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Text
������LIVRE D’OR
DE
FACULTÉ
7,643
LA
des
LETTRES
DE L'UNIVERSITE D'AIX-MARSEILLE
(1 9 1 4 -I9 1 Ô )
M A R SEILLE
T y p o g r a p h i e et L i t h o g r a p h i e B a r l a t i e r
17-19. Rue Venture, 17-19
1920
��7,643
UJILLAND LOU^S
AlIBERT JOSEPH
^
MUTIN ANDRE
'BARTHELEMY GEORGES
JE A N EUGENE
; BELADEN LOUIS
JE A N B E R N A T J lit ES
BERETTA JFRANCOIS
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B ER JA UD GEORGES
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DE LOMBARRON GUY
MAY NARD AIME
f. Al U ER PIERRE
CHARPIN FREDERIC
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CONSTANTIN» PIERRE
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/ZANETACU STEPHANOPOLI KHANCOIS
GRIMAÜD ANDRE Vs
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samedi 24 avril 1420, à quatre heures de Vaprès-midi, a eu lieu,
à la Faculté, Vinauguration d'une plaque de marbre destinée à
conserver le souvenir des étudiants et des anciens étudiants morts
au champ d'honneur de 1914 à 1918. Cette plaque a été placée
dans la salle d'entrée du premier étage, qui deviendra la Salle
d'Honneur de la Faculté.
La cérémonie d'inauguration, d'un caractère tout intime, a été présidée par
M. le Recteur, auquel avaient bien voulu se joindre les représentants de la Ville
d'A ix, M. le Sous-Préfet Le Beau, M. le Maire Joseph Jourdan, MM. les Adjoints
Rouland et Raymond, ainsi que M. le Général Mas, et M. Bonnecarrère, Assesseur
de la Faculté de Droit, pour M. le Doyen empêché ; et enfin, les représentants de la
presse locale. L'assistance comprenait exclusivement, avec les familles de quelques-uns
de nos glorieux morts, les professeurs et les étudiants de la Faculté, et le Bureau de
VAssociation générale des Etudiants, avec son drapeau.
Les frais du monument, et ceux de la présente brochure, ont été couverts par
une subvention du Conseil de /’ Université, et surtout par une souscription ouverte
entre les professeurs et les étudiants et anciens étudiants de la Faculté, et aussi entre
les familles de ceux qu'il s'agissait d'honorer. 'Fout le monde a répondu avec
empressement à notre appel ; mais nous devons des remerciements particuliers à
M. et à Mme Léopold Deviq ( 1.000 francs), à M"‘c Veuve Marcel Régis (joo francs),
à M. U. Constantin (/oo francs), et enfin il M. Jeanbernat (100 francs), qui déjà
avait fondé, en mémoire de son fils, un prix annuel de mille francs, pour être
décerné à l'étudiant en Langues classiques qui aura mérité, à kl licence, les meilleures
notes.
�A L L O C U T IO N
DE
M. M I C H E L
CLERC
Doyen de la Faculté
la cessation des hostilités, la Faculté s’est fait un pieux devoir
d’élever à la mémoire de ses étudiants morts au Champ d’honneur
un monument qui, si modeste qu’il fût, conserverait, et
rappellerait à leurs successeurs, avec leurs noms, le souvenir de
leur mort glorieuse. Commencée par mon prédécesseur M. Ducros, l’œuvre
s’est poursuivie, lentement — car nous avons vu, hélas ! s’allonger peu à peu,
au fur et à mesure des recherches, la liste héroïque et funèbre — et elle a pu
aboutir enfin, grâce à la bonne volonté et au généreux concours de tous ceux,
parents, étudiants, anciens étudiants, à qui nous nous sommes adressés, lit
ainsi les nouvelles générations d’étudiants sauront que leurs aînés, au cours
de la grande guerre, ont fait leur devoir, tout leur devoir, et leur ont par avance
tracé le leur, au cas où de nouveau la France devrait faire appel à leur vaillance
et à leur dévouement. Je regrette seulement de n’avoir pu, pour quelques
noms, obtenir d’autres renseignements que la triste certitude qu’ils doivent
bien figurer ici ; surtout, je souhaite ardemment qu’aucun n’ait échappé à nos
recherches, et que la liste que vous avez sous les yeux soit définitivement
close.
es
File s’est ouverte, cette triste liste, dès les premiers jours de la guerre,
par le nom, déjà notoire dans le monde des lettres, de F rédéric CHARPIN.
Licencié ès lettres classiques, avec mention, en 1901, Charpin s’était voué
depuis plusieurs années à une propagande ardente en faveur du mouvement
régionaliste, qui n’a nulle part plus qu’en Provence rencontré de fervents
adeptes, et avait contribué à la fondation de la Fédération régionaliste et
de la Bibliothèque régionaliste. Entre temps, il publiait une traduction du
livre de Nicolas Welter sur Aubanel, puis entreprenait, dans le Mercure de
France, une enquête internationale sur la question religieuse, question qui
le préoccupait vivement, et collaborait à divers journaux et revues de Paris
et des départements. Très actif, très consciencieux et très désintéressé, le
jeune écrivain préludait ainsi à des travaux plus importants, et a mérité
qu’après sa mort la Société des Gens de Lettres, l'Académie de Marseille, et
enfin l’Académie française lui décernent quelques-unes de leurs plus belles
récompenses.
�A la mobilisation, Frédéric Charpin, lieutenant de réserve, fut versé au
237e régiment d’infanterie, dans le XXe corps d’armée: « J ’ai suivi heure par
heure la mobilisation, écrivait-il ; c’est grandiose, et, pour tout ce que j’ai
vu, la réussite est parfaite. Nous avons tous confiance; nous partons joyeux
pour un poste plus avancé. » Et, quelques
jours après, le 23 août : « Si ma mort est
plus utile que ma vie, j’accepte la mort.» Le
surlendemain, 25 août, il tombait, mortelle
ment frappé, à Courbesseaux, en Meurthe-etMoselle. Un de ses soldats écrivit alors à sa
veuve : «Votre mari est moit, non seulement
en brave, mais en bon chef qu’il était, car il
sut, jusqu’au dernier moment, maintenir ses
hommes sous la rafale de fer et de feu qui
semait la mort tout autour de lui, jusqu’à ce
qu’il fût frappé à son tour. » Et le général
commandant la 70e Division rendait lui aussi
hommage au vaillant officier en le citant à
l’ordre de la division en ces termes: « Lieute
nant Charpin Frédéric, de la 22e compagnie du 237e d’infanterie, officier
énergique et animé de l’esprit de devoir et de sacrifice. A été tué le
25 août 1914, en entraînant ses hommes à l'assaut des tranchées allemandes. »
Devoir! sacrifice! que de fois nous allons voir revenir ces mots, qui
pourraient servir d’épigraphe à ces pages !
Décoré de la croix de guerre, Charpin a été depuis, à titre posthume,
proposé pour celle de la Légion d’honneur.
Le 23 septembre de cette même année 1914, moins d’un mois après, G uy
de LOMBARDON, ancien élève de la section des Langues vivantes, mobilisé
comme sergent au 203e d’infanterie, à peine arrivé sur le front, et au cours
du premier combat auquel il assistât, au bois d’Avocourt, disparaissait. Il fallut
aux siens attendre plus de six mois avant d’acquérir la triste certitude de sa
mort. Or, ces quelques jours de présence sur le front avaient suffi à ce jeune
homme pour montrer de quoi il était capable : « Le sergent Guy de
Lombardon —• ainsi s'exprima son colonel en le portant à l’ordre du
régiment — pour avoir, dans la matinée du 13 septembre 1914, quoique
souffrant et reconnu malade, pris le commandement de sa section, et, dans
l’accomplissement d’une mission périlleuse, avoir trouvé la mort en donnant
à ses hommes l'exemple du plus grand courage et du plus profond
dévouement. »
�6
Louis BELADEN, ancien étudiant de la section de Langue allemande,
professeur au collège catholique d’Aix, rejoignit, au premier jour de la
mobilisation, le 363e régiment d’infanterie à Nice. Avant de partir, il avait
collé à la porte de son appartement sa carte de visite, avec cette indication,
d’un humour attristé peut-être par quelque sombre pressentiment : « Parti
pour la frontière, ne sait quand reviendra. »
Envoyé avec son régiment dans les Vosges, il y prit part à tous les
engagements jusqu’au 31 octobre 1914. Ce jour-là, à l’attaque du col des
Quatre-Sapins, son sergent ayant été blessé cruellement, le caporal Beladen se
précipita à son secours, malgré une fusillade très vive. C’est alors qu’une balle
l’atteignit et le tua.
Quelques jours après, un de ses camarades écrivait sur lui : «Il fut pour
nous un exemple vivant du sacrifice, de la charité, se privant volontiers pour
les autres, ne refusant jamais rien à ceux qui lui demandaient un service,
et faisant plus qu’il ne devait pour soulager ses camarades. »
F rédéric CHEVILLON, étudiant en Histoire de 1898 à 1900 et licencié,
était de bonne heure entré dans la vie politique, comme attaché au
cabinet du Ministre de la Marine. Maire d’Allauch en 1910, député de
Marseille la même année, puis réélu, il avait été nommé secrétaire de la
Chambre. A la mobilisation, il lui parut, ainsi qu’à quelques autres de ses
collègues, que, si le pays aurait toujours assez de législateurs, il rraurait
jamais assez de soldats. Il partit dès le premier jour, comme simple soldat
de l’armée territoriale. Et il écrivait alors : « Il est normal que les élus
soient à côté des électeurs, souffrant leurs misères, courant les mêmes
risques, surtout ceux qui ont voté la loi de trois ans et se sont faits les
défenseurs de la patrie en temps de paix... Les mots ne sont rien, les
actes seuls comptent. Les députés qui auront versé leur sang pour le pays
auront mieux servi la République que tous les parleurs en Chambre. »
Envoyé dès les premiers jours, sur sa demande, aux avant-postes sous
Verdun, il écrivait encore, de là : « C’est notre place de représentant, c’est
là que notre exemple peut être le plus efficace et le mieux compris. » Fait
rapidement caporal, puis sergent, et au bout d’un mois sous-lieutenant, il
demanda à passer dans l’armée active, et entra au 132e régiment d’infanterie.
Coup sur coup, il fut cité deux fois pour sa brillante valeur, mais le
21 février, il tombait mortellement frappé sur le champ de bataille à jamais
célèbre des Eparges. La croix de chevalier de la Légion d’honneur vient de
lui être décernée, à titre posthume.
En l’année 1913, ce n’est plus trois, c’est cinq de nos étudiants qui
sont morts, avec le même courage et la même abnégation, pour la défense
�du sol de la patrie. P terre CONSTANTIN, étudiant de la section des Langues
vivantes, et soldat de la classe 1914, fut d'abord appelé à Draguignan pour
y recevoir l’instruction militaire au 7e bataillon de chasseurs à pied ; il en
repartait au mois de novembre, avec le premier détachement de ce corps
qui se rendait au front. Avec quelle belle humeur, quelle simplicité
tranquille, il allait au devant du péril : « Évidemment, disait-il, en gare de
Marseille, à sa famille, je préférerais un séjour en pays étranger, comme
celui que j’ai fait l’an dernier. Mais je n’ai pas le choix : je dois aller où
le devoir m’appelle. Je verrai du pays, je continuerai à m’instruire, et, à
mon retour — car je reviendrai — je vous intéresserai. Mais si parfois je ne
revenais pas, il ne faudrait pas trop pleurer : je n’ai ni femme ni enfants, je
ne vous laisserais aucune charge : il faudrait vous consoler. »
Arrivé sur le front, il combattait d’abord à Après; puis son bataillon
alla occuper les tranchées du Mont Saint-Eloi, prés d’Arras. De là il envoyait
des lettres pleines de gaieté et d’humour : « Obligés de prendre position
dans des tranchées pleines d’eau, avec des pelles, nous les avons vidées;
nous avons fait un plancher avec des fagots qui nous ont servi de matelas.
Nous sommes heureux de notre nouvelle résidence. Vous savez que les
habitations neuves sont toujours un peu humides ! » Trouverait-on ailleurs
que chez ces jeunes Français de vingt ans une aussi joyeuse et spirituelle
philosophie ?
C’est là, dans les Vosges, au pied du tragique Hartmannswillerkopf, le
Vieil-Armand des poilus, que Constantin trouva, peu de jours après, une
mort glorieuse. Couché à terre, avec ses compagnons, pour éviter les
projectiles ennemis qui pleuvaient dru, il entendit auprès de lui crier au
secours. C’était son sergent qui venait d’avoir la cuisse traversée par une
balle. Sans hésiter, Constantin se releva pour se porter à son aide: c’est
alors qu’une balle lui perça le cœur; il eut le temps de serrer la main à
deux de ses camarades, et mourut le 27 février.
Quelques semaines après, le i er avril, E ugène JEAN, étudiant en Histoire,
était tué en combattant bravement, à l’attaque d’un autre lieu aussi tristement
célèbre, le bois Le Prêtre. Mobilisé avec la classe 1914, au mois de septembre,
il avait été incorporé au 163e régiment d’infanterie, à Nice; puis, le 7 février, il
était parti de là pour le front, avec un nouveau régiment, le 13 e. C’est donc
moins de deux mois après son arrivée qu’il était frappé : là comme à la
Faculté, il n’eut pas le temps de donner sa mesure. Ce que nous savons,
c’est qu’il était un étudiant modèle, travailleur, modeste, doux et bon, aimé
de ses camarades et estimé de ses maîtres.
�L ucien PONS, licencié en philosophie, après un stage comme répétiteur
au Collège de Barcelonnette, avait été nommé professeur au Collège Alaouï,
à Tunis. A la déclaration de guerre, il fut
versé au m e régiment d’infanterie ; le
29 août 1915, il fut tué au bois de Malancourt, en Argon ne, et porté à l’ordre de la
brigade en ces termes : « Pons Lucien, soldat,
tombé glorieusement au champ d’honneur
au cours d’un combat de plusieurs heures,
au cours duquel il a fait preuve de la plus
grande bravoure. »
C’est dans l’oflensive de Champagne, le
27 septembre 1915, que périt le dernier des
morts de cette année, L éo LATIL. Licencié
en philosophie et licencié en droit, ce jeune
homme donnait les plus belles espérances.
Lui aussi, une fois sur le front, révélait une
âme héroïque, prête à tout pour l’accomplisse
ment du devoir: «L'heure est grave, écrivait-il
le 15 septembre, je le sens. Il faut être prêt.
Mon sacrifice m’est léger et facile. Mais ce
qui m’est intolérable, c’est de penser à la
douleur des miens. » Mais cette légitime
préoccupation d’un cœur aussi tendre que
vaillant ne lui enlevait rien de son indomp
table énergie : « Très belle offensive, —
écrivait-il encore le matin même du jour où
il devait être frappé à mort, le 27 septembre
— je vais très bien. Nous avons avancé, nous
avancerons encore, il le faut ! » Quelques
heures après, il tombait pour ne plus se relever ; et la citation suivante,
comportant la Croix de guerre, célébrait la vaillance du jeune sous officier :
« Latil Léo, sergent au 67e régiment d’infanterie ; sous-officier d’une rare
bravoure, absolument remarquable aux attaques des 26 et 27 septembre. A été
tué en entraînant sa demi-section à l’assaut. » Mieux encore que cette citation,
une lettre adressée au père du vaillant jeune homme par son lieutenant fait
valoir ses rares mérites : « Monsieur, laissez-moi d’abord vous féliciter d’avoir
eu un tel fils. Le sergent Latil — que je me proposais de faire nommer officier —
était un modèle pour tous. D’un moral superbe, sachant le communiquer à ses
�hommes, il était le gradé parfait, ferme, énergique, plein de bonté affectueuse
pour ses subordonnés. Ne pleurez pas, Monsieur, votre (ils est mort en héros. »
Enfin, pourquoi tairais-je que, dans son testament, Léo Latil chargeait les
siens de remercier son maître, M. Maurice Blondel, envers qui il se recon
naissait redevable de son développement intellectuel et moral, puisqu’aussi
bien cette touchante reconnaissance honore également et l’élève et le maître?
L’année 1916 devait, comme la précédente, nous causer un quintuple
deuil. Elle s’ouvrait à peine que, le 8 janvier, tombait, dans les tranchées de
première ligne, devant Dompierre, dans la Somme, A ndré HUTIN. 11 venait de
passer avec succès ses examens pour la licence
d’italien, en 1914, quand il fut incorporé au
159e régiment d’infanterie à Briançon, puis,
un peu plus tard, envoyé sur le front, où il
passa au 36e régiment de la même arme.
Pendant près de trois mortelles années, il
lit simplement, tranquillement, son devoir,
jusqu’au jour où une balle allemande l’attei
gnit au front. On demanda pour lui la Croix
de guerre. Mais, pour que la demande aboutît,
il aurait fallu que l’on pût avoir les noms de
ses camarades présents dans la tranchée au
moment où il y avait été tué. Hélas ! il n’en
subsistait plus un seul : ceux qui n’avaient
pas, comme lui, trouvé la mort là même,
avaient péri, deux mois plus tard, en défen
dant, sous Verdun, le fort de Douaumont. Ce
lugubre détail, mieux que tout autre, montre,
avec la grandeur de nos pertes, l’héroïque
endurance de ces merveilleux soldats, qui,
sans un instant de défaillance, voyaient tom
ber autour d’eux leurs compagnons d’armes,
avec toujours la même idée, tenir et faire leur
devoir jusqu’au bout, comme les cavaliers de
CailifTet à Sedan, tant qu'il en resterait un.
E mmanuel OL 1VIERI était encore en
cours d’études à la Faculté, dans la section
des Langues classiques, lorsqu’éclata la guerre.
Incorporé dans un régiment d’artillerie à
Toulon, et nommé bientôt maréchal des logis, il partait en 1913 pour Verdun.
�Sous-lieutcnant au début de 1916, et de nouveau à Verdun, il fut désigné
pour être observateur d’artillerie. Le 8 mars, opérant à la sinistre côte de
Froideterre, il disparaissait pour jamais. Il était porté, en ces termes, à l'ordre
de son régiment : « Officier d’une bravoure remarquable. A rempli sous
Verdun des missions très dangereuses; s’est proposé pour une reconnaissance
périlleuse au cours de laquelle il a disparu. »
A nd un GR 1MAUD avait obtenu en 1913 le diplôme de licencié, pour
la section d’Histoire. Nommé répétiteur au Collège d’Orange, il s’était mis,
en 1914, à préparer le diplôme d’études supé~
rieures d’histoire. Nul doute qu’il eût réusssi,
et qu’il eût fourni, comme professeur, une
carrière des plus honorables. Doué d’un esprit
vif et d’une élocution facile, il était fait pour
l’enseignement; à moins que la politique ne
l’eût séduit, comme il y avait quelque appa
rence. Mais cette carrière à peine ouverte allait
être brusquement fermée par la guerre. Le
23 novembre 1194, Grimaud était incorporé
au 3e régiment d’infanterie de ligne, à Digne;
le 24 juin 1913, il partait pour le front, comme
caporal ; le 4 mars 1916, il était tué à Malancourt, et le colonel le citait à l’ordre de son
régiment en ces termes : « Grimaud André,
caporal à la 6e compagnie. Caporal digne de tout éloge par son courage et
son dévouement. Tué à son poste, le 4 mars 1916, en faisant réparer sa
tranchée violemment bombardée. »
M arcel RAYBAUD, licencié de philosophie et licencié en droit, avec
mention, et lauréat de la Faculté, préparait à Paris l’agrégation de philosophie.
Mobilisé, il gagna brillamment ses galons, jusqu’au grade de capitaine, au
3 30l-‘ régiment d’infanterie de ligne. En 1913, une belle citation à l’ordre
de la division lui valait la Croix de guerre avec palmes : « Occupant la
première ligne lors de l’explosion d’une mine allemande, a pris immédiatement
les dispositions nécessaires pour empêcher l’arrivée de l’ennemi. A montré
beaucoup de courage et de sang-froid, contribuant ainsi à maintenir le
calme dans une troupe exposée à un violent bombardement. » En septembre
1916. une autre, plus belle encore, et émanant d’un chef qui est un bon
juge en fait de vaillance, le général Gouraud, commandant alors la 4e armée,
ne pouvait plus, hélas ! que consacrer la mémoire de cet héroïque soldat :
« Jeune officier d’une très haute valeur morale et d’une énergie exemplaire.
�11
Déjà cité pour sa belle conduite, au feu, s’est à nouveau distingué le
6 novembre 1916 en entraînant sa compagnie à l’assaut dans des conditions
particulièrement difficiles. A été mortellement blessé le lendemain, dans les
tranchées conquises, au moment où, à la tête
de ses grenadiers, il attaquait un centre de
résistance ennemi puissamment organisé. »
Veut-on savoir maintenant quelles étaient
les relations entre ce tout jeune capitaine et
les hommes qu’il commandait? « Ce sont de
grands enfants, écrit-il, et sans cesse il faut
les diriger pour les empêcher de faire des
sottises; et si je me montre parfois de mau
vaise humeur avec eux, ils savent bien que
c’est dans leur intérêt. J ’ai pu améliorer le
sort de ces braves gens qui sont vraiment
admirables de résignation et d'endurance. Je
n’en ai perdu que deux depuis deux mois. »
Ht : « Je suis heureux de la confiance que je
lis dans les yeux de mes hommes : ils m’adressent toujours un bon sourire,
qui est la meilleure des récompenses. » C’est que « ces braves gens )> sentaient
en lui plus qu’un chef, un ami, on serait tenté de dire un père: « J ’ai eu la
grande douleur de perdre, en une matinée, la moitié de ma chère section,
de cette section d’élite, que j’avais réussi à préserver jusqu’ici de tout danger.
Les meilleurs, les plus beaux, les plus courageux sont morts, je les ai pleurés,
mes pauvres soldats, et il a fallu se résigner
encore. » Est-il besoin de dire qu’il leur
donnait l’exemple de ce courage dont il les
glorifiait? Jusqu’au moment de sa mort, il
fit preuve d’une vaillance et d’un sang-froid
imperturbables : atteint, à l’assaut du village
de Vadovillers, d’une balle en plein front, il
eut l’énergie de faire cinq kilomètres à pied
pour se rendre à l’ambulance, où il succomba
presque en arrivant.
Comme plusieurs de ses camarades, J oseph
AUBERE, étudiant en Langues classiques, fut
surpris en cours d’études par la mobilisation.
Dès le premier jour, il fut affecté au 23e batail
lon de chasseurs alpins. Le i cr décembre, à Lampernisse, en Belgique, il fut
�blessé d’onze éclats d’obus. Rétabli, il demanda à être versé comme volontaire
au 1 1 5 e bataillon de chasseurs, et le 4 août 1915 il retournait au front, en
Alsace d'abord, où il était nommé caporal, puis dans la Somme. Là, le
3 octobre 1916, il fut tué à Raincourt, devant le bois tristement célèbre de
Saint-Pierre-Waast. Le commandant le cita à l'ordre de son bataillon, en une
seule phrase, émouvante dans son héroïque laconisme : « Mort pour la France
en faisant tout son devoir. »
L’année 1917 nous fut plus clémente : je veux dire qu’elle ne nous
réservait qu’un seul deuil, cruel il est vrai. Le 20 août, P ierre GU 1LLAND
tombait au champ d’honneur, terminant une
trop courte carrière, aussi bien remplie en
temps de guerre qu’elle l’avait été en temps
de paix.
Licencié en histoire et en droit, Pierre
Guilland, quand la guerre éclata, accomplissait
sa première année de service militaire dans
l’artillerie de campagne au 38e régiment, à
Nîmes; il en partit comme brigadier. Dès le
mois d’octobre, il était nommé aspirant; puis,
après un stage à l'Ecole de Fontainebleau,
sous-lieutenant. Il retourna alors à son ancien
régiment et y obtint, en janvier 1917, les
galons de lieutenant. L’Artois, la Somme,
Verdun à trois reprises, furent le théâtre des
campagnes du jeune lieutenant d’artillerie. Lu mars 1917, il demanda à
passer dans l’aviation, pour y être observateur d’artillerie. Il fit ses débuts
en cette qualité lors des attaques de juin 1917, du côté de Moronvillcrs,
et il fut attaché à la i re division de marche du Maroc. Le 20 août, il se
retrouvait près de Verdun. Il y reçut la mission de faire, en avion, la
liaison de l'infanterie avec les troupes de la Légion étrangère. Et c’est alors
que l’on reprit le Mort-Homme... Guilland s’apprêtait à rentrer, sa mission
remplie, quand trois avions fondirent subitement sur le sien. Le pilote fut tué
en plein vol, l’appareil tomba sur les fils de fer des lignes que nous venions de
reconquérir et l'observateur fut trouvé gisant sans connaissance à côté de
son avion brisé. Une heure après, un officier, venu en toute hâte, s’efforçait de
le ranimer et recevait ses dernières paroles : « L’attaque marche-t-elle bien ? —
Très bien : les objectifs sont atteints, et nos pertes sont insignifiantes. — Ah î
tant mieux ! Mais c’est bien vrai, au moins ? Vous ne me dites pas cela pour
me faire plaisir ? — Je suis officier, je vous en donne ma parole. » Ainsi, sans
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penser à lui et à ses souffrances, ce jeune homme de vingt-cinq ans ne voyait
qu’une chose : son devoir et l'issue de ce combat où il avait joué son rôle, et
où il allait laisser sa vie. Au bout de quelques heures, en effet, à peine arrivé à
un poste de secours, il expirait.
Le plus beau des témoignages lui vint de la part de deux chefs
illustres, qui l'avaient apprécié à sa valeur. Le général Dégoutté écrivait à
sa famille : « Compagnon intéressant et charmant, d’esprit très ouvert et
de relations exireniement sympathiques, il devait nous montrer ses belles
qualités de soldat, faites de bravoure calme et de dévouement réfléchi. Il
est tombé en pleine bataille et en pleine victoire, alors qu’il remplissait
une mission importante et périlleuse. » Et le général Guillaumat, dans une
citation à l’ordre de l’armée, disait : « Observateur d’élite, a témoigné
pendant toute la préparation de l’attaque des plus habiles qualités militaires.
Le 20 août, effectuant dans des conditions pénibles, une liaison d’infanterie
et volant à faible altitude, a trouvé une mort glorieuse dans un combat
inégal contre trois avions ennemis. » La Croix de guerre avec palme, puis
la Croix de la Légion d’honneur, décernées au glorieux mort, seront pour
les siens le témoignage émouvant de sa vaillance et de son patriotisme.
La dernière année de la guerre, 1918, fut pour nous la plus meurtrière
de toutes; et, par une cruelle ironie du sort, c’est dans les derniers mois,
ceux qui ont précédé immédiatement l’armistice, que sont tombés sept de
nos étudiants.
G eorges BERJAUD, étudiant en Histoire et en Droit, fut admis en 1915
comme élève-officier à Saint-Cyr. Tombé malade, il dut donner sa démission,
et, de retour à son dépôt, il fut réformé temporairement. Rappelé au
bout d’un an, il fut envoyé à Saint-Maixent, en sortit aspirant au 7e bataillon
de chasseurs alpins, et fit la campagne du Chemin-des-Dames, de Craonne,
etc. Il passa l’hiver sur le front italien, où il fut médaillé; puis, de retour
sur le front français, il prit part aux combats du Mont Kemmel, à ceux de
Champagne et à ceux de la Somme. Le 21 août 1918, il écrivait à ses
parents : « Nous venons de faire une attaque sanglante et infructueuse.
Reculeront-ils ? Il le faudra bien. Et attendant, je suis comme un soldat
destiné à disparaître d'un moment à l’autre, qui vous aime plus que j’amais. »
Le lendemain, 22, à la première heure, il partit à l’attaque, écrit son
commandant, « avec l’ardeur et l’allant qui signalaient à l’admiration de
tous le beau soldat toujours orienté par le souci de donner l’exemple à
ses chasseurs, et dont la bravoure et le beau caractère étaient admirés de
tous ses camarades et de tous ses chefs. Hélas ! une balle à l’abdomen
l’arrêta en pleine course vers la gloire. Nous ne le croyions pas irréparable
ment atteint, et j’espérais qu’il aurait bientôt le bonheur de montrer aux
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siens la médaille militaire que lui avait acquise sa valeur. Malheureu
sement la blessure devint rapidement mortelle, en raison de la nature
des projectiles dont se servent nos déloyaux adversaires. La balle était
empoisonnée, et, au bout de quelques heures, le glorieux blessé mourait.
Voici quelles avaient été ses dernières paroles, recueillies par l’aumônier
militaire de sa division : « Au moins, les Allemands sont-ils partis ? — Et,
comme je lui disais la prise de Noyon, « Tant mieux, je suis content 1 »
La médaille militaire et la Croix de guerre avec palme lui avaient été
conférées et le général Pétain citait en ces termes Georges Berjaud à l’ordre
de l’armée : « Brillant sous-officier, modèle d’esprit de dévouement et de
courage. Le 22 août 1918, dirigeant une reconnaissance périlleuse, l’a
poussée avec la volonté ferme de ne rien ignorer des points défendus par
l’adversaire, faisant preuve de beaucoup de bravoure et du plus grand
sang-froid. A été très grièvement blessé en accomplissant sa mission. »
Je réponds au pieux désir exprimé par M. Léopold Deviq, avocat du
barreau de Marseille, et par Mme Deviq, en reproduisant ici la notice qu’ils ont
consacrée à la mémoire de leur fils A lbert DEVIQ..
Né à Marseille le | juin 1893, ancien élève du lycée de cette ville,
étudiant à notre Faculté des I .ettres de 1912 à 1913, en même temps qu'il
suivait de 1912 à 1914, les'cours de la Faculté
de Droit, dont il fut lauréat, Albert Deviq
partit pour le front dès 1914, et y fit son
devoir de soldat dans les tranchées, bravement,
dans les endroits les plus exposés. Incorporé
dans la fameuse 128e division, la division des
Loups, comme les Allemands appelaient cette
division de fer, il ne tarda pas à gagner l’estime
de ses chefs, qui lui confièrent le poste délicat
de caporal téléphoniste à LEtat-Major du
167e régiment d’infanterie, et le chargèrent
aussi, profitant de sa connaissance de la
langue allemande, de l’interrogatoire des
prisonniers. Doué d’un sang-froid remarqua
ble et d’un grand esprit de décision dans les
moments difficiles, ce vaillant soldat sut répondre aux dangers de sa tâche
à l’entière satisfaction de ses officiers.
Après avoir tenu les secteurs de Berry-au-Bac, du Bois-le-Prêtre, de
Verdun, de la côte du Poivre, du Bois de Chaume, sous la haute direction du
général Riberpray (tué, comme 011 sait, par un éclat d’obus en première ligne),
�15
Albert Deviq fut blessé et reçut la Croix de guerre, avec citation à l’ordre de
la brigade, « pour services rendus dans la rapide réparation des lignes
téléphoniques sous de violents bombardements ». C’est dans l’armée Mangin,
lors de notre offensive victorieuse de Soissons, qu’à la fin d’août 1918, notre
jeune héros fut terrassé par une broncho-pneumonie consécutive à une
absorption de gaz à l'ypérite.
Evacué sur un hôpital de Saint-Etienne, où il arrivait le i cr septembre,
il y mourait deux jours après, stoïque et calme, sa tâche faite, mais sans la
consolation de recevoir le baiser d'adieu de ses parents, prévenus trop tard.
Leur juste fierté a fait graver, sur la tombe de leur fils, ce distique :
De gloire environné, c'est un héros qui dort
;
Passant, retiens son nom, et jalouse sa mort.
Du moins avait-il vu luire l’aube de la victoire, de même que ses camarades,
les derniers de la funèbre liste, dont il me reste à vous parler.
Quelques jours après Deviq, le 7 septembre, tombait en pleine bataille
le capitaine J ules JEANBERNAT. Licencié ès lettres et licencié en droit, Jules
Jeanbernat était, au moment de la mobilisation, sous lieutenant de réserve au
86e régiment d’infanterie. Le I er avril 1915, il était promu lieutenant; le
17 mars 1916, capitaine à titre temporaire, et,
quelques semaines après, il était cité à l’ordre
de la division en termes des plus élogieux :
« Excellent commandant de compagnie, qui a
donné en toutes circonstances l’exemple de
la plus grande bravoure. En particulier, le
16 avril, dirigeant les travaux de sa compa
gnie en première ligne et atteint d’une
blessure grave aux reins, s’est préoccupé de
la sécurité de ses hommes avant de songer à
la sienne et de faire soigner sa blessure. »
Aussi, le I er mai 1917, Jules Jeanbernat était-il
nommé capitaine à titre définitif, et, bientôt,
il commanda, en fait, un bataillon, le 4e du
339e régiment d'infanterie. Dans ces nouvelles
fonctions, il déployait la même ardeur et faisait preuve des mêmes aptitudes.
Le 6 mai 1918, il était cité à l’ordre de la brigade : « Le 24 avril, au cours de
la bataille de Picardie, a soutenu la lutte avec constance, en contribuant à
repousser les dernières manifestations de l’offensive ennemie. » Le 26 août,
nouvelle citation, à l’ordre de la division: « Le 22 juillet, a quitté momenta-
�i6
némcnt le commandement de son bataillon pour exécuter un coup de main
difficile. A exécuté l’opération avec autant d’habileté que de courage. A
ramené deux prisonniers, sans subir aucune perte, malgré le gros effectif de
son détachement, la durée de la manœuvre et l’éloignement de nos lignes. »
Le 29 août, le jeune capitaine était fait Chevalier de la Légion
d’honneur : « Pendant une période d’attaques très dures, notamment le
29 août, contre un ennemi retranché, pourvu d’abondantes mitrailleuses
et d’une puissante artillerie, a commandé son bataillon avec un courage,
un sang-froid et une énergie de tout premier ordre, conquérant de haute
lutte, au prix des plus grands efforts, une voie ferrée dont le talus était
fortement organisé, et capturant une trentaine de prisonniers. Avait déjà, le
22 juillet, conduit un coup de main parfaitement réussi et sans pertes pour sa
troupe. Une blessure, deux citations. »
Le 23 septembre, une dernière citation, posthume, hélas ! couronnait cette
trop courte carrière : « Après avoir conduit son bataillon avec une bravoure
admirable et mérité la Croix des braves sur le champ de bataille du 29 août, a
conduit de nouveau son bataillon à l’attaque le 7 septembre. Est tombé
mortellement frappé sans pouvoir jouir de son triomphe, au moment où son
bataillon enlevait les positions allemandes. Déjà cité trois fois antérieurement.
En outre, a reçu sur le champ de bataille, le 29 août, la croix de la Légion
d’honneur avec Croix de guerre (palme), pour sa glorieuse conduite à la
bataille de l’Ailette. »
Il laissait des regrets unanimes, et parmi ses chefs, et parmi ses subor
donnés . « Le régiment, écrivait un de ses lieutenants, vient de faire une perte
cruelle, et, dans sa compagnie, c’est une véritable consternation. Bien qu’il
s’exposât beaucoup trop, ayant un courage qui faisait notre admiration, nous
ne pouvions penser qu’il pût tomber. » « Le capitaine Jeanbernat. écrivait un
sergent-major, par sa grande valeur intellectuelle et morale, par son calme
admirable, par son beau sang-froid, avait su inspirer à tous une affectueuse
confiance. C’était « l’As » du quatrième bataillon. Longtemps son souvenir
restera gravé dans tous les cœurs. »
Et voici maintenant le témoignage du chef, le général commandant la
division : <( C’est sur mon ordre que le capitaine Jeanbernat a été, le 7 septembre,
cité à l’ordre de la division. J ’ai voulu que sur le champ, sans passer par les
longueurs des propositions adressées au Corps d’Armée ou à l’Armée, la division
connût immédiatement la mort glorieuse du vaillant officier, à l’égard de qui
tous avaient le même sentiment de confiance et d’estime.... Je connaissais
personnellement le capitaine Jeanbernat, j’avais pour lui autant d’estime que
d’affection, je le regardais comme un de mes meilleurs et plus brillants officiers,
�et sa mort glorieuse m’a causé, ainsi qu’à tous ceux qui l’ont connu, une
profonde douleur. »
Non moins brillante fut la carrière militaire de P ier r e CALLIER, étudiant
en Histoire. Appelé en septembre 1914, il fut d’abord versé au 7e régiment du
génie à Avignon, puis affecté au 142e de ligne. Il obtint alors, au concours
entre élèves-officiers, le numéro 1 de son régiment, et fut envoyé à Pézenas,
d’où il partit, comme aspirant, en mars 1915, pour le front. Le 9 juin, à la
suite de la bataille de Beauséjour, il fut nommé sous-lieutenant, et, en 1917,
lieutenant à titre définitif, au 96e de ligne. En dernier lieu, il faisait fonction
de capitaine et commandait une compagnie de mitrailleuses de ce régiment,
lorsque, dans la retraite des Allemands, le 22 octobre 1918, à la bataille de
Crécy-sur-Serre, dans l’Aisne, il tomba, mortellement frappé. Il avait été
honoré de trois citations successives. De la division d’abord, à la date du
30 août 1 91 6: « Officier d’un courage et d’un dévouement à toute épreuve.
Au cours des journées des 3 et 4 août, n’a cessé de donnera ses hommes un bel
exemple de calme et de sang Iroid, en se portant, malgré un bombardement
des plus violents, à tous les points menacés. »
Ordre général de la deuxième armée, le 10 septembre 1917 •. « Au cours
de l’attaque du 20 août, son commandant de compagnie étant tombé, l’a
remplacé aussitôt et s’est élancé en toute première ligne à la recherche d’empla
cements pour ses pièces. »
Le 20 mai 1918, à l’ordre du corps d’armée : « Officier d’un grand calme
et d’un beau courage. A pris part avec sa compagnie de mitrailleuses à quatre
attaques en trente-six heures, les 30 avril et I er mai 1918. A assuré avec sangfroid et énergie les missions confiées à sa section, malgré les tirs de mitrailleuses
et d’artillerie ennemies très violents. A facilité la progression du bataillon et a
contribué à repousser une contre-attaque. Déjà cité deux fois. »
Enfin, le 11 novembre — le jour même où se signait l’armistice — et
deux semaines après sa mort glorieuse, l’ordre général du même corps d’armée
consacrait sa mémoire en ces termes : « Officier d’une bravoure légendaire au
régiment. Au cours de l’attaque du 22 octobre, a coordonné d'une façon
parfaite l’action des sections de mitrailleuses de sa compagnie. Précédant sa
troupe avec un mépris complet du danger, a rejoint les patrouilles de tête du
bataillon, sous les rafales nourries de mitrailleuses dont il tentait de déterminer
l’emplacement. A été glorieusement tué à la tête de l’une de ces patrouilles de
contact. »
Décoré d’abord de la Croix de guerre avec une palme, puis avec deux
étoiles de vermeil, puis avec une étoile d’argent, Callier était, le 26 décembre
�1919» à titre posthume, fait chevalier de la Légion d’honneur, récompense
suprême, qu’il avait payée de sa vie.
Le 3 octobre, en pleine offensive victorieuse, alors que l’ennemi reculait
précipitamment de toutes parts, fut tué à Orfeuilles, dans les Ardennes,
F rançois ZANE TACCI-STEPHANOPOL 1. Etudiant en Histoire en 1903,
Zanetacci, comme plusieurs de ses camarades, et des meilleurs, Charpin,
Latil, Guilland, Jeanbernat, n’était venu chercher à la Faculté des Lettres
qu’un complément de culture générale, et c’est au barreau de Marseille qu'il
avait commencé sa carrière. Parti comme simple soldat en 1914, il ht toute la
campagne, les derniers temps comme sous-lieutenant au 138e régiment
d infanterie. Honoré de deux citations et décoré de la Croix de guerre, il fut
cité une troisième fois, après sa mort, en ces termes : « Maintint sa troupe avec
le plus grand calme, partit à l’assaut à la tête de ses hommes, fut visé et tomba
le tout premier, glorieusement, à son poste de combat. )>
Le 28 octobre mourait, à l’hôpital de Bar-le-Duc, M arcel RÉGIS, ancien
étudiant de la section d’Histoire, et docteur de la Faculté de Droit. Sousofhcier de réserve, il avait été mobilisé dans les convois automobiles, et, dans
ce service, il passa successivement sur les diverses parties du front, notamment
sur la Marne en septembre 1914, et à Verdun,
au moment de la grande ruée allemande, et
fut nommé sous-lieutenant. Pendant quatre
années consécutives d’un service très dur,
obligé le plus souvent de circuler la nuit, tous
feux éteints, il tomba malade, et dut être
évacué le 11 octobre à l’hôpital où il mourait
quelques jours plus tard. Le 12 novembre, en
ce jour radieux de la victoire qu’il ne lui a
pas été donné de saluer, il était porté à l’ordre
de la Direction des Services automobiles, en
ces termes touchants : « Oflicier énergique et
dévoué. A toujours fait preuve d’un sang-froid
et d’un courage remarquables, notamment les
29 mai, 2 juin et 3 octobre 1918, en dirigeant
des transports de munitions aux batteries mêmes et sous un violent bombar
dement. Terrassé parla maladie, a assuré son service jusqu’à l’extrême limite
de ses forces. » Ce jeune homme de trente-trois ans savait pourtant qu’il allait
laisser derrière lui une veuve et quatre enfants.
Mais il savait aussi, depuis longtemps, qu’un jour viendrait pour lui, où
il devrait tout quitter pour aller à la frontière faire son devoir de soldat ; et
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_____ »
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�ce jour, non seulement il l’attendait, mais il l’espérait. Dans un joli volume
de vers (intitulé simplement Poèmes), publié par ses amis après sa mort, figure
une pièce, Alsace, dont voici la dernière strophe :
,
E t c'est pourquoi je crois en toi terre des forts
,
E t c'est pourquoi je rêve au x prochaines aurores,
Où nous réveillerons dans tes cités sonores
Les gloires en sommeil que gardèrent tes morts.
C’est aussi à la maladie, et non sous le feu de l’ennemi, qu’a succombé
F rançois BERRETTA, mort, lui, après la guerre, le 20 décembre 1918. 11 a
vu la victoire, c’est vrai, mais dans quelles conditions ! Parti avec la classe
1 91), il avait été nommé caporal au 157e régiment d’infanterie alpine. Pendant
près d’un an, il tint avec ses camarades les tranchées de Fliray, et c’est là
qu’il fut gravement intoxiqué par les gaz empoisonnés, cette abominable
invention qui suffirait pour déshonorer à jamais et la science et le militarisme
allemands, s’ils ne l’étaient par tant d’autres crimes. Soigné, puis mis en congé
de convalescence, et enfin en réforme temporaire, le malheureux jeune homme
ne put jamais se remettre, et mourut, à l’âge de vingt-deux ans.
C'est pour moi un grand regret de ne pouvoir retracer d’une façon aussi
précise que pour tous les noms qui précèdent la carrière des trois derniers de
nos glorieux morts.
A imé MAYNARD, licencié de philosophie, avec mention, en 1908, puis
diplômé, a laissé à ses maîtres le souvenir d’un travailleur acharné, qui était
parvenu à réparer, à force de volonté et de labeur, les insuffisances de son
instruction première. Il avait fait preuve, déjà à la Faculté, de qualités pédago
giques remarquables, qu’il avait utilisées ensuite dans l’enseignement libre.
La guerre l’arrêta brusquement dans cette carrière à peine commencée, nous
ne savons ni quelle année, ni dans quelles conditions.
Et il en est de même de G eorges BARTHÉLEMY, licencié de Langues
classiques en 1900, et de F é lix BRUN, étudiant en Philosophie en 1908. Tout
ce que nous avons pu savoir sur eux, c’est qu’ils sont morts pour la France,
et, à coup sûr, comme le disait le chef de Joseph Aubert, « en faisant tout leur
devoir ».
Peut-être, maintenant, devrais-je m’arrêter. Quels développements, quels
commentaires peuvent valoir auprès des faits que j’ai, même si sommairement,
évoqués ? Mais ce nous est une juste fierté de penser que tous ces vaillants
jeunes hommes ont été nos élèves, et que nous pouvons, sans forfanterie,
�••• **
i?r
20
revendiquer une part dans leur formation morale, aussi bien que dans leur
formation intellectuelle. Ce n'est pas seulement leur bravoure, ni leur intel
ligence, ni leur facile adaptation à toutes les nécessités militaires, que
remarquent leurs chefs : « Devoir, conscience, dévouement, abnégation »,
voilà les mots qui reviennent constamment dans les éloges qu’ils leur décernent.
Et, chose plus surprenante au premier abord, ces «. intellectuels », très vite,
se transforment en hommes d’action ; ces étudiants, jusque là plongés dans
les livres, exercés à la réflexion, à l’art de parler et d’écrire, deviennent en
quelques semaines de magnifiques soldats, qui font l’admiration, et,
visiblement, un peu l’étonnement de leurs chefs. Bien plus, beaucoup d’entre
eux se révèlent à leur tour des chefs, qui en quelques mois acquièrent non
seulement toutes les connaissances techniques nécessaires à des officiers, mais
prennent sur leurs hommes cet ascendant sans lequel le plus savant des gradés
ne sera jamais un véritable conducteur d’hommes.
Quelle plus complète réhabilitation pour cette antique culture classique,
celle que l’on appelait d’un si beau nom « les humanités », et que, depuis, l’on
avait si injustement accusée d’être incapable de former des hommes et des
citoyens ! Qui osera nier aujourd’hui que là soit la véritable école où, sans
ostentation et sans vaines déclamations, s'enseignent et s’apprennent, en même
temps que les disciplines les plus variées, le sentiment du devoir et la joie
sereine de la tâche accomplie, accomplie quelles qu’en puissent être les
difficultés, voire les périls. Quand il l’a fallu, quand a éclaté le formidable
conflit voulu et préparé depuis des années dans l’ombre par les puissances de
rapine et de meurtre, tous ces nobles cœurs, sans l’ombre d’une hésitation,
se sont voués à leur tâche nouvelle. Ils y ont eu d’autant plus de mérite qu’ils
avaient en horreur cette obligation de tuer qui leur était imposée: « Je suis
loin d’étre un guerrier, écrivait le capitaine Marcel Raybaud ; j’ai plus que
jamais soif de tendresse et d’apaisement ; mais il faut mener l’œuvre à bonne
fin, et tenir bon. » Et ils ont tenu bon, tous, jusqu’au bout, jusqu’à la mort.
« Loin de nous les héros sans humanité ! » De ceux-là, ils n’étaient
poinl ; leur devise n’était pas « la France au-dessus de tout » ; elle était « France
d'abord » ; et c’est pour le salut de l’humanité entière, aussi bien que pour
celui de leur patrie, qu’ils ont combattu, et qu’ils sont morts.
Ne nous le dissimulons pas : c’est, dans tout le pays, l’élite, la fleur de
notre jeunesse, qui, avec eux, a disparu, et nous pouvons redire, avec l’athénien
Périclès : « La cité a perdu sa jeunesse, l’année a perdu son printemps. » Il
faut que cette pensée nous soit toujours présente, et qu’elle nous empêche
de nous laisser aller à ces lâches compromissions que ne rougissent pas de
prêcher déjà les insidieux apôtres de la paix à tout prix, de l’oubli, de la
réconciliation ; ces gens que l’on voudrait pouvoir ne regarder que comme
�de simples niais, si l'on n’entrevoyait derrière eux je ne sais quelle louche
atmosphère de corruption et de traîtrise. Ailversus hostem œterna auctoritas, telle
devra être, et pour de longues années, sans doute, notre devise.
De pareils morts, nous ne saurons jamais trop les honorer :
Que des plus nobles fleurs leurs tombes soient couvertes.
Manihus date lilia plenis.
C’est pourquoi nous avons fait sceller cette plaque ici, dans cette salle
où tous les jours passent tous nos étudiants, afin qu’ils aient sans cesse sous
les yeux ce glorieux palmarès, qui leur donnera la volonté, en dépit du
furieux assaut de tous les bas appétits, hélas ! déjà déchaînés, de maintenir
dans les âmes le culte de la science désintéressée, du patriotisme, et de tous
les nobles idéaux. Ils auront toujours présente la mémoire de leurs camarades
des années de la grande guerre, et se ressouviendront que c’est grâce â leur
sacrifice, grâce à leurs jeunes vies offertes et jetées sans compter, que la France,
eile, n’est pas morte, qu'elle vit et qu’elle vivra, cette France qu’un étranger
a si justement appelée « la plus haute personne morale qui soit au monde ».
Ht leur souvenir vivra aussi parmi nous ; et nous le transmettrons, pieusement,
à nos successeurs. Dans la vie déjà longue de notre Faculté, les quatre années
de la grande guerre laisseront une trace ineffaçable, de deuil, mais aussi de
gloire. Cette gloire sera notre fierté, et nous ne la laisserons pas s'obscurcir.
Ht jalousement aussi, nous veillerons à l’entretien de la flamme sacrée qui a
fait d’eux les héros qu’ils ont été, et qui en fera encore surgir d’autres, quand
il le faudra.
�A L L O C U T IO N
DE
M. J U L E S
PAYOT
Recteur de l’Académie
MiiSSIEURS,
us venez d’entendre le beau discours de M. Clerc, doyen de la
Faculté, discours ému et émouvant. C'est que pour M. le Doyen
les noms de nos glorieux jeunes gens morts pour la patrie
évoquent de douloureux souvenirs. Il revoyait, en vous faisant
leur éloge, leurs beaux visages graves, leurs yeux ardents d’adolescents
passionnés par la recherche de la vérité, et c’est une douleur cruelle pour
les maîtres de penser que la guerre a moissonné, à l’aube de la vie, tant
de brillantes promesses !
Messieurs, effrayante est la perte subie par la Patrie, qui a dû opposer
à l’invasion des barbares les meilleurs, les plus vigoureux, les plus intelligents
de ses enfants !
Leur héroïsme nous impose à tous de grands devoirs : à nous, les
anciens, de travailler jusqu’à l’extrême limite de notre vieillesse ; à vous, les
jeunes, de mettre au service du pays épuisé, tout votre courage, tout votre
désintéressement. La France représente dans le monde la plus haute person
nalité morale qui existe, la plus pure lumière, et sa disparition, si les barbares
avaient triomphé, eût été suivie d’un abaissement moral et intellectuel qui
eût ôté à la vie toute sa valeur.
En effet, quelles que soient nos dissensions, il est une religion commune
à tous les Français qui pensent, c’est celle de la vérité. Nous croyons,
contrairement aux philosophes allemands, que le fond des choses est ordre
et raison et que la plus haute mission des chercheurs consiste à trouver et
révéler cet ordre et cette raison. Sur ce point, nos écrivains depuis Rabelais,
Montaigne, Pascal, Voltaire, à Anatole France ; nos poètes depuis Fauteur
de la Chanson de Roland à Ronsard, à Corneille, à Hugo; nos philosophes
depuis Descartes, Malebranche, à Ravaisson, tous ont cru que l’erreur, la
brutalité, l’orgueil n’auraient qu’un temps. Tous pensent que l’humanité est
en marche vers une moralité plus haute, que seul le respect de la personne
humaine dans chaque nation, que seul le respect de ces personnalités
morales que sont les nations, pourront assurer la paix et le développement
de la civilisation.
Jamais tâche plus belle ne s’est présentée aux jeunes gens que celle
qui devient votre devoir. Vous devez prendre conscience du redoutable
�2?
honneur qui vous échoit : vous avez le bonheur d’être les héritiers des plus
purs génies qu’ait produits le monde, qui sont les génies français. C’est à
vous qu il incombe de maintenir claire et ardente la flamme et la lumière
de ràme française.
Vous ne le pourrez que par le travail, par le commerce assidu avec les
grands auteurs. C’est ainsi seulement que vous pourrez développer les
virtualités qui dorment en vous et les amener à leur plein épanouissement.
C’est uniquement par le travail assidu que vous ferez la lumière en vous
et que par suite vous la ferez pour les autres moins favorisés que vous
par la vie. C’est une tâche longue et souvent pénible que de voir clair en
soi et dans les choses — mais nous sommes ici pour travailler — et si
vous avez des moments de découragement, il suffira que vous leviez vos
yeux sur le tableau d’honneur où sont gravés les noms de vos camarades
morts pour vous : combien leur héroïsme, leur abnégation dans la vie si
rude des tranchées, leur élan dans les attaques meurtrières, vous feront
paraître légères les longues heures de votre labeur ! C’est par le travail
seulement que vous paierez une petite part de la dette immense que nous
leur devons à eux qui ont, sans hésiter, donné leur part de bonheur et
leur vie pour que la lumière française continue à briller dans le monde.
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Title
A name given to the resource
Livre d'or de la Faculté des Lettres de l'Université d'Aix-Marseille (1914-1918)
Subject
The topic of the resource
Histoire de l'université
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Faculté des lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Barlatier (Marseille)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1920
Rights
Information about rights held in and over the resource
domaine public
public domain
Relation
A related resource
Notice du catalogue : http://www.sudoc.fr/090724895
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BULA-7643_Livre-or-Fac-Lettres_vignette.jpg
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
1 vol
23 p., ill
in 4°
Language
A language of the resource
fre
Type
The nature or genre of the resource
text
monographie imprimée
printed monograph
Description
An account of the resource
Plaquette éditée en hommage aux étudiants et aux anciens étudiants morts au champ d'honneur de 1914 à 1918 ou disparus pendant le conflit.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/342
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Aix-en-Provence. 19..
Abstract
A summary of the resource.
Liste des étudiants et anciens étudiants morts pendant la Grande Guerre sous forme de brèves nécrologies illustrées de leurs portraits. Allocutions du doyen de la Faculté et du recteur d'académie.
Provenance
A statement of any changes in ownership and custody of the resource since its creation that are significant for its authenticity, integrity, and interpretation. The statement may include a description of any changes successive custodians made to the resource.
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence)
Source
A related resource from which the described resource is derived
BU des Fenouillères - Arts, lettres et sciences humaines (Aix-en-Provence), cote 7643
Université d'Aix-Marseille (1409-1973) -- 1900-1945