établiffement
clans ces Hles , Jefquelles appartenaient au. Royaume ; ik
devoient y reconnoître l'autorité du Roi & lui payer les
redevance.Y- ordinaires. Les Lettres de Charles· VI regar ..
doient non feulement fes fu~ets , mais e'n'Core les perfon ...
· nes de dehors qui occupoient ·des Hl.es dans fan Royaume;.
& voilà tout j uile pourquoi les Hles · qui font jiwées le..
long de la I' rovence1, & que les Provençaux fe font' toujours.
' ·efforcés d'occuper font l'objet des Lettres - Parentes. dont il
s'agit, indépendamment de ce qu'elles font certainement.
du nombre de toutes ljl.es étant dans la ri.viere du. Rhôn~<>·
Au furplus , il n'y a qu'à s'entendre ; nous convien. drons avec les Etats de Provence que les.\ lOes qui font
' Mem. p. 70. au deffous de la Durance iz~ altoient pas changé de main,
quoiqu~il y en eû~ plu,fieurs q4e les· Proyençaux s'effor·~
ç,oienr d'occuper; mais il faut a.uffi que les mêmes Etats.
conviennent a'vec nous qu'à. l'excèption des mes de la
gr1ande Braffiere c;lu Rhône que la .Provence occupe depuis l'année 1115 à titre d'uforpation , elle n'a jamais
fait que des tentatives auffi inutiles qu'inju:Œes fur le.refre
du Fleuve 1 qui a toujours été c.onfervé J [es anciens Mai.;_
'-.-"
'
. .
-·
.
.
...
�DU RH 0
NE~
l. .2 t
tns . No us en con clu ron s, en em pru
nta nt !es pro pre s expreffions du Mé mo ire à con ful ter,
que , ii. la ProvE:. ce -a
que lqu e Tit re nou vea u de ceffion
ou. d'a ban don des Hl.es
en que fiio n , elle _do it le pro dui
re ; fi.non, il faut qu'elle Ihi4
reconnoijfe L' infitjfi.fance d~s pr~textes
dont elle colore fes pré..
tenttons.
3 ~ En me ttan t }i par t le Lan gue
doc , qu' on fup pof e
fans pre uve s, fans auc un mo tif
raif onn abl e, & mê me
fans vra îfem bla nce , avo ir obte11:u
& fùrpris ces . Le ttre s,
fur de fau x Memoires
com me nt a-t -on ofé don ner à Mém
. p.71~
cro ire que la mauvctife a·dminijlrat
ion de Jeà nne , Co~teffe
·de Pro ven ce & les defordres qui
regnoient dans les affaires
de cette . Rei ne malheureufe avo iem
perfuadé d /on voi jin, Je.
Ro i Ch arle s VI , qu' il pou v;itJ tou
t entreprendre com r' elle.
'avec imp tini té? On vou loir en con
clu re qûiL ferait contre:
l'équité nat urelle de fair e ·val oir ces
mê me s Let tres ; mais.
la con clu fion - efi_ fau!fe ' dès qu'
il efi évi dem me nt vra i
que les Let tres -Pa ren tes de 13.8
1 n'a voient auc un trai t lbi~aux Eta ts de la Princejfe feà nne
, ne con cer noi ent - eh aucun e faç on la Pro ven ce, & n'a voi
ent pou r obj et que les
HJes . du Rh ône , qui n'é taie nt poi
nt rlonnées par ces Let...
t.res à la . France non plu s que le
Fle uve 'même juf qu'à la.
Me r & le lon g de·la Provence~ com
me on le dit. La Fr.an ce.· '
éto it en. po!feffion & du Fle uve &
de fes Hl'es d.e.puis plus.
d.e 800 ans , & c'efl: ce'tte anciierme
po[ eff ion de toutes.
!Jl.es étant dans la riviere du Rliô~e
, que le Ro i Ch arle s Vit
ma inti ent par fes.Let.ttes.
Efr-il don c contre L'équité naturelle de
con fer ver fes ·
dro its & fes po!feffions ? Efi -ce
là tout entreprendre avea · ~
impunité contre une Rei ne. mallieureu
fe .?
pareilles alléga.,. .
tion s ne mé ;ite nt pas. plus d'être iréf
utées que No te qu' on
1
;
·ne
la
y ajoûte avec auffi peu ~e fondem~nt
que de décence.au.
•
I
�111
P R· 0 P R I E T tJ.
fu)et du dérangement de la fanté du_Roi Charles VI; dérangement, qui ne furvint que douze ans -après la da~e
des Lettres de 1 l 8I , &- qui par conféquenc ne pùt in1..lecap. p. 61. fluer fur 1eurs difpofitions. Il faut croire qu'une fuppofition \
de cette ejpece, &_beaucoup d'autres femblables que nous
fommes obligés de relever lorfqu'elle s fe préfentent, font
faites à l' infçt.2 des -per{onnes refpeélables qui compofent les
trois Etats du pays de Pr,evence, & même des Procureurs
<le ce pays, qui depuis l'année 16 38 repréfentent les
trois Ordres dont" fes anciens Etats étaient compofés . .
4° On é_leve des doutes fur l'exiftence des Lettres de
1381 , & on fonde ce doute particùlierement fur le
filence des Hifi:oriens du Languedoc, qui en effet n'en ont
point fait mention, & qu'on fuppofe fans autre - raifon
1
~em. pag.7 avoir gardé cc iilence parce qu'eux-mêmes en ont foupçonné
-~7'4-·
_ . la fidélité ; comme fi ces Lettres n'avaient pas pû échapper à leurs recherches , quelques foins qu'ils y aient app.o rtés, ou comme fi une infinité d'incidens n'avoient pas
pû leur en dérober la connoiffance ou ie fouvenir.
Au refi:e , fi elles ont été .oubliées ou ignorées par lès
Hiil:oriens du La_n guedoc, elles n'ont p~s été inconnue(à
l'Infpeél:eur-général du:Domaine, qui les a employées avec
avantage en 17 i. 6 ; elles ont été préfentëes plufieurs fois
fous les yeux du Confeil du Roi, fans effuyer le moindre reproche; elles fe trouvent vifées dans plufieurs de
fes Arrêts, & entre autres, dans ceux du 8 Mai 1681.,
du 10 Oétobre 1707 & du 22 Janvier 1726. Cette authenticité vaut bien fans doute celle qu'elles auroient oh· _
tenuë de l'Hifroire générale de Ja province de Langue·
'µ>id. doc : cela fuffit au rnQins pour ne les pas jàire rejeuer fur
<les propos vagues. [Les foupçons qu'on éleve furleur fi.deiité, n'ont pas plus de fondement que la dëpenfe d'é!
1
J
�DU
RH 0 NE. ·
rudition qu'on a faite
fur leur fo rm e, & qu
i mérite au!Ii.
de nous occuper un ~ mo
ment.
L'Ecrivain des Procur
eurs du pays de Pr ov
en ce , qu i
· regarde le nom de
Paul de N og ar et com
me fu pp of é, ·
parce que , felon lui
, il n y a ja m ai s eu
de Pa ul de Mem. p. 7~
No ga re t dans les 'd eu
x hranches de cette fa m
ill e en ce tems ~ Note ..
la , & qui préten..d qu
'on a préféré ce nom
, dans les
Lettres du R oi Charle
s V l, à tout au tre , pa
rce qu 'il était
connu dans la province
de Langue
doc ; n'auroit pas tra.it
ce Gentilhomme de pe
é
rfonnage imaginaire
; s'il avoit pris
garde qu e Paul de N og
ar et Damoife.au & Ch
âtelain ou Hifi. de Lang-::.
Gouverneur de Montré
al avoit été envoyé en
1373 en .qua- To .IV,p.Jv~
lité cl' Ambaffadeur du Ro
·
i auprès de l'Empereur
de Cop.fian·
tinople , pour y négo
cier diverf~s affaires. O
n fçait d'ailleurs que Paul de N
ogaret," Chevalier en
13 76 , ét oi t
cette année là _& la
fuivante Maître· des ea
ux & forêts .
des Sénéch auffées de To
uloufe & de Bigorre
; & malgré
l~s Ti tr es , qu i fo nt
pr éf um er , di t- on , qu
'il n' y avoit poincde lWaître général da
ns le pays de Langue
doc , mais un ·
M aû re particulier da
ns chaque Sénéchau.f!
ée de Touloufe ~de Beaucaire & de C arc
CLffenne , il fobftile un
e Suite non in..
terrompuë des Maître
s généraux des eaux
.& forêts dui
pays de Languedoc de
puis Guillaume de Sa
int M ar ce l,.
qt,Ii occupoit cet Offi
ce en I 308 aux gage
s de 3 1·0 livres par an ; jufqu'à M
. de C he lla c, qui l'o
cc up e aujm1r·
d'hui. C et te Suite chro
nol~gique ,. form
ée fur un g.rand:
nombre de Titres auth
entiques, fera publiée
dans le Su pplément qu'on fe pr op
ofe de donner à l'Hifr
oire gé né rale de la province de
Languedoc •.
Quant à la critique fo
ndée fur les qualifica
tions de
aî_tre des ea ux de notre
pa ys , ou .de M ai tre de
nos ea ux~-
-
�224
PR.O P RIE TÉ
ou de Nos Maîtres des eaux ès parties de la Langue d'Oc, ou en toute la Langue -d'Oc, ou ès pays de Langue ·
doc, ou fimplem ent de Langu~doc ; pour -peu qu'on foit
veç(é dans la leét:ure des Monum ens des qùarorz ieme &
quinzie me fiecles, on fçait combie n de variatio ns ils pré- fentent dans ces IDaf!Îeres de s'expri mér, indépen damme nt
des néglige nces inévitab les des Copifre s , & quelque fois
des interêts particu liers de ceux qui fe font faire ces copiès pour s'en fervir fuivant leurs vûës. Il n'y a rien à
conclur e des variétés de ce genre qui f.e trouven t foit dans
. .,
les origina ux, foit dans les copies.
Enfin, fi l'expref fion d~ Notre Procureur du Sénéch al,
au lieu de Notre Procureur au Sénéclu;d, n'efi pas _èorreE te,
du moins elle n'efl: pas, fi-ringu liere, qu'il n'y en ait bien
cles exempl es. Le Procureur du Roi dans une Sénéchauffée,
a' ejl point le Procureu..r du Sénéchal, on 1~ fçait bien. Auffi
le Roi le nomme -t-il Notre Procureur, ' & non pas le Pro•
cureur de notre Sénéchal ; & s'il ne f pécifie pas la Séné..
chauffé e de,.,. Beauca ire en particu lier, c'éfi que dans fes
Lertres jl ne s'agit .pas feuleme nt de la riviere du Rhône ,
mais de toutes /es rivieres du pays de Langue doc, & que
par conféq uent -les Procur eurs du Roi dans les Sénéché,iuffées de T ~ulou(e & de CarcaJf onne pmwoi ent auffi-bien
ê.tre appellé s par Paul de Nogare t dans 'l'exerc ice de (a
Commi ffion, que le Procur eur du Roi ,de la S.énéehauffée
·
de Beauca ire.
Pour termine .r ces petites difc\Jffions, & ' reveflir ~u fond
de la chofe ~ il faut dire en deux mots . que, fuivant les
Lettres Parente s de Charles VI, ce font toutes ljles étant
fur la rivi'ere du Rhône, qui _appa.rrü~nnent a.u Roi de droit
JJ.oyal; & que les Iiles, qui font le long de la Provenê .e
ou
�I
DU
RH ON E.
·eu au-deffous de la Du ran ce, n'y éta
nt poi nt exc ept ées ,
fon t comprifes dans le fort com mu n
à tou tes les Hles du
Rhô ne tan t au-deffous qu'au-deffus de
la Duranc
e~
'A
/
R T 1
c
L E
s
E
c
0 N D.
LE 'TT RE ,S- PA TE NT ES
De la Erinceifè Ma rie , . Reine de Jer
ufalem & dt
Siè ile , & Comtej{e de Provence, donnée
s à
Tara.fcon le 9 Décembre 1398._
C'E ST enc ore dans le Mé mo ire
des Eta ts _de Pro ven ce Mell'l. p. 8•'4
.qu'on trou ve la ten eur ·de ces Let tres
ainli qu'i l fu~ :
t> MA RIE , par la gra ce de Die
u, Rei ne de Jéru fale m
., & èe Sic ile, Duc hef fe d'A njo u, ·Co
mte ffe de Pro ven ce,
,, de For cal qui er, du Ma ine , de Pié mo
nt & de Rem i, aya nt
n la gar de, adm inif irat ion
& gou ver nem ent des Du c és
H & Com tés deffufdits
& des autres pay s & terr es de
,, Lou is, Roi defdits Roy aum es &
de Cha rles Prin ce de.
u Tar ent e , nos enf ans ; à
tous ceu x qùi ces Let tres ver ,., ron t, Sal ut. Co mm e n'a guè res
pou r la g ard e & dé,, fenfe de not re pay s de Pro ven ce,
& pou r le des tou r,, hie r de Am aur i de Sev era c , Che val
ier , & aut res Ca ,, pitaines , qui à gra nde s· Com pag nie
s de Gen s d' drm es,
,, en la fav eur de Ray mo nd de Rog
ier') dit de Tu ren ne,
,, vou loic nt paffer & encrer aud it Pay
s, pou r icelui gre ~ ver & dom ma ger ; Nou s & le Prin
ce de Tar ent e nor red it
>D fils , avo ns ren du
& fait ven ir plulieurs forces arm ées ,
,, & fait fa.ire pluGeurs exploits fur
la riviere du Rh ône ;
,> fçavoir faifons que ce que Nous & notred
itfil s le 1· rmc e
,, y a:vons fait faire fur les por ts du Ro
yau me & en tan t
'
I
Ff
• r
'!.
/
�PR 0 PRIE TÉ>' q L1 e toudie & peut touche r la Seigneu rie & Jurifdic"" }ion de Monfei gneur le Roi,. Nous confeffons d'avoir'' été de fa · grace & par vertu de fes Lettres -Patent es fur.
,, ce de lui obtenue s & impétr ées, & du confent ernent , .
t' commanclemeo-t & ordonn ance-de fes Officier s ; &
n'y
,. prétend ons avoir acquis n'i allegué aucun droit & pof,, fe.lfion du tems:- préfent & à, venir ; & ne fut oncque s.
~, . de !lotre entente que dût en auct1ne-maniere tourner à pré,, judice ou confequ ence de mondit Seigneu r. En remoin
)) de ce Nous· avons fait mettre notre fcel à ces Préfen,, tes &c. »
De ce que la Princef fe Marie a dédaré dans ces Lertres ne prétènt lre avoir acqui~ ni allegüé aucun -droit ni
poffe$ on fur la riviere d-u Rhône & fur les , ports du.
Royaum e., pour lors ni pour l'aveni r, on a cru av.e c rai-·
fan pouvoi r' conclur e fous les yeux du ' Confei l du Roi,
e.n 1691 , i-707 & 1726 , que lé Rhône tout entier appartien t au Roi de France , de l'aveu même des Souverains de Proven ce; & il efr évident que le Confei l même,
non-feu lement n'a pas défappr ouvé_cette conféqu ence dans-les trois époque s citées , mais encore qu'il l'a -adoptée en
quelqu e forte dans fon A rrêt de IÔ9-I , en dèclara nt ,que
les Ines , Cré mens, Accroif femens & Dépend ances tant
de l'anc:en que du nouvea u cours du Rhône apparti ennent _au Ro..yaume , & font partie de la Provin ce de L'an·
guedoc .
·
Cepend ant les Etats de Pro.v ence qui (e vantent d,.avoir
Mem. p.8"3. réfuté plus d'une fois cette méthode de raifonn er, penfen t
au contrai re que les Le ttres de la Reine Marie , en prouvant que le Rhône au-deffus de la Duranc e n'a voit jamais
ce[é d'appar te njr au R oi de France , prouve nt égalem çnt'
'Ibid.
Üs droits de Mari~ fur la partie du Rhô12e-au-dejfo us de la
�\
'D U RH 0 N 'E.
Du ran ce; & dan s cet te per fua fion
ils fup pof ent q_ue c'ét oit
·un iqu em ent dan s la par tie du Rh
ône dep uis Ly on juf qu' à
la Du ran ce, que la Rei ne Ma rie
. av oit fait fair e les explo its qui ont don né lieu .à ces Let
tres ; & que c'ét oit par
,rap por t à cet te mê me par tie , qu'
elle avo ir demandé au Ro i Mem. ~.81
~
la permijfion de foire les ouvrages &
les autres opérations néceJTairy pou r em pêc her le Vic om
te de Tu ren ne de pén étre r en Pro ven ce. No us ne nou s
arr ête ron s poi nt à difc u·ter cet te mé tho de de raif onn er &
·de fup pof er; ma is com me
il s'ag it d'u n fait & des cir~onfiance
s de ce fai t, nou s allo ns ·
en che rch er la vér ité dan s l'H ifio
ire.
Ra ym ond R~ger, Vic om te de Tu
ren ne, Co mte d' A.lais .& pof feff eur de bea uco up de
Ch âte aux & aut res b.iens
·<::onfidérables en Lan gue doc &
d'u n plu s gra nd nom bre
-en cor e en Pro ven ce , déf olo it dep
uis plu fieu rs ann ées ce
·de rni er pay s par la plus horrible
guerre que les Jiedes pajfés Hifr . de Pro'\
,tr,
'.!
.
.
,,
p
euJJ
D
ent ;am
azs
. rva 11 es d
vue
en rovence. ans ]es mte
e ces T.I I ' p.41 4.
chof ülit és , il foif oit au Languedoc
gra nd amas de croupes , u. pag. z.,;
42
paf foit & repajfoit la riviere du Rhô
ne ,fa ija nt des dégâts in.croyah{es aux terroirs d'A rle s, de
Tarafcon , & des vi!Lages
voi fins , & me ttan t à feu & à fan
g tou t ce qui s'op pof oit
aux larc ins & pill erie s des gen s
de fa fuite.
La Rei ne Ma rie & fon fils Lou
is II d'Anjou~ Ro i de
Sic ile & Co mte de Pro ven ce, apr
ès avo ir inu tile me nt fait
•con dam ner Ra ym ond en 13 9 4 à
avo ir la tête tran ché e ,
com me crim ine l , reb elle & félo
n à fon Pri nce , fur ent
-obligés en 13 97 de me ttre . fa tête
à pri x , & en mê me tem s firent faire grande garde le ·lon
g de la riviere du Rh ône ,
pou r em pêc her que Ra ym ond qui
étoic alo rs en Lan gue doc & qui ven oit de s'af foc ier Am
aur i de Sev era c & plu ,f ieu rs aut res Sei gne urs du Ro uer
gue , ne pût ren trer ave c
fes nouvelles troupes dans la .Pro ven
ce..
\
Ff ij
�p· R O· P R 1 E T É
/
Ce f.ut dans cette cir.confi:ance· que la Reine M-arie s'a·
dreifa àu Roi Charles VI , Coufin germain de fes deux
fils , & lui demanda la pérmiffion de faire fu.r le Rhône
& dans les ports du Royaume les exploits néceifaires pour
empêcher f.on ennemi de penetrer en Provence. Non...
feulement le Roi lui accorda le confentement qu'elle de·mandoit ; mais encore il ordonna au Sénéchal. de Beau.
Hill:. deLang. caire le 1 9 Juillet I 398 , d'èmpêcher que perfonne ne paf...
··1r..1.:e
...1-Severac , s,1
,T .IV,p..p4.r!'
iat 1e Rh"one, &d e corn battre. Ama un. ut:
préfentoit ..
D'après cet expofé conçu dans les propres termes des
Hifroriens du Languedoc &. de la. Provence , il n'efi: pas .
aifé de comprendre comment on peut foppofer que les
exploits, dont la Reine Marie parle dans fes Lettres, aient
été faits fur la partie du Rhône depuis Lyon jufqu'à la
Duran(e. C'étoit la Provence que cette prince1fe .avoir à
défendre; c'étoit en Proven'ce que Raymond avoir. fait
tant de dégâts précédemment; & c'étoit e1rnore en Pro..
vence qu'il fe propofoit de faire pa!fer les nouvelles troupes qu'il venoit de raffembler avec le fecours. d'Amauri.
Or la Provence étoit & efi: encore renfermée entre la
Durance, le Rhône .,, la Mer & les Alpes; & la partie du
du Rhône , qui efi: au_-deffos de la Durance , ne confine
point à la Provence. C'étoit donc au -deffous de la Du·
rance, que Raymond devoir traverfer le Rhône pour pe ...
netrer en Provence; .& c'efi: cette feule partie du fleuve,
oil la Reine Marie avoit à fe précautionner contre les
tentatives que fon ennemi auroir pû faire pout y parve- ,
nir par le Rhône. La partie fupeiieure du Fleuve ne
pouvoir donner entrée en Provence ; & le Vicomte de
Tur nne ap"rès avoir traver(é cette partie foperieure, n'en
aurait pas été plus avancé , puifqu'il fe feroit encore
d
�,
D U R H 0 N E.~29
rrouyé fopaté de la Pro ven ce par la Du
ran ce- , au pafrage
de laq uel le il p9u voi t & dev oit
nat ure llem ent tro uve r
aut ant d'o bfia cle s q,u 'au paf fag e
du Rh ône au- def fou s de
la Du ran ce.
Auffi Ra ym ond - Ro ger trav erf a-til 'fans difficulté la
par tie fuper.ieure du Rheine au mo
is de Sep tem bre de cet te:
, mê me ann ée 13 9.8 , lor fqu' apr ès
aNoir qui tté fon Ch âte au
de Bou zol s en Vé lai, don t il avo
it fait fa pla ce d'a rme s,
iL vin t en Viv ara is & au Pon t-S ain
t-ECprit ave c les lires Hill .de Lang;.
d'e T our non , de M ont l aur & d. 'U. zes
, ,. r.te . . d
JOm re au M a- To.IV,p.410...
réc hal de Bo uci cau t, qui fe ren d
oit à Av ign on, par ord re
du Ro i , & qui .y affiegea Ben oît XII
I dans. fon . pro pre Pala~, où ce Pap e s'éc oit ren
ferm é ave c une gar nifo n nom...
bre ufe . Qu oiq ue le Vic om te de.
Tu ren ne e.ût alo rs paffé
le Rh ône & fe tro uvâ t à Av ign on
,. il ne par 3ît pas qu' il ait
ent rep ris. dan s cet te circ onf ian ce de
pén étre r en Pro ven ce.;.
& en effet il en écoit tou t aut ant fép aré
, & il av.o it., com me ·
nou s le difions tou t-à, .l'h eur e , aut
ant . de difficultés à. fur:.
mo nte r pou r y paf fer , qu' il en aur
oit eû de. l'au tre côt é ·
du Rh ône dans la par tie où. il con fin
e à la. Pro ven ce ..
Ce. ne fut que ver s l_e mois de M.a
i deJ 'an née foi van te ·
I.J 99 , qu~ Ra ym ond pro fita nt_d~un
, te ms , . o_ù la riviere Hi!!: dé Piov&.
~
' .lt h·ors d d'c r
du Rh one
eto
. t . ra1r
c· n d
e ere me , . s '.en , vm
e gra n ds To.II,p.4iS)·
ravag~s . aux env.iro ns d~Arle
s & de Tar afc on .; . & ce fut
alo rs,_fuiv ant l'.Hifiorien de la Pro
ven ce, . qu~étant pou rfuivi par. le Pri nce de Ta ren te, ,
dev ant leq uel iL fuy oit
ave c tou te fa tro upe ver s le Rh
ône pou r fe fau ver en
Lan gue doc , & vou lan t fair e em
bar que r pro mp tem ent
fon mo nde. à Tar afc on , où . éta
ien t les. bar que s qui - l'y·
avo ien t am ené , iL ent ra ave c tan
t de pré cip itat ion dan s·.
la tien ne ·, que le che val qu' il mo
mo it fe rela nça dans .la ·
rivi ere ·co ntr e. les Rochers de. Tar
afcon ,. où il fut . e.ng~outi .
�.2. 30
·p R 0 PR I'E TÉ
par les ondes. Tout le monde fçait que· la ville de Taraf'con efi: füuée fur la rive gauche du Rhône précifément
entre l'embouchure de la Durance & la féparation des
deu_x, braffieres du Rhône qui for.ment l'Hle de Camar- gue.
La partie du Rhône que deGgnent les Lettres-Patentes
Mem.pag.8z. de la Reine Marie, n'efl: donc point celle qui s'étend depuis Lyon jufiJu' a la Durance, comme les Procureurs du
pays de Provence le prétendent. Les exploits de guerre,
dont il y efl: parlé, n'ont pû être faits Jùr la riviere dzt
Rllône qu'au-deffous de la Durance , dans la feule partie
d.u Fleuve qui foit contiguë à la Provence, la feule par
laquelle il fût poffible d'~border en Provence; & fi quel.ques-uns âe ce.s exploits ont éré faits dans les ports du
Royaume, ce ·n'a pû être que dans le-s ports de Beaucaire
& de Fourques, qui apparrenoient en effet au Royaume.
1!-bid.
Les navires armés que cette Princeffe foudoya, dit-on,
& qu'elle dejlinoit à empêcher l'ennemi de pénétrer en
Provence, n'eurent pas befoin de remonter au- deffus de
la Durance dans la partie du Rhône q:ui ne conduifoit
point en Provell'Ce, &. dûrent , en ufanr de la permiffion
.que le Roi en a voir donnée, fe borner à la défenfe de la
portion du Rhône depuis fa Durance jufqu'à la Mer. Auffi
·n'empêcherent-ils point ie Vicomte de Turenne de traver·
fer la partie fuperieure du Rhône au mois de Septembre,
lorfqu'il fe rendit à Avignon. N'efl:-ce pas le cas de ren·
·v oyer à la Provence une réflexion qu'elle applique mal.à-propos dans cette occafion même al! Languedoc, & de
, ~e.m. P· ~3· dire, avec-plus de fondement, ·qu'elle tire d'une prop~fition
paniculiere relative a une portion du Rhône, depuis la Durance jufqu'à la -Mer, une conclu.fion générale qu'elle étend
.J to~t le cours de ce fleuve, depuis Lyon jufqu'à la Mer t
�DU RH 0 NE.
23 r
Aj oû ton s qu e la Dé cla ra
tio n de la Re ine M ar ie
ne po uva it pa s re ga rd er un e
po rri on du Rh ôn e, fur
laq ue lle it_
efr no to ire qu e les Co mt es
de Pr 9v efl ce n'a vo ien t
al or s"
n'a .vo ien t jam ais eu , &
ne po uv oi en t av oi r ni
droit ni
po.fle..ffeon. On ne vo it po int
qu e da ns au cu ne cir co nf
i:a nc e,
,au mo ins de pu is qu e le
Co mt é de Pr ov en ce fub
fifie da ns
l'e ten du e -qu 'il a au jo ur
d'h ui , 1es Pr ov en ça ux
aie nt po rté
leu rs pr ére nti on 5,· juf qu es
-là . Ils c.onvienn~nr d'a ill
eu ts· qu e
fo Rh ôn e au deifus de la
Du ra nc e n'a jam ais ceffé
d'a p-pa rte rir au Ro i de Fr an
ce .
M ais il n'e n efi p as de
mê me de la po rti on du
Fl eu ve·
qu i co ule de pu is
Du ra nc e juf qu 'à la M
er , & for laqu ell e la.- Pr ov en ce n'a
jam ais né gli gé l'a cc afi on
d'a nn on ce r de s pr éte nti on s & f!I
ême de fai re le plu s d'e
mr ep rif es·
qu~il , lui a été po ffi ble
. Pa r ce tte rai fo n la pr éc
au tio n d'e xige r de la R ein e M arie
un e Dé cla ra tio n te lle
qu e ce lle '
q1;i efi: con ten ue d ans · les Le
ttr es - Pa ten tes qu i no us
oc --'
cu pe nt , pr éc au tio n fu pe
rfl ue , po ur ne pa s dir e
ab fu rd e,.
pa r ra pp or t à to ut e au tre
pa rti e, du Hh ôn e, éro it
néce[fai re pa r ra pp or t à. la
pa rti e du - Fl eu ve qu i efi:
contigu~
i 11a Pr ov en ce ; · & c'efl:
ce tte feu le pa rti e, . qu i
puiffe êt re·
ro bje t de la D éclar ati on
.
Qu an t à la lim itation,..
qu 'on pr éte nd tro uv er
· da ns· la·
Cl au fe ;· Entant que tou
che la
la
Se~gn eu rie ' & 1urifdié
lion de ·
l vlonj eign eur le Ro i; ce tte
lim ita tio n , do nt 1'a p pli
ca tio n'
au lie u n'efr rie n mo ins
qu 'év id en
te, ne po ur ra it re ga rde r, da ns l'H yp ot he fe
de l'a pp lic ati on , . _gue
la gr an de:
Braffiere du Rh ôn e qu 'on
fça it av oi r été po ffe dé e
abufive:rn en t pa r les Co mt es de
Pr ov en ce de pu is l'a nn ée
. 1 1·2 5. i:.
Ré fu mo ns . La po rti on
du Rh ôn e qu i efr au -d
effus de.·
la Du ra nc e ne co nf ine
po in t à la Pr ov en ce .
La Re ine·
M ârie n'a va it do nc à fe dé
fen
dr
e
co nt ré les- inc urfio ns·du:
....' ...
�PR 0 PR I E
23 2
·:r É
Vicomte de Turenne qu e dans la partie du Rh&ne qni efl:
.au-deifous de la Durance. C'dl: donc fur cette portion
infe.rieure du flcuv.e feulement, qu'ont pû être fait les
,exploits dont parte cette Princeffe , & fa Déclaration ne
. peur avoir d'autre objet. Il fuie de-là que les C omtes de
'I_>rovence n'ont eu de leur propre aveu ni droit ni poffef
fion fur la riviere du Rhône, au-deffo~ comme au-deffus
de la Durance, & qu'ils n'ont pû y faire des exploits que
par grace du Roi, .ea vér.tu de fa pu",,iif[zon & du con/ente•
ment, commandement & ordonnance de Jes Officiers.
AR
T I CL E
T R 0 I S I E M E.
LETTRES- PAT.ENTES
Du Roi Chades VIII, données le 28Aoujl1488.
ltecueil, fol.
.:3::..
CEs Lettres produites au Confeil, en 17-07, & vifées
dans fon Arrêt du 1 o oaobre de la même année, y ont
encore été produites en 1716, & rappo!tées alors par
l'Infpeél:eur ·général du Domaine, d'après Dellis de Sal, vai.ng .de BoWieu , qui dans fon Confe.il LX , en rend
î'rait~de:ruf. I'Expofé en ces termes :
des Fiefs, fec.
fart. p~g. 63.
» NOTRE P.rocµreur No.us a expofé que jaçoit que de
,, ~out & an.den tems, Nous foul & pour le tou.t ayons
,, droit~ poffeffion & faiGne de tou.t e la rivie-re 4u Rhône
•• par tout fon cours, \.t ant comme joint & mar'èhit en
"ou à Notre Royaume, tant vers Notre Da!phiné de
/
,. Viennois, comme en quelconques autres parties ; &
" t• d'y avoir toute J urifditlion, J ufrice , Seigneurie , coër" cion & cootrainte par Nous & Nos Officier.s Royaux
~ tant feulement; fans ce que Nous comme Dalphin, ne
" ,autres quelqu'ils foient , ayant J.urifdiétions ou Seigneu ·
"'ries
1d. Fol. 39·
,
�DU RHO NE.
2
33
" ries joignans ou marchiffans à ladite ri_viere à l'endroit
,, de Notredit Royaum e, y ayons, ne devions ou puif- .
» fions avoir aucune connoiifa.nce, ne y puiffions ou de" vions faire aucun exploit de jufl:ice. ,,
ll faut croire que l'Ecrivai n des Etats de Provenc e
s~efi trompé en lifant la date de ces Lettres , & qu'au
lieu de 1488, il a lû 13 8 8 ; car c' efi à cette derniere Mcm. p. 73~
année qu'il les rapporte ., en les attribua nt, par une fuite
de fon erreur, au Roi Charles VI, quoique certaine ment
elles aient été données par Charles VIU, le 28 Août
148 8 , fept ans après que la Provenc e fe fut fonmife au
- Roi. Quoi qu'il en foit, le même Ecrivain déclare que ces
Lettres importem peu à la Provence qui n' ejl point chargée
de la caufe du Dauphin é, dont il y efi quefüon .
Elles furent en effet données à l'occafion d'un Aae de
Jurifdia ion qne les Officiers du Dauphin é avoient faitmalà-propos fur le Pont du Rhône qui étoit entre la ville de
Vienne & Sainte-C olombe en Vivarais ; & il efi remarquable que, quoique le Roi fût alors & depuis plus d'un
fiécle Souvera in du Dauphin é, les Officiers de cette Province n'en font pas moins blâmés dans les Lettres de Charles VIU d'avoir étendu leur Jurifdia ion for le Rhône, &
qu'il y efi declaré pofitivem ent que le Roi même, comme
Dauphin , n'y avoit ni Jurifdiaio n ni Seigneur ie , lefquelles
appartie nnent au Roi comme Roi, & ne peuvent être
exercéés que par fes Officiers Royaux tant feu!emem. Mais
il efi dit auffi dans les mêmes Lettres que autres que/qu'ils
[oient joignans ou marchijfans à la riviere du Rhône à l'en·
droit du Royaum e, tant 11 ers le Dauphin é comme en quelconques autres parties n'y ont de même ni ] urifdillions ni Sei·
gneurzes.
Ainfi les Lettres de Charles VIII importe nt à la Pro ..
Gg
'
�1 34
PRO PRIE TÉ
vence plus qu'elle ne veut le dire. Elle ne peut fe dif~
• fimuler qu'elle ne foit une de ces quelconques autres parties ,
vers lefquelles le Roi feul a droit, pofieffion & faifine
de toute la riviere du Rhône, où fa ]uriJdLc1ion ne peut être
exercée que par fes Officiers Royaux tant feulement. Comm e
elle le fenc auffi-bien que nous , elle a pris le parti d'imaginer fans l'ombre de fondem ent que , c'e!l:: le Langue - /
Mem •.p. 73· doc qui fit rendre ces Lettres , & qui y fit dire au Roi
que tout le cours du fleuve lui appartient comme Roi de •
France.
Il eft fans doute bien glorieu x,pour Je Langue doc d'avoir
ainii le crédit, dans route occuren ce & quand il juge à
propos , de faire dire au Roi , que comme Roi de France , ,
il eJl propriizaire de tout le cours du Rhône. Mais il aurait
fallu prouve r le fait.
Au défaut des preuves ·, les · Procur eurs du pays de Pro1bid~
vence deciden t de leur propre autorité que_cette propofz•,
tion, que des Officiers entreprenans ont eu la témérité de faire.
avance r, & qui énonce que tout le cours du Rhône app.ar·
tient au Roi , eJl démontrée fauffe ; & voici en quoi confifie la prétend ue demon ftration ; c'eH que ce que les infli·
gateurs de ces Lettres ont fait dire au Roi d l' occafzon du
Rhône a été fans conféquence, & que les Comtes de Provence n'en ont pas moins regné enfuùe fur l(]; partù contentieufe de la riviere.
.
Or les Comtes de Proven ce , dans le tems que ces Let..
Ibie/.
tres furent données & depuis ce rems-là jufqu'à préfen t,
n'ont été autres que les Rois de France , de qui tout le
cours du Fleuv,e dépend, comme on le difoir alors & comme
on le dit encore en _France ; parce qu'il eft e:ffettivement
vrai que nos Rois comme Rois de France regnoie nt dans.
ce tems~là, & ont regné depuis , de même que leurs pré
�DU RH 0 NE.
déceffeurs avoient regné de tems immémorial fur tout le
cours du Rhône qui appartient à leur Couronne , & qui
n'a jamais appartenu au Comtes de Provence.
Ce n'ell: pas là précifément ce que prétendent les Pro·
·.cureurs du pays de Provence , lorfqu'ils antidatent les
Lettres dont il s'agit & les font remonter jufqu'à l'année
lJ 88, afin d'en démontrer la fautîeté par des A'éles de Sou- Mem. p. 7+
veraineté, qu'ils fuppofent avoir été faits fur le Rhône
·par leurs Comtes depuis & malgré ces Lettres. .Auffi leur
démonil:ration n'eil: elle rien moins qu'une verité.
Au reil:e cette méthode de raifonner efi familiere aux Pro·
vençaux, & ils l'adoptent volontiers toutes les fois que
quelque Titre les embarraffe. C'eil: ainfi qu'ils foutiennent
que les Lett.res données par Charles VI en 138 I n~eurent Id. pag~ 7~
aucun effet pour la Provence, & que pour le prouver, . .
ils fe propofent de montrer que la Provence n'en con·
,ferva pas moins fexercice de la ]urifdiélon qu'elle prétendoit avoir fur le Fleuve .& fur fes Ifles. Preuve admirable!
C'efl: ainG encore qu~ils affurent que les Lettres de la PrinceiTe Marie Comteffe de Provence ne porterent al!cun Mem. p. s3..;
préjudice aux droits de la Provence fur la partie contentieufe du .R hône, & qu'ils en donnent pour preuve une
prétenduë poffe./fzon dans les tems pojlérieurs à la Déclaration de la Reine Marie. Démonil:ration convainquante ! Et
c'eil: ainfi de même qu'ils prétendent ici que !es Lettres
de Charles VIII eurent fi peu d'effet, que chaque jour le Id. pag. 7~
Comte de Provence faifoit puMiquement des Aéles de Soui!eraineté fur le Fleuve & fur les lfles. Peut-on fe refufer
à de pareils argurnens ?
D'autres pourraient conclure des Titres authentiques
qui prouvent les droits de la Couronne fur toute la ri:viere du Rhône, que les Aétes de Jurifdiétion & de SouG g ij
�PROP RIETf :
veraineté émanés des Comtes de Provence fur cette même
riviere font autant d'attentats de ces Comtes fur les droits
de la Couronne . Mais on raifonne autrement en Provence, & on y trouve plus commode d'attaquer l'autorité
de ces Titres par des all'égation s de faits qui le plus Couvent ne prouvent rien & n'ont pas même rapport à la
partie conrentieu fe du Rhône , ou qui, quand ils y ont
quelque rapport , ne font que des entreprife s Couvent renouvetlée s à la vérité, mais toujours fans droit comme
fans fuites effethves & permanen tes. On peut juger de
c ~ s faits , de leurs preuves, de leurs effets & des Aaes
qui les appuyent , par l Examen que· nous en avons fait
précéde mmenr.
ll n'en efi pas moins vrai que le Roi Charles VIII a
déclaré avoir· lui feul & pour le tout, droit , poffeffion &
faifine de toute la riviere du Rhône par tout fon cours,
fans q~e autres quds qu'ils foiem, ayant Ségneurie s le,
Ion .~ de ladite rivi~re, ni lui-même· comme Dauphin &
par conféquen t comme Comte de Provence , y puiifent
ou doivent faire aucun exploit de jufüce.
A
Q U A T R 1 E M E •.
RT I CLE
ARRÊ T
Du Parlement de Touloufe du8 Mars 1493,'
494·)
( 1
Rec.fol. r.
ÎL faut que cet
Arrêt, imprimé dans le Recueil des
Arrêts & Décifions , qui a été produit au Confeil par les
Etats-Gén éraux de la province de Langû'edo c en 1765 ,
foit regardé par Ies Procureur s du pays de Provence
comme une Piece bien dangercufe . pour leurs préten·
�DU RH 0 NE ;
tion s ; car il n'y d. pas de moy ens qu'i
ls n'em ploy ent
pou r en détr uire l'au torité. Ava nt que de pefo
r ces moy ens ,
n ous croy ons dev oir expofe-r le fait
qui a occ auo nné
l'Ar rêt don t il s'ag it & les prin cipa les
difpofi.tions qu'il
renf erm e.
Les Offi cier s du Pape en la ville d'A vign
on, Con fu!s
& Hab itan s d'ic elle ava ient fait des furp rifes
& occ upa tion s fur ies droi ts de la Cou ron ne dan
s une part ie de la
rivi ere du Rhô ne & dan s pluf ieur s H1es
d'ic elle . Ces fui:. prif es avo ient été caffées. Le· Pro cure ur
du Roi en la Sénéch auff ée de Bea uca ire, ( & n0n le Lan
gue doc , com me Recap. p. ;;%·
on le dit ) en exé cuti on de !'Or don nan ce
& de l' Arrê t
rend u fur ces nou vea utés avo ir fait plan
ter dan s les lieu x
'tlfurpé:> les arm es de Fra nce , & non celle
s du Comté de
liJid..
Tou louf e, en iign e de fa mai nmi fe & de
la, po!feili.on du
Roi .
Alo rs les üffr cier s de Pro ven ce Ce- joig
nire nt aux Officier s du Pap e & à l' Arc hev êqu e d'A vign
on, qui étoic
Seig neu r de Bar ban tane en Pro ven ce ;
& tous . enfe mbl e , .
fous cou leur de cert aine s Lett res imp etré
es des Maî tres
des Com ptes de ladi te Pro ven ce, fe faifa
nt acco mpa gne rde cert ains garn eme ns arm és de fleches
- & de tout e fort e ·
d'ar mes , s'effo rcer ent par nou vell eté &
voy e de fait d'u- ·
furp er & occ upe r l'li1e de Mal ime n &
plui ieur s autr es .
Hle s, y com mir ent plui ieur s abu s & exc
ès, , arra che rent ., .
r.om pire nt, déc hire rent & foul eren t aux
pied s les arm es ·
du Roi , mal trai tere nt& con fütu eren t prif onn
iers les Serg ens
Roy aux qui avo ient plan té lefolites arm
oiri es. Voi là ce
qu'o n nom me en Pro ven ce une entreprife
& une voye de
lbi.i ;.
faà du Languedoc ; . & v.oilà com me les
Languedociens engage rent le combat.
Sur les plai ntes port ées à ce fuj~t par le
l?ro cure ur.. gé"'.
"'
�PROPR IETÉ
.néral, le Parlement de Touloufe donna commiffion au
PréGdent de Morlhon d'informer & de faire exécurer les
ProviGons précédemme nt accordées par la Cour audit Procureur-géné ral contre ces violences ; & ce Commiffaire
·s 'étant porté for le Pont d'Avignon & autres lieux, appella devant lui ceux qui étoient à appeller: Alors corn ...
parurent le Procureur-g énéral du Roi au Parlement ·de
Touloufe d'une part, & , de l'autre part, l'Archevêqu e
d'Avignon, le Procureur de Provence & autres Officiers
<le ladite Provence , qui ne déclinerent point la jurifdiélion
le décreterentencore moins
_du Préudent de Morlhon, &
d'ajournement peifonnel, comme on le dit aujourd'hui en
58. Pro-vence .; mais qui piaiderent verbalement devant lui
de toutes pans , écrivirent & produifirent toutes leurs
Pieces & Infirumens fur la matiere ·d ont étoit quef-
qui
Be.cap. p.
tion.
Les Officiers de Provence foutinrent tant par paroles
.q ue par leurs écrits , non pas comme à préfent que le lit
entier & tout le cours du Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer leur appar.t enoit : Il n'y avoir encore qu'une
douzaine d'années que la Provence émit foumife au Roi &
.elle n'a voit pas eu le rems de donner une au1Ii grande étendue à fes prétentions; mais feulement qu'il n'appartenoi t au
Roi comme Roi que la moitié de ladite riviere. Le Corn·
miffaire appointa les parties pour informer & faire les
.P reuves de leurs droits , & les renvoya au Parlement,
attendu l'importance de la mariere.
Enfuite, à la requête du Procureur-g énéral , le même
Commiiiaire proceda à l'enquête & information des faits
propofés tant contre !'Archevêqu e d'Avignon & fes Offi.ciers de Barbentane légitimemen t affignés & comparans,
que contr.e les Gouverneur & Officiers temporels du Pape
�DU RH ON E.
1
l9'
en la Cit é d'A vig non & con tre
les Co nfu ls & Fia bita ns
de lad ite Vil le, auffi affignés à
cet effet.
Ce fon t ces pro céd ure s, enq uêt
es & doc um ens con ten us ès pro céd ure s fait es par le
Pré Gd ent Co mm iifa ire
& par le Pro cur eur -gé nér al , qui
fur ent rem ifes fous les
yeu x du Par lem ent de Tou lou fe
au mo is de Ma rs 149 3 , Arr.pag..4.
~.
( 1 49 4) & par lefq uel
les , fuiv ant fon Ar rêt , " il app ert
,, & a app aru à lad ite Co ur, que
le Ro i ( & non le La nguedoc, com me le fup pof ent fau ffem
ent les Pro ven çau x)
,, eil: Seigne!:!r à cau fe de ,fa Co
uro nne & Ro yau me de·
" Fra nce , de tou te anc ien net é
· & de rel rem s qu' il n'efl:
,, me ntio n du con trai re , des fufd
its flux & riva ges du·
,, Rh ône enr iere me nt d'u n bor d
à l'au tre·, & de tou s les.
" lieu x où lad ite riv iere a acc out
um é de fair e fon co.u rs
,, tan t anc ien que nou vea u, com
me auffi. de tou tes - les,
>3 I:O.es qui fon t ent re les
riva ges dud it Rhône~ "
C'e il: auffi fur le vû de ces enq
uêt es, procès-verbau~
& titr es, & ap rès les- fom ma tion s
& affi gna rion s à jou r·
<;:ompétent ftgnifiées aux Pro cur
eur & Off icie rs de· Pro :..
ven ce, ain fi qu' apr ès les dél ais
de dro it acc ord és - à plu fieurs rep rife s, & les déf aut s obt
enu s eon tre lefdits Pro cur eur & Off icie rs, qui alo r-s déc
ern ere nt cer tain es 'ter tres , en ver tu d efq uel les iis fire nt
par rep réfa ille s affigner-·
le Pré Gd ent de Mo rlh on·, & qui en mê
me tem s arr ête r_ent"
prif onn ier le Ser gen t por teu r des
Let tres . & Ma nde me ns,
du Par lem ent de Tou lou fe ; enf
in ce fut élf>rès plu tîeu rs.
abu s, vio len ces & exc ès com mis
par le Pro ven çau x, que:
· le Par lem ent de Tou l-ou lê , par
fon Arr êt du 8 Ma rs 149 3 Arr. pa~
..6:-.
( 14 94 ,) ,. a ord onn é & ord onn e
que le Pro cur eur -gé né» ral fera rem is & réi nte
gré , com me de faic lad ite Co ur·
" le réin teg re en la rée lle & ent
iere poi feff ion . de lad ite
u rivi ere du Rh ône d'u n bor
d & riv age à l'au tre , . & en:
�PR 0 PRIE .TÉ
tous les lieux où ladite riviere avoir accoutu mé de faire
fon cours tant ancien que nouveaH ; comme auffi en
toutes les Ifles qui font dans ladite riviere ••••.•. même
du côté de Proven ce, comme apparte nantes au Roi à
caufe de fa Couron ne & J ufl:ice de France .»
Telle e11 la difpofit ion princip ale de '. l'Arrêt du Parlement de Tou loufe ; & tels font en fubfian ce les faits qui
y ont donné lieu , & qui font recités ici dans les pro.Pres termes de l' Arrêt , afin qu'on puiffe plus ai Cément
R.ecap. p. 57. appréci er la fidelité de l' Extrait même, que la Proven ce
s'efi engagé e à -en .offrir fous les yeux du Confeil & du
,,,,
,,
"
"
,,
1
1
Il
il
,,1
Il
1
Public.
Il nous refie à examin er préfent ement :G elle a réuffi
1\1em. Réca·
fa
;Pit. & Req. à démontrer que ce Titre ejl vicieux dans fa forme & dans
PafJirn.
ju/Jjlance, qu'il efi le premier Titre , le principal Argume nt,
·
le Titre viélorieux du Langue doc, & en même tems la fource
de fes erreurs & de fes prétentions fur le Rlzône ; & enfin
que ce ·n'efi qu'un Arrêt de confliél , incompétemment rendu,
.non executé , reg ardé comme nul, caJTé par la Chambre des
Comptes de Prov ence, & révoqué par des L ettres-Patentes •
.Ces reproch~s [0.nJ _graves & mériten t d'être difcutés fé·
paréme nt.
1 ° Si l'on confide re la fdjlanc e de l' Arrêt du Parle;Recap. p. 57.
ment de Toulou fe, ou pour parler comme les Procure urs
Rcq. ;1 764• du pays de Proven ce du prétendu Arrêt du 8 Mars 1493;
il efi évident que fa difpofition efi parfaite ment conform e
aux Lettres -Patent es donnée s pa.r le Roi Charles VIII,
environ cinq ans aupara vant, en ...1488; à d'autres LettresPatente s que le Roi Louis Xl :venoit auili de donner en
1474 & dans lefquel les :il eft énoncé _e n propres termes
fol. 68. que tout le cours de la riviere du Rhône , tant ,que fè peut
ùendre & tout ce qu'elle peut enceindre & embra.flèr) appar·
uent
�DU .RH 0 NE. tient au Roi ; aux Lettres de la Reine Marie de l'année
I 398 , & à celles du Roi Charles VI du mois de Janvier
138 1 ; & , pour tout dire en un mot, aux principes conftamment fuivis dans cette matiere ; & à la poffeffion
non interrompue de la propriété & fouveraineté du Rhône
d'un bord à l'autre ; dans laquelle poffeffion tous nos -Rois
depuis !'Empereur Charlemage, & , en remontant jufqu'à.
fa fource , depuis Théodebert , ont toujours été maintenus comme Rois de France, .à cau[e de leur Couronne
& J ufi:ice · de France.
On ne compremdra pas aifement que nos meilleurs
Auteurs, Géographes , Hifioriens & J urifconfoltes, qui,
de l'aveu de la Proven<:e, citent cet Arrêt & en adoptent
les difpofitions, fe foient fait il!ufion fur ces difpolitions;
qtie le Confeil même du Roi ait été induit en erreur fur
la nature & la fubfiance de cet Arrêt ; que le Public ait
partagé cette erreu·r ·; & cque la Provence feule ait .été
affez clairvoyante pour s'appercevoir de toutes ces forprifes. 11 efl: vrai que l'interêt dl: affez clairvoyant, mais
Gn fçait auffi que fouvent il s'aveugle & s'égare, .& qu'il
efi toujours fufpeét.
2 ° L' Arrêt du Parlement de Tou loufe n'efi ni le premier
Titre ni le Titre 11iélorieux du Languedoc, qui n'y efl: pas
même nommé. Ce fon! les droits de la Couronne qui
étaient attaqués, & c'efi le Roi que les Officiers du Pape,
de l' Archevêque d'Avignon & de la Provence, s'étoient
mis en devoir de troubler -en la poffeffion indiféontinuée de Arr. pag. 2 •
la riviere du Rhône & de toutes les lfles d'icelle. Auffi efl:ce le Roi, à qui cet Arrêt adjuge le Rhône & toutes fes
IOes & Crémens, qu'il déclare appartenir à Sa Majefié
de toute ancienneté , à cau[e de fa Couronne & ! J ufüce
de France. Il n'efr pas plus quellion des droits du Lan-
Hh
�2. 4?.
PROPRIETR
guedoc fur ce Fleuve dans l' Arrêt dont il s'agit que dans
l~s Lettres de Charles VI, de Marie, de Louis XI &
de Charles VIII dont nous parlions tout-à-l'heure.
11 efi vrai que le Languedoc_a l'avantage de n'avoir ja..
mais difcontinué d'appartenir à la Monarchie Françoife,
, qu'il fait partie du Domaine de la Couronne, & que par
conféquent le Rhône qui l'arrofè fait partie de fon territoire & de fes limites. Mais encore une fois il ne s'agif...:
foit pas en 1493 des droits de la Province de Languedoc ou des Etats de Languedoc f~r le Rhone, c'étoit le·
Roi dont on rroubloit la poffeffion indi.fcontinuée, &
c'efi le Roi, qui dans la perfonne de fon' Procureur-général cil remis & réinregré par l'Arrêt du Parlement de
Touloufe dans la réelle & entiere poifeffion du Rhône
d'Un bord à l'autre.
3° Il feroit fingulier qu'une Cour fouveraine du Royaumè
fût regardée comme incompétente pour la confervation
des droits de la Couronne dans les lieux de fon reffort,
& que les jugemens qu'elle rendrait for cette matiere, non
feulement fuiTent regardés comme incompétemmem rendus,
mais encore puffenr être traités d'Arréts de confùél, &
être cajfés par les Officiers d'une Jurifdiétion étrangere ou
d'un Tribunal non fubalrerné à la Couronne & au Royaume
de France, lefquels Officiers oferoient fe confüruer Juges
tant des droits du Roi de. France que de fes Cours.
Au -reile la Provence dit bien que l' Arrêt du Parlement
de TouLou(e fut caifé par la Cour d'Aix, mais elle ne
produit point 1' Arrêt de caffation , ~ elle le produirait
fans doùte, s'il exifioir. Il efi plus vraï" que le Parlement
de Touloufe, fans dire un feul mot des Arrêts de la Cour
des Comptes ~ Provence qu'il n'a pû connoîcre , s'ils
n'ont jamais exifié, iefr contenté de ca[er, révoquer
--
-
�DU
RH
0 -NE.
143
& annuller lui-même les Sentences, , Ordonnances, Décrets, Exploits & autres Procédures, des Procureur, Juge·
Mage & Gens des Comptes de Provence; déclarant tout
ce qui a voit été fait & entrepris en cette partie , nul,
abuGf, & fait nullement & abufivement par Juges incom·
pétens. Ce font les propres expreffions de l'Arrêt.
4 ° Seize ans, & non fept ans après l' Arrêt dont il s'agit; Recap; P· 59~
c'efl: à-dire en z.50 9 , comme on le remarque judicieufernent dans la-Récapitulation, & Bonen do o , comme on le Id. pag. 4°·
dit dans beaucoup d'autres endroits des Ecrits de la Provence ; le Roi Louis XII donna des Lettres-Patentes, par
lefquelles il, évoqua devant lui en fon Grand · Confeil tous
les prucès 'mûs entre fes fujets de Languedoc & de Provence pour raifon des Iiles & Accroiffemens du Rhône.
Nous avons ci-devant examiné ces Letttres , & nous
avons obfervé que ce font de fimples Lettres d'évocation
& d'attribution, qui ne jugent rien , & qui furent annullées par d'autres Lettres des Rois François 1 & Henri II.
Nous avons auffi remarqué que les Gens des Etats de
Provence furprirent encore de femblables Lettres du Roi
Hènri II , en 1557, lefq.uelles n'eurent aucun effet & furent de même annullées cinq mois après. En un mot la
Provence a fouvent tenté d'en obtenir d'autres qui n'ont
pas eu plus de foires. Mais elle n'en foutient pas moins
aujourd'hui que l'Arrêt du 8 Mars I 493 fut réf!oqué par les
Lettres de 1 509, & que les proçedures refpeélivement faites Recap. p. 59~
alors par le Parlement de Touloufe & par les Officiers
du Pape & de la Provence y forent annullées.
Qui croirait, en lifanr ces propofitions avancées avec
la plus grande confiance, que non feulement il n'efl: point
du tüut parlé de l'Arrêt du Parlement de Touloufe dans
les difpofitions des Lettres-Patentes ; mais encore que ces ·
Hh ij
�PR 0 PRIE. T ·É
}
Il
mêmes Lettres n'ant aucun rapport à l'affâire qui avait
donné lieu à l'Arrêt & concernent des contefration s toutà-fait différentes? On en peur juger. par l'expofé que les
Provençaux font eux - mêmes de ces Lettres. Le Roi
Louis XII , difènt-ils., ord~nna /par fes Lettres - Patentes
.du r 3 Avril 1 509 , que tous les procès mûs entre fes Sujets de Languedoc & de Provence pour raif.on des If1es
& Accroiffeme ns du Rhône foroient évoqués par· devant
Sa ~1ajefié en fon Grand-Conf eil, & en interdit la connoiifance aux Cours de Parlement de Toulmife & de Provence. Or l'Arrêt du Parlement de Touloufe dont nous
nous occupons, n'a point été rendu fur des procès mûs
entre ·des Sujets du Roi ou entre des Particuliers des demc
pays. Nous avons obfervé déja que c'efr le Roi comme Roi
de France, dont les droits étoient attaqués alors, & que c'efr le Roi qui efl réinregré par l'Arr·ê t dans la réelle & entiere
poffeffion du Rhône d'un bord à l'aupïe à caufe de fa Cou.
ronne & Jufüce de France.
Au furplus les Arrêts & Jugemens contraires-p rononcés dans les C::ours des deux Provinces ne furent ni révoqués ni annulléspar les Lettres-Pate ntes du .Roi Louis XH.
Les uns & les autres pouvoient être ou confirmés ou infirmés
par le Grand-Conf eil auquel ces caufas·parric ulieres étoient
renvoyées ;· & Nous lifons dans un des Titres produits par
la Provence, que t\ le Roi par ces Lettres · Patente's ren,, voye au Grand-Conf eil les procès qui étoient lors pen'' dans pour raifon d'!nféoda-tions dans fes Cours de Lan,, guedoc & de Provence fans préjudice du _droit des
,, parties tant petitoire que poffe1Toire, & jufqu~à ce~qu;au
,, trement en foit ordonné ; permettant au furplus par
n provifion que les Procès-verb aux des uns & des autres
,, tiennent.» On ne voit pointqu'ilfo it quefüon de !'Arrêt du
�DU RH 0 N 'E.
Parle ment de Toulo ufe dans ces difi)ofitions des Lettre sPaten tes, & encor e m0ins qu'il y foit revoq ué & annul lé ..
5° Pour· ce qui regard e-l'ex écutio n ultéri eure de cet Ar
rêt, elle eft attefi:ée par tant de Monu mens authe ntique s,
qu'à peine peut-o n conce voir le ton d'aifu rance 'avec le. quel les Procu reurs du pays de Prove nce, peu curieu x
d'être d'acco rd a-v ec eux-m êmes fuppo fent fans fonde ment
tantôt que !'Arrê t dont il s'agit , n'a point e"té executé, n'a..Recap.
P•7Jo·
pas eu la moindre exécu tion, & tantôt qu'il efl: la jource vi·
cieufe des décijions pojlerieures, &·des furprifes faites au Con ..
fait même.
Trois ans ln'ëro ient 'pas enc::ore écoulé s depui s que le
P'ade ment de Toulo ufe avoir réinte gré le Roi dans la poffeffion du Rhôn e , lorfqu e Ie Roi Louis XII,. par (es Lettres-P atente s du 19 Nove mbre 1498 , donna Comm ifüon à Thom as Garn ier, fon· Secré taire·, d'info rmer des Ufurpation s faites fur le Doma ine de Sa Majef ié en Langu edoc, ,
au préjudice de l' Arrêt · du Parlem ent de Touloujè de l'année 1493~
En15 .24, !·)26 , 15-35 & 1539 ,. leRo i Fr-an çois[ -'
a:dreifa de pareil les Lettre s aux Tréfo riers ·de Franc e en:
Langu ecfoc , pour inform er des ufurp ations . des IOes dm
Rhôn e faites au préjudice de l' Arrêt du Parlem ent d.e Tou-,
loufe du 8 Mars 1493.
Le Roi Henri II ,.par. fes Le,t.tres-Patentes du 25. Fevt.ie1\·
1; 5.6 (1557 ) évoqu a. toutes les conte flatio ns élevées am
fojet des Hles. du Rhôn e & penda ntes tant au Gr.-and•Con-feil que dans les Çours de Prove nce & de Daup hiné, &.
lis renvo ya à la.pre miere Cham bre des Enquê tes du Par;..
lernen t de Toulo ufe, pour y être inilru ites & j_ug~es fui~
vant !'Arrê t .de 1493.
L'année. fui vante le. même. Princ e donna . de femblables.;
4
•
/
�PR OP RIE TÉ
1
i •
1
1
lettr es, dans lefquelles l' Arrêt du 8 Mars 1493 efl: rap·
pellé jufq_u'à quatr e différentes fois, comm e devan t avoir
fon exécution nonobfl:ant de nouvelles Lettr es d'attribution au Gran d - Conf eil forprif.es le 26 OB:obre précé dent
par les Gens des trois Etats du pays de Prove nce.
Nous avons enco re aél:uellement fous les yeux d'autres
Lettr es adreffées par le même Princ e aux Commiifaires
·,du Parle ment de T ouloufe le 29 Juillet 1 558 , & ces Lettres comm encen t ainfi: '~Nous vous avons ci-devant mand é
,, que vous eu:Œez à procé der à l'exécution del' Arrêt donn é
,, par notre Cou-r de Toul oufe le 8 Mars Lf93 ." Le Roi
y renouvelle les mêmes ordre s, & interd it fur ~ette matiere toute cour , juri (diélion .& connoi1Tance à fon Grand,Conf eil & 3utres Juges4
Enfin rappr ocho ns de ces témo ignag es auffi clairs que
précis , le difpofoi f de l'Arrêt rendu au Conf eil <lu Roi
.-c ontra diéto ireme nt entre le Ferm ier dn Dom aine de la
'C ouro nne en Lang uedo c , & les Ferm iers des Dom aines
.de Prov ence & de Daup hiné le 8 Mai 1691 , dans leque l
.difpofitif le Roi décla re formellement que la riviere du
Rhôn e & fes dépen dance s font partie de la provi nce de
Lang uedo c confamzémem a I' Arrêt du P..arlement de Tou.loufe du .8 Mars 1493 . Voilà cepen dant cet Arrêt , qui
n'a jama is eu la moindre exécu tion, dit-o n, qui a ejfuyé
e
.:tant de rever s; qui a été r~gardé dans tous les tems comm
,non avenu ; qui a été dijèu té, caffé , revoq ué, annu!Lé, &c.
6° C'efi partic uiiere ment dans les Arrêrs du Gran d-Co nfeil
-<les l) Avril I 587 & 3o Septe mbre 1609 , que la Prov ence
-s'eft attac hée à cherc her des armes contr e notre Arrêt. Par
bonh eur, la tremp e de ces armes ne les rend pas dang ereufes. Il efi bien vrai que les inféodataires de la Prov ence ,
les Habitans d.e Barb.entane & le fieur Saxy , dans leurs
�DU
RH ON E:
d'ires refp eaif s ne refp eaer ent aucu nem ent l' Arrê t du
Parle.
me nt de Tou iouf e & le rnal trait eren t conf
orm éme nt à
à leur s int~rêrs ; cela n'efr pas furp rena nt.
Il efr enco re,
vrai que le Proc ureu r Gén éral du Gr~nd Con
feil ,,__trom pé
par les Prove nçau x,ad opta leur s raifo nnem
ens, & ·leur s fa-.
bles mêm es, & qu'il don na des conc lufio ns
en leur fave ur.
Enfin il efr âuffi vrai aue l' Arrê t du Parl eme nt
deT oulo ufe
fia regardé com me nul, c'efi:-à-dire ,~ ne fut poin t
adop té Memi p. 97~par les deux Juge men s du Gra nd-C onfe il ,
don t les Pro venç aux furp riren t vifi.blement la relig io n
dans ces deux
circ onfr ance s, jufq u'à lui faire perd re de
vûë qu'e n I po
& en 15 67, il avoi r jugé tout le cont raire fur
des prin •
cipe s & des mot ifs tous diffé rens .
Mai s on ne peu t pas dire avec vér_ité que
les deux Arrêts du Grand~Canfeil adjugerem aux Prov
ença ux les mê- Recap. p•.60~.
mes ljles que le P arlemem de Touloufa avoit
données aux
Lan guedociens. Ces Arrê ts fure nt re nd us entr
e des part i- ,. .
culi ers des deux prov ince s qui fe difp utoi ent
la poffefiion .
des H1es du Mou ton- & de Tres bon , & par
l'eff et d'un e
furp rife man ifeil :e, adju gere nt ces Hles aux
Prov ença ux ;
au lieu que l'Ar rêr· du Parl eme nt de Tou louf e
avoir pou r·
obje t la _pro prie té d_e tout le cour s du Rhô
ne & de fes IOes , que le Pap e & la Pro venc e difputé>ie
nt au Roi , & .
adju gea au Roi com me Roi de Fran ce cett e prop
rieté qui
lui app arte nait depu is les com men cem ens
de la Mon ar.-·
chie .
Si les deux Arrê ts du Gra nd-C onfe il n'eurent aucun
égard
I bid/.
à celu i du Parl eme nt de Tou louf e, il ne s'en
fuit pas qu'il s .
en vail lent mieu x , qu'il s en aien t plus .de
poids-, ou qu'il s
aien t, c.om.me où le. ,dit , revo qué, détruit,
anéanti, annu llé Reca r.. P.• 59; .
,l' Arr êt de 1 493 ; lequ el efr au con trair e vifé dans
tous les.
deux Arrêts. , & dont les difp ofiti ons y font récit
ées en,. .
L
�PROPR IETÉ
tierement , comme ft l'on fe fût propofé de le garantir
pour l'avenir de l'injure qu'on lui faifoit alors, ou du moins
de faire connoître.qu e li les deux J ugemens dont il s'agit t
changeaient en quelques points l'ancien état des chofes , il
Rt-cap. P· 61. n'en eft pas moins vrai que le Roi doit toujours être maintenu
\
dans tous fes droits fur le Rhône.
Finalement, les Chicanes des Procureurs du pays de
Provence n'empêchero nt jamais que le Roi ne foir Seigneur à caufe de fa Couronne & Royaume efe France , des
flu-x & rivages du Rhône eniierement & d'un hord à l'autre
par tout fan cours , comme a-uffi de toutes les ljles qui font
entre les rivages dudit Rhône, amfi que l'a jugé le Parlement de Touloufe dans l'Arrêt que nous venons d'exami~
ner , & où perfonne ne verra que ce Parlement ait ahan- .
:Id. pag. 59· donné le fonds de fa comejlation, quoiqu'on en diiè dans les
Ecrits de la Provence.
A
R T I CLE
C l N Q U I E M E.
ARRÊ T
Du Confeil d'Etat du Roi, du 26' Juillet 1681.
\
Id. pag. 61.
LEs Gens des trois Etats de la province de Languedoc
avoi-ent été fubrogés par Arrêt du Confeil du 28 Juillet
1673, & non pas z6 :J 8 , comme on le dit en Provence,
à un Traité fait par Jean Vialer pour le recouvreme nt des
droits -d e Franc-Fief, & affranchiffement d'iceux & des
Maj~fié de nommer des
nouveaux acquêts; . permettant
perfonnes du .Corps defdits Etats pour la <lifru:ffion des revenus & biens fojets auxdits droits de Franc-Fief; & ordonnant que ce qui feroit par eux arrêté feroit exécuté ,
nonobfiant oppoiitions _o u appeHations quelconque s, fans
?a
préjuI
�pré jud ice d'ic elle s·; don t, fi auc une
s inte rvie nne nt ', Sa
Ma jefi é fe réfe rve la con~oiifance &
à .fan Con feil .
Ën con féq uen ce, dan s un Rôl e de tax
es, qui fut .arr êté
au Con fcil le 1 5 Ma i & le 1 o Sep tem
bre 1675 pou r le recou vre men t des _F ran cs· Fiefs en Lan
gue doc ; les Eta tsGën érau x de .cette pro vin ce avo ient
taxé Jofe ph Cha ber t
& Con fort s, Hab iran s de Bar ben tane
& poifefi'eurs de
l'Hle du Mo uto n à la fom me de 2 r oo
livr es pou r qua trevin gt faum ées de terr e au Dio~efe d'U
zès ; & le 26 .Ma i
167 6 , les Com mii fair es dép utés
defà its Eta ts a voie nt
ren du une Ord onn anc e por tan t que
les dén omm és au fuf.
dit Rôl e fero ienc con trai nts au pay eme
nt des fom mes y
A
con tenu es.
C'e fi fur le refus des pro prie tair es de
l'Hle du M.o uton ;
que l'affaire fut por tée au Con feit , &
que ceu x-ci y fire nt
affi gne r
2. 2 Déc em·bre 1. 67~ les
Con fuls & Com mu nau té de B.a rbcn tane à l'effet de pre ndr
e leur fait & cau fe,
& , en cas de refu s & fucc omb anc .e ,
de voi r ord onn er
que les poif eife urs de ladi te Hle du
Mo uro n fero nt décha rgé s de la taill e & autr es cha rges
de ladi te Com mu nau té & ray és de fon cad ail:r e.
En effet , dès le com men .cem ent de
l'an née fuiv ante
les Con fuls de Bar ben tane inte rvin ren
t dan s la cau fe des
poif e!Ie urs de l'lfl e du Mo uto n , & aprè
s dive rfos aB:io1~s,
inil :rua ions & pro duB :ion s refpeétive-s
, le Con feil du
_Ro i jugea le 26 Juil let 1681 con trad
iB:o irem ent entr e le
Syn dic- Gén éral de la pro vin ce de Lan
gue doc & la Com v
mun auté de Bar ben tane .en Pro ven ce
, & dan s ·fon Arr êt'
le Roi ord onn a « que le Rôl e .arr êté
au Con feil pou r le Recueil,fol.) .
':i reco uvr eme nt des Fra
ncs -Fie fs en Lan gue doc le 1 5 Ma i
)) 167 5 fero it exe cuté felo n fa form
e & tene ur ; ce fai,, fant , ,que lefdits Chabert & Con fort
s fero ient tenu s de
le
li
�PR OP RIE TÉ
,, payer la fomm e de 21 oo livres , porté e par icelui en.;
,, fembl e les deux fols pour livres -, à laque lle ils a voien t
,, été taxés comm e propri etaire .s. de quatre -ving t faumé es
,, de terre. »
On voit- ici, comm e on' a pû le voir jufqu' à préfent,
que nous nous faifon s une loi d'emp loyer dans nos récits
. les propr es expref fions des Arrêts & des autres Titres authenri ques où les faits qu'il efi néce.ifaire de rappe ller fonr expofés. C'efi que nous· voulo ns· éviter les repro ches d'inex actitude , & nous préca utionn er en même tems contr e ·
les mauv ais raifon nemen s que les même s faits mal vûs ou,
mal rendu s occaf ionne nt fouvefilt dans les Ecrits que ·nous .
fomm es obligé s de parco urir.
Il efi facile , par exem ple , en emplo yant ce moye n,
d'app récier ~a princ ipale, pour ne pas dire l'uniq ue raifon
que les Procureurs ~ du pays de Prove nce ont imagi née
pour fe perfu ader & pour perfu ader au Confe il du Roi
à la Quefi ion
Recap. p.. 61 que fon Arrêt de 1681 n'a aucun rappo rt
de la Propr iété du Rhôn e. Sa Majef ié , difent -ils, a voit
~ fuiv~
fait anteri eurem ent à cette époqu e un Trait é avec Jean
Viale r pour le recou vreme nt des Franc s-Fief s. de tomes les
ljles du Rhône . Les Etats de Langu edoc furen t fubrogés
à ce Traita nt, & taxere nt en cette qualité les Habùa ns dl:
B a.r benta ne, ou, pour mieux dire, les poffeffeurs de l'Hle
du Mour on. Ces Etats n' agiffoient pas" ajoûte -t-on, commeEtats de Langu edoc, mais comme Jùbrogés à un Traité pani€ulier, auquel les Etats de Bretag ne auwie nt pz2 Je jàire fu·
hroger de même , Jans qu'on eut pû en conclurre que le Rlzône
eût été une dépendance de la Breta gne. Les propr ietair es
de l'Hle du· Mour on, faute de ré Aéchi r que le Roi efr
libre de traiter avec qui bon lui fembl e, refufo rent, fans.
zm véritable imerê t, de payer aux Repréjèmans Vialet. Auffi
�DU RH 0 NE.
ip
furent-ils condam nés par l' Arrêt de 1 68 l à payer les droits
à la Provin ce qui s'étoit fait fubrog er au Traita nt. Tel
efi: le fyfiêm e que le Procur eurs du pays de Prove nce
fe font fait avec une confia nce admira ble , & on pourroit dire quelqu e chofe de plus , lorfqu' ils paf!en i eux- Recap. p. 63~
mêmes les bornes d'une légitime défenfe; fi l'on ne fe faifoit
gloire d'avoi r pour eu~ des égards de politeffe , dont ils
[e difpenfen t.
Cepen dant on n'igno re point en Proven ce que les Etats
Génér aux de la provin ce de Langu edoc toujou rs attenti fs
aux interêt s effenriels des Comm unauté s & des Partic uliers de leur Provin ce dans toutes les branch es de l'admi nifl:ration qui leur efi: confié e , font de tout rems dans
l'ufage de deman der au Roi la régie & le recouv remen t
de toutes les efpeces de Financ es que les be foins de l'Etat
ont fait naître fuccef fiveme nt dans le généra l du Royau me,
& ·qui par une confeq uence néceffaire fe font étendu ës
fur le Langu edoc. Il feroit facile de donne r une lifie fort
longue des differens droits dont ces Etats ont pris fur eux
la percep tion , pour épargn er aux peuple s du Pays les
frais d'une régie toujou rs onéreu fe. On pourra it forme r
une fuite très.am ple des Traité s, dont ils ont rachet é
leur Provin ce 'foit par des Commes une fois payée s, foit
par d'autre s efpece s d'abon nemen s, foit par divers arrange mens économ iques.
Mais Ja Proven ce qui cite ironiq uemen t la honne foi Id. p. 6:a~
des Offide rs du Langu edoc, aura fans do ure célle d'avot}er
que'ja mais les Etats- Génér aux de cette Provin ce ne fe font
fait fubrog er à la levée des droits établis fur les autres provinces du Royau me. Ils n'onr jamais ~nvié à la Prove nce
la percep tion des droits impofé s fur les fonds Prove nçaux ou cenfés Provençaux ; & dans le fait dont il s'agit,
1
.
li ij
�PRO PRI ETÉ
on r.e leur reproch e pas d'avoir entrepr is de lever les,
droirs de Franc- Fief fur les Proprie raires des· Iiles de la
grande braffier e du Rhône dont la Proven ce a la-poffeffionreconn uë , quoiqu 'illégiti me.
C'efr donc parce· que les droits dont Vialet s'étoit fait
attribue r le recouv rement par fon Traité, <lev-oient être
levés fur des fonds qui font· partie du 'Langu edoc , que
les Etats-G énéraux de cette Provin ce demand erent à
être fubrogé s au Traité de Vialet. C:efr comme . faifant
partie du Langue doc, que l'I:fle de Mo~ron fut infcrite ·
par les Commi ffaires de ces Etats dans le Rôle des droits
de Franc~Fief, qui de voient être levés dans cette Pro-·
vince. C'e:ll: comme apparte nant au départe ment écono ~
mique du Diocefe d' Uzis, que les quatre- vingt faumées .
de· terre de cette Hle furent taxées par les mêmes Com-miffaire s à la fomme de z. 1 oo livres. Err un mot , c'ell
parce que le Rhône & fes lfles font partie de la provinc e.
de Langue doc,, que le Confeil du RG>i jugea que Cha-.
bert & Confor ts f-eroient tenus. de payer. en Langµe doc:
la fomrne de 2 I oo livres, à laqu elle ils avoiem été taxés,
Ji>ar les Erats-G énér.au x de cette Provin ce,. comme pro.·
priécair es de quatre- vingt. faumée s, de terre au Diocef o
cl'Uzès.
Il ne faut que lire l'Ar-rêt- de J 681 pour apperce voir.
que le Jugem ent qui y efr:poné:, efr fondé fur c.e que le.
Rhône fait partie de ladite province d'un 6ord a l'autre. On.
a· donc eu raifon d'énonc er, ce motif comme le fonde'-.
Rec.A:r.1681,rnent de !.'Arrêt de --.681, dans le titre qui a été imprimé
à 1a tête de cet Arrèt ,. & où l'on, fe. propof oit d'en ren""
[ot. 5·
'
dre l'ame & la fubil:ance.
Il efi énoncé àe même dans le Vû de l'Arrêt du 8 Mai
,1·691, dont nous parlero ns bientôt,_ & où l'on trouver a
�2·n
D U R H O· N K.
<ï'.ité en propres termes : " l'Arrê t contr adiao ire du 16 Arr. dt1 Conf•.
,, Juillet 1·681 , rendu entre le Syndic des Etats de Lan-~~~: P· 9;,
" guedoc ,. fubrogé au recouvrement des Francs-Fiefs de
,, ladhe provi nce, & les Confuls & habirans du lieu de
" Barbentane en Prove nce; par. lequel Sa Majefl:é auroi t
,,, condamné lefdits particuliers à payer aµdic Syndic de
u 1.ang uedoc la fomme de 21 oo livres
, pour laquelle ils
,, avoient .été compris a!l Rôle des taxes arrêtés au Con" feil pour raifon des H1es du Grand & Petit Mom on par
,, eux poifédées , comme faifan t le/dites lfles partie de la
,, province de Languedoc. ,, En un mot il n'y a dans l'une
& dan~ rautre énonci.atÏOn ni. fl!aZLv.aife foi ni lzardief!e fan.r
homes ; & il efl: évident qu'en rendant cet Arrêt , le Con.'!'
feil du Roi ne penfa pas plus au Traita nt Vialet qu'au x
Etats de Bretagne.
Nou~ convien~rons
,
à n0tre tour que quoique les Etats Recap. P·
de Laùgu edoc aient perçû les. Francs- Fiefs des lfles . du
Mout on, la Provence n'en perçoit pas moins les tailles- fur
ces mêmes ljles. Le procès qui, fubfi.ire entre les Commu.,.
6] ; .
nautés d'Aramon & de Barbentane en. eil: une preuve.
Mais la Prove nce qui défie le_ Languedoc de citer aucune
époque ou il ait touché au.x: tailles des ffl.es du Rhône , ne
peut cepen dant fe diflimuler que ce prétendu droit~ qu' elle
fe glorifie d'avoir fur les Hl.es du Rhôn e n'eil rien moins
qu'incontefrable. Indépendamment. de fa fameufe lfle de ·
Gerni que, qui n'efr plus une If1e', des Hl.es du Rodadou.,
du Grand. Cafie let, du Petit Cafreler , de Légaris &
d 'autres ' qu'elle convient être affu]ecties . aux impolitions
clu Langu edoc ; elle donne elle-même la lifie des procès Me~. p. 1 n6
r pourir.mven
·
r 'l au 1u3et
r. ·
qui· ie
d e la ta1'll a b'l'
t au C oni~1
111e' d os & fuiv,
IO.es ou Crémens fous Boulbon & fous Mézo argue s, des
Terre ins de Luffan '· de Lubie res, de Legt_1ès , Lefl:et _&
...
�PROP RIETÉ
Barallier, & des Hles du Mouton même. Ce pré tend u
droit qu'elle vante., n'eil: donc qu'un droit litigieu x , contefré, incertain, fu jet à difcuflion , & il ne peut par con·
fequent être allegué comme un Titre formel &·décifif de
la propriété du Rhone qu'elle reclame.
Jufqu'à ce que le Confeil du Roi air prononcé fur ces
objets; il efr permis au moins de douter que la Provence
ait droit de percevoi r le tailles fyr les Hles contentieu fes.
Ne pourroit-o n pas auffi lui renvoyer fon Cartel, & la
R.ecap. p..6;. déf1er à fon tour de citer une époque où elle ait touché aux
tailles des !fies du Rhône depuis la Durance jufqu'à la
Mer., fans rédamati on, fans -0ppoG.tions & fans troubles
Jltid,
de la part de la France ?
Un dernier mot fur cet Ardt. S'il eil: rendu fans que les
Syndics ou Procureurs du pays de Pravence y fujfent parties;
il faut croire qu'ils eurent leurs raifons pour ne pas in·
tervenir dans une Caufe où ils fe contenter ent d'aider la
Communa uté de Barbentan e de leur prétendus Titres ,
entres autres d'un Arrêt du Grand-Co nfeil qu'ils avoient
-0btenu en 1 597, de pluGeurs Arrêts de la Cour des Comptes de Provence , de divers Comma11demens faits par les
Receveurs des droi:s de Lods & vente en Provence , &c.
Au fur!)lus les Procureur s du pays de Provence 'n'avaient
garde de prendre le fait & .caufe des Habitans de Bar·
bentane, & ils ne peuvent tirer aucun avantage aujour·
à'hui d~n'être pas intervenus dansi:ette Caufe, s'il efivrai,
comme ils le difent, que les mêmes Habirans ne dev0ient
pas élever cette contefi:ati on, & que c'efr pour l'avoir
élevée fans u:z verùa/;fe interét, qu'ils furent condamné s
par l' Arrêt dont la Provence fait une fi belle difcuffion.
Conclufto n. Quoique les ,Procureur s du pays de Provence prétendent que l'Arrêt de 16 81 efr peu concluant, 11 .
�DU RH 0 NE .
n'en refulte pas moins évidemment
que les If1es du Mo
uto n
n'o nt été infcrites dans le Rô le des
taxes arr êté au Co nfeil pou r la pro vin ce de Lan gue
doc , & que leurs pro ·
pri éta ire s n'o nt été co!1damnés à
pay er en La ngu edo c la
fomrne pour laquelle ils étoient com
pris dans ledit Rô le, .
que pa rce que les lfle s du. Mouto
n ainji. que toutes les au··
ires ~fl.es du Rhô ne ont eré regard
ées au Co nfe il du Ro i ,,
com me faifam partie de la provin
ce de
Languedoc,..
A
R T I C L E
S l X J E M E.
ARRÊT
Du Confail d'Etat du Ro i, du 8 Ma
i 16'9ro.
Qu orQ UE les Pro cur eur s du
pay s de Pro ven ce atra-·
que
nt par les voy es de contrariété &
de Requêre Civ ile·
!'A rrê t de 172 4 en ce que le Ro i
y déclare toutes les Hles,
du Rh ône faire par tie du La ngu
edo c ; Ils ne jug ent pas
à.. pro pos de ren dre le même hom
mage aux regles de l'or- Recap; .p.-/
~·
dre judiciaire & d'e mp loy er les
mêmes mo yen s de formr~ '
concre l' Arr êt de 169 1 , dans lequel
cep end ant Sa Majejll RecueiL, fot:..
déclare de même ladife riviere &
jcs dépendances fair e par- 13 ·
rie de la province de Lan gue doc
, conformément à L' Arrêt du .
Parlement de Touloufe du 8 Ma
rs 149 3,
Rie n de plus uniforme que ces
difpoGtions cfes deux
Arrêts ; & , fi. l'on veu t y faire att
ent ion , ce font dans.
!:un & dans l'atltre les mêmes obj
ets de difcuffion, les:
mêmes moyens des parties con ten
dan tes , la même rna- nie re de pro céd er, & la même nat
ure de Jug em ens ; tou s ;
deux r~ndus contràdiEl:oirement
, l'un ent re les Fer mie rs•
du Do ma ine tàn.t de Lan gue doc
que de Proven-ce & de:·
Da uph iné , & l'autre ent re le Syn
dic -Général de la pr.o;...
�P -R
0 P R
I E · T. Ê
vince de Langue doc & les Procure urs du pays de Provence ; tous deux donnés après la plus ample infl:ruél:ion ,
fur les produél:ions multipliées des parties & en grande
' Rec~p. p. 64, connoiffance de caufe ; cous deux enfin rendus en fiaande finances ., ou pour des ar·
,/l uons
66, 74, &c. ces., ou {iur des conre_;,a
rangemens de finance s, au dire de la Proven ce, qui s'eil:
fait un fyfrême d'élude r les difpoGtions de ces Arrêts &
portent
Mem. p. 112, de plutîeurs autres , fous le prétex~e cu'ils ne
d
,
1!1
'
fi
d
J
' fiur aes arrangemens e nance , qu e e preten , C.ans
Recap. que
& 66.
P·
en donner aucun motif raifonn.a-ble , ne tirer a aucune con ..
féquence pour la propriété.
Quoi qu'il en foir, l' Arrêt dont.il s'agit ici porte , que
Pag. x:z. " le Roi en -fon Confeil débout e les Fer~iers ·des Do~
" maines de Proven ce & Dauphi né de l'Ôppofition par
" eux formée à deux Arrêts du Confeil de ,1 5 Avril 1684
,, & 1 8 Avril I 6 86, ,& Grdonne que lefdits Arrêts feront
>1 exécuté s; ce faifant, que les droits de Champ art ordon.
>1 nés par la Déclar ation du mois d'Avril I 6_86 être payés
'' à la recette du Domai ne de Sa Majefl:é par les pro" priétaires de routes les Hles, Crémens , Accroiffemens
" & dépendances tant de l'ancien que du nouvea u cours
» du Rhône_, e.nfemble 1-es droits Seigneu riaux qu'ils peu.
,, vent ou pourro nt devoir ci après, pour raifon defdites
,, !fies , Créme ns, Accroiffemens & dépend ances, feront
,, . payés aux-Fermiers du Domai ne de la Provin ce de Lan,, guedoc • • • . • . . • de laquell e Sa Majefré déclare ladite
" rivie~e & fes dépend ances faire partie conform ément
,, à l' Arrêt du Parlem ent de Tou loufe du 8 Mars .1493. ;,
Si les Procure urs du Pays de .Proven ce n'ont pas
- ofé oppofe r à ces Difpofitions leurs moyen s de Contra ·
riété & de Requêt e Civile , en récomp enfe ils ont
accumulé heauco up de reproch es contre l'Arrêt qui les
renferme.
/
�DU RH 0 NE .
renferme. Nous allons par cou rir ces
rep roc hes & mo ntr er
com bie n ils font faibles· & ruineux.
1 ° L' Arr êt de 16 9 1 a
été rendu , fan s que
le Corps de Recap. p. 64;
la Pro ven ce , ni même aucun de
fes Ha bita ns y aient été
entendus , & de même fans que
le Co rps & les Habitans
du Lan gue doc y aient été entendus.
Pou rqu oi don c auroienr-ils été entendus les uns ou les
autres ? Ils n'é toie nt
poi nt parties effenrielles, & ne pou
voi ent l'être dans une
Qu efi ion élevée ent re des Fer mie rs
de Domaines dif fer ens ;
fur des droits purement Do ma nia
ux, & for les droits mêmes Wi.
de la Co uro nne . La ma rch e des Fer
mie rs des Do ma ine s de Pro ven ce & de Da uph iné éroit
à-p eu- prè s la même
que celle de la Pro ven ce dans la Ca
ufe pré(ente , & dans
le fon ds; c'ét oit précifement la mê
me Cau(e. Il s'ag ;ffoit
alors comme il s'agit auj our d'h ui
d'e nle ver au Do ma ine
de la Co uro nne les droits qu'elle
a de tems imm ém ori al
fur le lit ent ier du Rh ône par tou
t fon cours , pou r en
gratifier les Do ma ine s de la Pro ven
ce & du Da uph iné .
Po ur ne pas atta que r dir eae me nt
les droits de la -Cou. ron ne de Fra nce , on s'en pre noi
t au Fer mie r du Do maine de Lan gue doc ; & on lui
difputoit' le rec ouvre me nt des droits Do ma nia ux fur
le Rh ône , com me fi
ces droits n'euffenr pas été les dro
its de la Co uro nne .
C'é toi t précifément le Syfiême des
Pro cur eur s du pay s
de Pro ven ce que foutenoit le Fer
mie r du Do ma ine de
Pro ven ce. Ce s Pro cur eur s n'eure
nt gar de &- n'avoient
pas befoin de pé!roÎtre dans l'Infran
ce. C'é :oi t leur caufe
q~'on agi toi t, leurs prétentions qu'
on faifoit val oir , leurs
mo yen s qu'on em plo yoi t; ils n'auro
ient pas eux-mêmes ·
travaillé ~ieux pou r leurs _intérêts
; '& il ne refl:e qu' à
adm irer l'adreffe qu'ils eur ent alors
Je faire éle ver cet te
Qu efü on fans y com pro me ttre le
Corps & les Ha bita ns
Kk
�Î
PR OP RI ET É
dans le
de la Proyence. Mais enco re une fois , ·quoique
adve rfe de
foJld la Prov ence fût véri table men t la part ie
ince &
la Cou ronn e ; dans la form e le Corp s de la Prov
aire étoit
fes Hab itans ne deva ient pas s'y mon trer. L'aff
& celu i du
enta mée entre les Ferm iers de fon Dom aine
entr e eux;
Dom aine de Lang uedo c ; la parti e étoit liée
fes pré& tout enga geai t la Prov ence à laiffer · déba ttre
es de fuctend us drvi ts par d'au tres, fans cour ir les rifqu
it fe mén ager le moy en de pa·
com her elle mêm e.
ille dans
roîrr e perfo nnel leme 1 fur le cham p de bata
entr epre nd
quel que mom ent favo rabl e; & c'efi ce qu'e lle
aujo urd'h ui.
a de l' Arrê t a(e 149 3
2 Q Le Fermier du Languedoc s'aid
Recap. p. 64.
& de celui de z6 8 z , de mêm e que Le Ferm ier de Proe part ie
venc e s'aid a du _rrait é de l'ann ée 1 r 2; , & d'un
alijour·
des préte ndus . Titre s que la Prov ence dit produire
vien t
d' liui pour la premiere fois , ;afin qu'o n croy e qu'e lle
notic es ou
tout nouv ellem ent de les reco uvre r. Les feules
er de Proindic ation s des Piec es prod uites par le F crmi
êt. Cep envenc e rempli'ffenr quat re gran des page s de l'Arr
ianc e que
dant les · Proc ureu rs du pays difenc avec conf
n des Titres qu'il ont &
.Mém. p. 113. leur Fermier ne proJuijit alors aucu
les Pie.
qu'il Je defendù très-mal. Il paro ît au furp lus que
par le -Fer mier du
ces produites dans cette circo nfia nce
uedo c, ne
Dom aine de la Cou ronn e, & non par le Lang
que l' Arfurent pas trait ées com me plus que fufpec?es, &
le Con rêt de 14 9 3 nom mém ent ne fut pas rega rdé par
mép rifé,
feil com mè une fource d'erreur, com me un Titre
puifqu'il en ordo nna f exéc ution .
la pro3 ° Les trois Ferm iers , en agitant la queflion de
lhid.
e erreur.
priété du Rhôn e étaient tous , dit-o n , dans la mêm
n'y avoir là aucune erreur de leur pan ; & ils ne
Md1s il
�DU RH 0 NE.
pouv oient fe difpenfer d'agi ter cette quefüon, puifq u'il
s'agiif9it préci (éme nt de fçavoit fi tout le cours du Rhôn e
appa rtien t à la Couronne~ ou bien fi. le lit de ce fl~uve
appa rteno it ou avoit appa rtenu en tout ou en partie aux
Dom aines des Com tes de Prov ence & des Daup hins de
_Viennois. Le . Ferm ier de Prov ence ne dema ndait la
moitié de la riviere du Rhône depuis la Durance jufqu ' a ArArr. de 1691;,
les, & le Rhône entier depuis Arles jufqu'a la Mer, que
pag. 1 •
comm e étant aux droits des anciens Com tes de Prov ence,
Voilà fur quoi il reque rait que le Roi fît fa décla ration .
C'éto it donc là, l'obje t vérita ble de la quefü on. Il étoit
donc quefl:ion de la propr iété du Rhôn e alors ·com me
aujou rd'hu i.
4° . Il ne s'agilToit ni d'entamer les limites foncîeres des
dif- Recap; p._6~;
firenies Prov inces , ni de changer les limites des deux Pro-.
vinces Jans 1ue leurs Adminiflrateurs y fujfent parties ni
enten dus, ni d'un Reglement général, ou d'une limitation
de deux Provinces, comm e la Prov ence le pr~jette aujourd 'hui. · Il n'éto it quefiion que de confl:ater & de juger
quelles étoie nt les limites anciennes & toujours perm anentes du Dom aine de la Cour onne & des Dom aines des anciens Com tes dé Prov ence & Daup hins de Vien nois. C'éto it
là enco re une fois ~ le vérita ble objet de la contefl:ation
entre les trois Fermiers. C'efl: auffi l'uniq ue objet du J ugeme nt qui inter vint, & qu~ ne fit ni nouveaµ Regl ement , ni aucun chan geme nt dans des limites auffi anciennes que la Mona rchie .
L' Arrê t adjug ea ou plutô t laiifa à la Franc e & au Domain e de la Cour onne les Ifles, Crémenr, Accroijfemens
& dépenclances tant de l'ancien que du nouveau cours du
Rhôn e ; · & par cette èlifpofition , il tarijfoit , la fource des
Id. pag. 7.0f
procès que l'incertitude des limites des deux Prpvinces pour~
Kk ij
/
�..
PRO PRIE T:é:
roit faire naître, & préven ait, ou plutôt détruifo it d'avancfl
l'incert itude que les Procur eurs du pays de Proven ce veulent y fuppofe r dans la caufe préfenr e.
Recap. p. 66. . 5° Jamais cet Arr.êt n'a été notifié au Corps de la Pro•
vince, difent les Proven çaux ; & il- ne l'a pas été davantage au Corps de la provinc e de Langue doc. Si par
cette raifon , il n'étoit qa'une J?iece fugitive , & un Arrêt
clandejlin , pour la Proven ce , comme elle le dit, il l~
ferait donc auffi pour le Langue doc , qui ne prétend pas
le regarde r comme tel. Dans la vérité, les- pr-ovinces de
Langue doc & de Proven ce, confide rées. comme Corps
de provinc es , n'éraien t pas plus Parties dans ce procès ,
que la Bretag ne, dont on padoit tout ~ à-l'het1re. L'Arrêt
fut fignifié le 30 Mai i69 r aux .Fermie rs de Proven ce &
de Dauph iné, à la requête des Fermie rs du Domai ne
de Langue doc. Voila les feules Parties contend antes , &
les feules auxque lles le Jugeme nt dût être notifié. Mais
les Habitan s & les Corps des provinc es refpeél:ives ne
doiven t pas moins s'y confor mer, dans ce qui les comr
pete , comme à une loi qui n'ef1: ni furtive ni clandef iine,,
mais qui efi égalem ent refpeél ablepou r tous Sujets du Roi~
foit comme Roi de France foit comme Comte de Pro<~
vence, foit comme Dauph in de Vienno is.
6t') L' Arrêt comient une rejl.riélion, par laquelle la pero
ception des droits relatifs à la ville d'Arles. ell: refer vée
au Fermie r de Proven ce ; d'où. il réfulte, dit-on, que la
ville d'Arles a des Titres qui lui donnen t la proprié té
d'une partie du Rhône , & que par confeq uent iL n' ejl
pa.s vrai que le Rhône d'un bord à l'autre & par tout fon
cours fait partié du Languedoc~ · Ce raifonn emenr que
Proven ce donne pour viélorie ux , & qui véritab lement
en a produit beaucoup. d'autres fur lefquel s elle fonde
la.
�DU RH
Ü'
N Ee-
z-6r
égale ment de grand es efper ances , n'efr cepen dant appuy é
que fur la poffeffion de la grand e braffiere du Rhôn e. poffeffi.on dont en effet elle jouit depui s long- tems, mais pof.;
feffion vicieu fe aans fon princ ipe' abufive dans fes ef!ets ,,
& abfolu ment illégitime.
Ses vices & fes abus- font à la vérité couve rts par laconde fcend ance que nos Rois one euë de laiffcr fubfiil:er·
cette poffeffion, & de l'auto rifer en quelq ue forte. Mais
ces vices & ces abus n'en font pas moins réels , & les.
droits de la Couro nne îur la partie du Rhôn e qui lui a
été enlev ée injufi emen t, quoiq ue fieriles & non exerc és.
depui s l'ufur pation qui en a été faite , n'en fubfifrent pas
moin s, & n'en f.ont ni moins inalié nables , ni moins impre fcriptib les. En un un mot, il- n'en efi pas moins vrai quer
le Roi doit être maint enu, comm e Roi de Franc e , dans·
la Souve rainet é & propr ieré du Rhôn e entier par tout
fon cours & de fes dépen dance s ; que les droits de la Couronne fur la grand e brailie re du Rhôn e comm e fur le refie
du fleuve font incon tefiab le s ; & que , quoiq ue les Etats~
Géné raux de la provi nce de Langu edoc ni les Officiers.
du Roi dans la même provi nce , p~r refpeél: pour la con.defce ndanc e que nos Rois .ont elfe j ufquà préfen t ,~ n'aien t·
j.amais fait d'entr eprifes fur cette ·braffi.ere poffedée par la.
Prove nce à titre odieu x ;. il n'en fera pas moins vrai ,.
dès que Sa Majeil:é juger a. à propo s de refütu er à la Couronne de Franc e l'exer cice de fes droit~ fur cette partie '
du fleuve,. qu'alo rs. la gran<le brafli ere du Rhôn é, conjointe ment avec toutes les Hles qu'ell e embra ffe, rentrera.
dans le Doma ine de la Cour onne, . & fer-a partie dm
Lang uedoc , parce qu'ell e fera partie de la Franc e & par~
ce qu eHe. ne fera plus partie de . la Prove nce.La referve des droits adj ug_és au F ermie.r de Prove nce
�P R
·o
P R I E T i;:
en 1687, portée par l' Arrêt de 1691 , n'alter e donc point
les droits de la Couro nne, ne les tranfporte point à la Pro·
droits
JRecap. p. -66. vence , & ne prouv e ni n' avouë que la Provence a des
inconcejlables jl.tr le Rhône . Laiffer à la Pro~ence, ou plutôt au Fermi er du Doma ine de la Pro\< ence l'exerc ice
.ou la percep tion de quelqu es droits , n 'efi pas avoue r
que ces droits appart iennen t légitim ement à la Pro·vence .
Il n'efl: pas befoin d'obfe rver que d'ailleu rs cette re·
ferve n'a aucun rappor t à la partie du fleuve qui efi en
caufe , & que par confeq uent elle efi abfolu ment étran-·
:gere à la Queili on qui nous occup e. Si l'on veut cepen ·
.àant en faire l'appli cation -au procès aél:uel , alors elle
prouv era qu'à l'excep tion de cette grande braffiere du
Rhône , tout le .refie du fleuve depuis la Duran ce jufqu'à
1a Camar gue & tout le petit Rhône jufquà la Mer, avec
1:outes les Hles & dépen dances de l'une & l'autre partie
de ce Fleuv e, font partie de la provin ce de Langu edoc.
. 1Ce n 'e:(1: pas là ce que préten dent les Proven çaux.
Pour ne pas multip lier les Articl es, nous croyon s pouvoir joinclre dans celui- ci, à l' Arrêt de 1691 qui inrerefÎe
la Provie nce en génera l, un amre Arrêt fembla ble qui con-c erne une Comm unauté particu liere de Prove nce, & qui
paroît , confor méme nt à l ordre que nous nous fomme s
1Recueil., fol: prefcr it-, devoir trouve r ici fa place. C'eft l' Arrêt donné
au Confe il d'Etat le 22 Janvie r 1743. Le Roi, dans cet
;Ss..
Arrêt , u débou te la Comm unauté de Montd ragon en
,, Proven ce de fa deman de en mainte nue au droit d'impo~
» fer à la Capita tion les Habita ns de plulieu rs Hles du
') Rhône ; & ordàn ne que les Propri etaires , Rentie rs,
,~ Fermie rs & Dorne füques rélidan s dans lefdite s Hles,
?' .cont~nueront de payer leur Capita tion en
Languedoc
�DU RH 0 NE .
,, & d'êtr e com pris dans les rôles de .la Com mun auté
ce.
,. Ven ejan . «
Parc e que la Cap itati on, ainfi que le Dixi cme
, les;
Fran cs Fief s, & tous Droi ts Dom ania ux, ne
font pas les.
Tail les, on croi t en Prov ence que la perc eptio
n de ces.
Dro its efi indé pend ante des dépa rtem ens de
Prov ince s;,
com me s'il éroit ou indif féren t ou com mun éme
nt reç1 que '
la Prov ence perç ût ces forte s de droi ts en Lang
uedo c ou.
aille urs, ou bien que les Etat s de Lang uedo
c , de Bretagn e , de Bou rgog ne, &c. les perç uffe nt en
rrnv ence •.
Cett e raifo n fouv ent rapp ellée dans les nouv
eaux Ecri ts;
que nous exam inon s, ne méri te pas qu'o n s'y arrê
te , &
d'ail leurs a de1a préC édem men t été' a préc iée
à fa jufie ,
vale ur.
Mais les Proc ureu rs ·du pays de Prov ence en
donn ent·
une autr e pour infir mer l'aut orité que l'Ar rêt
, dont il,
e{I: quef iion , peut avoi r dans la cauf e pré( enre
. La Com- Itecap •. p1 fi>7•·
mun auté de Mon tdrag on ejl, dife nt-il s, détachée
du Corpsde la Prov ence , enclavée dans le Comtat & le Dau
phin é, ejl
Ji.tuée fur une parti e du Rhôn e fuperieure à la Dura
nce •.
Il n'y a perf onne , qui ne crût fur cet expo fé que Mon
t-drag on, qui eftèB :ivem ent efi füué un peu au-d
effou s du .
.Pon t-Saint- Efpr it & par conf éque nt beau coup
au-d effus ·,
du conf luen t de la Dur ance n'ap part ient poin
t à la Pro·
venc e . .Cep enda nt il eit très- vrai que la Prin
cipa uté de:
Mon tdra gon fait auta nt parti e de la Prov ence
, que . la ~
ville & le terri toire d'Ar les· mêm e, qui font
égal eme nt:
de ce qu'o n appe lle les Terres-Adjacentes.
Il refre donc à prou ver que les Dom aine s poff édés
pa ~:
les Com tes de Prov ence au-d eifou s de la Dur
ance , don-..
noie nt à ces-C omte s des droi ts fur le Rbô ne ,
que ne leurdonn oien t pas les autre s Dom aine s qu'il s pofi
edoi~m. aw ·
\
�1
PROPRIETÉ
I
/
I
rlefTus de la Durance, tels que la Principauté de Montdragon , ancienne poffeffion de l'Arc;hevêque d'Arles, &
le Comté d'Avignon que ces mêmes Comtes vendirent
.au Pape en 1348. En attendant ces preuves, il fera toujours permis de croire que la Provence n'a pas plus de
droits fur le Rhône au-deffous de la Duranèe, qu'elle
n'en a eu fur le Rhône à Avignon , lorfqu'elle en poffédoit le Comté, & qu'elle n'en a à Montdragon qui appartient encore à la Provenée. ~
Des deux Arrêts , que nous venons de difcuter dans
cet Article , il fuit que les Ifles de Sauffac, Maindejort,
Pezy, Bonajlier, & l'!fleviel!e, revendiquées par les Provençaux de l\'1ontdragon en r 7 4 3, & toutes les iépendan-
ces de la riviere du Rhône , font , ainfz que ladite riviere,
partie de la province de Languedoc , conformément à l' Arrêt
du Parlement de Touloufe du 8 Mars z493.
A
RT I CLE
S E P T I E M E.
ARRÊTS DV CONSEIL
Regardés par la Provence comme etrangers à 1'affaire ou comme de fzmples Arrêts de forme.
Six de ces Arrêts concernent le Dauphiné. Le premier
rendu contradiaoirement entre le Syndic-généraldu Languedoc & quelques Habitans du Dauphiné, le 7 DécemJlm1ei1,fol.9. brè 16 8 5 , t\ renvoye les Parties aux Requêtes du Pa,, lais de T otrloufe pour y procéder fuivant les derniers
,, erremens fur des differends concernant la proprieté d'au...
u cunes Ifles du Rhône füuées du côté de Donzere en Dau.
n phiné ; & , en cas d'appel au Parlement de Tou.loufe.,,
,
1
:f..e fecond & le troifieme du 5 OB:obre 1705 & du 16
Decem~
�DU RH 0 NE.
Decem bre 1710 , ,, renv0y ent en la cour des Compte s- Recueil, fol1
,_,Aides & Finance s de Montpe llier le Jugeme nt d'un 2.I.
» Procès concer nant la proprie té des Hles de Beauch afrel ,
u encore que lefdites Ifles foient à. préfent fituées au-delà
u-du Rhône & unies à la terre ferme de Dauph iné.,, Le
qua trie me du l o OB:obr e 1707 , " ordonn e que les Corn- u. fol. ,.,~
.,, munaut és de Saint-M ontan en Langue doc & de Donzer e
,, en Dauph iné continu eront de proced er à la Cour càes
;> Compt es Aides & Finance s de Montpe llier , fur leurs
,, Procès & differen ds ~ circonf rances & dépend ances , à
,, raifon de la taille des li1es de Donzer e. >>Le cinquie me & Id.fol. Si~
le fir<:ieme des 7 OB:obr e 1738 & 1er Juilret 1748, " or,, donnen t que le Dixiem e du revenu des Péages levés fur
»le Rhône au profit de M. le Duc de Valenti nois , fera·
" payé en Langue doc , comme faifant partie des charges
;~de ladite Provin ce, ainfi que toutes les impofit ions aux,, quelles font ou pourro nt être affujettis les revemis pro" duits par le fleuve du Rhône , fes Ifles, Crémen s & At,. teriffem ens , lefquel les impoftt ionsfer ont levées en Lan ..
,, guedoc , comme faifant partie de fes charges . ,, Tous
ces Arrêts font rendus contrad iB:oire ment ou fur les Mémoires refpeB:ifs des Officie rs du Langue doc & du Dauphiné.
Trois autres Arrêts du Confei l regarde nt un terrein formé'
dans le Rhône -du côté d'Avig non. ~e premie r du i 6 Mars Id.fol. 51 ~
17 1 9 , '' ordonn e que la · taille de ce terre in inféodé par
,, les T réforier s de F ~(\nce de Mourpe llier à Pierre Gi,, rard, fera perçuë par la Commu nauté des Angles en
,, Langue doc ; & fait défenfes aux Habitan s d'Avig non de
,, trouble r ledit Girard en la proprie~é & jouitTan ce dudit
" terroir. n Le fec~nd du 21 Janvier 1726, rendu comradiél:oir ement entre le Syndic -Génér al de la provinc e de
LI
�Lang.uedoc & fes Atleurs, ConfÛls & Habifans d.' A. v!gnon1
qui réclamoietH le même· terrein,. comme devant faire par:.··
tie du terroir de ladite ville & de la Souveraineté du Pape ,
juge conformtfotent ax Conclu fions de l'Infpeaeur Géné ..
ral dn Domaine, que "Sa Majefl:é demeurera maintenue,
R~cueil ,- fol. "ainG. que les Rois fes prédeceffeur'S· l'ont toujours été·
"comme Rois de France dans 1'.ancien droit & pofteffion•
.
JJ-.
,,. immémoriale de la fouveraineté & de la proprieté du•
·
>)fleuve du Rhône, d'un bord à l'autre ·, tant dans fon an ..
,, cien que nouveau lit, par tout fon cours , & des Hles ?'
,, Hlots , Crémens & Atteriffemens qui s'y forment & qui·
't.J. fol. 74' " font partie de la province de Languedoc.· ,, Enfin le·
troiii.e me du 1 o Fevrier 1748·,, " fans avoir égard à la,, Requête des Religieux Chart-Feux d'Avignon ,-qui reven·
1
. )
>) diquoient le même terrein, confirme· qe nouveau 'inJ'
u féodarion qui en a voit été faite en 171·7 à Pierre Girard~
,, par les Tréforiers d-e France de Montpeltier 1 & ordonne'
· ,, que les Arrêts de la Cour d~s Comptes de Montpellier,les Lettres-Patentes & les Arrêts du Confeil, quiont con-··
'lll firmé ladite inféodation ,, foront- exécutés fèlon leur·
»forme & teneur •. ,,
Il n'elf .pas étonnant que la Provence fafi'e tous fes ef;. '"' ·
torts pour . écarter. l'autorité des· neuf Ar:rêts· du Confeil:;
clom nous venons d'expofer les difpofitions.- Elles font évidemment' fondëes coutes fur le principe que tout le cours:
du -Rhône 'appartient au ftoicomme Roide France·, qu'il
fait partie de la province de Languedoc, & que tout_es les.irnpoGtions auxquefies fonraffujettis les revenus produits par
cse fleuve & par fes Hles font partie des' charges <l'e cette'
proYÏnce. C~ prinçipe formellement énoncé dans quel:.•
ques uns des Arrêts dont il s'agit,. & clairement fuppofé:
dans. les autres, efi: tellement oppofé aux prét~ntions de- lai
t)
�flU llHôNE
..•·
Œ'.rovence, que la voy~ de contrarieté , qu'elle s'eft ou·
'.v erre contre la difpolition de l' Arrêt- de 1714, qui déclar~
:to_u.tes les l_fles du ' Rhône f~ire parde de la province de
.L anguedoc, de:vroit naturellement êtr.e appliquée aux neuf
_Arrêts dont nous nous occupons dans cet Article , ainti
qu'à ~elui du 8 Mai 1691 , comme nous l'avons obfervé
plus haut, & à he?ucoup ,çl'autres qu'il fero~t trop long
~e rappo~ter~
.
C'ell: fans doute peur ne pas avoir une nuée auffi for~
:roidçible d'autorités à combattre direB-ement que les Pro·
,cureurs du pays de Provence n'ont ofé faire yalojr co~
~ue les neuf Ar.rêts doot il s'agit leurs moyens de forme
,& les r~gles de l'ordre judiciaire .; mais ont pris Le parti.,
,e n laiffant fubfül:er toutes ces déciG.ons, d'en éluder feule ..
.m.ent l'effet par le motif qu'.cll~s fon.t étrangeres à t ajfaù:e M;m. p.r r; ~
~ l''te, qu ' e 11 es n 'ont aucun.
. a' l' a.11
,II', .
. con- &.
Recap. P• 61.
,accue
trait
aire, qu ' elles ne
{uiv.•,
,
,u rnent que le Da.uphini 6' le Pape , qu'.elles ne f'.egardem
pas la P rov.ence , & qu'elles ne prouv,ent rien cwure la Pro.
'yen.ce. Ils r.epct~nt fouvent .& fous toutes fortes de formes
,cette· raifon , qui l;eur paroî-t convainquante.
Ils ne de.vroient pas cependant avoir oublié déja que,
:fur la .demande qu'ils firent au Roi .en 1730, à l'effet d'a- .
voir des bornes .fixes & certaines du côté du Rhône, ~a
Majdl:é eut la bonté de le1;1r iépondre à eµx-mêmes &
,en propres termes qu'E.lle " :ve1,1t que les Arrê~s rendus en Recueil, fol•
,., fon Con(eil & ·notai:nmen,t c~lu~ <;lt,1 2 2 .Janvier l7 2 6 , i 1-1..
,, toncernant le droit & la poffeffion qu'elle a de la Sou,, veraineté & ,de la proprieté du fleuve .du Rhône d'ut}
,, 'bord à l'autre tant dans fon ancien que nouveau lit, par
~, touJ fo1~ e,ours , & des H1es , Ifi.ots , Crém.cns & Atte~ ri{Jemens qui s'y forment & qui font partie de la pro~ yince de Languee,loc , . foie~t -exé,cu~és (.elon leur form~
L l ij
•
�PR OP RIE TÉ
268
,, & teneu r.,, Le Roi ne regar de donc pas !'Arrê t de z716
ni les autres Arrêts rendus en fan Confe il, fur le même objet~ comm e étrangers à la Prove nce , ou comm e n'aya nt
aucun trait aux préten tions qu'ell e a fi fouve nt renouvel,;..
lées tantôt fur le lit entier du Rhôn e 1 tantôt fur fon bord
orient al feulement,. tantôt fur quelques-unes de fes Hl.es·,
& tantôt Cur toutes .
· Il efr bien vrai que les neuf Arrêts raffemblés dans cet
Articl e ont été donné s fur des contef l:ation s qui ne con~
cerna ient point la Prove nce au moins dire8: ement . Elle
efr hors d'inre rêt dans fa propr iété tant des Hles.d e Beaul"
chafiel & de Donz ere, .que .du péage de M. le Duc dœ
fa Sainteté
Mem.p .tn., Valentinois; & elle convi entau jourd 'hui que
& Recap.
pag. 69,
Ji
..,.
· ;o_,mwn
· exerce, de ;uriya
d d . & n ,a point
.
, .
ur
n a ;amaz s eu e rous
le Rhône. N ous n'oub lions cepen dant pas que les Dro.,.
vença ux ont · pr.is parti pour le Pape & pour I'Ar·chevê-:que d' A vi-gnon dans une conte fratio n qui avoit pour ob'I'
jet la. propr iété des Hles du Rhôn e ; & qui fçait fi dans la
foppo Gtion que le Roi eîu laiifé Avign on au Pape , ils
1
n'auraient pas eneore entrepriS< quelque jour d'app uyer
de pareil les préten tions du faint Pere, par le motif qu'il
.poffe:doit la v·ille & le Comt é· d'Avi gnon aux droits des
ancie ns Comtes de Prove nce, de qui i:un de fes prédé:-
éeifeu rs en a fait l'acqu ifition -•.
Quoi qu'il en foit les difpof itions partic uliere s-des Arrêts que la Prove nce veut écart er, ne font pas-les feules
, qui mérit ent attent ion ; & ce n'efl point par rappo rt à
€es difpof itions parric uliere s, qui dans·la vérité n'inté reffen f
point direaerne-nt la Prov, ence, que le Roi a renvo yé les
Procu reurs du Pays en I 73 o à ces même s Arrêts.. La. Pro ..
vence ne pouvo ir s'appl iquer que 1es difpof itions . géné..
rales , qui font contenues dans quelq ues-un s de ces At-:
'
�"
D U R H 0 N E.
169;
rets & qui ont fervi de motifs pou r les autr
es ; & l.e Roi
lui-m ême ne rapp elle dans fa Rép onfe ql1e
la difpofi.tion
géné rale de l'Ar rêt de 17 i 6 , & ne parl e poin
t du terre in
qui étoi t l'ob jet part icul ier du Proc ès jugé par
cet Arr êt•.
/
Aui li l'orfque le Roi décl arai t dans les Arrê
ts que la
Prov ence veut élud er, qu'i l a la prop rieté
du Rhô ne·
com me Roi de Fra nce , que tout es les impo
Grions aux.que1les font aifujettis les revenus prod uits par
le Rhô ne:
dans tout fon cour s, font part ie des char ges de fon
Roy aum e,.
que le Fleu ve avec fes ffies efi: com pris dans
le Dom aine ·
de fa Co.u ronn e ; ces Déc lara tion s rega r.doi
ent tous les;
pay s limi trop hes du Rhô ne, la Sav oye , le
Venai:ffin, & ·
la Pro ven ce, com me le Dau phin é & la ville d'Av
igno n.
On ne dira pas fans . dou te que Sa Majdl:é fot
ob-li.gée de dem a.n der !.'aveu , le conf ente men t ou
le·. conc ours :
du Roi de · Sardaigi;ie & de la Prov ence ., pou
r mai nten ir·
l~integrité du Dom aine de fa Coti~onne, qui étai
t attaquée ~
dans les proc ès.ju gés par les Arrê ts don t.il s'ag
it. Il efi: cer.- tain qµe le Roi de Sard aign e (~rince voiGn &
.inde pend ant) .
n'a. jamais. reda mé cont re les difp ofoi ons géné
ra-les de ces··
Arrê ts, . quoiqµ'eHes· conc erna ifen t la pa·rtie
du Rhô ne qui ~
confine. à fes Etat s. auta nt que ·le refte du
cour s de ce ··
fleuve .. Com men t don c les Pro ven çau x, . Suje
ts du Roi , .
au moins com ll\e Com te de Prov ence
, , Forc alqu ier. & .
Terres-Adj~cemes, ofent~ils entr epre ndre
.tl'el uder & d'at.,.taqµ er mêm e ces difpoG.tions & difp uter à
la Couronne~
d.e Fran ce les droi ts don t elle j9llÎ t. fur tout . le
cour s du .
Rhô ne . depuis les com.mencemens de· la Mon
arch ie?.
La Prov ence a , dit· elle-, des droits très-inde
pendans · & Recap. p:: 68~.
J.ës Titres part iwlie rs. Qu'e lle. prou ve don c
ces· droi ts & .
leur indépenda11ce, & qu'elte-produife. ura . feul
Titr e.tra ns.,. ·
latif de. la proEriet~. du Rhône depuis la D.uranc
.e jµfq11'~:.
\
.
�PRO PRi l!Tf t
170
la Mer. Le Traité de l'anné~ 11 2 s a lai1fé fubtilernenda
grand e brafl.i~re du Rhôn ç ~ncJ~vée dans le lot clµ Comtœ
è.e Proven~e, en l'aàfe nce , à l'infçû & au préjud ice du.
v rai Proprietair~ , le Roi, qui avoit joui jufqu' alors de 1.,_
haute Spuve rainet é fur tout le cours de ce fleuv.e , & qui
fut nj
.n e s'en défiil:a pa~ 9an_$ ce Trait é, puifqu 'il
la ppellé , P.i menti onné.
Autre fingularit~ , qui n'eft pas moim digne de la mé'!'·
,t hode de raifon ner que les Procu r.eurs dn pays de Pro~
v ence fe _font faite ~ fuivent confr amme nt dans ie cour$
rle cette difcuf ijon; c'eft que dans le mêm~ tems qu'il~
.s'efforc:: ent .d 'écart er coplm e étrangers à l'affaire aéluelle,
les_neuf Arrêts .dont nous pa.rlons, ils cherc hent d'tJn au~
tr.e côté à perfu.a der aµ Confe il que ces même s Arrêts
n'y
appuy ent & autori (ent les pr~tentions ~~ueUes de la Pro~
~en~e . Et voici comm e ils s'y prenn ent pour le proµv err
D'abo r_d , !'Arrê t dµ 22 Janvi er 17~g, .loin qu ~il puiffe
nuire à la Prov ena, lui eft favor able ; elle tinY0 9ue, &
.elle adopte le motif qu~ lui .donne le, .[,angu~doc , c'dl:-à ':'
fifnp. p. J 14_. dire le Confe il d4' Roi, & qui forme un moyen </.écifzf en
fa faveu r; on ~nten4 que c'e~ en fov_eur d,e la Prqvencer
Ce motif efi .que la F~ance ayant la plus ancie nne
poffe~on du Rhôn~ ét.o it ce11-fée ;:,iyoir la pr~miere occu~
la perdr e que par une conve ntion con·
pation & n'a
t, aire. Princ ipe , 4' apres lequel la Provence confant </.' étr~
me qes reYenu.s
F-~cap. p. 6B..jugù. Enfui te la faculté de perc~voir le Di~ie
le Dttc de f"ale11tinois lev.e fur /e Rhône~
fiu Péage Cj.tfe
adj ug:ée au Langu edoc par les Arrêts de 173 8 & 174 8 ,
.efl er1-core uq. efven.em~m fawra ble à la Proyenc~, qui a de~
péage s à Taraf con , q u.e ~e J..anguedoc ·n'~ pas ofé atta...
quer, parce qu'i_l ~ec.o'!noît lui-mime les droits partiçulier$
Pr la Pr.o ve?ce . Enfin , la perce ption de~ Taill.es fµr le~
pp
fv!·
.
.
�tlU
RH ON E·.:'
lfles de Don zere , c·o nferv ée & conf irmé e au Lang uedo
c
par les Arrê ts de 16'8 s, 1705 , 1707 & 1710 , efr
untRecap. p.- 69~·
preuve décijivl que la Provence a contre lui, parc e que
la
Taill e fur les Wes- cfe la parti e conte ntieu fe du Rhôn
e eft
& a été dans tous les tems perçûe pat la Provence & ne
l'a·
jamais été par le Languedoc. Un mot fur chac un de
ces
préte ndus avan tage s, fuffira pou-r en donn er une
idée
jufl:e. Nous comm enço ns pai: le dern ier.
Il efr noto ire,. & nous avon s déj·a obfe rvé, que parm i
les Hles de la parti e conte ntieu fe du Rhô ne, il y
en a:
plufi eurs qui paye nt fans récla mati on & de l'ave u mêm
e
de la Prov ence , leurs impofitions d:ans la prov ince
de
Lang uedo c. Telle s font les ffies de Roda d'ou-, du Gran
d
& Petit Cafr elet, d'è léga ris, &c. !Nou s avon s auffi
re-·
marqué que fa taillabilité des autres Hles. de cette même'
parti e du Rhôn e efr contefl:ée &. foumife au· juge ment
dur
Conf eil', témo in les Infr'ances qui\ y font fui vies· aét'u
ellernem au fujet des Hles du Mou ton, de Boul bon, de M·é-·
- zoar gues , cle Lubi eres, L\:lffan', Legu ès, Lefie t
, Bara llier, &c. La per"ceptîon des Taill es fur ces Ifles ,
n'eff:
donc ni acqu ifo folid emen t ni conf ramm ent affurée
à la:
J>rovenae ; & fi les proc ès,, dont il s'agi t, font jugés
fuiïw
v ant le princ ipe qui a ad}agé au Lang uedo c la Taill
e des
Hles· de BCauchafiel & de Don zere ,. com me il y a
lieu
de le prév oir , è'efr -à-di re , s'il efi vrai que l<a parti e
conrenti eufe du Rhôn e appa rtien t au Roi com me Roi
de·
Fran ce , ce qui ne peut être ré'v oqué en dout e ; tous
ces·
proc ès ne peuv ent être term inés ,. fans que la Taill
e des·
Hles conte ftées ne foit adj'ugéé au Lang uedo c. Telle
eft
l~ preuve dé.cifive que: la Prov ence fe glorifie· d'avo
ir de fon
droi t; & c'efrain:fi~qtte d'après les propres principes du
Lan~
!,!;'if!~·
guedoc t la propriété ejl demontrü çonùe lu~,
.'
I
�•
PRO PRI ETÉ
Quant au Péage que Monli eur le Duc de Valent inois
leve fur le Rhône , il efi vifible ment de même nature que
.Mem. P· U4· le Péage du Baron , qui Je leve fur le petit Rhône , & que
fa Prove nce préten d lui appart enir. Mais ni l'un ni l'autre
ue peuve nt être compa rés avec les Péage s de Lubier es &
<le Tarafc on , qui fe perçoi vent, non fur le Rhôn e, mais
fur les denrée s & march andife s tranfpo rtées. à Tarafc on
par terre comm e par eau. Le Langu edoc n'igno re pa:s
que la Prove nce a des droits à Tarafc on, à Arles, &
& dans tous les autres lieux du Pays ; il ne les a jamais
attaqu és ; il n'a même jamais fait d'entre prifes fur les droits
illégiti mes . dont la conde fcenda nce du Roi la laiffe jouir
fur la grande braffie re du Rhône , à Arles, à Trinq ue·
taille, &c ; & fi c'efl: là un événement favoraUe à la Provence, il y a long-t ems qu'ell.e jouit de cette faveur . M"ais
il fçait auffi que la Prove nce n'a ni la propri été ni la pof:
feffion même. illégit ime, ni aucun e efpece de droits fur le
refre du Fleuve qui a confra mmen t fait partie du Royau me
.de France & de la provin ce de Langu edoc, & c'eü: là
le véritab le objet de la Caufc .
Pour termin er cette difcuffion , rappel lons-n ous que
ejl
j.iem. p. 114. /a France ayant eu la plus ancienne poffe{fion du Rhône
.cenfée avoir la premiere occupation & n'a pû la perdre que par
une convention contraù·e. C'efi: la Prove nce elle~même qui
nous remet ce raifon nemen t fous les yeux ; & c'eil: ea
effet, non pas le feul motif, mais un des motifs qui ont
influé fur les difpof üions de l'Arrêt de 17 26 lequel main.tient le Roi, .comm e Roi de France dans la Souve raineté
& propri été du Rhône entier & de fes Hles, & déclar e
!hùi,.
que .ces Hl.es font partie du Langu edoc.
On fent bien que les Procu reurs du pays de Prove nce
ne confent~nt d'être jugés d'après ce pnnczp e, que parce
qu'ils
�'
DU RH 0 NE.'
" qu'ils fuppofent que la Provence a appartenu à la France Mem. p: n 4'~
deux cents ans avant le Languedoc, ·ou, pour parler correétement, avant les contrées limitrophes du Rhône qui
appartiennent aujourd'hui au Languedoc. Mais on a vû
' dans la premiere Partie de cet Examen que la fuppoGtion
n'efl: fondée que fur de pures équivoques, qu'elle efl:
démentie par l'Hifl:oire , & que nos Rois éraient maîtres
des pays' foués fur la rive droite du Rhône avant qu'ils
poffedaffent la Provence , qui cerrainement ne jouiffoit
pas alors des de'ux bords du Fleuve, comme on le prétend.
Il efl: certain d'ailleurs que ces pays & le Rhône qui
Ibid~
, en faifoir partie & la Provence même appartenoient tous
au Royaume & à la Couronne de France, avant que la
Provence ~'en fût féparée abfolurnent & fans retour. Or la
Provence ne montre pas la Convention qui auroit fait perIhii:.,
dre a la Couronne de France cette premiere occupation, cette
proprieté. Que devient donc le prétendu moyen déc~(if en.
faveur de la Provence? Il faut convenir qu'elle ne gagne
pas plus à donner pour des preuves décilives en fa faveur !'Arrêt de 17i6 & les autres Arrêts dont n0us venons
de parler, qu'à foutenir que ces mêmes Arrêts font étran·
gers à l'affaire _aauelle.
.
Nous croyons ne devoir ~pas féparer de cet .t\rticie
deux autres Arrêts encore, que la Provence traite avec
la même legereté. Le premier du 24 Août 1756, " re- Recueil, fol~
89
u çoit le Syndiè-Général de la Province de Languedoc ,
•
,, Oppofant à !'Arrêt du Confeil du 2. 2 Août 1690, & à
,, deux autres Arrêts qui en ont été la fuite , & ordonne
,, que tant fur ladite Oppoftrion que for les autres Con,, clulions· prifes par ledit Syndic-Général, les parties (e
,, pourvoiront en la grande Direétion , pour, après a~oir
,, entendu l'Infpeéteur général du Domaine, y être fur
Mm
�174
PRO P
RIET - ~
le tout fait droit ainft qu'il apparti endra. ,, Le fecon-a
du 6 Juin 17 58 , u en- confirmant le premie r, débout e·
~s.
,, les Con fuis & · Habitans de Tar~fcon de l'Oppo füion,
'' qu'ils avoient tenté d'y former ,- & ordonn e que ledit
,, Arrêt du 2 4 Août 17 56 fera executé felo_n fa forme &
" teneur. ,,
Pour décliner les induéti'ons qu'on pourra it tirer deces deux Arrêts du Confeil contre quelques-uns des moyen s.
que la Provence employ e dans la Caufe préfent e, les ·
Recap. p•.69. Procureurs du Pays les traitent d'Arrêt s de pure forme, _
prétend ent qu'ils ne fervent qu'à groffer le Recueil des- Titres du Langue doc fur le Rlzône, & releven t ironiquem~nt
la fav eur, le triomphe & le bien p réc ieux avantag e que le ·
Syndic -Génér al de Languedoc trouve à être reçâ Oppofanto
Mais. on ne dit pas en Proven ce que l'Oppo lition du, Syndic -Génér al, admife & confirmée par ces deux Ar-rê rs, ne permet plus aux Proven çaux de triomp her de
leur Arrêt' de 1690 & de le vanter comme un Titre vic-toti~ux de la proprie té qu'elle s'attribuë dans toute la
partie du Rhône depuis la Duranc e jufqu'à la Mer; que - -.
ces deux Arrêts, en admett ant & en confirm ant l'Oppo lition du Syndic Généra l à l'Arrêt de 1690 , ont de ·
même enlevé à la Proven ce le droit qu'elle ufurpe aujourd'Hui d'oppo fer ce même Arrêt de 169Ô à celui de,
17 24 comme un moyen de contrar ieté; qüe la feule Re-quête du Syndic-Général relatée toute entiere dans le premier des deux Arrêts clont il s'agir, détroit de fond en
comble tout le 'fyfi:ême de la Proven ce, & a réfuté par
av nce la plûpart des raifonnemens qu'elle employ e dansla C aufe pré fe nte; & enfin- que ces mêmes Arrêts la remettent dans l'état 011 elle étoit avant fon Arrêt de 1690 ,.
foumettent à un nouvel examen & vrai(emblablement,
Recueil, fol. ~,
1
�DU, RHQNE;
au néant abfolu fa Requête non communiquée, fur laquelle
cet Arr êt efl: intervenu , & .rendent au moins litigieux:
·de prétendus droits qu'elle vantoit & qu'elle vante encore
·Comme certains & incontefl:ables.
Voilà dans la vérité pourquoi les Procureurs du pays
'de Provence cherchent à écarter de la Caufe les deux Ar·rêts qu'ils difent être. de pure forme ; & voilà en même
tems pourquoi ces mêmes Arrêts ne font rien moins qu'inu. riles dans le Recueil où on les a . placés, indépendam.m ent du mérite propre qu'il ont relativement aux objets
. particuliers qu'ils concernent.
Par rapport au fond de la Queil:ion que nous traitons,
il refulte des Arrêts dont nous nous fommes occupés dans
-cet Article, & dont nous rendons les propres expreffions;
1 ° que le Roi doit être maintenu comme Roi de France dans
la fouveraùzeté & proprieté du Rhône d'un bord à l'autre fi
par tout fan cours, ainfi que des ljles, ljlots, Crémens &
.Auérijfemens qui sy forment & qui font partie de'. la pro..
vince de Languedoc ; 2 ° que toutes les impo/itions auxquelles font ou pourront étre affujettis les revenus produits par Ü
fleuve du Rhône, [es fjles, Crémel}s &· Auérijfemens doivent
être levées en Languedoc, comme faifant partie des Charges
t!.e ladite Province.
ARTICLE
HUITIEME.
ARRÊT
_Du Confeil d'Etat du Roi du 26 Juin 1724.
..
cet Arrêt rendu contradiaoirement entre le fteur Recueil, folj
Jacques de Clémen~, Seigneur de Gravefon, du Grand H~
_C attelet, du Petit Cafielet, du Rodadou & autres lieux,
DANS
Mm ij
/
�PROPRIETÉ
le Syndic-Général de la Province de Lang uedoc, la Com munauté de Tarafcon en Provence & les Procureurs des
Gens des trois Etats du pays de Provence, le Roi , fur
les concluGons de l'lnfpeEt,eur-Général du Domaine, &
après en avoir communiqué aux fieurs Confeillers d'Etat
ordinaires députés pour les affair~s du Domaine de Sa
~rr. pag. 2 8 Majell:é, " 0 donne que les biens du fieur de Gravefon,
.& ~9·
,, ftcués dans les Iiles du grand & du petit Cafieler & du
» Rodadou feront tirés du Compoix de Tarafcon. Fait
'' Sa Majefié défenfes aux Maire, Confuls & Habitans de
,, ladite ville de Tarafcon de les y comprendre à l'avenir
u & d'exiger dudit fieur de Gravefon aucune fomme de
» deniers pour raifoi1 defdits biens ...•••••.• & Sa Ma,,_ jefié déclare les Hles du grand & du petit Cat1elet &
,., du Rodadou, enfemble toutes Les autres l:fl.es du Rhône ,
., faire partie de la province de Languedoc. ,,
~q.de17'.: 4
IL ne s'agit, difent les Procureurs du pays de Provence, que de faire révoquer L' Arrêt rendu au ConjeiL des
I
.r
Finances ln l :;24, de faire remettre les parties au même
état qu'elles_ éoient auparavant' & par confequent de ré-
tablir dans le i Cadat1re de Tarafcon les ICTes du Grand
Callelec, du Petit Cafielet & du Rodadou.
Ainli l'Arrêt
'
du Confeil d'Etat du 26 Juin 17 24 eft le véritable &
l'unique objet de l'infiance qu'ils forment aujourd'hui,
fi cette inJla1f ce peut être regardée comme formée , fans
que le Confeil du Roi ait fait droit fur leur Requête au1/irt. de 1764. trement qu'en ordonnant qu'elle fera communiquée. Au
moins efi-il vrai qu'ordonner la communication d'une
R equêce n'eiè ni admettre fes concluGons , ni remeure en
,R~cap. p. 91. queflwn la c~o/è jugée, ni rétablir tout, comme le difent les
Procureurs du pays de Provence dans l~ fens qui lem.:
~
•
ÇOllVlt:nt.
L
.,,,/ r
/
�D ·U
R ·H 0 NE.
C' ejl donc ce feul A rrét qu'ils Je propofent d'attaquer par Mem. p.
136•.
les formes judiciaire.s. C'efl: unique ment pour en obteni r
la révocation & l' a7J.éamiffement, qu'ils ont pris la pe~ne de
raffem
bler dans leurs dernie rs Ecrits tant de Faits artifi.
.
.
cieufe ment préfen tés, tant de . préten dus Titres qui ne
prouv ent rien de ce qui étoit à prouv er, tant de foppofüions chimé riques , d'équiv<?ques fubtile s, de parado x es,
hazard és , & enfin tant de Difcuf lions captieu fes qui ne
tenden t qu'à écarte r ks Titres auffi clairs qu'aut h entiques, qui affuren t à
Couro n ne de France l'a'n cien droit ,
& la poffeil ion immém oriale 'de la prop rieté du. Rhône .
d\m bord à l'autre & par-to ut fan cours.
Puifqu e ce font les formes judicia ires qu'-011 fe propo fe
de faire valoir contre !'Arrê t de 172 4, l'exaB: itude fem-.
bl.e deman der que nous fuivion s un mome nt les faits & la
march e du procès qui fut termin é par cet Arrêt. Nous.
a urons à notre o rdinai re l'atten tion de confer ver autant .
qu'il fera poffibl e les p ropres expref fions emplo yées dans .
l'A rrer
" meme
" .
En vertu d'une Délibé ration prile par la Comm unamé .
de Tarafc ori le 1 8 Juillet 1717 & autres prifes en confequenc e, les domai nes des !Des du Grand -: Cafre let, du
P-etit- Cafiele t & du Rodad ou avoien t éré additio nnés au
compo ix de la ville de Tarafc on & compr is dans fon Cadafire fous prétex te que ces trois lfies étoiert t du terri ..
toire de Prove nce. Remar quons en paffan t que ce font.
les Proven çaux qui furent encore les aggref feurs & qui.
fuivan t leur louabl e coutum e , faiGrent . cette occafi on
de renouv eller leurs e-ntrep rifes fur les.)~es du Rhône •.
Auffi les Procur eurs du pays de Prove nce eurent:-ils da ns.
c.e procès la qualité de Demandeurs aux fins de leur Re:.. 4rr. pag. 30~
la
�/
'P RO PR IET É
9uéu d'inte rvent ion, & le Synd ic-Gé néral de la Provi nce
,de Lang uedo c, celle de Déjèn deur.
, Le 'Marq uis de Grav efon , propr iétair e des Dom ai.nes encadafl:rés par les Conf uls de Taraf con , s'oppofa à leurs Délib ératio ns, & fou tint au contr aire que
les trois H1es étoie nt de la provi nce de Lang uedo c. Sur
-quoi , confl it de jurifdiB:ion entre la Cour des Com ptesAide·s & Finan ces de Mont pellie r & la Cour des Com ptes
de Prov ence ; Arrêt s altern ative ment rendu s par ces deux
Cour s les 3o Aoufr, & 2o:D écem bre 171 '7, & les I 5Janvier, 1 Fevri er, 10 Mars & 8 Avril 1718 ; Requ ête préfenté e au Conf eil pa r le Synd ic Géné ral de la provi nce de
Lang uedo c .; ' Arrêt du Conf eil interv enu for cette Requ ête
fié évoq ue à foi
,Art. p.3&4 . Ie 1.4 Janv ier 1719 , par leque l .cSa Maje
" ,., & fon ·Cçmfeil la conre ftatio n muë entre le fteur de
,, Grav efon & la· Com muna uté de Tara fcon , pour être
_.,fait droit fur icelle en la DireB :ion des Finan ces avec
,
,, l'un des Infpeél-eurs Géné raux du Dom aine, après corn'" muni catio n faire au Bure au des fieurs Comm iifair es dé.•, pu tés pour les affaires des Dom aines . » Requ ête des Proà
cureu rs du pays· de Prov ence ; tenda nte à ce qu'il plût
tes dans I'Iri·[.
,lrd.pag.6. Sa Maje fié "les recev oir parti es inter·venan
uté de Ta,~tance pend ante au Conf eil entre la Com muna
la
'' rafco n , le fieur ·de Grav efon & le fie~r Synd ic de
,, provi nce de Lang uedo c , ••••• leur donn er aéte qu'ils
"Je joign ent à ladite Communauté & adhérent aux Conclujions
uis de Gravefo~
t> par elle prifes tant contr e le fieur Marq
,, que contr e le Synd ic Géné ral de la provi nce de Lan,, gued oc , " ladite Requ ête admi fe au Conf eil le 6 Fe-
4
wner
1721. .
Titre s produ its
par les Conf uls de Taraf con unis avec
�DU RH 0 NE ..
2 79
les Procur eurs de Prove nce, à i'e.ffet de prouv er que le
Rhône n'appa rtenait pas tout entier au Roi par droit de
Souve raineté avant que la, Prove nce fut foumif e à_la dominati on de Sa Majef té ; que depuis fa foumi ffion, la
Prove nce a voit la moitié de cette riviere ; & que les Hles àont il s'agiff oit , ayant fait autre.fois partie de la terre de·
Prove nce qui avoit été inondé e par le Rhône , & cette
riviere s'étant retirée depuis , le terrein étoit revenu . aux:i.
ancien s propri etaires .
Autres Pieces produi~es par le lieur de Grave fon & pat:
le Syndi c Génér al de la provin ce de Langu edoc, qui fouteno ient au contra ire qu'ava nt q~e la Prove nce fut fou,...
mife au Roi, le Rhôn~ d'un bord à l'autre éto_it tout e!ltier du Doma ine de la Couro nne, de même · que fes Hles-, .
Créme ns & Arterif femens ; qu'en. vertu de ce droit de la,
Couro nne , le Rhône faifoit des-lor s par~ie de la provin ce
de Langue-Ooc depuis Lyon jufqu'à la M'er, & avoit de ,
m,ême contin ué d'en faire part.i_e après que la Prove nce·
fe fut remife, entre les mains du Roi ; que le droit du Roi
fur le Rhône & le droit du Langu edoc fur le même fleuve
ne font q~'un feul & même droit , . tellem ent indivif zble:
qu'on ne peut porter atteint e à celui du Langu edoc ' fans
affoibl ir en même tems celui du Roi; & qu'enfi n ., quand ,
la rivier.e a- occup é un nouve au lit 8l. vient enfui te à l'ab~ndonner, il n'efr pas vrai que les terres qu'elle abandonne retour nent aux ancien s propri etaires ; mais que ce
retour n'a lieu. que dans le ,cas d'une inonda tion Cubite qui.
ceife bientô t, ou-tou t au plus dans un chang ement de lit.
qui dure moins· de dix ans; hors , lequel cas le terrein ainfr~
décou vert appart ient au Roi.
Requê tes préfen tées au Confe il du Roi par la Commu~
nauté de Tarafcon unie avec les _Proctireurs du Pays.de.·
�2150
PR OP RIE TÉ
Prov ence les 15 Février & 14 Mars 17 2 2. Autres Requ~tes
employées pour réponfes & contredits auxdites Requêtes
de Provence , par le
Arr. pag. 24. des Confuls de Tara fcon & des Etats
les
fieur de Gravefon & le Syndie Général de Languedoc ,
17 2 2 ~ Dire de l'Inf1 3 Nov emb re , 1 9 & 14 Déce mbre
la
peae ur Géné ral du Dom aine du I·O Novembre de
ce qu'il plaife à Sa
Jd. p. 6 & 7. même anné e, par lequel il conclud '! à
e,, Majefié & à fon Conf eil, déda rer l'li1e du petit Cafl:
du
,, let & du Rod adou , enfemble toutes les autres If1es
Langµedoc .•.. •
u Rhô ne, faire parti e de la prov ince de
tou~
,. & faire défenfe à la Communauré de TaraCcon & à
,, ·tes les autres Communautés de Prov ence de com pren dre
du Rhôn e ,
» dans leurs Cada fises aucu ne defrlires If1es
ête
., fous quelque prérexte que ce foir. ,, Nouvelle Requ
re<les Provençaux du 3 o Juin I 7 2 3 , emp loyé e pour cont
m..
dits aux trois Requêtes des 13N ovem bre,1 9 & 24 Déce
~
.E.IJ. pag. 2.S· ·bre précédens & pour réponfe au Dire de l' lnfpeaeur Géné
2 ; &
ra! du Dom aine , à eux fignifié le 19 Nov emb re 172
,
quantité d'autres Requ êtes, Réponfes , Produél:ions, Dits
s
Cont redit s & Salvations , emp loyé es pend ant le cour
de l'ànnée 1723 & près de la moitié de l'année 17·24 , tant
de la part du Syndic Géné ral de Languedoc & du fieur
des
de Grav efon , que de celle des Confuls de Tara fcon &
Proc ureu rs du pay:s de Provence·, qui.faifoientcaufe com
mune avec lefdits Confuls. Enfin dernier.e Requ ête des
urs ;oint s les Proc u·
/d..p.,,7& l8· mê~es Confuls auxqu,els étoient toujo
·reurs du Pays de Prov ence , pr.éfentée au Confeil le 8 Juin
tout
. 17 24' & emp loyé e pour plus amples moyens avec
;
ce qu'ils avoient écrit & produit jufqu'alors en Pinfl:ance
e
dernier Dire enco re par eux emp loyé pour addi tion)
Dire .du
14 du même mois ; & pour terminer tout , autre
Syndic de Prov~nce Cignifié le furlendem~in 16 Juin 17 z4.
Telles
�DU RH 0 NE.'
Telles font en fubil:ance la marche du procès & la fuite
<les principa les Pieces de la procédu re, fur laquelle eft
interve nu !'Arrêt du Confeil du 26 Juin 172 +. Procedure
vicitufe , s'écrie àujourd' hui la, Provenc e , Arrêt funif, PalJim:
irrégulier, injujl:e, furpris au mépris d'autres Arrêts contraires , non exécuté , non Jignifii à perfonne ou domicile ., &
enfin rendu fans que la Provence ait été défendue & fur une
fzmple demande formée par L''/njpeéleur Général du Dotnaine
fans nécefji.té & fans interêt pour le Roi. Ces reproc~es répandus & ornés des couleurs les plus éclatante s dans les
nouveau x Ecrirs de la Provenc e ·, font tous ,réunis & - reduits dans les deux moyens de Conirari tti & de Requête
Civile, qu'elle èntrepre nd d'oppofe r à !'Arrêt de 1714.
Nous ne nous arrêteron s pas à difcuter fi des moyens
d.e cette efpece peuvent être employé s contre un Jugement , où non-feul ement il s'agit d'une matiere d' adminiftnuion toute de droit public, d'une limitation de deux Pro..
vinas, d':un Regleme nt géniral & de l'imerêt puhlic, comme
on le lit dàns les Ecrits Provenç aux ; mais encore où font
principa lement & effentiel1ement intereffés les droits de
la Couronn e de France fur un grand fleuve qui fépare
deux province s , dont l'une n'a jamais ceflé de faire partie du Royaum e & de relever de nos Rois , & dont l'autre n'eft depuis plus de huit cents ans fubalternée ni au
Royaum e ni à la Couronn e de France. Nous fuppofer ons
donc que les moyens de Contrar ieté & de Requête Civile peuvent être oppofés légitime ment à l' Arrêt de 17 24,
& nous nous bornero ns à faire voir que chacun de ces deux '
moyens féparém ent ne porte pas le moindre préjudic e à ·
c-et Arrêt.
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§. I..
R O· P R 1 E T i;:·
D E M A N D E.
En Corurarieté.
.
l'Arrêi:·d e 1724 renferme deux difpo..
que
vifible
efl:
ÎL
füions principa les & difüngué es l'une de l'autre._ La pre•
miere , qui efi particuli ere , a pour objet le différend élevé
entre la Commu nauté de Tarafco n & le Marquis .de Gravefon .au fujer de la taillabili té des .tr'ois lfles du Caftelet .
& du .Rodado u ; & fur cet objet , l' Arrêt déclare que les
Domain es du fieur de Gravefo n fi.tués dans ces H1es feront
tirés du corn poix de Tarafco n ;. & ne pourron t y être
compris à l'avenir~ La feconde ; qui efr générale , a pour
objet la propriér é des Iiles du Rhône, for Jefquelles la
Provenc e avoit toujours eu des vûes & a voit fouvent formé
des entreprifes;.. mais qt.e les Officiers du Domain e , qui
dans cette matiere font parties nécefTairc s pour- la confer..
vation du Domain e de la Couron ne, & les Etats Généraux du Langued oc , qui y font auffi ·parties néceffaires:
pour la conferva tion du territoir e & des limites de 1eur
P1 o-i ince, ont toujours regardée s comm·e un bien Domaaial de la Couronn e & comme faifant égâleme nt partie'
du Royaum e & du Langued oc. Sur cet objet, I:Arrêrd é..
clare toures les Hles du Rhône faire partie de la provinc e
d,: Langued oc.
- Il n'en pas moins vilihle que la ' difpoûtîon particuli ere
de l' Arrêt efr renfermé e , dans la difpotiti on générale , &
que le Jugemen t de ta caufe particul iere, €'efr.a.d ire , de
la taillabili té des trois Hles dépendo it de la décifton de la
Thefe g~nérale , c'efr-à-d ire ,. de la propriét é du Rhône
& de fes Hles. La Commu nauté de Tarafco n n'avoit rien·
à prétend-re fur les trois Hles dont il eff quefüon , fi elles,
faifoient partie du Royaum e de France & de la Province
�•
·nu
RHONE;
-d e Languedoc ; elle n'avoit aucun droit cie comprendre
ces Ifles dans le rôle de 1es impofitions , fi elles ne faifoient pas partie de la Provence; & certainement -ce n'eft
que dans la fuppafition qu~el1es faifoient en effet partie de
là Provencé, que les Procureurs du pays prirent le fait
& caufe de la Communauté qui les avoir comprifos dans
fon Cadafire. C'eil auffi dans la .fuppofition contraire ,
que l'Infpeaeur Général du Domaine & le Syndic Général de Languedoc conclurent à -ce ·que ces Hles , de même
que toutes les autres Hles du Rhône fuffent déclarées faire
partie du Languedoc , ' c'~il-à-dire du Royaume. Enfin
,c'efl: for ces deux' fuppofü:ions oppofées que les Chambres
des Comptes de Montpellier ~ d'Aix rendirent des Arrêts
contraires, chacune des deux prétendant en connoître, fous Recap. p. 78~
prétexte que Jes terreins contentieux étoiens jitués dans fan
ilijlriél, comm'e on le dit en ~rov~nce.
~ Ainfi, pour proceder régulieremtnt dans ceJte Caufe, &
pour pouvoir juger la quefüon particuliere de la taillabilité des trois [fles contentieufes, il était préalablement né·
ceffaire que la quefüon générale de la propriété des Hles du
Rhône fûtdifcutée & déterminée. Etvoilà pourquoi la difpofition gén~rale de l' Arrêt de 17 24 , 6oit être regardée
comme la fource, la caùfe & le principe.de la difpofition
particuliere qui y eft renfermée & qui en 'dépend effen·
tiellement.
Sans doute que la Provence n'applique pas fon moyen
de Contrarieté à la cl.ifpofition particuliére, qui a pour objet la taillabilité des Hles du Cailelet & du Rodadou. Non·
feulement elle n'attaque point perfonnellement le poifeffeur de ces Iiles, mais encore, de toutes les Pieces qu'elle
oppofe à l' Arrêt de 17 24 par voye de Concrarieté, il n'y
en a au.cune qui a~t rapport aux trois I!les en quefl:ion. Elles
N n ij
/
�PROPR IETÉ
concernent feulement ou les Ifles du Mou.ton, ou les Crémens de Boulbon , ou l'Ifle de _T reshon , ou les quartiers
de Leguès, Leltet & Barallier , ou enfin les Hles , Hlots,,
Crémens & Relais. de la Mer & du Rhône depuis la ville
d·'Arles jufqu'à la. Mer. C'eft donc uniquement la difpofi~
tion générale de l'Arrêt, q.ue les Procureurs du pays de
Provence entreprenne nt aujourd'hui de faire ré-voquer &
qu'ils attaquent par leur Demande en Contrarieté , pour
rendre hommage, difent-ils, aux regles de J'Ordre Judi:-c1a1re.
Or le Roi déclare par cette difpofition que toutes les.
Hl.es du Rhône font partie :de la province de Langµedoc ;,
& les Provençaux prétendent au contraire que toutes les
Ifles & le lit entier du Rhône depuis la Durance jufqu'à
la Mer font partie de la Provence. Si par impoffible, les
Procureurs du pays produifo.ient un Jugement ou quel~
qu'autre Titre authentique , tel qu'ils voudront le fuppofer, qui eût en effet adjugé à leur Province cette portion
du fleuve , ou qui eût déclaré q!Je tout le cours du Rhône
depuis fa ionaion avec la Durance fait partie de la Pro~
vence; on pourroit fans doute raifonnablem ent oppo.fer
par voy,e de Contrarieté à ce Jugement ou à cet autre
Titre, quel qu'il fût, non-feuleme nt les Arrêts du Confeil
de 1691, 1724 & 1.716, qui ont jugé tous trois contradiaoiremen t entre le~ diverfes ·parties contendante s, &
en propres termes , que le Rhône, toutes Je~ lfles & fes
dépendances font panie de là province de Languedoc; mais
encore _nombre de Lettres"'.' Patentes des Rois Charles VI~
Louis XI, Charles VIII,LouisX II,.François I, Henry U,&c,
dans lefquelles ces Princes énoncent formellemen t " où
exercent de fait, le droit Royal qu'ils ont feuls· en vertu de
leur Sauyeraineté for toute la riYiere du Rhône par f,l)Ut fa.a
�DU RH 0 NE.
cours, funs qu'aucunes perfonnes du Royau me, ni du de·
hors , ni le Roi même comme Dauph in, ni autres quels_
qu'ils foient puiffont y avoir aucun droit.
On p_ourroit encore oppofe r au Jugeme nt ou Titre
fuppofé , l' Arrêt du Parlement de Toulou fe, qui a réin..
tegré & maintenu le Roi, à caufe de fa Couronne & Juftice de France , en la réelle & entiere. poffeffion du Rhône
d'un bord à l'autre & par-tout fou cours , ainfi que de·
·toutes les !iles qui font dans ce Fleuve ;. & on pourro it
même lui oppofer cette multitude d'Arrêts du Confeil que
nous· venons d'exam iner, & dont les diîpofttions, toutes.
fondées fur le principe que le Rhône fait partie du Lan~·
gnedoc , prouve nt invinciblement que les Francs . Fiefs,. ·
les Tailles , la Capita tion, le Dixieme., & généralement:
toutes le.s impofit.ions auxquelles font ou pourroi ent être·
,affuj.ettis- l'es fonds & l.es revenus produits par le. Rhône'. .
font partie des charges de cette Provinc e...
Il èJl év.ident que la réunion de tous ces Monumen>·
feroit -plus que fuffifante · pour fonder un puiffant moyen:
de Contra rieté contre tout Aéfe qµi adjuger ait fa partie~
contentieufe du Rhône à la Proven ce ; & il ne l'ell pas.
moins que tous cesMonumens raffemblés forment un CorRs de jurifprudence qui n'a jamais varié-, qui,a été confiam-ment & uniformément fuivi depuis les commencemens .
de la Monarc hie & qui. a incontefrablement toute l'aut~rité de la. chofe jugée & toute. la force. de la vérité...,
Res judicata pro veritau hahetur.
On auroit donc droit d'exiger en re.vanche que la Pl<oavence, qui oppofe aujourd'hui une demande en Contr~·
' rieté à la difpoGtion generale de . l' ~rrê.t de 17 24~, . rend ut
contrad iaoirem ent entre les Adminifrrateurs des deu~
Provin ces, pour parler comme elle,_préfent àt au. moinss
'
�PROPR IETÉ
un autre Jugement auffi .contradiB:o ire, ou d'autres auto·
rités équivalentes , qui décla'reroien r que le Rhône ne
fair point partie du Languedôc, ou bien que le Rhône depuis .la Durance .jufqu'à la Mer appartient à la Provence..
C'efi l'unique moyen de montrer cette contradzElion pal"- ffi.ecap. p. 7S •pah!e fur laquell'e on dit que fa demande en Contra:rieté ejl
.-fondée. ·Qui .croira donc que, des fept Aél:es que les Pro- cureurs du pays de Provence oppofent comme co9traires à
l' Arrêt de 1714, non feulement il n'y en a aucun dont l'autorité,puiffe feulement être mife·en parallele avec celle de cet
Arrêt, mais ·encore qu'à l'exception d'un feul qui con:eerne la grande braffiere du Rhône , dont il n-'efi point
.que.llion dans l'affaire préfente, tous les autres ne regar·
_:dent que des terreins particuliers, qui , malgré l'autorité
.,de ces Titres fi vantés , font encore aél:uellement conreftés tous dans diverfes infiances admifes & pour(uivies au
-<:onfeiJ du Roi ; & qu'en un .mot, dans aucun de ces
Aél:es, le Rhône .depuis la Durance jufqu'à la mer n'efl;
;ni adjugé à la Prov.ence, .ni ,déclaré ~aire partie de la
.'.Provence~
,Les fept Aél:es qu'on donne comme contraires à l'Arrêt
,de 1714, ont déja patîé fous nos yeux, en qualité de Ti.
1res eon.llitutifs ou de Titres confirmatifs ;_ & ce que nous
.en avons .dit fuflit pour faire connoître qu'ils ne peuvent
ep aucune maniere fervir à la Provence de Titres authen·
tiques de la propriété du Rhône. Nous allons-voir égale·
·ment qu'ils peuvent ·encore moins être regardés comme
-Oes Jugemens propr.es à être oppofés à !'Arrêt de 1714-;
qu'il n'y a aucun lieu de faire valoir le moyen de Con<trarieté entre un Arrêt folemnel & contradiB:oir.e 1, tel
que c-d ui dont il s'agit & chacun de ces Aaes; & que
;par conféquent il n'éroit pas plus nécdfaire que ces Aae_s
�DU RH o - N E.
fùjfent attaqués lors de !'A rrét de z7 24 , ou révoqués par cet Recap. p•.79~
.Arr't , comm e on voudr oit mal-à -prop os l'exig er·, que
tous les au_tres préten dus Titres confü tutifs , énonc iatifs ,
confirmatifs & poffeffoires que la Prove nce produ it & .
qui n'ont pas plus d'effet & d'auto 1ité.
1° La préten due Tranfaaion Je z544 n'efl:
qu'un Aae'.
de vente , porta nt ce!Iion & tranfi )ort de quelq ues Hles , .
Crém ens & Pâtis étant dans la rivier e du Rhôn e, en fa.:
veur du fieur d'Ora ifon, Seign eur de Boulb on, moye nnant la fomm e de trois cents écus d'or·, avec les claufe s,
tranil atives des doma ine, poffeffion & Seign eurie au pro·'
fü de l'acqu éreur , qui y efi: mis au lieu & place du Roio,
Cet AB:e paffé par le Lieut enant -Géné ral pour le Roi. em
Prove nce & le premi er Préfid ent. du Parlem ent. d'Aix ,
1
tous deux Comm iffaire s du Roi ; . Comt e de Prove nce, .
efi:-il un Jugem ent, comm e.. on le préten d? En tout. cas~
ce n'efl: certai neme nt point un Jugem ent contra.diél:oire ;.
car les Officiers du Doma ine de la Couro nne & les· Etats·,
de la . provi nce de · Langu edoc , . les uns & les autres cf- -.
fentie lleme nt ·intéreffés dans la propr ieté du Rhôn e & de·:
fes dépen dance s , . & par confé quent des Iiles, Crém ens,,
& Pâris dont il s'agiffoit .. n'y furent ni appel lés· ni enten - ·.
dus. Les Provençaux ont fait & font chez. eux tels AB:es .
que bon leur fembl e au préjµd ice des droits de la Couronne ; mais ils ne pourr ont jamais faire regar der ces.,
A.fles çomm e des moye ns légitim es de CoBt rariet é, ni les ·
oppof er avec raifon comm e tels à. des déci fions· rendu es
folemnellement & , contradiB:oirement par. le Confe il du ,
Roi.
A joûton s que l'effet de ces Aaes ne fera rîen moins -..
qu'ai.foré tant qu'ils feront attaqu és juridr quem ent. Malgré~
l'.Aéle de vente ,.qu'on .nous-0Ep_ofe, il y a .depuisbie n ,de~s
�2.88
PRO PRI ETt
années une infl-ance penda nte -au Confe il contre la Com.
'
munau ré de Boulb on au fujec des Créme ns & quartie rs
en quefüo n , dont on lui conref re avec jufüce la propri eté. ,
Quelle autorit é peut donc .avoir contre l'Arrêt de 1714,
un Aél:e de vente qui a été paffé en Prove nce par des
Officie rs de Prove nce, au nom du Comte de Prove nce,
en l'abfen ce & à l'inf~û de la France & des Franç ois, &
qui a réuni, dit on, à la Seigne urie de Boulb on en Pro·
vence des Créme ns & des IGes formée s dans un Fleuve
dont tout le cours & le lit entier appart iennen t de tems
/
immém orial à la Couro nne de France ?
1. 0 Les Lettres - Patent es de d 7 5 & l' A rrê.t du Grand
Confeil de t.587, a'ont pas empêc hé q·ue les Hles du Mouton , qui avoien t été précéd emme nt inféod ées par le PréG4"
-dent de Paulo Comm iffaire du R.oi ·c omme Roi de Franc e,
n'aien t été cotifée s en 167 5 dans le Rôle des tq.xes im~
pofées e.n Langu edoc -pour le recouv remen t des Francs Fiefs de cette Provin ce; ni .qu'en 1681 le Confe il du
Roi n'ait jugé contra diB:oi remen t _entre le Syndic -Géné ral de Langu edoc & la Comm unauté de Barbe ntane,
que les droits- de Franc - Fief de ces Hles forent payés
en La.ngu edoc, comm e nous nl.Yons vû pJus haut. Ces
Titres n'emp êchen t pas non plus que la taillab ili-té des
mêmes lfles ne foit contef rée aujour d'hui fous les yeux
du Confe il entre les Comm unauté d' A-ramon & de Barhentan e. Des Titres contre dits & attaqu és juridiq uemen t
font de finguli ers moy~ns à oppof er à l' Arrêt de 1714.
3° L'Arrê t donné par le Grand-Confeil en 1609 , contradiél :oirem ent , non pas entre les deux Provin ces, mais
entre des part.icu liers de Langu edoc & de Prov.e nce, dont
chacun de fon côté fe préren doit propri etaire de l'Hle de
F,erra,gon ou de' Tresb on; f}avoir les Languedociens en
vertu
�·n ·u
RH 0 NE.
·vèrtu de l'inféod ation qui leur en avoir été faite en 1537
par les · Officie rs du Roi en Langue doc ., & le 'fieux Saxi
Proven çal en vertu d'une autre inféoda tion que la Cham·
bre des Compt es d'Aix en avoit faite en 1539 au.préj u·
dice & en haine de celle qui avoit été faite en Langue .
donc. · Cet Arrêt n'avoir donc pas pour objet le Rhône
& fes dépend ances depuis la Duranc e jufqu'à la Mer,
mais feulem ent une me ' dont la poGtion même paroît
laiffer en doute fi elle apparti ent à la grande braffier e du
Rhône ou à la partie fupérie ure de ce fleuve. Il fuit de-là
que l' Arrêt de I 609 n' efl: pas rendu fur le même jàit que
celui de 1724, & n'efl: par confèq uent' fufcept ible d'au·
cune des deux efpeces de comrarieté que.les moindres Prati.JJ..ecap. p. 7Z
ciens fçaven t, dit-on , Ji hien dijlinguer.
Au furplus , malgré cet Arrêt vifiblem ent furpris par de
faux expofés & par des Fables ;dont les moindr es Hifl:0.
riens fçauroi ent fi bien n'être pas .d upes, l'We de Tresbo n
. dl aB:uell ement en caufe dans deux procès qui fubftfl:ent
entre les Officie rs du Domai ne de la Couron ne & la -ville
d'Arles ; & , puifqu' il efl: encore permis de douter que
cetce H1e foie Proven çale, l' Arrêt qui a jugé.qu 'elle l'eH:
n'a pas ùne autorité capable de po:rter atteinte à !'Arrêt
de 1724.
4° H efl: bien vrai que !'Arrêt du Confeil du 14 Oélobr-~
,/!"
. z·6 8 7 maintie nt la Commu nauté d'Arles & les particu liers
qui a voient acquis d'elle, en la poffeffi.on & jouiffan ce des
H1es, Hlots , Crémen s & ·Relais de la Mer & du Rhône
depuis la.dite ville d'Arles jufqu'à la Mer. Il ne s•agit point
da tout :de 'la ·partie contentieufe du Rhône dans cette Dif'
poiition.
Le Syndic général de la provinc e de Langue do'c , bien
loin de vouloir Je ménager des avantages aux dépen_s de la /d. pag. 66~
Oo .
I
�x90
P R 0 P R f E T - i;:-
jujlice & de la vérité , comme on le lui reproche auffi du
0
-
rement qu'injuil:em ent, a dit de lui même dans -fa derniere.
Requête · que la ville d'Arles. a par rapport à cet objet
-des Titres qui luifom particuliers. On . connoît d'ailleurs le
Titre primordial en vertu duquel la Provence eil: entrée .
dès le. douzieme fiecle dans la joui!fance. de la grande :
hraffiere du Rhône & par conféquent de fes Hles &
Crémenrs & de la- Camargue même. Ce Titre efl::
le Traité de. l'année 11 2 5 , par leqûe1 deux Seigneurs ; -.
qui étoient· également & à differens égards Vaffamc
&: de l'Empire & de la Couro'nne de France , . en
partageant entr'eu x un Fief de l'Empire , ont eu l'art de
comprendre dans une- portion . de ce Fief un bien domanial de la Couronne,. la grande hraffiere du -Ithône, fans ~
le confenteinen t & à. lïnCçû. du légitime Souverain , le
Roi de France. La p.o!feffion de cette branche du Rhône~
fondée -uniquement fur ce. Titre vicieux , . eil: par confé~
quent vicieufe elle-même & doit être regardée · comme ·
abuftve, i1-1j µfre, illégitime d ans fon origine & dans fes-..
effe ts. Nous avons -déja . pluGeurs fois remar qué que cette
Boffeffion a cependant été continuée j ufqu'-à préfent par une condefccndance de nos Rois que le Languedoc a ·
toujours ,refpeaée. Elle p1roît encore autorifée pour le mo- .
ment préfent par l'Arrêt de 1687 , dont il s'agit. Auffi les ,
Languedocie ns n'ont point encore prétendu appliquer aux
Hl.es dc1~uis Arles jufqu'à la Mer la .Difpofüion de l' Arrêt -~
de- 17 24 dans laquelle le Roi déclare toutes les Ifles du
Rhône faire partie de la Province de Languedoc ; parce :
qu'ils n'.o nt jamais crû q ue ce fût l'intention de Sa Ma"! j~fié de comprendre la-grande braffiere du Fleuve da s:.
cette Dîfpolition. Ils n~ont jamais troublé & ils ne trou--Weront P,oint.la Communaut é d'Arles dans la po!feffion&:
�D U R li 0 N E.
191
jouitîance qui lui eft continuée par l' Arr~t de I687 ·, tant
.que le Roi ne croira pas dc-:voir 1. dhtu er à fa Couronn
e
l'exe rcice & l'aêl:ivité des droits impr efcri ptibl
es qu •ene a
depuis plus de douze cents ans fur les Hles du Rhô
ne depuis Arle s jufq u'à la Mer , com me fur tout le
refl:e du
Fleu ve •
. les Ifles de la gram le braffiere du Rhô ne font
donc
étran gere s à la Quefl:ion préf ente ; elles n'on t
jama is été
cont efl:é es; & , com me l'Arr êt de t 687 , qui n'a
pour objet que les liles depu is Arle s jufqu 'à fa Mer , n'a
pas donn é
.à la Prov ence la prop riété de toute s les li1es du
Rhô ne
depu is la Dur ance jufq u'à la er ; de mêm e
!'Ar rêt de
1724 en décl aran t que les IfJes d ... Cail elet , du Rod
adou
& les autre s Iiles du Rhô ne font parti e de la prov
ince de
Lang uedo c , n'a poin t com pris dans cet e d1fpo
fitio n les
H1es depu is Arle s jufq u'à la Mer . Ces deux Arrê
ts ont des
obje ts différens & ne font poin t rendus fut le
même fait.
Ils ne font donc poin t cont radi aoir es , & ne peuv
ent être
.opp ofés l'un à l'aut re par la voy e de cont rarie té.
5° Enfin il faut avoi r bien de la com ianc e ,
pour ne
rien dire de plus , quan d on oppo fe à un Arrê
t auffi fo.
lemn el que celu i de 1 724 les deux Arrêts du Conf
ail des
22 Aoâ t L69 0 & z6 Aoû t z692 ;
deux Arrê ts acco rdés
fur les Gmples Requ êtes des Com mun auté s d'Ar
les & de
Tara fcon , & dont l'un efl: enco re l'obj et d'un e
oppo fitio n
adm ife & f uivie cont radi aoir eme nt au' Con feil
du Roi.
L' Arrê t de 1724 pour roit être cont raire à cent Arrê
ts femblab les, fans qu'o n parv înt à l'atta quer avec fucc
ès par la
voy e de la contrariet-é.
Efl:-il feule men t vraif emb lable , que ' le Roi , pour fe
prét er aux vûes & à la dem ande form elle de la Prov
ence ,
veuille bien ordonner , aux term es de 1'Arti cle
du Re- Recap. p. 7...,
7
Oo ij
YI
'.
�.19.?.
PRO. PRIET~
gleme nt du Coafe îl fu-r la contra rieté des Arrêts , ·que fans
avoin égard à !'Arrê t de i,724 ., qu'il. a . donné en grand e
connoiifance de caufe , fur les produél:ions multipliées des
partie s conte ndant es, après une infl:ruétion ·qui a duré plu- ·
iieurs an11ées., ap~ès avoir auffi .enten du l'Infpeél:eur Géné~
ral du Doma ine de la Couro nne , & après en avoir communiq ué au Bui:-eau des Confeillers d'Etat s ordina ires dé- putés pour les affaires du Doma ine de Sa Majef ié ; lè:s
deux Arrêts rendus for fimples Requê tes 'en 1690 & i: 69 z. .
& les autres fugem ms · prétendus -que ·la Prove nce ·a raf~
femblés pour former fon moye n de contr arieté , & qui ,
n'ont pas plu~ de force les uns que les autres contr e l'Ar,. .
rêt qe J 7 2 4 , .feront exécutés felon leurfo rme & . teneur?
Au refte cette dema nde des Prove nçaux n-'efl: pas mal· '
adroit e. Si, contr e droit & raifon , leursv œux étoien t remQ plis; & fi; par impoffibl~, . le Gonfe il prono nç.oit que les ,.
Arrêt s, Lettres & autres. A&es ,qui forme nt leur prétendSJ. ·
moye n de·con trarie té feron t exécu tés, la Prove nce fe trou ..
verni t tout· d'un coup difpenfée de füivre les inftances qui ;
y font ouvertes-par-. rappo rt ,aux Hles & Terre ins dù Mouton, de Boulb on , de Mézo argue s - , de Ttesb bn·· , de Le
g.uès , Lefi:et,, Baral lier·, &c ; tous ces procè s partic uliers .
fè trouv eroien t. d'un fe11l·m ot jMgés en fa faveur .fans av©ir
été inftruits ni fuivis en .regle ; & . la Prove nce, toujo urs ,
induftrieufe s'affureroit en un. inftan t la .conq uête · de tant
·d'objets importans avec autan t de facilité & prefqu'auffi
imper ceptib lemen t , qu'ell e-s'eft · appro prié en . u 2 5 la ·
grand e braffiere du Rhôn e & l'Iile de· Çama rgue. Une ·
telle métho de de proce der efi comm ode ,Ji elle n'eiLpas
réguliere.; ;c'éft ·Je moye n fans· doute .de termi ner Dien des
procè s, & , comm e on dit , de je :tirer d' affàire d'un jeu!
~ecap. p. 77:
coup. On appelle cela.décliner les premiers .principes de
/gr~,
�DU RH 0 NE .
\
tlre judici-aire ; · & on a raifo n, fi. par décliner
~n ente nd
élud er, efqu iver, écarter.
Con cluo ns du genr e mêm e d'att aqtte emp loyé
par la
Prov ence d'ab ord que fa Dem ande en cont rarie
té cont re
l'Ar rêt de 172+ n'a aucu n fond eme nt foli<le; enfu
ite que-,
de tous , les Juge men s ou Actes qu'e lle rapp orte
' non-feul~ment aucu n n'eil: com para ble en auto rité à l'Arr
êt qu'e lle
attaq ue parc e qu'a ucun n'eil: : donn é dans la mêm
e -for me,
avec la mêm e. folem nité & fur_ le mêm e fait; mais
enco re
at1cun ne déci de cont radié l:oir eme nt entr e les deux
Provinc es que le Rhô ne ou du moins . la part ie. cont
entieufe .~
du Rhô ne, c'efi:-à.d ire, tout le cour s. de ce Fleu
ve depuis la Dur ance jufqu'à la Cam argu e & la petit
e braffiere
du Rhôiile tout e entie re . ,. font part ie de la Prov
ence &
ne -font poin t part ie du, Lan gued oc ; . ~nfin qu'o n ,ne
peut plus dire ni honn êtem ent ni judic ieufe' men t que la comr
a-riété- tant .vantée par les Prov ença ux èJl évidente
, que le,Recap. p. 6~.
Languedoc toujours fertile en fubu ifùge s ,pou r élude
r les dif
jj.cultés qu'il ne peut réfoudJe ,_n'a pas même ef[ay
é de la colJ- tt:edire direélemento .
Ji
§,:-· I t DE MA N
D.- E .,,,.
0'
En- Requête Civile.:_
UN- . moyen dé Requête Civile· en form e un ·de · Caffà
- Mem, p. 1321;.
ûon:, & la .non -vala ble défenfe _efl: :une ouve rture
de Re- .,
quêt e Civi le, ditla Provence :, ~q.ui fou rient n'av oir
pas été ·
défe ndue valahlement-- dan& le Proc ès .fuli" lequ el
efr inter;.
venu--.l'Arrêt de 1724 ; 1° parc e que fes -Pro cure
urs ,n'y
a.:voient acco rdé leur inter vent ion à la ville de Tara
fcon ~~ .
que· Gontre l'opp ofiti on dù. fteur de Grav efon à
l'enc adaS . .
uement de fes domaines & non contre_la. demande. dL..
·
.
�P'R 0 P R 1 E ,T E
l'Infpeaeu r général.du Domaine ; 2Q parce que les mêmes Procureur s autorifés à réclamer les Ifles du C afrele
& du Rodadou , ne l'étoient point à traiter une quefrion
générale fur le lit entier du Rhône & fur fes dépendan ces ; 3 ~ parce qu'ils n'ont produit en effet ni Requête
contre la demande générale ni Titres de proprieté de la
Provence fur le Rhône, fes Hl.es & fes Crémens. Chacun de ces motifs, que nous expofons dans les propres termes que !'Ecrivain de Provence a employés , mérite
particulie r.
d'être difcuté
En premier lieu e.f1:-il vrai que les Procureur s du pays
de Provence n'ont point .accordé leur· intervention contre la
demande que l'on dit -n'avoir ·é té formée par l'lnfpeB:eur:Recap. P· 7S. Général du Domaine que fur la fin de cette contejlatio n,
fans intérêt pour le Roi & fans nécej/ité? D'abord c'efr le
J 4 Janvier 17 1 9 que le Roi , fur la Requête du Syndic.Général de la Province de Languedo c , évoquant à foi
& à fori Confeil les contefiati ons mûes entre le 6eur de
Gravefon & la .Communauté de Tarafcon , ordonna qu'il
feroit fait droit fur icelles en la DireB:ion des Finances
.avec l'un des lnfpec1eurs Généraux du Domaine. L'lnfpec·
iteur Général · ne pou voit donc fe difpenfer de prendre
,des Conclulio ns dans cette affaire; le Roi l'ordonno it; ce
n'efi donc pas fans nécef/ité qu'il donna fon Dire. Ce n'eft
pas non plus fans interêt pour le Roi, car il n'eft point indifférent pour le Roi, que fon Domaine foit confervé
ou demembré , que les droits de fa Couronne fur les I!1es
du Rhône foient maintenus ,, ou perdus, ou rétablis. On
Mcm. P• 138. a donc tort du dire que rien n'était plus vicieux à tous
égards que cette procedure. Elle auroit au contraire été vicieufe par le feul défaut des Conclufi.ons de l'lnfpeéleu r
Général du Domaine.
en
�DU RH 0 N' E>
,.
Enfuîte, ce fut Je 16 Fevrier 17-i 1, que les Procureursdu pays de Provence demanderent à être reçus & furent
reçus parties- interv,enanres en l'injlance pendante au Con.
feil entre la Communauté de Tarafoon d'une part, le fieurde Gravefon & le Syndic Général de la province de Languedoc de l'autre part; fe joignant à ladite Communauté·
& adhérant aux Conclulions par elle prifes non feulement contre le iieur de Gravefon, comme on le dit aujourd'hui , .mais encore contre leSyndic Général, comme
le porte leur Requête ; & même fauf après à prendre ·
telles autres Conclu6ons qµ'ils aviferont· ; ce · font leurs
propres termes. Or, cette lnll:ance ne pou voit être jugée ·
qu'avec l'Infpe8:eur Général du Domaine, fuivant l'Arrêt d'évocation du . 1 4 Janvier 171 9• Les·. Conclufions- de :
· I'lnfpeéteur GénéraL du Domaine n'éraient donc point:
étrangeres aux Procureurs'. du pays de Provence qui étoient:
intervenus . dans l'int1ance· telle · qu'elle avoir- été formée.:
par l'Arrêt . d'évocation -; . & ces . Procureurs en deman ...
clant· à être re.cus parties intervenantes dans l'inftance & à'
y -être joints à. la Communauté de Tarafcon, fe font obli"!'
gés à partag~r avec elle tous-les erremens, toutes les évolutions , . les.. dépendances & finalement l'évènement de
l'Initance.
Enfin l'fofpeéteur Général du Domaine donna fes ..Con-~
du lions le 1 o Novembre 17 2 2 ; . elles forent figniiiées aux .
Rroveµçaux le I~)" du même mois ; le Syndic-Général de
la province de Langµedoc y adhera -le 9 Décembre foi- -vant ;. & !'Arrêt définitif n'a été rendu que le 26 Juin 1724h
a donc un intervalle de près de vingt mois entre ces ;
Conclulions. & le Jugement~ Comment ofer dire· après ;
ny
c.ela que c'efl: furtivement & fur la. fin . del' injlance. que ce.tte Recap~ p. ;
74
demande fut formée.?: La vérité. des faits. n'eil: g~ères, ref".!Reél:tée. dans. toutes- c.es , allég~tions~,
1 .
,, 11
1
!
�PROPRIET ·~
aujo urd 'hui d'une
En feco nd lieu , il efl: aifé de dire
pay s de Pro ven ce.,
rnan iere vag ue que les Pro cur eur s du
s .Ifles con tefl :ées ,
auto rifé s à recl ame r la pro prié té des troi
fl:ion gén éral e fur
ne 1'.étoient poi nt pou r eng age r une que
. Les Adminifl:rala pro prie té du Rhô ne & de fes lfles
alor s des pou voi rs
teur s de la Pro ven ce exh iher cnt- ils
qu'ilr ne pouvaient défendre de leur..
Mem. P• 139. lim ités ? Décla-rerent ~ ils
conféquence? Dan s
autorité _privée a .une demande de cette
duif ent· ils des pou l'affaire préf ente -mê me ont ils, & pro
une convocation fo·
voi rs plus éten dus ? Qua nd ont~ils fait
fur la demande imlemnel!e pou r prendre le vœu des Eta ts
con tre les dro its
portante qu'i ls form ent Ji ,ir,,égulierement
dés aujo urd 'hui des
de la Cou ron ne ? Son t-il s don c fon
de Provence à l'eff et
pou voi rs de toutes les Communautés
tion de !'Ar rêt de
àe dem and er la rév oca tion ., la Caffa
17 2 4 ? On n.e voi t rien de tou t cela .
elle men t ni plus
()n .fçait au con trai re qu'i ls n'on t aau
en 172 4, &q u'il s
ni moi ns de pou voi rs qu'ils n'en avo ient
163 9 , c'ef r-à- dire ~
n'en ont tou jou rs eu dep uis l'an née
l'ad min iftra tion du
dep uis qu'i ls fon t cha rgé s feuls de
leur Aif ern blée , qui
pay s & dep uis qu'i ls réun iife nt dan s
es les fon aio ns &
fe tien t ord inai tem ent à Lam bef. c , tout
nt les Eta ts-G éné tou te l'au tori té qu'a voi ent anc ienn eme
deu x Arc hev êqu es
raux de Pro ven ce, com·pof és alor s. des
Pré vôt s des Egl ifes
d'A ix & d'A rles " de dou ke Evêqu.es, des
les Seig neu rs hau ts
Cat héd rale s & Col légi ales , de tous
Vig ueri es & de
Jufl icie rs, & des Dép utés de ving t-fix
que les Pro cur eur s
· tren te-u ne Com mun auté s. San s dou te
ore tous les pou e
de Pro ven ce avo ient en 17 24 & ont enc
eux -mê mes .
voir s qu'ils forit en état de fe don ner
n 171 4 les Pro~
D'a ille urs on con vien t en Pro ven ce qu'e
& étoi ent auto rifé s à réclaIilid. cure urs du Pay s récl amo ient
mer
�DU
RHONE~·
~tzer la proprieté des If1es du Cafielet & du Rodad~u; dès
là même ils contefioient au Roi la propriété de ces Hles,
Leur réclamation partic.ul.iere mettoit donc en caufe &
comprbmettoit néceffairement les droits de la Couronne
fur les Hles & for le li-t entier du Rhône. C'étoit la queftion générale de la proprieté du Rhône qu'ils engageoient
pair leur demande parriculiere de la propriété des trois
Iiles dont il s'agiffoit: & au furplus ils s'obligeoient indi(penfablement_ de fuivre cette quefüon générale , dès
qu'ils demandoient à être admis dans une infiance où
l'InfpeB:eur-Général du Domaine ~'étoit parrie néceffaire
que pour la défenfe & la confervation du Domaine de la.
Couronne fur tour le cours <lu Rhône depuis fon entrée
, dans le Royaume jufqu'à la Mer. La Communauté de Tarafcon regarda fi peu la ·demande 'de l'Infpcéteur du Do·
maine comme étrangere à la Caufe , qu'elle fournit fes
Réponfos à cette demande dans une Requête du 3 o Juin Arr. pag~ 2s:
17 2 3 ; & fans do ure que ces Réponfes lui étoiertt communes avec ·les Procureurs du pays de Provence , qui s'ét.oient joints à elle, qui avoient adopté fes Conclufioqs,
& qui en un mot faifoient caufe çommune avec elle.
A qui perfuadera t-on aujourd'hui que leur réclamé}tion
n'était que L'intervention d'un corps d'Etats limitée à déjèn- Recap. p. 79~
· dre dans une quejlion particuliere de Tailles, & que
L'on
eût 11oulu proceder régulierement, il fallait aélzonizer le Corps
méme de la Province l Pour proceder régulierement dans
certe conteftation engagée ou occalionnée par la Communauté même de Tarafcon·, qui, par enrreprife, avoit
encada~ré les trois H1es ,- & appuyée par les Procureurs
du pays au nom du Corps de la Province, qui n'avoir pas befoin qu'on l' aéfi.onnât ~ & qui n' étoit point limité à défendre ,
comme on le dit, puifque fes Procureurs, fans être attaqués,
Ji
Pp
�29 ~
P R 0 P R 1 E y · t:·
ife de la
fe p~éfentoient d'eu x-mê mes pour fout enir l'ent repr
en mêm e
Com mun auté de Tara fcon ; il étoit néce ffair e &
du Rhô ne
tems il fuffifoit de mon trer que toute s les Hl.es
conf éfont part ie du Dom aine de la Cou ronn e . & par
géné quen t de la prov ince de Lang uedo c. La quefl:ion
men t liée·
rale , mais poin t nouv elle, étoit donc effen tielle
fcon ,
à la cauf e parti culie re de la Com mun auté de Tara
Proc u& , par one fuite néce ffair e , à l'int erve ntion des
reur s de Prov ence dans cette mêm e cauf e.
ux ne
En troiû eme lieu , ·il eft vrai que· les Prov ença
part ie dés·
prod uiGr ent dans l'affaire éie Tara fcon qu'u ne
préf ente •.
prét endu s Titre s qu'ils prod uife nt dans l'affaire
tres qu'ilsEn réco mpe nfe ils en prod uifü ent beau coup d'au
cile d'en ·
ne prod uife nt poin t aujo urd'h ui. li fero it diffi
beau coup,
fixer au jufie le nom bre. Indé pend amm ent de
ê-res pen- de ProduB:ions. joint es à leurs différentes Requ
s entieresdant le cour s· du proc ès , on trou ve huit page
lies que de Noti ces des Ac··
:Arr; p. rs-~3· dans l' Arrê t , qui ne font remp
fron &tes que prod uifir ent d'ab ord les Con füls de .Tara
r- depu is le_les Proc ureu rs de Prov ence ; & , en com ptan
alors ain1 i
Trai ré de l'ann ée 1 li: 5 , qu'ils· préf enre rent
Titr es, .
qu'a auel leme nt com me un de feurs -plus anci ens
d-erniere~
jufqu'a ux. dern ieres _P1eces qu'ils joig nire nt à leur
de fe trom---·
Req uête du 8 Juin 17 i4 , on peut fai:is crain dre
lefqu els.- ,.
per, fupp ofer près de 80 Aéte s produits· alors.,
. ni plus ni moin s les Titr u
Mem •.p. IJ9• d'ans la vérit é du fait, ne font
& Cré- de prop riàé de la. Provence fll:r le Rhô'ne, fes lfles
e aaue lle·
mens , que les 1 l 6 Piec es prod uites dans la cauf
ment. fubGfl:ante.
ureu rs
Cep enda nt on prét end que , quoi que les Proc
ire de-du pays de Prov ence - fuirent parti es dans l'aff~
Üur part aucune Req.u ête,
Recap. p. 7's, Tara fcon ~ il n.e fut fourni de
�DU RH 0 NE.
,;pris aucune Conclujion, . ni produit aucune Piece ; & on
oul5lie que par l' Arrêt qui admit leur Requête d'intervention le 6 F evrier 17 2 1 , trois ans & demi avant le
Juge.ment , ils furent j oints à la Communauté de Taraf Arr. pag. 64
con , comme ils le demandoient par cette Requête ;
qu'ils adhérerem alors aux Conclujions prifes dès le com- Ibid.
rnencement de l'Inil:ance par la même Communauté, tant
contre le Syndic-Général de la province de Languedoc,
que contre le fieur de Gravefon ; qu'ils fe reièrverent
même le droit de pre1, dre dans la f Ùite du procès tflles. Ibid.
autres Concluji.ons qu'ils aviferoieni; que les Requêtes,
Condufions & ProduB:ions fubféquentes n'ont pû qu'être
communes à ces Procureurs du Pays & à la Communauté
de Tarafcon à laquelle ils éraient joints; que parmi les
Requ êtes fubféquenres il y en a qu'o.n Cçaic avoir été employées pour Réponfes au Dire de l' lnfpeéleur- Général du U. pag. 1~~
Domaine; que toute la procédure fut terminée de la part
des Provençaux par un Dire du Syndic de Provence, en ld. pag. zS;
date élu 1 6 Juin 17 24 ; & qu'en conféquence de tous ces ·
'f aits, les .d épens furent compenfés entre les Habit ans de Ta~ Id. pag. ~9.~
.rafcon & les Procureurs des Gens des trois Etats du pays de
Provence., par !'Arrêt qui intervint huit jours après la
lignification de leur dernier. Dire. Eft-il feulement vraifemblable que les Adminiil:rateurs de cette P-rovince aient
d~mandé AB:e de ce qu'ils fe joignoient à la Communauté
de Tarafcon , & qu'ils foient refiés · fpeB:ateurs oififs
dans une caufe qu'ils s'étaient appropriée par leur inter·v ention?
Concluons que les Procureurs du pays de Provence ont
eu autant de part aux AB:es , Ecritures, ProduB:ions ,
Requêtes, Contredits & Inil:ruB:ions du Procès jugé par
!'Arrêt de 1724, que la Communauté même de Taraf-
P p ij
"·
1
1
~
1
1
'
�300
PROP RIETÉ
con avec laquelle ils faifoient caufe commun·e ; que feur ..
interventi on s'érendoit à toutes les circonfl:an ces & dépendances de l'affaire , & par é:onféquen t à la quefiion généralé de la propriété du Rhône , dont ils réclamoie nt juridiquemen t plufieurs mes ; que pendant près de trois ans
& demi, qu'ils ont été parties dans l'infl:arice, ils ont ew
tour le tems & roure la liberté de raffembler & de pro-.
'
<luire rous les Tirres, toutes les Demandes & tous l~s,
Contredit s qu'ils ont jugé à propos, foit·contre le fieur deÇr,ivefon , foit contre le Syndic-G énéral de la province ·
de Languedo c, foit contre l'lrifpeét:eur.'.- Général dq Domaine , pani~- néceffaire dans cette Cau(e véritablem el'lt
Domanial e ; que la procédure a été fuivie (elon toutes .
les'regles de l'ordre judiciaire , & que la. Provence a été
défendue autant qu'elle pouvoit & de.voit l'être·, à moins
que fes Procureur s ne veuillent nous· perfuader aujourd'hui qu'ils ont négligé volontaire ment fa défenfe, ce
qui n'eft· pas croyable ; que par confequen t leur moyen
de non·val.ab le défenfe e·fi abfolumen t chimeriqu e & n~a
pas plus de fondemen t que leur Derpan~e en contrariét é;
& qu'enfin leur Rédamati on des Hl.es du Rhône n'efi p&s ,
mieux fondée fur les voyes de· droit. qu'ils entrepren nent
d'oppofer à l'Arrêt de 1.724 ,. le Jeul qu'ils Je font propefé
"Mem. p. 136. d'attaquer par· les formes judiciaires·, que fur la démonjlra1ion tant vantée de leurs«prétendus droits incomejlaUes au·_
fond fur le Ül du, RhiJ-ne & fur toutes fes dépendances de~
puis la Durance jufqu'à la. Mer~
Deux , mors encore fur 'les reproches . qu'on fait à l'.Atrrêt de 1724 de n'avoir été ni fignifié ni exécuté. 1 ° La
preuve de fa ftgnificati on faite non pas feulement à t A.Rmp. p. 8i'. vocat des Procureurs du Pays le 22 Juillet I 7 24, comme
on le dit,. mais à perfanne & domicile"' telle; qu'elle doit
r
�1 1
DU RH 0 NE ..
.. ·~tre, aux termes de !'Ordonnance,, pour en induire les fins ·
de non-recevoir contre la J?..equite Civile; cette preuve donc
fe trouve dans l'expédition même de l'Arrêr que ·les Pro ..
vençaux produifenr fous le numero 72, premiere Reljuête , .
expédition authentique & en form~ juridique, à la fin de:
laquelle il eft mentionné en propres termes que cette Ggnification a été faire aux Procureurs du Pays en la perfonne de:
M. Saurin, l'an d'eux & Affeffeur d'Aix, le fept Septem.:..
hre 1764, à Aix.· 2° Si !'Arrêt n'a pas été exécuté autant:
qu'il devoir l'être, fur la partie contenrieufe du Rhône~·
c'efl: le fait même de la Provence & la fuite néce.ffaire.des oppofüions que les Propriétaires. riverains & le Corps.
même de la Province n'ont ceffé de former à fon exécution toutes les fois que les Officiers du Domaine du Roi·
ou les. Communautés du Languedoc fe font mis ei;i de-·
voir de faire valoir le Jugement du, Conf€il. Il ne faur·,.
pour s'en con'vainc-re, que jetter un coup d'œil fur la
multitude· de procès fubfülans entre. les deux Provinces
au fujet des Hles & Crémens dont les . Communautés . de
Boulbon, de Mézoargues., de B.arbenrane, de Tarafcon
& d'Arles même veulent avoir. la proprieté. Il n'y ·a pas ·
une feule l:fle ni un feul Crément dans la partie conten ...
tieufe d~ Rhône, du ~ ôté de la Provence, qui n'ait été oa
ne foir l'objet d'un procès fufci té par la Prov~n ce . La Coures·
de ces procès tarira fans doute,. & l'Arrêt de 1724 fora
exécuté, dès que les Provençaux confenriront à ne plus .
difpurer à la Couronne-de France la proprieté de ces Ifü~s
& Crémens. Mais · 1eur~ Procureurs ne feront jamais auro.-rifés à reprocher à rArrêt dont il s'agit, fon ,défaut d'e xé,:cution , tant que ce feront eux-mêmes qui en arrêter.o nt~
Feffet & qui le priveront de fon aéhvité~
Au ü1rplus , _les Procureurs du p,ays_d.e; Er.ov.enc_e:- n~
'
.
'•
•
�\
301
I
PR OP RI ET É
.
'
difp olid on .
peuv ent prét endr e cauf e d'ign oran ce de la
moy ens de
mêm e à laqu elle ils oppo fent aujo urd'h ui leurs
feil, après
form e, ni révo quer en dout e la déciG~n du Con
s préf ente avoi r avou é d'eu x-mê mes d_ans le Cah ier qu'il
Arrê t de fan Confeil d'Et at a
'.Recueil , fol. rent au Roi en 173 o q.ue l'
D
r;
J
.a ae
'Rh "one e_;,,
JI 'd'
· omaz.ne de
Jon
, . a blement aecz
pag.2 . vent
,111,
e que ie
·
ai)[ès avoi r
Lang uedo c; & enco re moin s , s'il efl: poffihle ,
Cah ier de
ente ndu la Rép onfe que le Roi a faire à leur
.form ellel'ann ée 1761 , & dans laqu elle il efi: prnn oncé
nels rendus par le Confeil
]d. p. s. men t que plufieurs fuge mens folem
Provinces
de Sa Majejlé comradic1oirenzem entre les deux
, Cré.& leurs Ha/J ùans , ont décidé que le Rhôn e {.r Jes lfles
rtiennent
mens & Atteriffemens de tun & del' autre bord appa
au Roi , comme faijà nt partie du Languedoc.
peut
Si l'Ar-rêt du 26 Juin 1724 efi:, com me on n'en
par le Con ·
·dou ter, .un de ces J ugem ens folem nels rend us
deux Profeil de Sa Maje fré cont radiB :oire men t · entr e les
ns de le
·vinc es, .& iÎ d'un autr e côté , com me nous veno
que la Profaire voir , il efl: à l'abr i des voye s de droi t
de form e
1venc e invo que cont re lui & des deux moy ens'
pêch e plus
,qu'e lle tente ,en vain de lui opp ofer ; rien n'em
s Déci Gon s
.que cet Arrê r -enti erem ent conf orm e aux autœ
mis au
·don t nous avon s auffi d~fcuté l'aut orité , ne foit
jurid ique s
?nom bre des Titre s auth entiq ues & :des Preu ves
par le feul
•que la Prov ence n'a pas mieu x réuffi à écarter
les droit s
raifo nnem ent, & qui n'en conf iaten t pas moin s
Lang ue.que la Cou ronn e de Fran ce & la prov ince de
nda~ces~
doc ont indi:vifiblement fu'r I.e Rhô ne & fes dépe
_depu is 1:yo n jufqu'à la Mer,.
R éfumifzé de
·t:ette tro1 zame
"Partit.
uniforUn corp s auffi refipeB:able de Déci fion s dair es,
es, ne
mes & fouv ent reno.uvellées depu is _plufiettrs fiécl
�l
DU RH 0 NE.
30
peut lailfer fubfo.1er ni doute , ni problême , ni litige,
/ ni négociation fur la proprieté du Rhône. C'eil: u~e queftion de droit , dont le point fixe efl: auffi conil:ant que ·
l'inalienabilité de la Couronne ; qui d'ailleur·s e:ll tellement
difcmée & approfondie dans tous ces Monumens, Bx:.
qui a été tellement jugée & finie fans retour, qu'il n'eŒ
plus p~rmis d'y revenir. Neque enim injlaurari finita, re.
rum judicatarum patùur autoritas.
On ne peut donc plus élever fur la proprieté du Rhône,
foit au-deifous fait au - deifus de la Durance , que des·
quejlions de fait , dans le/quelles il s' agiroit de fçavoir fi'
t~lles parties de terrein font en effet des Cdme1?s & Attérif
femens du Rhôn~, & quelle étendue doit avoir le Domaine·
de Languedoc fur la rive de Provence. Ce font)es propres Rec.fo/.. 1.1 ·~.
expreffions dont Sa · 11ajefré s'eft fervie daus. fa Réponfe pag. 8"
au Cahier qui lui fut préfenté par les Procureurs du pay"s
de Provence en 1761 , & que nous citions tout-à-l'heure.
A cet égard le Roi leur permet dans la même Ré ponfe d' intervenir dans les înjlanees pendantes: au Con(e.il fur ces quef-tions de fait ?
.
Mais on ne peut fans une abfordité révoltante , fans<
en impofer au Confeil du Roi, & fans tromper le Public; . .
corifondre , comme on l'a fait dans les Ecrits que nous·,
venons d'examiner, des quefiions de fait fujettes à vérifi,...
<:ation , a révifion , à difcufiions, avec une quefrion de·
'Cirait qui a furabondamnient toute l'autorité de la chofe:
jugée &· contre laquelle on ne peut plus, ~n fuivam les,
Regles de l'ordre judiciaire, avoir recours aux moyens;
de Contratieté & de Requêt.e Civile ;, Re.bus judicatù .
jlandum ejl.
S•
En examinant, d'ab..ord.., le mérite de la Quefüon agi- R.f.cAPI.ru_,-.
,
·
J.AXJOU
il~t
1
l~
1
~
'
1
1
�PR OP RI ET t:
a
qu'e lle prod uits
té·e par la Pro ven ce' en fuite les Titr es
Déc ifto ns qu'e lle
pou r app uye r fes prét enti ons , & enfin les
'vrage. ·
onn eme ns, foit .
s'efr effo rcée d'éc arte r, fait par des raif
Commes prop ofés
par des moy èns de form e; nou s nou s
lle defü noit
de ne laiffer fublifl:er auc un des artif ices qu'e
que chim ériq ue •
à fout enir un fy.f iêm e auffi amb itieu x
ene r à l'exaB:e
. Dan s cett e vûe , nou s avo ns tâch é de ram
ur, les fait s, les
véri té· & de réduir~ à leur juil:e vale
s les Ecri ts que
mon ume ns & !.es raif onn eme ns réun is dan
ons avo ir fide lenou s ven ons d'ex ami ner, · & nou s croy
du pay s de Pro men t fuivi la mar che que les Pro cure urs
lorf qu'i ls fe font
ven ce fe font faite & nou s ont trac ée,
am iner le mér ite du fo'!d de cette
Mcm. p. 139. eux -mê mes prop ofés d'ex
e par les regles
affaire par les prin cipe s de droi t, & la form
tout l'Ou-
,,
'
de l'ordre judiciaire.
uire les prin Il étoi t néce ffair e de com men cer par détr
Premiere Par4
le fyfi ême ro•
.cipaux fond e men s fur lefquel s efl: app uyé
:tie.
er . dan s l'Hi fioi re
man efqu e de la Pro ven ce , & de puif
fur l'é.tat des dicles noti ons vrai.es , :elaires & cert aine s
par con fequ en.t
verf es con trée s baig nées par le Rnône &
men t aux deu x
{ur l'éta t du Rhô ne m ême , part icul lere
re Fran çpif e &
·épo que s où la Pro ven ce a com men cé d'êt
t, dan s ]a füit e,
a ceffé d'ap part enir à la F r.ance , don
elle n'a plus fait partie.
Hift orie ns
Le tém oign a-ge una nim e de nos mei lleu rs
& le terr itoi re de
·nou s a app ris que le Viv.ara is, . n.Jz ege
de Lan gue doc ,
Bea uca ire , qui font .parri.e de la prov ince
com men cem ent
Qflt été conquis par le Roi Thé ode bert au
par Charles - Mar tel deu x cents
Re.cap. p. S· du fixie me fied e, & non
ava nt la Don aans après ; que ces pay s ont été Fran çois
·
iges fit au Jixi eme Jiecle de la Pro ihid. & Mem.' tion ou C~{fi.on que lf7ù
. .
J
, .ae
. , et
. mur
l.l ·1
L
s ~ umr ;
' ' v
,pag. 8.
vence fll .,a r rance, avec aque e z avou
_,
que
�"
DU RH 0 NE. que dès-lors & dans la fuite les Mona rques Franç ois furent égale ment & confia mmen t propr iétaire s & du Rhôn e
& des pays arrofé s par les deux rivage s du Rhôn e , jufqu'à l'époq ue des ufurpa tions fuccef fives, mais non confécuti ves, de la Prove nce ; que le Jort du Rhône ne fat Recap.
p. s.~
pas féparé de celui des pays fttués fur fa rive occid entale
par les Uîurp ateurs du Roya ume d'Arle s·, leque l Roya ume .
a toujou rs été lui-m ême féparé du Roya ume de Franc e par le
bord orient al du fleuve ; qu'on n'a pî1 raifon nable ment mettre en parall ele 1es ufurpacions des Rois d'Arl es, toujou rs
indép endan s de la Franc e , & celles des Comt es de Touloufe , toujou rs Pairs de Franc e & Vaif.;iux de la -Cou ronne , pour en concl ure contr e la vérité des faits , que
le Rhône a coulé pendant près de quatre cents ans entre deux Mem.pa
g.u~
fouverainués indépendantes; & enfin que le Comt é de Provence , Fief de l'Emp ire & enfuit e Seign eurie abfolu ment
ind'é penda nte, n'a pas difcon tinué depui s plus de huit cents
. ans d'être fepar_é de la Mona rchie Franç oife ; tandis que
nos Rois ont toujou rs regné par eux-m êmes ou par leurs
Vaifa ux fur les pays baign és par la rive droite du Rhôn e,
& fur le Rhône même comme une dépendance de ces pays. Recap. p.>•
Ainii , c'dl: en vain que la Prove nce qui , de fon pro~
pre aveu, n'a été Franç oife qu'en vertu de la Dona tion
de Witig ès; qui n'a pas joui quatr e cents ans en tout
de l'avan tage d'app arteni r à la Mona rchie ; qui, par une
fuite de la féloni e de fes Ufurp ateurs , efi deven ue Fief
de l'Emp ire; qui,. depui s ce tems- là, n'a jamai s voulu
être fubalr ernée au Roya ume & à la Couro nne de Franc e;
qui , même aauel lemen t encor e , ne recon noît les ordre s
du Roi qu'en fa qualit é de Comt e de Prove nce , F orcalquier & terres adjac entes ; qui, en un mot, ne fait pas
plus partie de la Franc e , que le pays d'Han ovre ne
- fair parue de l'Ang leterr e ; fe glorif ie cepen dant <l'a..
Q rr
�PRO PRI ETÉ
Req. de 1764. voir . été Françoife deux fiecles avant les contré es qui
Jbid.
/hid.
ap-
partien nent au Langu edoc; d'avoi r été dans les tems les.
plus reculés propriétaire du lit entier du Rhône & de fes dé•
pendan5es d compter depuis la puran a jufqu'à la Mer; d'avoir procur é la propri eté de ce fleuve à la· Couronne de ·
Franc e, qui n'a, dit-on , commencé de pojfeder le Rhône que'
par le même Ture qui· lui a· donni la Proven ce; . d'avoi r recouvré cette propri eté fous Bofon ou dans les tems pojle-·
rieurs, fans cepend ant pouvo ir citer ni Traité~ ni Convetz. tion, ni Partag e, ni aucun Droit de conquête; qui ait dépouillé la Couro nne de fis anciens droits fur ce fleuve pour ·
en enrichir la Proven ce.
Ce n'efr pas' que les Procureur; des Gens-des Trois- Etats
Seconde Pardu pays· de Proven ce, . qui· 0;1t employ-é beauco up de rems, ,
~·
de foins & de recher ches po.u r fe procur er des Traité s,,
des Accor ds, .des Conve ntions , des fogeQ1ei1s, & tous
les A.Etes qu'ils ont crû propre s à autori ièr leurs préten tions, n'aient raffemblé & ne produi fem au Confe il du
Roi un très-gr and nombr e de Pieces ,. qu'ils- regard ent&
qu'ils veulen t faire regard er ou comm e des Titres vraime nt:
&valablement tra1'.ftarifs de leur préten du droit de propri :eté'
fur la partie conten tieufe du Rhône , ou,com me des Aveux ,..
Déclar ations & fugéme ns favora bles à ce droit; ·ou comm e
des Aéles pojfe.ffoires, jufüficatifs de l'exerc ice du même ·
droit.
On a vû que quelqu es-uns de ces Monum ens , . fans intereffe r direéte menc l'objet du- procès , contri buent néanmoins à répand re du j oür. fur la Quefl:ion. Tel dl: l' Accwrd de 1070, qui rappro ché du Codic ille de c 1.0 5, montre que, dans le· comm encem ent du doùzie me Gecle ,
l'Hle de Camar gue & le Grand -Rhôn e appart enoien t encore au Comté de S. Gilles , F1ef Franço is, & non au
Comté de Prove nce, Fief de l'Empi re, Tel eil: auffi le
�.DU RH ON E.
Trai té de parta ge de l'ann ée i 1i.5 , qui, fans faire
aucune ment ion de la Cam argu e, ni du Gran d-Rh ône,
a
cepe ndan t inco rporé par abus çes objet s au Com té de
Provenc e, en lui ,fixant pour limit es le cour s du Rhôn e, tel
qu'il
coul e depu is la Dura nce, fous Lubi eres, Arge nce, Four
ques
& Sain t -Gill es, jufqu 'à la Mer. Telle s font enco re les
En·q uête & Prop oGti ons que la Prov ence a joint es à
fa pre·
mier e Requ ête fous le num ero 24, lefqu elles , toute
s infor mes qu'el les font , font conn aître les prem ieres renta
tives
que les Prov ença ux ont faites pour s'app ropri er l'I Oe
de Stel
& par conf éque nt la bran che du .petit Rhôn e qui abou tit
au
, Gqs ou Grau d'Or gon, & prou vent clair emen t qu'au
commenc emen t du qua.i orzie me ftecle l'Hle de Stel, ou la
petit e_
Cam argu e, appa rtèno it à la l\-1aifon de Sain t-Gil les
& dépend oit de la jufiic e d'Aig ues-m ortes .
Ces Aae s déco uvre nt donc les origi nes vicie ufes &
les
époq ues préci fes qui ont proc uré aux Com tes de Prov
ence
la poffeffion illeg itime de l'Hle de Cam argu e , de la
gran de
braff iere du Rhôn e & de la petit e Cam argu e : p~ffe
ffion
abuii ve dans fes effets comm e dans fon princ ipe ,
& préjudic iable aux droit s que la Cour onne a depu is
plus de
douz e iiecle s fur cette parti e du Rhôn e , comm e
fur le
refie de fon cour s ; 'poffeffion qui ne fubfüte que par
la condefcend ance de nos Rois , & .qui ceffe ra, dès qu'il plair
aà
Sa Maje fié de retab lir fa Cour onne de Fran ce dans fes
droit s
égale ment im prefcript ibles & inali enab les ; poifeffion
enfin qui n' efi ni CC?ntefiée ni attaq uée, & qui par conf eque nt
efl: étran gere à l'obj et cont entie ux.
Mais en reco mpen fe, il n'y a aucu n des préte ndus Titre
s
prod uits par la Prov ence , qui prou ve la réali té des
droit s
qu'el le s~attribue & qu'el le récla me fu.r la parti e cont
entieufe du Rhô ne, c'efl:·à-dire fur le Rhôn e tel qu'il coule
deQ q ij
�PR OP RI ET É
t-Gil !el
puis la Dura nce, Co.us Beau caire , Four ques & Sain
tous
jufqu 'à la Mer. Nous avon s exam iné avec_atten tion
cher ces Mon umen s, & IJous avon s perd u nos peine s à en
fimp lecher quelqu-'un ; qui eût oper é, ou conf irmé , ou
parti e
men t indiq ué le tranfport de la prop rieté d.e cette
du fleuv e en faveu r de la Prov ence ._
fou·
Des trent e· ql,latre Piec es, que les Proc ureu rs du pays
Titre s
mett ent à l'exa men du Conf eil d.u Roi fous le nom de
qui
confi itutif s & conf irma tifs, il n'y en a pas une feule
Rhôn e
puiff e feule ment faire foup çonn er que la parti e du
Em.dont il s'agi t ait iama is été cédé e ou tranf porté e aux
.Va(.
pere urs Rois d'A~les ou.au x Com tes de Prov ence leurs
.ont été
faux,..par nos Rois , qui, de l'ave u de la Prov ence ,
le cour s
vrais Propri etair~s & Souvei:ains légit imes de tout
& neu:du Rh ô ne pend ant les fixie me, fepti eme, . huiti eme
, qui
. vie me fiecl es" ou mêm e par les Com tes. de Tou loufe
do mai~
tinre nt enfui te fous l'hommag~ de la .Cou rnnn e leurs
parti e.
nes Franç,o is, dont le bord orien tal du Rhôn e faifo it
ent
Dès. que les Prov ença ux n'ont poin t de Titre s vraim
par& valab leme nr tranO.atifs du droit de prop riété fur la
ngttie conte ntieu fe du Rhô ne , il faut que les quat re-vi
s. de:douz e Piece s qu'ils donn ent pour des Aae s poffe ffoire
ffion
vien nent inuti les à la Cauf e. Qu'e ft-ce qu'un e poffe
, des
fans Titre ?. Des- atten tats fur les droi.ts de la. Cour onne
, des
tenta tives Couvent renou.vellées· & touj,o urs repri mées
en l'ab~
Aae s éman és de la iurif difii on d'~ne feule parti e
, des
fence de l'aut re,. des Titre s qu'on fe ·fait à foi-m ême
poin t
Certi ficat s mand iés, & des Aae s de conf lit, ne font
dire ,
des. preu ves de poffeffi.on légit ime; & , pour tout
pof...
l'ufu rpati on mani fefre ne peut prod uire une vérit able
feffio n, une poifeffion de bonn e foi.
~ecap. p. 72.
Au furplus, Ji on retranchoit de la, lijle des
cent~vingt-fü::
�DU RH ON E·.·
préte ndus Ti~res de la Prov ence tous les Aae
s qui n,on t
aucu n rapp ort à la parti e cont entie ufe du Rhô
ne , obje t
uniq ue du Proc ès, fes preu ves feroi ent réduites à
un très-petit
nomhre. On L'a déja dit, tout · ce qui regarde les
droi ts des.
Arch evêq ues d'Ar les & rnêI1\e les droir s des
Com tes de
Prov ence for la gran de braff iere du Rhô ne, fur
l-'Ifle de
Cam argu e, Ces. port s & fa lins, 'fur le pont , le bac,
le bour g &
le port d'Ar les, fur les ville.s & lieux de la terre
ferm e de
Prov ence 'efi ahfolument étranger à la conu jlatio n•
·Or nous avon s frou vé dans le cour.s de cet Exam
en qué· ·
les trois quar ts . envi .ton des Piec es. qui font préf
enté es;
com me Tine s de la prop rieté du Rhô ne depu is
la Dur ance ·
}ufq u'à. la Mer , n~ont rapp ort qu'à ces droit s étran
gers à la.
Cau fe; & nous avon s en mêm e terns montr.é qpe
dans le·
peti t nom bre de celle s qui con.c erne nt la par.rie cont
entie ufe· ·
du fleu,ve, il ne s'a.git. pas mêm e de la prop riété
de certe ·
port ion du Rhô ne,, mais feule men t de quel ques
Hles., Cré,..
men s, ou Terr_eins fitués du côté. de laPr oven ce
le long des;
territoire.s de Barb enta ne·, Bou lbon , Méz oarg
ues, Tara (-con & Arle s;. obje ts des entre prife s que la Prov
ence e!l:·
depu is long -rem s dans l'hab itude de form er fucce
ffiv<ement<
ici ou là;. mais obj.ets qui lui ont touj ours été cont
efrés , .
qu'e lle n'a jam ais"poffedés fans~ trou bles ,,& qui font
enco re
tous en litig~ dans plufi eurs infra nces pend ante s
au Con feil ...
. Com men t, en. effe t, la Prov ence qui n'efr
fuba ltern ée T_roifiemellàri:;'
ni au.R oyau me ni à la.C ouro nne de Fran ce·, pour roitelle ue.
avoi r ou la poffeffion légit ime ou des Titre s de
prop rieté
d'au cune part ie du Rhô ne, tand is qu'il. fubfifre
une mult i-·
tude de Mon ume ns auth ent.ï ques , qui conc our.e
nt au con- ·
trair e à main tenir nos Rois , com me Rois de
Fran ce·, àt.
c;:aufe de leur Cou ronn e de Fran ce & de Dro it,
Roy al dans;
la prop rieté. de to.ut le cours du Rhô ne,_d'unri~ag~
à. [au~- -·
�PR 0 PRI E T ·É
tre, dans fon ancie n & nouv eau lit? Pour renve rfer de
f ond en comb le .tout l'édifice élevé par les Procu reùrs du
pays de Prove nce, & pour faire difpa roître d' un feul coup
leurs préte ndus Titre s, leurs moye ns de form e, leurs raifonne rnens capti eux, leurs fables & leurs équiv oque s, nous
n'avi ons befoi n que de rafiem bler fous un coup d'œil les dif_p ofitio ns des Lettr es-Pa tente s de nos Rois &_des autre s Dé-cifions folern nelles , qui ont expo fé les droits du Roi fur le
H.hône, & dont la fubft ance fe rédui t dans leurs propr es
terme s aux trois Propo Gtion s que nous aHons récite r.
r- ·
Premiere Propojùion. "Au Roi, de Dr.oit Roya l, appa
L e't. Pat. de
l
J".
'
111
.
.
.
' 147 ), 1> tienn
~ )'8 1 B
ent. & d 01ven t ap parte mr toute s ues etant rnr a
IX 14 s.
"rivi ere du Rhôn e ; p arce que le Roi feul a droit , . poffaifi ne de toute ladite rivier e , par tout fan
t1 feffion &
,
,, cours , & y a toute J urifdi étion , J ufüçe , Seign eurie
,, coërc ion , & contr ainte par lui & par fes Offic iers
.,, Roya ux feule ment ; fans que lui-m ême comm e Dau.,, phin , ni autres , quels qu'ils foie nt, ayan t J urifdi étion &
,, Seign eurie le long de ladite rivie re, puiffe nt y faire au" eu ~ explo it de J ufiic e, .& fans que perfo nne doive ou
" puiffe avoir Droi t Seign euria l ou poffe ffi on ac quife fur
étend re, &
~> ladite rivier e ; laque lle , tant que fe peut
ren~'tout ce qu'ell e ,peut ence indre , embr affer & comp
.,, dre , comp ete & appa rtien t au Roi feulement.,,
Le Droi t Roya l ell: tellem ent établ i par ces déci fions fur
t
t out !~ cours du Rhôn e , qu'il ne peut y fubtîil:er ni Droi
Prov ençal , ni Droi t Delp hinal , ni aucun autre Droi.t étran
ger. Les Com tes de Prov ence .en. font conv enus pour ce
propr es terme s,
:Lett. Pat. de qui les conc erne , en recon noiff ant en
.
1398
avoir aucun droit & po.f!ejfion.
'
Seconde Propo/i.tion. "De -toute ancie nneté & de rel
;A(c. de 1494.
,, tems qu'il n'efi ment ion d.u contraire, le Roi efi:Se igneu r,
ny
�DU RH ON E ..
''à caufe
3'TI
de fes Couronne, lujlic e & Roya ume de Fran ce,,
,, des flux & rivag es du Rhôn e, d'un bord à l'autr e, comm
e
" auffi de toute s les lf1es qui font entre lefdirs rivag es &
')des cours tant ancie ns que nm.1veaux dudit Rhôn e.»
En confe quen ce, d'une part, nos Rois ont fouve ntnom mé
Lett. Pat •.de·.tr.
Ir.
d"
{." rmer d
î.
des C omm wa1r
•
c.
1498,
lp 6,,
es à l' euet
H
·1111o
es murp auon s ia1- 1539 , lH?
r
,3 tes des Hles du Rhôn e au préj.u
1
8
dice de leur Cour onne & 5-5 • &c.
,, Jufiic e de Fran ce, & d'infé oder en leur no~ lefdit
es
,, ll1es ou Crém ens le long des pays de Daup hiné, Pn>-,) vence & Princ ipaut é d~Orange ; " & de l'autr e part, .
le Conf eil du Roi a jugé contr adiR oirer nent, que "le
Arr. de 16S r;;,
. f d es Jilues d u Rl "
r
" F ranc- F ie
d u cote
" , ae
1 p ro- t69r, &c"
10ne, qm· 1ont
'' .v ençe , doit être payé en Lang uedo c, & que les droit
s,
,, ordon nés par la Décl aratio n du mois d'Avr il i 686 être:
,, payés par les Propr ierair es des Hles, Crém ens & dépen » dance s tant de l'anci en qu.e du nouv eau cours du.
Rhôn e,.
,, feron t payés aux Offic iers du Dom aine de la provi nce·
,, de Lang uedo c , de laque lle ladite rivier e & fes dépe
n·
,, dance s font parti e.»
On voit dans les deux prem ieres Propo frtion s quel a été'
L'Etat du Rhôn e dans les fiede s paffés ; & l'on peut y renvoye r les Prov ençau x qui dema nden t aujou rd'hu i d'être
remis au même état qu'ils étoient avant L' Arrê t de 1724 . Au
Rèq.dé 1764,
reile nous allon s voir· auffi que Jes Décif t0ns pofie rieur
es-ne leur font ni plus ni moin s favor ables •.
Troifieme Propojùion. '<Sa Majefl:é fera main tenue , ainfr
Arr.-de 1 7 26;
· ies
r
.rr
' ' · •
" que 1es R 01s
1738 i748 ·
pre'd eccne
urs ont ete
main tenus , comme &c
•. '
'
" Rois de Fran ce, dans l'anci en droit & poffeffion immé
" moria le de la Souv erain eté & de la Prop rieté du. fleuv
e
,, du Rhôn e, d'un bord à l'autr e, tant dans fon ancie
n;
,, que dans fon nouv eau lit, par tout fan cours,.. & des Hles,
,
,j Hlots , Crérnens & AttériJiemens qui s'y form ent& q~ ii
1
'1
1
l1
i
1
1
~
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,, !
..,
�3'I 2
P' R 0 PRIE TÉ
font partie de la province de Langued oc ; & éonfé..:
)) quemme nt , mutes les impofoio ns; auxquell es font afi'u·
,, jertis les revenus qui fe perçoive nt fur le fleuve du Rhône,
» fes .files, lilots, Crémens & Attérifîè m ns, ferontle vées
de laH en Langued oc, comme faifanc partie des charge:)
,, â1te Provinc e.,.
Ces t·rois Propolit ions , conçues dans les propres termes des J\1onumens d'où elles font extraites , & dont elles
contienn ent -la fu~fiance , forment & préfente nt dans leur
enfembl e un poipt de droit folideme nt fondé fur une foule
de DéciG.ons incontef iables, qui depuis quatre cents ans
ont fucceffiv ement & uniform ément jugé que le cours entier du Rhône appartie nt à nos Rois,com me Rois de France,
de Droit Royal, à caufe de leur Couronn e de France, &
qu'il fait partie de la province de Langued oc; & !'Arrêt
du 16 Juin 1724 ell: entierem ent conform e à ce Corps de
J urifprudenc e, qui n'a jamais varié. Par confequ ent, ft
cet Arrêt, qui juge que le Rhône fait partie de la proReq.de 1 764. vince de Langue doc, doit être regardé comme -non avenu
relativem ent à cette difpofüi on, il faudra _pareillem ent re·garder comme non- avenues toutes les Décifton s anterieu res & pofierieu res qui ont jugé de même ; ~ pour fair!!
dvoquer , caj{er, annuller cet Arrêt, la Provenc e doit
,auffi fair-e révoque r toutes ces Déciiion s.
Cependa nt les Proeure urs du pays n'ofent pas encore
employe r leur~ voies de droit contre ce Corps de Décifions ni lui oppofer par moyen de c~mtrarieté les fept
Aaes qu'ils prétende nt être en contradi Hion avec l'Arrêt
1724, 1 & qu'ils veulent être exécutés felon lwr forme r,,
uneur, nonobfia nr cet Arrêt & confequ emment nonobftant laJurifpr udence invariab le que nous venons d'expofe r.
Au refie nous avons montré que ces Aaes ne font en
u
?e
effet
�DU RH 0 NE.
313
eŒet èontraires ni à !'Arrêt de 1714 ni aux autres Décifions
dont nous parlons. Ils ne jugent point que le lit entier du
Rhône depuis la Durance jufqu'à la Mer appartient au Roi
comme Comte de Provence & fair partie de la Provence.
La Quell:ion générale de la Proprieté de cette portion du
fleuve n'y e.ll: ni élevée , ni difcurée , ni décidée. Ils ont
tous été donnés fans la participation , en l'abfence & à
l'infçû des Officiers Royaux du Languedoc. Ils ne font
mention que des I11es ou Crémens du Mouron , de Boulbon, de Mézoargues, de Tresbon, de Leguès, Lelt:et &
Barallier, objets de plufteurs Procès encore indécis. En
un mot, ils n'ont rapport qu'à ces Quejli.ons de fait, ozi il Rép. du Roi;,
s'agit feulement de /avoir Ji telles parties de terrein, font en 1761 •
effet des Crémens & Auérijfemens du Rhône , & quelle étendue doit avoir le Domaine de Languedoc fur la rive de Proyence; & for lefquelles le Roi laiife la liberté aux Procureurs du pays de Provence d'inrervenir dans les in.ll:ances
pendantes au . Confcil.
Il efl manifejle, pour parler comme la Provence qu'on
ne peut raifonnableinem oppofer par la voie de Comrarieté
de pareils AB:es d'abord à l'Arrêr de 1724 qui a jugé contradiétoirement que toutes les Hles du Rhône fonc partie
du Languedoc, enfuité aux Décifions fans nombre qui ont
jugé que tout le cours du Rhône appartient au Roi de Droit
Royal, & enfin à plu{zeurs Jugemensfolemnels, rendus par
le Confeil de Sa Majejlé contradic1oirement entre les deux
Provinces & leurs Hahitans , qui ont' dec.idé que le R.hône &
fas ljl.es, Crémens & A ttérij{emens de L'un &· de l'autre bord
appartiennent au Roi , comme fai/ant partie du Languedoc.
C'e.ll: ainfi que le Roi lui-même s'exprimait en 1761 , en
parlant aux Procureurs du pays de Provence. Nous l'avions
déja obfervé; mais lesEcrits Provençaux nous ont appris
Rr
�3 r 4-
E.
P R 0 P R 1ET Ê D U R H 0 N
r fur les mê me s rai for t.
& nous obl ige nt fou ven t à rev eni
tés .
nem ens & fur les mê me s aut ori
lignes tou tes ce·s difcuf..
Po ur fin ir, red uif ons en peu de
à la Fra nce dès le ftx iem e
fions. Le Rh ôn e app art eno it
nce me ns de la Mo nar chi e
fte cle , pre fqu e dès les com me
re qui ait enl evé à nos Ro is.
F ran çoi fe. Il ne fubfül:e auc un Tit
uis la Du ran ce juf qu' à la
la Pro pri eté de ce fle uve dep
po rt à la Pro ven ce dep11is.
Me r, ou qui en àit fait tra nf
la Co uro nn e. To ute s les fois
qu' ell e n'efl: plus fub alte rné e à
du Rh ôn e a été agi tée ,
que la Qu efü on de la Pro pri eté
les plu s am ple s inflruél:ions.
les J ugemens int erv enu s apr ès
le Rh ôn e app art ien t au Ro i
on t u·n ifo rm êm ent déc lar é que
oit- Ro ya l, à cau fe de fa
com me Ro i de fl" anc e, de Dr
tie du La ng ued oc. L' Ar rêt
Co uro nn e, com me faifant par
con for me à tou s ces hidu 26 Jui n 17 24 efr abfo-lument
ven ce op po fe à cet Ar rêt
gem ens . Le s Ae tes que la Pro
fon t po int con tra ire s &
pa r voi e de Co ntr ari eté ne lui
s ob jet s, ni fur es mê me s
n'o nt été ren dus ni fur les mê me
ni encre les mê me s par tie s.
mo ye ns, ni fur le mê me fai t,
vér ités de fait que les Pre ·
Il ref le à con clu re de tou tes ces
t ma l fon dés & no n-r ece cur eur s du pay s de Pro ven ce fon
ncl uG ons de leurs Re qu ê ..
vab les dans les De ma nde s & Co
rs 1 76 7, & que le Sy nd ictes des 2 1 Aoull: 1 76 4 & 2 7 Ma
ued oc efl: fuffifamment &
Gé nér al de la pro vin ce de La ng
ité de la cho fe j_ugée.
val abl em ent déf end u par . l'au tor
arûe.
Fin de la iroijieme & derniere P
�CONSULTAT ION.
~
~ E CONSEIL fouffigné , qui a vû l'Arrêt du
Confeil d'Etat du 21 Août 1 764 , qui a or;++++++t
donné q. ue la Requête des Procu reurs des
~
~ Trois Etats de Provence qui y cfl: .inferée
fer.oit communiquée au Syndic-Général. des Etats de Languedoc ; la Requête du Syndic-Général de Languedoc,
tendance à ce que les Procureurs des Trois Etats de Provence foient . déclarés non-recevables & mal fondés dans
leurs demandes ; deux Mémoires imprimés pour les Etats
de Provence , intitulés , l'un Mémoire , & l'autre Récapitulation des Titres; une Colle&ion imprimée des Arrêts
& Décifions en faveur de · 1a Provinc~ de Langue.doc ; &
un dernier Mémoire pour la même Province , intitulé :
Examen des nouyeaux Ecrits de la Provence fur la Propriété
du Rhône;
EsT n' Avis que le Syndic général des Etats de la province de Languedoc a parfaitemem re~pli l'objet de fa
défenfe , par la Requête qu'il a fait fignifier aux Procu_reurs des Trois Etats de Provencé, par la Colleél:ion imprimée des Arrêts & Décifions intervenus en faveur du
Languedoc, & par _fon dernier Mémoire intitulé : Examen des nouveaux Ecrits de la Provence fur la Propriété du
f'L''1
Rh8ne.
Cette affaire peut être envifagée fous deux points de
R r ij ·
�C 0 N SUL TATI 0 N.
vûe différens ; l'un relatif à l'ordre conten tieux, comme
fi le différend étoit entre deux contend ans qui contefiaffenr une p_ropriété ordinai re ; & l'autre relatif à l'ordred'adm inifirati on politiqu e : ces deux afpeéts font également favorables à la cauîe de la Provin ce de Langue doc ..
Da-ns l'ordre juridiqu e & conten tieux, ne s'agit· que
de fiatuer fur la Requêt e des Procure urs des Trois Etats
de Proven ce inférée dans l' Arrêt de Commu niqué du z. I
Août 1 764, par laquelle ils conclue nt à ce que fans s~ar
rêrer à l'Arrêt du Confeil d Etat du 26 Juin 1724, lequel
fera regardé comme non avenu ' il foir-ordonné que plufieurs J ugemen s antérieu rs (qui y font d-atés) foient exé. curés, & les parties remifcs au même état qu'elles étoient :
a·
avant cet Arrêt àe 17 24r
Tou te la quefüo n efr clone de fçavoir fÎ les Procure urs.
de Trois Etats de Proven ce font recevab les & bien fondés à attaque r l' Arrêt du 26 Juin l 7 1+ qu'ils reconn oiffent par-là faire , tant qu'il fuhfül:era , une barrier e qui
s'éleve contre leur prétent ion fur la proprié té du Rhône~
c'efi le feul point fournis à, la décifion du Confeil .
Pour détruire cet Arrêt, lils employ em dans leur Re'•
quêtes deux voyes différentes ; la Requêt e civile, & la
Contra riétê d' Arrêts : il s'agit de difcure r ces deux
moyens .
Quant à fa Requêt e civile propof ée contre !'Arrêt du
:z.6 Juin 1724, le prétexte confül:e à fuppofer que la Provence n'a pas été valable.ment défendu e dans l'inftan ce
·
jugée par cet Arrêt.
Mais à cela le Syndic de Langu~doc opp.ofe deux Ré:ponfes égalem ent péremp wires·.
1 ° Il efr exrrnor dinaite que quaran te ans après. qu'un
· Jugement a été rendu en çontradiB:oire défenfe , on en-:
�C 0 N S U L TAT I
0 N.
317
treprenne de l'atfaquer par la voie àe la Requ ête civile:.
que deviendroit la difpofition des Ordonnances qui ne
permettent de recourir à cette voye que dans le délai de
fix mois ou d'un an après que les Jugemens _ont été rendus
& lignifiés ?
Les Procureurs des Trois Etats de Provence ont crû
échapper à une fin de non-recevoir auffi pofoive, en alléguant que ce délai ne court que de la lignification faite
à domicile de partie, & que !'Arrêt de 1724 n'avoit
été fignifié qu'à leur Avocat; mais on a rapporté la preuve
non-feulement de la fignification de cet Arrêt faite à leur
Avocat le 22 Juill.er 1724, mais encore d'une:aurre fignirfication faite à domicile le
Septembre fuivant en la
perfonne du iîeur Saurin, Aifeifeur d'Aix, l'un d'eux. Ainli
la Lfin de noü-recevoir qui réfolte du laps de quarante
années qui Ce font écoulées depuis l'Arr&t de 17 24 , fans
qu'on ait imag.i né de l'attaquer, réparait dans tour fon'.
jour, & par-là ce Jugement folemnel [e trouve revêtu:
-d'une autorité irréfragable , qui rend la Requête civile·
bazardée par les Procureurs des Trois Etats de Proven.ce,,
évidemment inadrniffible.
7
°
Quoiqu'on eût pû. fe borner à cette fin de non-recevoir, on a répondu avec le même fuccès ~u moyen de·
~equêre civile, tiré de ce que G!ans l'infiance de r7 24 la:.
Provence n'a pas été va.labiement défendue.
On a fait voir. que tou tes les p arties qui pouvoient
avoir intérêt dans cette infrance , y ont été entendues &
ont pr'opofé leur défenfe : le fieur de Gravezon & les,
Maire, Confuls & Communauté de Tarafcon y ont c.on-·
teil:é fur l'objet parti~ulier qui l.cs divifoit : les Procureurs,
des Trois Etats de Provence, le S);ndic de Languedo c.
& l'Infp.eB:eur général de la Couronne de_France,_ ont:
2
�C 0 N SU L TA TI 0 N.
oir ft les Ifl.es du
con clu fur la que füon gén éral e de fçav
é de ce fleu ve déRhô ne, & con féqu emm ent la prop rier
doc . C'eil: don c
pen doie nt de la Pro ven ce ou du Lan gue
o que Sa Maave c ' la plus gran de co.n noif fanc e de cauf
inre reff ées que les
jefr é a déc laré entr e rout es les Part ies
du Rod ado u, enIfles du gran d & du peti t Caf rele t, &
, font part ie -de la
fem ble tour es les autr es lfles du Rhô ne
Pro vinc e de Lan gue doc .
x Ecrits de la
On a anal yfé dan s l'Ex ame n des nou veau
préc édé ce Jug ePro ven ce, touce la proc édu re qui a
les Pro cure urs des
men t, pen dan t la duré e de laqu elle tem s de pro pof er
Tro is Etat s de Pro ven ce ont eu le
à leur défe nfe : ils
· tout ce qu'i is ~>nt jugé être néce ffai re
ont don c été vala blem ent défe ndu s.
civi le efr fon~
Ainfi le prét exte fur lequ el la Req uête
rems qui foff iroit
dée , ( indé pen dam men t du laps de
à faux .
pou r la faire reje tter ) por te abfo lum ent
cure urs du pay s
Apr ès cela c'efr inut ilem ent que les Pro
s , en rem onta nt
<le Pro ven ce fe livr ent à des diff erra rion
er que le Rhô ne
aux tem s les plus recu lés pou r perf uad
app arti ent à la Pro ven ce.
ent & irr~voca
L'au tori té de la cho (e con trad i8:o irem
dic gén éral de
blem ent jug ée, fofü t à la défe nfe du Syn
Lan gue doc .
par les Pro cuPar rapp ort à la Con trar iété allé gué e
prét end ent que ·
reur s des Tro is Etat s de Pro ven ce, ils
aux difr .ofü ions
!'Ar rêt du 26 Juin i 7 24 eil: ,con trai re
leur Req uête : on
de pluf ieur s Juge men s qu'i ls date nt dan s
trar iété n'ex iile
leur a répo ndu que non -feu lem ent cett e Con
con form ité entr e
pas , mai s qu'i l y a mêm e une enti ere
d'A rrêt s & Décet Arr êt de 172 4, & un gran d nom bre
du Syn dic gén écifions qu'o n a anal yfés dan s la Req uête
I al
de Languedoc.
�CONSULTATION.
Si ces deux vérités font prouvées , il en réfultera que
.1' Arrêt de 17 24, loin de pouvoir être attaqué par un moyen
de Contrariété, ferait dans le cas de l'être par cette voye,,
s'il eut jugé en faveur de la Provence ; & qu'ainfi les.
Procureurs des Trois Etats de Provence font en même
tems non recevables & mal fondés dans leur reclamation ..
Or la démonfrration eil: également facile fur l'un & l'autre point.
Il n'y a de.Contrarieté entre des Jugemens que lorfqu'ils
ont été rendus fur le même objet, for les mêmes moyens
& entre les mêmes Parties : or aucun de ces caraét:ères:.
d'oppofüion ne fe rencontre entre l'Arrêt de 17 24 & les,
Jugemens cités· par les Procureurs des Trois Etats de Provence dans leur Requête.
En effet, ces J ugemens qui font au nombre de fèpt ,,
des années 15 44; 15.7 .) , q 87 , 1609, 1 687 ,. 1 690 & ·
I 69 2, ne font autre chofo que des Adjudications ou ln-·
féodations faites par des Commiiîaires Provençaux à des. ·
Particuliers ou Communautés, de différens Crémens ow.
Attériiîemens du Rhône füués for la rive orientale de ce·
. '
fleuve, & des Jugemens de maintenue rendus en faveur:
de quelques-uns des Inféodataires.
Mais, i 0 tous ces AB:es ne fe rapportan't qu'.'à des ter~
reins iirués fur la rive orientale du Rhône, du côté de~
la Provence , ne peuvent en aucune maniere favorifer la~
prétention de cette Prnvince for le fleuve entier, d'un,
bord à l'autre & fur les mes q u'il renferme.
2 ° Ces Aét:es ne font que des entreprifes hazardées'
par des Ofiiciers Provençaux. , à l'infçu ou contre les. req
clamations des .Tribunaux de Languedoc, qui. de, leur:
pan ont aufli fait des inféodations, & . c'eft la. matiere. de.:
j' 1
I'
il
�.
C 0 N S U L TA T I 0 N .
aétu elle men t pen dan -·
plu fieu rs inlt anc es qui fon t enc ore
tes & ind écif es au Con feil .
Pro ven ce ni le
3 ° Les Pro cur eur s des troi s Eta ts de
Par ties dan s auc un de
Syn dic de Lan gue doc n'o nt été
réfu lter auc un pré jug é
ces Jug eme ns ; ainft il ne peu t en
Lan gue doc . La que f..
en fav eur de la Pro ven ce con tre le
Rhô ne n'y .a poi nt éré
tion gén éra le de la pro prie té du
tefi :ati ons ne peu ven t
élev ée · ni difc uré e ; tou tes ces con
jefl:é aux Rep réfe nta ( fuiv ant la Ré:ponfe faire par Sa Ma
s le Cah ier de 176 1,)
tion s de la Pro ven ce, infé rées dan
voi r {i tell es par ties de ter~
~' avo ir pou r obj et que de fça
Cré me ns & Att érii fem ens d,u
u rein fon t en effe t des
avo ir le Do ma ine de
" Rh ône , & que lle éten due doi t
Pro ven ce. ,,
» Lan gue doc fur la rive de
pré fen ter com me
C'efl: don c fe fair e illuGon que de
em ens qui ne fon t incon trai res à l'A rrêt de 172 4 des Jug
fait ,· où les Repréf~n
terv enu s que fur des que füo ns de
nt été Par ties , & où
tans des deu x Pro vin ces n'o nt poi
fl:ion gén éra le de pro l'on n'a jam ais agi té ~i décidé la que
enr jug ée ent re les deu x
prie ré du Rh ône , con trad iéto irem
Pro vin ces par l'A rrêt .de 172 4.
cle Jug em ent qu' on
Ma is non .feu lem ent il n'exill:e poi nt
; le Syn dic gén éra l d.e
pui ffe dire con trai re à cet Arr êt
a 'fapport~ de fa par t un
Lan gue doc a été plu s_loiR ; il en
ieurs à l'A rrêt de 17 2 4 ,
gra nd nom bre ant érie urs & pofl:ér
& qui y fon t abf olu men t con form es.
de J 5 Io, qui con A,vant 172 4, on pro dui t un Arr êt
Off icie rs de Lan gue firme une Infé oda tion faire par les
efr fou ée · du côt é de
doc de l'I{le du gra nd Caf l:el et, qui
ia Pro ven ce.
itan s de Bar ·
Un aut re de 1681 , qui condamFJ.e les Hab
ben tan e
�CO NSU LTA TIO N.
321
benta ne à paye r au Synd ic de Lang ue'do c, la Comm
e
pour laque lle ils avoie nt été impo fés à un Rôle arrêt é au
Conf eil , pour raifon des li1es du grand & du petit Mouton, comm e faifant parti e du Lang uedo c, quoiq ue fituée
s
du côté de la Prov ence.
Un autre de 1 68 z., qui, fur un Regl emen t de Juge , in·
tradu it au fujet des Hles de Luifa n & de Lubie res fouée
s
auffi du côté de la Prov ence , renvo ye deva nt les Juges
de Lang uedo c.
.
Une conte ltatio n élevé e au fujet des droit"s de Cham part ~tablis par la Décl aratio n d' Avril 168 3 fur les Hles,
C _rémen s & Attér iifem ens du Rhôn e, fait naître une contefi:ation entre les Ferm iers des trois provi nces, de Langued oc, de Prov ence & de Daup hiné, & donn e lieu
à
trois Arrêt s en 168 4, 168 5 & 1691 , par lefqu els, après
la plus ampl e difcu ffion , il efl: or.do nné que les po!fe ifeurs
de ces Hles, Crém ens & Attér i!fem ens paye ront au Rece
veur de Lang uedo c.
'
Deux autre s Arrêt s de 1765 & de 1707 relatifs à des
contefl:ations élevé es par les Habi tans .de Beau chall: el &
de Donz ere e_n Daup hiné, les renvo ye deva nt les JDges..
de Lang uedo c, malg ré la recla matio n de l' Agen t -géné
ral du Daup hiné, qui étoit inter venu ; & un autre de 1719
j.uge la mêm e chofe contr e les Habit ans d'Av ignon .
Mais fi l'Arr êt de 17 .q, intërv enu à la fuîre de· tous
ces Juge mens , n'a fait que confi rmer une Jurifp ruden ce
déja ~tabL en faveu r de la Provi llce · de Lang uedo c
;
quel nouv eau dé-gré de fiabil ité cette mêm e J urifp ruden ce
n'a-t- elle pas acqui s par les J ugem ens poilé rieurs ?
C'efl: ici en dfet que fe préfe nte cet Ar~êt célèb re rendu
au Conf eil le 21 Janvie .r 1726 , par leque l après la plus
éclatante contradiéHon & la difcuffionla plus appro fond ie,
SC
�31?.:
C 0 N SUL TATI 0 N.
Sa Majefté fans s'arrêter aux Requêtes & Mémoires dé
l' Aél:eur & des Habitans d'Avignon , ci& ayant égard à ceux .
du Syndic généré{_l de Languedo c,, & au Dire de l'Infpec" teu _r général du :.Domain~ de la Couronn e, a ordonné
" qu'elle demeurer oit m'aintenue , ainG que les Rois fes pré·
,, déceffeurs l'ont tdujours été ·c omm.e Rois-de France, dans
. ~> l'ancien . droit & poffeffion immémor iale de la Sauve" raineté & de la proprieré du ·fleuve du Rhône d'un bord à·
" l'autre, tanr dans fon ancien q.ue nouveau lit , par tout
)) fon cours, & des IOes, L1ots , Crémens & Attériffe..
,, mens qui-:;'y forment & qui font partie de la province
u de Languedo c. •>
A un Jugement auffi pofitif & auffi folemnel , _1a foule
réponfe que. les Procureur s des Trois Etats de Provence
aie·nr pû faire , a été de dire qu'il leur efr étranger, & que
le Pape n..avoit pas fur. le Rhône les mêmes droits que la
'?
..
Pro ence.
Mais qu'on parcoure tous les Ecrits & tous les Türes
qui ont été produirs dans cette infl:ance, on ne verra point
que le Roi ait aticun titre particulie r & limitatif à la
partie du Rhône qui arrofe le Comtat,. ou le Dauphiné , ·
ou la Savoie : fes titres font génér;;mx & communs (ainfi
que !'Arrêt le dit expreffem e·nt) ''· fur tout le fleuve d'un
,, bord .à l'autre, tant dans fon ancien que nouveau lit,
1> par tout fon cours , &c. ,, A la vérité c'étoit une Puiffance étrangere qui étoit alors en poffefli.on du Comtat'
d'Avignon ; mais jamais la jufiice fouverain~e Sa Ma·
jeflé n'efl: plus attentive & plus impartiale que lorfqu'ell.e
:!l:atue fur les prérention s d'une dominatio n étrangete . Le
principe qu'elle a reconnu alo~s, & fur lequel elle a déclaré la propri~t~ de la Cpuronne en termes fi abfolus &
fi indéfinis, ne fera-t·il donc· pas auffi la régie entre le Lan-
�t
0 N S U L TA T I 0 N.
guedo c & la Prov ence; comm e il l'efl: enÙe les autres
contrées arrofées par le même fleuve ? C'efl: le même principe, c'eîl: le même droit; les applications ne doivent-elles
pas en être uniformes ?
- Auffi Sa Majefré s'en dl:-elle depuis expliq uéè de la maniere_la plus expreffe dans fes Réponfes aux Cahie rs de la
Prove nce.
En 1 730, les Etats de cette Provi nce, par_un Articl e
exprè s de leur Cahie r, dema ndent qu'il foit nomm é des
.Commiffaires pour affigner des bornes aux de.ux Provi n-ces du côc~ du Rhôn e : la Répo nfe de Sa Majef té efi que
les Arrêts de fon Conf eil, & notam ment celui du 22
Mai 1726 , dont elle rappe lle toutes les expreffions, doivent être executés felon leur forme & teneu r : ainli
voilà l'Arrê t de 1726 deven u comm un à la Prove nce.
En 1761 , nouvelles Repré fentat ions des Etats de Pro·
vence , & ils fe borne nt alors à dema nder que le lit du
Rhôn e foit donné pour ligne divifoire entre les deux provinces : la Répo nfe de Sa Majefi:é eîl: encor e la même .
Elle leur appre nd que le princi pe étant fixé , il ne peut
plus refl:er à decid er que des quefü ons de fait pour f çavoir G telles parties de terrei n font en effet des Crém ens
& Attériffemens du Rhôn e , & quelle étend ue doit avoir
le Doma ine de Langu edoc fur la rive de Prove nce: c'eft
for ces queftions de fait feulement que les Procu reurs du
pays de Prove nce font autor ifés à interv enir·dans les inftan.ç es penda ntes au Confe il.
On doit conve nir qu'ap rès tant de Jugem ens & de Déciftons unani mes, c'efl: conte fter contr e l'évid ence que de
préten dre que l'Arrê t de 1724 foit contra ire àlaJu rifpru ·
dence du èonfe il.
On voit régne r au contr aire entre les Jugem ens qui Y,
Sf ij
�C 0 N SUL TATI 0 N.
ont été rendus dans toutes les occa1Îons où la quellion a
.éré difcutée , un accord & une conform ité telle que l'Ar·
rê~ d~ 1724 ' loin de. pouvoir être attaqué fous prétexte
de Contrari été , fe trouve foutenu & fortifié de toutes
parts pa•r les Arrêt-s & Déci1Îon·s antérieu rs & poilérieu rs
qui rendent les Eta.ts de Provenc e non·rece vables à l'attaquer.
, Voilà. les réflexions auxquell es fe bor.Qeroit la difcuffion
de cette affaire,, s'il ne s'agiffoit que d'une propriét é ordi~
naire entre deux Contend arts; mais la- nature de l'objet
offre dans ·l'ordre de l'admini ilrarion un autre point d~
vue qui efi encore plus intére!fa nt & plus décifif.
I1 s'agit de la prnpriét é d'un grand Fleuve , & perfonne
n'ignore que les principe s du Droit François font différens de ceux que le Droit Romain avoit, ad_optés fur cette
matiere.
· Dans le Drpit Romain toutes les chofes qui n'avaien t
poffefieu rs certains , étoient
point de propriét aires oµ
regardée s comme n'appart enant à perfonn e; Res nulliûs;
c;onféqu emment elles paffoien t au premier occupan t: & delà les Principe s tracés par les Loix R.omaine s au fujet des
111es, Crémens & Attériffe mens des Fleuv~s & ~ivieres. ,
Les Propriét aires voifins en-étant le plus à portée a voient
de
le droit de s'en emparer .
Mais en France tout ce qui n'efr poffédé par perfonne
en particuli er, appartie nt au Roi en qui réfide la propriét é
du Domain e public ; c'efr pourquo i les Fleuves & Rivieres navigab les, ainfi que les Ines, IO.ots, Crémens & Attériffemens & tput ce qui en dépend , font eff~ntie1Ie
ment du. Domain e de la Couronn e. C'efi la difpofai on expreife des Ordonna nces & le langag~ unanime de tous
.
les Auteurs anciens & moderne s.
�CONSULT ATIO-N.
Mais il y a ,ici deux Domaines djfférens à diil:inguer ~
le Comté de Provence efl: réuni à la Couronne fans y être
confondu : c'efi un principal joint à un. autre principaL ·
fans y être fuoalterné. le Languedoc au co.ntraire ne dépend que de la Couronne de France, ell: une partie in!(
tégi:ante du Royaume ·& y efr confondu comme dans un;
tom indivilî ble.
Ainlî c'efr propremènt entre la Co.uronne de Franc~ & le Comté de Provence· que la Contefration s'éleve ::
les Etats de Languedoc:: n'y font intéreifés que comme
chargés, de l'adminifiration de cette ·poniondu Royaume.
Quand le Syndi..c de Languedoc ne feroit pas en caufe ,,
& qua.nd on dfaceroit du Procès le nom même de Lan•
guedoc, la, Conteflation n.'en fublîfreroit pas moins entre:
. la Couronne de France. & le Corn ré de P,rovence dont
les. DQm.aines n'étant point confondus, doivent- néceffaj,..
rement avoir des limites qui les féparenr._
Or, en parcourant. les. Titr.es & les-Monumens de l'Hif.,:..
toir~, à quelque tems que l'on remonte, & à quelque époque que l'on s'arrête , tout concourt à prouver- que•
le Rhône ·' d'un 'bord à l'autre & dans tOut fon cours -,.
appar.riént_à la France, & que
n'efi pas ce Fleuve,..
mais fa rive orientale qui fert d.e limite à la Provence.
Le Mémoire intitulé, , Examen de:s }louveaux Ecrits de,.'.
Provence, en contient une infinité de preuv.es fenfibles.
1 Q On y voit. qµe dès le fix-ieme fiécle, ciefr-à-dire
cfa-ns- les. Commencemens de la M.onar.chie ,. leS> Provinces .
_ fituées des d€ux côtés du Rhône app.artenoient égalementà la France & foif-0ienr partie du D.omaine de la Cou.
ronne ; ainG le droit primitif de la Couronne fur le ·
- RhôQe d'un bord à l'autre & dans tout Con cours,. a une::
origine pre(q,u'auffi ancienne q}le la. Mo.narc_hie.•.
ce
�C·ONSULTA TION.
On voit enfuic.e que vers la fin du neuvieme fiécle
fa Provence fut ufurpée fur la Couronne; mais cette ufur.
;pation ne s'étendit que jufqu'au Rhône exclufivement;
.car, fuivant tous les Hi.fi:oriens & tous les Aétes , ce fut
.toujours le bord oriental du Rhône qui fut indiqué pour
limites de la Provence., . & il n'y a aucun Titre qui lui
"
conféquemqui
ait transféré la propriété de ce Fleuve
:ment n'a ja'mais cefié d'appartenir à la France.
3° L'état aétuel du Rhône dans le forplus de fon cours
confirme encore cette vérité : fi de la ·P rovence on re ..
monte le long du bord oriental de ce Fleuve., on trouv.e
le Comtat d'Avignon, le Dauphiné, la Savoie .: toutes
:ces Provinces ont pour limites la rive du Fleuve, mais le
Fleuve n'en fai.t ·point partie. Or 1a Couronne n'CJ, point
.de Titre fingulier & limitatif fur ces parties .fupérieures
du Fleuve : - fon Titre efi: général .& commun ; Titre auffi
.ancien que la Monarchie dont le Fleu·v e entier a toujours
,été une dépendance d'un bord à l'autr.e & dans tout fon
.cours.
En vain les Procureurs des Trois Etats de Provence pré!tendent-ils fe pré.valoir de la pot'feffion où efi: cette Province de la grande Braffiere du Rhône c.l.epuis Arles juf~
-qu'à la Mer & de l'Hle de Camargue : on a devéloppe
.dans l' Examen des Nouveaux Ecrits de la Provence l'abus
<te cette poffeffion qui n'a d'autre origine que l'inre.r pré:tation vicieufe du Traité paffé en 1125 entre Alphonfe
Jourdain, Comre .de Toufoufe, & Raimond-Be.r enger III,
Comte :de Bàrcelone , fans la participation du Roi de
France légitime Souverain. Il ' réfulte de cette difcuifion
relative à fa grande Braffiere & à la Camargue, que s'il
·s'.agifioir de cette- partie inférieure du Rhône , & qu'on
j u_geât du Droit par le Principe, on ne pGurroit {e dif~
2Q
I
�C 0 N S U'L TA TI 0 N ..
pen rer de rec onn o!t re qu' elle app
arti ent éga lem ent au~ .
Do ma ine de la Co uro nne , & con
féq uem me nt au Lan gue doc . Ma is il n'e n efi: auc une me nt
que füo n dan s l'infi:ance·
qui n'a pou r obj et que la par tie du
Rh ône qui s'ét end depui s Arl es juf qu' à la Du ran ce ; &
cl.ès là on peu t rép ond re•
à l'in duc tion tiré e de la poffeffion
de ia gra nde Bra ffie re & ·
de l'I!1e de Ca ma rgu e, que c'el l
une exc ept ion qui ne fait
que con firm er la rég le , & qu' en
tou t càs c'efi: le heu ,
d'a ppl iqu er la ma xim e tantùm prœ
fcriptum quaniùm poj fef'
fam ; en for te qu' il ne peu t en réfu lter
auc une con féq uen ce:
pou r l'ob jet con ten tieu x.
4° L'a uto rité de la po!feffion &
des .JU gem ens interve.;..
nus en fi gra nd nom bre , rep aro ît
enc ore ici dan s un nou vea u jou r en. fav eur de la Pro vin
ce du Lan gue doc .
En effet per fon ne n'o fer a dif con
ven ir que foit que le·
Rh ône app arti enn e en ent ier à la
Co uro nne de Fra nce om
qll'il dép end e en par tie du Do ma
ine de la Pro ven ce ,,
c'ef r tou jou rs à Sa Ma jefr é qu' il
app art iem ,,& que dan s,
tou s· les cas elle en efl: feu le pro
pri éta ire. Les Eta ts de:
Lan gue doc & de Pro ven ce n~
fon t inté reff és dan s cet te·
con refr atio n. qu' à raif on de l'ad
min ifrr aûo n qui leu r eili
refpeéhvem~nr con fiée : ce
n'ell: don c poi nt· à leu r éga rd:
une que fiio n de pro pri été , ma is
feu lem ent un con flit d'a d-·
rnin ifir atio n don t la déciiiçm dép
end à la· vér ité de la que f-tion d·e pro pri été ; ma is. q~efüon
de pro pri été qui n'in té-reffe effe ntie llem ent que Sa Ma j·
e llé. Or lorf que · le pro -·
pri éta ire a fou vet ain em ent pro non
cé , lor fqu e des .Ar rêts •
ont déc laré q_ue Sa Ma jefl :é, dem eur
era ma int enu e, ai111i\
»qu e les Ro is fes Pré déc eff èur s l'on
t rou jou rs été comme~
,, Roi s de Fra nce , dan s l'an cie n
dro it & po1Ieffi0n·im mé'.· ,, mo rial e de la Sou ver ain eté &
de la Pro pri été du fleu ve;
,, du Rhône d'un.hor,d à !:au tre ,_com
m.e faif~~1,~ eartie. dm
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�CO NSU LTA TIO M . .
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_,,La ngue doc;, , peut-il après cela refier une aB:ion ·qc:el·conque à des Etats qui ne font que .fimp les Adm inifir ateur s?
Ont·ils une qualu-é_ pour conte iler fur une propr iété qui ne
leur appar tient -pàs? Mais ne doive nt· ils pas au cont,r aire
confo rmer leur admini-~ration à ce qu'il a plû à Sa Majefié d'ord onne r fur la propr iété?
Les Etars de Prove nce o.nc reconnu en effet que le fond
étant décid é, il ne s'.agilfoi.t plus que d'un objet d'admi·
nifirarion , puifqu'en 173 o & 1761 ils fe font borné s à
faire des repréfentarions dans 1.eurs Cahie rs ; mais Sa Majefié y a répon du çlans les terme-s les plus exprè s & les
plus abfolus.
Ne peut-on pas Ieu-r dire après cefa qu'ils ont donn é alfez
,ô'effor à leur zéle ? Er ne font-ils pas à tous égard s non
recev ables à re.no.uveller .une conte fiatio n -entie reme nt ter. ' .il
;n nnee
5°-0n pourr oit joind re -enfin à tant de raifons les :Contradi Rion s palpables qui re,gnent dans leur défenfe & qui
~n décel eru l'illuGon.
Jls dilènt que le petit bras dH Rh ône, qui fépare la terre
ferme Lang uedo cienne de rIDe de Cam argu e, s'e·fi form é
pat une dériv ation .de ce fleuve.
La conféquence qui réfol.teroit de cette impr uden te
conjeé'l:ure f.eroit que cett.e me' quand le fleuve entie r feioit du Dom aine· de la Prove nce , appa rtien drait au Languedo.c ; puifque fo fleuv e, eJl pénet rant dans la terre
ferm e du Lang uedo c , n'auioic pas pû retra nche r .cette
porti on de fan Dom aine.
D'un autre côté les Pro.cureur s des trois Etats de Pro·
venc e invoql!ent 1-es Loix Roma ines & le Droi t comm un
felon fequel les fleuves appar tienn ent par moitié aux proc
prié.taires des t.err.eins qu'ils {ëparem.
Ce
�C 0 N S U L TA T 1 0 N_.
:ce fyfr~me tend roit , ainfi qu'ils le pro pof eren t
en effet
, dan s le cah ier de 176 1, à faire affigner le
lit du fleuve pou r
']ign e 4ivifoir~; cep end ant ils dem and ent
le fleuve enti er ;
inco nféq uen ce d'au tant .plus fur pren ante
que les Aél:es fur
lefq uels ils fe fond ent , & les te_ntativ.es
qu'ils .ont haz ar·
·dée s n'on t eu pou r obi et .que le côté orie
ntal du fleu ve
<qui bor de la Pro ven ce , & non le côt,é occ
iden tal dans la
poffeffion duq uel le Lan_gue doc .n'a jam
ais épro uvé de
·tro uble .
Enfin les PrG c°'re ur·s,de Pro ven ce voudr-0
ient-tirer ava ntage du Tra ité qui a été paffé en.1 760 entr
e .S a Maj eflé &
le Roi ~e ._ Sardaigne, Du c ,àe Sav oie
., fans confiderer
que c'efi: enc ore un Itre qui ·s'él eve con
tre leur pré_tention ; car s'il y a été con ven u que le mili
eu du fleuve fer·
viroic défo rma is de limire entr e la Fra nce
& .la Sav oie ,
-eefl: une . pure con ceff ion que Sa Maj efté a bien
voulu faire
au Roi de Sàrd aign e , & pou r laqu elle ,il ·a .exp
rdfé men t
.dér ogé à la clau fe .du Tra ité de Lyo n de
160 1., où la pro ·
.pri été de tout .le cou rs du . Rhô ne étoit
reco nnu e app ar·
teni r àJa tFra nce . Le · nou vel acco rd fait
par des . confidé~· ·
ratio ns fupé rieu res ave c un Sou vera in étra
nge r ., ne con ..
clud tien pou r des Pro vinc es foumifes
à .la dom inat ion
de Sa M~jefié : mais La reco nna iffa nce
auth enti que du
dro it ante rieu r efl: en fave ur de la Cou ron
ne une preu ve
de plus de fa p~qpriété du fleuve enti er
d'un hor d à l'autre.; pro prié té qui n'ét antr efir ainr e par le
Tra ité que relative men t à la part ie qui arro fe la Savoie
.~ f.ubfifl:e enc ore
dan s tout le fu~plus de Con cou rs en fave
ur de la Cou ~
ron ne de Fra nce .
C'ef t ainft que les con fidé rati ons tirée s de
l'or drè d'ad ·min ifira tion .fe joig nen t aux régies de l'or
dre judi ciai re &
t:on tent ieux pou r com batt re lé fyil ême
de la Pro ven ce.
Tou s les genres de moyens & d'in té..rêts
qui peu ven t s'éle -
\
-
Tt .
�C 0 N SU L TA TI 0 N.
t enune prét enti on de ce gen re , fe réuniffen
;30
ver c~ntre
fave ur du Lan gue doc .
. la Cou ron ne
Il efr de l'or dre féod al & de l'int érêt de
nu àla Fra nce
tle mai nten ir le drn it qui a touj;our s· app arte
es, & cet fot€ rêt
fur le fleuve du Rhô ne & fes dép end anc
inat ions étra nefr d'au ranr plus fenfible qu'i l y a des Dom
gere s don t ce fleuve nous fépa re.
es dan s. tout es
Il eil: de l'a van rage des familles eng agé
de ne pas refles infrances qui font indé cife s au Con feil
le prin cipe gé-·
ter exp ofée s à de nouveUes difcuffions fur
ne foit plus que fnéra.l de la prop riét é du Rhô ne, & qu'i l
on Cré men t ou
tion entr 'elle s que de fçav oir fi tel terr e· eft
e de Pro ven ce.
Atté riffe rnen t du Rhô ne ou de la terr e ferm
au poin t de fait
La reduB:ion de tout es ces con tefr atio ns
Cou ron ne y
efr d'au tant plus néceffaire que le dro it de la
Cur la fo.i des:
a été avoue & reco nnu par les Pro ve'n çau x
que ce fero it o<t,..,.
Jug eme ns, qui l'on t con facr é; enfo rte
dou te ·au prin ,.
cafi.onner des rérraél:ations , fubfl:ituer le
cipe & cha nge r l'Er at de ces infr ance s.
de. la Juft ice,
E nfin il eft du bien pub lic & de Ja dign ité
été r.ant de fois & ·
Sou ve rain e de Sa Majefré que ce qui a
qu'i l foit noto ire:
unif orrn eme nt déc idé foit irré voc able ;
d.e. Fra nce ; &
que le Rhô ne app arti ent à la Cou ron ne
l'or dre j-udi,...
qu'u n point qui in.rereffe effe ntie llem ent
t le Gouvern€l..
ciai re, la repa rtiti :on des Imp ôts & tou
rend u invariable.o.
men t civi l des deu x Pro vinc es fuit enfi n
Dél iber é à Par is, le 1o Aoû t 1168.,
Signé,,
D'O uTR EM ON T ,
AU BRY ,.
CH. A.N TER ENN E' LA BAL ME ..
....
F
IN~.
Boc Q.U ET
rt.E:
�Fautes à corriger..
·p
AGÉ 7 ,. ligne 2 3, fe borneront , lifez, fe bornent.'
Page I 1 , l gne 9, Prothée , Li)<{ Protée.
Page 14, ligne 1 , 'if ez., même la proprieté de ce fleuve ,. plus que les autres •.
Jd. à la marge, M <irc. de Prim. p. 158, t fz. p. 16 ) .
P age 22 ,. ligne 6, à la marge , Re.c. p. 73, lif~z. Récap. p. 73.
Id. ligne 2r, cette p!0proprieté, l1faz., cette proprieté.
Page 2s-, ligne 18 , le Burgey, lijez. , le Bugey.
Page 30, ligne 20, Forcalquer, Liji'z., Forcalquier~
Page 31, ligne 6, nos rois, life z., nos Rois.
Page 42 & 43, lignes 11 & 17 , Savoye, !ifez, Savoie-.
P age 50, ligne 11 , lifaz., de Savoie , & que les Papes même qui ont poJîede~
Id. ligne 14, qui ne font, ùfaz., qui n'ont été.
Id. ligne 16, ils achetterenr, Lijez., ils avoient achetté. .
Page 5 1, ligne 4, fur fes bords, lijèz. , fur fa rive gauche.
Page 54, ligne 6 , ala ma rge , Rec. p. 87, lifaz., Récap. p. 87.
Page 71, ligne 8, fon inconftance, !ifèz., l'inconfl:ance du fleuve •.
Page 82, ligne s, Panégiriques, lijez. , Panégyriques.
Page 90, IÊjJne 30, Borcelone, lifez., Barcelone.
Page 122, ligne 17,p ar le!que1Te, lifez., par lefqueHes.'
Page 141, ligne 5, lesJngemens, Lijèz. , lesJugemens,
Page 144, ligne4, qui feiettoit, /ife z. , qui fe iette.
Id. ligne 18 ,. fur les droits, 11/ez. , au préiudice des droits.
Page 15 3 , ligne 28, inherame , lijez , inherente.
Page 19 3 , ligne 1 1, objets des fin ances , üjez. . objets de finances.;.
Page 212, lig11e 21 , & dans celles , lifez , & dans celle.
Page 23 5, ligne 3, au Comtes, l1/ez , aux Comtes.
P age 25.1 , ligne 3 ,. le Procureurs , lifet , les Procureurs.
P age 2.54, lign e 8, percevoir le Tailles, !.fez. , percevoir les T ailles ..
Page 266, lign~ 4, ax ConcJufions , lifez.., <1UX Conciulions.
Par.e :i.89, ligne 4, en Languedonc, ltje z, en Lang·1 edoc.
Page 316, ligne r6, de Trois Etats, lijez , des Trois bats.
Page 317,. ligne derniere, général de la, life\ ,, général du Domaine. de la;,.
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Examen des nouveaux écrits de la Provence sur la propriété du Rhône
Subject
The topic of the resource
Aménagement du territoire
Approvisionnement en eau
Factums avant 1789
Description
An account of the resource
Mémoire du Languedoc opposé aux procureurs du pays de Provence concernant les limites du Rhône
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Doutremont, Anselme-Joseph (1733-1790)
Aubry. Auteur
Bocquet de Chanterenne, Jean-Joseph (17..-1773). Auteur
La Balme, De (17..-17..? ; avocat). Auteur
Vincent, Philippe (1724?-1790 ; imprimeur-libraire)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie Vincent (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1768
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/090465296
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA_7861-2_Examen-nouveaux-ecrits_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
viii-330 p.-[1] p. d'errata-[1 bl.]
In-4°
Language
A language of the resource
fre
Abstract
A summary of the resource.
Il s’agit d’un factum sur la contestation de propriété sur le Rhône entre la Provence et le Languedoc.
L’objet de la décision était de savoir si les procureurs des Trois Etats de Provence étaient recevables et bien-fondés à attaquer l’arrêté du 26 juin 1724, qui constituait une barrière contre leur propriété sur le Rhône. Deux voies étaient invoquées par ceux-ci : la requête civile, par laquelle ils affirmaient que la Provence n’avait pas été correctement défendue dans l’instance ayant donné lieu à cet arrêté et la contrariété d’arrêts, où ils affirmaient que l’arrêté litigieux avait été rendu en contrariété avec plusieurs jugements datés dans leur requête.
Le factum se découpe en trois parties :
- l’examen de la question considérée au fonds : pour déterminer si l’appartenance du Rhône au Roi est issue de sa fonction de Roi de France ou de Comte de Provence.
- l’examen des monuments qualifiés titres, propriétés et produits par les procureurs du pays de Provence
- examen des titres que la Provence prétend écarter et réfuter, contenant également la décision finale.
Ce factum contient également la consultation rédigée par Anselme-Joseph Doutremont (1733-1790), Alphonse Alexandre Aubry (1857-19..), Jean-Joseph Bocquet de Chanterenne (17..-1773), La Balme, pour le Syndic général de la province de Languedoc, au sujet de la propriété du Rhône. Le délibéré a été rendu à Paris, le 10 août 1768.
Résumé Mélissa Legros
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/346
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 17..
Languedoc. 17..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Factum. États de Provence. Paris. 1768
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote 7861/2
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Examen des nouveaux écrits de la Provence sur la propriété du Rhône <br />- Feuille <i>Arles</i> ; 234 ; 1867 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Beaupré (graveur)/Hacq (graveur)/Lefebvre (graveur), ISBN : F802341867. <br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27419" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27419</a>
Cours d'eau -- France -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Eau -- Droit -- France -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Languedoc (France) -- Territoires et possessions -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Provence (France) -- Territoires et possessions -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Rhône (cours d'eau) -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Rhône, Vallée basse du (France) -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/345/BULA_7861-1_Memoire-consultation_Rhone.pdf
c9506985aaa3f9c6e70a17530e8386b7
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LES ETATS DE LA iGUEDOC:
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pOitrJmrtnrer que . le · .· rie dejiuiS ltr Durance ·
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--~ . non 'Jtt.Languedo;~ .
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Pour les Procureurs de..r. Gens . des Trois-Etat.r
du P Pys de Provence..
~~~--.. U E ce foit comme Souverains de
Provence ou de ·
Languedoc que les Rois de France regnent fur le
Rhone depuis la Durance jufqu'à la mer , les droits
de la Couro nne n'en fouffriront aucune attein te.
Cette difrinél:ion .n'eft pas également indifférente au.
Des Procès .ruine ux
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiilil repas des deux Provi nces.
s des rives
~'élevent tous les jours entre les Propriétaires volfin
du Fleuv e, & n'y prenn ent naiffance que parce que le Langue..
'doc a trouv é depuis quelque tems le moyen de former des doutes
fur 1es droits de propr iété que la Provence a toujours eus fur 1e fit
entl.er du Rhone : Les Habitans de l'un & de l'autre Pays ont u11
égal intérê t à voir tarir la fource de ces divifions, & c'eft le but où
tendent aujourd'hui les Etats de 'Provence, .en fe pro,pofant -d'ïmplorer la J uftice -de 8a Majefl:é, pour en obtenir un Régle ment gé- ·
néral qui fixe d'une façon invariable les limites des deux Pro-'.
vinces.
La confiance :avec laque lle le Syndic du Languedoc affure que
la .propriété du .Rh.one, le long de la Provence, eft irrévocablement
e ,_dans un
jugée en fa faveu r, ne doit :point leur impofer filenc"l\
.
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.
Œ'rihunal où fix Procès fubfül:ans (a); & plufieurs prêts à naître)
prouvent la néceffité d'un Réglement capable de rétablir à j~mais1
b paix eq.tre les Parties intéreifées.
'
qu'il a étépas
Les Procureurs d.u 1>ays de Provence n'ignorent
.r endu des Arrêts quï paroiifent contraires au droit qu'ils réclament•
Mais ils en rapportent pour le moins un auffi grand nombre qui
jugent la queftfon en_leur 'faveur. -Les Adminiftrateurs de la Pro·
vinçe ne font point comme Parties principales dans ceux. qu' ort
leur oppofe. Si quelquefois ils ont accordé leur intervention aux.
Communautés qui luttaient contre le Languedoc, les conteftations .
n'ont point été jugées furies titres généraux de la Provence,mais feu~
lement fur les piéces perfonnelles aux Parties contendantes. Despréjugés . particuliers feroient-ils capables de faire perdre à toute:
une Prov~nc_e les droits inconteftables qu'elle eft ·en. état de faire~
.valoir?
. · C'eft par des dires & non par des préjugés· qu'il faut appréderfes droits : auffi le Languedoc élude-t-il depuis long-tems de s'en~
gager dans ce genre de c.ombat. Toujours_atten-tif à citer l'Arrêt·
qui adjuge le Rlione au Roi le long du Comtat //énaiffin., il ne::
manque pas d'en étendre la ·conféquence à tout le cours ,du Fleuve;
Pour accréditer cette fauife idée, il la fait répandre avec la plus;
grande affeél:ation dans nombre d'endroits de l'Hiftoire -compofée:
par fes ordres pour fa Province ( b ). Les Géographes modernes ont:
_é té féduits, & l'erreur s'eft accréditée ( c.)..
Il eft tems que la vérité rentre dans fes droits, &. que le flam ...'heau de la critique diffipe des erreurs·que perfonne jufqu'ici-n'avoit.
pris foin de combattre. Les titres de la Provence vont paroître pour:
la ptemiere fois fous les yeux du fèul Juge capable delesappréciero.
Plus ces-titres font anciens, plusJes droits qu'ils étahliffent en faveur.
·de la Province font inconteftables. Ce n'a été que dans les derniers :
fiécles que le Languedoc, -par des entreprifes fùrtives, s' eftménagé:
:des Erétextes, pou! enfuite attaq~er la ProJJence à force ouverte~.
(a) Arles en a deux, Tarafcon, Boulbon , Barbantane & Mefouargues en ont chacun un.·.
_( b )_ Nous -allons être plus d'une fois obligés, dans cet Ecrit, de combattre les fçavans ;
H1flor1ens du Langue.doc. Quoigue le zèle avec leguel ils ont chercht à donner des avan-rages à leur Province.les ait fou vent égarés, nous tâcherons.de ne point nous écarter· des ,
·
égards què mérité leur· profonde éruditioa;
( c) L' Abbé Expilly dans fon •'nouveau Dîéilonnaire Géographîque, au mot Avi:?;non;,
pag. 347 , a clonné dans toutes les mép_rifes où ~les Taulfes n'ouons des Hill:oriens du Làn- .
guçdoc '· & de _quelques Géographes -qui '(e font tous copiés , pouvaient induire un Au-teur qui n'avo1t ~as ~pprofondi par lui-même la matiere' qu'il traitoit. Én relevant les :
e rreurs ce ~es Hlflom:_ns dc: ns le c_ours de C<l Mémoire), ce fera .t&fut€z:-t:oelles des Gfo.•
grap_hes qui les ont pns 1>our guides, ,
�J
./
·Nous le verrons d'abord horner fon ambition ~ élo!gner les Proven:.
:faux des terres qui .bordent/\ aujc:rnrd'hu~ _la rive_ occi? entale du
I:leuve, gagner enfl;l1te ce meme_ b_ord, s étendre mfenhblement au
rnilieù dè la Riviere, & franchir enfin le lit entier, pour venir,:
âonner des loix jufques dans les Villes de Provence (a).
· A peine cette Province éleve-t-elle la voix contre ces entreprifes;
·-que le Languedoc s'efforce de les rendre facrées, en les affociant aux:
·droits de la Couronne. Lui difputer le Rhone·, c'efl:, fuivant lui,'
lé côntefter·au Roi h1ême, comme .f.i·ce Fleuve ceifoit d'appartenir
à la France, .dès que le Coureil auroit déclaré qu'il a toujours fait
,
& fait encore .partie de la Provel).ce.
~ Ecartons po.u r toujours de pareils~artifices, fi peu dignes de pa...:
roître dans une affaire de cette importance :' ouvrons les dépôts
publics, parcourons les mcmumens de l'Hiftoire, confultons les
Archives des _deux Provinces; c'eft-là que nous trouverons les feuls
'
titres, les véritables preuves qui doivent décider la queftion.
ref..... Mais en vain fe flatterait-on de connoître les anciens droits
peétifs de la Pro.ven-ce & du Languedoc, fi l'on ne remontait pas à
·des tems fort re:culés p.oùr s'inftruire quelle étendue l'une & 1autre
:avoient dans leur origine. L'on fçait, & les Hiftoriens du Langue..
,doc en conviennent, que les Romains fixerent les limites de leurs·
Gouvernemens dans les Pro~inces qu'ils conquirent dans la Gaule
.fur l'étendue du diftriB: ·qu'avoient oiiginairement les principales
Cités ( b) ; le même plan. fut fuivi lors de l' établiifement de la Hié-.
ra~chie Eccléfiaftique. -La J urifdiél:ion des Evêques n'eut pas d'autres
,bornes que la Jurifdiétio.n des Gouverneurs. Cette forme d'admi.·niftration fe fou tint même lors de la décadence de l'Empire, peu...,
<iant 1'Anarchie féoda'le,. & dans les tems poftérieurs. .
Si en parcourant ces différentes époques nous parvenons à prouver
,que depuis l'ib.ftant où la Provence ·nous eft connue, jufqu'à fa réu..
nion. à la Couronne, le Rhone n'a pas ceffé de couler fous les L'oix:
des Princes Provençaux : Si nous pouvons défier le Languedoc de
·nous Cit.er le titre qui lui en a transferé la propriété : Enfin , fi nous
faifons voir que depuis la: réunion de la P.rovence jufqu'à nos jours
11 n'eft arrivé aucuns changemens dans les droit~ de 'cetre.Province
fur ce Fleuve, il fera certain que c'eft comme Souverain de Prow_eizce que le ~6i regne fur le Rhone; conféquemment que ce Fleuve.
(a) Nous avons v~ dans ces derniers tems le Receveur des Domaines de Beaucaire venir
jufques dans le Po!'t de Tata(con prétendre exemir [es droits & troubler le 'Pefeur de la
.Ville, fous prétexte que Je Rhone appartenait au Languedoc d'un bord à l'autre.
( b) Ils refpeétoient également la Religion , les Loix & les 1\'Iœurs des Peuples vaincus.;
.
Aij
�,.
4
non pas dit Languedoc. For mo ns.:.·
&
ce,
vin
Pro
te
cet
fair par tie de.
t le cou rs ·du Fle uve , don t nous~
nou s d'ab ord une idé e jufte de tou
le depuis la Durance j_µfq~'à .J.a..
ne rec lam ons que la par tie qui cou
mer•
RHONE";.
ET AT . T{ J'P OG RA PH JQ UE D U
rce au pie d du M·o nt de la:.
Le Rh one a tou jôu rs pris fa fou
le Lac ;
ir arrofé le Palais, il paffe à traver-s
avo
rès
·ap
;
Ça)
rche
Fou
ne..
'h~ .Rho
, com me nèe à être nav iga ble
de Ge11éve, fépare le Bugey ~e la Savoye & reç oit la Satme à Lyon:,·
iné,
à S-eij]el;coule éntrela.Breffe & lé Dauphès (:/, le Vivarais. L' Ifere s'r
il; travèrfe enfuit:e le Ly onn ois , te For au-deffus, & la Durance:
(b ·)
jett e au-deffus de //ale1].ce-, la Sorgue
ui·le Languedoc du Comtat.
d'h
au-deffous d'Avignon~ J1. divife auj our
afcon Ô' Beaucaire, & fe pré cip ite
Qi de la Provence-, paffe ent re Tar
em bou chu res que 1' on app elle·
dans la lt1éditerran ée·pa r plufieurs
•
6ras , . par cor rup tion de Gradus~ de Tàrafëon, il fe divifé en deu x:
deffous
d~!i~!~~ iionprès Arr ivé près d!Arles au- as orie nta l eft l'an cie n lit, & s'ap pel le:
bra nch es pri nci pal es; le ·l:>r
vence·, & forme fill e de lai.
l'e grand Rhone ·; il eft du côt é' de la Pro
côt é ·du Languedoc·fe nom me ·
<::amargue ; le nou vea u lit qui ·cou le du
e don t nous-venons de par ler ;:
Je petit Rhone·: il ach eve de former YID
tte bra nch e du RhOne s'y ren d,
elle a cinq li.eues- jufqu'à la me r :·ce
mé e dè tou t tem s le Gras. neuf; ~
par une em bou chu re que Fon a·nom
.
Rhone:
ce n' eff qu'ime dér iva tion· du grand
.
és:
ord
foie nt acc
pas que les anciens Gé ogr aph es fe
,tJi'!:.17-:~;[.e}u~~~~ IllenenomparbreoJtdes
re dans la J'l.1é~·
ent
uve
Fle
lefquels ce
par
aux
can
fur
P:rovcnt:c-:
pou r la queftion pré fen te ) .
diterranée_:·c_e qu' il imp orte de fçavoir oir de Provence, & que la~
·
le terr
c?eft que fes em bou chu res fbn t fur
-les Romains par uff ent dans :
eamargue· éto it · déja formée avant que
.
.
ces contrées~
Fleuve ~ Jam ais ;
confideraBle dè ~llès dë
rn;~1!~ü:·f1:~~; Cet te Ifle faplùs-elle
tan ce;
fit partie de la Pro'J/ence-: ·circ onf
teft é: qu'
liles~
fait r~ nie .de· cette ff n~a ét~ · con
de pro uve r que le lit du Fleuve.& les
e
abl
cap
it··
féro
le
feu
qui
e.-.
·,P.r~ vi.nc
.
ce.
s.?-'il forme appartiennent à cet te Pro vin
.<J'!le' le·Eri nci pal lit;
--,
ères
Il· eft de· i::rinciRe c.ertain ., _da11s~ces-- mati
Source·& cours
.eff
ce
.
é 'dè Uacroi~, _page-70, , premier,vo ~
Je dîil' Abb
. Ca:.) Et non .au MomGètliard ·, · comme·
füme.
.e. ii":cé ;....
taine èe. V.auclUfé · que-· Pëtr arq11• e' a renJu
( b} Elfe p,rend :fa f6urc;. de· là Fon
..
·
léh'.:-e:.
�_
r
1
ince·, . iP. ,
'd'un·, Fleu ve êtam fitué au milie u des terres d'une Prov
lçr.
ent que
en fait inconteftablement partie. Il feroit bien. incon féqu
bras,
Provence, qui a , fans diffi culté , 1-e grand & mêm e le petitdroit - ,
du Rhone, depuis .Arles jufques à la meli, fût exclu e. de tout
i;ous allons;
for la partie .fupér.ieure du mêm e ~leuv,e, tan~is que
la du Rhone,,
v.oir dans'un mfia nt, que cette Prov ince s ét:end<'>1t au-de
qu'ai lleur s,,.
du côté du Languedoc., tant dans cette artie fupérieure
sefl ouve rt.
conféquemment que le nouv~au cana que le Fleu ve
cette divifion foit ·
- en. formant la. Camo.rgue, en quelqµe tems que
demeurera:
arriv ée, n~a embraffé qu'un e tene Provençale. L'on (fü
de cette Hle , ,
. conv aincu dès que l'on verra.que depuis là formation
au~delà·.
la Provence.·a confervé long-tems les mêmes· terr~ins· , fi.tués qu'on ,
que
de la nouv elle. bran che du Fleu ve.. Ain'fi à quelq u'épo
incontef-veui lle fe par.t er,. il eft confiant que cette IDe efü un titre
e; Lat
Rltonle
table & phyfique de la prop riété de la Provence:fur·
fucce llive -:
façon dont les terres qui bord ent fes deux rives ont été
romp ue •.
ment poffedées) en.offre une.c haîne de Er.euves.n on inter
f
.E -TA·r · Hl ST O:R·1 ·Q·u ·E · JYU
'A.V ANT LA' C-'ON QU EST E' D 'ES
'R.'HO'NE '~,
Ro.·M:A1NS ,~
f/:r jufques au· cînquilme Siécle •.
B
r:;. . FtahliiTemefl1
Les premieres fomiêres ·que nous fournit' rHiftoii-e für ce pofo
eille one. ~aits parrs
iént tirée s des -établiffemens que-les" Fond ateur s· de Marf
de Né...-- fe~~~~rs~u~dell~d~
le
fuits à la droit e du Rhone du côté du Languedoc•. Ce peup
ton--
·com merc e, Rhone••
goci ans, attentif,. à. tout · ce qui pouv oit favorifer. fon
·Fleu ve quh
ne négli gea poin t les avantages qu'il pouv oit ~irer d~un
orien tale de ~
ouvr oit la. Gaufo -à fes · marchandiîes ~ . Etab li à la rive.
trois étab lif..'. .
cette 'rivie re, il:s'affùra:de l'aut re côté , en -y formant
Rhodanufia-~.J;
fèmens•,( a,) , -qui furen t Agçztha. ou )1gde,. Rho.da. ou
·
& . Héraclée ou Saint-Gilles. ( b ),.
r C'afaiili. fur Strab'on" livre
4 ·, pal!e I 86:
o'Tit été des dépendances ~é M;_rfaîtlè. Ruffj', d~rrll
m~mes
ellesnne
, <.b) . Nifm~,~ & Nri~bo
l'attefi e ; tome r, hvre 1·, page 18~ ,, Bien >
nou>
Y.1.1tle
lH11lor-re" qu1l a ·fa1re- -de cette
.par l€s Marfeilloi•, elle a été néan'"',,. que la Ville de -Nlfmes ·, dit-'il, n'ait pr.s été fondée
renr, Je- leur . Villci:·à Ni.fmés .r
envoye
loi-s
Marfeib
·
lès
car
;
ie.s
" -moins uhe" de" leurs Col0n
Phocù ns;; .. & p.our:·m arque !
de
greqiIB
de·
,,- 1'.an 34€>5 de la..c rfation -:-du monde , un e Peupla
même s ar,mes . qu-e Mar~ '.
-les.
tems
é-1ong
·pôn
a
mes
Nif
quere
qu'out
c'efl:
,, de cette vérité ,
A ; dura-n qx)ùfieurs'-'
minatiO
do
fa,
.àe
foumif
auffi
été
.
a
,,-. [eille :qui étoit un ;yeau d"or; :·elle
ohfervoit;. Nar:.,;.lle
Ma.rffi
e[lllenH J.UB
,, . fiécle s , & a gardé la mêive. fol'~it de_G om.rern
..
:
lloi.s~,~
Marjyi
.
:des
ie
Colon.
une
m h:onne a..été encore en p,artie
(a
�6'érieur~, que quatre autres Viil ei
pofl:
tems
les
·dans
Nous voy-ol1S
n·
:ViH;s Pro,-e
/ 1
l
d ·
é
·
rer- r. ées du cot é de l a p rovence, ten oient ega ement ' eur tern ·
caics (,ont le doi
;iwi re s'éten c Iltu
ne, -Valence, Avignon & Arles. Ce$
<1.u-delà duFleiive. taire au-delà du Fleu ve, Vien
A
diftrié.l: pour le
Vill es capitales . ont eu dans le moyen âge le même
qu'il eft très-imtemp orel que pour le- fpirituel. Une circonftance
s füuées dl.;l
Ville
port ant de rema rque r, c'efl: qu'on ne voit point de
ce Fle,uve du ·
.c ôté du Languedoc avoir ·de JurifdidioH au-d elà de
côté de la Provence (a)..
& des Teutons, donna à la Vill e
'Marius, Vain queu r des Cimbres
Marius donne
' l a mer ,
c. · creu fcer d u .RIzone a
.r;.-zze un. cana1 qu ,.1l avo1· t Jalt
ois un d M arJez
auxMarfeill
du Rhone.. e
,c;mal
ge de Fos ( b )~
vers l'endroit où nous voyons. aujourd'hui le Villa
la charge d'l.Jn
.CetteVill e n'en permit dans la fuite la navigation qu'à
y étab lit des
ve,
impô t: elle fit tous les aél:es de .propriété fur le Fleu
e Ephéfienne.·
phar es, & b~.tit dans l'une de fes Ifles un Tem ple à Dian
pire Rom ain .exigea que les Gou vern ece Fleuve e-to'it · L'adminiftration de l'Em
·le troifiéme fiécle de notr e Ere, la Pro<1~ la . Province mens fu!fent divifés ; & vers
nnoife ( c ). ~e Dio~èfe qe
X~e;~i~~e fous les vin~e Viennoife- fut féparée de -la .N arbo
nce, d Arle s,
Vzvzers, & toutes les dépeJ!dances ·de ceux de Vale erfaires eux ·
Adv
& d'Avignon·· ont, fuivant toutes les notices&: nos
preuve de ce·
elle
nouv
une
mêmes ( d), appartenu à la Viennoif~:
érieurs faire
pofl:
fait, .c' eft que nous les allons voir dans les tems
èfe defquelles
partie du Com te dès mêmes Vill es, dans le. Dioc
le Gou vern eelles font fi.tuées. Le Rhone étoit donc compris daus
ence, & il eft
men t des Villes qui fe trou vent du côté de la Prov
du Rfwne, -&
conftant que la Viennoife ·comprenait les deti.x rlves
oijè, qui ne
avoi t des terres au-delà· joignant celles de la Narbo.nn _
.s 'éten dnit pas jufqu'à ce Fleu ve.
e d'Arles;
Les embelli!femens que les Empereurs firent à la Vill bâtirent
Arlt!s maitrefre
y
la rendirent uhe des principales de la Gaule. Ils
<lu Rhon e:
deux rives
les
fur
e
Vill
un Pon t fur le Rhone, & étendirent cette
ue maîtreife
de la riviere. Une farei lle pofition l'aur oit rend
milieu de fon
.du Fleu ve , quand i . n'au rait pas déja coul é au
diftriél:.
air'~
Le Préfet de la navigation du Rhonè faifoit fa réfidence ordin
Et féjour des Pré·
fors de la navig.auon.
s; mai$ outre qu'il a toujours été
(a.) Il faut cependant en excep ter l'Evêché de Vivier e fa dépendance originaire pour
en marqu
de.la Métro pole de Vienne pour le fpiritu el, ce qui
verra par la fuite, au Souverain qui
le
oft
e
comm
s,
foumi
été
ms
longte
lé Civil, il a
z.iéme iiécle , ce fut par des raifons
quator
au
é
chang
a
regno it for la Provence. Si Con état
on.
particulieres qui. ne peuvent inBuer for notre queili
Voyag . tome :. , page 2 S4~
( b ) Bouc he, t0me r , page 16 1 & fuiv. Tourn efort ,
page 67.4.
( c) Hilloi re de Langu edoc, tome x , not. 3 3 ,
. (i) Ibid. page 6:z.6.
�,...
7
.
'
que fa JurifditH6n
certain
fait
un
C'eft
('a)'.
Arles·
a
ou
· à: Vzenne·
de ces Officiers défignoit de quelle Provinc e é_toient les objets fur
lefquels ils l'exerço ient : aucun d'eux n'avoir d~ pouvoi r fur le
reffort du Gouver nement voifin ( b Ces deux Villes·étoient fi.tuées·:
à la ·rive orientale du Fleuve : Coinme nt pourroit-on douter que le:
- Fleuve même fit partie de leur territoi re; & qu'il étoit de la Prb~
vince Fïennoife .f:
1
).
D U R H o· N E . ·
L Â F 1 N. D E L E M p I R E R 0 M A'I N , ,
& fous la prerJ'}iere Race de· nos Rois •.
E TA
, r.A·
·,
r·
1
. L'Emp ire Romain ët:oit ', al'époque que nous allons parcour1r ; .
vivement preffé par les Barbares. Les premiers qui le démembrerent:
furent les Vzflgots. Ces peuple s, après avoir ravagé l'Italie, pafferen t.
les Alpes, & s'établirent dans-les environs de Touloufe. Leurs con::
<f-1ld>:,
,quêtes ne s'étendirent poi:1t jufqu'au Rhone.. .
Pr?vence ·
La
eno~
ur
Emper~
La Pr,ovence apparteno1~ ~ncore aux Romains; L
th ·
aw.-V1iigo
pa.lfe
a
meme
.
lm,
céda
la ceda a Odoacre Roi des Oflrogots , qui la
Euric R oi des Vifigots (c). Ce Pri_nce établit fa réfldence àArles, dont
le territoire s' étendoi t des deux côtés du Fleuve.. Le Languedoc
prit alors le nom de Gothie. Il avoit été connu précédemment fous
Gelui: de_Septimanie; Dans le même tems fe formoii: le premie r
Royaum e de Bourgogne, quïs' éi:endoit fur les deux rives d.u Rh~ne. ·,-_
depuis Lyon jufques à la Durcince;
La Provence proprement dite; c~ef!:-a-dfre, le Pays qui' s'étend '. Elle conférve.>
'depuis la Durance jufques à la mer, conferva fous les //ifigots la fa même étenduë;.
même étendue qu'elle avoit eue auparavant.- Le Comté ' & le Dio~
_
cèfe diArles,. embra!foient toujour s·les deux.ri ves du Fleuve .
Cl 'f?7:; ~
;
·
Vzfigots
des
Roi
L'on cortnoît la guerre que Clovis fit à A laric
'~près .1' avoir va~1c~ & tué à la bataille de f:'ou~llé , le ~on dateur de.- con, . ovi'> a araf-·
!Empir e François s empara de fes Etats & vmt 1ufques a Tarafçon.
Peu de tems après les François · joints aux Bourguignons· firent fo.. - r:to.
des droits_ Arl.es p~ff'-"de .
fiége d'Arles. Cet événement nous fournit une dpreuve
urrFo rt del::mt1e
é
l
'
L"
r. l R!
d e l a Provenç.e
e ione~ . ~n s apr,erçut pen anr e fi ge', que t ôté du-Ffruve~ .
1ur
.quelques-uns des Habitans.avoient des_intelligences avecJe s enne.,.-
f
, ('a) In Provinci-â Gal-liâ repenfl Prœfeél:us clajjis fiuminzs Rlwdan i ~ Viemzœ«pel Arelati~ .
N Qtic. 1mper. O ccid. cap. 90, fol. 17 9 verf. edit. Venet. 1 601:•
.. ( b ) In reb.us omnibus .~q ua!e mtt jus omnium Pro21i11ciarum, ita ut nu.lll ex Confu laribù.s >
u4, & ~. 93, pa~. ;.4,.;> .
ln tiltemtn aluz.u1d ~.ffe t · zmpm ufn: Marc de Prnu . §. 83, pag.
& Lcu11ig ilde les corri"'ea,
,
Vifirrots
ces
Loix
ks
drnna
qui
Prince
dernier
ce
( c) C'eft
.,
lt'.J.:s font bjen inffrieures à .celles de~ Baurg1ûg1zorzs & des -Lambards leurs voifins.
�. :g-
que de la Vil le: il füt
mis : le·foupçon tom ba fur Saint Cefaire Evê le Fle uve , fi l'on ne
dans
·arr êté , & ce faint Pré lat allo it être jetté
r prifonnier au Château
fe füt pas déterminé à préférer de 1'envoy.e droite du Rhone. On
de Beaucaire Ugernum , qui éto it à la rive
on vou lut traverfer la ri· l'embarqua en effe t, .& pendant la nui t
mis étoient répandus fur
viere ; mais la colilfidération que les ·_enne
ener à la Ville. Ce ne
cett e rive obligea les conduB:eurs à le ram
quelques bâtimens fur le
fut point parce que les ennemis avoient
étoit libre pou r les alîiéFle uve : Le fait füppofe que la navi~ation
d qne Place forte où fe
gés , & qu'ils poifédoient fur l'au tre bor
peu t confulter les Hif ro.renfermo'ient les Prifonnîers d'E tat. L'o n
Ils rapportent iefa it avec
riens même de Languedoc à cett e épo que :
drles fur le lit &le s deux;
les circonfi:ances qui prouvent les droits d'
b.o.rds du Fle uve .
trouverent réunis fous
Les Eta ts des Oflrogots & des Vifzgots fe
-~ i.lr.
guedoc & la Prooit également en ltalie. Le· Lan
· n :
· auo
, Le Rhon e rei1~ Theodor.ic 4ui regn
r. domm
r
é
· nt éga'l ement r ums ious ia
d"ite é to1e
lanc R01 Ven.ce prop_
Arhaence
nt
a Proy
eme
r
de
après fa mort. L'Italie
Ses deux petits fils partagerent fes Etats
· ·· ·
. Ces deux Princes par é.c.hut à .dthalaric ! Ama.laric eut l' Ejpagne
laquelle leu r ayeul avoit
tagerent enfuite la partie des Gaules fur
maître du Rhone qu'il
.regné. Arhalaric Sàuverai.nde Provence refta
·que les Etats qui étoi ent
ne céda poir,-it à fou coufin: il ne lui laiffa
Bitude des faits que les
au-,delà du Fleuv.e ; & .c' eft .c ont re l' exa
le Rhone féparoit alors les
Hifroriens du Languedoc ptétendent que
s, car il efi: confi:ant que
Eta ts des OflrogoJs d'avec ceux des Vifigot
.regné fur les deux bords
les fucceffeurs d'Athalaric ont, comme luj,
.re .: En foutenant le con.,.
& poffedé des terres au-delà .de la rivie
.& à qµd t;it.re les 0firogot~
traire il fera impolîihle de dire .pourquoi
& de fi:xtr J'éyo qué à la ...
ont re;gné fur les terres de la rive dro ite,
L'hifi:oire n efr~elle pas
.que lle ils auront rentré dans leurs droits.
en ajouter encore ,par des
déjà a.ffez embaraffée de diffic.ultés fans y
!urp ofü ion s arbitra:ire.s ?
qu é le Roy aum e de
Les Fr.ançois avoient déja plus d~une fois atta
·q~·;
1
aire s'~toient unis con~re G_odomar qui
Fra~~t;~ ;1ur~é: Bourg~g_n~. Childe~ert & Loth
a les fecon~
avo1ent même détermmé leur frere Tlnery les deu.x:
rrni.r e JeRo yaum e y regno~t. Ils
ç
entr
s
partagé
9er. Godemar vaincu , fes Eta ts furent
tieJ3 oµri;c:>gne~
.Vivarais dépendant du
Le
:
E,o_is , & Th~odebert fils de Tlziery
·
.
Roy aum e de Bourgogne éch ut à Theodebert
nço is, ce ne
s Province de l'Em pire Fra
Si la Provence devint alor
p
d
"37·
·
S
•
l a fi-orce des armes. rT7.'ztzge
s ouveram e çett e ro·
L a Prov ence ~
par
nt
por
iut
ince
devie nt Prov
s\in ir ayec eux : Pou r
vinc.e ,& Roi des O~rogot.& eut intérêt de
Fran~o.ife :
les
'
1
�P·
cedà la Provenée; péu d'année~
J.es déterminer à fon alli anc e, il leu r
l?ar l'Em per eur Ju[linien;
apr ès, cette ceffion leur fut c~mfirmée
onzus, que. ~e toutes fes P~o
c'eft ce gui fait dire. au, Cardmal. Bar plus légmme~1ent acqu1fe
de
vinces -du Ro yau me il n en eft pom t
.
_
à la Couronne que la Provence.
~~~
.un avantag~ qu' elle fe fera iooE :n:e a~:~
Çe tte Pro.vince a fur le Lan~u~doc ir été Françoije deu x fiécles Languedoc.
tou;ours glo ire de rappeller,celm d avo
s Qiarles Martel (a). Ce n'eft
avant lui , qui ne le devint que fou
arque eft honorable pou r la
poi nt feulement parce que cet te rem
elle enleve à nos AdverfaiProvence que nous la faifons; c'eft qu' d'une erreur fans dou te
tire
res un avantage confidérable , & les
artenu à la Maifon de France
votontaire. Ils fe Battent d'avoir app
par cet te raifon confondant les ·
avant la Provence, & von t toujours
, tandis que 1'on voi t que les
droits de la Fra nce avec les leurs
ce & fur lè Rhone qui en faifoit
'droits de la Co uro nne fur la Proven
s aris à ceu x qu' elle acquit fut
par tie, font antérieurs de deu x cen
la Souveraineté de la Co ule Languedoc, _& conféquemment que
nt du Languedoc, mais de la
ron ne fur ce Fle uve ne lui vient poi Ro i , tou tes les fois qu'ils
Provence ; ils croient plaider la caufe dufe détrompent : Si le Rhone
fiipulent leurs propres intérêts. Qu 'ils ces qui a ét~ Françoife la
vin
'd oit appartenir à cel le des deu x Pro
guedoc doit le ceder en tou t
pre mie re, l'on vie nt de voi r que le Lan
_
poi nt à la Provence.
de Bourgogne qui com- Le Roy aum e de
me
yau
Les François s'ét ant emparé du Ro
ne déce Ro yau me ne ceffa Bo!-lrgog
ence
Prov
la
partie fupérieure de la Provence,
la
trmt
1
oit
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r
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c-, ; rr,
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.Je ;u1qu a a conl~rve fes li~
" é s du Rh one depuis
cl
d
d
'é
cot
eux
es
re
pas des ten
artenoit encore aux Pi.fi- mites.
Durance : La Gothie ou le Languedo' appchaffés de toutes les autres
g.ots d'Efpagne. Ces Barbares avoient été 'étoit qu'avec peine qu'ils
cen
Provinces de laGaule par lesFrançois,&
expé ditio n
aré du Languedoc en ~ 3 t , mais cette
(a) Cependant Childebert s'éto it emp ne conquête, Amalaric ,Roi des Yifzgots avoi t
q4'u
trou bla la
fut plutôt une invafion mom enta née,
Clotaire. La différence des Reli gion s d Amalaric
de
&
t
eber
Child
de
fœur
lde
Cloti
ens
époufé
ortem
emp
Les
e.
oliqu
Cath
n & la Rein e
le. L'excès-de fes
paix de cette unio n, le Roi étoit Arie
enfanglanta plus d'un e fois fon épou
furent portés julqu'aux outr ages : Il
leur com pa!I ion,
e à fes frere s; & pour mieu x exci ter
Un témo igna ge
malh eurs détermina Clotilde à écrir
.
fang
fon
de
t
é, un mou choi r tein
elle leur env.oya, par un hom me affid
e s'en étoit prom is.
Rein
la
que
t
l'effe
tout
rt
debe
Chil
r de
:1u!Ii touc hant produifit fur le cœu
c , com bat Ama·
léve une Arm ée, entr e en Languedo
Son frere , indigné cont re le Vijigot, délivre fa famr.
laric, .le défa it, lui donn e la mor t, &
l'avo it entr epri fe
s cette expé ditio n, prou ve qu'i l
t après fa vieLa conduite que tint Childebert aprè
ieber
Chili
que
faire des conq uête s. ,, Soit
pour vang er fon fang & non pour
1 , page 7 r , foit que
e
tom
iel,
Dan
Pere
uedoc, dit le
~' toire eôt aban-don né le Lang
es, il efr certa in que
ch~é les Gatn ifon s Fran coi(
,, Teudis Succeffeur d' Amalaric en eût fous la Dom inati on des Vifigots, & que ce ne fut
is
4~
-,, cette Prov ince fut long tems depu
Mllrtel qu'elle fut réunie à la Cou ronn e.
,, que fous le mini ftere de Charles
B
�'15
re foutenoient <!ans celle-là. Quelle apparence que les Vainqueur~
qui regnoient fur les deux rives du Fleuve jufques au commence...
ment de la Gothie, dont l'étendue n' alloit pas jufques au bord oc ci-dental du Rhone, n'eui.fent pas été les maîtres du Fleuve le long de
la portion de Provence qui s' éten~ depuis la Durance jufques à 13.!
mer?
· A la mort de Clotaire premier, fes quatre enfans partagerent le:
·r6r;
a~~ff;~~~r~Go~~ Roy~ume. Gontran eut la Bou~gogn~, & Sigebe~t.le pays d'Usès; Le:
iran & Sigebert. premier eut la Provence , la Ville d Arles, moltlé de celle de .Marfeille & quelqu'autre Place. Sigebert regna for Aix, fur Avignon;
& fur le refte (a) •.
L'expédition que Gontran fit en Septimanie prouve que fes Etats,
581.
jufques à Nifmes. Grégoirè de Tours nous dit qu'il leva·
étendoient
s'
rbegnde
omdran
G
{i 1
ur es eux or s d
· ten d'irent:
es troupes & l es mena dans cette contrée, ou' e11·es s'é
tiu fle uve.
fur les rivages duRhone, qu'elles ravagerent, n'épargnant pas même
leur propre Pays. -Multa homicidia, incendia, pr-œdafque in regione:
1
propria facientes ufque ad Urbem Nemaufum proc~IJerunt (b). Ainfi,
fuivant l'Hiftorien du .rems le mieux inftruit, le Roi de Bourgogne·
comme Souverain de Prcvence regnoit fur les terres dépendantes
du Comté & du .Diocefe d'Arles füuées de Vautre côté du Fleuve,.
& conféquemment fur le Fleuve même ..
Recarede fils de Leuvigilde Roi de Sepfimanie, averti de l'irruption.
Beaucaire dé10
pen doit dt:la 1' • des François & des Bourguignons dans les Etats dè fon pere, v.int du
:vence.
Touloufain à l'autre extrêfüité de la Septimanie, entre dans laProvince
d'Arles, tombe fur, le Châteâu d'Ugernum qüi en dépendoit, le
pille & emmene la garnifon prifonniere. Ugernum Arelaténfe Caf-.
_
·
flrum irrupit , &c. (c)
Gontran mit quatre mille hommes fur le rivage pour garder cette
portion de fes Etats : mais maJgré cette précaution les Gots les ravagerent, les pil,lerent, & -abandonnerent une feconde fois Beaucaire.
Gothi . ... in Arelatenfem Provinciam proruperunt • •.. unum etiam
Caflrum Ugernum nomine cum rebus atque habitatoribus defolantes
nullo refiflente regreffi funt (d).
Le feptiéme .fiécle ne nous fournit que des preuves dont le détail
13i;
·
· d
•
Charles Martel
pour entrer dans notre p1an ;
e trop l ongues exp l"icat1ons
ex1gero1t
.en Provence.
nous palferons donc tout de fuite à l'arrivée des Sarrafins dans le
Languedoc d'où ils chalferent les Vrfzgots. Les François entrerent
(a) Mezeray, tome 1.
( b ) Gregoir-e de Tours, livre 8, pa"e 399.
"'
( c) lbid. page 401.
(d)
ïbid.p~ge.;.:i.5.
�·11
rles Martel les défit,;
bien tôt en guerre avec ces nouveaux venus. Cha
lut ~nfui~e s'affurer
comme on fçait, dans les plaines de Tours: il vou
conquetes JUfques à
.du Royaume de Bourgogne, & pouffa fes
ce. For cé d'aller
Arles & Marfeille qu'il fournit à fon obéiffan
confia la garde de
combattre d'autres enn emi s, le Hér os François
les ; mais Mauronte
ces Villes à des Officiers qu'il croy oit fide
les Sarrafins, leur
Gouverneur général de Provence fe ligua avec
igation du Rhone. Ces
livr a Avignon & Arl es, & leur ouv rit la nav
er , tou t ce qu.e
Peuples poffédoient , on l'a déja fait remarqu
t ori voit qu'ils-n 'éles- P'ïfigots avoient en Septimanie : cepend~n
Hiftoriens con tem toie nt point maîtres du paffage du Rhone. Les
d'irmption. La Riporains qualifient leur entrnprifè fur ce Fle uve
à une Puiffance étra n, viere qu'ils attaquoient app.artenoit donc
ent pas être füfpeél:s ~
,gere. Les Hift:oriens du Languedoc ne doiv
·
.
Eco uton s-le s fur ce poin t de fait.
Tome x, pag•
erent une ligu e 401.
form
ls,
nt-i
» Mauronte & fes Con féde rés, dife
uverneur de la Septimanie pou r les Sarrafins.
)> fecrette avec JufifGo
& ils lui promirent à leùr
» Ce Gén éral leur prom it . du f~co~rs ,
ne & de lui livrer certaines
'> tour de l'introduire au-delà· duLesRhoSarr
afins accepterent d'autant
» Places fortes du même côté .
qu'ils fouhaitoient depuis longterns
!>> plus volo ntie rs ces offr es,
& d'en avoir le paffage libre ,
>> s'éta blir au-delà de ce Fleu ve ,
leur ·gré dans tQut le Roy au» pou r étendre enfui te leurs courfes à
nnoiffance plus pré )) me. <c L'o n ne peu t gueres trou ver de reco
, & qu'ils remontent
cife des droits de la Provenèe fur ce Fle uve
t encore fous une Puiffance
atÎ tcms où le Languedoc lui- mêm e étoi
ne appartenaient à fa
étra nge re, tandis que la Provence & le Rho
nce dans l'affaire.
France : Cet te remarque eft de la derniere importa t confirment en- Preuves one le
e ar p; rreLes mêmes Hiftoriens dans la fuite de leur réci
chi tes barrieres du Rhon
fran
e
pein
à
nt
eure
à la Prooi
les
noit
Peup
Ces
:
té
véri
e
cett
ore
·c
des
s
.
Pay
.
les
ver.ce
tous
dans
n
Rhone ; difent-ils , qu'ils porterent la défolatio
s
rdre
défo
ces
Page 40:?.~
Martel averti de
deu~ c~tés de ce Fleuve. Mais Charles
it
avo
qui
n
igno
d'Av
e
fi'ég
le
1Vole au fecours de fes conquêtes , fait
eux . V oulftnt enfui te
• 13'1."
'.été livré aux enn emi s, & le repren~ . fur
étre
pén
,
ne
Rho
le
e
paff
il
,
s
~orter la guerre chez ces Barbare
Il faut bien que la
,dans la Gothie & pouffe jufqu'à Narbonne (a).
, piüfqu'après 1'.a,
'.Gothie ne comprît pas la rive droite du Fle uve ..y·arriver.·
pour
yoi r paffé l'on étoi t encore obligé de marcher
1 a)
fiu11tum cum exercitu ejus traefzit, Go~
Cont in. de ~ redegaire. Carolus Rhodanum
·
& 679.
m
, ufquc Narboncnfel!L Gallia peraçeeJiit, Pages 6z.8
i}iorum fines penetra1m
B ij
�r.12"
· F;TA T
'S
tel{fi-'one fous
Pepin:
Et fous Charleai 2~ne.
S24;
Celli on entre·
l'An h ~vêq d' J\:-]es & le Comte
Lieubulfe , d' une
I;Je dans le Rhone.
0
u s
L
A
DU RHO NE
s E c 0 N D E R A c
Pepin acheva la conquête dl! Languedoc que Charles .Martel avoie:
commencée : ainfi voilà les deux Provinces fous la même domina-·
tion ; mais la Pro11enc~ n'en con.ferva pas. moins les. mêmes limites.
Il en fut de même fous Charlemagne , fa preuve s'en tire du par..
tage qu'il projetta de fes Etats entre fes trois fils. Lyon & quelques:
autres Villes fituées à la droite du R!z6ne étoient regardées comme
dépendantes du Royaume de Bourgogne. Sous Louis le Débonnaire!'état des chofes ne changea pas davantage , nous le voyons par un
aél:e d'échange paffé en 824 entre le Comte Lieubulfe & l'Eglife
d'Arles (a) : C'eft peut-être l'aél:e le plus autentique qui fe foit jamais fait : l'on en juge par les formalités qui 1'ont précédé, accom..;
pagné & fuiv.i.
Le Comte Lieubulfe y céde à !'Archevêque d'Arles les biens qu'il_
poffédoit au Territoire d'Arles dans le quartier d' Argence; c'eft-à:-·
dire , à la droite du Rhone où· ce canton. était fitué : Les.Hifto+
,
riens de Languedoc en convienne nt (.b ).
Si la fituation des terres cédées par le Comte ; prouve que le.
Territoire d'Arles s'étendait fur les deux rives du Fleuve , celle
des biens cédés par !'Archevê que ne prouve pas moins que ce·
Fleuve faifoit partie de fa Provence. La premiere des terres cédées par le Prélat efl: une lfle entourée du Rhone de tou! côtés , fituée
un peu au-defTous de la Ville d'Arles dansfon Territoire. Ce Comte
Leibulfe poffédoit en même tems le Comté d'Arles, & l'acte de'
confirmation de cet échange nous apprend qu'il jouiffoit des terres po.ffédées ex beneficio fuo .. Les Hiftoriens du Languedoc penfent
eux-mêmes. que ces terres faifoient partie de ce Comt~. Comment:
ont-ils pû tenir dans la fuite un. langage fi fort oppofé? ,
-! 'fi;
. Après la mort de Louis
Lothaire regne
fur la Provence & Cha~ve & Louis de 13aviere
fur le Rhone.
E~
le Débonnaire; Lothaire, Charlas le,
fes enfans:, n'ayant pu s'extermin er ·à
la Bataille de Fontenai, convi:qrent de partager les Etats de lem:
Pere. Charles conferva le Languedoc,. l'Aquitaine. & la Neujlrie.;.
(a ) f.Iifroire du Languedoc , tome r. Preuves, num.. 4 3 , page 6 z ; & Cartulaire de-:
·
.
l'Eelilè d'Arles.
(b) Tome :i., }?age z,~8 ; c'ell la partiç ~u Dioçèfe & du G:omté·d'Arles qui eJl en de..J.àl
du Rhone..
·-
•
-
�y~·
.
rLouis eut la Cermanie, ·&Lothaire qui ; ëomfüe aîné ; tetint le rtoni
d'Empe reur, eut l'Italie, la Provence, &c.
Comme, S?uv~rain de c~. dernier P.a~ s, il ac~orda ~e 18 C?B:o....:
11 ~J1~f:rme à
bre 8 )O, a 1 Eveque de //zvzers un Pnvilég e qui favonfe tOUJOUrs l'Evêq~e
ire v·1plus notre caufe. Il contient une confirmation de tous les biens vie: s 1' Hie F ormidonnés à Cette Eglife ' & en partictflier de l' .Abbaye de Dourere Jur cana.
le Rhone dans le Comté d'Orange, & de l' Ijl.e Formi~aria felon fon an-..
cienne erendue , comme elle avoit appartenu au Comte (a).
La même année nous fournit encore une autre preuve .. C'eft
Irru ption d·et
c. • d
c.
r • d 1
un 1a1t
Sarrafins
ontl·1 raut
enten dre 1e rec1t
e a propre b ouch e des H"ft
1 o- Rhone. p:u .I.e'
riens du Languedoc ( b ),. »Les Sarrafins, difent-i ls, ayant remonté
»en 8 )O par l'embouchure du Rhone, firent · une defcente dans les
'?Pays fi.tués des deux côtés de ce Fleuve . Ils ne portere nt cepen)) dant pas fort loin 1'impunité de leurs courfes. Ils furent à peine
» embarq ués, que les vents contraires & les courants qui fon t fré.)) quens dans le Golphe de 1-:JOn les ayant forcés d'échou er fur la
>>côte, les Peuples du Pays les attaquerent & les defirent entié" rement. L' Empereur Lothaire à qui appartenaient les deux c6tés du
)) Rhone, occupé alors fur le Rhin à réprimer les courfes des Nor-·
» mands, étoit t rop éloigné pour pouvoir fé"courir à tems les Peu-l> ples de Provence .contre les entreprifes des Sarrafins
( c ). « Quel
av~u ! quelle lumiere il jette fur nos droits i Le Souver ain de l.a:
Provence regnoit donc fur les deux bords du Rhone•.
Cinq ans après, ce Prince fit à l'Eglife :d'Arles la cfonat.lon de
~'fl·· .
!'Abbaye de Cruas ,fituée dans le Vivarais ( d ). A l'exemple de l'Em- Dona' 10 •11 ~et ~11~
r. .1
r.
r'.
n. •
.
éd···iate. T e11
f.l. baye d_ -vru,s- ~
pereur ion
pere 1'11a pren d ious
ia
proteL.L
lOn imm
.ie e 1-t
l?Egli.fo d ?.A.d~:;,,.
fans doute 1' origine du droit d' adminiftration que l'Eglife d'Arles
.
a longtems confrrvé fur cette Abbaye. II n'eft pas po tfible de fup-·
pofer qu'un Prince difpofe des biens d'une Eglife firuée dans ùn:
pays dont il ne feroit pas maît~ê :,011 fuppoferoit encore plus dif-·
ficilement qu'il la prît fous fa proteél:ion immédiate. Ainfi tout ·
prouye qu'en: effet Lothaire régnait fur . les deux rives du Rhone.-~
ce Fleuve faifoit donc partie de fes Etats de Provence. Les Hi~
{ tt) Colombi de reb. gefl. Epi(. Vivar. lib; z;, p~.
100 , . édîtiorr de LyM 1668",,
( b} T ©me J , page ~ 4 9, livre· 10, §. 52.
( c) Ces Arabes ne refluerent fan s doute en Provence. que· parce qµe Vannée précede'rne·
Hs avoient été· chaffé"s d'Ttalie pa-r · Leon IV. l'un des pfos grands Papes que Rome
ait ei't .,,
C'e-0: de lui que l'A ureur de l'Efay f ur l'Hijlo ir~ générale, dit: ,, H· étoir né H:oma-l1
f ;;
,_,le courage ·des premiers âges de la R.épubliq.ue revivoit en lui dam un te ms de lâcùeié
&;
,, <te-c orruption. : tel qu".'un dès oeaux Monumen s de l'ancie nne Romtque l'o n trouve
quel.~· quefois dans les ruines de la · nouvelle. " Quand.. cet Auteur· fqit> l'éloge
d'n!1 P'apei, ij,(
.Jl:'e!l certainem ent paii fu fpeét.
·
( d) Preu.ve~ de l1.Hiftoire du Lan'gueaoc , füme r ~ num. 8'o, p<ige· 1 o;,,.
�'t.f
n.ous l'attefter poÎttivem.ent.
de
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. Ses trois
peu de terns après cette donation t la Proéda
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partagerent fes lEta ts: Ch
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eRnlrr e nt &par ,. le enfans
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peu d'années qu 'il' rég no it,
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P~ Camargue.
& en pil ler ent les deux _riv
Normans entrerent dans le Rhone & de Septimanie, vit avec indife
Charles le Ozauve, Ro i de Fra nc elques terres fur les bords du
qu
eu
t
efa
férence ces <légats ; s'il
le conduite ? On pe ut juger par
'fihone J auroit-il tenu une pareil e lui feul éfoit intéreifé , puifqu
les aétions du Ro i de Provence
s
oient firent les plus grands effort
ent
. que fes Officiers qui le repréf
r·
ma
Cp
de.
tai en t établi s dans l'Ifle
po ur ch aifer ces Pirates qui s'é
one à paffer po ur aller ra....
Rh
tit
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ils
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gu e, d'o
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vager la rive occidentale.
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l'E gli fe de Piviers fut confirm
Ce fut pendant fon regne que
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micaria fituée aü milieu du Rho
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& qu 'il eto it So uv era in des
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~es deulj'. "'ri.ves du rer es,
vence proprem~nt dite.
Pro
la
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mi
pre
Le
ts.
Eta
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·
~o.1e,
s, Usès & leurs dépendances. Il
rég na fur Lyon , Vienne , //ivier
du
bbaye de Cruas fitu ée au-delà
ren ou ve lla la concellion de l'A
n:i.
fous deu x Dominations différe
Rhone ; ainfi cet te riviere cou la
Lyon jufqu 'à Lir.ere rec on nu t Lo
tes. La partie fupéi:ieure depuis
r
me
uis cet te rviere jufques à la
dep
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éri
inf
tie
par
la
&
;
ire
tha
fur
II. Ces deu x Princes rég nerent
fut foumife à !'E mp ere ur Louis
on
;
it
no
dans la partie qui le. con cer
les deux rives_du Rhone chacun
, & po ur
l'aél:e que nous venons de cit er
1~ vo it po ur Lothaire .Par
de
re aéte du ) des Ide s de Ma rs,
1 Em per eur Louis, par un aut
Di oc éfe
reg ne , par .leq uel la partie du
l~ hu itié me année de fon
re du
end
Rhon~ eft déç lar ée dép
d Arles fttuée à la droite .d u
ier rito ire de cet te Vi lle ( b ).
t Charles le Chauve en po f·
Charles-lert de !'E mp ere ur Louis Il. mi
mo
La
nte~:
& de la Provence. Il y avoit tre
Chauve y regne à
e
ial
pér
Im
ité
gn
Di
la
de
n
fio
fef
t
fon toµr~
oit de la Septimanie, & pendan
cinq ans que çe Pri nc e jou iif
fé
paf
ait
tro uv e àu cu n .aB:e qu'il
.ce lo~g efpace de tems l'o n ne
ue c:!roit
P~ovinçe lui eû t çlonné quelq
f.lU fuJet du Rhone. Si cet te
Le
7 i9.
(a) Bou che , t0m e r, page
(.h ) ln.vent.aire
~es
Arlfh.ivcs d'Arles > I';i.ge n~
�rtf
rur ce. Fleuve bu fes C!épenôances ' rie trouveroit-on pM Cfes traces
de l'ufage de èes droits? ,Tandis qu'on peut remarquer qu'à peine
il a fuccédé à fes deux neveux , l'Hifl:oire nous fournit des preu~
ves de l'exercice qu'il a · fait de ces mêmes droits.
)) Sachent tous préfens & à venir ( dit-il dans un Diplôme (a}
tf17.· , •
0
0
u'il
accorda
à
l'Eglife
de
Viviers
le
2
Août
877
)
))
que
pour
d'
C
°n~m;u
d!l
q
1 61eUis
,
D
N
e pu
ion s ,
»l'amour de Dieu & a la priere de notre cher . uc Bdfon, ous fur le- Rhon_e par» avons accordé à l'Eglife de Piviers les biens qui étoient autre- le Souverain de'
1: •
de ion
r
D omame,
·
r
·
IT~d
» 101s
içavoir,
tout ce qu ' e11 e pow~
e dans l e Provence,.
?) Comté de Valence avec la moitié de l'Egl~fe de Saint Romain ..
.,, Nous lui donnons !'Abbaye de Dour_ér.e fi.tuée für}e Rhone dans;
:»le Comté d'Orange,avec fes appartenances & fon diftria des deux
')côtés: de plus, l'Ifle d'Argentiere auprès .de Saint Andeol, &:
;l> l'Eglife de Saint Viaor fur le Rhone jufqu'à Scotadium ..
- Plufieurs circonftances · prouvent que !'Empereur Charles ne
pa:loit que comme Souverain ~e Provence•.En premier lieu? fou.
D1plome efl: conçu dans les memes termes que les acres faits en8 so & 86 2 par l'Empereur Lothaire & par fon fils. 2 °.. C'eft: à:.
la priere de Bofon, Gouverneur de Provence, du Comté ·de Vien ..·
ne & des Provinces voifines .. On fçait que dans le neuviéme ftécle'. .
ces premiers Qfficiers fe faifoient un mérite dïnftruire l eurs Sou~
verains des befoins des Eglifes -dépendantès de leur Gouvernement. Enfin la défig_n ation de l' affiéte de l'Iffe Argentiere ne laiîfet
~ucun doute qu'elle ne fifr au. milie4 du Rhone-.
. _
· . Terminons cette époque par des preuves émanées- des Hifto. fif1-., _,., .
rie~s de Languedoc eux-n;êmes, qui, en parlant de la divifion du l'Jr~g~ ~~;1~~ 1 ;a~:
Languedoc en Comtés, d1fent, Tom. prem. pag. )87 >>que ceux !iedelal?rovenoe•.
:>>de Piviers & d'Usès, avec la partie d-e ceux de Fienne, de Va- i>> ·zen ce, d'Avignon & d'Arles, fi tués à la droïte du .Rhône, dépen>> doient du Duché de Provence & étoient fi tués dans la . partie:
» du Royaume de Lothaire qui é_toit échue à Charles zè· Chauve~.
» Après le Concile de Troyes, ajoutent-ils, ToJ?J. z, pag. 3·,,
1'~:1 i~é' ebti'ë'
>) Louis le Begue fe rendit à Foron près Majlreic , où it"'e"ut une con. f.ot·~s le Fec;ue &
» f~rence avec, Louis ~e Germanie fon cuttfin. Ces deux Princes ctm." ~i~~is· 1d: Gf~h::;·
)) vrnrent de s en temr, par rappon au · Royaume de Lothaire·, au r fre i:u R.ci de '
~)partage que leur pere leuT êlVOÎt dé1à fait, enforte que fuivant Provence •.
)) cet :accord, les deux côtés du Rhone depuis Lyon jufques àJa;
:>>mer, & parconféquent le Fivarais & le Diocèie d'Usès demeu··
>> rerent au premier. _
·
.La Provence s' étendoit don_c des deux côtés du Rhone:, au l110ye1t
(et). Hiftoi_re d1,; Lang~:efoc. :Preuves-, dum.
1 v.3
) p;g'e 1 H•
�r16
remeht partie. Offrons.en
nécelfai
<re qu oi; le Fle uv e en faifoit mêmes fources.
des
de notJvélles preuves· tirées
ETAT
DU
RHONE
FI LS .
so us B os qN ET so N.
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ayons à év ite r to~t ce qu i fen
us
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forcés ,-à cet te ép oq ue , d'entr
'differtation, nous allons êtr e
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Go uv ern eu r de Provence. Le
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n bo rd à l'a utr e. Après avoir
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leu r fyfaétitude qui ne favorife pas
réta-bli les faits dans un e ex
rév ors propres pa rol es, que cet te
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lut ion , loi n d'a lté rer les dro
confirmer.
céd é à Charles le Chauve, &.
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II.
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uis III . & Carloman : Charles le
laiffé de ux fils en mo ura nt, Lo
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Chauve ; fa fille fe tro uv oit fia
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ce que le Ro i de France poffé
de Bofon s'é ten dit fur tou t
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» & d'Usès , & dans la
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vence dans la mê me éte nd ue qu
mêmes , Bofon po!féda la Pro
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av oit fous les Ro is de France
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des raifons folides po ur juftifi
S'i l éto it poffible de tro uv er
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Ufurpate
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�. ·11
gie: Il n'y avoit alors ni droit de naifîance; ni droit d'élea ioh
reconnu ( a ). L'Europe étoit un vafte cahos dans lequel le plus
fort s' élevoit fur les ruines du plus foible , pour être enfuite pré.cipité par d'autres. Auffi vit-on s'élever dans ces tems d'anarchie
<le nouveaux Royaumes , comme des monceaux de terre après un
tremblement. Les incurfions des Normands achevoient de mettre
tout en confufion.
Quelques Hiftoriens prétendent que Charles le Chauve lui-même
avoit érigé le Royaume d'Arles en faveur de Bofon, & que Louis
& Carloman n'avoient pas des droits plus lépitimes que lui, puifqu'on les regardoit comme btitards, étant nés dune femme répudiée .
( b) : un fait incont efiable , c'eft que la Couro nne lui fut déferée
par le Concile de Mantaile près Vzenne , avec les mêmes fofom~
nités que l'on obfervoit alors pour les Princes légitimes .
. Il fçavoit que dans ces tems-là une Bulle du Pape pouvoit
affermir ou ébranler le fceptre dans.fa main: auffi fe le fit-il confirmer par Jean VIII. ( c ) ; & pour tâcher de faire oublie r quël
étoit fon véritable Maître , il n'héfüa pas à fe rendre coupable du
crime de felonie, en faifant à !'Empereur d'Allemagne hommage
àe la Provence , du Dauphiné & des autres contrées qu'il avoit
ufurpées fur la Maifon de France. Tel eft le titre odieux que Bofon
& fes fucceffeurs ont voulu donner à l'Empi re fur des Provinces
:
qui ne lui appart~noient point ( d ).
nt du Royau~ .
illeme
· Bofon ne joùit cependant pas d'abord tranqu
(a) Effay fur l'Hiiloir e générale .
~ b) Abregé chronolo gique du Préiiden t Hainaut , pag. 879.
Italie, le ~raitoit d~ns
( c) L~ Pape qui avoit alors .befoin de lui pour le conduire en
Saihteté voulut
{es Lettres de fon Fils, de très-glorieux Prince. Quelque s années après 8a
& de Pertur~
'lbnerair
de
tions
qualifica
les
donna
lui
plaire à la Cour de France, &
bateur du repos public. Bouche, tome I , page 76 6.
jufqu'au
· ( d) Depuis cette époque nou11 allons voir la Provence refter Fief de l'Empire preuves
plulieuriS
tems de fa ré.union à la Couronn e , & de cette [éparatio n même naitront
d'avouer qu'une
en faveur de cette Province . Nous nous ferons d'autant moins de peine
ns de l'HiCmonume
mêmes
les
que
Pays,
ce
Puiffance étrangere a eu la füz.eraineté de
n paffagere ne
ufurpatio
cette
que
tems
même
en
t
infiruifen
nous
fait
le
attefl:ent
qu_i
toire
imprefcr ippeut nuire aux Rois de France, car s'il ell: vrai que les droits des Rois foient
parce qu'un
tibles , ceux de la Couronn e fur la Provence peuvent- ils avoir été détruits,
? Si l'on veut
Ufurp.:teur aura reconnu pour Maître un autre que fon Prince légitime
depuis à Louir ·
aucontra ire que la prefcription ait lieu dans ces matieres , comme on Ï'oppofa
fur le Miladroits
fos
valoir
faire
voulut
il
,
Vijcomtî
d'une
petit-fils
de
XII. lorfqu'en qualité
Provence ,
la
fur
droits
fes
recouvré
a
France
de
nais: il y a plus de 400 ans que la Maifon
Poëte: Je
le
avec
dire
pourroit
Roi
le
,
difputer
lui
les
ofoit
Puifiànce
utre
& li quelqu'a
·
regne, il n' efl plus tems d'examiner mes droits.
évenemens que
Les Proc~reurs dù Pays peuvent donc fans crainte rappeller au Conîeil des
De pareils
Roi.
du
intérêts
les
pour
zele
par
r
diffimule
devoir
<;JU~lques f11fioriens croyent
la Co.J.1ron11e !\Il\
ménagemens ne -convien nent qu'à ·des droits équivoques , & ceux qu'a
la Pnm·nce depuis la ceffion de Vitiges, n'ont jamai~ été incertains~
'
c
Lés Rois d•
France lui font li
guerre.
�'1·s
loman firent quelques efforts
.me qu'il s'étoit fon né; Louis & Car ; mais il employa con tre
pou r le. remettre fous leu r obéiffance la force aidée de la pru•
s,
eux ce qui fait & · dét rui t les Empire
lui Vienne, elle ne fut pas
1
dence. Si les deux Princes prirent fur
tes les Branches de la Maifon
longtems à leu r p-quvoir : envain ·tou
cab ler , il fçut fe maintenir
'de France fe liguerent-elles pou r l'ac
contre toutes leurs forces réunies.
rpateurs heu reu x; Carlo•
En fin , ce Prince eut le fort des Ufu en mariage , & il y a
Ils traitent avec
vant le vaincre , reçut fa fille
lui, & il conferve man ne pou
e de confentir
nce que dès lors la France fut obligé
d
fc
les deux bords du tou te appare
fc " 1
"l
vence & es dé pen ances.
Rho ne.
pou r 1e moment qui con ervat a Pro & Carloman éta nt morts
is
Ce qu'il y a de cer tain , c' eft que Lou , qui régna en Fra nce
eur
fans enf ans , Charles le Gros, Em per
ple, fit la paix avec Bofon,
Sim
le
rles
pendant la minorité de Cha
ts ( a).
& confentit qu' il confervât fes Eta
indre changement dans les
Ce tt.e révolution n'apporta pas le mo
nc;mveau Ro i régna fur elles
Provinces qui en furent l'objet. Le
ient régné les Ro is de France. A
& fur le Rhone, comme y avo
le Cle rgé auquel il avoit de
l'exemple de Clovis, il fçut ménager
envers les Eglifes fur ent
fi gl"andes obligations. Ses libé rali tés
ont -ils .beaucoup plus refconfidérables: auffi les Moines d'alors
-Martel qui fe conduifit fi
pea é fa mémoire que celle de Charles
différemment ( b )•
, & fit comme lui homLouis l' Aveugle foccéda à fon pere Bofon
. sir-1~
ple, ( difent les.
pereur. »Charles le Sim
l'Em
à
ce
ven
Pro
la
1·
de
·
ge
c
ma
le
~
u.
Ave&
1'
L1. ofuis
. s d e Languedoc J tom. 2' pag. 49 '))) eut1a1t va 01r fes pré"'·
1U ucce,1 e, ies H'
iftonen
uill e~tats 0_1_1tlamême
me de Provence fans les nouvelles bro
yau
Ro
le
fur
s
tion
ten
))
<lne.
c:ten
oyaume (de France)à la faveur defquel>> ries qui s' éleverent dans leR
nt dans la paifible pofieffion des deux c~tés
>> lesLouis l' Aveugle Je mainti
ouchure dans là mer«. Co m)) du Rhone depuis Lyon jufques à fon emb eurs que , lors de cette ré-aill
ment après un tel aveu a-t -on pu dire
furent réunis à la Couronne ?
vol uti on, le Rhone & fes dépendances
ugle enhardirent le Co mt e
Les malheurs qu'effuya Louis l' Ave ). HuO'ues lui-même av oit
Hug uesu furp e
r fur lui fes Eta ts ( c
l:>
la Prov ence ' & le Hugues à ufurpe
A
Marquis de Gothie la démembre.
·
.
1, page 767.
qui lui.avoit
t Den is, fait couper la tête à un Abbé
Sain
de
x
gieu
Reli
les
vexé
t
avoi
Il
le Clergé
.< b)
ifler
Jubj
.nt
laiffa
es,
itain
Cap
des Eglifes à fes
répa ra
gne
fait la guer re, & donné les biens
lema
Char
79.
:t
Surius, tom . prem ier, pag.
.
comme il pourrait. Vie de S. Remy;
autant qu'il put les torts faits à l'Eg life.
l'ayant v;iincu
pire , mais Berenger fon Compétiteur
( c) Ce Louis avoit prétendu à l'Em
que dans ce
ît
paro
Il
.
eugle
l'A11
s
Loui
llé
appe
d'où il fut
[es neveux
de
& pris , lui fit crever les yeux ,
un
à
fobir
fair
it
foibles ; Louis I. l'avo
onndire.
Déb
tems-là ce foppl ice étoit le fort des
le
moin s été nornmé_
les tour men s; &.Louis 1. n'en a pas
('a) Bou che, tome
qui étoit mor t dans
�I .9
àeux voHins -puHfans, hommes de fortune comme lui": c'étoit
Ermangaud, & Rai"!-ond Pons, Comte du Langu~doc ou Septimanie. Ces deux Princes ayant ufurpé fur la Maifon de France
les Pays dont ils n'étaient que Gouvern eurs, s'emparerent également ~'une partie de ce qui, dépe~doit de _la P:ovence fur la
rive occidentale du Fleuve , . c eft-a-d1re du Vwarazs & du Pays
d'Ufès. Ce démembrement à la vérité n'eut lieu que pour trèspeu de tems, mais dans ce moment ils ne laifferent à Hugues
.que ce qui reftoit de la Provence de ce côté-là. Nous all<?nS
apprendre des Hiftoriens de Languedoc même en quoi confiftoit cette portion , & quelle conf~quence ils tirent de cette
révoluti on, pour prouver qu'elle. a rendu le Rhone une dépen.
-Oance de leur Provincé.
dont Bofon s'empara l'an 879 \a);
Provence
de
e
»Le Royaum
» difent-il s, s'étendoit des deùx côtés du Rhone, & comprenoit en
>> deçà de ce Fleuve ( du côté du Langued oc ) , les D iocèfes de
»Viviers & d'Ufes, avec la partie de ceux d'Arles, de Palence &
»de Viénne qui dépend du f.anguedoc. Il eft important de faire
,> voir ici la maniere dont fe fit cette ufurpation , pour l'intellila
'>> gence de ce que nous avons à dire dans la fuite touchan t
Lan» Souveraineté de nos Rois fur le Rhone, lequel appartient au
» guedoc d'un bord à l'autre depuis les frontieres du Lyonnois jufqu' à
l> l'embouchure de ce Fleuve dans la mer..
La tremiere fingularité q\.Ii frappera ' dans ce paifage, fera fans
d' r.
A
·d?ute e peu de 1·ia1'fc_on qu''i
l' y ~.-entre ~e que ces . uteurs !ienf
d abord avec la conféquence qu ils en tirent pour leur Province.
Car quelle analogie trouvent -ils entre la Souveraineté de nos Rois
fur. le Rhone, & la conclu.fion qu'il appartient d'un bord à l'autre
au Languedoc !
. Ces fçavans Hiftoden s entrent, après ce début, dans de grands
âétails , clefquels cependant on ne voit aucun réfultat qu-i prouve
que le Rhone ·appartienne au Languedoc; l'on n'en peut même pas
conclure qu'il ait continué d'appartenir aux Rois de France. Comment en effet concevoir qu'un Fle.uve ne ceffe pas d'être fous la
Domination d'un Roi, tandis que les terres gui confinent à fes
àeux rives "font poffédées ou ufurpées par d'autres Princes qui s'en
font Souverains ? Quoi ! d'un .côté le Marquis de Gothie s'empare
du Vivarais & de l'Usès, de l'autre Bofon & Hugues fe font Rois
de Provence , & cependant les Rois de France n'en auront pas
moins confervé les rivieres qui coulent au milieu des Etats de
ces Princes ! G'eft ce qui ne fe conçoit pas.
( a) Not, premiere , page 51.1 , tome z.
c ij
~éfu.tation des
pretent1ons des
Hillor. du Lang.
fur la propriét~
·
du Rhone.
�!26
l'adreffe ave<! laq uel le
Rie n de p{us remarquable au refle que
l'ufurpation des Go uve rles -de.u.x>B'énédiB:ins cherchent à pallier
neurs de leurs Provin ces.
qu' Ermangaud & Raimond POn$
» Il par oît certain , difent - ils,
rent alors du Vivarais & du
»fa n nev eu, Marquis de Gothie, s'alfure
partie du Languedoc qui dépend oit
» Païs d'Uses, c' eft-à-dire de la
: ce qu'ils firent au nom de
)) de ce même Roy aum e de Provence
toujours pou r feul Ro i lé·
)) Charles le Simple, qu'ils reconnoilfoient
leur hienféance, ils Je crurent
)) giti me , ou à caufe que ces Païs etant à
Je les approprier & de les
Ȑtre autant en droit que des Etrangers de
» unir à leur Domaine.
ce Pa'is à fon Domaine:,
Le Marquis de Gothie avoit fi bien réu ni
, qu'il n' eft revenu à la
& Yavoit fr peu pris pou r le Ro i de France e ufurpation,. & il a
s cett
Çau ron ne que plus de trois fiéclès aprè
la fui te, que la Ma:ifon de
fall u, comme nous le verrons dans
à celle de BOU RBO N, pou r
Touloufe en ait fait une ce!Iion formelle No us auri:ons donc fans
its.
que la France foit ren trée dans fes dro
doc de dire que ce fut par
con tred it autant de dro it que le Langue
la Provence;- rnais nou s ne
droit de bienféance que Bofon s'empara de on & de la révolte. Bofon
biti
fçavons poi nt pallier les crimes de l'am
que nous voyons entre lui
fut un Ufu rpa teu r, & la feule différ~nce qu'il eut le courage de
&- les Gouverneurs du - Languedoc , eft
fonder Ul} grand Ro yau me ,
mo nte r ouvertement fur le Trô ne; de
caraB:érife les grands talens;
& de s'y foutenir avec cet te audace qui
courageux , ont marché
tandis que fes deux voifins plus rufés que font foutenus par une
, fe
dans les ténébres d'une rebellion fou rde
dér obé , pou r ainfi dir e,
con dui te timide & faulfe, & ont plu tôt
leu rs Eta ts qu'ils ne les ont conquis.
ce moyén-le bord arien~
Les mêmes Hiftoriens ajo ute nt, que par
Provence · & du Languedoc~
tal du Rhone forma la féparatiori de la vér ité, & à ce que nou s·
à la
C'e ft encore une alfertion contraire
ouv rag e, où ils difent que
·venons de rap por ter de leu r pro pre
polfeilion des deux c~téS;
Louis l' Aveugle fe maintint dans la paifible re de la me r; fi ce fait
chu
_ du Rhone depuis Lyo n jufques à l'em bou font forcés d:avouer que ·
ce
eft vra i, fi les Adverfaires de la Proven
ntint dans la paifible pof ,
mai
le nouveau Sou ver ain -de Prov.ertce fe
ment la rév olte de Bofon a-t- elle
f~ffion des deux c~tés du Rhone, cùm
formé la féparation des deux.
fait que le bord oriental de ce Fle uve ait
paradoxe., au moins fau t-il
Provinces ? Qu and on veu t pro uve r un
être d'accord avec foi-même.
principes des mêmes· Au~
En fecond lie u, füivant l_es propres
�2f
le Pivarais &
te'urs ; âès -que le Marquis de Gothie tte prit que
les autres dé&
,
l'Ufége, Beaucaire, la Ter re d'Argence, Fourques
de ,Valence, d'Avignon
pendàrt~es du Com té d' Ar le~, de Pienne,
du Rhone., refterent
qui, fmvant eux- mêm es, éto1ent fitués au-d e-la
Rhone ne fervit
à la Provence: c' eft donc une nouvelle preuve que lefan .bord oriental,
poin t de limites aux deux Etat s, encore moins par
terres au-de-là de.
puifqu'il reftoit encore au Com te de Pré>vence des
de la Mét ropo le
ce Fleu ve. Le Rhone fuivit néceffairement le fort
eût fervi de limites
don t il dépe ndai t encore : & quand même il
par fon bord oui..
aux deux Eta ts, ce n'au roit jamais pû être que
Hiftoriens du
dental, & non par fa rive orientale , dès que les
foit emparé du
Languedoc ne difent poin t que Raimond Pons fe
ès. La fuite
ve en même-tems que dès Terr es de Viviers&_ d'Us
Fleu
en aucu n poin t d'ac ...
-de leurs raifonnemeç.s fait voir qu'ils ne font
cord avec eux-mêmes : en voic i la preuve.. ·
que le Vivarais &.
. )) A cela on doit ajou ter, difent-ils pag. ) 26,
ence après la
>dVJége ne firent plus partie du Roy aum e de Provréunirent à la.
1ce
''mo rt de Louis l' Aveugle, & que les Roi s de Fra1
, fait par les- ·
nnus
reco
nt
fure
» Cou ronn e ces deux Païs ; ils y
rent les Maîtres , foit par les;
>> Com tes de Touloufe qui en dem eure
ces deu x Pays s'étend oien t.
» Prélats & les Seigneurs : Or, comme
ve que .nos Roi s ont éxer cé leur;
>) jufq u'au Rhone, c'eft une preu
ion d'Hugues, qui après» fouveraineté fur çe Fleu ve mal gré l'ufu rpat
ence, & la céda en-'
)) la mor t de Louis l' Aveugle s'empara de la Prov
e , d'où elle paffa aux Emp ereu rs:_
>) fuite aux Roi~ de Bourgogn
)) d'Allemagne.
.
ent que d'êtr e._
Que lle logi que! Il ne manque à tout ce ralfonnem
-: il faudroit pomr
conféquent en lui-même & fondé fur des faits vrais
e11 effet occu pé le:
qu'il fût j fte, 1°. que le Marquis de Gothie eût
fesApologi~es:
Pivarais & i·ufége pou r les Roi s de Fran ce, comme l s'en- empara,
cill:'i
l'infinuent avec adreife, tandis qu'i l eft cert ain
des Etat s du Sou vepou r lui,m ême , & q_ue ces Pays firen~ patt!e
nt réunis à la c~m""':
rain de Langueàoc jufqu'en 127 1, qu'ils fure
ie fe fût emparé 9e:
.m nne. En fecond lieu , que ce Marquis de Goth
e-là du Fleuve.7'"
tout es les dépendances que la Provence avoir au-d
rais. & de l'Ufége ,.
tandis que les.Hiftoriens ne par.l ent. que du Pïva
au-d e-là du Rh6ne·,,
après nous avoir dit que la Provence.com pren oit
re la partie de ceux:d' Ar-les;:
non-feulemen~. ces deux Pay s,. mais enco
troifiéme lieu ,
de Vienne & d'Avignon qui dépend du Languedoc. En
R_Twne.,. . ce. q;re
que ~~im_ond Pons [e fût égal~ment emparé du
en effe t n ai:n:1;~
qur
c~
&
Bénéd1ams eux..memes ne .d1fent pas,,
!es;
�~2
point; puifque ce Fleuve ne ceifa pas; comme nous l'allons voirj
d'appartenir aux Souverains de la Provence.
Qu'imp orteroi t au refte à notre queftion que le Vivarais & I'Ufége
euffent été réunis dès-lors à la Couron ne, & que cette réunion eût
acquis à la France la proprié té de cette partie du Rhone? Ce n'eft
point cet objet que nous réclamons: il ne s'agit àujourd 'hui que de
la portion du Rhone qui coule depuis la Durance jufques à la mer;_
& le Pivarais ni l'Ufége ne s'étendent jufques-là.
du Rhone
Veut-o n enfin que Raimond Pons fe foit rendu-M aître
~·ufurp~tion_de
·1
·
1
ér.
ri
ll
Q
?
c;:
d
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R
l
rien
na
J3o ,o n
uei e con1equence en r iu tero1t-1 pour
ch:m eé à la pro~ pour e 01 e J. rance.
bord à l'autre ~
priécé du Rhone. dire que ce Fleuve appartient au Languedoc d'un
appartenoit au
qu'il
Tout ce que l'on en pourroit conclu re, c'eft
Roi de France par le droit de la Couron ne, & qu'il n'a pas ceffé
d'en être Souver ain, quoique les terr~s des deux rives fuffent occupées par des Princes qui s'étoient rendus indépendans : propofi..;
tion abfurde, puifque les droits de la Couronne fur le Rhone n'ont
jamais été féparés de celui qu'elle a fur la Provençe : Au furplus ,
__:: aucune de ces fuppofüions donneroit-elle le Rhone au Languedoc!,
Prouveroit-elle que cette Province ait à cette époque acquis quelque nouveau droit fur ce Fleuve , & qùe la Provence en eût perdu r
Ce dernier Pays n'a-t-il pas refté, lors de la révolut ion, dans la
même étendu e, dans les mêmes limites en deçà & au-de-là_ du
Rhone, qu'il avoit aupara vant, à l'excep tion du Pivarais & de
l'Ufege l Encore les Hiftoriens du Languedoc nous difent-ils ailleurs , que ces deux dernieres contrées ne furent pas pour longtems réunies auLanguedoc: Nous allons voir qu'en effet I'ufurpation
qu'en fit le Marquis de Gothie ile fut que momentanée.
En pftrlant des Pays fur lefquels la Maifon de Touloufe regnoit à
cette époque , les mêmes Auteurs nous atteften t, tom. 2, pag. ) 8:
» quant au //Tivarais & à lVJége, qui faifoient partie du Royaum e
Comte~
:>> de Provence, ils étoient gouvernés , ce Jemble , par des
de ce
>> particuliers fubordonnés à Hugues Duc QU Gouver neur
.
~Royaume.
a doric pas même pour
n'enlev
Bofon
par
arrivée
ion
. La révolut
qui revinrent bientôt à
l'Uftge
toujours à la Prove?zce le Vivarais &
Hugues: ce Royaum e refl:a donc compofé comme auparavant, & le
Rhone ne changea de Maître en aucune de fes parties. Il ne fut
acquis ni à la France ni au Languedoc , & ne fervit de limites aux
deux Pays par aucun de fes bords; les Rois de France n'y conferverent pas plus alors leur Souverainet_é que fur la Provence
même, qui depuis la félonie de Bofon deineura Terre de l'Empir e
�.
2j
Ad'.;
jufques à fa ~éunion à la. Maifon de. Fra~ce e~ ·1 ~~ff. Où nos
plus
verfaires ont-ils donc pns que le V1vara1s & 1Ufége ne firent
les
que
&
ugle,
partie de la Provence après la mort de Loui s l'Ave
Rois de France réunirent à la Couronne ces deux Pays !
;
Les Hiftoriens de Languedoc, après nous avoir dit eux-mêmes
nce
Prove
de
que les Archevêques d'Arles avoient obten u des Rois
er
!'Abbaye de Crùas dans le Vivarais, veule nt nous faire oubli
cette
à
reftés
nt
qu'ils ont avoué qv.e le Pivarais & l'Ufége étoie
ces
Province fous Hugues, & nous difent, pag. 1 oo , tom. 2 , que
pro~
Prélats n'avaient fur cette Abbaye que le droit de vifite & de
fous
rné
teEtion, & que ce Monaflere continua toujours d' ~tre gouve
leur autorité par des :Abbés particuliers. Conçoit-on aifément un Mo·
, &
naftere, dans lequel un Archevêque n'a que le droit de vifite
pour_
qui cepend:mt eft gouverné par fon autorité ? Que de fineffes
nce.1,
Prove
la
de
e
encor
ne pas laiffer appercevoir que le Vivarais étpit
En voici une autre qui n'eft pas moins forte.
nuent les mêmes:
>) L'aél e de fondation de cette Maifon ( conti
de
» Auteurs) efl: daté de Cruas la vingt~uniéme année du regne
e
)) Conrard : ce qui pourroit donner lieu de croire que ce Princ
tale
)) était alors reconnu en deçà du Rhone & dans la partie orien
.de
ume
)) du Languedoc; qui avoit dépendu anciennement du Roya
)) Provence; mais cette Char te n'eft SANS DOUT E ainfi datée , que:
»par ce que !'Archevêque IEterius, au nom duquel elle ·étoit expé~
» diée, éfoit Sujet de Conrard.
Il eft vrai qu'en fe fouvenant que Hugues Roi de Provence avoit
on.
recouvré -le Pivarais & l'Uflge fous la fouveraineté de Conrard,
pourr oit croire qu'm~ aéle paffé dans le Vivarais, & daté du regne
de·
de cet Empe reur, feroit capable de prouver que ce Pays· étoit
fe
Provence : & il a fallu les jàns doute, les ce femble, & toute l'adrei
des Bénédiélins pour en diffuader.
Mais confultons des Auteurs qui ayent moins de prévention pour
foit ~
le Languedoc, & qui ne cherchent pas, à quelque prix que ce
Bour
à lui donner un Pays qu'il n'avait point alors. )) Les Rois de
t le Vivarais ( d!t !'Abbé de Long ue)> gogne & d'Arles poffédoien
Empereurs·
» rue dans fa Defcription de la France, pag. 260) & les
les mêmes cjroits ..
>) Allemands qui fuccéderent à ces Rois eurent
be, qui étant
SQ.ua
de
»Ce fut !'Empereur Conrard de la Maifon
a & à fon Eglife b
>) parent de ·Guillaume Evêq ue de Viviers, lui donn
de)) Ville & le Com té de Viviers. Ces Evêques jouir ent toujours
de
Rois
des
·
)) puis librement de c~ Cot11té fans 'aucune dépendance
réuni on du Lan>) France, ou des Seigneurs voifins, jufques après la
>> guedoc à la Couronne.
/
�~4
riens de
L'on ne croit pas d'après ce témo ighà gé; qne les Hifto
t dé..
emen
réell
füt
Languedoc puiifent faire croire , que le Vivarais
qu'en
&
mem bré de la Provence lors de larév.olut ion de Bofon,
re à leur
conféquence le Rhone ait été acquis par-là d'un bord à l'aut
ion du
réun
Prov ince : eux-mêmes, tom. 4, pag. r 3 3, fixent cette
auquel
Pivarais aux premieres années du quatorziéme fiécl e, tems rai-fouve
ils difent que les Evêques de Piviers reconnurent enfin la
neté de nos Rois (a).
étend u fur ces évenemens que parce qu'ils font la
L'on ne s'
t leurs plus
premiere fource d'où les Adverfaires de la Provence tiren
ntraire
forts argumens pour lui difputer le Rhone , & l'on voit au-co
la
dont
aires
que tous ces faits hiftoriques, dégagés des Comment
s , jette nt
prévention desHifl:oriens de Languedoc les avoit enveloppé
te que la
un nouveau jour fur les droits de la Provence. Il en réful
nt aux
révo lutio n faite par Bofon n'a pas opéré le moindre changeme
eurs, &
limites de la Ptovencç. Il l'a poifédée comme fes Préd éceif
Procette
de
fes Suc.ceifeurs en ont joui ·Gomme lui. Les limites
'frai té fo~
vince ne changerent véritablement qu'en I 12), par u.q
·
lemnel que nous rapporterons bien tôt.
e de ·nos
Cett e difcuffion nous a fait perdre l'analyfe chronologiqu de fa
89 6.
nous en fournit .deux
·
.A&.~s d~ fouve~ preuves.• Le regne de Louis l' Aveugle
.
Lyon
ramcte fur le
de
1lle
V
la
erne
conc
1ere
prem
La
e.
Rhon
Rho ne par Louis fouverameté fur le
qu'il fit
de l'an 896. La feconde eft du même-tems. C'efl: un aae
l'A.v.el,lgle.
donna pluexpédier en faveur d'Amelius Evêq ue d'Usés, auquel il
fon àtta-:
fieurs Eglifes auprès de fa Ville Epif copa le, en faveur de
chem ent pour fon Souverain ( b ). ·.
ET A T
sou s
C once/1îon d'un
b ras du H.hon.e p;ir
u n C.Qmte
v.ence,
de Pro~
D U
R . H 0 NE
LES COM TES - DE PRO VEN CE.
t formée
La premiere race des Comtes de Provence n'efl: pas plutô ier ( ç )
prem
qu'on la voit en poffeflion de ce Fleu ve• Guillaume
.. · ·
occali on de fouhai ter que ceux
(a) En lifant l'Hifro ire des Nation s, l'on a Couvent
plµs pour les Hifroi res des
encore
délire
le
on
Pays;
n
d'aucu
qµi l'éc~ivent ne fuirent
l es écrive nt que pour acne
s
Auteur
les
que
Provin ces d'un même Royau me ; il femble
plut6t des Plaido yers ou
font
t
plC1par
La
.
l'autre
de
ice
préjud
au
l'une
quérir des droits à
de celle de Languedoç,
l'égard
à
voir
de
s
venon
nous
des Panégiriques que ç!es Hifroi res, &
qui fans doute leur
fifrème
un
adopté
que les BénédiÇti11s q1JÎ l'ont compo fée , après avoir
& par l'ench aî- .·
vérité
la
de
force
la
par
nés
Entraî
.
avoit été prefor it, ont fouven t oublié
e d'acco mpofl.îbl
été
pas
n'a
qu'il
nemen t des faits, ils fe font contre dits toutes les fois
moder les évenem ens à leur plan.
!. , num. 16, ·pages 3o & 3 r.
( b ) Preuves de l'Hifio ire du Langu edoc, tome
me ne fut réputé Comte de Proi•ence
Guillau
cç
que
cl!t
nous
( c) Bouch e à cette époque
les neuvié me & dix iéme fü~cles eft
ne
concer
que par la foibleffe de Conrard. Tout cr qui
• à l'empire de leurs Etats.
Prince
des
droits
les
er
démêl
n
ii obfcur , , qu'à peine feut-o
··
donne
�.
~r
tlonne -au Monaftere :c!e Saint André dans le Comté d'Avignon rqui
faifoit partie de fes Et,ats , le bras du Rhon,e qui formoit l'Hle Ma~·
ranica avec faculté d employer cette eau a tel ufage que les Reh...
gieux ~oudroient (a). Non-feulem ent il n'y a n.ulle preuve que les
Souverains de la Septimanie ayent étendu leur pmifance fur le R,hone:
mais:les pro~res m.onumens émanés d'eux prouvent l~ contraire.;
_,c' eft ce que l'on v01t par le teframent de Raimond premier. Il y fait
<les legs confi.dérables à plus de foixante-dix Eglifes. Dans le nom~
:bre des fonds legués on ne trouve ni terres fi.tuées fur le Rhone,
.
·ni aucun des droits qui fe percevoient fur ce Fleuve.
P ' 0 ? 0 ~d 1
fur-·
l.II~
uillaume
G
.
av~c
,
97)
en
partagèa
II.
Son fils Raimond
art1e e a
i r dé . r
.
.
.
"
.
·r. d GO! !ne
ou veptimanze pone . , JU:1:- Provence paffe à
nommé Taillefer, 1e Marqu11at e Maifon deTouques alors par indivis. Guillaume eut le .Comté de lTouloufe & la la
1
d~aErlememd;
?uîe
Comté
de
nom
le
prit
qui
,
Nfmes
de
Comté
du
nartie inférieure
nage
'é
d'
d
fi
1
fi
o.
''l
·
L
·
· Gzlles.
râe Saznt
· e manage qu 1 ·contraLLa ur a n , u ix1 me . Provenc~~m •
·
fiécle avec Emme fille du Comte Rotbold, qui poffédoit la Pro'Pence
la
pour
avec G.uillaume premier, porta dans la Maifon de Touloufe
premiere ~ois une. partie d~ la Proven~e,. qui, fut donnée à Emm_e.
Ce manage efl: '1e ·premier aae iqu! ait pu mettre en quefhon la
propriété du Rhone. Jamais on ne .1'eût difputée ·à la Provence fans
cette -alliance. Que l'on fe fou vienne que jufques à ce moment les
Souverains de Languedoc n'ont fait aucun aél:e de fouv:eraineté fur
ce Fleuve, & -1' on verra que fi les chofes é_toient reftées, comme
eHes étaient à l'-an 1 ooo, il n'y auroit pas eu de difficulté -e ntre les
deux Provinces. Les droits de la Provence n'en paroîtront cependant
pas moins certains , lorfque 1'on aura vû par le détail, .dans lequel
nous allons entrer, 1°. Que tant qu'Emme & fes Succeffeurs joui..;
rent de la Provence par indivis avec les autres Souverains de ce Païs.J
ils n' éxercerent leur fouveraineté fur le Rhone que comme Comtes
de .Provence, & conjointeme nt avec les autr:es Poffeffeurs de la Province. 2°. Que quand les Comtes de Barcelone, ·devenus Comtes de
Provence, & ceux de Tou.loufe héritiers d'Emme, convinrent d'un
partage, le lit du Rhone , furtout depuis la Durance jufqu'à la meri
r-efta certainement aux p:remiers , comme vrais Souverains de la
·
Provence proprerne1~t dite..
1001 •
•
avoit fuccédé à Conrard le pa::.
Fa-ineant
-le
: Rodolphe III. fumommé
faite
Conce!Iion
é
.
1
p
·
S
U·n - eigneur_ rovença nomm Leotard donna par un Seigneur
·
ciJique mort .en 99 3.
dans la huitiéme année du regne -de Rodolphe à -!'Abbaye de S.Chajfre P;ovençal , de
lieux dépen- hdtel~s d fitRuehs aug_uatre Métairies fituées à Corna5 Viguerie de SO'l!On,
-.,, Rodolphe & non . e a u one,
d u Rhone.
·
d
1
'
'r. -1 T/ z
.
d ans du D- 10ce1e "Ue v a ence a a ro1te
Rob.ert Roi de France, regnoit donc fur la droite du Rhone. Les,
( «) Rutfy , Diifertation fur l'origine des ComteJ de Provençe , page 16.
D.
�2:s-
2; pag: r~ 6; Voiè:i Hiftoriens ôu Langueaàc en conviennent·; tom:
.
. Jeurs pro pres termes :. ,
Abb aye de Saint-Cliaffee. La .
» Gl!J poffédoit enc ore en 100 1 l'
III. Roi de Bourgpgne_ ( &
·» hui tiém e année du regn e de Rodolphe
don atio n.q.u 'un Sei gne ur » de Pr.ovenc.e) com me il par.oît par une
de qua tre J\tlétairies·f itué es:
» nom mé Leotard'fit alors à c.e-M ona fter e
que Rodolphe Ill. qui fuccéda-_:
» à Cornas-Viguerie de Soyon : · preuve
rgogne. &. de
e de Bou
à-Conrard 11 pacifique fan pere dans le Royaum is-, qui efl en deçà·
tino
alen
»Provence, fut reconnu dans la partie. du -V Prince qui fut furnommé-Ce
» du.Rhone, & qui fait P,_artie_du-Vivarais.
ennois Ji.tuée en deçà de ce_:
uVr
d
·
ie
~> le Fci.ineant, regna auffi.fur la part
ais-.
» Fleuue,.. qui fait également partie. du.Vivar
nt fait àè pare ils ave ux; .
aye
ens
ortli
Il eft fingulier que c.es Hift
de Rodblphe ILI. la fou-~
aprè s avo ir difpu té préc éde mm ent' au pere
vra ï, qu'e n les· lui con tef.v erai neté de ces -mêmes con trée s. Il eft
ni 1'épo que où elle s avoi ent :
tan t, ils n'en.avoi ent ·cité nïle s motifs.,
·
éeif é d'ap part enir à la Provence:
Rodolphe fur 1-a rive~,
de
r
voi
pou
le
Au furp lus-, en reco nno iffa nt
_ foi fi
é tar ·
vrai. & confirm
, ,
ite du Rhone, ils n'on t· avo ué qu'u n fait
âro
doné~phefi
Rdodbo
don ne al Eg ife,
ne es iens 1tu s
14 Sep tem bre 102 3. Rodolphe -y
au.-deliduFleuve • . une Cha rte (a) du
il eft mar qué dans·le Car -de Vienne tou t le Com té de ce nom , &
nt- de c.e Prin ce le Com té :
tula ire , qµe !:A rche vêq ue Burchard obti
fifc , _tan t dans la Vil le
'de Vienne.,. ave c tou t_ce qui~ appartenoit au
fon -Df ocè fe : Cujus . làbore ~
ôe ce nom_, que dans toute. Fét end ue de
ejus Regina Ermangarda'
(,- induflri& Re:c. Rodofphus ferundus & uxor
nfem, cum omnibus quœ::: ·
'dederunt fanilo . Mauricio Comitatum Pienne
pift.op_atum-( b-). D 'où ·
erant de fifco tam .in Civitate, quam per totumŒ
& du Dio cèfe de Vienne étoi ènr _~l réfu lte que les lim ites du Com té
oü: éga lem ent für. tou tes•:·
enc ore les mêm es, & que Rodolphe regn
t fur le Rhone; L'o n peu t
les parties-de ce Com té, par con féq uen
ait fur le Vzvarais-:.carmêm e con clur e f:JUe fü dbm ïnat fon , s'ét end s? éfoit faite . en .1o1 6~
que
ce fut fous-fes aufpices; & par fa faveun,
bay e de Cruas.l'un ion du Mo nafr ere de Mairans:-à rAb
, r.-o 3 2 , & laiifa fes·1Rodolphe·le.Faineant·mourut. fans -pû ftér iié 'en.fa niéè e Gifelle~-t-oJ~;
ue; mari~ dè é - r.r d
Conrard le:Saliq
ue dè~ Etats à !'Em per· eur
· · re11e }ns 1e, reg ne:·
up ntsE:~q
· -· -~ous· mt
é
·
·
r.
d
n.
. r a1.:.te· e 1ouveramet .qm
L e- p~em1e
..,_1vie ie trouv e
parmi les S!_!j_eis
la Provence·, fut: .EAffemblée qu 11 fit 1 année'.
du Comté,de.EJ:o., de cet Em per eur fur
::, dè fes nou vea ux Suj ets,
mêm e de f'on avé nem ent· à· la·G our_a nne
~e.n~c~
de Vw.iers \, qui.- aflifta à:~
parm i' 1efquels- on voitHer.mrzndr Evê que
que cett e con trée ét:oit~
ette,Affemhlé.e :· preuv:e non. éqp ivo que
tie dtt Roy aum e de Provence:,,-.
~c.ore reg ard ée cam me faifant: par
»
,,
(a ') hivo. .A!rtig~ dia;e
( /j ) lb id,' W.~ 2 f!l,..,
:;r,
p:n~~n s::o &
11.p :.,.
-
�.
.,,,
t (a) une
.Les Hiftorîens àe Languedoc veulent l'affo1bllr, en citan
ais à
Vivar
en
·ho nation faite en 104 3 de l'Eglife de Saint Hilaire
France,~
l'Abbaye de Saint Guillem du Défert qui dépendoit d~ la
•
France;
de
Roi
y
Henr
Suivant eux, cet .aél:e eft daté du regne de
..
plu
pas
Succeifeur de Robert; mais pourquoi ce, Henry ne feroit-il
e en 1o3 S,tôt le fils de Conrard, ·qui fut couronné Roi de Bourgogn
füt paifé
qu'il
& Empereur en 1 o ;-9 l Rien n'indique dans l'aél:e,
. Pl . 'Pr"
~plutôt -à'Saint Guillem qu'à Saint Hilaire.
·ces e~P~~ve~:C:
ier
prem
aume
· La Provence obéi~oit alors à plufieurs Maît r~s. Gu~ll & Bertrand
_ ,avoir laiifé deux fils pour Succeifeurs , Geoffroi premier
and fes
;Guillaume; la portioi1 d'Emme étoit échue à Pons & Bertr de la
ié
moit
-deux fils : il y a toute apparence ·que l'aîné poiféda la
propres
Ville de Tarafcon. & l~ Terr e d'Argence fitué e, fuivant les
Rhone,
du
droite
la
à
~-fi!fotiens du Lang uedo c, (a) en deçà ou
s vont
Diocefe ou Comté d'Arles. Tous l_es événemens poftérieur à la
dû
fuftifier que ces ~~teurs ne ;rendent ici qu'un hommage
étran~
on
Maif
vérit é: la Terr e d Argence, quoiquè palfée dans une
Provence~
_:gere , n'en conferve pas moins fa quciJ.:itê qe territoire de
n>33;
de For;es
Com
les
&
Geoffroi & Bertrand Comtes de Provence,
0
fes Ifle~. Pr~:;n:e m;71i ~~
de
&
!
~hOnf
.du
~nt
jo~ir
fon,
M:ai
~ette
de
ts
cade
ier
calqu
une partie fent de l'Iile iJai..
Les deux freres céderent en 1 o 3 3, :a 1 E.glife d Avignon
étoit fitqéë rani<:~
.de l'Hle de Mairanica, dont nous avons déja p~rlé ;_elle
he, pag~
!dans le Com tat, & entourée du Rhone de tous cotés. Bouc
6 3 , tom. 2, · confront. ex omnibus p'attibus rurfl fiumine Rho·dani. effet;'
L'on ne peut _pas douter que cette ,donation n~ait eu fon
1096 , que
,car l'on voit par une Bulle d~Urbain II. du 1) ·oao bre
., ,Gal..
gnon
cette IDe eft ·comprife dans les biens de L~glife d'Avi
_
.
,Chriflian. tome .premier J .pag. t 4 1. .
· d.a 2 3·
aél:e
·autre
un
0
L'un des deux freres Bertrand· céda , par
;oncef
A~1;;:
dans
~t
o
av_
qu'il
part
la
ur
tmajo
ll-1qn
Avril I 040, ·au Monaftere d'e
preuve û,on d'.un Port &
le Port & Péage de Tarafcon. (Bouche, pag. 61.) Nou velle
n aéle d un Peage. _
que les Comt~s de Provence n'avoient été dépouillés par aucu
·
-de leur •propriété du Rhone.
1070.
euxt
citen
Les Hiftorieus du Languedoc., preuv. pag. 277, nous -Gilles & Beaucaire, Armêmes un acco rd fait en 10701, lentre Raimond de Saint
& Fourques
. & . ref-· gence
, ~ cede
1eque ' e Com te de TdtdouJe
dépen doient du
A' z
'
d
·
"
h
p~r
l 'A
e5,
. rc eveqt~e . n.r
poifedés Comté d'Arles &
t1tue au Pr~la~ d1v~rs biens q~e fes Prédéceffe.urs avoientBeaucaire de la Pro,ence.
<lans le ternt oire d Argence , dans lequel éto1ent fi tués
té d'Ar les, &:
& Fourques, & qui avoit toujours fait partie du Com
1
...
(a) Tome z, page 160,
( b)
Tome
:i. ,
page -55.9_•
Dii.
�!l°!
tonféquemment de fa Provence ; ce qui prouve, fuivant ëu-sè:;.mlm.es,,
que les Comtes de Touloufe tenaient ces terres des. Archevêques·
d'Arles : le Rhone couloit donc toujours dans les terres de Pro- .
vence. Deux autres chartes vont devenir la preuve que ce Fleuve·
n'a pas cetré· d'appartenir à cette Province , meme quand elle a été
1 09 4~
D on d'une
exemption de::
féage •.
gouvernée en même tems par les Souverains. de l'une & l'autre.
branche.
Raimond· de Saint-Gilles Comte de Touloufe, s'intituloit Marquis.
'de Provence , parce qu'il étoit aux droits d'Emme de Provence ,,
& c'étoit par cette unique raifon qu'il difpofoit en faveur · des:
Monafl:eres Provençaux , des droits qu'il n'avoit auffi qu'en la.
même qualité fur le Rhone & fur la Durance. Les Hifl:oriens de
Provence & ceux de Langueàoc nous difent que le 28 Juillet 109+
il accorda au Monaftere de Saint-Viélor de Marfeille, une exemption générale de tous les droits qu'il percevait par lui-même ou par
f es V aifaux for ces deux rivieres., & fur leurs bords~ Le Languedo~
ne prétendra certainement pas que ce Prince eût le moindre droit:
:{ur la Durance, comme Comte de Touloufl; il n'en avoit pas plus
fur le Rhon.e, & c.'eft comme ayant une partie de la Provence qu'if'.
.
contraél:e id..
que Douce Gomtefi'e cfè:
donations.
les
tems.
même
en
Il confirme
1
Provence pourroit en faire; & en effet, le même jour cette Prin".c .eife fit u.ne pareille donati:on au même Monaftere , _&confirma de
f'On ~ côté- là donatfon qµe venoit de faire Raimond des _mêmes· droii:~
c:iµi, fuivant les propres termes de l'aéle·, leur. venoiendi. tous les
ôeux des précédens Souverains de Provence~.
Ego Dulcfa ComitijJa dono fièut Cornes donavït omnem_ufùm quem:
anteceffores- n.oflri Comites & Comüi]Jie fofebamus acciiJere in navibus.
wel in ratibus v.el in. terréi veL in mare ut proprie· nav.es & rates Maf~
til'ienfis Cœnobiz,. nihil' ultra ufüs cujuflibet_ tr.il:iuant ,,Jid omni tem~
pore. in propr.io jure Mo'na.flerii libenè ac quietè permaneant. Dationem:.
quam_ l'omes Raimundus j_am diéfo Monafterio fecit, C:t quam alii':.
boni virï qui fevo & pïgnore per Comitem. & pe.r me~ habent ,fec.eruntf
.
_&.,: fa8uri funt, laudo & firmo_.
Les Vaif-aux du Comte_& de fa Gomtefi'ë céderent, à fo_u r: exem; pTe, les, dtoit:s- u 'ils perce\ioient. für le Rhone·& für fa Durance -~~
!'.Ab Baye de Saint-Viflor. Nous- en voyons uneliffe nomllreufe it-'
p,armï lefquels.font les:· Poifèiféurs_dès: cliâ.te.aux: batis le fong du:
Rlione.,, à: la, droite & la gauche dë ee·FT.êuve , . tels: que ceux, dë·
f<oq_uenraure-:,. . d'. Arramon: & de. Lus·,, fü:ués dàns ·une:Iile de cette~
ri.vicre ~: ceux; de:· Bo.ulli~n:Y' _func ég,alement c-0mEriS! ;! t-es: noms:. de:
a
.-
'
�.,.9.
ces Seigrteur,s fo11t pêle-mH~; ils ~toient donc de la même Ôomina~
tion ; les Chateaux de la droite ét01ent, comme ceux de la gauche
du Rhone, fiefs de Pliovence. Les donations d ces différens Seigneurs font corps avec celle de la Comteife, àla fuite de laquelle om
les· trouve avant la date & la fignature d'm1 feul Témoin, tandis
qûe dans l'aél:e foufcrit par le Comte l'on. ne vqit aucl~n de,/es
Vaffaux_poifeifeurs des pé.ages du Rhone; lm feul y parle JUfqu al~
'èlate qui eft fui vie de fa fignature, de celle de fa femme & de quatre
,Témoins.
,
Sa propre conduite a proùvé qu'il n'avait par fui-même· aucun Relti~~~;~~ de fa
'droit fur ce Pays. Pénétré de regret des ufurpations que lui Terre d'.4.rgence.
& fes Prédéceffeurs avoient faites fur I'Eglife d'Arles, il dédara, à l'E'.glife d'.Ar"'!'
le 3 1, Janv!er I to r (a), par le teftament qu'il fit peu de jours avant le ...
fa mort, que tout le territoïre d'Argence, fitué le long du· Rhone;
appartenoit à cette Eglife : c'eft l'a partie du Diocèfe d'Arles qui
é'toit au-dela du Rlionedu côté. du Languedoc. Il abandonne à l'Ar:..
chevêque le lieu de Fourques & fos dépendances, parmi lefquelles
il _nomme le petit Rlîone. & fon Port,. toutes les dixmes ( 5 ). & les·
Eglifes du terrïtofre d' Argence'.
Cet aél:e f~ffiroit feuf pour ~écïder fa queftfon : il _y eff dlt en termes- ,formels qu Ar.gence', Ie petzt Rhone & le Port de Fourques , tousfttué's au-delà de ce Fleuve, appartiendront à l'Eglifè d'Arles.. De
quelle autre main que de celle des Souverains· de Provence. cette
Eglifo av oit-elle pu les recevoir, puifqu' Arg~nce àvoit touj.o urs;
'dépendu. de leurs Etats, comme faifant par.tïe du Comté.d'Arles!;
Et ne perdons point de vue que dans c.es tems.-là fa mouvance ~
( a) Igitur iiz terrcf quœ· Rli.odilno· contermina ÂÏ-f;entiâ vocmur qutr.m totam proprii jur{J ·
p.rœdiélœ Ecclejiœ elfe cogna[co & manife{lè confiteor oôntra hoc quod neceffe effer nimia adhuc
c,arnalit~te detenrw: fi.liis. majo!em portione1!1- fub f~e tar:ien ~1717ndandi ) aiq,~e. S. Trop:~inr1,
atque S, Stephano ;us-fuum, . zil e~ totam zpfam Arge!1-tzam zn zntegrum refl1tuend1 relznquo.;.
Ad prœ[ens autem. pro remedw anzmœ meœ· 1zanc por-ciunculam Arelate'lfi' ipji Ecclefiœ· atquë'
Jl~ne;.«ndo eju.s, _Ecde fiœc Ar~h.iep,~{co~o Gibelino ~ fuccefloribus ejus & C,lero uflituendo a~f1~ ·
cmm calumnza concedo. Sczlzcet Vzllam quœ· vocatur Furcas cum omnibus fuzs appendzws ~ ·
vid:Jicet de· R_h'odano Cr pa/.udfbu! ·; dé. vinefr & arboriliur '.am fruél:lfer~s· quàm n'o~ fruéli;. ·
ferzs< ,. de terris tf1.m cultzs quam zncultis; . De· Portu 'Rhodanz1&· de · pafcu1s· & d& omnibus ter<- ·
rarum ;.editibu.s & etiam. omnes decimas & omnes. Ecdejias totius Argemiœ ei; r.eddo: prœ~ ·
-tere1 lib'erè · ~edtlo & conc;do eWm Ecdejiœ in Cafl.ellis' Albarone ~ F..os q'f!.attam partem .....SaxmS1. Ponuf.. Arelat; H1ft. pag ..2:14-.
·
( b) Il ne faut, pas .être ~tonné de voir. les'- dixmes au nombre d:ès: reffitations faites , J~
l1Eglife d' Ar!e~ - ,. on croyoit. a10.rs:- &'. l'on a cru longtems aprè·s , que: le> dixmes de }a.
no.uvel.le Loi ero1ent de D~o':~ ~1vm ' .,. .~omme -celles d.e· l'ancienn.e.,, Mais il J>.aroît dé~
m omre par _le ~cuveau _ Traite des D1xmes , . & par· les autorites que:: I'.on' y cite. ~
qu'.elle n~ fu~ po1,nt· pay,ée au~ Ec~lé(1afl:iqµe; ,rendant lès- liu~t I'.remiers .fiééles ·4ë.r.Eglife.?.
au-i:;omra1re · 1ls demanderent a Clotaire· !. d erre exempts . de la: pay.ec aux~ S.eigneurs qw.
fa co~ptgient .12.armi leurs.. re.dèvance$ . féodale•.- Vôy,ez, lé: cli~R· I:z.! ,~ liv. p ,,dè l'Ef~rit:
des.. L.01x.,.
�-
·3.ô
es & la m~me
la J urifdiél:ion fpirituelle ·avaient les mêmes born
.
.étendue.
poin t fans effet.:
Les derniere-s vo ontés de Raimond ne refterent
oder à .Alphonfe le
L'A rche vêqu e d'Arles va dans un moment infé
mage. Nou s
'Jourdain le territoire d'Argence, & en recevoir l'hom
en fief de la même
verrons de même la Maifon de Baux (a) tenir
e -d'/{rles joui t
Eglife le lieu de Fourques & fon Port . L'A rche vêqu
.
endroit.
.encore aujourd'hui de, la dixme & du ba_c de cet
. ré:o luti on arriv ée p ar lH'i~ftfid~lité dde
,~n parlant des effe rs éde ,Iadr
_L e ~r:~;is fait
1ev 1a e11e -avec 1aqu~11e 1es 1 onens e.
-encore partie de Bo1 on, nous avons .re
lu faire croire que le -démembrement , mo~
la Provence juf- Languedoc avaient vou
, avoir pou f tau..;
mentané que Raimond P.ons avoit fait du Vivarais
~u'e.n 1 l 6 5·•
t encore à faire la.
jours réuni ce Pays .au Languedoc. Ils cherchen
ent d'une donation
même îlluf ion, tom. 2, pag. 377 , où ils parl
ar un aél:e daté -du
oque Leger, Evêque de Viviers, fit en 1 1 12, _p
, difent~ils , que
regne de !'Empereur Henri. :>> Il femble par-là
verain: mais du
)) Leger recor.moiffoit alors ce Prin ce pour fon Sou s«. C'eft-à-dire
)) moins on n'en peut tirer aucune tonféquence pour ce Pay
années du regne
que les aél:es paffés en .Vivarais [e dataient pat les
ou que ·!'Ev êqu e
-d'un · Prince qui ri'étoit pas Souverain du Pay s;
étoi t fournis à une
reconnoiffoit un Sou vera in, & qu~ fon Diocèfe
r faire croire que.
autr e Puîffance. Les mêmes Auteurs .cite nt, pou
ue de 109 6, datée
le Vivarais étoi t ~fo Languedoc~ une charte uniq
· àtteftent quë
àU: regne de Philîppes ,. mais tous nos Auteurs nous
e de Viviers fut
ce ne fut que fous Phi~ippes-ie-Bel que _!'Ev êqu
e d_e France, par
obli gé de foumettre fon temporel à la Couronn
de 1 36).
un aél:e de 1 307 , qui fut confirmé par un traité
Fran ce, à l'en~
L'A bbé de Longuerue, dans fa defcription de la
Evêque§ ·de Viviers
-Oroit déja cîté , après nous avo ir dit que les
ce de la France ni
_poffédoîent leur ter6 toire fans aucune dépendan
uedoc à la Cou des Princes voifins, jufques à la réunion du Lang de Philippes
regne
ronn e, ajou te:» Ce fut pou r lors que fous le
t le Sénéchal d~
men
iere
icul
& part
li> le-Hardy 1es Officiers roya ux,
le Pivarais >
fur
-:>>Beaucaire, vou lure nt étendre leur Jurifdiél:ion
t fitué à l'occident du Rhone ·
'-> prétendant que tout ce qui éroi
vêq ue de Viviers s'oppofa
~ rele vait de la Cou ronn e de France. L'E
4
de parle r de cette Ma!fon illufire. Nos anciens
. (a) Nous allons avoir fouvent occalion
l'un des trois Rois
à en faire l'élog e, qu'ils la font defcendre de
·Auteurs font fi portés
nt de l'Orie nt adorer !'Enfa nt ]Esus. Une
qui, conduits par une étGile mirac uleuf e, vinre
n porto it une étoile dans fes .armes. Tout
Maifo
de leurs meilleures raifons, c'efl: que cette
e defcendoit de Mdchior ou .<le Balthazard.
leur embarras eft d,0 déterminer fi Gette famill
ine des Nations & des g.rands Hommes_.
l'orig
fur
ois
Telle d l: la fa~on dont 011 écrivoit autref
�.
'j'f
.Pape Gregorre X~
,, a c·ette erttreprffe; .&. ilnplora la protea!ortqu'èluel~e
. avoi~ été corn·
» qui, s'étant informé de c_et~e aff~ire, trouva
» mencée du tems de Saint Louzs:,., & que le Pape Clément IV..
)) ~voit donné fan 12'6 5, une Bulle par. laquelle il étoit déclaré que·
>? les titres gardés dans les Archives de l'Eglife de Viviers;, démon-·
)) troient que tout fon temporel dépendoit de l'Empire ,,, de forte que·
» ces pourfuites furent fufpendues durant quelques années. Mais.
)) Plzilippes-k-Bel s'étant rendu maître de Lyon & de tout le com·s~
)) du Rhone ( c' eft-à-dire depuis Lyon jufques à la Durance ) , con..
» traignit. Albert de Peyre , Evêque de VivierS>, & fon. Chapitre·,-.
)) à foumettré leur temporel fitué à rocciden t du Rhone·· , .au Roi &
)) à la Couronn e de France, par aéle de l'an 1 307, quïfut confirmé
)) par un traité paifé l'an 1365 entre Charles-V . dit le Sage, Roïde
)) France, & Bertra:nd de Ch&.teauneufi~ Evêque de Viviers« ••
Les Hiftoriens de Languedoc ne font donc · pas exacts ·, forC.~
qu'ils eifayent de nous faire croire qu'un acte de I 112, daté du regne·
d'un Empereu r, ne tire pas à conféquence Rour.le Pays; & quand,
ils veulent tirer avantage d'uff aéte ifolé-, dont' la teneur. eft..
'démentie par les monumens de l 'Hiftoii:e. Ce n'a poii:it été, comme''.
ils l'ont dit, après:la mort de Louis l'Aveugle, arrivée vers la fin du'.
neuviéme fiécle, que le Pivarais a été réuni. à la Couronn e, mais:
plus de quatre cens ans après·, en 136 r , que cet événement· eft·
arrivé :.ainfi la' France n'a commencé à regner qu'à cette époque fur la portfon du Rhone-· qui coule le long de ce Pays, & ne ra poii1t
réuni' vers: 890, c.omme l'ont avancé les Hiftorie ns q!le nous. c.01n"':'·
battons •.
E. TA~ r·
.. :
fous la·.· .Maifan; de Barcelonne,,..
. v-~~-:parta·g e dè Jà"~
. Nous voila parvenus · a repoqu·e remarquable du
de Pa1Jd:
•· & Tratte
é'toit:
·
· d S eptembre 1 1'2 r~·· C et~e p rovmce
r · au mois
-.,,- de ra ~
Partage
e
c ro'Jlen;e 1a1t
n
·
Fofiedee e~ .commun par Alp}wnft.Ze)ourdain, Comte de ToufouJè;, Provence entre le-'
de· T ou& par Raimond , Berangçn llL. Comte: de BarceUmne.... , devenu . Comte
Raymoa4.1
&
loufe
d
é"
,
fill
·r
e am .e e Ger.. : Beranger.
e. omt .e de..p:rovene:e. par ionl?ana
ge avecDouce ·,
N° '),~ !."'
'lie~ge:; hér:uere du C?mte Bertrand~ Cette jouiifance com~n'l:lne. fit ;
dê::
nt
convinre
ils
terminer
les
naitre fntr eux deS" d1fficulté~. Pour.
partager -la Provence~ .
1
. L'on voit par cet aêl:e que fos· territofres dè Beaumïrc&. d Ar;g,.e11c.e faifoient un des principaux· obj~ts dè lems dém~lés...LeGomtet-'
�·~~·
.
ce qul
He Provence les <ibandofine au Com te de Touloufe, avec tout
& la L?~
clépendoit de la Pro~ence, &_qui étoit ~tu~ entre ~'Ifere la mo1t1é
de
rance, ainfi que le chateau de Valabregue , a 1 except10n
& le
cle la Ville q'Avignon & fes dépendances. Le Pon t, la Ville le
ces ,
territoire de Sorgues, la Ville de Caumont & fes dépendan
es.
Château de Tor refterent; également par moitié aux deux Princ nce
Le Comte de Touloufe de fon côté cede à Raimond la Prove
(a). Le
avec la Durance & 1e Rhone jufqu'au milieu de la mer
porti on ·
partage contient enfuite une fubftitution refpe aive de la
que chacu.ne des Parties avoit dans la Provence.
fans con.;
· Tout es les terres comprifes dans ce partage faifoient
c convien....
tredi t partie de ce Comté. Le!ï Hiftoriens de Languedo
Com té &
dunent eux-mêmes qu' Argence avoit toujours dépendu
avaient les
·de !'Archevêché d'Arles) qui, comme onl'a déja dit,
& ce terri.. 1
orel,
mêmes limites pour le fpirituel que pour le temp
dans la
toire , de même que la Ville de Beaucaire, font compris
comme
fubftitution faite par cet aél:e : ils étoient donc regardés
faifa.nt partie de la Province partagée.
Dioc èfe
_ L'on ne fjr dans l'aae aucune mention de la partie du
Rhone,
'd'Avignon & de celui de Valence, qui eft à la droite _du le de
inuti
étoit
& que l'on abandonnait au Com te .de Touloufe. Il
même fort que
le
avoir
it
la défigner en parti culie r, dès qu'elle devo
.
·
le tout dont elle faifoit partie.
· r es a, .
· l'Jrf:.
l'
'
d
b
d'
uere JU1qu
Rh
d
l'
L e lt u . one , un · or a autre , depu1s
Lit du Rhone
Le
& res mes refient .
au Comte de Pro•
quod hœc efi pax &- con•
(a) ln nomine Domini fit notum tunétis prefentibus atque futuris
ndum Barchinonenfem
Raymu
&
i,
lEgidi
S.
&
m
Comite
num
Tolo[a
nfum
cordia inter Ildepho
de ipjis querimoniis
jilias,
&
eorum
filios
ac
f!am
Comitem & uxorem ejus Dulciam Comici
iœ & tle toto CoArgent
io
territor
toto
de
&
e·
Belcayr
de
Cafiro
ipfo
de
nt
b.a.beba
quas imer Je
ndu.r BarchiRaymu
lus
prœdié
nos
mus
evacua
&
namque
mitatu totius Provinciœ, diffinimus
Comiti , prœn[o
Ildepho
o
prœdiét
nonenfis Cames & uxor TMa Dutcia & filri nojlri ac filiœtiit cum omnibus jibi pertinentibus,
Arge"n
de
terr«m
lam
prœdié
&
tliélum Cafirum de Belcayre
ab ip(o F7umine Durentiœ u(que ad
& totam terram de Provincia ficut habetur & continetur
infra prœdiélos terminos hibemus,
m
quantu
g1t
Valobre
de
(ajlro
ipfo
Elumen de Yfera, cum
ego Ildephonfus prœdi.élus ComeJ
Et
•••
•
&c
&c. e...:ceptâ medietate civitatis Avenionis,
s atque donamus tibi Ray~
laxamu
&
mur
evacua
us,
diffinim
a
Fay.did
mea
uxor
Tholofanm &
DuJciœ Comitifœ & filiis
tuœ
uxori
&
ioni
March
ciœ
mundo Barchinenen(i Comiti & Provin
t.erram Provinciœ cum
totam
&
&c.
ac .f..liabus vejlris medietatem ipjius civitatis de Avenione,
vadi~ r.tfque c-::d ipfum
&
r
na[citu
tiœ
Duran
Flu.men
!a.ni
mente
ipfo Cafiro deM_J{oarga fieut in
tzam, & tranjit
Argen
&
s
Lupam
de
Flumen Rhodaru & zpfe Rhodanus vadzt znter znf11-lam
IldephonJ~s & .
Ego
.•••
•
mc;re
ipfum
ad
ufque
Egidii
S.
per furcas & v~dit ant~ Vi!lam
• • prœdzélam
•
•
d.a
Raymun
TI1n
••
;
•
•
uxor mea Fa1dzda fic d~ffimmus & evacuamus
r • • • &, i1Jffi.
nafcztu
:Jani
monte
in
tia
Dµran
&
efi
m
fcriptu
erius
fup
lOt(l.m terram Jicut
efi , defcendit in mare, & u[qu~
!Jurantia vaait in Rhodcm um & ipfe Rhodanas ficut ,diélum
s omnibus ••• , Archiepi[copatihus, Epi[coln ~edi~m m.ar.is , cum ~ivi.r:ztibus .& cafltlli
Bouch e, tomez ., pag. 104. Hifr. du Lang.
&c.
us,
paq.lïus V' Viibs & terrztorns omnib
du Roi à Ai~, fol. 4G, 11erf.
tom, z, p.ag. +38 • .Reg. perl~e,n. con(ervé aux Archiv~
la
�TJ
]a Durance, 'avec ·toutes ]es Ines qui fe trouvent dans cet efpace;
refta certainement au Comte de Touloufe, quoiqu'il n'en foit point
parlé dans l'aél:e. A/phonfe fe ·trouvoit maître en cet endroit des
deux ~ives du Fleuve, & par conféquent du Fleuve même. Mais
il étoit indifpenfable de parler du château de Vallabregues, füué
.dans une Ifle quï étoit au-deifous des Pays cedés à Alphonfe: II
· .
.voulut fans doute le jciindre:au refte'du Diocèfe d'U7tes.
toutes
que
.prouve
Le foin que l'on prit de nommer ·tette Ine,
les autres fituées dans le Rhone, depuis la Durance jufques à la mer, ·
devaient appartenir au Comte de Provence : Ja maniere dont le
.cours de ce Fleuve eft défigné dans l'aél:e en fait la preuve: t4 qu'il coule entre l' ljle de Lubieres f:t le territoire d'Argence. De toutes
les IDes du RholJ:e .., ·celle de Lubieres étoit la plus · occident ale:
ainfi quand même la moitié du bras du Fleuve qui la féparoit d'Argence eÎlt été cedée .aµ Comte deToul~ufe , l'autre bras & toutes les
!Des n'en auroientpas moins appartenu au Comte de Provence. Celle
de Camargue qtii eft la plus grande de toutes les Ines formées par
le Rhone, refta certainement dans 1a partie affignée à Raimond : le
partage ne parle pas du· grand bras du Rhone 'qui borde cette IDe
du côté du levant; il ne limite la portion de Raimond que par l\!
petit bras du Fleuve qui paife .àFourques ,·à S.Gilles, & de-là à la mer;
Remarquons comme une c1rconitance décifi.ve,guele cours de la
Durance & celui du Rhone y font fpécifiqueµ1ent défignés de la même
façon & dans les mêtnes termes, Jicut Durentia ajfiuit in Rhoaanum
& Rhodanus vadit, '&c. Il eft certain que .ce titre donna le cours
-de la Durance à Raimond; il lui donna donc également le cours du
Rhone, pu.ifqi1e l'un & l'autre y font dé.d its dans les mêmes termes.
Que la Durance ait refté à Raimond, c' eft ce qui ne fçauroit être
révoqué en doute; cette riviere -n'a jamais fait partie du Comtat
.Venaijfiiz qui échut à Alphonfe; elle a toujours été & eft encore
·du Domaine de Provence; la preuve s'en tire du concordat paifé
entre le Roi & le Pape en 16 2 3. La fouveraineté de 1'eau, quelque
rart que la riviere .portât fon cours' fut déclarée devoir demeurer
-a la France, non comme un droit nouveau , mais comme un bien qui
n'avoir jamais ceffé d'appartenir au Comte de Provence; & ce ne
fut qu'en cette ·qualité que le Roi traita dans cette occafion avec
le Pape, le premier comme repréfentant Raimond, l'a litre comme
étant aux droits d'Alphonfe: Donc le Comte de Touloufe n'acquit
aucun droit par le partage de 11 2) fur la Durance, puifque )OO
-ans après cette rivîere fut déclarée devoir demeurer au Roi de
France, .coni.me Comte de Pr.c.venc.e : donc c' eft en la même qualité
E
-.
�:~
en vertu
Jf
continuer Cfèxercer fa
au m~me titre que le ·Ro i doit
Com tat, & fur la part ie:
fur la: Durance) vis-à-vis le
, & non en qualité de
du Rhone ) depuis la Durance jufqu'à la mer
exc lu de tou t droi t fur
Com te de Touloufe ·, qui par le partage fut
les deu x rivieres_.
riét é de cett e cfer-i
Pou rqu 'il n'y eût poin t d'lquivo-que fur la prop
age eure nt une fin:..
niere partie du Rhone, les Rédaét:eurs· du part
ce Fleu ve fe divi fe, de·
guliere atte ntio n, dans tous les endroits 9ù
me cell e qui dev oit
défigner la branche la plus occ iden tale , com
pas un mot du Fleu ve
fervir de limite aux deu x Etat s. On ne dit
on le déc rit dans tou t
dans tou t· le détail du lot d' Alphonfe , &
qui tran fcri t ce pcrrtage
·fon cou rs dans· celu i de Raimond. Bouche
.
pofit!vement que le .Rhone fut laiffé à ce
0
me: i ' page- dans fon Hif toir e, dit
;
1
rmé entr e les Alp es,
dern ier, & le refre de la Provence qui eft enfe
· i;o
USIV EME NT, la mer ,.
la riviere de Durance, le Fleuve du Rhone INCL
tori té avec le Langue-.
&c. Ainfi s'il étoi t quefrion de com batr e d'au
n.ous oppofe le fuffrag~
· 'd oc, la Provence ne lui ced eroi t en rien ; s'il
cite r les nôtr es.
de fes Hift orie ns, nous ferions en état de lui
e par l1e part age que
Non -feu lem ent le Rhone refta à la PrGJ'Venc
des Ter res céd ées
nou s ana lyfo ns, mais enc ore le hau t Dom aine
ne fut poin t céd ée à 1' é.:.
au-d elà du Rhone; car cett e prér oga tive
nt le Dom aine util e.
gard de Beaucaire & d' Argence , mais feuleme
de Fourques refterent à
Le hau t Dom aine & la prop riét é. du lieu
fa qua lité de Ter rito ire
l'Ar che vêq ue d'Arl~s: Ce Pays conferva
enfans de Raimond:·
de Provence , c' eft ce qui le fit fubftituer a_ux
le Com te de Touloufe
Com men t con cev oir qu'u n Prin ce tel que
Pay s don t il n'aeùt eu la partie du Rhone qui cou loit au bor d d'un
fe faifoit à un Pré latvoir pas la fouveraineté., & don t rhomma~e
·
étra nge r à fa Pro vinc e?
.1~'1'3'-;
uer fes droi ts bleifés
ndiq
reve
à
pas
Ce Pré lat ne tarda mêm e
. Reclamatio~ de·
ofé. du terr itoir e d'Argence quf
~~nc~er;:r ~~~~- par Je pa:t age . On y av~it difpEgh fe , & dont nou s avons vu..
nu a fon
~hevêque· d~Arles. avo1t tou1ours apparte
reftitution.
que Raimond ·de ..Saint Gilles avoir ordo nné .la
tïons il obti nt enfin juftice. L'aét:e.
Refli~!fï~n de . Après dix- huit ans de follicita
fut paffé le z Sep tem bre r l"fl · Alphonfe (a),,
l'Ille de, ~?is.- de reconnoiffance en
tal',
lifé d'Arles· l'IDe ~peltée le BoiS Com
· e.
~omtaLaJEglife après avoir rend ü l'Eg
·
1
d
.!d
:
'
toir
''l
tern
··r tou t ce qu 1 . po ç e ans e
·
··
d
'"l
i
dé
teni
bK
e.-.,
i
qu
ciArl
ar.e.
c
·
.
- ·fouverain~té
a
rd.qui. détermina• Alphonfé à cet a~e de
Ça) Bouche nous- attefie, qµe ce fut-Saint> Berna ent Hainault) l'Ant eu.r de. l'Eifai fur
Préiid
jJrfl:ice. Jamais homme , dit (d'après M. leSaint dl? cettte confiâération perfon..:.
ce grand
l'Hifr oire géné rale , n'avoit eCi autant· que
ême fut. emporté. par le mouvem~ nt ~~ ~
lui·rn
mais
rité.;.
l'auto
de
us
fJ
au-de
n(}lie qui. eft
la faip.te r,vre;lfe des Crcifades. 0-n reg_rette.:
nérnl. de l'EiuJOpe, alors totalement liv.r.ée à
�•
'
ùe l'Ar~
j)'-
ëi'Argence par lui & par fes Vaifaux en Fief & hm11mage
chevêque qui le lui i_nfé?de ,à_ cette condition. En conféqu:ence de
<;ette inféodation faite a Razmo1ad F.. Comte de Touloufe, il fit en
1178 à !'Archevêque d'Arles hommage du Château de Beaucaire,,
& de toute la Terre d'Argence, comme on le verra ci-après.
Non-feulement la Seigneurie d'Argence refta aux Archevêques Les Empereurs
donnent l'invefl:i(l' Arles , mais encore ils en reçurent l'inveftiture des Empereurs. ture de la Terre
L'Archevêque qui venoit de tranfiger avec le Comte de Touloufe, d'Argence.
la fullicita & l'obtint de !'Empereur Conrard Ill. qui lui accorda
à perpétuité les droits régaliens dont il jouiifoit dans toute l'éten~
d\J,e du Diocèfe d'Arles. (a) Noftra regalia in Urbe Arelatenfi &
totius Archiepifcopatus concedimus : Il y comprend les péages du
fihone & lui confirme la ceffion faite par Raimond de Saint Gilles à
l'Eglife d'Arles du quart du péage ,de cette Ville & du Château
âu Baron avec la Seigneuûe ,de Trinquetaille & le Château de Mor ...
nes, dont l'un é.toit fitué ,à l'origine de la Camargue, & il y avoit
à l'autre un péage fur le Rhone, comme on l'a vû fous l'année
i 094. Le Dio,cèfe d'Arles embraifoides deux rives de ce Fleuve:
L'Empereur Conrard , & non les Souverains du Languedoc, y1
étendoir donc fa fouveraineté. L'Eglife d'Arles était fi bien en
,poifeŒon de fes bienfaits , qu'en 1 I s3 on la voit exempter les
Chevaliers de Saint Jean de Jérufalem du péage qu'elle lev oit f w:
__
les fels ,qu'ils faifoient tranfporter par le Rhone..
La guerre civile qui défoloit alors la Provence va fournir .de nou.;;, Machine de ~er..:
confiruite
re Rhone
· le
r. ·
dd
·
· Raim.on
11
le
par fur
va101,r
, e .B(1.UX vou 1ut 1a1re
ve es preuves de nos dro1ts.
les droits de fa femme Etiennette (eçonde fille de Gerberge qui avoit Comte de,Proven~
porté le Comté de Proven,çe au Vicomte de Milhaud: Raimond Be- ce contre leCor;n,
t~ de Touloufe,.
r
l a tute ll e de ion
r.
.
r.
. al ors 1ur
1ous
cette p rovmce
ranger Ill• regn01t
oncle Comte d~ Barcelone. La Maifon de Baux étoit favorifée par
l'Empereur & f écourue pa,r Je Comte de Touloufe. Raimond de BaUJJ
jouiifoit ,du Château de Trinquetaille , & comptait beaucoup fur
la for.ce de cette Place. Mais le Comte de Barcelone agiifant pour
fon pupile, fit .conftruire une machine de guerre qu'onjù defcen ..
dre à la dérive, en la tirant à la remorque le long du rivage jufqu'à ce qu'elle -fut vis-à-vis le Château qu'elle ruina bientôt de
fond en comble: Solo coœquan.s arabile reddidit (b). Si le Comte
de To_u)o.ufe eût eu le mo.indre droit fur le Fleuve, fi les batteaux
touj_ours cle lui vo!r con_feiller à Louis le Jeune cle porter le fer & le feu dans l'Orient pouf
expier la fa~ue qu't~ avo1t faite de mettre à feu & à fang la Ville de Vitri en Poitou.
(a) Saxzus Pontif. Arelat. Hijl. pag. u6.
;{ b) 'Gefl, .Comit.13arclân, cap.
17 ,
ap,. Marc, HifP. pag. 517_,.
E ij
�~:er
arte nu; n'auroi~-il
·qui en facilitoiènt la navigation lui euffent app & les opérations
pas eu la facilité de trou bler . & la con ftru aion
de fon · Alli é? Nou s,
d'une machine qui devoir · caufer la ruine
enfans de Raimond de "
voyons. en effet (a) que la veuve & les quatre
a,près la deftruaion~
Baux fe fournirent en .115,0 à leur . Souverain
de ce For t. ,
·rr~o.
nnette de Baux .& fos'.,
Au mois de Septembre dé fa mêine annéé Etie
Le Com t~·. de
-·
ond, de revoquer ·zzdiffé
nt obli gés, par les. ordr.es de Raim
r.
·
·
'
el~ced ~efe,nd enfans fured
\r(ovb
'
l
,.
rnr .
é
d eta 1r e, ,pca-d .
qu 11s ex1geo1entma .,.a:-propos aTrznquetaz e
ges fur le Rhon e. , rens roits e p age
.
des
ître que le droi t d'attache
N? .. 2• , le Rhone & für fon riva ge, de reconnoà l'Ar che vêq ue d'Arles, ainfi ,
Navires n'appartenoit qu'au Com te &
d'Arles font exempts .
que les autres. dro its, & que les Hab itan s
nt ullum ufaticum pro
de tou t péage fur le peti t Rho-ne.: : Non done
.
Rhodaneto, nec· cum tranfierunt per Rhodanetum plaid folemneL
un
tint
nger
Dan s la.même année Raimond Bera
Plaid tenu dans
n Ile G ernique dans l'Hle de Gernique fituée entre Beaucaire & Tarafcon. L'a ae (b) ;
par le Com te . de
Beranger n'eût pas été ,
eft daté du regne de Conrard Empereur. Si
P.i:ovence.
, y auro it-il fait un .
le véri tabl e & feul propriétaire de cett e.Ifle
aae de jurifdiB:ion aufli folemnel ?,
11~4..
, fornommé Bar...; ·
A Conrard fuccéda Frédéric .premier de Souabe
L'Empe;eu_r.
1
ur con~rma(c) .à l'Eg life d'Arles tous .·
~?;\~~7~~;~~ ~~ , berouJTe-.: ce nouve_l ~mpere
des
JOUiffance des droits -régaliens, des péa ges ,
fes droits fur le fes p,n v1lé ges, la
Vill e & tous ·les au- ·
Fleu ves de fon Arc hev êch é , les ports. de la
.
Rhon f.o
r~"és ,par les précédens Em - ·
N· · 3• - tres avantages ·qui lui avoient . été acco .
pereurs & par les · Comtes de Provenée
mgis.de Juin 117 1 :.
Hugues &Bertrand des Baux accorderent (d) au
II7r .
.
Exem ption de
quevauxJ' exemption des péages aux Por ts de S• péages accordée au Mona.ftere de Fron
des
de Trinquetaille ·qu'ils teno ient en inféodation
par es cigne us Gilles , du Rhone &
l<t ·
fous
ent
étoi
uevaux
Archevêques d'ArleH Les Rel igie ux deFronq
de Prov ence. '
préfumer qu'ils euffent ·
domination des Comtes de Touloufe ;- eft-il à
que leurs Souverains ;
demandé à ·Un Prin cé étranger une exemp.tion
ls l'euffent demandée
auro ient .été en dro_it de leur co~céder, & qu'i
Provence étoi ent en ·
précifément·· dans ·urr tems · où les . Com tes de
gue rre avec ceu x de -Touloufe ?·
.
urrt raii é-dù · 18 Avr il ·117 6, par :Tra~t?~~ ·paix · Cet te guerre fot terminée par
e·prét enti on i
Com te de Touloufe fe défifte de tout
en.tre les Souv e- lèqu el Raimond V.
é
· · é t é partag_ en 112 5 _, &-. -Comté de p rovenr:e, te1.q1:11'"l .avo1t
r. 1e ...
nce 1ur
Provecoc,
de n.bue
rams
& deLa
.
• (il) Bouc hê, tome%. ', ;p~e " u5'; .
ur par Chan te~ou., :.
majo
Mont
de
fiere
Mona
d~
fcr.
manu
..
Hift
( .b.)
es.
d'Arl
Ville
de
el
!'Hot
( c ') Archives de
l.8 ••
( {i) Hilloire èu Lang uedo c, tome 3 , page 0
�·11·
arôn :
rendre juffice àfÔn Com péti teur fur la,M othe âzi:B promii:
& d'autres com
don t il jouHfoit en confidération de ces facrifices
à lui payer 310 2
penfations:. Alphonfe Com te de Provence s'oblige
t de cett e fom me,
marcs d'argent fin , & pou r fûreté du paiemen
C:amar~ue, de Lu. .
il lui engage le Chfrteau du Baron, les , Ines de
u au rembour.. bieds.& de Lu/Jan avèc toutes leurs dépendances, Jufq
fementde la fomme entiere (a) •.
don t on ·eff pro
. On ne donne en engagement' que fos· biens
u:n nantiffement de .:
priétaire : Raimond en recevant ces Ines comme
qu'elles · apparte~··
la fomme qui· lui eft prom ife, avoue lui-même
& qu'il_ n'y a au- ·
noient fans difficulté au Com te de Provence ,
e. p;Ieuve. ql_l.e le ·
cun droi t· : il eft difficile de trou ver une meilfour
,
Rhone appa:rtenoit au Sou v.erain de Provence. ·
autre pou r le ·
Le même aél:e nous: en fournit cependa.nt un:e
à
ge faiiie exam i- ·
moins· auffi certaille; c'eft que Raimond s'y enga
teau de la Mothe ~
ner les prétentions·qu'AZphonfe formoit fur le Châ
du Châ teau du
bâti fur la rive droite ~ du peti t Rhone, vis-à~vis
nous ignorions
Baron , & il promet de lui rendre jufü ce. . Quo ique enti on for la. :
prét
quel a été le réfu ltat de cet examen , la feul<\'!
fur le bras du .
'Môthe fuppofe néceffairement le droi t de prop riété
el'lt pas été maî- Rhone. qui la féparoit de.la«Provenee~ Si Raimond n'
r . for ·un terrain fé~ .
tre de ce Fleu ve., quel droi t .p:ouvoit-il avoi
été à.. lui ?
paré ·de fes Etat s par une riviere qui :rr:auroit pas
dura · p~s dix an~ .
Il ne faut pas obm ettre que . reng agem ent ne
Baron dès le mois;;
nées , car Alphonfe habi toit (b) le Châ teau du:
de Citeaux ,.d'une.'.
de Mars> 1 1 8 s;, qu'i l difp_ofa.en faveur .de !'Or dre
de
4
-
·LX X VI.· menfe Api-ili ·• ~ • ami(a) In nômine, &c. Anno ab '!nc&rnatione M. C:
lldephonfu.m: Reigem Arragonen[Pm
viros
es
illu.Jlr
inta
modum
cabilis compojitio faéta efl in hune
omnibus quas jam diéf.us Cames :
nious
petirio
& Ra)'mu.n ~um Comitem Tholo{œ; de ••• ••
atu. Provinciœ ·, ••• , -t_um. radone filice ·
Tholofœ habebat adverfi.1s eumdem ·Regem de Comit
Gomes Tholo{œ ·• : .• remirtit .•• .; .
quidem
étu.sfi
Ra)'mundi Berengarii, &c • • . ; •• prœdi
.
id juris habeb at in prœdiG!:o Comitatu Provinciœ ....
prœdi~o Ildephonjo Regi ••. : •• quidqu
ernœ "diHarch
em
Comit
ariz
Bàeng
undum
Raym
&
fœ
fi~ut znte'. ·Jldephonfum Conmem Tholo
rationel{l & jujliti am de Mota Albaronii '
vijum fwt" ·• •• Eodemque modo • . . perfeél:arn prœdiÈius Rex bona fide donat jam· diéto ,
tionem
d~(Jini
igitur
fe faéturu.m promittit. Ob hanc
Al- ·
_ ma_rcas ·argenti meri, pro quibus caflru.m
Raym~ndo Comit~ Tholofœ. ter .7'.lille & cent~1n
Rho~
ambo
Jicut
rgis
Cama
duzzs fuzs & injulam de
har~nzz _cum ~mnzbu~ rertinenms & appen
Jci.- ·
atione
domin
&
a
icatur
domin
cum·
;
dunt
conclu
è:znz ma1ore~ ipfa'!'- znfu.lam_· u[q ue _ad mare
-·
, vel habùe debet, & in{ulam jimili ur de Lupa
li_~et quam 1am dzétus Rex_zn zpfa z~(ula -~abet
ationibus r
tfomin
&
is
icatur
d9min
&
ditiis
appen
'&
s
mentzz
rizs f: de ~ujfa cum ?mr;zb~s _-per'.
debh ; jam diéto Ra.)'mundo Comiti Tho- quas 1am dzéfus Rex zn. zpfis znJ.u.li.~ _haoèt vel habereJolutione fzbi tifui s de :prœdié!:a fumma ·
lofœ &: .fuc_ce[Jorzbus fuis pzgnorz obhgat ' · quou{que Comes Tholo[œ promittit bona fioe lldear'gen.tz Jan:fa.élumjù bona fide ; · & R~ymundus mina;is infulis fe redditurum Jolutâ Jihi ·
pkoa[o Regz, prœ~zéJum cafl:um Albaronzf cum prœno Marc, Hifp. · num-. 468, p~g•: t 3 ~'8 lk
â, &c. Append~
ln zntegrum prœdiétz ugentz Jumm
I
369 ,
( Q) Hi!loird du Lânguedoc ; tome ~,;, Prenv. Vige
I)
8.:.
�-
~s
Forêt qui en dépendoit, & il éroit égaleme'nt rentré en polfeffion des Ifles , parce que fuivant le traité , Raimond ne .devoir rien
rendr~ qu'il ne füt payé en entier. Les Hifi:oriens du Languedoc i
quoiqu'inftru its de Ia fituation de la Mo.the du Baron, la confondent avec le Château du Baron même, dans le compte qu'ils rendent du traïté de I 176; rnais,à qui prouveront-i ls que le Château
du Baron qu'Alphonfe donne en en,g a,gement à Raimond, dl: le
même que celui de l:z Moth.e , fur lequel il formoit des préten..
tions qui devo'ient être mifes en .arbî.t_rage ? L'excès de leur zèie
_pour leu,r P,rov,i.nce les aveugle en cette ocçafion, comme en bien
·d'autres..
_
qu_e le Rhone fép_are .d e la Ville de
rZes
A
.d'_
ocèfe
i
.
D
.du
Te~~;ird: l'E- . L.a pa,rtie
gliîe d'Arles au- ce nom' étoit toujours fous la fu,zeraineté de !'Archevêqu e. Vers
.le milieu .du douziéme fiécle, il difpofa d'une partie de ce terroir (a),
delà _d uRhone.
à la charge d'une redevance annuelle .en faveur d'une Eglife parûculier:e & çle l'Ab'bé de Saint Gilles; & Raimond V. lui fit hom~
mage (b) au mois d'Aofat 1118 de ce qui avoit été inféodé aux
Comtes de Touloufe (c). L'on voit par cet aél:e que toutes les terres
pe ce canton~là qui paye,nt Ja dixme à l'Eglifo d'Arles étoient auffi
de fa mo.uv.ance temporeHe. Le Comte s'engagea de plus, à ne
donner fon Fief .à _perfonn.e en .arriere-Fief , à faire rendre à l'Arçhevêque tout ce qui étoit poffédé dans le Bois Comtal , & à le
mettre en p9ifeffion de toutes les terres de .ce canton qui feraient
propres à Ia culture. Ce Bois Comtal était une Ifle ou un accrément du .Rho.ne qu'on avo_it fans pou.te planté _d 'abord en bo~s, afin
de fixer la terre par des raçine$, & que l'on.cultivoi t enfaite : Les
Ifles ;que la rîviere forme à Argence, & Argence même reconnoiffoient à la fin du douziéme fiécle la fuzeraineté des Archevêques d'Arles, & quoiqu'ils euffent cédé la plùpart de ces terres
aux Comtes de Touloufe, ceux-ci n'avoient aucun droit fur le petit
Rhone, <qui avoir été en mêl)l~ .~~ms inféodé, co.mme ,nous .l 'avons
.vû à la Ma,ifon de eaux (d).•
~{a) ln\'entaire de..s Titres de l'Archevêc;hé d'Arles, pag. u6, 12.r, 134..( h) Sax.i. Ponti[. .Arelat. pag. 1. 37. Et Hifl:. du Languedoc, tome 3. Preuv. pag. rH.;
. ,( c) Recogno'J,'.it D. R. Thol?fanus Co.mes Je h(!bere. ia feudum ab Archiepifcopo & Eccle.·
fza Arelatenjz , cajlr.ul!l .de Bdhcadro & totam Argentza,m.
(El) C'efl: vers ce tems-là que les Hifiori.ens placent l'origine de l'hér.efie d~s Albigeoit~
,La guerre que l'on fit à ces Fanatiques nous fournira ,plus d'une preuve des di:oits de la
Provence fur le Rhone. S,u.ivant Bouche , tome :z. ,, page 141., au moment où parurent ces ·
erreurs qui cauferent taot de calamités , les Troubadours cpmmencerent à fcµre _c onnoitre
à l'Europe les charmes de la Poëiie Provenç;de.
les Hiil:oriens du Languedoc font fi jaloux de tous les av:antages de la P.rove,nce , qu'ils
-veulent h.>i enlever jufqu'à l'invention de fa Poëfie ; & dans ce defrein, peu digne de la
gravité de l'hifioire & _de leur état, ils .ne déda.ignent pas d'entrer dans une lpn_&ue diŒ:r..
�.
.
'j!}
·:/Jlplionfe Roi d'Arragon regnoit en même. tems fur la Provence· . n 1 ~: .
avec fon frere Pierre. Le 2 3 Oaobre 1 17 9 , ils déclareren t (a) que ,,Exemption d_eles Chevaliers du Te1!1ple. feroient exempts de r.ous droits dans. les k~~~~ur le 11eut.
~Terres de leur dommat10n fur les Fleuves qui leur apparteno1ent
en Provence & fur te petit Rhone : Per Terram noftram, vel per Flu.mina nofira ilz Pro21i11ciâ & in RHoDANET o. Il n' ~ft &.uéres poilible
de rapporter de preuve plus frappante de la dommano n des Comtes de Provence non-feule ment fur le grand Rhone, mais encore fur
long du Languedoc , & qui fe- termin~ par le
le bras qui coule
Je
Gras neuf
.
.
11
Nous avons encore dans une tranfaélion du 1) des Kalendes de L ; 99'd L
Novembre 1199 une nouvelle preuve des. mêmes vérités; il y eft bie:e~e~~~a~ie~;
porté, que les Habitans de Taraféon font exempts du péage de aux Seigneurs de:
Lubieres fur le Rhone, & q_ue ce péage appartient aux Se.igneurs TaraN~on. ,
.. ~
de la Ville.,
ETA T' DU RHO. NE· .
'Depuis le commencement .du treizilm.e Siée
jufques à Charles · d'Anjou,,.
le :;.
Le treiziéme fféde ne fournit pas mofos de titres que les précl- .~énomoreme11t:
'dens,. en faveur des droits ré damés par la Provence.Un des premiers 1:it ~~r À~;h;%
'
arrangemens. faits par Alphonfe. II. en parvenant au Comté de Pro~ II.
quf
Terres
les
vence fut de fixer par un dénombre ment général
compofoi ent fon Domaine , les !Iles de Gerniqµe, de Luffan· & de
Camargue , toutes trois formées· par le Rhone , s'y trouvent corn...
prifes. Arelatenfis Civitas & caflra infra flripta funt in Domi'niO Ca,..
mitis, item lnfula Gernzca·, item.Infula Luffana, item· Infulà de: Ca~ .
-margio. ( Regift. Pergamenor. Arch. de la. Ch. des Comptes. ) Un..
·
pareil tïtre n'a pas befoin de commenta ïre:
de
l'Hle
poffed'er
L'on voit Qun autre côté la.Maifèm de Porcelët
la Cappe qu'elle tenoit des Comtes· de Provence·, & qui étoit immé'-4
diatement fous· la Ville d'ArZe·s ·formée par les eaux:· du Fleuve (b);
-
tati.on ,_tome ·l." P.ag, S' I·'J. & fuiv':- Leur pr~nci.pal' argument eff à. fa vérité q)le· parmi fos
Poeteii Provençaux ort en découvre quelques-uns qui pounoient hien avoir été affez heu..
reux pour naitre en Langu&doc; mais par la même rajfon l'on p,o.urroit.. dire que·la Poëlié·
Provençale efr née en All~magne, en Aizgleterr-e ou en France, parce que l' on compte au'
nombre de ceux. qui la cultiverent , l'Empereur- Erederic Barberouffe ; Richard CiEur d~
Lfo~ Roi' d'Angleterre, & Philippes le Long Roi de France. T ôm:e. 1 des:r.e.ch'er.ches fur les:
Theattes ,. de M. de Beauch'amp.
(a .) Bouche, tome 2., page 1 )2.·,
fb') E~ifl· Milon. ad ~nnoc 111. ïnt. Epifi. Innoc, III. L, a, cilB· ro6, tom.,z: ,.pai,•·
.
165;, Edu. Ba/ut_. û- Epifl, ID7 ~. pa.g. 3,.68 ~
�1-0
geois éroit dans 1a
C'ér oit à cett e époque que .l'affaire des Albi
ond VI. Com te de
plus grande fermentation (a). L'in fort uné Raim après avoir été le
,
Touloufe étoit l'objet & la victime d'une croi fade lt) ·' !'Au teur de
nau
Hai
ent.
éfid
prem ier, dit èncore (d'après M. lePr
les Infideles. On avoit
l'Effai fur l'Hift. générale , à fe croifer contre
acquit tant de gloi re
revêtu de fa dépouille Simon dë Montfort, qui
(b); mais l'au tori té du
en chaifant de fes Eta ts un Prince légitime
ufte ~1e parurent pas
Concile de Montpellier & celle de Philippe Aug
liere de la Ter re d' Arfuffifantes pou r lui donner une inveïliture régu
t :1.1 , ..
tion de l'Ar che vêq ue
'La Terre d'Ar- gence & de Beaucaire ; il lui fallu t une inféoda
cs
·genc e & de Beaune l'ob tint qu'avec une fomme de 140. 0 mar
il
t
don
(c),
les
d'Ar
Si.à
ée
caire <lonn
Beaucaire le 3o Janvier 12 1). L'Armon de Mont fort d'argent. L'ac te en fut paifé à
de cett e
p ar l' Archevêque che vêq ue lui donne en Fie f le Châ teau & la Seigneurie
d'Arl es.
les Ports du Rhone &
Vil le, le Ter rito ire d'Argence, les péa ges ,
l'hommage lige , &c.
,du Gardon, &c. il fe réferve ·un cens ann uel,
x accorda (d) aux Freres de$ .PJean
La même année Hugues des Bau
, Exem ption d~s
·
r. ·
·
o~·ts
d
h"'c.
l ~ 1ran
I percev?1t aux
qu>1
T' ,r; z
1;s
1mo
unpo
le peur- .de Je'.u
es
lle
peages fur
c
em
a,
1
·Rhon e par HurmdeT
x de S•.Gilles &
& ba1ef) du peti t Rhone ou de Fourques, a ceu
.gues c!es Bam1.
TO:rdre deMalthe enquetaille. C'eft en vertu de cette conceffion que
effion eft un monujoui t encore aujo urd 'hui , & cett e même conc
les 'br.as du Rhone.
ment fubfül:ant des droits de la Provence fur tous
uva une révo luPeu d'années auparavant cett e Province épro
fa Prov ence
.
t quelque rems dans l'anarchie. A~phonfe II•
~· t'anar chie. tian qui la mit pendan
Raimond Beranger Y.
étan t mor t en i 209 , laiffoit poux Succeffeur
Provence pou r prendre
encore jeune. Pierre d' Arragon fe rendit en
dans fes Eta ts, après
foin des affaires de fon neveu , qu'il emmena
cou p funefte à foa
les avoir arrangées. Cet te abfence .porta _un
es Vill es principales
auto rité . Arl es, Marfeille, Nice & les autr
le jou,g.
.voulurent s'ériger en Rép ubli que s & fécouer
Guer re contr e
le• Albigeois.
car
crimes auffi odieux que relui d'Hé refie ;
(a) Il paroi t qu'on les accufo:t d'.ma es
de Montfort
Gui
de
fi;Je
·éroit
le
qu'el
rre,
Bigo
de
e!Te
on lit fur le tombeau d'Alix · Comt
eil:
contr e les B ••• •. & Al'biireois. Le mot
( frere de Simo n) qui pour 'la Foi mour ut
el.
Dani
Pere
Le
.
argis
au Mond l.ere de Mont
écrit tout au long dans l'épit aphe qui efl:
é
Cet illufh e Guer rier n'en a pas moins foüill
abée.
Mach
eau
nouv
le
elloit
l'app
On
( b)
pour
rs
Bezie
de
te
Com
du
dait , par l'aifallinat
fa gloir e & la fainteté de la caufe qu'il défen
e
traités , facca gea les Ville s Catholiques comm
les
&
s
treve
les
viola
Il
s.
Terre
fes
avoir
Quel
s.
borne
fans
tion
ambi
férocité & d'une
les autres , fe livra à tous les excès d'une
/
·
Machabée !
l tom, 1, Injlr. n. xxiii.
Chri
Gall.
Et
i.p.
page
3,
tome
c,
uedo
(c) Hifto ire du Lang
pag. 100, iot.
menfe Februarii ego Hugo de Baucio • ••• •·
. ( d) Anno Dom. Incarnat. M. CC X V. domu
i ffo[pitalis S~ }oannis lerofolimitani quod
m perperuum éono , laudo & concedo, Deo &
nres
m domus prefentes & futuri equitantes & n'on equita
~mnes Fram s & omnes Nuntii ejufde
ab·
&
.ant
tranfe
liberè
le
Egidii f:,.- Trenca.rail
••• • in omnes portus meos Rhodaneti & S. d Prieuré de Saint Gille~.
Gran
Jolu tè abfque_ullâ redemprioJll:. Archives du
Un
�-
41
de rtouvelles preuves ëiu Pr~~v~s !ide 1r!.e
Un Ecrivain de ces tems-là nous fournit
·propnete ur
l
r.
. d 'T'lb ery connu 1ous
,
.
. .
e nom Rhone tirées de
dro1t qm no:us occupe ; c eft Gervais e .1 i
du Maréchal d'Arles. Que cet Ecrivain ait porté la crédulité juf- Gervais de Til~
qu'à la démence en fait de Ph yfique & d'Hiftoire naturelle , fon té- bery.
moignage en fait de Géographie n'en eft pas moins refpeél:é par
les Critiques & par les Hiftoriens du Languedoc eux-mêmes (a):
Son ouvrage (b) prouve qu'il avoit une très-grande connoiffance du '
_Pays.
En parlant de Beaucaire, il dit à deux fois différentes , qu'il eft
fitué dans le Royaume & dans la Province d'Arles, & il appelle
fes Habitans Provençaux. Dès que les Terres fituées à la droite
du Rhone n'avoient point ceffé de faire partie de la Provence, quoique poifédées pa:r le Comte de Touloufe ; à plus forte raifon le
·Rhone qui refta toujour-s à fes anciens Maîtres, ne ceifa-t-il pas
d'en dépendre.
Nous voyons Beaucaire fuivre en une autre occafion le fort de
la Provence & du Comtat. Raimond Vll. fils du précédent fe vit forcé
de recourir à !'Auteur même de la ruine de fa Maifon, pour obtenir
quelque portion de fon patrimoine: il fut à Rome,& un Auteur contemporain cité par les Hiftoires du Languedoc rapporte que le
Pape lui dit, je te donne le Comté Venaiffin avec toutes Jes dépendan..
Beaucaire fuit
le fort de la Pro..
'v ence.
ces , la Provence Ô' Beaucaire, a.fin que tu ne fois pas fans Etats :
'Lorfque l'Eglife fera affemblée, tu pourras_revenir, & on te fera -raifon fur tes plaintes contre le Comte de Montfort (c). Ce qui intéreife
notre caufe dans cette réponfe , c'eft que Beaucaire étant mis avec
le Comtat & la Provence , ne peut être fuppofé n'en être pas une
·
'dépendance.
· Au mois de Septembre 122 1 , il y eut une enquête fur les
'droits qu'avoit le Comte de Provence à Tarafcon. L'on y trouve les
traces les moins équivoques de la jurifdiél:ion que ce Prince exerçoit fur le Rhone depuis la Durance jufqu'à la mer : ·Qu' entr'autres
(a) Tome
t ,
I %. %.
page 699.
( b ) Otia lmptrialia , compofé à la fin de ri r r.
( c ) Quelque refpeél: que l'on doive au Pape comme Chef de l'Eglife Catholique, l'on
lui voir faire ces aétes de puiffance temporelle. Il fat ün tems
ne peut qu'être étonné
prévoyoient guères que leurs Succeffeurs briîero ient ainft les
o ù les Evêques de Ro
Sceptres & donneroiem s Couronnes. Quand l~s Empereurs préfidoient aux E leélions des
Papes & qu'ils les nommoient: Lorfque Theodoric faifoit juger Simmaque par fes .Miffi D o1~i ri ici ; que Belifaire exiloit Servius; que les Papes faifoient hommage de t tes leurs pofielllons au Roi de France ; que Leon 11 I. venoit implorer la jufiice de Charlema::;ne qui le '
renvoyoit avec des Commiffaires pour le juger ; quand Leon VIII. à la tête du Sénat, du,
Clergé & du Peuple folemnellement affemblés dans Saint Jean de Latran, confirmoit à !'Empereur Othon le droit d'établir le Pape & de donner les invefütures aux Evêques: le Sa; ~f~
do ce éroit bien éloigné de fe croire en droit de fa.ire & de détrôner les Rois,
.
.E
t.
D éclaration d'utf.
péage p11r eau &
par terre par les
Habitans de Tarafco n au profit
du C omte.
No.>_•
�42·
-I:?.1 y;
Aéte de Juriîdiétion des Provencaux for le
Rho'ne.
N°. 6.
l ! ! ~·
Exemption d'un
p~age à l'Abbaye
de 1Viontmajor.
1126.
Tranfaétion for
le p2age de TaJaîcon & de l'Hle
~e Lubie.re~.
propriétés il avoit celle du péage par eau & par terre, ceIIe cfuPort:
où perfonne ne po'uvoit travailler fans fa permiflion : que lorfqu'il
IJ avoit quelque conteftation fur le rivage au fujet du péage, elle:
ëtoit décidée par fes Officiers ;qu'il augmentoit & diminuoit à fon
gré les droits de péage :: que c' étoit du Comte que les Propriétaires
de l'IDe & du péage de Lubieres les tenoient, & que le droit d'ef.
.
turgeon lui appartenoit.
Habiles
Peu de tems après il s'éleva quelques· difficultés entre
tans deTarafcon & les.Receveurs des péages du Comte: elles furent décidées par une Sentence arbitrale du 5Décembre de la même
année 122 1 , qui, pour prévenir les fraudes qui fe commettoient:
par ·1es achats faits dans le fil de l'eau, fans toucher au rivage,
ordonne que tout ce que les Habitans acheteront fur lé rivage ,.
ou dans le lit du Fleuve, fera mefuré, pefé & canné avant l'achat, & cependant déclare ces Habitans exempts d~ droit de péage , fuivant les conceŒons d_es anciens Comtes ; ce qui eft confirmé:
enfuite par Raimond Beranger. Une claufe remarquable de cet
aél:e, c'eft qu'il y eft dit que , fi au contraire quelque Etranger
arrête fon navire à l'IDe Genzique , il paiera les droits en entier :·
nouvelle preuve que cette IDe, comme toutes celles du Rhone ,,
appartenoient au Comte de Provence.
, Raimond Beranger accorda même en 1 22 3' un affranchiffemënt:
général pour les Terres dont l'Abbaye de Montmajor jouiffoit au
territoire de Laurade, à condition que cette Abbaye lui remet_troit une rente annuelle de cent fols que ce Prince lui avoit cidevant aflignée fur le Port de Tarafcon (a) ..
Le péage de cette Ville & l'fDe de Lubieres appartenoient au·
Comte & à des Seigneurs de Provence,.:. On le voit par une tran.faaion que Raimond Beranger V. paifa le 12 Septembre r226 avec·
plus de foixante Gentils-hommes , qui .lui remirent tous 16S.. droits:
qu'ils avoient fur la Ville de Tarafcon. Parmi ces Gentils-hommes·
il . y en avoit du nom de Lubieres qui ·fe réfervoient l'ancien péage
ne leur nom & tous les droits qu'ils avoient fur l'Hle de Lubieres , . .
réferve qui prouve que cette If.1e étoit cenfée dé-pendre de Tarafcon ,,
& que ces Seigneurs craignoient qu'on ne pût la comprendre à l'aulé nommém ent
.venir dans·une ceffion générale, s'ils n'euffen
le contraire. Si ce Fleuve & l'Iile euffent été fous la domination du
Comte de Toulou:fe·, nul motif n'aurait pli faïre fonger à cette ré·ferve. Le Comte de Provence céda de fon côté' à ces Gentils-h om·mes & à leurs héritiers à perpétuité douze deniers fur chaque trois;
(a) Hift, manu!~ de Montma jor,.
�jbge
de Tarafc.on fur chaque muid_,
fols qu'on levoit àfon très-ancien
.de fel qui y remontoit par terre, ou par eau, & .fur to_utes les
marchandifes fujettes au péage, excepté fur les bois. Cette tran~
faétion qui a toujours été obfervée ~ fut: c?nfirmée .par Arrêt du
Confeil du 3 i Décembre 1670, qm mamt1ent le Seigneur de Lu~
bieres dans la poffeilion de la portion du péage de Tarafcon ailignée
.
• .
.
.
par cet aéte à fes ancêtres.
l"lf?e
Ve~r~~~~
Février,
de
Ides
Nous trouvons dans l'année fuivante, le cinq des
une vente faite par Raimond Breti de Boulbon à Etienne Canon du lieu ·Bertrand , av~<;
r. é
· T erres ittu
r.
No. •
es fes accrémer.s.
neveu, de ~rois
d'Ara~ont , & a\ Bertrand Canon 1on
7·
dans 1 Ifle Bertrand, avec tous les accrémens quelles pourront re- .
cevoir du Rhone. L'aéte contient encore l'inveftiture qui fut don~
née aux Acquéreurs par les Seigneurs de Boulbon.
9
Enfin le Comte de Touloufe trouva d s Saint Louis & dans fa s 1u~ ~ orn...
mere la modération, qu'infpirent aux ames vertueufes les vrais rel; pa~~ :Jéom
principes du Chriftianifme. La piété profonde de ce Prince ne l'em.. te de_ Touloufe. ~
condl":
r. d D"
. de d"fl:"
.
" ha Jamais
tions.
e ieu d'avec 1es vues tempo- certaines
i mguer 1a cau1e
pec
·
relles de fes Minifi:res. Il. étoit tems de fermer la plaie qu'avoient
de
lieu
Au
Albigeois.
les
" faite_ à l'humattité les croifades contre
continuer une guerre deftrud:ive contre le Comte de Touloufe, la
Cour de France détermina celle de Rome à traiter avec lui (a) .. ;
On laiffa au jeune Raimond· le Diotèfe de ToÙloufe, FAgenois, le
Rouergue, le Quercy & une partie dé l'Albigeois.
Paysquele Com•
· qui• eft d e 12.:i9, au .tecédeàlaFram:c·
· é de·p ans,
)) J 'a1· c édé , d.it-1·1 dans 1e trait
» Roi & à fes héritiers à perpétuité, tous mes autres Pays & Do- .& au Pape.
»maines Jitués en deçà ti.u Rhone dans le Royaume .de France, av·ec
» tous les _droits que j'y puis avoir : quant aux Pays qui font au- ,
»de-là du Fleuve dans l'Empire, avec ·tous les droits qui peuvent;
» y appartenir, je les ai cédés à l'Eglife Romaine •.
1
.f\
(a) L' Abbé Velli , tome 4 , pag. 1i7 & foivantes , entreprend de jufl:i fier la Régente de
France d'avoir accepté qHel<que portion de la dépoüille du . Co,mte. ,, Ce qui peut fervit
,, à la jufüfication du jeune Roi & de la Reine mere, c'eft, dit-il, qu'il eût été bien
,, étran ~e qu't;n enfant~ une femme en'eu!fent fçu plus que les Evêques, les Papes & les
,, Conciles memes, qui regardo1ent alors comme pris de bonne guerre, tout ce que l'on
,, enlevoit aux Hérétiques , ou à ceux qu'on accufoit de les favorlfer." Cet Auteur auroit ,
pu jufiifier la Cour de France par de meilleures r~ifons qu'une ironie fur la fcience de~ 1
Papes & des Conciles. La France, en fe faifant céder une partie de la dépouille du Comte
cle Touloi~e, ne faifoit que rentrer .dans l'ancien Domaine de la Couronne, qui en avoit
été démembré au tems où Raimond Pons & tant d'autres fe firent Souverains de fimples
Gouverneurs qu'ils étoient. · Si elle acquiéroit par ce Traité la partie de la Provence, que
le Comte ?e _Touloufe pofrédoit à la droite du Rhone {Beaucaire & le Territoire d'Argence)
elle n~ fa1fo1t également que rentrer. dans un de fes anciens Domaines, que Bofon avoit
ufürpes.
Fii
..
�4+
Il fut encore con\'enu que le Comte âonneroit fa fille Jeanne à:
un des freres du Roi avec le Comté de Touloufe , qui ferait uni à la
Couronne en cas de mort fans enfans , & que le Roi aurait ce
Comté à l'exclufion des autres enfans que Raimond pourrait avoir.
/eanne époufa en effet dans la fuite Alphonfe frere du Roi S. Louis.
Ce traité doit être regardé comme l'occafion des difficultés qui
fe font élevées dans la fuite entre les deux Provinces pour la propriété du Rhone, par le défaut d'énonciation des qualités dans le.f
quelles de Comte de Touloufe . poffédoit chacune de ces contrées ..
Les événemens dont il nous refte à rendre compte, ne nous laiifent
cependant aucun doute que la Provence n'eût confervé fes. droits fur
le Fleuve.
. Tous les autres péages refterent à léurs . anciens Po!fdfeurs. Le
h2.§;h
N ouveaux om' l' accommo demen~
· apres
' d'ire deux mois
Dé cembre 12 2 9, c,eft -a. pia!!es des ~éages · 2
Hu Rhone a l'E- dont on vient: de reBdre compte , Baral des Baux rendit hommage
dé pen d anr.
·zze & IeS
·
Bertrand pour ..1.., _rznquetaz
"
Arc heveque
"
gli.Ce
au meme
· · d'Arles.
ces, pour les ports de la Ville & du Bourg d'Arles, du petit Rhone,,
de Fourques, de S. Gilles, &c. Cet hommage conforme à celui de
l'an 12 3 8 fut renouvelle prefque dans les mê·mes termes au mois
d'Oaobre 1268 par Bertrand fils de Baral·, en faveur de l'Archev:ê--:
·
que Bertrand de S. Martin.
avoir permis à l'Archevê~
!'Empereur
30
12
d'Avril
mois
le
Dès
L'~ ~1°; . e
d'Arle/~t~b~~(~n que d'Arles d'établir un péage fur toutes les màrchandifes paifanrpéage fur le Rho~ fur le Rhone tant du côté d'Arles que du côté de Fourques (a). Ct::t:
aB:e eft poftér.ieur à la ceffion que Raimond avoir faite de Beaucaire~c:.
& d' Argence à S. Louis. Il prouve coriféquemment que le Rhone n'avoit pas ceifé d'appartenir -à fes anciens Maîtres, ni de faire partie ..
de la Provence.
Le 1 5 May 1232 , Raimond Beranger accorda aux Habitans;
n 31_~pé;;eem~~~~rd~: d''./!rles une éxemption génér~l~ de tous les péages qui fe _p~rce.v01ent dans fes Etats fur les nv1eres & fur leurs bords. Pnvilége
auK Habitans
confirmé-par Louis Il. le premier Juillet 1 390,.. & par Loui.s;III. le
J.l'Atles.
12 Septembre 1 39 9. C' eft le premier des titres, en vertu defquelS'
les Habitans d'Ar!es ne payent aucuns droits dans l'étendue de la.
I·
Provence, & notamment au péage du Baron ( b·) établi fur le bras.
du petit Rhone, qui faifoit par conféquent partie des. Etats & du:
·
Comté de Provence.
Janvier 123,i:, Reinaud de· Porcelet fit·
de
Ides
des
premier
Le
lij 4 •
Les péages, ports hommage à !'Archevêqu e d'Arles pour fes péages & fa portion
1
1
&
pêcheries du
Rhone aJ?partien"!
( a) Hill. du Lang. tom. 3 , rag. T9 I.
( b) Ai:chives. de ~'Hôtel de·Ville d'Arles-,-
�4f
.
-
.
-
:dans le port du Bourg'&. pour fes p·êcheries aux Gras de Paffon &
·
de Pannanides qui font des bouches du Rhone.
nent à la Proven:-
No. s.
ce.
12
par fcle traité- Le p ape34·renitue
~
. Nous avons .vî1. le Comtat Penai.ffin cédé· au Pape
de I 229. Il éto1t unpoilible que la Cour de Rome put con erver un le Comtat à la
Pays fur lequel elle n'avoit jamais eu l'ombre de droit. Si quelque Maifon de Toa--:
Puilfance eùt pu réclamer cette partie des Etats de la Maifon de loui.è~
Touloufe, c'eût été fans contredit le Roi de France, comme ayant
été ufurpés fur la Couronne par Bofon. Il paraît que !'Empereur
lui-même qui, depuis cette révolution, en avoit eu la fuzerainetéj
eC1t oublié fes droits. Les différends qui depuis plufieurs fiécles
avaient divifé l'Empire & le Sacerdoce , avoi~nt confondu toutes
les idées , & fait méconnaître les principes les plus certains. Le .
Roi de France au lieu de réclamer pour lui cette portion de fon-ancienDomaine, interpofa fes bons offices auprès de Gregoire IX. pour
l'engager à rendre à Raimond VII. cette partie de la Provence, que le·
mariage de la Princeife Emme avoit jadis portée dans la Maifon de:
Touloufe. Le Pape ne s'y détermina qu'en 1254 (a).
Baral des Baux rendit au mois de Janvier I 23 8 à Jean II l. Arche- Plnfi!~!sg·~éar~;;
vêque d'Arles hommage pour Trinquetaille & fes dépendances ; du Rhone J i pcll'pcur tout ce qu'il poffédoit daas la Camargue par lüi-même ou par dans de h PrO'>'
fes Valfaux' pour les ports de la Ville & du Fauxbourg d'Arles,, vencNO' . '
9
"' "'
du petit Rhone, de Fourques, de S. Gilles, & enfin pour les péages:
dont il jouiffoit fur le bord du Rhone à Arles.
Le même Jean III. plus attentif à la confervation des biens· de T"ra·i i/::'t~~ l'Ar;,·
fon Eglife, que convaincu de la néceffité d'exterminer un Prince' che vég~e d'Arles>
C"om~c d~
accufé d'héréfie, n'eut aucun fcrupule de faire
1 avec lui m1' traité' T& 0\1lel 0-Uie.,.
1e 3o May 1 24 t. Il par01t par cet aél:e que e Comte & le Pi:élat' ·
avoient une égale envie de fe faire reftituer par les Rois de Franc~
ce que le traité de I 2 2 9 avoit donné à ceux-ci de l'ancienne dé ....
.f
pendance de la Provence, c'eft-à-dire Beaucaire, Argence & leur
territoire. Le Comte fait à l'Archevêque pour ces. terres le même
Il'
A
. (a) Si Saint Louis- n'agi{foit pas en cette ·occafion d'une man iere conférme aux intérêts'
èe la Couronne , il en avoit reçu l'exemple d'e Con pere ; car Louis VIII. au Jieù d'ufer'
du droit qu'il avoir feul de juger avec les Pairs le Comte de Toulou{e fon Va!fal , , s'il étoito
prou;;~ qu'il eût contrevenu à quelque Loi des Fiefs, avoit levé une Armée peur fouteni-r;
le ~roi~ que la Cour de Rome s'arrogeoi~ de dépouiller les grands Vaflâux de la Couronne,,
&-0e difpofer de leurs Etats. Il dt vnn que par une- fuite des contrndia:ions- de ces temsH Louis VIII. à l'exemple de.l'Hermite Pierre, avoit commenc.é cette Crnifade· contr'e }e 9,
Hérétique.s ~ar le Jiege . d'~ne Ville Catho!iqu~. Ce fu~ au retour de cette expédition , qu'i}:
!u~ ~tt,aque d m:1e mala·d1 · l;1quel.l.e les Med_ecrns ne virent d'.autre remede, que· de mettre"
a c~te du ~01_pendan~. \on for:imeil un~ v·une perfonne 21m<_ble. Non, mafiile ,lui dir-
rn
Lows en . s eveillant' ) azme. W.. !tl!X mourn· q1.te de {1tu"/Jer 1;1 .~ ize par ?iT.' pech{ morrel .
mourut en. ~ffet Martyr. de fa chafleré: fon pere· iui avoi~ prédit q~1' il :ruiner-oit: fa fanté ~
t;ette expfdltlon , &;. q.ue le Royauiuç.refü:r<>it au pouyoir: ~une' fe'm·me .SÇ~\!îl'· cnfanîir.
'
-
�46
hommage que · fes Prédéc'effeurs avoient fait autrefois à l'Eglife
d'Arles, & Jean II J. promet au C6mte de l'aider, tant en faifant
une guerre vive en fa fave ur, que par tous les ~utres moyens tem...
pprels & f pirituels, à rentrer dans cet ancien patrimoine de fa Mai~
fon : Promittentes vobis quod nos ad recuperationem & confervationem
prœdiétorum Jeudorum cum roto pof[e nojlro vivam guerram facienifo
& omnibus aliis modis quibus poterimus , juvabimus vos fpiritualiter &
tr:mporaliter (a). Ce traité n'eut aucune fuite, il ne fert qu'à faire
voir des traces perpétuelles des droits de la Provence fur les terres
firuées à la rive occidentale du Rhone.
• . ffiion en. f:aveur de
' impre
·
Il eft peu de titres
p1us ·capabl es .cl e f:aire
la Provence, que le dénombrement des divers droits appartenans
du regiflre.
nt eft tiré
aux Comtes qui y regnoient; ce dénombreme
_
.
Turris de la Chambre des Comptes d'Aix , à la date de 1246 &:.
N°, 10. 12) i. L'on y voit qu'un des principaux revènus de ce Prince font
l es péages ..fur le Rhone, tant à Tarafcon qu'à Beaucaire. Dans ce ,
dernier lieu le droit que payoit un Etranger étoit de fix deniers & une obole, & que fi l'homme eft de Tare.Jean ou de Beaucaire, il
e·ft éxempt du péage,, & ne paye qùe-le droit nommé ufagium.
L'extrait contient enfuite la forme & la maniere de percevoir le .
péage à Beaucaire & à Tarafcon: on· y lit que l'homme qui paffe le
pont nouvellement conftruit, & le repaire dans le même jour , ne
paye rien pour le retour, ce qui s'entend des Habitans de Beau-cai:re, de.Tarafcon & d'autres lieux. L'on y voit auffi. que toutes _
les terres de l'Ifle de Lùffan fituée dans le Rhone au terroir de ·
Tarafcon , étoient foumifes envers le Domaine de Provence à d_es
.
cens en bled & èn argent.·
it
accompagno
Tal)çlis que Charles d'Anjou Comte de Provmce
J,es principal.es
M
d
&
Z
d'A·
V'll
l
·r.d ~s, es 1. es
l C ro1~a
d
S 1 . r f
ViilcsdeProvenr es , , _e ars'érigent en •. .ou~s lOn r~re ans es
çe
&
faille s efforço1ent de fe fouftraire a fon obé1ifanc€ de s enger .en
Réri1b;jque~.
Républiques . De retour dans fes Etats en 1 2) 1 , Charles s'occupa
du foin de rentrer dans fes droits. Arles ne réfifra point .aux. pro
pofüions de paix que ce Prince lui fit faire; les conditions en furent .
rédigées. dans un aae qui nous reft.e , & qui eft daté du dernioc _
Avril de çette année.
Par l'article 1 3 le Comte exempte les Habitans-d'Arles des péa...:
ges de la Trouille & du Baron, l'un fitué fur le grand bras du Rhone;
& l'autre fur le petit. Il confent dans l'article 19, que le droit
4
& ap;
du
· uLesG· péages
R hone . faifoient
ccip:iltrecvdee/ l e pdnn
nn es om· s
Pr o,.,· nce .
4
(a.) Il n'eût plus manqué -à toutes les contradiétions que nous venons de remarquer ,
que de voir un Archevêque faire la guerre au Roi Très-Chrétien, pour l'obliger de refütuer:
' à un Hérétique les biens que l'EgliCe l\li. avoit fait perdre.
�47
'd'hémines impofé par les Citoyens pour mainten~r le pont' ceffe. du tour.
Quiconque a des péages [ur les d~ux bras ~"'un Fleuve, quiconque
n s
y eft maître du pont, do.1t .néceifairement 1 et~e du Fleu:ve;
e~tre s.
Trait/
.Arragon
d
Roi
le
&
II s'éleva depuis des diffü::ul~és entre S. Lou_is
Succeifeur de Raimond, au fuJet de la Provence & des différentes Louis & le Roi
terres fur lefquelles les deux Rois avaient des prétentions. Ces d'Arragon for
.difficultés furent terminées par un traité du mois d'Aoôt 12) 8 fait ~~iaii~:~~~l~~:H.'•
à Barcelone : l'on y trouve encore une nouvelle preuve que la
Provence s'étendoit au-de·là du Rhone, & que conféquemment ce:
F leuve n'avait pas ceifé d'en faire partie.
Le Roi d' Arragon dit : reddimus Franciœ ~ ; : : ; : • quidquicl
no bis juris competir vel quocumque caju feu ratio ne vel titulo po§et ad
nos vel hœredes & fucceff ores noflros nùtu vel in futurum aliquatenus
devenire in Tolosd & toto Comitatu Tolofœ & fanBi Aigidii, ( Saint
Gilles) & in terris Argen{zenfi (Argence) & Venefini (V eneffin ) ac·
in totâ aliA terrti jurifdiElione ac .poteflate Raimundi quodam Comitür
· Tolofani. Bouch. tom. 2, pag. 27 '3.
La diftinél:ion quel' on fait dans ce traité entre tout ce qui dépenc.!
du Comté de Touloufe & de S. Gilles, & des Terres d'Argence & le
Comtat, dén1ontre avec évidence que ces mêmes Terres exprimée~
féparément des autres contrées dépendantes de la fucceffion d'e Rai~·
mond, étoient étrangeres à fon Comté de Tou.loufe, & ne pouvoient
dépendre que de la Provence ,& en effet elles font accollées dans le:
traité avec le Comtat Ven.aij]in: il n'y a donc pas de douté qu'aloi·s; comme auparavant, cetteProvince ne renfermât leRhone,puif-.qu'elle ·poifédoit les deux rives du Fleuve, &-que fi la fucce!Iion;
de Raimond fe fô.t partagée par ligne ou par Province, ce Fleuve·
n' eùt paifé aux héritiers maternels avec les terres fi tuées des· deux.
côtés, & qui avoient été portées dans la Maifon de To"tt.loufe pat"
des héritiers des Comtes de Provence.
Au mois de Décembre 12)9, Baral" des Baux faft nommage· â· , ·r.z:..r,9\.
Autte homma~ëf
d 1·' c · h
·
b.iens qu ,.1
1
d'Arzes oes
"'
'A
l rc heveque
1 tient e UI a io1 & ommage : dé lrr Maifon desi
Scilicet Cciflrum Trincatalîarium cum pertinentiis fùis & portus:Civitatis: Bau" pour le!-1
& Burgi Arelatis & Rodaneto & de Turris & de fan[fo;/Egidio &· Féages~lu R hone •.
pedagia fr ufatica omnia tam Civitatis & Burgi Arelatis & Trincata~ N •' J.-1.2~
liarum &c. & de Camargiis cum jùis tenentiis, &c. V oil à encore une·
-fois le petit Rhone, les ports d~ Fou~ques , S. G}illes· & leurs péages,
.au nombre des fonds & des droits qm compofo1enda P-,:ovence ou l~
Comté d'Arles.
f,.·,9-..
Bertrand de A1alferrai fucceifeur immédiat de Jean dans I'Arcfievê'~~ ~ d(s~
Pr~tenti
·
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f r ' r. · d ·
bl
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(
l
'A
.c hé d . r es a , eue ians ome e ce ci:ue 1 arranfl_eme.nt ~ns erit.uc'· J.'Eg,1ir.e.' d;A.des.
,( à) Archives del H0tet de ViUe d'Arles•.
�·4 s
le Roi de France & ]e Comte de Touloufè privoit fon Eglîfe.de fort
droit de fuz.eraineté fur Beaucaire & fur Argence, s'en plaignit au
Pape Alexandre IP. .Gui Fuhodi , alors Evêque du Puy, qui fut
enfüite Pape fous le nom d~ Clement IV. fut chargé de folliciter
cette affaire à la Cour de S. Louis, où fe rendit auffi Guillaume Archi·
diacre d'Arles en qualité de Procur eur de fon Evêque. Il paroît que
celui-c i ne connoiffoit pas tous les moyens de faire réuffir fa demande; car il ne l'appuyait que fur l'inféodation faite le 30 de Jan·
vier 12 1) à Simon de Montfort par !'Archevêque Michel de Moriés.
Le Roi , fans contefl:er la validité de ce titre , faifoit feulement
valoir la lorigue poffeffion de fon pere , la fü:.mne propre , & même
celle de Raimond VIL duquel il avoit acquis ces Fiefs par le traité
de Paris de 1229; ce dernier mo yen d'oppoGtion eft remarquable;
il .füppofe dans S. Louis la croyance que Raimond VII. avoir tenu
Beaucaire-& Argence ou de fa Couronne ou en franc-aleu, & la
· feule produCtion de l'hommage rendu par Raimond à !'Archevêque
Hugues Boardy le 2 1 Septembre _1 224, lui auroit prouvé le contrair_e, Le Roi ajoutoi t qu'il étoit plus naturel d'adjuger à fa Cou:ronn_e le Fief de Beaucaire fi.tué dans fon Royaum e que de le donner
à l'Eglife d'Arles fi.tuée dans l'Empire, quoiqu'il reconnût que le
- Dio.cèfe de cette Eglife s' étendoir jufques dans le Royaum e : cette
raifon, n'étant que de fimple convenance, ne prouve rien, & le
principe fur lequel elle étoit fondée fe trouve détruit par tout ce
· que nous avons établi dans ce Mémoire.
re
d'Oétob
mois
au
tion
Sur ces difficultés on èlreffa une conven
J:2, ~ 9~
S.
Traité entre
France
12 } 9: elle portait , qu'attendu l'ufage où étaient les Rois de
Louis & l'ArcheRois
eurs
Suc,ceff
fes
&
Louis
(a),
vêque d 'Arl~s .au de ne faire hommage à perfonne
füjet de Beaucaire garderaient Beaucaire & Argence francs de tout fervice féodal : que
~ Arg~11çe. .ces Fiefs fortans de leurs mains , le Poffeffeur feroit tenu d'en faire
hommage à !'Archevêque d'Arles ·; que le Roi feroit quitte du cens
_de cent marcs d'argent porté dans l'inféodatioll. paffée à Simon de
Montfor ,t , des arrérages de ces cens & du fonds de fix cens marcs,
qui étaient encore dûs à l'Eglife d' drles en vertu du même titre, &
qu!en dédommagement de la rente, il affigneroit à cette Eglife
Domaines
1 oo liv_. tournoi s de revenu annuel & perpétu el fur les
·'de Beaucaire ou d'Argence. S. Louis ayant donné fes ordres en con·.
féquence , & le même jour, à Geoffroy de Rouche Sénéchal de Beau..:
çaire, celui-.ci dès le 20 de Novembre fuivant affigna le~ 1 oo liv~
fur Feaucaire &
A rgenq:.
(a) Il par-iît par ce traité que l'ufage où étoient les Rois de France de convertir en,inqui ne
'1emnité & devoir féodal, efr plus ancien que ne l'a cru M, le Prélident Hainault ,
du
établi
déja
étoit
Il
o~.
1
x
anl\ée
Çhronol.
Abreg.
o:z.
3
en
Bel
0
1
le fixe que ~ous Philippe le
- iems de S41nt Lauzs.
fur
�~·9
· fur le péage de la Il;êm~ Vil!e. Le ~oi :atifia l'affig11ation au. moi~
·de May 1260, & 1 Eghfe d Arles a JOUI de cette rente fans inter""'.
:ruption.
' 'l grat1'fié d' une fcomme qui' vau droit
• aUJOUr~
·
Saint Louis l'eut-1
'.d'hui (a) p_lus de i 8 O() livres , s'il eût cru fes prétentions mal
fondées ? Il n'y put être déterminé que par des motifs d'équité.
On en fera encore plus convâincu , fi on fait attention que .
ces conftitutions de rentes furent le. moyen dont il fe fervit ( b)
pour dédommager les Eglifes qui perdirent par le même traité de
·I 229 les droits çle fuzeraineté qu'elles avaient fur quelques-uns
<les Fiefs de la Maifon de Touloufe; l'Eglife d'Arles fut même traitée
plus favorablement qu'aucune de ~elles de Languedoc; fes droits
ne furent ·que fufpendus, on les lui conferva au fonds , & elle l~s
fit valoir avec fuccès pour le C~âteau de Fourques une des dépendances d'Argence que le Roi avoit aliéné , & pour lequel elle
obligea ( c) le Seigneur à lui faire hommage le 20 Janvier 1620.
Le Languedoc ne peut pas non plus tirer le moindre avantage de
l'affigr:ation que donqa S.. Louis de cette penfion fur le produit d'un
péage du Rhone; c' étoit· un de ceux qui avoient été inféodés à la
Maifon de To.ùloufe & au Comte de Montfort. Si S. Louis les pofféda
en franc-aleu, ce fut une condition perfonnelle à lui & à fes Succeffeurs Rois de France. Comme elfe ne tire pas foa origine de la
nature du Domaine·, elle ne peut donner aucun nouv~au droit au
Languedoc fur le Rh.one.
r
6
Charles d'Anjou & Beatrix fa femme font en 1260 un nouvel Aae: «î; pt!o-4
Atle de propriété fur les péages du Rhone ; car, par des Lettres- pdriéRcéh des péages
·
•U
on.e par le·
P.atentes·1'ls reprennent de Bertrand d' Almanon
une rente annue ll e C::omte
de Pro•
de 2000 fols, dont le précédent Comte lui avoit fait don en 124) , vence.
à prendre fur fon péage d'Arles, & ils lui remettent en compen- N°~ I 3·
fation une Terre dite la Condamine Marfeilloife, fi tuée au territoire
d'Arles.
1163.
Un autre aae du dernier des Kalendes de May 126'3 annonce I!les duR!1orre
encore la propriété des Provençaux fur les Ifles du Rhone. Par ap~anen~ns a des
n.
Gui·zz aume de P orcel et d onne a' b ai'l emp h'it éotique
.
Seigneurs P.rlilcet A i....Le,
a' Ber- vençaux.
, trand-Jean tous les Stels & !iles qui font & feront ,dans .le lit du
N°, 1 ~
· Fleuve, à compter de l'Hle Sacriftane jufques aux Mers dites des
Rolands & des Catalans,.
(a) Le marc d'argent, qui étoit alors au mêm~ titre qu'aujourd'hui, val oit r4liv. 1 fols9
Leblanc, monn. de France, pag. 17 l & 315 , édu, d'Amll. A l'évaluer aujourd'hui à 10 liv
les 1 oo rn. d'alors vaudroient près de 18 p liv.
•
( b) Hi~. de La~gu, tom. 3, aux preuv. pag. 347~
( c) Saxzus Pontif. Arel, pag. 179_.
·
..
G
�.- -..
La~~~~~ dani
/
ro
t du droit exclufif
L'an nee füiv~mte il s'eft fait une enquête au fuje le Rhone jufques à
les. de pêcher feuls dans
1~ Rhone appar- qu'o nt les Habitans d'Ar
itan.s ont eu
ofen,.t que ces Hab
•
ftv~- la mer :• .. nombre de témoins y dép
tient excluHab1
vo1ent des étranment aux
ce Ôrô1t de tout tems , & que lorfqu ils y trou
µns d'Arl es.
qui n'appartenait
N0, Ir~ ger s' ils les .empêchaient d'ufer d'une faculté
qu'à la Ville d'Arles.
les Habitans d'Arles
" Dans ce même fiécle & dans les fuivans,
des Sentences renont été maintenus dans cette pêche çxclufive par rs de la Maifon
neu
dues par des Officiers de Provence : les Seig
Em phit éote , préfon
&
cle Porcelet, Vaifale de l'Eglife d'Arles
n , pêcher entre les
tendoient .qu'on ne pou voit , fans leur permiffip
Pêcheurs ·d'Arles in-·
Ifles du Rhone qui leur appartenoient; les
enquête au mois.
téreifés à prouver le contraire , firent faire une lufif qu'avoient
t exc
.d'Août 126 4 de 88 Tém . tous dépofentdu droi
ues à la mer. · .
jufq
les Habitans d'Arles de pêcher dans le Rhone
lurent en 126 ) s'y:
Envain !'Archevêque & Reinaudde Porcelet vou repliquerent par
rs
oppofer par une enquête contraire ; les Pêc heu des Sentences de
par
une (lutre de 127 6 (a) & furent rüaintenus
rendues par lesOffi~
nt
fure
es
1~26, 142 1 & ~122~ Ces Sentenc
ies condamnées tant
ciers de Provence. Croira-t-ou que des Part par les Seigneurs;
r
de fois n'euifent jamais tent é de fe faire aide
de prétendre , foit
t
droi
en
du Pays voîfin , s'ils les euifent cru
on ? L'o n n' eft pas:
à la pêche fur le Rhone , foit à la J urifdiaidéfe
ndre fes pré.t enens de
ordinair~riient fcrupuleux fur les moy
où leur viennent les.
tions , & peu importe à des particuliers cl'
jugemens qui les favorifenr.
Maître dtr.,.
s voyons le Comte de· Provr.ence
1 66 •
D'u n autre côté nou
1 P. w
d
r.
· c~
•
.
Le omte e
• Rh one ( b ) , y f:aire payer en 126 6 une 1mpo11t10n iur e ie.1:
t
Prov ence met des peti
frere tiroit par ce Fleu ve du Duc hé de Nar
i~npôts fur le fel que Saint Louis fon
ntes au Pap e
A la véri té, le Roi de France en porta fes plai
e.
bonn
o~~
u~:;~re le:~
01
depuis le 6 Janvie:i;Clement I /7. ( auquel Charles d'.Anjozi avoit de Naples: & de·
france-.
es
de la même année l'obligation des Couronn
du- Pape , monuSicile ( c ) ; ) mais à. en juger par les Lettres utoit pa·s à fon
difp
ment unique de la que rell e, Saint Louis ne
pofition av oit été
frere, la propriété du .Fleu ve fur lequel l'im
ance à tair e; il fe
étab lie, & ce n'auroit pas été là une circonft
lle füt contraire aux
plaignoit feulement de la nouveauté, foit qu'e
(a) Archiv. de l'Hôt el de Ville d'Arles.
( b) Thef . Anecd. pag. 267.
•
.
e réputation du côté
fe jouiffoit de la plus grand
( c) Bouc he, tome i , page 277. Ce Ponti
préce demm ent fait fon Sécre taire. Jama is Papeit
de la probité & d~ fça~oi_r. Saint Louis l'avo
une dot fi modique à iè"
de l'Egl ife ; il otfrn it
n'a· moins que lui ennch1 fa famille <le• biens
îeufes ;. Il étoit né Fran çoih
Relig
filles , qu'ell~ fµrent obligées de fe faire
r
�'fr'
traité~ qui fubfi11oient entre les deux Etats'; eon11ne Clement
rJ7:
paroît rinfinuer' fait qu'elle ne s'acc~rclât pas :avec les bons pro-.
cédés qUi doivent regner en~re des v01fins , .& furtout. ent~e deux
freres; nous ignorons la fuite de cette affaire : les H1ftonens de
Languedoc n'en orif pas dit ~n mot. I:e recueil .d'où ~!le e~ tii:ée
ne leur étoit cependant pas i~connu; .il. faut croire qu ils n en ont:
pas cru le détail favorable a leur op11110n.
.
. _.
s'éleva .en, 1267 une conteft~tion entre le~ Receve:irs .des Aa:~ 6fe~Jurir-1
<lro1ts du Pom -d Arles & les Supérieurs de la Ma1fon Hofp1tahere difüo n for le
.de Saint Gilles au nom de celle d' Auriffet & de Saliés : cette COfü Rhone par les Ju•
c.
,.!"' Provence,
:teftauon
rut
.port ée devant l e J uge d'A rl es, & dé c1·d,ee par une ges No
16
.Sentence du 7 des K:alendes d'Avrîl de la même ânnée. Cette piéce
• . 'I
· prouve, 1°. Que le Pont d'Arles appartenoit à la Ville & non au
Languedoc. 2°. Que ·quand il furvenoit des conteftations fur le
;péage , les Habitans & .poffédans biens du Languedoc eux-mêm~s
.convenoient que l~ Jurifdiél:ion en appartenoit aux Jug.es Provençaux. Voyons maintenant quelles fuites eût le Traité de Paris~
& nos preuves vont fe multiplier.
. I!
Le cas prévu Î:ar ce traité arriva. Philippe le Hardi re..:
. •
,
· ,r,
~
,r;
cue11l1t en 1271 a fucceffion d AlphonJe, Comte de ToulouJe,
mari de Jeanne morte fans enfans (a). Cette fucceffion comprenoit
le Comté de Touloufe & le C9mtat //enaiffin ou Marquifat de Pro-vence . . Ainfr Philippe Poffeffeur par le même traité de la Séné"".
chauffée de Beaucaire & de la rive occidentale du Rhone·, fut mis
.par la fucceffion de Jeanne en poifeffion de la rive orientale dans la
partie qui .s'~tend depuis l'Ifere jufqu'à la Durance. Qui pouvoitlui
.difputer la propriété du Fleuve dans cet efpace d'un terrein dont il
poffédoit les deux bords? C'eft-1~ le titre incontefrable fur lequel
.eft fondée l'autorité que les Rois de France ont toujours exercée
dans la fuite fur le Rhone vis-à-vis Avignon & le Comtat. Aucune
des ceffions faites depuis au Pape n'ont compris le Fleuve, & il eft
refré à ,la Francë , par le principe certain que tout ce qui n' eft pas
<léfigné dans une ceffion,. eft cenfé réfervé à celui qui l'a faite.
· Lors de l'ouverture de la fuccefEon de Jeanne, Grégoire X.
Pape regnant., prétendit avoir des droits fur le Marquifat de Pro2Jence ou Comté //enai.ffin, fans doute en conféquence du traité
de 1229; mais l'on vient de voir que Grégoire IX. avoit reftitué ce territoire à Raimond VII. Si quelqu•un pou voit fe croire lézé
jJJr la ~poffeffion de Philippe, c' étoit Charles d'Anjou , Comte de
(a) Ce Prince foivit Saint Louis à fon dtrnier voyage d'outre -mer , & aida Philippe à
vaincre les Infideles: La mort le furprit en revenant de cette fainte & inutile expédiüon.
Gij
h7r; "
Le R oifuccécle
au Ccmcat rar la
mort <le Jeanne.
Prétentions du
P2pe fur le Com·
tat~
�j"z
fa:
Frcvencë; appellé à la -fucceffion du Marquifat cîe ce- nomentparque:
& par le teftam
fubftitution portée au partage de 1L2
droits ;:
'Jeanne avoit fait en fa faveur .. L'on ne fçait s'il fit valoir fos
n dont·
mais la réclamation du Pape paroît avoir fait une irnpreffio
droits ;~
on fe ferait garanti fi l'o~ eût remonté à la fource de fes
Touloufe ,.
ils étoient puifés dans les malheurs de la Maifon de
voit ce:
caufés par les Papes eux-mêmes :.qwoiqu'il en; fofr, on
exerparT
,
Pontife en poffeffion.du. Com tat au mois d'Avril 1274
cice qui fe faifoit de la Juftice en fon nôm.
n qui fe fit de ce ter-· ·
A la vérit é, fon ne conn aît pas la ceffio
·1190.·
r
. iorte
· ue d e ces
·
b"L
r..
r..
s:
· l'u1age iu it:quent, JUge umq
• · e au p ape ; mais
La Ville à'Avi·
ntoir
le
gnon ct: ctée par
puifris,
comp
t
poin
fut
n~y
que le Fleu ve
lto1 au Comte de de quef tions , prou ve
e exercerent la J urifdi~ion. fur.la partie:··
Franc
de
.
Rois
que les feuls
Provence.
dépourvue ·
du Rhone le long du Pay_s cédé , & que Sa Sain teté eft
va égale réfer
fe
e
de tout aél:e de po:ffeffion. Lli! Roi de Franc
Philippe:
ment la Ville d'Av igno n;. car au mois de Septembre 1290
.ence, ·
le Bel la céda à Charles II. Roi de Naples & Com te de Pr.ov. diK
&
l:
Anjol
d'
lequ el vena it de donner fa fille avec les· Com tés
rien.
'Maine à Charles, Comte. de Paloi-s, frere de Philippe ; mais dlL
riëté
pr.op
la·
n
ne peut faire conjeél:urer que par cette ceffio
aél:eRhone ait été cédée à Charles ; auffi ne conn ok-o n aucunexer- t
par lequ el il paroiffe que ce Prince ou fes fucc~ifeurs ayen
&
nce;
cé quelque Jurifdill:ion fur ce Fleu ve au-deffus de la Dura
IL vend it,.
,quand la. Rein e ]éanne, arriere petit e fille de Ch-arle.s
ent //IL
Clem
comme nous le verro ns, la-Vi lle d'Avignon au Pape
édoit, & le·
• elle ne put aliéber, en fa faveur que ce q,u'elle ·y p-off
parRhone ne lui: appartenant pas dans .cette parti e, elle ne put n ,,
raifo
conféquent le lui vendre : ainfi la Provence foutient avec
ni poffef.;
fans craindre de nuire à fes droit s, que le Pape n'a ni titre
Comtat •.
du
fion pour s'arroger le moîhdre droit fürle Fleu ve le long
ap-·
Il eft fenfible que ce n'étoit poin t parce que le Languedoc
du
e
parti
la
fur
parten9it aux Rois de _France , qu'.ils regnoient
t· repris ~
. Rhone qui eft entre l'lfere.& la Durance ; mais comme ayan doit ~
_ dépen
la poffeffion d'une partie de la Provence dont ·ce Fleuve
ns q_u'ils:
originairement,& qui n'a voit pas été compris dans les c.effio
.
avoient faites des Pays fitués à la rive orientale_
con-une
ut
Envain les Hiftoriens de Lttnguedoc tirent-ils parto
pofté-:.
du fion générale de ces faits particuliers~. Les .événemens
ffeurs;;
poffe
es
Princ
rieurs devaient les forcer à reconnoître que·ces
bord., ne;
depuis 127 I de cette partie du Rhone' de Fun à'.· l'autr e
is la Duz.l'ont poin t été de la par~ie inférieure? c'eft-à-dire ' · de.eu
s,
'&
�rance
~
l/ q~1i
réla!i~ ~e c~nton
j·urqnes la ni.er ! .tout
eft
à'.
là ;
prouve qu'il faut néceffa1rement faire cette d1ftméhon 1mportan:..
te & de laquelle dépend le fort de la conteftation.
N'étoit-ce ·pas en effet coQJme maî~re de cette portion·du Fleuve· 1 , 1 1n1 s ~.
d·
'1.
l es J• d'A nJOU
. , C omte de p rovence ( ÇZ ).· cédé par
. e Bertra
n .
&. de fes Hles ,. que Cnar
un Comdonna au mois de Juillet 1282 à Roftain de Gantelme l'Hle Ber- te de ~rovence.
rrand', fi.tuée dàns la Jurifdiélion de Boulben·, Comté de Provence?
Arrêt du Confeil du 8 Mai r69 r , pag. 4.
· Les Habitans d'Arles fe plaignirent au même Prince de quel;_as·3. . .
·
'"l
Ir.
·
é
d
B
D
C
Ali{es de ]tin!~· .
ques véxat10ns qu 1 s euuyerent au p age u aron. · es om-· diétion for le fl eu ....
rniffaires furent nommés. Le Sénéchal de Provence ordonna en ve par lès Ofli-conféquence le 13 Janv1ei: r-28-3 au Viguier & au Péager de · ciersùProvchoe ...
Tarafcon de laîffer jottit. les:Habitansd'Arles de la franchife géné-rale ftipulée dans leurs conventions : à pedagiis Albaroni & Sanéfr
Gabrielis pro Jale , pifi:ibus, five pro aliis, &c. ( b·).
.
La Ville d'Arles continua de jouir des pêcheries du Rhone au'
n~?: . .
pâti de Regourdas & à l'If1e de I:oubar-és ; ce qui réfulte de. qemt fu~~~·Rb~~bee~;~
Enquêtes de 128 I & 12 8 6, faites pardevant des Juges de Pro~ · partienn·erw :l la>
21ence contre les Va!faux de fa Maifon de Porcelet _& par des Ju-- Ville,. d?Afü~s.
gemens des Commiffaires. du Domaine, des· 12, Mars- 1667 & 10-· •
J,uillet 1 670~
Nous rvoyons · d'a11tres a-tl:es pareils· d·e, Jùrifditl:fon dans une
r~7 o-~.. ,
Com:r.niffion du 1 8 Juin 1298 du Sénéchal de Provence, adreffée. ~~:~res:aBes1 œtJ:o·
' 1on
r.
L"reutenant a' rr
,r,
r. ·r. 1 F.· f cl B lb
a·
.L ara;c01i , .pour: ialllr- e
· 1e · e ou on & 1es~ Juriichéh<rl'I. ·
Hles de Mefoargues & de Bf!rtrav1d.· Les Seigneurs de ces IDes"
étoient prêts d'. erJ'.. venir a\lx· àrmes à l'occafion des contefüttforts '
que leur poffefiion indivife avoit occafionnées entr'èux' :·: ort ne'"
trouva d'autre expédient que de faire féqueftrer· & mettre fous ' la~
main du Prince les revenus , & cette proeédùre fe fit p,ar- l'auto.;,.rité des Officiers de ProvenuB & au B01n du Comte; ..
. Le 1'3 des Kalendes de Mars 1297·, Bertrand de · Potcelêrre:..~
r%'? 1> ,.,
mmvelle. en faveurp des freres Jean le bail.des'lfles & Anels qui font~ 1 C0 n1 c.eRfiil ons~'d'Ï,f...:
,(f,
,
.
J•
. . •. es <.u 1onc par;.;
proche 1e Gras de- a.JJon, c eft une des bouches' du Rhone, & qui la.~o... ertee;~.
feront à 1' avenir depuis l'Ifle Sacriflane jufques' aux mers· de Roz;.,.. J>r 0 . , 1?7P'
llu:zds & de Catalans~ Le Rhone cominuoit donc:' d'a.epartenir a:ux;:;.
4
,
(a) C'eft celui qui s'étoit en.ga.~é .à fé b~ttre· err duel avec li Roi d'Arrag.on pou.r l e'!
Royaume de N aples< Bordeaux devolt'e tre le lieu du·co·mb'at. L'a c'Ondùlte dé's deux Princei -'
fu ·connohre tome l'imprudence de· pareils cartels. ·CharleS"z,.rri'va tfop-télt ·au. renJe?,-VOlts'',.,
& ~en retourna fu~ l e champ ·, fous prétexte que fon ennemj n'étoit pas eqcore arrivé-,
R01 d' Arr~g~n: arriva trop-tard & ·repardt, par la raif~n que fôn Rival · n'y éioit plus. Ro 1r.e-:
a:nathé maufo1t ces combats •.Lcs ETcques les permetto1ent').& les Farlemer.des. cmlGmroisnt::
q-µelquefois. ?n ne r~at~quoit ·pas. de fe,confeffer 8i de communier p,.our fe'pJ.épJlrer~ay, ·me.1.mt~,..
(.p). Arch1v •. de. l Hotel-de Ville d Arles.-
L;...:
�·1+
Ifles nées
Provençaux ; pu ifqu'ils donnaient à ·nouveau ban: les
& à naître dans fon lit.
Jurif~
Le Pont . d'Arles appartenant à la Vill e, étoit fous la l'o~
~u?S: ·
; c'eft à fes Officiers que é
ad101P1 des diaio n des Comtes de _Provence·
•c. a' cont n'b uer aux r pa~
Ju11s
1
·
bl'
OffiJu~iîdi
c1ers e ro- s' adreifa en 129 8 , pour o iger es
Pont
furie
vence
.
•
rations.
.
<l'Arle~.
ere fur cette véri té'
Mais un aae qui jette.la plus grandeblumi
NH. ~ 8.
d'A rzes & c~ux de
·
1 H
L es ab1tans de , ft l
a tranfcaa·1011. paifrce entre es . a 1tans
Fourq uesyp aient ce
Jets du
Fourques le 9 Avn l 129 9. Les ~H~b1tans de Fourques, fu
les droits. .
ou Gouverneur j
N°. 1$.' . Roi de France (a) autorifés par "leur Châtelain
ce Pont
tranfigerent fur les droits qu'ils devaient payer fur
t de
men
qui appartenoit à la Ville d'Arles~ & fe fournirent au Juge
en
la Cou r d'Arles , en cas que quelques-uns d'eux fuifent pris
contravention .aux conventions faites.
e ap..;:
Paroîtra-t-il dout eux apîès cel_a que le Pont fur le Rhon
Offi ...
fes
ce,
Fran
partienne à cette Ville ? Les Sujets du Roi de
s, ne con·
<:iers-mêmes, toujours fi attentifs .à étendre leurs droit
uelles
teftoient rien .à ce fu jet, & convenaient que les affaires auxq
de la
n
iEtio
cette poifeffion donn ait lieu , étoient de là J urifd
Cou r d'Arles & du Comte de Provence.
Juge s
Combien de Sentences de confifcation prononcées par les
barques
·d'Arles en faveur de la Ville & du Pont , au fujet des
, ou romqui, en defcendant le·Rhone , endommageaient le Po~1t
t à des
Eoient la corde du bac ! Ces barques appartenaient tantô
b) tantô t
Prov ença ux, tantô t à des Sujets du Roi de France (
fur l'anes
fondé
même à des Etrangers. To~tes ces Sentences font
1388 , &c.
cien ufag e, & font de 1302 , 13)4 ; 1371 , IJ82 , 1384,
iers de
Offic
les
par
V:oilà donc nombre de Jugemens portés
cette
Provence fur les délits commis au milieu du Rhone. Si dans
Sujets ,
partie ce Fleu ve e6t appartenu au Roi de Fran ce, fes
ner la
.c eux des Princes étrangers auroient-ils manqué de décli
e ils fai,..
Jurifdiélion de Provence? Se feroient-ils rédu its, comm
qui leur
e
foient, fait à demander grace , foit à contefter l'ufag
étoit prouvé fur le champ {
à l' ArLa vente faite le 1 3 Aoû t 1 3oo par Bertrand des Bauxencore à
11 00:
te
ou
eau de Trinquetaille , aJ·
Ceffio n dos dr&îts ,chevêque d'Arles du Chât
fo r le Rhone à
céde .au Préla t tous les droits qu'il
l' E"lite d'Arles ces preuves. Le vendeur y
à la tête du Pont d'Arles fur le Rhone j
pa r" Berrrand -des av oit coutume de percevoir
FJ euve , dans le terriroirq
"
d
Baux.
& dans 1e~ autres Ports u meme
No~ ~O...
.(a) Archives de l'Hôtel de Ville d'Arles•
.(li) lbJd• .
�~~-
&;;; ,
üe cette Ville, ·& les peages de Fourques
ex.
.
au petit Rhone, ainli
que les IDes qu'il avoit dans la riviere , & les fonds qu'il poiré'
.
·
.d oit dans la Camargue.
re·
d~Oaob
mois
au
faite
vente
autre
d'une
Il en eft de même
fuivant . par le même Seigne ur de Baux à }'Arche vêque d'Arle5:
des péages qu'il avoir droit de recevoi r fur le rivage de la Ville
& des fauxbourgs.
ET AT
p
DU
No.. 21 ;
RH 0 N ' E
E N D A NT L E QU AT 0 R Z 1 E M E
SI È C L E.
remarquable par le T !5,?t.;
Le commencement d~ ce fi.écle eft furtout
ra1te füt' fé-lti
& 1 . d ". ·z
r
d
.
R
1
.
c. • .
fi
.
,
.
traite qm ut ia1t en 1302 entre e 01 e crance ce m e o.JZCZ e fels entre re RoiComte ~ Provence' pour le tirage des fels du Rhone: cet aae d~ Franc~ & . le!
folemnel renouv ellé & exécuté par les fucceffeurs de nos Rois C:omte de' Pro-:
jufques à la réunion de la Provence à la Couron ne ' doit mettre à venNO' '12
"· ~
jamais la Provence à l'abri çles prétent ions du Languedoc fur le
·
.
Rho.ne & fur fes Ifles.
ces, de mettre
Puiffan
deux
des
ge
l'avanta
Il fut propof é, pour
it dans le voi-·
poffé<Jo
en commun les falins que chacun e d'elles
finage du Rhone. Philippe le Bel, par des lettres datées de Paris
au mois de Janvier 130.1 , nomma Jean d'Arreb:lay , Séi.1échal
de Beaucaire & Bic ho-Guidi Chevaliers pour traiter avec les Dé~
putés de Charles Il. Roi ,de Sicile, Comte de Provence, qui furent
Renaud de Le[fo •••. • Sénéch al de Provence, & Bonnacurft de
LeBo, Receve ur du Fife ..••. les pouvoirs qui leur furent don""
nés font du ) & du 6 Décem bre 1 3o I.
_ Ces Miniftres examinerent les falins refpeéHfs fit?és à deux lieue!;
du Rhone de part & cl'autre , & après un mûr examen , ils décla~
rerent deux fois dans le préamb ule & dans le premier artkle du
traité que , les falins du Roi de Fran.ee étaient fitués à la droite
du Rhone, que la Sénéchauffée de Beaucaire ne s) étenda it que le
long du même bord, & qu' ou rie les falins que le Comte de
Provence avoit à la gauche du Rhone , il en poffédoit dans quel~
sues unes des Ifles qu'il forme , & qui font dites faire partie du.
.Comté de Provence .. ,S:alinis in Comiratu Provenciœ tam in lnfulis ,
feu irifra lnfulas in. Flumine Rhodani conjlitutas., quàm cir.cà & ulti:à.
Rhodanum.
r
•
Ainfi voilà Ia Pro-Pence: en poiTeffion de la 15arcie mf6re~
�' 56
'du Rhone & des Ifies ; de 1'.aveu même de la feule Puiffance qui
.
..
•
pouvoit les lui difputer.
· Le préambule porte auffi que le traité av01t pour obJet de met
· tre fin aux difcuflions que la navigation du Rhone, & furtout le
tran(port du fel occafionnoit fouvent ·entre les Sujets des deux
P1inces.
Il fut arrêté qu'aucune partie ne pourroit t~nfpm:ter par.le Rhone
ni par terre, deux lieues à la ronde, une plus grande quantité de fel
que l'autre, ni le vendre à un prix différent: défenfes faites à tous
les Sujets refpeaifs d'y contrevenir, fous peine· de la confifcation
de leur fel & voitures, ou fous plus grande punition fi les deux
Sénéchaux le jugeoient convenable. La confifcation devoit être
au profit du Souverain, fur les terres duquel elle auroit été faite' ·
& devoit être partagée également entr'eux, lorfque la contraven-.
tion feroit commife dans la partie du Rhone le long de la Provence:,
la raifon qui rendoit l'amende commune €n ce cas, étoit l'incertitu...
de où l'on auroit pu fe trouver for la deftination des fels confifqués ;
car étant une fois fur le Fleuve, il auroit été aifé de le répandre
également dans les .deux Etats.
On convient également que ce traité ne porterait aucun pré..;
judice aux droits.de péages &autres accoutumés d'être perçlls par
les Parties ou par d'autres: nouvel aveu de la part du Roi de France
& defes Officiers de la légitimité des péages établis longtems avant
à Tarafçon)à Arles & au Baron poifédés par les Comtes de Provence.
Cette reconnoiifance formelle opére le même effet pour les
péages de Trinq~etaille & de Fourques, qui avoient appartenu penNo.. "-2 3; , dant longtems au~ Vaffaux de l'Eglife d'Arles, & qui venoient
d'être réunis à cette Eglife par l'Archevêque Roflagnus Capra, par
un aae du 9 Juillet & 2) Septembre I 300. Depuis Gette époque
Je Bac de Fourques a toujours été poffédé par l'Archevêque d'Arles,
& à l'égard di;! Trinquetaille il fut vendu à la Ville le 7 Septem"".
,
bre 1579.
L'on voit d'ailleurs par les extraits de pfofteurs Sentences déli_.
vré:s ~n 1 301 que les Officiers d'Arles avaient la Jurifdiaion fur
Je Pont & condamnoient ceux qui dans leurs ventes s' étoient fe,rvis
d'autres mefures que de celles du P.ont pour frauder le péage.
·Malgré le traité fait par les deux Rois fur le fel, les 0 fficiers
1 ~o.;.
'Premiere eatre- de Beaucaire clonnerent quelques inquiétu.qes en 13 o) à ceux .du
~~ife r~~ 1~~~~~; Comte de Proven.ce. ~'eft à cette o.ccafion que les Hiftorjens de Lan..~
·
rt>ft ée fans effet. guedoc ( a ) racontent le fait fuivant :
4
N°.z.1.&2('.
1_
~
(al
~ome
1, pa~e
JH~
-
»Philippe
�~1
)>Philippe le Bel, difent-ils, prétendit étendre fa fouverainete fur
'.))le Rhone d'un bord à l'autre, & parconféquent fur toutes les Hies
)) de ce Fleuve((. (L'on voit combien cette prétention fuggérée par
les . Officiers de Lanauedoc étoît contraire aux reconnoilfances for:..
.melles portées par l~s précedens traités ) • » C' eft ce qui paroît en
>J particulier par le différend qui s'éleva~ la
l'année 1 3o) en>J tre le Sénéchal de Prouence pour le R01 de s_zczle, &·Be'.trand Jour~ ·
>) dain de Lille, Senéchal de Beaucaire, au fuJet de l'Ifle Bertrand,
>J fituée auprès d'Arramon dans le Diocèfe d'Ufes. Le Bailli Royal
>J d~Arramon avoit exercé fa Jurifdiél:ion fur Jacques Gaufcelin, fil•
» de Roftaing Gaufcelin, Chevalier Seigneur dé cette Ifle & de Roma~
>J rin. Le Sénéchal de Provence écrivit ~ celui de Beaucaire, pour
»--engager le Bailli à fufpendre fes pourfuites: inais Raoul de Courts
>Y]umaux, Juge-Mage de la Sénéchaulfée de Beaucaire, lui ayant
»répondu que cette Ifle étant du Royaume de France, apparterioit
11 parconféquent à la Jurifdiél:ion du Roi, le Bailli d'Arramon n'a-:
» voit fait qu~ fon devoir.Les Officiers du Comte de Provence eurent
» alors recours aux voyes de fait ; mais ils convinrent enfip au mois
» de Juin 1306 avec ceux de la Sénéchaulfée de Beaucaire de don>) ner main-levée des chofes fai!ies DE PART ET n'A.UTRE jufqu'à l'ar» rivée du Seigneur de Lille Sénéchal de Beaucaire, qui devait avoir
>) à ce fujet une conférence avec le Sénéchal de Provence.
1°. Il dl: vîfible que cette conteftation ne fut élevée que par l'am-. .Réf: ration :!es
•
· des Qffi c1ers
• de Beaucazre
· , & que l e R 0111
• •eut
· pomt
. f:ait
. d e cette
H1ftonens de
b mon
Province..
lui-même cette difficulté fi contraire au traité qu'il avoit palfé
quatre ans auparavant avec le Comte de Provence fur le fel. .
2 °. Par la ~açon même dont s'expliquent les Avocats du Languedoc, il n'eft pas équivoque que les Officiers de Provence n' euffenf
raifon au fond. Ce ne fut que fans préjudicier-à leurs droits qu'ils
donnerent une main-levée provifoire & en attendant que le fond fût
jugé: on ne peut même rien conclure de 'cette main-levée' puif-'
qu'elle fut refpeBive & embraffoit les chofes faiji..es de part & d'autrè. 3°. La füuation de cette IDe Bertrand prouve elle-m~me de plus
en plus les clroits des Comtes de Provence fur le Rhone d'un bord à
l'autré; car les Officiers de Beaucaire ·fe foridoient feulemei1t fur ce
- que cette Ifle ·n'en étoit plus une ; mais fe trou voit jointe à l.a terre~
ferme du côté .du Languedoc: circonfl:ance décifive que les Hifl:o-~
riens que nous refutons fuppriment avec prudence, mais qui eft
rapportée dans le- procès-verbal fait en 1307 par les Çomn1ilfaires
des deux Rois ( a )!.
·
fo: ?e
(a)
L'indication mariinale que les mêmes Au.teurs ont miü.': à ~et artir!e ell: remar•
.
H
,
�'8
.
J
qu'on leur oppofe les
peu
fi
nent
craig
Les Procureurs du pa.ys
iifaires , -qu'ils en
Comm
bpérations qui furent faites alors par ces
celui
rappo rtent eux-mêmes les procès-ve,!:baux. L'on 'verra dans
que
qu'on a déjà cité, que les.Officiers de Languedoc s'appercevant
s,
droit
leurs
de
les deux Cours voulo ient faire informer exaél:ement
con+
fe repentirent d"avoir pouifé les chofes à un point qui alloit faire
lit
on
quand
r
doute
oit
âamner leurs -prétentions. L'on n'en fçaur
oit p~rnr le
tout~s les tergiverfations de celui d,'entr'eux qui ftipul
qu'il
Roi de France .. A chaque pas, ce font nouvelles difficultés
empê
pour
propofe ~ nouveaux délais qu'il dema1'l'de , & toujours
procher le Roi de Sicile <le faire fes preuves, & lesCommiifaires de
céder.
te de
. L'on n' eo voit pas moins par le dire de l'Avoc at du Com
Provence que fon maître étoit Souverain de l'Hle de Boulbon & de
n;
fes dépen dance s, de tout le terro ir deTarafcon & de l'Hle de LuJTa
Noqu'il I' étoit également de l'Hle appellée St el dans le territoire
..
quel
fait
t
voien
a
y
tre-Dame de la Mer, & que fi jamais lés François
qu'il
ques. aél:es de Juftic e, ce ne pouvoit être que furtivement ainfi
réfulte d'une Enqu ête faite en 1306 .
j
Mais ce qui ne. laiffe aucun doute fur les droits de la Provence
if... ~
c' eft la façon dont Philipe le Bels' exprime lui-même dans la comm
fion qu'il adreife fur cette affaire à !'Evê que de Nevers.
de
Il paroî t par les ~ermes de cette commi.ffion, que les Comtes
~hil_ippe le Bel
tems-là des droits non feulement
lui-men;e reg.irde Provence avoient encore dans ce
· · s l,ltU é S au- del'a dU
r. cl es terrem
·
Rl
r. l es IfI es d U
for le iur
droits comme
fe~
zone, mais encore iur
Fleuve
Mandantes vobisnihifominus ut de Jure
très - problémati- Fleuv e du côté du .Languedoc.
.
ques.
'
quod idem Rex Sicili~ afferit Je habere in quibufdam aliis iocis citrà
mili· Rhod anum exi.ftentibus, cùm videantur & debeant ad nos verèfi
fe
fuppo
l'on
que
e
. ter pertinere. Eft-c e-là l~ langa-ge d'un Princ
de
Roi
être certain de fa fouveraineté fur le Rhone ?Il avoue que ·le
du
- Sicile fon voifin lui c9ptefte jufqu'au terrein qui borde le Rhone
vraila
par
côté de la France : & il ne combat cette préte ntion que
e
femblance vàèfimiliter que ces terreins lui appartiennent comm
fitués de fon côté.
Le procédé de ce même Prince ~e feroit pas moins extraordinaire
du
en le voyant nommer des Commiifaires poür examiner avec ceux
FZu·
Roi de Sicile auquel des deu~ appartiennent les !iles fituées in
'
d'un bord à l'autre. N'auro itq.uable , la voici: Le Roi exace fon "'autorité fur . le Rhone
jamais perdre èe vC1ë ~
devroit
ne
en
il pa.s _été plus .conforme à la bonne foi, qu'un Hifiori
lion fur le Rhone,
JuriJdié
la
pour
iioc
Langue
du
s
Officier
des
e
de dire : Premzere tentativ
•
2ui leur ejt con{ejlée par ceux d:: Provence.
.
.
�19
-
mine Rhodani inter terram noflram .& rerram magnifiâ Principis Rd·
berti, Dei gratiâ ]er~falem & Siciliœ Regis.' &c. de quibus dicituf i~z
dubium revocari , utrum ad nos , vel ad diétum Regem debeant perti,nere ••••• reddentes lnfulas fuprà diétas illi ad quem ipfas per in_quiji:...
. ._ '
._
tionem prœdiElam vos ambo '!overitis pertine~e.
Quelle différence entre le langage du Roi & ~elm des H1fto:1eris
'de Languedoc ! Quand ce Prince parle de fes dro1ts,ce n' eft tou JOurs·
que par des doutes & comme de prétentions problématiques ; .c'e~
qu'il n'avoit pas , comme eux, de fyftêrpe à P.rouver., S1 les
droits de la France fur le Rhone eufferrt été auŒ certams que ces Au".'
teurs le prétenden~, cette Cour d1t-elle confenti à les met.t re eh
queftion & à les foumettre à des Cornmiffaires refpeaifs ? Elle eût
tranché, comme elle l'a fait depuis avec le Pape, qui nl'a yant rii
titre, ni poffeffion fur le Rhone, avoit demandé de nommer des
Çommiffaires pour examiner avec c~ux du Roi les p'r étentioni
L'Tlle de Stcl
qu'il avoit fur le Rhone, & auquel on l'a refufé.
apparteprouvée
de
Comte
du
l'enquête
,
Stel
de
l'Hle
de
propriété
la
de
égard
Al'
·
nir à la Provence,
Provence n'en étoit pas moins concluante. L'on ne fe çontenta pas d'y
faire entendre des témoins Provençaux, l'on en -prit plufieurs parmi
. les propres fujets du Roi, & tous.dépofent unanimement que cette
Ifle,depuis qu'elle eft formée, a toujours appartenu au Comte qui y
percevoir feul les droits de naufrage & ceux fur les alofes qu'on pêchoit dans les deux bras du Rhone qui la formoient : que les Provençaux y avoient le droit de pêche exclufif; & que quand les François
.voulüient pêcher on les chaffoit & on enlevoit leurs mets : que
quand Bermond d'Uses vendit à la France le·Heu de Peccais, il ne le
vendit que jufques au bord du rivage & non au-delà; enfi.~1 ·, qu'un
François ayant été excédé dë coups dans cette IDe par un Proven.çal, qu'il avoit ci-devant battu, le François porta fa plainte dans
Témoignageaules Tribùnaux 'de Provence, comme Juges du délit.
io1.1;e d'.un auAuteur ten>
à toutes· ces preuves le propre témoignaÎie d'un
Ajoutons
tre H1fionen du
, ,
.
conanguedôc
l.
Benediéfins.
es
que
Pays
fon
pour
Languedocien, moms prévenu
V ai·
Dom
à
C' eft l'Hiftorien de la Ville de Nifmes, oage 4 39 ; après avoir tr;!ire
fette.
d
1
b
f
l"
d
.
ren du compte de ce qm onna ieu au proces-ver a ont nous venons de parler, il ajoute:>) CJétoit là le commencement d'une que)) relle qui pouvoir caufer de vi•1es brouilleries eritre le Roi de
>) France & celui de Sicile. La décifion é~oit entiérernent inhérante à
» celle fur la queflion de la fouyeFaineté du Rhone : queftion qui
>> dâns la fuite , eft devenue i1wrile par la réunion des Province~ nié)) ridionales -de France à la Couronne; mais qui étoit alors très~ férieufe, d'autant plus qu'il n'eft pas aufli certain, gueJe prétend
Hij
�6'o
»un moder ne; (Dom Paifette, Hiftorien de Langu edoc, tom.+
» pag. 47 8) , » que la fouveraineté & la propriété fur le Rhone d'un
>)bord à l'autre ,. QUANT A LA PROVENCE, ayent toujours apparte)) nues à nos Rois à raifon de la poffeffion du Languedoc : divers· mo)) numens du tems dont le détail n' eft pas de mon fu jet' fourniffent
» de fortes preuves du contraire.
Cet Auteur judicie ux, non-feulement fçait apprécier les droits
.·du Languedoc en généra l; mais encore il a l'attention ·de les reftraindre dans des bornes particulieres ·relativèment à la Provence•
.Il a découvert & évité le faux raifonnement des BénédiEtins , qui
concluent toujou~s des droits du Roi contre le Comta t , à les
étendre vis-à-vis de la Provence. L'Hift orien de Ni111es, en recon~
noiffant ces droits du Languedoc partou t ailleurs , les dénie quant
à la Provence .
Il en fut de cette prerniere entreprife comme de celles dont
•
~
}
r
.
4
rendre compte. Les Offi,Eail_ a ferr;ie de · nous aurons occafion dans la fuite de
•
r-.
·
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'
du L anguedoc· .n 01eren~ nen ialfe · d/.~CI"d er, & " 1es C on:tes
•
du
la Se1gne1: ne
Baren . fait pa r.la c1ers
les memes droits ;~ou_r des Ayaes de Provence ne cefferent pomt de .poffeder
c'eft ce que les titres fuivans vont manifefter , & entr'autres
d
26
un bail à ferme fait le 1 3 JuiJlet 1 3 I f , par la Chambre des
·•
•
Comptes d'Aix, _de la Terre & Seigneurie du Baron,. au profit
.du Domaine du Comte , à la referve des droits de péage , de
gabelle & des robines ou dérivations du petit Rhone, dont il y
·
,
avoit un arrente~ent particulierr
C ette SeigneuIl ne fera même pas indifférent de remarquer, ·que ce Château
rie étoit un Fort
Fort que les Comtes de Provence avoient fur le petit Rhone·,
.ciue les Comtes de étoit un
ces Princes
Provenc e avoient le bail le prouve ; circonftance qui fait voir que
fur le petitRho ne. avoient fans difficulté la fouveraineté ·dans cette brànche de Fleuve
attenante au La7J.guedoc. La France les auroit~eUe laiffé maîtres de
ce Fort , fi elle eût eu quelque droit fur cette portio n de la riviere ?
La même Chambre des Comptes d'Aix fit un autre aél:e de Jul 3l T •
Autre bail fait rifdiétion fur le Fleuv e, par l'adjudication folemnelle qu'elle fit
pm la memeCour
le 12 Janvier I 321 , du bail de tous les revenus des riv~ges du
,c:les péages du
Rh on e.
Rhone qui compr enoien t, pedagium Tarafconis, gabella civitatis AreN°. 27.
latis, prifcariarum Panarefzs Canadelli, Lonœ longœ Vernale.fii, Jeudi
Sabloni J Manicœ Baufenguœ robinarum gabella maris & alia jura
Tedditus. Ainfi les ports, la pêche , les péage s, les gabell es, tout
·
. appartenoit au même Maître.
En 13 24 le Roi Robert fit l'aéte de fouveraineté le moins équr·
1
r.
lp4·
de fix· deniersLe Comte de voque JUr e Rhone, en établiffant uri nouveau péage
it d'A!les .) & en ordoùnant.
Provence établit :par charge fur tout le poiffon qui fortiro
ANo
/
-----~-~- ~
�([{
que toùt ce1u1 qu1 feroit pris foi~ dans la mer ' _foit cfan~ les u~ nouveat: p~a
étangs ~u dans le Rhone, fer,oit obligé. de pa~er par cet_te V ill~, g ·No. s..
2
pour éviter lt;s fraudes que 1 on pourro1t faire a ce nouveau droit.
Les Lettres-Pate ntes font du 7 Mars.
1317,
Les Officiers du Languedoc ne perdant point de vue lep1a~: qui' ls :t:J ouvellt>
entres'étoi.ent formé d'~nticiper fur. les.terres de la Prov~nce, s'av1ferent ~~~e r~~ ti; ~uâ~~
de faire a Beaucaire des pubhcat10ns & procl~mat10ns concernant Lubi~res. 1
l'IDe de Lubieres._Ils ordonnoient par ces aaes que tout Proprié-N °. 2'9 .,.
taire qui poifédoit des fonds dans cette IDe, eût à venir les déclarer
devant eux, à peine d'amende. Il y a toute apparence que quelquesunes de ces criées faites à Beaucaire avoient échappé à la vigilance ·
des· Officièrs de Provence: mais ils furent inftruits de celle que· ceux;
de Beaucaire av oient fait faire au mois de Mai 1 32 7.
_
__ .....
Alors le Juge du Roi Robert obligea les Officie~s de Beaucaire Les Officier,s d ~
'
r. .
. a,. Languedoc
s cl-1~
-a r é.tr.a a er 1es en.é e$, comme ia1tes
pour une I'ne _qm. appa..rteno1t
défifrent.là Provence, & fur laquelle c·eux de Languedoc n'avoient jamais eu
- aucun droit ni jurifdiaion. Cette rétraétation eft faite in prefenti!l
locum-tenentis Vzcarii Belfü:adri' D<Jftzîni Regis Franciœ : quam prœco~
nifatîonem Ô' alias, fi quœ faEf œ forent per curiam Bellicadri, Juper
failo infulœLupariarum petiit cum inflantifi. revocarz: cum, ut dixit, diéfo
infula Lupariarum fit itz o-mnimod8. Jurifdiétione Domini Regis Roberti ..
· Alors l'Oflider du-Languedo c, exequendo mandatum litteratorii.JzbifafJum per tegentem Seneftalliam Bellicaâri & Nemaufi prœdiélam pTœ·
conifationem & alias onines olim faEtas per cur.iam di8i Domini Regis:
Franciœ fuper faélo diEtœ infulœ Lupariarum , incontinenti revocavic., ,
Tout ceci eft attefté par un aae autentig,_ue & folemnel- du J Aoôt :
de la même annéé. ·
·
L'on a vu · ci-devant que cette Iffe de Lubieres refl:a ~la Pro-·
'JJence par le · partage' de I 12) & p~r le traité de 1 176. Si cette
Ifle exiftoit encore , & qu'elle n'eût pas été emportée par les ravage~
du Rhone, ne feroit.,.on pas révolté de voir le Languedoc vouloir
fe l'apprd?fier? On le fera bien davantage forfqu_'oii. verra par lar
fuite de ce 1\ilémoire qu'il veut conquérir fur Ia Ville de Tarafcon:
un quartier de la terre-ferme , parce qu'il porte le.nom de Lubieres •.
Voilà donc la fouveraineté des IDes du Rkone reconnue contra_..
'diaO-irement par les Officiers du Languedoc en faveur des-·Comtes ;
de Provence. Les preuves mêmes qu'ils avoient voulu fe ménager:
pour les oppoter un jour à ces Princes, ont fervi à un ufàge tout:
contraire. Avec quelle confiance ne nou&o!]p,ofèr oient-ils pas au-jourd'hui ces actes furtifs cfune J urffdi'afon clandeffine fur rrne ~
de Lubieres, fi les O f?ciers de Pro'Y ence' ne les ava ient 12as conn1..'5 ·~
& ne les euifent pas fair révoquer t
·
·
�'6.2
Le .dénom breme nt que Je R'.oi Robert Comte de P.r.ovence fit faire
1 -n·~.
vantes , par Leop(lrd de
Oérrtimbi"ement de fes Domai nes en 1332 & les années fui
· de 1a p rovence
dro1ts
d
11
d
rr.r. l ·
de la Provence
fur le .. ru gznes , .nous 011re e nouve es preuve s es
Droits
fur le Rhone: on y voit que ce Roi pofféd oit, entr'au tres chofes , à
Rhone.
N°. 3~ o & ) I. Tarafcon, un châtea u confro ntant le Rhone, le péage fur cette ri~
viere, 1es droits de bans dans toutes les parties du terroir,, comm e
la plaine Legues , Entrebon , dans l'Ifle de Luffan & de Lubieres,
des cens fur des terres attenan t le Rhone, le droit de boage en
bled pour les terres fituées dans l'Ifle de Luffan; qu'à Notre-Dame
·de la mer il poffédoit les revenus du Port de Confolde fur le petit
Rhone, le même que le Roi poffede encore aujour d'hui comme
Con'ite de Provence; le droit de pêcher ie. Ce denom breme nt corn,
prend en outre., 1°. la gabell e ou roubine de Notre- Dame de hi
mer, qui fervoit à tranfpo rter le fel, laquel le roubine étoit un canal
dérivé du petit _Rhone.
2°. Le droit de naufrage fur le rivage de la mer; & fur Gelui du
petit Rhone. Ce droit a toujou rs fait partie des droits régalie ns, &
rien ne prouve mieux la fouveraineté des Comte s de Provence fur
.
le petit Rhone.
terres
es
3 °. Les redevances aufque lles étoien t foumifes certain
' fituées ~uprès de ce bras du Fleuve & de la roubine ou canal qui en
dériva it : enfin, le péage royal du Baron fur le p~tit Rhone, qui fut
enfaite inféodé le 3 Avril 1349, à Jacques Ganteline.
d'OcLe Commiffaire Leopard de Fulgines., arrivé à Arles au mois
.
1333:
D o1
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'd'
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J:'.
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JUfl i9ue iur es
Informau on fat·
te par le Commif- to .re e ann e 13 3} -, y t une 1~1orn:at1on
Ville & fon terfair~ Leopard , des marnes & fur les droits que le Roi avo1t dans la
t prendr e des
voulu
il
.
lequel
clroits cl~ ptage ritoire : un des premie rs points fur
•
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Il
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. ft .o..
du Comte. •
man a .e 24 1~ m me rnms ceux
111. ruu1.ons · ut e p age roY.a :·
No. 3 2
·qui ét01ent chargé s de la lev~e de cette 1mpofit10n , & leur de:.
manda quelle étoit la maniere de la lever, &;_'que lle part. y avoit la
Cour?- Ils répond irent, après avoir prêté le ferment accou tumé,
que ces deux articles étoien t expliq ués dans m regiftre écrit en
langue Romance, qu'ils produi füent. On voulut ' fçavoir fi la .Cour
n'y avoir point d'a.u tres dro.its que c~ux qui étoien t portés
·dans le regiftre ? Ils répond irent qu'elle avoit encore les treize
deniers gui avoien t été confifqués fur Tremolete ; que cet article
manqu ait dans le regiftre , & qu'il devait fe trouve r au chapitre qui traitoi t du fel que l'on portoi t au-delà de Beaucaire.
On voit par-lànon-f~ulement que le Comte .de Provenèe jouiffoit
d'une partie du péage d'Arle s, mais que les confifcations de ce
péage lui appart enoien t, ce qui ne p~ut s'enten dre qu'autant qu'on
reconnoîtra qu'il avoit la fouver~ineté _d u Rhone.
�"6 .
Dans le dénomb,.ement font en~ore compris la gabelle (.fo fel, les
'droits fur le poiffon qui venait des étangs, ou du Rhone ou de la
mer des redevances pour des roubines ou canaux dérivés du Fleuve .
Ces' preuves font fi précifes, qu'elles n'ont pas pefoin de réflexions.,
Elles font encore fortifiées par un autre. Pr.ocès:verbal, fait le ~7
Avril de la même année, par un Comm1Œure différent, au fu)et
de.l'arrentement des droits du Rhone•.
ollm.
La Prove nce lerdit fon ~oi Ribedrt ;,erfisltan 1344. C~ P;in c~- Mor~~!'\~fo•
1::~
ki
Jeanne
m.
t
1
pourro1
eanne
e
,
1
1a
1
e
pr évoyant 1es iautes qµe a 1eune11e
ae{
de
on
aliénati
toute
nt
faire commettre , défendit par fon teftame
fon Domaine. Mais cette défenfe devint bientôt une barriere impuHfante contre les diffipations de Jeanne. La n;auvaife adminiftration qu'elle fit de fes revenu s, va nous fournir plus d'une preuve
des droits de la Provence fur le Rhone.
· ' L'Hifto ire nous a tranfo1is les malheurs qui fuivirent le mariage
de ·cette Printeffe avec André, frere dù'Roi de Hongrie. La rivalité
de puiifance entre le mari & la femme produifit bientôt entr'eux
une antipathie, dont les effets furent très-foneftes à André~ La cé ...
lebre Catanoife qui de Blanchiffeufe devint grande Sénécha,le du
Royaum e, excitai t Jeanne c.ontre fon mari : Un Moine ardent .&
ambitieux animoit Andre contre fa femme. Ces deux Intriguans:
partagerent la Cour, en voulan t s'exclure réciproquement du gouvernement de l'Etat. Des cabalev on en vint aux confi1irations; &
enfin, André fut étranglé dans f anti-chambre de fa femme, & jett€
'
par les fenêtre~.
E'. IJ'41t , ..
ce·
compli
. Jeanne accufée par le Roi de 1-Iongrie d'être au moit)S
1
du me~rtre de fon mari, pri;: le Pa~e pour Ju~e (a), & plaida· gno~ :t~;~:/z:;;
elle-meme fa caµfe devant lm en plem Confifto1re. Le Pape la dé- lui ven<l<e: .1.a:
1
1
Rhone.,
fort.
. (a) Jeanne· ne fut pas l<r feule tête couronnée qui prit le Pape pour Arbitre de fon
pré- .
.
Naples,
de·
Roi
Boiteux-,
le
Charles
de
femme
Marie
,
A la fin du fiécle précédent
le
tendant au Royaume de Hongrie, fit plaider fa caufe devant Sa Sainteté, qui lui ~djugea
·
Semence.
cette
eur
n'ên
que
d'effet
plus
produit
auroit
Armée
Une
défaut.
par
Royaume
Roi:du
s
démélé.
les
Rome
à
ement
folemnell
jugea
V ers le mêrne-terns le Pape Nicolas·
de· Porwgal &.de fon Clergé. Manin IV. dépofà le Roi d'Arragon & donna fes Etats au Roi'
de France, 9m n'en profita pas. La Sar.daigne & la CorJe furent é!?aleinent données pa.r ur1r
Pape au Roi d'Arragon Jacques lelufie. Lorfqu'<m <wmmencememdu fiécle où vivoit Jeanne
Roi:
la fu~ceffion ?u Royaume d' Ecaffe fùt contefiée, le Pape prétendit en nommer le
Jama1~ les Princes de la· terre n'ont été plus fournis à la puiifance P-onrificale;d~r
M~1s Philippes le Bel fçut diftinguer dans Sa Sainteté le Prince temporel du Prince
fou-·
à
VlII.
Boniface
que
;rrdent
plus
été
n'avoir
VII.
l'Eglife. Aucun Pape depuis Clement
enmettre l'Empire au Sacerdoce , & toutes les ~glifes à celle de R'ome. Ce fur l'Ourtant
la.
de
Royaumn
le.r
[ur
&
Roir
lu
fùr
étaTfli
cwoi-t
l'
Dieu
qae
Philippes,
à
vain qu'il écrivit
'
Terre avec un plein pouv<>ir. ta France ne ceffa, ni d'avoir pour le CHef de· ta ,~raie Re li <>ion
Dieu
de
q..ue
Coi.:.rcnrtc
tienl;fa..
Roi-ne
!On
CJ.).le
croire
de
ni
)
dûe
efi
lui
11
qui
la vénéra~io!1
& de fon epce.
•.
1
�64
clara innocente ; & fe fit vendre par elle la Vîlle d'Avignon pour
.
florins; qui ne paroiff~nt pas avoir jamais été payés. _ ·
L'implaca ble Roi de Hongrie n'avait pas jugé la Reine deNaple$
avec la même indulgence. Jaloux de vanger la mort d'un frere ,
il avofr levé une armée ,,à la tête de laquelle il faifoît porter un drapeau noir, où était _peint un Roi étranglé. Plein de fonreffentiment
il étoit entré dans les Etats de Jeanne; qui à peine avoir eu le tems
·de fuir en Provence ( a). C' eft dans ces circonftances que la Reine
aliene Avignpn~1 Loin qu'il foit dit dans le contrât un mot qui comprenne le Rhone dans la ceflion, ce Fleuve y eft au contraire donné
pour limite 4e .ce que l'on ced~ au Souverain Pontife.
La Reine ]eanize & Louis de Tarente fon fecond mari , inféo_. ·
1 349.
3 Avril, 1'autre du 26 Aolit 1349, à
.Elle inféode u_n derent par deux aéies, l'un
M ·zz
.
.
S
1
.
l
G
T
le peut Jacques
für
p-e
pe?.
ante mz a e1gneune du Baro.n & ce11 e de az ane, avec
Jlh ~n e,
,N°. 3 3. tous les droits qui y font énoncés, parmi lefquels fe trouve le péage
qui fe leve fur le petit Rhone.
Les Officiers du Languedoc ne manquerenr pas de profiter âes
qq.
alors cette Princdfe.
~lio~dvel · e entre- drconftan ces malheureufes où ·fe · trouvoit
1
r
.
d r
pn e u 1,angue..
P!>G fur le fleuve. Forcée e ioutemr une guerre rmneu1e contre es Durano , me
nacé~ par le Roi cl' Hongrie d'une nouvelle invafion, forcée cl' aliéner
fes Domaines pour fe procurer des reffources, l'on faifit ce moment pour faire à fore~ ouverte ce qu'on n'avoir tenté jufqu'alors
que par des entreprifes clandeftines. Ecoutons le récit de cet évertement de la bouche même des Hiftoriens de Languedoc ( b) : ils·
r.aconteI}tle fait avec cette partialjté:, dont on a déja vu plus d'un
·_
.
·
.exemple.
» Le Sén/échal de Beaucaire , difent-ils, 'fut employé au moi~
» d'Avril de l'an 1 3) 3 , à une autre forte d'expédition vers le
)) Rhone. Le Roi (c) prétendant qu'il avoit une entiere jurifdittion fur
»ce Fleuve d'un borp à l'autre, avoit fait planter un poteau chargé
» de parrnonceaux royaux AU MILIEU , entre Beaucaire & Tarafcon.'
)) Les Officiers du Comte de Provençe à Tarafcon eurent la témé» rité d'arracher ce poteau (comme fi l'on étoit ~epréhenfible de
réprime! une voye de fait contraire à tous les traités ). » Le Roi en
Séné>) éqnt ~nfqrm~, dom.Ji\ <;>rçlre .auffitôt à Guillaume Rolland,
80000
du
1
(a) La feule vengeance qu'il pût tirer alors fut de faire poignarder en (a préf~nce le Duc
àe Dura.no, l'un des complices de la mçm de fon frerc, d2ns l'endroit même où André ·
•
;avoi t perdu la vie.
.
·
. · .
( b) Tome •b page i83,
toujours
faut
il
Roi,
du
l'intérêt
de
couvrent
[e
Hifloriens
· ( c) Tout~s les fois qne ces
entendre.que c'dl fe Languedoc [eul qui parle , - car il ne maaque jamais c!e préter aù Roi
·
·
·
1e.s vîies perfonn.clles,
(;hal
'I
....
�65'
de Beaucaire de le rétablir . Le Sénéch al fe 111it à la t~te ·des
,, Milices du Pays, & fit remettr e le poteau .AU MILIEU du Fleuve
»avec les pannon ceaux royaux , malgré le Sé;1échal de .Provence,,
•
)) qui avoit affemblé les troupes du Pâys pour s Y. oppofer «. .
des:
efi:tat1on
R
_
ou
,
Ro1
le:
que
L'on voit · par l.es propres termes de ce réc1t
Jl.- H1fior1ens deLan.~.
·
'
d
·
·
'
·
B
d
a:: •
plutot les Ornc1e.rs e eaucmre, nav01e nt que es pretentzons,, ~ guedoc.
ces ·prétentions loin de s'étendr e d'. un b.~)fd à l'autre , fe born~i~nt
. alors à ne vouloir que partage r la propné té du Rhone par rno1t1é :
car lors de cette entreprife on ne mit les armes de France qu'au
milieu du Fleuve , & non fur l'autre,b ord:, comme on en auroit
eu le droit, fi en effet le Fleuve eût apparte nu à la France . C'a été
là un des premiers pas qu'ont cru devoir faire les Officiers. de Beau·
caire : nous les verrons dans un momen t franchir par dégré le lit
entier du · Rhone: car -d'abord ils avoient feulem ent _conteft é aux
Proven çaux leur Jurifdié tion fur l'Ifle Bertrand qlÛ joignoi t la terr.e
ferme de Languedoc; ici nous les voyons avancer jufqu'a u milieµ
du Fleuve. l--'ufurpation auroit été trop criante , fi elle eût été
, _
moins infen.G.ble.
fi per~
étoient
c
uedo.
deLamr
s
Remarq uons en outre que les Officier
par
ncée
fuaclés de l'injufiice de leur tentativ e, qu'ils l'ont comme
une voye de fait, & l'ont foutenu e par la force des armes: il étoit
fi fünple, fi. le Languedoc avoit quelque droit, de faire d'abord
nomme r par les deux Prince s, comme on l'avôit déja fait aupara·
vant, des Commi ffaires pour en décider ; mais on voulut en impofe r'
à la Comteffe de Provence avec les troupes du Prince , au nom
duquel on comme ttoit cette violenc e. Quel dro.ît que celui que
l'on ne peut prouve r que les .armes .à la main J Aujour d'hui
que nous fommes en Juftice reglée, & qu~il f;aut combat tre avec
des titres , & non- a:vec .des Soldats , on .imagine bien ~que le
Languedoc n'ofera même :pas citel' en fa faveur un évenemerit ·auffi
capable de décr1e.r.fa caufe: Evénem ent :qtti prouve toujour s plus
l'-affeB:ation des Bénécliétins .à conclur e .d'un fait particu lier_:à tout
,
le Jit .du Rhone, d'un ho.rd à l'autr-e.
N"• .3'1:~
en 1;) f une nouant
.cepend
nnerent
Ces entreprifes occ:afio
au
Sicile,
de
&
ve!le né.gociation entre les .deux Cours de france
fuJet.r;les Iiles du- Rhone, né.gocia tion qui ne prqduif it encore aucune
dé~ifion , & dont il ne refte qu'un mémoir e contena nt les propo1 '
fit10ns du. Procure ur du Roî. d.e Sitil.e. L'on n'en verra pas moins
dans la fuite la Provence tOUJOurs en poffeilion des mêmes droits
fur le Rhone & les Ifles, & toutes ces entreprifes itijuftes n'auron~
fervi qu'à affermir de .plus en plus ces mêmes droits. .
j) chai
A
1·
�~t
'Guillaume Rolland, Sénechal de Beaucaire ( a) , fùt ttom111é Cô1u.;.
miffafre avec -foulques d' Agout , Sé.néchal de Provence~ On ignore
le réfultat de leur aifemblée ; mais il eft fûr qu'elle eut lieu , &
ce fut à cette occaGon que Raimond de Ungula-, Procur eur & Avoca t
-Ou Roi d~ Sicile,, préfenta aux Commiffaires un écrit cl.ont l'objet
étoit de conferver à fon Maître la ·propriété des !Des conteftées.
- A près ·avoir annoncé ce ·qu.i av.oit occaGonné fon mémoire, il
y explique les moyens fur lefquels il fe fonde pour pr.ouver que les
·Ines conteftées ont toujours appartenu à la Provence-. ·
fait mention eft celle d' Alve oudde Car~
La premiere Iile,dont illlé.
L'I 1 "'" C· _
c.
1
..
,
L
s e oe ar
que par 1e partage e I I 2 >;
gue J'ont
nave appartien t à nave. , es preuves qu 1 a
·toutes ' les Hles du_ Rhône, & eni particulier celles contefté~s ref...
la Provem: e.
:terent au Oomte de Provence : que celle de Carnave, depms fon .
.origin e, avoir toujours été du territoire & de la jurifdiétion de
Tarafcon, dont il rapporte les alles.: que les Poffeffeurs des terres:
de cette Ille qui y font nommés.pàyoient les tailles & autres droits
forte·
~ Tara]con; ~ue les Offi.ciers~de Tarafèoni y exerçoi:eht toute
des
ient·
de Jurifd iétion, qu'ils y faîfoient des public ations , impofo
amendes, ycondâmnoient au bànl.1iffement,au fouet, au feu & à la po·
tence, qu'ils y avaient même un gibet, & qu'ils y exerçaient tous les:'
rlrnits régaliens; que les Habitans de Tarafcon y rarnaffoient le:
fable, au lieu que ceux de Beaucaire n' ofoient y en venir prendre j
mais qu'ils l'achetoient quand ils en avoient befoin; que le Péager de
Tarafcon avoit une maifon dans l'IDe ; que cette maifon ayant été:
détrui te par les inondations, on y en avait fait bât~ quatre autres,
.
.
pour le même objet.
royale de Pro.:.
Cour
la
à
. ·Il ajoute que dans un pré appartenant
'Vence, on y avoir fouvent fait la revll€ des .troupes de la Ville :..
qhe les Habitans de Tarafcon' allaien t faire des joûtes dans ce pré'_~
tomm e dans le refte du.terroir : qu'on y avoit conftruit des galeres;
par ordre des Officiers royaux· de Pr.ovence, & que les Ouvriers:
avoient été prendre leurs falaires à Marfeille: qu'aux fêtes des Rogations les Eglïfes de Tarafcon & Beaucaire faifoient faire des,
pommes de cire : que celles. de Tarafcon étaien t portées dans l'IOe
""" ·
far des hornm~s. de la Ville; maiS que, ceux de Beaurnire s'a~rê_toie~~
a une· Tout batte fur. un rocher aupres du Rhone, fans avoir Jamais
'
·
·
'Ofé aller plus avant;
France-·avoit reconnu (b),.
Fhilippe sdeVa-- • Enfin, que Philippes âe Palofs Roi de
lois l'a reconnu..
.
. . ..
.'
• ( «) Reg. Vmdis. Archives de la Cour des Comptes , foL 4:t..
fùt ài
•. (Y) .Le voyage de Philippes de ·"fl.aloi:r ne put fe faire qu'9n 13 30, Torfgue ' le Roi'
AVivrnn pour une ~1ouvelle ~roiîade qu~ n'eut pas lieu" & qui avo.it été projettée éntrelui
1:. le Pape Jean XXII •. Abreg. Chron,.
�J
'• 61
...
·pub Iiquëment de~an_t h ·portê.. _de _l'Eglifé de Sain'te-Mm<the qu~ tette
If1e de Carnave eto1t du ternt01re de Tarafcon. Le P.rocureur- du.
Roi de Sicilè regarde dans fon · mémoire cette Ifle comme un
démembrement de celle de Lu§an, qui avoit toujours été du terri·
taire de Tarafcon; & il ajoute que ·fi les 0 fficiers de Beauo~irn
ûU autres du Roi de France, y ont· voulu tenter quelqu' ex.écutton;
ce n'a été que clanddl:inemen~··& epuis p~u de tems, comme un
an ou deux, à l'infcu des Officiers de Tarafcon: & que lorfque ces
tentatives étoient ~enues à leur c"onnoiffai1ce; ils les avoient ré~
primées fur le champ, & par les voyes légitimes , comme il paroif:
. .
- ,
foit par les procédures alors pendantes en leur Tribunal.
Lubie;
d~
me
L
exchofes,
mêmes
les
ffure
a
·
il
Lubieres,
de
l'If1e
de
~ A l'égard
- res a;ipamentam.
•
.
cepté l'article des proceffions; mais il aJOUte. que les amenctes que u à la Provence. ·
, r
l'on y devait ' percevoir étoieni: pubTiq:tiement mifes à l'enchere à
Tarafcon; que plufteurs Habitans de.Beaucaire étaient venus plaider
· au Tribunal établi dans cette Ville, & qu'ils ·en exécutoient les
Sentences ; & qu'à la fuite de quelques-unes· dont il donna les dates j
'.•.
<:ertains malfaiteurs s~étant réfugiés · à Beaucaire, les· Officiers de
tette Ville les <l:voient remis à ceux de Tarafcon fur leur requifition
·
' ·
pour être punis fuivant l'exigence des câs.
qui Ainft que celI~
Ifles
les
avec
Il avance encore que le lieu de Méfoar-gues,
en dépendent, a toujours été du Comté de Provence (a). La même de Mefoargues.
piéce porte que l'Iflè de Bertrand qui confrontait autrefois les te~
ritoires d' /.lrramont & de Boulbon, & · qui avü"it alors changé de
limite~, avoit toujours été du territoire &"de la dixm.e eccléfraftiquè
de Méfoargues ; & 1'on y cite les aaes de Jurifdiaion de·s ·seigneurs
& des Comtes de Provence, inveftitures, perceptions de lods;
.
&c.
Quant à l'Hle de Stel formée par -le petit Rhone , & la derniere Il en ell de mém*
comprife au mémoire ,Je Procureur du, R~i engage auffi à prouvei: del'Ifle ?e ~teh
-1
què par le parfage de t 1 2) elle refl!a'au Comte' de Provence; qu'èlle
a toujours fait partie du territoire cfe- Notre-Da:me,de. la Mer.;. que
les Officiers de cette Ville y ont toujours exercé la Jurifdiéliorr
civile & criminelle.?ont il ~apporte les aétes; ~ue la Cou~ royal~- de
Provence y percevo1t un. droit fur la pêd1e,~ 'ql.le lesid.é~r1s· des navi...
res naufragés lui appartenaient; il rapporte des faiftes de filets, &-de
b~rques même c~:mtre des Pêcheur~ ~e 'Beaucaire, qui ven?ie~~ pour
ra1fon de ce, plaider devant les Officiers de Provence : il aJOUte enfin
s
(a) 0~ verra en .1457 l~ ~~i Ren.é ~cquerir Mlfo1rgues & Bo ~lbon, & lnfulas .Jepçn.i.
ab eifdem fitas lll P'.onncza Prc_vznciœ. -Cet atl:e dl: rapporté dans l'Arrêt du Gonfeil,d~
30 Septembre I'1o', qui efi produit fous le N°, 67_.
dent~ s
I ij
�' 68
li<}ue dafis tous les lieu:<i
(!Ue tous ces faits ét.oient de not orié té puh
·
·
du voifinage..
oire d~u.ne Par tie, on recorrmém
le
que
Quo iqu e ce ne foit là
ité dans les déta ils · gu'i l
noî t f~cîlement le lang agé de la vér
bien circ onf tanc iés , &
con tien t. Com bien de faits part icul iers
cur eur du Roi n'au roit pu
tou s. favorables à la Provence, qJJe le Pro
en mai n!.Et œs preu ves
,11i dCùappeller, ~'il 1i'en avoi t eu ks preu ves
enti que s, ou des déil les tiro it tou tes de titre s folemnels & auth voifinage. Ajo uto ns
t le
pôt s pub lics , ou de la not orié té·dans tou
ee qu'o n a déja vu dans tou t
a ~es r~Rexions- qu'e lles fe rap por tent à-nous_que pefléi;ieurement
le cou rs de.c e Mé moi re: anfli remarquons
fdiél:ion fur_ le Rhone:
les Officiers cde Prou.enc.e eJÇercer.ent leu r, Juri
' ,
fans c:onteftation (a-). .
~~
le Fle uve : Un
for
ôt
ven oit él'établir un imp
A&. ·~r?· ·cd· -· . · La Vil le d'Arles
bar que
Marfeille refufa de pay er le dro it fur m:e
ti on.:e l~ Pur~v:~: Nég oci ant de
ent
étoi
tend ait que les Hab iran s de Marfei-lle
~e.für le Fleuve.. d~ bled (a); . H pré
tée dev ant Mathieu Gerexe mpt s_de tou s dro its. L'af fair e fut por
la com péte nce ·ne f:ut
valdo Sé'n éch al de , la P.mvince , don t
a la reft ituü on d·es bledi.
poi nt conté:.ftée ~ ce Magi1lrat ord onn
aire traî noi f enlo ngu em;.1
qui avo ient été faifls. Mais com me l'aff
, l'en voy eren t vis -à-v is.
..èetlx de Marfeille arm eren t une Gal ère;
~ -.
les mir ent en· libe rté
Arl es, y filient vin gt prif onn iers , & ne
fe pou rvu ren t enfu ite à
<JUe lorf qu'on eut ren du les bleds., Ils
une exemption. de tou t
fa Rei ne Jeanne:-, & en obt ime nt en t 36 2 uit une Provin.ce d_e
faif
fubfide. Dès ce mom ent le Languedoc
ver nem ent eût- il fou fGou
le
,
France: SiJ e Rhone:en: eùt dép end u
fur une rivi ere Françpifo?.
fert qu'u ne· Puiffance voifine eût .armé .
adreffé au Jug e de Provence.
l~e Ma rch and de Marfeille fe feroit-il
it-on imp loré l'aµ tori té ge:
pou r fo faire r.endre jufti:c.e? Enfin àuro
"
. . ,,
Rhone!:
Jeanne. pom; obteni:i: ·une exempt.ion- fur lebre
• 156 ~.
I 3 6). une comm1.ffion a1
Cet te Pnn e,df e adreifa le7 2 ') Sep tem
La Cham ore d4s:,
les dro its des Do mbr e des Com ptes d .Aix pou1r afferme11 cl
C~mpre1s. ~'Aixs la Cha
cl p
.
211er me es neage
amm ent ·es.péages u Rhone..: nouv.,el le
· mam es , e rovence·, & not
dn Rhon e.
. .
preu ve de fa fou vera inet é. fur ce Fle uve
:N°~ 3;f..
ne·, endOmmagea el\!
1 310.
Une. barq ue. Géno.ife qui defc end oit le Rho
1
r:
.1:.«.sJ uges d'Arles
·
·
en fia nce;.
éi àTepoque de cette négociatfon.,.. l'un Le
· fa). Peux é'ren emen s fün effes . aniv
p remi er:
.
flion
dilcu
cette
ne fut rien.d éciaé für
l'aut re en Provence, Eure nt eflre c aufe qù'il
batai lle dt:1
l'a
aprcs
e·
eterr
Angl
en·
nnier
Prifo
ené
fut la captivité_ du Roï:de Franœ Jean , emm
de Pr.or.ence, Il.arr
foc fait de.Marie [œur de Jeanne Rein e
Poiti ~rs•. L 'autrr: efi l'.enl eyem ent: qui
.Jiil' Seign eur dl! Bàux :.
\.lz), Ruffi,, Hifiwr~ de.Mar feilk " nag; t:a~~.
�6
~ le bac .("t1.). Les'Confuls d'Ar·
Ia corde i;iui fèrvo-it à conduire
""
connoiuent desdommages fa.ÎCS>
1
s·
b
1
d
•
fiI'
1
1'
d
les demanderent au Juge u 1eu a con icatton e a arque. 1 e au Bac.
JVlarchand Genois e6t imaginé que l'on pût décl~~1er la jurifdiétion ,._ N°. 36.
il 1'elit certainement fait ·; il n'en eut. pas même la penfée" & fe
·1 Y1 l
:>
I
J.
eontenta de coatefter l'ufage qu'on lui oppofoit, qui était la coa.fifcation des marchandifes en pareil cas. Cet ufage prouvé., la con.fifcation fut prononcée ; & l'on ne voit pas qu'il ait é!é queftion de:
s?adreffer à une autre Puiifance pour faire réformer le Jugement:
··
· , .
"
par incompétenceou autrement.
· Répétons-le fans ceffe, fi le Rhone eut appartenu a: la France ,.
fi les Ofüciers du Lavguedoc a voient eu quelque jurifdittion, n'auroit-on pas pris d'autres mefures- que des entreprifes fugitives pour.
affurer les droits de leur Province?
Il y à même apparence que ces Officiers- ne formoient encore,
aucune prétention fur la totalité du Rhone.: c'eO: ce qut réfulte d'une. ·
affaire arrivée en 1 376, & dont l~ recit a été donné fur les mé-.
moires originaux par un Hiftorien très-exaél: ( Ruffi le fils , hift...
de Marfeille.-, liv. 6, chap. premier , tom premier, pag. 206 & .
I'J'rr ·
, ~
.
.
.
·
fui.v. édit. de r696.}
;Œgne:
Jeanne
A-_
d'
Foul.ques:
à
donation
une
fit
Le j Aofat L 37 I: la Reine Jeanne
gout d'une penfion de ) oo florins à prendre fur les revenus que ~ne penfion' for·
les- revenus, du:
du RI10ne-..
·
•· r.
· I r percevoir
Rhone~.
_ 1
iur 1e nvage
()ette Prmceue
La pefre avoit rendu le bled·rare & cher en Provence. Les Mar.~ ,N°'., r:r;,. _.
1>376.
feillois qui en étoient dépourvus, arrêteret1t fur le Rhone une barque
qui en étoit chargée , au moment qa'e14; fortoit du Port d'Arles_:. ~urr~ aél:e'gar.ell\,;
pour aller en Arragon .. C01nme elle appartènoit à· un Marchand de,
Be~iers. , le Duc d'Anjou·Lieutenant du Roi de France en Languedoc;..
& les autres Officiers de ce Prince· éàivir.ent aux /\4.:arfeillois pour:
les engager à· reftituer ce bled·; ils répondirent au Du.<:: q:u'ils av.oient:
Jaifi ce bled dans les Etats de la: Reine leur. Maftr~!Je ,, & conformétl.ien~
à-leurs anciens priviléges , & qu'il leur étoit imp.offible de le refti-:.
nier, puifqu'H avoit été confon.1mé ...Le Duc. d'Anjou dan.s.Ia-réplï....-_
que qu'il leur fit, en• convenant·que la ba·r que avoit été arrêtée für;
le Rho.~e-, ne traita point.de fauffeté. la prétention des Habitans, cfe:
Marfet..lle, que· ce· Fleuve appartenait dans cette partie àJa Rein~
Jeanne : fon filence dans cette o-c.cafion. ne pel:lt. être .r:egardé~ que:
comme un aveu formel de la juftice de leur. prétention ;.· & en....effèt
il f~ contenta. de les· menacer. d'.ufer de :uepréfailles ,. s'. ils ne refti(...
11u~1ent la.v.aleur. du bled. dont la faifi.e faifoit le fu iet de Ia:contd:t.anon~
(\a); Archiv.es 4e rH-OteE dè. Ville d' Aria,, ri ire: du Pô.'It;.
�·7c·
accorda par I.:ettres~Pate-11;;
A la même epoque la mêmè Princeffe
Jeanne donne·
G 'll ·
d.
d
fi
J ·
e ix onces d' or a' IUZ aume
d
peAfis on
unepéage
. tes u 12 um 137 6, une pen ion
du fur
les
fcon. ·
d'Etienne, à prendre fur le revenu du péag~ royal de Tara entier
Rho n·e~ '
fon
dans
Cependant on avance aujourd'hui gue le Rhone
N°. 3 S.
: On prod uit,
0
8
reconnoiffoit alors la J. urifdiétion du Roi de Fran ce •
13 P •
dattées de
L ettres atentes
'f/1.
les
ndues Lett res de Char
cle Cha rles VI. fur pour le prou ver, de préte
t~mes :
ces
Ces Lett res font conçues en
l \ propriété du Paris du 3o Janvier 13 80.
de Fran ce, à notre amé &
. _ )) Charles, par la grace de Die u,. Roi
R one.
du Pays de
.,) féal Chevalier Paul de Nogaret Maî tre de nos eaux
à Nou s de notre droi t
)~ Languedoc , Salu t & dileétion : comme
t fur notr e
)) royal appartient & doit appartenir toutes Hles étan
du Pays de
>5-r'iviere du Rhone & fur toutes les autres rivieres
er , ni avoir
)) Languedoc, fans que perfonne y doive ou puiffe clam plufieurs
que
poffeflion acquife, & il foit ainfi
' >) droi t feigneurial ou
e,comme de dehors,fe
»- Habitans & perfonnes,tant de notr eRo yaum
cuper icell es, fans Nou s
>> foient efforcés, & encore s'efforcent d'oc
e : Nou s vous mandons & commandons,
>) en faire aucu ne redevanc
miez bien & dili>)..fi métier eft,. que tant ôt & fans délai vous infor
icelles If1es, &c.
» gemment de tous ceux qui tiennent & occu pent
è prof it, de les bailler à
>> & fi bon vous femb le, que ce foit notr
llez notre Proc ureu r
» cens ou rent e, & fi les y bail lez, à ce appe
·
·
»du Séné chal , &c.
phiné depuis
' Ri i;•o (A 1- xP N
La Cou ronn e· de France qui poffédoit alors le Dau
e depuis
Rhon
du
. 3.1 , ou 3 2 ans , fe trou voit maîtreffe de deux rives
·
nt ce qui a
Lyon jufqu'à l' Itère , & même jufqu'à la Durance , fuiva
<
fe trou voient
été dit à l'époque de l'année 1271 ; toutes les IO es qui
domination ; .
'dans cette éten due, étai ent, fans cont redi t, fous fa
Lett res- Pate ntes ,
& ce font c~s Hles , qui feules font l'obj et des
& qui avoient
com men t celles qui étaie nt au-deffous de la Durance
y être compritoujours dépendu de la Provence, auroient-elles pû
y en eût plu...
qu'il
quoi
fos ?..- Elle s n'avoient pas changé de main ,
ervées à leurs
fieurs qui euffent été conteftées: elles avoi enfété conf
fe, des Offi..
anciens Maî tres, de l'aveu même des Comtes deToulou
démontrent
ciers du Languedoc & des Rois de Fran ce: c'eft ce que
procès-verbal. '
les tntités des années I 12) , 1176 , & r 302 , & le
le pû.les ac..;
tle la Conférence de 1307 . Cett e Prov i ce auroit-el
n? Qu'e lle le
quél'K fans un titre nouveau de ceflion ou d'abando
des prétextes
produife , linon qu'elle reconnoiffe l'infuffifance
_
·_
dont elle colo re fes prétentions.
ffent la Pro..;
Ces Lett res au reite , en fuppofant qu'elles concerna
& la convence, ne pourroient être regardées que comme la fuite
après avoir
tinuation des démarches des Officiers de Languedoc ,qui
�71'
te11té inutileme11f to-ates fortes de voie; ·pour fe mettre en poffeffion d'un bien qui ne leur appartenoit pas , s'aviferent enfin de don..,
ner de faux: mémoires à leur Souverain, qui crut fon autorité in~
térdfée à les foutenir. D'ailleurs , les ordres de Charles VI. ne
tegardoient que fes~ Sujets; ,~ls ne' pouvo~ent avoir for~e de Loi~
pour la ,Prov~nce•. L e~et q~ il~ ne pouvo1.ent pa~ prodmre dans ~~
tems, 1auraient-ils auJourd hm ? & pourroit~on dire que, parce que
l'on a fait avancer par un Prince qu'il a descdroits fur une ri.viere ,.
c~tte fir:iple affertion dép?uille les vrais P:?P.rié~aires. &;.le ~ouve
ram, qui de tou_t tem3 ét01t en poffeffion? L mJufhce ferort évidente ..
Les circonfi:ances que les Officiers du Lçmguedoc·onf faifies pour
obtenir ces prétendues Lettres , font une nbuvelle preuve qu' eUes
ont été furprifes, dans l'unique deffein de (e ménager des titr~s
contre la Provence. La mauvaife adminifi:ration de Jeanne~, la guerre
cruelle que lui faifoit Charles âe· Duras, les défordres qui regnoient:
. dans les affaires de cette Reine malheureufe , avoieht perfuadé fes
voifins qu'ils pouvoient tout entreprendre contre elle avec in1punité. Ain!i, quand ces Lettres pourroient avoir quelque trait à fes.
Etats, il feroit èontre l'équité naturelle de les faire valoir ..
Comment fe feroit-il enfin que ces Lettres donnaffent à la Franc-e'toutes les files du Rhone & le Fleuve même, jufques à la mer & le~
long de la Provence, lorfqu' elles n'en difent pas un mot, lorfque·
quelques· années auparavant en 13) 3 ~ les-Officiers du Languedo~c·
eux-mêmes bornoient leur ambition à partager les IHes & le lit de:
la riviere par le milieu avec les Comtes de Provence? Quel efi: encore·
un coup le nouveau droit que la France· avoit acquis fur le Rhon·e:
dans l'intervale de vingt-fept ans qui s'écoulerent entre les LçttreS:
de Charles Pl. & l'en~reprife du Lang~edoc en . r 3 n ? L'on n' e~l:
. peut citer aucun : ces Lettres n'ont donc aucune application à fa,
· partie du Rhone que nous réclamons (a).
,
Mais ces Lettres exiftent-elles bien réellement ? La premiere
raifon qui en fait douter eft tirée- du filence des Hifi:oriens du Lan-guedoe , qu~i qu:ils c?nnoiifent l'ouvrage d'où. elles font tfré'es ;; _
·comment n en drfem-1ls pas un feul mot·, eux que nous voyons .(i
attentifs à fe faire des titres des circonftances les plus indifférentes~?'
Ces Let~res leur auro!ent ,cependànt fourni une preuve- plus- ·
· plaufible que les entrepnfes d un Sénéchal , ou de quelque Officier:
fubalterne qu'ils font tant valoir à la moindre occafion. S'ils n'ont:
fait aucun. ufage de ces Lettres, ce ne peut être que parce q_u' eu.x;.~
1
•
•
•
1
"
(a) Ne pourrait-on p-:rs ajouter quê Œces 1',.ett7es.fonrté'elfes eÎles reifemblfnr à tontê3
' <!~Iles qui furent donpées alors. (~us le nom ,d 'un. P-ince, 1ombé en démence & d~ la. foibiel!e
èuq_uel toi;t le monde che.tcho.Jt a profiter-.
. ,
�7'.l
effe t; on nïn diq ue point:
1lJêmes en ont foupçonné la fidélité : Et en entique : on ne les trouve
ie aut
où en eft l'or igin al, ni même une cop
nce s: cela fuffiroit pou r les
nna
dans aucun de nos recueils d'O rdo
faire rejetter (a).
ons trop fortes de foup...;
Au reft e, quand l'on n'auroitpas des raif
certain qu'elles n'o nt été
çonner la fidélité de ces Let tres , il eft
de Oiarles VI. depuis Lyo n
données que pou r les !Des du Domaine
un effet pou r la Provence
jufqu'à la Dur anc e; car elles n'eurent auc
jours tou te la jurifdiél:ion
qui , comme on va le voi r, conferva tou
s.
' qu'elle avo i( fur le Fle uve & fur les 1De
.
le Vig uie r d'A rles prononça la confifca.;
·Aél:e.~! ~~·tifdic- Le 2 1 Novembre I 3 84fes·
agrès 'appartenans à un Marchand de
que & de
tion fur le Rho ne tion d'une bar
e au bac qui fervoit pou r le
pour avoir caufé du dommag
lle
.
ppar les Juge s de Marfèi
J'
rove nce.
ta~lle. Cet te Sentence
paffage du Rhone entre Arles & Tnnque
)9_•
..
· N-0.
e;
inair
de Nogaret: C'e!l:-là un perfo nnag e imag
: il n'y a
ta) Notre amé & féal Chevalier Paul
ince
Prov
la
dans
u
conn
étoit
qu'il
e, parc e
.dont on. a préfe ré le nom à cout autr
rems - là, (Hif i.
deux bran ches de cette fami lle en ce
jamais eu de Paul Nogaret dans les
ronn e , tome 6,
Cou
la
de
iers
Offic
ps
gran
des
Hill:.
du Lang. tom. 4, pag. r r 7 & 5 5 i,,
res des Eaux
ne les trouv e pas dans la lifie .des Maît
·
pag-. i99 & .fuiv. pag. 8) 3 & füiv .) On
.)
füiv
&
ret
. & Forefl:s (ibid. tom. 8, pag. 853
être celu i du quat orzié me ftécle ; Ma!t
ît poin t
toutes
D'ail leurs le frile de ces lettre s ne paro
il n'y a aucu n exempt~: on lit dans
fa~on cle parle r fingu llere , dont
qui font tOU·
tés
quali
:
ts
Foré
&
Eaµ~
des
re
ou Maft
les Ordo nnan ces, Maitre de~ Eaµ x,
e 1364 , Joanne!
ume ns du Pays. Atre du 19 Sept embr
jours joînre.s enfr'm ble dans ies mon
g. tom. 4. pag.
.Lan
du
.
Hjft
fœ.
Tolo
œ
fcalli
,Sene
'de Aul.â Magifler Foreflarum. & Aquarum
~ u, Ordo~
pag.
Ibid.
71.
13
m. Atre du z 3 Janv ier
2·86 , Afagifttr Aquarum & Foreflaru
,
3.
45
pag~
,ibid.
,
?9
14
emb re
tout !e
~apc;e de C~arles VII. du '}7 Nov
Nog".ret fut Maitre géne ral des Eaux dansqu'il n'y
Il femb le que par ces lettre s Paul de
mer
préîu
font
: cep~ndant Je.s tit;es ci.~delîus
Pays qui porte l e nom de Langµe doc
SénéchauiTée de
un JVI<iître parti culie r dans chaq ue
mai$
éral,
gé,n
re
Maît
de
avoi t poin t
parle des LieuVJI.
les
Char
de Carcajjàne; & l'Or do.nn anee de
il.e nos Eau x,
P'!)'s:
Toµloufe, de lJeallCaire,
cl.es Maîcres des Eaux & Forêts de notredit
tenans de Maîtres des Eaux & Forêts ,
.
donc il y en avoi t pluli curs.
de Languedoc:
de ces .l ettre s, ce font les mots du Pays
eauté
nouv
la
plus
le
ue
marq
noit toutés
Ce qui
dé!ig
on
el
.lequ
par
&
e,
com men cé à la fin du treiz iéme fiécl
t
avoi
qui
nin, &
mot
ce
femi
t
n10i
qu'au
nom
feul
ta
.,,_On
is-em ploy é
parlo it la Lrf,lgµ:: d'Oc * n'.éto it jama
pluri el.
au
mis
urs
toujo
nt
aml i, parc e que les Prov ihce où l'on
étoie
-ci
ceu~
le mot de Pays ou d.e Pa,rties,
tians ce.tte~ang_ue . t}Uand on y joign oit
& fon Lieutenant en toute la
de France, frere de Monfeigne,ur le Roi,
oi
J:
Ju
fils
s
Loui
7 Avri l 13 77. ( Hifioi:re du
Ot: flgnifi.01-t ou1,
du
s
lettre
les
dans
Langue d'Oc , difoi t Louis 1. Duc d'Anjou, pag. 54i.. ) • .Autr e exem ple, pag, 36z & ~63.
3.p &
t lui·
Lang . tom. 4, n. 1 5 r, pag. 350 &
la Langue d'Oc. Le Roi Charles V 1. difoi
toute
en
Roi
le
eur
feign
Mon
de
I & Otro bre
Lieuteniint
q8
l
Avri
d'
Aéte
(
.
P'!)'S de Langue a'Oc
mêm e ès parties de Lani;ue d'O c, nos
voit fait expé dierl es
3 6 r & 3 84.• ) Ai nit.li ce Prin ce .a
pag.
,
edoc
angu
L
du
Hifi.
Ibid.
~ 394,
de Langue d'O~,
Pays
nos
de
ts
res des Ea,ux & Forê
préte ndue s lettr es, il auro it dit, MaZc
_
de Languedoc.
& non Maitres de nos Eaux tht Pays
exem ple , c;ir
n
aucu
a
n'y
11
dont
e,
n .!ing uiier
Notr e Prncureur du Sénéchal , expr e!lio
chal . Si celui
Séné
du
r.
'ée n'efr poin t le Proc ureu
le Proc ureu r du Roi dans une S~néchaufi
Pqys de Lanle
dans
x
chau
Séné
trois
alors
y avoi r
qui a fabriqué ces lettres a voit ('iu qu'il
troi s que la,co mmi !lion re-
de nom mer celu i des
guedoc, il auro it vû qu'il étoit né.cefiaire !emb le" donc qu'o n ait cn1 qu'il n'y avoi t alors
il
:
caire
Beau
de
celui
it
c'éto
&
gard oit,
..& Forèts
n'y a voit auŒ. qu'u n Maît re des Eaux
& q~'il
qu'u n Séné chal dans tout le Pays ,
.
lîée>
chau
Séné
pour les trois
prouve
�71
.
'
prouve que les Juges d'Arles continuoient à exercer li jurifdiél:ion
. fur ce Fleuve.
·
nSi & nss.·
En q 8 2, 13 84 & 13 8 8 , il y a cinq ou fix exem~les de Senten- · Nombre
d'aél:es
ces de confifca.tion (a) prononcés par les Juges de la Cour royale de la Jurifdiélioq
d'Arles' contré des Patrons tant étrangers que de Beaucaire même, d'Arles fur le
dont les barques en defcendant le Rhone avoient endommagé le_ Rhone.
bac ou la corde qui le ·-conduifoit, & cela Juivant la coutume très- .
ancienne obfervée de tout tems, approuvée, & qui pouvoit porter le nom de Loi.
. Lettres Paienteè
En fupp~fant que les Léttres de Charles VI. dont on a rendu dont
on pré tend
compte plus haut , aient jamais exifté , ce ne furent pas les feules , jgferer qt!e le
appartient
que le Languedoc fit rèndre au même Pririce & tou1ours dans les Rhone
au Languedoc,
mêmes fuppofitions. En 1 )88 il en donna à-peu-près de _pareilles
relgtives au Dauphiné : On fait dire pofitivement à celles-là que le .
Roi de France efl: propriétaire de tout le cours du Rhone , ·partout
où il confiné au Royaume , & qu'il l' étoit également du Pont qui
étoit entre Vienne & Sainte Colombe. Les Officiers du Dauphiné
avoient fait quelqu'aae de jurifdiaion fur ce Pont, qui, Gomme
nous l'avons vû, avoi~ toujours appartenu à Vienne. Les Lettres
leur font des défenfes 'de récidiver , & veulent que ce foient les
Officiers de l'autre côté du Fleuve qui exercent la juftice fur ce
Pont au nom du Roi.
Ces L~ttres importeroient peu à la Provence qui n' eft point char- . R t f- UTA TION
· gée dè la caufe du Dauphiné, fr 1'on ne s'en fervoit pas pour éten·
· dre leur effet au-delà de la Durance fur le Rhone. L'on y fait dire
. au Roi, que tout le cours du Fleuve lui appartient; mais une pareille allégation peut·elle faire un titre contre une Province étrangere ? Et parce qu'il Elaît à des Officiers entreprenans de faire
avancer une propofition démontrée fauife, cette témérité dépouillet-elle de fes droits le Souverain, en l'abfence duquel on avance un ·
fait qu'il a intérêt de combattre ? En prêtant même aux inftigateurs
de ces Lettres, les meiJleures intentions , il faudroit toujours dire _
q~'ils avoient plus de zèle. que de lumieres, & que dans le fait tout .
ce qu'ils faifoient dire au Roi à l'occafion du Rhone, a été fans conféquence, puifque nous allons voir les Comtes de Provence
re&ner ~r l~ partie de la ri viere qui leur appartenait , comme avant ·
qu on eut dit en Fmnce que tout le cours du Fleuve dépendait de
..
ç.e Royaume.
·
•
L'on étoit ~ éloigné à ~a Cour de Provence de croire qu'elle eût
p~rdu fes droits de propriété fur le Rhone, & les Lettres furprife•
1
(a) Archives de l'Hôtel de Ville d'Arles..
K.
�74
le Com te de:au Roi avoient eu fi peu d'eff et, que chaque jour
eté fur le
Provènce faifoit publiquement des aétes de fouverain
infinité de
une
Fleu ve & fur-les Ines : Nou s allons en rapporter
·
.·
nouv elles preuves.
ne premiere
La Provence avoit perdu en 13 82 fa Souveraine Jean
!\fort fünefie de
ceife les princiJeann e ·1.
Rein e de .Naples (a). Pendant le regne de cette Priri
elles - mêmes.
pales Villes de Provence s'éw ient gouvernées par
t de cette
l'effe
t
L'an arch ie & les défordres qu'elle entraîne furen
commença par
indépendance. Louis d'Anjou héritier de Jeanne
le. Il éprouva
donner fes foins au rétabliifement de l'aut orité roya
d'hofl:ilité.
d'abord de la réfül:ance qui occafionna quelques aétes
etti:e à fon
Mais bien tôt l'on réfléchit .qu'il valo it mjeux fe foum
du pou- ·
abus
Prin ce légitime que d'être plus longtems expofé aµx
ieres à traiter
qSr.
voir municipal. La Vill e d'Arles fut une des prem
que ,
Traité entre
Louis, & l'article premier de leurs conventions prouve fa
l ,ouis d' An iou & avec
de
partagé les malheurs
la Ville d'Arles. quoi que la Provence elit longtems
s
Rein e , elle ne lui en était pas moin attachée (b ).
ftipulent en
Par l'article 9 du même trait é, les Citoyens d'Arles
es aux lieux
leur faveur une exemption de taill es, impôts & péag
fcon, de Saint
d' Albaron, de la Trouille, au bac d'Arles, de Tara
Gabriel & de tous les autres endroits.
elet ' Mont•
La Vill e fe referve dans l'article I 9 )) Les pâtis de Chât
que veneeries
)) majour , Aurei,lle & tous autres droits , tant pêch
s de quelques pâtis que ce
.» ries & èhai fes, lignuirages & efplaiche
ainfi que 1ufques à préfent elle les a tenus
>) foit du terro ir d'Ar les,
détroits des lietJ,x fufoom>) & poif édés , tient & poiféde , & aux
erie s, tant des palus
» més : femblablement les chaifes & pêch
pench ant à la dillipa ·ion, avoient
(a) Un cœur fenfib !e, t<n carafü re faible , trop de enfin une mort fûnefie termina le
dont
,
rtunes
d'info
condu it cette Princeffe dans une fuite
premi er mari, Charles Durazzo qu'elle
cours. Accufée d'avoi r contribué au meurt re de fon
fa Bienf aitrice , difftpa fes tro·up es,
de
Etats
les
a
attaqu
adopté pour fon Succeffeur ,
•
avoic
couvr ir l'atroc ité de fon crime , il prérendit
& forma le deffein de la faire mouri r. Pour
fa veuve du même genre de mort que ce
périr
fit
&
,André
n'être que le Venge ur du Roi
é dans fon expéd ition pour la conquête
Prince avait fouffert, Durazzo fut lui-mël,lle a{faflin
& la Régen te de ce Royau me qui comdroit,
aucun
t
n'avai
il
où
rie,
du Royaume de Hong
un ban de Croatie qui ofa condamner.
par
noyée
manda ce meurt re• fut de fon côté jugée &
Mode rne, qu'une fo.ite de crimes punis
cette Princeffe L'Hif roire n'efi fouvenc , dit un
• '
..
par d'autres crime s.
en·
rait
trouve
Reine
leur
de
rier
( b) Les Habit ans d'Arle.r ne préyoya11t pas que le Meurt nt au Comt e de Provence qu'à
donne
(e
ne
q\!\l~
ent
Hong_rie la peine de fon crime , déclar
eu accord quélconqu~ aveo le pervet.r
cond1tio.n , qu'il jurera que jamais il ne fera paix
ment ~ à tort a détenu Prifonnim
inju{le
tant
qyi
,
zo
Duraz
Charles de
& '1.bo1!).1:zable Traitre
la Reine Jeanne, du Royaume &.de
& dépou~llé .notre Princêffe de bonne & louable mémoire,tuée : ains po ur{iârr~ lui & les fien~
mment
mécha
&
ent
uellem
fon patr1mozne, ~l'a très-cr
& recommandable R~zne, 1'1onumenc
de ,ra.ut Jon pouvoir, en vengeant la- mort de 1iotre bonne
·
_ · ,_
rains..
Souve
leu~s
à
çaux
Proven
des
t
.
prec1e11x de l'aîtachemen
_,,
�.
.
7)
..
~ que du Rhone ; de .la mer.' & ~uffi de t~us étangs. «
Et par l'artide 24 ', il eft füp~lé que le Ro1 ne po~rra établir
aucun péage nouveau a Arles .. C eft fans doute avec :a1fon que la
Provence regarde ces convent10ns comi.ne un de fes utre3 les plus
.
folemnels fur le Rhone & fes dépendances.
ETAT DU
..sous
LA DEUXIEME
RHONE
MAISON · D'ANJOU.
Nous ne pouvons fuivre de meilleur guide pour cette époque 1 3:Sr à qB!t.
f Manufcrir deJea11
"
qu'un monument refpeél:able, dont l'autorité ne fçauroit erre fu - le Févre qui c.o n- peaée. C'eft un manufcrit qui a paffé de la bibliotheque de Colbert rien.tnombred'.~c~
dans celle du Roi, où il eft confervé fous le N°. ) 87. Colbert, & · tfies 1 deRhpropdnerl~"
. ur e one e
E
.
.
.
9660. ) • Regms. n contient un JOUrnal de Jean le Fe11re vêque de part des Comtes
Çhartres & Chancelier de Louis premier & de Louis II. Ducs d' An-· cl: Provence.
jou , Rois de Sicile & Comt~s de Provence , dans lequel ce Miniftre
. é-crivoit jour par jour ce qu'il faifoit en qualité de Chancelier , &
ée qui fe paffoit dans le Confeil du Roi , depuis le 22 Septem-·
bre de l'annéè 1381 jufqu'au Il Juin de l'année 1388. Les·
deux tiers du journal font écrits de la propre main de !'Evêque &
le refte l'eft de celle d'un de fes Secretaires, dont il , fe fervoit
.
pour la pl6part de fes aétes.
Ce journal eft inconteftablement le regiftre qu'il étoit obligé de
tenir en qualité de Chancelier, puifqu'on y trouve en original &
de différentes mains le modele des fignatures des perfonnes à qui
l'on donnoit des provifions de Notaires dans toute l'étendue de la
domination de Louis II. Combien d'aél:es ne contient-il pas, qui
prouvent direfrement que la Reine Marie de Blois & Louis JI. fon
fils avoient les péages du Rhone & droit de jurifdiaion for ce·
'
·
Fleuve!
Le premier .de ce nombre eft une Lettre fcellée à Marfaille le:
13Sr.
premier_Septembre 13 8) ·, 'Par laquelle la Reine confirme à M r.e. Penfic.11 fur un
Bertrand d'Agout Seigneur .de Cabriés toutes les donations-. , libertés péage du Rhone.
& franchifes qui lui avoient été faites & accordées par les ~is de
Sicile , & notamment u·ne rente annuelle de 1) o florins à prendre
fur le péage d'Arles, laqùelle confirmation fut fuivie de Lettres
exécutoires adreffées au Receveur du péage le 24 Février fuivant:
Voici les termes du journal. » Le premier JOUr de Septembre ( 1 3 8) ·
» à Marfeille) fcellé une Lettre pour 1\1:eflire Bertrand d' A.gout , _
» Seigneur de Cabriés., par-laquelle Madame li confirme toutes les,
-
Kij_
�76
La Reine Marie
:avoir un Receveur
de (es droits fûr le
Fleuve.
de Sicik
1> âonatio ns,Iiber tés & franchifes à li oB:royées par les Rois
0
Février ; ·
xxm
•••
» Item CL. jfor fuper pedagio .Arelatenfi ,f • LXXIX•
» fcellé pour le Seigneu r de Cabriés un exécuto ire pour être payé
» de cent B. fur le péage d'Arles qu'il prend annuatim. Ibid. fol. cx1. «
Suivan t le même journal le 1 o du mois d'OB:obre 13 8), la Reine
ordonn a à fon Receve ur des droits qu'elle percevo it fur les bords
du Rhone, de faire expédie r à Hugues de Niornis & àr Beranger·
Palhade le fel qui étoit aux Salines de Vernéde & de Notre-Dame
de la mer, qu' ~lle leur avoit vendu pour le prix de 2 I oo florins:
Elle percevo it donc des droits fur le Rhone, puifqu' elle avoit un
·
Receve ur en titre pour les recevoi r,
e 1\fa..
laquell
par
l> Item. ( Io OB:obr e 1 3 8)) fcellé une Lettre,
)) dame mande Credenferio (Recev eur) jurium ripariœ Rhodani quocl
» faciat expediri Hugoni de Niornis & Berengario Palhade mercatori» bus Avenionenfibus Jal exiftens fuper terra in Salinis de Verneda &
Villemaris, quodfal Domina eis vendidit prœrio 2m. & c.fiorenor,.
.
llibid.f .unxx. VII. ver.fa.
>)
1
l'E- )) 1\1ercre di xx1m. ( J anvier 1386) fceilé une Lerne pour
'r 38G.
Aurres aéîcs de
argent qu'ils
fou vmineté for )) glife Notre- Dame de Roquemadour p01~1r IIII marcs
a'
le Rhone.
prennen t par an fur le péage -de-Tam.fcon. ibid.f). cvr. verJo.
"Vendr edi XXVI. fcellé un exécuto ire aux Maîtres ratiana1s &
>),aux Péagier s d'Arles & de Tarafcon pour Bérangier Mouge pour
>J les cent livres de couronnas que Madam e li a ~onné de provifio n ,,
0
.
. . ·
» c'efr-·à dire de penfion: ibid. f • cvu.
Mi,.Freres
)) Mardi ( vr. Mars 1J86) fcellé. une· Lettre· pour- les
>> 1:eurs de Aurac.ia ( Orang-~) ut Jolvantur fuper pedagium Arelatenft
)>
))- de tribus wzciis auri percipi confuetis fuper pedagium Tarafconis.
·
Ibid. f 0 • CXII. verfo.
>> Jeudi vm. fcellé up,e Lettre pour le Cardina l d'.Arles. ( c' étoit
>1 Pierre Ducros Archev êque d'Arles &;.. Cardin al) de lever u:uxx.
de fa mer)
>) & x rnuis gros de fel de la Ville de Mar ( Notre-D ame
>1 jufql;l'en Avigno n , fi!le pedagii Jolutione, erat data Littera de menfa
)) Januarii prœterito. IbidJJ. cxm.
?r, ce fel ne pouvoi r êtrê condui t de Notre-Dame de,Za.m_erà
r
Avzgnon que par le- Rhone; & f.i les pé~ges de ce fleuve n avo1ent
~epartenu à la Reine, comme nt fe feroit-ort- avifé de follicite r au·
pres d'elle ces·grac es; & comme nt auroit- elle pû les accorde r? Il
eût fallu fuppofer qu'elle étoit de la plus rnauyaife foi, & qu'elle
fe faifoit un jeu des droits qui ne lui euffent pas apparterrn .. Non~
feuleme nt elle donnoit des penfions.& des-franchifes fur. les. péages.
du Rhone, mais encore elle affàm~it le produit: de ces pé~ges t
�-
71
& donrtoit quittaf1ce à 1a fin du bail. (_Journal f6l. ·1 14: 1 · _ :
Le i4 ~eptemJ:>r~, elle fit ~xpéd1e: deux. Lettres en fa:reur de
Pierre Majeur ; par l _une elle lm donn01t la charge ~e Cl~vazre de la.
Cour royale de Tarafcon, de Camargue & de fa V 1guene , & par ·
l'autre elle l'établiffoit Receveur du péage de Tarafcon & de cer-·
tains droits royal,lX qui fe per~oivent fur la rive du ~hone : juriumReg:iqrum rippariœ Rhodani. (J ou'rnal f~l. ·176:_) Cro1~a-t~on q~e la.
Reine eût établi un Receveur, fi elle n avo1t nen eu a· recevoir fur.
le Rhone?.
Le. ~9 0 B:obre fuivant, elle confirma-en f'aveur d' Hi0urJet de Va_..
qiûeres.une penfiot1 de 80 florins de Florence 9-ue '_ la Reine Jeanne.
lui avoit accordé~ for les,reve1ms ripariœ Rhodani. Ibid. fof. I 9·1"
Elle manda le 6 du mois fuivant à fi 'rréforiers de p.ayer- à .Ma··_
tlzieù Benevini d'Arles für. les deniers _provenans du péage de cette
Ville la fomme de mille florins d'or qu'il avoit avancés pour le§
affaires du Roi. lb.id. fol. 19 3. Quatre jours après -elle aonna à.
Auguier d' Argençe, à Auguier de Jarente & à Ponce Brintinelle troispeni1ons de cinquante florins d'or chacune,. & une quanjén.1e de 2 oo·
florins à Jean Coteron Frere Mineur, qui étoit Confeiller d'Etat,..
.
. __
à prendre fur le péâge de Tarafcon. Ibid. fol .. I 94 & I 9) •.
Quelque convaincantes que foient ces preuves, il y en a eacore P F:-s- Comd t'e~· di:,
t0:rence onnen,
. l l é 'd
d l
• dé
i:& qm montrent e a mamere a p HS v1 1ente que des LettrH de:
de p1us 10rtes,
la j.urifdiétion du Rhone appartenoit à la Reine Marie Comteffe de m~rci:ie & de: reProvence. La premiere fe tire .des Lettres de marques ou de repre- hr!efailles füi;I le'
' Guillaume & à '- ione~~
.
" JOUr
r. '11 es qH'e11 e accor da 1e meme
Io N ovemb re a
1a1
Jacques Bertrand freres à Tarafcon , pour recouvrer fur les Catalans.
qui navigeoient fur le Rhone J 5o florins que des gens de cette pation
leur avoient pris.
» Item pro Gµillelmo Ô' Jacobo Bertrandî fratribus il-z cotis Taraf)') conis. quibus contra Deum & juflitiam Domina conceffit quod fuper
odanum recuperenr vcL. fiorenos peF
»_Cathcdanos' navigantes ·per Rh_
fuit figillata de· prœcepto Dol-J{inaz
reni·ttente
me
&
marche,
- J> modum
» pr9pter importuniratem di-8:ornmfratrum. cc lb id. fol. 19). Ces mÜts,,
ftontrà Deum ê.:t juftitiam, ne peuvent point être relatifs· aux droit$
du Roi de_Fraru;e , füais aux Catalans-, qui: étant alors fous la do-·
mination du Roi d'Arragon·devoient jouir du pFivilege accordé h
: 8 ~évrier_. 1 )'86· à fous les ~ujets· de ce Prince, par l~quel il leuceto1t pem1;s de commercer librement en Provence pendànt le term~
.Ele. fix annees:, non?bfl:a-nt toutes les-Lettres de rnarqpes: à.ce con..t~aues. (V oyez le JOUrn. au 2 1 Février- 1·3'86. }La. feconde preuve n'eft pas· moins f.o tte; les. Confuf.s d'Af.l'e-;;
'•
�78
.
avoiene repréfenté àla Reine que·, fuivant m1 u!:1ge fuivI de terrt!
immémorial ' toutes les marchandifes que l'on t~anfportoit par le
Rhone de la mer à Avignon, & d'Avignon à·la mer, paifoient de-vant la Ville d'Arfrs ex, y étoient débarquées, pour ne pas frauder
le péage royal ; que cependant certaines perfonnes tâchaie nt de
tranfporter ces marchandifes en fraude par une autre route ( apparemment par le petit ~hone ) à quoi ils la prioient d~ remédier . . Sur
ées demandes qui pa-rurent juftes , la Reine ordonna le ; de Novembre de la même année 1387 à fes Officiers de Tarafcon & à t-0us
ceux à qui il .pouvai t appartenir, de tenir la main à l'obfervation
<le l'ufage , & d'empêcher que ces marchandifes ne priffent une
autre route que celle d'Arles , & qu'elles fuffent débarquées ail.
leurs que dans cette Ville.
jurifditl:io'n ? D'un côté, la
de
précis
plus
aél:es
des
voir
Peut-on
Reine permet à fes Sujets de faire la guerre fur le Rhone.; de l'autre ,
. elle regle la route que doivent tenir les bâtimens qui'. naviguaient
fur ce Fleuve. Ce Reglement montre qu'elle étoitMaîtreffe& Souveraine de tous les bras du Rhone ; s'il y en eùt eu un feul exenip t
de fa domination, les bâtin1ens qui auraient voulu éviter·le péage
d'Arles, s'en feroient fervis, & leur conduite n'auroit pas pû
être taxée de fraude, comme elle l'eft: dans l'Ordonnance de la
Reine. Si le Rhone eût appartenu à Charles VI. qui regnoit alors en
France, fa Reine auroit-elle cherché à ufurper fes droits, elle qui
vivoit avec lui dans la meilleure intellig ence, qui le ménageoit en
tout, .& quiavoit un befoin extfême de fon fecours pour la conquête
du Royaume de N aples?Comment ce Prince n'en auroit-il pas formé ·
la me>indre plainte , lui qui au retour de la Reine Marie à Par~s,
trouva mauvais que le Château qu'elle faifoit bâtir à Tarafconfùt
affez beau pour reffembler à fes maifons Royales. x1x Avril 138 8.
le
'l> Moi , Pelerin & le Begue ( porte le journ. fol. 2 i ')) fûmes devers
la
que
» Chancelier de France où fut par li & auttes du Confeil dit
\, maifon qu'on a fait à Tarafcon, le Roi n'eft pas conten t; pour ce
,, qu'ils fon.t trop pareils à ceux du Roi , nous rép~nclîmes que nous
.
.
.
» en parlerions a Madame.«
des
eu
euff.ent
France
Il eft clair que fi les Minifttes dµ Roi de
fujets de plainte plus graves, le Chancelier de Marie n'aurait
manqué d'en faire mention. Ce Miniftre n'en parle -pas, _parce
qu'on ne lui en avoit rien dit; & on ne lui en avoit rien dit, parce
·qu'on ne fo croyoit ni léfé ni en droit de fe plain~r e . Ain fi, de l'aveu_
n;ê1:1e des f\'l ini~res de Charles.VI. l~ Rhone étoit foumis à la jur~f
d1éhon de la Reme Marie.
r
pas
�7,
.
Le journal de Jean le Fevre parle, en cèS' termes, du Reglemertt
fait à la requifüion de la Ville d'Arles concernant les droits que
,
, .
devoientles marchandifes en paffant fur le Rhone:
» Lev. (Décembre 1387 ) fcellé une Lettre pour 1 Umverfite
d'Arles : de mercimoniis per Rhodanwn tranfeuntibus in Arelate de·
ponendis juflà fo.litwµ morem. ~tem pro Jl!ath~.o Be11ig1~i & Franci_[co
lf ejus filio de recipiendo fuper talibus merczmomzs perqgzo. « Eol. 19 9.
»
)>
Ce journal contient encore une infinité d'autres preuves de cette
.
efpece q11'il feroit trop long de rappo~ter.
rj&8.
Un évenement de l'année 1388 va nous fournir encore de nou...
velles armes. Guillaume Dieudé Marchand de Beaucaire remontoir Au~~e: aétes de
· propr1ete fur I~
.r. · r. b
1e Rhone : la corde avec 1aque 11 e on con du1101t ia arque rompit, même.Flet1ve.
_& pour fauver le navire gui avoit été jetté fur la treille du bac qu'on
avoit mis à la place du Pont d'Arles, il fallut brifer cette treille ..
Le 27 de Mai, lendemain de l'accident, les Syndics de la Ville
voulurent être mis en poffe!Iion ·de la barque, conformément à
leurs priviléges & à l'ufage confiant : le Marchand convenoit de
leur droit; .mais comme il n'y avoit pas de fa faute, il leur demanda grace en fe foumettant à leur miféricorde. Ils ne furent pas ,
infléxibles ; le Marchand en fut quitte moyennant vingt florins
d'or de feize fols piéce (a) qu'il promit de payer dans le mois de
Juin fuivant; & s'il y inanquoit, il fe fournit à toutes les Cours,.
foit d'Arles,- d'Aix, d'Avignon, ou de Beaucaire. Ainfi voilà un
fujet du Roi de France qui reconnaît la validité du droit de ] a Provence fur le Rhone, qui n'imagine pas pouvoir réclamer celui de fon
Maître, & à qui 011 ne fait grace qu'au moyen de fon avéu & de fes
priéres. De ce qu'il fe fournit à la Cour de Beaucaire en cas de retardement, & de ce que les Syndics voulu!fent bien prendre cette
Jurifdiélion, qui étoit celle des biens du Débiteur, il ne faut pas en
conclure qu'elle l' étoit auffi de !"affaire , mais que les 0 fficiers qui
compofoient ce Tribunal étaient auffi bien infiruits que ceux de
Provence des droits de la ViUe d'Arles fur fon Pont du Rhone.
Un Marchand de Marfeille , dont la barque avoit également
touché la treille, mais fans la caffer, & qui tint la même conduiteque celui de Beaucaire, obtint la même grace le 24 Décembre
fuivant {b).
C'efi au milieu d'un tems qui nous fournit un fi grand nombre 1 1 3'9S'. . •
cfe faRe 1..
· eo trouver une dé~ ne ettres
de L anguedoc croit
·
'd~ pre~ves, que 1a p rovmce
Marie, d'où lec1five a fon avantage; mais avant que d'en rendre compte,. il faut' Lang~edoe prétend· tire> fa pt<ill•
(a.) Archives de l'Hôtel de Ville d'Arles , tit. du Pont,
( b) Ibidem,
�So
nces mér idio nale s de
Rl:one ~xpliqu er ce qui fe paffoît alors dans les.P rovi
·
ai) partie nt i fa la Fran ce.
rfions de Roger Com te d'Alait
. La f rovence étoi t expo fée aux incu
~rovinc.e.
ent veno it de ce que
&Vi com te deTuremze, (a) don t le méc onte ntem
dona tion s faites par
le Roi de Sicile,Louis premier, avoir révo qué les
fe>rt. ( Bouc~e
la Rein e Jeanne à fon pere Guillaume Com te de Beau poif édoî t dans
-,1e qve le
x qu'il
tom . 2, pag. 41) & fui vantes.) Div ers Châ teau
r la guer re avant a·
le Pai:s ne lui fourniffant pas les moy ens de fou teni
Roy aum e de Fran ce
geuferpent, il enga gea quel ques Seig neur s· du
Gen tilho mm e
à le feco nder : De ce nom bre fut Amauri de Severac
414 ) qui fut depuis
de Rouergue (Hift. du Lan gue doc , tom . 4, pag.
veni r au fecours ·de
Mar écha l de France, & qui av oit prc;>mis de
Charles VI. qui.
Raimond avec trois mill e hom mes ; mais ie Roi
voy ez le défi de Jean
avoi t fait de cett e affaire la fienne prop re (
9 3 , ap. inftit. hift.
de Vienne à Raimond de Turenne du 7 Juil let 1 3
nna au Sén écha l de
de Turenne premier, pag. 1 2) & 126 ), ordo
tout e trou pe de
Beaucaire le' 19 Juil let de l'ann ée 1398 d'eh1pêcher
entoit. Cet
préf
fe
paffer le Rhone, & de com batt re Amauri , s'il
les Réb elle s, pou r
ordr e déra ngea fa. mar che , & ce fut envain que
du Pont Saint·Efprit ·
facil iter leur joné l:ion , tent eren t de ~'emparer
·
.
& de qud que s Vill es du Vivarais.
préc auti ons
La Rein e de Sicile · pren oit de fon côté tout es lesen Provence ;
trer
€Onvenables pou r emp êche r ce feco urs de péné
a le 9 Déc emb re
donn
elle
nces
& on prét end que dans ces circo nfta
eft nécd faire de rapp orte r en enti er,
1 39 8 les Lett res fuiv ante s qu'il
plet te de la poif efparc e qu'o n en veu t tirer la preu ve la plus com
fion· du Rhone par le Languedoc.
& de Sicile,
') .M"arie, par la grac e de Die u, Rein e de Jérufalem
, de Forcalquier, du
-.,) Duc heif e d'Anjou'·. Com teffe de Provence
e, adminiftration
»Ma ine, de Piémont & · de Remi, ayan t la gard
tés deifufdits & d_es autr es
~) & gou vern eme nt des Duc hés &. Com
aum es , & de Charles
» Pays & Terr es de Louis Roi defdits Roy
ceux ql}i ces Lett res verr ont,
~Prince de Tarente nos enfans : A tous
r la gard e& défe nfed e notr e Pay~
)) SAL UT. Com me n'a guer es pou
r le deft ourb ier de Amauri de Sev~rac , Che i)) de Provence, & pou
des Com pagn ies.de Gen s
» v.ali er & autr es Cap itain es, qui a gran
de Rogier, dit de Turenne,
~d'armes, . en la fave ur de Raimond
audi t Pay s, pou r icel ui _gr~ver & dom l:l voul oien t paffor &"entr er
'
;
• • .)
" t.
~ ·J
~· '
Ôt une guerre de voleri~ qu'une gu ?rre
(a) Bouche dit de fe Turenne , qu'il faifoit plu ée cnmm e félon &. rebelle. E n r 397
tranch
d' lùat : Il avojt _été condamné à avoir la tlte
dence fembla fe-charger de fon châti·
fa tête fµt ~fe .à pr~ ~our 10 0 00 liv, Enfip. la Provi
_mager,
�;g·f ,
•> m-ager, Nous ( & ) le Princ e de Tarente n~tre~it fils ayo·ns 'ren·~u
,> & fait venir plufieurs fortes armé es,. & fait faire plufie
urs explorer·
,>fur la riviere ·du Rhone, fçavoir ~a1f~ns que ce que Nous &
)> notre dit fils le Princ e , y
avons fait fazre fur les ports du Royaume
>> ·& entant que touche & peut toucher la Seigneurie &
}urifdiftion de
» Monfeigneur le Roi• Nous confeifons d'avoir. été
de fa gr~ce &
»par vertu de fes Lettr es-Pa tente s fur ce de lm obtenues &
impé )> trées , & ·d u confe ntem ent,
commandement & ordon nance de
» fes Offic iers, · & n'y préte ndon s avoir acqu is, ni
allég ué au>> cun droit & poifeHion-du tems préfe nt & à venir
, ne fut oncq~e~
» contr e notre entente que dût en aucun e maniere tourn er
à: préJU» dice ou conféquence de mond it /Seigneur. En témo
in de ce
» Nous avons fait mettr e notre fcel à ces Préfentes. Donn
é en notre
, >~ Ville ·de Tarafcon le neuviéme jour de Déce mbre
, l'an de g ce
)> 1398 . Parla Rein e, Delacroix. ((
·
. L'on fe rappelle que nous avons déjà avou é que le Roi
dt1, Franc e étoit alors Propr iétair e de tout le cours du Rhone
depuis
. Lyon jufqu'à la Durance ; ici ces Lettr es prouv ent évide mme
nt
que c' étoit dans cette partie que la Rein e Marie av oit demandé
au
Roi la permiffion de faire les ouvrages & les autres opérations
né
ceifaires pour réfifter à l'ennemi commun. Elle le fpécifie
elle-·
même par ces Lettr es, en difant en termes form els, qu'el le
a fait
faire plu.fieurs explo its fur le Rhone & dans les ports du Royau
me :
C' eft par cette raifon qu'el le confeife qu'el le en a dema
ndé·
la permiffion , & qu'el le ne préte nd · avoir acquis pour cela
aucu n droit fur la riviere ni fur les ports du Roya ume
: &
emant que touche la Seigneurie &- Jurifdi8ion de Monfeigneur
le
Roi : diftinél:ions qui fuppofent très-c lairem ent qu'il y avoit une
autre partie du Fleuv e qui-dépendoit de la Rein e ; fans quoi , quell
e
néceflité de fpécifier les ports duRo yaum e, & de limiter la décla
ra..
tion en tant que touche laSeigneurie & ]urifdi8ion deMonfeigneur
le'R oî.·
Rier dans le conte nu de ces Lettr es que de conforme à,tout
ce
qui a été établ i ci-devant : En effet , qu'on faife atten tion à la
route
que tinren t les troupes, ennemies ; elles fe rendi rent auprè
s du
Pont Saint-Efprit & dans le Vivarais, fuivant les mémoit"es fourn
is
par les Hifi:oriens du Languedoc : ceux que nous avons , indiq
uent
la même chofe , & apparemment que voula nt péné trer en Prove
nce;
elles ne pouv oient pafier le Rhone qu'à Beaucaire ~ ou au-de
ffus i
4
' ~nt: il f~t fubm.ergé d~ns le RhMe ~ e~ f~ya~t ~ev~nt le Prince
de Tarent! , qui le pourfm_vott, L on.vou combie n c.e Guem e:·ctolt elo1gne de reifeiµblerau
Héros du même nont
qu1 fit la gloue de la Franée fou11 Louis XlV..
•'
-
L
�8%
it engagé"-par un tra ité a-vee la
parce. que Raimond· de Turenne s·éto
traité par la Re ine Marie du 7'
,y ille d'Arles (approbation de ce
le 20 Oél:obre 13 99 , arch. de
Oét:obre. 13_96, & par Louis Il.
voir env oye r, nif air e paffer des.
pou
ne
à.
s)
rle
d'A
le
Vil
de
l
ôte
!'H
le qui s'étend depuis Tarefcon
troupes fur le territoire de cet te Vil
à c.ondition qu'elle lui donnât
vis-à-vis de Beaucaire.jufqu'à la mer.,
ées de bled par mo is; afofi il ne
_çinquante écus d'or.& quinze falm
Provence par le Languedoc, que
leu r reftoit d' efpace pou r ent rer en
& comme elles furent rep ouf depuis Tarafcon jufqu'à la Durance:;
elles'ne pur ent fe replier que du
fées par le Sén éc_h al de Beaucaire,
don t elles é'toient peu éloignées.
çôt é du Pont S. Efprit& duViuarais,
dµ Rhone que défignent les.
Il eft démontré par.-là que la partie end depuis Ly<m, JUfqu'à la
s'ét
Le ttre s, n' éto it autre que celle qui
blement à la Fra nce . Le i
efta
ont
inc
it
DL/lance, & qui appartena
uEes de cet te Princeffe avoient
mêmes Le ttre s pro uve nt que les tro
fur le Rhone· dans.. :les ports du;
fait quelques. exploits de gue rre
quent fuivi les ennemis fur lcl
Royaume, & qu'elles avoient par,c;onfé s fuffent reftées chez elles.
fr elle
territoire du Ro i de Fra nce ; car
uro ien t eu perfonne à comn'à
s
élle
au-deffous de la Durance,
auc une Eermiffion : à demander ni
~attre, & la Re ine n'a uro it eu
déclaration à faire.
uvé· par une quittance -que fa·
. Ce poi nt effentiel eff encore pro
des le 19-Ma rs 139 9 ( arch. de·
Re ine -.Marie donna à la Vil le d'A
don gra tui t de 1 ooo francs que
l'H ôte l de Vil le d'A rle s) pou r un
r. fubv-enir ~ux grandes dépenfe~
cet te Yi lle lui avoir accordé pou
ïen def on arm ée, qm ;po ur la'.
qu' elle avoit faites ., tan tpo ur l:entret
emEloyés-à défendre le paifage·
folde des bâtiinens qui avoient été
c1u Rhone aux Soldats de Ture1me~
ine pri t, f.ùt donc cfe me ttre fut
~ ~ne des· pré cau tio ns·que la Re
foudoya , circonftance qui emle Rhone .des, navires· armés qu' elle
oient d'abord êtr e deftinés à la
por te l'id ée de pro pri été·. ; ils dev
& qu ï dépendofr de la Pro:11ence;
partie du Rhone qui éto it mé nac ée;
depuis la Durance jufqu'à Beaucairi:
c'e~-à-dire, à cel le .qu i's' éte nd
ennemis s' éto ien t engagés à ne
ou JUfqu'à 1a mer ; mais comme les
g du ter rito ire d'Arles , qu'il~
pou.voir ~ffer , le Rhone. tou t· le lon
re ..
éch al de Beaucaire:, & obligés de
~voient été chaffés par le Sén
aux
fit·faire la même manœuvr.e
monter le long de ce Fle uve ; on
s la par tie du Rhone au-de ifus.,
bâtimens qui fe tro uve ren t·par-là dan
ination du Ro i de Fran·ce, & ae·
de la Durance·qui:étoit. fou sJa dom
dans ce ·quàrtier~ia q~e la Re iM
fut P.our les. exploits qu'ils: nr;nt
déclaration q_u on_nm:.s oppofe~
Mtuze.. donna la.
�·s,
.·
) .
Il eft même fenfible que ces L~ttres-Patentes en prouvant les 'd roits de Marie fur la partie du Rhone au-ddfous de la Duran.ce,~
prouvent égaleme1;t qt:e. le R_hone au-?eifus de. la D.ur~nce tout le.
long du Con)tat, ~ avo1t Jamais_ ceifé d apparEe111r a~ Ro: de Fr~nce,
dit avmr été1
puifqu'il n'avoir pas été cornpns dans la ceihon qu
"
.
.faite de ce PaJS ·au Pape.
, Les Avocats du Languedoc fmvent en cette occafion la mememéthode de raifonner que nous avons déja réfutée. plus d'une fois!
.IJs tirent toujours _d'un~ propofition particuliere rela~ive à une
I
portion du Rhone vne C-OncluGon générale pour donne a leur Pro~
.1
·
.
vince tout le cours de ce Fleuve.
Let;;
ces
que
démontrer
pour
doute
: Ces réflexip~s f tiffifent fans
t:res _ne purent porter aucun préjudic~ à la Provence, & qu'el!es.
p'eürent pas pour objet la ·partie du Rhone qui en avoiç toµjqurs
<lépendu ; 1 on n'e? .pourra plus doute+ dès qu'on va 1;~. vojr.
~galement & conframment en poifeffion dans les rems J>Oftér.ieµrs àJ
ia déclaration de la Reine Marie.
La preuve en efr tirée de la capitulation qui fut faite en 141 I ; C?ndiri_ons de la
de la
. d es M"l• capitulanon
.~ntre 1es A· rragonofS· & .1e p ape Jean XXJI. p~r 1am éd"iat10n
Ville d'Avignon.
niftres du Roi de France & ·du Roi de Sicile, dans laquelle il fut arr.êté que ce feroit ou le Roi de Sicile Comte<le Provenu, ou le Roi dé
f.rance-qui fourniroit Vefcorte néceffaire_à lp. garnifon du Château
·è.'Avign:o.n , fuiv:ant le chemin qu'elle prendroit, mais que les ga~
•.
:
lères, nav-ire~ & chariots néceifaires aux troupes -& à leurs baga,.
Pro~
de
Sénéchal
le
par
ges , leur feroient fournis à leurs dépens
liv. 3 , chap. ·premier.,
pence. (Fanton, hi.ft. d'Avignon, part.
pas que.le Rhon~
prouve-ç-il
ne
arrangement
Cet
)
oo.
3
&
8
9
2·
pag.
~u...,àeifous ~ Avignon~, étoit regardé comme une dépendance de 1~
f ·rovence, même <le -l'aveu pu Miniftre du Roi de France; & qu~
t~ C?mte .de Proven.c? y avoit d~s _atfenaux , des galères & la .nar
. i
··
.
v1gauon libre & ent1ere.
-· Cette même guerre nous offre une troifiéme preuve bien claire te Général des
des .droits des Çoll!tes de Pro~el}Ce fur. cç Fleu~e,. Bouche. (a) nou; ;~;~~~:P!~;~~~
•Cl.pprend que pendant que Louis II. éto1t en Italie a combattre Lan· nçmis d'y péne·
• celot ou Dura'{_?.o en faveur de Jean XXIII. DuraHO attaqua la trer par.leJlho..ru:.I
Provence par plufieurs endroits dans cette même année .1 41 1 ; tan,dis qu'il y entroit par Toulon, !'Antipape Benoft X~Ll. (b) qu'il ~ou..
s;
1
• (a) Tomè i., page 436.
, ( b~ !l fe no~~oit Pi'erre de Lune, ~ e'elt de lui que le fam~ux Grrfon .difoit, qu~l
n Y avoit que l'echp~ .<le .cette Lune qui ,pût rét'lblir la p.aix Jan• 1'Egli;e ~ c'6t1ù-là· l~loquence du terni.
·
'
L ij .
�84
ten_o it, faifoit une autre attaque par 1'embouèhu re cfu Rlî9ne~ L"Ar~
mée ennemie voufoit remonter le Fleuve pour aller Avignon ;
mais elle en fut empêch~·e par les chaînes que le Général- des
troupes de Provence fit mettre dans le Rhone, opération qur certainement ne pouvait fe fai:re que par c.eux qui étaient maîtres ne~·
.
la riviere·d\m ordà l'autre.
que LouiS' 11. Comte de·
guerre
cette
C'eft pendant le cours de
r4'.or..
a·e 3 f01
r.
. pem10n
.
B
d
1
h
,
M
d
-p
Je
Le Comte
arec a · e oucicaut (a) une
Provence accorde · rovence accor a au
:m· .lV~aréchai de fü>rins à prendre f'l_.lr les revenus de fan ancien péage à: Tarafçon~.
Boucicaut une .Les Lettres-Pa tentes font du 2 ' Juin 1·401. Le même Prince donna_.
ffi
,B .
p
L
d'
•
penlion for les _i
pé~ges du Rhone. uepms ·aunes ettres atent€S a ·ouczcaut poµr a igner cette pen..:
N° ..40 & 4 1. fion fur des revenus ~}ffé~ens , parce que· ceux du péage av oient
été aliénés à d'aùtres. CëS fecondes Lettrès font du 2 ·1 Août 1406..
0
d~ 1f~::~~~~~~6~ ~ous . po:ivons· encore cit~r plufieurs é~en~n:~ns · du reg~e d(!>
J,ouzs II. qm font autant de titres de fa Junfd1éhon fur· le Rn.one :
fur le Rhone..
ce Prince ·par des· Lettres du 23 Oél:obre· i+11 difpenfe les Habit:ans de Nctre~Dame de-la· mer de payer a" l'Archevê que d'Arles le·
dixiéme des fels q1:1'ils conduifoi ent· au Rhone par un canal qu'ils•
avoièntfai t! fil'Archevêq ue refùfoit de cont~ibuer pour un di~îéme~
aux réparatrons-de ce canal : (In:.vent •.des· tlt., de 1Ar.che.v •.d Arles-;
pag. 29 3. )'
Par d1autres· Lettres du g Juillet11 12, fa Reïne Yolèzndé d' Arra;;;..
·'t4'T?.;; .
en. l'abfence de'
de· la Provence
tes Comtes: de gon femme, de Louis-11. & Régente
.
,
·
.
,
Provence y exer,-..
.. Dame de lœ
Notre
de
royaux
a.e nt.- leur,- Euu- fon man (b) donna ordre aux Officiers
mer de·tenir la main à: ce que les-·Habitans du lieu n~empêchaffent
v.oir..
pas les .Archevêques d~AH.es: & fes Vaffaux· drenl'ever le fel qu'il y:
percevait , & de le conduire par le· canal· ou roubihe commune,_
allant à la b-raffiere· dw Rhone~ Ainfi le co·m te de Provence· avoit
Jurifdiélio n· fur ce· canal, & par conféqu·e nt · for le petit bras du
Rhone qui-en étoit Ja. fource; car il n'y a· que· le,Souvera in d'une:
riviere ·q~Ii:[uiffe di~pofer. de fes ea-u~, & les difrl\ibuer: en: canaux~
a
·
1
•
({lnvenr. zbz • ut fupra. ):·
Le Languedbcprétend' détruire toutes·ces preuves-, en' nous· op•
0'rdr~;~~·Gou•·
"erneur de Lan- pofanttdes_or<lre&de fon.G-0uver.neur· P.OUr·la France.-, donnés rela1:-.. .
.
·guedoc- relative,..
.-ne.nt.au. Rhone.
·
•
\ 4·) Ce· mêine Maréé:lial' avoit affiegé' en- q99 l' Xntipape Bénoijf, dans te Cfifüau·
i' .Avignon :·il étoit- prêt à le prendre ·, lorfqu'il reçut· un ordre de la Cottr de'· convertir·
le fiége en blocus, ce, qui . fut 1,,--dit Moréri ,. un cm1p .d'adteffe de . Benoijl , qui avoit f~µ
gl!gner"quelques Grands, pour · de l\argenr. Il commanda l'aîle · droite à' la bataille d'A-rjncourr., & avoit été d'avis-de ne point engager l'aétion;
(li) ~ouïs, é~oit· oecupé' :l• là· conquête· du Royaume de· N~ples·; ~u'il ne· fit point;.
Bouche dwque· c. efi· uni, terre · où.des.-lys" dé' France ne·prennent· poznt. racme. Chatles,VJW.
l!.ouis,XW.&.Françpis;J;,n'.ont·cnie. iroP. j}lllifi.é:auitefois. ce.p,rweche•·
�·s·r
tiv·ement au Rli:one vers r an 14 I 3. Void comment les Hiftoden~
de cette Province s'expliquent; ( Tom. 1· pag. 4 3 3': ) ·
.
» Le Roi norrima le 24 Février 1+1 3' Jean Lemamgre , dit Bou» cicaut, Maréchalde France, pour avoir le gouvernement & l'ad" miniftratfon des Pavs dù Languedoc & du Duché de Guyen~ ne .. ._. . Un des prérniers foins du. Maréc~a! for- d'empêcher le~
» entreprifes du Sénéchal & des. autres· Qffic1ers de Provence qm·
)) avoient établi de leur autor.ité à Tarafcon & Albaron un péage de
» huit gros par faumée ,?e bl'ed qui de~cendoi~. le Rhone. Le ~faré~
)} chal ordonna au Sênechal de Berzucaire d'e fatre·cdfer cette 1mpo·
:J) fition.., foir par la négociatiC!n, foit par la force , fur le fondeme1:t
»que-le Domaine & la Jurifdi-él:ion d1un bord· àl'a11tre apparteno1t
>,. entiérement au .Roi' depuis Lyon jufques à la mer, & qu'il n?éroit
»pas p-ermiS par cnnféquènt à perfonne d!établir. aucun· .péage ol.i:.
» autres·droits for le même Fleuve~
Les Hiftorïens du Languedoc ne ce.ffent point, comme l'on- voit; . Rét:ttatioh' dèsi
âe conclure d'un·fait particulier à· un d·roit gé'néral fur tout le cours 1Hn1~fü_ons qu~ le&;
•.
•
1nonens uu:
clu Fleuve. Le·Gouverneur du Languedor: peut av01r eu ra1fo1r de Languedoe- en1
fe plaindre de· ce que les 0 fficiers de Prqvence· aient mis· de· leur au:. tin~nt~.
iorité privée un imp·ôt fürun- Fleuve par·où les François naviguaient;
fans qu~on· en puiffe conclure que la France fûtpropriétaire de tout
.le Fleuve jufques a:la mer.. n ·es Officiers n' onr-point le droit: d' é ..
trablir d~ pareils droits d~ leur autorité' & fans l'aveu dt.r Souver~irr•.
.Cette innovation étoit d'ailleurs c.ontraïre aux traités qui fubfif~
toient entre les deux N arions~
Une preuve que· le· Maréchal de Bour:fraur foi~même· éroit aw
moins incertain du droit de fouveraineté fur tout le Rhone·, c'eft::.
<qU'il' ordonne à fon . Agent d'employer la-négociation~ La hauteur
· avec laquelle- Off lui fait donner ces·ordres, auroit:.eHe été compa:.r
tible avec. ridée· de traiter à l'amiable avec des gens ·qui auraient:
nfurpé les·droits de fon·Maître r Sr les Letfres-:.Patentes de-Clinrlès:
IYL & ~elles&~ Màrie ~e Provence·avoient e~· le moindre rapporr·à1
la partie' du Rhone· qur nous· occupe·, un Maréchal- de France au"t?it-il_eu de pareil~ ménagemens avec- un· Prince foible, qui; auroit:
formé une prétention· c.ontraire aur reconnoiffances:. de .Œs..Pr.édé....
cefféurs?
Il faut d'ailleurs avoir Dien-peu d'autres re!fourcewp·our tfrer fés-;
preuves de l'alfertfon ·hafardee:d'im·Mi~itaire · ,, qui parle effarrivant
dans une Province·, & avant que· tj.'avoir pû s1ii1ft'.rufre'de la·véJ:-i;...
table éten~ue de fes droii:s~ .1:e '~toi~ qµ'il Houvoii:av~i~: d'&nJ1.êcheir
une. ve.xat1ow ,; unç.' entrennf~ fur 1~- com1~:œrc~~ e.ff:· 11 ca:eaole d'.é'....;-
�.;
'So
uve par OL11e commer~œ
tend re fes droits fur tolite l'été.ndue dt.1 Fle
de l'Oi lici er d'un e Pui\}
fe fait? Eft- ce en un mo t l'affertion vague
its au Prin ce ~.ont les.
fance voifine qui peu t faire perdre des dro
uis a toujours refté e11
Eta ts font limitrophes , & qui avant & dep
vue de celu i q~i p~uvoit
poffe.aion ~e ces mêmes .dro its, même à la
·
- ·
les red ame r l
fa demarcl;ie fur le motit
peu
·fi
a
fond
ut
cica
· Le Ma réch al de Bou
n.eté for tou t le Rhone,_
qu'on lui prê te de la prétendue fouverai
men t, il auroit dû non.,
que dans cett e idé e, pou r agir con féq uem
vell e impofüion fur le
feulement travailler à faire ceffer c~tte nou
fentement du Souverain'bled , mife par des."Officiers fans le con
ges très-anciens du Com te de.Pro:
~ais ané anti r abfo lum ent les péa
ces péages ont tou1ours
ven ce à Tarafcon, à Arles & au Baron;
t ce 1\1aréchal aurait-il
füb-fifré & fubfiftent encore ; & colbmen
vu en .i 40 1 recevoir dè
pli les méc onn oîtr e, -lui .qu·e nous avons
ann uell e de 3) o flo ..
Louis JI. Com te de Provence une penfion
men t pot!v~it-il croirç
rins fur fon ancien péage deTarafcoJI l Com ineté du Rhone d'un
vera
que le Roi de France avo it l'en tier e fou
que nous verrons ci"après
por d à l'au tre le lon g de la Provence , lui
en dép end aien t fituées
_p offéder la Ter re de Boulbon & les Hk s qui
tées ·en foi & hommag~
aans les Eta ts de Provence, --qlli fure nt por
de Boucicaut fan fils ?
au Roi René Com te de Provence par Louis
II. & Tut rice de Lou~
La même Rei ne Yolande veuve de Louis
•
1411 .
~~riaé~Ire
2 Oél:obre r 417 un Manden;e
c~':n;;~~mbd~~L~ iÏI. fon Jlls aîn~, donnadelePro1
!ence pou r affermer fes dro1t~}lr Ie
re~oit comm1f- au~ ~aitres rationaux
qua rré, lia!Tu
hiv. de la Cou r des Com ptes ;arm . Q. ge.
fion ~'affermer Rhoné. (.Arc
)
,
·
d" ,
·
.
les droits de. la
.
Reine fur le Rho- 20:; ix1eme p1ece
tenc e le 19 No·
Sen
it
Le Vig uier de la Cou r Roy ale d'Arles rend ue ·d'Antoine Maffe
ne.
ation de la barq
N ·•. -f2~ ,vem bre 1+1 7, por tant confifc
on qui ava it tou ché -"fu
.ifu lieu d.e Manas dans le Roy aum e d'Arrag
& des marchandifes , en
.trei lle du hac en defcendant le Rhone,
chives de l'H ôte l de Vil~e
faveur du Pon t fu~vant l'ancien ufage (Ar
t donc tou jou rs d' éxer·
d'Arles) : les Jug es de Provence con tinu oien
mis au milieu du Fleuve.
cer Jeur J ~rifdiél:ion pou r des délits com
e Princeifè des cour~es
Les Hab itan s d'Arles s'étant plaints à cett
e, &
14 ,.,,·;
t.es qui infeftoient les mers du voifinag
La Comte!fe de r que faifoi€nt -des Pira
s fois dans le Rhone; elle fit expédifr
Prov ~nrc7/~~;:.; qui entroient même quelque
adreffées à fes Officiers de la Ville
~~'r:.les Pirate-s , le 8 Juin 142·2 des Let tres
itan s· d'Arles d'armer
d'A rles , par lefquelles elle permit aux Hab
N°. 'f3·
garnir la mer ~ le_ Rh~~r,
auta nt de navires qu'Us vou dro ien t, tl' en
er &_de faifir les Piratei
tam per -Rhodanum quam per mare, d'attâqu
�l' .
.
" .
- . . ·g7
qui s'y rencontreroient &. qui\troublero~ent 1a n~:'1gatron du F euve,,·
foit en montant ou defcendanf, & des app,ropner leur:S effets (a) •.
( Xrchives de l'Hôtel de.Ville d'1rles ).
· Si les Comtes de Provence étoient en droit d armer leurs Su1et~ ·
élans toute la partie du Rhone:··qui coule le long de la Proven,cè,
on ne peut· nier qu'ils fuffen~ les · Maî~res d~ Fleuv~, & ,~ette c?n~
féquence doit être· regardée comme mconteftable 1ufqu a· ce qu o~
prouve que les Officiers du Languedoc s'oppofer.ent à cette. démar . .
.
~he, non par des voies de fait, ma~s pa: des moyens de ~ro1t.
. Les Iiles du grand .Rhone contmuo1ent également d appartemr
à la Ville d'Arles, & la JurifdiB:ion du Fleuve étoit toujours éxer~ée par les O~cie!s ~e frovence. 1=.-a _Comrnunauté d'A~·les v~ncf~tt :
par·aa ed;i2.9·Mdayl'I1fi42)daLnobble Jean ded Sade (l:J de la V(1Jlle d Avi- La vri1~~~Aries
e e OU ares. pen ant qumze ans . ugemcnt · vend les revenu$
ft.non 1es ir.UttS e
cles Commiifaires du Domaine du l2 Mars 166T, Archives de d'u-ndfle.du Rho"!
l'Hôtel de Ville d'Arles.) Les anciens comptes de la· Comnm- nt!.
nauté d'Arles:, ainfi que fes délibérations font mention des arren'-·
temens paffés par cette Communauté, de l'H1e appellée Bertranon ~ ·
desHles de Latillon:& de Braquette, &c; Voyez le compte de Jean
t/t~~~e ae·
de Douieu· de 1439, fol. 1 , la délibératfon de 14) 2 · & autres. .
. Le 27 Janvier 1430 Louis III.Comte de Provence affigna fur fo Provence, affigne ·
revenu de péage_ de 'Fàrafcon le, paye_ment._d~ 3000 ducats q~e fon ~~o~~ ~~ag: ~~'.
P Y _
Gouv·erneur avmt empn.Jntés d Henrz.Tegnm p,our les befoms . de ment.
12 Etat
A.A:
N°
·
·
~CJ,'.'
-:x::-.T
..
•
•.
1
I >j.3 0.
Le, 1r~ovemb.re ~"f30 & fo I rJuHlet I'.f3Tautr.es Sentences dé
~oi;ififc.ation de barques qui avaient rompu la corde du bac d'Arles;. Con fi/catio_ns de·
dont l'une appartenoit à Jean Giva"' Habitant ·de Palence. Celui-ci ba~ques qui a1 -~
vo1e11t rompu a .
. . ..
l
l
éd
'J'
·1
i::
· d· u R 01·' d e aance
S UJet
eut-1 manqu ·e rée amer a Junfd1Ebon corde du bai;.
'd.e fon P.r ince, fi_elJ:e ~ût P~ . s'étendre· fur le lieu ot1 i étoit commis:· d'Arles:•.,
1ê délit ? Cependant il fe foumit fans murmure la Sentence qui:
·
eut fon effet. (Archiv~ de !'Hôtel. de Ville d'Arles., tit: du Pont )L
·
n•
!
'
Contellati~
.
épo~
cette
à
long
au
fort
rapportent
.
c
Languedo·
de
Les Hiftoriens
tre les Ornc1ers.•
Of
l
..
r.
.
.
que ( tom. 4, pag. 47 8 ) une cont eft.at1on qm iurvmt entr.e .es - du Roi & ceux du ~
n~iers· de Beaucaire·& les Habitans. d'Avignon.. Les premiers: avoient Pape far leRho.11Q-:
fait pla.nter le~ pannonceaux royaux fur le bord du côté du Comtat_, ,
les Avzgnonozs:les' enleverent~ Les Officiers de .Beaucaire:procédent:'.·
<t.ontr'eux; le Pape excommunie ces Officiers·· ; ceux-ci emprifon-nent les: Sujets de Sa·Sainteté: ron . nomme des Commiifaires q~it.
r
•
'
.
•
1
A
a
(a) C11s. Pirates étoient des Catalans &.des Arrago~ois qui.l'année fu.ivante furprirent .
', . ·
·
( 5:) La belle LaurP. avoit épouŒ cent·ans auparavant urrHuguen!~ Sddé :·elle étoit de fa::
M~i,.on de fVoves; ,Fr~nfoisPre11ûer. lui .a faif une épjtap_he.;.mais.c:e!i aux ~ers .de, Petrarquc
.& pillerent·Mar/etlle·;
"}!l-elle a
d~fa..ccl~b.nte,. ,
�.u
font gagn-er la caufe au_Pape, mais l'e-Procureur Général en àpJ
_pelle au Parlement; .enfin, après bien des procédures, 1' on cite un
Arrêt du Parlement de Touloufe qui donne la .provifion au Roi. On
ne croit pas que le Languedoc fe ferve de cet évenement pour corn~
battre la propriété ·des Comtes de Provence fur le Rhone, à prendre
de la Durance jufqu'à la mer; cette portion du Fleuve n'a rien de
commun avec celle qui regne le long du Comtat: on l'a dit, & on
le répéte; le Pape n'a pas le moindre droit de contefter à la France
la propriété d'un Fleuve qui ne lui a jamais été c~dé , & dont il
n'a jamais joui (a) : Quelle différence avec les Comtes .de Provence!
L'époque que l'on donne à cet événement va nous offrir encore des
preuves de cette différence.
·, 43 n
Au mois de Janvier 1437 Raimond Petra Notaire à Tarafcon, pré~
Les rn,es .deBou1- fenta une requête au Roi René, par laquelle il expofe, qu'il avait
.labonp ~epee~deent de ci-devant fait un échange avec le feu ,fieur de Boucicaut, Seigneur
I OV ne •
.
'
N°. 1 .).. de Boulbon ,-par l.equ.el le Notaire av oit remis. a Bou.cica,ut des (on dS
·
fi tués dans le Terroir de Boulbon , & en avo1t reçu d autres fitues
dans les Ijles de Méfoargues: Qu'après la mort <le ce Seigneur fes '
biens avoient été réunis au Domaine de Provence ; qu'une Sen~
tence du Juge de Tara/con l'avoir troublé dans les biens qu'il avoit
reçus en échange , & qu'il étoit jufte qu'il eût fan reçours contre
le Domaine de Provence, Poifeffeur des biens donnés en contreéchange au fieur Boucicaut~ le Roi ordonne que Petra jouira de
fes fonds. · Les Lettres Patentes font du 2 3 du même mois d~ Jan:vier ~ & ne laiifent point de doute fur les droits de propriété que
\ les Comtes de Provence avoient fur les Ifles du Rhone.
r439;
L'on voit p.ar l'extrait des comptes du Tréforier de l'Univerfité
N°·47· d'Arles de 1439, qu'il percevoit pour fes Commettans les revenus
des H1es Bertrand & d' Atilon.
. . 1'4~0.
Il y a .toute apparence que tous les biens de la 1\ilaifon de Bouci..:
AMmli que celle caut ne furent pas réunis au Domaine de Provence, pui.Gque nous
"'e e1oarg1.1es.
:
,No, 47 • voyons Louis 1. de ce nom faire hommage le 25 Nov. 1440 au même
· ,
. Roi René pour la Seigneurie de Boulbon , & pour la pbrtion qu'il
.avoit dans les ID es de S. Pierre de Méfoàrgues fituées dans le Rhone.
René accorda le 20 Février 1442 des Lettres Patentes à la Dame
:C0.rn.é1e, veuve du Juge de Beaucaire, & la déchargea d'un cens de
·r441;
Er de Lu{fan. ·9 fept.iers de bled impofé fur un fonds de terre de l'Ifle
deLuffan jituée
No. 48. 4.a1is ~e t~rr.itoire&diftriB: deTarafcon,fur çe que.cette veuve expofoit
que çe terrein avoit été détruit & emporté par les eaux du Rhone.
1
.l
'
(a) Eh comment Sa Sainteté auroit Elle des droits fur la riviere? Elle n'a fur le Comtat
même• d'aiHie titre que celui que lui laiffe la piété du Fih ainé de l'Eglife.
Par
�.
89
144i;
Par des Lettres datées du I 6 Novembre 1442 (a), René déchàt~
Autres alles de
,g ea le Seigneur de l'IDe de _LuJJan füuée dans le R~one ~u cens propriéte fur le
qu'il lui devoit pour cette IDe.: (ces Lettres fo~t m~nnon~ees dans Rhone._
l'Arrêt du Confeil du 30 Septembre r609, qm ad;ugea a la Pro·
vence l'IDot de Saxi.). Il eft produit fous le n°. 67.
r4~2· .;
Toutes ces preuves établiifent inconteftablement. l:autori~é du
Le Roi de France
Comte de Provence fur lé Rhone : nous pouvons y JOmdre 1 aveu reconno1t cette
même du Roi de France, qui réfulte d'une Lettre que Charles Vil. propriété.
.
.adreifa, le 1 3 Avril 14) 2, à différens Commiifaires qu'il envoya Ces lettres l<>nt
· en Languedoc : il les chargea en particulier, de faire obferver le rapportées daru;
du Langu.
traité fait avec le Roi de Sicile pour le tranfport du fel par le Rhone. !'Hifi.
Preuve, t.), n.1v.
Ce traité commencé en r 302, a eu lieu jufqu'à la réunion de 4 pag. 6, 7 ,9 & fuivc
Provence à la Couronne ; car il fut continué fous Louis XI. pour a1.:x preuves •
.dix ans le 6 Avril 1462, pour cinq ans le 11 Juillet 1471, & pour
fix ans le 28 Septembre 1480.
· Comment Charles VII. auroit-il ordonné que les Officiers d'un
autre Prince euifent été appellés au Jugement d'un délit commis
par fes Sujets, & vrai-femblablement fur la partie du Rhone qui lui
appartenoit, s'il n'avoir cru les droits de ce Prince lézés ? Ce
.Prince pouvoit-il en .avoir, fans que lon avouât qu'il avoit au
moins la fouveraineté du Rhone dans une portion de ce Fleuve,
comme le prouve le traité de 1302?
Tous les aél:es du Roi René qui ont :quelque rapport au Rhone . No. 49~
annoncent qu'il jouit de ce Fleuve comme fes Prédécdfeurs. Les
Maîtres rationaux de Provence afferment le 20 Décembre 14) 3 le
port de Confolde fur le Rhone dans le Territoire de Notre-Dame de
la Mer.
En I-45'7 René ,acquiert le Château de Boulbon, la Terre de S.
Pièrre deMefoargues,& Infulas dependentes ab eifdem, les mêmes dont
Louis de Boucicaut lui avoit prêté hommage en i440.
Le r9 de la même année il échangea le péage de la Ville d'Arles
avec tous fes droits, J uftice, confifcation, J urifdiél:ion & dépendances de ce péage, contre plufieurs Châteaux qu'il reçut de Pierre
de Foix, Cardinal & Archevêque d'Arles, ( Invent. des titres de
l'Archev~ d'Arles, pag. 299 & fuiv.)
Les Religieufes de Tarafcon ( b) & les Propriétaires dt:I péage ;
, (ci) l_l étoi_t alors o~cupé à la conquête de la Ville de Naples, qu' Alphonfè fon Corn~
peweur forpnt par artifice.
.
( b) Cette Ville n'était pas feulement remarauable par le tombeau de Sainte Afg,rtlze
m~is enc?re par :es Reli~eufes Benédiélines qui, ·fuivant Bouche, toin. 1 , pag. 3 i 6 par:
.loient lau~ , & s adonno1ent tellement aux belles lettre~, qu'elle; donnoient de la confujion
11ux plus difers perfonnages de ce tems-ld,
M
r417.
A cquilition de
difrcrem es Terres ·
& Iiles par le Rci
Rerr{
No.
50~
�~o
ait des Gentilshommes, s'étan t plaint s à lui de ce qu'ils ne pouvo ient
fe faire payer que très -diffic ileme nt des droits de ce péage , ce
à
Princ e par fes Lettre s Paten tes du 19 Nove mbre 14)7 , ordon na
fes Officiers d'éx;ger les droits des Suplians avec les fiens propres,
ce qui a été contin ué jufqu'à nos jours, & confir mé par deux Arrêts
. duCo nfeild u 30Se ptern bre16 68&3 1Déc embr e1670 .
Le péage d'Arles & le pont de cette Ville ont toujou rs dépendu
r~63.
ié:tion de fes Offici ers: Jean
~ed~eAag1 e & le du D omain e de Provence & de la Jurifd
é
d
[;
·
f:
·
,.,.,
d
r es ont d C ,((,' r.
po .. t
ait a1'[jir 1es reven us e ce p age
toujours Mrendu e o11 e, uomt e e .i rayes, ayant
pour la fureté d'une penfion de 400 florin s, qui lui avoit été af'1e la Provenc e.
d.e
fignée fur ce péage par le Cardi nal Pierre de Foix , ce fut à Jean
Calabre fils, & Lieut enant Géné ral du Roi René en Provence, que
Philippe de Lévy Arche vêque d'Arles s'adreffa pour deman der main· ·
levée de cette faifie, qu'il obtint par des Lettre s datées du 6 May
1463. (Inve nt. des titr~s de l'Arch . d'Arle s, pag. 303.)
Louis XI. renou vella, le 20 J uillet 1471 , avec le Roi René le
r47r.
des
Coùrs pour le tranfiport
Renouv ellemen t traité d'aifo ciatio n entre les deux
.
'
l
du traité po ur les
.
at10ns
fe s par le Rhone, confo rmém ent aux précé dente s prorog
tels.
Le premi er Oé:tobre de la même année ( 147 1) le Vigui er de la
N°. 1.
nce de confif cation au profit du
Sentenc edecon - Cour d'Arles prono nça une Sente
t à AJanuel Fabre deTarafcon,
fiîcatio nparleJ u· pont d'Arles d'un mouli n appar tenan
qui avoit rompu la t_reille du bac , quoiq ue cet acdde nt ne fût
~e d'Arles.
empo rté le
arriv~ que par la violen ce des eaux du Rhone, qui avoit
moul in, ( Archi v. de !'Hôt el de Ville d'Arle s, tit. du Pont) .
Quelq ues année s après la Ville d'Arles fouffrit beauc oup des
1474,
é des moye ns de l'en dédommaEt~bLlTement de -incurfions des Pirate s. René occup
d' é bl' d
l
d
.
F 01res a Arles. ger, n , en trouv a pornt
e p us avantage~x que y ta ir eux
foires qui devoi ent s'y tenir chaqu e année penda nt dix jours, au I)
May & au r Septe mbre; il déclar e dans l'afre qu'il en fit expé)
dier le 17 Févri er 1474 , (a) (Arch ives de l'Hôt el de Ville d'Arles
que toutes les rnarchandifes qu'on y appor tera tant par terre que
par eau, & de quelq ue endro it qu'ell es vinifent, feroie nt franches de
toute forte d'imp ofüion s penda nt la duré.e de la foire, quinz e jours
avant & quinz e JOUIS après : il fufpend duran t le même -tems toutes
les Lettre s de marqu e & de r<epréfailles qui pourr oient avoir été
donné es contre certai ne Natio n, & il établi t la plus grand e fureté
en faveur de tous les Marc hands , de leurs perfon nes, bêtes de fom·
!
mes & voitur es , s'ils viennent' par terre, & de leurs navires & galeres
.
s'ils vienn ent par eau.
s
s
de (es Etacs
(a) Ce fut dans cette année même que.René choiGt pour héritier
prfferé.
être
pour
XI.
Louis
fait
qu'avoit
elforcs
les
malgré
neveu,
«'Anjou fon
Charles
�9t'
Cet établiifement a fubfifté quelque tems, puifqu' on en trouve
Ja confirmation cl.ans les Lettres qu'accorda dans la fuite ~ la.Ville
d'Arles, Palamede de Forbin Seigneur de Soliers, Comm1.ffa1re de
Louis XI. pour la réunion de la Provence à la Couronne de. Franc~.
Ces lettres font du 29 Janvier 14.S2. Cette conceffion de f01re$ fait
voir que R~né avoit le droit, 1°. d'ét~blir.des impôts fur ~e Rh~ne J
& de fuppnmer ou de fufpendre ceux qui y .éto1ent établis: 2 • de
donner des Lettres de marques ou de repréfa1ll€s fur ce Fleuve, ~
d'en fufpendre l'effet: 3°. de faire arrêter les navires qui y nav1...
guoient, ou d'empêcher qu'on ne les arrêtât: toutes ces Ordonnances fetoient incompréhenfibles , de même que les aé1es que
nous avons rapportés ci-devant, fi on lui refufoit la fouveraineté
du Rhone.
Ce même Prince avoit laiifé par fan teftament du 22 Juillet 147 3
à l'Eglife
de S. Maximin 6600 florins payables en dix ans fur le
.
,
prodmt de fes gabelles du Rhone, par préférence a toute autre
affignation, & il fit donation le ) Novembre 1476 aux PP. Celeflins
d'Avignon du péage dè Tarafcon, dont ils jouiifent encore, & qui
y ont été maintenus par différens Arrêts du Confeil du 20 AoC1t
IQI 1 & 21Avril1664.
A cette époque la France étoit en guerre avec les Catalans :
Louis XI. avoit fait défenfes dans fon Royaume & en Languedoc de
r.
'
tra111porter
aucuns bl eds dans 1a Cata zogne. U ne b arque c h.argee
de ce comeftible defcendoit le Rhone au mois d'Avril 1474. Le
Lieutenant de Beaucaire l'avoir fuivie, & n'ayant pli l'arrêter fur le
Fleuve, vint à Trinquetaille où elle étoit attachée & l'y fit faifir.
Cette entreprife fur la Jurifdié1ion de !'Archevêque vint à la connoiifance de fes Officiers , qui fommerent le Lieutenant de Beaucaire de lever la faifie , comme étant faite dans un lien &
fur un Fleuve dans lequel le Roi de France n'avoir aucune Jurif-4
diction. Le Lieutenant voulut foutenir le contraire. Le Viguier
de la Cour Royale intervint pour le Roi RENÉ , & refpondit eidem,
port~ l~ ~~ocès-~er~al, quod Rhodanus ipfe efi di8i JereniJJ.pomini
.147~·.Afltgnauons de
payement données for les péa~
ges du Rhone.
1 474 ~
Aél:e de Juriîdic·
tionNo
'ur le Hhone.
2
·5
•
nofirz Szczlzœ Regzs, zta quod nullus habet exercere aliquos acrus, nifi
ipfe Dominus nojler Siciliœ Rex vel ejus Officiarii; & prœtereà prœcepit
ezdem Domino locum tenenti quatenus crucem appo.fitam fuperdiaam.
bar~am t?llat & amoveat, tanquàm minus debitè po.fitam; alias provideb:t de 1ure cum ad eundem non pertineat aaus aliquos ibi exercere~
Llll offrant d'ailleurs de lui rendre juftice, s'il a quelque droit fur
la barque.
L e L'1eutenant de Beaucazre,
· apres
' avoir
,. mil
. ~fté iur
r.
r.
le Lieuren~ nt
ce que 1011
de Beaucair e ret"
.
•
1
Mij
�92
tit enfin à la main-·
connoît le~ <I~oits Maître avoit la JurifdiéHon fur le Rhone; confen
barque en figne
la
fur
mettre
fait
du Comte deFPro- levée, fit ôter la croix qu'il avoit
. r. ·.r..
p
.
Offi
a·
.
d
d
r..
.
r.
d
vence fur le leu- . e 1a111e , & eman a JU 1ce aux
c1ers rovençaux qm ialllrent
,f1
.ve.
1la barque & la mirent en fequeftre.: il eft vrai qu'il fit toute pro:_
teftation contre les prétentions de ces 0 fficiers , mais il n'en fut
-~
pas moins au fond ooligé de reconnoîfre le droit de leur Prince fur
.~
le Fleuv e, & de céder à l'évidence de la vérité. ·
1:47~;
Les Proven çaux contin uerent à jouir des Ifles du Rhone , l'année
Arles continue à
d'Arles fo charge en recett!e pour 1474 &
j ouir des Illes du fuivante le Tréfor ier
Rh one.
147 s , des revenus de l'IDe de Bertranon.
No. s3·
La piété de René nous fournit un autre aB:e de fa propriét~ fur ce·
Fleuve. Nous rapportons une délibération du Chapi tre général des
Celeflins convo qué à Paris, en date du 2 May 14'.77, par laquel le
le Chapi tre accepte une donation faite à' leur Maifon ·d'Avignon
par le Comte de Provence de fon grand péage de Tarafcon, dont
ces Peres joui!fent encore aujourd'hui.
r-tto;<
Le péage de T aL a mort de René arrivée cette anné~ occafionna un renouvellera(con donné aux
du trait~ du fel en I 48 1 , entre Louis XI. & Charles d'Anjou
Celefiins d' Avi- ment
qui avoit fuccédé à fon oncle au Royau me de Provence.
inon.
No. .5' 4.
Quel traité le Comte de Provence auroit-il eu à faire avec le-Roi,
de France, {i l'un n'avait eu aucun droit fur le Rhone, & fi l'autre
1480.
.Mort de René. en eC1t eu la propri été entiere ? On fe rappel le celui qui fut fait en.
fe tiroit contreNo. 5 S.
1302 , & qui av oit été fi fouven t repouv ellé. Le fel
mont de la riviere du Rhone. Les falins étaien t vers la mer: dès que·
le R oi de France & le Marquis de Saluce ont befoin de traiter avec
le Comte de Pr.ovence pour le pa!fage de leurs fels, peut-i l être
équivo que que ces Comtes eu!fent la propri été de ce f-1~leuve, ail'
moins depuis la mer jufqu'à la Durance , où comm ençait la fouveraineté de France fur cette riviere de l'un à l'autre bord?
fe perpét uent jufqu'à l'inf-.
Les droits de la Provence fur le Rhone
'4 8,;:d 1
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nr es poue e es
. L es comptes d u T rérevenus des Isles tant que cette rovmc e e r ume a a ,,rance
s des If1es de
/ forier d'Arles porten t, en 14 8 1 , en recette les revenu
·!liu Rhone.
N°. J. 6• Pauprefat, Lob ares, Bollugo, Peloux -, Grimault, &c.
iA
Ainfi tous les titres que nous rappor tons· conco urent avec les
n1onumens de l'Hifto ire, pour prouve r qu'à cette époqu e remar,quable le Rhone faifoit encore , comm e dans les tems le? plus re·c ulés , partie de la Provence, & non du Langu edoc. Que l'on fe
rappel le le moment où /Yitiges donna la Proven ce aux François,
l'on verra que le Rhone faifoit partie de cette Provin ce, & qu'elle
po!fédoit même des terreins fur les deux bords du Fleuve . Le Lan-
�P!".
9'1'
.
-e-_
l"
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gueloc· éfo:ns ·ce ~binent etoit Province ffran~ere, Ol ~n~?re ~t~'.
deux fiécles apres. Il a donc été un tems. ou la France a pof!"edé
le Rhone fans avoir le Languedoc, & uniquement- pàrce qu elle·
po!fédoit la Provence : & cet efpac~- de tems a·été de deu~ cens ahs·~ .
En defcendant aux tems pofténeurs , nous voyons l~ France·
· perdre la J!rov~nce ,. & en mêrne tems le Rhone; Bofon, fu1van~ les:
propres H1ftonens du Lang~edoc, fut recon~u fur, les deux nves
de ce Fleuv€. Son fils . Louis l:' Aveugle cbntmua d y ~egner: leurs.t
Succe!feurs· ont fans interruption polfedé la· partie du Rho11e· qui'
s'étend le long de la Provence; Il eft donc évident que le fort de ce
Fleuve a toujours fuivi c~lui· de la Prov~nce, & que les Princes'
qui' ont regné fur cette Province ont toujputs également regné fur'
Je Rhone. Refte à examiner fr le Languedoc · p·e ut rapporter en fa:
faveur un titre légitime, qui, depuis la réunion de la Provence à la
France, lui ait tranfpor-té la propriété de cette riviere, & l'ait fai t:
perdre à fes anciens Poifelfeurs•.
E TA r · D U R · H O· N E ·,
Depuis la réunion de la Provence à la France'
jufques à· nos jours.1~S: r",
Charles Comte de Provence· mourut en 1+8 f ; · & là veille de fa'
1nort il inftitua, à la perfuafion de P alamede de Forbin, Louis XL Réu'1ion. ~e·· Iif'
a, . la
.' a:,· l a C ou- Provence
.c.
~ ft · r.
' · · : ce
h enper
r..
C ou.ronne~
r é-ume
am11 que l"a p rovence 1ut
pour 10ff
Donne , après en avoir été féparée depuis la fin de la feconde race.~
L'Edit de réunion ne fut cepe-ndant donné par Charle'S V 1 I [.',
qu'au mois d'OB:obre 1-1 86, & il comrrend la.Provmce 'a vec touteS'
fes dépendcrnces·.
L'inftitution de Louis X 1. ne fùt faite qu'à condition que foi &'
fes Suc~e!feurs confer:veroien.t à la Provence tous fes droits, privi::
.
leges, libertés, franch1fes, 101x, ufages·, &c~
Le Roi nomma Palamede de ·Forbin Commiffaire & fon Lieutenant' C<?fl_firma~i'on _des~
pn v1leges de· ~' . l r.
·1·
.
r.1.
.
Gé néra 1 en Provence1
1 reçut·a Azx· e 1erment des' Pro.vence; .
en conicquence
Trois ~tats, & confirma leurs privileges en_vertu du pouvoir qù'ifi
en avo1t reçu par des Lettres Patentes du 19 Décembre 1 4 8 1 ~
.(Reg. coco;z.afo~~ 73. Archi~. des Comptes)_; ·de-là il fe rendit à'.~
.
·
Arles, ou il ét01t le 29 Janvier 1482~ .
Ce, jour - là mê.me on lui préfenta une fongue reqtiêté, dont' Pêr~'fij;~n ·Hii ·
la pl~part des .articles. fore.nt accordés (Reg. coronafol. 99 ): par· Vj1.1e · d'Arl es Je
le tro1fiéme de.· ces. articles. la V i~le d'Ar-leS< ~btintla confirma~ron. ~:i{&:::.~our.fœ
�.
94
de la permiffion que lui avoit donnée le Roi René de bâtir la Tour
du Gras, à 1'entrée & fur le bord du Rhone, pour la défenfe de fon
terroir, & d'en nommer annuellement le Capitaine & la Garnifon:
cette conc:eilion eft certainement la preuve la plus évidente que l'on
puiife trouver de la propriété & fouv:eraineté du Rhone en faveur
des Souverains de Provence; l'on ne peut pas dire que la Province
de Languedoc s'oppofa à cet établiifement, & qu'il n'eut pas lieu,
puifqu'il a duré jufqu'en 1734 que la Tour tomba de vétufté; &
.comme elle ne pouvoit plus remplir l'objet pour lequel elle avoit
été conftruite, le cours duRhone ayant changé depuis quelque tems,
la Ville d'Arles ne voulut point fe charger de la relever : tant que
cet édifice a fubfifté, cetteVille nommait annuellement leCapitaine,
qui devoit être Membre au Confeil, &Ex-Conful, & choifi alterna·
tivement dans le Corps de la N obleife & dans celui de laBourgeoi·
fie. Ce Capitaine av oit des émolumens aifez confidérables: on lev oit
un droit pour lui fur tous les bâtimè11s qui paifoient devant la Tour.
.
La même Ville obtint par un autre article que les crémens ou
Elle o~uent que
. d
.
... l'
•
r. J::
d Rfzone qui. ie
.
1('s cremens du Il
iormer01ent a avenir appartien roient
Rhone appartien- a uv10ns u
clr_ont aux Rive· aux Propriétaires riverains, fauf les Hles nées ou à naître dans ce
Fleuve, qui devoient toujours appartenir, comme par le paifé, à la
raJnNo
7
• 5 • Communauté~ Ces privileges furent confirmés par Louis XI. &l'ont
été par tous fes Succeifeurs, à leur avenement au Trône.
4
Tous les tîtres de propriét~ & de poifeffi01i que nous venons
ArrJr %t~Parle~
menç de Toulou- d' analifer' pour prouver les droits de la Provence fur le lit entier
du Rhone & fur fes Iiles & crémens, n'ernpêcherent point le Lanf~. ·
guedoc de troubler les Habitans de /3arbantane dans la poifeffion
des Iiles du Mouton. Cette entreprife occafionna un conflit entre le
Parlement de Touloufe & la Cour des Aydes d'Aix. Pendant le
conflit le Parlement rendit le 8 Mars 149 3 un Arrêt, par lequel il
adjugea ces Hles à des Habitans du Languedoc au détriment de
ceux de Provence. Cet Arrêt fut caifé par d'autres Arrêts contraires
de la part de la Chambre des Comptes de Provencé ; mais comme
nous ne rapportons point ces derniers, le Languedoc fe croit auto·
rifé à abufer de celui de Tollloufe, pour s'en faire un titre contre
la Provence. C'eft même la prcrniere fource de l'erreur où cette
Province_ a fait donner & les ·Géographes & les Jurifconfultes qui
ont écrit fur cette matiere : Il eft donc effentiel de montrer combien étoit infidéle le guide que tous ces Auteurs ont fuivi. Voici
comme on en parle dans unArrêt du Grand Confeil (a) rendu, le 1 3
Avril 1 ) 87, pour la Communauté deBarbantane. CesHabitansdifoient:
(a) Cet Arrêt efi produit fous le num. 6 6.
�9)'
-
Touloufe de f49 3 ne peut rien fervir à la Deman:; Réfutation d~ c~t
.r. • & Arret par celm c1n
A "
'é .
.
>> dereffe; prem1erement, parce que c toit un. rret prov11~1re. Grand _ Con fr il
» non définitif, & conféquemment ne louvo1t porter préJud1ce pour Barbantane.
>> aufdits Habitans; d'ailleurs c'étoit un rrêt donné par notre Cour Fol. verf. llJ~
» de Parlement de Touloufe fans ouir les Habitans de Provence ,
» Arrêt donné par des Juges qui étoient Parties en la caufe : il Y.
>> avoit contention entre les Pays de Languedoc.~ de Provence·..
>>Notre Parlement de Touloufe n'avoit garde de Juger autrement
)) qu'au profit de ceux de Languedoc; comme aufli les Officiers
)) de Provence jugerent pour ceux de Provence, & par ce moy.en
)) faifoient plufieurs procédures les uns contre les autres. Cette
)) contention des Officiers de Provence & de Languedoc fut caufo
» que le Roi Louis XII. de fon propre mouvement expédia Lettres:
)) Patentes en l'année I )OO pour obvier aufdits différends, & fans:
')avoir égard aux Arrêts & Jugemens donnés de part & d'autre, il
;n renvoya à notredit Grand-Confeil la -connoiffance defdits procès·
>> & différends; c' efl: pourquoi notredit Confeil ne doit avoir égard
)) audit Arrêt.
Ce ne. furent pas les· Habitans de Barbantane feuls qui firent la Fol: 30•118'!'.f..
critique de cet Arrêt, le Minifl:ere public en parle en ces termes
dans fes conclufions: »Quant à !'Arrêt de 1493, par lequel le Par» lement de Toulonfe défaifit les Habitans de Barbantane de cette ·
)) H1e (du Mouton) & caffe tous les Arrêts de la Chamhre des:
»Comptes de Provence; l'animofité fe découvre par trop par la.
)) feule leélure de l'Arrêt, lequel, quoigu'iL foit donné par une:
)) Cour de Parlement , quœ utitur jure fcripto , efl: formellement:
» donné contre le Droit écrit, & nommément contre le . canon 1 1:
)> du Concile . . . . . où il eft dit, que pendant le procès celui
)) des Parties qui a les bornes & les limites habet jus retentionis , &
)) que l'Arrêt de notredit Parlement de Touloufe a défaifi aux:
>) pauvres Habi~ans animeufemént, combien -qu'ils euffent la borne~
•> qu~ efl: la riviere du Rhone pour eux, laquelle clairement leur;
'> adJuge la propriété, & déclare au!Ii les Juges de Languedoa. in-·
>>~ompétens ~ans ~~ f~it. !l falloit donc demeurer réfolue la que?
» tion de la propriété & 1urifdiélion pàr le Rhone, qui en- eft le
·
·
)) vrai & naturel Juger
En conféquence de ces principes , tant fur ~a forme que fùr f~
fond , le Gra:nd-Confeil regarda 1'Arrêt de 149 3 , comme un Arrêc
de conflit, incapable_de rien jugeI valablement·, & adjugea à· lal
Communauté d~ Barbanta11e (comme nous le verrons· quarrd: rrous;
ferons parvenus a la date de cet Arrêt du. Gr.and:Confr.il ), les:mêm:esi
» L' Arrêt de
_
�9~
To.uloufe avoit prétendu dé..
!{les du Mouton, don t le Parlement de
fon Arr êt de 149 3.
:pofféder les Habitans de Barbantane par
Confeil & du PlaiIl réfulte en outre de cet Arr êt du Grandlors de l'Ar:rêt <le 149 3 les Habi~
~doyer du M.iniftere pub lic, -q ue
des IDes çon ten tieu fes, &
.tans de .Earbantane étoient en poifefiion
pétemment ren du, il l'ét oit
que non-feulem.ent !'A rrêt éto it incom
pendant le lit~ge v.eulent
en,core con tre tou t droit & juft ice , qui
·
-que,le Pofieifeur foit maintenu.
s la fuite une
dan
) eut
Le même Tri bun al (le Grand-Confeil
'l:tpat'celui_pour
dans l'affaire du fieur Saxi
:Sa~,
aut.re occafion d'aprécier .ce même .Ar rêt
ent l'analife dans fon ordre
.en 160 9, don t nous donnerons égalem
guedoc oppofoient à ce Parchronologique. Des Habitans de Lan
lement de Touloufe, pou r
_ticu lier Provençal le même Arr êt -du Par
noient au Languedoc , &
pro uve r que Jes IDes du Rh one apparte
ment le fieur Saxi parloit
particulierement cell e de Sax-i. Vo ici com
·
,de !'A rrêt de 149 3 (a).
·
_
été révoqué
149 3 étoit par déf aut ; il avolt
)> L'A rrê t du 8 M;~ rs
,,~~~·ê~.7 • -verf. de
»en 150 0 • .
té de Par lem ent fur Par lereéf.
~.8
F~l.
. ->>Cet Arr ête fi une entreprife d'au tori
examiner les droits des Par ties ;
» me nt, & par tan t qu'i l fallait
Officiers de Provence avoient
» fans s'arrêter aud it Arr êt ... . Si les
li l'ex écu tion dudit Arr êt,
/)) fans litigieu)Ç pou voi r, caifé & abo
are r; mais comme recon~
»>ceux: du Languedoc l'auroient fait rép
entreprife d'.a uto rité , ils ont ac~
.» no~ifant que led it Arr êt éto it une
n qui eri a été faite par ceux
,» qui efcé .la dém olit ion & caifatio
.l> de Pro ven ce.. <c
!'A rrêt de 149 3 avoit
L'o n :tenoit .dQIJ..C pou r conftant alors que par des Arrêts con·
le conflit
,été .révoqµé non-feulement pendant
s encore. par les Let tres ·
mai
ix,
traires de .la Co ur .de.s Aydes d'A
ations au Gra nd Con feil :
Pat ent es qui avoient r~nvoyé les conteft
nier Tri bun al n'y eut auçun
.ce fut .auffi par çes i:aifons que ce der
fieur de Sax i, ce qu'il n'au,
.é gar d, &Â- djugea l'Hle contentieufe au
t pas reg ard éJ'A rrêt de 149 J
.roit cert~ine meùt . p~s pû fai,re, _s'il n'eû
·
~omme non avenu,.
été rév oqu é, & éto it de..
Il eft fi vrai que l'Ar:rêt de ·I 49 3 avo'it
Septembre 149 ), deux ans
rneuré fans exé cut ion , que_le premier
es Hab itan s de Barbantane
,après qu' il ~ut été ren du, les wêm
dzt Mouton, prirent à nou. .
.qu'il avoit vou lu dépouiller des IDes
de la Chambre des Comptes
veau bail ces mêmes IDes, de l'au tori té
Lettres-Pa,tentes de 1 57) .
.d'A ix; c' eft ce que nous allons ;yoir par .des
le num. 6 7.
~ !!>) L' Arrêt de Sfl.xi efi prpduit fou~
'Tel
�97
.
Tel eft cependant le premier titre que le Languedoc cite pour
'é tablir fes droits fur le lit entier du Rhone & fur fes dépendances.
Un Arrêt de conflit, un Arrêt incompétemment rendu, un Arrêt
injufte , non exécuté, enfin un Arrêt révoqué par le Confeil , par la:
Cour des Aydes d'Aix, regardé comme nul par deux Arrêts pofté..
rieurs du GrandConfeil & par leConfeil d'Etat:Voilà la fource d'un
droit que l'on veut faire regarder comme légitime & même facré:
On ne s'eft pas contenté d'abufer de cet Arrêt pour faire illufion
aux Géographes & aux Doéteurs : On s'en eft fervi pour induire
le Confeil même du Roi en erreur ; car nous allons voir dans la
fuite que le Languedoc s' eft fait renvoyer la conr:oiffance de conteftations concernant 1es !Des du Rhone, pour les Juger conformément
à l'Arrêt du 8 Mars 149 3. C'eft à l'aide de toutes ces furprifes que
1eLanguedoc les a quelquefois fait décider d'une façon contraire aux
droits de la Provence. Mais il n' eft point de prefcription contre la
.v érité,& le moment eft venu où elle doit rentrer dans tous fes droits~
.
Les Officiers du Languedoc crurent que la réunion cfe la Pro- Nou~:ri!~ntre...
vence à la France étoit une circonftance favorable à leurs entrè- prife du Langue-
, & que le même Prince regnant fur les deux Provinces , doc,rep~uffée
· mt
· érem:; a en con1erver 1es 1.1tonrifes1eroit
moms attenti·r & moms
r.
•
•
1r1 '
r.
par
les
Officiers
de
la
Provence.
-
mites. Ils cornmencerent en 1498 par mettre des panonceaux aux No. )8 )!) ·
armes du Roi, comme Comte de Touloufe, dans les !Des du Fleuvew &
'
'
60
Les Officiers de ce Pays adrefferent à ceux de Tarafcon une
•
Commiffion par laquelle ils leur enjoignirent de faire planter dans
ces Ifles des panonceaux aux armes du Roi , comme Comte de
P_ro~ence' en ftgn~ de rau~egarde. & pour le rnaint~en de leur J.urif~
d1éhon , & de faire faire a ce fuJet les proclamations néceffaires :
ce qui fut exécuté, fuivant un procès-verbal autentique du 8 Fé..
vrier de la même année.
Mais quelques jours · après les Officiers du Languedoc renouvel..
lerent à main armée leurs efforts , & firent mettre les armes du
Roi, corn.me Comte de Touloufe, non-feulement dans les Ifles
dont on vient de parler , mais encore dans celles fituées au terroir de Boulbon. La Cour des Comptes ordonna au Viguier de
1 ar~J:on d'aller ôter avec refpeél: les armes du Roi pofées par les.
Officiers de Languedoc, de les dépofer en quelque lieu conve..
nable, & d'y fubftituer d'autres panonce.aux aux armes de P4,"f. ·
·'JJrnce. Le. Commiil'aire de la Cour s'y tranfporta , fit faire les
tro~Ia:nauo,ns & défenfes néceffaires, & fit faifü la Baftide qu~
Hop1taJ d l/ramom pofi'édoit dan~ le terroir de Boulbon, pai:c.s
N
.
�.98
nt adrefîés aux Officiers de Lan::.
oie
s'ét
rs
ateu
iftr
r.iue les · Admin
e don t ils fe plaignaient~
guedoc à I' occafion dè que lqu e tro ubl été tro uvé paiffant dans
ayant
Le bét ail des Ifabitar:s d'Aramont
faifir, & n'en donna mainles mêmes Ifle s, il les fit également
vence l'affurerent qu'ils avoient
lev ée que fur ce que les Gens de Pro
d'y mener paître leurs beftiaux.
don né permiffion à ceu x'd'Aramont
Provençaux attentifs à ne pas6 néJ'
Ces tentatives rendirent les
1~,,6.
· ts: L es H ab"1tans d'A rzes prérienterent req uet e a
duà g1·!ge r 1eurs dro1
ation
firm
Con
droi t de éche
la bataille de Pavie, & lui
François I. à fon reto ur d'Efpagne après it exc lufif de pêc her dans
ArJ "s . P
dro
rem ont rere nt qu' eux feuls avoi ent le
N°. 61.
r Vil le, & que qui que ce
le Rhone tou t le lon g du territoire de leu fans léu r permiffion : que
ulté
foit ne pou voi r ufer de la même fac
ils s'ét oie nt donnés à la Pro-.
c'é toi t même à cet te con diti on qu'
les traités de 12 5 1 & I 3 8) ~
2Jence: nous en avons vu la preuve dans des Let tres Patentes confir~
26
Le Ro i leu r accorda le 1 5 Av ril 15
r
lufive. ·. .
matives de leù r -dro it de pêc he -exc
paffé ent re ces Ha bita ns &
Le 4 Av ril de 1:année fuivante il fut
N°. 62.
fujet du même droit.
ceu x de Tarafco°lz une tranfaétion au
te des Do ma ine s du
T ~ 4 >•
années fuivantes l'on pro céd a à la ven
Les
miffaires du Ro i
y eme du port
1 9 Ma rs 1 54 3 , les Com
le
&
ce,
ven
Pro
en
i
Ro
!.
de Co•110H"
Confolde que fo Ro i tien t fur
ven irent Arn aul Ga.ftinel le Por t de
No. 63.
e de Cam.argue, de même
la petite Braffiere du Rhone en-delà l'Ifl ce Por t , & le dio it de· là
de
que les droits du Ro i fur le paffage
l!.. mer; le tou t à faculté de
de
e
am
re-D
ven te de fel du lieu de Not
t eu lieu , ·&!. le Rec eve ur du
rac hat per pét uel . Ce rac hat a en èffe
rmé & affern1e enc ore au jour.:.
D omaine de Provence a toujours affe
.
•
d'h ui l.e Por t de Confolde.
ccafionnerent une
s1o
ine
s fur les Do ma
c 1 5:,f,· d . · Les mêmes recherche
ur de Boulbon
nmiifaires firent faire fur le Sei gne
re.
J!lesoi;e c~é~1 C~; faifie que les Cor
t il s' éto it emparé le lon g de fa Ter
don
ns
me
cré
&
s
Iile
des
.
lbon
cle Bou
CommHfaires, qui au lieu de
Il y eut tranfaél:ion ent re lui & les
N° . 64.
uni ren t à la Seigneurie de Boulréunir ces objets au Do ma ine , les
n5!ur paya , & à la charge
'bon, mo yen nan t 3oo écus d'o r que le Seig
du fervice militaire. ·
fans dou te de pareils ordres
Les OffiCiers du Languedoc reÇurent
'157 ).
Do ma ine s du Ro i , &
Lett res Patentes que ceu x de Proven~e· fur la rec her che des
elle r leu rs tentatives , pour
pou r Barbancane,
ils faifirent cet te occafion de ren ouv
No. ~5· empiéter fur la Jurifdi&ion Pro ven çal e: ce fut du côt é de Barban~
fin de 1s7 5. Les Habitans
tane quê leurs efforts ·po rter ent vers la ir , de~ Let tres -Pa ten tes ,
ant
àe ce can ton obtinrent , pou r fe -gar
me nce nt par r<l;ppeller le
com
es
don t l'analyfe· eft importa~te~- -Ell
�.
99
traité de paix fait en 1 I 2) (a) ~ntre Alphonfe ~ointe de Touloufe;,
& Raimond Comte de Barcelone , par lequel, difeut les Lettres ,
ledit Pays de Provence fut limité & borné, afin que chacun defdit~
Princes pt1t fçavoir ce qui était de fon obéifiance, ledit Comte de Pro'J!ence fit baux perpétuels de plujieurs portions de.fan Domaine , m~me
des ljles de la riviere du Rhone. Les Lettres aJoutent que ces Hle~
·é taient du côté de la._Provence; mais nous avons vu nos Comtes
étendre leur fouverair1eté fur le lit entier du Fleuve , & même fur
le bord occidental ; ainfi cette reftriétion ne peut partir que d'ün
.
défaut d' exaairnde.
L'on voit par l'expofé des mêmes L .ettres qu'il avoit été fait d'anciens baux aux Habitans de Barbantane dês If1es appellées du Mouton & de la Peyre fü:uées dans le Rhone, à titre de cens & rente l~
deniers d'entrée; que l'un de ces baux eft daté du premier Sep~em
bre 149) ; que tous av oient été confirmés par les Souverains &
enrégiftrés oü ils devoient l'être; que c' étoit en vertu de ces titres
que les Habitans avoient toujours joui de ces Iiles, & qu'ils y
avoient été confervés & mqintenus en vertu d' Arrdts & Jugemens con,
tradiétoires.
.
Ils en ont payé, continuent les Lettres , en la recette générale
» de nos Finances dudit Provence, les cenfives & devoirs annuels , &
· » de vingt en vingt ans les droits de lods & ventes, & depuis lefdites
» !Des ont été amorties auxdits Habitans par les Commiifair~s par
,) nous députés audit pays, moyennant finance qu'ils @nt payée.
>) Toutefois notre Procureur en la SénéchauITée de Beaucaire à
)) Nifmes, reifort de notre Cour du Parlement de Touloufe, les a fait
>>convenir pardevant Me. ]~an de Montrain Juge-mage & Lieure~
» nant d'icelle Sénéchauffée, député pour la recherche des !Des
»' du Rhone, pour exhiber &·repréfenter l~s titres & baux par eux
>>prétendus defdites Hles , combien qu'elles ne Joient comprifes au
>> pouvoir & commiffion dudit de .Montrain : néânmoins, il a ·ordonné
)) que ladite Hle ?u Mouton feroit ar.pentée & mefurée,, poi:r ce fait
» en être pqr lm ordonné : entendant & voulant apres ledit arpen» ~age en faire bail, & dépofféder les Habitans qui den~andoient à
·
·
» etre confirmés. cc Le Roi fur le vû de leurs titres , leur accorde !eut demande faux conditions portées dans les Lettres, & d'en payer les rede
vances » en ladite recette genérale de nos Finances dudit Pays de PPO~
· »
vence , ainfi qu'ils ont accoutumé, fans .qu'ils foient tenus exhiber ni
>> repréfenter leutfdits titres audit de Montrain, ou .autres CommijJaires,
»
( R.) C'efr par erreur qu'on le d<lte dans les lettre• de 1oz.~,
·
· Nij
�~
15 87.
Arrêt du Grand Confe il en faveur
de la Comu nauté
<le Barban tane au
'fujet des Il1es du
Mouro n.
N°. oo.
'1ag:j 8de 1'Ar.rét.
106 ·
es Ijles
)>ni ~tre troublés ne emp!~hés en la poffeffion & jouiffance defdit r, ou
de Montrain , notre Proc ureu
)> & leurs dépendances par ledit
n' m!oir en·
» àutres auxquels nous avons impofé filence , déclarant
& où elles y .
» tendu comprendre lefdites Ijles efdites commij]ions ;
& réfervées ; &.,
>> feroient comprifes , les en avons exemptées
tes !Des
)) néanmoins ou de l'Ordonnance dudit de Montrain lefdi
-levée a'uxdits
» auroient été faifies en .avons fait & faifons main
des Comptes:
Cour
» Habitans. « Et à cet effet il eft ordonné à la
fition ou
de Provence de les en .faire jouir , nonobftant toute oppo
e audit ,
appellation , dont nous avons interdit & défendu la connoiffanc
de Montrain & à tous autres.
Bar~
Ces Lettr es ne refterent point fans effet ; les Habitans de
nt
étaie
elles
bantane préfenterent leur requête au Trib unal auquel
ête comadreifées , & en·demanderent l'homologation : cette requ
pour
eux
à
it
joign
muniquée au Procureur Géné ral, ce Magifrrat fe
e par lefd ..
les faire enrégifl:rer: attendu, dit-il , que la Diclaration porté
ns à. la
.Lettres, ejl pour plus ample juflification des droits appartena
rons •.
reque
la
Comté de Prov~nce, nous n'empêchons la vérifie.arion, ains
don·
Les entreprifes des Officiers de Languedoc für la Provence
ue tems:.
nereHt enfin lieu à un Arrê t qui les réprima pour quelq
entre les ·
Cet Arrê t fut occafionné par la contefration qui s'éleva
ne peut conI::fabitans de Barbantane & le nommé Borrit. L'onaux
évenemensnoître l'importance de ce préju gé, fans remonter
des années antérieures.
tés.
Le Maré chàl de Saint André avoit fçu par fes grandes quali
d.Jecon
y
Henr
de
& par des fervices fignalés mériter la. confiance
·
fut
il
,
Roi de France. Auffi bon Négociateur que brave Capi taine
paix du
un de ceux qui travaillerent le plus efficacement à la
cette .
que
Cateau Cambre.fis. Il ne prévoyoit gueres que les plaifirs
& à fon
paix alloit occafionner- feroient fi funeftes à fo.lil Bienfaiteur
Roi (a).
, étoit.
L'un e des graces que le Maréchal avoit obtenues du Roi
r ceux
fi'éde
dépo
la conceffion des Hles du Rhone_avec faculté. d'en
Granci
qui en jouiifoient : faculté que le Proc ureu r Général du
lamenÇonfeil appelle dans fon réquifitoire, très-étrange Ô' très~able , à la ruine d'une infinité de pauvres gens.
uté.
L'héritiere de Borrit Partie au Procès · ~ontre la Communa
ent, & les mariag es qui
(a) Il y eut un tourno is à Paris pour célébr er cer évenem
bfo.lfé à mort par le Comtefut
y
II.
Henry
m
accide
quel
pa-r
fçait
On
nt le fuivre.
&voie
J.e Mongcmnwy_.
�·101
'de Barbantane , prétendoi't qu'il avoit été donné une comm!ffion ti
h requête du Procureur Général du Parlement de Touloufe le 26
Février 1 ))6, qui évoquait tous les Proèès & . différends concer•
, nant les Hles du Rhone. L'on ne peut pas douter qùe cette commifiion n' eùt été furprife fur le faux expofé que les Ifles & le
c. ·
1e vu·
" d_e l'A tre:,
" i·1
Flellve dépendaient.du L ang~e doc : car imvanr
effe dit qu'elle porto1t pouv01r de JUg~r ces conteftat10ns, Juivant
l' Arrêt de 149 3 , dont nous avons déJà démontré le faux.
Fôl. 13 G-·t41.
Dès Ja même année 1)) 6 cette Commiffion avoit été révoquée
par des Lettres-~atentes que les Syndics de Proven~e avoient obtenues : Les Hab1tans de Barbantane & autres avo1ent appellé des
procédures faites en conféquence de cette Commiffion, au Confeif
privé, qui le 29 Janvier 1) )9 renvoya ces appels au Grand Confeil : L'Arrêt eft vifé dans celui que nous examinons.
fol. 4 t..v
Malgré ce renvoi & cette évocation , les Magiftra:ts du Lan-·
guedoc voulurent procéder en vertu de la Commi.flion révoquée ,,
& envoyerent le fieùr de Paulo Préfident, comme Comrniffaire .,.·
· fur les lieux. Ce Magiftrat fit faifir les IDes du Mouton, & les ad-jugea en 1 )78 au fieur Borrit. Ce qu'il eft effentiel de remarquer,,
c'efi que cette faifie ni cette adjudication faites au mépris des Lertres-Patentes & d'Arrêt du Confeil ne dépofféd'erent pofot ltfs Ha-bitans, ils continuerent de jouir~
Ce ne fut qu'en 1 )82 que Borrit s'avifa de fes- afiigner·e1r éom-plainte, comme s'il eût été en poffeilion; mais à la veiUe de l'Ar-- ·
rêt, fon hêritiere reconnoiffant que fa demande étoit nulle , de-' FoZ:.i 9 ;ielt~1*it..
manda· par une Requête expreffe que fan aaion en complaintefti.t:
convertie en affion pétitoire.
L'affignation que Borrit avoit donné"e amr Habfra:rts , étofr
comparaître devant le Juge de Beaucaire~ Ces-Habitans n'y paru_..
r:nt qu: pour den;ancf~r leur renvoL .Nous trouvons · parmi les.
p1éces v1fées dans 1 Arret que nous analyfons, des Lettres Pàtentes F.Ol~4;t r;rf;dit;...
données par Louis XII..du 4 Juillet 1 roo,. qui attribuent au Grandi
Confeil la con:noiffance des différends nés· entre les Procureurs'
Généraux de- Pro11ence & de Touloufe , à raifon des !Des du Rhone ,.:
& un Arrêt du Cànfeil privé du 22 Janvier · r) r:~r, contenant un
autre renvoi au même Tribunal, Rour raifon des mêmes.Iiles & :·
autres fond's de·la même Riviere~
· ·
Les· Habitans de Barbantane· demand'erenr do11c · feu r rertvoi' au:
Grand:Confeil; ils en furent déboutés par le Juge de Béaucaire; fur:
1eur appel , comme de Juge incompétent, ils fè rendfrent plus.de juf-~
tice ~ & l'affaire fut retenue au Grand·Co-nfeit , du confentemenr-dest
Parties.
x
�I O.i
,
, Les Syndics de la Provence y furent reçus Parties intervenan1'.es 1
& demander~nt la nullité & caffation de toute ~a procédu re faite
par le Commifi'aire du Languedoc.
Le Procureu r Général lui.--même du Grand Confeil y fut.affigné
par Barrit, pour être condamné au_ nom du R,oi à_lui garantir
l'adjudication qui lui avoir été faite par le C_ommilfaire de To4·
k*
.
Loin que l'héritiere deBorrit foutînt dans f~s défenfes que leRhom
& fes H1es filfent partie du Languedoc, elle avouait au contraire que
les Habitans avoient raifon de dire qu'elles étaient; de Provence,
& qu'elles leur avoient été inféodées par les Juges du même Pays.
Fol. 7 & fuiv. >> Lorfque ces If1es furent délivrées '- dit-elle,. & baillées à emphi..,
»téofe par les Maîtres rationaux de Provenc~ , depuis l'union dudit
}) Comté à la Couronn e de France, elles étoient du Domain e du
Comte de
::>> Roi & lui apparten oient , aut jure regio , ou comme
les If1es
que
foutenir
à
Provence. « Sa prétention fe réduifoit
a voient été données alors à vil prix, & que le Roi pouvait toU:·
jours en faire une nouvelle conceffion plus avantageufe.
Les Habitans produifoient l'inféo?ation qui leur avoir été faite
d.es Ifles contentièufes par la Chambre des Comptes en 149) ; les
baux qui leur en avaient é_té faits par la même Ch.ambre le 12
Janvier I ) 31 & premier Novemb re 1 ) ) 1 ; les Lettres-Pateates
confirmatives de ces baux du 2 I Janvier I )3 2 ; l' enrégiflrenient ·
fait au Parlement & Chambre des Comptes des mêmes Lettïes le
1 o Mars 1) 3 3, & le 29 Janvier 1) 34 ; les Lettres-P atentes attribu~
tives de Jurifdîélîon des différends entre les Procureu rs Généraux
de Provence &·de ToulOufe pour les mêmes Ifles, du 4 Juillet 1 500;
l'Arrêt du Çonfeil contenant renvoi au même Tribuna l des contef.
rations pour ces Ifles & autres Ifles contigues du 22 Janvier 1) 59.
Tout ce .qui pêche contre l'exaél:itude dans la défenfe des Habitans , ·c' eft que comme ils ignoraie nt les droits de leur Province
Jur la totalité du lit du Rhone , ils bornoien t leur prétention à fou.
tenir que cette r1viere devoit au moins lui appartenir pour moitié.
Mais le Confeil ne peut ,prendre une idée .plus jufte de cette affaire
Fol. :i.a.
que dans le plaidoyer mêJ.Ue d~ Miniftere pubiic : il eft inféré dans
·
l'Arrêt.
, y eft-il dit , Jeurs anrépéter
t
» Si les Provenç aux voûloien
Requilitoire du
Procureur Géné- » ciennes hiftoires , ils pourraie nt maintenir que tout le Fleuve du
ral,
>) Rhone a été autrefois eu Provence, & qu'il eft tout à eux : car
> c' eft un grand argumen t, que celui eft Propriét aire du Fleuve qui
l1 .a droit de pâtir un Pqpt d'une rive~ l'autre. Du tems du 1.loi Tfiéo,.
)>
�-
ÎôJ
'(
,
.
»dore , les Provel1çaux a.voient un ~ont fur le Rhone ·a 'un bord à
>>l'autre, lequel ils défendirent fi vaillamment contre le Roi de
)) France, qu'il ne les .Pût jamais forcer. Pour récompenfe du>> quel aél:e ils obtinrent les beaux priviléges que le Roi Théodore
» leur donna, qui font répétés par Caffeodore ; & quand les Goths
» quitterent & céderent la Provence au Roi Clodous , laquelle
>> ceilion fut confirmée par Juftinian, comme écrit Procopius, en
>>remettant la Provence , ils remirent ledit Pont en la puiffance
>> des François.
\ >>Toutefois les Provençaux d'à-préfent fe contentent de partager
>>le Rhone par moitié avec le Pays de .f,,anguedoc que l'on ap.p ellç ·
»aujourd'hui le Royaume.
· '7>. Quant aux Ifles qui naiffent dans la· riviere, elles dépendent ,
>) comme dit Caffeus, des incertaines & inconftantes libéralités qu.e
» le Fleuve fait à celui des bords que bon lui femble; .car s'il amon:)) celle la ·terre & fait une Ifle près du bord de la Provence, il la
)) donne à la Provence ; mais au contraire, il la donne au Languedoc ;·
)) & s'il fait l'Ifle au milieu , il les partage & divife entre les deux:
.
>>Pays.
» Voilà pourquoi Feflus a dit que tout ce qui étoit par alluvion:
» ou circonluvion dans les rivîeres, comme font les Ifl:es, Junl
)) jura prœdiorum ; tellement que les Poffeffeurs de la terre plus
)) proche de l'Ifle la peuvent vendiquer jure Domihii , comme jus
>) prœdii, comme faifant l'Ifle une partie de leur poffeffion eodem:
)) jure; que les Ifles prochaines d'Italie funt para Italiœ; & d'au-·
')>tant que leS Ifles qui font dans la riviere, font de la même qua» l~té & droit q.u'eft la terre principale de laquelle elle dépend,
)) 1Ifle de Barbantane étant plus p~oche de la Provence, ej~tfdem:
» jur.is efl ; que la terre ferme doit être pour la proprieté & pour
.
:7) la J urifdiél:ion de la .Provence.
>)Quant à la Jurifdiél:ion, le Rhone qui a été le Juge de la pro-,
>) priété, le fera de la Jurifditl:ion. La queftion des limites' & terri:)) toire traîne quant & foi la guefüon de laJurifdiél:ion & de la con~
» pétencé, ou incompétence des Juges ; car fi la limite & teiri» toire de la Provence s'étend jufques au milieu .du Rhone , il .s'en- ~
»fuit que .les Juges de la Provence font Juges jufques-Ia, & que les:
)) Ifles qm font vers la Provence ne peuvent: être dè la J urifdiél:ion.
)) du Languedoc, tellement que l'adJudication qui a été faite aux.
» Habitans de Barbantane par la Chambre des Comptes de Pro» vence, quœ appel~atur a~ud eos_ ratio~ales, a été faite par Ju_er-~
» compétens & ratzone locz & ratwne rei; car étant dune chofè q:..ie:
�104
,, 1' on prétendait être des droits du Roi & Domaine , Joli rationales
'> en connoiffent ; davantage, quand il eJl queftion de via publica,
'>où Fleuve public, folus rationalis cognofcit. Tellement que la
» Cour de Parlement de Touloufe, outre ce qu'elle étoit interdite,
,> & par conféquent tous les Arrêts & procédures qu'elle a faits
:>> fo it nuls , &c. «
.
Les conclufions du Procureur Général éteient en conféquence
·de ces principes,.. à ce que les appellations & ce dont étoit ap·
pellé fuffent mis au néant : que les Habitans de Barbantane devoient
être maintenus définitivement en la poffeffion des IDes contentieu~
fes, & que toutes les procédures faites au préjudic_e de la Jurif.
diél:ion du Grand Confeil fuffent caffées & annullées.
Par l'A.rrêt qui intervint le 1 3 Avril i) 87, les Habiqms furent
maintenus dans la poifeffion des !Des , & il fut fait défenfes à la
Dame Borrit de les y troubler. Sur la demande en ca!fation des
procédures, les Parties furent mifes hors de Cour: fans .doute
parce que çe chef étoit fort indifférent aux Habitans qui gagnoienr
leu.r procès fur le fon~.
·
t 1fo9 ~
,Affaire de Saxi.
~~, 67 .•
Fui. ~s
verf. de
l'Arrer,'
·
'
Les droits de la Provence fur le Rhone fubirent une nouvelle
épreuve au commencement du dix-feptiéme fiécle , & furent égale·
ment confacrés. Les Officiers du Languedoc avoient fait en J ) 37
une inféodation de l'IDe de Trefeon , nommée alors Farragon. la
Ch. des Comptes d'Aix en fit une autre en I) 39 des mêmes Ifles
au sr. Saxi. Il y eut une conteftation très-vivé entre ces deux Inféo·
dataires. L 'affaire fut encore évoquée & renvoyée au Or:and-Confeil.
Pendant le Procès, Saxi pbtint la jouiifance des lieux conten·
tieux: c'eft l'Arrêt même qui nous l'apprend en ces termes·:
,, Pendant lefquelles pourfuites, nous ayant ledit Saxi derechef
>'> fait voir en notredit Confeil privé la fufdite inféodation à lui
>>.faite de ladite IDe de Trejbon , les Lettres-Patentes & procédures
)) fur ce faites, & remontré que ladite inféodaüon & accroiifement
)> f~ montoir en tout à 3 07 faunées 47 dextres , Nous , par nos
J) Lettr~s-Patentes du mois de Juin audit an 16 07 adre_[fantes à no,> tredi.te Chambre des Comptes de Provence , aurions ladite inféoda)> tion & .t out ce qui s'en eft enfuivi en conféquence d'icelle , con» fi~mé, ratifié & approuvé, pour en jouir par leditSa~i & fes Suc~ ceffeurs à Favenir, aux charges & conditi9ns porté~s, tant par
) > ladite inféod.a tion, Lettres-Patentes &
Arrêt. «
· ·
C omme les Parties prétendoient , . çhacune de leur côté, quy
Jes JJ}e;> · qu 'f{honç ~ le Fleuve mêm~ appartenoient à leur
··
Province,
�10)
P.rovince _, elles furent appointées :à Jaife preuve- re(peéî:i:ve ,de
Jeurs faits , tant JJar titr~s-· que. par temoîns. Chac:m exécuq
l'Arrêt de fan côté , & v01c1 les faits propofés par Saxi & adoptés
.
.
, .
.
. , _
par 1'Arrêt .défirïitif. .
. » Que du tems des Rois d Arles _, qui poffedoient la Provel}ce i
)) ils et.oient Sèigneurs du Rhone de :bord. à bord du côté du Lan)) gu~doc, enfemble des Villès & Villages g~i étoient_.fur le ho.rd.
)) de ladite riviere du Rhone _, & en cette qualité donno1ent confir>) mation des Abbayes de Condates & autres en Languedoc , avec
~ mandement aux J ~ges du La1+guedoc. d'exécuter leurs com-.
)) miflions.
>) Qu~ la Provence étant féparée de la Couronne de Franc.e i
» & poffédée par les Comtes , ils ont donné par ïnféodation les·
» HI es .cr.oiffantes.au Rhon~ , de,puis le .partage fait .e ntre Raimon4
)) Comte.de Bar.a.elone, lldefond Comte de Toziloufe & Saint Gilles;·
>)ils untjoui .de ce droit par .moitié avec les Comtes de To~loùfe,
,
·
)) felonla difpofüion du droit.
des
mémoire
1a
furpaife
qui
» Que de .tout tems & ancienneté
>> .hommes, Jes Ifles de Camargues , Lubieres près Tarafcon, Saint.
»Pierre de Mer_oargues & autres ont été .de la Provence, tant en
» Jurifdiél:ion pour.la Jufrice ordinaire, que par appel en la Cour
» de Parlement . de Provence, que par tout autre droit de fouvè» raineté ,.impo[ltion ·de deniers , ,péages ., tailles,.gr-aces, pardons,)) rérniflion, que tqutes autres .fubjedions, fans que jamais aucun
·
>)n'ait .re.connu le Juge du reffort de Tou1oufe.
)) Que :quand par quelque forte d' entreprife de J urrfdiél:ion ' les
)) Juges du Ro.i de France, foit à Beaucaire -& Nlfines, ou Cour
» de Parlement de Touloufe , ont effayé de :prendre autorité fur
~> lefdits lieux , -les Juges de Provence ont caffé ce qui a été fait
)>au pr.éj.udice de leur autorité , & fe feraient confervés en la
·
» poffeflion de.fait & de·droit de .jouir de toutes .les Ifles.
>)Que jamais l'Arrêt du huitiéme Mars 149 3, produit par le
Il> fieur .Berault, n'a été .exécuté rii fignifié aux Juges d~ Comté d~
'>) Prov.ence, & ·que nonobfl:ant !celui, les Ifles & les I-fabitans en
:>> icelles font demeurés ·en l'autorité , fubjeél:ion & jurifdiél:ion du
J) Comté de Pr..ovence & de fes Officiers.
-» Que tous ceux auxquels lefdits fieurs Comtes de Provence &:.
>> leurs Officiers ont donné par l'inféodation les Ifles croiffantes fur
)) le Rhone·, eft la plus proche de la Provence que de Languedoc , en
» ont joui fans contreverfe , & fi aucun leur ~ contreverfé , leur
·~ trouble a ceffé incontinent & conm1e non advenu.
0 -
.1
,.
�·I'o C
unie au Royaume, le R~r Louts:
. » Qu e depuis que la Provence ei_l:
0 fficiers de Languedoc:
s des
» on~iéme , pou r faire ceffer les jalouue ion de cel ui defdits--Ju ges
féodat
» & de Provence, a vou lu que l'in
le pou r le Ro i, fût confirmée•.
uti
s
plu
» qui ferait la premiere & la
rs dudit Co mt e,. de Provence font:
>J Qu e depuis lefdits Officie
s,
de donner par inféodation les Ifle
>> demeurés en leu r poffeilion
&
ce,
ven
Rhone du côt é de Pro
)) Iflons , & terres laiffées par le
ont joui paiiîblement..
>> ceux qu'ils ont pou rvu s,
Provence:eft uni à Ia Co uro nne de·
, · '' Qu e depuis ·que le Co mté de
ées en la JurifdiB:ion des Of »F ran ce, lefdites Ifles font demeur
el au Par lem ent.d'Aix.., foit po ur
» ficiers de Provence, & par app
·
·
» civ il ou criminel.
tou jou rs ré~
ont
ils·
,
des deniers
» Qu e pou r les impofüions
0 fficiers
les
de Pro,vence, fans que
>> pon du aux Maîtres rat ion aux
t
du qu'ils fuffent de leu r ref for t, foi
>>de J;.,angue4oc aye nt pré ten
anc es; don t il faut con clu re
»p ou r la Juf tic e, foit pou r les Fin s Hles , tan t au terroir de·
aux dite
» qu'ils n'o nt rien pré ten du
par Sax i, à· lui & à fe~ devanciers ,
ées
féd
?' Trejbon, que celles pof
de tou t tems été .du reffort de·
» baillées par inf éod atio n, & l'on t
r la JurifdiB:fon ordinaire que
»la Sénéchauffée d'.Llrles, foit pou
>> pou r les Finances.
s;
vence ont fafr les tut elie s des · mineur : .
>> Qu e les Officiers de Pro
inventaires des biens , con nu des
>> demeurans èfdites terres , les
ordinaires
& fait to~S· aél:es âe Jut ifd iai on
)> cri me s, & ice ux pu ni,
'
leurs Jug em ens , les caufes ont été
>> fur .ice ux ; & par appel de
un Jug e de
ent d'A ix, fans qu'o~ ait vu auc
l"l trai tée s au Par lem
ou auc un. Par ticu lier décliner la:
>> Languedoc y prendre dro it,
·
·
.
ce.
» JurifdiB:ion des Jug es de Proven
féodation fut faite à ·Antoine'
>»Qu'en 1'année 1 s39 , lorfque l'in
terre
éperons d'Arles, il n'y avoit aucune
'>> Petit d'un Iflon près-les
cous
plu
au
tre faumées de tér.re
» lâbo~rable ,_ains feulement qua
re, que tou t le con tin ent étoit
'}) vertes de fable , fans auc un arb
ble , que lef:dites quatre faumées·
»l' eau du Rhone .& riviere nav iga
abl es, & fe font augmentées par
» de terre ont été rendues lab our
r$, & tan t lui qu'eu:x;·on t pris .
)) la dépenfe de Petit & fes fucceffeu
de·
ation defdîts Officiers du Co mt é
» les accroiffe,mens en inféod
tu d'icelles inféodations depuis
~> Pro ven ce, & en ont joui en ver
.
terruption de fait. /
>)l'an 15'39 j~fqu'à préfent fans ii.1
.:
s ter res , ils nous on~ payé. la rede
» Qu e pour raifon d'icelle
vence, non en
ofitions en la rec ette générale de Pro
)> van ce & imp
g efpace dudit Languedoc.
" Languedoc ,_ étant éloignées de lon
�107
)) & proche de la Provence ; enforte que ladite terre e~ aujourd'hui
terre ferme , tenant au Comté _de Provence & terrou de Trejbon.
· >> Que nous avons confirmé le~dites. inféodations des. O~ciers
)) de Provence, & · voulu que ledit Petzt & les fiens en JOUiffent,
' )) comme ils ont fait, fans que les Officiers de Languedoc, foir,
~>de Jufrice ou Finances, y ayent prétendu aucun droit.
» De ce que deffus il faut conclure que, puifque les Officiers
» dtt Languedocn'ont exercé aucune Jurifdiéî:ion fur lefdites IDes
» du Rhone, & particuliérement fur les terres dont eft quefrion,
>>il faut auffi conclure que lédit sr. de Perault eft mal fondé dans fa
»demande, .& n'a aucun fondement, finon que lefdites Hles font
>> de Languedoc. «
Les Partî~s qui plaido.ient ,pou~ c~tte dernie~e Pr?vU:ce, po..:_
ferent des faits qui tendo1ent a détruire ceux-ci ; mais la preuve
qu'elles s'étoient foumifes de faire, ne répondit pas à leur attente~
car l' Arrêt définitif qui intervint le 3o Septembre i 6 09 fur toutes
les produecions & enquêtes refpèéî:ives des Parties , mit l'appel~
lation & ce dont étoit appel au néant; & en émendant, le Juge-.
ment a abfous le lieur Saxi des demandes·, fins & conclufions
des freurs du Fayn & Gleife, a maintenu & gardé. ledit S,axi' en la
poifeffion & jouiffance de ladite Hle, crément & lieux contentieux entre les Parties.
L'Arrêt met hors de Cour fur les lettres de Requête civile que
.Saxi av oit obtenu<"'s contre l'Arrêt du 8 Mars 149 3. Il étoit en effet
contre l'ordre judiciaire de fe pourvoir par cette voie con.t re un Arrêt où l.'o!1 n'avoir point été Partie, & qui av oit été rendu pour d'au~
tres obJets & entre des Parties différentes de celles qui plaidaient• .
L'on doit remarquer que par cet Arrêt les droits de la Proven.ce
fur le Rhone parurent fi bien établis, que l'on confirma une inféo ...
dation faite par la Chambre des Comptes d'Aix , quoique de deux:
ans pofrérieure à celle qui avoit été faite par les Officiers de Lan"".
~uedoc , & malgré l' Airêt du 8 Mars 149 3 contre lequel il fut
Jugé que Saxin'avoit pas befoin de fe pourvoir.
·
)>
Les Arrêts du Confeil ont également maintenu les droits de la
Provence fur le Rhone, lor.fique les titres des Pa ties ont eté remis
r
r
·
.
;r6B~: . .
.Arret qui mva~ n ~
tient
la
1
11e
ious ies yeux, Nous le voyons par celui rendu en 1687, en faveur d'Arles dans le•
<les Confuls d'_Arles,qui étoient troublés dans la poffeffion des IDes, rn:s & cr~mellJ.
·n
. & rou b"mes, ou dé nvauons
. .
d~ Rlzone, par duRhone.
1u.ots,
cr.·é me.n s, re1a1~
N''\ 68 ~
l_es Fenmers ôu Domame, & par des Conceffionnaires du Roi,
qui prétendoient étendre leurs droîts fur ces objets. La conteftation
0 ij
�r-08 '
roulo itfür beauc oup d'autres points indiffére11s à ceux·qui nous occupen t. Les Confuls d'Arles produifirent la plûpa rt des titres que
nous venons d'anal yfer' & après la nlus ample inftru aion' il intervint Arrêt le 24 OB:obre de la même. année ,. dont v.o ici les dif~
pofitions qui nous intéreifent.:
uliers.
· » A pareilleme.ot maint enu fa Commù11auté' & l'es Partic
)) qui ont acquis. cl' elle, e~ la propr iété, po.fieffion & joui.fiance des
.)) iiles, iflots , créme ns, relais de la mer & du Rhone depuis.ladite
>)Ville d'Arles jufqu'à fa mer, à. la charg e néanmoins de payer
>) au Doma ine par forme de redev ance, &c.
PartkulierS"
· >> A maint enu & gardé ladite Comm unaut é &·les
»qui po.fiedentdes roubines & dérivations .d'eau .du Rhone ou de la
» n1er, en la poifeffion & jouilf~nce d•icelles·, à la:charge de payer
)) à l'aven ir par chacu n an au Doma ine, en reconnoi.fiance de la
i> Seign eurie , une redev ance, &c.
chacun
» Et pour regler les cens . • . dit vfogtiéine denièr par
& du
>> an du reven u des ifles & illots , créme ns & relais de la mer
raifon
pour
dûe
a
r
fe·
>) Rhone; comm e auffi regler la redev ance qui
)) des roubines & dérivations des eaux . du Rhone & de la mer, Sa
Majefté a commis le fieur I:ntendant en Provence«. Quell e confirmatio n plus auten tique peut- on défirer- des. droits c:le la Provenco
.
~ur le Rhone & fur fes dépendances .t
»
1690.
, Arrêt qui adjuge
a la Provence les
quartiers de LéE"uet. ,. Leire l &
No 6
· • · 9·•
.Barai1li er.
la Décla ration du Roi de '1 686L ., pourd 1â
· rr.
•
·1
·
h d. D
. h
erc , e u omam e, 1 y ·eut une Comm11110n ·en angue oc,
rec
de
dont le Procu reur du Roi comp rit dans fes ·p.ourfüites la Ville
II
'll
B
d·
&
z
·
,,,.
L
d
'
G
d
er.
··
arai
e
i·es quartiers u ues, e e;~e ·
, fi
"T'
.1. araJcon pour
préten doit_qu'ils étoièn t ifles & creme ns du Rhone 2 & confé"
quem ment qu'ils étaien t, füivant lui, de fli Provi nce : on ne man·
q'!la pas de le juger ainfi en Languedàc. Sur l'appe l au Confe il il y eut
üne inftruél:ibn ·très-l ongue ~ fort. difpen dieufé , pour s'aiftirer ii
ces fonds é'toient en eff~t illes & créinens-, ou s'ils· dépen doién t de·
la terre-ferme. Les Fermi ers de Provence & ceux de Languedoc~ En conféque11ce de
é.toient en caufe , & fe conte ftoien t le droit de jouir de ces quartiers.
La Ville dé Tarp.fc.on n'ih1agina d'autr e moye n de forcir de l'in~
certit1:1de où les prêtentiOns . du Languedôc-. , & des Fermi ers du
Doma ine, mettoiel1t Jes Propi;.létaires , que de faire dès offres d'une
fbmme au Doma ine,. & d~une rente annue lle pour lès· faîi-e maint(i!oir dans leurs droits : ces. offres forent comm uniqu ées au Procu-:reur génér al de la Comm iilion qui'.ftipuloit les intérê ts dù Languedôc--, &:. aux Férmi ers du Roiji ils fourn irent leurs réponfés r &;
�,
.
1'09
.
fo z 2 AoClt 1 690 fotervfot Arrêt_qui reço1t les offres , confirme tou~
l'es Prop!iétaires .dans leurs droits co;i1~11e avant le J u g~mei~t r~ndu _
en Languedoc: & veut que dans·le cas·ou l alberg_ue offerte jut ad1ug~è au
Fermier du Languedoc, lefdites terres ne pourrozent r!tre po~tr ce pretendues faire.partie de la~ite Province ~e Lang_uedoc,. & Je;o,z~n;; au con-r.
traire & demeurerozent comme edes avoœnt tou1ours ete]Lljques alors
dans l~ compois C,. taülabilité de Tarafcon, fans pouvoir jamais être.
,., _
.
afTujettis à aucunes impojitions de la Province.du Languedoc.
Lettr-es Patentl!l.l·
' 1
JTL
d
p
L
d
éd'é
c.
·1
ê
:Li'
Sur cet Arr t 1 1 ut e~p 1 es ettres atent~s a .rem:es a _a !ùrcetArrêt.
N°:.10 ,
Chambre des Comptes dec Montpellier, & fur le reqmfitoire du. P;o·· ~
cureur Gé'néral elles 'furent· enregiftrées , au moyelT' de quo1 1on ·
peut dire que par cet enregiftrement il fut reconnu. qu'en effet le '.
Languedoc n'a voit rien à prétendre fur ces terrains , & que le Procu• ·
reur Général de la Commiffion. avoit élevé_: une mauvaife diffi. .
culté.
droit de fa Provence fur ces fonds ,
fo
Ce· quï confirme encore
·c' eft que par'l'évenement de la conteil:ation entre leS' deux Fermiers,
celui de Languedoc fut- défignê pour'wucher l'albergue , & les
fonds n'en- refterentpa:s moins·à la Ville de Tarafcon : preuve évidente q!le les arrangemens économiques de la Finance ne peuvent ~
en aucune façon tirer à conféquence pour la propriété des fonds,.,.
,
.
ni pour les limites des Provinces..
169?.·,:
Deux ans après l'.Ar.rêt en faveur -cfë Taraféon, les Propriétaires
t für l'Is~ ·
rr&
A
des terreins p,rétendus crémens appellés Trd!Jon, terroir d'Arles, de T rPfbon.
furent à leur tour inquiétés ·par les Fermiers du Domaine de LanN° >z.x;.
guedoc.. Ils fe pourvurentpour être rpaintenus~ Leurs moyen~ étoiem: ..
d'un côté, que lèurs-terreins étoiènt t_err~s:..fermes du continent déc
Provence, & qu~ils n!avoie_nt-jamais· été. ifies ni crémens:
. L'~ffai~e · s'i~~ruifit:_ d'abord, fur le? lieux, & enfuîte pa~ ap.pel~
a:u Confe1l; · elle ét01t l~rête a être ;ugée quand ces Propnéta1res .
apprirent qu'en Eareil . cas les- Habitans de Tarafçsm avoient été
· maintenus: en· offrant·~ une finance, & en payant une alBergue aù
Domaine. Ils· fuivir.e nt cet exemple & fireur-- lèurs- offres ·, à la
charge que ces te.rres demeureroient, comme ·elles avoient toujours .
été, terres- de Pro'Pence ,.& ne fèroient fujetes à:aucune-impofidoa~
,.
en Languedac~
, Ces, offres & la requête quriès--contenoit f~renr ·· communiquéés·
a M. 1Intendant de Languedoc- & aux F ermrers· dtt Domaine de
~o~tpellier. Le Commiffaire- départi, ainfi que Iè' F ermiêr, furent:
cFav1s que les offfes devoient êtœ acceptées, & qu'en e.ffèt Lang,uedo,· n~a:voit rien à prétendre fur les lieux contentieux.~ - Eu con~ --
le
�Il 0
.
eil du
féquence les offres furent reçuës par un Arr~t du Conf
& ot1
con..,
Taraf
de
1 6 Aoùt .1692, qui fe termi ne comm e celui
il eft dit: Veut en outre Sa .i\.ttajefié que lefdites terres foient ·& demeu-
s,
rent comme elles ont été jufques-à-préfent du territoire de la_ //iUe d'Arle
ires
.fans qu'elles puiffent jamais être fujettes à aucunes impojitions ordina
ue
& extraordinaires de ladite. Province de Languedoc, & que 1'alberg
foient
terres
s
ne pourr oit augmenter ni diminuer , fait qùe lefdite
,.
augmentées ou diminuées par la riviere du Rhone.
î7i4;
'Arrêt que l'on
oppofe à la Provence , comme
ayant décidé la
quefüon contre
elle . .
. ·No. z2~
bre
Cet Arrêt a été fuivi de Lettr es Pateutes adreff~es à la Cham
..
diffi
'des Comp tes de M.ontpellier; elles y ont été enregiftrées fans
Lan·
culté & for les propres conclu.(!.ons _du J\Jiniilere publi c. Le
le
for
nce
,guedoc reconnoiff01t donc encore les droits de la Prove
Rhone, fans quoi le Procu reur Géné ral fe feroit opp.ofé à cet en·
s
i:egiftrement, & fon oppofition auroi t d'ama nt mieux réuffi auprè
les
de ces Jt!ge s, que les conteftations qui s'étoi ent élevées entre
nal:
Tribu
ce
de
yeux.
deux Provinces av oient toujo urs pafféfous les
e un
ainfi nous pouvons encore regarder cet enregifireme~t comm
oire,
aveu formel du Languedoc, & comme un Jugem ent contradiél:
les
teftab
incon
qui juge avèc lui que les droits de la Provence font
fur les H1es du Rhont. ·
au
Cepe ndan t il paroî t que trente -deux ans après _cet Arrê t ,
juger
n1ois de Juin 1724 , le Languedoc trouv a le moye n de faire
e du.
le contr aire en fa faveur'; le iieur de Gravefon étoit Propr iétair
il
con,
Taraf
petit Cajlelet, & du Roudadou fitués fur la gauch e de
té de
préte ndit que fes biens étoie nt noble s, & que la Comm unau
.
tre
cadaf
fon
cette Ville n'avoit pas dû les comprendre dans
L'Infpeél:eur du Dom aine fut enten du ; les Procu reurs du Pays
niftrateurs
& le Synd ic du Lang uedo c int~rvinrent ; mais les Admi
n~eut
de la Provence ne produ ifüen t aucun 'titre : leur interv entio n
de la
d'aut re objet que de faire voir au Conf eil que la préte ntion
t
ginoi
n'ima
on
1'
iVille de Taraf con ·paroifioit jufte à la Provi nce:
n
pas que cette Ville pfat échou er dans une Inftance que l'i~fpeél:io
fur
ire
l'affa
juger
feule des lieux décid oit en fa faveu r, & l'on laiffa
.
·
les titres partic uliers à cette Ville .
nous
_ C'eft ce défau t de produél:ion des piéces générales que
Juin
26
venons d'ana lyfer, qui occafionna fans. doute l'Arrê t du
Caflelet & de Roudadou,
i 7 24, qui déclare. les 1.fl-es du grand & petit
enfemble toutes les autres Ijlès du Rhone faire partie du Languedoc.
La derniere difpofüion de cet Arrê t eft Ji extraordinaire qu'on
:
ne peut .s'empêcher de dire qu'el le ôte tout crédi t àTAr rêt même
effet, il
_elle prouv eroit trop fi elle prou voit quelque chofe. En
.
.
�'11
f
faudroit donc dire que l'Hle ·de Saxi, du .Mouton, de Boulbon, la'
Camargue elle-même auroient été adjugées par cet Arrêt au Languedoc, fans que les Parties intéreifées eu_ifent été ~ppellées ; il
faudrait dir que le grand bras du Rhone qm coule dernere la Camargue & les Ifles qu'il peut renfermer font du Lanffuedo_c: Cepe~
dant jamais cette Province n'a ofé pouffer fes prétent10ns Jufque~-la;
jamais les Propriétaires des autres Ifles confirmées par les Arrêts
Erécé~en~ en faveu_r d~ la Provence·, n' ~nt c~ifé d'en dépendre. Ces
Propnéta1res ont JOUI comme avant l Arret de 1724, fans que le
Languedoc ait cru pouvoir fe ferv.ir de la difpofüion plus que fi.ng~.tl~ere que 1'o? a inferée_dans cet Ar~êt ~il a ,lui-même perifé qu'une·
déc1fion auffi importante que celle-la, & dune conféquence auffi
~é~érale ne lu,i acquiéroit a~cun dro.it _, ~ès qu'elle étoit interyenue
a 1 occafion dune conteftauon part1culiere, fans que la- Provenceeût produit aucun titre, fans même que la plûpart des Parties in-.
téreifées eufient été entendues, & enfin, fans que ·les précédens
Arrêts qui jugeaient tout le contraire eufient été révoqués ni même
attaqués: auffi cet Arrêt a-t-il été regardé comme 110.n avenu par
ceux-mêmes qui pouvoient fe croire en droit de s'en fervir; & ce
n'eft pas après quarante ans d'foéxécution ·q u'il peut être permis de
le faire revivre. Tous ceux dont il blefie les intérêts, & que l'on.
a laiifé jouir paifiblement, ont acquis la prefcription : afofi quand
le· Languedoc pourroit au fond avec juftice faire revivre cet Arrêt,
il n'y feroit pas recevable d~ns la forme.
.
. 1 7 2 6°
Le Languedoc, fuivant toujours fa méthode de ra"ifonner, oppofè
D1(cuilio'l
L
" gm· fiut ren d u contre· 1e p ape en 17 26. a· l'Arrét ren u enâe...·
'a 1a p rovence l'A rret
~mple analyfe de ce préJugé pro_uvera qu'il n'a pas plus d'applicatfon tre le Roi_& J,
a notr~ affaHe,. que tout ce qu1 a pu être fait COlltre la Savoye ou le PRahpe au fuiet du
one.
.
. , (a '
·
·
D aup hme.
, Lors de cet Arrêt Ie Pape prétendait difputer au Roi les créinens,
du Rhone, & les droits de fouveraineté fur cê Fleuve; il demandoit
<que l'on nommât des Commiifaires de part & cl'autre pour décide.c·
.
la quefiion.
, Le L.anguedoc lui répondoit qu'iI n' étoit·pas néceffafre d'établir:·
de pareils Juges, & de mettre en queftioQce qui ne pouvoir point:
faire la matîere d'un problême. Jamais Sa Sainteté n'avoit fait aél:e
tle jurifdiction ou de fouveraineté fur ce Fleuve :·Jam ais ce Fleuve·
n'avoit été compris' dans les prétenduës ceffions que le Roi de France:·
& la Reine Jeanne avoient faites du Comtat & de la Ville d'Avig,non au Pape. L'Aéteur. d'Avignon ne produifoit ni titre tran!latif
(a) Cet Arrêt eJl raEl~orté tout_au long dans Brillqn au motRhone •.
�l'r 2
de propriété ni même · ~mcun âtte de poiteffion, 8cc'eft-là fa vêri-'
table raifon qui fit perdre----la caufe au Pape, & maintenir le Roi
dans la Jouverain eté du ·Rhone ~e long du Comtat.
Il efl: ·vrai qu'on objeda au Pape des titres & des n yens dont
on prétendit tirer des argumens généraux _pour t:out Je cours du
Fleuve jufqu'à la mer ; mais en ce point on raifonnoit fans exactitude, & d'une façon oppofée aux monumens qui ,prouvent-que,
quoique le Pa.pe fût fans droit, la Provence n'en étoit .pas moins
propriéc~-i.re _ du Fleuve depuis la Durance jufqu'à la mer.. L'oncitoit
conFr.e Sa·Saintet é les lettre.s de ,13_80, ;~dreifées à Paul de' Nogaret,
celles de la Reine Marie de 139&.
L'on a vu ci-deifus pag. 7o"à quoid-evoiei.1t·:s!apprécier c~s diff~
rentes)ett res : le .Languedoc n'en avançoit ,pas 'moil1S contre le
Pape, -qu'en conféquerice des lettres de 1380 , toutes les:fois qu'un
Prince voifin avoit voulu entreprendre fur le Fleuve, il av oit été
réprimé; il s'appuyait de l'autorité de ,Guy-Pape, queftio11 )77 ,;
mais cet Autéur ne parle que des Souverain s vo_i{ins du Rhone,_
depuis la Duranc_e en remontan t jufqu'en Savoy.e; & :11e dit pas un
mot de la Provence.
Le Langue.da.c ajoutoit que depuis l'acquifüio n :faite -par le Pape
en 1 34 8 , de la Ville & du Comtat d'Avignon, il av oit été décidé
qu'il n'avoit aucun droit fur le Rhone. Mais, 1°. ·en 1 348 le Pape
-n'acquit que laVille &Je terroir d'Avignon de la Reine Jeanne. On
,ne fçait en vertu de quel.t\tre:il tenoit le Comtat; c'eft que l'on voit,.
c'eft qu'il étoit en poifeffior1qepuis I 274 dut,en1s ,de,Philip.l.e-Hardy.
11 eft VJ;ai-que le Pape ·ni même la Reine Jeanne ·& fes P:rédé.ceifeurs
qui tendient laVille d'.Avignon de Philippes-le-Bel, Roi de France (a)',
n'avoient point exercé de jurifdiél:ion fur le Rhone dans cette par·
tie ; mais encore un coup, çela ne conclut rien fur la portfon de
ce Fleuve, à compter de la Durance ou du Comtat jufqu'à la mer.
L'on citoit encore contre le Pape l'Arrêt du Parlement de Tou~
loufe du 8 .1\1ars .1493. -L'on vient de voir pag.96qu e cet Arrêt
eft de nulle valeur vis-à-vis de la Provence, qu'il avoir été révoqué
par des Arrêts c·ontraires dè la ·cour des Coniptes ·d'Aix, & que
le Grand Confeil l'avo!t regard_é comme -non avenu.
L'on dit enfaite qu'il n~eft pas douteux que le Rhone, & les
iDes, &c. o~t toujours fait partie du Languedoc, fans que la Pro·
vence & le Dauphi,né, quoique réunis à la Couronne , y puiffent
rien prétendre , & l'on cite les Arrêts de 168 1 , 168) & 1691. Nos
anciens titres détruifent cette allégation : & ces Arrêts ne portent
que fur des arrangemens de finance qui , comme on l'.a vu d,ans
(a) Bouche, tom.
1. ,
pg. 3 18 & 3 19,
l'Arrèt
�111
- l'Arrêt de 1690, ne tirent aucune coriféquence pourla propriét"~- :
Quant à celui de r 69 1 , il fut rendu entre les deux fous-F ermiers_:
celui du Languedoc l'emporta, parce qu'il produifit des piéces plus
que fufpetles, telles que les lettres ad~e~ées ~ Paul de Nogaret, ·
tandis que celui de la Provence fe d~fend1t tres-m,al, & ne pro. duifit aucun des titres que nous avons. Au furplus 1 on peut encore
appliquer à cette décifion ce que l'on vient de dire fur les arrangemens de finance; & malgré tous ces Arrê.ts la Prov~nce n'en a pas
moins continué d'impofer aux tailles tous les terrains fur lefquels
ils ont été rendus. ·
Le Languedoc fit encore valoir contre la Cour de Rome une
Enquête faite en 1412,tirée des Archive.s de Montpelliér,qui fut pro~ ·
àuite lors de l'Arrêt de 169 1 , par laquelle· ils prétendent qu'il eft
prouvé que les Officiers du Comte de Provence ·n'avaient jamais fait .
aucun aEte de Juftice fur le Rhone.· On aura fait dire ce que·1'on aura.
voulu aux témoins Languedociens; mais quand to~t le Languedoa
enfeu1ble témoignerait que la Provence n'a jaf!1ais exercé la jurif- ~
diél:ion fur le Rhone, cette preuve teftirt1oniale pourrait-elle l'emporter fur la multitude de titres que nous rapportons pour la PrQ_~
r
vmœ?
·
L'on ajoute que par des Lettres Patentes de 1498, Louis XII.nomma ùn Commiffaire, qui ayant trouvé que les OHiCiers de
Provence avoient inféodé l'H1e_,du Caflelet, caffa cette inféodation,
comme contraire à l'Arrêt deToulo'ufe de l 49 3.En fuppofant que ces ·
Lettres & ce J ugemen.t ayent quelque réalité, l'on voit, 1 °. qu'ils
auroient pour bafe.cet Arrêt de 149 3, que nous avons réfuté page
98, &:qui n'auroit été capable que d'induire le Confeil en erreur;
en fecond lieu, il eft certain que malgré cette commiffion & la
décifion prétendue du Commiffaire de Languedoc, les Hles du grand
& du ·petit .Mouton av oient été inféodées à la Communauté de Barbanfane par les Officiers de Provence; & cette inféodation .a é_té
confirmée par plufieurs Lettres-Patentes & par Arrêt du Gran~
Confeil contre le Porteur d'une inféodation du Languedoc: pre1we
que !'Arrêt .de 149 3 ne portoit pas contre la Provence, qu_e dans tous
les.tei;i1s. il.a été regardé c.omme non avenu-, & qu'il n'arrêto'it pas
la 1unfd1tl:10n de· fes Officiers fur·les !Iles du Fleuve.
Le Langu~doc argumentoit contre le Pape des Arrêts de 170)
& 1707, qui ne regardent pas la Provence: quant ·à celui de 1724on a vu ci-deffus combien il eft peu redoutable à cette Province.
Le Comtat avoit tort de fon côté de vouloir , comme il le fai~
f,o:it, tir~r de l'I~e de Camargue des argumens .contre, le Languedoc~
p
�Pag.
1 00
+.-
J
Ilf'
de la Provence, & à faire tomber.
droits
les
oette Hle fert à défendre
tous les vains raifonnemens du Languedoc.; mais elle ne peut fervir
:nt Comtat : les droits de la Provence fur le Rhone depuis le par~
tage de 1 12 r, rne paifent pas la Durance. Du tems de fes Comtes la
Provence-a toujours joui de fon bord, de fes péages fur la riyierej
de fes IDes , même de l'aveu des Rois de France , avânt la réunion;,
aµ lieu que le Comtat,, depuis qu'jl eft au Pape, n'a jamais joui de·
rien de fembla.bler
quï, quoique jufte:
menr·
Le Languedoc. ajoutoit un raifonne
contre le Pape , eft totaleme nt contraire à cette Province , & .
forme un. moyen décifif en faveu:r. de-la Provence :·il difoit qué la
France, ayant la 'plus ancienne · poffeffion, étoit cenfée avoir la
premiere occupat ion, & qu'elle n'a pu la perdre que par une con-'
vention contr~ire: que l'Aaeur' d'Avignon ne faifant point voir quei
la France eût perdu cçtte"pro priété, elle devoit y être maintenue.
La Provence confent d'être jugée d'après ces prihèipes adoptés
par fes Adverfaires eux-mêmes. Si la po:ffeffion la plus ancienne eft
le droit le plus légitime & le plus éminent , & qu'il faille au moins
un traité pour le faire perdre, . la Provence doit l'emport er. fur le
Languedoc; car elle à-prouvé qu'elle jouiifoit des deux bor.ds du.
Rhone avant que le Lai1guedoc fût réuni à la France., & dans les plus
anciens tems: ·que le Comté & !'Archevêché d'Arles s'étendoient.
au-delà du Fleuve; que les Etats des Goths n'alloient pas jufqu'au
Rhone : & que les Comtes de Touloufe n'ont eu ce terrain de Pro'JJence, au-delà du Fleuve, que par un traité qui, à le prendre dans.
le fens le plus rigoureu x, laiiferoit au moins la moitié du Fleuve
à la Provence; c'eft donc cette Province qui a la premiere occupa·ti.on, & qui par conféquent doit être maintenue.
L'autori té de Grotius que l'on citoit ne feroit que fortifier lai
caufe de la Provence : fuivant cet Autèur, lorfqu'une riviere fait
la fép_aration de deux Etats , le plus..ancien doit avoir le lit entier:
or, a1outoit-on, la Monarch ie Françoife eft plus ancienne que le,
Comté de Provence., qui n'en étoit qu'ui1 démembrement: donc, &c..
· I/on a vu par l'anal yfe de nos preuves que laProvence,avant qu'elle
~partînt originairement à la France, avoit le Rhone tout entier,
& que cette riviere ne faifoit pas la féparation des· Etats de Prouezzce ~e ceux·des Goths ou Languedociens qui n~y atteignoient pas~
~e droit de la Provence fur le Fleuve eft donc plus ancien que celur
de la France & du Languedoc; La Provence a appartenu à: la France
200 ans avant le Languedoc; elle jouiifoit alors des deux bords du
Fleuve; le Languedoc n'a pu avoir de E!étentions fur le bord occi.,.·
�/
11)
·dental, que par le traité de 1 1 2). ~omment nos Adverfaires peu..
·vent-ils donc nous oppofer un Arret obtenu fur des moyens que
nous adoptons nous-mêmes, & qui n'ont pu être oppofés au Pape;_
.fans en même tems favorifer notre caufe ?
C'était avec raifon que le Languedoc difoit que la vente de la
Ville d'Avignon faite par la Reine Jeanne au Pape, ne lui avoit acquis aucun droit, parèe qu'elle ne pouvoit lui av:oir vendu que ce
·qu'elle poffédoit ; mais ce qu'il aJOUte, qu'il étoit conftant que
jamais elle nifes Prédéceffeurs n'avoient rien prétendu fur le Rhone,
& avaient toujours reconnu le droit de la France, a befoin d'explication.
·
Les Comtes de Provence, -après le partage dè I 1 2) , qui fit
· :paffe1· le Comtat dans la Maifon de Touloujè , n'ont fait ·aucun
:aéle de jurifdiél:ion fur le Rhone .au-deffus de la Durance, cela eft
vrai ; le Roi de France par le traité de 1229 eft rentré dans la poffeffion des terrains fitués dans la partie occidentale du Fleuve vis-à~
.vis le Comtat & la Provence, & dans la poffeŒon entiere du Fleuve
.de l'un .à l'autre bord vis-à-vis du Comtat, par la fucceflion de
1
Jeanne, él?oufe d'Alphonjè, frere de Saint Louis : mais depuis la
Durance 1ufqu'à la mer l'on a vu au contraire que les Comtes de
Provence n'ont pas ceffé d'exercer leur fouveraineté fur le Fleuve.,
~ la France n'y a pas mis le moindre o;bftacle.
.
· A l'égard de l'Ifle de Camargue , le Languedoc difoit que ce
·n'étoit qu'une ufurpation qu'on avoit bien voulu laiffer fuhfifter;
peut-être à caufe que cette Ifle n' étoit pas regardée comme Hle du
Rhone , mais comme Ifle de la mer : ce n' étoit pas une auffi mau ...
vaife réponfe qu'il falloir oppofer à l'Aél:eur d'Avignon, mais lui
-Oire que le Pays deProvence depuis la Durance jufqu'à la mer avoit
·des droits qui lui étoient propres, & defquels le Comtat ne pouvoit
pas s'aider; que la Provence avoit toujours des titres formels & la
poffeffion la plus conftante , & que qui que :ce foit ne lui avoit
jamais contefté cette Ifle.
·
Lorfque la Provence a été ufurpée fur la France , elle avoit des
limites certaines ; le Rhone étoit compris dans fes terres , & le Languedoc n'y avoit rien : elle fut ufurpée dans toute fon étendue; elle
:a été poffedée de même par les ufurpateurs ; & ceux qui s' empa ..
l'erent du Languedoc, apres fa réunion à la Monarchie , pofrérieu4
rement à celle de la Provence, ne poifédoient rien du Rhone: c'eft
ien fuccédant aux ufurpateurs de Provence, & en traitant avec eux,'
,que. les ufurpateurs du Languedoc acquirent les terres qui font à la
·droite du Rhone, qui avoient toujoµrs fait partie de la Provence_
Pij
�116 '
acq uif itio n de Ja .p art du
après l'uf urp ati on : depuis cet te
vence, les Co mt es de ce Pays
Pro
la
de
n
tio
por
ne
d'u
doc
gue
Lan
122 9
de leu rs dro its fur le Rhone. En
~mt jou i inc ont eft abl em ent
ite
dro
la
la Provence gui éto it à
la ·Fr anc e rec ouv ra la por tio n de
rs
Pro ven çau x de la gau che de leu
.du Rhone, & a laiffé jouir tes
uCo
la
à
Provence a été réu nie
dro its fur îe Fle uv e: En r48 1 la
de fes dro its fur le Rhone plu s anron ne, pou rqu oi la pri ver a-t -on
gui n'a poffedé des terreins au
ciens que ceu x du Languedoc, lui
.
ant une par tie de la _Provence?
.bo rd de ce Fle uv e qu' en acq uér
ple ine d'err eür s , le mé mo ire de
Si la défenfe du Langu~doc éto it
éto it pas plu s exe rnt : il dit qu~
l'In fpe éte ur du Do ma ine n'en
end ue que juf qu' au bo rd du Rhone:
l'uf urp ati orr de Bofon ne s'é toi rêt
ire & Argence , &c . éto ien t de
on a vu au con tra ire que Beauca
fut .rec onn u. Il ajo ute que les
_Provence , & que l'uf urp ate ur y
le
ais fait d'aB:e de fouveraineté fur
Co mt es de Provence n'o nt jam
e
ndu
éte
1'
ur
po
on 1'a vu , & fur tou t
Fle uv e : cel a eft fau x, com me
trai•
Le s Ro is de France on t fait des
dep uis la Durance jufqu'à la mer.
ce:
u le dro it des Co mt es de Proven
tés , dans lef qu els ils on t rec onn
rnif
Com
fur que lqu es Ifles , des
qua nd il y ·a eu des con tef tàti ons
du
e _fe font aflèmblés au mi lieu
faires nommés de par t & d'a utr
vence on t fait fur cet te partie
]Viane. Enfin , les Co mt es de Pro iétion imaginables. Etabliffejurifd
tou s les aae s de pro pri été & de
@eéta bli r , faifies & confifcations
n
d'e
me nt de péa ges , défenfes
le
s
dan
s
ttes , ext ent ions de chaîne
,bat~aux ; armemens de .flo
que depuis la '. réu nio n a la France
Fl. euv e, &c . &·c . &c . Ce n'èfl:
a
principales entreprifes , & qu'il
·qu e le Languedoc a for mé fes
a
ion
ans de Pr'rJvence. So n -attent
in. qui eté à tou t infb.r1t les Ha bit
efforts
par aît enc ore auj our d'h ui par les
~fe for me r des ti!r es de tou t,
du
la Provence de r A:rrêt ren contre
· qu' il fait de tire r avantage con tre
ffe nui re à fes dro'Ïts, elle eft
le Pap e. 1\fais lüi n que cet Ar r.êt puivu ' de fe fervir .des principes
l'a
::m con tra ire en dro it' com me on
lt
yoi t co11tre Sa Sa int eté ,, & de
plo
em
doc
gue
Lan
le
que
s
me
mê
es.•.
cômb~tt~e 'àv ec fes pro pre s arm
ava nt
Affiii're· non jt!gée entr e la Ville
de Tara'.con
&
~.defü.au.c.aire,
ùt1 69 0,r év êtu de LettresPa•
L'o nfe rap pe ile l'A rrê t du 22 Ao
lar e faire par tie de la Provence, les
ten tes , & .pa r leq uel le Ro i déc
de
·Baralier) en faveur de la Ville
t~rroirs de Leflel', Legues &
e
cett
par
é
rec ouv rer fa tra nqu ilit
~r~fcon. Cette, Vi lle a voi t cru
aéèe
de Beaucaire rec ornmenca fes s
~c c1fion , lor fqu en 1 71 3 la Vi lle
re cet te·· affaire par ticu Üc ré, il eft
d'liofü~i é ; ,n:ais pour faire ent end
ts.. l'ét at des li.eux. ,, fot lefq_uels
néc efü ure d expltqu~ en deux: ,ma
.rcmla la.co11t.eiiaüon..
.1
..
.. .
·
~ ~ ;
'
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'.
.
&.
�117
'.Au commencement du quinziéme fiécle , le Rhone abandonna le
pied de la montagne de Beaucaire, & fe jetta avec impétuofitéfor le
terroir de Tarafcon. Cette Ville fut obligée, dans ce tems-là, de
faire des travaux immenfes pour fe garantir des efforts ~e cette ri~
vîere: elle a été fort Couvent, depuis cette époque ,. obligée de re·
nouveller fes ouvrages. Comme ils étaient très difp~ndieux, les
Comtes de Provence & nos Rois ont accordé aux Habitans des dé"'.'
charges fréquentes de leurs impofüions . .
· Avant que ces travaux fuffent faits, le Rhone avoit ravagé, lors
, de fon irruption paffagere , tous les quartiers du terroir de Tarafcon
qui s'étendoient le long de fon bord, à droite & à gauche de la Ville.
Il y a même apparence que l'H1e du Cajlellet fut formée d'une por~
) ·
.
tion .d u territoire de Tarafcon.
- La palliere ou chauffée qui fut conftruite au-ddfus de la ViHe;
av oit pour objet,, comme le difent les titres produits dans l'Inftance,
de remettre le Fleuve dàns fon ancien lit. Ce fut par-là que les quar~· ·
tiers que 1' on vient de nommer furent à labri de l'incurfion des eaux.
Cette irruption quoique momentanée n'en a pas moins fervi dè
prétexte à la Ville de Bemfcaire pour vouloir, 300 ans après, s'ap·
proprier ces quartiers, comme ayant été Hles ou ci:,émens du ·Rhone.,,
dont-le Languedoc prétend avoir le lit entier , & les ID es & crémens
,
,
qu'il forme,
La Ville de Tarafcon eIIe-même , dans l'ignorance des droits dè
fur le Fleuve &~ fes dépendances , s'eft contentée de df{:
Provence
la
puter au Languedo~ les quartiers de Baralier, de Leflel & du Gués ,
qui de tout tems avoient fait partie de fon territoire. A !"égard dü
gr~nd & du petit Cafielet & du terrein appellé. Rowladou., elte ne les,
· a point cünteftés au Languedoc, parce qu'elle a cru que cette Pro"'
vince av oit en effet la proprieté du Fleuve & de fes ID'es; & comme
· l e Caf[elet & le Roudadou étaient voifins du Fleuye-, & entourés,
d'un ancien foffé qui indiquoit qu'un bras du Rhone y avoit autrefois paffé, elLe a imaginé qu'elle ne pouvoir le dïfputer au Lan-:
~
.
· ~~Ville de Beaucaire·, qui dans .rous· l~s œms ifa chercné' qu'~
guedoc.
an~1c.rper [ur T~r,afco~, ?on~feulement.a voulu avo~~ ce qu'on par01lfo1t d1fpofe a lm abandonner, mais encore elle a étendu fes;
prétentions fur les quartiers adjugés à Târafcon par l'Arrêt d~
,1690..
· Sa premïere tentative fut de cnmprendre·cfans fès rôfes d'u dixiëiue~
Ies ~ropriétaires· d'un ter.rein dépendant du qnartfor du Gués,, Une:
Ordonna1~c~ de M.. l'Intendant du Langued'oc commit un Ingé'ruem:
�II8
& des Experts pour vérifier fi en effet-ces terres dépendoient de ce
,
quartier.
donna fon avis, par le.
général
Syndic
le
,
faite
ion
· La vérificat
.quel il confentit à la décharge de l'impofüion : il eft vrai que ce
fut par une raifon que la Provence ne peut adopter, par.ce qu'elle
bleife fes droits. Ce Syndic donne fon confentement , attendu que
tous les champs eto.ient au-delà du foffé qui, fuivant lui ,faifoit la fépa~
ration des deux Provinces : il reconnu t qu'il y avoit lieu d'ordonner
l~ refütution de ce qui avoit été exigé des Po.ffeifeurs, & de con~
·
damner les Confuls de Beaucaire aux dépens. .
adopté par
foffé
de
Tarafcon
de
terroir
Jamais il n'y a eu dans le
la Provence, pour faire la limite des deux Provinces. Ce prétendu
fofi'é eft la Zone ou les traces du lit qu'occup a un bras duRhone lors
.de fon anclenne irruption ; mais dans .aucun tems cettelon e n'a été
,prife par la Provence pour' une de fes limites.
En 1736 , même tentative de la Ville de Beaucaîre fur le même
·quartier : pareille condamnation de la part de l'Intenda nt même du
'Languedoc, & toujours conformément à l'avis du Syndic général de
la Province ; ce qui forme fans contredi t deux J ugemens contradic..toires avec le Languedoc, au fujet du quartier du .Gués. Celui de
Leflel doit ·à plus forte r.aifon appartenir à Tarafcon , puifqu'il eft
encore plus enfermé dans les terres de la Provence, & également
Ji.tué au-delà du prétendu.fofi'é de limitation des deux Provinces. .
- La Ville de Bem;.caire n'ayant pu parvenir à entamer le terroir de
·Tarafcon pardevant M. !'Intend ant, crut fans doute être plus heu·
reufe en s'adreifant à la Cour des Aydes de Montpellier, où elle fit
.affigner la Commu nauté, pour voir tîrer de fan cadaftre des terreins qu'elle ne défigne pas, & qu'elle dit lui apparten ir, quoique
fitués au-delà du Fleuve: Tar('J,fton a été obli,gé de fe pourvoir à la
Chambr e des Comptes d'Aix: de-là eft né un conflit qui a occafionné l'évocation du fond au Confeil où l'Infrance s'eft inftruite
.avec l'Infpeéteur du Domaine.
Comme l'on oppofoît fans ceffe à cette Ville l'-'(\rrêt de 17 24, qui
'déclare toutes les Ille~ du Rhone appa~tenir ·au Languedoc, elle n'a
pas cru pouvoir contefter à cette Province le.quartier du Caftelet, de
Garris & du Roudadou, que le Rhone avoit autrefois entouré de fes
eaux ; c'eft ce qui lui a fait déélarer dans l'Inftance qu'elle ne pré·
tendoît rien fur ces fonds, comme fi un Arrêt qui adjugerait des
Ifles, a<ljugeoit aufli Ies .crémens: el\e a fait la même déclaration à
l'égard d'.un autre terrein limitrop he, appellé le nouvel Amermat,
qu'elle a déclaré faire partie du territàire de Beaucaire , comme Jfles
& crémens du Rhone,.
�'rt§
Heureufement ces a.veux font toujours âccompag 1,-res de 'là ;
raifon qui les a fait faire, c' eft-à-dire , parce que l'on croyoit que le ·
Languedoc étoit réellement Propriétaire du F~euve & d ~ fes dép~n
dances · mais comme le motif de ces reconno11fances eftune ·vénta·
ble err:ur, il eft de prfocipe qu'elles ne p~_uvent nuire;·à ceux qui'.
les ont faites , & encore moins à une Pwvince que des· aveux fur.! ·
pris à des Particuliers ne peuvent jamais ·priver de fes droits. .
La Ville de Beaucaire encouragée par les avantages qu'on lm~édoit par méprife ·, a: porté fes prétentions plus loin; elle a _voulu conquérir encore les quartiers du Gués, de LeJlel & de Baralzer, &
a cru que pour y parvenfr , il fuffiroit de former ~pp.'.Ofüion à l'Arrêt ·
de 1.690, qui.les adjugeait à Tarafaon . & à la Proveizce·: elle -demandait également les quartiers. de Luffan-·Lubier.es , aùtre tèrr'eirl}s
fi tué entre celui: de Baralier & la' Ville de TaraJ'con. · •,'
~ ··
Sur toutes ces·demandes eft intervenu un Arrêt· préparatoire' 1e ·
,(17 Décembre I 742·' qui a donné aél:e la Ville de-Tarafcon de fes reconnoiffances , a débouté celle de Beaucaire de fon oppofition à
fArrêt de 1690, dont.l'exécutfon eft ·ordonnée,. & avant d~ pro..;_noncer fur les chefs concernant les quarti~rs de .Luffan-Lubieres & :.
Amermat, il a·été ordonné qµe.MM. les Ihtendans de Provence &J
de Languedoc enverrofondeurs avis fur .lès m~inoires · & les piéces:
qui leur feroient remis par les Parties::, _& expliqueroient fi ces':
quartiers font de l.~ancienne terre ferme ~e Frcn1enct, ou s'ils:· fo~t
Ifles ou crémensduRhone-, & cependant Ü;eft ordonné par· pi:ov1-·
fion que les trois quartiers: continueront d'être compris au cadaftre:
de Tarafcon en la· manierè accoutumée. .
Cet interlocutoire n' étoit pas rempli, que la Ville de Bèauctzire ;~
toujours ardente à inqufoter celle ·de Tarafcon -, -c·o mprit <lans fes:
rôles· de ca~itation les Fermiers de dèux·terreins dépendans-:..de 'l'an....>
c·ien·Afnerma.t (a) nommë . le Jardin de la Comteff~1 dé Boulbon -&.
le t~nement du petit Beaumont ·: & pendant l:lnftancre -q u'occafionri:if
cette contravention à'l'Arrêt interlotutoife ·,- ia. Obmmunanté dë- .
Beaucaire.impofa au ·dixiéme le ·Fermier d'un autte quartier interloqué; Elle fuivit même à main· atmée cette nouvelle entreprife ~ & envoya la Maréchauffée enlever.-le Gardi~n établi aux . faifies ·
.qu'elle av oit f~it faire .• ,
. '
. Le .20 Oétobre 17).2-, intervint un nouvel Arrêr- ~ qu! en premier ·
l!eu ordonne que cel_m de I 742 fera exécuté, & qil en conféquence
Meffieurs les.Intenda.ns des·deux .P rovinces ·enverront. leurs avis fur
r
a
'
(a) ~e mot Amermat :en-Yrovence lignifie un obj1>.t.<J,1.Jelconqq~ dont il a été retranchf
1
urre ppn;on.; .
,
�Jj'd
lés quartiers de Luffan-Lubieres)& de l'ancien
Amermat, fi le jardin
& le nou vel Amer~
de la Comreffe de Boulbon eft füué dans l'ancien
dans l'ancienne terre
ma t, & fi le tenement du petit Beaumont el!
petit Caflelet. Par proviferme de Provence, ou dans le quartier du
eront d'être employés au
.fion il eft ordonné que ces terreins continu
rôle des impofitions de Tarafcon.
ive, & concerne les
La feconde difpofition de l'Ar,rêt eft déf init
rifonné. ; elle déclare les
Particuliers f.aifis , dont un. avoit été emp
ordonne que le ParticU..
fa.ifies nulles ; ainfi que l' emprifonnement;
de Beaucaire en 200 liv~
lier fera mis en libe rté, condamne la Vil le
dépens.
de dommages-intérêts enyers lui, & aux
la Communauté de
A peine cet Arr êt a-t- il été ren du, que
doc, & lui a fait atta·
cett e même Vil le a fait intervenir le Langue
n , les Arrêts de 1690 ,'
quer , par la vpye de la tierce-oppofitio
écu tion de plufieurs Arrêts favo·
II 74~ & 17) 2, & demander l'ex
·_
rab les à fa prétention.
Opp ofa nt aux trois Arrêts de
reçu
été
t
Le Languedoc a en effe
ont été renvoyés en gr.ande
11690 ,. 17 42. , & 17) 2 ; & Je_s ;I>arties
s demandes, l'Infpeél:eur
DireéHon pou r 1leu r être fait dro it fur leur
êt, le Languedoc a aug·
du Domaine appellé. Mais depuis cet Arr
remplir les interlocu·
menté fes conclufions , & demandé que fans
rloqués lui fuffent adjugés comme
toi~es ordonnés,les quartiers inte
féquemment partie de la
JO.es & crémens du Rhone, & faifant con
'
Pw vin ce.
fur
é
inet
vera
Roi fa fo"u
. Et: çom1pe fi Tarafcon eôt difputé au éral
a demandé la jonc·
les quartiers contentieux , le Syndic gén
t déj a, comme on l'a vû,
tion de l'fofpeél:eur du Dom ain e, qui étoi
proprieté & poffeffion de
.en cau fe, attendu, dit- il, qu'ils' agit de la
droits dépend ans de la fouvuaineté du Roi .
e du Languedoc de vou~
. On l'a déja <lit, ç'a toujours été la méthod
quelque chofe .de relatif
loir· faire croire que quiconque lui difp'ute
Il ne tient pas à lui qu'on
au Rfwne, le contefte ~galement au Roi .
autre Puiffance qu'au
ne croye que la Pro11ence appartient à une
gé à ce.t te Province ne
Roi de France, & que tou t ce qui fera adju
'foit Ul)_ démembrem~nt de la Cou ro.nne.
èôt é venus
leur
de.
t
fon,
Les Procureurs du Pays de Provence
[ont rendus Parties· in·
au fecours de la Vil le de .Tarafcon ; ils fo
l'ex.écution des Arrêts de i69 0;
te~venantes, & ont demandé
emp le de cett e Vil le & par
174 2 & 1·7 52; mais entraînés par l'ex
reco uvr é les titres que
l'Arr êt d.e .1 724 , n'ayant pas encore
entier du Rhon,e & fes
leu r PN vin ce avo .it pour prétendre le lit
dépendances
�tf 2·t
(àépendan:ces ; il-sont fait à:peu près les m'èmes recom1oiITances que la Ville de Tarafcon.
1
Mais outre que ces reconnoiifance.s ne font :dûes qu~à une erreur
,.'de fait , elles font émanées d'Adminifl:rateurs qui ne peuvent nuire
à un Corps toujours mineu:r, & qui ré.clame contre .des aveux ·
.,qui ne font point de fan fait.
· ·
D'ailleurs, le Syndic du Languedoc ne pourrait faire valoir à cet
'é.gard aucune fin.de non-recevoir,qu' on ne .pût les lui rétorquer avec
avantage,puifquelui-même revient à demander les quartiers du Gués.,
Le.fiel & Baralier, que les Geurs de 1t1ontfeT>rier & Joubert fes Prédéceffeurs avaient reconnu dépendre de la Provence & du terroir de
'Tarafcon: il s'éleve même contre· lui une autre fin de non-recevoir
<qu'on ne peut oppofer aux P-rocureurs du Pays , c' eft qu'll forme
'ces demaneiles, Jans .attaquer les O:i;donnances de M. !'Intendant
xendues en ,1713 &. 1736, d'après le confentementdes Syndics .du
.Languedoc , & contradiaoirement avec eux : comment peut - il
:aujourd'hui croire être en droit d'agir comme fi ces Jugemens
d e:x,iftoient .pas ? Il efr certain au contraire ·que tant qu'il ne les
,aura pas fait révoquer, ·il Jera non-reçev.able à remettre en queftion
"c.e qu'ils ont jHgé dans la plus grande connoiifance .de caufe.
L'on ne peut pas nous 0ppofer que.les Procureurs du Pays ont
-reconnu le droit du Languedoc fu-r le Rhone., parce -qu'ils . ont de1pandél'exécution desArrêts de i742 & 17)2,qui fupp0fentque'le
Fleuv.e & f~s !Des appartiennent .au Lang'l:l.ei!:o.c. Ils ·ne fe font pas
.attachés à traiter, dans ce Pro.cès _particulier, la queftion de Droit,
.dès qu'ils étoient affurés par le fait ·que les tea-éins dont il ·s'agit
étoient de l'ancienne t.en;e .ferme de Pr-ovence.
Au forid, la prétention du Languedoc fur les quartiers dont 'i1
.s'agit, rentre .dans l~ queftion gél;lérale que .nous agitons: c'eft
.coml.1'e Pr~priétaire QU Fleuve & ide fes dépendances ·qu'il veut
,conquérir une partie du terroir deTarajcon: c'eft dans la fuppofition
:qu'il a les !Des & crémens du Rho.ne. l\tI.ais l'on a déja vû combien.
fa :prétention fur la totalité dtt Rhon,,e, eft .contra.ire aux titres.
La feule fof~etl:ion <lu -plan ·qui ·a été ,produit <lans l'affaire de
Tarafcon, fuffit pour voir l'excès où le Languedoc perte fes préten-tions.: les quartiers qu'il réclame font des terreins qui touchent la
Ville de Tarafcon du midi & du nord :fun de fes Fau,xbourgs., les
Caz~rnes,l'Hôpital,deux Couvents de Rdigieu~, le Port même de
laVille, fon.t füués .fur mi de ,ces quartiers. L'on voit encore fur le
pl~n, q~e le Languedoc porte les ch0fes jufqu'à demander des ter.r..ems qm font beaucoup plus avant dans lest.erres de Provence que
Q_
•
�'ü2
laVille Cie ·Tarafcon même. L'abus qu'il-fait de fon droit chimérique
de proprieté du Rhone efl: .tel , que fi, par une inondation , ·ce
Fleuve paffoït derriere la V 1lle de Tarafcon·, fur le cha1}-1p cette
1Ville deviendroit dép~ndante du Languedoc. Souvent le Rhone
inonde la vafre plaine d'Arles, & bien-tôt nous verrions ces parties
de la Provence paffer-encore au Languedoc.
En vain lors du Procès-verbal de !'Ingénieur, fait en 17 1 3, a-t-on
prouvé que les quartiers du Gués, Le{èel & Baralier· étaient compris
de tems immémorial dans les cadafires de Tarafcon , & qu'ils
étoient fitués au-delà de ce foffé que le Languedoc prétend être la
limite des deux Provinces: en vain a-t-on prouvé que les autres.
quartiers étoient terre ferme de PrOVf:JZCe , & non des Ifles ou crémens du Fleuve; tout a été inutile. Le Rhone dans une inondation
paffagere a touché ces .terreins ( il y a trois ou quatre ilécles , ) c'en
eft affez pour les avoir acquis au Languedoc, quoique la Provence
ait continué de les poffeder. De pareilles conféquences devroient
fu ffi re pour faire réprimer l'entreprife du Languedoc (a).
Il efl: aifé de s'appercevoir que le parti que prennent aujourd'hui
les Etats de Provence de réclamer le lit du Rhone depuis la Duranœ
jufqu'à la mer, & de faire condamner les prétentions que le LaJZgueaoG a fur cette portion du Fleuve, change totaleme~t de fac·e·
l'affaire de Tarafcon & celle de Boulbon, dont nous allons nous oc,,
cuper. Dans le cours de cette premiere inftance, on s'eft défendu·.
en fuppofant au Languedoc un droit qu'il n'avait pas ; on lui cédoit des terreins q1:1-'il av oit vifiblement ufurpés : On croyoit, fans:
preuve, qu'un ancien lit d'un bras du Fleuve avoit été défigné pour
faire les limites des deux Etats : Toutes ces idées étaient autant
d'erreurs ; & fi, comme on l'efpere, les Etats de Provenee réuŒifent
à renvoyer ceux du Languedoc au - delà du Fleuve , èe fera fm~
un plan tout différent que ces Communautés d~vront' être dé'"'.'
fendues. ·
Affaire de la
-communauté de
Boulbon.
Après le détail dans lequel nous venons d'entrer fùr l'a.ff..·üre de·
nous ne dirons qu'un mot de celle de Boulbon, qui eft
Cette Communauté dont le terroir touche à celui de
a eifuyé les mêmes conteftations pour un quartier nomdu plan de Lorme. Le · Languedoc l'a prétendu par les:
mêmes raifons qu'il a oppofées à Tarafcen. Il a de même formé:
oppofition à un Arrêt du Confeil du 4 Mars 1 7') 4 , par lequel le .
TaraJ'rcon ,
la même.
Tarafc,on,
.mé le clos
_ (a.) C, omi:e _l'Infiance ~'entre la Ville de 1 arafcon & les autr;s Parties, e{l: pendante·
:au ConÎeil , 1 on pourra voi r les autres moyens de cette Ville contre le Languedoc . dan9'
le .l\'l émoire qu'elle a fait imp rimer.
'
�1-~1
Co11foil a demandé l'av'is des Intendan s; pour fçavoir fi le terrein
contentieux étoit terre ferme ou Ifle & crément. Il confentoit d'aboi:d, comme vîs-à-visTarafcon, que cet înterlocu toîre fût exécuté ;
mais depuîs il l'a jugé inutile, & a demandé que l'on commençât
par lui adjuger définitivement le terrein contenti eux comme crément du Rhone; le Confeil , fuivant lui, devoit l'en croire fur fa
·.
parole que ce n' étoit point une terre ferme.
par
&
,
réuffi
Ce ton clefpotique du Languedac n'a cependant pas
Arrêt .du 6 Février 1764, Fexécutî on de celui de 17)4 a été ot-Oonnée: enforte qu'ïl eft aauellem ent permis de douter que . le
;terrein contentieux foit un CFément du Rhone. Il eft vifible que
cet Arrêt pour Boulbon · annonce au Languedoc quel fera le fort
.<le la _!nêine prétentio n qu'il foutient contre la Ville de Tarafcon..
Quoiqu' il en fait, ces .préparatoires ne rempliffent pas affez les
<lr~its de la Pr-0vence , pour qu~elle les adopte ; & l'on vient de
voir par l'analyfe de fes titres qu'aucun de ces Arrêts n'eût été
:rendu dans ces termes , fi fes droits avoient été connus. Il en
.doit être de m&me des deux Procès que la Ville d'Arles foutiertt
:aal,.\ellement au fujet du Rhone.
Le Fermier du Domain e de Languedoc a intenté deux demandès Procèsd'Arle;.
iCOntre cette Ville, l'une pour des droits de franc-Fi ef, & l'autre
. pour des lods & ventes qu'il prétend fur le quartier de Trrjbon que
Confeil de 169 2 déclare devoir appartenir à perpétui té
l'Arrêt
:au territoire de Provence , & être exempt de tous droits de cham- ·
part, lods & ventes, & autres droits envers le Roi , moyenna nt
,d'un côté lafomrne de 787) liv., qui fut payée pour droit d'entrée ,
-.& de l'autre une albergue,annuelle & perpétue lle de 300 livres.
La Commun auté de Barbantane eft encore pourfuivie par le Inlhnce· entre
farba~tane & A:Languedoc pour la taillabilité des Ifles du Mouton , quë la Com• , tan d.iS ramont.
r
d
_Jr
·
f:
·
d
'A
rnunauté d ramont vou ro1t aire pa:uer ans ion com,p01x
que la Commun auté de Barbantan·e & la Provence ont joui fans interruption & à fi jufl:e titre de la taîllabîli té de ces terreîns, depuis
<iu'ils exiftent.
. 11 s' e.ft élevé une autre conteftation entre la Commun auté de Procès de Me-!<
:Palabregues & le lieur Ravaneau qui po1féde .des fonds dans le zoargues,
terroir -de Me?_oarg.ues; la Commun auté de V.alabregues veut
avoir la nillabili té d'une pai;cie du Domaîn e du lieur Ravaneau,
conteuar1on enues.
ré, • & a payé la taille à Me7oarg
été encadaft
qüi a toujours
1.
.
•
.
Enfin il y a une nouvelle difficulté entre 1e Corps de la No- rre fa N obleffe de
du Baron, 1Prove n~e & le
bleife .de Pr.ovence &le Languedo,c , au fujet du péage
angue~oc.
n ..
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•
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,
.
'tiil
.
:qui fe leve f~r ~e petit Rhone.= L,~ Lan~uido'C'.pré:enâ- a'VO'Îr ~et
Arrêts qui lm ont donné le droit d .1mpofer au vmgti~me l~s droits.
de bacs, & péages p~rçus fü~ la partie du Rhone fupéneure ~la. Du.
Tance_; il veut en etendre 1 effet fur, les péages qui fè perç_o1vent le
long de la Pr,ovence, & impqfer au vingtiéme le péage du Baron
'.dépendant de la Seigneurie du lieu , qui appartient au Marquis de
rMejanes. Celui-ci paye au Corps de la Nobleffe de Provence hs
vingtiéme s de fa Terre du Baron ,. & de tous les droits. qui la co111··
pofent, parmi. lefquels le péage efr un des principaux : Cette
Terre a été de tous les tems comprife dan.s- l'affiorinemeut du Corps
de la N obleife de Provence ; c' eft fur les déclaratio ns des Fiefs &
des droits qui en dépendent qµe le contingen t de ce Corps. a été
formé dans l'abonnem ent des vingtiéme s ; le péage du Baron comme
les autres droits de c::ette Tei:re, font entré& & ont dfa entrer dans
ces déclaratio ns & dans œ contingen t ; comme Fiefs & dr.oits de
Provenae ·; pourquoi · donc le Lang';J.edoc veut-il aujpur-d'hlii
en percevoir le vingtiéme ? Cette prétention n'avait pas. été rnife
au 7ourlors des vingriéme sde 1q10, 1731: & f.74:1 ;, jufqu'àpré ·
fent perfonne ne s'étort avifé d'imaginer que le Fief & Seigneur~e
du Baron füt compofé de droits, partie Provençaux, & partie Lanw
guedo,iens. : A près toutes les preuves que nous avons fourni~s, on
aura fans doute raifon d'être farpris de cette n0uvelle entreprifo,
pour enlever à la Pr-o·vence le péage du Bar-on, péage que· les
Comte1) de Prnv~nce ,o at établi , po:ffédé & inféodé ,
dont ils
ont reçu les hommages & dénombreni.ens des Poffdfeurs . Le Lan·
. guecloc ne peut foutenir: une pareille prétention _; fans renverfer
routes les idées,, fans rnéprifer les titres. les plus c.onftans,. fans,
. violer la p.o.fidiion la plus ancienne.
Tou? les t~n:eins qui. bm:dtmt le Rhane du côté' de la Provence.;.
ont toujours contribué aux impôts payés par cette Province; ils
ont été compris dans tous, les affouagernens- & _les cadaftres fur
lefquels fe lev€nt ces· impôts; & l'on défie le Languedoc de Giter
une fe_ule époque où ils ayent ceffé de contribuer aux charges que
la Provence paye à l'Etat. Il eft donc fouveraine ment injufte que le
Languedoc veuille acquerii: J au détriment du vrai Propriétai re , du·
Poifeffe.ur de tous .les tems., les impofitions des terreins qui font ·&
ont tOUJours fuit partie de la maffe commune , fur laquelle nos RciSJ
cmt fixé les tributs de la Provence.
M 0
Y E N
s:.
Le Confeil s'apperc.evra. facikment d'.apres cet expofé d~s;
�t':l~
Ptoct~ rut>fi11ai\S en.trè fes deux Provinces à I'occaGoh 'de fa prô'G
Lang~edoc n~ t~ndent à
rriété du Rho~: , qu_e les prétentions
rien moins qua diminuer les fonds fuJets aux impofit10ns de la
PwJJence, à troubler l'ordre de fa taillabilité, & à l'obliger de
demander au Roi une diminution fur fes impofitions , fans que
celles du Languedoc en reçoivent d'augmentation. L'intérêt da
Roi ni:ême fe trouve donc néceffairement lié avec celui de la Proi....
'JJence, pour déterminer- le Confeil à refferrer le Languedoc dans
les véritables bornes quel' équité lui prefcrit , -& à-écouter les très"humbles repréfentations de la Provence fur la néceflité de faire u:h
Réglement général qui fixe enfin le fort. & les limites des:deux::
Provinces. ·
C' eft pour démontrer la jufl:ice de cette d.€mande , que les Prot..1
cureurs du Pays fe propofent de réduire leur défenfe à deux prG- ,
:pofitions très-fimples, l'une fur le n~rite du fond, l'autre relati;..
.· ·
vement à la forme.
Sur le fond , la Prov.znce- a des titres füffifans pour réciamei: lh
Rhone & fes dépendances, depuis la Durance jufqu'à la mer ..
Dans la forme, les voies de Droit lui font ouvertes pour fe pou.11~
yoir contre les Arrêts qui peuvent lui être contraires.
?u.
P R E M I E R E
P R 0 P 0 S I T I 0 N'..
'La Provence a des titres fuffifans pour réclamer le Rhone & fis;
dépendances,. depuis la Durance jufques à la mer.
l1 n?efr poi'nt de rnoyen pluS' certafo de s'affurer à laquelle ôe·
·d eux Pr.ovinces une riviere appartient, que d'examiner fi l'une des"
deux ù~ft étendue fur les deux bords, fr elle a exerE:é fa Jurifdi8:.i.on fur le lit de la riviere, & fi. elle en a poffédé les Ifles ,. les·
ports, les péages. &.la pêche : La. Provence. réunit.tous ces avanta.ges à la fois ..
r 'I! ~ -e,
. & p· R:f"I!.R .ul"M.
. que- 11ous venons de. parcourrr,
L es monumens de l 'H. i.ft oue
v r~.
les titre~ produits par la Provence, s'accordent à prouver que cette La· Pro·.,rn~c a,i
Province s'étendait autrefois fur les deux bords du Rlrone. U Fl.· Fi- polled~ d.e:._Terrcs,
•fr
.. l arHer
Œ,t.
de ces d"111t=rentes
·
r.
aucun doute au-del.id.i.r. lou..y.e_
preuves ne doit
J.iUme' .r.1.uccmt
.fur cette vérité. Nous voyons en effet que fous l:Empire·Rornai111,
le Rhone faifo\t partie de ce Pays~ La conquête que leS' Vzfigots:
firent du Languedoc , ne changea point les limites.de la P"roPene~ ,,
q.ui conferva toujours fes terres au-delà du Fleuve:.. Si cette Prn-vince paffa dans la fuite fous la dom_foatfoU'-des·Ojrogor.s; 1 &.. depuis;
�t 'y ,.5
aux Princes François en ) 37, elle y paffa dans toute fon étendue
& avec les terres qu'elle avoit à la rive occidentale du Fleuve.
Nous croyons même digne de remarque , que cette ceilion deJa
Provence à la ·France eft le premier titre en vertu duquel no.s
-R ois ont regné 'fur le Fleuve du Rhone. Ce n'eft qu'en qualité de
Souverains de cette Proyince , que pendant deux cens ans ils ont
.exercé leur fouveraineté fur le Fleuve & fur les Pays fi tués
- aux deux bords , & l'ont exercée dans le tems que le Languedoc
contînuoit d'être poifédé par les Princes .Pifzgots, dont les Etats
.
.
ne s'étaient jamais étendus jufqu~au Fleuve .
par
foit
,
Le Languedoc une fois conquis & réuni à la France
'Charles Martel, ou par Pepin le Bref, l'union des _4eux ·.Provinces
fous la même domin ation, n'apporta aucun changement à leurs li~
mites; la Provence conferva toujours le Rhone & les Pays fitués
à la r~ve droite. Dans les partages de la Monarchie Françoife entre
les Succeifeurs de Pepin & de Charlemagne , le Prince qui regnoit
fur la Provence, regnoit également fur le Fleuve & fur les deux
bords; & celui qui avoit le Languedoc, n'y faifoit nul aél:~ de fou"".
veraineté.
Lors de l' établîifement de la Religi on chrétie nne, la Jurifdiç~
tîon fpirituelle des Evêques eut pour bornes la même_étendue que
la J urifdiét:ion temporelle des principales Cités. D:ans 'le moyen
âge, lors de la formation des Comtés , îls avoient la même éten,due que les Diocèfe.s ; .ç elui d'Arles comprenait au-delà du Rhone,
Beaucair~ & le territoire d'Argence, qui font encore aujourd'hui
du Diocèfe d'Arles: Aucun Diocè fe ni Comté duLanguedoç n'était
compofé de terres en;deçà du Fleuv e; fi Bofon Gouverneur de
Provenc~ ufurpe ce Pays fur la Couronne de France, l'ufurp.ation
s'étend fur toute la Provence ; c'eft-à-dire, fur les Pays fitués à la
gauch e & à la droite du Fleuv e; [es Succelfeurs ·jouiffent de la
fouveraineté fur tous les Pays ufurpés , & cette révolution ne fait
perdre à la Provence les droits légitimes qu'elle avoit fu,r le Rhone,
ni ne les donne au Languedoc.
~es deux Provinces foumifes à des Corptes particu liers, ce n'eft
que par le mariage d'Emme de Provence qui époufa le Comte ~e
Touloufe , que .celui-ci a droit .à une partie <lu Comté de Provence ;
ce n'eft que ·depuis ce mariage qu'on voit le Comte de Touloufa
poiféder des terres de Proven~e voîfines du Rhone ; jamais avant
cette. époqu e, il n'en av oit eu, & jamais il n'a fait aae de fouve·
i-aineté fur ce Fleuve qu'avec les ,Succeifeurs de l'autre branche
,qui regnoit en Provence.
�'i2·1
Rappellons-nàus êncore que lorfque cette Province fut partagée
entre Raimond Comte de Barcelone & Alphonfe Comte de Touloufe
par le traité folemnel de 1 12) , la partie de la Provence qui étoit
au-delà du Rhone du côté du Languedoc, c'eft-à-dire Beaucaire &
le territoire d'Argence qui avoient toujours fait partie du Comté &
du Dioc.èfe d'Arles, fut définitivement adjûgée au Comte de Tol.l'-loufe avec rautr·e pàrtie de la Provence qui s 'étendoir depuis l'lfere:
jufqu'à la Durance. Par le même traité la Durance depuis fa fource
jufqu'auR hone, & leRhone jufqu'à la mer, & même jufq ues au milieu
de la mer, font adjugés à Raimond Comte de Barcelone avec tous les
Pays qü'ils renferment. Cette réunion .de Beaucaire & du territoire
d'Argence àl'ancienDomaine du Languedoc, bien loin de lui fervir de
titre pour dépouiller la Provence de fes droits fur le. Rhone, efl au
contraire un· monument, une preuve toujours fubfiftante que le
Languedoc n'eft parvenu à toucher le bord occidental du Fleuve,,
qu'en acquérant une partie de la Provence , & que le titre de fan
acquifition de cette partie ne lui a donné aucun droit fur' les Ifies ,,
& encore moins fur le bord oriental : En effet l'on voit les Suc-·
cefTeurs de Raimond Comte de Provence maintenus en poffeffioll'
des principales Ifles du Fleuve de la Camargue , de Luffan & de·
Lubieres, par un autre traité paffé en I 1 76 entre les deux Comtes de' ·
Touloufe & de Provence; ce dernier aél:e eft d'autant plus décifif, que·
c' eflun renouvellement & une confirmation du premier,fait en n2) ..
. Saint Louis rentre en poffeffion, par le traité de Pari-s de 1229,
d:une partie des Etats du Comte de Touloufe, & de la partie de hi·
Provence à la droite du Rhone , que le traité de 11 2) avoit adjugée
au Comte de Touloufe; c'eft-à-dire, de Beaucaire & du territoire
d'Argence : la. Maifon de France .rentre également en poffeffion ei;r .
124) du rdte de la Provence, par le mariage de Charles d'Anj.ou
frere de Saint Louis avec Béatrix Comteffe de Provence ;. avant &
ê.près cette époque , les Prédéceffeurs & les Succeffeurs de Charlei
d'Anjou Comte de Provence ont joui confiam!Ilent des mêmes droits;
fur le Rhone, fur fes Iiles, [es bacs, fes ports & f-es péages, de
l'aveu même de la Cour de France , & malgré· les tentatives des;
Officiers du Languedoc, qui n'ont fervi qu'à mieux. affermir les:
droits de la PrGvence.
Nous nous rappellons encore d'avoir vu en S24 le Comte
Leibulfe faire échange avec !'Archevêque d'Arles , des biens füués:
dans la Terre d'Argence au- delà du Rhone, , faiJant partie dt.i
territoire d'_Arles. Le traité fait en 1070 entre cet: Afrhevêgue
d'Arles · & Raimond· de Saint GiUes , au fuj er de la Terre ·d'Argence & de fes çlépendances,. efr une nouvelle preuve que ce Pay$
•
�'128
faifo!t. .partie de la Provence. Cette contré e eft-ell e con1prife dan$
Je p~rtage de 1 1 2) : le même Prélat la reclame comm e dépen~
.dante du Comté de fon Eglife. Au milieu du douzié me .fiécle, il
.difpofe d'une partie des terreins qu'il poffédoit au-del ~ du Fleuve..
.Dans un autre tems il inféode .à Simon de Montfort , Argence &
]3eauc_air.e. Enfin, Saint Louis efl: obligé de traiter avec l'Eglife
:d'Arle s, f,our acquérir les .droits régaliens dans ces Pays, fui:
lefquels 1 Archevêque les exerça it. Il eft donc difficile de rapporter des preuve s plus convaincantes qùe la Provence a autrefoi~
poffédé des terreins fur les deux bords q.u Fleuve . Quant à la
Jurifdiétion qu'elle .a exercée fude Fleuv~ même _, nou~ en yoyon?
.des titres multipliés..
Un Comte de Provence fient en I 1 ) 0 un plaîd folemnel dans une
entre les Rabi.
En 122 1 il s' éleve une conteftation
l F lle a exe rcé des Hl es du Rhone.
d
r.
C
d
'
d
1
·
t >e tout ·tems a 1u. u . omte; .ce ,1.ont e$
J"ilè!iéèion fur le .tans .de Tarafcon & les Recev eurs u peage
Ju.ges de Proven,ce qui la te.rminent. CharZ.es d'Anjo u met .des imp0iRhone.
fitions fur le fel que l'on tire _par le Rhone pour Saint Louis; & lorf:.
,que le Roi de France s'en plaint , ce i~' eft point parce qu'il fe prétend
.maître du Fleuy e, ,mais parc.e que de -pareils proce.dés ne convien~
~1en.t po.int à un P.rince voifin , encore moins à un fr.ere,.
En i 267 , une autre difficulté naît fur les péages du P6nt
'd'Arles , elle eft encore jugée par des Juges de Provence. IJ
s'en éleve une nouve lle e.n 1 2.8 3 , · elle eft également termi,.
d~
~11ée par les mêmes Jug.es. Les Seigne urs de M é"I_oargues,
Jjoulbo.n & de Be.rtrp.nd ont des différends ; ils font prêts à .en venir
:;i.ux arm~ : c' eft le Souverain de Provenc,e qui interpofe fon autori té,
& quj. fait faiGr en 1290 leurs !iles. Les H:abitans d_e Fourques, Su jets
Çu Roi,de France, ont-ils quelques difficultés fur les péages d'Arles:
Ils fe foume ttent à la jurifdiétion des Juges de Provence_: n9µs en
voyons un exemple en 129!} & 1 360. Ceux de Marfei.lle pré~ndent
fexem ption .de ces péages ; !'.affaire eft :P ortée devant les mêmes
Juges: il ei;i eft de même pour les Habita ns de NQtre-Dame-d~-la
'Mer. Un .Sérltéc hal de Beaucaire faifit une barqu.e fur le RhoJ7,e; 15$
Officiers de Proven.ce s'en plajgn ent; U efl: obligé de donne r main·
levée de la faifie, & de les prier .d'en faire une dç leur autoritép
:tnfin, les Rois de Fran.ce eux-mêmes recouno.iifent les droits des
Souverains de Provençe fur le Fleuv e, pa.r les traités eiu'·ils font
c foin pour la tra,ite des fels.
~.vec , eu~,~ qu'ils renouv ellent ave_
, Une multitude de Sentences de conf-ifcation rendues par les Juge$
,çle Pr,op_ençe, ~ompre d'inféodationi d~s Iüe~ données par la Çham~
,bre
'
I I.
�~L... ......
l.29
'.'bre des Comtes d'Aix; plufiem:s homma-ges rendus aux Comtes 'cf'e·
Provence, pour raifon de ces mêmes !fies, ·confirment que la Pra-.._
:vence a toujours exercé fa jurifdiétion for le Rhone.
Les Souverains de cette Province donnaient des permiffions
d' airi1er fur ce Fleuve, y faifoient eux - mêmes des machines de·
guerre, en défendoient l'entrée à qui il leur plaifoit, en faifa11t
tendre les chaînes deftfoées à cet ufage: ils donnaient des lettres
de marque & de répréfailles , poifédoient un fort fur fes bords, &
permettaient à la Ville d'Arles d'y en bâtir un pour lui affurer la
navigation. Ces Souverains jouiifoient donc fur le Rhone de toutes
les efpéces de droits·_régaliens & de jurifdici:ion. Le Languedoc
.eft-il en état de rapporter de pareilles preuves de fa fouveraineté
fur la riviere?
'
' Aux droits de jurifdiél:ion & de fouveraineté , les Comtes de
Provence téuniifoient ceux de la prop 1riété des IOes & crémens
du Fleuve. Dans la plus haute antiquité ils ont poifedé la plus
grande Ille, la Camargue.Jamais ils n'ont ceifé d'en être maîtres ;
nous les voyons difpofer également des H1es de Formicaria, d' Ar,gentiere, de Mairanica, de Lubieres, de Me'{__oargues , de Luffan &
de Boulbon, que le Rhone a détruites, & .d ont il n'exifte plus d'au•
cune trace que dans la fimilitude des noms que portent encore au...
jourd'hui quelques terreins de la terre-ferme de Provence (a) : ils
.difpofent encore de celles de Bertrand, de Carnave, du Petit-Mouton,
de Trejbon, de Saxi , &c. Comment imaginer que des Princes qui
font, foit par eux-mêmes, foit par leurs Officiers de Provence,
~ous ces aaes de puiŒmce & de propriété fur les Ifles d'un Fleuve
r(en ont pas. la fouveraineté ?
IIT.
La Provencé
étoit Propriétaire
des IOes & crt'.'.':.
mem.
1
Nous en doutons encore moins,quand nous nous rappellons que les
Souverains de Provence poffédoient les péages, ,ports & dérivations
'du fleuve fur les deux rive.s. Quelle multitude de conceffions, de
ventes, de créations , de fuppreffions de péages ne nous a pas paifé
fous les yeux! Combien d'exemptions accordées, de tranfaél:ions
paifées, d'hommages rendus au fu jet de ces péages , foit de fa part
des. Souverains Provençaux, foit de la part de leurs Sujets ! Nous
l~s voyons maî~res des ports de Confolde, de Baron, de Fourques &
·
(a) Cette deJlrùél:ion n'e!l: point imaginaire.Nous avons vu pages 88 & 89 , que Je Roi
René en 144i., accorda à deux Particuliers, 'la décharge de redevances conJiJérables, pour
les terreins qu'ils a voient dans l'Hle de Luffan, _&que le motif de cette décharge étoit que ces
foo.ds avoient été emportés par les eaux de la riviere.
R
IV.
Elle polfedoit
les ports , péages
& dérivations de
1 '
1a nv1ere •.
�.
On ne peut lui
op.Po.fer la pref·
(;!lption.
·
/
~
130
éle Saint-Gilles. Le Roi poII'ede encore aujour d'hui, comn;e Comte"
Cle Provence , le bac de Confolde; les péages du Baron , d Arles &
ôe Tarafcon font poffedés par .les Inféod~taires o~ Conc~ffionna~re.s
âes Comte s de Provence. Nomb re de titres accord ent a Arles le
droit excluf îf de la pêêhe : plufreurs Arrêts modernes adjugent'
les !Des & lés crérnens du Rhone à la Provence. Nous avons également vu les preuves qu'elle avoit les droits de bris & de naufrage tant fur les rivages de la mer que fm; les deux bras du Rhone-..
Peut-o n voir l'anal yfe de toutes ces piéces fans demeurer con-·
vaincu que rien n' eft mieux établi que le droit de propri été de cette
Province fur le lit entier de cette riviere ?
a
La Pr?ve:zce n'a d'ai~Ieurs nuilem ent craindre qu~on Iuf oppofé
la prefcn pt.H?n. A partir des tems les · plus réculés JUfques a nos.
jours, la chaîne de fes titres n' eft point interrompue : l'ordre chro-nologi que que nous avons fuivi dans ce Mémo ïre, €n offre une
preuve facile , & la contin uité de fa poffeffion des Hles & des;
péages , l'exerc ice conffant de fa jurifdiél:ion fur le Fleuve veillen t
· contin uellem ent à la confervatïon de fes droits. La füuatio n phy~
fique de la riviere eft elle-même une barriere contre les préten tions·
·
du Languedoc~
, ~relat!vem·ent à la'.
Rhone
le
En effet , la carte nous repréfente
.
Provence~ d'abord dans ~ne feule branch e.Depu is la Durance jufques
à Arles il coule fans être divifé. A Arles il fe fépare : fon principal lit eff au milieu des t:erres de Provence, derriere la grande IDe·
de Camargue; ce n~eft que le nouveau bras qui paife du côté' du.
Languedoc.,Or ,.on ne lui a jamais contefté le grand foas, à compt er:
d'Arles jufques à la mer. Pour le pouvo ir prétendi-e, il eût fallu qpe
le Languedoc eùt poffedé la Camarg.ue., & )amais il n'y a eu la·
moindre propri été: à l'égard _du nouve au bras qui s'appe lle le pBtir
Rhone , la Provence non-feulement en a joui, maiS.· de plus elle a.
eu des terreins conG.dérables au-del à, & même encore aujourd'hui,.
on le répete ·' le Roi, comme Comte d'e Provence , poffede le port
ou bac de Confolde. Les Proven çaux ont fait , en ver.ru des inféodations des Comte s de Provence., à ce bras du. Fleuve ·, noml?rn cfe·
. dérivations pour en amener les eaux dans l'eurs· terres. Avec quel·
foin le Languedoc n'eût-il pas réclam é cnntre ces coupu res, s'iL
côt été le maître des eaux! L'on ne peut donc pas douter que,
ces deux portions du Fleuve ne foient à la Provence:
Si ce fait eft indubi table, comm ent pourra-t-on raifonnabfomenr
lui con~fter le lit fupérieur ,: dans leq_uel il. eft prouvé q_u' elle ~
�poff~dé ·des Iile~ , des péages dd:~ ports; ·& que ~ette poffeffiol'\
lui a été confirmée par dés Arrêts? C'efi: vis-à-vis cette partie du
Fleuve que font principalement fitués les terreins dont elle a~ joüi
dans ce qui forme aujourd'hui le Languedoc oriental; c'eft-là où
étoient fituées jadis les Ifles de Lubieres, de Lu§an , de Gernique &
autres: c'eft-là en un mot où fe ~touve l'Ifle de //allabregue, dont
on fut obligé de faire une mentiot1 expreffe dans le partage de 1 1 2),
afin qu'elle appartînt au Comte de Touloufe, fan.s quoi elle eût
paffé de droit dans les biens échus au Comte de Provence, parce
qu'elle fe trouvait .dans le lit d'une riviere qui lui appartenait.
,
'
Après nous être. occupé des preuves pofüives des droits de la n'aLeP~~~~~~~~
Provence fur le Rhone , examinons fi -, par quelque traité ou par tranflarif de la
quelqu_'autre acl:e tranflatif de propriété ', cette Province auroit propriétéduFleO.·
perdu fes droits, & fi le LmJ.guedoc auroit acquis avant ou dep\Üs ve.
la derniere réunion de laProvence à-la Couropne .les droits que cette
Province avoir fur le lît du Fleuve.
Si l'on ne faifoit attention à la maniere dontle Rhone a été poffedé,qu'à compter du commenceme_n t du 14e. ftécle,on pourrait avoir
qudqu'inquiécude fur le droit de propriété de la Provence; c' eft
à cette époque que commencent les tentatives du Languedoc pour
anticiper fur le Fleuve. Cependant ces tentatives mêmes prouvent
la
que dès ce tems-là le Languedoc agiffoit pour gagner, & que
1
rdre,.
pe
Provence qui étoit en poffeffion combattoit pour ne pas
C'efl: donc fur les tems antérieurs qu'il faut porter fon attention,& on y voit avec la derniere évidence que depuis que la Provence
s<> eft formée., avant même la conquête des Roma.in$ jufques a~x
premieres années de ce quatorzîéme fiéde, c~ eft-à-dire , près de
.deux mille ans avant la prem;iere entrepfife du Languedoc, cette
Province s'étendait des deux côtés du Fleuve. L'on fe rappelle
.encore que la France a poffedé la Provence & le Rhone deux cens
-ans avant que le Languedoc ·appartînt à la Couronne , & cette
derniere Province qui fe couvre aujourd'hui avec tant de complaifanee ,de l'intérê~ du Domaine, n' oferoit pas ·avan~er que tandis ·
que, la Provence appartenait au Roj, les Pifi.gots euffent alors l.'\
propriété du Rhone.
• Si donc il éto-it certain qu'autre.fois le Rho_ne faifoit incontefta..:
blement partie de fa Provence; il.eft d'une néceflité iodifpenfable
que le Languedoc·rapporte le titre qui lui a tranfp.o rté 1~ propriété
.,de ce Fleuv.e, & qui l'a fait perdre à la Provence.•
.Nous connoiffons en Dro_it deux fortes de titres, ceux con~i~
r
~ ij
'J~
-
�IJ2
•
tutifs d'un :droit . quel qu'iL foit, ou tranfl'atifs de propriét é, .&
les titres fimplement énonciatifs ou èonfirmatifs. Les premiers.:
operent la création du droit,. ou le tranfportent de la main d'un.
Pro.priétaire dai1s celle d'un autre ; les feconds, dans. quelque forme
qu'ils foient: 1conçus, n.e font attributifs d'~ucun droit nouveau ; ils
fuppofent le dr9ir, mais ils ne le donnent pas (a).
Les titres de la derniere efpéce font incapables de faire perdre,
par eux-mêm~s la propriété d'un objet quelcon que, & dès que le
vrai titre d~ propriét~ paroît, il fait taire tous les autres. Si par le·
titre original il paroiifoit au contraire queJ'objet contentieux n' eôt
pas été cedé à·celui qui le réclame & qui l'appuye fur des piéces:
qui fuppoferoien~ laconceilion ou le tranfport de propriét é, il ·eft
e,onftant que ces piéces. fero.ient non-feulement impuiffantes, mais;
encore odieufes, comme renfermant une fraude condamnable ( b ).
En faifant à l'affaire préfente l'application de ces principes, l'on.
voit la Provence en poffeilion de tems immémorial du lit du Rhone,
& cette poffeilion eft fi ancienne que les Souverains de cette Province font . cenfés avoir le premier de tous les droits., celui du·
premier occupan t; d'après les propres principes du Languedoc ,.
celui qui a la premiere occupation doit être regardé comme le:
vrai propriétaire; ainfi dès qu'il eft démontr é que la Provence a ew
de tout tems la propriété du Rhone , comme ayant été maîtreffe~
des contrées riveraines des deux bords, il faut néceffairement que ·
ceux qui. veulent que ce Fleuve leur appartienne, rapportent letitre qui leur en a tranfporté la propriété. ,Le Languedoc en a-t-il u.n1
·
.
pareil?
irepropriéta
cru
étoit
s'
ne
il
jamais
. Avant le quatorziéme fiécle,
naif-o
âe la partie du Rhone qui nous agite: cette prétention n'a pris
fance que de · ce· que les--terreins que la Provence poffédoit au-delà
du Fleuve en avoient é.té féparés deux cens ans auparavant.: mais·
lors de cette féparation le Fleuve & fes !Des ont-ils été ~ompris·
clans les aél:es de ceffion ? Nous ne le .voyons point :·au contraire·
nous remarquons u11e multitude d'aél:es où les Comtes de Provence~
o~t continué à ufer de leurs droits de fouveraineté·, de propriét é:
(a) Înflrumentum confirmationis, dit Dumoulin, fur l'article 66 de la Coutume de Paris,
i'l?mp. 1!4 ~ fuivans. in formâ communi non proh.at nec facit fidem de donatione , privile-·
K~O , vel allo quovis jure coIZjirmato , Jed neceffe eJl de illo docere per injfrumelitum ori~
1:malt.
( b) Limito , dit ~e même nomb 90 , fi appareat d~ contrario , putà prœtextum confir.;.
numquam: fuifle concej[um J1el hahuiffe aliquod vitio{um, quod in confirmatione non·
fuit expreffum, qua tune confirmatiopropter obreptionem. &Ju.breptionem ipfo jure non,Pt+.-: ·
itret,
in~tum
\
�°f J1
& Cfe jurifdiétfon fur le Fleuve & fes dépend.ances. Ces âEtes· de
poffeffion continuée fe perpétuent jufques au moment de la réunion
de la Provence à fa Couronne. & lors de cette réunion nous ne
voyons pas que le Rhone ait été féparé de cette Province pour l~
donner au Languedos. Au contraire les Lettres Patentes de réunion
données en 1486, portent que la Provence efl: confervée dans touS'.
fes dEJits, & qu'elle eft réunie à la Couronne, telle qu'elle avoit:
été donnée au Roi par le dernier Souverain du Pays. Depuis ce
moment nous ne connoiffons aucune conceffion, aucun traité quj_;
ait démembré Ja Provence , & en ait féparé' le Rhone~ Tous les·
principes s'oppofent donc à ce que le Languedoc-veuille conquérir
.
ce Fleuve fur fes ·anciens Propriétaires.
Jvlais cette Province, à défaut de titre tra.nflatif de propriété,. d Ltu rthd~arl'~e~
angue oc iur
. b· al ancer entï ,ell e & l a l eu . Rfione,
, bl
n'o nt:'
· es de f;aue
en rapporte-t-e 11e cl 'autres capa
~.~~·
acquéri;
lui
pù
fans
refta
o)
13
en
fit
Languedoc
le
que
tentative
Provence l La
lhg.ia-.nt:
drc
eu;
que
&
concertée,
mal
effet, & dans · les .termes d'une entreprife
l'on n'ofa pas-Joutenir. Poutla feconde faite en 1327, les Officiers m ...
de cette Province fe virent obligés d'y renoncer totah~ment, &
d'avouer qu'ils avoient eu tort de la faire: celle de I 3) 3 refta fans
fuite, & fi elle ne fut point terminée par une décifion qui la con-damnât, ce fut par les fuites & les longueurs que les mêmes 0?1-·
ciers affeél:erent de mettre dans la procédure. ç·e que l'on peut:
remarquer en faveur de la Provence pendant ces troubles ,_ c' eft
qu'elle continua toujours de jouir, c'eft qu'elle étoit toùjours en.J
poffeŒon, & que le Languedoc cherchoit à s'y mettre, & n'y reftoiê:
.
.. . .
point.
Les .lettres adreffées à Paul de' Nogaret, celles concernant le NonpH1 s, 9U" 1eS'~
- P ar!'!H'è!S"
. , & 1es or dres du M· ar é c ha1 de Lettres
• M ane
. ' ce11 es de 1a R eme
rD aup !une,
qµ'il ittvo.q_µev
Boucicaut, ne paroiffent poin~ capables de faire perdre à la Provence fes droits fur le Rhone. Nous avons prouvé plus haut gue ces
lettres n'ont nulle application à la partie du Rhone dont il s~agit
aujourd'hui ; mais quand on pourroit en argumenter r.elativement ·
à cette portion,des commiffions du Sceau pol}r fafre la recherche desr
ufurp'ateurs des H1es d'un Fleuve, une fimple énonciatiOn dans le:
narré de ces commiffions, feroient-elles capables de priver une Pro~
-Vince de la propriété d'une riviere,de celle de fes !Des & de fes péa-'
ges ? Quoi ! ce feroit par des aél:es de cette efpéce q:ue l'on jugeroic·
ges objets auffi importans ! Un mot, dans. un-e commiilion ou dans·
un brevet, fuffiroit pour tranfporcer fa P!opriéré·d}unFleuve , pour;
changer les limites de deux IJrovinces, & quoique des aél:es auŒ.::
iinguliers euifent produit ,., fans q~ ' on y eùt r.enfé, d' ~uffi gFand ~
�134
.effets , ,cependant les c'hofes n'auroient pas changê dans 1a rnoind're
·
·partie; tout feroit refié co111me auparavan t ~es lettres: quoique
l'un eùt ·perdu & l'autre acquis, la Partie dépouillée n'auroi't pas
·pour cela .ceffé de 1ouir comme auparavan t, & la partîe revêtue
n'aurofr fait aucun exercice .de fos nouveaux droits: ·c'e.fr ce qui
.
ne peut pas fe fuppofer.
Parlement de Touloufe, eft un exem~
au
rendu
,
3
149
de
L'Arrêt
, 1
L 'A rrctue
r.
" iur
1493, p l e dU d anger qu'"11 y ·a de Cl. ter des A rret-s
paro1e. T OUS l es
fource des erreurs
<les Jurifconfultes Jurifconfü ltes, les Géoe;raph es fe font copiés les uns & les autres:
" d e con A'.1 t;
f:'
" 1ut
A rret
' ft d e'l"é
Geogra& des
un A rret
1 . que cet·
aucun d' eux ne se
·
•
phe
5
qu'il avoit· été révoqué par des. Arrêts contraires & par des
.
Lettres Patentes qui avoient dépouillé de la connoiifan ce de ces
fortes d'affaires le , ·P-arlement d'où îl eft émané. Le Confeîl luimême dans les tems poftérieurs , a été induît en erreur , & a renevoy é en Languedoc, fur la foi de cet Arrêt, deG conteftatio ns pour
y être jugées conformém ent à ce qu'il porte. Le Languedoc l'a
toujours d.té ,fans jamais ofer le produire-: ce que nous en connoiffons ne ·nous eft adminiftré que par des voies indiretl:es & par
le réqu.ifitoire da Procureur Général, lors de l' Arrêt de Saxi. Mais
on .en voit affez pa.rAà pour s'affurer qu'un pareil Arrêt ne peut
tirer à aucune conféquen ce, fi ce n' eft de vicier tous ceux qui ont
été r~?dus '· fur ce que, l'on :a ~uppofé qu'il ju:geoit guelgue chofe ~
·
& qu 11 av01t eu quelqu exécution .
•L' Arrêt de rJ'72.6 • L'Arrêt .contre le Pape ne paroît pouvoîr en aucune façon influer
11
démonftra tion
11
• 'a. au~ll?~!IPP - fur l'affaire préfente. On_a porté ci-devant jufqu'à la
. de
1es d ro1ts
&
C
d
.
S
l
,.l
a:.1.
al aaa1~(\· Ja d'111crence
·~~non
omtat
qu i y a entre e o:uveram u
' ··
la Provence pour la portion du Fleuve qui la concerne.
A l'égard des reconnoiffances qui peuvent avoir été faîtes par
!es Procureur-.s du Pays dans l'affaire de Tarafcon, comme l'Inft~nce
n'eft point terminée, & qu'en tout état de caufe une Partie peut
réformer fes conclufion s, la Provence peut toujours fe corriger &
rétratl:er ·des aveux qui n'auront été faits que par une erreur de
fait & de droit, & par le défaut des titres que l'ori n'a .bien eonnus
·
que.dep1 is.
réclamer
pour
l1 ne refte ·plus au Languedoc de prétexte ~pparent
L'Arrê.t de .J 7 ,, 4
propriété du Rhone que l'Arrêt ·de 1724. Mais en l'approfon l~
fond
au
ne. pc~1r
nmre ala Prov.en- · diifant, l'ona lieu d'être perfuadé que cet Arrêt ne fçauroit fufpendre
les foffrage~, & qu'étant fondé fur une préfuppof ition erronée, par
ce,
le défaut de . onnôiffance des titres prim'itifs, conftitutif s & vrai:..
ment tranCT~ti~s .de la propriété du Rhone, il ne . fçauroit en effacer
,
ks te.qnes ~l l effet, ni tranfporte r cette proprié~é auLangu.edocP.
�.
Y3f
ement avee- les
cqntraditl:oir
rendu
eft
Arr~t
1'
que
. tI eil vrai
Procureurs du Pays, mais fans qu'ils ayent-produit le moiqdre titre
pour prouver l~ propriété de la Provence fur le Rhone & fes liles:.
c'eft dans une conteftation particuliere que l'on s' eft avi(é de mêler
une quefüon générale, de renverfer.nombre d' Arrêts & de Lettres.
Patentes, fans même les énoncer, & de changer les limites de
deux Provinces à l' occafion · d'un . terrein particulier : & ce qui.
prouve encore mieux combien cet Arrêt doit peu fervir . de
titre au Languedoc ; c'eft que cette Provinée elle-même ne l'a·
jamais- mis à exécution, quant à fa _difpofition générale, qui dé ...
cl are toutes les ID es devoir faire partie du Languedoc, ces Ifles n'ont
pas· ceffé pour cela d'être de la Provence, foit pour la jurifqi.S:ior.i;
fofr relativement au·x impofitions qu'elles ont toujours continué
d'y payer.
. Tout ce que nous venons de dire fur l' Ar.rêt de 17·24 ; necon.cerne que l'influence qu'il peut avoir fur le fond de l'affaire-:.
nous nous expliquerons dans un moment fur lesmoyens de l'attaquer.
dans la forme: .ce que nous pouvons affurer, quant. à préfent, c~eft
qu'il n' eft nullement capable de former. en faveur du Languedoc un..
titre tranilatif de la propriété du Rhone : au moyen de quoi nonfeulement l'Adverfaire de la Provence n'a point de t~tre pour vouloir·
s appropr~er l'objet contentieux , mais encore la ·Provence lui en.
oppofe ~me multitude de contraires à fes prétentions., & une l?of...fdfion de près de trois mille ans, quis: eft .fou tenue même depuis. les~ ·
prétendus préjugés que le Languedoc a obtenus contr'dle.
Enfin, nous ne pouvons. mieux faire_fentir t~ute l'injuftice deS'
prétentions du Languedoc qu'en. rappellant la demande qu'il a
formée contre la Ville de T arafcon relativement aux.quartiers de ·
Luffan & . de Barallier qu'il v-eut lui .enlever~ L'on a vu les efforts·
que cette Ville & la_ Province ont faits dan~ tous les- tems:
pour garantfr ces terreins des ravages du Rhone. Quoi la Ville
de T arafcon : quoi la Provence entiere fé feront épuifées à fournir
des fommes immenfes pour faire les ou".rages deftinés à empêcher:
. le Fleuve de détruire ces quartiers,, & ce ne.fera que pour le Lan~
guedoc qu'elles au.rom travaillé': c'eft._encore pou:dui feulqu'aujpurd'hui·elles. entretiennent ces ouvrages à grands·frais :·c'eft pour ·
lui feul qt.( elles .ont plus ~'une fois follicité, & obtenu de la bonté
.cde nos Rois les fecours néceffaire~ à ces dépenfes. énormes! N'eft~·
.ce 12as là porter fes prétentions jufqu'à la cruauté ?. Quelles dc~
mandes que celles qu 'il ne faut que préfenter dans toute leur étendue:
J?OUr révolter tous les efI?Üts. !. .
1
'
�. .
•
.
~3?
Nous pouvons don.c conclure, quant au fonèl de 1'affaire; que le
L .anguedoc ne nous oppofe ~ue des objeél:ions impui~antes, & desvues déraifonnables. Les droits de la Pro.vmce fur le lit du Rhone &
fe~ dépendançes .? f~nt démontrés. Nlais ·en vain la P;.ovence.. au~
.ro1t-eile des droits mconteftables .au fond, fi elle éto1t rédmte a
l'impui!fan_çe d~ les- faire val?.ir , parce qùe l~s form.es j~dici~ires
.s' oppoferoient a fa réclamat10n. Il nous refte a examiner ce quelle
, peut .avoir à çet égard .à craindre ou à efpérer~
S E C 0 N D
E P R.. 0 P
0 S I T I 0 N.
Les 'J.loies de droit font ouvertes à la Provence pour fe pourvoir,
· c.oTLtre .les .drr~ts qui peuvent lui être contraires.
L'analyfe que nous . avons déja faîte de différens Arrêts qu'on
,., peut oppofer à la Provence , nous met en état de diftinguer ceux
.que l'on doit é.carter par le feul raifonnem ent' comme ne formant
àucu·n préjugé contr'elle , d'avec ceux qu'elle eft obligée d'atta~
.quer par les voyes de droit. Les Arrêts de la premiere efpéce font
tous ceu;x: qui ne contiennent que des dîfpofüions relatives aux:
Fermiers & Receveurs des Domaines du Roi dans les deux Provinces. Le Conféil lui:même nous autorîfe fo'rm~llement à les re..
garder comme iimples arrang.emens économiques dans les Finances,
fans qu'ils puiffent tirer à conféquence fur la queftion de propriété.
Deux Arrêts le portent en termes formels : celui de 1690 pour
1'arafçon, & celui de 169 2 pour Arles. Le Roi y déclare, comme
on l'a vu, que les terreins prétendus crémens dont il y eft queftion
ne cefferont pas d'appartenir à la Pro'J.lence , quand même il feroit
ordonné que les redevances· domaniales fèroîent payées aux Fêr~
miers & Receve.urs du Languedoc. La Provence peut donc fe dif:..
penfer d'attaquer en forme des Arrêts qui ne porteront qu.e fur le
.
·
lieu où fe doivent payer les droit~ du Roi. .
26.
7
I
en
Pape
le
Il en doit être de même de celui rendu contre
L'on en a déja vu les raifons. Il eft intervenu contre une Puiffance
étrangere qui n'avoit ni titre ni p<?ffeffion; & la pofition de la Pro•
'Vence eft fi diff~rente, que les mêmes titres & les motifs qui ont
fait juger le Roi propriétaire du Rhone e::içclufivement au Pape,
décident la propriété de la Provence fur cette ri viere. Le Languedoc
n'a doi;ic plus que l'Arrêt de I 7 24 dont il pourrait argumenter pour
f outemr la Provence non-recevable à faire valoir fes droits: auffi eft..
çe le feui qu'dle fe propofe d'a,t~aquer par. les formes judiciaires.
·
. La
�La demande en contrariété d'Arrêt & en Requ~te civile, par L'Arrét de 17 ï 4
ie mo'yen de non-valable défenfe' font des voies de.droit qui font peut étre attaqué
ouvertes aux Parties contre les Arrêts du Confeil, comme contre par.J.a ~?t~e de 1•
.b
d" .
C'eft 1a d.i1po1mon
r_
r.. •
r:
~€UX des T n unaux or. maires.
iorm ell e ( à comrane e~
i'égard de la demande en contrarieté ) de·1'art. premier du tit, 6 de la
premiere partie du Réglemen.t du Confeil. L'art. 2 du même titre
porte que les Demandeurs en contrarié~ ne feront affujettis à
aucun délai ni aux autres formalités prèfcrites pour les demandes
en .caffation, & l'art. 6 v:eut que quand il fera.Jugé qu'il y a cont~ariété , il foit o.rdonné que fan& avoir égard au dernier Arrêt , le
premier Je.ra exécuté felon fa formé & teneur. Il ne peut donc Y,
avoir de conteftation que fur la ·queftion de fçavoir , 1°. fi en
e_ffet 1'Arrêt de 17 24 eft en contrariété ~vec les précédens Arrêts j
foit du Confeil; foit d'ailleurs; c'eft ce qu'il s'agit d'examiner.
Nous voyons d'abord une tranfaél:ion paffée par desCommiffaires
du Roi, au nom de Sa Majefté & en vertu du pouvoir qui leur eft
donné par des Lèttres-Patentes , le 16 Oél:oore 1) 44 , laquelle
réunit les lfles & crémens de Boulbon à la Seigneurie du même ·
nom, moyennant une fomme d:ai:gent, & à la charge du fervice
militaire. Celles du grand & petit .Mouton ont été confirmées à la
Communauté de Barbantane par des Lettres-Patentes du 1 7 Décembre 1 57 5 ~ ·par un Arrêt .contradiél:oire du Grand Confeil' du
113 Avril 1587. Un autre Arrêt du Grand Confeil du 30 Septembre 1609, dans lequel font énoncées plufieurs autres Lettres.Patentes , :a également maintenu le fieur Saxi dans les Hles & crémens dont les Languedociens vouloient le dépo.fféder. Trois
'Arrêts du Confeil du Roi ont prononcé la même maintenue en
faveur de la Provence:· Le premier, du 24 Oél:obre 1687, eft
.rend~ pour la Ville d'Arles, à laquelle il veut que les Ifles & cré-mens duRhone continuent d'appartenir. Le feçond du 22Août1690,
adjuge définitivement à la V illede Tarafcon les quartiers du Gués,
de Le.fiel & de Barallier prétendus crémens ; & quoique Tarafcon
foutienne à jufte titre que ces quartiers font de l'ancien continent
de fon terroir , il n'eft pas moins vrai que dans le fens du Languedoc , dont nous examinons ici le fyftême en thèfe générale, ·
cet Arrêt ferait cqntraire à celui de 17 24. Le troifiéme Arrêt du
16 Août ·1692 maintient la Ville d'Arles dans les crémens préten~
dus de Trejbon.
Commént pourra-t-o,n concilier avec cette foule d' Arrêts & de
Lettres-Paten~es un Arrêt qui porte, fans-rien prononcer pourtant
s
�13~
e appartiendront au·
fur les crém ens ; que tout es les Ifles du Rhon
édentes Loi x
Languedoc, & 'qui l'ord onn e, fans révo quer les p,réc en l'abferice
s, &
con trair es, fans qu'elles ayen t même été atta quée
évid ente , & 1'01l,
des Propriétaires? J amais c.ont rarie té ne fut plus
pare il Arrê t , pou r·
peu t ajouter que le Con feil en révoq_uant un
!'Or don nanc e le,
ordonner l'exé cuti on de.s pr.écédens , c:.omme
s'eft déjà pref crite j.
port e, ne fera au Languedoc qu'u ne Loi qu'il
d~ fo~ _Arrêt,, il ne l'ai
pu~fque jaina.is il 1~'a fa~t !e moi ndre ufage
10n qu on en rap~
même pas- fait figmfier a la Provence : la fignificat
ejon pou r eob Jet
-por te, n'eft faite qu'à la requ ête du Beur de Grcw
tion, qui a· fait la,
·par ticu lier. qui le aegardoitt dans la ~-ontefta
pas que la dernan<le:
mat iere de cet l'.An:êt. Nou s ne croy ons. donc.
tion géné rale '
éil cant rarie té cont re cet Arrê t , qua nt à fa difpofi
t enco re attaq.~e~:
puiffe fouffiir de difficulté au Con feil : L'on peu
défenfe , & vo1-cu
le mêine Arrê t par: le moyen. c;le la non-valable
·
-par. q~elles raifons-..
ande :
né' cet Arrê t,. étoi t une dem
La: demande quï a occafion'T'
\
,r;
G
d
fi
1
,r,
d
v·11
ieur e raveJon,, .a.
• 1.iere entr e 1
.l araJ ,con & e
e
e
1
.a.
1G:u
P,ar~
Gravefon prétendort
l'.occafiondu quart.1er du Caftelet~ Le fleur. de
rts que faifoit la:
le teni r en exem ptio n qe taill e contr.e les eff-o
ftre. C' eft fur cette.·
·Com mun auté pou r le com pren dre dans fon. cada
: de Provence ·fur.e nt
.uniq ue demande que les- Pro.c ureu rs_du Pays
e de Tarafcon : Dan s·
-autorifés à acco rder leuL inte rven tion à la·Vill
vou1ut Bar un
-le ~cours de finftr:ufüon , l'Inf peél eur du Dom aine
demanda . que m:>n··
-fimple dire~ rendre cett e affaire géné rale , -&
être du Languedoc ,
feul eme nt le quar tier cont enti eux füt décl aré
le Syn dic généràl:
:mais enco re tout es les autres·Hles du.Rho.ne, &.
·
équente.
·ado pta ces conc lufio ns par une Req uête fubf
cett e proc édu re::
- Rie n n'éto it plus vici eux à tous égards que
iere que 1'on devoit
Ce n'étoi t poin t dans une contefü1tion part icul
tendo~t à changer:
intro duir e une demande auffi imp orta nte , & qui.
uille r l'un e pou r
·les limites de deux gr~ndes Prov ince s , à. dépo
Lett res- Patentes ,.
enrichir l'aut re , & ·à renverfer des Arrêts· & des
aque r par les formes :
-gue l'on ne fe don noit mêm e pas la peille d'att
eur du Dom aine
JUd_iciaires. D 'aill eurs , il eft évident que l'.In fpea
nul inté rêt pou r le
formoit cette demande fans néceffité & fans
du Rlrene: foient.
·Ro i : .car qu'import e au Dom aine . què_les files
Elut ôt d" •ne Province que de Ïaut re •.
rifé.s à réclamer·
En· fe~ond lie 1 , les Pro:cureurs du Pay s , aum
enga ger fans trn:~la.proprieté du CajJeler7 ne. l'ém ient r.oin t pom:
Et · pa~· cel~e. de·.
laRequete \;;lVllr.
�'
139
·rnaiités une queftiqn générale (ur le lit entier du Shone &. fur fes
dépendançes : Ils ~' q1;t point dt1 défendrp, de l~ur autorité privée~
à une demande de cette conféquence. S1 pour un .fimple Partkulie,i:
mîneur il faut des a!femblées de p,arens pour autoriferj fes Admip,i~r~t~u_rs ~ foµte_:ür le_s ~ffaires qu.i ~ompromettep.t ~a proprieté d~
fes fo!!Ô§ .: a plus forte r(!.1fon fall01t-1l u_ne convocat1o:n folen~nellç
pour prendre lè vœµ des Etats fi,ir la demande inî.portante que
f On for~oit fi ~iqeg_uliérement COl).tr'eux. ., • , . . ,
3°. Enfin, .fi le~ Procureurs du Pays pren'o~ént fur eux de défendre à une pareille prétention·, au moins devaient-ils fe faire ·
:admini~n~r k$ ,titr@s de"prop-riet~ de la-Province rur "le. Rhone~ , fes
Ifl:es & fes crémens ; ifs n en ont abfolument nen fait : pas une
feule'piéc.e n'eft produite de leur part: Peut-on douter qu'ils n'ont
.point entendu défendre à la demande générale, & qu'ils n'ont
en-effet défendu qu'à la demande particuliere ·du fieur de Gravefon.
Cette feule circonftance manifefre qu'en effet.la.. Provi~1ce n'a point
été défendue,ou qu'elle ne l'a pas été valablement fur-1'objet général
,.q ue- l'nn a:voit"gliffé dans l'affai~e pe-rf9n.nel~-e, aµ iieur de Grqvefrm.
Les corps politiques) corn.me.les mineurs ; peu.ve1~t .revenir quand
Jeurs dr.oits·n' ont pas· été bien ftipulé_s ; la non-yalable défenfe eft
une ouvertW"e de Requête civile d~.ns les C ours , -.& contre un
Arrê~ du Confeil , un moyen de I\equêt€ civile en forme un cl~
~~atiop:gu~ ~ Rr~vence. peut ajoµter-.à~ fa _demande €n contr?-~-i~é..
1
r'"""
.
~
-
,
"" ..
~
_.r
·
~'
~ -
~ ~ En e~aniina.nt iinfi le merite du foç.d d~ cette- affai.111 . par:. les
La raifon d'Etat
principes de droit ,.. & la forme par les regles de 1'ordre j~dic,iaire ·, Jevroic feule o~
n.ous nous renfermons dans les bornes d'une défenfe paniculiere; ca11ionnetr le R~;
g emen que
,l · , d
l
· ·
1·
· 'l
mais 1 y .a tout ieu de ci;oire que e Confeil s é evant a es vues Provence demanfupéiieures d~ bien public, fera· -(rappé d_e fa ip:uJti~ude· Çe PJs>ç~s de~
que les prétentions des deux Provinces fur le Rhone occafionnent
. depuis des -fiée.les.; ~-à -~ajeft~ ~ ~ ven~ qu'aye~ yetne qt!'Œ: en
fubfifte encoœ .fix tres-onereux ,au-x-Par-t1es·, & qu 11_y ea ·a- phr;.Jieurs autres prêts à naître. Ces différens Procès dans lefquels la
Provence, toujours attaquée', ne fe défend que pour maintenir fa
taillabilité , tendent à troubler l'ordre & la folidité de fes impofüions , & à lui faire perdre une partie de fon ·affouagement , perte
qui dérangeroit totalement fa contribution aux tributs publics,
fans. augmenter celle du Languedoc. Nous croyon~ donc que Sa
MaJefté, toujours attentive à procurer à fes Sujets la paix & le bien·ê.tre, fera portée parles vues générales qui fe joi.gnent-aux moyens
particuliers' en faveur .d e la Provence, à tarir pour toujours la
s ij
�140_
ac!-'
fourc e de ces divifions. : Le. Languedoc réuni t à la tête de fon.
lems
,
s
vertu
leurs
minifl:rati6n des hommes fi recommandables par
qu'ils
lumié res & leurs bonnes inten tions , que nous ne douto ns pas
au
-~uir
conc.o
à.
&
~e,
ne fe porte nt d'eux -mêm es à fe faire jufl:i
un
tirer
nt
"Régl emen t génér al , dont les deux Provm ces do1ve
une
égal avant age, puifq ue c'eft le feul mo.yen de leur procu rer
s'é~
q"l!-i
ns
ftatio
paix durab le, en terminan~pour toujo urs les conte
ieven t entr'elles depuis quatr e cens foixante ans.
a .été
. Telle s font. les confidérations fur lefquell es la Provence
dans:
r·
bien aife de prendre l'avis de Conf eils capables de la dirige
fes démarches..
.
.
·
Me. D AM OUR S 1 Avoc at ..
C 0 N S U L T A TI 0 N . ,
L
Es· Souffignés qui ont vü le Mémoire cF-deffus & les
tftre~
qui y font énonc és·: EsTIM ENT q:ue par les moyens expli qués
contr e
"dans le Mém oire , la Pro-vence eft fondée a fe puurv oir
t;
l'Arrêt du 2 6 Juin 1-7 24 , par voie de contr arieté entre cet Arrê
d
Gran
dU
ts
Arrê
les
,
7)
les Lettr es-Pa tente s du t 7 Déce mbre 15
·
trois
les
.Confeil du 17 Déce mbre -:t),8']·, & du 30Se pt. 1609 , &
1690,.
'A rrêts du c .onfeîl du Roi du 24 Oél:9bre I 687' du 22 Août
ués·
atciiq
été
'& du · 16 A.o,û t · 1,69'2·, qui ne paroilfenr point avoir
y a lieu
' lors de !'Arr êt de 17 24, ni révoq ués par cet· Arrêt . Il
ent.ac ..
ablem
favor
plus
ant
à~efpérer que cette demande fera d'aut
nce·
Pro-ve
.cueillie , que lors de. cet Arrêt , il ne paroî t pas que la
r fes titres-.;
~it été valab leme nt défen due, ni; qu'el le ait fait valoi
. J?élibéré à Paris le 3 Juille t 1764 ; ]igné' AusONNE, ERoNon:;i
REGNARD~ .DESPAULT-,.. Huil.T DU PARc,. & DAMO Uits •.
/
rie' Il'~·
Dc.11mprime-rie de c ·H. Es,T.- C,:HEli A" L T ,, ruë de la Vieille Drape
�T .A B L E
"D· E S MA .T 1 ER E -s.
GÉN~RALE D·E L'AF FAIR E. Page Ire~
l ·DÉE
i
ETAT TOP OGR APH IQUE DU RHO NE.
Source & cours de ce Fleuve"'
Sa divifion près Arles .
.T 04tes fes bouches font fur Ia Provence-.-.
~ETAT H1ST O RIQ UE DU RHO NE a'JJanrconqu~te des Romains & jufques au cinquiéme jiécle.
la
Etablifremens faits par les Fonda teurs de Marfeille aude-là du Fleuve .
Y.illes· de Provence dont le territoire s' étendoit au-de- là
•
•·
•
•
du Rhone.
Fleuve
du
canal
un
illois
Marfe
aux
Mariu s donne
Le Rhone ét:oit de la·Prnvince Viennoife.
'Arles maîtreffe du Rhone;.
Et ~jour des Préfets de la navigation.;
~
•
-
1
r,
(
#
.ET A T D U RH 0 NE à la fin de l'Empire Romafn, &·
• 2
~
o·
~
fous la premiere Race~
480 La Provence paffe aux. Vifigors•.
1
.
Elle conferve fa même étendue...
.
507 Clovis à Tarafcon..
du Fleuv e;
côté
l'autre
Arles pofféde un Fort de
,
5.2 6., Le Rhone refte à Athalaric Roi de Provence.. .
53z Réuni on des Frarusois pour détruire le Ro:yaume de Bour..gogne ..
r
J37 La Provence devient Province Franço ife, & 1e· ~evien
..
..
deux cens ans· avant le Langu edoc..
ie Royaume de Bourgogne qétrui t, la Provençe confe.t.ve ·
fes limites.,
l
. ---..___
..
·
t
,av
�La Provence eft divifée etrtre Gontrand & Sîgébert.
Beaucaire en dépendoit.
Charles-Martel en Provence.
Preuv·es que le Rhone appartenoit 'à la Provence •
Pag.
.E TA .T D .U RH 0 NE fous la faconde race.
.·
10
I~
·
Sous Pepin.
Et fous Charlemagne.·
·8 24 Ceffion entre !'Archevêque d'Arles & le Comte Lieu~
bulfe d'une IDe dans le Rhone.
·
.
842 Lothaire regne fur la Provence & fur le Rhone;
8 50 Il confirme à l'Evêque de Viviers l'Hle Formicaria. • 1 J, ,
Irru_ption des Sarrafins P-ar le Rhone .
.8 5) Donation de !'Abbaye de Cruas à l'Eglife d'Arles.
Les Normands entrent dans le Rhone & s' établif:fent dans
14
.
.
..
.•
l'H1e de Camargue 863 Charles· confirme à l'Eglife de Viviers l'Il1e Formicaria.
Louis II. & Lothaire regnent fur les deux rives du Rhone.
.
Charles Ie Chauve y re_gne à fon tour.
,877 Confirni.ation 'de pfofieurs fonds fur le Rhone pai:_ le Sou1;
..
.
.
..
verain de Ptovence.
Le Vival7ais & l'Uf.ege font partie de fa Provence.
Traité entre Louis le Begue & Louis ~ (le' 'Germanie. ,Le
Rhone refte au Roi de Provence. ·,
ETAT DU RUO NE fous Bofon ~ fon.fils.
.
'
.
-.
~
-~79 Ufurpation de là Prç>~ence par Bofo~
Il eft reconnu au-de-la du Fleuve.
· ·"T7
Les....Rois de France lui forü: la ,guerre..- ~ .-: · ~
Ils traitent avec lui, & il conferve les deux bords duRhàne. 1 S
Louis !'Aveugle lui fuccede, & lès Etats ont la inê.rn.e
- · ·
· · .
.
étendue. ·
I-Iugues ufurpe la Provence fur Louâs l'Aveugie, & 1e
Marquis de Go.thïe la démembi:e pour un tems~
Réfutation de~ prétentions des Hîftoriens dtr~arrguedoc
fur la propriété ëhx RD.one. " · -.~ :. -: _ · .
L'ufurpation de Bofo.ri ne change:: rien 'à L'étendue de la
•
•
· •
•
.
Province.
22
896 Aae de fouver-..ineté de Louis l'Aveuglefiide..Rhone..
L
....
�ETAT DU RHONE fous fes Comtes de Proven·c~
Ceffion d'un bras du Rhone par le Comte de Provence.
la Maifon de Touloufe, par
P ag. 2 $;
•
..
le mariage d'Emme de Proven.c e..
l OOI Conceiliçm faite p~r un Seigneur Ptôvençal de biens fitués
au-de,.là du Rhone •.
2~
•
l 0~.2 J Rodolphe donne des biens fitués au-de-là du Fleuve.
Un.Evêque de V iviers fe tr.ouve au nombre des Sujets d'.un
€ornte de Pr.ovence.
.. _ 2'îf
•
;,
P1ufieurs Princes eri'Provence~
1o3 3: Les Comtes de Prov~nce dffpofent de l'Iffo Mairanica~
I 040 Autœ conceilion d'un port & d'un péage.
J 070 Beaucaire, Argence & Four.ques· dépendofont du Comté:
· .d~Arles &. de la Provence .. ·
2g:
:.
•.
~094 n ·on d'une exemption · de--.péage.,
2 9.
I I o) Refl:itution de la T ene d'Argence à l'Egliie d'Arles ;.
. 1 I I Z -LeVfyarafafair encore parrie de la Provence jufqu'en 136) •. 3 ~'
1000 Partie de la Provence paffe à
ETAT DU R HD NE fous la Maifon' de Barcelone ..
lI.25 Traité 'de paix:& partage de la Provence entre le Comte·
de Touloufo & Raimond •Beranger.. N° •. r .e r •. des piéces
~"Il
•
•.
..
.. .
produites.
Provence. 3.z
Le lit du Rhone & fes- Hles.reftent au Comte
1a43 Réclamation de la Terre d'Argence par !'Archevêque
Hi'
.
d'Arles-..
_
Reftitution de lTfle de Bois-Comtal à fon Eglife..
Les Empereurs donnent l'inveftiture de la Terre d' Argence. 3 )j
Machine de guerre conftmite fur le Rhone contre le Comte
.
de T ouloufe.
'
l!T).O Le Comte de Provence défend d'ét:qblir des· péages· fur ~e .
_ _:;$?
Rhone.,
Provence.
de
Plaid tenu dàns·l'Iilè Gernique par fo .Comte
~r 54 L~Empereur confirme l'.Eglife d'Arles dans tous fes droits ,
fur le Rhone."
I I 7 r Exemptfon dè péages accordee· par des<Somtes deProvence~
Jia176 Traité de paix entre les Souverains de Provenœ. &. dè:'
de
Languedoc•. -
_
�Pag. 3~
au-de-1~ du Rhone:
39
I 179 Exemption des péages fur le petit Rhone.
Ir 9 9 . Le péage de Lu?ier.es appartient aux Seigneul1S de Tarafcon.
.l 178 Terres de l'Eglife d'Arles
E' TA T D U R H 0 N E , depuis le comm~nceinent du ·
trei?_iéme fzécle jufques à Charles d'Anjou.
J.200 Dénombrement d~ la Provence fait par Alphonfe
,121)
l.221
r227
.I 229
:r230
I232
J.+34
I 2 38
I 2-'p:
12
6
4 &
12 5 1
II.
1•
·
Guerre contre les Albigeois.
donnée à Simon de
Beaucaire
de
&
La Terre d'Argence
Montfort par l'Archevêqu.e d'Arles.
Exemption des péages fur le petit Rhone par Hugues de
Baux
La Provence dans l'anarchie.
Preuves de fa propriété fur le Rhone tirées de.Gervais de
41
.
- Tilbery.
Beaucaire fuit le fort de la Provence. ·
.Déclaration d'un péage par eau & par terre par les Habitans de Tarafcon, au profit du Comte.
42
Aae de jurifdiaion des Provençaux fur le Rhone.
Exemption d'un péage à l'Abbaye .de Montmajor.
Tranfaaion fur le péage de T arafcon & de l'H1e Lubieres. ·
V ente de l'Hle Bertrand avec fes acrémens.
43
Saint Louis procure la paix au Comte de Touloufe à certaines conditions.
Pays que le Comte céde à la France&.au Pape.
Nouveaux hommages des péages du Rhone à l'Eglife
-44
.
.
.
•
•
•
d'Arles.
L'Archevêque d'Arles établit un péage fur le Rhone.
Exemption de péage accordée aux Habitans d'Arles.
Les péages , ports &. pêcheries appartiennent à la Provence.
Le Pape reftitue le Comtat à la Maifon de Touloufe. ·- tfi
Plufieurs p~ages du Rhone dépendans de la Provence.
Traité en,tre l'Archevêqu~ ~d'Arles & le Comte d~ O\;l•
·
l9u(e.. .
Les péa~es du Rbone faifoient le principal r.evenu des
Comtes de Provence.
46
•
•
Il
r
Les
�Les principales Villes de Provence s'érigent en RépubH~
ques.
I z 58 Traité entre. Saint Louis & le Roi d'Aragon
quelques
_ .terres voifines du Rhone.
Pag. 4;~
I 2 59 Hommage de la Maifon des Baux ; pour les péages du
Rhone. ·
Prétentions de l'Eglife d'Arles fur Beaucaire & Argence.
Traité entre Saint Louis & !'Archevêque · d'Arles à ce
fujet.
.
. -'
.
•
.
48.
.I '-60 ~él:es de propriété des péages du Rhor:e par le Comte· de
Provence. •
49
I 26 3 1fles du Rhone appartenant à des Provençaux.
,
1264 La pêch.e dan~ le Rhone appartient exclufivement aux ,
· Habitans d Arles.
. •
•
.
.
) o.
1266 Le Comte de Provence met des impôts fur le fel tiré par
le Rhone pour le Roi de France.
1267 Aél:es de jurifdiél:ion fur le Rhone par les Juges de Pro~
. Vence.
. ·
•
•
•
•
fi
127 I Le Roi fuccéde au Comtat par la mort de Jeanne.
Prétentions du Pape fur le Con,1tat.
· ·
1280 -La Ville d'Avignon cédée par le Roi au Comte de Pro-=
vence.
•
•
•
•
•
)z
Hle Bertrand·cédée par un Comte d~ Provence.
~
5l
Aél:es du jurifdiaion fur Ie Fleuve par les Officiers de
Provence.
•
·
1286 Les pêcheries du Rhone appartiennent à la Ville d'Arles~
1288 Autres aél:es de jurifdiél:ion.
1297 Conceffion d'Hles du Rhone par la Provence.
1298 Jurifdiaion des Officiers de Provence fur le pont d'Arles. ) 1i
Les Habitans de Fourque,s y payent les droits. ·
,I 3OO Ceilion de droits fur le Rhone par Bertrand de B.aux.
fur
E TA T D U RH 0 NE pendant le quator'{_iéme fiéçle.
Traité fur les fels entre le Roi de France & le Comte de _
Provence. .·
.
.
•
•
) ),
Premiere entreprife du Languedoc fur le Rhol)e , reftée
fans effet.
_.
.
•
•
)6
Réfutation des Hiftoriens de cette Province.,
~
. iZ
•-
~
"<'
�PhiPppe le Bel lui-même regarde fes droits fur le Fleuve
Pag. )S:
.
.
comme problématiques.
59'
L'Hle de Stel prouvée appartenir à la Provcnc~.
T émoig1!age d'un Hiftorien du Languedoc contraire à
Dom Vaifette.
Bail à ferme de la Seigneurie du Baron, fait par la Cour
· 60
.
•
.
des Con1ptes-,d'Aix. ·
Cette Seigneurie étoit un Fort que les Comtes de Pro-:
vence avaient for le petit Rhone. . .
Autre bail fait par la même Courw
Le Comte de Provence établit un péage fur le Rhone.•·
Nouvelle entreprife du Languedoc fur l'Ifle Lubieres.
Il s'en défifte.
1332 Dénombrement de la Provence. Droits fur le Rhone. 62
1 333 Information faite par unCommiifaire des péages du Comte.
1 334 Mort de Robert. Jeanne lui fuccede.
1348 Elle vend Avignon au Pape , fans lui vendre le Rhone.
1 349 Elle inféode un péage fur le petit Rhone.
~353 N o'uvelle entreprife du Languedoc fur le Fleuve,
Réfutation des Hifforiens de Languedoc.
L'Ifle _de Carnave appartient à la Prov.ence.
.
Philippes de V al ois l'a reconnu. ·
~
67,
L'IDe de Lubieres appartient auŒ à la Provence.
.
Ainfi que celle de Méfoargues.
Il en eft de même de l'Ille de Stel.
6~
;
le Fleuve.'
fur
Aéte de jurifditlion de la Provence
La Chambre des Comptes d'Aix afferme les péages du
./
·Rhoner
Les Juges.d'Arles connoifTent des dommages faits au bac~
Jeanne affigne une penfion fur les revenus du Rhone.
.
.
.
Autre aéte pareil.
Jeanne donne une penfion fur les· mêmes revenus;.
~ 3~0. Lettres de Charles VI. fur la propriété du Rhone.
Réfutation.
:r 384 Aaes de jurifdiél:ion fur le Rhone par les Juges de Pro..;
7i.
..
•
.
•
,
Vence
II 8 &
'JJ
Nombre d'aétes de jurifdiaion d'Arles fur ~e Rhoner
:l ~8â
/
�Lettres Patentes de Charles VI. îur Ia propriété-du Rhone··
"'
Réfutation.
peN;
1
ETAT D U R l-I 0 NE, fous la d.euxiéme .Maifon d' Ànjou-~
1
385
Manufcrit de Jean le Fevre.
..
•
Page 7 1.
..
.
·
Penfio~ fur un ~éage ?u Rhone.
La Reme Mane avo1t un Receveur de fos droits fu.r Ge
7~
~
•
•
•·
Fleuve.
·
Rhone..
le
fur
fouverai:neté
de
aél:es
Autres
79
-;;
•
Autres aél:es pareils..
Lettres de 1\farie , d'où le Languedoc prétend tirer fon
_ ,
droit fur le Rhone.
..
•
;
,
•
Réfutation..
.
:
Conditions de la capitulation d'Avigi1on'..
Le Général de Provence fait tendre les chaînes du Rhone.
1401 Penfion accordée à Boucicaut fur les péage~ du Rhon€. S-1(
Nouveaux aél:es de fouveraineté fur le Fleuve.
141 .2 Les Comtes de Provence y exerce.nt leur pouvoir ..
i413 Ordres .du Goi:verne;ir de ~angue;:toc fur le Rhone.8).
. . ,
•
Réfutation _des mduél:10ns qu on en tire.
le
fur
droits
les
afferme
d'Aix
Comptes
des
14 I 7- La Chambre
86.
•.
..
.
•
•
Rhone..
La Corriteffe de:ProvenceTiïihn'rrrer-fur l'e Fleuve..
La Ville d:Ades vend les revenus d'une Hle. ,
Un payement affigné fur un. péage du Rhone:
Confifcatfons fur le Fleuve. ·
Cbnteftation entre le Languedoc & le Pape•. · ·
1 437 Les Ifles de Boulbon déperident de Provence.
1440 Ain!i que celle de Méfoargues •.
.
,
1442 Et celle de Lu1fan.
. .·
Autres aél:es de propriété.duRhon·e.~ i452 Le Roi de France reconnoît cette prdpriéré•.
1 457 Acquifüion de différentes IOes par René~
.
1463 Le péag~ & le pont d'Arles ont toujours déi'?end'u de fa~
p
tt'
,,
.
..
Provence.
;i:471 Renouvellement du traité' pour les fels~
. Confifcation par le Jugé d'.Arles.l
�1474
1473
1
474
1475
I477
1,480
1481
'Pag. 90
Etabliiîement des Foires <le cette Ville:
Affignation fur des péages du Rhone.
Aéle de jurifdiélion fur le Fleuve.
Le Lieutenant de Beaucaire reconnaît les droits de la
•
Provence fur le Fleuve
Arles continue à jo~_ir des Ifles du Rhone_.
Peage de Ta~af~on _donné aux CéJeftins d'Avignoa;
Moù de René. Renol!vellement du. traité des fels,
Arles pofféde le.s revenus des If1es du Rhone,
f. TAT D U RH 0 NE depuis la dunion
d~ la Provenc~
à la Couronne jufques à nos jours.
9J
Réunion de la Provence à la Couronne,
.
·
Confirmation .de fes privileges.
Permiffion .à la Ville d'Arles de bâtir une tour fur le Rhone;
,9'f
EJle obtient les crémens du Fleuve
I493 Arrêt du Parlement de T ouloufe.
9)
·;
:
•
RéfutJl-tion de cet Arrêt,
97
repouffée,
•·
1498 Nouvelle entreprife du Languedoc
9_8
;
,.
1)26 Confirmation de la pêche à Arles.
Confolde,
· 1 543 V ente du port de
1 544· Conceffion d~s Hles de Boulbon;
IJ7) Lettres Patentes pour Barbantane.
1 oiS
;
Barbantane; ;
1587 Arrêt du Grand-Confeil pour
Ipi
.
Réquifitoire du Procureur Général.
1687 Arrêt qui maintient Arles dans les If1es du Fleuve. • l 07_
:r690 Arrêt qui adjuge à Tarafcon les quartiers du Gués &
Io~
,
•
,
autres.
1692 Arrêt fur l'If1e de Trelbon~7 2 4 Arrêt que l'on oppofe à la Provence, comme ayant jugé
1lo
. ,
•
•
.
la queftion.
, 11 1
1-726 Difcuffion de 1'Arrêt rendu entre le Roi & le Pape.
116
;·
Affaire non jcgée entre Tarafcon & Beaucaire
.122
..
Affaire çle la Çonunun~ut:é de Boulbon,
.12}
.,
;
.
.
Procès d'Arles
Inftance ~ntre B~1 bantan~ .çx Aramoµt.
·
.
~rocès de Méfoargues~
j.
Contefiation·
�Comefladon entre la N oblefi"e ce Provence & le
· guedoc.
M 0 Y E N S.
Lat'f;
Pag.
:
;
:
12j
1 2i:
La Provence a des titres
fuffifans pour reclamu le Rhone & fes dépendances depuis la Durance jufques à la mer.
•
12)
Premiere preuve. 'La Provence a poffedé des terres au-de-là
·
du Fleuve.
2. Elle a exercé de tout tems fa jurifdiél:ion fur le Rhone. 12 8
3. La Provence étoit Propriétaire des Iiles & Crémens. 129
·1· Elle
. . poffédoit les ports, péages, & dérivation de la ·
nv1ere.
On ne peut lui oppofer la prefcription.
·.·
;
1 3 e;,
Le Languedoc n'a point d'aél:e tranilatif de propriété du
Fleuve.
.
•
•
.
13 1
Les tentatives du Languedoc n'ont pC1 lui acquérir de droit
fur le Fleuve.
•
•
•
•
r
1 33
Non plus que les Lettres Patentes qu'il invoque.
·
L'Arrêt de 149 3 eft la fource des erreurs des J urifconfultes
& des Géographes.
L'Arrêt ~e 1726 n'a aucune application à l'affaire~
: 1 3~
Celui de 1724 ne peut nuire à la Provence.
SECONDE PR.OPOSITION. Les voyes de Droit font
ouvertes à la Provence, rpour Je pourvoir contre les Arrêts qui peuvent lui nuire.
.
•
•
..
l 3Ô'
L'Arrêt de 1724 peut être attaqué par la voie de· la con~
trariété.
Et par celle de la Requête civile.
;
;
1 3S
La raifon d'Etat devroit feule occafionner le Réglement
que la Provence demande.
,
•
I 3!J_
PREMIERE PROPOSITION.
,.
'C 0 N S. Cl L T A 'f l 0 JV.,
i
fi
11 9
�
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Monographie imprimée
Description
An account of the resource
Ouvrages imprimés édités au cours des 16e-20e siècles et conservés dans les bibliothèques de l'université et d'autres partenaires du projet (bibliothèques municipales, archives et chambre de commerce)
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Mémoire et consultation pour les Etats de Provence contre les Etats de Languedoc pour prouver que le Rhône depuis la Durance jusqu'à la mer fait partie de la Provence et non du Languedoc
Subject
The topic of the resource
Aménagement du territoire
Approvisionnement en eau
Factums avant 1789
Description
An account of the resource
Factum de Louis Damours adressé aux procureurs des Gens des Trois-Etats du pays de Provence pour demander la reconnaissance de la propriété de la Provence sur le Rhône au 18e siècle
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Damours, Louis (1720-1788). Auteur
Chénault, Charles-Étienne (171.?-1773). Imprimeur / Imprimeur-libraire
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ch. Est. Chenault (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1764
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/234487127
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA_7861-1_Memoire-consultation_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol.
140 p.-[1] f de pl. dépl. : cartes
In 4°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/345
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 17..
Languedoc. 17..
Alternative Title
An alternative name for the resource. The distinction between titles and alternative titles is application-specific.
Factum. États de Provence. Paris. 1764
Factum. États de Languedoc. Paris. 1764
Memoire a consulter, pour les procureurs des gens des Trois-Etats du pays de Provence (Titre de départ)
Abstract
A summary of the resource.
Ce factum de Louis Damours est adressé aux procureurs des Gens des Trois-Etats du pays de Provence afin qu’ils puissent reconnaitre que la Provence a un droit de propriété sur le lit entier du Rhône, et mettre ainsi un terme aux litiges qui opposent les habitants de la Provence à ceux du Languedoc. L’objectif est d’obtenir un règlement général qui fixe définitivement les limites des deux provinces. L’arrêté du 26 juin 1724 rendu sur cette question est contesté par les procureurs de la Provence, représentés par Me Damours. Ce factum réalise un historique de la propriété du Rhône, de la conquête des romains jusqu’au XVIIIe siècle afin de démontrer l’appartenance du Rhône à la Provence. Louis Damours (1720-1788) était un avocat au Conseil et homme de lettres, ayant écrit des ouvrages sur les rapports entre le droit français et le droit romain ainsi que des factums.
Factum signé p. 140 : Me. Damours, avocat. Consultation. délibéré à Paris le 3 juillet 1764. signé, Aussone, Bronod, Regnard, Despault, Huart du Parc, & Damours.. - Bandeau, lettrines, carte imprimée de la basse vallée du Rhône, de Valence à la Méditerranée. - Sig. A-S4, T3
Sources :
J. Krynen, J.-L. Halpérin et P. Arabeyre (dir.), Dictionnaire historique des juristes français XIIe-XXe siècle, PUF, 2e édition, 2017, notice de D. Deroussin, p. 303.
Résumé Mélissa Legros
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote 7861/1
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Mémoire et consultation pour les Etats de Provence contre les Etats de Languedoc pour prouver que le Rhône depuis la Durance jusqu'à la mer fait partie de la Provence et non du Languedoc <br />- Feuille <i>Forcalquier</i> ; 223 ; 1868 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Chartier (graveur)/Beaupré (graveur)/Pierron (graveur), ISBN : F802231868. <br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27409" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27409</a>
France. Parlement de Provence -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Languedoc (France) -- Territoires et possessions -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Provence (France) -- Territoires et possessions -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Rhône (cours d'eau) -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Rhône, Vallée basse du (France) -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
-
https://odyssee.univ-amu.fr/files/original/1/347/RES-33714_Reponse-procureurs.pdf
3f7f4608a3154a6c45ade0c56006166c
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RÉPONS
P 0 U R les Procureurs du Païs des Gens des
Trois E tats de P rove nce .
Au . Iv1émoire du Languedoc intitulé:
Ex A
MEN
des nouveaux Ecrits de la Ptovence
jùr la propriété du .Rlz6ne.
Es E tats de Provence ne rcntreroient point
en lice, fur la qu efl:ion de la pro ptiété du
l;lhône, fi ceux de Lang uedoc 2 v c.Î 1:' nt voulu
fuivr~ la marche ordinaire de lïnfrruétion
d'une affaire, & produire d'abord ce qu'ils
:.ppellent iuas titres : mais le Languedoc a lai!fé faire à la
l'ro venc e deux productions & deüx Mémoires, a \~ ant que de
s'expliquer. Cette rufe de Palais n'eft pas fans doute Urie
bonne preuve de la confiance que le LanguedoA veut pa~
�S. '
roître avoir dans fa Caufe : mais il vient enfin d'en expofer
fes moyens dans un Ecrit de plus de trois cens pages d’impreflion, où il dit que la matière étoit déjà fujjfifamment éclair
cie : & après avoir employé plusieurs années à compofer ce
Mémoire , il veut faire juger l’affaire avant que la Provence'
ait préparé fa réponfe.
Cette réponfe eût fans doute coûté moins de tems & de
travaux , fi le Languedoc eût cherché de bonne foi à éclaircir
la matière , & fi dans une affaire prefqu’entierement hiftoriqu e, il eût voulu fu ivre, comme nous l’avions fait, l’ordre
chronologique, feul capable de jetter de la lumière fur une
queflion qui dépend de faits , dont la chaîne remonte aux
tems les plus reculés ; il a préféré de la traiter par differtations ifoiées , & qui intervertiffent l ’ordre des tems ; enforte
qu’il faut l ’attention la plus opiniâtre pour le fuivre dans le
dédale où il a tout enveloppé, ôc où l’on a peine à reconroître l’affaire.
L e foin de pénétrer cette obfcurité n’a pas été notre feul
embaras : en dénaturant l'état de la queflion, l’on nous a prêté
des prétentions contre lefquelles nous avions protefté plus
d’une fois. O n a toujours de l’avantage à combattre des chi
mères lorfqu’elles font notre propre ouvrage. Quoique nous
les ayons déjà détruites, le Languedoc n’en fupofe pas moins
encore dans fon nouvel é c rit, que l’objet de la Provence eft
d’attaquer les droits de la Couronne & de contefter au R o i la
fouveraineté , ou au moins la propriété du Rhône. Faut-il
répéter de nouveau que notre unique prétention eft que le
R o i eft Souverain du Rhône , en vertu des mêmes titres qu’il
l ’eft de la Provence, & que le Rhône coulant fur un terrein
Provençal , ce fleuve fait partie d e là Proven ce, à compter
de la Durence jufqucs à la m er, mais que le R o i n’en eft pas
moins Souverain & Propriétaire du fleuve.
�Par combien de titres, de Lettres Patentes, d’ Àrrêts de
Cours fupérieures & du Confeil n’avons-nous pas établi cette
proportion ; 8c en les invoquant de nouveau ne pourrionsnous pas rendre avec jufiiee au Languedoc les imputations
deshonnêtes qu’il nous fa it , d'attaquer les droits de la Cou-
Prç. 4- & autres de
1 examen des titres de
renne , de démentir ou rejeîter nombre de Lettres royaux , a al- ^ Provence fur ic
terer Vhijtoire, de défigurer la plûpart des fa its, G? de contredire
même plufieurs Arrêts folemnels du Confeil.
L es Procureurs du Pays de Provence feront mieux que de
dire des injures à leurs Adverfaires. Ils vont les fuivre pas à
pas dans leurs erreurs, 8c les réfuter. Si cet écrit n’a pas le
même ordre que les précéd ais, c’eft qu’on y eft forcé de
s’engager dans des difcuflions découfues aufquelles il faut
répondre. Ces réponfes fuppoferont même qu’on a fous les
yeux Vcxtamen du L an gu ed oc, ôc quoique cette méthode
jette quelque embaras dans le difeours , on l ’a préférée au
foin de rapporter d’abord les raifonnemens de nos Adverfaires
pour ne pas tomber dans des longueurs interminables.
L ’on préfentera enfuite,fous trois titres diflerens, une ré
capitulation des faits & des actes fur lefquels la Provence fa
fonde. Nous ferons vo ir, dans le premier, qu’elle a poffedé
des terres à la droite du Rhône du côté du L an guedoc, fans
que le Languedoc ait jamais eu ni prétendu avoir la moindre
portion de terrein à la gauche du fleuve du côté de la Pro
vence : L e fécond fervira à prouver que les Souverains ôt les
grands Vaftaux de Provence ont établi & poffedé les péages
fur le R hôn e: Et le troifiéme contiendra la preuve qu’ils ont
également poffedé les ifles du fleuve. L ’on répondra enfin
aux moyens de droit qu’oppofe le Languedoc ; les détails
dans lefquels nous fommes obligés de nous engager pourront
paroître trop minutieux pour entrer dans une hiftoirc générale,
A ij
�mais l ’on fentira facilement qu’ils font indifpenfables avec
des Adverfaires, qui femblent moins ocçupés de la défenfe
de la Caufe , que du foin d'épiloguer fur les mots dont
nous nous fommes fervis dans les précédens écrits, avec
des Adverfaires qui s’érigent en Défenfeurs des droits de la
Couronne qui ne font point attaqués , avec des Adverfaires
enfin q u i, fans rapporter la moindre preuve de leurs droits ,
exigent encore qu’on leur produife des titres des nôtres ,
quand nous les en avons accablés.
P R E M I E R E
P A R T I E
Examen de la quejlion confiderée au fond.
article de l’exam en
au q u el npus ré p e n -
daas-
*
^
Si le Rhône a appartenu de tout tems a la Provence ; h
les Rois de France n’en ont joui que du moment & tant qu’ils
ont été Propriétaires de la même Province ; fi les ufurpations
des Pays connus fous le nom de Royaume de Provence , leur
enlevèrent en même-tems la pofleflion de ce fleuve , il n’eft
pas douteux qu’on ne puifle le regarder que comme une dé
pendance de cette Province.
C e point de vue qu’on ne préfente que pour une pure fuppofltion , & qui doit être le réfultat de l’examen propofé ,
montre que s’il y a des droits honorifiques ou pécuniaires à
exiger fur le R h ô n e ,c e n’eft pas aux Officiers du L anguedoc,
quels qu’ils foient, à les exiger: il répond de plus à toutes les
queflions que forment ici les Défenfeurs de cette Province.
Combien d’art employent-ils pour faire croire que les droits
qu’ils défendent font ceux de la Couronne ? Mais outre qu’ils
ne font pas chargés de la défendre, la Provence ne craint pas
de répéter qu elle reconnoit dans fon Souverain les mêmes
�droits qu’elle reconnoîtroit dans celui du Languedoc, fi le
Rhône appartenoit à cette Province. Envain le Languedoc
veut-il unir fes titres à ceux de la Couronne ; une différence
effentielle s’oppofe à cette union , c’eft que les droits de la
Couronnefont imprefcriptibles. Dans cefen s-là , les ufurpationsde Bofon & de fes luccefieurs n’ont privé la France , du
Royaume de Provence , que de fa it, le droit lui en a toujours
été confervé ;mais elle n'a pas confervé un droit particulier
fur le Rhône : fes titres à cet égard ont luivi le fort du princi
pal ; &c en rentrant dans l’exercice de fon pouvoir fur celui-ci >
elle eft rentrée dans l’exercice du même pouvoir fur toutes
fes dépendances , parmi lefquelles il faut compter le Rhône.
L a maniéré dont s’eft faite cette union en 14.81 , eft indiffé
rente au Languedoc, & n’intéreffe que les Parties contrac
tantes, N i le R o i, ni la Provence ne s’en plaignent: mais
celle-ci n’eft-elle pas en droit de fe plaindre de ce que fous
prétexte de remarquer quelque différence dans la maniéré dont
le Languedoc ôe la Provence font partie du Royaume de
France ,o n veut donner une prétendue convenance pour une
raifon décifive ? C ’eft faire injure à l’équité du C o n fe il, qui
fçait que depuis trois cens ans la Provence eft auffi Françoife
qu’aucune autre Province du Royaume , & qu’elle en a donné
des preuves dans toutes les occafions.
Il eft vrai que le Défenfeur de la Provence s’eft fervi
comme on le lui reproche ici , du mot de Languedoc x
pour défigner le terrein qui compofe aujourd’hui cette Pro
vince, en parlant du tems où elle portoit le nom de Gothie
ou Septimanie. Il ne i ’avoit fait que pour foulager l ’attention
& faciliter l ’intelligence de l’affaire , mais jamais d une façon
qui puilfe influer en rien fur la queftion ; 6c l ’on défie le1
Languedoc de citer une feule occaffon où il puiiTe en tirer.
�aucun avantage : cependant on tâchera de n’employer déforirais que les mots qui lui plaifent.
A R T I C L E
P R E M I E R .
Origine des droits de la Couronne fur le Rhône.
,
I l ne feroit peut-être pas auffi difficile que les Advcrfaires
le prétendent, de démêler qui des Volces ou des Salyens ôc
Liguriens excerçoient le plus d’autorité fur le Rhône ; mais on
paffera fur ces difeuffions , qui au fond ne présentent que des
An. aeRome «29. vrai-femblances & des conjeûures. On s’abftiendra auffi de par
ler des premiers tems qui fuivirent la conquête faite par les R o
mains , du Pays auquel ils donnèrent le nom de Province ou de
A n . de R o m e 7 2 7 .
Province Romaine , qui prit celui de Narbonnoife fousslugufle ,
ôc qui comprenoit à peu près ce que nous connoiffions aujour-
H;ft deL a n ç . to m . d’hui fous les noms de Dauphiné , Provence ôc Languedoc. Tant
j/fuiv.' 33>P18-,#î4 que les deux bords du Rhône furent fournis à un même G ou .yerneur , il ne fe paffa aucun événement qui puiffie faire juger
f lc ’étoit comme maître de la rive droite ou de la rive gauche
qu’il exerçoit fon autorité fur ce fleuve : réflexion qui doit
avoir lieu dans tous les cas femblables.
E«am cn > p a g . 1+.
Mais on ne paffera pas avec la même facilité fur les tem s ,
où les befoins de l’Empire exigèrent qu’on partageât les G ouvernemens. Sans entrer dans le détail de ces diviuons, qui
nous ccarteroient de notre o b je t, il fuflîra de dire que la
Hift deiane.t. 1, JViennoife dût être féparée de la Narbonnoife fur la fin du troi«nî «& * pagleoo dénie fiécle de l ’Ere chrétienne, ôc que l ’une ôc l ’autre firent
& (Soi.
partie des cinq ôc des fept Provinces dont il eft fait mention
à la fin du quatrième fiécle ôc au commencement du cin
quième.
�7
11 feroit difficile de décider quelles furent dans Porigine Ifcs
limites de la Narbonncife & de la Viennoise ; fi on les fuppofe
différentes de celles qu’on retrouve environ cent ans après ,
M . de Marca , (u) auquel le Défenfeur du Languedoc prend
grande confiance , prétend que le Rhône en faifoit la répara
tion; mais il auroit dû continuer fa leéiure encore une lig n e ,
& il auroit vû que les Hiftoriens de fa Province , fes garants,
abandonnent eux-m êm es l ’autorité du fçavant A rchevêque,
jL;d not_
fur ce qu’il ne donne aucune preuve de fon opinion, 5c !',Péonf.’ ^gÙi w 'c
encore plus fur ce que le Diocèfe de Viviers avec les parties
des Diocèfes de Vienne, de Valence, d'Avignon 5c d'A rles,
qui font à la droite du Rhône , o n t, fuivant toutes les notices,
appartenu à la Viennoife. L a plus ancienne qu’on croit avoir
été dreffée au commencement du régné d Honorius , attribue
à cette Province les Diocèfes que l ’on vient de nommer,
comme le font les notices poftérieures : à la vérité ni les unes
ni les autres , qui n’entrent dans aucun détail, ne font mention
des parties de ces Diocèfes féparées de leurs Capitales par le
R h ôn e; mais fi l ’on vouloitqu’elles euffent d’abord été foumifes à d’autres Evêchés, on feroit obligé d’en fournir la
preuve , 5c de donner l’époque du changement ; ce q u i paroîtra impoffible à tout homme inftruit, puifque les plus anciens
titres qu’on ait fur ces Paroiffes , les placent fous les Eglifes
dont elles dépendent encore aujourd’hui. Une nouvelle preuve
quelles en dépendoient originairement pour le temporel
comme pour le fpirituel, eft que nous les verrons dans le
moyen âge faire partie du Com té des mêmes V ille s , dans
( <t ) Exam. pa~. 14 . où l’on cite la pag. 1 y 8 de primat, comme au commence
ment de la note 34 de lH ift. de LaVg. page 614 ; tandis que le pailàge de
M. de Marca fe trouve à la pag. 164 du même ouvrage. Toute l’érudition de ce
Défenfeur feborneàdes extraits de l ’Hiitoire de ik Province , fouvent-même peu
«xatSs >comme dans cet endroit.ci.
�r.Hifp.
M^rc.
i.c les D iocèfes defquelles elles font fituées. Telles font les
MÙc.'dctrJmet.§• * reftriclions d’après lefquelles il efc convenu entre les Sçavans,
&i8,p/<s/.’n/73’ eue les Romains ne changèrent point les limites des Cités
Jdront.Gdi. qu’ils fournirent ; qu’à l’établiiTement de la Religion chrcP . 1 2 . Hift. d e la n g . ^
1
M
r
'
t. i,not. s,p.p.<sos- tienne , les Gouvernemens ecclcfiafhques furent régies lur les
Gouvernemens civils , & qu’on n’a pas d’autre méthode dans
les difeu liions de la nature de celle qui nous occupe.
L a vérité de cette méthode doit être bien conftante , puifqu’elle a été reconnue par le Défenfeur du Languedoc ; mais
il prétend l’affoiblir en ce qu’on n’y a pas toujous eu égard
dans les arrangemens des tems poftérieurs ; & il fembleroit
à l’entendre , accufer la Provence d’employer des équivoques
G des raifonnemens plus fpécieux que foiides, dont cependant
il ne releve aucun , parce qu'il eft plus aifé d’éluder l’état de
la queftion par des généralités, que de faire des réponfes
précifes à chaque objetlion : il fembleroit donc que la Pro
vence veut fe fonder fur l’attribution des limites données à
ces Cités fous l ’Empire Romain , pour demander le rctablifTement de l’ordre ancien , puifqu’il lui fait entrevoir obli
geamment qu’il lui feroit perdre une portion confidérable du
D iocèfe d’Avignon. Comme ce n’étoit point l’objet de la
Provence , elle fe croit difpenfée de le remercier de fes avis.
Son but a été feulement d’en établir Pufage , pour les teins
dont elle parle ; d’en faire remarquer l ’origine pour les tems
où il fe trouvera établi ôc fixé par les acles, & d’en conclure,
i°. que comme les Romains ne changeoient point les limites
des Cités qu’ils foum ettoient, la fixation de celles qu’on voit
ici au territoire de la V ille d'Arles en particulier, devoit être
antérieure à la conquête des Romains : & 20. que le R hône
qui couloit au milieu du territoire de la même V ille devoit
dépendre du même Gouvernement ôc des mêmes Officiers.
Cette
�Cette preuve générale eft confirmée par des faits particu
liers (a). On voit par les aftes autentiques du martyre de Saint
Ferreol arrivé à Vienne vers l ’an 304., qu’une portion de la
rive droite du Rhône étoit foumife à l ’autorité du Prélident
ou Proconful de la Viennoife ; Saint Ferreol s’étant fauvé de
prifon , avoit traverfé le Rhône à la nage ; mais le Magiflrat
le lit pourfuivre & arrêter au lieu de fa nouvelle retraite. Si
le Rhône eût fervi de borne à la Viennoife, le Gouverneur de
cette Province auroit-il pu envoyer des gens en armes à la
pourfuite d’un homme qui fe feroit trouvé fur des ferres foumifes au Proconful de la Narbonnoife, ou au Vicaire de la
Lyonnoife f Car il faut rappeller ici un autre principe du
Gouvernement Romain ; c’eft que les Officiers d’une Province
n’avoient ( b ) aucune efpece de pouvoir hors des limites de
leur Province. Il réfulte donc de la conduite de ce G ouver
neur que la partie du D iocèfe de Vienne qui eft à la droite du
Rhône , &t par conféquent le Rhône même dépendoient de
fon Gouvernement.
L a V ille d’Arles y étoit auffi comprife alors ; mais elle
devint bientôt confidérable 6c M étropole. Conftantin en aima
le féjour ; non content de l’avoir rétablie & augmentée , il lui
donna fon nom & y fit conftruire un Palais qui devint dans
les Gaules le lieu de fa réfidence 6c de celle des Empereurs.
C ’eft depuis ce tems-là que nous la voyons bâtie des deux (c)
V U . Saxy PontifA rc l. p. 9 &
V alef. tiotit.
F* 3 8 *
«♦ .o-
( a ) Rhodanum . . . . paucis tfajicit mpuljibus . . . . uli cum à perfecutorilus
ccmprehenderetur Éyc. A6i. Martyr. Jirc. pag. 40S , 407 , 408. édit. Veron. 1731..
( b ) In rebus omnibus eequale crat jus omnium Frovinciarum , ita utnuüi exConfuleribùsin ali-ram cliquod ejjet imperium. Marc, de primat. §, 83, pag. 114 , ! v etf.
& §• 9 3 , pag. 149
feq.
( c ) Pande duplex Arelate, tuos Manda hofpita portus
Precipitis Kkodaiti Jic intercifa Jluentis ,
Ut mediam facias navali pont; plateam.
Aufon. iirb. *» P'
................................Duplicemque per urbem
«17 , édit. iy}0 “ '*■
Qui méat U dsxtra Rhodanus, dut nomma ripas
B
Ibid, fidyll. p. 3 J Î'
�10
côtds du grand R hône avec un pont de communication. L e
Fauxbourg qui fubfifte encore à la droite de la riviere , porte
le nom de Trinquet aille. Ainfi le grand Rhône renfermé entre
les deux parties de la V ille ne pouvoit appartenir aux Habi-
p.
s?.
tans de la rive droite du petit Rhône , quels qu’ils fuffent. C e
principe mene plus loin ; car comme le grand bras de ce
fleuve depuis fa féparation en deux branches principales jufqu’à fon embouchure , coule entre des terres qui font ôc qui
ont toujours été du terroir d'Arles, on doit en conclure que
des étrangers n’ont jamais eu ni pu avoir de prétention fur
cette partie du fleuve. Ainfi c’eft mal-à-propos que le Défenfeur tju Languedoc a avancé que c'étoit en 1 12 J , pour la pre
mière fois , que le fort de la Camargue , cette même ifle où étoit
fltude au quatrième fiécle la moitié de la V ille $ A rles. paroît
être déterminé, à la Provence , par lin monument autentique ; s’il
ne convient pas maintenant de fon erreur, fon aveuglement
fera bien volonraire.
L e féjour des Empereurs procura bientôt de nouvelles
grâces à la V ille d'Slrles, qui devint la première des Gaules ,
quand le Siège du Préfet du Prétoire y eût été transféré fur la
Hîfi. aurang. 1.1) fin du quatrième fiécle. Honorius àtJheodofe le jeune la choifirent dans la fuite pour le lieu de l’affemblée annuelle desfept Provinces qu’ils avoient établies par un Edit dont la date
revient au 17 d’A vril 418. On y trouve (a), comme dans les
été vit. S.
Prœcipitem Rhedanum mo’ i quœ ponte fubegit,
Et jUi.xit gemmas connexo tramite ripas.
g, cp. IO.
Arelate ejl tivitas fuvra und.is hk dard lonfitura (jutz in orientis profpeSium, taiaire ia t Ho- latumpontem per nuncupatiJiuminis dorfa t anfmittit.
In u t i iorcm ripam de civitate in civitatem . . . . tramgreditur.
ixy .P - ” •
Mirât- B.
Via ilia navalis, quâ inter conjœderatas jibi urles illius terrililis Rhodani terga
p IÎ&Pcalcantur , &c.
K oK ■17 1
(a) Jam vero decurfus Rhodani & Thirreni recurfus , necefe e(f ut vicinum faciant
,d. pair s. cc pe.ne conterminum, vei quod Ole preeterjiu it, vel quod ïïle circuit. Cum ergo huic
8 , a<3
ferviat ùvitati, quidquid habet terra prœcipuum , ad hanc veto , remo ,vehiculo, terrâ ,
ne. P 4 7 *
,r. de glor. mari, jhiwine inferatur, quidquid JinguUs nafdti.r , £rc. ùirm. not. inüidon. pag,
[, c. 68, 69» M 7 j &• alibi pajjim.
60
89 ■> Edit»
Bûcher,
n. t. 5> B it.
�Hifloriens * du tcms , qu’il s’y faifoit alors le plus grand *v. Au.*».
*
p. i l 4 . Creg. snccommerce 7, ainfi que
du
tems
de
Strabon
**.
Peut
on
les
ennym. ^ivixitcnf.
*
tantii a talc»
tendre , fi on n’y joint une liberté totale de navigation fur l a * * s t » b . i . 4, P . u i .
rivière qui baigne fes murs ? A fuivre même les expreffions
de ces Princes , le Rhône ne couloit que pour y apporter les
richefles de la Gaule êc de tout l ’Univers. Ainfi le fleuve dépendoit fans doute de la V ille d'Arles:.
Cette conjecture , paroît pleinement confirmée par un
paflage de la notice des dignités de l ’Empire : ouvrage T llem. art. 6s fur
rédigé vers le milieu du régné à'Honorms , & antérieur p. «s+,«s5, an.
,
.
,
Sur Val. t . 6 , p. 266,
d’environ douze ans à la conftitution que l ’on vient de citer*&»ot. i3»p.
On fçait qu’il contient un détail dej tous les Officiers de
l'Empire , ôt que leurs fondions y font indiquées par les
noms de leurs Charges : In Provincia G allia Ripznfi ( y eft-il dit)
Prœfeffus clajjls fiuminis Rhodani ,V kn n o t, five Arelati. Arles
ou tienne étoient donc le Siège fixe du Prefet de la flotte du Panï?r. in not,
cid. c. 90,
1 8 0 , é d it. Venet*
Rhône , c’efi-à-dire qu’il habitoit alternativement chacune de f- î*o‘
9
A
.
.
.
ces deux V ille s, félon les befoins de la navigation. L e détail
de fes fondions, dont l ’examen tiré des L o ix Romaines &
1601.
des lettres de CaJJioàore, nous meneroit trop lo in , indique
qu’il avoit la police de la riviere , tant fur les Marchands
que far les Pêcheurs, que la caiffe principale des impofitions
du Rhône étoit auffi dans les mêmes V ille s , ôt que c’étoit nutor. Mon.Func
là qu’on armoit & défarmoit la flotte deftinée à la garde du 17+2 in f°,
Rhône. En fe rappellant le principe que les Officiers d’une
Province n’avoient aucune Jurifdidion hors de la Provin ce,
fe contentera-t-on de dire que cela prouve feulement que le
Rhône couloit fous les L o ix des Empereurs f Et pourra-t-on
difputer à ces Villes la propriété d’une riviere fur laquelle
des Officiers qui y réfidoient, exerçoient des droits (1 mar
qués ? Certainement la fixation de cette réfidence devint une
B ij
E x a m .p . k .
�t2
fuite de cette propriété ; car il auroît etc contradictoire de
mettre des Officiers dans un lieu dont n’auroit pas dépendu
la chofe fur laquelle ils dévoient exercer leur autorité.
V. Hift. de I-ang.
Paffons légèrement fur les premiers établiffemens des Vi[i'176,177^06 gels dans la Narbonnotfe , à Touloufe en 4.18 ou 4.15), à A a rbonne en 462. Mais arrêtons-nous fur le régné d Euric leur
R o i , qui monta fur le trône en 466. Saint Sidoine nous
apprend que ce fut un Conquérant qui voulait pouffer fa do
mination jufqu’a l’océan , au Rhône ôt à la Loire , pour leur
faire fervir de barrière à fes Etats (a). La première lettre de
cet Auteur contient la preuve que c ’étoit fa feule prétention
v.Tniem. arr. 2: par rapport à la Z-cire; car vers l’an 473 , où elle dut être
14s. ~
1 écrite , les Francs o u ïe s Saxons étoient maîtres FFAngers ôc
v.Tiiiem. Anthem. des iffes de la Loire , d’où les Gots ne travaillèrent point à les
a u j , Lmÿ. t. s, P. cpaq\.r>
q l)e i es expreffions font les mêmes pour les deux
rivières j on doit en conclure c\u Euric ne forma pas plus de
prétention fur l’une que fur l’autre.
Quand même il en auroit form é, ce ne feroit pas un pré
ju ge, à moins qu’on ne lui eût accordé par la paix tout ce qu’il
demandoit ; mais à en ju g er, par ce qui nous refte de la négov. Vov. o.TiHen-. ciati° n qui fut entamée fur la fin de l’année fu ivan te4 74 , ôc
r^odoac. art. 4,v. j ans ]aqUen e put employé Leonce d'Arles avec plufieurs autres,
v . s;a. Apoii. 1 ; ,
ep. 6 , P !«+•
ri',
cp- 7 > p. i 8«.
il paroît qu’il n’étoit queffion de céder aux Vifigots que VAu
vergne & le refie de la Narbonncife ; car dans une lettre adreflee
parô. Sidoine à un des Négociateurs , ôc où il employé toute
forte de motifs pour les engager à refufer la ceffion de VAu
vergne , il ne leur fait pas feulement entrevoir qu’il fût queftion
de faire perdre à aucun d eux la moindre de leurs pofleffions ;
( a ) llli CGothi ;■ veterum Jinium limiiibus ejjraitis . . . . . . po^ejjionis metas in
Rhoâanun Ligerimque proterminant. L , 3. ep. p. 63.
Ruedum terminas fuos ab oceano in Rkodanum Ligeris alveo limnmrunt L . 7*
tp. 1 ,2 % . 171.
�15
cependant fi les Pays cédés à Euriceuffent dû s’étendre Jufqu’au Rlione , Leonce auroit perdu la portion de fon D iocèfe
qui eft à la droite du fleuve : car comme lorfqu’un Prince foumettoit à fa domination une V ille épifcopale, il la faifoit
V . Hift» Me Lanr«*
paffer fous la Jurifdiction d’un Métropolitain dû fes Etats 5 1. 5»§•**’ *■ x»l#
169
pour admettre dans les Conciles qu’il faifoit affembler les feuls iS
Evêques qui étoient fous fa puiffance : de même dans le cas
où il s’emparoit d’une portion d’un Diocèfe étranger, ce dé
membrement ou formoit un nouvel E vêch é, ou devoit être
5 » c ‘ 5 : p. 107'
réuniau Diocèfe le plus voifin. On en trouve la preuve dans .dPj.. Kuin.
un pacage de Grégoire de Tours , fuivant lequel Dalmace,
Evêque de Rodei, répetoit vers l’an 5 7 3 , quinze Paroiffes enle
vées à fon Evêché par les Gots qui en avoient formé celui
cF/lriJitum.
Il paroît encore 1®. par une lettre du même E vêq u e, adreffée à Batiens > Evêque de Lyon, fur la fin de l’année 4745
■*
5
s
cp- *’
’P
v. hmi. de Lang;
1. 4 , §. ISS , t. 1 r
ou au commencement de la fuivante, qu’Euric n’avoit pas p-119alors pouffé fes conquêtes jufqu au Rhône, puifque la naviga
tion du fleuve relloit abfolument libre aux Sujets de 1 Empire»
fk. 2°. par le détail de la négociation de Saint Epiphane qui p’;E""
mit la derniere main à la conclufion du traité en
^ , que le s‘r™,jLOA(K art s>
R o i des Vijigots, touché des reprefentations du S. Evêque de
Pavie, fe relâcha fur quelqu’une des conditions quil avoit exigées jufques-là.
Il les obferva tant que vécut l ’Empereur Nepos, avec lequel
il avoit traité ; mais après la mort de ce Prince, arrivée le ip
M ai 480 , il porta la guerre en Provence , où il s’empara des
V illes d’Arles & de Marfcille , qui lui furent cedées bientôt
après , avec tous les Pays qui s’étendoient jufqu’aux Æ pes,
par Odoacre , C h ef de ces diverfes Nations barbares , qui fur la
fin de l’Empire Romain compofoient toutes fes m ilices, &. à
nfà dcunV-
y s , P. 6go.
t w p'Jcopl
�14
canâ. Hift, Byt. qui Zenon , fuccefleur de Nepos, venoit de les donner. O n
croit qu’Euric établit alors fa demeure dans la V ille d’Arles : il
y mourut fur la fin de l ’an 484., &c il eut pour fuccefleur
j
o
Alaric IL fon fils. Celui-ci qui périt à la bataille de JAouglé en
$07 , ne laifla qu’un fils nommé Amalaric , fous le nom duquel
Theodoric fon grand pere maternel régna fur tous les Etats
des J/ifgots. I l étoit lui - même R o i des CJlrogots , 6c avoit
achevé la conquête de l’Italie fur Odoacre, au commencement
de 4.93.
Quoique les deux bords du Rhône fuffent alors fournis à
la même domination, on retrouve cependant quelques traces
de la dépendance où il étoit de la V ille d’Arles. Thierry , fils
de Clovis , qui pourfuivoit fur les Gots les avantages de la
bataille de F'cuglé, fut repouffé l ’année fuivante , à l’attaque
du Pont d'A rles, pofle important, 6c q u i, fuivant l’exprefTion
de l ’Hiflorien de L an guedoc, étoit alors lefeul qui pût faciliter
le paffhge du Rhône. ( a ) On le demande à tout homme qui ne
fera pas aveuglé par un intérêt particulier; peut-on croire
qu’alors le Pont ôc le Rhône ne dépendiffent pas d e là V ille
■ d’Arles ?
I l eft impcflible de ne pas tirer la même conféquence d’une
circonftance du Siège que les François ôc les Bourguignons
leurs alliés vinrent mettre deux ans après devant la même
vit.s.cifar.a™*. V ille . Saint Ceiaire qui en étoit E vêq u e, fut accufé par la
B . B*ncd» ord . t. 1 , G arnifon , de favorifer les Ennemis ; on l ’arrêta , ôc il fut
¥■ ««3.
réfolu de le tranfporter au Château d'Ugernum, qui ne peut
être antre chofe que la V ille de Be2ucaire (b). L e proiet man< a ) L. 5. S 45 , t. ' p. '-‘\9 , luri’i rportanc? de ce porte , U comme i ren
voi t maître du Rhône, V. Dubos, étab. d elà Monarch. Franc, t. i. p. . 66, 49}»
t. ». p, 199 édit. 1741 in 4 °.
( h 1 II ferait BÎfé d'en multiplier les preuves, mais ilfu flît c'e renvoyer à D Mabiil.-not.üîJ. F.(def. not. G a ll.p .
de Lang. t. not. }S ,p . t>i8 & t. J,
p . 6-61 .
�qua , parce que la crainte des Ennemis répandus fur les deux
bords du fleuve, empêcha de tirer le bateau dans lequel on
avoit mis le Prifonnier. Il n’en réfulte pas moins : i°. que le lit
du Rhône étoitlibre aux Ojlrogots : 2°. que le Château d'Ugernum ddpendoit du même Gouverneur que la V ille d’Arles ; &
celafe rapporte à ce que nous avons établi fur les limites de
fon territoire , tant pour les tems antérieurs que pour les poftérieurs, où nous verrons la même V ille dominer pour le civil
comme pour le fpirituel fur toute la partie de fon Diocèfe qui
elt à la droite du R h ô n e , & par confcquent embrafler le
R hône même. L e Défenfeur du Languedoc veut faire croire
qu’il ne voit dans cet événement, que les François maîtres des
deux bords du Rhône ; ils letoient fans doute, mais pour le
m om ent, & de la même maniéré dont toute armée l ’eft du
territoire d’une Place qu’elle aflîege : le Siège levé , le terri
toire rentre fous la domination de fes Maîtres légitimes.
Theodoric, après avoir repris fur les enfans de Clovis tout ce
que ce Prince avoit enlevé aux Fifigots , mourut le 50 d’Aôut
5 26, & ne laiflfa que deux petits fils ; l ’un , nommé Àtlialaric,
lui fucceda en Italie & dans les Gaules , tandis que la portion
d’ /lmalaric fut bornée à ÏEfpagne. Cet arrangement qui prîvoit celui-ci de la Septimanie, héritage de fes peres, excita
fans doute des murmures ou des plaintes de fa part. Q uoiqu’il
en fo it, la portion des Gaules qui avoit appartenu à leur ayeul ,
fut partagée entr’eux. L e R oi d'Italie ou des Oflrcgots , eut ce
qui croit à la gauche du Rhône , & le R oi d’EJpagne ce qui
étoit à la droite du fleu ve, fans qu’i^foit queftion de la pro
priété du fleuve, dans l'Hiftorien qui rapporte ce traité ; de
forte qu a prendre fes expreffions à la lettre , il faudroit croire
que le Rhône ne relia à aucun de ces Princes. L e feul moyen
de reconnoître celui à qui il fut adjugé, eft de confulter les
Exam p. 3j .
Tur. r
t
• 21 > p. 1 *7 .
§
Page ad h u n r m
V. Cafftod. l t j
'• 6
Procop, vtjnp. J j
'• 178. 179.
1
�16
✓ to n s poftérieurs. O n y verra les Souverains de Provence 5
fucceffeurs d'Athalaric , regner paifiblement fur la partie du
D iocèfe d'Arles q u ieftà la droite du Rhône , & par conféquent fur le Rhône môme & fur les ifles qu’il forme , dont la
Camargue eft une, fans qu’on puiffe en adigner d’autre caufe
que ce traité de partage , dont on prit pour bafe le rétabliffenient des anciennes limites qui fe trouvoient fur les frontières
xefpéQûves.
Nous touchons au moment où la domination des Rois de
France s’approcha des bords du Rhône. Jufqu’ici tout le monde
avoitcru que ce fut par le côté deProvence.llplaîtauDéfenfeur
sam.p.7-
du Languedoc d’en donner l’avantage au Vivarais, ktUfege&c
à Argence , ou Ugernum qui eft la partie du D iocèfe d'A rles,
fituée à la droite du Rhône. Rapportons fes propres expreffion s, pour qu’on ne nous accufe pas de diminuer la force de
fes preuves.
Pag.15 &fu'.v.
'
r. s . c. 30.
» On trouvera dans les meilleurs Hiftoriens ,
que dès l’an
» 5 3 3 , T h eo d ebert, petit fils de C lo v is , enleva la V ille ôc le
» Pays d'U fezaux Vifigots qui. . . . n’y regnerent plus dans
» la fuite. 2°. Que ce Prince s’empara en même-tems du Châ» tcau nommé Ugernum , 6c du territoire de Beaucaire, qui
» furent à la vérité , repris
ans après par Reccarede & fes
» V ifigots, par reprefailles de l’irruption que le R o i Gontran
» venoit de faire en Septimanie jufqu’à la V ille de N irnes,
» fuivantle récit de Grégoire de Tours , mais qui furent aufil» t ô t , ou prefqu’auffitôt abandonnés par fes troupes , & qui
» en effet ne furent pkrs fournis au pouvoir des Vifigots.
» 30.Q u e l’année fuivante J 3 4 , dans le partage qui fut fait
» entre les R ois de France, du Royaume de Bourgogne, le
» Vivarais échut à Theodebert. 4 0. Q ue dès-lors, ce Prince
» régna
�17
» régna fur les Pays arrofés par la rive occidentale du Rhône
» qui de ce moment fe trouvèrent fournis à demeure à la domi- /
» nation Françoife; fçavo ir, les Pays de Vivarais ôc d’Ufege,
» ôc enfuite le territoire de Beaucaire qui étoit connu dans ce
» tems-là fous le nom de Terre d’Argence (a) , qui comprenoit
» alors comme aujourd’hui toute la plaine de Fourgues, 8c
» qui n’appartenoit point aux Oftrogots , puifque c’eft fur les
®Vifigots que Theodebert s’en empara, ôc puifqu’Amalaric
» n avoir abandonné aux Oflrogots p arle Traité de 526, tii
» le Rhône, ni des terresftuées fur la rive droite du Rhône, comme
» on le fuppofe fans fondement, mais leur avoit feulement cédé le Mém. psg. 1.
» Pays qui n'eut le nom de Provence que vers ces tems - là , ôc
» qui étoit borné alors, comme l ’eft depuis plus de 600 ans ,
» le Comté de Provence , par la D urence, les A lp es, la M et
» ôc le Rhône. Les Etats de Provence n’ont pas encore
» prouvé non plus , que Pille de Camargue ait fait partie de
» ce Pays cédé aux Oflrogots en y 26.
Si pour fournir cette preuve, il faut produire l ’original du
T ra ité, la Provence doit y renoncer, parce qu’elle eft fondée
à croire qu’il n’exifte nulle part. E lle ne l ’elt pas moins à aflurerque fous l ’Empire Romain ôc fous le régné dcTheodoric,
immédiatement avant le Traité dont il eft queftion, la moitié
de la V ille d'sirles étoit bâtie dans cette mêmelfle de Camar
gue qu’on voudroit lui difputer. Pour le faire avec quelque
ombre de vrai-femblance , il faudroit au moins indiquer le
tems ,où cette dépendance a dû celfer, quoiqu’elle ait continué
jufqu’à nos jours. Ainfi nous regarderons cet article comme
hors d’atteinte, jufqu'à ce qu’il plaife au Défenfeur du L a n '
guedoc de produire fes titres. La Provence vient de propofer
( a ) On ne connoit point de titre anterieur au neuvième fiècle, où il foit
mention du nom d’Argence.
G
�les tiens , fur ce qu’on doit penfer du fort d'Argence dans le
»partage de $26 3elle va les fortifier par l’examen de ce qui fe
paffa en 533.
Ex»™™,P 75 &4°v. Frappés du ton de confiance que l’on vient de rappeller ,
ce n’a été qu’avec inquiétude que nous avons confulté les
meilleurs Hijîoriens>tant anciens que modernes, dont le Lan
guedoc réclame le témoignage unanime, & dont ce Critique
fevere con clu t, fous préeexte qu’il n’tfi point fait mention d’un
fait très - particulier dans une hiftoire générale écrite par un
1Ko
Etranger , que rifle de Camargue ne tomba pas dans le lot de9
C ftrogots, ôc ne dépendit pas de la V ille à'Arles , quoiqu'on
voye dans le même tems la moitié de cette V ille bâtie dans la
même Me : Croira-t’on qu’aucune de fes affertions n’eft ap
puyée de l ’autorité d’aucun ancien Hiftorien ? L es modernes
lui feront peut être plus favorables ; mais non : & on l'allure
ici après l’examen le plus fcrupuleux , ni Ade^erai, ni le
P . Daniel, ni l’Abbé Dubos qui a traité avec plus d’étendue
que perfonne1, les ccmn encemens de la Monarchie Françoife ,
ni lePréfidentHui/jmdr, ni l’Abbé de VeUy en parlant de l’ex<pédition dcTheodebert en 533 , n’ont donné le moindre lieu
aux conjectures qu’on érige ici en certitudes. Enfin les Ediî>f 4, teurs du recueil des Pliftoriens de Irance , fe contentent de.
' '■
dire que Theodebert prit alors le Pays de Rhode£ , le Gevaudan,
le Velay , & peut être VAlbigeois.
Mais cependant, après avoir invoqué le témoignage una
nime des meilleurs Hiftoriens , il faut bien au moins pouvoir
s'étayer d’un feul 3 ôc c’eft l ’Hiftorien du Languedoc : ôc
encore ce que le Défenfeur de cette Province donne comme
une certitude , le premier ne le propofe que comme une
vrai-femblance. Ecoutons-le
xaifons.
I
parler , avant d’examiner fes
�•rp
» Theodebert, apres la prife du Château de Cabrieres , nm.d«tune. î.»,
» prit la route du R h ô n e , fuivant Grégoire de T o u rs, ôc c-8>'•*> p-iSS» entra en Provence. C ’eft alors qu’il dut reprendre fur les l .
» Vifigots le Gevaudan, le V êlai . . . & la V ille d’Ufez.....
» qui depuis cette expédition de T heodebert, demeura tou» jours foumife aux Rois d’Auftrafie......... Nous ne doutons
» pas qu’il n’ait fournis alors le Château d’Ugernum fitué
» entre Nimes Ôc le R h ô n e , que les Vifigots reprirent dans
» la fuite : C ’eft de ce c ô té -là qu’il entra fans doute en
» Provence.
E t dans une note particulière fur les expéditions de
Theodebert, il ajoute :
» C e n’eft que depuis l’an y 33 que Theodebert, fils de Not.«$,p.««,s79.
» T h ierry , R oi d’Auftrafie, ayant reconquis furies Vifigots
» les places que Theodoric avoit enlevées aux François
» après la mort de C lo v is , la V ille & le Pays d’Ufez furent
» fournis aux François, ôc l ’on ne fçauroit donner aucune
• preuve du contraire. Ainfi c ’eft avec raifon que nous met» tons ce Pays au nombre des conquêtes de Theodebert........
» Nous y avons ajouté le Château d’Ugernum , parce qu’outre
» que ce Prince porta fes conquêtes du côté du Rhône ÔC
» de la V ille d’Arles qu’il aftiégea , nous voyons d’ailleurs
» que ce Château fut un de ceux que le Prince Reccarede
» reprit fur les François l ’an y8y. Ces peuples dévoient pac
» conféquent l’avoir enlevé auparavant aux V ifig o ts, & fans
» doute pendant l ’expédition de Theodebert ; « puifqu’entre
ces deux époques, auroit-on dû ajouter, nous n’en voyons
point d’autre où iis euffent pu s’ emparer de ce Château.
Q uelle différence entre ce ton-là ôc celui que prend l’A u
teur du Mémoire ! Encore y a-t-il à remarquer que c ’eft
fans aucune preuve qu’on y avance que Theodebert prit la route
C ij
�56
du Rhône , ôc entra en Provence. Grégoire de Tours qu’on
cite , dit feulement , à l’occalion d’un tait très-étranger aux
t . ï >p.
323-
conquêtes de ce P rin ce, qu’il avoit des otages de la V ille
à' Arles, {a) Audi l’Abbé du Eos, qui n’avoit point de fiftême
à faire valoir en cette occafion, obferve-t-il que c’étoit pour
fureté que la V ille obferveroit une exa£te neutralité durant
la guerre ; 6c cela vraifemblablement pour fauver du pillage
ôc des contributions les terres qu’elle poffédoit à la droite
du R h ô n e , telles que le Château d Ugernum. Mais ne fuppofons rien , & prouvons.
i°. Il ne paroît par aucun monument que Theodebert ait
jamais été maître d’ Ufei : on ne trouve point la foufeription
v. C o m de l ’Evêque de cette V ille parmi celles du concile de C/er».T, p?439>4+:^’ mont, tenu en
par les Evêques de la domination de
Theodebert : au contraire Saint Firmin, Evêque d’U f e i, aftifta
v . gm.chr.t.61 aux q.e. ôc j e. conciles d'Orléans, en 541 6c y 49 , ôt au
fécond de Paris en y 71 , convoqués les uns ôt les autres par
Childebert, R o i de Paris, 6c non par Theodebert ; 6c l’on a
Dcmtn. jtmh.fii- dans l a v ie de Saint Ferrcol, Succeifeur de Saint Firmin, la
mil. rediv. afjend.
17■ iiu
preuve la plus précife que ce Prince étoit maître de l'Ufcge
vers y yy ou y y 6 : car fur des plaintes qu’on lui avoit portées
contre l’Evêque , il le manda à fa C o u r, 6c l ’y retint comme
en exil pendant trois ans. Il eft donc plus fimple de convenir
qu’on ne fçait pas comment l'Ufege paffa fous la domination
Françoife ; que ce ne fut pourtant pas par la prétendue con
quête de Theodebert, mais plutôt par le partage du Royaum e
de Bourgogne entre les Princes François, arrivé en y y4 ; 6c
enfin que la première preuve qu’on ait de cette foumiifion ,
fe tire de la foufeription de Saint Firmin au concile d’ Orléans
en
( a ) Àrslatenfem enim tune urbsm Gothi pervaferant, de qui Theudebertus otj.des.
eontinelat.
�21
a°. Il fera encore plus aifé de montrer contre ces Ecrivains J
quUgernum ne fut point la proye de Theodebert en y 3 3.
Dans ce cas-là il auroit appartenu en y 8 y à Childebert II*
Roi dAujlrafie, 6t. non à Contran, R o i de Bourgogne ôc
d 'A rles, à qui il appartenoit effectivement. Thierry I . R oi
dA uftrafic, n’étoit pas encore mort au tems de cette expé- 118>edlt- R»>n.
dition : ainfi Theodebert combattoit pour fon pere , ôt les
conquêtes qu’il faifoit appartenoient à Thierry. A la mort de
Clotaire I. qui avoit réuni toute la Monarchie Françoife fur fa
tête , Sigebert (a) fon fils eut le Royaume de Thierry : ôt
quoiqu’il y eût eû dans la fuite quelques démêlés entre
Gontran ôt Childebert IL fils de Sigebert, le premier avoit rendu
à l’autre , avant l’expédition de Reccarede, généralement tout
ce qui avoit appartenu à la fucceflion de fon pere (b). D onc
dès qu Ugernum n’appartenoit pas à Childebert II. après cette
reflitution , il n’avoit appartenu non plus, ni à Sigebert, ni à
Thierry I. D onc il n’avoit pas été pris par Theodebert en
533 Mais s’il l ’eûtvpris, ce n’auroit pu être fur les T'ifigots
qui n’en furent jamais les maîtres (c). Suivant Jean de Biclar ,
Auteur contemporain , Leuvigilde rétablit dès la premiers
année de fon régné, ou l ’an y69 , la Province des Gots, c’eftà-dire la Septimanie, ou la Narbonncife I. dans fes anciennes
limites ; cependant Leuvigilde ne régna point alors fur Ugernum,
ni même après que Reccarede fon fils en eut fait la conquête
en y 8 y , puifque celui-ci 1 évacua tout de fu ite, le reprit,
(a ) Deditque fors Sigiberto regnum Theuderiri , ibid. I, 4 , C. n , pag. 163,
V . Pred. epijl. n°. t t . p .
9.
(b) Tune ei ( Childeberto ) reddidit rex Guntchrannus omniu quæ pater ejus Sigibertas
haluerat. Greg.Tur.L7. c. 31 >v. 359.
( c ) Juliini imperii anno 111. Leovegildus in regnum citerions Hifpanix conftituitur .& Provinciam Gothorum quæ- jamrebellione diverforum fuerat diminuta, min-;
Miter adprijiinos revocat terminas. Hifpan, iïlufr.t. 4 ,p. 154.
stT.
�le pilla ,
Î2
l ’abandonna une fécondé fois deux ans après : &
il eft à remarquer q u e, fuivant Grégoire de Tours (a) qui nous
a fait connoître ces deux expéditions de Reccarede ,Ugernum
appartenoit à Gontran, R o i de Bourgogne ou d’A r le s , ôc
q u il répété à chaque fois que ce Château dépendoit de la
V ille ou de la Province d’Arles. Nous vo yo n s, par les m onumens les plus autentiques, le Souverain de la Provence
regner paisiblement fur Ugernum, à la droite du Rhône , ea
51 0, y8y & £87.
Il y eut dans cet intervale de tem s, deux changemens de
Souverains dans ces cantons-là : on veut parler du traité de
partage pâlie entre les Uifigots &. les OJlrogots en y 2 6 , ôt de
la ceflion que ceux - ci firent de la Provence aux Princes
François, dix ans après. N ’eft-il pas tout naturel de penfet
que dans ces cas Ugernum fuivit le fort de fa Capitale ? E t
d’autant mieux qu’il appartenoit en 58 j au Souverain de
cette même Capitale : au lieu que dans la fuppofition de
l ’Hiûorien & du Défenfeur du Languedoc , il auroit dû
appartenir au R o i d’Aujlrafie : mais ils ont fenti l ’un ôc
l ’autre que la poffefiion d’Ugernum par la P ro ven ce, dé™
montroit qu’au fixiéme fiécle le R hône ne pouvoit dépendre
que de cette P ro vin ce, ôc ils fe font retournés de tous les
côtés pour le lui enlever. Quand on foutient une mauvaife
caufe, qu’on connoît peut-être pour te lle , car l’un ôc l’autre
ont connu ôc cité le paffage de Grégoire de Tours , dont on
vient de faire u fage, il n’eft pas étonnant qu’on tombe dans
( a) Ugernum Arelatenfe .eajlrum irrupit . . . . . fixe audisns Bex Leudegifi"
lum . . . . Ducem deligens , omnemei Provinciam Arelatsnjem commijit. Tut. i, 8,
c . J O , p . 4 0 1.
Gothi vero . . . in Arslatenfem Prarinciam proruperunt...... unum etiam eajlrum
Ugernum nomme , cuir1 rebus atque kabiiAtoribus deiolantes , nullo rctillente, regrelli
func. Ibid. L. 9 , c. 7 , p. 41$.
�1?
des contradiâions înexpliquables. Dans notre opinion au
contraire, tout va de fu ite, fans que Ton éprouve d’embarras >
fi ce n’eft pour fe dégager des entraves qu’on voudroit ap
porter fur la route : l ’on doit remarquer que la poflelfion
d’Ugernum par la V ille d’Arles lui alfure la propriété du
Rhône ; au lieu que ce même Château , entre les mains d’un
des Souverains qui regnoient en Septimanie, ne prouve rien
en fa faveur pour la propriété du Rhône ; deforte qu’on
pourroit accorder au Défenfeur du Languedoc tout ce
qu’il a cherché à prouver, & qu’on croît avoir détruit, fans
qu’il pût en tirer le moindre avantage. Cependant à l ’entendre»
ici & ailleurs, ( p. 2 2 & alibi,) il femble qu’il ait démontré
les droits de fa Province fur le R h ô n e , ôt Je nom de
Rhône ne fe trouve que dans fa bouche , ôc jamais dans
aucun des Hiftoriens originaux , & des titres dont il voudroit
fe prévaloir.
3°. O n convient qu’en J 3 4 , Theodebert acquit le F'ivarais'
des dépouilles du Royaume de Bourgogne ,* furquoi il eft à
remai quer que cette Province dépendit toujours dans la
fuite du Royaume qui porta ce nom.
Mais 4°. On nie que la propriété de VUfege mît fes PoffelTeurs, quels qu’ils fuflent, en poffellion du Rhône , ni
même de la rive droite de ce fleuve , ainfi que l'avance
quelque part l ’Hiftorien de Languedoc, citant le 47e. chapitre du 4e. livre de Grégoire de Tours : c ’eft fans doute
fuivant l ’édition de T). Ruinai t; car dans toutes les éditions
antérieures , ce livre n’a que 45 chapitres. On a lû ôc relu ,
avec la plus grande attention, celui qu’ils indiquent : comme,
on n’ y a pas vû le moindre mot qui puiffe faire foupçonner
qu’il y foit queftion du R h ô n e , on a penfé qu’il devoir y
avoir une faute d’impreiïîon, quoiqu’elle ne foit pas marquée
�dans l’eriata , 6c a force d’examen , on a cru qu’on devoit
lire 43 au lieu de 47 : en effet il eft parlé dans ce cha
pitre-là du paffage du R h ô n e , mais l ’Auteur ne dit pas ce
qu’on lui fait dire ; il dit feulement que quand on étoit à
Avignon, (a) il failoit paffer le Rhône pour fe rendre dans
les Etats de Sigebert, R o i d’sdujirafie ; 6c de la façon dont
il en p arle, il paroît qu’ils étaient un peu éloignés du fleuve*
I l feroit même très-aifé de montrer , par l’expédition dont
i-s» e . ?,r- Grégoire de Tours rend compte en cet endroit là , 6c par le
heu ou Gorüran enferma le traîcre Monderic, que la pofp. i7o.
jbt d,
407, v'l d
30,
. à
11 4
>
V•
y
-,
1
A
fefüon du Pays TUfe\ ne rer.doit pas Sigebert Maître du
Rhône. Mais évitons des difeu(fions qui ne convaincroient
pas des Adverfaires obflinés. Il fuflit de les indiquer aux
perfonnes défintéreffées , qui verront dans ce qui a précédé ,
comme dans ce qui va fuivre , i ° . que la Provence 6c Urgence,
comme une de fes dépendances , ont été Françoifes , même
avant VUfege, 6c longtems avant que les autres P a ys, qui
forment aujourd hui le Languedoc, fulfent fournis à la même
domination. E t 2°. que le Rhône a toujours dépendu de
celui des Princes François qui regnoient en Provence: d’où
il faut conclure que c’eft de la pofleflion de la Provence
que la Coutonne de France tire fes premiers droits fur le
Rhône.
{ a ) ConjunSlique funt in Avennico territorio.Verum pojîquam . . . ad litus Rhoiam amnis accgerunt, uttranjatto torrentî , re^r.o Je lie^ts Si&iberti conferrent, Sx.
Ijb i fup. p. 184»
A R T IC L E
�»
%•
25
A R T I C L E
II.
Etat du Rhône feus la fécondé race de nos Rois, G* principale
ment dans les tems des premiers Ujurpateurs
de la Provence.
Les Provinces où coule le R h ô n e, avec toutes celles qui
compofent la Monarchie Françoife, & celles en plus grand
nombre qui la compofoient alors, fe trouvèrent foumifes au
pouvoir de Charlemagne. Ce Prince réunit en fa perfonne
tous les droits qu’avoient eu fur le Rhône les Romains &
les Cjlrogots, & non les Cifigots, qui n’y avoient jamais eu
•ni droit, ni prétention, ainfi qu’il vient d’être prouvé: &
quoiqu’en dife le Défenfeur du Languedoc. Loin d’en dis
convenir ^ la Provence fe glorifiera toujours d’avoir vécu ,
avec toutes fes dépendances , fous les L o ix d’un des plus
grands Princes qui ayent régné en Occident ; mais ce dont
elle ne conviendra pas, eft que la pofleflion du Rhône par
Charlemagne fon Souverain , ait nui à la propriété qu’elle
réclame. A u contraire elle met au nombre de fes titres , tous
les droits que ce P rin ce, & ceux de fes Succeflfeurs qui ont
été dans le même casque lu i, ont exercés fur ce fleuve; ôc
elle eft fondée à le faire , à moins qu’on ne lui prouve qu’il
ait démembré la Provence pour gratifier la Gothie, ou changé
les anciennes limites de ces Provinces, comme il étoic le
Maître de le faire, & comme il le fit en 806 pour la Pro
vince d’aquitaine. Tant qu’on ne prouve pas qu’il l ’ait
il fuit que ces limites furent confervées ; & la même
féquence réfulte de ce qu’il exerçoit les droits de fes
déceffeurs ; car il devoir les exercer au même titre ôc
D
fait,
conPréde la
Exsra. p. î 3-
R ec . des H ift. de
F ia n c e , c. 5 , p . 77*>
�'a*
même maniéré qu’eux ; ce qui fait voir que tout ce qui a
précédé cette époque > ne devient point inutiLe à la queftion
préfente, comme l’avance notre Adverfaire.
Il a un intérêt qu’il dillimule en cet endroit, mais qu’il a
dévoilé ailleurs ; c’eft de faire croire que les droits de la
Couronne fur le Rhône , font les mêmes que ceux du
Languedoc. Cependant le contraire eft évident, fi dans le
tems même où les deux Provinces ont commencé à être
foumifes aux Rois de France , il paroît qu’ils n’ont exercé
des droits fur le Rhône qu’en qualité de Souverains de la
Provence. On feroit en droit de le conclure, de ce qu’on
n’a aucune preuve qu’ils en ayent changé les limites ; car
avant l ’avenement de Charlemagne à la Couronne , le
diftrict civil de la V ille d’Arles embraiïbit, ainfi que fon
D io cèfe, les deux rives du Rhône , & par conféquent le
Rhône meme.
Mais il faut laifler au Défenfeur du Languedoc le pri
vilège de n’étayer aucun de fes raifonnemens fur la moindre
preuve. Nous en trouvons pour notre opinion dans une
donation que Vigo , Evêque de Cirone, fit à l ’Eglife à'Arles
le 23 de M ais de l ’an 797 , de tout Valleu qu'il pojjedoit au
territoire de cette Fille dans Vijle de Saint André, (a) Cette
ille n’exifte plus 3 mais nous verrons fous l’année 9 60 , qu’elle
( a ) Vigo S. Gerundenfis Ecclejice F.pifcovus donator . . . ad domum S. Strphani
Sedis Arelatenjis . . . concedqqae ibï omnern alodsm quem habeo in pago Arelatenfe,
in locum quem vacant in!'u!a S. Andréæ , îrc. Cartul. de l’Eglife d’ Arles, fol 3 1.
L ’néle eft daté X , Kal. Anr. anno J XI}'. Quando Karolus regnanci fum.pjit exordium:
Ce qui ne peut convenir qu’à Ch irlemagne dont la vingt neuvième année , à compter
du 14 Septembre 758 jour de la mort de P pin fon pare, tombe à l’an 797 ; ce ne
peut ’-tre ni Charles le Chauve qui ne fut Maître de Pa Provence que la trente-cin
quième année de fon régné, ni Charles le Simple qui ne le fut jamais. D ’ailleur: il
y a la dénaturé d’Harimbert ou d’ Himbert Eveque d’Avignon , & d’Enbaldus Pré
vôt de l’Eglifè d’Arles , qu’on retrouve fous i’Archevtque Elifknt qui fiégeoit en
7$4. Voy. G ail. C hrijl. t. 1 , col, 545, 595 , 803.
�*7
étoit fituée dans le R hône , un peu au-deflus de la V ille
d'Arles, ôc v is - à - v is l’endroit qui porte le nom de Jonquicres. Les ifles du Rhône faifoient donc alors partie du
territoire d'Arles ; car il faut remarquer que fi le Rhône
eût dépendu de la Cothie ou Sepîimanie} aucune ifle de ce
fleuve n’auroit pu être comprife dans le territoire d’une
V ille étrangère , parce que cet arrangement particulier fe
feroit trouvé contradictoire avec l ’arrangement général. Il
n’eft donc pas v ra i, comme on le hazarde fans preuve, que r*im. p. 88 & fuiv.
le traité de l ’an 1123 foit le premier monument autentique
qui dépofe de la polfeiTion de la Camargue , 6c du grand
bras du Rhône en faveur de la P roven ce, puifque voilà un
aéte antérieur de plus de 300 ans qui ne laifTe aucun doute
à cet égard. O n l’avoit obrnis dans les premières pro
duirions ; on s’étoit contenté de faire valoir les aétes des
années S24 ôc 823 , qui font relatifs à l’échange fait entre
A ’ato , Archevêque , 6c Leibulfe, Com te d'Arles. E t fi le
Mémoire du Languedoc les a laiffés fans réponfe, c ’eft
que l ’échange même ôc la confirmation qu’en donna Louis
le Débonnaire, fils ôc fucceffeur de Charlemagne, prouvent
évidemment qu'Argence 6c l ine dont on vient de parler ,
étoient comprifes dans le territoire d'Arles. Sur quel moyen
pourroit-on établir que les bras du Rhône renfermés entre
ces limites , n'étoient pas compris dans le même territoire T
Au refte cette ihe fut donnée peu de tems après par le
même Leibulfe à l ’Abbaye à'Aniane qui ne la pofféda pas
toujours; car on la retrouve au 12e. 6c au 13e. fiécle entre
les mains des Vaffaux des Archevêques d’Arles,
On ne regardera pas comme une fingularité que le Comté
d’Arles eût alors la même étendue que le Diocèfe de cette
V ille ; ceto it encore l ’ufage com m un, conftaté par tous les
D ij
H Æ t e Isnguei}.
i,pr. n.
p.s)S_
rSid.n. 2, P. 7U
�i8
monumens \ Ôc par les Hiftoriens contemporains ; l ’on ne
fuivoit point d’autre réglé dans les pairages qui fe faifoient
de la Monarchie. Prenons-en pour exemple celui de 1 an
837 , comme le plus voifin du tems dont il eft queftion.
A'ithard , neveu de Louis le Débonnaire , qui nous en a
tranfmis le d é ta il, après avoir nommé les V illes que cet
Empereur 'deftinoit à Châties , Ton quatrième fils , ajoute , (a)
» &. tous les Evêchés , A bbayes, C om tés, Fiefs , fit autres
>3 chofes
contenues dans les limites fufdites , avec toutes
» leurs appartenances 6t dépendances, en quclqu’endroit
» qu’elles fuffent fituées. « Ces faits-la font plus pofitifs que
les raifonnemens vagues que le Languedoc oppofe à cet
Exam. p. 17&UÎ- arrangement : dans le moment où on lui prouve qu’une
chofe exifie , il fe contente de faire voir quelle auroit pû
être autrement.
Cette vérité va être mife dans un plus grand jour par le
détail des évenemens qui fuivirent la mort de Louis le Debonaee Lan
c> naire arrivée le 20 de Juin 840. Lothaire l ’aîné de fes enfans
r ■*Hift. «
allE
I.
1
p. 5:
* V id . ib. §• i 5
S li» 523 v
regret p rivé, par un dernier arrangement, d’une partie des
r- Etats, qui lui avoient été afiignés, par le projet de partage
de l’an 817 ; la force qu’il employa dans cette occafion n’eut
aucun fuccès. Ses difgraces ne le découragèrent pas , il re
gagna par l ’intrigue ce que le fort des armes lui avoit fait
perdre, (b) Charles le Chauve , le dernier de fes freres, étoit
en poffeflion de la Septimanie 6c de la Provence, par un traité
( a ) Omnes videlïeet Epifcopatus , Ahbatias , Comitatus , Fifcos C omnia infra prxdiàas fines confiflenna , cum omnibus ad fe pertinentilus, Ce. Nit. 1. - , c. 6 ,
Rec. des Hift. de Fr. t. 7 , p. 1 4. VU. et. ann. Bertin. ann. ad hune ann, t. 6 , p. 199
ad ann.
, 859 , r. 7 , p 73 , 75 , Ce.
( b ) Per Saugonnam ufque ad confluentem Rhodani, C fie deinde per Rhodanum
ufque in mare Tyrrenum , omnes videlicet Epifcopatus, Abbatias, Comitatus, Fifcain
Alpibus conjijlentia. Nith. L. 4 , §. 3 , Rec. des Hifl, de Fr. t, 7 , P- 3.0.
�59
provifionnel du mois d’Août 840, un autre traité de même Hift.dc Iang. 1.t*.
efpece ligné au mois de Juin 842 le dépouilla des Etats s; P S *
fitués entre les //Ipes, la Saonne & le Rhône jufqua l’embou
chure de ce fleuve , avec tous les Lvèchés, abbayes, Comtés (y
litfs qui en dépendaient ; & cet arrangement devint fixe un an
après par un nouvel accord, au moyen duquel (a) en aban
donnant la Septimanie à Charles , Lothaire jouit paîfiblemeut
des Comtés ajfis aux deux côtés du Rhône. Ici l ’on ne fait que
copier les cxpreiiions équivalentes l ’une à la u tre , des deux
Hilioriens contemporains ; &. quels Hiftoriens ! C ’eft Nithard
coufin germain de Charles le Chauve & de fes freres, Miniftre
& Général de ce Prince , employé en chef dans fes guerres
&. dans fes négociations , qui a dû connoitre exactement la
vérité, & ne peut être foupçonné de l ’avoir déguifee au pré
judice du Souverain auquel il s’étoit attaché : Q u ’on en fafle
l ’application au fujet que nous traitons, & qu’on fe rappelle
l ’étendue de l’Evêché & du territoire d'slrles, pourra-t-on
difputer à Lothaire la propriété d’unf fleuve enclavé de
toute part dans fa domination ?
Cet arrangement, qu'on voit fuivi de fiécle en fiécle , eft
fondé fur tous les monumens du tem s, & fur les plus autentiques. T e l eft l’aête par lequel L o u is, R o i de Germanie,
& Charles le Chauve partagèrent entr’eux le 8 d’Àoût S70 ,
les Etats du Roi Lothaire, fils de l’Empereur du même nom.
L es V illes & les Comtés de Iy o n , de Viviers <k d’CT/èj , y
font nommés comme des dépendances de cette fucceflion ; nu. P. no, m,ôc cette circonftance arrache en plus d’une occafion un aveu P. “ J!1' Bjl’ ,-Ij
(®) DUkiliuis portionibus . . . . fortitus ejf Lotharius . . . . nfque ad Anrerti
Rodano influemem
per deflexum Rodani in M ire, cum Cbmitatibus Jimiliter fibi
mrimque adhærentibus. Cœtera ufque ad Hifpaniam Carolo cejjerunt, A an. Bénin»
lid. p. j i . V. Ann. Fuid. ibid. p. 160. Ce traité fut religieufement obfervé dans
ia faite , & confirmé en 844 , 851 Sc 854, V. ann, Berna, ubijup.p. 63, 67 , yoj.
�30
■ remarquable à l’Hiftorien de Languedoc. N on-feulem ent
t . 10, §. *+> ’ 4'
* « . « • « ’ P-53<5’
J + 1 > 5l5îj &.
$• 57 & 85 ’
p, 5+3»56*‘
il reconnoît que la partie du D iocefe d'Arles fituée à la droite
du R hône obéiffoit à l’Empereur 6c au R oi Lclhaire , mais il
juge même avec beaucoup de vraiferr.blance que le Vivaraàs
& le D iocefe d'I/fez dépendoient alors du D uché ou du G ou
vernement de Provence. Après cet aveu, on ne foupçonnera
pas cette dernière Province de fe laifler aveugler par fon in
térêt ; & quel eft l ’homme de bonne foi qui ne reconnoîtra
pas dans ces arrangemens uniformes ôt qui paroiffent n’avoir
eu d’autre réglé ni d’autre m o tif, que la continuation d’un
ufage ancien , fuivant lequel la rive droite du R hône ôc
par conféquent ce fleuve, appartinrent toujours au Sou
verain qui régna fur la Provence ?
Une autre remarque non moins importante à faire fur ce
partage de l’an 84,3 , eft que ce fut relativement à cet aêbe
que tous les Succelfeurs de Lothaire dans le Royaume de Pro
vence , poflederent des terres à la droite du Rhône. Si dans
la fuite elles furent cédées aux Comtes deTculcufe, ils n’envifagerent eux-mêmes, dans cette ceiïion , que le droit qu’ils
avoient à la fucceflion des Comtes de Provence : ainli ce
changement ne détruit en rien , ce qu’on vient d’avar.cer, Ôc
dont on jugera mieux quand il fera tems de le développer ;
car autant il eft de l’intérêt du Languedoc d’accumuler les
faits & les objets pour les confondre , autant eft-ii de celui de
la Provence & de la vérité , de remonter à la fource de
toutes les poffeflions, ôc d’examiner la fuite des évenemens.
O n ne rappellera pas les preuves qu’on a produites dans
le Mémoire de la Provence , pour montrer que l ’Empereur
Lothaire régna feul fur le Rhône. A fa mort arrivée le 28
.Septembre
S jp
, Charles le plus jeune de fes trois ftls ,e u t
�?»
pour fon partage le D uché de Lyon 6c la Provence. SoUs fon
régné le Rhône devint le théâtre des pirateries dés Normands
(a) qui s’arrêtèrent dans Tille de Camargue, d’où ils portèrent
leurs ravages fur les deux bords du fleuve. Il ne paroît par
aucun monument que Charles le Chauve qui regnoit en Sepiimanie, fe donnât le moindre mouvement pour les en chaffer ;
au lieu que le D uc Gérard, Miniftre ôt Gouverneur du fils de V . Splc.t. 3 ,p . iS4s
Coinin b. ep. vir. /. i »
Lothaire , qui J’appelle fon Pere , fon Nourricier & fon p. Î 03 j e d it.fi/.
M aître, eft loué par Loup Abbé de Ferrieres, de les avoir E p. 1 2 2 , p . 1 6 7 ,<
exterminés, ou mis en fuite ; car on ne doute point qu’il ne
faille entendre les Normans, fous le nom qu’emploit l’Ecrivain
Ecclefiaftique.
A u R oi Charles mort en 863, fucceda l’Empereur Louis I L
fon frere. On a vû dans le premier Mémoire de la Provence
que de fon tems le quartier d’Argence (b) faifoit partie du ter
ritoire diArles : on va voir que l ’ifle de Camargue dépendoit
alors de ce Prince : circonftance qu’on avoit négligé de re
marquer dans les premiers écrits , parce qu’on ne prévoyoit
pas que le Languedoc pût jamais porter fes prétentions jufques
fur cette ifle. L ’Abbaye de S. Ce^aire y pofledoit des biens
confidérables, ôt Roland Archevêque d’Arles jouifioit de ces
biens en 8 '9 , en vertu de la conceflion que lui avoient faite
de TA bbaye, l’Empereur Louis & fa femme Engelberge (c).
Ainfi l’ifle de Camargue dépendoit du Pvoyaume de Provence.
(a ) Pirata Danorum . . . . Rk:danim ingrediuntur . . . . in infula quæ Camaria
dicitur, fedes 'po ni t. Ann. Bert. ub, fiip. p. 75.
(b ) In villa Gaudiaco, in villa de Campo publico , in pago Arelatenfi , in agro
Argentea. Invent, des tit, de l’ Arch, d'Arles , Bibl. du Roi. M AI. ue Gagnieres ,
pag 9 9 ‘
( c ) Betlandus Arelatenfis Archiepifccpus, Albatiam S. Cœfarii apud Ludovicum
bnvçratOTem G Engellergam . . , adentus, in infulâ Camariâ . . . in quâ rcs ipjius
Ablatiæ plurimx cenjcicent » . . . Cajlellum xdificans , É>c. Ann. Bert. ubi lupty
p. 10 7 .
edit.
I5 « 4 . V .
Baln\. ib. ),ot. p. 45OC7 Mabill. an», £lc~
ned. I. 35 . §. 7 S o
t - J , p . S S J * 6.
�32
Il eft donc prouvé qu’au commencement de la fécondé race
de nos R o is , ainfi qu’à la fin de la première, lorfque les Pro
vinces qu’on connoît aujourd’hui fous les noms de Provence
\
& de Languedoc, appartinrent à des Maîtres différens, celui
qui le fut de la Provence régna aufii fur le Rhône. L e Lan
guedoc n’eft donc nullement fondé à vouloir identifier fes
droits avec ceux de la Couronne, puifque celle-ci dans l’ori
gine a joui du fleuve fans interruption pendant plus de 350
ans, fans que le premier y ait pu former la moindre préten
tion ; & une conféquence nécefîaire de ce principe, eft que
lorfque dans le même-tems les deux Provinces fe trouvèrent
réunies fous la même main , chacune d’elles dut conferver fon
étendue & fes lim ites, à moins qu’elles ne fuffent changées
par l ’autorité du Souverain ; on ne le prouvera jam ais, puif
que les clrofes font toujours reftées fur le même pied : ce
feroit du moins au Languedoc à le prouver, & tel eft le
véritable état de la queftion.
L e raifonnement qu'il fait en cette occafion , & fur lequel
il paroît fonder le principal mérité de fa défenfe, demande
Exam. p*
une attention particulière. Les partages des diverfes portions
du Royaume , d it - il, naltercrent peint les droits de la Couronne
fur les différentes Provinces objets de ces partages, parce quelles
ne ceffoient point d’ ebéir à des Princes François , G' d’appartenir
toutes à la Monarchie Trançcife. Sans répéter ici que les droits
de la Monarchie lui font étrangers, & qu’elle treuveroit en
Provence des Dcfenfeurs aufii zélés & aulli empreffés , fi ces
droits étoient attaqués, ne peut on pas lui demander ce qu’il
entend par ces mots de Monarchie Trançcife. ? S ’il veut dire
que tous les Princes qui regnoLnt alors fur cette étendue de
Pays ne compofoient qu’une feule famille , on en convient
^vec lui i mais s’il veut faire entendre > comme on a lieu de le
foupqonner,
�foupçonner, que ces différentes parties ne formaient qu’un
tout fous un même C h e f, fous lequel, dans un certain point
de v u e, elles pouvoient être regardées comme réunies, 6c
qu’elles confervoient entr’elles des rapports qu’on pouvoit
taxer d’affociation ou de dépendance, comme il arriva après
l ’établilfement des Fiefs, il fe trompe. Les différensRoyaumes
fondés alors en France, étoient entièrement ifolés 6c indépendans les uns des autres. S ’ils ne l ’euffent pas été , la caufe
du Languedoc n’en deviendroit pas meilleure; car depuis la
mcrt de Louis le Débonnaire, 6e la féparation des deux Pro
vinces de Provence 6c de Septimanie , la première appartint
toujours ou à l ’aîné de la Maifon , ou au moins à des Princes
de la branche aînée, en faveur de laquelle aurait dû être la
dépendance; mais encore une fois, il n’y en eut point; 6c
l ’Adverfaire de la Provence en conviendra aifément, s’il daigne
Hifl. detan 1. 10,
faire attention aux preuves fans nombre qu’en a donné l’H if- § 15, t. i , p. s 31 >
& n o t. 94 , n . 4 , p,
torien de Languedoc : or dès qu’il n’y avoit point de dépen 74I & flUY.
dance d’une Souveraineté à l ’autre, lorfque les deux Pro
vinces limitrophes du Rhône ont appartenu à divers Souve
rains , il eft allez indifférent qu’ils fulfent de la même Maifon ;
il fuflit de reconnoître celui des deux qui regnoit & qui devoit regner fur le Rhône.
O n ajoute que s'il Jubffle quelqu1autre propriété ( du R hôn e)
pcfléricure, peur être légitime, elle doit nécejfairement émaner de
la leur ( celle des Rois de France , ) & quil paroît jufle de
chercher dans Vhifloire, fi nos Rois nauroient point perdu la pro
priété de quelque portion du Rhôjie , [mon par abandon , tranfport
eu ceffïon , du moins par les ufurpations qui devinrent communes
fous les derniers Rois de la fécondé race nous voilà d’accord au
moins fur le principe : il ne s’agira que d’en faire l ’application.
T out le monde convient que l’élévation de Bcfon 6c de les
E
îL/UO.Jt
TjejroA2,
Exam. p. 13.
�fucceflfeurs fur le T r ô n e , fut un crime & une ufurpation fut
la Couronne de Fiance , laquelle a toujours confervé les droits
qu’elle avoit fur les Pays ufurpés. Mais on ne peut pas dire
qu’elle ait confervc des droits particuliers fur quelques dépen
dances des mêmes Pays, à moins qu’on ne prouve qu’elle les
ait fait valoir aufli en particulier. A in fi, le Rhône ayant tou
jours été jufques là une dépendance de la Provence , s’il a
continué à en dépendre , la Couronne de France n’a confervé
aucun droit particulier fur ce fleuve ; mais fes droits fur cette
partie, ont été renfermés &c compris dans ceux qu’elle avoit
en général fur la Provence , & qu’elle a confervés : de maniéré
que iorfqu’elle eft rentrée dans la poffeflion du Pays , elle a
repris de fait l ’exercice de tous fes droits qui n’étoit que fufpendu , &. elle a dû y rentrer pour les exercer de la même
maniéré qu’ils lui étoient acquis. Il ne s’agit donc que de
montrer que cet exercice a été fufpendu de fait, car le point
de droit efl devenu indifférent, depuis trois cens ans que les
chofes font rentrées dans l’ordre où elles doivent être; & il
le feroit encore au Languedoc , fi elles enflent fubflflé en
Pétat où elles étoient, avant la réunion de la Provence à la
Couronne j puifque n’ayant jamais eu de droit fu rie R h ô n e,
lorfque cetre derniere Province appartenoit à la France , il ne
peut pas en avoir acquis depuis qu’elle en a été féparée : ainfi ,
la légitimité de la propriété ne lui importe en rien , 8t il n’efi:
pas plus recevable à la faire valoir , que fi fous ce prétexte
il vouloir traiter la Provence en Province tiib u ta ire,y établit
les impofitions , y faire des reglemens & c. fa prétention feroit
certainement peu accueillie ; ôc pourquoi celle qui forme fut
le R h ô n e, dépendance non interrompue de la Provence , le
feroit-elle m ieux? Il faut donc toujours en revenir au point
de fa it, ne pas regarder le R hône comme un être ifo lé , mais
%
�.1
Amplement comme la partie d’un tout dont il n’eft ni équi
table, ni permis de le féparer. Ainfi loin de chercher, comme
on le propofe, de quelle maniéré la Provence aurait pu acquérir
Exam . p . 23.
la propriété de la partie du Rhô ne quelle s’attribue, il faut chercher
fi elle l ’a perdue, & de quelle maniéré.
L e moyen le plus sûr , ou, pour mieux dire, l ’unique de s’en
affûter, eft de continuer à examiner quel fut le Souverain qui
régna effectivement fur le Rhône. Mais avant de reprendre
cet examen , le detail dans lequel le Défenfeur du Languedoc
eft entré au fujet de l’ufurpation de Eofon ôt de fesfucceffeurs,
nous oblige d’ajouter quelque chofe à ce qui a été dit à cette
occafion dans le premier?vlémoire de la Provence. Que l ’ufurpation du Royaume de Provence ait été confommée par
Eofon en 879 , par Louis l ’aveugle fon fils , par Hugues de
Vienne , fucceffeur de celu i-ci, ou par Rodolphe IL Cefiionnaire de ce dernier en 930; que les R ois de France de la fécondé
race ayent reconnu ou non leur Souveraineté i que l Ufege ôc
le Vivarais qui avoient certainement dépendu des deux pre
miers, ayent cefifé de dépendre de leurs fucceffeurs ; que l’on
faffe l’apologie ou la critique du gouvernement féod al, l ’éloge
ou la fatire des premiers Souverains de Provence & des pre
miers Marquis de Gothie : tout cela eft abfolument étranger à
la queftion préfente ; & il n’y a que la crainte d’engager de
nouveaux débats & de nouvelles difcullions , qui empêche de
contredire les affertions hazardées par l’Kiftorien , & d’après
lu i, par le Défenfeur du Languedoc. Loin de regarder ces
faits comme prouvés ou convenus, on eft prêt d’entrer en lice ,
s’il le juge à propos, & avec d’autant plus d’aflurance qu’on
connoît les efpeces de preuves qu’il peut alléguer.
D ’ailleurs, la pofieflion de l Ufege & du Vivarais , ne donne
pas au Languedoc le même avantage qu’à la Provence. Ces
E ij
I
�cantons entre les mains de la derniere , entraînent & fuppofent
la propriété du Rhône en fa faveur, parce qu’alors ce fleuve
fe trouve renfermé entre des terres de fa domination; mais
leur réunion au Languedoc ne prouve rien pour la propriété
du Rhône , puifque ce fleuve leur fert de borne, au moins à
W feg e, & que le point dont il s'agit refte toujours en queftion.
C e n’en feroit pas une pour des efprits fans paflîon. Faut-il
rappeller ici l ’aveu fait par l’Hiftorien du Languedoc , que
Rofon G Louis l’aveugle fon fils regnerent fur la partie des
Diocèfes de tien n e, de Valence, à Avignon & d’A rle s, qui eft
à la droite du R h ô n e, &c en d’autres termes, fur les deux côtés
du Rhône depuis Lyon jufqu a fon embouchure dans la mer ?
t . X . § . 1 8 , 8J.
Comment le Défenfeur de cette Province a-t’il cru pouvoir
le dillimuler ? Il le fait fans doute avec art, mais plus il en
em ployé, plus il découvre que ce qu’il voudroit cacher eft
décifif contre lui. Etoutons-le parler lui-même. Ce Royaume
de Provence , d it-il, embraflait les deux rivages du Rhône , non
Exim. p. i S.
pas en totalité, mais en grande partie. Il ejt certain. , par exemple,
opte le Diocèfe de Nimes qui borde la partie baffe de la petite brefflere du Rhône , riappartenait point à ce Royaume , G ne lui a
jamais appartenu ; d'un autre côté il riejl point encore prouvé que
VJfie de Camargue G la Terre d'Argence même fijjent partie du
Royaume ufurpé.
Dans la vérité , ce Royaume de Provence embraffoit exac
tement les deux rivages du Rhône en totalité, à la referve
lu ia .p
I:
i
i9>n
2
d’une portion du Diocèfe de Nîmes qui touche une partie de la
petite brajjîere du Rhône, G qui dans la fuite a eu le nom de
Comté de S. Gilles.......... portion fort peu étendue , puifquelle
embraCe à peine quatre ou cinq lieues fur le bord du plus petit bras
du fleuve feulement. C ’eft ainfi que le même ouvrage défigne le
même canton dans une occafion où il avoit intérêt de le repre-
ill
A,
�37
fenter tel qu’il eft. Ici au contraire , il voudroit faire entendre
que le Diocèfe de Nîmes en entier, borde la partie baffe de
la petite bralliere du R h ô n e , ce qui abforberoit la Terre
à 'A rgence; ôt il donne comme un exem ple, ce qui eft une
exception unique, pour faire croire qu’on pourroit en ajouter
pluiieurs autres. La Provence convient qu’elle n’a joui dans
aucuns tems de cette portion du D iocèfe de Nîmes. Mais
' quel avantage peut-il en revenir au Languedoc? Laconfcrvation de quatre ou cinq lieues de Pays le long du bord du petit
bras du Rhône , lui auroit-elle acquis la propriété du fleuve
dans tout Ion cours ? S ’il ne le prétend pas, comme on lui
rend la juftice cîe le croire, pourquoi a-t’il préfenté ce petit
canton comme un avantage pour lui dans la Caufe préfente,
à moins qu’il n’ait voulu par-là en faire entendre plus qu’il n’y
en avoit ? N e doit-il pas craindre qu’en le voyant fl avantageux,
on ne le foupçonne de facrifier rexaditude à fes intérêts ?
C ’eft furtout en lui entendant dire qu’il n’eft point prouvé
op Argence & l ’Ifle de Camargue ayent dépendu de Bofon & Exam
de Louis l'aveugle , ôt qu’après e u x , le Comté de Provence fut
borné par le Rhône au couchant, qu’on peut former ce foupçon. Comment ! On a vu ce s cantons faire conftamment partie
de la Povence depuis le 4e. fiécle, avec les plus fortes préfomptions que cet arrangement partoit des tems antérieurs ;
on les verra encore fous la même dépendance dans les tems
poflérieurs & fucceffifs ; ôt parce qu’on n’a pas produit de
titre exprès fous le régné de ces deux Princes, on voudra
faire croire qu’il y a eu interruption dans cette pofleffion ! Si
ce doute peut avoir lieu , il n’eft plus rien d’afluré ni dans l’hiftoire , ni dans aucune propriété; car comment fe flatter que
les faits les plus minces , tels que celui dont il eft ici queftioaq
puiffentêtre rappcllés dans les regîftres oublies au moins tous
�38
les i o ans , ôc dans des fiécles dont la plupart des monumens
font égarés ? C ’eft prefque réduire la vérité à l’impoftibilité
d’être prouvée. D ’ailleurs, cette preuve, quand on l’a pro
duite , a-t’clle arraché l’aveu qu’on en devoit attendre, c’eft-à.
dire , que la qualification de territoire d'Arles donnée à
A rgence, fuppofe néceffairement que l ’ide de Camargue ôc
toute la portion du Rhône renfermée entre le chef-lieu ÔC
cette même Argence, étoient comprifes fous la même qualifi
cation? N on. L e Défenfeur du Languedoc fe contente de
garder le filence , ôc n’en annonce pas moins de confiance,
lorfqu’il peut s’étayer de la plus legere conjecture. D es gens
moins prévenus n’adopteront pas fes préjugés , ôc c’eft pour
eux qu’on va produire une fuite d’aêtes, qui démontrera que
le Royaume d: Provence ou d'Arles , ne fut démembré dans
la partie qui nous intéreffe , ni fous Louis Vaveugle, ni fous
les R ois de Bourgogne fes fucceffeurs, fie par conféquent que le
Rhône enfermé dans les limites du même Royaume , dût con
tinuer d’en dépendre. Comme ces aéfes n’entraînent aucune
difcuiïion , nous nous contenterons d’en préfenter de fuite les
parties cffentielles à notre objet ; il fuffira, pour pouvoir les
apprécier, de fe fouvenir que la mort de Louis l'aveugle dut
arriver vers l’an 9 30 , ou peu avant ; que Rodolphe IL Ceftîonnaire d'Hugues, fucceffeur de Louis, mourut en 937 ; que
Conrad le pacifique, fils de Rodolphe 1 1 . régna à fa place
jufqu’en 993 , ôc qu’il eut pour fucceffeur Rodolphe JJI. dit le
Fainéant, après la mort duquel arrivée le 6 Septembre 1032,
le Royaume de Provence paffa aux Empereurs d'Allemagne.
A la première des époques dont nous avons à parler, le
Siège de l ’Eglife fd'Arles étoit occupé par Manaffés, Cou fui
de l'Empereur Louis l'aveugle du 3e. au 4e. degré. C e Prince
crut devoir répandre fes grâces fur lu i, ôc par un diplôme
�39
daté du premier Février , la vingtième année de fon Empire ;
il lui confirma tout ce que fon pere Bofon avoit accordé à
Rojlagnus, prédécefifeur de ManaJJes, ôc y ajouta de nouveaux
bienfaits. Ceux qui intéreflent la queflion préfente, font les
Abbayes de Gcudargues (a) ôc de Cruas, fituées dans l'Ufege ôc
dans le Vivarais , le Port d’Arles ôc un droit de péage tant fur
les Grecs que fur les autres Etrangers. Un pareil aCte n’a befoin
d’aucune réflexion , pour montrer que Louis l’aveugle regnoit
fur le Rhône en là qualité de R o i de Provence : c’eft en vertu
de cette concdfion que l ’Archevêque d’Arles y jouit encore
d’ un péage allez confidérable fur le R h ô n e, ôc du droit d’at
tache de tous les bâtimens qui y abordent. A in fi, c’eft une
affertion bien hazardée que d’avoir avancé , comme l ’a fait le
Fxam p ^ &
Défenfeur du Languedoc, qu’avant le partage de l ’an 1 125-,
le Souverain de Provence n’avoit jamais jo u i, même du grand
bras du Rhône.
Continuons notre production.
Echange entre Ripert ôc le D u c Hugues , de quelques D o
maines fitués dans le Comté d’Arles , au lieu dit Jonquieres ,
du 3 d Octobre 5)21. Comuto itaque cum Domno Hugoue , Duce
(y Marchione, in comitatu Arelatenli, in valle Saxellicâ in terminio de L'ilia Juncarias, Manfiones très & c. Aflum Arelati
civitatc publicè l \ non. oct. anno Dominicœ incarn. D c e c c x x 1.
Ind. 1 x. L e lieu de Jonquieres fubfifte toujours fous le même
nom dans la partie du D iocèfe d’A rles, qui eft à la droite du
Rhône.
Echange entre Rcjlagrras, Archevêque d’A rles, du confentement de fon Chapitre, ôc Bcncijl ôc fa femme Richilde, d’une
(a) Abbatiam Saniïœ Mariœ d* Gordanicis, atque de Crudatis......... portumeti im
Arelatujem , tam ex Grœcis, quam ex alüs adveniemibus hominibus nec non (y teiontum
ù c. G ail. Chrift. tora. i. inft. n». 5 , pag. 514 ,
Bouch- rom. I , page 781 &c .
cattui. de
y A rles , je /. 1.3- M-. ■
�4 °,
ftid.fol. 1s•
vigne fituée dans le territoire d'Arles , quartier dfArgence ï
lieudit Cam p-public, quartier de Gaujac, du 11 Mars pc8*
Convenientiafeu promijjio qualiter convenu inter venerabilem
in Chrijlo Domino nojlro Roftagno gratiâ Dei Archiepijcopo
Arelat. Ecclefias, nec non G aliquos hommes, BenediBto G* uxoris
fuce Richildis , unaper confenfu G voluntate Arelat. Ecclefios, de
vinea. qucs eji de raccone Soucie M arie, nec non G Sanfti Stephani protcmartiris , quos fita eji in paga Arelatenfi, in agro
Argentea , in Villa Campo - publïco , ubi vocant Gaudiaco G c.
fa d a convenientia in Arelate civitate, publics V . id.Mar.anno
vin . régnante Lodoïco lmperatore. Camp-public &. G au jac,
Ib id . fol.
font encore des lieux connus auprès de Eeaucaire.
Donation d’un Domaine fitué dans le territoire d'Arles,
quartier d’ Argence, lieudit Cccifione, datée du 30 O ctobre,
fous le régné de Louis , fils de Bofon (a).
Diligenda mihijidele mea Helena, ego in Dei nomme Teudoinus prejbiter . .. . dono tibi aliquid de proprietate mea quos eji
in Paso Arelatenfc infra agrc Argentea, in Villa quce dicitur Occifione G c. fa£ia donatione i f a ïd. kl, Nov. anno régnante G imperante Rudoie0 Rege filïo Bofcni.
Donation d’une vigne fituée dans le Comté d’ ylrles , & dans
lifle de Gallico, lieu appellé Craufa, datée du mois de Janvier,
la troifiéme année du régné de Rodolphe (b).
DileCto . . . Raino jilio meo , ego in Dei nomine Dominion . . .
deno tibi aliquid de proprietate mea......... hase eji in comitatu
Arelatenfc in infula Gallico fupra ipfa Villa , in loco quos nuncu.pant Craufa ibique dono tibi de vinea G c. Fa6ia e f donatio in
(a.1 Dans le même cartulaire foi. i6 , il y a une autre donation du même à la
meme , d’un autre Domaine finie dans le meme canton , laquelle cft datée du 3 des
nones ou du J d'Oâobre la 15e. année du régné de L ouis, fils de Bofon.
[b) Ibid fol. 68 , verl'o. Rien n’indique dans i’aêle s’il faut le rapporter à Rodolphe
II. ou a Rodolphe III, c’eft la meme chofe pour la queùion préfente.
Arelate
�4»
Arelate civîtate publicè, in menfe Januar. anno ni. régnante
Rodulpho Rege.
A la vérité , l’a£te ne porte pas que cette ifle fut formée par
le Rhône ; mais le fait n’eft pas moins certain , pour quiconque
connoîtla fituation du territoire d'Arles, où il n’ y a ni ruitfeau
ni fontaine , ôc où les Habitans de la campagne n’ont de reffource pour leur u fage, ôc celui de leurs beftiaux,que les
eaux du Rhône : ainfi, toute ifle fituée dans ce canton-là ,
ne pouvoir être formée que par ce fleuve ; ôc celle-ci qui doit
s’être jointe au continent dans la fuite, paroît être la même
chofe que le lieu de Gallegues que nous retrouverons le long
du petit R hône, ôc qui dépendoitde même de l’Eglife d’Arles.
Donation du lieu de Jonquieres dans le Comté d’A rles, à
l ’Abbaye de Montmajour, faite au mois de Janvier # fous le
régné de Conrad , indict. x. ce qui répond fous le même
régné aux années 5537, 952 , 967 ôc 9 82. L a Parodie de
Jonquieres efl: dans le canton indiqué.
Ego Regimbartus notum ejfe volo qualiter complacuit de rebus
proprietatis meœ , videlicet de Villa quœ dicitur Juncarias . . . .
quœ ejl fita in comitatu Arelat. D ono, Gc. Facla charta vel
donaûcne i f a in menfe Janu. régnante Gondrado Rege Alaman-
Hift. mfl. Ibid.
dorum fv è Prov'mciœ, rndiCt. x . Signum Regimbarti G uxore
fua üdila.
Echange paffé au mois de Novembre* la vingt-deuxièm e
année du régné du même Conrad, entre l’Archevêque M anajjes ôc Aicardus, de terres fituées dans le territoire d’Arles ,
quartier d’Argence, lieu dit üccifone.
Ego Domnus Manajfes Archiepifcopus commuto atque concedo
Aicardo . . . terra quœ pertinet Vuarmunno in benejîcio. Quœ
efl ftum in pago Arelat. in agro Argentea fubtus Villa quæ
nommant Occifone G c. Tafia commutations i f a in Arel. civitats
F
Cartul. de l’ Eçlife
d’ A r le s , f . 23 verf.
�4.2
publîcè, in menfe Nov. anno xxu. régnante Conrado Rege Àlamannorum G* Provinciarum.
m.f. 4i u 42.
D eux ventes paflees , l ’une le premier Mars , la 24e. année
du régné de Conrad, &. l ’autre au mois d’Août l’année fuivante, de deux champs fitués dans le Comté d'A rles, ifle de
Saint André, lieu dit Junquieres , dans le voifmage de Ragimbertus & d'üdila fa femme ce qui indique le même canton
dont il eft parlé dans la donation ci-deffus faite à l’Abbaye
de Montmajour ; ce qu’on remarque pour montrer la correfpondance des différens a clés produits.
Domnis femper fuis Martino & uxor. fuce BenediElce . . . . .
ego in Deinomine Donatus G* uxor fua Martha . . . . vobis
lendimuy . . . . aliquid de prcprietate noflrâ . . . que eflfitutn
in comitatu Arelat. in infula S. Andrce , ubi vocant ad ifpo Juncario . . . eft inter confortes . . . de ambofque froutes terra
Ragimbarto, & c. TaCta cartula ijîa in Arelate civitate publicê>
kl. Mar. anno x x iiii, rognante Conrado Rege.
Domno femper fuo Martino G* uxor fuce Benedidce. Ego in
Dei nomineTeutbartus G* uxor mea Dofpetla . . . vobis vendemus aliquid de proprietate noftrd. . . . quee ejl fttum in comitatu
Arelat. in infula S. Andréas, in loco ubi vocant Juncarias . . . .
de una fronts Rcgimberto G- uxor fua Odila, G c. Tacla venàitio ifta in Arel. civitate publicè, in menfe Avg. anno xxv.
régnante Conrado Rege.
rud. fri. 21 v. a
D eu x nouveaux baux , l'un de quatre muias de terre, du
mois d’A v ril, la trente-fixiéme année du régné de Conrad, fie
l ’autre d’un muid de terre, deux ans après, tous les deux
pour des terres fituées dans le Com té d'Arles, quartier d'Argence.
Nofcitur quomodo convenijjet inter illos de terrâ quee eft in
comitatu Arelatenfi in agro Argentea fubtus turre Annonce in
�45
loco que nommant Tamiciago, ôte. Fafta cofrvenientià ijîa ift
Arel. civitate publicè, menfe Aprilis anno x x x v i, régnante
Conrado Rege.
Nofcitur quomodo convenijjet inter illos de terra egrejla: ejî
in comitatu Arelatenfe inagro Argente a 3 propè Ecclefia Sanfti
Pétri in loco denominato ubi dicitur Lacunas, & c. Fatta convenientia ifla in Arel. civitate publicè, anno xxxviii. régnante
Conrado Rege.
Donation faite le p d’Avril de la même année à l ’Eglife
Ibid»fil. 2) #
à'Arles par Pontius Juvenis, qu’on croit être la tige de la
Maifon des Baux, d’une vigne fituée dans le Comté d'A rles,
quartier d’Argence fous Occijione.
Ego Pontius Juvenis . . . dono aliquid de proprietate mea . : ;
eft in comitatu Arelat. in agro Argentea fubtus Occifione. Fatta
donatio ifla in Arelate civitate publicè ,viii. Aprilis, anno xxxvïii.
régnante Conrado Rege.
Vente faite au mois de N ovem bre, la quarante-cinquième
année du régné de Conrad , d’une vigne fituée dans le Comté
d’A rles, quartier ddArgence,\Tintinago fou sRavaiJJa.
Vindimus in comitatu Arelat. in agro Argentea fubtus Villa
Ravaijfa ubi dicunt Tintinago . . . . de vinea culta, Grc. Fada
venditio ifla in Arelat. civitate publicè , in menfe Novb. anno xlv.
régnante Conrado Rege.
Echange fait au mois de Décembre fous le régné de
Conrad & l ’Epifcopat de Manajfes, de quatre champs fitués
à Earcianicus ou Meines [a), dans le territoire d'Arles , contre
trois autres champs fitués dans le même territoire au lieu
(a I4 i 7 ) 47 Aug. nct- Petr. Bertrandi Arelat, inflituitur Vicariat in Ecclefiâ
Varochiaü Sar.cii Michadis de Barfaniçis als de' Mcdinis Arel. Diocejis. Hift. mfl'.
JVlonaft. Monimajour*
F i;
\
Ibid» f i l . 2J
ib id .fiL
37.
�dit Claufone , qui exifte encore fous le même nom auprès de
V . G x ll. chrljl. 1.1
In ftr. n .
P- 101
Beaucaire.
Sic tradunt Cf commutant inter fe in pago Arelat. in terminio
de Villa Barcianico , Cfc. Cf contra donat ManaJJeus gratia Del
Epifcopus in pago Arelat. in terminio de Villa quæ nuncupant
Claufona , Cfc. Fatta carta vel commutatio ijla in menfe Decemb.
régnante Conrado Rege.
En voilà fans doute allez avec les preuves déjà produites
dans le Mémoire , pour démontrer , même aux yeux les plus
prévenus , que les R ois de Bourgogne fuccelfeurs de Eofon
de de Louis Vaveugle au Royaume de Provence , continuèrent
à regner fur la portion du D iocèfe d'Arles qui eft à la droite
du Rhône , Ôc par conféquent fur le Rhône même. N ’eft-il
pas étonnant après ces titres , de voir le Défenfeur du L an
guedoc difputer dans le même tems la propriété de Pille de
Camargue à la Provence ? Nous pourrions l’accabler d’un plus
grand nombre de titres , mais nous les réfervons au moment
ou nous difeuterons le traité de partage de Pan 112 J. La
même nécelïité d’abreger nous empêche de répéter les éve-
uém.v-*4&fuiv- nemens arrivés fous les premiers Empereurs d'Allemagne,
fuccelfeurs & héritiers de Rodolphe I I I , de même que ceux
qui fe font palfés fous les premiers Comtes de Provence \
ils font reliés fans réponfe de la part du Défenfeur du Lan
guedoc , ôt Pon s’attache ici fimplement à relever les erreurs
qu’il voudroit accréditer. Mais on efpere que les Juges ne
perdront pas de vue ce 3 évenemens fi décififs dans l ’affaire,
qu’ils les regarderont même comme des monumens inatta
quables de la continuité de la pofleffion du Rhône par la
Provence.
r ,e c a p . t u l a t i o n .
I l faut donc , d’après les titres produits , faire une récapi
tulation abfolument différente de celle qu’on trouve dans
�4?
îe Mémoire du Languedoc. En effe t, avoir montré d’abord E«m. f . 3^
que dès les premiers tems où les Provinces Narbonnoife ôc
Piennoife furent féparées, le Rhône ne put appartenir qu’à la
derniere ; que depuis le commencement du fixiéme fiécle
jufqu a la fin du dixiéme , ôc même plus tard, le territoire de
la Province ou Comté d’A rles, embrafîoit les deux rives du
R h ôn e, ôc par conféquent le Rhône même ; que la Couronne
a été en pofïeffion de la Provence , & par la P rovence, des
terres fituées à la droite du Rhône , avant de pofTeder aucun
des cantons qui ont formé depuis la Province de Languedoc y
ôc plus de deux cens ans avant la poffeflion du corps de cette
Province ; qu’aux divers partages de la Monarchie Françoife ,
entre les Princes de la fécondé race, le Rhône ôc les terres
qu’il baigne à fa droite , ont toujours appartenu au Souverain
de la Provence ; que lorfque cette Province en a été détachée
à la fin du neuvième fiécle , les mêmes terres qui en dépendoient originairement, continuèrent à en dépendre; de forte
que le fleuve a conflamment fuivi le fort des Pays baignés par
fa rive gauche, ôc que les ufurpations q u i, dans le d ro it,
n’ont point altéré les droits de la Couronne fur la Provence ?
en ont de fait arrêté ôc fufpendu l’exercice, tant fur la Pro
vence que fur le Rhône qui en étoit une dépendance : c’eft
avoir pofé des fondemens inébranlables , pour afflirer à cette
Province la propriété du Rhône. C ’eft donc très-mal-à-propos
qu’on lui demande de montrer un titre qui le lui affure. Q uel
eft le meilleur titre qu’une jouiffance non interrompue pendant
plus de mille ans , qu’elle n’a perdue ni par conventions ni
par abandon, ôc qu’elle a continué d’exercer depuis le 10e.
fiécle , comme elle avoit fait avant ? C ’eft ce qui réfulte des
preuves produites dans fon premier M ém oire, ôc ce qui pa-
�4 <$
roîtra encore plus clair, lorfqu’on aura répondu aux obje£tlonS
que le Languedoc a cru pouvoir y oppofer.
A R T I C L E
îj.
III.
Obfervaüons détachées fur divers objets relatifs à Vétat
de la quefion.
L ’établiffement des deux principaux fondemens du fyjlême
liifiorique des Etats de Provence, entraîne nécejjairement celui de
la plûpart des confèquences qu'ils en déduifent. Mais comme le
Défenfeur du Languedoc croit trouver des obje&ions viftorieufes contre ces confèquences, dans les dix obfervations
qu’il réunit dans cet article, il eft convenable de les exami
ner en détail, quoique la plûpart foient indifférentes à l’état
de la queftion ; mais il eft fi accoutumé à tirer avantage
de to u t, qu’il feroit à craindre
qu’ il n’en prît un grand ,
s’il pouvoit fe flatter que la moindre de fes raifons, qu’on
n’auroit fait que n égliger, fût reliée fans réponfe.
psç.îé&fuiv,
$. I. Topographie de la partie contentieufe du Rhône.
L a Provence pourroit laiffer fubfifter tout ce que renferme
cet article, fans craindre qu’il lui fût d’un grand préjudice ;
loin d’en difeuter le fon d, elle l’adopte, à la réferve de la
fixation de la petite Camargue que le Languedoc paroît borner
au canal de Sïlvereal, tandis qu’elle eft formée par l’ancien lit
du petit Rhône , un peu plus occidental que le canal que l’on
vient de nommer, ôt dont la trace fubfifte toujours : à cela près
la Provence fe bornera à relever quelques affertions bazar
dées fans preuve. Si elle a eu tort de qualifier de nouveau
�. .,.
.
.
'47
lit du Rhône, le petit bras de ce fleuve (a), ce tort ne forme
tout au plus qu’une mauvaife dénomination : car fuivant les
plus anciennes notions qu’on ait de ces quartiers-là, le Rhône,
auprès de fon embouchure, s’eft toujours divifé en pluiieurs
branches qui ont pû de dû varier, & qu’il eft fort difficile
d’affigner entr’elles aucun rang de priorité ; mais cet objet
eft de la plus grande indifférence pour la queftion préfente,
Suppofons qu’il n’ait jamais paffé de riviere à l ’endroit où
coule le Rhône , i l n’en fera pas moins fur que le terrein fur
lequel il paffe, & celui qu’on connoît fous le nom d’slrgencc,
quoique joint au continent qui porte aujourd’hui le nom de Lan
guedoc , n’ait dépendu vifiblement de la Provence & n’en ait
fait partie jufqu a la fin du dixiéme fiécle, & même plus
tard. Q ue ce terrein-là foit coupé par un ou par plufieurs
bras de la riviere , cela ne change en rien la nature des lieux
par rapport à la dépendance ôc aux limites qui relient toujours
au même point. Ainfi les Juges qui auront vu les preuves
multipliées qu'Argence faifoit alors partie du Comté & du
territoire d'A rles, croiront fans peine que la Provence a confervé longtems plufieurs terreins Jitués en de là delà branche dw
fleuve fuppofée nouvelle. On n’ajoute rien de particulier par
rapport à la Camargue, qui étoit certainement Provençale
lorfqu’Argence letoit. Ce fera le moment d’en parler lorfqu’on difeutera le traité de 1 12? , fur lequel le Défenfeur du
Languedoc prétend fonder la poffefiîon de la Camargue. En
attendant , qu’oppofe-t’il aux preuves antérieures à ce traité
( a ) Le fait eft qu’on ne connoît paj le teins où s’eft formé le petit bras du Rhône,
mais l’irduâion que ie Languedoc youdroit tirer de ce point , n’eil pas moins fauffe,
& il enrefulte au contraire , que dans quelque rems que cette partit- du fleuve ait
formé l’isle de la Camargue , puilque cette isle nous eft reliée , c’elf une preuve
que ce terrein étoit auparavant du territoire de Provence, lequel dans cette puni*:
ainfi qu’à Argent» s'étendent en de-là du bord occidental du fleuve.
�[ '■ /
48
que nous avons produites, ôc aux preuves fans réplique de la
propriété d'Urgence ? I l croit les faire évanouir en paroiffant
l ’oublier ou les négliger.
Eiam.p.^o & fulv.
§. 1 1 . Chronologie des noms de Languedoc G de Provence.
Comme la Provence n a jamais prétendu élever des difputes
.de mots } à moins que les noms n’influaffent fur les queftions
q u elle avoit à traiter ; elle paffe volontiers condamnation
fur tout ce qui eft traité dans cet article, à la réferve de ce
qui peut intéreffer le partage de l’an 112 5 , qui fera difcuté
en fon lieu.
ü/m p 47&fuîv. $• I I I . Origine des droits que les Rois d'Arles G leurs Fataux
ont eus dans leurs Etats.
T o u t eft d it, quand on eft convenu que les entreprifes de
Bofon , de Louis l'aveugle d'Hugues ôc de Rodolphe IJ. furent
des ufurpations ; de-là il fuit que leurs guerres , leurs traités >
leurs partages n’ ont pu préjudicier aux droits des Monarques
François, ni de leur Couronne. Mais encore une fois , comme
au tems des ufurpations , ainfi qu’avant ôc après , le Rhône &
les terres qu’il baigne à fa droite , dépendoient du Royaume
de P rovence, ôc vis-à-vis d’ A r le s , du Comté de cette V ille;
le Pays qui porte le nom de Languedoc n’y avoit aucun
droit, ôc ne peut en avoir acquis que par conceflion, tant
qu’a duré l’ufurpation ; de forte qu’à moins qu’il ne produife
une pareille conceftion, il n’a point d’intérêt à faire valoir
les droits de la Couronne. Ceux-ci n’en font pas moins in
tacts dans le principe ; mais danns le fa it, ils ont fouftert une
éclipfç
�éclipfe rée lle, &
4P
l’exercice de ceux qu’elle avoir fur le
R h ôn e, ainfi que de ceux qu’elle avoit fur le Port de
Marfeiile , & fur toutes les autres parties de la Provence, a
été fufpendu jufqu’au moment qui a réuni cette partie au
to u t, duquel elle avoit été détachée.
E lle y a été réunie avec la confervation de tous fes droits
ôc de fes privilèges; ainfi elle ne doit pas être moins bien
traitée , que fi elle avoit encore le malheur d’en être féparée.
Cela eft fl v ra i, que toutes les fois que les Infpeêteurs ou
les Receveurs du Domaine en Provence ont attaqué quel
qu’une des aliénations faites par les Souverains du Pays , le
Confeil du R oi les a jugées fuivant les L o ix qui fubfiftoient
dans le. Pays au tems de ces aliénations, & non fuivant les
L o ix qui exifioient en France dans le même tems, ainfl qu’il
devroit s’enfuivre? de tout le raifonnement que fait en cet
endroit le Défenfeur du Languedoc , que tout ce qui eft
arrivé pendant une ufurpation ôc une ufurpation de flx
cens ans , devient nul de fait ; ce que perfonne n’ofera ja
mais foutenir , même par rapport à un Pays de conquête.
D ’ailleurs , ici ôc dans tous les autres endroits où il eft
queftion du même o b jet, la defenfe du Languedoc paroît
contradictoire. D ’un côté , il avance , fans en donner la moin
dre preuve, qu’après la mort de Louis V Aveugle } le Rhône
avec les terres qu’il baigne à fa droite, refta tous la domi
nation Françoife, êc de l ’autre fentant la foibleffe ou l'in_
fuffifance de la preuve de fa it, il s’appéfantit fur l’ufurpation
de Bofon & de fes fuccdfeurs. Mais fl le Rhône refta fous la
domination Françoife , toutes les queftions fondées fur les
ufurpations alléguées , deviennent indifférentes à l ’objet préfen t, & fl le Rhône fuivit le fort de la Provence, la C ou
ronne, quoique Souveraine légitime de cette Province , n’eft
�yo
rentrée de fait dans l’exercice des droits qu’ elle avoit fur le
fleuve , qu’en réunifiant dans fa main le tout dont il étoit
une partie ; ou fi l’on veut que cette partie en ait été détachée
avant l’époque de la réunion du to ta l, ce fera comme Souve
rains légitimes de la Provence , feule qualité qui donnât aux
R ois de France le moindre droit fur le Rhône , qu'ils fe feront
mis en poffeflion du fleuve comme d’une portion d’un bien
qui leur appartenoit, fans qu’il en réfulte aucun avantage
pour le Languedoc : au contraire , la cliofe confiderée fous ce
point de vue j tous les raifonnemens que forme le Défenfeur
de cette Province, pour prouver le retour à la Couronne des
terres fituées à la droite du R h ô n e, après la mort de Louis
l'Æ'eugle, tournent contr’elle-même ; car fi d’un côté il eft
prouvé que les premiers fucceiïcurs de Louis ont régné fur le
R h ô n e , 8c qu’il paroiffe de l ’autre que les R ois de France
en ont été en pofleflion dans la fuite , il eft clair que ce n’a
pû être que comme légitimes Souverains des Pays ufurpés;
ce qui exclut abfolument le Languedoc de toute propriété.
Mais tous ces raifonnemens ne font que des fuppofitioris,
tant qu’on ne les fonde pas fur l’examen des évenemens. Ainfi
tout concourt à faire voir que c’eft ici une pure queftion
de fait.
Nous le redirons encore : fl le Languedoc jouit du Rhône
depuis le fixiéme fiécle , comme il le prétend, pourquoi fon
Défenfeur revient-il à d ire , que c’eft uniquement par égard
pour des Princes de leur M aifon, que les R ois de France
ont fouffert des entreprifes préjudiciables à leur Couronne?
Si d’un autre côté on veut faire entendre que jufqu’à ce que
la Provence tombât entre les mains de la Maifon d’slnjou, la
France fut en mauvaife intelligence avec les Souverains de
cette P ro vin ce, oti fe trom pe, ou l ’on veut tromper ; car
�'%1
outre que l’hiftoire fournît peu de monumens de diffenfions ,
& encore moins de guerres entre ces deux Puiffances, il ne
feroit pas difficile de prouver quelles vécurent en bonne in
telligence dès la lin du neuvième fie'cle & le commencement
du dixiéme ; ainfi dans le fa it, rien ne peut détruire les
arrangemens qu’on prouve avoir fubfifté.
Mais peut-on vouloir rendre n u l, quant au fa it, le chan
gement arrivé dans l ’Etat par l’ufurpation de Bofon, tandis
qu’on le voit fubfifter encore par rapport à la formé ? En
effet, on ne peut regarder la qualité de Comtes de Provence >
Forcalquier G Terres adjacentes, prife par nos Rois dans tous
les aétes relatifs à cette Province, que comme un aveu ÔC
une fuite de ce changement: fans cela , ils ne devroient point
prendre la qualité de Comtes , mais celle de Rois ; ou plutôt
la Provence feroit réunie pour le titre , comme elle l’eft pour
la fucceffion , à la totalité de la Monarchie. Encore moins
devroient-ils s’intituler Comtes de forcalquier G Terres adja
centes , puifque ces cantons ne furent enlevés ôc enfuite réunis
au Corps de la Province, que longtems après le régné de
Bofon. Enfin ce qui démontre qu’on n’avance rien ici que de
conforme à la Jurifprudence du Royaum e, eft que les Fer
miers du Domaine ayant prétendu, vers l’an i y j y , que les
Rois de Bourgogne ôc d'Arles ôc les Empereurs n’avoient pii
donner à l’Eglife T Arles les terres dont elle jouit ; ôc lefquelle s , difoient-ils, étoient de la mouvance de la France : Jean
Verrier , alors Archevêque d'A rles, fut maintenu, par Arrêt v
Poitt-lf.
du Confeil , dans la poffeffion des biens qu’on lui con- Arelat' p‘ 387<
teftoit ; ainfi il eft reconnu que dans le fait on agit comme
fi Bofon ôc fes fucceffeurs euffent été Souverains légitimes de
la Provence ; ôc fans c e la , quels défordres dans toutes les
propriétés !
G ij
�F.xm. pag-
fu;.v.
50 & §. I V . Egalité des droits que les P'affaux de la Couronne
d’ Arles ont eus fur les Fiefs qu’ils tenaient des Empereurs
Rois d’Arles.
L e Défenfeur du Languedoc cherche à établir que les \
Feudataires du Royaume d A rles, Pairs de la mtmc C o u
ronne , ont dû avoir les mêmes droits les uns que les autres,
chacun dans fes Etats ; pour en conclure , s il eft prouvé , ou
convenu qu’un de ces Feudataires n’eût aucun droit fur le
R h ô n e , que tous les autres doivent en être entièrement
exclus. Mais avant que de tirer cette conféquence , i l faudroït
qu'il eût prouvé fit non fuppofé cette égalité de droits ; &
encore que celui de ces grands Vaffaux qui dans le même
tems ou dans la fuite paroît privé de toute propriété du
' R h ô n e , ne l ’eût pas été par quelque titre ou arrangement
particulier; car les évenemens n’ayant pas été les mêmes pour
tous les Pays qu’arrofele R h ô n e ,le s conféquences aufquelles
ils donnent lieu doivent être différentes. Jufqu a cette preuve
les droits de chaque partie relient entiers fie indépendans les
uns des autres.
A cette conféquence il en ajoute deux autres , que la
Provence n’a garde de défavouer : la première , que tous ces
Feudataires n’ont pas eû plus de droits dans leurs Fiefs refpeclifs , que lesR ois d’ Arles n’en avoient dans leur Royaume:
ôc la fécondé , que les Fiefs de la Couronne d’ Arles n’ont pas
pû avoir plus d’étendue que les polfeiïions des R ois d'Arles}
fit que les limites du Royaume d’ Arles ont dû fervir de limi
tes aux Fiefs qui en faifoient partie. L a Provence adopte fi
bien ces conféquences, qu’elle en fait les principes de fa défenfe ; de forte qu’il ne relie plus qu’à en faire l ’application à.
�n
la queftion préfente ; mais pour peu que l ’on ait eu d’atten
tion , on l’aura faite foi-même en fe remettant fous les yeux
les preuves que la Provence a fournies dans ce Mémoire &
dans le précèdent. L ’on verra i°. que depuis Bofon jufqu’à
l ’union du Royaume d'Arles à l ’Empire , il n’eft aucun de
ces Rois qui n’ait exercé diredlement fa puilfance fur le Rhône
par des conceflions de péages ou par d’autres titres équivale n s, tandis qu'il ne relie aucune trace du prétendu pouvoir
qu’on veut attribuer dans le même tems fur le même fleuve y
aux Rois de France qui regnoient alors en Septimanie : 20. que
pendant tout le dixiéme lié c le , c’eft-à dire pendant tout le
tems qui a fuivi immédiatement l ’ufurpation de Bofon ôc de
fes fuccefleurs, le Comté d'Arles qui dans fon canton ne
pouvoit avoir de limites moins étendues que le Royaume de
ce nom , embralfoit la partie du D iocèfe de la même V ille ,
qui eft fituée à la droite du R hône, ôc par conféquent le
Rhône même. Il ne paroît pas vraifemblable que le Langue
doc puilfe oppofer la moindre réponfe aux preuves fans nom
bre qu’on vient d’en produire : il fuivra plutôt fa méthode
ordinaire , c’eft de croire, en les paffant fous filence , qu’il les
fera oublier aux Juges.
R elie à détruire une erreur que le ton du Languedoc pourroit accréditer. A l’entendre, les Etats de Provence ont avoué
que les diverfes Souverainetés , fltuées le long ôc à la gauche
du R h ô n e, n’avoient rien à prétendre fur les parties du fleuve
qui confinent à leurs Etats. Où a-t’il vu un pareil aveu ? C e
n’eft pas aux endroits cités à la marge , dont la plûpart difenc
le contraire de ce qu’on leur prête , à la referve de celui qui
regarde le Pape, alors pofleffeur du Comtat. O n eft convenu,
il eft vrai, que jamais fa Sainteté ni les Habitans du Comtat fes.
Sujets , n’ont eu aucun droit fur le Rhône ; mais c’eft par une.
�fuite d’évenemens particuliers à cet Etat , qui n’influent en rieni
fur la Provence.
L e Pape pofledoit Avignon ôt le Comté VenaiJJin à deux
titres diflerens.' C e dernier canton lui fut abandonné par
Philippe le Hardy qui s’en étoit mis*en pofleflion, après la
mort cVAlphonfe, Comte de Poitiers, ôt de Jeanne deTouloufe
fa femme. C e n’eft pas ici le lieu d’examiner la validité de
cette cefiion , il n’eft queftion que de fçavoir fl elle a pu
comprendre le lit du Rhône. Il eft certain que le R o i de F rance
qui étoit déjà en pofleflion de la rive droite du fleuve , depuis
le traité de l’an 1229 , devenant maître de la rive gauche ou
du Comtat VenaiJJin \ la mort de Jeanne, fut par conféquent
ôt fans contredit à cette époque , Propriétaire ôt Souverain de
la portion du Rhône qui couloit dans l ’efpace indiqué ; ôt ces
droits , il les a confervés , à moins qu’on ne montre qu’ils ont
été compris dans l ’abandon qu’il fit poftérieurement du Com té
VenaiJJin ; car les ceflions ôt les donations font des a&es de
rigu eu r, qu’on ne peut pas étendre au - delà de ce qu’ils expriment : C ’eft donc au Pape à prouver qu’il fut en même-tems
mis en pofleflion du Rhône : mais comment le prouveroit-il,
puifqu’on a aujourd’hui des preuves précifes du contraire?
L a ceflion du Comtat ne fut pas faire par un atle où l’on ftipulât des claufes , des conditions ôt des referves. C e fut un
fimple aéle de la volonté de Philippe le Hardy , qu’il déclara
verbalement au Commiflàire qui fut chargé de l ’exécution »
ôt ce Commiflàire ou fes D élégués mirent ceux du Pape en
pofleflion de tous les lieux qui dévoient être remis à l ’Eglife
Romaine. O r , il eft impoflible de trouver dans toute cette
procédure , un feul mot qui puifle faire foupçonner qu’on lui
abandonnât le moindre droit fur le Rhône. L e R o i n’av oit donc
pas compté le ceder : ainfi ; quelle qu’eût été la dépendance de
�la rivîere le long du Comtat V*enaijjîn avant le traité de 1229 ;
il eft sûr qu’elle refta au R o i de France dans cette partie , après
l ’an 1271.
Dans la forme de ceffion qui fu tch o ifie, moins que dans
toute autre , ii n’étoit néceflairede ftipuler des referves; elles
étoient toutes renfermées dans la limple volonté de celui qui
la faifo it, fans qu’elles puffent jamais donner Heu à aucune
réclamation de lapait du Cefiionnaire. Cela eft li vrai, que
celles du Roi ne fe bornèrent pas au Rhône feul ; il en fit une
autre confidérable , de la moitié de la V ille d’Avignon , en
laquelle il avoit fuccedé en m êm e-tem s, ôc au même titre
que dans le Comté Venaijfin , & qui ne fut point rernife aux
Commiffaires du Pape. L e R.oi continua d’en jo u ir, ôc Philippe
le Bel fon fils & fon fuccefleur , la céda en Septembre 12510 à
Charles IL R oi de Naples , ôc Comte de Provence. Rien dans
cet a£te ne peut faire conjecturer que le R o i prétendît céder
au Comte , la moindre portion du Rhône vis-à-vis la même
V ille : aufli n’en connoît-on aucun , par lequel il paroiffe que
ce dernier Prince ou fes fuccefleurs, ayent exercé la moindre
Jurifdiction furie Rhône au-deiïus de la Durence ; ôc quand la
Reine Jeanne, arriéré petite fille dëCharles 11 . vendit , 1e 1p de
Juin 1348, la V ille d'Avignon au Pape Clement V I. elle ne put
E o u stie , tom,
pag. j l ÿ .
aliéner en fa faveur que [ce qu’elle y poffedoit.
S’il refte quelque doute , on peut confulter l ’ufage des
tems poftérieurs, unique Juge de ces fortes de quefîions , ôc
montrer que depuis l ’époque indiquée, les Rois de France
ont exercé la Jurifdiêtion fur cette partie du Rhône.
i°. Si Philippe le Hardy en cédant le Comté Henaiffin au
P a p e, lui eût cédé la portion du Rhône qui en aveit dépendu
jufques-là, les Ifies du fleuve auroient été comprifes dans la
ceiïion. Cependant, Garhert de Laval, Archevêque d'Arles ôc
i~ r
V. î / i p. 57#
�d’autres co-Seigneurs de Montdragon, étaht en Procès avec
leProcureur du R o i & le Prieur (\q Saint Saturnin, pour une
ifle fituée dans le R h ô n e, entre T Ifere ôc la Durence, ôcapînvcnt. aes «. de pellée laCroix des Merciers, l’Archevêque y fit élever en 1 3 3 2 ,
/«fr.'p. »«8.rks’ Mb‘ des fourches patibulaires, comme marque de fa Juvifdiûion i
mais Philippe de Valois qui regnoit en F ran ce, ordonna quelles
fuffent abbatues comme un attentat contre la Tienne , qui ne
pouvoir fouffrir d'atteinte pendant le Procès ; ôc il eft à remar
quer que l’Archevêque quin’étoitniVaffal, ni Sujet de Philippe,
ne réclama point la protection du Pape ; d’où il eft aifé de
conclure que perfonne ne le reconnoiffoit pour Souverain de
l ’ifle conteftée. L e Pape ne le prétendoit pas lui-même : c’eft
Eoiiar. Aven. p. ce <lu*1 téfulte de la donation faite par Charles P7, à Urbain V .
Langui.4,'n.'Vs;
î de Décembre 1 3 6 8, de la moitié du Pont d'Avignon ôc
p 801'
du lit du R h ô n e , le long du territoire de cette V ille . Y a-t’ii
apparence que ce Pape eû t, non pas follicité , mais feulement
accepté une pareille donation, s’il eût cru avoir quelque droit
fur le Rhône , foit par l’abandon du VenaiJJin fait à Grégoire X .
foit par la vente d’Avignon paffée à Clement V I ? Il ne s’étoit
même écoulé que 20 ans depuis cette vente : la lettre ôc l’efprit
de l’adte en dévoient être connus ; ôc l’acceptation de la dona
tion de Charles V . eft une preuve fans répliqué , que la Reine
Jeanne n’avoit n ip û , ni voulu aliéner le R hône en faveur de
l’Eglife Romaine.
L es preuves fe multiplient encore plus dans les années
fuivantes. D es lettres de l’Univerfité de Touloufe qui favorifoientBenoiji XIII. traité alors d’Antipape , ayant été condam.
nées par Arrêt du Parlement de Paris du 10 Juillet 1406, il
J bld. Hift. du Lan?.
r
^
7
i.v.rj.S-7«>P'4îi. fut ordonné qu’elles feroient lacérées a Paris, à Touloufe, ôc
fu rie Pont d’ Avignon. C e Parlement croyoit donc que le Pont
(PAvignon dépendoit du R o yau m e, hors duquel il n’auroit eu
aucune
�aucune Jurifdi&ion. Cela eft expreffément déclaré dans un
acte pafie en 1427 entre Lcuis, Seigneur de Montlaur, & fes
v. ihj.
1. «,$
VaiTaux , du lieu de Ccuvillargues, & daté deffus le Pont P A - + P"H+‘
vlrnon dans le Royaume de France. L e Pont s étant abbatu au
mois de Septembre 1430 , les Officiers de la Sénéchauflec de
Beaucaire établirent un bac furie Rhône, pour palier d'Avignon
à Villeneuve : les difficultés füfcitées à ce fujet par les K abitans d'Avignon , furent terminées le 18 d’Août 1432 parmi v.«w. §. Jg, p.
Arrêt du Parlement de Paris qui rétablit le R oi dans l ’exercice *7i *+7Sde fi Jurifdiétion; & fuivant les apparences, cet Arrêt mit
fin aux querelles; car le même Pont ayant befoin de quelques
réparations en 1431 , le Légat & les Habitaus s’adrefferent
pour y pourvoir à Charles V îî. qui regnoit alors en France (a).
Enfin pour terminer un détail déjà trop long, les Châteaux de
Lers & de lloauemaure
, bâtis dans le R h ôn e,y dépendoient
en Hift. d„e l a n g .
1
l
I $63 du Gouvernement de Languedoc, fans aucune contefla- n-3iS’ p- ’>+•
tion de la part du Comtat.
Il eft donc démontré qu’on a tore de vouloir affimiler la
Provence aux anciens Etats du l ape dans l ’étendue de ce
Comté , contre lefquelsil y a des titres exprès & particuliers,
tandis qu’on n’en produit, & qu’on n’en peut produire de
valables contre nous. A l ’égard des Sujets du R oi de Sardaigne
en Savoye , c ’eft avec raifon que nous avens dit, que le R oi
venait tout récemment en 1760 , de leur faire la grâce de fixer
le milieu du fleuve pour ligne de réparation, puifque par le
premier article du traité, ligné à ly c n entre les deux Puifiances,
le 27 Janvier 1601 , tout le lit du Rhône depuis la fortie du
lac de Genève , étoit cédé à la France ; de forte que les droits
( a ) V . ibi,l t. <;, pr. n 4 , p. 10. On fçait d’ailleurs que le Cardinal de F o ix ,
dont il eû p a rlé dans ces lettres , étoit alors Légat d’Avignon, V , i l'i d . Hilï. 1. 3? ,
§. 4 S , p. j t & lùiv. S ix j Po/ttif. Arelat, p. 363.
il.
�S.8
antérieurs qu’auroient pû avoir les D ucs de Savcye fur cette
portion du fleuve, ce qu’on ne fçait ni ne veut difcuter ,
avoient été entièrement éteints par ce traité, & qu’eux & leurs
Sujets n’ont pu y rentrer que par une nouvelle conceflion de
la France. A in fi, ces deux articles n’ont aucun rapport avec
Recap. p. 68
Merci. p. 83.
la queftionqui divife la Provence Ôt le Languedoc.
Quant au Dauphiné, le Défenfeur du Languedoc allure
que c’eft de celui de la Provence qu’on tient que le Dauphiné
n’a point de titres particuliers qui lui donnent des dreits fur le
Rhône , & que ce fleuve au-dejjus de la Durence na jamais cejjé
d'appartenir au Roi de France. Mais de bonne f o i , la première
conléquence peut-elle fe tirer de l’endroit cité , dont on croit
devoir rapporter les propres termes ? Les flx Arrêts allégués,
prouvent, fi l'on veut, tout ce que le Languedoc peut déflrer
contre le Dauphiné; mais que prouvent-ils contre la Provence?
Çu le Dauphiné s’ejl mal défendu, ou les droits du Languedoc
contre lui étoient incontejlables. Mais quimporte à la Provence
quia des titres particuliers , Cj*des droits très-indépendans de ceux
du Languedoc , vis à-vis d'une Province qui tdarien de commun
avec elle ? Ces expreffions-là difent-elles que le Dauphiné n’a
point de titres particuliers qui lui donnent des droits fur le
Rhône? E t ne voit-on pas au contraire, que la Provence n’a
cherché qu’à écarter des difeufiions étrangères , pour fe ren
fermer uniquement dans ce qui l'interefloit? Au lieu d’avouer
que le Rhône au - deffus de la Durence n’a jamais ceffé d’ap
partenir au R o i de France, comme on le prétend; elle a feu
lement dit que les Lettres patentes de la Reine Marie du $
Décembre 13985 prouvent que le R hône au-deffus de la
D urence tout lelong duComtat, n’avoit jamais ceffé d'apparte
n i r au R o i de F rance, puifquil n’avoit pas été compris dans la
cejjlon qu’ on dit avoir été faite de ce Pays au Pape : ainfi, il tâ
�19
vîfible que Paveu qu’on voudroit oppofer à la Provence, eft
un aveu très-particulier,reftraint pour l’étendue au feu! Comtat,
ôt pour le tems , à celui où furent expédiées ces Lettres
patentes, ou plutôt à celui de la cefiîon même du Pays faite à
l ’Eglife Romaine en 1274., & fondé uniquement fur les évenemens particuliers à ce même canton ; au lieu que par les
réticences affectées , puifqu’on n’a pas mis des points à la place
des mots qu’on a fupprimés , on voudroit le donner pour un
aveu général, & pour le tems & pour l ’étendue. Il faut qu’on
fe fente bien dépourvu de bonnes raifons, pour employer de
fi minces reffources.
O n ne difeutera point fi à l'extinétion de la Maifon de
Souabe arrivée en 1264 , les Empereurs ceflerent totalement
d’exercer des droits de fuzeraineté fur le Royaume d’A rles,
comme l ’avance ici le Languedoc. Il faut convenir au moins}
que depuis cette époque , l’exercice de ces droits diminua
Exam. p.si.
confidérablement, & futprefque réduit à des occafions d’éclat,
dont on ne trouve même plus de traces après le régné de
Charles IV. poftérieur d’un peu plus d’un fiécle à la mort de Charlîs IV. mou
rut le aj Novembre
Conradin. Cet examen eft abfolument inutile à la queftion qui 137*.
nous divife, puifque les droits des Empereurs ne furent recueil
lis par aucune Puiffance étrangère , & que ce changement
n’opéra qu’une indépendance entière 2e abfoiue en faveur des
Comtes de Provence. En tout cas , il eft indifférent à la
queftion préfente, qu’elle ait eu lieu cent ans plutôt ou plus
tard.
§. V .
Nature des entreprifes que les Comtes de Provence ont
faites fur le Rhône Gf fur fes dépendances.
Quand on conviendroit avec le L anguedoc, non que les
H ij
Exam.P. j,;
�6o
Feudataires du Royaum e à'Arles n’ont pas pu avoir plus de
droits les uns que les autres fur le Rhône , mais qu iis n ont
pas pu y en avoir plus que les Rois d'Arles , leurs Sei
gneurs fuzerains , que deviendroit ce principe, dès qu'il eft
ians application ? Comment peut-on enfuite pafier fur les
uiurpations de Eofcn &. de Louis l'aveugle , fous prétexte
qu’elles n’eurent pas plus de fuites l’une que l’autre ?
Ignore-t-on qu’elles furent l ’origine du Royaume d'A rles,
qu’il a fubfifté fans interruption , jufqu’à ce qu’il fe foit
évanoui entre les mains des Empereurs d’Allemagne , ôt que
les changemens qui font arrivés fucceffivement dans fon
étendue , n’en ont apporté aucun à la domination du
Rhône ? L e Languedoc avance , il eft vrai , qu’avant la.
ce (T,on laite en 930 par Hugues à Rodolphe II. le bord oriental
du Rhône faifoitla féparation delà Provence & du Royaume
de F ran ce,
il renvoyé pour la preuve , à fa propre hif•s toire. Mais cette hiftoire eft entre les mains de tout le
monde ; ôt on défie le L eû eu r le plus attentif ôt le plus
fubtil d’y trouver la preuve qu’on annonce. T o u s les faits
allégués par l ’Hiftorien fe réduilent à prouver que depuis
Louis l'aveugle, les Comtes de Tculoufe ont joui du VivaraxS
ôe de lÜfege fous la fuzeraineté des R ois de France. Quand
ces preuves feroient aufti inattaquables qu’on le fuppofe, ôc
que nous fommes éloignés d’en convenir , quel eft le bon
efprit qui pourvoit en conclure que dcs-lors le lit du Rhône
>
fut réuni au Languedoc ? Il diroit au contraire ; dès qu’on
ne donne aucune preuve précife de domination ni de pro
priété , davis ce tem s-là, fufpendons notre jugem ent , ôc
cherchons-en dans-les tems qui ont fuivi. Il eft vrai que les
deux régnés d'Hugues & de Rodolphe II. furent fi courts,
qu’on n’en connoit aucun monument relatif à la queftion
�Ci
qui nous agite. Cette ignorance qui peut être détruite un
jour, fiiffit-elle pour publier avec confiance, qu'il e(l confiant
que Rodolphe IL b fes Succeffeurs nont pojjedé aucuns droits
fur le Rhône, tandis que fous Conrad le Pacifique , ôc fans
Rodolphe 777. Succeffeurs immédiats de ce P rin ce, on voit
pendant près d’un liécle, ainfi que nous l’avons montré dans
le premier M ém oire, & fous l'article fécond de celu i-ci, 6c
de l ’aveu même de l’Hiftorien de L anguedoc, les Etats de
ces Princes embralfer les deux rives du Rhône dans tout
fon cours, ôc par conféquent le Rhône même. N ’eft-il pas
plus fimple ôc plus naturel de penfer , qu’ils leur avoient
été biffés dans la même étendue par leurs Prédéceffeurs ,
plutôt que d’imaginer fans preuve , fans monument, fans
aucune indication , des changemens de limites alternatifs ôc
M cm p.
contradictoires ? Cette conféquence en araene une autre tout
auffi néceffaire , c’eft que quand les Succeffeurs de Conrad ôc du
dernier Rodolphe, ainfi que leurs Vaffaux, ont régné fur les
mêmes cantons & fur le R h ô n e, ôc en ont joui paifiblemenr,
fans obftacle , fans réclamation, au lieu de crier à l'entreprife,
à l’ufurpation , comme fait ici le L an guedoc, on doit reconnoîtrc de leur part une poffeflion confiante ôc avérée. A
la bonne heure, fi quelqu’autre Souverain eût dans le même
terns fait de pareils actes fur les mêmes lieux : ce feroit alors
le cas de douter ôc d’examiner lequel des deux a dû em
piéter fur les droits de l ’autre ; mais on b e n produit aucun-,
ôc. on fe contente de répondre à des faits réels, par des raifonnemens qui fuppofent d’autres faits contraires , qu’on ne
préfente jamais. Ainfi les aêtes de fouveraineté b de reffort
fur le R h ô n e , émané’s des Comtes de Provence ôc des Rois
à'1Arles , fubfifient ôc doivent fubfifter , tant qu’on ne leur
montrera pas qu’ils y avoient au moins des Compétiteurs; ôc
J
Si
;
Liv-I^§.3
M o.
�62
ce ne font point des entreprifes contre les droits de la C ou
ronne de Fiance. Cette Couronne n’en avoit point de par
ticuliers fur le Rhône , qu’elle n’eût fur tout le Royaume
de Provence. L a longue poffeilion, antérieure même à l’établiflement de ce Royaume , n’eft applicable à l’un , que
comme dépendance de l’au tre, ainfi qu’on s’eft attaché à le
montrer fous la fécondé race de nos Pvois : ôt quand on
prendra le véritable état de la queftion , on ne dira point que
nos Rois n ont jamais fait cejfwn ni tranfport aux Rois d’Arles
eu à leurs Feudataires, des droits de la Couronne de France fur
le Rhône, parce que cette objection ne peut pas plus tomber
fur le Rhône , que fur toute autre dépendance du Royaum e
ôt du Comté de Provence , telles que les V illes dôÆx ou
de Nice. Dira-t-on que ces Comtes n’ont pu exercer leurs
droits fur ces V ille s , parce qu’ils n’avoient point de ceflions
particulières ? Et n’en reconnoitra-t-on aucun , fous prétexte
qu'ils tiroient leur origine d’une ufurpation ? C e feroit
vouloir tout rejetter dans un cahos qu’il feroit enfuite impoilible de débrouiller. Les Rois de France onr confervé
tous leurs droits fur le Royaume de Provence , malgré
l’ufurpation , & quoique dans le fait ils euffent fouvent traité
avec les Rois d’ Arles ôc les Comtes de Provence , comme
xeconnoifl'ant les titres ôc les qualités qu’ils prenoient. Mais
ces droits fur la to ta lité, n’en donnent point de diftin&s fur
les dépendances particulières ; ôc fl le Rhône a continué
d’être annexé à la Provence , après l ’ufurpation comme avant,
on ne peut nier qu'il n’en ait toujours dépendu ; ou fi par
une voye de fait qu’on n’indique p oin t, les Rois de France
s’en fuffent emparés , avant: que de réunir la Provence à
leur Domaine , leur jouiffance qui auroit été en qualité de
Souverains légitimes de la Proven ce, ne donneroit aucun
�63 ,
droit au Languedoc , à moins qu’il ne juftifiât d’une réunion
en forme. Ainfi c’eft à cette Province , Ôc non à la Provence ,
à chercher ôc à produire des titres de propriété.
§. V I. Réunion -prétendue de la Provence à la Couronne.
txam.p. 5+*^,
Il y a , 1:’on en convient, de la différence dans les maniérés
dont le Languedoc ôc la Provence ont été réunis à la C ou
ronne de France. Cette derniere Province eft bien aife que
tout le monde le fçache, & que fes Adverfaires mêmes le
publient. Mais que fait cette différence à la queflion pré
fente ? Si elle pouvoit y influer, ce ne feroit qu’en faveur
de la Provence , en préfentant les titres particuliers qu’elle
doit à la bonté ôc à la protection du R o i ; car quoique tous
les privilèges émanés de la grâce ôc quelquefois de la juftice
des Souverains , foient également refpeétables , s’il en eft
qui doivent être encore plus facrés , il femble que ce font
ceux qui ont été accordés à des Sujets qui fe font fournis
volontairement, ou qui pouvoienr, fans injuftice , paffer fous
une autre domination. V oilà les réglés qu’avouent l’hu
m anité, la juftice, & la faine politique. On eft doublement à
plaindre, fi on croit avoir befoin d’en invoquer d’autres, ôc
qu’on fe permette d’en faire ufage. C ’eft à regret qu’une
défenfe légitime nous force à le dire. L e Languedoc ne
cherche ici qu’à rendre fa caufe favorable , en tâchant de
rendre odieufe celle de la Provence, ôc en infinuant au
C o n f.il du R o i , que Sa Majefté eft intéreffée à adjuger le
Rhône au Langued oc , puifque la Provence ne s’eft donnée
à la France qu’à condition qu’elle garderoit fes L o ix , ôc ne
feroit pas réputée du Royaume. Mais le llo i en eft-il moins
Maître des deux Provinces l N ’cn a-t-il pas éprouvé la même
\
�■ fidélité, tiré les mêmes fecours ? N ’ont-elles pas également
droit
à
fa protection &;
à
fa juftice ? L a Provence ne fe
glorifie d’avoir de plus grands privilèges, que pour pouvoir
faire de plus grands facririces ; mais elle veut qu ils tournent
au profit du R oi à qui il eft indifférent que tels ou tels de
fes Sujets jouiffent de certains droits , parce qu'il fçait que
ceux de fa Couronne font également refpeétés.
L e Languedoc d'ailleurs eil-il bien en droit de faire de
pareils reproches à la Provence, lui qui a les mêmes pré
tentions , fans avoir peut-être les mêmes moyens pour les
foutenir ? Ecoutons un de fes plus fameux Jurifconfult.es.
Bien que le Comté de Touloufe, dit Maynard dans fes quellions
notai», liv. 4 , ch. 57 , ait été acquis à notre Roi par titre do
donation , il n’efl toutefois uni , mais feulement acquis fans
accejfion , le même étant Roi G Comte, G‘ tel fe devant dire G
porter comme de cliofe diverfe , qui ne fut or.cques confufe G
incorporée au Royaume , au préjudice G extinction des droits ,
libertés G privilèges des Tolofains qu'ils aurcient toujours retenus
avec leurs Statuts G forme de vivre. L aiffon s, après cela , le
Languedoc s’applaudir d’avoir voulu nous rendre odieux
en rappellant les flipulations de nos peres.
&fuiv.
§' V U . üifpcfitions des Loix Romaines fur la propriété
des rivières G de leurs ijles.
L a Provence, après avoir expofé fes titres ck fes moyens
pour prouver que le lit entier du Rhône coule lur un terrtin
Provençal, & ccnféquemment qu’il fait partie de fon terri
toire : après en avoir conclu,d’une façon abfolue.que la totalité
du fleuve lui appartenoit,avcit, par efprit de p a ix , cité les Loix
Romaines qui donnent les crémens
à
celui du côté
duquel
�6 5"
ils fe trouvent , ainfl que les ifles, ôc qui veulent que l ’on
partage entre les deux Riverains celles qui naiÔent au
milieu. Comme la prétention du Languedoc eft d’avoit
également le lit entier du fleuve, nous avions fait envifager
les difpofitions du Droit écrit qui gouverne les deux Pro
vinces , comme offrant au Confeil un expédient pour juger
l ’affaire , quoique par ce moyen la Provence fe trouvât léze'e
de la moitié de Tes droits. T o u t autre Adverfaire que le
Languedoc eût été honteux de n’avoir pas propofé le pre
mier un plan aufii conforme à l’efplit d’équité qui doit faire
des facririces pour obtenir la paix.
L e Languedoc au contraire a tiré grand parti de notre
modération, fie en avouant les principes des L o ix Rom aines,
il a fou tenu qu’elles avoient leurs exceptions, & que cette
partition n’avoit lieu que lorfqu’un des Riverains n’étoit pas
feul en poffeffion du fleuve ; 6c fur le champ , il nous a
cité l'exemple du Pape à A vign o n , fie le dire de l’Infpecteur
dans la même affaire. Mais qui ne voit que c’eft-là décider
la queflion par la queftion même? Nous adoptons volontiers
l ’exception qui veut que le fleuve appartienne à celui des
Riverains qui en a joui feul , fie qui feul a des titres. O r
comme le Languedoc n’a point jo u i, fit n’a point de titres ,
fi: que la Provence a titres fit poffeffion , le Rhône fait partie
de fon terrein, fie non de celui du Languedoc. T out fe ré
duira donc toujours à la quefiion de fait. L e Mémoire même
de l lnfpecteur des Domaines , concourt à faire voir que
ccs fortes de queftions ne peuvent être éclaircies que par
1 examen des faits Ôc de la jouiffance ; Ôc que des principes
vagues relient fans application , quand ils ne font pas foutenus par une fuite défaits. On a enfuite, fur ce même
article, accumulé les citations d’Auteurs. Guypapea dit que
I
�€6
les Officiers de L y o n empêchoient les Breffois d’ empiéter
fur le R hône dans le tems que la Breffe étoit à la Savoye.
Q ue nous importe ? Salvaing a dit que le Rhône a toujours
appartenu à la Couronne de France. L e Préfident Boyer a
dit la même chofe. Mais fur une queflicn de fa it, que iert
l'opinion des Jurifconfultes ? Ces Auteurs avoient-ils vu les
titres que nous venons d’analiler ?
E iira. f*. 6S ‘
fui.,.
$. V I I I .
Traité
de Vannce 1 7 6 0 ,
entre Sa Majejié
& le Roi de Sardaigne, Duc de Savoye.
L e même efprit de pacification nous avoit fait propofer
pour exemple le traité de 1760 , fait entre le R o i ôt le
R o i de Sardaigne, par lequel les deux Princes conviennent
de prendre le milieu du fleuve pour réparation des deux
Etats. Mais ce n’a toujours été que fans déroger aux preuves
abfolues que nous avions rapportées de notre droit inconteftable fur la totalité du fleuve -, ce n’a été que pour faire
fentir combien le Languedoc étoit déraifonnable de v o u lo ir,
fans titres & fans droit, infifter à vouloir avoir le lit entier
& empiéter fur la rive Provençale. Il n’en a pas moins conclu
que nous abandonnions notre Caufe , que nous en reconnoiffions l ’injuftice , puifque nous nous réduifions enfin à
demander la même grâce que le R o i avoit accordée aux
Sujets du R o i de Sardaigne. E t combien de bonnes plai
santeries ne nous a-t-on pas prodiguées à ce fujet ? Combien
d’efforts d’efprit n’a-t-on pas- fait pour relever une con
tradiction aufli grofliere ? Mais qu’on life les écrits de la
Provence, ôc l ’on verra que la contradiction n’eft que dans
la façon infidicufe avec laquelle l'Adverfa’n e les rapporte.
Eft-ce donc par un pareil genre de défenfe que l ’on doit dif-
�6l
cuter une affaire où toutes ces petitefles de Palais dévoient
être bannies (a) ?
N e fuflit-il pas qu’il foit évident, qu’en confentant de
partager le fleuve, elle facrifie la moitié de fes droits pour
jouir paifiblement de l ’autre , ôc que ce partage ne porte
aucun préjudice au R o i qui conferve également tous fes
droits ? Si Sa Majefté elle-même a fait le facrifice d’une
partie des fiens au R o i de Sardaigne , elle peut être dé
terminée par les mêmes motifs en faveur de fes propres
Sujets , qui ne cherchent qu’à vivre en paix fous fa prote&ion , ôc fous celle des L o ix. C e n’eft point fa fouveraineté
que nous difputons , comme nous l ’impute l ’Adverfaire , nous
ne conteftons qu’au Languedoc la propriété du fleuve : les
droits de la Couronne feront toujours les mêm es, quelle que
foit celle des deux Provinces dont il fera partie. L e feul in
térêt que Sa Majeflé ait à l ’affaire , c’eft de rétablir ôc de
maintenir la paix entre deux Provinces voifines, furtout
quand l’une des deux confent à l’acheter par le facrifice
de la moitié de fes droits.
§. IX . Motifs préfentés par la Provence comme ejje/itiels
à la quejlion.
A entendre ici le Défenfeur du L an guedoc, il femble
que la Provence ait fondé principalement fa défenfe fur les
motifs qu’il lui prête. L e feul qui la faffe a g ir, le feul qui
( a ) Rien n’eft plus odieux que cet article de l’examen , & il ne tend à rien
moins qu’à dire que le Roi a pu ctre déterminé , par une for'e de crainte de guerres ,
à accorder au Roi de Sardaigne , ce que 1 on voudroit refufer aux Provençaux fes
Sujets qui le demandent par des motifs de jtiflice & d’équité ; enforte que les Sujets
du Roi 'fondes fur des titres, & appuyés d’ailleurs par des confidérations qui doivent
les faire participer également aux bontés paternelles de Sa Majefté , feroient traités
plu» rigoureufement qu’un Pays étranger & qui peut être ennemi.
I ij
�<58
doive déterminer Tes J u g e s, eft l’équité. En effet fi elle a
des droits fur le Rhône ; fi elle les fait connoitre , on ne
peut l’en dépouiller fans injuftice. T oute autre confidération
devient absolument étrangère, furtout le Roi ni fa Couronne
n’ayant aucun intérêt à la queûion qui divife les deux P ro
vinces ; celle de Provence ne réclame que les droits de
propriété que s’arroge le Languedoc. L a Souveraineté refte
toujours également entre les mains du R o i ; &c c’eft trèsmal-à-propos qu’on affecte fans ccffe de répandre des nuages
fur cette égalité qui eft entière. Il eft d'ailleurs inutile de
revenir {ans ceffe fur des objets auxquels on a répondu mille
lois ; & il on s’engageoit au combat toutes les fois qu’on
les repréfente, ce ne feroient que des excurfions intermi
nables j pour faire perdre de vue le véritable état de l’affaire.
Ici le Languedoc a voulu faire entendre qu’un Réglement
qui fixeroit pour limite divifoire entre les deux Provinces
le milieu du cours du fleuve , ne les pacifieroit pas m ieux,
que fi le Languedoc étoit déclaré Propriétaire de l’un ôc
l ’autre bord ; mais c’eft parler contre l’évidence des ch ofes}
ôt de plus, c’eft faire ouvertement la critique du traité de
176 0 , qui n’a pu avoir pour m otif, & qui en effet n’en
exprime pas d’au tre, que celui de déterminer la limite na
turelle , la plus propre à maintenir la paix , & à tarir la
fource des difputes : de forte que , quand après avoir prouvé
que la Provence a des droits inconteftables fur le Rhône
dont elle jouit encore , & dont elle n’a jamais été dépoffédée , nous follicitons un R églem en t, le Languedoc , loin
de trouver cet expédient contradictoire avec les conclurions
de notre P^equête , auroit dû y reconnoître l ’efprit de paci
fication qui nous dirige , & fentir encore que fi par de
pures conftdérations, ce Réglem ent a été accordé aux Sujets
�êg
du R oi de Sardaigne , il ne fçauroit être refufé à la Provence
qui joint à ces confide'rations , des motifs de juftice & de
d ro it, & avec laquelle la Couronne de France confervera
également les droits de fon Domaine.
§. X . Répoufe à ckùx quefions ejfentielles à la Caufe.
Quoique le Languedoc femble annoncer qu'il va répondre
précifément à ces deux queftions , il eft aifé d’appercevoir
que plus elles l ’ont p relie , plus il s’eft enveloppé dans fa
répoufe : il répété partout qu’il n’eft point Partie dans cette
C a u fe , & qu’il n’y fait que défendre les droits de la C o u
ronne , & néanmoins il v e u t, d’un autre coté , que le Rhône
foit tellement inféparable du territoire du Languedoc, que
le R oi lui-même ne puilfe faire un arrangement entre les
deux Provinces.
Il répété tout autant de fois que c ’eft par condefcendance
que le R.oi trouve bon de laifler au territoire de P roven ce,
le grand bras du R hône, & l ’Ille de la Camargue, & il ne
veut pas que Sa Majefté puilfe également nous lailfer les
ifles & terreins que nous polfédons de la même manière &C
par le même titre dans la partie fupérieure du fleuve.
V o ici la première queftion que nous avions faite.
Efi-ce parce que le Rhône appartient au Rci quil fait partie
du Languedoc ? Ou ejl ce parce qu'il fait partie du Languedoc
quil appartient au Roi ? L e Languedoc répond: i°. que le
Rhône appartient au Rci , parce qu’il a toujours fait partie d un
Pays qui n’a jamais été f paré delà Àlonarcliie....................
qui porte aujourd’hui le nom de Languedoc. Mais il fuppofe
ce qui eft en queftion, ou plutôt il l ’avance , fans en fournir
la moindre preuve ; c a r, que le Pays qui porte le nom de
Exam pag, 73 3c
uiiv,
�70
Languedoc ait été féparé ou non de la M onarchie, cela eft
fort indifférent à la queftion préfente. L a feule chofe qui
l ’intéreffe , eft de prouver que le Rhône a toujours fait partie
du même Pays. Mais on le demande à toute perfonne défintéreflée , quelle preuve de fait en a-t-il apportée jufqu’à
préfent ? Cette première réponfe n’eft donc qu’une pétition
de principes, qui tourne toute à l’avantage de la P roven ce,
laquelle fournit la preuve demandée. V oyons ft les autres
défaites ( du Languedoc ) ne feront pas dans le même cas.
2°. Le Rhône appartient au Roi comme Roi, G* à caufe de fa.
Couronne, de laquelle les contrées de Languedoc, baignées par
le Rhône, ont toujours relevé. Q ue veut-on dire ic i, que le
Rhône appartient à la Couronne, indépendemment des bords
qu’ il baigne ? Ce feroit une abfurdité : car quel eft le Sou
verain qui pût prétendre de l’autorité fur une riviere, dont
aucun des bords ne lui appartiendroit ? I l faut au moins qu’il
foit en poffeftion d’un des deux •, ôt fi alors il a été véritable
ment le maître de la riviere, c ’eft une preuve fans réplique
q u elle faifoit partie du même canton. V o ilà donc le Lan
guedoc encore réduit à prouver , non à fuppofer ce qui eft
en queftion.
I l répond, 30» que le Rhône appartenait au Roi, à caufe de
fa Couronne, dès avant que le nom de Languedoc fût connu,
& qu’après cette époque, la Provence a été longtems hors
de la dépendance des Monarques François. Il eft fort indif
férent à la queftion préfente, de fçavoir en quel tems le
nom de Languedoc a commencé. I l fuflit de reconnoître >
fous les différens noms qu’ il a portés , les mêmes Pays qui le
portent aujourd’hui. I l eft vrai que la Provence a été long
tems démembrée de la Couronne de F ra n ce-, mais cette fépatation, qui pouvoit ôc qui devoit lui nuire dans le tems
�71
qu’elle fubfiftoit ] ïie peut plus lui être d’aucun préjudice ;
quand par fa réunion ellç a été maintenue dans tous fes
privilèges, dont fon étendue eft un des plus déterminés. Nous
convenons donc que le Rhône appartenoit au Roi à caufe
de fa Couronne , non-feulement dès avant que le nom de
Languedoc fût connu , mais longtems avant que le Pays
qui le porte aujourd’hui, fût fournis à la même Couronne.
E t c ’eft notre obfervation fur fa quatrième réponfe, où
il avance que le Rhône n’a jamais ceflc d’appartenir à la
Couronne depuis l ’an
de notre E re, tandis que la Pro
vence faifoit encore partie du Royaume des OJlrogots. L e
voilà qui revient à la prétendue conquête de la rive occiden
tale du Rhône par T/ieodebert en y j j ou 5*34, que nous
croyons avoir entièrement détruite. Tl réfulte aufii de nos
obfervations, & d’une maniéré inconteftable, que la Pro
vence fut cédée aux Monarques François l ’an 336 ou 537 ;
que depuis cette époque, ils furent maîtres des paffages du
Rhône & du canton fitué à la droite du Rhône compris dans
l ’étendue du Pagus ou Comté d’slrles, tandis que les
ôt les Sarraiins , qui regnerent après eux fur le Pays qui
porte aujourd’hui le nom de L anguedoc, ne jouirent jamais
ni du R h ô n e, ni des terres du même Comté qui le bordoient le long de leurs Etats ; ôt enfin que le même Pays
ne fut fournis à la domination Françoife qu’en 7 y 2 ; de forte
que fi la priorité de polfeftîon doit être de quelqu’avantage
a lun e des deux Provinces, il eft tout en faveur de la Pro
vence qui a été Françoife plus de 200 ans avant l ’autre. Ainfi
elle peut convenir que depuis l ’an y 36 le Rhône n’a pas
ceflTé d appartenir à la Couronne ; ôc cet aveu , loin de
confirmer la cinquième 6c dernicre alfertion du Languedoc ,
que les droits de la Couronne Gr ceux du Languedoc Jur le
�Rhône, font tellement inféparcibles, qu'ils ne forment qu’un feul
même droit , la détruit entièrement (a).
Ainfi en y 3<5 la Couronne a joui du Rhône comme an
nexe de la Provence ; & depuis cette époque , elle en a tou
jours joui ou du jouir au même titre. Si dans 1 intervale
qui s’eft écoulé jufqu’à nos jours , il y a eu une éclipfe dans
cette jouiffance , occafionnée par l’ufurpation de Bofon , &z
les fuites qu’elle e u t, cette éclipfe porta fur le corps entier
de la Province , &. non en particulier fur le fleuve qui en
dépendoit , & qui en dépend ; de forte que la Couronne
étant rentrée de fait dans l’exercice de fes droits fur la
Provence, a repris de fait la même autorité fur le R hône , êt
la queftion lui eft indifférente. Dans les deux fuppofltions >
elle eft également Propriétaire du lit & d u fond de la riviere j
& les permiflions q u il lui plaira de concéder à ceux de
fes Sujets q u elle voudra favorifer , ne fo n t, ni des cédions ,
ni des tranfports de propriété ; & la Provence ne s’élèvera
jamais contre de pareilles grâces , quand il plaira au R o i d’en
gratifier quelqu’un de fes Sujets du Languedoc. T o u s les
François doivent fe regarder comme Citoyens du même
Pays \ les grâces qui retombent fur l'un > doivent exciter la
reconnoiffance de l ’autre , plutôt que fa jaloufie ; &. il n’y
a en ce genre que le préjudice caufé par la lélion des
droits refpeclifs, qui puifle donner lieu à des plaintes lé
gitimes.
( a ) Le Languedoc nous demande fans cefîe , c,nel eft le titre tranflatif qui nous a
donne la propriété du Rhcne? Mais avons-nous befoin de produite un pareil titre,
lortque nous prouvons que c’eft de la Provence elle-même, & par ia ce (lion de
Y itifc s , de l’an <;}<5 , que la Couronne de France a acquis la fouveraineté fur le
Rhône, comme lur le refte de la Provence , en^orte que la Provence n'a pas plus
befoin de titre translatif, pour la propriété du Rhône que pour la V ille ü ’A i x , &
pour les autres Villes & lieux q u i compofcnt cette Province.
XL
«
�Il réfute de tout ce que nous venons de dire, que la quejïion
qui fait la matière du procès intenté par la Provence au i
Languedoc ,f e réduit à cet unique point de fçavoir, fi le Rhône,
depuis la Durence jufquà la mer ejl du Domaine du Languedoc
ou du Domaine de la Provence, c'ef-à-dire s'il appartient au
Roi comme Souverain , ou du Languedoc , ou de la Provence :
car il n’y a pas de milieu ; le R oi qui poflede le Rhône en
vertu des droits de fa Couronne, ne peut lepofféder qu’autant
que ce fleuve eft une annexe ou une dépendance des deux
Provinces qu’il baigne ou qu’il fépare. Toute autre maniéré
de poflefïion feroit illufoire ôc de pure imagination. Or fi Von
s'en rapporte à Vkifioire dont la Provence a invoqué le fecours
à l'appui de fes prétentions, ôc dont le Languedoc ne peut
rejetter le te'moignage , il e f certain , i°. que les contrées
affifes fur le bord occidental du Rhône , n'ont jamais été conquifes par le Roi Theodebert ; que la Provence a été cédée à ce
Prince par Dirigés, Roi des O frcgots, (y enfuite par l Empereur
Jujiinien, plus de 200 ans avant que le P ays, connu alors
fous les noms de Septimanie ôc de Gothie, ôc aujourd'hui fous
celui de Languedoc , parvînt aux Princes François; que les
droits que la Couronne a fur le Rhône par la Provence, font
plus anciens que ceux qu'elle ri*aurait eû que pofé rieur ement par
le Languedoc, G par ccnfequent que le Roi a , comme Roi de
Iran ce j & par la Provence , fur le Rhône le droit de premier
Occupant. 20. Que pendant que les deux Provinces furent
féparces de domination , foit tandis que celle qui porte le
nom de Languedoc fût foumife aux Difigcts , foit lorfque
l ’une ôc l'autre furent fous la domination Françcife , mais
fous des Princes difîerens , G pendant plus de trois fiécles G
demi , les iiles du Rhône , ôc les terres qu’il baigne à fa
droite, comprifes dans l’étendue de la Province ou Comté
R
�d’Arles , ne cefferent jamais d’appartenir au Prince qui regnoit
fur la Provence ; ce qui fuppofe inconteftablement que le
fleuve fuivit la même domination. 30. Q ue les ufurpations
de Eofon, de Louis Vaveugle, d'Hugues, 6c de Rodolphe II.
ayant l'ait perdre de fait, 6c non de d ro it, à la C ouronne,
l ’autorité qu’elle exerçoit fur la Provence, elle a perdu de
même la jouilTancc de tout pouvoir fur le R h ô n e, comme
fur les autres dépendances de là Provence. q-°. Q ue loin que
fous ce même Rodolphe , 6c fous fes Succefleurs , le bord
oriental du Rhône ait fait la féparation du Royaume de France,
Cf du Royaume de Bourgogne , qui jut nommé peu de tems le
Royaume d'Arles , il eft démontré par une foule de monumens
autentiques , que les mêmes ifles 6c la même portion du
D iocèfe d'Arles fituée à la droite du Rhône , étoient aufli
compvifes dans le territoire ou le Comté de la même V ille , ôc
foumifes au même Souverain. 5p . Quà la fuite de ces évenemens, l'introduction du Gouvernement féodal ayant occafionnè le
partage du Royaume d'Arles en dijférens Fiefs, Cf ce Royaume
ayant paffe vers le méme-tems dans les mains des Empereurs d’A l
lemagne , les Fiefs de la Couronne d’A rles, du nombre defquds
étaient les Comtés de Provence, 6c le Comté d’Arles , relevèrent
des Fmpereurs , Rois d’A rles, fous la foi Cf hommage , 6c conferveient la même étendue qu’ils avoient eue auparavant.
6e . Que les Ftudataires de l’Empire Cf du Royaume d'Arles purent
avoir autant de droits dans leurs Iiefs refpeciifs , qu'en avoient
les Empereurs, Rois d’A rle s, leurs Seigneurs fu\erains, ôc que
fl quelques-uns ne les ont pas eus , ou les ont perdus dans la
fuite par des circonftances particulières, comme il l’a été
prouvé pour le P ap e, leur privation n’influe en rien fur la
poffeilion légitime ôc continue des autres. 7 ° . Q ue par conféquem les Comtes de Provence , en continuant d’exercer
�fur le Rhône une autorité qui leur avoit été tranfmife de main
en main, ôc fans interruption, par leurs Devanciers, n’ont
fait qu’ufer d’un droit légitim e, reconnu ôc avoué, ôc que
ceux de leurs voifins qui ont voulu les y troubler , n’ont pu
le faire que par emreprifes ôc par attentats. Et 8°. enfin , que
le Comté de Provence étant rentré fous Pautorité du R oi, avec la
confervation de tous fes privilèges, dont fou étendue eft un
des principaux, elle doit, d’une part, jouir des droits dont
elle avoit joui précédemment fur le Rhône ; ôc de l ’autre, la
Couronne eft rentrée de fait dans la jouilfance des droits
qu’elle avoit confervés fur le fleuve, comme fur le refte de
la Province.
Tant que ces faits fubfiferont dans l'hifloire, il faut que le
Languedoc renonce à toute prétention fur le fieuve du Rhône ,
dont il n a jamais pu pojféder la moindre partie qu’à titre d’ufurpation,
au préjudice de la Provence. L e R o i n’en eft pas
moins Propriétaire ôc Souverain du Rhône. Il l ’eft, parce
qu’il a acquis la Provence dès l’an 536. Il l ’eft, parce que
depuis cette époque, il en a toujours joui ou dû jouir, ÔC
que l’interruption qu’il y a eu dans cette jouilfance, fans
nuire au fond de fes droits, a été entièrement réparée par la
réunion de la Provence à la Couronne. Comme il ne peut
jouir du Rhône qu’en qualité de Poffeffeur d’une des deux
rives du fleuve, loin d’impliquer aucune contradiction que
ce fo it, comme maître de la rive droite ou de la gauche , le
fait lui eft totalement indifférent ; ôc il fera également Poffeffeur tranquille ôc légitime de tous les droits de propriété
ôc de fouveraineté. Il ne peut l ’être même en qualité de
, premier Occupant, Gr de premier PoJJeJjeur , qu’en les dérivant
de la Provence.
A la fuite de tous les titres que nous avons produits, le
K ij
�76
Languedoc auroit dû nous fçavoir gré de notre modération ;
en nous vo ya n t, pour ainfi dire, invoquer le fecours des Loix
R om aines, êc du traité fait en 1760 avec le R o i de Sar
daigne. C ’étoit annoncer des difpofitions à ne pas exiger le
rétablilfement de nos droits à toute rigueur. En tout C3S,
les Loix de tous les tems & de tous les Pays , difent &
doivent dire que fi quelqu’un a joui d'une propriété de tout
tem s, fans interruption, ôc fans qu’on en voye l ’origine, il
doit y être maintenu. La Provence eft dans ce cas-là pour
le R h ô n e, dont la polfeflion remonte pour elle jufqu’aux
premiers établiffemens des Romains dans les G a u le s , fans
que le Languedoc y oppofe aucun fait qui puifle fe foutenir.
Il eft donc de l’intérêt de la Juftice que le Rhône lui foit
adjugé definitivement, ôc cet intérêt, le premier de tous dans
tous les c a s , eft ici d’autant plus preflant, que les droits du
R.oi font toujours les mêmes dans les deux fuppofitions.
De Vexamen que nous venons d éfa ire, de Vétat de la quefiion, nous fomrnes fondés à co n clu re, quant ail fond de
Vaffaire, que les droits de la Provence fur le lit du Rhône', b
fur fes dépendances, font démontrés. L e Languedoc a cru
les affoiblir, en propofant des obje&ions contre quelquesuns des titres qu’elle a produits. Nous allons les
exa
miner. Dès que le fond ejl folide, on ne doit pas craindre
qu’il ne fournilfe des réponfes fatisfaifantes fur tous les
détails.
�77
S
E
C
O
N
D
E
P
A
R
T
I
E
.
Examen des titres de propriété produits par les
Procureurs du Pays de Provence.
L e Défenfeur du Languedoc auroit fans doute défiré
pouvoir fupprimer tout-à-la-fois la multitude des titres pro
duits par la Provence. Mais cette méthode auroit mal ré
pondu au ton de fécurité & de confiance qu’il affe&e partout.
Il a donc cru fuffifant d’en écarter le plus grand nombre , 6c
de fe contenter d’en rappeller quelques-uns contre lefquels il
s’eft flatté de propofer des obje&ions raifonnables : ce choix
a du lui procurer quelqu’avantage ; mais d’un autre c ô té , fi
dans une aufli grande quantité de titres , il y en a qui ne fourniffentpas tontes les induôtions qu’on croyoit en pouvoir tirer,
cette efpece d’erreur n’influe en rien fur les conféquences que
fourniflent les autres ôc qui relient entières, pour légitimer
les a£les de Jurifdiélion qu’elle a exercés fur le R h ô n e, de
la qualification odieufe iVentreyrifes. Et par qui eft-clle don
née ? On l’a déjà d it; celui qui ne produit aucun titre ni de
propriété ni de jouiflance ( a ) , quoiqu’il ait eû communica
tion de tous les dépôts publics & particuliers de fa Province ,
& que cette affaire lui tienne fort à c œ u r, ofe qualifier d Ufurpateur fon Adverfaire qui n’a été embarafle que du choix
dans le nombre des pièces qu’il a eû à produire, 6r à qui
chaque fiécle & chaque dépôt en ont fourni une foule: c'clt
encore une chofe digne de remarque ; la fauffeté qui a intérêt.
( a) Il eft fort fînguiier que dans la quantité îmmeufe de titres, cités ou nulUirs
dans PHiftoire de Languedoc, il n’y en ait point de relatif à la propriété du Rhône,
qu’on vouloit pourtant arroger à cette Province..
Exam-p-*°-
�78
à fe cach er, n’acquiert de publicité qu’à la fuite d’un long
tems ; & fi l’on remonte à celui où elle a été fabriquée, il
eft aifé de la découvrir par mille contradi&ions qu’il a été
impolïible de prévoir ou de prévenir: -Audi dans le fyftême
du L an gu ed oc, trouve-t-on à tout moment des chofes ( a )
qu’on ne peut pas expliquer, tandis que dans celui de la
P rovence, les évenemens fe tiennent pour ainfi dire , s’expli
quent les uns par les autres, amènent naturellement ceux
qui doivent fuivre. C e tableau q u i, dans toute autre occafio n ,feroit le cara&ere diftin0.it de la v é rité , éprouveroit-il
ici un fort contraire ? N on fans doute ; ôc nous avons déjà
été prévenus dans l ’application , par tout L e 0 eur attentif ôc
défintéreffé ; il aura vu que nos titres, en quelque quantité
qu’ils foient, viennent fe placer d’eux-mêmes , & que fi nous
avons eû quelque peine , q’a été uniquement pour mettre dans
un plus grand jour les Jlratagêmes qu’emploie le Languedoc ,
pour faire prendre le change fur le véritable état de la quefion ,
fur la nature des objets contentieux, fur les faits & les attes
quil expofe, furies raifonnemens qu’il en tire , b fur tous les
moyens artifxieux qu’il met en œuvre. Mais il eft tems de voir
quels avantages il compte en tirer en détail.
A R T I C L E
PREMIER.
Titres confitutifs.
O n doit donner ce nom aux a0es dans lefquels les Parties
intéreffées font intervenues, ôc où l’une a reconnu le droit
(a) Comme quand on prétend qu’Ugernum appartenoit aux Vifigots en 530 ;
que la partie du Dioc'efe d’A rle s, qui eft à la droite du Rhône, fut enlevée au
Royaume de Bourgogne vers l’an 3130.
/
�1 9
de l’autre. Dans le moyen âge où les grands Vaflfaux jouîffoient de tous les droits régaliens, ils n’avoient pas befoin
de l ’intervention du Suzerain pour tranfiger fur ces mêmes
droits, furtout quand ils relevoient du même Suzerain , qui
dès-lors avoit peu d’intérêt aux conventions qu’ils faifoient
entr’eux , parce qu’il acquéroit fur l’un les droits qu’il pou
voir perdre fur l ’autre. En parcourant Amplement les preuves
de l’hifloire du L an guedoc, on y trouvera une infinité de
conventions paffées entre les Comtes de Touloufe & les E vê
ques du Pays, ou d’autres grands Seigneurs , fans que le Sou
verain ait paru s’en mêler ; ainfi c’eft à tort qu’à la tête de cet
article on paroît vouloir réduire à la qualité d’adtes conftitutifs
feulement ceux où feroient intervenus les Rois de France ôc
les Empereurs d’Allemagne ; & ce tort elt d’autant plus
grand , qu’il eft prouvé par tous les monumens produits, que
dans ce tems-là la domination & l ’autorité du R oi de France
ne s’étendoient pas jufqu’au R h ô n e, fur lequel il ne confère
voit que le droit qu’il avoir fur le refie de la Provence».
S.
I.
Traité de partage entre Æphonfe Jourdain, Comte de Touloufe j
b Raimond Berenger 1 1 1 . Comte de Barcelone, tous deux
Comtes de Provence par indivis, en date du 16 Septembre
»1 2 y.
Cet aéîè efi des plus importans pour la queflion qui divife le
Languedoc & la Provence ; il devroit même feul la décider)
fi nos Adverfaires vouloient ouvrir les yeux à la lumière.
Nous convenons tous du droit qu’avoient les Parties con
tractantes , du titre qui le leur donnoit, êe que jufques-là elles
p. »*&rw*
�8o
avoient polfedé la Provence comme par indivis. C ’ait déjà
un grand poinE de n avoir pas à difputer fur ces préliminaires.
L e défir d’écarter toute conteftation fait aulfi palier fur plu-,
fieurs expreifions qui tomberont d’elles - mômes, quand on
aura éclairci l’elfentiel.
I.
C ours
du
Rhône.
Dans tout cet acte, il riy a pas un feul mot qui ait rapport à
la propriété du Rhône, eu qui déjïgne aucune efpece de droits à
exercer fur ce fleuve : c’ejl qu’il riétoit quejlion ni de cette pro
priété ni de droits fur le Rhône dans le traité que faifoient les
deux Comtes , O quil n’en avoit pas été quejlion non plus dans
leurs querelles. C e préambule du Défenfeur du Languedoc a
un air de vérité capable d’en impofer. Nous demandons feu
lem en t, pour faire tomber le mafque qui la cache ôt avant
que d’entrer dans l’examen du fond de l’aéte , de rappelles deux
préliminaires qui n’ont pas été conteltés, & que dès - lors
nous devons regarder comme inattaquables: i°. le territoire
ri Urgence avoit fait jufqu’à ce tems - là portion du Comté
ri Arles ; le R hône qui étoit renfermé dans ces limites faifoit
donc portion du même Comté : 20. avant le traité de 112 j , les
Cohues de Provence feuls avoient fait des ades de propriété
& de JurifdiCtion fur le R hône ; ou fi le Com te de Saint-Gilles
en exerça quelqu’un , ce fut en fa feule qualité de Com te ou
Marquis de P ro v e n ce , ôt d’une maniéré fubordonnée à la
* 3‘- branche ainée de la Maifon de Provence. O n l’a vu dans le
premier Mémoire de cette Province. L e Pvhône en faifoit
donc partie alors ; ôc fi on n’en fit pas mention exprelfe, c’eft
qu’on 11’eut pas intention de le partager, & qu’il dut relier en
entier à l’une des deux Parties contractantes. Après cet éclaircilfement,
�Si
cillem ent, il ne relie qu’à y o ir, par les termes de.l’a& e, à
laquelle des deux on crut l’affurer.
Quand ç’auroit été en faveur d’Alphonfe, la Provence n’y
devroit rien perdre. Quoiqu’il réunît en fa perfonne différens
Fiefs , ces Fiefs nenètoient pas moins difiingués pour les droits
& pour les limites qui ne fe confojidoietit pas ; Ôc d’après tout
ce qui a été prouvé jufqu’ic i, on n’auroit pu lui adjuger le
Rhône que comme une dépendance ôc une annexe de la
portion de la Provence qu’on lui aflignoit ; de forte que le
Rhône réuni dans la meme main qui gouvernoit le Com té
de Touloufe Ôc de fes dépendances, n’en auroit pas été moins
étranger à ce dernier Comté ; éc la Provence feroit toujours
fondée , finon à en réclamer la propriété, comme elle vient de
réclamer celle du Marquifat de Provence , du moins à n’être
pas traitée en étrangère dans une de fes anciennes dépendan
ces , quin’avoit été détachée du corps qu’en faveur d’un de fes
légitimes polfefleurs , & qui par-là même n’avoit jamais perdu
fa qualité de Provençale.
Mais certainement perfonne ne peut dire que le traité de
xi 2? ait adjugé à Alphonfe la moindre faculté fur le R h ô n e,
puifque le fleuve n’eft pas feulement énoncé dans aucune des
cédions, abandons ou remifes qu’on lui fait ; ôc cepen
dant on lui abandonne le territoire ÜArgence, fltué le long,
ôc à la droite du Rhône ; de forte qu’on peut en conclure que
s’il eût prétendu lui-même fe réferver quelque droit fur le
fleuve , c’étoit bien le cas ôc le moment de le déclarer ; ôc que
s’il ne l ’a pas fa it, c’eft une reconnoiflànce précife qu’il n’y
formoit aucune prétention. Adoptons pour un moment celle
du L an gu ed oc, Ôc difons avec lui quArgcnce ôc le Rhône
relevoient de la Couronne de France , & que par cette raifon
jl n’étoit pas nécelfaire de faire mention du Rhône dans un
L
�82
a£te où il n’étoit queftion que d’un Etat qui ne relevoit pas
de la Couronne de France, & qui par conféquent nepôuvoit
rien avoir de commun avec le Rhône. Mais dans ce fyftême
même , on y fît mention d’Argence & de Valabregu.es, comme
de lieux à reftituer. L a différence de mouvance n’empêchoit
donc pas qu’on ne défignât les cantons qui dévoient revenir *
chacun i & fi la poffelTion de ces cantons devoit entraîner
celle de quelques droits fur le R hôn e, comme bacs , péages,
& c . , il droit tout fimple de les fpécifier. D ’ailleurs , fi le
Rhône eût été encore de fait fous la fouveraineté de la
France, les droits utiles fur ce fleuve auroient été perçus par
les Comtes de Tculoufe, Vaffaux de'la Couronne les plus
voifîns du fleuve, ou par ceux à qui ils les auroient inféodés ;
ôc certainement dès que dans les reftitutions on faifoit mention
d'urgence qui étoit plus éloignée de la Provence que le
R h ô n e , à plus forte raifon auroit-il fallu faire mention du
fleuve , fi on-eût voulu l’y comprendre en tout ou en partie.
C e raifonnement même devient encore plus concluant, s’il
eft vrai, comme il n’y a pas lieu d’en douter , qu’avant cette
époque les Comtes de Provence euffent exercé leur autorité
fur le Rhône , fans effuyer aucune contradiction de la part de
perfonne , & fl Urgence avoit toujours été regardé comme
une dépendance d'Arles & de la Provence ; car comme on en
démemhrcit une partie qu’on fpécifioit, il eût été indifpenfable de fpécifier auiïi le Rhône qui en étoit une autre partie,
fi on eût eu intention de le joindre au démembrement.
Mais non , on compta qu’il refteroit toujours à la branche
aînée des Comtes de Provence ; fi l ’aCte ne le dit pas dans les
mêmes termes , dont on auroit exprimé une ceflîon ou l ’aban
don d’un chofe conteftée , il le fait affez entendre ; mais pour
le d é co u v rira i faut en rapporter la claufe en entier, ôt ne
�8*
pas en fupprimer les expreffions eiTentielles, comme a fait le
Languedoc. Les voici : Ce font Alphonfe ôc fa femme Faydide
qui parlent: Et ego ILdefonfus prtxdidus Cornes Tolo fanus, G
uxor mea Faydida diffinimus, G‘c. tibi Raymundo Barcilonenfi
Comiti G Provincial Marchioni G uxori tuce Dulcix Comitijfce,
G c. tota/n ïerram Provinciœ. , cum ipfo caftro de Mefoaga, ficut
in monte Jani fmmen Durencice nafcitur, G vadit ufque in
ipfwnfiumen Rhodani, G ipfe Rhodanus vadit inter infulam de
Lupanis G Argentiam, G tranfit per fur cas, G vadit ante
Villam Sanâi Ægidii , G tranfit ufque in ipfum mare. Le fens
naturel de ces expredions eft ôc doit être qu’on n’a articulé
6c décrit le cours de la Durence 6c celui du Rhône, que pour
les adjuger à Raimond Beranger. Envain le Languedoc alleguet’il que ces rivières ne font nommées , ainfi que le mont Genevre 6c la m er, que comme bornes ôc limites de la terre
cedée ; 6c qu'aucune de ces limites ne fut ni donnée , ni cédée
ni évacuée : ( pefons bien cette exprelîion, nous aurons occafion d’y revenir.) Et il fortifie fon alfertion d’un palfage de
l ’aéte qu’il a rapproché, quantum infra praedidos terminos
continetur, dit-il. Sans prétendre tirer avantage du change
ment qu’il a fait dans les termes de l ’original, nous dirons
que ceux qu’il préfente paroilfenc reftraindre les chofes cé
dées, tandis que les véritables ont été mis pour les étendre.
Immédiatement après le palfage que nous venons de rappor
ter , on ajoute : cum civitatïbus G caflellis omnibus G fortitudP
nibus univerfis Archiepifcopatibus , Epifcopaûbu; G faillis G
territorüs omnibus quantum dici vel numerari potejl infrà proedictos terminos. Evitons toute difcufïïon grammaticale, 6c raprochons de cet abandon celui qu’on fait dans le même acte
à Alphonfe Jourdain : Totam terram de Provincia, ficut hab-etur
G continetur ab ipfo famine Durencice ufque ad flumen de
L ij
�Jfera. Certainement dans cette claufe la Durence ôc Ylferc
font nommées ôc délignées comme bornes extérieures de la
portion cedée à Alphcnfe. Mais la Durence couloit entre le
Marquifat ôc le Comté de Provence ; elle a dû être néceffairement ou partagée entre les deux Comtes , ou abandonnée à
l ’un d’eux. N ’eft-il pas clair que ce ne peut être qu’en faveur
de celui dans le lot duquel on décrit le cours de la riviere ?
Defcription abfolument inutile dans le cas contraire, ôc à
l ’exclufion de celui auquel elle a été altignée pour borne.
D e ce que le cours de la Durence G celui du Rhône font
fpécifiquement défgnés de la même fa ço n , il réfulte qu’on a
prétendu donner le même fens ôc les mêmes effets à des e x prefiions équivalentes employées pour ces deux objets. Ainû
la Durence étant adjugée au Com te de P roven ce, il faudrait
faire violence au texte ôc avoir des preuves convaincantes du
contraire pour lui enlever le Rhône. E t que fera-ce, fi le
texte même ne peut recevoir que cette application ? N e ré
pétons pas cp\ Argence qui tomba dans le lot d’Alphonfe,
longe le Rhône comme le Marquifat de Provence longe la
D uren ce, ôc que le Rhône n’eft pas feulement énoncé dans
l ’abandon fait à Alphonfe, tandis qu’on en décrit le cours
très-exaêlement, quand il eft queftion de la portion qui échut
a Raimond Beranger. Tenons-nous à cette defcription , comme
le Rhône coule entre Vijle de Lubieres G Argence, pajjc par
l'curques G devant Sai?it Gilles, G fe jette dans la mer. Il eft
fur que par cette defcription, dans tous les endroits où le
R hône étoit divifé en plufieurs branches , tant en deffus qu’en
deffous de la V ille d’A rles, on a voulu déftgner la plus
occidentale , puifqu’on prend pour termes ou pour confronts
Argence , 1 'ourques G Saint Gilles qui font au couchant fur la
terre ferme. De-là il réfulte néceffairement, 18. que toutes
�les branches & les ifleS du fleuve renfermées entre cette
branche occidentale ôc la terre de Provence, furent, on ne
dira pas adjugées , mais reconnues appartenir à Raimond Beranger , 6c qu’on doit appliquer ici toutes les conféquences
dont le Languedoc convient à l’égard de la Camargue (exam.
pag. 85 :) 20. que dans tous les lieux où les eaux du llhone
remplirent tout fon lit fans divifion , elles dévoient appartenir
à celui à qui elles appartenoient étant partagées ; car il feroit
fans exemple que le long de la domination d’un Prince, une
riviere lui appartînt uniquement lorfqu’elle feroit divifée en
plufleurs branches , furtout lorfque les ifles q u elle forme lui
font foumifes, ce qui le fuppofe Propriétaire de la riviere ; au
lieu que l ’alternative oppofée jetteroit le plus grand embarras
dans la Société 6c dans le commerce, parce que ces mêmes
ifles font expofées à être ou emportées ou jointes au conti
nent le plus voifin , d’où naîtroient journellement des conteftations 6t des conféquences toutes plus extraordinaires, 6c
on ofe le dire, plus ridicules l ’une que l ’autre: 30. enfin que
cette branche occidentale , telle qu’elle eft décrite , dût refter
au même Propriétaire que le refte de la riviere , à moins qu’il
n’y ait une ceiïion exprefîe & formelle en faveur d’un autre..
Et comment dans ce cas-ci pourroit-on prétendre en trouver
en faveur d’Alphonfe , tandis que le Rhône n’eft feulement
pas nommé dans le lot qui le concerne ? T o u t cela eft (1 clair
6c fi aifé à découvrir, qu’on eft prefque honteux d’y avoir tant
infifté ; ôt ce n’eft ni fans raifon ni fans examen que l ’Hiftoriea de Provence a dit que tout le Comté de ce nom , avec
le fleuve du Rhône inclusivement, fit la portion de Raimond
Eeranger.
L’ufage des tems qui fuivirent ce traité : ufage qu^
peut feul manifefter. l’intention des Parties contractantes %
�85
n’efl favorable qu’à ce dernier Prince. O n peut fe rappeller
M é m . p . l e s preuves qu’en a fournies la Proven ce, qui font reliées
fans réponfe de la part du Languedoc , êc qu’on auroit pu
fortifier par une nouvelle production , fi leur nombre &. le
filence des Adverfaires ne les déclaroient fuffilantes. L a plu
part de ces a£tes de propriété qu’on a fait valoir ont été
exercés fous les yeux &. quelquefois du confentement ôc
pour l’intérêt des Comtes de Tcuioufe. L e Languedoc l'a
p.s7. *?. fen ti, puifqu’il s’efi réduit adiré qu’ au pis-aller on ne pouvait
rien conclure de ce traité contre la Couronne qui n'y étoit point
intervenue, qui n avoit jamais cédé fes droits fur le fleuve en
queflion , & qui avoit toujours été à portée de les exercer par
elle même ou par fes Vaflaux >puijqu’elle avoit confervé le haut
empire & les droits de Jureraineté Jur tous les Pays baignés par
la rive droite du Rhône &■ fur le. Rhône même.
O n l ’a déjà d it, & on ne craint pas de le répéter, la C o u
ronne avoit des droits très-réels fur le R hône depuis 336
qu’elle fut en polfefiion de la Provence: elle les a conftamment exercés par les mains de ceux de fes Princes qui régnè
rent fur la Provence , jufqu’à ce que cette Province lui fut
enlevée avec toutes fes dépendances par Eofon ôc fes fucceffeurs. Alors elle perdit de fait l’ufage ôc l’exercice de fou
autorité, q u elle conferva toujours de droit. Mais comme au
tems du traité dont nous parlons , elle n’en exerçoit aucune,
toute intervention ou ceffion de fa part eût été regardée
comme fort inutile ; & d’autant plus que ne tenant dans fa
main aucun des Domaines qui lui appartenoient à la droite du
R h ô n e , fi elle avoit eu des droits à exercer, ce n’ auroit pu
être que par fes V affau x: elle n’en avoit point d’autre dans
la partie contentieufe que les Comtes de Touloufe ; ôc fi le lit
&. les ifles du Rhône euffent fait partie des Domaines qu’elle
�. s ?
leur avoît inféodés, ils auroient eu le plus grand intérêt ôt le
plus grand droit à les réclam er, fans qu’on pût leur rien
■ oppofer ; non-feulement ils ne les réclamèrent ni à ce titre ni
à aucun autre, mais perfonne alors ne put imaginer que celuilà pût leur être de quelque u tilité , puifque tout le monde
fçavoit qu’^ rge 72ce , ce terrein qui dans la partie contentieufe
longeoit le Rhône à fa droite, n’étoit pas
même F ie f de
la Couronne de France. Nous en avons allez dit dans la
première partie de ce Mémoire , pour n’être pas obligés d’en
répéter les preuves. S’il y a quelque chofe à ajouter , ce fera
dans l ’article particulier que le Languedoc a jugé à propos
de faire pour ce canton-là : & s’il faifoit toujours partie du
même Etat que la rive gauche du fleuve, s’il relevoit du
même Suzerain qui étoit alors l ’Empereur , comment ne pas
convenir que le Rhône couloit fous la même domination , ôc
comment avancer, fans aucune preuve de fa it, que la Cou
ronne de France avoit confervé le haut empire G les droits de
fu^eraineté fur tous les Pays baignés par la rive droite du Rhône
G fur le Rhône même ? L e Mémoire du Languedoc annonce
trop d’intelligence Ôt trop de talent, pour qu’on puifle fe
perfuader que 1 intérêt de fa caufe ait pû lui faire illuflon
à ce point - là.
II
.
C
a m a r g u e
.
T o u t ce qu’on a renfermé dans cet article fe réduit à dire, r.«m.p. st&fuiv.
que par la maniéré dont le traité fut rédigé , ïifle de Camargue
G la grande brajfiere du Rhône qui coule entre cette ijle G la
terre jerme de Provence, fe trouvent comprifes dans le lot cédé
par sllphonfe au Comte de Barcelone , mais que Ceji la première
fois que le fort de la Camargue parcît être déterminé par un
�88
monument autentiquè : : 1 & que la Couronne de Trance, dont
les droits font imprescriptibles, fut privée par cet acte de
Vexercïce de fon autorité légitime fur la grande brajfiere dufleuve
& fur la Camargue.
Il y a tout lieu de douter que le Languedoc n’ ait pas fenti
l ’influence que fon raifonnement par rapport à l’ ifle de Camar
gue , doit avoir fu ries ifles fupérieures à celle-ci; elles fe
trouvent également renfermées ôt limitées par la branche occi
dentale du Rhône qui eft feule décrite ôt déflgnée dans le
traité ; & on ne peut appliquer aucune conféquence à l’une ,
q u elle ne tombe également fur les autres ; mais c’eft une
raifon que nous avons déjà fait valoir, ôc fur laquelle on n’inflftera pas ici ; on eft feulement obligé de le remarquer, pour
faire voir non qu’il tombe dans une contradi&ion à cet égard,
elle eft trop feniible pour qu’ il ne fuflife pas de la relever,
mais d’où part la néceflité de cette contradiction. Il a vû la Pro
vence en pofleflion de la Camargue , & il a cru rendre le titre
de cette pofleflion nul ôt abutif, en avançant qu'il ne droit fon
origine que du traité de u q . L oin de dire que c’eft-là le
premier monument autentique qui la lui adjuge,nous ne craignons
pas d’affurer qu’il n’y en a aucun d’où on puifle inferer le
contraire. L a Provence avoit négligé d’en produire, parce
qu’elle ne croyoit pas qu’on pouffât l ’incrédulité jufqu’à paroitre en douter. O n la force donc de juftifler un fait que le
Languedoc étoit feul capable d’attaquer. Dans le nombre des
preuves q u elle pourroit produire , elle fe bornera aux terns
qui fe- font écoulés entre l’ ufurpation de Bofon , ou plutôt
celles de Hugues ôc de Rodolphe , ôt l’époque du traité de par
tage , pour faire voir qu’au tems de ce traité , la Camargue ne
reconnoiffoit d'autres Maîtres que les Comtes de Provence.
On pourra fe rappeller que dès le q.c. flé c le , la V ille d'Arles
étoit
�, .
«9
etoir comme double , & qu’il y en avoir une partie bâtie
dans cette même ille de Camargue , qu’on voudroit difputer à
la Provence; il feroit aifé de montrer qu’elle en a conftamment dépendu depuis cette époque; mais comme la préfomption efi totale en faveur de ce fentiment, jufqu’à ce qu’on ait
montré le contraire, ce qu’il eft impoffible de faire, il fuffira
de le prouver pour les deux fiécles qui ont précédé immédia
tement le traité de l ’an i i 2 j : d’où réfultera la faufifeté de ce
que l ’on a ofé avancer. Comme cette preuve n’entraîne aucune
difcuifion , on fe contentera de produire les titres, fuivant leur
ordre chronologique.
Donation à l’Eglife d’Arles de quelques Domaines fi tués
dans le Comté d’Arles en Pille de Camargue , & au quartier dit
de la Correge, du ip Mars , la feiziéme année du régné de Ro
dolphe , ce qui revient à l'an 1008.
Sunt ipfas res in comitaîu Arelatenfe in infula Camarias in
Corrigia quee nommant ad regno. . . . laCla carta . . . . in Arelat.
civitate , publicè , in menfe Mart. x 1 1 11 kL. Apt. anno x v i ,
régnante Rodulpho Rege Alamannorum ftuProvinciarum.
Au mois de Mais 1048, Raimbaud, Archevêque d'Arles,
Cartiiî. de l’EgJîfe
d Arles» fol. 33 v.
Ibid. fol. to verf.
V . G a il Chrifi. t. 3 •
fait donation de quelques-unes de fes propriétés fituées à
Mejanes en Camargue dans le Comté d'Arles.
Au mois de Février 1061 , le même Raimbaud ôt Foulques
fbn frere, l’un & l ’autre proches parens des Vicomtes de Mar.
feiile, donnent à l ’Eglife d'Arles celle de Notre-Dam e delà
Mer , fituée dans le Comté d'Arles.
coli. i 150. E.
Aliquid de nojlris Beneficiis, quœ jacent in comitatu Arelat. Gr
in infula Camarica. Hoc e jl, Ecclefiam Sandtz Marice de Ratif
Fada ejl carta ifnus donationis in menfe Tebruario, régnante lien-
Hift. mflC Mont.
Major, ad banc arm.
rïco Rege anno Incarnat, ml x i .
V . Gall. Cbrift, t. r,
col. 53 i , C.
jb i l & Gall.Cbrift»
Peu de terns après, BertrandII. Comte de Provence, fa
M
tom. 1 , inftr. p. ptf»
k.
X.
�Aid. Sc Hift.
t:
555 > & H i f t . M on t.
M a or, où l’ aâe cft
rappoité en entier.
Ces deux B ulles
fo n t rapportées t n
entier dans la même
H iü o ire ,
mere Etiennete, 6c fa femme Mathilde défemparerent par un
a£te fans date le même lieu à la même Eglife , dont l’Arche
vêque Æcardus, fucceffeur immédiat de Raimbaui, conjointe
ment avec fes Chanoines , en fit préfent par un autre a£te fans
date à l’Abbaye de Montmajour qui en reçut la confirmation de
plufieurs Papes, 6c entr’autres de Pafcal II. en 1114., 6c de
Calixte II. en 1123 ; dans l’une ôt l’autre de ces Bulles , le lieu
de Notre - Dame de la Mer eft dit être fitué dans le Comté
d'Arles , in comitatu Arelatenfi Ecclefiam SanElœ Maries de
Mare.
On doit donc regarder comme inconteftable , qu’au tems
du traité de l’an 11 2 j , 6c antérieurement à ce traité, la Camar
gue étoit comme le refte de la Provence , foumife aux Comtes
de ce nom , ôc que l’arrangement qui réfulta de ce traité fut
tout (impie 6c conforme à l’ufage du tems ; 6c delà, que devient
toutlefiftêm e du Languedoc? Il devoit s’attendre qu’il feroit
aifé d’en fapper les fondemens , 6c que dès-lors il s’écrouleroit
en entier.
P 'a u t-il le fuivre de nouveau dans les raifonnemens qu’il
répété en cet endroit, pour enlever le Rhône à la Provence,
êc qu’on croit avoir détruits? O n n’en relevera qu’un ; c’eft
l ’abus manifefte qu’il f a it, non d’un aveu arraché aux Etats
de Provence , mais d’une déclaration expreffe faite de leur part,,
que jamais le Pape ni les Habitans du Comtat n’ont eu aucun
droit furie R h ô n e , pour en tirer la même conféquence pour
la partie du Rhône inférieure à la Durence. Mais cette déclara
tion n’a été faite 6c prouvée que pour les tems poftérieurs
à l’an 1 2 7 4 ,6c rélativement aux arrangemens qu’on prit alors ;
6c l’on n’eft pas fondé à l’appliquer à des tems antérieurs. Le
nom du Pape ou de fa Sainteté qui fe trouve dans la phrafe,
devoit fuftifamment indiquer qu’on ne devoit pas la remonter
�jpl
au - delà du tems où cette Puiffance a été en pofleflîon du
Pays.
Il réfulte de tout cela, que les droits anciens de la Couronne
de France fur le bras oriental ôc occidental du R hône, ôc fur
la Camargue, ne furent pas plus léfés par le traité de l’an 11 ?. j ,
que ceux qu’elle avoit fur le reffe de la Provence, puifqu’on
difpofa également de Domaines qui dévoient lui appartenir ,
mais fur lefquels elle n’exerçoit alors aucune autorité. Si dans
la fuite nos Rois par égard pour les Princes de leur Maifon ,
qui étoient devenus Comtes de Provence, ont bien voulu
lailfer fubliiler une poffeflion abufive, cette condefcendance
faite pour le Prince, ôc indifférente aux Sujets , ne doit s’ap
pliquer qu’à la totalité de l ’E tat, Ôc non à une de fes parties ,
comme onvoudroit le faire croire ici.
Les Etats de Provence conviennent cependant, que parmi Exam.p.93,
les titres qu’ils ont produits, il y en a plufieurs qui regardent
la grande brafliere du Rhône , ôc ils ne pouvoient s’en difpenfer. L e Languedoc annonce des prétentions fi étendues, qu’il
faut l ’arrêter de toute part aujourd’h u i, même où il déclare
n’en avoir aucune fur cette brafTiere ; comme il ne fonde fon
déiiftement que fur le traité de l’an 1 i2y , il eft bon qu’on lui
ait montré que l’Archevêque d'Arles y jouiffoit du droit d’at
tache , plus de 200 ans avant cette époque , ôc qu’il en jouif
foit par la concedion d’un Prince qui ne regnoit que fur la
Provence ôc fur les cantons qui en dépendoient à la droite du
Rhône. Mais fous le prétexte que cette brafliere n’efl pas dis
putée , il ne faut pas y comprendre beaucoup de lieux qui n’y
font pas fitués , ôc qu’il faut chercher ou dans celle qui paffe
à Fourgues ôcà Saint Gilles , ou dans la partie fupérieure , tels
que les péages du Baron de Tarafccn , ôc les bacs de Fourgues ,
de Saint Gilles ôc de Confolde. L ’autorité confiante que les
Mi>
�P2
Souverains de Provence, où leurs grands Vaffaux y ont exer
cée , eft une preuve inconteftable de leur poffdTion , 6c c’eft-là
ce qu’il nefaut jamais perdre de m e , non une vaine déclamation
qui n’a aucun fondement dans l’hiftoire , ôc qui n’a été didée
que par la néceftité de défendre une Caufe defefperée par
toute forte de moyens.
III. A A GE NC E .
. Exam. p. 95.
Les Etats de Provence ont regardé Urgence comme cornprife dans le partage de la Terre de Provence. Le Languedoc
le nie, 6c fe fonde fur ce que ce canton eft nommé à part de la
Terre. Enfuite au lieu de travailler à demêler le droit de chaque
prétendant, il ne cherche qu’à augmenter le cahos qui le
couvre , pour pouvoir ajouter cette phrafe à la Hn : tant il ejî
vrai que le fort de ces droits illégitimes qui n'ont d’ autre origine
Cf de fondement que l’ufurpation , ejl de nepréfenter rien defixe Cf
d.e fuivi.
Alfurément on ne devoit pas s’attendre à trouver ce prin
cipe par rapporta Argence} dans un Mémoire du Languedoc ;
car s il y a une ufurpation prouvée, c’eft celle de ce canton
par les Comtes d eTouloufe, puifqu’on a là-delfus les aveux
H;:t a-T.?nç. r.:, les *plus formels de leur part en 1070 ôc en 110c; le dernier
p r- n. î f l &’ 340 ,
pag.177 &?«j . furtout contient des détails qui annoncent une ame tourelée
des injuftices manifeftes qu’elle fe reprochoit ; 6c s’il y a de
l ’embaras ,c e n’eft pas àreconnoître le véritable Propriétaire,
mais uniquement à découvrir quand les Comtes de Touloufe
Eiam. p. «s.
s’en emparerent. On nejçait comment, dit avec vérité le Rédac
teur du M ém oire, 6c nous nous empreflons de lui rendre cette
)uftice quand il la mérite : une récapitulation fuccinte du fort
à’ Argence, depuis les premiers Mémoires qu’on peut avoir
�fur ce canton-là, achèvera de nous éclairer fur le parti qu’il
faut prendre.
31 eft prouvé x°. qu’au fixiéme fiécle , & fans doute avant,
Ugernum & tout ce canton qui prit depuis le nom d’urgence,
étoit compris dans la Province civile ou Comté d'Arles ;
2°. qu’au commencement du neuvième fiécle, la propriété
de ce canton fut cédée à l'Fgiife d'Arles par Leïbulfe , Comte
de la même V ille, qui vraifemblablement ne le pofledoit que
de Lang. t. » .
comme dépendance de fon Comté , ex beneficio videlicet fiuo , pr.H ift.
n.
. p. <S3>
p o rte la tte de confirmation qu’il reçut de l ’Empereur; ce qui
a fait que les Hiftoriens de Languedoc parlant de cet événe
Ibid. H ift. t. 9i
ment , ont dit que Leïbulfe pofiedoit ces Terres en Bénéfice, § . l o i , p . 4 S I 6c ont foufligné ce dernier m ot; ôc ce n’ell pas la feule fois t
H ift. L .
pour le dire en pafiant, qu’ils ont reconnu que la Provence IOV, .$.Ibid.
24 , 14 , p .
541. 1.. 14 ,
embrafloit les deux rives du R h ô n e , quoique le Languedoc 4i J(S,
, t. 2, p. 178 , not.
. §■ < 9, pag. SS9
veuille infinuer, fans ofer l’articuler précifém ent, qu’ils n’ont 14
£7 a lib i.
reconnu que la dépendance fpirituclle d’Argence ; j°. que
depuis cette époque comme avant, jufqua celle du traité de
partage, le même canton a toujours été déligné comme fai'
fant partie du Comté ou territoire d'Arles , incomitatu , in pago■■
§ .
Arelatenfe.
Voilà tout ce que les Etats de Provence ont avancé, 6c ils
n’ont pas eu tort d’en conclure, que le Rhône qui étoit alors
renfermé dans ces limites , devoir faire portion de leur terri
toire. Cependant à entendre le Langnedoc, ils n’ont tiré cette
conféquence que de ce qu 'Argence appartenoit aux Arche
vêques d'Arles ; on le délie de montrer un feul endroit où ils
ayent fait de cette polfeilion feule, le fondement de leur
défenfe. E t qu’importe après tout dans une queûion de la na
ture de celle qui nous divife, quelque fut le Propriétaire d’Ar
gence , dès que la pofition de ce canton eft conftammcnt en.
�£icam.p.9S.
P ro ven ce, ôc que les limites G* les mouvances des Fiefs ne fe
confondaient pas ?
En e ffe t, on en retrouve les traces jufqu’au tems où ce
canton poiïedé par les Rois de France , ne conferva plus
aucune dépendance féodale. Sans parler des hommages que
les Comtes de Touloufe en ont rendus aux Archevêques
Voy. ibi.t. Hift. T-.1 d'Arles , tranfportons-nous à l ’an 121 y , où Raimond NI. fut
2. 77 . t. 1 j P>
$ .57dépouillé de tous fes Etats par le Concile de Montpellier qui
les donna à Simon de AI ontfort. Celui-ci obtint l ’année fuivante,
ibid. pr. n. 1 2 0 , c j e Philippe Augufle qui regnoit en France, l ’inveftiture du
Duché de Narbonne ôc du Com té de Touloufe ; 6t il avoit
déjà acquis les droits de Bernard Atton fur la Vicom té de
,?■ Nîmes, qui depuis près de 30 ans étoit réunie aux Etats du
& 17s-
* C o m te, ôc qui auroit pu feule lui donner quelque droit fur
le Rhône parle voifinage. Cependant la réunion de tous ces
titres ne lui donna aucun droit fur Argence ; il fallut que l’Ar;>
t. 11 »chevcque d'Arles la lui inféodât le 30 de Janvier de l’an 121 <
G M . Chrijt.
inftr. n. 23 > P- 100
ôc qu’il payât cette complaifance ou cette injuftice, d’une
fomme de 1400 marcs d’argent , ôc fous l’obligation d’un
cens confidérable.
O n eut foin de ftipuler dans cet a£te l’agrément du Pape ,
ôc les fuites firent voir combien cette claufe étoit néceffaire.
Raimond F I. dépouillé de tous fes Etats , crut devoir recourir
à la clémence du Souverain Pontife qui fe trouva inéxorable
pour le pere ; mais lorlque le fils fut prendre congé de l u i , le
S. Pere fléchi par fes follicitations , lui dit en propres termes ;
H ift- J e L an g . t. 3
> Je vous donne le Comté Nenaijfmavec toutes fes dépendances, la.
Provence & Eeaucaire pour pourvoir à votre entretien. En voyant
Bcaucaire fuivre le fort du Comté Nenaïjfiti, ôc du Marquifat
de Provence, n’efl il pas clair qu’il en étoit encore regardé
comme un membre ôc une dépendance ? Car fans cela il n au
roit pas été compris dans l’abandon du refte.
�9$
L a même conféquence réfulte encore d’un autre arrange
ment qui fui vit peu d’années après {a). L e premier de Juin
1 2 2 5 , les Officiers du Com te de Touloufe, chargés de la
garde du Marquifat de Provence , engagèrent à la V ille d’Avignon le Pays de f^enaijfin Ôc Ecaucaire avec toutes leurs
dépendances. Auffi ce n’eft pas fans raifon que Gervais de Til
bury , Auteur du tems ôc du P a ys, dont les connoifiances en
fait d’hiftoire & de géographie, font reconnues de tous les
Critiques , dit à deux fois que Beaucaire efl fitué dans le
Royaum e ôc dans la Province d'Arles, ôc qu’il appelle fes
Habitans Provençaux. Enfin , la conduite de Saint Louis ,
devenu Propriétaire d’Argence par la ceffion ou l’abandon du
Comte de Tculoufe, démontre que ce canton n’avoit jamais
été enclavé, ni dans le Comté de Touloufe , ni dans aucune de
fes dépendances ; car alors il eût relevé de la Couronne, au
moins en dernier reffort, ôc le R o i n’auroit jamais été tenu
à un hommage qu’il eût fallu lui rapportera lui-même : cepen
dant , Saint Louis reconnut qu’il étoit dû, ôc qu’il feroit rendu
à l ’avenir par tout autre Tenancier que lu i; qu’il n’en étoit
difpenfé que par fa qualité, ôc qu’il falloit un dédommage
ment à l ’Archevêque d'Arles , dédommagement qui fut réglé
en même-tems, ôc qui a toujours été acquité depuis (b).
Mais pourquoi chercher dans des aveux étrangers , la
preuve qu’Argence étoit F ie f de l’Empire, ôc par conféquent
compris dans la Provence, puifquenous avons celui-même du
Défenfeurdu Languedoc ? Entraîné par la force d’une vérité
(a ) Hiftoire de Languedoc-, t. 3 , pr. n. 169 , pag-.'3o8. Les qualités de ces
Officiers ne fo n t pas fpécifices dans l’a f le , on ne les leur donne que d’après les
Hifloriens de Languedoc. Ibid. L . 24 , § . 11 , pag. 35/1.
( £ ) Mémoire, p. 48. Il efl à remarquer que S. Louis ne donne à TA relie vêque
d’Arles que la qualité de DileSius 8c non point celle de Fidslis , parce qu’il
tt’étoit ni Ton Sujet ni lbn VaiTaL
Voy. ibld. t. ii, nor.
§-3> P- $93, C7V*L
yey. Franc. 1. z-, . p*
50J.
Script. Frunf. r. 2 ...
P. 991 , 995 >
�9* .
qu'il n'a pas pu obfcurcir : apres avoir dit que c ’étoit un F ie f
Exam. p. 9?-
d e l ’Egüfe d’A rle s, il lui eft échappé de dire que les deux
Princes contraelans dans le traité de î i a j , avaient eu peu.
d’égards peur les droits de leur co - Teuiaiairt de l Empire l A r
chevêque , Comte £ Arles. Convenons, li l’on v e u t , de ce peu
d’e'gards ; convenons encore qu’il feroit fort difficile aujourdliui d’affigner au jufte ce qui appartenoit à chacune de ces
trois perfonnes \ Argence, ou ce que chacune d’elle y rcclaHjoit ; mais convenons que c cd la feule obfcurité qu’il y ait
dans ce point d hiftoire , 6c qu’il ceffe de nous intéreffer , dès
qu’il eft confiant d’ailleurs que ce canton étoit alors reconnu
pour être du territoire de Provence.
I l l ’eft par le traité même , quand même il n’auroit pas été
compris dans l’objet du partage. Il fe peut que le Comte de
Provence voyant celui d eT ou lou fe enlever à un tiers Poffeffeur , un Domaine , qui quoique de Provence n’avoit
jamais appartenu ni à l ’un ni à l’autre , eût voulu lui en ravir
une portion, fauf à en faire enfuite lui* même hommage à
l ’Archevêque d’Arles ; & alors l’abandon qu'il lui eu fit en
i ïa y , doit être appellé reftitution & non partage ; mais quel
que nom qu’on lui donne, il n’en eft pas moins vrai qu’Argence
fut lubftitué au Com te de Barcelonne , comme le Marquifat de
P rovence, dans le cas où Alphonfe mourroit fans enfans ; Cyfi
Ibid. p. 9
obieroJine infante de uxore propriâ dit cedernier Prince à l'autre,
totum quod fuperius diCtum eft, vobis prœfcriptis ,Jine omni dilaîione , dimitümus , laxamus atque conceàimus. L e Défenfeur du
Languedoc voudroit reftraindre la fubltitution à la mouvance
des Domaines de Beautaire, que le Comte de Tculouje avoit
inféodés à Aimeri de Narbonne , ôc celui-ci à Bernai d d'Andufe ]
mais il eft clair que c’eft ici une claufe particulière , qui loin
de déroger à la claufe générale , montre au contraire qu’Ar
gence
�gence ctoit compris dans ce totum quoi fuperius diÛwn efl,
& que ce fut feulement une marque de bonté êc de faveur,
que le Souverain voulut donner à des Va (Taux auffi diftingués,
en leur afiurant à tout événement les Domaines qu’il leur
avoir cédés ; c ’d l comme s’il eût die au Comte de Provence :
fi je meurs fans enfans , vous vous mettrez enpoflejfion d'urgence
fans aucune formalité> Sa alors vous maintiendrez les inféodations
que j]y ai faites. Comment le Comte de Provence auroit-il pû
maintenir ces inféodations, s il n’eût pas écé lui-même à la
5c fous quelle appa
place du Souverain ? E t en vertu de qu oi, <
rence de fondement l ’auroît on mis à cette place- là , s’il n’avoit
été généralement reconnu qu’Argencc étoit du territoire de
Provence ? Qualification qui fuppofe toujours que le Rhône
qui couloit entre deux, ne pouvoir être que du même territoire.
I V . Portion des Diccèfes d'Avignon (y de Valence.
V oici encore le prétendu aveu des Etats de Provence , que
jamais les Habitans du Comtat n ont eu aucun droit fur le Rhône ,
qui revient fur la feene. Il cft inutile de repeter que cet aveu
ne regarde que les tems poflérieurs à la ceftion du même Pays,
faitepar nos Rois aux Papes en 1274 , qu’il s’y rapporte uni
quement, & que pour en faire l ’application à des tems anté
rieurs, il faudroit en fournir des preuves. L e Défenfeur du
Languedoc annonce qu’il pourroit en produire une infinité ;
cependant il fe borne au filence de l ’a&e , pour démontrer que
les cantons défignés dans le titre n’étoient pas Provençaux ,
c ’eff à-dire , ni du R oyau m e, ni du Domaine de Provence.
Cependant, ce n'e'toit pas fans examen qu’on avoit avancé
dans le Mémoire delà Provence, qu’ils avoient été abandonnés
au Comte de Touloufe par le traité de l’an l i â t . L ’aête n’en
N
Exair. p.
99-
�$8
dit rien à la vérité ; mais d’une part, on les v o y o it, antérieu
rement au traité, compris dans l ’étendue civile des memes
V illes dont iis dépendoient pour le fpirituel ; de l ’autre, on les
voit poftérieurement fournis à la domination des Comtes de
Touloufe, fans qu’on voye d’autre titre ou événement qui ait
pû les en mettre en polfeilion. On a donc eu raifon de conclure
quec’étoit en vertu de ce traité ; ôc le filence de l'ade ne nuit
pas à cette explication , puifqu’ctant renfermés dans les limites
du Pays adjugé à ces Princes , il étoit inutile de les défigner
en particulier.
Il eft vrai que la chofe étant comme étrangère à la queflion
préfente , les Etats de Provence avoient lupprime les preuves
fur lefquelles ils fondoient leur raifonnement, pour ne pas
allonger un Mémoire qui n’eft déjà que trop long ; aujourd’hui
qu’on ahufe de cette condefcendance , elle n’arrêtera plus : 6c
toujours par le même m o tif, on fe bornera feulement pour
les tems antérieurs au traité , à ceux qui fe font écoulés entre
ce mente traité fie les ufurpations de Eofon ôc d'Hugues , en
affûtant que ce n’eft-là que la continuation d’un ufage auffi
ancien que les premiers Mémoires que nous avons fur ces
Provinces , ôc dont il feroit aifé de fournir la preuve fi elle
• étoit difputée. Nous croyons aufii qu’on nous difpenfera de
donner celle des Comtes de Tculoufe dans les tems poûérieurs
au traité : c’eft un point convenu entre les Parties. Nous allons
difeuter chaque canton féparément, en commençant par le
fupérieur, ou celui de Valence.
L es lieux de Soyon ôc de Cornas , fitués à la droite du Pvhône,
font dits être dans le Pagus ou territoire de Valence, ôc appartenoient au Comte de la même V ille , fuivant un aéte daté du
régné de Conrad le Pacifique.
£fl;cn.*rt;q.Bc»e<r.
Geylinus Cernes. . . . dédit Monajlcrio Sancli Pétri Santtique
\
�99
7'hçcfredi ( Saint Chaffre ) i/z pago Valentinenfi, in Vicarici Sub-
Hift. deUng- '• *'
not. i s ,
§•
11 > ” *
dwnenfe.) in aice de [Alla quee dicïtur Cornatis, colonicam unam sS3‘
G'c. üoam 11. K al. Julii,feria 11. régnants Conrado Iiege.
V . Gall.Cnrlp. t
E t en effet, ce fut ce Prince qui confirma au même Ivlonaf- irftr. n. j s . c o i . it<*
z6 i *
t e r e , les donations que le Comte Geilin lui avoit faites dans
les Comtés de Valence & de Die.
Quelques années après, la huitième du régné de Rodolphe
le Faimant, ou l ’an ic o i j un Seigneur nomméLéotard, donna
V . H ift. deLafigà la même Abbaye quatre Métairies fituées aufll à Cornas: l.IJ , § .3«>
preuve que Rodolphe III. qui fuccéàaen 993 à Conrad le Pacifique p-Ii0fonpere, dans le Royaume de Bourgogne & de Provence, fut
reconnu dans la partie du Valenûncis qui ejl en-deça du Rhône,
& qui dépend aujourd'hui du Vivarais, difent en propres termes
à cette occafion les Hifloriens du Languedoc.
Vers l'an 1043, un autre Geilin , suffi Comte de Ralenti/, ois, me. §. ?*>p ;5+
donna à la même Abbaye l’Eglife de Saint Barthélémy y fituée
dans la partie du Diocèfe de V.aknce , qui eft à la droite du
I l lie ne, (a) régnant le R oi Henry: donc fon Com té ou fes
Domaines s'étendoient encore de ce coté-là.
Ce qui vient d’être prouvé pour le D iocèfe de Valence, va
( a) Les Hiftoéjens ce Languedoc croyent pouvoir appliquer ce nom à Henry I.
fils du Roi Robert qui régnait en France depuis Fan 1031 , & lui adjuger la partie
du Valennnois dont il eft ici queiiion , par ia raifon que s’il Le fut agi d’Henry fils
de Conrad, on lui auroit donné la qualité à'Empereur ; mais outre qui! eit plus
naturel de fuppofêr qu’Henry fils de Conrad hérita de tous les Pays iur idqutis avoit
régné Rodolphe III. ; ces Ecrivains auroient dû 1er.tir d’eux-memes la foiblefle ce
leur objection, pailqu’ils ont publié une donation faite par Bertrand I. Comte de
Prov ence à l’Abbaye de é>'. ! iBor de Marfeille anno intarn. Dom. M XL 1V. Hmrico
liege rgznante ,ïbul. pr. n. 1S4, p. 1 1 0 . V . Gall. Ckrijift 1. wjlr. n. 3 , p, 64.
lo in que cette formule foit unique, on peut dire que c'eft la plus commune,
Marten, coil
ampl. 1.
1 . 11 , p. 409
403 , 41*
4 1 1 ,> 44<.
441. tant.
haut. tajt.
hiJL a/lvvn.
d’A iy n . parc z , l.
1. 1 ,
yCVv . marte
toit, arnyi.
c- 4 , F . 4 i , C e .) &. rarement donnoit-on à H.nry , dans ies axes palliés en PP r o Yence, la qualité d’Empereur, ‘qui n’étoit pas le titre en vertu duquel il1regnoit fur
le, Pays.
Vai
. D't :Heurs leur objeâioh ne „porte .point fur l’étendue du Comté
_ — é de Vcdennnois qui eft détermine e par la petfoane du Donateur, & fait la preuve ia plus forte
dans la caufe que nous défendons.
N
>•; 1' V>, »'
�TOO
l ’être encore plus positivement pour celui d'Avignon , toujours
dans la même époque, c ’eft-à-dire, depuis le régné de Ro
dolphe I I jufqu’à l'an ! 127.
Ruffilefi!s, dîifer.
En 985 , Guillàume I. Comte de Provence , fait une dona-
x , §. i î , p .
16
.
.
.
,
tion au Monadere de Saint André de Villeneuve , fitué dans le
Com té d'Avignon , Monajlerio Sancli Andréa, in comitatu
Avenionenfe.
spv.t. 3, p. i»t,/ En 1006 , Hüdebert, Evêque d'Avignon, donne au même
xoi. sus. J
Monadere 1 Eglile de Saint Pierre de Liron , fituée dans le
Comté d'Avignon, Ecclefiam Saniti Pétri quæ ejl in comitatu
Avenionenfe, in Aleriaco monte.
En 10 19 , Gerberge , veuve de Guillaume II.
RufK uhi g p . §. us,
D i l*
Comte de Pro
& fes quatre enfans , donnent au même Monadere la
qui ed autour du Mont Andaon, fur lequel il ed bâti ;
vence
plaine
ejl autem ijlud territorium ad radicem Montium ipfius Monaflerv.Kî/l, cte T.arg. t. x,
p r. n . 300 & 3.31, p .
3*4 & 471.
Cet aâe doit fervir à en expliquer deux des années 1088 ôc
1 1 35, par lefqucls Raimond de Saint Gilles Sc Alfonfe fon (ils ,
Comte de Touloufe , & Marquis de Provence , confirment la
Montagne Andaon au même Monadere , ainfi que leurs prédéceiïaus l ’avoient donné , [tout anteceffores nojlri donaverunt.
T?> Ç-1.9, ibid.
D e cette expreflion , les Hidoriens de Languedoc veulent
T- *34 > -'SS.
conclure que les Comtes de Touloufe ont été les Fondateurs
ou les Reftaurateurs de l’Abbaye de S. André, & de - là qu’ils
dominoientle long du Rhône dans la partie orientale du Lan
gu ed o c, longtems avant qu’ils fuffent en poffedion du Marquifat de Provence : mais n’ed elle pas applicable aux Comtes
de Provence comme aux Comtes de Touloufe , puifque Rai
mond de Saint Gilles étoit également le fucceifeur des uns ôc
des autres ? Il paroît même qu’on doit l’appliquer aux pre
miers
j
car
fi
Raimond eût voulu parler des autres, il les auroit
vraifemblablemenc délignés par le mot d’ancêtres,progenitores,
�loi
comme il le fait a l ’égard de Saint Pons deThomieres. T a ille u rs, A H;fl_<îc,,
vouloir regarder les Comtes de T ouloufe comme Fondateurs ^ i,r- »• ***> pdu Monaftere de Saint A ndré, c’ell contredire formellement
un monument refpetlable du mois de Février 999 , publié
par 1 s mêmes Hiftoriens , ôc où, il eft dit politivement que la
montagne Andaon étoit venue au Monaftere de Saint André
par un échange fait avec plufieurs perfonnes qui y font nom
mées , & dont aucune ne portoit les mêmes noms que les
Yjid' n. I3 +'< P 1
’SS> 15«.
Comtes de Provence ôt de Touloufe , antérieurs à cette
année-là. Et il eft à remarquer que Raimond de Sai?:t Gilles , &
Alphonfe fon fils, prennent dans les deux actes dont il eft ici
queftion , le titre de Marquis de Provence, qu'ils fe donnoient
toujours dans les actes relatifs à cette Province, au lieu
qu’ils le prenoient très - rarement dans les chartes qu’ils fai- ,r ...
foient expédier pour leurs autres Etats , ôt enfin que celui de it£>
1088 fut fcellé en plom b, ôt que fuivant la remarque des Hif- p';, Eoé.m . *c
toriens de Languedoc , les Comtes de Touloufe fe fervircnt
de Iceaux de plomb dans tous les aôles qu ils firent expédier
AdJ.aut. î i
6so.
pour le Marquifat de Provence, à la différence des autres tqui furent également fcellés en cire : d’où il réfulte que
Raimond de Saint Gilles regardoit le Monaftere de Saint A i àré
comme une dépendance du Marquifat de Provence, ôt que
les aétes qu’on voudroit nous oppofer, fervent encore à le
confirmer: êc cela eft fi v ra i, qu’une Bulle à'Urbain IL donnée
à la réquifition de ce Prince le 22 de ju ille t l ’an î c g t j , eft
datée $ Avignon dans le Monaftere de Saint André. Certainement
o n n ’auroit pas confondu ce .Monaftere avec la V ille à' Avignon,
s’il eût dépendu d’une autre V ille ôt d’une autre Province :
& les Etats de Provence n’ont pas eu tort de regarder les
portions des Diocèfes de Valence ôt d’Avignon qui font à la
droite du. R h ô n e , comme des dépendances du Marquifat de;
f,.d
3+j.
n> *»
�t02
Provence , qui furent ddlaiffees à la Maifon d e T o u lo u fe par
le traité de l ’an 1127 , ôc d’avancer que fi on n’en fit pas
mention expreffedans le traité, c’eft qu’elles dévoient fuivre le
fort des autres cantons fitués comme elles entre l'ifere ôc la
Durence qui dévoient fervir de limites aux pofleliions des
Comtes de Touloufe.
Exjtn. p. i c o , i c i ;
V.
V a l a b r z g u
ns .
Les Etats de Provence perfiftent à croire que cette ifle du
Rhône faifoit portion du Domaine de Provence ; qu’elle
entra en cette qualité dans le traité de partage de l ’an 1 1 2 5 ,
Ôc qu’011 n'y en fît mention expreffe , que parce qu elle ne
fuivoit pas le fort des autres ifl.es du fleuve. L e Défenfeur du
Languedoc penfe au contraire que c’étoit un ancien Domaine
des Vicom tes d'Ufei. I l n’y a point de monument antérieur à
l’an 112 j quipuiffe décider entièrement cette diniculté; mais
on obfervera 1
que par le traité m êm e, V aldbrsgu.es n’eft
point exclufe de la fubftitution générale portée en faveur de
Raimond Reranger, dans le cas où Alphonfe mourroit fans
enfans , îQium quod fuperius diâum ejl, ôc Raimond ne pouvoir
y avoir de droit que comme fur une Terre de Provence , ôc
n’en auroit eu d’aucune efpece, fi c’eût été un Domaine de la
Maifon d’Ufeç. 20. Q ue les K ifïoiiens de Languedoc, quelque
.attention qu’iis ayent eu à ne rien dire qui pût nuire à cette
P ro vin ce, ont pourtant laiffé échapper qu’ils regardoient Va.
lab régnés comme comprife alors dans la Provence ; car après
avoir avancé que la Maifon de Touloufe dominoit fur lUfege
Ton». »> mu »j, dans les dixiéme ôc onzième fi scie , ils ajoutent, on pourrait
objecter que par le traité de partage de la Provence de Van 1 1 2 7 ,
le lieu de V:dabrégnés feus dans une ijle du Rhône, ôc (dans) le
�ï °3
Diocèfe d'UfeiyycJl compris (dans la Provence ; mais ceft au
contraire une preuve que le rejle de ce Diocèfe ne dépendoit pas de
la Provence. Affurément des Provençaux font tout au moins
excufables depenfer à ce fujet comme leurs Adverfaires.
I l eft vrai qu’au tems où ceux-ci écrivoient, on n’imaginoit
pas qu’ils duflênt avoir befoin d’enfanter un nouveau fiftême.
Et 3°. enfin qu’il paroît par le récit de Pierre, Moine de
Haux-de Cernay , Auteur contemporain qui étoit fur les lieux,
ôt 1 ennemi le plus déclaré de la Maifon de Touloufe, que
l ’ifle de Valabxegues avoit été comprife dans la reftitution de
la Provence ôc de B caucaire, faite par le Pape à Raimond le
jeune en 1 2 1 6.
V I,
D U R E N C Ëi
r.Mm.p. 101 &tuiv*
L es Etats de Provence ont toujours fenti qu’il étoit indiffé
rent à la queftion préfente , de fçavoir auquel des deux
Contratlans, la Durence fut adjugée. Ils n’en ont parlé que
par analogie , & pour faire voir que fi le lit de la Durence
refia au Comte de Provence , on ne peut non plus lui refufet
celui du Rhône , parce que c ’eft avec les mêmes exprefiions
qu’on décrit le cours de ces deux rivières. On ne répétera
point ici ce qui a été dit dans le §. 1 , fur ce qui devoir
faire l’objet principal de celui c i , parce qu’on fe flate d’avoir '
démontré ce qu’on vouloit y prouver; mais on eft.forcé de
s’arrêter à quelques obfervations q >e le Défenfeur du Lan
guedoc juge à propos d’ajouter à cet article.
D'abord on attaque les Etats de Provence pour avoir dit
qu’en 1623 le Pape étoit aux droits d'Hlphonfe, Comte de
Touloufej puifque le Comté Venaffin lui avoit été abandonné
par Philippe le Hardi en 1274., & qu’il falloit dire qu’il étoit
�104aux droits du R oi. Mais i° . le Roi lui-même ne s’c'toit mis
en pofiedion de ce canton qu’en la feule & faiijje qualité
d’héritier àJÆphonfe , puifqu il ne l’étoit pas dans cette
partie-là. 4°. Cela eft liv ra i, que toutes les réclamations que
la Couronne en a faites depuis 100 ans, pour la taire réunit
à fon D om aine, font fondées fur l'erreur ôc la nullité du
titre qu'avoit fait valoir Philippe le Hardi. 30. Dans le peu
d’années qu’en jouit Philippe, il en jouit comme avoit fait
Hlp' cnfe , ôc celui-ci relativement à ce qui étoit échu à
Sllphonfe Jourdain en 1123. 40. Ainfi donc en 12 7 4 , Phi
lippe ne put céder que ce qui avoit appartenu à cet /Üphcnfe ;
6c les Etats de Provence n’ont pas eu toit d avancer que le
Pape étoit aux droits de celui ci ; car c ’ell celui-ci, 6c non
le Comte de Poitiers, qui eft déligné dans leur Mémoire.
Enfuite , écoutons le Défenfeur du Languedoc , c’eft
comme R o i de France qui avoit des droits bien établis fur
la Durence dès le fixiéme lié cle , 6c plus anciens que le Com té
6c le Marquifat de Provence, que le R oi a agi dans le con
cordat de 1623. L a Provence convient des droits que la
Couronne a (ur la Durence dès le <?e. liécle q u elle fut en
polfeliion des Pays où coule cette riviere : elle convient encore
que ces droits font plus anciens que les noms de Comté 6c
de Marquilat de Provence mais elle croit en même-tems
qu’on doit convenir que les noms ne font rien à la chofe ; que
ce font 1 exiitence , la polition 6c la polfeliion qui donnent
des droits fur un Pays ; que l ’exercice oe ceux de la Couronne
fur la Durence, fut (ufpendu tant que fa domination ne s’é
tendit pas fur les Pays qu elle arrofe ; qu’elle ne rentra dans
l ’exercice de ces droits qu’en rentrant dans une partie des
mêmes Pays ; que jufques-ià elle n’a exercé ni pu exercer
aucun de fes droits -, que par conféquenten 1623 > elle n’a
�„
.
10?
pu 2gir que comme Souveraine de la Provence ; car fi elle
eût voulu agir en vertu des droits q u elle tiroit du fixiéme
fiécle , il falloit qu’elle évinçât totalement le Pape, dont la
domination étoit alors , avec celle du Prince d'Orange, le
feul relie de l’ufurpation de Bofon ôc de fes Succefleurs; que
ce concordat de 1623 , eft fondé uniquement fur le partage
de l’an 1 1 2 5 , ainfi que tous les aêtes intermédiaires, & la
réclamation du Comtat faite en dernier lieu : G enfin , quc
c ’eft dans ce cas-là feulement que le droit du R o i doit être
regardé comme ancien , puifque la Provence , dont il eft
Souverain ôc en polfelfion, ôc dont il exerce les droits , en
eft en pofiTeftion réelle , au moins depuis l ’an 1 12J , ôc même
vraifemblablement de beaucoup plus loin.
Si les Etats de Provence ont étendu ce point de l ’affaire } hucapituiation
ils y ont été forcés par les propofitions hazardées du D é - Eium' P-I0S'
fenfeur du Languedoc. Il étoit d'ailleurs ejjèntiel d'apprécier ,
à fa jujle valeur , le mérite que ce traité peut avoir dans la
Caufe. Et ils fe flatent d’avoir porté jufqu’à l’éviden ce, que
fuivant ce traité , i°. le Rhône fupérieur, depuis la Durence,
jufqu’à la Camargue , refta, ainfi que l’inférieur ôc le grand
R h ô n e , au Comte de Earcdonne, en fa qualité de Com te
de Provence , quoique le dernier ne foit pas feulement nommé
dans l’ade , mais parce qu'à la maniéré dont eft décrit le
cours du fleuve , toutes fes ifles , tant les fupérieures que
celle de Camargue , ne purent entrer que dans le lot de la
Provence proprement dite (a). 2 0. Cette defeription étant
faite dans les mêmes termes que celle de la Durence} qui refta
(a ) On frit cette explication pour éviter les difputes de m ots, aufquelles le
Détenteur de Languedoc fe livre continuellement, & notamment en cette occniîon.
O
�06
ïnconteftablement à la Provence , il doit en être de même
du Rhône. 3e . Loin que ce foit-là le premier titre qui afligne
la Camargue à la Provence, comme on ofe le dire , il eft dé
montré que cette ifle en avoit toujours dépendu auparavant,
comme elle a continué d’en dépendre depuis. Et 4 0. opéArgence, & Pille de Valabregues, étoient fùbftituées aux Comtes
Eï.m. p,10s.
de Provence , comme le refte des Etats à partager; d’où il
réfulte néceffairement que le Rhône étoit regardé alors comme
partie & dépendance de la Provence : ôc le Défenfeur du
Languedoc a raifon de dire que ce traité ne doit pas être mis
au rang des titres vraiment translatifs du droit de propriété, dans
le fens où cette propriété paffe, & eft transférée d’une main
à l’autre. Mais il n’en eft pas moins vrai qu’il n’en eft point de
plus vraiment déclaratifs du même droit.
§• II. Accord pajje en Tannée 1070, entre Raimond de S. Gilles,
Comte de Provence, de N îm es, b c . b Aicard , Archevêque
d’A rle s, b codicile du même Raimond} en Tannée 1 1 0 ;.
Ces deux a£tes ont une telle liaifon entr’e u x , qu’il eft
très-à-propos de les joindre l ’un à l’autre, ôc de comparer
l’effet qu’ils doivent produire. On les a préfentés fort fimplement dans le premier Mémoire de la Provence , mais le
Exam. p-17’
Exam.
Défenfeur du Languedoc en donne un extrait fi altéré ôc fi
107& 1J1" captieu x, qu’il nous met dans le cas d’en rappeller toutes
les difpofitions. Il auroit dû d’abord en faire l ’examen avant
celui du traité de l ’an 1 1 2 ; , mais voulant établir dans
celui ci qu’ Argence ne dépendoit nullement de la Provence >
il a craint que les impreffions qu’auroient laiffées ces deux
acles, ne nuiuffent à fes vûes. Pour nous qui ne voulons
�io 7
•établir que la v é rité , nous nous flattons de la retrouver par
quelque route qu’on nous mene.
L e premier de ces afites, eft une convention par laquelle
le Comte Raimond remet à Aicard, Archevêque d’A rle s, tout
l'honneur d'Argence , qui appartenoit à fon E g life , comme
l ’avoir eû l’Archevêque Raimbaud, a Fourgues, s’il eft entouré
de m urs, le tiers du lieu fie des Vaffaux ; au Château d 'A lbaron, quand il l ’aura , la m oitié, parce que l’Archevêque
Raimbaud l’avoit e u e , fie la moitié d’un droit fur les navires
que le Comte Eertrand avoit à A rle s, s’il peut l ’avoir.
Par le fécond , le même Prince qui prend la qualité de
Comte de S. Gilles, fe trouvant à l’article de la m ort, confus
fie repentant des injuftices en grand nombre que lui fie fes
ancêtres avoient commifes envers l’Eglife d'Arles , cherche
à commencer à les réparer. I l déclare d’abord que toute la
Terre voifine du R h ô n e, qu’on appelle Argence , eft propre
de cette E glife ; que cependant l ’affe&ion outrée qu'il a encore
pour fa famille , l ’a engagé à difpofer de la plus grande partie
de ce canton en faveur de fes enfans, mais fous l’efpérance
d’en dédommager cette E glife , fie de le lui reftituer en
entier ; fie en attendant, fie dès-lors , il lui en rend, remet fie
reftitue une petite portion , fçavoir le lieu de Tourques, avec
toutes fes dépendances du Rhône , des marais , des terres, du
Port du Rhône , fiée, fie en outre le quart des Châteaux
d'Albaron fie de Fos , qui avoit été ufurpé fur cette E glife
par fes ayeux , fie qu’il avoit lui-même poflédé injuftement ; fie
enfin dans la V ille d'Arles , le quart des pâturages , des leides ,
fie du droit fur les navires qui lui appartenoit.
T o u t ce que pourra conclure de-là tout efprit impartial fie
défintéreffé, eft que le canton d'Argence appartenoit de droit
en entier, fie en toute propriété à l ’Eglife d'Arles ,* que comme
O ij
�ioS
il fe trouvoit à la bienféance des Comtes de Touloufe, de
Nîmes , ou de Saint G illes, car ici la qualité ne l'ait rien à
la c h o fe , ils l ’ufurperent fur elle par force ôt fans titre; que
Raimond, l ’un d 'eu x, preffé fans doute par les follicitation3
de l ’Archevêque, confentit, en 1070 , à lui remettre une
portion de ce qu’il occupoit réellem en t, & lui en promit une
plus conlidérable fur ce qu’il ne pclfédoit pas, mais qu’il
efpéroit pem-être obtenir par le crédit de l'Archevêque qu’il
mettoit par-là dans fes intérêts ; que celui-ci ne pouvant mieux
faire, acquiefça à un arrangement que lui diêloit un voifin
plus puilfant que lui ; & que ce même voilin , troublé par
les remords de fa confcience, reconnut enfuite l’ufurpaûon
de la maniéré la plus exprefle ; mais que malgré cela , il ne
reftitua qu’une partie des Domaines ulurpés : êc la fuite des
aêtes produits au Procès , nous apprend que la reftitution or
donnée &. promife , n’eut lieu que pour une petite partie , ôc
que tout ce que purent obtenir les Archevêques d’ Arles , feuls
légitimes & véritables Propriétaires d’ Argence, fut que les
Comtes de Touloufe, qui en étaient les Détem pteurs, leur en
fiffent homm age, par où ils devinrent fuzerains d’un canton
qui devoit leur appartenir.
A ux yeux du Défenfeur du Languedoc , c’efl tout un autre
fiftême. 11 regarde d’abord Raimond , comme Propriétaire
d’ Argence, & il ajoute que ce n’é to it, ni comme Com te de
Touloufe , puifqu’il ne l’étoit pas encore en 1070 , ni comme
Com te de Provence , puifque ceux-ci n’ont jamais rien poffédé
à Argence ; d’ où il conclut qu’il falloit que ce fût comme
Comte de Nîmes on de Saint G illes; & il fortifie cette conféquence par la convenance , attendu que ces cantons étoient
limitrophes ; que d’ailleurs depuis (a) l’an 121 y , la Jurifdiûion
(a ) Au lieu du mot depuis il a mis dés, qui n’auroit dû être employé que dans 1*
�io p
de Beaucaire ôc de Nîmes a toujours <5té réunie ; & enfin ^
qu’on ne peut pas en douter, fi on fait attention que dans
l ’aéle de i i o j , Raimond ne prend que la qualité de Comte
de Saint Gilles] ôc par conféquent qu’il faut y comprendre,
non-feulement Urgence , mais encore Pifle de Camargue , dans
laquelle eft fitué le Château d'Albaron) ôc la grande braffiere
du Rhône fur laquelle on levoit à Arles un droit au profit
des Comtes.
Cette maniéré de raifonner paroîtra fans doute dangéreufe :
avec deux ou trois a£tes pareils , le Com té de Saint Gilles
pourroit devenir entre fes mains l ’Etat de l 'Europe le plus
étendu. Il eft prouvé par l’a â e de n o j , que le lieu de Pos
étoit du Comté de Saint Gilles ; il fera aifé de prouver par
quelqu’autre , que les V illes dé Gap & de Nice appartenoient
au même Prince que le lieu de Pos : donc les Provinces qui
portent aujourd’hui les noms de Dauphiné ôc de Piémont dépendoient du Comté de Saint Gilles, ôte.
Mais lailfons la plaifanterie à ceux qui n’ont que ce moyeu
de défenfe. Si Raimond eût été légitime Poffeffeur d’Argence ,
il feroit très-à-propos d’examiner à quel titre ; mais dès que
l ’ufurpation eft: confiante , il n’eft plus queftion de titre, il ne
faut chercher que la convenance: elle eft toute trouvée dans
le voifinage des Comtés de Nîmes ôc de Saint Gilles, qui
donnèrent à leurs Poftcffeurs la facilité de s’emparer d’un
Domaine voifin qui étoit abfolument fans défenfe. Une fois
Proprietaires de ce D om aine, car les reftitutions promifes
n’eurent jamais lieu que pour de petites parties, ils en réunirent
l ’adminiftration à celle du Comté de Nîmes] mais cette réunion
cas où la date, qui eft à la fuite aurait été antérieure aux a&-s de 1070 & 1 to f.
£e n’eft pas faits raifon -, il afleéte dans tout le cours de fon Mémoire de ihoific
les expreüions qui peuvent contribuer à augmenter riilufion.
�poftérieure à lufiirpaticn , ne prouve rien pour les tems anté
rieurs. Ici même il y a incertitude & contradiction de la part
du Défenfeur du Languedoc ; car après avoir avancé que les
Fiefs ne fe confondaient pas, il hézite auquel des Comtés de
Nîmes ou de Saint Gilles, on doit adjuger Argence; &c fi la
communauté d’adminiftration , établie feulement dans le
15e. fiécle , indique le prem ier, la qualité de Com te de
Saint Gilles, prife dans l ’acte de i i o y , le fait pancher vers
celui-ci. Cette incertitude de la part d’un homme qui ne
doute de rien , annonce le peu de confiance qu’il a lui-même
en fon affertion. C ’efc en effet le feul des Ecrivains de L an
guedoc qui ait cru trouver dans ces aCtes la preuve du fiftême
qu’il a voulu établir, Dans ce fiftême m êm e, l ’aête de n o j
prouve trop ; car Raimoni y rend à l’E glife d'Arles , dans les
Châteaux d'Albarcn & de Tos, le quart qui avoit été ufurpé
par fes Prédéceffeurs, ôc qu’il poffédoit lui-même injuftement.
Si l ’on s’obftine à dire qu’il l ’a paffé comme Comte de Saint
Gilles , il faut foutenir auili que le lieu de Fos , qui eft avancé
dans les terres de Provence auprès de Martigues, dépendoit
aufii de ce Comté ; ce que perfonné n’ofera jamais avancer.
Ainfi il eft c la ir , par les difpofitions de l ’aéte , que c’étoit
comme Comte de Provence que Raimond jouiffoit, en i i o y ,
des Châteaux d'Albaron & de Fos , Sc du péage ou droit qu’on
levoit à Arles fur les navires, & qu’il en reftitua une partie.
Si en 10 70 , il promet feulement de faire ces reftitutions
lorfqu’il en fera maître , c’eft , ou que l ’indivifibilité pour
l ’adminiftration du Comté d'Arles , n’étoit pas établie alors ,
comme elle paroît l ’avoir été en iop^ , ôt qu’il efpéroit de
la faire établir, ou que le Com te Bertrand lui reten oit, fous
quelque prétexte que nous ne connoiftbns p a s , la portion
qui lui revenoit.
�I 1T
L a reflitution promife par Raimond eut lie u , au moins
pour les Ports du petit R h ô n e , puifqu’on les voit depuis
entre les mains de l’Archevêque d’Arles , ou de fes Vaffaux.
L a Provence a produit fous les nçS. p ôc 12 de fa première ^BtompP'I+Vivt
R e q u ê te, ôc fous le nQ. 18 d e là fécondé, divers hommages
rendus à ces Archevêques par la Maifon des B aux, depuis l ’an
1 i p i , jufqu’en 1259 , -pour les Ports du petit Rhône, de Fourques
& de Saint Gilles ; ôc il lui auroit été très-aifé d’en produire
un plus grand nombre qui auroient pouffé cette chaîne jufqua
l ’an 1300, que le bac de Fourques, fur le petit R h ô n e, rentra Mém.p.r*
dans les mains de l’Archevêque d’^ r k y , qui en jouit encore
aujourd’hui. Au refte on n’imagine pas fur quel fonde
ment le Défenfeur du Languedoc fe plaît d’accufer les
Exam-P-rro*
Procureurs du Pays de Provence d’avoîr abufé des trois hom
mages qu’on vient de rappeller, non plus que de l ’aête de
i i o y . Quand il fe fera expliqué de maniéré à fe faire en
tendre , on fe date de trouver des répondes convenables à fes
obfervations ; ôc malgré la crainte qu’il a de s’égarer, on
efpere de le remettre dans le bon chemin , ou du moins fes
L ecteu rs, qui jugeront fans doute que les deux aêtes que
nous examinons , forment la preuve complette du droit de
propriété que l ’Archevêque d’ Arles avoit fur Urgence, 6c
qui dégénéra ,en fimple fuzeraineté, lorfque cette propriété
leur eut été enlevée, ôc détenue injuftemenr Ôc fans titre par
les Comtes de Touloufe, de Nîmes, ou de Saint Gilles : enfin
ils verront l ’influence que cette propriété a fur la queftion
préfente , lorfqu’ils fe rappelleront que jufqu’à l’époque de
cette ufurpation, Argence avoit toujours fait partie du Com té
d’Arles.
n;d_v. m;
�ï Tî
tx a m . p. i i - & l'ulV'
$. I I I .
Lettres de Frédéric 1 . Empereur , G Roi d'Arles ,
en faveur de VArchevêque G de l'Eglife d 'A rles,
données en Vannée 1154.
Par ces lettres , l ’Empereur confirme à l'Archevêque
cTArles les droits régaliens dans tout Ton Archevêché , retins
iui Archiepifccpntus regalia , les péages , les fleuves £ pedatica...
jlumina & c. ces grâces n’étoient pas nouvelles ; elles lui
avoient été accordées par Conrad III. en 1144 ; & le même
y. Saxv* P-Iî6- Frédéric I. les confirma de nouveau en 1164 ; il eft vrai que
dans aucun de ces diplôm es, on nç nomme (a) ni le Rhône ,
ni Argence, fans doute par des raifons que nous ignorons»
& dont nous ne fommes pas Juges. Mais il fufht de faire
quelques réfléxions pour reconnoître qu’ils y font défignés
de maniéré à ne pas s’ y méprendre. L a temporalité du Com té
à’Arles appartenant aux Archevêques de la même V i l l e , avait
la même étendue que fon D iocèfe. Indépendemmènt des
preuves qu’on a produites , quand il a été queftion de prouver
qu’ Argence étoit du Comté d’A rles, on n’a qu’à confulter
les deux inféodations de ce canton faites à Alphonfe Jourdain
en 1143 , & à Simon, Comte de M ontfort, en 1214. Totam
Argentiam, eft-il dit; & dans la fécondé, cum tetâ Argentiâ
V. G ail. Cliriji
inftr. n. ï S &
col. 57 & ioo.
A ’’ G quantumeumque Arelatenfs Diœcefs extenàitur. Argence
étoit donc compris dans la temporalité de l’Archevêché
d’A rles, dont la poflefTion lui étoit confirmée par 1 Empereur,
ôt d’autant mieux, que dans les deux derniers diplômes qu’on
( a 1 I.e Château d'Allaron eft nommé dans tous les trois, cependant on vient
de voir que le DcLnleur de Languedoc vouloit le comprendre dans le Comté de
Haitit Gilles.
vient
�vient de c ite r , Conrad III. ôc Frédéric I. confirment en g é
néral à l ’Eglife d'Arles tout ce qu’elle avoit inféodé (a), tant
dans la V ille que dehors. Si Argence étoit comprife dans
linféodation ou confirmation des Em pereurs, tout le Rhône ,
tant le fupérieur, que la petite braiïiere qui pafle à Fcurques ,
devoit y être compris ; car jufqu’à cette heure , toutes les
fois qu’on a mis Argence en avant , ce n’a été que pour
conclure de fon identité avec la Provence, ou le Comté
d'Arles , celle du Rhône.
Mais ces raifons, quoique préfentées fous une infinité de
faces , n’ont jamais paru fatisfaire le Défenfeur du L an
guedoc. Quand on infiflera fur le R h ô n e , il foutiendra tou
jours que ce ne peut être que la grande braiïiere qui paffe
à Arles : on lui oppofera envain que la jouiffance de la petite
braiïiere du Rhône , eft prouvée par les hommages de la
Maifon des Baux , il fe contentera pour toute réponfe , de
hazarder qu’on abufe de ces hommages : il faut donc lui prouver
que Conrad III. & Frédéric I. ont prétendu inféoder ôc con«
fïrmer cette même braiïiere à l ’Eglife d’Arles , ôt que l ’autorité
des Empereurs s’étendoit immédiatement fur cette même
branche. Hugues Boardy ou Beroardy, Archevêque d’Arles »
qui avoit eu à fouffrir de la guerre des Albigeois , obtint en
dédommagement de l’Empereur Frédéric 11 . par des lettres
datées du camp auprès de Cepparano , en Août 1 23 0, la
permiffion d’établir, fa vie durant, fur le fleuve du Rhône au
près de la Ville d’’ A ries, & fur l'autre bras qui pajje devant le
Château de Fcurques, un péage de cinq fols tournois fur chaque
gros b a llo t, fit de trois fols fur chaque ballot moindre , tant
( a ) Et quidquid Arclatenfis Ecclefu in civitate vel extrâper Seculares feu EcclefiaJ-^
tkas perfonas habet & pojjidec.
�Y 14
vi montant qu’en defcendant le Rhône, ôc un droit de deux
fols fur chaque muid de fel qui y pafferoit en montant (a).'
Certainement dès que Frédéric II. jouifloit du Rhône , fes
Piédécefieurs dévoient en avoir j o u i , puifqu’ils étoient plus
voifins de l’origine ôc de la formation du Royaume d’Arles ,
ou de Eourgogne , ôc que tout Etat qui n’eft pas habité par
fon Souverain, eft plutôt expofé à perdre qu à acquérir. E t
on ne peut pas dire que Frédéric IL abufât alors de fon pou
voir ; car outre qu’il faut des titres ôc des raifons pour de
pareilles allégations , il eft fur que fi la grâce eût été illufoire , l’Archevêque , loin de la fo lliciter, ne l’auroit pas
acceptée, puifqu’elle ne l’auroit feulement pas dédommagé
des frais qu'il avoit faits pour fe rendre à la Cour de l’Em
pereur qui étoit alors dans le Royaume de Naples; ôc d’un
autre c ô t é , l’Empereur ne l ’auroit pas bornée à la vie de
l ’Archevêque. Ici on ne peut fe défendre d’une réfléxion ,
c ’eft que plus on difpute à la Provence fes prétentions lé
gitimes , plus les titres que ces chicanes lui donnent occafion
de rechercher, fe multiplient ôc les fortifient; ce qui eft le
caraétere diftin&if de la juftice ôc de la v é rité , qu i, étant
u ne, doit toujours tenir le même langage.
L e Languedoc voudroit affoiblir toutes ces preuves, en
difant qu’elles ne regardent pas les Etats de Proven ce, mais
(a )
D e j u p e r a k u n d a n t io r i
quoquè g ra tiâ
co n ctd v t u s
e i d e m A r c k i s p i f c o p o , in
vitcL
J u c L , q u o i i n f t u m i r e R h c d a n i j u x t d c iv it a t e m A r e l a t e n f e m & i n a lio I r a c h i o t r a n f e u n t e
a n t e c a ft r u m t u n h i r u m
,
p ro q u o lib e t m a g n o in v o l u c r o J i v è t r o f e l l o , ta m a fc e n d e n d o
,
p r o m e d io c r i t r o f e l l o
, n e c n o n & p r o m o d 'o f a l i s
a fc e n d e n d o , d u o s f o l i d . 7 u r . J hi lic e a t r e c i p e r e C- h a b e r e . I, E m p e re u r é to it e ffe d iv e m e n t
c am p é près de C a p p a ra n o au m o is d’A o u t 123 0 . V . G ia n n H ift. de N a p l. 1. i é ,c h .7 ,
î o m . i , pag. 5 3 5 . C e t a d e tiré des a n h . de l ’À rc h e v . d ’A rîe s , liv . v e rd , f. 1 1 v. n ’a pas
e n c o re été p ro d u it ; o n l ’a cité fe u le m e n t dans le p re m ie r M é m o ire de la P ro v e n c e ,
c o m m e a y an t été in d iq u é p a r l ’H ift. de L an g . t. 3 , p . 1 9 t . C ’eft u n e faute de
C o p ifte o u d ’im p r e f lio n , il fa lio it dire f o r e n t , d e s t i t r e s de l ’A rc h , d’A r l e s , u b i
fu p . p. i 9 i .
qu a tr. d e fc e n d e n d o p î r P .h o d a n u m q u i n q u e f o l i d o s T u r o n e n f t s
t u m a fc e n d e n d o q u .im d e f c e n d e n d o , t r è s J'o lid o s d iâ læ m o n etee
�ny
les Archevêques $ Arles qui ne font point en caufe. Il n’cft
pas poflible qu’il n’ait fenti lui-même la foiblefîe de fon raifonnement. Les Etats ne fe fervent point de ces diplômes pour
réclamer contre les Archevêques les droits qui leur jfpnt
accordés ; ils s’en fervent pour montrer que ces droits dépendoient du Comté d’Arles qui faifoit partie du grand F ie f de
Provence.
Ce Com té d’ailleurs n’étoit pas auffi étranger aux Comtes
de Provence qu’on voudroit le faire croire , puifque tous les
droits régaliens qui appartenoient aux Empereurs fur lesm onnoyes, les ports, les eaux, les falins , & c . furent en 1162
inféodés par le même Frédéric au Com te Raimond Eeranger III.
à la réferve de ce que l’Archevêque & l ’Eglife d’Arles y
poffédoient depuis cent ans ( a ) , Cf omnia alla quæ ad jus
Impériale fpettant, excepto eo quod A reinep if copus Cf Ecclefia
Arelatenfis habet vel habuit à centum annis rétro in eadem civitate. E t le même Empereur, en confirmant l ’établiiTemenc
des Confuls à Arles , leur abandonna le droit de rendre la
J u ftice, fous la réferve des droits qu’y avoit l ’Archevêque
d’A rles, aufquels il ne prétendoit pas déroger: Salvo tamen,
in omnibus, jure quod in creandis Confulibus Cf Jutifdictions
ipfius Urbis , Reverandus pro tempere Arelat. Ecclefice Antilles
habere dignofeitur, cujus privilegiis nequaquam volumus , fient nec
debemus in aliquo derogare. Privilèges & réferves qui furent
enfuite confirmés ( 6 ) par Frédéric II. en 1214.. I l n ’eft pas
étonnant que ce mélange & cette confulion de droits ayent
( a ) V- Diago Hift. de Lor. cond. de Barc. 1. i , c. 1 7 4 , fol. 256 v. &*feq. Bouch,
t. » , p. 132 Mart. coll. ampl. t. 1 , p. 860
feq. V. Append. Marc. Hifp. n. 4 3 7 ,
p. 1331 , 1332 .
(b )
N o u s n ’av o n s que
c e tte c o n firm a tiç n q u i efi im p rim é e dans
Ard.-p. 254, iSS»
P ij
S a x y P o n tif,
�116
occafionné diverfes conteflations entre les Parties ; mais dès
qu'ils procédoient d’une fource non-feulement étrangère au
Languedoc , mais qui devient une barrière infurmontable à
fes prétentions , puifquc ces conte d ations même annoncent
q u elles procédoient des diverfes concédions des Empereurs ;
dès que les Repréfentans de cette Province n’y prirent êc n y
purent prendre aucune p art, on ne voit pas quel avantage
elle voudroit en tirer aujourd'hui, êe on peut lui recom
mander , ce femble , avec fondement , de garder pour
elle-même l’avis officieux q u elle donne aux autres : ipjî
viderinî.
ixam.p iis&A-i. §.
I V . Traité entre Thilippe-le-Ed G* Charles II. pour le
tirage du fe l en 1 3 0 1 , Lettres patentes de Louis XI. pour le
même objet, des 20 Juillet 14.71 G1 28 Septembre 14.80.
L es deux dernîeres Lettres ne font que l ’exécution des
premières ; elles ne difent rien par elles-mêmes, &c on ne les
a produites que pour faire voir que le traité de l ’an 1302
avoit été exécuté , jufqu’à ce que la Provence ait été réunie
à la Couronne de France. Il fuffit donc de voir laquelle des
deux Puilfances ou des deux Provinces, les termes du traité
primitif paroiffent favorifer pour la propriété du R hône ; car
cette propriété n’étoit point conteftée. O n traitoit Ôt on
agiffoit fuivant les idées reçues. T ous les falins refpe&ifs
furent vilités 6e examinés par les Commilfaires des deux
Princes; ceux du R oi de France font déclarés être dans la
Scncchauffée de Beaucaire ôc de N îm es, & fon reifort endeçà 6c aux environs du R h ô n e , citrà G1 circà Rhoianum.
Ceux du R o i de Sicile , tant ceux qui exiftoient alors que
ceux qui pouvoient fe former à l ’avenir, tam prefentibus quàtn
�117,
fuiuris : claufe qui n’eft pas employée pour ceux du R o i de
France , font dits être fitués dans le Com té de Provence,
tant dans les ifles du R hône qu au - delà & aux environs du
f l euve, in comitatu Provincial ïam in infulis feu infra infulas
in famine Rhodani conflitutas quàm ultrà O circà Rhodanum;
& on ne peut pas dire que tant les unes que les autres de
ces expreilions ayent échappé au Rédacteur du traité , puiC
qu’elles lont toutes répétées dans le préambule êt dans le
premier article, Si toutes les ifles de tous les bras du Rhône
n’avoient pas appartenu St dû appartenir au Roi de Sicile en
fa qualité de Comte de Provence, on ne fe feroit certaine
ment pas exprimé en ces termes. L e Défenfeur du Langue
doc veut les réduire à la Ample ifle de Camargue. On convient
que deux des falins déügnés dans le traité y étoient fitués {a) i
on convient encore que s’il devoit s’en former à l ’avenir ,
c’étoit furtout dans cette ifle , à caufe de fa grandeur ôt de
fon aîtenance à la mer ; mais on ne convient pas qu'il ne pût
s’en former que là ; ôc les Parties intervenantes au traité ne
le penferent pas non p lu s, puifqu’au lieu de fpécifier feule
ment cette ifle , comme ils auroient dû le faire dans la fuppofltion contraire , ils les énoncèrent toutes , & reconnurent
qu’elles dépendaient du Comté de Provence. Il eft clair que
s’il y en avoit eu une feule dans le petit R h ô n e, qui eût dé
pendu de la Sénéchauffée de Beaucaire ôt de N îm es, & en
cette qualité du R o i de P’rance, on l ’auroit comprife dans
la déflgnation générale. Il ne l ’eft pas moins que fi les ifles qui
pouvoient s’y former à l'avenir euffent dû en dépendre, on
lui auroit réfervé la même faculté qu’on réferva au R o i d e"
( a ) C e u x de Nore-Dam e de la M e r & de M a n ic a B a lz an a .
C e ’tti de la V .
e étoit fur la te rre fe rm a d e P ro v e n c e dans le te r r o ir d ’A rle s ^
O n ig n o re la. lîtu a tio n de c e lu i de L o n a lo n g a ,
�Y
p. sv, *i.
1 18
Sicile pour les nouveaux falins, futuris ; & cet arrangement
eft le feul qui puiffe s’accorder avec les preuves de poffeflion
des iiles du Rhône que la Provence a produites en différens
endroits de fon premier Mémoire.
T ous les raifonnemer.s vagues qu’on voudroity oppofer »
ne fçauroient détruire des titres clairs ôc précis , ôt qui tien
nent fuccefüvement entr’eux par une chaîne non interrompue,
v. k pasç. S6 <tu Mais le Languedoc fe garde bien de rapporter la claufe
Mcm. de laProvcr.cc.
°
w
*
1
du traité qui conferve les Propriétaires des péages dans leurs
droits : c’eft que ces péages appartenoient aux Provençaux;
& il eft difficile de croire que le lit du fleuve appartienne à
une Puiflance différente de celle qui poffede ces péages.
Lïsro. p. 11J &fuis. §, V . Lettres patentes du Roi Louis X II. du 13 Avril 150p.
L e Languedoc fe fait encore à lui-même des avantages à
l’occafion de ce titre, en difant qu’il n’ y eft point queftion
de conteftations entre les Corps des deux Provinces , mais
que le R o i n’a v o u l u , p a r ces L ettres, renvoyer au Grand
Confeil que des Procès entre Particuliers. L ’on peut voir
page 39 de notre Fvécapitulation , que nous ne les avons pas
préfentées fous un autre afpeift , & que quels qu’ayent été les
efforts du Languedoc pour dénaturer, dans fon Exam en,
ces Lettres patentes , les indudHons que nous en avons tirées
n’en fubfiftent pas moins dans toute leur force.
§. V L
Quatre Lettres royaux des 13 Avril 1 535, 19 Mars
154.3, Septembre 1 596, G* 3* Janvier 1629.
L es Etats de Provence ont produit ces quatre Lettres
.comme des titres qui manifeftent, fans équivoque, que le R oi
\
I
�1X9
poffede le Rhône comme Com te de Provence. Par les pre
mières, François Ier. maintient les Habitans à"1Arles &ans le
droit excluOf de pêcher dans la riviere du Rhône, autant que
fe contient le territoire décries, & femblablement aux marais
dudit séries.
Par les fécondés de i £43 , » les Commiffaires du Pvoi dé» putés pour la vente de fon Domaine de Provence, vendent
» le Port de Confolde que le R oi tient fur la
»
»
»
»
p e t it e
brafïiere
du Rhône D E d e - l a l ’ifle de Camargue , de môme les droits
que ledit Seigneur prend ou a coutume de prendre fur le
paffage dudit P o r t, à la charge de payer 180 liv. par au
au Receveur du Domaine de Provence, ou à fou Receveur
» d’Arles , fauf le rachat perpétuel, « lequel a été exercé
par la fuite; enforte que le Receveur du Domaine de Provence
afferme encore ce péage.
Plenry I V . avoit donné celles de 1596 pour l ’aliénation
des iflcs ôc attériffemens du Rhône qui lu i appartenoient en
fon Pays de Provence.
Enfin celles de x6"27 avoient pour objet de vérifier les
autres ifles & crémens qui pouvoient relier à aliéner dans le
Rhône ; elles font adreffées à la Chambre des Comptes de
Provence.
V o ici les réponfes du Languedoc à ces titres décififst
» Ces Lettres font des aôles par lefquels nos Rois ont exercé
» fur le Rhône ce droit de propriété comme Comtes de Pro» vence, en attendant qu’il leur plaife d’exercer le môme droit
» en qualité de Rois de France.
. .
Exam. p. &&
.
Avec une pareille logique, on répond a t o u t ; mais aufîl
l’on fournit à fon Adverfaire les mêmes réponfes, fi l ’on peut
appeller ainfi un fubterfuge aufii puérile.
» I l faut convenir, ajoute-t-on, que chacun de ces titres
%
�T 20
» autorife la Provence pour le tems auquel îl appartient, k
» jouir des droits qui y font énoncés, tant fur la Camargue
» que fur h grande bradiere du Rhône.
Q u o i ! ces titres ne donnent de droit que fur la grands
brafhere du R h ô n e , tandis qu’ils dénomment formellement
(celui de 1 5:43) la -petitebrafllere : ils ne donnent de droits que
dans la Camargue, tandis qu’ ils en donnent textuellement en
de là de 1 ifle , tandis qu’ils énoncent le Fort de Confolde
qui tfl fur la petite brafllere
en de-là de l'ille ! O n a peine
à croire qu’un pareil genre de défenfe foit employé de l’aveu
des Adminiftrateurs du Languedoc. I l eût mieux valu palfer
fous filence ces titres accablans, comme le Languedoc en
oublie tant d’autres, que d’y faire des réponfes de cette
efpece, pour finir par dire que ccs monumens ne font que
des preuves de la condescendance de nos Rois de laijjer fubfifler
une pojfeflïon illégitime Cf préjudiciable aux droits de leur Cou
ronne. Ainfi nos Rois trahiiTent les droits de leur Couronne
quand ils font affermer à leur profit, comme Comtes de PrOr
vence , les ifies ôc attériffemens & les péages dépendans de leur
Domaine de Provence. Quand on fait de pareils raifonnemens ,
il faudroit prendre un ton plus modefte que celui qui caracterife la défenfe du Languedoc.
§. V I I .
Lettres des 12 Janvier 1532 > 23 Août 15 5 7 ,
G* 17 Décembre 1375.
Il faut porter le même jugement de tout ce que dit le
Languedoc fur ces deux titres. Par celles de 1^32 , Irançois
Ier. comme Comte de Proven ce, confirme le bail fait par la
Chambre des Comptes de P ro ven ce, de deux ifies , k la
Cçmmunauté de Barbantane. Henry I I . parcelles de i? S 7 >
confirme t
�confirme) comme Comte
mêmes ifles.
î 21
de Provence, d’autres baux des
Suivant le L a n gu ed o c, ces Lettres patentes données par
nos Rois eux-mêmes » font des titres que la Provence s’eft
» faits à elle-même , des entreprifes ou dés aûes émanés de
» l ’autorité ou Jurifdi&ion d’une feule Partie, en l ’abfence
» ou à l’infçu de l ’autre, c’eft-à-dire à l ’infçu ou au détriment
» du R o i , vrai Propriétaire du Rhône par droit R o yal «. O n
Ewm.p.n».
a de la peine à en croire fes yeux , lorfqu’on lit de pareilles
chofes.
§•
VIII.
Inféodation faite à Antoine P etit, de Vife de
E»m*.P*I3Ii
Trefbon, du 20 Février 1 y 35?. Lettres patentes & Arrêt
du Coitfeil de Septembre 1 611.
C e feroit fatiguer le Confeil que de répéter les mêmes
réponfes aux mêmes paralogifmes. * L ’Arrêt du Confeil de * V. les préretiens
1 6 1 1 , rendu en faveur de la Jurifdiflion du Parlement de v.-nec far «stitres.
Provence, far les ifles & accroiflemens du R h ô n e , ne juge
rien, fuivant le L anguedoc, les Lettres patentes font à fes
yeux les effets des moyens artificieux que la Provence met
en ufage depuis longtems pour couvrir l ’autorité de nos Rois
comme Comtes de Provence , & c. La défenfe du Languedoc
e ft, comme l ’on v o it, aufli honnête que convaincante.
§. I X . Vente & cejfion de quelques crémens, i f es & pâtis
dans le tenitoire & difricl de Bculbon , faite le 1 6 OBlcbre
1544 , par les CommiJJ,aires des Domaines du Roi en
Provence.
Le [leur de Boulbon, dit le Languedoc , s’étoit emparé des
Q
Exam.p.
�ijles Cf accrcijfemens de la riviere du Rhône, étant dans le ter
roir dudit Eoulbon , au préjudice des droits que le Roi a fur le
Rhône, en fa qualité de Souverain 6c Comte de Provence»
Les CommiJJaires députés par Sa Majejlé pour la recherche ôc
iéunion de fon Domaine aliéné au Pays de Provence , fe faijlrent de ces terreins pour la confervation des droits du R oi, Cf
enfuite enfirent en fon nom vente ........... au fieur de Boulbotu
IL réfulte clairement de cet aéte, qu’on qualifiera comme on
voudra, que les objets vendus appartenaient au Roi , comme
Comte 6c Souverain de Provence , 6c c’eft tout ce que les
Etats deProvence ont voulu en inferer ; car ayant été dans tous
les tems antérieurs à leur réunion à la Couronne , en poffeffion du Rhône ôt de fes dépendances, ils ne peuvent com
munément donner que des preuves de d é ta il, mais q u i, par
leur multiplication , em bralïent, on peut le dire , tous les
points du Rhône. Il en réfulte encore que d’après les propres
aveux du L an guedoc, les Magiftrats de Provence veillent à
la confervation des droits de la Couronne, 6c n’employent
pas toujours des moyens artificieux pour les ruiner.
L es Juges qui font exempts des préventions des Parties p
verront qu’en 1544 les ifles ôc crémens de ce fleuve
vis-à-vis B ou lbo n , appartenoient au R o i en fa qualité de
Souverain ôc de Comte de Provence ; ils en conclueront que
toutes les autres ijles Cf crémens du fleuve lui appartiennent en
la meme qualité : il n’y a qu’une opinion aufli raifonnable
qui puifle mettre celui qui foutiendroit le contraire , dans le
cas de le prouver autrement qu’en n iant, ou en déguifant
tous les actes ôc tous les faits ; elle doit furtout mettre les
Parties intéreflées à l’abri des entreprifes 6c des véxations
d’un voilin ambitieux qui, fous le prétexte de quelques Arrêts
rendus contre des Particuliers qui nont ni fçu ni pu fe dé-
�123
fendre , ne cefle d’inquieter la Provence &c fes Habitans. Tant:
qu’on laiüera lubfifter l ’opinion du point de droit que le Lan
guedoc s’eft formée de fa propre autorité , il naîtra tous les
jours des queftions défait capables de troubler l ’ordre Ôc de
ruiner les Parties ; la plupart aimeront mieux racheter leur
repos par une contribution illégale , mais paffagere, que de
venir foutenir une Inftance au C o n fe il, pour des objets qui
n’en valent le plus fouvent la peine que par les conféquences.
L es Etats de Provence efperent que l’examen qu’ils viennent recapituiauow
de faire des 18 titres particuliers,achèvera de mettre leurs droits
dans le plus grand jour. I l en réfulte en effet que depuis le 6e.
fié c le , & fans doute antérieurement, le territoire de Pro
vence ou Comté d'Arles embraffoit les deux rives du R hône :
que la portion de ce territoire connue dans le moyen âge fous
le nom d'urgence , devint, dans le neuvième fié c le , propre
aux Archevêques ôc à l’Eglife d'Arles : que les Comtes de
Tculcufc ou de Saint Gilles s’en emparerent fur eux dans le
onzième fiécle par force ôc fans titres : que quoiqu’ils euffent
reconnu folemnellement leur ufurpation, ils n’eurent jamais
le courage de reftituer, ni les Archevêques d’ Arles le pou
voir de les dépoffeder : que ceux-ci furent enfin contraints
de leur inféoder ce canton , ôc que c’eft cette inféodation qui
a fait perdre les traces de fon ancienne dépendance ; que ce
pendant les droits que ces Archevêques exerçoient fur le
Rhône en vertu des conceflîons faites par les Souverains de
Provence, ne furent pas compris dans cette inféodation, ôc
refterent entre leurs mains : que le refie des mêmes droits
appartient aux Comtes de Provence, Vaffaux des mêmes
Souverains : que lors du partage de cet Etat entre les deux
Q U
�! 24
branches de la Maifon Comtale , le Rhône & fes ifles relièrent
à celle qui repréfentoit les aînés, qui porta par préférence
le nom de Provence: qu’en effet depuis cette époque , on voit
cette branche en poffeffion de toute autorité & propriété fur
les ifles du Rhône exclullvement à l’autre , ôc que cette pro
priété a été reconnue par les Riverains de l’autre bord , ôc
notamment parles Rois de France dans le traité de l'an 1302,
traité qui a été fidèlement exécuté jufqu’à la réunion de la
Provence à la Couronne: que depuis cette réunion, nos
Rois ont continué à exercer leur autorité fur le Rhône en
la même qualité , toutes les fois qu'ils n’ont confulté que
l ’ufage ancien, & qu’ils n’ont pas été entraînés parles faux
expofés du Langedoc ôc de fes Officiers : enfin que la Pro
vence ayant toujours joui du Rhône , elle n’a befoin , pour
prouver fon droit , que de produire des aétes de cett: jouiffance ôc d’une poffeffion paifible, comme elle fa it, ôc que
cette poffeffion étant prouvée, comme elle l ’eft , loin qu’on
puiffe exiger d’elle des titres tranflatifs de propriété , c’eft à
elle à en demander à ceux qui forment des prétentions con
traires, ôc qui les forment fans rien prouver, toujours de
mandant des titres fans en rapporter, toujours s’érigeant en
Défenfeur des droits de la Couronne que perfonne n’attaque.
A R T I C L E
S E C O N D .
Titres produits par la Provence comme ènonciatifs. y
confirmatifs, Crc.
O n l ’a déjà dit , ôc on ne craint pas de le répéter
auffi fouvent qu’on nous l ’oppofe : il eft contre la nature
d’une poffeffion auffi ancienne que celle
que réclame la
�12? _
Provence pour le Rhône , de produire un feul titre tranfiatif
de propriété, dans le fcns que cette propriété lui ait été cedée
par un autre. C e feroit difputer la noblefTe aux premières
Maifons du m onde, fous prétexte qu’elles ne produifent point
de titre primitif, qui leur en accorde le droit. D e même que
celles-ci ne peuvent préfenter que des titres qui énoncent
leurs qualités: de même on ne peut exiger d’un Poffeffeur
ancien que des actes de jouiffance, & lorfque ces a&es ont
été multipliés fans effuyer de contradiction , on doit les
regarder comme des preuves inattaquables de propriété. C ’eft
le cas où fe trouve la Provence par rapport au Rhône. E lle
ne craint pas l ’examen des titres quel l e a produits , parce
qu’elle ne peut que gagner à éclaircir les difficultés.
§. I. Enquête de Van 1306. Articles préfentés aux Commijjaires
des Rois de France & de Sicile, & procès-verbal des mêmes
Commijjaires du mois de Décembre 1307.
F3S'
Ces trois a£tes ont liaifon par leur o b jet, ainfi il eft bon
de les réunir : on les a produits dans l’ordre où ils font inférés
dans les regiftres d’où on les a t k é s , & cet ordre ne fera pas
difficile à juffitier , non plus que les prétendues contradic
tions qu’il plaît au Défenfeur du Languedoc dJy trouver.
Dans la forme , l’enquête de 1 305 n’a aucune relation an
noncée avec les deux aCtes fubféquens. L e Juge - Mage de
Provence , Lieutenant du S én éch al, fe trouvant à Tarafcon
le 1 5 de Mai 1 305, charge un Notaire de la même V ille de
fe rendre fur les lie u x , pour s’informer par titres & par té
moins , des droits dont la Cour du R o i fon Maître jouiffoît
ôt avoit joui anciennement dans fille de Stel. L ’objet de cette
commiffion n’eft pas annoncé : il fe peut que ce fut une ope-
i
1
�I 26
xation préparatoire de celle que dévoient exécuter les Com miffaires des Rois de France ôc de Sicile ; ôc dans ce ca s-là , il
y a apparence qu’il en fut expédié de pareilles pour les autres
ifles dénommées dans les procès-verbaux , quoique ce foit ici la
feule qui foie parvenue jufqu’à nous. O n la produit, Ôc on
devoir la produire dans le teins à la fuite des articles propofés
par le Procureur du R o i de Sicile, parce qu elle venoit à
l ’appui de ces articles, dont la date eft poftérieure d’environ
vingt mois ; ainfi cet ordre n’a rien que de fimple ôc de natu
rel. La pofition de l'ille de Stel, qui en fait l’objet, n’eft pas
difficile à déterminer ; cette ifle étoit formée par la mer ôc par
deux bras du petit Rhône. L es dépolitions de tous les T é
moins font uniformes 1à-d elfes ; ainli il faut la chercher dan*
la partie la plus méridionale ôc la plus occidentale du petit
R h ô n e , ôc environ à la hauteur de Peccais. Audi un des
Témoins du lieu à!Æguefmortes, pour affurer fa dépofition
toute favorable au R o i de Sicile pour la pofTeffion de tous
les bras du Rffiône, ajoute que EermoJid d'Ufe\ , qui avoit
vendu Peccais à la Cour du R o i de France, n avoit vendu
que jufqu’au bord du Rhône ôc non au-delà, ufque ad ripam
Min.iktsBg-l * u Rhodani G
non ültrà. C ’étoit en effet de ce Seigneur que
Peccais avoit été acquis au mois de Février 1291 , pour être
réuni aû Domaine. Auffi la partie feptentrionale de l’ifle de
Stel ne pouvoir pas remonter jufqu’à Silvereal, ou commence
la petite Camargue , dont l ’origine eft moderne ôc connue : il
faut la rapporter à peu près au tems où l’on conftruifit le
canal de Silvereal ; M . de Riquet, qui en fut l’auteur, rejetta
toutes les eaux du Rhône dans un nouveau lit qu’il s’étoit
creufé ; ôc tout ce qui étoit au couchant renfermé entre le
canal ôc l ’ancien lit du Rhône , a confervé le nom de petite
Camargue, ôc eft refté terrein de Camargue.
�127
Cette enquête n’a pas la même autorité que fi elle eût été
faite enfuite ôc en vertu de la commifiion des deux Rois : dans
ce cas-ci, ce feroit un Jugement inattaquable de propriété:
au lieu que dans l ’état ce n’eft qu’un titre de jouiffance qui ne
peut être attaqué que lorfqu’on lui en oppofera un autre de
même nature, fait à peu près dans le même tems. En atten
dant , voyons ce qu’elle renferme.
Treize T ém oin s, dont cinq du lieu d’Aignefmortes ôc Sujets
du R oi de France, dépofent tous unanimement ôc avec fer
ment , que fuivant la connoiffance qu’ils en ont depuis 30 »
4 0 , yo ôc 70 ans, cette ifie eft del à Jurifditlion du R oi de
Sicile, ainfi que les deux bras du R hône qui la form ent, ôc
qui eft en entier du même Prince jufqu’à la mer. Les preuves
qu’ils en donnent font i°. qu’il n’y avoit que les Sujets du
R o i de Sicile qui euffent le droit de pécher dans les deux braA
fieres ; qu’ils en chaftoient les étrangers, tels que les Habitans
de Bcaucaire, d'Aiguefmortes, ôcc. 20. que le Baille ou Bailli
du Château déAlbaron venoit tous les ans fur les lieu x pour
affermer le droit que la Cour du R oi de Sicile avoit à perce
voir fur les alofes qu’on prenoit dans les deux braflîeres: un
des Témoins en avoit été le Fermier ô c l’Exaéleur: 30. que
cette même Cour percevoir tous les droits de bris ôc de
naufrages faits dans les deux braftieres, dont elle ne gardoit
que le tiers , donnant le refte à ceux qui avoient découvert
Ôc indiqué les bâtimens naufragés ; plufteurs des Témoins
en avoient eu leur part: 4 0. que le R oi de France ne per
cevoir rien de ces droits.
enfin que la Jurifdiélion appartenoit exclufivement au R oi de Sicile ; ôc un des Témoins
ajoute qu’ayant rencontré dans J’ifle un Habitant d'Aiguefmortes, nommé Julien Raoul, dont il avoit à fe plaindre, il
le maltraita, de quoi Julien porta fa plainte à la Jurifdiclion
�123
de Notre Dame de la Mer. Des dépofitions aufïi précifes 51
Eatn.p. i4j-
suffi unanimes , ne laiiTent aucun doute fur l ’objet de la
queftion , à moins qu’on ne foit décidé à nier tout.
L e Languedoc voudroit balancer & compenfer les dépofitions, fur ce que d autres Témoins , même Provençaux, depofent
au contraire , que la Alaifcn de Saint Gilles en Languedoc, avoit
fes pâturages dans cette i j l e ....................... que l’ijle de Stel
appartenait à la Maifon de Saint G ille s ...................... que les
Officiers de la Juftice cVÆguefmortesy exerçoient leur Jurifiliction, G y avaient fait brûler une femme quelques années aupara
vant ; qu'il y a même un Habitant de Notre-Dame de la Mer
qui certifie que lui Témoin s’étant tranfporté avec quelques autres
dans l'ijle de Stel, ils y avaient tous vû le poteau à demi brûlé,
auquel cette femme avoit été attachée , & quils l'avoient renverfe par %ele pour la Jufùce de Notre-Dame de la M er, qui
çlierchoit donc alors à s’ établir dans cette ijle. Enfuite il laijfe à
la Provence le foin de concilier toutes ces contradictions, Cy d'ex
pliquer comment il a pu fe faire que des Habitons d'Aiguefmortes, Sujets du Roi, ayent répondu à des ajfignations qui les
appelaient en Provence devant les Officiers Provençaux , pour y
certifier que la France n avoit point de droit fur l'ijle de Stel, O
comment des François ont pu porter des plaintes dans les Tribu
naux de Provence , 6* reconnaître pour Juges des Officiers Pro
vençaux précifément contre les droits d'un Tribunal François.
L e peu d’exactitude qui régné dans tout cct expofé d’un
bout à l’autre , n’annonce-t’il pas combien l ’on craint la lui
rniere que ce titre porte fur l ’affaire ?
'*
i ° . C e ne font point d’autres Témoins, ce font les mêmes',
qui loin de dépofer au contraire, certifient tous que l ’ifle de
Stel eft de la Jurifdiction du R o i de Sicile. Quelques-uns à la
vérité
�*
jy
vérité ajoutent, non ce qu’on leur fait dire, maïs ce qu’on
voudroit faire croire qu’ils ont dit.
2°. Q uelle eft cette Maifon de Saint G illes qui avoir les
pâturages dans fille , ou à qui elle appartenoit ? Il feroit ImpolTible de la découvrir, fi le monument même ne désignait la
Maifon du Tem ple de S. Gilles; mais fAdverfaire, en nommant
celle-ci , failoit tomber toute la preuve qu’il pouvoit en
tirer, parce qu’elle tenoit à un Ordre protégé en ce tcms-là par
tous les Souverains de 1 Europe, & dont les privilèges particu
liers pouvoient dilfiper les nuages qu’on vouloir élever. L e pre
mier desTémoins après avoir alluré que les Sujets de tout autre
Prince que le R oi de Sicile ne pouvoient lien faire-dans fille de
Si cl , ajoute, excepté les Templiers de la Ivlaifon de Saint
Gilles q u ij ont le pâturage pour les bejliaux de ladite Maifon (a)Dans la rédaction delà dépofition d’un autre T ém o in , après
la même affertion qu’avoit faite le premier, on ajoute Ample
m ent, excepté les Templiers ci-devant dits. Enfin le premier ^
(
desTém oins d ' Aigufmortes dit que VijledeStelejl de la Jurif- <l"“ dliih‘
diction du Roi de Sicile, &e que cependant, la propriété en efi:
au Tem ple. Dixit quoi diclum Stellum ejl in Jurfdiction? Domini nojlri Jerufalsm & Sicilioe Regis, tamen proprietas ejl T em
pli. On demande s’il y a la moindre contradiction dans ces
dépolirions ; & que fera-ce fi elles font conformes aux monumens de fhifioire ?
En e ffe t, la Maifon de Barcelonne devenue maitreffe de
la Provence , étoit lingulierement attachée à l ’Ordre' du
Temple. Raimond Eerenger IIIe. du nom , embraffa (b ) cet
initient en i x j i . Æphonfe I. fon petit fils, R oi d’Arra(a) £: non. au: homi/us aiterius regionis, nec etiam. in diSlâInruli aihjuid faerre;
exc^tis Templariis Domus Templifanffi Ægidii qui liaient ibi pafeua amidalibus Mat
Domus.
G ) V. Marc. Hifp. pag. 4jm , 458 , 74*; & Marten, Coll, ampl. t. t , p. 7o,'.
R
�1
g o n , & Marquis de Provence, (a) accorda àTO rdre au mois
de Mars i i6p ( 1 170 ) , la permifiion de faire dépaître fes beftiaux dans toute la Provence ; permifiion qui fut confirmée
par le Comte Alphonfe II. le 13 Décembre 1202 , & par Rai
mond Berenger V . le 22 de Novembre 1 2 3 5 , avec tous ^es
autres privilèges accordés à l’Ordre par leurs Prédecefleurs.
Ainfi il étoittout fimple que la Maifon du Tem ple de Saint
G illes, la feule voifine de lille de Stel, profitât de la faculté
qui avoit été accordée à fon Ordre. Si l ’on infifte fur la dépofition du dernier T é m o in , & que l ’on veuille que la pro
priété de cette ifle appartînt à cette M aifon, outre que la
propriété ne décide rien pour la Jurifdi&ion , il ne feroit pas
difficile de montrer que l ’Ordre tenoit de grands biens de la
1 ^ ’ a"'decîaina- libéralité des Comtes de P roven ce, & notamment de celle du
lor’ n I*
même Alpîionfe I. dans le voifinage de la Camargue ôc de Saint
Gilles : ôc il y a encore à celui de Peccais & de la mer , un
canton qu’on appelle Vljlel de Saint Jean ôc l’IJlel de la V ille,
formé par deux branches atteries du Fvhône, dénommées le
Rhône v if ôc le Rhône m ort, Ôc qui doit être l ’ancienne ifie
de Stel.
Mais qu’importe cette identité ? Il nous fufiit d’avoir montré
que bien loin qu’il y ait de la contradiction dans les dépofitions des Tém oins, ce qu’on veut donner pour tel, eft con
firmé parles monumens du tem s, & montre au contraire que
ces Témoins étoient des gens très-inftruits. Au refie , il ne fera
peut-être pas inutile de rappeller ici que ce même Alphonfe I.
( a ) Arch. du Grand Prieuré de S. G illes, titre de la Command. de Marf, art.
Solegues , n. l a , & privüeg. des Comtes de Prov. n. 6 & 9 , cités dans i’Hift.
mlT. du Grand Prieuré de S. G ille s, ciiap. de l ’P /ift. Je lu Province de Provence
de l’Ordre du Temple, cornpofée par feu M.Raybaud Avocat, qui avoit été plus
de jo ans Archiviste de te Grand Prieuré.
�accorda (a) en T i7 p à l ’Ordre du Temple, franchife de toute
forte de péages fur toutes les rivières de Provence, & notam
ment fur le petit Rhône in Rodaneto : ainfi on ne lui fait point
de grâce, en lui adjugeant & à fes SuccefTeurs , une ille for
mée par les divifions de cette même branche: aulli v o it - o n
par l ’enquête de 13 y4 produite fous le n°. 34 d e là première
Requête, que la Provence continua de jouir de Pille de Stel.
30. Si les Témoins eulfent dépofé que les Officiers de la
Juftice d’H iguefmortes exerçoient leur Jutifdiéiion dans P ille,
la Provence auroit certainement tort d’y former la moindre
prétention ; mais on ofe le dire, où font ces Tém oins? E t
ceux à qui on prête une pareille dépofition, ont-ils dit ce qu’on
leur fait dire ? L e premier de tous les Tém oins entendus, qui
devoit être fort â g é , puifqu’il dépofe de 70 ans ôt p lu s,
ajjiire que l'ijle de Stel & les deux brajjleres qui coulent des deux
côtés, ont toujours été fans aucune contradiction fous la Seigneu
rie du Roi de Sicile, G* qu'il na jamais rien f ç u , vû ni entendu au
contraire ,f i ce nefl en dernier lieu , qu’on dit que le Roi de France
ou fes Officiers j forment des prétentions , comme étant du D o
maine du Roi de France, ce qui n'ejl point. Quod verum non ejl.
Et un autre Témoin qui dépofe de 40 ans & a u - d e là ,
ajoute aux alïcrtions com fri unes & unanimes fur la Jurifdiction de l ’ifle, que les années precedentes, iis præteritis annis,
■ Pierre Flugcleni alors Brûle de Notre-Dame de la M er, ayant
appris que les Officiers du Roi de France à Higuefmortes, avaient
fait brûler unefemme dans cette ijle, s'y tranfporta avec le Dépofant GJ plufieurs autres Habitons de Notre-Dame de la M e r ,
trouva le poteau à demi brûlé, G* l e f t arracher pour la conferva( a) Bouche, tom. 2 , p. i f & , il y en a un viàimus du 3 A vril 1420 , dans le*
regiftre; de Guillaume Bertrand Notaire d’Arles,
R ij
�152
tion du droit que la Cour Royale ( de fon Maître ) y avoit de toute
ancienneté. V oilà tout ce qui en eft dit : en comparant cet
extrait qui eft très-littéral avec celui qu’en a donné le Lan
guedoc , en verra s’ily a d'autres Témoins qui dépofent au con
traire, file s Officiers de la Jufice d’Aiguejmortes y exerçoient
leur Jurifdiciion G c. Et enfin (i c etoit celle de Notre-Dame de
la Mer qui cherchoit alors à s'établir dans rifle. L a Provence
fe croiroit fort à plaindre (i tlle fe voyoit obligée d’alterer les
pièces pour foutenir fa Caufe.
Il eft aifé de fentir qu’il n’y a aucune contradiction dans
ces dépolirions : li perfonne n’eût élevé des prétentions fur
l ’ille, l’enquête eût éré inutile, & n’eût pas eu lieu. C e furent
les entreprifes des Officiers ü’y'Jiguefmortes qui la rendirent
néceflaire i & il étoit dans l’ordre que les Tém oins qui en
étaient inüruits, en parlaient dans leurs dépofitions. Leur
exaditude à cet égard qui eft prouvée par les monumens du
teins , pour les points étrangers à l’enquête , comme pouf ceux
qui en formoient l ’o b je t, fortifie même leurs témoignages ;
& il n’y auroit de contradiction que dans le cas où quelqu’un
eût dépofé en faveur des prétentions des Officiers d’/liguefmorles. 11,faut que le Languedoc ait bien mauvaife opinion de
la lineétité des Kabitans de cette V ille , puisqu'il ne peut
expliquer ni comment ils fe déterminèrent à dire ce qu’ils
croyaient eue la vérité, ni comment on pût les attirera NotreDame de la Mer pour cette procédure. Mais outre qu'il eft
difficile , pour ne pas dire impofuble , d’c-tre au fait des for
malités que Pon devpit faire, en ce tems là , & de Celles qui
furent faites, il fe peut très - bien que ces Témoins fe troitvaflent fur les lieux , & que i’occaP.on fit qu’on les affignat.
B a ille u rs , quand ms faits fo n tconftans,.& qu’ils n’impliquent
pas de contradiction phifique: on n’eft pas obligé de déyelop-
�135
perles moyens qui les ont amenés, ni la maniéré dont ils fc
font palTés.
20. La Provence n’a jamais regarde ni produit les articles
prdfentés par Jacques Aràoyn, Procureur du Comte de Pro
vence , comme des décidons, mais Amplement comme des
moyens de décidon. Sans doute qu’il faudroit leur oppofer de
même ceux de Mathieu de Matines, Procureur du Roi Philippe
le Bel; & ce ne fera qu’alors qu’on pourra décider qu’ils valent
bien les autres. Jufques là il paffera pour confiant, que la Provence offrit de prouver comme une vérité confiante & notoire,
que les files dont il étoit queftion avoient toujours dépendu
d’elle;. & tout au moins que Mathieu ne propofa aucune
preuve contraire ; peut-être même que les Juges qui auront lu
avec attention le procès-verbal dans toute fon étendue , en
concluront que les longueurs & les tergiverfarions qu’il y
apporta , donnent lieu de croire qu'il n’avoit rien à produire ,
ê: qu’il crut de 1 intérêt d e fa C a u fe , de la iaifier traîner en
longueur..
3q. L e procès-verbal des deux Evêques ne juge rien fur les
objets contefiés , il eftvrai : mais il cfi aifé de voir par les dires
des deux Parties , qu’on ne croyoit pas alors que le Comte de
Provence fut exclus de toute propriété furie Rhône , comme
on le prétend aujourd’h u i, & qu’il ne tînt pas à fon Procureur
que les cii'fiérendvS ne furent di feu tés & décidés, puifque dès.
la prend ere alïignation etc \*r p ê t à p ré!
v .rom-ireur du R fi c.e Fr ance dernai
que 1rZ>D,
fous 'p r é tex te cu ’i-i ni é t Oit | £S infiruit; &
il dc^panda encore la P U i .,'p:ation d’i.m
taufe de l'rbI
force üe fon Àvoçat y ‘ e fm que
X ia ce ni
ecncl ure
nia ce GV.'V: n c r n( !JS & iqu on appellera tou*jours des teigiverLûm
.die dtuais & qui ne jufiifie guère3
Exam. f. i , 5 .
�m
le ton avec lequel PHiftorien du Languedoc avoit raconté
cette affaire.
Sans répéter ce qui a été dit à ce fujet dans le premier
Mémoire de la Provence, on voit clairement par le procèsverbal j que le R oi de France ne formoit aucune prétention
fur les ille s, ou accrémens joints à la rive orientale du Rhône »
au lieu que le R o i de Sicile en formoit fur des terreins unis,
à la terre ferme de Languedoc , & que c’étoit ici la principale
défenfe du Procureur dvt premier par rapporta Pille Bertrand.
Lccus Ecrtrandi non efl infula injlumine Rodani ftuata , fed eft
pendus citra jlumen Rodani, G dato quodreperiretur aliquo tempore infula fuijje , nunc G diu e jl, infula défit ejje; nec e f in
flumine Rodani .fed . . . . ccnfolidata terrœ. Domini Regis Francise
feufucrum Vafallcrwn G eft citrà Rodanum. Nous n’avons pas
les articles qui durent avoir été dreffés pour cette-ille, dont
la propriété fut renvoyée à examiner après toutes les autres;
mais il y a apparence que le Procureur du R o i de Sicile auroit
avancé que ce terrein avoit toujours dépendu du R o i fon
Maître , fie qu’il ne devoit pas en être dépouillé par la feule
raifort que le Rhône avoit ceffé de couler fur celui qui la
féparoit de la terre ferme ; fie pour preuve de ce qu’il avançoit,
il n’auroit pas manqué d’alléguer deux faits récens alors , &
que nous connoiffons encore malgré le IzfS de tems ; c’eft
qu’en 1282 , Charles I. Comte de Provence , avoit fait don à
Air. du Ct>nf.
May 1691. p. 4..
Rofain de Ganielme de cette même ifle Bertrand, fituée dans
la Jurifdicüon de Boulbon , ôt que le Sénéchal de Provence
adreffa le 28 Juin 1298 , à fon Lieutenant à Tarafcon , une
commüTion pour failir le F ie f de Boulbon , ôc les ifles de Me%oargues fit de Bertrand qui en dépendoient : il y a toute appa
rence que cette commiffion eut fon effet, car nous voyons par
le récit des Hifforiens de Languedoc , qu’en î j o y l’ille Ber•
�trand appartcnoit à Rojlain Gaucelin, Seigneur de Romany :
o r , ce Fief-ci efl un F ie f de Provence qui étoit depuis longtems dans la Maifon de Gantelme: on le confifqua fans doute
.
,
en 125» 8 avec Pille Bertrand, ôc Charles 11 . gratifia de l ’un ôc
de l ’autre Rojlain Gauceiin qui étoit d’une famille ( a ) noble
deTarafcon. C ’étoit à ces deux preuves qui font viérorieufes
au fond, que devoit répondre le Défenfeur du L an gu ed oc,
au lieu de s’attacher i° . à donner du foupqon fur l ’autenticité
du procès'Verbal , fur ce qu’aux lettres de Philippe le Bel, le
mot Roberti s’eft glilfé dans le Mémoire de la Provence, par
erreur de Copifte ou d’imprellîon, tandis qu’il y a , & qu’il
doit y avoir dans la pièce le mot Caroli, ( Exam. pag. 1 y 5 ^ )
& 2°. à une vente particulière faite d’une portion de Pille
Bertrand, le p Février 1227 ( 1228). Il efb indifférent que
l ’Acquéreur fut d’sîramont, ôc le Vendeur de Boulbon ; mais
ce qui n e l’efî pas , & qu’on ne peut pas difputcr, clf que le
terrein vendu fût de la Jurifdidion & de la mouvance du
F ie f de Boulbon. Fgo Berengarius de Buïbone laudo & confirmo
vobis prœdictis emptoribus & veflris, falvo mihi Cr meis Dominio
(y jure leudi. C?c. ôc c ’elt-là ce qui confiitue la vraie dépen
dance : aufli voit-on dans les articles de Pan 13>4 , produits
fous le n°. 34 de la première Requête que Pille Bertrand étoit
un démembrement ôc une dépendance de celle de Ale^oragues,
& que les Seigneurs de Boulbon y percevoient les lods & ventes.Comment ofe-t-on demander pourquoi le Comte de Provence
n intervint pas dans cette vente ? Parce qu il n’y avoit réelle
ment que faire ; dès que le terrein avoit été inféode au Sei
gneur de Boulbon, celui-ci feul avoit intérêt aux ventes qui
( a ) P ie rre G a u c e lin é to it S y n d ic de la C o m m u n a u té d e T a r a f c c r r , ftiivant la
tran fa âio n du 7. S e p te m b re 1 2 2 6 . , d o n t il fera p a rlé dans le $ . V U I .
Bouche, t. »,
3P5*
�s'en fai (oient, & il en reportoit l'hommage à fon Suzerain le
Comte de Provence , (hommage qui lui avoit été prêté pour
plufieurs ifles de Me\cargues, & nommément pour celle de
Bertrand au mois de Mars 1 2 J 2 , ainfi qu’on le voit par la pièce
produite fousn®. 27 de notre fécondé Requête:) il faut avoir
bien envie d'obfcurcir les chofes pour trouver de l’obfcurité
dans celle-ci.
I l eft vrai que le terrein fut mefuré fuivant lamefure de
Beaucaire ; mais ce fut fans doute parce qu'on emprunta un
Arpenteur dans cette V ille , ôc jamais on n’a pu fe faire un titre
d'une pareille opération. En un m o t , tout eft dit quand on fe
rappelle que les procédures de 1307 ne dépouillèrent point
le Comte de Provence de la propriété de l'ille Bertrand, pu i f
que le 19 Août 1323, le Roi Robert adrelfa une commiflion
au Sénéchal de Provence , pour connoître d’un Procès con
cernant des héritages fitués dans Pifle Bertrand,
T o u s les raifonnemens qu’on ajoute à cet égard , deviennent
inutiles. Q uoiqu’il ne foit pas dit précifément dans les eommiftions, qu’il étoit queftion de décider de la propriété du
R hône ou d’un partage , ce n’étoit pas moins 1 objet des deux
Cours, puifqu’il falloit décider de la propriété des ifles , ou
de certaines ifles du Rhône 3 & il n’en eft pas moins vrai par
la leêlure des pièces, qu’on n’imaginoit pas alors que le R oi de
Trance pût former à aucun titre la moindre prétention fur les
terres attenantes à la Provence , & que le R o i de Sicile ,
Comte de Provence , en forment fur des terres jointes au Lan
guedoc. C e Ample coup d’œil fera voir lequel des deux Princes
paroilfoit avoir plus de droit fur le fleuve.
1S+L e Languedoc l'a bien fenti, puifqu’il voudroit, i°. faire
entrevoir qu’il n’étoit queftion dans la commiiTion, que de
terres attenantes aux deux rivages ; mais la feule enquête fur
1 rfle
�l ’ifle de Stel, prouve que c ’étoit réellement une iHe entourée
de bras du Rhône allez confidérables, pour qu’on pût y
pécher & y naviguer. Il fe rejette encore fort inutilement fur
la différence des droits refpe&ifs des Provinces ôc de ceux
de la Couronne. Sans doute qu’aujourd’hui que les deux Pro
vinces appartiennent au même Souve ain, ils font très-différens ; aulfi la Provence ne réclame que ceux que voudroic
s’arroger Je Languedoc, & reconnoît tous ceux qui appar
tiennent à fon Souverain : mais au tems du procès - verbal
que nous examinons, les droits contentieux entre chaque
Province , l ’étoient également entre leurs Souverains. L a
feule lumière naturelle le montre ; & on le verra bientôt
encore plus clairement.
2V. Encore une fo is, la quellion de la fouveraineté du
Rhône n’d l plus une quellion , depuis que les deux Provinces
riveraines font foumifes au même Maître. L es droits de la
Couronne font abfolument les mêmes ; & elle eff aulli allurée
de les conferver d’une maniéré que de l ’autre : mais fi elle
n’a été mife en poffelîion du Rhône que par la Provence, fi
elle n’a joui réellement , & de fa it, de fes droits fur le
Rhône, qu’autant q u elle a joui de la Provence, comme on
l ’a démontré, celle-ci eff fondée à réclamer une propriété
quelle ne peut pas avoir perdue par fa réunion, puifqu’à
s’en tenir au titre de cette réunion , elle ne doit rien
perdre.
5°. Comment le Languedoc a-t-il pû foutenir que les droits
du Roi & de cette Province ont dû être féparés , lui qui a fçu
& dû fçavoir, que depuis la mort dJAlphonje de Poitiers, &
celle de Jeanne de Touloufe , fa femme, arrivées en 1271 >
jufqu’à l ’Edit donné par le R oi Jean en Novembre 1361 ,
pour la réunion à la Couronne des Duchés de Bourgogne
S
E«m. p. i s g)
�138
Hift de Lang I
26 » t. 3 , p . j z j , & 6c de Normandie j & des Comtés de Champagne & de Tou
L 3 2-} t. 4 , p. 32 ç.
V . Rec. des Orcl. loufe , les Rois de France gouvernèrent les différens Pays dont
.
..
t* 4 > p. 2 H , a n i
& C atel. C tn ft. p.
.4S>8.
ils avoient hérité par la mort de Jeanne, en qualité de Succejjeurs
des Comtes de Touloufe , comme Comtes particuliers de cette
V ille, Cf comme fi tous ces Pays eujjent compofé un Domaine
qui leur étcit propre Cr particulier. On ne fait ici que copier les
expreiïions de l ’Hiftorien de Languedoc , qui répété la même
chofe fous l ’annce 1 361, en termes équivalens. Ainfi dans
tous les aêtes intermédiaires de propriété ou de Jurifdi&ion
qu’ont exercé les Rois de France , on ne p e u t, ni dire qu’ils
k s ont exercés en qualité de Rois de France , ni féparer cette
qualité de celle de Comtes de Touloufe , qui étoit proprement
celle en vertu de laquelle ils agifl’oient. L e Languedoc n’eft
donc pas fon dé, dans cette occafion, &. dans plufieurs autres
pareilles, de mettre en avant les droits de la Couronne. On
en fait la remarque ici feulem ent, perfuadés que l ’application
en fera aifée à faire dans l ’occafion.
4°. Il n’eft pas douteux que le détail des monumens du tems,
relatifs à la propriété du R h ô n e , n'eût été le fujet de Vhifîoire de Languedoc , où Pon s'étend beaucoup Jur d autres objets
bien moins intéref ans. Il en a fans doute pâlie un'grand nombre
par les mains du fçavant ôc laborieux Bénédictin, qui en
avoit été chargé. Par quelle raifon n’en a-t-il publié aucun,
tandis qu’il n’y a point de fiécle qui ne fourniile à la Provence
plufieurs productions ? On ne peut s’empêcher de le dire &
de le penfer, ces titres contrarioient trop le fiftême qu'il avoit
à défendre ; & de ce nombre eft certainement l ’aéte dont on
va nous obliger de faire l ’examen..
�§. II. Acte paffé à Beaucaire le 3 Août 1 327 , concernant
les PoJJeJJeurs defonds dans l'ijle de Lubieres.
Exam, pag. ij 8 &
fuiv.
Quoique l ’ilîe de Lubieres n’exifte plus , il ne faut pas s’é
tonner qu'elle paroiffe fur la fcêne pour les tems où elle a
exid é, dans toutes les occafions où la Provence a eû des
preuves quelle lui appartenait. L ’aêle que nous examinons eu
ell une des plus décifives , quoiqu’en dife le Languedoc. Il a
fallu toutes les reffources d’un efprit fécond en expédiens*
ôc qui fe dévoue à la trille occupation d’en chercher , pour
y trouver des difficultés.
Il commence par avancer que Pille de Lubieres &* le cours
du Rhône font fpécifiquement defignés dans le partage de Van
1 1 2 ; , comme limites de la Terre cédée au Comte de Provence.
Mais il manque ici de mémoire ; car dans l ’examen du traité,
il s’éroit contenté de donner le Rhône pour limites à la por
tion de Raimond Berenger ; il y ajoute à préfent Pille de Lu
bieres, par la raifon que cette addition lui ell nécelfaire, ôc
fans fonger, ou plutôt croyant qu’on ne s’appcrcevroit pas ,
1?. quelle ell abfolument contraire à la lettre du traité,
feut Rodanus vadit inter infulam de Lupariis & Argentiam :
& 2°. qu’il eft convenu lui-m êm e, fur une defeription pa
reille, que Pille de Camargue rtfia au Comte de Provence.
Quoique ce Prince jouit & dû jouir de même de l ’ilie de
Lubieres ; le 30 de Mai de Pan 1 327, les Officiers de Beau
caire y firent publier, à fon de trompe & cri public , que
tous ceux qui pofiédoient des Domaines dans Pille de Lu
bieres , eulfent à en faire leurs déclarations pardevantla Cour
Royale de Beaucaire, fous peine de la perte de ces mêmes
Domaines. L es Officiers du R o i de Sicile, inftruits de cette
Exam. P. %(. j0f.
�J40
procédure, en portèrent fans doute leurs plaintes à ceux du R oi
de France.c\m fentirent qu’ilsavoient fait une fauffe démau-ue,
puifque celui qui exerçoit l’Office de la Sénéchauifëe de
Beaucaire ordonna au Lieutenant du Viguier de Beau:aire ,
de la révoquer. L e Juge d'Avignon, pour le Roi de Sicile ,
fe tranfporta à Beaucaire, ôc y reçut, le 3 Août fuivant, le
défaveu ôc la révocation que fit le Lieutenant pardevant un
Notaire du lieu. Qui dcminus locum tenens..............exequendo
mandatum litteratoriè Jibi faftum per Regentem Senefcalliam
Bdlicadri G* Nemauti prxàiCtam.prœconifaùonem Cr alias emnes
clim faüas per curiam diSli Domini Regis Franciœ, Juger fafto
dicice infulce Luperiarum , incontinenti revocavit. J outes les
réfléxions que l’on pourroit faire à l’avantage de la Provence,
feroient au-deïïous de celles qui fe préfentent naturellement
à l ’efprit ; ôc perfonne ne fera étonné de voir qualifier la pro
clamation du 30 M a i, d’entreprife de la part du Languedoc.
Après cela , il eft inutile de propofer l ’alternative , que l ’ifle
de Lubieres appartenoit à la Provence ou à la France , puis
qu’il eft conftant par l ’aête même , que c’étoit à la première >
non par ceffiorr, ou tout autre titre équivalent, mais parce
qu’elle lui avoit toujours appartenu, ôc que la Provence n’en
avoit jamais été dépouillée. I l eft tout aulfi inutile de re
chercher fi les Propriétaires des Domaines fitués dans l’ifle
étoient Provençaux ou François : les uns ôc les autres envifage's fous ce point de vû e, n’étoient Jufticiables que du
Com te de Provence ôc de fes Officiers. L e feul cas où ceux
du Languedoc auroient pu juftifier leur proclamation, auroit
été pour ordonner aux Sujets du R o i leur Maître , qui avoient
des Domaines dans les Pays étrangers, ôc notamment dans
l ’ifle de Lubieres, qu’ils euflent à s’en défaire; mais l’on doute
que le Languedoc adopte cette explication»
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Il auroît voulu que le Juge de Provence fe fût borné à
défendre à lés Provençaux de Lubieres , d’obéir à l ’Ordon
nance de la Cour de Beaucaire ; le Juge l ’auroit pû, & il y
a apparence qu’il s’en feroit contenté , fi la chofe eût regardé
VEmpereur de la Chine, qu’il plaît au Défenfeur du Languedoc
d’amener ici en Caufe ; car l ’Auteur du Mémoire du Languedoc v e u t , à quelque prix que ce foit , être plaifant. Mais
:
qu’il avoue de bonne fo i, que fi la chofe fe fût paffée ainil ,
il feroit aujourd’hui le premier à dire que c’eft un titre que
s’eft fait la Provence, 6c que nul ne peut s’en faire. L ’aveu
de fes Auteurs le gêne; il y cherche des invrai-femblances }
tandis qu’il eft clair que ce fut une chofe convenue par bon
procédé de la part du R oi de Sicile, qui en rendant au R o i
de France tous les égards qu’il lui d evo it, exigea pourtant
qu’on lui rendît juftice. Croira-t-on le L an gu ed oc, quand
il dit que ce fût un Notaire qui défavoua ou révoqua l ’O r
donnance de la C our de Beaucaire , lorfque l ’acle même , r^ate
porte que ce fut le principal Officier de cette même Cour, devant Notaire%&
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1 e moi ns quc Ja pro*
qui avoit trait iaire la proclam ation, a la vente en prelence ciamation faite,
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d’un Notaire & de plufieurs Témoins ?
Il demande encore oîi trouver un fécond exemple d'une pareille
démarche ? L e hazard le fert mieux qu’il n’avoit cru. A peu
près dans le même-tems, en 1 5 35 , le Viguier de Beaucaire
engagea un Pécheur à aller tendre fes filets dans le Rhône du
côté du bois Comtal, Domaine de l'Archevêque d'Arles. Gafbert de Laval, qui occupoit alors ce S ièg e , s’éleva contre la
nouveauté &. l ’injuftice ; elles étoient fi criantes, que le
même Officier ordonna à un des Sergens de fa Cour , d’en
lever ou de faire enlever les filets qui faifoient l ’objet de la.
querelle. Celui-ci emmena fur les lie u x , le 24. Janvier 1333
( *334y ) le même Pécheur qui avoit fait la faute, & qui ne.
cation.
�144
s’excufa que fur ce qu’il n’avoit pas allez de force. On com-«
manda neuf hommes qui retirèrent un des quatre engins que
le Pécheur déclara par ferment avoir placés ; & il confentit,
.de même que le Sergent, que dès qu’on trouveroit les trois
autres, ils fulfent enlevés à la volonté du Seigneur Arche
vêque. Effectivement le ip Mars fuivant , le Clavaire , ou
Receveur de l ’Archevêque , en fît enlever & brifer un fécond
en préfence du même Pécheur, & de deux Sergens R oyaux
de Beaucaire, dont l’un étoit le même qui avoit aflîfté à la
procédure du 24 Janvier. Ce ne font pas-là des Jugemens , on
en convient, mais ce font des aveux & des démarches plus
concluans qu’aucun Jugement : & nulle L o i ne porte qu’on
ne pourra prouver une propriété par d’autres titres que des
Jugemens,
foam. P. m.
III. Procès-verbal du 4 slvrïl 1 4 7 4 , au fujet d'une barque
faifie au Port de Trinquetaille par le Lieutenant
de la Sénëchaujfée de Beaucaire.
L a Provence avoue que cet aéte regarde le lieu de Trin
quetaille, & la grande braflîere du Rhône , que le Languedoc
convient n’être pas difputée à la Provence. Dans un tems où
l ’on croyoit que tout l ’é to it, il a fallu fe défendre de tous les
côtés: du refte les proteftarions refpeétives n’ont fait que
conferver les droits des Parties ; & on s’en rapporte à ce qui
en a été dit dans les Mémoires de la Provence.
§. I V . Procès-verbal du xi Juin 1474.
L e Juge de Beaucaire, fuivant cette p ièce , avoit fai fi une
barque dans le Port de Trinquetaille, comme étant en con-
�travention aux ordres du R o i de France. L es Officiers d’Arles
s’y oppoferent, firent voir que la Jurifdiétion fur le Rhône
appartenoit à leur Archevêque Ôt au Ilo i René. L e Juge de
Eeaucaire, après quelques proteftations, donne mainlevée de
fa faifie , & confent que la barque foit faille de l ’autorité des
Juges Provençaux.
C ’eft ici qu’éclatent les refiources du génie du Languedoc.
Suivant lui , les Officiers Provençaux reconnurent le droit quavoit
Exam.p. is*.
eû le Lieutenant de pourfuivre la barque fur le Rhône, p u f qu'ils
lui promirent de faifir eux-mêmes cette barque. . . . . L a con-r
féquence n’eft-elle pas admirable ?
§. V . TranfaCiions de iyo-p Cf de
On avoir produit ces titres pour prouver que les ifles de
Me\cargues &. de Gaujac ont été pofiedées par des Pro
vençaux , ôt qu’ils en difpofoient entr’eux. L e Languedoc ne
veut pas que ces titres, s’ils étoient les feuls que nous eu/îîons>
fufient capables de nous faire adjuger la partie du Rhône que
nous réclamons : à la bonne heure. Mais iis font un anneau de
la chaîne de preuves que nous rapportons , &. qui ne laiifent
aucun doute lur nos droits.
§. VI. Arrêts du Grand Confeil des 13 A vril 1587 ^ Cf 50
Septembre' 1609.
On ne trouvera pas, dit-on, dans les dfpofitifs de ces deux
Arrêts, que la partie contenticufe du Rhône appartienne à la
Provence, il n’étoit pas queftion aux Procès de cette partie en
totalité ; ainfi les Arrêts n’ont pas pu prononcer là-deflus ; mais
ces Jugemens décident que les ifles qui faifoient la mariera
p- '7*-
�144
des deux P ro c è s, & qui étoient dans cette partie contentieufe , dépendoient de la Provence ; ce qu’on ne peut dire
fans préjuger que cette partie contentieufe en dépendoit aufli.
On ne trouvera pas, ajoute-t-on, que la Couronne ait jamais
cédé eu perdu fes droits fur tout le cours, ou fur quelque partie
du cours du Rhône. Jamais la Provence n’a rien dit de pareil ;
elle a toujours foutenu au contraire , & prouvé , que nos
R ois avoient été Maîtres du R h ô n e , en le devenant de la
Provence en y jtf, plus de 200 ans avant que de le devenir
de la Septimanie, ou Pays qui portent aujourd'hui le nom de
Languedoc -, que lorfqu’il y a eu dans la famille R oyale , des
partages de la Monarchie Françoife, & notamment des deux
Provinces qui font en Caufe , ceux de ces Princes qui ont
régné fur la Provence , ont aufti régné fur le Rhône ; que
lorfque le Royaume de Provence fut détaché de la Monarchie
par l’ufurpation de Bofon & de fes Succefleurs, la Couronne
conferva de droit tous les droits quelle avoir fur les Provinces
ufurpées, & fur le Rhône qui en étoit une dépendance, ÔC
qu’elle a repris de fait toute l ’autorité qu’elle avoit fur ces
Provinces , quand elles lui ont été réunies. Ainfi la Provence
a toujours tenu un langage oppofé à celui qu’on lui prête.
L ’ijïe de Trefbon..................a pû paroître au Grand Confeil
appartenir à la grande braffiere du Rhône. Comment prêter
ces vues au Grand C o n fe il, puifqu’il eft parlé dans l’Arrêt de
vues ôt plans figurés des lieux contentieux ; qu’il n’y eft pas
parlé une feule fois de cette grande braiïiere, & qu’il y eft
répété peut-être vingt fois que ces lieux étoient entre la partide ou féparation des terroirs de Eeaucaire (y de Fourques, qui
eft bien fupérieure à la V ille à'Arles. Le fort de ces ijles efl
encore indécis (y fournis au Jugement des deux Inflances indccifes
au Confeil du Roi. C ’eft parce qu’il n’y a rien d’afluré avec
les
�les Etats de L an guedoc, que Jes Procureurs des Etats de
Provence fe font enfin déterminés à prendre le fait & caufe
de fes rlabitans véxés par un voifin ambitieux.
On avoir rapporté, dans le premier Mémoire de la Pro
vence, le réquifitoire du Procureur Général du Grand Conf e il, lors de ces Arrêts, & parce que ce Magifîrat fe fert du
mot Théodore au lieu de Theodoric , de Cloâous au lieu de
Clovis, l ’Auteurdu Mémoire du Languedoc fait cette fortie
obligeante contre l ’Auteur de celui de Provence.
VAuteur du Mémoire auroit mieux fait fans doute de taire Eiam. p. I7i,
prudemment des expofés fau x Cf même contradictoires, des faits
évidemment romanefques, Cf des détails peu corrects d'un fjlêm e
imaginaire. Mais un homme auffi inftruit que le Défenfeur du
Languedoc , a-t-il pu croire que quelques exprefiions vicieufes
l ’autorifoienr à traiter de fau x, de romanefques &: de fables ,
des faits notoirement reconnus pour vrais ? L e R oi Théodore Exim.p.ir>*
elt vifiblement Theodoric -, le R o i Clodous, Clovis nommé dans
les Ecrivains du tem s, Chlodovechus & Chlodovcus. L es Pro
vençaux font les Habitans du Pays connu aujourd'hui fous
le nom de Provence. L e Pont qu'ils défendoient contre les
François, eil le Pont d’A rles, qui, fuivant l ’expreiîion des
Hilîoriens de Languedoc , étant alors le feul qui pût faciliter
It pajfage du Rhône >étoitpar conféquent un pofte très-important, t. s, §■ +j .
Et la plupart des faits qu’on avance dans la fu ite , ont été p'
prouvés dans le Mémoire de la Provence. L es allégations de
la Communauté de Ea/bentane Cf de Petit, qui faifoient valoir
les inféodations que leur avoient faites les Officiers de Pro
vence , font foutenues, <Se celles de leursAdverfaires, aujfi va- Ex3m. p. nv
gués que faujfes, ne portent jamais que fur des fuppolitions &
fur des raifonnemens que le Défenfeur du Languedoc a eu foin
de raffembler & de répéter, & qui font détruits par les M éT
�îq.6
moires de la Provence. Quand on envient aux'produ&ions du
fleur de Perraut, l’un d’eux , qu’ y trouve-t-on de cité , autre
que Demcfthcnes en fes oraifons, & l’Arrêt du Parlement de
Touloufe de 1493 ? Il eft vrai que dans la difcuflion des pro
cédures , on cita nombre de pièces relatives à ces procédures;
& c’eft-là ce que le Défenfeur du Languedoc veut faire valoir
( p. 181): mais toutes ces pièces , poftérieures à la réunion de
la Provence , ne furent regardées que comme des furprifes
faites à la religion de nos Rois*, & des entreprifes de la part
des Officiers du Languedoc. Quant aux principes généraux
qu’il veut établir, fans en donner la moindre preuve, comme
que tous allés de Jurifditlion ont été exercés exclufivement par,
les Officiers du Languedoc dans ladite riviere du Rhône, ècc. nous
en laiffons la décision à ceux qui auront lû les deux M é
moires avec la moindre attention.
ïxam-r. 179,uc;
J1 n’eft pas néceffaire de renvoyer à l’Arrêt de i y87 , pour
s’affurer de l’opinion que le Mémoire de la Provence a prêtée
à la Dame Eorrit ; il fulfit de voir les mots qu’on y a copiés
Ivîém. p. 102.
fidèlement. Cette opinion d’ailleurs, quelle qu’elle fû t, fut
profcrite par l’ Arrêt. Et ceux qui compareront exaélement
les moyens ôc les preuves fournies par les deux Parties depuis
ïx a m . p . i * 3 *
dou7Le (ïécles & p lu s, verront que la Provence , en réclamant
fes droits fur le R hône, ne réclame qu’une poffelfion dont
elle a toujours joui, & dont on veut la de'pouiller, & que
nos R ois n’ont aucun intérêt à cette conteftation, puifque
dans quelques limites que le Rhône foit renfermé , iis au
ront toujours fur lui les mêmes droits de propriété & de
Souveraineté.
�*47
§. V I I .
A â e de vente de l’iflon du Colombier faite par la
Communauté de Boulbon le 1 o Avril 1 6 17.
L a feule réponfe du Languedoc contre cet a &e , eft que
Pille du Cafelet avoit des albergues payables au Receveur
ib\d. p. u 3,
du Domaine de Nîmes. Mais il s’agit ici de Lille du Colombier ,
& le payement des droits du R o i n’eft pas feul capable de
dé/îgner la Province dans laquelle un terrain eft litué.
§. V III. Arrêt du Confeïl d'Etat du 3 1 Décembre 1 670.
Il eft vrai que la contefaticn qui amena l ’Arrêt dont il eft
ici queûion, fu t élevée entre des Provençaux pour des droits
refpeclifs, fur un péage purement Provençal: il l ’eft aufli que
ces Provençaux feroient bien étonnés de voir des Etrangers
vouloir aujourd’hui s’emparer de polfeftions fur lefquelles on
n’imaginoit pas alors qu’ils pulfent jamais former la moindre
prétention : mais il ne l ’eft pas que ce péage foit tout-àfait
étranger à la Caufe préfente. L ’examen des pièces produites
& rapprochées, avec raifon , par le Défenfeur du Languedoc,
fulHroit feul pour la décider en faveur de la Provence.
La première, eft une tranfaêlion palfée le 17 d'Octobre
iipp , entre les Seigneurs & les N obles de Tarafcon, & la
Communauté d e l à même V ille. Chacun d’eux récîam oit,
entr'autres, le péage ouufage de Lubieres. On prit des A r
bitres fur les prétentions refpeêtives : ils décidèrent que ce
péage appartiendrait à perpétuité aux Seigneurs de Tarafcon ,
avec franchife pour les Habitans de la V ille , & qu’ils ne
pourraient, fans l ’avis des C onfuls, mettre ni augmentation ,
ni nouvelle impofitionfur ceux qui pafleroient par le R h ô n e ,
p. ig^.
�148
de quelque lieu qu’ils f i f h n t , rec tranfeuntllus per Rcdamrn j
undecumque fuit, quodlibet ncvum vetfigal, feu ufancum, fine
ccjfilio omnium Confulumfmdicant. Certainement on ne savife
pas de prendre des Arbitres pour des droits qui n’appartiendroient à aucune des Parties contendantes. V oilà donc un
péag^ du Rhône en conteftation uniquement entre des Pro
vençaux , &c adjugé à des Provençaux, les Seigneurs de 7 arafeen. Comment la chofe auroi t-el l e pû être autrement >
puifque Rivant la defeription du cours du Rhône , portée
par le partage de l'an i i a j , Pille de Lubïeres, où ce péage
avoit du être établi originairement, dut néceffairement, ainfi.
que la Camargue , tomber dans le lot du Comte de Provence ,
& ipfe Rodanus vadii inter infulam de LuparüsC? Argenciam.
L a fécondé , des pièces produites, en date du mois de
n. s ,ibid.
Septembre 1221 ,eft une enquête de dix-huit T ém o in s, fur
les droits refpeôtifs des Seigneurs & de la Communauté de
Tarafcon, ou plutôt fur ceux du Comte de Provence que
celle-ci défendoit» Tous , ou prefque tous, dépofent les faits
qu’on va préfenter, & ceux qui ne difent rien en faveur de
ces mêmes fa its, déclarent iimplement qu’ils n’en font pas
inftruits. Suivant ces déportions:
i ° . Gernique ou Gernica appartenoit au Comte. L e D o
maine ( Cuiia) faifoit valoir une partie des terres , ôt le relie
avoit été donné à cens: aliam partem. . . . tenebant hommes
pro Comité. De Gernica. . . . vidit quoi terras quee finit fuper
futnum tenebat Curia ; cmnia alla erant acenfiata. . . . O data
per cordas, & c. O r Gernique étoit une ifle du Rhône entre
Tarafcon ôc Eeaucaire, ainti qu’il efb porté dans un traité du
Mem.p. 3S& 37 1 8 Avril i 176 , dont il a été parlé. Fattafuerunt fupra ficripta
omnia in infula de Gernica inter Tarafconem & Bellicadrum. O n
Ibid, p J6.
peut fe rapptllcr que le Comte de Provence y avoit tenu un
�ï 4P
plaid iclemnel en 1150 , pofiérieurement au traité de l ’an
1 12S > & en 1241 , tems où Eeauraire & sJrgence avoient paffé
entre les mains du H oi de lrance , en vertu du traité de
Paris de l’an 1229; elle appartenoit certainement au Comte
de Provence. Ce fut le lieu choifi pour rendre une Sentence t v. gu;11. h.-p^rde divorce entre Raimond V il. Comte de Touloufe , & Sancie édit, tie Catâi.
d/lrragon fa femme. L a Sentence auroit pu être rendue à
p1'
\
1
>/•
»
« La Chaife, Hifî. He
Montpellier, ou toutes les ram es sétoient rencontrées, oc s.Louis, 1.
où J affaire avoit été dilcutée: mais comme elle inte'reffoit l a ' ’ f
Cour de France, & quelle devoit lui déplaire , puifqu’elle
ne tendoit à rien moins qu’à faire perdre à yilphonfe, frere du
R o i , la fuccellïon du Comte de Tculoufe , dont il avoit époufé
la fille, on prit, pour rendre la Sentence, un lieu qui ne
dépendît en rien de la France, &. fille de Gernique fut choifie
comme le premier pofle dans les Etats de Provence. C e fu t . Ga<iumeieP«rpar cette conlldération que l ’Evêque deFoulcufe, qui avoic
accompagné ces Princes jufqu’à Eeaucaire, ne voulut jamais
en lortir, quelqu’inftance que lui en Ht le Com te. Audi en
reçut-il des remercirrens de la Cour de France. Au relie cette
fe'ancenedut être que l ’affaire de quelques heures, & pour
la forme : le lieu n’étoit pas propre à loger tant de Princes
& de Seigneuis ; & il parent, par le récit de l ’PJidorien , que
le Comte de loulonfe reprit tout de fuite la route de fes
Etats.
2°. L e Comte de Provence exigeoit à Tarafcon un péage
tant par eau que par terre , où l ’on tranfportoit les ballots
quipaffoient parla riviere, pour la vérification du péage -, 5c
les perfonnes mêmes qui étoient franches de cc péage, n’avoient pas la liberté d’acheter les marchandifes qui étoient
fur la riviere, ex quo erant in filo aquee, fans les faire trans
porter à terre pour éviter la fiaude & les aLus. Les con-.
c’e’ftvT
le méme
�ï fo
teftations auxquelles l’exaétion du péage donnoitlieu, étoient
jugées par les Officiers du Comte. L e Com te augmentoit ôc
diminuoit le taux de fon péage à fa volonté , quando volebat.
Il feroit difficile de trouver des actes plus formels de. pro
priété ; auffi voit-on continuellement dans les états de recette
des Comtes de Provence, des affignations de pendons fur le
péage de Tarafcon’, & la maniéré dont on l’exigeoit démontre
la domination du Com te fur le Rhône , qui en étoit le
théâtre & le véhicule.
3°. Ce Prince empêchoit les bateaux chargés de fel qui
venoient de Saint Gilles, de palier outre , &. les obligeoit de
s ’arrêter zTarafcon , &. il nefouffroit en aucune maniéré , nullo
àliquo modo Cornes fujlinebat, que ceux qui en avoient porté
par terre jufqu’à Tarafcon , le miflent fur le Rhône jufqu’à la
Durence, à Durentiâ citrà. Si le fleuve n’eût pas dépendu de
lui , & s’il n’avoit pas eu les moyens de faire exécuter fes
ordres , il y a apparence qu’on n’en auroit pas fait grand
cas.
4°. L e droit d’EJlurgeon appartenoit aux Comtes de Pro
vence , ôc avoit été par eux donné en gage à la Maifon de
Gantelme. V o ilà donc la pêche , ainfl que la navigation du
Rhône , foumife à leur domination.
5°. Enfin le péage de Lubieres appartenoit originairement
au C o m te; il exifloit encore en 1221 , des perfonnes qui y
avoient vu des Exacteurs pour lui. Les guerres qui furvinrent
en firent deffiner les fonds à la clôture de la V ille de
Tarafccn qui en jouit jufqu’à Pan i i p d , & qui mettoit an
nuellement ce péage aux enchères avec le droit de mefure.
Les Gentilshommes s’cn emparerent enfuite ; &. comme la
Communauté ne put y alléguer aucun droit, puifqu’il étoit
au C o m te, il leur fut adjugé par Sentence arbitrale ( de l’an
�I f*
^
i ipp ). Àinfi voilà encore un péage du Rhône qui appartenoic
inconteftablement à la Provence ; & fi cette propriété donnoic
lieu à quelque conteftation , ce n’étoit qu’entre des Provençaux
& comme Provençaux.
L a troiiiéme des pièces produites, eft une Sentence ar N. 6 prem._Re<3nêt«
bitrale rendue le 27 Novembre 1 2 2 1 , entre Raimond Berengert
Comte de Provence, d’une part, & les Seigneurs & Habitans
de Tarajcon , de l ’autre , fur leurs droits refpeêtifs. N ous
n'cn préfenterons que les articles qui intéreffent la queftion
préfente.
i®. On conferve le péage de trois fols par muid de fel
qui palfoit par eau devant Tarafcon, & la portion de ces
trois fois qui avoit été adjugée aux Seigneurs ; ôc à condition
que fi pour l ’intérêt des l'alins , ou par toute autre confidération, on venoit à défendre le tranfport du fel par ea u , on
dédommageroit les Seigneurs de leur portion , à dire d’E x °
perts; Cette condition de l ’intérêt des falins, pro commodo
falinariœ , fait voir qu’on com ptoit que la prohibition ne
pouvoit venir que de la part du Comte de Provence qui étoit
feul à y avoir intérêt ; & il eft clair qu’on ne l ’inféra que pour
prévenir l ’abus que fes Officiers ôc fes Miniftres auroient pu
faire de la claufe ou de l ’ufage, quiexcluoit les Seigneurs de
Tarafcon de tout droit fur le fel qu’on portoit par terre.
20. Si quelqu Habitant de Tarafcon ( ils étoient tous francs
du péage, ) acheté un bateau , ou une partie de bateau dans
le fl de Peau , il fera obligé de le conduire fur le rivage
&Avignon ou de Tarafcon.
3°. Si un Etranger relâche à Gernique avec un bateau ou
un radeau , le Comte y percevra fon péage ; 6c fi un H a
bitant de Tuiafcon en acheté quelque chofe , &r qu’il le
tranfporte dans la V ille , ce qu’il aura acheté fera franc de
�,
’1 ? 2
tout péage , tant pour le Vendeur, que pour T Acheteur;
4 °. Aucune denrée ni marchandée , pas même le f e l , ne
pourra être achetée dans le fil de l'eau , qu’elle n’ait été
mefurée ou péfée à Avignon, ou à Tarafcon.
j^ .S i un Etranger porte du fel par eau en fécret , pour
frauder le péage , le navire 6c le fel feront confifqués ; les
trois quarts de la confifcation appartiendront au C o m te, 6c
l ’autre quart à la Communauté: & le Comte fera punit le
coupable comme il le jugera à propos. Si la fraude efl commife par un Habitant de Tarafcon , la confifcation aura lieu
de même ; le coupable ne jouira plus de la franchife, 6c fa
perfonnefera livrée aux Confiais pour en faire'juftice.
6°. Enfin il étoit défendu à tout Habitant de Tarafcon, de
faire paffer fous fou nom des marchandifes qui appartînlfent à
des Etrangers res aliénas, [a) foit qu’elles vinifient de Marfeille,
de Montpellier ou d'ailleurs, tant en-delfius qu’en-deffüus.>
fous peine d’être privé avec toute fa poftèrité , de toute fran
chife du péage.
L a quatrième des pièces qu’on a citées , eft une nouvelle
tranfaétion palfiée le 7 de Septembre 1 226, entre le même
Comte ôc les mêmes Seigneurs ; ceux-ci lui remettent tous
les druits qu’ils avoient fur la V ille de Tarafcon , fous diffé
rentes referves , 6c entr’autres de leur ancien péage appellé
l ’ufage de Lubieres , 6c detous les droits qu’ils avoient fur l ’ille
de ce nom 6c fur fes dépendances. Jus pedagii antiqui.............
quodvocatur vulgariter ufaticum Luperiarum, G* jus quod habemus
in eadem infula & ejus pertinentiis.
( a ) Ce mot aliéna.!; étrangères doit fe rapporter aux Habitans de Tarafcon, qui
auroient voulu fauilement les faire palier lous leurs nom s, & non aux Pays d’où
venoientles marchandifes , comme l’a traduit le Défenfeur du Languedoc qui cherche
Iran la vérité, mais à tourner tout à fan avantage.
Toutes
�7 outes les re’flexions dont on pourroit accompagner ces
extraits, neferviroient qu’à affoiblir l ’impreflîon qu’ils doivent
avoir faite fur l ’efprit de tout Lecteur attentif. La propriété
du Rhône y éclate de toute part ; ides , péages , pêche, navi
gation j tout efl: entre les mains & fous la dépendance du Comte
de Provence : après cela ne doit-on pas être étonné d’entendre
dire au Languedoc , que cette affaire efl tout-à-fait étrangère
à la Caufe préfente ?
Les moyens qu’il emploit pour le prouver, font tout auiïî
linguliers. D e ce qu’on entendoit autrefois par péage, toute
forte d’impôts qui fe payoienr fur les marchandifes qu’on
tranfportoit d’un lieu à un autre , s’enfuit - il que le lieu
fur lequel l ’impofition étoit due, ne dépendît pas de celui au
profit duquel elle étoit le v é e ? O r, il eft viable parce qui a
été produit, que les denrées & marchandifes fujet tes à l ’im
pofition ou péage , y étoient afïiijetties en faveur du Com te
de Provence, dès quelles empruntoient la voye du R h ô n e , &
cela répond auffi à la derniere phrafe de cet article de l’examen
où il efl dit, les Comtes de Provence étoient les Maîtres de lever
chez eux , à Tarafcon eu ailleurs , des droits fur les denreés qu’on
y amenoit de Montpellier, de Beaucaire, ùr des Indes même,
feitpar terre, foit par mer, Joit par le Rhône y mais il ne s’enfuit
pas de-là qu'ils fujfent Propriétaires de Montpellier , des Indes,
de la mer ou du Rhône. Non fans doute: mais s’il étoit prouvé
qu’ils pereuffent l ’impofition à M ontpellier, comme il efl:
prouvé qu’ils la percevoient fur le R h ô n e, on feroit peu fondé
à leur en difputer la propriété.
Ainfi, toutes les pièces produites concourent à prouver la
jufîice de l ’Arrêt du Confcil d Etat du 31 Décembre 1670,
qui maintient un péage purement Provençal fur le Rhône; <3c
il n’a été produit pat la Provence qu’à caufe de cette maintey
�iÏ4
nue. C ’eftun fait confiant & de notoriété publique ] que ce
péage n’a jamais été levé , & ne fe leve aftuellement que fur
les marchandifes paffant fur le R h ô n e , de quelque part quelles
viennent, foit en m ontant, foit en defcendant.
§. I X .
Arrêts du Conftil des 24 Oâobre 1687
16$1..
L ’Arrêt de 1687 ne regarde que la grande brafliere du
R hône en-deflous de la V ille d’A rles, qu’on ne difpute pas
aujourd’hui : on l ’a produit fans doute , parce que le Langue
doc difputoit tout le cours du Rhône jufqu’à la mer: ainfi, ce
titre & les autres concernant la grande brafliere, a eu l ’effet
qu’on en attendoit.
L e fécond Arrêt ne regarde ôt ne peut regarder que la
partie contentieufe du R h ô n e , puifqu’il a été rendu à la re
quête des Procureurs du Pays de Provence , & qu’il porte un
abonnement avec eux pour des droits domaniaux aufquels ils
ont intérêt ; ils n’en auroient point, fi la chofe rcgardoit la
V ille d’Arles , dont l’adminiftration & les importions leur
font étrangères : ainfi la referve portée par l ’A rrê t, des illes
& crémens du Rhône , ne peut regarder que la partie conten
tieufe du fleuve ; & on a raifon de la donner comme une reconnoiffance portée par l ’A rrêt, des droits qu’a la Provence fur
cette portion du fleuve.
L eD éfen feu r du Languedoc confond ces deux Arrêts mala-propos ; le fécond n’eft point la fuite de l ’autre, comme il le
prétend: la redevance de 3J000 livres que le Pays de Provence
paye en exécution de l ’Arrêt de 16 9 1 , ne concerne nullement
la V ille ni le terroir d’A rles, qui paye de fon côté une autre
redevance d e ^ à y o o o livres en exécution de l ’Arrêt de 1(587.
\
�§. X
Arrêt du Confeil d’Etat du 22 Août 1690,
Exam.p. jso)
u
?.
O n ne s’arrêtera point à relever tout ce que dît le Langue
doc fur cet A rrêt, 6c les autres titres qui y font relatifs. Ses
objections ont été prévues & refutées dans les précedens écrits
de la Provence, où l ’on s’eft attaché à ne raifonner que d’a
près le texte même des Arrêts ôc des Lettres patentes dont il
s’agit ici: l’on ne pourroit faire à cet égard, que des répéti
tions inutiles.
Il réfulte donc de l ’examen des pièces qui forment ce fécond récapitulation-;
article dans le Mémoire du L anguedoc, que la Provence a Exa®.p. u>&fuir.
continué de jouir des iiles , des péages ôc de la pêche du
Rhône ; que quand le Languedoc a formé des prétentions
fur quelqu’une de ces propriétés par des voyes de fa it, il a
été contraint de les réparer, & que quand ces conteftations
ont été élevées par des moyens juridiques, il a eu ladre/fe,
ou le crédit d’en faire renvoyer la décifion. Il réfulte aufïï que
les droits de la Provence ont été reconnus une infinité de fois
par le Confeil du Roi ; 6c fi d’autres fois il a paru fe décider en
faveur du Languedoc, on doit efperer que les lumières four
nies par les écrits de la Provence , achèveront de l ’éclairer,
A R T I C L E
III.
Titres produits par la Provence fous la dénomination d'acles
pojjejjoires.
Le Languedoc cherche encore ici à établir l ’illufion qu’il
a voulu fe faire. De ce que pendant que les Rois de France de
.V ij
Em) p i 0j &
�t
{6
la première ôt de la fécondé race , ont été Maîtres de la Pro»
ve n ce, ôt depuis qu’ils l’ont été du R h ô n e, il conclut que la
Provence a perdu les droits qu’elle avoit fur le fleuve , à
moins qu'elle ne produife un titre qui lui en ait tranfmis la
propriété ; mais la Provence prouve au contraire que n’ayant
jamais perdu l ’exercice du droit quelle a voi t , foit qu’elle
ait été unie pu féparée de la Monarchie Françoife, elle n’a
befoin que de produire des aéles de jouiffance & de poffeffion.
Vainement on lui oppcfe de n’en produire que du 12e. fiécleOutre que les a £les antérieurs font rares ôt difficiles à trouver,
elle avoit cru y fuppléer par les monumens hirtoriques, qui
tous ôt comme de concert , font remonter la polTeffion de la
Provence , jufqu’aux tems les plus reculés , ôt d’une maniéré
inconfortable , au commencement du fixiéme fiécle, ôt avant
que la domination des Rois François s’approchât des bords
du Rhône ; car lorfqu’ils attaquèrent inutilement le Pont
d’Arles , cette V ille en étoit & en refta maîtreffe ; cependant
comme cette réponfe auroit pû ne pas fatisfaire le Languedoc,
îa Provence a bien voulu faire de nouvelles recherches qui
lui ont procuré une foule d’actes des 8e. 9e. 10e. ôt 1 1 e.
fiécles , qui montrent tous que les ifles du R h ôn e, compris
la Camargue , ainrt que le territoire d'Argerce , n’avoient
Exam . p.
jamais ceflé de faire partie du Comté d’Arles. Ainfi, la port’effion de la Camargue ôt de la grande brartierc du R h ôn e, eft
une continuation de l’ufage ancien , ôt non le fruit d’une ufurpation prétendue fondée fur le traité de partage de Pan 1125.
Une p e u t,y avoir de pcfieffion plus légitime, ni de meilleure
foi que celle dont jouit la Provence ; ôt li elle y a efiiiyé
quelque trouble, ce n’eft que dans les derniers fiécles, fans
qu’on en retrouve la moindre trace avant le 14e- Cependant il
paroitroit bien conféqueftt que le Languedoc qui veut faire
�r ?7
remonter fa poffeflion beaucoup plus haut, en produifit quel
que preuve , car il paroîtra toujours tingulier , que celui qui
fe prétend le véritable Propriétaire & avoir jo u i, ne donne
aucune preuve de fa prétendue jouiffance, tandis que l ’Adverfaire qu’il ne veut pas reconnoître , en trouve à chaque pas ,
de la Tienne propre: auffi les vains efforts du Languedoc pour
affoiblir une partie des titres produits par la Provence, n’an
noncent pas de plus grands fuccès pour ceux qu’il craint d’exa
miner en détail, &c fur la totalité defquels il fe contente de
jetter un coup d’œil rapide. Nous allons fuivre fa marche ôc
fa méthode , perfuadés que fi ce coup d’œil ne lui efl pas
favorable , on fendra que les titres de la Provence doivent
conferver toute leur force.
§. I. Actes relatifs aux droits des Archevêques Gr de VEglife Exam. i'. zoÆ,
d’Arles.
Ï 1eft vrai que la Provence a employé dans fon premier M é
moire , vingt-fept aéles qui font rélatifs aux droits des Arche
vêques & de IE glife d’Arles- L e Languedoc voudroit les
faire regarder comme étrangers à la Caufe préfente, par deux
raifons ; l’une, que ces titres poftérieurs à l ’an 112$ , ne
regardent prefque tous que la grande bralliere du Rhône ;
l ’autre , qu’ils étoient étrangers à la Provence & à fes Comtes ,
puifque ces Princes ne fe trouvent intéreffés aux droits doat
il s’agit, que depuis l’an 1251.
Mais 1 Q. les deux affertions contenues dans la première de
ces propofitions, font également bazardées, puifque de 27
titres indiqués, il y en a r 8 (a) qui ne regardent & ne peuvent
(
a)
J j
S ç a v o î r les N ° s . 1 ,
8, p,
io ,
m
,
ïz
,
9,
ij
1» ,
10
d e la p r e m i è r e R e q u ê t e , &
, 14 j i j >
16 &
18
de h
fé co n d e ..
les N ° - . i ,
i
�regarder que le petit Rhône & l ’ifle du Bois Comtal, dont la
fituation eft déterminée dans la partie contentieufe du Rhône»
à-peu-près à la hauteur de la réparation des terroirs d’Arles
'frie!'’ de 1Arch' & de T arafcon, par diverfes reconnoilTances paffées aux A r
chevêques d’Arles , entr’autres par Jean d’Arlatan & fes Succeffeurs, les 14 Décembre 1461 , 21 Novembre 1463,
Février 146^6^, 8 Janvier 1 4 7 7 , 3 8 Novembre 1 y 13 , & c.
Il n’eft pas plus vrai que les preuves fournies par la Pro
vence, ne remontent qu’à l ’an 112) , puifqu’indépendamment
des nouveaux titres qu’elle produit, & des monumens hifloriques qu’elle avoit indiqués , & qui font connoître quL/gernum & Argence étoient de la Province & du Comté d’Arles
dès le 6e. fiécle , elle avoit déjà cité la charte du Comte
Leibulfe, & le diplôme de Louis le Débonnaire des années 824
& %2<; qui prouvent la même ch ofe, & le don que l’Empe
reur Louis l'aveugle fît en ^20 à l ’Eglife d’A rles, du Port ÔC
du péage de cette V ille ; tous monumens qui détruifent l’affertiondu Languedoc. Quand on vçut tirer avantage des aveux
ou des productions de fes Adverfaires , il faut au moins être
exad à les rapporter ; ôc ce qu’on laiffe en arriéré, montre
qu’on ne fe croit pas en état d’y répondre.
i ° . L es privilèges ôc les Domaines dont jouifîoient les
Archevêques d’Arles , étoient étrangers aux Comtes de Pro
vence ; mais iis ne l’étoient, ni ne le font au Corps de la Pro.
vin ce, dont les premiers étoient un membre diftingué. L e Détxam.p.s8, us, jfengeur du Languedoc convient en plufieurs endroits, que le
Comté d’Arles dont les Archevêques de cette V ille jouiffoient en grande partie, étoit un F ie f de l ’Empire & de la
Couronne d’Arles,par conféquent les droits dont ils jouifîbient,
étoient un appanage ôc une dépendance de leur Comté : ôc il
eft indifférent au Languedoc de difcuter en quelles mains
�ns>
S o ien t ces droits, puifqu’ils partoient d’une fource qui lui
étoit totalement étrangère. Q ue diro it-il, fi la Provence lui
difputoit un Domaine , fous prétexte que ce Domaine avoit
appartenu aux Comtes d e A ^ e s , ou aux Seigneurs de Montpellier, & non aux Comtes de Touloufe ? Il répondroit que la
réunion de ces différens C o m tés, forme aujourd’hui la Pro
vince de Languedoc qui eft en droit de faire valoir les droits
de chacun contre des Etrangers ; qu’il fe peut que fes membres
ayent eu entr’e u x ,à cet égard, des difl'enfions particulières ;
mais que ces difienfions fortifient le droit du Corps, 6c donnent
l ’exclufion à tout Etranger. C e qu’il répondroit, il doit fup-i
pofer qu’on le lui répondra, Se fentir qu’il a mauvaife grâce
de vouloir fe futflituer aux droits des Archevêques d’A rles,,
qui ont été de tout tenrs reconnus pour Membres de la
Provence.
§. I I .
Actes rélatifs aux droits des Comtes de Provence.
fuiExaffl- p.-
*
L e Languedoc voudroit ici, comme dans l ’article précèdent,
faire croire que les qy titres qu’il défigne, ne regardent que
la grande brafiiere du Rhône , l’ifle de Camargue , & la terre
ferme de Provence, tandis qu’il y en a vingt de ceux-là qui sçavoîries nu#c.
ne regardent que le petit Rhône ou les ifies 6c péages del à 30,31,3,, 3S|.
partie contentieufe du fleuve. Ain fi , tous les railônnemens
s+ac iapr.R^.
*
'
e
t
h s Num. 17 & j i j
qu’il forme d’aprcs une faulfe fuppofition , tombent d’eux- d-'la fccondc».
mêmes, ou pour mieux dire, en comparant la fuite & l ’enfemble des pièces que la Provence a produites , on voit
qu’elle a eu de tous les tems fur la totalité du R hône, les
mêmes droits qu’on ne lui difpute plus fur la grande bralTiere
du fleuve, établiflèment de péages Se de cens fur les ifies,
�\6o
reglemens pour la pêche ôcc. ainll elle doit être maintenue
dans une poffeffion comme dans l ’autre.
Exam. p. 2 11 & fuiv.
§. I I I . sîdes relatifs aux entreprifes des Provençaux fur diffé
rentes if es, & divers crémens de la partie contentieufe du Rhône.
L e Languedoc convient que les vingt actes qu’il a rangés
fous cette clafte, intéreftent la queftion ; mais il remarque que
les objets n’ont jamais été poffedés fans trouble par la Provence;
& il cite pour le prouver , des procédures modernes qui n’an
noncent que l’avidité du Languedoc. On devoit s’attendre
que les aétes qu’il indique, auroient porté eux-m êm es les
traces des obftacles qu’il fuppofe à la poffeffion de la Provence;
Les Nam. 59 & 6
mais de tous ceux-là , il n’ y en a que deux qui faffent mention
de la pr. Requête.
de quelque oppofition de la part des Officiers de Languedoc.
T o u s les autres annoncent la poffeflion ôt la jouiffance la plus
taanquille ôt la plus confiante. E ff-on recevable à venir la
troubler au bout de y ou 6 fiécles ? E t ne faudroit-il pas,
pour la détruire , d’autres preuves, que des raifonnemens
vagues qui ne portent fur aucun fait folide ? T e l eft celui qui
fe renouvelle à chaque page de fon M ém oire, que parmi
tous ces actes il n’y en a aucun qui fuppofe que le droit de
propriété fur la totalité , ou fur la partie contentieufe du
Pvhône, ait été légitimement accordé à la Provence. Si par
accordé , on entend cédé , on a raifon : la Provence ne peut ni
produire ni admettre de ceffion pour des droits dont elle a
toujours joui fans trouble ôc fans obftacle , excepté dans les
derniers tems. Si au contraire on entend reconnu : quand eft-ce
qu’une jouiffance conftante & paiiible a eu befoin de reconnoiffance ? N ’eft-ce pas à celui qui veut la troubler, à prouver
qu’il y a porté obftacle l E t tant qu’il n’apporte point de preuves,
�i<5 t
la préfomption n’efl: - elle pas toute en faveur de celui qui
produit des aéles de pofieflion ? D ’ailleurs, peut-on dénier des
actes plus précis de reconnoiflance générale , que le traité de
partage de l’an 1 12 y , & celui de 1 1 7 6 , 6c les actes des années
1327 & 1333 , rapportés ci-defTus fous le §. II? L a maniéré
vidorieufe dont on fe flatte d’avoir répondu aux objedions
formées par le Languedoc , annonce le même fuccès contre
les nouvelles difficultés qu'il fe propofe d’élever dans la troi.
fiéme partie de fon Mémoire.
TROISIEME
PARTIE.
Examen des titres que la Provence prétend écarter
% réfuter, fo u s le nom de titres du Languedoc.
Eram. p. u s
& Cuir.
La Provence ne peut s’en prendre qu’au Languedoc dans
laconteftation préfente , puifqu’à proprement parler, ce n’efl;
ici qu’un différend de limites ; la Couronne dans quelque de
ces Provinces que le Rhône foit com pris, a les mêmes droits
de propriété & de Souveraineté fur le fleuve ; ainfi c’eft malà-propos qu’on la met fans cefie en C aufe, pour rendre celle
du Languedoc plus favorable. L a Provence protefte, comme
elle a toujours fa it, qu’elle ne réclame dans fes demandes que
les Amples droits que le Languedoc voudroit s’arroger, &
elle regarde la prétention de fon Adverfaire, aufli peu fondée
dans la forme que dans le fond. C e premier moyen elt le feul
qu’il ait jugé convenir à fa défenfe; on en fent la raifon ; il
faut encore le lui enlever > en examinant les pièces dont il
compte tirer avantage.
X
Exam. p. 11 fi
�I 62
A R T I C L E
P R E M I E R .
£xam.P. 217&fuîv- Lettres patentes du Roi Charles V I. du 30 Janvier 1380..
On ne dira qu’un mot fur ces Lettres , dont la fidélité efi:
ibid. p.;m.
d'autant plus fufpeéle, qu’elles n’ont été rapportées ni dans
l ’hiftoire du Languedoc ni dans le R ecu eil général des O r
donnances des Rois de France. Q u ’on en produife une copie
en forme , & qu’on cite le dépôt public où s’en trouve
l’original, jufques-là elles ne méritent aucune attention.
Quoique Paul de Nogaret, à qui elles font adrêflees, ne
feit pas un perfonnage imaginaire, comme on l’avoit cru ;
quoiqu’il tût été Maître des Eaux & Forêts des Sénéchaufiees
de Tculoufe & de Rigorre en 13766c 1 3 7 7 , il n’en réfulte pas
moins des recherches qu’a faites le Languedoc à fon occalion,
qu’il ne l’étoit plus en 1380 ; 6c quand il l’auioit é té , n’auroit-ce pas dû être plutôt au Maître de la Sénéchauiïêe de
Eeaucaire que les Lettres fuffent adreffées? Quand il l’auroit
é té , cette qualité auroit - elle fufii pour lui faire donner
le titre de Maître des Eaux du Roi du Pa.ys de Languedoc ?
T itre qui ne peut convenir qu’au Maître général des Eaux &
Forêts du même Pays. O n veut croire qu’il en exiftoit un
alors , & qu’on en a une fuite non interrompue depuis l’an
1308 ; mais il n’en efi pas moins fûr que Paul de Nogaret
n’étoit point alors revêtu de cette Charge; 6c dès quelle
étoic fur la tête d’un autre , la contradiction qui en réfuite
avec l ’adreffe des Lettres , marque la fuppofition de
celles-ci , qu’on fera toujours en droit de foupçonner , tant
qu’il n’en paroîtra pas une copie en forme judiciaire. O n fe
xéferve pour ce tems-là de montrer que ces Lettres prouvent.
�i e>3
trop ; car il paroît x°. qu’antérieurement & e n i 3 $ 3 & i 3 f 4 , '
le Roi de.France ôc. fes Officiers ne prctendoient pas exercer
leur Jurifdiclion fur toutes les ifles du Rhône : & 20. que ces
prétendues Lettres ne changent rien à l ’adminiftration de la
Voy. Mcm. <^c la
Provence, p. 6+ de
fuiv.
Ibid. p. 7 s & fuiY^
riviere, puifque poftérieurement à leur date, on voit les
Comtes de Provence y exercer les mêmes droits qu’ils y
avoient exercés auparavant. D ès-lors, que peut - on en con
clure ?
A R T I C L E
II.
Lettres patentes de la Reine M a r ie , du 9 Décembre 139$.
.
Ces Lettres patentes ont le même vice que celles de
Charles V I. On ne fçait d’où elles font tirées. O n n’en pro
duit aucune copie en forme , & certainement elles n’ont pas
été expédiées en François : outre qu’on n’en connoît aucune
de cette Princeffe en cette langue-là , les Sécretaires de fon
Confeil ne lui auroient pas donné le titre de Comteffe de
Remi, nom par lequel un ignorant a cru traduire le mot
Ronciaci qui veut dire Roucy , ôc qui exifte ou qu’on a fuppofé
exifter dans l’original; c’eft cet original qu’il faut v o ir, ÔC
d’autant m ieux, que les preuves qu’on veut en tirer, ne por
tent que fur la valeur de certaines expreffions ; la traduction
qu’on en donne ne rend que le fens qu’il a plû au Traduéteur
de leur attribuer.
Dans l ’état même elles ne décident rien que ce qui étoit
déjà décidé , ôc ne donnent aucun nouveau droit aux Parties :
on voit même qu’elles fuppofent que chacune en avoit fuivant les quartiers. Comme . . . . . n ’a guères , y eft il d it,
pour le dijlourbier dé/hnamy de Severac . . . nous avons
fait faire plufieurs exploits fu r la riviere du R h ô n e , fçavoir ;
X ij
I
�164
fa ifo n s , que ce que nous
P orts
du
R oyaume
TOUCHER
LA
GNEUR l e
R o i , Grc.
; . . .
et
SEIGNEURIE
en
y avons fa it faire
t a n t
ET
que
tou ch e
JüRISDICTION
DE
sur
et
les
peut
M ONSEI
Pour Ravoir quel avantage on peut en tirer, il faut connoître la partie du Rhône fur laquelle les Troupes de la Reine
M arie avoient du faire des exploits contre Am aury de SeveracC e ne pouvoir pas être dans 1a partie inférieure du fleuve,
puifque non-feulement il auroit eû deux bras de la riviere â
pafler, mais qu’il avoit encore un grand intérêt à ménager
ce canton-là ; car Raimond de Turenne s’étoit engagé, par un
traité avec la V ille d’Arles , à ne point envoyer ni faire pafler
des Troupes fur le territoire de cette V ille qui s’étend depuis
Anpr^b. <fr ce traite
par la Reine Marie'du
7 Gct. 1 ,9 6 . & par
J-ou s i.'. A rch iv . de
l*Mô:cl de V ille
d’ Arles.
celui de Tarafcon jufqu’à la m er, à condition quelle lui
donnât 50 écus d’or ôc 15 faumées ou 45 feptiers de bled par
mois. Am aury de Severac dut donc chercher à pafler le Rhône
aux environs de Beaucaire ou au-deiïus. Ecoutons le récit que
fait de cette expédition l ’Hiftonen du Languedoc ( L . 23 ,
§. 64 , tit. 4 , pag. 414. )
M ém .p . 75 & fuiv.
» Amaury de Severac & plufieurs autres Seigneurs de
» Rouergue fe liguèrent avec le Vicom te de T urenne, &c
» s’engagèrent de marcher à fon fecours malgré la défenfe
3» que le R oi en avoit faite ; enforte qu’ils dévoient pafler le
» Rhône au nombre de trois mille hommes, pour aller faire.
» la guerre en Provence contre le R.oi & la Reine de Sicile»
L e R o i informé de cette lig u e, ordonna au Sénéchal de Beau» c a ire ,le 19 Juillet de l ’an 1358 , d’empêcher que perfonne.
■»ne paffât le Rhône , de combattre Amaury de Severac , & de.
» fe faiflr de fa perfonne & de ceux de fa fuite. Raimond de.
» Turenne privé de ce renfort, tenta de fe rendre maître du
» Pont Saint Efprit ; mais l ’entreprife manqua, il s’empara
�» néanmoins
du lieu cîe Bays en Vivarais , 8 c établit fa place , Au ro Mars
•S
.
.
r
([ 3 SC). Cet exemple
» d’armes au Château de Eou?ois en V êlai. qui lui apparte-.VHéprisat*.ha,vi,dà
» n o it, & d’où ii continua la guerre dans tous les environs.
Il eft clair par ce récit, qu ’Amaury deSeverac s’étoit arrangé
pour palier le Rhône aux environs de Beaucaire , ôc que trou
vant les p aliages fermés, il remonta la riviere, foit pour
épier la facilité de la traverfer, foit pour fe répandre aux
environs, foit pour les piller. Il eft de même dans l ’ordre des
cholps que la flotte (a) armée par la Reine Marie , pour s’oppofer à ce paflage , ignorant les véritables vues de l’Ennemi >
&: lui fuppofant toujours l'intention de palier en Provence ?
ait fuivi fa marche depuis Beaucaire jufqu’au Pont Saint Efprit
& au-defîiis ; & fe trouvant alors au milieu des Etats du R oi
de France, ii eft tout Ample qu’elle ait donné l ’efpece de
Lettres reverfales qu’on cite ; dans le fond m êm e, elles ne
regardent pas les exploits qui avoient été faits fur le R h ô n e,
mais feulement ce qu’elle y avait fait faire fur les Ports du
Royaume. O r , il fe peut très-bien que les Troupes qui montoient les bâtimens euflent. mis pied à terre ôc fait ou des
efpe’ces de redoutes ou d’autres ouvrages propres à éloigner
l’Ennemi des endroits qui auroient favorifé fon paflage ; ôc
c’eft même-là le fens le plus naturel de ces Lettres.
Quoiqu’il en fo it, il faut les accorder avec le3 autres monumens de cette Princefle ; & très-certainement un abandon
abfolu du Rhône de fa part eft inconciliable avec, les preuves
de propriété, de Jurifdiélion ou de Souveraineté qui ont été
produites d’après le journal de l ’Evêque de Chartres fon Chan
celier, non plus qu’avec celles qu’il fournit encore,. O n doit:
(a) F/ïanutcnendo Cf nmlagsndo ncives . . . . Cf barcar foldèndo pro dsfjenfione
ift’ Rhodano paf.agii gentiurn Tburonenjïum. prædiôlarum, C sc. Quittance de là. Reine
Marie du 15 Murs 1 jso >, Arch, de l.’Hotel de Ville d’Arles.
�i 66
remarquer furtout entre les premières, les Lettres démarqué
accordées à deux Habitans dcTarafcon contre les Catalans qui
navigueroient fur le Rhône , fuper Catalanos navigantes per
Rhodanum ; ôt parmi les fécondés , de nouvelles Lettres de
marque accordées aux Habitans d Arles le 21 Février 138J
( i j S t f ,) un traité fait le 2 de Mars fuivant, par lequel le
bâtard de Terride d evoit, dans tout le mois courant, faire
palier le Rhône à quarante Bacinets (a) , la Reine fourniffant
les navires ; enfin le détail de l ’arrivée de la Reine à Arles
qu’il faut entendre dans le langage original.
» Ce jour ( 5 Décembre 138 j ) Madame partit du Pont de
Journ. k•■ifip.fii.
$o C7 verjh,
» Sorgue par eaue, vint au Pont d'Avignon. L à vint en fon
» batel Melïire Enguerran de Cadin ( qui étoit alors Séné» chai (b) de Beaucaire,) ôte. Je entre au batel de Madame
» ôc vcnifmes à Beaucaire, ôt avant que nous fuffiens à Beau~
» caire , trois barques armées de ceulx d’Arles nous furent
» au devant pour tenir obftacle devant Tarafcon ( qui tenoit le
» parti de Charles de Duras. )
» L e quart jour dîna Madame à Beaucaire ; après dîner nous
» mifmes à chemin par eaue pardevant Tarafcon , les barques
» armées paffant devant, ôte. « V oilà un fait bien confiant
paffé devant le principal Officier du R o i de France , qui ne
fit ni difficulté ni réclamation, ôc rapporté Amplement par
un Tém oin oculaire digne de toute créance par fon état ÔC
par fa p la c e , ôt qui n’imaginoit certainement pas que de
Amples notes qu’il ne prenoit que pour fon ufage , duffent un
jour être produites en Juftice. Dans la fappofition que le
R hône dépendoit de la Provence, tout eft en réglé dans ce
( a ) Et il d o it dedans
M a d a m e liv ra n t n a v ire .
fin de ce mois mettre xi. bacines oultre le Rhône ,
{b ) V. Hilt. de Nîmes , fucc. chron. à la fin du lîxiéme vol, p. f,
a
�1
récit : Dans l ’hipotèfe contraire, tout eft contradictoire. Les
.Villes de Provence avoient feules des bâtimens armés en
guerre fur le Rhône. Si Beaucaire en avoit e u , le Sénéchal
les eût envoyés. Cette précaution fuppofe même que Tarafcon en avoit armé de fon cô té ; & h le Rhône eût appartenu
exclufivement au L an gu ed oc, les Officiers de cette Pro
vince n’auroient pas fouffert que des Etrangers fe fuffent fait
la guerre fur un fleuve de leur dépendance, dont ç’auroit été
à eux de protéger la navigation.
E t qu’on ne dife pas que la Cour de France , entièrement
dévouée à celle de Sicile, fermoit les yeux fur tout ce qui
pouvoit la blefîer. L e voyage du Sénéchal de Beaucaire auprès
de la Reine Marie de Blois, montre que fon affection étoit
fubordonnée à d’autres intérêts , puifqu’ii n’avoit pour
objet que de s’excufer (a) pour des chofcs qu’il avoit faites
contre ceux de la R eine, fur les ordres qu’il en avoit reçus par
écrit du R o i & du D uc de Berry ; & l’on peut fe rappeller
que les Minières de France témoignèrent à ceux de Sicile le
mécontentement de leur M aître, fur ce que le Château de
Voy. Mém. p. yî,-
Tarafcon étoit trop femblable aux flens. Quand on pouffe la
jaloufie de l ’autorité jufqu’à de pareilles minuties, fur lefquelles on n’a point de droit, il efb hors de doute qu’on n’eff
pas difpofé à fouflrir la moindre atteinte à une autorité
légitime.
L ’on ne peut pas dire non plus que la Reine Marie dûtdonner d’autres Lettres reverfales pour le voyage qu'elle fit
fur le Rhône en 1 58 > ; il n’en exifie aucune trace dans les
mémoires de fon Chancelier, qui avoit pourtant l ’attention
(a )
Là
w â o r it a te
Joutn. al.
vint
en
fon
b a te l jlî rc, F r.- n e r r a n c!e C a d in ,
R e g i s F ra n cin e.
fu jjr,
fo y
D u c i s B i t u r i c e n f i s , d ic e n s f e
e x e u fa n t
v er
d e f a f l i s , q u ia
H u e r a s o fien C u ru m
J
I
�1 68
icTy marquer les plus petits évenemens, comme la permîffioni
donnée à un Notaire d’expédier des atles tirés du protocole
d’un de fes Confrères. Son journal eft connu , confervé dans
un dépôt public , ôc communiqué à tous ceux qui veulent le
confulter. Q u ’on y fafle les perquifitions les plus exaétes ,
on y trouvera d’une part mille preuves que la Reine fa
Maîtreffe difpofoit des divers péages du R h ôn e, comme d’une
chofe à elle appartenante ; & de l ’autre , on n’y en trouvera
aucune , ni que cette propriété lui fût dilputée, ni que
perfonne voulût la partager avec elle.
M a is, dira-t-on , comment y trouver note des reverfales qui
durent être expédiées en 138?, puifqu’on n’y en trouve pas
non plus de celles qui le furent réellement en 1398 ? A-t-on
oublié que ce journal finit au t 3 de Juin 1388 ? E h ! plût à
D ieu qu’il eût été continué jufqu’à l ’époque dont il eft ici
queftion ! on y trouveroit certainement la folution des
difficultés qu’on oppofe à la Provence.
D e ce que le Vicom te de Turenne ne devoit attaquer que
la Provence, il fa llo it, dit-on, qu’il paflât le Rhône audefîous de la Durence , fans quoi il n’auroit pas été plus
avancé , puifqu’il auroit eu encore cette derniere riviere à
traverfer. En effet, au mois de Septembre de cette même
année 13 9 8 , il traverfa le Rhône au Pont Samt Efprit avec
le Maréchal de Bcucicaut qui alloit affieger Benoît X III. dans
Avignon , fans qu’il ait fongé alors à attaquer la Provence ;
fit de-là on conclut que les exploits que la Reine Marie dût
faire fur le Rhône , ôc les Lettres qu’elle donna en conféquence , ne peuvent regarder que la partie du fleuve inférieure
à la Durence.
I l eft vrai que le chemin qu’on indique étoit le plus court
qu’eût eu à tenir le Vicom te de Turenne ; mais il n’en eft pas
moins
�moins vrai qu'ayant été arrêté par les difpofitions que Te
Sénéchal de Beaucaire avoit faites , il fe vit obligé de re
monter jufqu’en Vivaraxs , où il ne lui fut pas plus aifé de
paffer le Rhône. P eu t-être n’étoit-ce pas fon deffein, mais
on eft en droit de le lui fuppofer , comme on étoit alors fondé
à le croire. L ’obftacle de la Durence, qu’on fait valoir , n’en eft
pas un au mois de J u ille t, tems où l’hiftoire du Languedoc
rapporte cette expédition , & où il eft aifé de palier cette
riviere à gué en mille endroits. Enfin l ’exemple de ce qui fe
paffa au mois de Septembre fuivant, eft mal ch o ifi, puifqu’à cette derniere époque Turenne étoit joint avec les T ro u
pes de France, ce qui lui donna la facilité de paffer le R hône
au Pont du Saint Efpnt. L e Général François n’eût pas permis
qu’il s’en fût féparé pour aller vexer un Prince qui é t o it ,
pour ainfi dire , fous la protection de la Couronne ; au lieu
qu’au tems <FAmaury de Severac, il étoit également ennemi de
la France. Les guerres de ce temsdà ne confiftoient qu’en des
expéditions paflageres , après lefquelles les différens Chefs
paffoient fouvent à la folde des mêmes Princes qu’ils ve-,
noient d’attaquer.
A R T I C L E
III.
Sur les Lettres patentes du Roi Charles F I I L du 2S Août
14B8, que nous avions dattées par erreur de 1388
dans notre premier Mémoire.
L e Languedoc remarque, page 2 3 3 , que quoique le R o i
fût alors, (y depuis plus d'un fiéde , Souverain du Dauphiné,
les Officiers de cette Province n’en font pas moins blâmés dans
ces Lettres de Charles V U L d'avoir étendu leur Jurifdiction
Exafti. p.
�’v jô
fur le Rhône , G* qu'il y ejl déclaré pofitivement que le Roi même
comme Dauphin , ny avoit ni Jurifdiclion ni Seigneurie, G’c.
O r , il ne faut rien de plus pour démontrer que le R o i
n ayant jamais fait une pareille déclaration à l’égard du
Rhône dans la partie de Provence , &; au contraire cette por
tion du fleuve ayant toujours été adniiniftrée par les Ofliciers
R oyaux de Provence ou par le R o i comme Comte de Pro
ven ce, après la réunion de cette Province à la Couronne :
c ’eft une preuve convaincante que la partie du Rhône qui
coule le long de la P rovence, a toujours été diftinguée de
celle qui coule le long du Dauphiné, & que le fens ni l’objet
de ces Lettres ne peut être appliqué à la Provence.
Pour tâcher de prévenir cette conféquence qu’il n’étoit
pas difficile de prévoir, l'Ecrivain du Languedoc cherche à
perfuader que la Provence peut être comprife fous ces termes
généraux des Lettres de 1488 , tant vers le. Dauphiné comme
en quelconques autres parties : mais outre que ces autres parties
peuvent fe référer , foit à la Savoye , foit au Com té de
Venaijfin , il eft évident quelles ne peuvent avoir leur
application à la Provence , puifque dans ce fens elles embrafferoient la partie du Rhône depuis le commencement du ter
ritoire d’ /Jrles jufqu’à la mer ; & comme le Défenfeur le plus
zélé du Languedoc eft obligé d'avouer que la grande brafliere
du Rhône depuis Arles jufqu’à la mer a inconteftablemenr
appartenu aux Comtes de Provence , il ne lui refte ni pré
texte ni raifon de traiter différemment la partie fupérieure du
même fleuve depuis la Durence jufqu'à slrles.
Ainfl lorfqu’il termine cet article de fon examen en difant
(page 236) que le R o i Charles F I I I . a déclaré en 1488 >
qu’il n’avoit aucun droit fur le R hône comme Dauphin, G*
par conféquent comme Comte de Provence, ces derniers mots
�17 1
font une addition que cet Ecrivain provenu fait de fon chef,
de même que la diflin&ion qu’ii lui plaît d’établir entre les
deux parties ci-deffus du Rhône ; & l ’on s’appercevra aifément que le Languedoc en a fouvent ufé ainfi dans le cours
de ce long ouvrage i il commence par fubftituer fes propres
idées aux termes des titres qu’il exam ine, après quoi il les
réfume dans la conclufion , comme fi ces idées étoient deve
nues des vérités, quoi quelles n’ayent pour garant que fon
alfertion ou le befoin de fa caufe.
A R T I C L E
I V.
Sur VArrêt du Parlement de Touloufe du 8 Mars 14^3.
C ’eft peut-être un des articles dans lequel le Languedoc
a marqué plus de confiance, & dans lequel il eft le plus aifé
de montrer combien fon fyftême eil inconcluant.
iS . Il avance que l ’Arrêt du Parlement de Touloufe a eu
fon effet & n’a pas été contredit par des Jugemens con
traires des Tribunaux de Provence, tandis qu’il a dû lire dans
les Lettres patentes de Louis X I I . du 13 A vril r y o p , ces
termes bien pofitifs qu’il a évité de tranferire: Vû G confideré
que Arrêts G Jugemens contraires en ladite matière , ont été
donnés G prononcés, tant en notre Cour de Parlement de Tou
louse que de Provence, par quoi le différend a demeuré G de
meure fans aucuns définition , G c.
20. Il veut faire entendre que les Jugemens qui ont déclaré
que des portions de Rhône ou de fes ifles êt crémens étoient du
territoire de Provence,ne font pas contraires à l’Arrêt du Parle
ment deTculoufe,parce que, dit-il, cetArrêt n’eft pas intervenu
entre des Particuliers , mais a Amplement déclaré que le R oi
r«m.
�172
comme R o i de F ran ce, ôc à caufe de fa Couronne, étoit
Seigneur du Rhône Ôc de tout fon cours. Mais puifque lors
des differens Jugemens qui ont été rendus fur des portions du
Rhône ôc de ffs ides ôc crétuens, il a été queftion de fçavoir
& de décider fi ces propriétés étoient comprifes dans le teriitoire de Provence ou dans celui du Languedoc , n’eft-il pas
fenfible que les Jugemens donnés en faveur du territoire de
Provence ont décidé la même queftion des limites dont il
s’agit aujourd’hui ?
3°. L e Défenfeur du Languedoc foutient que l'Arrêt de
1493 a eu fa pleine exécution, fous le prétexte qu’il le
trouve énoncé dans des Lettres patentes ou des Jugemens
poftéricurs, ôc fin e fait pas attention que ces mêmes Juge
mens ayant décidé,nonobftant le vû de cetArrêt, que lesParties
contentieufes étoient dans le territoire de Provence , c’eft
précifément ce qui prouve que l ’Arrêt de 1493 n’a pas paru
être un obftacle à cette décifion , ôc n’a été regardé que
comme une entreprife des Officiers du Languedoc , pour
étendre leur Jurifdiction. L e R o i n’avoit fans doute pas befoin de leur témoignage pour maintenir fa fouveraineté fur
le Rhône vis-à-vis de la Provence, puifqu’il étoit Souverain
de cette Province aufti bien que du Languedoc : ôc n’avonsnous pas eu raifon de dire que ce font les Jugemens rendus
en faveur du territoire de Provence , qui ont eu vraiment leur
pleine ôc entière exécution, puifqu’en conséquence nous
avons réellement ôc conftamment poiTedé les terreins adjugés
aux Provençaux ; enfbrte que la différence notable qu’il y a ici
entre la défenfe du Languedoc ôc la n ô tre, c’eft que Pexé’cution dont parle le Languedoc , ne réfide, quant à la P ro
vence , que dans les mots ôc dans les énonciations qui ont
4 té faites de l’A rrêt de 1493 ? au lieu que l ’exécution fur
�171
laquelle nous nous appuyons, eft dans l ’effet même des Jugemens contraires à cet Arrêt ôc dans la poffeffion réelle ôc
de fait qui les a fuivis.
4 R L e Défenfeur du Languedoc fe permet de dire ( page
24.7 ) au fujet des deux Arrêts du Grand Gonfeil de 1 J87 ôc
i6op , qu’il ejl vrai que le Procureur Général du Grand Confeil
trompé par les Provençaux, adopta leurs raifonnemens £r leurs
fables même , Or qu’il donna des concluions en leur faveur ; qu’il
efl vrai auffi que l’Arrêt du Parlement de Touloufe fut regardé
comme nul, (ère. T e lle eft la méthode ordinaire du Langue
doc ; il traite d’erreurs & de fables tout ce qui eft jugé contrer
l u i , & il ne trouve creance ôc vérité que dans ce qu’il juge
à propos d’alleguer pour fon intérêt. Mais le Grand Confeil
étoit fans contredit le Juge compétent de la conteftation ,
ôc pour juger le différend que les Arrêts ôc Jugemens con
traires des Cours de Touloufe ôc de Provence avoient laiffé
indécis , puifque ce fut-là précifément l ’objet de l’évocation
ôc du renvoi au Grand C o n fe il, portés par les Lettres pa
tentes de 1 j 09.
5°. Combien d’autres témoignages n’avons-nous pas que le
R o i lui même j malgré l ’Arrêt du Parlement de Touloufe de
1493 > a penfé , ainfi que fon Procureur Général au Grand
C o n fe il, qu’il avoir des illes , iflots Ôc crémens , des péages
ôc ports du Rhône dans fon Domaine de Provence , puifqu’il
en a fait des ventes ôc concédions fous ce titre, notamment
en 1545 pour le Port de Confolde,e.n 1744 pour les illes ôc
accroiffemens de la riviere du Rhône dans le terroir de Bonibon , ôc en 1
pour les illes , iilons Ôc attériffemens de la
rivière du Rhône appartenais à Sa Majefté dans fon Pays de
Provence. N e feroit-il pas abfurde de penfer , comme v eu droit le perfuader le Languedoc , que le Grand Confeil eût
�-----------------------------------------
4
dépouillé nos R ois des droits de leur Couronne, & quils
s’en fuffent eux- mêmes dépouillés par ces divers a&es, fous
le prétexte qu’ils exerçoient ces droits comme étant de leur
Domaine de Provence ? E t n’eft-il pas plus extraordinaire
encore de repréfenter les Provençaux comme attaquant les
droits du R o i fie de la Couronne, tandis qu’ils défendent des
pofTefTions qui leur ont été accordées ou confirmées par nos
R ois eux-mêmes, ou par le Tribunal qu’ils avoient commis
pour en décider définitivement ?
Ixam. p. i48&fuW*
A R T I C L E
V.
Sur VArrêt du Confeil du 26 Juillet 1681.
D ès que le Languedoc convient que cet Arrêt ne dit pas,
ainfi qu’il l’avoit annoncé , qu’il foit fondé fur ce que le
Rhône fait partie de ladite Province d’un bord à l’ autre, cet aveu
fuflit pour juftifier le reproche que nous lui avons fait d’a
voir ajouté cette énonciation de fon c h e f, 6c le Languedoc
eft forcé de faire ici un autre aveu bien plus décifif, c ’eft
que quoiqu’en qualité de Subrogé au bail général de Violet,
il ait perçu le franc-fief des illes du Mouton , la Provence
n’ en perçoitpas moins les tailles fur ces memes ifles. O r , c’eft-là
le point qui influe véritablement fur la queftîon préfente »
parce que la taille étant l’impofition réelle 6c territoriale,
la perception de la taille démontre que ces ifles, depuis leur
origine , n’ont jamais ceffé d’êre poffedées ôc regardées comme
étant du territoire de Provence.
L e Languedoc peut-il, après cela , fe flatter de fe débatvaffer de ce point de fait avoué , ôc de la conféquence nécefîaire qui en réfulte fur le d ro it, en répondant que depuis
-
�quelques années la Communauté d’Aramont, en Languedoc;
a intenté Procès à celle de Barbentane, pour lui enlever la
taille de ces ifles ? Il ne relie plus qua fçavoir fi la fimple
prétention ou tentative d’une Communauté du Languedoc ,
excitée ou foutenue parles E tats, elt capable d’effacer une
poffellion que la Provence a eue dans tous les tem s, ou fi
au contraire nous ne fommes pas en droit de conclure de cettè
ancienne & invariable polfefïion , que le Languedoc n’eft
arrêté par aucune barrière.
A R T I C L E
VI .
Exam. p. u s & foW
Sur VArrêt du Confcil du 8 Mai 1691.
L es mêmes raifons que nous avons données fur l ’article
précédent, s’appliquent à celu i-ci, & il faut furtout ne pas
perdre de vûe deux réflexions..
L a première, elt qu’il n’ell pas extaordinaire que le R o i
faifant un bail général des droits de fon Domaine en L an
guedoc , y ait compris les ifles & crémens du Rhône dans la
très-petite partie qui fe trouve depuis la Durence jufqu’au
terroir d'A rles, pour la joindre à toute la partie firpérieure,
tant vis-à-vis le Comté de Venaijjili que vis-à-vis le Dauphiné s
dont le Languedoc étoit en pofleffion , & dont l’étendue ell
infiniment plus confidérable que celle de la partie dont il
s’a g it, qui n’embraffe qu’une longueur de quatre à cinq lieues ;
mais cet arrangement de Finance n’a changé ni altéré en rien
la perception des tailles qui dépend de l ’encadallrement ter
ritorial, & qui a toujours été continué en Provence fur ces
mêmes terreins ; d’où il fuit clairement que cet arrangement
particulier à l ’objet des Finances, n’a eu & ne peut avoir
�17 ^
aucune influence fur la queflion des limites des deux Pro-*
vinces.
L a fécondé réflexion eft que lorfqu’on a oppofé au Lan
guedoc l’exception que l’Arrêt même de 1691 a faite des droits
relatifs au terroir d'slrks , il a répondu dans une requête du
2 j Octobre 176? , que la V ille d’A^rles a des titres de concefllon qui lui font particuliers, 6c que c’eft ce qui a opéré
en fa faveur cette exception.
Aujourd’hui le Languedoc veut faire entendre que c’eft
par pure condefcendance que la V ille d'Arles a été maintenue
dans toute l’étendue de fon territoire , fur cette partie du
Rhône , ôt que cette poffeîlion n’a qu’une fource abulive ÔC
illégitime dans l’aête de partage de 112$ ; par-là il eft évident
que le Languedoc revient fur fes p as, 6c élude totalement
l ’objeétion qui lui a été faite , ôc qui conflfte en ce que ,
puifqu il eft forcé de reconnoître que la V ille d'Arles a des
titres particuliers qui lui ont procuré la maintenue fur cette
partie du R h ô n e , ces titres étant émanés des Comtes de
Provence 6c de la même autorité que ceux que nous appor
tons pour la partie fupérieure depuis la Durence jufqu’au
territoire d’ A rles, il faut parconféquent que le Languedoc
reconnoilfe en même-tems, 6c par la même raifon , l’effet ôc
la valeur de ces titres pour une partie comme pour l ’autre.
D ’ailleurs l’Ecrivain du Languedoc fait i c i , comme dans
beaucoup d’autres endroits , une équivoque, en ce qu’il
affecte de croire que l ’exception faite en faveur du territoire
d'Arles , ne regarde que la grande braffiere du Rhône , ou la
partie du fleuve inférieure à cette V ille , ôc par-là il cherche
à fe dégager d'un grand nombre de titres , en répondant qu’ils
font étrangers à la partie contentieufe du Rhône , tandis
flu’il n’a pas dû ignorer un fait aulfl notoire que confiant ;
fcavoir
�*77
fçavoir que le territoire d'Arles commence plus d’une lieue
au-deflus de la V ille &: du point où le Rhône fe divife en
deux branches, de que parmi les titres produits concernans
le territoire d’Arles , il y en a plufieurs qui s’appliquent précifément à cette partie fupérieure, tels que l ’Arrêt du Grand
Confeil de 1609, celui du Confeil d’Etat de 1692 , ôc tous
ceux qui concernent l ’ifle du bois Comtal, lefquels titres font
par conféquent relatifs à la partie du Rhône contentieufe.
A l ’égard de l ’Arrêt de 174.3 > contre la Communauté de
Alontdragon, il fuffit de fe référer à l ’obfervation qui a été
faite, que cette Communauté étant fituée au-deflus de la
Dur once, ayant fon territoire enclavé entre le Dauphiné & le
Comtat F^enaiffen , & étant d’ailleurs indépendante de
l ’adminiflration des Etats de Provence , c’efl un exemple
particulier qui ne peut intéreffer la Caufe préfente.
A R T I C L E
VI I .
Arrêts du Confeil regardés comme étrangers, oucommedejîmples £*am.p. 144&hiv.
Arrêts déformé.
L e Languedoc a fans celle deux poids & deux mefures. Il a
fait valoir comme un point fondamental, lors des Arrêts
qu’il a obtenus contre le Dauphiné, que les terreins con
tentieux avec cette Province , étoient encadaftrés & payoient
la taille en Languedoc , & il ne veut pas que nous employons
efficacement le même argument contre lui.
Quant aux Arrêts rendus contre le Comtat, il lui plaît de
conjecturer que lî cet Etat n’eût pas été réuni à la France,
peut-être nous ferions venus au fecours des anciennes pré
tentions du Comtat fur le Rhône > & il ne daigne pas conZ
�. 178
fidérer que tien avant qu’il fût queftion de cette réunion , &
que nous pufflons la prévoir, nous avons déclaré très-pofltivem en t, ôt prouvé que le Pape ôt fes Sujets n’avoient aucun
droit fur le fleuve.
D ’un autre côté , il préfuppofe contre la notoriété ôt
contre la propre connoiflance de tous les Languedociens qui
habitent le long du R h ô n e , que les péages de Provence
établis fur le Rhône , ôt qui n’ont jamais été impofés en
L an guedoc, ne font perçus que fur terre , ôt il fe livre à cette
préfuppofition dans la vue d’en induire que l’impoP.tion que
la Provence perçoit fur ces péages, ne conclut rien pour la
propriété du R h ô n e , ôt qu’ils font dans un cas différent des
péages du D u c de Valenùnois , dont l ’impofition a été
adjugée au Languedoc : d’où il fuit qu’étant au contraire
confiant que nos p éages, tels que ceux de Lubieres, des Celejlins, d’Arles ôt du Baron, fe lèvent fur la riviere du Rhône ,
ôt qu’ils n’ont jamais été impofés en Languedoc , la vraye
conclufion qu’il faut tirer de ce fait, eft que ces péages ont
été regardés comme valablement établis par nos anciens
Comtes fur le fleuve, ôt comme dépendans d elà Provence
ôt de fon territoire , ôt que les Arrêts obtenus contre le
D u c de Valenùnois, bien loin de pouvoir nous être oppofés,
fe tournent en notre faveur par la raifon des contraires.
Enfin fous le prétexte que par des Arrêts de forme de 17 j 6
ôt 1 7 5 8 , le Languedoc a été reçu Oppofant à l’Arrêt
du Confeil de 1690 , il met au nombre de fes titres ces Arrêts
de forme ; il défaprouveroit fans doute que nous en ufaflions
de même pour l’Arrêt du 21 Août 1 7 6 4 , q u ia admis plus
récemment notre Requête envers l’Arrêt de 1724: ôt en un
m ot, il veut que fa prétention lui ferve de préjugé par fa
hardieffe même qui le porte à attaquer des Arrêts rendus
�179
depuis des ficelés, ôc une poffeflion de tous les tems.
A R T I C L E
V I I I .
Arrêt du Confeil du 26 Juin 1724.
Remarquons d’abord que le Languedoc n’a plus contefté
ici nos moyens de contrariété, ni de Requête civile ,en point de
D r o it, ni du coté de la forme , quoiqu'il eût tenté de les
attaquer dans fa précédente Requête. Il fe replie aujourd’hui
à dire que l ’Arrêt de 1724. n’eft pas contraire aux Jugemens
que nous lui oppofons, parce qu e, dit-il, les uns regardent
la grande bralfiere du R h ô n e, ôc les autres fo n t, ou attaqués
par la voye de l ’oppofition, ou relatifs à des terreins qui font
encore en litige dans des Inftances pendantes au Confeil.
L e Languedoc répété que l’Arrêt de 1724 a été fignifié à
P artie, c ’elt-à-dire aux Procureurs du Pays , en la perfonne
du lieur Saurin, Affelfeur d’A ix , l’un d’e u x ; mais il auroit
dû confidérer que cette lignification ne fut faite qu’à la re
quête du lieur de G ravefon , Polfelfeur des ifles du Caftelet
& du R o d ad o u , qu’ainfi elle n’eft relative qu’à la difpofition
particulière de l ’ Arrêt de 1 7 2 4 , dont il ne s’agit pas ic i, ôc
qu’il demeure très-vrai qu’il n’y a jamais eû de fignification
ni d’exécution de la part des Etats de Languedoc par rapport
à la difpofition générale qui les concerne.
Nous conviendrons avec le Languedoc > que l ’Arrêt de
1724 a deux difpofitions, l ’une particulière, ôc l ’autre g é
nérale ; que la première , concernant les ifles du Caftelet ôc du
Rodadou, n’eft pas directement contraire aux titres ôc Arrêts
par lefquels la Provence a été maintenue dans tant d’autres
ifles du R h ô n e , parce qu’ils ne portent pas fur les mêmes
EMm.P.i7s & ^
�iSo
terrcins ; ôc voilà pourquoi nous n’attaquons pas , par voye
de contrariété, l’Arrêt de 1724, dans cette difpofition par
ticulière : mais il faut que le Languedoc convienne à fon tour,
que s’il vouloit mettre à exécution la difpofition générale
qui lui adjuge toutes les autres ifics du R h ô n e, pour nous
évincer de ces autres ifies que nous poffédons , dès lors cette
difpofition générale eft formellement contraire aux divers
Arrêts par lefquels nous avons été maintenus dans la poiïeflion
de ces ifles.
Il eft inutile de revenir fans cefîe à dire que les Arrêts
concernans la grande braiïiere du Rhône , trouvent un fonde
ment particulier à la V ille d'Arles dans le traité de partage
de l ’an 1125’. Cette obje&ion, déjà vingt fois réfutée, nous
donne lieu d'ajouter ici une nouvelle réfléxion, qui feule fuffiroit pour décider le Procès. Pourquoi le Languedoc eft-il
forcé de convenir que le grand bras du Rhône refta au ter
ritoire de Provence par le traité de partage de i i 2 j ? C ’eft
parce que la limitation que cet aête contient, ne fait mention
que du petit bras du Rhône. O r la même limitation ayant
trouvé , vis-à-vis le territoire de Tarafcoii, le Rhône divifé
en deux branches par une ifle confidérable, l iflé de Lubieres ,
& n’ayant pareillement fait mention que de la branche, oc
cidentale du fleuve, il s’enfuit que le Languedoc doit être
également forcé d’avouer que les ifles du R h ô n e, dans cette
partie , & la branche orientale du fleuve, dépendent du
territoire de P rovence, comme la Camargue, ôc la grande
brafliere dans la partie inférieure.
Sur la tranfaftion de 1 ççq. , le Languedoc répond, p. 288 y
que c’eft un afte pajje en Provence par des Officiers de Pro
vence , au nom du Comte de Provence, en Vabfe7ice & à Vinfçu
fa La France & des. François j ôt il ue fait pas attention que
V-.
�8i
les Officiers qui pafferent cet a£te , étoient commis ôc autorifés
ï
par des Lettres patentes du Roi de France, Comte de Provence.
A l ’égard de nos autres titres ôc A rrêts, il n’y a que celui
de 1690, contre lequel les Etats de Languedoc ont formé
oppolicion en 1 7 y ; mais cette oppofition m êm e, ôcletem s
dans lequel elle a été formée , bien loin de pouvoir fervir de
prétexte au Languedoc pour éluder notre moyen de con
trariété , juftifient néceffairement que l ’Arrêt de 1724. efl:
contraire à celui de 1690 , qui fubfiftoit alors pleinement ôc
fans trouble.
Quant aux Arrêts de 15* 87 5 i<5op ôc 1 6 9 2 , le Languedoc
y répond vaguem ent, en difant page 301 , qu’iZ n'y a pas uns
feule ijle , ni unfeul crément dans la partie contentieuje du Rhône
du côté de la Provence, qui trait été ou ne foit l'objet d'un
Procès s u s c i t e ' p a r l a P r o v e n c e . Mais comment peut-il nous
reprocher d’avoir fufcitéces P rocès, ôc d’être continuellement
les Agrelfeurs , tandis que nous avons conflamment po/Tédé,
ôc que nous polfédons encore les terreins qui font la matière
de ces Frocès ; & qu’ainfi nous n’y fommes occupés qu’à
défendre nos pulTeffions contre les attaques opiniâtres ôc
multipliées du Languedoc ?
Ainli le Languedoc a un double to rt, i ° . de vouloir nous
faire envifager comme les Moteurs des Procès fubfiftans au
fujet des terreins adjugés à la Provence par ces A rrê ts ,
tandis que nous ne fommes que Défendeurs dans ces Procès,
2 0. D e fe faire un titre de ces Procès mêmes qui ne font que
fon feul ouvrage , pour écarter le moyen de contrariété de
l ’Arrêt de 1724 , avec les Arrêts ci deffus ; comme fi ces
A rrêts, non attaqués par des voyes juridiques, étoient mis
au néant, par c ia feul qu’il plaît au Languedoc d bazarder,
après des ii 'cles, les prétentions les plus téméraires, fur les
mêmes terreins qu iis nous ont adjugés,
�Sî
L e Languedoc répond a l ’indutUon tirée de la poiïefïîoiî
de la grande braiïiere & de l’ifle de Camargue, que c’eft le
lieu d’appliquer la maxime , tantum prœfcriptum , quantum
i
EïtM.p. 3°4*
pojfejfum : l’on pourroit fe fervir avec avantage de cette même
réglé contre le Languedoc, pour en conclure qu’il doit donc
nous lailTer pareillement en poffefflon de toutes les illes ôc
des terreins fupérieurs que nous poffédions auffi paifiblement
de toute ancienneté , avant les troubles qu’il n’a fufcités que
dans ces derniers tems , & qu’il doit fe borner de fon côté
à ce qui lui a été nommément ôc individuellement adjugé >ÔC
dont il a eû la poffellion effective.
S
u r
l a
C
o n s u l t a t i o n
.
V ouloir entrer dans la difcuffion de la Confultation mife
au bas de l'examen du L an guedoc, ce feroit rentrer dans toutes
les difcuflions dont nous venons de nous occuper. Il fuffit de
dire que cette Confultation eft fondée fur ce qu e, fuivant ceux
qui l’ont foufcrite, le Languedoc a parfaitement rempli l'objet
de fa défenfe ■, il n’eft pas étonnant de voir enfuite les Confultans adopter toutes les affertions de leurs Parties. E t avoir
détruit, comme nous venons de le faire, toutes ces affertions
téméraires , c’eft avoir réfuté d’avance le réfumé que les
Confeils du Languedoc en ont fait dans leur avis.
R E C A P I T U L A T I O N
G U N UR A LE.
E n examinant', comme nous l’avons fa it, le mérite de la
queftion défendue par le Languedoc, en appréciant les titres
dont il a voulu affoiblir les indu&ions, nous nous fommes pro~
pofé, pour lui rendre fes propres termes, de ne laijjer fubfiflerj
�i8?
aucun des artifices qu’il defline à foutenir un JîJléme aujji ambitieux
que chimérique : dans cette vue nous avons tâché de ramener à
Vexa fie vérité, £r de réduire à leur jujle valeur lesfaits, les monumens G les raifonnemens reunis dans l’écrit que nous venons
d’examiner, G nous avonsfidèlement,8c pas à pas, fuivi la marche
que le Défenfeur de cette Province s’efl faite G nous a tracée.
IL étoit néce faire de commencer par établir les principaux fon demens ,fur lefquels eft appuyé le droit de la Provence; de détruire
les chimères qu’on veut y oppofer, ôc de puifer dans l ’hifloire ,
des notions vrayes, claires G certaines fur l ’état des diverfes
contrées baignées par le Rhône, G par confequent fur l'état dit
Rhône même, particulièrement aux époques où ces deux Pro
vinces ont commencé d’être Françoifes, ôc où elles ont ceffé
d’appartenir au même Maître.
I.e témoignage unanime de tous nos Hijloriens, ôc de tous les
monumens du tems, nous a appris que la Provence fut foumife
à la France dès l ’an y 3 6 , ôc que la Septimanie ou Gothie aujour
d’hui Languedoc, ne le fut qu’en Pan 752.
Q u ’on n’a aucune preuve que l'Ufege ait appartenu aux
Princes François avant l ’an 5^41 ,8c qu’ils ne l ’acquirent, ainll
que le Vivarcàs, que par la deftruêtion du Royaume de Bour
gogne.
Q u ’il eft faux que ces cantons, non plus que le territoire
de Beaucaire, ayent été conquis en y 3 5 par Theodebert qui n’étoit pas encore R o i ; qu’avant & après cette époque pendant
tout le fixiéme fiécle , ce territoire de Beaucaire appartînt
conftamment au Souverain de Provence.
Q ue dès le quatrième fiécle , la tête de fille de Camargue
faifoit partie de la V ille d’A rles, 8c qu’elle a toujours conti
nué d’en dépendre : qu’au huitième une ille du Rhône eft défi»
gnée être du territoire de la même V ille .
�\ 84.
Q u’au commencement du neuvième) Urgence qui comprenoit toute la partie du D iocèlè d’Arles qui eft à la droite du
Rhône , dépendoit du Comté d'Arles & du même Souverain
que cette V ille. Que cette dépendance a continué fous la
fécondé race de nos R o is , toutes les fois que les cantons
fitués des deux côtés du R h ô n e, ont été féparés de domina
tion. Q u ’après l ’ufurpation de Bofon, tk celles d’Hugues Cr de
Rodolphe R oi de Bourgogne, le même canton d’Argence con
tinua de faire partie du Com té d’Arles ; & que cette dépen
dance confiante ôe continue , ne s’eft perdue que par l’ufurpation averée qu’en hrent les Princes de la Maifon de Touloufe ,
qui ne commença cependant que depuis qu’ils eurent été aux
droits d’une branche de la Maifon de Provence , êc qui n’em
pêcha pas qu ils ne reconnuffent que ce canton appartenoit
aux Archevêques d’Arles , que ces ufurpations de Bofon &
d’Hugues n’ont pas fait perdre à la Couronne le droit qu’elle
avoit fur la Provence & fur le Rhône qui en étoit une dépen
dance ; mais que dans le fait elle avoit perdu l’exercice de
ce p ou vo ir, qui des Rois de Bourgogne avoit paflé aux Em
pereurs d’Allemagne, jufqu’à ce qu’il fe fut trouvé comme
éteint 6c aboli par le non ufage , 6c qu’elle l ’a repris en entier
dès que la Provence lui a été réunie ; au moyen de quoi la
Couronne n’a aucun intérêt à cette C a u fe, qui n’eft propre
ment qu’une difcuffion de limites entre les deux Provinces de
Provence 6c de Languedoc, parce que quelle que foit celle des
deux à qui le R hône foit adjugé , elle a tous les mêmes droits
de propriété 6c de Souveraineté à exercer.
Q ue les Etats de Provence ayant été partagés en 1 1 2 $, entre
le Comte de Barcelonne qui étoit aux droits de la branche
aînée, ôc le Comte de T ouloufe qui étoit à ceux de la cadette,
�i8 f
le Rhône refia ôt ne put relier que dans le lot du premier ;
qu’en effet, depuis cette époque comme avant, la navigation ,
la pêche , les ides & les péages du Rhône depuis la Durence
jufqu’à la m er, n’ont ceffé d’appartenir aux Comtes de Pro
vence ou aux Archevêques d'Arles leurs co-Feudataires des
Empereurs qui ont établi de nouveaux péages fur le petit
R h ô n e, même dans le 13e. fiécle.
Q ue ce n’a été que dans le fuivant, que les Officiers Royaux
de Languedoc ont commencé à vouloir troubler la poffeffion
de ces Princes ôt Prélats ; mais que leurs premières entreprifes,
ou furent réparées par leurs ordres ôt de leur aveu, comme
■ en 1 327 & en 1333 , ou entraînèrent des commiffions qui ne
décidèrent rien , mais qui laifferent les chofes en fétat où
elles étoient, c’efbà-dire , la Provence en poffeffion des ides
qu’on vouloit lui enlever ; que cette poffeffion a continué juf
qu’à l ’époque de fa réunion à la Couronne ; que par les paêles
de cette réunion on l’a maintenue dans tous fes droits , ufages,
privilèges ôte. dont le principal eft de conferver la même
étendue ; car indépendamment du préjudice qu’on porteroit
au Corps , ceux qu’on en fépareroit auroient à fe plaindre de
ce qu’on les prive d’une participation légitime à des privilèges
qui leur étoient acquis.
O n a encore détruit toutes les difficultés oppofées par le
Languedoc aux titres produits par la Provence, aind que le
fjftême qu’il a voulu établir pour la première fois, qu’Urgence
ôt la Camargue faifoient partie du Com té de Nîmes ou de celui
de 1Saint Gilles dans le onzième fiécle ; & on l ’a détruit d’une
maniéré à n’y revenir jam ais, puifqu’on a démontré par des
a£les antérieurs à cette époque, que l ’une Ôt l ’autre dépendoient du Com té d’Arles.
On a encore montré que la Provence qui a toujours été en
Aa
�i8<f
pofTeflion du R h ô n e , n’a pas befcin de titre translatif de pro
priété qui feroit abfolument contraire à la nature de fon dro it,
& par conféquent qu’on n’efl pas fondé à en exiger; que fon
droit dans la totalité du Rhône depuis la Durence jufqu’à la
m er, eft fuffifamment prouvé, i ° . par fa pcfTeflion d*Urgence
qui s’étend du côté du Languedoc depuis le Gardon jufqu a
Saint Gilles , ôc 20. par le traité de partage de l ’an 1 12J ,
qui lui adjuge toutes lesifles du Rhône , à la referve de celle
d eP~alabregu.es. Que quand le Rhône aurait été adjugé par ce
traité au Comte de Tculoufe , ( ce qui n’eft pas ) le Languedoc
n’en feroit pas plus avancé , parce que s’agiffant de partager
les Etats de Provence, laceffion même aurait prouvé que le
Rhône faifoit partie de cette même Province. Q ue lui ayant
été adjugé une fois par un titre folem nel, c ’eft au Languedoc
à prouver qu’elle doit en être dépouillée ; que tout ce qui s’eft
paffé depuis cette époque , annonce qu’elle ne l ’a jamais été ,
puifqu’il n’y a aucune portion du Rhône , même dans la
partie contentieufe , où il ne foit prouvé qu’elie a exercé
tranquilement quelque a£le de propriété.
Quant à la partie judiciaire de l’affaire , nous ferions obligés
fi nous voulions la réfumer, de répéter tout ce que nous avons
dit depuis la page J7 de notre Récapitulation jufqu a la fin. L e
Languedoc nous avoit dès-lors oppofé les mêmes raifonnemens
qu’il a plus étendus dans fon Examen & dans fa Confultation ,
ôc nous y avons répondu de façon , qu’il n’a eu d’autre parti à
prendre dans fon nouvel écrit,, que de rebattre fes objeâions
fans entamer nos réponfes.
C O N S E I L
D E S
F I N A N C E S .
M e, D A M O U R S , Avocat.
De l’Impr. de C h. E st. C iienault , rue de la Vieille Draperie, 1770,
�T A B L E
DES
I D E
E
MA T I E R E S .
G E N E R A L E
D E
C A
F F A l
page I
RE.
P R E M 1 E R E P A R T I E . Examen de la quejlion confiderée
au fond........................................................................... 4.
A r t . I. Origine des droits de la Couronne fur le Rhône. . 6
A r t . I I . Etat du Rhône fous la fécondé race.
.
.
27
A r t . I I I . Ubfervations détachées fur Vétat de la qucfion. 4 6
§. I. Topographie de la partie contentieufe du Rhône.
ibid.
§. I I . Chronologie des noms de Languedoc & de Provence. 48
§. I I I . Origine des droits des Rois d'Arles Cf de leurs Vaffaux.
.
.
.
.
.
ibid.
§. I V . Egalité des droits des Vaffaux d’Arles fur les Fiefs.
$2
§. V . Nature des entreprifes des Comtes de Provence fur le
Rhône.
.
.
.
.
.
$9
§. V I . Réunion de la Provence à la Couronne.
.
6?
§. V I I . Difpoftion des Loix Romaines fur les Rivières. . 64
§. V I I I . Traité de 1760 avec le Roi de Sardaigne.
.
6S
§. I X . Motifs préfentés par la Provence comme effentielle à la
quefion.
.
.
.
.
.
67
§. X . Réponfe à deux quefions de la Caufe.
.
.
69
S E C O N D E P A R T I E . Examen des titres de propriété
produits par la Provence.
.
.
.
77
A r t . I. Titres confitutifs.
.
.
.
.
78ÿ .I . Traité de partage de i\a$.
.
.
.
79
I. C o u R S D U R H Ô N E.
.
.
.
.
80
II. C a M A R G U E.
.
.
.
.
S7
I I I . A RG EN C E.
.
.
.
.
„
pX
I V. Portion des Diocefes d’Avignon Cf de Valence.
•
97
V .
V
a
l a b r e g u
e s
.
.
.
r
.
102
V I . D u R E N C E.
.
.
.
.
I O£
S. 1 1 . Accord de 1070, entre le Comte de Provence Cf l'Arche
vêque d’Arles.
.
.
.
.
.
106
�ÿ.
§.
§.
§.
I TI . Lettres de l'Empereur de i i j 4.
;
:
112
I V . Traité pour le Jel,de 1302
.
.
n<?
V . Lettres Latentes de 1^09.
.
.
.
118
V I . (Quatre Lettres royaux de 152J, 1 543, 1 f p <5 & 1627.
ibid.
§. V I I . Lettres de i f 32 , I J J 7 & * 1 J 7 J .
.
1 20
5. V I I I . Inféodaticji de l’ifle Trebon.
.
.
121
$. I X . Te^te Je l'ijle de Boulbon G autres crémens. • ibid.
A r t . I I . T itr e s produits par la Provence comme énonciatifs Cs*
124
confirmatifs.
I2J
§. L Enquête de 1106.
§. I I . yff?e fur l'ijle de Lubieres.
139
142
§. I I I . Procès verbal de 14-74.
•
•
ibid.
§. I V . Procès-verbal de 1474.
143
§. V . Tranfadion de 1^04 G 1376.
ibid.
§. V I . Arrêts du Confeil de 1J87 G 1609.
147
f . V 1 1 . Tente Je Ti/Ze du Colombier en. 1617.
§. V I I I . Arrêt du Confeil de 1670.
ibid;
iJ 4
§. I X . Arrêt de 1687 G 1691.
§. X . Arrêt de 1690.
A r t . I I I . Titres peffeffoires.
ibid.
§. I. A des relatifs à Arles.
§. 1 1 . A d es relatifs aux Comtes de Provence.
§. I I I . A d es relatifs aux ijles G* crémens.
1 6o
T R O I S I È M E P A R T I E . Examen des titres de Lan
guedoc.
.
.
,
,
.
161
A r t . I. Lettres de 1380.
.
.
,
162
A r t . I I . Lettres de la Reine Marie > de 13.98.
.
.
153
A r t . I I I . Lettres Je 1488.
.
.
.
169
A r t . I V . Arrêt Je 1493.
;
,
,
171
A r t . V . Arrêt de 1681.
.
,
.
17^
A r t . V I . Arrêt de 1691.
.
.
.
1 7 <■
A r t . V I I . Arrêts regardés comme étrangers ou de forme. 177
A r t . V I I I . Arrêt de 1724.
179
S ur la C o n s u l t a t i o n .
182
ibid,
R E C A P I T U L A T I O N GENERALE.
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A name given to the resource
Reponse pour les procureurs du païs des gens des trois Etats de Provence au mémoire du Languedoc intitulé : Examen des nouveaux écrits de la Provence sur la proprieté du Rhône
Subject
The topic of the resource
Aménagement du territoire
Approvisionnement en eau
Factums avant 1789
Description
An account of the resource
Controverse entre la Provence et le Languedoc quant aux limites rhodaniennes et la propriété du Rhône
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Damours, Louis (1720-1788). Auteur
Chénault, Charles-Étienne (171.?-1773). Imprimeur / Imprimeur-libraire
France. Conseil des finances. Auteur
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote RES 33714
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Ch. Est. Chenault (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1770
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public domain
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Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/RES-33714_Reponse-procureurs_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol
186-[2] p.
In-4°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/347
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Provence. 17..
Abstract
A summary of the resource.
Réponse sur la contestation de propriété sur le Rhône entre la Provence et le Languedoc. L’argumentation de ce factum comporte trois parties : il examine dans un premier temps la question au fond, puis les titres de propriétés produits par la Provence ainsi que ceux produits par le Languedoc.
La première partie traite de la propriété du Roi sur le Rhône et le statut de la Provence. Dans les examens des titres qui suivent, les conflits de propriété ayant opposé la Provence à des tiers sont détaillés selon une approche historique débutant au 6ème siècle et présentant les décisions justice rendues en faveur de la Provence.
Titre de départ. - Factum signé à la fin : Conseil des finances. Me. Damours, avocat.. - Bandeau, lettrine. - Sig. A-Z4, Aa2
Résumé Mélissa Legros
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Spatial Coverage
Spatial characteristics of the resource.
Reponse pour les procureurs du païs des gens des trois Etats de Provence au mémoire du Languedoc intitulé : Examen des nouveaux écrits de la Provence sur la proprieté du Rhône <br />- Feuille <i>Arles</i> ; 234 ; 1867 ; Dépôt de la Guerre (France) ; Beaupré (graveur)/Hacq (graveur)/Lefebvre (graveur), ISBN : F802341867. <br />- Lien vers la page : <a href="http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27419" target="_blank" rel="noopener">http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=27419</a>
France. Parlement de Provence -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Languedoc (France) -- Territoires et possessions -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Provence (France) -- Territoires et possessions -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Rhône (cours d'eau) -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800
Rhône, Vallée basse du (France) -- 18e siècle -- Ouvrages avant 1800