Titre
Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à nos amis et féaux conseillers des gens tenans notre Chambre des comptes à Paris ... Notre amis Jean Gaspard Ailhaud baron de Castelet Sieur de Vitrolles et de Mont-Justin ... en la chancellerie établie près le Parlement de Provence à Aix, et docteur agrégé en la Faculté de médecine de la dite ville ...
Description
Il est difficile d'affirmer que le purgatif inventé par le Dr Jean Ailhaud guérissait réellement tous les maux. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que la Poudre d'Ailhaud ou Remède universel rapporta à son créateur une véritable fortune !
Créateur
Louis XV (1710-1774 ; roi de France)
Source
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence), cote MS 57
Éditeur
s.l. (sn)
Date
Droits
domaine public
public domain
Relation
Notice du catalogue : http://www.calames.abes.fr/pub/ms/Calames-202302081611506221
Vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/MS-57_Chambre-comptes-Paris_vignette.jpg
Format
application/pdf
1 vol.
1 feuillet.
220 x 170 mm.
Langue
Type
text
manuscrit
manuscript
Identifiant
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/978
Couverture
Autre forme de titre
Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à nos amis et féaux conseillers des gens tenans notre Chambre des comptes à Paris ... Notre amis Jean Gaspard Ailhaud baron de Castelet Sieur de Vitrolles et de Mont-Justin ... en la chancellerie établie près le Parlement de Provence à Aix, et docteur agrégé en la Faculté de médecine de la dite ville ... les services que feu Jean Ailhaud son père avait rendus au public en découvrant par ses longues et pénibles recherches dans la médecine ... pour guérir plusieurs maladies ... nous lui aurions fait don par nos lettres patentes du premier novembre mil sept cents cinquante trois du droit de prétention (Titre complet)
Résumé
Copie d'un manuscrit concernant la Provence et l'Université d'Aix au XVIIIe siècle conservé aux Archives nationales, Série P 2498 folio 785, Chambre des comptes de Paris (Notes Calames).
D'après l'écriture, cette copie manuscrite a très probablement été exécutée entre le milieu des années 1910 et le milieu des années 1920 par un certain M. Sabatier (appariteur) qui a réalisé de nombreuses recopies de pièces archivées dans des institutions de conservation locales et nationales, à la demande du bibliothécaire de l'époque, Georges Fleury, résolument engagé dans la reconstitution de l'histoire de l'université (cf la galerie l'Université d'Aix-Marseille, des origines à 1793).
Ce manuscrit, assez élliptique, relate la manière dont l'autorité royale a récompensé le travail de mise au point dans les années 1720 d'une poudre purgative particulièrement efficace contre une multitude de maux par un certain docteur Jean Gaspard Ailhaud, docteur agrégé de la Faculté de médecine d'Aix et qui exercait à l'époque à Cadenet (Vaucluse).
Contrairement aux potions magiques dont la composition est en général jalousement gardée secrète, la formulation de cette poudre est parfaitement connue. À la fin du 18e siècle, une revue la dévoile intégralement : La Bibliothèque physico-économique (annuaire 1782, p. 264) recommande ainsi la préparation de la poudre d’Ailhaud : « Prenez une quantité donnée de suie de cheminée, de celle qui est cristallisée et luisante; réduisez-la en poudre; passez-la au tamis de crin; torréfiez-là avec une poêle de fer, en la remuant jusqu’à ce qu’elle ait perdu la plus grande partie de son odeur fuligineuse et de son amertume : retirez-la du feu, laissez-la refroidir; réduisez-la encore en poudre; passez au tamis de crin. Alors sur 64 parties de cette poudre, ajoutez-en 8 de résine de scamonnée [sic]. Mêlez le tout ensemble exactement et mettez-le dans la même poêle sur un feu léger, capable de fondre la résine sans la brûler, et de mêler intimement les deux parties ensemble ; vous observerez de remuer toujours. Quand le tout est intimement mêlé, réduisez-le en poudre subtile, et ajoutez 4 parties de poudre de gérofle récemment préparée; passez le tout à travers un tamis de soie, et divisez en paquets ou prises d’un gros ».
Les anecdotes sur l'efficacité (garantie) de ce remède universel sont si nombreuses qu'il connaîtra non seulement une grande notoriété mais aussi des successeurs très inspirés (!) de sa formulation originale (on notera que le recours à la purge repose sur le même paradigme populaire que la saignée ou le lavement, mais sa transposition édulcorée et moins invasive la plus rend plus acceptable).
Il est établi que la vente de son remède universel a rapporté au Dr Ailhaud une véritable fortune. Dans un article consacré au succès commercial de ce médicament, le commentateur Robert Caillet résume ce triomphe pharmacologique dans son sous-titre : "L'affaire la plus fructueuse du 18e siècle !" (1). En homme d'affaire avisé, le Dr Ailhaud investit dans l'immobilier et fait l'acquisition, entre autres, d'un imposant mas provençal "Le Grand Pré" situé à Vitrolles-en-Luberon ainsi qu'un hôtel particulier à Aix-en-Provence qui porte toujours le nom de l'heureux propriétaire.
La bonne fortune sourit toujours aux plus audacieux (et aux charlatans aussi ?) et s'étend donc aux honneurs d'un anoblissement bien mérité de l'inventeur qui a tant rendu de services au public (dixit Louis XV) : il obtient le titre de baron de Castellet, devient seigneur de Vitrolles et de Montjustin (2) et, dans la foulée, achète une charge de conseiller et secrétaire du roi "Le Bien-Aimé" (la chronologie père et fils est parfois floue dans certaines biographies, il est vrai que les prénoms identiques prêtent un peu à confusion, nous suivons la version de la copie manuscrite qui attribue l'invention et ses juteuses retombées au paternel).
Alors, la poudre miracle, de la vraie poudre de perlimpinpin ? Pas totalement. En premier lieu, elle a parfaitement fonctionné : le miracle financier a effectivement dopé la fortune personnelle du bon Dr Ailhaud. En second lieu, quelle que soit son efficacité réelle (aujourd'hui, le service médical rendu), le remède miracle a suscité le témoignage poignant d'authentiques miraculés : si ce n'est pas une preuve ! Les esprits critiques diront sûrement que les plus convaincus n'ont jamais besoin de comprendre pour croire alors que les scientifiques ont toujours besoin d'expliquer pour comprendre... Et les moins septiques rétorqueront qu'il vaut mieux croire et guérir que rester rationnels et malades !
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1. Caillet Robert. Le remède universel du docteur Ailhaud. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 42ᵉ année, n°141, 1954. pp. 251-266. Persée
2. Jean Ailhaud (1674-1756) et sa poudre miracle. Site consulté Géné Provence
3. Jean d'Ailhaud. Site consulté Wikipédia
Copie des Archives Nationales : manuscrits cote MS 56 & 57
D'après l'écriture, cette copie manuscrite a très probablement été exécutée entre le milieu des années 1910 et le milieu des années 1920 par un certain M. Sabatier (appariteur) qui a réalisé de nombreuses recopies de pièces archivées dans des institutions de conservation locales et nationales, à la demande du bibliothécaire de l'époque, Georges Fleury, résolument engagé dans la reconstitution de l'histoire de l'université (cf la galerie l'Université d'Aix-Marseille, des origines à 1793).
Ce manuscrit, assez élliptique, relate la manière dont l'autorité royale a récompensé le travail de mise au point dans les années 1720 d'une poudre purgative particulièrement efficace contre une multitude de maux par un certain docteur Jean Gaspard Ailhaud, docteur agrégé de la Faculté de médecine d'Aix et qui exercait à l'époque à Cadenet (Vaucluse).
Contrairement aux potions magiques dont la composition est en général jalousement gardée secrète, la formulation de cette poudre est parfaitement connue. À la fin du 18e siècle, une revue la dévoile intégralement : La Bibliothèque physico-économique (annuaire 1782, p. 264) recommande ainsi la préparation de la poudre d’Ailhaud : « Prenez une quantité donnée de suie de cheminée, de celle qui est cristallisée et luisante; réduisez-la en poudre; passez-la au tamis de crin; torréfiez-là avec une poêle de fer, en la remuant jusqu’à ce qu’elle ait perdu la plus grande partie de son odeur fuligineuse et de son amertume : retirez-la du feu, laissez-la refroidir; réduisez-la encore en poudre; passez au tamis de crin. Alors sur 64 parties de cette poudre, ajoutez-en 8 de résine de scamonnée [sic]. Mêlez le tout ensemble exactement et mettez-le dans la même poêle sur un feu léger, capable de fondre la résine sans la brûler, et de mêler intimement les deux parties ensemble ; vous observerez de remuer toujours. Quand le tout est intimement mêlé, réduisez-le en poudre subtile, et ajoutez 4 parties de poudre de gérofle récemment préparée; passez le tout à travers un tamis de soie, et divisez en paquets ou prises d’un gros ».
Trois ingrédients de base : suie, résine et scammonée. Une recette à suivre à la lettre... (1782)
Les anecdotes sur l'efficacité (garantie) de ce remède universel sont si nombreuses qu'il connaîtra non seulement une grande notoriété mais aussi des successeurs très inspirés (!) de sa formulation originale (on notera que le recours à la purge repose sur le même paradigme populaire que la saignée ou le lavement, mais sa transposition édulcorée et moins invasive la plus rend plus acceptable).
ancienne boîte de biscuits purgatifs à la résine et scammonée
Il est établi que la vente de son remède universel a rapporté au Dr Ailhaud une véritable fortune. Dans un article consacré au succès commercial de ce médicament, le commentateur Robert Caillet résume ce triomphe pharmacologique dans son sous-titre : "L'affaire la plus fructueuse du 18e siècle !" (1). En homme d'affaire avisé, le Dr Ailhaud investit dans l'immobilier et fait l'acquisition, entre autres, d'un imposant mas provençal "Le Grand Pré" situé à Vitrolles-en-Luberon ainsi qu'un hôtel particulier à Aix-en-Provence qui porte toujours le nom de l'heureux propriétaire.
Hôtel d'Ailhaud (Aix-en-Provence)
La bonne fortune sourit toujours aux plus audacieux (et aux charlatans aussi ?) et s'étend donc aux honneurs d'un anoblissement bien mérité de l'inventeur qui a tant rendu de services au public (dixit Louis XV) : il obtient le titre de baron de Castellet, devient seigneur de Vitrolles et de Montjustin (2) et, dans la foulée, achète une charge de conseiller et secrétaire du roi "Le Bien-Aimé" (la chronologie père et fils est parfois floue dans certaines biographies, il est vrai que les prénoms identiques prêtent un peu à confusion, nous suivons la version de la copie manuscrite qui attribue l'invention et ses juteuses retombées au paternel).
Alors, la poudre miracle, de la vraie poudre de perlimpinpin ? Pas totalement. En premier lieu, elle a parfaitement fonctionné : le miracle financier a effectivement dopé la fortune personnelle du bon Dr Ailhaud. En second lieu, quelle que soit son efficacité réelle (aujourd'hui, le service médical rendu), le remède miracle a suscité le témoignage poignant d'authentiques miraculés : si ce n'est pas une preuve ! Les esprits critiques diront sûrement que les plus convaincus n'ont jamais besoin de comprendre pour croire alors que les scientifiques ont toujours besoin d'expliquer pour comprendre... Et les moins septiques rétorqueront qu'il vaut mieux croire et guérir que rester rationnels et malades !
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1. Caillet Robert. Le remède universel du docteur Ailhaud. In: Revue d'histoire de la pharmacie, 42ᵉ année, n°141, 1954. pp. 251-266. Persée
2. Jean Ailhaud (1674-1756) et sa poudre miracle. Site consulté Géné Provence
3. Jean d'Ailhaud. Site consulté Wikipédia
Provenance
Bibliothèque droit Schuman (Aix-en-Provence)
Collection
Citer ce document
Louis XV (1710-1774 ; roi de France), “Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, à nos amis et féaux conseillers des gens tenans notre Chambre des comptes à Paris ... Notre amis Jean Gaspard Ailhaud baron de Castelet Sieur de Vitrolles et de Mont-Justin ... en la chancellerie établie près le Parlement de Provence à Aix, et docteur agrégé en la Faculté de médecine de la dite ville ...,” Bibliothèque numérique patrimoniale, consulté le 7 octobre 2024, https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/978.
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