Deux siècles après l'épidémie de 1720, la peste menace-t-elle toujours Marseille ? L'étude des cas apparus dans les années 1920 montrerait qu'il n'y a pas de foyers endémiques grâce à une ligne de défense sanitaire efficace
Pour le Dr Villard, le cas de cette grippe venue de Moscou confirme le mécanisme de toute épidémie : d'abord un berceau d'origine où elle reste confinée pendant un temps indéterminé, puis une extension hors de cette zone pour des raisons inconnues
Quand un professeur de médecine étudie d'anciennes épidémies, c'est moins l'histoire qui l'intéresse que la façon dont les médecins, démunis de thérapeutiques efficaces, ont tenté de lutter contre un fléau mal compris
"Si putréfaction d'humeurs est nécessaire concourir en l'homme appesté" : nous pensons être bien loin des épidémies de peste du 17e siècle, ne le sommes-nous pas tout autant de la langue de ce traité de médecine ?
La deuxième grande pandémie de choléra touche la France en 1831, atteint la Provence en 1832 et arrive à Marseille en 1834 : en quelques années, plus de 150 ouvrages et recueils sont fébrilement publiés sur cette maladie provenant du Bengale
Au long du 19e siècle, la France subit de graves épidémies : le mode de propagation des maladies oppose les infectionnistes, partisans de la théorie des miasmes et les contagionnistes pour qui la contamination s'opère par contact entre individus
En 1861, des cas de fièvre jaune apparaissent à Saint-Nazaire : évènement qui rappelle qu'en 1850, les pouvoirs publics suppriment l'Intendance sanitaire de Marseille qui refuse l'entrée de marchandises en provenance de Malte touchée par le choléra
La crainte des épidémies conduit Marseille à mettre en quarantaine tout ce qui provient d'un port soupçonné d'abriter des cas infectieux : l'isolement se fait au Lazaret, établissement au copieux règlement de 747 articles !
La multiplication des épidémies au 19e siècle a divisé la communauté médicale entre les partisans de la théorie des miasmes, vecteurs de la maladie véhiculés par l'air, et les partisans de la contagion par contacts directs entre individus
La peste ou le choléra ? A Marseille, si la peste a battu des records au 18e siècle, tout au long du siècle suivant, le choléra se classe en haut du podium : malgré toutes les précautions prises, comment expliquer ses réapparitions périodiques ?
En 1722, la contagion des maladies infectieuses s'explique par le seul raisonnement analogique : à l'image des couleurs et des odeurs, chaque particule contient les mêmes qualités que le corps dont elle s'échappe par fumée ou par vapeur
Le problème de Marseille ? L'hygiène. Des logements salubres, des eaux d'alimentation pures comme celles du canal de la Durance et de la Madrague, des égouts totalement étanches et la fermeture de tous les puits : fini le typhus !
Le fondateur de l'Observateur des sciences médicales dénonce l'incompétence des professeurs de l'École secondaire de Médecine de Marseille qui composent la commission de salubrité publique et qui ont censuré un de ses article sur la fièvre jaune
En 1853, après avoir ravagé l'Europe, le choléra touche les régions méditerranéennes : deux professeurs de l'université de Montpellier mènent une enquête statistique de terrain qui démontre que le fléau a été importé d'Afrique par Marseille et Sète.
En 1849, Marseille est frappée pour la quatrième fois par une épidémie de choléra, probablement venue du delta du Gange. Meurtrière, E. Zola s'en inspira pour son roman-feuilleton "Les Mystères de Marseille" publié par le "Messager de Provence"
Dans les années 1920, la peste ne cesse de régresser en Indochine : si les vaccinations sont efficaces, les médecins coloniaux savent que seul l'assainissement des rues et des habitations, où prolifèrent les rats, permettra d'éradiquer ce fléau
Depuis l'Egypte antique jusqu'à l'Europe du 18e siècle, la peste est omniprésente dans toutes les sociétés humaines : un cortège ininterrompu d'épidémies qui déciment des populations démunies contre un fléau aux origines obscures
Synthèse du journal de toutes les observations faites sur le terrain, une première tentative de classer les malades et leurs symptômes en 5 grandes catégories
Au début de 1722, Marseille croit en avoir fini avec la peste mais en mai, une seconde contagion fait craindre le pire. Les Procureurs de la province décrète l'isolement total : des troupes cernent la ville et interdisent tout échange
Compilation des causes et symptômes de la peste, des moyens de la combattre avec des parfums, de la contenir avec la quarantaine et de s'en prémunir par la désinfection : une reprise peu critique et peu inventive de documents déjà connus à l'époque
La peste est sûrement un fléau de Dieu mais l'air corrumpu la rend épidémique et contagieuse : si une bonne quarantaine est utile, des parfums savamment dosés, dont l'auteur nous révèle la composition, peuvent être particulièrement efficaces
A Toulon, la peste apparue début octobre 1720 culmine en mai 1721 avec 400 morts par jour. L'isolement des habitants est levé en octobre 1721, laissant une ville ruinée et qui a perdu 60% de sa population. Comment éviter à l'avenir un tel désastre ?
La grande peste qui frappa Marseille de mai 1720 à août 1722 n'épargna qu'un temps Avignon : en 1721, la peste s'étend vers l'ouest et frappe la cité des papes au printemps
Pour permettre la reprise du commerce à Marseille après la peste de 1720, Louis XV ordonne le 19 août 1722 la mise sous scellés et la désinfection de tous les magasins de la ville : mais ces mesures, appliquées avec rigueur, seront-elles suffisantes…
En 1629, la peste menace la Provence : son Parlement adopte un règlement qui organise la vie des communes qui seraient contaminées. Près de 80 mesures de protection, désinfection, restrictions, confinement et mise en quarantaine
Dans les hôpitaux d'Aix, deux soeurs aident les malades de la peste, fléau attribué à la colère de Dieu. Dans 15 lettres adressées à leur parents, elles témoignent de leur dévouement sacrificiel et expiatoire où pitié et piété se confondent
De novembre 1720 à septembre 1721, deux avocats, isolés par la peste, s'écrivent plus de 50 lettres dans lesquelles s'entrelacent de très sérieuses questions de droit et de tragiques informations sur l'épidémie qui décime la population aixoise...
A part les marins, les Marseillais, qui ont déjà oublié les ravages de la grippe espagnole, ignorent l'existence et le rôle du service de la Santé : empêcher l'entrée par les navires des maladies contagieuses, comme la peste et le choléra.
A bord du Grand-Saint-Antoine qui apporta la peste à Marseille, arrivent le capitaine Chataud, reconnu responsable de l'épidémie, et le chevalier Roze qui organisa héroïquement la lutte contre le fatal fléau : une vraie légende !
En 1720, pour la 23ème fois, Marseille est contaminée par la peste. Le secours des magistrats et des médecins ne suffit pas : la fête du Sacré-Coeur, instaurée par l'évêque du diocèse, stoppe enfin l'épidémie, ce que les marseillais oublieront...