Histoire de l'université]]> Enseignement supérieur]]> Revue de la recherche juridique, droit prospectif", 2012, n° 2, pp. 677-683

L'évolution du format et des sujets des thèses juridiques soutenues à Aix montre un intérêt croissant pour les questions juridiques qui agitent la société française : pour l'une des disciplines académiques les plus anciennes et les plus traditionnelles, il s'agit là d'un changement de l'institution qui touche autant la forme que le fond. O. Tholozan précise l'importance de l'abandon irréversible du latin (exercice imposé et très formel de droit romain) au profit du français, jugé plus clair et plus précis.

Milieu du 19e siècle, thèse de Vial (1854)

On abandonne également les mémoires de quelques dizaines de pages à des argumentaires documentés de plus de 200 pages et les échanges de soutenance où à une question du jury il pouvait être répondu par une seule phrase laconique à l'éloquence sûrement décisive (l'article cite cet exemple qui frise la caricature). Il ne s'agit plus seulement de traiter des questions de droit civil ou de procédure civile mais d'aborder tout un ensemble de corpus spécialisés qui émergent de concert : droit social (assurance), droit du travail (accident, licenciement), droit syndical et d'association, droit de la famille (héritage des enfants adultérins, pensions alimentaires), droit rural, droit commercial, droit des transports, responsabilité des instituteurs, des libertés individuelles,...

Un demi-siècle plus tard : thèse de Pierangeli (1897)

Au-delà de ce qui paraît être de simples réglages techniques de corpus, O. Tholozan peut affirmer que les thèses sont des témoignages qui éclairent l'histoire même de la société : le droit accompagne autant qu'il permet toutes les mutations qui marquent la société française alors en pleine révolution industrielle et en pleine évolution politique, économique et sociale : parfois il les freine, parfois il les favorise. Dans un État de droit, l'Histoire et l'histoire du droit s'entrecroisent plus facilement... . Les titres de quelques thèses des années 1880 et 1890 mises en ligne (cf thèses & mémoires) sont assez révélateurs :

  • Des obligations et de la responsabilité des compagnies de chemins de fer (1883)
  • L'organisation du travail (1886)
  • Le régime des biens du domaine public maritime (1887)
  • Du fondement de la responsabilité des locataires en cas d'incendie (1888)
  • De la reconnaissance des enfants illégitimes (1890)
  • L'inviolabilité du domicile en droit français (1893)
  • La responsabilité civile des instituteurs (1895)
  • La mutualité appliquée au Crédit agricole (1897)
  • La décentralisation (1897)
  • Les syndicats agricoles (1898)
  • La rupture du contrat de travail (1899)
  • De la recherche de la paternité (1899)
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2012]]> fre]]> Aix-en-Provence. 18..]]>