Économie coloniale]]> Colonies françaises]]>
C'est donc de manière assez formelle qu'il rappelle que l'idée directrice des promoteurs de l'Exposition était de présenter au public "une synthèse harmonieuse et vivante des éléments épars de notre vaste empire colonial". De ce côté, le pari est assez réussi : le public, ravi, découvre la réalité palpable de son propre Empire colonial en pleine construction et qu'il ne connaît, pour la plupart des visiteurs, que très partiellement.

Le palais de Madagascar, avec en arrière-plan Notre-Dame-de-la-Garde (1906)

Au 20e siècle naissant, l'exploitation économique des pays colonisés met en valeur tout qu'elle apporte aux populations locales : la France ne fait pas que prendre, elle sait aussi donner. L'intérêt de l'Exposition n'est donc pas seulement de présenter l'essor de l'activité commerciale mais aussi de montrer "les progrès accomplis par les indigènes placés sous notre tutelle dans la voie du bien-être physique et de l'amélioration sociale".

Un moment de détente exotique dans un kiosque à musique très classique (orchestre malgache, 1906)

La bonne conscience étant la chose la mieux partagée du monde, Desbief poursuit en s'adressant au Ministre des colonies : "Nous n'aurions garde d'oublier, que votre Administration a de tout temps secondé l'initiative de nos explorateurs, de nos colons et de nos négociants, et qu'elle partage avec eux le fardeau - et l'honneur - de la mission civilisatrice qui leur incombe". Les compliments, ça ne fait jamais de mal, à ceux qui les donnent comme à ceux qui les reçoivent. Et la Chambre de Commerce fait souvent appel au Ministre des Colonies en place comme en témoignent les nombreuses correspondances échangées avec le ministère...

Exposer les arts des colonies aux Marseillais, montrer aux colonies l'art provençal (1906)

Si tous ces faits sont connus et ont fait l'objet de publications, certaines des retombées de l'Exposition de 1906 sont moins connues (voir liens avec les autres titres en ligne) ou ont eu une importance plus locale. Le septeième et dernier chapitre est entièrement consacré à l'après de l'Exposition, aspect parfois négligé : à côté de cérémonies relativement anecdotiques (remise de la médaille d'or à E. Heckel, élévation d'un buste en l'honneur de Jules Charles-Roux), les Marseillais assisteront à la transformation du parc de l'Exposition coloniale en jardin public, et à la fondation de l'Institut colonial marseillais puis à son inauguration l'année suivante (notice historique détaillée complétée d'une annexe 1 sur ses statuts).]]>
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Économie coloniale]]> Colonies françaises]]> - Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 15 (Appartient à la collection)

Après 7 mois de grand succès, l'Exposition coloniale de 1906 ferme ses portes le 18 novembre 1906. Pour Jules Charles-Roux, Commissaire général de l'Exposition, il est temps d'en dresser le bilan qui s'annonce très positif. Occasion également de présenter un historique complet des travaux d'infrastructure et de l'organisation administrative et financière d'un évènement particulièrement ambitieux et difficile à planifier dans tous ses détails tant il y avait de défis logistiques à surmonter.

Jules Charles-Roux (1841-1918) Président de l'Union coloniale française de 1903 à 1918

Si l'Exposition en elle-même est bien connue pour avoir été très largement présentée dans la presse coloniale et l'information publicitaire, ce bilan présente certains aspects parfois moins documentés dans les synthèses qui ont suivi l'évènement comme le montre, dans les coulisses, la rigueur imposée dans les fiches signalétiques qui accompagnaient chaque produit exposé.

Fiche signalétique préparée par l'exposant (Exposition coloniale de 1906)

J. Charles-Roux ne peut évidemment faire l'impasse sur les mondanités, les visites officielles et autres festivités : après tout, la raison d'être de l'évènement est d'ordre promotionnel. Mais ce qui peut paraître comme très anecdotique n'occulte jamais l'essentiel, comme le menu du banquet inaugural du pavillon de la Cochinchine où la richesse de la gastronomie annamite ne manque pas d'impressionner les convives.

Menu annamite (Palais de la Cochinchine, Exposition coloniale de 1906)

L'Exposition n'est pas seulement une succession ludique de fêtes et d'attractions populaires : les colonies sont un enjeu industriel et commercial majeur et quoi de plus motivant et valorisant que des récompenses attribuées par des jurys compétents et reconnus.

Palmarès des médailles, exprimé en % (Exposition coloniale de 1906)

Pour les palais d'exposition, chaque médaille est un label et une carte de visite à faire valoir auprès des investisseurs et des importateurs/exportateurs. Le palmarès donne une idée de la perception relative de chaque colonie : les deux-tiers des médailles sont décernées aux trois premières colonies ou protectorats (l'indo-Chine est celle qui a fait le plus d'effort financier) et du rapport de force, ici au quasi équilibre, qui s'instaure entre Marseille et la Métropole. La distinction pourrait soulever une certaine perplexité mais l'Exposition réussie sera pour Marseille un levier pour réclamer la part qui lui revient (dixit) dans l'économie nationale.

Si l'Exposition peut afficher une balance bénéficiaire (l'important est de ne pas être déficitaire, cas fréquent pour ces grands évènements de prestige), l'essentiel est que les trois objectifs principaux ont été atteints : sur le plan général, le gain de popularité des territoires et des exposants, sur le plan scientifique (présence d'universités étrangères et françaises, dont Aix-Marseille engagée dans des études d'expertise) et sur le plan commercial (chaque palais a installé ses bureaux commerciaux qui concluent ou projettent des contrats).

Bilan financier de l'Exposition coloniale de 1906

Fort de son expérience (expositions de 1900 et de 1906), Jules Charles-Roux espérait poursuivre cette success-story avec son fidèle collaborateur, Edouard Heckel, alors directeur du Musée colonial, caution scientifique et technique de l'évènement. L'Histoire en décidera autrement : prévue 10 années plus tard, l'Exposition suivante n'aura pas lieu en 1916. Entre-deux, E. Heckel disparaît en 1916 et J. Charles-Roux deux ans plus tard. L'Exposition de 1922 leur rendra hommage en reprenant intégralement l'esprit de celle de 1906 et en lui donnant une dimension encore plus exceptionnelle.]]>
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Histoire de la colonisation]]> Colonies françaises]]> - En avant-titre : Exposition coloniale de Marseille, 1906 (Notes)

Sans remonter au peuplement par les Grecs (de Phocée) dès l'an 600 J.-C. de ce qui deviendra la cité phocéenne (cette synthèse, plutôt copieuse, ne s'attarde pas trop sur le passé), la colonisation moderne en dehors de la Méditerranée commence réellement au 18e siècle et prend toute son ampleur au 19e siècle. Si le rôle de Marseille dans la construction du nouvel Empire colonial français tient d'abord à sa vocation commerciale, son destin national repose sur la révolution des transports terrestres et maritimes :

- l'arrivée de la navigation à vapeur qui va lever le verrou du détroit de Gibraltar, très handicapant pour les voiliers, et permettre au Port Vieux de concurrencer plus loyalement Bordeaux, Nantes et le Havre qui auraient sans cela sûrement conservé leur suprématie dans les échanges avec les destinations lointaines
- la construction de lignes de chemin de fer qui vont permettre d'acheminer les productions locales des colonies (Afrique) vers les ports à destination de la Métropole
- l'ouverture du Canal de Suez qui va considérablement réduire les temps de transports  avec l'Océan Indien (Pondichéry) et le Sud-Est asiatique (Indochine)

"C'est pourquoi la politique coloniale n'est pas seulement la politique des ports, des négociants et des industriels, c'est une politique nationale". Ces progrès techniques vont offrir à Marseille la convergence de trois facteurs concurrentiels décisifs : la rapidité (ports d'Afrique du Nord où les ports atlantiques sont pénalisés), le volume et le tonnage (pondéreux d'Afrique du Nord, type phosphate,  matières premières minérales d'Indochine), fraîcheur et conservation des denrées périssables (céréales, farines, fruits, légumes des Antilles, d'Afrique occidentale et équatoriale, de Madagascar).

Cette conjoncture technologique, soutenue par la ligne de chemin de fer vers Paris (PLM) et la navigation fluviale vers Lyon, va se trouver amplifiée par la situation géographique du port : les échanges avec les colonies non seulement vont drainer les matières premières utiles à la Métropole, dynamiser les industries locales et la construction navale, mais progressivement transformer le port d'importation en plaque tournante d'exportation. Au fil du temps, Marseille vend plus aux colonies (ciment, chaux, briques, tuiles,...) qu'elle ne leur achète : les colonies sont d'abord des débouchés et cette évidence sera la conviction première de toutes les grandes expositions coloniales internationales françaises. L'analyse de Paul Masson dépasse le seul cadre historique et prend soin de distinguer, dans tout ce maillage industriel, les entreprises coloniales qui transforment les produits coloniaux importés, celles qui travaillent à l'exportation et celles implantées dans les colonies.

Ces extensions territoriales ne se font pas dans l'environnement paradisiaque d'une nature vierge : à l'hostilité politique, climatique et épidémique, s'ajoute la concurrence locale, comme ces marchés disputés aux Arabes qu'ils détiennent depuis des siècles, celle des anciens colonisateurs et surtout des nouvelles nations colonisatrices qui convoitent, par définition et par nécessité, les territoires encore "libres". Il est aujourd'hui notoire, par ex., que les Echelles du Levant, domaine séculaire de la France, sont envahies par les Anglais, les Allemands, les Autrichiens, les Italiens.

Ce qui n'exclut pas parfois des associations assez inattendues, comme celles avec les Belges que rappelle intelligemment (ou malicieusement ?) Paul Masson, et qui ont ouvert un comptoir à Tabora au Tanganyika (aujourd'hui, en Tanzanie).

Tabora - le comptoir Sergère, le premier d'origine européenne du pays (1875)

Seule la nouvelle ligne de chemin de fer a été en mesure d'acheminer le vapeur Cambier en pièces détachées pour naviguer sur le grand lac Tanganyika.

Le Vapeur Cambier, débarqué en pièces détachées (Tabora, 1875)

Reste que la menace réellement sérieuse sur l'avenir de Marseille (et sur les colonisations territoriales et économiques des Français ?) ne sont pas les ports français (il y a de la place pour tout le monde...) mais le développement des grands ports étrangers et que le seul moyen de résister à cette concurrence (chemins de fer italiens, par ex.) sera de rendre les moyens de communication intérieure plus efficaces (canal Marseille - Rhône, par ex.) et plus économiques. C'est à ce prix que la Porte de l'Orient, restera la promesse d'une plus grande France.
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Histoire de la colonisation]]> Colonies françaises]]> la colonisation devient aux hommes d'Etat français comme l'Évangile des temps nouveaux", bâtir un Empire devient une évidence...]]> - Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 11 (Appartient à la collection)
- En avant-titre : Exposition coloniale de Marseille, 1906 (Notes)

Après la désastreuse guerre franco-prussienne, la France cherche à redémarrer son économie et des débouchés extérieurs. L'auteur, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, retrace ces décennies de quête où frustration et nationalisme revanchard (perte de l'Alsace-Lorraine) galvanisent certains politiques : "alors la grande idée de la colonisation s'imposa à nos hommes d'État et devint comme l'Évangile des temps nouveaux" (préface, 1905).

Paul Gaffarel (1892-1904)

A l'époque, le domaine colonial français est plutôt restreint : en Afrique, l'Algérie, la vallée du Sénégal, quelques comptoirs épars sur la côte de Guinée, quelques îles près de Madagascar, Obock et La Réunion, en Amérique, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Pierre et Miquelon et en Océanie enfin, la Nouvelle-Calédonie et Tahiti et quelques archipels. Bref, une misère...

Mais à partir de 1870, la Troisième République se lance dans une véritable renaissance coloniale : elles soumet l'Annam, conquiert le Tonkin, annexe le Laos, étend son protectorat à la Tunisie et aux Comores, occupe Madagascar, agrandit démesurément son domaine dans le Sahara, le Soudan, la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Dahomey, la côte des Somalis, fonde une France nouvelle qui s'étend de l'Atlantique et du Congo au lac Tchad, rachète Saint-Barthélemy, annexe les archipels océaniens... Rien que ça.

Un tour d'horizon de plus de 400 pages qui se veut exhaustif mais très mal desservi par une illustration paresseuse, limitée à moins d'une dizaine de cartes isolées, assez ternes et sommaires, peu lisibles et de petit format et qui n'aide pas à comprendre la dimension mondiale de cette expansion nationale.

Dahomey (carte du début 20e siècle)

Une vision d'historien qui aurait gagné à accorder davantage de place à la géostratégie (rivalité avec les autres empires coloniaux, anciens comme celui de l'Angleterre ou émergents comme celui de l'Allemagne) et à la géographie, pourtant essentielle à la compréhension de cette inflation territoriale. On peut d'autant plus le regretter que cette très sérieuse synthèse, faite dans une relative urgence (l'ouvrage, qui contient des données d'actualité, sort l'année précédant l'Exposition de 1906 et bien avant toutes les autres études de cette collection), et qui dénonce  une certaine désinvolture politique "La question coloniale a presque toujours été traitée en France avec une regrettable légèreté" est ponctuée de remarques des plus intéressantes comme celle, assez intrigante, à propos de l'Océanie "dans ce mystérieux Pacifique où bientôt peut-être se règleront les destinées de l'humanité" et qui fait écho à cette allusion au futur canal de Panama (c'est seulement en 1904 que les États-Unis réouvrent le chantier du percement de l'isthme après l'échec des français, pour l'achever seulement en 1914). Ou encore cette inquiétude d'une réelle défense nationale des possessions lointaines (objet d'une courte et dernière partie) qui suppose des investissements défensifs, un armement moderne, une armée régulière : des questions qui ne font pas toutes partie du passé (forces de projection, forces d'intervention rapide sur les théâtres d'opérations extérieures, ...).

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1905]]> fre]]> Colonies françaises. 18..]]> Colonies françaises. 19..]]>
Médecine tropicale et coloniale]]> Histoire de la colonisation]]> En avant-titre : "Exposition coloniale de Marseille, 1906" (Notes)

Au cours de la seconde moitié du 19e siècle, l'expansion de l'Empire colonial français, en particulier en Afrique et en Asie, n'offre pas que des avantages : très rapidement, l'administration française se trouve confrontée à des questions sanitaires peu ou mal connues propres à ces nouveaux territoires (lèpre, tuberculose, dysenteries, maladies vénériennes, paludisme, maladies du sommeil, peste, trachome) et elle doit les gérer sur le long terme. Dans certaines colonies, elle doit en plus considérer la coexistence de deux communautés : la population européenne (qui bénéficie alors de l'aviation sanitaire, de stations thermales pour coloniaux et de mutuelles coloniales) juxtaposée à la population des indigènes envers laquelle la France a contracté une sorte de dette morale d'assistance médicale. Elle s'en acquitte en créant une administration médicale civile composée de médecins de colonisation.

Pour faire face à ces défis, une Inspection générale du Service de santé est créée en 1890 : cette nouvelle administration est chargée d'organiser les services de santé publique des colonies françaises.

Médecins militaires coloniaux (1890-1900)

Le corps d'inspection ne perd pas de temps : dès 1891 et 1892, des laboratoires de bactériologie et d'hygiène sont ouverts dans les possessions françaises. Pour compléter les connaissances de certaines pathologies à l'époque disponibles, elle envoie des missions sur le terrain : de 1892 à 1896, des études sont menées sur la peste, le choléra et la fièvre jaune.

Centre de Nha-Trang (Indochine 1895)

Mais l'inspection ne limite pas son action aux questions strictement médicales : elle observe que la double présence de médecins civils et de médecins militaires n'est pas le gage d'une efficacité optimale. En 1896, est décidé le rattachement du corps de santé des Colonies aux troupes, sous la dénomination de corps de santé des troupes coloniales.

Cette profonde réorganisation des services de santé s'accompagne de l'évolution de la doctrine française en matière de santé publique : on ne parle plus seulement d'hygiène coloniale mais d'hygiène sociale. Si cette réorientation, menée en moins de 15 ans, est due à l'évolution du regard de la métropole sur ses colonies, elle est aussi à mettre au crédit de la lucidité d'une administration qui estime être parvenue à associer la recherche médicale et l'hygiène coloniale qui n'est plus considérée comme une question de santé publique de second ordre.]]>
1906]]> fre]]> Colonies françaises. 18.. ]]> Colonies françaises. 19.. ]]>
Droit colonial]]> Histoire de la colonisation]]>
Entre 1896 et 1906, les nouveaux règlements qui s'appliquent aux matières premières présentes dans les colonies et les protectorats français ont de fortes répercussions économiques. H. Babled, Professeur à la Faculté de Droit d'Aix et à l'Institut Colonial de Marseille (il décèdera 3 ans après la publication de texte), en dresse une synthèse qui se veut pratique et utile à tous les acteurs sur le terrain : industriels, commerçants, colons et émigrants.

Cette évolution législative touche tous les aspects de la production (propriété foncière, minière, forestière, maritime), de la main d'œuvre (indigène, immigrée, pénale) et des capitaux, particulièrement critiques et vitaux dans les colonies d'exploitation.

Un exemple d'emballement réglementaire : la Loi foncière de Tunisie = 23 décrets entre 1886 et 1907 !

Mais fait plus important encore, les colonies sont rarement auto-suffisantes : la consommation locale ne saurait constituer un marché viable et leur économie repose en très grande partie sur les échanges, tant avec la métropole qu'avec l'étranger : leur bonne santé économique ou leur survie dépend essentiellement des débouchées commerciaux où les questions monétaires, les crédits et les régimes douaniers sont des facteurs clés. Sur ces points-là, il reste des marges de progrès à faire très substantielles mais comment s'en étonner quand on sait que le Conseil Supérieur des Colonies ne se réunit jamais, que les ministres aux colonies se succèdent aussi rapidement qu'ils détruisent tout ce qui a été fait avant eux et que les législations changent tous les 2 ans, pour ne pas dire tous les 6 mois, créant un environnement juridique particulièrement instable et totalement incohérent !]]>
1906]]> fre]]>
Éducation]]> Enseignement supérieur]]> Économie coloniale]]> Exposition coloniale de Marseille, 1906 ; 10 (Appartient à la collection)

Qu'est-ce qui différencie la colonisation des siècles passés (16e-18e siècles) de la colonisation moderne (19e-20e siècles) ? Une seule chose : l'enseignement colonial, seul garant d'une colonisation rationnelle et humaine. Et pas seulement celui très spécialisé et professionnel proposé aux futurs colons : non, celui très général destiné au plus grand nombre, celui qui va de l'école primaire à l'enseignement supérieur, celui qui éduque la jeunesse, celui qui montre ce que sont réellement les colonies, celui qui explique comment produire, exploiter et profiter plus intelligemment, davantage et mieux ce que l'outre-mer peut apporter, au profit de tous.

Le directeur du Musée colonial, E. Heckel, ne s'encombre pas de périphrases édulcorées : "Puisque l'éducation nationale actuelle va tout à fait à l'encontre de la colonisation, nous devons, sans hésiter, y apporter les réformes nécessaires. Sapons les vieux préjugés qui éloignent tant de jeunes gens des carrières utiles (commerce, industrie, colonies) pour les lancer à la poursuite énervante des fonctions administratives !".

Les nouveaux locaux de l'Institut Colonial (5, rue de Noailles - Marseille, 1907)

Pour y parvenir, un seul remède : la science, qui a pour but de faire connaître l'histoire, la géographie, l'agriculture, le commerce et l'industrie des pays d'outre-mer. Et pour réussir, une seule méthode : revoir l'organisation et le contenu de ces enseignements si indispensables aux nations colonisatrices et s'appuyer sur les outils, les lieux et les institutions qui ne manquent pas : les écoles, les musées de l'éducation nationale, les musées d'histoire naturelle et, bien sûr, les musées coloniaux qui ont fleuri dans toute la métropole : Marseille, Nancy, Lyon, Bordeaux, Nantes, ...

Le détail des cours donnés par ces instituts nous indique qu'E. Heckel se tient bien informé de l'offre existante et pas seulement en France : davantage sources d'inspiration que sources d'inquiétude, les formations à l'étranger sont moins des concurrences menaçantes que des expériences intéressantes : Angleterre, Allemagne, Belgique, Anvers, Congo, Vilvorde, Mons, Hollande, Haarlem, Italie, Naples, San-Demetrio Corona, Turin, Florence, Russie, Portugal, Espagne. L'enseignement colonial, une idée pas toujours partagée, mais qui s'impose à tous les pays colonisateurs...

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1907]]> fre]]> Marseille. 18..]]> Marseille. 19..]]> Colonies françaises. 19..]]>
Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]> Économie coloniale]]>
En avant-titre : Exposition coloniale de Marseille, 1906. - Contient 22 planches, 5 cartographiques intégrées dans le texte et 17 de photographies en feuilles intercalées (Notes)

L'engouement pour l'empire colonial a généré toute une littérature offrant de très nombreux bilans sur l'état de chaque colonie : le parti pris des auteurs, sollicités par la Commission des Publications et Notices associée à l'Exposition Coloniale de 1906, a été de se limiter aux seules données (quantitatives et qualitatives) et aux seuls documents photographiques que les Sociétés réellement en activité ont bien voulu leur adresser. L'occasion de montrer et de comprendre l'énorme appétit de la France pour les matières premières minérales qui lui manquent tant, à une époque où elle n'a pas encore mesuré le potentiel de l'Afrique occidentalle et équatoriale.

Ain-Zeft - forages pétroliers (Algérie, 1907)

L'Algérie regorge de matières premières stratégiques : plomb, zinc, cuivre, mercure, antimoine, sans oublier les combustibles minéraux, comme le pétrole que les technologies d'extraction permettent d'exploiter assez facilement.

Mine de phosphate à Gafsa (Tunisie, 1907)

Le sous-sol tunisien est généreux en fer mais "offre" aussi à la métropole de très intéressants gisements de phosphate et de sel.

Lavage de l'or à Bernandramo (Madagascar, 1907)

Les besoins sont immenses et variés et ne se limitent pas aux industries de base : Madagascar est exploitée pour ses pierres précieuses et par les orpailleurs aux méthodes très artisanales, faute de pouvoir utiliser des machines modernes.

La cimenterie d'Haiphong (Indo-Chine, 1907)

L'éloignement géographique des territoires les plus lointains ne leur permet pas d'échapper à la boulimie française : en Indo-Chine s'ouvrent de très importantes mines de charbon et d'imposantes exploitations de chaux et de ciments. Le Tonkin n'est pas avare en tungstène et en étain, facilement exportable en Chine. La Nouvelle-Calédonie est à son tour convoitée pour ses ressources en fer mais ses promesses en chrome, nickel et cobalt sont mal encore mal connues, les exposants calédoniens, comme leurs collègues guyanais, ne sont pas venus suffisamment nombreux à l'Exposition de Marseille.

Cet instantané très illustré (22 planches présentant une centaine de photographies) est l'exemple instructif d'une nouvelle cartographie mondiale du début du 20e siècle de l'exploitation des ressources minières et énergétiques qui n'aura de cesse de d'augmenter sa productivité et de s'étendre à tous les territoires, tant terrestres que marins, qui recèlent des matières valorisables (nickel, gaz, bauxite, uranium, terres rares...)]]>
1907]]> fre]]> Colonies françaises. 19..]]> Algérie. 19..]]> Congo (France; 1903-1958)]]> Guyane française. 19..]]> Indochine. 19..]]> Madagascar. 19..]]> Nouvelle-Calédonie. 19..]]> Tunisie. 19..]]>
]]> Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]> Économie coloniale]]>
Si ce document s'attarde sur le développement des deux principales colonies françaises, l'Algérie et la Tunisie, sa très longue introduction consacrée à la colonisation française au début du 20e siècle en propose un bilan des plus intéressants et non dénué de recul.

Le 19e siècle s'achève sur l'émergence d'un nouveau regard politique plus critique sur la colonisation française : des théories nouvelles analysent les limites des colonies de peuplement (celles d'Afrique du Nord, par ex.) dans leur volonté d'organiser à l'européenne la société civile et d'imposer de nouveaux modes de production qui excluent les populations indigènes. Ces théories ne sont pas étrangères à la prise de conscience qu'un modèle qui se prive des connaissances et du savoir-faire des populations locales et qui bouleverse sans ménagement les cultures traditionnelles risque d'être difficilement reproductible dans les nouveaux territoires que la France convoite et possiblement contre-productif, notamment dans le domaine agricole.

Cette prise de conscience ne se réduit pas au constat cynique que l'asservissement brutal n'assure pas toujours la plus forte productivité : un territoire colonisé, ce n'est pas seulement des matières premières à volonté et de la main d'œuvre peu coûteuse. Elle se double de la prise en compte des souhaits d'émancipation plus ou moins exprimés par les populations locales. Il s'agit là d'un tournant majeur, exposé à plusieurs reprises dans les discours et les débats qui auront lieu au cours de l'Exposition : la France doit adopter une approche plus humanitaire de ses colonies et encourager une attitude de bienveillance. Si la mission civilisatrice de la France est de plus en plus évoquée, en toute sincérité chez certains humanistes, comme simple alibi pour les chantres de la supériorité de la civilisation occidentale chez d'autres, l'introduction prône une véritable politique d'association des populations indigènes au niveau de l'administration (cet aspect s'accentuera après l'engagement des troupes coloniales dans la Guerre 1914-1918).

L'auteur ne peut cependant occulter l'objectif principal de l'Exposition de 1906 : la promotion de l'Empire colonial au niveau économique et commercial et le rôle de la métropole dans le développement de ses colonies. A noter, en plus des données statistiques classiques de la production minière, industrielle et agricole et de l'état des infrastructures (réseau routier et ferré, par ex.), de nouvelles considération comme le réseau des écoles.

Les lignes télégraphiques, indicateur dès la fin du 19e siècle d'un certain niveau de développement (Colonies françaises -1898-1904)

Si la métropole attache tant d'importance au développement de ses colonies, c'est qu'elle prend conscience que ses territoires d'outre-mer ne sont pas seulement des réservoirs de richesses plus ou moins dociles mais aussi un espoir de nouveaux débouchés dans un monde qui s'annonce de plus en plus concurrentiel. 

Importations et exportations dans le commerce colonial (Colonies françaises, 1895-1904)

Quant au progrès apporté par les colons au cours des années 1900-1905 et annoncé dans le sous-titre, bien des autochtones ont dû penser que les bonnes intentions des uns peuvent devenir un enfer pour les autres...

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1906]]> fre]]> Algérie. 19..]]> Tunisie. 19..]]> - Feuille Bizerte ; II ; 1887 ; France. Service géographique de l'armée, ISBN : ]A73_02_1887a. Levés de 1881 à 1887 - Carte de reconnaissance
- Lien vers la page : http://www.cartomundi.fr/site/E01.aspx?FC=43100]]>
Économie coloniale]]> Lors de l'Exposition universelle qui se tient à Paris en 1900, Jules Charles-Roux, président de l'Union Coloniale Française, obtient un espace dédié aux colonies. Cet espace limité et organisé en très peu de temps ne permet pas de recueillir le succès espéré. L'idée d'organiser à Marseille même une exposition purement coloniale, après celle de Rouen en 1896 et celle de Rochefort en 1898, fait alors son chemin et le projet est confié au docteur Édouard Heckel, fondateur de l'école de médecine du Pharo et spécialiste des maladies tropicales. En 1902, son projet est retenu par le conseil municipal de Marseille, dirigé par le maire Jean-Baptiste-Amable Chanot, et deux ans plus tard, un décret présidentiel entérine la tenue de l'exposition, nomme Jules Charles-Roux Commissaire général et Édouard Heckel son adjoint. Son site sera situé au croisement du bd Michelet et de du Prado sur des terrains cédés par l'armée (24 ha) et par le PLM (12 ha) qui formeront le futur parc Chanot, site relié à la place Castellane par un tramway.

Les délégués des colonies et le Comité de l'Exposition (avril 1905)

Peu après, un comité de personnalités est chargé d'organiser et de veiller à la bonne marche des travaux qui doivent s'achever dans des délais très courts. Dans le Journal des colonies illustré, le comité rend compte de l'avancement du projet par le biais de nombreuses photographies des protagonistes et des pavillons.

Chantier du Palais de l'Exportation (1905)

Marseille n'est pas seulement la porte d'entrée des produits coloniaux : elle a également l'ambition de devenir la plateforme d'exportation/réexportation des produits français vers l'Empire colonial et s'en donne les moyens, comme en témoignent la position centrale et les dimensions du Palais de l'Exportation. Ce schéma sera très largement repris par l'Exposition coloniale de 1922.

Le navire d'exploration océanographique Le Français, Dr Charcot, 1903
(Palais de la mer, section océanographique)

Si les pavillons sont majoritairement tenus par les délégations des différentes colonies, quelques uns échappent à cette logique territoriale, comme le montrent le Palais de la mer, avec sa Section internationale d'océanographie, des pêches maritimes et des produits de la mer, et la Section des corps gras, secteur stratégique pour les industriels marseillais. Ces pavillons thématiques, en apparence marginaux, traduisent à quel point, dès sa conception intitiale, ce premier évènement commercial intègre des préoccupations scientifiques et techniques qui aboutiront, l'année suivante, à la création d'un Institut de recherche et d'une collaboration durable entre la Chambre de Commerce et l'université d'Aix-Marseille.

Le Palais des Anciennes Colonies (1906)

Les vieilles colonies (possessions du 1er Empire colonial, comme les Antilles françaises, la Guyane, l'Inde Française, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, ...) ne sont pas oubliées et sont abritées dans un pavillon qui leur sont réservé.


Camion Dufour de 2.8 T (1905)
Palais de l'industrie automobile (1906)

Le numéro spécial consacré à l'Exposition de 1906 s'achève sur le Palais de la Section de l'Industrie automobile, pavillon qui présente en réalité tous les moyens de transport (à l'exception des trains), qu'ils soient terrestres, maritimes et aériens, et qui souligne l'importance croissante des aspects logistiques particulièrement cruciaux pour les produits coloniaux (tonnage, conditionnement, conservation des produits périssables, délais d'acheminement).

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Note : les Archives nationales d'outre-mer et la Responsable de sa bibliothèque, Sylvie Pontillo, ont prêté ces précieux documents à Aix-Marseille Université pour leur numérisation, leur diffusion en ligne et leur valorisation scientifique. Que cette grande confiance soit ici chaleureusement remerciée.
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1905-1906]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Économie coloniale]]> Histoire de la colonisation]]> Histoire de l'université]]> le Musée d’art moderne de la Ville de Paris et le Musée national d’art moderne.

Les merveilleux pavillons bâtis pour les deux grandes Expositions coloniales de la cité phocéenne n'ont pas eu cette postérité : après avoir connu un succès considérable, tous les bâtiments, du plus petit pavillon au plus grand palais, pourtant construits en dur, ont été démolis : pour Marseille, l'important était de récupérer les 20 hectares du Parc Chanot (en très grande partie propriété de la ville) encombrés par des constructions, certes somptueuses et exotiques, mais devenues totalement inutiles.

Ne restent aujourd'hui que deux témoins architecturaux : le portail situé au rond-point du Prado et le Palais des Arts avec sa façade en albâtre. A cet héritage matériel, il faut ajouter la notoriété du Parc des Expositions qui acueillera par la suite de très grandes manifestations au retentissement national et parfois davantage.

L'édition d'un album luxueux et de très grand format permet heureusement de prendre la mesure du faste et de la démesure de cette manifestation dignes de tous les superlatifs. Une invitation à arpenter une page de l'histoire de Marseille, en oubliant jamais que si cet évènement avait pour ambition de montrer la stupéfiante richesse de l'Empire colonial français, émergeait en même temps la conscience que les colonies offraient la promesse d'un marché "d'exportation" au potentiel vertigineux. Que le bâtiment principal aux dimensions imposantes (12 000 m² bâtis contre 18 000 m² affectés aux colonies) et en position centrale soit le "Grand Palais des Produits de l'Exportation" en témoigne.

Trouver des débouchés aux produits de la métropole, la priorité
(Le grandiose Palais des Exportations)

Représenter son pays
(délégation des très officiels Caïds - Algérie)

Montrer sa puissance
(défilé des soldats soudanais devant le Président de la République Armand Faillières)

Affirmer la splendeur et les valeurs d'une grande culture raffinée
(le Palais de l'Indo-Chine)

Découvrir l'authentique et goûter au dépaysement
(une rue de Hanoï reconstituée, avec ses véritables habitants)

Informer et s'informer : économie et tourisme
(le stand au style très fleuri du journal "Le Sémaphore")

L'Exposition coloniale de Marseille de 1906 connaîtra un succès si considérable qu'il sera décidé d'en faire une oeuvre "définitive et durable" : ce sera la mission de l'Institut colonial (subventionné par la Chambre de Commerce) qui sera alors profondément transformé : il comprendra le Musée colonial pour sa mission scientifique avec des Cours coloniaux assurés par l'Université d'Aix-Marseille, et, nouveautés, pour sa mission documentaire auprès des industriels, des importateurs et des armateurs, un Musée commercial et un Office de renseignements.

En 1913, l'idée de créer une seconde édition pour fêter son 10ème anniversaire prendra forme : l'histoire en décidera tragiquement autrement et l'Exposition de 1916 n'ouvrira qu'en 1922 mais avec une ambition encore plus grande : la surpasser sur tous les plans. Pari tenu.

L'AMU tient à remercier la Chambre de Commerce et de l'Industrie métropolitaine Aix-Marseille-Provence et Sylvie Drago, responsable de son service de documentation et de ses archives, du prêt de ce document exceptionnel.]]>
]]> 1906]]> fre]]> Marseille. 19..]]>
Colonies françaises]]> Histoire de la colonisation]]> Économie coloniale]]>
le destin national d'une exposition locale

de la pose de la première pierre
(R. Poincaré, 12 oct. 1913)
à l'inauguration officielle
(A. Millerand, 7 mai 1922)

1913

1919

1921


A partir du n°14, couverture monochrome, puis, à partir du n° 41 (mai 1921), couverture illustrée en couleurs. - De septembre 1914 à avril 1919 absorbé par : "Journal des colonies : organe des interêts français". - Mensuel (1919-1922). - Bimensuel (1913-1914) (Notes)


En 1913, la 1ère grande Exposition coloniale de 1906 est encore très présente dans la mémoire des marseillais qui se souviennent encore comment elle avait été conçue : un Grand Palais de l'Exportation complété de deux annexes : la section de l'art provençal (Musée Longchamp) et le Palais de Marseille et de la Provence (Art et histoire). Y était présentée l'histoire de la matière grasse sous tous ses aspects, scientifique, industriel et commercial, sachant que les corps gras constituent depuis des siècles la source principale et traditionnelle de la richesse industrielle locale : huileries, bougies et glycérines.

Convaincu de l’action humaine et civilisatrice quelle mène dans ses colonies, la France veut montrer à ses nationaux et aux étrangers tout ce que les colonies lui apportent : elles sont donc invitées à participer à une seconde Exposition, beaucoup plus ambitieuse que la précédente, et basée sur une double organisation géographique et thématique qui sera confiée à Jules Charles-Roux qui a déjà présidé celle de 1906 (il décèdera en 1919 et sera remplacé par A. Artaud).

Le JO proposé ici est un authentique journal de bord, quasi au quotidien, de la conception et de la construction de l’Exposition, de la première pierre jusqu’au denier jour précédent sa fermeture, des meilleurs jours jusqu’aux petits différends : destiné à faire connaître au plus grand nombre l’état de l’avancement des travaux (chaque grande colonie se voit construire un véritable palais en contrepartie d'objets d'art ou quotidiens), il est imprimé sur un papier glacé de luxe et illustré de très nombreuses photographies (monochromes de qualité), loin du standard de la presse classique.

Avec ses 10 millions de km² (presque 25 fois la surface de la métropole), l'Empire colonial permet aussi à la France de rappeler à l’Allemagne, dénoncée comme étant « pangermaniste », qu’elle n’est ni défaitiste ni sur le déclin démographique (de fait, sa population double). Ne pouvant oublier l’engagement des troupes coloniales, Albert Sarraut rendra un hommage appuyé aux locaux (1921) «Pour nos Frères de Couleur » en faveur des indigènes qui représenteront leurs territoires respectifs ou qui viendront visiter l’Exposition (par chance, le calendrier la cantonne aux plus beaux mois de l’année).

Parallèlement à l’Exposition, sont ouverts des stands et des salons plus spécialisés et se tiennent des congrès coloniaux consacrés à quatre grandes thématiques : Santé, Production, Outillage et Organisation. Une synthèse révélatrice des préoccupations majeures de l’administration française.

L'agriculture coloniale y tient une place de choix (le JO rappelle la crise du caoutchouc de 1914) et c’est tout naturellement que l'Institut Colonial de Marseille, qui s’était illustré par la création d'un Laboratoire d'Études des Céréales et Plantes Féculentes (1914) et ses travaux sur le palmier à huile (1921), se voit chargé par A. Artaud (commissaire général de l'Exposition) de l'Exposition du matériel agricole.

L’Empire colonial couvrant de grandes surfaces océaniques (suite au nouveau mode de calcul de 2018, la France revendique aujourd’hui le second domaine maritime avec ses près de  11 millions de km², juste derrière les États-Unis), un Palais de la Mer Coloniale s’imposait et fera dire à ses organisateurs : « l'Exposition Coloniale doit être la source d'un enseignement colonial permanent. Il faut que dans tous les ports français, des musées coloniaux soient créés, rappelant la richesse de nos colonies et les débouchés qu'elles offrent à notre commerce et à notre industrie ».

Le JO étant d’abord un organe de presse à destination de la presse, de nombreux journaux couvrent l’évènement : le journal leur rendra hommage en toute fin d’exposition en offrant au public une galerie de portraits des directeurs de publication présents sur le site. La publicité n’est pas un accessoire et c’est elle qui assurera le retentissement de l’évènement : une véritable propagande est organisée, jusque dans les écoles, et, progrès technique oblige, l’Exposition promeut un Cinéma lntercolonial.

L’Exposition connaîtra un très grand succès, local, national et même  international, auprès des autorités belges, par ex. : les politiques doivent s’y montrer, les Présidents de la République française n’y manqueront pas, et les maréchaux héros de 14-18 en feront tous la visite, très largement médiatisée et relayée dans le JO, entourés d’officiels, sinon obséquieux, tout au moins très déférents.

Inquiets de son futur succès, les organisateurs alertent très tôt la ville de Marseille sur l'accueil des visiteurs et la possible crise du logement. Les accès ne sont pas en reste : l'Avenue du Prado, chaussée défoncée et pleine de fondrières tant redoutées par les automobilistes même les plus intrépides, est entièrement refaite et reçoit un revêtement d’un bleu du plus bel effet.

L’Exposition prend alors des airs de fête et à côté des animations, des tables populaires gratuites sont installées pour permettre aux moins fortunés d’y organiser leur propre pique-nique et de pleinement profiter de l'abonnement qu’ils ont pu prendre pour toute la durée de l'Exposition.

Une nouvelle offre apparaît : le tourisme. Mélange de technique et d’audace,  on propose alors des croisières en hydravions jusqu’à Monaco. Le tourisme exotique aux Colonies pourrait aussi séduire les classes plus aisées et aventurières : la France a les moyens de vous faire voyager aux quatre bouts de monde : ne seriez-vous pas tenté par une croisière aux Antilles ou dans le Pacifique ?

Comme l’Exposition pense à tout, les tables à manger en témoignent, elle n’a pas oublié les Français plus modestes qui n’ont pas la possibilité de partir dans les îles : un stand propose donc des articles de camping (le tourisme à la ferme !) et le très fréquenté stand du tourisme, qui fait la promotion de nos belles régions de province, souligne, en feignant de ne pas en saisir toute la possible ambivalence, combien la France métropolitaine est  assurément « la Maison du Bonheur ».

Peu avant de fermer ses portes, naissent déjà  les projets d'une foire coloniale et d'un jardin colonial. A suivre…

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1913-1922]]> fre]]> Marseille. 19..]]> Colonies françaises. 19..]]>
Économie coloniale]]> Histoire de l'université]]> ompte-rendu des travaux / Chambre de commerce de Marseille (1854-1939)", 1907, pp. 23-27

L'Exposition coloniale de Marseille de 1906, qui a eu les honneurs de la visite du Président de la République Fallières, connaît un tel succès qu'il est décidé d'en faire une oeuvre "définitive et durable".

L'Institut colonial est pronfondément transformé et étendu : il comprend désormais le Musée colonial qui conserve un caractère résolument scientifique avec les Cours coloniaux assurés par des professeurs de l'Université d'Aix-Marseille, et, nouveautés, un Musée commercial et un Office de renseignements dédié aux besoins documentaires des industriels, des importateurs et des armateurs. 

Pour pérenniser le projet et offrir à l'Institut un budget stable sans devoir se soucier de chercher constamment de nouvelles recettes, la Chambre de Commerce lui octroie une allocation annuelle en complément de la subvention qu'elle donne déjà aux cours coloniaux et au jardin botanique du Parc Borély.]]>
1907]]> fre]]> Marseille. 19..]]>