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Résumé
G. de Saporta veut mettre toutes les chances de son côté : pour candidater au poste de correspondant à l'Académie des Sciences devenu vacant (Gustave-Adolphe Thuret, né le 23 mai 1817 et décédé le 11 mai 1875, avait élu correspondant le 8 juin 1857 dans la section de botanique), il fait plus que rédiger sa propre bibliographie (on devait dire ici une biblio-biographie, sorte de catalogue raisonné de ses travaux), il pense à les ordonner et les rassembler dans un plan thématique scientifiquement fondé. Non pas en suivant la chronologie linéaire et totalement banale de sa propre carrière mais sur les traces de l'évolution géologique des terrains, là où flores actuelles et plantes fossiles se trouvent associées, accessibles à l'observation seulement partiellement compte tenu de l'ancienneté des couches géologiques. Le paléobotaniste n'a pas la facilté du botaniste qui peut examiner à loisir le vivant et ses organes internes. Une contrainte qui interroge la méthode scientifique : il est parfois nécessaire de dépasser le strict domaine de l'observation des plantes fossiles et s'aventurer sur le terrain incertain des hypothèses...
Saporta pousse la perfection à proposer une synthèse de ses travaux, en insistant particulièrement sur sa méthologie de travail. Plutôt que d'en proposer une fade paraphrase, laissons Saporta l'exposer lui-même :
"En partageant en quatre groupes l'ensemble de mes travaux, j 'ai rendu plus facile l'appréciation de leur but et de leur portée. Ceux d'un caractère plus exclusivement scientifique, les notions analytiques et descriptives faisant connaître les espèces fossiles et les flores. dont elles font partie, joignant aux diagnoses des dessins minutieusement exécutés, ont obtenu visiblement ma préférence, et si je ne me suis pas cru interdit de tirer de ces études les conséquences légitimes qu'elles peuvent et doivent fournir, j'ai constamment cherché à m'assurer d'abord une base solide, en la plaçant uniquement dans l'observation des faits et en exprimant les doutes nécessaires, inséparables de toute spéculation humaine.
C'est ainsi que j'ai distingué avec soin, dans le cours de mes travaux l'incertain du probable et le probable du vrai, c'est-à-dire des résultats décisifs que la raison, éclairée par l' expérience, est en droit de saisir à l'aide de tous les instruments et de tous les indices dont elle dispose. Les moyens d'investigation mis en jeu par la botanique fossile ne sont pas toujours ceux dont se servent les botanistes ordinaires, qui basent leur méthode sur l'analyse de la structure de certains organes, considérés justement par eux comme les plus essentiels. Le paléophytologue est bien forcé de prendre une voie différente et de tourner la difficulté, dès qu'il lui est interdit de l'aborder de front; mais, parce que les moyens ordinaires de détermination lui font le plus souvent défaut, doit-il abandonner pour cela une partie importante du domaine des plantes, celle qui donne accès dans le passé du règne végétal et en comprend l'histoire? Il m'a paru que, malgré des obstacles et des causes d'erreur dont personne moins que moi n'est porté à nier l'existence, je ne devais cependant pas hésiter à marcher en avant, sans faiblesse comme sans présomption, et surtout en conservant l'espoir que de pareils efforts auraient quelque droit à l'estime des hommes de science. C'est par cette pensée toute de confiance que je termine l'exposé de mes travaux".
G. de Saporta, Aix, le 1er décembre 1875
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