Titre
Station zoologique d'Endoume-Marseille (La)
Description
Le public n'ignore pas que des laboratoires de recherche et de travaux pratiques ont été construits dans le quartier d'Endoume : mais juste au bord de la mer et si près du rivage, qu'est-ce que les savants peuvent bien y fabriquer ?
Créateur
Marion, Antoine-Fortuné (1846-1900). Auteur
Source
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines.(Marseille), cote BUSC 5896 (Réserve - Fonds local)
Éditeur
P. Ollendorff (Paris)
Date
Droits
domaine public
public domain
Relation
Notice du catalogue : https://www.sudoc.fr/091381665
vignette : https://odyssee.univ-amu.fr/files/vignette/BUSC-5896_Marion_Station-zoo-Endoume_vignette.jpg
Format
application/pdf
1 vol.
28 p. : ill.
in-8°
Langue
Type
text
monographie imprimée
printed monograph
Identifiant
https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1023
Couverture
Résumé
Extrait de la Revue générale internationale, VI, pp. 177-197 (Notes)
"Je suis l'exemple des naturalistes qui, depuis de longues années, s'efforcent d'attirer l'attention du grand public sur leurs éludes, si vastes, si diverses, si utiles et réellement si mal jugées encore". Antoine-Fortuné Marion ne fuit pas les paradoxes : lui qui vient à peine de dépasser la cinquantaine évoque son si long combat pour défendre la science, lui qui parle de l'avenir alors qu'il ne lui reste que deux ans et demi à vivre, lui qui, entré à l'université d'Aix-Marseille avant même d'avoir son baccalauréat (recommandé par G. de Saporta en 1882), lui qui affirme que les gens éclairés se doutent bien qu'il existe un lien entre les savants et les progrès en matière d'hygiène ou d'agriculture, lui qui s'adresse à ses confrères du monde entier (la Revue est internationale) pour leur faire comprendre que sa cause n'est pas de les convaincre, eux, mais d'expliquer l'utilité de la science à Monsieur Tout-le-monde !
Donc profitons de la visite de Marion, son directeur, pour découvrir la station marine (que les Marseillais ne connaissent pas : normal, les Journées du Patrimoine, c'est pour un peu plus tard) : un bâtiment fonctionnel mais original avec sa tour octogonale et sa grande terrasse (vue imprenable sur la Méditerranée), ainsi que ses espaces techniques au rez-de-chaussée (aquariums, labo de biologie, matériels scientifiques et engins pour recueillir ou capturer les spécimens).
À l'étage, les salles de recherche bordées par la galerie des échantillons, les deux espaces de bibliothèques encadrant le bureau du directeur (producteur et gardien du savoir ?) et un petit labo photo (les spécimens marins apprécient modérement la vie terrestre, il faut donc se dépêcher de les immortaliser encore présentables et avant le grand bain dans l'alcool ou le formol).
À l'instar des échantillons, un cliché immortalise un tête à tête entre Gastine et Marion derrière un microscope : démonstration faite que la station d'Endoume n'est pas un lieu occulte de tortures barbares infligées à des mollusques innocents et sans défense mais un espace d'échanges pluridisciplinaires : naturalistes, biologistes, chimistes,... On a besoin de tout le monde sur le pont.
Malgré des problèmes de santé chroniques, Marion est un scientifique heureux : il mesure la chance qu'ont les naturalistes de son époque de pouvoir disposer des nouvelles techniques d'exploration dans les eaux océaniques profondes : il a personnellement étudié les échantillons marins remontés par le navire océanographique français "le Travailleur" au cours des campagnes menées dans le Golfe de Gascogne en 1880 et 1881 et les progrès de l'instrumentation scientifique apportés aux biologistes et aux chimistes nécessaires à leurs analyse (la microscopie en embryologie, par ex.).
Marion est un esprit pragmatique : ce qui peut convaincre le grand public de l'intérêt de la science, ce ne sont pas les grands débats académiques abscons mais les progrès que les scientifiques amènent dans la vie quotidienne grâce à leur connaissance des mécanismes de la nature. Par ex., au grand désespoir des marins-pêcheurs, qu'est-ce qui peut expliquer la chute des prises de sardines constatée depuis quelques années ? Chacun y va évidemment de son commentaire, de son verdict et de sa solution... Écoutons plutôt le biologiste et le technicen qui tentent de déterminer les ressources utiles et utilisables du domaine maritime : n'y aurait-il pas un rapport avec le mode de reproduction de ces poissons et leur stratégie pour déposer leurs œufs : fixés ou flottants ?
Le professeur de sciences naturelles ne s'en tient pas au questionnement théorique : il s'engage et prend parti avec des propositions concrètes de protection de la ressource : si des zones tampons peuvent être utiles pour éviter les conflits entre flottilles, il faudrait créer des zones de cantonnement de réserve et de culture. L'expérimentation menée dans la baie du Prado est édifiante : la zone protégée s'est rapidement repeuplée et dans les zones voisines on trouve davantage de rougets, de dorades et de langoustes ! Autre ex., des enrochements artificiels créés dans ce cantonnement ont joué un rôle collecteur pour la faune et la flore (surfaces de fixation, abris pour certaines espèces). Sans oublier sa demande de crédits pour effectuer des tests de pisciculture (fécondation et élevage des alevins en laboratoire avant d'être relâchés dans le milieu naturel). Marion, pragmatique mais pas démagogue (l'homme de science en sait quand même plus que l'homme de la rue et que l'administration) a pu méditer pendant quelques années encore l'amère réalité : nul n'est prophète en son pays. Un siècle plus tard, parmi ceux qui ne l'ont jamais lu, certains se sont probablement imaginé avoir enfin tout compris et tout inventé...
"Je suis l'exemple des naturalistes qui, depuis de longues années, s'efforcent d'attirer l'attention du grand public sur leurs éludes, si vastes, si diverses, si utiles et réellement si mal jugées encore". Antoine-Fortuné Marion ne fuit pas les paradoxes : lui qui vient à peine de dépasser la cinquantaine évoque son si long combat pour défendre la science, lui qui parle de l'avenir alors qu'il ne lui reste que deux ans et demi à vivre, lui qui, entré à l'université d'Aix-Marseille avant même d'avoir son baccalauréat (recommandé par G. de Saporta en 1882), lui qui affirme que les gens éclairés se doutent bien qu'il existe un lien entre les savants et les progrès en matière d'hygiène ou d'agriculture, lui qui s'adresse à ses confrères du monde entier (la Revue est internationale) pour leur faire comprendre que sa cause n'est pas de les convaincre, eux, mais d'expliquer l'utilité de la science à Monsieur Tout-le-monde !
Villa d'un armateur fortuné ? Non : la Station marine d'Endoume qui domine sobrement la baie
Donc profitons de la visite de Marion, son directeur, pour découvrir la station marine (que les Marseillais ne connaissent pas : normal, les Journées du Patrimoine, c'est pour un peu plus tard) : un bâtiment fonctionnel mais original avec sa tour octogonale et sa grande terrasse (vue imprenable sur la Méditerranée), ainsi que ses espaces techniques au rez-de-chaussée (aquariums, labo de biologie, matériels scientifiques et engins pour recueillir ou capturer les spécimens).
Plan de la station marine d'Endoume
À l'étage, les salles de recherche bordées par la galerie des échantillons, les deux espaces de bibliothèques encadrant le bureau du directeur (producteur et gardien du savoir ?) et un petit labo photo (les spécimens marins apprécient modérement la vie terrestre, il faut donc se dépêcher de les immortaliser encore présentables et avant le grand bain dans l'alcool ou le formol).
À l'instar des échantillons, un cliché immortalise un tête à tête entre Gastine et Marion derrière un microscope : démonstration faite que la station d'Endoume n'est pas un lieu occulte de tortures barbares infligées à des mollusques innocents et sans défense mais un espace d'échanges pluridisciplinaires : naturalistes, biologistes, chimistes,... On a besoin de tout le monde sur le pont.
Gastine, le chimiste & Marion, le naturaliste (Station d'Endoume)
Malgré des problèmes de santé chroniques, Marion est un scientifique heureux : il mesure la chance qu'ont les naturalistes de son époque de pouvoir disposer des nouvelles techniques d'exploration dans les eaux océaniques profondes : il a personnellement étudié les échantillons marins remontés par le navire océanographique français "le Travailleur" au cours des campagnes menées dans le Golfe de Gascogne en 1880 et 1881 et les progrès de l'instrumentation scientifique apportés aux biologistes et aux chimistes nécessaires à leurs analyse (la microscopie en embryologie, par ex.).
Marion est un esprit pragmatique : ce qui peut convaincre le grand public de l'intérêt de la science, ce ne sont pas les grands débats académiques abscons mais les progrès que les scientifiques amènent dans la vie quotidienne grâce à leur connaissance des mécanismes de la nature. Par ex., au grand désespoir des marins-pêcheurs, qu'est-ce qui peut expliquer la chute des prises de sardines constatée depuis quelques années ? Chacun y va évidemment de son commentaire, de son verdict et de sa solution... Écoutons plutôt le biologiste et le technicen qui tentent de déterminer les ressources utiles et utilisables du domaine maritime : n'y aurait-il pas un rapport avec le mode de reproduction de ces poissons et leur stratégie pour déposer leurs œufs : fixés ou flottants ?
Le professeur de sciences naturelles ne s'en tient pas au questionnement théorique : il s'engage et prend parti avec des propositions concrètes de protection de la ressource : si des zones tampons peuvent être utiles pour éviter les conflits entre flottilles, il faudrait créer des zones de cantonnement de réserve et de culture. L'expérimentation menée dans la baie du Prado est édifiante : la zone protégée s'est rapidement repeuplée et dans les zones voisines on trouve davantage de rougets, de dorades et de langoustes ! Autre ex., des enrochements artificiels créés dans ce cantonnement ont joué un rôle collecteur pour la faune et la flore (surfaces de fixation, abris pour certaines espèces). Sans oublier sa demande de crédits pour effectuer des tests de pisciculture (fécondation et élevage des alevins en laboratoire avant d'être relâchés dans le milieu naturel). Marion, pragmatique mais pas démagogue (l'homme de science en sait quand même plus que l'homme de la rue et que l'administration) a pu méditer pendant quelques années encore l'amère réalité : nul n'est prophète en son pays. Un siècle plus tard, parmi ceux qui ne l'ont jamais lu, certains se sont probablement imaginé avoir enfin tout compris et tout inventé...
Provenance
BU Saint Charles - Sciences, Lettres et Sciences Humaines (Marseille)
Collection
Citer ce document
Marion, Antoine-Fortuné (1846-1900). Auteur, “Station zoologique d'Endoume-Marseille (La),” Bibliothèque numérique patrimoniale, consulté le 14 octobre 2024, https://odyssee.univ-amu.fr/items/show/1023.
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